H' -* HISTOIRE NATURELLE DES QUADRUPLES OVIPARES ET DES SERPENS. TOME PREMIER, I S TO I R E NATURELLE DES QUADRUPLES OVIPARES ET DES SERPENS. PAR M. LE COMTE DE LA CEPEDE, GARDE du Cabinet du Roi ; des Academies & Societcs Royales de Dijon , Lyon , Bordeaux , Touloufe , Metz , Rome , Stockolm , Hefle-Hombourg , Hefle-Caffel , Munich , &c. TOME PREMIER. A PARIS, HOTEL DE THOU, RUE DES POITEVINS. M. DCC. LXXXVIII. Sous LE PRIVILEGE DE L'ACADEMIE E.OYALE DES SCIENCES, QH cfiarra AVER TISSEMENT. LE COMTE DE BuFFON travaiHant, dans ce moment, a fHiftoire des Cetacees , ainfi qu'a completer celle des Quadruples Vivipares & des Oifeaux , defirant de voir terminer rHiftoire Naturelle generale & particuliere , & fa fantc ne lui permettant pas de s'occuper de tons !es details de cet Ouvrage immenfe dont fon genie a concu le vafte enfemble d^une maniere fi fublime , & execute les prin-cipales parties avec tant de gloire , il a bien voulu me charger de traveller a THiftoire Naturelfe des Quadruples Ovipares & des Serpens , que jc public aujourd'hui. EXTRAIT DES REGISTRES DE L'ACADEMIE ROY ALE DES SCIENCES, Du 15 Juillet 1787. Nous avons ete nommes Commiflaires , M. Fougeroux . M. Brouflbnnet , & moi, par 1' Academic , pour lui faive le rappoit d'un Ouvrage , qui a pour litre: -ik * 1 Hijloirc Naturelle des Quadruples ovipares , par Comte de la Cep£de. L'Auteur prefente , a la tete de fon Ouvrage , une table methodique de tous les Quadrupedes ovipares dont il traite : il a choifi pour la compofer des carao teres faillans , que les changemens de temperature , ou divers accidens, ne peuvent faire varier, qui fe trouvent dans le male, comme dans la femelle, dans les jeunes animaux , comme dans les adultes , & qu'il a reconnus en examinant & en comparant attentivement un grand nombre d'individus de diffcrcntes efpeces de Quadru pedes ovipares , & les defcriptions d'un grand nombre d'Auteurs. M. le Comte de la Cepede a divife 1'ordre entier (7) des Quadrupedes ovipares en deux grandes claffes ; il a place dans la premiere tous les Quadrupedes ovipares qui ont une queue, & dans la feconde ceux qui n'en ont point. II a e'tabli deux genres dans la premiere clafle , celui des Toitues, & celui des Lezards, qui different Tun de 1'autre, en ce que les premiers ont le corps couvert d une carapace ofleufe Si folide , que Ton ne trouve fur aucun des feconds. Le genre des Tortues renfermant des efpeces dont la conformation & les habitudes prefentent des differences tres-fenfibles , & M. le Comte de la Cepede, clonnam la defcription de plufieurs efpeces nouvelles de ces ani- maux , il a cm devoir partager ce genre en deux divi- fions, pour lefquelles il a aifigne des caracleres conflans, aifes a faifir, & d'apres lefquels on pourra diftinguer les efpeces dune diviiion d'avec celles d'une autre, meme en ne vqyant que le carapace & le plaftron. Dans la premiere divifion, qui comprend les tortues marines , font placees fix efpeces , dont deux n'avoient encore ete que legerement indiquees par les Voyageurs , M. de la Cepede a cru devoir ks appcllcr I'Ecaille-vfrte, & la Najzcorne. Dans la feconde divifion , font les Tor tues d'eau douce & de terre, au nombre de dix-huit efpeces , dont quatre etoient encore inconnues, &ont ete nommees par 1'Auteur, la Jaune , la Chagrin*, la Rouf fdtre, & la Noiratre. Le genre des Lezards etant beaucoup plus nombreux que celui des Tortues, & leur conformation, ainfi que leurs habitudes , prefentant plus de differences , 1'Auteur a cm devoir former huit divifions dans ce genre. La premiere , comprend le Crocodile , proprement dit , le Crocodile noir, le Gaviai, ou Crocodile du Gange , qui etoit a peine connu, & dont M. de la Cepede montre les rapports de grandeur & de conformation avec les autres Crocodiles, ainfi que huit autres efpeces de Lezards. La feconde divifion renferme 1'Iguane , le Bafilic , & trois autres efpeces. Dans la troifieme divifion , font ranges le Lizard gris , le Le\ard vert, & fix autres efpeces de Lezards. Dans la quatrieme , Ion trouve le Camelcon, & vingt autres efpeces, dont deux netoient point connues des Naturaliftes. M. de la Cepede leur a confcrve les noms de Mabouja & de Roquen, qu'on leur a donnes en Amerique. L'Auteur a place clans la linquieme divifion trois efpeces de Lezards, dont une etoit encore inconnue , & a etc appellee , par M. de la Cepede, Lizard d tcte plate. La fixieme divifion comprend le Seps & le Chalcide. L'Auteur a au devoir dormer ce dernier nom a un Lezard remar- uuable par fa conformation, & qui n'ayoit etc dccrit, ni meme (9) ni mtnie indique par aucun Nituralifte. Dans la feptieme divifion eft place le Dragons & enfin les Salamandres, au nombre de fix , ferment la huitieme divifion. M. de la Cepede fait connoitre deux efpeces de ces Salaman- drcs , dont perfonne n'avoit encore parle. M. dela Cepede paffe enfuite a la feconde clafTe des Quadrupedes oviparcs , c eft a-dire 3 a ceux qui n'ont point de queue. II les divife en trois genres , pour lefquels il affigne des caracleres exterieurs 3 faciles a reconnoitre , conftans , & qu'il a trouves en comparant attentivemcnt la conformation de ces animaux avec ce quil a pu connoitre de la difference de leurs habitudes. Le' premier genre , uniquement compofe des Gre- nouilles, en condent douze efpeces: le fecond genre, qui comprend la Raine-verte d'Europe , & routes les autres Raines, prefente fept efpeces, & dans le troificme genre, qui termine Hiiftoire des Quadrupedes ovipares, iont placees quatorze efpeces de crapauds. L Auteur ne s'cft pas contente d'avoir obferve plu- fieurs Quadrupedes ovipares vivans, & d avoir examine avec foin plufieurs individus de la plupart des efpeces dont il traitej il a retucilli lc& pvincipales obitrvations des divers Auteurs qui ont parle des Quadrupedes ovi pares i il a d'ailleurs fait ufage d'un grand nombre de notes manufcrites , qui lui ont ete communiquees par 9 Tome I. Jj do) plufieurs Naturaliftes de divers pays, & dont la plupait avoient voyage dans les contrees oil les Quadrupedes ovipares font le plus communs. M. le Comte de la Cepede fait connoitre pres de vingt efpeces, dont aucun Auteur n'avoit fait mention, ou qui n'avoient etc ni claffees, ni comparees avec foin. II prefente en tout la defcription de cent-treize efpeces de Quadrupedes ovipaies. Mais il paroit s'etre attache principalement a fimplifier k fcience , & a diminuer le noinbre des efpeces arbi- Iraires que Ton avoit admiles ; il a cherche avec foin Influence du climat , de 1'age , du fexe <5c de la faifon fur les diverfes efpeces > pour ne rcgarder que comme des varietes les individus dont les differences ne font pas aiTez grandes , ou affez permanentes , pour conftituer line efpece; & il eft tel article oil 1'Auteur a rapportc a la meme efpece cinq ou fix individus, confidere's par certains Naturaliftes comme autant d'efpeccs diftincles. Chaque article comprend la lifle, non-feulement des jioms vulgaires attribues a Tanimal dans les divers pays , & par les differens Voyageurs, mais encore des noms methodiques qui lui oiu eid donne's par les Natura liftes. On trouve, dans lOuvrage de M. de la Cepede , la mefure & les proportions des diverfes parties du corps , pour un grand nombre de Quadrupedes ovipares. II a tache, de plus, de joindre a la defcription de chaque efpece , 1'hifloire de fes habitudes ; il traite de 1'endroit oil on la trouve, du terns de 1'accouplement, de celui de la ponte, du nombre & de la forme des oeufs, de la duree de I'accroiiTement, de la longueur de la vie, de la maniere de fe nourrir, de fe -defendre, &c.; & pour faire mieux connoitre les Quadrupedts ovipares , il montre les rapports de forme & d'habitudes que les diverfesefpecesontles unes avec les autres, & meme avec des animaux d'ordres plusou moins differens Mais , pour eviter les repetitions , il ne traite d'une maniere etendue que des principales efpeces de chaque divifion , & il ne parle que des differences que les autres prefenunt. Ce qui concerne chaque genre eft precede de 1'ex- pofition des traits generaux_qui le caraclerifent, & lOu- vrage commence par un Difcours , oil la conformation exterieure , les principaux points de la conformation interieure , Si les habitudes communes a tous les Qua drupedes ovipares , font prefent^s & compares avec ce ux des autres animaux : c'eft le refuhat general des obfer- vations faites ou recueillica par M. de la Cepede, & le tableau de leurs rapports. A la fuite de Ihiftoire des Quadrupedes ovipares, M, de la Cepede donne la defcription de deux animaux , _ ( qu'il nomme Reptiles bipedes, qui n'ont en effet que deux jambes, au lieu de quntre, & que lAuteur cioit devoir placer entre ies Quadrupedes ovipares & les Serpens , dont il fe propofe de pre'femer inceffamment Ihifloire a 1'Academie. Le premier de ces deux animaux n'a en core e'te indique par aucun Auteun on Ta envqye du Mexiquei le fecond a e'te decrit par M. Pallas. M. de la Cepede fait yoir qu'on ne peut pas regarder ces ani maux comme des rnonflres , puifqu'ils font en trcs-grand nombre dans les pays oil on les trouve. Dailleurs lAu- teur, en comparant la conformation du Reptile bipede, qu it a recu du Mexiquc , avec celle des Lezards & des Serpens, montre qu'il differe, par la forme de fa queue, ainfi que par Tarrangement & la figure de fes ecailles, de tous les le'zards, Si particulierement du Seps & du ChalcUe , avec lefquels il a le plus de rapports ; <5c par confequent il ne croit pas devoir le regarder comme un monftre par defaut , ou comme un lezard qui auroit perdu deux de fes jambes. II tie croit pas non plus devoir le confiderer comme un mpnftre par exces , ou comme un Serpent, qui,parune forte demonftruofne,feroitne avec deuxjambes, parce ^ue Ic3 jftmbcb du Bipede duMexiquCj, fes pieds, fes doigts, les ecaiiles qui les recouvrent, fes ongles, &c. prefentent la fymmetrie la plus re'guliere,& parce que ce Bipede differe de tous les Serpens connus par [arrange* merit de fes e'cailles. M. Pallas a auffi prouve que le Bipede, dont il a donne la delcriprion dans les Me- moiresde Peterfbourg,ne pouvtfit etreregarde, ni conmie im Le'zard , ni comme un Serpent monflrueux. M. le Comte de la Cepede fait voir, dans 1'artide oil il traite des Bipedes, qu'excepte celui que M. Pallas a de'crit , & celui qu il a recu du Mexique , tous les Reptiles bipedes, mentionnes jufqu'a prefent par les Naturaliftes , ne font que des larves de Salamandres, ou de Lezards, tels que le Seps & le Chalcide, nes monflrueux , ou prive's de deux pattes par quelqu'accident. L'Auteur a joint a fon Ouvrage , le deffin des prin- cipales efpeces de chaque divifion, & fur -tout de celles qui ne font pas encore connues , ou qui ne le font qu'imparfaitement. Quant a 1'exiftencedes Reptiles bipedes, nous ne por- terons aucun Jugement a ce fujet, Nous croyons que , pour admettre ces aiiimaux comme des efpeces conflantes , il faudroit avoir des obfervations <5c des preuves plus mul- tiplie'es. L'Ouvrage de M. le Comte de la Cepede, nous a paru fait avec autam dc foin que d'int^lligence. 11^ a de la clarte & de la precifion dans les defcriptions; les ca- raderes des dalles, des genres & des efpeces, font bien comrade's : la parde hiftorique, eft faite avec difcerne- ment. L'Auteur n'a pas neglige de rendre Ton ftyle agre'able, pour donner quelqu attrait a des details fafti- dieux, Si fouyent de'gouftns, par la nature de leur objet. Nous penfons que cette Hiftoire Naturelle des Qua- drupedes ovipares merite d'etre approuvee par 1' Acade mic, & imprime'e fous fon Privilege. Fait au Louvre, le 25 JuOlet 1787, D'AUBENTON, FOLGEROUX DE BoNDAROY, BROUSSONNET. Je certifie le prefent Extrait conforme a 1'onginal, Sc jugcment de lAcademie. A Paris, le z^ Juillet 1787, Signe', Le Marquis DE CoNDORCET. ^ b. TABLE DES ARTICLES Contenus dans ce Volume. fdeplufieurs planches de ce Volume. Table mcthodique des Quadru- pcdes ovipares, en Francois. Table methodique des Quadru- pedes ovipares, en latin; Difcours fur la nature des Quadru- pedes ovipares, page 2 Les Tortues , AC. Tcrtues de mer , La Tortue franche, La Tortue Ecaille-verte, La Caouane, La Tortue Naficorne , Le Caret, Le Luth , Tortues d'eau douce £ de terre , La Bourbeufe , La Ronde, La Terrapene , La Serpentine, La Rougeatre , La Tortue Scorpion, La Jaime , La Molle, La Grecque ou la Tortue de tcrre commune, La Geomctrique , La Raboteufe , La Dentelee , La Bombee, 54 Idem. 9*- 95 203 205 in 228 Idem. *33 237 tjZ *57 2 6' I La Vermilion, La Courte-queue, La Chagrinee , La Rouflatre , La Noiratre , Des Lczards, Les Crocodiles, Le Crocodile, Le Crocodile noir, Le Gavial, Le Fouette-queue , La Dragonne, Le Tupinambis, Le Sourcilleux, La Tete-fourchue, Le Large- doigt , Le Bimacule , Le Sillon6 , L'Iguane , Le Balilic, Le Porte- crete, Le Galeote , L' A game, Le Lezard-gris t Le Lezard-vert , Le Cordyle, L'Hexagone, L'Amciva, Le Lion , Le Galonne -, Le Cameleon , La Queue-bleue , page i69 282. 1 88 2.40 *43 251 *57 zffi 263 zffj. 287 3*4 3^7 3*8 333 335 337 360 16 TABLE DES MATI&RES. page : 367 Le Grifon , L'Urnl- LePii L'AIgire, Le Stellion , Le Scinque , Le Mabouya , Le Dore., Le Tapaye, Le Strie , Le Marbre, Le Roquet , Le Rouge-gorge , Le Goitreux , Le Tegmxin, Le Triangulaire , La Double-raie , Le Sputateur., Le Gecko , Le Geckotte , La Tcte-plate , Le Seps , Le Chalcide , Le Dragon , La Salamandre terreftre, La Salamandre a queue plate , 47 z La Ponctuee, L,a Quatre-raies , 492 Le Sarroube , <;. ; La Trois-doigts , Des Quadrupedes ovipares qui n'ont point de Queue , Grenouilles, La Grenouille commune , Idem. La Rou(fe , $28 La Pluviale , 5 34 L.I Sonaante , 37S 384 390 393 394 397 401 402. 4°5 4°7 408 409 4i3 42.0 415 433 443 447 537 63* 539 54i 545 547 549 55° Idem. 559 564 666 568. Idem. La Bordee , La Rsticulaire, La patte-d'oie , L'tpaule-armcfe, La MugiiLmte, La Perlee, La Jackie, LA Galonnee , Raines, La Raine-verte, La Bothie , La Brune, La Couleur-de-lait , La Fiuteufe , L'Orangee , La Rouge , Crapauds , Le Crapaud commun , Le Vert , Le Rayon vert, Le Brim , Le Calamite , Le Coulcur de feu , Le Puftuleux , Le Crapaud goitreux, Le Boil u , Le Pipa , Le Cornu , TL>Arak ' Le Marbre , Le Criard , Reptiles Bipedes, Le Cannele, 6'z.? Le Sheltopuhk , 617. Table alphabctique des notns donncs aux Quadrupedes ovipares, 620 Table des maticres, 616 $88 '590 $9* 595 597 599 600 604 606 607 608 609 Explication ('7) Explication de quelques Planches de cc Volume. LA TORTUE FRANCHE. Planche p re mitre , page $4. LE deffein a etc fait d'opres une trcs-jeune Tortue, tre.-bien con- fervic, a laquelle on a fuppofe unc longueur d- !Jx pied'- , pour donner line idee de J.i grmdeur de 1'ani- mal adult,- dont la tet.- eft moi s grofle en proportion du corps que dans Li figure, £ dont ie difque prefente communement une ou deux failles Je plus cjue cdui des tres-jeunes Tortues. LA TORTUE ROUSSATRE. Planche dou^.tmc , page ij%. La Tortue eft reprcfentce fans queue, parccquc cctte parti.- n'avoit pas etc conferee dans 1 indwiJu que nous avons fait delTiner. LJ A M E I V A. Planche zz , page 3z$. On a reprcffente a part Ie def- fous de la tcte & dune partie du corps, pour raontrer Ie dcfaut dc grandcs ccailles au-d llbus du cou. LE SPUTATEUR. Planche 28 , page 425. Oi! pent voir dans cette Planche, Ovipares , Tome L la figure du Lezard envoye de Saint-Euftache avec le Sputateur, &: que nous regard ms comme une varictc de cette efpece. L E GECKO. Planche y.g , page 4:3. On a reprcfcnt^ ^ p,irt & de grandeur dc nature ( dan, k> format in-j-0 ) le deilous des cuiiJts, de 1'prigine de la q.ieue & des pieds, ainh que la partie antcricure de la langue. LA TETE-PLATE. Planche 50 , page On a reprcfente de grandeur de nature (dans le format 1/2-4.°) u n des pieds de devant du Lezard dont on a montre auiFi la tete de fice. L E S E P S. flunche 31 , page 433. On a defline de grandeur de nature /dans le format in-+.° ) uu troncon de Seps vu par-deflus pour montrer la difpoiition des couleurs que prelente le dos. ERRATA. PA G r 17 , i'S^: -9 > fes v-rcurs> ';--. ces Pape 30 , llfr.t i tie la r.ote , Tourchyj lif^ , M. de Touc Pjp< so", ifcrsi i«, des grandess , de grandes. Jiir 5, trop de precaution j 7i/"r7 , trep de precautions. ' Ps.£> • 9, Iignc = , le icttei; /f/T» le ieter . . i ; , 2:7, nom'uer r« 13' etendii-. (. 25?, fain. < :», ctenduj »z, forma nt; » au-deflus ; . . 131, //£/:? I <<<•• ^ "off - de 1'hilloire naujrclle ; life: , glanuresd'luttoue elle. :• i S j ligne i 2 . trne ; 1'ft: • tanne. PJ»C .4'- . '!Pn' 4 ' ccl'e ' l'f- < ' la Totnie- Pag: 17*, fip'i? i:, les touettes queue ; , k. Foil- ite-oiK /' i ~9, l'g"e >Jj garnisi /«/«?» gatm. 1X4, //fMf 4, des crocodiles que ; , des cncodiles, que. pjgf 185 , lipnt 8 , a celle; l(fa ,a cellcs. Page iSv , //g.Ti; n dt la note , torn 43i l,fa, tab 43. ' PJ^JO 198, Hgie u > 'e* Joigts ; *«/'?» les trois doigts. i5( leflemblcnti ii/»jj de Cayenne. Pjfff 173 » ''fcF/lf au-dcirous. Poet 301 , ligne 7 , e^ P^r i I'M . « Par- P^t' n*>ll£ne i , Gobcs-mouches } /i Gobc-mouchc>. Pj^f 3.; , lipne 25 rfr 'a note, nous en fommes; /'/'{, nous nous en fo limit P<2ge 318, ligne g de la note, caudi ; ltj<\ , cauda. ^^ , ligne i?, revetue nclt pomtj , n'eft point tcvctue. ape 356, Hgnt ^, molaftej mollafle. Paff 417, Hgne 1$, prcies a; prcs de. Paf« 411, '«ff«« 6^ de Geckotte de Geckottes. P*C< 4?z . ''en« '*• diftmguer ; aJmettre. Pagt 493 , ligne 15 JeQuatrc-raics; la Quatrc-raies. 5 9 i , //gne 1 1, & a 1'aide i Z'H>8 L HISTOIRE H I S TOIR E NATURELLE DES QUADRUPEDES OVIPARES. DISCOURS Sur la nature des Quadrupedes ovipares, J-JORSQU'ON JETTE LES YEUX fur le nombre immenfe des etres organifes & vivans qui peuplent & animent le globe, les premiers objets qui attirent les regards, font les diverfes efpeces des Quadrupedes vivipares , & des oifeaux, dont les formes, les qualites ? Ovipares , Toms /. A 2 HlSTOIRE N^TURELLE mortel ; parmi les feconds objets qui arretent 1'atten- tion , fe trouvent les Quadrupedes ovipares , qui ap- prochcnt de tres-pres des plus nobles & des premiers des animaux, par leur organifation , le nombre de leurs fens , la chaleur qui les penetre , & les habitudes aux- quelles ils font foumis. Leur nom feul , en indiquant que leurs petits viennent d'un ceuf , defigne la propriete remarquable qui les diftingue des vivipares : ils different d'ailleurs de ces derniers , en ce qu'ils n'ont pas de mamelles; en ce qu'au lieu d'etre couverts de poil, ils font revetus d'une croute ofleufe, de. plaques dures, d'ecailles aigues, de tubercules plus ou moins faillans, ou d'une peau nue E S CV I PA RES. par\icni ,-• 'au veritable detfouie (e) ? Los QuadiUj Spares n'ont recu a la place de ces conques que de petites ouvertuics , qui nc peuvent donner entree qii'a un t res- petit nombre de rayons ionores. (.)n peut done imaginer que 1'organe de Touie eft moins aclif dans ces Quadrupedes que dans les vivipares : d'ailleurs la plupart de ces animaux font prefque toujours muets, ou ne font entendre que des fons rauqucs, defagreables & confus ; il eft done a pre- fumer qti'ils ne resolvent pas d'impreflions bien nettes des divers corps fonores j car 1'habitude d'entendre diftinctement , donne bientot celle de s'exprimer de meme (f). On ne doit pas non plus regarder leur odorat comme tres-fin. Les animaux dans lefquels il eft le plus fort , ont en general le plus de peine a fupporter les odeurs tres-vives, & lorfqu'ils demeurent trop long- terns (j & les autivs v.iiir.-iux ctoient prefque vides de fang. La q»antitc dt »J ce ffuidc n'eft done pas en proportion aufli grande dans le croco- JJ dllvf , quc dans les Quadruples : il en eft de meme dans tOUS les n Amphibics. n ( Hailciquift comprend tons les Quadrupedes ovipares foos cette denomination. ; Voyage en Palejline dc Fi\\k'nc Haj/aqiujt Liv. II. des Qaa- rdup* oyip. p. 5, retircr dans la terre , pefoit cjuatre livtes douze onces & quatre » drachmes. Enfin , le 5 Mars 1657, la tortue, de retour fur la terre, « pefoit quatre livres onze onces & deux drachmes & demie. On peut t> juger , par ces obfervations a combien cet animal , ainfi que tous ceux >» qui fe cachent fous terre, pour fe garantir des rroids de J'hiver, >j perdent peu de leur fubftance par la tranfpiradon , pendant un jeune »> abfolu de plufieurs mois. M (Collection afadSmique, Tome Villages, 120 & 121, DES QV4J)RVPET>ES OTJPARES. 29 furface du corps ; mais au lieu de reparer une peau qui n'a prefque plus de communication avec 1'interieur, elle en forme une nouvelle qui ne cefTe de s'accroitre au-deffous de 1'ancienne. Tous ces efforts detachent peu-a-peu cette vieille peau du corps de L'animal, achevent d'oter toute liaifon entre les parties interieurei & cette peau alteree, qui, de plus en plus privee de toute reparation , d^vient plus foumife aux caufes etran- geres qui tendent a la decompofer. Attaque'e ainfi des deux cote's, elle cede, fe fend; & Tanimal revetu d'une peau nouvelle fort de cette efpece de fourreau, qui n'etoit plus pour lui qu'un corps embarrafTant. C'efl ainfi que le depouillement annuel des Qua- drupedes ovipares nous paroit devoir s'opeVer ; mais il n'eft pas feulement produit par rengourdifTement. Us quittent egalement leur premiere peau dans les pays oil une temperature plus chaude les garantit du fom- meil de Thiver. Quelques-uns la quittent auffi plufieurs fois pendant Tete des contrees temp^rees ; le meme effet eft produit par des caufes oppof<£es ; la chaleur de Tat- mofphere £quivaut au froid & au defaut de mouvement; elle defleche e'galement la peau, en derange le tiflu, &: en detruit Torganifation (x.). (x) La note fuivante m'a ^tc communiqu^e par M. de Touchy, Ecuyer, de la Socicte royale des Sciences de Montpellier , &c. elle eft extraite d'un ouvrage que ce Nattiralifte fe propofe de publier, 8c qui few intitule : Mtmoires pourfiryir d tHiftoirc des functions de 30 HlSTOlRE N^tTVRELLE Des animaux d'ordres t res-differ ens des Quadruples ovipares eprouvent aufli chaque annee, & meme a plufieurs epoques, une efpece de depouillement : ils perdent quelques-unes de leurs parties exterieures ; on peut particulierement le remarquer dans les ferpens , nomie animate des oifeaux. et Je pris, le 4 Mai i 785 , dit M. de Tour- j> chy, un lezard vert i taches jaunes & bleuatres, & de dix ponces »> de long : je le mis vivant dans une bouteille couverte d'une toile » a jour, & pofee fur tine table de marbre dans une falle fraiche att >j rez - de - chaiuTee i ce lezard vecut deux mois dans cette efpece de »j prifon , fans prendre aiicune nourriture. Les premiers jours , il fit j> des efforts pour en fortir, mais il ftit aflez tranquillc le refte du u terns. Vers le quarante - cinquieme jour, je m'appe^us qu'il fe dif- u pofoit a changer de peau, & fucceffivement )e vis cette peau fe u fecher , fe racornir , fe detacher par parties fanees & decolorees , u pendant que la nouvelle peau qui fe dccouvroit avoit une belle » couleur verte avec des taches bien nettes. Il mourut le foixante- i> troifieme jour , fans avoir acheve de muer 3 h vieille peau e'tant en- »> core attachce fur la tete , les pattes & la queue. Pendant le terns >j de la mue, & celui qui le preceda , il ne fut jamals dans un ctat »> de torpeur-, il marchoit dans fa bouteille, lorfqu'on la prenoit dans 3) les mains , & meme fans cela & de lui-mcme ', je lui vis quclquefois J) les yeux fermes j mais il les rouvroit bientot, & avec viracite. IJ » etoit a demi-arrondi dans cette bouteille, dont le cul un peu releve sj devoit ajouter a la gene de fa pofition. II avoit certainement mue »a avant d'etre pris, comme font tous les Iczards & les ferpens, lorfque j> la chaleur du printems les fait fortir de leurs retraites. La fraicheur »j, de fes couleurs & la delicatefle de fa peau me 1'avoient prouvc lorf- >» que je le pris. » DBS QUA DRUPE DES O VI PA RES. 3! dans certains animaux a polls, & dans les oifeaux ; les infecles e pourroit ctre divife fans detruire Tenfemble, ou Ton nc reconnoit ni premier ni dernier chainon, 6c ou me me Ton n'entreyoit pas comment la Nature a pu former cc I illii aufli immenfe que merveilleux ? Ovipares , Tome /, E 2 4 * STOI RE A TU RE LLE Les Quadrupedes ovipares font fouvent rcimis en grandes troupes ; Ton ne doit ccpendant pas dire qu'ils torment une vraie fociete. Qu'eu-ce en effet qui ix-lulte de letir attroupement ? aucun ouvragc , aucune challe, aucune guerre, qui paroiffent concertes. Us ne conftrui- fent jamais d'afyle; &., lorfqu'ils en choil.iflent fur des rivages , dans des rochers, dans le ereux des arbres, n, bien loin de pouvoir etre compte par de vives jouiilances, & par les eilets feconds cui deploient mais ufent tous les reflbrts des etres animes. Plufieurs Voyageurs ont ecrit que quelqucs Iczards & quelques Quadrupedes ovipares fans queue rcnfcr- ment un poiibn plus ou moins ad if. Nous verrons dans les articles particuliers de cette Hilloire, que i'on ne peut regarder comme venimeux qu'un t res-petit nombre de ces Quadrupedes. D'un autre cote , Ton fait qu'aucun Quadmpede vivipare & qu'aucun oileau ne iont in- fecles de veninj ce n'eft que parmi les ferpens , les poiffons, les vers, les infecles & les vegetaux que I'on rencontre plufieurs efpeces plus ou moins venimeufe. II fembleroit done que 1'abondance des fucs mortels , eft d'autant plus grande dans les etres vivans, que leurs humeurs font moins echauifees, & que Icur organifatioji interieure eft plus fimple. Maintenant nous allons examiner de plus pres les divers Quadrupedes ovipares dont nous avons remarque lesqualites communes & obferve les attributs genemux. Npus commencerons par les diverfes efpeces de tortues DES Qu^DRUPEDES OVIP4-RES. 4^ meme lorfque toutes les parties de la tortue DES QuADRUPKDES OTIPARES. 5! font 6tendues, & tout 1'animal ne pefe pas quelquefois une livre. Les vingt-quatre efpeces de tortues different aufll beaucoup les unes des autres par leurs habitudes : les unes vivent prefque toujours dans la mer ; les autres, au contraire, preferent le fejour des eaux douces ou des terreins fees & eleves. Nous avons cru d'apres cela devoir former deux divifions dans le genre des tortues. Nous plagons dans la premiere fix efpeces de ces ani- inaux, les plus grandes de toutes , & qui habitent la mer de preference. II eft aife de les diftinguer d'avec les autres, en ce que leurs pieds tres-alonges &. leurs doigts tres-inegaux en longueur , & reunis par une membrane, reprefentent des nageoires dont la longueur eft fouvent de deux pieds, &. egale par confequent plus du tiers de celle de la carapace. Leurs deux bou- cliers fe touchent d'ailleurs de chaque cote dans une plus grande portion de leur circonference : 1'ouverture de devant & celle de derriere font par-la moins eten- dues , & ne laiflent qu'un paflage plus ctroit a la griffe des oifeaux de proie & aux dents des caymans , des tigres, des cougars, & des autres ennemis des tortuc3; mais la plupart des tortues marines ne cachent qu'a- demi leur tete 6c leurs pattes fous leur carapace , 6^ ne peuvent pas les y retirer en entier, comme les tortues d'eau douce ou terreftres. Les ecailles qui re- vetent leur plaftron , au lieu d'etre difpofees fur deux G ij HrsTOiRE NA TU R E LLE s , comrne celles du plaftron des tortues terreftres ou dVnu douce, fonnent quatre rangees, & leur nombre cir bcaucoup plus grand. Lcs tortues marines reprefentent parmi les Qfaadru- pkles oviparcs, la nombreufe tribu des Quadruples vivipares , compofee des morfes , des lions marins , des lamantins & des phoques, dont les doigts font egale- rnent reunis , & qui tous ont plutot des nageoires que des pieds : comme cette tribu, elles appartiennent bien plus a 1'element de 1'eau qu'a celui de la terre , & elles lient egalement 1'ordre dont elles font partie avec celui des poiflbns auxquels elles reflemblent par une partie de leurs habitudes & de leur conformation. Nous compofons la feconde divifion de toutes les autres tortues qui habitent , tant au milieu des eaux douces que dans les bois & fur des terreins fees ; nous y comprenons par confequent la tortue de terre , nom- mee la grecque, qui fe trouve dans prefque tous les pays chauds, & la tortue d'eau douce, appellee la .bourbeufe , qui eft aflez commune dans la France me- ridionale , UN des plus b^aux prefens que la Nature ait faits aux habitans des contrees equatoriales , une des productions les plus utiles qu'elle ait depofees fur les con fins de la terre & des eaux , eft la grande tortue de mer , a la- quelle on a donne le nom de tortue franche. L'homme (^2) En latin , teftudo marina & mus marinus. JLn anglois , the green turtle, Jurticua , au Brlfil. Tartaruga , par les Portugais. Tortue My das. M. d'Aubenton , Encyclopedic methodique. Teftudo Mydas. Linnceus Jyftema Natures , amphibia reptilia f editio XIIId- teft. Mydas. 5. Ray , Jynopfis Quadrupedum, page 0,54. Teftudo marina vulgaris, Rochefortj tortue franche. Mus. ad. fr. i. p. 50. teftudo atra. Du Tcrtre , tortue franche, I. A TOKTl'K 1- RAN CIII. DES Qlf^ DRUPE DE S OTIPARES^ 55 cmploieroit avec bien moins d'avantage le errand art de la navigation , ii vers les rives eloignees , ou fes defirs 1'appellent , il ne trouvoit dans une nourriture aufli agrcable qu'abondante , tm remede afliire centre les fuites funeftes d'un long fcjour dans un efpace reiTerre , & au milieu de fubftances a demi-putrefiees, que la chaleur &. 1'humidite ne cerTent d'alte'rer (b). Labat , tortue franche. Sdba , mus. i . tab. 7$ , fig. 4 > 5 , 6. The green turtle. Patrick Brown. Natural hiftory of Jamaica , p. Teftudo unguibus palmarum duobus , plantarUm hngularibus. Hans Sloans. Voyage aux Ifos Made re , Barbade , £v. ayec tHi tiaturdle de ces Ifles. Londres. z?^5« vol. z.tpagc r,v. Ojbeck. it. %.$$. Gefner, Quadrup. ovip. page to$. teftudo marina, Aldrov. Quadrup, 722.* tab. 724. Olear , mus. 2.7, tab. ij , jig. i. Bradl. natur. tab. 4, fig. 4. . Cafrfby , Hifloire naturelle de la Caroline, vol. Zjpag. 38. Marcgrave. Brafil. 2,41. Jurucuja Brafilienfibus. Teftudo viridis. Hift. natur. des Tortu.es 3 par M. Jean Schneider** e Leipfick , i/S~. (b) u On fait des bouillons de tortues Tranches , que Ton regards comme excellens pour les pulmoniques , les cache&iques , les fcorbu- ti tiques , &c. La chair de cet animal renfcrme un fuc adouciliant , ft nourrilTant, incilif & diaphoretique , dont )'ai cprouve de tres-bons tt effets. » ^ communique par M. de la Borde , Mtdecin du Roi d HISTOTRE NATURELLE Get aliment precieux lui eft fourni par les tortues franches; & ellcs lui font d'autant plus utiles qu'elles liabitent fur-tout ces contrees ardentes,oii une cha- leur plus vive accelere le developpement de tous les germes de corruption. On les rencontre en efFet en tres-grand nombre , fur les cotes des Illes & des Con- tinens fitues fous la zone torride , tant dans 1'ancien que dans le nouveau monde ; les bas-fonds qui bordent ces Illes & ces Continens , font revetus d'une grande quantite d'algues (c) & d'autres plantes que la mer couvre de fes ondes , mais qui font affez pres de la furface des eaux pour qu'on puifTe les diftinguer fa- cilement lorfque le terns eft calme. C'eft fur ces ef- peces de prairies que 1'on voit les tortues franches fe promener paifiblement. Elles fe nourriflent de Therbe de ces paturages (d). Elles ont quelquefois fix ou fept pieds de longueur, a compter depuis le bout du mu- (c) Marc Catejby , Hift&ire naturdle de la Caroline , de la Floride , & des Ifles de Bahama t revue par Af. Edwards. Londrcs , 2754; £ vol. page 38. (d) «i Dans ces grandes herbes, qui fe nomment fargajjes , &: qai j» paroiflent en divers endroits fur la furface de U mer , mais dont le » grand nambre eft an fond de 1'enu & fur les cotes, on trotive entrc >? phiheurs autres efpcces d'animaux rnarins, une prodigi^ufe quantitc D de tortues. w Dejcription de I'lflt Efpagnole j H/Jl gen^rde des voyages , panic 3, Itvre feau D E S U A D R V P h D E S O I ' I P A RE S. feau jufqu'a 1'extremite de la queue , fur trois ou quatre de largeur &. quatre pieds on environ d'epaif- feur, dans 1'endroit le plus gros du corps; elles pefent alors pres de 800 livres; elles font en ii grand nombre qii'on feroit tente de Ics regarder comme une efpece de troupeau raffemble a delfein pour la nourriture & le foulagement des Navigateurs qui abordent aupres de ces bas-fonds : &. les troupeaux marins qu'elles forment ie cedent d'autant moins a ceux qui paillent 1'herbe de la furface seche du globe , qu'ils joignent a un gout exquis & a une chair fucculcnte &. fubftantielle , une vertu des plus aclives & des plus falutaires. La tortue franche fc diilingue facilement des autres par la forme de fa carapace. Cette couverture fupe- rieure , qui a quelquefois quatre ou cinq pieds de long fur trois ou quatre de largeur, eft ovale & entouree d'un bord compofe de lames , dont les plus grandes font les plus eloignees de la tete , & qui , terminees a 1'exterieur par des lignes courbes, font paroitre ce meme bord comme onde : le difque, ou le milieu de cette cou\rerture iupericure , eft recouvert ordinaire- ment de quinzc lames ou ecailles, d'un roux plus ou moins lombre , qui tombent fouvent ainli que celles de la bordure , par 1'efTet d'une grande deification ou de quelqu'autre accident , & dont la forme & le nombre varient d'ailleurs fuivant 1'age .jlatif a 1'age. » Note com* muniquee pjr M. U Chevalier de Widerfpach , Offider au Bataillon dn la Guyane j & Correfpondant du Cabinet du Roi. (f) Mf moires mc.nufcrits fur les tortues , rtdigts par M. de Fouge- roux de Eondaroy , de tAuiddmie des Sciences , (& que ce javant Aca- dtmicien a lien voulu me communiques (g) Nous croyons devoir rapporter ici Ics dknenfions d'une Jetine tortue franche, qui n'avoit pas encore atteint tout Ton developpcment , 6 qui eft conlervic au Cabinet ciu Roi. Dans cette tortue , ainfi que dans celles dont il fera queftion dans cet Ouvrage, nous avons mefure la longueur totale de Tanimal , ainfi que la longueur & la largeur de la carapace, en fuivant la convexite de ccttc couverture fuperieure. Longueur, depuis le bout du mufeau juf- qu'a 1'extremite poRerieure de la cara pace Longueur de la tete Largeur de la tete Longueur de la carapace Largeur de la carapace Longueur des pattes de devant Longueur des pattes de derriere Nous avons corapte neuf cotes dechaquecote, dans cette jeune tortuev picds. ponces. lignes. 3 7 8 i 3 n 9 6 i 10 7 i ^ 3 ii DES QUAD RU P £ D E s oviPARts. cliers dont la tortue franche eft armee , qu'on lui a donne le nom de foldat dans certaines contrees (h). Les pieds de la tortue franche font tres-aloni les doigts en font rcunis par une membrane; ils ref- femblent beaucoup a de vraies nageoires ; auffi lui fervent-ils a nager bien plus fouvent qu'a marcher , & lui donnent-ils une nnuvclle conformite avec les poirTons & avec les phoqucs qui habitent comme elle au milieu des eaux. Sans cette conformation , elle abandonneroit un element ou elie auroit trop de pcine a frapper 1'eau avec des pieds qui , prefcntant une trop petite furface, n'oppoferoient a ce fluide prcfque aucune refiftance : elle habiteroit fur la terre seche , ou elle marcheroit avec facilite comme les tortues de terre que Ton trouve au milieu des bois. Dans les pieds de derriere , le premier doigt , qui eft le plus court , eft le feul qui foit garni d'un onglc aigu & bien apparent; le fecond doigt Teft d\m ongle moins grand & plus arrondi , & les trois autres n'en prdcntent que de membraneux & peu fenfibles , tandis quaux pieds de devant , les deux doigts interieurs font terminus par des ongles aigus , 6c les trois autres par des ongles membraneux : au refte , il fe pent que la forme, le nombre n a prctendu que, malgre la grandeur des tortues .tranches, leur cerv.eau n'etoit pas plus gros qu'une feve (k) • ce qui contlrmeroit ce que nous avons dit de ia pelileile du cevveau dans Ies Quadrupedes ovi- pares. La bouche , fituee au-deffous de la partie ante- vieure de la tete , s'ouvre jufqu'au-dela des oreilles ; Ies machoires ne font point armees de dents , mais elles Ibnt trc-s-dun.* ck tres-fortes; ok Ies os qui Ies compofent, font garnis de pointes ou d'afperites. C'eft avec ces machoires puifl antes que Ies tortues coupent 1'herbe fur Ies tapis \erts qui revetent Ies bas-fonds de certaines cotes , 6k qu'elles pcin ent brifer des pierres, 6k ecrafer Ies coquillnges dont elles fe nourhf- fent quelquefoib. ( / ) Linn, arfiphib. rcpt. teftudo (yt) Voyez Ies Mcmoires pour fervir ^ 1'Hitloire naturdle des ant- . art. dc Li tortue de terre de Coromaodel. DES Ou.lDT^ •' 1 Loifque les toitucs ont broute an fond de la mer, cllcs vont a 1' embouchure dcs grands flcuves chcrcher 1'eau douce dans laquelle cllcs paroiifent fe plaire, & oil elles fe tiennent paifiblement la tele liors de 1'eau, pour refpirer un air dont la fraicheur femble leur etre de terns en terns neceffaire. Mais inhabitant que des cotes dangereufes pour elles , a caufe du grand nombre d'ennemis qui les y attendent , &. de chaffeurs, qui les y pourfuivent , ce n'eft qu'avec precaution qu'elles goutent le plailir d'humer 1'air frais ck de fe baigner an milieu d'une eau douce & courante. A peine appercoivent-elles 1'ombre de quelque objet a craindrc , qu'elles plongent <5c vont chcrcher au iond de la mer une retraite plus sure. La tortue de -terre a de tons les terns paffe pour le fymbole de la lenteur; les tortues de mer devroient ctre regardees comme Tembleme de la prudence. Cette qualite , qui , dans les animaux , eft le fruit des dangers qu'ils ont courus , ne doit pas etonner dans ces tor tues, que Ton recherche d'autant plus, qu'il eft peu dangereux de les chaffer, & t res-tit ile de les prendre. Mais fi quelques traits de leur hiftoire paroiffent prouver qu'elles ont une forte de fuperiorite d'initincl. , le plus grand nombre de ces memes traits , ne montreront dans res gran des tortues de mer que des proprietes paffives, plutot que des qualites adlives. Rencontrant une nour- riture abondante fur les cotes qu'elles frequentent; iL 11 1 S T O 1 R E NA TU RE LLE nourriffaiu de pen, & fe contentant de brouter 1'herbe, cllcs ne difputcnt point aux animaux de leur efpece un aliment qu'elles trouvent toujours en aflez grande quantitO; pouvant d'ailleurs, ainfi que les autres tortues ck tous les Quadrupedes ovipares, paller pluiieurs mois, &. meme plus d'un an, fans prendre aucune nourriture, elles forment un troupeau tranquille ; elles ne fe re- cherchent point , mais elles fe trouvent enfemble fans peine, & y dcmeurent fans contrainte; elles ne fe reu- niflent pas en troupe guerriere par un inrlinct carnaffier pour s'emparer plus aifement d'une proie difficile a vaincre , mais conduites aux memes endroits par les memes gouts & par les memes habitudes, elles con- fervent tine union paifible. Defendues par une cara pace olleule , tres-forte , 6c fi dure que des poids tres- lourds ne peuvent 1'ecrafer , garanties par cette forte de bouclier , mais n'ayant rien pour nuire, elles ne redoutcnt point la fociete de leurs femblables , qu'elles ne peuvent a leur tour troubler par aucune offenfe. La .douceur ck la force, pour refifter , font done ce qui diftingue la tortue franclie , 6c c'eft peut-etre a ces qualites que les Grecs lirent allufion lorfqu'ils la don- nurent pour compagne a la beaute, lorfque Phidias la placa commc un lymbole aux pieds de fa Venus (I). Rien de brillant dans fes moeurs, non plus que dans ( / Paufardas in eliacis. D i: S QUADRVPEDES OVIPARE^. 63 les couieurs dont elk4 ell variee : mais fes habitudes font auffi conftantcs que ion enveloppe a de folidite; plus patiente qu'agillante , eile n'eprouve prefque ja- mais de defirs vehemens; plus prudeiuc que courageufe, elle fe defend raremcnt , mais elle cherche a fe mettre a 1'abri ; 6k elle emploie toute fa force a fe cramponer , lorfque, ne pouvant brifer fa carapace, on cherche a 1'enlever avec cette couverture. La conftance de fes habitudes paroit fe faire fentir jufque dans fes amours. Non-feulement le male re cherche fa femelle avec ardeur , mais leur union la plus intime dure pendant pres de neuf jours ; c'cil au milieu des ondes qu'ils s'accouplent plaftron contre plallron (m).\h s'embraffent fortement avec leurs lon- gues nageoires ; ils voguent enfemble , toujours reunis par le plailir, fans que les ilots amortifient la chaleur qui les penetre; on pretend meme que leur efpece de timidite naturelle les abandonne alors j ils deviennent, dit-on, comme furieux d'amour- aucun danger ne les arrete, 6c le male ferre encore etroitement fa femelle , lorfque pourfuivie par les chafleurs , elle ell deja bleifeea mort; > femelles ', on pcrcc facilemcnt !e male, car il n'cft pas fauvage. La jj femclle, i la vue d'un cinot, fait des efforts pour s'cchapper •, mais il j? la retient avec fes deux nageoires ( ou pattcs ) de devant. Lorfqu'on jj les furprend accouples , le plus sur eft de darder la fcmellc : on eft sur alors du male. D ampler , Tome I, page u8.» M. de la Borde, Mcde^in du Rci ^ Cayenne, & Corrcfpondant du Cabinet d'Hiftoire naturclle , foupconne que la forme des ps. Jextiellcs du male contribue a ce qiril demeure uni a fa femelle, quc.i- qu'on les pourftiive , les prenne 5 les bleile , &c. Note cornmuniquec cc NaturaUfte, dans DRUPE DES OVIPARF.S, 6 5 dans le commencement d'Avril, qu'ellcs fe recherchent dans la pi apart des contrees chaudes de I'Amerique fep- tcntrionale ; &. bientot apres les femelles commencent a pondre leurs oeufs fur le rivage ; elles preferent les graviers, les fables depourvus de vafe & de corps ma- rins, ou la chaleur du foleil peut plus aifement faire eclore des oeufs, qu'elles abandonnent apres les avoir pondus (o). II femble cependant que ce n'eft pas par indiffe rence pour les petits qui lui devront le jour, que la mere tortue laifle ces oeufs fur le fable : clle y creufe, avec fes nageoires, &. au-deffus de 1'endroit ou par- viennent les plus hautes vagues, un ou plufieurs trous d'environ un pied de largeur, & deux pieds de pro- fondeur : elle y depofe fes ceufs au nombre de plus de cent (p) ; ces ceufs font ronds, de deux ou trois pouces de diametre, & la membrane qui les couvre reffemble, en quelque forte , a du parchemin mouille (q). Us (o) Ce fait eft contnire ^ 1'opinion d'Ariftote & ± celle de Pline *, mais il a itc mis hors de doute par tons les Voyageurs & les Obfer- vateurs modernes-, il paroit que Pline & Ariftote out eu pen de ren- feignemens exaifls relativement aux Quadrupedes ovipares, dont ils nc connoiiToient qu'un trcs-petit nombre. (p] Mtmoires manufcnts Jur les tortu.es f rtdigls par V. da Fou~ geroux. (q) Ray , fynopfis animalium. Ovipares , Tome I, 1 HlSTOJRE NATURE LIE renferment du blanc qui ne fe durcit point , dit-on, a quelque degie de feu qu'on 1'expofe , &. du jaune qui fe durcit cornme celui des cu.fs de poule (r). Kien ne pent diftraire les tortucs de leurs loins ma- u reels; uniquenicnt occupies de leurs ociifs, elles ne peuvent etre troublees par aucune crainte (s) ; &. comme fi elles vouloicnt les derober aux yeux de ceux qui les recherchent , elles les couvrent d'un peu de fable, mais cependant ailez legerement pour que la chaleur du foleil puifTe les echaufler & les faire eclore. Elles font plufieuis pontes , eloignees i'une de Tautre de quatoize jours ou environ (t) , & de trois femaines dans certaines contrees (u) ; ordinairement elles en font trois (v). L'experience des dangers qu* elles courent, lorfque le jour eclaire les pourfuites de leurs enne- mis, vol. a, pjge 38. (tj Idtm , ibidem. ( u] Manoires manufcrits far les tortues , rediges par M. de Fou- geroux. (v) «< Les tortues renouvellcnt leur pontc : fur Ics cotes cfAfric »» il y en a qui pondent en tout ju/liu'ii deux cens-cinquante oei-fi •, >? Lab at , Aft. que ocddentak ,vol. a. La fcconditc de ces Quadruj cd;-s ovip.ircs , eft qutlquefois plus grande. » DES QUA DR UPL D US OT I PA RES. choififlent prefque toujours le terns de la nuit pouraller depofer leurs ceufs, & c'eft appareminent d'apres leurs petits voyages nocturnes , que les Anciens ont penfe qu'elles couvoient pendant les tenebres Cx). Pour tous leurs petits foins , il leur faut un fable mobile ; elles ont une forte d'afTeclion marquee pour certains parages plus commodes , moins frequentes , & par confequent moins danrrereux ; elles traveifent meme des efpaces de mer tivs-etendus pour y par- venir. Celles qui pondent dans les liles de Cayman (y}> voifmes de la cote meridionale de Cuba , ou elles trouvcnt 1'efpece de rivage qu'elles preferent, y arrivent de plus de cent lieues de diftance. Celles qui paiTent une grande partie de Tannce fur les bords des liles Gallapagos y fituees fous la ligne & dans la mer du Sud, fe rendent pour leurs pontes fur les cotes occi- dentales de 1'Amerique meridionale , qui en font eloignees de plus de deux cens lieues; & les tortu.es. qui vont depofer leurs ceufs fur les bords de 1'Ifle de 1'Aicenfion, font encore plus de chemin, puifque les ) Flint , Livre IX, Chaplin: ( y j Les Illcs dv- C.:yman font (i favorables aux tnrtucs , que lorf- qu'clles furcnt decouvcrtes , on leur donna le nom e/pagnol de Las- Torrugas j ii caufe du grand nombre de tortues dont leurs bords ctoient converts. Hi/foire gtntrule des voyages , III. Partie, Liv. V. Voyjge de Chnfiophe 6' Barthttemi Colomb. I* ' * 6 8 ^I s T O I R E Nsi TV R ELLS lerres les plus voiiincs de cette Iile,font a trois cens licues de diftance (^). La chaleur du foleil fuflit pour faire eclore les oeufs des tortues dans les centres qu'elles habitent ; vingt ou vingt-cinq jours apres qu'ils out etc depofes , on voit fortir du fable les petites tortues , qui pre- fentent tout au plus deux ou trois pouces de longueur, fur un peu moins de largeur, ainfi que nous nous en fommes afliircs par les mefures que nous avons prifes fur des tortues franches enlevees au moment oil elles venoient d'eclore ; elles font done bien eloignees de la grandeur a laquelle elles peuvent parvenir. Au refte, le terns neceffaire pour que les petites tortues puifTent eclore , doit varier fuivant la temperature. Froger ailure qu'a Saint-Vincent , lile du Cap-Vert , il ne faut que dix-fept jours pour qu'elles fortent de leurs ceufs; mais elles ont befoin de neuf jours de plus pour de- venir capables de gagner la mer (a). L'inllincl dont elles font deja pourvues , ou , pour mieux dire, la conformite de leur organifation avec celle de leurs pere & mere , les conduifent vers les eaux voifmes, ou elles doivent trouver la surete 6k iVxliment de leur vie. Elles s'y trainent avec lenteur; mais trop foibles ( ^ ) T) ampler , tome I. a] Froger, relation dun voyage a la mer du Sud 3 page DES OlTADRUPSDES OVIPARSS. 6f) encore pour refifrcr au choc des vagues , elles font rcjetees par les ilots fur le fable du rivage , oil les grands oifeaux de mer, les crocodiles , les tigres , ou les cougars, fe raflemblent pour les devorer (b). Aufli n'en echappe-t-il que tres-peu. L'homme en dctruit d'ailleurs un grand nombre avant qu'elles ne foient developpees. On recherche meme dans les liles oil elles abondent , les ceufs qu'elles laiflent fur le fable , & qui donnent une nourrkure auili agreable que faine. C'eft depuis le mois d'Avril jufqu'au mois dc Sep- tembre, que durc la ponte des tortues franches iur les cotes des liles de 1'Amerique , voifines clu golfe du Mexique : mais le terns de leurs diverfes pontes \?.ric fuivant les pays; fur la cote d'ljjini, en Afrique, les tortues vicnnent depofer leurs ceufs depuis le mois de Septembre jufqu'au mois de Janvier (c) ; pendant toute la faifon des pontes , Ton va non-feulement a la re cherche des ceufs, mais encore a celle des petites tortues que Ton pent faifir avec facilite j lorfqu'on les a prifes, on lesrenferme dans des efpaces plus ou moins -rands, entoures de pieux, <$c ou la haute mer pent parvenir ; & c'eft dans ces efpeces de pares qu'on les JaiiTe croitre pour en avoir au befoin, fans courir les ( b } Idem , ibidem. ( r) Voyage de Layer a IJJini fur la cvte (for. -O I'll STOI RE N^l TU RE LLE h? - d'une peche incertahic , c rouver les inconveniens qui y font quelqucfois attaches. Les Pechcnrs choifnTent aufii cettc faifon pour prendre les grandes tonnes femelles qui leur echappcnt fur les rivages plus difficilement qu'a la mer , & dont la chair eft plus eftimee que celle des males , fur-tout dans le terns de la ponte (d). Malgre les tend-bres dont les tortues franches cher- chent , pour ainfi dire , a s'envelopper lorfqu'elles vont depofer leurs ceufs , elles ne peuvent fe derober a la pourfuite de leurs ennemis. A Tentree de la nuit , fur-tout lorfqu'il fait clair de lune , les Pecheurs fe tenant en filence fur la rive^ attendent le moment oil les tortues fortent de 1'eau ou reviennent a la mer aprcs avoir pondu ; ils les aiTomment a coups de maf- iiie (e ) , ou ils les retournent rapidement, fans leur donner le terns de fe defendre , & de les aveugler par le fable qu'elles font quelquefois rejaillir avec leurs nageoires. Lorfqu'elles font tres-grandes, il faut que plu- fieurs liommes fe reuniflent (f), &: quelquefois mcme fe fervent de pieux comme d'autant de leviers pour les ren- (d) Shane , d I'endroit deja cite. ( e ) Mernoires manufcrits Jar les tortues , redigts par M. de Fuu- (/) Dcfiription des Ifles du dip- Vert. Kift. generate des voyages J.lvrc K DES QVADRUPEDES OTI PARES. verfer fur le dos. La tortue franche a la earn pace plate pour pouvoir fe remettre fur fcs pattes, lorfqifeile a ete ainfi chavirie , fuivant 1'exprelfion dcs Pecheurs. On a voulu rendre touchant le rtcit de cette rnanil-re de prendre les tortues; & Ton a dit que lorfqu'elles etoient retournees , hors d'etat de fe defendre , & qu'elles ne pouvoient plus que s'epuifer en vains efforts, elles jetoient des cris plaintifs & verfoient un torrent de larmes (g). Pluiieurs tortues , tant marines que ter- reftres (h) , font entendre fouvent un fifflement plus on moins fort, & meme un gemifTement tres-diftind, lorfqu'elles eprouvent avec vivacite ou 1'amour ou la crainte. II peut done fe faire que la tortue franche jette des cris lorfqu'elle s'eilbrce envain de reprendre fa pofition naturelle ?mrre qnc fur les cotes de la mer da fud , voihnes de Panama, ou les jjvivres nc font pas ton jours dans h meme abandonee, les Elpaguols >jqui les habitent, aient pu ie perfuader que la chair de la tortue foit umal-faine, & qu'ils la regardent comme line efpece dc poifon. II >jjuge que c'eft a la figure fingulicre de 1'animal, qu'il faut attribuer »jce prcjuge. Les efclaves Indiens & negrcs qui etoient a bord de »l'efcadre, eleves dans la meme opinion que leurs maitres, parurent jjfurpris de la hardicffe des Anglois, qu'ils voyoient manger li'oremcnt 5>de cette chair , & s'attendoient ^ leur en voir bientot reilentir les umauvais effets ; mais, reconnoilTant enfin qu'ils s'eii porroient niieux , »ils fuivirent leur exemple , & fe felicitcrent d'une experience qui les »a4Turoit a 1'avenir de pouvoir faire , avec aufli pen de frais que de jjpeinc, de meilleurs repas que leurs maitres. >j Hifloire gtnlrak des Voyages, page 431 3 vol. 42 ^ edit. in-22j DES QuADRUPEDES OV IP ARES. 75 nppcllcnt moucou- moucou , & qui tient lieu de liege. On attache aufli au bas du filet quatre ou cinq grofles pierres, du poids de quarante ou cinquante livres, pour le tenir bien tendu. Aux deux bouts qui font a fleur- d'eau , on met des bouies , c'eft-a-dire de gros morceaux de moucou-moucou , qui fervent a marquer 1'endroit ou eft le filet : on place ordinairement les foles fort pres des Illots , parce que les tortues vont brouter des ef- peccs dc fucus , qui croiflent iur les rochers, dont ces> pctites Illes font bordces. Les Pecheurs vilitent de terns en terns les filets. Lorfque la fole commence a caler , fuivant leur Ian- gage , c'eft-a-dire , lorfqu'elle s'enfonce d'un cote plus que de 1'autre, on fe hate de la retirer. Les tortues ne peuvent fe degager aifement de cette forte de rets, parce que les lames d'eau , qui font ailez fortes pres des Illots , donnent aux deux bouts du filet un mou- \ement continuel qui les etourdit , ou les embarraflb. Si Ton diflere de vifiter les filets, on trouve quelquefois k-s tortues noyees ; lorfque les requins & les efpadons rcncontrcnt des tortues prifes dans la fole , & hors d'etat de fiiir cSc de fe dcfcndre , ils les devorent, & brifent le filet (p). Le terns de foler la tortue franche, eft depuis Janvier jufqu'en Mai (q). ( p } Note communiqut^p.ir I\L dc la Bor.f: , M^l:cin du Roi a Cayenne. (j) Hiftoire re/2, des Voy- tome ^}pa^s ?.3o&fuiv.' i-z» Kij j 6 HISTOIRE NATURELLE L'on fe contcnte quclquefois d'approcher doucement dans un efquif dcs tortues franches, qui dorment Jyfeyia Natunp f amphibia reptilia. Teftudo 3/y.^ji. r ) Voycz c^ cjuc uit a cc k'.]?t Ray, d~ns fjn Ouvr«g? , intitule : s animaUiunt pap 255. DES QvADRUPEDES OVIPARES. J 9 on leur enleve le plaftron , la tcte , les pattes &. la queue , & on fait enfuite cuire leur chair dans la ca rapace, qui fert de plat. La portion la plus eflimJc eft celle qui louche de plus pres cette couverture iu- perieure, ou le plaftron. Cette chair, ainll que les ceufs de la tortue tranche , font principalement tres-falutaires dans les maladies auxquelies les gens de mer font le plus fujets : on pretend me' me que leurs fucs out une a (Fez grande adivite , au moins dans les pays les plus chauds, pour etre des remedes tres-puifians dans toutes les maladies qui demandent que le fang foil epure (y) II paroit que c'eft la tortue franche que quelques peuples Americains rec:ardent comme un objet lacrc, page 141, rines . DES Qv A DRUPE DES OV1P4RES. 3 I rines, d'autrcs concretions de meme nature ayant ete inconteiTablement produites dans des Quadmpedes ovi- pares , ainfi que nous le verrons dans la fuite de cette hiftoire. Mais fi les bc'zoards des tortues marines ne doivent etre que des productions inutiles , il n'en eft pas de meme de tout ce que ces animaux pen vent fournir: non - feulemcnt on recherche leur chair & leurs oeufs , mais encore leur carapace a cte employee par les Indiens pour couvrir leurs maifons (a) • & Diodore de Sicile , ainfi que Pline , ont ecrit que des peuples voifms de 1'Ethiopie & de la mer Rouge s'eu fervoient comme de nacelles pour naviguer pres du continent (b). Dans les terns anciens, lors de 1'enfance desfocietcs, cesgrandes carapaces d'une fubftance tres-compacle, & d'un diametre de plufieurs pieds, etoient les boucliers de peuples qui n'avoient pas encore dc-couvcrt 1'art funefte d'armer leurs Heches d'un acier trempe plus dur que ces cnveloppes oileufes; & les Hordes a demi- fauvages qui habitent de nos jours certaines contrc-es equatoriales, tant de 1'ancien que du nouveau monde, n'ont pas imagine de defenfes plus folides. Les diverfes grandeurs des tortues Tranches font ren- ( a } Voyci -&ben} & Pline, ffifl. nafurelle , Liv. IX, Chap. X (b) Voyei Diodore dc Sicile j & Pline a Fendroit cttjd c Oviparcs , Tome L L §2 UISTOIRE NATURELLE fermc'-cs dans des limitcs aflez t ices , puifque , de la longueur dc deux ou in; is polices, el, .merit quelquefois a cello de fix ou fcpt pieds ; ck comme cet accroifTement z grand a lieu dans une couver- ture tres-ofieufc , tres-compacle , tres-dure , 6c ou par confequent la matiere doit etre , pour ainfi dire , reflerree , prcllce , 6c le developpement plus lent , il n'eft pas furprenant que ce ne foit qu'aprts pluneurs annees que les tortucs acquierent tout leur volume. Ellcs n'atteignent a-peu-pres a leur entier develop pement qu'au bout de vingt ans ou environ : & Ton a pu en juger d'une maniere certaine par des tortues elevces dans les efpeces de pares dont nous avons parle. Si Ton devoit efiimer la duree de la vie dans les tortucs franches de la meme maniere que dans les Quadrupedes vivipares, ont rouveroit bientot, d'apres ces vingt ans employes a leur accroiifement total, le nombre des annees que la Nature leur a deftinees ; mais la meme proportion ne peut pas etre ici employee, Les tortues demeurent Ibuvent au milieu d'un fluide dont la temperature eft plus egale que celle de 1'air; elles habitent prefque toujours le meme element que k-s poifTons; elles doivent participer a leurs proprietes, 6c jouir de meme d'une vie fort longue. Cependant , comme tous les animaux perifTent lorlque leurs os font devenus entierement folides, & comme ceux des tor tues font bien plus durs que ceux des poiflbns, & par DES OUADRU PEDES OT I PA-RES. 8 3 confequent beaucoup plus pres de Tetat d'oiTincatioii extreme , nous ne devons pas penfer que la vie des tortues foit en proportion aulfi longue que celie des poiflbns ; mais elles ont avec ces animaux un affez grand nombre de rapports, pour que , d'apres les vingt ans que Icur entier developpement exige , on penfe qu'elles vivcnt un tres-grand nombre d'annees, meme plus d'un liecle , & des-lors on ne doit point etre ctonne que Ton manque d'obfervations fur un efpace de terns qui furpafle beaucoup celui de la vie des obfervateurs. Mais fi Ton ne connoit pas de faits precis relati- vemcnt a la longueur dc la vie des tortues Tranches , on en a rccueilli qui prouvent que la tortue d'eau douce , appellee la Bourbeufe , peut vivre au moins quatre-vingts ans, 6c qui confirment par confequent notre opinion touchant 1'agc auquel les tortues de mer pcuvent parvenir. Cettc longue duree de la vie des tortues les a fait regarder par les Japonois comme un cmblcme du bonheur ; & c'cft apparemmenl par une fuite de cette idee; qu'ils ornent des images plus ou moins dcfigurces cle ces Quadrupedes, les temples de leurs dieux , & les palais de Icurs princes ( <: ) • Une tortue franche pcut , chaqueete, donner 1'exif- tence a pres de trois cens individus , dont chacun, (c) Hi/loire gfa. des Voyages , tome 40 , page 381 , cdi.t. in-iz, Lii 84 HISTOIRE NATURELLE au bout d'un a/Fez court efpace de terns , pourroit faire naitre a Ton tour trois cens petites tortues. On fera done emerveille, fi Ton penfe au nombre pro- digieux de ces animaux , dont une feule tortue peut peupler une vafte plage pendant la duree totale de fa vie. Toutes les cotes des zones torrides devroient etre couvertes de ces quadrupedes , dont la multipli cation , loin d'etre nuiiible , feroit certainement bien plus avantageufe que celle de tant d'autres efpcces; niais a peine un trentieme de petites tortues eclofes peuvcnt parvenir a un certain developpement ; un nombre immenfe d'ceufs font d'ailleurs enleves, avant que les petits aient vu le jour; & parmi les tortues qui ont deja acquis une grandeur un peu confiderable, combien ne font point la proie des ennemis de toute efpece qui en font la chafle , & de 1'homme qui les pourfuit fur la terre & fur les eaux? Malgre tous les dangers qui les environnent, les tortues franches font repandues en aflez grande quantite fur toutes les plages chaudesjtant de 1'ancien que du nouveau Continent (d)y ( d ) Elles font en fi grand nombre aux Ifles du Cap-Vert, que plufiewrs vaifleaiux viennent s'en charger tous les ans, & les Talent, pour les tran fporter aux colonies d'Amerique. * On dit qu'elies 7 mangent de 1 ambre gris , que Ton y rencontre quclquefois Air les cotes. Voyage (k Georges Robert au dp Vert& aux Ifles demtme nom , en des Jjles dit Cap-l/(rt , Hijl. generate dts Voyagts , Liy. l\ DES QUADRUPEDES OVIPARES, 85 Oil les cotes font bafTes & fablonneufes: on les rencontre dans I'Amerique feptentrionale , jufqu'aux liles de Ba hama, & aux cotes voifmes du cap de la Floride (c). Dans toutes ces contrces des deux mondes , diftantes de J'equateur de vingt-cinq ou trente degres , tant au nord qu'au fud, on retrouve la meme efpece de tor- tues franches , un peu modifiee feulement par la dif ference de la temperature, &. par la diverfite dcs herbes qu'elles paiffent, ou des coquillages dont elles fe nour- riflent ; &. cette grande & precieufe efpece de tortue ne peut-elle pas palfer facilement d'une Ifle a une autre ? Les tortues franches ne font-ellcs pas en effet des habitans de la mer , plutot que de la terre? pou- yant demeurer aflez de terns fous 1'eau, ayant plus de Auprcs du Cap-blanc, les tortues font en grand nombre &. d'une telle grolleur, qu'une fenle furHt pour raflafier trente hommcs •, leur carapace n'a pas moins de quinze pieds de circonference. Voyage de Lcrnaire aux Ifles Om^rics , &c. Dampicr a vu dcs tortues vertes ( tortues franches ) fur Its Cotes de Jlfle dc Timor : Voyage de Guillaume D ampler , aux terres auftrales. M. Cook les a trouvees en tres-grande quantitc auprcs des rivages de Ja nouvelle Holhnde. A Cayenne, on en prend environ trois ccns tons les ans, pendant les mois d'Avril , de Mai & de Juin , oii elles vienncnt foire leur ponte fur les ainas de iable. Note communiqutc par M, dt la Horde, {e) Catefoy , ouyrags deja 8 6 Hi STOI RE NA TU RE LLE peine a s'cnfonccr dans cet element qu'a s'y clever , nageant avcc la plus grande facil! fa fuiface, ne jouiffent-elles pas dans leurs migrations de tout 1'air qui leur eft ncceflaire ? Ne trouvent-.-Ilcs pas fur tous les bas-fonds, 1'herbe & les coquilla^es qui leur con- viennent? ne peuvent-elles pas d'ailieurs fe patter de nourriture pendant pluiieurs mois ? 6c cette poflibilite de faire de grands voyages n'eft-elle pas prouvee par le fait, puifqu'elles traverfent plus de cent lieues de mer , pour aller depofer leurs ceufs fur les rivages qu'elles preferent , & puifque dcs navigateurs out rencontre a plus de fept cens lieues de toute terre , des tortues de mer d'une efpece peu differente de la tortue franche (f) ? ils les out meme trouvees dans des re gions de la mer aflez elevees en latitude , oil elles dormoient paifiblcment en ilottant a la furface de 1'eau. (/) Troifume voyjg du Capudne Cook, Traduction Francoife , Paris, ij83.jpa.gc} 26V>. Catesby rapporte qu'ctant^le 2O Avril 1725 , a trente degrcs de la titude, & a pcu-pres a line diihnce egale des Iflcs Acores & de ccllcs de Bahama , il vit harponner une tortue Caouane , qui dormoit fur la furface de la mer. Hifloirc naturellc dt la Caroline > volume z, M. de la Borde a vu beaucoup de tortues qui nageoient fur 1'eau h plus de trois cens lieues de terre. Note communiquce par M. de la florde, D E S Q\JAVRVP£2-S Ori PA RES. 87 Les tortues franches ne font cependant pas fi fort attachucs aux zones torridcs , qu'on ne les rencontre quclquefois dans les mers voifmes de nos cotes. 11 fe pourroit qu'elles habitent dans la Mediterranee y ou eiles frcquenteroient de preference , fans doutc , les parages les plus meridionaux , & ou les Caouanes , qui leur relTemblent beaucoup , font en tres - grand nombrc (g). Elles devroicnt y choiiir pour leur ponte les rivages bas , fablonneux , prefque deferts &. trc-- chauds qui feparent 1'Egypte de la Barbaric propre- ment dite, & oii elles trouveroient la folitude, Tabri, la chaleur &L le terrain qui leur font neceflaires ; on n'a du moins jamais vu pondre des tortues marines fur les cotes de Provence ni du Languedoc , ou cependant 1'on en prend de terns en terns quelques-unes (h). Elles peuvent aufli etre quelquefois jetees par des accidensparticuliers versde plushautes latitudes, fans en perir : Sibbald dit tenir d'un homme digne de foi , qu'on prenoit quelquefois des tortues marines dans les Or- cades ( i) • & 1'on doit prefumer que les tortuui franches peuvent non-feulement vivre uncertain nom- (g) Voyez 1'jrticle de la Caouane. ( h ) Note communique's par M. de Touchy j de la Socti'te royak Montpellier. (i) Sibbald Prodomus , Hift. naturalis, Edimburgi, z 83 HiSTOIRE NATURE LL£ bre d'annces a ces latitudes elevees , mais meme y parvenir a tout leur developpcment (k).Dcs tempetes ou d'autres caufes puifTantes font aufli qtielqucfois def- cendre vers les zones temperees & chaffent des mers glaciales , les immenfes cetacees qui peuplent cet empire du froid : le hafard pourroit done faire rencontrer en- femble les grandes tortues (ranches &. ces immenfes animaux (I) ; &. Ton devroit voir avec interet fur la furface de 1'antique Ocean , d'un cote les tortues de mer , ces animaux accoutumes a etre plonges dans les rayons ardens du foleil fouverain dominateur des contrees torrides , & de Tautre , les grands cetacees qui , relegues dans un lejour de glaces (Sc de tene- bres, n'ont prefque jamais re^u les douces influences (/(-) M. Bqmare a public, dans fon Didtionnaire d'Hiftoire naturcllc; une Icttre qui lui fut adrcllce, en 1771 , par M. de Laborie , Avocat an Confeil fuperieur du Cap, Ifle Saint-Domingue , d'apres laquelle il paroit qu'une tortue pechcc,cn 1754, dans le pertuis d'Antioche, etoit Li racmequ'une tortue embarquee fort jeune a Saint-Domingue en 1742 , parM. de Laborie le pere. Ellc pefoit alors prcs de vingt-cinq livres j ellc Js'cchappa dans ce meme pertuis d'Antioche , an moment ou la tempcte brila le vaifleau qui 1'avoit apportee , & elle acheva ds croitre fur les cotes dc France. Diclionnairz d'Hijloire naturdk dc M. Valmont dc Bornare , art. des tortues dc mer, (/) On a pris de grandes tortues aupres de 1'embouchure de la Loire, & un grand nombre de cachalots out ete jetes fur les cotes de la Bretegne il n'y a que pen d'annees, du pere DBS QuADRUPEDES Or I PARES. 80 du pere de la lumiere , & au lieu des beaux jours de la nature , n'en out prefque jamais connu que les tempetes &. les horreurs. On pcut citer fur - tout a ce fujet deux exemples remarquables. En 1752, une tortue fut prife a Dieppe ou elle avoit ete jetee dans le port , par une tour- mente : elle pefoit de huit a neuf cens livres , & avoit a-peu-pres fix pieds de long, fur quatre pieds de largeur : deux ans apres , on pecha , dans le pertuis d'Antioche une tortue plus grande encore ; elle avoit huit pieds de long; elle pefoit plus de huit cens livres, & comme ordinairement, dans les tortues, Ton doit compter le poids des couvertures pour pres de la moitie du poids total (m) , la chair de celle du pertuis d'Antioche devoit pefer plus de quatre cens livres. Elle fut portee a 1'abbaye de Long-veau , pres de Vannes en Bretagne ; la carapace avoit cinq pieds de long. Ce n'eft que fur les rivages prefque deferts , & par exemple fur une partie de ceux de TAmerique , voifins de la ligne , ck baignes par la mer pacifique, que les tortues franches peuvent en liberte parvenir tout raccroiflement pour lequel la Nature les a (•m) Note communique? par M, k Chevalier de Widerfpcch* Oviparcs , Tome I. M €)O HlSTOIRE N^TURELZS fait naitre , & jouir en paix de la longue vie a la- quclle ellcs ont cte deflirucs. Les animaux feroccs ne font done pas les feuls- qui , dans le voiilnage de 1'homme, ne peuvcnt ni croitrc ni fc multiplier ; ce roi de la Nature, qui fouvent en devicnt le tyran , non-feulement repoufle dans les deferts les efpeces dangereufes , mais encore fon infa- liable avidite fe tcurne fouvent centre elle - meme ,. & relcgue fur les plages cloignees, les efpeces les plus utiles (Seles plus donees; au lieu d'augmenter fes jouif- fances , il les diminue, en detruifant inutilement dans des individus , privcs trop tot de la vie , la poiterite jiombreufe qui leur auroit dii le jour. On devroit tacher d'accliniater les tortues franches fur toutes les cotes temperees ou elles pourroient aller chercherdans les terres des endroits un peufablonneux, & eleves au-deflus des plus hautes vagues , pour y de- pofer leurs oeufs , &. lesy faire eclore. L'acquiiition d'une efpece auffi feconde feroit certainement une des plus miles ; Tome I. (b} La tortue ccaille - verte , n'eft pas la feulc qui frequente la grande riviere de 1'Araazone. « Les tortues de 1'Amazonc font fort urecherchees a Cayenne , comme les plus delicates; ce fleuve en nourrit »de diverfes grandeurs & de diverfes efpcces en fi grande abondance, >»que, feules avec leurs ccufs, elles pourroient fuffire ^ la nourriture des habitans de fes bords. » Hijloire gtn. des Voyages , Tome 53> J}£S Q^U A DRUPE DES OV1PARES. par conferment qui eft tres-differente de celle-ci. Mais nous la nommons icaille-verte , a caufe de la couleur de fes ecailles, plus vertes en eflet que celles des autres tortues ; elles font d'ailleurs tres-belles , tres-tranfpa- rentes , tres-minces , & cependant propres a plufieurs ouvrages. La tete des tortues ecaille -vertes eft petite & arrondie. Elles reflemblent d'ailleurs aux tortues franches , par leur forme & par leurs moeurs ; elles ne deviennent pas cependant auffi grandes que ces der~ nie-res ; & , en general , elles font plus pctites environ d'un quart (c). On les rencontre en alTez grand nom- bre dans la mer du Sud, aupres du cap Blanco, de la nouvelle Efpagne (d). II paroit qu'on les trouve aufli dans le golfe du Mexique , & qu'elles habitent prefque ( c ) Note communiquie par M. le Chevalier de Wider/pack , Corref- pondant da Cabinet du. Roi. ( d ) ti J'ai remarque qu'i Blanco, cap de la nouveile Efpagne dans la mer du Sud, les tortues vertes ( 1'efpcce dont parle ici Dampicr<« eft celle que nous nommons ecaille- vertc ) qui font les feulcs quc page 113. DES QUAD RVPEDES OriPjiRES. LA CAOUANE (*). PLUPART DES N ATl'R ALISTES qni ont dccrit cette troifieme efpece de tortue de mer, lui ont donne le nom de Caret; mais comme ce nom eft applique, depuis long-terns , par les Voyageurs, a la tortue qui fournit les plus belles ecailles , nous conferverons a celle dont il eft ici queftion , la denomination de Caouane fous laquelle clle eft deja tres-connue , & uniquement defignee par les naturels des contrees oiv on la trouve. Elle furpaife en grandeur la tortue ( a ) Le Caret. M. (fAubenton , Encyclopedic methodique. Tcftudo Carctta , ^. Linn, Amph. rept. ( Nous devons obferver quc la figure de Scba , indfcjuee pour cctte tortue par M. Linne , ne reprefente p.is la tortue care t de ce Naturalise , rrais celle qu'il a delignee par Tepithete latine de irnbricata , & qui eft notre caret. Tefttido Cephalo , Hijl. nut. des tortues , par M. Schneider. Ray j Synopfis Quddrupedum , page 2.57. Teftudo marina, Caouana dicta. The lodger head Turtle. Brown. Hift. nat. de laJamaique>page 46 '$> Teftudo 3, unguibus utrinque binis acutis, fquamis dorli quinqur gibbis. c>6 HISTOIRE NATURELLE franclie (1) , & elle en diffcre d'une maniere bien marquee par la grofTeur de la tete, la grandeur de la gueule, ralonbement & la force de la machoke fu- perieure; le cou cit epais & couvert d'une peau lache, ridee & garnie de diftance en diftance d'ecailles cal- leufes (c) ; le corps eft ovale ; ck la carapace plus large au milieu & plus etroite parderriere , que dans les autres efpeces (d). Les bords de cette couver- ture font garnis de lames , placees de maniere a les faire paroitre dentcs comme une fcie : le difque prefente trois rangees longitudinales d'ecailles 5 les pieces de la rangee du milieu fe relevent en boife Tortue caouane , Rochefort , Hifl. des Antilles , page 148. Id. Lab at } page 308. Kaouantj du Term , page 2.2.8, Teftudo marina , Caouana di<5ta. Shane , Voyage aux Ijlcs flarbade , <5r. vol. 2 , page 331. .Catejly , Car. vol. 2. , page 3$. Teftudo corticata vel corticofa. Ronddet > ffifl. des poi/ons , Lyon, *658>Page 337- Cannaneros & Jiiruca , aux Antilles. Diclionnaire cTHifloire naturelle , par M. Valmont de Bomare. (b) Catefby } Hiftoire naturelle cU la Caroline, vol. z,pag. 40, Note communique par M. le Chevalier de Widcrfpach. ( c ) Brown y Hifl. nat. de la Jama'ique , page 46$. r d) Catefiy, d I'endroit dtja dtf. ft DES QvADRVpkoES O V I P A R E S '. par M. Francois Cette Safari , 2777 f page 23. (h] Rondelet, Hifi. des poiffbns. Lyon, i$$,page ( i ) Brown , a I'endroif dtja citi. DES QuADRVPEDSS OTIPAEES. hardie • ellc a befoin d'une nourriture plus fubftan- tielle.; clle fe contente moins de plantes marines; elle eft me me vorace ; elle ofe fe jetter fur les jeunes cro codiles , qu'elle mutile facilement (k) ; on afllire que , pour attaquer avec plus d'avantage ces grands Qua- drupedes ovipares , elle les attend dans le fond des creux , fitues le long des rivages , oil les crocodiles fe retircnt & ou ils entrcnt a reculons , parce que la longueur de leur corps ne leur permettroit pas de fe retourner ; & elle les y /faifit fortement par la queue , fans avoir rien a craindre de leurs dents (I). Comme fes alimens, tires en plus grande abondance du regne animal , font moins purs & plus fujets a la decompofition que ceux de la tortue franche,& qu'elle avale fans choix des vers de mer, des mollafles, &c, (m) fa chair s'en reffent : elle eft huileufe , ranee , filamenteufe , coriace & d'un mauvais gout de marine, L'odeur de mufc , que la plupart des tortues rcpan- dent , eft exaltee dans la Caouane (n) , au point d'etre (k) Mdmoire de M. de la Coud re nitre , Journal de Phyfique , No- yembre 1781. ( / ) Note communiqule par M. Moreau. de Saint-Atiry , General au Confeil fupe'rieur de Saint-Domingue. ( m ) Brown, a I'endroit dcja dtt. ( n ) Note communiqufr par M. k Chevalier ck IVid&rfpach. Nij TOO HISTOIRE NATVRELLE fetide. Aufli cette tortuc eft-elle peu rechercliee. Des Navigatcurs en ont cependant mange fans pcine (o) & Tont trouvee tres-echauffante : on la fale auffi qucl- qucfois , dit-on , pour 1'ufage des Negres (p) , tant on s'eft emprefTe de faifir toutes les resources que la terre & la mer pouvoient offrir, pour accroitre le produit des travaux de ces infortune's. L'huile qu'on retire des Caouanes eft fort abondante ; elle ne pent etre em ployee pour les alimens, parce qu'elle fent tres-mau- vais ; mais elle eft bonne a bruler ; elle fert auffi a preparer les cuirs, page 46 $- Seba f mus. i. tab. 80 1 jig. g. Teftudo caretta, Sloanc. Voyage aux Ifes Made re , Barbadt, 6v. vol. z. Caret. DLL Tertre , tome Zj p. &zg , N.° 3.4. Caret , Lab at , p. 31$. Caret , Diclionnairc d'Hiftoire naturdk , par M. Valmont de Romare. Ovipares t Tome /. O HlSTOJRE NATURE LIE tortue a laquelle nous confervons le nom de Caret , qui lui eft generalement donne dans les pays qu'elle habite ; c'eft principalement cette tortue que 1'on voit revetue de ces belles ecailles qui , des les fiecles les plus recules, ont dec ore les palais les plus fomptueux : effacees dans des terns plus modernes ^>ar 1'eclat de 1'or & par le feu que la taille a donnd aux pierres dures & tranfparentes, on ne les emploie prefqueplus qu'a orner les bijoux fimples, mais elegans de ceux dont la fortune eft plus bornee , & peut-etre le gout plus pur. Si elles fervent quelquefois a parer la beaute, elles font cachees par des ornemens plus eblouiflans ou plus recherchees qu'on leur prefere , ck dont elles ne font que les fupports. Mais fi les ecailles de la tortue Caret ont perdu de leur valeur par leur comparaifon avec des fubftances plus ecla- tantes , Tome I. (g) Ray* Synopfis quadrupcdum > page ( ft } Mtmoirts manufcrits , rl&gls & communiques par M. >ie Fou- gtroux. I I O Hi STOIRE NA TURELLE on les ramollit dans de Teau chaude , & on les met dans 11 n moule dont on leur fait prendre aifement la forme, a 1'aide d'une forte prefle de fer; on les polit enfuite, & on y ajoute les cifelures d'or par M. Schneider. I I 2 Hi STOIRE N^4 TV RELLE les Etats barbarefques ; clle s'avance peu dans la mer Adriatique , & fi elle parvient rarement jufqu'a la mer Noire , c'eft qu'elle doit craindre le froid des latitudes elevees. Elle eft diftinguee de toutes les autres tortues, tant marines que terreftres , en ce qu'elle n'a point de plaftron apparent. Sa carapace eft placee fur fon dos comme une forte de grande cuirafle , mais elle ne s'etend pas aflez pardevant & parderriere pour que la tortue puiilb mettre fa tete , fes pattes 6c il ( h } DES QvADRVPEDES OV1PARKS. \ I convenoit que Ton nom rappellat le noble & brillant ufage que 1'on fit de fon bouclier , dans les premiers ages des belles regions baignees par les eaux de M^diterraaee. HISTOIRE NJTVRELLE -=— =======> SECONDE DIVISION. T O R T U E S D'EAU DOUCE ET D£ TERRE. LA BOURBEUSE («). >"., .". . . •• "Ji • -» _jES DJFFERENTES TORTUES dont nous QVOllS deja ecrit I'hiftoire , non-feutement vivent ati milieu des eaux falees de la mer , mais recherchent encore 1'eau douce des fleuves qui s'y jettent : elles vont aufli ( a ) En latin , mus aqiutilis. En Japonois , jogame , on doogame , ou doocame. La Bourbeufe. M. d'Aubenton f Encyclopedic mtthodique. Teftudo lutaria , 7. Linn. f amphib. rept. Ray , Synopfis quadrupedum , page 2.54 ^Teftudo aquarum dulcium, feu lutaria. Rondelet , Hiftoire des poijjbns. Lyon , 755^ j Jeconde panic t page i jo. Teftudo lutaria, 9. Schneider. I.A )'> OrKHK rS ]•'. ,fi.tti,^-nt 2777 , page iz. ( e ) Hiftoire gentrale des Voyages , Tome 40 , page 381 , edition in- tz- Ovipares 3 Tome. L Q 122 HISTOIRE NATURELLB s'eft placee au fond de Ton trou. Des les premiers jours du printeins elle change d'afyle; elle pafle alors la plus grande partie du terns dans 1'eau ; elle s'y tient fouvent a la furface, & fur -tout lorfqu'il fait chaud, & que le foleil luit. Dans 1'ete, elle eft prefque toujours a terre. Elle multiplie beaucoup dans plulieurs endroits aquatiques du Languedoc , ainfi qu'aupres du Rhone dans les marais d'Arles, & dans plufieurs endroits de la Provence (f). M. le Prefident de la Tour d'Aygue, dont les lumieres & le gout pour les Sciences naturelles font connus , a bien voulu m'apprendrequ'on trouva une fi grande quantite de tortues Bourbeufes dans un marais d'une demi-lieue de furface, fitue dans la plaine de la Durance , que ces animaux fuflirent pendant plus de trois mois a la nourriture des payfans des environs. Ce n'eft qu'a terre que la Bourbeufe pond fes ceufs; elle les depofe , comme les tortues de mer, dans un trou qu'elle creufe, 6c elle les recouvre de terre ou de fable; la coque en eft moins molle , que celle des oeufs des tortues franches , & leur couleur eft moins uniforme. Lorfque les petites tortues font eclofes, elles n'ontquelquefoisquefixlignesou environ delargeur (g). (f) Ces faits m'ont cte communiques par M. de Touchy, de Ja cict^ royale de Montpcllier. ( g ) Note comrnunicM^ par M. le Prfjident de la Tour DES QVADRVP^DES OVI PARES. 1 La Bourbeufe ayant les doigts des pieds plus fepares, & une charge moins pefante que la plupart des tortues^ &. fur-tout que la tortue terreftre , appellee la Grecque, il n'eft pas furprenant qu'elle marche avec bien moins de lenteur lorfqu'elle eft a terre , & que le terrain eft uni. Les Bourbeufes , ou les tortues d'eau douce propre- ment dites, croiflent pendant tres-long-tems, ainfi que les tortues de nierj mais le terns qu'jl leur faut pour atteindre a leur entier developpement eft moindre que celui qui eft neceflaire aux tortues Tranches, attendu qu'elles font plus petites : aufli ne vivent - elles pas fi long-terns. On a cependant obferve que lorfqu'elles n'eprouvent point d'accidens , elles parviennent jufqu'i Tage de quatre-vingts ans & plus; & ce grand nombre d'annees ne prouve - 1 - il pas la longue vie que nous avons cru devoir attribuer aux grandes tortues de mer ? Legout que la tortue d'eau douce a pour les limagons, pour les vers , & pour les infecles depourvus d'ailes qui habitant les rives qu'ellc frequente , ou qui vivent fur la furface des eaux, 1'a rendue utile dans les jardins, qu'elle delivre d'animaux nuiiibles, fans y caufer aucun dommage. On la recherche d'ailleurs a caufe de Tufage qu'on en fait en me'decine, ainfi que de quelques autres tortues : elle devient comme domeftique; on la conferve . Q ij 124 HISTOIRE NATURELL& dans des baflins pleins d'eau , fur les bords defquels on a foin de mettre une planche qui s'etende jufqu'au fond , quand ces memes bords font trop efcarpes , afin qu'elle puifle fortir de fa retraite , & aller chercher fa petite proie. Lorfque Ton peut craindre qu'elle ne trouve pas une nourriture aflez abondante , on y fupplee par du fon & de la farine. Au refte, elle peut, comme les autres Quadrupedes ovipares , vivre pendant long-terns fans prendre aucun aliment, & meme quelque terns apres avoir ete privee d'une des parties du corps qui paroiffent le plus eflentielles a la vie , apres avoir eu la tdte coupee. (h) Autant on doit la multiplier dans les jardins que Ton veut garantir des infectes voraces, autant on doit Tempecher de penetrer dans les etangs & dans les autres endroits habites par les poifTons. Elle attaque meme , dit-on , ceux qui font d'une certaine grofleur ; elle les faifit fous le ventre ; elle les y mord , /. f ,M./t//,v//c\i .£• ///////;• DES QVADRVPEDES OVIPARES. 1 =^==^=: LA J A U N E. .Nous Avoxs vu vivans plufieurs individus de cette efpece de tortue d'eau douce, qui n'a encore etc ckjcriie par aucun des Naturalises dont les ouvragcs fcnt le plus repandus. On lesavoit fait venir d'Am^rique dans ci baquets remplis d'eau , pour les employer dans divers remcdcs. Cette jolie tortue parvient ordinairement a une grandeur double de celle des tortucs Bourbeufes. Une carapace qui avoit appartcnu a un indi\ idu de cette efpecc , & qui fait partie de la collection du Roi , a fept pouces neuf lignes de longueur. La tcrtue jaune eft agreablement peinte d'un vert d'herbe un peu fence, & d'un jaune qui imite la couleur de 1'or, Ces coulours regnent non-feulement fur fa carapace, mais encore fur fa tcte, fes pattes, fa queue & tout fon corps. Le fond de la couleur eft vert, ck c'eft fur ce fond agreable que font diftribuces un tres-grand nombre de tres-petites taches d'un beau jaune , placees fort pies les unes des autres, fe touchant en quelques endroits,iniitant ailieurs des rayons par leur difpofition , & formant par -tout un melange tres-doux a la vue , le difque eft ordinaire ment recouvert de treize lames , (Sc les bords de la Ij6 HlSTOIRE N^4TURELLE carapace le font de vingt-cinq. Le plaftron eft garni de douze lames , &: la partie pofterieure de cette couver- ture eft terminee par une ligne droite , comme dans la Bourbeufe , avec laquelle la Jaune a beaucoup de rap ports. La forme generale de la tete eft agreable ; les pattcs font deliees ; les doigts un peu reunis par une membrane, &. armes chacun d'un ongle long, aigu & crochu. La queue eft menue , & prefque aufli longue que la moitie de la carapace; lorfque la tortue marche, elle la porte droite 6c etendue comme la Bourbeufe. Elle fe meut avec moins de lenteur que les tortues de terre , & elle eft aufli agreable a voir par la nature de f'es mouvemens , que par la beaute de fes couleurs. Lorfqu'elle va s'accoupler , elle fait entendre un petit gemiiTement , un petit cri d'amour. Un individu de cette efpece a cte envoye au Cabinet du Roi fous le nom de tortue terreftre. Ce qui a pu induire en erreur, c'eft que toutes les tortues d'eau douce pafTent une tres-grande partie de I'annee a terre , ainfi que nous 1'avons dit de la Bourbeufe. On ne la rencontre pas feulement en Amerique ; on la trouve encore dans 1'Ille de 1'Af- ceniion , d'ou il eft arrive un individu de cette efpece au Cabinet du Roi : elle habite aufli dans les eaux douces de 1'Europe , & n'y varie que par fes couleurs ; qui font quelquefois moins vives. LA MOLLE J-A MOLLF. DBS QUADRUPEDES OVIPARES. \ J *T LA MOLLE (*). TORTUE eft la plus grande des tortues d' douce ; fa taille approche de celle des petites tortucs marines. M. Pennant eft le premier qui en ait parle (b)\ il avoit rec,u cet animal de la Caroline meridionale. Le Docleur Garden , a qui on avoit apporie deux indi- vidus de cette efpece , en avoit envoy e un a M. Ellis, 6c 1'autre a M. Pennant. Cette tortue fe trouve dans les rivieres du fud -de la Caroline: on 1'y appelle tortue a icailles molles ; mais comme elle n'a point d'ecailles proprcment dites, nous avons prefere del^appeller fim- plement la Molle. Elle habite en grand nombre dans les rivieres de Savannah & d'Alatamaha; & Ton avoit dit a M. Garden qu'elle etoit aufli tres-commune dans la Floride orientalc. Elle parvient a une grandeur con- iiderable , & peie quelquefois jufqu'a foixante-dix livres. (a) Tcfludo cutiLiginea , Petri Boddaert , cpijloLi dc teftudinc ined ,ex mufco Joan. A&trt SchloJJcri. Aniflerd. 1^72.. Tclludo ferox, 6 Schneider. (b] Trail/actions philofophiqucs > annfe ijji , vol. Gi. Qvipares 3 Tome /. S 138 HISTOIRE NATURELLK - Une de celles que M. Garden avoit chez lui, pefoit de vingt-cinq a trente livres: ce Naturalifle la garda prt-3 de trois mois , pendant lefquels il ne s'appergut pas qu'clle cut rien mange d'un grand nombre de chofes qu'on lui avoit prefentees. La carapace de cet individu avoit vingt pouces de long , & quatorze de large ; la couleur generale en t'toit d'un brun fonce , avec une teinte verdatre ; le milieu de cette couverture fuperieure , etoit dur, fort & offeux; mais les bords, & particulierement la partie pofterieure etoient cartilagineux, moux, plians, reflem- blant a un cuir tane , cedant aux imprellions dans tous les fens, mais cependant aflez epais &L aflez forts , pour defendre 6c garantir 1'animal. Cette carapace etoit GOU- verte vers la queue de petites elevations unies & ob- longues , (k vers la tete , d'elevations un peu plus grandes. Le plaftron etoit d'une belle couleur blanchatre; il etoit plus avance de deux a trois pouces que la carapace r de telle forte que3 lorfque Tanimal retiroit fa tete, il pouvoit la repofer fur la partie anterieure, qui etoit pliante & cartilagineufe. La partie pofterieure du plaf- tron etoit dure , offeufe , relevee & conformee dc maniere a reprefenter , felon M. Garden , unefelle de chevaL La tete etoit un peu triangulaire & petite, relati- vement a la grandeur de Tanimal^ elle s'elargilToit du cote du cou , qui etoit epais , long de treize pouces & DBS QVADRVPEDES &V1PARES. demi, & que la tortue pouvoit retirer facilcmcnt fous la carapace. Les yeux etoient places dans la partie anterieure 6c fuperieure de la tete , affez pres Tun de 1'autre ; les paupieres etoient grandes & mobiles; la prunelle etoit petite, &. 1'iris entierement rond , & d'un jaune tres-brillant , faifoit paroitre les yeux tres-vifs. Cette tortue avoit une membrane clignotante, qui fe fermoit lorfqu'elle eprouvoit quelque crainte , ou qu'elle s'en- dormoit. La bouche etoit iituee dans la partie inferieure de la tete, ainii que dans lesautrestortues: chaque machoire etoit d'un feul os : mais im des caracfteres les plus parti- culiers a cette tortue , etoit la forme & la pofition de ies narincs. Lc dcflus de la machoire fuperieure fe terminoil par une production cartilagineufe un peu cilindrique, longue au moins de trois quarts de pouce, reflemblant au groin d'unc taupe , mais tendre, menue &. un peu tranf- parente; a 1'extremitede cette produclion etoient placees les ouvertures des narincs qui s'ouvroient aufli dans le" palais. Les pattes etoient epaifles 6c fortes; cellesde devant a voient cinq doigts,dont les troispremiers etoient plus forts, pi us courts que les deuxautres, & garnis d'ongles crochus. A la fuite du cinquieme doigt , etoient deux efp^ces de faux doigts3 qui fervoient a etendre une aflez grande Sij 14° HlSTOJRE N^TURELLE membrane qiii les reuniflbft tous. Les pattes de derritre ^toient conformees de meme , except e qu'il n'y avoit qu'un faux doigt, au lieu de deux ; elles etoient, ainfi que celles de devant , recouvertes d'une peau ridee, d'une couleur verdatre /tv//- Pag^ ^ OvLpares, Tome L 146 HlSTOIRE N^TURELLS ment aux autres, elles font paroitre dentek'e la cir- conference de la couverture fuperieure. Le plaftron eft ordinairement revetu de douze ou trcize lames; il y en avoit treize dans celle que nous avons decrite. Les lames, qui recouvrcnt la carapace, font marbrees de deux coulcurs , Tune plus ou moins foncee, & fautre blanchatre. La couverture fuperieure de la Grecque eft tres- bombee ; 1'individu que nous avons decrit avoit quatre pouces trois lignes d'epaiffeur ; & c'eft ce qui fait que lorfqu'elle eft renverfee fur le dos , elle peut reprendre fa premiere fituation , & ne pas reftcr en proie a fes ennemis , comme les tortues franches. Ce n'eft pas feulcmcnt a 1'aide de fes pattes qu'elle s'efTorce de fe retourner; elle ne peut pas aflez les ecarter pour atteindre jufqu'a terre : elle fe fert uniqucmcnt de fa tete & de fon cou , avec lefquels elle s'appuie forte- nient centre le terrain , cherchant , pour ainfi dire , a fe foulever, & fe balangant a droite 6k a gauche jufqu'a ce qu'elle ait trouve le cote du terrain qui eft le plus incline , & qui lui oppofe le moins de re- fiftance. Alors , au lieu de faire des efforts dans les deux fens , elle ne cherche plus qu'a fe renverfer du cote" favorable , & a fe retourner aflez pour rencontrer la terre avec fes pattes, & fe remettre entierement iur fes pieds. II paroit qu'on peut diilinguer les males DES OVADRVPEDES OV1PARES. d'avec les femelles , en ce que celles-ci ont leur plaftron prefque plat , au lieu que les males font plus ou moins concave (cj, L'element dans lequel vivent les tortues de mer & les tortues d'eau douce , rend leur charge plus le- gere, car tout le monde fait qu'un corps plonge dans 1'eau perd toujours de Ion poids ; mais celle des tor tues de terre n'eft pas ainfi diminuee. Le fardeau que la Grecque fupporte eft done une preuve de la force dont elle jouit : cette force eft d'ailleurs confirmee par la grande facilite avec laquelle elle brife dans fa gueule des corps tres-durs; fes machoires font mues par des mufcles ii vivaces , que Ton a remarque dans une petite tortue , dont la tete avoit ete coupee une demi - heure auparavant , qu'elles claquoient encore avec un bruit aflez fenfible; &, des le terns d'Ariftote, on regardoit la tortue comme 1'animal qui avoit en proportion le plus de force dans les machoires. Mais ce fait n'eft pas le feul phenomene remarquable que les tortues Grecques prefentent relativement a la difficulte que Ton eprouve lorfqu'on veut oter la vie aux Quadrupedes ovipares. Frangois Redi a fait a ce fujet, en Tofcane , des experiences dont nous allonsrap- ( c ) Hiftoire naturdle des Amphibies page DES QUA DRUPE DES OV I PARES. 149- s'ecouler des veines du cou fe fut epanche , la tortue continua de vivre pendant plufieuts jours, ce dont il fut facile de s'appercevoir par les mouvemens qu'elle fe donnoit , & la maniere dont elle remuoit les pattes dc devant &. celles de derriere. Ce grand Phyficien coupaaufli la tete a quatre autres tortues, & les ayant ouvertes douze jours apres cette operation , il trouva que leur coeur palpitoit encore ; que le fang qui reftoit a 1'animal y entroit &. en fortoit , & par confequent que la tortue etoit encore en vie. Ces experiences, qui out ete depuis repetees par plufieurs Phyficiens , ne prouvent-elles pas ce que nous avons deja dit de- la nature des Quadrupedes ovipares (e) ? La tortue Grecque fe nourrit d'herbes, de fruits 3 &L meme de vers , de li masons cc d'infedles : mais comme elle n'a pas 1'habitude d'attaquer des animaux qui aient du fang, & de manger des poilTons comme la Bourbeufe que 1'on trouve dans les ileuves & dans les marais , oil la Grecque ne va point , les moeurs de cette tortue de terre font a (Fez deuces; elle eft aufli paifible que fa demarche ell lentc; & la tianquillite de fes habitudes en fait aife- ment un animal domcftique , que 1'on pent nourrir avec du fen & de la farinc, & que Ton voit avcx (e) Voycz i la tete de ce volume le diicours fur la nature Quadrupedes 150 HISTOIRE NATURE LIE plaifir dans Ics jardins , ou elle detruit les infecles Ruiiiblcs. Comme les autres tortues , & tous les Quadrupedes oviparcs, elle peut fe paffer de manger pendant tres- long-tems. Gerard Blafius garda chez lui une tortue de terre ? qui , pendant dix mois , ne prit abfolument aucune efpece denourriture ni de boifTon. Elle mourut au bout de ce terns; mais elle ne perit pas faute d'alimens, puif- qu'on trouva fes inteftins encore remplis d'excremens, les uns noiratres , & les autres verts & jaunes : elle luccomba feulement a la rigueur du froid (f). Les Tortues Grecques vivent tres - long - temps : M. Francois Cette en a vu une en Sardaigne qui pefoit quatre livres , & qui vivoit depuis foixante ans dans une maifon , ou on la regardoit comme un vieux domeftique (g). Aux latitudes un peu elevees, les Grecques pafTent Thiver dans des trous fouterrains , qu'elles creufent meme quelquefois , & ou elles font plus ou moins engourdies , fuivant la rigueur de la faifon. Elles fe cachent ainfi en Sardaigne vers la fin de No- vembre (h). (f) Obfervations anatomiques de Gerard Blafius , page 64. (g] Hijloire naturdle des Amphibies & des Poijjbns de la Sardaigne, page 9. ( h } Idem , ibidem. DES QUA DRV PI: DES ov IP ARES. 151 Elles fortent de leur retraite au printems ; & clles s'accouplent plus ou moins de terns apres la lin de leur torpeur, fuivant la temperature des pays qu'elles habitent : on a ecrit & repete bien des fables (i) touchant 1'accouplement de ces tortues, 1'ardeur des males, les craintes des femelles, &c. La feule chofe quo Ton auroit du dire , c'eft que les males de cette efpece, ont recu des organes tres- grands pour la pro pagation de leur efpece ; auffi paroifTent-ils rechercher leurs femelles avec ardeur, page 381 , tditionin-H. (o)«» L'Ifle de Bourbon abondoit autrefois en tortues de terre -, mais J3les vaiflbaux en ont tant ditruit, qu'il ne s'en trouve plus aujourd'hui »»que dans la partie occidentale , ou les habitans meme n'ont la permif- ^ion d'en tuer que pendant le careme. >j Voyage de la Barbinais k Gentil autour du monde. dans DES QUADRVPEDES OVIPARES. 153 dans cclle do I'Afcenfion , dans les dcferts de I'Afrique : cVft fur-tout en Libie <5c dans les Indes que la chair de la tortue de terre eft plus delicate & plus faine que celle de plulieurs autres tortues : & Ton ne voit pas pourquoi il a pu etre defendu aux Grecs modernes & aux Turcs de s'en nourrir. Ce n'eft que d'apres des obfervations qui manquent encore que Ton pourra determiner fi les tortues ter- reftres de I'Amerique meridionale , font differentes de la Grecque (p), fi elles y font naturelles, ou fi elles y ont etc portees d'ailleurs. Dans cette me me partie du monde , ou elles font tres-communes , on les prend avec des chicns dreiles a les dialler. Us les decouvrent a la pifte , & lorfqu'ils les ont trouvees, ils aboient juf- qu'a ce que les chafleurs foient arrives. On les em- porte en vie ; elles peuvent pefer de cinq a fix livres , 6c au-dela. On les met dans un jardin , ou dans un efpece de pare ; on les y nourrit avec des herbes rez 1'Hiftoire naturelle des tortues, par M. Schneider, imprimee ^ Leipficken I" 8 , , page 3 |8, &: 1'obfervatron de M. Hermann, favant Profeffcur de Straibourg , qui y eft rapportce. / y z\~ •. /•././ -,•« I \ GY O.MK T ->r GKW. mas. 36 , tab. 3 , fig. l -petites bandes noiratres , qui la font paroitre marbree ; le plaf- tron eft feftonne pardevant; le milieu en etoit un peu (a) La. tortue Raboteufe. M. d'Aubemon , Encyclopedic mtthodique. Tefhi'io fcabra , Linn. Teftudo pcdibus palmatis , tefta planiufcula, fcmellis omnibus inter- mediis dorlatis. Linn, amphib. rept. Teftud. 6, Gronovius Zoophit. 74. Seba mufcsunij z , tab. 79 , fig. z , a. Teftudo terreftris Amboinenfis minor. j Tome I, X I £ 2 Hi STOI RE .AL/ TU RE LLE concave dans 1'individu que nous avons decrit , & qui avoit pros de trois polices de long , depuis le bout du mufeau , jufqu'a 1'extremite de la queue, fur pres de deux pouccs de largcur (b). Suivant Seha, laRaboleufe ne devient jamais plus grande. Cette tortue a cinq ongles aux pieds de devant, &. quatre aux pieds de derriere, dont le cinquieme doigt ell fans ongles j la queue eft courte ; la couleur de la tete , des pattes & de la queue reflemble beau- coup a celle de la carapace ; elle eft d'un blanc tirant fur le jaune, varie par des bandes &. des taches brunes, mais plus larges en certains endroits , & fur-tout fur la tete, que celles que Ton voit fur la couverture fu- p^ricure. C'eft dans les Indes orientales, & particuliere- ment a Amboine qu'habite cette tortue, qui appartient aufli au nouveau monde , & y vit dans la Caroline. ( /' ) Get individu fait partie de la colle&ion du Cabinet du Roi. DES QVAPRVPEDES Ol'IPARES. LA D E N T E L E E («) CETTE TORTUE n'eft connue que parce qu'en a rap- porte M. Linne; fes doigts , au nombre de cinq dans les pieds de devant , &. de quatre dansceux de derriere , ne font pas fepares les uns des autres ; ils fe reunifient de maniere a former une patte ramaflee & arrondie, comme cellcs de beaucoup de tortues terreftres. La couverture fuperieure a un peu la forme d'un coeur; fon diametre eft ordinairemeiit d'un on deux pouces ; les bords en font denleles, & comme dechircs. Les lames qui la couvrent font hexagones , relevecs par des points faillans ; 6c leur couleur eft d'un blanc fale. On trouve cette tortue dans la Virginie. { a ) La Dentelec. M. tfAubenton , Encyclopedic method. Tciludo dcnticul.ita, 9, Linn, amphib. reptil. Teftudo denticulata , 17. Schneider. Xij HlSTOIRE N^TURELLE LA B 0 M B £ £ («). ON RENCONTRE dans lespayschauds, fuivant M.Linn£, cette tortue qui doit etre terreftre , & qui eft diftinguee des autres en ce que les doigts de fes pieds ne font pas reunis par une membrane , que fa couverture fu- perieure eft bombee , que les quatre lames anterieures qui garnifTent le dos font relevees en arete , 6c que le plaftron ne prefente aucune echancrure. Nous avons vu , dans la colledion de M. le Chevalier de la Marck, une carapace & un plaftron de cette tortue. La cara pace avoit fix pouces de long , fur fix pouces & demi de large. L'animal devoit avoir deux pouces fept lignes d'epaiffeur; le difque etoit garni de treize lames legere- ment ftriees , les bords de vingt-cinq , & le plaftron de douze. La carapace etoit d'un brun verdatre, fur le- quel des raies jaunes s'etendoient en tout fens. Les ( a ) La Bombee. M. eTAubenton 3 Encyclopedic mcthodiquc. Teftudo carinata, 12. Linn. amph. rept. Ttftudo carinata, 18. Schneider. DE5 vADRUPDES OVIPARES. coulcurs de la tortue Jaune font prefque femblables , mais elles font difpofees par taches , & non pas par raies , comme celles de la Bombee , le plaftron etoit jaunatre. 1 66 HISTOJRE NATURELLE LA VERMILLON (/). CAP de Bonne-efperance, habite une petite tortue de terre , que Worm a vue vivante , & qu'il a nourrie pendant quelque terns dans Ton jardin. Des marchands la lui avoient vendue comme venant des grandes Indes, ou il fe peut en effet qu'on la trouve. La couverture fuperieure de cette petite & jolie tortue , eft a peine longue de quatre doigts; les lames en font agreablement variees de noir, de blanc, de pourpre , de verdatre & de jaune ; & lorfqu'elles s'exfolient, la carapace pre- fente a leur place du jaune noiratre. Le plaftron eft planchatre, 6c fur le fommet de la tete, dont on a com- ( a ) La Bandc blanche. M. cf Aubenton , Encyclopedic ' methodiquel Teftudo pulilLi, z^, Linn, amphib. rept. Tefttido terreftris pulilla, ex India oriental!, Worm. mus. 313. Teftudo virginea , Grew. mus. 38 , Tab. 3, f. -. Ray 3 Synopjls quadrapedum , page. 2.5,9. Teftudo terreftris pufilla ex India orlcntali. Geo'-^-s Edwards, Hiftoire naturelk des oijeaux , Londres , 275 1. Teftudo teffellata minor Afrkana. The African land Tortoife, Teftudo puiilla, 15. Schneider. D E S QUA DRUPE DES OVIPARES. \6~ pare la forme a ccllc de la tele d'un perroquet , . e une protuberance d'une couleur de vermilion melange de jaune. C'eft de ce dernier caraclere , par lequel elie a quelque rapport avec la naficorne, que nous avons tire k nom que nous lui donnons. Les pieds de cette tortuu font garnis de quatre ongles, ck d'ccailles tres-dures , les cuilFes font reveiues d'une pcau qui reflemble a du cuir; la queue eft etfilee & tres-courte. La Nature a pare ccite tortue avec loin; elle lui a donne la bcaute : mais, en la reduifant a un tres-petit volume, elle lui a ote prelque tout 1'avantage du bouclier naturel fous lequel elle peut fe renfermer : car il paroit qu'on doit lui appliquer ce que rapporte Kolb de la tortue de terre du Cap de Bonne- efperance. Suivant ce Voyageur , les grands aigles de mcr, nommes Orfraie, font tres-avides de la chair de la tortue : malgre toutc la force de Icur bee &. de leurs ferrcs, ils ne pourroient brifer fa dure enveloppe; mai3 ils 1'enlevent aiiement ; ils 1'emportent au plus haut des airs, d'oii ils la lailTent tomber a plufieurs rcprill - fur des rochcrs tres-durs : la hauteur de la chute & la tres-grande viteiTe qui en refulte , produifcnt un choc violent; 6c la couverture de la tortue bientot brifee, livrc en proie a 1'aigle carnacier Tanimal qu'elle auroit mis a convert , ii un poids plus confiderable avoit re- iifte aux eilbrts dc 1'aigle , pour 1'elever dans les nues (b). ( b } Voyage dc Kolb ou Kolbtn , vol. n , page 1 63 HISTOIRE NATURE LLE De tous les terns on a attribue le me me inftincl aux aigles de 1'Europe , pour parvenir a devorer les tortues grecques ; & tout le monde fait que les anciens fe font plu a raconter la mort finguliere du fameux poete Efchyle, qui fut tue , dit-on, par le choc d'une tortue, qu'un aigle laifTa tomber de tres-haut fur fa tete nue (c). La tortue Vermilion n'habite pas feulement aux en virons du Cap de Bonne-efperance ; il paroit qu'on la rencontre auffi dans la partie feptentrionale de TAfrique. M. Edwards a decrit un individu de cette efpece, qui lui avoit eie apporte de Sancla-Crux , dans la Barbarie occidentale (d). (c) Voyc^ Conrad Gtjhcr, livrelldes Quadruples ovipares > article dcs Tortues. (d) George Edwards , outrage dlja cite j page, 2.04. LA COURTE-QUEUE. QUADRUP&DES OTIPARES. 169 LA COURTE-QUEUE (*). ONTROUVE a la Caroline cette tortue terreftre , dont la t£te & les pattes font recouvertes d'ecailles dures, femblables adcs callofites. Les doigts font reunis; elle a cinq onglcs aux pieds de devant , & quatre a ceux de dcrricre. Un de fes caracfteres diftinclifs, eft d'avoir la queue des plus courtes ; mais elle n'eft pas abfolument fans queue , ainii que Ta dit M. Linnt-. La couvcrture fuperieure echancree parde\ ant en forme de croillant , n'oflre point de dentelures fur les bords , & les lames qui la garniflent , font larges , bordees de ftries , & pointillees dans leur milieu. II paroit ( a ) La Courte-queiie. M. d'Aubcnton , Ercydope'dit mfthodique. TcR-udo Carolina, II , Linn, amphib. r^pt. George Edwards , Hifloire naturelk des ofiaux tp age 2.05. Teftudo ljt.i minor Caroliiienfis. Tcftudo pedibus oigitatis callofo-fquamofis , tcfta ovali fubconvexa , scutellis planis ftriatis medio punchtis. Gron. Zooph. , 17 , N.0JJ- Seba muf. z. Tab. So fig. z , Teftudo terreftris major Americana, Tell udo Carolina , 7 > &hn:idtr. Ovi pares , Tome L * •o HlSTOIRE N^TURELLX qu'elle devient atfez grande. On conferve au Cabinet du Roi une carapace de cette tortue ; clle a dix pouces fix lignes de long, & huit pouces dix lignes de large. t 9 7cm. .S. -<• , >.• .' I \ CHAGRINE.E . ^ , TIK^J *•#* • /v .r/// /•,/./ I.A >' O I K A'l'lH-' . .-w ^ ///.•//'<•./• //u a ceux de int. Dan^ la pluparr de ces animaux , les cinq doigts d^s pieds de derriei'e ibnt inegaux , le troilicmc ck le quatrieme font les plus longs, ck. I'exterieur elt fepare desautres, comme une cipece de pouce , tandis qu'au contraire dans les Quadrupedes vivipares, le doigt qui reprefente le pouce , ell le doigt interieur. Les phalanges des doigts ne font pas toujours au nombre de trois ou de deux , comme dans les vivi pares , mais quelquefois au nombre de quatre , ainfi que dans plufieurs cfpeces d'oiieaux j ce qui donne aux lezards plus de facilite pour faiiir les branches d.* arbres fur lefquels ils grimpent. Lcs habitudes de ces animaux font auili diverfifiees que leur conformation exterieure : les uns palfent leur A ie dans 1'eau , ou fur les bords deferts des grands fleuves 6c des marais. D'autres , Lien loin de fuir les c-ndroits habites , les choifillent de preference pour leur xlemeure : ceux-ci ^ ivent au milieu dcs bois , & le ncmbre de leurs os. S'ils ont des ver- tebres cen icales , de meme que les autres lezards , i)s manquent prelque tons dc cotes , comme les gre nouilles , ex ils font ainfi la nuance , qui reunit les Quadru s ovipares qui ont une queue avec ceux qui en font prives : prefque tons les lezards n'ont que deux ou qua-tre vertcbres cervicalcs j mais le croco dile place, par fa grandeur & par fa puiffance, a la tele d- C£ .'maux, oc occupant, dans la cbaine qui les reunit , 1'extremite oppofee a celle ou fe trouvent les Salamandres , a fept ^eltL•bresau cou, comme toi: les Quadrupedes vivipares. II lie par - la les lezards 1)ES OUADRUPEDES OVIPA: I < avec ccs animaux mieux organifes , pendant quc , d'un a utrc cote , il les rapproche des tortues de mcr par une grande panic de fes habitudes & de fa confor mation .- 182 HISTOIRF. PREMIERE DIVISION. LIZARDS Dom la queue eft aplatie , <& qui ont cinq doigts aux pieds de devant. LES CROCODILES. LORSQU'ON COMPARE les relations des Voyageurs, les obfervations des Naturaliftes, & les defcriptions des No- menclateurs , pour determiner fi Ton doit compter plu- iieurs efpeces de crocodile, on fi les differences qu'on a remarquees dans les individus, ne tiennent qu'al'age, au fexe 6c au climat , on rencontre beaucoup de con tradictions, tant fur la forme, que fur la couleur, la taille, les mceurs crocodiles d'Amerique reflemblent autant a ceux du Nil par le nombre de leurs denls, qu'un in- dividu reffemble a un autre parmi ces derniers cro codiles. On a pretendu que le cii des Caymans etoit plus foible , leur courage moins grand , &. leur lon gueur moins confiderable ; mais cela n'eft vrai tout an plus que des crocodiles de certaines contrces de 1'Amc- uCj &. particulderement dcs cotes de la Guiane. Ceux de la Louifiane DES OUA DRUPE DES OTIPARES. luj la Louifiane font entendre une forte de mugifle- mcnt pour le moins aufli fort que celui des cro codiles de 1'ancien continent , qu'ils furpafient quel- quefois par leur grandeur & par leur hardiefle , tandis que nous voyons d'un autre cote, dans 1'ancien mondc, plufieurs pays ou les crocodiles font prcfque muets , &. prcfentent une forte de lachete & de douceur de mceurs egales , pour le moins, a celle des crocodiles de la Guiane. Les crocodiles du Nil , & ceux d'Amerique ne ferment done qu'une efpece , dont la grandeur & les habitudes varient dans les deux continens, fuivant la temperature, 1'abondance de la nourriture, le plus on moins d'humidite, 6cc. Cette premiere efpece eft done commune aux deux mondes, pendant que le crocodile noir n'a etc encore vu qu'en Afrique, 6c le Ga^.ial fur les bords du Gange. Les Voyageurs , qui font alles fur les cotes ori en- tales de 1'Amerique meridionale, difent que Ton y ren contre de grands Quadrupedes ovipare.s, qu'ils regardant comme une petite efpece de caymans , bien diitincle de Tefpece ordinaire. Cette pretendue efpece de cayman eft celle d'un grand lezard, que Ton nomme dragonne 9 3X6je/A.(§H & Ne/Aoxpoxofe/A©-, en grec. Crocodilus, en latin. Alligator, furies cotes d'Afrique. Diafik , par les Ncgres du Senegal. Cayman , en Amerique. Takaie , par les Siamois. Lagartor, d.ins I'lnde f par ks Portugais, Jacare , an Bre'Jil. Kimbuta, dans njle de Ceylan^ felon Ray. Leviathan de I'ecriture , fuivant Scheuchzer , phyfique de Jol. Champfan , en Egypte. Kimfak, en certaines provinces de la Turquie. Le crocodile. M. d'Aubenton , Encyclopedic mhhodiquc. Lacerta crocodilus. i. Linn, amphib. reptiL I.K CROCOUII.K OV I PARES. I vivant fur les confins de la terre & dcs caux , etend fa puiiTance fur les habitans des mers , & fur ceux que la terre nourrit. L'emportant en grandeur fur tous les animaux de fon ordre, ne partageant fa fubliilance ni avec le vautour, comme 1'aigle, ni avec le tigre, Gronov. mm., page 74 , N.° 47 , crocodilus. Conradi Gefneri , Hijlorice animalium , lib. II, de Quadrup. ovip. crocodilus. A]drov. aquat. £77 , crocodilus. Slba. z. Tab. 203 (£• 104. Bdlon. aquat. 41 , crocodilus. Crocodilus, Brown j page 461- Crocodilus , Barn' re , 1 52.. Crocodilus f Jobi Ludolphi commentarius'. Crocodilus, Profper Alpin , Lugduni Batavorum 17 3$, tome i, chap. y. Jonfl. Quadr., tab. jg , fg. ?, crocodilus. Crocodilus Niloticus , crocodilus Americanus, crocodilus Africnnus, crocodilus terreftris. Laurenti fpecimen medicum , &c. Vienne 2768 , pages 5? &' 54. (M. Laurenti , favant Naturalifte , qui a fait connoitre plufieurs efpcces nouvelles de Quadruples ovipares, auroit certaine- ment regards, comme de la meme cfpcce, les quatre individus cpae nous venous d'indiquer , s'll ne s'en ctoit point rappprjtei Scba). Ray , Quadr. s.6i , Lacertus Maximus. Bont. jav. tab. 55 , crocodilus cayman. Clear, mus. 8 > tab. J , fig- 3 > crocodilus. Vallijhi. Nat. i , torn. 4 }. Catefly , HiJIoire naturdle de la Caroline , vol. i f Lacertus Maximurt 190 HISTOIRE NATVRJSLLE comme le lion , il excrce une domination plus abfolue que celle du lion is riiomme, ce n'eft pas, conime on 1'a dit du tigr pour aflbuvir un appetit ciuel , pour obeir a une ioif de fang que rien ne peut ctancher , mais uniqucment pour fatisfaire des befe-ins d'autant plus imp • y qu'il doit cntretenir une ma He plus confiderable. Roi dans fon domaine , comme 1'aigle & le lion dans les leurs, il a , pour ainfi dire, leur nobleife, en meme terns que leur puiflance. Les baleines , les premiers des cetacees auxquels nous venons de le comparer , ne detruifent egalement que pour fe conferver ou fe reproduire ; & voila done les quatre grands domina- teurs des eaux , des rivages , des deferts &. de Tair, qui reuniflent a la fuperiorite de la force, une certaine douceur dans 1'inftincl , 6c laiffent a des efpl'ces infe- rieures, a des tirans fubalternes, la cruaute fans befoin. La forme generale du crocodile eft affez femblable, en grand, a celle des autres lezards. Mais fi nous voulons faifir les caraclcres qui lui font particuliers , nous trou- verons que fa tete eft alongee , aplatie , & fortement ridee ; le mufeau gros & un pcu arrondi ; au-deiTus eft un efpace rond , rempli d'une fubftance noiratre, molle &L fpongieufe , ou font placees les ouvertnres des narines ; leur forme eft celle d'un croiiTant , 6c leurs pointes font tournees en arriere. La gucule s'ouvre jufqu'au-dela des oreillcs; les machoires ont quelque- fois plufieurs pieds de longueur; Tinferieure eft ter- minee de chaque cote par une ligne droite ; mais la fupcrieure DES QVADRVP&DES OTIPARES. fuperieure eft comme feftonnee; elle s'elargit vers le golier, de manic-re a deborder de chaque cote la ma- choire de deflbus ; elle fe retrecit enfuite, & la laiiTe depafler jufqu'au mufeau, oil elle s'elargit de nouveau, & enferme , pour ainfi dire , la machoire inferieure. II arrive de-la que les dents placees aux endroits ou une machoire dcborde 1'autre , paroiffent a Texte- rieur comme des crochets , ou des eipeces de dents canines : telles font les dix dents qui garniflent le devant de la machoire fuperieure. Au contraire , les deux dents les plus anterieures de la machoire infe rieure, non - feulement s'enfoncent dans la machoire de deffus lorfque la gueule eft fermee , mais elles y penetrent fi avant , qu'elles la traverfent en entier , & s'elevent au-deflus du mufeau, ou leurs pointes out Tapparence de petites cornes; c'eft ce que nous avons trouve dans tous les individus d'une longueur un peu confiderable que nous avons examines. Cela eft meme tres-fenfible dans un jeune crocodile du Senegal , de quatre pieds trois ou quatre ponces de long, que Ton conferve au Cabinet du Roi. Ce caraclere remarqua- ble n'a cepcndant ete indique par perfonne , excepte par les Mathcmaliciens J^fuites, que Louis XIV envoya dans 1'Orient , & qui dccrivirent un crocodile dans le Royaume de Siam (c). (c ) Mtimolres pour fervir a I'Htjloire naturelU des amincMXt tone 3* Ovipares , Tome /. B b 1C) 4 UISTOIRE Les dents lent quelquefois au nombre de trente-fbe dans la machoire luperieure , & de trente dans la machoire infcrieure , mais ce nombre doit fouvent varier. Elles font fortes , un peu creufes , ftriees , coni- ques, pointues, inegales en longueur (d) , attachees par de grofles racines, placees de chaque cote fur un feul rang , & un peu courbees en arriere , principale- ment celles qui font vers le bout du mufeau. Leur difpofition eft telle que quand la gueule eft fermee , elles paiTent les unes entre les autres : les pointes de plufieurs dents inferieures , occupent alors des trous creufes dans les gencives de deflus, Lab at , vol. z , page 547 ,' Voyage d' Atkins; Hiftoire gtfn. des Voyages , Livre VII. La durete de ces ecailles doit ctre cependant relative ^ 1'age , aux individus , & pcut-etrc an fexe. M. de la Borde ail'ure que la croiite dont les crocodiles font revetus , ne pent etre pcrcee par la balle qu'au-dellt)us des epaulrs.Suiv.int M. de la Coudreniere t on pent audi la percer i coup de fuiil Tons le ventre & veis les yeux. Objervations Jur le crocodile de la Louifiane , par M. dc La Coudreniere. Journal de fhyfique > 2OO IllSTOIRE N^4TURELLE dure , qui ajoute a leur folidite ( q ) ; &, le plus fouventj clles font a 1'epreuve de la balle. L'on voit fur le milieu du cou , deux rangees tranfverfales de ces ecailles a tubercules, Tune de quatre pieces, &. 1'autre de deux ; & de chaque cote de la queue , s'etendent deux rangs d'autres tubercules, en forme de cretes , qui la font paroitre heriifee de point es , & qui fe reuniflent a une certaine diftance de fon extremite, de maniere a n'y former qu'un feul rang. Les lames qui garniflent le ventre , le deilbus de la tete , du cou, de la queue, des pieds , & la face interieure des pattes , dont le bord exterieur , eft le plus fouvent dentele, ferment egalement des bandes tranfverfales ; elles font quarrees 6c flexibles , comme celles du dos , mais bien moins dures & fans cretes. C'eft par ces parties plus foibles , que les cetacees & les poifTons voraces attaquent le crocodile ; c'eft par- la que le dauphin lui donne la mort , ainfi que le rapporte Pline , & lorfque le chien de mer , connu fous le noni de poi[fon-fcie , lui livre un combat qu'ils foutiennent tous deux avec furie , le poiflon-fcie ne pouvant percer les ecailles tuberculeufes qui revetent (q] Les cretes voifines des flancs ne font pas plus cHevees que les autres, &: ne peuvent point oppofer une plus grande rciiflance h la Lalle , ainli qu'on 1'a ecrit. Je m'en fuis allure par I'infpe6lion de plu- fieurs crocodiles de divers pays. le demis DES QUADRVPED&S OYIPARES. 20 1 le deflus du corps de fon ennemi , plonge & le frappe au vent re (r). La couleur des crocodiles tire fur un jaune ver- datre, plus ou moins nuance d'un vert foible , par laches & par bandes , ce qui reprefente aflez bien la couleur du bronze un peu rouille. Le deflbus du corps , de la queue & des pieds, ainfi que la face interieuie des pattes, font d'un blanc jaunatre : on a prctendu que le nom de ces grands animaux venoit de la rcf- femblance de leur couleur , avec celle du fafran , en latin crocus , & en grec xpoKo?. On a ecrit aufli qu'il venoit de crocos ?dos. Le coeur etoit petit •, le pcricarde renfermoit une grande quan- >? tite d'eau. Le diaphragine paroiifoit membraneux , ou plutot tendi- nncux & nerv ux. Le foie etoit long & triangulaire : il y avoit une »gninde vcficule du fiel, pleine d'une bile jaune & claire. Je n'obfervai j> point de rate (c'eft toujours Sloane qui parle ) : les reins places aupres ude 1'anus, etoient larg-s & attaches ^ 1'epine Ce crocodile ri avoit » point de langue ( ceci ne doit s'entendre que d'une langue libre & DBS QVADRVPEDES OVIPARES. 20} La taille des crocodiles vane fuivant la tempera ture des cliveifes contrces dans lefquelles on les trouve. La longueur des plus grands ne paile guere vingt-cinq ou vingl-fix pieds dans les climats qui Icur convien- nent le mieux ; il paroit meme que , dans ccrtaines contrees qui leur font moins favorable? , conime les cotes de la Guiane , leur longueur ordinaire ne s'etend pas au-dela de treize ou quatorze pieds (u). Un indi- degagee de toute membrane): 1'eftomac, qui ctoit fort large & garni ci interieurement d'une membrane dure , contenoit plufieurs picrresu rondes & polies , du gravier tel qu'on le trouve fur le bord de la u mer, & qnelques aretes Les yeux etoient fpheriques , & garnist* tous les deux d'une forte membrane clignotante: la pupillc ctoit alongeeci comme cclle des chats, n On petit comparer ccs details avcc ceux que donne Hailelquift dans fon voyage en Paleftine, page 344 & Juiv. (u} Brown pretend que les crocodiles parviennent Convent a la longueur de quatorze a vingt-quatre pieds. Hi/}, nat. de la Jamaique f page 462. Les crocodiles, ou alligators, font rres-communs fur les cotes & dans les rivieres profondes de la Jama'ique , ou on en prit un de dix - neuf pic-ds de long, dont on ofirit la pcau comme line rarcte a Sloanc. Voyage aux Ijlcs Made re , Barbade , de la Jama'ique , C- v. , par Shane , volume z. * page 332.. a La riviere du Senegal, abonde auprcs de Gh'arny en crocodiles, beaucoup plus gros & plus dangereux que ccux qui le trouvent a« Ijembouchure. Les laptots du General en prircnt un de vingt-einqcc pieds de long, a la joic extreme des habitans , qui le hgurerent quecc c'etoit le pere de tous les autres, & que fa mort j.tter >it 1'erlroit* C c ij 2O4 HISTOIRE NATURELLZ vidu de cette longueur, dont la peau eft confervee au Cabinet du Roi , a plus de quatre pieds de circon- ference dans 1'endroit le plus gros du corps, ce qui fup- parmi tons les monftres de fa race. » Second voyage du ficur Brut fur le StntgaL Hifl. gtntrale des Voyages. Quelques Voyageurs ont attribue une grandeur plus confiderable an crocodile. Barbot dit qu'il s'en eft trouve dans le Senegal & dans la Gamble, qui n'avoient pas moins de trente pieds de long : fuivant Smith, ceux de Sierra -Leona ont la meme longueur. Jobfon parle auffi d'ua crocodile de trcnte-trois pieds de long-, rrwiis comme il n'avoit mefure que la trace que cet animal avoit laiflce fur le fable, Ion temoignage ne doit pas etre compte. Smith, voyage en Guinle. Voyage du Cap. Jobfon. Hiftaire gtnlrale des Voyages , Livre VII. On trouve , fuivant Catefby , i h Jamaique , & dans plulieurs en- droits du continent de rAmerique feptentrionale , des crocodiles de plus de vingt pieds de Jong. On peut voir dans Gefner, Livre II 5 article du crocodile, tout ce que les Anciens ont ecrit touchant la grandeur de cet animal , auquel quelques-uns d'eux ont attribue une longueur de vingt-(ix coudees. Haflelquift dit, dans fon voyage en Paleftine, page 34.7, que les cEiifs de crocodile qiul dccrit, avoient appartenu a une femelle de trente pieds. «< Sur le bord d'une riviere , qui fe jette dans la bale de Saint- 95 Auguftin , Ifle de Madagafcar , les gens du Capitaine Keeling tuerent >?a coup de fufii un alligator, efpece de crocodile , qu'ils virent marcher "fort lentement fur U rive. Quoique mort d'un grand nombre de » coups , les mowvemens convulnfs qui lui reftoient encore etoient wcapables d'infpirer de la frayeur. II avoit feize pieds de long, & fa j;gueule etoit li large, qu'il ne parut pas furprenant qu'elle put en- DES QVADRUPED&S OVIPAR&S. 205 pofe une circonference de huit a neuf picds dans les plus grands crocodiles. Au refte , on pourra juger des propor tions de ce grand Quadrupede ovipare , par la note iui- vante (v) qui prefente les principales dimenfions de 1'individu dont nous venons de parler. gloutir un hommc. Keeling fit trsnfporter ce monftre jufqu'a fonu vaiffeau , pour en donner le fpectacle a tous fes gens. On 1'ouvrit :« 1'odcur qui s'en exhala parut fort agreablei mais quoique la chair ne«4 le flit pas moins a la vue , les plus hardis matelots n'oserent en gouter.u Voyage du Capitaine William Keeling a Bantam & a Banda, en 26*07* (v) Longueur totals. ...... Longueur de la tete ....... Longueur depuis 1'entre-deux des yeux, jufqii'au bout du mufcau. .... Longueur de Li machoire iuperieure. . Longueur de la partie de la machoire qui eft armee de dents. ...... Diftance des deux yeux. ..... Grand diametre de 1'ctil. ..... Circonference du corps a 1'endroit le plus Largeur de la tete derriere les yeux. . Largeur du mufeau a Tendroit le plus etrort. Longueur des pattes de devant jufqu'au bout des doigts ........ Longueur des pattes de derriere jufqii'au bout des doigts, ....... Longueur de la queue ...... Circonference de la queue a fon origine. pieds. pouces. lignes, 13 9 6 2 3 I 6 6 I 10 I 7 2 I 3 4 4 6 i i 6 8 i 9 2 2 3 6 3 2 10 2O<5 HISTOIRE NATURELLE Celt au commencement du printems que 1'amour fait eprouver fes feux au crocodile. Get enorme Qua- drupede ovipare s'unit a fa femelle , en la renverfant fur le dos, ainfi que les autres Iczards; & leurs embrafle- mens paroiflent tres-etroits. On ignore la duree de leur union intime ; mais, d'apres ce que Ton a obferve, touchant les lezards de nos contrees , leur accouple- ment , quoique bien plus court que celui des tortues , doit etre plus prolonge , ou du moins plus fouvent re- nouvelle que celui de plufieurs vivipares; & lorfqu'i! a cefle, Tattention du male pour fa compagne ne paife pas tout-a-fait avec fes defirs } ^ line certaine diflance de fes ccufs , qu'elle garde, pour ainii dire, & qu'elle defend avec line forte de fiireur, brfqu'on vent y toucher. Catejly , Hiftoire naturclU de la Caroline, &c. vol.z, page 6$. DES QVADRUPEDES OTIP^RES. 211 crocodiles , pour favoir preciiement quells eft la diu\ de leur vie ; mais on peut conclure qu'elle ell tres-longue, d'apres 1'obfervation fuivante , que M. le Vicomte de Fontange, Commandant pour le Roi dans 1'Ifle Saint -• Domingue , a eu la bonte de me com- muniquer. M. de Fontange a pris a Saint-Domingue de jeunes crocodiles qu'il a vus fortir de 1'ceuf ; il les a nourris , & a eflaye de les amener vivans en France ; le froid qu'ils ont eprouve dans la travcr&e , les a fait perir. Ces animaux avoient d^ja vingt-fix mois , & ils n'avoient encore qu'a-peu-pres vingi pouces de longueur. On devroit done compter vingt-iix mois d'age pour chaque vingt pouces que Ton trouveroit dans la longueur des grands crocodiles , fi leur accroilTe- inent fe faifoit toujours fuivant la mcme proportion ; mais, dans prcfque tous les animaux, le d^velop- pement eft plus considerable dans les premiers terns de leur vie. L'on peut done croire qu'il faudroit fuppofer bien plus de vingt- fix mois pour chaque vingt pouces de la longueur d'un crocodile. Ne comptons cepcndant que ving-fix mois, parce qu'oii pourroit dire que , lorlque les animaux ne jouinent pas d'une liberte entiere, leur accroifiement eft re- tarde , (Sc nous trouverons qu'un crocodile de vingt- cinq pieds , n'a pu atteindre a tout Ton develpppe- ment qu'au bout de trente-deux ans 6c demi. Cctte Jenteur dans le developpement du crocodile , eft con- Dd ij 212 HISTOIRE NATURELLE rinnee par 1'obfervation des Miflionnaires mathemati- ciens que Louis XIV envoya dans TOrient, & qui ayant garde un tres-jeune crocodile en vie pendant deux mois, remarquerent que fes dimenfions n'avoient pas augmente, pendant ce terns, d'une maniere fen- fible ( e ). Cette meme lenteur a fait naitre, fans dome, 1'erreur d'Ariftote & de Pline , qui penfoient que le crocodile croiflbit jufqu'a fa mort ; & elle prouve combien la vie de cet animal peut etre longue. Le crocodile habitant en effet au milieu des eaux, prefque autant que les tortues marines, n'etant pas revetu d'une croute plus dure qu'une carapace, & croiffant pendant bien plus de terns que la tortue fran- che , qui paroit etre entierement developpee apres vingt ans, ne doit-il pas vivre plus long-terns que cette grande tortue, qui cependant vit plus d'un fiecle? Le crocodile frequente de preference les rives des grands fleuves, dont les eaux furmontent fouvent leurs bords, & qui, couvertes d'une vafe limonneufe, offrent en plus grande abondance les teftacees , les vers, les grenouilles 6c les lezards dont il fe nourrit (f). II {e) Mtmoires pourjcrvir a I'Uifl. naturdle. des anlmaux , tome 3. (f) «< Les crocodiles de 1'Amerique feptentrionale frequentent non- trfeulement les rivieres falees proche de la rn^r , mais aufli le courant s>dcs eaux douces plus avant dans les terres, & les lacs d'eaux falces & D P. S QUAJ)RVPEDES OF I PA RES. 21 fe plait fur-tout dans 1'Amerique meridionale (g) , au milieu des lacs marecageux , &. des favanes noyees, Catefby, dans Ton Hiftoire naturelle de la Caroline (h), nous reprefente les bords fangeux , baigncs par les eaux falees, comme couverts de forets epaifles d'ar- bres de banianes, parmi lefquels des crocodiles vont fe cacher. Les plus petits s'enfoncent dans des bullions epais, ou les plus grands ne pen vent penetrer , & ou ils font a couvert de leurs dents meurtrieres. Ces bois aquatiques font remplis de poifTons deflru6\eurs , &. d'autres animaux qui fe devorertt les uns les autres. On y rencontre aufTi de grandes tortues ; mais elles font le plus fouvent la proie de ces portions carna- ciers, qui, a leur tour 3 fervent d'aliment aux cro codiles , plus pui flans qu'eux tous. Ces forets noyees prefentent les debris de cette forte de carnage , &. Ton y voit Hotter des reftes de carcalfes d'animaux a demi - devores. C'eft dans ces terrains fangeux, que couvert de boue , & reflemblant a un arbre renverfe,, il attend immobile , (h] Catejly, vol. Zfpage 63.- 214 HlSTOJRE N^TURELLE lui donner la froideur de fon fang , le moment fa vorable de faiiir la proie. Sa couleur, la forme alongee, fon iilence troinpent les poiflbns, les oifeaux de mer, les tortues , dont il eft tres - avidc. II s'elance aulfi fur les beliers, les cochons (i) , &. meme fur les boeufs: loriqu'il nage, en fuivant le cours de quelque grand fleuve , il arrive fouvent qu'il n'eleve au-deflus de 1'eau que la partie fuperieure de fa tete; dans cette attitude, qui lui laifle la liberte des yeux, il cherche a furprendre Les grands animaux qui s'ap- prochent de 1'une ou de 1'autre rive; & lorfqu'il en voit quelqu'un qui vient pour y boire, il plon^e, va jufqu'a lui en nageant entre deux eaux , le' failit par les jambes, 6c Tentraine au large pour 1'y noyer. Si la faim le pretfe , il devore auffi les homines (k) , & particulierement les NC-gres, fur lefquels on a ecrit qu'il fe jette de preference (1). Les tres - grands crocodiles fur -tout ayant befoin de plus d'alimens, pouvant etre appercus cc evites plus facilement par (0 Catefiy, Hijloire nature lie de la Caroline , vol. 2 , page 63. ( k } Dans 1'Egypte fuperieure , ils devorent tres-fouvent les femmes qui viennent puii'er dc Teau dans le Nil , & les enfans qui fe jouent fur le bord du fleuve. HaffelquiJ} * Voyage en Palefine > page 347. ( 1) Obfervations fur le crocodile de la Louifiane , par M. de U , Journal de Phyjiyue > DES OuADRVPZDES ClV I PARES. 215 les petits animaux, doivent eprouver plus foment & plus violemment le tourment de la faim , &. par con- fequent etre quelquefois tres-dangereux, principale- mcnt dans 1'eau. C'eft en effet dans cet element que le crocodile jouit de toute fa force, & qu'il fe remue avec agilite, malgre fa lourde mafle , en faifant fouvent entendre une efpcce de murmure fourd &. confus. S'il a de la peine a fe tourner avec promptitude, a caufe de la longueur de fon corps, c'eft toujours avec la plus grande vitclle qu'il fend 1'eau devant lui pour fe precipiter fur fa proie : il la renverfe d'un coup de fa queue raboteufe , la faiiit avec fes griffes , la dechire , ou la partage en deux avec fes dents fortes & pointues , & 1'engloutit dans une gueule enorme , qui s'ouvre jufqu'au-dela des oreilles pour la recevoir. Lorfqu'il eft a terre , il eft plus embarrafle dans fes mouvemens, &- Par confequent moins a craindre pour les animaux qu'il pourfuit: mais, quoique moins agile que dans 1'eau, il avance tres-vite , quand le chemin eft droit , & le terrain uni. Aufli , lorfqu'on veut lui echapper, doit-on fe detourner fans cede. On lit dans la description de la nouvelle Efpagne ( m ) , qu'un voyageur Anglois fut pourfuivi avec tant de vitefle par un monftrueux crocodile forti du lac de Nicaragua y ( m] Hi/loirs generate des Voyages^.* Partie. 2 1 6 HISTOIRE NATURELLE que fi les Efpagnols qui 1'accompagnoient ne lui euffent crie de quitter Je chemin battu, & de marcher en tournoyant, il auroit etc la proie de ce terrible animal. Dans rAmerique meridionale, fuivant M, de la Borde, les grands crocodiles fortent des fleuves plus rarement que les petits ; 1'eau des lacs qu'ils frequentent venant quelquefois a s'evaporer, ils demeurent Ibuvent pendant quelques mois a fee , fans pouvoir regagner aucune riviere, vivant de gibier, ou fe paflant de nourriture, &. etant alors tres-dnngereux. II y a peu d'endroits peuples de crocodiles un peu gros , ou Ton puiffe tomber dans 1'cau , fans rifquer de perdre la vie (n). 11s out fouvent , pendant la unit , grimpe ou faute dans des canots , dans lefquels on etoit endormi , & ils en ont devore tous les paf- fagers. Jl faut veiller avec foin lorfqu'on fe trouve Je long des rivages habites par ces animaux. M. de la Borde en a vu fe dreller centre les tres - petits ^ M , __..n (n} «Lcs crocodiles font plus dangercux dans la grande riviere de ?»Macaflar, que dans aucune autre riviere de 1'Orient : ces monftres ne 93 Ce bornent point & foire la guerre aux poitfbns, s'ademblent quelqae- »j fois en troupes , «Sr fe tiennent caches au fond de 1'cau , pour attendre 5>le paflage des petits batimens. Us les arretent , & fe fervant de leur >j queue commc d'un croc , iJs les renverfent & fe jettent fur les hom- iiies & les animaux, qu'ils entrainent dans leurs retraites. n Defiription d^ I'lfa Celebes , ou MacaJJar. Hifl. gtntrdU des Voyages > tome 39 1 fags z^S , tdit. in-zjt. batimens, DES QUA DRUPE DES OF / PARES. fcatimens. Au relte, en comparant les relations des Voyageurs , il paroit que la voracite & la hardieife des crocodiles augmentent , diminuent, &. meme paffent entierement, fuivant le climat, la taille , 1'age, 1'etat de ces animaux , la nature , &. fur-tout I'abondance de leurs alimens. La faim peut quelquefois les forcer a fe nourrir d'animaux de leur efpece, ainfi que nous lavons dit; & lorfqifun extreme befoin les domine, le plus foible devient la viclime du plus fort; mais, d'apres tout ce que nous avons expofe , Ton ne doit point penfer , avec quelques Naturaliftes , que la fe- melle du crocodile conduit a Teau fes petits lorf- qu'ils font eclos, > iybyagc da Jieur Bmc aux Ijl:s du Bijjao t &c. Hi.fi. g<>n. des Voyages, (v] M. de la Borde a vu, a Cayenne, des caymans confcrves avec 222 HISTOIRE NATURELLE Mais fi le crocodile n'a pas la cruaute des chiens de mer & de plufieurs autres animaux de proie , avec lefqucls il a pluiieurs rapports , tome 14, page 2.44, in-i2. 17457. Les rivages de la terre des Papons, font auffi peuples de crocodiles, , Voyage de Ftrnand Mende^ Pinto , Hiftoire gfnirak das Voyages , feconde panic t Livre IL 2^4 HlSTOTSE N^TURELLE crocodiles a plus de cinquante pieds fous terre dans les mines de Thuringe ainf, qu'en Angleterre (b) ; mais ce n eft pas ici le lieu d'examiner le rapport de ces Dflemens foffiles avec les revolutions qu'ont eprouvees les diverfes parties du globe. Quelque redoutable que paroifTe le crocodile les Negres des environs du Senegal ofent 1'attaquer pen- Dampier a rencontre des alligators fur Jes cotes de 1'Iile de Timor Voyage de Giullaume Dampier aux terres Auflraks. "II 7 a beaucoup de crocodiles dans Je continent de 1'Amenque c degnis plus avant vers le nord que le tropique du Cancer, par- ticuherement auffi loin que la riviere Neus dans la Caroline fepten- e, environ an trente-troiheme degre de latitude : je n'ai jamais r purler d'aucun de ces animaux au-deli. Cette latitude repond i- ^pcu-prcs aux parties de 1'Afrique les plus feptentriomles, oi\ on en » trouve auffi. » Catejly , Hift. nat. de la Carols , vol. z , page ff , Les crocodiles font fort communs dans tout le cours de 1'Amazonc, : meme dans la plupart des rivieres que 1'Amazone recoit. On a/fora la Condamine qu'il s> en trouve de vingt pieds de long & ' de plus grands. II en ,voit deja vu un grand nombrc , de e, quinze pieds & plus> fur ,a rivicre de Gu/aquil. Comme ceux lAmazone font nioins chr^s & moins pourfuivis, ils craignent =u les hommes. Dans le terns des inondations, ils entrcnt quelque- >is dans les cabanes des Indiens.,, Ififloin glnlrak des Voyages, tome $3, page 439, jdition in- 1 z. b] On a decouvert dans /, province dc Nortingam , le fqueletfe Pi d un crocodile. Biblio^ue an^fe , tom< 6}page 406 dant t)ES QvA'DRU PE DES OV I PARES. 2 iant qu'il eft endormi, & tachcnt de le furprendre dans des endroits ou 11 n'a pas aflez d'eau pour nager; jis vont a lui audacieufement, le bras gauche enveloppe dans un cuir ; ils Tattaquent a coups de lance ou de zagaye ; ils le percent de plufieurs coups au go- fier & dans les yeux; ils lui ouvrent la gueule , la tiennent fous 1'eau, & 1'empechent de fe fermer eu plagant leur zagaye entre les machoires, jufqu'a ce que le crocodile foit furFoque par 1'eau qu'il avale en trop grande quantite (c). En Egypte, on creufe fur les traces de cet animal demefure un foiTe profond , que 1'on couvre de bran- (c) Lab at , vol. z,page « Un de mcs Negres tua un crocodile de fept picds de long : U I'avoit appercu endormi dans les broullailles , au pied d'un arbre,furcc le bord d'une riviere. II s'en approcha, aflez doucement pour ne le« pas eveiller, & lui porta fort adroitement un coup de couteau dans« le cote du coJ , an defaut des os de la tete & des ecailles, & le» Voyage dc ftf. Adanfon au Senegal , page 248. Ovipares 9 Tome I, If f HlSTOlRE N^TURSllS chages & de terre ; on effraie enfuite a grands crls le crocodile qui , reprenant pour aller a la mer le chemin qu'il avoit fuivi pour s'ecarter de fes bords, pa (Fe fur la fofle , y tombe , & y eft aflbmme ou pris dans des filets. D'autres attachent une forte corde par une extremite a un gros arbre; ils lient a 1'autre bout un crochet & un agneau , dont les cris attirent le crocodile, qui, en voulant enlever cet appas , fe prend an crochet par la gueule. A mefure qu'il s'agite, le crochet penetre plus avant dans la chair: on fuit tous fes mouvemens en lachant la corde , & on at tend qu'il foit mort, pour le tirer du fond de 1'eau. Les Sauvages de la Floride ont une autre maniere de le prendre ; ils fe reuniflent au nombre de dix ou douze ; ils s'avancent au devant du crocodile , qui cherche une proie fur le rivage; ils portent un arbre qu'ils ont coupe par le pied ; le crocodile va a eux la gueule beante 5 mais en enfon^ant leur arbre dans cette large gueule , ils 1'ont bientot ren- verfe 6k mis a mort. On dit auiTi qu'il y a des gens arTez hardis pour aller en nageant jufque fous le crocodile, lui percer la peau du ventre, qui eft prefque le feul endroit oil le fer puifTe penetrer. Mais 1'homme n'eft pas le feul ennemi que le cro codile ait a craindre: les tigres en font leur proie: 1'hippopotame le pourfuit, & il eft pour lui d'autant DES QUA DRUPE DBS OTIP^RFS. 2.2J plus dangereux, qu'il peut le fuivre avec acharnement jufqu'au fond de la mer. Les Cougars, quoique plus foibles que les tigres , detruifent aufli un grand nombre de crocodiles ; ils attaquent les jeunes caymans ; ils les attendant en embufcade fur le bord des grands fleuves, les faififlent au moment qu'ils montrent la tete hors de i'eau , & les devorent. Mais lorfqu'ils en rencontrent de gros & de forts, ils font attaques a leur tour ; envain ils enfoncent leurs griffes dans les yeux du crocodile, cet enorme lezard, plus vigoureux qu'eux , les entraine au fond de 1'eau ( d) . Sans ce grand nombre d'ennemis, un animal aufli fecond que le crocodile feroit trop multiplie; tous les rivages des grands fleuves des zones torrides feroient infeftes par ces animaux monftrueux , qui deviendroient bientot feroces & cruels, par rimpoilibilite ou ils feroient de trouver aifement leur nourriture. Puiilans par leurs armes, plus puifTans par leur multitude, ils auroient bientot eloigne Thomme de ces terres fccondes 6c nou- velles que ce Roi de la Nature a quelquefois bien de la peine a leur difputer : car comment refifter a tout ce qui donne le pouvoir , a la grandeur , aux armes , a la .force & au nombre. Profper Alpin dit qu'en Egypte, les plus grands crocodiles fuyent le voifinage do ( d] HiJIoire gtnfralc des Voyages t tome $3 , page 440 , edit. ln-i ?I Ff 22 £ HlSTOJRE N^4TURELLS I'homme, & fe tiennent fur les rivages du Nil, au- de flus de Memphis (e). Mais , dans les pays moins peuples , il ne doit pas en ctre de me" me ; ils font fi abondans dans les grandes rivieres de 1'Amazone & d'Oyapoc , dans la baie de Vincent Pinion , &, dans les lacs qui y communiquent, qu'ils y genenty par leur multitude, la navigation des pyrogues; ils fuivent ces legers batimens, fans cependant efTayer de les renverfer , & fans attaquer les homines : il eft quelquefois aife de les ecarter a coups de rames, lorfqu'ils ne font pas tres-grands (f). Mais M. de la Borde raconte que naviguant dans un canot, le long des rivages orientaux de TAmerique meridionale , il rencontra une douzaine de gros caymans a 1' embou chure d'une petite riviere dans laquelle il vouloit entrer j il leur tira plufieurs coups de fufil , fans qu'ils changeaflent de place ; il fut tente de faire paffer fon canot par - deffus ces animaux ; il fut arrete cependant , par la crainte qu'ils ne fiffent chavirer fon petit batiment, 6c qu'ils ne le devo- ( e ) On 7 en rencontre , fuivant cet Auteur , de trente coucUes de long. Hi/loire naturelle de I' Egypt? j par Pro/per Alpin , tome i ^Chap. v- (/) Note communique par M. k Cheyalier de Wider/pack, CorrcJ- pondant du Cabinet de Sa Majefle. JVZVPZZES OVIPARZS. 229 faflent lorfqu'il feroit tombe dans 1'eau. II flit obliga d'attendre pres de deux heures , apres lefquelles les caymans s'eloignerent , & lui lairTerent le paflage libre (g). Heureufemerit un grand nombre de crocodiles , font detruits avant d'eclore. Independamment des ennemis puiffans dont nous avons deja parle , des animaux trop foibles pour ne pas fuir a 1'afpedl de ces grands lezards , cherchent leurs oeufs fur les rivages oil ils les depofent : la mangoufte , les fmges , les fagouins , les fapajous & plufieurs efpeces d'oifeaux d'eau, sen nourrifTent avec avidite (h), & en cafTent meme un tres-grand nombre, en quelque forte , pour le plaifir de fe jouer. Ces memes ceufs, ainfi que la chair du crocodile, fur-tout celle de la queue ck du bas-ventre, fervent de nourriture aux Ncgres de 1'Afrique , ainfi qu'a certains peuples de 1'Inde & de 1'Amerique (i).lls trouvent deli cate & fucculente cette chair qui eft tres-blanche ; mais il paroit que prefque tous les Europeens qui ont voulu en manger , ont ete rebutcs par 1'odeur de mufc dont (g) Note communiqu^e par M. de la Borde. (h) Defcription dt rifle ejpagnok. Hijtoire generate des Voyages troifietne Par tie f Livre V. ( i } Catefiy , Hijloire naturdk de la Caroline * vol. a i 230 HISTOIRE NATURELLB elle eft impregnee. M. Adanfon cependant dit qu'il gouta celle d'un jeune crocodile , tue fous fes yeux au Senegal , 6c qu'il ne la trouva pas mauvaife. Ail refte , la^ faveur de cette chair doit varier beaucoup fuivant 1'age , la nourriture & Tetat de 1'animaL On trouve quelquefois des bezoards dans le corps des crocodiles, ainfi que dans celui de plufieurs autres lezards. Seba, avoit dans fa collection , pluiicurs de ces bezoards qui lui avoient etc envoyes d'Amboine & de Ceylan ; les plus grands etoient gros comme un ceuf de canard , mais un peu plus longs , & leur furface prefentoit des eminences de la grofTeur des plus petits grains de poivre. Ces concretions etoient compofees comme tous les bezoards , de couches placees au-deffus les unes des autres ; leur couleur etoit marbree Livre XXVIII > Chap, xxvui. (n} Voycz , dans le voyage en Paleftine d'HalTelquifl: , page 347? quelles proprietes vraies oil fliufles, les Egyptiens & les Arabcs attri- buent encore au fiel, a la graifle, & aux yeux des crocodiles. (o) Encyclopedic mJthodique. Diclionnaire d'anti quilts , par M.I' abb£ Mongei laine , Garde du Cabinet d.' Antiques & (f Hi/to ire naturdk de Sainte-Genevitve t de I' Academic des Inscriptions t &c. S3 2 HISTOIRB NATVRELLB moit religieufement leurs cadavres dans de hautes mides , aupres des tombeaux des Rois; & maintenant dans ce meme pays , ou on les adoroit il y a deux mille ans , on a mis leur tete a prix ; 6c telle eft la viciffitude des opinions humaines, LE CROCODILE tiES QUADRUPZDES OVIPARES. 233 LE CROCODILE NOIR. SECONDE ESPECE* CETTE SECONDE ESPECE differe de la premiere , en ce que fa couleur eft prefque noire au lieu d'etre verdatre ou bronzee comme celle des crocodiles du Nil; c'eft M. Adanfon qui a fait-connoitre ces croco diles noirs , qu'il a vus fur la grande riviere du Senegal (a) . Leurs machoires font plus alongees que celles des alli gators ou crocodiles proprement dits. Us font d'ailleurs plus carnaciers que ces derniers, & pourroient par con- fequent en differer aufli par des caraderes interieurs , la diverfite des moeurs etant tres-fouvent fondee fur celle de Torganifation interne. L'on ne peut pas dire qu'ils font de la meme efpece que le crocodile du Nil , qui auroit fubi dans fa couleur , & dans quelques parties de fon corps , 1'influence du climat , puifque , fuivant le meme M. Adanfon , la riviere du Senegal nourrit auffi un grand nombre de crocodiles verts , entierement fern- (a) Voyage au Suit gal , par M. Adanfon t page 73. Ovipares, Tome L 234 HISTOIRE NATURBLLB blables a ceux d'Egypte. Non-feulement on n'a point encore olferve ces crocodiles noirs dans le nouveau monde ; mais aucun voyageur n'en a parle que M. Adanfon , & ce favant Naturalifte ne les a trouves que fur le grand fleuve du Senegal. DES U4 DRUPE DES OV1PAP.ZS. L E G A V I A L, LE CROCODILE A MACHOIRES ALONGfiES. TROISJEME E S P E C E. CETTE TROISIEME ESPECE de crocodile fe trouve dans les grandes Indes : elle y habile les bords du Gange, ou on 1'a nominee Gavial ; elle reflemble aux crocodiles du Nil par la couleur, & par les carac- teres generaux & diftinclifs des crocodiles. Le Gavial a , comme les alligators , cinq doigts aux pieds de devant , & quatre doigts aux pieds de derriere ; il n'a d'ongle qu'aux trois doigts interieurs de chaque pied ; mais il difTere des crocodiles d'Egypte , par des carac- leres particuliers & tres-fenfibles. Ses machoires font plus aiongees <5c beaucoup plus etroitcs , au point de paroitre comme une forte de long bee qui contrafte avec la grofleur de la tete ; les dents ne font pas ine- gales en grofleur 6c en longueur comme celles des cro codiles proprement dits ; elles font plus nombreufes , & Ton conferve, au Cabinet du Roi , un individu de cette efpece , qui a environ douze pieds de long , & qui a cinquante-huit dents a la machoire fuperieure , & cinquante a la machoire inferieure. Le nombre des bandes tranfverfales & tuberculeufes HlSTOIRE qui garniffent le deffus du corps , eft plus confiderable de plus d'un quart , dans les crocodiles du Gange que dans Talligator ; d'ailleurs elles fe touchent toutes , &. les ecailles carrees qui les compofent , font plus relevees dans leurs bords, fans 1'etre autant dans leur centre , que celles du crocodile du Nil. Ces differences avec le crocodile proprement dit , font plus que fuffi- fantes pour conftituer une efpece diftincle. Les crocodiles du Gange (a) parviennentaunegran- (\ T"\ • /* «> t • 1 v A a) JJimenlions dun crocodiled tete alonp.ee. pieds. pouces. lignes. Longueur totale. IT Longueur de la tete. I IO Longueur depuis 1'entre-deux des yeux^ jufqu'au bout du mufeau I i 7 I • Longueur de la machoire fuperieure. . Longueur de la partie de la machoire qui eft armee de dents 2 / 6 6 Diftance des deux yeux. ..... Grand diametre de 1'oeil Circonference du corps a 1'endroit le plus gros. 2 6 Circonference de la tete derriere les yeux. Circonference du mufeau a Tendroit le plus etroit 2 Longueur des pattes de devant jufqu'au bout des doiets. I 2 7 Longueur des pattes de derriere jufqu'au bout des doigts. I Q / Longueur de la queue. < o- Circonference de la queue $ fon origine. J 2 i 8 deur tres-confiderable , ainfi que ceux du Nil. L'on peut voir, au Cabinet du Roi,une portion de machoire de ces crocodiles des grandes Indes , d'apres laquelle nous avonstrouve que Tanimal auquel elle a appartenu devoit avoir trente pieds dix pouces de longueur. Au refte, nous ne pouvons donner une idee plus nette de ces enormes animaux qu'en renvoyant a la figure & a la note precedente , ou nous rapportons les principals dimenfions de 1'individu de pres de douze pieds, dont nous venons de parler. C'eft apparemment de cette efpece qu'etoient les crocodiles vus par Tavernier fur les bords du Gange 5 depuis Toutipour jufqu'au bourg SAcirat , qui en eft a vingt-cinq coffes. Ce Voyageur appercut un tres- grand nombre de ces animaux, couches fur le fable; jl tira fur eux ; le coup donna dans la machoire d'un grand crocodile , & fit couler du fang ; mais 1'ani- mal fe retira dans le fleuve. Le lendemain , Taver nier , en continuant de defcendre le Gange , en vit un aufli grand nombre , egalement etendu fur le rivage ; il tira fur deux de ces animaux deux coups de fufil charge a trois balles , au meme inftant ils fe renverferent fur le dos , ouvrirent la gueule , & expi- rerent (b). II paroit que le Gavial n'etoit point inconnu des (b) Voyage dc Tavernier. HiftQire glnirak dc Voyages , Part* Livre II. I'llSTOIRE N^TURELLS Ancien? , puhqu'au rapport d'Elien , on difoit de fon terns que 1'on trouvoit fur les bords du Gange des cro codiles qui avoient une efpece de corne au bout du muieau. Mai M. Edward: eft le premier Naturalifte moderne qui ait pailc du Gavial;il publia, en 1756, la figine & la defcription d'un individu de cette efpece, dont il a compare les machoires longues & etroites au bee da haile, & qu'il a nomme crocodile ci Ice alonge(c). Get individu, qui prefentoit tons les fignes d'un developpement peu avance, avoil au-deirou- du ventre une poche ou bourfe ouverte ; nous n'avons trouve aucune marque d'une poche femblable dans le crocodile du Gange dont nous venons de donner les dimenfions , ni dans un jeune crocodile de la meme efpece , & long de deux pieds trois polices , qui fait auffi partie de la collection du Cabinet du Roi. Peut- etre cette poche s'efface-t-elle a mefure que 1'animal grandit, 6c n'eft-elle qu'un refte de Touverture par laquelle s'infere le cordon ombilical 5 ou peut-etre Tin- dividu de M. Edwards etoit-il d'un fexe different de ceux dont nous avons vu la depouille. L'on conferve au Cabinet du Roi une portion de machoire garnie de dents , a demi-petrifiee , renfermee dans une pierre calcaire trouvee aux environs de Dax ( c) Tranfaclions philofophiqucs f annfe BBS QUADRUPEDES OV1PARES. 2 en Gafcogne , & envoyee au Cabinet par M. de Borda. Elle nous a paru , d'apres Texamen que nous en avons fait , avoir appartenu a un Gavial, 24° HlSTOIRE N^TURBtEB LE FOUETTE-QUEUE («). JLj E N o M de Fouette-queue a etc employe par diffe% rens Naturaliftes, pour defigner diverfes efpeces de lezards qui peuvent donner a leur queue des mouve- mens femblables a ceux d'un fouet : ce nom a £te particulierement applique au lezard dont 11 eft ici queftion , & a la dragonne dont nous parlerons dans 1'article fuivant : il en eft refulte une obfcurite d'au- taut plus grande dans les faits rapportes par les Voya- geurs, relativement aux lezards, que le nom de cordyle aete aufli donne par plufieurs Auteurs a la dragonne, & qu'enfuite le nom de Fouette - queue a ete lie avec celui de cordyle, de maniere a etre attribue non- feulement a la dragonne, qui a reellement la pro- priete de faire mouvoir fa queue comme un fouet , mais encore a d'autres efpeces de lezards , privees de cette faculte , &L defignees egalement par le nom de cordyle, (a)Le Fouette-queue. M. d'Aubenton t Encyclopedic methodique. Lacerta caudi-verbera , 2. Linn, amphib. rept. Stba,mus i , tab. zoG , fig. i. Caudi-yerbera peruviana. Laurenti Jpedmen medicum , Vien. 176$, page 37. Feiull& & j page 31$. Nous croyon$ DES QU4DRVP&DES OV1PARES. 24! Nous croyons done, pour eviter toutc confufion, devoir conferver uniquement au lezard, doat il s'agit ici , le nom de Fouette-queue. II habitc les climats chauds de 1'Amerique mcri- dionale , & on le trouvc particulierement au Pcrou. II a quelquefois plufieurs pieds de longueur. Son dos eft couvert de plaques carrees & d'ecailles ovales qui garniflent auffi fes cotes. Sa queue , qui paroit dcntelee par les bords , & qu'il a la facilite d'agiter comme un fouet , 1'affimile un peu a la dragonne ; & la forme applatie de cette meme queue , ainfi quc les pieds palmes , le rapprochent du crocodile, dont il eft cepen- dant bien aife de le diftinguer , parce que le crocodile n'a que quatre doigts aux pieds de derriere , tandis que le Fouette-queue en a cinq a chaque pied. C'eft ce qui nous a determine a regarder comme un Fouette- queue 1'animal reprefente dans la planche cent fixieme du premier Volume de Seba : M. Linne 1'a rapporte au crocodile ; mais il a cinq doigts aux pieds de der riere, &, d'un autre cote, il ne peutpas etreconfondu avec la dragonne , puifque fes pieds font palmes. D'ail- leurs Seba donne TAmerique pour patrie a ce grand lezard , ce qui s'accorde fort bien avec ce que M. Linne lui-meme a dit de celle du Fouette-queue (b). Nous croyons devoir obferver aufii que le lezard reprefente dans Seba , tome i , planche i o 3 } figure z , 6c que ( b ) M. Linnt , a I'endroit deja «'//. Ovipares ^ fqr^ /. H h 242 HlSTOIRE N^TURELLS M. Linne a indique comme un Fouette-queue , eft une dragonne , attendu que quoique le deffinateur lui ait donne des membranes aux pieds de derriere , il eft dit dans le texte qu'il n'en a point. Le Fouette-queue nous paroit etre, ainfi que nous 1'avons deja dit (c) , le lezard que Dampier regardoit comme une feconde efpece de cayman d'Amerique. II y a , dans 1'Ifle de Ceylan , un grand lezard, qui , par fa forme , refTemble beaucoup au crocodile : mais il en differe par fa langue bleue & fourchue, qu'il alonge d'une maniere erfrayante , lorfqu'il la tire pour fiffler , ou feulement pour refpirer. On le nomme Kobbera-Guion. II a communement fix pieds de lon gueur ; fa chair eft d'un afTez mauvais gout 5 il plonge fouvent dans 1'eau , mais fa demeure ordinaire eft fur la terre ou il fe nourrit des oifeaux , & des divers animaux qu'il peut faifir. II craint Thomme , 6c n'ofc rien centre lui; mais il ecarte fans peine les chiens & plufieurs des animaux qui veulent 1'attaquer , en les frappant violemment de fa queue, qu'il agite & fecoue comme un long fouet. Nous ignorons fi les doigts de fes pieds font reunis par des membranes : s'ils le font, il doit etre regarde comme de la meme efpece que le Fouette-queue du Perou , qui peut-etre aura fubi 1'influence d'un nouveau climat; finon il faudra le confiderer comme une dragonne. " "i i t mi ••••^ ( c } Artide des crocodiles. 7om • P/. A'/ 7 /•,/./ I, A DRAGONNK • DSS QvAVRVP&DES OVlfARES. 24J =* < LA DRAGONNE (-). DRAGONNE reflemble beaucoup, par fa forme , au crocodile ; elle a , comme lui , la gueule tres-large , des tubercules fur le dos, & la queue aplatie; fa grandeur egale quelquefois celle des jeunes caymans : fa couleur, d'un jaune roux fonce, & plus ou moins mele de verdatre, eft femblable aufli a celle de ces ani- maux; c'eft ce qui a fait que , fur les cotes orientales de TAmerique meridionale, elle a ete prife pour une petite efpece de crocodiles ou de caymans (I). Mais la Dragonne en difTere principalement , parce que , au lieu d'avoir les pieds palmes , fes doigts , au nombre ( a ) La Dragonne. M. tfAubcnton t Encyclopedic mtthodique. Hi/l. naturdk des Qaadrupldes ovipares. Laccrta Dracocna 3. Linn&us. Ray , Synopfts Quadrupedum , page Z7O. Lacertiis indicu?. Seba t locupletiffirni rcrum naturalium Thefauri accurate defcriptioi tome i , planche 101 , fig. i. Lacerta maxima caudi-verbera, cordylus. Mufceum Wormianum, Chap, xxii , page 313. Lacertus indicus, (b) Note communi^e par M. k Chevalier de Widerjpach, Hh i) 244 de cinq a chaqne pied , font tres-fepares les uns des autres , comme ceux de prefque tous les lezards. Us font d'ailleurs tous garnis d'ongles aigus & crochus ; la tete, aplatie pardeflus , & comprimee par les cote's , a un peu la forme d'une pyramide a quatre faces, dont le mufeau feroit le fommet; elle reflemble par-la a celle de plufieurs ferpens, ainfi que la langue qui eft fourchue , & qui loin d'etre cachee & prefque immobile comme celle du crocodile, peut etre dardee avec facilite. Les yeux font gros & brillans ; l'ou- verture des oreilles eft grande , & entouree d'une bordure d'c'cailles ; le corps epais , arrondi, couvert d'ecailles dures, ofTeufes comme celles du crocodile & prefque toutes garnies d'une arete faillante; plufieurs de celles du dos font plus grandes que les autres , & relevees par des tubercules en forme de cretes , dont les plus hauts font les plus voifins de la queue, fur laquelle les lignes qu'ils forment font prolongees par d'autres tubercules. Ceux-ci font plus aigus, & produifent deux dentelures femblables a celle d'une fcie, & reunies en une feule vers 1'extremite de la queue, qui eft tres-longue. La Dragonne , ainfi que le Fouette-queue , a la facilite de la remuer vivement , & de 1'agiter comme un fouet. Cette faculte lui a fait donner le nom de Fouette-queue, que nous avons conferye uniquement a 1'efpece precedente, cc que nous n'emploierons jamais en parlant de la Dragonne . DES QuADRVPEDES OVIPARES. 24 j pour eviter toute confufion : on 1'a auffi appellee Cordyle : mais nous refervons ce nom pour un lezard different de celui que nous decrivons, & auquel on fa. deja donne. C'eft principalement dans 1'Amerique meridionale que Ton rencontre la Dragonne ; il y a , au Cabinet du Roi , un individu de cette efpece , qui a etc envoye de Cayenne par M. de la Borde, & d'apres lequel nous avons fait la defcription que Ton vient de lire ( c ) ; elle eft affez conforme a ce que dit Wormius de cette efpece de grand lezard, dont il avoit un individu long de quatre pieds romains (d). Clufms connoiflbit auffi le meme animal ( e ) , & Seba 1'avoit dans fa collection. (c) Principles dimenfions d'une Dra- pieds. ponces. lignes, gonne oui eft au Cabinet du Roi. 2 5 4 4 4 I Circcnfercnce du corps a 1'endroit le plus cros 7 6 o Longueur des pattes de devant, jufqu'au bout des doir'ts 3 10 Longueur des pattes de derricre , jufqu'au 5 6 Loncucur de la queue I 4 6 Circonference dc la queue a Ton origine . . . 5 8 (d) Mufasam Wormianum^ dc pcdcftribiu * Cap. n ,fol 313. (e) Ciufius t Li\re V, Chap. xx. HlSTOIRE N^TURELLE Wormius a parle du nombre & de la forme des dents de la Dragonne; il a dit que ce lezard en a dix-fept de chaque cote de la machoire infcrieure* que celles de devant font petites & aigues, & celles de derriere , grofles & obtufes. Nous avons re- marque la meme chofe dans la Dragonne du Cabinet du Roi. On a reproche a Pline de s'etre trompe touchant la forme des dents du crocodile, en les dif- tinguant en dents incifives , en canines , & en mo laires (f). Nous avons deja vu ce qu'entendoit ce grand Naturalifte par les dents canines du crocodile (g); & a Tegard des dents molaires , il pourroit fe faire que fon erreur eft venue de la meprife de ceux qui lui ont fourni des obfervations. II fe peut en effet que la Dra gonne habite dans les contrees orientales que les anciens connoifToient ; que fes grofles dents aient ete regardees comme des dents molaires, & que Tanimal lui-meme ait ete pris pour un vrai crocodile. C'eft ainfi que, dans des terns tres-recens, la confufion que plufieurs voya- geurs ont faite des efpeces de grands lizards , voifmes de celles du crocodile, a produit plus d'une erreur, relativement a la forme & aux habitudes naturelles de ce dernier animal. T (/) Memoires pour fervir d fHiftoire natuntte des animaux. Article du crocodile. DBS QVADRVPEDES OVIPARSS. La grande reffemblance de la Dragonne avec le crocodile, feroit penfer au premier coup-d'oeil que leurs mceurs font femblables: mais ces deux lezards different par un de ces carafteres dont la prefence ou 1'abfence a la plus grande influence fur les habi tudes des animaux. M. de Buffon a montre, dans I'hiftoire naturelle des oifeaux , combien la forme de leurs bees determine 1'efpece de nourriture qu'ils peuvent prendre ; les force a habiter de preference 1'endroit ou ils trouvent aifement cette fubfiftance, & produit ou modine par-la leurs principales habi tudes. La faculte de voler qu'ils ont regue , leur donne la plus grande facilite de changer de place , & les rend par confequent inoins dependans de la forme de leurs pieds : cepcndant nous voyons certaines clafTes d' oifeaux , dont les habitudes font produites par les pieds palmcs , avec lefquels ils peuvent nager aifement, ou bicn par les griffes aigues & fortes qui leur fervent a attaquer & a fe defendre. Mais il n'en eft pas de meine des Quadrupedes , tant vivipares qu'ovipares; la nature de leurs alimens eft non-feu- lement determinee par la forme de leur gueule, ou de leurs dents, mais encore par celle de leurs pieds, qui leur fourniflent des moyens plus ou moins puiflans de faifir leur proiej d'ailer avec vitefle d'un endroit a un autre ; d'habiter le milieu des eaux , les rivagesy les plaines ou les forets , Encyclopedic mcthodique. Lacert.i monitor , 6. Linn. amph. rept. Seba , i f tab. 94 , fig. i ,z, 3. tab. 96, fig. i ,% t 3. tab. §7 , fig. 2. i t tab. 9$, fig. 2. tab. zoo, fig. ;. 2., tab. 30 ,fig. a. tab. 49 , fig. z. tab. 86 , fig. z. fab. 105 , fig. i. Stellio Saurus, 89. Laurenti , Specimen medicum 3 page $6. Stellio Salyator, 90. Laurenti f fperimen medicum > page 56". 1. . • ' 252 HlSTOIRE NATURE LIE Quadrupedes ovipares. Le Tupinambis a tout au plus une longueur de fix ou fept pieds dans les contrees oil il trouve la nourriture la plus abondante & la tempe rature la plus favorable. L'individu que nous avons decrit & qui eft au Cabinet du Roi , a trois pieds huit pouces de long en y comprenant la queue ( b ) ; il a cte envoye du Cap de Bonne - cfperance. J'ai \u un autre individu de cette efpece, apporte du Senegal, & dont la longueur totale etoit de quatre pieds dix pouces. La queue du Tupinambis eft aplatie & a-peu-pres de la longueur du corps. II a a chaque pied cinq doigts aiiez longs , fepares les uns des autres & tous armes d'ongles forts &. crochus. La queue ne prefente pas de crete comme celle de la Dragonne , mais le deflus & le deflbus du corps , la tele, la queue , & les pattes (b) Principales dimenfions du Tupinan ibis. Longueur totale , . pieds. pouces. lignes. Contour de la gueule 3 Circonference du corps \ 1'endroit le plus cros . . . T 4 T Longueur des pattes de devant, jufqu'au bout des doigts. e Longueur des pattes de dcrriere, jufqu'au bout des doigts. ) < Longueur de la queue. \j TD 6 Circonfcrence de la queue a fon origiiK . . . 1 \J 7 V JO DES QUADRVPEDES OVIPARES. font garnies de petites ecailles qui fuffiroient pour dif- tinguer le Tupinambis des autres grands lefards a queue plate. Elles font ovales , dures, un peu clcvees , prefque routes entourees d'un cercle de petits grains durs , pla- cees a cote les unes des autres ,, &. difpolces en bandes circulaires & tranfverfales. Leur grand diametre eft a- peu-pres d'une demi-ligne dans I'individu , envoye du Cap de Bonne-efperance au Cabinet du Roi (c). La manic-re dont elles font colorees , donne au Tupinambis une forte de beaute ; fon corps prefente de grandes laches ou bandes irregulicres d'un blanc afiez eclatant qui le font paroitre comme marbre , & formant meme fur les cotes une efpece de dentelle. Mais, en le reve- tant de cette parure agreable , la nature ne lui a fait qu'un prefent funefte ; elle 1'a place trop pres du cro codile fon ennemi mortel , pour lequel fa couleur doit etre comme un figne qui le fait reconnoitre de loin. II a, en efTet, trop peu de force pour fe defendre centre les grands animaux. II n'attaque point I'homme ; il fe nourrit d'oeufs d'oifeaux (d) , de lezards bcaucoup plus (r) L'on pent voir, dans la colle&ton du Cabinet du Roi, un Tnpi- nambis male, tue dans le terns de fes amours •, ies parties fexuelles font hors de 1'anus •, les deux verges, tres - fcparecs 1'une de 1'autre, out un pouce trois lignes de longueur. L'aninul a deux pieds huit ponces de longueur totale. (d) «t Mademoifelle Mcrian trouva plus d'une fois un Sauve - garde 254 HISTOIRE NATURELLE peiits que lui , ou de poiilbns qu'il va cherchcr au fond des eaux ; mais, n'ayant pas la memc grandeur , les memes armes , ni par confequent la mane puiflance que le crocodile, & pouvant manquer de proie bien plus fouvent , il ne doit pas etre fi difficile dans le choix de fa nourriture; il doit d'ailleurs chaffer avec d'autant plus de crainte , que le crocodile auquel il ne peut refifter eft en tres-grand nombre dans les pays qu'il ha- bite. On rapporte meme que la prefence des caymans, infpire une fi grande frayeur au Tupinambis , qu'il fait entendre un fifflement tres-fort. Ce fifflement d'eilroi eft une efpece d'avcrtiflement pour les homines qui fe baignent dans les environs- il les garamit, pour ainfi dire , de la dent meurtriere du crocodile, & c'eft de-L\ qu'eft venu au Tupinambis le nom de Sauvegarde ou Sauveur , qui lui a ete donne par plufieurs Voyagcurs & Naturaliftes. II depofe fes ceufs comme les caymans, dans des trous qu'il creufe dans le fable fur le bord de quelque riviere • le foleil les fait cclorc ; ils font aflez gros & ovales , j Hijloirt generate des Voyages, tome $4, page 430, edit, in- 22. (f) HiJIoire gfae'rak des Voyages, tome $4, pap 430, edit. in-i2» DES QUADRVPEDES OVIP^RES. 255 qui en avoient mange tant en Amerique qu'en Afrique , m'ont dit 1'avoir trouvee delicate. Get animal produit des bezoards , ainfi que le croco dile & d'autres lezards ;ces concretions refFemblent aux bezoards des crocodiles, quant a leur forme exterieure; elles font de la grofleur d'un ceuf de pigeon & d'une couleur cendrce claire tachetee de noir. On leur a attribue les memes vertus chimeriquee qu'aux autres Bezoards , & particulierement a ceux du crocodile & de i'iguane (f). La difette que le Tupinambis eprouve frequemment , a du alterer fes gouts, tant la faim fg.4j & phnche 94 f fig. 4. Ovipares > Tome /. 258 HlSTOIRE ce lezard a les doigts tres-feparcs les uns des autres, & tres-longs, fur-tout ceux des pieds de derriere, dont le quatrieme doigt egale la tete en longueur ; les ongles font forts & crochus ; les ecailles , dont tout le corps eft reconvert, font tres-petites , inegales en grandeur, mais toutes relevees par une arete longi- tudinale, & placees les unes au-deffus des autres , comme les ecailles de plufieurs poillbns. La couleur generale des Sourcilleux efl d'un brun clair tachete de rouge plus ou moins fonce ; la longueur totale de lindividu que nous avons decrit, & que fon conferve au Cabinet du Roi , eft d'un pied. Comme les doigts deces lezards font tres-longs & tres-divifes, leurs habi tudes doivent approcher a beaucoup d'egards de celles de la dragonne. On dit qu'ils pourTent des cris3 qui leur fervent a fe rallier (b). Au refte, ce caraclere tres-apparent d'ecailles re- levees , cette forte d'armure , qui donne un air dif- tingue au lezard qui en eft revetu, & que nous trouvons ici pour la feconde fois , n'a pas ete uniquement ac- corde au Sourcilleux & a la dragonne. 11 en eft de ce caraclere comme de tous les autres, dont chacun eft prefque toujours exprime avec plus ou moins de { b ) Stta , premier volume , page BES Ov^VRVPEDES OVIPARES. 259 force, dans plufieurs efpeces diflerentes. Cette crele, que nous venons de remarquer dans le Sourcilleux , fert aufli a defendre ou parer la tete-fouichue , 1'iguane , le bafilic , &c. Non-feulement meme elle a des formes differentes dans chacun de ces lezards ; non-feulement elle prefente tantot des rayons alonges , tantot des lames aigues, larges & tres-courtes , &LC. mais encore elle varie par fa pofition : elle s'eleve en rayons fur tout le corps du bafilic , depuis le fommet de la tete jufqu'a 1'extremite de la queue; elle orne de meme la queue duporte-crete , & garnit enfuite fon dos en forme de dentelure ; elle revet non-feulement le corps , mais encore une parti e de k membrane du cou de figuane; elle s'etend le Ion.; du dos du male de la falamandre a queue plate ; elle paroit comme une crenelure fur celui du plijfl ; a peine fenfible fur le deiTous de la gorge du marbri , elle defend, dans le galiote , la tete 6c la partie an- terieure du dos ; elle fe trouve aufli fur cette partie anterieure dans Kagame; elle fe prefente, pour ainfi dire, fur chaque ecaille dans le ftcllion , Va^uri, le teguixin ; elle regne le long de la tete , du corps ex: du ventre du carneleon ; elle paroit a Textremite de la queue du cordyle ; &., pour ne pas rapprocher ici un plus grand nombre de Quadrupedes ovipares, elle eft compofee d'ecailles clair - femees fur le lezard Kk ij 2 i. .TabU 109 » figure 3. HISTOIRE NATURELLS rnachoire inferieure. Les ciiifles, les jambes & les doigts font longs & delies. Ce lezard & 1'efpece precedente out trop de caratferes exterieurs communs pour ne pas fereflembler beaucoup par leurs habitudes naturelles, d'autaiit plus qu'ils preferent Tun 6c 1'autre les contrces chaudes de 1'lnde. AufTi leur attribue-t-on a tous les deux la faculte de fe rallier par des cris (b). (b] volume i , DBS U^DRUP^DES OVIPARES. 263 LE LARGE-DOIGT («). LES CARACTERES DiSTiNCTiFS de ce lezard , qui fe trouve dans les Indes, font d'avoir la queue deux fois plus longue que le corps , comprimee , un pen relevee en carene pardeffus , ftriee pardeffous , 6k divifee en plufieurs portions , compofees chacune de cinq anneaux de tres-petites ecailles. II a , fous le cou , une membrane aflez femblable a celle de 1'iguane , mais qui n'eft point dentelee. A chaque doigt , tant des pieds de devant que des pieds de derriere, 1'avant- derniere articulation eft pardeflbus plus large que les awtres , & c'eft de-la que M. d'Aubenton a tire le nom que nous lui confervons. La tete eft plate , 6c compri mee par les cotes; le mufeau tres-delie; les ouvertures des narines font tres-petites , ainii que les trous des oreilles. ( a ) Le Large-doigt. M. cfAubenton , Encyclopedic Laccrta principals j 7. Linn, amphib. npt. HlSTOIRB NATURE IIS L E B I M A C U L E. .Nous DEVONS la connohTance de cette nou- velle efpece de Iczard a M. Sparrman , favant Aca- demicien de Stockolm , qui en a d Jcrit plulieurs indiv idus envoyes de 1'Amerique feplentrionale , par M. Ic Doo teur Acrelius , a M. le Baron de Geer (a) ; quelques- uns de ces individus avoient le deflus du corps feme de taches noire? ; tons avoient deux grandes taches de la meme couleur fur les cpaules; ,/./ L'IGUAN 1. fiES QvADRVPEDES OVIPARES. SECONDE DIVISION. L E Z A R D S 'Qui ont la queue ronde , cinq doigts a clmque pied> des e'cailles elevens fur le dos en forme de crete. L' I G U A N E («)« DANS CESCONTREES del'Amerique nieridionale, ou la Nature plus adive fait defcendre a grands flots , du fommet des hautes cordilieres , des fleuves immenfes , dont les eaux s'etendant en liberte , inon- dent au loin des campagnes nouvelles, & ou la main (a) Leguana. £n anglois 3 the Guana. Senembi. Tamacolin, en Amiricpie , fuivant Srta. L'Iguatie. M. d'Aubenton, Encyclopedic mlthodi^uc. Lac. Iguana, z6, Lin. amphib. rtptilia, Li m 263 HlSTOjjRE N^TURELLE de 1'homme n'a jamais oppofc aucun obftacle a leur courfe ; fur les rives limonneufes de ces fleuves ra- pides, s'elevent de vaftes & antiques forets. L'hu- midite chaude & vivifiante qui les abreuve , de- Ray, Synopfs Quadrupcdum , pag< rfs. Lacertus indicus Senembi & Iguana diclus. Iguana delicatiflima, 71. Iguana tubercular* , 72. Laurenti fpcdmcn medicum. Lcguana. Dic7ionnaire JHifloire naturdlc , par M. Valmont de So ma re. Seba, 2. Table 9$ , figures i, *, table 96 , figure 4, talk 97 > fgure 3f table 38 J figure 2. The Guana. Brown , Hijloirt naturdk de la Jamaiquc. Lacerta, i. Major fqiumis dorfi lanceolatis eredis e nuch3 ad cxtre- mitatem caudx porredis , Idem. Grand Jcfzard ou Guanas. Catefly , Hifloirt naturdle de la Caroline volume z _, page Grand lezard. Dutertre , page 308. Gros lezard, nomme Iguane. Roche fo rt , page 144. Gros Jezard. Lab at , tome i , page 314. Guana. Shane , vol. z. Iguana. Gronov mus. a , page 8z f N.° Go. Marcgr. braj. 136 , fig. ^ff. Scnen^bi feu Iguana. Jonfl. Quadrup., tab. 77 , fig. ^ Clear, mus., tab. 6, fig. 2. Yvana. Bont. jav. $ , tab. $G. Lacerta Legiun. Nuremberg nat. 272, fab. iji. Worm, mujceum. 323. Cluf. exot. 116. Yvana, DES O UA T> R UPE D E S OVIPARES. vient la fource intariflable d'une verdure loujours nouvelle pour ces bois touffus , images fans cefle re- naifTantes d'une fecondite fans bornes, & ou il femble que la Nature , dans toute la vigueur de la jeunefle, le plait a entaffer les germes producftifs. Les vegetaux ne croiflent pas feuls au milieu de ces vaftes foli- tudes ; la Nature a jete fur ces grandes productions la variete, le mouvement &. la vie. En attendant que 1'homme vienne rcgner au milieu de ces forets , elles font le domaine de pluiieurs animaux , qui , les uns par la beaute de leurs ecailles , 1'eclat de leurs couleurs, la vivacite de leurs mouvemens , 1'agilite de leur courfe ; les autres , par la fraicheur de leur plu mage , Tagremcnt de leur parure, la rapidite de leur vol j tous , par la diverfite de leurs formes , font , des varies contrees du nouveau monde , un grand & magnifique tableau, une fcene anime'e, auffi variee qu'immenfe. D'un cote , des ondes majeftueufes rou- lent avec bruit ; de 1'autre , des ilots ccumans fe prccipitent avec fracas de roches elevees ; 6c des tourbillons de vapeurs reflechiffent au loin les rayons cblouillans du foleil : ici 1'email des fleurs fe mele au brillant de la verdure, & eft efface par 1'eclat plus brillant encore du plumage vane des oifcaux ; la, des couleurs plus viye.s,, parcc qu'elles font renvoyces par des corps plus pc-Jis, i;;-,itent la parure de ces grands Quadruples cvipares , de ces gros 2~o HISTOIRE NATVRELLE lezards que Ton eft tout etonne dc voir dccorer le fommet des arbres, &. partager la demcure des habN- tans ailes. Parmi ces ornemens remarquables &. vivans dont on fe plait a contempler, dans ces forets cpaillcs, la forme agreable & piquante , &. dont on fuit avee plaifir les divers mouvemens au milieu des ramcaux &: des fleurs , la dragonne & le tupinambis attirent 1'attention ; mais le lezard dont nous traitons dans cet article, fe fait diftinguer bien davantage par la beaute de fes couleurs , 1'eclat de fes ecailles , &. la fingu- larite de fa conformation. II eft aife de reconnoitre 1'Iguane a la grande poche qu'il a au-deifous du cou , & fur-tout a la crete den- telee qui s'etend depuis la tete, jufqu'a 1'extremite de la queue , & qui garnit aufli le devant de la gorge. La longueur de ce lezard, depuis le mufeau, jufqu'au bout de la queue , eft alTez fouvent de cinq ou fix pieds (b)> cejui que nous avons decrit , & qui a ete (b] « Pendant le fejour que Brue fit i Kayor fur le Senegal, on uluifit voir un Guana (Iguane) long dc trois pieds, depuis le raufeail jufqu'i la queue , qui devoit avoir encore deux pieds de plus. »» ( L on doit croire que la queue de ce lezard avoit eprouve quelque acci dent , les Iguanes ayant la queue plus longue que le corps). «< Sa peau >3cioit couverte de petites Ecailles de differcntes couleurs, jaunes, veites jj& noires, ii yives qu'elles paroiiToient colyrees 4'i)n beau vernis, JJ DES OUADRUPEDES OVIPARES. 2~1 envoye a Cayenne au Cabinet du Roi par M. Sonini, a quatre pieds de long (c). La tete eft comprimee par les cotes , &. aplatie pardefliis ; les dents font aigues, & affez femblables, par leur forme , a celles des lezards verts de nos pro vinces meridionales. Le mufeau , 1'entre - deux des avoit les yeux fort grands, rouges, ouverts jufqu'au fonimet de la<« tete. On les auroit pris pour du feu, lorfqu'il ctoit irrite : alors face gorge s'enfloit auffi , comme celle d'un pigeon. » Hijloire gtnlrak de$ Voyages , Livre VII, Chdpitre xyin- (c] Principales dimenfions d'unlguane, conferve au Cabinet du Roi. Longueur totale. ........ Circonftrence dans 1'endroit le plus gros du corps Circonfcrence a 1'origine de la queue. Contour de la macrujre iuperieure. . Longueur de la plus grande cc..ille des cotes de la tete Longueur de la poche qui eft au-d-'irous du cou Largeur de la poche Longueur des plus grandes ccailles de la crete. Longueur de la cjueue Longueur des pattes de devant, j 1'exrrcmitc des doigts Longueur des pattes de derriere. . Longueur du plus grand ongle. . pieds. polices. lignes. 4 i 4 5 9 3 3 i 3 4 i 10 i 10 2 7 4 7 i 9 9 8 2 ~ 2 Hi STO I R E N^ TU R E LLE yeux, & le tour des machoires font garnis de larges ecailles tres-colorees, tres-unies Htfiaire naturdk dc la Caroline. (q) Brown dit avoir garde chcz lui un Iguane adulte pendant plus dc deux mois. Dans le commencement il ctoit fier & mechant •, mais, au bout de quelques jours, il devint plus doux: i la fin, il paflbit la plus granie partie du jour fur un lit , mais il couroit toujours pendant la nuit. (i Je n'ai jimais obferve , continue ce Voyageur , que cet Iguane ait mange autre chofe que les particulcs imperceptibles qu'il« lapoit dans 1'air , (ces particules ctoient ftirement de tres-petits infe(3:es).ec Quand il fe promcnoit , il dardoit frcqueniment fa langue, comme lecc camelcon. La chair de llguant eil reJierchee par b..uic. up de gens," & lorfqu'elle eft fervie en fricaffee, elle eft prcfcrc'e a c-lle de la rneil-<« leure vol.; He. L'Igiune "pent ctre aiicment apprivcile , quand il eft" jeune ; il eft alors un animul auiTi innocent que beau. >> Hifloire natu- rdk de la Jamaiquc par Brown , LonJres, 17 $6* peg? 280 HISTOIRE NATVRELLE pafie meme la plus grande partie du jour dans les ap- partemens; 11 court pendant la nuit, parce que fesyeux, comme ceux des chats, peuvent fe dilater de maniere que la plus foible lumiere lui fuffife , & parce qu'il prend aifement alors les infedles dont il le nourrit. Quand il fe promene , il darde fouv-ent la langue , il vit tranquille ; il devient familier (r). On ne doit pas etre furpris de 1'acharnement avec lequel on pourfuit cet animal doux & pacifique qui ne recherche que quelques feuilles inutiles , ou quelques infecles malfaifans , qui n'a befoin pour fon habitation que de quelques trous de rocher , ou de quelques bran ches prefque feches , & que la nature a place dans les grandes forets pour en faire rornement. Sa chair eft excellente a manger , fur-tout celle des femelles qui eft plus tendre & plus grarle (s) ; les habitans de Ba hama en faifoient meme une efpece de commerce , ils le portoient en vie a la Caroline & dans d'autres con- trees , ou ils le faifoient faler pour leur ufage (tjj dans certaines Ifles ou ils font rares , on les referve pour les meilleures tables (u) ; & Thomme ne s'eft (r) Note communiqu^e par M. de la Borde. (s) On dit que la chair de 1'Iguanc eft nuifible k ceiu dont le fang n'eft point pur, & M. de la Borde la croit difficile a digerer. {t) Catefby f Hiftoire nature He de la Caroline, (u) Note cammuniqute par M. de la Borde. jamais DES QUADRVP&DES OTIPARES. 281 iamais tant exerce adetruire Ics animauxnuifibles, qu'a faire fa proie de ceux qui peuvent flatter fon appetit. D'ailleurs on trouve quelquefois dans le corps de 1'Iguane , ainfi que dans les crocodiles & dans les tupinambis , des concretions femblables aux bezoards des Quadrupedes vivipares, & particulierement a ceux que Ton a nommes bezoards occidentaux. M. Dombey a apporte de 1'Ame- rique meridionale au Cabinet du Roi , un de ces be zoards d'Iguane. Cette concretion reprefente afTez exac- tement la moiiie d'un ovoide un peu creux ; elle eft compofee de couches polies , formees de petites aiguilles , & qui prefentent comme d'autres bezoards , une efpece de criftallifation. Elle eft convexe d'un cote , & concave de 1'autre ; elle ne doit cependant pas etre regardee comme la moitie d'un bezoard plus con- fiderable , les couches qui la compofent etant placees les unes au-defTus des autres fur les bords de la cavite, ainfi que fur la partie convexe. Le noyau , qui a fervi a former ce bezoard , devoit done avoir a-peu-pres la meme forme que cette concretion. La furface de la cavite qu'elle prefente , n'eft point polie comme celle des parties relevees , qui ont pu fubir un frottement plus ou moins confiderable. Le grand diametre de ce bezoard eft de quinze lignes, 6c le petit diametre a- peu-pres de quatorze. Seba avoit , dans fa collection , plufieurs bezoards d'/- guanes , de la groffeur d'un oeuf de pigeon , 6k d'un Ovipares , Toms I. N n 2 HlSTOlRE jaune cendre avec des taches foncees. Ces concretions font appellees Beguan par les Indiens , qui les cfliment plus quc bcaucoup d'autres bczoards (v). Elles peu- vent avoir ete connues des Ancicns, 1'Iguanc habitant d.in:> les Indes orientales , ainfi qu'en Amerique ; & conirae cet animal n'a point cte particulierement in- dique par Ariftote ni parPline, & que les Anciens n'en ont viaifemblablement parle que fous le norn de Lcrard- rert , ne pourroit-on pas croire que la pierre, appellee par Pline Sauritin, a caufe du mot Saurus ( Lizard ) f ck que Ton rcgardoit , du terns de ce Naturalifte , commc fe trouvant dans le corps d'un lezard-vert, n'eil autre chofe que le btzoard de Tlguane , & qu'elle n'etoit precieufe que par ce qu'on lui attribuoit L faufles proprietes des autres bezoards (x) ; ce qui con- fjime notre opinion , a ce fujet , c'eft que ce mot Sauritin n'a ete applique par les anciens , ni par les modernes a aucun aulre corps , tant du iv^ne animal que du re^ne mineraL Les Iguanes font tres-oommuns a Surinam , ainfi que dans les bois de la Guiane, aux environs de Cayenne (y) , (* •' 240. (* •fin in vejuiv vi. , ' ccrti arundir. . . !unt iuve- L:\re XXX VII, CV. LA /---//. (}' tpar - DES QVADRVP&DES OVIPARKS. 283 & dans la nouvelle Efpar,; .ix Antilles, parce qu'on y en a dctruit un grand r e, a caufe de la bonte dc leur chair ( {). On trouve auifi llguane dans 1'ancien continent en Afiique , ainfi qu'en Afie (a) ; il eft par-tout confine' dans les climats chauds ; fes couleurs varicnt fuivant le fexe , 1'age ck les di- verfes regions qu'il habite 5 mais il eft toujours remar- quable par fes habitudes , fa forme 6c 1'email de fes ccailles. Note communiqnh par M. dc la Borde. (a) Aivprcs dc la Baye dcs chiens marins, dans la nouvelle Hollands; le Voyagcur Dampier trouva des Guanos ou Igu.ines, qui , lorfqu'on Vapprochoit d'cux , s'arretoient & fiftloient fans prendre la fuite. Voyage fa Guillaume D ampler taux tcrres Aufiraks , Amfierdam 170$. Nn ij 284 HISTOIRE XATVRELLE B ASILIC (a) L'ERREUR s'eft fervie de ce nom de Bafilic , pour defigner un animal terrible, qu'on a tantot reprelente comme un ferpent , tantot comme un petit dragon , & dont le regard pedant donnoit la mort. Rien de' plus fabuleux que cet animal , au fujet duquel on a repandu tant de contes ridicules, qu'on a doue de tant de qualites merveilleufes , & dont la reputation fert encore a faire admirer entre les mains des Charlatans, par un peuple ignorant & credule , une peau de raie deiTechee , contournee d'une maniere bizarre, & que Ton dccore du nom fameux de cet animal chime- rique (I). (a] Le Bafilic. M. d'Aubenron , Encyclopedic methodique. Lacerta Bahlifcus 25 , Linn, amphib. npt. Dragon d'Ainerique , amphibie qui vole , Bafilic. Stba. » , planchc i go , figure z. SaJUicus Americanus, 7$- Laurenti fpedmen medicum. (b) (c Le Bafilic, que les Charlatans & les Saltinbanques expofent ntous les jours avcc tant d'appareil, aux yeux du public, pour 1'attirer «& lui en impofer, a'eil qu'une forte de petite raie, qui fe trouve DES QUADRVPEDES O V 1 P A P E S . Nous ne conferverions pas ce nom de Bafilic , dont on a tant abufe, a 1'animal reel dont nous parlons , de peur que I'exiftence d'un lezard , appelle Baiilic , ne put faire croire a la verite de quelques-unes des fables attachees a ce nom , fi elles n'etoient auili abfurdes que rifiblcs, fi par -la nous n'ctions bien raflures fur la croyance qu'on leur accorde , & d'ailleurs fi ce nom de Bafilic n'avoit pas ete donne au lezard dont il eft queftion dans cet article, par tous les Naturaliftes qui s'en font occupes. Le lezard baiilic habite 1'Amerique mcridionale ; aucune efpece n'eft aum* facile a diftinguer , a caufe d'une crcte tres-exhauifee qui s'etend depuis le fommet de la tete , jufqu'au bout de la queue , & qui eft com- pofee d'ecailles en forme de rayons , un pen feparees les unes des autres. II a d'ailleurs une forte de capu- chon qui couronne fa tete ; & c'eft de-la que lui vient fon nom de Bafilic , qui fignifie petit roi. Cet animal parvicnt a une taille aflez confiderable ; il a fouvent plus de trois pieds de longueur, en comptant celle de la queue. Ses doigts, au nombre de cinq a chaque pied, ne font reunis par aucune membrane. 11 \ it fur les dans la m^diterrance, in-x° ( L'inJividu , dccrit par M. SiM • '« foil M. le Riroii dc G-jer, & anpartcn,it, CM 1785 , a 1'Academic dc Stockolra ). (/') .1;. Hor. rkl'A. .:>:. ;i , ^ ,;o. 288 Hi STOIRE NA TURELLE parle (c). Ce lezard eft dans 1'Afie le reprefentant du Bafilic qui habite le nouveau continent j il a auffi de grands rapports avec la Dragonne , & les autres grands lezards a queue comprimce, dont le dos paroit den- tele, en ce que la tete eft prefque quadrangulaire, aplatie , revetue de tubercules & de grandes ecailles: il a les yeux grands , & les narines elevees ; les ouvertures des oreilles laiflent voir la membrane nue du tympan , le delTous de la tete prefente une forte de poche aplatie &. tres-pliflee, a laquelle on a domic le nom de collier. La langue eft epaiffe , charnuc , &. legerement fendue ; les dents font ferrees , pointues , & d'autant plus grandes qu'elles font plus cloignees du devant des machoires, ou Ton en rencontre huit en haut ; des autres ; le dos des ongles eft noir. La queue eft effilee , & plus de trois fois aufli longue que le corps. L'indi- vidu que nous avons decrit , & qui eft conferve au Cabinet du Roi , a trois pouces dix lignes , depuis le bout du mufeau jufqu'a 1'anus ; la queue a quatorze pouces de longueur. Quelquefois la couleur du dos eft azuree , & celle du ventre blanchatre. Le Galeote fe trouve dans les contrees chaudes de 1'Afie , particulierement dans 1'lile de Ceylan , en Arabic , en Efpagne , &:c. il court dans les maifons dorfi crijla breviori donate. Cc lezard le trouve en tres-grand nombre dans les bois dc Li J«umK]ue -, il diftcrc trcs-peu du Guana (Jgiune) ; mais il eft plus petit, fa cou- leur eft plus verte, & ila, le long du dos, une crete plus courtc. II pond des cEiifs moins gros que les ceufs de pigeon. Sloane, yol %t PaSe 333- (c}LaLena , 5 minor viridis caudafquamis erectis crijlita. The Guana lizard i and blue lizard of Edward:. Ce lezard eft trcs-commun a h Jamaique •, il paroit en general dun beau vert ; mais fa couleur change iuivant fa pofition , ainfi que celle des animaux de fon genre ; il femble mcmc qu'elle eft plus variable que celle des autres Lzards, & qu'elle croyons TIES QUADRUPEDES OVIPARES. 2.()J croyons devoir encore regarder, comme un Agame, le lezard bleu d'Edwards (d) ; & ces trois lezards ne nous paroiffent etre tout au plus que des vari de cclui dont il eft queftion dans cet article. • • « prcnd plutot les differcntes nuances qu'elle prefentc, fuivant I'endrcit oii il fe trouve. Son corps eft convert d'ecailles Icgcres; mais celies qui font au-ddfus de la queue , font relevees & formcnt une petite crete qui a quelques rapports avec celle dti Guana (Iguane)j (a longueur exccde r.ircraent ncufou dix pouces \ il efl tres-doux. Brown ,page 463. (d) « Le lezard bleu eft fort particulier, a caufe de la ftru<5lure dc fcs doigts , qui ont de petites membranes qui s'etcndent de chaque<« cote, non pas de la nature de celles que les oifeaux aquatiques ontcc aux pattes \ mais plutot comme certaines fortes de mouches en ont,« qui agiflent par voi^ de iudion : ainfi , je concois que ces membranes cc leur fervent a fe tenir & a marcher fur la furface unie des grandescc feuilles des arbres & des plantes : il a une petite elevation fur le dos,e< en forme de fillon qui regne tout du long, jufqu'a la queue, oii elle« devient dentelee : tout le deflus du corps eft bleuatre , vane tranfver-e* ialement de nuances plus claires & plus foncces : le deffous en eftHfiom naturelle , Londrcs } 1764. Stcondc pane, Chapurc xy f plane he zx6. The little Brown lizard. DES QUADRVPEDES OFIPARES. vons & avec Icqucl tant de perfonnes ont joue dans Jeur enfance, n'a pas regu de la nature un vetement aufli t'clatant que plufieurs autres Quadrupedes ovi- pares ; mais elle lui a donne une parure elegante ; fa petite taiile eft fvclte; fon mouvement agile ; fa courfe fi prompte qu'il cchappe a 1'oeil , aufli rapidement que 1'oifeau qui vole. II aime a rccevoir la chaleur du foleil ; ayant befoin d'une temperature douce , il cher- clie les abris ; ruIJf. vSeps argus 105, Scps mur^Iis 106, Scps terreftris 107, Scps cxru- lefcens 109. Laumtfi Jpcdmen mediaim, pp ij O HISTOIRE NATURELLE pendant quelques inftans comme etourdi par fa chute ; ou Lk-n , il stance, difparoit , fe trouble, revient fe cache de nouveau , reparoit encore , dtcrit en un initant plufieurs circuits tortucux que 1'ceil a de la peinea fuivre , fe replie plufieurs fois fur lui-meme, & fe retire enfin dans quelque afile jufqu'a ce que fa crainte foit diiTipee (b). Sa tete eft triangulaire & aplatie ; le deflus eft couvert de grandes ecailles , dont deux font fituees au- dcfius des yeux , de mariiere a reprefenter quelquefois des paupieres fermees. Son petit mufeau arrondi prc- fente un contour gracieuxj les ouvertures des oreilles font aflez grandes 5 les deux machoires egales & garnies de larges ecailles; les dents fines, un peu crochues, &: tournees vers le gofier. II a a chaque pied cinq doigts delies , & garnis d'ongles recourbes , qui lui fervent a grimper aifement fur les arbres & a courir avcc agilite le long des murs; 6c ce qui ajoute a la vitede avec laquelle il s'clance ,. meme en montant , c'eft que les pattes de demure , ainli que dans tous les Iczards , font un peu plus Ion- p,ues que celles de devant. Le long de Tintericur des cuifl'es j regne un petit cordon de tubercules , fembla- -'eft princip^lement d >ns les pays chauds qu- le L'zard Gris eft = , & (jii'il execute les divers mouveruens que nous vcnons de dccrire. DES QUA DRUPE DES O V I P A R E S '. bles , par Icur forme, a ccux que nous avons rcmar- ques fur 1'Iguane : le nombre de ccs pclites eminences varie, & on en compte quelquefois plus de vingt. Tout eft dJlicat cc doux a la vue , dans ce petit lezard. La couleur grife que prcfente le defTus de ion corps , eft vaiiee par un grand nombre de taches blan- chatres , eft par trois bandes prefque noires , qui par- courent la longueur du dos ; celle du milieu eft plus etroite que les deux autrc;. Son ventre eft peint de vert , changeant en bleu ; il n'eft aucune de fes ecailles dont le reflet ne foit agreable ; & pour ajouter a cette fimple , mais riante parure , le deffbus du cou eft garni d'un collier compofe d'ecailles , ordi- nairement au nombre de fept , un pen plus grandes que les voifines , &. qui reunifTent 1'eclat & la cou leur de Tor. Au refte , dans ce lezard comme dans tous les autres , les teintes & la diftribution des cou- leurs font fujcltcs a varier fuivant 1'age , le fexe fragiles , & fe« leparent ailcment les unes des autres: aufTi voit-on trcs-fouvent dcsc< queues dc toutes fortes de longueurs a des lezards , qui font d'aillctirse^ de mcme taille. Au refte , M. Marchand nous apprend qu'ayant vuuluct ctre tc'moin de cette production, 1'expcricnce ne lui a pas reuili, fansc« qail ait pu decouvrir a quoi il en tenoit. Suivant lui , cette nouvelletc queue eft une efpcce de tendon, & n'cft point formee par des ver-«* tcbrescartilagineufes, comme la vieille. >? Nouvelks obferyations mlcrof- copiques j par M. Netdharn , page 141, HISTOIRE NATURELLE quefois par trois queues plus ou moins parfaites, dont une feule renferme des vertebres; les autres ne con- tiennent qu'un tendon (e). Le tabac en poudre eft prefque toujours mortel pour le lezard Gris : fi Ton en met dans fa bouche, il tombe en convulfion & le plus fouvent il meurt bientot apres. Utile autant qu'agreable , il fe nourrit de inouches , de gallons, de fauterelles , de vers de de terre , de prefque tous les infedes qui detruifent nos fruits & nos grains; aulTi feroit-il tres-avantageux que Tefpcce en fiit plus multipliec ; a mefure que le nombre des lezards Gris s'accroitroit , nous verrions diminuer les ennemis de nos jardins ; ce feroit alors qu'on auroit raifon de les regarder, ainfi que certains Indiens les confiderent , comme des animaux d'heu- reux augure , & comme des fignes aflures d'une bonne fortune. Pour faifir les infedes dont ils fe nourriflent , les lezards Gris dardent avec vitefle une langue rougea- tre , aflez large, fourchue, & garnie de petites afpc- ritcs a pcinc fenfibles , mais qui fuffifent pour les aider a retenir leur proie ailee (f). Comme les autres (e) Continuation de la mdtilrc mtdicalc de Geoff roi j tome 12., pages 78 &fuiv. Memoire de M. Marchand , dans ceux de I' Academic des .'nces j an ne'e 1728. (/) Needham, observations microfiopiques. Quadrupedes Z>ES QuADRUPXDES O ,'r I P A R £ S '. Quadrupedes ovipares , ils peuvent vivre beaucoup de terns fans manger , & on en a garde , pendant fix mois, dans une bouteille, fans leur donncr aucune nourriture , mais aufli fans leur voir rendre aucun excrement (g). Plus il fait chaud, &. plus les mouvemens du lezard Gris font rapides : a peine les premiers beaux jours du pi-interns viennent-ils rechaufler I'atmofphere , que le lezatd Gris fortant de la torpeur profonde que le grand froid lui fait eprouver , & renaitfant , pour ainfi dire , a la vie avec les zephirs &. les fleurs , reprend fon agilite & recommence fes efpeces de joutes , aux- quelles il allie des jeux amoureux. Des la fin d'Avril, il cherche fa femelle : ils s'unirTent enfemble par des embraflemens fi etroits qu'on a peine a les diflinguer 1'un de 1'autre ; 6c s'il faut juger de 1'amour par la vivacite de fon expreflion , le lezard Gris doit etre un des plus ardens des Quadrupedes ovipares. La femelle ne couve pas fes oeufs qui font pref- que ronds , & n'ont pas quelquefois plus de cinq Jignes de diametre. Mais comme ils font pondus dans le terns ou la temperature commence a etre tres-douce, ils eclofent par la feule chaleur de Tatmofphere , avec d'autant plus de facilitc, que la femelle a le foin de ( g] Sib a , vol. a t page 84. Ovipares f Tome L Q q 306 HISTOIRE NATVRELLB les depofer dans les abris les plus chauds , & , par exemple , au pied d'une muraille tournee vers le midi. Avant de fe livrer a 1'amour , & de chercher fa femelle , le lezard Gris fe dcpouille comme les autres lezards; ce n'eft que revetu d'une parure plus agreable, & d'une force nouvelle , qu'il va fatisfaire les defirs, que lui infpire le printems. II fe depouille aufli lorf- que 1'hiver arrive ; il pafle triftement cette faifon du froid , dans des trous d'arbres ou de muraille , ou dans quelques creux fous terre : il y eprouve un engourdif- fement plus ou moins grand , fuivant le climat qu'il habite & la rigueur de la faifon ; & il ne quitte com- muncment cette retraite que lorfque le printems ramene la chaleur. Get animal ne conferve cependant pas toujours la douceur de fes habitudes. M. Edwards rapporte, dans fon Hiftoire naturelle, qu'il furprit un jour un lezard Gris attaquant un petit oifeau qui re- chaufTbit dans fon nid des petits nouvellement eclos C'etoit centre un mur que le nid etoit place. L'ap- proche de M. Edwards fit eerier 1'efpece de combat que 1'oifeau foutenoit pour defendre fa jeune famille ; 1'oifeau s'envola ; le lezard fe laifla tomber 5 il auroit peut-etre, dit M. Edwards, devore les petits, s'il avoit pu les tirer de leur nid (h). Mais ne nous preflbns ( 'i ) Glanures d'Hif!. nat. f par George Edwards , Chap, xy* DES QVADRVPEDES OVIPARE5. 307 pas cTattribuer une mechancete qui peut n'etre qu'un defaut individuel , & ne dependre que de circonftances paflageres , a une efpece foible que Ton a reconnue pour innocente &. douce. On a fait ufage des lezards Gris en Mcdecine ; on les a employes aux environs de Madrid , dans des ma ladies graves (i) : la Societe royale a regu des individus de 1'efpece dont fe fervent les Medecins Efpagnols; ils ont ete examines par MM. d'Aubenton & Mauduit (k) , & un de ces lezards a ete depofe au Cabinet du Roi : il ne difTere , du lezard Gris de nos Provinces, que par des nuances de couleur tres - legeres , & qui font la fuite prefque neceflaire de la diverfite des climats de la France & de I'Efpagne. II paroit qu'on doit regarder comme une varidte du lezard Gris, un petit lezard tres-agile, &. qui lui reffemble par la conformation generate du corps , par celle de la queue , par des ecailles difpofees fous la gorge en forme de collier , & par des tubercules pla ces fur la face interieure des cuifles. M. Pallas 1'a ( i ) On «i vante les proprictcs des Iczards Gris, princij alement cen tre les maladies de la pe.ui, les cancers, les maux qui demandent cjue le fang foit epure , &c. Voycz, b ce fujet , les avis & inftructions publics par la Societe royale de Medecine de Paris. ( k ) Htfloire de la Scde'tt royale dc Medicine t pour les anm'cs 1780 & 1781. 308 HlSTOIRE N^TVRELIE appelle lezard reloce dans le fupplement latin dn Voyage qu'il a public en langue Ruffe. Ce petit lezard eft d'une couleur cendree , rayee longitudinalement femee de points roux fur le dos , & bleuatres fur Jes cotes , ou Ton voit aufli des taches noires. On le ren contre parmi les pierres, aupres du lac d'Ind'erskoi & dans les lieux les plus deferts & les plus chauds; il s'elance, fuivant M. Pallas, avec la rapidite d'une fleche. \\ ',/,/ ' • \.\. LEZAH.D \ 1'. R 1 / DBS QffJDRVP^DES OriPJRES. 309 LE LEZARD VERT («). NATURE, en formant le lezard Vert, paroit avoir fuivi les memes proportions que pour le lezard Gris 5 mais elle a travaillc d'apres un module plus (a) Sotupof Xf lizard Gris ; il fe defend centre Jes chiens qui 1'atta- quent. L'habitude de faifir par 1'endroit le plus fenfi- ble, &. par conlequent par les narines , les diverfes efpeces de ferpens avec lefquelles il eft fouvent en guerre, fait qu'il fe jette au mufeau des chiens; & il les y mord avec tant d'obflination , qu'il fe laitfe emporter & meme tuer plutot que de deiferrer les dents; mais il paroit qu'il ne faut point le regarder comme venimeux , au moins dans les pays temperes, & qu'on lui a attribue fauflement des morfures mor- telles ou dangereufes (e). ( e ) a Un Iczard Vert ( le lezard dont parlc ici M. Laurent! , & qu'il a diftinguc par le nom latin de Seps. varius , n'cft qu'une variete du lezard Vert) u faiiit un petit oilcan auprcs de la gorge , & non-feu- u lenient 1'y blefla, mais meme fcillit a letouffer j Toifeau gucrit de lui- »memc, & le lendemain chanta comme a 1'ordinaire. wLc meme animal mordit un pigeon avec beaucoup de colcre •, le «fang coula de chacunc des petites bleiliires que firent les dents du ulczardj cependant le pigeon n'en mourut pas, quoiqu'il pariit fouflrir n pendant quelques hcures. »> Le lendemain , il mordit le meme pigeon a la cui^e, emporta la »peau, & fit une bleflure affez grande ; la plaie fut gucrie & la peau >3 revenue au bout de peu de jours. "J'enlevai la peau de la cuiile d'un chien & d'un chat, je les fis nmordre par Je meme Jczard a 1 endroit decouvert j J'animal fit penctrcr. DES Qu JlT>RV PDXS OT1P AP.J 3 I J Ses habitudes font d'ailleurs afl'ez femblabies a celles du lezard Gris ; & fes oeufs font ordinairement plus gro3 que ceux de ce dernier. Les Africains fe nourrirTent de la chair des lezards Verts (f) ; mais ce n'eft pas feulement dans Ies pays chauds des deux Continens qu'on trouve ces lezards; ils habitent aufii Ies contrees tres-temperees , & meme un peu feptentrionales , quoiqu'ils y foient moins nom- breux & moins grands (g) . Ils ne font point etrangers aux parties mcridionales de la Suede (h) , non plus qu'au Kamfchatka , ou malgre leur beaute , un pre- fon ecume dans la bleffure •, le chien & le chat s'effor^oient de s'echap- Extrait des experiences faites , en Autricht , au rnois d'Aoutfpar frL Lau.retitit fpedmenmedicum. Vienna* 1768. (f) Gefner, d* Quad; up. ovip. , page 37. (g) Ray , d I'endroit dljd citt. ( h ) M. Linnf. Rr ij HlSTOIRE NslTURELLF. juge fuperftitieux fait qu'ils infpirent 1'effroi. Lcs Kamfchadales les regardent comme dcs envoyes des puiflances infernales; aufli s'empreflent-ils, lorfqu'ils en rencontrent, de les couper par morceaux (i) ; & s'il les laiflent echapper , ils redoutent fi fort le pouvoir des divinite's dont ils les regardent commc les repa- fentans, qu'a chaque inftant ils croient qu'ils vont mourir, & meurent meme quelquefois , difent quel- ques Voyageurs, a force de le craindre. On trouve , aux environs de Paris, une variete du lezard Vert , diftinguee par une bande qui regne depuis le fommet de la tete jufqu'a 1'extremite de la queue, & qui s'ttend un peu au-derTus des pattes, fur-tout de celles de derriere. Cette bande eft d'un gris fauve, tachetee d'un brun fonce, parfemee de points jauna- tres, & bordee d'une petite ligne blanchatre. Nous avons examine deux individus vivans de cette variete; ils paroiflbient jeunes, & cependant ils etoient deja de la taille des lezards Gris qui ont atteint prefque tout leur developpement. En Italic on a donne , an lezard Vert , le nom de Jlellion , que 1'on a auffi attribue a la falamandre terreftre , ainii qu'a d'autres lezards. C'eft a caufe des taches de couleurs plus ou moins vives, dont eft par- (0 Trcifimc Voyage du Cnpitainc Cook ± traduit de l'AnShis. Paris, 1781, pagt DES QUADRVPEDES OV I P ARES. J I 7 feme le defliis du corps de ces animaux , & qui les font paroitre comme etoiles , qu'on leur a tranfportu un nom que nous refervons uniquement avec M. Linne & le plus grand nombre des Naturaliftes , a un lezard d'Afrique, tres-difTerent du lezard Vert, & qui a tou- jours etc appelle jhllion (k) . Nous plains ici la notice d'un lezard (1) que Ton rencontre en Amerique , &. qui a quelques rapports avcc le lezard Vert. Catelby en a parle fous le nom de lezard Vert de la Caroline ; Rochefort & apres lui , Ray 1'ont defigne par celui de gobe-mouche. Ce joli petit animal n'a guere que cinq pouces de long (m) ; quelques individus meme de cette efpece , & les femelles fur - tout , n'ont que la longueur & la grof- ( k ) On trouve , dans la defcription du mufocum de Kircker , une notice & une figure relatives * un lezard pris dans un bois des Alpes , & appelle fellion d' Italic > qui nous paroit etre une varietc du lezard Vert. Re rum natu.raliu.ni Hiftoria , exifantium in muf&Q Kirkeriano , Rome, ijj 3 , page 40. Stellion d'ltalie. ( / ) Oulla ouna , par les Caraibes* Rochefort, Hiftoire des Antilles. Gobe-mouche. Ray , Synopfis Quadrupedum , page 2.69. Catefiy , Uifloire naturclU de la Caroline , vol. i> page 6$. Lacertus viridis Carolinenlis. Voyez , dans le Diftionuaire de M. de Bomare , 1'article du lezard gobr-mouche. ( /7z ) Catfiy , a I'endroit de'ja cite'. HlSTOlRE N^TUREIIS feur du doigt ; mais s'il eft iufericur , par fa taille , a notre lezard Vert, il ne lui cede pas en beaute. La plupart de ces gobes-mouches font d'un vert tres-vif ; il y en a qui paroi/Tent eclatansd'or & d'argent: d'autres font d'un vert dore , ou peints de diverfes couleurs auffi brillantes qu'agreables. Ils deviennent trts - utiles en delivrant les habitations des mouches, des ravets & des autres infedes nuinbles. Ricn n'approche de 1'induf- trie, de la dexterite, de 1'agilite avec lefquelles ils les cherchent , les pourfuivent & les faififfent. Aucun animal n'eft plus patient que ces charmans petite lezards : ils demeurent quelquefois immobiles pendant une demi- journe"e , en attendant leur proie ; des qu'ils la voient, ils s'elancent comme un trait , du haut des arbres , ou il fe plaifent a grimper. Les ceufs qu'ils pondent font de la grofleur d'un pois ; ils les couvrent d'un peu de terre, & la chaleur du foleil les fait eclore. Ils font fi familiers , qu'ils entrent hardiment dans les appar- temens ; ils courent meme par-tout fi librement , & font fi peu craintifs , qu'ils montent fur les tables pen dant les repas; & s'ils appercoivent quelque infede, ils fautent fur lui, & patient pour 1'atteindre jufque fur les habits des convives ; mais ils font fi propres & fi jolis, qu'on les voit fans peine traverfer les plats & toucher les mets (nj. Rien ne manque done au lezard (n) JRay, d L'endroit dtjd DES Qu ADRU P ED ES OV I P ARE S. 3 I gobe-mouche pour plaire ; parure , beaute , agilite , utilite, patience, induftrie, il a tout regu pour char mer 1'ceil & interefler en fa faveur. Mais il eft aufli delicat que richement colore j il ne fe montre que pen dant 1'ete aux latitudes un peu elevees, on ne doit pas croire le tiliguerta de la meme efpece >3 que I'amtiva, il Ton confidere le nombre des bandes ecaillcufes qui jjgarniffent le ventre de ce dernier lezard , ainfi que celuidti tilignerta.Le jj nombre de ces bandes n'eft pas en effet le meme dans ces deux animaux. uLe tiliguerta reffemble done beaucoup i 1'ameiva, ainfi qu'ati lezard »Vert, quoiqu'il ne foit ni Tun ni 1'autre : c'eft une efpece particulicre >jdont il convient d'augmenter la lifte des lezards, & qu'il faut placer uparmi ceux que M. Linn^ a dclignes par le caradere d'avoir la queue >j vertidltie ( cjuda verticillata }. »?Le tiliguerta eft aufli innocent que le lezard Vert;, il habite parmi >sles gazons, ainii que fur les murailles que Ton trouve dans la cam- ») pjgne .... II eft tres-commun en Sardaigne ; & il y eft meme en beaucoup plus grand nombre que le lezard Vert en Italic. j» Extrait de. I'Hifloire naturelle des amphibies & des poiffbns de la Sardaigne } par M.Francois Cad. Saffhri, 2777 , page 1$. II eft important d'obfervcr que la longueur de la queue des lezards , fa forme etagee on verticillee, ainfi que le nombre des bandes ecail- leufes qui recouvrent le ventre de ces animaux , font des caradcres variables ou ians precifion •, nous en fommes convaincus par I'infpedion d un grand nombre d'individus de pluficurs efpece s ; aufli n'avons-nous pas cru devoir les employer pour diftinguerles divilions des lezards Tune DES QUA DRUPE DES ov IP ARES. 323 Vert , s'il a , au-deflbus du cou , une efpece de demi- collier compofe de grandes ecailles , ou comme une variete de 1'ameiva , s'il n'a point ce demi-collier. d'avec 1'autre-, nous ne nous en fommcs fervis pour la diftin&ion des cfpeces, que lorfqu'ils ont indique des differences trcs-conlUerables ', & d'ailleurs nous n'avons jamais affigne a la rigueur telle ou telle propor tion , ni tel ou tel nombre pour une marque conftante d'une divcriite d'efpece , & nous avons determine au contraire rigoureufernent & avec precifion , h forme & 1'arrangement des ecailles de la queue. o y • h 1 i 324 HISTOIRB NATURELIE ==^~:> COPxDYLE (*). ONTROUVE en Afrique & en Afie,un lezard auquei M. Linne a applique cxclufivement le nom de Cordyle, qui lui a etc donn£ par quelques Voyageurs, mais dont on s'eft auffi iervi pour defigner la dragonne, ainfi que nous 1'avons dit. II paroit qu'il habite quelquefois dans 1 Europe meridionale, 6c Ray dit 1'a voir rencontre aupres de Montpellier (b). Nous allons le decrire, d'apr« les individus conferves an Cabinet du Roi. La tele eft tres-aplatie, elargie parderricre , & uian- gulaire ; de grandes ecailles en revetent le deflus & les cotes; les deux machoires font couvertes d'un double rang d'autres grandes ecailles, & armees de tres-petites dents egales, fortes & aigues. "™™1^^^™" " • —•—•«•• (a) Le Cordylc. M. JAubemon, Encyclopedic mtthod^uc. Lacerta Cordy.'us , 9. Linn. amph. rept. Cordylus , Groncvi. mu/aum z , page 7g , w 55< R^y, Synorfu Quadr.tpage tfj. Cordylus ku caudi-verbera, na longa fquamis carinatis mucronatis , Idem, I 323 HlSTOlRE N^TVRELLB 'AMEIVA (*). C'EST un dcs Quadrupedes ovipares dont 1'Hifloire a etc le plus obfcurcie : premierement, parce que ce nom ; Rochefort , Hifloire Antilles f tome t , page 300, Tt ij 332 HISTOIRE NATURE LIE des cigales. Comme ce nom tiAnolis ou & Anohs a ete donne a plufieurs fortes de lezards, & que Ray ni Rochefort n'ont point decrit de maniere a oter toute equivoque , ceux dont ils ont fait mention, nous in- vitons les Voyageurs a obferver ces animaux, fur 1'ef- pece defquels on ne peut encore rien dire. Nous devons ajouter feulement que Gronovius a decrit, fous le nom SArioiis , un lezard de Surinam , evidemment de la meme efpece que TAmeiva de Cayenne, dont nous venous de donner la defcription. L'Ameiva fe trouve non- feulement en Amerique, mais encore dans Tancien continent. J'ai vu un indi- vidu de cette efpece , qui avoit ete apporte des grandes Indes par M. le Cor , & dont la couleur etoit d'ua tres-beau vert plus ou moins mele de jaune. DES QuADRUPEDES OVIPARES. •} j > L E LION (*), V 01 ci L'EMBLEME de la force applique a la foi- blefle, mus. i , phmche 5 - , fig- 9 & P^nche gz , fg. 4, 2. , planche 5> , fg. $• Scps Lemnifcatus, 103. Laurenti Specimen mcdicum. 336 HISTOIRE Nous en avons compte ncuf fur Ics deux individus, qui font au Cabinet du Roi. Les pattes font mouche- u'cs de blanc. II paroit que ce lezard eft fujet a varier par le n ombre & la difpofition des raics qui ivgncnt le long du dos. M. d'Antic a eu la bonte de nous faire voir un petit Quadrupede ovipare , qui lui a etc envoye de Saint-Domingue , (Sc qui eft une variete du Galonne. Ce lezard eft d'une couleur tres-foncee. II a fur le dos onze raies d'un jaune blanchatre , qui fe reuniflent de maniere a n'en former que fept du cote de la tete , & dix vers I'origine de la queue y fur laquelle ces raies fe perdent infenfiblement. Ce font la les feules diffe rences qui le diftinguent du Galonne. Sa longueur totale eft de fix pouces, & celle de la queue de quatre pouces une ligne. QUATRIEME .-.' I,K C AM K I ,K ON . .//•.///./•///• ./• ///, & ./ ' '..• BBS vJDKUphDSS orr:'.t \~] QUATRIEME DIVISION. L E Z A RD S Qui ont cinq Joigts aux pieds dc devant y Jans ds tranfvcrfaks fous le corps. LE CAMELEON («). LE NOM du Cameleon eft fameux. On 1'emploie mctaphoriquement , depuis long-terns, pour dengner la vile ilatterie. Peu de gens favent cependant que le (a] \*[j.«.iMM , en grtc. Chamulco, en latin. Taitah ou Bnuiah, en Barbaric, fuivant M. Shaw. Camel I-on. M. d'Aubento;i, Encyclopedic mcthodique. Connidi Gcfhsri Hijloria* animalium , liber fecundus de Quadr. ovi Chamxleo. Ray , Synopfis Qnadr. , page 176. Chamxleo , the Chameleon. riti>Jot 4°V- Ci»Jiu.:L-i. , cf/z An^ois the largegrey Chameleon. acerta Cha:::.rleon , 2.0. Linn. amph. rept. Ovipares , Tome L V v ,0 HISTOIRE NATURELLE Camelcon eft un lezard ; cc moins de perfonnes encoi? connoiflent les traits qu'il prefente & Ics qualites qui le diftinguent. On a dit que le Camek'on chanecoit fou- it de forme ; qu'il n'avoit point de couleur en prop; qu'il prenoit celle de tous les objets dont il appro- choit; qu'il en etoit par-la une forte de miroir fidele ; qu'il ne fe nourriflbit que d'air. Les Anciens fe font plu a le repeter : ils ont cru voir, dans cet etre qui n'etoit pas le Cameleon , mais un animal fantaftique produit & embelli par 1'erreur > une image aflez ref- femblante de plufieurs de ceux qui frequentcnt les i-ours : ils s'en font fervi comme d'un objet de com- paraifon, pour peindre ces hommes bas & rampans, qui n'ayant jamais d'avisa eux, fachant fe plieratoutes les formes, embraffer toutes les opinions, ne fe rcpaiflent que de fiuncc ck de vains projets. Les Poctcs fur-tout fe Stba , 2. T^b. 8z , fg. i , a, /, 4*5, tab. 83 ,fig. 4 & 5. Chamilco rr.cxic.inus , 59. Chaaixlco Parilicnlium , 60. Cham.vleo zeylanicus t 6j. Chamxleo africanus , 62,. Chamzieo candidus, 6jv Chamzleo Bonz-fpei , 64. Laurenti fpedmen medicum^ Gron. mus. -z , page j6 , N.' 50. Chamarleon. Olear. mus. 9 , r. 8 , f. 3. Chamceleon. Bellon. itin. Livrc II, Chapitrc LX. Cham.Tfleon. Vdent. mus. Livre III , Chapitrc xxxi. Chamorlccn. Kircher. mus. 2.J$> t. zgj , f. 44. Chama-Icon. fonft. Quadr.-, t. 7$. 'Chamxleon. Aid. Quadr, 670. DES QVADKVPEDXS OVlPARES. 3]9 font empares de toutes les images founvcs par des rap ports qui, n'ayant rien de reel , pouvoient etre aifement etendus : ils ont pare des charmes d'.unc imagination vive , les diverfes comparaifons lirees d'un animal qu'ils ont regarde, comme faifant par crainte ce quc foil dit , qube taut de Courtifans font par gout. Ces images agreables ont ete copiecs , multipliees, animees par le°s beux genies des fiecles les plus eclaires. Aucun animal ne reunit , fans doute , les proprietes imaginaires auxquelles nous devons tant tfidees riantes. Mais une fidlion fpirituelle ne peut qu ajouter au charme des ouvrages oil font repandues ces peintures gracieufes. Le Cameleon des Poetes n'a point exifte pour la Nature ; mais il pourra exifter a jamais pour le genie & pour 1'imagination. Lorfque cependant nous aurons ecarte les qualites fabuleufes attributes au Cameleon , & lorfque nous 1'aurons peint tel qu'il eft, on devra le regarder encore comme un des animaux les plus intereiians aux yeux desNaturaliftes, par la fmguliere conformation de fes diverfes parties, par les habitudes remarquables qui en dependent, & mcme par des proprictcs, qui ne font pas tres-differentes de celles qu'on lui a fauflement attribuees 0n pent voir dins Pline , Livn XXV 'III , Chapitre XXIX , les vertus chimeriques qu; les Anciens attribuoient^u Canrelecn, Ou * Vv ij 34° On trouvedesCameleons deplufieurs tallies aflezdif- fc rentes les unes des autres. Lcs plus grands n'ont gucre plus de quatorze pouces de longueur totale. L'individu que nous avonsdccrit, & qui eft conferve avec beau- coup d'autres au Cabinet du Roi, a un pied deux ponces trois lignes, depuis le bout du mufeau jufqu'-r 1'extre- mite de la queue, dont la longueur eft de fept pouces. Celle des panes, y compris les doigts , eft de trois pouces. La tete aplatie pardeilus, 1'eft auffi par les cotes ; deux aretes elevees partcnt du mufeau , paflent prefque immediatement au-defTus des yeux, en fuivent a peu- pres la courbure, & vont fe reunir en pointe derriere la tete; elles y rencontrent une troifieme faillie qui part du fommet de la tete, & deux autres qui vien- nent des coins de la gueule 5 elles formcnt , toutes cinq enfemble,une forte de capuchon, ou, pour mieux dire , depyramide a cinq faces, dont la pointe eft tournee en arriere. Le con eft tres-court. Le deflbus de la tete & la gorge font comme gonfles , & reprefentent une efpece de poche , ma is moins grande de beaucoup que celle de 1'iguane. La peau du Cameleon eft parfemee de petites eminences comme le chagrin : elles font trcs-lifles , i — - . . __ trouvcra ai,ffi dins Gcfner, Livre II, tons Jcs contes ridicules qu'ils out publics an fuj/t decet animal. DES QUADRVPEDES OV1PARES. 34! plus marquees fur la tete , & environne-es de grains preique imperceptibles : un rang de petites pointes coniques rcgne en forme de dentelure fur les faillies de la tt-te , fur le dos , fur une partie de la queue & an - dcflbus du corps , depuis le mufeau jufqu'a 1'anus. Sur le bout du mufeau , qui eft un peu arrondi , fon! placces les narines qui doivent fervir beaucoup a la rcfpiraiion de 1'animal ; car il a fouvent la bouche fermce fi exaclement , qu'on a peine a diftinguer la reparation des deux levres. Le cerveau eft tres-pedt & n'a qu'une ligne ou deux de diamctre. La tete da Cameleon ne prefcnte aucune ouveriure particuliere pour les oreiilcs, 6c MM. de fAcademie des Sciences, qui diflequerent cet animal , crurent quil etoit prive de 1'organe de 1'ouie qu'ils n appergurent point dans ce l&ard (VJ , mais que M. Camper vient d'y decouvrir (d). C'eft une nouvelle preuve de la foiblefle de I'ou'ie dans les Quadrupedes ovipares , & vraifemblablement c'eft line "des caufes qui concourent a produire 1'efpece de ftupidite que Ton a attribute au Cameleon. Les deux machoires font compofees d'un os dentele (r) Memoirs pour firvir a ityolre naiurdk des animaux , article du Camtlton. ( d ) Note communique par M. Camper. 342 HlSTOIRE N^TURELLE qui tient lieu do ventables dents (e). Prefque tout eft particulier dans ,e Camion: les levres 2 feT dues merne au - delA des machoires , ou lour ouverture ^pro.ongcenbas:]esyeuxfontgros&tres-fai,,a & ce qui les diftingue de ceux des autres Quadru- pedes ceft qu'au lieu dune paupiere qui ^£ Jre levee & ba,(1ee a volonte, ils font reJvens par unc membrane chagrinee , attachec a I'oeil, & quiPen fuit tousles mouvemens. Cette membrane cit divif^e par unc fente horizontal , au travcrs de laquelleo,, apper- So.t une pruncllc vive, briilante & connne Lord 'e dc couleur dor. Les lezards, & tous les QuaclruPcdes ovipares en general , Ont les yeux tres-bons. Le fens de'la vue ami. que nous 1'avons dit , paroit etre le premier de tous dans ces animaux, de meme que dans les oifeauv Mais les Cameleons doivent jouir par excellence 3e cette vue exquife : n femble CIUe ,cur fenj de ^ ^ eit fi fin & f, delicat, que fans la membrane qui revet leurs yeux , ,1s feroient vivement oflenfes par la lu- miere^clatante qui brille dans les climats qu'ils habi- tent. Cette precaution qu'on diroit que la Nature a DF.S QVADRUPEDES OV I PARES. .; j prife pour cux , refiemble a celle dcs Lapons ? longue, quafi cTun cL-nn-'ied , ror.dc comme h langue d'un oif:-au, »>nomme pcivcit, IcmbLble a un ver dc terre-, & a 1'extrcmit : d'icelle »>ont un grosncc«d fpongieux , tenant comme glu , duqiicl ils attache! t »>Ies infedes favoir eft fauterelles f chenilles & mouches,£ l:s attirent »>en la gueule. Us poullent hors Icurs langues , les dardant de roidtur aufii vitemcnt ctu'une ai-balete on un arc fait le tuift, )) Belon , ob^er-? jns, \1\\ LL'.TC IIj Chapters xxxir. D F. S QUADRVPEDES GVI PARES. 345 & les reunit d'une manicre qui eft encore particuliere a ce lezard. Non-feulement ceitc peau attache les doigts les uns aux autrcs , mais ellc les cnvcloppe, &. en forme comme deux paquets, Tun de trois doigts , & 1'autre de deux : 6c il y a cette difference entre les pieds de dcvant &. ceux de derriere , que , dans les premiers , le paquet exterietir eft celui qui ne contient que deux doigts, tandis que c'eft I'oppofe dans les pieds de derriere (h). Nous avons vu a 1'article de la dragonne combien une membrane de moins entre les doigts , influoit fur les moeurs de ce lezard, &, en lui donnant la facilite de grimper fur les arbres , rendoit fes habitudes difFe- rcntes de cclles du crocodile , qui a les pieds palmes. Nous avons obferve en general , qu'un leger changemcnt dans la conformation des pieds devroit produire de tres- *randes diffemblances entre les moeurs des divers Qua- Jrupedes. Si Ton confidere, d'apres cela, les pieds du Cameleon reunis d'une maniere particuliere , recouverts par une continuation de la peau des jambes, & divifes en deux paquets , ou les doigts font rapproches 6c ( h) Quelques Auteurs ont ccrit qu'il y avoit des efpcces de Ca- meleon , dont les cinq doigts de cheque pied etoient fepaits les tins des autres •, ils auront ccrtainement pris pour des Cameleons d'autres Iczards, &, par exemple , des tapayes dont la tete refTemble en effet un pen a celle du Cameleon. Qvipares y Tome I. X x ^6 HlSTOIRE N^TVRELLE colics, pour ainfi dire, les uns centre les autres , on ne iera pas etonne de 1'extreme difference qu'il y a entre les habitudes naturelles du Cameleon &. celles de plufieurs lezards. Les pieds du Cameleon ne pouvant guere lui fenir de1 rame , ce n'eft pas dans 1'eau qu'il fe plait , mais les deux paquets de doigts alonges qu'ils prefentent font places de manic-re a pouvoir faifir aifement les branches fur lefquels il aime a fe percher : il peut empoigner ces rameaux , en tenant un paquet de doigts devant & 1'autre derriere, de meme que les pics, les concous, les perroquets, & d'autres oifeaux, faifiilent les branches qui les fou- tiennent , en mettant deux doigts devant & deux derriere. Ces deux paquets de doigts, places comme nous venons de le dire , ne fourniflent pas au Camelcon un point d'appui bien ftable lorfqu'il marche fur la terre : c'eft ce qui fait qu'il habite de preference fur les arbres , ou il a d'autant plus de facility a grimper & a fe tenir, que fa queue eft longue & douce d'une aflez grande force. 11 la replie , ainfi que les fapajousj il en entoure les petites branches , 6c s'en fert comme d'une cinquieme main pour s'empecher de tomber , ou pailer avec facilite d'un endroit a un autre (i). (i] " Les Lues qui font dcs jardinages aupres du Carre, font en »>tous licux couvertes de Camelcons, &. principalement le long dcs jjrivagca du Nil, en forte qu'en pen de terns news en vlmcs DES QVADRVPEDES OVIPARES. 347 Belon pretend que les Cameleons fe ticnncnt ainfi perches fur les haies pour echapper aux viperes & aux ceraftes qui les avalent tout entiers , lorfqu'ils peuvent les atteindre. Mais ils ne peuvent pas fe de- rober de meme a la mangoufte , & aux oifeaux de proie qui les recherchent. Voila done le Cameleon , que 1'on peut regarder comme 1'analogue du fapajou , dans les Quadrupedes ovipares. Mais fi fa conformation lui donne une ha bitation femblable a celle de ce leger animal , s'il pafle de meme fa vie au milieu des forets & fur les fommets des arbres , il n'en a ni 1'elegante agilite, ni 1'aclivite petulante. On ne le voit pas s'elancer comme un trait de branche en branche , & imiter , par la vitefle de fa courfe jquandoque cum calore colorena mutat , ut & ratione calidioris vcl frrgidioris neris, non vero fubjedti, ut quid.-.ni volunt. »» Wormi. mus. de pedeflrilus , Ccp. xxu,foi. ?i6. Cameleon, DES QVADRVPEDES OVI PARES. 353 Cameleon , nous paroifTent done les caufes des diverfes couleurs qu'il prefente, & qui ontete le fujet de tant de fables (q). II jouit , a un degre tres-eminent , du pouvoir d'en- tler les differentes parties de fon corps , de leur don- ner par-la un volume plus confiderable, & d'arrondir ainli celles qui feroient naturellement comprimees. C'eft par des mouvemens lents & irreguliers , 6c non point par des ofcillations rcgulieres & frequentes, que le Cameleon fe gonfle : il fe remplit d'air au point de doubler fon diametre : fon enflure s'etend jufques dans les pattes &. dans la queue : il demeure dans cet etat , quelquefois , pendant deux heures , fe defendant un peu de tems - en - terns , & fe renflant de nou- veau; mais fa dilatation eft toujours plus foudaine que fii comprefnon. Le Cameleon peut auffi demeurer trcs-long-tems defenfle : II paroit alors dan* un etat de maigreur fi confiderable , que Ton peut cornpter fes cotes, & que Ton diitingue les tendons de fes pattes & toutes les parlies de 1'epine du dos. C'eil du Cameleon , dans cet etat , que Ton a eu raifon de dire qu'il redembloit a une peau vivante (r) ; Mlmoires pour ftrvir a I'Hift, natunlk des animaux , art* du Caniilion , pages 4$ (S* fuiy. (r] TertullLn. Ovipares , Tome 7. Y y 354 i STOl RE NA TV RE LIE car en effet il paroit alors n'etre qu'un fac de peau , dans lequel quelques os feroient renfermcs ; page ( u } mm. pourfe.rvir a FHifl. oat. des antmaux , art. da CamMon. Yy ij HlSTOIRE N^4TURELLZ Get animal , ainfi que les autres lezards, pout vivre pres d'un an fans manger ; & c'eft vraiiemblable- mem ce qui a fait dire qu'il ne fe nourrifi'oit que d'air (v). Sa conformation ne lui permet pas de poufler de veritables cris, mais lorfqu'il eft fur le point d'etre furpris, il ouvre la gueule , 6c fifile comme pluiieurs :autres Quadrupcdes ovipares & les ferpen^. Le Camclcon fe retire dans des trous de rochers on d'autres abris , ou il fe tient cache pendant I'liiver, au moins dans les pays un pen tempercs, ck ou il y a -apparence qu'il s'engourdit. Ce fait etoit connu d'Arif- tote & de -Pline, La ponte de cet animal eft de neuf a douze oeuf nous en avons compte dix dans le vcntre d'une femelle •envoyce du Mexique au Cabinet du Roi : ils font ovales, revetus d'une membrane molalle comme ceux d tortues marines, des iguanes, article du DE S QVADRVPEDES Oy I PA RES. 3 On irouve le Cameleon dans tous les climate chauds, tant de 1'ancien que du nouvcau Continent , au Mexi- que, en Afrique ( y) , au Cap de Eonne-efperance , dans 1'ifle de Ceylan, dans celle d'Amboine, &c. La deftinee de cet animal parent avoir etc d'interefler de toutes les manieres, Objet , dans les pays anciennement polices, de conies ridicules, de fables agreables, de fuperftitions abfurdes & burlefques,il jouit de bcaucoup de veneration fur le bord du Senegal &. de la Gamble. La religion des Negres du Cap de Monte, leur d-Jfend de tuer les Camel.ons, & les oblige a les fecourir, Jorfque ces petits animaux tremblans le lung des ro- chers, dont ils clierchcnt 11 defcendre , s'attachent avec peine par leurs ongles , fe retienncnt avcc lour queue, & s'epuifent , pour ainfi dire , en vains efibrts : mais quand ces animaux font morts, ces mernes Ncgres font fecher leur chair ck la mangent. «i Ccux c]iii ont 1'ccil bon , decouvrent des taitah , Bouiak 'oil Camclcons fur toutcs les baLjs. La bngue du Caaieleon cPcu luiigue de quatre p.a:ccs , el!e a la figure d'un pilon •, cet anin la l.ncc av.'C une rapiditc fu; ite, Ittr LJS nvuchcs cu an; anfeCo's cju'i! y accroclie avcc ur.e efpece dc glu tjiii fort i point <« homuni du bout de L\ lun^mr. L-:s Maures & les Ar.bes , aj: •en avoir Itchc l.i pcau , la portent ?.i; con, dr.us la ; . c.:;L-<« .Tinn'ttte, les g.irdntit contiv . iences da- ^.- 1 malin. w Vaycngt ii.j Shin' , djns plufieurs ¥.•• •• dd la Barbaric & du Lcyjut , d •la Haye, 1743 , voluiTie i t j;n^ 31.3. 358 HISTOIRE NATVRELLE II y a , au Cabinet du Roi , deux Cameleons , 1'un du Senegal , & 1'autre du Cap de Bonne -efperance, qui n'ont pas fur le derriere de la tete cette elevation triangulaire , cette forte de cafque , qui diftingue non- feulement les Cameleons d'Egypte & des grandes Indes , mais encore ceux du Mexique : les Game-Icons different auffi quelquefois les uns des autres, par le plus ou le moins de prolongation de la petite dentelure qui s'e- tend le long du dos & du defibus du corps; on a d'apres cela voulu feparer les uns des autres, comme autant d'efpeces diftinctes, les cameleons d'Egypte, ceux d'A- rabie, ceux du Mexique (^) , ceux de Ceylan , ceux du Cap de Bonne - efperance , &c. ; mais ces legcres differences, qui ne changent rien aux caradleres d'apres lefquels il eft aife de reconnoitre les Cameleons, non plus qu'a leurs habitudes , ne doivent pas nous empe- cher de regarder 1'efpece du Cameleon comme la meme dans les diverfes contrees qu'il frequente , quoiqu'elle foit quelquefois un peu alteree par ^influence du climat , ou par d'autres circonftances , & qu'elle fe montre avec quelque variete dans fa forme ou dans fa gran deur , fuivant 1'age 6c le fexe des individus. M. Parfons a donne dans les Tranfaclions philofo- phiques la figure & la defcription d'un Cameleon qui ( { ) Voyei Bdon , & Jo. Faber Lynceus f dans fon expoftion des animaux de la nouvdlc Efpagne, DES QUADRVPEVES OV1PARES. 359 avoit ete apporte a un de fcs amis , parmi d'autrcs objets d'Hiitoire naturelle, & dont il ignoroit le pays natal (a). Get animal ne differoit , d'une maniere re- marquable , des autres Cameleons , tant de 1'ancien que du nouveau monde , que par la forme du cafque que nous avons dccrit. Cette partie faillante ne s'etendoit pas feulement fur le derriere de la tete dans le Cameleon de M. Parfons ; mais elle fe divifoit pardevant en deux protuberances crenelees qui s'elevoient obliquement & s'avancoient jufquau - deffus des narines. Ce ne fera quapres de nouvelles obfervations fur des individus femblables, que Ton pourra determiner fi le Cameleon tres-bien decrit par M. Parfons, appartenoit a une race conftante ou ne formoit qu une variete individuelle. (a) Tranfaclions philofophiques , annte 1768, tome $8 , page HISTOIRE NATVRELLX L A Q UEUE-B LE UE (*). LA QUEUE-BLEUE habite principalement la Ca roline. Ce lezard fe retire fouvent dans les creux des arbres. II n'a qu'environ fix pouces de longueur. II eft brun ; fon dos prefente cinq raies jaunatres & Ion- gitudinales; & ce qui fert fur-tout a le diftinguer, c'eft la couleur bleue de fa queue menue & commune- ment plus longue que le corps. Cateiby dit que plu- fieurs habitans de la Caroline pretendent qu'il eft ve* nimeux : mais il aflure n'avpir ete temoin d'aucun fait Ray , Synopfis pap 167. Qvipaies , loms 1. Zz N^fVRSZZff L' A Z U R E JL' AZURE fe trouve en Afrique ; fes ecailles poin- tues le font paroitre heriffe de petits piquans : un ca- raclere d'apres lequel il eft aife de le reconnoitre , & qui lui a fait donner le nom qu'il porte , eft la cou- leur bleue dont le defTus de fon corps eft peint , & qui forme une efpece de manteau azure. Sa queue eft courte. ( a ) L'Azure. M. tf Aubemon , Encyclopedic mtthodique. Lacerta afurea , 22.. Linn. amph. rept. Siba , THUS, 2, > tab. 6%. , fg. 6. DBS Qv^DRVPEDES Ol'IPAXBS. •> ==» L E G R I S O N (*). _LL EST /USE de diftinguer ce lezard,qui fe trouve dans les contrees Orientales, par des verrues qui font diftribuees , fans aucun ordre , fur fon corps ; par fa couleur grife tachetee de rouffatre , fa courfe eft tres-rapide. , 367 L' A L G I R E IL N'EST sou VENT que de la loiigucur du doigt ; les ecaiiles du dos relevees en carene , le font paroiU'c un pen ht'rirTe. Sa queue diminue de grolleur jufqu'c\ 1'extremite qui fe termine en pointe. II eft jaune ibus le corps, & d'une couleur plus fombrc fur le dos, le long duquel s'etendent quatre raics jauncs. 11 n'a point fous le vcntre de bandes tranfverfales. L'efpece de 1'Algire n'eft pas rcduite a fes petites dimenfions, par defaut de chalcur , puifquc c'eft dans la Mauritanie 6^ dans la Barbaric qu'il habite. C'cft de ces contrccs de 1'Afrique qu'il fut envoye pat M. Brander a M. Linne qui 1'a fait connoitre ; & Ton ne peut pas dire que les cotes feptentrionalcs de 1'A- frique c'tant plus cchaiifices qu'humides , 1'ardente Icchc- reife des contrees ou 1'on trouve 1'Algire, influe fur foil volume , & qu'il n'a une tres-petite taillc , que parce qu'il manque de cette humidite fi neceflaire a plu- fieurs Quadruples ovipares , puifque Ton conferve an (a) L'AIgire. M. JAubsnton, Encyclopedic mfthodigufi Lacerta Algira , i$. Linn, amph, rept. 360 HISTOIRE NATURELLE Cabinet du Roi un Algire entierement femblable aux lezards de fon efpece , & qui cependant a ete envoye de la Louifiane , ou riuimidite eft aulli grande que la chaleur eft vive. M. Shaw a ccrit que Ton trouve tres-frequemment en Barbaric fur les haies ck dans les grands chemins, un lezard nomine ^ennoumech ,- il n'indique point la grandeur de cet animal • il dit feulement que fa queue eft longue i qui a quatre raies blanches fur le dos , mais dont la queue cendree par-deflus & blanchatre a l\-\tremite, eft par^deflbus d'un rouge d'ecarlate. /', Voyage de M. Shaw , dans plufiturs Provinces dc la Barbaric £• du L:vant , a la tiaye ^ 1743 j vol. i j page 32,4. (c} Supplement an Voyage dz M. Pallas. LE STELLION, DES QUADRUPEDES OVIPARES. LE STELLION QUEUE de ce lezard eft commimcmcnt aflez courte,& diminue de grofleur jufqu'a 1'extremite. Les ecailles , qui la couvrent , font aigues & diipolees par anneaux. D'autres ecailles petitcs & pointues revetent le defius t- no. Coffordilos. Stba , inns a , tab. B f fig. 6 & 7. Cordylus Stellio , 80. Laurentijpecimen medicum. Ovipares , Tome I. A a a -O HlST 01 RE NATVnjlLLE naii\ it la vue. II prefcnte le plus fouvent un doux n- de blanc, de noir, de gru & quelquefois de vert, dont il eft comme marbrJ. II habite 1'Afrique , & il n'y eft pas confine dans K .ions le* plus chaudes , puifqu'il eft c'galcmcnt au Cap de Bonne-efperance ) L'indiviJu, que nous avons decrit, a etc .ipportd d'Eg/pte, an Cabinet du Rci. (r) et I! y a ur.j m-nicre de lezards noirs , nommes Stellioni , quad »>aufii- gros qu'cft une petite belctte , lc;ir vcntre fort cnflc & la tete grofle, defqucls le pays de Judce & de Syrie eft bic-n garni. »? Bflon, obfervations, &c. Edit, d: Paris t 2554, tivre II t Chap. LXXIX t page i Hifloin ncturelk des amphibies & des poijfons de la Sardaigne. SaJJliri, 2777 , page DBS QUADRUPLDES O V I PA 3 E .?. 3^1 bre. On en trouve beaucoup autour dcs pyramides & des ancicns tombeaux qui iubfificnt encore fur 1'antiquc terre d'E^pte. Us s'y logent dans les inter- valles qae laiflent les difierens lits de pierres , & ils s'y nourriflent de m ouches &L d'i; ss ailcs. On diroit que ces pyramides , ces (kernels mo- numens de la putfance & de la vanit* humai-ncs, out ete deilinees a prefenter des objets extraordinaires en plus d'un genre; c'eft en efTet dans ces vaftes mau- iblees qu'on va recueillir avec foin les excremens du petit lezard dont nous traitons dans cet article. Les Anciens qui en faifoieut ufage , ainfi que les Orientaux modernes, letir donnoient le nom de crocodilea (e) , apparemment parce qu'ils penfoient qu'ils venoient du crocodile (f) ; 6V peut-etre ces excremens n'au- roient-ils pas ete auffi recherche s , fi Ton avoit fu que 1'animal qui les produit n'etoit ni le plus grand ni le plus petit des lezards, tant il eft vrai que les extremes en impofent prefque toujours a ceux dont les regards ne peuvent pas embrailer la chaine enliere des objets. Les modernes, mieux inftruits, ont rapporte ces (e] " Nous trouvions aufli des Stellions , defquels les Arabes r?- cueillent les excremens, qu'ils portent vendre an Caire, nommcs en« grec crocodilea. De-li , les Marchands nous les apportent vendre. J> Btlon, Livre II, Chap. LXVIII, page zja. Stereos fucatus crocodili. Horace. A a a i). ^ HlSTOIRE N^TURELLE excremens au Stellion, a un lezard qui n'a rien de tres-remarquable ; mais deja le fort de cette matiere abjede etoit decide; & fa valeur vraie on faulle etoit etablie. Les Turcs en ont fait une grande confomma- tion , ils s'en fardoient le ^'ifage ; & il faut que les Stellions aient etc bien nombreux en Egypte, puifquc, pendant long-terns, on trouvoit prefque par-tout, & en tres-grande abondance , cette matiere que Ton noni- wo'rtjlercus lacerti , ainfi que crocodilea* LK SCINQUE ./r,,,,././,/ ./, /»<>//,/ ,/,- //,/////, . . /./ /•!, in'ii .'. »// DES QUADRVPEDES GflPARES. 373 LE SCINQUE (*). CE LIZARD eft fameux, depuis long-terns, par la vertu remarquable qu'on lui a attribute. On a pre- tendu que pris interieurement , il pouvoit ranimer des forces eteintes , & rallumer les feux de 1'amour mal- gre les glaces de 1'age &. les fuites funeftes des exces* Aufli lui a-t-on declare en plufieurs endroits, & lui fait-on encore une guerre cruelle. Les payfans d'Egypte prennent un grand nombre de Scinques, qu'ils portent ( a} ffxiyxof on r/^yx > en grec. Scincus , en latin. Ray , Synopfis anirnalium, page 171. Scincus. Lc Scinque. M. tfAubenton , Encyclopedic mtihodique. Laccrta Scincus, 2.2,. Linn, amphib. rept. Gron. mus. I , fol 76 , N.° 4,9. Scincus. Seb. mus. z > fcl in, tab. to$>fig. 3. Jmperat. nat. , QO€. Lacerta Lybu. Olear. mus. $ , tab. 8 , fig. i . Aldr. ovip., Livre I, Chap. xn. Lacertiis cxprius Scincoidej. Haffelq. Itin. 303 , N.° $8. Scincus officinalis , 87. Laurcnti fpccimcn medicum. 374 HISTOIRE NATUREZLE an Caire & a Alexandrie , d'ou on les ivpand dans difFerentes contrees de 1'Aiie. Lorfqu'ils viennent d'etre tues , on en tire une forte de jus dont on fe leu dans les maladies ; & , quand ils out etc deflcchcs , on les reduit en poudre qu'on emploie dans les memcs vues que les lues de leur chair. Ce n'ell pas feulement en Afie , mais meme en Europe qu'on a eu recours a ces moyens defavoues par la Nature, de fuppleer par des apparences trompeufes, a des forces qu'elle refufe, de hater le deperiflement plutot que de le retarder, & de remplacer par des jouiilances vaines, des plai- firs qui ne valent que par un fentiment que tous les fecours d'un art menfonger ne peuvent faire naitre (b). II n'elt pas furprenant que ceux qui n'ont vu le Scinque que de loin & qui 1'ont apper^u fur le bord des eaux, 1'aient pris pour un poilTon; il en a un peu 1'apparence par fa tete qui femble tenir immediate- ment au corps, & par fes ecailles allez grandes , lilTes, d'une forme femblable tant au-deflus qu'au - deflbus du corps, 6c qui fe recouvrent comme les ardoiles fur les toits. La machoire de dellus eft plus avancee que Haffelquift dit que Ton apporte les Scinques de 1'Egypte fuperieure & de 1' Arabic ^ Alexatxlrie, d'oii on les envoie ^ Venife &: ^ Marfeille, & de-Ii dans les diiferens endroits de rEurope. Voyage en Pakftine , page 361 . DZS QujtDRVPEDES OV1PARES. celle de deilbus : la queue eft courte & comprimce par le bout. La couleur du Scinque ell d'un roux plus on moins foncc , blanchatre ibus le coqas , & traverse fur le dos par des bandes brunes. Mais il en ell de ce k'zard , ccmme de tons les autres animaux dont la couvcrture eft trop foible ou trop mince pour ne point participer aux diligences alterations que 1'interieur de 1'animal eprouve. Les couleurs du Scinque fe ter- niilent & blanchiflent lorfqiul eft niort ; & , dans 1't-tat de deification ( A R E 5. , I pctits, parce qu'ils n'avoient pas encore attaint leur' entier de veloppemcnt. Les Mabouya grimpcnt fur les arbres , ainfi qne fur ic faite & les chevrons des cafes des Ncgres £. d^s Indiens; mais ils fe logent communement dans les ere- varies des vieux bois pourris ; ce n'eft ordinairement que pendant la chaleur qu'ils en fortent. Loifque le terns menace de la pluie , on les entend faire beau- coup de bruit ,-& on les voit me me quelquefois quitter leurs habiiations. Sloane penfe que 1'humidite qui regne dans 1'air, aux approches de la pluic , gonfle k's boif, 6c en diminue par confequent les intevvaUes au point d'incommoder les Mabouya , & de les obligor a fortir.- Independamment de cette raiibn, que ricn ni ;\ ivjeLer, ne pourroit -on pas dire que ces animaux font naturellement feniibles a 1'humidite on a la fechereife,. de memo que les grenouillcs, a\rec lefquelies la plupart des lezards ont de grands rapports; & que ce font 1< inipreliions que les Mabouya regoiventde 1'etat de 1'at- inofphere , qu'ils expriment par leurs mom emcns ck par1 ,(e bruit qu'ils font? Les Amtricains les croient venimcu ainli que le Jore , avec lequel il doit etre aile , au ]- coup-d'oeil , de les confondre ; mais ceperidant Sloane' &L Brown difent qu'ils n'ont jamais pu avoir une prcu\ certaine de 1'exiir.ence de leur venin (c). II arri (>tj Sloans f. a. I' t adroit dcju citt. HlSTOIRE N^TUREILE fculemcnt quelquefois qu'ils fe jcttcnt avcc hardieflb fur ceux qui les irritent , &. qu'ils s'y attachent aflez fortement pour qu'on ait de la peine a s'en debar- rafler. C'eft principalement aux Antilles qu'on les ren contre. Lorfqu'ils font tres-petits, ils dc\iennent quel- cjuefois la proie d'animaux qui ne paroiilent pas au premier coup- d' ceil devoir etre bien dangereux pour eux. Sloane pretend en avoir \u un a demi-devoru par une de ces groflcs araignees , qui font fi communes dans les contrees chaudes de TAmerique (d). On trouve auifi le Mabouya dans 1'ancien monde : il eft tres-commun dans 1'iile de Sardaigne , ou il a ete obferve par M. Francois Cetti , qui ne 1'a defigne que par les noms fardes de tiligugu &. tilingoni ; Ce Natu- ralifte a fort bien faiii fes traits de refiemblance 6c de difference avec le fcinque (e) , & comme il ne con- noiflbit point le Mabouya d'Amerique mentionne dans Sloane, R.ochefort & Dutertre, & qui eft entierement femblable au lezard de Sardaigne, qu'il a compare au fcinque , il n'eft pas fnrprenant qu'il ait penfe que fon lezard n'avoit pas encore ete indiquepar aucun Auteur. M. Thunberg, fa van t Profeileur d'Upfal, vient de ( d } Sloane , a Tendroit d c c HlSTOIRE N^TVREZIR particulierement pour avoir recu le nom de brocket de terre, ainfi que nous venons de le dire. II cft cou- vert pardeiTus & pardeffous de petites ecailles arron- dies , ftriees & brillantes : fes doigts font armc-s d'on- gles aflez forts ; la couleur de fon corps eft d'un gris argente , tachete d'orange , & qui blanchit vers les cotes (c). Comme celles de tout animal, la vivacite de fes couleurs s'efface lorfqu'il eft moit ; mais , tandis que la chaleur de la vie les anime , dies brillent d'un eclat tres - vif qui donne une couleur d'or au roux dont il eft peint ; & c'eft de-la que vient fon nom. Ses couleurs paroiffent d'autant plus brillantes que fon corps eft enduit d'une humeur vifqueufe qui fait 1'effet d'un vernis luifant. Cette forte de vernis, joint a la nature de fon habitation , 1'ont fait appeller falamandre ; mais nous ne regardons , commc de vraies falamandres, que les lezards qui n'ont pas plus de quatre doigts aux pieds de devant. Linne a dcrit qu'on le trouvoit dans 1'Iile de Jerfay, pres les cotes d'An- gleterre; a la verite, il cite, a ce fujet, Edwards (tab. 247) , & le lezard qui y eft repre'fente , eft tres- different du Dore. II Ait dans 1'Ifle de Chypre : mais c'eft principalement en Amerique & aux Antilles qu'il eft repandu. II habite les endroits mareca- ^— (f) Suivant Brown, fa cou'eur eft fouvent fale & rayee tranfver^ lenient. Voyei I'endroit de'jd at/. DES QvADRVP^DES OV1PARES. 387 geux (d) ; on le rencontre auffi dans les bois (e) ; fes pattes font fi court es qu'il ne s'en fert; pour ainfi dire , que pour fe trainer, & qu'il rampe comme les ferpens , plutot qu'il ne marche comme les Quadru- pedes (f). Auffi les lezards Dores deplaifent - ils par leur demarche & par tous leurs mouvemens , quoi- qu'ils attirent les yeux par 1'eclat de leurs ecailles & la richefle de leurs couleurs. Mais on les rencontre rarement , ils ne fe montrent guere que le foir , tems apparemment ou ils cherchent leur proie : ils fe tien- nent prefque toujours caches dans le fonds des cavernes &dans les creux des rochers , d'ou ils font entendre, pendant la nuit , une forte de coaflement plus fort & plus incommode que celui des crapauds & des grenouilles (g). Les plus grands ont a-peu-pres quinze pouces de long (h). Brown dit qu'il y en a de deux pieds (i). L'individu que nous avons decrit , & qui eft conferve au Cabinet du Roi, a quinze pouces huit lignes de longueur, depuis le bout du mufeau jufqu'a Textremite de la queue , qui eft longue de onze pouces (d) Shane , vol. a. (e) Brown , a I'endroit deja cittf. (f) Ray , Synopfis animaliurn Quadnipedum , page zffg. (gO Rjy, Ibid. (h) Ray.Ihid. (./) Rrown, d I'endroit dc'jd cite. C« • C C ij 300 Hi STOIRE NA TURELLE une ligne. Les jambes de derriere ont un pouce onze lignes de long; celles de devant font plus courtes, commc dans les autres lezards. Suivant Sloane , la morfure du Dore eft regardic comme tres- venimeufe , &. on rapporta a ce Natu- ralifte, que quelqu'un qui avoit et6 mordu par ce lezard , etoit mort le lendemain. Les habitans des Antilles dirent generalement a Brown, qu'il n'y avoit point d'animal qui put echapper a la mort , apres avoir ete mordu par le Dore ; mais aucun fait pofi- tif, a ce fujet, ne lui fut communique par une per- fonne digne de foi (k). Peut-etre eft-ce le nom de falamandre qui a valu au Dore , comme au fcinque , la reputation d'etre venimeux, d'autant plus qu'il a un peu les habitudes des vraies falamandres , vivant , ainfi que ces lezards fur terre & dans 1'eau. Cette reputation 1'aura fait pourfuivre avec acharnement , & c'eft de la guerre qu'on lui aura faite , que fera venue la crainte qui 1'oblige a fuir devant THomme. II paroit aimer les viandes un peu corrompues • il recherche communement les petites efpeces de crabes de mer- 6c la durete de la croute qui revet ces crabes, (k.] ft Ces animaux, continue Brou'n, ont les dents courtes, egales & immobilcs. >j Ce qui lui fait penfcr que leur poifon, il rcellement ils font venimeux > ell dans leur falive, Brown , a I'endroit cite. DES QVADRVPEDES GV1PARES. 309 doit pas 1'empecher de s'en nourrir , fon eftomac <§tant entierement mulculeux. En tout , cet animal bien plus nuifible qu'avantageux , qui fatigue 1'oreille par fes fons , lorfqu'ii ne blefTe pas les yeux par fes mouvemens.defagreables, na pour lui quune vaine richeffe de couleurs qu'il derobe, meme aux regards, en fe tenant dans des retraites obfcures , & en ne Ic montrant que lorfque le jour s'enfuit, 39° HISTOIRE NATURELLE LE TAP A YE Nous CONSER VONS a ce lezardle nom de Tapaye que M. d'Aubenton lui a donne , par contraction du nom tapayaxin, par lequel on le defigne au Mexique & dans la nouvelle Efpagne. Get animal , qui a de grands rapports avec le Stellion , eft remarquable par les pointes aigues dont fon dos eft trifle : fon corps que 1'on croiroit gonfle , eft prefque auffi large que long; & c'eft ce qui lui a fait conferver par M. Linne le nom d'orticulain, II n'a point de bandes tranfver- fales fous le ventre ; la queue eft courte ; les doigts font recouverts d'ecailles pardeifus & pardeffous ; le fond de la couleur eft d'un gris blanc plus ou moins tachete de brun ou de jaunatre. II y a , dans cette (a } Le Tapaye. M. d'Aubenton , EncychpMe mtthod^u*. Lac. orb.cularis, 2j? Linn, amphib. rcpt. Lacertacauda tcrctimediocri, vertice tnmuricato abdomine fubrotundo. ^^J , Synopfts Quadrupcdum , page ^3. Tapayaxin, feu Lacertus orbicularis. Slba mus. i Blanche io9j figure 6. s hifpidus, 7<9. Laurcnti Specimen medium. DES QVADRVPEDES OVIPARES. efpece , une variete diftinguee par la forme triangulaire de la tete, aflez femblable a celle du Cameleon &. par une forte de bouclier qui en couvre le defTus (b)< On a donne aufli le nom de Tapaxin au Stellion qui habit e en Afrique; & comme le Hellion & le Tapaye ont des piquans plus ou moins grands & plus ou moins aigus , il n'eft pas furprenant que des Voyageurs aient , a la premiere vue, donne le meme nom a deux ani- maux a (Fez differens cependant par leur conformation , pour conftituer deux efpeces diftincles. Le Tapaye n'eft point agreable a voir; il a , par la grofleur & prefque toutes les proportions de fon corps, une afTez grande reflemblance avec un crapaud qui auroit une queue , 6c qui feroit arme d'aiguillons. Aufli Seba lui en a-t-il donne le nom : mais fa douceur fait oubiier fa diffbr- mite , dont I'effet eft d'ailleurs diminuc par la beaute de fes couleurs. II femble n'avoir de piquants que pour fe defendre ; il devient familier ; on pent le manier fans qu'il cherche a mordre ; il a meme 1'air de defirer les careflcs; & Ton diroit qu'il fe plait a ctre tourne &. retourne. II eft tres-fenfible dans certaines parties de fon corps , comme vers les narines ck les yeux , (b} B. Laccrta cauda tereti brevi, trunco fubglobofo fupra muricato* Linn, amphibia reptilia zzzt 2.3. Ssba mus. i , fLnche 83 , figures i , 2. Cordylus orbicukris, j8. Laurenti Jpedmen medicum. 392 lesVoyageursailurent que, pour peu qu'on le touche dans ces endroits, on y fait couler le fang. II habite dans les montagnes. Get animal, qui ne fait point de mal pendant fa vie , eft utile apres fa mort ; on Temploie avec fucces en medecine, feche & reduit en poudre (b)t (r) Ray t Synopfis Quadrupedum , page LE STR1E, DES QUADRVPEDES OV1PARES. 393 L E S T R I E (••)• M- LiNNEa le premier parle de ce Iczard , que I'oii trouve a la Caroline , & qui lui avoit etc cnvoye par M. le Dodeur Garden, La tete de ce Quadruple ovipare eft marquee de fix raies jaunes ; deux entre les yeux , une de chaque cote fur 1'oeil , & une ega- lenient de chaque cote au-deflbus. Le dos eft noiratre; cinq raies jaunes ou blanchatres s'etendent depuis la tete jufqu'au milieu de la queue 5 le ventre eft garni d'ecailles , qui fe recouvrent comme les miles des toits , & forment des ftries. La queue eft une fois & demie plus longue que le corps, 6c n'eft point etagee. (a) Le Stric. M. JAubenton, Encyclopedic me'thodique. Lacerta qiiinque-Lineata , *+ Lin.fyfirna natures, edit. 15, Oviparts , Tome /. Ddd 394 HISTOIRE NATURELLE L E M A R B R E (*). MARBRE fe trouve en Efpagne, en Afrique & dans les grandcs Indes. II eft auffi tres-commun en Amerique; on 1'y a nomme tres-fouvent Temapara , nom qui a ete donne dans le meme continent a plu- fieurs efpeces de luzards , ainfi que nous 1'avons deja vu, & que nous ne confervons a aucune, pour ne pas obfcurcir la nomenclature. II paroitque, dans les deux continens, le voifmage de la zone torride lui eft tres- favorable ; fa tete eft couverte de grandes ecailles ; il a fousla gorge unerange'e dautres ecailles plus petites, & relevees en forme de dents, qui s'etend jufque vers la poitrine, & forme une forte de crete plus feniible dans le male que dans la femelle. Le ventre n'eft point convert de bandes tranfverfales; le dcflbus des cuiffes eft garni d'un rang de huit ou dix tubercules difpofes longitudinalement, maismoins marques dans la femelle ( a ) Le Marbrc. M. dAubenton , Encyclopedic mtthodique. Lacerta Marmorata, ?i. Linn, amphib. rept. &ba , mus. z t planchc 88 , fig. + Temapara , & a , planche ,'6, fo + Edwards av.f tabula 245 , fig. z. /'/. JI177 /;././ .;././ I , K M A K B 11 K nr.s QVADRVP^DES OVIPARES. 397 L E ROQUET (*). NOUS APPELLONS ATNSI un lezard de la Mar tinique qui a etc envoye au Cabinet du Roi , fous le nom d'anolis , & de lezard de jardin. II n'eft point le vrai anolis de Rochefort & de Ray , que nous ayons cm devoir regarder comme une variele de 1'ameiva. Ce nom d'anolis a ete plus d'une fois attribue ^a des efpeces diffcrentes 1'une de 1'autre. Mais fi le lezard, dont il eft queftion dans cet article, n'a point les ca- raderes diclintfifs du veritable anolis ou de 1'ameiva , il a beaucoup de rapports avec ce dernier animal. II eft femblable au lezard decrit fous le nom de Roquet, par Dutertre 6V par Rochefort , qui connoif- foient bien le vrai anolis , & qui avoient obferve 1'un &. 1'autre en vie dans leur pays natal. Nous avons (a) Dutertre j Vol. z> page ;z> Rochefort t Hiftoire des Antilles, pc.ge 147. Roquet. Ray , Synopfs Qujdrupeduni , pjge z€8. Shane , vol a , pknchc 173 > fig 4- LacL-rtus cinereus minor , en Anglois the leaft light Brown , or Grey lizard. TOIRE N^TURELLE done cru devoir adopter 1'opinion de ces deux Voya- gcurs ; & c'eft ce qui nous a engage a !ui confcrver le nom de Roquet , que Ray lui a auffi donne. II fe rapproche beaucoup , par fa conformation du lezard gris ; niais il en difftre principalement, en ce que le defTous de fon corps n'eft point garni d'ecailles plus grandes que les autres , & difpofecs en bandes tranfverfales. II ne devient jamais fort grand ; celui qui eft au Cabinet du Roi a deux pouces & demi de long, fans compter la queue, qui eft une fois plus longue que le corps (b). II eft d'une couleur de fcuille morte , tachetee de jaune & de nohitre : les yeux font brillans , rps n'avoit qu'un pouce de long , & la queue un pouce & demi. DES u^DXVPEDES OV1PARES. vitefTe du vol des oifeaux (c). II aime les lieux hu- mides ; on le trouve fouvent parmi les pierrcs , ou il fe plait a Tauter de Tune fur 1'autre (d). Soit qu'il coure ou qu'il s'arrete , il tient fa queue prefque toujours re- levee au-defliis de fon dos , comme le lezard de la Caroline, auquel nous avons conferve le nom de lezard- lion. 11 replie meme cette queue, qui eft tres-deliee, de maniere a ce qu'elle forme une efpece de cercle. Malgre fa petulance , fon caraclere eft doux : il aime la compagnie de I'homme , comme le lezard gris &. le lezard vert. Lorfque fes courfes repetees Tont fa tigue , & qu'il a trop chaud , il ouvre la gueule , tire fa langue , qui eft tres-large &. fendue a 1'extremite , &: demeure pendant quelque terns haletant comme les petits chiens. C'eft apparenimcnt cette habitude , qui , jointe a fa queue retrouflee , & a fa tete rele- vee , aura determine les Voyageurs a lui donner le nom de lizard Roquet. 11 detruit un grand nombre d'in- fecles ; il s'enfonce aifement dans les petits trous des terrains qu'il frequente , & lorfqu'il y rencontre de petits ocufs de lezards ou de tortues, qui, n'etant re- vetus que d'une membrane molle , n'oppofent pas une grande refiitance a fa dent , on a pretendu qu'il s'en ( c ) Ray f Synopfis animalium 3 page z68. (d , Sloane , d tcndroit dtjd cite. 4r HISTOIRE NATURELLE nourriflbit (e). Nous avons di:j.\ vu quclque chofe de femblable dans 1'hiftoire du Iczard gris; & fi le Roquet prefente une plus grandc avidite que ce dernier ani mal , ne doit-on pas penfer qu'elle \icnt de la vivacite de la chaleur bien plus forte aux Antilles, oil il a ete obferve , que dans les diflerentes contrees de 1'Eu- rope , oil Ton a etudie les moeurs du lezard gris ? ( c ) Voyez , dans le Diftionnaire d'Hiftoire naturelle de At, Bomare , 1'article du lizard-Roquet, LE ROUGE-GORGE, Qu.lDRVPbDKS OV I PARKS. 40! LE ROUGE-GORGE (a). I JF ROUGE-GORGE, que Ton voit a la JamaTque , dans les haies & dans les bois , eft ordinairement long de fix pouces , & de couleur verte ; il a au-deiTous du cou une veiicule globuleule qu'il gonfle tres-fouvent , particulierement loriqu'on I'attaque ou qu'on I'eflraie , (Sc qui paroit alors rouge , ou couleur de rofe. II n'a point de bandes tranfverfales fur le ventre : la queue ell ronde J une forte d'attcntion ; on croiroit qu'il ecoute ce que Ton dit. II fe nourrit de mouches , d'araignees, &. d'autres infccles, qu'il avale tout entiers. Les Gojtreux grimpent aiferaent fur les arbres; ils s'y battent fou-w vent les uns contre les autres. Lorfque deux de ccs animaux s'attaquent , c'eft toujours avec hardiefle ;' ils s'avancentavec fierte; ils fembleht fe mcnacerenagitant rapidement leurs tetes; leur gorge s'enfle; leurs yeux etincellent ; ils fe faififlent enfuite avec fureur, & fe battent avec acharnement. D'autres Goitreux font ordi- nairemerrt fpeclateurs de leurs combats, 6k peut-etre ces temoins de leurs efforts font-ils les femelles qui doivcnt en etre le prix. Lc plus foible prend la fuite : ion ennemi le pourfuit vivement, & le devore , s'il 1'atteint; mais quelquefois il ne peut le laifir que par la queue , qui fe rompt dans fa gueule , 6c qu'il avale , ce qui donne au lezard vaincu le terns de s'echapper. On rencontre pluficurs Goitreux prives de queue; il femble que le dcfaut de cette partie inline fur leur courage, & meme fur leur force: ils font timidcs, foibles & languiflans: il paroit que la queue ne repouffe pas toujours, & qu'il fe forme un calus a 1'endroit ou elle a etc coupee. Le Pcre Nicolfon , qui a donne plufieurs details re- latifs a 1'hiftoire naturelle du Goitreux, Tappelle anolis , noin que Ton a donne a 1'ameiva & a notre roquet : E e e ij 4O4 HtSTOtRE N^TVAEllff mais la figure, que le Pere Nicolfon a publiee, prouve que le lezard dont il a parle, eft celui dont il eflr queftion dans cet article (b). ( b ) Effai fur I'Hifloire naturelle de Saint-Do minguc , par It Pen Nicoljorij Pans iJjGt fiction 5 , page DBS QvADRVPKDES OV1PARF.S. 405 LE TEGUIXIN («). COULEUR de ce lezard eft blanchatre, tirant fur le bleu, diverfifiee par des bandes d'un gris fombre , & femee de points blancs & ovales. Son corps pre- fente un trcs - grand nombre de ftries. La queue fe termine en pointe ; elle eft beaucoup plus longue que le corps ; les ecailles qui la couvrent , forment des bandes tranfverfales de deux fortes , placees alterna- tivement. Les lines s'etendent en arc fur la partie fu- perieure de la queue , que les autres bandes entourent en entier. Mais ce qui diftingue principalement le Teguixin , e'eft que plufieurs plis obtus & releves regnent de chaque cote du corps , depuis la tete jufqu'aux cuilTes : on voit auffi rrois plis fous la gorge. (a] Le Teguixin. /M. d'Aubenton , Encyclopedic me'thodique. Lacerta Teguixin , 34. Linn, amphib. rept, Slba i } tub. $8 > figure ?. M. Linne a indique la premiere figure de- Ja planche 9(5 du meme Volume, comme r^prefentant le Teguixin mais elle reprefentc evidemment le tupinambls que Ton a auffi appell<£ HlSTOIRE N^TURELLE C'eft au Brefil, fuivant 1'article de Seba , indique par M. Linne , qu'on trouve ce lezard , dont le nom Tiguixin a etc donne au Tupinambis par quelques auteurs (b). (b ) Seba, vol. l f page DES QUADRUPEDES OV1PARES. 407 4±> j.. .. , L_ -.. ._, . ^ = ^_^^^Z_ - ;> LE TRIANGULAIRE («). OEST dans 1'Egypte qu'habite le lezard a queue triangulaire : ce qui le diftingue des autres , c'eft la forme de pyramide a trois faces que fa longue queue prefente a fon extremite. Le long de fon dos s'ctend line bande formce par quatre rangees d'ecailles qui different par leur figure de celles qui les avoifinent. Ces details fumront pour faire reconnoitre ce lezard par ceux qui 1'auront fous leurs yeux. II vit dans des endroits marecageux &. voifms du Nil. II a beau coup de rapports dans fa conformation avec le fcinque. G'eft M. Haflelquiil qui en a par!6 le premier. Les Egyptiens out imagine un conte bien abfurde a I'occaiion du Triangulaire: ils ont dit que les oeufs du crocodile renfermoient de vrais crocodiles lorf- qu'ils etoient depofes dans 1'eau , Blanche z , fig. 5. Stellio pundatus , ^6". Laurentijpcdmen medicum. (b} Siba j a I'endroit dc'jd dtL LE SPUTATEUR. /'/. -v.w/// "*"'"""[|IU .III! . l|! II I ..j.Hllllllml,. .Itll'",..,., • ,'l i f ) I ,i ii>i lutiiii, ' "mttliJ I.K SPUTATEUR^/u,.^ ^ /^^. -1,1 /'. •/;,'/< Griper.-. LE SPUTATEUR us A v o N s D EC R IT ce Iczard d'apres un Individ a envoy e dc Saint-Domingue a M. d' Antic , & que cz Naturalise a bicn voulu nous communiquer. Sa lon gueur totale eft de deux polices, & celle de la queue d'un pouce. II n'a point de demi-anneaux fous le corps; toutes fes ec*ailles font luifantes ; la couleur en eft blancliatre fous le ventre , & d'un gris varie de brim fonce fur le corps. Quatre bandes tranfverfales d'un brun prefque noir regnent fur la tete & fur le dos; une autre petite bande de la me me couleur borde la machoire fuperieure , 6c fix autres bandes femblables forment comme autant d'anneaux autour de la queue. II n'y a pas d'ouverture apparente pour les oreilles; la langue eft plate , large &: un peu fendue a 1'ex- tremite. Le fommet de la tete & le deffus du mufeau font blanchatres , tachetes de noir; les pattes variees de gris, de noir & de blanc ; il y a 3 a chaque pied, ( a ) Lacc-i t.i Sputator. M. Sparman > Me'moires de f Academic dcs Sciences de Stockolm , annit 1 784. , Jecond trimeftrc 3 fol. 164. Ovipares , Tome I. F f f 4 IO UlSTOJRE N^TURELLR cinqcloigts, qui font garni; pardeflbus de petitesecailles, & termines par une cfp S > 8 & 9- G-klco tcrcs. , $7. Laurentifpzdmcnrwdicum. - Ittr. j?o6". Lacerta Gecko. 414 HlSTOIRE N^4TURELLE qu'ici les animaux fe developper, leurs proprietes aug- rnenter & leurs forces s'accroitre , que pour ajouter au nombre des etres vivans , pour contrebalancer 1'adlion deftruclive des elemens &L du terns ; ici la Nature paroit , au contraire , agir centre elle-meme ; elle exalte dans un lezard, dont 1'efpece n'eft que trop feconde, une liqueur corrofive, au point de porter la corruption & le de- periflement dans tous les animaux que penetre cctte humeur active j au lieu de fources de reproduction & de vie, on diroit qu'elle ne prepare dans le Gecko que des principes de mort & d'ancantiflement. Ce lezard funefte , & qui merite toute notre atten tion par fes qualites dangereufes , a quelque refTem- blance avec le cameleon ; fa tete , prefque triangu- laire, eft grande en comparaifon du corps; les yeux font gros, la langue eft plate, revetue de petites ecaillcs, 6c le bout en eft echancre. Les dents font aigues , & fi fortes, fuivant Bontius, qu'elles peuvent faire impref- fion fur des corps tres-durs, & meme fur Tacier. Le Gecko eft prefque entierement couvert de petites verrues plus ou moins faillantes; le defTous des cuiffes eft garni d'un rang de tubercules eleves & creux, comme Gron. mus. y. 3 page 78 , N. $3. Salamandra. Bont. jav. Lib. II , Cap. r, fol. 57. Salamandra indica. Jobi Ludolphi alias Leut-Holf dicli , Bifloria ^thiopica , Lib. I, x u j, feel. $. Ejufdem commentarius f fol. i6j. &ES QUADRVPKDES O TI P A R T. S . 4 I , dans 1'iguane, le lezard gris, le lezard vert, 1'amciva, le cordyle, le marbre, le galonne, &.c. Les picds font remarquables par des ecailles ovales plus ou moins echancrees dans le milieu , aufli larges que la furface inferieure de ces memes doigts, &. difpolees reguliere- ment au-deiTus les unes des autres comme les ardoifes ou les tuiles des toits ; elles revetent le deflbus des doigts, dont les cotes font garnis d'une petite membrane, qui en augmcnte la largeur , fans cependant les reunir. M. Linne dit que le Gecko n'a point d'ongles, mais dans tous les individus conferves au Cabinet du Roi , nous avons vu le fecond, le troifieme , le quatrieme 6c le cinquieme doigt de chaque pied , garnis d'un ongle tres-aigu, ires -court & tres - recourbe , ce qui s'ac- corde fort bien avec 1'habitude de grimper qu'a le Gecko , ainfi qu'avec la force avec laquelle il s'attache aux divers corps qu'il louche. 11 en eft done des lezards comme d'autres animaux bien diffcrens , ck par exemple des oifeaux. Les uns ont les doigts des pieds entierement divifes ; d'autres les ont rennis par une peau plus ou moins lache ; d'autres ramatfes en deux paquets , ck d'autres enfin ont leurs doigts libres , mais cependant garnis d'une membrane qui en augmente la furtace. La queue du Gecko eft communement un peu plus longue que le corps; quelquefois cependant elle eft plus courte: elle eft ronde , menue , & couverte d'anneaux E N-1TVRXLIB on de bandes circulates tres-fenfibles; chacune de ces b.indes eft compofee de plufieurs rangs de tres-petites icailles dans le nombre & dans I'arrangement d quelies on n'obferve aucune rtgularitc, ainfi que nous njus en fommes allures par la comparaifon de plufieurs individus; c'eft ce qui expiique les differences qu'on a remarquees dans les defcriptions des Naturalises qui avoient compte trop exadement dans un feul individu, les rangs cc le nombre de ces tres-petites ecailles. Suivant Bontius, la couleur du Gecko eft d'un vert clair, tachete d'un rouge tres-eclatant. Ce meme Obfervateur dit qu'on appelie Gecko le lezard dont nous nous occupons , parce que ce mot imite le cri qtt'il jctte, lorfqu'il doit pJeuvoir, fur-tout vers la fin du jour. On le trouve en Egypte, dans 1'Inde , a Am- boine , aux autres iiles Moluques , dkc. II fe tient de preference dans les creux des arbres a-demi pourris, ainfi que dans les endroits humides ; on le rencontre aufll quelquefois dans les maifons, ou il infpire une grande frayeur , & ou on s'empreile de le faire perir. Bontius a ecrit en effet que fa morfure eft venimeufe, au point que fi la panic a/Tedee n'eft pas retranchee ou brulce, on meurt avant pen d'hcures. L'attouche- ment feul despieds du Gecko eft mcme tres-dangereux, & empoifonne, fuivant plufieurs Voyageurs, les viandes lur lefquelles il marche : 1'on a cru qu'il les infedoit par ion mine, que Boauus regarde comme un poifon des DF? OlfAfiRVPEDES OV I PARES. 4 A/ Xi »J ^^ *•* ^* •*-r des plus corrofifs; mais ne feroit-ce pas aufli par Thu- mcur qui peut fuinter des tubercules creux places fur la face inferieure de fes cuifles? Son fang &. fa fa- live, ou plutot une forte d'ecume , une liqueur epaiiie & jaune, qui s'cpanche de fa bouche lorfqu'il eft irrite , ou lorfqu'il eprouve quelqu'afledlion violcnte , font regardes de meme comme des venins mortels , & Bonlius , ainfi que Valentin , rapportent que les habi- tans de Java s'en fervoient pour cm Heches. Haflelquift afllire aufli que les doigts du GecLo ix- pandent un poifon , que ce k'zard recherche les corps impregnes de fel marin , tantot par Gecko. ( c ) Me moires pourfervir a [Hifioire naturtlk des animaux f tome 3, Of tick du Totkaie. 42O JJlSTOIKE LE GECKOTTE («). JNouscONSERVONS ce nom a un lezard qui a une fi grande resemblance avec le gecko, qu'il eft tres- difficile de ne pas les confondre Tun avec 1'auf re , quand on ne les examine pas de pres. Les Naturalises n'ont meme indique encore aucun des vrais caracteres qui les diftinguent. M. Linne feulement a dit que ces deux lezards ont le meme port ES QVADRVPEDES OVIPARES. 43! Tnarche avec peine , ainfi que le camele'on ; & ce qui nous paroit devoir ajouter a la difficulte avcc laquelle il fe meut quand il eft a terre , c'eft que fes pattes de devant font plus courtes que celles de derriere , ainfi que dans les autres lezards , & que cependant fa tete forme pardefTous un angle avec le corps , de telle forte , qu'a chaque pas qu'il fait , il doit donner du nez centre terre. Cette conforma tion lui eft au contraire favorable lorfqu'il s'clance fur les arbres , fa tete pouvant alors fe trouver tres-fouvent dans un plan horizontal. Le lezard a tete-plate ne fe nourrit que d'infedes ; il a prefque toujours la gueule ouverte pour les failir , & elle eft interieure- ment enduite d'une matiere vifqueufe, qui les empeche de s'echapper. Se"ba a dortne la figure d'un lezard qu'il dit fort rare , qui , fuivant lui , fe trouve en Egypte .s. Le Seps fait done une des nuances qui Ik-nt d'affez pres les Quadrnpedes ovipares avec les vrais reptiles. Sa forme peu prononcee , fon carac- tere ambigu, doivent contribuer a le faire reconnoitre. Ses yeux font tres-petits, les ouvertures des oreilles bien moins fenfibles que dans la plupart des lezards: la queue finit par une pointe tres-aigue j elle eft com- munement tres-courte; cependant elle etoit auffi longue que le corps dans 1'individu decrit par M. Linne, & qui faifoit partie de la collection du Prince Adolphe, Le Seps eft convert d'ecailles quadrangulaires, qui forment en tout fens des efpeces de ftries. La couleur de ce lezard eft en general moins foncee fous le ventre que fur le dos, le long duquel s'etendent deux bandes, dont la teinte eft plus ou moins claire, cSc qui font bordees de chaque cote d'une petite raie noire. La grandeur des Seps, ainfi que celle des autres (b} HijlQire naturclk de la Sardaignc , par M. Francois Cetti. X>ES QUADRVPEDES OVIPAKRS. 435 lezards, varie fuivant k temperature qu'ils eprouvent, la nourriture qu'ils trouvent, & la tranquillitd dxmt ils jouiflent. Ceft done avec raifon que la plupart des Naturaliftes ont cru ne devoir pas afligner une grandeur de"terminee , comme un caradere rigoureux & diftindif de chaque efpece ; mais il n'en eft pas moins interefTant d'indiquer les limites, qui , dans les diverfes efpeces, circonfcrivent la grandeur, &. fur-tout d'en marquer les rapports, autant qu'il eft poffible, avec les diflerentes contrees,les habitudes, la chaleur,&.c. Les Seps,qui ne parviennent quelquefois en Provence, & dans les autres provinces meridionales de France , qu'^ la longueur de cinq ou fix pouces, font longs de douzc ou quinze dans des pays plus conformes a leur nature. II y en a un au Cabinet du Roi , dont la longueur totale eft de neuf pouces neuf lignes ; fa circonfercnce eft de dix-huit lignes , a 1'endroit le plus gros du corps ; les pattes ont deux lignes de longueur, & la queue eft longue de trois pouces,trois lignes. Celui que M. Francois Cetti a decrit en Sardaigne, avoit douze pouces trois lignes de long ( apparcmment mefure farde. ) Les pattes du Seps font fi courtes , qu'elles n'ont quelquefois que deux lignes de long, quoique le corps ait plus de douze pouces de longueur (c). A peine paroiffent-ellevi pouvoir toucher a terre , & cependant (c) Hfoire naturelle de la Sardaigne, pages 18 & fuiv. I. • • • 1 1 1J HISTOIRE NATURELLE le Seps les remue avec vitefle , & femble s'cn fervir avec beaucoup d'avantage, lorfqu'il marche (d). Les pieds font divifes en trois doigts, a peine vifibles, & garnis d'ongles , comme ceux de la plupart des autres lezards. M. Linne a compte cinq doigts dans le Seps qui faifoit partie de la collection du Prince Adolphe de Suede ; mais nous n'en avons jamais trouve que trois dans les individus de differens pays que nous avons decrits, & qui font au Cabinet du Roi , avec quelque attention que nous les ayons confidercs, & quoique fcous nous foyons fervis de tres-fortes loupes. Ceil au Seps que 1'on doit rapporter le lezard indi- que par Ray, fous le nom de Seps, ou de lizard chal- cidc; M. Linne nous paroit s'etre trompe (e) en appellant ce dernier lezard chalcide , 6c en le feparant du Seps (f). La defcription que 1'on trouve dans Ray convient tres-bien a ce dernier animal; les raies noire* le long du dos, & la forme rhomboidale des ecailles que Ray attribue a Ton lezard, font en effet des ca- raderes diilindifs du Seps (g). Le le'zard defigne par (d) Hifloire natiudle de la Sardaigne , pages s.8 &fuiv. (e) Voyez, dans cctte Hiftoire naturelle, 1'articledu chalcide.. (f) Syftema natures amphib. re pt ilia. Lacerta , editio 13. « Seps ferpens pedatus potius eft qu^ra Lacerta. Parvus erat, nrotundus , lineis aigris in dorfo parallelis feciwdum loiigitudinero DES QyADRUPkDSS OVIPAX.ES. Columna, fous le nom de Seps ou de chalcide (k),- fepare du Seps par M. Linne , & appelle chalcide par ce grand Naturalise , eft auffi une fimple variete du Seps , aflez voifme de cclle que 1'on trouve aux en virons de Rome , ainfi qu en Provence, & dont on con- ferve un individu an Cabinet du Roi. Le lezard de Columna avoit , a la verite , deux pieds de long , tandis que le Seps des environs de Rome , que 1'on peut voir au Cabinet du Roi , n'a que fept pouces huit lignes de longueur ; mais il prefentoit les caracleres qui dif- tinguent les veritables Seps. L'animal que M. Linne a range parmi les ferpens , qu'il a appelle Anguis Quadruple , & qu il dit habiter dans 1'ifle de Java (i) , eft de meme un veritable Seps; tous les caraderes rapportes par M. Linne conviennent a ce dernier lezard , excepte le defaut d'ouvertures pour les oreilles , 6c les cinq doigts de chaque pied ; mais M. Linne ajoutant que ces doigts font fi petits, qu'on- a bien de la peine a les appercevoir , on peut croire que 1'on en aura aifement compte deux de trop. D'ailleurs les ouvertures des oreilles du Seps font duftis diftinftus .... in acutam caudam definebat .... <~quamx reticulate , * rhomboidcs. » Ray, Synopfis ammaliam t fol 17 &> ( h ) FMi column* ecphra. Seps , Lacerta chalcidica , feu chalcide?., (i) Stfema nature arnphib, ,-tditio 13, torn. i,fol 3$°> 43° HlSTOlRE NslTURET^LS quelquefois fi petites , qu'il paroit en manquer abfo- lament. Celt egalement au Seps qu'il faut rapporter les lezards nommcs vers ferpentiformes d'Afrique, & dont M. Linne a fait une efpece particuliere fous le nom tiAnguma. II fuffit , pour s'en convaincre, de Jeter les yeux fur la planche de Seba, citee par le Naturalise Suedois ; la forme de la tete , la longueur du corps , la difpofition des dailies , la petition e» t. tout DES QvADRVPEDES OVIPARES. tout le mondc y rcgarde comme un animal innocent. Seulement, ajoute-t-il , lorfque les boeufs ou ks rhevaux en ont a vale avec 1'herbe quils paiilent, Icur ventre s'enfle & ils font en danger de mourir , fi on ne leur fait pas prendre une boillbn prc'paree avec de 1'huile, du vinaigre & du foufre (o). Le Seps paroit craindre le froid plus que les tor- tues terreftres & plufieurs autres Quadruples ovi- pares ; il fe cache plutot dans la terre aux approches de 1'hiver. II difparo.it en Sardaigne , des le commen cement d'Odobre, & on ne le trouve plus que dans des creux fouterrains ; il en fort au printems pour aller dans les endroits garnis d'herbe , ou il fe ticnt encore pendant 1'ete, quoique Tardeur du foleil 1'ait jdeflechee (p). M. Thunberg a donne , dans les Memoires de 1'Acadcmie de Suede (q) , la defcriptiori'd'un lezard qu'il nomme abdominal , qui fe trouve a Java & a Amboine , qui a les plus grands rapports avec le Seps & qui n'en diiTcre que par la tres-grande brievete de fa queue & le nombre de fes doigts. Mais comme il paroit que M. Thunberg n'a pas vu cet animal vivant , & que , dans la description qu'il en donne , il dit que ( o ) M. Francois Cetti , a I'endroit de'jd cite, (p ) Idem f Ibidem. ) Mfaoires de I'Acadtmie de Stockoto, trimejlre d'Avril 1587* Qvipares, Tome L K k k 442 HlSTOIRE 1'extremite de la queue ttoit nue & fans ecailles , on peut croire que 1'individu , obierve par ce favant Pro- feffeur, avoit perdu une partie de fa queue par quel- que accident. D'ailleurs nous nous fommes allures que la longueur de la queue des Seps etoit en general trts- variable. D'un autre cote, M. Thunberg avoue qu'on ne peut a 1'ceil nu diftinguer qu'avec beaucoup de peine les doigts de fon lezard abdominal. 11 pourroit done fe faire que 1'animal eut ete altere apres fa mort, de Jnaniere a prefenter 1'apparence de cinq petits doigts a chaque pied, quoique reellement il ny en ait que trois, ainfi que dans les Seps , auxquels il faudroit des-lors le rapporter. Si au contraire le lezard abdominal a veri- tablement cinq doigts a chaque pied, il faudra le re- garder comme une efpece diftinde du Seps, & le com- prendre dans la quatrieme divifion ou il pourroit etre place a la fuite du fputateur. Au refte , perfonne ne peut mieux eclaircir ce point d'Hiftoire naturelle, que M. Thunberg. I.K DBS QUADRVP&DES OVIPAXHS. 443 LE CHALCIDE. LE SEPS n eft pas le feul lezard qui , par la petitefle de fes panes a peine vifibles , & la grande diftance qui fcpare cclles de devant de celles de derriere , fade la nuance entre les lezards & les ferpens; le Chalcide eft egalement remarquable par la brievete & la pe tition de fes panes, de meme que par 1'alongement de fon corps. M. Linne , & pluiieurs autres Natura- liftes , ont regarde , ainfi que nous , le Chalcide comme different du feps , & ils ont dit que ces deux lezards font diftingues Tun de 1'autre , en ce que le feps a la queue verticillee, tandis que le Chalcide 1'a ronde , & plus longue que le corps. Quelque fens qu'on attache a cette expreffion verticillie , elle ne peut jamais repre- fenter qu'un caradlere vague 6c peu feniible. D'un autre cote , il n'y a rien de fi variable que les longueurs des queues des lezards , & par confequent toute diftinclion fpecifiquc fondee fur ces longueurs, doit etre regardee comme nulle , a moins que leurs differences ne foient trcs-grandes. Nous avons penfe d'apres cela que le lezard, appelle Chalcide par M. Linne, pourroit bien D'etre qu'une varicte du feps , dont pluiieurs individus Kkk ij . .Y.YA7/ .,/y ^ !>]•', C H A I, C IDF, .//v/x/./v// ./• //,/////>• JOSS QuADRVPkDES OYIPARES. 443 LE CHALCIDE. LE SEPS n eft pas le feul lezard qui , par la petitefle de fes panes a peine vifibles , & la grande dillance qui fepare cclles de devant de celles de derriere , fade la nuance entre ies lezards & les ferpens; le Chalcide eft egalement remarquable par la brievete & la po- fition de fes pattes, de meme que par I'alongement de fon corps. M. Linne , & pluiieurs autres Natura- liftes , ont regarde , ainii que nous , le Chalcide comme diflerent du feps , 6c ils ont dit que ces deux lezards font diftingues Tun de 1'autre , en ce que le feps a la queue verticillie , tandis que le Chalcide 1'a ronde , <$t plus longue que le corps. Quelque fens qu'on attache a cette expreflion verticillie , elle ne peut jamais repre- fenter qu'un caradere vague & peu fenfible. D'un autre cote , il n'y a rien de fi variable que les longueurs des queues des lezards , & par confequent toute diftindion fpecifique fondee fur ces longueurs, doit etre regardee comme nulle , a moins que leurs differences ne foient trcs- grander Nous avons pcnfe d'apres cela que le 1-jzard, appelle Chalcide par M. Linne, pourroit bien D'etre qu'une varietc du feps, dont plufieurs indiyidus K k k ij 444 RISTOIRE NATVRELLZ ont la queue a-peu-pres auffi longue que le corps. Nous 1'avons penfe d'autant plus qu'il paroit que M. Linne n'a point vu le lezard qu'il nomme dial- cide (a). Nous avons en confluence examine les divers paflages des Auteurs cites par M. Linne, rela- tivement a ce Quadruple ovipare. Nous avons com pare ce qu'ont ecrit a ce fujet Aldrovande, Columna, Gronovius, Ray & Imperati : nous avons vu que tout ce que rapportent ces Auteurs , tant dans leurs def- criptions que dans la partie hiftorique , pouvoit s'ap- pliquer an veritable feps (b). U paroit done qu'on doit ix'duire a une feule efpece les deux Iczards connus fous le nom de feps & de Chalcide. Mais il y a , au Cabinet du Roi , un lezard qui reflemble au feps 'par lalongement de fon corps, la petitefle de fes pattes, le nombre de fes doigts, ck qui eft cepcndant d'unj efpece differente de celle du feps, ainfi que nous aliens le prouver. Ce lezard n'a vraifcmblabkment ete connu daucun des Naturalises modernes qui ont ecrit fur le Qlalcide : c'eft; en quelque forte, une efpece nouvclle (a) L. Chalcidcs, 41. Linn, amphib. rept. Le Chalcide. M. fAubenton , Encyclopedic mtthodiquc. Aldrov. de Quadrup. digit, ovipar. Lib. I,fol. 638, Column, ecphr. 2 j fa, ^ f Gronov. Zooph. 43. -R^Jj Quadr. 272. Imps rat. nat. $27. J)ES QuADRUPEDES OVIPARES. 445 que nous prefentons , &. a laquelle nous appliquons ce liom de Chalcidc , qui n'a ete donne par M. Linne 6c Ics Naturalises modcrnes qu'a une variue du feps. Notre Chalcide , le feul que nous ilommerons ainii , •differe du feps par un caraclere qui doit cmpccher de les confondre dans toutes les circonftances. Le defTus & le deflbus du corps 6k de la queue font garnis dans ]e feps de petites ecailles, placees les unes fur les au- tres comme les ardoifes qui couvrent nos toits; tandis que, dans le Chalcide, les ecailles forment des anneaux circulates tres-fenfibles, feparcs les uns des autres par des efpeces de fillons , &. qui revetent non-feulement le corps , raais encore la queue. Le corps de 1'individu conferve au Cabinet du Roi5 a deux pouces fix lignes de longueur; il eft plus court' que la queue , - fc: J F. 1)11 A ( - () N <„,*./<„, ./, DES QvADRVPEDES OriP^RSS. 447 SEPTIEME DIVISION. LIZARDS o/zr Je-s membranes en forme d'ailes. LE DRAGON («). A CE NOM de Dragon, Ton concoit toujours ttne idee extraodinaire. La memoire rappelle, avec prompti tude , tout ce qu'on a lu , tout ce qu'on a ou'i dire fur ce monftre fameux ; 1'imagination s'enflamme par — ( a ) Le Dragon. M. dAubenton , Encyclopedic mtthodiaue. Draco volans, i. Linn, amp hib. rept. JSont. jav. Lib. F, Cap. i , fol ($. Laccrtus volans feu dracunculus indica. The flying Indian liiard. Ray , Synopfis Quadrupedum , fol 2.74- Lacerta volans. Brad. nat. t. 9 ,f. $. Lacerta volans. Grim. Lacerta volans. Slba i, tab. 86 , fig. 3. Draco major , 76". Laurenti fpccimcn medicum. 44° I STO I R E A TU R E ILE le fouvenir des grandes images qu'il a prefcntces au genie poetique : une forte de frayeur faifit les coeurs timides ; & la curiolite s'empare de tous les efprits. Les Anciens, les Modernes ont tous parlc du Dragon. Donfacre par la religion des premiers Peuplcs, devenu 1'objet de leur nr\ ihologie , miniftre des volontes des Dieux, gardien de leurs trefors, fcrvant leur amour & leur haine , foumis au pouvoir des cnchanteurs , vaincu par les deini-Dieux des terns antiques , entrant meme dans les alle'gories facrees du plus faint des recueils , il a ete chante par les premiers Poetes , & reprefente avec toutes les couleurs qui pouvoient en embellir 1'image : principal ornemcnt des fables pieufes, ima- ginees dans des terns plus recens , dompte par les heros, & meme par les jeunes heroines, qui com- battoient pour une loi divine ; adopte par une feconde mythologie, qui placa les fees fur le trone des an- ciennes enchanterefles; devenu 1'embleme des aclions eclatantes des vaillans Chevaliers , il a vivifie la Poefie moderne , ainfi qu'il avoit anime 1'ancienne : proclame par la voix fevere de 1'Hiftoire, par-tout decrit, par- tout celebre , par-tout redoute , montre fous toutes les formes, toujours revetu de la plus grande puiffance, immolant fes viclimes par fon regard , fe tranfportant au milieu des nuees , avec la rapidite de 1'eclair , frap- pant comme la foudre , diflipant Tobfcurite des nuits par 1'eclat de fe yeux etincelans , reuniflant 1'agilite de 1'aigle , DBS Q UA D R U P E D E S OVJPARES. 449 del'aigle, la force du lion, la grandeur du terpent (I), \ -.Ten tan t mcine quelqucfois une figure hurnaiue, doue d'unc intelligence prefque divine, & adore de nos jours dans de grands empires de 1'orient , le Dragon a cte tout , & s'eft trouvc par-tout , hors dans la Nature. II vivra cependant toujours , cet etre fabuleux , dans les heureux produits d'une imagination feconde. II em- bellira long-terns les images hardies d'une Pocfie en- chanterefle : le recit de fa puhTance merveilleufe char- mera les loifirs de ceux qui out befoin d'etre quelque- fois tranfportes au milieu des chimeres, 6c qui defirent de voir la verite paree des ornemens d'un riclion agreable : mais a la place de cet etre fantailique , que trouvons-nous dans la realite ? Un animal , auiii petit que foible, un lezard innocent t-u Saambras par les Arabes. Dans {-Incurs Provin^s de France t le Sourd. Duns k Lmguedoc 6-' I* Provence t Blande, En Dauphin*! , Pluvinc. Dans le Lyonnois , Lavcrnc, En Bourgogne, Suifle. 456 HISTOIRE NATURELLE a iuppoier a dcs degres trop eleves , celles dont ces etres, rarement bien connus , jouiflent reellement. L'imagination a befoin , pour ainfi dire, d'etre de tems-en-tems , fecouee par des merveilles ; 1'liomme vent exercer fa croyance dans toute fa plenitude ; il lui femble qu'il n'en jouit pas d'une manure aifez libre , quand il la foumet aux loix de la raifon: ce n'eft que par les exces qu'il crcit en ufer- & il ne s'en regarde comme veritablement le maitre , que lorfqu'il la refufe capricieufement a la realite , ou qu'il Taccorde aux etres les plus diimeriques. Mais Vans le Poitou, MirtiJ. Dans plufieurs aatrcs Provinces dt France t Alebrennc ou An... En Normandie , Mouron. En Flandres f Salemander. En queljues endroits d'Alhmagne , Punter-Maal. Le Sourd. M. d'Aubenton , Encyclopedic me'thodique. Lacerta Salamandra , 47. Linn, amphibia rept. Ray , Synopfis Quadrupedum , folio z73. Salamandra terrcflrij; Matthi. diofcor. 27^ , f. 274. Salamandra. Aldrov. quadr. 641. Salamandra terreftris. Jonfl. Quadrup. , t. 77 , fol i o. Imperat. rut. $18. Olear. mus. t. 8 , fig. 4. n urfiainius. Salamandjologia , Norib. 1683. Salatmndra. Conrad Gefnsr t de Quadr up. ^ovip. Salamandra maculofa , + Laurtmi Specimen medtcum. j 2. tab. ly., fig. $. jl ne peut DJ551 QVADRVPEDES OVIPARES. 457 i\ ne peut exercer cet empire de fa fantaifie , que iorfque la lumiere de la verite ne tombe que de loin fur les objets de cette croyance arbitraire ; que Iorfque 1'efpace, le terns ou leur nature les feparent de nous; & voila pourquoi, parmi tous les ordres d'animaux, il n'en eft peut-etre aucun qui ait donne lieu a tant de fables que celui des lezards. Nous avons deja vu des proprietes aufii abfurdes qu'imaginaires accordees a plufieurs efpeces de ces Quadrupedes ovipares ; mais nous voici maintenant a 1'hiftoire d'un lezard pour lequel rimagination humaine s'eft furpaflee ; on lui a attribue la plus merveilleufe de toutes les proprietes, Tandis que les corps les plus durs ne peuvent echapper a la force de l'element du feu , on a voulu qu'un petit lezard non - feulement ne ftit pas confume par les flammes, mais parvint mome a les eteindre. Et comme les fables agrcables s'accreditent aifement , Ton s'eft emprefle d'accueillir cellc d'un petit animal fi privilegie , fi fuperieur a 1'agent le plus adlif de la Nature , de Salamandra t page ( h } Idem ) ibid, 462 HISTOIRE NATURELLE La Salamandre etant depourvue d'ongles, n'ayant que quatre doigts aux pieds de devant , & aucun avantage de conformation ne remplagant ce qui lui manque , fes moeurs doivent etre &L font en effet tres-differentes de celles de la plupart des lezards: elle eft tres-lente dans fa marche ; bien loin de pouvoir grimper avec viteiTe fur les arbres, elle paroit le plus fouvent fe trainer avec peine a la furface de la terre. Elle ne s'eloigne que peu des abris qu'elle a choifis. Elle paffe fa vie fous terre, fouvent aux pieds des vieilles mu- railles ; pendant Tete , elle craint 1'ardeur du foleil , qui la deffecheroit; & ce n'eft ordinairement que lorfque la pluie eftpreteatomber, qu'elle fort de fon afyle fecret , comme par une forte de befoin de fe baigner & d^ s'imbiber d'un element qui lui eft analogue. Peut-etre auffi trouve-t-elle alors avec plus de facilite les in- fecles dont elle fe nourrit. Elle vit de m ouches , de fcarabees, de limagons & de vers de terre. Lorfqu'elle eft en repos, elle fe replie fouvent fur elle - meme comme les ferpens (i). Elle peut refter quelque terns dans 1'eau fans y perir ; elle s'y depouille d'une pelli- cule mince d'un cendre verdatre. On a meme conferve des Salamandres pendant plus de fix mois dans de i'.eau de puits^ on ne leur donnoit aucune nourriture; on avoit feulement le foin de changer fouvent 1'eau, (/') Laurenti fpedmen nudicumt page DES QvAfiRUPEfiZS OVIPAKtS. On obferve que toutes les fois qu'on plonge une Salamandre terreftre dans 1'eau , elle s'effbrce d'elever fes narines au-deflus de la furface , comme fi elle cherchoit 1'air de 1'atmofpere , ce qui eft une nouvelle preuve du befoin qu'ont tous les Quadruples ovipares de refpirer pendant tout le terns ou ils ne font point engourdis ( k ). La Salamandre terreftre n'a point d'oreilles apparentes; & en ceci elle reflemble aux ferpens. On a pretendu qu'elle n'entendoit point; & c'eit ce qui lui a fait donner le nom de Sourd dans certaines provinces de France: on pourroit le prefumer, parce qu'on ne lui a jamais entendu jetcr aucun cri , & qu en general le filence eft lie avec la furdite. Ay ant done peut-etre un fens de moins, (Sc privee de la faculte de communiquer fes fenfations aux ani- maux de fon efpece, meme par des fons imparfaits , elle doit etre reduite a un bien moindre degre d'inftinclj auffi eft-elle ftupide , & non pas courageufe , comme. on 1'a ecrit; elle ne brave pas le danger, ainfi qu'on 1'a pretendu , mais elle ne I'appei^oit point ; quelqucs geftes qu'on falle pour 1'eflVayer , elle s'avance tou jours fans fe detourner de fa route ; cependant , comme aucun animal n'eft prive du fentiment nccellairc a fa confcrvation, elle comprime , dit - on , rapidcment fa peau lorfqu'on la tourmentc , & foit rcjaillir centre (*) Voyez le Difcotirs fiir la nature des Quadrupedes oyipa 464 HISTOIRE NATVREILB ceux qui 1'attaquent le lait acre que cette pcau re- couvre. Si on la frappe , elle commence par drefler fa queue ; elle devient enfuite immobile , comme fi elle etoit faifie par une forte de paralyfie ; car il ne faut pas , avec quelques Naturaliftes , attribuer a un animal fi de'nue d'inftincft , alfez de finefle & de rufe pour contrefaire la morte, ainfi qu'ils 1'ont ecrit. Au refte, il eft d'ifficile de la tuer- elle eft ires-vivace; mais trempee dans du vinaigre , ou entouree de fel en poudre , elle peril bientol dans des convulfions ainfi que plufieurs autres Iczards & les vers. II femble que Ton ne peul accorder a un etre une qualite chimerique, fans lui refufer en meme-tems une propriete reelle. On a regarde lafroide Salamandro comme un animal doue du pouvoir miraculeux de refifter aux flammes, & meme de les eteindre ; mais en meme-tems on Fa rabaiflee autant qu'on 1'avoit elevee par ce privilege unique. On en a fait le plus funefte des animaux ; les Anciens, & mtme Pline 1'ont devouee a une forte d'anatheme , en la confidc- rant comme celui dont le poifon etoit le plus dan- gereux (1). Us ont ecrit qu'en infedant de fon venin prefque tons les vegetaux d'une vafle contree , elle pouvoit donner la mort a des nations entieres. Les Modernes ont auffi cru pendant long-terns au poifon (I) Pline, livrt XXIX, Chop. ir. de la Salamandrej DES QVADRUPEDES OVIPARES. 46 $ de la Salamandre ; on a dit que fa morfure etoit mortelle , comme celle de la vipere (m) : on a cher- che & prefcrit des remedes contre fon venin ; mais enfin on a eu recours aux obfervations par lefquelles on auroit du commencer. Le fameux Bacon avoit vo.ulu engager les Phyficiens a s'aflurer de 1'exiftence du venin de la Salamandre ; Gefner prouva par Tex- perience qu'elle ne mordoit point , de quelque manic-re qu'on cherchat a 1'irriter ; & Wurfbainus fit voir qu'on pouvoit impunement la toucher , ainfi que boire de de 1'eau des Fontaines qu'elle habite. M. de Mauper- tuis s'eft auili occupe de ce lezard ( n ). : en recher- chant ce que pouvoit etre fon pretendu poifon, il a demontre, par 1'experience, 1'aclion des ilammes fur la Salamandre , comme fur les autres animaux. II a remarque qu'a peine elle eft fur le feu , qu'elle paroit couverte de gouttes de fon lait, qui rareiie par la chalcur , s'echappe par tons les pores de la peau, fort en plus grande quantite fur la tete , ainli que fur les mamelons, & fe durcit fur-le-champ. Mais on n'a certainement pas beloin de dire que ce lait n'eft jamais affez abondant pour eteindre le moindre feu. M. de Maupertuis, dans le cours de fes experiences, ( m ) Natthiole , Liv. VI, Chap. ( 72) Mcmoirts de I' Academic des Sciences, cnnlc ijij- Ovlpares , Toms I, N n 11 HISTOIRE NATU&SIIE irrita envain plufieurs Salamandres ; jamais aucune n'ouvrit la bouche; il fallut la leur ouvrir par force. Comme les dents de ces lezards font tres-petites, on eut beaucoup de peine a trouver un animal dont la peau fiit affez fine pour etre entamee par ces dents. II etfaya inutilement de les faire penetrer dans la chair d'un poulet deplume ; il prefia envain les dents centre la peau; elles fe derangerent plutot que de 1'entamer; il parvint enfin a faire mordre par une Salamandre la cuiffe d'un poulet dont il avoit enleve la peau. II fit mordre aufli par des Salamandres , recemment prifes , la langue & les levres d'un chien , ainfi que la langue d'un coq d'Inde : aucun de ces animaux n'eprouva le moindre accident. M. de Maupertuis fit avaler enfuite des Salamandres entieres ou coupees par morceaux a un coq d'Inde & a un chien, qui ne parurent pas en fouffrir. M. Laurenti a fait depuis des experiences dans les memes vues; il a force des lezards gris a mordre des Salamandres, & il leur en a fait avaler du lait: les lezards font morts tres-promptement (o). Le lait de la Salamandreprisinterieurementpourroit done etre funcfte If male, & fig. 3> bfimelfc Lizards amphibies d'Afrique , id. , tab. 8$ , fig- 4 & 5> ™lume z , planche zz, fig- 7- Gronovius , mus z , page 77 , N.° $i. Triton criftatus , Laurenti fpecimen medicum. (Uanimal que Bclon a appelle cordule, eft la Salamandre h qn. plate , un pcu dcfigurce : Gefner lui-meme 1'avoit reconnu ). Conrad Gejner, de Quadr. , Appendix , page z6. Lacerta aqiutica. Scotia illuflrata , Edimburgi , 1684, Lacerta aquatica. Wulf. Ichthiotogia cum amptoiis rcgnl 472 II IST oi RE NATURELLE il pixfcre ce dernier element pour foil habitation , au lieu qu'on rencontre prefque toujours la Salamandre terreftre dans des trous de murailles, ou dans de pctites cavitcs fouterraines ; & de-la vient qu'on a donne a la Salamandre a queue plate , le nom de Salamandre aquatique , & que M. Linne 1'a appellee lizard des marais. Elle reflemble a la Salamandre dont nous' venous de parler, en ce qu'elle a le corps depourvu d'ecailles fenfibles, ainfi que les doigts degarnis d'on- gles , & qu'on ne compte que quatre doigts a fes pieds de devant : mais elle en differe fur-tout par la forme de la queue. Elle varie beaucoup par fes couleurs , fuivant 1'age ck le fexe. II paroit d'aiileurs qu'on doit diltinguer dans cette efpece de Salamandre a queue plate , plufieurs variete's plus ou moins conftantcs , qui ne font diftinguees que par la grandeur & par les cou leurs, & qui doivent dependre de la difference des pays, ou meme feulement de la nourriture (b). Mais nous lie croyons pas devoir compter, avec M. Dufay, trois efpeces de Salamandre a queue plate; & fi on lit avec attention fon Memoire, on fe convaincra fans peine, d'apres tout ce que nous avohs dit dans cette Hiftoirc, les differences qu'il rapporte pour etablir des Conrad Gefner , de Quadrup. ovip., page 3.8. Leitrc de M. David Frskine Baker , au Prlfident de la Sociltt t[e. Tranjaclions philofoph^ues , Londrts , i747 , in-4.°, N. " 483. diverfites OV1PAKES. 47$' tUverfites d'efpeces , conftituent tout au plus des varietes eonftantes (c). Les plus grandes Salamandres a queue plate n'ex- cedent guere la longueur de fix a fept pouces. La tete eft aplatie >, la langue large & courte ; la peau eft dure, & repand une efpece de lait quand on la bleffe. Le corps e-ft couvert de tres-petites verrues faillantes & blanchatres : la couleur generate , plus ou moins brune fur le dos , s'eclaircit fous le ventre , & y devient d'un jaune tirant fur le blanc. Elle prefente de petites taches, fouvent rondes, foncees, ordinaire- ment plus brunes dans le male , bleuatres & diver- fement placees dans certaines varietes. Ce qui diftingue principalement le male , c'eft une forte de crete membraneufe & decoupee , qui s'etend le long du dos, dcpuis le milieu de la tete jufqu'a 1'ex- tremite de la queue, fur laquelle ordinairement les decoupures s'efTacent , ou deviennent moins fenfibles. Le deflbus de la queue eft auffi garni dans toute fa longueur d'une membrane en forme de bande, placee verticalement , qui a une blancheur eclatante , & qui fait paroitre plate la queue de la Salamandre (d). (c] MSmoire de M. Dufay , dans cde terns ^ fur la Salamandre terreftre, n'a pas cte etendu jufqu a la Salamandre a queue plate. Mais , au lieu DES QVADRVPEDES OVIPARES. 475 de lui attribuer le pouvoir fabuleux de vivre au mi lieu des flammes , on a reconnu dans cette Salamandre une propriete reelle & oppofee. Elle peut vivre aflez long-terns, non-feulement 4ans une eau tres-froide, mais meme au milieu de la glace (e). Elle eft quel- quefois faifie par les glagons qui fe forment dans les fofles, dans les etangs qu'elle habite ; lorfque ces glagons fe fondent, elle fort de fon engourdiflement , en meme- tems que fa prifon fe diflbut , & elle reprend tous fes mouvemens avec fa liberte. On a meme trouve , pendant 1'ete , des Salamandres aquatiques renfermees dans des morceaux de glaces tires des glacieres , &: ou elles devoient avoir etc fans mouvement & fans nourriture , depuis le moment ou on avoit ramafle 1'eau gelee dans les marais , pour en remplir ces memes glacieres. Ce phcnomene , en ap- parence tres - furprenant , n'eft qu'une fuite des pro- prietes que nous avons reconnues dans tous les lezards , & dans tous les Quadrupedes ovipares (f). La Salamandre ne mord point, a moins qu'on ne lui fade ouvrir la bouche par force ; & fes dents font prefque imperceptibles : elle fe nourrit de mouches , de divers infedes qu'elle peut trouver a la furface de 1'eau, du frai des grenouilles, 6cc. Elle eft aufli her- (e) Voyez le Menaoire dej^ cite de M. Dufay. (/) Voyez le Difcours fur le nature des Quadrupedes ovipares. O«» 00 l] HISTOIRE bivore; car elle mange des lenticules, ou lentilles d'eau, qui flottent fur la furface des etangs qu'elle habite, ' Un^des faits qui meritent le plus d'etre rapportes dans 1'hiftoire de la Salamandre a queue plate, eft la maniere dont fes petits fe developpent (g) ; elle n'eft point vivipare , comme la terreftre; elle pond, dans le mois d'Avril ou de Mai , des oeufs , qui , dans certaines varietes, font ordinairement au nombre de vingt , forment deux cordons , & font joints enfemble par une matiere vifqueufe , dont ils font egalement revetus lorfqu'ils font detaches les uns des autres. Ils fe chargent de cette matiere gluante dans deux canaux blancs & t res-pi i fTes , qui s'etendent depuis les pattes de devant jufques vers I'origine de la queue , un de chaque cote' de 1'epine du dos , & dans lefquels ils entrent en fortant des deux ovaires. On appergoit , attaches aux parois de ces ovaires, une multitude de tres-petits ceufs jaunatres ; ils grofliflent infenfiblement a 1'approche du printems , 6c ceux qui font parvenus a leur maturite dans la faifon des amours , dependent dans les tuyaux blancs & pliiTes , dont nous venons de parler, & ou ils doivent etre fecondes (h). (g) Mlmoirt de M. Dufay dcj \\ citl. (h) ®: ouvrage de'j a dtl-, ( s ) Matthiole f diofc. (t) Memoirs de M. Dufay t dc'ja citf, 406 HISTOIRE NATURELLE ainfi que la Salamandre terreftre, que pour les petits lezards (u). Les viiceres de la Salamandre aquatique ont £te fort bien decrits par M. Dufay. Elle habite dans prefque toutes les contrees, non- •feulement de 1'Aiie & de 1'Afrique (v) , mais encore du nouveau Continent. Elle ne craint meme pas la temperature des pays feptentrionaux , puifqu'on la ren contre en Suede , ou fon fejour au milieu des eaux doit la garantir des effets d'un froid exceflif. On auioit done pu lui dormer le nom de lezard commun, ainfi qu'on i'a donne au lezardgris, &a un autre lezard defigne Ibiis le nom de lizard vulgaire, par M. Linne (x) , ES QUADRVPZVES OVIPAKES. 489 ce Iczard aquatique , ne font que la memo elpece , ainfi que M. Linne lui-meme 1'uvoh foupeomu , puii- qu'il fe demande (d) , fi le dernier de ces animaux n'eft pas le premier dans fon jeune age; & ccs deux lizards ne font que la femelle de notre Salamandre , ce qui eft mis hors de doute par les defcriptions aux- quelles M. Linne renvoie, ainli que par les figures qu'il cite , & fur-tout par celles de Seba (c) & de Gef- ner (/). Au refte, nous navons adopte I'opmion que nous expofons ici , qu'apres avoir examine un grand nombre de Salamandres a queue-plate , 6c compare plufieurs varietcs de cette efpece. C'eft peut-etre a la Salamandre a queue-plate qu'ap- partient 1'animal aquatique, connu en Amerique , & particulierement dans la nouvelle Efpagne,fous le nom Mexiquain d' Axolotl , & fous le nom Efpagnol d'//z- guete de Agua. II a etc pris pour un poiiibn , quoiqu'il ait quatre pattes ; mais nous avons vu que le fcinque avoit etc regarde aufli comme un poiflbn , parce qu'il habite les eaux. L'Axolotl a , dit-on , la peau fort unie, parfemce fous le ventre de petites taches, dont la grandeur diminue depuis le milieu du corps , juf- (d] Syjltma natures , amphib. rept., e ditto t >a ( e ) Se'fa , mus. z , tab. iz , fg. 7- (/) Ccpur, ck Quadr. ovip. Lacertus aquaticus. Oripares , Tome I. Q 49° HISTOIRE qua la queue. Sa longueur & fa groffeur font a-peu- pres celles de la Salamandre a queue-plate ; fes pieds font divif« en quatre doigts, comme dans /cs grenouilles ce qui peut faire prefumer que le cinquieme doin ne manque qu'aux pieds de devant , ainfi que dans ces memes grenouilles & dans la plupart des Sala- mandres. 11 a la tete groffe en proportion du corps la gueule noire & prefque toujours ouverte. On a debite un conte ridicule au fujet de ce lezard On a pretendu que la femelle Aoit fujette , comme les femmes , a un ecoulement periodique. Cette erreur pourroit venir de ee qu'on 1'a confondu avec les Salamandres terreftres , qui mettent has des petits tout formes. Et peut-etre meme appartient - il aux Salamandres terreftres plutot qu'aux aquatiques. Au refte , on dit que fa chair eft bonne a manger & d'un gout qui approche de celui de languille (g). Si cela etoit , il devroit former une efpece particuliere , ou plutot, on pourroit croire qu'on n'auroit vu a la place de ce pretendu lezard, qu'une grenouille qui n'etoit pas encore developpee & qui avoit fa queue de tetard, ^ eft a 1 obfervation a eclaircir ces doutes. (B) Voycz la dcfcription de la nouvelle Efp,gne , HilWre « Voyages, troiiiime Partie , Livre V. DBS QuADRVPkDES OVIPARSS. 491 LA PONCTUEE («). ON T R O u v E , dans la Caroline , une Salamandre que nous appellons la Poncluee , a caufe de deux rangees de points blancs , qui varient la couleur fombre de ion dos , & qui fe reuniflent en un feul rang. Ce lezard n'a que quatre doigts aux pjeds de devant ; tous fes doigts font fans ongles , 6c fa queue eft cylindrique, (a) Le Pouftuc. M. d'Aubenton t Encyclopedic tacerta pun<5tata, 45. Linn, amp hib. rept. Catefly j Caroli. j, p. 10 1 tab. io,fig. to. Stellio. Qqq ij 492 HISTOIRE LA QUA TRE-R A IES (*), ON RENCONTRE, dans I'ArncTique , feptentrionale une falamandre dont le defTus du corps prc'fcnte quatre lignes jaunts. L'algire a egalement quatre lignes jaunes fur le dos ; mais on ne peut pas les confondre, parce que ce dernier a cinq doigts aux pieds de devant , & que la Quatre-raies n'en a que quatre. La queue de la Quatre - raies eft longue & cylindrique : on remarque quelque apparence d'ongles au bout des doigts. (a] Le Raye. M. d Au.be nton , Encyclopedic methodique, Lacerta 4 lineata, 46. Linn, amphib. rept. OV1PARES. LE SARROUBE. Nous DEVONS entierement la connoiflance de cette nouvelle eipece de falamandre a M. Bruyeres , de la Societe royale de Montpellier , qui nous a commu nique la defcription qu'il en a faite, & ce qu'il a obferve touchant cet animal dans 1'Ifle de Madagafcar , oil il 1'a vu vivant , & ou on le trouve en grand nombre. Aucun Voyageur ni Naturalise n'ont encore fait mention de cette falamandre; elle eft d'autant plus remarquable , qu'elle eft plus grande que toutes celles que nous venous de decrire. Elle a d'ailleurs des ecailles tres-apparentes; 6c fes doigts font garnis d'ongles , au lieu que , dans les quatre falamandres dont nous venons de parlcr, la peau ne prefente que des mamelons a la place d'ecaillcs fenfibles , & ce n'eft que dans le Quatre-raies qu'on apper^oit quclque apparence d'ongle. Nous plains cependant le Sar- roube a la fuite de ces quatre falamandres , attendu qu'il n'a que quatre doigts aux pieds de devant, 6c qu'il prefente par - la le caracftere diftinclif d'apres lequel nous avons forme la diyifion dans laquelle ces falamandres font comprifes. 4JM HlSTOIKK N.1TURSILB Le Sarroube a ordinairement un pied de longueur totale ; fon dos eft convert d'une peau brillante &. grenue , qui reflemble au galuchat ; elle eft jaune & tigree de vert ; un double rang d'ecailles d'un jaune clair garnit le deffus du cou qui eft tres - large • Ia tete eft plate & alongee; les roachoires font grandes & s'etendent jufqu'au-dela des oreilles ; elles font fans dents, mais crenelees; la langue eft enduite d'une humeur vifqueufe , qui retient les petits infecles dont le Sarroube fait fa proie. Les yeux font gros ; 1'iris eft ovale & fendu verticalement. La peau du ventre eftcouverte de petites ecailles rondes & jaunes ; les bouts des doigts font garnis de chaque c6te d'une petite mem brane, & pardeflbus d'un ongle crochu, place entre un double rang d'ecailles, qui fe recouvrent comma les ardwfes des toits, ainfi que dans le lezard a tete- plate qui vit auffi a Madagafcar, & avec lequel le Sarroube a de tres-grands rapports. Ces deux derniers lezards fe reflemblent encore , en ce qu'il ont tous es deux la queue plate & ovale; mais ils different 1 un de 1'autre , en ce que le Sarroube n'a point la membrane frangee qui s'etend tout autour du corps du It-zard a tete-plate ; & d'ailleurs il n'a que quatre doigts aux pieds de devant, ainfi que nous 1'avons dit. Le nom de Sarroube qui Jui a ete donne par les hab.tans de Madagafcar , paroit a M. Bruyeres de- rn-e du mot de leur Iwgue/^w, qui figniile colm. t)ES VADRVPEDES OV1PARES. Ces memes habitans redoutent le Sarroube autant que le lezard a tete-plate ; mais M. Bruyeres penfe que c'eft un animal tres- innocent, & qui n'a aucun moyen de nuire. II paroit craindre la trop grande chaleur ; on le rencontre plus fouvent pendant la pluie que pendant un terns fee ; & les Negres de Madagafcar dirent a M. Bruyeres qu'on le trouvoit en bien plus grand nombre dans les bois pendant la nuit que pendant le jour. 496 HiSTOIRE N^TURELIS LA TROI S-D OI G T S. JN o u s N o M M o N s ainfi une nouvelle efpece de falamandre , dont aucun Auteur n'a encore parle , & qu'il eft tres - aifj de diftinguer des autres par plufieurs caracleres remarquables. Elle n'eft point di> pourvue de cotes , ainli que les autres Salamandres : elle n'a que trois doigts aux pieds de devant , & quatre doigts aux pieds de derriere ; fa tete eft aplatie &. arrondie pardevant; la queue eft deliee, plus longue que la tete 6c le corps ; & 1'animal la replie faci- lement. C'eft a M. le Comte de Mailli , Marquis de Nefle , que nous devons la connoiffance de cette nouvelle efpece de falamandre , dont il a trouve im individu fur le cratere meme du Vefuve , environne de3 laves brulantcs que jette ce volcan. C'eft une place remarquable pour une falamandre qu'un cndroit entoure de matieres ardentes vomies par un volcan; beaucoupde genspourroient mcmeregarder la proximite deces matieres commeune preuve dupouvoir derefifter nux flammes, que Ton a attribue aux falamandres : Nous n'y voyons cependant que la fuite de quelque accident Encyclopedic Rana efculenta, 1 5. Linn, amphib. rept. Gejner , de Quadr. ovip. , 41 Rana aquatica. Rees. Ran., t. $i , t. 13. Rana viridis aquatica. Rana efculenta , Laurenti fpedmen medicum. Rana, Scotia illuflrata , Edimburgi, 1684. Rana efculenta , Wulff-. Ichtyologia , cum amphib. regnl Born/fid Rana efculenta , British Zoology, volume 3 , Londres 504 HISTOIRE NATURELLE crapes , qu'on ne pent aifement fe repreTenter les unes, fans penfer aux autres; on eft tente de les comprcndre tous dans la difgrace a laquelle les crapauds ont etc condamncs , & de rapporter aux premieres les habitudes bafles, les qualitcs degoutantes les proprietes dangereufes des feconds. Nous aurons peut-etre bien de la peine a donner a la Grenouille commune la place qu'elle doit occuper dans 1'ef- prit des ledeurs , comme dans la nature : mais il n'en eft pas moms vrai que s'il n'avoit point exifte de crapauds , fi Ton n'avoit jamais eu devant les yeux ce vilain objet de comparaifon qui enlaidit par fa relfemblance , autant qu'il falit par Ton approche, la Grenouille nous paroitroit auffi agreable par fa conformation , que diltinguee par fes qualites , & interefTante par les phenom^nes qu'elle prefente dans les diverfes epoques de fa vie. Nous la verrions comme un animal mile dont nous n'avons rien a craindre, dont 1'inftind eft epure, & qui joignant a une forme fvelte des membres delies & fouples, eft paree des conleurs qui plaifent le plus a la vue, & prefente des nuances d'autant plus vives , qu'une humeur vif- queufe enduit fa peau , & lui fert de vernis. Lorfque les Grenouilles communes font hors de leau, bien loin d'avoir la face -centre terre, & d'etre baflement accroupies dans la fange comme les cra pauds , elles ne vorjt que par fauts tres-e'leves j leurs pattes &ES QUADRVPEDES OVIPARES. 50$ pattes de derriere , en fe pliant & en fe debandant enfuite , leur fervent de reflbrts ; &. elles y out aflez de force pour s'elancer fouvent jufqu'a la hauteur de quelques pieds. On diroit qu'elles cherchent 1'element de Tair comme le plus pur; & lorfqu' elles fe repofent a terre, c'eft toujours la tete haute , leur corps releve fur les pattes de devant , 6c appuye fur les pattes de derriere , ce qui leur donne bieu plutot 1'attitude droite d'un animal dont 1'inftindl a une certaine no- blefle , que la poiition bafle & horizontale d'uu vil reptile. La Grenouille commune eft fi elaftique 6c fi fen- fible dans tous fes points, qu'on ne peut la toucher, & fur - tout la prendre par fes pattes de derriere , fans que tout de fuite fon dos fe courbe avec vitefTe , 6c que toute fa furface montre , pour ainfi dire, les mouvemens prompts d'un animal agile, qui cherche \ s'echapper. Son mufeau fe termine en pointe ; les yeux font gros , brillans & entoures d'un cercle coulcur d'or ; les oreilles placees derriere les yeux , 6c recouvcrtes par une membrane ; les narines vers le foinmet du mufeau, & la bouche eft grande & fans dents; le corps , retreci parderriere , prefente fur le dos des lubercules & des afperitcs. Ces tubercules que nous aypns remarques fi fouvent fur les Quadrupedes ovi^. Oviparcs , Tome I. S f i pares, fe trouvent done non - fculement fur les cro codiles & les tres-grands lezards dont ils confident les dures ecailles , mais encore fur des Quadruples foibles , bien plus petits , qui ne prefentent qu'une peau tendre, & n'ont pour defenfe que 1 element qu'ils habitent, & 1'afile ou ils vont fe refugier. ^ Le deffus du corps de la Grenouille commune eft d'un vert plus on moins fonce ; le deflbus eft blanc : ces deux couleurs, qui s'accordent tres-bien, & forment un aflbrtiment ek'gant , font relevees par trois raics jaunes qui s'etendent le long du dos; les deux dcs cotes forment une faillie , & celle du milieu prefente an comraire une efpece de fillon. A ces couleurs jaune , verte & blanche , fe melent des taches noires fur la partie inferieure du ventre; ck a mefure que 1'animal grandit , ces taches s'etendent fur tout le defTous du corps , & meme fur fa partie fuperieure. Qu'eft-ce qui pourroit done faire regarder avec peine un ttre dont la taille eft legere, le mouvcment prefte, Tattitude gracieufe ? Nc nous interdifons pas un plaifir de plus; &, lorfque nous errons dans nos belles campagnes, ne foyons pas faches de voir les rives des ruirTeaux embellics par les couleurs de ces animaux innocens , & animees par leurs fauts vifs & legers: contemplons leurs petites manoeuvres; fui- vons-les des yeux au milieu des etangs paifibles dont ils diminucnt ii fouvent la folitude , fans en troubler DES QVADRVPED&S OV1PARES. le calmc ; voyons-les montrer fous les nappes d'eau les couleurs les plus agreables, fendre en nageant ces eaux tranquilles , fouvent meme fans en rider la furface, & prefenter les douces teintes que donne la tranfpa- rence des eaux. Les Grenouilles communes ont quatre doigts aux pieds de devant, comme la plupart des Salamandres; les doigts des pieds de derriere font au nombre de cinq , &. reunis par une membrane ; dans les quatre pieds, le doigt interieur eft ecarte des autres, & le plus gros de tous. Elles varient par la grandeur , fuivant les pays qu'elles habitent, la nourriture qu'elles trouvent , la chaleur qu'elles cprouvent , &c. Dans les zones tempe- reeSjla longueur ordinaire de ces animaux eft de deux a trois pouces , depuis le mufeau jufqu'a 1'anus. Les pattes de derriere ont quatre pouces de longueur quand elles font etenducs, 6c celles de devant enviren u n pouce &: demi. II n'y a qu'un ventricule dans le co?ur de la Grenouille commune, ainli que dans celui des autres Quadrupedes ovipares ; lorfque ce vifcere a etc arrache du corps de la Grenouille , il conferve ion battement pendant fept ou huit minutes, & meme pendant plu- fieurs heures , fuivant M. Dehaller. Le mouvement du fang eft inegal dans les Grenouilles; il eft poufle goutte a goutte, & a de frequeutes reprifes; - J)iclionnaire d'Hipoire namrdle de M. Valmont dc Bemars » artick- dts Grenouilies.- d) Ray y Synopfis animalium , page 2£i>' 510 HISTOIRE NATVREZLB maux plus confiderables , tels que de jeunes fouris ' de petits oifeaux, & meme de petits canards "nouvel- lement eclos , lorfqu'elles peuvent les furprendre fur le bords des etangs qu'elles habitent. La Grenouille commune fort foment de 1'eau, non* feulement pour chercher fa nourriture , mais encore pour s'impregner des rayons du foleil. Bien loin d'etre prefque muette comme pluiieurs Quadruples oviparess & particulierement comme la falamandre terreftre * avec laquelle elle a plufieurs rapports , on 1'entend de' tres-loin , des que la belle faifon eft arrivee, & qu'elle eft penetree de la chaleur du printems jeter un cri qu'elle repete pendant affez long-terns, fur-tout lorf- qu'il eft nuit. On diroit qu'il y a quelque rapport de plaiiir ou de peine entre la Grenouille & I'humidite du ferein ou de la rofee; 6c que c'eft a cette caufe qu'on doit attribuer fes longues clameurs. Ce rapport pourroit montrer pourquoi les cris des Grenouilles font , ainfi qu'on 1'a pretendu , d'autant plus forts, que le terns eft plus difpofe a la pluie, & pourquoi ils peuvent par confequent annoncer ce meteore, Le coaflement des Grenouilles , qui n'eft compofe que de fons rauques , de tons difcordans & peu diftinds les uns des autres, feroit tres-defagreable parlui-meme, & quand on n'entendroit qu'une feule Grenouille a la foisj mais c'eft toujours en grand nombre qu'elles coaf- fent- &. c'eft toujour^ de trop pres qu'on entend ces jlBX*P&J>*S OV1 TAKES. fons confus, dont la monotonie fatiguante eft reunie a une rudefle propre a bleffer 1'oreille la moins deli cate. Si les Grenouilles doivent tenir un rang diftingue parmi les Quadrupedes ovipares, ce n'eft done pas par leur voix : autant elles peuvent plaire par Tagilite de leurs mouvemens, ck la beaute de leurs couleurs, au tant elles importunent par leurs aigres coaflemens. Les males font fur - tout ceux qui font le plus de bruit ; les femelles n'ont qu'un grognement affez fourd, qu'elles font entendre en enflant leur gorge; mais, lorfque les males coaflent , ils gonflerit de chaque cote du cou deux veflies qui , en fe rempliflant d'air , & en devenant pour eux comme deux inftrumens retentions , aug- mentent le volume de leur voix. La Nature , qui n'a pas voulu en faire les muficiens de nos campagnes, n'a donne a ces inftrumens que de la force, & les fons que formcnt les Grenouilles males fans etre plus agreables , font fculement entendus de plus loin que ceux de lenrs femelles. Ils font feulement plus propres a troubler ce calme des belles nuits de 1'ete , ce filence enchanteur qui regne dans une verte prairie , fur le bord d'un ruiifeau tranquille, lorfque la lune eclaire , de fa lumierc pai- fible, cet aiile champetre, ou tout gouteroit les charmes dc la fraicheur, du repos , des parfums des fleurs , 6c ou tons les fens feroient tenus dans une douce extafe, fi celui de 1'ouie n'etoit defagreablement ebranle par 512 HfSTOrXg N.4TVRELT.E des cris auffi aigres que forts , & de rudes coaflemens Tans ceffe rcnouvelles. Cc n'eft pas feulemcnt lorfque les Grenouilles males coaflbm, quc leurs veffies paroitfent a i'exterieur- on peut , en prefiant leur corps , comprimer 1'air qu'il renferme , & qui , fe portant alors dans ces veffies, en etend le volume & les rend faillantes. J'ai auffi vu gonfler ces memes veffies , lorfque j'ai mis des Gre nouilles males fous le recipient d'une machine pneu- matique , & que j'ai commence d'en pomper 1'air. Independammcnt des cris retentiflans & long-terns prolonges que la Grenouille male fait entendre fi fou- vent , elle a d'ailleurs un fon moins defagreable & moins fort , dont elle ne fe fert que pour appeller fa femelle: ce dernier fon eft fourd & comme plaintif, t^nt il eft vrai que 1'accent de 1'amour eft toujours mele de quelque douceur. Quoique les Grenouilles communes fe plaifent a des latitudes tr£s - dlevees , la chaleur leur eft affez necefTaire, pour qu'elles perdent leurs mouvemens, que leur fenfibilite foit ires - affoiblie , &. qu'elles s'engourdifTent des que les froids de 1'hiver font venus. C'eft communement dans quelque afile cache tres- ^vant fous les eaux , dans les marais & dans les lacs qu'elles tombent dans la torpeur a laquelle elles font fujettes. Quelques-unes cependant paflent la faifon du frcid dans des trous fous terre , ftjt que des circonf- tance^ DES QUADRVPEDES OF I PA RES. 5! 3 tances locales les y dcterminent , ou qu'elles foient fur- prifes dans ces trous par le degre de froid qui les engour- dit. Elles font alimeniees , pendant le terns de leur long fommeil , par une matiere graiffeufe renfermee dans lo tronc de la veine-porte (e). Cette graiife repare jufqu'a un certain point la fubftance du fang , &. 1'entretient de maniere a ce qu'il puitfe nourrir toutes les parties du? corps qu'il arrofe. Mais quelque fenfibles que foient les Grenouilles au froid, celles qui habitent pres des zones torrides, doivent etre exemptes de la torpeur de 1'hiver, de meme que les crocodiles 6c les lezards qui y font fujets a des latitudes un peu elevees , ne s'engourdif- fent pas dans les climats tres-chauds. On tire les Grenouilles de leur etat d'engourdifle~ ment, en les portant dans quelque endroit echauffe , 6c en les expofant a une temperature artificielle , a- peu-pres femblablc a celle du printems. On peut fuc- cefllvement & avcc aflez de promptitude les rcplonger dans cet etat de torpeur , ou les rappeller a la vie par les divers degres de froid ou de chaud qu'on leur fait fubir. A la verite, il paroit que 1'adivile qu'on leur donne avant le terns ou elles font accoutumees a la recevoir de la Nature, devient pour ces animaux un grand effort qui les fait bientot perir. Mais il eft a prc- fumcr que li Ton reveilloitainfi des Grenouilles apportees (e) Matyighi. Ovivarcs , Tome I, 5*4 de climatstres-chauds oil elles ne s'engourdiflcnt ja bicn loin de contrarier les habitudes de ces aniniaux, on ne feroit que les ramener a leur etat nature! , & ils n'auroient rien a craindre de 1'aclivite qu'on leur rendroit. On eft meme parvenu, par une chaleur arti- ficielle, a remplacer alTez la chaleur du printems, pour que des Grenouielles aient eprouve ,. 1'une aupres de 1'autre , les defirs que leur donne le retour de la belle faifon. Mais , foit par defaut de nourriture , foit par une fuite des fenfations qu'elles avoient eprouvees trop brufquement, & des efTorts qu'elles avoient faits dans un terns ou communement il leur refte a peine la plus foible exiftence , elles n'ont pas furvecu long-^ terns a une jouifTance trop hatee (f). Les Grenouilles font fujettes a quitter leur peau ,. de meme que les autres Quadruples ovipares; mais eette peau eft plus fouple , plus conftamment abreuvee par un element qui la ramollit, plus fujette a etre alteree par les caufes extericures; d'ailleurs les Gre nouilles, plus voraces & mieux conformees dans les organes relatifs a la nutrition, prennent une nourriture plus abondante, plus fubftantielle , & qui fourniflant une plus grande quantite de nouveaux fucs , forme plus aifement une nouvelle peau au-deiTous de fan- cienne. II n'eft done pas furprenant que les Grenouilles - (/) Mimoires de. M. Glcditsch, dans ceux de I'Acadtmie de- P ruffe.- DES Q_vAT>&vpkr>E$ on PA RES. 515 fc depouillent tres-fouvent de leur peau pendant la faifon oil elles ne font pas engourdies, & qu'alors ellcs en prodiiifent une nouvelle prefque tons les huit jours: lorfque 1'ancienne eft feparce du corps de Tanimal , clle reflemble a une mucofite delayee. C'eft fur-tout au retour des chaleurs que les Gre- nouilles communes, ainfi que tous les Quadrupedes ovipares , cherchent a s'unir avec leurs femelles; il croit alors aux pouces des pieds de devant de la Gre- nuuille male , une efpece de verrue plus ou moins noire, & garnie de papilles (g). Le male s'en fert pour retenir plus facilement fa femelle ( h ) ; il monte fur fon dos , &. I'embrafle d'une maniere fi etroite avec fes deux pattes de devant, dont les doigts s'entrelacent les uns dans les autres, qu'il faut employer un peu de force pour les feparer, & qu'on n'y par- vient pas en arrachant les pieds de derriere du male. M. 1'Abbe Spallanzani a meme ecrit qu'ayant coupe la tete a un male qui etoit accouple, cet animal ne cetfa pas de feconder pendant quelque terns les ceufs de fa femelle, & ne mourut qu'au boutde quatre heures (i). (g) Ra>fel,page 54- (A) M. Linnc, vraifemblablement d'apres Frederic Menzius , a et tentc de regardcr cette efpece de verrue, comme la partie fexuelle du male-, pour pen qu'il etitriflcchi * cette opinion, il auroit etc le premier * la rejeter. Lin. , fyflema nat. , edit. 13.* torp. i , folio 355. (/) Vol. 5 tpagf 86. Ttt i) 5*6 PIlSTOIRE N^TVRELLE Quelque mouvement que fade la femelle, le male la reiient avec fes Pattes , & ne la laiile pas cchapner m£m de mer demeurer pendant long-terns intimement unies & voguer fur la furface des ondes, fans pouvoir etre' feparees Tune de J'autre. Au bout de quelques jours, la femelle pond fes oeufs, en faifant entendre quelquefois un coaflement un peu fourd; ces oeufs foment une efpece de cordon, etant coles enfemble par une matiere glaireufe dont ils font enduits- le male faifit le moment ou ils fortent de 1'anus de la femelle,pour les arrofer de fa liqueur nale , en repctant plufieurs fois un cri particulier , & il peut les fc^conder d'autant plus aifc'ment , que fon corps depaife communement , par le bas , celui de fa compagne: il fe fcpare enfuite d'elle, & recom mence a nager, ainfi qu'a remuer fes pattes avec agi- lite , quoiqu^l ait paife la plus grande partie du terns f *) Collection acadcm. f rome 5 3 pagc ^9. Htftoire de la GrenoMU , ( 1} Swammerdam & RafiL mcdicum, DES Ou.'tDXVPZDKS OVIPARF.\. dc fon union avec la fcr.ieHe dans unc grande immo bility, & dans ccttc cip-ce de contraction qui ac- compagne quelqucfois les fenfations trop vives (n). Dans les dirk-rentes obfervations que nous avons faites fur les ceufs des Grenouilles , & fur les chan- gemens quelles fubiilcnt avant de devenir adultes, nous avons vu, dans les oeufs nouvellement pondus, un petit globule, noir d'un cote, & blanchatre de 1'autre, place au centre d'un autre globule, dont la Jubilance glu- tineufe ck tranfparcnte doit fervir de nourriture a 1'embryon , & eil cuntenue dans deux onveloppes membraneufcs 6c concentriques : ce font ccs membranes qui reprefentent la coque de 1'oeiif (o) Apres un terns plus on moins long, fuivant la tem perature , le globule noir d'un culc L\ bianchatre de 1'autre, fe devcloppe 6v prend le nom dc titard ( n ) Swjmmcrchim , a I'cndroit de'jd cite'. (o) M. 1'Abbe Spallanzani ne confiderant la membrane intLri qui envcloppe le tctard cjiic comme un cmnios , a propofe dc fiiparet les grcnouilles, les crapauds & !es raines, des ovipares, pour les rcunir avec les viviparcs1, m.iis nons n'avons pas cru devoir adopter 1'opinion de cet habile Natunliftc. Comment eloigner en efiet les grenouiUes , les raines & les crapauds, des tortues & des Icz-.rds avec Itkjuels i's font lies par tant de rapports, pour les rapprocher des viviparcs, dont jls ditierent par tant dc oradcres interieurs ou extcrieurs? Voyez 1-t1 troilicrae volume de M. 1'Abbc Spallanzani, page ~6. M. I' Abbt Spalianiani 3 oyvrage dc;d a tt , volume 3, page tj, 5Io HISTOIRE NATURELLE -cet embryon dechire alors les enveloppes dans lefquelles il etoit renferme , & nage dans la liqueur glaireufe qui 1'environne,, & qui s'etend & fe delaye dans 1'eau, ou elle flotte fous 1'apparence d'une matiere nuageufe- il conferve, pendant quelque terns, fon cordon ombilical qui eft attache a la tete, au lieu de 1'etre au ventre , ainfi que dans la plupart des autres animaux; il fort de terns en terns de la matiere gluante , comme pour eflayer fes forces ; mais il rentre fouvent dans cette petite malfe flottante qui peut le fautenir; il y revient, jion-feulement pour fe repofer, mais encore pour pren- dre de la nourriture. Cependant il groffit toujours; on diftingue bientot fa tete , fa poitrine, fon ventre & fa queue dont il fe fert pour fe mouvoir. La bouche des tetards n'eft point placee , comme dans la Grenouille adulte , au-devant de la tete , mais en quelque forte fur la poitrine ; auffi lorfqu'ils veu- lent faifir quelque objet qui flotte a la furface de 1'eau ou charier 1'air renferme dans leurs poumons , ils fe renverfent fur le dos , comme les poirfons dont la bouche eft fituce au-defTous du corps ; 6c ils execu- tent ce mouvement avec tant de vitefTe que 1'oeil a .de la peine A le fuivre (q). Au bout de quinze jours , les yeux parohTent quel- quefois encore femes, mais on decouvre les premiers (jf) *inm PEDES OVIPARES. 5 K) Kneamens des pattes de derriere (r). A mefure qu'clles croiffent, la peau qui les revet s'ctcnd en propor tion (s) . Les endroits oil feront les doigts , font mar ques par de petits boutons ; &, quoiqu'il n'y ait encore aucun os , la forme du pied eft tres-reconnoiflable. Les pattes de devant reftent encore entierement cachees fbus 1'enveloppe : plufieurs fois les pattes de devant font au contraire les premieres qui paroiffent, C'eft ordinairement deux mois apres qu'ils ont commence de fe developper , que les tetards quittent leur enveloppe pour prendre la vraie forme de Gre- nouille, D'abord la peau exterieure fe fend fur le dos? pres de la veritable tete qui paffe par la fente qui vient de fe faire. Nous avons vu alors la membrane, qui fervoit de bouche au tetard , fe retirer en arriere &. faire partie de la depouille. Les pattes de devant commencent a fortir & a f e deployer ; & la depouille toujours repouflee en arriere , laiffe enfin a decouvert le corps, les pattes de derriere, la fubftance tranfparente & gl.ireufe ou f -wTe/ fr P°rt"e Une no^«ure analogue a la foibjefle de fes. organes. A 1'egard DES QU^DRUP£DXS oriPARr.s. 52! A I'egard de cette efpece de fac dans lequel la gre- nouille ainii que la raine & le crapaud font renfermes pendant les premiers terns de leur vie (bus la forme de tctard , &. qui prefente une ouverture pour que la nourriture puifle parvenir au jeune animal , on doit , ce me femble , le confiderer comme une efpece de fecond oeuf , on pour mieux dire de feconde enve- loppe dont Tanimal ne fe degage qu'au moment qui lui a etc veritablement fixe pour eclore : ce n'eft que lorfque la grenouille ou le crapaud font ufage de tous leurs membres , que 1'on doit les regarder comme veritablement eclos. Us font toujours dans un ceuf tant qu'ils font fous la forme de tetard : mais cet ceuf eft perce parce qu'il ne renferme point la nourriture ne- ceflaire au foetus , & parce que ce dernier eft oblige d'aller chercher fa fubfiftance, foil dans 1'eau, foit dans la fubftance glaireufe qui flotte avec 1'apparence d'une matiere nuageufe. Le tetard, a le bien confiderer, n'eft done qu'un ceuf fouple & mobile qui peut fe prefer a tous les mouvemens de 1'embryon. 11 en feroit de meme de tous les ceufs, &L mcme de ceux de nos poules , ii au lieu d'etre folides & formes d'une fubftance civiacee & dure , ils ctoient compoles d'une membrane tres-molle , trcs-flexible & tranfparente. Le poulet , qui y feroit contenu , pourroit executer quelques mouvemens, quoi- que renferme dans cette enveloppe , qui fe preteroit Ovipares , Toms I, V V Y 522 HlSTOIRE N^TUKEZIf a^fon adtion ; il le pourroit fur-tout , fi ces monvemens n etoient pas contraries par les afpeiites des furfaces & les inegalitfs du terrain , & fi au contraire ils avoient lieu au milieu de 1'eau qui foutiendroit 1'ceuf & ]e foetus , & ne leur oppoferoit qu'une foible reliance Ces mouvemens feroient comme ceux d'un petit ani mal qu on renfermeroit dans un fac d'une mature iouple. Que fe pafTe-t-il done reellement dans le deve- loppement des grenouilles, ainf. que des autres Qua- drupedes ovipares fans queue ? leurs ceufs ont plufieurs enveloppes : les plus exterieures , qui environnent le globule noir & blanchatre , ne fubfiftent que quelques jours; la plus interieure, qui eft tres-molle & tres-fouple, pent fe preter a tous les mouvemens d'un animal qui a chaque inftant acquiert de nouvelles forces; elle s etend a mefure qu'il gnmdit ; elle eft percee d'une ouverture, que 1'on n'auroit pas du appeller bouche, car ce n eft pas precifement un organeparticulier, mais un padage pour la nourriture neceflaire a la jeune grenouille, au jeune crapaud, ou i la jeune raine: & comme les oeufs des grenouilles, des raines & des crapauds , font communemem pondus dans I'eau.qui, pendant le printems & 1'cte , eft moins chaude que la terre & l'air de l'atmofptere, ils eprouvent une chaleur moin£ confiderable, que ceux des lezards «k des tortues qui font depofes fur les rivages, de manicre DES Ou^ DRUPE DES OV I PA RES. 52} a etre echauffes par les rayons du foleil : il n'eft done pas furprenant que, par exemple, les pctitcs grunouillcs foient renfermees dans leurs enveloppes pendant deux mois, ou environ, tome 5 , page 270. (y) Voyez les (Euvres de M. 1'Abbe Spallanzani , tradu<5tion dc M. Sennebier , vol. 2 , pages 160 & fuiv. M, d'Aubenton en a trouvc dans 1'eftomac d'un Iou# HTSTOIRS NATURELLE (implement d'un morceau d'etoffe rouge ou couleur de chair; car, ainfi que nous 1'avons dit, lesgrenouilles font goulues ; dies faiiiiTent avidement & retiennent avec obitination tout ce qu'on leur prefente (a). M. Bour. geois rapporte qu'en SuifTe en les prend d'une maniere plus prompte par le moyen de grands rateaux dont les dents font longues & ferrees : on enfonce le rateau dans 1'eau, & on ramene les grenouilles a terre, en le re* tirant avec precipitation (b). On a employe avec fucces en medecine les diffe- rentes portions du corps de la grenouille , ainfi que for* frai auquel on fait lubir differentes preparations, tant pour conferver fa vertu pendant long- terns, que 'pour ajouter a Tefficacite de ce remede (c). La grenouille commune habite prefque tous les pays. On la trouve tres-avant vers le nord, & meme dans Ja Lapponie Su^doife (d) • elle vit dans la Caroline c< dans la Virginie, ou elle eft fi agile, au rapport de plufieurs Voyageurs, qu'elle peut, en fautant, franchu; un intervalle de quinze a dix-huit pieds. (a) Laurentifpedmenmedicum, Vienne , i7G8 , page 1,7. (b) Di&onnaire JHfoire naturdk , par M, Valmont de Bomarc, article des Grenouilles. (c) Idem. (d) Voyez , dans la continuation de 1'Hiftoire gen^rale des Voyages, iition in-,2, la dcfcription de la Lapponie fucdoife, par f traduite par M. de Kcralio de Goiirla/ DZS QVADRVPEDES OVIPARES. Nous aliens maintenant prefenter rapidcment les details relatifs aux grenouilles differcntes de la gre- nouille commune , & que 1'on rencontre dans nos contrees , ou dans les pays etrangers : nous allons les confiderer comme des efpeces diftincles; peut-etre des obfervations plus etendues nous obligeront-elles dans la fuite a en regarder quelques-unes comme de fimples varictcs dependant es du climat, ou tout au plus comme des races conftantes : nous nous contenterons de rapport e* les differences qui les feparent de la grenouille com mune , tant dans leur conformation que dans leurs Tiabitudes, 528 HISTOIRE LA ROUSSE (*). -IL EST AISE dc diftinguer cette grenouille d'avec les autres , par une tache noire qu'elle a entre les yeux & les pattes de devant. Elle paroit, au premier coup-d'oeil , n'etre qu'une vari^te de la grenouille com mune ; mais comme elle habile dans le meme pays comme elle vit , pour ainfi dire , dans les memes etangs , &. qu'elle en differe cependant conftamment par quelques-unes de fes habitudes & par fes couleurs, (a) Ba traces , en grec. La muette. M. d'Aubenton, Encydopfdie mtthodique. Kara temporaria , 14. Lmn. amph. rept. Rana muta, Laurenti fpedmen mcdicum. R*fil* tab. z & 3, Rana fufca terreftri^ Gc/ner, dc Quadr. ovi. , fol. 58 f Rana gibbofa. Aldr. ovip, 83, Rana. j f Ray, Quadr., 247, Rana aquatica. Bradi natur. , tab. 2.1 , fi?. z. Batracos , Anflote , Hiftoirt des anunaux , Livre IV, chap Frog common , British Zoology, voL ^ London, ,£ R^na temporaria , Wulff.Ichthyologla jCUm amphlblls L vefpertina , Supvl^nt au Voyage d< M. Pallas. on ne peut pas VZS QuADRVPXDES OVJPARES. 529 on ne peut pas rapporter fes caraderes diftiudifs a la difference du climat ou de la temperature , & Ton doit la confidcrer commc une efpece particuliere. Elle a le deflus du corps d'un roux obfcur , moins fence quand elle a renouvellc fa peau , & qui devient comme marbrc vers le milieu de I'&e. Le ventre eft blanc & tachete de noir a mefure qu elle vieillit. Les cuifles font rayees de brun. Elle a , au bout de la langue , une petite echan- crure dont les deux pointes lui fervent a faifir les infedes qu elle retient , en meme-tems , par 1'efpece de glu dont fa langue eft enduite , & fur lefquels elle s'elance, comme un trait, des qu'elle les.voita fa portee. On 1'a appellee la muctte , par comparaifon, i / f f avec la grenouille commune , dont les cris dciagrea- bles & fouvcnt repetcs, fe font entendre de tres-loin. Cependant, dans le terns de fon accouplement ou lorfqu'on la tourmente , elle pouflc un cri fourd , fern- blable a une forte de grcgnement , & qui eft plus frequent & moins foible dans le male. Les grenouilles rouffes paflent une grande partie de la belle faifon a lerre. Ce n'eft que vers la fin de 1'automne qu'elles regagnent les endroits marecageux , &, lorfque le froid devient plus vif , elles senfoncent dans le limon du fond des e-eangs, ou elles demeurent engourdies jufqu'au retour du printems. Mais , lorfque }a chaleur eft revenue , elles font rendues a la vie & Oy Lp ares , Tome /. 53° HiSTOIRE N.4TURELLE au mouvement. Les jeunes regagnent alors la ten* pour y chercher leur nourriture : celles qui font agee, de trois ou quatre ans, & qui out atteint le de-re de developpement neceflaire a la reproduction de leur efpece , demeurent dans 1'eau jufqu>t\ ce que ]a faj_ Ion des amours foit paffee. Elles font les premieres grenouilles qui s'accouplent , comme les premieres ra- nimees. Elles demeurent uiiies pendant quatre jours ou environ. Les grenouilles roufles eprouvent , avant d'etre adultes , les memes changemens que les grenouilles communes 5 mais il paroit qu'il leur faut plus de terns pour les fubir , & que ce n'eft qu'a-peu-pres au bout de trois mois qu'elles out la forme qu'elles doivent conferver pendant toute leur vie. Vers la fin de Juillet , lorfque les petites grenouilles lont entierement eclofes , & ont quitte leur etat de tetard, elles vont rejoindre les autres grenouiJles rouffes dans les Lois & dans les campagnes. Elles partent le loir , voyagent toute la nuit 6c evitent d'etre la proie des oifeaux voraces, en pailant le jour fous les pierres & fous les differens abris qu'elles rencontrent , 6c en ne fe remettant en chemin que lorfque les tenebres leur rendent la furete. Cependant , malgre cette efpece de prudence, pour pen qu'il vicnne a pleuvoir, elles 'tent de Jeurs retraites pour s'imbiber de 1'eau qui toni.be. DES QuADRVPkDES Or IP ARES. 5 } I Comme elles font trcs-fecondcs & quelles pondent ordinairement depuis fix ccns jufqu'a onze ccns oeufs, il n'eft pas furprcnant quelles fe montrent quelque- fois en fi grand nombre , fur-tout dans les bois & les terrains humides , que la terre en paroit toute cou- verte. La multitude des grenouilles rouffes qu'on voit fortir de leurs trous lorfqu'il pleut , a donne lieu a deux fables ; Ton a dit , non-feulement qu'il pleuvoit quclquefois des grenouilles, mais encore que le me lange de la pluie avec des grains de poufliere pouvoit les engendrer tout d'un coup. L'on ajoutoit que ces grenouilles ainfi tombees des nues , ou produites d'une maniere fi rapide par un melange fi bizarre, s'en alloient auffi promptement quelles etoient venues , & qu elles difparoillbient aux premiers rayons du Soleil. Pour peu qu'on eut voulu decouvrir la verite, on les auroit trouvees , avant la pluie , fous des tas de pierres & d'autres abris , ou on les auroit vues cacheesde nouveau apres la pluie , pour fe derober a une lumiere trop vive (I) ; mais on auroit eu deux fables de rnoins a raconter , pour ]eur nourr.ture' es mfecftes qui ont la propriete de luire dans les tene- toes foit que cet aliment leur convienne mieux ou queUes puiflent 1'appercevoir, & ]e faiflr p]U3 faci. (c) Launnti fpcdmen mcdicum , pagc i w. p.-r M. Frtmfois Cetti. <')«!• dos & 1, deffus de cette grcnouiOe ( 1. greri0l,ffle dc '}, font gr,s & t.chetis de nurqnnd'iin bran obfcur fort proches s un« des ,at«s : le ven.re eft dun Uac Ale & Increment maroue.c : tU, eft rouge. Ces grenonilles varient que!q,,efoi5 par rapport a la "couleur, les nnes etant plus grife, & les autres pencW ^ Je .mileurs corps font gros, & elfcs reffemblent plus i „„ crnpaud •qui une Grenouilk, cependant elles ne rampent pas comme les cra- " pjuas , mais elles C.utenf. On en voit davantage dans les terns hun,id« es font cependant fort communes dans les terres elevees, & paroiflcHf fa« le ,e,us Je p|« ctod du jour. „ a*fiyf vol. *tpaF 63, DES QUADRUPEDES OV I PA RES. ^JJ lement lorfqu'elles cherchent leur pature pendant la nuit. Catefby rapporte en efTet qu'etant dans la Caro line , liors de fa maifon , au commencement d'unc nuit trcs - chaude , quelqu'u'n qui I'accompagnoit , laifla tomber de fa pipe un pen de tabac brulant qui fut laifi &. avale par une grenouille de terre, tapie aupres d'eux , & dont 1'humeur vifqueufe dut amortir Tardeur du tabac. Catefby efTaya de lui pre- fcnter un petit charbon de bois allume , qui fut avale & eteint de mcme. II eprouva conftamment que les grenouilles terreftres faififlbient tous les petit? corps enflammes qui etoient a leur portee , &: il con- jeclura , d'apres cela, qu'elles devoicnt rechercher les vers on les infecles luifans qui brillent en grand nombre , pendant les nuits d'ete, dans la Caroline &. dans la Virginte (f). (f) Catejby 3 au meme endroit. 534 HISTOIRE NATURELLE LA PLUVIALE (*). CETTE GRENOUILLE ell couverte de verrues , ce qui fert a la diftinguer d'avec les autres. La par- tie pofterieure du corps eft obtufe & parfemee en deffous de petits points. Elle a quatre doigts aux pieds de devant , & cinq doigts un peu fepards les uns des autres aux pieds de derriere. On la trouve dans plufieurs contrees de 1'Europe. Elle s'y montre fouvent en grand nombre , apres les pluies du printems ou de 1'ete , ainfi que la grenouille roufle ; & c'eft de-la qu'eft tire le nom de Pluviale , que M. d'Aubenton lui a donne , & que nous lui confervons. On a fait fur fon apparition les memes contes ridicules que fur celle de la grenouille roufle, (a) La Pluviale. M. d'Aubenton , Encyclopedic mtthodique. Rana corpore verrucofo, ano obtuib fubtus pundtato,^^. Suec.fij6t Rana rubeta , 4. Linn, amphib. rept. Rana palmis tetradadylis riflis, plantis pcntadadylis fubp^natis , ano fobtus punctato. Water Jack, British Zoology , vol. 3, London, ijj$. Rana rubeta. Wuljf. Ichthyologia , cum amphibiU regni Boru/ci. ].\ SONNANTl-'. anfiubur Je VES QVADRUPEDES OV I PARES. 535 LA SONNANTE («). ON TROUVE, en Allemagne, une grenouille qui, par fa forme , refTemble un peu plus que les autres au crapaud commun , mais qui eft beaucoup plus petite que ce dernier. Un de fes caracteres diftinclifs eft un pli tranfverfal qu'elle a fous le cou. Le fond de fa couleur eft noir : le defTus de fon corps eft couvert de points faillans, &. le deilbus marbre de blanc & de noir. Les pieds de devant ont quatre doigts divifes, &. ceux de derriere en ont cinq reunis par une membrane : on confcrve , au Cabinet du Roi , plu- iieurs individus de cette efpece. On la nomme la Sonnante , a caufe d'une reflemblance vague , qu'on a trouvce entre fon coailement & le fon des cloches, qu'on entendroit de loin. Sa forme & fon habitation 1'ont fait appeller quelquefois crapaud des marais. (a) La Sonnante. M. d'Aubenton 3 Encyclopedic methodiqut. Rana canvpanifoiu, Laurenti fpecirnen medicum. Gejlier, pijc. , ,95^-- R,-s.na bombitu, 6" Linn, arr.ph. rept. Rana variegata , Urultf'. Ichthjologia , cum amphibus i^.n . /. LA BORDEE (*). IL EST AISE de diftinguer cette grcnouille qui fe trouve aux Indes , par la bordure que prefentent li. cotes ; fon corps eft alonge ; les pieds de derriere ont cinq doigts divifes. Le dos eft brun & lifle (b) ; le deflbus du corps eft d'une couleur pale & convert d'un grand nombre de trcs - petites verrues qui ic touchent (a] La Grcnouille Bordee. M. d'Aubenton , Encyclopedic mtthodique* Pana marginata , Laurenti Jperime n medicum. Rana marginata , Linn.t fyjhrna natures , editio z^.4! Rsna latcribus m.irginatis , mulxnm ad, fr. , fol 47. (b} Suivant M. Laurent! , le deiltis da corps eft convert d'afju'ri^Si majs nous avons cm devoir fuivre la defcription quc M. Linn^ a faitc de cette Grcnouille, d'aprcs un individu confervc dans le mufeimi du AdoJpfae. LA R^TICULAIRE DES QVADRVPEDES OVJPjLRES. 5 J ^ LA RETICULAIRE («). ON TROUVE ENCORE, dans les Indes , une gre- nouille dont le caradere diilinclif eft d'avoir le deflus du corps veine & tachete de maniere \ prefcnter Tap- parence d'un refeau j elle a les doigts divifes. . _ . __ --_ — — —— — — — ^ • ( vol. i , planche. jz , fig- 4- Ovipares, Tome I. Yyy HISTOIRE NATURELLE LA P A TT E D'O I E (*), C'EST une grande & belle grenouille dont le corps eft veine & panache de difFerentes couleurs ; le fommet du dos prefente des taches placees oblique- ment. Des bandes colorees, rapprochees par paires regnent fur les pieds & les doigts. Ce qui la carade- rife & ce qui lui a fait donner, par M. d'Aubenton, le nom de Patte-d'oie que nous lui confervons, c'eft que les doigts des pieds de devant, ainfi que des pieds de derriere , font reunis par des membranes : cette reunion fuppofe, dans cette grenouille, un iejour aflez conf- tant dans 1'eau, & un rapport d'habitudes avec la grenouille commune. On la rencontre en Virginie, ainfi que la reticulaire avec laquelle elle a beaucoup de rapport , mais dont elle ditfere en ce que fes doigts font reunis, tandis qu'ils font divifes dans la reticulaire. _ (a] La Patte d'oie. M. d'Aubenton, Encydoptdie mlthodique. Rana maxima , Laurenti Jpecimen medicum. Se'bt i , tab.jz, Jig. j. DES QuADRVPkDES OVIPARES. 539 L'EPAULE-ARM^E (*). ON TROUVE, en Amerique, cette grenouille rc- marquable par fa grandeur ; elle a quelquefois huh pouces dc longueur, depuis le bout du mufeau juf- qu'a 1'anus. On voit , de chaque cote, fur les epaules unc efpece de bouclier charnu , d'un cendie clair pointille de noir, qui lui a fait donner , par M. d'Au- benton , le nom qu elle porte ; fa tete eft rayee de rouflatre ; les yeux font grands & brillans ; la langue eft large; tout le refte du corps eft cendre, parfeme de taches de diflerentes grandeurs, d'un gris clair ou d'une couleur jaumitre. Le dos eft tres^anguleux ; a la partie pofterieure du corps, font quatre excroiflances charnucs, en forme de gros boutons. Les pieds de devant font fertdus en quatre doigts garnis d'ongles, larges ck plats. Les pieds de derriere diilercnt de ceux de devant en ce qu'ils ont un cinquieme doigt , & que tous les doigts en font rcunis par une petite mem- (a) L'Epaule armec. M. d'Aubenton, Encyclopedic methodiqut. Rana marina , 8. Linn, amphib. reptilia. Rani marina, 21. Laurenti Jpedmen medicum. Stba, I , tab. 76, fig. i. Rana marina maxima, Rana American., Y v y ij 54° brane prcs de leur engine. Cette efpcce qui paroit habiter fur terre & dans 1'eau , pourroit fe rapprocheT par fes habitudes de la greno.uille rouffe. L'epithete de marine qui lui a ete donnee dans Seba , & confervce par MM. Linne 6c Laurent! , paroit indiquer qu'clle vit pres des rivages , dans les eaux de la mer: mais nous avons de la peine a le croire , les Quadruples ovipares fans queue, ne recherchant communement que les eaux douces. J om , ' « «• 5_< ' VARIBTE DK ], \ MITOISSANTE. VES QVADHVPEDES OriPARES. 54? LA MUGISSANTE («). ON RENCONTRE en Virginie une grande grenouille , dont les yeux ovales font gros , faillans & brillans j 1'iris eft rouge , horde de jaune ; tout le deffus du ( a ) Bull frog , e n Anglois. La Mugiflante. M. d' Aubenton , Encyclopedic me'thodiquc. Bull frog, Grenouille Taureau , M. Smyth, Voyage dans Us Stats-- unis. Rana occllata , z o. Linn, amphib. rcpt. Rana pentadadyla , Laurenti fpecimcn medicum. Brown, Jamaie. 466, plancht 41 , figure 4, Rana maxima compreflH mifcclla. V. Kalm.it. 5, page 4$, R-ina halccina. Catejby, Car., 2, folio 71, tab. 72,. Rana maxima Americana aquatics. Stba , i , tab. jt, , fig. i. Nous devons obferver qu'il y a une faute d'impreffion dans la trcizicme edition de M. Linne ', Li planche foixante* fiiycme , figure premiere du premier volume de Stbayy eft citee, an lieu dc la figure premiere 3 planche foixante - quin{ieme du mane' volume. Cette faute d'impreffion a fait croire que la Grenouille appellee par M. Laurenti la cinq-doigts , Rana pentadaclyla , etoit differeute- de' la MugitFante , parce que M. Laurenti a cite pour fa Grenouille cinq- doigts , la figure premiere , planche foixante - quin&me de Seba , tandis que la Mugitfante & la cinq- doigts font abfolument le 542 HlSTOIRB corps eft d'un brun fonce, tachete d'un brun plus obfcur, avec des teintes d'un vert jaunatrc , particu- lierement fur le devant de la tete : les taches des cotes font rondes , & font paroitre la peau ceillee. Le ventre eft d'un blanc fale, nuance de jaune, & le- gerement tachete. Les pieds de devant & de derriere ont communement cinq doigts, avec une tubercule fous chaque phalange. Cette efpcce eft moins nombreufe que les autres efpeces de grenouilles. La Mugiffante vit aupres des fontaines , qui fe trouvent tres-frequemment fur les collines de la Virginie : ces fources forment de petits etangs , dont chacun eft ordinairement habite par deux grenouilles Mugillantes. Elles fe tiennent a i'entree du trou par lequel coule la fource; & , lorfqu'elles font furprifes , elles s'elancent , & fe cachent au fond de Teau. Mais elles n'ont pas befoin de beaucoup de pre cautions ; le peuple de la Virginie imagine qu'elles puriiient les eaux ck entretiennent la proprete des fontaines ; il les epargne d'apres cette opinion, qui pourroit etre fondee fur la deftruclion qu'elles font des infecles, des vers, &c. mais qui fe change en fuperfti- tion , comme tant d'autres opinions du peuple ; car , non-feulement il ne les tue jamais , mais meme il croiroit avoir quelque malheur a redouter s'il les in- quietoit. Cependant la crainte cede fouvent a Tinteret; comme la Mugiflante eft tres-vorace & tres-friande DRUPE DES OVIPARES. 543 des ieunes oifons, ou des petits canards, qu'elle avale d'autant plus facilemeat qu'elle eft tres-grande &. que fa gueule eft tres-fendue, ceux qui elevent ces oifeaux aquatiques , la font quelquefois pcrir (b) . Sa grandeur 6c fa conformation modifient fon coaf- fement , & 1'augmentent , de maniere que lorfqu'il eft reflechi par les cavites voifines des lieux qu'elle fre- quente , il a quelque reflemblance avec le mugiiTe- ment d'un taureau qui feroit tres-eloigne , & 3 dit Ca- tefby , a un quart de mille (c). Soncri, fuivant M. Smith, eft rude, cclatant & brufque; il femble que Tanimal forme quelquefois des Ions articules. Un Voyageur eft bien etonnc , continue M. Smith , quand il entend le mugiiTement retentiffant de la grenouille dont nous parlous, & que cependant il ne peut dccouvrir d'ou part ce bruit extraordinaire j car les Mugiflantes out tout le corps cache dans 1'eau, & ne tiennent leur gueule elevee au-deflus de la furface que pour faire entendre le coaflement tres-fort qui leur a fait donner le nom de grenouille-taurtau (c). L'efpece de la grenouille Mugiffante que M. Lau- renti appelle la cinq doigts ( Rana pentadaclyla ) , ren- ferme, fuivant ce Naturalifte , une varicte aifee a * (b) Catejby f a I'endroit dejd tilt. ( c ) Idem , ibidem' (d] M. Smith, Voyage aux Etats-unis de I'Amtrique, 544 HISTOIRE NATVRELLE diftinguer par fa couleur brune , par la petitctfe du cinquieme doigt dcs pieds de devant , & par la naif- fance d'un fixieme doigt aux pieds de derriere (d) II y a, au Cabinet du Roi, une grande grenouille Mu- giflante, qui paroit fe rapprocher de cette variete in- diquee par M. Laurenti ; elle a des taches fur le corps - le cinquieme doigt des pieds de devant, & le fixieme des pieds de derriere font a peine fenfibles ; tous les doigts font fepares ; elle a des tubercules fous les pha langes • fon mufeau eft arrondi ; fes yeux font gros &. procminens; les ouvertures des oreilles aflez grandes. La langue eft large , plate, & attachee par le bout au-devant de la machoire inferieure. Get individu a fix pouces trois lignes, depuis le mufeau jufqu'a 1'anus. Les panes de derriere ont dix pouces ; celles de devant quatre pouces; & le contour de la gueule a trois pouces fept lignes. Laurenti Jpecimen medicum, loco citato. LA PERLEE. DES QVADRUPEDES OVIPARES. 545 LA PERLEE («). ON TROUVE au Brefil une grenouille, dont le corps eft parfeme de petits grains d'un rouge clair , & fem- blables a des perles. La tete eft anguleufe, triangulaire, & conformee comme celle du cameleon. Le dos eft d'un rouge brim ; les cotes font mouchetes de jaune : le ventre blanchatre eft charge de petites verrues ou petits grains d'un bleu clair; les pieds font velus, & ceux de devant n'ont que quatre doigts. Une variete de cette efpece , fi richement coloree par la Nature, a cinq doigts aux pieds de devant, &. la couleur de fon corps eft d'un jaune clair (b). L'on voit que, dans le continent de 1'Amerique me- ridionale, la Nature n'a pas moins departi la variete des couleurs aux Quadrupedes ovipares, qu'elle paroit (a) La perlee, M. d'Aubenton^ 'Encyclopedic rnc Rana margaritifera, 15. Launnti Jptcimcn mcdicum. Stba , i > tab. ^i , fig. 6 & 7. (b) Srta , i , tab. 71 , fs- #• Ovipares 9 Tome L HTSTOIRB au premier coup-d'oeil avoir dedaignes , qu'a ces nom- breufes troupes d'oifeaux de differentes efpeces fur Je plumage defquels elle s'eft plue a repandre les nuances les plus vives, & qui embelliflent les rivages de ces contrees chaudes 6c fecondes. DBS QvADRVp£r>ES Of T PARES. 547 LA JACKIE (a). CETTE GRENOUILLE fe trouve en grand nombre a Surinam. Elle eft d'une couleur jaune verdatre, qui devient quelquefois plus fombte. Le dos & les cotes font mouchetes. Le ventre eft d'une couleur pale &. nuageufe; les cuhTes font parderriere ftriees oblique- ment. Les pieds de derriere font palmes; ceux de de- vant ont quatre doigts. Mademoiselle Merian a rendu cette grenouille fameufe, en lui attribuant une ineta- morphofe oppofee a celle des grenouilles communes. Elle a pretendu qu'au lieu de pafler par 1'etat de tetard pour devenir adulte^ la Jackie perdoit infenfiblemertt fes pattes au bout d'un certain terns , acqueroit une queue , 6c devenoit un veritable poiflbn. Cette meta- morphofe eft plus qu'invraifemblable : nous n'en par- Ions ici, que pour defigner 1'efpece particuliere de grenouille a laquelle Mademoifelle Merian 1'a attri- ( a ) La J.ickic. M. d' Au.be nwn t Encyclopedic mtthodiquc. Rana paradoxa, 13. Linn, amphib. rept. Mas. ad fr. , Rana pifcis. Seba t mus , 1 1 tab. j8. Menan , Surinam , Ji t fjf>> 7?- Zzz ij HlSTOIRB NjTVRBZLS &. L'on conferve au Cabinet du Roi , &. l'on trouve dansprefquetoutes les collections de 1'Europe , plufieurs individus de cette grenouillc fameufe , qui prtfentent les differens degres de fon developpement, & de fon paflage par 1'etat de tetard , au lieu de montrer comme on 1'a cru fauflement, les diverfes nuances de' fon changement pr^tendu en poifTon. La forme du teiard de la Jackie , qui eft aflez grand , & qui ref- femble plus ou moins a un poiflbn , comme tous Ies autres t^tards , a pu donner lieu a cette erreur dont on n'a parle que trop fouvent. D'ailleurs il paroit qu'il y a une efpece particuliere de poiflbn , dont la forme exteneure eft aflez femblable a celle du tetard de la Jackie, & que l'on a pu prendre pour le dernier etat de cette grenouille d'Amerique. DF.S tf ABRTJ PMOES OrlPJKSS. LA GALONNEE («). ON TROUVE en Amerique cette grenouille , dont M. Linne a parle le premier. Son dos prefente quatre lignes relevees & longitudinales; il eft d'ailleurs feme de points faillans & de taches noires. Les pieds de devant ont quatre doigts fepare"s; ceux de derriere en ont cinq reunis par une membrane ; le fecond eft plus long que les autres , & depourvu de 1'efpece d'ongle arrondi qu'ont plufieurs grenouilles. Nous regardons comme une variete de cette efpece, jufqu'a qu'on ait recueilli de nouveaux faits , celle que M. Laurent! a appellee grenouille de Virginie (b). Le corps de ce dernier animal , qu'on trouve en effet en Virginie , eft d'une couleur cendree, tachetee de rouge; le dos eft releve par cinq aretes longitudinales , dont les intervalles font d'une couleur pale. Le ventre & les pieds font jaunes. (a] Rana Typhonia , Ranunculus vi.i.lis. Ray, QujJrup. , z$i , rana arborca, feu ranunculus viridis. Faiel, tab. 9 , 20 & it. H>-ia viridis, Laurenti jpecimen medicum. arborca, Wulff, Ickthyolagia > cum amphibiis regni Borujjid. 552 Hisroins grenouilles,parce qu'elle a les pattes de derriere plus longues, en proportion de la grandeur du corps. Ceft au milieu des bois, c'eft fur les branches des arbres qu'elle pafle prefque toute la belle faifon • fa peau eft fi gluante , par M. Francois Celti , 39* 558 HISTOIRS NATUREZLE Afrique , & en Amerique (d) ; mais , independamment de cette efpece, les pays etrangers offrent d'autres Quadrupedes ovipares fans queue, & avec des plaques vifqueufes fous les doigts. Nous aliens prefenter les caraderes particuliers de ces diverfes Raines. (d] Catefby, Hiftoirc naturelle de la Caroline. M. Smith , Voyage dans les Etais-unis de DES QVADRVPEDES O V IP ARES. LA BOSSUE («). ON TROUVE, dans 1'ifle de Lemnos , une raine qu'il eft aife de diftinguer d'avec les autres, parce que fur fon corps arrondi &. plane , s'eleve une bofle bien fenfible. Ses yeux font faillans 5 & les doigts de fes pieds garnis de pelottes gluantes comme celles de la raine commune , font en meme-tems reunis par une membrane. Elle eft la proie des ferpcns. II paroit que cette efpece qui appartient a 1'ancien continent, fe rencontre auffi a Surinam ; mais elle y a fubi Tin- fluence du climat, & y forme une variete diftinguee par les taches que le derTus de fon corps prefente (b). (a} La Boflue. M. d' Aubenton f Encyclopedic mtthodique. Hyla ranxtormis , Laurenti Jperimen medicum. Seba , ^J tab. 13 ,f. 2.. (b} Hyla raniformis , Var. B. , Laurenti Jpe amen medicum, Srta. j 2, tab. 70 j fg. 4. HISTOIRE NATVRELLE A BRUNE (a). CETTE RAINE, que M. Laurenti a le premier decrite , fans indiquer fon pays natal , mais qui nous paroit devoir appartenira 1'Europe, eftdiftingu&d'avec les autres par fa couleur brune , & par des tubercules en quelque forte dechiquetes qu'elle a fous Jes pieds. La Raine, ou grenouille d'arbre dont parle Sloane fous le nom de rana arborea maxima, & qui habite la Jamaique, pourroit bien etre une variete de la brune ; fa couleur eft foncee comme celle de la brune: a la v^rite, elle eft tachetee de vert, & elle a de chaque cote du cou une efpece de fac ou de vefTie conique (b); mais les differences de cette raine qui vit en Amerique avec la brune, qui paroit habiter 1'Europe, pourroient etre rapportees a 1'influence du climat , ou a celle de la faifon des amours , qui , dans prefque tous les animaux , rend plufieurs parties beaucoup plus ap- parentes. (a) La Brune. M. d'Aubenton, Encyclopedic mtthodiquc. Hyla fufca, 27. Laurenti Jpedmtn medicurru (b] Sloant , r. a. LA COULEUR DES QUADRUPZDES OV I PARES. LA COULEUR DE LAIT («). JtLLLE HA BITE en Amerique: fa coulcur eft d'un. blanc de neige , avec des taches d'un blanc moins eclatant ; le has - ventre prefente des bandes d'une couleur cendree pale ; Touverture de la gueule eft tres - grande. Une variete de cette efpece , au lieu d'avoir le deffus du corps d'un blanc de neige, 1'a d'une couleur bleuatre un peu plombee. (a] La couleur de bit. M. d'Aubenton, Eniychptdic m(thodi^ue. Hvla bdea , z8. Laurenti fpedmen medicum. Qviparts, Tome I. B b b b HlSTOIRE N^TURELLE LA FLUTEUSE (a). CfcTTEESPECEale corps d'un blanc de neige, fuivant M. Laurent! , de couleur Jaime , fuivant Seba , & tachete de rouge. Les pieds de derriere font palmes , &. le male, en coaflant , fait enfler deux veffies qu'il a des deux cotes du cou, & que 1'on a comparees a des flutes. Suivant Seba , e.lle coafle me- lodieufement : mais je crois qu'il ne faut pas avoir Toreille tres- delicate pour fe plaire a la melodic de la Fluteufe ; cette raine fe tait pendant les jours froids & pluvieux , 6c Ton cri annonce le beau terns; elle eft oppofee en cela a la grenouille commune, dont le coafTement eft au contraire un indice de pluie. Mais la fecherefTe ne doit pas agir egalement fur les animaux dans deux climats aufli differens que ceux de 1'Europe t.zi^f.z. Bufo, feu rubeta, Ray, Quadrup., i$z. L^efpece DES QuADAUPEDES OV I PARES. 569 L'efpece d'horreur avcc laquelle on le decouvre , cit produite meme par 1'image que le fouvenir en retrace; beaucoup de gens ne fe le reprefentent qu'en eprouvant une forte de fremiffement , & les perfonnes qui out le temperament foible & les nerfs delicats, ne peu- vent en fixer I'idec , fans croire fentir dans leurs, veines le froid glacial que 1'on a dit accompagner 1'attouche- ment du craprud. Tout en eft vilain , jufqu'a Ion nom , qui eft devcnu le figne d'une bafle diffbrmite ; on s'etonne tou jours lorfqu'on le voit conftituer une efpece conftante d'autant plus repandue , que prcfque toutes les temperatures lui conviennent, & en quelque forte d'autant plus durable, que plufieurs efpeces voifincs ie reuniifent pour former avec lui une famille nom- breufe. On eft tente de prendre cet animal in form e pour un produit fortuit de rinimidite & de la pourrkuie, pour un de ces jeux bizarres qui cchap- pent a la Nature; & on n'imagine pas comment cette mere commune, qui a reuni fi ibuvent tant de belleJ proportions a tant de couleurs agreables , & qui meme a donne aux grenouilles & aux raines une forte dc grace, de gentilleile & de parure , a pu imprimcr au crapaud une forme fi hideufe. Et que 1'on ne en pas que ce foit d'apres des conventions arbitraires qu'on le regarde comme un des etres les plus defa vorablement traites: il paroit vicie dans toutes les parties. S'il a des pattes , elles n'elevent pas fon corps Ovipares , Tome I. C c c c 5/0 HISTOIRE NATURELLE difproportionnc au-defius de la fangequ'il habite. S'il a des yeux,ce n eft point en quelque forte pour reccvoir une lumtere qu'il full. M herbes puanies ou veneneufes, cache dans la vale, tapi fcus des las de pierres, retire dans des irons de roehers, fale dans fon. habitation, degouiant par fes habitudes, difforiKe dans fon corps, obfcur dans fes couleurs, infect par fon kiieine, ne fe foulcvant qu'avec peine , ouvrant lorfqu'on 1'attaque, une gueule hideufe, n'avant pour toute puiflance qu'une grande refinance aux coups qui le frappent , que 1'inertie de la mati^re, que lopiniatrete d'un ctre ftupide, n'employant d'autre arme qu'une Ikjueur^ fctide qu'il lance, que paroit-il avoir de bon5 fi ce n'erl de ehcrcher, pour ainfi dire, a fe derober a tons les yeux , en fuyant la lumiere du jour ? Get etre ignoble occupe cependant une aflez grande place dans le plan de la Nature: elle 1'a repandu avec bien plus de profufion que beaucoup d'objets chciis de fa complaifance maternellc. II femble qu'au phyfique , comme au moral , ce qui ell le plus mau\ ais ," eft le plus facile a produire; &, d'un autre cote, on diroit que la Nature a voulu , par ce frappant contrafte , relever la beaute de fes autres ouvrages. Donnons done dans cette hiftoire une place aflez etendue a ces etres, fur lefquels nous fommes forces d'arreter un moment ^attention. Ne cherchons jmeme pas a menager la DES QUADRUPEDES O I' I PA R x s'. 571 licateiTe ; ne craignons pas de bleiler les regards j &. tachons de montrer le crapaud tel qu'il eft. Son corps, arrondi &. ramafie, a plutot 1'air d'un amas inform c 6c petri au hafard , que d'un corps or- ganife, arrange avec ordre, &. fait lur un modc-le. Sa couleur elt ordinairement d'un gris livide, tachete dc brim & de jaunatre; quelquefois, au commencement du printems , elle eft d'un roux falc, qui ciu\:cnt en- fuite , tantot preique noir, tanlot olivatre, & tantot roullatre. II eft encore enlaidi par un grand nombrc de verrues ou plutot de puftulcs d'un vert noiratre , ou d'un rouge clair. Une eminence tres-alongee, faite en forme de rein , molle & percee de plufieurs pores trcs-vifibies , eft placec au-deffus de chaqne orcille. Le conduit auditif eft ferme par une lame membra- ncufe. Une peau epaiffe, Jure, & tres-clifFicile a percer, couvre fon dos aplatij fon large ventre paroit toujours enlle j fes pieds de devant font tres-peu alonges , & divifes en quatre doigts , tandis que ceux de derriere ont chacun fix doigts reunis par une membrane (b). Au lieu de fe fervir de cette large patte pour fauter avec agilite, il ne Temploie qu'a comprimer la vafe humide fur laquelle il repofe ; 6c au-devant de cette (b } Le doigt interieur eft gros, mais trcs-court & peu fenfiblc dans le Iquelette. C c c c ij 572 HISTOIRE NATURELLE mafle, qu'efl-ce qu'on diftingue? Une tete un peu plus grofle que le refte du corps, comme s'il manquoit quel- que chofe a fa difformite : une grande gueule garnie de machoires raboteufes, ma is fans dents; dcs paupieres gonflees, &. des yeux aflez gros, faillans&. qui revoltent par la colere qui paroit fouvent les animer. On eft tout ctonne qu'un animal qui ne femble petri que d'une vile &froideboue,puiffefentirrardeurde la colere, comme fi la Nature avoit permis ici aux extremes de fe mcler, afin de reunir dans un feul etre tout ce qui peut re- pouifer 1'interet. II s'irrite avec force pour peu qu'on le touche ; il fe gonfle , & tache d'employer ainfi fa vaine puiflance: il refifte long - terns aux poids avec lefquels on cherchc a 1'ccrafer ; 6c il faut que toutcs fes parties & fes vaiffeaux foient bien peu lies entre eux, puifqu'on a vu des crapauds qui, perccs d'outre en outre avec un pieu , out cependant vecu plufieurs jours , etant fiches centre terre. Tout fe reifent de la groflierete de ratmofphcre ordinairement repandue autour du crapaud, & de la difproportion de fes membres: non-feulemcnt il ne peut point marcher , mais il ne faute qu'a une tres - petite hauteur; lorfqu'il fe fent preflc , il lance centre ceux qu'il pourfuit , les fucs fetides dont il eft imbu ; il fait jaillirune liqueur limpide que Ton ditetre fon urine (c) 1'ouvrage dej^ cite de M. Laurenti. D 1. S QUADRUPEDES OV / PA RES. 57 J qui , dans certaines circonftances, eft plus ou moins nuiiible. II tranfpirc de tout fon corps une humeur iaiteufe, &. il decoule de fa bouche une have qui peuvent infecler les hcrbes & les fruits fur Icfquels il pafle , de maniere a incommoder ceux qui en man- gent fans les laver. Cette have & cette humeur Iaiteufe peuvent etre un venin plus ou moins adlif , ou un corrofif plus ou moins fort, fuivant la tempe rature, la faifon,& la nourriture des crapauds , Tefpece de 1'animal fur lequel il agit , & la nature de la partie qu'il attaque. La trace du crapaud peut done etre, dans certaines circonftances, aufTi funefle que fon afpecfl eft degoutant. Pourquoi done laiiler fub- (ifter un animal qui fouille & la terre & les eaux, & meme le regard ? Mais comment ancantir une efpece aufli feconde &: repandue dans prefque toutes les contrees ? Le crapaud habite pour ['ordinaire dans les fofles, fur-tout dans ceux ou une eau fetide croupit depuis long-terns ; on le trouve dans les fumiers , dans les caves, dans les antres profonds, dans les forcts oil il pcut fe derober aifement a la clarte qui le blcfie, en choififlant de preference les endroits ombrages, fom- bres, folitaires , en s'enfongant fous les decombres, 6c fous les tas de pierres : 6c combien de fois n'a-t-on pas etc faifi d'une efpece d'horreur, lorfque foulevant quelque gros caillou dans dcs, bois humides, on 574 HISTOIRE NATURZLLE decouvert un crapaud accroupi centre terre, animant fes gros yeux, & gonflant fa made puftuleufe?- C'eft dans ces divers allies obfcurs qu'il fc tjent renferme pendant tout le jour, a moins que la pluie ue 1'oblige a en fortir. II y a des pays ou Jes crapauds font fi fort rcpandus , comme aupres de Carthagene , & de Porto-bello en Amerique , que non - feulement lorfqu'il pleut ils y couvrent les terres humides & marecageufes , mais encore les rues , les jardins & les cours , & que les habitans de ces provinces de Carthagene & de Porto - bello ont cru que chaque goutte de pluie etoit changee en crapaud. Ces animaux prefentent meme dans ces contrees du nouveau monde , un vo lume confiderable ; les moins grands ont fix pouces de longueur. Si c'eft pendant la nuit que la pluie tombe, ils abandonnent prefque tous leur retraite , & alors ils paroiffent fe toucher fur la furface de la terre , qu'on diroit qu'ils ont entierement envahie. On ne peut fordr fans les fouler aux pieds, & on pretend meme qu ils y font des morfures d'autant plus dangereufes, qu'independamment de leur groffeur, ils font, dit-on, tres - venimeux ( d ). II fe pourroit en etfet que Tardeur de ces contrees , 6c la nourriture qu'ils (d) vol. $3, page 333 , edit, in- DES QuADRVPEDES OV I FARMS. 575 y prcnnent , viciat encore davantage la nature de leurs humcu; Pendant 1'hiver , les crapauds fe reuniflerit plufieurs enfemble, dans les pays oil la temperature devenani trop froide pour eux , les force a s'engourdir; ils fe ramafTent dans le meme trou, apparemment pour aug- menter nVPET>£S OTl PARES. 577 Ten fepare par force, il revient a elle dcs qu'on le laille libre , &. il s'accouple de nouveau , quoique prive de plufieurs membres , & tout convert de plaies fan- glantes (g). Vers la tin de Taccouplement, la femelle pond fes oeufs ; le male les ramaflb quelquefois avec fes pattes de derriere , & les entraine au-defibus de Ton anus dont ils paroiflent fortir ; il les feconde & les repouflb enfuite. Ces oeufs font renfermes dans une liqueur tranfparente , vifqueufe, ou ils ferment comme deux cordons toujours attaches a 1'anus de la femelle. Le male &. la femelle moment alors a la furface de 1'eau pour refpirer ; au bout d'un quart d'heure ils s'enfoncent une feconde fois pour pondre ou feconder de nouveaux oeufs; 6c ils paroiflent ainfi a la furface des marais , & difparoiflbnt plufieurs fois. A chaquenouvelle ponte, les cordons qui renferment les oeufs s'alongent de quelques polices : ih a ordinairement neufoudix pontes.Lorfque tous les ceufs font fortis & fecondes , ce qui n'arrive fouvent qu'apres douze heures , les cordons fe detachent j ils ont alors quelquefois plus de quarante pieds de long (h) ; les ceufs , dont la couleur eft noire , y font ranges en deux files , & places de maniere a occuper le plus petit efpace poffible : on a rencontre de ces ceufs a fee dans le fond de balTins & de fofles dont 1'eau s'etoit evaporee. (g) (Euvres de M. TL Abbi Spallan\ani , vol. 3, page . ( h ) Idem , pjge 33. Ovipares , Tome L D d d d RISTOIRJS NATURELLE Les crapauds craignent autant la lumiere dans le moment de Icurs plaifirs que dans les autres inilans de leur vie: auffi n'eft-ce qu'a la pointe du jour & meme fouvent pendant la mm qu'ils s'uniflem a leurs femelles. Les Lcfoins du male paroiflent fub/tfer quel- quefois , apres que ceux de la femelle ont ete fatisfaits c'eft-a-dire apres la ponte des ocufs. M. RtTfel en a Vu refter accouplcs pendant plus d'un jour, quoicme la femelle ni le male ne laiflaffent rien fortir de leur corps, & qu'en diflcquant la femelle, il ait vu fes ovaires vides (i). On retrouve done, dans cette efpece la force tyrannique du male , qui n'attend pas , pour sumr de nouveau a fa femelle, qu'un befuin mutuel les raflemble par la voix d'un amour commun- mais qui la contraint a fervir a fes jouiflances, lors meme que fes defirs ne font plus partages ; & cet abus de la force quJil peut exercer fur elle , ne paroit - il pas exifter auffi dans la maniere dont il s'en empare, pendant qu'ils font encore eloignes du feul endroit oil fes jouiflances femblent pouvoir c%e communes a celle qu'il s'eft foumife? II fe fait porter par elle, & com mence fes plaifirs , pendant qu'elle ne paroit retfentir encore que la peine de leur union. Nous devons cependant convenir que, dans la ponte, les males des crapauds fe donnent quelquefois plus de ( i ) R&fd, Hijloria naturalis Ranarum > fo, DES QlfslDRUPEDES QVIPARKS. foins que ceux des grcnouilles , non-feulement pour feconder les oeufs , mais encore pour les faire forlir du corps de leurs femelles , lorfqu'elles ne peuvent pas fe defaire feules de ce fardeau. On ne peut guere en douter d'apres les obfervations de M. Demours (k) fur un crapaud terreftre trouve par cet Academicien dans le Jardin du Roi , furpris , trouble , fans etre interrompu dans fes foins , & non - feulement ac- couple hors de 1'eau , mais encore aidant avec fes pattes de derriere la fortie des ceufs que la femelle ne pouvoit pas faciliter par les divers mouvemens qu'elle execute lorfqu'elle eft dans 1'eau (I). Au refte, des ceufs abandonnes a terre ne doivent pas eclore , a moins qu'ils ne tombent dans quelques endroits affez obfcurs, afTez couverts de vafe, &. aflez penetres d'humidite , pour que les petits crapauds puif- fent s'y nourrir & s'y developper (m). Les cordons augmentent de volume en mdme-tems & en meme proportion que les ceufs qui , au bout de (k ) Mtm. de TAcad, des Sciences , an. (I) M. Laurenti a fait line efpece particulicre du Crapaud obferve par M. Demours-, il lui a donne le nom de Bufo obftrcticans ; mais nous ne voyons rien qui doive faire feparer cet animal du Crapaud commun. (m) Les ocufs des Crapauds fe developpent , quoique la temperature de 1'atmofphcre ne foit qu'a fix degres au-de(Tus8de zero du thermometrc de Reaumur. (Euvres de M. VAbbi Spallan\ani j traduZion de M. Sen- nebicry vol. i , page 88. D d d d ij 580 His TO IRE NATVRELIE dix ou dou::e jours, ont le double de grofieur cue lors de la ponte (n) • les globules renfermes dans ces ceufs & qui d'abord foiif noirs d'un cute, & blanchatres de 1'autre, fe couvrcnt peu-a-peu de lineamens; au dix-fepticme ou dix-huitieme jour on appercoit le petit tuard ; deux ou trois jours apres il fe degage de la manure viiqueufe qui enveloppoit les ceufs- iJ s'efibrce alors de gagner la furface de 1'eau, mais il retombe bientot au fond ; au bout de .quelques jours il a de chaque cote du cou un organe qui a quelques rapports avec les ouies des poiflbns, qui eft divifc en cinq ou fix appendices frangees, & qui difparoit tout- A-fait le vingt-troifieme ou le vingt-quatricme jour. II femble d'abord ne vivre que de la vafe & des ordures qui nagent dans 1'eau ; mais, a mefure qu'il devient plus gros , il fe nourrit de plantes aquatiques. Son developpement fe fait de la meme maniere que celui des jeunes grenouilles; & lorfqu'il eft enticrement forme, il fort de 1'eau , & va a terre chercher les endroits humides. II en eft des ci apauds communs comme des autresQua- drupcdes ovipares ; ils font beaucoup plus grand* & beaucoup plus venimeux a mefure qu'ils habitent des pays plus chauds & plus convenables a leur na ture (o). Parmi Jes individus de cette efpece, qui font (n ) M. I'Abbt Spallan^ani t ouvrags dcja titi. , DES OuAD-RUPED£S O V I P ARh conferves au Cabinet du Rni , il y c;. a quatre pouces poij. dt ccttelflc ,p*rM. Francois Utti 9p. ^ °r» tT HiSTOIRE Nous avons au contraire un fait bien connate, par lequel il eft prouvc qu'un crapaud a vccu plus de trente-fix ans : mais la maniere dont il a pafle fa longue vie va bien etonner; elle prouve jufqu'a quel point la domefticite peut influer fur quelqu'animal que ce foit, & fur-tout fur les etres dont la nature eft plus fufceptible d'alteration , & dans lefquels des retorts moins compliques peuvent plus aifement , fans fe rompre ou fe defunir,etre plies dans de nouveaux fens. Ce crapaud a vecu prefque toujours dans une maifon ou iU ete, pour ainfi dire, ^leve &. apprivoife (p).l\ n'y ayoit pas acquis fans doute cette forte d'afTeclion que Ton remarque dans quelques efpeces danimaux dumeftiques , & qui etoit trop incompatible avec fon organifation & fes moeurs, mais il y etoit devcnu fa- milier ; la lumiere des bougies avoit etc pendant long- terns pour lui le fignal du moment ou il alloit recevoir fa nourriture; auffi , non-feulement il la voyoit fans crainte, mais meme il la recherchoit : il etoit deja tres-gros lorfqu'il fut remarque pour la premiere fois ; il habitoit fous un efcalier qui etoit devant la portd de la maifon ; il paroiflbit tous les foirs au moment ou il appercevoit de la lumiere , & levoit les yeux comme s'il eut attendu qu'on le prit , & qu'on le portat fur une table, ou il trouvoit des infedes, des Zoologie britjnnique , vol. DBS QUADRUPEDXS OVIP^RES. 5 C> } cloportes , 6k fur - tout de petits vcrs qu'il preferoit peut-etre a caufe de leur agitation continuelle; il fixoit fa proie ; tout d'un coup il lanc^oit fa langue avec rapidite , & les infecles ou les vers y demeuroient attaches , a caufe de 1'humeur vifqueufe dont i'extre- mite de cette langue etoit enduite. Comme on ne lui avoit jamais fait de mal, il ne s'irritoit point lorfqu'on le touchoit ; il devint I'objet d'une curiofite generale, beaucoup incommodes, fefrottercnt le front avec des Crapajds vivans, >?dont ils trouvcrent encore quelques-uns fous les brouflaillcs: c'eft afTez jjleur coutumc JorfquMs font travailles de Ja migraine, & ils en fiircnt wfoulages. 1-Iijloire naturdie du. Senegal t par M. Adanjbn , p age z6> exterieur : DES QUA DRUPE DES OV I PARES. 58} exterieur : mais on ne 1'a penfe ainfi , quc parce qu'on n'avoit pas bien examine 1'arbre ou la pierre, avant de trouver le crapaud dans leurs cavites (r). Cette opinion ne peut pas etre admife, mais cependant on doit regarder comme tres-fur qu'un crapaud peut vivre tres-long-tems , & meme jufqu'a dix-huit mois fans prendre aucune nourriture , en quelque forte fans refpirer, & toujours renferme dans des boites fcellees exadement. Les experiences deM. Heriflant le mettent hors de doute (s), & ceci eft une nouvelle confirma tion de ce que nous avons dit dans notre premier difcours touchant la nature des Quadruples ovipares, Voyons maintenant les caraderes qui diftinguent les crapauds differens du crapaud commun, tant en Europe que dans les pays Grangers ; il n'eft prefqu'aucune latitude ou la Nature n'ait prodigue ces etres hideux dont il femble qu'elle n'a diverfifie les efpeces que par de nouvelles dirTormites , comme fi elle avoit voulu qu'il ne manquat aucun trait de laideur a ce genre difgracie. ( r) Encydoptdie mSthodique , art. des Crapauds , par M. 1773- Ovifaics, lomg L Eeee 58(5 HlSTOIRB ON TROUVE , aupres de Vienne, dans les cavils des rochers ou dans les fentes obfcures des muraille* un crapaud d'un blanc livide, dont le deflbs du corps' eft marquete de laches vertes legerement poncluces entourees d une ligne noire , &, le plus fouvent, rcunies plufieurs enfemble. Tout fon corps eft parfemc de verraes, excepte le devant de la gueule & les extrd- mitcs des pieds; dies font livides fur le ventre vertes fur les taches vertes, & rouges fur les intervals qui leparent ces taches. II paroit que les liqueurs corrofives que repand ce crapaud , peuvent etre plus nuifibles que celles du crapaud commun : fa refpiration eft accompagnee d'un gonflenient de la gueule. Dans la colere, fes yeux etincelent ; & fon corps enduit d'une humeur vif- queufe , repand une odeur fetide , femblable a celle de la morelle des boutiques (Solanum mgrun,} , mai, beaucoup plus forte. II tourne toujours en dedans fes (*) Le vert. M. ^W^MBVHV^i^MHBH^ Brim. M. d'Auhnton > Encyclopedic mfthodiquc. hifcus , Laurenri fpecime* medicum. R&fel, tab. 17 & 28. ridibunda , Supplant au voyage de M. Pallas. DES QUADRUPEDES O VI PA R E S. foins particuliers pour faciliter la ponte des oeufs de la femelle. Roefel foupgonne qu'il eft venimeux ; &. Adius &: Gefner arTurent ineme qu'il peut donner la mort , foit par fon fouffle cmpoifonne Icrfqu'on 1'ap- proche de trop pros, foit lorfqu'on mange dcs herbes rmprcgnees de ion venin. Sans doute 1'aiTertion de Gefner & d'Adius peut etre exageree ; mais il reftera toujours aux crapauds , & fur-tout au crapaud Brun , afiez de qualites malfaifantes , pour juftiiier Taverfion qu'ils infpirent. Jl paroit que c'eft le crapaud Brun que M. Pallas a nomme rana ridilunda (grenouille rieufe) , qui fe trouve en grand nombre aux environs de la mer Caf- pienne, & dont le coatiement , entendu de loin, iuiite un peu le bruit que Ton fait en riant. 592 HTSTOIKE LE CALAMITE («). G'EST ENCORE un crapaud d'Europe qui a Leau- coup de resemblance avec le crapaud brun, mais qui en differe cependant afTez pour conftituer une efpece diftincle. II a le corps un peu etroit : fes ecu- leurs font tres-diverfifiees ; fon dos , qui eft olivatre , pre- fente trois raies longitudinales , dont celle du milieu eft couleur de foufre ; 6c les deux des cotes ondulees 6c dentelees, font d?un rouge clalr mele d'un jaune plus fonce vers les parties inferieures. Les cotes du ventre , les quatre pattes & le tour de la gueule , font marquetes de plufieurs taches inegales & olivatres, Voila la difpofition generale des couleurs de la peau fur laquelle s'elevent des puftules brunes fur le dos , rouges vers les cotes , d'un rouge pale pres des oreilles, & d'une couleur de chair eclatante vers les angles de la bouche ou elles font grouppees. L'extremite des doigts eft noiratre, 6c garnie d'une * (a) Le Calamite. M. d'Aubtnton , Encyclopedic methodique. Bute calamita , ^ t Laurenti Jpedmen medicurn. DCS QVJDRVFEDES O TIP A RES. ) j pcau dure comme de la come, qui tient lieu d'ongle a 1'animal. Au-deflbus do la plantc des pieds de dcvant, fe trouvent deux efpeccs d'os ou de faux ongles dont !e Calamite petit Ic lervir pour s'accrocher : les doigts des pieds de derriere font fepares. Le Calamite fe tient, pendant le jour, dans les femes de la terre r. s (" -> n u ' T s c LE COULEUR DE FEU (/). M. LAURENTI a deeouvert ce crapaud fur le* jbords du Danube. C'eft un dcs plus pciits. Son dos d'une couleur olivatre tres-foncee eft tachete d'un noir fale : mais le venire, la gueule , Ics paltcs & la plante des pieds , font d'un blanc bleiu'itre tachetc d'un beau vermilion, & c'efl de-la que lui vicnt foil nom. Toute la fiirface de fon corps eft parfemce d@ petites verrues. Quand il eft expofe au foleil, fa pru- nelle prend une figure parfaitenicnt triangulaire dont le contour eft dore. Cette cfpccc eft tres-nombreufe dans les marais du Danube ; une varicte de ce cra paud a le venire noir tachete & ponclue de blanc. On trouve le couleur de Feu a terre , pendant 1'automne : lorfqu'on 1'approche & qu'il eft pres de 1'eau, il s'y elance avec legerete , ainfi que les gre- nouilles : mais s'il ne voit aucun nioycn d'echapper , il s'aiiaille centre terre comme pour fe cachcr; des • (a) Feuer Krote , en Allemand. Le couleur de feu. M. dAubenton , Encyclopedic mtthodique. Bufo igneus, 13. Laurenti Jpecimen wdiaim. Rcefil , tab. SOL & 2,3. Ffffij 59'"> HlSTOlRE qu'on lc touche , fa tete fe comrade & fe jette en arriere; ii on ie tourmente , il exhale une odcur fc'tide, 6: rcpand par 1'anus une forte d'ccume. Son coafle- mcnt qu'il fait entendre fans enfler fa gorge, eft une forte de grognement fourd & entrecoupe, qu'i, quel- quefois fe prolonge & reflemLle un peu , fuivant M. Laurcnti , a la voix d'une perfonne qui rit. Les oeufs hors du corps de la femelle , font difpoil's par pelotons, ainfi que ceux des grenouil'les, au lieu d'etre ranges par files, comme les oeufs du crapaud rnmmun. Et ce qu'il y a de remarquable dans les habitudes de ce petit animal qui fernble faire, a cer tains egards, la nuance cntre les crapauds & les gre- nouilles, c'eft qu'au lieu de craindre la lumiere, il fe plait fur le bord de 1'eau , a s'imbibcr des rayons du ioleil. II ne paroit pas , d'apres les experiences de M. Laurenti, que les humeurs du coulcur de Feu a lent d'autre propriete nuifible que celle d'affoupir cer tains petits animaux, tels que les lezards gris qui font tres-fenfibles a toute forte de venin, ainfi que nous Tavons deja dit. DES QvADRtTPEDES OTIPARES. 597 LE PUSTULEUX (*). ON TROUVE, dans les Indes , ce crapaud remar- quable par fes doigts garnis de tubercules femblablea a dcs epines , & par les vcficules ou puftules qui le couvrent. Sa couleur eft cVun roux cendru ; elle eft plus claire fur les C-JLCS ck fur le ventrc ou elle eft tachctce de roux. II a quatre doigts fepares aux pieds de devant & cinq doigts palmcs aux pieds de derriere, (a) Le Pufluleux. M. d'Aubenton > Encyclopedic Bufo puftulofus, ^. Laurenti fpcdmcn mtdicum, Sfta , i > t. 74, fig' I- LE GOlTREUX SON CORPS arrondi eft d'une couleur roufle Son dos eft fillonne" par trois rftles longitudinales. Son bas- Ventre paroit enfle; & cet animal eft fur-tout diftingue" par un gonflement confiderable a la gorge. Les deux doigts exterieurs de fes pieds de devant font reunis ; il habite dans les Indes. (a) Le Goitrcux. M. d'Aubenton, Encyclopedic methodise. Rana ventricofa , 7. Linn, amphib. rept. Mus. Adolph. Fred., z. page 48. Bufc ventricoliis , 5 , Laurentifpcdmcn medicums Pl.XL pay 'g ae LK CRAPAUD BOSSV J, Z> E S QUslDRUI- ~S OVIPX-RLS , ^\-. ' L E B 0 S S U LA TETE de ce crapaud eft tres-pctite , oltufe & enfoncee dans la poiirine. Son corps ride , mais fans verrues, eft tres-con\ cxc. Sa couleur eft nebulcufe : fon dos prciente une bande longitudinale, un pen pale 6c dcntelce ; tous fcs doigts font feparcs les uns des autres. 11 en a quatre aux pieds de devant 6c fix aux pieds de derriere. On le trouve dans les Indes orien- tales, ainfi qu'en Afrique L'individu que nous avons dccrit a etc appoite du Senegal au Cabinet du Roi. *•»•—• • • "~ " "' ' "' (a) Le Boflu. M. d'Aubenton, Encydop6lK mfrhodiquc, Rana gibbofa , 5 , Lain, amphib. rept. Bufo gibboius, 6t Laurcnti Specimen mtdicum. Goo L E P I P A (*), 13 E TO us les crapauds de I'Amerique meridionale, 1'uii des plus remarquables eft le Pipa. Le male & la femellc font aflez differens I'un de 1'autre, tant par la grandeur que par la conformation , pour qu on les regarde, an premier coup-d'oeil, comme deux efpeces tre^-diftindes. Aufli , au lien de decrire 1'efpece en general, croyons-nous devoir parler feparement du male & de la femelle. Le male a qtiatre doigts fepares aux pieds de dcvant & cinq doigts palmes aux pieds de derriere. Chaque doigt des pieds de devant eft fendu a Textremite en quatre petites parties. On a peine a diftinguer le corps d'avec la tete. L'ouverture de la gueule eft tres-grande: (a) Cururu , dans tAmtrique mendionale. Le prpa. M. d'Aubcnton, Encyclopedic mlthodlqut. Rana pipa , z t Linn, amphib. rept. Gronov. , mus „ 2. , page 84 , N.° 64. Stba , mus J i , tab. 77 , fig. i , 4. Bufo , feu pipa americaiu. Bradi, nat. > t. s.-z,f. i. Rana Surinamcnlis. i VaUijh. t nat. , i , t. 41 , fig. & flanchcs eriluminces j N.° 2.1. les yeux DES QUADRVP&DES ov IP ARES. 60 1 les ycux places au-deffus de la tete font tres-pctits & affez diftans 1'un de 1'autrc. La tele & le corps font tres-aplatis. La couleur gcncrale en eft olivatre plus ou moins claire &: femee de tres-petites taches roufles ou rougeatres. La femelle differe du male en ce qu'elle eft beau- coup plus grande. Elle a egalement la tete & le corps aplatis. Mais la tete eft triangulaire & plus large a la bale que la partie anterieure du corps. Les yeux font tres - petits & t res -- diftans 1'un de 1'autre , ainfi que dans le male. Elle a dc meme cinq doigts palmes aux pieds de derriere 6k quatre doigts divifes aux pieds de devant , mais chacim de ces quatre doigts eft fendu a 1'extremite en quatre petites parties plus fenfibles que dans le male. Son corps eft communement herilFe par- tout de tres-petites verrues. L'individu femelle , qui eft conferve au Cabinet du Roi , a cinq pouces quatre lignes de longueur depuis le bout du muleau jufqu'a Tanus. Ce qui rend fur-tout remarquable ce grand cra- paud de Surinam, c'eft la maniere dont les foetus de cet animal croiffent , fe developpent & eclofent (b). Les petits du Pipa ne font point congus fous la pcau du dos de leur mere , ainfi que 1'a penfe Mademoi- (b] Voyei un Mf moire d: M. Bonnet , irfire dans h Journal da e de 1779 , vol. z, page 425. Ovipares , Tome I. G g g g 602 HlSTOTRE felle de Merian , a qui nous devons les premieres obfer- vations fur cet animal (c) : mais, lorfque les ceufs ont etc" pondus par la femelle & fecondes par le male de la memo maniere que dans tous les crapauds, le male au lieu de les difperfer, les ramafle avec fes pattes, les poufle fous fon ventre , & les etend fur le dos de la femelle ou ils fe colent. La liqueur fecondante du male, fait enfler la peau & tous les tegumens du dos de la femelle qui forment alors autour des oeufs , des fortes de cellules. Les oeufs cependant grofliflent , & doivent eprouver , par la chaleur du corps de la mere , un deVeloppe- ment plus rapide en proportion que dans les autres efpeces de crapauds. Les petits eclofent, 6c fortent enfuite de leurs cellules, apres avoir pafle, en quel- que forte , par 1'etat de tetard ; car ils ont , dans les premiers terns de leur developpement , une queue qu'ils n'ont plus quand ils font prets a quitter leurs cellules (d). Lorfqu'ils ont abandonne le dos de leur mere , celle* ci en fe frottant contre des pierres ou des vegetaux , fe depouille des portions de cellules qui reftent encore , (c) Merian, dijjertatio de generations & metamorphofibus fnfkclorum Surin amenfium j &c. Amfte rd. > (d} (Euvres de M. tAWt Spallan\am> vol. 3, page DKS QVA DRUPt'DBS O V I P A K E S . <>O $ de fa propre peau qui tombc alor-s en partie pour fe renouveller. Mais la Nature n'a jamais prefente de pheno- menes ifoles ; 1'expreflion S extraordinaire ou de fmgulier n eft point abfolue , mais feulement relative a nos con- noiflances ; & elle ne defigne en general qu'un degr6 plus ou moins grand dans une propriete deja exiftante aillcurs : auffi la maniere dont les petits du Pipa fe developpcnt , n'eft point a la rigueur particuliere a cette efpece. On en remarque une aflez femblable, meme parmi les Quadruples vivipares , puifque les petits du farigue ou opoflum , ne prennent , pendant quelque-tems , leur accroiflement que dans une efpece de poche que la femelle a fous le ventre (e). Au refte , il paroit que la chair de ce crapaud n'eft pas malfaifante ; & , fuivant le rapport de Made- moifelle de Merian , les Negres en mangent avec plaifir. (0 Voyci, dans fHjJloire nat. dcs Quadru?., l\mu*U -of urn. Ggg 604 LE CORNU (,). CE CRAP AUD que 1'on trouve en Americme eft lun des plus hideux; fa tete eft prefqu'auffi grande que la moitie de fon corps; 1'ouverture dc fa gueule eft enorme, fa langue epaiffe & large; fes paupiefes ont la forme d un cone aigu , ce qui le fait paroitre arme de cornes dans lefquelles fesyeux feroient places, Lorfqu ,1 eft adulte , fon afped eft allreux ; il a le dos & les cuifles herifles d'epines. Le fond de fa couleur eft jaunatre ; des raies brunes font placees en long fur le dos , & en travers fur les patter & fur les doigts. Une large bande blanchatre s'etend depuis la tete iuf- qua lanus. A 1'origine de cette bande, on voit de chaque cot^ une petite tache ronde & noire. Ce vilain animal a quatre doigts %arf, aux pieds de dcvant & cinq doigts reunis par une membrane aux pieds de derriere. Suivant Seba , la femelle differe du male, en ce que fes doigts font tous fepares les uns des autres, (a) Le Cornu. M. fAubtnton , Encyclopfdi, Rana cornuta , u. Linn, amphib. rept. Bufo cornutus, Laurenti fpedmen mtdicum. Seba, i, t. 72, fg. 2 £34 DES QuADRVPEDES OV I PARES. LE MARBRE (*). GET ANIMAL reflemble un peu a 1'agua. II a, comme ce dernier , quatre doigts divifes aux pieds de devant,& cinq doigts palmes aux pieds de derriere; mais il paroit etre communement beaucoup plus petit. D'ailleurs le deflus du corps eft marbre de rouge & d'un jaune cendre ; 6c le ventre eft jaune , mouchete de noir. (a) Le marbre. M. JAubcnton, Encyclopedic Bufo marmoratus, Laurenti fpcdmcn medicum. , i , tab, 7 , fig. 4 & 5- RISTOJRE L E CRIARD (*). LE CRIARD que 1'on trouve a Surinam, eft un uca plus gras crapauds. Sa peau eft mouchetee de livide & dc brun , & parfemee de verrues. Les fpaules cou- vertes de points faillans, de meme que le ventre, font relevees en boffe , 6c percees d'une multitude de petits trous.^Il eft aife de le diftinguer du marbre & du pipa que 1'on trouve auffi a Surinam , parce qu'il a cinq doigts^a chaque pied; les doigts des pieds de devant font fepares , & ceux des pieds de derriere a demi-pal- mes. II habite les eaux deuces ou il ne cefle de faire entendre fon coaflement defagreable. C'eft ce qui 1'a fait appeller le muficien, par M. Linne; mais le nom de criard que lui a donne M. d'Aubenton , convient bien mieux a un animal dont la voix rauque & dif- cordante ne peut que troubler les concerts harmonieux ou le filence paiiible de la Nature, & qui ne peut faire entendre qu'un coaflement auffi defagreable pour 1'oreille , que fon afped Teft pour les yeux. (a] Le Criard. M. d'Aubenton, Encyclopedic mtthodique. '.ia niulica , a. Linn, amphib. rep til. REPTILES DES 609 REPTILES BIPEDES. Nous AVONS vu le feps & le chalcide fe rap- procher de 1'ordre des ferpens par 1'alongement de leur corps , & la brievete de leurs pattes. Nous allons maintenant Jeter les yeux fur un genre de reptiles , qui reunit encore de plus pres les ferpens & les lezards. Nous ne le comprenons pas parmi les Quadrupedes ovipares , puifque le caratfere diftinclif de ce genre eft de n'avoir que deux pieds j mais nous le plagons entre ces Quadrupedes & les ferpens. Les reptiles qui le compofent different des premiers , en ce qu'ils n'ont que deux pattes an lieu d'en avoir quatre , & ils font diftingues des feconds par ces deux pieds qui manquent a tous les ferpens. II feroit d'ailleurs fort aifc de les confondre avec ces derniers , auxquels ils r^flemblentpar 1'alongement du corps, les proportions de la tete & la forme des ecailles. L'on a doute , pendant long - terns , de 1'exiftence de ces animaux ; cV en effet tous ceux que Ton a voulu jufqu'a prefent regarder comme des reptiles Bipedes , etoient des feps ou des . chalcides qui avoient perdu, par quelque accident , leurs pattes de devant ou celles de derriere; la cicatrice etoit ienfible , & ils prcfen- Ovipares , Tome I. H h h h Hi STOI RE N^ TV R ELLS toient dailleurs tous les caracleres des fe,« ou dej chalcides : ou bien c'etoient des ferpens male. c-,,e ]'on avou tues dans la faif011 de leurs amours, lo,fciu',u moment d'aller s'unir a leurs femelles, i]s font fortfr par leur anus leur double partie fexuelle , dont les deux portions s'ecartent 1'une de 1'autre & • i j *••» * . ^ ^^ U t. Cfc Cl i ^* »ies d afperitcs aflez femblables a des failles peu- vcnt ctre prifes , au premier coup - d'ail , pour des pattcs imparfaites. On nous a fouvent enioyc de c-s lerpens tu« pen de terns avant leur accouplement & qu on regardoit comme des ferpens a deux pieds, tandis qui.s nc differoient des autres qu'en ce que leurs par ties fexuelies etoient gonflees & a dtcouvert C'eft parmi ces ferpens, furpris dans leurs amours , que nous croyons devoir comprendre celui que M. Linnea place dans le genre des anguis , & qu'il a nomm6 IS blpede (a). On doit encore rapporter les prftendus reptiles bipedes, dont on a fait mention jufqu'a prefent, a des larves plus ou moms developp&s de .^renouilles , de raines, de crapauds & meme de falamandres , tons ces Quadruples ovipares ne prefcntant iouvent que deux pattes dans les premiers terns de leur accroiflbnicnt. Tel eft, par exemple, 1'animal que M. Linne a cru devoir placer non - leulemeW dans un genre, mais DBS Qu A D RU P E D E S OV I P ARE S, 6 I 1 meme dans un ordre particulier, & qu'il a apt fyrtne lacsrrlne (b). II avoit tie en de Cha;ies- To-.vn , p; le Dodicur Garden , a M. Ellis ; ii avoit ete pris a la Caroline, oil on doit le trouver aflez frequemmcnt , puifque les habitans du pays lui ont donne un nom ; ils 1'appellent mud inguana. On le trouve communement fur le bord des etangs , C Pllftukux, S. Terreftre. Agame. Cameleon. L. Dore. C. commun> Agua. Calam/te, C. Cornu. Crapaud Brun. C. Bo/Tu. Couleur de Feu. C. Marbre. Bufo Schrcberia- Rayon vert ^77/5 , Vcntricofus , C. Goitreux. Viridi Bullfrog, Bumbos y C. Vert. Grenouille fante. Crocodile^ c. CALISCERTVIA, Canuancros y Caret , Caudi-verbera f Cayman , Cayman , Chamaho, v,*,,icicon. Chamaho Africa- Cameleon. mus , Chamalto Bow- Spei , Chamalco Candi- dus , Chamceleo Mexica- mus , Chamceleo 'Part- fienfium , Chamalto Zclany- Cameleon. cus , Chamfan , Crocodile. Cordule , S> a queue-plate, r ? rus '„ Dragonne. Co nfy&s HffpiJus, Tapaye. Cordylus Orbicula- Tapaye. rix , Cordylus Stdlio , SteUion. Cordylus Verus, CordyJe, Cojforditos, SteJJion. Crocodile a btc L. VERT. Caouane. Caouane. Cordyle. Crocodile. Tupinambis. Cameleon. Cameleon. Cameleon. Cameleon. Cameleon- 1A3LE 'ALPHABETIZE. 62,1 Crocodile a mdchoi- Voye^ Gavial. res alonge'es , Crocodile a tete Gavial. alongce , Crocodile terreftre , Scinque. Cururu Pipa. D. DlASJK , Doocame , Doogame , Draco major, Draco minor, Draco prapos , Draco volans , Dracunculus , Dragon d'Amdri- que , amphibie qui vole > CROCODILE. T. Bourbcule. T. Eourbeule. Dracon. Dragon. Dragon. Dragon. Dragon. Bafilic. F. Famocantrata , Famocantraton Fardacho , Feucr Krote > L. a tcte-plate. L. a tctc- place. L. Vert. Coulcur de Feu. G. GALIOTE-. GALEOTE. Galliwafp , L. Dore. Galtabe , TupinambiS. . Gecko muricatus , Geckotte. Gecko verticillatusy Geckotte. Gekko tcrcs , Gecko. Grmmlle chart- Rayon-verr. Grcnouillc cinq- G. MugifTantC. doigta , Grenouille mangea- ble, Grcnoutlletaurcau, rom- Gobe-mouche > The green turtle , Gros Le\ard , Crojfe Tartuc. ) Grenouillp mune. Grenouille Mugii- (ante. L. Verr. T. Tranche. Ijjuane. Caouatie> Ground Lizard, V Guan j Guana , The Guana , The Guana Lizard, Guanas , Guano t Guaral , The Hawk's -bill Turtle , a. Crocodile. inc. i ie. ne. 1 .::e. 1 Vjiinambi's. I . .Marine. T. Caret. H. HfCATE , He'liofcope j Hyla Aurantiaca , Hyla Fufca t Hyla Ladea , Hyla Rar.trformis, Hyla Rubra , Hyla Sc/eton , Hyla Tibiatrix , Hyla Vindis j T.GEOMETRIQUE. I.. Plilk-. R. Grant; cc. Raine Enme. R. coulcur de Lait. Raine Boflue. R. Rouge. R. Orangec. R. Fluteufe. R. Verte. IACAV.T > Jgnarucu , Iguana Iguana Chalcidica , Iguana Clamofa , Iguana Cordylina , Iguana Dclicatijfi- Iguane ma , Iguana Salaman- Agamc. drina , Iguana Tuberciila- ta , Jngucte dc Agua , logame } CROCODILK, Dragonne. ote. Galeote. Tcte-fourchuc. Agame. Jjicamc j Juruca y lurucua , lurucuja S. a queue- pi are, T. Bourbeufe. T. Giccquc- Caonane. T. Fra-chc, T. Tranche, K. CAMJEJJ 622 Kaouane , Kimbuta > TABLE Kobbera Guion, lotes , Krauthun , Caouane. T. Grccque. Crocodile. Crocodile. Fouette-queue. Galeote. L. Vert. Crocodile. L. LACE R T A Abdo- minalis , Lac cm Agama , Lacerta Agilis , Lacerta Agilis (va- rictas B) , Lacerta Algira , Lacerta Amboinen- fis t Lacerta Anguina , Lacerta Angulata , Lacerta A f urea , Lacerta Aurati , Lacerta Bafdicus , LacertaBicarinata, Lacerta Bullaris , Lacerta Calotes , Lacerta Cauda-cc- rulea , Lacerta Caudi-ver- bera , Lacerta Draccena , Lacerta Fafciata , Lacerta Japonica j Lacerta Iguana , Lacerta Lemnifca- ta, Lacerta Lybia t Lacerta Marmora- ta. , Lacerta Mauri ta- nica ) Lacerta maxima Caudi-verbera> Lacerta minor ci- nerea maculata, SEPS. Agame. L. Gris. L. Vert. Algire. L. Porte-crete. Seps. L. Hexagone. L. Azure. L. Dore. Bafilic- L. S.'llone. L. Rouge-gorge, Galeote. Queue-bleue. Fouette-queue. Dragonne. Queue-bleue. S. Terreltre. Iguane. L. Galonne. Scinque. L. Marbre. Geckotte. Dragonne. Grifon. Lacerta Monitor , Lacena Nilotica , Lacerta Orbicula- ^ ns , Lac en. i Paluftris , Lacerta Plica , Lacerta Principa ls , Lacena Punclata , Lacena Punclata , Lacena quinque li- neata , Lacerta Scutata , Lacena jex linea- ta , Lacerta Stellio , Lacerta Strumofa , Lacerta SuperciliO' f*> Lacena Turcica , Lacena Umbra, Lacerta Viridis , Lacena Viridis J a- ma'icenfis , Lacena Viridis punclis Albis , Lacena Vulgaris t Lacertus Aquati- cus ) Lacertus Cine re us minor , Lacertus Cordylus , Lacenus Cyprius Scincoidcs , Lacenus Indicus , Lacenus Indicus , Lacertus major ci ne reus macula- tus , Lacenus major vi~ ridis , Lacertus marianus minor Cauda~ce- rulea } Lacenus maximus, Lacertus Viridis , Lacertus Viridis , : Tupinambis. L. Tnangulaire. Tapa\ e. S. a queue-plate. L. Pliifc. L. Large-doigt. Double -ra/e. S. Poncluec. L. Strie. Tete-fourchue. L. Lion. Stellion. L. Goitreux. L. Sourcilleux. Grifon. L'mbre. L. Vert. L. Rouge-gorge. L. Vert. S. a queue-plate. S. a queue-plate. Roquet. Cordyle. Scinque. Ameiva. Dragonne, Ameiva. ^^ Ameiva. Queue-bleue. Crocodile* L. Vert. L. Vert, ALPHA. 1 Q U E. 62$ T/? Votans , J La 2 j ' Lag Lagarto , Lagitor y Lang/via f The large grey Chameleon , The large f putted > Lav erne , La\er , The Icaft light Brown or grey Li[a rd ) Leguan , Le guana. , Leviathan , Le'^ard coulcur de Sang , Le\ard Exagonal } Le'iard mouchetc , Le Raye , Le'[ard Sauveur, Le\ard Sauvc-gar- de, Le\ard Ve'loce > Le\arJ<; Amphibia Ligan y Ligan t Ligans , Thelitle Brown Li- Dragon. Lezard Gris. L. Vert. Crocodile. L. G Cairreleon. Amei\-a. S. Terrertre. L. \crt. Roquet. Ipuane. Crocodile. Algire. L. Hexagone. Tupinambis. S. Quatre-Rafesi Tupinambis. Tupinambis. L. Gris. S. a queue-plate. Crocodile. Tupinambis. Tupinambis. L. Gris. The lodger turtle y head Caouane. M. Y A , Marajandola t Mirti I , jVfouron , Mus Aquatilis Mus Marinus ) . L. Dm S. ;i queue-plate. S. Terreftrc. S. Terreftre. T. Bourbeufe. Toitue Franche. N. o. Occiput fouitfat ) Voyt\ ^ -"hue. Op N- , Gale.'ice. Oulla Ouna t L. \ ert. P. Tkrynum , Piflilhni , Pluvine , Poijjon de Duu Punttr-Maal , C. CoMMUV- C. Commun. Stellion. S. T T. Franc he. S. R. Rar.j Rana , Rana Americana > Rana Aquatica , Arborea , Rana B I colons t Riinj. Bufo , Rana Cornuta , Rana Efculenta 3 Marg.irt- Rana Gibbofa , Rana Halecina , Rana fera , Rana Marina , Rana marina maxi ma f Rana maxima , Rana maxirnaAmc- ricana aquatica , Rana maxima com- prcj/a mi f cell a , Rana mufica , Rana mutabilis > Rana ocellata , Rana paradoxa , CROCODILL, Rana pifcis R. OR Grenouiile com mune. R. \ cite. Epaule armee. Grenouiile com mune. R. \ cite. Raine Verte. C. Commun. C. Cornu. Grenouiile com mune. C. Bofli^ G. Mugiflante. G. Pcrle.-. Epaule arm Epaule armcc. Patte d'Oie. G. Mugifl'anre. G. JMugidante. C. Criard. Rayon \ ere. G. Mugiflante. Jac!- G. Jackie, 624 TABLE Ran a ridibunda. > Rana fitibunda , Rana Surinamen fa, Rana typhonia t Rana ventricofa t Rana vcnulofa , Rana Virglnica , Rana vtridis aqua- tica , Ranunculus Viri- dis } Rat de mert Rubeta t Voye\ C. Brun. C. Vert. - Pipa. G. Galonnee. G. Goitreux. Grerjouille Reticu- Jairc , G. Galonnee. Grenouille com mune. R. Verte. T. Luth. C. Commun. s. SABVTIS j TORTUES Terref- ties , peut - ctre Tortues Grec- ques. Salemander i S' Terreftre. Salamandra aqua- S. a queue-plate. tica , Salamandra atra , S. Terreftre. Salamandra Cey- S. a queue-plate. lanica , Salamandra , Gecko. Salamandra Indi- Gecko. ca , Salamandra tnacu- S. Terre/lre* lofa, Salamandra mini- Mabouya. ma fufca macu- lis albis notata, Salamandre , Salamaneuefa , Salamantegua t Sanf-i , Sargantana , Scincus t Sc incus } L. Dore. Salamandre Ter- rertre. S. Terreflre. T- Hrecqiie. Lezard Gris. S. a queue-plate. L. Vert. Scinquei Scinque. L. Dor^t Scinque, L. L. Dore. Iguane. L. Gris. Scincus maximus Voye[L. fufcus , Scincus Officinalis, Scinqne. Scinq de terre > ' rv- ' Scinq marin t Scnembi , Seps Argus , Seps Cerulefccns , L. Gris. Seps lemnifcatus , L. Galonne, Seps muralts , Seps Su rinamenjis , Seps Terreftris > Seps Varius , Seps Viridis , Sourd (le) , Stellio , Stdlion , L. Gris. Ameiva. L. Gris, L. Vert. L. Vert. S. Terreftre. S. Ponftuee. .. r Llt Vert. StellioneTarentole, StelJion. StelUo punclatus, Double-raie. Stellio falvator> Tupinambis. Stcltio faurus > Tupinarabis. S. Terreftre. T. T AIT AH > Takaie , Tamacolin > Tapayaxin , Tap ay ax in , Tartaruga > Taflot, Tc'juguacu , Temapara , Temaparatupinam- bis ) Terrapene , The Terrapin t Teftudo atra , Teftudo caretta , Tefludo carinata , Teftudo Carolina y Tefludo Cartilagi- nea , Tefludo cephalo Tefludo coriacea , Tefludo corticata vel corticofa 1 ) ' » CAMELEON.' Crocodile. Iguane. Stellion. Tapaye. T. Fraiiche. S. a queue-plati Tupinampis. L. Marbre. TupinamSis, T. Geometrique.1 Terrapene. T. Franche. Caouane. T. Bombee. T. Courte-queue* T. Molle. Caouane. T. Luth. Caouane. ALPHABE TIQ U E. Teftudo Denti- Voye^ T. Dentelee. culata , Teftudo Europcea > T. Ronde. Teftudo feroz , T. Molle. Teftudo Ftmbriata, T. Scorpion. Teftudo Geomttri- T. Geometrique. ca , Teftudo Gracca, T. Grecque. Teftudo imbricata , Teftudo Lutina, Teftudo Lyra , Teftudo Marina , T. Caret. T. Eourbeufe. T. Luth. Tortue Franche. Teftudo marina vul- T. Franche. garis , Midas T. Franche. Teftudo Oibicula- T. Ronde. ris , Teftudo pi3a feu T. Geometrique. Stellata > Teftudo Pufilla , T. Vermilion. Teftudo Seabra, T. Raboteufe. Teftudo Scorpioi- T. Scorpion. des , Teftudo Se rpe ntinay T. Serpentine. Teftudo Squarnat.2 , T. Caret. Teftudo terreftris T. Raboteufe. Amboinenfis mi nor , Ttftudoterrcftrisma- T. Courte-queue. jor Americana , Teftudo terrfftris T. Vermilion. pufilla er India Orient ^.li , Tcftudo terreftris T. Grecque. vulgaris > Tfftudo tejfillata. T. Geometrique. minor , Teftudo teffi-llata T. Vermilion. minor Afric ana , Teftudo tctfdlata. T. CourtC-quCUC. minor Carotin cn~ fis , Teftudo tefta Voye{ ttjfellata major t Teftudo Virgins a > Teftudo viridis t Tilcu(t{-pallin t Tiliguena , Tilig:tgu , Tihngoni } Tokaie , Toad , Tor Cue a din , Tonue Amaione , To^tvf a Bahut , Tonue Bande blan che , Tortue Bdtarde , Tonue Coffre , Tortue Me. r curia- le, Tortue Midas , Tortue Orbiculai- re , Tortue Soldat , Tonue Tuile'c , Tortue Vertc y Tortue Verte , Tortuga de Garri- g* y Tnton Criftatus , L. MARBRE. The Water eft , S. a queue-plate. Y. IGUANK. ZERMOUMSAII > ALGIRF. Ovipaics , Toms L K k 1 TABLE DES MATIERES. A. page 2.1 7. II avalc alors de petites • pierres & de petits morceaux de JTLCCOVPLEMENT. Le terns de bois capables d'empechcr fes intef- 1'accouplement des Torttics Fran- tins de fe reflerrer , Idem. ches , varie dans les differens pays, Ama^one. Les Crocodiles font fi fuivant la temperature , la laifon abondans dans les grandes rivieres des pluies, &c. page 64. Accou- de 1'Amazone & dJOyapoc, dans plement des Crocodiles , page 2.06". la baie de Vincent- pii^on, & dans Accouplement des Lezards Gris , les lacs qui y communiquent , page 305. qtrils y genent , par leur multitude , Agame. L'Agame fe trouve en la navigation des Pyrogues , p. 2.2.8. Amerique , page 295. Defcription Us fuivent ces legers batimens , fans de ce lezardj Idem. Ses rapports cependant effayer de les renverfer , & fes differences avec le Galeote, & fans attaquer les hommes,/^/7z. J-dern. II eft quelquefois aife de les ecar- Agua. Caraderes diftindifs de ce ter i coups de rames , lorfqu'ils ne Crapaud , page 606. font pas tres-grands, Idem. ^ Aigle. Inftind des Aigles , pour Amtiva. Defcription de ce lezard devorer les Tortues Grecques , & fes cara&eres diftin6lifs,p. ^25 page 1 68. & fuiv antes. II fe trouve dans les Air. Le Cameleon pent filtrer deux Con linens^ page ^yz. 1'air de Tatmofphere au travers de Amour. Ceft an retour du prin- fcs poumons , page 354. II fe rend terns que les Quadrupedes ovipares par-la plus leger, page 555. eprouvent le (entiment de 1'amour Algire. Sa defcription , page 567. & cherchent a s'unir a leurs fcmelles, Pays qu'il habite , Idem. page 35. Malgre leur filence habi- Alimens. La Tortue Bourbeufe tuel , ils ont prefque tons des fons pent vivre long-terns fans prendre particuliers pour exprimer leurs de- aucune nourriture , page 114. Le firs. Le male appelle fa femelle par Crocodile eft contraint quelquefois tin cri expreflif , auquel elle repond de^ demeurer beaucoup de terns, & par tin accent femblable , page 3$, m&rie pluiieurs mois fans manger, La conformation des Quadrupedes TABLE DBS MATIERES. '62.- ovipAres parent des plus propres grands chaleur i. mangcnt aux jouiflances de 1'amour , Idem. ttc&-pcutpagcza,, Les parties fexuelles dcs males font Arcinoe ( villc d- .'acree aux renfermees dans I'interieur de leur Crocodiles auxquels on donna des corps , jufqu'au moment ou ils s'ac- pretres, pnge 2.31. couplent avec leurs femelles , Idem. Art. L'art de l'h-.>:n:nc n'efc Parmiles animaux fufceptibks d'af- qu'une application des f.-rces de la fedions tendres & de foins em- Nature , pjge 232. prefles,les efpcces les moins ar- Atmojph.^. L.-s Qu les denies en amour, font celles ou le ovipares ne p male abandonne fa femelle, apres effets d'unc atmofphcre , p!u en avoir jour, enfuite viennent ks t". : que t efpeces ou le male prepare le nid A {are. LVcription du Lzard avec elle, ou il la (outage d^ns la Az\UC,pafft 361. recherche des matcriaux d^nt elle le fert pour le conftruire , &c. & £, enfin celles qui rellentent le plus vivemcnt les feux de Tamour , font DASIL 1C. Coiites ridicules re- les efpeces ou le male partage en- pandus au fujet du Badlic, p. 184. tierement avec fa compagne , le foin 11 habite 1'Amtrique meridionale , de couver les cc\\k^page zog. On page 2.8$. Sa defcription , Idem. H ne pent attribuer une vive, mtime laute & voltige, pour ainii dire, & conftante tendreile a un animal , avec agilite de branche en branche , tel que le Crocodile, qui , par la page 3.86. II tcmoigne une lorte froideurde (on (ang,ne peuteprou- de fatisraction a ceux qui le regar- ver prefque jamais , ni padions im- dent , Idem. petueufes , ni (entiment profond , Btguan. Norn donne par les In- nage 220. diensaux Bezoardsd'Jguane,/7.2.Sz. Amphibie. La Tortue Grecque Boards attribu^s a des Tortues eft amphibie , jiifqu'i un cer- Tranches ; leur forme & leurs con tain point , par (on organilation , leurs , page 80. On trouve quel pa*? 2$z. quefjis de-s Bczoards dans le corps Animaux (les ) different des ve- des Crocodiles, ainii que dans celui cetaux, & fur- tout de la matiere de plulieurs autres Iczards >p. 3,30. brute, en proportion du nombic Dciliiption de ces Bezoards, Idem. & de I'adtivite des fens dont ils ont Leur couleur, Idem. Bezoards du etc pourvus, page 6. Tons les ani- Tupinambis , page 3.5$. Bczoard maux qui ont du lang , doivent d'lguane , page 181 refpirerrairderatmofphere,^. 18. guane apporte de 'Ameriquc me- Les animaux qui ne luent point, ridionale, au Cabinet du Roi & qui ne polsedcnt point vine Sa defcription , Idem. K k k k ij TA S L E s feptcntrionale Vrais m a, c]u'on n'auroir pas du compter parmi nU r' ^ ;,dle eft beal1' ces reptiles , Idem. P ? rearPe P "jj?6, ^e Ia t0rtlie tcr' qui, ^ leur tour, fervent d'alimeiit Ide Jcs pays chauds , W, ,«,. Def- de TEurope, mais encore e,7 A& cnp .o^de fa forme, /A*. Dimcn- On la Juve 4 des btl.udes tons d line carapace d unc tortile coup plus elevtes quc les tortues de A cette efpece , H™ Coufcurs de mer, W Des S$ pmrie oifrs a Bom We ,/&m. Son rapport avec da printems , elle Lffe la p u so "A )al"\e ' ^ l66' f L srande P-tie d" <™ d» s i « "• fonf r, "^ "T11", f"nch" ^^ laa- Dans ''^ el^ ^ pref- regardeespar les Japonois , que toujours a terre , Idem, tile comme lembleme du bonheur , multiplie bcaucoup , «™E11< Tn, P f ' , , . . . Polld fts infs qu'i terre -, elle les oraure (la) de la carapace des depofe dans un troq & les recou- communcment garnie vre de (Me, page Z2i. Elle mar- • 22 ou i ij lames, M-W che avec bien moins dc ,en(enj •tfo^, crapaud): delcription de : fa giu ule -, & il eft t difficile de lui t'aire 1'iv.her ce qu'cib a failiavec ; ires, p. 201. Carapace (la; & le phltron font compolcs de pluueurs pieces ofl fes dont les b: den- teles , & qui s'engrainent , les uncs dans les autres, d'une maniere plus ou nioins fenhblc , dans certain.s cfpeces, celles du platoon peuvent fe preter a quelques inouvem. page 48. La carapace des gra: Turtu.es , a , depuis qvuuu ° TABLE cinq pieds de long,/?^ 50. Ca- Mines contrees de 1'Amerique , & npace des Tortues- Tranches, cm- particulierement dcs c6tes de la ployee a couvrir des maifons , p. Si. Guyane , Idem. La pretendue petite Servant de nacelle , Id. Servant de efpece de Cayman eft celle dun bouclier , Idem. La Carapace de la grand Lezard , que Ton nomme J Tortue-grccque , eft tres-bombce, Dragonne , page 185. page z^.Lorfque cette Tortue eft Cerveau ( le ) des Quadruples renverfee , elle pent aifement fe ovipares eft tres-peu etendu,/;. 14, remettre fur fes panes, Idem. CervelLe. Les Tortues grecques Caret ( la Tortue ) eft celle que petivent vivre pendant fix mois , 1'on voit revetue de belles ecailles apres qu'on leur a enleve la cer- qu'on emploie dans le commerce, velle, page 148. page 1 06. II eft aife de reconnoitre Chagrin/e ( la Tortue ) a e"te ap- Je Caret au luilant des ecailles pla- portee des grandes Indes , p. 171. cees fur fa carapace, & fur-tout £ Elle eft tres-remarquable par la con- la maniere dont elles font difpofees. formation de fa carapace, qui ne Elles fe recouvrent comme les ar- rellemble a celle d'aucune Tortue doifes qui lont fur nos toits,/>. z 06. connue , Idem. La couverture fupe- On trouve le Caret dans les mers rieure paroit compofee de deux d'Afie & d'Amerique , page 207. carapaces placees lJune fur 1'autre ; n'eft point auffi grand que la & dont celle de dedus feroit plus Tortue-franche,/?rfge zo^.vSes pieds ^troite & plus courte , Idem, Def- font quelquefois garnis chacun de cription de cette Tortue linguliere , quatre pngles, Idem. Ses osufs font Idem. Les bords de la carapace font plus delicats que ceux des autres cartilagineux & a demi tranfparens, clpcces de Tortues, mais fa chair page 17-3.. Leplaftron eft plusavance n'eft ni agreable ni toujours faine , pardevant & parderriere que la page 208. La Tortue -Caret fe de- couverture fuperieure, Idem. L'ani- fend avec plus d'avantage que les mal pent alonger facilement le cou, autres Tortues lorfqu'on cherche Idem. On pent prefumer que cette a la prendre , page log. Elle pent Tortue eft plutot d'eau douce que fe remettre fur fes pattes lorfqu'elle de terre , Idem. 3 £te retournee , Idem. Chair ( la ) des Tortues Fran- Cayman. Les Caymans font abfo- ches femelles , eft plus eftimee que lument de la meme efpece que les celle des males , fur- tout dans le Crocodiles du Nil, page 284. On terns de la ponte,page 70. On fale, a pretendu que leur cri etoit plus nou-feulement la chair, mais encore foible , leur courage moins grand , les reufs & les inteftins de la Tortue & leur longueur moins conlidera- Franche •, cette nourriture eft tres- ble ; mais cela n'eft vrai tout an employee dans les Colonies d'Amc- plus , que des Crocodiles de cer- rique , page 71. La faveur de ia D'ES MATIERES. 631 chair du Crocodile doit varier beau- coup , fuivant 1'age , la nourrittire , & 1'ctat de 1'animal , page. zyo. Chaldde. Defcription de ce Le- 2ard , page 445. Rapports de fa conformation avec celle de pluheurs ferpens , page 446. Chaleur (la) eft fi neccffaire aux Crocodiles, que non -feulement ils vivent avec peinc dans Ics clinutl tres-temperes, mais encore quc leur grandeur •diminue, a meiure qu'ils habitent des latitudes elevees^.zz^. On les rencontre cependant dans les deux mondes & pluheurs degres au- derius des tropiques , Idem. ChaJJe du Crocodile. Manic-re de prendre les Crocodiles , employee en Egypte , page 2.2.5. Autre ma' mere en ufage dans le mcme pays, page 3.2.6. ChaiTe du Crocodile par ies fauvages de la Floride , Idem. On dit qu'il y a des gens allez hardis pour aller jufques fous le Crocodile , lui percer la peau du ventre , qui eft prefque le leul cndroit ou le fer puiife penetrcr, Id. ClaJJes. La Nature a lie toutes les claries d'animaux par un grand nombre dc rapports , page 33. CoaJJement des grenouilles com munes. Sa frequence & la mono- tome , page 5 1 o. Cceur ( le J des Quadruples ovi- pares n'a qu'un feul vcntricule,p. 14. Lorfquc le coeur des Grenouilles a &e arrache de leur corps , il ccn- ferve ion battement pendant lept ou huit minutes y page 507. Cotfre. La Tortue-Coffre paroit ctre la mcme que la caouane ,p.ioi, Coquillages. On tronve fouvent de tres-grands Coquillages a d^mi- brifcis par la caouane , page 201. Cordyle. Defcription de ce Iczard & lieux oil on le trouve,/7j^. 314. Cornu ( crapaud ). Sa deicrip- tion , page 604. CoromandeL Grandeur d'unc Tortue grecque apportee du Coro- nundel , page I $4- Defcription de cette Tortue , Idem 6' fu.iv. Sa queue etoit termince par tine pointe d'une fubftance dure comme de U come i page i$$. Cvtes. La plupart des falaraao- dres , les grenouilles , les crapauds & les raines font depourvus dc Cotes , page 1 3. Cougars. Lorfque les Cougars rencontrent quelque gros croco dile , cetenorme lezard plusvigoti- reux qu'eux , les entrame au fond de 1'eau , page 2.2.7. Couleur de la chair des tort lies {ranches, page 79. Elle vaiie tui- vant les individus , Idem. Couleur des crocodiles, page zoi. Les cou- leurs du lezard gris font iuiettcs i varier , fuivant lage , le fexe & le pays , page joz. Couleur de "lait. Defcription de cette rainc d'Ameriquc , pag* $61. Couleur de feu. vSa delcription , p. f)^f>. Endroits ou on le trouve, Li. Scs habftudes, Idem. II paroit faire la nuance entre les crapauds f '• $So. Crapaud devenu fami- enormes animaux, Idem. Les cro- T, page $8&. Les crapauds com- codilcs de la Louihane font enten- uiuns ont etc employes en meA- dre une forte de mugiflement, pour cine , page 5^4. Le crapaud com- le moins aulFi fort que celui des niun pent vivre jufqui dix-huit crocodiles de 1'ancien Continent, )is fans prendre aucune nourri- qu'ils furpallent quelquefois par tare, page 585. leur grandeur & leur hardiefie , rete-ScailleuJe, difference de h page 284. La grandeur & les habi- ia poiition dans di- tuJes du crocodile varient dans les es elpeces de lezards, p. ^. detixContinens, fuivantla tempera- crapaud ) Caraderes dif- ture , I abondance de k nourriture , le plus DES MATIERES. le plus on moins d'humidite, pagt 18$ Le crocodile of dmairc ell commun aux deux M'Midis, Idem, Les trcs- grands Ijzardb qae Dam- pier a voulu regards comme une nouvelle efpece de crocodiles, font de 1'efpcce des Iczardb que 1'on a nommes Fouctte- queues, p. iSG. La Nature a abandonneau crocodile les rivjges des mcrs & des grands fleuves des zones tori ides, p. 188. II 1'emporte en grandeur fur tons les animaux de Ion ordre,/?. 189. II doit ctre compte parmi les plus grands animaux, Idem. Defcrip- tion de quelques parties intcrieures des crocodiles , page 2.02.. Gran- deur ordinaire des crocodiles , page jioj. Principales dimenlions d'un crocodile , page 2.05. Manicre dont les crocodiles fortentde I'oeuf , page 2.o5. Leur grandeur lorfqu'ils bnfcnt Icurcoque , Idem. Le croco dile eft trcs-avide de poilfons, d'oifeaux de mer , dc tortues , p. 2.14. II s'chnce aulli fur les beliers , les cochons & meme fur les boeufs, Idem. Si la faim le prelfe.il devore meme les hommes, & fur-tout les Ncgres fur lefquels on a ecrit qu'il fe jette de prcfc- rence, Idem. C'cft dans 1'eau qu'il jouit de toute fa force, & qu'il fe remiieavecagilitc.malgrefalourde malic en failant louvent entendre une elpece de murmure fourd & confiis , page zi$. Anftote a dit que , pour 1'appnvoifer, il fumfoit de lui donncr une nourriture abondante , dont le defaut feul pent le rendre tres - dangercux , Qvipares , Toms L a-zt. Les Negres , d.-s i ns du il , oknt 1'ut- taq.icr pendant qu'il eft endonni, & tachent de le furprendre dans des endroits ou il n'a pas aflez d'eau pour nager , page 2.2.5. Leurs combats avec le crocodile , Itfc/n. Sans le grand nombre deleuri ennemis , les crocodiles leroient trop multiplies , page 22.7. Un grand nombre de crocodiles font detruits avant d'eclore , page 225. DCS animaux trop foibles pour ne pas fuir a I'aipeft de ces grands lezards , cherchent leurs crufs fur L-s rivagcs oi\ ils les depofent . Idem. Crocodile noir. Ses differences avec le crocodile ordinaire, p. 133. Pays qu'il habite , page a. 34. Crocodika. Excremcns du Stel- lion, page UENTELEE (la tortue) n'eft con- nue que par ce qu'en a rapporte M. Linne , pags 163. Sesdoigts fc rcuniflent de manicre a former une patte ramailie & arrondie , comme celles de beaucoup de Tortues ter- reftres , Idem. La couverture fupi- rieure a un peu la forme d'un coeur , Idem. Les bords^en font dentelcs & comme dechires, Idem. La couleur de (es ecailles eft d'un blanc iale , Idem. On la trouve en Virginie , Idem. Dents. Forme & nombre des dents de la Dragonne , page 146. Qn a pu les prendre pour des dent* I* 1 1 T A B L E de petit* Crocodiles , page ^. de domefticW , „<,„ 40 U tortac D^nllement. Tous les Quadra- bourbeufe devie£ ^omme dome"! &t C°r±?f' eXCT leS t0rtUeS ^Ue ' ^ '** °" ** *£»t escrocod.es , qmttcnt an prin- un animal doraeftique, de la torti terns Jcur v.eille peaii,qui eft rem- grccque,*^ 24*. cde pat- une nouvelie , page «8. Dominates ([„ qmtre grands ) Quelques-uns a quittent aufli Plu- dcs eaux , des rivageT de £fo£ fours fois pendant 1 ue des contrtes & de 1'air reuniilent , a la fuperir tempa-ees , ;^ ^. Des anr.raux de la force , une certaine douceur dordres tres-differens des Quadru- dans I'inftiixa, pace zoo fcces ovipares eprouvent al;(II £)or/. ( Lczard ) Sa dcfcription. chaque amice , & mcme h plufieurs p. ^5. Lieux qu'il habite, p *B6. ipoques , une cipcce de depouille- Ses habitudes , page ^ ' .ment ..... On Peut particuliercment Double-Raie. Caraderes diftinc- ? remarquer dans les Icrpens , dans tifs de ce lezard d'ACic , DCK 408. certains an.maux i poil , & dans les Dragon. Sa defcription, p L0 OifeauxUesinfcaes & les v^g^taux, & y/m:. Habitudes de ce Lard ' ont fujets auffi a une forte de mue, p^ ^2. ]J paro;t qil-on ne doit /M^c-^o.bans quelques etres qu'on en compter qu'une efpcce p 4*4 remarque une lorte de depouilfe- Dw^D/1/w.Sa defcription p a7? ment, il faut toujours 1'attribuer an &Juiv. Principales dimcnhons d'ua dcfaut d equilibre entre les motive- individu de cette efpece , p. 2.4$. mens intcnetirs & les caufes exter- Ses habitudes , page 247 & Juiv. Jies , page 31. Bon gout de fa ch^ir , page 243. Devdoppement. Les tor tncs fran- Dime de la vie. Les Quadru pcdes ches n'atteignent a leur entier de- ovipares vivenr en general tics -long- veloppement qu'au bout de vingt terns , page 40. Les tortues bour- ans on environ , page 8z. Dans beufes parvienncnt quelquefois juf- prefque tons les anim.uix , le deve- qu'a 1'age de quatre- vingts ans & loppement eft plus grand dans les pli!s,/w#? 22.3. Des tortues grec- premiers terns de leur vie , p. 2Z t. ques ont vecu plus dc foixanteans, Difque. Le milieu de la carapace page i^o. des tortues s'appclle difque. II ell le J7 plus fouvent convert de treize on quinze ecailles placees fur trois EcAILLE-yERTJS ( la Torfue) rangs , page ^9. eft plus petite que la tortuc franche , Divipons. Nombre & carafteres p. g 3. Elle habite prefque tons Ks ri des Divifions etablies dans le genre vages chauds du nouveau monde , dts lezards, puge 278 &Jiuv. tant en dcca qu'au-dela de la ligne, Domefliatc. Phil curs Quadru- Idtm. Sa chair & fcs anifs iunj fedes ovipares pre/entent une forte tres-bons^ inanger, page $4. DES MA TIE RES. £, ' nbent .-.'4'-) Lesecaillesde l.i Cr .lime font pa fque de nulle va- leur , pagt 38. Elles font _prefque t ij . par uh cc de gale , //A /;:. L< s ec^lles de la t.;.rnie caret ont perdu de Icur valcur de- puL 1 1 decouverte du nouveau monJe,/;>j£c: zoo. Files reuniifent a une demi-tranfparence 1'cclat de certains criftaux colores , £' une foupUtie que Ton a eilaye , cnvain , d;1 'I'-nnerau v^rr?,p.ig~' 106. Elles pcfent quelquefm routes enfemble de Irpt i huit livrcs , /v^v z 0^7. Coul.-ur, d'.- celles cjiie l'i>n cltime 1- plus , Idem. Maniere de les fa- conner , LL'rn. I ill^s qui couvrent le v.-ntrc du Iczard gri> & dcs autres Iczards compris dan. la triniicine divilion , f Tin nt dcs ban 1 -s tranlveriales , p.:ge ?oz. EngourJt^iin-snt. L)rL|iK- les Quadrupc Jc-s ovipareb lont engnur- dis , L-iir t.-rp-iif clt li granJe qu ils IK- p.'tivait ctre reveilles p.ir aucun bruit, ni menie pardesbfef- iures , page 14. Lcriqii'il furvi:;nt mi pen dj chaleur pendant Thiver , ils font ;>lus mbre de crocodiles , p Us atteiulent en embufcade les j; u: Cayman^ fur les bords des grands fleuves , Idem. Epauk arnih ' Grenouille ). Sa defcription, ofl^c f ?-). E/chvk. Mort finguliere du poete Elehyle, qui fut tue , dit-on, par le choc d'une tortue , qu'un aigle lailfa tomber de trcs - haut lur la tcte nue , page 168. Efpadons. Knnemis des tortues tranches, page 75. LI 11 ij ABLE E tangs. On do't empecher la toitu. bourbeufe de penctrer dans tjngs ,&: dan L-s autresendroits habites par les poilfons dont elle fe uourrit fpage 12.4. F. Jr ECONDIT£. Les Qtiadrupcdes oviparcs font trcs-feconds , & les gran Jes elpeces de ces animaux font quelqutfois bien plus fecondes que les petites, page ^6. Flute uje ( Raine). Sa defcription , page 562. Foie. Defcription de la Pole , page 14. Mai j«.re de foler les tor tues franches fur les cotes de la Guiane , Idem. Terns de foler les tortues, page 75. Force ( trcs grande ) des tortues franches, Elles peuvent porter plu- fieurs hommes fur leur dos , p. 78. Fonnes. La Nature diftribue aux difterentcs efpeces , & combine, de touteb les manieres , toutes les formes & toutes les proprietes , comnie fi elle vouloit , en tout , epuifer toutes les modifications, /HZ£g 31. Fouette - queue. Ses cara&eres diftinctifs , & la delcription , p. 240 Hy fuiv antes , pays ou on le trouve, page 241. Froid. Lorfque le froid dcvient trop rigourcux , ou dure trop long- terns, les Quadrupedes oviparcs en- jgourdis penitent , page z6\ G. Cr A L E O T E. Defcription de ce Iczard , f age zgz, Conii'ees ou on le tn--uvc,p par M. Edvards, page 2. 38. Gecko. Ce lezard paroit trcs- vemmevKtpagc 414 & fuivantes. Sa defcription , Idem. Pays ou on le trouve , page 416. Ses habi tudes , Idem. II rend un fon imgu- Iktypage 418. Geckott?. Dirlerences de ce lezard avec le Gecko , page 42.1. Paysou on le trouve , page 412. Ses habi tudes , page 42.3. Ge"otmirique (la tortue) a beau- coup de rapporrs avec la grecque, p. 157. Sa delcription, Id. &jiiiv. On la trouve en Aiie, a Madagafcar, dans Tile de 1'Alcenfion , an Cap de Bonne - Elpernnce , page 258. Nombre de fes ceufs , Id. Varietes de cette tortue , Idem. Glote. L'ouvertufe de la glote eft tres - etroite dans les tortues franches, ainfi que dans les tortues de terre , page j6. Goitreux. ( lezard ) pays cju'il liabite , page 403.. Ses caracleres diflinctifs , Id. Ses moeurs , Idem Qjuiyantes. DES MATIERES 637 Goitreux. ( crapaud ) Ses carac- fcc.-»ndts,/'.*rc' 51^. Forme & dcve- teres diftinctifs ,/>. 59#. K.ppcmuit de L ur^ - /'. 5/7. Grandeur (h) des lezards vane C is qu'eUes fubiflent avant depuis la longueur de deux ou truis de devenir adultes , Idem. pouces , jufqu'a celle de vingt-lix, Grijbn. Defcription du lezarJ ou meme trente pieds, page 176. giilon, page -/?~ Grecque ( la tortue ) eft tres- commune en Grece & dans plu- fieurs contrees temperees de 1'Eu- rope, page 142.. On la rencontre HABITUDES (les) des Qiu- dans les bois & furies terres ele- drupirdes ovipares lont, en general, vees, Idem. Tout le monde a parle a(lcz douces , page $z. Cclles des de fa lenteur , Idem. Ses mouve- Iczards font aufli divertifiees que nuns font cepenjant quclqu.fois leur conformation ext^rieure , a(lez agiles , pjgs 243. Si del- page 277. cription,Idem&fuivantcs. Ca;v.c- Hecate. La tortue nprnmee He- tere extcrieur qui di'.Hngue le male cate , par Brown , doit etre rap- d'avcc la femelle , p. 146. Elle a portee a la toit.u giomctrique , une trcs-grande force, />. 147. Ses page itf. Elle eft tivs-commune \ machoires font tres - vigoureufes , la Jamaique , Idem. & peuvent encore claquer demi- heure apres que la tete de 1'animal Hixjg-me. Sa defcription,/>. i?,7. Huile. On retire quelquefois de a etc coupce , Idem. Experience la graifle d'une grande tortue fi de Francois Redi , relativement che , jufqu'a trcntf-trois pintes d'une aux tortues grccques , page 147 huile jaune ou verdatre , page -i. 6* fu.iv. Grenouilles ( les ) ne meurent L'huile que 1'on retire des caou.-.ncs eft fort abondante , page zoo. Llle pas tout de fnite , quoiqu'on leur eft bonne a bruler, & a enduire les ait arrache le cceur , p. zo. Grenouilles communes. Leur ntti- " vailieaux , Idem. Hurnuiite. L'humiditc nuit aux tude ordinai re, page 5 05. Leur claf- animaux les micux organiles -, elle ticite , leur torce p^.ur sclanccr , Id. eft favorable _ au contraire a ceux Leurs couleurs,/?. ^06*. Leur gran- dont 1'organifation ci\ moins par- deurordiiuir 50". Leurali- faite , page 17. nuns , pjgc 5<>> Leu: »lc , Id. Terns de leur engourdtirement , /. p. 6 ii On pent les tirer d- leur cut. de torpeur, DJ$e 5 1 ?. Frequence de JACKIE. ^Crcnomlle , Sadefcnp- leur oepouUlement , p. $14- Lcur tlon ' Pa& $47- ™ prctendue maa- accouolement , /v;v 525. Maniere morohule, Idem. i , . dont 'lews ccufs font pondus & JauflC ( la Tortue ) na point 5 TABLE encore te decritc , pap l?6. EHe Z/^n/dont Sfta a donn* la def- parvic-nt ordinairement a une gran- cription , & qui a beaucoup de rap- deur double de celle des tortues ports avcc laTtt*pbu9p,4-i b< Lirbeufes, /,/. Sa defcription , LI L^ards. Le genre des Sards rlquei va saccoupler, ellefait eft le plus nombreux de ceux qui :endre ™ petit en d'amour , compofent lordre des Quadruples Jn ne a rencontre pas ovipares , page i76. On doit en rment en Amenque , mais on compter cinquantc - fix efneces la trouve encore dans i'lile de 1'Af- toutes diftcrenciecs par leurs hibi- amli qu'en Europe , Id. tudes naturelles , & par leurs carac- '.ane. Con) ree ou on le trcuve tcres extcricurs , page ij6. On pent en id nombre , page 267. diftinguer facik-mcnt les Lczards, Ses caractcres diftindifs , page 270. d'avcc les autres Quadrupeds ovi- Defcription de ce beau lezard, pares , parce qu'ils ne font pas coil. 77.272. Principals dimensions d'un verts d'une carapace comme les Jguane,/f/. Ses habitudes,^. 274. tortues , & parcc qu'ils ontune Ses amours , Idem. Ses alimens , queue , tandis que les grenouilles, p. 276*. Endroits oil il fe retire , Id. les raines & les crapauds ncn ont Maniere de le prendre tpoge 277. point , Idem. Letir corps eft revctu II eft fufceptible d'une forte de d'ccailles plus ou moins fortes , ou domefticite,j7<2#; 27,9. Pays ha bites de tubercules plus on moins fail- par les Igpancs fpage -183. lans, Idem. Imagination. C'eft fouvent parce L^ardbleu(lc) d'Edwardsdoitctre que nous manquons de connoif- regarde comme un Agame , p. 257. fances , que 1'imagination la plus L^ard gris. Ses habitudes, p^ge bizarre, nous paroit allier des formes 293 & Jiuv. Sa defcription , p. joo. & des qualites qui ne doivent pas Celt principalement dans les pays fe trouver enlemble, page 31. chauds que le Lezard gris eft trcs- ^ Infixes. Les Tortues bourbeufes agile t Id. II fc nourrit de mouehes , deliyrent les jardins des Infedes de grillons , de iauterelles , de vers nuifiblesjjp. Z2^.La tortuegrecque de terre , de prefque tons les detruit bcaucoup d'Iniectes , p. 250. In Cedes qui dctruilent nos fuiits & nos grains, page 304. II fe depouille L. cornme les autres Lczards,^. 306. j. II eprouve , pendant 1'hiver , un en- J-iARGE' DOIGT. Caradcres dif- gourdiflement plus ou moins grand tinclifs de ce lezard , p. 2.63. Con- fuivantle climatqu'il habite , Idem. trees ou on le truuve, Idem. II ne conferee pas toujours la dou- Legtretf Jpcdfique(\A} des tortues ceurde i.s habitudes, Idem. On en franches elt ties- voiline de celle a fiit uiage en medecine, p. 307. de 1'eau, p. jG, f.fard vert. Beaute de les cour D E S MA TIERS S. 639 leur; , pag> 310. Si d J . -us. L laqi. iiT p>>£- 1* l hab Li .1. : ' -1-' cetfe el n ti\,uve a la Car i'i _ Long.eiir. On levroit c^mpt r vingt - lix m.>i<; d'j^e pcnir chaque vingt prnicvs que l'<>n trouveroh dans la longueur des granJscroc »• dilrs, !i leur accroiflement fe f.iiioit toujours fuivant la mane propor tion , pug: ill. Luih ( la Tortuc ) farpafle cjuel- qucfois par la longueur, les plus grand.s tortues franchcs , /;. ill. On la trouve dans la Mcditerran^e •, elle s'avance pen dans la mcr Adm- tiquc , & trcs-raivmcnt jufcjii'd la mcr Noire, pjgd 1 1 1- KH'-' n'a j- de plaftron apparent , Id. Sa cara pace eft terminee parderricre en pointe trcs-aigue, Idem, Kile n'a point d'ecailles \ elle ell couverte en entier d'une forte de cuir dur & noir, Idem. On h trouve fur les cotes du Perou, da Mexujue , 6c fur la plu part de celies d'Afriquc qui font lituces dans la Zone 7'or- 1 14- M. .. Cara&cres diftinc- tits de cc Iczard , pc.p fS. Ses habitudes, p. 381. Contrces qu'il habite, page 382. QJuivantcs. Machine ( la ) animaL* ne pent confervcr qu'un certain temp? , les iwouvemcus intaieurs qui lui out imuniques, p 'g ;;hoire la J lup ri .ire d -s t -rti, - nivre U mji., La m. ("LI,' . ivance aii.-z fur i'uifcri are , pour ou-' le ail :.ir un.- fort • n.b'.an. 1. b.c d'un uiieau de proic , 207. M.iJio:r: fif rleure da Croco- \*) ell L-uL- m biL-,/7. zo^. M • ..!w ont qu.-l ^ longueur, psgt i$?-* Leur d.'lcrip- tion , LL'fn. Marbrs. ( Lizard ) Pays o.l on le trouve , pjgt 334. Sa deicrip- tion , Idem. Marbrf. ( Crapaud ) Sa defcrip- tion , pjgc Go7. Marmottes'. Les Marmottes, les loirs, les cimive-louris, les !. is, ne cellent d^ refpirer, quoiq'i'cn- gourdis par le froid , page 2.5. M. brutes ( la durce des ) doit toujours etre tres - longue , page 42. Migrations d-:s tortues franch page 8$. La caou.ine voyage plus qu .nitres tortu .-;-, mi 1'a ren- contrce i plus dc hiiit cens lieues de terre , pjg; zoo. MulU ( la Tortue ) eft la plus grands d.-s Tortuv> d'eau a nice, pj'Z i 17. Kile le trouve dans les rivieres du Sud de la Caroline , ainfi que dans la Florid? orientate , /./. Elle pefe quelquefbis julqu'a -o liv. Idem. Sa dJlrription , pap 138 & /uiv writes. Elle a beaucoup d; force •, die eit farouche, & s'clauce TABLE fouvent avec furic centre fen enne- rWe , les inventetirs dc h nniflquc H Ivf "%^a £ Ulr C?rtr"' ch')illre»t I* carapace dW tortue elicatc Idem. On p;ut p.dumer luth, pour former la premiere lyre , quelle ie trouvc dans lAmeriqiie nl7^ u£ meridionale, /<£•/;;. ,7- Monjlruofitts. Tortue a deux tetes & trcs - petit Itzard a deux NASICORNE. II eft nifcf de diftin- tctes & deu« cous bien diftinds,- guer la tortue Nalicorne , par un ajjj. tubercule d'une lubftance molle , Mudinguana. Grande larve , qui s'eleve an-delftis du mufeau lr r , r & dans Icclud J« narin« font pia- Humfato.(Gta*tik)f.6v. cbs,page lo?. La Naficorne ib bes habitudes, page 54z. Force de trouve dans les mers du nouveau Jon coaflemoit, /»£ 5^. Vari.'tcs continent , voifmes de 1'equateur, de ccttc efpcce , J^/;| 7^. E1Ie a moins de ^ • Mugifimcnt. Dans la' Caroline , avec la caomne, quavec la tortue les crocodiles iortent de Icur en- franche, Idem gourdiflernent , en foifant entendre Nature. Ses effcts font fans nom- desmugiffemens horribles qui reten- bre, mais non pas les caufes qu'el/c tiflent an loin , page ii9. Dans la £,it agir, page 43. Elk n'emploie Louiliane , Ie en de ces animaux qu'un petit nombre de puiilonces t jamais repete pluheurs f,is de pour mouvoir les corps, p. 44 iuite, mais leur voix eft aulli forte Noirdtre. ( tortue , Ddcription que cele d'un taureau, Idem. Les de la carapace & de Ton plaftron, crocodiles cft Suc tr°P P°rt^ ^ cioiw Multiplication des tortues fran- quelesobjetsfereflemblent^ 107 M PrSn 84' • Nuan"*' U»e degradation fiicccf- Mafc. II paroit que prefque tous five de nuances diverhhees a 1'inrini , es Europeens qui ont voulu manger eft Ie fceau dont la Nature marque de la chair du crocodile, ont etc fes ouvrages, page "U rebutcs par 1'odeur dc mufc dont eJle eft imprcgnee,^^ izy. Q Mufique. Dans les contrees de la Grcce , on dans les autres pays QD EUR. Prefque tous les Oua- kjues fur les bords de la Mediter- drupcdes ovipares repandent une odcur DES MATIERES. odcur fn'te; qui ne d'nTere beauccup de celle du mufc,&qui eft inoins agreable,/?. 40. L'odeur dc muic, que Id plupart dcs tortues repandent , eft exalree dans la ,,- ,- ., caouuie au point dctre reticle , * *tf^$'r /-» T u&ufs. Les Uuadrupedes ovipares , abandonment Icurs a-ut-. aprcs Irs ,* i • - r av )ir pondus ^ la plupart choiiifient , ... , la place on ils les d.jp »ient •, cuiel- 1 . . . qu~s-uns •, plus attentus , la prepa- rent & larrangcnt , ils creulent b \ ., , msme des trous ou ils les renter- v ., ?,•?' I ? ?U !S collvrcntr^ fable c. de femllage , page 37. Les oeub des tres - pet.ts Quadrupedes ov.pares ont a peine une demi-lignc de dnmetre tandis que les crufi des plus gran is ont deux on trois pouces de Idngueur , Idem. L en- Veloppe drs a-uts des crocodiles & dequelques grands lizards eft dune fubftanoe dure & crctacce , ma.s celle des ocufs des autres (^uaaru- pedes ovipares eft m^llc &' l"-m- blable a du parchemin mouillv' , page 38. L'arJeur du K'leil & de 1'atmolphere fait eclore les aeufs des Quadrupedes ovipares , Idem, Les urufs des tortues Tranches font ronds , de deux CHI trois pouces de diametre, & la membrane qui les recouvre ,-reiiemble a du parche- mm mouillc , page 6$. tiles les couvrent d'un peu de fable , mais cependant atlez JegcreiiK-nt pour cue U chaleur du loleil puilie les faire cclorc , page 66. Forme des p. 140. Nombre des ceufs de la tortue Qvyares, lomc L grccqu? , page 2$t. Nombre & forme des oeufs de 1'iguane , page Z7$. Grolleur dcs auts du Iczard gris, page 305. as r j r- ji j' ULuts du LroccTile. independam- , ment du tim< -loruge d( gcurs, on auroit du refill er de croire ce -m- , que dit Pline du crocodile male, - . , XT ,.n. qui, luivant ce rrand rs'.ituralilte , ,br , couve ainli que la temelle . les ceuis . ,r i T queue a pondus . p^gz zoo. La i mangoufte*, les imri-s, les J.itz aims, , c i les (apa)ous & pluneurs elpcces ,» .r ,, d oiieaux d cau , le nourntient avec avidite des ffiuft du crocodile , & en ^^ mgme un tr£ and nombrc cn , fone lf ,e Liljr ^ ^ ? Les ^ du crrCodl!/5 6ainll ue fa chair fur tout cc.,|t. d^ ,a ,eue & du bas_ventrc f,rvent de ncHuriture aux n. d{, rAfri e f ain,i qu'4 ccmin| .u , de llnde & dc ( les ) de la tortue grec- que & des autres tortues terreftres, font communemtnt plus cmouires que ceux des tortues d'eau douce > page 145. Orjn^V.(Raine) Sa delcription , page $64. Orfraie. Les grands aigles de mer, nommes Orfraie , emportent une tortue de terre du^ Cap , au plus haut des airs , d'ou ils la laiilent tomber a pluheurs reprifes fur des rochers trcs-durs ; la hauteur de la chute produic un choc violent, qu! brife la carapace & lailie la tortue cn froie aux aigles , page 1 67. Mm mm TABLE * • tefrre » »1 eft quelquefois au-de*flbus DOJ.F. (Grcnouille ) Sa franches peuver>t ferendre phL^u P/i/frc r ' l£T A38 A m°ins Pefantes ' en recevant plus ou /-jtt« i de dernere des moms d'air dans leurs poumons lczards,font plus longues que cellos page 77. Le poids quelles peTvent' de devant page i71. fe donner n-eft cependant pastres- Peau. Lorfque les Quadruples confiderable , Idem npa s quittcnt leur vieille peau , Poiffbns. Rappom des tortues ils font plus timides . & fe tiennent tranches avec leT poisons , p £ caches jufqu a ce que la noitvelle ^n3ute. ( Salamandre ) L def- tortihee par de nouveaux fucs cription , page 40 1 & endurcie par les impreffions de Pontt. Les tortues Tranches pre- P,°r/P iC ^^ tf'^ c r f'rent P°Ur kur P°nte Ies fabl« Grenouflle)Sadefcrip. depourvus de vale & de corps tion , page 545. Vancte de cette marins,^^ 6*5. Elks creufent avec Purifications At crocodile ,trou- 1'endroit ou paVviennent L^plw [ hurmge , ^^ a^4. £n hautes vagues, un ou plufieurs trous Angleterre, Idem. d'environ un pied de largeur , & Phalanges (les) des doigts font deux pieds de profondeu? , Idem. au nombre dequatre dans plufieurs Elles y depofent leurs ceufs an ds amfi que dans plufieurs nombre de plus de cent, Idem. Les cfpecesdoifeaux,^^/. Tortues franches "font plufieurs P^* Defcnption du male de pontes eloignees 1'une del'a litre , de crapaud , p. 600. de quatorze jours ou environ , & Defcription de la femelle, p. 60 1. de trois femaines dans certaines »re remarquafcle dont les fetus contrees , page 66. Elles choililfent animal fe developpent & le temps de la nuit pour aller de- t , page Go i. pofer ieurs oeufs fur je • ^ Plajtron ( le ) des tortues eft Elles traverfent quelquefois deux de douze ou quatorze ou trois cens Jieucs de mer pour hes dans certaines cfpeces & de narvenir au rivage ou elles trouvent •deux ou vingt-quatre dans le plus de f.cilite pour leur ponte, u autres vape AQ c T j i _ ; / c <\ 9j' Pag£ O7- -Le temps de la ponte des *PU*' Defcription du Lezard tortues franches varie fuivant les D*-J^\\*' P*1?* > Pag* fy- Nombre des pontes le) total des grandes du crocodile,/;, a. 06. Nombre des tortues marines exeede ordinaire- cents a chaque ponte, Id. Kndroit oil ment hmt^ cens livres. Dans IPS la femelle depofefcs aufc,/>. 207. petites efpcces d eau douce ou de Porte-Crete ( le Lezard ; habite DES MATIERE S. 643 dans 1'ifle d'Amboine , & dans Title yeux a (fez faillans & aiTez gros rela- dc Java , p. 3.87. Sa defcription, Id. tivement au volume de leur corps, &Juivantes. Crete remarquable qui page 7. Us appercoivent les objets le diftingue, page ^87. Differences de tres-loin , Idem. Us ont prelque du male avec la femelle , p. 2.59. tons, les yeux garnis d'une mem- Habitudes du Porte-crete , Idem & brane clignotante comme ceux des fmv antes. Lieux oii en le trouve , oifeaux , Idem. La plupart de cei pjge io.0. Sa chair a une faveur auimaux jouilfent de la faculte de lupcrieureacclledeTIguane,/?.^!. contrafter & de dilater leur pru- Pouce. Dans la plupart des Uzards, nclle , Idem. Le fens de Tonic des le doigt exterieur eft fepare des Quadrupedes ovipares, doit etre plus autres , comme une efpece de foible que celui des vivipares & des pouce , tandis qu'au contraire, dans oifeaux , /7Jgz 8. Us n'ont point les Quadrupedes vivipares, le doigt d'oreilles exterieures , Idem. Leur qui reprefente le pouce eft le doigt oreille interieure eft plus limple interieur, page i77- <}"c Todorat eft tres-peu apparent dins Q la plupart de ces animaux , Idem. ^- ' Leurs narines font tres-peu ouvertes, Ou^DRUP^DES ovipares (les) rra.s les nerfs qui y ab .utiilent , font spprochent de trcs- pres des plus d'une grandeur extraordinaire nobles & des premiers des animaux, plulietirs de ces Quadrupedes , id. page i. Leurs petits vjennent d'un Le fensdu gout eft f >ible dans pli ocuf , Idem. Us ne font point ecu- hears de c^s animaux, Idem. Lei verts de p-.l,/a. Us ne doivcnt pas toucher eft tres - cbtus , ctre appelles r ptiles , Idem. Les Leur fang eft moins chaud que cc cfpeces des Quadrupedes ovipares des vivipares & des oiL aux , p. iz. ne font pas en auili grand nombre II eft auifi bien moms abpndant,M que celles des autres Quadrupedes , II pent circuler ians palier par leur paffe :. Tons les Qua.irupcdes ovi- poumons , Idem. II elk plus epais * pafes le refli mblent entr^ux & dif- ne coule pas auffi vif que celui d ferent des autres animaux par des vivipares,/^ 13- Leur cbarpentc caradere >s qualites remarqtia- oif ule eft plus fimole, Idem. bl s page & L . tnd nombre c.-nduit inteftiual eft plus cou.t que 5 ovipares ont des celui des vivipares , /w#c ij. Leius M in in n: ij juefolides, Animes par une moindrechalerr ili it.«ent a une efpecc de cloaque n'eprouvsnt point cctte erande co.nn.un . Liv.j»rcs „. ,,. L'humidW, aidee varies dun!ememeclFccebt de la chaleur lert a leur develop- un pavs plus eloignc I IV-quat, u pcmcnt, p. ,ff. 11s font fuperieurs plusilevLuplushunud, Z « £ idegrandtordresd'aninuuxj, ,ft 45 Queue - bleue. Sa defcription , page 360. R. BOT EU SE ( la Tortue) eft terreftre , pcge 161. Defcript;rn de fa forme , Id. Scs c' uleurs, Id. & Juivante. On la trouve dins les Indesorientales,&'partu:ulierernent a Amb> ine, ainli que dftis Ic nou- veau mi nde , pjge 1 6z. Raie ( ptau de ) defiechte & d^cprce da nom de balilic,p. 284. Rcdne - verte. Sa defcription , pages 550 &Juiv antes. Son agiliti, /?j^ 551. Elle peut ic tenir fur •Jes corps les plus polls, ££ge 552.. Mjn:cre dont ellc chatlc les in- fccles dont elle fc nourrit , IH-~m. Durec de Ton leveloppement , ptige 55^. Terns de fcs amours , Lltm. Force de fon coaflemcnt , page 555. Manicre dont elle s'a:- couple, page 556". Sa coulcur eft fujette i varier , LL>m. Pays ou on la trouve , page 557. Rayon-vert. ( (Jrapaud ) Sa def- cription, p. $88. On le trouve en Saxe, Lkm. II change iouvcnt de couleur, page $8$. Re quins ( loriquc les ) rcncon- trent des tortrucs franches priics dans une fok , & hors d'etat de fuir & de le defend re , ils les d^vo- - rent , £ brifent le filet , p. 75. Refpiration ( la ) des Quadru- pcdes ovipares eft lente & irregu- liere, page 14. Re'riculaire. ( Grenouille) Sa def cription , page 5^7- ite. Lorlque les Quadru- peJes ovipares choifilTent line traite , ilb l'a-.i,.ptcnt *g it , (oit cju'elle ne fiiP.iil- cjue pour un leul animal , ou loit qu'die a.t atkz d'etendue pour rec.ler plulieursde ces Quadrupeds, page ?^. Ronde ( la Tortue ) le trouve en Europe, page izG. Sa deicrip- ti"ii , Id. Elie habire dc preference au milieu des rivieres & desmarais, page 12.7, Mtiniere dont les pay- fans dc Prulie la conlervent , Idem. Poche conhderable oblervee iurle ventre de deux ties jeunes Tortues Rondes, p. 12.8. Ronflement ( forte de ) attribuc aux Comics franches , p. 76. Roquet. Caracteres diftinClifs de ce Lz.u'd , pjp 397- Ses moeurs , page 398. Rouge. ( Raine ) Sa defcription ; page $66. Rouge dtre ( la Tortue ) a et£ envoyee de Penhlranie lous le nom de tortue de marais,/7d£ir ij?z. Le bout de !a queue e*ft garni d'unii pointe aigue &: cornce , Idem. Sa couleur, Idem. Rouge-gorge. Defcription de cc lifard , page 401. Roujjatre ( la Tortue ) a etc apportee de Y\ndctpage 173. Sa defer iption , Idem. Couleur cie fes ccailles , Idem. Sa carapace eft apla- tie , Idem. Ses ongles ne font point emoulles , Id. On doit la regarder comme d'eau douee , Idem. ^ OEufs ,jmgc 174- s. . Cara&cres de la TABLE divilion des Salarmndrcs , p. 180. Les Salamandres ont beaucoup de rapports avec les grcnouilles & les autres Quadrupcdes ovipares qui n'ont pas de queue , Idem. £Jles rnanquent de cotes , Idem. Salamandre- terreftn. Contes ab- furdes repandus an fujet de ce lezard , page 457- Ses caraderes & fa description , page 453 & fuiv, Variete de cette dpece, page 460. Liqueur corrofive qui decoule des pores de fa peau, page 461. Habi tudes de cette Salamandrc, Idem & fuivantes. Erreur des anciens relativement a rhumcur qui decoule de Ion corps , page 464. Maniere dont les petits viennent a la lumicre , page 467. Sdlamandre a queue plate. Def- cription St. variete dc cette efpcce , page 47 z. Differences du male avec la fcmelle ,/wge 473. Habitudes dc- la Salamandre a queue plate,/?. 474. Kile pent vivre a (fez long-terns au milieu dc la glace , page 47$. Ma niere dont fes pet ts fe developpent, pjgs 476, Elle fe dqiouiile iouvent pendant 1'ete , & meme dans le prin- tcms^page 470. Maniere dont elle quitte la peau , page 47$. Accou- plement des Salamandres a queue plate ,pj£e 481 & fuivantes. Pays oil on lestrouvCtpage 4.86. Lrzardi q i'il f'uit rapporter a cette eipece , /..'. iiivam '.t i'cngourdiiljment d;s v'.M.linpJJrs ovipar:s , leur jar>; no c,.nLTvcqu'un moir/cment tri-^-ljnt , page zj. Sjrrcubs. Dcfcription & habi tudes de cette Salamandre,^. . Saaritin. Nom donnc par les anciens a uoe pierre qui devoir arc un bezoard dlgwic, page 3.8 z, Scorpion ( la Tortue ) te. trouvc a Surinam , page 133. Sa defcrip- tion , Idem. Le bout de /a queue eft garni d'une callolite , Id. Elle habite les mirais, page t ^j. Scinqa* Dtfcriptiun Sc couleur de ce lezard , page ?/?.. U/age qu'on en fait , page 374. Pays ou on trouve cet animal , page 976*. Sens. Bonte des fens extcrieurs des grenouilles communes, y?. $08. Senfations. Les Quadrupcdes ovi pares font privcs du plus grand moyen de s'avc-rtir de Iturs ditte- rentes fen fations, /?44^2-57 &Juiv. Sputatcur. Defcriptton de ce lezard d'Amerique , page 409. Ses habitudes, page 420. Vanete de c*tte efpece , page 411. Steliion. Si defcription, p. 369. Ufage que 1'on fait de ies exc. mens, page 3ji. Stric. ( Ltizard ) Sa defcription , page 3$ 3 Subfiftance. La Nature a varied Ies moyens de fubhftance pour •toutes Ies clafles d'animaux , p. 33. Syrtne lacertine. Voyez Mao inguana , page 61 1 . T. TAB AC ( le ) en poudrc eft pref- que toujours mortel pour le lezard gris , page 304. Tapayc. Czrz&eres diftindifs de ce lezard d'Amerique , page 390. Ses habitudes , page 391. Tapirer. Raine qui Icrt en Ame- rique a tapirer Ies perroquets , page $66. Tdguixin. Sa defcription ,/?. 405. On le trouve au Bredl , p. 406". Terrapeiu. ( la Tortue j ie trouve aux Antilles', die y eft trcs - com mune dans Ies lacs £ dans Ies marais, page iz$. II paroit que c'eft la mcme que celle que Dam pier a nominee Hecate- , Idem. Sa chair eft un aLment atllli lain que delicat , Id. 647 La Tortue Terrapene de Dampier, eft la mime que *la geometrique , page 259. Sa carapace eft comme naturelle merit t aillee , pa ge z^o.Les Terrapencs psnetrent dans Ies forcts ou Ies chalk-urs ont pen de peine J Ies prendre , Idem. Tern. Lorlque le crocodile efl a Terre , il eft plus embarraile dans fcs mouvemens , page 2.15. Pour lui echapper alors , on doit fe detourner fans cefle , Idem. Titards. Dcveloppement des Tctards des grenouilles communes, page 5 1 7 &Jwvahtes. Manicre dont ils quittent Jeur enveloppe, p. 5*9' Tete. La 'tortue bourbeufe pent vivre quelque terns apres avoir eu la tete coupee,/7. i^. Les tortnes grecques peuvent vivre plufieurs jours aprcs qu'on leur a coupe la tctd page 249. Tete- four (.hue. % defcription & pays que ce lezard habite , p. 2.61. Tete -plate. Defcription de ce lezard, page 425 &' J'uiv antes. Con- trees ou on 1'a trouve , page 42,8. Ses habitudes , p. 430. Tortues ( Ies ) font plus fem- blables par leur organilation aux vivipares , que Ies autres Quadru- pedes ovipares , page 6. On a vu des Tortues demeurer prcs d'un an fans prendre aucune nourriture , page -2.1. Les Tortues feules ont recu , en naillant , une forte de domicile durable, page 4$. La plu- part des Tortues peuvent retirer leur tete , leurs pattes & leur queue, fous 1'enveloppe dure &. olleuie qui Ies revet par-deifus & par-deilous, TABLE VaSe 46. Les cotes de lupine du quinze lames , TJfm. U forme &j d«*f font partie de la couvcrturc lenombre de ces la.nes varient ft,i- fuprnr urc des Tortues que Ion v,nt Hge & peut-Wc fuivant le appeile Carapace & I'inf^rcure fexe, /<£ Lc plaftron eft comma- que 1 on nommcplaflron , eft Clinic ncment garni de vingt - trois on avec les os qui comment le fter- vingt-quatre ecaillesJL tf Prin- .im .page 47. Divisions du genre cipales d.menlions d«eune Tor- des Tortues , J^/n. Les Tortucs tue franche , Idem. Le nombre & d cm douce & de terre ont les pieds la pofitiqn des ongles de U Tortue tres-ramades , les doigts tres-courts franche , peuvent varier ; mais il & garms d ongles crochus , p. 52. n y en a jam.is qu'un d aigu aux Leur carapace & leiir plaftron ne pieds de derriere , pcge ^ Le cer- font rcunis 1 un i 1'autre, que dans veau de la Tortue franche eft trcs- ime petite portion de leur con- petit , p. 60. Les machoiresdecctte tour , Idem. La plupart peuvent fe Tortue ne font pas garnies de dents remettre fur leurs pattes , lorf- mais el les font tres - fortes & trcs- ou elles font renverfees , page 63. dures ; & les os qui les compofcnt Jl paroit que les diverfes elpeces font garnis de pointes & dafperi- de Tortues ne fe mjjlent point tes .page 60. Les Tortues inches enfemble page 1 04. L hiftoire des vont fou vent chercher lean douce J ortues demande encore un gr.nd * I'embouchure des grands fleuves nombrc d obicrvations , page 260. page Gi. Elles lont timides , elles Tortue fra A. Line des produc- plongent , des qiulles appercoivent tions les p.us utilcs eft la Tortue lombre de quelqu'objet a 'crain- tranche , page 54. Elle habite en drc , Idem, tiles devroient etre tres-grand nombre fur les bas-fonds regardces comme J embleme de la revetus dalgues de la Zone Tor- prudence, Idem. Elles ont plutot riJe,tant dans lancien que dans des proprietcs padives , que des le nouveau monde , page 5ff. Elle qu,litc's adlives , Idem. Elles ne dif- le nournt de plantes marines , Id. putent point aux animaux de leur .He a quelquefois (,x ou f ept pieds cfpf ce , un aliment qu'elles trouvent de longueur , Mr/72. Elle joint * un touj-urs en a(fez grande abon- gout exSu« , & a une chair fuccu- dance , p. fo. Elles peuvent Pa(Ier lente & fubftantielle , une vertu plulleurs mois , & racme plus dun des plus adives & des plus falu- an , f^ns prendre aucune nourri- aires , page 57- da carapace a quel- ture , Idem. Elles ne - ioutent pas quefois quatre ou cinq pieds de la fociete de leurs f. .olables, Id. long, fur trots on quatre de lar- L.i tortue franche n'eprouve pref- geur , Idem. Le bord de la cara- que jamais de dedrs vehemens. Elle pace parujt onde , Idem. Le difque fe defend rarement, mais elle cher- pft >rdmairement recouvert de che ^ fe mettre ^ \'ty\ypage 63. Dans DE S MA TI&RE S. 649 Dans cette efpece , Is male paroit rcchcrcher fa femelle avec ardeur, & Icur accouplement dure pendant pres de neuf jours, fans qu'aucune crainte puiffe les feparer Tun de 1'autre , Id. L'attachement mutiicl du male & de la femelle , palie avec Ic befoin qui 1'avoit fait naitre i ils fe quittent bicntot apres que Icur accouplement a celle , pjge 64. Les petites tortues franchcs eclofent vingt on vingt - cinq jours apres la pontc , & meme plutot dans certaincs contrees , page 68. Ellcs n'ont que deux on" trois pouces de longueur^ en ibrtant de 1'ccuf , Idem. Elles vont d'elles-njcmes a la mer , Ibid. Lorfqu'on a pris de petites tortues franchcs, on les renfermc quelque- fois dans des efpcccs de pares ou la haute mer pent parvcnir , page 65. La tortue franche a la cara pace trop plate pour pouvoir (c rcmettre fur fcs pattes, lorfqu'elle a cte chavirie. Elle flit entendre alors une efpece de gcmiflement , page 72. Lcs tortiKs franchcs Ijnt quelquefois jetces par des acciJens particuliers , veis de hautes lati tudes , p. 8-7. II pan 'it cjue , non- feulemcnt eiles pcuvcnt y vivre , m^is mcme y parvci.ir a tout leut dcveloppcment , Idem. Ce n'eit que fur les ri'. , b prciqi qu clles peUA cnt en libel tc parvcnir i tout I'accroilH-ment [X)iir ! la Nature les a fait naitre , & joui paix di- la lon^ue vie a bqiielle clL-s ont etc deflinees , /' On devroit tacher d'acclnmt«.r les Qvipares , Tome I. tortues franches , fur touteslescotei tempcrecs oii elles pourrcient aller chercher dans les terres des endroits un peu iablonneux , & eleves au- luis des plus hautes vagues ,77.30. Tonues gncqucs. Leur accou ment , 77j£? z 5 z . Terns de km ponte, /cAvn. Leur grolfeur, lorl- qu'elles eclofent , p. i $1. Pays cu on les trouve, Id. 11 paroit qu'elles habitent rAmerique leptei trionale, pag; ?5-<. Leur grandeur dans le? contrees tempercjs 1'Ru- rope , eft bien au - deiious de celle qu'elles peuvent acquerir dans les region? chaudes de linde , Id. Tout couhruie la douceur dv leuis habitudes, 77*7^ ?55- Dcpouillede deux grandes tortues grec- 'i- fervce au C.binet du Roi , IJcm. Tortue grecquc dont les ecaillrs ctoient verdatres ,ptige 1^6. C tete de tortue j;n-cjue , qui K-it partie de la ColleAion du il-. i , Id. Tortues Zliirines ( les pieds des) refleniblent i "iu 5,77. 52. Leurs deux boucliers le touchent da-is une grande portion de Lur circonfcrence, Idcm.Vl pen- vent retirer qu'a demi 1-ur tete & ieurs pattes (bus Icur carapace, Id. Les ccailles, qui recouvrent leuc plallron , forment quatre rangces , Id. Raorts des Tortues Marines a\ , &c. Tortu£s terrcflns ( les) de 1'Ame- rique Meridional: , font peut - etre diti^rer.tc-s de la grecque , p. ?5> Onlespren 1 . • • s chienidr. a 1,. -m. <>n ks nouriit x n n n 650 T A B L E dans dcs jirdins oil ellcs mnltiplient dile benucoup , JJem. Leur crl eft d aflez bon gout , /rf. Les femeJ.es s accouplent quoiqu'dles n'sicnt ac- quis que la m itie de Icur pran- C ' . Dans tons les «. P, ' . ccpendant nou^f] .- prcuvc du pet, de cruaute quelondoitattribuer^esani.naux, ' „, i ' f' P Iane , ^ *7j?. f rPlUS-de, es lur la face int^rieurc Forme ^Tr^r'7'-^0- voi t fur l" rTferCu!^ .^UC ]>n r '" * /Ur^ce »ntcric«re des cm ies du lezard vert , p,ge riZ. Abrades qur ie trouvent au- Qciious des cuifles du lezard ga- 5n"c ' .^ ,^5; lupinambi*. Contrees quii ha- • > page *f>i. Sa defcription , T7' -5.9 ff/iiir. Ses habitudes, page z$3. On a cru qu'ii avertiffoit de la prefcncc du croco- /> ^-, T1 i j /• animal vapar troup, nombrculcs w, «„. M. Adanfonaru Tur li nviere du moins ccl.auric'cs , & que leur or.a nifation intWeure eft plus™ mpk petite, Idem. Lcs lilies dc fa carapace font a^rcablemcnt variec! dc Lr, de blanc, de pourpre,de v^atre.&deja /<£/*. Surle f°riet de Ja tcte' S'&ve W P«- tuberancc d'line couleur de Ver- mill°n' Idem' ll P^qu'on do lui appliquerce querapporteKolb, ^7- II paroit qu on rencontre Ja Tortuc Vermilion dans la partie feptcnlriona!e dc J'Afrique, r 268 Vert. ( Lezard ) Ses iCensi pa« 313. Sa u.nicre d'attaqucr /»^ >/:;. II parolt qu'il n'eft point venimeux , M-.^. Endroits ou on Ie trouve, ^7^ ?;5. Dcfcription d'une varicte de cetie cfpccecom- nnine aux environs de P,ris,/7. ^6' De/lriptioH & habitudes d\in 1 -brd DBS MA TIE RE S. d'Amc-riaue quia de grand rapports avec ie Iczard vert , pag: 317 0 Juivantes. Defcription d'un lizard de Sardaignequi a aufTi beaticoup de rapports avec le vert,page 32.0. Vert. ( Crapaud; Sa delcription, pc.ge $86. Ses liqii-iirs corrolives, Idem. Vert'bres. Les tortucs ont huit Vertebres du cm •, les crocodiles en ont fept -, prefque tous les lezards n' MI ont Ja'nais au-detlus de quatre -, &: tous les Quadrupcdes ov:;->ares fans queue en lont privcs , p. i ^. VcJJis. Les lezards , les r,re- nouilles , 1 's cranauds ni Ls ratnes n'ont pas de veffie proprcinent .iite, page 74. Les tortues ont line trcs- grande \rellu- , /\?ir .; VejjiiS aeriennes. On p:utjugcr par les VelTics acriennes que 1'on voit nager fur l.s etanqs , que le fond clt habke p.ir des toi'tiic> bourbenlcs , pag; iz$. V\ air. Les males dcs pre- lLs ont d.J chaqiu cote du cou, 65i des VciTies qu'ils pcuvent vol 'iite, p.ig: f)ii. Voradtt. 11 paroi': que la v^ra- cite & la hardiefle d^-s crocodiles ncntent, diminuent,