I >IF.K( -V — ^ ^ 4. .V, * '»j . •** / H I STOI RE NATURELLE DES MINERAUX. Par M. le Comte DE BUFFON, Intendant du Jardin b* du Cabinet du Roi , de lf Academic Franfoife, de celle des Sciences, frc. Tome Premier. A PARIS, DE L'IMPRIMERIE ROYAL M. DCC L X X X I I I. Ut I tJ/lttUut C+tholiqut D t Q.H TABLE DES TITRES Contenus dans ce Volume. L) E LA FIGURATION DES MlNERAUX. Page I DES VERRES PRIMITIF s 17 Du QUARTZ 30 Du JASPE 44, Du MICA 55 Du FELD-SPATH. 65 Du SCHORL 73 DES ROCHES VITREUSES de deux on trois fubftances , if en partiadier du Porphyre 77 DuGRANIT 96 Du GRES 130 DES ARGILES fr* DES GLAISES 150 DES SCHISTES fr DE L'ARDOISE. . . . 175 DE LA CRAIE. 196 D E LA MAR N E 210 DE LA PIERRE CALCAIRE . 218 TABLE. DE L'ALBATRE DU M ARE RE 301 Du PLATRE ir DU GYPSE.. 337 DES PlERRES composes de matures vitieufes if de fubftances calcaires 369 DE LA TERRE v EGETALE Du CHAR BO N DE TERRE HISTOIRE H I S T O I R E NATURELLE DES MINERAUX. De la Figuration des Miner aux. v^ o M M E 1'ordre de nos idces doit etre ici le meme que celui de la fucceffion des temps, & que le temps ne peut nous etre reprefente que par le mouvement & par fes effets , c'eft-a-dire, par la fucceffion des operations de la Nature ; nous la confidererons d'abord dans les grandes mafles qui font les refultats de fes premiers & grands travaux fur le Globe terreflre ; apres quoi nous effaierons de la fuivre dans fes precedes particuliers , & tacherons de faifir la combinaifbn des moyens qu'ellc cmploie pour former les petits volumes de ces matieres precieufes, dont elle paroit d'autant plus avare qu'elles font en apparence plus pures & plus fimples : & quoi- Mineraux, Tome /. A z HISTOIRE* NATURELLE qu'en general les fubftances & leurs formes foient fi tliffcrentes qu'elles paroiffent etre variees ai'infini, nous efperons qu'en fuivant de pres la marche de Ja Nature en mouvement, dontnous avons deja trace les plus grands pas dans fes epoques , nous ne pourrons nous egarer que quand la lumiere nous manquera, fame de connoiflances acquifes par Inexperience encore trop courte des fiecles qui nous ont precedes. Divifons, comme i'a fait la Nature, en trois grandes clafles tomes les matieres brutes & minerales qui com- pofent le globe de la Terre ; & d'abord confidcrons-les une a une, en les combinant enfuite deux a deux, & enfin en les reunifiant enfemljle toutes trois. La premiere clafle embrafTe les matieres qui, ayant tte produites par le feu primitif, n'ont point change de nature , & dont les grandes mattes font celles de la roche interieure du globe & des eminences qui forment les appendices exterieurs de cette roche, & qui, comme elle, font folides & vitreufes : on doit done y com- prendre le roc vif, les quartz, les jafpes , ie feld-ubath, Jes fchorls , les micas , les gres , les porphyres , les granits, & toutes les pierres de premiere, & meme de feconde formation qui ne font pas calcinables, & encore les fables vitreux, lesargiles, les fchifles, iesardoifes, & toutes les autres matieres provenant de Ja decompofition &. des debris des matieres primitives que J'eau aura delayces, diflbuies ou denaturees. D E S M I N E R A U X. La feconde claffe comprend les matieres qui ont fubi une feconde a6lion du feu, & qui ont etc frappees par les foudres de i'eledlricite fouterraine , ou fondues par le feu des volcans dont les groffes maffes font les laves, les bafaltes, les pierres ponces, les pouzzolanes & les autres matieres volcaniques , qui nous prefentent en petit des produits afTez femblables a ceux de 1'adion da feu primitif; & ccs deux clafTes font cedes de la Nature brute, car toutes les matieres qu'elles contiennem, ne portent que peu ou point de traces d'organilation. La troifieme clalfe contient Ics fubftances calcinables, les terres vegetales, & toutes les matieres formees du detriment & des depouilies des animaux & des vegetaux, par Taclion ou rintermede de 1'eau , dont les grandes mafTes font les vochers & les banes des marbres, des pierres calcaires, des craies, des platres, & la couche univerfelle de terre vegetale, qui couvre la furface du globe, ainfi que les couches particulieres de tourbes, de bois foffiles & de charbons de terre qui fe trouvent dans fon interieur. C'efl fur-tout dans cette troifieme clafle que fe voient tous les degres &. toutes les nuances qui rempliffent 1'intervalle entre la matiere brute & les fubflances orga- nifees ; & cette matiere intermediaire, pour ainfi dire mi - partie de brut & d'organique , fert egalemem aux productions de la Nature active dans les deux empires de la vie & de la mort: car comme la terre vegetaie Ay 4 His TCI RE NATURE LLE & tomes ies fubftances calcinables, contiennent beauco piuo cle panics organiques que les autres matieres pro- duites ou dcnaturees par le feu, ces parties organiques toujours actives, ont fait de fortes impreffions fur la matiere brute & paffive, elles en ont travaille toutes Ies furfaces & quelquefois penctre I'epaiffeur ; 1'eaii de ve- joppe, delaie , entraine & depofe ces elemens organiques fur les matieres brutes : aufii ia plupart des mineraux figures, ne doivent leurs difTerentes formes qu'au melange &. aux combinaifons de cette matiere active avec 1'eau qui lui fert de vehicuie. Les productions de la Nature organifee qui, dans Tetat de vie & de vegetation, -reprc- fentent fa force & font Tornenient de la terre , font encore, aprcs la mort, ce qu'il y a de plus noble dans la •Nature brute: Ies detrimens des animaux & des vcgetaux confervent des molecules organiques aclives, qui com- muniquent a cette matiere pafTive, les premiers traits de i'organifation en lui donnant la forme exterieure. Tout mineral figure a etc travaille par ces moJecuIes organiques , provenant du detriment des etres organifes, ou par les premieres molecules organiques exifhntes avant leur for mation; ainfi les mineraux figures tiennent tous de pres ou de loin a la Nature organifee; & il n'y a de matieres en- lierement brutes que celles qui ne portent aucun trait de figuration ; car I'organifation a, comme toute autre qualite de la matiere, fes degres & fes nuances dont les caracieres les plus generaux, les plus diflincls, & les refultats les D E s f A' r n A u .v. 5 plus cvidens, font la vie dans lesanimaux, la vegetation dans ies plantes & la figuration dans les mincraux. Le grand & premier inftrument avec lequel la Nature opere routes fes merveiiles, eft cette force univerfelle, conftame & penetrante dont elle anime chaque atome de matiere en Jeur imprimam une tendance mutuelle a fe rap- procher & s'unir: Ton autre grand moyen cfl la chalcur, & cette feconde force tend a feparer tout ce que la premiere a reuni; neanmoins elle lui eft fubordonnee , car relemem du feu, comme toute autre matiere, eft foumis a la puiftance generale de la force attractive: celle-ci eft d'ailleurs egalement rdpartie dans les fubftances organifces comme dans les matieres brutes ; elle eft toujours pro- portionnelle a la mafTe , toujours pre/entc, fans ceffe aclive , elle pent travailler la matiere dans les trois dimenfions a Ja fois, des qu'elle eft aidee delachaleur; parce qu'il n'y a pas un point qu'elle ne penetre a tout inftant, & que par confcquent la chaleur ne puiffe etendre & developper, des qu'elle fe trouve dans la proportion qu'exige Tetat des matieres fur lefquelles elle opere : ainfi par la combinaifon de ces deux forces adives , la matiere dudile , penetree & travaillee dans tous fes points , & par confequent dans les trois dimenfions a la fois , prend la forme d'un germe organife , qur bien- tot deviendra vivant ou vegetant par la continuite de fon developpement & de fbn extenfion proportionnelle €\i longueur, iargeur & prefondetir, Mais fi ccs deux 6 Hi STOIRE NATU RELLE forces penetrantes & productrices , 1'attraction & la cha- leur, au lieu d'agir fur des fubftances molles & ductiles, vicnnent a s'exercer fur des matieres seches & dures qui leur oppofent trop de rtfiflance , alors elles ne peuvent agir que fur la furface , fans penetrer 1'interieur de cette matiere trop dure ; elles ne pourront done malgre toute leur activite la travailler que dans deux dimenfions au lieu de trois, en tra£ant a fa fuperficie quelques lineamens ; & cette matiere n'etant travaillee qu'a la furface ne pourra prendre d'autre forme que celle d'un mineral figure. La Nature opere ici comme Tart de l'homme, il ne peut que tracer des figures & former des furfaces; mais dans ce genre meme de travail , le feul ou nous puidions 1'imiter, elle nous eft encore fi fuperieure qu'aucun de nos ouvrages ne peut approcher des fiens. Le germe de Tanimal ou du vegetal etant forme par la reunion des molecules organiques avec une petite portion de matiere ductile, ce moule fmerieur une fois donne & bientot developpe par la nutrition, fufTit pour communiquer foil empreinte, & rendre fa mcme forme a perpetuite, par toutes les voies de la reproduction & de la generation; au lieu que dans le mineral, il n'y a point de germe, point de moule interieur capable de fe dcvelopper par la nutrition, ni de tranfmettre fa forme par la reproduction. Les animaux & les vegetaux, fe reproduifant egale- ment par eux-memes, doivent etre confideres ici comme DES MINER AUX. 7 ar i'aclion de ce meme element dans ie temps de la confolidation. L'cau, en quelque quantite & dans quelque rnouvement qu'on la fuppofe, n'a pu produire ces chaines de montagnes primitives qui font la charpente de la Terre & tiennent a la roche qui en occupe 1'interieur: loin d'avoir travaille ces montagnes primitives dans route Tepaifleur de leur maffe, ni par confequent d'avoir pu changer la nature de cette pretendue mariere primitive, pour en faire du quartz ou des granits, Ies eaux n'ont eu aucune part a ieur formation , car ces fubftances ne portent aucune trace de cette origine , & n'offrent pas ie plus petit indice du travail ou du depot de 1'eau; on ne trouve aucune produdion marine, ni dans Je quartz , ni dans Ie granit ; & leurs mattes au lieu d'etre di/pofces par couches comme Ie font toutes Ies matieres tranfportees ou dcpofees par Ies eaux , font au contraire comme fondues d'une feule piece fans lits ni divifions que celles des fentes perpendiculaires qui fe font formees par la retraite de la matiere fur elle-meme dans Ie temps D E S M 1 N E R AU X. 27 de fa confolidation par le refroidifTement. Nous fommes done bien fondes a regarder le quartz & toutes les ma- ticres en grandes maffcs , dont il eft la bafe , tels que les ja/pes , les porpliyrcs, les granits, comme des produits du feu primitii , puifqu'ils different en tout des matieres travaillees par les eaux. Le quartz forme la roche du globe , les appendices de cette roche fervent de noyaux aux plus hautes emi nences de laTerre; le jafpe eftauffi un produit immediat du feu primitif, & il cfl apres le quartz la matiere vitreufe la plus iimple ; car il refifte egalement a Tadion des acides & du feu; il n'eft pas tout-a-fait auiTi dur que le quartz, & il eft prefque toujours fortement colore ; mais ces differences ne doivent pas nous empecher de regarder le ja/pe en grande made comme un produit du feu & comme le fecond verre primitif, puifqu'on n'y voit au- cune trace de compofition, ni d'autre indice de melange que celui des parties metalliques qui 1'ont colore ; du refte, il eft d'une eflence aufli pure que le quartz, qui lui-meme a re9u quelquefois des couleurs & particulie- rement le rouge du fer. Ainfi dans le temps de la vitrifi cation gcnerale , les quartz & ja/pcs qui en font les pro duits les plus fimples, n'ont re9ii par fublimation ou par mixtion , qu'une petite quamitc de particulcs mctal- liques dont ils font colores ; & la rarete des jafpes, en comparaifon du quartz , vient peut-etre de ce qu'ils n'ont pu fe former que dans les endroits ou il s'eft trouve Dij 28 HISTOIRE NATURELLE des matieres metalliques , au lieu que le quartz a etc produit en tous lieux. Quoi qu'il en foit, le quartz & Ic jafpe font reellement les deux fubftances vitreufes les plus fimples de la Nature, & nous devons des - lors les regarder comme les deux premiers verres qu'elle ait produits. L/infufibilitc, ou plutot la refinance a Tadion du feu, depend en emier de la purete ou fimplicite de la matiere , la craie & 1'argile pures font aufli infufibles que le quartz & le jafpe ; toutes les matieres mixtes ou compofees font au contraire tres-aifement fufibles. Nous confidererons done d'abord le quartz &. le jafpe , comme ctant les deux ma tieres vitreufes les plus fimples ; enfuite nous placerons le mica , qui etant un peu moins refraclaire au feu , paroit etre un peu moins fimple ; & enfin nous pre/cnterons le feld- f]3ath &: le fcliorl , dont la grande fufibilite femble demon- trer que leur fubflance eft melangee ; apres quoi nous traiterons des matieres compofees de ces cinq fubftances primitives , lefquelles ont pu fe meler & fe combiner cnfemble deux a deux, trois a trois, ou quatre a quatre , & dont le melange a reellement produit toutes les autres matieres vitreufes en grandes maffes. Nous ne mettrons pas au nombre des fubflances da melange , celles qui donncntles couleurs a ces differemes matieres , parce qu'il ne faut qu'une fi petite quantite de metal pour colorer de grandes mattes, qu'on ne peus regarder ia couleur conwne partie integranie d'aucune D E S M 1 N E R A V X. 2<) iibftance ; & c'eft par cette raifon que les ja/pes peuvent ctre rcgardes comme aufli fimples que le quartz , quoi- qu'ils foient prefque toujours fortement colores. Ainfi nous prefenterons d'ahord ces cinq verres primitifs ; nous fuivrons leurs combinaifons & leurs melanges entr'eux; & apres avoir traite de ces grandes mattes vitreufes for- mees & fondues par le feu , nous paflerons a la confide- ration des mafTes argileufes & calcaires qui ont etc produites &. entaffees par le rnouvemem des eaux. 30 HISTOIRE NATURELLE D U QUARTZ. l_j E quartz eft le premier des verres primitifs ; c'eft memc la maiiere premiere dont on pent concevoirqu'eftformee la roclie interieure du globe ; fcs appendices extcrieurs qui fervent de bate & de noyau aux plus grandes eminences de JaTerre, font aufTi de cette meme matiere primitive : ces noyaux dcs plus hautes montagnes fe font trouves d'abord cnvironnes & couverts des fragmens decrcpites de ce pre mier verre , ainfi que des ecaillcs du jafpe , des paillettes da mica £ des petites mafles criftallifees du feld-fpath & du fchorl, qui des-lors ont forme par leur reunion les grandes mattes de granit , de porphyre , & de tomes les autres roches vitreufes compofces de ces premieres matieres produites par le feu primitif ; ies eaux n'ont agi que long- temps apres fur ces m ernes fragmens & poudres de verre , pour en former les gres , les talcs , & les convertir enfin parunelongue decompofition en argile & en fchifle. II y a done eu d'abord , a la furface du globe , des fables decrc pites de tons les verres primitifs, & c'eft de ces premiers fables que les roches vitreufes en grande maffe ont etc compofees ; enfuite ces fables tranfportes par le mouve- ment des eaux , & reunis par rintermede de cet element , ont forme les gres & les talcs ; & enfin ces memes fables, par un long fejour dans 1'eau , fe font attenues , ramoilis & convertis en argile. Yoila la fuite des alterations & les D E S M 1 N E R AV X. 31 changemens fucceflifs de ces premiers verres; tomes les matieres qui en ont etc formees avant que i'eau les cut penetrees, font demeurees scenes & dures ; celles au con- traire qui n'ont etc produites que par i'acftion de I'eau , lorfque ces memes verres ont etc imbus d'humidiie , ont conserve quelque molleffe ; car tout ce qui eft Jiumide eft en meme temps mou , c'eft-a-dire moins dur que ce qui eft fee ; aufli n'y a-t-il de parfaitemcnt folide que ce qui eft entierement fee ; les verres primitifs & les matieres qui en font compofees , telles que les porphyres, les granits , qui toutes ont etc produites par le feu, font auffi dures que seches ; les metaux, meme les plus purs, tels que Tor & 1'argent que je regarde au/fi comme des pro- duits du feu , font de meme d'une fecherefTe entiere (a) . (a) L'experience m'a dcinontre que ces mt'taux ne contiennent aucune humidite dans leur interieur. Ayant expofe au foyer de mon miroir ardent, a quarante & cin- quante pieds de distance, des affiettes d'argent &. d'afTez iarges plaques d'or , je fus d'abord un pen furpris de les voir fumer long - temps avant de fe fondre ; cette fumce ctoit aflez epaifle pour faire une ombre trcs-lenfible fur le terrain eclaire , comme le miroir, par la lumiere du foleil; elle avoit tout 1'air d'une vapeur humide, & s'en tenant a cette premiere apparence, on auroit pu penfer que ces mctaux contiennent une bonne quantitc d'eau ; mais ces memes vapeurs e'tant interceptees , revues & arretees par une plaque d'autre maticre , elles 1'ont dorce ou argentce : ce dernier eiiet demon tre done que ces vapeurs, loin d'etre aqueufes, font purement metalliques , & qu'elles ne fe fe'parent de Ja mafle du metal que par une fublimation caufe'e par la chaleur du foyer auquel il ctoit expofe. 32 HISTOIRE NATURELLE Mais route matiere ne coriferve fa fecherefle & fa Jurete qu'autant qu'elle eft a 1'abri de faction cles eicmens humides, qui dans un temps plus ou moins long, la pcnetrent, 1'aherent, & fembjent quelquefois en changer Ja nature en lui donnant une forme exterieure tome dif- ferente de la premiere. Les cailloux Jes plus durs, les laves des volcans & tous nos verres factices, fe conver- tiflent en terre argileufe par la longue impreifion de 1'humidite de 1'air; le quartz & tons les autres verres produits par la Nature, quelque durs qu'ils foient, doi- vent fiibir la meme alteration , & fe convertir a la longue en terre plus ou moins analogue a i'argile. Ainfi le quartz , comme tome autre matiere , doit fe prefenter dans des etats diffcrens ; le premier en grandes inaffes dures & seches , produites par la vitrification pri mitive, & telles qu'on les voit au fommet & fur les flancs de plufieurs montagnes ; le fecond de ces etats eft celui ou le quartz fe prefente en petites maffes brifees & de- crepitees par le premier refroidiffement ; & c'efl fous cette feconde forme qu'il eft entre dans la compofition des granits & de plufieurs autres matieres vitreufes ; le troifieme enfin eft celui ou ces petites maffes font dans un etat d'alteration ou de decomporition , produit par les vapeurs de la terre ou par J'infiltration de Teau. Le quartz primitif e(t aride au toucher ; celui qui eft alterc par les vapeurs de la terre ou par 1'eau , eft plus doux ; & celui > ou dans les ruifleaux , & il n'a pris cette forme qu'a force de rouler dans le {able (f) ». Ces quartz en morceaux arrondis & roules que I'on trouve dans le lit & les vallees des rivieres qui defcendent des grandes montagnes primitives , font les debris & les reftes des veines ou mafles de quartz qui font tombees de la crete & des flancs de ces memes montagnes , minees & en partie abattues par le temps; & non-feulement il fe trouve une tres-grande quantite de quartz en morceaux arrondis dans le lit de ces rivieres , mais fouvent on voit fur les collines voifmes, des couches entieres compo- fees de ces cailloux de quartz arrondis & roules par les eaux (g); ces collines ou montagnes inferieures font evidemment de feconde formation ; & quelquefois ces quartz roules s*y trouvent meles avec la pierre calcaire , & tous deux ont egalement etc tranfportes & depofes par le mouvement des eaux. Avant de terminer cet article du quartz , je dois remar- quer que j'ai employe par-tout dans mes Difcours fur la theorie de la Terre & dans ceux des epoques de la Nature, le mot de roc vif, pour exprimer la roche quart- zeufe de Tinterieur du globe & du noyau des montagnes ; j'ai prefere le nom de roc vif a celui du quartz , parce qu'H prefente une idee plus familiere & plus etendue , & que cette expreffion , quoique moins precife , fuffifoit (f) Mem. de FAcademie des Sciences , annec 1 76 2 , page 639 . (g) Hift. Nat. d'Efpagne parM. Bowtes,/ui£tt //jj & 188, DES MINER AVX. 39 pour me faire entendre ; d'ailleurs j'ai fouvent compris fous la denomination de roc vif , non-feulement le quartz pur , mais auffi Ie quartz mele de mica, les ja/pes , porphyres , granits , & toutes les roches vitreufes en grandes mafles que Ie feu ne peut calciner, & qui par leur durete etincellent avec 1'acier. Les rocs vitreux pri- mitifs different des rochers calcaires, non-feulement par leureflence , mais aufli par leur difpofition ; ils ne font pas pofcs par banes ou par couches horizontales , mais ils font en pleines maffes comme s'ils etoient fondus d'une feule piece (h) , autre preuve qu'ils ne tirent pas leur origine du Iran/port & du depot des eaux. La denomination gene- rique de roc vif fuffifbit aux objets generaux que j'avois a trailer ; mais aujourd'hui qu*il faut entrer dans un plus grand detail, nous ne parlerons du roc vif que pour Ie comparer quelquefois a la roche morte , c'eft-a-dire a ce meme roc , quand il a perdu fa durete & fa confiflance par 1'impreffion des elemens humides a la furface de h Terre , ou lorfqu'il a etc decompofe dans fbn fein par ies vapeurs minerales. Je dois encore avertir que quand je dis & dirai que ]e quartz , le jafpe , 1'argile pure , la craie & d'autres matieres , font infufibles , & qu'au contraire le feld-fpath , (h) « Dans Ies plus hautes montagnes , on ne rencontre point Ie roc par banes, it eft folide par -tout & comme s'il etoit fondu « d'une piece «. Injlruflion fur I' Art des Minef par M. Delius , traduite de 1'AHemand, tome I, page 7, 40 HISTOIRE NATURELLE lefchori, la glaife ou argile impure, la terre limonneufe & d'autres matieres font fufibles , je n'entends jamais qu'un degrc relatif de fufibilite ou d'iniufibilite ; car je fuis perfuade que tout dans la Nature eft fufible , puifque tout a etc fondu , & que les matieres qui , comme le quartz & le jafpe , nous paroifTent les plus refraclaires a i'aclion de nos feux , ne refifteroient pas a ceJle d'un feu plus violent. Nous ne devons done pas admettre, en hiftoire naturelle, ce caraclere d'infufibilite dans un fens abfolu, puifque cette propriety n'eft pas efTemielle , mais depend de notre art & meme de Timperfedion de cet art qui n'a pu nous fournir encore les moyens d'augmenter alfez la puiffance du feu , pour refondre quelques-unes de ces m ernes matieres fondues par la Nature. Nous avons dit ailleurs (i) , que le feu s'cmployoit de trois manieres, & que dans chacune les effets & le produit de cet element ctoient tres-differens ; la premiere de ces manieres eft d'employer le feu en grand volume, comme dans les fourneaux de reverbere pour la verrerie & pour la porcelaine ; lafeconde, en plus petit volume, jnais avec plus de vitefTe au moyen des foufHets ou des tuyaux d'afpiration ; & la troifieme en tres-petit volume, mais en maiTe concemree au foyer des miroirs : j'ai eprouvc dans un fourneau de glacerie (k) , que le feu en grand volume ne peut fondre la mine de fer en grains, (i) Supplement, volume I , page 57. ft;} A Rouelle en Bourgogne , ou il fe fait de tres-belies glaces. meme D E S M I N E R A U X. 41 meme en y ajoutant des fondans (I) ; & ncanmoins ie feu, quoiqu'en moindre volume, mais animc par 1'air des foufflets, fond cette meme mine de fer fans addi tion d'aucuh fondant. La troifieme maniere par laquelle on concentre le volume du feu an foyer des miroirs ardens, eft la plus puifTante & en mcme temps ia plus fure de toutes, & Ton verra, fi je puis achever mes experiences au mirolr a echelons , que la plupart des ma tieres regardees jufqu'ici comme infufibies, ne Tctoient que par la foiblefle de nos feux. Mais en attendant cette demonflration , /e crois qu'on peut afTurer, fans craindrc de fe tromper , qu'il ne faut qu'un certain degre de feu pour fondre ou bruler, fans aucune exception, toutes les matieres terreflres de quelque nature qu'elles puifTent ctre ; la feule dilfcrence, c'eft qwe les fubflances pures & fimples, font toujours plus rcfraclaires au feu que les matieres compofees, parce que dans tout mixte, il y a des parties que le feu faifit & di/Tout plus aifement que les autres, & ces parties line fois diflbutes fervent dc fondant pour liquefier les premieres. Nous exclurons done de 1'Hiftoire Naturelle des mineraux, ce caradere d'infufibiliteabfolue, d'autant que nous ne pouvons le connoitre que d'une maniere rela tive, meme equivoque, & jufqu'ici trop incertaine pour qu'on puifTe Tadmettre ; & nous n'emploirons i .° que ^[Supplement, tome /, page 64 fr fuiv> Mineraux, Tome I. F 42 HISTOIRE NATU-RELLE ceiui de la fufibiliie relative; 2.° le caraclcre cle ia cal cination on non- calcination avant la fufion, caractere beaucotip plus eflenticl , & par lequel on doit ctablir les deux grandes divifions de tomes ics matitres terreftres, dont les unes ne fe convertiflfent en verrc qu'apres s'etrc calcinees, & dont Jes autres fe fondent fans ie calciner auparavant; 3.° le caraclere de 1'tiTcrvefcence avcc les acides, qui accompagne ordinairement celui de ia cal cination ; & ces deux caracteres fuffifent pour nous fairc diftinguer les matieres A'itreufes dcs flibilances calcaires ou g) pfeu/es ; ^° celui d'etinceler ou faire feu centre 1'acier trempc, & ce caraclere indique plus qu'aucun autre la fecberefTe & la durete des corps; j. la cafllire vitreu/e , fpathique , terreufe ou grenue , qui prefente a nos yeux la texture intcrieure de chaque iubflance ; 6.° eniin , les couleurs qui demontrcnt la prefence des parties metalliques dont les dirk' rentes matieres font impregnees. Avec ces fix caracleres nous tdcherons de nous pafler de la plupart de ceux qnc les Chimifles ont employes; ils ne ferviroient ici qu'a confondre les produclions de la Nature avec celles d'un Art qui, quelquefois an liea de 1'analyfer, ne fait que la de'ligurer; le feu n'ert pas un fimple inrtrument, dont Taclion foit bornee a divifer ou drflbudre les matieres ; le feu eft lui-mcmc une matiere qui s'unit aux autres , & qui en fcpare & enleve les parties ics moins fixes ; en forte qu'apres le travail de cet element, les caradires naturels de la plupart des fubftanees, font D E S M I N E R A U X. 43 on detruits ou changes, & que fouvent meme I'eflence cle ces fubftances en eft entierement altcrce. Le Naturaiifte en trainnt des mincraux, doit done fc borner aux objets que lui prefente la Nature, & ren- voyer aux Artiftes tout ce que 1'Art a produit ; par exemple , il dccrira les fels qui fe trouvcnt dans le fein de la tcrre, & ne parlera des fels formes dans nos laboratoires que comme d'objets acceffoires £ prefque etrangers a fon fujet; il traitcra de mcme' des terres argileufes, calcaires , gypfeufes & vegetales; & non des terres qu'on doit regarder comme artificielles , telles que la terre alumineufe, la terre fcdlitienne, & nombre d'autrcs qui ne font que des produits de nos combi- naifons ; car quoiqtic la Nature ait pti iormer en certaincs circonftances , tout ce que nos Arts femblent avoir cree, puifque toutes les fubftances , £ mcme les elemens font convertibles par fes feules puiflances (m) » & que pourvue de tons les principes elle ait pu faire tous les melanges, nous devons d'abord nous borner a la faifir par les objets qu'elle nous prefente, & nous en tenir a les expofer tels qu'ils font fans vouloir la furcharger de toutes les petites combinaifbns fecondaires que Ton doit renvoyer a 1'hif- toire de nos Arts. (m) I" & combinces trois a trois, ont de memepu former encore dix autres matieres (c) ; & enfin, combinees quatre a quatre ou melees routes cinq enfemble, ont encore pu former cinq matieres differentes (d) . Quoique tous les jafpes aient ia caffure moins Lril- iante que ceile du quartz, ils recoivent neanmoins ega- lement le poli dans tons les fens; leur tiffu tres-ferre a retcnu les atomes mctalliques dont ils font colores, & les mctaux ne fe trouvant en grande quantite qu'en quelques endroits du globe, il n'eft pas furprenant qu'il y ait dans la Nature beaucoup moins de jafpe que de quartz ; car il falloit pour former les jafpes , cette circonilance de plus, c'efl-a-dire , un grand nombre d'exhalaifons mctalliques, qui ne pouvoient etre fublimees que dans les lieux abondans en metal ; Ton pent done prefumer que c'eft par cette (b) i«° Quartz mica & fchorl; 3.° quartz, jafpe, feld-fpath & fchorl; 4.° jafpe, mica, feld-fpath & fchorl ; 5.° enfin, quartz, jafpe, mica, feld-fpath & fchorl; en tout vingt-cinq cotnbinaifons ou matieres differentes. 46 HISTOIRE NATURELLE raifon qu'il y a bcaucoup mo ins cle jafpes que de quartz, & qu'ils font en maffes moins etendues. Mais de la meme maniere que nous avons diflinguc deux ctats dans ie quartz , 1'un tres-ancien produit par le feu primitif, & I'autre plus nouveau occafionne par ia fliiiation des eaux ; de meme nous diftinguerons deux ctats dans ie jafpe, ie premier, ou comme ie quartz, ii a etc forme en grandes mafTes (e) dans ie temps de ia vitrification jjeneraie; & ie lecond ou ia (filiation des eaux O a produit de nouveaux jafpes aux depens des premiers, & ces nouveaux jafpes etant des extraits du ja/pe primitif, comme ie criftal de roche ell un extrait du quartz ; ii$ font pour ia pi u part encore pius purs & d'un grain pins iin que celui dont iis tircnt leur origine ; mais nous devons renvoyer a des articles particuliers i'examen des criftaux (e) M. Ferbera vu ( a Florence, clans le cabinet de A4. Targiom To^ettl), du jafpe rouge fanguin, veine de bhnc, provenant de J3dt^a , dans les Apennins de la Tofcane, ou des couches confide- rables, &. meme des montagnes e nacres font , dit-il, formees de jafpe, Les murs de la Capelia di S! - Lorenzo a Florence, font revetus de trt'S - belles u grandes plaques de ce jafpe qui prend trcs - biea Je poli. Un pen au-de/Tous du chateau de Afontleri dans Ie pays de Sienne, eft la mcKtagna di A'lonticri , formee de fchifte micace; on y trouve d'aaciennes minieres d'argent, de cuivre &. de ploinb , & une grande couche , au moins de trois toiles d'epaifleur , d'un gros jafpe rouge , .qui s'ctend jufqu'au Cafiello di Gcrfalco; mais ce lit etant compofu de plufieurs pedtes couches minces qui ont beaucoup de fentes, ou aie pent pas, s'en iervir. Lcttres fur la Alincralogie, &c. page i oy, D E s MINERAL? x. 47 de roche & des autres picrres vitreufes , opaques ou tranfparentes , >que nous ne regardons que comme des ilalaclitcs (In quartz , du jafpe & des autres matieres pri mitives (f); ces Jubilances fecondaires , quoique de meme nature que ics premieres, n'ayant etc produites que par 1'intermede de i'eau, ne doiv-ent etre confide* rc'es qu'apres avoir examine les maticrcs dont ellcs tirent ieur origine, & qui ont ete formees par le leu priinitif. Je ne vois done dans toute la Nature que ie quartz , ie jafpe, le mica, ie feld-lpath & le fchorl , qu'on puifTe yegarder comme des matieres dm pies ou prefque fimples, & auxquelles on pent ajouter encore le gres pur, qui n'efl qu'une agrcgation de grains quartzeux , & le talc qui dc meme n'eft compo/e que de paillettes micacces. Nous feparons done de ces verves primitifs, tons leurs produits fecondaires, tels que les cailloux, agathes , cornalines, fardoines, jafpes- agathes cSc autres pierres opaques ou Not a. Le jafpe rouge dans lequel M. Fcrber dit avoir vu des coquilles pctrifices , efl cenainement un de ces jafpes de feconde formation, f'oye^ les Lettres lur la Mineralogie , &c. page 19; if s'explique lui-ineme de manicre a n'en laiiler aucun doute : « La fuperficie des montagnes calcaires des environs de Brefcia, dit-il, cc (page 33/> <-'^ cojnpolce de petites couches dans leiquefles once decouvre du j.it'pe , de la plerre a iufil de cduieur rduge & noire; cc on nomine ces couches Ja fed- //',.' / c'ell dans ces environs qu'on « vient de trouver des coquilies pctrii .11^ du jalpe rouge mcle cc dc quart/. ». C>e jalpe jM'oduit dans des couches cafcaires, efl un^ AilUiion vitreufe, comme ic ItJc-; *• Lettres fur la Mineralogi • • : • » 48 HisTOir.E NATURELLE demi-tranfparentes , ainfi que les criflaux de rocfie & ies pierres prccieufes, parce qu'elies doivcnt etrc mifes dans ia claffe des fubflances de derniere formation. Le jafpe primitif a etc produit par ie feu prefque en meme temps que Ie quartz , & ia Nature montre eiie- meine en queiques endroits comment elle a forme ic jafpe dans ie quartz. « On voit dans les Vofges Lorraines, dit un de nos plus habiies Naturalises (&) , une mon- ». tagne ou Ie jafpe traverfe & ferpente entre ies maffes de quartz par larges veines finueufes, qui reprefentent les foupiraux par lefquels s'exhaloient ies fubiimations metal- liques ; car tomes ces veines font diverfement coiorees , » & par-tout ou elles commencenta prendre des couieurs, >» ia pate quartzeufe s'adoucit & femble fe fondre en jafpe ; » en forte qu'on peut avoir dans Ie meme echamillon , & ia » matiere quartzeufe & Ie filon jafpe. Ces veines de jafpe » font de differentes dimenfions ; les unes font larges de » plulieurs pieds , & ies autres feulement de queiques » pouces ; & par-tout ou ia veine n'efl pas pieine , mais j> iaiffe queiques bouillons ou interflices vides , on voit de » belies criflaliifatio-ns dont piufieurs font coiorees. On peut » contempler en grand ces cffets de ia Nature dans cette » belle montagne ; elle eft coupcc a pic , par differens » groupes , fur trois & quatre cents pieds de hauteur ; & » fur fes flancs couverts d'enormes quartiers rompus & *• (g) M, I'abte Bexon, Grand- chantre de la Sainte-Chapelle de Paris. emafTes, DESAflNERAUX. 49 cntaiTcs , comme de vaftes mines , s'clevent encore « d'enormes pyramides de ce meme rocher , tranche & « mis a pic du cote du vallon. Cette montagne , la der- « niere des Vofges Lorraines , fur les confins dc la Tranche- « comte, a 1'entree du canton nomme le Valdaj&l (h) , « fermoit en effet un vallon tres-profond, dont les eaux « par un effort terrible, ont rompu la barriere de roche, « & fe font ouvert un paflage au milieu de la maffe de la « montagne, dont les hautes mines font fufpendues de « chaque cote. Au fond coule un torrent, dont le bruit '•'- accroit {'emotion qu'infpire l'afpe<5l menacant , & la « fauvage beaute de cet antique temple de la Nature , Tun « des lieux du monde peut-etre ou Ton pent voir une des cc plus grandes coupes d'une montagne vitreufe , & con- « templer plus en grand le travail de la Nature dans ces > J'ai faifi, continue cet ingcnieux Obfervateur, la » nuance du mica au talc fur des morceaux d'un granit de » feconde formation, remplis de paquets depetites fetiilles i> talqueufes empilees commecdles d'un livre, & 1'on peut » dire que ces feuilles font de grtmd mica ou de petit talc ; » car dies out depuis un demi-pouce |ufqu'a un pouce ou « plus de diametre , & eiles ont en mcme temps vine panic » de la douceur, de la transparence & de la flcxibilite du talc » (c) . De tous les talcs le blanc eft le plus beau (d) ; on (c) Memoires fur I'Hiftoire NaturelJe de la Lorraine, eommuniques par M. 1'abbe Bexon. (d) Le talc ordinaire eft une efpece de pierre ondueufe, molie, nette , couleur de perle , qu'on peut aifement fcparer en lames , qui rendues minces ont afTez de tranfparence. On coupe fans peine le talc au couteau, il fe plie aufli; il eft gliflant & comme gras a i'attou- chement : il fe laifTe difficilement brifer ; il rcfifte a un feu aiTez vehement, fans fouffrir de changemem confidcrable, & aucun menftrue acide ni alkalin en forme humide, ne vient a bout de le diflbudre f Mineralog. Voye^ aujp la Lithogeognofie de Pott, D E S M 1 N E R A U X. 59 i'appeiie verrc foffilc en Mofcovie & en Siberia ou ii fe trouve en a(Tez grand volume (e) ; il fe divife aifement en lames minces & aufll tranfparentes que le verre, mais ii fe ternit a 1'air au bout de cjueiques annees, & perd beaucoup de fa tranfparence. On en peut iaire un bon ufage pour lespetites fenetres des Vaifleaux, parce qu'etant (e) « Ce n'eft qu'a I 'an 1705, qu'on peut rapporter les premiere* recherches du talc, faites fur le fleuve W'iiim en Siberie ; coinme il cc fut trouve d'une qualitc fuperieure , les mines les plus celebres , cc exploite'es jufqu'alors fur d'autres rivieres , furent entierement ne- cc glio-ees .... Le talc le plus eftime eft celui qui efl tranfparent coinme cc de 1'eau claire ; celui qui tire lur le verda'tre n'a pas a beaucoup cc prcs la meme valeur; on en a trouve des tables qui avoient pros «: de deux aunes en quarre ; mais cela ell fort rare : les tables de cc trois-quarts ou d'une aune font deja fort cheres, &: fe payent fur cc le lieu un ou deux roubles la livre ; le plus commun eft d'un cc quart -d'aune, il coute huit a dix roubles le pied. La preparation « du talc confifte a le fendre par lames avec un couteau mince a c< deux tranchans ; on s'en fert dans tome la Siberie au lieu de cc vitres pour les feneires & les lanternes; il n'eft point de verre plus cc clair & plus net que le bon talc : dans les villages de la Ruffle , cc & meme dans certaines villes, on 1'emploie au meme ulage. La cc Marine Ruffe en fait une grande confommation , tous les vitrages cc des Vaifieaux font de talc, parce qu'outre fa tranfparence, il n'eft cc pas caflant, & qu'il refifte aux plus fortes fecouiles du canon : cc tependant il eft fujet a s'alterer ; quand il eft long - temps expole cc a 1'air, il s'y forme peu-a-peu des taches qui le rendent opaque, cc la pouffiere s'y attache, & il eft tres -difficile d'en oter la craffe cc & 1'imprefHon de la fume'e, fans altcrer fa fubftance 3>. Voyage en Siberie par Af. Grnelin, HiJIoirc generate des Voyages, tome XVUI, 272 & fuiv. Hi/ 60 HISTOIRE NATURELLE plus fbuple & moins fragile que le vcrre , il refiffe mieux a toute commotion brufque , & en particulier a celie du canon. II y a des talcs verdatres, jaunes & meme noirs, & ces differentes couleurs qui alterent leur tranfparence , rTen changent pas les autres qualites; ces talcs colores font a peu-pres egalement doux au toucher, fouples & plians fous la main , & ils refiftent, comme Ic talc blanc , a 1'aclion des acidcs & du feu. Ce n'eft pas /eulement en Siberie & en Mofcovie, que 1'on trouve des veines ou des mafTes de talc; il y en a dans plufieurs autres contrees , a Madagafcar (f), en Arabic (g) , en Per/e (li) , ou ncanmoins il n'eft pas en feuillets au/Ti minces que celui de Siberie. M. Cook parle auffi d'un talc vert qufil a vu dans la nouvelle Zelande, dont les habitans font commerce entr'eux (i) ; il s'en trouve de meme dans plufieurs cndroits du continent & des iles de TAmerique, comme a Saint-Do- mingue (k) , en Virginie & au Perou (I) f ou il eft d'une grande blancheur & tres-tranfparem (m) ; inais en citam (f) Memoires pour fervir a 1'Hiftoire des Indes orientales; Paris f 3702, page i73. (g) Voyage de Pietro della Valle ; Rouen, 1 745, tcmt VIII, p. 8 v-, (h) Voyage deTavernier; Rouen, 1713, tome II, page 2 (i] Second Voyage de Cook, tome II, page i i o. (k/ Hifloire generale des Voyages, tome XII, page 21 8. (I) Idem , tome XIV, page 508. (m) Idem , tome XIH , page 3 i S. DESMlNERAUX. 6 t les relations de ces Voyageurs , je dois obferver que quelques-uns d'emre eux pourroient s'ctre trompes en prenant pour da talc des gypfes, avec lefquels il eft aife de les confondre ; car il y a des gypfes fi reffemblans au talc, qu'on ne peut guere les diftinguer qu'a 1'epreuve du feu de calcination; ces gypfes font auffi doux au toucher, auffi tranfparens que le talc ; j'en ai vu moi-meme dans de vieux vitraux d'eglife, qui n'avoient pas encore perdu toute leur tranfparence , & meme il paroit que le gypfe refifte a cet cgard plus long-temps que le talc aux im- preffions de fair. II paroit auffi affez difficile de diflinguer le talc de terrains fpaths autrement que par la calibre; car le talc, quoique compofe de lames briliantes & minces , n'a pas la caffure fpathique &. chatoyante comme les fpaths , & il ne ie rompt jamais qu'obliquement & fans direclion de' term i nee. La matiere qu'on appelle talc de Venifi , & fort impro* prement crmc d'EfJDagne , craie de Brian9on , efl differente clu talc de Mofcovie ; elle n'efl pas comme ce talc en grandes feuilles minces, mais feulement en petites lames, & elle efl encore plus douce au toucher & plus propre a faire le blanc de iard qu'on applique fur la peau. On trouve auffi du talc en Scanie qui n'a que pen de tranfparence. En N'^rwege , il y en a de deux efpeces, fa premiere blanchatre ou verdcitre dans le diocefe de Chrif^ liana, & la ieconde brune ou noiratre dans les mines 6z HISTOIRE NATVRELLE d'Aruda (n) , « En Suifle , le talc eft fort commun , dit » M. Guettard , dans le canton d'Uri ; les montagnes en » donnent qui fe leve en feuiiles flexibles que I'on peut » plier, & qui reflemble en tout a celui qu'on appelle communement vent de Mofcovle (o) ». On tire aufli du talc de la Hongrie, de la Boheme, de la Silefie, du Tirol, du comte deHolberg, de la Stirie, du mont Bructer , de h Suede, de 1'Angleterre , de 1'Efpagne (p), &c. Nous avons cru devoir citer tous les lieux ou Ton a decouvert du talc en mafic , par la raifon que quoique les micas foient repandus & pour ainfi dire difTemines dans la plupart des fubftances vitreufes, ils ne ferment que rare*- mem des couches de talc pur qu'on puifle di vifer en grandes feuiiles mince?. En refumant ce que j'ai ci-devant expofe, il me paroil que le mica eft certainement un verre, mais qui differe des autres verres primitifs en ce qu'il n'a pas pris comme (n) Atfes de Copenhague , annec i 6 '77. M. Pott fait a ce fujet une remarque qui me paroit fonde'e ; il dit que Borrichius" confond ici le talc avec la pierre ollaire , & il ajoute que Broemel eft tombe dans la meme erreur , en parlant de la pierre ollaire dont on fait des pots & plufieurs fortes d'autres vales dans le Semptland: en effet fa pierre ollaire comme la molybdene , quoique contenant beaucoup de talc , doivent etre diftinguees & feparees des talcs purs. Voye^ les Afemoires de I' Academic de Berlin, annec 1746 , page 65 & fuiv. (o) Voye^ les Memoires de I'Academie des Sciences de Paris, annee 1752, page 32$' (p) Memoires de i'Acadunie des Sciences de Berlin, amice DES MINER AVX. 6j Cux de la fblidite , ce qui indique qu'il ctoit expofe a 1' action de Tair , & que c'eft par cette raifon qu'il n'a pu {e recuire affez pour devenir folide; il formoit done la couche exterieure du globe vitrifie , les autres verres fe font recuits fous cette envcloppe & out pris toute leur confiftance ; les micas au contraire n'en ay ant point acquis par la fufion , faute de recuit , font demeures friables , & bientotont etc rcduits en particuies & en paillettes; c'eft- iaTorigine de ce verre qui difFere du quartz & du jafpe, en ce qu'il eft un peu moins refraclaire a I'aclion du feu, & qui difFere en mcme temps du feld-fpath & du fchorl , en ce qu'il eft beaucoup moins fufib!e &. qu'il ne fe convertit qu'en une e(j)ece de fcorie de couleur obfcure, tandis que le feld-fpath & le fchorl donnent un verre compacle & communcment blanchatre. Tons les micas blancs ou colores fontegalcment aigres & arides an toucher , mais lorfqu'ils ont etc attenues & ramollis par I'imprefFion des clcmens humides , ils font tlevenus plus doux & ont pris la qualite du talc ; enfuite les particuies talqueufes raiTemblces en certains cndroits par J 'infiltration ou le depot des eaux , fe font reunies par leur affinite , & ont forme les petites couches horizontales ou inclinees , dans lefquelles fe trouvent les talcs plus ou moins purs & en plaques plus ou moins etendues. Cette origine du mica & cette compofition du talc me paroiffent tres-naturelles ; mais comme tons les micas ne fe prefement qu'en petites lames minces , rarement 64 HISTOIRE NATURELLE criftallife'es , on pourroit croire que toutes ces paillettes ne font que ties exfoliations detachees par les elemens hu- mides, & enlevees de la furface de tous les verres primitifs en general ; cet effet eft certainement arrive, & Ton ne peut pas douter que les parcelles exfoliees des jafpcs ,• du feld-fpath & du fchorl, ne fe foient incorporees avec plufieurs matieres , foit par fublimation dans le feu pri- mitif, foit par laflillation des eaux, mais il n'en faut pas conclure que les exfoliations de ces trois derniers verres aient forme les vrais micas; car fi c'eioit-ja leur veritable origine, ces micas auroient conferve du moins en partie la nature de ces verres dont ils fe feroient detaches par exfoliation , & Ton trouveroit des micas d'cfTence diffe- rente, les uns de celle du ja/pe , les autres de celle du feld-fpath ou du fchorl ; au lieu qu'ils font tous a peu- pres de la meme nature & d'une efTence qui paroit leur etre propre & particuliere ; nous fommes done bien fondes a regarder le mica comme un troifieme verre de nature, produit par le feu primitif, & qui s'etant trouve a la furface du globe , n'a pu fe recuire ni prcndre de folidite comme le quartz & le jafpe. DU D E s MINERAL' x. 65 D U FELD-SPATH. i_jE Feld-fpath eftunematiere vitreufe,& dontncanmoins la cafTure eft fpathique ; il h'eft nulle part en grandes mattes comme le quartz & le jafpe,& on ne le trouve qu'en petits criftaux incorporcs dans ies granits & ics porphyres, ou quelquefois en petits morceaux i/blcs dans les argiles Ies plus pures ou dans Ies fables qui provien- nent de la dccompofnion des porphyres & des granits, car ce fpath eft une des fubftances conftituantes de ces deux matieres; on 1'y voit en petites mattes ordinairement cri£ talli/ees & colorces. C'eft le quatrieme de nos verres pnmitifs, mais comme il femble ne pas exifter a part, les anciens Naturaliftes ne font ni diftingue ni defigne par aucun nom particulier, & comme il eft prefque au/Ti dur que le quartz, & qu'ils fe trouvent prefque toujours meles enfemble , on Ies avoit toujours confondus ; mais^ Ies Chimiftes allemands ayant examine ces deux matieres de plus pres, ont reconnu que celle du reld-/path etoit differente de celle du quartz, en ce qu'elle eft tres- aifement fufible, & qu'elle a la caffure fpathique ; ils lui ont cionne les noms &tfcld-fpath ( fpath des champs ) (ti) , (a) Sans doute , parce que c'efl dans fes caiHoux graniteux, rc ians Ies champs, qu'on 1'a remarquc d'alxtfd. Mincraux } Tome I, I 66 HISTOIRE NATURELLE fluff- fp M!I (fpath fufible) (b) f & on pourroit 1'appeler plus propremcnt fpath dur o\\ fpath e tine el ant f parce qu'il eft le feul dcs fpaths qui foit aflez dur pour etinceler fous le choc de 1'acier (c). Comme nous devons juger de la purete ou plutot de la fimplicite des fubftances , par la plus grande refif- tance qu'elles oppofent a faction du feu avant de fe reduire en verre; la fubftance du feld- fpath eft moins fimple que celle du quartz & du jafpe, que nous ne pouvons fondre par aucun moyen , elle eft mcme moins fimple que celle du mica qui fe fond aim feu tres-violent; car le feld-fpath eft non-feulement fufibie par lui-meme & fans addition au feu ordinaire de nos fourneaux , mais mcme il communique la fufibilite au quartz, au jafpe & (b) Ce nom devroit etre referve pour le veritable fpath fufibie ou fpath phofphorique , qui accompagne les filons des mines , & dont il fera parle a 1'article des matieres vitreufes de feconde formation. (c) Carafteres du feld-fpath fuivant M. Bergman; il etincelle avec I'acier: II fe fond au feu fans bouillonnement : II ne fe difTout qu'imparfaitement dans I'alkali mineral par la voie seche, mais il fait efrervefcence avec cet alkali, comme le quartz; il fe dillout au feu dans le verre de borax fans effervefcence , avec bien plus de facilite que le quartz : nous ajouterons a ces caracfleres donne's par M. Bergman, que le feld-fpath eft prefque toujours criflallild en rhombes, &. compote de lames brillantes appliquees les lines centre les autres ; que de plus fa caflure eft fpathique , c'eft- a-dire , par lames longitudinales brillantes & chatoyantes. D E S M I N £ R A U X. 67 au mica , avcc lefquels ii eft intimement lie dans les granits & les porphyres. Le feld-fpath eft.quelquefois opaque comme le quartz, mais plus fouvent ii eft prefque transparent; les diverfes teintes de violet ou de rouge dont fes petites maffes en criftaux font fouvent colorees, indiquent une grande proxi- mite entre 1'epoque de fa formation, & le temps ou les fublimations mctalliques penetroient les jafpes & les tci- gnoient de leurs couleurs ; cependant les jafpes quoique plus fortement colores, rcfiftent a un feu L>ien fupcrieur a celui qui met le feld-fpath en fufion ; ainfi fa fufibilite n'eft pas due aux parties metalliques qui ne Tont que Icge- rement colore, mais au melange de quelqu'autre fubf- tance. En effet, dans le temps ou la matiere quartzeufe du globe etoit encore en demi - fufion, les fubftances falines jufqu'alors releguees dans 1'atmofphere, avec les matieres encore plus volatiles , ont du tomber les pre mieres, & en fe melangeant avec cette pate quartzeufe, elles ont forme le feld - /path & le fchorl, tons deux fufibles, parce que tous deux ne font pas des fubftances fimples, & qu'ils ont recu dans leur compofition cette matiere etrangere. Et Ton ne doit pas confondre le feld-fpath avec les autres fpaths auxquels ii ne reffemble que par fa caffure lamdlce ., tandis que par tomes fes autres proprictcs , ii €n eft effentiellement different, car c'eft un vrai verre qui fe fond au meme degre de feu que nos verres faclices ; 68 HISTOIRE NATURELLE fa forme criftaliifce ne doit pas nous cmpecher Je le regarder comme un veritable verre produit par le feu, puifque la criftallifation peut egalement s'opcrer par le nioyen du feu comme par celui de 1'eau, & que dans toute matiere liquide ou liquefice, nous verrons qu'il ne fa ut que du temps , de i'efpace & du rcpos pour qu'elle fe criftallife; ainfi la criftallifation du feld-fpatli a pu s'opc rer par le feu; mais quelque fimilitude qu'il y ait entre ces criftallifations produites par le feu & celles qui fe forment par le moyen de 1'eau, la difference des deux caufes n'en refle pas moins reelle ; elie eft meme frap- pante dans la comparaifon que Ton peut faire de la crif tallifation du feld-fpath & de celle du criftal de roche ; car ii eft evident que la criftallifation de celui-ci s'opere par le moyen de 1'eau , puifque nous voyons le criftai fe former , pour ainfi dire , fous nos yeux , & que la plupart des cailloux creux en contienncnt des aiguilles naiffantes; au lieu que le feld-fpath, quoique crifbllife dans la mafTe des porphyres & des granits, ne fe forme pas de nouveau ni de meme fous nos yeux , & paroit etre aufTi ancien que ces matieres dont il fait partie, quel- quefoisfi confiderable , qu'elle excede dans certains granits la quantite du quartz , & dans certains porphyres celle du jafpe , qui cependant font les bafes de ces deux matieres. C'eft par cette meme raifon de fa grande quantite qu'on ne peut guere regarder le feld-fpath comme un cxtrait ou une exudation du quartz ou du jaipe, mais D E S M I N E R A V X. 69 comme une fubflance concomitante auffi ancienne que ces deux premiers verres. D'aillcurs on ne pent pas nier que le feld-fpath n'ait une tres-grande affinite avec les trois autres matieres primitives; car, faifi par le jafpe, il a fait les porphyres ; mele avec le quartz , il a forme certaines roches dont nous parlerons fous le nom de pierres de Lapponic\ & joint an quartz, au fchorl & au mica , il a compofe les granits ; au lieu qu'on ne le trouve jamais intimement mele dans les gres ni dans aucune autre matiere de feconde formation ; il n'y exifte qu'en petits debris, comme on le voit dans la belle argile blanche de Limoges. Le feld-fpath a done etc produit avant ces dernieres matieres, & femble s'etre incorpore avec le jafpe & mele avec le quartz dans un temps voifm de leur fufion, puifqu'il fe trouve generalement dans toute 1'epailTeur des grandes maffes vitreufes , qui ont ces matieres pour bafe, & dont la fonte ne peut etre attri- buee qu'au feu primitif; & que d'autre part il ne con- trade aucune union avec toutcs les fubftances formees par 1'intermede de 1'eau, car on ne le trouve pas criflaliifc dans les gres, & s'il y eft quclquefois mele, ce n'eft qu'en petits fragmens ; le gres pur n'en contient point du tout, & la preuvc en eft que ce gres eft auffi infufible que le quartz, & qu'il fcroit fufible fi fa fubA tance etoit melee de feld-fpath ; il en eft de meme de 1'argile blanche de Limoges, qui eft toute aufli rcfraclaire au feu que le quartz on Je gres pur, & qui par confe-i 70 HISTOIRE NATVRELLE rrucnt n'efl pas compofce de dctrimens de feld-fpath, quoiqu'on y trouve des petits morceaux i/bies de ce /'path qui ne s'eft pas rcduit en poudre comme le quartz nt cctte argile paroit etre une dccompofition. Le gres pur n'etant forme que de grains de quartz aglutines , tous deux ne font qu'une feule & meme fiibftance , &ceci femble prouver encore que le feld-fpatfi n'apu s'unir avec le quartz & ie ja/pe que dans un etat de liquefaction par Ie feu , & que quand i] eft decompofe par 1'eau, il ne conferve aucune affinite avec Ie quartz, & qu'il ne reprend pas dans cet element la propriete qu'il cut dans Ie feu de fe criilallifer; puifque nulie part dans ie gres on ne trouve ce /path fous une forme diftincle ni criftallifee de nouveau , quoiqu'on ne piaffe nean- inoins douter que les gres feuilletes & micaces , qui font formes des fables graniteux , ne contiennent aufTi les •dctrimens du feld - (path en quantite peut-etre egale :i <:eux du quartz. Et pui/que ce fjjath ne Cc trouve qu'en tres - petit volume & toujours mclepar petites maffes, & comme par dofes dans les porphyres & granits , il paroit n'avoir coule dans ces matieres & ne s'etre uni a leur fubftance que corn me un alliage additionnel auquel il ne falloit qu'un moindre degre de feu pour demeurer en fufion , & Ton nc doit pas etre furpris que dans la vitrification generale Ie feld-fpath & en particulier du Porphyre. A.PRES avoir parle du quartz, du jafpe, du mica, du feld-fpath & du fchorl, qui font les cinq fubftances les plus fimples que la Nature ait produites par le moyen du feu; nous aliens fuivre les combinaifbns qu'elle en a faites en Ies melant deux, trois ou quatre, & mcme toutes cinq enfemble, pour compofer d'autres matieres par le meme moyen du feu dans les premiers temps de Ja confolidation du globe ; ces cinq verres primiiifs en fe combinant feulement deux a deux ont pu former dix matieres differentes, & de ces dix combinaifons il n'y en a que trois qui n'exiftent pas ou du moins qui ne foient pas connues. Les dix combinaifons de ces cinq verres primitifs pris deux a deux , font : i . Le quartz & le jafpe : cette matiere fe trouve dans Ies femes perpendiculaires & dans les autres endroits ou Je jafpe eft contigu au quartz ; ils font mcrr.e quelque- fois comme fondus enfemble dans leur jbnflibn , & quelquefois auffi le quartz forme des veirses dans le jafpe. J'ai vu une plaque de jafpe noir traver/ee d'une veinc de quartz blanc. 7$ HJSTOIRE NATURELLE 2.° Le quartz £ le mica : cette maticre efl fort commune, & fe trouve par grandes mafTes & memc par montagnes ; on pourroit i'appeler quart^ micacc (a) . m - _ _ _ __--_. — , — — — — - - ~" {a} « La pierre, die M. Ferber, que les Allemands appellent »fJi((le come oufc/iijk de corns , eft formee de quartz & de mica , & 53 cc fchifte de corne n'eft pas la meme chofe que la pierre de corne; celle-ci eft une efpece de filex , ou pierre a fufil. » Nous ne pouvons nous difpenfer d'obferver que cet habile Mine- lalogifte , eft ici torn be dans une double meprife ; d'abord il n'y a aucun fchifte qui foit forme de quart/ & de mica, & il n 'cut point dii appliquer a ce compofc de quartz & de inica le nom de fehijle de corne , puifqu'il dit que ce fchifte de corne n'a rien de commua avec ia pierre de corne qui, felon lui , eft un filex : ce qui eft une feconde meprife; car la pierre de corne n'ell point un filex, mais une pierre compolee de fchifte & de maticre calcaire ; tout quartz mele de mica doit etre appele quflrt? micacc , tain que le mica n'a pas crun^e de nature, &: lorfque par fa de'compofition il s'eft convert! en argile ou en fchifte , il faut nommer quart^ fchiftcux ou fchijtt qiiart^eux , la pierre compoice des deux. « II y a dans le Piemunt, continue M. Ferber, des montagnes 35 calcaires & des montagnes quartzeufes ; celles-ci ont des raies plus * ou moins fortes de mica , &. c'eft de oatte efpece de pierres que (ont 33 formees les montagnes voifmes de Turin, on les uommejarris; on s'en fen pour les fondations des batimens, pour des colonnes, &.c. x> JL cdres fur la Ailneralogle par M. Ferber, page 456. Le menie M. Ferber (page 3 44 ), en pariant d'un pre'tendu gtanit a deux fubftances , quartz & mica, s'exj>ri.rne encore dans les termes fuivans : cc Quand ii n'entre point du tout de (path dur » ( ftld-fpath ) , dans la compofition des granits , on nomine alors ce ^3 melange de quartz & de mica hornberg , hornfcls , gejlelljtein , ce * x^ui vient de 1'ufage qu'on en fait dans les fourneaux de fonderie ; k]ue le mica y tit plus itbondant , la pierre eft fchifteuie. jj D £ S AI I N £ n A U X, 79 3. Le quartz & le feid-/path ; il y a des roclies de cctte matiere en Provence & en Lapponie, d'ou M. de Maupcrtuis nons en a apportc un echantillon (b). Le nom de gcftcUJlcin ( pierre de fondement ou bafe des four- neaux ), me paroit aufli impropre que celui de fchiAe corne, pour de'figner la matiere vitreufe qui n'eft compofee que de quartz fous le nom mal applique de petrojilex. 4.° Le :» dans les environs de Geneve, dit M. de Saufiure, deux variety's 55 du granit fimple. c'eft-a-dire , compote feulement de quartz & de j> feld-fpath ; dans I'une , un feld-fpath blanc forme le fond de la j» pierre, & le quartz y eft parfeme par petits grains; dans I'autre un 55 feld-fpath de couleur fauve, eft emre-mele a dofe a peu-pres egale, avec du quartz bfanc fragile ». Voyage dans les Alpes , tome I, p. i 03. j (c) cc Dam h foret de I'Efterelle en Provence, entre Cannes 6c « Frejus , il y a une montagne de roche groftlere & grifatre , entre- 35 melee de mica, de quartz & de feld-Tpath, les memes efpeces >j qui entrent dans la compofition des granits, avec cette difference 3> qu'elles font plus mures, plus fines & plus companies dans ceux-ci ?j que dans I'autre . . . . Et plus loin on trouve une pierre rougeatre » appelde perroji/ex ; c'eft-a-dire , cailloux de roche qui eft la mere » des porphyres &. des ;afpes, de meme que la pierre brute grife,, « dont je viens de parler , eft la mere des granits. On trouve des i» petrojilex qui font noirs , brims, rougeatres , verts & bleuatres. » A mefure qu'on avance, cette pierre devient plus dure ; on y :» voit des taches opaques d'un petit feld-fpath , femblables a celles }> qu'on voit dans le porphyre d'Egypte : on y apercoit auffi de » petites taches de plomb , lefquelles fe trouvent auilx , quoique >> rarement, dans les porphyres antiques; ces taches font criftallifces ;» comme les autres ; mais on juge par la couleur que c'eft un :» mineral qu'on appelle molybdena , lequel aulTi-bien que le fchorl ;> ou le corneus crljtallifatus , peut etre compte parmi les mine'raux 3> inconnus .... Vers le fommet de la montagne de i'Efterelle , ce i> meme D E S M I N E R A U X. Si 4.° Le quartz & le fcliorl : cette matiere eft compofce de quartz hlanc ou blanchutre & de fchorl, tantot noir & tantot vert ou verddtre , diftribue par taches irregu- iicres ; ce premier melange tache de noir fur un fond blanc , a etc nomme improprement jafye d'Egypie & meme porphyre acquiert encore une autre lone de taches qui , « par leur tranfparence , reffemblent au verre , etant formees en cc criftaux fpatheux, pyramidaux & pointus aux deux bouts; mais •> noir avec de petites taches oblongues, & qui ne differe » du porphyre rouge que par cette couleur du fond ; la a* fecondc varicte eft \&ferpentirte noire antique , dont Ie fond » eft noir avec de grandes taches blanches oblongues ou " paraliclipipedes. » 3° Le porphyre a fond brun avec de grandes taches » verdaires oblongues ; il s'en trouve aufii dont Ie fond eft d'un brun-rougeatre avec des taches d'un vert-clair, & d'autres dont le fond eft d'un brun-noiratre avec des » taches moitie noiratres & moitie verdatres. >» 4.° Le porphyre vert dont il y a plufieurs varietes ; » i. la ferpentine verte antique, dont Ie fond eft vert.& » les taches oblongues & parallelipipedes font d'un vert » plus ou moins clair , & de la nature du fdd ' -fpaih ou » du ft/io//. On trouve quelquefois dans ccs pierres des » bulles telles que celles qui fe forment dans les matieres « fondues par la fortie de I'air qui y eft renferme; on y » voit aufli affez fouvent des taches blanches & tran/parentes -' arrondies irregulieremcnt, & qui paroiffent ctre de la » nature de Tagatc. 2..° Le porphyre a fond vert tacjie - . c DES MINERAL? x. 9 1 de blanc. 3.° Le porphyre a fond vert-fonce avec des « taches noires. 4. Le porphyre a fond vert - clair ou plutot jaune-verdatre tache de noir. 5.° Le porphyre vert, proprement dit, qui a plufieurs « yarietes. La premiere a fond vert-fonce prefque noir, « de la nature du jafpe , avec des laches blanches diflincles , « oblongues, en forme de fchorl , plus grandes que les taches « du porphyre noir , & plus petites que cclles de la fer- « pentine noire antique. La feconde variete eft a fond de « la nature du jafpe, d'un vert-fonce avec de petites taches (f blanches, rondes & longues, & reffemble a la couleur rc pres au porphyre rouge. La troifieme a fond vert-fonce « qui eft de la nature du trapp , les taches font blanches, cc quartzeufes , irrcgulieres , & quelquefois fi grandes & fi ( nombreufes , qu'on diroit, avec raifon, que le fond eft K blanc ; de temps en temps le fond s'eft criftallife en rayons ct de fchorl ; alors cette efpece de porphyre vert fe rap- proche beaucoup de 1'e/pece du granit qui eft mele de c fchorl au lieu de mica. La quatrieme a fond vert-fonce • Je ne puis m'empecher d'obfervcr encore que cet habile Mineralogifteconfond ici le fchorl avec ie feld-(path dans fa defcription de la premiere variete clu porphyre vert, & qu'en meme temps qti'il femble attribuer au feu ia formation de cette pierre , il dit qu'on y trouve des agates; or, 1'agathe etant formce par 1'eau, il n' eft pas probable que cette pierre de porphyre ait etc pour le refte produite par Ie feu, a moins d'imaginer que 1'agate s'eft produite par infiltration dans les bulles dont M, Ferber remarque que cette pierre eft fbufflec. Je remarquerai aufTi que fur ces cinq varietes , il n'y a que les deux premieres qui foient de vrais porphyrcs; & qu'a i'cgard des trois dernieres varietes dont Ie fond n'eft pas de jafpe, mais de la matiere tendre appelee irapp, on ne doit pas les mettre an nombre des porphyres , puifqu'elles en different non-feulenient par leur moindre durete, mais meme par leur compofition, & autant que ie jafpe differe du trapp ; ceci nous demontre que M. Ferber a confondu, fous le nom de porphyre, plufieurs fubflances qui font d'une autre effence , & que ceiles qu'il nom me ferp entities noire 's antiques & ferp mimes rertes antiques, font peut-etre comme le trapp, des matieres differentes du porphyre; nous pouvons meme dire que ceux qut , comme M. Ferber, dans le Vicemin , Leures fur la JMincralogte , page 3.37 & fuiy. DES MiNERAUX. 93 & M. Soulavie dans le Vivarais , n'ont obferve la Nature qu'en defordre, n'ont pu prendre que de faufles idees de fes ouvrages & fe meprcndre fur Jeur formation. Dans ces terreins bouleverfes, les matieres produites par Ie feu primitif , melees a celles qui ont enfiiite etc formees par le tranfport ou J'intermede de 1'eau, & toutes con- iondues avec celles qui ont etc alterees, denaturees ou fondues par le feu des volcans fe prefentent enfemble; ils n'ont pu reconnoitre Ieur origine ni ineme les diflin- guer afTez pour ne pas toniber dans de grandes erreurs fur Ieur formation & leur effence ; il me paroit done que quoique M. Ferber foit Tun des plus attentifs de ces Obfcrvateurs, on ne peut rien conciure de /es defcrip- tions & obfervations , imon qu'il fe trouve dans ces terreins volcanifes des matieres prefque femblables aux vrais porphyres; & fi cela eit, n'y a-t-il pas toute raifou de penfer avec moi, que le feu primitif a forme les pre miers porphyres, dans lefquels je n'ai admis que Ie melange du jaipe, du feld - fpath &. du fchprl, parce que je n'ai jamais vu dans le porpliyre des parties quart- zeufes, <5c que je penfe qu'il faut diflinguer les vrais & anciens porphyres prpduits par Ie feu primitif, de ceux qui 1'ont ete poflerieurement par celui des volcans; ceux-ci peuvent etre meles de plufieurs autres matieres de feconde formation ; au lieu que les premiers ne pou- voient etre compofes que des yerres primitifs , feules matieres qui exiftoient alors HISTOIRE NATURELLE Apres le quartz, le jafpe, le mica, le feld-fpath & }e fchorl qui font les fubflances les plus fimples, on pent done dire que de routes les autres matieres en grandes maffes & produites par le feu, le porpliyre & ies roches vitreufes , dont nous venons de parler , font les plus fimples , puifqu'elles ne contiennent que deux ou trois de ces premieres fubflances ; cependant ces memes roches vitreufes & les porphyres, ne font pas a beaucoup pres auffi communs que le granit qui contient trois & ibuvent quatre de ces fubflances primitives , c'efl de toutes les matieres vitreu/es la plus abondante & celle qui fe trouve en plus grandes mattes , puifque le granit forme les chaines de la plupart des montagnes primi tives fur tout le globe de la terre ; c'eft meme cette grande quantite de granit qui a fait penfer a quelques Naturalises , qu'on devoit le regarder comme la pierre primitive de laquelle toutes les autres pierres vitreu/es avoient tire leur origine ; je conviens avec eux que le granit a donne naiffance a un grand nombre d'autres fubflances par fes differentes exudations & decompofi- tions;jnais comme il eft lui-meme compofe de trois on quatre matieres tres-evidemment reconnoittables , il faut necefTairement admettre la priorite de 1'exiflence de ces memes matieres, & par cette raifon regarded le quartz, le mica, le feld-fpath & le fchorl qu'il contient, comme des fubflances , dont la formation eft anterieure £ 1^ fienne. D E S I N E R A U X. 95 En fuivant 1'ordre qui ,nous conduit Jes fubfiances fimples aux matieres compofecs , & toujours en grandes mafles, nous avons done d'abord le quartz, le jafpe, le mica, le feid-fpath & le fchorl que nous regardons comme des matieres fimples; enfuite les roches vitreufes qui ne contiennent que deux de ces cinq premieres fubfiances ; apres quoi viennent les porphyres & les granits qui en contiennent trois ou quatre : on verra qu'en general le developpement des caufes & des effets dans la formation des mafTes primitives du globe, s'eft fait dans une fuc- ceflion relative aux differens degrcs de leur denfite, folidite & fufibilite refpeclives, &. que de tous les mc- langes ou combinaifons qui fe font fmes des cinq verres primitifs, celle de la reunion du quartz, du mica, du feld-fpath & du fchorl, eft non-feulement la plus com mune, mais qu'elle eft tellement univerfelle & fi gene- rale , que les granits femblent avoir exclus les refultats de la plupart des autres combinaifons de ces verre* primitifs. r>6 HISTOIRE NATURELLE D U GRANIT. JL/E routes les matieres produites par le feu prim itif, le granit efl la moins fimpie & la plus variee ; il eft ordi- nairement compofe de quartz , de feld-fpath & de fchorl ; ou de quartz, de feld-fpath & de mica; ou enfin de quartz, de feld-fpath, de fchorl & de mica: de ces quatre fubftances primitives, les plus fufibles font le feld-fpath & le fchorl; ces verres de nature fe fondent fans addition au meme degre de feu que nos verres faclices, tandi^ que le quartz refifle au plus grand feu de nos fourneaux ; le feld-fpath Si le fchorl font aufli beaucoup plus fufibles que le mica, auquel il faut appliquer le feu le plus violent pour le reduire en verre ou plutot en fcories fpumcufcs. Enfin le feld-fpath & le fchorl communiquent la fufibilite aux matieres dans lefquelles ils fe trouvent melanges , telles que les porphyres, les ophytes & les granits qui tous peuvent fe fondre fans aucune addition ni fondant ctranger (a) ; or ces differens dcgres de fufibilite refpeclive dans .) i ,° Un morceau de tres-beau granit rouge tres-vif, tres-dur , failant feu dans tous les points , enferme dans un petit creufet de hefle &. recouvert d'un autre , a coule ea verre noir en moins de deux beures : 2,° Un morceau de granit noir & blanc tres-dur, du poids de cinq gros vingt-deux grains , a forme dans le meme temps une feule made vitreufe noire, tres-compaclet, trts-homogcne : ^.° Un morceau de porphyre tres-brua pique de bJanc , tres-dur , de DESMlNERAUX. 97 Jans les matieres qui component le granit , £ particuliere- mcnt la grancle fulibilite du fefd-fpath & du fchorl , me femblent fiiffire pour expliquer d'une maniere fatisfailame ja formation du granit. En effet, le feu qui tenoit le globe de la Terre en iiquefaciion a neceffairemem eu dcs degres difFerens de force & d'aclion ; le quartz ne pouvoit fe fondre que par le (eu le plus violent, & n'a pu demeurer en fufioii qu'autant de temps qu'a dure cette extreme chaleur ; tics qu'elle a di mimic, le quartz s'cfl d'abord confolidc, & fa furface frappce du relroidifiement s'eft fendue, ecaillee , egrenee com me il arrive a toute efpece de verre expofe a Taclion de 1'air ; toute la fuperficie du globe devoit done etre couverte de ces premiers debris de la decrepitation du quartz immediatement apres fa confolidation ; & les groupes elances des montagnes ifolees, les fommets'des grandes bourfbuflures du globe, qui des-lors s'etoient faites dans la mafFe quartzeufe, ont etc les premiers lieux converts de ces debris du quartz, parce que ces eminences qui prcfentoient tomes de deux gros vingt-huit grains , a coule au point d'enduire abfolu- nient le creufet de verre noir; ces trois morceaux antiques ont etc uouve's a Autun : 4.° J'ai expoie au menie feu, de Leau quartz blanc d'Auvergne , il y a pris un blanc plus mat, plus opaque, y eft devenu plus tendre , plus aiie a e'grener au doigt , mais fans aucune fufion , pas meme aux endroits ou il touchoit le creufet. Lfttre de M. de Aforveau c AI. de Bujfon. Dijon, 27 Ottobre 1778. Mint r aux , Tome I. N 98 HISTOIRE NATURELLE leurs faces au refroidiffement , en ont ete plus complet- tement & plus vivcment frappces que routes les autres portions de la Terre. Je drs refroidiffement , par rapport a la prodigieufe chaleur qui avoit jufqu'alors tenu le quartz en fufion ; car dans le moment de fa consolidation , le feu etoit encore affez violent pour diffiper les micas , dont 1'ex- foliation ne fut que le fecond detriment du quartz deja brife en ecailles & en grains par le premier degrc du refroidiffement. Le feid-fpath & le fchori bien plus fufibles que le mica , etoient encore en pleine fonte au point de feu ou le quartz deja confolide , s'egrenoit faute tie recuit & formoit les micas par fes exfoliations. Le feld-fpath & le fchori doivent done etre confi- deres comme les dernieres fontes des matieres vitreufes; ces deux derniers verres en fe refroidiflant durent s'amal- gamer avec les de'trimens des premiers. Le feu qui avoit tenu le quartz en fufion etoit bien plus violent que celui qui tenoit dans ce meme etat le feld-/path & le fchori , & ce n'eft qu'apres la confolidation du quartz & memeapres fa reduction en debris , que les micas fe font formes de fes exfoliations, & ce n'eft encore qu'apres ce temps, que le feld - fpath & le fchori auxquels il ne faut qu'un feu mediocre pour refler en fufion , ont pu fe reunir avec les detrimens de ces premiers verres; ainfi le feld- fpath & le fchori ont rempli comme des cimens addi- lionnels, les interflices que laiffoiem entr'eux les grains DESMlNERAUX. 99 de quartz ou de jafpe & les particules de mica; ils ont Jie enfemble ces debris, qui de nouveau prirent corps & formerent les granits & les porphyres ; car c'eft en effet , fbus la forme d'un ciment introduit & aglutine dans les porphyres & les granits, qu'ils s'y prefentent. En effet , les quartz en grains decrepites ou exfolies en micas , devoient couvrir generalement la furface du globe , a 1'exception des femes perpendiculaires qui venoient de s'ouvrir par la retraite que fit fur eile-meme toute la matiere liquefiee en fe confblidant ; le feu de I'interieur exhaloit par ces fentes, comme par autant de fbupiraux, les vapeurs metalliques qui s'etant incor- porees avec la fubftance du quartz font modifie'e , colorce & convertie en jafpe, lequel ne differe en effet du quartz, que par ces impreffions de vapeurs metalliques , & qui s'etant confblide & recuit dans ces fentes du quartz, & a 1'abri de 1'aclion des elemens humides , eft demeure folide & n'a fourni a I'exterieur, qu'une petite quantite de detrimens que le feld-fpath & le fchorl aient pu faifir; les jafpes ne prefentant que leur fbmmet «5c etant du refte contenus dans les fentes perpendiculaires de la grande mafTe quartzeufe , ne purent recevoir le feld-/path & le fchorl, que dans cette partie fuperieure fur laquelle feule fe fit une decrepitation femblable a celle du quartz , parce que cette partie de leur mafTe ctoit en effet la fcule qui put eire reduite en debris par le refroidiffement. N ij ioo HISTOIRE NATURELLE Et tie fait, les porphyres qui n'ont pu fe former qu'a h fuperficie cies jafpes, font infiniment moinscommuns que les granits qui fe font au contraire formes fur la furface entiere de la mafic quartzeufe ; car les granits recouvrent encore aujourd'hui la plus grande partie du globe , & quoique Jes quartz percent quelquefois au dehors & fe montrent en divers endroits fur de fortes epaiffeurs & dans unc grande etendue (b) , ils n'occupent que de petits efpaces (b ) « Les quartz s'offrent a plufieurs endroits dans les Voiges , *> foit que les mafles de granits e'boule'es aient de'couvert {es flancs de y> la mafic quartzeufe, ou que des zones ou veines de quartz percent 55 d'elles-memes a la furface. Dans les mines du Thillot & de Chateau- y> Lambert , fouiilees dans une des racines de la grande montagne du ij Balon , & dont ['exploitation f ut autrefois tres - riche & pourroit » 1'etre encore, le cuivre fe trouve immediatement dans le quartz vif, 3> fans autre matrice ni gangue ; ce quartz eft d'un beau bJanc de » lait & perce en iarges bandes jufqu'au dehors de la montagne. On « rencontre la tranche d'une autre tres-large zone de quartz, coupte » dans le bas de la fuperbe route qui defcend de 1'autre cote de ccne 35 jneme grande montagne du Balon fur Giromagny en haute Alface. >j Des maffes & des zones de quartz (e prtfentent egalement fur les >? coupes de 1'autre route qui penetre la montagne, de Lorraine en » Alface, par la fource de la Mofelle, Buffang , Saint- Amarin & 35 Than. Enfin en norabre d'autres endroits dans toute la cbaine des M Vofgcs, le quartz fe montre entre les granits , foit a la bafe, foit aux cott's efcarpt's des montagnes ». Okfervations communiquees par Af. I'albe Be.\on. « Dans le canton de Salvert en Auvergne , il y a , dit M. Guettard , a>-nne bande de plus de deux mille toiies de long qui n'eft que du x> quajrublanc; eJle reprend memedu cot^ de Roche-d'Agout jufqu -i D E S Al I N E R AU X. I O I a la furface de la Terre en comparaifon des granits , parce que les quartz ont ete reconverts & rehaufles , prefque par-tout, par ces memes granits , qui ont recueiiii dans leur fubftance, prefque tous les debris des verres primitifs , & fe font conlbiidcs & groupes fur la roche meme du globe , a laquelle ils tiennent immcdiatement, & qu'ils chargent prefque par-tout; on trouve le granit comme premier fonds au - deffous des banes one petite butte qui eft auprcs de la paroifTe de Biolet , ce qui fait « ea tout une longueur de plus de dix milfe toiles. « Aux environs de Pont-Gibaud, le long du chemin de Clermont « au Mont- d'or, il y a du quartz; les maifons en font buties dans le cc canton de la Sauvetat : cette pierre eft ordinairement d'un blanc plus cc ou moins vif, &c. » Ale moire fur la Alineralogie d'Auvcrgne, dans ceux de I' Academic des Sciences, annee / 7 j y , Prefque tous les rochers du Grimfd ( Tune des plus hautes Alpe: , d'ou fortent les fources de 1'Aar & du Rhone ), contiennent de beaux criftaux; c'eft fur cette montagne compofee de quartz, qu'ont ete trouve'es les plus belles pieces de criftal que Ton connoifle , entr'autres celle qu'a vue M. de Haller , & qui pefoit fix cents quatre-vingt- rjuinze livres-. Voyages dc Al. Bourrit , tome II , chapitre 3. «c On eatrevoit de certaines loix a I'egard de {'arrangement refioeclif de cet ordre d'anciennes roches, par tous les fyftemes de montagnes <« cjui appartiennent a 1'empire Rufle. La chaine ouralique , par exeinple, cc a du cote de I'orient, fuftoute fa longueur, une tres-grande abon- cc dance de fchiftes conies , ferpentins & talqueux , riches en filons de cc cuivre , lefquels ferment le principal accompagnement du granit. cc Des jafpes de diverfes couleurs .... forment des lits de montagnes :« entieres. & occupent de tres-grands elpaces; de ce meme cote', il ••<: paroit beaucoup de quartz en grandes roches toutes pures j>. la formation dss Alcnlagnes , par Al. PalUis, page j Q, 102 HISTOIRE NATURELLE calcaires & des couches de 1'argiie & des fchites , quand on peut en percer i'epaifleur (c) , & nous ne devons pas oublier que ce fonds aduel de notre terre etoit Ja furface du globe primitif avant Ie travail des eaux (d). (c) « Les montagnes du Vicentin & du Veronnois, font compofcci » d'un fchifte argifeux micace ; comme on n'en perce pas I'e'paifleur, *> on ignore s'il en eft de meme ici que dans d'autres pays de mon- »tagnes, c'eft-a-dire, s'il y a au - defibus de ce fchifte du granit, jj ce que je prefurne cependant ; car Ie granit perce & s'eleve au- 3> defius du fchifte dans Ies hautes montagnes du Tirol, & Ie granit 3j gris ou granlullo , fe montre deja vers Ies fources de la riviere de Cifmonve qui fe jette dans la Brenta. » Ferber , Lcttrcs fur la Mint- ralogic , page 46 '. (d) cc II refulte Jdes faits que j'ai rapportes , qu'a I'cpoque ou la 3> mer commencoit a couvrir ies Pyre'nees de productions marines, » il exiftoit deja de grandes montagnes, purement graniteufes, qu'elle » n'a fait qu'accroitre par d'immenfes depots , provenant de la deftruc- » tion des corps marins organifes ; mais i'enveloppe des mafles de » granit, continuellement expofe'e aux injures du temps & a faction j> des eaux du ciel , ne cefle de diminuer depuis que la mer s'eft j> retire'e du fommet des Pyrenees : Ies torrens fur-tout, qui fillonnent « de profondes cavite's dans Ie fein de ces montagnes , entrainent » Ies pierres calcaires & argileufes, & degagent peu-a-peu Ie granit; » ainfi cette roche, apres une longue fuite de fiecles , fe trouvera » entierement a decouvert , telle enfin qu'elle etoit difpofe'e avant » d'avoir fervi de bafe a des maticres de nouvelle formation. Les 3> Pyrenees parvenues a leur premier e'tat , reflembleront aux mon- a> tagnes graniteufes du Limoufin, qui paroiflent avoir fubi toutes ces « vicillltudes. Les environs de Chateauneuf, village fitue a fix lieues >» de Limoges , prcfentent des banes inclines de marbre gris , enfermes » de granit; cette ile calcaire eft, felon M. Cornuo, Inge'nieur- » geographe du Roi, d'une demi-Iieue de diametre , & diftame de D E S Al IN E R A U X. 103 Or les granits font non-feuiement couches fur cette antique furface , mais ils font entaffes encore plus en grand dans les groupes des montagnes primitives (e) , & nous en avons d'avance indique la raifbn : ces fommets oil les degres du refroidilTement furent plus rapides, atteignirent plus tot le point de la fiifion & de la con- folidation du fdd-fpath & du fchorl, en meme temps qu'ils leur offroient a faifir de plus grandes epaiffeurs de grains quartzeux decrepites. plus dix lieues des contre'es calcaires. Un pareil monument femble « avoir etc conferve pour indiquer que les montagnes a&uelles du « Limoufin , ne font que le noyau d'une region autrefois beaucoup « plus haute , formee par les depots de la mer , & detruiie apres la « retraite des eaux, par les^memes caufes qui rabaiflent chaque jour ec ia cime des Pyrenees, « La conftitution interieure de cette ehatne ne permet pas d'ad- « inettre, comme nous i'avons de'ja dit, que les matieres qui la «c compofent aient e'te fonnees en meme temps; ii eft aife au contraire, « de voir que la formation du granit a precede celle des banes calcaires « & argileux, auxquels il fen de bafe ». Effal fur la Mlntralogle des monts Pyrenees, par M. I' abbe Palajfau , page J j 4- (e) « Les granits me femblent mcriter mieux que toutes les autres roches , le nom de roches primitives, parce qu'on les trouve plus « pres du centre, & dans le centre meme des hautes chames ». SaufTure, Voyages dans les Alpes , tome I , page $ <) . — « C'ell une obfer- vation generate , que dans les grandes chuines on trouve au-dehors « les montagnes calcaires, puis les ardoifes ( Nota. L'Auteur fe fut « rnieux exprime en difant Us fchijles ), puis les roches feuiUttecs primi- « tives f & eiifin les graiiits w. Idem t ibidem, page 402, io4 HISTOIPE NATURELLE Auffi les granirs forment-ils la plupart des ccs grands groupes & dci ces liauts fommets elevt's fur la ba/e de la roche clu globe comme les obelifques cie la Nature, qui nous atteiicnt fcs formations antiques , & font ies premiers & grands ouvrages dans lefqueis elle preparoit la maticre de toutes fes plus riches productions , & ou die indiquoit de/a de loin le cleffin fur jequel elle devoir tracer les merveilles de 1'organi/ation & de Ja vie : car on ne petit s'empechcr de reconnoitre dans la figuration generalement aflez reguliere des petits fblidcs clu feld- jfpatli &: du fchorl , cette tendance a la ftrudure orga- nique , prife dans un feu lent & tranquille , qui en commen^ant 1'union intime de la matiere brute avec quelques molecules organiqties , la difpofe de loin a s'organifer , en y tra^ant les lineamens d'unc figuration reguliere; nos fufions artificielles , & plus encore les fufions produites par les Volcans , nous offrent des exemples de cette figuration ou criflallifation j)ar le feu dans un grand nombre de maticres (f), &. me me dans tous les Mttaux & Mineraux metaliiques. Si nous confiderons maintcnant que les grands banes & les montagnes de granit, s'oftrcnt a la fuperficie de la terre dans tous les Jieux ou les argiles, les fcbifles & les couches caicaires n'ont pas reconvert 1'ancienne furface du globe, & ou le feu des volcans ne 1'a point (f) Voyez l^rticle des volcans , fur Ies efpeces de granits & de porphyres qui ie forment cjueltpefois dans Ja Iaye. bouleverfee , to E S M 1 N E R AU X. IOJ Louleverfee : en un mot par-tout ou fubfifte la flruclure primitive de la terre (g) ; on ne pourra guere fe reiufer a croire qu'ils font 1'ouvrage de la dcrniere fontc qui ait eu lieu a fa fiirface encore ardente, & que cette der- niere fonte n'ait ete celle du feld-fpath & du fchorl, lefquels, des cinq verres primitifs, font fans comparaifon ies plus fufibles ; & fi Ton rapproche ici un fait qui , tout grand & tout frappant qu'il eft, ne paroit pas avoir etc remarque dcs Mineralogiftes ; (avoir, qu'a mefure que 1'on creufe ou qu'on fouille dans une montagne dont la cime & Ies Hancs font de granit, loin de trouver du granit plus folide & plus beau a mefure que Ton penetre, Ton voit an contraire qu'au-defTous , a une certaine pro- fondeur, le granit fe change, fe perd & s'evanouit a la fin en reprenant peu - a - peu la nature brutte du roc vif & quartzeux. On pent s'affurer de ce change- ment fuccefTif dans les fouilles de mines profondes : (g) tc Apres avoir vu les mines de I'ancienne Syene , je rr.e rendis aux carr'eres de granit, qui font environ un mille au fud-eft. Tout « le pays qui eft a 1'orient , Ies Ifles & le lit du Nil, font de granit « rouge , appei-J par Herodote, pierre Thebdlque. Ces carrieres ne font « pas profondes , & Ton tire la pierre des fTancs des montagnes. Je «c trouvai dedans quelques colonnes ebauche'es , entr'autres une quarrce, «c qui e'toit vraifemblableinent deftinee pour un obe'Iifque .... On fuit «c ces carrieres le long du chemin d'AiTouan ( Syeue ) h Phite. . . *• «c L'lle d'Elephantine n'eft au(Ti qu'un rocher de granit rouge.. . . E S M I N E R A U X. Toy !e feld-fpath & quelquefois le fchorl font criftallifes dif- tinclement, Tun en rhombes & 1'aiure en prifinesf^. Les teintes de rouge du feld - fpath & de brun- noiratre du fchorl dans les granits , font dues fans doute aux fublimations metalliques, qui de meme ont colore les jafpes , & fe font etendues dans la matiere du feld-fpath & du fchorl en fufion. Ncanmoins cette teinture mctallique ne les a pas tous colores , car il y a des feld - fpaths & des fchorls blancs ou blanchatres, & dans certains granits & plufieurs porphyres le feld-fpath ne fe diftingue pas du quartz par la couleur (ij. Les fbmmets des montagnes graniteufes , font genera- « (h) Le granit ( propremem dit ), varie par la proportion de fes ingrcfdiens qui eft differente dans differens rochers , & quelquefois « dans Ies diffe'rentes parties d'un meme rocher. ... 11 varie aulTj «c par la grandeur de fes parties , & fur-tout des criftaux de feld- cc fpath , qui ont quelquefois jufqu'a un pouce de longueur , & d'autres <« fois font aufll petits qu'un grain de fable ». Sauffure , Voyage dans ies Alpes , tome I , page i oj, (l) Le granito grigio ou big'io eft gris , compofe de quartz tran£ parent ou opaque & couleur de lait , de fpath dur blanc & de mica noir; Ior(que toutes fes parties font ea petits grains, on en no;.;ine I'aflemblage gramtello . . . . Le granito rofeo , ou granit rouge, eft compofe de quartz blanc , de grands morceaux de fpath dur rouge & de mica noir.. . . Quelques colonnes de granit & de granitcllo font clairement parfemees de petites taches noires , provenant d'ua amas de mica plus grand & plus frequent dans ces endroits ; telles font ies colonnes de la facade du Palais royal de Naples, du cote de la mer ; telles font aufli ceUes 4e granit gris antique que j'ai vues Oi, HISTOIRE NATURELLE lement plus elevcs que les montagnes fchifleufes oil calcaircs; ces fbmmets paroiffent n'avoir jamais etc fur- montes ni travailies par les eaux , dont la plus grancle hauteur nous eft indiquee par les banes calcaires les plus efeves ; car on ne trouve aucun indice de coquilles ou d'autres productions marines dans 1'imerieur de ces granits primitifs, a quelque niveau qu'onlesprcnne; commejamais au/Ti 1'onne voitde banes calcaires interpofes dans les maffes de granit, ni de granits pofe's fur des couches calcaires, {i ce n'efl par fragmens roules & tranfportes (k)> ou par banes de feconde formation ; tous ces faits importans de rhiftoire du globe ne font que des confequenccs necefTaires de 1'ordre dans lequcl nous venons de voir les grandes formations du feu , preceder univerfellement i'ouvrage des eaux. Les couches que Teau a depofees font eten cfues hori- zontalement, &c'efl dans cefens, c'efl-a-dire en longueur & largeurque fe preferment leurs plus grandes dimenfions; les granits au contraire, & tous les autres ouvrages du feu font groupc's en hauteur ; leurs pyramides ont toujours - - - — - — _ - - - - — j, \ Salerno. Ferber , Ltttres fur la Afinerafogie , page 343 fr fuiv. Les differentes couleurs dont lefeld-fpath eft fufceptible, font darts le granit la fource d'un nombre de variete's : celle qu'il prefente le plus communement eft un blanc laiteux ; mais 0*1 le voit aufH jaune ou fauve, rouge, violet; & rarement, mais pourtant quelquefois, d'un beaunoir. Voyage dans les Alpes par M. de Sauffure , tome I .page i 05. (k) « II y a de gros morceaux de granit, de quartz & d'autres ^ pierres , qui viennent des mwtcs primarii du Tirol , epars fur b E 5 M I N E R AU X. 109 plus d'elevation que de bafe (I). II y a de ces rnafles on pyramides folides de granit, fans fentes ni futures, d'une champs des environs de Galllo tfAfiage , de Camporovcrt & d'autres cc endroils tous fitue's dans la montagne. . . .Ces moroeaux font de «c meine nature que ceux qu'entrainent dans leur cours 1'Adige & cc la Brenta en lortant des montagnes du Tirol ; & il faut concevoir « que le cours de ces rivieres, avant qu'elles n'eufient approfondi «e leurs valle'es, e'toitau niveau de ces morceaux detaches des montagnes, cc & qui n'ont pu etre entraines & tranfportes fur ces couches cal- cc caires que par les eaux ». Lettres fur la Alincralogie , par Al, Fcrber, page 54. « Arrives au milieu de fa valfe'e d'Urferen ( au mont Saint- Gothard ), nous tournames a gauche, & nous momames dans une vallee plus cc ^leve'e, dont les profondeurs font jonchees de ruines de montagnes «: renverfees. La Reu(T, refTerre'e des deux cote's entre d'immenfes cc blocs de granit d'une fuperbe couleur grile , confufe'mem accumule's c< & qui font des fragmens de celui qui forme tous les fommets des « A/pes, s'clance a travers ces debris avec une inconcevabls rapidite ». Le tires fur la Suiffe , par Af, Wll. Coxe , tome I, ]>age 128. (I) « Si Ton confulte Jes Auteurs qui ont parle de la ftruclure des montagnes de granit , on verra que prefque tous difent que cc les pierres de ce genre fe trouvent en mailes informes, entafTees cc fens aucun ordre : la fource de ce pre'juge' vient principalemem e< de ce qu'on a cru rrouver du deiordre par-rout ou i'on n'a pas « vu des couches horizontales ; mais tout homme qui obfervera en cc grand, & fans aucune prevention, la ftrufture de ces Iiautes cc chaines de montagnes de granit, reconnoitra qu'elles font compofe'es « de grandes lames ou feuilfets pyramidaux appuye's les uns contre les « autres.. . . Ces feuillets font tous a peu-pres verticaux; ceux du cc centre ou du cceur de la chaine le font prefque toujours; mais Jes at autres, a mefure qu'ils s'en eloignent, s'inclinent en s'appuyant cc contre ce inerae centre ». Saujfurc , Voyage dans Us Alpts t tome I, page j-Q2. no HISTOIRE NATURELLE tres-grande hauteur & d'un volume enorme (m) ; on en peut juger non-feulement par 1'infpeclion des montagnes graniteufes (n) , mais meme par les monumens des Anciens ; ils ont travailie des blocs cle granit de plus de vingt milie pieds cubes, pour en former des colonnes & des obelifques d'une feuie piece (o) , & de nos jours (m) Le plus bel endroit du paflage du mont Saint-Gothard & celui qui frappe le plus par foil alpect , ell un chemin taiJIe fur le roc, comine un efcalier; la une leule piece de granit de quatre -vingt pieds de haut fur milie pas de front furplombe ce chemin. Voyage de Al. Bourrit , tome II, chaphre j. (n) « Un ceil exerce peut de'couvrir, meme a de grandes diftances, 55 la matiere dont un pic inacceffible eft compofee, fur-tout lorfqu'elle 5> eft d'un granit dur , com me dans les hautes Alpes. Les montagnes » compofees de ce genre de pierres , ont ieurs fommites terminces 35 par des crenelures tres-aigues a angles vifs ; leurs faces & leurs » flancs font de grandes tables planes , verticales , dont les angles 35 font aufli vifs & tranchans. La nuance meme que la Nature a :» fouvent mife entre les roches de come molles & les granits durs, » fe marque a ces fignes : les cretes des fommets qui font compofcs i> d'une roche de come tendre paroifient arrondies , cmouiTtes , fans 51 phyfionomie ; mais a mefure que la pierre , en fe chargeant de quartz » & de feld-fpath , approche de la durete du granit , on voit naitre 53 des creneaux plus diftincls & des formes plus tranchees ; ces 55 gradations s'oblervent a merveille fur i'aiguille inaccelTible des Charmos qui domine le glacier des bois dans le diftricl de Chamouni ». Saujjure , voyage dans les Alpes , tome I , page j o 6. (o) La colonne de Pompee, dont le fut eft d'une feuie piece, paffe pour etre le p us grand monument des Anciens en ce genre. « Cette colonne eft, dit Thc'venot, fituee a environ deux cents pas D E S A 1 1 N E R A V X. Ill on a remue des mattes encore plus fortes , car le bloc de granit qui fert de piedeftal a la ftatue gigantefque du Grand Pierre I.cr, eleve par 1'ordre d'une Imperatrice encore plus Grande (p) , contient trente-fept mille pieds cubes; cependant ce bloc a ete trouve dans un marais ou il etoit ifole & detache des hautes mafTes auxquelles il tenoit avant /a chute ; « mais nulie part , nous dit M. 1'Abbe Bexon (q) , on ne peut prendre une idee c< plus magnifique de ces mattes enormes de granjts , que (< d'AIexancfrie ; elle eft pofe'e fur un piedeftal ou bafe quarree, «f large d'envirou vingt pieds & haute de deux ou environ , mais faite «c de plufieurs groffes pierres : pour le fut de la colonne, il eft tout « d'une feule piece de granit , fi haute qu'elle n'a pas au monde fa « pareille ; car elle a dix-huit Cannes de haut , & eft fi grofTe qu'il « faut fix perfonnes pour 1'embrafTer 3>. Voyage au Levant , tome I, page 22j. En fuppofant la canne de cinq pieds de longueur , le fut de cette colonne en a quatre - vingt - djx de hauteur, fur trente pieds de circonference , parce que chaque hoinme , les bras etendus , embrmfle aufti cinq pieds : ces dimenfions donnent environ vingt mille pieds cubes. — « Nos montagnes Europeennes , dit M. Ferber , comiennent du granit rouge & du granit gris , & il n'y a pas de cc doute que Ton en pourroit tirer des blocs auffi beaux & aufli « grands que le font ceux des obelifques venus d'Egypte , fi on cc vouloit y mettre la main & y employer les fomines que les Remains « depenfoient pour les avoir ». Lettresfur la Mineralogic , page 3 44. (p) Catherine II. d°, aftuellement regnante, & dont 1'Europe & 1'Afie admirent & refpedent egalement le grand caradere & le puiflant genie. (q) Memoires furl'HiJloirc Naturdk de la Lorraine, communiques par M, I'abbe Bexon. n2 HISTOIRE NATURELLE » dans nos montagnes des Vo/ges : elles en offrent en mille » endroits des biocs plus grands que tous ceux que Ton >> admire dans les plus fuperbes monumens , puifque les » iarges fbmmets & ies flancs efcarpes de ces montagnes , » ne font que des piles & des groupes d'immenfes rochers de granit entaflcs les uns fur les autres (r) . Plufieurs Obfervateurs ont dcja reconnu que la plu- part des fommets des montagnes, fur-tout des plus elevees, (r) Not a. On vient depuis pen de commencer ri travailler ces granits des Vofges , & Jes premiers eflais ont dccouven dans ces montagnes , Ies plus grandes richeffes en ce genre ; eiles ofTrent des granits tres- beaux & tres- varies pour le grain & pour Ies couleurs , & diverfes efpeces de porphyres; on en tire aulTi des jafpes richement colores, & toutes ces matieres s'y rencontrent par-tout dans une extreme abondance : quoique dans une exploitation commencee on n'ait encore attaque aucune inafie confiderable , & qu'on fe foil borne auK morceaux rcmpus , e'pars au penchant des montagnes , & que Jes habitans entaffent en gros murs bruts pour enclorre leurs terreins. Le premier etabliflement de ce travail des granits des Voiges , fait d'abord a Giromagny dans la haute Alface, efl; acluellement trans- icre pour plus grande abondance de matieres & plus grande faciliu; de tranfports , de I'autre cote' de la montagne , en Lorraine, dans le valion de la MofelJe, environ quatre lieues au-deflous de fa fource. Nous le devons au gout & a 1'aclivite de Al. Patu des ffauts- chatnps , Magiftrat qui joint a 1'honneur & aux diftinclions htre'di- taires, 1'amour eclaire du bien public, & de grandes connoiflances dans les Sciences &. dans Ies Arts. Son entreprile qui nous feinble tres-digne de 1'attention & de la faveur du Gouvernement, mettroit en valeur des matieres precieufes, relives juiqu'a prefent brutes entre nos mains, & pour lefciueHes nous payons jufc^u'ici ua triLut u 1'Itaiie. DESAllNERAUX. 113 font formes de granit (f). La plus grande hauteur ou les eaux aient depofe des coquilles n'ctant qu'a quinze cents on deux mille toifes au-deffus du niveau a6tuel de Ja mer, ii y a par confequent un grand nombre de (f) Les hautes fommite's des Alpes font prefque toutes de granit, proprement dit; favoir, de celui qui eft compofe de quartz, de feld- fpath & de mica .... Le Mont-blanc qui s'eleve comme un g des montagnes calcaires, enluite des montagnes fchifleufeSj «5c tnfin » des montagnes de granit ; ces dernieres iont Ies plus tlevces : on ^ redelcend par le meme ordre de montagnes graniteufes, fchifteufes j> & calcaires La meme choie s'oblerve en momant Ies autres *> chaines conlldcrables de 1'Europe, conime cela eft incomeftable *> dans Ies montagnes Carpathiques , dans celles de Saxe, du Han/, ;» de la Silefie, de la Suille , des Pyrenees, de I'EcoiTe &. ore la » Lappoaie, &c. on peut en tirer la juite conlequence, que le granit 3> forme Ies montagnes Ies plus eievees , & en meme temps les plus » profondes & les plus anciennes , puifque toutes Ies autres mon- » tagnes font appuyecs & repofent fur le granit; que le fchiile a tt. « Le bas de la montagne de Volvic ( en Auvergne ) qui a Lrule , «ft , dit M. Guettard, compofe de granits de dirTciemes couleurs ; « il y en a de blanc, jaunatre & gris , qui a des grains de moyenne cc grofleur bien lies , & un peu de paillettes talqueufes d'un argent^ cc brillant; un autre eft blanc pointille de noir a grains moyens & cc i erre's & a paillettes talqueufes brunes ou noires ; il reflembJe cc keaucoup au carreau de Saint-Sever en Nonnandie ; un troifiane <£ n6 HISTOIRE NATURELLE de banes calcaires , quoique la mer ait porte dans d'autrcs endroits fes produdions a de bien plus grandes hauteurs : au refte, ce n'eft que dans les hautes montagnes vitreufes , <]ue 1'on pent voir a nu la ftruclure ancienne & la 33 eft encore blanc , mais fouette de jaunatre & pointille de brun & » de noir; ces grains font de moyenne grofleur , ferres , & les paillettes :» talqueufes, brunes £ petites ; les deux fuivans font jaunes , le premier 30 eft lave de blanc pointille de brim & de noir; ces grains font 33 peu lies , de moyenne grofleur , ferres , & les paillettes talqueufes , 33 brunes & petites ; on y remarque , outre cela , des plaques qui 35 ont un coup-d'oeil de (path; le fecond eft jaune-rouille-de-fer 33 pointille de blanc , a grains moyens , tres-peu lie's & a paillettes 35 petites & brunes ; enfin des deux autres , I'un eft noir &. couleur 33 de chair a grains ferres & petits, mele's d'un peu de talc brun; Fautre 33 eft couleur de cerife foncee & brune , a grains moyens & un peu *> ferres , & a paillettes talqueufes d'un brun tirant fur le noir. II y a « encore de cette efpece de pierre le long du chemin qur conduit 55 de Clermont au Mont-d'or; j'en ai obferve qui etoient d'un blanc- 35 jaunatre, fans paillettes talqueufes, & dont le grain etoit tres-ferrc; » ces granits etoient traverfe's par des veines de quelques lignes 55 d'cpaifieur d'un quartz blanc-fale & demi - tran (parent ; d'autres 33 etoient couleur de cerife vif , fouette' de brun avec quelques 35 paillettes tafqueufes d'un brun-dore, ou bien ils etoient gris-blancs y* avec de tres-grandes plaques de quartz : cette pierre fe rencontre 33 auiTi fur la route de Clermont a Pont-Gibaud, a Rajat , fur le s» chemin de Rochefort a Pont-Gibaud, dans les environs de Cler- 35 mom & du Puy-de-D6me, dont la bafe eft de cette pierre, a » Gergovie ou il paroit decompofe : tous ces granits font de difTc- 33 rentes couleurs. Aupres d'Aurillac , dans la commanderie de la 33 Salvetst , il y en a de rouges ; toutes les montagnes du canton de •» Courpierre font, k ce qu'on dit , compofe'es en grande partie de D E S M I N E R A U X. \ \J compofition primitive du globe en mafles de quartz, en veines de jafpe, en groupes de granit & en filons metalliques (t), Quelque folide & durable que foit la matiere du granits remplis de talc blanc & jaune >». Alemeires fur la Alineralcgic d'Auvergne, dans ceux de I' Academic des Sciences, annee 1759- Quoique les montagnes qui font aupres de I'Efcurial paroiflent toutes de granit bleu , on en trouve auffi du rouge comme celui d'Egypte .... II fe decompofe au contact de I'air, comme les autres pierres . . . . & le rouge perd de fa couleur a niefure qu'il fe decom- pole .... II y a aufli des enormes ma/Tes de roche grofliere & de granit , avec des morceaux de quartz blanc & de criftal de roche qui y font enchafles .... Le pied de la montagne de Saint-IIdephonfe elt de granit, dont on fait des meules de mouliu qui ne font pas de bonne qualite , parce qu'elles deviennent trop unies en s'ufant , &. qu'on eft oblige de les piquer fouvent. HiJIoire Naturelle d'Efpagnc , par Al. Bowles , pages 440 & 446 .... M. Bowles ajoute que le granit bleu ou gris de 1'ElcuriaI, & le granit rouge de Saint-IIdephonfe, ne font pas comme les granits ordinaires melts de ipath , ce qui pourroit faire croire que ce font plutot des quartz que des granits. Ibidem , page 44 S . (t) c< Toutes ces enormes montagnes qui bordent la vallce de Chamoum , iont dans la clafle des primitives: on trouve cependant «c line ou deux carrieres de gypfe , & des rochers calcaires parfeme's douceur au toucher de cette efpcce d'argile , & fa facilitc a fe delayer » dans I'eau qu'elle rend deterfive, lui ont fait donner dans Ie pays Ie » nom impropre de favon ou de terre favonneufe ; elle fe fond a un a> feu tres-modere" en donnant un beau verre laiteux , & c'eft un veri table petuntse , propre a entrer dans fa plus belle porcelaine ". Aforceau. extrait de I'HiJloire Natunlle de Lorraine manvfcritc , par M. I' abbe Bexon. flancs D E S M I N E R A U X. 121 fiancs nus , expofes aux coups d'un ocean terrible , durent s'ebranler, fe fendre, fe rompre en mille endroits & de mille manieres : de-la ces blocs enormes, qu'on en voit detaches & tombes a leurs pieds ; & ces autrea LIocs qui, comme fufpendus & menacant les vallees , ne femblent plus tenir a leurs fommets , que pour attefter les efforts qui fe firent pour les en arracher (^) ; mais tandis que la force des vagues renverfoit les maffes qui offroient le plus de prife ou le moins de refinance , 1'eau par une action plus tranquille & tout auffi puiffante, attaquoit generalement & alteroit par-tout les Surfaces des matieres primitives , & trannbortant la poudre de leurs detrimens, en compofbit de nouvelles fubflances , telles que les argiles & les gres ; mais il dut y avoir auffi dans les amas de ces debris, de gros fables qui n'etoient pas reduits en poudre ; & les granits etant les plus compofes , & par confequent les plus deftruclibles des fiibftances primitives, ils fournirent ces gros fables en plus grande Vous rencontrez ( dans une vallee des Pyrenees), des blocs enormes de granit , ce font les debris de quelques montagnes formees par le prolongement des mafTes de granit qu'on trouve vers 1'entre'e de la vallee de Louron , & qu'un tremblement de terre aura peut- etre renverfees. Ce bouleverfement n'a pu arriver qu'apres la for- rnation des banes calcaires & argileux qui traverfent cette vailee , puifque ces banes font couverts par les blocs de granit. On voit rdgner ce de'fordre dans une grande partie du terrein qui fe trouve entre le village de Saint- Paul & celui d'Qo, fjfai fur la Minerahgic monts Pyrenees , page jz o j, Miner aux f Tome I. Q 122 HISTOIRE NATURELLE quamite ; & Ton conceit qu'eu egard a leur pe/anteur, . ces fables ne purent etre tranfportes par les eaux a de tres - grandes diftances du lieu de leur origine; ils fe deposerent en grande quantite aux environs de leurs maflfes primitives , ils s'y accumulerent en couches grani- teufes, & ces grains aglutines de nouveau par Tintermede de 1'eau, ont forme ies granits fecondaires , bien diffe- rens, comme Ton voit, quant a leur origine, des vrais granits primitifs. Et en efFet Ton trouve en divers en- tlroits ces nouveaux granits , fbit en couches , foit en amas inclines , & on reconnoit a plufieurs caracleres qu'ils font de feconde formation ; i . a leur pofition en couches , & quelquefois en facs entre des matieres calcaires (a) ; 2. en ce qu'ils font moins compacts , moins durs & moins durables que les granits antiques; (a) Au-defTus de Lefcrinet, du cote d'Aubenas (en Vivarais ), on trouve une fciflurc enorme dans du marbre, reinplie de matiere granitique , qui demontre bien vifiblement que les granits fuperieurs font venus fe mouler dans cette fente perpendiculaire. II ftllut done, pour la formation de ce filon fort curieux, i.° que ia roclie calcaire exiftat avant lui ; 2.° que la fente perpendicuJaire de cette carri^re matrice, ie fit apres la (ej)aration des «aux de Ja mer par les loix du retrait; car fi la matiere calcaire eut ete dans un etat de vale, elle fe fut melange'e par 1'aAion du courant avec la vafe de granit, ou avec fes grains fablonneux. . . 3.° que la roche de granit, en fuppofant ces trois premiers eas , fut reellement dans un eta> de pat« molle , puifqu'elle remplit exaclement toutes les fmuofites de ia gangue. Hipire Nature lie de la France meridionals; par Af, Sonlavit , tome Jj pages 3 tfj. & 3 S 6 > D E S MlNERAUX. 12 J •j.° en ce que le feld-fpath & le fchorl n'y font pas en criflaux bien diftincls , mais par petites mafTes qur paroiffent refulter de 1'aglutination de plufieurs fragmcns de ces mcines fubftances , & qui n'offrent a I'oeil qu'une teinte terne & matte , de couieur briquetce ou d'un gris rougeatre; 4. en ce que les parcelles du mica y ont forme par leur jonclion des feuilies aflez grandes , & merne de petites piles de ces feuilies qui reffemblent a du talc ; 5. enfin, en ce que I'empatement de toute la pierre eft grofTier , imparfait, n'ayant ni la coherence, ni la folidite , ni la cafTure vive & vitreufe du vrai granit. On peut verifier ces differences en comparant les granits des Vo/ges ou des Alpes , avec celui qui fe trouve a Semur en Bourgogne ; ce granit eft de feconde forma tion; il eft friable, peu compact , mcle de talc; il efl difpofe par lits & par couches prefque horizontals ; il prefente done toutes les empreintes d'un ouvrage de 1'eau, au lieu que les granits primitifs n'ont d'autres caraclcres que ceux d'une vitrification. On ne doit done rien infcrer, rien conclure de la formation de ces granits fecondaires , a celle du granit primitif dont ils ne font que des dctrimens ; les gres font relativement au quartz ce que ces feconds granits font au premier, & vouloir les reunir pour expliquer leur formation par un principe commun, c'eft comme (I 1'on pretendoit rendre raifon de Torigine du quartz la formation du gres, Qij HISTOIRE NATVRELLE Ceux qui voudroient perfifter a croire qu'on doit rapporter a 1'eau la formation detous les granits, mcme de ceux qui font elances a pic, & groupcs en pyramides dans les montagnes primitives , ne voient pas qu'ils ne font que reculer, ou plutot tluder la reponfe a la queftion ; car ne doit-on pas leur demander d'ou font venus , & par quel agent ont etc formes ces fragmens vitreux employes par 1'eau pour compofer les granits (b) , & des-Iors ne ferom-ils pas forces a rechercher Torigine des mafTes , dont ces fragmens vitreux ont cte detaches, & ne faut-il pas reconnoitre que fi 1'eau peut divifer, tranfporter, rafTembler les matieres vitreufes, elle ne peut en aucune facon les produire \ La queftion refteroit done a refbudre dans toute fon etendue , quand on voudroit par prevention de fyfleme, ou qu'on pourroit par fuite d'analogie , etablir que les granits primitifs ont ete formes par Teau ou dans le fein des eaux , & il refteroit toujours pour fait conflant , que h grande mafle vitreufe , dont les elemens de ces granits font ou 1'extrait ou les debris , eft une matiere anterieure & etrangere a 1'eau , & dont la formation ne peut ctre ftttribuee qu'a Taclion du feu primitif. (b) Le granit , dit tres-bien Al. de Saint- Fond, n'eft pas la pierre primitive dont eft forme le noyau de notre globe, & qui couronne les hautes montagnes. . . . Cette roche ctant compofee de differentes matieres agregees , bien connues & bien diftindes , elle fuppofe la preexiAence de ce* matieres. Y^fs generates du Dauphmet page ij. D E S At I N E R AU X. 1 2 Les nouveaux granits font fouvent adofTes aux flancs , ou ftratifies aux pieds des grandes matfes antiques dont ils tirent leur origine ; ils font etendus en couches ou en Jits , plus ou moins inclines , & fouvent horizomaux, au lieu d'etre groupes en hauteur , entafTes en pyra- mides, ou empilesr en feuillets verticaux (c) , comme le font ies veritables granits dans Ies grandes montagnes primitives ; cette difference de pofuion efl un effet (c) Nola. C'efl ce que M. de Sauflure appelle des couches perpend'icula'ires , par une affociation de mots aufli infociables que Ies ide'es qu'ils preferment font incompatibles ; car qui dit couches, die depot ftratific , etendu , couche' enfm fur une ligne plus ou moins voifine de la ligne horizomale , & dont Ies feuillets fe divifent en ce fens; or, une telle mafle, ftratifie'e horizontalemem, ne peut rien ofTrir de perpendiculaire que Ies fiflures ou futures qui I'ont acciden- tellement divifee : la tranche perpendiculaire porte au contraire fa plus grande dimenfion fur la ligne de hauteur, elle fe coupe en lames verticales ; & il eft aufll impoiTible qu'elle ait e'te' forme'e par la meme caufe que la couche horizontal, qu'il l'eft que cette der- niere devienne jamais perpendiculaire, fi ce n'eft par accident; car il eft indubitable que toutes Ies couches ftratifiees par la mer , & qui ne doivent pas leur inclinaifon aux caufes accidemelles , comme la chute des cavernes , la tiennent des inclinations meme , des pentes ©u des coupes des mafles primitives auxquelles elles font venues s'adofler, s'adapter & fe fuperpofer, qui , en un mot, leur ont fervi de bafe. Aufli M. de SaufTure , apres avoir fait la defcription & remuneration de plufieurs de ces couches violemment incline'es ou prefque perpendiculaires , rappelle - t - il tous ces fairs particuliers 3 une oblervation qu'il regarde lui-meme comme generate & im port ant e ; favoir , que les montagnes fecondalres font d'autant plus irregulihes &* plus inchnecs, qu 'files approchent plus des primitives, HISTOIRE NATURELLE remarquable & frappant, qui d'un cote caraclerile I'a&ioH du feu , dont la force expanfive du centre a la circon- ference , ne pouvoit qu'elancer , clever la matiere & la grouper en hauteur ; tandis que la feconde pofition pre- fente 1'ouvrage de 1'eau , qui foumife a la loi de J'equi- libre, &ne travaillantque par voie de tranfport &de depot, tendgeneralementa fuivre la ligne horizontale. Les granits fecondaires fe font done formes des pre miers debris du granit primitif, & les fragmens rompus des uns & des autres , & roules par les eaux , ont pofte- rieurement rempli plufieurs vallces (d) , & out meme forme par leur entafTement des montagnes fubalternes. II fe trouve des carrieres entieres & en banes etendus , de ces fragmens de granits roules & fbuvent meles de pareils fragmens de quartz arrondis, comme ceux de granit, en forme de cailioux (e). Mais ces couches font, comme (J) « Prefque tons les ruifleaux qui fe dcchargent dans le Gave » de la valie'e de Baftan , roulent des blocs de granit; il y en a 3> d'e'normes a une petite diftance de Barege , & en fi grande quan- a» tite , qu'on ne peut s'empechcr de penler que cette efpcce de i> pierre a du former ancienuemem de hautes moutagnes dans cette i> panic des Pyrenees. » Les ruifleaux qui defcendent du pic de Midi & du pic des Aiguillons, emrainent auili des blocs de granit. » EJJai fur la Mine- ra logic des rnonts Pyrenees, page 2} $. (e) La montagne ou ell le chateau de Molina ( en Efpagne), eft trcs-elevee, & ion fommet eft coinpoie d'une mafle de petits arrondis, & incruftt's ou congluimes avec ie cimem naturcl DES MlNERAUX. Ton volt, de feconde & meme de troifieme formation. Et dans ie meme temps que les eaux emrainoient, froiflbient & entaflbient ces fragmens maffifs , elles tranfportoiem ail loin , difperfoient & depofoient par-tout les parties les plus tenues , & la poufTiere rlottante de ces debris gra* niteux ou quartzeux ; des-lors, ces poudres vitreufes ont forme de fable & de pierre a chaux. . . . A cote de la montagne de la Platilla , il y a une autre montagne compofee de roche de tuf (ce tuf eft un gres feuillete), en couches inclinees , foutenues par un lit de quartz ronds , fortement conglutines entr'eux , comine ceux qui fe trouvent au fommet de la montagne de Molina ; ce lit fuit ia meme pen* que celui de la roche du tuf qui contient beaucoup de quartz enchafles , qui viennent de ceux qui fe font detaches de leur grande mafie par la deftruclion de la colline ; d'ou Ton infere que ces quartz font d'une origine anterieure aux lits de la roche de tuf, & que celle-ci e'toit un fable menu avant d'etre roche. . . . A une demi-iieue de Molina, du cot^ de la mine de la Platilla, l\ y a une cavite d'environ cent cinquante pieds de profondeur fie de vingt a quarante de largeur, formee dans une montagne de roche de fable rouge , fur des banes de quartz arrondis , conglutines avec le fable ; il y a des femes perpendiculaires qui feparent ces roches ainfi que le quartz. Hijhire Nature/If d'Efpagnc , par M. Bowles, pages 17$, 180 & i 8 8. La grande quantite de cailloux de granit, dont Ie terrein fablon- neux de la Pologne eft rempli , eft aprts le fable , ce qu'il y a de plus frappant. ... ils dominent dans la plwpart des terreins qui ont des caiiloux , c'eft le quartz dam d'autres .... Les villes & villages de Pologne, fitue's dans les endroits ou la furface du terrein n'en eft point parfeme , ont quelquefois un pave de ces cailloux j tous ceux de la PrufTe ducale en font pave's. . . . La couleur de ces caiiloux varie beaucoup , les uns ibnt -128 HISTOIRE NATURELLE etc melees avec les poudres calcaires , & c'efl de-la que proviennent originairement les fucs quartzeux ou filices qui tranfudent dans les craies & autres couches calcaires formees par le depot des eaux. Et comme le transport de ces debris du granit , du gres & des poudres d'argile, s'eft long-temps fait dans le fond des mers , conjointement avec celui des detrimens des Wanes & rouges ou couleur de cerife , parfemc's de points noiratres & de verdatres ; d'autres font gris-terreux ou lie-de-vin avec des points gris ; le fond de la couleur eft dans d'autres vert avec des points biancs ; la plupart font tres-durs , les grains en font fins & bien lies, fouvent ineme leur liaifon eft telle qu'on ne peut les diftinguer les uns des autres; ceux-ci approchent beaucoup des porphyres, s'ils n'en font pas reellement : beaucoup ont des grains plus gros , melanges avec des lames quartzeufes de plufieurs lignes de large , d'un blanc plus ou moins vif , teint de rouge ou de couleur de cerife; quelques-uns font inte'rieurement colores de gris- de-fer luifant, ce qui paroit re"eliement etre une matiere ferrugineufe, quelques-uns enfin font veines de couleur de cerife, de noiratre & •de gris.. . . II n'eft pas rare de trouver parmi ces cailloux graniteux , d'autres cailloux qui font de quartz , d'agate ou de jafpe ; ceux de quartz font communtnient biancs. . . . On en voit de gris, de rouges &. de quelques autres couleurs : Jes agates font aflez ordinairement blanches. . . . cependant j'en ai vu de brunes & de blanches, de rougeatres , de jaunatres , de rouflatres & de blanc - fale , de grifes avec des taches de gris -de-!in pale, & de plufieurs autres nuances & varietes. Les jafpes ne font pas moins diverfifies, il y en a qui font d'un tres-beau rouge, d'autres font verts, verdatres, fleuris ou marbres. Guettard , Alemoires de I' Academic des Sciences, annec , page 2^-1 & fuiv, craies , DESAIlNERAUX. 129 craies , des marbres & des autres fubftances calcaires , ies unes & Ies autres ont quelquefois etc entrainees, reunies & con/biidees enfemble: c'efl de leurmeJangeque /e font formees Ies brtchcs &. autres pierres mi-parties de calcaire & de vitreux ou argileux; tandis que Ies fragmens de quartz & de granit, unis de meme par le ciment des eaux, ont forme \espoudingues purement vitreux, & quc les fragmens des marbres & autres pierres de meme nature ont forme Ies breches purement calca-ires. Tome I. R 130 HISTOIRE NATURELLE D U GRES. I j E Gres lorfqu'H eft pur eft d'une grande durete , quoi- qu'H ne foil compofe que des debris du quartz reduits en petits grains qui fe font aglutines par 1'intermede de 1'eau ; ce gres , comme le quartz , etincellefbus le choc de i'acier ; if eft cgalement refraclaire a 1'aclion du feu le plus violent ; les detrimens du quartz ne formoient d'abord que des fables qui ontpris corps en fereunifTant par leur affinite, & ont enfuite forme les mafTes folides des gres , dans lefquels on ne voit en effet que ces petits grains quartzeux plus ou moins rapproches, & quelquefois lies par un ciment de meme nature qui en remplit les interftices (a) . Ce ciment (a) Nota. Par ces mots de ciment ou gluten, je n'entends pas , comme Ton fait ordinairement, une matiere qui a la propriete particuJicre de reunir des fubHances difTemblables , & pour ainfi dire d'une autre nature, en faifant un feul volume de plufieurs corps ifoles ou leparts, comme la coile qui s'emploie pour le Lois , le mortier pour la pierre , &c. 1'habitude de cette acception du mot ciment , pourroit en impofer ici. Je dois done avertir que je prends ce mot dans un fens plus general , qui ne fuppofe ni une matiere difFerente de celle de la ma(Te , ni une force attractive particuliere , ni meme la fcparation abibiue des parties avant I'interpofiticn du ciment, mais qui confifte dans leur union encore plus intime , par 1'acceflion de molecules de meme nature, qui augmentem la denfite de la maHe, en forte que la feule condition eflentielle qui fera diftinguer ce ciment des matieres, tera le plus fouvent la difference des temps ou ce ciment y fera furvenu, & ou elles auront acquis par-la leur plus grande folidit^. « DES M 1 N E R AU X. 131 a pu ctre porte dans le gres de deux manieres differentes ; la premiere par Ies vapeurs qui s'elevent de Tinterieur de la terre , & la feconde par la ftiilation des eaux : ces deux caufes produifent des effets fi femblables , qu'il eft afTez difficile de Ies diftinguer. Nous aliens rapporter a ce fujet les ob/ervations faites recemment par un de nos plus favans Academiciens , M. de LafTone, qui a examine avec attention la plupart des gres de Fontainebleau , & qui s'exprime dans les termes fuivans. « Sur Ies parois exterieures & decouvertes de plufieurs blocs de gres le plus compacl , & prefque toujours fur « les furfaces de ceux dont on a enleve de grandes & larges « pieces en les exploitant, j'ai obferve un enduit vitreux « tres-dur ; c'eft une lame de deux ou trois lignes d'cpaifTeur , « comme une efpecede couverte, naturellement appliquee, « intimement inhcrente , fai/ant corps avec le refte de la « mafTe , & formee par une mat iere attcnuee & fubtile, qui en fe condenfant, a pris le caraclere pierreux le plus decide, une confiftance femblable acelle du flex , & prefque a celle del'agate; cet enduit vitreux n'eft pas bien long - temps a fe demontrer fur Ies endroits qu'il revet. Je Tai vu ctabli au bout d'un an fur les furfaces de certains blocs entames 1'annee precedente ; on decouvre & on diftingue Ies nuances & la progre/Tion de cette nouvelle formation, &ce qui eft bien rcmarquable , cette fubftance vitree ne paroit & ne fe trouve que fur les faces entamees des blocs , encore engages par Icur bafe dans la miniere fableufe Rij « K. < ' < < I (C 132 HISTOIRE NATURELLE qui doit etre regardee comme leur matrice & ie vrai I;ea de leur generation (b) ». Ceite obfervation erablit, comme l'on voit, 1'exiflencc reelle d'un ciment pierreux, qui meme forme en s'accu- mulant un email lilice d'une cpaifleur conhdcrable ; mais je dois remarquer que cet email fe produit non-feulement fur les blocs encore attaches ou enfouis par leur ba/e , comme ie die M. de LafTone, mais meme fur ceux qui en font fcpares; car on m'a fait voir nouvellement quelques morccaux de gres qui ctoient revetus de cet email fur totites leurs faces : voila done Ie ciment quanzeux ou filice clairementdemontre, fbit qu'il ait tranfude de 1'inte- rieur de la pierre , fbit que Teau ou les vapeurs aient etendu cette couche a la fuperftcie de ces morceaux de gres. On en a des exemples tout aum" frappans fur Ie quartz, dans lequel il fe forme de meme une matiere filicee par la ftilla- tion des eaux & par la condenfation des vapeurs (c). (b) Memoires de 1' Academic des Sciences, annee 1 774, pages -2 o <) cT'fuiv. (c) M. de Genfanne, favant Phyficien & Mineralogifte trcs- expe'rimente , que j'ai eu (ouvent occafion de citer avec eloge , a fait des obfervations que j'ai deja indique'es , & qui me paroiflent ne laifler aucun doute fur cette formation de la mariere fiiic^e ou quartzeufe , par la feule condenfation des vapeurs de la Terre. « Etant defcendu, ?j dit-il, dans une gaferie de mine ( de plornb),de Pom-pean pres » de Rennes en Bretagne , dont les travaux etoient abandonnes , je x> vis au fond de cette galerie toutes les ine'galite's du roc prefque 3> remplies d'une matiere tres- blanche, femblabl* a de ia ce'rufi DESAllNERAUX. 133 Mais fi nous confiderons en general les cimens natureis , 11 s'en &ut bien qu'ils foient toujours, ni par-tout les memes : il faut d'aborcl en diftinguer de deux fortes, Tun qui paroit homogene avec la matiere dont il remplit les interfaces , comme dans les nouveaux quartz & les gres oil il eft plus apparent a la furface qu'a 1'intcrieur; i'autre qu'on peut dire heierogene, parcequ'ii eft d'une fubftance plus ou moins differente de celle dont il remplit les inter£- tices , comme dans \&pou&ngues & les breches : ce dernier ciment eft ordinairement, moins dur que les grains qu'il delay e'e , que je reconnus etre un veritable guhr ou Jinttr « O'eft une vapeur condenfe'e qui , en fe criftallifant , donne un « veritable quartz. » M. de Genfanne voulut reconnoitre fi cette matiere provenoit de la circulation de 1'air dans les travaux, ou fi elle tranfpiroit au travers du roc fur lequel elle fe formoit ; pour cela il commenca par bien laver la furface du rocher avec une c'ponge , pour oter le guhr qui s'y trouvoit ; « enfuite , dit il , je pris quatre ecuelles neuves de terre verniflee , que j'appliquai aux « endroits du rocher ou j'avois apercu le plus de guhr, & avec « de la bonne glaife bien petrie , je les cimentai bien tout a I'entour « de deux bons pouces d'epaiiTeur , apres quoi je placai des travers ce de bois vis-a-vis mes ecuelles qui formoient prefque les quatre « angles d'un quarre. » Au bout de huit mois, M. de Genfanne leva une de ces ecuelles, & il fut fort furpris de voir que le guhr qui s'etoit forme deflbus , avoit pres d'un demi-pouce d'epaifleur, & formoit un rond fur la furface du rocher de la grandeur de 1'e'cueIIe; il etoit tres-blanc, & avoit a pevi-pres la confiftance du beurre frais ou de la cire molle ; il en prit de la grofleur d'une noix, & remit 1'ecueIIe comme au- paravant, fans toucher les auties.... ii laifTa fccher cette matiere a 1'ombre, HISTOIRE NATURELLE ) A reunit. Nous connoilTons d'ailleurs plufieurs efpeces tie cimens naturels , & nous en traiterons dans un article particulier ; ces cimens fe melent & fe combinent quelque- fois dans la memo matiere, & fouvent femblent faire le fond des fubftances folides. Mais ces cimens de quelque nature qu'iis foient , peuvent avoir , comme nous venons de Je dire , une double origine ; ia premiere eft due aux vapeurs ou exhalaifons qui s'efevent du fond de la terre au moyen de la chaleur interieure du globe ; la feconde a i'infiltrationdes eaux quidetachemavec Je temps les parties elle prit une confiftance grenue & friable, & reflembloit parfaitement a une matiere femblable, mais ordinairement tachetee, qu'on trouve dans les fikms de differens mineraux , fur-tout dans ceux de plomb, & a laquelle les Mineurs Allemands donnent le nom de leten. II y en a quantite dans celui de Pont-pean , & le mineral y eft re'pandu par grains, la plupart cubiques & fouvent accompagnes de grains de pyrite. w Toute la difference que je trouvois , dit M. de Genfanne , entre >5 ma matiere & celle du filon, c'eft que la matiere e'toit tres-blanche, i> & que celle du filon etoit parfemee de taches violettes & rouflatres; » je pris de celle du filon qui ne contenoit aiTurement aucun mintral, » «5c la plus blanche que je pus trouver , j'en pris egalement de la t> mienne , & fondis poids egal de ces deux matieres , dans deux »> creufets fepares «&. aumeme feu; ellesme parurent egalement fufibles »» & me donnerent des fcories entierement femblables. . . . Je foup- » connai des-Iors que ces matieres etoient abfolument les memes. . . . » Quatorze mois fe pafserent depuis le jour que j'avois vifite la » premiere e'cuelle , jufqu'au temps de inon depart de ces travaux, >» je fus voir alors mon petit equipage; je trouvai que le gvhr n'avoit » pas fenfiblement augmente fur la panic du roc qui e'toit a de'- >» couvert, & ayant vifite I'e'cuelle que j'avois vifaee pre'cedeminent, D E S M 1 N E R A U X\ 135 les plus tenues des maffes qu'elles lavent ou penetrent ; efles entrainent done ccs particules detachces , & les dcpofent clans les interlaces des autres matieres; ellesforment meme des concretions qui font trcs-dures, telles que les criftaux de roches & autres fhlaclites du genre vitreux , & cette fcconde fource des extraits ou cimens pierreux , quoique tres-abondante, ne Teit pent etre pas autant que la pre miere qui provient des vapeurs de la terre , parce que cette derniere caufeagit a toutinftant & dans toute i'etendue des couches extcrieures du globe ; au lieu que i'autre etant j'apercus I'endroit ou j'avois enleve le guhr , recouvert de la meme « matiere , mais fort mince & ires -blanche; au lieu que la partie « que je n'avois pas touche'e, ainfi que toute la matiere qui etoit « fous fes ecuelles que je n'avois pas remuees, etoit toute parfeme'e « de taches roufTatres & violettes, & abfolumem femblables a ceiles tc qu'on trouve dans le filon de cette mine , avec cette difference « Ie mica flottant venoit enfuite fe depofer , & marquoit ainfi Ie trait d'une feconde feuille. » Memoires fur I'HiJloire Naturelk de la Lorraine. (e) « En confide'ram les blocs de gres a Fontainebleau dans a> leur difpoiition naturelle , & tels qu'ils ont etc formes, nous les 33 voyons conftamment dilperles dans Ie fable ou ils font enfouis , 3j & qui eil comme leur matrice ; ils y font folitaires & ifole's, de 3> meme que les filex ou cailloux le font dans des banes de marne « ou de craie, ou ils ont pris naifTance : c'ell exactement la meme 33 difpofnion , Ie meme arrangement, & la parite eft encore etablie a> par la forme a peu - pres arrondie que chaque bloc affecle ordi- 35 nairement dans fes contours ; mais ceci n'a lieu en general que :» pour les gres purs & homogenes, tels que ceux de Fontainebleau; » car nous obfervons que d'autres qui font mixtes ou melanges , fe 35 component differemment a caufe fans doute de leur compofnion 33 plus compliquee. 33 Et meme les gres purs de Fontainebleau , quoique formant » prefque toujours des blocs fe'pare's , paroifTent neanmoins en quel- 33 ques endroits difpole's en banes ou en maffes continues & hori- 33 zontales , parce qu'ici les mafies font plus rapproche'es , & qu'elles T> ont une cpaiiTeur &: une etendue plus considerable. . . . p> J'ai deja fait remarquer que les gies de Fontainebleau e'toient 33 au rang des plus purs & des plus homogenes; a la vue fimple 39 &. lans etrearmee, on reconnoit & ondiftingue , malgre' leurpetitefle 33 & leur tenuite , les grains fableux rapproches & reunis en une « maffe compacle , & formant les blocs d'une maniere uniforme : 33 fans dcute 1'adhe'rence & 1'union reciproque de ces premieres 3> molecules fableufes , font procurers par un fluide fubtil & afiine, "DESMlNERAU. 139 metaliiques que de cclies clu fer ; on les trouve par col- lines, par banes & en tres-grandes mafTes, quclquefois feparees en gros blocs ifolcs, & feulement environnes du fable qui femble leur fervir de matrice (f); & comme ces amas ou couches de fable font dans toute leur qui, en les aglutinam, fe con den fe avec elles ; la fubtilite' de ce « gluten particulier eft telle , que quoique univerfellement repandu cc dans Ja mafle , comnie un moyen uniffant entre tous les corpuf- capitale de Faucigny,; paroit etre afTife fur un rocher de gres ; ce rocher qui fort de terre , (bus la porte de la vilie qui regarde Geneve, eft forme d'une pierre de fable melangee de mica, & difpofee par banes inclines de trente-huit a quarante degre's: ces banes ne palTent point par - de/Tous Ies bafes des montagnes voi- fines, iis font d'une date beaucoup plus recente. Sauffare , Voyage dans les Alpes , tome I , page 366, DES MlNERAUX. 14.1 des matieres etrangeres qui fe trouvent dans ces gres, femble prouver auffi qu'ils font d'une formation moins anciennc que celle des gres purs. Si 1'on vouloit douter que 1'eau put former le gres par la feule reunion des molecules du quartz , il fcroit aife de le demontrer par la formation du criftal de roche , qui eft auffi dur que le gres le plus pur , & qui neanmoins n'eft forme que des memes molecules par la filiation des eaux ; & d'ailleurs on voit un commencement de cette reunion des particules quartzeufes dans la confiftance que prend le fable lorfqu'il eft mouille ; plus ce fable eft fee & plus il eft pulverulent ; & dans les lieux ou les fables de gres couvrent la furface du terrein , les chemins ne font jamais plus pratiquables que quand il a beaucoup plu , parce que 1'eau confolide un peu ces fables en rap- prochant leurs grains. Les gres ne fe trouvent communement que pves des contrees de quartz , de granit , & d'autres matieres vitreufes (h) , & rarement au milieu des terres ou il y a (h) « C'efl un fait bien important, a ce que je crois , pour Ja theorie de la Terre , & qui pourtant n'avoit point encore ete cc obferve , que prefque toujours entre les dernieres couches fecon- « daires & les premieres primitives, on trouve des banes de gres ou de « poudingues : j'ai obferve ce phenomene , non-feulement dans un « grand nombre de montagnes des Alpes, mais encore dans les Vofges, « dans les montagnes des Cdvennes, de la Bourgogne & du Fores «. Saujjure , Voyage dans les Alpes , tome I , page 328, 142 HISTOIRE NATURELLE des marbres , des pierres calcaires ou des craies ; cepen- dant ie gres , quoique voifm queiquefois du granit par fa firuation, en differe trop par fa compofition , pour qu'on puiffe ieur appliquer queique denomination commune, & plufieurs Obfervateurs font tombes dans 1'erreur en appe- lant granit , du gres a gros grains : la compofition de ces deux matieres eft differente , en ce que , dans ces gres compofes des detrimens du granit , jamais les molecules du feld - fpath n'ont repris une criftallifation diftincle , ni celles du quartz un empatement commun avec elies , non plus qu'avec les particules du mica ; ces dernieres font comme femees fur les autres, & toute la couche par fa di/pofition comme par fa texture, ne montre qu'un amas de fables groffierement aglutines, par une voie bien differente de la fufion intime des grandes mafTes vitreufes; & Ton peut encore remarquer que ces gres compofes de plufieurs e/peces de fables , font generalement plus groffiers, moins compacls , & d'un grain plus gros que le gres pur, qui toujours eft plus folide & plus dur, & dont le grain plus fin porte evidemment tous les caradleres d'une poudre de quartz. Le gres pur eft done le produit immediat des detri mens du quartz , & lorfqu'il fe trouve reduit en poudre impalpable, cette poudre quartzeufe eft fi fubtile, qu'elie penetre les autres matieres folides , & meme Ton pretend s'etre affure qu'elie paffe a travers le verre. M/5 le Blanc DZSMlNERAVX. l & Clozier ayant place une bouteilie de verre vide & bien bouchee dans une carriere de gres des environs d'Etampes , ils s'ape^urent au bout de quelques mois qu'il y avoir au-dedans de cette bouteilie une efpece de poudiere , qui etoit un fable tres-fin de la meme nature que lapoudre de gres (1). II n'y a peut-etre aucune matiere vitreufe, dont les qualites apparentes varient autant que celles des gres; « on en rencontre de fi tendres , dit M. de Laflbne , que leurs grains a peine lies, fe feparent aifement par la « fimple compredion & deviennent pulverulens ; d'autres, « dont la concretion eft plus ferme , & qui commenccnt « a redder davantage aux coups redoubles des inftrumens <« de fer, d'autres entin dont la made plus dure & plus liffe , « eft comme fonore & ne fe cade que tres-difficilement ; «< & ces varietes ont plufieurs degres intermediaires » (k) . Le gres que les Ouvriers appellent grifer, eft ft dur &. fi difficile a travailler, qu'ils le rebtuent meme pour n'en faire que des paves, tandis qu'il y a d'autres gres fi tendres & ii poreux, que 1'eau crible aifement a travers ieurs mades; ce font ceux dont on fe fert pour faire les pierres a filtrer. II y en a de fi grodiers & de fi terreux , qu'au lieu de fe durcir a 1'air, ils s'y decompofent en adez peu de temps ; en general les gres les plus purs & les plus (i) Hiftoire de 1' Academic de Dijon, tome II, page 2.9. (k) Me'moire fur le gres, par M. de Lafione , dans ceux de 1'Aca- demie des Sciences , annce 1 774 , page 210, HISTOIRE NATVRELLE^ durables , font aufTi ceux qui ont le grain le plus fin & Je tifTu le plus ferre, Les gres qu'emploient les Paveurs a Paris , font apres le gres grifar, les plus durs de tous ; les gres dont on fe fert pour aiguifer ou donner du tranchant au fer & a 1'acier, fbntd'un grain fin, mais moins durs que les premiers, & neanmoins ils jettent de meme des etincelles , en faifant tourner a fee ces meules de gres contre le fer & 1'acier (I) ; le gres de Turquie qu'on appelle^w ^ rafoir , a laquelle on donne fa qualite en la tenant pendant quelques mois dans 1'huile , & qui fert a repaffer & affiler les rafbirs & autres inftrumens tres-tranchans , n'a qu'un certain degre de durete , quoique le grain en fbit tres-fin & la fubflance tres-uniforme& fans melange d'aucunematiereetrangere. Au refle, le gres pur n'etant compofe que des detri- mens du quartz , il en a toutes les proprietes ; il eft auffi refractaire au feu; il refifte de meme a Faction de tous les acides , & quelquefois il acquiert le meme degre de durete ; enfin le quartz ou le gres reduits en fable , fervent cgafe- ment de bafe a tous nos verres factices , & emrent en plus ou moins grande quantite dans leurcompofnion. jLes gres font alTez rarement colores, & ceux qui ont (1) M. Valmont de Boinare, dans Ton ouvrage fur la Mineralogie, nous afTure qu'il a trouve un quartier de ce gres de Turquie , en France pres de Morlaix , dans la province de Bretagne , & je fuis d'ailleurs tres - perfuade que cette efpece de gres n'appnrtient pas exclufivement a la Turquie , comme fon nom feinble 1'indiquer. une DES AI I N E R A U X. une nuance dejaune, de rouge, ou debrun , ne doivent cetteteintequ'a 1'infiltrationde reauchargcedes molecules ferrugineufes de la terre vegetale qui couvre la fuperficie du terrein ou Ton trouve ces gres colores ; la plupart des jafpes font au contraire tres-colores, & femblent avoir re^u leurs couleurs par la fublimation des matieres metailiques des le premier temps de leur formation ; il fe peut auffi que quelques gres des plus anciens doivent leur couleur a ces mcmes emanations metaliiques , Tune des caufes n'exclut pas 1'autre , & les effets de tomes deux paroiffent conflates par 1'obfervation. « If n'y a prefque point de ces blocs grefiux de Fontainebleau , dit M. de Laffbne , ou (<- 1'on n'aper^oive quelques marques d'un principe ferrugi- « neux ; en general , ceux dont les grains fableux font les " moins lies , font auffi ceux ou le principe ferrugineux eft tc le plus apparent ; les portions les plus externes des blocs , « celles par confcquent dont la formation ou la condcn- « fation eft moins ancienne, ont fouvent une teinte jaunatre c< de couleur d'ocre ou de rouille de fer , tandis que les qui les a pene'trees , en quelque fac^on diiToutes , eft fans doute un phenomene remarquable & tres-interefTant pour 1'Hiftoire Naturelle «, Le tires de M. Ferber , fur la Mineralogic , page 25 p, DESMlNERAUX. 151 gran its & des gres, les paillettes du mica, & meme les jafpes & les cailioux ies plus durs fe ramollir, blanchir par 1'impreflion de Tair, & prendre a leur furface tous les caraderes de cette terre ; & 1'argiie penetree par Ies pluies, & melee avec le limon des rofees & avec les debris des vegetaux , devient bientot line terre fcconde. Tous les micas , toutes les exfoliations du quartz , du jafpe, du feld-fpath & du fchorl ; tous les detrimens des porphyres , des granits & des gres , perdent peu-a-peu leur fecherefle & leur durete ; ils s'attenuem & fe ramol- Nota. M. Ferber ajoute qu'une panic de cette argile eft inollecomme une terre, & que I'autre eft dure, pierreuie & aiTez femblable a une pierre a chaux blanche; c'eft vraifemblablement cette fau/Te apparence qui a fait dire a M. de Fougeroux de Bondaroy (Alanoires de I' Aca demic des Sciences, annee 1765 ), que Ies pierres de la Solfatare etoient calcaires. M. Hamilton a fait la meme meprife; mais il paroit certain , dit le favant Tradufteur des Lettres de Ferber, que le plancher de la Solfatare & les collines qui 1'environnent , ne font compofees que de produits volcaniques convertis par Ies vapeurs du foufre en terre argileufe: « Je pofsede moi-meine, ajoute M. le baron de Dietrich , un de ces morceaux moitie lave & moitie argile; cc & cette argile ctant travaillee a fouffert les memes epreuves de « 1'argile ordinaire.... On trouvedans la montagne de Poligni , a deux « lieues de Rennes en Bretagne, une terre argileufe blanche ou colo- :r M. Nii DBS MINERAL? x. 165 II n'y a point de coquilies ni d'autres preclusions ma rines dans les maffes d'argile blanche , tandis que routes les couches de glaifes en contiennent en grande quantite ; ce qui nous demontre encore pour ies argiles, les memes procedes de formation que pour les gres; 1'argiie & le gres purs , ont done egalemem ete formes par ia fimple agregation ou par Ja decompofition des fables quartzeux ; tandis que ies gres impurs & les glaifes ont ete composes de matieres melangees, tranfportces & dtpofces par le mouvcment des eaux. Et ce qui prouve encore que rarglle blanche eft une terre dont I'efTence eft fimple, & que la glaiie eft une terre melangee de matieres d'eflences differentes ; c'eft que la premiere refifte a tous nos feux , fans eprouver aucune alteration , & meme fans prendre de la couleur ; au lieu que toutes les glaifes deviennent rouges par 1'im- preflion d'un premier feu , & peuvent fe fondre dans nos fourneaux ; de plus, les glaifes fe trouvent egalement dans les terreins calcaires & dans les terrains vitreux , au lieu que les argiles pures ne fe rencontrent qu'avec les matieres vitreufes ; elles font done iormees de leurs dctrimens fans autre melange , & il paroit qu'elles n'ont pas ete tranf- portces par les eaux , mais produites dans la place meme ou elies fe trouvent; au lieu que toutes Ies glaifes ont fubi les alterations que le melange & le tranfport n'ont pu manquer d'occafionner. De la meme maniere qu'il ne faut pas confondre la 166 HISTOIRE NATURELLE marne ni la craie avec I'argile blanche, on nc doit pas prendre pour des glaifes les terres limonneufes , qui quoi- que graffes & ducliles, ont uneautre origine & des qualitcs difFerentes de la glaife ; car ces terres limonneufes pro- viennent de la couche univerfelle de la terre vegetale qui s'eft formee des refidus ulterieurs des animaux & des vegetaux ; leurs dctrimens fe convenient d'abord en terreau ou terre de jardin, & enfuite en limon auffi ductile que 1'argile ; mais cette terre limonneufe fe bourfouffle au feu, au lieu que I'argile s'y refferre, & de plus cette terre limonneufe fond bien plus aifement que la glaife meine la plus impure. II eft evident par le grand nombre de coquilles & autres productions marines qui fe trouvent dans toutes les glaifes , qu'elles ont ete tran/portees avec les depouilles des animaux marins, & qu'elles ont ete depofees & ftrati- fiees enfemble par couches horizontals dans prefque tous les lieux de la terre par les eaux de la mer ; leurs couleurs indiquent aufli qu'elles font impregnees de parties mine- rales & particulierement de fer, qui paroit leur donner toutes leurs differentes couleurs. D'ailleurs on trouve prefque toujours entre les lits de glaifes des pyrites martiales, dont les parties conftituantes ont etc entrainees de la couche de terre vegetale par 1'infiltration des eaux, & fe font reunies fous cette forme de pyrites entre les Jits de ces argiles impures. Le fer en plus ou moins grande quamite, donne toutes DESMlNERAUX. 167 les couleurs aux terres qu'il penetre. La plus noire de routes ies argiles eft celle qu'on a improprement appelce c reta nigrafabrdis , & que les Ouvriers connoiflent (bus le nom de p'mre noire ; elie contient plus de parties ferrugi- neufes qu'aucune autre argile (d) , & la teinte rouge ou rougedtre qu'elle prcnd, aink que routes les glaifes, aim. certain degre de icu , acheve de demomrer que le fer efl le principe de leurs diiierentes coufeurs. Toutes les glaifes fe durciffent au feu, & peuvent meme y acquerir une fi grande durete, qu'elles etincellent par le choc de Tacier ; dans cet etat elies font plus voifmes de celui de la liquefaction , car on peut les fondre & les vitri- fier d'autant plus aifement qu'elles font plus recuites au feu. Leur denfite augmente a niefure qu'elles cprouvent une clialeur plus grande , &Ior(qu'on les a bien faitfecher aufoleil, elles ne perdent enfuite que tres-peu de leur poids fpecifique , au feu inerne le plus violent. On a obferve (d) « Lorfque la pierre noire a etc expoice pendant quelque temps ;i Tail-, elie s'exfolie en lames minces & fe couvre d'une efflorefcence « d'un jaune verdatre , qui n'eft autre chofe que du vitriol ferrugineux, « & fi on tait eprouver a. cette argile ainfi couverte de cette maticre, « la chaleur d'un feu mode're, feuiement pendant quelques inflans, «c elie devient bientot rouge exterieurement & blanche a 1'inttrieur, « parce que le vitriol s'en efl fe'pare , &. que les parties Ies plus fixes endurcie & une multitude de petites taches noires, quelquefois menic ;» des couches ou veines de charbon de terre ( autre preuvc que ce n'ejt pas de I' argil c ; mals de la terre vegetale ou limoneufe-; c'ejl le bitume de cette terre limoneufe qui a forme les taches noires ): il y a du macigno 3> de deux couleurs ; mais le meiileur pour batir & le plus durable, eft celui qui eft d'un jaune-grisatre , melange d'ocre ferrugineule ». Let ires fur la Mintraloglt , &c. page 4, DBS Af I N E R A U X. iSl deces feux, mais qui fe rccluit en poulhere de chaux , au moment qu'ils cefTent , & que I'humidite del'air la faifit; an lieu que les fchiftes coniervent leur nature & leur foli- dite pendant & apres faction de ces feux continuee tres- long-temps (f) ; car cette action fe borne a entamer leur furface , & il faudroit un feu de plufieurs annees , pour en alterer la maffe a quelques pouces de profondeur. Les lits les plus exterieurs des fchiftes, c'eit-a-dire ceux qui font immediatement fous la couche de terre vegetale , fe divifent en grands morceaux qui affeclent une figure rhomboidale (g) ; a peu-pres comme les gres qui font incles de matiere calcaire , afieclent cette meme figure en (f) II y a Walcy , a dix lieues de Clermont en Argonne pres de Sainte- Menehould , une pierre dont il fembie qu'on peut tirer de trcs- grands avantages; elle eft de couleur argileufe, fans fentes & fans ger^ures meine apparentes, 1'eau-forte n'y fait aucune imprefTion; fa principale propriete eft de pouvoir refifter a l'a<5tion du feu le plus violent lans (e calciner, fi elle eft employe'e seche; elle peut fervir a la conftrueguliers; c'eft une idee qui fe preiente d'abord lorfqu'on obferve HISTOIRE NATVRELLE petit ;& clans les lits infcrieurs des fchiftes , cette afTedation de figure eft beaucoup moins fenfible & meme ne fe remarque plus ; autre preuve que la figuration des mine- raux depend des parties organiques qu'ils renferment ; car exactement une carriere d'ardoife, c'eft du moins celle que j'ai prife en voyant la carriere de la Ferriere en Normandie. Cette carriere, de meme que celle d'Angers, a un bane de cofle qui peut avoir un pied ou deux ; ce bane n'eft qu'im compofe de petites pierres pofees obliquement fur les autres qui fe de'tachent aflez facilement , & qui affedent la figure d'un paralle'lograme re'gulier ou irregulier : leurs cotes font unis , ordinairement bien plans , ce qui fait que les pierres tiennent peu , & qu'il eft aife de les fe'parer Jes unes des autres ; lorfque ces cote's font coupe's obliquement, 1'union de ces pierres eft plus grande, elles font en quelque forte mieux entrelaiTees, & font un bane plus difficile a rompre , quoiqu'en general il le foit peu. Les lits qui fuivent celui-ci font beaucoup plus confiderables en hauteurs , leurs pierres ne font pas en petites maiTes comme celles du lit precedent , elles ont quelquefois quinze ou vingt pieds de hauteur , au lieu que les pierres du lit de cofle n'ont quelquefois que deux ou trois pouces de longueur , fur quelques-uns de largeur & d'e'paifleur, . . . Celles des autres banes qui ont vingt pieds de hauteur , font ordinairement des banes les plus inferieurs , & meme de ceux dont on fait ufage ; les banes qui precedent approchent plus ou moins de cette hauteur, felon qu'ils en font plus voifins, & la hauteur eft toujours proportionne'e a la profondeur: c'eft auiTi fuivant ce rapport, qu'ils font d'une pierre plus fine & plus aifee a travailler. . . . On fouille cinquante, foixante pieds & meme davantage , avant de trouver un bon bane, & Jorfqu'on 1'a atteint, on continue de fouiller jufqu'a ce que le bane change, de forte que ces carrieres ont quelquefois plus de cent pieds de profondeur. Afemoires de M. Guttlard dant (fux de I' Academic des Sciences, amue 1757 , page $2, D E S M I N E R A V X. 183 ies premiers lits de fchifte resolvent par la filiation dcs eaux Ies impreffions de la terre vegetale qui Ies recouvre, & c'eft par Faction des clemens ac"lifs contenus dans cette terre , que Ies fchiftes du lit fuperieur prennent line forte de figuration rcguliere, dont Tapparence ne fubfifte plus dans Ies lits inferieurs , parce qu'ils ne peuvent rien rece- voir de la terre vegetale , en etant trop eloignes & fepares par une grande epaiffeur de matiere impenetrable > it a 1 eau. Au refle le fchifte commun ne fe dclitepas en feuillets auffi minces que 1'ardoife, & il ne refifte pas auffi long- temps aux impreffions des elemens humides ; mais il rt'fifte egalement a Taflion du feu avant de fe vitrifier ; & comme il contient tine petite quantite de bitume , il femble brfiler avant de fe fondre, & comme nous venons de le dire, il y a mcme des fchiflcs qui font prefque auffi inflam mables que le charbon de terre ; ce dernier effet a decu quelques Mineralogifles , & leur a fait penfer que le fond du charbon de terre , n'etoit, comme celui des fchiftes, que de 1'argile melee de bitume ; tandis que la fubflance dece charbon efl,au contraire, de la matiere vegetale plus on moins decompofee, & que s'il fe trouve de 1'argile melee dans le charbon, ce n'efl que comme matiere etran- gere ; mais il eft vrai que la quantite de bitume & dc matiere pyriteufe, eft peut-etre auffi grande dans certains fchiftes que dans Ies charbons de terre impurs & de mauvaife qualite ; il y a meme des argiles , fur-tout dans Ies 184 HISTOIRE NATURELLE couches les plus bafTes , qui font melees d'une afTezgrande quantitc de bitume & de pyrite pour devenir inflammables ; eiles font en meme temps seches & dures a pcu - pres comme le fchifte, & ce bitume des argiles & des fchiftes s'eft forme des ies premiers temps de la nature vivante par la decompofition des vegetaux & des animaux , dont les huiles & les graifies faifies par I'acide, fe font converties en bitumcs; & les fchiftes comme les argiles, contiennent ordinairement d'autant plus de bitume, qu'ils font fitues plus profondement & qu'ils font plus voifins des veines de charbon auxquelles ils fervent de fits & d'enveloppe; car lorfqu'on ne trouve pas Tardoi/e au-defTous des fchiftes , on peut efperer d'y trouver des charbons de terre. Dans les couches les plus profondes , il y a aufTi des argiles qui reflemblent aux fchiftes & meme aux ardoifes par Tapparence de leur durete, de leur couleur & de leur inflammabilite ; cependant cette argile expofee a i'air, demontre bien-tot les differences qui la feparent de 1'ardoife , elle n'eft pas long-temps fans s'exfolier , s'imbi- ber d'humiditc, fe ramoliir & reprendre fa qualite d'argile ; au lieu que les ardoifes, loin de s'amollir a 1'air, ne font que s'y durcir davantage, & Ton doit mettre les mauvais fchiiles an nombre de ces argiles dures. o Comme toutes les argiles, ainfi que les fchiftes & les ardoifes, ont etc primitivement formees des fables vitreux attenues 6c decompofe's dans 1'eau, on ne pent fe difpen- /er d'admettre difterens degres cje decompofition dans ces D E S M I N E n AU X. I 8 J ces fables ; aufTi trouve-t-on dans I' •:•'•• i!e clcs grains encore entiers de ce fable vitreux qui ne iont que peu ou point altercs ; ci'amres qui ontfubi unplus grand degrede decom- pofition. On y trouve de meme des petits lits de ce fable a demi-decompofe , & dans les ardoifes & les fchifles le mica y eft fouvent auffi attenue , auffi doux au toucher que le talc ; en forte qu'on peut fuivre les nuances fucceffives de cette decompofition des fables vitreux, jufqu'a leur converfion en argile. Les glaifes melangees de ces fables vitreux trop peu decompofcs, n'ont point encore acquis leur entiere ductilite ; mais en general i'argile meme la plus molle, devient d'autant plus dure qu'elle eft plus deffe'chee & plus impregnee de bitume, & d'autant plus feuilletee qu'elle eft plus melee de mica. Je ne vois pas qu'on puifle attribuer a d'autres caufes qu'au deffechement & au melange du mica & du bitume , cette fecherefTe des ardoifes & des fchiftes qui fe reconnoit jufque dans leurs molecules ; & /'imagine que comme elles font melees de particules micace'es en aflez grandc quantite, chaque paillette de mica aura du attirer 1'humi- dite de chaque molecule d'argile , & que le bitume qui fe refufe a toute humidite, aura pu durcir I'argile au point de la changer en fchifte & en ardoife ; des-lors les mole cules d'argile feront demeurees seches, &. les fchiftes compofes de ces molecules deffechees & de celles du mica , auront acquis affez de durete pour etre , comme les bitumes , impenetrables a i'eau ; car independamment Miner aux, Tome I. A a 186 HISTOIRE NATURELLE de 1'humidite que les micas ont du tircr de Targile , on doit encore obferver qu'etant meles en quantite dans tous les fchiftes £ ardoifes, le feul melange de ces particulcs seches qui paroit etre moins intime qu'abondant, a du laiffer de petits vides par lefquels 1'humidite contenue dans les molecules d'argile a pu s'echappcr. Cette quantite de mica que contiennent les ardoifes , me femble leur dormer quelques rapports avec les talcs; & fi Targile fait le fonds de la matiere de 1'ardoife, on peut croire que le mica en eft 1'alliage & lui donne la forme; car les ardoi/es fe delitent comme le talc, en feuilles minces , elles participent de (a fcchereffe & refiftent de meme aux imprefTions des elemens humides ; enfin elles fe changent cgalement en verre brun par un feu violent. L'ardoife paroit done participer de la nature de ce verre primitif; on le voit en la confiderant attentivement au grand jour, fa furface prefente une infinite de particules micacees, d'autaht plus apparemes que 1'ardoife eft de meilleure qualite. La bonne ardoi/e ne fe trouve jamais dans les premieres couches du fchifte; les ardoifieres les moins profondcs font a trente ou quarante pieds; celles d' Angers font a deux cents. Les derniers lits de i'ardoife comme ceux de 1'argile , font plus noirs que les premiers : cette ardoife noire des lits inferieurs , expofee a 1'air pendant quel- que temps , prend neanmoins comme les autres la cou- leur bleuatre que nous leur connoiffons & que toutes DES MINER AUX. 187 confervent tres-long-temps ; elles neperdent cette couJeur bleue que pour en prendre une plus tendre d'un blanc grisatre, & c'efl alors qu'elles brillent de tous les reflets des particules micacees qu'elles contiennent , & qui fe montrent d'autant plus, que ces ardoifes ont etc plus anciennement expofees aux impreifions de 1'air. L'ardoife ne fe trouve pas dans les argiles molles & penetrees de 1'humidite des eaux ; mais dans les fchiftes qur ne font eux-memes que des ardoifes groflieres ; les mi- nieres d'ardoife s'annoncent ordinairement (h) par un lit (h) « L'ardoife d' Angers eft forme'e par des banes plus ou moins hauts , d'une pierre qu'on leve aifement par feuillets , & qui font cc inclines a J'horizon : ces banes ont en general une hauteur verti- cc cale aflez confiderable ; les premiers font ordinairement ceux qui cc font les moins hauts , & celui qui eft a la furface de la terre n'eft cc fouvent compofe que de petits quartiers de pierre qui ont une « figure rhomboidale , & qui fe detachent aift'ment les uns des « autres. & il n'eft pas rare de trouver des banes de cette pierre fchifteufe de quinze ou vingt pieds d'epaifleur fans delits remarqiiables. 35 il n'y a cependant pas de regie fure a iujet; quelquefois la pierre 55 qu'on tire apres la premiere dccouverte , fe trouve bonne pendant a> deux ou trois foncees , & eile fe dement enfuite pendant quatre >3 ou cinq ; d'autres fois la carriere ne donne de bonne pierre qu'a 33 la quinzieme ou feizieme foncee .... d'autres fois enfin la carriere 53 continue a ne rien valoir ; telles ont etc celles de terre rouge & ?j de la maTe .... 33 Un point inte'reflant, c'eft de detacher les lames d'ardoife d'une » maniere unifonne, de maniere qu'elles aient une egale epaiffeur 33 dans toute leur etendue .... La fa^on dont les banes d'ardoife » 1 ont compofes, facilite ce travail; ce font en quelque forte de » grands feuiliets applique's les uns fur les autres & pofe's de champ; 33 ainfi les Ouvriers les ecartent perpendiculairement au moyen de 39 leurs coins : cette direction doit faire que les quartiers qu'on veut detacher ne refiftent pas beaucoup aux efforts des Ouvriers «. Me- moires de M. Guettard dans ceux de I'Acadmle des Sritncts , annte DES MlNERAUX. 189 La finefle du grain de ces fchiftes , leur fecherefle , leur purcte & leur couleur noire, augmentent aufli en raifon de ieur fituation a de plus grandes profondeurs, & d'ordi- naire c'eft au plus has que fe trouve la bonne ardoife. L'on voit fur quelques-uns de ces feuillets d'ardoife des impreffions de poifTons a ecailles, de crufiacees & de poiflbns mous , dont les analogues vivans ne nous font pas connus , & en meme temps on n'y voit que tres-peu ou point de coquilles fi). Ces deux fairs paroiffent au premier coup-d'oeil difBciles a concilicr , d'autant que les armies dont on ne peut douter que les ardoifes ne foient au moins en partie compofees , contiennent une infinite de coquilles , & rarement des empreintes de poiffons. Mais on doitobferver que les ardoifes & fur- tout ceJles oul'on trouve des limpreffions de poiffons, font routes fituees a une grande profondeur, & qu'en meme temps les argiles contiennent une plus grande quantite de coquilles dans leurs lits fuperieurs que dans les inferieurs , & que meme (i) L'ardoife eft tres - commune dans la canton de Clams ( ou Claris en Suiffe); les plus belles carrieres font dans la vallee de Seruft , d'ou i'on en tire des feuilles aflez grandes & aflez epaifles pour faire des tables , qui font un article confideiable d'exportation. — Parmi ces ardoifes, on en trouve une quantite innombrable qui portent les plus belles empreintes de plantes marines & terreflres , d'infedes & de poiiTons , foit entiers , foit en fquelettes ; j'en ai vu } de choifies dans le Blattenberg, dont la nettete , la perfection & la grandeur ne laiflbient rien a defirer. Lettres fur la Suiffe , par M, Will. Coxe, avec las additions de M, Ramond , tome I , page 190 HISTOIRE NATURELLE lorfqu'on arrive a une certainc profondeur, on n'y trouve plus de cbquilles ; d'autre part on fait que le plus grand nombre des coquillages vivans n'habitent que les rivages ou les terrains eleves dans ie fond de la mer , & qu'en meme temps il y a quelques efpeces de poiffons & de coquillages qui n'en habitent que les vallces a une profon deur plus grande que celle ou fe trouvent communement tons les autres poiffons & coquillages. Des-Iors on peut penler cjue les fedjmens argileux , quiont forme iesardoi/es a cette plus grande profondeur , n'auront pu faifir en fe depofant que ces e/peces , en petit nombre , de poifTons ou de coquillages qui habitent les bas-fonds , tandis que les aro-iles qui font fituees plus haul que les ardoifes , auront enveloppe tous les coquillages des rivages & des hauts- fonds, ou ils fe trouvent en bien plus grande quantite (k). (k) Nota. II fe trouve auffi, quoique rarement, des poi(Tons petrifies dans les fubftances calcaires au-defliis des montagnes ; mais les efpeces de ces poifTons ne font pas inconnues ou perdues , comme ceiles qui fe trouvent dans les ardoifes. M. Ferber rapporte qu'on trouve dans la collection de M. Moreni de Veronne , Ie poiffon aile & quelques poilTons du Brefil, qui ne vivent ni dans la Mediterrance, ni dans Ie golfe Adriatique ; la pinne marine , des os d'animaux , des plantes exotiques , pctrifices & imprime'es fur un fchifte calcaire, toutes tirees de la montagne du Veronnois appelee Alonle - bolca. ( Lcttres fur la Atineralogie , par M. Ferber, page 27 ). — Obfervons que ces poiflons , dont les analogues vivans exiftent encore , n'ont etc petrifies que bien long-temps apres ceux dont les efpeces font perdues; aufTi fe trouvent-ils au-deflus des montagnes , tandis que les autres ne fe trouvent que dans les ardoifes a de grandes profondeurs. ' D ES M I N L R A V X. 191 Nous ajouterons aux proprietes de 1'ardoife, que quoi- qu'eile foit moins clure que la plupart des pierrcs calcaires , il faut neanmoins employer la mafTe & les coins pour la tirer de fa carriere ; que la bonne ardoife ne fait pas effer- vefcence avec les acides, & qu'aucune ardoife ni aucim fchifte ne fe reduit en chaux, mais qu'ils fe convenient par un feu violent en une forte de verre brim , fbuvent afTez fpumeux pour nager fur 1'eau. Nous obfcrverons aufft qu'avant de fevitrifier, ils brtilent en partie en exhalant une odeur bitumineufe ; & eniin que quand on les reduit en poudre, celle de 1'ardoifeeft douce au toucher comme la pouffiere de 1'argile fechee , mais que cette poudre d'ardoife detrempee avec de 1'eau , ne reprend pas en fc fechant fa durete, ni meme autant de confiftance que J'argile. Le meme melange de bitume & de mica qui donne a 1'ardoife fa folidite , fait en meme temps qu'elle ne peut s'imbiber d'eau, auffi lorfqu'on veut eprouver la qualite d'une ardoife, il ne faut qu'en faire tremper dans 1'eau le bord d'une feuille fufpendue verticalement ; fi 1'eau n'eft pas pompee par la fuccion capillaire, & qu'elle n'humecle pas 1'ardoife au-deffus de fbn niveau, on aura la preuve de fbn excellente qualite, car les mauvaifes ardoifes, & meme la plupart de celles qu'on emploie a la couverture des batimens, font encore fpongieufes & s'imbibent plus ou moins de 1'humidite , en forte que la feuille d'ardoife dont le bord eft plonge dans Teau , s'humeclera a plus 192 HISTOIRE NATURELLE ou moins de hauteur en raiibn de fa bonne ou man- vaife qualite (I) ; la bonne ardoife peut fe poiir, & on en fait des tables de routes dimenfions ; on en a vu de dix a douze pieds en longueur fur line largeur proportionnce. Quoiqu'il y ait des fchiftes plus ou moins durs , cepen- dant on doit dire qu'en general its font encore plus tendres que 1'ardoife, & que la plupart font d'une couleur moins foncee ; ils ne fe divifent pas en feuiliets aufli ininces que i'ardoife, & neanmoins ils contiennent fbuvent une plus grande quantite de mica, mais J'argile qui en fait le fonds eft vraifemblablement compofee de molecules groffieres, & qui , quoi qu'en partie defTechees , confcrvent encore leur qualite fpongieufe & peuvent s'imbiber d'eau , ou (1) M. Samuel CoIeprefT dit , que 1'ardoife d'Angleterre dure tres-long-temps , & qu'il en refte fur les maifons pendant, plufieurs fiecles ; « pour connoitre , dit-il , ia bonne ardoife , prenez , i .° la pierre j> coupee fort mince, frappez-Ia centre quefque inatiere dure, s'il en y> fort un fon clair, cette pierre n'efl point felce , mais folide & bonne ; 3> 2° lorfqu'on la coupe , il ne faut pas qu'elle fe brife fous le tran- 33 chant; 3.° fi apres avoir cjte dans I'eau pendant deux, quatre & » meme huit heures , elle pcfe plus etant bien efTuye'e qu'auparavant, 33 c'efl une preuve qu'elle s'imbibe d'eau & qu'elle ne peut durer 33 long-temps ; 4.° la bleue tirant fur le noir, prend volontiers 1'eau; 33 celle qui eft d'un bleu le'ger eft toujours la plus compacle & fa *3 plus folide, au toucher elle doit paroitre dure & rabotteufe & non 33 foyeufe; 5.°fi etant plongee la moitie dans 1'eau pendant une journe'e 35 entiere, elle n'attire pa? 1'eau au-deflus de fix lignes de fon niveau, ce fera une preuve que I'ardoife eft d'une contexture ferine .». Colleftion acadimique t Partie etrangcrc , tomr IV, pages i o & / / . bien DESMlNERAUX. 103 bien leur mica plus aigre & moins attenue , n'a pas acquis en s'adoucifTant cette tendance a la conformation talqueufe ou feuilietee qu'il paroit communiquer aux ardoifes ; auffi lorfqu'on reduit le fchifle en James minces, il fe deteriore a i'air & ne peut fervir aux memes ufages que 1'ardoife , mais on peut 1'employer en mafTes epaifles pour batir. J'ai dit que les collines calcaires avoient 1'argile pour bafe, & j'ai entendu non-feulemem les glaifes ou argiles molles communes, mais aulfi les fchifles ou argiies deiTechees ; la plupart des montagnes calcaires font pofees fur I'argile ou fur le fchifte (m) . « Les montagnes, dit M. Ferber , de la Styrie inferieure , de toute la (m) « J'ai reconnu .... qu'il y a toujours du fchifte fous les terreins calcaires des montagnes du Padouan , du Vicentin & du «c Ve'ronnois, qui font partie de la chaine qui fcpare I'AHemagne cc del'Italie, ainft que dans les montagnes del'Autriche , de la Styrie & « de fa Carniofe. M. Arduini m'a afTure qu'il en eft de meme dans cc une partie des Apennins , & c'efl aufli la remarque de M. Targioni cc Tozzetti dans fcs Voyages en Tofcane , & de M. le profelFeur •> de foixante pieds de hauteur. Ces banes font droits comme des 35 murailles ; ils reffemblent afl'ez a ceux qui font decrits par le capi- j> taine Cook, & qui font fitues aupres de la nouvelle Guinee; ils renterment des banes de bon marbre qu'on exploiter. Tableau ifes Voyages Miner alogiqucs de M. Afonnet , Journal de Phyfque , fivrier / 7 8 1 , page i 6 0 & fuiv, DESMlNERAUX. 199 vraiment accablante des mafTes de nos montagnes cal- caires ft}, emierement compofeesde cette maticre toute formee des depouilles de ces premiers habitans de la mer \ nous en voyons a chaque pas les prodigieux amas ; nous en avons deja recueilli mille preuves fc); chaque contree pent en offrir de nouvelles , & les articles fuivans les con- firmeront encore par un plus grand developpement (d). Nous commencerons par la craie, non qu'clle /bit la plus commune ou la plus noble des fubftances calcaires; mais parce que dc ces matieres, qui toutes egalement tirent leur origine des coquilles, la craie doit en etre regardee commc le premier detriment, dans lequel cette fubftance coquilleufe eft encore toute pure, fans melange d'autre matiere, & fans aucune de ces nouvelles formes de criftallifation fpathique, quc la filiation des eaux donne a la plupart des pierres calcaires : car en reduifant des (b) M. Monnet profita d'une ouverture qu'on avoit faite dans une des plus profondes vaJIees du has Eolonois , a deflein d'y dccou- vrir du charbon , pour obferver jufqu'oo vont les banes de pierre calcaire 6c les coquilles : cette ouverture de cinq cents pieds de profondeur perpendiculaire , & qui pafToit le niveau de la mer de plus de cent pieds, a monrre autant de coquilles dans fon fond que dans fa hauteur. Tableau des Voyages Miner alogi que s de Al. Afonner, Journal de Phyfique , fevrier 1781, page 161, (c) Voyt^ tous les articles de la theorie de la Terrs , des preuves & des fupplemens , fur les carrieres & les montagnes, comj-ofees de coquillages & autres depouilles des produclions marines. ( d) Voyc^ en particulier les articles de la pierre calcaire & du marbre. 200 HISTOIRE NATURELLE coquilljs en poudre, on aura une matiere route femblabie a ceile de la craie pulverifee. II a clone pu fe former de grands depots de ccs poudres de coquilles, qui font encore aujourd'hui fous cette forme pulvcruleme, ou qui ont acquis avec le temps de la confiftance & quelque folidite : mais les craies font en general , ce qu'il y a de plus leger & de moins folide dans ces matieres calcaires , & la craie la plus dure eft encore une pierre tendre ; fouvent au lieu de fe prc- fenter en maifes folides, la craie n'eft qu'une poufliere fans cohefion, fur-tout dans fes couches exterieures : c'eft a ces lits de poufTieres de craie qu'on a fouvent donne le nom de marne; mais je dois avertir, pour eviter toute confufion, que ce nom ne doit s'appliquer qu'a une terre melee de craie & d'argile, ou de craie & de terre limoneufe, & que la craie eft au comraire une matiere fimple, produite par le feul detriment des fubfhnces purement calcaires. Ces depots de poudre coquilleufe ont forme des couches epaifles & fouvent trcs- ttendues , comme on le voit dans la province de Champagne, dans les falaifcs de Normandie, dans 1'IfTe-de - France, a la Roche- Guyon, &c. & ces couches compofees de pouffieres legeres ayant ete depofces les dernieres, font exadement horizontales, &prennent rarement de 1'inclinaifon, meme dans leurs lits les plus has, ou elles acquierent plus de duretc que dans les lits fuperieurs ; cette meme difference de DES MlNERAUX. 2OI defolidite s'obferve dans toutes les carrieres anciennement formces par les fedimens des eaux de la mer. La mafTe entiere de ces banes calcaires , etoit egalement molle dans le commencement; mais les couches inferieures, formees avant les autres, fe font con/biidees les premieres; & en meme temps elies ont re^u par infiltration toutes Jes particules pierreufes que 1'eau a detachees & entrainces des iits fuperieurs : cette addition de fubftance a rempli les intervalles & les pores des pierres inferieures , & a augmente ieur denfitc & leur durete a mefure qu'elles fe formoient & prenoient de la confiftance par la reunion de leurspropres parties. Cependam la durete des matieres cal caires efl toujours inferieure a celle des matieres vitreufes qui n'ont point etc aherees ou decompofees par 1'eau : les fubftances coquilleufes, dont les pierres calcaires tirent Ieur origine, font par leur nature d'une confiflance plus molle & moins folide que les matieres vitreufes; mais quoiqu'il n'y ait point de pierres calcaires auffi dures que le quartz ou les jafpes, quelques-unes, commelesmarbres, le font ncanmoins afTez pour recevoir un beau poll. La craie , meme la plus durcie , n'efl fufceptible que du poli gras que prennent les matieres tendres, & fe reduit au moindre effort en une pouffiere fern- blable a la poudre des coquilles : mais quoiqu'une grande partie des craies ne foient en effet que le debris immediat de la fubftance des coquilles, on ne doit pas borner a cette feule caufe Ja produttion de toutes les ix j Tome L C c 202 HISTOIRE NATURELLE couches de craie qui fe trouvent a la fiirface cle la terre : elJes ont, comme Jes fables vitreux, une double origine; car la quantite delamatierecoquilleufereduiteen poufliere, s'eft tres-confiderablement augmenteepar Ies detrimens& Ies exfoliations qui ont ete detaches de la furface des mailes folides de pierres calcaires, par Timpreffion des elemens humides;retabIifTement local deces maffes calcaires paroit en plufieurs endroits avoir precede celui des couches de craie. Par exemple , le grand terrein cretace de la Cham pagne , commence au-deffous de Troyes & finit au-dela de Rhetel ; ce qui fait une etendue d'environ quarante lieues , fur dix on douze de largeur moyenne ; & la mon- tagne de Reims qui fait /aillie fur ce terrein , n'eft pas de craie , mais de pierre calcaire dure : il en eft de meme du mont Alme , qui efl ifole au milieu de ces plaines de craie, & qui efl egalement compofe de banes de pierres dures tres-differemes de la craie , & qui font femblables aux pierres des montagnes firuees de 1'autre cote de Venus & de Bergeres. Ces montagnes de pierre dure paroifTent done avoir furmonte de tout temps Ies coliines & Ies plaines ou giffent acluellement Ies craies , &: des-lors on peut prefumer que ces couches de craie ont ete formees , du moins en panic , par Ies exfoliations & Ies pouffieres de pierre cal caire que Ies elemens humides auront detachees de ces montagnes , & que Ies eaux auront entrainees dans Ies lieux plus bas ou git aduellement la craie. Mais cette feconde caufe de la production des craies eft fubordonne'e a la D E S M 1 N E R A V X. 203 premiere , & meme dans plufieurs enclroits de ce grand terrein cretace, la craie prefeme fa premiere origine , & paroit purement coquiileufe ; elle fe trouve compofce ou remplie de coquilles entieres parfaitement confervees, comme on le voita Courtagnon &ailleurs ; en forte qu'on ne pent dourer que i'etablifTement local de ces couches de craie melee de coquilles , ne fe foit fait dans le fein de la mer & parle mouvement de fes eaux. D'ailleurs, ou trouve fouvent les depots ou lits de craie furmontcs par d'autres matieres qui n'ont pu etre amenees que par alluvion, comme en Pologne, ou les craies font tres-abon- dantes , & particulierement dans le territoire de Sadki, ou M. Guettard dit, d'apres Rzaczynski , qu'on ne trouve la craie qu'au-defTous d'un lit de mine de fer qui eft precede de plufieurs autres couches de differentes matieres (e) . Ces depots de craie formes au fond de la mer par le fediment des eaux, n^toient pas originairement d'une matiere auffi fimple & auffi pure qu'elle 1'eft aujour- d'hui ; car on trouve entre les couches de cette matiere cretacee des petits lits de fubftance vitreufe; \tflex, que nous nommons pierre a fufil, n'eft nulle part en auffi grande quantite que dans les craies. Ainfi cette pouffierc cretacee etoit melangee departicules vitreufes & filicees , lorfqu'elle a etc tranfJDortee & depofee par les eaux ; & apres I'etabliffement de ces couches de craie melees de parties filicees , 1'eau les aura penetrees par infiltration , fe (e) Memoires de I'Academie des Sciences, annee 1762, page Gc ij HISTOIRE NATURELLE /era chargee de ces particuies fjlicees , & ies aura depofees entre Ies couches de craie, ou elles fe feront reunies par leur force d'affinite ; elles y ont pris la forme & le volume que Ies cavites ou Ies imervalles entre les couches leur ont permis de prendre. Cette fecretion de filex fe fait dans les craies de la meme maniere que celle de la matiere cal- caire fe fait dans les argiles : ces fubftances heterogenes , attenuces par 1'eau & entrainees par fa filtration , font cgale- ment pofees entre les grandes couches de craie & d'argile, & difpofees de meme en lits horizontaux ; feulement on obferve que les petites maffes de pierres calcaires , ainfi formees dans 1'argile , font ordinairement plates & affez minces, au lieu que les mafTes de filex formees dans la craie, font prefque toujours en petits blocs epais & arron- dis. Cette difference pent provenir dece que larefiilance de 1'argile eft plus grande que celle de la craie ; en forte que la force de la maffefilicee qui tend a fe former , fou- leve ou comprime aifement la craie dont elle fe trouve environnee, au lieu que la meme force ne peut faire un auffi grand effet dans 1'argile qui , etant plus compa6le & plus pefante , cede plus difficilement & fe comprime moins> 11 y a encore une difference tres-apparente dans Teta- bliffement de ces deux fecretions relativement a leur quantite ; dans les collines de craie coupees a pic , on voit par-tout ces lits de filex , dont la couleur brune con- trafte avec le blanc de la couche de craie; fouvent il fe trouve de diftance a autre plufieurs de ces lits toujours D E S M I N E R A U X. 205 pofcs horizontalement entrc ies grands iits decraie, dont I'cpailTeur efl de plufieurs pieds , en forte que toute la matte de craie, jufqu'a la derniere couche , paroit ctre traverfee liorizomalement par ces petits Iits de filex , au lieu que dans Ies argiles coupees de meme aplomb , les petits Iits de pierre calcaire ne fe trouvent qu'entre les couches fuperieures , & n'ont jamais autant d'epaiffeur & de continuite que les Iits de filex , ce qui paroit encore provenir de la plus grande facilite de Tinfiltration deseaux dans la craie qu'elles penetrent dans toute fon epaiffeur ; au lieu qu'elles ne penetrent que les premieres couches de 1'argile, & ne peuvent par confequent depofer des matieres calcaires a une grande profondeur. La craie eft blanche, legere & tendre, & felon fes degres de purete elleprend diiferens noms. Comme routes les autres fubftances calcaires , elle fe convertit en chaux par I'adlion du feu & fait effervefcence avec les acides; elle perd environ un tiers de fon poids par la calcination , fans que fon volume en foil fenfiblement diminue , & fans que fa nature en foit effentiellement alteree , car en la Jaitfant expofee a 1'air & a la pluie , cette chaux de craie reprend peu-a-peu les parties integrantes que le feu lui avoir enle- vees, & dans ce nouvel etat on peut la calcinerune/econde fois , & en faire de la chaux d'auffi bonne qualite que la premiere. On peur meme fefervir de la craie crue pour faire du mortier, en la melant avec la chaux, car elle eft de meme nature que legravier calcaire dont elle nediffere que par la petiteiTe de ies grains, La craie que Ton connoit 206 HISTOIRE NATVRELLE fous le nom de blanc d'Efpagne , eft Tune des plus fines , des plus pures & des plus blanches ; on i'emploie pour dernier enduit fur les autres mortiers. Cette craie fine ne fe trouve pas en grandes couches ni meme en banes , mais dans ies fentes des rochers calcaires & fur la pente des collines cretacees; elle y e(t conglomeree en pelottes plus ou moins groffes , & quand cette craie fine eft encore- plus attenuee , elle forme d'autres concretions d'une fubf- tance encore plus legere , auxquelles Ies Naturaliftes ont donnc le nom de lac lance (f) (nom tres - impropre, puifqu'il ne defigne qu'un rapport chimerique ) , medulla faxi (qui ne convient guere niieux, puifque le moifaxum traduit par ces memes Naturaliftes , ne defigne pas lapierre calcaire, mais le roc vitreux ) ; cette matiere feroit done mieux defignee par le nom defeur de craie , car ce n'eft en effet que la partie la plus tenue de la craie que 1'eau cletache & depofe enfuite dans Ies cavites qu'elle ren contre. Et lorfque ce depot , au lieu de /e faire en maffes , ne fe fait qu'en fuperficie , cette meme matiere prend la forme de lames & d'ecailles, auxquelles ces memes Nomen- clateurs (g) en Mineralogie ont donne le nom d' agaric mineral ( ce qui n'eft fondc que fur une faufle analogic ). Les hommes avant d'avoir conftruit des maifons, ont liabite les cavernes ; ilsfe font mis a 1'abri des rigueurs de i'hiver & de la trop grande ardeur de 1'ete, en fe refugiant (f) Wormius & plufieurs autres aprcs lui. (g) Fen-ante imperati & d'autres apres lui. D E S M 1 N £ R A V X. 207 clans les an tres des rochers, & lorfque cette cominodite kur a manque , ils ont cherche a fe la procurer aux moindres frais po/Tibles , en faifant des galeries & des excavations dans les matieres les moins dures , telles que la craie. Le nom de Troglodytes , habitans des cavernes, donne aux peupies les plus antiques , en eft la preuve ; auffi-bien que Je grand nombre de ces grottes , que Ton volt encore aux Indes , en Arabic , & dans tous les climats oil le foleil eft brulant & 1'ombrage rare. La plupart de ces grottes ont cte travaillees de main d'homme, & fbuvent agrandies au pointde former de vaftes habitations fouterraines , oil il ne manque que la facilite de rccevoir le jour, car du refte elles font faines, &, dans ces climats chauds, fraiches fans humi- dite. On voitmeme dans nos coteaux & collines de craie des excavations a rez-de-chauflee, pratiquees avec avantage & moins de depenfe qu'il n'en faudroit pour conftruire des murs & des voutes , & les blocs tires de ces excava tions , fervent de materiaux pour butir les etages fuperieurs. La craie des lits inferieurs eft en effet une efpece de pierrc afTez tendre dans fa carriere, mais qui fe durcit a 1'air, & qu'on pent employer non-feulement pour batir, mais auffi pour les ouvrages de fculpture. La craie n'eft pas fi generalement repandue que la pierre calcaire dure ; fes couches quoique tres-etendues en fuperftcie^ntrarement autant de profondeur que ceHes des autres pierres, & dans cinquante ou foixame pieds de hauteur perpendiculaire , on voit fouyent tous les degres ;>oS HISTOIRE NATURELLE du plus ou moins de folidite de la craie ; eiie eft ordinai- rement en pouffiere ou en moellon tres-tendre dans ie lit fuperieur ; elle prend plus de confiftance a mefure qu'elle efl fituee plus has ; & cojmme i'eau la penetre jufqu'a la plus grande profondeur, & fe charge des molecules ere- taoeesles plus fines, elle produit non-feulement les peiottes de blanc d'Efpagne , de nioelle de pierre (h) & de fleur de craie, inais auffi les ftalaclites folides ou en tuyaux, dont font formes les tufs. Toutes ces concretions, qui pro- viennent des detrimens de la craie, ne contiennent point dc coquilles; elles Jfbnt, comme routes Jes autres exuda tions ou filiations , compofees des particules les plus deliees que I'eau a enlevees & enfuite depofces fous diffe- rentes formes dans les fentes ou cavitcs des rochers , ou dans les lieux plus basou elles fe font rafTemblees. Ces depots fecondaires de maiieres cre'tacces fe font affez promptement pour remplir en quelques annees des trous de trois ou quatre pieds de diametre & d'autant de profondeur ; toutes les perfonnes qui ont plante des arbres dans les terreins de craie , ont pu s'apercevoir d'un fait qui doit fervir ici d'exemple ; ayant plante un bon nombre -d'arbres fruitiers dans un terrein fertile en grains , mais (h) On a autll nomme cette moelle de pierre ou de craie farina miner all s , parce qu'elle refienible a la farine par fa blancheur & fa le'gerete, & qu'on a meme pretendu , mais fort mal-a-propos, qu'elle peut devenir un aliment en la inelant avec de la farine de grain. Voyez les Ephe'me'ndes d' Allemagae , dec. ///, obfervation 219. dont D E S M I N E R A U X. 20-9 Jont le fond eft d'une craie blanche & molle, £ dont les couches ont une affez grande profondeur , les arbres y poufserent aflez vigoureufement la premiere & la feconde annee ; enfuite ils languirent & perirent. Ce mauvais fucces ne rebuta pas le proprietaire du terrain ; on fit des tranchces plus profondes dont on tira toute la craie, & on les rem- plit enfuite de bonne terre vegetaie , dans iaquelle on planta de nouveaux arbres , mais ils ne reuffirent pas mieux, & tous perirent en cinq ou fixannees. On vifita alors avec attention le terrein ou ces arbres avoient etc piantes , & 1'on reconnut avec quelque furprife que la bonne terre qui avoit etc mife dans les tranchees , etoit fi fort melee de craie, qu'elle avoit prefque clifparu, & que cette tres- grande quantite de niaticre crctacee, n'avoit ete amenee que par la ftillation des eaux (i) , Cependant cette meme craie qui paroit fi fterile & meme fi contraire a la vegetation , peut Taider & en augmenter le produit en la repandant fur les terres argi- leufes trop dures & trop compares ; c'efl ce que Ton appelle mamer les terres, & cette efpece de preparation ieur donhe de la fecondite pour plufieurs annces ; mais comine les terres de differentes qualites demandent a etrc marnces de differentes fa9ons , & que la plupart des marnes dont on fe fert different de la craie , nous croyons devoir en faireun article particulier. (I) Note communiquee par M. Nadauli. ^*4^®4 Miner aux , Tome L D d 210 HISTOIRE NATURELLE D E LA MARNE L A marnen'eft pas une terre fimple, mais compofee de craie melee d'argile (a) ou de limon ; & felon la quan- tite plus ou moins grande de ces terres argileufes ou limoneufes , la marne efl plus ou moins seche ou plus ou moins graffe ; il faut done , avant de 1'employer a 1'amen- dement d'un terrein , reconnoitre la quamite de craie contenue dans la marne qu'on y deftine, & cela eft aifc par 1'epreuve des acides, & meme en la faifant delayer dans 1'eau. Or, toute marne seche, & qui contiendra beaucoup plus de craie que d'argile oude limon, convien- dra pour marner les terres dures & companies que 1'eau ne penetre que difficilement, & qui fe durcifTent & fe crevafTent par la fecherefTe ; & meme la craie pure, melee (a) En failant I'analyfe de la niarne, on trouve que c'eft un compofe d'argile &. de craie; la premiere dominant queJquefois, & d'autres fois la feconde , ce qui leur fait donner le nom de marne forte & de marne U'gere , & qui ne fignifie autre chofe que le plus ou moins d'argile qui fe trouve melee avec la craie; & on dit qu'elle eft bonne ou mauvaife pour ame'liorer un champ , felon le befoin qu'ii a plus ou moins d'une de ces matieres : fa couleur & fa duret(5 varient; elle eft aifee a connoitre , car elle fe gerce aifement aufoleil, a i'air & a la pluie , qu'elle foit dure ou rnolle. . . . Celle oil il y a beaucoup d'argile ne peut etre bonne pour les terres fortes , comme celle de Bilcaye & de Guipuzcoa ; & celle ou il y a trop de matiere calcaire ne vaut rien pour les terres legeres. Hijhire Naturelle d'EJpagne j far At. D E S At I N E R A V X. 211 avec ces terres , les rend plus meubles & par confequent fufceptibles d'une culture plus aifc'e ; elies cleviennent auffi plus fecondes par la facilite que 1'eau & les jeunes racines des plantes , trouvent a les penetrer & a vaincre la refif- tance que leur trop grande compacite oppofoit a la germination & au developpement des graines dedicates; la craie pure & meme le fable fin , de quelque nature quit foit, peuvent done etre employes avec grand avantage pour marner les terres trop compacles ou trop humides ; mais il faut au contraire de la marne melee de beaucoup d'argile, ou mieux encore de terre limoneufe pour les terres fteriles par fechereffe & qui font elles-mcmes com- pofees de craie, de tuf & de fable ; la marne la plus graffe eft la meilleure pour ces terreins maigres , & pourvu qu'il y ait dans la marne qu'on veut employer , une afTez grande quantite de parties calcaires pour que J'argile y fbit divi- fee, cette marne prefque entierement argileufe , & meme h terre limoneufe toute pure,feront les meilleurs engrais qu'on puifle repandre fur les terreins fableux. Entre ces deux extremes , il fera aife de faifir les de^res interme- o diaires , & de donner a chaque terrein la quantite & Ja qualite de la marne qui pourra convenir pour engrais. (b) . (b) M. Faujas de Saint-Fonds parlede certains cantons du Dauphine qui font tres-fertiles , &. dont le fol contient environ un quart de matiere calcaire , melee naturellement avec un tiers d'argile noire , lenace , mais rendue friable par environ un quart d'un Table fee & grenu; & pour le furplus, d'un iecond fabJe fin, doux & brillant .... Dd ij 212 HISTOIRE NATURELLE On doit feulement obferver que dans tons les cas il iaut mclcr la marne avec une certaine quantite de fumier , & cela eft d'autant plus necefTaire , que le terrein eft plus humide & plus froid. Si Ton repand les marnes fans y meler de fumier, on perdra beaucoup fur le produit dc ia premiere & meme de la ieconde recolte , car le bon effet de 1'amendement marneux nefemanifefte pleinement qu'a la troifieme ou quatrieme annee. Les marnes qui contiennent une grande quantite de craie font ordinairement blanches ; celles qui font grifes , rougeatres ou brunes , doivent ces couleurs aux argiiesou a la terre limoneufe dont elles font melanges, & ees couleurs +j plus ou moins foncees , font encore un indice par lequel on peut juger de la qualite de chaque marne en particu- iier. Lorfqu'elk eft tout-a-fait convenable a la nature du terrein fur lequel on la repand, il eft alors bonifie pour noinbre d'annees (c) , 6c le cultivateur fait un double Voyez le Memoire fur la Marne, par Al. Faujas de Saint -Fonds^, & les AJjichcs du Dauphins , Otiobre i 7 , (c) Suivant Pline , la fecondhe communiquce aux terres par cenaines marnes, dure cinquante & jufqu'a quatre- vingts annces. Voyez Ion Hijtoire Nuturelle , liv, XVII, chap. 7 fr 8. II dit aulfi que c'eit aux Gaulois & aux Bretons qu'on doit 1'ufage de cet engrais pour la fertilifation des terres, idem, ibidem. — M. de Genianne, en parlam des marnes, fait de bonnes obfervations fur leur einploi , & il cite un- exemple qui prouve que eet engrais eft. non-feulemeiu mile pour augmenter la production des grains , mais. j pour faire croitre plus promptemem & plus vigoureufeinent les. D E S I N E R AU X. 2 I profit, le premier par Tepargne cles funiiers Jont il ufera beaucoup moins, & Jefecondparieproduit de fes recoltes qui fera plus abondant ; fi i'on n'a pas a fa portce des marnes de la qualite qu'exigeroient les terreins qu'onveut amcliorer, il eft prefque toujours pofTible d'y fuppleer , en rc'pandant de Targile fur les terres trop legeres , & de h chaux iiir les terres trop fortes on trop humides, car fa chaux cteinte eft abfolurnent de la mcme nature que Ja craie, puifqu'elles ne font tomes deux que de ia pierre calcaire reduite en poudre ; ce qu/on a dit ( d) fur les pretendus fels ou qualites particulieres de la marne pour la vegetation , fur fon eau generative , &c. n'eft fonde que fur des prejuges. La caufe principale & peut-etre unique de Tamelioration des terres , eft le melange d'une autre terre drfterente , & dont les qualites fe compenfent & font de deux terres fteriles une terre feconde (e). Ce arbres , & en particulier les muriers blancs. Hijloire Naturclle dx. Langucdoc , tome /. (d) GEuvres de Paliily, Paris i 777 ', 111-4.' page * 42 ')uf(lu''1 I $ 4- (e ) cc Entre les diverfes couches que I'on perce en fouiJJant la terre, il en ell plufieurs qui font le plus heureufement oc le plus cc prochainement difpofe'es a la fc'conditc; il fuffit en Its melangeant, « de Jes expofer aux influences de J'air &. a I'afpecl du ciel , pour les <* rendre vcgetaJes . . . . telles font non-ieulement les marnes, mais « les craies & les argiles , qui par des melanges appropries aux diffe- K rens lols , leur communiquent une force de vegetation li vigoureufc c: &. ii durable. . . . Dans ces depots pre'cieux , que la Nature ne « feuible avoir caches u quelque profondeur que pour les refeivei :: 214- HISTOIRE NATURELLE n'eft pas que ies fels en petite quamite ne puiflent aider ies progres de la vegetation & en augmenter le produit ; mais Ies effets du melange convenable des terres font indc- pendans de cette caufe particuliere : & ce feroit beaucoup accorder a Topinion vulgaire , que d'admettre dans la marne des principes plus actifs pour la vegetation que dans toute autre terre, puifcrue par elle-meme la inarne eft d'autant plus fterile , qu'elle eft plus pure & plus appro- chante de la nature de la craie. Comme Ies marnes ne font que des terres plus ou moins melangees & formees a(Tez nouvellement par les depots & les fedimens des eaux pluviales, il eft rare d'en trouver a quelque profondetir dans le fein de la terre ; elles gifTent ordinairement (bus la couche de la terre vegctale, & parti- culierement au has des collines & des rochers de pierres calcaires qui portent fur 1'argileou le fchifte. Dans certains endroits la marne fe trouve en forme de noyatix ou de peiottes , dans d'autres elle eft etenclue en petites couches « a nos befoins, font amafles Ies elcmens Ies plus precieux a 1'efpece » humaine. . . . N 'aliens done plus, loin de la douce vue du ciel , « arracher Tor du fein. de'chire de la terre .... Les vrais trcfors 3> font fous nos pas; ce font ces terres douces & fe'condes qu'il faut jj apporter au jour, dont il faut couvrir nos champs, & qui vont j> renouveler un fol epuife par nos depredations & languiflant fous 7> nos mains avides ». Extrait du Syjfime dc la fcrtillfation , par A^l'abbe Bcxon; Ouvrage que j'ai deja cite (fupplcment, tome I), comme offrant dans fa brievetc , Ies vues Ies plus etendues & Ies plus profondes, DESMlNERAVX. 21$ horizontals ou inclinees fuivant la pente du terrein; & lorfque les eaux pluviales chargees de cette matiere , s'infil- trent a travers les couches de la terre , elles la depofent en forme de concretions & de ftalaclites , qui font formees de couches concentriques & irregulierement groupees. Ces concretions provenant de la craie & de la marne, ne prennent jamais autant de durete que celles qui fe forment dans les rochers de pierres calcaires dures ; elles font auffi plus impures , elles s'accumulent irreguliere ment an pied des collides , pour y former dcs maffes d'une fubftance a demi-pierreufe , legere & poreufe, a 3aquelle on donne le nom de tuf, qui ibuvent fe trouve en couches aflez cpaifles & tres - etendues au has des collines argileufes couronnees de rochers calcaires. C'eft auffi a cette meme matiere cretacee & marneufe, qu'on doit attvibuer 1'origine de toutes ies incruflations produitcs par les eaux des Fontaines , & qui font fi com munes dans tous les pays ou il y a de hautes collines de craie & de pierres calcaires. L'eau des pluies, en filtrant a travers les couches de ces matieres calcaires , fe charge des particules les plus tenues qu'elie foutientt& porteavecelle quelquefois tres-loin , elle en depofe la plus grande panic fur le fond & contre les bords des routes qu'elle parcourt , & enveloppe ainfi toutes les matieres qui fe trouventdans fon cours : au(fi voit-on des fubftances de toute efpece & de toute figure, revetues & incruftees de cette matiere pierreufe qui non-feulement en recouvre lafurface, mais 2i6 HISTOIRE NATURELLE fe moule auffi dans routes les cavitcs de leur intcrieur; & c'eft a cet effet tres-fimple, auquel on doit rapporter la caufe qui produit ce que Ton appelle communement des petrifeai'wns , Jefquelles ne different des incruflations que par cette penetration dans tous les vides & interfaces de i'interieur des matieres vegetales ou animates, a me/lire qu'elles fe decompofent ou pourriffent. Dans les craies blanches & les marnes les plus pures , on ne laiife pas de trouver des differences affez mar quees , fur-tout pour les fels qu'clles contiennent ; fi on fait bouillir quelque temps dans de 1'eau difrillce une cer- taine quantiie de craie prife au pied d'une colline ou dans le fond d'un vallon , & qu'apres avoir filtre la liqueur , on la laiffe evaporer jufqu'a ficcite , on en retirera du nitre & un mucilage cpais d'un rouge brun ; en certains lieux meme le nitre eft fi abondant dans cette forte de craie ou de marne qui a ordinairement la forme de tuf , que Ton pourro.it en tirer du falpttre en tres-grande quantite , & qu'en effet on en tire bien plus abondamment des de- con tores ou des murs batis de ce tuf crctace que de toute av e matiere. Si Ton fait la meme epreuve fur la craie pdotonnce qui fe trouve dans les femes des rochers cal- caires, & fur-tout fur ces maffes de matiere molle & legere de fleur de craie dont nous avons parlc , au lieu de nitre on n'en retirera fouvent que du fel marin , fans aucun melange d'autre fel , & en beaucoup plus grande quantite qu'on ne retire de nitre des tufs & des craies prifes dans les D E S M IN E R A U X. 217 les vallons £ fous la couche de tcrre vegetale ; cette diffe rence aflez finguliere ne vient que de la differente qualite des eaux; car independamment des matieres terreufes & bitumineufes qui fe trouvent dans routes les eaux , la plu- part contiennent des feis en affez grande quantite & de nature differente , felon la differente qualite du terrein ou elles ont paffe ; par exemple, tomes les eaux dont les fources font dans la couche de terre vegetale ou limo- neufe , contiennent une affez grande quantite de nitre; il en eft de meme de 1'eau des rivieres & de la plupart des fontaines , au lieu que les eaux pluviales les plus pures & recueillies en plein air avec precaution pour cviter tout melange , donnent apres if Evaporation une poudre terreufe tres-fine , d'une faveur fenfiblement falce & du meme gout que le fel marin ; il en eft de meme de la neige, elle contient auffi du fel marin comme 1'eau de pluie , fans melange d'autres fels , tandis que les eaux qui coulent fur les terres calcaires ou vegetales, ne contiennent point de fel marin , mais du nitre. Les couches de marne ftratiftces dans les vallons au pied des montagnes fous la terre vegetale , fourniffent du falpetre , parce que la pierre calcaire & la terre vegetale dont elles tirent leur origine en contiennent. Au contraire les pelotes qui fe trouvent dans les fentes ou dans les joints des pierres & entre les lits des banes calcaires , ne donnent , au lieu de nitre, que du fel marin , parce qu'elles doivent leur for mation a 1'eau pluviale tombce immediatemeiu dans ces Miniraux , Tome L E e 218 HISTOIRE NATURELLE fentes , & que cette eau ne contient que du fel marin , fans aucun melange de nitre; au lieu que les craies, les marnes & les tufs amafTes au bas des coilines & dans les vallons , ctant perpetuellement baignes par des eaux qui lavent a chaque inftant la grande quantite de plantcs dont la fuperficie de la terre eft convene , & qui arrivent par confequent routes chargees differente de celle d'ancienne formation, femblent annoncer plufieurs 3* de'compolitions , & conle'quemment plufieurs formations. y» Les carrieres de feconde formation , non-feulement ne font pas » aufix e'tendues que les anciennes carrieres , mais elles font toujours x. placc'es au-deflous des montagnes dominantes ; elles font plus proches « de la furface de la terre : leurs banes re'tmis ont moins d'c'paifleur » que les carrieres de premiere formation. Ces carrieres plus nouvelles » contiennent rarement plus d'un ou deux banes; on en voit, comme » celles d'Anieres , a deux lieues de Dijon , fur la route d'liTurtille, » ou il n'y a qu'un feul bane de cinq a fix toifes d'e'paifleur , fans a> aucuns lits , & prefque fans joints perpendiculaires. jj La petite montagne ou fe trouve cette carriere, eft plus bafle jj que la chaine qui traverfe la Bourgogne du nord au (ud; elle eft >j ifole'e & fe'pare'e de cette chaine par le vallon de Vanton. » La carriere d'lfliartille reffemble beaucoup a celle d'Anieres, i> excepte qu'elle a le grain moins fin , elle eft de meme dans un » monticule , ifolee & ftparee de la grande chaine par un vallon affez 3i profond : il fe trouve dans cette pierre quelques cavites remplies .» d'un fpath fort dur & tranlparent. La pierre d'Anieres qui eft « eloignee de trois lieues de celle-ci, n'oflre pas les menies accidens; » elle eft d'une pate plus douce , plus blanche & d'un grain plus »fin: il n'y a aucun lit marque dans la carriere d'lflunille, ou » I'on coupe la pierre a volonte , de route longueur & epaifleur. >» La carriere de Tonnere , eft fitue'e comme ies deux pre'cedentes ; DES MlNERAVX. 22] Les lits de ces pierres de feconde formation , ne font pas aufli etendus ni auffi epais que ceux des anciennes & premieres couches dont iis tirenc ieur origine , & ordi- nairement les pierres elies-mcmes font moins dures, quoique d'un grain plus fin ; fouvcnt auffi elles font moins, pures, & fe trouvent melangees de differentes fubfhnces que 1'eau a rencontrees & chariees avec ia matiere de fa pierre (b). Ces lits de pierres nouvelles ne font dans la ceue pierre a le grain encore plus fin , mais plus compact que cc celle des deux premieres. « La. carriere des Montots , fitue'e a Puligny pres CJugny, eft « encore de meme naiure que les prece'dentes ; elle eft fnuee au « pied de la chaine de montagne qui traverfe la Bourgogne , mais « elle n'eft pas ifolc'e: la pierre eft roulTe, parfaitement pleine, plus e< dure , mais d'un grain auffi fin que celle des carrieres pre'cedentes ; 5 matieres etrangeres y font renfermees, en jetant les yeux fur Ies » morceaux de pierre que je vais avoir 1'honneur de vous envoyer » au jardin du Roi , & que vous m'aviez demandes. . . . J'ai trouve » auffi des pyrites enchaiTees dans des pierrcs d'une carricre voifme » de celle de Condat, ayant ia meme compofition interieure & ne 53 contenant point de coquilles ; ces deux carrieres occupem Ies deux >s cotes d'un tres-petit vallon qui Ies fe'pare , & font a peu-pres a la y> meme hauteur. ... & toutes deux font fitue'es au bas de plufieurs » montagnes , dont Ies fommets font compofes de pierres calcinables » d'ancienne formation, & d'un grain bien moins fin que celui des » pierres de Condat , qui feules ont cette blancheur dclatante , & » cette facilit^ a recevoir un beau poli qui Ies fait employer a la place du marbre ». moins DES MINER AUX. 225 moins pure & moins liee que I'on nomme Boiifin (c) ; tandis que dans ies pierres de premiere formation, les deiits horizontaux font etroits & remplis de fpath. On peut encore remarquer que dans les pierres de premiere forma tion, il y a plus de folidite, plus d'adhcrence entre les grains dans le fens horizontal que dans le fens vertical, en forte qu'il eft plus aife de les fendre ou cafTer vertica- lement qu'horizontalement, au lieu que dans les pierres de feconde & troifieme formation , il eft a peu-pres cga- letnent aife de les travailler dans tons les fens. Enfin dans les pierres d'ancienne formation , les banes ont d'autant plus d'cpaifTeur & de fblidite qu'ils font fitues plus has , au lieu que les lits de formation moderne , ne fuivent (c) M. de la Hire fils, a reconnu dans une carriere peu frequeme'e proche la fauffe-porte Saint- Jacques , dont toute la hauteur avoit peut-etre vingt pieds , que toute cette hauteur n'etoit pas de pierre, mais e'toit interrompue par des lits moins hauts que ceux de la pierre & a peu-pres egalement horizontaux, 6c de la mtme couleur , mais d'une matiere beaucoup plus tendre , gralle , & qui ne fe durcit point a I'air comme fait la pierre tendre; on i'appelle boufin. II s'en trouve dans toutes Ies carrieres des environs de Paris : il faut , felon M. de la Hire, que des ravines d'eau ayant charie en certains temps, pendant un hiver par exemple , differentes maticres qui fe font arrerces dans un fond; la, ctant en repos, Ies plus pefames fe font precipitees & auront form^ un lit de pierre , & ies plus Icgeres feront demeurces au - delTus & auront fait le boufin : une feconde ravine furvenue pendant un autre hiver lur ces deux lits formes & dedcches, en aura fait deux autres pareils, & ainfi de fuite jufqu'a ce que ie fond ou tout s'aflembloit ait etc comble. Hijloire de I'Acadtmk des Sciences. j Tome I. F* 226 HISTOIRE NATURELLE aucun ordre ni pour leur durete ni pour leur epaifleur. Ces differences tres-apparentes , fuffifent pour qu'on puifTe reconnoitre & diftinguer au premier coup-d'ceil une carriere d'ancienne ou de nouvelie pierre. Mais outre ces couches de premiere, de feconde & de troifieme formation , dans lefquelles la pierre calcaire eft en maffes uniformes ou par banes compo/cs de grains plus ou moins fins , on trouve en quelques endroits des amas entaffcs & tres-etendus de pierres arrondies & iiees en- femble par un ciment pierreux, ou feparees par des cavites remplies d'une terre prefque aufli dure que ies pierres avec lefquelles elle fait maffe continue, & fi folide qu'on ne peut en detacher des blocs qu'au moyen de la poudre (d). (d) « J'ai fuivi , dit M. 1'abbe de Sauvages, une chaine depuis y> Montmoirac jufqu'a Rou(Ton , ce qui fait une etendue d'environ » deux lieues; elle fe diftingue des autres par la forme de Ies pierres y> & par leur arrangement ; Ies rochers de ces montagnes &. de ces » coteaux ne font point par lits , ils font enticremem formes de tas » immenfes de pierres a chaux de differentes grofleurs , toutes y> arrondies , d'un grain extremement fin , ferre , & fi bien lie qu'en 3> choquant ces pierres , elles tintent pour 1'ordinaire : celles qui fe » trouvent vers la furface du rocher, font peu Iiees entr'elles; mais •>•> pour peu qu'on creufe , on trouve que tous ies vides qui Ies » leparent font exadement remplis d'une terre dont le grain eft plus » groffier que celui des pierres : cette terre a ete fi bien durcie » qu'elle ne fait avec les pierres arrondies qu'une meme mafle , dont » on ne detache des blocs qu'au moyen de la mine. v» On voit a la cafTure de ces rochers, que la terre qui lie les » differens morceaux eft par-tout rouflatrei mais Jes morceaux eux- DBS MlNERAUX. 227 Ces couches de pierres arrondies font peut-ctre d'une date aufli nouvelJe que celie des carrieres parafitcs de derniere formation. La finefTe du grain de ces pierres arrondies, leur refinance a 1'aclion du feu, plus grande mernes font de differentes couleurs, ce qui donneroit , il cette cc pierre etoit taillee & polie , une ailez belle efpcce de b re die. les uns avec les autres ; 2..° que tout le rocher eft e'tran^er , pour 33 ainfi dire dans la place qu'il occupe; 3.° que les pierres d'amenla 33 paroiflent s'etre arrondies en rouiant confulement les unes lur 35 les autres , de la meme fa^on que les galets de la mer ou des 33 rivieres: qu'on examine les raifons quej'eu rapporte, pour juger Ci 3? je fais des fuppofnions trop violentes. x i.° La terre qui lie les pierres d'amenla de diflferentes couleurs, •>•> eft elle-meme d'une couleur toujours uniforme & d'un grain plus » groiller ; cette terre n'eft jamais fi bien petrifiee qu'a la fin elle 31 ne fe gerce & ne fe calcine a 1'air lorfqu'elle y a refte long-temps 33 expofee ; aulTi la furface des rochers d'amenla ou Ton n'a pas 33 touche, eft toute fouleve'e en morceaux detaches, tandis que les 3* pierres arrondies, ou I'amenla propremem dit, refte entier & n'en 33 devient que plus dur. . . . 33 C'eft a cette caufe qu'il faut attribuer la facilite que les couches 33 d'un rocher ont de fe feparer les unes des autres, & c'eft ce qui 33 me fait conclure que notre rocher eft le produit de deux petrifi- 33 cations faites en des temps difFerens, d'abord celle des pierres T» arrondies ou des amenlas, & enfuite celle de la terre qui les lie. 33 2.° Dans la cafTure d'un bloc, compofe de plufieurs amenlas lies 53 par une terre durcie , j'ai vu fouvem des veines blanches de fug D E S M 1 N E R AU X. 22y debris cle pierres plus ou moins anciennes , lefquels ont etc arrondis parle frottement , & enfuite lies enfemble par une terre melee d'une afTcz grande quantite de fubftance fpadiique , pour fe durcir & faire corps avec ces pierres. pierreux qui traverfent un morceau arrondi d'amenla ; inais ces cc veines ne s't'tendent point au-dela dans la terre petrific'e, qui n'eft cc veine'e dans aucua endroit: la veine du caillou n'a point de fuite, 3.° Les coquillages fofliles de cette chaine, font par-tout confon- 5> dus avec la pierre d'amenla jufqu'a la pierre morte qui leur fert de j> bale; mais ils ne vont point au-dela, ce qui eft une aflez forte pre- » fomption pour croire que les coquiliages & les amenlas ont etc »portes, ou plutot roule's d'aiileurs fur ce terrein, & qu'ils y font, y> pour ainfi dire , depayfc's. :» 4.° Nos amenlas font arrondis comnie les galets de rivieres; its » ne font que de la grolTeur des pierres qu'elles entrainent; ils font s> enftn de grains & de couleur diffe'rentes: peut-on meconnoitre a »» ces caracleres, un ramaffis de pierres qui ont appartenu originaire- 35 ment a differens rochers de montagnes eloigne'es les uftes des autres I M Ces pierres ont etc entrainces dans un meine endroit , loin de leur 3» premiere place, comme celles qu'on trouve dans Jes lits des torrens, :» des rivieres , ou fur Je rivage de la mer. » Ce que je viens de dire, indique de'ja que I'e'tat primitif de nos i> amenlas e'toit d'etre anguleux , & que leur forme arrondie eft i'efTet 53 du frottement qu'ils ont eprouve en roulant. » On peut cependant objeder contre ce fait que je pretends e'tablir, » que h rondeur de ces pierres peut tenir a d'autres caufes; que Jes 53 gcodes , par exemple , & prefque tous les cailloux de pierre a fufil, 3> font naturellement arrondis , fans qu'on puifle raifonnablement « auribuer cette forme a aucun frottement ; parce que ces dernieres 3> pierres en particulier, ont une croute blanchatre & opaque, qui s> femble avoir toujours termine leur furface , fans avoir fouffert » aucune alteration. » Mais je demanderai fur cela , fi cette croute fe trouvoit enclave'e sj dans quelques - uns de ces cailloux , fi elle paroifToit vifibienient DESMlNERAUX. 231 dans le lit de plufieurs rivieres un tres-grand nombre de ces pierres calcaires arrondies en petit ou gros volume , & a des diflances confiderables des montagnes dont elles font defcendues (e). Et c'eft a cette mcme interpofition de matiere terreufe entre ces blocs en debris, qu'on doit attribuer i'origine des pierres trouees qu'on rencontre fi communement dans ies petites gorges & valions ou ies eaux ont autrefois coule en ruiffeaux, qui depuis ont tari ou ne coulent plus quc pen dant une partie de 1'annee ; ces eaux ont peu-a-peu dclaye ia terre contenue dans tons ies imervalies de ia matte de ces pierres qui fe prefentent acluellement avec tous leurs vides, fouvent trop grands pour qu'elles puifTent etre plus ufee dans certains cotes plus expofe's que dans d'autres qui le font moins , la preuve ou la prefomption du frottement ou du roulement ne feroit - elle : pas bien forte! Heureufement nous 1'avons toute enticre pour nos amenlas, & nous Ia trouvons d'une c« maniere incontestable dans Ies coquilles fofllles de cette chaine, foit en interrompant leur continuite, foit en decompofant leur fubflance. On voit deja que quoiqu'en general toutes les pierres calcaires aient une premiere origine commune, & que toutes foient efTentiellement de la meme nature , il y a de granjes DESMlNERAVX. 233 grandes differences entr'elles pour les temps de leur formation , & une diverdte encore plus grande dans leurs qualite's particulieres. Nous avons parle des difierens degres tie Jeur durete qui s'etendent de la craie jufqu'au marbre : la craie , dans fes couches fuperieures , efl fouvent plus tendre que 1'argile seche, & le marbre le plus dur ne 1'efl jamais autant a beaucoup pres que le quartz ou le jafpe : cntre ces deux extremes, on trouve toutes les nuances du plus ou moins de durete dans les pierres calcaires , foit de premiere , foit de feconde ou de troifieme formation ; car dans ces dernieres carrieres on rencontre quelquefois des Jits de pierre auffi dure que dans les couches anciennes , comme la pierre de llais, qui fe tire dans les environs de Paris , & dont la durete vient de cequ'elle efl furmontee de plufieurs Lanes d'autres pierres, dont elle a recu les fucs petrifians. Le plus ou moins de durete des pierres depend de plufieurs circonflances, dont la premiere efl celle de leur fituation au-deffous d'une plus ou moins grande epaiffeur d'autres pierres ; & la feconde, la fineffe des grains & la purete des matiercs dont elles font formtes : leur force d'aflinitcVctantexercee avecd'autant plus depuifTance que la matiere ctoit plus pure, & que les grains fe font trouves plus fins ; c'eft a cette caufe qu'il faut attribuer la premiere folidite de ces pierres, & cette folidite fe fera enfuite fort augrhentee par les fucs pierreux continuellement infiltres des banes fuperieurs dans les infcrieurs : ainfi c'efl a ces caufes, tomes deux evidentes, qu'on doit rapporter les Miniraux, Tome L Gg 234 HISTOIRE NATURELLE differences de la durete de toutes ies pierres calcaircs pures ; car nous ne parlons pas encore ici de certains melanges heterogenes qui peuvent augmenter leur durete ; le fer, Ies autres mineraux metal liques & 1'argile meme, procluifent cet effet Jorfqu'ils fe trouvent meles avec la matiere calcaire en proportion convenable (/)• Une autre difference qui, fans etre efTentielle a la nature de la pierre, devient tres-importante pour 1'emploi qu'on en fait , c'eft de refifter ou non a Tadion de la gelee ; il y a des pierres qui quoiqu'en apparence d'une confjftance moins folide que d'autres , refiftent neanmoins aux impreA fions du plus grand froid , & d'autres qui , malgre leur durete & leur folidite apparente, fe fendent & tombent en ecailles plus ou moins promptement , lorfqu'elles font expofees aux injures de 1'air. Ges pierres gelijfts doivent (f) II eft a propos de remarquer qu'il y a certains foffiles qui procurent aux pierres une plus grande durete que celle qui leur eft propre , lorfqu'Hs fe trouvent rnelc's dans une certaine proportion avec Ies matieres lapidifiques , telles font les terres min^rales ferru- gineufes, limoneufes, argileufes, &c. qui, quoique d'un autre genre, s'uni/Ient entr'elles ; c'eft ainfi que le inortier fait avec de gros fable vitrifiable & de la chaux, a plus de force, plus de cohellon que celles dans lequel il n'eft entre que de la chaux & du gravier calcaire, & j ai eprouve plufieurs fois que de la chaux vive , fondue dans des vaifTeaux de verre , s'attachoit fi fortement a leurs parois qu'il etoit iinpoirible de Ies nettoyer & de I'en feparer qu'avec 1'eau forte : c'eft pour cela que Ies pierres roufTes , jaunes , grifes , noires , rouges , bleuatres, &c. & tous Ies marbres, font ordinairement toujours phis durs que Ies pierres blanches. Note communique par Al. Nadault. D E S M 1 N £ R A V X\ 235 etre foigneufement rejetees de routes les conftructions expofees a I'air & a la gelee; neanmoins elles peuvent etre employees dans celles qui en font a I'abri. Ces picrres commencent par fe fendre, s'eclateren ccailles, & finiflent par fe reduire avec le temps en graviers & en fables (g). On reconnoitra done les pierres gelifles aux caradleres ou plutot aux dcfauts que je vais indiquer ; elles font ordi- nairement moins pcfantes (h) & plus poreufes que les (g) M. Dumorey, habile Inge'nieur & conftrucleur tres-expeti- mente, in 'a donne quelques remarques fur ce fujet : « J'ai , m'a-t-il dit, conflamment oblerve que les pierres gelifles fe fendent paral- « lelement a leur lit de carriere , & tres - rarement dans le lens « Vertical : celle dont le grain ell lifle & luifant , eft plus fujette a cc geler que la pierre dont le grain paroit rond, ou plutot grenu. & a lie les grains de la pierre qui les compofe. Car c'eft a la diffolution des coquilles & des pouffieres de craie &. de pierre qu'on doit attribuer 1'origine de ce fuc petrifiant , & il n'efl pas necefTaire d'admettre dans ce liquide des qualites femblables a celles des fels , comme Tont imagine quelques Phyficiens (k) pour cxpliquer la durete que ce fuc donne aux corps qu'i! (k) II. y a, dit M. I'abbe de Sauvages, uue grande analogic entre les fucs pierreux & les fucs falins , ou les fels proprement dits . .. . Nos fucs pierreux ne failbient-Us pas eux-raernes la bale de dirTe'rens 240 HISTOIRE NATUKELLE ptnetre; on peche toujours en Pfiyfique lorfqu'on mul- tiplie les caufes fans ncceffite, car il fuflit ici de confiderer que ce liquide ou fuc pctrifiant , n'eft que dc i'eau chargce des molecules les plus fines de la matiere pierreufe , & que ces molecules routes homogenes & reduites a la plus grande tenuite , venant a fe reunir par leur force d'afrinitc , torment elles-memes une matiere homogene, tranfparente & afTez dure , connue fous le nom dej/wr oufpaih calcairt , & que par la meme raifbn de leur extreme tenuite , ces molecules peuvcnt pcnctrer tons les pores des matieres calcaires qui fe trouvent au-deffous des premiers iits done elles decouient ; qu'enfin & par confequent elJes doivent augmenter la denfitc & la durete de ces pierres , en raifon de la quantite de ce fuc qu'elles auront re^u dans leurs pores. Suppoiant done que le bane fuperieur imbibe par les eaux , fournifle tine certaine quantite de ces mole cules pierreufes , elles defcendront par filiation & fc fixeront en partie dans routes les cavitcs & ies ])orcs des banes inferieurs, on I'eau pourra les cdnduire ^ les dcpofer, & cette meme eau en traver/am fuccefTiyement ics banes & dctachant par-tout un grand nombredeces molecules, dim i nu e la denfite des banes fuperieurs &. augmente cello des banes inferieurs. neutres! .... De meme que ies leh rendent i>K.s fennes «X plus inaltcrables les parties des animaux ou des vcgetaux qu'ils pcnctrent; ainfi les fucs pierreux, en s'infinuant dans les craies & les lerres, Ies lent plus lolides, &c. Mhuo'ircs Jf i Academic des S(iences, 17+6 , page ~jj. Lc D E S M I N E R A U X. 24. 1 Le depot de ce iiquide petrifianr fe fait par une crif- tallifation plus ou moins parfaite, & fe manifefle par des points plus ou moins brillans, qui font d'autant plus nombreux que la pierre eft plus pctrifiee, c'eft-a-dire plus intimement & plus pleinement penctrec de cette matiere fpathique; & c'eft par la raifon contraire,. qu'on ne voit guere de ces points brillans dans ies premiers lits des carrieres qui font a decouvert, & qu'il n'y en a qu'un petit nombre dans ces premiers lits lorfqu'ils font recouverts de fables ou de terres, tandis que dans Ies lits inferieurs la quantitu de cette fubflance fpathique & brillante, furpafTe quelquefois la premiere matiere pier- reufe. Dans cet etat, la pierre eft vive & refifle aux injures des elemens & du temps, la gelee ne pent en alterer la folidite ; au lieu que la pierre efl morte des qu'elle efl privee de ce fiic , qui feul entretient fa force de refinance a Tachion des caufes exterieures : aufTi tombe-t-elle avec 3e temps en fables & en pouflieres qui ont befoin de nou- veaux fucs pour fe petrifier. On a pretendu que la criflallifation en rhombes ctoit le cara6lere fpecifique du fpath calcaire, fans faire atten tion que certaines matieres vitreufes ou metalliques &. fans melange de fubflance calcaire, font criflallifees de meme en rhombes, & que d'ailleurs quoique le fpatb calcaire femble afFecler de preference la figure rhomboidaie , il prend auffi des formes tres-differentes; & no* Crijlallographes, en voulant emprunter des Geometres la maniere dont Miniraux, Tome I. H h 2^.2 .HISTOIRE NATURELLE un rhombe peut devenir un cclaedre, une pyramid* & meme une lemille (parce qu'il fe trouve du fpath lenti- culaire ) , n'ont fait que fubflituer dcs combinaifons ideales aux fairs reels de la Nature. II en eft de cette criftalli- fation en rhombe comme de routes les autres; aucune ne fera jamais un caracle>:c /pecifique, parce que tomes varient, pour ainfi dire, a i'infini, & que non-feulement il n'y a guere de formes de criilallifation qui ne foient communes a plufieurs fubflances de nature differente, mais que reciproquement il y a peu de fubftances de meme nature qui n'offrent differentes formes de crifhllifation ; temoin laprodigieufe variete de formes des /paths calcaires eux-memes. En forte qu'il feroit plus que prccaire d'etablir des difierences ou desreffemblances reelles & efTentielies , par ce caradere variable & prefque accidentei. Ayant examine les banes de plufieurs collines de pierre calcaire, j'ai reconnu prefque par- tout que le dernier bane qui fert de bafe aux autres & qui pone fur la glaife, contient une infinite de particules fpa- thiques briilantes , & beaucoup de criftallifations de fpath en affez grands morceaux; en forte que le volume de ees depots du flic lapidifique, eft plus confiderable que le volume de la premiere matiere pierreufe depofee par les eaux de la mer ; li i'on fcpare les parties ipathiques, on voit que 1'ancienne matiere picrreu/e n'eft que du gravier calcaire, c*eft-a-dire des detrimens de pierre encore plus ancienne que celie de ce bane infcrkur, D E S M I N E R AU X. 24,3 qui ncanmoins a etc forme le premier dans ce lieu par les fedimens des eaux : il y a done eu d'autres rochers calcaires qui ont exifte dans le fein de la mer avant la formation des rochers de nos collines , puifqite ies banes fitucs au-deflbus de tons les autres banes , ne ibnt pas fimplemefct compofes de coquilles , mais piutut de gra- vier & d'autres debris de pierres deja formees. II eft meme a(Tez rare de trouver dans ce dernier bane quelques veftiges de coquilles ; & il paroit que c€ premier depot des fedimens ou clu tranfport des eaux , n'eft qu'un bane Je /able & de gravicr calcaire fans melange de coquilles, fur lequel les coquillages vivans fe font enfuite etablis, & ont laiffc leurs depouilles, qui bientot auront ete melees & recouvertes par d'autres debris pierreux amenes & depofes comme ceux du premier bane ; car les coquilles , comme je viens de le dire, ne fe trouvent pas dans tons ies banes , mais feulement dans quelques-uns ; & ces banes coquilleux font, pour ainfi dire, interpofes entre les autres banes, dont la pierre eft uniquement compofee de gra- viers & de detrimens pierreux. Par ces confiderations tirecs de rinfpeclion meme des objets, ne doit -on pas prefumer, comme j.e i'ai ci- devant infinue, qu'il a fallu plus de temps a la Nature que je n'en ai compte pour la formation de nos coliines calcaires, puifqu'elles ne font que les decombres im- menfes de fes premieres conftruclions dans ce genre ; feulemem on pourroit /e perfuader que les materiaux de Hh ij HISTOIRE NATVRELLE ces anciens rochers qui ont precede les notres, n'avoient pas acquis dans i'eau de la mer la meme durete que celle de nos pierres, & que par leur peu de condflance, ils auront ete reduits en fable £ tranfportes aife'mem par le mouvement dcs eaux. Mais cela ne diminue que de tres- peu Penormite du temps , puifqu'il a faliu que ces co- quillages fe /bient habitues & qu'ils aient vecu & fe foient multiplies fans nombre, avant d'avoir peri fur les lits ou leurs depouillesgiifem aujourd'hui en banes d'une figrande ttendue , & en maffes auffi prodigieufes. Ceci meme peut encore fe prouver par les faits (1) ; car on trouve des banes entiers quelquefois epais de plufieurs pieds , (I) On trouve au foinmet de la piupart des plus hautes montagnes des Cevennes , des grands banes de roches calcaires tous parfemts de coquillages .... Ces banes de roches calcaires font fouvent appuyes fur d'autres banes confiderables de fchiftes ou roches ardoifees, qui ne font autre chofe que des vafes argileufes ou des limons plus ou moins petrifies .... Ces banes de Ichifte faifoient autrefois un fond de mer .... Mais un fait qui furprendra plus d'un Naturaliile, c'eft qu'il eft des endroits ou , au-deflbus de ces banes de fchifte , il s'en trouve un iecond de roche caleaire d'une couleur differente du premier , & dont les incrustations teftace'es ne paroifient pas les m tines. Comment concevoir que la mer ait pu produire dans les merries parages, une efpece de eoquillages dans un temps & une autre efpece dans un autre.' Et comment pourroit-on comprendre que la mer a pu dcpoler les vafes fur un fond de rochers calcaires , fans prefumer en meme temps que Ja mer a couvert ces endroits a deux reprifes diife'rentes & fort eloignees 1'une de i'autre ! Hiftoire Natunlle dn Langutdoc , par M, de C enfant, tome J, pages 26 Q & 26 i.t D E S M I N E R A U X. compofes en totalite d'une feule efpece de coquillages, clont les depouilles font routes couchees fur la meme face & au meme niveau ; cette rcgularite dans leur po- fition, & la prcfence d'une feule efpece, a 1'exclufion de tomes les autres , femblent demontrer que ces co- quilles n'ont pas etc amenees de loin par les eaux ; mais que les banes ou elles fe trouvent fe font formes fur le lieu meme, puifqu'en fiippofant les coquillcs tran/portces elles fe trouveroient melees d'autres coquilles , & placees irregulierement en tous fens avec les debris pierreux amenes en meme temps , comme on le voit dans plu- fieurs autres couches de pierre. La plupart de nos collines ne fe font done pas formees par des depots fucceffifs amenes par un mouvement uniforme & conflant ; il faut nccefTairement admettre des repos dans ce grand travail, des intervalles confidcrables de temps entre les dates de la formation de chaque bane, pendant lefquels inter valles certaines e/peces de coquillages auront habite, vecu , multiplie fur ce bane , & forme le lit coquilleux qui le funnonte : il faut accorder encore du temps , pour que d'autres fedimens de graviers & de matieres pier- reufes aient etc tran/portees &. amenees par les eaux, pour recouvrir ce depot de coquilles, En ne confiderant la Nature qu'en general, nous avons dit que foixante-{eize mille ans d'anciennete fuffifoient pour placer la fuite de fes plus grands travaux fur le globe terredre ; & nous avons donne la raifon pour laquelle 246 HISTOIRE NATURELLE nous nous fommes reflreints a cette iimite de duree, en avertiffant qu'on pourroit la doubler, & nieme la qua- drupler fi 1'on vouJoit fe trouver parfaitement a Tai/e, pour 1'explication de tous les phenomenes. En effet, Jorf- qu'on examine en detail la competition de ces memes ouvrages , chaque point de cette analyfe augmente la -duree & recule ies limites de ce temps trop immenfe pour 1'imagination , & neanmoins trop court pour notre jugement. Au rede, la petritication a pu fe faire au fond de la mer, tout auffi facilement qu'elle s'opere a la furface de la terre ; les marbres qu'on a tires fbus Teau vers les cotes de Provence, les albatres deMalte, les pierres des Mal dives (m) , les rochers calcaires durs qui fe trouvent fur la plupart des hauts-fonds dans toutcs les mers , font dcs temGins irrecu(ables de cette pctriiication fous Ies eaux: Je doute de quelques PhydcSens a cet egard, etoit fonde fur ce.que le fuc petrifiant fe forme fous nos yeux par (jn) On tire cette pierre de la mer en tel volume que Ton veut, elle eft polie & de bel emploi .... Et la manicre dont ces Infulaires Fenlevent eft afTez inge'nieufe ; ils prennent des madriers & plateaux de bois de Candon , qui eft auffi leger que le litge, & ils Ies joignent enlemble pour en former un gros volume; ils y attachent un cable, dont ils portent en plongeant i'autre extremite pour attacher la pierre qu'ils veulent eniever , & comme ces blocs font ifole's & ne iont point adherens par leur bafe , le volume de ce bois leger enleve la mafle pefante de fa pierre. Voyage de Franpis Pyrard de Laval; ris , 1710, tome I , page f?j. D E S M I N E R A U X. 247 la flillation ties eaux pluviales dans nos collines calcaires, dont les pierres ont acquis par un long de/fechement, Jeur folidite & ieur durete ; au lieu que dans la mer , ils prcfumoient qu'etam toujours penetres d'humidite, ces mcmes pierres ne pouvoient acquerir le dernier degra de Ieur confiftance; mais , comme je viens de le dire, cette prefomption eft dememie par les faits ; il y a des rochers au fond des eaux tout auffi durs que ceux de nos terres les plus seches ; les amas de graviers on de coquilies d'abord penetrees d'humidite, & fans cefle baignes par Jes eaux, n'ont pas laiffe de fe durcir avec le temps par le feul rapprochement & la reunion de lews parties folides ; plus elles fe feront rapprochces, plus elles auront exclu les parties humides ; le fuc petriftant didillant continuellement de haut en has aura, comme dans nos rochers terreftres, acheve de remplir les interftices & les pores des banes inferieurs de ces rochers fou-marins : on ne doit done pas etre etonne de trouver au fond des mers, a de trcs-grandes diftances de toute terre, do trouver, dis-je, avec la fonde des graviers calcaires auffi durs , auffi petrifies que nos graviers de la furface de la terre. En general, on pent affurer qu'il s'ell fait, fefait & fe fera par-tout une converfion fucceflive de coquilies en pierres, de pierres en gravier& degravier en pierre, felon que ces matieres fe trouvent remplies ou denuees de cet extrait tire de Ieur propre fubilance , qui feu! pent achever i'ouvrage commence par la force des 248 HISTOIRE NATURELLE affinites, & complcter celui de la pleine petrification. Et cet extrait fera lui-meme d'autam plus pur & plus propre a former une maffe plus folide & plus Jure, qu'il aura pafTe par un plus grand nombre de fiiieres; plus ii aura fubi de filtrations depuis le bane fupericur, plus ce liquide petrifiant fera charge de molecules denfes , parce que la matiere des banes infcrieurs etant deja plus denfe, il ne pent en detacher que des parties de meme denfite. Nous verrons dans la fuite que c'eft a des doubles & triples filiations qu'on doit attribuer 1'origine de plu- fieurs ftalactites du genre vitreux ; & quoique cela ne /bit pas au/Ti apparent dans le genre calcaire, on voit nean- moins qu'il y a des /paths plus ou moins purs , & meme plus ou moins durs , qui nous reprefentent les differentes qualites du fuc petrifiant dont ils ne font que ie refidu, ou pour mieux dire, la (ubftance meme criftallifce & feparee de /on eau /iiperflue. Dans les collines, dont les flancs font ouverts par des carrieres coupees a pic , Ton peut fuivre les progres & reconnoitre les formes differentes de ce fuc petrifiant & petrifie ; on verra qu'il produit communement des concretions de meme nature que la matiere a travers laquelle il a filtre ; fi la colline eft de craie & de pierre tendre fous la couche de terre vegetale, 1'eau en paffanc dans cette premiere couche & s'infiltrant enfuite dans la craie, en detachera & entrainera toutcs les molecules dont elie pourra fe charger, & elk les depofera aux environs JD £ S M I N E R AU X. 249 environs de ces carrieres en forme de concretions bran- chues & quelquefo's fiftuleufes , dont la fubftance eft compofee de poudre calcaire melee avec de la terre vegetale, & dont les mafTes reunies ferment un tuf plus ieger & moins dur que la pierre ordinaire ; ces tufs ne font en effet que des amas de concretions, ou 1'on ne voit ni femes perpendiculaires ni delits horizontaux , ou 1'on ne trouve jamais de coquilles marines , mais fbuvent des petits coquitlages terreflres & des impref- (ions de plantes, particulierement de ceiles qui croiffent fur le terrein de la colline meme ; mais lorfque 1'eau. s'infiltre dans les banes d'une pierre plus dure , il lui faut plus de temps pour en detacher des particules , parce qu'elles font plus adherentes & plus denfes que dans la pierre tendre; & des-lors les concretions formees par la reunion de ces particules denfes , deviennent des congelations a peu-pres auffi folides que les pierres dont elles tirent leur origine ; la plupart feront meme a demi- tranfparentes , parce qu'elles ne contiennent que pen de matieres heterogenes en comparaifon des tufs & des concretions impurcs dont nous venons de parler : enfin fj Teau filtre a travers les marbres & autres pierres les plus compacles & les plus petrifiees, les congelations ou flaladites feront alors fi pures, qu'elles auront la tranfparence du criilal. Dans tous les cas, 1'eau depofe ce fiic pierreux par-tout ou elle pent s'arreter & deineurer £n repos , foit dans les femes perpendiculaires , fbit entrc AJint'raux , Tome L I i 250 HISTOIRE NATURELLE ics couches horizontales des rochers (n) ; & par ce long fejour entre ces couches , le liquide petrifiant penetre ies banes infcrieurs & en augmente la denfite (o) . (n) On trouve un bane de fpath ftrie ou filamenteux & blanc, dans une gorge formee par des monticules qu'on peut regarder comme Ies premiers degre's de la chaine de inontagnes qui bordent la Limagne & 1'Auvergne du cote du couchant , au-deflbus de Chatel-Guyon ; cette pierre ftriee , dont le bane eft fort etendu , eft employee a faire de la chaux , mais il faut beaucoup de temps pour la calciner. On voit dans Ies rochers , que ce fpath y eft depole par couches raelees parmi d'autres couches d'une efpece de pierre graveleufe & grisatre : dans 1'un des rochers , qui a quatorze a quinze pieds d'elc- vation , Ies couches de fpath ont deux ou trois pouces & plus d'cpaif- feur, & celles de la pierre grisatre en ont huit & meme douze. La Lafe de ce rocher eft diftribuee par couches , & la partie fuperieure eft compofee de pierres & de cailloux arrondis , dont plufieurs font de la grofieur de la tete; ils font lies par une maticre pierreule, dure, blanchatre & parfeme'e de petits graviers de tomes fortes de couleurs. Memolre fur la Afineralogie d' Auvergne , par JV1. Gueitard, dans ceux de V Academic des Sciences , annee 173 y. (o) « Les fucs petrifians, dit M. 1'abbe de Sauvages, font certai- » nement la caufe de la folidite des pierres; celles qui n'en font point 35 pour ainfi dire abreuvees, ne portent ce nom qu'improprement ; tc-IIes 33 font Ies craies, Ies marnes , Ies pierres mortes , &c. qui ne doivent -y> le peu de folidite qu'elles ont dans la carriere qu'a rafTai/rement de 33 leurs parties appliqutes I'une fur I'autre , fans aucun intermede qui i? Ies lie: auffi des que ces pierres font expofe'es aux injures de I'air, » leurs parties, que rien ne fixe & ne retient, s'enflent , s'ecartent, y> fe calcinent & fe durciffent en terre; au lieu que ces agens font 33 trop foibles pour decompofer Ies pierres proprement dites. . . . J'aj » cte allez heureux pour trouver dans Ies carrieres de nos rochers , » des morceaux dont une partie e'toit petnfiee & avoit la cailure DESMlNERAUX. 251 On voit par ce qui vient d'etre expofe , que les pierres calcaires ne peuvent acqucrir un certain degrc de duret6, qu'autant qu'eJles font penetrees d'un fuc de/a pierreux ; qu'ordinairement ies premieres couches des montagnes calcaires font de pierre tendre, parce qu'etant ies plus elevees , elles n'ont pu recevoir ce fuc petrifiant , & qu'au contraire elles 1'ont fourni aux couches inferieures. Et lorfqu'on trouve de la pierre dure au fommet des collines , on peut s'afTureren confiderant le local, que ces fommets de collines ont ete dans le commencement furmontcs d'autres banes de pierre, lefquels enfuite ont ete detruits; cet effet eft evident dans les collines ifolces , elles font toujours moins elevees que les montagnes voifines , & en prenant le niveau du bane fupcrieur de la colline i{blee, ontrouvera, a lameme hauteur, dans les coilines voifines , le bane correfpondant &. d'egale durete , fur- monte de plufieurs autres banes dont il a recu les fucs petrifians , &. par confequent le degre de duret6 qu'il a conferve jufqu'a ce jour. Nous avons explique (p) com ment les courans de la mer ont du rabaifler les fommets brillante, tandis que 1'autre, qui etoit encore fur le metier, e'toit cc tendre, matte dans fa cafTure, & n'avoit rien de plus qu'une marne «c qui a la longue fe de'trempoit a fair & a la pluie : le milieu de « cette pierre mi-partie, participoit de la differente folidite des deux, cc fans qu'on put afljgner au jufte le point ou la marne commen9oit cc a etre de la pierre ». Aftmoires de I' Academic des Sciences , anntc 1746 ' , pages 732 & fuiv. (p) Epoques de h Nature, fupplemtnt , tome V> I. 1 ' 252 H IST o IRE NATURELLE de toutes les coiiines ifoices, & il n'y a cti mil changement, nulle alteration dans ies couches cle ces pierres depuis ia retraite cles mers , fmon dans celles ou le bane fuperieur s'eft trouve expofe aux injures de 1'air , on reconvert d'une trop petite epaiffeur de terre vegetale ; ce premier lit s'eft en effet delite horizontalement & fendu vertica- lement, & c'eft-la d'ou i'on tire ces pierres calcaires dures & minces, appellees laves en plufieurs provinces, & dont on fe fert au lieu de tuile, pour couvrir les maifons ruftiques (q) ; mais immediatement au-de(Tous de ce lit de pierres minces , on retrouve les banes folides & epais qui n'ont fubi aucune alteration , & qui font encore tels qu'ils ont etc formes par le tranfport & le depot des eaux de la mer, En remontant de nos collines ifblees aux carrieres des hautes montagnes cakaires , dont les banes fuperieurs n'ont poirrt ete detruits , on obfervera par-tout que ces banes fuperieurs font les plus minces , & quc les inferieurs deviennent d'autant plus epais qu'ils font fjtues plus bas ; la caufe de cette difference me paroit encore finiple. II faut confiderer chaque bane de pierre comme compofe de plufieurs petits l^ts ftratifies les uns fur les autres ; or , a me/ure que 1'eau penetre & defcend a travers les ma/Tes (q) II ne faut pas confondre ces pierres calcaires en laves , avec i€S laves de gres feuiilete dont nous avons parl rieur eft recouvert d'une e'corce, tantot dure, tantoi friable , toujours 3» blanche , & telle que fi on les avoit trempees dans de la chaux >j eteinte: il y a de ces pierres eparfes au-delTus de la terre vegetale; 33 mais au-deflous de cette couche vegetale qui a environ un pied 33 & denii dVpailTeur , on voit un lit de ces memes pierres , fi exacle- j> mem enclavees ies unes dans les autres , qu'il en refulte un bane 4> continu en apparence: fafurface fuperieure eft feulemem raboteufe, D E S M 1 N E R A U X. 259 qui a etc formee poflerieurement a ces noyaux ; nean- moins ils ne paroifTent pas etre d'une formation auffi ancienne que ceux de ia feconde forte , car ils ne con- tiennent point de coquilles ; leur couleur & les points brillans dom leur fubftance eft parfemee , indiquent qu'ils ont d'abord ete formes par une matiere pierreufe, impr£- gnee de fer ou de quelqu'autre mineral qui les a colores, & qu'apres avoir ete fepares des rochers ou ils fe font formes, ils ont ete routes & aplatis en forme de galets, & ce fit de pierre (e continue fur fa terre cre'tace'e .... L'efpace «: ou Ce trouve ces pierres ainfi que la terre cretacee qui eft au- cc deftous , etoit occupe dans les premiers temps par un bane homo- cc gene de pierres calcaires , que les eaux des pluies ont entraine' par cc fucceflion de temps ». Obfervation fur un bane de terre cretacee , &c. par Af- Dutour, dans les Aie'maires des Savans Etrangers , tome V, page $4. — Aux bords de I'Albarine, fur-tout pres de S.' Denys, il y a une immenfite de cailloux r6uI on bien ce ciment qui n'a pu fe former que par la filtration de 1'cau pluviale, a travers la couche de terre vegetale eft un produit de ces memes parties ferrugineufes & pyriteufes , provenant de la diffolution des pyrites qui fe font effleuries par I'humidite dans cette terre vegetale ; car cette pierre a four, lorfqu'on la travaille, rcpand une odeur de foufre encore plus forte que celle des autres pierres. Quoi qu'il en foit , cette pierre a four, dont les grains font gros & pefans, & dont la ma(Te eft neanmoins affez legere par la grandeur de fes vides , refifle fans fe fendre au feu ou les autres s'eclatent fubitement; auffi l'emploie-t-on de prc- (u) II me femble qu'on pourroit rapporter a notre pierre a four celle qu'on nomme rouflier en Normandie: « C'eft, dit M. Guettard, une pierre graveleufe & dont il y a des carricres aux environs de « h Trape .... Ces pierres font d'un jaune-rouiile-de-fer , ce font « des amas de gros fable ou de gravier lie's par une matiere ferru- « gineufe qui a etc difloute, & qui s'elt filtre'e &. de'pofce entre les « grains qui compofent maintenant ces pierres par leur reunion «. Memoirs de I' Academic des Silences, annse 1763 , p plus minces qu'elles font plus prcs de la fuperfkie, & dcj.; uiviltes •» en plufieurs pieces par les fentes perpendiculaires , s'cclateat, fe » fendent en miile endroits , &. c'eil ce qui fburnir le moelion ou D E S M 1 N E R A U X. 267 On trouve quelquefois dans ces carrieres de nouvelle formation des lits d'une pierre ai'ffi dure que ceile des banes anciens dont elJe tire Ton origine; cela depend, dans ces nouvelles carrieres, comme dans les anciennes, la pierre mureufe : & lorfque ces fragmens de pierre font entramcs « par les torrens , le long de la pente des collines & jufque dans le cc courant des rivieres , leurs angles alors s'e'mouffent par les frotte- pierres n'ctoient plus liees par Ies mortiers, mais par. u-ne matiere 33 tranfparente , par une concretion pierreuie, que des eaux goutticres >j avoient produites de la decomposition du mortier des parties fupe'- 33 rieures de ce mur, & qui- en remplifl~oit en cet endroit tous Ies « vides, parce que la chaux n'etant en effet que de la pierre decom- 53 pofee , elle en conferve toutes les propric'tcs, & elle reprend dans certaines cicconAauces la forme de pierre 33. Note communiques par M. N.idault. (y) La pierre qu'on tire a peu de diftanee de la Seine pres de. VHopitai general de Paris, & dont j'ai parle plus haut , eft remplie 4e petites vffis qui font coinmunes dans les ruiileaux d'eau vive; cette pierxe de la Seine reflemtle a peii^- pres aux pierres ciue 1'ojv D E S MlNERAV X. 269 dies morceaux de fer fa) & de bois (a) , travailles de main d'homme : nous avons vu du charbon de bois dans^ quefques - unes de ces pierres ; ainfi 1'on ne peut douter que routes les carrieres en lieu bas ne foient d'une formation moderne , qu'on doit dater depuis que nos continens, deja decouverts , ont etc expofes aux degra dations de leurs parties meme les plus folides, par la gelee & par ies autres injures des elemens humides. Au refte, toutes les pierres de ces bafies carrieres ne pre- tire dans Ies valle'es, entre la Saone & la Vingeanne aupres du village de Talinay en Boiugogne : je cite ce dernier exemple, parce qu'il deinontre evidemment que la matiere.de ces lits de pierre a etc aincnee de loin, parce qu'il n'y a aucune montagne calcaire qu'a environ une lieue de diftance. fa) Le fieur Dumoutier, maitre Ma^on a Paris, m'a affure qu'il y a quelques annces , il avoir trouve dans un bloc de pierre dite de Saint-Leu, laquelle ne fe tire qu'a la furface de Ja-terre, c'eft-a- dire a quelques pieds de profondeur, un corps cylindrique qui lui paroifloit etre une petrification , parce qu'il etoit incrufte de matieres pierreufes ; mais que i'ayant nettoye avec foin, il reconnut que c'etoit' vraiment un canon de piftolet , c'eft-a-dire du fer. (a) Dans un bloc de pierre de plufieurs pieds de longueur, fur une epaifleur d'environ un pied ou quinze pouces , tire des carrieres du faubourg Saint - Marceau a Paris , 1'ouvrier Tailleur de pierre' s'apercut en la fciant, que fa fcie poufToit au-dehors une maticre noire qu'il jugea etre 'des debris de bois pourri; en effet la pierre- ayant etc feparc'e en deux blocs, il trouva qu'elle renfermoit dans fon- intcrieur , un morceau de bois de pres de deux pouces d'e'paiiTeur fm fix a fept pouces de longueur , lequel etoit en panie pourri &• ians aucuu indice de petrificatioa. 270 HISTOIRE NATURELLE fement qu'un grain plus ou moins fin & trcs-peu de ces points briilans qui indiquent la prefence de la matiere fpathique; au/Ti font-elles ordinairement plus legeres & moins dures quc la pierre des hautes carrieres , dans IcC- quelles les banes infe'rieurs font de la plus grande denfite. Et cette matiere fpathique qui remplit tous les vides & s'etend dans les delits & dans les couches horizon- tales des banes de pierre, s'accumule auffi lelong de leurs fentes perpendiculaires ; ellc commence par en tapiffer les parois, & peu-a-peu elle les recouvre d'une epaiffcur confiderable de couches additionnelles & fuccefTives, elle y forme des mamelons, des flries, des canelures creu/es & faillantes, qui fbuvent defcendent d'en haut jufqu'au point le plus bas, ou elle fe rcunit en congelations, & finit par remplir quelquefois en entier la feme qui feparoit auparavant les deux parties du rocher. Cette matiere fpa thique qui s'accumule dans les cavites & les fentes des rochers, n'eft pas ordinairement du fpath pur, mais me lange de parties pierreufes plus groffieres & opaques ; on y reconnoit feulement le fpath par les points briilans qui fe trouvent en plus ou moins grande quantite dans ces congelations. Et lorfqueces points briilans fe multiplier, lorfqu'ils deviennent plus gros & plus diftincls , ils reffemblent par kur forme a des grains de fel marin ; auffi les Ouvriers donnent aux pierres revetues de ces criftallifations fpa»- thiques, le nom impropre de plene de fel. Ce ne font pas DESMlNERAUX. 271 toujours les pierres les plus dures, ni cellos qui font compofees de gravier, mais celles qui contiennent une tres-grande quantite dc coquilles & de pointes d'ourfms, eui oftrent cette efpece de criftallifation en forme de grains de fel , & Ton pent obferver qu'elle paroit etre toujours en plus gros grains fur la furface qu'a 1'interieur de ces pierres , parce que les grains dans Tinterieur font toujours lies enfemble. Ce fuc petrifiant qui penetre les pierres des banes inferieurs, qui en remplit les cavites, les joints borizomaux & les fentes perpendiculaires , ne provenant que de la decompofition de la matiere des banes fuperieurs, doit, en s'en feparant, y caufer une alteration fenfible ; atifli remarque-t-on dans la pierre des premiers banes des car- rieres , qu'elle a eprouve des degradations ; on n'y voit qu'un tres-petit nombre de points brillans ; elle fe divife en petits morceaux irreguliers, minces, affez legers &. qui fe brifent aifement. L'eau en paffant par ces premiers banes a done enleve les elemens du ciment fpathique qui lioit les parties de la pierre, & en meme temps elle en a detache une grande quantite d'autre matiere pier- reufe plus grofficre , & c'eft de ce melange qu'ont ete compofees toutes les congelations opaques qui rempliffent les cavites des rochers ; mais lorfque 1'eau chargee de cette meme mitiere paffe a travers un fecond liltre, en pcnetrant la pierre des banes inferieurs dont le tiffu eft plus ferrc, elle abandonne & depofe en chemin ces 272 HISTOIRE NATURELLZ parties groffieres , & alors les ftaiadites qu'eile forme font du vrai fpath pur, homogene & transparent. Nous verrons ci-apres que dans les pierres vitreuies, comme dans les calcaires, la purete des congelations depend du nombre des filiations qu'ellesont fubies , & de la tenuite des pores dans les matieres qui ont fervi de filtre, DE t) E S M I N £ R A U X. D E LALBATRE. V^ET albatre, auquel Ics Poctes ont fi fouvent compare la blancheur de nos belles, eft toute tine autre matiere que 1'albatre dont nous allons parler ; ce n'eft qu'une fubftance gypfeufe, une efpece de platre tres-blanc ; au lieu que le veritable albatre eft une matiere purement calcaire , plus fouvent coloree que blanche, & qui eft plus dure que le platre, mais en meme temps plus tendre que le marbre. Les couleurs les plus ordinaires des albatres font le blanchatre , le jaune & le rougeatre ; on en trouve aufTi qui font meles de gris, & de brun ou noiratre. Sou vent ils font teints de deux de ces couleurs, quel- quefois de trois , rarement de quatre on cinq ; Ton verra qu'ils peuvent recevoir toutes les nuances de couleur qui fe trouvent dans les marbres fous la mafTe defquels ils fe forment. L/albatre d'ltalie efl un des plus beaux ; il porte tin grand nombre de taches d'un rouge fonce fur un fond jaunatre , & il n'a de tranfparence que dans quelques petites parties. Celui de Make efl jaunatre , mclc de gris & de noiratre , & Ton y voit aufli quelques parties tranf- parentes. Les albatres que les Italiens appellent agatkes 9 font ceux qui ont le plus de tranfparence &. qui refTemblent aux agates par la difpodtion des couleurs. II y en a meme que Ton appclfe albatre onix , parce qu'il prefeme des Miniraux, Tome I. M m 274 HISTOIRE NATURELLE cercles concentriques cle differemes couleurs ; on connoit aufTi des albatres herborifes , & ces hcrfeori/ations font ordinairement brunes ou noires. Voherra eft J'endroit de 1'Italie le plus renomme par fes albatres, on y en compte plus de vingt varictes differentes par les degres de tranf- parence & les nuances de couleurs. II y en a de biancs a reflets diapbanes , avec quelques veines noires & opaques, & d'autres qui font abfolument opaques & de couleur afTez terne , avec des taches noires & des herborifations brancbues. Tons les albiitres font fufceptibles d'un poii plus ou moins brillant ; mais on ne peut polir les albatres tendres qu'avec des matieres encore plus tendres & fur-tout avec de la cire ; & quoiqu'il y en ait d'aflez durs a Voherra & dans quelques autres endroits d'halie, on afTure cependant qu'ils le font moins que Talbatre de Per/e (a) & de quelques autres contrees de 1'Orient. L'on ne doit done pas fe perfuader avec le vulgaire que 1'albatre fbit toujours blanc, quoique cela ait pafTe (a) « A Tauris, dans la Mofque'e d'Ofmanla, il y a deux grandes » pierres blanches tranfparentes, qui paroifTent rouges quand le foleil » les cclaire ; ils difent que c'eft une efpcce d'albatre qui fe forme 35 d'une eau qu'on trouve a une journee de Tauris, laquelle ^tant » mife dans une foiTe, fe congele en peu de temps : cette pierre eft jo fort eftime'e des Perfans qui en font des tombeaux , des vafes & -» d'autres ouvrages qui pafTent pour une rarete a Ifpahan; ils m'ont tous aflure que c'etoit une congelation d'eau 33. Voyage autour iHt , par Ccmdii Ciirnri, tome II , pags DES MlNERAUX. 275 parmi nous en provcrbe : ce qui a donne Jieu a cette meprife , c'eft que la plupart des Artidcs & meme quelques Chiraifles , ont confondu deux matieres , & donne, commc Ies Poetes, le nom d'albatre a une forte de platre tres-tendre & d'une grande blancheur , tandis que ies Naturalises n'ont applique ce merne nom d'albatre qu'a une matiere calcaire qui fe diflbut par Ies acides & fe convertit en chaux au meme degrc de chaleur que la pierre : Ies acides ne font au contraire aucune impreffion fur cette autre matiere blanche qui eft du vrai platre ; & PJine avoir bien indique notre albatre calcaire , en di/ant qu'il eft de couleur de miel. Etant defcendu en 1740 dans Ies grottes d'Arcy-fur- Cure , pres de Vermanton , je pris des-lors une idee nette de la formation de 1'albatre , par Tinipeclion des grandes flalaclites en tuyaux , en colonnes & en nappes, dont ces grottes, qui ne paroi/Tent etre que d'anciennes carrieres, font incruftees & en partie rem- plies. La colline dans laquelle fe trouvent ces anciennes carrieres, a etc attaquee par leflanc a une petite hauteur au-defTus de la riviere de Cure; & Ton peut juger, par la grande ctendue des excavations , de Timmenfe quantite de pierres a batir qui en ont etc tirees ; on voit en quelques endroits Ies marques des coups de marteau qui en ont tranche Ies blocs ; ainfi Ton ne peut douter que ces grottes , quelque grandes qu'elles foient , ne doivent ieur origine au travail de 1'homme ; & ce travail eft bien Mm ij 276 HISTOIRE NATVRELLE ancien , puifque dans ces mcmes carrieres abandonnees depuis long-temps , il s'eft forme des maffes tres-conii- dcrables , dont le volume augmente encore chaque jour par i'addition de nouvelles concretions forme'es , comme Jes premieres , par la filiation des eaux : elles ont filtre dans les joints des banes calcaires qui furmontent ces excavations & leur fervent de voutes ; ces banes font fuperpofes horizontalement & forment toute repaiffeur & la hauteur de la colline dont la furface eft couverte de terre vegetale ; 1'eau des pluies pafTe done d'abord a tra- vers cette couche de terre & en prend la couleur jaune ou rougeatre; enfuite elle penetre dans les joints & les fentes de ces banes ou elle fe charge des molecules pierreufes qu'elle en detache ; & entin elle arrive au- defTous du dernier bane , & fuinte en s'attachant aux parors de la voute, ou tombe goutte a goutte dans 1'excavation. Et cette eau chargee de matiere pierreufe, forme d'abord des flalaclites qui pendent de la voute , qui groffifTent & s'alongent fucceflivement par des couches additionnelles, & prennent en meme temps plus de foli- dite a mefure qu'il arrive de nouveaux fucs pierreux (b) ; (b) L'Auteur du Traite des pe'trifications , qui a vu une grotte pres de Neufchatel, nominee Trois - ros , a remarque que 1'eau qui coule lentement par diverfes fentes du roc , s'arrete pendant queique temps en forme de gouttes , au haut d'une efpcce de voute fonnce par les banes du rocher; la, de petites molecules criftallines que 1'eau emraine en paflant a travers les banes, fe liem par leurs D E S Af I N E R A U X. 277 lorfque ces fucs font tres-aboncians , ou qu'ils font trop liquides, la ftaladite fuperieure attachee a la voute , laifte tomber par goutte cette matiere fuperrlue qui forme fiir cotes pendant que la goutte demeure fufpendue Si y tonne de petits tuyairx , a mefure que 1'air s'e'chappe par la panic inferieure de fa petite bulle qu'il formoit dans la goutte d'eau : cestuyaux s'alongent peu-a-peu en groffifiant, par une accelHon continuelle de nouvelle matiere, puis ils fe rempluTent; de forte que les cylindres qui en refultent font ordinairement arrondis vers le bout d'en has, tandis qu'ils font encore fufpendus au rocher ; mais des qu'ils s'unifient avec les particules crillallines qui tombant plus vite, forment un fc'diinent a plufieurs couches au Las de la grotte, ils re/Temblent alors a des arbres , qui du bas s'e'Ievent juiqu'au comble de la voute. Ces cylindres acquierent un plus grand diametre en bas, par le moyen de la nouvelle matiere qui coule le long de leur fuperficie, & ils deviennent fouvent raboteux, a caufe des particules criftallines qui s'y ar re tent en tombant deflus, comme une pluie rnenue , lorfque 1'eau abonde 'plus qu'a J'ordinaire dans I'emre-deux des rochers : la configuration intcrieure de leur mafic faite a rayons & a couches concentriques , quefquefois diffe'remmeut colorces par une petite quantite de terre fine qui s'y mele «3c les rend femblables aux aubiers des arbres , jointe aux circonflances dont on vient de parler, peuvent tromper les plus e'claires. II fe forme aufil plufieurs autres mafles, plus ou moins re'gulieres de Jtaladite , dans des cavernes de pierre a chaux & de marbre ; ces maffes ne different entr'elles , par rapport a. leur matiere , que par le plus grand ou le moindre melange de terre fine de difterentes couleurs, que 1'eau enleve fouvent du roc meme avec les particules criilallines , ou qu'elle amene des couches de terre fuperieures aux roches dans les couches de ftaladite. Traite des Petrif cations in -4.° Paris, 1 742 , pages 4. & fuiy. 278 HISTOIRE NATURELLE / le fol des concretions Je meme nature, iefqueJJes grof- fiflent , s'clcvent & fe joignent enfin a la flalaclite fuperieure, en forte qu'eiies forment par leur reunion une efpece de colonne d'autant plus folide & plus groffe, qu'elle s'eft faite en plus de temps; car le liquide pierreux augmente ici egalement le volume & la mafic , en fe depofant fur les furfaces & pcnctrant Tinterieur de ces ftalaclites, lefquelles font d'abord legeres & friables , & acquierent enfuite de la folidite par 1'addition de cette meme matiere pierreufe qui en remplit les pores ; &. ce n'eft qu'alors que ces maffes concretes prennent la nature & le nom d'alhatre ; elles fe prcfentent en colonnes cylindriques, en cones plus ou moins obtus, en culs-de-lampe , en tuyaux & auffi en incruflations figurces centre les parois verticales ou inclinees de ces excavations , & en nappes de'lices ou en tables epaifTes & afTez etendues fur le foJ ; il paroit meme que cette concretion fpathique qui eft Ja premiere ebauche de 1'albatre, fe forme auffi a la furface de Teau flagnante dans ces grottes, d'abord comme une pellicuie mince , qui peu-a-pcu prend de I'epaiffeur & de la confiftance, & prcfente par Ja fuite une efpece de voiite qui couvre la cavite ou encore pleine ou epuifce d'eau (c). Toutes ces maffes con- (c) Dans la caverne de la Balme ( au mom Veigi), j'etois ctonne d'entendre queiquefois ie fond reformer fous nos pieds , comme (i nous euflions unarche fur une voiite retentirTautc; niais en examinant Ie fol, )e vis qu'il etoit d'une maticre criftaliiice, & que je marchots DBS AI 1 N E R AU X. 279 eretes font cle meme nature; je m'en fuis afTure en faifant tirer & enlever quelques blocs des unes & des autrcs, pour les faire travaiiier & polir par des ouvriers accoutumes a travaiiier le marbre ; ils recon- nurent, avec moi, que c'etoit du veritable albaire qui ne differoit des plus beaux albatres qu'en ce qu'il efl eft d'un jaune un peu plus pale & d'un poli inoins vif ; mais la compofition de h rnatiere & fa difpofition par ondes ou veines circulates , eft abfolumentlameme (d) : ainfi tous les albatres doivem leur on'gine aux concretions produites par 1'infiltration des eaux a travers les matieres calcaires. Plus les banes de ces matieres font epais & fur un faux fond , foutenu a une diftance aflez grande du vrai fond de la galerie ; je ne pouvois comprendre comment s'ctoit fonnee cette croute ainfi fufpendue, lorfqu'en obfervant des eaux flag-names au fond de la caverne , je vis qu'il le formoit a leur furface une croute criftalline, d'abord femblable a une pouffitre incoherente, mais qui peu-a-peu prenoit de repaiHeur & de la confiftance, au point que j'avois peine a fa rompre a grands coups de marteau , par-tout ou eile avoir deux pouces d'epailleur ; je compris alors que fi ces eaux venoient a s'tcouler , cette croute contenue par les bords, fonneroit un faux fond femblable a celui qui avoit re'fonne (bus nos pieds. Sauffure , Voyage dans les Alpes , tome I, page 388. ( d) Lorfque Ton fcie tranfverfalemem une groiTe ftalactite ou colonne d'albatre , on voit fur la tranche , les couches circulaires dont la (lalaclite eft forme'e ; mais fi on fa fcie fur fa fo^igueur, 1'albatrc ne prcfente que des veines longitudinales , en forte que le meme albatre parou etre different, felon le fens dans lequei on le travaille, 280 HISTOIRE NATURELLE durs, plus les albiitres qui en proviennent, feront folides a i'interieur & brillans au poli. L'albatre qu'on appeiie oriental , ne porte ce nom que parce qu'il a Je grain plus fin , les couleurs plus fortes & le poli plus vif que les autres albatres, & Ton trouve en Italic, en Sicile , a Make , & meme en France (e) de ces albatres qu'on peut (e) On trouve a deux lieues de Macon du cote du midi , une grande carriere d'albatre tres-beau & tres-bien colore, qui a beaucoup de transparence en plufleurs endroits ; cette carriere eft fituee dans la montagne que 1'on appeiie Solutrie , dans laquelle il s'eft fait un eboulemem confiderable par fon propre poids. Note communiqufe par Ai. Dumorey -- « Les eaux d'Aix en Provence, dit M. Guettard, 35 produiient un albatre brun-fonce , mele de taches blanchatres qui 3> le varient agrcablemem, & le font prendre pour un albatre j> oriental .... Get albitre s'efl forme dans une ancienne conduite 5> faite par ies Remains, & qui porte a Aix, 1'eau d'une fource » qui eft a une petite demi - lieue de cette ville. . . . Cette elpcce a? d'aqueduc etoit bouche en entier par la fubftance dont il s'agit .... is Un morceau de cet albatre , qui eft dans le Cabinet de M. le 3> due d'Orltans, a pris un trcs-beau poii, qui fait voir que cet >j albatre eft cornpofe de plufieurs couches d'une ligne ou a peu- 5> pres d'epaifTeur , tSc qui paroifient elles-nvemes a la loupe, n'etre >> qu'un amas de quelques autres petites couches tres - minces : ces s> couches font ondees , & rentrant ainfi les unes dans Ies autres , » elles font un tout ferre j qu'elfe eft la luite des depots luccefTifs d'une maticre qui a etc j> charriee par un fluide: Ies ondes de deux larges bandes qu'on voit » fur le c6te du morceau en queftion le demonirent invinciblement; » elles femblent meme prouver que la pierre a du fe former dans un » DESMlNERAUX. 281 peut nommer orientaux par la beaute de ieurs couleurs & 1'eclat de Jeur poli ; mais leur origine & leur formation font les memes que celles des albatres communs, & Ieurs differences ne doivent etre attributes qu'a la qualite diffe- rente des pierres calcaires qui en ont fourni la matiere; fi cette pierre s'eft trouvee dure , compacle & d'un grain fin , I'eau ne pouvant la penetrer qu'avec beaucoup de temps , elle ne fe chargera que de molecules trcs-iines & tres-denfes qui formeront des concretions plus pefantes, & d'un grain plus fin que celui des ftalaclites produites par des pierres plus groffieres , en forte qu'il doit fe trouver dans ces concretions, ainfi que dans les albatres, de grandes varietes , tant pour la denfite que pour la fineffe du grain & 1'eclat du poli. La matiere pierreufe que 1'eau detache en s'infiltrant dans les banes calcaires, eft quelquefois fi pure & fi homogene, que les ftalaclites qui en rcfultent font /ans endroit ou I'eau etoit refTerree & contrainte : en effet , cette eau «c devoit fouffrir quelque retardement fur les cotes du canal, & acce'- « lerer Ton mouvement dans le milieu; ainfi I'eau de ce milieu devoit « agir & prefer I'eau des cotes, qui en refiflant ne pouvoit par « cpnfe'quem que fouffiir difTerentes courbures & occafionner, par une fuite neceiTaire, des finuofites que le depot a conferve'es. La rapidite', ou fe plus grand mouvement du milieu de I'eau, a encore « du etre caufe de la jnatiere la plus fine & la plus pure: les parties cc les plus grofTieres & les plus lourdes ont du etre rejete'es fur ks K bords & s'y de'pofer aifement , vu la tranquillite du mouvement « de I'eau dans ces endroits ». Afemoirts de I' Academic des Sciences, annee 1754, Pages r 3 r & fu'Vt Miner aux f Tome I. N n cc il y a quelques annees, a 1'entablement fuperieur de Ja "facade d'une belle eglife neuve, batie de cette pierre, « plufieurs grandes ftalaclites qui s'cioiem formees fuccef » fivement par 1'egouttement lent des eaux qui avoient » fejourne fur cet entablement : c'eft de la meme manicrc 5> qu'elles fe forment dans les foutertains des montagnes , puifque leur grain ou leur compofition y reffemble (g)t » Je ne crois pas qu'il foit necefTaire de faire obferver ici que cette pierre d'Iftria eft une efpece d'albatre; on ic voit afTez par la defcription de fa fubftance &. de fa de- compofition. Et lorfqu'une cavite namrelle ou artificielle fe trouve furmontee par des banes de marbre qui de toutes les (g) Lettres de M. Ferber , pages 41 fr 42. DES MINERAL? x. 285 pierres calcaires eft la plus clenfe & la plus dure, les concretions formees dans cette cavite par 1'infiltration des eaux ne font plus des albdtres , mais de beaux marbres fins & d'une durete prefque egale a celle du marbre dont ils tirent leur origine, & qui eft d'une formation bien plus ancienne; ces premiers marbres contiennent fouvent des coquilles & d'autres productions de la mer, tandis que les nouveaux marbres, ainfi que les albatres, n'etant compofes que de particules pierreufes detachees par les eaux,neprefentemaucun veftigede coquilies, &annoncent par leur texture que leur formation eft nouvelle. Ces carrieres parafites de marbre & d'albatre , toutes formees aux depens des anciens banes calcaires , ne peu- vent avoir plus d'etendue que les cavites dans Lefquelles on les trouve ; on peut les epuifer en affez peu de temps , & c'eft par cette raifon que la plupart des beaux marbres antiques ou modernes ne fe retrouvem plus ; cbaque cavite contient un marbre different de celui d'une autre cavite , fur-tout pour les couleurs , parce que les banes des anciens marbres qui furmontent ces cavernes , font eux-memes difFe- remment colores, & que Teau par fon infiltration, detache & emporte les molecules de ces marbres avec leurs cou leurs ; fouvent elle mele ces couleurs ou les difpofe dans un ordre different; elle les affoiblit ou les charge, felon les circonftances ; cependant on peut dire que les marbres de feconde formation font en general plus fortement colores que les premiers dont ils tirent leur origine. 286 HISTOIRE NATVRELLE Et ccs marbres de feconde formation peuvent, comme les albfitres, fc regenerer dans les endroiis d'ou on les a tires, parce qu'ils font formes de meme par ia filiation des eaux. Bagiivi (h) rapporte un grand nombre d'txcin- ples qui prouvent evidemment que le marbre fe reproduit de nouvcau dans les memes carrieres; il dit que J'on voyoit de fon temps des chemins tres-unis , dans des en- droits ou cent ans auparavant il y avoit eu des carrieres tres-profondes ; il ajoute , qu'en ouvrant des carrieres de marbre on avoit rencontre des bacbes, des pics, des marteaux & d'autres outils renfermes dans le marbre, qui avoient vraifemblablement fervi autrefois a exploiter ces memes carrieres, lefquelles fe font remplies par la fliite des temps , & font devenues propres a etre exploiters de nouveau. On trouve auffi plufieurs de ces marbres de feconde formation qui font melcs d'albatre, & dans le genre cal- caire comme en tout autre, la Nature pafTe , par degrcs & nuances, du marbre le plus fin & le plus dur, a 1'albatre & aux concretions les plus groffieres & les plus tendres. La plupart des albiltres, & fur-tout les plus beaux, ont quelque transparence, parce qu'ils contiennent unc certaine quantite de fjiath qui s'eft criilallife dans le temps de la formation des ftalactites dont ils font compofcs; mais pour 1'ordinaire la quantite du fpath n'eft pas audi (h) De lapidum vegetatienc. D E s MINER AUX. 287 grande que celle de la matiere pierreufe , opaque & grofliere , en forte que i'aibatre qui refulte de cette compofition efl affez opaque quoiqu'il ie foil toujours moins que les marbres. Et lorfque les albatres font meles de beaucoup de /paths, ils font plus caftans & plus dimciles a travailler, par la raifon que cette matiere fpathique criftallifee ie fend , s'egrene tres - facilement & fe cafTe prefque toujours en fens oblique ; inais auifi ccs albatres font fouvent les plus beaux , parce qu'ils ont plus de tranfpa- rence & prennent un poll plus vif que ceux ou la matiere pierreufe domine fur celle du fpath. On a cite dans 1'Jiif- toire dc I' Academic des Sciences (i) , un albatre trouvc par M. Puget aux environs de Marfeille, qui eft fi tranf- parent, que par Ie poli tres-parfait dont il eft fufceptible, on voit, a plus de deux doigts de fon epaifTeur, 1'agreable varietc de couleurs dont il eft embelli : Ie marbre a demi- tranfparent que M. Pallas a vu dans la province d'l/chski en Tartarie, eft vraifemblablement un albatre femblable a celui de Marfeille. II en eft de meme du bel albatre (l : 1 7 o j> , pdge i 7 • — « Dans certaines grottes , comme dans celle de la momagne de Lumlniani pres de Vicence en Italic, les ainfi dire, de la conglutination des fragmens des ftalaclites 5> de la pierre calcaire grife qui lait la bafe de toute la chaine " de ces montagnes, d'unpeu de fable, d'une fiibftance mar- * neufe & d'une quantite infinie de fragmens d'os. II y a dans " une feule pierre , dont on a trouve des maffes de quelques " centaines de livres, un melange de dents de differentes (k) Hiftoire Naturelle d'Efpagne, par M. Bowles, pages efpeces D E S AI 1 N E R A V X. 289 efpeces , de cotes , de cartilages , de verttbres , de pha- « langes, d'os cylindriques, en un mot de fragmens d'os « de tons les membres qui y font par milliers. On trouve « fouvent dans ces nu-mes pierres un grand os qui en fait « Ja piece principale, & qui eft cntoure d'un nombre infini « d'autres ; il n'y a pas la moindre regularitc dans la difpo- « fition des couches. Si Ton verfoit de la chaux dctrcmpee « fur un melange d'efquilles, il en naitroit quclque chofe « dc femblable. Ces maffcs font deju aflez dures dans les « cavernes — mais lorfqu'elles font expofces a 1'air, elles « durciffcnt au point, que quand on s'y prend comme il « faut, ellcs font fufceptibles d'un mediocre poli. On « trouve rarement des cavites dans rintcrieur, les interfaces « font remplis d'une maticre compacle que la purification « a encore decompofee davantage. Je nt'en fuis a la fin « procure, avec beaucoup de peines , une collection (i « complete, que je puis prefenter prcfque chaque os re- « marquable du fquelette de ces animaux, enchafTe dans « une propre piece, dont il fait 1'os principal. En entrant « dans ces cavernes, pour la premiere fois, nous en avons trouve une fi grande quantitc, qu'il eut etc facile d'en amaffer quelques charretecs. « Un heureux deflin m'avoit referve a moi & a mes « amis, entr'autres, un morceau de ccttc pierre ofTeufe a <« peu-pres de trois pieds de long, fur deux de large & « autant d'epaiffeur. .. . La curiofite nous le fit mettre « en pieces, car il etoit impoffible de le faire paffer par ces « Mlneraux , Tome /, O o ' C C( 290 HISTOIRE NATURELLE » detroits pour le fortir en entier ; chaque morceau , a peu- » pres de deux livres, nous prefenta plus de cent fragmens » d'os j'eus le plaifir de trouver dans le milieu une » dent canine, longue de quatre pouces bien confervec ; » nous avons aufTi trouve des dents molaires de dilk:rentes eipeces dans d'autres morceaux de cette meme made (I) .» Par cet exemple des cavernes de Barcith ou les offe- mens d'animaux dont elle efl remplie, fe trouvent incruflcs & meme penetrcs de la matiere pierreufe amence par la filiation deseaux, on peut prendre une idee gcnerale de la formation des olleocoles animales qui fe forment par le meme mecaniime que les ofteocoles vegc tales (m) t telles (I) Delcription des cavernes da Margraviat de Bareith , par Jean- Frederic Elper , in-fol. page 2-7. (m) M. G.'editlch donne une bonne defcription des oflcocoles qui fe trouvent en grande quantite , dans Jes terreins maigres du Brandebourg: « Ce tbdile, dit-il, eft connu de tout le monde dans « les deux Marches , ou on 1'emploie depuis plufieurs li teles ;\ des « ufages, tant internes qu'externes. . . . On le trouve dans un fable « plus ou moins leger, blanc , gris , rouge ou jaunatre , tort reflein- >j blant a 1'efpece de lable qu'on trouve ordinairemem au fond x> des rivieres : ceiui qui touche imme'diatement 1'ofteocoJe ell plus •>•> blanc & plus mou que le refle. . . . Quand, dans les temps plu- •» vieux, cette terre qui s'auache fortement aux mains, vient \ fe 33 diflbudre dans les lieux tlevt's, les eaux 1'entrainent en forme x> d'emulfion, dans les creux qui fe trouvent au-dtllbus. . . . 1 » ne dtffere gi^ie de la marne, &. fe trouve attachc'e au ^ble, dans » des proportions diflcrentes . . . . Mais plus le fable eft voifin des » branches du tolllle , plus la quantite de ceue terre augmente; il » n'y a pas grande difference enn-'clJe & la raaticre mc:;ie du foffile : D E s MINER AUX. 291 qu'e les moufTes petrifiees & routes les autres concretions dans lefquelles on trouve des figures de vcgetaux ; car fuppofbns qu'au lieu d'offemens d'animaux accumules clans ces cavernes, la Nature ou la main de I'homme y on trouve aufll cette terre dans les fonds & meine fous quelques « t'tangs , &c . . . . cc Les vents, les pluies , <3tc. en enlevant le fable, laiffent quel- « quefois a decouvert 1'ofteocole .... Quelquefois on en trouve <£a « &. la , des pieces rompues .... Quand on apercoit des branches on <* les dcgage du fable avec precaution , & on les fun jufqu'au tronc « qui jette des racines fous terre , de plufieurs cotes .... cc Tant que le tronc entier efl encore renferme dans le fable, Ja « forme du fofTiIe ne 1'ofFre aux yeux que d'un cote, & alors, elle 3 point du gravier fin, lie par le moyen d'une glu, coinme ie pretendent 33 quelques Auteurs. 3> Mais lorfqu'on pent remarquer dans la compcfition de la matiere 33 de notre follile quelque proportion, elle confilte pour i'ordinaire, 33 en parties egales de fable & de terre de chaux. 33 Ce foffiJe eft du a des troncs d'arbres , dont les fibres out e'te 33 attenuees & pourries par 1'humidite .... II fe forme dans ces troncs 33 & dans ces racines , des cavites ou s'infmuent facilement , par le 33 moyen de 1'eau , Ie fable & la terre de chaux qu'elle a dillous ; 33 cette terre entrant par tous Ies trous & Ies endroits caries , defcend 33 jufqu'aux extrcmites de toute la tige & des racines , jufqu'a ce 33 qu'avec Ie temps toutes ces cavites le trouvent exaclement remplies: 33 I'eau fuperflue trouve aifement une illue , dont les traces fe mani- 33 feftent dans Ie centre poreux des branches ; voila comment ce 33 fofljle fe forme .... L'humidite croupiffante qui eft perpetuelle- 33 ment autour du fofllle , eft Ie veritable obflacle a fon endur- x. ciflement. 33 Quelques Auteurs out regarde comme de I'ofte'ocole, une certaine » elpece de tuf en panic informe , en partie compofe de I'aiTemblage D E S MlN ER A U A'. 293 que des-Iors ces concretions pierreufes en auront pris h forme, & qu'apres la deilruclion & la pourriture Je ces matieres vegetales, la concretion pierreufe fubfiftera & fe prefentera fous cette meine forme ; nous en avons lapreuve de plulieurs petits tuyaux de differente nature: ce tuf ie trouve en cc abondance dans plufieurs contrces de la Thuringe & en d'autres cc endroirs .... cc L'experience , jointe au confentement de plufieurs Auteurs, de- cc pole que Ie terrein naturel & le plus convenable a 1'oftcocole , ell cc un terroir (le'rile, lablonneux & leger; au contraire un terrein gras, cc confiftant, argileux , onclueux & limoneux , &c. lorfqu'il vient a cc etce deJayc par I'eau, iaifle paffer lentement «5c difticilenient 1'eau cc elle-meme, & a plus forte raifon quelqu'autre terre, comme ceUe cc dont 1'ofte'ocole ell forniee : I'ofleocole fe meleroit intimement a cc la terre grafle , dans 1'interieur de laquelle elle formeroit des lits cc plats, plutot que de penctrer une fubftance aufTi confiftante ••>. Extrait des A'limolrfs dc I" Acadimie dc Pruffe , par M. Paul; Avignon , 1768, tome V, in- 1 2 , page i & fuiv. du fupplcmcnt a ce volume. AI. Bruckinana dit, comme M. Gleditfch , que les ofte'ocoles ne fe trouvent point dans les terres grades & argileufes, niais dans les telreins fablonneux ; il y en a pres de Francfort-iur-l'Oder, dans un ialile blanchatre, mele d'une matiere noire, qui n'eft que du bois pouni: i'oPieocoIe eft molle dans la terre, mats plutot friable que dudile ; elle fe defscche & durcit en trcs-peu de temps a I'air: c'efl une efpece de marne, ou du moins une terre qui lui eft fort ana logue. Les diffcrentes figures des ofte'ocoles ne viennent que des racines auxquelles cette matiere s'attache; de-la provient auffi la ligne noire qu'on trouve prefque toujours dans leur milieu: elles font toutes creufes, a 1'exception de celles qui font fonnees de plufieurs petites fibres de racines accumulces &. reunies par la matiere marneufe ou cretacee. Voye^ Li Collection academique , Par tie Etr.wgcrt , tome II f pages i j j & J J (>• HISTOIRE NATURELLE demonftrative dans certains morceaux qui font encore rofeaux en partie & du refte oftcocole; je connois auffi des mouffes dont le Las eft pleinement incruftc , & dont le defTus eft encore vert & en etat de vegetation. Et comme nous 1'avons dit, tout ce qu'on appelle petrifi- cations ne font que des incruftations qui non-feulement fe font appiiquces fur la furface des corps , mais en out meme penetre & rempli les vides & ies pores en fe fubftituant peu-a-peu a la matiere animale on vegetale , a niefure qu'elie fe decompofoit. M. Beurer de Nuremberg, ayant fait deterrer grand nombre d'ofte'ocoles , en a trouvc une dans le temps de fa formation; c'ctoit une louche de peuplier noir qui, par fon extrc'mite fupcrieure, etoit encore ligneufe, & dont la racine c-toit devenue une veritable oftcocole. Voye-^ les Tranfaft. philofoph. annce 1745 , n.' 476, M. Guettard a auffi trouvc des orteocoles en France, aux environs d'Etampes , & pantculierement fur les bords de la riviere de Lotiette. f « L'ofteocoie d'Etampes, dit cet Academician, forme des tuyaux » longs depuis trois ou quatre pouces jufqu'a un pied , un pied &. « demi & plus : le diametre de ces tuyaux efl de deux , trois , quatre » lignes & meme d'un pouce; Ies uns, & c'eft le plus grand nombre, i> font cylindriques , Ies autres font formes de plufieurs portions de i> cercles , qui re'unies formem une colonne a plufieurs pans. II y >» en a d'aplatis ; les bords de quelques autres font roule's en-dedans 53 iuivant leur longueur, & ne font par confc'qucnt que demi-cylin- » driques: plufieurs n'ont qu'une feule couche, mais beaucoup plus -> en om deux ou trois; on diroit que ce font autant oc cylindres « renferme's Ies uns dans Ies am res: le milieu d'un tuyau cylindrique, j> fait d'une ou de deux couches , en contient quelquefois une troi- y> fieme qui eft prifmatique triangulaire, Quelques-uns de ces tuyaux D E S M 1 N E R A U X. 295 On vicnt de voir par la note precedente, que les ofteo- coles ne font que des incruftations d'une maticre cretacee ou marneufe , & ces incruflations fe forment quelquefois en tres-pcu de temps , auffi-bien au fond des eaux que dans le (tin de la tcrre. M. Dutour , Correfpondant de I' Academic des Sciences , cite un ofteocole qu'il a vu fe former en moms de deux ans. « En fai/ant nettoyer un canal, je remarquai, dit-il, quejout le fond etoit comme tapifte d'un tiiTu iort ierrc de diets pierreux, dont les plus gros n'avoient que deux lignes de diametre & qui i i font coniques; d'amres, ceux-ci font cependant rares , font co tube's cc & forment prefque un cercle: de quelque figure qu'ils loient, leur cc furface interne ell iiile , polie & ordinairement llrice ; 1'exterieure ell c< raboteufe £< hoiiel'-c , Li couleur eit d'un adez beau blanc de niarne cc ou de craie a I'extcrieur ; celle de la iurt;,ce interne ell quelquefois cc d'ua jauno tirant fur le rougeutre , & fi clle elt blanche, ce blauc ell cc toujours un pea Ule. . . . II y a aulll de 1'olte'ocole fur 1'autre «e bord de la riviere, mais tn moindi'e quantitc .... On en trouve cc encore de 1'autre cote de la ville, dans un endioit qui regaide les cc mouli.Ui a papier qui font ctablis fur une branche de la Chalouette, cc & fur les bords des fbilcs de cette \iile qui lout de ce cote .... ce M. Guettard ranpone encore plufieurs obfervations, pour prouver cc que la formation de I'ofteocole des environs d'Eumpes , n'eil due «.c qu'a des planter qui fe font chargees de particules de marne ans & demi, & certainement les racines qui avoient fervi de noyaux a i'ofteocole etoient de plus nouvclle date (n) ». Nous avons d'autres examples d'incrudations qui fe font encore en moins de temps, dans de certaines circonftanees. II eil dit dans I'Hiftoire de 1' Academic des Sciences (o) , que M. de la Chapelle avoit apportc vine petrification fort epaifle, tirce de 1'aqueducd'Arcueil, &L qu'il avoit appris des ouvriers , que ces petrifications ou incruflations fe font par lits chaque annee; que pendant i'hiver il ne s'en fait point, mais feulement pendant I'ete ; & que quand I'hiver a etc tres - plu\ ieux & abondant en neiges , les petrifications qui fe forment pendant I'ctc fuivant font quelquefois d'un pied d'epaiffeur ; ce fait peut-etre exagere , mais au moins on eft fur que (n) Hiftoire de I'Acadcmie des Sciences, annte 176 1 , page 24, Idem , annce 1713 , page 23. fouvent DES MlNERAUX. 297 fouvent en une feule annee ces depots pierreux font de plus d'un pouce ou deux ; on en trouve un exemple dans la mcme Hifloire de 1' Academic (p) . Le ruffian de craie pros de Befancon , enduit d'une incruflation pier- rcufe, ies tuyaux de bois de fapin ou 1'on fait paffer fon eau pour 1'ufage de queiques forges; il forme dans leur interieur en deux ans d'autres tuyaux d'une picrre com- pacte d'environ un pouce & demi d'epaiffeur. M. du Luc dit qu'on voit dans le Valais des eaux auffi claires qu'il /bit poffible , & qui ne laifTent pas de former de teis amas de tuf, qu'il en refulte des failiies confide'rables fur Ies faces des montagnes (q) , &c. Les (talaclites , quoiquede meme nature que ies incruf- tations & Ies tufs, font feulement moins impures &. fe formentplus lentement. On leur a donne differens noms fuivant leurs difFcrentes formes, mais M. Guettard dit avec raifon que Ies ftalaclites , (bit en forme pyramidale ou cylindrique ouen tubes, peuvent etre regardees comme une mcme forte de concretions (r) * II parle d'une con cretion en tres-grande maffe qu'il a obfervee aux environs de Cregi , village peu eloigne deMeaux', qui s'eft formec par le depot de 1'eau d'une fontaine voifine, & dans hquelle on trouve renfermees des mouffes, des chien- (p) A mice 1720, page 23. (q) Lettres a la reine d'Angleterre , page ij, (r) Memoires de I' Academic des Sciences, annee 1754, page 77, Miner aux f Tome I* Pp 35 y> 3> 2<)$ HISTOIRE NATVRELLE dents & d'autres piantes qui forment des milliers de petites ramifications , dont les branches font ordinai- rement creufes, parce que ces piantes fe font a la iongue pourries & entierement detruites (f). II cite auffi ies incruftations en forme de planches de fapin qui fe trouvent aux environs de Befanc,on. « Lorfqu'on voit pour la premiere fois , dit cet Acadcmicien, un morceau de ce depot pierreux , il nV a perfonne qui ne le prenne d'abord pour une planche de fapin petrifiee. . . . Rien en effet n'eft plus prop re a faire prendre cette idee que ces efpeces de planches ; une de leur furface eft ftriee de longues fibres longimdinales & paralleles , com me peuvent etre celles des planches de fapin : la continuite de ces fibres eft quelquefois interrompue par des efpeces de nceuds femblables a ceux qui fe voient dans ce bois ; ces nceuds font de differemes groffeurs & figures. L'autre furface de ces planches eft en quelque forte ondee a peu- pres comme feroit une planche de fapin mal polie. Cette grande refTemblance s'evanouit cependant lorfqu'on vient a examiner ces fortes de planches. On s'apercoit aife- ment alors qu'elles ne font voir que ce qu'on remarqueroit fur des morceaux de platre ou de quelque piiie qu'on auroit ctendue fur une planche de fapin. ... On s'i.ifure facilement des-lors que ces planches pierreufes ne font qu'un depot fait fur des planches de ce bois; & fi on les (fj Me'moires dc 1'Acadeniie des Sciences, annte 1-754, page 3 S & fuiv, D E S M I N E R A U X. 299 caffe on le reconnoit encore mieux , parce que les flries de la furface ne fe continuent pas dans I'interieur (t)». Al. Guettard cite encore un autre depot pierreux cjui fe fait dans les baffms du chateau d'Iffy pres Paris ; ce depot contient des groupes de plantes vcnicillccs toutes incruftees. Ces plantes teiles que la girandole d'eau , font tres-communes dans toutes les eaux dormantes ; ia quantite de ces plantes fait que les branches des differens pieds s'entrelacent les uns avec les autres , & lorfqu'elles font chargees du depot pierreux , elles forment des groupes que Ton pourroit prendre pour des plantes pierreufes on des plantes marines femblables a celles qu'on appelle cor alines. Par ce grand nombre d'exemples , on voit que I'incruf- tation eft le moyen aufTi fimple que general , par lequel la Nature conferve pour ainfi dire a pcrpetuite les em- preintes de tous les corps fujets a la denruclion ; ces empreintes font d'autant plus exacles & fideles , que la pate qui les recoit eft plus fine ; 1'eau la plus claire & la plus limpide , ne laiffe pas d'etre fbuvent chargee d'une tres-grande quantite de molecules pierreufes qu'elle tient en diffolution , & ces molecules qui font d'une extreme tenuite, fe moulent fi parfaiteraent fur les corps les plus delicats, qu'elles en reprefentent les traits les plus dclies ; I'art a mcme trouve le moyen d'imiter en ceci la Nature; (t) Memoires de I' Academic des Sciences, annee 1754, page fr fuiv. PP ij 3oo HISTOIRE NATLJRELLE on fait des cachets , des reliefs , des figures parfaitemem achevees , en expofant des monies au jaillifTemcm d'une eau chargt'ede cette matiere pierreufe (u) ; & Ton peut aufTi faire des purifications artificielles, en tenant long- temps dans cette eau des corps de toute efpece ; ceux qui feront fpongieux ou poreux, recevront 1'incrufhtion tant au dehors qu'en dedans, & fi la fubftance animale on vegetale qui fert de moule vienta pourrir, la concretion qui refte paroit etre une vraie purification , c'efl-a-dire le corps me me qui s'eft petritie , tandis qu'il n'a etc qu'in- crufte a 1'interieur comme a I'exterieur. (u) C'eft aux bains de Saint- Fillppo, fur le penchant de la mon- tagne de S.' Flora, pres de Sienne , qvie M. le docteur Leonardo J'cgm a etabli fa finguliere manufacture d'imprefGons de mcdailles & de bas-reliefs, formes par la poudre calcaire que depofent cxjs eaux: pour cela iJ fes fait tomber d'aiTez haut fur des lattes de bors placces en travers fur un grand cuveau; I'eau par cette chute rejailJit en gouttes centre les parois de la cuve, auxquelles font attaches les modcles &. les medaiiles; & en peu de temps on les volt convenes d'une incruftation ires-fine & trcs - compacTe . . . . On peut meme colorer ce fcdiment pierreux en rouge , en faifant filtrer I'eau qui doit le depofer a travers du bois de fernambouc : il faut que cette matiere foil bien abondante dans les eaux , puifqu'on, afiure qu'on a deja fait par ce moyen des buftes entiers , parce qu'elles font fans couleur decidee, ou plutot fans diverfae de couleurs : au relle, les couleurs, quoique tres-fortes ou trcs-ibnctcs dans certains marbres, n'en ehangent point dn tout la nature ; elles n'en augmentent fenfiblemenc ni la dureto ni la denfite, & n'empechent pas qu'ils ne fe calcinent & fe convertiffent en chaux . 302 HISTOIRE NATURELLE au rneme ciegre de feu que les autres pierres dures. Les picrrcs a grain fin & que Ton pent polir, font ia nuance entre les pierres communes & ies marbres qui tous Tone de la meme nature que la pierre, puifque tous font eifer- vefcence avec les acides; que tous out la caffure grenue, & que tous peuvent fe reduire en chaux. Je dis tous, parce que je n'entends parler ici que des marbres purs, c'eil-a-dire, de ceux qui ne font compofes que de matiere calcaire fans melange d'argile, de fchifte, de lave ou d'autre matiere vitreufc ; car ceux qui font meles d'une grande quantite de ces fubflances hcterogenes , ne font pas de vrais marbres, mais des pierres mi-parties, qu'on doit confiderer a part. Les banes des marbres anciens out etc formes comme les autres banes calcaires , par le mouvement & le depot des eaux de la mer , qui a tranfporte ies coquilles & les matieres pierreufes reduites en petits volumes, en gra- viers, en galets & les a flratifiees les unes fur les autres; & il paroit que I'etablifTement local de la plupart de ces banes de marbre d'ancienne formation a precede celui des autres banes de pierre calcaire, parce qu'on les trouve prefque toujours au-de(Tous de ces memes banes , & que dans une colline compofee de vingt ou trente banes de pierre, il n'y a d'ordinaire que deux ou trois banes de marbre, fouvent un feul, toujours fituc au-deffous des autres , a peu de diftance de la glaife qui fert de bafe a la colline ; en forte que communement le bane de marbre DESMlNERAUX. 303 porte immediatement fur cette argile , ou n'en eft fcpare que |>ar un dernier bane qui paroit etre 1'cgout de tons les autres, & qui eft mele de marbre, de pyrites & de criftaliifations fpathiques d'un affez grand volume. Ainfi par leur fituation au-defTous dcs autres banes de pierre calcaire, les banes de ces anciens marbres ont recu ies couleurs & les fttcs petrifians dont 1'eau fe charge toujours en penetrant d'abord la terre vegctale, & enfuite tous les banes de pierre qui fe trouvent entre cette terre & le bane de marbre ; & i'on pent diftinguer par plufieurs caracleres ces marbres d'ancienne formation ; les uns por tent des empreintes de coquilles dont on voit la forme & les ftrics : d'autres comme les lumachdles paroiffent compofes de petites coquilles de la iigure des lima^ons, d'autres contiennent des belemnites, des orthoceratites, des aftroites , dcs fragmens de madrepores , &c, tous ces marbres qui prefentent des impreffions decoquiiles, font moins communs que ceux qu'on appeiie Inches y qui n'ofFrent que pen ou point de ces productions marines , & qui font compoics de galets & de graviers arrondis, lies enfemble par un cimcnt pierreux,de forte qu'ils s'e- brechent en les caffam, &. c'eft de-la qu'on les a nommes In" cc lies. On pent done divifer en deux clafies ces marbres d'ancienne formation , la premiere ccmprcnd tous ceux auxquels on a donne ce nom de breciies , & Ton pourroit appelcr marbres coquilleux ceux de la feconde claffe ; les 304 HISTOIRE NATURELLE uns & les autres ont des veines de /path , qui cependant font plus frequentes & plus apparentes dans ics marbres coquilleux que dans les brechcs, & ces veines fe font formees lorfque la matiere de ces marbres , encore molle, s'eftentr'ouverte par le deifechement ; les fentes fe font des- iors peu-a-peu remplies du fuc lapidifique qui decouiok des banes fuperieurs , & cefuc fpathique a forme -ies veines qui traverfent le fond du marbre en differens fens ; elles fe trouvent ordinairement dans la matiere plus molle qui a fervi de ciment pour reunir les galets, les graviers & ies autres debris de pierre ou des rnarbres anciens dont ils font compofes ; & ce qui prouve evidemment que ces veines ne font que des fentes remplies du fuc lapidifique, c'eft que dans les banes qui ont fouffert quelqu'efTort, & qui fe font rompus apres le deflechement par un trem- blement de terre ou par quelqu'autre commotion acci- dentelle , on voit que la rupture qui , dans ce cas , a fepare les galets & les autres morceaux durs en deux parties , s'eft enfuite remplie de fpath , & a forme une petite veine fi femblable a la fraclure , qu'on ne j^eut ia meconnoitre. Ce que les ouvriers appelient des fils oil despoils dans les blocs de pierre calcaire, font auffi de petites vcines de fpath , & fouvent la pierre fe romptdans ia direction de ces iils en la travaillant au marteau ; quel- ouefois audi ce fjjath prend une telle fblidite, fur-tout quand il eft rnele de parties ferrugineufes, qu'il femblc avoir atitant & plus dc rcfiftance que le relte de la matiere. II DES MINER AUX. 305 II en eft cles taches com me des veines , dans certains marbres d'ancienne formation ; on y voit evidemment que ies taches font au/Ti d'une date pofterieure a ceiie de la mafTe meme de ces marbres, car Ies coquilles & les debris des madrepores repandus dans cette mafic, ayant ete difTbus par J'imermede de i'eau, ont lai/Te dans plufieurs endroits de ces marbres, des cavites qui n'ont conferve que le contour de leur figure , & 1'on voit que ces petites cavites ont etc enfuite remplics par une ma- tiere blanche ou coloree, qui forme des taches d'une figure femblable a celie de ces corps marins dont elle a pris la place ; & lorfque cette matiere eft blanche , elle eft de la meme nature que celie du marbre blanc ; ce qui femble indiquer que le marbre blanc lui-mcmc eft de feconde formation , & a etc, comme Ies albatres, produit par la ftillation des eaux ; cette prefomption fe confirme lorfque 1'on confidere qu'il ne fe trouve jamais d'impreffions de coquilles ni d'autres corps marins dans le marbre blanc, & que dans fes carrieres on ne remarque point Ies femes perpendiculaires ni meme Ies delits horizontaux, qui fe- parent & divifentpar banes &par blocs Ies autres carrieres de pierres calcaires oude marbres d'ancienne formation; on voit feulement fur ce marbre blanc de tres - petites gercures qui ne font ni regulieres ni fuivies ; Ton en tire des blocs d'un tres -grand volume & de telle cpaifleur que i'on veut, tandis que dans Ies marbres d'ancienne for mation , Ies blocs ne peuvent avoir que I'epaifTeur du j Tome I. Q 306 HISTOIRE NATURELLE bane dont on les tire, & la longueur cjui fe trouve entre chacune des femes perpentiiculaires qui traverfem ce bane. L'lnipeclion meme de la fubitance du marbre blanc & les grains fpathiques que Ton apercoit a fa cafTure, (emblem demon trer qu'il a etc forme par la filiation des eaux ; & Ton obferve de plus que lor/qu'on le taille il obcit au marteau dans tons les /ens, foit qu'on J'entame horizontalement ou verticalement ; au Jieu que dans les marbres d'ancienne formation , le fens horizontal eft celui dans lequel on les travaille plus facilement que dans lout autre fens. Les marbres anciens font done compofes : 1 . Des debris de pierrcs dures ou de marbres encore plus anciens & rcduits en plus ou moins petit volume. Dans les breches, ce font des morceaux tres-diftincls, & qui ont depuis quelques lignes jufqu'a quelques pouces de diametre. Ceux que les Nomenclateurs ont appeles vnirkres oolithes , qui font compofes de petits graviers arrondis, femblables a des ceufs de poifTons, peuvent etre mis au rang des breches ainfj que les poiidingues calcaires , com poles de gros graviers arrondis. 2. D'un ciment pierreux ordinairement colore qui lie ces morceaux dans les breches, & reunit les parties coquilleufes avec les graviers dans les autres marbres; ce ciment qui fait le fond de tous les marbres, n'eft qu'une matiere pierreufe anciennement reduite en poudre & qui avoit acquis fon dernier degre de petrification avant de D E S AI I N E R A U X. 307 ie reunir, ou qui 1'a pris depuis par la fufception du liquide petrifiant. Mais le"s marbres de feconde formation ne contiennent ni galets ni graviers arrondis & ne prefentent aucune impreffion de coquilles: iis font, comrne nous 1'avons dit, uniquement compofes de molecules pierreufes , char- riees & depofees par la ftillation des eaux , & des-Iors iis font plus uniformes dans leur texture & moins varies dans leur compofition ; iis ont ordinairement le grain plus fin & des couleurs plus brillantes que les premiers marbres, defquels neanmoins iis tirent leur origine; on pent en donner des exemples dans tous les marbres antiques & modernes; ceux auxquels on donne le nom ft antiques , ne nous font plus connus que par les monumens ou iis ont ete employes ; car les carrieres dont iis ont etc tires font perdues , tandis que ceux qu'on appelle marbres mo dernes , fe tirent encore acluellement des carrieres qui nous font connues. Le ctpolln parmi ces marbres antiques, & le ferancol'm parmi les marbres modernes , font tous deux de feconde formation; le jaune & le vert antiques & modernes, les marbres blancs & noirs, tons ceux, en un mot, qui font nets & purs, qui ne contiennent point de galets ni de productions marines dont la figure foit apparente, & qui ne font , comme 1'albatre, compofes que de molecules pierreufes , tres - petites & difpofees d'une manicrc uniforme , doivent etre regardes comme des marbres de feconde formation, parmi lefquels ily en 308 HISTOIRE NATURELLE a, comme les marbres biancs deCarrare, clc Pares, &c. auxquels on a donne mal-a-propos le nom de marbres falins , uniquement a caufe qu'ils offrent a leur cafTure & quelquefois a leur furface de petits criflaux fpathicjues en forme de grains de fel ; ce qui a fait dire a quelques Obfervateurs fuperficiels (a) que ces marbres conte- noient une grande quantite de fels. En general , tout ce que nous avons dit des pierres calcaires anciennes & modernes , doit s'appliquer aux marbres ; la Nature a employe les memes moyens pour les former; elle a d'abord accumule & fuperpofe les debris des madrepores & des coquilles, elle enabrife, !uit en poudre la plus grande quantite, elle a dtpofe ie tout par lits borizontaux, & ces matieres reunies par leur force d'affinite, ont pris un premier degre de confiA tance , qui s'eft bien-tot augmente dans les lits inferieurs par rinfiltration du fuc petrifiant qui n'a ceffe de decouler des lits fuperieurs ; les pierres les plus dures & les marbres (a) Le dofteur Targioni Tozzetti rapporte trcs-ferieufement , une observation de Leeuwenhoeck qui pretend avoir de'couvert dans Falbatre, une tres- grande quaniite de fel, d'ou ce Dodeur Italien conje&ure que la plus grande partie de la pate blanche qui compofe 1'albatre , eft une efpece de lei foffile qui, venant a etre ronge par les injures de 1'air ou par 1'eau , laiiTe H de'couvert les criftallifations en forme d'aiguilles : « II y a toujours, dit -il, dans les albatres , une 35 grande quantite de fel; on le voit tout-a-fait reflemblant a celui de la iner , dans certains morceaux que je garde dans mon cabinet >;, le Journal Etranger , nwis d'Aoui 1733, pages 104 & July, DES MINE RAUX. 309 fe font, par cette caufe, trouves au-defTous ties autrcs banes de pierre ; plus il y a eu d'epailTeur de pierre au- dcfTus dece bane inferieur, plus ia matiere en eft devenue denfe; & lorfque le fuc pctrifiant qui en a rempli les pores, s'eft trouve fortement impregne des couleurs du fer ou d'autres mincraux, il a donnc les memes couleurs a la mafTe enticre de ce dernier bane ; on pent aifement reconnoitre & bien voir ces couleurs dans la carriere meme on fur des blocs bruts ; en les mouillant avec de i'cau, elle fait fbrtir ces couleurs, & ieur donne pour le moment autant de luftre que le poli le plus acheve. 11 n'y a que peu de marbres , du moins en grand volume, qui foient d'une feule couleur. Les plus beaux marbres blancs ou noirs font les feuls que 1'on puiiTe citer, & encore font-ils fouvent tachcs de gris & de brun ; tous les autres font de plufieurs couleurs , & 1'on pent meme dire que routes les couleurs fe trouvent dans les marbres, car on en connoit des rouges & rou- geatres ; des oranges , des jaunes &. jaunatres ; des verts & verdarres ; des blcuatres plus ou moins fences & des violets ; ces deux dernieres couleurs font les plus rares , mais cependant elles fe voient dans la brcche violent & dans le marbre appele ^/) Hiftoire g^nerale des Voyages , tome XIX, page 2 8, r>zs MINER AUX. 317 En Suede & en Angleterre, il y a de ineme des marbres dont la plupart variant par leurs couleurs. En Allemagne, on en trouve aux environs de Saltz- bourg & de Lintz difterentes varietes; les uns font d'un rouge lie-de-vin , d'autres font olivatres veines de blanc, d'autres rouges & rougeatres , avec des veines blanches, & d'autres font d'un blanc -pale veines de noiratre (I). II y en a quclques-uns a Bareith , ainfi qu'en Saxe & en Silefie, cfont on peut faire des ftatues, & on tire des environs de Breme du marbre jaune tache de blanc. A Altdorf pres de Nuremberg , on a decouvert, depuis peu, line forte de marbre remarquable par la quantite de belemnites & de cornes d'ammon qu'ii con- tient. Sa carriere eft fituee dans un endroit bas & aqua- tique ; la couche en eft horizontal , & n'a que dix-huit a dix-neuf pouces d'epaifteur, elle eft recouverte par dix- Iiuit pieds de terre, & fe prolonge fous les coiiines fans changer de direction; elle eft divifce par une infinite de femes perpendiculaires qui ne font cloigntes 1'une de 1'autre que de trois , quatre & cinq pieds, &. ces fentes fe multiplient d'autant plus que la couche de marbre s'eloigne davantage des terreins htimides, ce qui fait qu'on ne peut pas obteni'r de grands blocs de ce marbre; fa couleur, lorfqtfil eft brut, paroit ctre d'un gris d'ar- doife, mais le poli lui donne une couleur verte melee de i) M^moires de I' Academic des Sciences, annee 17631 page 2*3- HISTOIRE NATURELLE gris-brun, qui eft agreablement relevee par les diffcrentes figures que le melange des coquilies y a deffmees (k) . Le pays de Liege & la Flandre , fournifTent des marbres plus ou moins beaux & plus ou moins varies dans leurs couieurs. On en tire de plufieurs fortes aux envi rons de Dinant, Tune eft d'tin noir tres-pur & tres-beau, une autre eft aufTi d'un tres-beau noir, mais rayee de quel- ques veines blanches ; une troifieme eft d'un rouge-pale avec de grandes plaques & quelques veines blanches ; une quatrieine eft de couleur grisatre & blanclie, melee d'un rouge couleur de fang ; & une cinquieme qui vient aufft de Liege , eft d'un noir pur & recoit un beau poli. On tire, aux environs de Namur, un marbre qui eft auffi noir que ce dernier marbre de Liege ; mais il eft traverfe par quelques filets gris. Dans le pays des Grifons, il ie trouve a Pufchiavio, plufieurs fortes de marbres, Tun eft de couleur incar nate ; un autre qui fe tire fur le mont Jule eft tres- rouge ; un autre qni eft de couleur blanche, forme un grand rocher aupres de Sanada ; il y a un autre marbre a Tirano qui eft entierement noir. A Valmara, dans la Valteline , il y a du marbre rouge, mais en petites maffes & feulement propre a faire des mortiers a piler. (k Defcription manufcrite du marbre d' Altdorf dtcouvert par le fieur J. Frederick Baudct, Bourguemaitre , envoyce a M. le comte de Buffon. D E S M 1 N E R A U X. Dans le Valais, on trouve prcs des fources cluRhin, du marbre noir veine de blanc. Le canton de Claris a auffi des marbres noirs vcincs de bianc; on en tire de femblables aupres de Guppen- berg, de Schwanden & de Pfefers, ou il fe trouve un autre marbre qui eft de couleur grife-brune , parfemee de lentiiles ftriees & convexes des deux cotes. Le canton de Zurich fournit du marbre noir veine de blanc , qui fe tire a Vendenchwil ; un autre qui eft aufti de couleur noire, mais raye ou veine de jaune, fe trouve a Albifrieden. Le canton de Berne renferme aufTi differentes fortes de marbres ; il y en a dont le fond eft couleur de chair a Scheuznach, & tout aupres de ce marbre couleur de chair on en voit du noir. Entre Aigle & Olon, on tire encore du marbre noir; a Spiez, le marbre noir eft veine de blanc , & a Grindelwald il eft entierement noir (I). Les marbres d'ltalie font en fort grand nombre , & ont plus de reputation que tous les autres marbres de 1'Europe ; celui de Carrare qui eft blanc , fe tire vers les cotes de Genes , & en blocs de telle grandeur o que 1'on veut, fon grain eft criftallin, & il pent etre compare, pour fa blancheur, a 1'ancien marbre de Paros. (I) M. Guettard. Memoir es de I' Academic des Sriences, annee 325 & Juiv, 320 HISTOIRE NATURELLE Le marbre de Sarave^* qui fe trouve clans Ics merries montagnes que celui de Carrare, efl d'un grain encore plus fin que ce dernier ; on y voit aufli un marbre rouge & blanc, dont les taches blanches & rouges font quel- quefois tellement diftincles les lines des autres, que ce marbre refTemble a une breche & qu'on peut lui donner le nom de brocatelle; mais il fe trouve de temps en temps une teinte de noiratre melangee dans ce marbre. Sa carriere eft en mafTe prefque continue comme celui de Carrare , & comme celles de tous les autres marbres crifhllins blancs ou d'autres couleurs qui fe trouvent dans le Siennois & dans le territoire de Genes : tous font difpofes en tres- grandes mafles , dans lefquelles on ne voit aucun indice de coquilles , mais feulement quelques crevafles qui font remplies par une criflallifation de fpath calcaire (m) . Ainfi il ne paroit pas douteux que tous ces marbres ne foient de feconde formation. Les environs de Carrare fourniflent au/Ti deux fortes de marbre verts, 1'une que Ton nomme improprement vert d'Egypte , eft d'un vert-fonce avec quelques taches de blanc & de gris -de - lin ; I'autre que Ton nomme vert de mer, eft d'une couleur plus clairc melee de veines blanches. On trouve encore un marbre fur les cotes de Genes, dont la couleur eft d'un gris d'ardoife mele de blanc-fale ; (m) Lettres fur la Mineralogie par M. Ferber, traduites parM. le fcaron de Dietrich, pages 44 j fr July, mais D E S M 1 N E R AV X. 321 mais ce marbre eft fujet a fe tacher & a jaunir apres avoir re$u le poli. On tire encore fur le territoire de Genes, le marbre Pono-venere ou Pone - culvre , dont la couleur eft noire veinee de jaune, & qui ell moins eftime lorfqu'il eft veine de blancliatre. Le marbre de Margore , qui fe tire du Milanez, eft fort dur & afTez commun ; fa couleur eft un gris-d'ardoife inele de quelques veines brunes ou couleur de fer. Dans i'iJe d'EJbe, on trouve a Sainte-Catherine, une carriere abondante de marbre blanc veine de vert-noi- rdtre (n). Le beau marbre de Sicile, eft d'un rotige-brun, mele ide blanc & ifabelle ; ces couleurs font tres - vives & di/pofees par taches quarrees & longues. Tous les marbres precedens font modernes ou nou- vellement connus ; les carrieres de ceux que Ton appelle antiques , font aujourd'hui perdues, comme nous 1'avons dit, &. reellement perdues a jamais , parce qu'elles out etc epuifeesainfi que la matiere qui les formoit ; on ne compte que treize ouquatorze varietes de ces marbres antiques (o) t dont nous ne ferons pas remuneration , parce qu'on peut fe paffer de decrire dans une Hiftoire Naturelie generale, (n) Obfervations fur les Mines de fer de I'JIe d'EIbe , par M. Ermenegildo Pini. Journal de Phyfique , mois de Decembre 177$* (o) Voyez {'Encyclopedic, article Ma^nnsrlc. j Tome L Sf 322 HISTOIRE NATURELLE les details des objets particuliers qui ne fe trouvent plus dans la Nature. Le marbre I)ianc de Paros , eft le plus fameux de tous ces marbres antiques ; c'eft celui que les grands Artifles de la Grece out employe pour faire ces btlles flames que nous admirons encore aujourd'hui, non-feu- lement par la perfection de 1'ouvrage , mais encore par fa confervation depuis plus de vingt Jjecles ; ce marbre s'efl trouve dans les iles de Paros, de Naxos & de Tinos; il a le grain plus gros que celui de Carrare, & il eft mele d'unc grande quantite de petits criflaux de fpath, cc qui fait qu'il s'egrene aifement en le travaillant ; & c'efl ce mcme fpaih qui lui donne un degre de tranfparence prefque aufTi grande que celle de 1'albatre, auquel il reffemble encore par fbn pen dedurete : ce marbre ell done ev idem ment de feconde formation : on le tire encore aujourd'hui des grandes grottes ou cavernes qui fe trou vent fous la montagne que les Anciens out nominee Marpfjfia. Pline dit qu'ils donnoient a ce marbre 1'epi- thete de lychnltes , parce que les ouvriers le travailloient fous terre a la lumiere des flambeaux. Dapper, dans fa defcription des lies de 1'Archipel (p) , rapporte que dans dette montagne Marpeffia, il y a des cavernes extraordi- nairement profondes , ou la lumiere du jour ne peut penetrer, & que le Grand-Seigneur, ainfi que les Grands (?) Pages 2.61 & DESMlNERAUX. 323 de la Porte, n'emploient pas d'autre marbre que celui qu'on en tire, pour decorer ieurs plus fomptueux batimens. II y a dans 1'ile de Tafbs aujourd'hui Tafjb f queiques montagnes dont les rochers font d'un marbre fort blanc, & d'autres rochers d'un marbre tachete & parfeme de veines d'un beau jaune; ce marbre etoit en grande eftime cbez les Remains , comme il i'eft encore dans tous Jes pays voifins de cette ile (q). En Efpagne, comme en Italic & en Grece, il y a des collines & meme des montagnes entieres de marbre blanc ; on en tire au/fi dans les Pyrenees du cote de Bayonnc , qui eft femblable au marbre de Carrare, a 1'exception de fon grain qui eft plus gros , & qui lui donne beaucoup de rapport au marbre blanc de Paros ; mais il eft encore plus tendre que ce dernier, & fa couleur blanche eft fujette a prendre une teinte jaunatre. II fe trouve auffi dans les memes montagnes un autre marbre d'un vert-brun tache de rouge. M. Bowles donne dans les termes fuivans, la defcrip- tion de la montagne faFilabrcs pres d'Almeria, qui eft toute entiere de marbre blanc. « Pour fe former, dit-il, une jufte idee de cette montagne, il faut fe figurer un cc bloc ou une piece de marbre blanc d'une lieue de cc circuit, & de deux mille pieds de hauteur, fans aucun « melange d'autres pierres ni terre ; le fommet eft prefque « plat, & on decouvre en differens endroits le marbre, fans « (q) Dapper, Delcription de 1'ArchipeI, page Sfij 324 HISTOIRE NATURELLE » que les vents, les eaux, ni les autres agens qui decom- » pofent les rochers les plus durs , y fafTent la moindre » imprefTion II y a un cote de cette montagne coupe » prefque a-plomb, & qui depuis le vallon paroit comme » une e'norme muraille de plus de mille pieds de hauteur, » toute d'une feule piece folide de marbre, avec fi pen » de fentes & fi petites , que la plus grande n'a pas fix pieds de long ni plus d'une ligne de large (r) . » On trouve aux environs de Molina, du marbre cou- leur de chair & blanc ; & a un quart de lieue du meme cndroit, il y a une colline de marbre rougeatre, jaune & blanc , qui a le grain comme le marbre de Carrare. La carriere de marbre de Naquera, a trois lieues de Valence , n'efl pas en maffes epaifles ; ce marbre eft d'un rouge - obfcur, orne de veines capillaires noires qui lui donnent une grande beaute. Quoiqu'on le tire a fleur de terre, & que fes couches ne fbient pas profondes, il eft affez dur pour en faire des tables epaifTes & folides, qui re^oivent un beau poli. On trouve a Guipuzcoa en Navarre & dans la province de Barcelone, un marbre femblable au ferancolin (f). En Afie, il y a certainement encore beaucoup plus de marbres qu'en Europe, mais ils font peu connus, & peut- etre la plupart ne font pas decouverts ; le docteur Shaw (r) Hiftoire Naturelle d'Efpagne, pages 127 & fuiv. (f) Idem, pages 26 , 138 & 777, D E S M I N E R A U X. 325 parle du marbre berborife du mont Sinai, & clu marbre rougeatre qui fe tire aux environs de la mer rouge. Chardin affure qu'il y a de plufieurs fortes de marbres en Perfe , du blanc, du noir , du rouge, & du marbre de blanc & de rouge ft). A la Chine, difent les Voyageurs, le marbre eft fi commun , que plufieurs pouts en font batis ; on y voit aufTi nombre d'edifices ou le marbre blanc eft employe, & c'eft fur-tout dans la province de Schantong , ou Ton en trouve en quantite (u) ; mais on pretend que les Chi- nois n'ont pas les Arts neceffaires pour travailler le marbre auiTi parfaitement qu'on le fait en Europe. II fe trouve a douze ou quinze lieues de Pekin , des carrieres de marbre blanc, dont on tire des maflfes d'une grandeur enorme, & dont on voit de tres-bautes & de tres-grofTes colonnes dans quelques cours du Palais de rEmpereur^. II y a auffi a Siam, felon la Loubere, une carriere de beau marbre blanc (y) , & comme ce marbre blanc eft plus remarquable que les marbres de couleurs, les Voyageurs n'ont guere parle de ces derniers, qui doi- vent etre encore plus communs dans les pays qu'ils ont parcourus fa) . Us en ont reconnu quelques-uns en (t) Voyage en Perfe, tome II , page 23. (u) Hiftoire generate des Voyages, tome V, page 439, (x) Idem, tome VI I, page 515. (y) Idem , tome IX, page 307. II y a des carritres de tres-beau marbre blanc (aux Philippines) 326 HISTOIRE NATURELLE Afrique, & Ic marbre africain etoit trcs-eflimc Jes Ro- mains; mais le docleur Shaw, quiavifite Ics cotes cTAIger, de Tunis & de I'ancienne Carthage en obfervateur exact. & qui a recherche les carriercs de ces anciens marbres, allure qu'elies font abfolument perdties , & que le plus beau marbre qu'il ait pu trouver dans tout le pays, n'etoit qu'une pierre aflez femblable a la pierre de Lewin qui font de 1'autre cute de la riviere (h) . »» M. de la Galliffoniere, cite par M. Guettard, dit » qu'en fortant de Lyon , a la droite du Rhone , on rencontre » des poudingues; qu'on trouve dans quelques endroits du » Languedoc de ces memes pierres ; que tons Ies herds' » du Rhone en Dauphine en font garnis, & meme a une » tres-grande elevation au-deffus de fon lit, & que tout » le terrein eft rempli de ces cailloux rouics, mais qui me » paroifTent, ajoute M. de la Galliffoniere, plutot pierres » noires calcaircs que de vrais cailloux ou filex ; ils forment » dans plufieurs endroits des poudingues ; le plus grand » nombre font noirs, mais il y en a auffi de jaunes, de rougeatres & tres-peu de blancs (i) » M. Guettard fait encore mention de plufieurs autres endroits ou il a vu de ces cailloux rouics & des pou dingues formes par leur affemblage en affez groffes maffes. « Apres avoir paffe Luzarches & la Morlaix , on monte, »dit-il, une montagne dont Ies pierres font blanches, » calcaircs, remplies de pierres rrumi/ma/es, de peignes 6c » de diffcrentes autres coquilles mal confervees , & d'un fi (h) Mcmoires de I'Academie des Sciences , anncc 1753, PaSe * 5 %' •fl) Idem, ibidem, page i jp. D E S M I N E R A V X. 335 grand nombre de cailloux roules , perils & de moyenne groffeur, qu'on pourroit regarder ces rochers comme « des poudingues coquillers : en fuivant cette grande route, « on retrouve les cailloux rouics a Creil, a Fitzjamcs & « dans un endroit appele la Folle ; ils ne different pas « effentiellement de ceux qui fe prefentent dans les cantons « precedens, ni par ieur groffeur, ni par leur couleur qui « eft communcment noiratre. Cette coucbe noire eft celle « que j'ai principalement remarquee dans les cailloux roules « que j'ai obferves parmi les fables des deux endroits bien « eloignes de ces derniers. Ces fables font entre Andre- « ville & Epernon (k). » Les cailloux roules qui fe trouvent dans Jes plaines de la Crau d' Aries, font auffi des pierres calcaires de couleur bleuatre; on voit de meme fur les bords & dans le lit de la riviere Neckerpres de Cronftadt en Allemagne, des niaffes coniiderables de poudingues formes de morceaux calcaires, arrondis, blancs, gris- roufsatres , &c. il fe trouve des maffes femblables de ces galets reunis fur les montagnes voifmes &. jufqu'a leur fommet, d'ou ils ont fans doute roule dans les plaines & dans le lit des rivieres. On pent regarder le marbre appele brcche antique , comme un poudingue calcaire , compofe de gros mor ceaux arrondis bien diftincls; les uns blancs, bleus, rouges, & les autres noirs , ce qui rend cette breche tres- belle par Memoires de I'Acade'mie des Sciences, annee 1753 >Pagf i 86* 336 HISTOIRE NATVHELLE fes varietes cle couleurs. La breche d'Alep eft de mcme compofee comme la breche antique de morceaux arrondis, dont la couleur eft ifabelle. La breche de Saraveze ou Saraveche , prefente des morceaux arrondis d'un bien plus grand diametre, dont laplupart tirentlur la couleur violette, & dont les autres font blancs ou jaumitres. Dans la breche violette commune, il y a des morceaux arrondis affez gros & d'autres bien plus petits ; la plupart font blancs & les autres d'un violet foible. Tous les poudingues calcaires font done des efpeces de breches, & on ne les en auroit pas feparcs fi d'ordinaire ils ne fe fuftent pas trouves differens des breches par leur ciment, cjui eft moins dur & qui ne peut recevoir le poli. II ne manque done a ces poudingues calcaires qu'un degre de petrification de plus pour etre entierement lem- blables aux plus beaux marbres breches, de la meme maniere que dans les poudingues compofes de vrais cailloux vitreux arrondis , il ne manque qu'un degre de petrification dans leur ciment pour en faire des matieres aufli dures que les porphyres ou les jafpes. DU DESM'INERAUX. 337 DU PL AT RE ET DV GYPSE. J_jE Platre & le Gypfe font des matieres caicaires, mais impregnecs d'une affez grande quantited'acide vitriolique, pour que ce meme acide & meme tous les autres n'y fafTent plus d'impreflion ; cet acide vitriolique eft feul dans le gypfe, mais il eft combine dans le platre avec d'autres acides; & pour que les noms ne faffent pas ici confufion , j'avertis que j'appelie gypft ce que les Nomenclateurs one nomme fclcn'ue , par le rapport tres - eloigne qu'ont les reflets de la lumiere fur le gypfe avec la lumiere de la lune. Ces deux fubftances, le gypfe & le platre, qui font au fond les memcs , ne font jamais bien dures ; fbuvcnt elles font friables , «5c toujours elles fe calcincnt a un degre de chaleur moindre que celui du feu neceffaire pour con- vertir Ja pierre calcaire en cliaux. On les broie apres la calcination, & en les detrempant alors avec de 1'eau , on en fait une pate duclile qui recoit toutes fortes de formes , qui fe seche en affez peu de temps , fe durcit en fe fechant, & prend une conliftance aufli ferine que celle des pierres tendres on de la craie dure. Le gypfe & le platre calcines forment, comme la chaux vive, une e(pece de creme a la furface de 1'eau, & Ton obferve que quoiqu'ils refufent de s'unir avec les acides, ils s'imbibent facilement de toutes les fubftances graffes. Pline dit que cette derniere propriete des gy Miner aux f Tome I. U u 338 HISTOIRE NAVURELLE etoit fi bien connue, qu'on s'en fervoit pour degraifler les laines : c'eft aufli en poliffant les platres a 1'huiie , qu'on Icur donne un luftre prcfque auffi briilant que cclui d'un beau marbre. L'acide qui domine dans tous les platres eft 1'acide vitriolique , & fi cet acide etoit feul dans toutes ces ma- tieres, comme il l'eft dans le gypfe , on feroit en droit de dire que le gypfe & le platre ne font abfolument qu'une feule & mcme chofe ; mais 1'on verra par quelques expe riences rapportces ci - apres , que ie platre contient non- feulement de i 'acide vitriolique, mais au/Ti des acides nitreux & rnarins , & que par confequent on ne doit pas regarder le gypfe & le platre comme des fubflances , dont I'eflence foit abfolument la meme; je ne fais cette reflexion qu'en confcquence de ce que nos Chimiftes difent « que le platre on gyp/e n'eft qu'un fel vitriolique a bate de terre calcaire , c'efl-a-direune vraie fclcnite » (aj . II me femble qu'on pent diftinguer 1'un de 1'autre , en di/ant que le gypfe n'efl en effet impregne que de i'acide vitriolique, tanclis que le platre contient non-feulement I'acide vitrio- iique avec la bafe calcaire , mais encore une portion d'acides nitreux &. marins. D'ailleurs Je prctendu gypfe, fait artiti- ciellement en mclant de I'acide vitriolique avec une terre calcaire, ne reffemble pas affez au gypfe ou au platre pro- duit par la Nature , pour qu'on puifTe dire que c'eft une — (a) Diftionnaire de Chimie in-i 2. Paris ^ 1 77 $ > tome II, page 42$, D E S I N E R A U X. 339 feule & meme chofe: M. Pott avoue meme que ces deux produits de i'Art & de ia Nature ont des diilcrences fendbles ; mais avatit de prononcer affirmativement fur le nombre & la qualite des elemens done le platre eft compofe apres la calcination, il faut d'abord le voir & 1'examiner dans fbn etat de nature. Les platres font difpofes comme les pierres calcaires, par lits horizontaux ; mais tout concourt a prouver que leur formation eflpofterieure a ceile de ces pierres. i.°Les maflTes ou couches de platre furmontent generalement les banes calcaires & n'en font jamais furmontes ; ces piatres ne font recouverts que de couches plus ou moins epaifles d'argile ou de marne amoncelees , & fbuvent melangees de terre limoneujfe. 2.° La fubflancc du platre n'eu: evi- demment qu'une poudre dctachce des rnaiTes calcaires anciennes , puifque le platre ne contient point de coquilles , & qu'on y trouve , comme nous le verrons , des ofTemens d'animaux terreftres ; ce qui fuppofe une formation pofte- rieure a celle des banes calcaires. 3. Cette epaiffeur d'argile dont on voit encore la plupart des carrieres de platre (urmontees , fcmble etre la fource d'ou Tacide a decoule pour impregner les platres; en forte que la for mation des maffes platreuies paroh tenir a la circonftance de ces depots d'argile rapportcs fur les debris des matieres calcaires, telles que les craies , qui des-lors ont re9U par flillation les acides, & fur-tout 1'acide vitriolique plus abondant qu^aucun autre dans les argiles ; ce qur Uu i; 340 HISTOIRE NATURELLE n'empeche pas que lors de fa formation , ie platre n'ait aufTi recu d'autres principes falins, dont 1'eau de la mer ctoit impregnce, & c'eft en quoi le platre diftere du gypfe dans lequel 1'acide vitrioiique efl feui combine avec la terre calcaire. Mais de quelque part que viennent les acides contcnus dans Ie platre, il eft certain que le fond de fa fiibftance n'eft qu'une poufliere calcaire qui ne differe de la craie qu'en ce qu'elle efl fortemem impregnee de ces memes acides; & ce melange d'acides dans la matiere calcaire, fuiiit pour en changer la nature, & pour donner aux ftalac- tites qui fe forment dans le phitre des proprietes & des formes toutes differentes de celle des fpaths & autres con cretions calcaires ; les parties imegrantes du gypfe vues a la loupe, paroiffcnt etre tantot des prifmes engrenes les uns dans les autres , tantot des longues lames avec des fibres uniformes en filamens alonges , comme dans Talun de plume auquel Tacide donne auffi cette forme , mais dans une matiere bien differente, pui/que la bafe de 1'alun eft argileufe , au lieu que celle de tout platre eft calcaire. La plupart des Auteurs ont employe fans diftinclion le nom derypfe & celui dep/asrt pour fignifier la meme cliofe; mais pour eviter une feconcle confufion denoms, nous n'appellerons plane que celui qui eft opaque , & que Ton trouve en grands banes comme la pierre calcaire, d'autant que le nom de gypfe n'eft connu ni dans le commerce , ni par les ouvriers qui nomment platre tome matiere DES MlNERAUX. 34,1 gypfeufe & opaque ; nous n'appliquerons done Ie nom de gypfe qu'a ce que Ton appeloit felenite, c'eft-a-dire, a ces morceaux tranfparens & toujours de figure regulierc que 1'on trouve dans toutes les carrieres plutreufes. Le platre reflemble dans Ton etat de nature , a Ja pierre calcaire tendre ; 11 e(l de meme opaque & fi friable, qu'ii ne peuc recevoirle moindre poll; le gypfe an contraire, eft transparent dans toute Ton epaiifeur, fa furface eft luiiante & coloree de jaunatre, de verdcitre , & quelquefois elle eft d'un blanc clair. Les denominations &e pierre fjrecuLiirt on de mirolr d'iine , que le vulgaire avec quelquesNomen- clateurs ont donnees a cctte matiere criflailifee, n'etant fondees que fur dcs rapports equivoques ou ridicules, nous preferons avec raifbn le nom de gypfe ; car le talc , auiFi-bien que le gypfe , pourroit etre appele pierre fpccu- laire , puifque tons deux font tranfparens , & la denomination de miro'irs a dues on miroir d'ane, n'auroit jamais du fortir de la plume de nos Docteurs. Le gypfe eft transparent &. s'exfoiie , comrne le talc , en lames etendues &. minces ; il perd de mcme fa tranfpa- rence au feu ; mais il en dilfere meme a 1'extcrieur, en ce que le talc eft plusdoux& com me onclueuxau toucher; il en dirrerc auffi par fa caflure fpathique & chatoyante; il eft cakinabte &. le talc ne Teft pas ; le plus petit degre de feu rend opaque le gypfe le plus tranfparent , & il prend- par la calcination plus cle blanclieur que 1'autre platre. DC que ique forme que fbient les gypfes , ce font j.j.2 HISTOIRE NATURELLE toujours ties fhlactites du platre qu'on peut comparer aux fpaths cles matieres calcaires ; ces ilalaclites gypfeufes font compofees ou cle grandes lames appliquees ies unes centre les autrcs , ou dc fimplcs filers pofes verticalcment ies uns fur les autres, ou enfin de grains a facettes irregulieres, reunis lateralement Ies uns aupres des autres ; mais routes ces ftalaclites gypfeufes font tranfparentes , & par confc- quent plus purcs que les flalaclites communes de la pierre calcaire (b) ; & quand je reduis a ces trois formes de lames, de filets & de grains les criflallifations gypfeufes, (b) M. Sage,, favant Chimifte de I'Acade'mie des Sciences, diftingue neuf efpeces de matieres platreufes, i.° la terre gypfeufe, blanche & friable comme la craie , & qui n'en diffcre qu'en ce qu'elle ne fait point effervefcence avec Ies acides; 2.° 1'albatre gypfeux qui eft fufceptibfe de poli, & qui eft ordinairement dcmi - tranfparent; 3.° la pierre a platre qui n'eft point fufceptible de poli; 4.° Ie gypfe ou felenite cuneiforiTie , appele aufll pierre fpeculaire , mlro'ir d'ane , & vulgairement talc de Montmanre ; 5.° Ie gypfe ou fele"nite rhomboVdale, dont il a trouve des morceaux dans une argile rouge & grife de la montagne de Saint- Germain -en- Lay e; 6.° Ie gypfe ou iclenite prifmatique decahedre dont il a vu des morceaux dans Targile noire de Picardie; 7.° la lelenite bafaltine en prifmes exhaedres dans une argile griie de Montmartre; 8.° Ie gyple ou felenite lenticulaire , dom Ies criftaux font opaques ou demi-tranfparens , & forment des groupes compofcs de petites mafles orbiculaires renflees dans Ie milieu , amincies vers Ies bords ; 9.° enfin Ie gypfe ou fe'lenite ftrie'e, compefee de fibres blanches, opaques & paralleles , ordinairement brillante & fatine'e : on la trouve en Franche-comte, a la Chine, en Siberie, & on lui donne commu- nement Ie nom de gypfe de la Chine. Element de Mineralogie dvri- jnajti prennent letir entiere foli- dite, au lieu que le platre prend toute la fienne des le premier jour. Enfin cet endurciffement du platre , comme ie dit tres-bien M. Macquer (f), d'ulun & Andrarum , &- qu'il a auffi un morceau d'alabaftrite ou " gypfe ftr^ que t'on a trouve pres de Nykloping. II rapporte enfuite 35 diverfes experiences qu'il a faites fur des fubftances gypfeufes , & if 3i ajoute , i ." que le gypfe calcine avec de la matiere inflammable » donne des indications d'acide fulfureux & d'une terre alkaline; 33 2.° que Ton trouve du gypfe dans la mine de Kupferberg pres 3> d'Andrarum , entre-mele de couches d'ardoife & de pyrites, & 3> qu'a Weft erfi Iberberg on le rencontre avec du vitriol blanc; 3.° que 35 1'acide vitriolique eft le feul des trois acides mineraux qui puifle 3> donner a la terre calcaire la propriete de prendre corps & de fe 3> durcir avec I'eau , apres avoir e'te Icgerement calcinee , car 1'acide 35 de fel marin en difTolvant la chaux, forme ce qu'on appelle (tris- 3> improprement ) , le fel ammoniac fixe: pour 1'acide du nitre, il n'a x> point encore cte trouve dans le rcgne mineral , il faut conclure » de - la que la Nature dans la formation du gypfe , emploie les 3> memes matieres que 1'Art ; cependant la combinaifon qu'elle fait paroit bien plus parfaite >». Experiences fur le gypfe dans un recueil de Memoires fur la Chimle , tradu'n de I'Allemand; Paris, 1764* tome II , pages 337 & fuiv. D E S Af I N E R A V X. 3 57 bane de trcs-bon platre entre deux banes de platre impur & melange. Au refte, le platre crud le plus blanc, ne l'eft jamais autant que le platre calcine , & tous les gypfes ou ftalac- tites de platre , quoique tranfparens , font toujours un peu colorcs, & ne deviennent tres bJancs que par la calcination ; cependant Ton trouve en quelques endroits le gypfe d'un blanc tranfparent dont nous avons parle, & auquel on a donne improprcment le nom d V/>J//v. Le gypfe eft le platre le plus pur, comme le /path eft aufTi la picrre calcaire la plus pure: tons deux font des extraits de ces matieres, & le gypfe eft pcut-etrc plus abondant proportionnellemem dans les banes phitrcnx , que le fpath ne 1'eft dans les banes calcaires ; car on trouve fouvent entre les lits de pierre a piatre dcs couches de quelques pouces d'epaifleur de ce meme gypfe tranf parent &L de figure reguliere : les fentes perpendiculaires ou inclinees, qui feparent de diftance a autre les blocs des banes de platre, font auffi incruftees & quelquefois cntierement remplies de gypfe tranfparent & forme de filets alonges. Et il paroit en general qifil y a beaucoup moins de ftalactites opaques dans les platres que dan* les pierres calcaires. Les platres colores, gris , jaunes ou rougeatres , font melanges de parties mincrales ; la cruic on la picrre blanche reduite en poudre aura forme les plus beaux platreb ; la marne qui eft compofee de poudre de pierre , mais 358 HISTOIRE NATURELLE melangee d'argile ou de terre iiinoneufe, n'aura pu former qu'un platre impur & grottier , plus ou moins colore fuivantla quantite de ces memes terres (i). Audi voit-on dans les carrieres plufieurs banes de platres im- parfaits , & le bon platre fe fait fouvent chercher bien au-deffous des autres. Les couches de platre , comme celles de craie , ne fe trouvent pas fous les couches des pierres dures ou des rochers calcaires; & ordinairement ies coilines a platre ne font compofces que de petit gravier calcaire, de tufFau, qu'on doit regarder comme une pouffiere de pierre; & enfin de marne, qui n'eft aufTi que de la poudre de pierre melee d'un peu de terre. Ce n'c/1 que dans les couches les plus bafTes de ces coilines , & au-deflbus de tons les platres qu'on trouve quelquefois des banes calcaires avec des impreffions de coquilles marines. Ainfi toutes ces poudres de pierre , foit craic , marne ou tuffau , ont ete depofces par des alluvions pofterieures , avec les platres, fur les banes de pierre qui ont ete formes les premiers ; & la mafic entiere de la colline platreufe porte fur cette (i) « On croiroit, die M. Bowles, que les feuilles d'argile, ineJces » avec la terre calcaire , que Ton trouve fouvent etendue fur le >» pkure , en font de vcritables couches , mais cela n'eft pas ; elles 53 font de cette fac_on, parce que le temps de leur deftruclion n'efl 3> pas encore arrive, & le platre eft dans cet endroit, plus nouveau » que I'argtle melee de terre calcaire, que je trouvai par des expe riences, etre un platre imparfait », Hijloire Nature lie d'Efpagne, page 192. D E s Ml N r: R A if A: - y 9 pierre ou fur 1'argile ancienne & le fchifte qui lorn le fondement & la bafe generale & commune cie toures ies matieres calcaires & platreufes. Comme le platre eft une rnatiere trcs-utile, ii eft ben de donner une indication des differens lieux qui pcnvent en fournir , & ou il fe trouve par coucbes d'une cenaine ctendue, a commencer par la coliine de Montmartre a Paris, on en tire des platres blancs, gris, rougeatrcs, & il s'y trouve une tres grande quantite de gyp/e, c'efl-a- dire des /lalacftites tran/parentes & jaunatrcs en afTcz grands morceaux plus ou moins tpais & compofes de J^mcs minces appliquees Ies lines centre Ies autres (k). 11 y a (h) « Dans Ies carrieres de Montmartre, dit M. Guettard, Jcs banes font ordinairement entre-coupes d'une bande de pierre Ipc- > du Morey, des carrieres de tres-beau platre bianc & gris: » ces carrieres s'etendent dans une grande partie du terri- » toire ; eiles font a peu de profondeur en terre , on les » decouvre fouvent en cultivant les vignes qui couvrent » la colline ou elles fe trouvent; elles font placees prefque » au pied du coteau qui eft domine de toutes parts des " montagnes Ies plus elevees du pays ; la furface de tout 0 le coteau n'eft pas fous des pentes uniformes , elle eft au " contraire coupee prefque en tous fens par des anciens » ravins qui forment dans ce pays un nombre de petits » monticules di/pofes fur la croupe generale de la mon- » tagne. Ce platre eft de la premiere qualite pour Tinterieur » des appartemens , mais moins fort que celui de Mont- »> martre, & que celui de Salins en Tranche -Comte, 3» couches , affedent egalement plus ou moins cette figure , & tous fe levent par feuillets ». M. Guettard ajoute qu'il en eft a peu-pres de meme de routes Ies carrieres a platre des environs de Paris. Voye^ Us Alemoires de I' Aca demic des Sciences , annec 1756, page 23$' lorfqu'il D £ S M I N E R A U X. 3 6 l lorfqu'il eft expofc aux injures del'air (!) *>. M. Guettarcl a domic la defcription de la carriere a pldtre de Serbevilfe en Lorraine pres de Lunevilie (m) : dans cette pldtriere, (I) Note communique'e par M. Dumorey, Ingcnieur en chef de la province de Bourgogne, a M. de Buffon, 22 Juilltt 1779- (m) « Le canton de Lunevilie en Lorraine, dir M. Guettard, ne m'ofFrit rien de plus curieux , par rapport a 1'Hifloire Naturelle , y uns & les autres de ces banes en fburniflent qui font fibreux, d'un blanc-fale foyeux , & qui a de la transparence 3'. Afemoires de I' Aca demic des Sciences , annee 1763, pages i j 6 & fulv, (n) Voyez les Me'moires fur la Mineralogie du Daujjhine, tome JI, pages 278, zjy, 2.86, 2 S y cf 290. (o) Voyez le Journal de Phyfique d'Oclobre \j§o , pages 28$ & fulv. (p) « II y en a de plus de foixante pieds de profondeur, qui ont »> plus de trente couches , depuis deux lignes jufqu'a deux pieds 5? d'e'paifleur, qui paroiflent avoir e'tt dc'j^olces & chariees avec line 35 gradation fucceffive, felon qu'on le voit par leurs feuillets & leurs 35 couleurs ; mais ce n'eft cependant qu'une feule & meme inafle de platre , varice feulement par 1'arrangement des parties 35. fjijioire JVdturelle d' Efpagne , par M. Bowles, pages i $ i fr 192. (q) Hiftoire Naturelle d'Efpagne, par M. Bowles, page 106, D E S MlNERAUX. 363 Albaracin , qui paroit etre Tun des lieux les plus eleves de 1'Efpagne (r) f & il y en a de meme pres d' Alicante, qui eft un des lieux ies plus has , puifque cette ville eft fituce fur les Lords de la mer; elle eft voifine d'une colline dont les banes inferieurs font de platre de diffe rences couleurs (f). En Italic, le Comte Marfigli a donnc la defcription de la carriere a platre de Saint Raphael , aux environs de Bologne, ou. 1'on a fouiile a plus de deux cents picds de profondeur (tj. On trouve aufTi du bon phitre dans (r) Hiftoire Naiurelle d'Eipagne, par M. Bowles, page 106. (f) « Au bas de cette montagne, dit M. Bowles, il y a une couche de marnc ou terre a chaux melee d'argile, jaune, rouge cette matiere revolt le poll comme le marbre , & ne cede point au plus bel albatre par la diftribution des taches ». Colledion acadtmique , Par tie etrangcre , tome VI, page 4.76 '. » (u) Rzaczynski indique plufieurs endroits de la Pologne, qui » fourniiTent du platre fous la forme de pierre fpcculaire, ou lous celle v> qui lui eft le plus ordinaire: felon cet Auteur, la pierre fpcculaire y» eft commune entre Crovie & Sonez, dans le village de Poladza, 3> fitu^ comme les deux derniers endroits, dans la petite Pologne; » le Palatinat de Ruflie , & prcs le village de Marchocice ; il eft y> abondant proche Podkamien: les caves de Saruki font creufees dans >j des roches de cette pierre. . . . » L'autre efpece de platre fe tire en grande Pologne pres Goska , di£- » tant de deux lieues de Keinia pres Vapuo , du canton de Paluki , & » dans d'autres endroits de la petite Pologne. . . . Les campagnes de » Skala-TremboAvla en ont qui reflemble a de 1'albatre, 6c auquel il ne » manque que de la durete pour etre , felon Rzaczynski , regarde » comme un marbre : ces endroits ne font pas les feuls qui fourniflent y> de cette pierre; on en rencontre c.a & la fuivant cet Auteur. . . . » On trouve encore du platre a Boleftrafzice, a Lakodow , a dix y> iieues du Le'opol , dans le Palatinat de Ruflle : ce platre eft irani- 33 parent, 1'on en fait des vitres ; ce n'eft fans doute que de la pierre *> fpcculaire : celui que les Italiens appellent alun -fcagliola, & qui » n'eft que de la pierre fpe'culaire, fe trouve a Zawale & a DESMlNERAUX. 365 Guettard , « le vrai platre n'tft pas rare ; celui de Rohatin ( Staroftie de Ruffle ) eft enticremem femblable au platre « des environs de Paris, que 1'on appelle gry guard, il eft « compofe de morceaux de pierres fpeculaires , jaunatres « & brillantes, qui afferent une figure triangulaire; ics banes « de cette pierre font de toutes fortes de largeurs & d'epaif- a feurs ». On trouve encore du platre &du beau gypfe aux environs de Bale en SuifTe, dans le pays de Neufchatel & dans plufieurs autres endroits de 1'Europe. II y a de meme du platre dans 1'ile de Chypre, & prefque dans toutes les provinces de i'Afie. On en fait des magots a la Chine & aux Indes. L'on ne peut done guere dourer que cette matiere ne fe trouve dans toutes les parties du monde , quoiqu'elJe fe prc'fente feulement dans des lieux particuliers & tou- jours dans le voifmage de la pierre calcaire; car le platre n'etant compofe que de fubftance calcaire rcduite en poudre, il ne peut fe trouver que dans les endroits peu eloignes des rochers , dont les eaux auront detache ces particules calcaires , & comme il contient auffi beaucoup d'acide vitriolique, cette combinaifon fiippofe le voifmage de la terre limoneufe , de 1'argile & des pyrites, en forte que les matieres platreufes ne fe feront formees , comme » nakozynce. Ces endroits donnent egalemem du platre ordinaire & blanc; ils font de Podolie ou du territoire de Kuminice n. Alt moire de M. Guettard dans ceux de i Acadimie des Sciences, annee 176 2 , pages j o j & J Q2. 366 HISTOIRE NATURELLE nous 1'avons dit, que dans les terreins ou ces deux circonflances fe trouvent rcunies. Quelque hautes que foient certaincs collines a platre, il n'eft pas moins certain que toutes font d'une forma tion plus nouvelle que celie cles coKines calcaires ; outre les preuves que nous en avons deja donnees, cela peut fe demontrer par la compofition meme de ces eminences pldtreufes ; les couches n'en font pas arrangees comme dans les colJines calcaires; quoique pofees horizonta- lement, elles ne fuivent guere un ordre regulier, elies font placces confinement ies unes fur les autres , & cha- cune de ces couches eft de matiere differente ; elles font fouvent furmontees de marne ou d'argile, que'Iquefois de tuffau ou de pierres calcaires en debris & au/Ii de pyrites, de gres & de pierre meuliere, une colline a platre n'eft done qu'un gros tas de decombres amenes par les eaux dans un ordre affez confus, & dans lequel les lits de poufTiere calcaire qui ont re9U les acides des lits fupe- rieurs , font les feuls qui fe foient convertis en platre. Cette formation recente fe demontre encore par les offe- mens d'animaux terreftres (x} qu'on trouve dans ces couches de platre, tandis qu'on n'y a jamais trouve de coquilles marines. Enfin elle fe demontre evidemment, parce que dans cet immen/e tas de decombres, toutes (x) Nous avons au Cabinet du Roi , des machoires de ceif.avec leurs dents, trouvf.'es dans Ies carrieres de platre de Mommartre prcs Paris. D E S M 1 N E R A V X. 3 67 Ics matieres font moins dures & moins folicles que dans ies carrieres de pierres anciennes. Ainfi la Nature meme clans fbn defordre , & lorfqu'elle nous paroit n'avoir travaille que dans la confufion , fait tirer de ce defordre meme des eftets precieux & former des matieres miles , telles que le platre, avec de la pouffiere inerte & des acides deftructeurs : & comme cette pouffiere de pierre, lorf- qu'elle eft fortement impregnee d'acides, ne prend pas un grand degre de durete, &. que Ies couches de platre font plus ou moins tendres dans toute leur ctendue, foit en longueur ou en largeur, il eft arrive que ces couches, au lieu de fe fendre comme Ies couches de pierre dure par le deffechement de diftance en diftance fur leur lon gueur, fe font au contraire fendues dans tons Ies fens, en fe renflant tant en largeur qu'cn longueur ; & cela doit arriver dans toute matiere molle qui fe renlie d'abord par ie deffechement avant de prendre fa confiflance. Cette meme matiere fe divifera par ce renilement en prifmes plus ou moins gros & a plus ou moins de faces , felon qu'elle fera plus ou moins tenace dans toutes fes parties. Les couches de pierre au contraire ne fe rcnflant point par le deffechement , ne fe font fendues que par leur retraite & de ioin en loin, & plus frcquemment fur leur longueur que fur leur largeur , parce que ces matieres plus dures avoient trop de confiflance , meme avant le deffe chement pour fe fendre dans ces deux dimenfions , & 368 HISTOIRE NATVRELLE que des-lors Ics femes perpendiculaires n'ont pu fe fafre que par effort fur 1'endroit le plus foible, ou ia matiere s'eit trouvee un peu moins dure que ie rtfte de la mafle , & qu'entin le defTcchement feul, c'efl-a dire fans reniie- mem de la matiere , ne peut la divifer que tres-irregulie- rement & jamais en pri/mes ni en aucune autre figure rcguliere. DES t E S M I N E R A U X. 369 DES PIERRES COMPOSEES DE MATIERES VITREUSES ET DE SUBSTANCES CALCAIRES, X>/ES que les eaux Cc furent emparees du premier debris desgrandes maffes vitreufes, & que la matiere calcaire cut commeoce a fe produire dans leur fein par la generation des coquillages, bicn-tot ces dctrimens vitreux& calcaires furent tranfportes, depofes tantot feuls & purs , & tantot melanges & confondus enfemble (iiivant les differens mouvemens des eaux. Les melanges qui s'en formerent alors, durent etre plus ou moins intimes , felon que ces poudres etoient ou plus tenues ou plus groffieres , & fuivant que la mixtion s'en fit plus ou moins complete- ment. Les melanges les plus imparfaits nous font repre- fentes par la marne, dans laquelle Targile & la craie font melees fans adhefion,& confondues fans union propre- mcnt dite. Une autre mixtion un peu plus intime , eft celle qui s'eft faite par fucceffion de temps, de Tacide des argiles qui s'eft dcpofe fur les banes calcaires, & en ayant pcnetrc Tinterieur les a transformes en gypfe & en platre. Mais il y a d'autres matieres mixtes, ou les fubflances argileufes & calcaires font encore plus intimement unies & combinees, & qui paroiiTent appartenir de plus j)res gux grandes & antiques formations de la Nature ; teiles , Tome /. Aaa 570 HISTOIRE NATURELLE font ces pierres, qui avec la forme feuilletee cles fchifles , & ayant en effet 1'argile pour fonds cie leur fubflancc, offrent en meme temps dans leur texture une figuration fpathique, femblabie a celle cle la pierre calcaire, & con- tiennent reeUement des elemens calcaircs intimement unis & mclcs avec les parties fchiflcufes. La premiere de ces pierres melangees, efl celle que les Alincralogiftes ont dcfignee fous le nom bizarre de pierre Je come (a). Elle fe trouve fouvent en grandes maffes adofTces aux rnontagnes de granits , ou contigues aux fchifles qui les revetent & qui forment les rnontagnes du fecond ordre. Or, cette pofition femble indiquer J'epoque de la forma tion de ces fchiftes fpathiques, & la placer, ainfi que nous 1'avons indique, au temps de la produclion des dcrnieres argiles & des premieres matieres calcaires qui durent en effet etre contemporaines ; & ce premier melange des detrimens vitreux & calcaires, paroit etre le plus intime comme le plus ancien de tons: au/Ti la combinaiibn de 1'acide des couches argileuies depofees poflerieurement fur des banes calcaires, ell bien moins parfaite dans la (a) Nota. Ce nom de pierre de come ( hornfteln ) , avoit d'abord etc donne par les Mineurs Allemands , a ces filex en lames qui , par leur couleur brune & leur demi - tranlparence , offrent quelque rcflemblance avec la corne ; mais \VaIIerius a change cette accep- tion, qui du moins e'toit fondt'e fur une apparence, & Jes Mine- raiogifles d'apres lui, appliquent , fans aucune analogie entre le mot & la chofe, cette denomination de pierre de corne aux fchifcs fpa- thiques plus ou moins calcaires dont nous parlons. DES MlNERAUX. 371 picrre gypfeufe, puifqu'elle eft bien plus aifement rcduc- tibleque ne I 'eft ia pierre de corne, qui foufFre, fans fe calciner, le feu necefTaire pour la fondre. La pierre a platre au contraire fe cuit & fe calcine a une mediocre chaleur ; on fait de meme que de fimples lotions , ou un precipite par 1'acide , furfifent pour faire la feparation des poudres calcaires & argileufes dans la marne, parce que ces poudres y font reftees dans un etat d'incoberence , qu'elles n'y font pas melees imimement, & qu'elles n'ont point fubi la combinaifon qui leur eut fait prendre la figuration fpatbique , veritable indice de la lapidification calcaire. Cette picrre de corne eft plus dure que le fchifte fimple, & en difiere par la quantite plus ou moins grande de matiere calcaire qui fait toujours partie de fa fubftance ; on pourroit done deiigner cetie pierre fous un nom moins impropre que celui de pietre de corne , & meme lui donner une denomination precife, en i'appelant fchifte fpathique , cequi indiqucroiten meme temps &lafubflance fchifteufe qui lui fert de bafe , & le melange calcaire qui en modifie la forme & en fpeciiie la nature (b) . Et ces (b) Nota. Quoique M. de Sauflure reproche aux Minerafoo-ides Francois d'avoir mcconnu la pierre de corne , & de Tavoir confondue fous le nom de fchijle , avec toutes fortes de pierres qui fe divifent par feuillets , foil argileufes , foit marneufes ou calcaires. ( Voyage dans Ics Alpes , tome I , page 77 ). II ell pourtant vrai que ces menies MineralogiAes n'ont fait qu'une erreur infiniment plus le'gere Aaa ij HISTOIRE NATURELLE pierres cle corne ou fchiftes fpathiques ne different en effet entr'eux que par la plus ou moins grande quantitc de rmtiere calcaire qu'ils contiennent. Ceux ou la fubftance arcfilenfe eft prefque pure , ont le grain femblable a celui du fchifte pur ( c) ' mais ceux ou la matiere calcaire ou fpathique abondt , oflrem a leur cafTure un grain briilant, ecailleux avec un liiTu fibreux (d)> & meme montrent que celle ou il tombe lui - meme , en rangeant les roches primitives au nombre des roches feuilletees ; mais la us infifter fur cela nous obferverons feulement que le nom de fchijJe ne de'figna jamais chez les bons Naturalises , aucune pierre feuilletee purement calcaire ou marneufe , & que dans fa veritable accepticn, il fignifia toujours fpecialement les pierres argileufes qui le divifent naturellement par feuillets, & qui font plus ou moins melangees d'autres fubflances, mais dont la bafe eft toujours I'argile: or la pierre de corne n'efl en effet qu'une efpece de ces pierres melangees de parties argileufes & calcaires, & nous croyons devoir la ranger fous une meme deno mination avec ces pierres , & ce ri'etoit pas la peine d'inventer un nom fans analogic , pour ne nous rien apprendre de nouveau , & pour defigner une fubftance qui n'eft qu'un fchifle melange de parties calcaires. En rappelant done cette pierre au nom ge'nerique de fchijle , auquel elle doit refter fubordonnt'e , il ne s'agit que de Jui afllgner une epithete fpecifique, qui la clalTe & la dillingue dans fon genre; & comme le nom dtfpath, maigre les raifons qu'il y auroit eu de ne Tapphquer qu'a une feule fubllance , paroit avoir etc adopte pour defigner des fubftances tres-dirTerentes, je croirois qu'il feroit a propos d'appeler les pretendues pierres de cornes , ffhijles fpathiques , puif- qu'en effet leur texture offre toujours une criftatlifation plus ou moins apparente en forme de fpath. (c) M. de SaufTure. Voyage dans les Alpes, tome I , page ( y, (d) Corn f us F($lis. Wallerius , fp, 170. D E S M I N E R A U X. 373 diftin6kment dans leur texture une figuration fpathique, en lames redangulaires , ftriees ; & c'eft dans ce dernier etat que quelques Auteurs out donne a [eurpierredc cornc le nom de horn-blende , & que Yallerius i'a indique'e fous 3a denomination de corneus fpathofus. Les fc hides fpathiques font en general afTcz tendres, & le plus clur de ces fchifles fpathiques ou pierres dc comes , efl cellequeles Suedoisont appelee trapp ( efcalier), parce que cette pierre fe cafTe par etage ou plans fuperpofes , comme les marches d'un efcalier (e) . La pierre de come (e) « On trouve le trapp dans plufieurs endroits de la Suede, fouvent dans des montagnes de premiere formation, remplifiant « des veines etroites & d'une ftruclure fi fubtile , que fes particules cc font impalpables ; quand il eft noir, il fert comme la pierre de « touche, a eprouver 1'or & 1'argent : il n'y a dans ces montagnes cc aucuns veftiges de feu fouterrain. ... « On en rencontre auffi dans les montagnes par couches, fur-tout «c dans celles d'Oftrogothie; il j^orte fur une couche de pierre cakaire « pleine d'animaux marins petrifies; cette oerniere couche eft pofte «c fur un lit de pierre fabionneufe , qua eft couchee horizontalement difpofees par couches qui fe trouvent dans la Veflrogothie , la 3j couche luperieure eft de trapp placte lur une ardoile noire; il n'y a nulle apparence que cette matiere de trapp ait jamais e'te fondue 35. Mais quand en fuite cet habile Chimifle veut attribuer au balalte la rneme origine, il fe irompe ; car il eft certain que le bafalte a tic fondu , & ion idt?e fur 1'identitc du trapp & du balalie , fondte fur la redemblance de leurs produits dans 1'analyle, ne prouve rien autre chofe, finon que le feu a pu , comme 1'eau, envelopper , confondre les memes matieres. Le trapp, fuivant M. de Morveau, contient beaucoup de fer; il a tire quinze par cent de fer, d'un morceau de tnipp qui lui avoit etc envoye de Suede par M. Bergmann: celui-ci allure que le trapp fe fond an feu fans bouillonneinent ; que 1'alkali mineral le dilTout par la voie scche avec effervefcence, <5c que le borax le difiout fans effervefcence. Opufcules de Al. Bergmann, tome II, diff. 25. (f) Idem , ibidem , page 7 o . DES M I N E R A V X. fell ides compofcs, dont ceux qui font le moins melanges de parties calcaires, n'offrent pas la figuration fpathique; & ne peuvent , de 1'aveu des iMineralogifles , fe diftinguer qu'a pcine du fchifte pur. Quoique le trapp & les autres pierres de come ou fchiftes fpathiques qui ne contiennent qu'une petite qunn- titc dc matiere calcaire, ne faffent auffi que peu ou point d'effervefcence avec les acides, neanmoins en les traitant a chaud avec Tacide nitreux , on en obtient par 1'alkalr fixe un precipite gelatineux, de mcme nature que celui que donnent la zcolithe & toutes les autres matieres mclan- gees de parties vitreufes & de parties calcaires. Ce fchifte fpathique fe trouve en grand volume & en mattes tres-confidcrables melees parmiles fchiftes fimples: M. de SamTure qui le decritfous le nom Aepierrc decorne , ]'a rencontre en plufieurs endroits des Alpes. « A demi- lieue de Chamouni, dit ce favant ProfefTeur , en fuivant la rivedroite del'Arve, la bafe d'une montagne, de laquelle fortent piufieurs belles fburces , eft une roclie <\ecorne melee t< de mica & de quartz. Ses couches font a peu-pres verticales, c< fouvent brifees & diverfement dirigees (g) ». Ce me- iange de mica, ce voifinage du quartz, cette violente inclinaifon des maffes me paroit s'accorder avec ce que je viens de dire fur 1'origine & le temps de la formation de cette pierre melange'e : il faut en effet que ce foit dans (S) cc cc °yage dans ^es Alpes, tome 1, page 376 ff/STOiRE NATURELLE ]e temps ou les micas etoient flottans & diffemines far Jes lieux ou fe trouvoient ies debris plus ou moins attc- nues des quartz, & dans des pofitions ou les mafTes pri mitives rompues en differens angles, n'offroient comme parois ou comme bafes , que de fortes inclinaifbns & des pentes roides ; ce n'eft, dis-je, que dans ces pofitions ou les couches de formation fecondaire, ont pu prendre les grandes inciinaifons des pentes & des faces contre lefquelles on les voit appliquees. En effet , M. de Sauffure nous fournit de ces exemples deroches s/e come, adofTees a des granits (h) ; mais ne fe meprend-il pas lorfqu'il dit que des blocs ou tranches de granit, qui fe rencomrent quelquefois enfermes dans ces roches de corne, s'y font produits ou introduits pofterieurement a la formation de ces menies roches' II me femble que c'eft lors de leur formation meme, que ces fragmens de granit prim itify ont ete renfermcs , (bit qu'ils y foient tombes en fe dcta- chant des fbmmets plus eleves (i) , /bit que la force meme des Hots les y ait entraincs dans le terns que les eaux charioient la pate moile des argiles melangees des (h) Voyage dans Ies Alpes, tome I, page jjr. (i) Nota. I^'obfervation meme dz M. de Saudure, auroit pu le convaincre que la maticre de ces tranches de granit a etc arnenee par le mouvement des eaux , & qu'elle s'ell depolce en meme temps que la matiere de la pierre de corne dans laquelle ce granit efl infe'rc; puifqu'il remarque qu'ou elles fe preTentent , Ies couches de la roche de corne s'mtcrrompent brufquement , & paroiflent s'etre inega- lement affaijj'ees, Voyage dans Ies Alpes , pag( 533, poudres D E 5 M I N E R A U X. 377 poudres calcaires, dont eft formee lafubftance des fchiftes fpathiques : car nous fommes Lien cloignes dc croire que ces tranches ou pretendus filons de granit fe foient produits, comme le dit M. de Sauffure, par criflallifation & par 1* infiltration des eaux; ce ne feroit point alors du veritable granit primitif, mais une concretion fecondaire & formee par 1'agfutination des fables graniteux ft- ' Ces deux formations do i vent etre ibigneufement diftih0 ^ees , & Ton ne peut pas, comme le fait ici ce favant Auteur, donner la meme origine & le meme temps de formation aux mafTes primitives & a leurs productions fecondaires ou ftala6lites ; ce feroit bouleverfer toute la genealogie des fubftances du regne mineral. II y a aufTi des fchiftes fpathiques , dans lefquelles le quartz & le feld-fpath fe trouvent en fragmens & en grains difperfes , & comme diffemines dans la fubflance de la pierre : M. de SauiTure en a vu de cette efpece dans la mcme vallee de Clmmouni (1) . La formation decespierres (k) M. de Saufllire reiiiarque lui - meme dans cette pierre, de petlt^s fentes rtftiHgnfS.,.. qui lui paroiflent Yejfet d'un commence ment de retrdite. (1) 'c Les rochers d«^s Monte'es ( route de Servoz a Chamounr3, le Ioii£ de la rive de 1'Arve ), contiennent, outre fa prerre de corne, cc d'aut "s ciemens des montagnes primitives, tels qu» !e quartz & «c le feiu-fparh : dans quelques enJ;oits , la pierre ae corne eft difperlce «- en tres - petite quaiuite , lous ia forme d'une poudre grife, dans cc les interftices de^ grains de quartz & de feld-fpath, & la les ec rochers font durs; ailleurs la pierre de corne, de couleur verte , c Mineroux, Tome I. B b b HISTOIRE NATURELLE ne me paroit pas difficile a expliquer , en fe rappelant qu'entre les detrimens des quartz , des granits & des autres matieres vitreufes primitives emralnees par ies eaux , la poudre ia plus tenue & la plus decompofee forma les argiles ; & que les fables plus vifs & non decompofes , formerent le gres : or , il a du fe trouver dans cette def inition des matieres primitives, de gros fables, qui bien-tot furent faifis & aglutines par la pate d'argile pure, ou d'argile dcja rnclangce de fiibftances calcaires (m) . Ces gros fables , eu egard a leur pefanteur , n'ont point etc diaries loin du lieu de leur origine ; & ce font en effet ces grains de quartz, de feld-fpath & de fchorl , qui fe trouvent incorporcs & empiltes dans la pierre argileufe fpathique,oupierredecorne , voifine des vrais granits (n) . 33 forme des veines fuivies & paralleles enir'elles, qui regnent entre les grains de quartz & de feld-fpath , & la le rocher eft plus tendre ». Voyage dans les Alpes , tome I , page 425- (mj M. de Saufliire, apres avoir parfe' d'une pierre compofe'e d'un melange de quartz & de fpath calcaire, & I'avoir improprement appele granit , ajoute (page 425), que cette maticre fe trouve par flcns dans les montagnes de roche de come : or cette ftaladite des roches de corne nous fournit une preuve de plus , que ces roches font compofees du melange des debris des mafles vitreufes , & des detrimens des lubftanees calcaires. (n) Nota. C'eft a la mcme origine qu'il faut rapporter cette pierre que M. de Sauffure appeile granit veine (page i i 8) , denomination qui ne peut etre plaufsble que dans le langage d'un Naiuralifte qui parle fans cefle de couches perpendiculaires ; ce pretendu granit veinc eft compofe de lits degraviers granireux, refte's purs & fans melange, D E S M I N E R A U X. 3 79 Enfin , il eft evident que la formation des fchides fpa- thiques & le melange de fubflances argileufes & calcaires qui les compofent, ainfi que la formation de toutes les autres pierres mixtes , fuppofent necefTairement la decom- pofition des matieres fimples & primitives dont elles font compofees ; & vouloir conclure (o) de la formation de ces produ6lions fecondaires a celle des mafTes premieres , & de ces pierres remplies de fables graniteux aux veritables granits , c'efl exaclement comme fi Ton vouloit expli- quer la formation des premiers marbres paries breches, ou celle des jafpes par les poudingues. Apres les pierres dans lefquelles une portion de matiere calcaire s'eft combinee avec 1'argile , la Nature nous en offre d'autres ou des portions de matiere argi- leufe fefont melees &. introduites dans les mafTes calcaires: tels font plufieurs marbres, comme le vcrd-campan des Pyrenees , dont les zones vertes font formees d'un vrai & ftratifies pres du lieu de leur origine ; voifinage que cet Obfervateur regarde comme formant un paflage tres - important pour conduire a la formation des vrais granits (page 117): »iais ce paflage en apprend fur la formation du granit , a ptu-pres autant que le paiTage du gres au quartz en pourroit apprendre fur 1'origine de cette fubflance primitive. (o) <•< Je ferai voir combien ce genre mixte nous donne de lumiere fur la formation des granits proprement dits, ou granits en mafles. » Sauffure , voyage dtins les Alpcs , tome I , page ^.zj.Nota. On peut voir d'ici quelle efpece de lumiere pourra refulter d'une analogic fi peu fondce, Bbb ij 380 HISTOIRE NATVRELLE fchifte, interpofe entre Is tranches calcaires rouges qui font le fond de ce marbre mixte; telles font auffi les pierres de Florence , oil le fond du tableau eft de fubflance calcaire pure, ou teinte par un peu de fer , mais dont la partie qui reprefente des mines , contient une portion confiderable de terre fchifteufe (p) , a laquelle, fuivant toute apparence, eft due cette figuration /bus difTerens angles & diverfes coupes, lefquelles font analogues aux Jignes & aux faces angulaires fous lefquelles on fait quq Jes fchiftes afferent de fe divifer, lorfqu'ils font meies de la matiere calcaire. Ces pierres mixtes , dans lefquelles les veines fchifteufes traverfent le fond calcaire , ont moins de folidite & de duree que les marbres purs; les portions fchifleufes font plus tendres quejle refte de la pierre, & ne refiftent pas Jong- temps aux injures del'air: c 'efl par cette raifon que le marbre campan employe dans les jardins de Marly & de Tria non , s'eft degrade en moins d'un fiecle. On devroit done n'employerpour les monumens que des marbres reconnus pour etre /ans melange de fchiftes , ou d'autres matieres argileufcs qui les rendent fufceptibles d'une prompte alte ration & meme d'une deftruclion entiere (q) . Une autre matiere mixte & qui n'eft compofee que d'argile & de fubftance calcaire, eft celle qu'on appelle (p) Voyez la Diflertation que M. Bayen , favant OhimiAe, a fous le titre & Ex amen clumique de differ entes pierre s, Voyez la JDiJ/iriation cite'f. DESMlNERAUX. 381 a Geneve & dans le Lyonnois mollaflc , parce qu'elle eft fort tendre dan-s fa carriere. Elle s'y trouve en grandes maffes (r) , & on ne laiffe pas de ['employer pour les biitimens, parce qu'elle fe durcit a i'air; mais comme 1'cau des pluies & meme 1'humiditc de i'air Ja penetrent & la decompofent peu-a-peu , on doit ne i'employer qu'a convert ; & c'eft en effet pour eviter la deftruclion de ces pierrcs mollaffes , qu'on eft dans 1'ufage, le long du Rhone £ a Geneve, de faire avancer les toits de cinq a fix pieds au-dcla des murs exterieurs, afin de les defendre de la pluie (f). Au rcfte, cette pierre qui ne (r) « En 1779 , on ouvrit un chemin prcs de Lyon, au bord du Rhone, dans une montagne prefque toute de mollafle ; la coupe cc perj>endiculaire de cette montagne prefentoit une infinite de couches cc fuccefllves legerement ondees , d'epaifleurs differentes, dont le tilTu cc plus ou moins ferre, & les nuances diverfifiees , annoncoiem bien cc des depots formes a differentes epoqucs : j'y ai remarque des lits de cc gravier dont 1'interpofition e toil vifiblement 1'effet de quelques inon- « dations qui avoient interrompu de temps a autres , la Gratification de cc la mollafle. Note communique e par AI. de Aforveau. qu'une feinblable cuiflon a feulement change en bleu-fonc^ la couleur y> rouge de 1'argile , en lui procurant un peu plus de durete ; & j'ai » en effet eprouve qu'il n'y avoit qu'un feu de forge qui put vitrifier celle-ci ». Note remije par M. Nadault, a Af. de Bujfon en 1774. (b) « La terre liinoneufe que 1'on nomme communement herbue , » parce qu'elle git fous 1'herbe ou le gazon, e'tant applique'e fur le fer 3> que Ton chauffe au degre de feu pour le fouder, fe gonfle & fe reduit en un niache-fer noir vitreux & fonore ». Remarque de M. de Grignon, DESMlNERAUX. 395 terre limoneufe a encore la proprictc de s'imbiber d'eau plus facilement que 1'argile , & d'en abforber une plus grande quamite; & comme elle s'attache fortement a ia iangue, il paroit que la plupart desbols ne font que cettc meme terre aufTi pure & aufTi attenuee qu'elle peut 1'etre ; car on trouve ces bols en pelotes ou en petits lits dans les femes &cavites, ou 1'eau, qui a penetre ia couche de terre limoneufe , s'efl en meme temps chargee des mole cules les plus fines de cette meme terre , & les a depofees fous cette forme de bol. On a vu a 1'article de 1'argile , le detail de la fouillc queje fis faire en 174.8, pour reconnoitre les differentes couches d'un terrein argileux jufqu'a cinquante pieds de profondeur; la premiere couche de ce terrein etoit d'une terre limoneufe d'environ trois pieds d'epaiffeur. En fui- vant les travaux de cette fouille, &. en obfervant avec foin les differentes maticres qui en ont ete tirees , j'ai rcconnu a n'en pouvoir douter, que cette terre limoneufe etoit entrainee par Tiniiitration des eaux a de grandes profon- deurs dans les joints & les dclits des couches inferieures , qui toutes etoient d'argiJe; j'en ai fuivi la trace jufqu'a trente-deux pieds ; la premiere couche argileufe la plus voifine de la terre limoneufe, etoit mi-partie d'argile & de limon , rrtarbree des couleurs de 1'un & de 1'autre, c'efl-a-dire de jaune & de gris-d'ardoife ; les couches fuivantes d'argile etoient moins melangees , & dans les plus baffes , qui etoient auffi les plus compacles & les plus Ddd ij 396 HISTOIRE NATVRELLE dures, la terre jaune, c'eft-a-diie le limon, ne penetroit que clans les petites fentes perpend u uLires, & queJquefois auffi dans les dclits horizontaux des couches de 1'argile ; cette terre limoneufe incrutloit la fuperiicie des glebes argileufes ; & lorfqu'elle avoit pu s'introduire dans 1'intc- rieur de la couche , il s'y trouvoit ordinairement des concretions pyriteufes, aplaties & de figure orbiculaire, qtii fe joignoient par une e/pece de cordon cylindrique de mcme fubftance pyriteufe, & ce cordon pyritcux aboutifTbit toujours a un joint on a une feme remplie dc terre limoneufe ; je fus des-lors perfuade que cette terre contribuoit plus que toute autre a la formation des pyrites martiales , lefquelles, par fucce/fion de temps, s'accu- mulent & forment foil vent des lits qu'on pent regarder comme les mines du vitriol ferrugineux. Mais lorfque les couches de terre vegetale fe trouvent pofees fur des banes de pierres fblides &. dures , les filiations des eaux pluviales chargees des molecules de cette terre, etant alors retenues & ne pouvant defcendre en ligne droite, ferpentent entre les joints & les delits de la pierre, & y depofent cette matiere limoneufe; & comme 1'eau s'infinue avec le temps dans les matieres pierreufes , les parties les plus fines du limon penetrent avec elle dans tous les pores de la pierre , & la colorent fouvent de jaune ou de roux ; d'autres fois 1'eau chargce de iimon ne produit dans la pierre que des veines ou des taches. D E S M 1 N L R A U X. 3 97 D'apres ces obfervations , je demeurai per/iiade que ceite terre limoneufe produite par i'enticre dccompofi- tion des animaux & des vegetaux, eft la premiere mairice des mines de fer en grains , & qu'elie fournit aufli ia plus grande partie des elemens neccffaires a la formation des pyrites. Les derniers refidus du detriment ultcrieur des etres organifes prennent done la forme de bol, de fer en grains & de pyrite; mais lorfqu'aii contraire les fiibfhnces vcgetales n'ont lubi qu'une Icgere decompofition , & qu'au lieu de fe convertir en terreau & enfuite en limon a la furface de la terre, elles fe font accumulees fous les eaux, elfes ont alors confervetres-long-temps leur effence, & s'etant enfuite bituminifees par le melange de leurs huiles avec 1'acide, elles ont forme les tourbes & les charbons de terre. II y a en effet unetres grande difference dans la maniere dont s'opere la decompofition des vegetaux a 1'air ou dans 1'eau ; tous ceux qui periffent &. font gifans a la fur- face de la terre , etant ahernativement bumectes & defTe- cbcs , fermentent & perdent par une prompte effervef- cence la plus grande partie de leurs principes inflam mables ; la pourriture fuccede a cette effervefcence, & fuivant les degres de la putrefaclion , le vegetal fe defor- ganife, fe denature, & cefTe d'etre combuftible des qu'il eft entierement pourri : auffi le terreau & le limon, quoique provenans des vegetaux, nepeuventpas etre misau nombre des inatieres vraiment combuflibJes ; ils fe confument ou 398 HISTOIRE NATURELLE fe fondent au feu plutot qu'ils ne brulent ; la plus grande partie de leurs principes inflammables s'etant diffipee par la fermentation , il ne leur refte que la terre , le fer & les autres parties fixes qui etoient entrees dans la compofition du vegetal. Mais lorfque les vegetaux au lieu de pourrir fur la terre, tombent au fond des eaux on y font entraincs, comme cela arrive dans les marais & fur le fond des mers, ou les fleuves amenent & depofent des arbres par milliers , alors toute cette fubfhnce vegetale conferve pour ainfi dire a jamais fa premiere effence ; au lieu de perdre fes principes combuftibles par une prompte & forte effcr- vefcence, eile ne fubit qu'une fermentation lente, & dont I'erTet fe borne a la converfion de fon huile en bituine ; elle prend done fous 1'eau la forme de tourbe ou de charbon de terre , tandis qu'a Tair elle n'auroit forme que du terrcau & du limon. La quantitc de fer contenue dans la terre limoneufe eft quelquefois ii confiderable, qu'on pourroit lui donner le nom de terre ferrugineufe , & meme la regarder comme une mine metallique; mais quoique cette terre limoneufe produife ou plutot regenere par fecretion le fer en grains, & que 1'origine primordiale de toutes les mines de cette efpece appartienne a cette terre limoneufe ; neanmoins Jes minieres de fer en grains dont nous tirons le fer aujour- d'bui , ont prefque toutes ete tranfportees & amenees par alluvion apres avoir ete lavees par les eaux de la mer, DES M I NE RA U X. 399 c'eft-a-dire feparees de la terre iimoneufe ou elles s'etoient anciennement formees. La matiere ferrugineufe , foit en grains, foil en rouiile , fe trouve prefqu'a iafuperficiedeiaterreen lits ou couches peu epaiffes ; il femble doncque ces mines de ferdevroient etre e'puifces dans toutes Jes contrees habitees par I'extrac- tion cominuelle qu'on en fait depuis tarn de fiecles (c) . Et (c) « On peut fe faire une ide'e de la quantite de mines de fer qu'on tire de la terre dans le feul royaume de France, par le calcul fuivant : « de Dauphine rendent. . . . 40* de Bretagne 4.3 . de Bourgogne 30. Les Mines ^ de Champagne 33. de Normandie 30. de Franche-comte 36. de Berry 34. Ce produit eft le terme moyen dans chacune de ces provinces : «c la varie'te ge'ne'rale eft de i 6 a 50 pour cent. «< L'on peut regarder pour terme moyen du produit des mines de « France , 3 3 pour cent , qui eft aulTl le plus ge'ne'ral. « Le poids commun des mines lavees & prepare'es pour etre fondues , mille, donnent 7 millions 950 milfe pieds cubes de mineral, tqui- 3> valent a 36805 toifes & 120 pieds cubes. :» Or comme le mineral de fer, fur-tout celui qui fe retire de minieres :» formees par alluvion, telles que font celles de la majeure panic de nos a> provinces, eft melange de terre, de fable, de pierres & de coquilles 33 fofTiIes , qui font des matieres etrangeres que Ton en fepare par le 3> lavage; que ces matieres exccdent deux, trois, & fouvent quatre fois x le volume du mineral, qui en eft fepare par le lavage, le crible & x> i'egrapoir : on peut done tripler la malle generale du mineral , extrait 35 annuellement en France des minieres , & la porter a j i 041 6 toifes 35 cubes, qui eft le total de 1'extraclion annuelle des mines , noa compris ies deblais qui les recouvrent n. Note communiques par A4. de Gr'ignon. En prenant un pied d'epailTeur pour melure moyenne des mines en grains que Ton exploite en France, on a remue pour ce!a 6624.96 toiies d'etendue fur un pied d'epailTeur, ce qui fait 756 arpens de ooo toifes chacun, & 96 toiies de plus de terrein qu'on (fpUife de mineral chaque annee, & pendant un fiecJe 73610 arpens. Nous DESMlNERAUX. 4.0 1 Nous remarquerons aufTi que ces terres dans lefquelies fe forment ies grains de la mine de fer, paroifTent etre de ia meme nature que Ics autres terres limoneufes ou cette formation n'a pas lieu ; Ies unes & Ies autres font d'abord, dans leurs premieres couches , noirutres, arides & fans cohefion ; mais ieur couleur noire fe change en brun dans Ies couches inferieures & enfuite en un jaune- fonce ; la fubftance de cette terre devient ductile ; elie s'imbibe facilement d'eau & s'attache a ia langue. Toutes ]es proprietes de ces terres iimoneufes & ferrugineufcs font Ies memes, & ia mine de fer en grains, apres avoir etc broyee & dctreinpce dans 1'eau, fembie reprendre ies caracleres de ces memes terres au point de ne pouvoir diftinguer ia poudre du minerai , de celie de ia terre iiino- neufe. Le fer decompofe & reduit en rouille, paroit reprendre aufii la forme & Ies quaiites de fa terre matrice. Ainfi ia terre ferrugineufe & ia terre limoneufe ne different que par ia plus ou moins grande quantite de fer qu'elles contiennent, & la minede fer en grains, n'eftqu'une fecre- tion qui fe fait dans cette meme terre d'autant plus abon- damment, qu'elle contient une plus grande quantite de fer decompofe: on fait que chaque pierre & chaque terre ont leurs ftalaclites particuiieres &. differentes entr'elles, & que ces ftalaclites confervent toujours Ies caracleres propres des matieres qui Ies ont produites ; la mine de fer en grains eft dans ce fens une vraie flaiaclite de la terre limo neufe; ce n'eft d'abord qu'une concretion terreufe qui Miner aux , Tome I. E e e 4.02 HISTOIRE NATURELLE peu-a-peu prend cle la durete par la feule force dc i'affinite de fes parties conflituantes, & qui n'a encore aucune des proprietes efTentielles du fer. Mais comment cette matiere minerale peut-eile fe feparer de la maiTe de terre iimoneufe, pour fe former fi regulierement en grains jmfli petits, en auffi grande quan- tite , & d'une maniere fi achevee, qu'il n'y en a pas un (eul qui ne prcfente a fa fiirface le brillant metallique! Je crois pouvoir fatisfaire a cette queflion par les fimples fails que m'a fournis 1'obfervation. L'eau pluviale s'infiltre dans la terre vegctale , & crible d'abord avec facilite u travers les premieres couches, qui ne font encore que la pouffiere aride des parties de vegetaiiK a demi-decom- pofes ; trouvant en/uite des couches plus denies, J'eau les pcnetre auffi, mais avec plus de lenteur , & loriqu'clle efl parvenue au bane de pierre qui fert de bafe a ces couches terreufes , elle devient neceifaircmentilagnante, & ne petit plus s'ecouler qu'avec beaucoup de temps; elle prodtiit afors, par ion fejour dans ces terres graffes, une iorte d'etfervefcence; i'air qui y ctoit contenu s'en dcgage , & forme dans route 1'etendue de la couche une infinite de bulles qui foulevent & preffent la terre en tous /ens, & y produifent un egal nombre de petites cavites dans lefquelles ia mine de fcr vient fe mouler. Ceci n'eft point une fup- pofition precaire, mais un fait qu'on peut demontrer par une experience tres-aifee a repeter ; en mettant dans un vafe tranfparent une quantite de terre Iimoneufe bien detrempce D E S M 1 N E R AU X. 403 avec de 1'eau , & la laiflfant expofee a 1'air dans un temps chaud, on verra quelques jours apres cette terre en eifer- vcTcence fc bourfoufler & produire des bul'es d'air, tant u fa partie fuperieure, que contre lesparois du verre qui la contient; on verra le nombre de ces bullcs s'augmenter de jour en jour, au point que la made entiere de la terre paroit en etre criblee. Et c'eft-la prccifement ce qui doit arriver dans ies couches des terres iimoneufes; car elJes font alternativement humeclees par Ies eaux pluviales &. de/Techees felon ies faifons. L'eau chargce des molecules ferrugineufes, s'infmue par flillation dans toutes ces petitcs cavites , &. en s'ecoulant , elle y depofe la matiere ferrugi- neufe dont elle s'etoit chargee en parcourant Ies couches fuperieures , &. elle en remplit ainfi toutes Ies petites cavites , dont Ies parois lifles & polies donnent a chaque grain le brillant ou luifant que prefente leur furface. Si Ton divife ces grains de mine de fer en deux por tions de fphere , on reconnoitra qu'ils font tous compofcs de plufieurs petites couches concentriques, & que dans Ies plus gros il y a fouvent une cavite fenfible, ordinaire- ment remplie de la meme fubftance ferrugineufe , mais qui n'a pas encore acquis fa folidite , & qui s'ecrafe aifement comme Ies grains de mine eux-memes, qui commencent a fe former dans Ies premieres couches de la terre limoneufe ; ainfi dans chaque grain la couche la plus exterieure qui a le brillant metallique , efl la plus folide de toutes & la plus mctallifee, parce qu'ayant etc E e e ij 404 HISTOIRE NATUPELLE formce la premiere , elle a recu par infiltration & retenu les molecules ferrugineufes les plus pures, & a laiffe pafler celles qui 1'etoient moins pour former la feconde couche du grain , & ii en eft de meme de la troideme & de la quatrieme couche , jufqu'au centre qui ne contient que la matiere la plus terreufe & !a moins metallique. Les cetites ou geodcs ferrugineufes ne font que de tres-gros grains de mine de fer, dans lefquels on pent voir & fuivre plus aifement ce precede de la Nature. Au refte, cette formation de la mine de fer en grains, qui fe fait par fecretion dans la terre limoneu/e , ne doit pas nous induire a penfer qu'on puiffe attribuer a cette caufe la premiere origine de ce fer, car il exiftoit dans le vegetal & 1'animal avant leur decompofition ; 1'eau ne fait que raffembler les molecules du metal & les reunir fous la forme de grains ; on fait que les cendres contiennent line grande quantitc de particules de fer ; c'eft ce meme fer contenu dans les vcgetaux, que nous retrouvons en forme de grains dans les couches de la terre limoneufe. Le mache-fer qui , comme je Tai prouve (d} , n'eft que le rcfidu des vegetaux brulcs, fe convertit prefqu'entie- rement en rouille ferrugineufe ; ainfi les vegetaux, foit qu'ils foiem confumes par le feu ou confommcs par la pourriture , rendent egalement a la terre une quantite de fer peut-etre beaucoup plus grande que celle qu'ils en ont tiree par leurs racines , puifqu'ils re^oivent autant & (d) Voyez Supplement , tome I, D E s MINERAL/^. 405 plus de nourriture de 1'air & cle 1'eau que de la terre. Les obfervations rapportees ci-deffus , dcmontrent en effet que les grains de la mine de fer fe forment dans la tcrre vegctale par la reunion de toutes les particules ferru- gineufes , que Ton fait etre contenues dans les detrimens des vegetaux & des animaux dont cette terre eft com- pofee; mais il faut encore y ajouter tous les debris & toutes les poudres des fers ufes par les frottemens dont la quantite eft immenfe; elles fe trouvent cliffeminees dans cette terre vegetale & s'y reuniflent de meme en grains ; & comme rien n'eft perdu dans la Nature, ce fer qui fe regcnere pour ainfi-dire fous nos yeux , fembleroit devoir augmenter la quantite de celui que nous confbmmons ; mais ces grains de fer qui font nouvellemem formes dans nos terres vegetales , y font raremem en affez gran de quantite pour qu'on puiffe les recueillir avec profit ; il faudroit pour cela que la Nature, par une feconde opera tion, cut fepare ces grains de fer du refte de la terre ou ils out etc produits, comme elle Ta fait pour Tctabliffe- ment de nos mines de fer en grains , qai prefque toutes ont jadis cte amenees & depofees par alluvion fur les terreins ou nous les trouvons aujourd'hui. Le fer en lui-meme & dans /a premiere origine, eft une matiere qui, comme les autres fubftances primitives, a ete produite par le feu, & fe trouve en grandes maffes & en roches dans plufieurs parties du globe, & particu- lierement dans les pays du Nord (c) ; c'eft du detriment (e) On connoit les grandes roches de fer qui fe trouvent en Suede, 406 HISTOIRE NATURELLE & des exfoliations de ccs premieres mafTes ferrugineufes, que proviennent originairement routes ies particules de fer rcpandues a la furface de ia terre, & qui font entrees dans la compofition des vegetaux & des animaux. C'eft de meme par Ies exudations de ces grandes roches de fer que fe font formces par 1'intermede de 1'cau toutes Ies mines fpathiques de ce metal , qui ne font que des flalactites de ces mafTes primordiales ; tons Ies debris des roches primitives, ont etc des Ies premiers temps tranf- portes & depofcs avec ceux des matieres vitreufes , dans toute 1'etendue de la furface & des couches cxtcri-jures du globe. Les premieres terres iimoneufes ayant etc di'layces & entrainees par Ies caux , ce grand lavage aura fait la fcpa- ration de tous Ies grains de fer contenus dans cette terre; le mouvemem de la mer aura enfuite tranfporte ces grains avec Ies matieres qui fe font trouvees d'un poids & d'un volume a peu-pres e'gal, en forte qu'apres avoir fepare Ies grains de fer de la terre ou ils s'etoiem formes, ce mcme rnouvement des eaux Ies aura meles avec d'autres matieres qui n'orit aucun rapport a leur formation ; aufli ces mines d'alluvion ofFrent-elles de grandes differences, non-feule- ment dans leur meJange , mais meme dans leur gifement & leur accumulation. en Ruffie & en Siberia , & quelques Voyageurs m'ont aflure que la plus grande partie du haut terrein de la Lapponie n'eft pour ainfi rfire qu'une ma/fe ferrugineufe. D E S M I N £ R A U X. 407 On appelle mines dilatees ou mines en nappes, ies minieres de fer en grains qui font etendues fur unegrande furface plane, & qui fouvent forment des couches qu 'on peut fiiivre tres-loin ; ces mines font ordinairement en tres-petits grains & prefque toujours mclangces Ies unes de fable vitreux oud'argile, Ies autres de petits graviers calcaires & de debris de coquilies. On nomme mines en nlds ou enjacsj ceiles qui font accumulees dans Ies fentes & dans Ies intervalles qui fe trouvent entre Ies rochers ou Ies banes de pierre, & ces mines en nids font commu- nement plus pures & en grains plus gros que Ies mines en nappes ; elles font fouvent melees de fables vitreux & de petits cailloux , & quoique fituces dans Ies fentes des rochers calcaires, elles ne contiennem ni /able calcaire ni coquilies ; Icurs grains ctant fpecifiquement plus pefans que ces matieres, n'ont ete tranfportes qu'avec des fubflances d'egale pefanteur, tels que ies petits cailloux, Ies calcedoines , &c. Toutes ces mines de fer en grains ont cgaleinent ete depofees par Ies eaux de la raer ; on Ies trouve plus fou- vent & on Ies decouvre plus aiiement au-deflus des collines que dans le fond des vallons, parce que I'epaifleur de la terre qui Ies couvre n'eft pas aufli grande ; fouvent meme Ies grains de fer fe preientent a la iurface du terrein , ou fe montrent par le labour a quelques pouces de profondeur. II refuhe de nos obfervations, que la terre vcgetale ou iimoneule efl la premiere matrice de toutes Ies mines dc HisroiRE NATURELLE for en g, i5; il me fembie qu'il en eft demcme de la pyrite marilale ; ce mineral, quoique de formes varites & differentes, eft neanmoins toujours regulierement figin or, je crois pouvoir avancer que c'eft du detriment des fubftances organifees que !a pyrite tire en partie Ton origine ; car elle fe forme ou dans la couche meme de la terre vcgc- tale, ou dans Jes depots de cette meme terre, entre les joints des pierres calcaires & les delits des argiles , ou i'eau chargee de particules limoneufes s'eft infmuee par infil tration , & a depofe avec ces particules les elemens neceffaires a la compofition de la pyrite. Car quels font en effet les elemens de /a compofition \ Du feu (ixe, de i'acide & de la terre ferrugineufe , tous trois imimement reunis par leuraffinite. Or cene maticre du feu fixe ne vient-elle pas du detriment des corps orga- nifes & des fubflances inflammables qu'ils contiennent! Le fer fe trouve egalement dans ces m ernes detrimens , puifque tous les animaux & vegetaux en recelent , meme de leur vivant , une affez confiderable quamite ; &. comme I'acide vitriolique abonde dans i'argile, on ne doit pas ctre ctonne de voir des pyrites par-tout ou Ja terre vcge- tale s'efl infmuee dans les argiles , puifque tous les principes de leur compofition fe trouvent alors reunis. 11 eft vrai qu'on trouve auffi des pyrites , & quelquefois en grande quantite dans les maffes d'argile , ou il ne paroit pas que la terre limoneufe ait pcnetre; mais ces memes argiles con- tenant un nombre immcnfe de coquilies & de debris des vegetaux D E S I N E R A U X. 409 vegetaux & d'animaux , Ics pyrites s'y feront formees de mcme par 1'union des principes rcnfermcs dans tous ces corps organifes. La mine de fer en grains & la pyrite font done des produits de la terre vegetale. Piufieurs fels fe forment de mcme dans cette terre , par les acides & les alkalis qui peuvent y faifir des bates diffcrentes, & enfin les bitumes s'y produifent auffi par le melange de i'acide avec les huiles vegetales ou les graifles animales : & comme cette couche exterieure du globe recoit encore les dechets de tout ce qui fert a 1'ufage de 1'liomme , les particules de i'or & de Targent, & de tous les autres metaux & matieres de toute nature qui s'ufent par les frottemens , on doit par confequent y trouver une petite quamite d'or ou de tout autre metal. C'eft done de cette terre, de cette pouffiere que nous foulons aux pieds , que la Nature fait tirer ou regenerer la plupart de fes productions en tous genres; & cela feroit-il poffible fi cette meme terre n'etoit pas melangee de tous les principes organiques & adifs, qui doivent entrer dans la compofnion des etres organifes &. des corps figures ! La terre limoneufe ayant etc entraince par les eaux courantes & depofee au fond des mers, accompagne fouvent les matieres vegetales qui fe font converties en char- bon de terre ; elle indique par fa couleur les affleuremens exterieurs des veines de ce charbon. « Nous obferverons, f Tome L Fff • ••• 410 HISTOIRE NATURELLE dit M. de Gen/anne, que clans tous les cndroits ou il » fe trouve des charbons de terre ou d'autres fubftances » bitumineufes, on apercoit des terres / Ce lit d'ocre eft fuivi par un autre bane de fablon, & celui-ci » par une autre veine d'ocre, & le M incur m'a allure qu'en creufant » davantage on voit aulli difterens lits d'ocre & de Table fe fucceder » les uns aux autres; je n'en ai vu que deux lits de chacun , parce « que le puits ou j'ai delcendu etoit tout nouvellement fait. L'ocre >» eft molle , grafle & parraitement homogene: c'eft une chofe aflez » finguiiere que la Nature ait ainfi re'uni les deux contraires , le fable *> & 1'ocre ; favoir la matiere la inoins liante avec celle qui paroit >» avoir le plus de du<5tilite, & cela fans le moindre melange; car la a» Icparation des veines de fable & d'ocre eft parfaite, & n'eft pour » ainfi dire qu'une ligne ge'ome'trique : quand je dis que les veines » d'ocre font fi pures, j'entends qu'il n'y a aucun melange de fable, 35 & je ne parle pas de quelques noyaux durs , ferrugineux & de la » grofleur du poing, qui font de veritables pierres cttitts, car on en 3> trouve atfez frequemment dans 1'ocre; leur furface eft a peu-prcs 3> ronde , & 1'epaiileur de la croute d'environ deux lignes: elles con- a> tiennent un peu d'ocre melee d'une terre ferrugineufe & frLble. On *> n'emploie point d'autre machine pour tirer i'ucre de la carriere que « le tourniquet fimple dont le lervent nos Potiers de terre des » environs de Paris; elle eft pate & prefque blanche dans la veine, y> & jaunit a mefure qu'elle seche, mais elle devient rouge quand on x> la calcine: le fablon qui 1'environne n'a de particulier que quelques 35 brillans talqueux dont il eft feme, & fon gout vitriolique aflez confi- x. derable. Touie cette mine eft fort humide , & malgre la largeur de » 1'ouvenure ; J'eau qui diAilloit des cote's, formoit au has une pjuie D E S M I N E R A V X. 4.13 im-Ie d'ocre (k); une autre a Saint- George-fur-Ia-Prce dans le Berry, qui eft a cinquame ou foixante pieds de profondeur (i) , ia veine d'ocre portant cgalement fur fort incommode : cette eau fentoit aufii le vitriol , & rougifibit avec » inferieures , tombent peu-a-peu en putrefaction , pro- » duifentune efpecede tourbe ou de gazon, qui infenfible- » ment fe convertit en terreau & en fol ; le tiiTu ferre de ces » plantes , empeche 1'humidite qui eft au-defTous de s'eva- » porer , fournit ainfi a la nutrition de la partie fupericure , » & revet a la longue tout 1'efpace d'une verdure conflante.... » Je ne puis pas oublier, ajoute ce Naturalifte voyageur, la » maniere particuliere dont croit une efpece de gramen >» dans File du Nouvel an pres de la terre des Etats & a la » Georgie auftrale. Ce gramen eft perpetuel , & il afTrome 3> les hivers les plus froids ; il vient toujours en touffes ou » panaches a quelque diftance J'un de 1'autre ; chaque annee »> les bourgeons prennent une nouvelle tete, & elargifTent » le panache jufqu'a ce qu'il ait quatre ou cinq pieds de » haut, & qu'il foit deux ou trois fois plus large au /bmmet » qu'au pied. Les feuilles & les tiges de ce gramen font » fortes & /buvent de trois a quatre pieds de long. Les » phoques & les pinguins fe refugient fous ces touffes, & » comme ils fortent fouvent de la mer tout mouilies, ils DES MINERAL? x. 42 1 rendent fi /ales & fi boueux les fentiers entre les pa- « naches, qu'un homme ne pent y marcher qu'en fautant « de la cime d'une touffe a 1'autre. Ailleurs les oifeaux appeles « mgauds, s'emparent de ces touffes & y font leurs nids ; « ce gramen & les ejections des phoques , des pinguins « & des nigauds , donnent peu-a-peu une elevation plus « confiderable au fol du pays (n) ». On voit par ce recit, que la Nature fe fert de tous les moyens poifibles pour donner a la terre les germes de fa fecondite, & pour la couvrir de ce terreau ou terre vege- tale qui eft la bafe & la matrice de toutes fes productions. Nous avons deja expofe, a 1'article des Volcans (o) , comment les laves & toutes les autres matieres volcanifees fe convertifTent avec le temps en terre fe'conde; nous avons dcmontre la converfiondu verre primitif en argile par i'iinermede de 1'eau ; cette argile melee des detri- mens des animaux marins , n'a pas etc long-temps fterile, elle a bien-tot produit & nourri des plantes , dont la decompofition a commence de former les couches de terre vegetale , qui n'ont pu qu'augmenter par-tout ou ce travail fucceffif de la Nature n'a point trouve d'obfiacle ou fouffert de dechet. On a vu ci-devant que 1'argile «& ie limon , on fi Ton (n) Voyez les obiervations de M. Forfler a la fuite du fecond Voyage de Cook , tome V, page 3 o & fuiv. (o) Voyez les Epoques de la Nature, article des laves. Supplement, tome V, 422 HISTOIRE NAT'URELLE vent la terre argileufe & la terre limoneufe , font deux matieres fort ditferentes , fur-lout fi 1'on compare 1'argile pure an limon pur, Tune ne provenaru que clu verre primitif decompofe par les elemens humides, & 1'autre n'etant au contraire que le re'fidu ou produit ulterieur de la decompofilion des corps organilts ; mais des que les couches extcrieures de 1'argile ont recu les bcnignes imprefTions du foleil , elles ont acquis peu-a-peu tous les principes de la fecondite par le melange des pouffieres de 1'air & du fediment des pluies; & bien-tot les argiles couvertes ou melees de ces Unions terreux, font devcnues prefque aufTi fecondes que la terre limoneufe; toutes deux font egalement fpongieufes , grafTes , douces au tou cher , & fufceptibles de concourir a la vegetation par leur duclilite : ces caraeleres communs font caufe que ni les Mineralogiftes , ni meme les Chimiftes ne les ont pasaffez diflinguees , & que Ton trouve en plufieurs endroits de leurs ecrits le nom de terre argileufe , au lieu de celui point incommode. >» Toutes ces circonftances , tant dans la maniere dont il Lrule que « dans les phe'nomenes reliiltans au fen fur-tout, dependent, conime 33 de raifon, de la quaiiie pluti ou moins bllumineufe , ou plus ou molns » pyriteufe du charbon. 3> Un charbon qui eft en grande partie ou en totalite bitumineux', » brule fort vite en donnant une odeur de naphte ; celui qui 1'eft 3> peu , ne fe fouiient pas facilement en mafle quand le feu 1'attaque » a un certain degre : il en eft qhi eft d'aflez bonne durce , niais 35 le feu dilljpant promptement la portion de graifle qui y e'toit aliitie, » les petites alveoles ou loges dans lefquelles elle etoit renterme'e, fe « defuniflent , fe fcparent par petites parcelles , quelquefois aflez w grandes. . . . Ces lories de charbons ne peuvent tenir au foufflet, » le vent les enleve, & ils font tres-peu profitables au feu; d'autres « au contraire qui etoient friables, font d'un bon ulage, leurs parties jj fe reuniffant & fe collant au feu. y> De ineme que le bitume eft dans quelques charbons , le feul y> principe inflammable, il s'en trouve d'autres qui doivent a la pyrite prefque feule leur inflammabilite «. ( Nota. Je ne fais fi cette aflertion eft bien fondce j car tous les charbons de terre que nous connoiflbns DES AI I N E R A U X. 437 Or les matieres vegctales fe font accumulees en maffes, en couches, en veines, enfilons, ou fe font di/perfees en petits volumes, fuivant les differences circonftances ; & lorfque ces grandes mafTes , compofees de vegetaux & de bitume, fe font trouvees voifmes de quelques feux fouterreins, elles ont produit, par une efpece -de diftil* lation naturelle, les fources de petrole, d'a/phalte & des autres bitumes liquides que Ton voit couler quclquefois a la furface de la terre, mais plus ordinairement a de certaines profbndeurs dans fan imerieur , & meme a-u fond des lacs (h) & de quelques plages de la mer (I) '. Ainli toutes les huiles qu'on appelle terrejlrcs & qu'on regarde donnent du bitume ou ne brulent pas ). « C'efl ainfi que les cliarbon-s , felon qu'ils font plus ou moins charges de pyrites, le confument « plus ou moins lentement : celui de Newcaftle eft long a ie conlumer; cc mais celui de Suntherland au comte de Durham, qui ell tres- & produit en cflfet une fcmblable veine! je ne fais, continue-t-il, s'il eft poffible de devoiler ce myflere (o) ». M. Gennete eft peut-etre de tous nos Mineralogiftes celui qui a donne les meilleurs renfeignemens pour 1'exploitation des mines de charbon, & je rends bien volontiers juftice an nitrite de cet habile bomme, qui a joint a une excellente pratique de tres-bonnes remarques; mais fa theorie que je viens d'expofer ne me paroit tirce que d'un fait particulier dont il ne falloit pas faire un principe general: il eft certain, & je 1'ai vu moi-meme, qu'il fe forme dans quelques circonftances, des cbarbons nouveaux par la ftillation des eaux, de la meme maniere qu'il fe forme de nouvelles pierres, des albatres &. des marbrcs nouveaux dans tous les endroits vides qui fe trouvem au-deftbus des matieres de meme efpece; ainfi dans une veine de charbon , tranchee verticalement &. ConnoifTance des veines de houille, &c, page 124. abandonnec D E S Ml N E R A U A'. abandonnee depuis du temps, on voit fur ics parois Si cntre les petits lits de i'ancien charbon, unc concretion ordinairement brune & quelquefois blanchatre, qui n'eft qu'uhe veritable ftalac~lite on concretion de la meme nature que le charbon dont elle tire fon origine par la filtration de 1'eau: ces incrufhtions charbonneufes peuvent augmenter avec ie temps, & peut - etre remplir dans line longue fucceflion d'annees une fente de quelques pouces , on fi Ton veut de quelques pieds de largeur ; mais pour que cet efiet foit produit , il eft neceffaire qu'il y ait au-deffus ou autour de la fente ou cavite qui fe remplit , une mafTe de charbon, laquclle puifTe fournir non-feulement le bitume, mais encore les autres parties compofantes de ce charbon qui fe forme, c'efl-a-dire la partie vegetale, fans quoi ce nouvcau charbon ne refTem- bleroit pas a 1'autre ; & s'il ne decouloit que du bitume, h flillation ne formeroit que du bitume pur & non pas du charbon: or M. Gennete convient & meme affirme, que les veines anciennement videes fe rempIifTent, en quarante ans , de charbon tout femblable a celui qu'elles contenoient, & que cela ne fe fait que par ie fuimement du bitume fourni par le roc voifin de cette veine; des- lors il faut qu'il convienne auffi que cette veine ne pourroit par ce moyen etre remplie d'autre chofe que de bitume & non pas de charbon : il faut de meme qu'il faffe attention a une chofe tres-naturelle & tres-pofTible; c'eil qu'il y a certaines pierres, agas ou autres, qui non- * Tome I. Kkk 442 PIISTOIRE NATURELLE feulement font bitumineufes, mais encore melangees par lits ou par filons cie vraie inatiere de charbon , & que tres-probahlement les veines qu'il dit s'etre remplies de nouvcau, etoient environnees & convenes de cette efpece de roche a demi-charbonneufe , & des-lors ce myftere qu'il ne croit pas poffible de devoiler, eft un eifet tres- fimple & tres - ordinaire dans la Nature. II me femble qu'il n'eft pas nccefTaire d'en dire davantage pour qu'on foit bien convaincu que jamais , ni le gres, ni i'agas, ni aucune autre roche, n'ontcteles matrices d'aucun charbon de terre, a moins qu'ils n'en fbient eux-memes melanges en tres-grande quantite. L'opinion de M. de Genfanne eft beaucoup mieux appuyee , & ne me paroit s'eloigner de la verite que par un point fur lequel il etoit afTez facile de fe mcprendre ; c'eft de regarder 1'argile & le limon , ou pour mieux dire la terre argileufe & la terre limoneufe , comme n'etant qu'une feule & merae chofe. Le charbon de terre, felon M. de Genfanne, eft une terre argileufe, melee d'afTez de bitume & de foufre pour qu'elle foit combuftible : « a la verite , dit-il , ce charbon , dans fon etat naturel , ne contient aucun foufre forme , mais il en renferme tons les principes , qui dans le moment de la combuftion , fe dtveloppent , fe combinent enfemble & font un veritabi'e foufre » (p). (p) Hiftoire Naturelle du Languedoc, par M. de Genlanne, lame I , page i 2 , D E S AI I N E RA U X. 44.3 II me femble que ce fuvant Auteur n'auroit pas du faire entrer le foufre dans /a definition du charbon de terre, puifqu'il avoue que ie foufre ne fe forme que dans fa com- buftion ; il ne fait done pas partie reelie dc la compofition naturelie du charbon , & en efFet Ton connoit plufieurs de ces charbons qui ne donnent point de foufre a la coin- buflion : ainfi i'on ne doit point compter le foufre dan$ les matieres dont tout charbon de terre eft effentiellemcnt compofe , ni dire avecM. de Genfanne, qu'on doitregar- der les veines de charbon de terre comme de vraies mines de foufre (q) . « Et ce qui prouve evidemment que dans le charbon pur il n'y a point de foufre forme, c'eft qu'en « rafinant le cuivre , le plomb & 1'argent avec du charbon « pur , on n'obferve pas la moindre dccompofition du metal ; « point de mane , point de plackmall , meme apres plufieurs « heures dechauffe (r) ». Mais un autre point bien plus im portant , c'eft I'afTertion pofitive que le fond du charbon de terre n'efl que de 1'argile ( f) ; en forte que, fuivant ce Phyficien, tous les Naturalises fe font trompes , lorfqu'ils on dit que ces charbons etoient des debris de forets &. d'autres vegetaux enfevelis par des bouleverfemens (q) Hiftoire Naturelie du Languedoc , par M. de Genfanne, tome ff page / j1 • (r) Note communiquee, par M. Ie Camus de Limare Ie 5 Juillet 1780. (f) Hiftoire Naturelie du Languedoc, par M. de Genfanne, tome I, page 23. Kkkij 444 HISTOIRE NATVRELLE quelconques ( t) ; « il efl vrai , continue-t-il , que la mcr » Baltique charie tous les printemps une quantite de bois » qu'eile amcne du Norcl, & qu'elle arrange par couches » fur les cotes de ia PrufTe , qui font fucceffivemcnt recou- » vertes par ies fables ; mais ces bois ne deviendroient jamais » charbon de terre , s'il n'y furvenoit pas une fubftance bitu- » mineufe qui fe combine avec eux pour leur donner cette » qualite ; fans cette combinaifbn ils fe pourriront & devien- dront terre ». Ceci m'arrete une feconde fois ; car 1'Auteui convenant que le charbon de terre peut fe former de bois & de bitume, pourquoi veut-il que tous les charbons foient corapofes de terre argileufe I & ne fumt-il pas de dire que par tout ou les bois & autres debris de vegetaux feferont bituminifes par le melange del'acide, ils feronc devenus charbons de terre ! Et pourquoi compofer cette matiere combuffible d'une matiere qui ne peut bruler I N'y a-t-il pas nombre de charbons qui brulent en entier, & ne laiflent aprcs la com bullion que des cendres mcme encore plus donees &. plus fines que celles du bois (n) / (t) Hiftoire Naturelle du Languedoc , par M. de Genfanne , tome I , page 24. (v) « A Bermingham , on emploie dans les chemin^es une autre x> elpece de charbon qui eft plus cher que le chaibon de terre ordr- yy naire , on 1'appeIIe few-coal ; la mine eft fituee a fept inilles au nord 33 de Bermingham, a Wedgbory near Warfal in Jl afford shire : on le tire par » gros morceaux qui ont beaucoup de confiilance, & il fe vend trois » peaces and penny le cent, du poids de cent douze hvres, luiiuut a DES MlNERAUX. 445 II eft done tres-certain que ces charbons qui bruJent en entier, ne contiennent pas plus d'argile que le hois ; & ceux qui fe bourfouffent dans la combuflion & laifTenttine forte de fcorie femblable a du mache-fer leger , n'oilrent ce refidu que parce qu'ils font en effet meles non pas d'argile, mais de limon , c'eft-i-dire de terre vegetale, dans laquelle routes les parties fixes du bois fe font raflem- blees : or , j'ai demontre en plufieurs endroits de cet Otivrage, & fur-tout dans les Memoires de la panic expe- rimentalc, que i'origine du mache-fer ne doit point etre attribute an fer, puifqu'on trouve le meme mache-fer dans le feu de i'Orfevre, comme dans celui du For- geron, & que j'ai fait moi-meme du mache-fer en grande quantite avec du charbon de bois feul & fans addition d'aucun mineral ; des-lors le charbon de terre doit en produire comme le charbon de bois , & lorfqu'il en donne en plus grande quantite , c'eft que fous le meme volume il contient plus de parties fixes que le charbon de bois. J'ai encore prouve dans ces memes Memoires & dans 1'article precedent , que le limon ou la terre peu-pres un quintal poids de rnarc. Ce charbon b'allume avec du terreau ou Ton apercoit deja quelques couches de petits cubes de charbon «. Note communiques par AL de Alorveau, DESMlNERAUX. 451 par Jes caux , ont forme les veritables veines de cliarbon de terre dont ies caracleres diftinclifs & differens de ceux de la houille, fe reconnoiifent a la pefanteur du cliar bon, toujours plus compare que la houille, & au gonilement qu'il prcnd au feu en s'y bourfouflam comme ie iimon, £ en donnant de rneme une fcorie plus ou moins poreufe. Ainii je crois pouvoir conclure de ces reflexions & obfervations , que 1'argile n'entre que pen ou point dans Ja compofition du charbon de terre; que le foufre n'y entre que fous la forme de matiere pyriteufe qui fe combine avec la fubftance vegctale , de forte que 1'effence du charbon eft entierement de matiere vegetale, tant fous la forme de bitume que fous celle du vegetal meme. Les impreffions fi multipliers des differentes plantes qu'on voit dans tons les fchiftes limoneux qui fervent de toits aux veines de cliarbon , font des temoins qu'on ne peut rccufer, & qui demontrent que c'eft aux vegetaux qu'efl due la fubltance combuftible que ces fcbifles contiennent. Mais, dira-t-on, ces fcbifles qui non - feulement couvrent , mais accompagncnt & enveloppent de tous cotes & en tous lieux les veines de charbon , font eux- memes des argiles durcies & qui ne laiflent pas d'etre combuflibles : a cela je reponds que la meprife eft ici la meme; ces fchiftes combuftibles qui accompagnent la veinedu charbon, font, comme Ton voit, mcles de la fubflance des vegetaux dont ils portent les imprefTions ; Lll i; HISTOIRE NATVRELLE la meme matiere vcgjta!e qui a fait le fonds de la fubftance du charbon, a du le mclcr auffi avec le fchifte voifm, & des-lors ce n'eft plus du fchifte pur ou de la fimplc argile durcie, mais un compolc dc matiere vegctaie & d'argile, un fcbifte limoneux imprc'gne de bitume , & qui des-lors a la propricte de bruler. II en eft de meme de routes les autrcs terres combuftibJes que 1'on pourroft citer , car il ne iaut pas pc.-.H-e de vue le principe general que nous avons ctabli. 'avoir, que rien n'eft combuflible que ce qui proviem d'.s corps organifes. Apres avoir confidere la nature du cbarbon de terre, rechercbe fon origine , & montre que fa formation eft poftcrieure a la naiffance des vcgetaux, & meme encore pofterieure a leur deftruclion & a ieur accumulation dans ie fein de la terre , il faut maintenant examiner la direction , la fituation & 1'etendue des veines de cette matiere , qui quoique originaire de la furface de la terre , ne lai/Te pas de fe trouver enfonceea degrandesprofondeurs; elle occupe meme des efpaces tres-Condderables & ie rencontre dans routes les parties du globe (a). Nous fommes afTures (j) « La trace de charbon de terre qui m'eft la mieux connue, y> dit M. Gennete', eft celle qui file d'Aix-Ia-Chapefle par Liege, » Hui , Namur, Charteroi, Mons & Tournai jufqu'en Angleterye, T> en paflant fous 1' Ocean; & qui d'Aix-Ia-Chapelle, traverfe J'AIJe- » magne , la Bohcme, la Hongrie.... Cette trainee de veines eft 35 d'une lieue & demie a deux Jieues de Jargeur , ta»tot pins & tantot » moins , elle s'etend lous terre dans les plaines comine cia/is ies mon- tagnes j>. Ctnwrjputfe das veines 4e houllle , &c. page 3 6 . DES Af I N E R A U X. 453 par des obfervations conftantes, que la direclion la plus gcnerale des veines de charbon , eft du levant au cou chant (l>) , & que quand cette allure ( comme di/ent les Ouvriers ) eft interrompue par une faille (c) , qu'ils (b) cc Cette loi, quoiqu'aflez ge'nerale, eft fujeue a quelques excep tions : la mine de Litry en Normandie, va du nord-eft au fud-eft, cc fur dix heures; celle de Languin en Bretagne, marche fur fa meme cc direction; elie s'incline au couchant fur quarame-cinq degr^'s: ceile cc de Momrelais, dans la meme province, fuit la meme direction". Note communiquce, par M. de Grignon. — cc Celle d'Epinac en Bour- gogne , va du levant au couchant , inclinant au nord de trente a > ce que dit M. Gennete, eft d'autant plus jufle que par la y> planche 3 de fon Traite , il ne paroit pas qu'aucune de ces trois y* failles qui y font figure'es aient etc traverfe'es ni meme reconnues 3j a differentes profondeurs , comme cela doit etre pour determiner M furement les differentes e'paifieurs & qualites des failles. « II en eft de meme des cinq veines cote'es _//, $ S, 59, 60 & 3> 6 1 , dont il n'eft pas poilible de fixer auiTi pre'cilcment les courbures j> & les profondeurs , quand on ne les a reconnues que dans un 35 feul point, comme 1'indique (fgure 7, table 3 }, le plan qu'il en 3> donne fans echelle; encore ces cinq veines n'ont-elles etc reconnues s> qu'a peu de diftance de la fuperficie. II ne dit pas non plus fi Ton *> a remarque par les differens travaux des figures i , 2 , 3, 4., j & » 6 ' , table 3, que les e'paiiTeurs & qualites des banes de rochers qui a> fe'parent les autres veines & les dimenfions de ces memcs veines » aient e'te fi exaclement analogues dans les deux extrtmitcs de ces » ouvrages, qu'on a du en conclure le parallelifine par fail, decrit dans cette meme table 3 ». Note communiquee , par M. le Camus de Limart le j Juillft 1780. D E S Al I N E R A U X. les tcrreins plus rapides clu cote du couchant (d) . Les charbons de terre ont done fuivi la ioi gene-rale imprimce par Je niouvemcnt des eaux a toutes les matieres qu'clfes pouvoicnt tran/porter, & en mtme temps ils ont pris i'inclinaiibn de la pente du terrein iiir lequcl ils ont ete depofes, & fur lequel ils font difpofes toujours parallele- ment a cette pente ; en forte que les veines de charbon meme les plus etendues, courent prefque toutes du levant au couchant , & ont leur inclinaiion au nord en mcme temps qu'elles /ont plus ou moins inclinees dans chaque cndioit, fuivant la pente du terrein fur Iequel elles ont ete depofees (e) ; il y en a meme qui approchent de la (d) Voyez les Epoques de la Nature. Supplement, tome V, pag- i 62. & fuiv- (() « La conformitd , dit Al. de Genfanne, que j'ai toujours remarquce entre la configuration du fond de la iner & celie des «« couches de charbon de terre eft li frappante, que je la regarde « comine une preuve de fait, qui tqui\aut a tine denionflration de « tout ce que nous avons dit lur fon origine ; ies bords de la mer te dans la plupart de fes parages, commencent d'abord par une pente «c plus ou moins rapide , qui prend fucceffivement une pofition qui une tone profondeur au-deflous des caux ; il arrive egalement qu'on jj rencontre des veines on couches de charbon dont la fituation eft •>•) prefque perpendiculaire ; mais cela e(l trcs-rare , & cela doit cire , >? parce que dans ies endroits ou les bords de la mer font fort efcarpe's, >» il y a toujours des courans qui ne permettent que difficilement aux 35 vales de s'y repofer. Enfin on remarqtte louvent au fond de la » mer des filons ou amas de fables connus fous Ie nom de banes ; j> ceux qui qoanoiflent les mines de cLarbon, me font temoins qu'elles » forment aufli quelquefois des com ou dos d'ane fort analogues >» a ces banes : lorfque ces depots de vaL-s fe forment dans des aafes » de la mer, qui, par la retraite des eau- , deviennent des vallces, les « veines de charbon y ont deux tetes , une de chaque cote de la » vallce dont el ies coupent le fond; en lorte que la coupe verticale >j de ces veines forme une anfe de panier renverfe'e , dont les deux » extremitcs s'appuiem contre Ies montagnes : telles font Ies veines de chaibon des environs de Liege »>. Hijtoin Nalurclle du Langucdec f tome I, pages 3 > & fuiv> contrees, D E S I N E R A U X. 457 contrces , telles que le pays cle Liege ; il depend de la forme primitive du terrein , comme nous 1'expliquerons tout-a-1'heure ; d'ordinaire lorfque les veines incJinees font arrivees a ia ligne de niveau , elles ne defcendent plus & ne remontent pas dei'autre cote de cette ligne (f) . A cette difpofition generale des veines , il faut ajouter un fait tout aufTi general , c'efl que la meme veine va en augmemant d'epaifleur , a mefure qu'elle s'enfonce plus profondement , & que nulle part fon epaifTeur n'efl plus grande que tout au fond, lorfqu'on eft arrive au plateur ou ligne horizontale ; il eft done evident que ces couches ou veines de charbon qui, dans leur inclinaifon , fuivent la pente du terrein, & qui devicnnent en meme temps (f) « L 'inclinaifon des veines de charbon, dit M. de Genfanne, n'affecte pas une aire de vent determine; il y en a qui penchant vers « le Levant, d'autres vers le Couchant , & ainfi des autres points de «. 1'horizon : elles n'ont rien de commun non plus avec le penchant des «c montagnes dans lefquelies elles le trouvent «. Nola. Je dois obferver que ce rapport de I'inclinaifon des veines avec le penchant des mon- tagnes a exifte anciennement & neceflairement , & 1'obfervation de M. de Genfanne, doit etre particularifee pour les terreins qui ont fubi des Crrangemens depuis le temps du depot des veines. Voye^ ci-apr'cs. e< Quelquefbis, continue-t-il, les veines font inclinces dans le meme fens que le penchant de la montagne; d'autres tois elles entrent « direclement dans 1'intcrieur de la montagne & penchent vers fa bafe « ou vers fon centre; mais aufli lorfqu'une veine a pris fa direction, « elle s'en ecarte rarement; elle peut bien former quelque inflexion, ». EPAISSEUR drs Veines. D 1 S T A N C E entre les Veinej. 5 1 plejfc Cette premiere veine n'a par - tout qu'un feul lit ou epaifTtur uniformej elle a un doigt dVpaifieur de bouage ( terre noire, meuble, qui fe trouvc deflbus ou entre les banes de houiile ) , en- deflbus, ce qui la rend tres-facile a Texploiiation, I !"• ^ P0> I *7 42. Elle eft feparee en deux lits, par un doigt d'epaifTeur de houage. I . /. 84-, Cette troideme ve'mc efl quelquefois feparee en deux , par un ou deux pieds de roc , & a prcndre la chofe en general , on peut compter depuis un pied jufqu'a une , & meme deux toifes de dillance entre ces deux lits de houiile, qui ne font cependant qu'une feule veine. 4- ;>• 40. EpailTcur de la quatrieme veine I . 7 is Elle a trois pouces de houage en has ; fa houiile 1 . 7. 462 HISTOIRE NATURELLE ici le tableau , quoiqu'il y ait beaucoup plus de EPAISSEI'R des Vcincs. DISTANCE tnirc Its Ycinej. eft bonne , <5c brule coinme Ie charbon du mcilleur bois. Diilance de la quatrieme a la cinquieme vcine. . ^aitew tpaifleur de la cinquieme veine |l-i. T[)0. Cettc cinquieme veine eft melee de pierres qui prennent la moiiic de Ton epaiffetir , & la reduifent a fcpt ou huit pouces, divifee en trois fouches; elle renferme quclquefois des pyrites fulfureufes , qui lui donnent une ocieur defa- greable en brulant. ^ ^6. EpaiiTeur de la fixieme veine // V. ; u* s6. EpaifTeurde cctte feptieme veine. 2. 3. ) • La houille de cette veine eft de bonne qualite ; c'eft a cede vcine que commence a toucher la grandc fjille qui coupe enfuite toutes celles qui font au-deffous. EpaifTeur de la huitieme veine "> *7 — • / t 2 I , Elle eft feparee en deux, par un ('paiffcur de deux a trois pouces de pierres , & a en-deffous environ trois pouces de houage. -> 8 Epaifleur de la neuvieme veine i. 3. — 0 i Elle eft fe'pm'e en trois branches par deux lits de pierres, qui lent qu'elle ne vaut prefque rien. fiance de la ncu-vicme a la d'xicme veine 35- . ur de cette d'uieme veine i . / Elle eft de bonne qualite , quoique difficile a gyploiter. D E S M I N E R A U X. 463, cle conjectural que dc reel dans fon expofnion ; il Diftance de la dixieme a la onzieme veine ZPAISSEUR cics Ve'nes. DISTANCE cntre les Vcines, ^SripJs, 9H ^H 9», 7/< 5 11'- ^r°- Elle a en-deflbus deux ou trois doigts d'epaifieur de houage, & eft exce'.lente. Epaifleur de cctte douzieme veine i . z. La houille de cette veine repand une mauvaifc odeur en brulanr, parce qu'elle renferme des boutures ou pyrites fulfurfufcs ; expo fee a Fair pendant les pluies , celle qui eft emietee fermcnte & s'enflamme d'elle-meme, & c'eft pour cela qu'on ne peut exploiter cette veine pendant 1'hiver, puifque la houille ne pourroit fe con- ferver en tas a 1'air libre pour la veme, fans accident. i. 7. Elle eft divifee en trois banes par deux lits de pierrcs , d'un a deux doigts d'epaiffeur , & a en-deffbus environ un demi-doigt de houn.ge. f^Tdanr^ HP IT trri/iemp a la nuatorzieme veine 4.. a £Ile ert ft'paree en deux branches prefqu'egales , par un bane de pierres noircs & de veine mi- toyenne ( oufauffe veine terreufe qui n'eft ni de vraie houille, ni proprement terre', ni veritable pierre , mais un compofe des trois fondues en- femble ), le tout d'un pied d'e'paifleur; & a en- deflbus deux ou trois doigts d'epaiiTeur de houage. Dlflim-p .?f> la nnafor?!^!!!? ,T !i nuinziemc veine . £paifleur de CcUe quinzieme vciae, ,,,,,,1,,,. 3- 3- 464 HISTOIRE NATURELLE pretend que ces veines font au nombre de fbixante-unc , El'e eft quelquefois feparee en deux par un lit de pierre &. de matiere bitumineufe , ce qui n'em- peche pas que la vune ne foit excellence. Diitance de la quinzieme a la feizieme veine. . . . EpaiffeuT de cette feizieme veine Elle eft quelquefois d'une feule piece, & d'autre- fois ellc a trois couches; alors celle de defTus ck cclle de delTous font les pics epaifies ; fouvent il y a un peu de houage, & fouvent il n'y en a point. Diftance de la feizieme a la dix-fepticme veine. . . tpaideur de cette dix-feptieme veine II y a un lit de deux doigts d't-paiffeur qui la tliufeen deux branches; c'efl encore ici une VL-ine d'elite : il y a depuis deux jufqu'a cinq .luigts d'epaiffeur de houage fous cette veine. Dillance de la dix-feptieme a la dix-huitieme veine. . E~paifleur de cette dix-huitieme veine Cette veine eft bonne , elle eft tantot d'une feule piece, & tantot de deux couches : elle a quel- quefois du houage, & d'autres fois elle n'en a point. Diftancede la dix-huitieme a la dix-neuvicme veine. EpaifTeur de cette dix-neuvieme veine Elle a un lit de pierres qui la divife en deux branches, & ce lit n'eunt que d'un pied en que'ques endroits , fe trouve de pluheurs pieds d'epaiiTcur en d'autres : il y a un demi - pied de houage fous la derniere couche du bas ; la veine a quelquefois des pyrites fuliureufes. Dillance de la dix-neuvieme a la vingtieme veine . . . £paifleur de Cette vingueme veine . . . . EpAfSSEUR Tome /. N C n DISTANCE ntre les Veinet, 466 HISTOIRE NATURELLE liegeois cle profondeur , tandis que dans la realite & T-.PAISSEUR flfi Veint'j. DISTANCE entre 1« Vcinej, Difbnce de la vingt-cinquieme a la vingt -fixieme veine Epai/Teur de cette vingt-lixieme veine 3'1'- 3''°- JElle eft aufli divifee en deux couches , & a depuis deux jufqu'a trois pouccs de houage au-deffous. Dlftance de la vingt - fixieme a fa \lngt-feptieme veine EpaifTeur dc cette v/ngt-feptieme veine 2. 3. Cette veine eft bonne & toute (Tune piece. Diftance de la vingt- (l-ptieme a la vingt-huitieme veine Epaifleur de cette vingt-huitieme veine 2. 3, Cette veine eft bonne & auffi d'une feule piece; tile a deux doigts de houage. Diftance de la vingt-huitieme a la vingt-neuvieme veine 98, EpailTeur de cette vingt-neuvieme veine 5. j. JI y a deux lits de pierres qui divifent la veine en trois ; I'us de ces lits de pierres a trois pouces , & 1'autre un pied d'e'paiflt-ur ; elle eft mife au nombre des meilleures vcines, & a un pouce de houage au milieu. Diftance de la vingt-neuvieme a la trentieme veine. I1- EpaifTeur de cette trentieme veine 3. t Elle eft divifee en deux couches ; II y a qucl- quefois du houage & toujours des pyrites futtureufes. Diftance de la trentieme a la trente-unieme veine £paifleur de cette trente-unieme veine; 2. D E S M I N £ R A U X. de fait, les travaux les plus profonds de la montagne de II y a deux lits de pierre qui la divifent en trcis branches , & qui ont chacun fept a huit pouces d'epaiffeur: ces trois branches donncnt de la houille qui eft peu eftimee. Diflance de la trente - unieme a la trente-deuxieme veine £paifleur de cette trente-deuxieme veine C'eft ici une bonne veine divifee en deux couches par une epaifleur de deux doigts de houage. Diftance entre la trente-deuxieme & la trente-troi- fieme veine Epaifleur de cette trente-troifieme veine JI y a un lit de pierres de fept pouces d'epaiffeur, qui la divife en deux branches a peu - pres egales : la houille de cette veine eft un peu moins noire que celle des autres veines; if y a trois doigts de houage au-deftbus. Diftance entre la trente- troifieme & la trente-qua- trieme veine Epailfeur de cette trentc-quatrieme veine II y a encore ici trois couches de houille, dont la fupe'rieure eft la plus epaifle, avec un demi- doigt de houage au-defTous. Diflance de la trente-quatrieme a la trente-cinquieme veine, tpaifleur de cette trente-cinquieme veine Cette trente-cinquieme veine eft bonne , elle a deux doigts de houage au-dcflous. Diftance de la trente-cinquieme a la trente - fixieme veine £paiffeur dc cette trente-fuicme veine. ,,.,.,.. E P AISS E U R «Je5 \'ejne5. 3 11'- 4- 7- 3- 7- DISTANCE enire Id Veines. 70, 70. 91. Nn 468 HISTOIRE NATURELLE Saint - Gilles , ne font parvenus qu'a la vingt - troifieme II 7 a deux lits de pierres , chacun de quatre a cinq pouces d'epaiffeur , qui feparent la veine en trois branches : cette veine porte fur deux doigts de houage , & renferme quelquefois des pyrites fulfureufes. Diftance de la trente-fixieme a la trente-fcptieme EPAISSEUR lies Vcines. D 1 S 7 ANC E enlre les Vi-incs. 5 t p'iek, 42. II y a un lit de pierres qui divife la veine en deux branches, dont la fupe'rieure a un demi- duigt de houage; cette veine renferme quel- ques pyrites. Diftance de la trente - feptieme a la trente-huitieme veine .. .. ...... Epaifieur de cette trente-huitieme veine I. a Souvent cette veine eft d'une feule piece, & fouvent elle eftdivifee en deux couches , dont Tinferieure porte fur une epaiffeur de deux doigts de houage. Diftance de la trente-huitieme a la trente-neuvieme I. 5. Cette veine a deux couches; celle de defTus efl la plus e'paiflc , & porte fur un doigt de houage. Pittance de la trente - neuvieme a la quararuicmt. ' 7- Diftance de la quarantieme a la quarante - unieme Ep'aiflTeur de cette quarante-unieme veine 2. 3. Cette veine eft compofee dc deux couches; cellc de delTous eft la plus epaifle; & porte fur deux doigts de houage. D E S M I N E R AU X. 469 veine , laquelle ne fe trouve qu'a douze cents quatre- Diftance de h quarante - unicine a fa quarante- EPAISSEUR cics \ tines. DISTANCE entre les Veinei, 42pfc*< 49 > 67. 42. 2.1. 105^ 7Q> V1- 3Po. II y a un lit de pierres de deux doigts d'epaif- feur, qui divife la veine en deux branches; celle de defTus ell la plus forte; & celle de deffous a trois doigts de houage. Diftance de la quarante - deuxieme a la quarante- £paiiTeur de cette quarante-troifieme veine. ..... i. 7. Diltance de la quarante-troifieme a la quarante-qua- 3- ' Dillance de la quarante-quatrieme a la quarante-cin- 2. £IIe eft divifee en deux couches; celle de deffous a deux doigts de houage. JDiftance de la quarante- cinquieme a la quarante- 4" * Diftance de la quarante -fixieme a la quarante- Epaifleur de cette quarante-fcptieme veine 2. t Elle efl compofee de deux couches ; celle d'en bas a un dci^t d'epaiiTeur de houage- Diftance de la quarante-feptieme a la quarante-hui- ^cailleur de cette quaiantc-huitieme veine. 1 7- 470 HISTOIRE NATURELLE vingt-huit pieds iiegeois , c'efl-a-dire a milie foixante- £PAISSE un des Veines. D (STANCE cnire Ics Veinej, Diftance de la quarante-huicieme a la quarante-ncu- i-rpieil*. Epaifleur de cette quarante-neuvieme veine IP'- 3P°. Diftance de la quarante-neuvieme a lacinquantieme "rn TpaifTeur de cett« cinquantieme veine. * 4,-. /v. Difbncc de la cinquantieme a la cinquante -unieme T2* 7. 1 . 5. Diftance de la cinquante - unieme a la cinquante J' J r 3. * J > • Elle eft divifee en tfeux couches; celle de defTous a quatre pouces de houage. Diftance de la cinquante -deuxieme a la dnquante- Q, EpaifTeur de cette cinquante-troifieme veine . 4-. H ~ O-J.. JI y a un lit de pierres d'un pied d'epaifleur , qui divife la veine en deux branches; celle d'en has a un pied de houage. Diftance de la cinquante-troifieme a la cinquante- 7O. tpaifteur de cette cinquante-quatrieme veine Elle eft difficile a exploiter a caufe des pierres qui s'y trouvent melees. Diftance de fa cinquante-quatrieme a la cinquante- 3- 3- / V. - £ EpaifTeur de cette cinquante-cinquieme veine Cette veine eft bonne, facile a exploiter avec irois pouces de houage cn-deflbus. 3- 3- 5&. DESMlNERAUX. 47 1 treize pieJs de Paris de profondeur , fiuvant le calcul EPAISSEL'R dcs \ cincs. T A N C E tnlic Ic: v. Diftance de Ja cinquante-einquieme a la cinquame- S i pieds, EpaifTeur de cette cinquante-fixieme vtine I P'- "7PO. JElle eft divifee en deux couches; celle de deffus eft la plus epaiffe , & porte fur un doigt d'epaiffeur de houage : il y a id une faille dont on a deja parle , qui a quatre cents vingt pieds d'epaifleur , & qui fepare la cin quante-fixieme vtine de la cinquante-feptieme. Diftance de la cinquante-fixieme a la cinquante- 11 71 4-2. 0» Epaifteur de cette cinquante-feptieme veine 11 y a un lit de pierres qui, depuis trois pouces, s'e/argit jufqu'a vingt & vingt-un pieds, & divife ainfi la veine en deux branches. Diftance de la cinquante-feptieme a la cinquante- 2. 7. t r\ f tpaiffeur de cette cinquante-huitieme veine I. H J U ) • Diftance de la cinquante-huitieme a la cinquante- 1 •> f\ XpaiflTeur de cette cinquante-neuvieme veine ' i — U» Elle eft divifee en deux couches par deux doigts d'epaifleur de houage , & contient beaucoup dc pyrites. Diftance de la cinquante-neuvieme a la foixanticme 1. 2. Diftance de la foixantieme a la foixante - unieme EpaifTcur de cette foixante-unieme &. derniere veine. Cette veine eftd'eliie; elle po: te fur trois pouces de houj^e , & elt divifee en deux couches. 3. 8. 1 2>\J » 472 HISTOIRE NATURELLE meme des diftances rapportees par cet Auteur (h) . Les autres travaux des environs ne font pas auffi profonds ( ij. M. Gennete a done eu tortdefaire entendre que les mines du pays de Liege ont etc fouillees jufqu'a quatre mille cent vingt-cinq pieds de profondeur ; tout ce qu'il auroit pu dire , c'eft que fi Ton vouloit exploiter par le fommet de la montagne de Saint-Gilles fa foixante-unieme veine, il faudroit creufer jufqu'a quatre mille cent vingt-cinq pieds de profondeur perpendiculaire, c'eft-a-dire a trois mille quatre cents trente-huit pieds de Paris, fi toutefois cette veine conferve la meme courbure qu'il lui fuppofc. Rejetant done comme conjecturales & peut-etre imagi- naires, tomes les veines fuppofees' par M. Gennete au- dela de la vingt-troifieme , qui eft la plus profonde de toutes celles qui ont ete fouillees, & n'en comptant en effet que vingt-trois au lieu de foixante-une ; on verra, par la comparaifbn entr'elles de ces veines de charbon, toutes fituees les lines au-defTous des autres , que leur epaifleur n'eft pas relative a la profondeur ou elles gifent; M. Gennete ajoute que le houage fe trouve toujours fous les veines ou bieu entr'elles , &. que toutes celles ou il y a de cette efpcce de terre font plus faciles a exploiter que les autres, parce que 1'on y fait entrer aife'ment les coins de fer pour detacher la houille & Ten- lever en morceaux. Connoljfancc des veines de houille , &c. page 47 jufqu'a. la page Si , (h) Voyez la pJanche III , figure i de M. Gennete. (ij Note communiquee par M, le Camus de Limare. car DBS M I N E R AU X. 473 car dans le nombre des veines fuperieures , de celles du milieu & des inferieures, il s'en trouve qui font a peu- pres egalemem epaifles ou minces , fans aucune regie ni aucun rapport avec leur fituation en profondeur. On verra aufli que I'epaiffeur plus ou moins grande des matieres etrangeres interpofees entre les veiaes dc charbon, n'influe pas fur leur epaiffeur propre. II en eft encore de meme de la bonne ou mauvaife qualite' des charbons; elle n'a nul rapport ici avec les differentes profondeurs d'ou on les tire ; car on voit par ie Tableau , que le meilieur charbon de ces vingt-trois veines , eft celui qui s'eft trouve dans les quatrieme , fep- tieme , dixieme , onzieme, quinzieme, dix-feptieme, dix-huitieme & vingt-deuxieme veines; en forte que dans Jes veines les pIusbaiTes , ainfi que dans celles du milieu , & dans les plus exterieures, il fe trouve egalement du tres-bon , du mediocre & du mauvais charbon ; cela prouve encore que c'eft une meme matiere amenee & depofee par les memes moyens, qui a forme les unes & ies autres de ces differentes veines, & qu'un fcjour plus ou moins long dans Ie fein de la terre , n'a pas change leur nature ni meme leur qualite , puifque les plus profondes & par confcquent les plusanciennement depofees, fbntabfolu- ment de la meme effence& qualite que Ies plus modernes; mais cela n'empeche pas qu'ici , comme ailleurs , la partic du milieu & le fond de la veine , ne fbient toujours celles ou fe trouve le meilieur charbon ; celui de la panic , Tome L O o o 474 HISTOIRE NATURELLE fuperieure eft toujours plus maigre & plus leger , & a mefure qne les rameaux de la veine approchent plus de la furface de la terre , le charbon en eft moins compacle, & il psroit avoir ete altere par la (lillation des eaux. (kj, Dans ces vingt-trois veines, il y en a huit de tres-bon charbon, dix de mediocre qualite, & cinq qui donnent tine tres-mauvaife odeur par la grande quantite de pyrites qu'elles contiennent ; & comme I'une de ces veines pyri- leufes fe trouve etre la derniere, c'eft-a-dire la vingt- iroifieme, on voit que les pyrites qui ne fe forment ordi- nairement qu'a de mediocre? profondeurs , ne laiffcnt pas de fe trouver a plus de douze cents quatre-vingts pieds Liegeois dans 1'interieur de la terre , ou mille fbixante- treize pieds de Paris ; ce qui demontre qu'elles y ont ete depofees en meme temps que la matiere vegetale qui fait 3e fond de la fubftance du charbon. On voit encore , en comparant les epaifleurs de ces (k) « II y a deux efpeces de charbon, le premier gras, compacle, » luifant & lent a s'enflammer. niais qui 1'etant une fois , donne un > feu vif, une flamme blanche, & jette une fume'e epaifle. . . . Cette 3i efpece eft la nieilleure , & eft appelee chcnbon de pierrc .... On » ne trouve ce bon charbon que dans la profondeur , ou il conferve » une portion plus confidcrable de bitunie ^ui le rend plus compacle » & plus onclueux La feconde efpece de charbon eft tendre, y> friable & fujette a fe decompofer al'air; il b'allume facilement; mais 3> fa chaleur eft foible .... Sa fituation fuperficielle eft caufe qu'il a perdu la partie la plus fubtile de fon bitume ». Memoire fur It f/iarhn mineral, far Al, dt Tilly, pages j & 6, 1 N E R AU X. 475 differentes veines , qu'elles varient depuis fept pouces jufqu'a cinq pieds & demi , & que celle des lits qui Jes feparent, varie depuis vingt-un pieds jufqu'a quatre-vingt> dix-huit, mais fans aucune proportion ni relation des unes aux autres. Les veines les plus epaifles font les troifieme , quatorzieme, dix-neuvieme, vingt-deuxieme, & la plus mince eft la fixieme. Au refte dans une meme monta^ne , & fouvent dans CJ une contrce toute entiere, les veines de charbon ne varient pas beaucoup par leur epaiflfeur, & Ton peut juger des ia premiere veine de ce qu'on peut attendre des fui- vantes ; car (i cette veine eft mince , toutes ies autres le feront auffi. Au contraire fi la premiere veine qu'on decouvre fe trouve epaiffe , on peut prefumer avec fonde- ment que ceiies qui font au-dellbus, ont de meme une forte epaiffeur. Dans les difFerens pays , quoique la direction des veines fbit par-tout afTez conflante & toujours du levant au con- chant, leur fituation varie autant que leur inclinaifbn; on vient de voir que dans celui de Liege , elles fe trouvent pour ainfi dire a toutes profbndeurs. Dans le Hainaut,aux villages d'Anzin , de Frefnes , &c. elles font fort incli- nees avant d'arriver a leur plateur , & fe trouvent a trentc ou trentc quatre toifes au deffous de la (urface du terrein ; tandis que dans le Fores elles font prefque horizontales & a tieur de terre , c'eft-a-dire a deux ou trois pieds au* deffous de fa furface , ii en eft a peu-pres de meme en Goo i j 476 HISTOIRE NATURELLE Bourgogne, a Montcenis, Epinac, &c. ou les premieres veines ne font qu'a quelques pieds. Dans leBourbonnois, a Fins, elles fe trouvent a deux, trois ou quatre toifes & font peu inclinces ; tandis qu'en Anjou , a Saint George , Chatel-oifon & Concourfon , ou elles remontent a la fur- face , c'eft-a-dire a deux, trois & quatre pieds , elles ont Jans leur commencement tme (i forte inciinaifon 'qu'elles approchent de la perpendiculaire; & ces veines prefque verticales a leur origine , ne font plateur qu'a fept cents pieds de profondeur. Nous avons dit (I) que les mines d'ardoife& celles de charbon de terre , avoient bien des rapports entr'elles par leur fuuation & leur formation ; ceci nous en fournit une nouvelle preuve de fait , puifqu'en Anjou ou ies ardoifes font pofees prefque perpendiculairement , Jes charbons fe trouvent fouvent de meme dans cette fituation per pendiculaire. Dans i'Albigeois, a Carmeaux, la veine de charbon ne fe trouve qu'a deux cents pieds, & elle fait fon plateur a quatre cents pieds (m) . L'epaiffeur des veines eft auffi tres-differente dans les differens lieux ; on vient de voir que routes celles du pays de Liege font tres-minces , puifque les plus fortes n'ont que cinq pieds & demi d'epaifieur dans la momagne de Saint-Gilles, &. fept pieds dans quelques autres contrces (1) Epoques de la Nature, Supplement, tome V. (m) Me'moire fur Ie charbon mineral, par Mi de Tilly, pages fr fuiv. JD E S M I N E R A U X. 477 tie ce meme pays; mais il y a deux manicres dont ies charbons ont ete depofcs ; la premiere en veines eten- dues fur des terreins en pente , & la feconde en maffes fur le fond des vallees , & ces depots en mafTes feront toujours plus epais que Ies veines en pentes ; il y a de ces maffes de charbon qui ont jufqu'a dix toifes d'epaiffeur : or fi Ies veines etoient par-tout tres-minces , on pourroit imaginer avec M. Cennete, qu'elles ne font en effet pro- duites que par le fuintement des bitumes des grofTes couches intermediaires : mais comment concevoir qu'une mafTe de dix toifes d'epaiffeur ait pu fe produire par cette voie ! On ne peut done pas douter que ces mafTes fi epaiffes ne foient des depots de inatiere vegetale accu- mulee Tune fur 1'autre quelquefois jufqu'a foixante pieds d'epaifTeur. Quoique Ies veines foient a peu-pres paralleles Ies lines au-defTus des autres ; cependant il arrive fouvent qu'elles s'approchent ou s'eloignent beaucoup , en laif- fant entr'elles de plus on moins grandes diftances en liauteur , & ces intervalles font toujours remplis de ma- tieres etrangeres , dont Ies epaiffeurs font auffi variables & toujours beaucoup plus fortes que celle des couches de charbon ; celles-ci font en general aflez minces; 6c communement elles font d'un pied , deux pieds jufqu'a fix ou fept d'epaifleur ; celles qui font beaucoup plus cpaifles , ne font pas des couches ou veines qui fe pro- iongent reguiierement , mais plutot, comme nous venons 478 HISTOIRE NATURELLE de 1'expofer, des amas ou mattes en depots qui ne fe trouvent que dans quelques endroits, & dont 1'etendue n'eft pas confiderable. Les mines de charbon les plus profondes que Ton connoifFe en Europe , font celies du conne de Namur qu'on afiTure etre fouillc'es jufqu'a deux mille quatre cents pieds du pays (n) , ce qui revient a peu-pres a deux mille pieds de France ; celies de Liege ou Ton eft def- cendu a mille foixante-treize pieds; celle de Witehaven pres de Morefby , qui pafle pour etre la plus profonde de tome la grande Bretagne, n'a que cent trente brafles, c'eft-a dire fix cents quatre-vingt-treize de nos pieds; on y compte vingt couches ou veines de charbon les unes au-defFous des autres. Dans toutes les mines de charbon & dans quelques pays que ce foit , les furfaces du bane de charbon par lef- quelles il eft applique au toit & au fbl, font lifles, luifantes & polies , & on trouve fouvent de petits lits durs & pierreux dans la veine meme de charbon , lefqucls la traverfent & la fuivent horizontalement. Le cours des veines eft aufli afFez frequemment gene ou interrompu par des banes de pierre qu'on appelle des crcins ; ils n'ont ordinairement que peu d'etendue ; mais ils font fouvent d'une maticre li dure qu'ils refiftent a tons les inftru- mens ; ces creins pavtent du toit ou du fol de la veine & (n) Du charboa de terre, &c. par M. Morand,/'^ C E S M 1 N E R A V X. 479 quelquefois detous les deux , ils font dc la mcmc nature que Je bane inferieur ou fuperieur auquel ils font attaches. Les failles dont nous avons parle font d'une etendue bicn plus confiderable que les creins, & fouvent elles termincnt la veine ou du moins 1'interrompent entierement & dans une grande longueur ; elles partent de la plus grande profondeur, traverfent toutes les veines & autres matieres interme'diaires, & moment quelquefois jufqu'a la ftirface du terrein : dans le pays de Liege , elles ont pour la plu- part quinze on vingttoifes d 'epai (Ten r fans aucune direction ni inclinaifbn reglees ; il y en a de verticales , d'obliques & d'horizontales en tons fens ; elles ne font pas de la meme fubftance dans toute leur etendue ; ce ne font que d'enormes fragmens de fchifte , de rocbc , de gres ou d'autres matieres pierreufes fuperpofees irrcgulierement , qui femblent s'etre eboulees dans les vides de la terre (o) * Les fchiftes qui couvrem & enveloppent les veines, font fouvent meles de terre limoneufe & prcfque ton- jours impregnes de bitumes & de matieres pyriteufes; ils contiennent auffi des parties ferrugineufes & deviennent rouges par I'a6tion du feu ; plufieurs de ccs fchiftes font combuflibles. On a des exemples de bonnes veines de eharbon qui fe font trouvees au-defTous d'une mine de fer , & dans lefquelles le fchifte qui fert de toit au eharbon , eft plus ferrugineux que les autres fchiftes ; il y en a qui (o) Du eharbon de terre, &c par M, Aiorand, page } (/ & July. HISTOIRE NATURELLE font prefqu'entieremem pyriteux, & les charbons qti'ifs recouvrent ont un enduit dore & varie d'autres couleurs luifantes : ces charbons pyriteux confervetu mcme ces couleurs apres avoir fubi faction du feu ;mais ils les perdent bien-tot s'ils dcmeurent expofes aux injures del'air; car ii n'y a pas de foufre en nature dans les charbons de terre , niais feulement dc la pyrite plus ou moins dccompofee, & comme le fer efl bien plus abondant que le cuivre dans le fein de la terre , la quamite des pyrites ferrugi- neufes on martiales , etant beaucoup plus grande que celle des pyrites cuivreufes, prefque toutes les veines de charbon font melees de pyrites martiales, & ce n'eft qu'en tres-peu d'endroits ou il s'en trouve de melangees avec Jes pyrites cuivreufes. Lors done qu'il fe trouve du foufre en nature dans quelques mines de charbon comme dans celle de Witc- haven en Angleterre, ou le fchifle qui fait 1'enveloppe de la veine de charbon , efl entieremem incrufte de foufre (p) ; cet effet ne provient que du feu accidentel qui s'efl allume dans ces mines par reffervefcence des pyrites & 1'inrlamination de leurs vapeurs; les mines de charbon dans lefquelles il ne s'efl fait aucun incendie, ne contiennent point de foufre naturel , quoique prefque toutes foient melees d'une plus ou moins grande quan- tite de parties pyriteufes. (p) Tranfadions philofophiques , annec 1733* Ces D E S M I N E R A V X. 48 < Ccs charbons pyriteux font done impregncs Je I'acide vitriolique & des terres mincrales & vegetales qui fervent de bafe a i'acide pour la compofition de la pyrite ; ces charbons fe decompofent a i'air, & tres - fouvent il fe produit a ieur furface des filets d'aJun par leur efflo- refcence; par exemple, les eaux qui fortent des mines de Montcenis en Bourgogne font tres - alumineufcs, & il n'eft pas meme rare de trouver des terres alumineufes pres des charbons de terre ; on tire auffi quelquefois de 1'aiun de la fubflance meme du charbon ; on en a des exemples dans la mine de Laval en France (q) ; dans celle de Nordhaufen en Allemagne (r) , & dans celle du pays de Liege ou M. Morand (f) a trouve une grande quantite d'alun forme en criflaux fur les pierres fchifteufes du toit des veines de charbon ; « leterritoire de ce pays, dit il , ouvert pour les mines de houille, 1'eflega- Jement pour des terres d'alun dont les mines font appelees alunicrcs ». L'alun n'eft pas le feul fel qui fe trouve dans les char bons de terre ; il y a certaines mines de charbon, com me celles deNicolai en Silefie, qui contiennent du fel marin, & dont on tire des pierres quelquefois reconvenes d'une grande quantite de fel gemme. En general tout ce qui entre (q) EfTai fur les mines, par M. Hellot, de I1 Academic des Sciences, (r) Bruckmann, Epijlol. itinera, cap. XX, n.° 13. Du charbon de terre , &.C. par M. Moond, page 23, Miticraux , Tome /. P p p 482 HISTOIRE NATURELLE clans la compofition des pyrites & de la terre vcgetale, doit fe trouver dans Ics charbons de terre, car la decompo- fition de ces fubflances vcgetales & pyriteufes, y rcpand tous les fels formes de 1'union des acides avec les terres vcgetales & ferrugineufes. Quoique nous ayons dit que les veines de charbon etoient ordinairement couvertes & enveloppees par un fchifte plus ou moins melede terre vcgetale ou limoneufe, ce n'eft cependant pas une regie fans exception , car il y a quelques mines ou le toit & le fbl de la veine de char bon font de gres , & meme de pierre calcaire plus ou moins dure ; on en a des exemples dans les mines des territoires de Alons, de Juliers, & dan? certains endroits de 1' Allemagne , cites par le favant Chimifte M. Lehmann ; on pent voir dans le troifieme volume de fes Effaisfut I'HijIoire Nanirclle des couches de la terre , tons les lits qui furmontent & accompagnent les veines de charbon de terre en Mimie pres de Vtnin & de Loebegin ; en Thuringe dans le comte de Hohendein, dans tout le terrein qui environne le Hartz jufqu'aupres du comte de Mansfeld. Et encore les mines du duche de Brunfwick pres de Helmftadt. On voit dans le tableau que M. Lehmann donne de ces differens lits , que les veines de charbon fe trouvent cgalement fous le fchifte, fous une matlerc fpatheufe , fous des pierres feuilletees compofees d'argile, & d'un peu de pierre calcaire, &c. & Ton peut obfervcr que dans les lits qui feparent les differentes veine§ de D E S M I N E R A U X. 483 charbon, il n'y a ni ordre de matieres, ni fuite rcguiiere, & que ces iits font , dans tons les autres terreins a char bon , comme jetcs au hafard , 1'argile fur ia marne, ia pierre calcaire fur le fchifle, Ies fuMances fpathiques fur les fables argileux , &c. Dans 1'immenfe quantite de decombres & de debris de toute efpece, qui furmontent & accompagnent les veines de charbon de terre, il fe trouve quelquefois des metaux, des demi-metaux ou mineraux metalliques ; le fer y ell abondammem re'pandu fous la forme d'ocre, & quelquefois en grains de mine (t) ; le cuivre & 1'argent s'y trouvent plus rarement, & Ton doit regarder comme chofe extraordinaire ce que 1'on raconte de la mine de charbon de Chemnitz en Saxe qui contient un tres-beau verd de gris , & produit dans certains effais trente livres de bon cuivre de rofette & cinq onces & demie d'argent par quintal : il me paroit evident que cette quantite de cuivre & d'argent ne fe trouve pas dans un quintal de charbon, & qu'on doit regarder cette mine de cuivre comme ifolee & feparee de celle du charbon. II en eft (t) « En Angleterre, a Bilfton & a Brofely fur Ia Severne, le toit des veines de charbon eft rempli de cailloux arrondis plus ou moins « gros , qui font de la vraie mine de fer : c'eft une pierre compade tois cc mitle quatre-vingt-feize On fe fert aufli d'une \ a cc feu dans la mine de charbon de Frenes proche Condi! , de IaqL e cc M. Morand donne la description. Du charbon de terre , page 4.04, Ce n'eft plus le poids de 1'atmolphere qui donne le mouvement 33 au pifton, c'ell 1'aclion leule de la vapeur qui agit, & fa conuen- 35 laticn ic fait dans un vailleau qu'ils appellant le conJcnfoir, tx. qui !L difiincl du cylindre ou agit le piilon. Ce conden(oir eft toujours ^ au mejne degre de chaleur cjue la vapeur meme, lans que I'injeclion e I'eau froide le refroidifle en aucune fa^on; la vapeur ciant w introduite dans la capacitc d'une roue qui contient une matiere (e, elle donne a cette roue un mouvement circulate avec une • relative a la capacite de la roue & a la quantite de vapeurs >j (j. ncut recevoir. Quoiqu'on ne puifTe bien juger de ce im'ca- » niline dont on tient le jeu cache , fon eflet eft considerable , & :>•> l'expt:rionce I'a confirme': la meme machine changee & dilpoke lur >^ les principes c;-dcllus, donne un effet prelque double, & con. *> infiniment moim de charbon que par 1'ancienne mcihode, ce qui D E S M I N E R A U X. 49 5 .crens melanges (f); mais de quelque qualite que foient lo ciiiix, ccllcs qui croupiffent dans la profondeur dcs mines , ies rendent fbuvent inabordahles par Jcs vapr funcflts qu'elles produifem ; i'air & i'cau out egaiemtnt be/bin d'etre agites fans cefle pour conferver leur falu- britc ; 1'etat de flagnation dans ces deux elevens eflbicn-tut fuivi de la corruption , & i'on ne fauroit donner trop d'attcntion dans Ics travaux des mines a la liberte de a fait adopter la nouvelle par toute 1'Angleterre , ou M." Boulton « &. Watt en ont dcju ctaLIi plufieurs avec Leaucoup d'avantage pour <. : '. HISTOIRE NATURELLE mouvement & de circulation toujours nccefTa/res a ccs deux elemens. Apres avoir expofe les fairs qui ont rapport a la nature des charbons de terre, a leur formation, leur giffement , h direction, 1'etendue, I'epaifleur de leurs veines en general ; il eft bon d'entrer dans ie detail particulier des differentes mines qui ont etc & qui font encore travaillees avec fucces, tarn en France que dans les pays etrangers , & de montrer que cette matiere fe trouve par-tout oil i'on fait la chercher ; apres quoi nous donnerons les moyens qu'il faut employer pour en faire u/age & la fubftituer fans inconvenient au bois & au charbon de bois dans nos fourneaux, nos poeles & nos cheminees. II y a dans la feule ctendue du royaume de France plus de quatre cents mines de charbon de terre en pleine exploitation , & ce nombre quoique tres-confiderable , ne fait peut-etre pas la dixieme partie de celles qu'on pourroit y trouver. Dans toutes ou prefque toutes ces mines, il y a trois ou quatre fortes de charbon; le char bon pur qui eft ordinairement au centre de la veine , le charbon pierreux communement meie de plus ou moins de matieres calcaires ou de gres ; le charbon fchifteux & le charbon pyriteux ; ceux qui contiennent du fchifte font les plus rares de tous , & cela feul prouveroit que ia fubftance principale du charbon ne peut etre del'argile, puifque le vrai fchifte n'eft lui-meme qu'une argile durcie. Jl y a des charbons qui fe trouvent pyriteux clans toute 1'cpaifleur £> E S MlNERAUX. 497 Tepaifleur & I'etendue de leur veine ; ce font les moins propres de tons aux travaux de la Metallurgy ; mais comme on peut les epurer en les faifant cuire , & qu'ordi- nairement ils contiennent moins de bitume que les autrcs , ils donncnt aufTi moins de fumee, & conviennent fouvent mieux pour I'ufage des cheminees que les charbons trop charges de bitume. La grande quantite de foufre qui fe forme par la combuftion des premiers , ne peut qu'altcrer les mctaux, fur-tout le fer que la plus petite quantite d'acide fulfureux fulfil pour rendre aigre & ca/Tant. Le charbon pierreux ne fe trouve pas dans le centre dc« veines, a moins qu'elles ne foient fort minces ; il eft ordi- nairement fitue le long des parois & fur ie fond des banes pierreux qui forment le toit & le fol de la veine. Les charbons fchifteux font de meme fitues fur le ibl ou /bus le toit fchifteux de la veine ; ces charbons pierreux ou fchiiteux ne font pas d'un meilleur ufage que le charbon pyriteux , & ils ont encore le defavantage de ne pouvoir etre epures a caufe de la grande quantite de leurs parties pierreufes ou fchirteufes ; il ne refle done a vrai dire que le charbon de la premiere forte, c'efl-a-dire le char bon pur dont on puiffe faire une matiere avantageufement combuflible , & propre a remplacer le charbon de bois dans tous les emplois qu'on en peut faire, Et dans ce charbon de la premiere forte & le meiHeur de tous , on diftingue encore ceiui qui fe tire en gros blocs que Ton appelie churbon pcrat , dont la qualite eft Mintraux , Tome I. Rrr 498 HISTOIRE NATLJRELLE ncanmoins la meme que ceile du charbon plus menu fg'J qui fe nomme charbon marechal; le charbon perat a pris ce nom aux mines de Rive-cle-Gier , & il n'eft ainfi appele que quand ii eft en gros morceaux ; c'eft par cette feule raifon de Ton gros volume, qifil eft plus eftime pour les grilles des teintures & des fourneaux ; mais il n'eft pas pour cela d'une qualite fuperieure au charbon marechal , car 1'un & 1'autre fe tirent de la meme veine, & Ton diftinguc par le volume trois fortes de charbon; \eyerat eft celui qui arrive a la fuperficie du terrein en gros mor ceaux & fans etre brife ; le fecond qui eft en morceaux de mediocre groffeur, fe nomme charbon gre/e ; & ce n'eft que celui qui eft emiette ou qui eft compofe des debris des deux autres qu'on appelle charbon marshal. Le bon ebarbon pefe de cinquante-cinq a fbixante livres le pied cube ; mais cette eftimation eft difficile a faire avec precifion, fur-tout pour le charbon qui fe brife en le tirant ; les charbons les plus pefans font fouvent les plus mauvais , parce que leur grande pefameur ne vient que de la grande quantite de parties pyriteufes , terreufes ou ichif- teufes qu'ils contiennent ; les charbons trop legers pechent par un autre defaut ; c'eft de ne donner que peu de cha- leur en brulant & de fe confumer trop vite. Pour que Ja qualite du charbon foit parfaite, il faut que la matiere (g) Charbon perat eft une denomination locale qui fignifie darken pierreux ou charbon D E S M I N E R A U X. 499 ;ctale qui en fait le fond , ait e"te bituminifce dans fon premier etatde decompofition ; c'efl-a-direavant que cette fublbnce ait etc decompofee par la pourriture , car quand le vegetal eft trop detruit , Tacide ne peut en biruminifcr i'huile qui n'y exifte plus. Cette matiere vegetale qui n'a fubi que les premiers effets de la decompofition, aura des-lors conferve toutes fes parties oombuftibles ; & le bitume qui par lui-rneme eft une huile inflammable , couvrant & penetrant cette fubfhnce vegetale , le compofe de ces deux matieres doit contenir , fous le meme volume , beaucoup plus de parties combuftibles que le bois ; aufft la cbaleur du charbon de terre efl-elle bien plus forte & plus durable que celle du cbarbon vegetal. Ce que je viens de dire au fujet de la decompofition plus ou moins grande de la matiere vegetale dans les cbarbons de terre , peut fe demontrer par les faits ; on trouve au-deflus de quelques mines de cbarbon des bois foffiles , dans lefquels i'organifationeft prefque auffi appa- rente que dans les arbres de nos forets ; enfuite on trouve tres-communcment des veines d'autres bois qui ne different guere des premiers que par le bitume qu'ils contiennent, & dans lefquels 1'organifation efl encore tres-reconnoif- fable ; mais a inefure qu'on defcend , les traits de cette organifation s'obliterent, &il n'en rede que pen ou point d'indices dans la fuite de la veine. II arrive fouvent que cette bonne veine porte fiir une autre veine de mauvais cbarbon tcrreux & pourri , parce que fa fubftance vegetale R r r ij 500 HISTOIRE NATURELLE s'ctant pourrie trop promptement, n'a pu s'imprcgner d'une affcz grande quantite de bitume pour fe conlcr- ver. On doit done ajouter cctte cinquieme forte de cbar- bon aux quatre premieres fous le nom de charbon rerreux , parce qu'en eftet fa fubftance n'eft qu'un tcrrcau pourri. Enfin une fixieme forte eft le charbon ie plus compare, que 1'on pourroit appeler charbon de pierre a cau/e de fa durete , ii contient une grande quantite de bitume, & je fond paroit en etre de terre limoneule, parce qu'il iaifTe apres la combuftion une fcorie vitreufe &. bourfouflee. Et lorfque le limon ou le terreau fe trouve en trop grande quantite ou avec trop peu de bitume, ces charbons ainfi compofcs ne font pas de bonne qualite ; ils donnent egalement beaucoup de fcories ou machefer par la com buftion ; mais tons deux font tres - bons , lorfqu'ils ne contiennent qu'une petite quantite de terre & beaucoup de bitume. On trouve done dans ccs immenfes depots accumules par les eaux , la matiere vegctale dans tous fes etats de decompofition , & cela feul fuffiroit pour qu" il y eut des charbons de quaiites tres-differentes ; la quantite de cette matiere anciennement accumulee dans les entrailles de la terre, eft fi confiderable , qu'on nepeut en faire i'eftimation autrement que par comparaifbn. Or, une bonne mine de cbarbon fournit feule plus de matiere combuflible que les plus vaftes forets , & il n'eft pas a craindre que Ton epuife jamais ces trefors de feu, quand meme 1'homme, venant D E S M I N E R A U X. 50 I a manquer de bois , y fiibftitucroit le charbon de terre pour tous les ufages de fa confommation. Les meilleurs charbons de France font ceux du -Boiir- bonnois , de la Bourgogne, de la tranche - comte & du Hainault ; on en trouveaufTi d'afTez bonsdans le Lionnois, 1'Auvergne , le Limofin & ie Lang ue doc ; ceux qu'on connoiten Dauphine nefont quede mediocre qualite (hj. Nous croyons devoir dormer ici les notices que nous avons recueillies fur quelques-unes des mines principales . Note communiques par Af. de A'forveau. It 24. Septer; brc 777^. — cc Je connois les differences elpeces de tfiarbon de Dauphine ; elles font routes mauvaifes & ne peuvent 502 HtsToiRE NATURELLE quatre lieues d'Autun : on y connoit plufieurs veines qui fe dirigent routes de i'eft a Pouefl , s'inclinant au nord de trentc a trente-cinq dcgres (i) . Ceile qu'on exploite a&uellement n'a pas d'cpaifleur reglee, eile a ordinaire- (i) La mine de Champagne; pres de Betfbrt en Alface, eft inclinee de quarante-cinq degres ; plus les terreins font has, moins gcnerale- ment les veines de charbon de terre font inciinees; elles font menie horizontals dans les pays de plaine , & ce n'eft que dans les mon- tao-nes ou elles font violemment inciinees: au refle, 1'inclinaifon des mines n'eft nulle part auill marquee & audi fmguliere que dans le pays de Liege. «: Les veines de charbon de terre lout coinniu- »> nement inciinces a 1'horizon , dit M. Morand , taniot elles » s'approchent de la ligne perpendiculaire, & elles fe noini;;ent alors v> pcnJtige de roijj'e , tanrot elles font prelque horizontales , & on les i> dcfigne alors par le nom de penJiigc de plaiure. Toutes ccb veines 53 prennent leur origine au jour, c'ell-a-dire a la lurface de la terre; « elles defcendent enfuite dans la meme direclion jufqu'a une cer- >» taine profondeur; alois elles forment a une diftance plus ou moins 3> grande diffe'rens angles , qui les rapprochent infenfiblement de la 31 ligne horizontal; elles remontent enluite a. la furface de la terre, y> en forniant une figure fymctrique fort reguliere : il y a done 3>apparence, d'aprcs ces obfervations , que les pendages de roi(le » deviennent pendage de plature dans toutcs les veines du pays » de Liege , & qu'elles redeviennent enfuite pendage de roiiTe. Ce 3» qi/on obferve encore de tres - fingulier, c'eil que prelque jamate j> les veines n-e marchent feules ; elles font toujours accompagnees » d'autres veines qui marchent paralleleaient avec elles , qui fe 33 ffechifient fur les memes angles , & qui toutes enfemble forment une figure prefque reguliere ». Journal dc Phyf.que , &'c. mois de Juillet D E S M I N E R A U X. 503 merit fept a huit pieds , quelquefois douze a quinze , d'autres fois elle n'en a que quatre. Son mur a toute la confiftance ncccflaire , mais le toit, compofe d'un fchifte friable & d'une terre limoneu/e que 1'eau diffout facile- ment , s'ccrouleroit bien-tot fi on ne i'etayoit par de bons Loifages & par des maffifs pris dans la veine meme. Le charbon de cette mine eft tres-pyriteux , aufTi n'efl-il nulle- ment propre aux ufages des forges, la quamitc de foufre que produifent les pyrites devant corroder & dctruire le ler ; cependant il fe trouve dans I'epaifTeur de la veine de petits lits de tres-bon diarbon qui feroit propre a la forge, s'il etoit extrait &. trie avec foin. La mine de Montcenis, ainfi que celle de Blan/y & autres des environs, font dirigees de 1'eft a 1'ouefl , & s'inclinent vers le nord de vingt-cinq ou trente degrc's. On exploite deux veines principals, dont les epaifTeurs varient depuis dix jufqu'a quarante-cinq pieds; la premiere extraction comme celle de la plupart de nos mines de France a etc mal conduite ; on 1'a commencee par la tete de la veine, en forte que les ouvriers font fouvent expofes a percer dans les ouvrages fuperieurs , & a j eprouver des eboulemens. Le lit de cette mine de Mont cenis eft un fchifte tres-dur & pyriteux, d'un pied d'epaiffeur, dans lequel on voit des empreintes de plantes en grand nombre. Le charbon de la tete de cette mine eft for: pyriteux, mais celui qui fe tire plus profon dement 1'cft beaucoup moins, & en general ce charbon a le defaiu 504. HISTOIRE NATUPELLE de s'cmietter a Tair ; ii faut done {'employer au fbrtir Je Ja miniere, car on ne peut le tranfporter au Join fans qu'il fubifle une grande alteration & ne tombe en de'trimens ; dans cet ctat de decompofition ii ne donne que tres-peu dc chaleur & fe confume en pen de temps , au lieu que dans Ton premier etat, au fortir de la mine, il fait un feu durable. Les mines de Rive-de-Gier dans le Lyonnois, font en grande & pleine exploitation ; il y a acluellement , dit M. de Grignon , plus de huit cents ouvriers occupes a 1'extraction du cliarhon par vingt-deux puits qui commu- niquent aux galeries des differentes minieres , dont Ics plus profondes font a quatre cents pieds. On tire de ces mines, com me de prefque tomes les autres, trois fortes -de charbon; le pcrat en tres-gros blocs & de la meilleure qualite ; le marechal qui eft menu & qui eft fcparc du bane de pcrat par une couche de mauvais charbon mou ; & enfin un charbon dur, compacle &. terreux , qui eft voifin du toit & des lifieres de la mine. Ce toil eft un fchifte rougeatre fous des rocs places a dix-hnit pieds de profondeur, aux- quels fuccede une terre qu'on y appelie houille , qui eft une e/pece de mauvais charbon , avant-coureur du veri table ; les veines y font tres-fujettes aux crelns , & par confequent irreguliercs ; il y en a cinq de reconnues, leur epaiffeur eft depuis un pied jufqu'a quatre, & memejufqu'a douze pieds, fiiivant M. de Voglie ; elles paroifTent etre une dcpendance de celles de Saumur avec lefquelles elles fe rapportent en tout. Leur direction generale eft du levant au couchant (y). Dans la baffe Normandie il fe trouve du charbon de terre a Litry, & la veine fe rencontre a peu de pro fondeur au-defTous d'une bonne mine de fer en grains; elle fe forme en plateur a quatre cents pieds. Ce charbon mele de beaucoup de pyrites, n'eft que d'une qualite mediocre , & il eft a peu-pres femblable a celui qu'on apporte du Havre, & qui vient de Sunderland en Angle- terre fa). En Bretagne il y a des mines confidcrables de char bon , a Montrelais & a Languin , dans les environs de Nantes ; Ton a aufTi tente des exploitations a Quimper, a Plogol & a Saint-Brieux, & Ton apercoit des affleure- mens de charbon dans plufieurs autres endroits de cette Province (a). (y) Du charbon de terre, par M. Morand , pages (V Idem, page 570. (a) Note communiquee , par M. le chevalier de Grignon, g Tome I. T 1 1 514- HISTOIRE NATURELLE On pourroit citer un grand nombre d'autres examples qui prouveroient qu'il y a dans le Royaume de France des charbons en auffi grande quantite , & peut-etre d'aufli bonne qiulite qu'en aucune autre contree du monde : cependant comme c'eft un prejugc etabli , & qui ju/qu'a prefent n'ctoit pas inal fonde , que ies charbons d'Angle- terre etoient d'une qualite bien fuperieure a ceux de France , il eft bon de Ies faire connoitre ; on verra que la Nature n'a pas mieux traite a cet egard 1'Angleterre que Ies autres contrees; mais que 1'attention du Gouver- nement ayant feconde i'induflrie des particuliers, a rendu profitable & infiniment utile a cette nation , ce qui eft demeure fans produit entre nos mains. On diftingue dans la Grande-Bretagne trois efpeces de charbon de terre. Le charbon commun fe tire cles pro vinces de Newcaftle, de Northumberland, de Cumberland & de plufieurs autres ; il efl deflinc pour le feu des cui- fines de Londres , & c'efl auffi prefque le feul qu'on emploie a tous Ies ouvrages metalliques d'Angleterre. La feconde efpece eft le charbon d'Ecofle ; on s'en fert pour chauffer Ies appartemens des bonnes maifons: ce charbon eft feuillete & comme form£ en bandes feparees par des couches plus petites que Ies bandes, & ncanmoins plus marquees & plus diftrnclesa caufe de leur eclat. 11 fe tire en groffes mafles bien fblides, d'une texture fine, & quoique forme de bandes & de petites couches, iJ ne s'effeuiJle point ; il eft bitumineux & brule libre- D E S M 1 N E R A V X. 515 ment , en faifant un feu clair , & tombe en ccndres (b) . La troifieme efpece quc les Anglois appellent Culm, fc trouve dans le Glamorganshire , & en clivers endroits de cette Province. C'eft un charbon fort le'ger, d'un tiflii plus lache , compofc de filets capillaires difpofcs par paquets qui paroiffent arranges en quelques endroits, de maniere a reprefenter dans beaucoup de parties des feuiilets a(Tez etendus , tres-iifles & tres-polis, lefquels , pour la plupart, afteclent une forme circonfcrite en portion dc cercle, avec des rayons divergens. Ce charbon efl peu ou prefque point pyriteux; il brfile aifement & fait un feu vif, ardent & apre. Dans la province de Cornouailles, il eft d'un tres-grand ufage, particulierement pour la fontc des metaux a laquelle on I'applique de preference. On trouve dans les comtes de Lancaflre & de Chefter, une e/pece de charbon qu'on n'apporte pas a Londres , c'eft le kennel ou candle-coal ; communcment il fert de (b) « L'EcofTe va de pair, dit M. Morand, avec la partie meridionale de I'Angleterre pour 1'abondance du charbon de terre: « on en trouve des mines prcs d'Edimbourg & dans le comte de Lenox , « dans les provinces de Fife, de Sterlin, de Sutherland, de Der- «c noch, &c. M. Strachey a donne dans les Tr an factions philofophiques, « annee 1725, la defcription des mines de charbon qui (e trouvent E S j N E R A U X. 517 cTempreintes de vegetaux; & une autre fente toute enduiie d'un bronze pyriteux formant des efpeces de dendrites; dans quelques-unes de ces mines les lits horizomaux ctoient comme dores du foufre qu'elles coniiennent ; il qbferve , comme chofe en eftet fmguliere, qu'on a trouve deux ou trois cents livres de bonne mine de plomb dans 1'unede ces mines de charbon. II ajoute que de 1'autre cote de Stony - caftim , c'eft - a - dire au fud - eft a deux milles de diftance , on voit le commencement d'une mine de char bon , dont la premiere veine fe divife en plufieurs branches a la diftance de quatre milles vers i'orient; que cette mine, dont on tire beaucoup de charbon , exhale continuellemcnt des vapeurs enrlammees qui s'elevent quelquefois jufqu'a fonouverture, & qui ont ete fimeftesa nombre de perfonnes» C'eft probablemem au feu de ces vapeurs, lorfqu'elles s'enflamment , qu'on doit attribuer cette poufTiere de foufre qui dore les lits de ces veines de charbon ; car on n'a trouve du foufre en nature que dans les mines dont les vapeurs fe font enflammees , ou qui ont cte elles-memes embrafees; on y voit des fleurs de foufre adherentes a leurs parois , & fous ces fleu'rs de foufre il fe trouve quelquefois une croute de fel ammoniac. Les fameufes mines de Newcaflle ont ete examinees & dccrites par M. Jars, de 1' Academic des Sciences, tres - habile Mineralogifte (d) ; il decrit aufTi quelques (d) On rencontre ordinairement un lit de roc noiratre au-deilus & au-deflous de la couche de charbon : on peut mettre ce roc au 518 HISTOIRE NATURELLE autrcs mines; celle de Whitehaven , petite vilie fituee fur Jes cotes occidentales d'Angleterre, qui fait un grand com merce de charbon de terre. La montagne cm s'exploite la mine , a environ cent vingt toifes perpendiculaires jufqu'au plus profond des travaux ; on compte dans cette hauteur une vingtaine de couches difterentes , mais il n'y en a que trois d'exploitables. Leur pente eft communement d'une toife perpendiculaire fur fix a fept toifes de longueur. La premiere de ces couches exploitables, eft feparce de la feconde par des rochers d'environ quinze toifes d'epaiffeur; elle a depuis quatre jufqu'a cinq pieds d'e paiffeur en charbon un peu pierreux & d'une qualite me diocre. On n'en extrait que pour chauffer les chaudieres oil 1'on evapore 1'eau de la mer pour en retirer le fel. La feconde couche eft de fept a huit pieds d'epaiffeur ; rang des fchiftes vitrioliques; enfuite on a differentes hauteurs de couches de charbon, cinq, fix, fept, huit, & quelquefois une feule a cent toifes, qui efl la plus grande profondeur qui ait etc exploitee jufqu'a prefent dans le pays .... On trouve auffi dans plufieurs endroits des couches de pierre a chaux .... dont 1'epaiiTeur varie d'une tres-petite diftance a 1'autre .... On meprife routes les couches de charbon qui n'ont pas deux pieds & demi d'e'paifleur Quelquefois dans une couche e'paifle de huit pieds, il y a deux ou trois lits dirTc'rens; c'eft-a-dire que la couche eft divife'e par une efpece de fchifte ou charbon pierreux de quelques pouces d'e'paiiTeur .... Le charbon que I'on tire a trente ou quarante toifes de profondeur, eft ineilleur que celui qu'on tire a cent toifes : on rencontre fouvent des couches d'un pied a un pied &. demi d'cpaifleur que 1'on traverfe & qu'on ne peut exploiter, D E S M I N £ R A U X. 519 Je charbon y eft divife par deux clifTerens lits d'une terre tres-dure & de couleur noinitre , qu'on nomine mettle; cette terre eft tres-vitriolique & s'effleurit a i'air. La couche fuperieure de mettle a un pied d'cpaifleur , & i'inferieure feulement quatre a cinq pouces. On diftinguc la veine de charbon en fix lits , dont les charbons portent differens noms. Des trois grandes couches exploitables , Ja troifieme qui eft d'environ vingt toifes plus bafle que la feconde , eft la meilleure , elle a dix pieds d'epaiffeur, & elle eft toute de bon charbon, fans aucun melange de mettle (e). quoique la qualite du charbon en foit fbuvent bien fuperieure a celfe des couches infe'rieures. Voyages mctallurgiques , par AL Jars , pages j 88 fr iS9. Ce charbon de NewcaftJe fe dctache quelquefois au nioyen de coins de fer par gros morceaux, &. c'efl le plus eflinie , idem , ibidem, page i $2. Le charbon de Newcaftle n'efl pas egalement bon dans toutes les veines; il y eft plus ou moins bitumineux, fuifureux &. pierreux. Cette derniere eipece eft treS -commune , elle /e vend a bas prix &. s'emploie pour les machines a feu ; inais en general ce qu'on nomme du bon charbon, pafle pour ctre d'une excellente qualite' .... 11 eft extrememem bitumineux ; il fe colle tres - facilemem & forme une voute, ce qui le rend trcs-propre a forger le fer: mais il faut le remuer fouvent pour les autres ulages , fans quoi le bitunie fe rtunit tout enfemble en une feule mafle dans laquelle I'air ne peut circuler: ia grande abondance de bitume fait qu'il donne beaucoup de tume'e, ce qui le rend deiagreable dans les appartemens. L\nt, ibidem. (e) « Dans les montagaes ftAlJlon-moor, dit jM, Jars, comt^ de o HISTOIRE NATURELLE On rencontre ibuvent ties deran^emens dans lesveines, o principalement dans leur inclinaifon. Le rocher du toit & fur-tout celui du mur , font monter on defcendre la veine tout-a-coup. II y a un endroit ou dies font eloignees de » Cumberland, on trouve une efpece de charbon fans bitume, mais 33 fulfureux; on le nomine crow-coal; il n'eft pas bon pour la forge, 33 inais excellent pour cuire la chaux : & comme il ne fait pas de 33 funice , il eft bon pour les appartemens .... 33 L'exploitation des mines de White-haven eft tres-etendue , puilque 33 depuis 1'entree les travaux font ouverts pendant une demi-lieue de 33 France , toujours en fuivant la pente de la couche .... Une partie 33 des ouvrages ou Ton travaille chaque jour, fe trouve plus d'un 30 quart de lieue entierement ious la mer ; mais il n'y a point de 33 danger, puiiqu'on eftiine que les rochers qui font entre i'eau & 3> 1'ouvrage ont plus de cent toifes d'epaifleur. . . . 33 Ce charbon fe de'tache en gros morceaux de la mine a 1'aide 33 de coins & de mafles de fer . . . . 33 II y a fix veines dans la mine de Workington qui font toutes 33 exploitables; elles font a peu-pres a neuf ou dix toifes de diftance 3> les unes des autres : la fupcrieure n'a que deux pieds trois pouces 3> d'cpaifleur . . . . Mais il y en a une autre qui a iept pieds, dans 3> laquelle ncanmoins il n'y a que quatre pieds de charbon ; elle fe •f> trouve leparc'e par deux lits de terre noire ; j'en ai vu un tas qui a » effleuri & s'eft e'chauffe au point qu'il a pris feu : il en fort une M fumce qui fe condenfe en foufre dans les ouvertures par ou elle 33 fort ; la derniere couche qui eft a foixante toifes perpendiculaires 33 dans 1'endroit du pints , a quatre pieds d'epaifleur ; foil charbon ?> eft pur & d'une trcs-bonne qualite .... Ces mines, ainfi que cel/e 33 de White-haven , ont etc fujettes de tout temps a un mauvais air qui a coute la vie a un grand nombre d'Ouvriers >>. Voyages ihcial- lurgiques , par A4. Jars , pages 23 S & Juiv. cruinzc DBS M I N E 11 A U X. 5 2 I quinze toifes perpendiculaires de la ligne horizomafe. D'autres fois ces rochers coupent prefque emierement les couches, & ne laifTent apercevoir qu'un petit filer ou une trace prefque imperceptible de la veine. M. Jars fait encore mention des mines de WorfTeg dans le comtc de Lancafter , dont la pente paroit ctre de deux toifes fur fept, & dont le charbon eft moins bitu- mineux & moins bon que celui de Newcaft'e, quoiquc la nature des rochers foit la me me ; mais la veine la plus profonde n'eft qu'a vingt toifes. II en eft de mthne a tons egards des mines du comte dc Stafford. « En Ecoflc, il y a, dit M. Jars , an village de Ctirron pres de Falkirck , plufieurs mines dc charbon qui ne ibnt ^ qu'a une demi - lieue de la mer. ..,!!> a trois couches de «••• charbon Tune fur i'autre, que Ton connoit , mais on u; /ait pas s'il y en a de plus profondes. . , . II y en a une bon de bois. On y pcui ramaffer auffi line poudre noire, " qui teint les doigts , comme lair le charbon de bois. . . . » Ce charbon qti'on nomme clod-coal t efl defline pour les ^ forges de fer. La couche inferieure eft un charbon tres- ;) compacle , & fouvent pierreux prcs du mur ; li ie con- » ibmme dans le pays. . . . w Les mines de charbon de K'mncil prcs de la ville de )} Botifr0n-Slo?iejfl~ er\ EcofTe, font au bord de la mer. La » di/pofjtion de leurs couches & la qualiic du charbon , font a peu-pres Ies memes qu'a Carron. r Les environs d'Edimbourg ont aulli plufieurs mines » de charbon. ... II y en a une a trois on quatre milks du » cote du fud , ou il y a deux veines paralleles , d'environ » quarante a cinquanie degres d'inclinaifon du cote du « midi ; ce qui eft tout-a-iait contraire a Tinclinaifon des » couches du rocher qu'on voit au jour & dans la mer a » deux ou trois milks plus loin : ces couches font inclinc'es j> au nord-oueft. II en eft de meme des mines de charbon qu'on exploite un peu plus loin; elks ont beaucoup de rapport avec celks de Ne\vcaftk. La qualite des rochers qui compolent ies couches eft la mcme , mais k charbon .> >• n D E S M I N E R A U X. 523 eft moins bon qu'a Newcaftlc pour la forge , parce qu'il < eft moins hitumineux ; il eft meiileur pour les appar- temcns (/)». En Irlande , ie charbon provenant de la mine cie Cnflle- Comber , village a foixante miiles fud-oueft de Dublin, brule des Je premier inflant qu'on le met au feu fans faire ia moindre fumee. Seulement on voit une flamme bleue fortement empreinte de foufre, qui paroit con£ tamment au-deftus du feu (g) . Une autre mine eft celie d'Ydof, province deLeinfter, & c'eft la premiere qu'on ait decouverte en Irlande; elle eft fi abondante qu'elie fournit toutes les -Provinces voi- fmes. Son charbon eft tres-pefant , produit le meme effct que le charbon de bois & Jure au feu bien plus long- temps C/iJ. j nord. En general tons les lits de charbon & le rocher font tres-irreguliers dans cette partie (I) ». (I) Voyages met&llurgiquts , ]>ar M. Jars, pages 28 le pays de Liege ; elle eft aflez gcncrale loriqu'il ne (e renconire « aucun obllacle : toute couche de charbon qui parou a L lurrace » de la terre au midi , s'enfonce du cote du nord & va jufqu'a line » certaine profondeur, en fonnant un plan incline, devient enfuite ;» prefque ho,rizontale pendant une certaine diftance, pour remonter »• du cote du nord par un fecond plan incline juiqu'a la furface de » la terre, & cela dans un e"Ioignemem de fon autre fortie, propor- *> tionne a Ion inclination & a la profondeur. » Nous avons verifie cette fingufiere obfervation pres Saint-Gilles, « a trois quarts de lieue au couchant de la viile de Liege ; ii y a ^ plus , la premiere couche qui eft pres du jour , forme une infinite » de plans inclines qui viennent fe reunir a un meine centre, de 35 (one qu'on pent voir tout autour Ies endroits ou elle vient fortir :» a la furface de la terre : Ies couches infe'rieures fu-ivent la merne » loi, mais par rapport a 1'etendue qu'elles prennent en plongeant, a? on n'apercoit que deux plans inclines, qui font tres-fenfibles; par * exernple, en vifitant Jes mines du Vcrbois, qui font un peu plus D R S I A' L /? A V X. 525 Ce pays cle Liege eft peut-ctre de route IT.urope , la comrce la micux louniie cle charbort de terre ; c'cft clu moins celle ou 1'on a le plus anciennement exploite ccs mines, & oil on les a fouiilces le plus profoncle'mcnt. au nord-oueft de Liege que celfes ce Saint - Giiles, nous avons « oblerve que les couches dirigees de I'efl a 1'oucil , font inclint'es « du cote du midi, tandis que celles qu'on c\ploue a Saint-Gilles , •> approchant plus de la ligne perpendiculaire que de i'horizontale: » lorlqu'elles s'inclinent , c'efl au nord ou au midi ; mais ce qu'dles 33 ont de particulier , c'ell qu'on nous a a fill re qu'elles imitoient les >3 premieres dans leur marche , c 'eft -a- dire qu'elles s'enfoncent en 33 terre d'un cote , pour venir reflortir de I'autre , mais avec une 33 irregularite trcs-fmguliere : par exemple , une telle couche ou veine 33 defcend a peu - prcs perpendiculaireraent julqu'a treiv.e toifes de 33 profondeur; la elle prend une inclinailon de quarante degres pendant 35 une diftancede vingt toifes, reprend enfuite la ligne perpendiculaire, 33 & puis remonte enfin, fait des fauts en s'enfoncant par des angles 33 plus ou inoins grands, & forme ainfi des plans inclines de tome 33 efpece; d'autres entrent dans la terre par une ligne perpendiculaire, 33 prennent au fond une pofition preique horizontale & remontent 33 d'un autre cote au jour par une ligne oblique : toutes les couches 33 du meme diftricl, etant toujours paralieles , obfervent la meine loi , 33 & par confequent les memes fauis. 3> On de'figne les couches par des noms relatifs a leur pofltion: on 3> les divife en deux efpeces principales ; celles qui font un angle 73 avec la ligne horizontale depuis xcro jufqu'a quarante-cinq degrcs, 33 font appelees velnes & pendage de plature ; & celles qui font un 33 angle avec la meme ligne depuis quarante - cinq degre's julqu'a 33 quatre-vingt-dix, veine s a pendage de roiffe : on les fubdivife enluite 33 en dcmi-plature , dcml-roifte , quart de plature , quart de roijje. 33 Les unes & les autres font fujettes a un grand derangement dans 33 leur pente ou inclinaifon ; on rencontre fouvent des banes de pierre » de quinze a vingt toifes tfepaiflTeur, lefquels coupent depuis la 33 fuperficie de la terre jufqu'au plus profond ou Ton ait etc jufqu'a a» prefent , non-feulernent toutes les couches ou veines de charbon, D E S M I N E R A U X. 5 27 leur fert d'ailife ; ces veines pattern par-deflbus les rivieres, & vont en s'abaiilant vers la mer ; les veines que i'on fbuille d'un cure cl'une riviere ou d'une momagne, repondent exadtemeiit a cclles de i'autre cui-j ; Ljs mcmes couches mais auili tons les Iks de rochers qui fe trouvent entr'clles ; de cc fuffon que lorfqu'ou a traverle ua de ces banes, on retrouve de « I'autre cote les memes lits & couches correlpondantes , qui ne font <*. plus fur une meme ligne horizontale , mais plus hautes ou plus «• balles; on nornme ces banes de pierre , faiUc. « C'eft ordinairement vine pierre fablonneuie, elpcce degres, quel- «< quefois moms dur que celui qui compofe les iits de rochers : on « cvite de s'en aj>procher en exploitant une couche de cliurbcn ; ils «« fournifient afiez louvent beaacoup d'eau , foit f-arce qu'ils font « j>oreux , foit uuffi puree que routes les couches iupcrieurei venant « s'y tenuiner, Luir^nt du cours a i'eau qu'elles renferment centre « Icurs paroii : Oil trouve aufli quelquefois dans ces banes de rochers « dej rognons de ci:-i!)on, &. nicine des lacs qui ont quelquefois j que tres-peu de bitume , on la nomine c/itte .... Celle du milieu « perd de fa qualite a Fair & s'y de'compofe en partie .... II y en a 3> d'autres qui avcc Jes memes quaiites font trcs-pierreufes . . . Malgre 33 les puits ciablis pour la circulation de I'air, le feu ne laifle pas de prendre quelquefois aux mouffettes &. de faire de fort grands ravages ». }• i^'dges mct'>rte u'autant plus tacilernent « que cette vapeur eft tres-voiaiiic : u I'on icpare a LkVe les pyrites « du charbon, c'eft que leur combudion datuu les grilles de fer , «c & que chaque particulier pent faire ce t! age chez lui fans aucun « frais >'. Note communiques par AI, le Camus de Limarc. (m) Voyages metallurgiques , par M. Jars , pages 506 & 3 07. Mweraux , Tome I. X x x 530 HISTOIRE NATVRELLE a Ai pres Caffel ; dans le duchedeMeckelbourg, a Plaven; en Boheme, aux environs de Tceplitz; dans le comte de Giatz, a Hansdorf ; en Silefie , a Gablan, Rottenbach & Gottfberg ; dans le duche de Scliweidnitz , a Reichenften ; dans le haut Palatinat pres de Sultzbach ; dans le has Pala- tinat , a Bazharach , &c. (n) II y a, dit M. Ferber, des mines de charbon fo/Iile a Votfchberg , a cinq ou fixlieues de Feiftritz , & de meilleures encore a Lium , a dix milles de Votschberg dans la Styrie fuperieure (o). A quatre lieues de la vilie de 7?// «c 534 HISTOIRE NATURELLE En Savoie, on trouve une efpece de charbon de terre d'afTez mauvaife qualite , & le principal ufage qu'on en fait, eft pour cvaporer ies eaux des fources falees (u) . De toute la SuifTe, le canton de Berne eft le plus riche en mines de charbon; il s'en trouve auiTi dans le canton de Zurich, dans le pays de Vaux aux environs deLaufane, 5> & demi : elle fournit de tres-bon charbon , quand on fait le fe'parer s> des nerfs & des parties terreufes dont les veines font tou jours *> entre - melees ; mais coinnie les Conceflionnaires acluels la font » exploiter par des Payfans , & qu'on met en vente indift inclement >j le bon & le mauvais charbon, la qualite en eft de'crie'e, le debit » mediocre, & Ton prefere a Seville & a Cadix, le charbon qu'on •>•> tire de Marfeille & d'Angleterre , quoique le double plus cher. » Quant a. celle qu'on a decouverte pres de Madrid, a fix lieues y> au nord, au pied de la chaine des montagnes de I'Efcurial, fur le » bord de la riviere de Mancanarez qui paffe a Madrid , c'eft moi » qui y ai fait la premiere tentative en 1763 , au moyen d'un puits » de foixame - dix pieds de profondeur & d'une traverfe ; j'avois P> reconnu plufieurs veines dont la plus forte avoit fix pouces » d'cpaiiTeur , toutes d'un bitume defleche' , afTez dur , mais terne & » brulant foiblement : leur direction eft auffi du levant au couchant X- avec une pente d'un pied par toife au nord-oueft; on a depuis continue ce travail, mais on n'y a pas encore trouve de vrai charbon a?. Note communique par AL le Camus de Llmare. (u) « Le charbon qu'on tire en Savoie pres de Moutier en 51 Tare mat fe , n'eft qu'un charbon terreux ou terre- houille un peu j> bitumineule : on 1'emploie cependant avec du bois fous fes chau- >j dicres des falines du Roi ; mais la chaleur que donne ce charbon x> efl: fi foible , que fi Ton continue a s'en fervir, ce n'eft: que pour T> diininuer la conlommation des forets voifines qui s'^ppauvrilTent de plus en plus ». Note communiques par le memc, D E S M I N E R A V X. mais la plupart de ces charbons font d'afTez mediocre qualite (xj '. En Italic, dont la plus grande panic a etc ravagce par Je feu des Volcans , on trouve moins de charbon de terre qu'cn Angleterre & en France. M. Tozzetii a donne de tres-bonnes obfervations (y) fur les bois fofliies de (x) Du charbon de terre, par M. Morand, page 43 i . (y) II dit que ces bois fofllles font femblables a cle gros troncs d'arbres qui ne forment point une couche continue comme les autres matieres des coIJines ou ils fe trouvem, mais qu'iJs font ordinairement fepares les uns des autres , fouvent deux enfemble & toujours d'une nature difTerente de celle du terrein ou ils font enle- velis : ils font d'une couleur extremement noire avec autant de Juflre que le charbon artificiel ; inais ils font plus denfes & plus lourds , fur-tout lorfqu'on ne fait que les tirer de la terre ; car a la longue ils perdent leur humidite & deviennent moins pefans, quoiqu'ils aillent toujours au fond de I'eau ; il eft conftam que dans leur origine ces charbons etoient des troncs d'arbres, on ne peut manquer de s'en convaincre en les voyant dans la terre meme : la plupart con- fervent leurs racines & font revetus d'une e'corce epaifle & rude; ils ont des noeuds , des branches , &c. on y voit les cercles concen- triques & ies fibres longitudinales du bois. Les memes chofes fe remarquent dans les charbons du val d' Afno dl fopra & du val de Cec'tna; ceux-.ci font feulement plus ondueux que les autres, & meme le bitume dont ils font imbibes s'eil trouve quelquefois en fi grande abondance qu'ils en ont regorge; cette matiere s'eft fait jour a travers les troncs, a pafle dans les racines & dans tous les vides de 1'arbre , & y a forme une incrullation fmguliere qui imiie Ja forme des pierreries; elle compofe des couches, de 1'e'paifleur d'une ligne au plus partagees en petites e'cuelles rondes, aufH ferrces J'une conu'e 1'autre que le peuvem etre des cercles; ces petites e'cuelles ;6 HISTOIRE NATURELLE * * > Saint-Ccrbone & de Stride; j'ai cru devoir en faire 1'extrait dans la note ci-jointe, parce que ies faits qu'ii rapporte, font autant de preuves du changement des niatieres font routes de la meme grandeur dans la menie couche , & laiffent apercevoir une cavite reluifame , imie , he'mifpherique qui fe rctrecit par le fond, devient circulaire, enfuite cylindrique & fe termine en plan; chaqyne de ces cavitcs eft entierement pleine d'un fuc bitu- inineux, confolide comme le refte du charbon follile: ce fuc par la partie qui deborde la cavite eft aplani ; Je refte prend la forme des parois qui le renferment , fans y etre neanmoins attache qu'au fond ou il finit en plan ; ce qui forme un petit corps qu'on pent detacher avec peu de force , comme avec la pointe d'une epingle dont on toucheroit le bord, on le 'verroit ibrtir & montrer la figure he'mi fphcrique en petits cylindres. Dans le charbon qu'on tire promptement de la terre, les furfaces exte'rieures de ces petits corps multiplies, etam aplanies & contigiies les unes aux autres, forment une croute aplanie auffi d'un bout a 1'autre; mais a mefure que le charbon fe defseche, cette croute paroit pleine de petites fentes occafionnces par le retirement de ces corps & par leur feparation mutueile : les couches aplanies, formees par les pierrcries, font irreguJieres & cparfes £a & la fur le tronc du charbon fofllie ; elles font outre cela doubles; c'eft-a-dire que 1'une incrufte une face, 1'autre une autre ; & elles fe rencontrent re'cipro- quement avec les furfaces des corpufcules renfermcs dans les petites e'cuelles. Pre'cifernent dans Tendroit ou ces deux couches fe ren contrent , la mafle du charbon foffile refte fans liaifon & comme coupe'e ; de-la vient que ces grands troncs fe rompem fi facilement &L fe fubdivilem en maffifs de diverfes figures & de diverfes gro(Teurs: ces fubdivifions fi aitees a faire , font caufe que dans les endroits ou le charbon follile fe tranfporte, on a de la peine a comprendre que les morceaux qu'on en voit foient des portions d'un grand tronc d'arbre, D E S M 1 N E R A V X. 537 matieres vcgetales en veritable charbon , & de la diffe rence des formes que pren J le bitume en fe durcifTant ; mais le recit de ce favant Obfervateur, me parent plutot d'arhre , comme on le reconnoit ailement dans les lieux ou il fe irouve. On y voit encore plufieurs mafles bitumineufes, incrufte'es de pierreries , mais detachces emierement de 1'arbre. M. Tozetti foup- conne que dans leur origine , elles failoient portion d'un tronc de charbon foffile , anciennement rompu , qui etoit refte enfeveli dans la terre. Notre Phyficien ne feroit pas non plus e'loigne do croire que ce fut du bitume qui, n'ayant pas trouve' une matiere vegetale pour s'y attacher , fe feroit coagule lui-nieme ; il eft certain qu'en rornpant quelques-unes de ces coagulations detache'es on n'y decouvre point les fibres longitudinales du bois , qui en font les marques diftinclives , mais on y voit feulement un amas prodigieux de globules ranges par ordre, & femblables a des rayons qui partent d'un centre & qui aboutiffent a une circonference : il faut ajouter, qu'a la furface de ces coagulations , les corpufcules qui rempIilTem les petites ecuelles , font moins ecrafes par dehors , que ceux des couches formees fur les troncs des charbons fofliles ; ce qui feroit croire que dans le premier cas, ils ont eu la liberte de s'e'tendre autant qu'ils pouvoient, fans trouver de refinance dans des corpufcules contigus : ce n'eft pas tout, M. Tozetti trouve encore une preuve de coagulation de bitume pur dans une autre maiTe toute pleine de globules, & dans laquelle il ne decouvre pas la nioindre trace de plante, Telle eft ia nature de ces charbons fofliles; 1'Auteur y joint leur ufage : ils ont de la peine a s'allumer, mais lorfqu'ils le font une fois , ils produilent un feu extremement vif, & reftent long -temps fans fe confumer : d'ailleurs ils repandent une odeur defagrcable , qui porte a la tete & aux poumons , precilement comme le charboa d'Angleterre , & la cendre qui en refulte , eft de couleur de fafun., Journal etr anger, rnois d'Aout ///// page $ / jufyu'a i 03, , Tome L Yyy 538 HISTOIRE NATURELLE prouver que Je bitume s'eft forme clans 1'arbre meme , & a cte eniiiite comme extravafe, & non pas qu'un bitume ttranger (bit vcnu , comme il le emit, penctrer cestroncs d'arbres , & former enfuite a leur iurface de petites pro tuberances; ce qui me conhrme dans cette opinion, c'efl 1' experience que j'ai faite fa) fur un gros morceau de cceur de chene que j'ai tenu pendant pres de douze ans dans 1'eau pour reconnoitre jufqu'a quel point il pouvoit s'imbi- ber d'eau; j'ai vu fe former au bout de quelques mois, & plus encore apres queiques annees, une fubftance grafTe & tenace a la fiirface de ce bloc de bois ; ce n'etoit que fon huile qui commencoit a fe bituminifer. On eifuyoit a chaque fois ce bloc pour avoir fon poids au jufte , fans cela 1'on auroit vu le bitume fe former en petites protu berances dans cette fubftance grafle , comme M. Tozzetti l'a obferve fur les troncs d'arbres de Saint-Cerbone. OnvoitdanslesMemoiresderAcademie deStockolm, qu'il y a des mines de charbon en Suede , fur-tout dans ]a Scanie ou Gothic meridionale. Dans ceiles qui font voifmes de Bofrup , les couches fuperieures laiffent aper- cevoir fenfiblement un tiffu ligneux , & on y trouve unc terre d'ombre (a) melee avec le charbon; il y a dans fa (\) V°y^z Supplement , tome II. (a) Cette terre bitumineufe appele'e quelquefois momir-vegetale , eft tantot folide, tantot friable, & (e trouve en beaucoup d'en Jroits ; il s'en rencontre derricre les bains de Freyenwald dans un endro*< nomine le Trou-noir. D E S M I X E R A V X. 539 Weftrogothie une mine (Tallin ou Ton trouvc Ju charbon, clont M. Morand a vu quelques morceaux qui prcfen- toient un rede de nature ligneufe, an point que dans quel ques- uns on croit reconnoitre le tiffu du hetre (b). Dans un difcours tres-intcrefTant lur les produclions de la RuiTie, I'Auteur donne les indications des mines de charbon de terre qui fe trouvent dans cette contree (c). En Siberia, a quelque diflance de la petite riviere (b) Du charbon de terre, par M. Morand, page Sy. (c) Nous avons des charbons de terre en plufieurs endroits ; on en trouve aupres de 1'Argoun , a Tfcatboutfchlnskaya. & aupres de la Chilka , a dix werftes au-defliis de la forge de Chilka, dans le did rid: de Nertfchink; aupres de {'Angara, au-defibus tflrkovtsk & aupres du Kito'i, a quinze werftes avant qu'il fe jette dans I' Angara pres de Kitois-Ko'islanit^; dans le voifinage du Jenifci &. & Abakan skoi-ojl rag pres du fleuve & Abakan , dans Ja montagne Jfik; de meme a dix werftes de Krafnoyarsk pres du JenifeT; a Kronto'i-logh ; a Koltfcht- danskoi-oftrog pres du fleuve d'ffet; aupres du fleuve de Belaya, S cinq werftes du village de Konfetkcnlova ; a Kiylyak , dans le diftridl' d'Ot/fiJ; aupres du fTeuve de Syryansk, dans le village du mjrne nom; dans le diilrid de Koungour, a la droitc du Volga; a Gorodi^tfchc t a vingt werftes au-deflus de Sinbirsk; & en plufieurs endroits, a deux cents werftes au-deflbus de cette ville, principalement entre Kafpour & Bogh ayarlenskoye , monaftere aupres du ileuve de Toret^; a Baika, Ska lewayace ; & aupres du fleuve de Belay alongh an , dans le diftri<3 de Baghmont; a Niask, dans le gouvernement de Varonegt ; aupres de Lokka, dans le voifinage de Katanga; enfin a Krefykoiyam aupres du fleuve de Krefnetfcka , & aupres du petit fleuve de Kroubhyi qui fe jette dans la Aljla, dans la chaine des montagnes de Valdai , &c. Difcours fur les productions de la Ruffe, par Ai. Guldenjtaed. Pe'terlbourg, 1 77 (, page ;2. Yyy ij HISTOIRE NATVRELLE Sclowa, qui tombe dans le fleuve Lena , on trouve une mine de charbon de terre ; elle eft fituee vis-a-vis d'une ile appelee Benfowi; elle s'etend horizomalemem fort Join , & fon epaiffeur eft de dix a onze pouces ; le charbon n'eft pas d'une bonne qualite , car tant qu'il eft dans la terre , il eft ferme , mais aufli-tot qu'il eft expofe a 1'air ii tombe par morceaux (J). A la Chine, le charhon de terre eft au/Ti commun & auffi connu qu'en Europe , & de tout temps les Chinois en ont fait grand ufage , parce que le bois leur manque prefque par-tout , preuve evidente de J'anciennete de ieur nombreufe population (e). II en eft de meme du (d) Hifloire generate des Voyages, tome XVIII, page 303. (t) On ne connoit pas de pays auffi riche que la Chine en mines <3e charbon : les montagnes , fur-tout celles des provinces de Chenfi , de Chami & de Pecheli , en renferment un grand nombre Le charbon qui fe brule a Pekin & qui s'appelie moui , vient de ces memes montagnes , :H deux lieues de cette ville : depuis plus de quatre mille ans^ elles en fourniflent a la ville & a la plus grande partie de la province, ou les pauvres s'en fervent pour e'chauffer leurs poeles. Sa couleur eft noire; on le trouve entre les rochers en veines fort profondes : quelques-uns le broient, fur -tout parmi le peuple: ils en inouillent la poudre & la mettent comme en pains. Ce charbon ne s'allume pas facilement, mais il donne beaucoup de chaleur & dure fort long-temps au feu; la vapeur en eft quelquefois fi defa- gre'able qu'elle fuffoqueroit ceux qui s'endorment pres des poeles , s'ils n'avoient pas la precaution de tenir pres d'eux un baffin rempli d'eau, qui attire la fumce & qui en diminue beaucoup la puanteur. DESMlNERAUX. 54! Japon (f)t & Ton pourroit aflurer qu'il exifte cle meme des cliarbons de terre dans tomes les autres parties de 1'Afie. On en a trouve a Sumatra , aux environs de Sillida (g); on en connoit auffi quelqucs mines en Afrique & a Madagascar (h). En Amerique , il y a des mines de charbon de terre comme dans les autres parlies du monde ; celles du Cap Breton font horizontals , faciles a exploiter, & ne font qu'a fix ou huit pieds de profondeur ; un feu qu'il n'eft pas poffible d'etouiier , a embrafe une de ces mines (i) , dont les trois principals font fituees , la pre miere dans les terres de la baie de Moridiemee ; la feconde clans celles de la baie des Efpagnols , & la troifieme dans la petite ile Bras-d'or ; cette derniere a cela de particulier que fbn charbon comient de 1'antimoine. Le toit de ces Ce charbon eft a I'ufage de tout le monde , fans diftinftion de rang , car le bois eft d'une extreme rarete : on s'en fert de meme dans les fournaifes pour fondre le cuivre; mais les Ouvriers en fer trouvent qu'il rend ce metal trop dur. Hijloire generate des Voyages , tome VI t page 4.^6. (f) Le charbon de terre ne manque pas au Japon : il fort en abondance de la province de Tikufen , des environs de Kugamffu & des provinces feptentrionales. Hijloire generate des Voyages, tome X, page 6 55. (g) Du charbon de terre, par M. Morand, page 441. (h) Hiftoire gencfrale des Voyages, tome VIII , page 619. (i) Hiftoire poiitique & philofophique des deux Indes, tome VI, page j.2 HISTOIRE NATURELLE mines eft, coinme par-tout ailleurs , charge d'empreintes de vegetaux (k) . II y a au/ft des mines de charbon 4 Saint-Domingue (1) , a Cumana , dans la nouvelle Anda- loufie fW; & Ton a trouve en 1768 une de ces mines dans 1'ile de la Providence, 1'une des Lucaies, ou le charbon eft de bonne qualite. On en connoit d'autres au Canada dans les terres de Saquenar, vers le bord feptentrional du fleuve Saint-Laurent , & dans celles de 1'Acadie ou nouvelle Ecolfe: enfin on en a vu jufque dans les terres de la baye Disko fur la cote du Grocn- land (n). Ainfi Ton pent trouver dans tous les pays du monde, en fouillant les entrailles de la terre , cette matiere com~ buftible deja tres-neceflaire aujourd'hui dans les contrees denuees de bois , & qui le deviendra bien davantage a mefure que le nombre des hommes augmentera, & que le globe qu'ils habitent fe refroidira; & non - feulement cette matiere peut en tout & par-tout remplacer le bois pour les u(ages du feu , mais elle peut meme devenir plus mile que le charbon de bois pour les arts, au moyen de quelques precautions & preparations dont il eft bon defaire ici mention, parce qu'elles nous donneront encore (k) Hiftoire ge'nerale des Voyages , tome XII, page 2 i f. (I) Voyage de CoreaJ aux Jndes occidentals; Paris, 1722, tome I, page 123. (m) Du charbon de terre, par M. Morand, page $ y, (n) Ibidew , page D E S I N E R AU X. 543 des connoiffanccs fur les diffcrentes matieres dont ccs charbons font compofcs on melanges. A Liege & dans les environs, ou 1'u/agc du cliarbon eft fi ancien, on ne fe fen pour le chaufFage ordinaire dans le plus grand nombre dcs maifons, que du menu charbon, c'eft-a-dire des debris du charbon qui fe tire en blocs & en mattes ; on fepare feulement de ces menus cbarbons les matieres etrangeres qui s'y trouvent melees en volume apparent , & fur-tout les pyrites qui pourroient faire explofion dans lefeu ; & pour augmenter ia quamite & la duree du feu de ce charbon , on le mcle avec des terrcs grafTes , limoneufes ou argileuies (o) des environs (o) « L'aftion du feu fur le melange de partie d'argHe & de partie humide, ne fe fait, dit M. Morand , qu'a fur & mefure , ces « dernieres ne commencent a etre attaque'es que lorfque la tsrre grafle «c perdant foil humidite', s'echauffant &: ic defie'chant peu-a-peu,« communique de proche en proche fa chaieur aux molecules de «c houille qu'elle enveloppe ; la graille, 1'huile ou le bjtume qui y «c eft incorpore , fe cuit par degtes , au point de s'e'tendre auflj de « proche en proche a ces molecules d'argile & de venir a la furface «c de la pelotte , d'ou elle dccouie queiquefois en pleurs ou en gouttes. cc La mafle d'air fubtif qui n'a pas un libre effor, (e de'gage en meme K temps, s'c'chappe peu-a-peu; les vapeurs lulfureufes, bitumineufes, « odorifcres ou meme mal - faifantes qu'on voudra y fuppofer, ne « pouvant point fe difllper enfemble & former un volume, s'en ». Nota. Je ne puis me dif- penfer d'obferver au fa van t Auteur, que Ion explication peche en ce que les bitumes ne tiennent pas d'autre air fubtil que de 1'air inflammable, 544- HISTOIRE NATURELLE de la mine , & enfuite on en fait des pelottes qu'on appelle des hochets , qui peuvcnt fe confcrver & s'accumuler fans s'effleurtr , en forte que chaque famille du peuple fait fa « Dans cette efpcce de corollaire , on entrevoit deux propriue's « diftincles qui appartiennent a la fac^on donnee au charhon de terre, » i.° une economic fur la matiere meme, z.° une forte de corredlif *» aux vapeurs de houille. j> Le premier effet refultant de cette impaftation paroit fenfible , » puifque le feu n'a point une prife abfolue lur le combuftible foumis 5> i\ fon aclion ; 1'argile ajoutee au charbon , arrete la combuftion , M retient, tant qu'elle ne fe confume pas, une portion de houille; >» de maniere que cet amalgame, en ne refiftam point trop au feu, » y refifte adez pour que la houille ne s'en fe'pare point avant » d'etre confumee: fa deflruclion du charbon par le feu eft ralemie » en consequence ; il s'en confomme neceflairement une moindre » quantite dans un meme efpace de temps , que ft le charbon rece- x» voit a nu 1'aclion de la flamme. . . . Les Redacleurs de 1'Ency- >» clopedte ne font point difficult^ d'avancer que ces pelottes donnent » une chaleur plus durable & pius ardente que celle du charbon de a» terre feul. » Les Chinois ne trouvent pas feulement que leur moui ou pelottes » de houille , donne une chaleur beaucoup plus forte que Je bois , » & qui coute infiniment inoins ; mais qu'en outre ils y trouvent a» I'avantage de rnenager ieur bois , & ils pretendem encore par cet »» appret fe garamir de 1'incommodite de 1'odeur. >• Plufieurs Phyficiens font du meme femiment. M. Zimmerman » ( 'Journal economique , Avril 175 i)t donne cette preparation comme » un moyen de bruler le charbon de terre, fans dcfagre'ment & fans » danger. M. Scheuchzer, dans fon Voyage des Alpes , penfe de » meme : ('opinion des CommuTaires nommcs par 1' Academic des Sciences, eft auffi pofitive fur ce point ». Du charbon de terre, par Maraud, page i zS6, provifion DES MlNEKAUX. 54; provifion de hochets en etc pour fe chauffer en Iiiver (pji Mais I'ufage du charbon de terre fans melange ni addi tion de terre etrangere , eft encore plus commun que celui de ces malTes melangces , & c'eft aulTi ce que nous devons confiderer plus particulicrement. Avec du charbon de terre en gros morceaux & de bonne qualitc , ie feu dure trois ou quatre fois plus long-temps qu'avec du charbon de (p) Voyez dans 1'Ouvrage de M. Morand, Ie detail des precedes pour la facon des hochets , page 3 5 5 & fuiv. « Le feu de ces hochets eft d'une fort longue durce, dit cet Auteur; il fe conferve long- « temps fans qu'on y touche ; on ne Ie renouvelle que deux fois « par jour, & trois fois lorfqu'il fait un grand ffoid. A Valen- « ciennes, on fait des briquettes dans un moule de fer en ovale, de cinq cc po-uces & demi de long fur quatre pouces de large , mefure prife cc en dedans : 1'argile que Ton emploie avec Ie charbon ponr former delaie une mefure d'argife dans 1'eau , de maniere a en faire une 33 bouillie claire & coulante que i'on verfe au milieu d'un grand cercle 33 de houilie ; fi on met trop d'argile , les briquettes brulent plus >3 difficilement, & fi on en met en trop petite quamitc, la houilie 39 ne peut faire corps avec Targile , & les briquettes n'ont point de y> folidite : la proportion ordinaire eft d'une partie de dctrempe (ur 33 llx de houilie; on mele le tout enfemble de la meme facon que 3> Ton mele le fable & la chaux pour faire du mortier: lorfque cette 30 ma lie a pris la confidence d'une matiere un peu folide , 1'Ouvrier 33 place a cote de lui un carreau de pierre, & fait avec une palette 33 ce que les Liegeois font avec leurs mains ; de s'eteindre par le feul contact de 1'air. Le fourneau n'eft pas plutot vide qu'on y met de nouveau charbon ne'celiaire pour une feconde operation; & comme ce fourneau ell encore tres-chaud & meme rouge, le charbon s'y enfliimme aufin6t; & le precede fe conduit comme ci-devant, 5)0 HIST or RE NATURELLE qu'on en fait pour les mines de cuivre a Saint-Bel (u) . M. Gabriel Jars, de {'Academic de Lyon , & frere de I'Academicien que je viens de citer, a public un tres-bon On eflime a un quart le dc'chet du charhon dans cette operation, c'eft-a-dire le dechet du volume; quant au poids il eft bien nioindre. Les cendres qu'on retire du fourneau font paflces a la claie, fur une claie de fer, pour en fe'parer les petits morceaux de cinders, lefqnels font vendus fe'pare'ment. Voyages metallurgiques , par Al, Jars, dixieme Ale 'moire , page 20$. (u) Apres avoir forme un plan horizontal fur le terrain , on arrange le charbon , morceau par morceau , pour en compofer une pile d'une forme a peu-pres femblable a celles que Ton donne aux alluineles pour faire du charbon de bois, & de la contenue d'environ cinquante a foixante quintaux ; il eft neceilaire de ne point donner a ces char- bonnieres trop d'elcvation, quoique dans le meme diametre: 1'incon- ve'nient feroit encore plus grand, fi on avoit place indifferemment le charbon de toute grofleur. Une charbonniere conftruite de cette maniere, peut & doit avoir, dix, douze & jufqu'a quinze pieds de diametre , & deux pieds & denit au plus de hauteur dans le centre. Au fommet de la charbonniere, on menage une ouverture d'en viron fix a huit pouces de profondeur , deftine'e a recevoir le feu qu'on y introduit avec queiques charbons allumes quand la pile eft arrangee; alors on la recouvre, & on peut s'y prendie de diverfes manieres. La meilleure & la plus prompte , c'eft dVmpIoyer de la paille & de la terre franche qui ne foit pas trop seche ; toute la fuiface de la charbonniere fe couvre de cette paille, mile afTez ferre'e pour que I'epaifieur d'un bon pouce de terre & pas davantage , place drfi us, ne tombe pas entre les charbons, ce qui nuiroii a 1'aclion du feu. On peut fuppleer au de'faut de paille , par des feuilles seches , D E S M I N E R A U X. 551 Memoirey//r la manure de pr sparer le char b on de terre , pour h fubjlituer au char b on de bols dans les tr avail x nutallurgiqiies, wife en nfage depuis F annee 17 6y dans les mines de Saint-Bel ', dans lequel 1'Auteur dit avec grande raifon « que le char- bon de terre efl , comme tous les autres bitumes , compoft « de parties huileufes & acides ; que dans ces acides on « diftingue un acide fulfureux auquel il croit que Ton peui « attribuer principalement les dechets que i'on eprouve « lorfqu'on eft dans le cas de s'en procurer : j'ai aufli eflaye de me fervir de ga/on ou mottes; mais il n'en a pas refultc un bon efFet. Une autre me'thode qui , attendu la cherte «5c la rarete de la paille, eft mife en pratique aujourd'hui aux mines de Rive-de-Gier, par Jes Ouvriers que les Interefles aux mines de cuivre employ oienr a cette operation, avec un fucces que j'ai eprouve, eft celle de recouvrir les charbonnicres avec le charbon meme; cela le fait comme il fuit: L'arrangement de la charbonnicre e'tant achevc, on en recouvre fa partie inferieure, depuis le fol du terrein julqu'a la hauteur d'environ un pied avec du menu charbon crud, tel qu'il vient de la cairicre & des dcblais qui fe font dans le choix du gros charbon ; le reftant de la furface eft recouvert avec tout ce qui s'eft lepare en tres-'petits morceaux des coaks : par cette methode on n'a pas befoin , comma pour les autres , de pratiquer des trous autour de la circonfcrenc* pour 1'evaporation de la fumee ; les interftices cjui fe trouvent enire ces menus coaks, y fupple'ent & font le meme effet; le feu agit egalement par-tout. Lorfque la charbonnicre eft recouverte jufqu'au fommet , 1'Ou- vrier apporte , comme il a etc dit, quelques charbons allumes qu'il jette dans J'ou venture, &acheve d'en remplir la capacite' avec d'autres charbons; quand il juge que le feu a pris, & que la charbonnitre commence a fumer, il en recouvre le fommet, & conduit 1'opt'ration 552 HISTOIRE NATURELLE » lorfqu'on 1'employe dans la fonte des metaux; le foufre £ » les acides degigts par J'aclion du feu, dans la fufion , >» attaquent , rongent & detruifent les parties metalliques qu'ils 5> rencontrem ;"voila les ennemis que Ton doit chercher a 2> detruire ; mais la difficultc de Topcration confiflea detruire » ce principerongeur, en confervant la plus grande quantite » poftiblede parties huileufes, phlogiftiques £ inflammables, Y, qui feules operent la fufion , & qui lui font unies. C'eil comme celle du charbon de bois , ayant foin d'empecher que le feu ne paffe par aucun endroit , pour que le charbon ne fe confume pas; ainfi du rede julqu'a ce qu'il ne fume plus, ou du moins que la fume'e en forte claire, figne conftant de la fin du defoufrtigc : pour toute cette manoeuvre , 1'experience des Ouvriers eft tres-ne'ceffaire. Une telle charbonniere tient le feu quatre jours, & plufieurs heures de moins fi l:on a reconvert avec de la paille & de la terre: lorfqu'il ne fume plus, on recouvre le tout avec de la poulFiere pour etouffer le feu , & on le laiffe ainfi pendant douze ou quinze heures ; aprcs ce temps, on retire les coaks, partie par partie, a 1'aide des rateaux de fer , en k-parant le menu qui fert a couvrir d'autres charbonnitres. Lorfque les coaks font refroidis, on les enterme dan3 un magafni bien fee; s'il s'y trouve quelques morceaux de charbon qui ne loient pas bien deloufres , on les met a part j>our les faire paffer dans une nouvelle charbonnicre; on en a de cette manicre plufieurs en leu, dont la manoeuvre le lucccde. Trois Ouvriers ayant un emplacement afiez grand, peuvent prc- parer dans une feinaine , trois cents cinquante jufqu'a cjuatre cents quintaux de coaks. Les charbons de Rive-de-Gier perdent en diffoufrage a Saint-Bel, trente-cinq pour cent, de manicre que cent livres de charbon crud font reduiies a foixante-cinq livres de braifes: ce fait a etc verine plufieurs fois. Voyages Mtl allurgique s , par Af, Jars, auin^ieme Memolre , page ^^/. a quoi D E S M I N E R A U X. 5^3 a quoi tend le precede dont je vais donner la methode ; « on peut le nommcr le dcfoufragc ; apres 1'opcration , le « charbon mineral n'eft plus a 1'ceil qu'une matiere seche, « fpongieufe, d'un gris noir qui a perdu de fon poids & « acquis du volume, qui s'aJJume plus difficilement que le « charbon crud ; rnais qui a une chaleur plus vive & plus « durable ». M. Gabriel Jars donne enfuite une comparaifon detaillee dcs effets & du produit du feu des coaks, & de celur du charbon de bois pour la fbnte des minerais de cuivre; ii dit que les Anglois fondent la plupart des minerais de fer avec les coaks, dont ils obtiennent un fcr coule excellent qui fe moule tres-bien; mais que jamais ils ne font parvenus a en faire un bon fer forge (x). (x) De quelque rruniere que le charbon de terre ait cte torre'fie, foit qu'il 1'ait ete a I'air libre, foit qu'il I'ait etc dans des fofles , comme a NewcafHe, ou dans des fourneaux comme a Suhzbach, rexperieiice ne lui a encore cte avaatageufe que pour les ouvrages qui le jettent en moule : dans les grandes operations rae'tallurgiques, ce charbon , fi Ton veut luivre 1'idce commune, n'eft pas encore fuffifamment defoufre; ies Lraifes qu'il donne ne rempliflent pas a beaucoup pres le but qu'on fe propol'e : le fer provenant des forges de Suhzbach, & qui, pone a la filiere, fe trouvoit uncfonte grife & fort douce, a t'te reconnu ctre le produit de plufieurs affinagcs; en total, la fonte du fer qu'ou obiient avec !eur feu, a toujour> deux defauts confiderabies: on convient d'abord gcncraiement que la qua- lite du fer eft avilie, qu'il eft caiTant argiles pures, 153 & i 54. ARGILES pures & blanches ne fe trouvent qu'en quelques lieux : rai- fons de ce fait. Ces argiles pures font aufli refradaires que le quartz dont elles proviennent , 153. Difference des argiles pures & blanches d'avec les inarnes , 159 & 1 60. Lieux ou fe trouvent ces argiles pures , 1 6 5 fr" fuiv. II n'y a point de coquilles ni d'autres produdions marines dans les mafles d'argiles blanches on pures , au lieu que toutes les cou ches de glaife en contiennent en grande quantite , i 6 j . ARGILES. Ufage de I' argils. L'ufage de 1'argile cuite pour les batimens , les vafes , &c. paroit etre de toute antiquite , & avoir precede' 1'em- ploi des pierres calcaires, 168. ARTS. L'art de 1'homme ne peut que tracer des figures & former des furfaces , tandis quo ce!ui de la Na ture travaille les corps dans leur inte:- rieur & dans toutes les dimenfions Bbbb h TAB a la fois , 6, Ce n'eft pas la faute de 1'homme , fi par fon art il ne peut imiter la Nature dans fes operations , puifque , quand meme par Ies lumieres de fon efprit il pourroit reconnoitre tous Ies ele- mens que la Nature emploie , quand il Ies auroit a fa dilpofition , il lui jnanqueroit encore la puiflance de difpofer du temps, & de faire entrer des fiecles dans J'ordre de fes com- binaifons , 1 4. B -DlTUME. Jroyei SOUFRE, 434. 13 I T u M E s liquides. Comment fe font formees Ies fources de petrole & des autres bitumes liquides , 437- BLANC d'Efpagne, Voye^ C R A i E , 206. 33 O I s fojjifes & biium'meux. Obfer- vation importante fur ce fujet , 536^ fuiv. B O U S I N . Voyc^ PlERRES CAL- C A IRES, 225. B R E c H E s , marbres-lnches ; leur premiere formation, 1251. C C ARACTERES par lefquels on peut reconnoitre & Ton doit dirtin- guer Ies matieres minerales , i ,° Ie L E plus ou Ie moinsde fufibilite; 2..* Ie caradcre de la calcination ou non calcination avant la fufion ; 3 .° 1'ef- fervelcence avec Ies acides par laquelle ondiftingue Ies tub fiances calcaires des maticres vitreufes ; 4.° celui d'etinceler ou de faire feu par Ie choc del'acier, qui indique plus qu'aucun autre la lecherede &. la duretc; 5.° la caflure vitreufe, ipathique , terreule ou grenue , qui prefente a nos yeux la texture inte- rieure de chaque fubftance; 6." Ies couleurs qui dcmontrent la prc- fence des parties mctalliques dont Ies diffe'rentes maticres font impre- gnees ; 7.° la denfne ou Ie poids Ipecifique de chaque matiere qui eft de tous Ies caracleres Ie plus efTentiel , 41 & 42. CHARBON de terre eft une deno mination afiez impropre , parcc qu'eile paroit fuppoler que la ma tiere vegctale dont il eft compofe', a ete attaque'e & cuite par le feu , tandis qu'eile n'a fubi qu'un plus ou moins grand degrd de dtcompo- fition par 1'humidite, & qu'eile s'eft confervte au moyen de fon huile convertie par Ies acides en bitume, 428. Differentes fortes de charbon de terre , Ies unes plus pures , Ies autres plus me'Iangees, 429 & juiv. Tous Ies charboas de terre en D E S M A general tirent leur origine des nu- tieres vegetales & animales, dont les huiles & les graifles fe font converties en bitume , 429. Qua- litc's & detains des differens char- bons de terre, 43 i . Autres preuves que le fond dela fubfbnce de tous les charbons de terre eft une made-re ve'getale : difcuffion & refutation des opinions comraires , 431 &1 fuiv. Le charbon de terre n'eft forme que de la reunion des debris folides & de I'huile liquide des vegetaux , qui fe font enfuite durcis par le melange des acides , 433. Le charbon de terre de la meilleure qualite, ell celui dans lequel la made re vege'tale ell la plus pure , & a laquelle le bitume eft intime- ment uni , & le charbon pyriteux eft le plus mauvais , 43 y. On pent pafler par degres , de la tourbe recente & fans melange de bitume, a des touibes plus anciennes , de- venues bitumineufes ; du bois char- bonifie aux veritables charbons de terre, 438. Difcuflion & refuta tion des opinions qui donnent au charbon de terre une autre origine, 438 & fuiv. Charbons de terre de feconde formation , par la filtration des eaux a travers les couches an ciennes de ce charbon : leur def er ip don ? 440 & 441, Generation T I E R E S. V primitive du charbon de terre, & developpemem fucceflif de fa f:r- mation 6c de fa compofition , 446 & fuiv. II y a deux manieres dont les charbons de terre out cie de- poles; la premiere en veines e'ten- dues fur des terreins en pentes , aifleur, tandis que les veines n'en ont cjue quelques pieds , 477. Diuindion des ditfe- rentes fortes de charbon de terre, 496 &fuiv. Leurs ulages : il faut les epurer pour les employer dans les forges. Les charbons pyriteux ren- dent le fer caflant & doivent etre re- jete's ; ce ne font que les charbons les plus purs on les charbons epurc's, que Ton peut fubllituer au bois 6c qui peuvent leremplacer, foitdans les arts , loit dans les autres ufages economiques, 49 7. Lebon charbon de terre , contient beaucoup plus de parties combuftibles que le bois ; aufli la chaleur de ce charbon foillle e/l-elle bien plus forte & plus du rable que celle du charbon vegetal, 490. Ufages & pratiques du char bon de terre , pour les teux des mai* fons & les fours «Sc fourneaux de$ Bbbb ij v) T A manufactures a feu, 543 & fuiv. Comparaifon de la chaleur & du feu du charbon de terre avec la chaleur & le feu du charbon de bois , 545 & 546. Maniere dont on fait le coak & les cinders avec les charbons de terre, 548 & fuiv. Defoufragc , ou manic re dont on peut enlever les acides u prendre la^ forme renflee fous J'Equateur rutes que celies qui ne portent aucun trait de figuration , 4. Dans les matieres brutes , le verre primitif eft celie qui ell la plus ancienne , coinnie ant cit produite par ie leu des le temps ou ia terre iiqueiiee a pris fa confjfiance, i 5. MATIERES calcaires- Premiere produclion de la maticre caleaire dans Je fein des eaux , & par ies animaux a coquilJes , dont la multiplication eft immenfe, 197. La durete des matieres caicaires ell toujours infcrieure a ceile des matieres vitreules , qui n'ont point rie ulterees ou decompofees ]>ar Teau , parce que les fubftances coquilleules , dont les pierres caicaires tirent leur origine , font par leur nature, d'une confiflance plus niolle & moins lolide que les matieres vitreufes , 2.0 i . MATIERES combujhbles. Aucune maticre dans la Nature n'eii com- bullible qu'en raifoa de la quantite de maiiere vrgeiale ou animale qu'elle contient: preuves de cette allenion ,4-33. L E MATILRES vitreufes. Les grandes inafles de matieres vitreufes qui competent les djninences primitives du globe , n'ont pas ete formces par le depot des eaux , car elles ne portent aucune trace de cette origine , &. n'ofTrem pas le plus petit indice du travail de I'eau. On ne trouve aucune production marine , ni dans le quartz , ni dans le granit , &. leurs inafles , au lieu d'etre difpoftes par couches comme le font toutes les matieres tranl- portces ou de[)ofe'es par les eaux , font au contraire comme iondues d'une leule piece , fans lits ni divifions que celies des femes per- pendiculaires qui fe font formees par la retraite de la matiere fur elle-mcme dans Ie temps de fa conlolidation par Ie refroidiiTemenr, 2.6. Les maiicres vhreules telles que les cailloux , Ies laves do volcans , & tous nos verres fac- tices fe convertiilent en terre argileufe, par la longueimpreflion de 1'humidite de 1'air; Ie quartz & tous Ies autres verres produits par la Nature , quelque durs qu'ils loient, doivent lubirla meme alte ration, & le convertir a la longue en terre plus ou moins analogue a I'argile , 32. M E T A u X. Les me'taux ne con- D E S MA tiennent point d'humidite dans iaur fubftance : experience dc- inonftrative de cette affenion, 3 i. note (a). Formation des metaux. Voyci FENTES PERPENDICU- LAIRES ,136. MICA. Premiere origine du mica, par les exfoliations du quartz, 20. Legcrc difference entre la fubf^- tance du quartz & ceJle du mica, qui fL'ulement ell un peu moms fimple &L nioins refractaire au teu que celle du quartz , ibid. Com ment il eft arrive que la fubftance des micas eft devenue moins fim- p!e que celJe du quartz , 20. Le mica ne le trouve pas comme le quartz & le jaipe en grandes mafies iclides & dures , mais prefque tou- jotirs en paillettes & en petites lames minces &. dilleminees dans plulieurs matieres vitreufes, j>. Les parcelles du mica ne font pas auiTi douces AU toucher que cellcs du talc , \ 6. Le mica eft xm verre primitif en peutes lames & paillettes tres-minces , lefquelles d'une part ont tie fubiimees par le feu , ou de'pofees dans cer- taines matieres, telles que les granits , au moment de leur con- folidation, & qui d'autre part, ont enfuite ete entrainees par les eaux ? & melees avec les matures T I E R E S. XXlij molles , telles que les argiles , les ardoiles &. les fchiftes , 5 6. Les micas ont produit Its talcs quand Us le font trouves fans melange; 6v quand ils fe font re'unis avec cTautres matieres qui leur font ana logues , ils ont forme des inafTes plus ou moins tendres , telles que le crayon noir ou molybdene, la cruie de Brianc_on , la craie d'Ef- pagne , les pierres ollaires , les llealites & les ferpentines , 57. On trouve a nil I des micas en mafies pulve'rulentes : exemples la-deflvis , 57 & fuiv- Raifons pourquoi ce verre primitif n'a pas forme des ma lies foiides cojnme Jes quarre autres verres , 62 & 63. II eft un peu moins re'fraclaire au feu que le quartz & le jafpe , & en meme temps il elt beaucoup moins fufible que le feJd-fpath cv le fchorl, 63. MINE de fer en grains. La mine de fer en grains le produit dans la terre limoneufe , par la reunion des particules de fer con- tenues dans les detrimens des ve'ge'- taux & des animaux , 394- Voyc^ TERRE LIMONEUSE. Ob- fervation particuliere fur les diffe rences des mines de fer en grains, & raiion de ces memes differences , 4.00. La mine de fer en grains , AA/V T A a; jmpc'e dans 1'cau , femble reprendre les m ernes c.iracleres & proprietes que la terre linioneufe, 401. La mine de fer en grains , n'eil qu'une fecre'tion qui Ic fait dans la terre linioneule , d'autant plus abon- damment qu'elle contient une plus grandequantite de fer decompose, 40 i . Differens degre's de la for mation de la mine de fer en grains dans la terre limoneuje. Obler- vations exacles a ce fujet & expe rience qui prouve la maniere dont s'opere la formation des grains de mine de fer dans la terre lnno- neule, 402 & fuiv. Compofition par couches des grains de mine de fer. Us font tons par couches concentriques & creux au centre , & Jes couches fuperieures font les premieres forme'es, & celles dans Jefquelles la matiere ferrugineufe eft la plus pure, 403 & 404. MINE en rouille & mine de mnrals. Leur origine & leur formation ; ces mines de inarais font fouvent plus epaiifes & plus abondantes que les mines terrettres : raifon de ce fait, 41 5. MINERAL. Dans le mineral, il n'y a point de germe, point de moule interieur capable de fe de'velopper par la nutrition , ni de tranimettre f L E fa fv-rme par la reproduftion , 6. ] mineral n'augmente & n'uc- L 'it que par la juxta-pofition fuc- c Jive de les parties confUtuantes , q.ii toutes n'etant travaillees que Lr deux dimenfions, ne peuvent j jndre d'autre forme que celle ac petites lames infiniment minces & de figures feinblables ou difTc- rentes , & ces James figurees , fuperpofees & rcunies., corapofent par leur agregation , un volume plus ou moins grand & figure de meme, 8. MINERAL fgure. Tout mineral figure a etc travaille par les mole cules organiques , provenantes du detriment des etres organiques , ou exiftantes avant leur formation , 4. MINERAUX. Difference eflentielle dans la compofition entre Jes mi- neraux & les animaux ou vcge'taux , 6 & 7. MjNERAUX/^wr/j-. La plupart des mineraux figure's ne doivent leurs difterentes formes qu'au melange & aux combinations des molecules organiques avec 1'eau qui leur iert de ve'hicule , 4. MINIERES de fer en grams. Voyez TERRE LIMONEUSE, 398. Obfervation particulicre fur leurs differences & raifon de ces memes differences, 400. Manieire dont DCS MA fe font produites & etablies les minieres de ter en grains. La Nature en a fait le lavage , le tranfport & Je depot , par le mou- vement des eaux : preuves & obfervations, a ce fujet , 406 MOLLASSE. Eft une matiere mixte & melange'e d'argile & de fub- ftance caicaire ; clle le trouve en grandes mafles & fe durcit a. 1'air ; mais il faut la dc'fendre de la pluie & ne I'ernpfoyer que dans i'inttr- rieur des bathnens ; cette pierre molIaiTe re'fifte ttcs-I'icn a 1'adion du feu, 381 & 3 82. MONTAGNES P R 1 M I T I V fe S. Formation des montagi A-., vitreufes. Le quartz a forme non-ieulement la roche interieure du globe, mais aufll les eminences & appendices exte'rietires de cette roche ; il fert de noyau aux montagnes vitreufes. Ces noyaux des plus hautes mon tagnes , fe font trouves d'aboid environne's & couverts de rrag- mens decrcpites de ce premier verre , ainfi que des ecailles du jafpe , des paillettes du mica , & des peiites maffes crillallifees du feld-fpath & du fchorl , qui des- lors out forme par leur reunion les grandes malles de granit & de porphyre, & de toutes les autres T 1 E R E S. xxv roches viireufes , compofe'es de ces premieres matitres produhes par le feu primitif; les eaux n'ont agi que Jong-temps apres fur ces memcs fragmens & poudres de verre , pour en former les gres , les talcs , & les convertir enfin par une longue de'compofition en argile &. en fchiile , 30. M o u L E s intcrieurs de la Nature. Nos moules artificiels ne font qu'exte-rieurs & ne peuvent que frgurer des furfaces , c'ell-a-dire , operer lur deux dimenfions ; mais 1'exirtence des moules intcrieurs , & leur extenfion eft demontree par le de'veloppement de tous le^ germes dans les vegetaux , de tous les embryons dans les animaux , puifque toutes leurs parties , foit exterieures, foit interieures, croif- lent proponionneilemejit , ce qui ne peut fe faire que par 1'augmen- tation du volume de leur corps dans les trois dimenfions a la fois , i i. Un homme , un animal , un arbre , une plante, en un mot tous les corps organiles lont autant de moules interiturs dont toutes les parlies croillent proportionnel- lement ; &. ]>ar confcquent s'eien- dent dans les trois dimenfions a la fois ,12. MOUSSES , dont le bas eft plei- x -J TAB nement incrufle , & dont le deflus eft encore vert & en e'tat de vt?gc- tation, 294.. N IN A T u R E Ordre hicceffif des grands travaux de la Nature, 427 NATURE organ/fee. Les productions de la Nature organiice qui , dans lYiat de vie & de vegetation , repre'fentem fa force & font 1'or- nement de la terre , font encore , apres la mort , ce qu'il y a de plus noble dans la Nature brute , 4. N O M E N C L A T U R E en miner alog'ie & faujftf applications des denomina tions. Difcuffion critique a ce fujet , 75 & fuiv. O O CRE. Formation & defcription des mines d'ocre ,411 &Juiv. Pro- prietcs de I'ocre ,414. Les ocres ne font pas des glaifes , comme 1'ont penfe quelques Naturalises , mais ce font des terres limoneufes lefquelles contiennent beaucoup de fer , tandis que les glaifes n'en contiennent que tres-peu, 415. ORGANISATION. L'organifation a, comme toute autre qualite de la jnatiere , fes degres & fes nuances dont les cara&eres les plus ge'ne- L E raux, Its plus diftincls , & fes re'fuhats les plus cvidens, font fa vie dans (es aniniaux, la ve'getation dans les plantes , & la figuration dans les minc'raux, 4 & 5. OSTEOCOLES. Defcription des oftcocoles des cavernes du niar- graviat de Bareiili , ou les os in- crullts & petrifies fe trouvent ea tres-grande quantite, 288 &fuiv. OSTEOCOLES animates fr vc get ales; maniere dont elles fe forment, 290 & fuiv. Ofteocoles ne font que des incrurtations d'une inaticre cre'tacee ou marneufe ; & ces incruitations fe forment quelque- fois en tres-peu de temps , aufTi- bien au fond des eaux que dans le fein de la terre : exemples a ce fujet, 295 frfuiv. P D IT ETRIF1CATION ptllt s'opmr aufondde la mer comme fur la terre : exemples a ce fujet, 246. PURIFICATIONS. Origine&caufe tres-fimple des concretions figu- rees & des petrifications calcaires , 2 i 6. Les coquilles petrifiees con- tenues dans les banes des pierres calcaires , font plus dures que la matiere de ces pierres ; preuves & raifon de cette ve'rite , 260 & fuiv. On trouve afTez communtfjnent une D E j MAT une efpece dominante de coquilles pctdfiees dans chaque endroit, & plus abondame qu'aucune autre ; ce qui prouve encore que la ma- liere des banes ou fe trouvent ces pe'trifications , n'a pas etc amence & tranfportce confufement par Ie inouvement des eaux , mais que certains coquillages fe font etablis lur Ie lit interiuur, & qu'apres y avoir ve'cu & s'y etre multiplies en grand nombre, ils y out laifle leurs de'pouilles, 2.61 & 262. PIERRE CALCAIRE. Ondoitdiftin- guer les couches depierres calcaires d'ancienne formation de celles qui font d'une formation pofterieure , 220. Maniere de les reconnoitre & dc les diftinguer , 2.20 & fuiv. Les banes des pierres calcaires de feconde & de troificme formation, font ordinairement iepares les uns des autres par des joints ou delits horizontaux affez larges , & qui font remplis d'une matiere pier- reufe , moins pure & moins liee , que Ton nomme boufm; tandis que dans les pierres de premiere forma tion les delits horizontaux lont etroits & remplis de fpath , 224 & 225. Autres differences entre les pierres calcaires de premiere & de feconde formation, 225. Pierres calcaires arrondies , liees par un inttaiiXt Tome I, I E R E S. XXVIJ ciment pierreux, il s'en trouve des banes d'une grande c'tendue , 2 2 6. Ces pierres font d'une formation pofterieure a celle des autres , 227. Origine des pierres calcaires rou- lees &. troue'es, 2 j i . Les difteren^ degres de la durete des pierres calcaires s'etendent de la craie jui- qu'au marbre: Ie plus ou Ie moins de durete dans ces pierres , provient de leur pofition plus ou moins infe'rieure aux banes de meme na ture qui les furmontent , &. de quelques autres circonrtances qu'il eft aife d'obferver , 2^. Pierres calcaires plus ou moins refiftantes a la gelee; leurs principales diflc- rences , 214 & 2,15. Explication des effets de la gelce fur les pierres calcaires , 236 & 237. Explication de la maniere dont agit Ie fuc pe^ trifiant dans les pierres calcaires , & comment il leur donne de la folidite & de la durete , 240. IJ y a beaucoup de points brillans de fpath dans les lits inferieurs , & tres-peu dans les lits fuperieurs des carrieres calcaires , 442. On trouve des banes entiers compofe's d'une feule eipece de coquilles , qui toutes font couchees fur la meme face : cette regularite dans leur pofition & la prc/ence d'une feule eipece , a 1'exclufion de toutes les Eece xxv nj A autres, femblem de'montrer que ces coquilles n'ont pas etc amene'es de loin par les eaux , puifqu'alors elles fe trouveroient melees d'autres coquilles & placees irrcguiiere- jnent , 244. & 24 ; ce font des ajlrditcs ou cerveaux de mer, CTc. petrifies; & Ton reconnoit a Jeur lurface les ftries & les etoiles de ces productions marines : les pierres de la troifieme forte font plates , renfle'es & colorc'es de gris-fonce ou de bleu dans leur milieu. — Formation de ces pierres ;i noyau colore , 2 5 6 £>" fui\'. Pierres cal caires cjui offrent a leur lurface le fpath criftallile en forme de grains de fel, 270 &. 271 . PIERRE de premiere formation. Pre miere origine de la pierre calcaire, & multiplication innombrabie des coquillages dont plufieurs eipeces ont exilic & n'exiilent plus , 2 i r> & 220. La plus ancienne formation des pierres calcaires , eft done celle des pierres ou Ton voit des co quilles ou des imprefljons de co quilles marines, 221. Elles font compolees pour la plupart de gra- viers , c'eft-a-dire, de debris d'autres pierres encore plus an- ctennes , 6c il n'y a guere que les couches de craie (ju'on puille regarder comme produites imme- diatemem ])ar les detrimens des co- D E S quilles. — Ainfi avant la formation de nos rochers calcaires , il exiftoit ; de'ja d'autres rochers de meme nature, dont les debris ont fervi ;\ leur conftrucTion , 238 & -39- Preuves de cette affertion, 24 ]. PlERRE de feconde formation. Com ment ont e'te produits les banes de pierre calcaire de feconde forma tion ,220 frfuiv. Dans ces pierres de formation iecondaire, on peut encore en difiinguer de plulieurs dates difterentes , & plus ou moins modernes ou rccemes : exemple a ce lu jet, 220. Celles de premiere date, font ces pierres melees de petites viffcs & limac, ons fluviatiles ou terreftres ; celles de la feconde date font les pierres qui , ne con- tenant aucunes coquilles marines ou terreftres , n'ont ete formees que des de'trimens & des debris re'duits en poudre des unes & des autres, 221 & 222. Pierres calcaires de formation re'cente , 264. Pierres calcaires en grands banes & de nouvelle formation; on peut fuivre leur origine depuis le haut des montagnes jufque dans les vallees. — Elles n'ont etc formees que depuis que nos continens , dtj.'t decouverts , ont etc expofe's aux degradations de leurs parties, meme ies plus folides, par la gele'e & T I E R E S. x.v/'.v par Ies autres injures des elemens hum ides, 266 & fuiv. PIERRE colorce. Les coaleurs de ces pierres , proviennent quel- quefois des parties metalliques , & particulierement du fer contenu dans la terre vege'tale ou limoneufe qui lurmonte leurs banes ; mais plus fou vent, ces pierres ont e'te impre'- gne'es de ces couleurs des le temps de leur premiere formation : preuves de cette ve'rite, 265 & 266. PIERRE vivc &" pierre calcaire mortf, II y a dans le genre calcaire, comme dans le genre vitreux , des pierres rives & d'autres qu'on peutappeler mortes, parce qu'elles ont perdu Ies principesde leurfolidite, & qu'ellei font en partie de'compofees ,232. PIERRE DE CORNE. La pierre de come fe trouve fouvenr en grandes mailes adoiTees aux mon tagnes de granit , ou contigues aux fchiftes qui Ies revetent , & qui forment Ies montagnes du fecond ordre, 370. EHe eft plus dure que le fchifte fimple & en differe par la qiiantite plus ou moins grande de matiere calcaire qui fait toujours partie de fa fubftance. On pourroit donner a cette pierre de corne , une meilleure denomination en 1'appelant fchljle fpathlque ; ce qui indiqueroit en merne temps Eeee i; '.Y.V TAB & la fubftance fchifleufe qui Ini iert de bale, & le melange cal- caire qui en modifie la forme & en fpecifie la nature, 371. E)i- verles lortes de pierres de come , qui nc'anmoins font toutes com- polces de ichifte 6: de matiere cal- caire , 371 & 372. Les pierres de corne ou Ichiftes Ipathiques, lont en general afiez tendres , & le plus dur de ces fchiftes fpathiques ou pierres de corne , ell celui que les Suedois ont appelc trapp ( elca- lier ) , parce que cette pierre fe cafie par ctage ou plans fuper- pofes , com me les marches d'un efcalier , 373- Leurs diffe'rentes couleurs , 374. Toutes font fufi- bles a un degre de feu afiez modere , & donnent en le fondant un verre noir & compade , ibid. En les humeclant eiles rendent imeodeur d'argile, ibid. Indication des lieux ou ie trouve cette pierre de corne ou fchifte fpathique , 375. Epoque de la formation de ce Ichille (pathique ou pierre de corne, 375 &fuiv. PIERRE DE FLORENCE. Voyc^ MARBRE MIXTE, 380. PIERRE DE LABRADOR, eft un feld-fpath de couleur verdatre ou bleuitre , dont ie reflet eft cha toyant & qui eft fufible com we L E les feld-fpaths blancs ou rougeatres, 71 &. 72. PIERRE NOIRE, dont fe fervent les Ouvriers , n'eft qu'une argile dure &. noire , qui contitnt une afiez grande quantite de parties ferrugineuies , i 67. PIERRES A FOUR. Leur formation, leurs qualitcs & leurs uiages. — Les pierres qui rcfiftent le plus au feu, fouvent ne rcfiftent pas a 1'aclion de la gelce ; & re'cipro- quement les pierres qui reliftent a la gelt'e , ne peuvent fupporter le feu fans s'e'clater , 262 &fuiv. PIERRES A FUSIL ou J!/e.\: Com ment s'eft opere'e la formation des pierres a fulil ou file* dans les craies. — Raifon pourquoi les petits blocs de pierre a fulil qui ie forment dans les craies font pref- que toujours arrondis & tuber- culeux , 204. PIERRES GELISSES. Caraclcres auxquels on peut reconnoitre ies pierres geliffes, 235 & 236. PL AT RE. Le platre & le gypfe font des maticres calcaires , mais imprc- gnees d'une aflez grande quantite d'acide vitriolique, pour que ce ineme acide 6c meme tous Ies autres n'y fafient plus d'impref- fion. — Ces deux fubftances , le platre &. Ie gypfe, qui font au D L S MA fond les memes , ne lent jamuis Lien dures : fouvent eiles (ont friables , & toujours eiles fe calci- nent a un degre de chaleur moindre que celui du feu neceflaiie pour convenir la pierre calcaire en chaux. — Ufage & empfoi du platre. — Propriete du platre cal cine ,. 337. Differences entre le platre &Ie gypfe, 338- Les piatres font dilpoles comme fes pierres calcaires , par lits horizontaux , rmis leur tormation eit poiterieure a celle de ces pierres : preuves de cette adertion , 359. Le platre ne contient point de coquilles marines, & Ton y trouve quelquerois des oflemens d'animaux terreftres , 3 j o. Expofition de la manic-re xlont fe lont form ces les couches de platre, 3 39 & 340. Les llabc- tiques qui le torment dans le platre, ont des proprictcs & des formes toutes diffe'rentes de celles des fpaths & autres concre'tions cal caires , 340. Comparaifon du plAtre opaque avec le gypfe qui a toujours un certain degre de tranfparence , 341. II y a des pia tres de plufieurs couleurs ; le p Litre blanc ell plus pur & plus fin que le platre gris , 345. Les couleurs dans les piatres ne font pas auill fixes que dans les marbles ; T I E R E S. \x.\j le feu les fait difparoitre dans les piatres , au lieu qu'il ne fait que les rendre plus intenfes dans les marbres , 34 j. Les bants de platre font divilcs par un nombre infini de petites fentes perpendiculaires qui les feparent en colonnes a plufjeurs pans: caules de cet effet, 345 CT" fuiv. Le phure ne perd qu'environ un quart de Ion poids par la calcination , tandis que la pierre calcaue en perd plus d'un tiers & quelquefois mouie , 347- Comparaifon du platre & de la pierre acres leur calcination ,348. Propriety commune au platre calcine & a la chaux , ^49. L'effet de f j j. Les banes des carricres a platre, quoique iuperpoles hori- zontalement , ne fuivent pas la ioi progrcfllve de durete 6c de deniite qui s'obfeyye dans les xx\ij T A banes calcaires , 3 5 6. Indication des principaux lieux ou le trouvent des carrie res de plitre ,359 & fuiv. Exatnen de la compofition des collincs platreufes, 366. PORPHVRE. Le porphyre eft apres le jafpe , la plus belle des matieres vitreufes de premiere formation. II ell compofe de jafpe , de feld- fpath & de petites parties de fchorl , incorporces enfemble. — Ses dif ferences d'avec les jafpes & d'avec les granits, 84 & fuiv. Porphyre de differentes couleurs avec des taches plus ou moins g rail des , 85 & 86. II n'y a ni quartz ni mica dans les porphyres , 86. Comparaifon des porphyres & des granits, 86 & 87. Le porphyre fe trouve par fortes inafTes & par grands blocs en plufieurs endroits, il eft ordinairement voifm des jafpes , 87. Solidite , durete & duree des ouvrages faits de por phyre, qui refiftem beaucoup plus long-temps que les granits, aux injures de i'air , 88. Differentes fortes de porphyres & leurs def- criptions , 89 & fuiv. Difcuflion critique fur ['enumeration des por phyres donnee par M. Ferber, 89 jufqu'a 93. II faut diftinguer les vrais & anciens porphyres , forme's par le feu primitif , des nouveaux B L E porphyres qui ont pu I'etre par rinterrndde de I'eau ou par 1'aclion du feu des volcans , 93. POUDINGUES. Leur premiere for mation, 120. II y des poudingues calcaires, comme il y a des pou dingues vitreux , & les marbres breches peuvent etre regardcs comme des poudingues calcaires , 331. Lieux ou fe trouvent les poudingues calcaires auxquefs on a donnc mal-a-propos le nom de cailloux routes , 3 3 2 &fuiv. Lcgcre difference entre les poudingues calcaires pas plus dans la Nature que la cinquieme. io.° De feld- fpath & de fchorl : ce melange a forme les ophites, 83. Ces m ernes verres primitifs combines trois ii trois ou quatre a quatre, ont forme des granits & des por- phyres ; le quartz , le feld-fpath & le mica , compofent la fubftance de plufieurs granits ; & d'autres granits au lieu de mica , font mele's de fchorl ; d'autres comiennent quaere de ces verres primitifs au lieu de trois , & font compofes de quartz , de mica , de feld-fpath & de ichorl : & dans les porphyres il y en a qui font compole's de jafpe , de feld-fpath & de fchorl , 83 & 84. Rocs VITREUX. Difference des rocs vitreux & des rochers calcaires. Les premiers ne font pas difpofes horizontalement par banes & par couches , mais ils font en pleines mafles comme s'ils etoient fondus d'une feule piece, 39, s HISTE. Aprcs le quartz & le L E granit, le fchifte eft la plus abon- dante des maticres folides du genre vitreux. II forme des collines & enveloppe fouvent les noyaux des montagnes jufqu'a une grande hau teur, 178. SCHISTE & ARDOISE. L'argile ou glaife , diffcre du fchifle & de 1'ardoite , en ce que fes mole cules font fpongieufes & molles, au lieu que les molecules de 1'ardoife ou du fchiile , ont perdu cette mollefle & cette texture Ipon- gieufe, qui fait que 1'argile peut aiie'ment s'imbiber d'eau , 175. Le melange du mica & du Illume , a contribue, avec le deffechement , a cette durete des molecules de 1'ar- doife & du fchifte, ibid. Epoquede leur formation ; elle a e'te pofterieure a celle des glaifes , 75 &. 76. L'ar- doile & le Ichifte lont plus ou moins impregiies de bitume & mtles de mica; ils pre'lentent aufli des im- prefTions de plantes & d'animaux , 176. Comparaifon des qualiies du fchille & de 1'ardoife, 182. Vuye-^ ARGILE , 194 & 195. SCHISTES. Les fchiftes font gene- ralement adofles aux flancs des montagnes primitives , 177. Ils peuvent fe reduire a quatre va- rietes : la premiere , des fchiftes fimples qui ne font que des argiles plus D E S MA plus ou moins durcies , & qui ne contiennentque tres-peu de bitume &demica; la leconde, des Ichilles qui, comme 1'ardoile , font meies de beaucoup de mica & d'uneafle£ grande quantite de bitume , pour en exhaler I'odeur au feu ; la troi- fieme , des fchiftes ou le bitume eft en telle abondance, qu'ils brulent a peu-pres comme les charbons de terre de mauvaife qualitd , & la qua- trieme des fchiftes pyriteux qui font les plus durs de tous dans leur car- riere, mais qui fe decompofent des qu'ils en font tires, i 7 8 & i 79* Les fchiftes qui comiennem beaucoup de mica, font les meilleures pierres dont on puifle fe lervir pour Jes fourneaux de fufion des mines de fer& de cuivre, i8o&i8i.Les couches les plus exterieures des fchiftes, fe divifent en morceaux qui afferent une figure rhom- boi'dale: caufes de cet efiet, 181 ^ fuiv. Difpofition des fchiftes dans leur carricie, i 88. On peut employer les fchiftes en mafle pour batir, 193. Plufieurs collines & montagnes calcaires , font pofces furle fchifte: exemple a ce fujet, 193 & fuiv. SCHISTES SPATHIQUES. Voye-^ PIERRES DE CORNE, 371- Mineraux t Tcmt I. T 1 E R E S. SCHORL. Formation du fchorl ,21. Le fchorl eft la cinquieme & le dernier des verres primitifs; il a piufieurs caracteres communs avec le feld-fpath , & particulierement la fufibilite qu'il communique de meme aux autres matieres vitieufes : ils le font formes en meme temps, & par les memes effets de nature , lors de la vitrification gencrale. II eft compole de lames iongimdi- nales comme le feld-fpath ; ii a de meme la caflure fpathif^ue : il fe prefente aufli en petites mafies criftailife'es en prifmes, au lieu que celles du feJd-fpuih font criflalli- fces en rhojnbes , 73. II eft entre, ainfi que le feld - Ipath , dans la compofition de piufieurs ma tieres vitreuies , & en particulier dans celles des porphyres & des granits, 74. Schorl de leconde formation ; les differences d'avec le fchorl primitif : il a ^te produit par 1'intermede de 1'eau, au lieu que I'autre a etc produit par le feu primitif, 75. Rapports tres-voifins entre Je fchorl & le feld-fpath, 76. SILEX. Voye-^ PIERRES A FUSIL, 204. S O u F R E. DifFerence eflentielle du foufre & du bitume: les biturnes ne contiennent point de foufre , & Ffff xxxv j T A les foufres ne contiennent point de bitume , 4^4. SPATH. Differences des concretions fpathiques dans les carrieres cal caires ; leurs plus ou moins grande tranfparence & durete: ces con cretions font communement de meme nature que les pierres a travers lefquelles le fuc petrifiant a filtre. — La matiere fpathique eft en tres - grande quamite ; elle a non - feulement forme le ciment de tons ies marbres & des autres pierres dures, mais elJe a penetre & pe'trifie chaque particule de la craie £ des autres detriinens imme- diats des coquilles , pour Ies con- vertir en pierres, 254. STALACTITES. Dans Ies pierres vitreufes, comme dans les calcaires, la purete des congelations depend du nombre des filiations qu'elies ont fubies , & de la tenuitc des pores dans les matieres qui ont fervi de filtre, 272. Sue pitrifiant. Origine de ce fuc. Voye-^ COQUILLES, 339. Ma- niere dont il agit dans les pierres calcaires. Voye^ PlERRES CAL CAIRES, 240. Le depot du fuc petrifiant dans les pierres calcaires, fe fait par une criftaHifation plus ou moins parfaite , & le manifefte par des points plus ou moins B L E brillans , qui font d'autant plus nombreux que la pierre eft plus petrifie'e, c'eft-a-dire plus tntime- ment & plus pleinement pene'tree de cette matiere fpathique, 241. T T A L C , eft forme par 1'agre'gation des paillettes du mica attcnuees & reunies ,55. Differences du talc & du mica, 5 5 &"fuiv. Differences des talcs par leurs couleurs & leur tranfparence : lieux ou Ton les trouve, 58 fr fuiv. Ufage du talc pour les petites fenetres des Vaif- feaux , 59 & 60. Differences du vrai talc d'avec celui qu'on appelle talc de Veriife , craie de Brianfon , &c. 61. TEMPS. Le Temps ne peut nous ctre repre'feme' que par le mouvement & par les effets, c'eft-a-dire par la fucceffion des operations de la Nature , i . Quoique la fubftance du temps ne foit point materielle, neanmoins le temps entre comme element general , comme ingre dient reel & plus ncceilaire qu'au- cun autre, dans toutes Ies compo- fitions de la matiere; or la dofe de ce grand element ne nous eft point connue , il faut peut-etre des fiecles pour operer la criftaHifation d'un diamant, tandis qu'U ne faut que D E S Al A quelques minutes pour criftallifer un fei , \ 3 . TERRE. L 'element de la terre entre comme partie eflentielle dans la coaipofition de tous les corps , 385. Definition de la terre en general , donneepar les Chimilles , eft plus abftraite que re'elle , & ne peut s'appliquer qu'a une terre ideale qui n'exifte pas dans la Nature ,386'. TERRE limoneufe provient de la couche univerlelle de la terre ve- getale , qui s'eft formee des refidus ultcrieurs des animaux & des vege- taux. — Formation fuccefllve de cette terre; fes differences d'avec I'argiJc ou Jes gJaifes : eJle le fond Lien plus aife'ment an feu que la glaife me me la plus impure , & elle s'y bourloufle, au lieu que 1'argile & les glaifes y prennent de la retraite , i 66. Voye^ L I M o N , 38). La terre limoneule eil en- trainee par 1'infiltration des eaux, a d'aflez grandes profondeurs dans les femes des argiles : obfervation a ce fujet , 395 & 396. Elle con- tribue plus que toute autre a la for mation des pyrites martiales, 396. Elle produit, ou plutot regenere par fecretion le fer en grains, & 1'ori- giae primordialede toutes les mines de cette efpece , appai dent a cette T I E 3 E S. XXXVlj terre limoneufe ; ne'anmoins les minieres de fer en grains dont nous tironsleferaujourd'hui,ontprefque toutes ete tranlporte'es & amene'es par alluvion , apres avoir ete lavces par les eaux de la mer, 398. La terre limoneufe eft la premiere matrice des mines de fer en grains & des pyrites martiales : preuves a ce fujet , 408 & 409. TEKRES COMPOSEES. Leurs diffe- rentes qualites toutes relatives au melange des matieres dont elles font forme'es , 387. Leurs ulages lont aufli multiplies que leurs pro- prietes font variees, 387 & 388. TERRES FAUVES qui fe trouvent dans les environs des minieres de charbon de terre, ne font que des couches de terre limoneufe ,411. TERRES PRI MITIVES. La terre purement L*rute , la terre eltmen- taire, n'eft que le verre primitif d'aberdreduiten poudre, & enfuite attenue , ramolli &. convert! en argile par i'impreiTion des elemens humides : une autre terre un peu moins brute , eft la matiere calcaire produite origtnairement par les dc- pouilies des coquillages , & de meme rcduite en poudre par les frottemens & par le mouvement des eaux ; enfin une troificme terre plus organique que brute, eft la terre F f f f ij xxxviij TAB ^ Lgetaie compofce des de'trimens des % c^uiux. &. des animaux, 384. TERRES SIMPLES. L'argile , la craie & le liinon font les trots terres les plus (iniples qui exiftent rceile- ment, 386. TERRE VEGETALE fe prcfente Jans deux etats dijfcrens; le premier lous la forme de urreau , qui ell le detriment immediat des animaux & des vegctaux & le fecond fous la o forme de Itmon , qui eft le dernier refidu de leur entteie decompoli- tion , 388. Sur la grande couche d'argile qui enveloppe le Globe , & fur les banes calcaires auxquels cette meme argile fert de bafe , s'ctend la couche univerfelie de la terre vcgetale , qui recouvre la furface enticre des continens ter- reftres ; £ cette meme terre n'eft peut-etre pas en moindre quamitc lur le fond de la mer , ou les eaux des fleuves la tranlportent & la depofem de tous les temps , & cominuellement , 388. La couche de la terre vegetale , eft toujours plus epaiffe dans les lieux aban- donncs a la ieule Nature , que dans les pays habite's : raifon de ce fait, 380. Elle eft plus mince lur les montagnes que dans les vallons & les piaines, & par quelle raifon, 38^ & 390, Cette terre eft non- feulement compofe'e des detrimens des ve'ge'taux 6c des animaux, mais encore des pouflleres de fair & du fediment de 1'eau des pluies 6c des rofe'es, 390. La fccondite' de la terre diminue par une culture trop long-temps continuc'e , 390 & 39'- La terre vt'getale lert non-leulement a 1'entretien des animaux & des vcgetaux , mais elle produit auHi la plus grande partie des mincraux , & particulieremeiK les mineraux figures, 391. Mar- che de la Nature dans la produdion & la formation hicceflive de la terre vegetale. — Elle n'eft d'abor d , & meme apres un grand nombre d'annees , qu'une poufllere noi- ratre , scche , tres - legcre , Tans dudilite , fans cohefion , qui brule & s'enflamme a peu-pres comme la tourbe ; mais avec le temps ces particules arides de terreau , acquicrent de la duclilite , & fe convenident en terre limoneufe , 391. Obfervations qui prouvent evidemment cette verite , 392 & fuiv. Comme cette terre contient une grande quamite de fubftances organiques , elle a des propriete's communes avec les vcgetaux ; comme eux , elle contient des parties volatiles & combuftibles ; elle brule en partie ou fe confume D E S MA au feu; elle y dirninue de volume & y perd confide'rablement de Ion poids; enfin elle fond & fe vhrifie au meine degre de feu auquel 1'argile ne fait que fe durcir; elle s'imbibe d'eau plus facilement & plus abondammemque 1'argile; elle s'anache fortement a la langue , & la plupart des bols ne font que cette meme terre limoneufe aufll pure & auili attenue'e qu'elle peut 1'etre : preuves de cette dernicre aiTertion , 394 & 395. La couche de terre vegetale qui couvre la furface du globe , eft non-feulement le trefor des richelfes de la Nature vivante, fe depot des molecules organiques qui lervent a 1'entretien des ani- waux & des vege'taux , mais encore ie magafin univerfel des clc'mens qui entreat dans la compofition de la plupart des mine'raux. Les bitumes , les charbons de terre , les bols , les ocres , les mines de fer en grains & les pyrites en tirem leur origine , & il en eft de meme du diamant : preuves anticipees de cette dernicre aflertion, 416 & fuiv. Les iieux qui font de'nue's de terre vegetale ou limoneufe , ne peuvent produire de vegetaux : exeinple a ce fujet ,419^ fuiv. Comment fe forme la terre ve'getale fur les rochers denies, Hid. Pre- T 1 E P E S- A.Y.V/.V rniere origine de la terre vegetale, 421. LorJque la lerre vc'g'Jtale eft rtduite en j^rfait Kinon & en bol, elle eft alors trop compade pour que les racines des plames de'licates puilTent y pcnetrer. La ineilleure terre pour la vegetation, eft apres celle de jardin , cell* qu'on appelle icrre fnmche , qui n'eft ni trop mallfve , ni trop legere , ni trop gra/le , ni trop niaigre , qui peut admettre 1'eau des pluies , fans fe laifler trop promptement cribler , & qui nean-- nioins ne la retient pas aflez pour qu'elles y croupifient, 425. D'oii provient la diminution de la quan- tite de la terre vegetale. Cette dimi nution eft la plus grande dans le* pays les plus liabite's , 425. TRANSPARENCE. Dans les matieres vitreufes produites par le feu pri- mitif , plus il y a de tranfparence & plus il y a de durete ; au lieu que dans les matieres eakinables , for- me'es par 1'intermede de 1'eau , fa tranfparence indique la moliefle, 8 6. TRAP P. Voye-^ PlERRES DE CORN E, 373. TUF. Formation du tuf par fa de'- compofition desmarnes; feur gife- ment au pied des montagnes ,215. Leur formation par la ftillation des eaux, 249. xl T A B L E D E S V V APEURS. Concretions quart- zeufes produites par les vapeurs, dans I'intc'rieur de la terre : exem- ples a ce fujet , 35. VEGETAUX. De'compofition des ve'getaux & des animaux. II y a une tres-grande difference dans la maniere dont s'opere la de'com- pofition des ve'getaux & des ani maux a 1'air ou dans 1'eau : expo- fition de ces differences, 397 & 398. VERRE FOSSILE de Afofcovie. Voye^ TALC , 58. VERRES PRIMITIFS. Comment fe font formes les verres primitifs, defquels toutes les matieres vitreu- fes tirent leur origine, 15 & i 6. Le quartz & les autres verres pro duits par le feu primitif , font tres- differens des bataltes ou des laves, produits par le feu des volcans , i 8. Le quartz , le jafpe & le mica , font les trois premiers verres pri mitifs , & en meme temps les matieres les plus fimples de la Nature. — Le feld-fpath & le A T I E R E S. Ichorl , font les deux derniers verres priinitirs ; ils font moins Innples & beaucoup plus fufibles que ies trois premiers : railbn de cette difference , z i . Objections au lujet de la nature des verres primitifs , & re'ponles a ces objec tions , 23 & fuiv. Le quartz, le jafpe , le mica , le feld-fpath & le fchorl , font les cinq verres pro duits par le feu primitif; en les combinant deux a deux , ils ont pu former dix matieres diffcremes ; combines trois a trois , ils ont pu former encore dix autres matieres ; & combines quatre a quatre ou tous les cinq enlemble , ils ont encore pu former cinq matieres diffe- rentes : & en general, toutes les matieres vitreules ont e'te pro duites par leur melange ou par la combinaifon de leurs dctrimens, 44 & 4S- VITRIFICATION generate da globe. Comparaifon de cette vitriri cation avec celle qui s'opere fous nos yeux , par le feu des volcans'; avec les differences de leurs pro duits , 17 & i 8. FIN de la Talk des Matieres. ~.\\ ^A ? ; \ m Ji