mm® '-«Étlux .. rw **1'' ■ TROIS REGNES DE LA NATURE RÈGNE ANIMAL PARIS, IMPRIMERIE ADMINISTRATIVE DE PAUL DUPONT, 45, RUE DK GRENELLE -SAINT- HONORÉ. L'éditeur propriétaire interdit toute reproduction et se réserve le droit de traduction en langue étrangère , et spécialement en langue anglaise. 0\W YÆ CAYYYA Y, V Vuas ^\toYwu%’\%V — M K-WAYs W k A A WW \WAY yOYAmYtv i\H,vsi\nc\Y\(vV(vY WkAYLW WW Y Y, VWctc^ %wtoAoy\. — CA WA Y K YY.C, AO\W V kuas CAWWOY WY.\.\Y\ Y.W'Y, V CAo^uYa cvYYmAcyY — CAAkAUX \W\AAA\A VYuv* \\Y%YnowicaY CAAkYYW WW AAUAAWAW Ykms (.jYacâaYYsv HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX SUIVANT LA CLASSIFICATION DE M. ISIDORE GEOFFROY- SAINT-HILAIRE AVEC L’iNDICAÏiON DE LEURS MOEURS ET DE LEURS RAPPORTS AVEC LES ARTS, LE COMMERCE ET L’AGRICULTURE PAIS M. Emm. LE M VOLT DOCTEUR EN MÉDECINE. PARIS L. CURMER RUE RICHELIEU, 47 (au premier). M DGGC LUI. ll- ‘tfle L’observateur attentif, qui étudie dans les Animaux les conditions d’existence établies par le Créateur, ne tarde pas à pénétrer la mystérieuse sagesse qui a mis en corrélation parfaite leurs besoins, leurs instincts et leurs facultés. Mais s’il faut une étude appro- fondie pour reconnaître dans les diverses Classes du Règne animal l’équité paternelle d’un Dieu qui pourvoit avec une sollicitude impartiale au bien-être de toutes ses créatures, depuis le Tigre agile jusqu’à l’indolent Aï; depuis l’intelligent Éléphant jusqu’au Mouton stupide; depuis l’énorme Baleine jusqu’à l’imperceptible Monade, cette Bonté divine se révèle a Il I INTRODUCTION. manifestement à l’esprit le plus vulgaire, dans la grande Classe des Oiseaux. On serait même tenté, au premier coup d’œil, d’admettre que ces Êtres ont été l’objet d’une prédilection toute spéciale, à laquelle ils doivent les avantages de leur organisation. L’appareil locomoteur, qui leur donne pour domaine la terre, le ciel et les eaux; leur repos même, dont le mécanisme n’est pas moins admirable que celui de leurs mouvements; leur respiration, source abondante de chaleur et d’énergie, et puissant auxiliaire du vol et de la natation; la perspicacité de leur vue, qui s’accommode merveilleusement à la distance et à la petitesse des objets; leur reproduction par des œufs, qui abrège le temps de la gestation; la fabrication industrieuse de leurs nids; les minutieuses précautions, la vigilance infatigable, l’héroïque dévouement de la femelle, avant et après l’éclosion, (génie de l’amour maternel, qui veille à la conservation de l’Espèce dans l’Insecte connue dans le Vertébré, et qui a fait dire si heureusement que le cœur d’une mère est le chef-d’œuvre de la nature ) ; les allures vives et légères, le plumage, varié à l'infini, les cris d’appel et les chants d’amour de ces hôtes aériens, qui vivifient par leur présence nos jardins et nos campagnes, et sans lesquels les prés, les forêts, les rivages n’auraient à nos yeux que des beautés incomplètes; enfin leurs migrations périodiques, dont l’objet principal est l’alimentation qu’ils vont cher- cher dans des régions lointaines, à travers les solitudes des continents et des mers, sans autre guide que leur instinct; tout, chez les Oiseaux, est propre à charmer les méditations du philosophe et les rêveries du poète, aussi bien que la curiosité du naturaliste. Les anciens, qui ne possédaient sur les mœurs des Oiseaux que des notions isolées et incomplètes, avaient pour eux une vénération superstitieuse. Leurs voyages, commencés avant que la disette se fasse sentir, leur passage dans les diverses régions de l’élément gazeux qui les enveloppe et les pénètre , annonçant avec certitude les variations atmosphériques que leur exquise sensibilité perçoit longtemps avant qu’elles soient manifestes pour l’Homme, avaient porté nos pères à croire que cette divination , accordée à l’Oiseau dans l’unique intérêt de son Espèce, s’étendait aux destinées humaines : leurs cris, leur gazouillement, leur vol à droite ou à gauche, leur manière de boire et de manger, étaient autant de présages constituant une science occulte, (pii devint chez les Romains le privilège exclusif de quel- ques hommes: de là l’institution des augures, de là les auspices favorables ou sinistres, dont le peuple faisait dépendre le succès de toutes ses entreprises, et que les ambitieux surent trop souvent exploiter à leur profit. — Les mots exprimant ces croyances ont passé dans notre langue, en conservant métaphoriquement leur signification primitive. Les modernes, débarrassés de ces erreurs, ont observé les Oiseaux de plus près; et l’étude de leur organisation, jointe à la connaissance de leurs mœurs, est venue ajouter à cette dernière un attrait de plus, en nous montrant dans ses plus intimes détails la dépen- dance merveilleuse qui lie la fonction avec l’instrument chargé de l’exécuter. Voler et pondre des œufs, voilà ce qui, aux yeux du vulgaire, caractérise les Oiseaux; ce ne sont pourtant pas des attributs appartenant exclusivement à cette Classe du Règne animal. On observe le vol dans plusieurs Mammifères, et notamment chez les Chauves- INTRODUCTION. ni Souris, tandis q ne certains Oiseaux, tels que T Autruche et le Manchot, sont incapables de voler. Quant à la faculté de se reproduire par des œufs, nous verrons que la plupart des Animaux inférieurs n’ont pas d’autre mode de reproduction, et nous trouverons enfin des Familles nombreuses, dans les Insectes, qui sont à la fois volatiles et ovipares. Quel est donc le caractère extérieur que l’on puisse regarder comme la propriété exclusive des Oiseaux? — C’est d’avoir la peau garnie de plumes. Ainsi, la définition d’un Oiseau peut se formuler rigoureusement par trois adjectifs : vertébré, ovipare , emplumé. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE DES OISEAUX. Appareil circulatoire des Oiseaux. — Si nous considérons les Oiseaux sous le point de vue de leur structure intérieure, ils vont nous montrer une grande analogie avec les Mam- mifères ; le squelette, dans les deux Classes, se compose à peu près des mêmes pièces, et n’offre que de légères différences, qui reposent sur la forme et la disposition des os. La circulation est absolument semblable. Chez les Oiseaux comme chez les Mammifères, il y a deux cœurs : le cœur gauche envoie dans tous les organes du sang rouge, destiné à y déposer des matériaux nouveaux, et à les débarrasser des molécules vieillies et usées, qu’il charrie jusqu’au cœur droit: le cœur droit, à son tour, lance dans les poumons ce sang noirci et altéré par l’acide carbonique; c’est là que l’oxygène de l’air est absorbé pendant l’acte de la respiration; il se substitue à l’acide carbonique exhalé par la surface du poumon, et rend au sang sa couleur rouge et ses propriétés vivifiantes. Du poumon, il passe dans le cœur gauche, pour être de nouveau poussé dans les organes qu’il doit nourrir. En un mot, chez les Oiseaux, comme dans la Classe qui les précède, la circulation est double. Leur sang est plus riche en globules que celui des autres Classes, et ces globules sont elliptiques, au lieu d’être circulaires, comme dans les Mammifères. Respiration des Oiseaux. — Mais il y a une fonction importante qui distingue l’une de l’autre les deux Classes supérieures du Règne animal : c’est la respiration. On sait que , dans les Mammifères, Y arbre respiratoire se partage en deux branches principales, nommées bron- ches , et que les dernières subdivisions des rameaux nés de ces branches se terminent chacune par un petit sac qui se gonfle et se vide d’air à chaque respiration de l’Animal ; on sait que les feuilles creuses de cet arbre ( cellules du poumon ) ne s’étendent pas au delà de la poitrine, et qu’elles sont, ainsi que le cœur, séparées de la cavité de l’abdomen par un plancher mobile, qui se bombe et s’aplatit successivement, et auquel on a donné le nom de diaphragme . Chez les Oiseaux, ce plancher mobile n’existe pas; l’arbre respiratoire occupe la poitrine et l’abdomen. Mais là ne se bornent pas les organes de la respiration chez les Oiseaux : il y a des branches qui dépassent celles de l’abdomen et de la poitrine, vont se ramifier dans les mille sinuosités du tissu cellulaire, et ouvrent à l’air extérieur un passage entre les muscles, dans l’épaisseur des os, à l’intérieur même des plumes, en un mot dans toutes les parties du corps. 11 résulte de cette disposition, que l’air qui , chez les Mammifères, n’est en contact qu’avec les derniers rameaux de l’arbre veineux dans la poitrine , envahit , chez les Oiseaux , la profondeur des organes, et va y baigner les derniers rameaux de l’arbre artériel : ce qui constitue, pour l’Animal, une respiration double. Aussi l’Oiseau consomme-t-il deux fois et demie plus d’oxygène qu’un Mammifère d’égal volume. Cette respiration privilégiée était une nécessité de la vie aérienne à laquelle la nature a destiné les Oiseaux. 11 leur fallait une grande rapidité de mouvement pour se soutenir dans IV I \ T J! 0 J) ICI I ON. les airs, et la physiologie nous apprend que la vivacité de l’Animal tient à la quantité d’oxy- gène qu’il a respiré; ils avaient besoin, eh outre, d’une température intérieure qui put résister au froid très-intense des hautes régions de l’atmosphère, froid contre lequel leur fourrure plumeuse ne les aurait pas suffisamment protégés; et l’on sait que la respiration est une des sources de la chaleur vitale : aussi la chaleur des Oiseaux surpasse-t-elle la nôtre de plusieurs degrés. Il leur fallait surtout le pouvoir de diminuer à volonté leur poids, pour se soustraire plus facilement aux lois de l’attraction, qui tend à faire tomber tous les corps vers le centre de la terre; or, il est facile de s’assurer par l’expérience qu’un corps plongé dans l’eau ou dans l’air perd de son poids précisément une quantité égale au poids de l’air ou de l’eau qu’il déplace : si ce corps pèse cent livres, et que, par son volume, il déplace quarante livres d’eau, il ne pèsera plus que soixante livres : c’est un allégement que l’on peut vérifier toutes les fois que l’on prend un bain. Si le corps est moins lourd que l’eau, le volume d’eau qu’il déplacerait ayant un poids supérieur au sien , ce corps surnagera : c’est ainsi qu’un morceau de liège ne peut rester au fond de l’eau. Il en est de même de l’air : si l’on gonfle dans l’air un ballon de gaz hydrogène, ce gaz, étant quatorze fois plus léger que celui qu’il a déplacé, tend à s’élever, avec une force à laquelle il est difficile de résister; et, lorsqu’on cesse de le retenir, il entraîne rapidement vers les régions supérieures de l’atmosphère le ballon, la nacelle et les aéronautes, qui, par eux-mêmes, étaient plus pesants que l’air. C’est ce qui arrive aux Oiseaux : leur corps, dilaté dans toutes ses parties par l’air qui a rempli les cellules respiratoires, perd une portion notable de son poids. Mais cet allégement ne leur suffirait pas pour se soutenir et se transporter dans l’atmosphère; et c’est ici qu’il convient d’offrir à nos lecteurs quelques explications succinctes sur le mécanisme du vol. Vol des Oiseaux. — Quoique l’air soit un fluide peu dense et peu résistant, on conçoit sans peine que, s’il est frappé rapidement par une surface large et solide, tout en se laissant refouler par cette surface, il lui opposera une certaine résistance; et cette résistance sera d’au- tant plus forte que la surface mettra plus de vitesse dans son mouvement. Maintenant, qu’on se figure un Oiseau suspendu au milieu des airs, immobile et les ailes étendues; s’il abaisse rapidement ses ailes vers sa poitrine, l’air, frappé par leur surface large et solide, va céder à cette impulsion; mais, comme il ne peut se déplacer assez promptement, parce que la vitesse des ailes surpasse la sienne, il résistera à ces ailes, et leur fournira un véritable point d’appui, au moyen duquel le corps de l’Oiseau sera poussé en sens contraire. Voilà la première condition du vol : or, chacun sait que si, après ce premier effort, les ailes restent immobiles, la gravitation, vaincue momentanément, va reprendre son empire, et l’Oiseau descendra vers la terre , absolument comme un animal retombe sur le sol après avoir fait un saut. Mais si, après avoir, en les abaissant vivement, rapproché ses ailes étalées, l’Oiseau les écartait avec la même rapidité, il est évident que l’air situé au-dessus d’elles leur opposerait la même résistance que l’air situé au-dessous, qu’elles ont refoulé un instant auparavant. Il en résulterait que le corps de l’Animal, soulevé dans le premier temps par la résistance de l’air inférieur, serait abaissé de la même quantité dans le second par la résistance de l’air supérieur, et que cette oscillation rapide le ferait, en définitive, rester toujours à la même place, en opérant un mouvement continuel de va et vient : c’est ce que fait, par exemple, l’Épervier, quand il plane et semble immobile dans les airs, avant de fondre sur sa proie. Que doit donc faire l’Oiseau pour se transporter dans l’espace! La première condition était, comme nous l’avons vu, de refouler l’air situé sous les ailes : la seconde sera de faire en sorte que , quand elles se disposeront à reprendre leur première position , l’air supérieur leur oppose le moins de résistance possible : c’est pour cela que l’Oiseau, après avoir donné son coup d’aile, la reploie pour rétrécir sa surface : puis il élève cette aile ainsi reployée, puis il l’étend et l’abaisse de nouveau , en accélérant ses battements selon le degré de rapidité qu’il veut donner à son vol. V ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. O s t k o i. o g i k des Oiseaux. — Ici doivent trouver leur place quelques détails sur le squelette de l’Oiseau v et notamment sur les instruments admirables qu’il emploie pour nager dans les diverses couches de l’océan gazeux au fond duquel les Mammifères sont, pour la plupart, condamnés à rester. Nous avons dit que la charpente osseuse des Oiseaux est presque semblable à celle des Mammifères; seulement les os des Oiseaux, étant creusés de nombreuses cellules remplies d’air, sont beaucoup plus légers. La tête présente deux mâchoires très-allongées, que l’on nomme aussi man- dibules ; la supérieure est unie au front, de manière à conserver un peu de mobilité ; l’inférieure, dont chaque branche se compose de deux pièces , ne s’articule pas avec le crâne par une saillie , mais elle est suspendue à un os mobile, nommé os carré ou os du tympan , et faisant partie du rocher dans la classe des Mam- mifères. Les mandibules sont recouvertes d’une sub- stance cornée , qui rend leurs bords tranchants , et c’est en cet état qu’elles constituent le bec. Ces lames cornées tiennent lieu de dents à l’animal; elles sont même quelquefois hérissées , de manière à présenter des dents , mais ce ne sont que des aspérités , desti- nées à retenir la proie autant qu’à la mâcher. La tête des Oiseaux peut opérer sur la colonne vertébrale un mouvement complet de rotation , parce qu’au lieu d’être articulée sur cette colonne par deux points latéraux, comme chez les Mammifères, elle l’est par une seule saillie, ou condyle , en demi-boule, reçue dans une fossette hémisphérique de la première Squelette d’Aigle Pygàrgue. M.S. Mandibule supérieure. — M. I. Mandibule inférieure. — N. Narine. — F. .N. Fusse nasale. — OU. Orbite. — CK. Crâne. — V.C. Vertèbres du cul. — CL. Clavicules. — O. C. Os coracoï- dien. — ST. Sternum. — C. Côtes. — A. C. Apophyses costales. x b. Bassin, coc. Coccyx, f. Ftfmur, os tie* îa cuisse. vertèbre , ou elle pivote avec la plus grande facilité. T. 1*. Tibia et Péroné. — T. Tarse. — 2. Pouce a deux phalanges. 1 —3. Duigi inicrnc a trois phalanges.— -i. Doigt médian a quatre Le bec étant ordinairement le seul organe destiné à phalanges. — b. Doigt externe a cinq phalanges. — O. Omoplate. ° 7. saisir la proie, les vertèbres du col sont très-mobiles rudimentaire. i(>s ulles sur les autres , et beaucoup plus nombreuses que chez les Mammifères, ce qui permet au col de se ployer en S, de s’allonger et de se rac- courcir rapidement, suivant les besoins de l’Oiseau. Il n’en est pas de même des vertèbres du dos, des lombes et du sacrum, qui presque toutes sont immobiles, afin de fournir aux cotes et aux ailes un point d’appui solide. Chacune de ces côtes présente sur son milieu une lame aplatie, qui remonte en arrière, et va s’appuyer sur la côte postérieure. Pour combiner la puissance des ailes avec la solidité de la poitrine, la nature a relevé en crête la face antérieure du sternum des Oiseaux. Cette crête ou carène longitudinale, nommée bréchet , fournit de larges points d’attache aux fibres des muscles vigoureux qui ont pour fonc- tion d’abaisser les ailes. Sur cette carène vient se poser la fourchette en forme de V, qui est la réunion des deux clavicules; ces clavicules tiennent aux omoplates, qui sont étroites, allon- gées, et parallèles à la colonne vertébrale. Enfin, à ces pièces se joint de chaque côté un os épais qui descend entre l’omoplate et la clavicule, s’appuie sur le sternum, et forme un pilier consolidant la voûte formée par les deux premiers os. Cet os est nommé os coracoïdien , parce qu’il est l’analogue de l’apophyse coracoïde de l’omoplate des Mammifères. Le membre supérieur des Oiseaux n’est destiné, ni à toucher, comme chez l’Homme, ni à saisir, comme chez l’Homme, les Singes et les Carnassiers, ni à marcher, comme chez tous les Quadrupèdes : ce sont des organes de translation , constituant des rames étendues nom - mées ailes. Les ailes sont formées de plumes roides, fixées par leur base au bras, à l’avant- VI Ï.NT RODUGTION. Sternum des Oiseaux Clavicules formant la fourchetle. — OC. Os coracoulien. — O. Omoplate. — CO. Origine des côtes. — BR. Bréchet. CI.. bras, à la main; et la main, au lieu d’être divisée en doigts, qui nuiraient à la solidité de l’aile, est peu développée, et ne présente que des rudiments de doigts. Les os du bras (humérus) et de l’avant-bras ( cubitus et radius) sont analogues à ceux de l’Homme; l’avant-bras est d’autant plus long, «pie le vol est plus puissant. Quant à la main, le poignet, ou carpe , se réduit à deux petits os placés l’un à côté de l’autre; le méta- carpe se compose de deux os soudés par leurs deux extrémités; à l’extrémité supérieure de ce métacarpe est un petit os qui représente le pouce. Les doigts sont seulement au nombre de deux, dont l’un, très-petit, représentant un doigt externe, el l’autre, assez long, composé de deux phalanges. Pendant que les ailes supportent dans les airs tout le poids du corps de l’Oiseau , celui-ci , pour se maintenir en équilibre , allonge le cou en avant, de manière à contrebalancer la partie postérieure du tronc ; le centre de gravité se trouve ainsi placé à peu près sous les épaules. En outre , pour faciliter l’équi- libre de l’Oiseau, la nature a donné aux muscles releveurs des membres thoraciques une disposition tout exceptionnelle, qui alourdit le thorax et y transporte le centre de gravité, lequel se trouve abaissé autant que possible : ces muscles , au lieu d’être placés sur le dos , comme chez les Mammifères , s’insèrent à la partie antérieure du thorax ; l’antagonisme des releveurs et des abaisseurs est conservé au moyen d’une sorte de poulie, sur laquelle passe le tendon des releveurs avant de parvenir à la partie postérieure de l’humérus. Cette déviation affaiblit leur énergie; mais comme il en faut peu pour relever les ailes, la perfection de l’équilibre compense amplement la diminution des forces. Station des Oiseaux. — Les membres inférieurs de l’Oiseau lui servent de soutien quand il se pose : il est donc réellement bipède ; aussi son bassin est-il large et fixé solidement à la colonne vertébrale. Les os des hanches sont très-développés , et ne forment qu’une seule pièce avec les vertèbres lombaires et sacrées; les vertèbres coccygiennes sont petites et mobiles , et la dernière supporte les grandes plumes de la queue. Comme l’Oiseau prend les objets à terre avec son bec , et que par conséquent son corps est penché en avant de ses pieds, il lui fallait, pour conserver son équilibre, des pattes qui pussent se ployer assez, et des doigts qui fussent assez longs pour avancer au delà du point où tomberait une ligne verticale passant par le centre de gravité : voilà pourquoi la cuisse est fléchie en avant, le tarse oblique sur la jambe, et les doigts allongés, afin de former une base de sustentation suffisante à l’Animal. L’os de la cuisse, ou fémur , est court; les os de la jambe sont plus allongés; le tibia est fort ; le péroné n’est qu’un stylet osseux ; le tarse et le métatarse sont représentés par un seul os, terminé en bas par trois poulies : le nombre des doigts ne dépasse jamais quatre. Ordinairement le pouce ou doigt interne est dirigé en arrière, et les trois autres en avant; le nombre des phalanges va ordinairement en augmentant, du doigt interne aux doigts externes : c’est-à-dire que le pouce, qui est le plus interne, ayant deux phalanges, le suivant en a trois, le doigt du milieu, quatre, et le plus externe, cinq. Quelquefois le pouce manque , quelquefois même le doigt externe manque aussi ; c’est ce que nous verrons dans l’Autruche , qui n’a en tout que deux doigts. L’Oiseau perche plus souvent qu’il ne pose à terre; et l’on en comprendra facilement la raison en se rappelant les conditions du vol. Il faut en effet que l’Oiseau, au moment où il donne son premier coup d’aile , trouve assez d’air au-dessous de lui pour lui résister et le pousser en sens contraire : voilà pourquoi les petits Oiseaux qui veulent s’élever de terre, com- ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. VII niencent par sauter sur leurs pieds ; voilà pourquoi les gros Oiseaux ne peuvent prendre leur vol que quand ils sont perchés sur un arbre, ou sur la saillie d’un édifice, ou sur le sommet d’un rocher : aussi leurs premiers mouvements sont-ils peu rapides ; leur vol paraît lourd , et n’a toute son agilité que quand la colonne d’air qui supporte l’Oiseau est assez considérable. Lorsque l’Oiseau est perché, il embrasse la branche avec ses doigts, et, par un mécanisme merveilleux , il la serre d’autant plus fortement , qu’il y est posé depuis plus longtemps : en effet, les muscles fléchisseurs des doigts passent sur les articulations du genou et du talon; et quand celles-ci, fatiguées par le poids du corps, viennent à se ployer, elles tirent sur les tendons des muscles en question; alors le doigt fléchi par eux serre avec plus de force la branche qui soutient l’Oiseau. Quant aux Oiseaux à longues pattes, qui, le plus souvent, posent à terre, la nature leur a épargné les fatigues d’une longue station, en empêchant la cuisse de se fléchir sur la jambe : lorsque le membre est étendu , l’extrémité inférieure du fémur, qui présente un creux, se pose sur une saillie du tibia , comme la boule d’un bilboquet sur son axe, et l’Animal , n’ayant pas besoin de contracter ses muscles , n’éprouve aucune lassitude. Quand nous exposerons l’histoire des Familles, on verra que la disposition des pattes est en rapport avec les mœurs de l’Oiseau ; ainsi les Oiseaux marcheurs , tels que l’Autruche , ont les pattes robustes, longues, et le pied petit; les Oiseaux de proie, comme l’Aigle, ont les pattes courtes et vigoureuses, les ongles crochus et tranchants; les Oiseaux qui vivent 'sur le bord des eaux , et y cherchent à gué leur nourriture , ont les pattes grêles , excessivement longues, et semblent montés sur des échasses ; chez les Oiseaux qui habitent les eaux pro- fondes, les pattes sont palmées , c’est-à-dire qu’entre les doigts s’étend une membrane qui ne les empêche pas de s’écarter ni de se rapprocher, et fait du pied une véritable nageoire. Enfin, chez les Oiseaux qui ont besoin d’une position verticale pour grimper le long des arbres , le doigt externe se porte en arrière, à côté du pouce, d’où il résulte qu’ils ont deux doigts seule- ment en avant : le Perroquet et le Pic-vert, sont dans ce cas. Plumes des Oiseaux. — Ces productions, qui sont, pour les Oiseaux, ce que sont les poils pour les Mammifères, ne diffèrent véritablement de ces derniers que par une structure plus compliquée. On sait que le cheveu naît à l’intérieur d’un petit sac , nommé capsule , creusé dans l’épaisseur du derme, et s’ouvrant au dehors par un orifice étroit : un petit bour- geon conique occupe le fond du sac, et reçoit un nerf, une artère et une veine; c’est sur lui que se moule le cheveu d’abord fluide, et se desséchant bientôt. C’est aussi dans une capsule que se forme la plume; mais cette capsule, au lieu de figurer une poche ovale, s’allonge en gaîne, que l’on voit quelquefois saillir de plusieurs pouces hors de la peau de l’Animal. Chaque plume se compose d’un tube corné, qui en constitue la base; d’une tige, qui surmonte ce tube, et enfin de barbes latérales, qui sont elles-mêmes barbelées sur leurs bords. Le bour- geon qui sécrète la plume est allongé , et forme l’axe de celle-ci ; c’est à la surface de cet axe que se moule la substance de la plume; il se dessèche dans la tige après y avoir déposé une matière blanche, spongieuse et élastique; il se dessèche aussi dans le tube qui s’est formé sur lui; ce sont ces petites pellicules, disposées en cornets emboîtés les uns dans les autres, que l’on extrait du tuyau quand on taille une plume. VIII INTRODUCTION. La plume nouvelle est d’abord renfermée dans la capsule; mais celle-ci se détruit par son extrémité dès que le bout de la plume a été formé : alors la plume se montre ; ses barbes se déroulent, s’étalent latéralement, et l’extrémité de son tuyau reste implantée dans le derme; mais il n’y est pas fixé solidement, et il tombe chaque année, souvent même deux fois par an, à l’automne et au printemps : cette époque de la vie de l’Oiseau se nomme la mue , et, pendant toute sa durée , l’Animal est triste et muet. La livrée des Oiseaux change donc suivant les saisons, et, pour beaucoup d’entre eux, le costume d’été n’a pas le même aspect que le costume d’hiver. Ils n’offrent pas dans leur jeunesse les couleurs qu’ils conserveront après l’àge adulte; les femelles ont un plumage moins riche que les mâles, et c’est surtout chez ces derniers que le plumage rivalise en éclat et en variété de tons avec les plus belles fleurs et les minéraux les plus brillants. Les grandes plumes des ailes et de la queue ont reçu le nom de pennes. Celles qui appar- tiennent aux ailes sont appelées rémiges, mot qui signifie rames. Les rémiges qui partent de la main, c’est-à-dire du carpe, du métacarpe et des doigts, sont au nombre de dix : on les nomme rémiges primaires ; en avant de celles-ci, naissent les rémiges bâtardes, qui sont fixées à l’os du pouce, et forment dans le pli de l’aile une sorte d’appendice supplémentaire; en arrière des rémiges primaires, sont les rémiges secondaires , dont le nombre varie; elles partent des os de l’avant-bras ; les pennes attachées à l’humérus sont moins fortes, et portent le nom d e pennes scapulaires. Nous avons dit que les Oiseaux, quoique tous emplumés, ne sont pas tous volatiles. L’existence des ailes , en effet , ne constitue pas un caractère général ; les quatre-vingt-dix- neuf centièmes de la Classe des Oiseaux , il est vrai , sont aptes au vol ; mais quelques autres ANATOMIE ET l'Il V S I O EO(i I E. i\ sont incapables de voler : telles sont les Autruches, tels sont surtout les Manchots, dont l’aile est aplatie, et porte des plumes réduites à de simples écailles. Ce membre est mis en mouve- ment par des muscles puis- sants , et devient un organe propre à nager, c’est-à-dire à repousser énergiquement un fluide bien plus résistant que l’air. Les Oiseaux dont l’aile est transformée en na geoire sont dits impennes (ailes milles) ; ceux dont l’aile , quoique garnie de plumes , est réduite à un moignon, sont dits rudi- pennes (ailes rudimentaires) ; tous les autres , organisés pour le vol , sont nommés aiipennes. Chez ces derniers, les ailes varient de longueur suivant les Espèces; et, outre les différences dans la longueur absolue de l’aile, il y a des différences dans la longueur relative des pennes de l’aile. Lorsque les plus longues pennes occupent le bord de l’aile, et qu’à partir de ce bord , elles vont en décroissant, l’aile est aiguë , et l’Oiseau est dit acutipenne ; lorsque, au contraire, les plus longues pennes correspondent au milieu de la main, l’aile est obtuse, et l’Oiseau est dit obtusipenne. Cha- cun de ces types peut offrir trois cas : quand la seconde penne de l’aile, à partir du bord, FIGURE d’aile T. Tectrices, ou couvertures. — PB. Pennes bâtardes. — RP. Rémiges primaire; secondaires. — PS. Pennes scapulaires. RS. Rémiges Aile obtuse. — livse. Aile aigue. — Faucon. est la plus longue, l’aile est simplement aiguë; quand la première penne est aussi longue ou plus longue que les autres, l’aile est sur-aiguë ; quand la troisième penne est égale à la seconde, l’aile est sub-aiguë. On a établi pareillement trois degrés dans l’aile obtuse : si c’est b INTRODUCTION. la quatrième penne qui est la plus longue, elle est simplement obtuse ; si c’est la troisième, elle est sub-obtuse ; si c’est la cinquième ou les suivantes , elle est sur-obtuse. Ces caractères ont une grande importance, en ce qu’ils expriment le degré de puissance du vol. L’Oiseau à ailes aiguës se meut avec plus d’agilité que celui dont les ailes sont \ni sur-aigue. — Engoulevent . Ailf. surSBgpe. — Hirondelle de mer. obtuses; l’aile obtuse n’est autre chose qu'une aile aiguë, dont l’extrémité a subi une section oblique. Or, plus l’aile, qui est le bras de levier de la puissance, a son extrémité éloignée du Mil. SVB-OBTUSl'. — COUCOU. point d’appui ou centre de mouvement, plus elle est énergique à repousser l’air, qui représente la résistance. Aussi, les manœuvres de l’Oiseau à ailes aiguës sont-elles plus rapides et plus va- riées que celles des autres Oiseaux : il peut se mouvoir dans toutes les directions , comme un navire à rames, et atteindre facilement une proie qui le fuit avec des ailes obtuses, et qui, comme un navire à voiles, est réduite à louvoyer. De là les noms d’Oiseaux voiliers et d’Oiseaux rameurs , donnés aux Oiseaux, suivant que leurs ailes sont obtuses ou aiguës. Puisque les ailes sont pour les Oiseaux des voiles ou des avirons, il fallait à ces navigateurs aériens un gouvernail qui pût diriger les mouve- ments de leur nacelle : ce gouvernail, c’est la Mie sur-obtuse. — (irai . Pennes de i.a queue, ou rixtrices. IC Toelriccs. ou couvertures de la quelle. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. M queue. Elle se compose ordinairement de douze pennes, attachées au coccyx, et qui ont reçu de leur usage la dénomination de rectrices. Ce sont elles qui, en s’étalant, se relevant, s’abaissant, s’inclinant, diminuent ou augmentent l’obliquité de la marche; du reste, elles ne servent pas seules à diriger l’Oiseau , les rémiges des ailes y contribuent pour beaucoup. Enfin les plumes moins fortes qui recouvrent la base des rémiges et des rectrices ont reçu le nom de tectrices ou couvertures. Nutrition des Oiseaux. — L’énergie de vitalité que les Oiseaux doivent à leurs facultés respiratoires nécessite pour eux une alimentation abondante et presque continuelle. Leur appareil digestif présente des particularités remarquables : ils n’ont pas un voile du palais qui sépare la bouche du gosier, comme les Mammifères. Leur œsophage , vers la moitié de sa longueur, se dilate pour former un sac nommé jabot ; c’est leur premier estomac, et les ali- ments y séjournent pendant quelque temps : il est très-grand chez les Oiseaux qui vivent de graines. Cette cavité rappelle la panse, que l’on observe chez les Mammifères ruminants. Les Oiseaux ne ruminent jamais , mais , dans les premiers jours de la maternité , ils dégorgent dans le gosier de leur petits une nourriture qu’ils ont à moitié digérée, pour que l’estomac encore faible de ces débiles créatures puisse la supporter. Appareil digestif de la Poule. Oesophage. N enlricule sucwnluri Intestin grêle. Oros intestin. Uretère. Ovûlucte. Cloaque. Foie Vésicule biliaire. Canaux biliaires. Gésier. Après le jabot vient le ventricule succenturié , qui n’est autre chose qu’un renflement de 1 œsophage , et dont la surface est garnie de nombreuses glandes , sécrétant une liqueur abon- \ Il INTRODUCTION. dante, véritable suc gastrique, qui imbibe les aliments. Ce second estomac s’ouvre à sa partie inférieure dans une troisième cavité nommée gésier, où s’achève la transformation de l’ali- ment en chyme : c’est l’organe le plus intéressant de l’appareil digestif des Oiseaux. Les parois sont d’une épaisseur énorme et d’une force prodigieuse; un épiderme cartilagineux les tapisse à l’intérieur, et les aliments sont broyés avec énergie par les muscles vigoureux qui les entou- rent. Pour aider à la puissance de cette trituration , les Oiseaux avalent de petites pierres; ces pierres , mises en mouvement par les muscles du gésier, peuvent sans peine broyer et moudre les graines avalées par l’Oiseau : ce sont de véritables dents , et l’on peut dire sans exagéra- tion que l’animal mâche sa nourriture , non pas avec ses mandibules , mais avec son gésier. Quant à l’intestin, il reçoit la bile du foie et la salive du pancréas , comme chez les Mammi- fères, et le chyle s’y forme delà même manière; les vaisseaux chylifères se réunissent en deux canaux , qui s’ouvrent dans les veines jugulaires , à la hase du cou. Les reins , organes sécréteurs de l’urine , sont volumineux et irréguliers ; ils occupent plu- sieurs fossettes, creusées le long du bassin, et ils diffèrent de ceux des Mammifères, en ce qu’ils ne possèdent pas de substance corticale. Les uretères n’aboutissent point à une vessie comme dans les Mammifères, ils se terminent dans l’intestin rectum, formant, près de son extrémité, une cavité nommée cloaque , et l’urine est évacuée avec les excréments. Ce liquide se compose principalement d’acide urique, lequel, combiné avec l’ammoniaque et la chaux contenus dans les excréments, forme un engrais très-riche , employé dans certains pays sous le nom de guano. Sens des Oiseaux. — Occupons-nous maintenant de la vie de relation dans les Oiseaux. Leur toucher est peu développé; il suffit, pour s’en convaincre, île considérer les plumes qui couvrent leur corps. La fonction du goût n’est guère plus favorisée chez eux que la sensibilité tactile; leur langue est ordinairement endurcie à sa pointe, et l’on peut croire qu’ils avalent leurs aliments sans les déguster; cependant, chez quelques Oiseaux, la langue est molle, et son sommet est terminé par des papilles nerveuses, qui doivent lui donner la faculté de distinguer les saveurs; cette faculté doit toutefois être fort restreinte, puisque les glandes sous-maxillaire et parotide, destinées chez les Mammifères, l’une à présider à la gustation, l’autre à faciliter la mastication, manquent chez les Oiseaux. Ils n’ont d’autres glandes sali- vaires que les glandes sub-linguales , qui sécrètent un liquide gluant et visqueux , uniquement destiné à favoriser la déglutition des substances alimentaires qu’ils n’ont ni goûtées ni mâchées. Quant à l’odorat, il semblerait qu’il doive être plus ou moins développé chez les Oiseaux , et surtout chez ceux qui vivent de matières animales , comme les Vautours , par exemple, que l’on voit arriver de distances considérables sur un champ de bataille, quelques heures après le combat. Cependant quelques expérimentateurs croient pouvoir assurer que , dans cette Classe d’Animaux, l’odorat est presque nul. L’organe de l’ouïe est aussi moins compliqué dans la Classe des Oiseaux que dans celle des Mammifères : le pavillon manque chez les Oiseaux; la conque , lorsqu’elle existe, se réduit à une ouverture non saillante, revêtue de plumes particulières; le conduit auditif n’est qu’un tube membraneux; la chaîne des osselets se compose d’un seul os, qui met en communication la membrane du tympan et la fenêtre ronde ; enfin, dans l’oreille interne, le limaçon est très-peu développé. Mais, si les sens du toucher, de l’odorat, du goût et de l’ouïe sont plus ou moins obtus chez les Oiseaux , en revanche celui de la vue est bien plus parfait et plus compliqué que chez les Mammifères. D’abord, le globe de l’œil est plus grand, comparativement au volume de la tête; la rétine ou membrane sentante, est très-épaisse, et du fond de l’œil part une autre membrane noire, plissée, qui s’avance vers le cristallin, et porte le nom d a peigne. Sa nature n’est pas bien déterminée , mais la plupart des savants la regardent comme un prolongement nerveux destiné à augmenter l’étendue de la faculté visuelle. L’iris a des contractions très- étendues, ce qui donne une grande mobilité à l’ouverture de la pupille , laquelle est toujours circulaire. La cornée transparente est très-bombée, et le cristallin esl aplati, surtout chez les « W A TOMIE ET PHYSIOLOGIE. \ 1 1 1 Oiseaux de proie , qui s’élèvent à des hauteurs considérables ; mais ils ont le pouvoir de bomber ou d’aplatir les milieux transparents chargés de briser les rayons qui arrivent à leur rétine : des plaques osseuses, disposées en cercles, sont logées dans l’épaisseur de la cornée opaque, près de sa jonction avec la cornée transparente; les muscles qui font mouvoir l’œil tirent sur ce cercle quand l’Oiseau le veut : ce tiraillement distend et rend plus convexe la cornée transparente et peut-être le cristallin, ainsi que le corps vitré, ce qui produit une puis- sance de réfraction bien plus considérable : il résulte de là que l’Oiseau, qui est nécessaire- ment presbyte, pour découvrir d’une hauteur considérable les objets peu volumineux, devient myope4 h. volonté quand, en s’abattant sur sa proie, il a besoin de la distinguer nettement à mesure qu’il se rapproche d’elle. Enfin, pour compléter cette riche organisation, la nature a donné aux Oiseaux, outre leurs deux paupières, dont l’inférieure est la plus grande, une troi- sième paupière, placée verticalement à l’angle interne de l’œil, qui peut recouvrir la cornée transparente comme un rideau, et garantir l’œil d’une lumière trop vive. On donne à cette paupière accessoire le nom de membrane clignotante. La masse du cerveau est beaucoup moins développée chez les Oiseaux que chez les Mammifères. Les hémisphères n’ont pas de circonvolutions et ne sont pas réunis par un corps cal- leux; les tubercules qui donnent naissance aux nerfs optiques sont en rapport , par leur développement, avec les facultés visuelles de l’Oiseau; on les voit saillir en arrière et en dehors in., iiiimispiières ctrébnui. — i.o. i.ubcs du cerveau , au lieu d’être petits et recouverts par les hémi- optiques. — C. Cervelet. — M. Moelle. 1 f sphères, comme dans les Animaux supérieurs. Chant des Oiseaux. — La voix des Oiseaux est, comme la nôtre, un souffle vibrant, mais leur larynx est bien différent du nôtre. Rappelons succinctement la structure de l’organe vocal dans l’espèce humaine : après l’arrière-bouche et avant la trachée, est une petite caisse indiquée extérieurement sur le col par la saillie que l’on nomme vulgairement pomme d'Adam. Sur cette caisse vient se poser, quand nous avalons nos ali- ments, une espèce de petite cuiller nommée épiglotte. La cavité de cette caisse, à laquelle on a donné le nom de glotte , est très-peu spacieuse; elle commu- nique avec la bouche en haut et avec la trachée en bas, par deux petites fentes longitudinales, dirigées horizontalement d’arrière en avant. Les deux lèvres de la fente inférieure se nomment les cordes vocales, et ce sont elles qui, tendues ou relâchées, produi- sent les sons variés de la voix humaine. Dans les Oiseaux, la fente supérieure est très- éloignée des cordes vocales. Cette fente , que l’on nomme larynx supérieur, a ses lèvres immobiles, et n’est pas recouverte par une épiglotte ; au bas de la trachée, c’est-à-dire au point où elle va se bifurquer pour former les bronches, est une traverse osseuse, surmontée d’une pellicule ou membrane en croissant; de chaque côté et au-dessous de cette traverse osseuse, c’est-à-dire à l’origine de chaque bronche, est une fente dont les deux lèvres sont de véritables cordes vocales. Le premier arceau des bronches esl séparé par une membrane du dernier Organe de la respiration et de la voix. FUjurc I. I.. Langue. — CS. Glollo supérieure. — M. Muscles «le nivoïde. — II. Os hynule. — CI- Glollo inférieure. — H. Bron- ches.—Ol*. Ouverture des Bronches. — R. Poumon. Fitjurr '1. (il. Glollo inférieure. — C. Membrane en crois saut.’ — 1». Bronche. — !>0. Bronche ouverle. XIV INTRODUCTION. osselet qui termine la trachée; c’est dans ce double tambour, nommé larynx inférieur, que se forme la voix des Oiseaux , grâce au jeu compliqué des muscles nombreux qui tendent ou relâchent les cordes vocales et les membranes de ce merveilleux appareil. L’on comprend sans peine que l’énorme volume d’air contenu dans tout le corps de l’animal contribue puissam- ment à la force et à l’étendue de la voix , et celui qui a nommé le Rossignol une voix emplu- mée, a exprimé très -poétiquement une vérité anatomique. En résumé, chez les Oiseaux, la trachée et le larynx ne font qu’un; la cavité de la glotte occupe toute leur longueur, et, au lieu d’une paire de cordes vocales, on en rencontre deux. Chez les Oiseaux dont le chant est peu modulé , la cloison en forme de croissant n’existe pas ; et chez ceux qui ne chantent point, les muscles du larynx manquent toujours. OEufs des Oiseaux. - — Le développement successif des organes du jeune Oiseau dans l 'œuf, offre des observations du plus haut intérêt. Les Oiseaux ont un ovaire unique, situé au devant de la colonne vertébrale; il se compose de petits sacs membraneux, arrondis et dis- posés en grappes; les parois de ces sacs sécrètent intérieurement les ovules , lesquels consis- tent en une matière jaune, enclose dans une fine pellicule. Ces ovules, grossissant rapidement, fendent le sac qui les renfermait, et tombent alors dans un entonnoir membraneux nommé oviducte , dont le pavillon s’applique sur l’ovaire, et dont l’orifice inférieur s’ouvre dans le cloaque. En ce moment, l’ovule ne se compose que du vitellus ou jaune de l’œuf ; sur un point du sac membraneux qui l’enveloppe on voit une petite tache blanchâtre, déjà très- organisée, à l’intérieur de laquelle doit se développer l’Oiseau. Le vitellus descend peu à peu dans l’oviducte, et, parvenu à la moitié de son trajet, il s’entoure d’une matière épaisse et glaireuse, sécrétée par les parois du canal, et nommée albumen ou blanc de l’œuf. Un peu plus bas, il se forme, autour du blanc, une membrane épaisse, dont le feuillet externe s’en- croûte bientôt d’un dépôt calcaire, et constitue la coquille. C’est dans cet état que l’œuf est pondu. Si alors il est maintenu à une température convenable par le contact du corps de la mère ou même par un moyen artificiel , tel que le séjour dans une enceinte modérément chauffée, oh circule librement un air pur, cet œuf devient le siège d’un travail d’évolution dont on peut suivre, heure par heure, au microscope, les progrès merveilleux. Pour les rendre intelligibles à nos lecteurs, nous allons exposer succinctement le développement de l’œuf de la Poule, en le suivant depuis sa formation dans l’ovaire jusqu’au moment oh il est pondu, et depuis la ponte jusqu’à l’éclosion du poulet. Cette partie de la physiologie des Animaux a été élucidée par les anatomistes des deux derniers siècles, et tout récemment par les précieux travaux de MM. Flourens, Serres, Coste, Martin-Saint- Ange , etc. Nous nous aiderons, pour rendre nos explications plus claires, de quelques-unes des figures insérées par M. Martin- Saint-Ange dans son beau Mémoire sur le développement du Fœtus, qui vient d’être couronné par l’Académie des sciences. L’ovaire de la Poule contient une multitude d’œufs, offrant tous les degrés de développe- ment; les plus petits sont accolés aux plus gros, et la partie de l’ovaire qui est en rapport avec ces derniers, est beaucoup plus riche en vaisseaux que les parties voisines; cette répar- tition inégale des vaisseaux ovariens révèle une intention physiologique du Créateur, ayant pour objet la ponte successive. Par cette disposition, chaque région du tissu ovarien est favo- risée à son tour; elle détourne à son profit l’activité vitale; ses vaisseaux se gonflent, se rami- fient, et donnent lieu à une sécrétion abondante; cette prévoyance de la nature a un double résultat, celui d’éviter un volume trop considérable de l’ovaire, et celui de ménager à l’ovi- ducte les moyens d’achever successivement la composition de chaque œuf. L’œuf, observé à son minimum de développement dans le tissu de l’ovaire, apparaît sous la forme d’une vésicule translucide. Lorsque la substance vitelline commence à s’accumuler dans son intérieur, le tissu ovarien qui lui correspond, fait peu à peu saillie sur la surface de l’ovaire, pour former une sorte de conceptacle, nommé calice ; les vaisseaux de ses parois prennent un volume énorme , et se terminent, sur la face interne du calice , par de petites A N A T 0 M 1 K E I' PH A S] 0 LOC I E. xv houppes villeuses, au milieu desquelles est déposé l’œuf. Il faut donc voir dans l’œuf un produit de sécrétion, et non, comme quelques anatomistes le croient, un bourgeon résultant de l’exfoliation de la cellule ovarienne. La vésicule translucide, premier rudiment de l’œuf, est constituée, dans le premier âge, par deux sphères concentriques; l’interne, qui formera le germe, est dite sphère germinative , et l’externe, qui renfermera le jaune ou vitellus, est dite sphère vitelline ; les rapports de ces deux sphères changent de très-bonne heure; la sphère germinative s’excentrise , et se trouve alors en contact avec la membrane vitelline. L’œuf est encore emprisonné dans l’ovaire quand ce déplacement s’est opéré; il laisse voir alors au microscope quelques granulations jaunâtres , placées sur un point seulement de sa périphérie; ce même œuf, écrasé entre deux lames de verre, représente une tache composée de grains vitellins, de particules huileuses et de vési- cules, soit simples, soit pourvues d’un noyau. Lorsque l’œuf a acquis le volume d’un grain de millet, un de ses hémisphères est transparent , et l’autre opaque et de couleur jaunâtre; au centre de ce dernier, on aperçoit un point clair qui semble toucher la membrane vitelline; ce point est la sphère germinative, autour fie laquelle les grains vitellins sont disposés en disque; cette sphère a l’aspect d’une bulle de savon, et l’on y aperçoit des vésicules simples. Bientôt le vitellus ou jaune remplit la cavité que circonscrit la membrane vitelline, et l’on distingue la vésicule germinative au centre du disque dont nous venons de parler : ce disque, formé de l’agglomération de gouttes huileuses et de grains vitellins , unis entre eux par une substance visqueuse, est de couleur blanchâtre ; on le nomme disque prolifère. Au-dessous de ce disque, et se continuant avec lui sous forme de membrane, on voit une couche granuleuse qui revêt peu à peu toute la face interne de la membrane vitelline. Quand tout le liquide de la sphère vitelline a été converti en vitellus, et que l’œuf a acquis un volume convenable, le calice se fend le long d’une zone demi-circulaire, nommée stigma , où se terminent les dernières ramifications des vaisseaux capillaires, et dont la déhiscence est facilitée par cette disposition. L’œuf, expulsé du calice, est saisi par le pavillon de l’ovi- ducte. 11 se compose alors de la vésicule germinative et du disque prolifère qui l’entoure , de la membrane vitelline et du vitellus ou jaune qu’elle contient. Ce jaune est formé presque entièrement de granules, les uns visibles à l’œil nu, les autres ayant un à deux millimètres de diamètre, et disposés de telle sorte que leurs dimensions vont en diminuant de la circon- férence au centre du vitellus : de là l’aspect grenu que présente extérieurement un jaune d’œuf après la cuisson , tandis que son milieu est presque fluide. Outre les granules, le jaune contient des vésicules huileuses : ces éléments sont destinés à fournir les matériaux du sang de l’Oiseau, ce qui établit leur analogie avec le lait des Mammifères, et justifie l’expression populaire de lait de poule , par laquelle on désigne l’émulsion préparée avec un jaune d’œuf délayé dans l’eau. Le disque prolifère offre une agglomération de grains vitellins et des vésicules huileuses aplaties, formant des plaques ou calottes qui se superposent jusqu’à leur point de contact avec la sphère germinative. Celle-ci contient un grand nombre de petites sphères transpa- rentes, représentant autant de petites bulles de savon, et simples, c’est-à-dire sans noyau central. Après la fécondation, qui a lieu vers le sommet de l’oviducte, et peut-être dans l’ovaire, l’œuf, composé, comme nous l’avons dit, de la membrane vitelline, du vitellus, de la vésicule germinative et du disque prolifère , s’engage dans le canal où il doit se compléter. Arrivé dans la première portion du tube ovarien, il y trouve une grande quantité d’albumine, sécrétée par la muqueuse, et s’en enveloppe. Cette première couche d’albumine se concrète en membrane, et à mesure que l’œuf, poussé par les contractions du tube musculeux qui le contient, avance en tournant sur son axe , cette membrane albumineuse se tord aux deux bouts , et forme deux prolongements nommés chalazes , qui s’enroulent en sens opposé, comme les extrémités d’un linge mouillé que l’on tord pour en exprimer l’eau. En continuant de cheminer dans l’oviducte, XVI IN T HO 1)1 CT 10 N. l’œuf y rencontre de nouveaux produits albumineux, s’en recouvre encore , et augmente de volume jusqu’à ce que, muni de tout le blanc , ou albumen proprement dit, il arrive à un point rétréci de l’oviducte, nommé isthme ; là s’arrête la fonction de la muqueuse, qui a pour objet de sécréter de l’albumine : la nouvelle sécrétion consiste en filaments déliés, (pii se tissent en membrane, et s’appliquent sur l’œuf à mesure qu’il traverse cette région de l’ovi- ducte. Ce tissu constituera deux membranes, entre lesquelles, et seulement du côté corres- pondant au gros bout de l’œuf, doit s’accumuler de l’air, après que l’œuf aura été pondu. L’œuf, parvenu vers l’extrémité de l’oviducte, y reçoit un dépôt calcaire qui se solidifie promptement, et de plus une couche épidermoïde, qui contient la substance colorante, homogène ou mouchetée, qu’on observe sur les œufs de certains Oiseaux. 3 2 1 Résumons en quelques mots la compo- sition de l’œuf au moment où il est pondu: la sphère germinative , occupant l’un des points de la périphérie de la sphère vitelline dont elle occupait primitivement le centre, est protégée par le disque prolifère , et par une enveloppe membraneuse, épaisse, nommée membrane chalaziennc ; par une couche albu- mineuse ( albumen condensé) , revêtue d’une • fine pellicule, que l’on nomme membrane de l’albumen ; par deux autres membranes fila- menteuses , dites membranes interne et ex- terne de la chambre à air ; par une substance calcaire solide , très-poreuse , nommée coque , et par une membrane épidermoïde. Pendant cette formation rapide des parties accessoires de l’œuf, la fécondation s’est opérée , et les parties essentielles ont été mo- difiées : la vésicule germinative, visible jus- que-là, disparaît : elle s’est rompue, et son contenu est reçu dans la concavité du disque prolifère. Ici commence la vie aérienne de l’Oiseau ; î-iGURE i™.'.— coupe tuéobique d’cü oeuf de poule. j| esj np en réalité , et sa naissance date du 1. Membrane épidermoïde de la coque. — 2. Coque. — 3. Membrane •• . * externe de la chambre a air, tapissant la face interne de la coque. — lllOlîlGllt Cl6 Ici DOIllG ô SGS Or^clllGS, Il 6SI Vieil, 4, 4. Membrane interne de la chambre a air, adossée a la précédente, . 0 excepté dans la région du gros bout de l'OKuf. — 5. Chambre à air. — sont rODl’OSGlltOS Del 1111 dlSCjUG 111101*1116 5 HlâlS (î, G, G. Membrane enveloppant l’albumen liquide. — 7. Membrane chala- t i , zienne. —8, 8. Chala/.es - 9. Membrane vitelline, enveloppant le. jaune, :i troUVGl’ à Sa DOrtGG (tes IliateriaUX DlUS ou vitellus. — 10. Vésicule germinative, primitivement centrale. ii va mu 1 que suffisants pour leur complet développe- ment; il n’a plus besoin que d’une température qui seconde 1 action assimilatiice , et dune certaine quantité d’oxygène qui favorise la sanguification. Cette double condition est i emplie par l’incubation maternelle, d’une part, et de l’autre par la chambre à air |5J , cavité qui s’est formée par suite de l’évaporation partielle de l’eau contenue dans l’albumen, et où I air ambiant a pénétré. La chambre à air, qui occupe toujours le gros bout de l’œuf, est limitée par les deux membranes, situées, l’une en dehors de l’albumen, 1 autre en dedans de la coque. Dès les premières heures de l’incubation , on peut constater un commencement de tiav ail dans l’évolution embryonnaire; vers la sixième heure, le disque prolifère se soulève au- dessus de la masse du jaune; trois heures après, il devient opaque, et son volume augmente rapidement ; il n’avait d’abord que trois millimètres de diamètre ; à la douzième heure , il en a déjà douze; sa configuration, primitivement circulaire, devient ovale, puis pjiifoune. Bientôt les globules vitellins et les vésicules huileuses accumulées dans le disque prolifère. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. XVII et auxquelles la fécondation a imprimé un mouvement vital, s’arrangent de manière à former [ Fig. 2 ] deux régions bien distinctes , l’une périphérique , nommée aire opaque , l’autre médiane, formant une bande diamétrale, nommée aire transparente. Au commencement du deuxième jour, on voit les molécules accumulées sur les parties latérales de Faire opaque, obéir à une sorte d’impulsion, que M. Serres a nommée loi centripète, et se porter avec ensemble de la périphérie vers la ligne médiane de Faire transparente, où elles se grou- pent pour donner naissance à la colonne vertébrale ; à mesure que ce mouvement centripète se poursuit , il se forme deux séries parallèles de taches carrées ; ces taches carrées se superposent, et sont séparées l’une de l’autre par une lame pellucide. Elles doivent se réunir deux à deux par leur face interne pour consti- tuer le corps d’une vertèbre ; la ligne séparant les deux séries est occupée par un fluide transparent , .qui for- mera, en se condensant, la moelle épinière et le cerveau. L’axe cérébro-spinal s’infléchit bientôt, et la tête s’incline en avant : c’est alors que se creusent , des deux côtés du crâne, les orbites, oii s’accumuleront les liquides destinés à composer l’organe de la vue ; ensuite paraissent, à la partie postérieure, deux autres enfon- cements qui doivent recevoir les rudiments de l'organe de l’ouïe. Les os s’annoncent par l’apparition de canaux réunis en faisceaux, qui s’encroûtent de matière cal- caire. Les muscles n’apparaissent qu’après la formation du système osseux. D’abord se développent les muscles de la région dorsale; puis, dans les parties supérieures et inférieures , deux paires de moignons , qui s’allongent , se subdivisent en articulations et Figure 2. — Formation des vaisseaux ET DÉVELOPPEMENT DU POULET. Aire transparente et aire opaque, très-ampli liées, obser- vées après un jour et demi d’incubation. Le long du milieu de Faire transparente se voit la disposition du double cordon cérébro-spinal. La région céphalique est renflée , assez transparente pour laisser voir les cordons primitifs de la moelle épinière , déjà adossés en bas vers la région caudale, mais encore écartés en haut, quoique continus, et constituant une figure presque elliptique, qui ressemble a une tète de clef; vers le centre on voit le double cordon, flanqué h droite et ii gauche des corps vertébraux à l’état rudimentaire, et sur les côtés, d’innombrables granula- tions vitellines qui se groupent et se serrent les unes contre les autres pour entrer, en se métamorphosant, dans la composition des organes. Les globules de sang mis en mouvement par le vaisseau renflé qui est le rudiment du cœur, tracent Faire vascu- laire, en écartant les vésicules graisseuses; plus tard seu- lement, ce trajet sera limité par de véritables parois vas- culaires. deviennent les membres. Au commencement du troisième jour, le système vasculaire ne s’est pas encore manifesté. Toute la surface de Faire translucide paraît granuleuse ; ces granulations représentent d’in- nombrables globules transparents, qui abondent aussi dans Faire opaque, et là où sont les vésicules huileuses : ces globules et ces vésicules huileuses , sont renfermés dans un double feuillet ; c’est entre ces feuillets que se forme le sang. Il offre d’abord des bulles sphériques à peine colorées, et légèrement opaques au centre; puis, des globules elliptiques d’une couleur rouge clair, due ÿ un noyau central. Avec la multiplication des globules sanguins coïncide la diminution des vésicules huileuses et des grains globuleux ; ce qui a fait penser que ces der- niers entrent dans la composition des premiers. C’est vers la cinquantième heure de l’incu- bation que les globules du sang sont visibles ; si l’on observe le disque prolifère , on remarque que tous les globules se meuvent irrégulièrement , et cherchent à se frayer un passage à travers les vésicules huileuses : il est évident que les vaisseaux n’existent pas encore. Le sang se creuse donc d’abord un réseau dans les tissus, et ce n’est que plus tard, quand le trajet des globules sanguins est régulièrement établi , que les parois vasculaires se constituent pour contenir le sang. L’aire vasculaire [ Fig. 3 ] résultant de la formation des vaisseaux , qui doit suffire aux besoins de la circulation primitive , est un réseau circulaire, au centre duquel est un vaisseau recourbé, renflé et palpitant [ a. ] ; ce vaisseau est le cœur. Tout le réseau est limité par une veine, nommée veine primigé niai e | v. p.j , laquelle à son pourtour extérieur ne fournit aucune branche, mais dont le pourtour intérieur est constamment interrompu par des communica- r X V 1 1 1 INTRODUCTION. lions, aboutissant toutes dans une trame de vaisseaux capillaires, qui donnent à l’aire vas- culaire l’apparence d’une dentelle à mailles très-petites, dans laquelle naissent les veinules et se terminent les artérioles. Les deux bouts de la veine primigéniale se rejoignent du côté qui v.? V.P. V?P. Figure 3. — Circula i ion primitive du Poulet, au troisième jour DE L’INCUBATION. Aire vasculaire très-amplitiée : le cœur, l’aorte et les artères latérales sont indiqués par la couleur grise; la veine primigéniale, la veine caudale et les veines latérales sont indiquées par la couleur noire. facilement, c’est-à-dire au-dessous de la chambre à air. C’est une simple circulation pulmonaire, analogue à celle des Poissons; sa durée est de deux jours environ. Cette brièveté d’existence vient de ce que les ramifications artérielles et veineuses, qui courent parallèle- ment les unes aux autres , s’ouvrent des com- munications entre elles , et que les veines pri- migéniale et caudale , recevant moins de sang , s’atrophient et se flétrissent. Alors commence une nouvelle circulation : Faire vasculaire , privée de ses principaux troncs veineux , de- vient presque impropre à la respiration ; mais ses fonctions nutritives se perfectionnent , elle s’étend de plus en plus sur le vitellus, où ses vaisseaux , à la manière des chylifères , puisent des matériaux abondants , destinés à l’accrois- sement de l’embryon. Mais comment le sang recevra-t-il de l’oxy- gne? Ici se révèle la loi de substitution orga- nique, établie par M. Flourens : à mesure que Faire vasculaire perd ses veines primigéniale , caudale et leurs affluents , on voit surgir sur un autre point un organe respiratoire nouveau. correspond à la tête de l’embryon , puis s’a- dossent , et finissent par confluer en un seul canal ; le tronc , qui résulte de leur jonction , reçoit à droite et à gauche des radicules venant du réseau capillaire, et aboutit au cœur; du côté diamétralement opposé , arrive au cœur un autre tronc veineux , nommé veine cau- dale [ v. c. ] ; trois autres veines , prenant naissance dans le réseau vasculaire , viennent également aboutir au cœur; celui-ci, qui a reçu le sang venu de la circonférence au centre , pousse à son tour le sang , par des artères , du centre à la circonférence. Le réseau vasculaire , théâtre de cette cir- culation primitive , peut être regardé comme un poumon que l’embryon déploie au-dessus de lui , et qui se trouve placé dans la partie de l’œuf où l’oxygène peut pénétrer le plus 3 2 I Figure 4. — Deuxième coupe théorique d’un oeuf de Poule. Voyez, pour l’explication des nos 1 à 10, la figure Ire. — On ne voit qu’une des chalazes, l’autre se trouvant du côté opposé. — 9'. Couclie granuleuse interne de la membrane vitelline. — 10. Embryon commen- çant a se développer, et déprimant le vitellus pour s’engager sous un repli de la membrane vitelline, tendant h former les capuchons céphalique et caudal. — U. Veine primigéniale, déjà atrophiée, limitant l’aire vascu- laire qui s’étend de plus en plus à la place de la couche granuleuse du vitellus. — 13. Ilepli des capuchons céphalique et caudal sur le point de se joindre, et constituant l’ombilic de l’amnios. — 15, 15. Cavité de l’am- nios. — 14. Origine de l’allantoïde, correspondant au cloaque. ANATOMIE ET PHYSIOLOGIE. xix destiné, en outre, par son origine , à favoriser le développement, retardé jusqu’alors , des parties inférieures de l’embryon. Vers la fin du troisième jour, apparaît, sur la région abdominale, une vésicule que recouvre la membrane vitelline [Fig. 4, n° i 4 j ; quelques heures après, elle fait saillie; son pédicule, implanté sur l’intestin rectum, se dessine, et sa surface se recouvre de vaisseaux; bientôt elle refoule la membrane vitelline, tout en recourbant son double feuillet sur l’embryon [Fig. 5, n° 14]. Cette poche membraneuse se nomme allantoïde. 3 2 1 Figure 5. — Troisième coupe théorique d’un oeuf de Poule. 10. Embryon plus développé (voyez dans les figures précédentes les nu- méros correspondants) , la veine priinigéniale n’existe plus, les artères et les veines vitellines sont arrivées à leur maximum de développement, et constituent le cercle vilcllin, 16. — 12, 12. Replis de la membrane vitelline qui forment les capuchons céphalique et caudal — 15, 15. Cavité de l’ain- nios qui s’agrandit de plus en plus par l’accumulation successive d’un liquide séreux transparent. — l 'i. Allantoïde commençant a se développer — 16. Cercle vitellin. Figure 6. — Quatrième coupe théorique d’un oeuf de poule. 10. Embryon de onze jours, relevé sur le côté pour montrer le cordon ombilical, composé des vaisseaux vitellins et du pédicule de l’allantoïde. — 13. Point de jonction des parois de l’amnios a double feuillet vitellin. — l ï. Allantoïde très-dévcloppée , avant repoussé devant elle la membrane vitelline, celle des chalazes et celle de l’albumen externe, pour gagner la face interne de la coque et se mettre en contact immédiat avec les poro- sités de celle-ci — 15. Cavité de l’amnios, très-agrandic par l'accumula- tion du liquide amniotique. Du cinquième au sixième joui', l’allantoïde recouvre le petit embryon , et tend à embrasser et à circonscrire toutes les parties renfermées dans la membrane interne de la chambre à air. Vers le dixième jour, elle a déjà contourné et embrassé la totalité du vitellus, l’embryon et tout l’albumen. Du douzième au treizième jour | Fig. G, n° 14], la jonction de l’allantoïde s’opère au petit bout de l’œuf. Son feuillet externe, qui s’adosse à la membrane interne de l;i chambre à air jusqu’à l’éclosion du Poulet, se revêt d’un magnifique réseau vasculaire; ce réseau reçoit le sang veineux venant de l’embryon, et le met en contact avec l’air pour le changer en sang artériel. Pendant que ce poumon provisoire fonctionne , les organes définitifs de l’Animal se déve- loppent. Le système vasculaire se ramifie de plus en plus , les poumons s’accroissent , le sang y afflue, et se détourne peu à peu de l’allantoïde; alors a lieu une nouvelle substitution d’or- ganes. Dès le treizième jour, les fonctions de l’allantoïde commencent à déchoir ; ses vaisseaux tarissent, ses deux parois se dessèchent, se rapprochent et se confondent; le pédicule se rompt , et l’allantoïde va se coller aux autres membranes , naguère refoulées par elle , el i INTRODUCTION. xx forme avec ces membranes une pellicule flétrie. Mais sa destruction est indifférente pour l’Oiseau, qui déjà respire, avec ses poumons, l’air amassé dans sa coquille. Dès les commencements de l’évolution embryonnaire, l’embryon s’est enveloppé d’un sac très-délicat, destiné à le protéger et à favo- riser ses mouvements [ Fig. 4, 5, 6, n° 15 J ; ce sac , de nature séreuse , est Vamnios ; il est formé aux dépens de la membrane vitel- line, qui , étant refoulée par le développement des extrémités céphalique et caudale de l’em- bryon , remonte sur la région dorsale de celui-ci, et rejoint ses replis vers le milieu de cette région. Vers le dix-neuvième jour, avant- veille de l’éclosion [Fig. 7 j , le vitellus , qui a fourni tous les matériaux nécessaires à la nutrition de l’Animal, n’est pas complètement épuisé; il en reste encore une certaine quan- tité, enveloppée dans la membrane vitelline, et faisant hernie sur l’ombilic de l’Oiseau; alors cette masse superflue est soutirée dans l’abdomen par l’ouverture de l’ombilic, qui se referme ensuite par-dessus ; le jaune se trouve ainsi contenu dans le tube digestif: ce , , , . . . cavité de l'abdomen en passant par l’ouverture ombilicale : celle ouverture tUD6 S 0Sl constitué , ClctïlS le principe, clUX se ferme et laisse une cicatrice qui est presque oblitérée le vingt-et-utfième . jour, au moment «le l’éclosion. dépens de la membrane vitelline , qui s’est renflée pour former l’estomac , allongée et contournée pour former l’intestin; ainsi le vitellus servira encore à la nutrition de l’Oiseau après son éclosion. Enfin, au vingt et unième jour, l’Oiseau, dégagé de toutes ses membranes protectrices, qui se sont desséchées; déjà habitué à la respiration pulmonaire, et muni des provisions de pre- mière nécessité, est prêt à sortir de sa coquille; il n’a plus qu’à la briser; mais il ne pourrait rompre les murailles qui l’enferment si la nature n’avait armé l’extrémité de son bec d’une pointe cornée; il s’en sert comme d’un marteau, et s’en débarrasse peu après sa naissance. Nids des Oiseaux.- — Les notions que nous venons d’offrir à nos lecteurs sur l’embryo- génie des Oiseaux, doivent être complétées par quelques détails concernant leurs nids. Celui des grands Oiseaux est en général de structure grossière; quelquefois même c’est une simple cavité, creusée dans le sable; mais chez les Espèces de petite taille, la fabrication des nids est une série de merveilles; là, surtout, brille la prévoyance de la mère, qui, avant de pondre son œuf, a voulu qu’il fût déposé mollement sur un coussin destiné à devenir plus tard un berceau moelleux, chaud et solide pour l’être débile et nu, sorti de sa prison. Le mâle et la femelle travaillent en commun à la construction du nid. L’art prodigieux qu’ils déploient dans cette architecture ne provient point d’un enseignement ou d’une tradition : car de jeunes Oiseaux, qui pondent pour la première fois, et qui n’ont jamais vu leurs parents, exécutent les mêmes travaux que leurs ancêtres , et bâtissent des nids absolument semblables. Aussi faut-il regarder ces admirables manœuvres comme le résultat, non d’une prévision , mais d’une sorte de pressentiment intérieur dont l’Animal ne se rend aucun compte, et qui le porte à exécuter des actes utiles à la conservation de son Espèce. Les parois de ces nids ont pour charpente des pailles et des tiges flexibles, cimentées avec de l’argile. Mais cette argile, comment l’Oiseau l’a-t-il délayée? — Il l’a délayée avec de la salive : les glandes placées sous la langue sont devenues le siège d’une sécrétion extraordi- naire; elles ont fourni une quantité énorme de salive visqueuse, qui fait de l’argile un mastic A N A T 0 M 1 E ET PHYSIOLOGIE. XXI parfait. La maison achevée , il s’agit de garnir l’intérieur d’une tapisserie molle; c’est la laine et le crin des Mammifères; ce sont les poils et les aigrettes des plantes cotonneuses qui en font les frais. Que de voyages, que de fatigues, pour accumuler ces légers matériaux! C’est souvent même aux dépens de leur propre substance que les parents fournissent un matelas à leurs petits, et pour cela ils arrachent le duvet fin qui garnit leur poitrine. C’est ainsi que l’ Euler abrite ses petits, comme nous le dirons bientôt; et le précieux édredon n’est autre chose que la couchette destinée par l’Eider à sa famille, couchette que l’Homme confisque à son profit. Le nid à peine terminé, la ponte a lieu. Les œufs sont en général d’autant plus nombreux que l’Espèce est plus petite: l’Aigle en pond deux seulement, et le Roitelet une vingtaine. C’est alors qu’arrive la période laborieuse de Y incubation. La femelle couve ses œufs avec une constance que rien ne lasse, et qui altère quelquefois sa santé. Dans quelques Espèces, le mâle partage ce soin avec elle; dans beaucoup d’autres, il va lui chercher de la nourriture, pendant qu’elle reste accroupie sur ses œufs ; souvent il chante pour charmer les ennuis de sa compagne. Quand les jeunes sont éclos , l’activité de la nourrice succède au repos fatigant de la cou- veuse; le père et la mère vont chercher de la pâture pour leur famille. Ils dégorgent dans le bec de ces petits êtres affamés un aliment qui a séjourné dans leur jabot, et s’y est animalisé; ils s’occupent ensuite de leur éducation avec une vigilance inquiète, qu’on ne peut observer sans attendrissement. La mère dirige les premiers pas de ses enfants , les appelle quand elle a trouvé du butin, leur enseigne et les encourage à voler. Si un ennemi s’approche, elle les défend avec une audace intrépide , quelles que soient sa faiblesse et sa timidité naturelle. Voyages des Oiseaux.— En traitant des nombreuses Familles de la Classe des Oiseaux , nous exposerons les mœurs propres à chacune d’elles en particulier ; mais, de tous les instincts qui les agitent, le plus curieux, peut-être, est celui par lequel beaucoup d’Espèces sont solli- citées à voyager, dans certaines saisons de l’année. Les migrations des Oiseaux sont la partie la plus incompréhensible de leur histoire. Les uns, qui vivent d’insectes, quittent la France en automne, pour en aller chercher sous des latitudes plus méridionales, puis ils reviennent en avril. A d’autres il faut un printemps perpétuel; ils arrivent chez nous à la fin de l’hiver; mais , après le mois de mai , ils remontent vers le Nord , où ils restent pendant notre été ; ils repassent en France à l’automne, et la quittent avant les premiers froids pour redescendre vers le Midi ; ils exécutent donc quatre migrations par an. D’autres veulent constamment un été semblable à celui de la France : ils abandonnent la zone torride vers la fin du printemps , passent chez nous les trois mois les plus chauds, et nous quittent à l’automne. Enfin, il en est qui ont besoin d’un froid modéré : ils fuient à l’automne les régions glaciales , viennent passer l’hiver dans nos contrées, et, le printemps venu, ils retournent vers le Nord pour y faire leur ponte. Ce n’est pas toujours pour trouver des moyens de subsistance plus faciles que les Oiseaux émigrent : c’est souvent pour fuir le froid ou le chaud, souvent aussi pour pondre leurs œufs, et passer sous un climat plus doux le temps critique de la mue. Mais ce qu’il y a de plus sur- prenant dans ces migrations , c’est qu’elles ont lieu avant que la rareté des aliments ou la rigueur de la saison les ait rendues nécessaires; ce n’est pas non plus une tradition laissée aux petits par leurs parents, car de jeunes Oiseaux , enlevés du nid paternel avant leur nais- sance , et éclos dans des cages sans avoir vu leurs parents, éprouvent, à une certaine époque, le besoin de voyager; ainsi l’on voit le jeune Rossignol émigrer sans sortir de sa cage, qu’il parcourt mille fois d’un bout à l’autre avec une sorte d’agitation fébrile ; c’est ce qui faisait dire à Cuvier que les Animaux ont dans le cerveau des images innées et constantes , qui les déterminent à agir, comme le font communément les sensations ordinaires et accidentelles ; «c’est, dit-il, une sorte de rêve ou de vision, qui les poursuit toujours, et, dans tout ce qui a l'apport à leur instinct , on peut les regarder comme des espèces de somnambules. » Cette XXII INTRODUCTION. réflexion de Cuvier fait comprendre la justesse du mot instinct , qui signifie littéralement : aiguillon intérieur. CLASSIFICATION DES OISEAUX. — Les premiers qui tentèrent de classer les Oiseaux, n’eurent pas de peine à établir entre eux des distinctions faciles à saisir, parce qu’alors le nombre des Espèces connues était peu considérable; mais, à mesure que ce nombre s’augmenta , les types intermédiaires vinrent rapprocher les types extrêmes , et les différences devinrent moins saillantes. Aristote et Pline distinguaient les Oiseaux d’après la séparation ou la réunion des doigts , d’après leur alimentation , consistant en chair vivante , ou en vers , ou en cadavres, ou en substances végétales; ils divisaient aussi les Oiseaux, suivant leur séjour, en Espèces terrestres , fluviatiles , lacustres , maritimes. Pline sépara les Oiseaux à doigts libres , en Oiseaux de grande taille , et en Oiseaux chanteurs ; il fit même une Classe à part de ceux qui , comme le Perroquet , possèdent la faculté d’articuler des mots. Depuis cette 'double époque jusqu’à la Renaissance , l’Ornithologie demeura plongée dans les ténèbres, comme toutes les autres parties de l’Histoire naturelle. En 1555 , Pierre Reion, dans ses naïfs portraicts des Oiseaux , groupa les Espèces d’après des caractères géné- raux , qui ont servi plus tard à former les Ordres : ainsi , le second livre de son Histoire est consacré aux Oiseaux carnassiers; un autre comprend les Oiseaux de rivage nageurs; un quatrième , les Oiseaux de rivage non nageurs ; un cinquième , les Oiseaux des champs qui font leur nid à terre ; et les deux derniers traitent des Oiseaux difficiles à caractériser. Or, cette division correspond plus ou moins exactement aux Rapaces, aux Palmipèdes , aux Echassiers , aux Gallinacés et aux Passereaux. Les naturalistes qui vinrent après Reion , ne firent guère , pendant plus d’un siècle, que le répéter et se répéter les uns les autres. L’Anglais Willugby fut le premier qui, en 1676, établit une Classification, non plus seulement sur le régime et sur le séjour des Oiseaux, mais sur leur conformation extérieure. Le travail de Willugby fit époque dans la science , en ce qu’il a pour base fondamentale la structure des organes; mais ce principe, appliqué souvent d’une manière défectueuse , ne devint fécond que soixante ans plus tard , entre les mains du grand Linné , que l’on doit regarder comme le véritable créateur de la Méthode en Ornithologie. Voici les caractères de ses Ordres, traduits littéralement du Système de la Nature , ouvrage écrit en latin, dont le style est d’une concision qui facilite singulièrement la diagnose, c’est-à-dire 1 étude des caractères différentiels : I. — Les ACCIPITRES (Accipitres) . — Bec un peu recourbé; la mandibule supérieure dilatée de chaque côté près du sommet, ou armée d’une dent; narines ouvertes. — Pieds sai- sissants , courts , robustes , à doigts verruqueux sous les articulations , à ongles arqués , très- aigus. — Corps à tête, cou et membres musculeux; peau tenace, chair immonde. — Régime carnassier, consistant en proie vivante ou en cadavres. — Nid sur les rochers élevés; œufs, quatre au plus ; la femelle plus grosse que le mâle ; mœurs monogames. — Oiseaux analogues aux Mammifères carnassiers. Exemples : les Vautours , les Faucons , les Hiboux , les Pies- grièches , etc. IL — Les PIES ( Picæ ). — Bec en couteau, à dos convexe. — Pieds marcheurs, courts, assez forts. — Peau assez tenace, chair immonde. — Régime consistant en aliments de toute sorte. — Nid sur les arbres ; le mâle nourrissant la femelle pendant l’incubation ; mœurs monogames. — Oiseaux analogues aux Mammifères primates. Exemples : les Corbeaux , les Huppes , les Pies , les Perroquets , les Coucous , les Barbus , les Toucans , etc. III. — Les OIES (Anseres). — Bec lisse, couvert d’un épiderme , épaissi à son extrémité. — Pieds nageurs, à doigts palmés, c’est-à-dire réunis par une membrane; jambes compri- mées, courtes. — Corps gras, peau tenace, chair rancissante. — Régime aquatique, consis- tant en végétaux , poissons , etc. — Nid généralement terrestre ; la mère présentant rarement la nourriture à ses petits; mœurs fréquemment polygames. — Oiseaux analogues aux Mammi- fères de l’Ordre des Belluæ. Exemples : les Canards , les Manchots , les Pélicans, etc. CLASSIFICATION DES OISEAUX. XXI 1 1 IV. — Les ÉCHASSIERS ( Grallœ ). — Bec presque cylindrique. — Pie ns allongés, propres à marcher dans l’eau , à jambes demi-nues. — Cor ps comprimé , peau très-mince, queue courte, chair sapide. — Régime aquatique, consistant en petits Animaux. — Nid ordi- nairement terrestre ; mœurs conjugales variées. — Oiseaux analogues aux Mammifères de l’Ordre des Brutes. Exemples : les Pluviers, les Huîtriers , les Hérons, les Spatules, les Bécasses , les Raies , les Flammants , etc. V. — Les POULES ( Gallinœ ). — Bec convexe, à mandibule supérieure voûtée sur l’in- férieure ; narines recouvertes par une membrane cartilagineuse. — Pieds coureurs, à doigts rudes en dessous. — Corps gras, musculeux; chair comestible. — Régime terrestre, consis- tant en graines diverses qui sont macérées dans un jabot; Oiseaux pulvérateurs. — Nid construit à terre et sans art; œufs nombreux ; mère indiquant aux petits leur nourriture ; mœurs polygames. — Oiseaux analogues aux Mammifères ruminants. Exemples : les Paons, les Dindons , les Pintades, les Faisans , les Tétras , les Outardes, les Autruches, etc. VI. — Les PASSEREAUX ( Passeres ). — Bec conique acuminé. — Pieds propres à sauter, grêles, à doigts séparés. — Corps tendre; chair comestible chez les granivores, immonde chez les insectivores. — Régime consistant en graines ou en insectes. — Nid construit avec art; la mère appâtant ses petits; mœurs monogames; chant mélodieux. — Oiseaux analogues aux Mammifères rongeurs. Exemples : les Gobe-Mouches , les Merles , les Loriots, les Becs-fins, les Hirondelles , les Alouettes, les Mésanges, les Bruants, les Moi- neaux, etc. Après Linné, les ornithologistes sont nombreux; nous citerons les principaux : Moehring , en 1752; Brisson , en 1760; Latham , en 1781 ; Lacépède, en 1799; Meyer et Wolf, en 1810; ïlliger, en 1811 ; Temminck , en 1815 ; Vieillot, Blain ville , Merrem , en 1816, ont publié des Classifications , dont les unes s’écartent notablement de celle de Linné, et les autres la repro- duisent plus ou moins modifiée; mais aucune ne l’a surpassée, et Cuvier, dans son Règne animal , publié en 1817, a consolidé pour longtemps l’édifice construit par le naturaliste suédois : plusieurs appartements , il est vrai, ont été divisés et subdivisés ; mais l’ordonnance générale est restée intacte , et il est facile de voir que la Classification de Cuvier n’est que l’œuvre de Linné, perfectionnée par ses successeurs, et surtout, par Cuvier lui-même. Nous croyons devoir l’exposer ici sommairement, parce qu’elle résume les progrès de l’Ornithologie, accomplis depuis la Renaissance, jusqu’au commencement du dix-neuvième siècle , et qu’elle relie en même temps les anciennes Méthodes à celles des contemporains. TABLEAU SYSTÉMATIQUE DES ORDRES ÉTABLIS PAR CUVIER DANS LA CLASSE DES OlSEAUX. Jambes emplumées jusqu’en bas. Serres crochues , acérées , rétractiles 1. Oiseaux de proie. Doigts non conformés pour déchirer. Deux doigts en avant, et deux {: rarement un seul ) en arrière. 3. GRIMPEURS. Un seul doigt postérieur, quelquefois nul. Doigts réunis complètement par des membranes 6. Palmipèdes. Doigts libres, ou partiellement libres. Doigt externe plus ou moins incomplètement réuni avec le médian; ongles recourbés. . . 2. PASSEREAUX. Doigts antérieurs réunis à leur base par une membrane , ou libres et seulement bordés ; ongles peu arqués. ... A. GALLINACÉS. Jambes nues vers le bas ; tarses très-élevés . 5. ÉCHASSIERS. XXIV INT nom CT 10 N. TABLE MÉTHODIQUE DES ORDRES, FAMILLES, GENRES ET SOUS-GENRES établis pais Cuvier dans la Classe des Oiseaux. Ordre des OISEAUX DE PROIE ou RAPACES {ACCIPITRES , de Linné). Animaux carnassiers , à bec et serres crochus, acérés; narines percées dans une membrane recouvrant toute ta base du bec , et nommée cire. Famille des RAPACES DIURNES. Yeux dirigés sur les côtés; tête et cou proportionnés. (ieniM* VAUTOUR {VU LT U B, de Linné). Y eux à fleur de tête ; bec allongé , recourbé seulement au bout; tête nue; cou nu ou duveté. Sous- Genres : Les VAUTOURS, les CATHARTES, les PERCNOPTÈRES. Genre GRIFFON [GYPAETOS , de Storr). Yeux à fleur de tête ; bec droit à sa base , crochu et exhaussé au bout; tête et cou emplumés. Genre FAUCON {FALCO, de Linné). Sourcil saillant , faisant paraître l’œil enfoncé ; bec crochu, et courbé près de son origine ; tête et cou emplumés. Sous -Genres : Les FAUCONS-NOBLES, les AIGLES, les AIGLES-PÊ- CHEURS, les BALBUSARDS, les CIRCAÈTES, les HARPIES, les AIGLES- AUTOURS, les AUTOURS, les ÉPERVIERS, les MILANS, les RONDRÊES, les BUSES, les BUSARDS, les MESSAGERS. Famille des RAPACES NOCTURNES. Yeux grands, dirigés en avant; tête très-grosse ; cou très-court. Genre «inique : HIBOU {STRIX, de Linné). Sous-Genres : Les HIBOUS, les CHOUETTES, les EFFRAYES, les CHATS- HUANTS, les DUCS, les CHOUETTES A AIGRETTES, les CHEVÊCHES, les SCOPS. Ordre des PASSEREAUX (PASSE RES, de Linné). Ordre à caractères négatifs; Oiseaux ni échassiers , ni nageurs , ni grimpeurs , ni rapaces , ni gallinacés. CLASSIFICATION DES OISEAUX. \\\ Famille des PASSEREAUX DENTIROSTRES. Bec échancrê de chaque côté, près de la pointe. Oiseaux insectivores et baccivores. Genre PIE-GRIÈCHE (. LANIUS , de Linné). Dec conique ou comprimé , plus ou moins crochu au bout. Sous-Genres : Les PIES-GRIÈCHES, les Y ANG AS, les LANGRAYENS, les CASSICANS, les CALYRÉS, les RÉCARDES, les CHOUCARIS, les BÉTHYLES, les FALCONELLES , les PARDALOTES. Genre GOBE -MOUCHE (MUSCICÂPA , de Linné). Bec plus ou moins crochu à sa pointe , mais déprimé horizontalement , et poilu à sa base. Sous-Genres : Les TYRANS, les MOUCHEROLLES, les GOBE - MOUCHES , les GYMNOCÉPHALES, les CÉPH ALOPTERES. Genre COTINGA {AM P ELIS, de Linné). Bec déprimé et arqué , mais plus court , à proportion , que celui des Gobe- Mouches. Sous - Genres : Les COTINGAS, les TERSINES, les ÉCHENILLEURS , les PROCNIÂS , les GYMNODÈRES. Genre DRONGO ( EÜOLIUS , de Cuvier). Bec aussi déprimé et échancré au bout, à arête supérieure vive ; mandi- bules légèrement arquées. Genre T ANGARA ( T AN AG B A , de Linné). Bec conique, triangulaire à sa base , un peu arqué à son arête , et échancré vers le bout. Genre MERLE ( TURDUS , de Linné). Bec comprimé et arqué , non crochu, à peine dentelé. Sous-Genres : Les MERLES, les GRIVES, les STOURNES, les TUR - DO IDES, les ÉNICURES, les GRALLINES, les CRINONS. Genre FOUR M I L L I E R ( M Y O THE II A , d ’ I l l i g e r ) . Oiseaux séparés des Merles par leurs jambes hautes et leur queue courte. Genre CINCLE (C INCLUS , de Bechstein). Bec comprimé , droit, à mandibules presque linéaires, la supérieure à peine arquée. Genre PHILÉDON ( PIIILEDON , de Cuvier). Bec comprimé , légèrement arqué dans toute la longueur, échancré à la pointe ; narines grandes, couvertes par une écaille cartilagineuse ; langue terminée par un pinceau de poils. Genre MAINATE {EULABES, de Cuvier). Bec semblable à celui des Merles; narines rondes et unies; lambeaux de peau nue , flottant de chaque côté de l'occiput. d XXVI INT HO DU CT 10 N. Chiit “MARTIN (GRACULA , de Cuvier). Genre voisin des Merles, à bec comprimé, peu arqué, légèrement échancré ; à arête convexe , entamant les plumes du front. Cenre CHOCARD {P YBRHOCORAX , de Cuvier). Rec comprimé, arqué et échancré des Merles; normes couvertes de plumes, comme celles des Corbeaux. (ienre LORIOT (OR 10 LUS, de Linné); Bec semblable à celui des Merles, mais plus fort ; pieds plus courts, ailes plus longues à proportion. Cerne COLLIN (GYMNOPS, de Cuvier). Bec des Loriots; narines rondes , sans écailles et sans entourage membra- neux ; tête en partie dénuée de plumes. Genre LYRE ( MOENURA , de Shaw). Bec triangulaire à sa base, allongé , un peu comprimé et échancré vers sa pointe ; narines membraneuses , grandes et en partie recouvertes de plumes; queue du mâle à. seize pennes , dont les deux extérieures figu- rant une lyre. fîenrf BEC-FIN ( MOTACILLA , de Linné). Bec droit, menu, semblable il un poinçon , déprimé ou comprimé il sa base. Mous- Genres : Les TRAQUETS, les RUBIETTES, les FAUVETTES, les ACCENTEURS, les ROITELETS, les TROGLODYTES, les HOCHE- QUEUES, les BERGERONNETTES, les FARLOUSES. Cienre MANAKIN (PIPRA, de Linné). Membrane interdigitale réunissant les deux doigts extérieurs dans le tiers de leur longueur ; bec comprimé , plus haut que large , échancré ; fosses nasales grandes. Mous-Genres : Les COQS DE ROCHE, les CALYPTOMÈNES, les MANAKINS. Genre EL R YL AIMES (EUR VLA IM US, de IIorsfield). Doigts semblables à ceux des Manakins , mais bec fort, énormément déprimé et large , à base dépassant le front en largeur , à pointe un peu crochue. Famille des PASSEREAUX FI SSI ROSTRES. Bec court, large, aplati horizontalement , légèrement crochu, sans échancrure et fendu très-profondément . Oiseaux insectivores. Genre HIRONDELLE (HIRUNDO, de Linné). Oiseaux diurnes , à plumage serré , à ailes très-longues , à vol rapide. Mous-Genres ; Les MARTINETS, les HIRONDELLES. CLASSIFICATION DES OISEAUX. WVII (i>e in*e ENGOULEVENT (CAPRIMULGUS , de Linné). Oiseaux nocturnes. Yeux grands; bec encore plus fendu qu’aux Hiron- delles, garni de fortes moustaches ; plumage léger , mou , comme celui des Rapaces nocturnes. Mous- tien res : Les ENGOULEVENTS, les PODARGES. Famille des PASSEREAUX C0N1R0STRES. Bec fort , plus ou moins conique et sans échancrure. Genre ALOUETTE ( ALAUDA , de Linné). Ongle du pouce droit, fort, et bien plus long que les autres. Oiseaux granivores , pulvérateùrs , nichant à terre. Genre MÉSANGE (PARUS, de Linné). Bec menu, court, conique , droit , garni de petits poils à sa base; narines cachées dans les plumes. Oiseaux granivores cl insectivores. ÎSo us -Heures : Les MÉSANGES, les MOUSTACHES, les RÉMIZ. Genre BRUANT (EM RERIZ A, de Linné). Bec conique , court, droit , à mandibule supérieure plus étroite , rentrant dans l'inférieure et ayant au palais un tubercule saillant et dur. Oiseaux granivores. Genre MOINEAU ( FRINGILLA , de Linné). Bec conique, plus ou moins gros à sa base, il commissure non anguleuse. Oiseaux généralement granivores. Sous -Heures : Les TISSERINS, les MOINEAUX, les PINSONS, les LI- NOTTES et CHARDONNERETS, les SERINS ou TARINS, les VEUVES, les GROS-BECS, les PITYLUS, les ROUVREUILS. Genre BEC-CROISÉ (LOXIA, de Buisson). Bec comprimé, à mandibules très-courbes et se croisant par leurs pointes. Oiseaux vivant de graines et de bourgeons. Genre D U R - B E C (COR Y T H US , d e Cuvier). Bec bombé de toutes parts , à pointe courbée par-dessus la mandibule infé- rieure. Oiseaux , granivores. • Genre COLIOU (COLIUS, de Gmeein). Bec court, épais, conique, un peu comprimé , à mandibules arquées sans se dépasser. Oiseaux frugivores. Genre PIQUE -BOEUF (BU P H AG A, de Buisson). Bec d'abord cylindrique , et se renflant aux deux mandibules , avant son extrémité , qui se termine en pointe assez mousse. Oiseaux insec- tivonsr- XXVI 11 INT 1Î0 DICTION. Genre CASSIQUE {CASSICUS, de Cuvier). Bec grand, exactement conique , gros à la base , singulièrement aiguisé en pointe , portant latéralement de petites narines rondes; commissure des mandibules en ligne brisée ou formant un angle. Oiseaux insectivores et granivores. Sous* Genres : Les CASSIQUES, les TROUPIALES, les CAROUGES , les OXY RH YNQUES, les PIT-PITS Genre ÉTOURNEAU ( STURNUS , de Linné). Commissure des mandibules formant un angle ; bec droit, déprimé, surtout vers sa pointe. Oiseaux insectivores. Genre CORBEAU [COB VU S, de Linné). Bec fort , plus ou moins aplati par les côtés; narines recouvertes par des plumes raides , dirigées en avant. Oiseaux omnivores. Sous-Genres : Les CORNEILLES, les PIES, les GEAIS, les CASSE-NOIX, les TËMIA, les GLAUCOPIS. Genre ROLLIER {COBAC I AS , de Linné). Bec fort, comprimé vers le bout, à pointe un peu crochue; narines oblon- gues , placées au bord des plumes et non recouvertes par elles; pieds courts et forts. Oiseaux vivant d’insectes et de grenouilles. Sous-Genres : Les ROLLIERS, les ROLLES. Genre OISE AU - DE - PARADIS ( PA B A DISÆA , de Linné). Bec droit , comprimé, fort, sans échancrure ; narines couvertes par des plumes veloutées. Oiseaux vivant de fruits aromatiques. Famille des PASSEREAUX TÉNUI ROSTRES. Bec grêle, allongé, tantôt droit, tantôt arqué, sans échancrure. Genre SITTELLE (SITTA , de Linné). Bec droit, prismatique , pointu, comprimé vers le bout. Oiseaux insectivores. Sous-Genres : Les SITTINES, les ANABATES, les SYNALLAXES. Genre GRIMPEREAU ( CEBTHIA , de Linné). Bec arqué; queue usée , finissant en pointe roide. Oiseaux insectivores. Sous-Genres : Les GRIMPEREAUX, les PICUCULES, les ËCHELETTES , les SUCRIERS, les FOURNIERS, les DICËES, les HÉOROTAIRES, les SOUI-MÀNG AS, les ARACHNOTHÈRES. Genre COLIBRI {TROC H I LUS , de Linné). Bec long et grêle, langue protractile et bifide , pattes très-courtes ; ailes longues et étroites, plumage métallique ; plumes de la tête et du cou écailleuses , et imitant des pierres précieuses. Oiseaux vivant d'insectes et du nectar des (leurs. CLASSIFICATION DES OISEAUX. XXIX Sous-Genres : Les COLIBRIS, les OISEAUX-MOUCHES. Genre HUPPE ( UPUPA , de Linné). Bec très-long, grêle, triangulaire et un peu arqué ; langue courte ; tête surmontée d’une double rangée longitudinale de longues plumes érigi- bles. Oiseaux insectivores. §ous-«enres : Les CRAVES, les HUPPES, les PROMËROPS, les ÉPI- MAQUES. Famille des PASSEREAUX SYNDACTYLES. Doigt externe et doigt du milieu presque de même longueur, et unis entre eux jusqu’à V avant-dernière articulation. Genre GUÊPIER ( MEllOPS , de Linné). Bec allongé , triangulaire à sa base, légèrement arqué , terminé en pointe aiguë ; ailes longues , pieds courts. Oiseaux insectivores. Genre MOTMOT ( PBIONITES , d’Illiger). Pieds et port des Guêpiers , mais bec plus fort , à bords crénelés aux deux mandibules ; langue barbelée comme une plume. Oiseaux insectivores. Genre MARTIN-PÊCHEUR ( ALCEDO , de Linné). Pieds encore plus courts que chez les Guêpiers ; bec plus long, droit, angu- leux, pointu ; langue et queue très-courtes. Oiseaux piscivores. Genre CEYX {CE Y. X, de Lacépède). Caractères et régime du Martin-Pêcheur , mais doigt interne n’existant pas. Genre TODIER {TODUS, de Linné). Pieds et bec allongés, comme dans les Martins-Pêcheurs , mais bec aplati horizontalement , obtus à son extrémité; tarses plus élevés et queue plus courte. Oiseaux insectivores. Genre CALAO {BUCEBOS, de Linné). Bec énorme , dentelé , surmonté de proéminences volumineuses ; port des Corbeaux ; pieds des Martins-Pêcheurs. Oiseaux omnivores. Ordre des GRIMPEURS ( PICÆ [partim ] , de Linné). Doigt externe dirigé en arrière, comme le 'pouce, aidant T Oiseau à se cramponner et à grimper. Genre JACAMAR {GALBULA , de Buisson). Bec allongé , aigu, à arête supérieure vive; pieds courts, à doigts anté- rieurs en grande partie réunis. Oiseaux insectivores . Genre PIC ( PPCUS , de Linné). Bec long, droit . an (pileux, comprimé en coin à son extrémité; langue \\\ INT KOI) L CT ION. longue, grêle, armée vers le bout d’épines recourbées en arrière, et très- protractile ; queue composée de dix pennes roides , servant d’arc-boutant à l’Oiseau pour grimper. Oiseaux insectivores. Genre TORCOL ( Y UN K , du Linné). Langue allongeable, comme chez les Pics, mais non épineuse; bec droit et pointu , à peu près rond et sans angle. Oiseaux insectivores et grimpant peu. Cieiu-e COUCOU ( CUC U LU S , de Linné'). Bec médiocre , assez fendu, comprimé et légèrement arqué; queue longue. Oiseaux insectivores , voyageurs, ne grimpant pas. Sous -Genres : Les COUCOUS, les COUAS, les COUCALS, les GOUROLS, les INDICATEURS, les BARBACOUS. Ciem-e MALCOHA (PHOEN ICOPHAUS , de Vieillot). Bec très-gros, rond à sa base, arqué vers le bout ; yeux entourés d’un large espace nu. Oiseaux frugivores. Genre SCYTHROPS {SCYTIIBOPS , de Latiiam). Bec encore plus long et plus haut que dans les Malcohas , creusé de chaque côté de deux sillons longitudinaux peu profonds; tour des yeux nu, narines rondes. Oiseaux insectivores et frugivores. Genre RARRU (BUCCO, de Linné). Bec gros, conique, renflé aux côtés de sa base et garni de cinq faisceaux de barbes roides, dirigées en avant. Oiseaux insectivores. Sous-Genres : Les BARBICANS, les BARBUS, les TAMATIAS. Genre COUROUCOU ( TBOGON , de Linné). Bec court, plus large que haut, courbé dès sa base, à arête supérieure arquée, mousse; pieds petits, emplumés jusqu’aux doigts ; queue longue et large. Oiseaux insectivores. Genre A N 1 ( G B O T OP H AG A , de L i n n é ) . Bec gros , comprimé , arqué, sans dentelure, élevé et surmonté d'une crête verticale et tranchante. Oiseaux insectivores et granivores. fleure TOUCAN ( BAM P HAST OS , de Linné). Bec e norme , égalant presque le volume du corps, celluleux intérieu- rement, arqué vers le bout, irrégulièrement dentelé aux bords ; langue longue , étroite et barbelée de chaque côté. Oiseaux frugivores et car- nassiers. Sous -Genres : Les TOUCANS, les ARACARIS. Genre PERROQUET {P S ITT AG G S , de Linné), Bec gios, dur. solide, arrondi de toute part , entouré à sa buse d’une CLASSIFICATION DES OISE AUX. \\\i membrane où sont percées les narines ; langue épaisse , charnue et arrondie. Oiseaux frugivores. Sous-Genres : Les ARAS, les PERRUCHES, les CACATOES, les PERRO- QUETS, LES LORIS, LES PSITTACULES , les PERROQUETS A TROMPE, LES PEZOPORES. Genre T O U R AC O ( GORYTHAIX , d’Illiger). Bec court , ne remontant pas sur le front; mandibule supérieure bombée ; pieds ayant une courte membrane entre les doigts de devant; narines percées dans la corne du bec ; tête garnie d'une huppe érigible. Oiseaux frugivores. Genre MUSOPHAGE ( MUSOPHA GA , d’Iseut). Diffère du Genre Touraco en ce que la base du bec forme un disque qui recouvre une partie du front. Oiseaux frugivores. Ordre des GALLINACÉS ( GALLINÆ , de Linné). Bec court ou médiocre et voûté en-dessus ; narines percées dans un espace membraneux et recouvertes d'une écaille cartilagi- neuse ; corps massif. Oiseaux granivores. Famille des GALLINACÉS. Doigts antérieurs réunis à leur base par une courte membrane et den- telés le long de leurs bords. Oiseaux pulvérateurs et polygames. Genre ALECTOR ( A LE C T O 11 , de Merrem). Queue large et arrondie , de douze grandes pennes ; ailes courtes. Oiseaux nichant sur les arbres , et vivant de bourgeons et de fruits. Sous-Genres : Les HOCCOS, les PAUXI, les OU ANS, les PARRAQUAS. Genre PAON {PAVO , de Linné). Aigrette sur la tête ; couvertures de la queue du mâle plus allongées que les pennes , et pouvant se relever pour faire la roue. Sous -Genres ; Les PAONS, les LO P H OP H OR ES. Genre DINDON {MELE AG BIS , de Linné). Tête et haut du cou revêtus d'une peau sans plumes, toute mamelonnée ; appendice charnu pendant le long du cou, et un autre sur le front; couvertures de la queue plus courtes que les pennes , et se relevant aussi pour faire la roue. Genre PINTADE {N U MI DA , de Linné). Tête nue , des barbillons charnus au bas des joues ; queue courte ; crème ordinairement surmonté d’une crête calleuse. X X \ 1 1 INTRODUCTION. Genre FAISAN (PHASIANUS , de Linné). Joues en partie dénuées de plumes et garnies d’une peau rouge ; plumes de la queue diversement imbriquées en double toit. Sous- Genres : Les COQS, les FAISANS, les HOUPPIFËRES, les TRAGO- PANS, les CRYPTONYX. Genre TÉTRA (TE TR AO, de Linné). Bande nue , et le plus souvent rouge , tenant la place du sourcil. Sons - Genres : Les COQS DE BRUYÈRES, les LAGOPEDES, les GANGAS, les FRANCOLINS, les PERDRIX, les CAILLES, les COLINS. Genre TRIDACTYLE ( IIEMIPODIUS , de Temminck). Point de pouce ; bec comprimé , formant une petite saillie sous la man- dibule inférieure. Sons-Genres : Les TURNIX, les SYRRHAPTES. Genre TINAMOU (TléfAMUS, de Latham). Cou mince , assez allongé ; bec long , grêle , à bout mousse , un peu voûté , avec un petit sillon de chaque côté ; narines percées dans le milieu de chaque côté , et s’enfonçant obliquement en arrière ; ailes courtes , queue presque nulle , pouce réduit à un petit ergot. Sons-Genres : Les PÉZUS, les TINAMUS, les RHYNCHOTUS. Famille des PIGEONS. Doigts ii ayant entre leurs bases d’autres membranes que celles qui résultent de la continuation des rebords. Oiseaux monogames. Genre unique s PIGEON (COLUMBA , de Linné). Sous-Genres : Les COLOMBI -GA LUNES, les COLOMBES, les COLOMBARS. Ordre des ÉCHASSIERS ( GBALLÆ , de Linné). Pattes longues, tarses et bas des jambes dépourvus de plumes. Oiseaux de rivage , piscivores , ou reptilivores , ou vermivores , ou insectivores ; quelques-uns granivores et vivant loin des eaux. Famille des ÉCHASSIERS BRÉVI PENNES. Ailes trop courtes pour voler; muscles de la poitrine faibles et minces; pattes longues; muscles des cuisses et des jambes épais et robustes; point de pouce. Oiseaux coureurs, frugivores et herbivores. Genre AUTRUCHE ( STRUTHIO , de Linné). Ailes revêtues de plumes lâches et flexibles, dont les barbu! es ne s’gccro- CLASSIFICATION DES OISEAUX. XXXIII client pas ensemble ; bec déprimé horizontalement , de grandeur médiocre , mousse au bout; œil grand, paupières garnies de cils ; tarses à deux doigts seulement. Genre CASOAR ( GASUARIUS, de Buisson). Ailes plus courtes que dans les Autruches, et totalement inutiles pour la course ; plumes peu garnies de barbules, ressemblant à des crins; tarses à trois doigts. Famille des ÉCHASSIERS PRESSIROSTRES. .Jambes élevées , sans pouce, ou à pouce trop court pour toucher le sol; bec médiocre, assez fort pour percer la terre et y chercher des vers. C-eefii’e < ) U T A R D E ( O T IS , de L i n n é ) . Port massif des Gallinacés ; cou et pieds longs , bec médiocre , à mandibule supérieure légèrement arquée et voûtée ; point de pouce, tarses réticulés ; ailes courtes, servant presque uniquement à accélérer la course de V Oiseau. Genre PLUVIER {CHARADRI US , de Linné). Point de pouce ; bec médiocre , comprimé, renflé au bord. Sous-Genres : Les OEDICNËMES, les PLUVIERS. Genre VANNEAU [T RING A, de Linné). Ne se distingue des Pluviers que par la présence d’un pouce , mais si petit, qu’il ne peut toucher à terre. Genre HUÎTRIER ( HÆMA TOP US , de Linné). Bec plus long que celui des Pluviers, droit, pointu, comprimé en coin, assez fort pour ouvrir les coquilles bivalves; tarses à trois doigts , réticulés. Genre COU RE -VITE ( TA CHY PROMUS , d’Illiger). Bec plus grêle, également conique, arqué, sans sillon et médiocrement fendu ; ailes plus courtes ; jambes plus hautes; tarses à trois doigts, sans palmure et sans pouce. Genre G A R I A M A (MICRODAC TYLUS , de Geoffroy). Bec plus long , plus crochu, et fendu jusque sous l’œil ; jambes écussonnées et très-hautes , terminées par des doigts courts , un peu palmés , et par un pouce qui ne peut atteindre la terre. Famille des ÉCHASSIERS CULTRIROSTRES. Bec gros, long et fort, le plus souvent même tranchant et pointu. XXXIY INTRODUCTION. fteiire G R U E ( G B US , di; C u v i e ii ) . Bec droit, peu fendu ; fosse membraneuse des narines large et concave, occupant près de moitié de sa longueur ; jambes écussonnées , doigts médiocres, les externes peu palmés , et le pouce touchant à peine à terre. Sons-ftenres : Les AGAMIS, les NUMIDIQUES, les GRUES, les COUR- LANS, les CAURALES. Genre SAVACOU ( CANCROMA , de Linné). Doigts plus grands ; bec plus fort , très-large de droite à gauche, et comme formé de deux cuillers appliquées l’une contre Vautre; mandibules fortes et tranchantes , la supérieure armée d’une dent aiguë à chaque côté de sa pointe ; narines percées vers sa base , et se prolongeant en deux sil- lons parallèles. Pieds à quatre doigts longs et presque dénués de mem- branes. Genre HERON (ABDEA , de Cuvier). Bec fendu jusque sous les yeux ; une petite fosse nasale prolongée en un sillon jusque très-près de la pointe; ongle du doigt médian tranchant cl dentelé sur le bord interne ; jambes écussonnées ; doigts assez longs, à palmure externe notable. Genre CIGOGNE (C ICON IA, de Cuvier). Bec gros , médiocrement fendu , sans fosse ni sillon; narines percées vers le dos, près de la base; langue très-courte ; yeux entourés d’un espace nu; pieds longs, réticulés ; doigts antérieurs réunis par une membrane jusqu’à la première articulation ; mandibules produisant un claquement en se choquant l’une l’autre. Genre JABIRU ( MYCTEBIA , de Linné). Bec a ouverture médiocre; narines , tarses, palmure des doigts comme dans les Cigognes; bec légèrement recourbé vers le haut. Genre OMBRE TT E {SCO PUS , DE RRISSON). Ne se distingue des Cigognes que par un bec comprimé, à arête tranchante, renflée vers la base ; narines prolongées en un sillon qui court , parallè- lement à V arête , jusqu’ au bout , lequel est un peu crochu. Genre BEC -OUVERT ( A NASTOMUS, d’Illiger). Ne diffère des Cigognes que par les deux mandibules , qui se joignent seu- lement par la base et par la pointe , laissant dans le milieu un espace vide. Genre DROME {DBOMAS , de Payküll). Ne diffère de celui des Becs-ouverts que par le bec comprimé, un peu renflé à sa base en dessous , à narines ovales , et à bords se joignant bien. Genre TANTALE ( TANTALUS , de Linné). Pieds , narines , bec des Cigognes ; mais dos du bec arrondi , à pointe CLASSIFICATION DES OISEAUX. XXXV recourbée vers le bas, et légèrement écliancrée clc chaque côté; tète en partie dénuée de plumes. Genre SPATULE ( PLATALEA , de Linné). Structure des Cigognes , mais bec long , s’élargissant vers le bout et s’apla- tissant en spatule ; deux sillons légers partant de la base et s’étendant jusqu’au bout, sans rester parallèles aux bords. Famille des ÉCHASSIERS LONGIROSTRES. Bec grêle, long, faible, propre à fouiller dans la vase pour y chercher les vers et les petits insectes. Genre BÉCASSE (SCOLOPAX, de Linné). Bec droit ou arqué ; pieds peu ou point palmés. Sous-Genres : Les IBIS, les COURLIS, les BÉCASSES, les RHYNCHÉES, les BARGES, les MAUBÈCHES, les SANDERLINGS, les ALOUETTES DE MER, les COCORLIS, les FALCINELLES, les COMBATTANTS, les EURINORHYNQUES , les PHALAROPES, les TOURNE - PIERRES , les CHEVALIERS, les LOBIPËDES, les ÊCHASSES. Genre AVOCETTE (RECUR VIROSTRA , de Linné). Bec long , grêle , pointu , élastique , fortement recourbé vers le haut ; pieds presque complètement palmés. Famille des ÉCHASSIERS MACRODACTYLES. Doigts longs et propres à marcher sur les herbes des marais, ou même à nager ; bec plus ou moins comprimé par les côtés. Genre J AC AN A (P A RR A, de Linné). Pieds à quatre doigts très-longs , séparés jusqu’à leur racine , ongles très- longs et très -pointus ; bec médiocre, légèrement renflé au bout ; aile armée d’un éperon. Genre KAMICHI (P A LAME DE A , de Linné). Ailes armées chacune de deux forts ergots; doigts longs et ongles forts; mais bec peu fendu, peu comprimé , non renflé ; mandibule supérieure légèrement arquée ; jambes réticulées. Sons-Genres ; Les KAMICHIS, les GHAÏAS, les MÉGAPODES. Genre RALE (RA LL US , de Linné). Ailes non armées ; bec non prolongé en une sorte d’écusson qui recouvre le front. Genre FOÜLQUE (FULICA , de Linné). Ailes non armées ; bec prolongé en une sorte d’écusson recouvrant le front. Mous -Genres : Les POULES - D’EAU , les TALËVES, les FOULQUES. XXXVI INT RO J® CT 10 N. Cem*e VAGINALE (CHI0N1S , de Forsteu). Jambes courtes , tarses écussonnés , bec (jros et conique , portant à sa base une enveloppe de substance dure , qui parait pouvoir se soulever et se rabaisser. Cieisre GIAROLE (G LAHEOLA , de Gmelin). Bec court, conique , arqué tout entier, assez fendu; ailes longues et poin- tues; jambes médiocres, tarses écussonnés , doigts externes un peu palmés ; pouce touchant à terre. «eni-e FL AM MA NT (PHOEÎNJCOPTEBUS , de Linné). Jambes très - hautes , les trois doigts antérieurs complètement palmés , le postérieur extrêmement court ; cou non moins grêle ni moins long que les jambes; tête petite , bec grand, garni sur les bords de petites lamelles transversales ; mandibule inférieure ovale , ployée longitudinalement en un canal demi- cylindrique ; la supérieure oblongue et plate , ployée transversalement dans son milieu pour joindre l’autre exactement. Ordre des PALMIPÈDES ( ANSERES , de Linné). Oiseaux nageurs; pattes courtes et implantées à T arrière du corps; tarses courts et comprimés ; doigts antérieurs entière- ment réunis par des palmures , ou élargis par des membranes découpées; plumage serré , lustré et imperméable à l'eau , garni, près de la peau, d'un duvet épais; cou plus long que les jambes , pour que T oiseau nageant puisse chercher sa nourriture dans la profondeur des eaux; sternum très-long . offrant une vaste surface aux muscles abaisseurs clés ailes. Famille des PALMIPÈDES PLONGEURS ou BR A Cil Y P - T ÈRES. Jambes implantées bien en arrière, rendant la marche pénible et nécessitant à terre la position verticale; ailes très-courtes, plus propres à nager qu'à voler. Genre PLONGEON (COLYMBtJS , de Linné). Bec lisse , droit, comprimé , pointu; narines linéaires. Ssows- Genres : Les GRÈBES, les GRÉBIFOULQUES , les PLONGEONS, les GUILLEMOTS, les GÉPHUS. ' Genre PINGOUIN {A LC A , de Linné). Bec très-comprimé , élevé verticalement , tranchant par le dos, ordinaire- ment sillonné en travers; pieds entièrement palmés et manquant de pouce , comme ceux des Guillemots. CLASSIFICATION DLS OISEAUX. Sous - Genres : Les MACAREUX, les PINGOUINS. XXXVII Genre MANCHOT ( A P TÈ'NOD Y TES , de Linné). Moins volatiles que les Pingouins ; ailes garnies de vestiges de plumes , qui ressemblent à des écailles ; pieds implantés si loin en arrière , qu’ils ne peuvent se soutenir à terre qu’en s’appuyant sur le tarse , qui est élargi , comme la plante du pied d’un quadrupède. Sous- Genres : Les MANCHOTS, les GORFOUS, les SPHÉNISQUES. Famille des PALMIPÈDES LONGIPENNES ou GRANDS- VOILIERS. Oiseaux de haute mer ; pouce libre ou nul; ailes très-longues ; bec sans dentelures, mais crochu ou pointu. Genre PÉTREL (P IiOC E L LA RI A , de Linné). Bec crochu par le bout, et dont l’extrémité semble faite d’une pièce arti- culée au reste ; narines réunies en un tube couché sur le dos de la man- dibule supérieure ; pouce réduit à un ongle implanté dans le talon. Sous-Genres : Les PÉTRELS, les PUFFINS, les PÉLËCANOIDES , les PR IONS. Genre ALBATROSSE ( DIOMEDEA , de Linné). Corps massif, bec grand, fort et tranchant, à sutures marquées, et terminé par un gros croc qui y semble articulé ; narines en forme de rouleaux courts , couchés sur les côtés du bec ; pieds sans pouce. Genre GOELAND (LARES, de Linné). Bec comprimé , allongé , pointu, à mandibule supérieure arquée vers le bout , l’inférieure formant en dessous un angle saillant ; narines placées vers le milieu, longues, étroites et percées à jour; queue pleine ; jambes assez élevées , pouce court. ftous-Gemes : Les GOELANDS, les MOUETTES, les LABBES. Genre HIRONDELLE - DE - MER (ST ERE A , de Linné). Ailes excessivement longues et pointues; queue fourchue; pieds courts; bec pointu, comprimé , droit , sans courbure ni saillie ; narines situées vers la base , oblongues et percées de part en part ; membranes interdigitales fort échancrécs. Genre BEC - EN - CISEAUX (RHYNCHOPS , de Linné). Pieds, ailes et queue comme dans le genre précédent ; bec à mandibule supérieure plus courte que l’autre, toutes les deux aplaties en lames simples , dont les bords se répondent sans s’embrasser. Famille des PALMIPÈDES TOTIPALMES. Pouce réuni avec les autres doigts dans une seule membrane ; vol puissant ; pieds courts. XXXVIII INTRODUCTION. Oenre PÉLICAN (PELECANmS , de Linné). Bnse du bec partiellement dénuée de plumes; narines ouvertes en fente à peine sensible ; peau de la gorge extensible ; langue fort petite. Sous-Genres : Les PÉLICANS, les CORMORANS, les FRÉGATES, les FOUS ou BOUBIES. Genre ANHINGA {P LOT US, de Linné). Cou long , tête petite , bec droit , grêle et pointu, à bords denticulés ; yeux et nu de la face comme dans les Pélicans. Genre PAILLE-EN-QUEUE ( PHAETON , de Linné). Queue munie de deux pennes longues et très-étroites , qui ressemblent , de loin, il deux pailles; tête entièrement emplumée ; bec droit , pointu, denticulé et médiocrement fort. Famille des PALMIPÈDES LAMELL1ROSTRES. Bec épais, revêtu d’une peau molle plutôt que d’une véritable corne ; bords garnis de lames ou de petites dents; langue large et charnue, dentelée sur scs bords; ailes médiocres. Genre CANARD (A N AS, de Linné). Bec grand, large, à bords garnis dame rangée de lames saillantes, minces , placées transversalement. Sous-Genres : Les CYGNES, les OIES, les BERNACHES, les CÉRÉOPSIS, les MACREUSES, les GARROTS, les EIDERS, les MILLOUINS, les SOUCHETS, les TADORNES, les CANARDS, les SARCELLES. Genre II A R LE (ME RG US, de Linné). Bec plus mince, plus cylindrique que dans les Canards; chaque mandi- bule armée, tout le long de ses bords, de petites dents pointues comme celles d’une scie, et dirigées en arrière; bout de la mandibule supérieure crochu. Cuvier, en conservant pour ses Familles et ses Tribus les grands Genres de Linné, qui sont au nombre de quatre-vingts environ , en a ajouté une trentaine , qui ont été créés par lui et les autres auteurs, ce qui fait environ cent dix Genres pour toute la Classe des Oiseaux; il subdivise ces Genres en Sous-Genres, au nombre de trois cents. Mais ces Sous-Genres sont devenus des Genres pour les auteurs qui ont suivi Cuvier, et qui les ont tellement multipliés depuis trente ans, qu’aujourd’hui on en compte plus de douze cents. Cette abondance de noms génériques impose à la mémoire d’innombrables substantifs , et l’étudiant pour qui la nomen- clature binaire , destinée à faciliter la mnémonique, devient un fardeau plutôt qu’un soula- gement, se sent disposé à préférer la nomenclature vulgaire qui consacre un seul mot à la désignation de la même Espèce. Au reste, l’inconvénient que nous signalons' est inséparable de l’état actuel de la science. Toutes les Espèces sont loin d’être connues : à mesure qu’on en découvre de nouvelles, on observe entre elles et leurs congénères des différences qui autorisent la formation d’un Genre nouveau ; nous tendons ainsi à faire de chaque Espèce le type d’un Genre, ce qui donne lieu à la création d’une foule d’appellations plus ou moins difficiles à CL A S SI F 1 C \ T I 0 N D E S OIS E A L X. XXXIX retenir, et réduisant à rien le bénéfice de la nomenclature Linnéenne. Mais cet inconvénient doit avoir un terme : un jour viendra où la plupart des Espèces seront connues; alors, au règne de l’analyse succédera celui de la synthèse, et un réformateur paraîtra qui , enrichi de toutes les observations de ses devanciers , pourra réunir sous une même dénomination géné- rique les Espèces aujourd’hui disséminées dans un grand nombre de Genres ; alors seront réa- lisés les avantages attachés à la nomenclature inventée par Linné. Cuvier conseille, en attendant, de n’employer, quand on énonce une Espèce, que le sub- stantif du grand Genre, associé au nom spécifique. C’est ce que nous aurons soin de faire, tout en indiquant le nom nouveau appliqué à chacune des Espèces dont nous allons écrire l’histoire. La classification de M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire , professeur au Muséum de Paris, qui résume les progrès de la science accomplis depuis Cuvier, offre, dans la disposition des Ordres , d’importantes modifications. Les caractères tirés des organes digestifs , et notamment du bec, qui en est l’expression extérieure, ont, aux yeux de l’auteur, moins d’importance que les caractères fournis par les organes de la vie de relation , tels que les membres , et surtout l’aile. M. Is. Geoffroy reconnaît, dans le membre antérieur, trois types bien distincts : le premier exprime les membres antérieurs parfaitement conformés pour le vol , c’est-à-dire disposés en aile ; c’est le type le plus général : les Oiseaux qui le présentent sont nommés alipennes. Leur sternum présente , sur sa face antérieure , la carène saillante que nous avons désignée sous le nom de bréchet. Des pennes élastiques et imbriquées ( rémiges ) , s’insèrent, les unes sur l’avant-bras, les autres, plus longues et plus résistantes, sur la main; leurs barbes externes sont plus courtes que les internes. Les pennes de la queue ( rectrices ) sont en rapport de proportion avec les rémiges, et comme ces dernières, elles sont protégées par des couver- tures ( tectrices ). Un second type est offert par les membres antérieurs réduits à une sorte de mognon ou d’aile rudimentaire; de là le nom de rudipennes , donné aux Oiseaux qui le présentent; ces Oiseaux sont tous impropres au vol ; leur sternum a la forme d’un bouclier à surface anté- rieure entièrement plane et sans carène. Chez Y Autruche et le Nandou, l’aile se garnit de grandes plumes à tige fiasque et molle, décomposées en barbes très -écartées les unes des autres, et dont les intervalles sont remplis par des barbules qui ne se touchent pas entre elles. Chez le Casoar, la dégradation est plus considérable : les pennes se réduisent à leur tige, qui a la forme d’un prolongement corné, allongé, dur et dégarni de barbes. Enfin, chez Y Aptéryx, la tige elle-même manque, et l’aile est réduite à un petit mognon recouvert par de petites plumes et terminé par un crochet. Le troisième type caractérise les membres antérieurs impropres au vol , comme chez les rudipennes, et disposés en rames ou en nageoires; dans ce type, les rémiges manquent; les tiges des plumes sont courtes, élargies en écailles, quelquefois courtement barbelées; le membre, en outre, est aplati, comme on le voit chez les Phoques et chez les Tortues marines; le sternum porte une carène; les membres postérieurs sont palmés, ce qui donne à l’Oiseau quatre nageoires. Ces Oiseaux, nommés impennes , sont le Manchot , le Gorfou, etc. Les alipennes, les rudipennes, les impennes, forment les trois divisions primaires de la classification de M. Isid. Geoffroy. Les impennes constituent un Ordre , les rudipennes en constituent deux, distincts l’un de l’autre par la présence ou l’absence du pouce. Les alipennes comprennent, comme dans Cuvier, les ltapaces , les Gallinacés , les Echassiers, les Palmi- pèdes , les Passereaux , mais les Grimpeurs ont été réunis aux Passereaux : M. Geoffroy a pensé que ce caractère des doigts , disposés par paires , deux en avant, deux en arrière, n’avait pas assez d’importance pour motiver l’établissement d’un Ordre particulier; en effet, beaucoup de Passereaux grimpent, et beaucoup d’Oiseaux à doigts disposés par paires ne sont pas grim- peurs. Cet Ordre a donc dû être annexé à celui des Passereaux, que M. Geoffroy a divisé en XL INTRODUCTION. trois Sous-Ordres : 1° celui des Zygodactyles , ayant deux doigts en avant, et le doigt externe dirigé en arrière comme le pouce, lequel manque quelquefois : ce sont les Grimpeurs de Cuvier ; 2° le Sous-Ordre des Syndactyles , qui ont le doigt externe soudé au doigt médian, dans une grande partie de son étendue; 3° le Sous-Ordre des Dœodaclylcs , qui ont les doigts libres, et dont l’externe n’est ni dirigé en arrière, comme dans les Zygodactyles, ni soudé avec le médian , comme dans les Syndactyles. TABLEAU SYNOPTIQUE DES ORDRES DE LA CLASSE DES OISEAUX. (Classification de M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire.) Membres antérieurs conformés en ailes. = ALIPENNES. Membres postérieurs armés de serres , bec crochu. . . Rapaces. Membres postérieurs non armés de serres, de moyenne longueur, Ongles recourbés PASSEREAUX. Ongles peu arqués ; des membranes interdigitales GALLINACÉS. longs et nus sur une partie de la longueur de la jambe ; des membranes inter digitales ÉCHASSIERS. courts , palmés PALMIPÈDES. Membres antérieurs , conformés en moignons. =RUDI P E NNE S. Pouce bien développé Inertes. Pouce nul, ou très-court ; ongles très-peu recourbés Coureurs. Membres antérieurs conformés en nageoires. — / MPE NN ES Manchots. M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire a établi, dans la Classification, non-seulement des Oiseaux, mais même du Règne animal tout entier, une réforme bien plus profonde que les modifications qui viennent d’être signalées. Bonnet, naturaliste du dix-huitième siècle, avait déduit, des doctrines philosophiques de Leibnitz, l’idée d’une échelle animale dont chaque échelon est représenté par une Espèce, ou, en d’autres termes, d’une série continue, dans laquelle il y a enchaînement d’Espèces successives, dont chacune est intermédiaire entre la précédente et la suivante. Aujourd’hui, le moindre naturaliste sait que la série continue est inadmissible, et que si, dans beaucoup de cas, un certain nombre d’Animaux sont liés les uns aux autres comme les anneaux d’une chaîne, dans beaucoup d’autres cas, cette chaîne est interrompue, c’est-à-dire qu’entre deux Animaux les moins dissemblables entre tous les autres , on trouve des intervalles souvent très-considérables, qui n’ont pas été et qui ne seront jamais remplis. Quelques naturalistes, tout en reconnaissant ces discontinuités, persistent à voir dans le Règne animal une série unilinéaire, telle que la présente la pagination de nos livres, tantôt continue, tantôt interrompue, mais unique. Cette hypothèse ne résiste pas plus que celle de la série continue à l’observation des faits : la Nature donne un démenti aux idées de Bonnet, non-seulement en ce que l’échelle animale manque çà et là d’échelons , mais en ce que certains degrés analogues d’organisation se trouvent plusieurs fois représentés, de manière qu’au lieu d’une échelle simple, à échelons superposés plus ou moins interrompus, on a deux ou plu- sieurs échelles juxtaposées. De ces notions, qui résument un grand nombre de faits, M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire a déduit la nécessité de substituer à la classification unilinéaire une classification par séries parallèles , composées de termes, dont on peut constater l’analogie réciproque, soit qu’on les examine longitudinalement dans une seule série, suivant leur ordre de superposition, soit qu’on les compare transversalement, dans plusieurs séries juxtaposées. Pour rendre la chose sensible par un exemple , nous allons reproduire en séries parallèles le synopsis des Ordres de la Classe des Oiseaux, que nous avons exposé en série unilinéaire, où les Inertes et les Coureurs, analogues, les premiers aux Gallinacés , les seconds aux Echos- CLASSIFICATION DES OISEAUX. xi, i siers , en sont séparés par les Palmipèdes , lesquels sont séparés, par ces mêmes Ordres, de celui des Manchots , qui ont, comme eux, les pieds palmés. La première série comprend les Alipennes, la deuxième les Rudipennes , la troisième les Impennes. Ces séries , juxtaposées , rétablissent parfaitement les analogies, quand on étudie le tableau, soit dans le sens longitu- dinal , soit dans le sens transversal : Alipennes. Rudipennes. Impennes. Rapaces • » Passereaux e « Gallinacés Inertes » Échassiers Coureurs • Palmipèdes « Manchots. Afin de formuler ces idées philosophiques dans l’esprit de nos lecteurs, nous allons leur offrir le résumé très-succinct des leçons de M. Isid. Geoffroy Saint-Hilaire, sur la série ani- male et la Classification parallélique , résumé donné par lui dans son cours de Zoologie. « 1. Les divers types zoologiques peuvent être ramenés à un Ordre sérial ou progressif. IL Le principe de coordination de la série réside essentiellement, non dans la perfection ou la complication plus ou moins grande de l’organisation, mais dans la diversification , la spécialisation et la centralisation, qui sont au maximum à une extrémité de la série, et au minimum à l’autre. Ainsi, en haut : les êtres dont les appareils, les organes, les tissus sont le plus diversifiés; dont les fonctions sont le plus- spécialisées , dont l’organisme est le plus centralisé; en bas : les êtres dont la composition est le plus homogène, chez lesquels les fonctions sont le plus complètement confondues, et où la vie est en quelque sorte diffuse. 111. Dans la série animale, tantôt les termes se succèdent à intervalles très-rapprochés , et parfois même se font suite sans intervalle sensible : tantôt deux termes consécutifs restent à une grande distance l’un de l’autre. La série n’est donc ni régulière ni continue. IA. La série n’est pas non plus simple : le plus souvent, elle est double, triple, ou plus complexe encore, des suites de termes manifestement analogues se retrouvant dans deux ou plusieurs groupes, d’ailleurs distincts. Ces suites de termes analogues, ou mieux homologues dans des groupes différents , sont ce que nous avons nommé des séries parallèles. V. De là, de doubles rapports, qu’il importe de reconnaître et d’exprimer. On a toujours donné une grande attention aux affinités qui unissent les types variés compris dans un même groupe : la connaissance des affinités, qui relient les types homologues existant dans des groupes différents, n’est pas moins nécessaire à la conception rationnelle de la série et à l’expression des rapports naturels. VL Cette expression nous a paru pouvoir être donnée par le système nouveau de classifi- cation parallélique ou par séries parallèles, classification qui n’est au fond qu’un perfection- nement très-simple de la classification ordinairement employée. Soit un groupe N, comprenant plusieurs types secondaires , que nous désignerons par les lettres A B C D- — Soit un autre groupe N , étant avec le premier dans les relations que nous venons d’indiquer, c’est-à-dire dont les types secondaires se trouvent homologues a«x précédents. Nous les appellerons, pour exprimer à la fois la différence constante .et l’homo- logie, ARC D. — Supposons un troisième groupe N, donnant de même A B C D; un qua- trième ïl, donnant 31 15 C 30, et ainsi de suite. Tl est manifeste que l’expression des rapports multiples existant entre tous ces termes sera obtenue si, d’une part, les termes de chaque série longitudinale se superposent, si, de l’autre, les termes homologues des diverses séries transversales se juxtaposent sans intercalation d’aucun terme étranger. La classification parallélique satisfait à ces deux conditions par la combinaison suivante, assez simple pour être saisie dès le premier aspect. » f \ 1.1 1 INT H 01)1 (ÎTION. lîien de plus saisissable, en effet, que le parallélisme de ces séries, observé soit dans le sens vertical, soit dans le sens horizontal, soit même dans le sens oblique. Pour rendre sensibles ces abstractions, nous présentons à nos lecteurs quelques séries parallèles, que le savant professeur du Muséum a bien voulu nous indiquer. Notre premier tableau se compose de deux séries appartenant à deux Classes du même Embranchement , les Mammifères et les Oiseaux, lesquels offrent des analogies que Linné avait déjà signalées avec une merveilleuse sagacité. Les deux premiers types homologues de chaque série sont, du côté des Mammifères, un Singe, le Callitriche, et, du côté des Oiseaux, un Grimpeur, la Perruche ; tous deux occupent le sommet de leur classe, en raison du développement de leur cerveau; tous deux se rapprochent l’un de l’autre par le régime frugivore et la faculté de grimper; tous deux, comme l’Espèce hu- maine, se servent de leurs membres pour porter les aliments à leur bouche; tous deux enfin ont l’instinct imitateur : l’un, favorisé d’ailleurs par des similitudes de structure, imite les gestes et les actions de l’Homme; l’autre reproduit la voix et la parole humaine. Ils sont repré- sentés grimpant sur le même arbre et se nourrissant de la même espèce de fruit. Les deux types suivants sont deux Carnassiers : le Mammifère est une Panthère , l’Oiseau est un Faucon ; tous deux se nourrissent de proie vivante; tous deux possèdent une sensibilité exquise pour la découvrir; tous deux sont pourvus de griffes ou de serres pour la saisir, de canines ou de mandibules dentées pour la déchirer, et d’un tube intestinal court et membra - neux, suffisant pour la digérer; tous deux sont remarquables parleur physionomie féroce, leurs mouvements rapides et leur vigueur musculaire. Ils sont vus chassant le même gibier. Les deux types placés au-dessous des précédents sont aussi des Animaux carnassiers, mais d’un Ordre inférieur, et vivant de cadavres : l’un est la Hyène rayée, l’autre le Vautour, nommé, en Égypte, poule de Pharaon ; tous deux sont aussi lâches que voraces, et préfèrent à tout autre aliment des charognes déjà ramollies par la putréfaction; tous deux rôdent dans le voisinage des habitations de l’Homme, pour dévorer en commun les immondices qui, en se corrompant, répandraient à l’entour des miasmes pernicieux. Tous deux sont représentés s’acharnant sur le même cadavre. Les deux types qui suivent appartiennent à des Animaux insectivores : l’un est le Tupaïe , l’autre VH fourneau; tous deux cherchent leur proie sur les arbres. Viennent ensuite deux granivores, le Mulot et le Moineau; puis des Animaux à estomac complexe, les uns paissant dans les pâturages des montagnes, tels que V Antilope, Ruminant à cornes, et le Népaul, Gallinaeé, dont les deux cornes offrent une analogie de plus avec l’Anti- lope; les autres sont le Dromadaire, Ruminant sans cornes, et V Autruche , Échassier, à énorme jabot, tous deux herbivores et commensaux du Désert. \ i.m CLASSIFICATION DES OISE U \. XLI V [NTflODUCTION. Les deux types qui terminent chaque série sont le Phoque otarie, d’une part, et le Manchot, de l’autre, tous deux à membres avortés en nageoires, et palmés; tous deux plongeant sous les eaux , pour pêcher leur nourriture. Le deuxième tableau offre trois séries parallèles, prises dans les trois Sous-Ordres des Pas- sereaux : Zygodactyles , Syndactyles , et Dœodactyles. Les trois premiers types de chaque série [Aracari, Tock, Eurycère ) , se rapprochent par le volume énorme de leur bec, élevé, convexe en dessus, léger, et se courbant à son extrémité. 1 A Eurycère , qu’on a placé dans les Syndac- tiles, n’a son doigt externe soudé au médian que jusqu’à la deuxième phalange, et peut être rangé parmi les Dæodai: tvles : les trois types placés au-dessous des premiers ( Coucou , Guêpier, Pomatorlân) , ont le bec allongé, comprimé, pointu, et un peu crochu à l’extrémité; enfin, les trois derniers ( Pic-Vert , Mar lin- Pêcheur, Dromodendron) , ont le liée droit, conique, à mandibules égales. Zygodactyles Syndactyles. Dæodactyles. 1 Aracari. 4 Coucou. 7 Pic-Vert. 2 Tock. 5 Guêpier. 8 Martin-Pêcheur. 3 Eurycère. .6 Pomathorin. 9 Dromodendron. Dans le troisième tableau, le parallélisme est bien plus remarquable; il renferme deux séries formées par deux Familles très-voisines, qui appartiennent au Sous-Ordre des Dæodac- tyles, de l’Ordre des Passereaux; ces deux Familles [Hirondinidés, et Gaprirnulgidés) , se distinguent des autres Dæodactyles par leur bec large et profondément fendu; elles se dis- tinguent l’une de l’autre, en ce que les Hirondinidés ont un plumage serré et sont diurnes, et que les Caprirnulgidés ont un plumage mou, et sont nocturnes. Les deux premiers types de chaque série, Martinet et Sté atome , ont les doigts presque égaux, et le pouee, au lieu d’être franchement postérieur, est dirigé latéralement, ou en avant, du côté interne; les deux types CLASSIFICATION DES OISEAUX. XLV suivants, Salangane et Nyclibie , ont les doigts presque égaux, et le pouce nettement dirigé en arrière. Les deux derniers types , Hirondelle et Engoulevent , ont le doigt médian beaucoup plus long que les latéraux, et le pouce dirigé en arrière. Hirondinidés. Caprimulgidés. Martinet. Salangane. Hirondelle. Stéatorne. Nyctibie. Engoulevent. Nous suivrons, dans cet Ouvrage, la Classification de M. Isid. Geoffroy Saint- Hilaire, consistant en tableaux synoptiques qui n’ont point encore été imprimés, et qu’il nous a autorisé à publier. Ces tableaux comprennent la diagnose des Ordres, Familles, Tribus, et principaux Genres de la Classe des Oiseaux. Or, comme cette diagnose est fondée sur des caractères tirés de la conformation extérieure des organes, tels que les pieds, le bec, les ailes , etc. , il n’est personne qui ne puisse , en étudiant chaque synopsis avec un peu d’atten- tion, reconnaître l’Ordre, la Famille et le Genre de l’Oiseau qu’il veut déterminer. Quant à l’histoire des Espèces, nous avons emprunté les descriptions et les détails de mœurs aux ouvrages de Linné, Buffon, Levaillant, Savigny, Bechstein, Vieillot, Wilson, Temminck, Lesson, Audubon, Ch. Bonaparte, Gould, D’Orbigny, Roux, Bouteille, Gerbe, etc. Nous avons surtout consulté l’excellente Ornithologie du docteur Degland, ouvrage récemment publié, qui comprend les Espèces européennes, à la connaissance desquelles nos lecteurs doivent attacher le plus d’intérêt. C’est le mâle adulte que nous décrivons quand le sexe et l’àge de l’Oiseau ne sont pas spécifiés. Nous devons placer ici une observation relative aux figures qui accompagnent le texte : il nous a été impossible d’établir une proportion entre les sujets représentés de manière à faire saisir, par le simple coup d’œil , la grosseur réelle de l’Oiseau. Nous avons cherché souvent à XL VI INTRODUCTION. indiquer ce rapport en plaçant auprès du sujet des objets d’une grosseur appréciable ; mais de telles indications sont souvent bien imparfaites. Pour remédier à cet inconvénient réel, nous avons pris soin de donner toujours dans le texte la taille de l’Oiseau, exprimée en mesures connues , ou comparée avec celle d’un Oiseau populaire. Nous allons maintenant présenter l’ensemble de la Classification de M. Isidore Geoffroy- Saint-Hilaire. TABLE MÉTHODIQUE DES ORDRES, FAMILLES ET TRIBUS DE LA CLASSE DES OISEAUX. DIVISION DES ORDRE DES RAPACES. Famille des Falconidés. I Tribu des Falconiens. Faucon. Gypohiéraciens. Gypohiérax. Polyboriens. Caracara. Vulturiens. Vautour. Famille des Serpentais idés. Serpentaire. Strigidés. Hibou. ORDRE DES PASSEREAUX. ttAS Y'kSSYAYYAAX 7A GOYlkC.'YXlÆS. Famille des Psittacidés. Tribu des Psittaciens. — Strigopiens. Microglossiens. Famille des Ramphastidés. — Cuculidés. Tribu des Scythropiens. Cuculiens. Bucconiens. Famille des Picidés. — (Ialbulidés. Perroquet. Strigops. Microglosse. Toucan. Scgthrops. Coucou. Barbu. Pic. Tacamar. WÏ.S YkSSïAYAkMX S\^\>\C/Y\UUS. Vo'vuyvYosVvç* . Famille des Bucéridés. Calao'. Eürycéridés. Eurycère. Momotidés. Méropidés. Alcédinidés. Todidés. Momot. Guêpier. Martin-Pêcheur. Todier. YaVvcosVres . Famille des Eurylamidés. Eurylaipie. Pip ridés. Manakin. ALI PENNES. \>¥,S YkSS’ÊWYAAX Y)$iOY) kC.'Y\Y.YiS. Famille des Hirondinidés. Tribu des Hirondiniens. Hirondelle. Salanganiens. Salangane. Cypséliens. Martinet. Famille des Caprimulgidés. Tribu des Caprimulgiens. Engoulevent. Nyctibiens. Ibijau. Stéatorniens. Guacharo. YaahUuAwUs VéuuAvosYw*. Famille des Trochilidés. Colibri. — Certhidés. Grimpereau. PlCUCELIDÉS. Picucule. Upupidés. Huppe. \VxoAo.e,V\\Yts c\vUv\vo*tw* . Famille des Sittides. Si t telle. — Corvidés. Tribu des Corviens. Corbeau. — Paradiséens. Paradisier. Coraciens. Collier. \KvoAe\tU\Vv* &tuVvYosVct,s . Famille des Turdidés. Tribu des Laniens. Pie-grièelie. Turdiens. Merle. Ampéliens. Gobe-rnouchei Motacilliens. Fauvette. Famille des Tanagridés. Tangara. \UmYtvtV\\l\x's comYosVxts. Famille des Paridés. Mésange. — Colidés. Tribu des Buphagiens. Pique-bœuf. Coliens. Coliou. CLASSIFICATION DES OISEAUX. xi.vi Famille des Sturnidés. Tribu des Stumiens. Étourneau. Xauthorniens. Corouge. Famille des Frincii.lidés. Tribu des Fringil liens. Moineau. — Pliytotomiens. Phy tôt orne. Famille des Alaudidés. Tribu des Alaudiens. Alouette. Certhalaudiens. Sirli. SACAYO^ PAS YkSSAWAkAX kll Y \Y Y \1 k C 1 \ A A S Famille des Musophagidés. Touraco. Famille (à siège douteux) DES Mésitidés. Mésite. ORDRE DES GALLINACÉS. SACAYO^ PAS GkAAY^kCÂS Y kSSAYYYYÀPAS. Famille des Colombidés. Tribu des Colombiens. Colombe. — Lophyriens. Lophyre. Fam. des Opisthocomidés. Opisthocome. Famille des Mégapodidés. Ménure. — Tinanidés. Tinamou. Türnicidés. Turnix. Attagidés. Tribu des Attagiens. Alt agis. — Chioniens. Chionis. SACAYOYY PAS GkAAYYUCAS GA kLAYYÀPAS. Famille des Phasianidés. Tribu des Tétraoniens. Perdrix. — Phasianiens. Coq. ORDRE DES ECHASSIERS. SACAYO’A PAS ACAYkSAYAPA PAOPkCAXAAS. Famille des Oiityxélidés. Ortyxèle. S ACTION PAS ACYYkSSYAYcS MAGOPkCIXAAS. ‘VYércoA.ad^Y&s \ms>ï>vcosATOè . Famille des Otidés. Outarde. Charadridés. Pluvier. Hématopidés. Huîtrier. \U\’o iYad\jY peregrinus.). biun, à îaies transversales plus foncées; la gorge et le cou sont blancs; la poitrine blanc 8 RAP VUES DIURNES. roussâtre tirant sur leïose, marquée de petites stries longitudinales noires; les parties infé- rieures sont rayées en travers de brun noir sur un fond cendré , les raies sont plus larges aux flancs et au ventre; les rémiges sont d’un brun nuancé de cendré noirâtre, terminées par un liséré cendré clair; la queue est d’un cendré bleuâtre, marquée de bandes transversales noires, terminée de cendré blanchâtre. La taille du mâle est de quatorze pouces ; la femelle est d’un tiers plus volumineuse. Le plumage du Faucon pèlerin varie non-seulement suivant l’âge et le sexe, mais encore suivant les saisons et les climats ; de là les noms divers imposés à cette Espèce : elle habite tout l’hémisphère nord du globe, et y niche dans les rochers les plus escarpés : il y en a beau- coup dans les îles de l’Archipel, ainsi qu’aux Orcades et en Islande. La variété nommée autre- fois Faucon pèlerin vient du Midi , et c’est elle que l’on prenait dans les falaises des îles de Malte et de Candie, pour l’envoyer en Europe; le Faucon niais était celui qu’on avait pris trop jeune au nid ; il était criard, difficile à élever, ses ailes ne se développaient pas, et ses jambes étaient fragiles; le Faucon sors était pris en septembre; il était alors âgé de trois mois, et dans les conditions les plus favorables d’éducabilité ; lorsqu’on les prenait le printemps sui- vant, c’est-à-dire à l’âge de neuf à dix mois, ils étaient trop vieux pour être asservis, et on les appelait alors Faucons hagards. Le vol du Faucon est d’une rapidité que l’œil a peine à suivre. Il s’élève au-dessus de sa proie, et fond perpendiculairement sur elle, comme s’il tombait des nues: les Gallinacés sonl sa nourriture ordinaire ; il recherche surtout les Faisans et les Poulets: c’est ce qui l’a fait nommer Épervier à poules aux États-Unis, et mangeur de poulets à la Louisiane. Mais les Américains ne lui donnent pas tous les titres qu’il mérite : « Voyez , dit l’ornithologiste Audubon, ces deux pirates déjeunant à la fourchette : le mâle dépèce une Sarcelle, et la femelle un Canard; ils semblent, dans un tête-à-tête amical, se féliciter de leur bonne aubaine, et dis- serter sur la saveur du mets friand qu’ils ont conquis: on les prendrait pour des. épicuriens ; ce ne sont que des gloutons, et leur voracité n’est égalée que par leur audace; ils enlèvent sur l’eau les Canards, les Sarcelles, les Oies, et les transportent sur le rivage; il faut que le fleuve soit bien large pour que le ravisseur fatigué lâche sa proie: alors il en cherche une autre plus près de terre, et quand il l’a saisie, triomphant, il l’emporte en lieu sûr pour la dévorer. J’ai vu un Faucon venir à trente pas de mon fusil , se jeter sur une Sarcelle que je venais d’abattre. Il n’est pas moins avide de Pigeons que.de Canards; il court se jeter au milieu de leurs bandes qui voyagent dans les hautes régions de l’air et qui, pour échapper à sa griffe, exécutent les plus habiles évolutions: il ose même quelquefois les attaquer dans le domicile que l’homme leur a préparé. J’en surveillai un, pendant plusieurs jours, qui avait conçu une telle affection pour mes Pigeons qu’il se permettait d’entrer dans le colombier par une porte et en sortait par l’autre avec une victime; voyant la terreur et le désordre que ces invasions causaient parmi mes Pigeons, et craignant que ceux-ci n’émigrassent, je mis à mort le voleur. « Quand le Faucon est en quête, il se perche souvent sur les branches les plus élevées d'un arbre, dans le voisinage des terres marécageuses: on voit sa tête se remuer par saccades périodiques , comme pour mesurer les distances qui le séparent de sa proie ; il épie une Bécasse depuis quelques instants : tout à coup il se précipite sur elle avec un bruit terrible , l’étreint de ses serres acérées , et va la dévorer dans quelque bois voisin. « Il plume adroitement, avec son bec, sa proie qu’il tient entre ses pattes; aussitôt qu’une partie est plumée, il la déchire en lambeaux, dont il se repaît avidement. S’il voit s’approcher un ennemi , il s’enfuit avec son butin , et va le cacher dans l’intérieur de la forêt. G’est sur- tout en rase campagne qu’il montre de la défiance. » Malgré la justesse de son coup d’œil, la rapidité de son vol et l’habileté de ses manœuvres, le Faucon commun ne réussit pas toujours à s’emparer de sa proie : Baumann a vu un Pigeon ^ poursuivi par un Faucon, se précipiter dans un étang, plonger, sortir de l’eau sain et sauf. F \ MILLE DES FALCONIDÉS. 9 et échapper ainsi aux serres de son ennemi. Quelquefois même ce Rapace est vaincu par des Oiseaux moins puissants que lui, dans lesquels il attaque des rivaux ou une proie : M. Gérard a vu un Corbeau tuer un Faucon d’un coup de bec qui lui fendit le crâne. Le Faucon se nourrit d’AIouettes quand il n’a pas d’autre pâture. S’il est pressé par la faim, il s’abat quelquefois sur des poissons morts, déposés le long du rivage. Audubon en a vu se nourrir ainsi pendant qu’il côtoyait le Mississipi pour observer les mœurs des Oiseaux. La hardiesse est la note caractéristique du Faucon commun : on le voit poursuivre sa proie jusque sous le fusil du chasseur, et souvent payer de sa vie cette insolente agression. Mais, dans la plupart des cas, son audace reste impunie : nous citerons, à ce sujet, une observation intéressante de M. Gerbe, dont il rend compte dans une lettre adressée â M. Degland. « Il y a quelques années, un Faucon pèlerin était venu s’établir, en septembre, sur les tours de la cathédrale de Paris. Pendant plus d’un mois qu’il y demeura , il faisait tous les jours capture de quelques-uns de ces Pigeons que l’on voit voltiger çà et là au-dessus des maisons. Lorsqu’il apercevait une bande de ces Oiseaux, il quittait son observatoire, rasant les toits, ou gagnant le haut des airs, puis fondait sur la bande, et s’attachait à un seul individu qu’il poursuivait avec une audace inouie, quelquefois à travers les rues des quartiers les plus popu- leux. Rarement il retournait à son poste sans emporter dans ses serres une proie , qu’il dépe- çait tranquillement, et sans paraître affecté des cris que poussaient contre lui les enfants. II chassait le plus habituellement le soir, entre quatre et cinq heures, quelquefois dans la mati- née; tout le reste de la journée il se tenait tranquille. Les amateurs, aux dépens de qui vivait ce Faucon, finirent par ne plus laisser sortir leurs Pigeons, ce qui, probablement, contribua à l’éloigner d’un lieu où la vie était pour lui si facile. » Le Faucon se reproduit en France: on en a vu nicher dans les Alpes, les Pyrénées et les falaises de la Normandie; il y choisit un endroit élevé, et dépose, à nu, dans un trou ou dans une anfractuosité de rocher, ses œufs, couverts, sur un fond clair,. de petites taches variant du gris-brun à la couleur du sang figé. La femelle couve seule, mais le mâle va à la chasse et pourvoit à la nourriture. Tous deux montrent pour leurs petits la plus vive sollicitude, et, dès qu’un danger les menace, ils les défendent avec courage. Dès que les petits sont adultes, leurs parents les chassent pour les dépayser, en jetant des cris perçants et presque continuels ; et c’est lorsqu’ils viennent d’être expulsés du domicile paternel, qu’ils sont plus faciles à prendre et à élever. — Ces Oiseaux jouissent d’une étonnante longévité : on prit, il y a cinquante ans, au cap de Bonne-Espérance, un Faucon portant un collier d’or sur lequel était gravé qu’en 1610 cet Oiseau appartenait au roi d’Angleterre Jacques Ier : il avait par conséquent cent quatre-vingts ans, et conservait encore beaucoup de vigueur. Maintenant que nous avons fait l’histoire du Gerfaut et des Faucons, il est à propos de donner au lecteur quelques détails sur la chasse à l’Oiseau. Réduire l’animal sauvage à abdiquer l’exercice de sa volonté , et à perdre toute confiance en ses propres ressources ; lui faire voir dans l’homme l’arbitre suprême de son repos et de son bien-être; en un mot, l’assujettir par la crainte et le fixer par l’espérance , tel est le but que se propose le fauconnier ; et l’on verra bientôt que l’art d’apprivoiser les Mammifères susceptibles de domesticité est basé sur les mêmes principes. — Il faut d’abord, pour dresser le Faucon, le faire consentir à demeurer immobile à la même place, et privé de la lumière du jour; un supplice de soixante-douze heures suffit pour cela. Pendant tout ce temps, le fau- connier porte continuellement sur le poing l’Oiseau, armé d’entraves nommées jets: ce sont de menues courroies , terminées par des sonnettes , qui servent à lier ses jambes. Dans cette position, on l’empêche soigneusement de dormir, et, s’il se révolte, on lui plonge la tête dans l’eau. Au tourment de l’insomnie on ajoute celui de la faim; et bientôt l’animal, vaincu par l’inanition et la lassitude, se laisse coiffer d’un chaperon. Lorsque, étant décoiffé, il saisit la viande qu’on a soin de lui présenter de temps en temps, et qu’ensuite il se laisse docilement 2 10 MA PAGES DIURNES. remettre le chaperon, on juge qu’il a renoncé à sa liberté, et qu’il accepte pour maître celui de (|ui il tient la nourriture et le sommeil. C’est alors que, pour augmenter sa dépendance, on augmente ses besoins : pour cela on stimule artificiellement son appétit, en lui nettoyant l’estomac avec des pelotes de filasse, retenues par un lil , qu’on lui fait avaler, et qu’on retire ensuite. Cette opération, nommée cure, produit une faim dévorante, que l’on satisfait après l’avoir excitée ; et le bien-être qui en résulte attache l’Animal à celui même qui l’a tourmenté. Lorsque cette première leçon (qu’il faut quelquefois réitérer) a réussi, on porte l’Oiseau sur le gazon dans un jardin : là, on lui enlève son chaperon, et le fauconnier lui présente un morceau de viande ; s’il saute de lui-même sur le poing pour s’en repaître, son éducation est déjà fort avancée, et l’on s’occupe de lui faire connaître le leurre. Le leurre est un morceau de cuir garni d’ailes et de pieds d’Oiseau; c’est une effigie de proie, sur laquelle est attaché un morceau de viande; il est destiné à réclamer l’Oiseau, c’est-à-dire à le faire revenir, lorsqu’il se sera élevé dans les airs. Il est important que le Faucon soit, non-seulement accoutumé, mais affriandé à ce leurre, qui doit toujours être la récompense de sa docilité : ainsi, après l’avoir dompté par la faim, on consolide sa servitude par la gourmandise; mais le leurre ne suffirait pas sans la voix du fauconnier. — Lorsque l’Oiseau obéit au réclame dans un jardin, on le porte en pleine campagne, on l’attache à une filière ou ficelle, de soixante pieds de longueur; on le découvre, et, en l’appelant à quelques pas de distance, on lui montre le leurre; s’il fond dessus, on lui donne de la viande ; le lendemain, on la lui montre d’un peu plus loin, et quand il fond sur son leurre de toute la longueur de la filière, il est complètement assuré. Alors, pour achever l’éducation du Faucon, il faut lui faire connaître et manier le gibier spécial auquel il est destiné; on en conserve de privés pour cet usage : cela s’appelle donner f’escap. On attache d’abord la victime à un piquet, et on lâche dessus le Faucon, retenu par sa filière. Quand il connaît le vif, on le met hors de filière et on le lance sur une proie libre, à laquelle on a préalablement cousu les paupières pour l’empêcher de se défendre. Enfin, quand ou est bien assuré de son obéissance , on le fait voler pour bon. La chasse à l’Oiseau, dont la Noblesse d’autrefois faisait ses délices, avait moins souvent pour but de procurer au chasseur une proie comestible, que de lui offrir un spectacle récréatif : le vol du Faisan, de la Perdrix, du Canard sauvage, était, disait-on , plaisir de gentilhomme ; mais ce qu’on nommait plaisir de prince , c’était le vol du Milan, du Héron, de la Corneille et de la Pie, véritable gibier de luxe, sans aucune valeur culinaire. Le vol du Milan était le plus rare de tous. La première difficulté à vaincre était de le faire descendre des hautes régions de l’atmosphère, où le Faucon lui-même n’aurait pu l’atteindre : pour cela, on prenait un Duc (espèce de Rapace nocturne dont nous parlerons bientôt) ; on affublait ce Duc d’une queue de Renard pour le rendre plus remarquable, et on le laissait ainsi , dans une prairie, voltiger à fleur de terre. Bientôt le Milan, planant dans la nue pour guetter une proie, distin- guait de sa vue perçante un objet bizarre , s’agitant sur le sol ; il descendait pour l’examiner de plus près; aussitôt on lançait sur lui un Faucon, qui, dès l’abord, s’élevait au-dessus du Milan, pour fondre sur lui verticalement; alors commençait un combat, ou plutôt des évolu- tions de l’intérêt le plus varié : le Milan, fin voilier, fuyait devant le Faucon en s’élevant, s’abaissant, croisant brusquement sa route, et prenant, à angle aigu, les directions les plus imprévues : le Faucon, non moins agile que lui , mais plus courageux, et en outre stimulé par la faim, le poursuivait avec ardeur dans ses mille circonvolutions; il le saisissait enfin, et l’apportait à son maître. Le vol du Héron et de la Cigogne était moins amusant pour le spectateur, et plus dangereux pour le Faucon; l’Animal poursuivi se laissait plus facilement atteindre, mais il se défendait FAMILLE DES FALCONIDÉS. Il avec plus de courage, et l’assaillant recevait quelquefois de sa victime des blessures, auxquelles il ne survivait pas longtemps. On employait même le Faucon, et surtout le Gerfaut, à la chasse du Lièvre : on faisait d’abord partir celui-ci au moyen d’un limier; puis le Faucon, lancé à l’avance, et volant au-dessus de la plaine, apercevait le Lièvre, et tombait sur lui comme un plomb. C liasse a l’oiseau. Mais de tous les vols, le plus amusant, le plus riche en incidents, le plus commode à observer, le plus facile, sinon le plus noble, était le vol de la Corneille : on se servait, comme pour le Milan, d’un Duc, afin de l’attirer, puis on lançait sur elle deux Faucons. L’Oiseau poursuivi s’élevait d’abord au plus haut des airs, les Faucons parvenaient bientôt à prendre le dessus; alors la Corneille, désespérant de leur échapper par le vol , descendait avec une vitesse incroyable , et se jetait entre les branches d’un arbre : les Faucons ne l’y suivaient pas, et se contentaient de planer au-dessus. Mais les fauconniers venaient sous l’arbre où s’était réfugiée la Corneille, et, par leurs cris, la forçaient de déserter son asile. Elle tentait encore toutes les ressources de la vitesse et de la ruse, mais le plus souvent elle demeurait au pouvoir de ses ennemis. Le vol de la Pie est aussi vif que celui de la Corneille : il ne se fait point de poing en fort , c’est-à-dire que le Faucon n’attaque pas en partant du poing; ordinairement on le jette à mont , parce qu’on attaque la Pie lorsqu’elle est dans un arbre. Les Faucons, étant jetés et élevés à une certaine hauteur, sont guidés par la voix du fauconnier et les mouvements du leurre; lorsqu’on les juge à portée d’attaquer, on se hâte de faire partir la Pie, qui cherche à fuir d’arbre en arbre. Souvent elle est prise au moment du passage; mais, quand le Faucon l’a manquée, on a beaucoup de peine à la faire partir de l’arbre qui lui a servi de refuge; sa frayeur est telle, qu’elle se laisse prendre par le chasseur, plutôt que de s’exposer à la terrible descente du Faucon. Lorsqu’il s’agit du vol pour champ ou pour rivière , c’est-à-dire de la chasse de la Perdrix et du Faisan, ou du Canard sauvage, on emploie la même manœuvre : on jette à mont le Faucon, c’est-à-dire qu’on le lance dans les airs avant que le gibier soit levé; et lorsque le Rapace plane, le fauconnier, aidé d’un Chien, fait partir le Faisan ou la Perdrix, sur lequel l’Oiseau descend. Pour le Canard, on met à mont jusqu’à trois Faucons, puis on fait lever le 12 BAPACES DILBNES. Canard; et lorsque la peur qu’il a des Faucons l’a rendu dans l’eau, des Chiens se jettent à la nage pour le forcer à reprendre son vol. Ce n’est pas seulement en Europe que l’on cultivait la •fauconnerie : elle llorissait dans toute F antiquité, et florit encore aujourd’hui chez les peuples de l’Asie et de l’Afrique sep- tentrionale. Là, toutefois, comme chez nous, ce plaisir n’appartient qu’aux gens riches. Les Persans et les habitants du Mogol poussent même plus loin que nous l’éducation du Faucon; ils le dressent à voler sur toute sorte de proie, et pour cela ils prennent des Grues et d’autres Oiseaux, qu’ils laissent aller, après leur avoir cousu les yeux : aussitôt ils font voler le Faucon, qui les prend fort aisément. Il y a des Faucons pour la chasse du Daim et de la Gazelle, qu’ils instruisent, dit le voyageur ïhévenot, d’une manière très-ingénieuse. « Ils ont des Gazelles empaillées , sur le et jamais ailleurs. Après qu’ils les ont ainsi élevés, ils les mè- nent à la campagne, et lors- qu’ils ont découvert une Gazelle, ils lâchent deux de ces Oiseaux, dont l’un va fondre sur le nez de la Gazelle, et s’y cramponne avec ses griffes. La Gazelle s’ar- rête , et se secoue pour s’en délivrer; l’Oiseau bat des ailes pour se retenir accroché , ce qui empêche encore la Gazelle de bien courir, et même de voir devant elle; enfin, lorsque avec bien de la peine elle s’en est défaite, l’autre Faucon, qui est en l’air, prend la place de celui qui est à bas, lequel se relève pour succéder à son compagnon lorsqu’il sera tombé; et, de cette sorte, ils retardent tellement la course de la Gazelle, que les Chiens ont le temps de l’attraper. Il y a d’autant plus de plaisir à ces chasses, que le pays est plat et découvert, y ayant fort peu de bois. » Ce même pro- cédé, rapporte un autre voyageur célèbre, s’applique à la chasse de l’Ane sauvage et du Sanglier. Nous ne pousserons pas plus loin ces détails de vénerie, qui pourraient sembler fastidieux a quelques-uns de nos lecteurs, mais que leurs aïeux, et surtout leurs aïeules, auraient cer- tainement accueillis avec un vif intérêt : le vol du Faucon était en effet la chasse favorite des dames. Ce plaisir élégant devrait encore animer la vie de château. Nous nous rappelons, à ce sujet, la boutade d’un vieux gentilhomme, adressée, devant nous, il y a vingt ans, à de jeunes romantiques : « Adorateurs du moyen âge et de la renaissance, vous vous imaginez qu’il suffit, pour reproduire la poésie de ces temps antiques , de vous entourer de meubles historiés, de porter une barbe en pointe, de donner à vos cheveux une coupe cléricale, et de serrer votre poitrine d'homme dans un étroit justaucorps : ce que vous devriez emprunter à cette époque, ce sont les passions énergiques, les dévouements inaltérables, les haines vigoureuses, les études fortes, la foi robuste, l’insousiance du positif, le culte des dames, et la chasse à l’Oiseau, » L’art de la Fauconnerie, qui a été rapporté de l’Orient par les Croisés , et que l’invention des armes à feu a fait tomber en désuétude, n’est pas encore tout à fait oublié : il est resté en honneur dans certaines villes de l’Angleterre et de l’Allemagne. Il y a en Belgique, près rte \amiir, un village nommé Fn/ken-flnuzer , dont les habilants ont pour unique industrie nez desquelles ils donnent toujours à manger à ces Faucons, Chasse a la Gazelle. FAMILLE DES FALCONIDÉS. 13 l’éducation du Faucon. Ils vont chercher ces Oiseaux dans le Hanovre, reviennent les dresser dans leur village, et les vendent ensuite dans le nord de l’Europe, à l’aide de correspondances qu’ils y entretiennent avec soin. Lorsqu’ils ont placé un Faucon dressé, ils restent chez l’ache- teur jusqu’à ce que le Faucon soit habitué à obéir à la voix de son nouveau maître. Le Faucon Hobereau (Falco Subbuteo , de Linné), nommé vulgairement le Hobereau, a des moustaches étroites et pointues , les pieds grêles , les doigts allongés ; le médian est plus long que le tarse; les ailes dépassent le bout de la queue; le bec est bleuâtre, l’iris de couleur noisette; les paupières, la cire et les pieds sont jaunes; le plumage des parties supérieures est d’un cendré bleuâtre, varié de roussàtre au front et au sommet de la tête, avec deux taches rousses à la nuque, et la tige des plumes d’une nuance noire; la gorge, le devant et les côtés du cou sont blancs; la poitrine, l’abdomen, d’un blanc teinté de roussàtre, marqué de taches larges et longitudinales noirâtres; les plumes sous-caudales, celles du bas ventre et de la jambe, sont d’un roux très-vif; les joues sont noires, ainsi que les moustaches, qui se pro- longent du hec aux parties latérales du cou; les rémiges sont brunes, terminées par un léger liséré grisâtre; la queue est brune, avec des bandes transversales cendrées sur les barbes internes des dix pennes latérales. La taille du mâle est de onze pouces. Le Hobereau est une Espèce européenne assez répandue en France, et y vivant sédentaire; il habite aussi l’Afrique. Il niche sur les arbres les plus élevés ou dans les fentes des rochers. La femelle pond trois ou quatre œufs blanchâtres ou roussàtres, pointillés de rougeâtre et tachés de fauve : leur grand axe est de treize lignes. Cet Oiseau fait sa principale pâture de l’Alouette : il monte après elle quand elle a com- mencé son ascension, il la dépasse et la saisit en descfflvdant; l’Alouette, poursuivie par lui, est saisie d’une terreur telle, qu’elle vient souvent sé jeter entre les jambes des paysans; mais cette terreur se dissipe promptement, et quand l’Alouette a pu s’élever assez haut pour être hors de la portée de son ennemi, dont le vol est bas, elle reprend sa chanson joyeuse. Les Hirondelles, qui poursuivent de leurs cris les petits Rapaces, ont une grande frayeur du Hobereau. Naumann rapporte qu’il vit tomber à terre une Hirondelle, poursuivie avec ses compagnes par un Hobereau; il la ramassa, la tint dans sa main , et elle y resta longtemps immobile, avant d’oser reprendre son vol. Le Hobereau est moins facilement éducable que le Faucon commun; on le porte sur le poing, mais sans chaperon, et on l’emploie surtout pour voler la Caille et la Perdrix. Du reste, si, à l’état de captivité, il laisse exploiter son industrie par l’homme, il sait, quand il est libre, tirer parti de la nôtre : dès qu’il voit un chasseur et son Chien battre la campagne, il les suit de près, ou plane au-dessus de leur tête, et confisque à son profit le gibier qu’ils ont fait lever, et que l’homme a tiré sans succès. Sous l’ancienne monarchie, on appliquait avec dérision le nom de Hobereau à des gentilshommes campa- gnards : on désignait surtout par là le gentilhomme à lièvre, qui allait chasser chez ses voisins sans en être prié. Buffon pense que ce nom peut venir aussi de ce qu’autrefois tous ceux qui n’étaient point assez riches pour entretenir une fauconnerie se contentaient d’élever des Hobe- reaux pour la chasse; cette étymologie est plus vraisemblable et surtout moins injurieuse que la première. Le Hobereau est aussi audacieux que le Faucon ; non-seulement il poursuit sous le fusil du chasseur les Alouettes et les Cailles que le Chien de celui-ci a fait lever, mais le bruit des armes à feu ne l’épouvante pas. M. Hippolyte Bouteille, qui a publié une très-bonne Ornithologie du Dauphiné, rapporte qu’il en trouva cinq ou six, pêchant fort adroitement des Grenouilles dans une flaque d’eau, et qu’il en fusilla plusieurs, sans que les autres se dérangeassent en rien de leur manège. Toute- fois, la témérité du Hobereau lui devient fatale, car il lui arrive souvent de se précipiter dans les filets de l’oiseleur en voulant saisir les Chanterelles qu’on y a placées pour attirer le gibier. A défaut de chair palpitante, le Hobereau se rabat sur les Insectes coléoptères et orthoptères, et notamment sur les Criquets. 14 RAPAGES DIURNES. Le Faucon Émërillon ( Falco cesalon , de Linné) , désigné par Butlon , le mâle sous le nom de Rochier ( F . lithofalco, de Gmelin), la femelle sous celui (Y Émerillon, a des moustaches faibles, milles à la base du bec; les doigts sont allongés, le médian est égal au tarse; les ailes aboutissent aux deux tiers de la queue ; la première rémige est plus longue que la quatrième, et plus courte que la deuxième et la troisième. Le bec est bleuâtre, l’iris brun; la cire, les paupières et les pieds sont jaunes. Le plumage est cendré bleu en dessus, avec la tête et le haut du dos nuancés de brunâtre; la gorge est blanche, le devant du cou blanc, nuancé de roussâtre , avec des stries brunes ; la poitrine , 1 abdomen , les sous-caudales et la jambe sont roux, tachetés de brun; les rémiges brunes, et terminées de blanchâtre; la queue est grise; elle porte, vers son extrémité , une large bande noire, et se termine par un liséré blanchâtre. La taille du mâle est de neuf pouces; la femelle est plus grande de deux pouces. L’Émerillon est le plus petit de tous nos Oiseaux de proie : il ne dépasse pas les dimensions de la Grive; docile, ardent et courageux comme le Faucon, il sert pour la chasse des Alouettes, des Cailles et même des Perdrix , qu’il prend et transporte , malgré leur volume supérieur au sien. Sa manœuvre , pour s’emparer des Perdrix et des Pigeons , réussit presque toujours : quand il poursuit une compagnie de ces Oiseaux , il commence par isoler de ses compagnons celui qu’il convoite, puis il décrit autour de lui une spirale qu’il res- serre de plus en plus, jusqu’au moment oh il saisit sa victime, qu’il heurte de sa poitrine assez violemment pour la tuer du coup, quand sa griffe l’a manquée. D’au- tres fois , c’est en passant rapidement le long des haies qu’il enlève sa proie ; son aspect terrifie les Oiseaux cachés dans le feuillage; et ils se laissent prendre sans chercher à fuir. Il habite pendant l’été le nord de l’Eu- rope , et descend en automne dans les ré- gions méridionales, pour y passer l’hiver. Il niclie sur les arbres et dans les fentes des rochers; de là le nom de Rochier, qu’on lui donne dans certains pays. Ses œufs, au nombre de cinq ou six , sont petits, jaunâtres, tachetés de blanc; leur grand axe est de seize lignes , le petit de quatorze lignes. Le Faucon Kobbz ( Falco vespertinus , de Linné) , a des moustaches milles ou presque milles , les pieds grêles , les doigts courts, le médian plus court que le tarse, qui est emplumé dans la moitié supérieure; les ailes atteignent le bout de la queue; la première rémige est plus longue que la troisième; les ongles sont jaunâtres, les pieds d’un rouge brunâtre, ainsi que le tour des yeux et la cire; l’iris est brun clair; le bec est livide, noirâtre à sa pointe. Le plu- mage est d’un gris bleuâtre, plus foncé en dessus et sur les tiges des plumes; les cuisses, les jambes, le ventre et les rectrices inférieures de la queue sont d’un roux vif; les grandes et les petites rémiges d’un gris de plomb, les intermédiaires brunes sur leurs barbes externes. La taille est de dix pouces et demi. Le K niiez est commun en Pologne , dans la Russie méridionale, en Vutriche. dans le Tyrol, Faucon Emerillon ( Falco œsahm . FAMILLE DES FALCONIDÉS. 15 dans les Apennins, et rare en France. Il est de passage dans nos provinces du Midi; sa nour- riture consiste en Sauterelles qu’il saisit au vol , en Coléoptères et autres Insectes qu’il va, dit-on, chercher dans la fiente des Herbivores. Le Kobez place son nid sur les arbres élevés qui forment la lisière des bois; souvent il néglige d’en construire un , et s’empare de celui de la Pie. 11 pond trois ou quatre œufs courts, roux, mouchetés et tachetés de brun rougeâtre; leur 'grand axe est de quinze lignes, le petit de treize lignes et demie. Ce Faucon diffère par ses mœurs de ceux dont nous avons fait l’histoire avant la sienne : les Gerfauts, le Pèlerin, le Hobereau, l’Émerillon, vivent solitaires ou par couple, et éloignent de leur canton les Rapaces de leur Espèce. Les Kobez , au contraire , aiment la société de leurs semblables, et on les rencontre en troupes, souvent assez nombreuses. Le soir, avant le coucher du soleil, tous les individus, commensaux d’un même canton, se réunissent, et s’ébattent dans les airs jusqu’à la nuit, puis ils se portent ensemble sur un arbre, pour s’y reposer jusqu’au lendemain : de là leur nom spécifique de vespertinus. Le Faucon Crécerelle ( Falco tinnumulus , de Linné), vulgairement nommé Crécerelle, Emouchet , Mouquet , a des moustaches peu apparentes, les pieds grêles, les doigts courts, le médian de la longueur du tarse, qui est emplumé dans son tiers supérieur; les ailes arrivent aux trois quarts de La queue; la première rémige égale la quatrième ; la deuxième et la troi- sième sont les plus longues ; les on- gles sont noirs, les pieds jaunes, ainsi que la cire et les paupières; l’iris est hrun noisette, le hec est bleuâtre. Le dessus de la tête et du cou est d’un cendré bleuâtre ; le dessus du corps et des ailes, d’un brun rouge, varié de taches angulaires noires; le des- sous du corps est roussâtre, avec des raies longitudinales à la poitrine , et des taches arrondies ou ovalaires à l’abdomen et sur les flancs ; le devant des veux est blanc jaunâtre, les jones d’un cendré bleuâtre ; les rémiges bru- nes, terminées et bordées en dehors de gris roussâtre ; la queue est cendré bleuâtre , avec une large bande noire et une blanche plus petite , à l’extré- mité. La taille est de treize pouces. La Crécerelle est l’Oiseau de proie le plus répandu dans les régions tem- pérées de l’Europe; on la dresse quel- quefois pour la fauconnerie; elle a les doigts moins longs que l’Émerillon et le Hobereau, et son vol est moins lapide; aussi chasse-t-elle de préférence les Souris, les Mulots, les Lézards, les Insectes et les petits Oiseaux lorsqu’ils sont perchés; mais, lorsque ces derniers ont pris la fuite devant elle, elle les poursuit avec acharnement , jusque dans l’intérieur des maisons; c’est elle qu’on \ oit communément planer dans les airs, en jetant un cri aigu et fréquent, auquel elle doit Faucon crécerelle ( Falco tinnunculus). I(> li \l> VCES 1)11 H N ES. son nom de Crécerelle , que traduit exactement tinnunculus. La Crécerelle niche dans les vieilles tours et dans les masures; souvent aussi elle s’établit dans les forêts, sur les arbres les plus élevés, où elle construit, avec des bûchettes et des racines, un nid assez grossier qui reçoit cinq ou six œufs, rougeâtres à leurs deux bouts, dont le grand axe est de seize lignes et demie , et le petit de onze lignes ; elle nourrit ses petits , d’abord avec des Insectes , puis avec des Mulots; cette fécondité, qui est un caractère exceptionnel dans les Rapaces, explique pourquoi la Crécerelle est si commune; au reste, ces Animaux se nourrissant d’Oi- seaux qui émigrent à la mauvaise saison, ou d’insectes et de Reptiles, qui se cachent sous terre pendant le froid , plusieurs de ceux qui habitent une même contrée la quittent aux approches de l’hiver, et ceux qui restent sont réduits aux petits Oiseaux granivores, aux Mulots et aux Souris; ils avalent ces petits Mammifères tout entiers, et, après la digestion , ils rendent par le liée la peau roulée et les os. Les Crécerelles ont le caractère sociable des Kobez , et voyagent souvent en compagnie de ces derniers. Le Faucon crécf.rellette ( Falco cenchris , de Naumann) , vulgairement nommé Crécerine , a les pieds grêles, les doigts courts, le médian plus court que le tarse, les ailes atteignant le bout de la queue ; la première et la deuxième rémige sont égales ; les ongles sont jaunâtres; les pieds sont jaunes, ainsi que la cire et les paupières ; l’iris est brun jaunâtre ; le bec bleuâtre, livide à la base; le plumage ressemble assez à celui de la Crécerelle; la taille est de onze pouces et demi. La Crécerine habite le littoral de la Méditerranée; elle est sédentaire en Grèce, et de pas- sage dans le midi de l’Europe et en France oii elle arrive au printemps, pour repartir en automne. Ses mœurs sont analogues à celles de la Crécerelle: elle vit de Coléoptères, d’Or- thoptères et de petits Reptiles. Le nom de cenchris vient du grec xsyypoç , signifiant millet , et fait allusion aux taches noires, semblables à des grains de millet, qui garnissent l’abdomen et les flancs. La crécerine niche dans les vieux châteaux et les crevasses des rochers ; elle pond trois ou quatre œufs très-courts, plus petits que ceux de la Crécerelle, d’un blanc rougeâtre, ponctué et moucheté de rouge et de brun. Les autres Espèces du Genre Faucon, dont nous allons parler, n’appartiennent pas à l'Europe. Nous commencerons par citer le Faucon moineau (Falco cœru/escens, deGmelin), vulgairement nommé Hobereau-moineau , le plus petit des Oiseaux de proie connus, qui habite l’Inde, le Rengale et Sumatra. Le bec et les tarses sont plombés, le front est roux, le dessus du corps, les ail^s et les flancs sont d’un noir bleuâtre; la gorge est blanche; le des- sous du corps est roux ; la queue est traversée par quatre raies blanches. Le Faucon chicquera ( Falco chicquera, de Daudin) habite File de Java et Pondichéry; son nom spécifique est indien, et usité à Chandernagor. Le front, la tête et l’occiput sont d’un roux vif; le dessus du corps est gris cendré ; le dessous est blanchâtre, rayé de gris clair; la queue est grise, ponctuée de noir en-dessus, et terminée par une large raie noire; les tarses sont jaunes , ainsi que le bec et l’iris. Le Faucon montagnard ( Falco rupicolus , de Daudin), nommé le Montagnard par Levaillant, est une Espèce très-commune dans la Cafrerie et au Cap de Bonne-Espérance; il ressemble à la Crécerelle; le bec est plombé, et la cire jaune, ainsi que les tarses et les doigts; les ongles sont noirs; le dessus du corps est d’un roux foncé, avec des taches trian- gulaires noires; les plumes du ventre et des jambes sont d’un gris-brun; celles de la poitrine et des flancs , d’un roux clair, et parsemées de taches longitudinales foncées ; la queue est d’un roux clair, à bandes brunes. Le Montagnard habite les montagnes couvertes de rochers, où il construit, sans abri supérieur, un nid grossier qui contient ordinairement six à huit œufs d’un roux foncé ; quand ses petits sont éclos, il les défend avec intrépidité contre les agressions étrangères; le Montagnard est un peu plus fort que la Crécerelle, et son cri aigre et perçant est à peu près le même. Il fait sa proie de petits Mammifères, de Reptiles et d’insectes. 17 FAMILLE DES FALCONIDÉS. Le Faucon huppé (Falco frontalis, de Daudin), appartient, comme l’Espèce précédente, au midi de l'Afrique, et tire son nom de la huppe très-apparente qu’il porte sur la tête ; cette huppe part du front, et, quand il la couche, elle s’étend jusque derrière la tête ; l’Oiseau la relève ou l’étale, suivant les diverses passions qui l’agitent ; le mâle est de la grosseur d’un Pigeon, la femelle est d’un quart plus volumineuse. Le bec est bleuâtre, à bout noir; les deux mandibules sont fortement dentées; l’iris est d’un jaune orangé, ainsi que les tarses et les doigts ; les ongles sont noirs , longs et très-effilés ; le dessus du corps est d’un gris ardoisé ; le dessous offre, sur le même fond, des bandes transversales, ainsi que la queue. Ce Faucon ne chasse pas, il pêche ; c’est au bord des grands lacs, près des rivages de la mer, qu’il établit son domicile, afin d’avoir à sa portée les Poissons, les Crabes, les Oursins et les Mollusques dont il fait sa nourriture; il écarte à grands coups de bec de son domaine, mais sans les dévorer, les Mouettes, les Albatros, les Pélicans, qui, malgré leurs dimensions supérieures aux siennes, le fuient, et vont chercher ailleurs la pâture dont les prive la despotique rivalité du Faucon huppé. Celui-ci niche sur les rochers qui bordent la plage maritime ou sur les arbres qui entourent le lac : il pond ordinairement quatre œufs d’un blanc roussâtre ; le mâle partage avec sa femelle les soins de l’incubation, et lorsqu’elle couve, il va pêcher, et lui apporte sa nourriture, ainsi qu’aux petits, quand ils sont éclos. La famille vit longtemps réunie, et les jeunes ne se séparent que pour rendre à une nouvelle postérité les soins qu’ils ont reçus de leurs parents. Le Faucon a culotte noire ( Falco tibialis , de Daudin) est une Espèce africaine, un peu plus grosse qu’un Pigeon ; le bec est de couleur de corne ; la cire est jaune ; l’iris est d’un brun noisette très-vif; les plumes des épaules, du dos, et les scapulaires, formant le manteau, sont d’un gris brun, à tige plus foncée ; celles du dessous du corps sont d’un roussâtre léger; celles des cuisses et des jambes sont d’un noir brun, de là le nom spécifique; toutes les pennes sont d’un noir brun, bordées de blanchâtre ; les tarses et les doigts sont jaunes, et les ongles noirs. Le célèbre voyageur Levaillant n’a vu qu’une fois cet Oiseau dans le pays des grands Namaquois, et il n’a tué que le mâle, qui était posé sur un rocher, où il dévorait un jeune Lièvre, dont les chairs palpitaient encore. Parmi les Espèces américaines, nous citerons d’abord le Faucon a culotte rousse ( Falco femoralis , de Tennninck) , nommé par Azara Émeril/on couleur de plomb. Le bec et les tarses sont plombés ; la cire est jaune ; le dessus du corps est plombé noirâtre ; le dessous plombé ; le milieu de l’abdomen et les cuisses sont d’un brun marron ; la queue esl noire et barrée de gris blanchâtre; sa taille est de treize pouces. Cette Espèce habite l’Amérique méridionale ; les individus vivent seuls ou par paires à la lisière des bois ; ils volent avec rapi- dité entre les arbres épars, souvent au ras de terre, cherchant à découvrir leur proie, qu’ils saisissent au vol, et vont dévorer à l’écart; puis ils reviennent se poser sur le point culminant d’un palmier, où ils restent des heures entières , inspectant tous les environs; ils paraissent peu craindre l’approche de l’Homme : M. Alcide d’Orbigny les a vus dans les campagnes voler souvent en avant du voyageur, qui traverse les hautes herbes , afin de saisir les Oiseaux que sa marche en fait sortir. Lorsque les habitants de l’Amérique mettent le feu à leurs vastes savanes, pour renouveler les pâturages, les petits Mammifères, les Reptiles et les Insectes, surpris par l’incendie, sortent précipitamment de leurs retraites; mais ils n’échappent au feu que pour tomber sous la griffe des Oiseaux de rapine qui, planant au-dessus de ce théâtre de destruction, et devançant à tire-d’ailes la marche accélérée des flammes, profitent à F envi de la curée que leur offre l’industrie humaine. Autour du brasier tournoient les Buses, guettant leur proie, que le Faucon vient furtivement leur enlever, au moment où elles croient s’en emparer. ^ Les Gobe-mouches à longue queue se coalisent contre cette Espèce, et cherchent à l'épou- vanter par leurs cris; mais le Faucon, tout en se dérobant à leur poursuite, se retourne 3 18 RAPACES DIURNES. brusquement, et saisit un des assaillants qu’il va dépecer à l’écart, dans un lieu où il puisse se cacher des autres Oiseaux de proie. Le Faucon à culotte rousse niche, vers la fin d’octobre, sur des arbres isolés ; son nid, construit de branchages croisés, renferme quatre ou cinq œufs presque ronds, tachetés de rouge brun sur un fond sanguinolent. Le Faucon de la Caroline ( Falco sparverius , de Gmelin), décrit par Buffon, sous le nom ■) La Buse commune (Buteo commuais, de Cuvier ; Falco buteo, de Linné ; vulgairement, la Buse, le Bruycr ) est une Espèce très-répandue dans tout l’ancien continent ; elle est séden- taire en France. Le dessus du corps est d’un brun foncé, plus clair sur les bordures des plumes; le dessous est brun roussatre, zoné de blan- châtre et de brun, La taille est de deux pieds, et l'envergure d’environ quatre pieds et demi. La Buse demeure pendant toute l’année dans nos forêts. Son corps est massif, sa tête grosse, et son vol pesant; elle passe souvent plusieurs heures, perchée sur la même branche, dans une attitude de paresse stupide, qui a fait de son nom un terme de comparaison, peu flatteur pour les personnes auxquelles on l’applique. Quoi qu’il en soit, la Buse détruit une grande quantité de gibier; elle ne saisit pas sa proie au vol, elle tombe sur elle du haut d’un arbre ou d’une butte; elle attaque surtout les Levrauts, les Lapins, les Perdrix, les Cailles, et dévaste les nids de la plupart des Oiseaux ; lorsque le gibier lui manque, elle se nourrit de Lézards, de Serpents, de Grenouilles et de Sauterelles. Ces Oiseaux s’apprivoisent facilement. « J’en ai vu une, dit M. Degland, qui vivait en très-bonne intelligence avec un chien de chasse, et par- tageait même sa nourriture avec lui. Lorsqu’on la chagrinait, elle sautait quelques pas en arrière, et prenait une position grotesque, hérissait ses plumes, ouvrait son bec et tenait sa langue avancée ; elle poussait en même temps un cri aigre , fort désagréable. » Buse commune ( liittrn cotntmtnis). On trouve dans Buffon un exemple remarquable de l’éducabilité de la Buse, lin curé, en 1778, reçut un individu de cette Espèce, qu’on avait pris au piège, et qu’il entreprit d’appri- voiser: il en vint à bout, en prenant pour auxiliaires la faim et la réclusion ; bientôt l’animal, qui s’était d’abord montré farouche et cruel , nourri de la main de son maître , qui adoucissait graduellement sa captivité, s’attacha à celui dont il tenait son bien-être; mais l’instinct de liberté fut toujours dominant chez lui, et le premier usage qu’il en fit faillit lui être funeste. Il 1 HA PAGES 1)1 U H NES. 20 avait pris sou essor jusque dans la forêt de Belesme; mais comme son maître lui avait attaché un grelot au-dessus de la serre, cette distinction, signe de servitude, le rendit suspect à ses pareils, et, quatre heures après son évasion, le curé le vit s’élancer dans sa salle par la fenêtre ouverte, pour éviter le bec et les serres de cinq Buses qui le poursuivaient avec fureur. Cette première aventure acheva d’attacher la Buse à son maître ; elle ne se plaisait plus que dans sa compagnie, assistait à ses repas, se tenait sur un coin de la table, le caressait avec sa tête et son bec, et faisait entendre un petit cri aigu, qu’elle savait adoucir pour lui donner une expression amicale. Un jour qu’il était sorti à cheval , elle le suivit à plus de deux lieues de la maison en planant au-dessus de sa tête ; mais elle n’affectionnait que lui au monde ; elle avait en antipathie les Chiens et les Chats, et quatre de ces derniers, excités par leur maître à lui disputer sa nourriture, avaient si cruellement senti la force de ses griffes et de ses mandibules, qu’ils se refusaient à la combattre, bien qu’étant quatre contre un. Elle ne pouvait souffrir que les paysans eussent un bonnet rouge sur la tête ; elle les leur enlevait en volant, avec une merveilleuse adresse; elle convoitait non moins avidement les perruques, qu’elle allait porter, ainsi que les bonnets, au sommet d’un* arbre qui était le lieu de recel de tous ses larcins: ce magasin d’un nouveau genre ne tarda pas à être abondamment approvisionné de perruques et de bonnets rouges. Elle ne souffrait, dans le canton, aucun autre Oiseau de proie; toutefois, sa rapacité despotique ne s’étendait pas jusqu’à la basse cour de son maître ; les Poulets et les Canards, d’abord plus que respectueux envers elle, avaient fini par se familiariser, et n’éprouvaient de sa part aucune insulte ; mais elle n’était pas aussi scrupuleuse dans la basse-cour des voisins ; aussi fut-elle souvent exposée à de sanglantes représailles, bien que le curé eût annoncé qu’il payerait tous les dommages causés par sa Buse : elle reçut plus de quinze coups de fusil sans être blessée. Un jour, enfin, elle osa atta- quer un Renard; le garde forestier, qui la vit sur le dos du Mammifère, tua l’un, et cassa l’aile de l’autre; l’Oiseau blessé eut encore la force de se sauver, mais il ne reparut au presbytère qu’après sept jours d’absence. Son maître l'appelait tous les soirs par un coup de sifflet ; ce fut le septième jour seulement qu’au sifflet répondit, dans le lointain, un faible cri qu’on crut reconnaître ; un second coup de sifflet fut suivi du même cri ; on accourut, et l’on trouva la Buse qui s’était traînée à pied, avec son aile cassée, et avait fait plus d’une demi-lieue pour regagner son asile, dont elle n’était plus éloignée que d’une centaine de pas. Quoique épuisée de fatigue, elle fit à son maître mille caresses. Il fallut six semaines pour la guérir, après quoi elle recommença ses allures ; au bout d’un an, elle disparut, et ne revint plus ; mais le curé pensa qu’elle avait été tuée. On cite nombre d’exemples de la passion des Buses pour l’incubation et pour l’éducation des jeunes Oiseaux. Il y a quelques années , une femelle que l’on tenait dans le jardin d’une auberge, en Angleterre, recueillait avec un soin particulier tous les brins de paille et les mor- ceaux de bois qu’elle pouvait trouver. Son maître, remarquant ces dispositions, chercha à les seconder et fournit à la Buse tous les matériaux nécessaires pour faire un nid; dès qu’il fut construit, on y plaça deux œufs de Poule, que la Buse couva, et lorsque les petits furent éclos, elle les éleva comme si elle eût été leur mère. Quand ces Oiseaux éprouvent le désir de couver, on les voit gratter la terre, mordre et déchirer tout ce qui leur tombe sous le bec. Une fois , afin d’épargner à une Buse femelle la peine de couver, on lui remit quelques Pous- sins qui venaient de naître; mais elle FAMILLE DES FALCONIDÉS. 21 les tua. Au mois de juin 1831, cette Buse nourrissait neuf petits, couvés par elle; le dixième était mort. Quand on lui donnait de la viande, elle la partageait entre tous ses enfants adoptifs, et témoignait de la mauvaise humeur si, après avoir reçu leur portion de viande, les Poussins ramassaient des substances végétales. De semblables faits se reproduisent souvent. La Buse construit son nid dans les bois de haute futaie, sur les Chênes, les Hêtres, les Bou- leaux; elle y dépose trois ou quatre œufs d’un blanc grisâtre ou verdâtre, pointillé de brun et tacheté de roux ; leur grand axe est de vingt-quatre lignes , et le petit de dix-huit lignes. La Buse jackal ( Buteo Jackal, de Vieillot) , décrite par Levaillant sous le nom de Rou- noir, habite le Cap de Bonne-Espérance ; la tête et le cou sont noirs ; la cire est bordée de jaune ; la poitrine et le ventre sont d’un roux vif, souvent mélangé de blanc ; les cuisses, le bas-ventre et les tectrices de dessous sont noirs , rayés de blanc ; la queue est très-courte , rousse, rayée de brun; les tarses et les doigts d’un jaune terne; les ongles noirâtres. La taille est celle de la Buse commune. Levaillant a observé cet Oiseau sédentaire dans toutes les parties de l’Afrique qu’il a par- courues, surtout près des lieux habités par l’Homme, où il détruit les Souris, les Taupes et les autres petits Quadrupèdes nuisibles à l’agriculture; aussi est-il protégé par les colons du Cap, auprès desquels il vit familièrement. On voit cette Buse, pendant le jour, se tenir sur des mottes de terre, dans les champs cultivés, pour guetter sa proie. Le mâle et la femelle ne se quittent que très-rarement. Quand la nuit approche, ils viennent près des maisons tournoyer dans les airs, et c’est surtout alors qu’ils jettent ces cris rauques et aigus qui leur ont fait donner par les habitants le nom d’Oiseau Jackal , parce qu’ils ressemblent aux hurlements du Jackal ou Renard du Cap ( Cnnis mesomelas). Lorsqu’ils ont tournoyé pendant quelques minutes, ils se perchent sur les haies, près des parcs à bestiaux. Leur nid est construit au milieu des buissons avec des bûchettes, de la mousse, etc. ; il est garni en dedans de laine et de plumes , et contient deux à quatre œufs. La Buse Buseray ( Buteo busarellus, de Lesson; Falco busarellus , de Daudin) , est une Espèce qui habite Cayenne. Son plumage est jaune, tlammé de brun sur la poitrine, rouge ocreux sur le ventre et les flancs; les cuisses sont rouges, rayées de brun, les épaules rouges, les rémiges noires; la queue est, dans sa moitié supérieure, couleur de rouille rayée de noir, et , dans son autre moitié , noire , terminée de gris. La Buse tacharde [Falco tachardus, de Daudin), nommée Tachard par Levaillant, qui ne l’a observée qu’une fois en Afrique, près de la rivière des Lions, dans le pays des.Garaffas, est une Espèce de la taille de la Buse commune, mais plus élancée : le plumage de la tête est gris brun , varié de blanc ; celui de la gorge et de la poitrine est blanchâtre , à taches brunes; les tectrices des ailes sont d’un brun foncé; le dessous du corps est d’un blanc roussâtre, maculé de brun; la queue est d’un brun foncé, à larges bandes noirâtres en dessus, d’un gris blanc ondé en dessous. .La Buse tachiro ( Falco tac hiv o , de Daudin) , est une Espèce observée par Levaillant, dans les hautes forêts de l’Afrique méridionale; elle est un peu moins grande que l’Autour; ses tarses sont plus courts et ses ailes plus allongées; dans le repos, elles s’étendent au delà de la moitié de la queue, qui est elle-même presque aussi longue que le corps. Sa tête et son col sont variés de blanc et de roux, maculé de noir; la gorge est blanche, mêlée de rous- sâtre; le manteau est d’un brun sombre, ainsi que les tectrices; les rémiges sont terminées de blanc; la queue est blanche en dessous, brune en dessus, avec des bandes transversales noires. Le Tachiro est le fléau des petits Oiseaux , dont il couvre les chants harmonieux par son cri cri perçant et discord. Il bâtit son nid dans l’enfourchure des grands arbres, avec de petites branches flexibles, garnies de mousse et déplumés. Il pond trois œufs blancs, tachetés de roussâtre : quand les petits sont éclos, les parents leur apportent des Sauterelles et des Mantes. Levaillant ayant découvert un nid de ces animaux , et comptant s’emparer plus tard des petits, devenus grands, leur apportait tous les jours de la viande, mais c’étaient les parents 2uç, signifiant pied de lièvre , a les mœurs de la Buse commune; elle niche sur les grands arbres , comme cette dernière; mais elle préfère aux forêts les lieux découverts. Elle pond quatre ou cinq œufs, d’un blanc roussàtre, irrégulière- ment tachés de brun et de roux, et dont le grand axe est de vingt-quatre lignes, et le petit de vingt lignes. Elle est de passage en France. Genre BONDRÉE, P émis , de Cuvier (le mot Ttspv/iç est employé par Aristote pour dési- gner un Oiseau de proie). Les Bondrées font partie des Genres à ailes obtuses, lon- gues , à bec courbé, dès la base et non denté ; elles s’en distinguent par les tarses moyens, réticulés dans le bas, emplumés supérieure- ment, et surtout par les A Item BUSE PATTUE. Bondrée apivore. Bondrée apivore. 30 lî A PAC ES DIURNES. [liâmes bien serrées et coupées en écailles, qui garnissent l’intervalle entre l’œil et le bec; le bec est comprimé, et faible comme celui des Milans; les narines oblongues, percées oblique- ment sur le bord de la cire, qui est nue. La Bon niiÉE a pi voue (P émis apivorus , de Cuvier; Falco apivorus , de Linné, vulgaire- ment la Bondrée) , est l’Espèce type du Genre; elle habite les régions orientales de l’Europe; le plumage entier est roux , flammé de brun au centre de chaque plume ; la tête et l’occiput sont variés de brun et de blanc ; la gorge et la poitrine variées de blanc , de roux et de brun ; la queue est blanchâtre, rayée de brun indécis; le bec est noir, la cire jaune, les tarses sont gris jaunâtre. La taille est de vingt-deux pouces, et l’envergure est de quatre pieds au moins. La Bondrée ne plane pas; elle perche sur les branches, et attend patiemment qu’une proie vienne passer au-dessous d’elle; alors elle se précipite, et, si elle manque son coup, elle revient à son poste, pour recommencer la même manœuvre. Elle vit de petits Reptiles et sur- tout de larves d’insectes; c’est surtout aux Abeilles et aux Guêpes qu’elle fait la guerre; elle en nourrit ses petits, dont le nid se compose de bûchettes, tapissées de laine à l’intérieur. Quelquefois la Bondrée se dispense d’en construire , et l’on en a vu s’établir dans un vieux nid de Milan. Les œufs , au nombre de deux, sont à fond jaunâtre , tacheté de rougeâtre; leur grand axe est de vingt-deux lignes, le petit de dix-neuf lignes. Le mâle nourrit la femelle pen- dant l’incubation. La Bondrée, en captivité , devient frugivore; à l’état sauvage, elle mange du froment. La Bondrée huppée ( Pernis cristata , de Cuvier; Falco ptilorhynchus , de Temminck ; Buteo cristatus , de Vieillot), habite l’Archipel malais et les Indes, où les naturels la nomment Péroun-talépa-randou. Son plumage est d’un brun roux, avec des flammèches plus brunes; trois ou quatre plumes roides, brunes, sont implantées dans l’occiput, et forment une huppe dans le mâle adulte seulement. La tête et le cou sont gris cendré; la queue est blanchâtre, rayée d’une ou deux larges bandes noires , et terminée par un liséré blanc. Genre BUSARD, Circus , de Bechstein (xîpxo;, Oiseau de proie , Buse volant en rond) . Les Busards sont, comme les Bon- drées et les Buses , des Falconiens à ailes obtuses et longues, à bec courbé dès la base, non denté; mais ils en diffèrent par leurs tarses , très-longs. Ces tarses sont écussonnés en avant , et réticulés en arrière. Le rebord de la mandibule supérieure est légère- ment renflé; la cire est grande et porte des poils ronds qui recouvrent en partie les narines. Les plumes ser- rées et roides qui couvrent les oreilles forment , par leurs extrémités , une espèce de collerette de chaque coté du cou. Le Busard sou buse ( Circus gallinarius, de S a vigny ; Falco cyaneus et Falco p y gary us , de Linné, vulgairement Oiseau Saint-Martin, Soubuse) , habite toutes les contrées de l’Europe. Son plumage est gris cendré à la tête, au dos et à la poitrine; la croupe est blanche; les ailes atteignent le tiers postérieur de la queue; les grandes rémiges sont blanches dans leur moitié, supérieure, et noires dans l’autre; le bec est noirâtre; la cire et les paupières sont ver- dâtres; les tarses jaunes. La taille est de seize pouces et demi. Cette Espèce, dont la livrée varie beaucoup suivant l’âge, a reçu une foule de noms. La Soubuse niche à terre, dans les bois marécageux; elle chasse le soir, vole en rasant le sol, et fait sa proie îles Grenouilles, des Lézards , des Bats, des Perdreaux et des jeunes Oiseaux aquatiques. Elle entre aussi dans les basses-cours et les colombiers, et sa visite est FAMILLE DES FALCONIDÉS. .‘il désastreuse pour les jeunes Pigeons et les Poulets qui s’y trouvent. L’Oiseau Saint-Martin ne se pose presque jamais sur les arbres. Il pond quatre ou cinq œufs d’un blanc bleuâtre, dont le grand axe est de vingt-une lignes, et le petit axe de quinze lignes. Un individu de cette Espèce a fourni un exemple remarquable de l’inaltérabilité de la plume des Oiseaux : M. Geoffroy-Saint-Hilaire a rapporté d’Égypte un squelette de Soubuse dont le plumage, conservé depuis plus de quatre mille ans dans les catacombes de Thèbes, est d’une parfaite intégrité. Le Busard Montagu ( Circus Monta gui , de Vieillot; Falco cineraceus , de Montagu) , habite l’Europe tempérée; il arrive en France au milieu du printemps, et en repart à la fin de l'été. Le haut du corps est ardoisé , les ailes cendrées, variées de noir; l’abdomen et la queue gris blanc , le ventre et les cuisses flammés de roux ; les rémiges sont brunes , et atteignent le bout de la queue; celle-ci est barrée de roux; le bec est brun, l’iris et les pieds jaunes. La taille est de seize pouces environ; le corps plus grêle que celui de la Soubuse. Le Busard Montagu fait son nid , et pond, dès son arrivée en France. Le nid est établi dans les endroits marécageux ou les grandes bruyères; les œufs sont grisâtres, quelquefois d’un blanc pur, sans taches. Les mœurs de cet Oiseau sont analogues à celles de l’Espèce précédente. 11 est très-vorace, et l’on en a vu plusieurs, renfermés dans la même volière, s’entre-dévorer les uns les autres. Le Busard harpayf. ( Circus rufus , de Brisson; Falco æruginosus , de Linné, vulgaire- ment Busard des marais. Busard ordinaire, Écouvetté) , habite l’Europe et le Nord de l’Afrique; sa collerette est peu apparente; le dessus du corps est brun, varié de roux; le des- sous est roussâtre, tacheté de brun; la tête et le cou sont roussâtres; la nuque offre une tache blanchâtre; la queue est d’un gris bleuâtre en dessus, roussâtre en dessous; le bec est noi- râtre; la cire jaune verdâtre, l’iris roux, et les tarses jaunes. La taille est de vingt pouces environ . La Harpaye fréquente surtout les marais et les prairies qui bordent les rivières; elle y donne la chasse aux petits Mammifères, aux Beptiles, aux Oiseaux de rivage, et dévore leurs œufs. Elle cache son nid à terre , dans les roseaux ou sous les buissons ; elle y pond trois ou quatre œufs blancs bleuâtres, dont le grand axe est de vingt-deux lignes, et le petit de quatorze lignes. Le Busard grenouillard (Circus ranivorus , de Vieillot; Falco ranivorus , deDaudin, nommé par Levaillant Grenouillard ) , habite l’Afrique méridionale. Cet Oiseau a les dimen- sions et les habitudes du Busard, mais son bec est plus allongé et moins épais à la base; le dessus du corps est d’un brun lavé dans sa partie visible; le dessous est d’un brun clair, légèrement varié de blanc sur la poitrine et le bas-ventre ; les ailes sont brunes , et portent en dessous des bandes transversales de blanc et de brun clair. Il plane avec grâce au-dessus des marais, et se perche sur les arbres et les buissons qui les avoisinent : de là il fond impétueu- sement sur les Grenouilles et les Poissons, ou même sur les jeunes Oiseaux aquatiques. S’il sort des roseaux un moment après qu’il s’y est abattu , c’est qu’il a manqué sa proie; sinon il ne reparaît qu’après l’avoir dévorée. Le Busard cendré ( Circus cinereus , de Vieillot; Falco histrionicus , de Quoy et Gai- mard ; Busard bariolé, de Lesson) , habite le Sud de l’Amérique méridionale. Le dessus du corps est gris cendré, mêlé de brun; la nuque et le collier sont blancs; le dessous du corps est blanc, marqué de stries transversales rousses; les rectrices latérales sont blanches à la base; le bec est bleuâtre, les tarses sont jaunes. Le Busard cendré est une Espèce essentiellement voyageuse, qui parcourt les rivages des lacs et des mers, en volant près de .terre, pour y chercher sa nourriture, qui consiste en Gallinacés, en petits Mammifères, en Beptiles, en Mollusques, et même en Insectes. Son vol est lent, mais léger et infatigable; ses ailes semblent à peine se mouvoir; elle ne se repose que pour déchirer sa proie. La direction oblique de ses ailes, dont l’une touche presque la 32 HA PAC ES 1)1 U UNES. terre, tandis que l’autre est relevée, lui donne l’apparence d’un Oiseau toujours prêt à se poser. Quand elle veut se dérober à la vue, elle s’élève au plus haut des airs, puis redescend avec facilité, et continue à planer avec grâce. Elle ne se perche jamais, ni pour épier sa proie, ni pour digérer, ni pour dormir. Elle passe la nuit à terre, près d’un ruisseau: c’est un Oiseau très-difficilement accessible, excepté pendant son repas; alors, seulement, on peut le tuer. M. Aie. d'Orbignv pense qu’il niche à terre. Genre HERPÉTOTHÈRE. Herpetothercs, de Vieillot. (IpTteToç, Reptile, 6v)paw, chasser, c’est-à-dire, chasseur de Reptiles.) Ce Genre a, comme les précédents, le bec courbé dès la base, et non denté; les ailes obtuses, mais de moyenne longueur, ainsi que les tarses, qui sont réticulés ; le bec est très-élevé et comprimé ; la mandibule supérieure est subitement crochue; les narines sont larges, ouvertes, arrondies, situées près de l’arête. L’herpétothère rieur ( Herpetothercs cachinnans, de Vieillot; Falco cachinnans , de Linné, décrit par Azara sous le nom de Macagua ) est une Espèce de l’Amérique méridionale ; le plumage est varié de blanc et de brun ; le sommet de la tête est blanc , et entouré d'un anneau noir; le bec est noir, à base jaune; les paupières blanches, l’iris roux, les tarses jaunes, ainsi que la cire. La taille est de dix-huit pouces environ. Le Macagua habite le Paraguay, la Guyane, la Bolivie; on le rencontre à la lisière des bois bordant les terrains unis, les marais, les bras de rivière, les savanes noyées ; jamais en plaine, ni au sein des forêts. Cet Oiseau est sédentaire; il vit isolé, perché sur la cime d’un arbre desséché ; son corps immobile , sa tête enfoncée dans ses épaules , lui donnent la phy- sionomie d’un Rapace nocturne; son jabot nu et saillant rappelle celui des Vautours. Il est peu craintif, et quand il voit l’homme s’approcher, il articule nettement, d’une voix sonore et d’un ton ricaneur, trois syllabes formant le mot Macagua, qui lui a valu son nom vulgaire. Son vol est lourd et toujours très-bref : à peine parti , il va se reposer sur l’arbre le plus voisin. Il chasse aux Reptiles, qu’il tue à coups d’aile; il se nourrit aussi d’insectes et de Poissons morts. Il construit un nid de grande dimension, au sommet des plus hauts arbres, et y dépose quatre ou cinq œufs ; c’est alors que le couple est plus ricaneur que jamais ; et nous n’avons pas besoin de dire que la signification de ce cri n’a aucun rapport avec celle du rire de l’homme , car c’est surtout à l’approche des importuns ou d’un ennemi que l’Oiseau le fait entendre. Genre AUTOUR (Astur, de Béchstein). Ce Genre est caractérisé par les ailes obtuses et de longueur moyenne; le bec courbé dès la base, et non denté, mais très-crochu et com- primé ; les tarses moyens écussonnés ; les ongles sont très-crochus et très-acérés ; les narines sont presque ovales, en partie recouvertes par quelques poils couchés d’arrière en avant. L’Autour ordinaire (Astur palumbarius , de Temminck; Falco palumbarius, de Linné) est la seule Espèce que l’on trouve en Europe ; les tarses sont robustes, et leur tiers supérieur est emplumé. Le plumage est brun en dessus ; les sourcils sont de couleur blanchâtre ; le dessous est blanc, rayé de brun en travers chez l’animal adulte, et à mouchetures longitu- dinales dans le jeune âge ; la queue porte cinq bandes plus brunes. La taille est de dix-huit à dix-neuf pouces. L’Autour est commun en France; il habite les montagnes basses et boisées, et niche sur les arbres les plus élevés. Il est aussi grand, mais moins courageux que le Gerfaut; il fond toujours obliquement sur sa proie ; quelquefois il la poursuit à tire-d’aile; mais, en général, il la guette, perché sur un arbre, et s’élance rapidement sur elle, par le saut en même temps que par le vol : il se nourrit ordinairement de Pigeons , d’Écureuils , de Levrauts et de Souris. Quoique très-rusé chasseur, il se laisse prendre facilement : l’oiseleur place, entre quatre filets, de neuf à dix pieds de hauteur, un Pigeon blanc sur lequel l’Autour se précipite ; mais, ce qu’il y a de remarquable, c’est qu’il ne cherche à se débarrasser qu’après avoir dévoré sa proie. Les fauconniers sont parvenus à tirer parti de sa voracité en le dressant pour la chasse, ainsi que l’Épervier : ce qui constituait autrefois l’art de Y avtourserie , oii l’on employait à FAMILLE DES FALCONIDÉS. :s.A peu près les mêmes moyens que pour la fauconnerie ; mais on nommait les Autours Oiseaux de poing, parce que, sans être leurrés, ils reviennent sur le poing; on les portait ordinai- rement à la chasse sans chaperon. Ils sont plus prompts à partir du poing que les Faucons ; on ne les jetait point à mont ; ils ne volaient que de poing en fort , et faisaient leur prise d’un seul coup d’aile. Ce genre de chasse fatigue moins l’Oiseau, et lui permet de prendre une plus grande quantité de gibier : aussi la chasse à l’Autour était-elle plus fructueuse, mais moins noble et moins variée que le vol du Faucon. Autour ordinaire [lstnr Pql.innharius). Belon dit que les autoursiers préféraient l’Autour de la (irèce à celui des Alpes ; ils l’em- ployaient à la bosse Poterie, qui comprend, outre les Perdrix, Oies et Canards sauvages, le Lièvre et le Lapin ; ils l’élevaient, en le nourrissant à la main , avec de la chair de volaille, et en lui apprenant à venir sur le poing, au moyen d’un leurre formé d’une paire d’ailes, et appelé tiroir, fis l’exposaient tous les matins au soleil, et ne le faisaient chasser qu’aux heures où la chaleur est modérée. Pour la chasse aux Canards ou aux Lapins, ils l’v dressaient avec des Canards ou des Lapins domestiques , puis le conduisaient dans des garennes et sur le bord des étangs ; mais ils se gardaient bien de lui faire connaître les Pigeons et les Poules, car, cette chasse étant la plus aisée, il aurait bientôt dévasté les basses-cours et les colombiers. L’Autour établit son nid sur les vieux Hêtres et les vieux Chênes; il y dépose quatre œufs, d’un gris bleuâtre, dont le grand axe est de vingt-quatre lignes et le petit de vingt lignes. L’Autour de Pensylvanie ( Astur Perisylvanicus , de Ch. Bonaparte; Falco Pensyl- vanicus, de Wilson) est une Espèce de l’Amérique septentrionale. Sa taille est petite; il est, en dessus , d’un brun fauve qui prend , avec l’âge , une couleur plombée ; les pennes sont rayées de brun en travers; le centre de chaque plume est brun, bordé de fauve; la tête est coiffée d’une espèce de calotte noire; le dessous du corps est blanchâtre, avec des taches brunes; les rectrices portent de larges raies noires ; le bec et la cire sont jaunes. Cet Autour habite les États-Unis; il vit de Serpents, de Grenouilles, de Poulets, et, en 34 R VP ACE S DIURNES.' hiver, d’insectes. Audubon rapporte qu’un de ses amis, voyant un individu de cette Espèce sur son nid, grimpa à l’arbre, et enleva le nid avec l’Oiseau sans que celui-ci se défendît, ni lui, ni ses œufs, sans même qu'il cherchât à fuir. « Je l’enveloppai dans un mouchoir, dit Audubon , et l’emportai chez moi pour le dessiner, car j’avais reconnu en lui, avec un plaisir indicible, une Espèce nouvelle. Je le plaçai sur un bâton attaché à ma table; l’Oiseau resta droit sur sa perche, mais il rentra son cou, et hérissa ses plumes. Je lui passai la main sur le corps [tour les lisser; il se laissa faire, et resta en position pendant que je faisais son esquisse. Son œil, constamment dirigé vers le mien, expri- mait un sentiment de mélancolie qui me mit mal à l’aise, et dès que j’eus pris la mesure de son bec, je lui rendis la liberté. » E’Autouiî de Stanley (Astur Stanleyi; nommé aussi par Audubon le Faucon de Stan- ley) est une autre Espèce américaine; les ailes sont brunes en dessus, grisâtres et. rayées de noir en dessous; le dessous du corps est jaunâtre, avec des tâches lancéolées brunes ; la queue est brunâtre, avec des barres plus foncées; les plumes de la tête sont fauves à leur bord et noirâtres sur leur milieu ; la mandibule supérieure est noirâtre, ainsi que les ongles ; la cire verdâtre ; l’iris et les tarses jaunes. Cet Oiseau habite les États-Unis. Son vol est peu élevé, mais rapide, égal et prolongé ; il glisse silencieusement en rasant la cîme des forêts, et se détourne rarement de la droite ligne, si ce n’est pour saisir sa proie, et la mettre en sûreté ; de temps en temps, mais rarement et lorsqu’on a tiré sur lui, il s’élève en spirale et décrit cinq ou six tours, puis replonge vers la terre, et reprend son voyage. (i Un jour, dit Audubon, que j’étais en observation près de la Louisiane, à la tin de l’au- tomne, j’entendis un coq chanter dans le voisinage d’une ferme ; le moment d’après, le Fau- con de Stanley passa au-dessus de ma tête, et si près, que je l’aurais tiré à bout portant, si j’avais été sur mes gardes; presque aussitôt j’entendis le gloussement- des Poules et le cri de guerre du Coq. Je vis alors l’Oiseau de proie s’élever sans effort à quelques toises en l’air, puis retomber verticalement comme un plomb. Je m’avançai, et je le trouvai qui avait saisi le corps du Coq; le Gallinacé résistait vaillamment, et tous deux se culbutaient, sans que le Rapace fît attention à moi. Curieux de voir l’issue de l’affaire, je restai immobile; et bientôt je m’aperçus «pie le brave Coq était blessé à mort. Je me précipitai vers le meurtrier; mais celui-ci avait fixé sur moi son regard de Faucon , et, se dégageant, il s’éleva tranquillement dans les airs. Je lâchai aussitôt la détente, et il tomba près de sa victime, qui était déjà morte : les griffes avaient déchiré la poitrine et percé le cœur. (( Quelques années après, je vis un individu femelle de cette Espèce, arnaquer une couvée de petits Poulets sous les yeux de leur mère; il venait d’en saisir un, et allait l’enlever, quand la Poule intrépide se précipita sur lui avec furie, et le renversa ; le pirate fut tellement étourdi de cette irruption, que j’eus le temps de m’en emparer. « Cet Autour fait sa proie principale des Gallinacés; il est aussi très-friand de Lièvres; il suit les bandes de Colombes émigrantes, et porte le désordre dans leurs phalanges. Il voyage avec une merveilleuse rapidité. J’ai été témoin de ses amours à la Louisiane, où il ne niche jamais, et j’ai trouvé, deux mois après, son nid avec des œufs , dans le Connecticut. » Genre ÉPERYIER. Accipiter, de Pallas ( Accipere , prendre). Ce Genre ne diffère de celui des Autours, que par les tarses beaucoup plus longs et plus grêles. L’Épervier ordinaire [Accipiter Nisus , de Charles Bonaparte) est répandu dans toute l’Europe ; il est sédentaire dans plusieurs provinces de France. Son plumage est gris en dessus, blanchâtre, strié de brun en dessous ; la queue est blanchâtre, peu rayée de brun pâle en dessous ; le bec est plombé ; la cire jaune verdâtre ; la cire et les pieds jaune citron. La taille est d’un pied environ. Dans le jeune âge, les taches brunes du dessous ont la forme de flèches ou de larmes longitudinales, et les plumes du manteau sont aussi bordées de roux. L’Epervier se laisse assez facilement apprivoiser : les autoursiers In dressaient pour le vol de la Caille et du Perdreau. Quand la saison froide approche, et que les Oiseaux insectivores FAMILLE DES FALCONIDÉS. 35 émigrent pour aller chercher pâture dans des régions plus chaudes, il y a des Éperviers qui les suivent; mais il en reste toujours un grand nombre dans nos contrées, et ceux-là font une o-uerre d’extermination aux petits Oiseaux granivores qui se réunissent en troupes pendant l’hiver. Le nom spécifique de Nisus, donné à l’Épervier par Linné, fait allusion à l’histoire fabu- leuse du cheveu pourpre de ce roi de M'égare, assiégé dans sa capitale par Minos, qui vou- lait venger la mort de son fils ; la ville était imprenable, tant que le cheveu resterait sur la tête royale : cela était écrit au livre du Destin. Mais il était écrit sur le verso du feuillet, que la belle Scylla, fille du roi , s’enflammerait pour le prince assiégeant , couperait le cheveu fatal pendant le som- meil de son père , et l’irait présenter à Minos, lequel repousserait avec horreur elle et son présent, et n’en prendrait pas moins la ville. Ce fut alors que Nisus, privé de son cheveu, fut changé en Épervier, et se mit à poursuivre sa fille, métamorphosée en Alouette. — L’Épervier niche sur les grands arbres de nos forêts, et surtout sur les Sapins : il pond trois à six œufs courts, d’un blanc sale, bleuâtre ou jaunâtre, ordinairement tacheté de roux; leur grand axe est de quatorze à quinze lignes, leur petit axe est à peu près semblable. L’Épervier Gabar ( Accipiter Gabar, de Ch. Bonaparte; Falco Gabar, de Daudin) est une Espèce d’Afrique, habitant le Sénégal et le Sud de l’Afrique. Elle est de la taille de l’Éper- vier ; son plumage est cendré en dessus , blanc rayé de brun en dessous ; la queue est arrondie, blanche, rayée de cinq bandes d’un noir profond en dessous; l’iris est d’un jaune vif; le bec et les ongles noirs ; la cire rouge, ainsi que les tarses et les doigts. Levaillant n’a rencontré cette Espèce que dans l’intérieur des terres, et une fois seulement il a trouvé, sur un Mimosa, un nid de Gabar construit avec des racines et des petits brins de bois, garni de plumes, et contenant trois jeunes Oiseaux et un œuf non éclos. L’Épervier minulle (Accipiter minullus , de Ch. Bonaparte; Falco minullus, de Daudin) est un très-petit Épervier d’Afrique, inférieur encore à notre Émerillon, et dont le mâle est à peine gros comme un Merle ; il est brun en dessus ; la gorge et la poitrine sont blanches et semées de taches brunes, qui grossissent vers le bas en forme de larmes ; il vit de petits Oiseaux et d’insectes. Malgré sa petite taille, il est hardi, intrépide. Il chasse de son voisinage les Pies- Grièches, dont il ne peut souffrir la concurrence; il attaque souvent les Milans, les Buses, et la rapidité de ses mouvements le protège contre les atteintes de ces Bapaces plus gros et plus forts que lui. Il niche sur les Mimosa, et pond cinq œufs, qu’il est souvent obligé de défendre contre les Corbeaux, très- friands de cette pâture, et qu’il poursuit avec ardeur, en faisant entendre un cri , cri , cri, pri, pri, pri, fort aigu. Le mâle et la femelle vivent presque tou- jours ensemble, font la chasse en commun, et construisent sur les Arbres, avec des branches entrelacées, un nid garni en dehors de feuilles sèches et de mousse, et en dedans, de laine et de plumes. Genre MELIÉBAX. Meliéràx , de Gray (piXoç, musique; tspaç, Épervier, c’est-à-dire, Epervier musicien) . Ce Genre a pour caractères : les ailes obtuses, de moyenne longueur; le ÉPERVIER ORDINAIRE [Accipiter NiSVS). K A PAC ES DILRNES. 3(5 bec non denté, courbé dès la base, mais un peu plus allongé et moins arqué que dans les Autours et les Éperviers ; les tarses très-allongés et écus- sonnés ; les narines arrondies , en partie cachées dans les poils de la cire. Le M e l i É r a x c 1 1 a ,\ t e u u ( Meliemx musicus , de Gray ; Falco musicus, de Daudin; vulgairement Epervier chanteur ) habite l’Afrique, où il a été observé par Levaillant : il est de la taille de l’Autour; son plumage est cendré en dessus, blanc rayé de brun en dessous, et brun varié de roux dans sa jeunesse. Il vit de Lièvres, de Taupes, de Rats, de Souris, de Cailles, de Perdrix, et niche sur des arbres. La femelle est, comme dans la plupart des Rapaces, beaucoup plus grosse que le mâle ; les deux époux ne se quittent jamais. Ils nichent sur les arbres et dans les buissons touffus; la femelle pond quatre œufs à coquille blanche en dehors et verte en dedans. A l’époque de l’incubation, le mâle devient musicien : placé près de sa femelle , il chante au lever et au coucher du soleil , et quelquefois durant les nuits entières ; chaque phrase dure une minute , et alors on peut s’approcher de lui; mais il faut se tenir immobile dans les intervalles de silence, car il entend le moindre mouvement, et prend aussitôt la fuite. Levaillant ayant tué le mâle, la femelle le chercha partout avec des cris lamentables, et vint s’offrir au fusil du chasseur. Dans une autre circonstance, la femelle fut tuée la première : le mâle n’en devint que plus défiant, et continua de chanter, mais sur le sommet des plus hauts arbres, hors de la portée de l’arme à feu. Genre CYMINDIS, Cymindis , de Cuvier (xupuvSiç, nom d’une Espèce indéterminée d’Oiseau de proie). Dans ce Genr$, où, comme dans les précédents, les ailes sont obtuses, le bec, au lieu d’être courbé dès la base, est en partie droit, mais encore court; il est dépourvu de dents ; la mandibule supérieure est très-crochue à son extré- mité ; les narines sont dis- posées en fentes obliques sur le rebord de la cire, qui est très-étroite; les. tarses sont très-courts, réticulés et à demi couverts de plumes en devant; les ailes, quoique lon- gues, n’atteignent pas à l’extrémité de la queue, qui est arrondie. Les mœurs des Cymindis sont analogues à celles des Ruses. Le Cymindis de Cayenne ( Cymindis C ay ennensis , de Lesson ; Falco G ay ennemis , de Gmelin, nommé par Buffon petit Autour de Cayenne ), habite l’Amérique tropicale; le plumage est bleu ardoisé à l’occiput, au cou, sur le manteau, sur les ailes et sur la queue, qui est traversée par trois bandes d’un gris clair et brune en dessous, rayée de blanc ; les tarses sont jaunes, les ongles et le bec noir. Le Cymindis bec-en-croc {Cymindis uncinatus, d’Illiger) habite le Brésil et la Guyane; le plumage est ardoisé, uniformément rayé de blanc sur le ventre ; la queue est blanche à sa base, en dessus et en dessous, et terminée de noir ; le bec est noir en dessus, à mandibule inférieure blanche ; les tarses sont jaunes, et les ongles noirs. Genre CIRCAÈTE, Circaetus , de Vieillot (Xipxoç Buse; as-riç, Aigle, c’est-à-dire, tenant le milieu entre les Buses et les Aigles). Les Circaètes ont les ailes obtuses, aussi longues que la queue; le bec en partie droit, non denté, mais encore court, convexe en dessus et comprimé; la mandibule supérieure à pointe très-crochue; les tarses moyens, allongés, nus depuis le talon, et réticulés ; les doigts courts, l’externe uni au médian par une membrane ; Cymindis bec en croc. FAMILLE DES FALCONIDES. Al CIRCAÈTE JEAN - LE- BLANC. Circaète Jean -le - Blanc. lu queue étagée et carrée ; les narines sont verticales, percées au bord de la cire, qui est velue. Le Ci rcaète Jean-le-Blanc ( Circaetus gallicus, de Vieillot; Falco gai liais, de Cnielin; vulgairement le Jean-le-Blanc) est une Espèce très-commune dans toute l’Europe. Sa taille est supérieure à celle du Balbuzard , auquel il ressemble par ses pieds réticulés ; ses ailes sont analogues à celles de l’Aigle commun , mais la courbure de son bec est plus rapide, et ses doigts sont courts à proportion. 11 est brun en dessus, blanc en dessous, avec des taches d’un brun pâle ; sa queue a trois bandes pâles ; le sourcil est noir au- dessus de chaque œil ; la cire du bec est jaune, ainsi que les pieds. Les allures de cet Oiseau sont plutôt celles d'une Buse que d’un Aigle. Il se nourrit surtout de Lézards, de Grenouilles et de Serpents, mais il fréquente aussi les lieux habités; on le voit voler bas, le long des haies et de la lisière des forêts , et enlever les Poules , les jeunes Dindons et les Canards : aussi est-il bien connu des villageois , qui lui ont donné le nom de Jean-le-Blanc. Buffon en a élevé un , qui n’était point farouche, et se laissait toucher sans s’irriter ; il maiTgeait devant son gardien, mais il 11e buvait jamais que lorsqu’il était seul , et après avoir longtemps regardé autour de lui. Buffon attribue cette précaution à la nécessité où est l’Oiseau d’enfoncer la tête dans l’eau jusqu’aux yeux, pour boire, ce qui l’expose à être surpris par un ennemi. Le Circaète couronné ( Circaetus coronatus , de Lesson ; Falco coronatus , de Tem- minck ; Aigle couronné , d’Azara) habite le Brésil et le Paraguay ; son plumage est d’un brun cendré, passant ordinairement au roux ; la queue est un peu échancrée, brune, traversée au milieu par une large bande blanche ou rousse ; les plumés de la tête sont lâches et retombent en huppe derrière l’occiput; le bec est bleu noirâtre ; l’iris, rouge brun; la cire jaune, ainsi que les tarses, qui sont robustes. La taille est de vingt-cinq pouces. Cet Oiseau habite le bord des rivières, où l’on entend fréquemment son cri, qui est un siflle- ment aigu et lamentable : le soir et le matin, il parcourt les campagnes en longeant les lisières et guettant les petits Mammifères au moment où ils, sortent de leurs terriers; il s’empare ainsi des Tatous, qu’il enlève et laisse ensuite retomber d’une grande hauteur pour briser leur cara- pace ; il est le seul Falconidé qui se repaisse de la Moufette, Mammifère carnassier, ainsi nommé à cause de son horrible puanteur ; il se pose en faction sur une branche d’arbre , et y attend des heures entières le moment oii la Moufette sera à sa portée ; alors il fond dessus, et l’enlève dans les airs comme les Tatous ; il se nourrit aussi d’Oiseaux et, en cas de disette, il ne dédaigne pas la charogne. Genre AIGLE-AUTOUR, Morphnus, de Cuvier (ixopcpvo; . de proie inconnu). Dans ce Genre, les ailes sont obtuses, île longueur moyenne; le bec en partie droit, non denté, mais encore court; les tarses longs, emplumés jusqu’aux doigts. Les narines sont arrondies, percées sur le bord de la cire; les ailes sont presque aussi longues que la queue. L’Aigle-Autour orné (Morphnus ornatus, de Lesson; Falco ornatus, de Daudin; Aigle moyen de la Guyane, de Mauduyt; Épervier pattu, d’Azara; Urutaurana, de Marc- grave), est une Espèce de l’Amérique méridionale. Les plumes des ailes et du manteau sont brunes, bordées de blanc; le sommet de la tête et la huppe sont noirs; le devant du cou blanc, le derrière d'un obscur, nom grec d’un Oiseau A i<; le - Autour orné. HAÏ» A CES DIURNES. .38 rouge vif; les parties inférieures sont blanches, rayées de noir; la queue est rayée de noir; les doigts et la cire sont jaunes; le bec est noir, le tour des yeux neigeux. L’A ig l k - Auto u h h upc a ht ( Morphnus occipitalis, de Lesson; Falco uccipitafis , de Daudin) , nommé Huppart , par Levaillant, est un Oiseau d’Afrique de la taille d’une forte Buse et de couleur noire, excepté le bord des rémiges, les plumes des cuisses et le dessous de la queue, qui sont blancs ; sa huppe est longue de cinq à six pouces, et descend avec grâce derrière son cou; le moindre vent l’agite, et lui fait prendre les formes les plus variées et les plus élégantes. Trop faible pour abattre les Gazelles, il donne la chasse aux Lièvres, aux Canards; et les agiles Perdrix d’Afrique n’échappent pas à son vol rapide; il construit son nid sur les arbres, et le garnit de laine ou de plumes; son cri est plaintif et rare, mais il le répète fréquemment lorsqu’il poursuit les Corbeaux, ses mortels ennemis, qui se liguent pour lui arracher sa proie, ce à quoi ils réussissent, vu la force de leur bec et surtout leur grand nombre. Ils attaquent même, dans leur nid, les petits du Huppart, et les dévorent, malgré la résistance et les cris de désespoir du père et de la mère. L’Aigle-Autour Blanchard ( Morphnus albescms , de Lesson; Falco albescens , de Daudin) , nommé par Levaillant le Blanchard , est une Espèce d’Afrique dont le plumage est blanc , flammé de noir brun sur le manteau, et douces au toucher, tandis que celles des autres Aigles sont ordinairement dures et rudes. Le Blanchard habite les forêts, et donne la chasse aux Oiseaux; ce qui s’accorde parfaitement avec sa taille svelte : il est à nos Aigles ce que le Lévrier est au Dogue; son vol est flexible, sa queue longue lui sert de gouvernail pour changer rapidement de direction, et parer aux revirements des Oiseaux qu’il poursuit. C’est pour les Ramiers surtout qu’il est un ennemi redoutable : le Ramier volant à une grande hauteur au- dessus des arbres, le Blanchard profite de cette circonstance pour s’élancer de son embuscade et lui couper la retraite vers les bois, où il tend à s’aller cacher, et où le vol de l’Aigle serait gêné par les broussailles. Si l’Aigle peut arriver sous lui avant qu’il ait pu s’y jeter, le Ramier est perdu; son ennemi pare à tout, se conforme à ses mouvements rapides et multipliés, se tient sans cesse au-dessous de lui; et, quand le Ramier, par un détour subit, cherche à gagner les arbres, il trouve toujours l’Aigle sur son passage; enfin, découragé .après tant d’inutiles efforts, le Ramier tourne vers la plaine; alors son ennemi vole droit sur lui, et le prend en un instant; il le plume toujours avant de le déchirer. On a remarqué que cet Aigle, si cruel pour les Ramiers, ne l’est pas du tout pour les petits Oiseaux, qu’il laisse s’approcher jusque sur le bord de son nid , sans leur faire aucun mal ; ils y viennent même se mettre en sûreté contre les attaques des Rapaces d’un ordre inférieur. Genre NÉ O PO DE, Neopus , de Hodgson (vso;, nouveau, tïqïï;, pied, c’est-à-dire, pied offrant un caractère exceptionnel). Ce Genre a les tarses emplumés comme le Genre Vigie -Autour, dont il ne diffère 2 retenir, malgré la viscosité dont ils sont généralement recouverts, au moyen du long croc de leur bec, ou de leurs ongles, et les transporter dans un lieu plus sûr, pour les dépecer et s’en repaître; puis s’envoler, et revenir faire la digestion auprès des leurs, perchés sur une branche, où ils restent immobiles, jusqu’à ce qu’il plaise à la troupe de prendre son vol. » Nous ne quitterons pas les Faleoniens sans rappeler à nos lecteurs une des gracieuses fic- tions des poètes de l’antiquité, où Ceyx , roi de Trachyne, raconte à Pélée l’histoire de son frère Dædalion, métamorphosé en Oiseau de proie. Voici comment le fait parler Ovide, que nous traduirons littéralement : <( Vous croyez peut-être (pie cet Oiseau, qui vit de rapine, et répand la terreur parmi les autres habitants de l’air, a toujours porté des plumes : il fut Homme autrefois , et, sous sa nouvelle forme, il a conservé son âme fière, toujours prête à la guerre et à la violence. Il se nommait Dædalion, et avait pour père, ainsi que moi, le Dieu Lucifer, qui appelle l’Aurore, et sort le dernier de la voûte céleste. Autant je chéris la paix et les tranquilles plaisirs de la vie conjugale, autant mon frère était avide de combats. Hélas! sa valeur belliqueuse, qui soumit les rois et les nations, n’est plus employée aujourd’hui qu’à poursuivre les timides colombes de la Thessalie. Il avait une fille, la belle Chioné, qui osa se placer au-dessus de Diane, et mépriser la beauté de la déesse. « Tn ne mépriseras pas ma puissance! » s’écria Diane en courroux. Elle dit, courbe son arc d'ivoire, et lance une flèche acérée., qui va percer la langue téméraire de Chioné : celle-ci veut se plaindre; mais la voix lui manque, ainsi que la parole, et sa vie s’échappe avec son sang. O pitié! quelle fut ma douleur! et quelles consola- tions ne prodiguai-je pas à mon malheureux frère! Hélas! son cœur paternel fut sourd à mes paroles, comme les rochers au murmure des vagues, et il ne cessa de gémir sur la mort de sa fille. Mais quand il la vit sur le bûcher qui allait la consumer, quatre fois il voulut s’élancer dans les flammes, quatre fois mes mains l’en repoussèrent. Alors il prend la fuite d’un pied rapide, et tel qu’un taureau qui porte, enfoncé dans son cou, le dard d’un frelon, il se rue loin des chemins frayés. Le désir de la mort accélérant sa course, il nous échappe à tous, parvient à la cime du Parnasse, et se précipite de la roche la plus élevée; mais Apollon, ému de compassion, le change en Oiseau, et ses ailes, subitement déployées, le tiennent suspendu dans les airs; sa bouche devient un bec crochu, ses ongles se recourbent en griffes aiguës. Son ancien courage lui reste, et sa vigueur est supérieure à sa stature. Maintenant, devenu Faucon, il est cruel pour tous les autres Oiseaux, et venge ses douleurs par celles qu’il leur fait souffrir. » TRIBU des GYPOHIÉRACIENS. Cette Tribu, la deuxième de la Famille des Falconidés, est intermédiaire entre les Faleoniens et les Vulluriens ; M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire, ne se prononce [tas définitivement sur la véritable place du Genre unique qui la constitue, et c’est avec doute qu’il en a fait une Tribu. Genre GYPOHIÉRAX, Gypohierax, de Ruppel (yù^. Vautour , Gpa; , Épervier, c’est- à-dire moitié Vautour et moitié Épervier) ; les ailes sont longues et obtuses; le bec est allongé, crochu à son extrémité seulement; le tour des yeux et les deux côtés de la mandibule infé- rieure sont nus; les narines sont ovalaires, percées verticalement sur le bord de la cire; la queue est courte et arrondie; les jambes sont emplumées jusqu’au genou, les tarses recou- verts d’écailles et réticulés; les doigts écailleux vers leur extrémité, l’interne réuni an médian par une membrane, les ongles moins longs que dans les Faleoniens. GYPOHIÉRAX CATUARTOÏDE. Le Gvpohiérax cathautoide ( Ggpolüerax nngolensis , de Gray; Vultur angolë-nsis , de Latham) , Espèce unique du Genre, a été découvert à Angola, par Pennant, et indiqué depuis, par Ruppell , comme appartenant à l’Afrique occidentale. Son volume est à peu près celui d’une Oie. Le plumage est blanc; les rémiges et les rectrices sont 'noires; la partie infé- rieure du cou est gonflée en sac; le bec est blanchâtre, ainsi que les tarses; la cire bleuâtre; les orbites de couleur rosée; l’iris jaunâtre. Le nom spécifique de Cathartoïde indique la res- semblance du Gvpohiérax avec les Cathartes, dont nous ferons bientôt l’histoire. TRIBU des POLYBORIE®. Cette Tribu des Falconidés, établie par M. d’Orbigny, est, plus nettement encore que celle îles Gypohiéraciens, intermédiaire entre les Faleoniens et les Vulturiens, tant par ses mœurs que par ses caractères zoologiques ; le bec est droit dans une grande partie de sa longueur, le crochet est remarquablement court, quoique assez prononcé ; les ongles courts et faibles, eu proportion de la dégradation du bec ; les nudités céphaliques n’occupent que les joues, entre les yeux et la cire ; les ailes sont obtuses. La conformation du bec et des serres révèle les mœurs de ces Oiseaux. En effet, ils n’attaquent point les Animaux de grande taille, à moins, qu’ils ne soient hors d’état de se défendre ; ils ne chassent que les Vertébrés petits ou jeunes, ou les Insectes, et s’abattent de préférence sur les cadavres. Les Polyboriens, quoique volant avec facilité, sont essentiellement marcheurs; ils vivent en société , mais ils se querellent sans cesse; ils sont les compagnons de l’homme, ou plutôt RAPACES DIURNES 54 ses parasites importuns : le sauvage, le colon, le citadin, dont ils pillent lus provisions et dévastent la basse-cour, les poursuivent à outrance ; mais ces Oiseaux , doués d’une merveil- leuse sagacité, savent éviter tous les pièges, et n’en deviennent pas plus farouches. Ils s’ar- rachent la pâture les uns aux autres, et la disputent surtout aux Espèces étrangères. SYNOPSIS DES GENRES DE LA TRIBU DES P O L Y R O RI EN S . Tarses écussonnés G au \c ara. Polyborus. Tarses réticulés. Narines rondes I b y c t è r e. / bycter. Narines linéaires Polyboroïde. Polyboroides. Geniu: CAR AG A RA. Polyborus , de Vieillot (uoàù, beaucoup; êopol, nourriture; c’est-à- dire., vorace, mangeant de tout). Dans ce Genre, les tarses sont écussonnés, longs ; le crochet du bec est fort réduit ; les bords mandibulaires sont festonnés ou ondulés ; les narines ellip- tiques et percées obliquement dans la partie supérieure de la cire; la queue est arrondie, la face nue, avec quelques poils; le jabot saillant. Le G au ac ara ou Brésil ( Polyborus Brasiliensis , de Vieillot; Falco Brasiliensis , de Gmelin) est l’unique Espèce du Genre. Le plumage de la gorge et du cou est blanchâtre ; le dessus du corps est rayé transversalement de brun et de blanc ; la queue et les tectrices des ailes ont du brun noir au bout; les rémiges sont blanchâtres, rayées et pointillées de brun, terminées de noirâtre. Le bec est bleuâtre, l’iris d’un jaune roux, les tarses d’un jaune foncé, les joues rouges ; le jabot est nu. C,\ Il A CA RA DR BRESIL (PolybOVllS BVClSiliCIXSis) • Le Caracara, ainsi nommé à cause de son cri d’amour, qu’il pousse en 1 envoi saut sa tête sur son dos, est le plus commun des Falconidés de l’Amérique méridionale. Il accompagne l’homme dans ses pérégrinations, pour recueillir les restes de son repas. Le voyageur qui FUI ILLE DES FALCONIDÉS. 55 chemine à travers ces vastes forêts peut se croire seul tant qu’il ne s’arrête pas, parce que ses compagnons de route sont invisibles ; mais dès qu’il suspend sa marche, il voit paraître les Caracaras qui, perchés à quelque distance, attendent patiemment qu’il ait fini de manger’ pour s’emparer des aliments qu’il aura rebutés, line fois ce repas fini, ils disparaissent, et le lendemain ils se remettent en route avec l’homme, sans se montrer, si ce n’est au moment de la halte. Ils escortent le chasseur avec la même constance, et lui enlèvent effrontément le gibier qu’il a abattu, s’il ne se hâte de les prévenir. Pour le colon qui ne voyage pas, le Caracara devient un voisin sédentaire; si l’homme n’est pas abondamment appri visionné , l’Oiseau se résigne aux privations, et sait attendre de meilleurs jours. Tous les soirs il va dormir à cinq ou six lieues de son domicile diurne ; le lendemain, au lever du soleil, il y revient, et, chemin faisant, explore le pays qu’il traverse. Le Caracara est omnivore, mais il préfère les petits Reptiles ; au besoin, il mange des Mol- lusques, des Insectes et même de la charogne. Les Animaux vivants sont attaqués par lui, s’ils sont très-jeunes ou languissants; il enlève les Poussins sous l’aile de leur mère. J1 est la terreur des Brebis qui vont mettre bas : au moment où l’Agneau paraît à la lumière, le Cara- cara s’élance sur lui, déchire le cordon ombilical et dévore les entrailles de l’Animal qui vient de naître, si le Chien de berger n’est pas là pour défendre le troupeau. Lorsque les colons mettent le feu aux herbes des prairies , le Caracara plane le premier sur le théâtre de l’incendie, pour saisir les Reptiles et les petits Mammifères, au moment où ils échappent aux flammes. Les Caracaras non-seulement sont des pirates , mais ils confisquent à leur profit le butin acquis par d’autres Oiseaux aussi pillards et moins puissants qu’eux. Ils attaquent les Mouettes, quand celles-ci sont rassasiées de Poissons et de Mollusques, et les forçant à dégorger leur nourriture, ils s’en repaissent avidement. Les Chimangos et les Cathartes, qui ont mangé avec eux, sont aussi l’objet de leurs spoliations; ils résistent longtemps, mais finissent pres- que toujours par céder. Les Caracaras sont aussi hostiles envers leurs frères qu’envers des concurrents étrangers à leur Espèce. Jls se querellent avec furie et se livrent des combats sanglants pour la posses- sion d’une proie ou seulement d’un perchoir; mais, non moins lâches que malfaisants, ils se laissent harceler par les Gobe-mouches , Passereaux beaucoup plus petits et plus faibles qu’eux. Ils vivent souvent par paires, mais plus souvent encore en troupes nombreuses, et ce n’est qu’aux approches de la nuit que les individus de chaque couple se retrouvent, se reconnaissent, et regagnent ensemble le domicile conjugal. Pour ces Animaux, que leurs relations avec l’homme ont rendus à demi domestiques, la saison des amours dure presque toute l’année; ils construisent leur nid sur des arbres ou dans des halliers ; ce nid, tapissé de crin à l’inté- rieur, renferme deux œufs d’un rouge violet, semé de taches plus foncées. Le Caracara chimango ( Polyborus chimàngo , de Vieillot; Chimanzo , d’Azara) habite le même pays que le Caracara ordinaire, dont il diffère par son jabot non saillant et emplumé; le plumage est d’un gris zoné de roux par légères bandelettes; le croupion et les tectrices infé- rieures sont roussâtre clair ; la queue est rousse, linéolée de brun; les ailes sont brunâtres, et chaque plume est bordée de roussâtre ; la gorge est blanchâtre ; le bec jaune, et les tarses bruns. La taille est de quinze pouces. Les mœurs du Chimanzo sont les mêmes que celles de l’Espèce précédente ; mais il ne tourmente que les Oiseaux de son Espèce, et ne force pas les Oiseaux étrangers à lui céder leur pâture. Beaucoup moins commun que le Caracara ordinaire, il est plus marcheur, et ne recherche pas autant les bois pour y dormir : il se perche la nuit sur un toit ou sur une butte. Il se roule dans la poussière comme la Poule; son cri de guerre est un chi-i-i-i-i, prolongé, aigu, continuel, et très-désagréable. Ses œufs sont piquetés de brun sur un fond blanc. Le Caracara chimachima [Polyborus chimaclnma, de d’Orbigny; Fulco dcyener, d’Illi- IUP AGES l)J U KM ES. 50 ger ; Milvago ochrocephalus , du Spix ; Chimacldma, d’Azara) est aussi une Espèce améri- caine ; le plumage est tout entier d’un jaune sale en dessous ; mais cette couleur est plus vive sous les ailes, et plus pâle sur la tête et sur le croupion ; au-dessus des yeux, un trait noir forme un sourcil qui se prolonge derrière la tête ; le dos et le dessus de l’aile sont noirs ; les grandes tectrices noires aussi, mais terminées par une teinte blanchâtre ; la base des rémiges est blanche, la queue terminée en noir; l’iris est blanchâtre, ainsi que le bec et les tarses; les nudités du tour des yeux sont d’une teinte légèrement rosée. La taille est de quinze pouces. Le Chimachima est restreint en des limites plus étroites que celles de ses congénères : et appartient exclusivement à la zone tropicale de l’Amérique ; il fréquente les localités variées de bois et de plaines, et surtout celles qu’habite l’homme, quoiqu’il soit beaucoup moins familier que le Caracara ordinaire. Il passe la nuit sur la lisière des forêts, dans les anfrac- tuosités des rochers, et chaque matin il abandonne son gîte pour venir se percher sur les poteaux des parcs oii sont enfermés les bêtes à cornes et les chevaux ; de là, il promène ses regards autour de lui pour chercher une proie, et fait entendre un cri semblable à celui du Chimanzo. Il se complaît dans la solitude, se nourrit d’animaux morts, et n’attaque aucun animal vivant ; mais s’il aperçoit un Ane ou un Mulet, ou un Cheval que son bât a blessé, il vole sur son dos, s’v cramponne avec force, et déchire avec acharnement, de son bec, l’es- carre formée sur la plaie de l’Animal, sans s’inquiéter des bonds de sa victime qui, pour échapper à la torture, se roule par terre, ou s’enfuit au galop dans les halliers. Genre IBYGTÈRE. Ibycter, de Vieillot (t€ûÇo>, sonner de la trompette, crier). Ce Genre diffère du précédent par ses tarses réticulés ; le bec est droit , convexe en dessus , à mandibule supérieure légè- rement festonnée sur ses bords; les narines sont ron- des; le tour des yeux, les joues et le devant de la gorge iuyctèhe. sont nus; le jabot est nu et iuyctèue. proéminent. Les Ibyctères habitent l’Amérique méridionale; leurs mœurs sont analogues à celles des Passereaux ; ils se nourrissent, comme ceux-ci, de baies, de graines et de petits Insectes; ils sont peu farouches. Leur nom, signifiant joueur de trompette, fait allusion à leur cri assourdissant. Ils ont l’habitude de suivre les rivages des fleuves, et se perchent sur les arbres. L’Ibyctère a ventre blanc (Ibycter leucogaster, de Vieillot; Falco aqûilinus, de Gme- lin) , nommé par Buffon le petit Aigle à gorge nue d’Amérique, a le plumage d’un noir bleu foncé ; le ventre et le croupion sont d’un blanc pur ; la peau nue de la gorge est rouge, le bec jaunâtre, les tarses rouges. Sa taille est de seize pouces. Il vit par troupes dans les forêts de la Guyane et du Brésil. Les nègres créoles le nomment Capitaine des gros-becs , parce qu’il a quelques-unes des habitudes des Toucans. Genre POLYBOBOIDE. Polyboroïcle ( srioç, apparence, c’est-à-dire, ressemblant au Polyborus ). Ce Genre diffère de celui des Caracaras par ses tarses réticulés et ses narines linéaires; le bec est peu robuste, peu crochu, comprimé; les doigts sont faibles; la queue arrondie, très-large. On ne connaît de ce Genre que deux Espèces qui, peut- être, n’en font qu’une seule; l’une de Madagascar et l’autre du cap de Bonne-Espérance. Leurs mœurs sont inconnues. I’oi.y ttoi;oïi>i '. Y MLTiïi Vhva'\hv\.us'\ FUIILUi DES FA LCONI DÉS. .)/ TRIBU des VULTURIENS ( Genre VU LT U R , de Linné.) On reconnaît les Vulturiens à leur bec droit, recourbé seulement à l’extrémité ; à leur tète petite et plus ou moins dégarnie de plumes ; à leur cou long et nu vers le haut , entouré ordi- nairement, à sa partie inférieure, d’un collier de duvet ou de longues plumes; les yeux sont petits et à fleur de tête; les tarses sont couverts de petites écailles; leur port est sans noblesse, et leurs longues ailes, qu’ils sont obligés de tenir à demi étendues quand ils marchent sur le sol, les font paraître lourds et gauches. Leur vol manque de rapidité, mais ils s’élèvent à des distances prodigieuses. Dans ces hautes régions de l’atmosphère, ils sont imperceptibles pour nous, mais nous ne le sommes pas pour eux ; leur regard perçant peut explorer d’immenses étendues de terrain ; et dès qu’un animal est mis à mort, ils avisent son cadavre, vers lequel on les voit descendre en tournoyant. Un Vautour n’arrive jamais seul à la curée : il en vient des bandes innombrables ; on les voit dépecer les chairs, non pas avec leurs griffes, qui sont peu vigoureuses, mais avec leur bec, qui est allongé, et recourbé seulement à son extrémité.- Ils mangent avec une voracité dégoûtante ; lorsqu’ils sont repus, leur jabot forme au bas de leur cou un gonflement hideux ; une humeur fétide coule de leurs narines, et le travail de la digestion leur donne un aspect pesant et stupide. SYNOPSIS DES GENRES DE LA TRIBU DES VULTURIENS. Tarses emplumés ■ Gvpaétf., Ggpaetos. Tarses réticulés Narines non percées de part en part (Vautours de l’ancien monde) . Bec robuste . . Vaij tour. Vultur. Bec très-grêle Néophron. Néophron. Narines percées de pmi en part (Vautours américains). Bec. robuste, Pouce offrant la disposition ordinaire Sarcoramphe. Sarcgramphm. Pouce court, inséré plus haut. Condor. Grgphus. Bec grêle ; queue allongée , étagée ; Gatharte. Cathartes. Bec très-grêle : queue courte , égale Coragyps. Coraggps. Genre GYPAÈTE, Ggpaetos, de Storr - (yty , Vautour, dtsxoç , Aigle). Les Gypaètes se distinguent dé tous les autres Vulturiens par leurs tarses emplumés, ainsi que la tête et le cou, caractères qui les rapprochent des Aigles., et leur ont valu le nom mixte qu’ils portent. Le bec est renflé vers la pointe; les narines sont ovales, cachées par des soies roides, et cou- chées sur la base du bec; les doigts antérieurs sont réunis à leur base par un repli membra- neux ; les ailes sont sub-obtuses , c’est-à-dire que la troisième penne est la plus longue; la queue est étagée. Le Gypaète barbu (Ggpaetos barbatus , de Cuvier; Vultur barbatus , de Linné; Phene ossi.fraga, de Savignv, nommé, par Buffon, le Vautour doré ) , est l’unique Espèce du Genre. Son plumage est, en dessus, d’un brun grisâtre; le vertex , c’est-à-dire le dessus de la tête, ,S Gypaète. RAPACES 1)1 II R N ES. :>cS est blanc, et bordé, en arrière, par une ligne noire, qui entoure les yeux; la nuque et le cou sont d’un roux très-vil'; le dessous du corps est blanc, lavé de roux; les pennes des ailes et de la queue ont leur tige blanche et leurs barbes d’un brun cendré; le bec est noirâtre, garni, sous la mandibule inférieure, d’un pinceau de soies pareilles à celles qui recouvrent la cire; l’iris est jaunâtre, le tour des paupières rouge, et les doigts livides. Le Gypaète habite les plus hautes montagnes de l’Europe, de l’Asie et de l’Afrique; c’est le plus grand des Rapaces de l’ancien continent. Sa taille atteint quatre pieds et demi, et son envergure neuf à dix pieds. Pendant l’expédition des Français en Égypte, on en tua un, qui avait quatorze pieds d’envergure : JVI. Savigny, le considérant à tort comme Espèce nouvelle, l’avait nommé Pliene gigantea. Cet Oiseau n’atteint pas tout à fait les dimensions du Condor, mais il est plus redoutable que lui; il attaque les Animaux vivants, et sa tactique réussit presque toujours; voici en quoi elle consiste: lorsque les Agneaux, les Chèvres, les Chamois, les Veaux, se sont avancés en broutant sur les bords d’un rocher escarpé, le Gypaète s’élance sur eux, les heurte violemment de sa poitrine et de ses ailes, et les force à se précipiter; puis, quand ils se sont brisés dans leur chute, il descend les achever sur place, et les dévore sans les emporter. On le connaît en Allemagne sous le nom de Vautour des Agneaux ( Lemmer geyer). On prétend qu’il se jette sur les hommes endormis, et qu’il enlève des Animaux de grande taille pour les porter dans son nid; on dit même qu’il lui est arrivé d’emporter des enfants; mais, malgré la puissance de son vol, il lui serait impossible de lier, c’est-à-dire de soutenir, avec ses doigts courts et ses serres peu crochues, une proie un peu pesante; du reste, s’il ne peut enlever les enfants, il les attaque quelquefois. En 18J9, plusieurs Gypaètes dévorèrent deux enfants, dans les environs de Saxe-Gotha ; et le gouvernement mit leur tête à prix. M. Crespon, dans son Ornithologie du Gard, rapporte un fait analogue : «Depuis plu- sieurs années, dit-il, je possède un Gypaète vivant, qui ne montre pas un grand courage envers d’autres gros Oiseaux de proie habitant avec lui ; mais il n’en est pas de même pour les enfants, contre lesquels il se lance, en étendant les ailes, et en leur présentant la poitrine, comme s’il voulait les en frapper. Dernièrement, j’avais lâché cet Oiseau dans mon jardin : épiant le moment où personne ne le voyait, il se précipita sur une de mes nièces, âgée de deux ans et demi; l’ayant saisie par le haut des épaules, il la renversa par terre. Heureu- sement que ses cris nous avertirent du danger; nous accourûmes à son secours, et elle en fut quitte pour la peur et une déchirure à la robe. » Le Gypaète recherche principalement les Mammifères vivants, et surtout les jeunes Ruminants; mais, à défaut de proie vivante, il ne dédaigne [tas les corps morts, et, par ce double régime comme par ses caractères anato- miques, il est intermédiaire entre les Aigles et les Vautours. Les Gypaètes sont aujourd’hui moins communs dans nos montagnes qu’ils ne l’étaient autrefois ; ils y vivent isolément, par couples, et on n’en voit que rarement plusieurs individus réunis sur la cime des Alpes et des Pyrénées. . La diminution de l’Espèce vient de l’usage des armes à feu : on cite des chasseurs allemands du dix-huitième siècle, qui avaient tué de leurs mains jusqu’à soixante Gypaètes; de telles victoires sont difficiles à obtenir, car l’Oiseau a pour repaires les rochers les plus inaccessibles; il y bâtit son nid, dont les dimensions sont considérables, et qui contient deux œufs blanchâtres, tachetés de brun, à surface rude. Genre V AUTOUR Vultur, de Cuvier ( volatus tardus, vol tardif ; ce nom fait allusion, soit à la difficulté qu’éprouvent les Vautours à prendre leur essor, soit à la lenteur de leur vol). Les Vautours, proprement dits, sont des Oiseaux de l’ancien monde, dont le bec est gros, fort, allongé, légèrement comprimé, un peu arrondi en dessus, et très-crochu au bout; les narines sont rondes ou ovales, et percées sur le bord de la cire; les pieds, robustes, ont le doigt médian très-long, et les ongles faiblement arqués. La tête et le cou sont sans plumes, recou- verts d’un duvet très-court; le bas du cou est garni d’un collier de plumes. Le jabot est saillant, garni de duvet à l’extérieur. La première rémige est plus courte que la sixième; les troisième et quatrième sont les plus longues de toutes. FAMILLE DES FALCONIDÉS. Los Vautours sont des Oiseaux de grande taille, à corps niassit et à cou long et tortueux; dans la station , leur atti- tude est demi-horizontale, et les ailes sont entrouvertes. Ils se nourrissent principa- lement de cadavres, et de matières corrompues; mais ils préfèrent les Animaux fraîchement tués , et ne dé- daignent pas les êtres vi- \ AliiOUK IÏKUN. ... .1 vants. Us dévorent leur proie. sur place, remplissent leur jabot de nourriture, et la degoigeut devant leuis petits. Ils vivent et volent en société. Le Vautour fauve (Vultur fui vus, de Brisson), Percnoptère des anciens, de Bul'fon; Grand Vautour des Indes, de Sonnerat; Cliasse-fieute , de Levaillant , vulgaiiement . le I autoiu , le Griffon , est commun dans les montagnes de 1 Europe, de I Afrique et de 1 Asie. Le volume de son corps égale et surpasse même celui du Cygne; sa longueur totale est de tiois pieds sopl pouces; le plumage du vieux est, en dessus, d’un joli cendré bleuàtie, presque blanc eu dessous; les ailes et la queue sont noires; cette dernière est composée de douze pennes, le cou est parsemé d’un duvet rare et gris; la fraise, ou collier, est d’un blanc écla- tant ; le bec est d’un gris bleu , noirâtre vers son extrémité ; l’iris est d’un bel orange, et les pieds sont noirâtres; le corps est varié de gris et de fauve dans les individus adultes ; il est fauve chez les jeunes. Le Vautour habite surtout les contrées méridionales et orientales de l’Europe; on le voit quelquefois en Provence, en Languedoc, et même dans le Nord de la France; assez lâche, quand il est repu, il cède la place aux Corbeaux , qui le battent et le chassent sans efforts; mais, quand il est affamé , il ne manque pas découragé, attaque les animaux vivants, et se défend même contre l’homme. M. Temminck dit que les pâtres du littoral et des îles de la Méditerranée le redoutent beaucoup, à cause des ravages qu’il cause parmi leurs troupeaux. Lors- qu’il digère ou qu’il dort, son cou est rentré dans ses épaules , et sa tête est en vautour fauve (rviim- fuims). partie cachée entre les plumes du collier. Il établit son nid dans les fentes des rochers les plus escarpés , et y pond deux œufs , également pointus aux deux bouts, d’un blanc grisâtre, marqués de points plus foncés; leur grand axe est de trois pouces quatre lignes , le petit axe de trente lignes. Les petits , enlevés très-jeunes du nid, s’apprivoisent facilement, s’habituent à la société de l’homme, et finissent par perdre tout instinct de liberté. M. Nordmann raconte « qu’une dame russe, rési- dant â Taganrng, possédait un Vautour fauve, qui, chaque matin, quittait son gîte, établi H A 1*A CE S DIURNES. 60 dans une cour, pour se rendre au bazar ou l’on vend de la viande fraîche, et où il était connu et habituellement nourri. Si on lui refusait sa pitance, il savait la dérober par la ruse, puis, avec son larcin, il se sauvait sur le toit de quelque maison voisine, pour le manger en paix et hors de toute atteinte. Souvent, il traversait la mer d’Azof, pour se rendre dans la ville de ce nom, située vis-à-vis de Taganrog, et, après avoir passé toute la journée dehors , il s’en revenait coucher à la maison. » Le Chasse-Fiente, de Levaillant, que M. Degland assimile au Vautour fauve, est commun dans le pays des Hottentots, ou il vit de charognes, de coquillages, de Tortues, et même de Sauterelles. Son nom lui a été donné en raison de la nature immonde de sa nourriture. Le à autour cendré ( Vultur cinereus, de Gmelin; Vultur arrianus, de La Peyrouse) , vul- gairement : Arrian, Grand Vautour , diffère du Vautour fauve par sa tête plus grosse et plus large, ses narines arrondies, et non transversales, sa queue, composée de douze pennes, et sa taille un peu plus élevée; le plumage est d’un brun noirâtre; le duvet du vertex et de la nuque est brun; les nudités de la tête, et le cou, sont bleuâtres, ainsi que la partie inférieure des pieds; la collerette se compose de plumes longues, étroites, à barbes déliées, remontant latéralement vers la nuque; la cire est couleur de chair livide; la pointe du bec noire ainsi (lue les ongles; l’iris brun. L’Arrian habite le Sud et le Sud-Est de l’Europe; il arrive dans nos Pyrénées eu juin , et les quitte en octobre, pour aller hiverner en Espagne. Il niche sur les rochers escarpés; ses œufs, au nombre de deux, sont d’un blanc sale, sans taches ; leur grand axe est de trois pouces quatre lignes, le petit de vingt-cinq lignes. Cet Oiseau n’est pas sans intelligence : l’habitude de la captivité le rend familier, au point de répondre à la voix de son maître, et d’aller lui demander sa nourriture; il n’est pas non plus sans courage, et on l’a vu se défendre vaillam- ment contre les chiens (pii voulaient le mordre; il attaque aussi les animaux vivants, et est, dit-on, plus redouté des pâtres que le Vautour fauve. Le Vautour oricou ( Vultur auricularis , de Daudin) se distingue des deux précédents par une crête charnue qui naît devant chaque oreille, et se prolonge ensuite en ligne droite sur le cou; de là le nom d 'Oricou, «pii lui a été donné par Levaillant. La tête et la moitié du cou sont nus; leur couleur est d’un rouge clair en bas, bleue violâtre vers le bec, et blanche près îles oreilles. Le plumage est généralement d’un brun clair; les plumes qui recouvrent la poitrine et les flancs sont pointues, assez longues, et contournées comme la lame d’un sabre; la partie inférieure du cou est garnie, en arrière, d’une sorte de fraise, composée de plumes courtes, fermes et arrondies; les jambes sont, non pas emplumées, mais couvertes, ainsi que les cuisses, d’un duvet blanc et brun; la queue est étagée et dépassée par les ailes; le bec est jaune à la base, et brun à la pointe; l’iris brun marron, les pieds cendrés jaunâtres, les ongles larges et couleur de corne. La taille est de quatre pieds et demi et plus; l’envergure est quel- quefois de dix pieds. Cet Oiseau habite les cavernes des monts les plus élevés de l’Afrique australe. On voit les Oricous, au lever du soleil, perchés sur les rochers à l’entrée de leur demeure, et leur nombre est si considérable, que quelquefois une chaîne de montagnes en est parsemée dans toute son étendue; puis ils prennent leur vol et disparaissent dans les airs; alors, si un chasseur tue quelque grosse pièce de gibier, et si, ne pouvant l’emporter, il l’abandonne un instant, il 11e la retrouve plus; mais il rencontre une bande de Vautours à la place où il l’avait laissée, et où il 11’y en avait pas un seul à dix lieues à la ronde, vingt minutes auparavant. C’est ce qui arriva au célèbre naturaliste Levaillant, voyageant en Afrique : il venait de tuer trois Zèbres, et, pour les emporter, il avait couru chercher un chariot à son camp, qui n’était éloigné que d’une petite lieue; à son retour, il ne retrouva plus que les ossements des Zèbres, sur lesquels s’acharnaient encore des centaines de Vautours. I 11 jour, il tua une Gazelle, la laissa étendue sur le sable, et se tint caché dans des buissons. 11 vint d’abord des Corbeaux, qui voltigèrenl au-dessus de la Gazelle en croassant; six minutes après, parurent des Milans et des Ruses; 01 FAMILLE DES FALCONIDÉS. puis, presque aussitôt, en levant les yeux, Levaillant vit, à une immense hauteur, des Oiseaux qui descendaient en traçant des spirales, et semblaient sortir de la voûte du ciel. Ils s'abat- tirent sur la Gazelle, et bientôt il en arriva des centaines : un coup de fusil les mit en fuite, et ils disparurent tous comme ils étaient venus. Ainsi, les petits Oiseaux de proie avaient, les premiers, donné l’éveil à des Rapaces de moyenne taille; ceux-ci, à leur tour, avaient averti les brigands d’un ordre supérieur, et tous trouvaient leur compte à ces communications, plus rapides que nos dépêches télégraphiques. La proie étant dépecée par les Vautours, les Milans pouvaient en attraper quelques morceaux , et les menus fragments laissés sur la carcasse de la victime étaient de précieux reliefs pour les Corbeaux qui avaient servi d’éclaireurs. Les Vautours élix-mêmes profitent de la desserte du Lion et du Tigre. Lorsque l’un de ces terribles Chats dévore sa proie, les Vautours se tiennent dans le voisinage, et attendent respectueuse- ment qu’il ait terminé son repas; puis, quand il s’est éloigné, ils vont nettoyer les os (]ue le Mammifère a dédaignés. L 'Oricou, ainsi que les autres Vautours, construit son nid sur des rochers inaccessibles : c’est une aire vaste, que protège extérieurement un talus de bûchettes, liées par un mastic; l’intérieur est garni de paille et de foin. Ces Oiseaux ne pondent ordinairement que deux œufs; les petits sont nourris avec des chairs corrompues que leurs parents ont amassées dans leur jabot; ceux-ci ne les dégorgent pas dans le bec des jeunes, mais ils les jettent devant eux , et les invitent à s’en repaître par un cri particulier : au reste, ces observations, communes à toutes les Espèces du Genre, sont fort difficiles et toujours périlleuses, car les aires des Vau- tours sont placées dans des creux de rochers inaccessibles ; celui qui s’en approche est repoussé par une odeur infecte, et si son pied vient à glisser sur ces roches plates, dont la surface est couverte de fientes à demi liquides, il risque de tomber dans des précipices affreux. Le Vautouii de Pondichéry ( Vultur ponlicerianua , deLatham), vulgairement nommé le Vautour royal , est une Espèce voisine de l’Oricou; mais ses crêtes latérales ne remontent pas si haut, et son bec est moins fort. Sa taille est de deux pieds et demi environ, c’est-à-dire égale à celle d’une grosse Oie. Les ailes sont plus courtes que la queue; le plumage est géné- ralement brun noirâtre; les plumes de la fraise sont courtes et arrondies; les nudités du cou et de la tête sont couleur de chair; le devant du cou et la poitrine sont couverts, de distance en distance, par des pinceaux de petites plumes couleur de chair; le bec est noir bleuâtre; l’iris rouge et les pieds jaunes. Cet Oiseau habite l’Inde, Java et Sumatra. Le Vautour a calotte ( Vultur occipitalis, de Rurschell ; Vultur galericulütus , de Tem- îninck) est une Espèce africaine dont la taille est égale à celle de l’Espèce précédente ; le plumage est brun noirâtre ; le cou, le dos, le ventre, sont d’un blanc pur ; les nudités de la tête et du cou sont d’un rosé violâtre ; le bec est jaune, la cire bleue, les tarses couleur de chair. Cet Oiseau, qui doit son nom spécifique à la touffe duvetée qui garnit son occiput, habite les régions occidentales et septentrionales de l’Afrique. Le Vautour moine ( Vultur rnonachus , de Gmelin ; Vultur cliincou, de Temminck) est une Espèce d’Afrique et des Indes, qu’on a longtemps confondue avec le Vautour Arrian ; le plumage est uniformément brun ; une touffe de duvet cendré surmonte la tête ; les joues sont revêtues d’un duvet noir ; le tour des yeux est blanc ; les plumes de la fraise sont longues et effilées ; le duvet du cou est d’un blanc mat ; la partie inférieure est nue, à peau bleuâtre ; les tarses et les doigts sont blanchâtres. Le Vautour chaugoun ( Vultur indiens, de Latliam) est une Espèce indienne, commune aux environs de Calcutta et de Pondichéry, où elle est connue sous le nom de Chaugoun. Son plumage est cendré en dessus, fauve en dessous ; la tête est nue, cendré roussâtre, avec quel- ques touffes de duvet ; la fraise est large et blanche ; les rémiges et les rèctrices sont noi- râtres ; les moyennes bordées de roux. Les tarses sont d’un noir cendré ; les ongles noirs ; le bec marbré de noir et de jaunâtre ; la cire noire; la queue un peu plus longue que les ailes. La taille est de trois pieds trois pouces. (i-2 H A PAGES DIURNES. G en iie NEOPHRON , Neophron , de Savigny (Nso'-ppwv, nom mythologique). Dans ce Genre de Vulturiens, le bec est grêle, long, arrondi, peu épais, renflé au point où naît la courbure de la mandibule supé- rieure, qui est prolongée et ter- minée en croc ; les narines sont ovalaires et longitudinales ; la cire est ample ; les nudités occupent la face, les joues et la gorge; le cou est emplumé; les tarses sont nus , grêles , réticulés ; les ailes v. . sont sub-obtuses; la queue se Neophron percnopterk. 7 1 Neophron pehcnoptkkk compose de quatorze rectrices. Le Néophron percnoptère (Neophron percnupterus, de Savigny; Vnltur percnopterus , de Linné), vulgairement nommé petit V autour , Alimoche , Vilain, Ourigourap, etc., était connu des anciens sous le nom de Percnoptèrc , à cause de ses ailes noires (itspxvoç, Trxspov). Sa taille est celle d’un gros Corbeau, c’est-à-dire, vingt-six à trente pouces; le plumage est blanc, partiellement nuancé de brun ; la nuque est garnie d’une huppe de plumes longues et effdées; la peau nue de la face et de la gorge est d’un jaune safran ; les grandes rémiges sont noires ; le bec est brun dans sa moitié antérieure ; la cire et l’iris sont d’un rouge orangé ; les pieds d’un rouge livide ; les ongles noirs. Le Percnoptèrc abonde dans la Grèce, l’Egypte et l’Arabie; les Égyptiens l’appelaient Poule de Pharaon, et le respectaient à cause îles services qu’il leur rendait , en les débarrassant des matières animales dont la putréfaction infecte l’air; cette vénération s’est continuée jusqu’à nos jours, où l’on voit les Percnoptères parcourir impunément les rues des villes dans l’Orient, et chercher leur nourriture parmi les débris et les ordures que les mahométans y entassent avec tant d’insouciance. Ces Oiseaux suivent en grandes troupes les caravanes dans le désert, pour dévorer tout ce qui meurt; et comme ils accompagnent les dévots musulmans qui font le pèle- rinage de la Mecque , il y a des pèlerins qui lèguent de quoi en entretenir un certain nombre. Cette Espèce se montre dans le Sud et le Sud-Est de la France au commencement de la belle saison, et émigre vers l’automne, pour aller passer l’hiver en Espagne ou en Afrique. Elle niche parmi les rochers inaccessibles; son aire, composée de bûchettes, contient deux ou trois œufs obtus, à fond cendré ou jaunâtre, et couverts de larges taches brunâtres, plus ou moins rapprochées; leur grand axe est de trente lignes, le petit de vingt-deux lignes. Le Percnoptère, quoique vivant spécialement de charogne et d’immondices, attaque souvent les petits Animaux, lorsqu’ils sont jeunes ou languissants. M. Z. Gerbe, habile observateur des mœurs des Oiseaux, rapporte que le grand Corbeau est le rival et l’ennemi du Percnop- tère ; celui-ci résiste peu à ses attaques, lui cède presque toujours le champ de bataille, et s’élève en tournoyant dans les hautes régions de l’atmosphère, d’où l’on entend sa voix, qui consiste en un croassement sourd. Le Néophron moine ( Neophron monachus , de Gray; Cathartes monaclius , de Tem- minck) est une Espèce du Sénégal, qui diffère de la précédente par son plumage brun, mêlé de fauve sur les cuisses. Genre S ARCOR V AI P HE, Sarcorainphns , de Dumeril (càp;, chair; pajxcpoç , bec, c’est-à-dire, bec charnu). Dans ce Genre, le bec est robuste, droit à la base, recourbé à la pointe, qui est crochue, arrondie; la mandibule supérieure a ses bords renflés vers le milieu; l’inférieure est courte, épaisse, forte, et comme tronquée à l’extrémité. La base du bec est entièrement garnie d’une cire épaisse, vers l’origine de laquelle sont des narines ohlongues , linéaires, placées «AWC.OWV'WYWV, VVYY, ( SvmomTO\>\v\vs Yiv\h\.') KAMI I, LE DES E V LEON I DÉS. 63 parallèlement à l’arête du Lee, sans cloison cartilagineuse qui les sépare; le bec est sur- monté d’une crête charnue, épaisse, festonnée; la tête et le cou sont nus, ou garnis seule- ment de poils très-rares; les tarses sont robustes, nus, réticulés; le pouce est court, à ongle mousse; les ailes sont obtuses; la queue se compose de douze rectrices égales. Le Sarcoramphe papa (Sarcoramplms papa, de Duméril ; Vultur papa, de Linné; Iribu- bicha, d’Azara) est l’Espèce type de ce Genre. Son plumage, noirâtre dans le premier âge, est varié de noir et de fauve dans la troisième année, puis d’un roux carné très-clair sur les parties supérieures, et d’un blanc pur en dessous ; le collier garnissant le bas du cou est d’un bleu ardoisé; les ailes sont noires; le bec est noir à la base, puis rouge; le tour de l’œil est rouge, et l’iris blanc ; la crête est orangée, bilobée et dentelée au sommet ; la tête et le cou sont violâtres, couverts de poils ardoisés et courts; la région occipitale offre des rides charnues, entrecroisées, naissant derrière l’œil, teintées d’orangé; les tarses sont bleuâtres. Cette Espèce habite la région tropicale de l’Amérique ; nous parlerons de ses mœurs après avoir exposé celles du Condor. Genre CONDOR, Gryphus (ypu'j/, griffon). M. Isidore Geoffroy Saint-Hilaire a créé ce Genre pour le Condor, qu’il a retiré des Sarcoramplies , dont il se distingue par son pouce, inséré plus haut que les autres doigts, et par le développement de la crête qui s’étend , chez le mâle, sur le front, sur la tête et envoie des prolongements charnus sur les côtés et le de- vant du cou. lie Condor type ( Gryphus typus, d’Isidore Geoffroy; Vultur Gryphus, de Linné), vulgaire- ment grand Vautour des Andes, nommé Cnn- tur , en langue Quichua, est l’Espèce la plus remarquable de la Tribu des Vulturiens. Le plu- mage est d’uu noir bleu profond ; les rémiges moyennes et les grandes tectrices sont d’un gris perlé ; les ailes, sont aussi longues que la queue ; le bas du cou est orné d’un demi- collier duveté et soyeux d’un blanc de neige ; le bec condor. est citron à sa pointe , et brun vers sa base; la crête charnue qui le recouvre est cartilagineuse, taillée en biseau, sans dentelures, bleuâtre, ainsi que la cire et les tarses; elle est échancrée à la base du bec, et c’est dans ce vide que sont placées les narines ; l’œil est petit, à iris gris olive ; de l’œil partent deux cordons charnus, passant sur le méat auditif, et descendant sur les côtés du cou ; au-dessus de l’œil se voit un autre cordon , figurant un énorme sourcil tortueux ; les nudités du cou et du jabot sont rougeâtres , et se terminent par deux courtes pendeloques. La femelle n’a ni crête ni barbillon sous le bec; la nudité de la tête est brunâtre; le plumage est d’un brun noir uniforme, avec du cendré sur les ailes. La taille est de trois pieds et demi, l’envergure de neuf à douze" pieds, et non de dix-huit, comme le faisaient croire les rapports exagérés de quelques voyageurs. Le Condor habite principalement la chaîne des Andes, dans l’Amérique méridionale ; c’est , de Ions les Oiseaux, celui dont le vol est le plus puissant. Des âpres sommets de ces mon- 04 H A P ACES DIURNES. % , f teignes, situées sous I <*<|iuitGur, et elevees de quinze mille pieds au-dessus de la mer, il descend dans les vallons , dans les plaines, jusqu’aux rochers où viennent se briser les vagues do I océan Pacifique, puis il remonte, et plane dans l’espace, au-dessus de l’immense Cordillière, a un niveau qui dépasse de trente mille pieds celui du rivage qu’il vient de quitter. Il affronte ainsi des vicissitudes de température qui seraient promptement mortelles pour l’homme le plus robuste, et ces transitions de la zone torride à la zone glaciale, qu’il accomplit en quelques minutes, n’influent en rien sur sa santé. C’est dans une crevasse de rocher qu’il [tasse la nuit, et quand les premiers rayons du soleil viennent se réfléchir sur les neiges éternelles qui l’entourent, son cou, enfoncé entre ses épaules, se redresse, il secoue la tète, s’incline au bord du roc, agite ses ailes et prend l’essor. Son premier élan n’a d’abord rien de vigoureux ; il décrit une courbe "descendante, comme si les loi s de la gravitation triomphaient de ses ef- forts ; mais bientôt il se relève ; ses ailes arrondies , ses rémiges écartées le sou- tiennent dans les airs, presque sans opérer de battements : des oscillations à peine sensibles lui suffisent pour se transporter dans toutes les directions : tantôt son vol est horizontal , et on le voit dessiner avec grâce les mille sinuosités des falaises et des promontoires ; tantôt il rase le sol , et la mince couche d’air qui le supporte suffit à sa navigation, aussi bien que s’il s’ap- puyait sur une masse profonde de cet élé- ment; tantôt, enfin, il se perd dans la nue, d’où il domine les deux Océans ; là, dès que sa vue perçante a découvert une proie, il tombe sur elle comme une (lèche, en produisant avec ses ailes, ordinairement peu bruyantes, un fracas épouvantable. Nos lecteurs auront peine à croire qu’un Oiseau si puissamment organisé soit aussi lâche que les autres Espèces de la Tribu des Vautours, et ils aimeront mieux admettre l’authenticité des récits qui le représentent comme étant la terreur des montagnes du Pérou ; ils ressem- bleront sur ce point aux voyageurs dont l’imagination s’est laissé emporter bien au delà de la réalité. Non contents d’exagérer l’envergure des ailes du Condor, ils ont dit qu’il attaquait les Moutons et les Lamas, et qu’il les enlevait dans ses serres; ils ont même prétendu qu’il se jetait sur l’homme, et que plusieurs Condors se réunissaient pour tuer un Bœuf. M. de Humboldt, et surtout M. d’Orbignv, ont réduit à leur juste valeur ces hyperboles effrayantes : le Condor ne se repaît que de cadavres ou d’animaux mourants, et un berger de huit ans, armé d’un bâton, le met en fuite. S’il voit une Brebis ou une Vache s’écarter du troupeau pour mettre bas, un affreux instinct l’avertit qu’une proie sans défense va bientôt lui être livrée; et il va se percher sur un rocher voisin, d’oîi il surveille avec attention la pauvre mère, que pressent déjà les douleurs de l’enfantement. Lorsqu’il juge que l’instant fatal approche, il prend son vol et tournoie au-dessus du lieu où se prépare son horrible festin ; puis, dès que la victime paraît au jour, il tombe sur elle, et lui déchire les entrailles, malgré les cris de détresse que pousse la mère, à laquelle, du reste, il ne cherche à faire aucun mal. Lorsque les caravanes traversent les déserts de sable salé qui rendent certaines contrées de V A MIL LE DES FALCONIDES. 05 l’Amérique méridionale si difficilement praticables, il arrive souvent que de pauvres Anes, accablés de fatigues et de coups, épuisés de faim et de soif, tombent mourants sur la route ; les conducteurs abandonnent le serviteur devenu inutile, et aussitôt les Urubus accourent à la curée; mais le Condor, qui les a vus, arrive, les chasse, et se dispose à déchiqueter l’Ane mourant. Bientôt deux, trois, quatre Condors viennent se joindre à lui : les uns arrachent les yeux de la victime ; les autres tiraillent et dépècent l’intestin et les parties molles. Si l’homme vient les interrompre , ils prennent la fuite; mais, lorsqu’ils sont trop abondamment repus, ils ne peuvent voler, et s’allégent en dégorgeant une partie de leur nourriture ; quand leur repas n’a pas été troublé, ils vont se reposer dans les crevasses d’un rocher, où ils digèrent tranquillement. Us peuvent supporter la faim pendant plusieurs jours ; mais, à la première occasion, ils se dédommagent indéfiniment de cette longue abstinence. Les pâtres, pour défendre les nouveaux-nés de leurs troupeaux contre la rapacité du Con- dor, font à celui-ci une guerre d’extermination ; le stratagème le plus fréquemment employé consiste à leur présenter un appât sur lequel ils se jettent avidement, et, quand ils sont gor- gés, l’homme accourt, les poursuit à cheval, et les enveloppe du lazzo ; mais ces brigands robustes sont difficiles à tuer. Le Condor ne construit pas de nid : il dépose ses deux œufs dans un creux de rocher ou dans l’excavation d’une falaise. Ses petits sont, au bout de six semaines, en état de voler. Les parents consacrent quelques mois à l’éducation de leur famille, puis les jeunes quittent leurs parents , et pourvoient seuls à leurs besoins. Venons maintenant au Sarcoramphe pape, l’ancien congénère du Condor ; il est moins sale, moins fétide que ce dernier, et n’habite pas comme lui des lieux découverts et dégarnis; mais il se tient dans les plaines, sur les collines boisées et voisines des marécages, et préfère sur- tout la lisière des bois ; il dort perché sur les rameaux inférieurs des grands arbres ; plus matinal que le Condor, il devance le lever du soleil, prend son essor avec sa compagne, et plane dans les airs, sans tournoyer, cherchant partout les cadavres dont il fait sa nourriture, et recueillant les restes de la proie que lé Jaguar a délaissée ; puis il va, comme le Condor, attendre sur un pic ou sur la cime d’un arbre desséché, dans le voisinage des troupeaux, le moment où les Mammifères herbivores vont mettre bas. Alors il se jette sur le nouveau-né, qu’il saisit par le cordon ombilical , et dont il dévore les entrailles. M. d’Orbigny a vu une pauvre Vache tenir entre ses pattes son petit, et repousser, par ses mugissements, plusieurs Sarcoramphes , qui cherchaient à le dévorer. Au reste , la lâcheté de ces Rapaces , qui n’atta- quent que des animaux morts, ou mourants, ou nouveau-nés, s’explique par le peu de puissance offensive de leurs griffes, qui sont usées et incapables de déchirer. On donne, an Sarcoramphe pape, le surnom de Roi des Vautours , à cause de l’espèce de diadème qui cou- ronne sa tête, et de la tyrannie qu’il exerce sur d’autres Vautours, plus faibles que lui, les- quels lui cèdent la place quand il se jette sur un cadavre qu’ils ont commencé à dévorer. Cette Espèce établit son nid dans les trous des gros arbres morts ; elle y pond deux œufs blancs; après l’éclosion, les jeunes accompagnent leurs parents pendant quelques mois, et, quand leur éducation de rapine est terminée, le frère et la sœur s’apparient, et vivent indé- pendants. Les colons de l’Amérique tropicale emploient mille moyens pour détruire ces Vulturiens, nuisibles à leurs troupeaux ; le plus sûr est le suivant : comme le Sarcoramphe revient tous les soirs dormir sur le même arbre , les pâtres profitent de son sommeil , grimpent jusqu’aux grosses branches sur lesquels il est perché , le saisissent avec leurs mains , protégées par des gants de cuir, et le tuent. Genre CATHARTE, Catliartes, d’Uliger (xaôoépw, purger). Dans ce Genre, comme dans les deux précédents, les narines sont percées de part en part ; mais le bec est plus grêle, long, mince , peu élevé ; la mandibule supérieure est renflée seulement à son extrémité , qui se ter- mine en pointe recourbée ; la cire occupe les deux tiers de la longueur du bec ; les narines 9 (i(i li \ I» V G E S DIURNES. sont longitudinales; la tête et le cou sont nus, sans caroncules, et recouverts seulement d’une peau membraneuse à replis, à peine pubescente. Les tarses sont nus, réticulés; les doigts écailleux, les ongles courts; les ailes obtuses ; la queue étagée , plus courte que les ailes. Les Catbartes sont ainsi nommés , à cause des services qu’ils rendent aux colons espagnols de l’Amérique méridio- nale, en purgeant leurs villes et leurs villages des charognes et des immondices que ces peuples insouciants ^laissent s’ac- cumuler devant leurs habitations. Le Cathartf. aura (Calhartes.aura, d’Illiger ; Catharisla mira, de Vieillot; Val fur aura, de Linné) a le, corps entièrement noirâtre; les tectrices des rémiges sont noires, à reflets, leur tige est blanchâtre ; la tête est nue, d’un rouge violacé ; l’occiput et la partie postérieure du cou sont couverts d’une peau ridée ; le bec est rose, jau- nâtre à la base ; l’iris est carmin; le tour des yeux est bleu ; les pieds ont une teinte rosée. La taille est de vingt-six à vingt-sept pouces. C\TI1ARTE AÜIU. Cette Espèce habite toutes les latitudes de l’Amérique méridionale, et les régions tropicales de l’Amérique du nord ; elle s’est étendue des continents aux îles. L’Aura est moins sociable que l’Urubu, dont nous parlerons tout à l’heure; cependant il fréquente le voisinage des habitations ; le soir venu, il regagne la campagne, et se perche, avec son compagnon, sur l’arbre oii il doit passer la nuit : au Pérou, il dort dans les ports et sur les maisons. Dès le crépuscule, il parcourt, d’un vol aisé et majestueux, et sans pousser jamais aucun cri , le canton qu’il a choisi pour sa résidence ; lorsque son exploration , fruc- tueuse ou inutile, est terminée, il revient près des habitations, où il cherche les immondices et les animaux morts ; dès qu’il en découvre un, il se pose dessus ; ses pareils ne tardent pas à venir partager son festin, et bientôt, du Mulet, ou de l’Ane, ou du Cheval , dépecé par lam- beaux et dévoré, il ne reste plus qu’un squelette, parfaitement net et sans odeur. Cet Oiseau, nommé au Pérou, Ga/linazo , est respecté et même protégé par les habitants, et les lois punissent d’une amende de cinquante piastres fortes, quiconque tue un Gallinazo : à Cuba, le meurtrier d’un de ces Oiseaux est purement et simplement excommunié. L’Aura pond deux œufs bleuâtres, tachetés de rouge brun; le mâle et la femelle couvent tour à tour. Genre CO li VG Y PS , Coragyps , d’Isid. Geoffroy- Saint- Hilaire (xopai;, Corbeau, yùtj/, Vautour). Ce Genre ne diffère du précédent, aux dépens duquel il a été formé, que par son bec plus grêle, à narines plus étroites, et sa queue égale. Le Coragyps urubu ( Coragyps urubu , d’Isid . Geoffroy ; Vultur atratus, de Wilson), est de la taille'd’un petit Dindon; son corps entier est d’un noir brillant ; la tige des rémiges est blanchâtre; la peau de la tête et du cou, ridée, est d’un noir intense; le bec noir, terminé de blanc. L’Urubu , la plus nombreuse de toutes les Espèces de l’Ordre des Rapaces , habite toute l’Amérique méridionale, le Mexique et la Colombie. Il fré- quente peu les déserts ou les grandes forêts; mais, dans les campagnes habitées, on le rencontre partout en troupes nombreuses. Commensal intéressé de l’homme, de même que les Garacaras, il suit les migrations des indigènes, s’arrête quand ils s’arrêtent, et se remet en marche avec eux. Dans les villes et les villages, il est utile aux habitants du Nouveau-Monde, comme le Percnoptère à ceux de l’ancien, en consommant toutes les immondices qui corrom- praient la pureté de l’air. Aussi, est-il traité en concitoyen, quoique tout en lui soit dégoûtant, et qu’il ne rende aucun autre service que celui de nettoyer la voie publique. A Lima et à Vrequipa, celui qui a mis à mort un Urubu, paye une amende de deux cent cinquante piastres. Coragyps munir. FAMILLE DES FALCONIDÉS. 67 On conçoit sans peine que la sécurité dont jouissent ces Oiseaux, contribue puissamment à leur multiplication. L’Urubu [tasse la nuit sur les brandies inférieures des arbres ou sur les rochers, les falaises, les toits des maisons; le soir, il revient toujours au même gîte; il se couche tard, se lève avant l’aurore, et se met aussitôt en quête de son déjeuner; s’il n’a pas à sa disposition une pi'oie déjà entamée, il en cherche une nouvelle, en explorant la campagne du haut des airs; lorsqu’il a découvert un cadavre, il se met en devoir de le dépecer, en commençant par les yeux et les orifices; mais il n’est pas longtemps seul : bientôt arrivent des milliers de convives, qui se disputent avec acharnement le butin commun; les rixes, les expulsions se renouvellent sans cesse, accompagnées d’un croassement rauque, la seule voix que. fasse entendre l’Oiseau; pendant que les plus forts occupent la place, les plus faibles se promènent à distance, atten- dant leur tour, et les premiers repus, perchés sur un rocher voisin, opèrent leur digestion, qui va bientôt les rendre capables d’engloutir une nouvelle pâture. Souvent, le Sarcoramphe pape apparaît au milieu d’eux, et sa seule présence met fin à toutes les rivalités; les Urubus cèdent la place au roi des Vautours, qui, lui-même, se retire respectueusement devant le Condor. Cet esprit de subordination, auquel les peuples de l’Amérique ont assigné une cause morale, est fondé uniquement sur les qualités offensives du bec de chacune des trois Espèces. Les Urubus, non-seulement subissent la domination du roi des Vautours, ils sont, en outre, tyrannisés par les Caracaras, qui, voyant les Urubus rassasiés , se mettent à leur poursuite pour les forcer à rendre gorge; et ceux-ci, s’allégeant, par le vomissement, d’une partie de leur poids, échappent aux Caracaras. L’Urubu peut supporter de très-longs jeûnes; mais, dès qu’il trouve l’occasion d’y mettre un terme, il se dédommage de ses privations sans mesure et sans discernement, disputant aux Chiens les boyaux du Bœuf, que l’on a jetés sur la voie publique, et se nourrissant même des excréments humains. Quand il marche, son allure est grave et lente; il allonge les jambes, mais, pressé d’arriver ou de fuir, il saute des deux pieds à la fois; son vol est ordinairement bas; il plane rarement, et meut bruyamment ses ailes, différent en cela de l’Aura, qui plane, sans presque les agiter. Lorsque l’Urubu cherche pâture, son vol est élevé; si le temps est à l’orage, il s’élève en tournoyant, et se perd dans les nues, d’où il se laisse retomber, comme une flèche, jusque près du sol. S'il pleut, il s’abrite sous les arbres, perché sur les rameaux inférieurs; les ailes basses, et la tête enfoncée entre les épaules, il attend que la pluie ait cessé; alors, il va se poser sur la cime de l’arbre, et expose au vent ses ailes, qu’il tient étendues, pendant des heures entières, sans se fatiguer. On voit souvent, après un orage, de nombreux Urubus rangés en ligne sur le toit d’une maison, et faisant sécher leurs ailes. «L’Urubu, dit M. Alcide D’Orbigny (dont le bel ouvrage sur les Oiseaux de l’Amérique méridionale nous fournit tous ces détails) , n’attaque jamais un animal vivant : il se contente de ceux qu’il trouve morts dans la campagne. J’ai vu, en Patagonie, des réunions d’Urubus des plus nombreuses : on avait tué, dans un seul établissement, douze mille têtes de bétail , pour les saler, dans l’intérêt d’une opération commerciale. Pendant cette boucherie de quelques mois, les os, encore assez charnus, avaient été entassés au bord du Rio-Negro , ce qui ne cessa d’y attirer des Urubus et des Caracaras, que devait séduire une si riche et si facile curée; aussi les carcasses en étaient-elles incessamment couvertes, et je ne crois pas exagérer en évaluant à plus de dix mille le nombre d’Urubus alors agglomérés sur ce point. «La familiarité des Urubus est extrême : j’en ai vu, dans la province de Mojos, lors des distributions de viande faites aux Indiens, leur en enlever des morceaux, au moment même oii ils venaient de les recevoir. A Conception de Mojos , au moment d’une de ces distributions périodiques, un Indien me prévint que j’allais voir un Urubu des plus effrontés, connu des habitants, parce qu’il avait une patte de moins. Nous ne tardâmes pas, en effet, à le voir arriver, fl montrer toute l’effronterie annoncée : on m’assura qu'il connaissail parfaitement 08 RAPACES. l’époque de la distribution, qui a lieu tous les quinze jours dans chaque mission ; et la semaine suivante, étant à la mission de Magdalena, distante de vingt lieues de celle de Concepeion, à l’heure même d’une distribution semblable, j’entendis crier les Indiens, et je reconnus l’Urubu boiteux, qui venait d’arriver. Les curés des deux missions m’ont garanti que cet Urubu ne manquait jamais de se trouver, aux jours fixés, dans l’une et dans l’autre, ce qui dénoterait dans l’Urubu un instinct très-élevé, joint à un genre de mémoire rare chez les Oiseaux. » L’Urubu pourrait facilement devenir domestique; mais les habitants de l’Amérique, tout en le respectant, en raison de son utilité, l’ont en horreur, à cause de sa voracité souvent impor- tune , de son odeur tout à la fois cadavéreuse et musquée, et de la saveur nauséabonde de sa chair. M. D’Orbigny en a vu , cependant , quelques-uns qui vivaient à l’état de domesticité. Un Créole, digne de foi, lui a raconté qu’un Urubu, élevé par lui, l’aimait au point de l’ac- compagner partout, et devint très-triste, en voyant son maître tomber malade; un jour, la chambre où il était couché étant restée ouverte, l'Oiseau vola avec empressement auprès du malade, pour lui témoigner sa joie de le revoir. Cet Oiseau, si immonde, se baigne au temps des amours pmais il n’aime l’eau qu’à cette époque. Il ne fait pas de nid , et dépose, dans un trou de rocher, deux œufs, d’un blanc sale, légèrement verdâtre, irrégulièrement tacheté de violet. DES CARACTÈRE. — Bec robuste, plus court que la tête, droit à sa base, recourbé à sou extrémité, comprimé sur les côtés-, narines latérales obliques, oblongues, ouvertes, percées dans la cire; tour des yeux nus, sourcils saillants ; tarses très-lonqs, doigts courts, verruqueux en dessous, les deux externes égaux, le pouce un peu relevé; ailes armées de trois éperons; les cinq premières rémiges égales; queue de douze pennes. Cette Famille ne renferme qu’un seul Genre, le Genre SERPENTAIRE {Serpentarius , de Cuvier) , (pii , lui-même , se compose d’une seule Espèce. Le S r. n i> e n t a ire h u p p é ( Serpeutarius cristatus, de Lesson ; Falco serpentarius , de Linné ; Vultur serpentarms , de Latham; Secretarius reptilivonis, de Daudin), est un Oiseau d’Afrique, nommé vulgairement Secrétaire , à cause de la longue huppe qu’il porte à l’occiput, et qui rappelle la plume que les hommes de bureau portent derrière l’oreille. Quelques naturalistes l’avaient rangé parmi les Échassiers, à cause de la longueur excessive de ses tarses; mais ses jambes entièrement emplumées, son bec crochu et fendu, et, enfin, la structure intérieure de ses organes le placent incontestablement parmi les Rapaces. Il a environ trois pieds et demi de hauteur; son tarse et ses doigts sont garnis «T’écailles larges, d’un brun jaunâtre ; sa nuque est ornée d’une longue huppe, ou touffe, composée de dix plumes inégales, qu’il peut hérisser à volonté; la queue est étagée, à pennes noires, ter- minées de blanc ; les deux médianes sont d’un gris bleu , et deux fois plus longues que les pennes voisines; les plumes de la gorge sont blanches, celles de la poitrine sont d’un gris bleuâtre; les rémiges principales sont noires; les plumes de la jambe sont aussi d’un beau noir, imperceptiblement rayé de brun; le tour de l’œil, dénué de plumes, est de couleur jaune, ainsi que la base du bec; le reste du bec et les ongles sont noirâtres; l’œil est gris et les cils noirs. C’osl le destructeur par excellence des Serpents à venin; aussi l’appelle-t-on au Cap le FAMILLE DES SE H DENT A H I DÉS. 69 mangeur de Serpents. La mission qu’il a reçue de la nature est, évidemment, de maintenir l’équilibre entre les Reptiles dangereux et les Animaux inoffensifs qui habitent les sables des régions africaines, équilibre nécessaire au grand ouvrage du Créateur, et sans lequel la terre ne serait bientôt peuplée que d’êtres malfaisants. * Serpentaire huppé ( Serpentarins cristatus). Cet ennemi des Serpents est un Oiseau coureur; ses doigts courts, ses ongles émoussés par la marche ne pourraient saisir une proie; ses pieds ne lui servent que pour courir et sauter; de là son nom de Messager. Ses ailes sont rarement employées au vol , mais la nature les a munies de proéminences osseuses, espèces d’apophyses du métacarpe, qui, quoique émous- sées et arrondies , constituent des armes offensives et défensives plus terribles que des serres. 11 poursuit et atteint les Serpents à la course; et c’est un spectacle plein d’intérêt que celui du combat qui s’engage entre le Serpentaire et un de ces Animaux : le Serpent, attaqué, s’arrête, se redresse, et menace son ennemi en sifflant et gonflant son cou : alors l’Oiseau développe une de ses ailes , la ramène devant lui comme une égide , et s’en couvre tout entier. Le Reptile s’élance, l’Oiseau agite rapidement son aile, frappe, bondit, recule, saute en tous sens; et ses évolutions seraient comiques , s’il ne s’agissait d’un drame dont le dénouement doit être la mort de l’un des deux acteurs; puis il revient à la charge, présentant sans cesse le bout de son aile à la dent de son adversaire; celui-ci épuise son venin à mordre les pennes insensibles du Mes- sager, et, pendant ce temps, l’autre lui détache avec sa seconde aile, comme avec une massue, des coups vigoureux et multipliés. Le Serpent, étourdi de ces rapides attaques, reçoit bientôt un coup décisif qui lui fracasse la colonne vertébrale, et il roule dans la poussière; aussitôt l’Oiseau l’enlève lestement avec son bec et le jette en l’air ; celui-ci retombe tout brisé et privé de sentiment; alors le vainqueur lui perce le crâne, et le dévore. Le savant naturaliste anglais Smith rapporte qu’il a vu un Messager saisir avec les pieds et avec le bec un gros Serpent, qu’il avait d’abord étourdi et ren-versé d’un coup d’aile, puis s’élever perpendiculai- rement en l’air avec son prisonnier, et le laisser tomber sur le sol pour l’achever et le dépecer ensuite en toute sécurité. Le Mangeur de Serpents peut donc devenir le bienfaiteur des contrées qu’il habite, en les purgeant des Reptiles venimeux dont elles sont infestées. Aussi l’a-t-on introduit dans les Antilles françaises, pour délivrer le pays de la Vipère fer de lance, ou Trigonocéphale jaune , 70 H A PAGES. qui abonde surtout à la Martinique, et dont la morsure est promptement mortelle. Ce terrible Serpent, dont la longueur est de six à sept pieds, habite les champs de Cannes à sucre, pénètre fréquemment dans les maisons, et se lance comme un trait sur les petits Mammifères, sur les Oiseaux et même sur l’Homme. Les Serpents ne servent pas exclusivement de pâture à l’Oiseau qui nous occupe; il dévore aussi les autres Reptiles et même les gros Insectes. Voici le menu du dîner d’un Secrétaire, qui donnera la mesure de ses appétits et de ses facultés digestives. Levaillant trouva dans l’estomac d’un individu de cette Espèce vingt et une Tortues entières , dont plusieurs avaient deux pouces de diamètre, onze Lézards longs de huit pouces, et trois Serpents longs de deux pieds et demi : ces Animaux avaient tous le crâne percé. L’estomac contenait , en outre , une multitude de Sauterelles et de gros Coléoptères, plus, une pelotte formée par des vertèbres, des étuis d’insectes, des écailles de Tortues, résidu des repas précédents, destiné à être vomi par l’Oiseau. Le Messager construit son nid, qui est plat et en forme d’aire, tantôt sur les grands arbres, tantôt au milieu des buissons, dont il écarte les branches; ces branches, servant de fondement à l’aire, poussent des jets qui montent plus haut que le nid, et le couronnent d’un rempart, au moyen duquel il devient à la fois invisible et inaccessible. Les petits se développent lente- ment et ne peuvent courir qu’à l’âge de cinq ou six mois; leur démarche alors est disgra- cieuse; mais l’Animal adulte a le port plein d’aisance et de dignité, et, lorsqu’il ne poursuit pas sa proie, chemine avec une lenteur tranquille. Devant le chasseur il fuit en courant avec vitesse," et ne s’envole que quand on le poursuit à cheval et au grand galop; mais alors même, il s’élève peu, et redescend bientôt. Il est méfiant, rusé, et fort difficile à tirer, parce que la disposition peu accidentée des pays qu’il habite lui permet devoir autour de lui à une distance considérable. Le chasseur doit arriver avant le jour dans son canton, se cacher dans un buisson très-épais, dépolir son fusil, et attendre. Ce singulier Rapace est cependant appri- voisable; les colons du Gap l’élèvent pour détruire les Rats et les Reptiles qui s’introduisent dans les poulaillers et les basses-cours; il fait bon ménage avec les Oiseaux domestiques, mais il ne faut pas le laisser jeûner, car, pour peu que la faim le presse, il immole ses commen- saux; du reste, son humeur est pacifique, et, quand quelque tumulte s’élève dans la basse- cour, il vient mettre le holà parmi les tapageurs. FAMILLE des STR1GIDÉS ( Genre S T II IX de Linné.) CARACTÈRE. — Yeux dirigés en avant , entourés d’un cercle de plumes ef/ilées, roules, formant par leur rayonnement circulaire un disque plus ou moins complet; tête volumi- neuse; bec court, courbé dès sa racine, comprimé, crochu, garni d’une cire molle cachée par les plumes du disque; ongles très-forts, très-aigus et rétractiles; duvet ou plumage moelleux. Les Strigidés, nommés par Cuvier Oiseaux de proie nocturnes , forment une famille très- naturelle de Rapaces, qui ne voient bien que pendant le crépuscule et au clair de la lune. Leurs yeux sont gros , à pupille dilatée; leur rétine est très-impressionnable par la lumière, aussi leur en faut-il une petite quantité ; c’est ce qui fait que la lumière du jour les éblouit ; mais, quand le soleil est au-dessous de l’horizon, l’énorme dilatation de leur pupille leur per- FAMILLE DES STRIGIDÉS. 71 met de distinguer les objets peu éclairés. Le sens de l'ouïe est aussi, chez eux, d’une linesse extrême, grâce à de vastes cavités de leur crâne, communiquant avec l’oreille. La conque de cet organe est tantôt nue, tantôt revêtue d’un opercule membraneux que recouvrent les plumes postérieures du disque. Leur cerveau est plus volumineux que celui des Rapaces diurnes ; mais il n’est pas en rapport avec leur crâne, dont la grosseur tient aux cavités que nous venons de signaler. Leurs plumes sont mollement duvetées ; les barbes extérieures des rémiges, au lieu d’adhérer les unes aux autres, comme chez les diurnes, et d’offrir à l’air une surface résistante , sont rebroussées et hérissées , ce qui empêche les ailes de faire du bruit , quoique leurs mouvements soient saccadés ; la fourchette est peu résistante. Les tarses sont généralement emplumés, et le doigt externe se dirige, à volonté, en avant ou en arrière. Le gésier est plus musculeux que chez les Rapaces diurnes, quoique la proie soit exclusivement animale. Cette proie consiste en petits Mammifères, Oiseaux et Insectes, que le Rapace noc- turne va saisir à l’improviste , favorisé par les ténèbres et par son vol silencieux. 11 avale sa victime sans la plumer ni l’écorcher, et, par un mécanisme singulier, les parties dures sont séparées, enveloppées et roulées dans la peau, puis vomies en boulettes. Lorsque le soleil est couché, le cri aigre et lugubre de l’Oiseau de proie jette la terreur parmi les petits Animaux, qui se cachent ou prennent la fuite. Pendant le jour, il dort dans son trou, et si, par accident, il en sort et se montre à la lumière, son apparition est une fête pour tous les Passereaux du canton, qui viennent à l’envi l’insulter par leurs clameurs et leurs coups de bec. Le Nocturne ne cherche pas à se défendre; il se blottit, prend les attitudes les plus bizarres, et attend patiemment «pie le retour du crépuscule lui permette de prendre sa revanche, et d’aller les enlever dans leur nid. C’est sur cette haine instinctive des petits Oiseaux pour leur oppres- seur, qu’est fondé l’art de la pipée : il suffit de placer une Chouette, ou même d’en contrefaire la voix , pour faire arriver les Oiseaux à l’endroit où l’on a tendu les gluaux : cette espèce de chasse était connue des anciens, et Aristote en fait mention. La pipée se fait une heure avant la fin du jour, et les Oiseaux sont alors faciles à prendre ; mais, dès que le soleil est couché, la voix de la Chouette leur cause une terreur qui les met en fuite. Les Strigidés vivent isolément et par paires ; souvent ils voyagent ou émigrent par troupes , mais ils ne se réunissent que très-rarement pour chasser. Tous, excepté une seule Espèce (V Effraye) , pondent des œufs de forme sphérique, dont la coquille est peu épaisse, et d’un blanc mat, légèrement jaunâtre, sans taches. Le plumage des Rapaces nocturnes est, en général, remarquable par le grand nombre de taches, de stries, de lignes, de bandes dont il est irrégulièrement parsemé. M. le docteur Pucheran, Aide-naturaliste au Muséum, qui a publié, sur les Oiseaux de proie nocturnes, un Mémoire très-estimé, compare ingénieusement leur plumage à celui des jeunes Oiseaux des autres Ordres, chez lesquels il présente des modifications semblables de couleur, et, de plus, la même texture molle et duveteuse. « En voyant, dit M. Pucheran, une quantité si consi- dérable de types réaliser ainsi un état organique embryonnaire, on ne [tout s’empêcher d’attri- buer un tel arrêt dans la mue aux conditions qui les entourent spécialement : habitués pour la plupart à chercher leur nourriture et à remplir leurs fonctions pendant l’obscurité, ils ne peu- vent éprouver dans leur ptilose (mue) les effets dé la lumière, si puissante sur d’autres Oiseaux, comme on peut l’observer dans les régions tropicales, où les êtres organisés présentent les couleurs les plus éclatantes. » Ainsi l’albinisme et la texture duveteuse du plumage, étal phy- siologique commun à tous les jeunes Oiseaux, et qui ne dure chez les Diurnes que pendant leur séjour dans le nid, est permanent pour les Nocturnes, parce que ceux-ci, soustrayant leur livrée à l’action colorante des rayons solaires, la condamnent à un étiolement immuable; et l’on peut dire que, quant au plumage, les Oiseaux nocturnes restent perpétuellement à l’état d’enfance. La famille des Strigidés, représentée par le Genre Strix , de Linné, a été divisée en plu- sieurs Genres. Nous donnons ici le tableau synoptique des Genres les plus importants. 72 K A PAC ES N OC T U UNES. SYNOPSIS DES GENRES DE LA FAMILLE DES STRIGIDÉS. Disque facial incomplet. Bec court. Point d’aigrettes. Tarses courts ; doigts entièrement emplumés Tarses allongés , doigts nus ou couverts en dessus de plu- S U R NI E. Surnia. mes séti formes C H E V Ê C H E. Athenc. Des aigrettes. Tarses courts , doigts emplumés , ailes obtuses Duc. Buho. Tarses moyens , doigts nus, ailes obtuses Scops. Scops. Tarses allongés , doigts emplumés, ailes aiguës Asc AL A PHI E. Ascalaphia Bec allongé. Point d’aigrettes. Queue longue , étagée ; doigts emplumés C ICC AB A. Ciccaba. Queue courte , arrondie ; doigts nus Phobie k. Phodilus. Des aigrettes. Tarses emplumés. Ailes aiguës Éphialte. Ephialtes. Ailes obtuses N YCT A ETE. Nydaetus. Tarses écailleux Kétupu. Ketupa. Disque presque complet ou complet. Ailes obtuses. Tarses moyens Chat-huant. Syrnium. Tarses courts N y CT ALE. Nyctale. Ailes aiguës. Bec court ; aigrettes plus ou moins prononcées Hibou. Otùs. Bec allongé ; aigrettes nulles. E F F 1! A Y E. Strix. Genre SURNIE, Surnia, de Duméril _ (eupvtov, Oiseau de mauvais augure). Ce Genre a pour caractères : la tête dépourvue d’aigrettes; la conque petite et sans opercule; le disque facial incomplet; le bec court; les doigts complètement emplumés; les ailes ob- tuses; la queue plus ou moins longue, étagée. Les Surnies sont nommées Chouettes accipi- trines , ou Épervières , parce qu’elles voient et chassent pendant le jour. Chez les Oiseaux de ce Genre et du Genre suivant , dont les moeurs se rapprochent de celles des Rapaces diurnes, l’adulte diffère du jeune beaucoup plus que chez les autres Noc- turnes, et prend bien plus tard sa livrée définitive , ce qui confirme les considérations philosophiques du docteur Pucheran. La S u r n i iî c a p a r a co c h ( Surnia borea- lis , de Lesson ; Strix funerea , de Gmelin ) , nommée par Buffon grande Chevêche du Ca- nada , Chouette à longue queue de Sibérie , est l’Espèce -type du Genre; son plumage est Surnie g\p\r AGoe.H (Svrnia bnrralis) . FAMILLE DKS STKIGIDJw. 7:5 brun-noir on dessus, tacheté et rayé de blanc; toutes les parties inférieures sont alternative- ment rayées cte brun et de blanc. La tête est assez petite; les ailes atteignent le tiers postérieur de la queue; les pieds sont d’un blanc terne, varié de raies rousses; le bec est jaunâtre en dessus, brunâtre en dessous, et l’iris jaune. La taille est de quatorze pouces. Cet Oiseau habite les régions du cercle polaire arctique, et ne se montre que rarement en Allemagne et en France. Il se nourrit de Mammifères rongeurs et d’insectes. Il niche sur les arbres, et pond deux œufs de couleur blanche. St’ RM lï MARFANG (SUV)lia Hl/CtCd). La Suknif. h a R F a n g (j Surnia nyctea , de Kevserling ; Strix nyctea, de Linné) est une Espèce dont la taille égale celle du Grand-Duc ; mais sa tête est bien plus petite. Les ailes ne dépassent pas la moitié de la longueur de la queue ; leurs quatre premières pennes sont cré- nelées en scie; le plumage est d’un blanc de neige, bigarré de taches noires, qui disparaissent dans la vieillesse ; le bec est noir et presque entièrement caché par des plumes décomposées ; les pieds sont emplumés jusqu’aux ongles, et la queue est courte. Le Harfang habile le nord de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique; on ne le trouve guère en deçà de la Suède. Quand il descend des régions polaires vers le Sud, il s’arrête quelquefois sur les vergues des navires; et on peut alors le prendre sans peine, à cause de son extrême fatigue. Il chasse en plein jour, et niche sur les rochers escarpés, ou sur les vieux pins des régions glaciales. Il pond deux œufs blancs, maculés de noir, dont le grand axe est de vingt-deux lignes, et le petit, de dix- huit lignes. Il se nourrit de Hérons, de Coqs de bruyères, do Lièvres et de llats. Sa voracité est telle, qu’il enlève quelquefois, sous le nez du chasseur, le gibier que celui-ci vient d’abattre, et qu’il n’a pas eu le temps de ramasser. Les Indiens mettent à profit cette babi 10 li V P AC ES NOCTURNES. tude pour attirer ce Rapace; ils jettent en l’air un Oiseau mort; le Harfang s’élance dessus, et il devient alors facile de le tuer. O en iîe CHEVÊCHE , Athene , de Boié ( ’A6-/)vy) > Minerve; ce nom mythologique rappelle l’Oiseau de nuit consacré à la déesse de la Sagesse, parce que les anciens lui attribuaient la prescience de l’avenir, opinion fondée sur son air méditatif, la position de ses yeux, et le développement de son crâne). Les Chevêches ont, comme les Surnies, la tête dépourvue d’aigrettes; le disque facial incomplet; le bec court; les tarses emplumés, et les ailes obtuses; elles en diffèrent par leurs tarses allonges, leur courte et carrée. La Chevêche commune {Athene noctun, de* ÉLUE COMMUN K [AUlCUC HQCltta). s doigts nus ou seulement velus, leur queue Ch. Bonaparte; Strix psilodactyla, de Linnée), vulgairement petite Chouette , Chevêche , est de la taille d’un Merle; son plumage est varié de noir et de blanc; le mâle porte, au-devant du cou, un demi-collier blanc ; la queue est d’un roux foncé, traversée par quatre barres plus claires; les doigts sont couverts de poils roides clairsemés; les pieds sont blancs, le bec brun jaunâtre , l’iris jaune citron. La Chevêche est très -répandue en France et dans presque toute l’Europe. Elle se tient rarement dans les bois, et habite, de pré- férence , les vieux murs et les édifices en ruines ; elle est à peine nocturne ; elle chasse les Passereaux, lors même que le crépuscule est déjà dissipé ; elle réussit surtout à s’em- parer des Chauves-Souris , des Souris et des Mulots, qu’elle déchire avec son bec et ses ongles , ne pouvant pas les avaler entiers. Elle plume très-proprement les petits Oiseaux qu’elle a pris, avant de les dépecer, ce (ai quoi elle diffère de la plupart des Rapaces nocturnes , qui avalent leur proie avec ses plumes ou ses poils. Elle se nourrit aussi d’insectes. Outre son cri poupon , poupoii, qu’elle pousse en volant, elle en produit un autre quand elle est posée, que l’on prendrait pour la voix d’un jeune homme appelant quelqu’un du nom de aime, heme , edme. Buffon raconte que, dans son château de Montbard, il lut réveillé, un peu avant le jour, par cet appel que faisait entendre une Chouette posée sur sa fenêtre; bien- tôt un de ses domestiques, occupant la chambre au-dessus de la sienne, ouvrit sa fenêtre, et dit à celui qu’il prenait pour un être humain : « Qui es-tu là-bas ? Je ne m appelle pas Edme, je m’appelle Pierre. » La Chevêche établit son nid dans les trous des vieilles murailles, sous les toits des tours, dans les crevasses des rochers ou des vieux arbres; elle y pond trois ou quatre œuls, presque ronds, et d’un blanc pur; leur grand axe est de quatorze lignes; le petit, de onze lignes. La Chevêche devient facilement domestique, quand on l’a prise jeune. On la garde en cage, oii on la conserve longtemps en santé, et sans que ses excréments soient infects, en la nour- rissant de viande de Mouton séchée , dont on a séparé la peau , la graisse et les os , et qu on a laissé tremper dans l’eau pendant deux jours avant de la lui donner. Bechstein assure qu il suffit, par jour, de trois quarts d’once de cette viande séchée, surtout si on y ajoute, de temps en temps, des Souris ou des Oiseaux. Elle peut dévorer jusqu’à cinq Souris dans un repas. FAMILLE DES STKIG1DÉS. 7:> C’est vers les deux heures de l’après-midi qu’elle commence à s’éveiller ; elle est bientôt fort gaie, et ne tarde pas à chercher son manger. M. Gérard, naturaliste distingué, a publié, sur les mœurs de cette Espèce, des particularités intéressantes; il a élevé, chez lui, une Chevêche qui était devenue très-familière, se laissait volontiers caresser, à toute heure de la journée, sans être incommodée par le grand jour, et sortait d’elle-même pour aller chercher, dans le jardin, des Insectes, dont elle détruisait une grande quantité. Elle recherchait la compagnie d’un jeune Chat avec lequel elle jouait, et souvent ils reposaient ensemble, dans un panier étroit, pressés l’un contre l’autre. Elle n’éprouvait pas la même sympathie pour le Chien du logis ; mais le principal objet de son inimitié était un Corbeau Choucas , apprivoisé comme elle ; celui-ci, malgré la supériorité de sa taille et la force de son bec, n’avait pas eu le des- sus : les deux rivaux s’évitaient, de guerre lasse, et, par un accord tacite, s’étaient partagé le jardin ; chacun avait son district, et n’en sortait pas ; mais, la nuit venue, la Chevêche régnait, sans partage, dans tout le jardin, qu’elle parcourait à petits pas rapides. Elle ne cherchait pas l’eau ; mais, quand on lui en présentait, elle buvait, en plongeant dans le vase le bec tout entier; quand il pleuvait, elle se couchait sur le sable, les ailes étendues, et paraissait éprouver un vif plaisir ; elle aimait aussi à s’étendre dans la poussière. La Chevêche passerine ( Athene passerina , de (|$uld ; Sttix pàsserina, de Linné; Stria: Acadica, de Gmelin ; vulgairement petite Chouette d’Uplande , Chouette d’Acadie, Ghevê- cliette) se trouve dans l’Amérique septentrionale, dans la Laponie, où elle est commune, et dans le nord de l’Allemagne, où on la rencontre rarement. Elle est de trois pouces plus petite que la Chevêche, et sa taille surpasse à peine celle du Moineau. Son plumage est, en dessus, cendré brun, ponctué de blanc et de roux ; le dessous est d’un blanc éclatant, avec des taches longitudinales brunes ; le cou est garni , en avant , d’un demi-collier blanc ; la queue est d’un cendré brun, et porte quatre bandes blanches, transversales et étroites; les tarses et les doigts sont blancs, tachetés de roussàtre ; le bec est plombé, jaunâtre à la pointe ; l’iris jaune. La Chevêchette se nourrit de Souris, de Sauterelles, de Coléoptères et de Lépidoptères nocturnes. La Chevêche caburé (Athene pumila, de Gray ; Strix pumila , d’illiger; Cabouré, d’Azara) est une très-petite Espèce de l’Amérique méridionale; la tête est rousse, ponctuée de blanc; le dessus du corps marron ; les rémiges brunes, rayées ou ponctuées de blanc ; le ventre est blanc ; les flancs d’un roux vif ; les cuisses blanches , avec quelques flammèches rousses. Le Caburé est un Oiseau très-courageux ; il se glisse sous les ailes des gros Oiseaux de basse-cour, et même des Garacaras ; il s’y cramponne, et les met à mort en leur déchirant le flanc. La Chevêche a collier ( Athene torquata, de Gray ; Strix torquata, de Daudin) est une Espèce de l’Amérique méridionale; la face est d’un brun chocolat, ainsi que le derrière du cou, le manteau et le dessus des rectrices, qui sont terminées de blanc, avec des rayures transversales blanches ; un large collier brun se voit au haut de la poitrine ; les parties infé- rieures sont de couleur blanche, ainsi que la gorge et le devant du cou ; les tarses et les doigts sont revêtus de soies d’un blanc lustré ; les ongles sont noirs ; les sourcils blancs et larges ; le bec est bleuâtre, à bout jaune. Cette Espèce, qui, pour la taille, tient le milieu entre le Grand-Duc et la Hulotte, habite les forêts bordant les rivières et canaux naturels dont est sillonné le territoire de l’Amérique tropicale du sud. Le jour elle dort, cachée sous le feuillage, dans la bifurcation de deux rameaux ; au crépuscule, elle se réveille, et parcourt en tous sens les sombres voûtes des forêts, qui retentissent de ses lugubres accents; elle y donne la chasse aux petits Mammifères, aux Chauves-Souris et aux Oiseaux. La Chevêche a terrier (Athene cunicularia, de Gray; Strix cunicularia , de Vieillot; Strix grallaria , de Temminck) , nommée Urucuru, par Azara, est encore une Espèce de l’Amérique méridionale, dont la livrée est brune en dessus, blanche en dessous; lès pieds sont garnis de tubercules, et poilus; les ongles noirs; le bec est d’un blanc verdâtre. La taille est de neuf à dix pouces, c’est-à-dire, égale à celle d’un Pigeon. RAPACES NOCTURNES. 76 La Chevêche à terrier, nommée aussi Chevêche échassière, à cause de la longueur des tarses dans la femelle, habite toute la zone chaude et tempérée de l’Amérique méridionale, du 40e au 42e degré. On ne la rencontre jamais dans les bois, "ni même dans les plaines buisson- neuses, à moins qu’il n’y ait au milieu de ces dernières des clairières étendues; ce qu’elle pré- fère , ce sont les immenses pampas de l’Amérique du Sud , et les versants arides de la chaîne des Andes, ou les dunes qui bordent les océans Atlantique et Pacifique. C’est là qu’elle vit par couples isolés, sédentaire dans le canton qu’elle a choisi , et ne permettant guère à ses pareils de s’établir dans son voisinage. Cet Oiseau a pour domicile les terriers abandonnés des Tatous , ou des Biscachès , ou des Renards, mais il ne les creuse pas lui-même, comme on l’a cru pendant longtemps, sur le témoignage du Père Feuillée : si ses ongles étaient propres à fouir, ils ne tarderaient pas à s’émousser, et on les voit toujours recourbés et aigus. Il prend possession du terrier quand le propriétaire l’habite, et celui-ci en est chassé, non par la violence, mais par l’odeur insup- portable qu’exhale l’usurpateur; c’est là qu’il dépose quatre œufs blancs, que le père et la mère couvent alternativement. M. Alcide d’Orbigny, qui a observé les mœurs des Oiseaux de l’Amérique méridionale avec la ferveur et la sagacité que nous admirons dans Audubon et Levaillant, donne, sur cette Chevêche, des détails pleins d’intérêt: si l’on s’approche de sa résidence, vers le milieu du jour, on trouve ordinairement le couple à l’entrée du terrier; troublés dans leur sommeil, ils font entendre leur cri de 'guerre, qui consiste en un tcliii, tchii, tchii prolongé ; puis ils s’en- volent pour aller se poser sur une butte, à quelques pas : là, tout en tournant la tête avec inquiétude, ils regardent fièrement l’importun qui les a dérangés, et se laissent approcher de très-près ; puis s’envolent encore, et vont se percher sur un tertre voisin, ou sur un buisson, en recommençant leur cri de guerre ; ils ne se réfugient au fond de leur clapier, que quand ils éprouvent une grande peur, ce qui est rare. Cet Oiseau se nourrit de Rats, de Cobayes, de Reptiles et d’insectes; il chasse vers le soir, à l’heure où ces Animaux sortent de leur retraite, et commence son exploration en pla- nant comme les Rapaces diurnes. M. A. d’Orbigny a cru remarquer qu’au milieu de la nuit il se repose, pour recommencer le lendemain matin, dès le crépuscule, et même un peu après le lever du soleil, comme la veille avant son coucher, volant à fleur de terre, et tournoyant au-dessus des terriers des Rongeurs, en faisant entendre son cri nocturne, hou, liou-ou-ou-ou. L’Urucuru se plie facilement aux habitudes de la domesticité ; on l’élève à cause de sa dou- ceur dans quelques localités; il y remplit l’office de Chat, et fait bonne guerre aux Rats et aux Souris. La Chevêche nu a. me ( Athene brama, de Gray; Strix Brama, de Temminck) est une Espèce de l’Inde et du Bengale ; sa taille est celle de la Chevêche commune; les sourcils et les joues sont variés de noir et de blanc ; le cou est entouré, en arrière, d’un large collier blanc , dont chaque plume est cerclée de brun ; la tête et le dos sont bruns, tachetés de gouttelettes d’un brun clair. Le dessous du corps est blanchâtre, tacheté de brun. La Chevêche marron ( Athene castanoptera , de Gray; Strix spadicea, de Temminck) est une Espèce de file de Java, où elle est connue sous le nom de Blowatu. La tête, le cou , le manteau et le thorax sont d’un roux clair, linéolé de noir ; le dos est d’un marron vif, ainsi que les ailes, qui sont tachées de blanc ; le ventre est blanc, avec des taches marrons ; les rémiges sont rayées de noir ; les rectrices sont rayées de jaunâtre ; le bec est livide. La taille est de sept pouces et demi. La Chevêche nudipède (Athene nudipes , de Gray; Strix nudipes , de Baudin) est une Espèce de l’île de Porto-Rico, dont la taille est de sept pouces. Le plumage est fauve bru- nâtre eu dessus, avec une tache blanche sur les côtés du cou, et les tectrices des ailes tache- tées de blanc; le corps est blanc en dessous, chaque plume flammée de brun au contre. Los tarses son! allongés, nus ol bruns , ainsi que les doigts. KAMI LL K DES ST RI (U DÉS. 77 (■ enke DUC, Bubo , do Cuvier (le mot Bubo , prononcé à la manière des Romains, est une onomatopée exprimant le cri de l’Oiseau). Les Ducs ont le bec court, très-fort, recourbé jus- qu’à la pointe ; le disque facial incomplet ; la tète garnie laté- ralement de deux aigrettes ; les tarses courts , emplumés , ainsi que les doigts; les ailes sont obtuses, la queue courte et arrondie. Le Duc d’ Europe ( Bubo europœus , de Lesson ; Bubo ntheniensis , d’Aldrovande ; Strix bubo , de Linné), nommé aussi, par les auteurs, Grand-Duc, Grand- Duc athénien, Grand Hibou, est PEspèce-type du Genre; la tête est ornée de deux aigrettes formées de plumes étagées, noirâtres au centre, rousses sur les bords ; le dessus du corps est jaune roux , varié de gris et onde de noir; le dessous est d’un roux plus clair, avec des taches brunes, longitudinales, et des raies transversales ondulées; la gorge est blanchâtre; les plumes des pieds rousses, mouchetées de brun; le bec noir; l’iris orange. La taille est de deux pieds, plus ou moins. Grand Duc (Bubo europœus) Le Grand-Duc habite l’Europe et l’Asie ; il est sédentaire dans l’Est de la France , et com- mun en Suisse, en Sicile et en Italie ; il se nourrit de Lièvres, Lapins, Taupes, Mulots, Rats, Souris, Perdrix, qu’il a fait lever par son cri effrayant, huihou, houhou, bouhou , pouhou , qui retentit dans le silence de la nuit. Il attaque même, dit-on, quelquefois les jeunes Chevreuils; il mange aussi les Reptiles, et en nourrit ses petits. Son nid, qu’il établit dans le creux des rochers, dans les crevasses des vieilles tours, a trois pieds de diamètre; et se compose de bûchettes entrelacées de racines souples, qu’il garnit de feuilles à l'intérieur. Il \ dépose deux 78 RAPACES NOCTURNES. ou trois œufs, ronds, d’un blanc pur; leur grand axe est de vingt-deux lignes; le petit, de vingt lignes. Les petits sont très- voraces , et leurs parents chassent alors avec activité pour satisfaire à leurs besoins ; ils se battent avec les Ruses pour leur arracher leur proie ; ils sont moins nocturnes que les autres Rapaces de leur famille , c’est-à-dire qu’ils sortent plus tôt le soir et rentrent plus tard le matin. Le Grand-Duc est, comme tous les Rapaces nocturnes, l’objet de l’antipathie des Oiseaux diurnes, et notamment des Passereaux, qui le harcèlent de leurs clameurs et de leurs coups de bec, lorsque le hasard l’a fait sortir de sa retraite pendant le jour ; ce sont surtout les Cor- neilles st l’Espèce-type. Sa taille est de treize à quatorze pouces; son plumage est d’un roux blan- châtre, varié de différentes nuances, avec des teintes et des raies d’un brun noir, lancéolées à la tête et à la nuque, par grandes masses sur les ailes, en bandes larges ou en zigzags étroits sur les rémiges et les rectrices , en mèches allongées sur les côtés de la poitrine, et en zigzags transversaux très -fins sur le reste des parties inférieures; la gorge et le milieu de la poitrine sont blancs, les sous- caudales blanches , barrées de cinq ou six raies brunes; le duvet des pieds est blan- châtre, le bec noir, l’iris jaune. Cette Espèce, commune en Égypte, visite accidentellement le Sud de la Sardaigne et de la Sicile. Ascalnplms est un nom mytho- logique qui rappelle la fable de Proserpine enlevée par Pluton. Gérés implore Jupiter, qui consent à lui rendre sa fille, pourvu que celle-ci n’ait pris aucune nourriture dans les Enfers « Il dit, et Gérés se croit sûre de ramener sa Pille sur la terre. Mais les destins en avaient décidé autrement, car la jeune fille n’était plus à jeun; en errant dans les jar- dins, elle avait imprudemment cueilli une Grenade sur ses rameaux flexibles , et détaché Axsn.vi.U’iniv de S.vYir.NY ( ;/sc<( lafihia Sarùjnifi I ■ de leur pâle écorce, sept grains, qu’elle avait pressés entre ses lèvres. Un seul témoin l’avait vue, c’était Vscalaphe, que l'illustre nymphe Orphné , amante d’Achéron, enfanta jadis dans les antres sombres de l’Averne. Il l’avait vue, et le cruel , en révélant son action , lui enleva tout espoir de retour, La reine de l’Erèbe, saisie de douleur, changea en Oiseau ce témoin indiscret. Son visage, arrosé de l’eau du Phlégéton, devient un bée, entouré de plumes, et surmonté de deux grands yeux; Vscalaphe, dépouillé de sa première forme, est revêtu de deux ailes fauves; sa tête s’élargit, ses ongles s’allongent et se recourbent; il agite avec peine les plumes nées sur ses bras affaiblis; il n’est plus qu’un Oiseau hideux, un morne Hibou, messager de deuil, et funeste présage pour les Humains. » G f. n ne G IGG AB A , Giccnba, deWagler (xtxxaê->„ Chat-huant). Dans ce Genre, le bec est allongé, la tête est dépourvue d’aigçettes, le disque facial est incomplet, les tarses sont emplumés , les doigts demi-nus, les ailes obtuses, la queue assez longue. Le G icc ab a un hui. ( Giccnba huhuln, de Wagler ; Slrix tineata , de Shaw), nommée Huhul , par Levaillant , est une Espèce de l’Amérique tropicale du Sud. Sa taille est à peu près celle de notre Chouette commune ;, elle est noire , finement rayée de blanc par lignes nettes et légères ; la queue est noire, traversée de trois bandes blanches en zigzags; le bec est jaune; le doigt intermédiaire est seul emplumé; les doigts et les ongles sont jaunes, ainsi que le bec. — Celte jolie Espèce habite la Guyane, où on l’a nommée Chouette de jour, à cause de ses habitudes. Gknuk 1M10DILE, Phodilus, d’is. Geoffroy (cjdoç, lumière, SstXoç , craintif, c’est-à-dire I I I! \l* \ ( ! K S \ 0 C T I H N K S. /*/sr- * s/- ■ /%, ,*// II A STI DÉS . Bec énorme Toucan. Ramphastos. Bec très-grand A R a c a r i . Pteroglossus. Genre TOUCAN, Ramphastos, de Linné. (Le nom de Toucan est la traduction du mot lue à , par lequel ces Oiseaux sont désignés au Brésil; celui de Ramphastos a été forgé par Linné , par extension du mot pagyo ç , bec. ) Le bec est plus long que la tête , très-grand , très- épais, remarquable par son énorme développement, garni à sa base d’une peau nue, spon- gieux ou celluleux en dedans ; la mandibule supérieure est recourbée , convexe en dessus , à bords denticulés; les narines sont basales, latérales, ovalaires, ouvertes, en partie cachées par les plumes du front. La langue est de la longueur du bec, étroite, frangée, et garnie de barbes rangées comme celles d’une plume; la face est nue; les tarses sont robustes, écussonnés; les ongles vigoureux et recourbés; les ailes sont obtuses; la queue est égale, médiocre, composée de dix rectrices. Les Toucans, que notre vieux naturaliste Belon décrit le premier sous le nom d 'Oiseau rare des terres neuves , sont des Oiseaux de l’Amérique tropicale , dont le plumage est peint des couleurs les plus brillantes, et auxquels la disproportion de leur bec et l’expres- sion fade de leurs grands yeux donnent une physionomie triste et sérieuse , contrastant avec la vivacité de leurs mouvements : ce bec volumineux semblerait, au premier abord, devoir gêner l’Oiseau par. son poids; mais il est celluleux intérieurement, et sa légèreté ne lui permet pas d’être une arme offensive de quelque puissance. Les Toucans habitent les parties chaudes de l’Amérique, où ils vivent en petites troupes de six à dix individus; leur vol est lourd et pénible, à cause de la brièveté de leurs ailes, de la longueur de leur bec et du peu de développement de leur sternum; cependant ils s’élèvent jusqu’à la cime des plus hauts arbres, non pas en grimpant, mais en sautant de branche en branche; ils sont très -déliants et très -vigilants. Sans opérer de migrations régulières, ils errent de canton en canton, pour chercher leurs aliments; quand ils ont saisi leur nourriture avec leur bec, ils la jettent en l’air, afin de la faire arriver jusque dans leur gosier par les seules lois de la pesanteur. Cette nourriture consiste, selon la saison, en fruits, en bourgeons d’arbres, en insectes et en petits Oiseaux; ils attaquent les parents de ces derniers, les chassent de leur nid, et, en leur présence, mangent leurs œufs, leurs petits, qu’ils tirent des trous à l’aide de leur bec, ou qu’ils font tomber avec les nids. Azara dit qu’ils établissent leur nid dans les trous d’arbres, et que de leur ponte naissent deux petits, que le père et la mère nourrissent jusqu’à ce qu’ils volent la queue renversée sur le dos. Les Toucans sautillent obliquement, d’assez mauvaise grâce et les jambes très-écartées. Quand ils dorment, leur tête est cachée entre les plumes de leur dos , et leur bec est étendu jusqu’à la queue , qui se relève et se rabat sur lui. Le Toucan du Brésil ( Ramphastos Tucanus , de Gmelin) a vingt pouces de longueur; les parties supérieures noires, à reflets bronzés; les joues, la gorge et le devant du cou d’un jaune orangé, avec une bordure rouge cramoisi en bas; les couvertures de la queue d’un jaune de soufre; le bec long de quatre pouces et demi; la mandibule supérieure verte,- avec trois grandes taches triangulaires d’un jaune orangé sur les côtés, une raie jaune en dessus el IL 44 IM y-zpr/c ** ■*'!• rnt/ar,-/ i sfrï-rtrz.yr S ;// . FAMILLE DES RAMPHASTIÜÉS. III l'extrémité bleue; lu mandibule inférieure est bleue, nuancée de vert au milieu; les pieds sont d’un cendré bleuâtre. Les plumes de ce bel Oiseau, et surtout celles de la poitrine, étaient recherchées autrefois ■par les dames du Pérou et du Brésil, qui en garnissaient leurs vêtements. La mode en a passé dans l’ancien monde, et, pendant un certain temps, les Européennes ont fait grand cas d’une robe garnie de gorges de Toucans. Le Toucan Ariel ( Ramphastos Ariel, de Vigors; Rnmphaslos maximus , de Cuvier) est une belle Espèce qui habite Para et le Brésil. Tout le dessus du corps, l’abdomen, les ailes et la queue sont d’un beau noir luisant, à reflets bronzés; le menton, la gorge et le devant du cou sont d’une belle couleur orange, bordée inférieurement d’une bande jaune citron; la poi- trine et les tectrices de la queue sont d’un rouge vif; le bec est entièrement noir, excepté à la base, où l’arête de la mandibule supérieure est bleuâtre, et où tout le reste du contour de la base offre une bande jaune citron, bordée postérieurement d’une ligne noire; la nudité du tour de l’œil est rouge; les pieds sont bleuâtres. La taille est de vingt-un pouces. Genre ABACAR1, Pteroglossns , d’Illiger (irTEpov, yXoïacra, langue pennée). Le bec est très-grand, mais faible, quoique plus solide et moins cellulaire que celui des Toucans; la mandibule supérieure a son arête arrondie , aplatie et triangulaire à la base ; les deux mandibules sont courbées en bas , vers le bout, et crénelées sur leurs bords ; les narines sont arrondies et contiguës aux premières plumes frontales; la langue est médiocre, cartilagineuse, étroite et en forme de plume; les tarses sont médiocres, à doigts grêles et allongés , les ailes sont obtuses ou surobtuses et courtes; la queue est très-étagée, et com- posée de dix rectrices. Les Aracaris , qui doivent leur nom au mot exprimé par leur cri , ont les mœurs des Toucans et vivent dans les mêmes contrées. L’Aracari Grigri ( Pteroglossns A ra- cari , de Wagler; Ramphastos Aracari , de Gmelin) , nommé aussi Aracari à ceinture rouge , est une Espèce de la Guyane. La mandibule supérieure est blanche; l’inférieure noire, avec un rebord blanc autour de la gorge; la tête et le cou sont noirs; les ailes et le dos verts; la poitrine et le ventre jaunes, avec une écharpe rouge sur le milieu du ventre; les plumes des cuisses sont brunâtres. L’Aracari de Bâillon ( Pteroglossus Baillonii, de Wagler) est une Espèce brési- lienne qui a le bec plombé à la base, corné à l’extrémité; tout le dessous du corps est d’un jaune intense et uniforme; le dessus du corps est d’un verdâtre mêlé de jaune, plus décidé sur la tête et le cou. 112 PASSE R E A EX / Y G 0 1) A G T Y GE S. FAMILLE les CUCULFDÉS (Genres CUCULUS, CROTOPHAGA , TROGON, BUCCO, de Linné.) CARACTÈRE. — Doigt externe dirigé en arrière; bec an peu recourbé, de dimension ordinaire; ailes généralement courtes, concaves; queue généralement étagée. SYNOPSIS DES TRIBUS DE LA FAMILLE DES ClICULIDÉS. Dec non barbu. Dec grand ScythroPi.éâs. Dec moyen Cu eu liens. Dec muni à sa base d’un faisceau de barbes Ru ceo ni en s. TRIBU des SCYTHROPIENS Cette Tribu se compose du seul Genre Scythrops , Scythrops, de Latliam ( axuOpwTtoç , farouche). Le bec est robuste, plus long .pie la tête, plus haut que large, très-convexe en- dessus, entier, comprimé; la mandibule supérieure est en pointe recourbée, à bords finement dentelés, séparée par un large et profond sillon de la mandibule inférieure, qui est recourbée à la pointe; le tour des yeux est nu; les narines sont basales, latérales, arrondies, à moitié fermées en dessus par une membrane nue; les ailes sont médiocres, subobtuses; la queue est longue, arrondie, composée de huit rec- Irices; les tarses sont annelés, courts et forts. Le Scythrops présageur ( Scythrops Novœ-Hollandiœ , de Latliam) , est l’Espèce unique du Genre; la tête, le cou et tout le dessous du corps ont une teinte gris clair; le dos, les ailes et la queue sont d’un gris cou- leur de plomb ou bleuâtre, toutes les plumes terminées de noir; la queue est très- étagée , les rectrices sont terminées par une bande noire et une tache blanche ; les pieds sont d’un bleu noirâtre, et le bec est couleur de corne grisâtre dans sa moitié basale, jaune dans sa moitié terminale; la peau des narines et du tour des yeux est rouge. La taille est de vingt-cinq pouces. Cet Oiseau est connu à la Nouvelle- Hollande sous le nom de Goë-ree- Gang. Son naturel est farouche ; quand on l’a pris, il ne se laisse pas apprivoiser, refuse toute nourriture, et pince tous ceux qui l’ap- prochent. Le Scythrops se tient caché lorsque le temps est beau; et quand l’état de l’atmo- sphère va changer, son apparition . ses mou- FAMILLE DES CLCIIL1 DÉS. 113 vements inquiets et ses cris sont l’annonce certaine de la pluie ou de l’orage; de là le nom de Aménro , que lui donnent les naturels des îles Célèbes. Il se nourrit de petits fruits, d’in- sectes et d’Escargots, dont il brise la coquille pour manger le mollusque. 11 étend souvent la queue en éventail, et fait entendre un cri strident et très-désagréable, tel que celui du Coq lorsqu’il aperçoit un Oiseau de proie. TRIBU des CUCULIENS ( Genres CBOTOPHA GA et CUCULUS, de Linné.) Les Cuculiens sont des Oiseaux omnivores, à formes massives; leur bec est robuste ou médiocre, notablement fendu et comprimé; la mandibule supérieure a son arête arquée et sa pointe crochue ou recourbée. Les ailes sont courtes et s’arrêtent au croupion ou au tiers supé- rieur de la queue , qui est longue et souvent très-étagée. SYNOPSIS DES GENRES DE LA TRIBU DES CI CI LIENS. Bec surmonté d’une crête A ni. Crotophaga. Bec sans crête , encore assez grand , long, épais, à arête courbe . .. Malcoha. Phœnicophaus . à arête presque droite Leptosomus. comprimé ; ongle du pouce ordinaire Cultrides. ongle du pouce allongé . . . Go UC AL. Centropus. long et grêle Saurotliera . moyen ; tarses longs Coua. tarses moyens ou courts. Bec presque conique Indicator. Bec comprimé Cuira. Bec déprimé à la base , comprimé à la pointe. . . . . . . Coucou. Cuculus. Genre A NI, Crotophaga, de Linné (zpo-rov, tique, vermine; cpayw> manger). Le bec est très-élevé, très-comprimé, et forme une carène arquée très-mince, se prolongeant entre les plumes du front. Les narines sont placées près de la base du bec , vers le milieu de la mandibule. Les ailes sont faibles , subobtuses ; les tarses largement écussonnés ; les doigts minces, à ongles faibles; la queue est étagée. Les Anis sont des Oiseaux appartenant à l’Amérique équa- toriale. On les rencontre, dans les cantons chauds et humides, par troupes de quinze à vingt; ils se tiennent dans les lieux découverts, sur les buissons des savanes; ils vivent de maïs, de riz, de fruits, et surtout d’insectes; ils s’abattent même souvent sur le dos des Bœufs , qu’ils débarrassent des larves d’insectes parasites logées sous leur peau. C’est ce qui leur a valu leur nom générique : la crête convexe de leur mandibule supérieure est un instrument parfaitement adapté à ce genre d’opé- ration. Quand la saison des œufs est arrivée, les Anis continuent de vivre en commun, caractère exceptionnel de sociabilité qui les distingue de la plupart des autres Oiseaux; un seul et même Ani des Palétuviers. PASSEREAl \ ZYGODACTYLES. 114 nid reçoit toutes les couveuses de la troupe; il est proportionné au nombre des œufs, et offre quelquefois quatre pieds et demi de circonférence; les Anis le construisent grossièrement, mais solidement, avec de petites tiges de plantes filamenteuses, et des branches d’arbrisseaux; lu dedans est seulement tapissé., et couvert de feuilles tendres , qui se fanent bientôt : c’est sur ce lit de feuilles que sont déposés les œufs; ils ont une couleur d’aigue-marine, et leur volume est égal à celui des œufs de Pigeon. Il arrive toujours que, dans ce petit phalanstère suspendu, les œufs se mêlent ; alors les couveuses étendent leurs ailes protectrices sur tous indifférem- ment, et, quand les petits sont éclos, les parents donnent, sans distinction, la becquée à tous ceux qui la demandent. Il y a deux pontes par an, la première au mois de mars, la seconde dans l’arrière-saison; mais si, au printemps, les œufs sont mangés par les Couleuvres ou par les Rats, les Anis font immédiatement une nouvelle ponte, ce qui n’empêche pas celle du mois d’août d’avoir lieu. Ees Anis ont le vol court, et se posent, de préférence, sur les buissons et les branches des arbres peu élevés : ils s’v tiennent rapprochés, autant que possible, les uns des autres. Ils gazouillent ainsi tous ensemble; leur ramage est plutôt un sifflement aigre qu’un chant; il devient plus aigre encore quand ces Oiseaux voient s’approcher quelque ennemi; cependant, les Anis ne sont ni craintifs, ni farouches, et le bruit des armes à feu ne les épouvante guère; il est vrai que le chasseur s’abstient de tirer sur eux, parce que leur chair n’est pas comes- tible, et qu’elle exhale même une mauvaise odeur. L’A ni des Palétuviers {Crotophaga major, de Linné) , est long de dix-huit pouces; son plumage est en entier d’un noir violâtre profond ; les bords des rémiges sont teints de vert. Cette Espèce se tient habituellement dans les grands arbres, nommés Palétuviers, qui croissent sur les bords de la mer, à la Guyane et au Brésil, et dans les Antilles. On lui donne vulgaire- ment le nom vulgaire de hout-fde-petun , fondé sur la ressemblance de son bec avec le fourneau d’une pipe. L’A n i des Savanes ( Crotophaga Ani , de Gmelin) , nommé, par les Nègres, petit bout de petun, est long de treize pouces ; sou plumage est noir, teint de violâtre; les bords des rémiges sont d’un vert cuivré brillant; les rémiges et les rectrices d’un bleu noir intense. Il habite toute l’Amérique tropicale. Genre MAL CO HA, Phœnicopliaus , de Vieillot (cpoivtxocp«v)ç, ayant l’éclat de la pourpre). Le bec est plus long que la tête, dépourvu de crête, garni à sa base de soies divergentes, épais, arrondi, arqué vers le bout; les narines sont basales, latérales ; l’orbite et une portion de la joue sont recou- vertes d’une peau nue , et mamelonnée ; les ailes sont sur- obtuses; les tarses minces, annelés, et les ongles faibles. Les Malcohas habitent les îles méridionales de l’Inde; ils vivent retirés dans les forêts, et se nourrissent de baies et autres fruits charnus. Le Malcoh a \ bec peint ( Phœnicopliaus calgorhyn- chus, de Temminck) est une Espèce des Moluques. Sa taille est de dix-neuf pouces; le dessus du corps est d’un marron rouge vif; la queue est longue, presque étagée, violette, à reflets bleus; la nuque est d’un cendré bleuâtre; la mandibule supérieure est jaune, puis noire, et ensuite blanche à la pointe; l’inférieure, d’un rouge de cerise. Le Malcoha a tête rouge ( Phœnicopliaus pyrrhocephalus , de Vieillot) est l’Espèce- type; le sommet de la tête et les joues sont d’un rouge de feu, entouré d’une bande blanche ; la queue est terminée de blanc. Cet Oiseau habite l'île de Ceylan et le Bengale. Le Malcoha rouverdin ( Phœnicopliaus viridis , de Vieillot; Cucu/us curvirostris , de Shavv ) a les joues d’un gris cendré; le tour des yeux rouge; la queue très-longue, bleue, les rectrices externes rousses. Il habite le Bengale et Java Malcoha a blc film. FAMILLE DES CLIC U Ll DÉS. IL Comtoi. Genre COUROL, Leptosomus , de Vieillot (Xeitxoç, mince, <7W[/.a, corps),. Le bec est gros, pointu, robuste, assez court, légèrement comprimé, un peu triangulaire, à mandibule supérieure portant au bout une petite échancrure; les narines sont obliques, presque médianes, linéaires; les tarses courts, minces; les ailes ai- guës; la queue est longue, presque égale, composée de dix rectrices. Le nom de Courol, donné aux Oiseaux de ce Genre, a été créé par Levaillant, pour indiquer que ces Oiseaux représentent à la fois les formes des Coucous et celles des Roi les. Le Courol vourong-driou ( Leptosomus viridis, de Vieillot; Cuculus cafer , de Latham) est long de quinze pouces ; les couleurs dominantes de son plumage sont le gris ardoisé et le brun; le dos, chez le mâle, est d’un vert glacé, teinté de cuivre rouge, qui s’étend sur les moyennes rémiges. Le bec est noir et les pieds de couleur carnée; l’occiput porte une calotte brune, à reflets bronzés; un trait noir va de la commissure du liée à l’œil. Les Vourong-drioux ont la tête massive, le corps épais, l’air lourd et stupide. Ils se tiennent dans l’épaisseur des grandes forêts du pays des Cafres et de Madagascar, et se nourrissent de fruits, ou d’insectes orthoptères, tels que Mantes, Sauterelles, etc. Le nom de Vourong- driou est celui que leur donnent les naturels de Madagascar. Genre CULTRIDE, Cul truies, de Pucheran {cul ter, couteau). Le bec est long, élevé à la base, très-arqué dans son dernier tiers, comprimé sur les cotés jusqu’à la pointe, sans être crochu; la mandibule supérieure représente une lame de couteau ; les narines sont presque en croissant, percées oblique- ment dans une membrane basale et très-rapprochée du bord de la mandibule; les ailes sont courtes, plus que surobtuses ; la queue est lon- gue, large, étagée; les tarses sont très -longs, largement écussonnés ; les doigts sont UlLiltlDE. 7 ^ GüLTRIDE. courts, ainsi que les ongles, qui sont comprimés, peu courbés et peu aigus. Le Cultride de Geoffroy {Cultrules Gcoffroyi, de Pucheran; Coccyzus Geoffroy) , de Tennninck) porte sur la tête une huppe, dont les plumes sont de couleur bleuâtre, à reflets d’acier poli ; le front, les joues, le devant du cou et la poitrine sont couverts de plumes courtes, imbriquées comme des écailles de Poisson, brunes au milieu, et terminées par des croissants d’un blanc roussâtre ; la poitrine est entourée par une ceinture d’un noir bronzé ; tout le ventre est fauve; le dos et les ailes sont d’une belle couleur vert bronzé, à reflets dorés; le tour des yeux est nu; le bec est jaunâtre ; les tarses sont d’une teinte cendrée ver- dâtre, et les ongles sont jaunes. La taille est de dix-huit à dix-neuf pouces. Cette belle Espèce, pour laquelle M. Pucheran a créé le Genre Cultride, a été retirée du Genre Coua, de Temminck ; elle habite l’Amérique méridionale; ses mœurs sont celles îles Couas. Genre COUCAL, Centropus, d’Jlliger (xévrpov, aiguillon, ttoïï;, pied). Le bec est robuste, très-comprimé; la mandibule supérieure a son arête mince, recourbée en voûte, et sa pointe presque perpendiculaire ; l’inférieure est droite ; les bords mandibulaires sont entiers ; les narines sont basales, latérales, obliques, à demi fermées par une membrane nue; les ailes sont très-courtes, surobtuses; la queue longue, Irès-étagée; les tarses allongés, robustes, largement écussonnés; l’ongle du pouce est long, droit et pointu. C’est à ce dernier caractère 116 PASSEREAUX Z YGO DACTYLES. que fait allusion le 110m de Centropus ; c’est aussi la longueur de l’ongle du pouce qui a porté Levaillant à forger le mot de Coucal , abrégé de Coucou et d’Alouette. Les Coucals sont des Es- pèces d’Afrique et des Indes , qui diffèrent des Coucous en ce qu’ils couvent eux-mêmes leurs œufs : c’est dans un grand trou , sur la tête d’un arbre , ou dans une grosse branche cassée et vermoulue, que le couple fait sa nichée ; la femelle pond quatre œufs d’un blanc roux, qu’elle dépose sur des brins de bois, dont elle remplit le fond du trou; le male partage avec la femelle les soins de l’incubation. Ces Oiseaux sont insectivores, et vivent principalement d’Orthoptères, tels que Grillons, Criquets, Sauterelles ; ils séjournent dans les forêts , dans les plaines et sur le bord des rivières ; leur vol est court et très-saccadé ; ils ne peuvent faire le moindre trajet sans être obligés de se reposer. Le Coucal des Philippines ( Centropus Philippcnsis , de Lesson) , qui est l’Espèce- type, est un grand Oiseau à plumage d’un bleu noir intense en dessous, à bec et tarses noirs, à ailes et manteau chocolat, à queue d’un bleu noir. Il habite Java et les îles Philippines. Le Coucal Hou hou ( Centropus senegalensis , de Lesson; Guculus senegalensis, de Gme- lin) est une Espèce africaine, dont la taille est de quinze pouces ; les parties supérieures sont d’un vert obscur irisé; les tectrices de l’aile, d’un roux verdâtre ; les rémiges rousses termi- nées de vert ; la croupe brune, les rectrices vertes, avec des reflets brillants ; les parties infé- rieures d’un blanc roussàtre; le bec noir; l’iris rouge et les pieds noirâtres. Le Houhou exprime très-distinctement, par ses cris, les syllabes courou, couroucou, cou, cou , cou. Comme tous les Oiseaux chanteurs, les Houhous sont très-faciles à approcher pen- dant qu’ils chantent : dans tout autre moment ils sont très-défiants, et ne se laissent jamais surprendre. Si on tue le mâle le premier, on n’aura pas la femelle ; mais, en tuant la femelle, on est sûr d’avoir le mâle, qui vient l’appeler par des cris perçants, sans cesser pour cela de chanter le matin et le soir aux heures accoutumées. Les Houhous ont l’habitude singulière de se percher dans le sens longitudinal des branches basses des arbres. Genre SAUROTHËRE , Saurotliera, de Vieillot (caïïpoc, lézard, 6-/)pdu), chasser). Le bec est plus long que la tête, lisse, comprimé, droit, courbé seulement à sa pointe, dentelé sur les bords de la mandibule supérieure ; les narines sont basales, oblongues, couvertes par une membrane ; la pau- pière est garnie de cils ; le tour de l’œil est nu ; les ailes sont concaves, subaiguës; la queue est très-longue et très- saohoihèrk. étagée ; les tarses sont courts, grêles, écussonnés, les ongles courts, arqués. Le Saurothère vieillard [Saurotliera vetula, de Vieillot; Guculus vetula, deGmelin) est l’Espèce-type du Genre; la tête, le dos, les ailes sont d’un cendré roux; le devant du cou et le thorax , d’un cendré gris ; le bas-ventre et le croupion , de couleur rousse ; les rec- trices, bleu d’acier, terminées de blanc; le bec est roussàtre. La taille est de seize pouces. Cette Espèce habite l’Amérique tropicale, où elle porte le nom vulgaire de Tacco , qui rap- 117 FAMILLE DES CICIJLIDÉS. pelle un de ses cris; elle articule durement la première syllabe, et descend d’une octave sur la seconde. On la nomme encore Oiseau de pluie , parce que ses cris sont plus fréquents lors- qu’il doit pleuvoir; Vieillard, parce qu’elle a les plumes du menton blanches; Rieur, parce qu’elle semble pousser un éclat de rire en prononçant les syllabes qua-qua-qua, ou cra-cra-ra, qu’elle jette lorsqu’elle s’envole ou qu’elle voit un animal qui lui cause de l’inquiétude. Le Tacco est plutôt marcheur que voilier; son vol est peu élevé; il fréquente les terres cul- tivées, les buissons, les savanes et les forêts; il se nourrit de grosses Chenilles et de petits Lézards Anolis, qu’il poursuit sans cesse sur les branches des arbres, où ces Reptiles insec- tivores guettent eux-mêmes leur nourriture ; il est tellement occupé de sa chasse, qu’on peut l’approcher et le frapper avec un bâton , au moment où il se dispose à fondre sur sa proie. A l’époque des amours , il s’enfonce à l’intérieur des forêts , et place son nid sur les arbres , dans la bifurcation des grosses branches ; il y pond quatre ou cinq œufs d’un blanc sale , tacheté de noir. Genre COUA, Coua, de Levaillant. Le bec est voûté, robuste, comprimé, très-élevé, légèrement courbé, pointu, à mandibule inférieure droite; les narines sont basales, linéaires, à demi fermées par une membrane ; le tour des yeux est nu ; les ailes sont sur- obtuses ; la queue est large et étagée; les tarses sont longs, garnis d’écussons peu adhérents ; les ongles sont courts , comprimés et aigus. Les Couas sont des Oiseaux de l’Afrique australe et orien- tale; ils établissent leurs nids dans les trous creusés à la bifurcation des vieux arbres ; ils se nourrissent de mollus- ques terrestres. Le Coua de De lalande (Coua Delalandii , dePucheran; Cuculus Delalandii, de Tem- minck) a le dos et les parties supérieures d’un bleu azuré ; tout le dessous du corps, jusqu’aux cuisses, est d’un blanc pur; le bas-ventre et le croupion sont d’un roux cannelle ; les rectrices sont bleu d’acier, et terminées de blanc. Cet Oiseau habite Madagascar, où il a reçu des naturels le nom de Casseur d’Escargols ( Farnac-acora ) ; il chemine dans les bois , en sautillant de branche en branche , de roche en roche, pour chercher les Agathines , mollusque gastéropode, qui forme sa principale nourri- ture. Lorsqu’il en trouve une, il l’emporte, va se poser sur une grosse pierre, tenant avec le bout de son bec le bord libre de la coquille ; puis il en frappe la pierre, en tournant et levant la tête tantôt à droite, tantôt à gauche, jusqu’à ce qu’il l’ait brisée; alors il met une patte dessus, et avec son bec, il retire le mollusque, qu’il avale aussitôt. M. Ackerman, chirurgien de la marine, qui a observé, à Madagascar, les mœurs de ces Oiseaux, rapporte qu’il en avait élevé un, qu’il nourrissait dans une volière avec d’autres Oiseaux; il était devenu presque familier. Si, à travers le grillage, son maître lui montrait une Agathine, il voltigeait dans tous les sens, et chantait comme dans les bois ; ce chant se bornait à un crou-ou , modulé en des- cendant, qu’il répétait en raison de son contentement ou de son impatience; quand on lui avait donné l’Agathine, il se promenait en la tenant au bec, proférait son crou-ou plusieurs fois de suite, après quoi il cassait la coquille, mangeait le contenu, et essuyait son bec, sali par la matière gluante que rendait le mollusque. Genre G LIRA {Cuira, de Lesson). Le bec est aussi long que la tête, robuste, triangu- laire à la base, très-comprimé, à bords recourbés; les narines sont basales, en scissure lon- gitudinale, percée au centre d’une membrane qui occupe le milieu de la mandibule; le tour des yeux est nu ; les ailes sont obtuses; la queue étroite, longue et étagée; les tarses assez longs, recouverts de larges écailles; les doigts longs; les ongles peu comprimés, peu arqués, et aigus. Le Guira cantara {Guira piririgua , de Strickl ; Cuculus gui ra , de Gmelin) est l’Espèce l’ A S S E R R A l \ / Y G 0 1) V C T Y L E S. l 18 Coucou COMMUN. unique du Genre. Son plumage est mélangé de roux, de flamiriètes longitudinales brunes sur un fond blanc; la nuque porte des plumes relevées en huppe , rousses au sommet , blanchâtres à la hase; les ailes sont brunes, variées de brun et de blanc; la queue est blanche en dessous, traversée, dans son milieu, par une très-large bande noire; le bec est rougeâtre; l’œil est garni de cils; les tarses sont jaunes. ,;uiu Cet Oiseau habite le Brésil; ses habitudes, suivant Azara, sont les mêmes que celles des Anis; il séjourne, de préfé- rence, dans les plantations voisines des habitations, et il entre même dans les lieux habités; il établit son nid sur des buissons hauts et épais, le compose de bûchettes, et en garnit l’in- térieur de feuilles sèches. G e n a iî COUCOU, Cuculus , de Linné (Le mot cuculus, vocalisé à la romaine, est, comme le mot français coucou, une onomatopée exprimant le cri de l’Oiseau). Le bec est large , un peu déprimé à la base , comprimé graduelle- ment jusqu’à la pointe, légèrement arqué, entier et lisse; les narines sont basales , ovales , entourées d’une mem- brane saillante; la bouche est fendue; le gosier large; les ailes sont subohtuses ou subaiguës:; la queue est arrondie et allongée; les tarses sont courts, plus ou moins complè- tement emplumés. Les Coucous sont célèbres par une particularité de mœurs qui a longtemps occupé et occupe encore en ce moment les naturalistes : non-seulement ils ne construisent pas de nids pour leurs petits, mais ils déposent leurs œufs dans des nids étrangers, laissant au proprié- taire les soins de l’incubation et de l’éducation de leur progéniture : ils n’en déposent qu’un dans chaque nid, et leur instinct les porte toujours à choisir celui d’un Oiseau insectivore; en outre, l’Espèce à laquelle ils accordent cette triste préférence a des petits bien moins forts que les leurs, et l’on comprendra bientôt quelle est la prévoyance qui les dirige dans leur choix. La cause de ce phénomène, presque unique dans l’histoire des Oiseaux, est restée longtemps inconnue. Les uns pensent que la femelle agit ainsi pour dérober ses œufs à la voracité du mâle; les autres prétendent que cela tient à la largeur et à l’épaisseur du sternum, qui, chez le Coucou, se continue depuis la poitrine jusqu’aux jambes, et empêche conséquemment la communication de la chaleur du corps de la mère, qui est si nécessaire dans l’incubation; peut-être même que la femelle écraserait ses œufs dont la coque est très-mince, par la seule pression de ce même os. D’autres, enfin, attribuent ce phénomène à la position du gésier, qui serait comprimé par l’incubation; mais les curieuses observations de M. Florent Prévost, chef des travaux zoologiques du Muséum de Paris, sur les mœurs du Coucou d’Europe, ont singulièrement éclairé la question, comme on le verra bientôt. Le Coucou guis d’Europe ( Cuculus canorus , de Linné) a onze pouces de longueur; les parties supérieures sont d’un cendré bleuâtre, plus foncé sur les ailes, plus clair sur la gorge et la poitrine; des taches blanches se voient sur les barbes internes des rémiges ; les rectrices sont noirâtres, tachées et terminées de blanc; les parties inférieures blanchâtres, rayées transversa- lement de noir; le bord du bec, l’iris et le? pieds jaunes. Cet Oiseau arrive dans nos climats en avril, et s’annonce par un chant assez monotone, auquel il doit son nom. Il habite les bois situés sur les coteaux, vit seul, et change de place à tous moments pour chercher sa nourriture, qui consiste en Insectes et en Chenilles : il peut même avaler les Chenilles velues, ce que ne font pas les autres petits Oiseaux; de même que les Rapaces nocturnes, il vomit les poils, roulés eu boulette dans son estomac. Il mange aussi les œufs des petits Oiseaux. Le Coucou se laisse approcher difficilement , et vole d’arbre en arbre, sans s’éloigner beaucoup du chasseur. 8a II!) FAMILLE DES (!) EL El DÉS. chair est grasse et bonne à manger vers l’arrière-saison; c’est à son arrivée, en avril , que la comparaison proverbiale, maigre comme un Coucou, a sa juste .application. Jl émigre en voyageant de nuit, et va chercher la nourriture, qui lui manquerait chez nous en hiver, dans l’Afrique et dans l’Asie méditerranéen- nes. il arrive, dans les îles de Malte et de l’Archipel grec, en même temps que les Tourterelles, au milieu des- quelles il est toujours seul ; c’est à cause de cet isolement que les habi- tants de ces îles le désignent sous le nom de Conducteur des Tourterelles. « On sait, dit M. Florent Prévost, que les Coucous arrivent dans notre climat, isolément et successivement, dans le courant du premier mois du printemps, et vivent solitaires, occu- pant chacun une sorte de canton , un espace assez circonscrit, dans lequel ils restent pendant l’été. J’ai reconnu que cela n’est vrai qu’à l’égard des males; la femelle, au contraire, par- court un espace beaucoup plus consi- dérable, comprenant plusieurs can- tons, fait choix d’un mâle, et aussitôt qu’elle a pondu le fruit de cette union, et qu’elle s’est assurée que les Oiseaux dans le nid desquels elle l’a déposé en prennent soin , elle va chercher un nouveau mâle, pour l’abandonner bientôt, comme le premier. Ce fait est d’accord avec la remarque qu’ont faite plusieurs auteurs , mais sans en tirer aucune autre conclusion, que les mâles de cette Espèce d’Oiseaux sont plus nombreux que les lemelles. Parmi les observations qui m’ont conduit à le constater, je ne citerai que la sui- vante, la plus complète que j’aie eu occasion de faire. « Il y a quelques années, vers la fin d’avril , je réussis à prendre au filet, dans un bois des environs de Paris, un Coucou femelle, que je venais de voir retirer d’un nid , et déposer sur I herbe, un œuf de Bergeronnette. Pour le rendre reconnaissable, je lui colorai les ailes avec de la teinture écarlate, et je fixai sur sa tête un morceau de drap rouge; puis, je lui rendis la liberté. Le lendemain, m’étant placé de manière à pouvoir l’observer, je la vis, au point du jour, s’abattre auprès du même nid de Bergeronnette, et y enfoncer sa tête. Dès qu’elle fut éloignée, je m’approchai du nid, et vis qu’elle venait d’y déposer son œuf; dans l’espace de quatre heures environ, elle revint plus fie cinquante fois dans le même endroit, tantôt s’y arrêtant, tantôt passant avec rapidité. Trois jours après, je la vis dans un autre canton, et, pendant plus de six semaines, je la suivis et la retrouvai successivement dans les cantons de cinq ou six males, avec deux desquels je la vis s’accoupler. <( Les Coucous sont très-ardents dans leurs amours ; mais cette ardeur dure a peine deux jours, et, dès le troisième, les deux amis commencent à se négliger; la femelle quitte son lovori de la veille, pour en choisir un nouveau. C’est dans l’attente de la femelle que le Coucou -s a^tie a c t y l e ( Picoides europœus , de Lesson ; Picus tridactylus , de Linné ) a le dessus du corps varié de blanc sur le dos et les rémiges ; le dessous du corps est blanc avec des raies plus ou moins nombreuses à l’abdomen et sui- tes flancs; 1e front est noir, 1e sommet de la tête d’un jaune d’or, varié de lignes d’un blanc argenté; la nuque, tes joues et tes moustaches sont noires; 1e bec et tes pieds noirâtres; l’iris est bleu. PlCOIDE. Cette Espece habite l’Europe centrale et septentrionale, ainsi que 1e Nord de l’Asie et de l’Amérique; elle ne se montre en France qu’accidentel lement : ses mœurs, son régime, sa ponte sont tes mêmes que chez tes Pics. Genre COLAPTE, Colaptes , de Swainson ( xoXcnrroi , creuser en frappant). Le bec est long, large à la base, à sommet recourbé; tes narines sont basales, latérales; tes ailes obtuses, la queue longue, étagée; tes tarses plus longs et moins robustes que chez tes Pics, et pourvus de quatre doigts, dont l’antérieur externe est plus long que 1e postérieur correspondant. Les Oiseaux de ce Genre marchent à terre plus aisément et plus souvent qu’ils ne grimpent sur tes arbres : de là 1e nom de Géopics (Pics terrestres) qui leur a été donné par M. Mal- herbe; ils sont baccivores autant qu’insectivores. Le Colapte laboureur ( Colaptes olivaceus , de Stephens; Picus olivaceus , de Grnelin; Picus avatar, de Cuvier) appartient à l’Afrique méridionale. Sa taille est de dix pouces; tes parties supérieures sont d’un brun olivâtre, tacheté et vermiculé de fauve; la gorge et 1e devant du cou sont d’un brun sombre tacheté de fauve; la poitrine, 1e milieu du ventre et la croupe sont rouges, tes flancs brunâtres, 1e bec noir et tes pieds bruns. Le Colapte laboureur ne grimpe jamais : c’est à terre qu’il cherche sa proie, c’est en la grattant des pieds et en la pio- chant du bec qu’il découvre tes trous pratiqués par tes larves des Hannetons, des Carabes et autres Insectes dont 1e Ver a une vie souterraine ; c’est avec sa longue langue à harpons qu’il retire ces larves de leurs trous , comme 1e pratiquent tes autres Pics à l’égard de celtes qui vivent sous l’écorce des arbres. Les Colaptes laboureurs habitent tes montagnes rocheuses de l’Afrique méridionale , d’où ils s’échappent pendant 1e jour pour se répandre dans tes plaines , et où ils reviennent 1e soir pour regagner des cavernes, dans lesquelles ils élèvent aussi leurs petits. Le Colapte aux ailes dorées ( Colaptes auratus , de Swainson; Picus auratus , de Grnelin) est un oiseau de l’Amérique septentrionale, dont la taille est de onze pouces ; il a tes parties supérieures brunes, rayées de noirâtre, 1e sommet de la tête et 1e cou d’un gris plombé, la nuque d’un rouge vif, tes moustaches noires, la croupe blanche, tes couvertures de la queue variées de noir et de blanc, tes tiges des rémiges et des rectrices d’un brun jaune doré, te devant du cou d’un cendré vineux, un large croissant noir sur la poitrine, tes parties infé- rieures blanchâtres, lavées de roussâtre, 1e bec noir et tes pieds bruns. Cet Oiseau est vulgai- rement appelé Pique-bois jaune par tes Français de la Louisiane. Dès que 1e temps des œufs est arrivé, sa voix se fait entendre du sommet des arbres vieux et desséchés, proclamant joyeusement l’ouverture de la belle saison. Son chant est la joie elle-même, car il imite un rire jovial et prolongé. On voit une douzaine de mâles attachés à courtiser une seule femelle, voltiger autour d’elle, monter, descendre, baisser la tête, étendre la queue, se balancer en avant, en arrière, à droite, à gauche, exécuter enfin une espèce de ballet burlesque, dont il est difficile d’être témoin sans rire. C’est ainsi que tes prétendants témoignent à leur belle 1e désir de lui plaire et de l’amuser. Point de jalousie, point de haine entre ces dandys emplu- més ; d’arbre en arbre, de buisson en buisson, tes mêmes cérémonies se répètent : la coquette, 1 35 FAMILLE DES IM Cl DÉ S. après bien des indécisions, donne un coup de bec à celui qu’elle honore de son choix, aussitôt tous les prétendants s’envolent , et le couple s’occupe de chercher une habitation commode pour la future famille; ils partent ensemble, et choisissent dans le bois un tronc d’arbre facile à creuser. Tour à tour le mâle et sa compagne opèrent à coups de bec l’excavation qui doit contenir eux et leurs petits. A mesure qu’un débris de l’arbre vole dans l’air sous le bec de l’un d’eux, l’autre le félicite par un cri aigu qui exprime la joie. Enfin le nid s’achève, et c’est plaisir de voir les deux Oiseaux monter et redescendre l’arbre dans tous les sens, aiguiser leur bec sur tous les rameaux , chasser inexorablement les Rouges-Gorges , les Geais pourprés et les autres Oiseaux dont le voisinage leur est suspect , aller en course lointaine à la recherche de Fourmis, de larves et d’insectes. Quinze jours après, six œufs blancs et transparents comme le cristal sont déposés dans le nid ; ils n’échappent pas toujours à la voracité de la Couleuvre noire; les parents eux-mêmes sont attaqués par l’Épervier, mais ils trouvent facilement un asile impénétrable dans les trous étroits et profonds des arbres. Le Colaptf. des CHAMPS ( Picus campestris , d’Illiger) est une Espèce qui habite le Brésil et le Paraguay; le dessus de la tête est noir, ainsi que la gorge; les joues, les côtés du cou et la poitrine sont d’un jaune d’or; le dos est brun, rayé de blanc; le ventre est gris clair, rayé de noir. Azara désigne sous le nom de Pic des champs cette Espèce, qu’il ne faut pas confondre avec le Pic aux ailes dorées de l’Amérique septentrionale. « Quoique cette dénomination, dit-il, paraisse ne pas s’accorder avec l’idée d’un Pic , aucune cependant ne peut mieux caractériser l’Espèce dont il s’agit. En effet, on ne voit jamais ces Oiseaux pénétrer dans les bois, ni grimper contre les arbres, ni rechercher les Vers qui sont sous l’écorce : ils saisissent les petites proies dont ils se nourrissent dans les campagnes découvertes , qu’ils parcourent à pas précipités; c’est par cette raison qu’ils ont les jambes plus longues que les autres Pics. Ils frappent avec force de leur bec sur le gazon , où ils savent que se réfugient les Vers de terre et les Insectes : un seul coup ou deux suffisent; quand les fourmilières sont humides, ils y enfon- cent aussi leur bec pour prendre les Fourmis ou leurs larves. Ils ne laissent pas pour cela de se poser sur les arbres , leurs troncs et les branches , et sur les pierres ; s’y tenant tantôt hori- zontalement, tantôt verticalement; tantôt accrochés pour grimper, tantôt à la manière des autres Oiseaux. Soit qu’ils volent, soit qu’ils courent à terre, ils jettent fréquemment un cri fort. Ils se tiennent par paires ou en famille ; ils nichent au fond des trous qu’ils creusent dans les murs construits en terre ou en briques crues, ou sur les bords escarpés des ruisseaux. » Genre PICUMNE (Picumnus , de Temminck). Le bec est court, droit, conique, pointu, sans arête; les narines sont basales, linéaires, à demi cachées par les plumes du front; le tour des yeux est nu; les ailes sont courtes, arrondies, obtuses; la queue est très-courte , arrondie , à pennes non usées ; les tarses sont écailleux, pourvus de trois doigts seulement, dont deux anté- rieurs et un postérieur un peu plus long que l’antérieur externe. Les Picumnes habitent les forêts de la zone intertropicale; ils grimpent le long des petites tiges dans les forts buissons. Ils sau- tent d’une branche à l’autre en la saisissant fortement avec les doigts, et tenant le corps en travers. Ils ne s’aident pas de leur queue pour grimper ; comme les Pics , ils se creusent avec le bec des trous dans la partie cariée des vieux arbres , et ils y déposent leurs œufs. Le Picumne anomal (Picumnus abnormis , de Temminck) , ainsi nommé à cause de la forme exceptionnelle de ses ailes , dont les pennes secondaires sont au niveau des primaires , a le dessus du corps d’un beau vert, l’occiput nuancé de cendré, le front et les joues d’un brun marron , le dessous du corps et le croupion d’un roux canelle fort vif, le bec et les tarses blancs. Cette Espèce habite Java. I3G P A S S Ë R E A U X Z Y Cl 0 D A C T Y L E S. G F. n h e PICULE ( Picu/us , d’Isid. Geoffïoy-Saint-Hilaire). Ce Genre, tiré du précédent, s’en distingue par ses tarses pourvus de quatre doigts, dont le postérieur interne est beaucoup plus court que l’antérieur correspondant. Les Picules appartiennent tous à l’Amérique méridionale ; ils ne sont pas aussi grimpeurs que les Pics, et leur queue ne les soutient pas ; du reste leurs mœurs sont semblables. Le Picule nain (Picus minutissimus , de Latham; Yunxminu- tissima, de Gmelin) a le dessus du corps brun, avec des taches arrondies, blanches; le front et le sommet de la tête d’un rouge assez vif; les parties infé- rieures d’un brun fauve, rayé de brun foncé. Genre T O RG O L ( Yunx , de Linné). Le bec est droit, conique, presque rond, pointu, emplumé à sa base; les narines sont basales, nues, en partie fermées par une membrane; la langue est très-extensible, mais dépourvue d’aiguillons; les ailes sont médiocres, aiguës; la queue est arrondie, flexible, impropre à servir de point d’appui pour grimper; les tarses sont courts, écailleux, pourvus de quatre doigts à ongles courts et arqués. Torcol ( Yunx Torquilla). Les Torcols, quoique conformés comme les Pics, ne grimpent pas comme eux, mais ils se cramponnent aux arbres pour y chercher leur nourriture à l’aide de leur langue extensible; ils ne se perchent guère que pour dormir; le plus souvent ils se tiennent à terre. Le Torcol verticille ( Yunx Torquilla, de Linné ) a six pouces et demi de hauteur, c’est- à-dire environ la taille d’une Alouette; il est brun en dessus, et marqué de petites ondes noi- râtres et de mèches longitudinales fauves qui produisent un effet très-agréable; le dessous est blanchâtre avec des raies transversales noirâtres; son cri est un sifflement plus ou moins aigu; il vit et émigre solitairement, et cherche sa nourriture plutôt à terre que sur les arbres; c’est surtout de Fourmis qu’il se repaît; il plonge dans les fourmilières sa langue cylindrique et glutineuse, et la retire garnie de butin. Son nom générique ( torquere collum, tordre le cou) lui vient d’une habitude singulière : lorsqu’on le surprend , ou qu’il aperçoit quelque objet nouveau , il tourne le col d’un mouvement lent et sinueux , de manière que la tête se renverse en tous sens. Cet Oiseau habite l’Europe, l’Asie et l’Afrique; il est très-commun en France à son passage d’automne. Quoique très-solitaire, il est peu défiant; il niche dans les trous naturels des 137 FAMILLE DES GALBULIDÉS. arbres, ou dans ceux qui ont été creusés par les Pics. La ponte est de six à huit œufs blancs, sans taches, dont le grand axe est de huit lignes et le petit de six; le mâle, pendant l’incuba- tion, pourvoit à la subsistance de la femelle. Leïorcol s’habitue facilement à la captivité, et devient très-familier; il est très-friand d’œufs de Fourmis, et on le voit sonder avec sa langue, pour chercher des Insectes, toutes les fissures des crevasses de la chambre où il est renfermé. « Indépendamment de son joli plumage, il est difficile, dit Bechstein, de ne pas prendre plaisir à lui voir exécuter les mouvements qui lui ont attiré son nom : le cou s’allonge, et la tête se contourne, de façon que le bec se trouve dans la direction du dos. Son attitude ordinaire est de se tenir droit; les plumes de la tête et de la gorge dressées, et la queue étendue en éventail , faisant quantité de grandes et longues révérences. Si on l’irrite, ou même si l’on s’approche seulement du vase où est sa mangeaille, son corps se porte lentement en avant; les plumes de sa tête se hérissent; celles du cou s’appliquent fortement les unes sur les autres; ses yeux tournent, il s’incline, étale sa queue, murmure quelques sons creux dans sa gorge, prend enfin les postures les plus singulières, et fait les grimaces les plus comiques; son tempérament paraît d’ailleurs mélancolique; au prin- temps, il crie souvent à plein gosier : gui, gui, gui, gui, pour appeler sa femelle. » FAMILLE des GALBULIDÉS ( Genre GALBULA, de Brisson.) CARACTÈRE. — Bec long, entier, étroit, quailr angulaire, pointu, garni, de soies sur les côtés; mandibule supérieure à arête vive; narines ovales, à demi fermées ; langue courte, cartilagineuse ; tarses courts, en partie emplumés, pourvus de quatre doigts, dont deux en avant et deux en arrière, ou de trois doigts seulement, dont un seul postérieur ; ailes courtes, subobtuses; queue ordinairement longue et étagée, quelquefois irrégulière et courte. Les Galbulidés ont le bec beaucoup plus long que la tête, qui est grosse et carrée; le cou court et gros; le corps tout d’une venue; les plumes longues, moelleuses, à barbules peu adhérentes et à reflets métalliques. Ils habitent tous l’Amérique tropicale; leurs mœurs sont encore peu connues; ils vivent en général isolés ou par paires, et s’écartent peu du canton qu’ils ont choisi; les uns préfèrent les bois, les autres les plaines, d’autres les lieux humides; ils sont insectivores. Ils ont été rangés par les anciens naturalistes , tantôt parmi les Martins- Pêcheurs , tantôt parmi les Pics; ils forment aujourd’hui une Famille intermédiaire entre les Picidés et les Alcédinidés ; leur squelette les rapproche surtout de ces derniers. SYNOPSIS DES GENRES DE LA FAMILLE DES GALBULIDÉS. Bec fort et un peu arqué Jacamérops. Jacamerops. Bec grêle et droit , Quatre doigts Jacamar. Galbula. Trois doigts J acam ar-Alcyon. Jacamar- Alcyon. Genre JACAMAR ( Galbula , de Mœhring). Ce Genre est caractérisé par un bec grêle et droit, et des tarses munis de quatre doigts, dont deux postérieurs et deux antérieurs; la queue est étagée. Le Jacamar commun ( Galbula viridis , de Latham) a le plumage d’un riche vert doré très-brillant, à reflets chatoyants; l’abdomen et les tectrices sous-caudales sont roux; le bec 18 138 PASSEREAUX Z Y G ODACT Y LES. est noir, ainsi que les ongles, les tarses jaunes, l’iris brun. La taille est de sept à huit pouces. Cette Espèce habite Cayenne. Le Jacamar a bec blanc ( Galbula albi- rostre , de Latham) habite la Guyane. Son plu- mage est vert doré; le dessous du corps est roux cannelle ; la gorge est blanche ; le bec blanc , brun vers la pointe. Le Jacamar a queue rousse ( Galbula ruficauda , de Cuvier) habite l’île de la Trinité. Il est vert doré; la gorge est blanche; la poi- trine et le ventre roux; la queue est longue, vert doré et rousse; la poitrine porte une cein- ture vert dorée. Le Jacamar a longue queue ( Galbula paradisœa, de Latham; Alccdo paradisœa , de Gmelin) a le bec long, mince, noir; la tête bru- nâtre; le plumage brun; la cravate en triangle, d’un blanc pur; la queue longue, fourchue; les deux rectrices externes très-allongées. Cette Espèce habite Cayenne. Le Jacamar a ventre blanc ( Galbula nlbiventris , de Lesson) habite le Brésil ; c’est la plus petite Espece du Genre. Le bec est long , jacamar a qoeof. rocsse (Galbula ruficauda). grêle , noir et blanc ; le plumage est vert doré ; le gosier blanchâtre, puis roux; le thorax et les flancs sont d’un vert brun; le milieu du ventre est blanc , et la queue courte. Genre J AC AM É RO PS [Jacamerops , de Levaillant). Le nom de ce Genre indique qu’il ressemble aux Mérops par le bec, qui est fort et un peu arqué, et par le reste aux Jacamars. Le Jacamerops grand ( Jacamerops grandis, de Les- son; Galbula grandis , de Latham), nommé par Levaillant, .lacamarici, a le plumage gris vert doré, brillant; le gosier et les joues vert doré, la cravate blanche; tout le dessous du Jacamerops. corps cannelle foncé; le bec noir et les pieds brunâtres. Tl habite Cayenne. Genre J AC A MAR -ALCYON [Jacamar- Alcyon, de Levail- lant). Ce Genre, dont le nom indique un rapport avec les Alcyons, se distingue des deux précédents par les tarses munis de trois doigts seulement; le bec est grêle et droit. Le Jac amar Alcyon trydactile [Jacamar Alcyon Brasi- liensis , de Lesson; Galbula tridactyla, de Vieillot) a le plumage gris brun vert ; le ventre et le milieu du corps blanc ; la queue médiocre, arrondie; le bec et les pieds noirs. jacamar-aicvon. FAMILLE DES BUCÉRIDÉS. 139 SYNOPSIS DES FAMILLES DE LA SECTION DES PASSEREAUX SYNDACTYLES. Bec lony = LONGI ROSTRE S. Bec très-grand et très-renflé. Réunion des doigts médian et externe très-étendue. . . BUCÉRIDÉS. Réunion des doigts médian et externe peu étendue. . . EUR Y CÉ RI DÉS. Bec non renflé , un peu arqué. Langue plumeuse • • • MOMOTIDES. Langue ordinal MÉ RO PI DES. droit, non aplati • • • ALCÉDINI D ES. très-aplati TOI) I DÉS. Bec peu allongé = L AT IROST RES. Bec très-élargi et un peu renflé. . . EURY LAMIDES. Bec peu élargi et non renflé PIPR1DES. PASSEREAUX SYNDACTYLES LONG! ROSTRES. FAMILLE des BUCÉRIDÉS ( Genre B UC E ROS , de Linné.) CARACTÈRE. — Bec variable, toujours grand, à substance celluleuse, très-élevé, à partie supérieure arquée, à bords sinueux ou inégalement dentelés ; narines rondes ou ovalaires, basales, ouvertes dans la substance cornée ; membrane nue entourant la base du bec ; com- missure dépassant les yeux ; paupières longuement ciliées; tarses épais, charnus, écus- sonnés ; doigts courts et gros ; ailes obtuses; queue ample, allongée, arrondie à son extrémité. Les Bucéridés ont le corps massif, le plumage rare et très-peu fourni, souvent duveteux, ou comme poilu ; la livrée presque totalement noire. Ce sont des Oiseaux d’un naturel taci- turne, qui vivent en troupes nombreuses, dans les forêts des contrées chaudes de l’ancien continent et de l’Australie. Leur vol est pesant et court ; leur marche laborieuse ; ils sautent comme les Corbeaux , et se tiennent perchés sur les arbres élevés , peu touffus ; le claquement de leurs mandibules produit un bruit singulier, qui s’entend au loin. Ils vivent de fruits, de graines et d’insectes ; mais ils se repaissent également de chair fraîche ou putréfiée. Us con- struisent leur nid dans le creux des arbres, et y déposent quatre ou cinq œufs d’un blanc sale, que le male et la femelle couvent alternativement. Leur chair est comestible et délicate, surtout celle des Espèces qui vivent de graines aromatiques. 140 PASSEREAUX S YN DACTYLES LONG 1 ROSTRES. SYNOPSIS DES GENRES DE LA FAMILLE DES BUCÉRIDÉS, Bec très-comprimé , mais sans proéminence Tock. Tockus. Bec surmonté d’un casque , Casque sans ouverture. Calao. Buceros . Casque tronqué et ouvert en avant Bucorve. Bucorvus. Genre TOCK ( Tockus , de Lesson). Le bec est recourbé, très-comprimé, à arête vive, nue , sans aucune excroissance cornée. Le Tock couronné ( Tockus melanoleu- cus , de Lichtenstein; Buceros coronatus , de Shaw) a le bec rouge, son arête est amincie en crête; les plumes de la tête sont lâches; le haut du corps est enfumé ; le bas-ventre blanchâtre. Il habite le sud de l’Afrique. Levaillant rapporte qu’il vit un jour une bande de plus de cinq cents de ces Oiseaux , assemblés avec tous les Corbeaux et les Vau- tours du canton, sur les débris de plusieurs Éléphants que ses compagnons avaient tués et laissés sur la place. Genre CALAO, Buceros, de Linné (Sou;, bœuf, xépaç, corne). Le bec est élargi, très- variable, surmonté d’un casque ou crête de J'orme bizarre ; la mandibule inférieure offre une courbure parallèle à celle de la mandibule supérieure. Le Calao concave (Buceros cavatus, de Gould) est une belle Espèce, qui habite les monts Himalaya et l’archipel Malais. Sa man- dibule supérieure est creusée en gouttière , dans sa première moitié, et sa couleur est d’un jaune orangé vif; la mandibule inférieure est d’un jaune plus clair, noire à la base; le dessous du corps et les ailes sont noirs; les rémiges et leurs tectrices terminées de blanc; la queue est blanche, traversée par une large bande noire, à deux pouces de son extrémité. Le manteau est blanc; le tour de l’œil et du gosier noir, ainsi que les ongles; les doigts sont d’un gris cendré. Le Calao Rhinocéros ( Buceros Rhinocéros , de Linné) a quatre pieds quatre pouces de longueur totale, en y comprenant celle du bec, qui est d’environ un pied. Le plumage est noir, à l’exception de la croupe, du ventre, de la base et de l’extrémité des rectrices qui sont blancs. Le bec a la figure d’une faulx, et porte un casque énorme, recourbé en haut, imitant la corne du Rhinocéros, dont la couleur est d’un beau rouge et d’une teinte orangée que séparent deux lignes noires ; les jeunes n’ont qu’un rudiment de casque, et point de corne. On trouve cette Espèce aux Indes orientales. Le Calao unicorne ( Buceros monoceros , de Shaw; Buceros Malabaricus , de Gmelin) a le bec énormément développé, surmonté d’un casque considérable, terminé en pointe avancée ou en biseau oblique; il est jaune, taché de noir en dessus; le corps est noir; le ventre blanc, ainsi que l’extrémité des pennes de la queue. « Ce Calao, dit Levaillant, se trouve dans une grande partie de l’Inde, et il est fort multiplié à Ceylan surtout, oîi il arrive souvent aux habi- tants d’élever ces Ojseaux dans un étal de domesticité, parce qu’ils chassent les Rats et les Tock cochonné (Tockus melanoleucusj. GklAO .V C.kS>Q,YYL CAYYm VWucctos C.a\ia\\vç,V W k\\A\^-Y ÈC.™ W Y kCAULYY, V kYtîÀo &uUaYa \. FAMILLE DES EURYCÉR1DÉS. (41 Souris; ils leur tiennent lieu de Chats, dont ils font très-bien l’office, en purgeant les maisons de tous ces petits animaux immondes et nuisibles. » Bontius dit qu’avant de manger une Souris, le Calao l’aplatit, en la serrant dans son bec pour l’amollir, et qu’il l’avale tout entière en la jetant en l’air et la faisant retomber dans son large gosier. Genre B UC O R VE ( Bucorvus , de Lesson; mot composé de la première syllabe de Buce- ros , et du mot latin corvus , Corbeau). Le bec est très-long, peu recourbé, à mandibules très-comprimées ; les narines sont couvertes par deux fais- ceaux de plumes rigides , sé- tacées ; le casque est creux , tronqué, et ouvert en avant; les tarses sont plus allongés que dans les Calaos. Le Bucorve caroncule ( Bucorvus Abyssinicus , de Lesson; Buceros Abyssinicus , de Gmelin ) a le bec et les pieds noirs , les joues et la gorge nues , d’un bleu livide , la peau du cou vermillon, le plumage tout noir, excepté les rémiges, qui sont blanches à leur extrémité. Cet Oiseau est très-commun dans l’Abyssinie, il a une odeur très-forte, ce qui a fait penser qu’il se nourrit de charognes; mais Bruce affirme qu il ne l’a jamais vu s’en approcher : « Les lieux qu’il fréquente, dit ce voyageur, indiquent assez quelle est sa nourriture, et ces lieux sont les champs de teff, qu’on voit toujours couverts de Scarabées verdâtres ; il prend dans son bec la tige du teff, et, en la rifflant tout entière, il ramasse les Scarabées qui y sont attachés. Je n’ai jamais trouvé que ces sortes d’insectes dans le jabot de ceux que j’ai ouverts. » Cet Oiseau est considéré comme immonde en Abyssinie, où on le nomme Teir-el-Naciba , c’est-à-dire, Oiseau de la destinée ; on prétend que ses intestins et ses excréments , appliqués sur le crâne des chauves , ont la propriété de faire pousser les cheveux. Bucorve. FAMILLE des EURYCÉRIDÉS Cette Famille ne comprend qu’un Genre, qui, lui - même , se compose d’une seule Espèce. Genre EURYCÈRE (Euryceros , de Lesson). Le bec est épais, renflé, bulleux, cellu- leux, aussi haut que long, et très-comprimé; la mandibule supérieure est élevée, discoïde sur le front, carénée, à arête presque demi-circulaire, terminée par une pointe recourbée; ses bords sont fortement dentés, arqués et lisses; les narines sont nues, arrondies, ouvertes, creusées dans un sillon profond , garnies à la base de plumes veloutées ; la mandibule infé- rieure, très-comprimée à la pointe, qui est aiguë, redressée, est lisse sur ses bords, qui sont plans; la commissure du bec est garnie de cils roides, implantés à l’angle du bec; les ailes sont obtuses ; la queue est moyenne, composée de douze rectrices ; les tarses sont médiocres, emplumés jusqu’aux talons, écusson nés en avant. I 12 PASSE R E A EX S Y N 1) A G T Y LES LO N G I R O S T 1! E S. limtvcÈRE de Prévost (Euryceros Prevostii). L’Eurycère de Prévost ( Euryceros Prevostii, de Lesson) est une Espèce habitant Madagascar, dont la grosseur est celle d’un Merle ; le cou, la tête, la poitrine, la moitié des rémiges et les dix rectrices latérales sont d’un noir velouté profond ; le ventre, les flancs et les tectrices inférieures de la queue sont d’un noir brunâtre ; le manteau, le dos, le croupion, les deux rectrices moyennes et les tectrices des ailes sont d’un marron doré très-brillant; le bec est gris perlé, et les tarses plombés. Cet Oiseau a le port et les tarses d’un Eurylaime , les ailes et la soudure des doigts d’un Buceros : de là son nom générique, Eury-ceros. FAMILLE des MOMOTIDÉS Cette Famille ne comprend qu’un Genre. Genre MOMOT, Prionites, d’Illiger (-irptojv , scie). Le bec est long, robuste, épais, con- vexe, à arête élevée, infléchie vers la pointe, à bords profondément crénelés; les narines sont arrondies, basales, obliques; la commissure est garnie de soies; la langue est étroite, allon- gée et barbelée sur ses bords ; les ailes sont obtuses , et n’ex- cèdent guère la naissance de la queue , qui est longue et étagée ; les tarses sont minces , écussonnés ; les doigts faibles et grêles. Les Momots sont des Oiseaux de l’Amérique tropicale, dont le corps est épais , les formes lourdes , le vol difficile et peu soutenu; ils habitent l’intérieur des forêts, sont très-défiants, ne se posent que sur les branches basses des arbres, et nichent dans des trous creusés par des Tatous ou autres Mammifères, qu’ils garnissent d’herbes sèches , avant d’y déposer leurs œufs. Ils sont principalement carnivores, et vivent de petits Mammifères et d’insectes; quel- quefois , cependant , ils se contentent d’une nourriture végétale. Le Momot hou tou {Prionites momota , de Lesson; Ramphastos momotn , de Linné) est de la grosseur d’une Pie; la tête est noire, couronnée d’azur; le devant du corps vert roux; FAMILLE DES MÉROPIDÉS. M3 les deux rectrices moyennes terminées en palette. Il habite le Brésil et la Guyane ; son nom de Houtou exprime le cri qu’il fait entendre toutes les fois qu’il saute. Le Mo mot tutu ( Prionites tutu, d’Azara ; Baryphonus cyanogaster , de Vieillot) a le dessus de la tête d’un roux cannelle, et les joues noires; la moitié inférieure de la poitrine et le reste des parties inférieures du corps sont d’un bleu assez vif. 11 habite le Brésil et doit son nom de Tutu à son cri habituel. Azara a observé cette Espèce en captivité. « Ces Oiseaux , dit-il, quoique assez farouches, vivaient dans la maison en liberté; ils étaient lourds dans leurs mouvements ; leur démarche consistait en sauts brusques et obliques, pour lesquels ils ouvraient beaucoup les jambes ; ils agitaient leur cou en divers sens ; ils dormaient sur le dos d’une chaise , et ne descendaient à terre que pour manger ; on leur jetait de petits mor- ceaux de pain ou de viande crue, à laquelle ils donnaient la préférence; ils ont aussi mangé quelquefois des melons d’eau ; ils ne buvaient jamais , et ne se servaient point de leurs serres pour saisir les morceaux qu’on leur donnait , et qu’ils frappaient à plusieurs reprises contre terre , avant de les avaler ; ils en agissaient de même envers les Figuiers et autres petits Oiseaux qu’on lâchait dans la chambre, lorsqu’après une poursuite acharnée, ils s’en étaient emparés. Cette habitude paraissait avoir pour motif non-seulement de les tuer, mais aussi de leur briser les os , pour amincir leur corps , afin de les avaler ensuite avec plus de facilité , en commençant par la tête , ainsi qu’ils le pratiquaient pour les Souris. » FAMILLE des MÉROPIDÉS ( Genre MEBOPS, de Linné.) CARACTÈRE. — Bec plus long que la tête , arrondi, recourbé, pointu, s’amincissant régulièrement jusqu’à l’extrémité , un peu comprimé, à arête vive; narines latérales, arrondies ou en fente longitudinale ; ailes longues et pointues; queue longue, égale ou étagée , ou fourchue ; tarses courts , grêles , écussonnés. Les Méropidés , désignés sous la dénomination commune de Guêpiers , habitent les régions chaudes de l’ancien continent; ils se nourrissent d’insectes hyménoptères, et surtout de Guêpes et d’ Abeilles. La plupart des naturalistes ont avancé qu’ils poursuivent leur proie dans les airs, comme les Hirondelles; «mais ils ont, dit M. Z. Gerbes, un moyen bien plus simple et plus facile de s’emparer de leur proie, c’est celui que met en usage le Guêpier d’Europe, et que doivent probablement aussi employer ses congénères. Lorsque cet Oiseau a. découvert l’entrée des galeries souterraines qu’habitent les Guêpes ou les Bernbex, il y vole, s’établit tout à côté , et gobe , sans plus de façon , tous les individus qui cherchent à gagner leur nid sou- terrain , ou qui en sortent. » Ces Oiseaux choisissent de préférence, pour leur ponte, les coteaux voisins de la mer, et les rives escarpées des fleuves et des rivières , dont Je sol sablonneux et mobile leur permet de creuser des galeries horizontales , longues de cinq à six pieds , au fond desquelles ils établis- sent leur nid. Les jeunes abandonnent souvent, pendant le jour, leur lit de mousse, pour venir prendre l’air à l’entrée du souterrain ; mais , à la moindre alarme , ils rentrent à recu- lons dans leur retraite. Les Guêpiers se perchent volontiers sur les branches sèches des arbres ; lorsqu’ils sont posés, lorsqu’ils volent, lorsqu’ils voyagent, ils font entendre continuellement un cri guttural: yruî, gnd , prouî , proui. Ils voyagent par grandes bandes, et souvent dans des régions fort élevées. Leur vol est assez rapide et soutenu. C’est en décrivant de grands cercles qu’ils des- cendent du haut des airs. Les migrations de l’Espèce européenne ont lieu en mai et en octobre. I 44 1‘ A S S E | E A r \ SYN DACTYLES LONG 1 RO S T R E S . SYNOPSIS DES GENRES DE LA FAMILLE DES MÉROPIDÉS. Réc grêle , Ailes suraiguës Guêpier. Merops. Ailes subobtuses ; couleurs vives , non métalliques. . . . Mélittophage. Melittophagus. A îles obtuses ; couleurs métalliques. . . Rhinopomaste. Rhinopomastes. Bec robuste , caréné supérieurement ; ailes obtuses Alcémérops. Alcemerops. Genre GUÊPIER ( Merops , de Linné). Le bec est grêle, régulièrement aminci; les narines ovalaires; les deux rectrices médianes sont rubanées et plus allongées que les autres; les ailes sont suraiguës; les tarses grêles. Le Guêpier d’Europe ( Merops apiaster, de Linné) a dix pouces de longueur, le dos fauve, le front et le ventre bleu d’aigue-marine, et la gorge jaune entourée de noir. Ce bel Oiseau voyage en troupes nombreuses dans le midi de l’Europe; il ne fréquente jamais que les plaines, les coteaux humides et les bords des rivières, pour y attraper au vol les Insectes hyménoptères qui vont sucer le miel des fleurs, et il n’est jamais piqué par ces animaux. Il place son nid le long des rives sablonneuses et escarpées des rivières, dans des trous qu’il creuse à quatre et cinq pieds de profondeur. Les petits y séjournent longtemps avec leurs parents : ce qui a fait croire aux anciens que le Guêpier prenait soin de son père et de sa mère dans leur vieillesse. La ponte est de cinq à sept œufs, à peu près ronds, d’un blanc lustré, pur; leur grand axe est de dix lignes; le petit axe de neuf lignes. Guêpier a tète bleue des rives du Nil-Blanc. Le Guêpier a tête bleue ( Merops nubiens, de Linné) habite le Sénégal et les rives du Nil-Blanc. Son plumage est rouge; la tête est de couleur aigue-marine, le collier noir. Genre MÉLITTOPHAGE, Melittophagus, de Roié (géhiacoc , abeille; «pocyw, manger). Ce Genre diffère du précédent par la forme des ailes, qui sont subobtuses; la queue est plus ou moins fourchue. Le Mélittophage minule ( Melittophagus minulus , de Lesson; Merops erythropterus , de Gmelin) est une Espèce du Sénégal , qui a la gorge jaune, la poitrine noire et rousse, les ailes et la queue rouges , noires au sommet. Genre RHINOPOMASTE, Rhinopomastes , de Smith (ptv, narines; -wu.âÇw , boucher). Le bec est grêle, trigone à la base, à narines peu ouvertes, longitudinales; les ailes sont obtuses ; la queue est étagée ; le plumage est enrichi de couleurs métalliques. FA MILLE DES AEC E D t N I !) E S. Le Rhinopom aste Namaquois (Rhino- pomastes cyanomelas , de Smith; Falcinellus cyanomelas, de Lesson) habite I Afrique aus- trale. Le dessus du corps est bleu d’azur, à reflets, le dessous noir; l’aile porte un miroir blanc. Genre ALCÉMÉROPS ( Alcemerops , d’Is. Geoffroy-Saint-Hilaire) . Ce Genre, dont le nom indique un rapport entre les Alcedo et les Merops , est caractérisé par un [bec' ro- buste , dont l’arête supérieure est légèrement canaliculée; les ailes sont obtuses. ALCÉMÉROPS. L’Alcémérops a fraise ( Alcemerops ' amictus; Merops amictus , de Temminck) a ii«ikop.om»stk. la face et le devant du cou rouge vermillon, la calotte azur pourpré, le plumage vert. Cette Espèce habite Sumatra; ses habitudes noc- turnes et crépusculaires le séparent des autres Guêpiers, à plus juste titre encore que la rainure longitudinale de la mandibule supérieure. FAMILLE des ALCÉDINIDÉS ( Genre ALCEDO, de Linné.) CARACTÈRE. — lire fort, plus long que la tête, tantôt droit et quadr angulaire ou com- primé, tantôt conique, assez renflé, et légèrement fléchi à la pointe; narines situées sur le rebord des plumes du front, arrondies ou percées en fente ; langue courte et triangu- laire', ailes courtes, concaves, subaiguës ou subobtuses; queue courte et carrée, ou allongée et étagée ; tarses ordinairement à quatre doigts, dont l’externe réuni au médian jusqu’à l’ongle. Les Alcédinidés ont le corps épais et ramassé; la tête allongée et grosse; le plumage riche- ment coloré. Les uns fréquentent les rivages, où ils se nourrissent de petits poissons ; les autres, les forêts , où ils chassent aux Insectes. De là leur division , adoptée par quelques auteurs , en Riverains, ou Martins-Pêcheurs , et en Sylvams , ou Martins-Chasseurs. Ils vivent soli- taires; leur vol est rapide, bas, droit et-court. Ils font entendre un cri perçant, qui, dans cer- taines Espèces , ressemble à des éclats de rire. Ils nichent dans les crevasses qui existent le long des berges des rivières, ou dans les trous des vieux troncs d’arbres. Ces Oiseaux sont répandus sur tout le globe en nombre considérable, et surtout en Afrique et en Asie. 19 146 PASSEREAU \ S YN DA CT VUES LONG! R O ST R ES. SYNOPSIS DES GENRES DE i. \ FAMILLE DES ALCÉDINIDÉS. Bec comprimé , dentelé en scie Symé. Syma. non dentelé en scie. Quatre doigts Martin-Pêcheur. Alcedo. Trois doigts Céyx. Ceyx. Bec élargi. Bords de la mandibule supérieure rectilignes Martin-Chasseur. Dacelo. Bords de la mandibule supérieure sinueux et excavés vers la pointe Ghoucalcyon. Clioucalcyon . Genre MARTIN-PÊCHEUR ( Alcedo , de Linné). Le bec est très-droit, anguleux, pointu, à mandibules égales; le corps gros et massif; la queue courte, en coin; le plumage à éclat métallique. Le Martin-Pêcheur vulgaire {A Icedo ispida , de Linné) est une Espèce européenne qui, pour la beauté des couleurs, rivaliserait avec les plus brillants Passereaux des régions tropicales. Sa taille est celle d’un Moineau; son plumage est lisse, et lui permet de plonger dans l’eau sans inconvénient; le dos, la croupe et les couvertures supérieures de sa queue sont d’un bleu d’azur éclatant ; cette couleur forme des mouchetures sur la tête et les scapu- laires; les autres parties supérieures du corps sont d’un verdâtre changeant en aigue-marine. Entre le bec et l’œil , et sur les joues, est une bande rousse; sur la gorge et sur les côtés du cou, une bande d’un blanc roux; une belle couleur d’un roux ardent couvre la poitrine et s’étend sur l’abdomen, le ventre et les couvertures inférieures de la queue; les plumes de celles-ci sont très-courtes, noirâtres en dessous; d’un beau bleu en dessus; de chaque côté du bec s’étend une bande colorée comme le dessus de la tète ; les rémiges sont noires sur leurs barbes intérieures, d’un vert bleuâtre sur les extérieures; le bec est noir, rougeâtre en des- sous ; l’iris et les pieds sont rouges. Martin-Pêcheur vulgaire (./Icedo ispida). Le Martin-Pêcheur est triste, sauvage et méfiant; il vit solitaire pendant presque toute l’année. Il part d’un vol rapide, et file le long des contours des ruisseaux, en rasant la surface de l’eau, puis il va se poser sur une pierre ou sur une branche sèche qui s’avance au-dessus 147 FAMILLE DES ALCÉDIN1DÉS. du courant : c’est de là qu’il guette patiemment sa proie, et se précipite d’aplomb sur les Pois- sons et les Insectes aquatiques dont il se nourrit; après une courte immersion, il sort de l’eau, tenant dans son bec le Poisson , qu’il va battre ensuite sur une pierre , pour l’assommer avant de l’avaler. Cet Oiseau, dont les mœurs sont faciles à observer, possède aux yeux du vulgaire des vertus merveilleuses : « Il y a peu de nations, dit M. Z. Gerbes, qui ne lui aient reconnu quelque propriété extraordinaire. Les anciens croyaient que son corps desséché repoussait la foudre ; qu’à la personne qui le portait sur soi il communiquait la grâce et la beauté; qu’il donnait le calme à la mer et rendait la pêche abondante sur toutes les eaux. Ce qu’il y a de singulier, c’est que des idées à peu près pareilles se trouvent chez les Tartares et chez les Asiatiques. Si ces croyances ont disparu, d’autres sont restées, et l’on n’est pas peu surpris d’entendre, dans nos campagnes, dire et affirmer que la dépouille du Martin-Pêcheur a la singulière propriété de conserver les draps et les autres étoffes de laine, en éloignant les Teignes qui pourraient les dévorer. Les dénominations dê Oiseau-Teigne , Drapier , Garde-boutique , font allusion à cette prétendue faculté. » Le Martin-Pêcheur vulgaire niche le long des cours d’eau, entre les grosses racines des arbres riverains , et s’empare quelquefois , à cet effet , des galeries creusées par les Rats d’eau ou par les Hirondelles de rivage. Sa ponte est de six à neuf œufs , presque ronds , d’un blanc pur et lustré, dont le grand axe est de neuf lignes, et le petit, de huit lignes et demie. Le Martin-Pêcheur Alcyon ( Alcedo Alcyon, de Linné; Ceryle Alcyon, de Ch. Bona- parte) est une Espèce répandue dans l’Amérique septentrionale. Sa taille est de neuf pouces; il porte un large ceinturon bleuâtre à la poitrine, sur un fond blanc; les rectrices sont barrées de cette couleur; une tache blanche s’étend entre le bec et l’œil; les plumes de l’occiput sont longues et effilées et se relèvent en huppe. On le connaît sous les noms vulgaires de Martin- Pêcheur de la Louisiane , et de Jaguacati. Genre CEYX, Ceyx , de Lacépède (nom mythologique). Le bec est comprimé , à man- dibules lisses sur leurs bords, ayant chacune une arête à leur milieu, à pointe égale et mousse; la queue est très-courte, légèrement inégale; les tarses sont courts et minces, pourvu de trois doigts grêles, dont les deux antérieurs soudés. Les Ceyx ont le plumage métal- lisé , et ne diffèrent des Martins-Pêcheurs que par leurs pieds tridactyles. Le Ceyx bleu ( Ceyx cyaneus , de Lesson; Alcedo tridactyla, de Linné) a le bec noir, le dos bleu et azur, le dessous du corps roux. Il habite Timor. Le Ceyx pourpre (Ceyx purpureus , de Lesson) a le bec jaunâtre, le dos azur, la tête et le croupion pourprés, la gorge blanche, le ventre jaune roux clair. Il habite l’Inde et Java. Genre SYMÉ, Syma, de Lesson ( Symé est le nom mythologique d’une nymphe de la mer). Le bec est long, élargi à la base, comprimé vers l’ex- trémité; la mandibule supérieure est marquée par une arête, terminée en pointe recourbée , très-aiguë et plus longue que l’inférieure, qui est carénée en dessous et convexe; les bords sont garnis de dents aiguës en scie. La queue est arrondie, inégale. Le Symé torotoiio ( Syma torotoro, de Lesson) a le bec doré, la tête rousse, le dos bleu, le ventre roux blanchâtre. Il habite les rivages de la mer, dans la Nouvelle-Guinée, et saisit sur les grèves les petits Poissons, dont il fait sa nourriture. Genre M A RT IN - CH AS SElî R , Dacelo , de Leach (anagramme d 'Alcedo). Le bec est épais, très-ample; les mandibules sont à bords minces et tranchants; la supérieure est droite, l’inférieure renflée en dessous et carénée ; les ailes sont amples, subobtuses; la queue allongée, et les tarses robustes. Les Martins-Chasseurs sont des Oiseaux appartenant aux régions chaudes de l’Asie; ils Symé torotoro. 148 PASSEREAUX -S Y NI) A CT Y LES LONG 1 ROSTRES. habitent les lieux frais et humides des forêts et des marécages, et y vivent de Lombrics, de Larves et d’insectes mous. Martin-Cuasseür (Dacelo). Le Martin-Chasseur a coiffe noire ( Dacelo atricapilla, de Lesson; Alcedo atrica- pilla , de Gmelin) a la tète noire, la gorge blanche, les flancs et le ventre roux, le manteau noir, les ailes azur. Il habite le Cap. Genre CHOUCALCYON ( ChoucalcyM , de Lesson). Le bec est très-renflé , très-ample; la mandibule supérieure est évasée, voûtée , à bords échan- crés vers la pointe, qui est crochue; la mandibule inférieure est carénée, large, à bords denticulés ; les ailes amples; la queue allongée et un peu inégale. — Les Choucalcÿons sont des Oiseaux de l’Australie, à plumage soyeux; ils habi- tent les forêts humides, et s’y nourrissent de Vers. Le Choucalcyon australien^ Choucalcyon australe, de Lesson; Alcedo fuse a , de Gmelin) est une Espèce de grande taille. Elle a treize pouces et demi de longueur. Son plumage est blanchâtre, avec le front, la nuque, de larges moustaches, le dos et les ailes noirâtres; le croupion et la queue brun roux, celle-ci traversée de bandes anguleuses noires, mais blanches sur les côtés et à l’extrémité. Les noms de Ceyx et d 'Alcyon, donnés à quelques-uns des membres de cette Famille, font allusion à l’histoire de deux tendres époux, qui vivaient dans les temps fabuleux. Ce jeune • Ceyx, roi de Trachyne, en Thessalie, que nous avons vu pleurer si douloureusement son frère, changé en Faucon, venait d’épouser Alcyone, fille d’Eole; mais le souvenir des prodiges accomplis sous ses yeux troublait le bonheur qu’il goûtait près de sa jeune épouse; il crai- gnait sans cesse que la vengeance de Diane ne s’étendît sur toute la famille de l’infortuné Dédalion. Pour dissiper ses terreurs, il voulait porter ses offrandes au temple d’Apollon; mais la route qui conduit à Delphes était infestée par le brigand Phorbas. Il entreprit alors de tra- verser la mer et d’aller en Ionie, pour adorer le Dieu de Claros. « Que devins-tu, tendre Alcyone, quand Ceyx t’annonça son départ? Un froid mortel pénétra jusque dans la moelle de tes os; ton beau visage prit les teintes livides du buis, et tes joues furent inondées de larmes. Trois fois elle voulut parler, trois fois ses pleurs l’en empêchèrent. Enfin, d’une voix entre- coupée par les sanglots : « Quel crime ai-je commis, mon bien-aimé, dit-elle, pour que ton cœur soil changé? Où donc est cet amour qui me plaçait au-dessus de tout? Quoi! tu peux Cllül CALCYON. 149 FAMILLE DES ALCÉD1N I DÉS. déjà vivre tranquille loin d’Alcyone? Déjà te plaît un long voyage, et l’absence seule peut me prêter des charmes aux yeux de mon époux ! Si du moins tu prenais ta route sans quitter la terre, ma douleur serait exempte de crainte; mais l’aspect orageux de la mer m’épouvante. J’ai vu naguère sur le rivage les débris d’un vaisseau naufragé , et trop souvent j’ai lu des inscriptions funèbres sur des tombeaux vides. Qu’une confiance trompeuse n’égare point ton esprit parce que tu es le gendre d’Eole; ne crois pas qu’il puisse retenir toujours les Vents dans leur prison, et apaiser à sa volonté les flots soulevés par eux. Lorsqu’une fois les Vents déchaînés se sont répandus dans les champs de l’air, rien n’est à l’abri de leur fureur : la terre et les ondes leur appartiennent; ils bouleversent le ciel même, et leur choc fait jaillir du sein des nuages les feux étincelants de la foudre. Je les connais ces Vents impétueux , je les ai vus souvent, aux jours de mon enfance, dans le palais de mon père, et c’est pour cela que je les redoute. Si ta résolution ne peut être ébranlée par mes prières, emmène Alcyone avec toi, cher époux; je partagerai tes fatigues; s’il est des périls à craindre, j’y serai du moins exposée comme toi, et nous voguerons ensemble sur l’abîme des mers. » « Ceyx rassure et console son épouse; mais il part sans elle, et, au milieu de la traversée, une tempête furieuse brise son navire. Ceyx devient le jouet des ondes; il invoque Lucifer, son père; il invoque Eole, père de son épouse; mais sa prière est vaine. Il nage avec l’énergie du désespoir, mais bientôt ses forces sont épuisées. Voyant la mort inévitable , ses dernières pensées sont pour Alcyone : il l’appelle, il lui dit adieu d’une voix défaillante; il supplie les flots de porter son corps sur le rivage habité par elle, pour qu’il soit enseveli par des mains amies. Bientôt une vague aux flancs recourbés vient se briser sur sa tête, et sa bouche, que remplit l’onde amère, murmure encore le doux nom d’Alcyone. « Cependant, cette épouse infortunée, ignorant son malheur, compte les jours et les nuits; elle apprête pour Ceyx des vêtements nouveaux; elle essaie d’avance ceux dont elle doit elle- même se parer à son arrivée, et se promet, hélas! toutes les joies du retour. Elle va porter de l’encens à toutes les divinités de l’Olympe; Junon surtout reçoit ses offrandes : elle lui demande que son époux échappe à tous les dangers du voyage, qu’il revienne, et qu’il lui soit resté fidèle. Hélas! le dernier de ces vœux devait seul être exaucé. Junon, émue de pitié, ordonne à Morphée de lui faire connaître la mort de celui qu’elle attend. L’ombre de Ceyx lui apparaît en songe, et l’avertit de prendre des habits de deuil. Alcyone, endormie, s’agite sur sa cquche en gémissant; elle tend les mains au fantôme, qui se dérobe à ses embrassements : « Où vas- tu? lui dit elle. Nous partirons ensemble. » Troublée par l’image et la voix de son époux, elle secoue le sommeil, et pousse des cris douloureux; ses serviteurs accourent avec des flam- beaux; elle cherche d’un œil égaré son époux à la place où elle vient de le voir, et, ne le retrouvant plus, elle se frappe la poitrine et s’arrache les cheveux. Sa nourrice veut en vain la calmer : « Ne cherche pas à me consoler, dit-elle : Alcyone n’est plus; elle est morte en même temps que Ceyx Je l’ai vu, je l’ai reconnu, quoiqu’il eût perdu sa beauté.... Pâle, nu, les cheveux humides, il se tenait devant moi, ici, à cette place, où je cherche en vain les traces de son passage. Voilà donc ce malheur que je craignais et que j’avais prévu!... O mon Ceyx ! la mer t’a englouti, tu as péri loin d’Alcyone; mais comme toi j’ai fait naufrage, et la douleur ne me sera pas moins funeste que ne l’ont été pour Ceyx les flots de l’Océan ! Je n’ai pu mourir avec toi, mais je te suivrai de près aux rives infernales, et si mes cendres ne sont pas mêlées aux tiennes dans la même urne , ton nom et le mien seront unis sur un même tombeau. » « Le jour venait de paraître, Alcyone sort éplorée de son palais, et court au rivage d’où elle avait vu partir son époux. Ses yeux, errants sur la vaste mer, aperçoivent au loin un objet flottant, de forme incertaine: bientôt les ondes le rapprochent de la terre, et lui font voir un corps humain. Sans le reconnaître , elle s’apitoie sur son sort : » Malheureux! dit-elle; mais plus malheu- reuse encore l’épouse qui te survit ! » Cependant le corps , poussé par la mer, arrive près du bord; elle regarde, elle se trouble, elle refuse d’en croire ses yeux; mais enfin il ne lui est plus permis de douter : Alcyone a reconnu le cadavre de Ceyx : « C’est lui, s’écrie-t-elle; est-ce 150 PASSEREAUX SYNDACTYLES L O N G 1 R O S T R E S. ainsi , cher époux , que tu reviens vers moi ? » Elle monte aussitôt sur le môle qui repousse l’assaut des vagues; elle s’élance; ô prodige! elle vole! devenue Oiseau, elle frappe l’air de ses plumes qui viennent de naître; elle effleure la surface des ondes, et s’éloigne en poussant un cri plaintif; bientôt elle atteint le corps livide qui flotte sur les ondes; elle embrasse de ses ailes les membres chéris de son époux, et cherche à le ranimer par les froids baisers de son bec endurci; Cevx lève la tête : en ce moment les Dieux, touchés de compassion, le changent en Oiseau comme elle , et les deux époux sont unis de nouveau , pour ne plus se séparer. Pendant les sept jours sereins qui précèdent l’hiver, Alcyone couve son nid, suspendu sur les flots : alors Éole, en faveur de sa postérité, retient les Vents dans leur prison, et la mer est tranquille. » FAMILLE l)ES TODIDÉS ( Genre T O DU S, de Linné.) CAR ACTE RE. — Bec allongé , plus large que haut, entouré de longs poils à la base ; man- dibules minces , la supérieure terminée en pointe et offrant une arête distincte; l’infé- rieure obtuse, tronquée , toutes deux denticulées le long de leurs bords ; narines petites , ovales, couvertes d’une membrane ; pieds médiocres ; quatre doigts , trois en avant, l’in- terne uni jusqu’à la deuxième articulation, l’externe jusqu’à la troisième; ailes obtuses; queue médiocre, élargie, légèrement échancrée. Cette Famille est constituée par un seul Genre. Genre TODIER, Todus , de Linné (Todus , petit Oiseau). Les Todiers sont des Oiseaux de petite taille, qui habitent les régions humides de l’Amérique tropicale, où ils se nourrissent d’insectes qu’ils saisissent à terre ou au vol. Todikr veut (Todus viridis) sur un Aluns napcilis. Le Todier vert ( Todus viridis, de Gmelin) est vert glacé en dessus; la gorge est d’un rouge cramoisi velouté. Ce charmant Oiseau habite les Antilles ; on le nomme , à Saint- Domingue, Perroquet de terre , à cause de sa belle couleur verte, et de l’habitude qu’il a de se tenir sur le sol; il se tient aussi sur les branches, d’où il guette patiemment sa proie, le CV.V'INi'.SEV . 151 FAMILLE DES EU R YM ALI DÉS. cou rentré entre les épaules , le bec dirigé en l’air, les plumes ébouriffées , et dans une atti- tude qui semble stupide, mais qui ne l’est qu’en apparence; car, si son corps est immobile, ses yeux sont sans cessé en mouvement, et dès qu’ils ont avisé un Insecte, l’Oiseau prend l’essor et s’en saisit , puis revient à son poste , où il l’avale. Le Todier est peu craintif, et vit facilement en captivité; il voltige continuellement dans la chambre, effleurant tous les meubles, et y cherchant des Insectes et des Araignées. Cette Espèce place son nid à terre , sur le bord des ruisseaux ou des torrents , dans des crevasses naturelles ou dans des galeries qu’elle creuse avec son bec et ses pattes. Elle pond quatre œufs d’un gris bleu, tacheté de jaune. Le ramage du mâle est assez agréable à l’époque des amours; dans toute autre saison , son cri est triste et souvent répété. PASSEREAUX SYNDACTYLES LATIROSTRES FAMILLE des EURYLAMIDÉS CARACTÈRE. — Bec moyen, voûté, fendu, déprimé ; narines ouvertes, nues. Les Eurylamidés sont des Oiseaux de Sumatra , de Java et de la Nouvelle-Guinée, à formes trapues, à plumage vivement coloré, offrant un large hausse-col d’une couleur tranchée. Ils habitent les marécages et les bords des cours d’eau, dans les cantons les plus déserts, et vivent de Vers et d’insectes qu’ils ramassent à terre, SYNOPSIS DES GENRES DE LA FAMILLE DES EURYLAMIDÉS. Bec large ; narines percées dans le bec, près de sa base . . Ë r o i. l e. Erolla. Bec très-large , Narines rostrales Cymbirrhynque. Cymbirrhynchus. Narines basales Eurylaime. Eurylaimus. Bec extrêmement large et renflé sur ses bords Cor y don. Corydon. Genre EURYLAIME, Eurylaimus , de Horsfield (eupùç, large, Xat.ao;, gosier). Le bec est beaucoup plus large que haut; la mandibule supérieure a son arête tronquée brusque- ment au sommet, échancrée et légèrement recourbée; les narines sont basales ; les ailes subobtuses ; la queue courte , droite , arrondie ; les tarses sont robustes , écussonnés. L’Eurylaime de Java ( Eurylaimus Javanicus , de Horsfield) a la tête et le cou d’un brun vineux, le dos et les ailes noirs flammés de jaune doré ; le dessous du corps vineux; un collier noir, les tarses jaunâtres. Eurylaime ( Ettrylaimus ) sur un Castanea martabanica . 152 PASSE R E AUX S Yi\ I) A C T Y L E S L A T J R 0 S T R E 8. Genre CYMBIRRHYNQUE, Gymbirrhynchus , de Vigors ( xuaG/] , barque, puyx0? > bec). Ce Genre a le bec très-large , comme le précédent , mais les narines , au lieu d’être basales , sont situées au milieu de la voûte du bec. La queue est étagée. Le Cymbirrhynque n a s i o u e ( C ymbirrhynchus macrorhynchus , de Gray ; Eurylaimus nasutus , de Temminck ) a le liée brun , à stries blanches et noires , le hausse-col et le crou- pion rouge pourpre , les tectrices moyennes blanches. 11 habite Sumatra. Genre EROLLE , Erolla, de Lesson. Le bec est aussi haut que large, à mandibule supé- rieure convexe dans le sens de sa largeur, sans arête marquée, et terminé en crochet; les narines sont rapprochées du bord mandibulaire et presque basales; les ailes sont obtuses; la queue large, presque carrée, ou légèrement échancrée; les tarses sont grêles. L’Erolle de Blainville ( Erolla Blainvillii, de Lesson; Eurylaimus Blainvillii , de Garnot) habite la Nouvelle-Guinée; le plumage entier est noir, avec trois taches blanches partant des yeux et de la nuque ; le croupion nt les tectrices de la queue sont d’un rouge de sang; le bec et les tarses bruns. La taille est de cinq pouces et demi. Genre CORYBON ( Corydon , de Lesson). Le bec est extrêmement large et fort, à bords très-dilatés latéralement, et renflés postérieurement; les autres caractères sont ceux du Genre Eurylaime. Le Corydon de Sumatra ( Corydon Sumatranus , de Strickl ; Eurylaimus Corydon, de Temminck) a le plumage noir, avec un miroir blanc sur l’aile, le dos rouge, et la gorge rousse. FAMILLE des PI PR ID ES ( Genre P I P B A , de Linné.) CARACTÈRE. — Bec court, voûté, comprimé, à narines cachées par les plumes du front; ailes obtuses; queue très-courte et presque carrée. SYNOPSIS DES GENRES DE LA FAMILLE DES PIPRIDÉS. Bec court et large Calyptoméne. Cal yptomena . Bec assez élevé , Tarses courts Ru picole. Bupicola. Tarses allongés Manakin. Pipra. Genre M ANAKIN [Pipra, de Linné). Le bec est court, assez profondément ouvert, déprimé, trigone à sa base ; la mandibule supérieure est échancrée vers la pointe; les narines sont basales, triangulaires; les ailes médiocres; les tarses sont écussonnés, grêles, allongés; les doigts faibles , à ongles petits. Les Manakins sont de jolis Oiseaux de l’Amérique méridionale, dont les plus grands éga- lent à peine la taille d’un Moineau , et dont les plus petits ont celle du Roitelet. Leur plumage est vivement coloré ; ils habitent les forêts profondes et n’en sortent jamais pour aller en plaine ; leur vol est assez rapide , mais court et peu élevé ; ils se perchent sur les branches moyennes des arbres. Le matin, ils se réunissent en petites bandes de huit ou dix, et cherchent leur nourriture, qui consiste en Insectes et en petits fruits ; leur gazouillement est faible, mais agréable; quand la chaleur du jour augmente, ils se séparent et se retirent sous les ombrages les plus frais, où ils vivent isolés et silencieux. Ils établissent leur nid dans les broussailles, et pondent cinq ou six œufs. Le Manakin casse-noisette ( Pipra manacus, de Linné) est une Espèce de la Guyane; "m FAMILLE DES PIPB1DES 153 son plumage est noir en dessus, blanc en dessous ; les ailes et le cou sont tachés de blanc ; le bec est noir et les pieds jaunes. La taille est de quatre pouces. Son nom de casse -noisette vient de son cri qui imite le bruit de cet instrument. Ces Oiseaux mangent plus d’insectes que de fruits, et se tiennent ordinairement à terre, à la suite des colonies de Fourmis; ils sont fort vifs et très-agiles : on ne les voit presque jamais en repos, quoiqu’ils volent peu ; ils sau- tillent au milieu des Fourmis, qui les piquent au pied, et leur font pousser leur cri. Le Man a ki n tijé (Pipra pareola , de Linné), nommé aussi le Grand Manakin, est une Espèce du Brésil, dont le plumage est d’un beau noir velouté, avec une calotte bleue chez le mâle, et rouge chez la femelle. Le Manakin goitreux ( Pipra gutturosa, de Desmarets) est noir en dessus, blanc en dessous, et porte, sous la gorge, une touffe épaisse de plumes. Cette jolie Espèce habite le Brésil. Le Manakin militaire ( Pipra militaris , de Shaw) est aussi une Espèce du Brésil ; son plumage est brun ; le front et le croupion sont rouges ; le manteau noir ; la gorge et le devant du cou d’un gris bleuâtre. Genre BUPICOLE, Rupicola, de Brisson ( rupes colere , habi- ter les rochers). Le bec est médiocre, robuste, comprimé vers le bout, à mandibule supérieure échancrée et crochue à son extrémité; les narines sont ovales, grandes, latérales; les ailes moyennes; les tarses courts et robustes. Les Bupicoles sont nommés vulgairement Coqs de roche , parce qu’ils portent sur la tête une double crête verticale de plumes dispo- sées en éventail. Ils habitent, dans l’Amérique méridionale, les grands bois des régions tempérées ; on les rencontre , par petites troupes de trois à huit individus Kupicole orangé livpicola uurantiai i 20 154 P A S S E R E A U X S Y N I) A C T Y LES 1, A T 1 R 0 S T R E S. d’un seul sexe , dans le voisinage des lieux escarpés qui bordent-les grands torrents. Ils sont très-méfiants , et se laissent difficilement approcher. Ils ne grattent jamais le sol , comme le rapporte Buffon , sur la foi de Sonnini ; leur vol est lourd ; lorsqu’ils sont perchés , ils font sans cesse des mouvements brusques et saccadés; ils vivent de baies et de drupes; leur chant est un cri rauque de la syllabe két-ke't-két, grasseyée, mais répétée avec force et d’un ton aigu. Ils construisent leur nid dans les anfractuosités des roches coupées à pic, qui bordent les torrents. Ces nids sont formés de filaments de racines chevelues , entrelacés et cimentés avec de la terre ; la ponte est de deux œufs d’un tiers plus petits que ceux des Poules, d’un blanc sale, et irrégulièrement tachetés de brun et de gris. Le R cpi cole orangé ( Rupicola aurantia , de Vieillot; Pipra rupicola de Linné) a le plumage d’un jaune orangé ; la tête porte une belle huppe demi-circulaire, composée de deux plans de plumes, inclinés et se rejoignant au sommet ; cette huppe est d’un orange très-vif, et bordé d’un cercle étroit rouge ; les ailes sont brunes, avec un trait blanc au milieu, et les plumes qui recouvrent la queue sont frisées et coupées carrément ; la femelle est d’un brun fuligineux. Cette Espèce habite la Guyane , oii elle devient très-rare. Le Rupicole du Pérou ( Rupicola Peruviana, de Dumont) est aussi de couleur orangée, mais la huppe est disposée en touffe ; le manteau est d’un gris cendré ; les rectrices sont d’un noir profond ; les tectrices ne sont pas frisées. Il habite le Mexique. Genre CALYPTOMËNE, Calyptomena, de Horsfield ( xaXuTTTop-evoç , caché). Le bec est court , très-large à la base ; la mandibule su- périeure a son arête et ses bords recourbés jusqu’à la pointe ; les narines sont latérales , arrondies ; les ailes longues ; les tarses épais , et les doigts longs. Les Calyptomènes portent sur la tête des plumes relevées en huppe simple , et non dis- posées en éventail ; ils vivent dans les lieux les plus reculés des forêts : de là leur nom générique. Le Calyptomène verdin ( Calyptomena viridis , de Horsfield ; Rupicola viridis , de Temminck) habite Java et Sumatra. Son plu- mage est d’un beau vert d’émeraude , avec deux taches d’un noir de velours sur les côtés du cou , et les ailes traversées par trois bandes noires. La couleur verte de cet Oiseau, peu différente de celle du feuillage au milieu duquel il vit sur la cime des arbres , fait qu’on le découvre difficilement , et que l’Espèce paraît rare. FAMILLE DES H1R0ND1N1DÉS. 155 SYNOPSIS DES FAMILLES DE LA SECTION DES PASSEREAUX DÆODACTYLES Bec large et très-profondément fendu — FISSIROSTRES. AUes très -longues ; plumage serré. Oiseaux diurnes. . HIRONDINIDÉS. Ailes longues; plumage mou. Oiseaux nocturnes .... CAPRIMULGIDÉS. Bec grêle et allongé — TÊNU1ROSTRES. Doigts médian et externe inégaux. Tarses très-courts ; ailes extrêmement longues. . . TROCHILIDÉS. Tarses ordinaires. Ailes longues CERTHIDÉS. Ailes médiocres UPUPIDÉS. Doigts médian et externe sensiblement égaux ...... P ICUCU LI DÉS. Bec comprimé et couvert à la base = CULTRIROSTRES. Bec plus ou moins grêle , prismatique , droit SU TIRÉS. Bec robuste CORVIDÉS. Bec nettement échancré = D ENTIROSTRES. Bec plus ou moins allongé et aminci TU RDI DÉS. Bec plus ou moins gros à la base et conique. TAN AG RII) ÉS. Bec conoïdal, sans échancrure nette = CON 1 ROSTRES. Ongle du pouce plus ou moins recourbé. Mandibules courtes, aiguës, avec des poils à la base, PA RI D ÉS. Mandibules comprimées, la supérieure plus ou moins arquée COUDÉS. Mandibules assez allongées STURNIDÉS. Mandibules épaisses, robustes . FRINGILLIDÉS. Ongle du pouce long et presque droit ALAUDIDÉS. PASSEREAUX DÆODACTYLES FISSIROSTRES FAMILLE des HIRONDINIDÉS ( Genre HIRUNDO , de Linné.) CARACTÈRE. — Bec petit, très-déprimé, très-large à la base, de forme triangulaire, à commissure ample, comprimé à sa pointe, qui est petite, recourbée, et un peu entaillée; narines basales arrondies, à demi fermées; langue bifide au sommet; ailes longues, aiguës ou suraiguës; queue ordinairement très- fourchue, rarement égale, à dix ou douze rec- trices; tarses courts, doigts grêles; l’externe soudé à sa base avec le médian. PA SSE RE Al X DÆODACTYLES Fl S SI R O ST RES. 1 50 Les Hirondinidés sont des Oiseaux sociables, à vol puissant, insectivores, qui habitent les climats chauds des deux mondes, les Espèces qui s’avancent dans les zones tempérées émigrent vers la fin de l’été, et se rapprochent de l’équateur, pour revenir au printemps suivant. SYNOPSIS DES TRIBUS ET DES GENRES DE LA FAMILLE DES HIRONDINIDÉS. Doigt médian beaucoup plus long que les latéraux = TBIBU DES H I BON D I N I E N S. Genre unique Hirondelle. Hirundo. Doigt médian presque égal aux latéraux. Pouce dirigé en arrière — TBIBU DES SA LA N GA E I E NS. Queue ordinaire Salangane. Salangane. Queue épineuse Acanthylis. A cantliylis. Pouce dirigé latéralement , ou en avant = TBIBU DES GYPSE LIE N S. Genre unique Mar t i n e t. Cypsehts. TRIBU des III ROND INIENS Genre HIRONDELLE ( Hirundo , de Linné). Les tarses sont plus ou moins vêtus, ainsi que les doigts; ces derniers sont grêles; le pouce est dirigé en arrière; le doigt médian beau- coup plus long que les latéraux; les ailes sont suraiguës; la queue ordinairement fourchue. Le vol rapide et infatigable des Hirondelles, leurs cris joyeux, leur régime insectivore, utile à l’Homme; leur sociabilité, leurs émigrations périodiques, leur attachement au pays natal, leur retour, annonçant celui de la belle saison, la structure merveilleuse de leur nid , et mille autres détails de mœurs, ont attiré sur ces Oiseaux la curiosité, l’intérêt, la bienveillance des peuples anciens et modernes, et fourni à plus d’un poète d’heureuses inspirations. Nous nous contenterons de citer la brillante description du vol de l’Hirondelle, par Montbeillard , digne collaborateur et souvent rival heureux de Ruffon: « Le vol est son état naturel , je dirais presque, son état nécessaire; elle mange en volant, elle boit en volant, se baigne en volant, et, quelquefois, donne à manger à ses petits en volant. Sa marche est peut-être moins rapide que celle du Faucon, mais elle est plus facile et plus libre; l’un se précipite avec effort; l’autre coule dans l’air avec aisance : elle sent que l’air est son domaine; elle en parcourt toutes les dimensions , et dans tous les sens , comme pour en jouir dans tous les détails, et le plaisir de cette jouissance se marque par de petits cris de gaîté. Tantôt elle donne la chasse aux Insectes voltigeants, et suit avec une agilité souple leur trace oblique et tor- tueuse, ou bien quitte l’un pour courir à l’autre, et happe en passant un troisième; tantôt elle rase légèrement la surface de la terre et des eaux, pour saisir ceux que la pluie ou la fraîcheur y rassemble; tantôt elle échappe elle-même à l’impétuosité de l’Oiseau de proie par la flexibi- lité preste de ses mouvements : toujours maîtresse de son vol, dans sa plus grande vitesse, elle en change à tout instant la direction; elle semble décrire, au milieu des airs, un dédale mobile et fugitif, dont les routes se croisent, s’entrelacent, se fuient, se rapprochent, se heurtent , se roulent , montent , descendent , se perdent et reparaissent pour se croiser, se rebrouiller encore en mille manières, et dont le plan, trop compliqué pour être représenté aux yeux par l’art du dessin, peut à peine être indiqué à l’imagination par le pinceau de la parole. «Les Hirondelles vivent d’insectes ailés, qu’elles happent en volant; mais, comme ces Insectes ont le vol plus ou moins élevé, selon qu’il fait plus ou moins chaud, il arrive que le froid ou la pluie les rabat près de terre , et les empêche même de faire usage de leurs ailes. Nos Oiseaux rasent la terre, et cherchent ces Insectes sur les tiges des plantes, sur l’herbe des prairies, et jusque sur le pavé de nos rues; ils rasent aussi les eaux, et s’y plongent quel- 157 FAMILLE DES H 1 150 N DIM DÉ S. quefois à demi, en poursuivant les Insectes aquatiques, et, dans les grandes disettes, ils vont disputer aux Araignées leur proie jusqu’au milieu de leurs toiles , et finissent par les dévorer elles-mêmes. Dans tous les cas, c’est la marche du gibier qui détermine celle du chasseur. On trouve dans leur estomac des débris de Mouches, de Cigales , de Scarabées, de Papillons , et même de petites pierres, ce qui prouve qu’ils ne prennent pas toujours les Insectes en volant, et qu’ils les saisissent quelquefois étant posés. » On pense, dans tous les pays, que les Hirondelles sont amies de l’Homme, ou, du moins, qu’elles recherchent les lieux habités par lui, et paraissent se complaire dans sa société. Il serait plus juste de voir en elles des commensales intéressées, poursuivant les Insectes qui abondent partout oh beaucoup d’animaux sont rassemblés, et fréquentant le littoral de nos fleuves parce qu’elles y trouvent un rafraîchissement et une pâture. Quoiqu’il en soit, leur uti- lité n’est pas douteuse : elles purgent l’air de myriades d’insectes nuisibles ou importuns, et leur vigilance à signaler l’approche des Oiseaux rapaces est une sauvegarde pour les Gallinacés domestiques. Aussi sont-elles respectées, et même protégées, dans beaucoup de contrées de l’Europe; et dans le Nouveau -Monde, l’Homme les invite à venir habiter près de lui, en perçant exprès pour elles, autour de sa maison, des trous qui leur offrent un asile assuré. La sociabilité de ces Oiseaux donne lieu à des observations du plus haut intérêt. Dès qu’un ennemi menace l’un d’eux ou ses petits, l’Hirondelle pousse des cris aigus, et aussitôt arrivent toutes les Hirondelles du voisinage, qui harcèlent de concert l’animal dont elles redoutent l’attaque. On a vu des Hirondelles se réunir en bandes nombreuses devant un de leurs nids, dont venait de s’emparer un Moineau , en murer l’ouverture avec du mortier, et condamner ainsi l’usurpateur au supplice d’Ugolin. Des exemples de ce fait ont été constatés en France et en Allemagne. Montbeillard les a révoqués en doute; mais, tout récemment, il s’est renou- velé sous les yeux d’un observateur véridique , qui en a publié la relation. « Portant mes regards, dit M. de Tarragon, sur un groupe de nids d 'Hirondelles de Fenêtre, placé dans l’angle d’une corniche, j’aperçus un Moineau Friquet, qui, quelques jours auparavant, s’était installé, à force ouverte, dans un de ces nids, et revenait paisiblement à son gîte, pour y couver ses œufs. A peine l’imprudent spoliateur est-il rentré dans sa demeure, qu’une Hiron- delle, qui avait son nid près de là, pousse le cri d’alarme. A ce cri, une multitude innombrable de ses pareilles s’assemble, et, comme d’habitude, passe et repasse en volant près de l’ou- verture du nid, comme pour s’assurer qu’il était réellement envahi. De son coté, le Moineau, tranquille possesseur, sinon légitime propriétaire du nid, y avait pondu, et ne se doutait guère que ses anciens rivaux dussent venger une vieille injure. La femelle (car le mâle était allé chercher sa subsistance) , la femelle , dis-je , dont l’incubation était déjà fort avancée , couvait paisiblement ses œufs. Les Hirondelles, assurées de la présence de leur ennemi , poussèrent simultanément leur cri de guerre, et disparurent en un instant. Je les vis s’abattre près d’un bourbier, situé à cent pas plus loin, oh j’avais l’habitude de les observer, lorsqu’elles amas- saient de la terre humide, pour la dégorger ensuite et l’appliquer, enduite de leur salive vis- queuse, contre les parois d’un mur ou dans l’angle d’une fenêtre; mais, cette fois, une seule becquetée suffît , et se précipitant toutes à la fois , et comme d’un commun accord , vers le repaire du bandit, elles en eurent, en deux secondes, bouché l’ouverture d’une masse de terre. Après cet exploit, elles volèrent, poussant des cris aigus et continuels, comme pour célébrer leur victoire, et, quelques minutes après, il n’en paraissait plus aucune autour du tombeau dans lequel elles venaient d’enfermer vivant le téméraire Moineau. J’attendis quatre ou cinq jours pour que la terre eût le temps de sécher, et qu’il me fût possible d’enlever le nid sans le briser. J’v trouvai l’Oiseau mort sur ses œufs; l’orifice du nid était obstrué par une masse de terre ayant à peu près le volume et la forme d’un œuf de Poule. » Voici un autre exemple, plus touchant encore, de l’esprit d’association qui anime ces inté- ressants Animaux. «J’ai vu, dit Dupont de Nemours, une Hirondelle qui s’était malheureu- sement, et je ne sais comment, pris la patte dans le nœud coulant d’une ficelle dont l’autre 158 PASSEREAUX DÆODACTYLES F1SS1ROSTRES. bout tenait à une gouttière du collège des Quatre-Nations. Elle cherchait à se dégager, et, sa force épuisée, elle pendait et criait au bout de la ficelle, qu’elle relevait quelquefois, en voulant s’envoler. Toutes les Hirondelles du vaste bassin compris entre le pont des Tuileries et le Pont-Neuf, s’étaient réunies au nombre de plusieurs milliers. Elles faisaient nuage, toutes poussant le cri d’alarme et de pitié. Après une assez longue hésitation , et un conseil tumul- tueux , une d’elles inventa un moyen de délivrer leur compagne, le fit comprendre aux autres, et en commença immédiatement l’exécution. On fit place : toutes celles qui étaient à portée vinrent à leur tour, comme à une course de bague, donner, en passant, un coup de bec à la ficelle. Ces coups, dirigés sur le même point, se succédaient de seconde en seconde, et plus promptement encore..... Une demi-heure de ce travail fut suffisante pour couper la ficelle, et mettre la captive en liberté. Mais la troupe, seulement un peu éclaircie, resta jusqu’à la nuit, parlant toujours, d’une voix qui n’avait plus d’anxiété, et comme se faisant mutuellement des félicitations et des récits. » Venons à la nidification des Hirondelles : cette partie de leur histoire n’est pas la moins digne d’admiration. Le bon versificateur Louis Racine, fils du grand poète Jean Racine, en faisait un de ses arguments contre les matérialistes, dans son poème de la Religion : O toi , qui follement fais ton Dieu du hasard , Viens me développer ce nid qu’avec tant d’art, Au même ordre toujours architecte fidèle , A l’aide de son bec maçonne l’Hirondelle. Chaque Espèce, pour construire son nid, suit un instinct particulier, qui la guide dans le choix du lieu et des matériaux. Ce nid est fixé , soit contre les murs ou les cheminées, sous les corniches, dans les embrasures de fenêtre , et presque dans les chambres des mai- sons, soit contre des rochers coupés à pic , ou sous la voûte des cavernes. Quelques Espèces choisissent la rivé sablonneuse des fleuves, et creusent, au moyen de leurs ongles , dans le sol mobile, des galeries souterraines; d’au- tres s’établissent dans des carrières , ou dans des trous pratiqués par d’autres Animaux; d’autres, enfin, préfèrent les crevasses des rochers . ou les trous des vieux arbres. Le nid de Y Hirondelle de cheminée est hémisphérique; celui de V Hirondelle de fenêtre a la forme d’un quart de sphère; Y Hirondelle à collier blanc , de Cayenne, donne au sien la forme d’un cône tronqué à base large , divisé à l’intérieur par une cloison oblique, et elle le garnit de la ouate enlevée aux graines des Apocynées. IY Hirondelle du Cap, qui abonde dans le Sud de l’Afrique, et qui pousse la familiarité jusqu’à pénétrer dans les cahutes des paysans , pour y établir son nid, l’attache au plafond, contre une poutre, et le construit avec de la terre gâchée, comme chez les Hirondelles d’Europe; mais elle lui donne une forme toute différente : c’est une boule creuse, à laquelle est adapté un long tuyau, par lequel la femelle se coule à l’intérieur Nid D’IllHONDtlLL Dli CllBMlNÉt. KAMI LL K DES H I NON DI N 1 DÉS. 15!) de son nid, revêtu, avec profusion, de tout ce que i’Oiseau a pu trouver de plus moelleux. « Chez les Hirondelles, comme chez la plupart des autres Oiseaux, dit Montbeillard , c’est le mâle qui chante l’amour, mais la femelle n’est pas absolument muette ; son gazouillement ordinaire semble même prendre alors de la volubilité. Elle est encore moins insensible, car non-seulement elle reçoit les caresses du mâle avec complaisance, mais elle les lui rend avec ardeur. Ils font deux pontes par an. Tandis que la femelle couve, le mâle passe la nuit sur le bord du nid ; il dort peu, car on l’entend babiller dès l’aube du jour, et il voltige presque jus- qu’à la nuit close. Lorsque les petits sont éclos, les père et mère leur portent sans cesse à manger, et ont grand soin d’entretenir la propreté dans le nid, jusqu’à ce que les petits, deve- nus plus forts, sachent s’arranger de manière à leur épargner cette peine. Mais ce qui est • plus intéressant , c’est de voir les vieux donner aux jeunes les premières leçons de voler, en les animant de la voix, leur présentant d’un peu loin la nourriture, et s’éloignant encore à mesure qu’ils s’avancent pour la recevoir, les poussant doucement, et non sans quelque inquiétude, hors du nid, jouant devant eux et avec eux dans l’air, comme pour leur offrir un secours toujours présent, et accompagnant leur action d’un gazouillement si expressif, qu’on croirait en entendre le sens. » L’éducation des petits est toujours terminée quand le besoin de l’émigration se fait sentir aux Hirondelles. Le moment du départ est retardé ou accéléré de quelques jours par la tem- pérature de la saison, qui leur offre des conditions d’existence plus ou moins faciles. Quand ce moment est arrivé, les individus habitant un même canton se montrent plus agités que de coutume; leurs cris d’appel, leurs ébats, leurs rassemblements sont plus fréquents. On les voit se réunir, plusieurs fois dans la journée, sur les toits ou sur les branches desséchées des arbres, comme pour tenir conseil. Enfin, si le vent est favorable, toutes ensemble s’élèvent lentement en tournoyant dans les hautes régions de l’air, comme pour agrandir leur horizon et s’orienter avec plus de sûreté ; puis elles disparaissent vers le Sud. « C’est sur un arbre, dit Montbeillard, mais sur un très-grand arbre, que les Hirondelles de cheminée ont coutume de s’assembler pour le départ. Ces assemblées ne sont que de trois ou quatre cents individus, car l’Espèce n’est pas aussi nombreuse, à beaucoup près, que celle des Hirondelles de fenêtre. Elles s’en vont de ce pays-ci vers le commencement d’oc- tobre; elles partent ordinairement la nuit, comme pour dérober leur marche aux Oiseaux de proie, qui ne manquent guère de les harceler dans leur route. M. Frisch en a vu quelquefois partir en plein jour, et M. Hebert en a vu plus d’une fois, au temps du départ, des pelotons de quarante à cinquante , qui faisaient route au haut des airs, et il a observé que, dans cette circonstance , leur vol était non-seulement plus élevé qu’à l’ordinaire , mais encore beaucoup plus uniforme et plus soutenu. Elles dirigent leur route du côté du Midi, en s’aidant d’un vent favorable , autant qu’il est possible; et, lorsqu’elles n’éprouvent point de contretemps, elles arrivent en Afrique dans la première huitaine d’octobre. M. Adanson en a vu arriver dès le 6 octobre, à six heures et demie du soir, sur les côtes du Sénégal , et les a bien reconnues pour être nos vraies Hirondelles. Il s’est assuré qu’on ne les voyait dans ces contrées que pendant l’automne et l’hiver. Il nous apprend qu elles y passent les nuits, seules ou deux à deux, dans le sable, sur le bord de la mer, ou quelquefois, en grand nombre, dans les cases, perchées sur les chevrons de la couverture. Enfin il ajoute une observation importante, c’est que ces Oiseaux ne nichent point au Sénégal. Aussi ne ramènent-ils jamais avec eux des jeunes de l’année, d’où l’on peut inférer que les contrées septentrionales sont leur véritable patrie ; car la patrie d’une Espèce quelconque est le pays où elle fait l’amour et se perpétue. » Cependant toutes les Espèces d’Hirondelles n’émigrent point; quelques-unes vivent séden- taires dans leur pays natal ; il arrive même que quelques individus des Espèces voyageuses, habitant les régions les plus méridionales de l’Europe, se dispensent de quitter le pays où les Insectes ne leur manquent dans aucune saison de l’année; c’est ce qu’on observe dans les îles d’Hyères, et sur la côte de Gênes, où les Hirondelles passent les nuits sur des orangers en I (il) l> \SSERE VUX I) ÆO I) VCTYLES F I SS I RO ST R ES. pleine terre, <|ue leur station endommage considérablement. Enfin, il en est qui, après avoir passé la saison chaude dans des climats plus septentrionaux, ou toute nourriture doit leur manquer pendant la saison rigoureuse, y passent l’hiver dans un état d’engourdissement léthargique, semblable au sommeil hivernal des Mammifères insectivores. Aristote avait déjà mentionné cette curieuse particularité, qui a été, depuis un siècle, constatée par plusieurs observateurs. Les Hirondelles qui n’émigrent pas se cachent dans des trous exposés au Midi, ou dans des troncs d’arbres, ou même dans les habitations de l’Homme : nous ne citerons qu’un exemple de cette hibernation. Achard de Privy-Garden , descendant le Rhin à la fin de l’hiver de 1701 , vit des enfants qui, attachés à des cordes, se glissaient le long des falaises méridionales qui bordent le fleuve, au-dessous de Basilea, et, munis de baguettes armées de tire-bourres, fouillaient dans les trous, et en tiraient des Hirondelles. Ces Oiseaux étaient' engourdis et comme inanimés; Achard en mit un dans son sein, et, au bout d’un quart 'd’heure, le sentant remuer, il le posa sur sa main ; mais, comme il ne pouvait encore se ser- vir de ses ailes, il le remit dans son sein, où il continua de le réchauffer pendant un autre quart d’heure; alors l’Hirondelle, complètement ranimée, prit son vol et s’enfuit. Cette hibernation des Hirondelles, et notamment de l’Hirondelle de rivage, a donné lieu, dans le xvie siècle, à une erreur singulière : on a prétendu qu'elles passaient l’hiver engourdies au fond de l'eau. Olaüs Magnus, évêque d’Upsal, affirme que, dans les pays du Nord, les pêcheurs tirent souvent dans leurs filets , avec le Poisson, des groupes d’Hirondelles pelotonnées, se tenant accrochées les unes aux autres, bec contre bec, pieds contre pieds, ailes contre ailes, et que ces Oiseaux, transportés dans des .lieux chauds, se raniment assez vite, mais pour mourir bientôt après. Ce fait, malgré son invraisemblance, n’est pas révoqué en doute par Cuvier. Parlons maintenant du retour des Hirondelles, qui a lieu, dans nos pays, vers l’équinoxe du printemps, comme leur départ vers l’équinoxe d’automne. Elles arrivent, non pas en bandes, comme elles partent, mais isolément et par couple, et chaque jour on voit leur nombre augmenter. De nombreuses observations ont constaté que ces Oiseaux reviennent constamment chaque année à leur nid , et que le mariage qu’ils y ont contracté est indissoluble. Frisch, le premier, ayant imaginé d’attacher aux pieds de quelques-uns de ces Oiseaux un fil teint en détrempe, revit, l’année suivante, ces mêmes Oiseaux avec leur fil , qui n’était point déco- loré, preuve assez bonne, remarque Montbeillard, que du moins ces Individus n’avaient point passé l'hiver sous l’eau, ni même dans un endroit humide, et présomption très-forte qu’il en est ainsi de toute l’Espèce. Spallanzani a renouvelé l'expérience de Frisch, et il a vu, pendant dix-huit années consécutives, six ou sept couples d’Hirondelles de fenêtre revenir à leur ancien nid, et y faire deux couvées annuelles, sans presque s’occuper de le réparer. Il en est de même de l’Hirondelle de cheminée, seulement celle-ci bâtit chaque année un nouveau nid au-dessus de celui de l’année précédente. Ecoutons, sur leur constance conjugale, l’honnête philanthrope Dupont de Nemours : « Les amours des Hirondelles sont des mariages indissolubles, non des fantaisies du moment, comme ceux de quelques Oiseaux, ni même des liaisons d’un prin- temps, comme ceux de la plupart des autres. Et, quand un des deux époux meurt, il est rare que l’autre ne le suive pas en peu de jours. Le doux caquetage a cessé; plus de chasse, plus de travail : un sombre repos, un morne silence sont les signes de la douleur à laquelle le sur- vivant succombe. J’en avertis les jeunes gens qui s’amusent quelquefois à leur tirer des coups de fusil, parce qu’elles sont difficiles à toucher. Mes amis, tirez des noix en l’air, cela est plus difficile encore , et respectez ces aimables Oiseaux. Songez que chaque coup qui porte tue deux Hirondelles : la dernière par un supplice affreux.» Ce n’est pas seulement pour exercer son adresse, c’est surtout pour y trouver un profit matériel que l’Homme détruit les Hirondelles. Comme elles sont devenues très-grasses à l’au- tomne, et que leur chair est sapide et délicate, on leur fait une chasse active en Lorraine, en Alsace, et surtout en Italie. « A cette époque, dit Vieillot, elles passent la nuit sur les roseaux FAfMILLË DES H l H 0 ND I N I D É S. I G 1 et les joncs qui sont dans les marais, et il suffit de laisser tomber, à l’entrée de la nuit, un filet tendu sur ces plantes marécageuses, pour noyer, le lendemain, tous les Oiseaux qui se trouvent pris dessous. » Les Hirondelles ont, en général , un plumage peu brillant et peu varié, dont les seules cou- leurs sont le blanc, le cendré, le roux, le bleu et le noir. Leur mue est simple, et n’amène aucun changement; elles s’habituent à la captivité, malgré leur tempérament délicat, et, lorsqu’elles sont bien soignées, elles sont très-douces et très-familières, et on en a vu vivre en cage huit ou neuf ans. On en compte, en Europe, six Espèces, que nous allons décrire succinctement. L’Hirondelle de cheminée ( Hirundo rustica, de Linné) a six pouces et demi de lon- gueur; le front et la gorge d’un marron roux ; toutes les parties supérieures du corps d’un noir à reflets violets : cette couleur est brune sur la poitrine , où elle forme une large bande. Les rémiges sont noires , ainsi que les rectrices , qui , à l’exception des intermédiaires , ont toutes une tache blanche plus ou moins ronde sur les barbes intérieures ; la queue est four- cime; le ventre est d’un blanc terne ; le bec et l’iris noirs, et les pieds bruns. Hirondelle de cheminée (Hirundo rustica). L’Hirondelle de cheminée est, dans nos climats, la messagère du printemps; elle nous arrive en avril ; elle est aussi la dernière à nous quitter. Elle gagne l’ Afrique et l’Asie pour y passer l’hiver. Les habitants du littoral de la Sicile font une guerre d’extermination à ces Oiseaux vers la fin du mois de mars, époque oh s’effectue leur retour en Europe. Ils construi- sent leur nid dans la partie la plus élevée des tuyaux de cheminée : M. Degland a vu un couple bâtir maison sur le ressort de sa sonnette. L’extérieur est de terre gâchée, mélangée de paille et de crin ; l’intérieur se compose d’herbes sèches et de plumes; la mère y dépose trois à cinq œufs blancs, marqués de petites taches brunes et violettes, dont le grand axe est de huit lignes et demie, et le petit axe de six lignes et demie. L’ Hirondelle rufuline ( Hirundo ru fui a , de Temminck) , vulgairement nommée Rousseline , a sept pouces de longueur ; le dessus de la tète et le croupion sont roux ; les par ties inférieures sont striées de brun; la queue est très-fourchue, unicolore, noire, ainsi que les ailes ; le bec et l'iris sont d’un brun foncé. Elle habite le Nord de l’Afrique et se montre dans le Sud de -l’Europe; ses mœurs sont celles de l’Espèce précédente. 21 102 ]> \ S S E II E A L \ I ) Æ OD A G T V LES El S S I II O S T R E S. L’Hirondelle de fenêtre (Hirundo urbica, de Hirondelle à cid blanc, est d’un noir violet plus ou moins foncé en dessus ; blanche en dessous et à la croupe ; ses pieds sont revêtus , jusqu’aux ongles, de petites plumes blanches assez rares ; le bec et l’iris sont noirs. La taille est de cinq pouces. C’est la plus commune et la plus répandue des Espèces d’Europe. Elle arrive en France huit à dix jours avant l’Hiron- delle de cheminée ; elle bâtit son nid à l’en- coignure des fenêtres , et sous les poutres des granges et des écuries : elle le compose de terre à l’extérieur, et particulièrement de celle qui a été rendue par les vers, et que l’on voit çà et là dans les prairies. Le milieu de ce ciment est fortifié par des brins de paille, et doublé en dedans d’une grande quantité de plumes, qu’elle saisit dans l’air. La femelle y pond quatre ou cinq œufs d’un blanc pur et sans tache, du même volume et un peu moins oblongs que ceux de l’Hirondelle de cheminée. C’est à cette Espèce que se rapporte l’his- toire révoquée en doute par Montbeillard : Un cordonnier de Bâle ayant pris à sa fenêtre une Hirondelle avant son départ , lui attacha un collier portant cette inscription : jinné), nommée vulgairement Pelite Hirondelle i>e fesètre ( Hirundo urbica). Hirondelle , Si fidèle . Dis-moi, l’hiver, où vas-tu? Au printemps suivant, il reçut, par le même courrier, une réponse à sa demande : Dans Athènes, Chez Antoine. Pourquoi t’en informes-tu? Montbeillard soupçonne la même main d’avoir écrit la demande et la réponse, et fonde son incrédulité sur ce que les Hirondelles de Grèce émigrent en Afrique et en Asie, comme celles des autres régions de l'Europe. Nous ne pensons pas qu’il soit prouvé que toutes les Hiron- delles européennes traversent l’Océan ou la Méditerrannée : il peut se faire que quelques-unes d’entre elles , trouvant dans le Sud de l’Europe .des moyens d’existence suffisants , s’abstien- nent de descendre vers des latitudes plus méridionales. L’Hirondelle pourpre ( Hirundo purpurea, de Linné) a le plumage noir bleu irisé chez le mâle; brun varié de gris aux parties supérieures chez la femelle; le hec et les pieds sont noirs. La taille est de sept pouces et demi. Elle habite l’Amérique septentrionale, et se montre accidentellement en Angleterre. C’est cette Espèce qui, par ses cris, avertit les Oiseaux de basse-cour de l’approche des Faucons. L’Hirondelle de rivage ( Hirundo riparia , de Linné) a le plumage gris brun en des- sus, aux joues, à la poitrine et aux flancs ; la gorge, le devant du cou, le ventre et les sous- caudales sont blancs, avec quelques plumes brunes au milieu de l’abdomen; le hec et l’iris sont bruns. La taille est de quatre pouces. F \MILLE DES H-ERONDIN I DÉS. ( (i.'5 Hirondelle de rivage (Hirundo riparia). L’Hirondelle de rivage habite l’Europe et la Sibérie; elle est moins nombreuse en France que l’Hirondelle de cheminée et l’Hirondelle de fenêtre; mais on la rencontre fréquemment sur les bords des fleuves et des rivières. Elle se creuse, dans les berges sablonneuses, des terriers où elle établit son nid ; elle y pond cinq à six œufs allongés, d’un blanc pur et lustré, dont le grand axe est de huit lignes , et le petit de cinq lignes et demi. L’Hirondelle de montagne (Hirundo mpeslris , de Linné) est longue de cinq pouces et demi; son plumage est gris cendré clair en dessus ; blanc roussâtre à la gorge, au devant du cou, à la poitrine, à l’abdomen, et gris brun sur les flancs et au bas du ventre ; les rec- trices , excepté les deux médianes , portent une tache ovale , blanche , sur les barbes internes ; le bec est noirâtre, et l’iris noisette. Cette Espèce habite le littoral de la Méditerranée et les hautes montagnes des Alpes et des Pyrénées ; elle niche dans les fentes des rochers, et construit un nid avec de la terre, de la paille et des plumes , où elle pond cinq ou six œufs blancs , tachetés et piquetés de roux. Son vol est moins rapide et plus élevé que celui des autres Hirondelles. TRIBU des SALANGANIENS Genre SALANGANE, Salangane, d’Isid. Geoffroy Saint -Hilaire; Collocalia, de Gray (xôXXa , colle; xaXtà, nid, c’est-à-dire nid gélatineux) . Le bec est petit, plus haut que large, bombé en dessus, concave en dessous; les narines sont basales, ovales; les ailes aiguës; la queue est à peine échancrée; les tarses sont nus, courts, robustes; les ongles comprimés et arqués. La Salangane comestible ( Collocalia troglodytes, de Gray; Hirundo esculenta, de Linné), Espèce principale de ce Genre, lequel en renferme quatre, appartenant au sud de l’Asie et à l’Océanie, habite l’archipel des Indes; elle est de petite taille, brune en dessus, blanchâtre en dessous et au bout de la queue; la gorge est rousse. Cet Oiseau attache son nid aux parois des cavernes. Ces nids , que les Chinois vendent fort cher, et qu’ils regardent comme un ali- ment très-substantiel, sont jaunâtres , demi-transparents, et à cassure vitreuse; ils ont à peu près la forme d’un bénitier, et présentent des rides concentriques, comme le dos d’une coquille 1 64 PASSE H E A E X J) Æ 0 D A C T Y LES F1SSI R 0 STR E S. il huître; ils se dissolvent dans l’eau comme de la gélatine, et on en prépare une sorte de consommé , d’un goût très-agréable. L’origine des matériaux employés à leur construction a été longtemps un point dou- teux pour les naturalistes : les Chinois disent que c’est du frai de poisson recueilli par la Salangane à la surface de l’eau; les Javanais croient qu’elle n’emploie que le suc balsa- mique d’un arbre nommé Calambouc; quel- ques voyageurs ont prétendu que la matière du nid n’est autre chose qu’un suc animal , élaboré dans l’estomac de l’Oiseau. L’opinion la plus généralement admise aujourd’hui est que la Salangane compose son nid en entas- sant symétriquement des Varechs du genre Gelidium , qu’elle a recueillis à la surface des eaux , et macérés avec sa salive. C’est le botaniste Lamouroux qui a démontré, le pre- mier, la nature végétale de ces nids de la Salangane; il a établi que les Algues gélati- neuses constituent la matière principale du nid de la petite Espèce de Salangane, qui ne s’éloigne jamais des bords de la mer. Tou- tefois, Lesson n’accepte l’opinion de Lamou- roux qu’en ce qui concerne la Salangane de l’Inde : la plupart des mers, sur les côtes desquelles vivent des Salanganes, ne possè- dent point ces Algues, dont la patrie est res- treinte à l’archipel d’Asie; en outre, il existe de pareils nids dans les profondes cavernes des hautes montagnes situées au centre de l’île de Java, et, vu leur éloignement de la mer et la violence des vents qui régnent dans ces contrées, il y a lieu de penser que ces petits Oiseaux ne tirent rien de la mer, ni pour leur nourriture, ni pour la confection de leurs nids. « Nous avons donné , dit Lesson, à une collection particulière, un nid de Salangane , dont la moitié de chaque libre était intacte, et prouve qu’elle appartenait à une espèce de Lichen branchu des montagnes, tandis que l’autre moitié avait été élaborée par l’Oiseau, et avait la texture blanche et nacrée des fibres si estimées, comme aliment, dans toute l’Indo-Chine. » La préparation de ces nids coûte, dit-on, deux mois de travail aux Salanganes de l’archipel Indien; elles y pondent deux œufs, qu’elles couvent pendant quinze jours. C’est surtout à Java qu’on les recueille pour les livrer aux Chinois : les cavernes profondes creusées dans les rochers qui bordent le rivage sont tapissées de ces nids. On en cherche aussi dans les mon- tagnes de l’intérieur, et ceux-là sont plus colorés, parce qu’il entre dans leur composition des herbes terrestres moins gélatineuses. Les Javanais descendent dans les cavernes, au moyen d’une échelle de Roseaux et de Bambous, en s’éclairant d’un flambeau. Pour réussir dans Nid de Salangane. FAMILLE DES MillOND IN1DÉS. 165 cette chasse, périlleuse autant que productive, ils invoquent une Divinité, dont les attributions spéciales sont de protéger les chercheurs de nids; ils lui font le sacrifice d’un buffle, et ils ne descendent dans le précipice qu’après en avoir fait parfumer l’entrée par un prêtre, qui y brûle du Benjoin, résine balsamique très-suave. Genre ACANTHYLIS, Acanlhylis , de Boié (àxav0a, épine). Le bec est petit, très- déprimé, élargi à la base; les narines sont médianes, ovalaires; les ailes sont longues, aiguës; la queue courte, jamais fourchue, à rectrices dont la lige dépasse les barbules et se prolonge en longue épine; les tarses sont nus, robustes; les ongles comprimés, arqués et aigus. L’Acanthylis acutipenne ( A canthylis pelasgia, de Boié; Hirundo pelasgia, dé Latham) est longue de cinq pouces et demi; le dessus du corps est d’un brun noirâtre, plus foncé sur les ailes et sur la queue; la gorge est d’un gris brun; le bec est noir. «Elle niche, dit Vieillot, dans les cheminées des habitations rurales, préférant les campagnes aux grandes villes, et elle construit son nid avec une industrie qui lui est particulière. Elle établit d’abord une espèce de plate-forme, composée de petites branches sèches et de broussailles, liées ensemble avec la gomme-résine du Liquidambar styracifère. Ces matériaux sont, dit-on, quelquefois en si grande abondance, qu’ils obstruent l’ouverture de la cheminée, et on prétend que l’Oiseau se soutient dans ce travail en appliquant les pointes de sa queue contre le mur. C’est sur cet échafaudage qu’elle place le berceau de ses petits, lequel n’est composé que de bûchettes, collées avec la même gomme, et disposées à peu près comme les osiers du panier qu’on donne aux Pigeons pour couver. Le nid que j’ai sous les yeux a la forme d’un tiers de cercle; il est beaucoup plus petit que celui de l’Hirondelle de fenêtre, et était attaché, par les deux extrémités, aux parois d’une cheminée. » Cette Espèce habite l’Amérique septentrionale, depuis les Florides jusqu’au delà de l’État de New-York; on la trouve aussi dans les Antilles et à la Guyane. Elle arrive aux États-Unis en mai, et les quitte en août; elle y est connue sous le nom de Chimney-Swallow. TRIBU des CYPSÉLIeTnS Genre MARTINET, Cypselus , d’ J Niger (xifysXoç, nom grec du Martinet). Le bec est petit, déprimé, et triangulaire à sa base, étroit et comprimé à sa pointe; la mandibule supé- rieure est crochue, l’inférieure un peu retroussée a sou extrémité; les narines sont longitudi- nales, larges, ouvertes au milieu, et bordées de petites plumes; les tarses très-courts, robustes, emplumés jusqu’aux doigts, qui sont libres; le doigt postérieur est articulé sur le côté interne du tarse, et dirigé en avant; les ongles sont étroits et crochus; les ailes très-lon- gues, aiguës; la queue composée de dix pennes. Les Martinets ont les ailes plus longues et les pattes plus courtes que les Hirondelles; lors- qu’ils sont à terre, ils ne peuvent prendre leur élan, mais leur vol est plus puissant, à pro- portion , que celui de tous les autres Oiseaux. Le Martinet noir ( Cypselus apus , d’J Niger; Hirundo apus , de Linné), vulgairement nommé Martinet de muraille , est l’Espèce la plus commune en Europe; il est long d’environ huit pouces; son envergure est de quinze pouces; sa queue est fourchue, son plumage d’un noir de suie, à reflets verdâtres, à l’exception de la gorge, qui est blanche; le bec et l’iris sont bruns. Il arrive dans nos climats pendant le cours du mois d’avril , et plus tard que les Hirondelles, parce que les Insectes dont il fait sa nourriture ne s’élèvent aux régions oii il a coutume de voler, que quand l’atmosphère y est suffisamment échauffée. Il revient, comme Es Hirondelles, prendre possession du domicile qu’il avait adopté les années précédentes : PASSE RE VI \ DÆODACT VEES FISSI R O ST R ES. 166 les trous, les crevasses des murailles, les avant-toits des maisons couvertes de tuiles, sont les lieux qu’il préfère pour établir son nid, et, lorsqu’il retrouve l’ancien, il ne se donne pas la peine d’en construire un nouveau. Pendant les grandes chaleurs, les Martinets restent au milieu du jour dans leur domicile; ce n’est que le matin et le soir qu’ils vont à la provision, ou voltigent sans autre but que de prendre leurs ébats et d’exercer leurs ailes. C’est dans ce dernier cas qu’ils décrivent en l’air des courbes infinies autour des clochers, ou des lignes droites le long des maisons, en poussant des cris aigus. Martinet noir (Cypselus apus). Montbeillard , Spallanzani et M. Gerbes, ont constaté un détail très-curieux dans les mœurs des Martinets : c’est leur séjour dans les airs pendant la nuit. «Vers la fin de juin, dit M. Gerbes, après qu’ils ont bien tourné, selon leur coutume, autour d’un clocher ou d’un autre édifice, on les voit s’élever à des hauteurs plus qu’ordinaires, et toujours en poussant des cris aigus. Divisés par petites bandes de quinze à vingt, ils disparaissent bientôt totale- ment, Ce fait arrive régulièrement chaque soir, vingt minutes environ après le coucher du soleil, et ce n'est que le lendemain, lorsqu’il commence à paraître à l’horizon, qu’on voit les Martinets redescendre du haut des airs, non plus par bandes, mais dispersés, çà et là. Avant la ponte, mâles et femelles s’en vont ainsi chaque soir; mais., lorsque les soins de la mater- nité retiennent les femelles dans leur nid , les mâles seuls exécutent ces courses nocturnes. Spallanzani dit même que, lorsque l’éducation des jeunes est terminée, les Martinets se retirent dans les hautes montagnes, où ils vivent, jusqu’à leur départ d’Europe, au sein des airs, et sans jamais se poser sur aucun appui. » La ponte du Martinet noir est de trois ou quatre œufs, allongés, d’un blanc parfait, sans taches; leur grand axe est de dix lignes et demi, leur petit axe de sept lignes. «Leur nid, dit Montbeillard, se compose de matériaux de toute espèce, de paille, d’herbe sèche, de mousse, de chanvre, de bouts de ficelle, de soie, de gaze, de mousseline, de plumes d’Oiseaux domes- tiques, en un mot, de tout ce qui peut se trouver dans les balayures des villes. Mais com- ment des Oiseaux, qui ne se posent jamais à terre, peuvent-ils amasser tout cela? Un observateur célèbre soupçonne qu’ils enlèvent ces matériaux en rasant la surface du terrain , de même qu’ils boivent en rasant la surface de l’eau Je trouve beaucoup plus vraisem- blable ce que m’ont dit quelques gens simples, témoins oculaires, qu’ils avaient vu fort souvent les Martinets sortir des nids d’Hirondelles et de Moineaux, emportant des matériaux dans leurs petites serres; et, ce qui augmente la probabilité de cette observation, c’est que : 1° les nids des Martinets sont composés des mêmes choses (pie ceux des Moineaux; 2° l’on 1G7 FAMILLE DES II I MON DJ NI DÉS. sait, d’ailleurs, que les Martinets entrent quelquefois dans les nids des petits Oiseaux, pour manger leurs œufs, d’où l’on peut juger qu’ils ne se font pas faute de piller le nid, quand ils ont besoin de matériaux. A l’égard de la mousse qu’ils emploient , il est possible qu’ils la prennent avec leurs petites serres , qui sont rétractiles , et très-fortes , sur le tronc des arbres , où ils savent fort bien s’accrocher, d’autant plus qu'ils nichent aussi, comme on sait, dans les arbres creux. » La chair du Martinet est sapide , surtout celle des petits , pris au nid ; on recherche aussi les adultes, et, comme leur vol est impétueux, il suffit de se mettre à leur portée, dans un clocher ou sur un rempart, et de profiter du moment où ils viennent directement au chasseur; on peut les tirer à petit plomb, ou même les abattre à coups de baguette. «Il y a, dit le vieux Melon , une isle en Grèce , anciennement nommée Zacinthus , et maintenant Zanthe , qui a un chasteau là hault sur la roche, au dessus de la ville : et là les garçons de léans se mettent aux fenestres, tenants une ligne entre leurs mains, tout ainsi que s’ils vouloient pescher du poisson, ayants une petite plume pour emorce, liée à un hameçon, pendante à une petite cordelle : et prennent grande quantité d’ Hirondelles à leur nouvel advenement : car trouvants icelle plume pendue, la veulent prendre avec le bec pour porter en leur nid : mais ayants trouvé l’hameçon qui les accroche, demeurent pendues à la ligne du pescheur : tellement qu’un homme en prend quelquesfois cinq ou six douzaines par jour, et celles qui sont grasses et tendres sont très bonnes à manger. Nature en son endroict s’est monstrée maistresse ouvrière, car cette Espèce d’LIirondelle est le plus soubdain des Oyseaux. » Toutefois, la répartition inégale des facultés locomotrices du Martinet, faite par la nature au bénéfice exclusif de ses ailes, frappe cet Oiseau d’une complète impuissance, lorsque, par accident, il vient à toucher la terre : il ne peut plus s’enlever; l’excessive brièveté de ses tarses l’empêche de prendre son vol ; la longueur de ses ailes devient pour lui un embarras plutôt qu’un avantage, et l’on peut le prendre à la main. Aussi, guidé par une défiance instinctive, a-t-il soin de choisir une retraite inaccessible. Le Martinet alpin (Cypselus mclba, d’JIliger; Hirundo melba, de L'inné), vulgairement nommé Martinet à ventre blanc , est long de neuf pouces; le dessus du corps est d’un gris brun uniforme, le dessous d’un blanc pur, avec une large bande brune sur la poitrine et les sous-caudales; le bec est brun, l’iris noisette. Cette Espèce habite principalement les Alpes et les Pyrénées; elle niche dans les fentes des rochers. Sa ponte est de trois ou quatre œufs allongés, d’un blanc pur, sans taches; leur grand axe est de dix lignes et demie, le petit axe de sept lignes et demie. Elle arrive et repart vers les deux équinoxes. Le Martinet vélocifère ( Hirundo velox , de Vieillot) est une Espèce que Levail- lant a observée en Afrique, et qu’il a nommée le Vélocifère , à cause de la rapidité de son vol. Son plumage est d’un noir foncé, à reflets bleus sur la tête, les ailes et la queue, et d’un noir pur sous le corps. Cet Oiseau fréquente les forêts, et se retire dans les trous d’arbres pour se reposer et y passer la nuit. Le soir et le matin , il vole à la lisière des bois , et saisit en passant les Insectes et les Moucherons qu’il aperçoit en l’air, ou posés sur les feuilles. On ne l’entend jamais faire de cri quelconque, et on ne le voit pas non plus se poser sur les branches des arbres. «De tous les Oiseaux que j’ai connus, dit Levaillant, c’est celui dont le vol est le plus rapide; il parcourt, ainsi que je l’ai estimé plus d’une fois sur un terrain mesuré, un espace de cent toises en cinq secondes. Ainsi, en supposant qu’il voulût ou pût continuer son vol avec la même rapidité, il ferait une lieue en deux minutes, et, par consé- quent, ne mettrait pas quinze jours à faire le tour du monde. » HiS PASSER K \ l \ DÆORACTA LES FISSI ROSTRES. ( Genre CAP RI MU LGUS , de Linné.) CARACTÈRE. — Bec très-court, crochu a la pointe, énormément fendu et dilaté à la base, garni latéralement de poils gros et roules; tarses courts, tantôt faibles, à doigts réunis à leur base par une membrane, tantôt robustes, ainsi que les doigts, qui sont libres à leur base; ailes grandes; plumage lâche , mollet et duveteux, comme chez les Rapaces nocturnes. « Cette Famille, dit le savant ornithologiste AI. de la Fresnaye, répandue sur tout le globe, semble se rapprocher des Oiseaux de nuit, non-seulement par la nature etdes couleurs sombres de son plumage, mais encore par la grandeur de ses yeux, la versatilité de son pouce, et ses habitudes crépusculaires. Là se bornent, toutefois, ses rapports avec eux, et c’est avec la Famille des Hirondelles qu’elle offre les points de contact les plus immédiats dans ses formes, . comme dans son genre et son mode d’alimentation, et surtout dans son ostéologie, absolu- ment semblable. On pourrait dire, à bon droit, que les Engoulevents sont des Hirondelles nocturnes, chez lesquelles les Ibijaus, (pii ne marchent jamais, et ne peuvent se tenir à terre, sont les représentants des Martinets. » TRIBU des CAPRIMULGIENS. SYNOPSIS DES TRIBUS ET GENRES DE LA FAMILLE DES CAPRIMULGIDÉS. Doigt médian beaucoup plus long que les latéraux = TRIBU DES CAPRIMULGIENS. Bec très-large et très-robuste Podarge. Podargus. Bec très-atténué en avant Engoulevent. Caprimulgus. Doigt médian presque égal aux latéraux. Pouce dirigé en arrière = TRIBU DES NVCTIBIENS. Genre unique Irijau. Nyctibius. Pouce dirigé latéralement ou en avant = TRIBU DES STÉATORN IENS. Genre unique Gu ac haro. Stentor nis. Genre ENGOULEVENT, Caprimulgus , de Linné ( capram mulgere , traire la chèvre). La partie cornée du bec est très-peu développée; les narines sont basales, tubuleuses; les ailes sont subaiguës; les tarses sont entièrement ou à moitié emplumés, courts; les doigts antérieurs réunis à leur base par une membrane, le médian allongé et toujours terminé par un ongle denticulé, les latéraux très-courts, ainsi que le pouce qui s’unit au doigt interne, et peut se diriger en avant. Les Engoulevents sont des Passereaux nocturnes et crépusculaires dont le plumage est nuancé de gris et de brun comme les Rapaces de nuit; ils ont de grands yeux que la lumière du jour éblouit ; leur bec est garni de fortes moustaches, et peut engloutir les plus gros Insectes, qu’ils retiennent au moyen d’une salive gluante, et auxquels ils donnent la chasse' pendant le crépuscule. Ils vivent isolés, ouvrent largement le bec quand ils volent, et l’air qui s’y engouffre produit un bruissement singulier, auquel ils doivent leur nom générique français. Quant à leur nom générique latin, il vient de ce que l’Oiseau, fréquentant les parcs des Moutons et des Chèvres pour y chercher les Scarabées Rousiers que les crottins attirent, a passé, aux yeux FAMILLE DES C APRIM ULGi DÉS. 109 des ignorants, pour teter les mères; de là le nom de Tette-Chèvre , en latin Caprimulgus , et l’erreur a été d’autant plus facile à admettre (pie ces Oiseaux ne chassent qu’au déclin du jour ou au clair de lune. Les Engoulevents ne se donnent pas la peine de construire un nid : un petit trou en terre ou entre les pierres, au pied d’un arbre, ou même dans le milieu d’un sentier leur suffit; ils y déposent deux ou trois œufs, et s’ils s’aperçoivent qu’un de leurs œufs a été dérangé ou manié, ils l’examinent longtemps en tournant autour, le saisissent dans leur bec et vont le porter ailleurs. L’Engoulevent d’Europe ( Caprimulgus Europœus , de Linné) est de la taille d’une Grive; son plumage est d’un gris brun ondulé et moucheté de noirâtre; une bande blanche s’étend du bec à la nuque, se dessine sur la gorge et sur l’extrémité des rectrices latérales; il se nourrit de Hannetons, de Bourdons et de Guêpes; son cri a quelque ressemblance avec un coassement de Reptile : de là son nom vulgaire de Crapaud-Volant. Engoulevent d'Europe ( Caprimulgus Europœus ) Cette Espèce se trouve presque partout en Europe, mais elle est plus commune dans le Midi que dans le Nord; sa ponte est de deux œufs allongés, blanchâtres ou jaunâtres, avec des taches et des marbrures cendrées , violettes et brunes. M. Florent Prévost a fait sur les mœurs de l’Engoulevent des observations pleines d’intérêt : ayant trouvé des petits à terre, sans apparence de nid, il les prit, les examina, et les replaça à terre à peu près au même endroit où il les avait trouvés. A l’approche du crépuscule, il se plaça à peu de distance, derrière un tronc d’arbre, pour mieux observer les père et mère. 11 les vit s’approcher de leurs petits, et les pousser au-devant d’eux avec constance, jusqu’à ce qu’ils se trouvassent à l’endroit où ils avaient été pris et touchés. D’après le même observa- teur, l’Engoulevent fait aux Hannetons une guerre meurtrière; lorsque le mâle ou la femelle a reconnu une bande de ces coléoptères, il fait claquer ses ailes en les rapprochant violemment par leur face dorsale; à ce signal, son compagnon arrive, et tous deux se mettent à la pour- suite des Hannetons, dont ils font ainsi une immense destruction. C’est surtout à la petite Espèce blonde et velue ( Mélolonthe solsticial) qu’ils s’attaquent de préférence; ils les avalent tout entiers, et on trouve souvent dans leur estomac ces Scarabées vivants. G F. n r e 1*0 D A RG E , Podargm, de Cuvier (Ttoôapyoç , pieds légers) . Le bec est énorme, très- 22 170 A S SE HE Al X IMË O DACTYLES FISS1HOSTKES. déprimé, épais et voûté; ses bords ont un développement corné extraordinaire; la mandibule supérieure porte une arête vive, et sa pointe est recourbée; l’inférieure est terminée par une échancrure destinée à recevoir la pointe de la mandibule supé- rieure ; la bouche est démesuré- ment fendue; les narines sont linéaires , percées en fente paral- lèle au bec et recouvertes par une membrane cachée sous des plumes sétacées. Les ailes sont allongées, puissantes, obtuses; pooarok cendré. la queue est assez allongée; les tarses robustes, largement écussonnés; les doigts libres, les deux latéraux plus courts que le médian; les ongles sont comprimés. Les Podarges sont des Oiseaux appartenant exclusivement aux îles d’Asie et à l’Australie. Le Podarge cendré ( Podargus cinereus , de Vieillot; Podargus Cuvieri, de Vigors) est un Oiseau robuste, à plumage brun, varié de noir, de gris, de blanc et de roussâtre. La queue est médiocre, étagée; le bec et les tarses sont brunâtres. Cette Espèce habite la Nou- velle-Hollande et l’île de Tasmanie; M. Jules Verreaux a complètement étudié ses mœurs. Les Podarges sont nocturnes , ils habitent les grands bois, et se tiennent constamment dans les lieux exposés aux rayons du soleil et aux intempéries de l’air. Perchés sur les Eucalyptus, dont ils occupent les grosses branches horizontales, non loin du tronc, et à peu de distance du sol , ils restent immobiles , les plumes ébouriffées , et le cou rentré, ils restent dans cette attitude tout le jour; si quelque bruit se fait entendre, ils ouvrent à demi les yeux, font cla- quer leurs mandibules, puis se rendorment si profondément qu’on peut les prendre à la main. Dès le crépuscule, cette léthargie cesse, et les Podarges commencent leurs ébats. La nuit venue, ils pénètrent dans les buissons et en parcourent toutes les branches pour y saisir au repos les Insectes qui y passent la nuit. L’hiver, ils exploitent les grands arbres, et s’emparent des Insectes cachés dans les rugosités de leur écorce. S’ils manquent d’insectes, ils vont man- ger des Mollusques dans les marais; leur chasse se termine deux heures après le coucher du soleil, et recommence deux heures avant son lever. Pendant la ponte, ils deviennent plus car- nassiers; ils vont prendre au nid de petits Oiseaux, les saisissent par la tête, les assomment en les frappant sur une grosse branche d’arbre, et les avalent tout entiers, en commençant par la tête; quand la digestion est terminée, ils rejettent un paquet de plumes en forme de boule. Dans la saison des amours , le mâle appelle sa femelle en roucoulant comme un Pigeon; celle-ci accourt, et si un rival se présente, l’époux hérisse ses plumes, fait claquer son bec, et pousse des cris qui rappellent les mugissements d’un Taureau; le combat s’engage, le vaincu n’abandonne le champ de bataille que quand il est blessé grièvement, et le vainqueur vient roucouler autour de la femelle. Le nid est établi dans l’enfourchement d’une branche horizontale à cinq ou six pieds du sol ; il est grossièrement construit avec des bûchettes et des débris de Graminées; la femelle pond de deux à quatre œufs, d’un blanc pur et d’une forme allongée. Lorsque les petits ont pris de l’accroissement , et que le nid se trouve trop exposé au soleil, le couple les transporte dans un trou d’arbre, où ils sont abrités et cessent d’être à l’étroit. Podarge cendré. M. Jules Verreaux a remarqué que le Podarge tombe dans un état léthargique pendant les grands froids, et se tient immobile sur la même branche jusqu’au retour de la chaleur. F A M I L LE DES G A P R I M U L G I D É S. 17 I TRIBU des NŸCTIBÏENS Genre 1BIJAU, Ngclibius, de Vieillot (vu;, êtow, vivant la nuit). Bec plutôt membraneux (lue corné, complètement aplati, à ouverture plus ample encore que chez les Podarges, et s’étendant au delà de l’œil; l’arête seule est cornée et légèrement crochue à son extrémité; les narines sont fendues et à peine visibles; les ailes sont très-allongées et subaiguës; les tarses sont gros, courts, charnus, sans écailles; les doigts sont réunis par une membrane jusqu’à la première articulation , les ongles latéraux sont comprimés. Les Ibijaus habitent l’Amérique mé- ridionale; Levaillant en a observé une Espèce en Afrique. Ces Oiseaux sont sédentaires ; ils se tiennent dans les grands bois, et se perchent toujours sur les arbres les plus élevés. Leur cri, long, bruyant, mélancolique, se fait entendre par intervalles pendant toute la nuit , et les dénonce aux chasseurs , qui s’approchent d’eux , et les prennent au moment où le soleil est à son midi. On a remarqué que ces Oiseaux , pen- dant le jour, s’accrochent verticalement aux branches des arbres morts , à la manière des Pics , et qu’ils dorment ainsi en s’appuyant sur leur queue ; comme leur plumage est de la même couleur que l’écorce et qu’ils demeurent immobiles, il est difficile de les décou- vrir. Ils pondent deux œufs bruns et tachés dans un petit creux d’arbre sec. L’Ibijau de Cayenne ( Nyctibius grandis, de Vieillot; Caprimulgm grandis, de Gmelin) est l’Espèce-tvpe du Genre : elle a la taille du Hibou barré; son plumage est roux, coupé de bandes noires obliques et irrégulières , parsemé çà et là de quelques taches blanches, et de taches carrées , alternativement rousses et noires ; les pieds sont couleur de chair. TRIBU des STÉATORNIENS Genre GLACHARO, Steatornis , de Humboldt (cxs'ap, suif, opviç, oiseau). Le bec est fort solide, comprimé, terminé par un crochet, à mandibule supérieure pourvue d’une arête vive, et d’une forte dent; très-fendu, à com- missures garnies de soies roides , fasciculées , pectinées à leur base, simples à leur sommet; les narines sont nues et obliques ; les ailes sont obtuses, très - grandes ; les tarses sont gros , courts ; les doigts bien séparés et ter- minés par des ongles tranchants. LeGüACHARO de G a mi1 e ( Steatornis cari- pensis, de Humboldt) , Espèce unique du Genre, a le fond du plumage roux marron , mêlé de brun à reflets verdâtres, barré, piqueté et vermiculé de Guacharo de C\ripe ( Steatornis caripensis) • noir, marqué de taches blanches, 172 P A S S E R E A U X D Æ 0 1) A C TYPES F I S S 1 R 0 S T R E S. petites, cordiformes ou rhomboïdales, à la tête, au cou, sur les parties inférieures, demi- rondes ou triangulaires, plus grandes et plus rares sur les ailes et la queue ; le bas du cou, le dos et les autres parties inférieures sont plus pâles que le reste du plumage, qui a moins de moelleux que celui des Chouettes et des Engoulevents. Le liée est gris rougeâtre; la taille celle de la Poule. Les Guacharos fuient la clarté du jour, leurs grands yeux en sont éblouis. Ils sortent pen- dant la nuit, et surtout au crépuscule. On les rencontre fréquemment par un beau clair de lune. Ils sont frugivores. Cette Espèce a été découverte, en Amérique, par MM. de Humboldt et Bonpland, dans leur excursion à la Cueva del Guacharo , caverne immense, creusée dans les montagnes calcaires de Caripe, province de Cumana. Nous allons extraire de la relation historique du Voyage aux régions équinoxiales du nouveau continent, les principaux détails de cette curieuse excursion: « Il est difficile de se former une idée du bruit épouvantable que des milliers de ces Oiseaux font dans la partie obscure de la caverne. On ne peut le comparer qu’au bruit de nos Cor- neilles, qui, dans les forêts de Sapins du Nord, vivent en société, et construisent leurs nids sur des arbres dont les cimes se touchent. Les sons aigus et perçants des Guacharos se réflé- chissent contre les voîltes des rochers, et l’écho les répète au fond de la caverne. Les Indiens nous montraient les nids de ces Oiseaux , en fixant des torches au bout d’une longue perche. Ces nids se trouvaient à cinquante ou soixante pieds de hauteur au-dessus de nos tètes , dans des trous en forme d’entonnoir, dont le plafond de la grotte est criblé. Le bruit augmente à mesure que l’on avance, et que les Oiseaux sont effrayés par la lumière (pie répandent les torches de Copal. Lorsqu’il cessait pendant quelques minutes autour de nous, on entendait de loin les cris plaintifs des Oiseaux nichés dans d’autres embranchements de la caverne : on aurait dit que ces bandes se répondaient alternativement. « Les Indiens entrent dans la Cueva del Guacharo une fois par an, vers la fête de saint Jean, armés de perches, au moyen desquelles ils détruisent la majeure partie des nids. On tue, à cette époque, plusieurs milliers d’Oiseaux, et les vieux, comme pour défendre leurs couvées, planent autour de la tête des Indiens, en poussant des cris horribles. Les jeunes, qui tombent à terre, sont éventrés sur-le-champ. Leur péritoine est fortement chargé de graisse, et une couche adipeuse se prolonge depuis l’abdomen jusqu’à l’anus, en formant une espèce de pelote entre les jambes de l’Oiseau : cette abondance de graisse dans des Animaux frugivores, non exposés à la lumière, et faisant très-peu de mouvements musculaires, rap- pelle ce que l’on a observé depuis longtemps dans l’engraissement des Oies et des Bœufs. A l’époque que Ton appelle vulgairement à Caripe la récolte de l’huile (la cosecha de la man- teca), les Indiens construisent des cases en feuilles de Palmier dans le vestibule même de la caverne : c’est là qu’à un feu de broussailles on fait fondre et découler , dans des pots d'ar- gile, la graisse des jeunes Oiseaux récemment tués. Cette graisse est connue sous le nom de beurre du Guacharo ; elle est à demi fluide , transparente et inodore. Sa pureté est telle qu’on la conserve au delà d’un an, sans qu’elle devienne rance. Au couvent de Caripe, et dans la cuisine des moines, on n’employait d’autre huile que celle de la caverne, et jamais nous n’avons observé qu’elle donnât aux mets un goût ou une odeur désagréables. d La race des Guacharos serait éteinte depuis longtemps, si plusieurs circonstances n’en favorisaient la conservation. Les indigènes, retenus par leurs idées superstitieuses, n’ont sou- vent pas le courage de pénétrer bien avant dans la grotte. Il paraît aussi que des Oiseaux de la même Espèce habitent des cavernes voisines, qui sont trop étroites pour être accessibles à l’homme. Peut-être la grande caverne se repeuple-t-elle de colonies qui abandonnent ces petites grottes, car les missionnaires ont assuré que, jusqu’ici, on n’observe pas que le nombre des Oiseaux oit diminué sensiblement. Lorsque, dans la caverne, on ouvre le jabot et l'estomac des jeunes Oiseaux , les naturels y trouvent toutes sortes de fruits durs et secs , qui fournissent, sous le nom bizarre de graine ou Semilla del Guacharo, un remède très- 173 FAMILLE DES CAPRIM ULGIDÉS. célèbre contre les fièvres intermittentes. Ce sont les vieux Oiseaux qui portent ces graines à leurs' petits. On les ramasse soigneusement pour les envoyer aux malades, à Cariaco, et dans d’autres endroits fiévreux des autres régions. <( Nous avions eu beaucoup de peine à persuader aux Indiens de dépasser la partie anté- rieure de la grotte, la seule qu’ils fréquentent annuellement pour recueillir de la graisse. 11 fallut toute l’autorité de los padres pour les faire avancer jusqu’à l’endroit où le sol s’élève brusquement avec une inclinaison de soixante degrés, et où le torrent forme une petite cas- cade souterraine. Les indigènes attachent des idées mystiques à cet antre habité par des Oiseaux nocturnes. Ils croient que les âmes de leurs ancêtres séjournent au fond de la caverne. L’homme, disent-ils, doit craindre des lieux qui ne sont éclairés ni par le soleil ( zis ) ni par la lune ( nuna ). Aller rejoindre les Guacharos , c’est rejoindre ses pères, c’est mourir. Auss les magiciens ( pinclics ) et les empoisonneurs ( imorons ) font leurs jongleries nocturnes à l’entrée de la caverne, pour conjurer le chef des mauvais esprits ( Ivoro Kiamo). C’est ainsi que se ressemblent, dans tous les climats, les premières fictions des peuples, celles surtout qui tiennent à deux principes gouvernant le monde, au séjour des âmes après la mort, au bonheur des justes et à la punition des coupables. Les langues les plus différentes et les plus grossières offrent un certain nombre d’images qui sont les mêmes , parce qu’elles ont leur source dans la nature de notre intelligence et de nos sensations. Les ténèbres se lient partout à l’idée de la mort : la grotte de Caripe est le Tartare des Grecs, et les Guacharos qui planent au-dessus du torrent, en poussant des cris plaintifs, rappellent les Oiseaux stygiens. « Nous avions déchargé nos fusils comme au hasard, partout où les cris des Oiseaux noc- turnes et le battement de leurs ailes faisaient soupçonner qu’un grand nombre de nids étaient réunis. Après plusieurs tentatives inutiles, M. Bonpland réussit à tuer deux Guacharos, qui, éblouis par la lumière des torches , semblaient nous poursuivre. « Nous marchâmes dans une boue épaisse (mélange de silice, d’alumine et de détritus végétal) jusqu’à un endroit où nous vîmes avec étonnement les progrès de la végétation sou- terraine. Les fruits que les Oiseaux portent dans la grotte pour nourrir leurs petits germent partout où ils peuvent se fixer dans le terrain qui couvre les incrustations calcaires. Des tiges étiolées et munies de quelques rudiments de feuilles avaient jusqu’à deux pieds de hauteur. Il était impossible de reconnaître spécifiquement les plantes, dont la forme, la couleur, et tout le port avaient été changés par l’absence de lumière. Ces traces de l’organisation , au milieu des ténèbres, frappaient vivement la curiosité des naturels, d’ailleurs si stupides et si diffi- ciles à émouvoir. Ils les examinaient dans ce recueillement silencieux (pie leur inspire un lieu qu’ils redoutent. On aurait dit que ces végétaux souterrains, pâles et défigurés, leur parais- saient des fantômes bannis de la surface de la terre. « Les missionnaires, malgré leur autorité, ne purent obtenir des Indiens qu’ils pénétrassent plus avant dans la caverne. A mesure que la' voûte du souterrain s’abaissait, les cris des Guacharos devinrent plus perçants. Il fallut céder à la pusillanimité de nos guides et retourner sur nos pas. «Arrivés enfin à l’ouverture, assis au bord du ruisseau, nous nous reposâmes de nos fatigues. Nous étions bien aises de ne plus entendre les cris rauques des Oiseaux, et de quitter un lieu où les ténèbres n’offrent guère le charme du silence et de la tranquillité. Nous avions fie la peine à nous persuader que le nom de la grotte de Caripe ait pu rester jusqu’alors inconnu en Europe. Les Guacharos seuls auraient suffi pour la rendre célèbre. Hors les mon- tagnes de Caripe et de Cumanacoa, on n’a jusqu’ici découvert nulle part de ces Oiseaux nocturnes. » Voilà ce qu’écrivait, en 1814, l’illustre voyageur de Humboldt, et pendant vingt ans on ne connut en Europe le Guacharo que sur la description qu’il en avait faite. Mais, grâce au zèle infatigable et à la persévérance de M. Lherminier, qui n’épargna ni peines ni sacrifices, et qui expédia en Colombie un voyageur avec l’unique mission d’y chercher l< * Guacharo, on posséda 174 PASSER E A ü X D Æ 0 D A G T Y L E S T É N U I R 0 S T R E S. en France trois Guacharos tués dans la caverne de Caripe. Bientôt de nouveaux voyageurs explorèrent les lieux visités par M. de Humboldt : celui-ci s’était avancé dans la caverne jus- qu’à 472 mètres de son ouverture. Aujourd’hui les Indiens, moins superstitieux ou plus aguerris , consentent à accompagner les curieux bien au delà de ce point. M. Codazzi , officier italien, et, plus tard, M. de Bauperthuy, voyageur français, ont parcouru avec eux une dis- tance de plus de 1,200 mètres dans ce conduit souterrain, sans en atteindre toutefois l’extré- mité. Ils ont reconnu qu’au delà du point où s’est arrêté M. de Humboldt , la caverne perd sa régularité, et se tapisse de stalactites, qui, dans certains endroits, ferment presque le pas- sage. Dans des grottes latérales , situées à 550 mètres de l’ouverture , M. Codazzi a trouvé les Guacharos en troupes innombrables. Depuis cette époque, le Guacharo a été retrouvé dans la province de Bogota, par MM. Roulin et Goudot. Quoiqu’on n’ait encore trouvé dans l’estomac du Guacharo que des débris de substances végétales, quelques naturalistes, se fondant sur la ressemblance extérieure qui rapproche cet Oiseau des Rapaces nocturnes, et sur l’analogie de son tube intestinal avec celui des Engou- levents et des lbijaux, persistent à croire que le Guacharo est à la fois insectivore et fru- givore. PASSEREAUX DÆODACTYLES TÉNUIROSTRES FAMILLE des TROC fl IL! DÉS ( Genre TROCHILUS, de Linné.) CARACTÈRE. — Bec ordinairement plus long que la tête, droit ou recourbé ; la mandi- bule supérieure un peu élargie à la base , carénée et s’amincissant en pointe ; V inférieure rentrant dans la supérieure , se dilatant un peu vers la pointe et l’égalant en longueur; narines basales, petites, recouvertes par les plumes du front , placées dans une fossette latérale , et séparées l’une de l’autre par une arête peu prononcée; ailes suraiguës; queue de six à directrices ; tarses minces, grêles, emplumés jusqu’aux talons, écussonnés,plus courts que le doigt médian. Les Tiochilidés, connus vulgairement sous le nom de Colibris et d’ Oiseaux-mouches, appar- tiennent tous à l’Amérique, et habitent, sans la dépasser, la zone intertropicale. Leur bec est long, grêle et renferme une langue qui s’allonge comme celle des Pics, et se divise en deux filets, servant à l’Oiseau de siphon pour pomper le nectar des fleurs ; ils se nourrissent sur- tout d’insectes ; leurs pieds , très-courts , sont impropres à la marche ; mais les organes du vol compensent complètement chez eux l’absence de cette faculté, qui leur serait inutile. Ces Oiseaux, les plus petits de leur classe, sont aussi ceux que la nature a parés des plus bril- lantes couleurs ; chacune de leurs plumes est pourvue d’une prodigieuse quantité de barbules, véritables réflecteurs qui , suivant l’angle d’incidence sous lequel tombe la lumière, décom- posent ce fluide, et réfléchissent de la manière la plus variée les rayons colorés qu’ils n’ont pas absorbés. Les Péruviens leur donnaient le nom de Cheveux du soleil , et faisaient avec leurs plumes des tableaux d’un éclat éblouissant. Leur caractère est peu sauvage, ils se lais- sent approcher de très-près, mais ils partent comme un trait lorsqu’on veut les saisir; iras- cibles en proportion de leur petitesse, ils se battent entre eux avec acharnement; s’il s’agit de défendre leur couvée, ils attaquent courageusement des Oiseaux dix fois plus gros qu’eux, et FAMILLE DES TROCHILIDÉS. 175 réussissent quelquefois à les mettre en fuite ; mais leur plus terrible ennemi est la Mygale-Crabe. Cette monstrueuse Araignée ourdit sa galerie tubuleuse dans le voisinage des nids d’Oiseaux- mouches; elle guette le moment où les petits viennent d’éclore, fait irruption dans leur nid, et les suce avidement ; si le père et la mère se laissent surprendre par elle, ils subissent le sort de leurs petits. Le nid des Colibris , tout à la fois délicat et solide , est une petite capsule feutrée de soie et de coton, suspendue à un rameau, à une feuille et même souvent à un brin de chaume qui recouvre les cases dans l’Amérique méridionale ; il renferme deux œufs blancs, ayant à peine la grosseur d’un petit pois, et d’où sortent, après une incubation constante de douze jours, des Oiseaux qui ont le volume d’une mouche ordinaire. Les Colibris vivent difficilement en captivité ; la cage les fait bientôt périr de langueur, en les privant du mouvement qui est une des conditions essentielles de leur existence : on peut cependant les conserver pendant quelques mois, en les nourrissant avec une pâtée très-fine, composée de biscuit, de vin d’Espagne et de miel , dont ils prennent la substance en passant dessus leur langue longue et flexible. Un général anglais est parvenu à les alimenter pendant quatre mois avec du sirop qu’il plaçait au fond de fleurs artificielles, imitant parfaitement les corolles en cloche que les Colibris aiment le plus à visiter. On a vainement essayé de les trans- porter et de les conserver vivants en Europe. L’ornithologiste Latham rapporte qu’un jeune homme, partant de la Jamaïque pour retourner en Angleterre, coupa la branche portant le nid où couvait la femelle du Coli b ni iiausse-col veut ( Trocliilus gramineus , de Linné). La mère se familiarisa bientôt, et accepta la nourriture qui lui fut offerte. Elle continua de cou- ver avec assiduité sur le navire, et quand ses petits furent éclos, elle mourut : ceux-ci arri- vèrent vivants en Angleterre. Us résistèrent à l’influence du climat pendant deux mois chez lady Hamon , et leur familiarité était devenue telle, qu’ils allaient prendre leur nourriture sur les lèvres de leur maîtresse. SYNOPSIS DES GENRES DE LA FAMILLE DES TROCHILIDÉS. Bec moins long que le reste de la tête, droit, aciculaire.. R AM PHO MICRON. Rampliomicron. Dec un peu plus long que le reste de la tête , droit ; en alêne U ELIOT R IX. Héliotlirix. très-atténué , seulement à l’extrême pointe. Tarses dénudés Oiseau-mouche. Ornismyia. Tarses emplumés Eriope. Eriopus. ayant la pointe recourbée en haut A VOCE T T I N E. Avocettinus. Bec beaucoup plus long que la tête , droit, très-atténué seulement à l’extrême pointe .... 1 1 É L 10 M A S T 1! E . Heliomaster. ayant l’extrême pointe recourbée en bas et formant crochet G I! Y P E. Grypus. recourbé en bas , Tige des rémiges ordinaire Colibri. Trocliilus. Tige des rémiges très-dilatée Campyloptère. Campylopterus. Bec aussi long que le corps de l’Oiseau, un peu recourbé en haut D 0 C I M A S T R E . Docimaster. G e n r F. R A M P H O M 1 C R O N , Rampliomicron , de Ch. Iîo- naparte (pdp.cpoç, bec, puxpoç, petit). L’Espèce-type de ce Genre est l’ O i s e a u - m o u c n e microrhynque ( Ornismyia micro- rhyncha, de Lesson) dont le bec n’a que trois lignes de lon- gueur ; le dessus du corps est d’un violet luisant , à reflets pourprés rouges; le dessous est vert émeraude, à reflets cui- vrés; le plastron guttural, d’un beau vert à reflets dorés, est 170 P A S S E R E A U X I) Æ 0 1) A G TYPES T É N LS I R O S T R E S. terminé en pointe arrondie; les ailes sont noires, à reflets violets; la queue est noire, à reflets pourprés. Il habite l’Amérique méridionale. Genre HÉLIOTRIX, Heliothrix, de Boié (vjXtoç, soleil, 6ptE, cheveu). L’Héliotrix a oreilles d’azur {Heliothrix aurita , de Boié ; Trocliilus auritus , de Gmelin; Ornismyia aurita, de Lesson) habite la Guyane ; le bec est fort, robuste ; la queue étagée, les rectrices moyennes blanches, les latérales noires; le plumage vert en dessus, blanc de neige en des- sous ; un trait noir derrière l’œil , précédant des plumes écailleuses d’un bleu d’azur. Genre ORNISMYE , Ornismyia , de Lesson (opvtç, Oiseau, paa, mouche). L’Oiseau- mouche minime {Ornismyia minirna, de Lesson) habite les Antilles. Son plumage est, en dessus d’un blanc sale , en dessous d’un vert doré ; les rectrices moyennes sont vertes ; les latérales, blanches à leur extrémité. Genre ÉBIOPE, Eriopus , de Gould (Ipcov, duvet, Tiouç, pied). L’Oiseau-mouche vêtu ( Ornismyia vestita , de Longuemare) habite Santa-Fé de Bogota ; son plumage est vert brillant; la cravate et les tectrices sous -caudales sont dorées; les sous-caudales bleues d’azur; la queue est four- chue; le ventre est vert; les pieds revêtus de plumes blan- ches. Genre AVOCETTINE {Avoccltinus , de Ch. Bonaparte). Ce Genre , ainsi nommé à cause de la forme du bec , qui rap- pelle celui de VAvocetle , a pour Espèce-type I’Avocettine a bec recourbé ( Ornismyia recurvirostris , de Lesson), Espèce péruvienne, dont le plumage est d’un vert doré métal- lique, le plastron émeraude sur le devant du cou; l’abdomen est marqué d’une raie longitu- dinale ; les plumes des cuisses sont blanches. Genre HÉLIOMASTBE, Helioniaster, de Ch. Bonaparte (vjXtoç, p.acrT7]p, qui cherche le soleil) . L’ II É l i o m a s t r e d’Angèle {Ornismyia Angel œ , de Lesson) habite le Chili et Buenos-Ayres ; le bec est allongé, noir; la queue médiocre, fourchue, parsemée de petites taches glauques ; le dos et la croupe sont émeraude ; une goutte blanche se voit derrière l’œil ; la gorge est brillante d’écailles rubis ; les plumes jugulaires sont étalées en deux éventails d’azur; le ventre est bleu foncé. L’Héliom astre Corinne {Ornismyia superba, de Les- son) habite l’île de la Trinité. Son bec est très-long ; le plumage de la tête est bleu, la gorge rubis , bordée de blanc ; le dessus du corps est vert doré ; le dessous gris ; les rectrices sont inégales, vertes; les deux externes terminées de blanc. Genre COLIBBI, Trocliilus, de Linné (xpoyyXoç, Roitelet). Le Colibri petit rubis {Trochilus colubris, de Linné) habite la Floride et la Caroline. On le nomme aux États-Unis I’Oiseau- mur mure ( Humming-Bird ) , à cause du bourdonnement de ses ailes. Sa taille est de trois pouces; il est vert doré en dessus; blanc grisâtre en dessous, et sa gorge est d’une couleur de rubis très-brillante, qui est remplacée, chez la femelle, par une cravate blanche ; la queue est peu fourchue, composée de rectrices grêles ; le bec est droit, noir, ainsi que les tarses. Genre GBYPE, Grypus , de Spix (ypuTio;, bec recourbé). Le Grype iiuficole {Grypus ruficollis, de Spix ; Trochilus nœvius, de Dumont) habite l“s environs de Rio-Janeiro. Son bec est noir et blanc; le dos est vert cuivré ; la gorge noirâtre; les côtés du cou sont d’un jaune de buffle; le ventre est gris, tacheté de noir. La queue est verte, pourprée et rousse en des- sus, noire et rousse en dessous. ' "S "t/f # FAMILLE DES TKOCHILI DÉS. 177 Campyloptere latipenne. < AMPVI.OI'l ÈRE I VT IPKMVK. G en u e CAMPYLOPTERE, Campyloptems , de Swainson ( xafxifuXo;, -te pov, aile recour- bée). Le Campyloptère latipenne ( Ornismyia latipcnnis , de Lesson) habite la Guyane; son bec est robuste, légèrement recourbé, long d’un pouce; les parties supérieures sont d’un vert-doré brillant; les parties inférieures d’un gris cendré. Les ailes ont les tiges de leurs pennes aplaties, dilatées et cou- dées, ce qui leur donne l’aspect d’un sabre. Genre DO Ci MAST RE, Docimaster, de Gould (Soxifixav^ç, inquisiteur). Le Docimastre ensifère ( Trocliilus ensi férus , de Boissonneau) est une Espèce des plus connues, à cause de son bec gigantesque. L’Oiseau est long de sept pouces , et son bec forme à lui seul la moitié du corps. Le plumage est d’un vert brillant, à reflets cuivreux, surtout en dessus et en arrière de la tête; le bec est noir, plus haut que large, un peu renflé au bout, terminé en pointe aiguë, et faiblement arqué dans sa longueur; le dessus de la tête est noirâtre, avec chaque plume finement bordée de brun pâle ; le ventre est vert, ainsi que les sous-caudales; les ailes sont noirâ- dôcim astre ensifère. très , à reflets d’un violet sombre, avec les rectrices vertes; la queue est fourchue, d’un vert sombre; les pieds courts, jaunâtres ; les ongles bruns. Aux Espèces-types que nous venons de décrire succintement , nous joindrons quelques autres Espèces appartenant à divers Genres , non mentionnés dans le tableau synoptique de Aï. ls. Geoffroy Saint-Hilaire. Nous commencerons par la plus grande Espèce de la Famille, l’Ois eau -mouche géant ( Trocliilus gigas , de Vieillot; Ornismyia tristis , de Lesson), dont M. Gray a fait le type de son genre Patagona. Sa taille est presque égale à celle de notre Martinet. Son bec est long, fort, renflé ; le plumage vert et brillant en dessus, plus foncé sur les petites couvertures et les rectrices; le corps est d’un roux brun, avec des tlammettes brunes. L’Oiseau-mouche huppe-col {Ornismyia ornata , de Lesson), Espèce-type du Genre Bellatrix , de Boié, habite la Guyane et le Brésil. Le bec est petit, jaune, noir à la pointe ; le front et la gorge sont émeraude ; la tête porte une huppe effilée, allongée , couleur de rouille ; les plumes sont longues, fasciculées sur les côtés du cou, colorées en rouge, terminées en vert-doré; le corps est vert-doré; le croupion porte une ceinture blanche; la queue est rousse; les deux rectrices moyennes vertes. L’Oiseau-mouche am É t h y s t e ( Ornismyia ametliystina , de Lesson ) , Espèce-type d u Genre Trypliœna , de Gould, habite la Guyane; le bec est grêle, droit, mince; le corps est brun, doré en dessus; la gorge est améthyste ou rouge de rubis; les parties inférieures sont grises. L’Oiseau-mouche Delalande ( Ornismyia Delalandi , de Lesson), vulgairement nommé Plumet bleu, est le type du Genre Cephalepis, de Ch. Bonaparte; la tête est surmontée d’une huppe , mélangée de vert et de bleu ; le corps est vert en dessus , azuré en dessous ; la queue est brune, à rectrices œillées de blanc. Il habite le Brésil. L’Oiseau-mouche Sa^ho {Ornismyia Saplio , de Lesson ; Trocliilus radiosus , de Tem- minck) , type du Genre Cometes , de Gould, vulgairement nommé Colibri chatoyant , et, au Brésil, Béja-Flor, est une magnifique Espèce du Brésil, à queue très-fourchue, resplendis- sante d’or, de pourpre et de velours noir; le dessous du corps est d’un vert-doré brillant. 23 178 PASSEREAUX DÀÈOD ACT YLES T É N U I R O S T R E S. Si quelques Espèces de Colibris sont peu farouches et recherchent les lieux habités , il en est qui préfèrent les retraites solitaires des forêts vierges ; de ce nombre est le Béja-Flor. Il se plaît sous les ombrages touffus des Mate-Virgem’s , au milieu des rochers granitiques parmi lesquels les torrents se frayent un passage sinueux , et coulent en bouillonnant, sous les haies de Bambous qui bordent leur lit. L’éternelle fraîcheur de ces lieux favorise le développement d’une multitude de plantes parasites : les Vanilles , les Amaryllis , les Tillandsia , serpentent à l’ envi sur une même branche, ou sur la surface aride d’un roc, et s’entremêlent avec les Arums et les Scolopendres. C’est là que vit le Béja-Flor. Son caractère sauvage rend ses mœurs difficiles à observer : il a le vol rapide , et sa fuite est accompagnée d’un cri fort et plaintif; s’il est en colère, ou s’il se défend contre l’attaque d’un autre Oiseau, il étale sa queqe richement nuancée de pourpre incandescent. 1. Spathure roux botté. — 2. Rubis topaze. — 3. Améthyste. — 4. Colibri grenat. — 5. Colibri Eurynome. — 6. Huppe-col. — 7. De Lalande. Le Colibri topaze (Trochilus pella , de Linné), Espèce-type du Genre Topaza, de Gray, a les rectrices moyennes terminées en brins étroits et prolongés. Il habite la Guyane; son plumage est rouge de rubis ; la gorge est de couleur topaze chatoyant en or. Le Colibri grenat ( Trochilus auratus , de Linné), Espèce-type du Genr eLophornis, de Lesson, habite aussi la Guyane ; la queue est à peine fourchue; le plumage est bleu noir, les ailes vertes , la gorge grenat. Le Spathure roux-botté ( Ocreatus rufo-caligatus , de Gould) doit son nom spécifique à la couleur rousse des plumes qui recouvrent ses jambes. Il habite les montagnes de la Paz et la Bolivie. Le Colibri a brins blancs {Trochilus superciliosus , de Linné) , qui appartient aujour- d’hui au Genre Phaetornis, de Swainson, est une Espèce du Brésil, dont le plumage est vert- . / FAMILLE DES TR0CHIL1DÉS. 179 doré en dessus, gris en dessous, avec un trait gris sous l’œil ; la queue est étagée, brune , bordée de blanc ; les deux rectrices moyennes sont terminées en brins droits et allongés. Colibri \ brins blancs (TrochHus sitperciliosus) et son nid. Le Colibri Eurynome ( TrochHus Eurynomus , de Lesson) appartient aussi au Genre Phaetornis. La tête est verte, frangée de roux, le corps est vert émeraude en dessus, gris en dessous, avec la gorge écaillée de noir. Cet Oiseau habite le Brésil. Le plus petit Oiseau-mouche ( TrochHus minimus , de Linné) , type du Genre Mclli- suga, de Brisson , n’est pas plus gros qu’une Abeille ; son plumage est vert doré en dessus ; le dessous du corps est d’un blanc sale; les rémiges sont d’un brun violet ; les rectrices inter- médiaires d’un noir bleuâtre ; les latérales sont grises , terminées de blanc ; le bec est noir et les pieds bruns. C'est surtout à l’occasion de l’Oiseau-Mouche qu’il convient de citer Buffon. « De tous les êtres animés, dit-il , voici le plus élégant pour la forme et le plus brillant pour les couleurs. Les pierres et les métaux polis par notre art ne sont pas comparables à ce bijou de la nature ; elle l’a placé dans l’Ordre des Oiseaux , au dernier degré de l’échelle de grandeur : maxime miranda in minimis. Son chef-d’œuvre est le petit Oiseau-Mouche ; elle l’a comblé de tous les dons qu’elle n’a fait que partager aux autres Oiseaux : légèreté, rapidité, prestesse, grâce et 180 PASSE li E AUX D Æ O D A G T Y L E S T É N U 1 R O S T H E S. riche parure, tout appartient à ce petit favori. L’émeraude, le rubis, la topaze, brillent sur ses habits ; il ne les souille jamais de la poussière de la terre, et , dans sa vie tout aérienne, on le voit à peine toucher le gazon par instants : il est toujours en l’air, volant de fleurs en fleurs ; il a leur fraîcheur comme il a leur éclat ; il vit de leur nectar, et n’habite que les cli- mats où sans cesse elles se renouvellent. C’est dans les contrées les plus chaudes du nouveau monde que se trouvent toutes les Espèces d’Oiseaux-Mouches. Elles sont assez nombreuses, el paraissent confinées entre les deux tropiques ; car celles qui s’avancent en été dans les zones tempérées n’y font qu’un court séjour : elles semblent suivre le soleil , s’avancer, se retirer avec lui, et voler sur l’aile des zéphirs à la suite d’un printemps éternel Leur bec est une aiguille fine, et leur langue un fil délié ; leurs petits yeux noirs ne paraissent que deux points brillants. Leur vol est continu, bourdonnant et rapide ; le battement des ailes est si vif que l’Oiseau, s’arrêtant dans les airs, paraît non-seulement immobile, mais tout à fait sans action. On le voit s’arrêter ainsi quelques instants devant une fleur, et partir comme un trait pour aller à une autre. Il les visite toutes, plonge sa petite langue dans leur calice, les flat- tant de ses ailes, sans jamais s’y fixer, mais aussi sans les quitter jamais : il ne presse ses inconstances que pour mieux suivre ses amours et multiplier ses jouissances innocentes : car cet amant léger des fleurs vit à leurs dépens sans les flétrir; il ne fait que pomper leur miel, et c’est à cet usage que sa langue paraît uniquement destinée. » Voilà une de ces pages brillantes qu’on ne saurait trop admirer, et qui ont placé Buffon parmi les premiers prosateurs de notre langue. Le plumage de l’Oiséau-Mouche n’a pas plus d’élégance, de richesse et de coloris que cette magnifique description ; mais il s’agit ici d’his- toire naturelle et non pas d’allégories mythologiques : l’esprit le plus disposé aux illusions ne saurait voir dans l’Oiseau-Mouche un volage amant des /leurs , espèce de petit-maître en miniature, paré de velours, d’or et de pierreries, voltigeant de belle en belle, et distribuant ses faveurs à des êtres qui ne sont pas de son Espèce. Si l’Oiseau-Mouche boit le nectar des fleurs, il y cherche, avant tout, une proie vivante : voilà les jouissances innocentes qu'il leur demande, et son inconstance en amour consiste à quitter une fleur où il vient de becqueter un Insecte, pour se diriger vers une autre fleur, ou il espère en becqueter un second. Comparons avec ces gracieuses fictions la biographie authentique du petit Rubis de la Caroline , contée sans exagération, mais non sans chaleur, par un homme qui dit ce qu’il a vu, et nous pour- rons juger comparativement le poète et l’historien. « Quel est celui qui, voyant cette mignonne créature bourdonner dans le vague des airs, soutenue par ses ailes harmonieuses, voler de fleur en fleur avec des mouvements vifs et gra- cieux, et parcourir les vastes régions de l’Amérique, sur lesquelles on dirait qu’elle va semer des rubis et des émeraudes : quel est celui, dis-je, qui, voyant briller cette particule de l’arc- en-ciel , ne sentira pas son âme s’élever vers l’auteur d’une telle merveille ? Car si Dieu n’a pas doté tous les hommes du génie qui crée à sou exemple, il ne refuse à aucun le don d’ad- miration. — Quand le soleil ramène le printemps, et fait, éclore par milliers les germes du Règne végétal, alors apparaît ce petit Oiseau-Mouche , se jetant çà et là, porté sur ses ailes de fée; il inspecte avec soin chaque fleur épanouie, et en retire les Insectes qui s’y étaient introduits, de même qu’un fleuriste diligent veille sur sa plante chérie pour la délivrer des ennemis intérieurs qui pourraient altérer le tissu délicat de ses pétales. On le voit suspendu dans les airs, qu’il frappe d’un frémissement si rapide, que son vol simule une complète immobilité : il plonge un regard scrutateur dans les recoins les plus cachés des corolles, et, par les mouvements légers de ses plumes, il semble, éventail vivant, rafraîchir la fleur qu’il contemple; il produit en même temps au dessus d’elle un murmure doux et sonore, bien propre à assoupir les Insectes qui y sont occupés à butiner. Tout à coup il enfonce dans la corolle son bec long et menu ; sa langue molle, fourchue et enduite d’une salive glutineuse, s’allonge délicatement, et va toucher l’Insecte, qu’elle ramène aussitôt avec elle dans le gosier de l’Oiseau. Celte manœuvre s’exécute eu un clin d’œil, et ne coûte à la fleur qu’une goutte- 181 FAMILLE DES TR.OCHILIDÉS. lette de nectar, enlevée en même temps que le petit Scarabée ; larcin qui n’appauvrit pas la plante , et la délivre d’un parasite nuisible. « Les prairies, les vergers, les champs et les forêts sont tour à tour visités par Y Humming- Bird , et partout il trouve plaisir et nourriture. Sa gorge est au-dessus de toute description : c’est tantôt l’éclat mobile du feu, tantôt le noir profond du velours : son corps, qui brille en dessus d’un vert doré, traverse l’espace avec la vitesse de l’éclair, et tombe sur chaque fleur comme un rayon de lumière. Il se relève, se précipite, puis revient, monte ou descend, tou- jours par bonds aussi brusques que rapides.... C’est ainsi qu’il nous apparaît dans les pro- vinces septentrionales de l’Union, s’avançant avec les beaux jours, et se retirant prudemment aux approches de l’automne. « Que de plaisirs n’ai-je pas éprouvés à étudier les mœurs, et à suivre la vive expression des sentiments d’un couple de ces créatures célestes pendant la saison des œufs ! Le mâle étale son riche poitrail pour en faire reluire les écailles, pirouette sur une seule aile, et tour- noie autour de sa douce compagne ; puis se jette sur une fleur épanouie, charge son bec de butin, et vient déposer dans le bec de son amie l’Insecte et le miel qu’il a recueillis pour elle... Lorsque ses attentions délicates sont accueillies, son allure est vive et peinl le bonheur, et 182 PASSEREAUX DÆODACT YLES TÉNUIROSTRES. tandis que la femelle se régale des mets qu’il lui a présentés, il l’évente avec ses ailes. Quand la ponte approche, le mâle redouble de soins et manifeste son dévouement par un courage supérieur à ses forces : il ne craint pas de donner la chasse à V Oiseau-Bleu et au Martin ; il ose même se mesurer avec le Gobe-Mouche tyran, et, tout fier de son audace, il retourne vers sa compagne en agitant joyeusement ses ailes résonnantes.... Chacun peut comprendre, mais nul ne peut exprimer par des paroles ces témoignages de tendresse courageuse et fidèle, que le mâle, si débile en apparence, donne à sa femelle, pour justifier sa confiance et la sécurité qu’elle devra conserver sur le nid oh va bientôt la retenir l’amour maternel. « Dans le nid de cet Oiseau-Mouche, que de fois j’ai jeté un regard furtif sur sa progéniture nouvellement éclose ! deux petits, gros comme une Abeille, nus, aveugles et débiles, pouvaient à peine soulever le bec pour recevoir leur nourriture : mais combien d’alarmes douloureuses ma présence faisait éprouver au père et à la mère ! Us rasaient d’un vol inquiet mon visage, descendaient sur le rameau le plus voisin, remontaient, volaient à droite, à gauche, et atten- daient avec une anxiété manifeste le résultat de ma visite; puis, dès qu’ils s’étaient assurés que ma curiosité était inoffensive, quels transports de joie ils faisaient éclater! Je croyais voir, dans leur expression la plus naïve, les angoisses d’une pauvre mère qui craint de perdre son fils atteint d’une maladie dangereuse, et le bonheur de cette mère quand le médecin vient d’annoncer que la crise est passée et que l’enfant est sauvé. « Le nid du Ruhis est de la texture la plus délicate ; la partie extérieure est formée d’un Lichen gris, et semble faire partie intégrante de la branche, comme une excroissance déve- loppée par accident. La partie attenante consiste en substances cotonneuses, et le fond en fibres soyeuses, obtenues de différentes plantes. Contre l’axiome qui dit que le nombre d’œufs est en rapport avec la petitesse de l’Espèce, la femelle ne dépose dans ce berceau confortable que deux œufs d’un blanc pur. Dix jours sont nécessaires pour les faire éclore, et l’Oiseau élève deux couvées dans la même saison. Au bout d’une semaine , les petits peuvent voler, mais ils sont encore nourris par leurs parents pendant près d’une autre semaine : ils reçoi- vent leur nourriture directement du bec des vieux, qui la leur dégorgent comme des Pigeons ; puis, quand ils sont en état de se pourvoir eux-mêmes, les petits s’associent à d’autres nou- velles couvées, et font leur migration à part des vieux Oiseaux. Us n’ont qu’au printemps suivant leur coloris complet, quoique déjà la gorge du mâle soit fortement empreinte de teintes rubis, avant la migration d’automne. « Ces Oiseaux affectionnent surtout les fleurs dont la corolle est tubuleuse, telles que le Datura stramonium , le Bignonia radicans et le Chèvrefeuille , non pas seulement pour étan- cher leur soif en pompant le nectar qu’elles renferment , mais surtout pour se nourrir des petits Coléoptères et des Mouches que ce nectar attire. Ils sont peu farouches, ne fuient pas l’Homme, et entrent même dans les appartements où se trouvent des fleurs fraîches ; ils abon- dent surtout dans la Louisiane. On les prend en les tirant avec un fusil chargé d’eau, pour ménager leurs plumes, ou mieux encore en employant un filet à Papillons. » FAMILLE des CERTHIDÉS ( Genre CEBTHIA , de Linné.) CARACTÈRE. — Bec allongé, recourbé, pointu ; queue médiocre, ordinairement élargie, égale ou légèrement fourchue; rectrices parfois dépassées par deux brins, à tige souvent terminée en pointe nue, roule, un peu recourbée. F A M J L I, F 1) E S C E K T H I D É S. SYNOPSIS DUS GENRES DE LA FAMILLE DES CERTIIIDÉS . I Æ O ü A G T Y L E S GUE T R 1 R O S T R E S. les vieilles tours ; il pond trois à six œufs verdâtres , irrégulièrement tachetés de brun , dont le grand axe est de vingt lignes, et le petit axe de treize lignes. Grand Corbeau ( Corons Corax) Le Corbeau, en domesticité, se défend très-bien contre les Chats et les Chiens. Lorsqu’on le laisse libre dans mie basse-cour, il attaque et dévore les jeunes Poulets jusqu’au dernier. Ceux qui l’élèvent pour lui apprendre à parler, ont coutume de lui couper le frein de la langue. Ce sont , en général , des artisans à profession sédentaire qui s’occupent de ce genre d’édu- cation. A Rome, après la victoire d’Actium, plusieurs Corbeaux furent présentés à Auguste, et lui adressèrent cette phrase : Ave , Cæscir , victor, imperator : Salut à César victorieux et empereur! Auguste les acheta fort cher. Un pauvre cordonnier, alléché par la récompense, entreprit de dresser un Corbeau de la même manière, et, comme les progrès de son élève étaient lents, il répétait souvent, d’un ton triste : J’ai perdu ma peine et ma dépense ! Enfin, le Corbeau put articuler la phrase adulatrice, et le cordonnier alla se placer, avec son Oiseau, sur le passage d’Auguste; mais, celui-ci ayant dit qu’il avait dans son palais assez de courti- sans semblables, le Corbeau répéta la phrase qu’il avait tant de fois entendue : J’ai perdu ma peine et ma dépense! Auguste se mit à rire, et l’acheta plus cher que les autres. Le Go r b r a u corneille ( C or vu s Corone , de Linné), vulgairement nommé Corbine , Cornouaille , Corneille , est d’un quart plus petit que le Corbeau; la queue est plus carrée, et le bec moins arqué. — Les Corneilles se tiennent, durant l’été, dans les grandes forêts, et se nourrissent de tout, de graines, de Vermisseaux , d’insectes, de chairs gâtées; elles pêchent même de petits Poissons sur le bord des rivières et sur les grèves que la mer abandonne. En hiver, elles approchent par bandes des habitations, et se tiennent dans les terres fraîchement labourées, pour enlever le grain et les Insectes; le soir, elles se retirent dans les bois, qu’elles font retentir de leurs croassements. Comme le grand Corbeau, la Corneille s’apprivoise, apprend à parler et dérobe tout ce qui brille. Elle habite tout l’hémisphère nord. Elle niche dans les bois et les vergers , sur les arbres élevés; sa ponte est de quatre à six œufs allongés. FAMILLE DES SITT1DES 205 d’un bleu verdâtre irrégulièrement tacheté de gris et d’olivâtre; leur grand axe est de dix-neuf lignes , le petit axe de neuf lignes. Corbeau Corneille (Corvus Corone). Le Corbeau mantelé ( Corvus cornix, de Linné) est un peu plus gros que la Corneille; il a le corps cendré, avec la tête, les ailes et la queue noires. — Cet Oiseau habite la Sibérie et l’Europe septentrionale; il fréquente les bords de la mer et des étangs, et vit de Pois- sons, de coquillages et de Reptiles. Il exploite aussi les terres ensemencées, et y cause de si grands dommages , que les femmes et les enfants montent la garde dans leurs champs , en criant et faisant retentir des instruments bruyants pour l’éloigner. Il niche dans les bois , sur les arbres et dans les dunes ; sa ponte est de quatre à six œufs oblongs, d’un bleu ou d’un vert pâle , tacheté irrégulière- ment de points olivâtres et bruns; leur grand axe est de dix-huit lignes, le petit axe de onze lignes. Le Corbeau Freux ( Corvus frugilegus , de Linné) est plus petit que la Corneille; son bec est plus droit et plus pointu; il est aussi frugivore qu’insectivore ; il vit avec les Cor- neilles, mais il ne recherche pas les chairs corrompues ; aussi , sa chair n’est pas fétide et de mauvais goût, comme celle de ces der- nières. Cet Oiseau habite, de préférence, les régions septentrionales de l’Europe ; il passe l’hiver dans les pays les moins froids, et remonte champs dit, dans sa Faune belge, qu’à la lin de Corukaü MAM'Ki.É [Cor eus cornix) • vers le Nord en été. M. île Selys-Long- mars les Freux se réunissent par milliers 2(1(5 PASSER B A U X D Æ 0 1) V G T Y L E S C U E T R 1 R 0 S T R E S clans certaines localités de la Belgique, et construisent souvent jusqu’à quarante nids sur un peuplier blanc. Us semblent y travailler en commun; une fois établis, on ne peut plus les en déloger; ils reconstruisent sans cesse les nids que l’on abat, sans s’inquiéter des coupsj de fusil. La ponte est de trois à cinq œufs oblongs ou arrondis, de couleur variable, verdâtres ou bleuâtres, tachetés ou non tachetés, dont le grand axe est de dix-huit lignes, et le petit axe de treize lignes. Coït bea o l'itEUx ( Corvns 'friujilegiis ) . Le Go k b eau Choucas ( Corvus monedula, de Linné), que l’on nomme aussi la Corneille des clochers, est plus petit d’un quart que la Corneille; sa couleur est moins noire, et tire même au cendré autour du cou et sous le ventre. — Il niche dans les clochers, les vieilles tours, vit en troupes, et a le même régime que les Corneilles. Il fait une guerre acharnée aux Oiseaux de proie. Ses œufs, au nombre de quatre à sept, sont d’un bleu pâle vert grisâtre, avec des taches arrondies, noirâtres et bistres; leur grand axe est de quatorze lignes, le petit axe est de dix lignes, lie Choucas se réunit l’hiver, en troupes, et se mêle à celles que forment les Cor- neilles et les Freux; pendant l’été, il vit en famille, et pénètre souvent dans les villes. Il se nourrit de fruits, graines, vers et Insectes. Coubeai 'Choucas ( C omis monedula) 207 FAMILLE DES S ITT l DÉS. Genre G H OC A. RD, Pyrrliocorcix , de Cuvier (-iruppoç, roux; xo'paç, corbeau). Le bec est médiocre, un peu recourbé, légèrement échancré à sa pointe ; les narines sont ovoïdes, cachées par les plumes sétacées ; les tarses sont ceux des Corbeaux ; les ongles arqués et très-aigus ; les ailes longues et pointues ; la queue arrondie. CuocAitü alpin C Pyrrhocnrux alpinus ). Le Chocard alpin ( Pyrrhocorax a/pinus , de Cuvier, Corvus pyrrhocorax , de Linné), vulgairement nommé Choucas des Alpes, a le plumage entièrement noir, à rellets verdâtres, plus éclatants en dessus; le bec est jaune citron; les pieds rouge vermillon; l’iris brun. La taille est de quinze pouces. — Cet Oiseau niche sur les rochers les plus inaccessibles des Alpes et des Pyrénées, très-rarement sur les arbres. Sa ponte est de quatre ou cinq œufs blan- châtres, tachetés de jaune. Il se tient l’été dans les montagnes, et l’hiver il descend dans les vallées. Il se nourrit de graines, baies, vers, Crustacés, Insectes, et au besoin de charognes. Genre CR A VE ( Fregilus , de Cuvier). Le bec est entier, allongé, grêle, arrondi, arqué et pointu ; les narines sont arrondies , recouvertes par des plumes sétacées; les pieds, les ailes et la queue sont ceux des Corbeaux. — Les Graves vivent de fruits et d’insectes. Le Grave d’Europe ( Fregilus Graculus , de Cuvier; Corvus Graculus , de Linné), vulgairement nommé Coracias à bec rouge, a seize pouces de longueur. Le plumage est noir, à reflets brillants verts, bleus et pourpres ; le bec et les pieds sont rouges. — Cette Espèce habite les hautes montagnes de la France ; elle se réunit moins en troupes que les Chocards et les Corbeaux. Sa ponte est de trois ou quatre œufs d’un gris verdâtre, tacheté de gris et de roux. L’hiver, elle descend des montagnes, et son arrivée dans les plaines annonce les neiges et le mauvais temps. Les Craves vont alors sur les chemins, fouiller dans les excréments des bêtes de somme, pour y trouver quelque nourriture. Pris jeunes, ils s’apprivoisent facilement. Genre GEAI, Garrulus, de Vieillot ( garrire , babiller). Le bec est médiocre, épais, droit, à bords tranchants, courbé, brusquement et légèrement denté à sa pointe; les narines sont ovalaires et cachées par des plumes sétacées ; les pieds sont ceux des Corbeaux; les ailes sont médiocres ; la queue carrée ou légèrement arrondie , les plumes de la tête allongées, et érigibles en huppe. Le Geai ordinaire (Corvus gland arins , de. Linné) a les deux mandibules peu allongées 208 P \ SSE II K A l \ 1) Æ O I) V C T Y L E S G U I, T H I R O S T R E S. et se terminant subitement par une courbure presque égale. Sa taille est de treize pouces; son plumage est d’un gris vineux, remarquable surtout par une grande tache d’un bleu éclatant, rayé de bleu foncé, que forment les couvertures de l’aile; les pennes sont noires, ainsi que les moustaches. — Les Geais sont d’un naturel vif et pétulant, et les plumes de leur front se redres- sent dans la colère; ils se nourrissent d’insectes, de graines et surtout de glands. Ils cachent les objets, et font des provisions comme la Pie. Ils sont éducables, et ont du penchant à imiter tous les sons; ils rendent même assez bien de petits airs de trompette et d’autres mélo- dies courtes. On peut aussi les accoutumer à aller aux champs et à revenir à la maison. Le Geai imitateur [Garrulus infaustus, de Vieillot; Corvus infaustus, de Linné), vul- gairement nommé Geai boréal , Geai de Sibé- rie , habite les régions boréales de l’Europe. Il est de deux pouces plus petit que le Geai ordinaire; le dessus de la tête et les joues sont brunâtres; la queue est rousse et cendrée. Il niche sur les arbres verts, et pond cinq ou six œufs d’un gris bleuâtre avec des taches plus foncées. Geai ordinaire Ç Corvus glandarius ). Genre CASSE-NOIX, NucÀfraga , de Brisson ( nux , noix; frangere , briser). Le bec est droit, entier, avec la mandibule supé- rieure plus longue que l’inférieure , aplatie et émoussée au bout; les narines sont basales, petites, cachées par des plumes ; les tarses mé- diocres; les ailes pointues; la queue arrondie. Le Casse-noix ( Corvus caryocatactes , do Linné) a les deux mandibules également pointues, droites et sans courbures. Sa taille est de treize pouces ; il est brun , tacheté de blanc sur tout le corps. Le Casse-noix est le moins défiant des Corvidés. En le voyant grimper sur les arbres, et frapper du bec contre l’écorce pour en faire sortir les larves d’insectes cachées dans son épaisseur, on le prendrait pour un Oiseau de l’Ordre des Pics. 11 se nourrit aussi de fruits et même de petits Oiseaux. Il pond cinq ou six œufs d’un gris jaunâtre, pointillé et tacheté de brun. FAMILLE DES TURDIDÉS. 209 PASSEREAUX DÆODACTYLES DENTIROSTRES FAMILLE des TURDIDÉS ( Genres LA NI US, TURDUS, ORIOLUS, AM PE LIS , MUSCICAPA, MOTACILLA , de Linné. ) CARACTÈRE. — Bec nettement échancré , plus ou moins allongé et atténué. SYNOPSIS DES TRIBUS DE LA FAMILLE DES TURDIDÉS. Bec conique ou comprimé ; plus ou moins crochu au bout Laniens. non crochu à la pointe, et à dent moins prononcée. Turdiens. Bec déprimé horizontalement , à pointe crochue et échancrée Ampé liens. Bec droit , menu , effilé en poinçon Motacillîens. TRIBU des LANIENS ( Genre LANIUS, de Linné.) Les Oiseaux très-variés qui constituent cette Tribu, se rapprochent par le bec conique ou comprimé, plus ou moins crochu au bout. Ils vivent d’insectes et mangent quelquefois des petits Vertébrés. SYNOPSIS DES GENRES DE LA TRIBU DES LANIENS. Tarses moyens. Bec fort ; comprimé seulement à la pointe ; allongé ; arête supérieure droite ; une plaque frontale Barita. point de plaque frontale Psaris. arête supérieure courbe ; Ailes suraiguës Ocypterus. Ailes obtuses Artamia. court. Queue longue et étagée Bethylus. Queue courte et carrée Pardalotus. comprimé sur toute sa longueur ; Mandibules très-hautes Falcunculus. Mandibules moyennes Lanius. Bec grêle. Queue fourchue « Enicurus. Queue carrée Ramphocenus. Tarses très-longs. Bec triangulaire , comprimé à la pointe Pitta. Bec comprimé sur toute sa longueur Myiothera. Bk 27 210 P A S S E R E A U X 1) Æ 0 D A C T Y LE S I) E i\ T 1 R O S T R E S. Genre CASSICAN, Barita, de Cuvier (papi'toi, nom grec d’un Oiseau inconnu). Le bec est grand conique, droit, rond à sa base, entamant les plumes du front par une échan- crure circulaire , arrondi au dos , comprimé sur les côtés , à pointe crochue et échancrée latéralement; les narines sont basales, liné- aires ; les ailes sont médiocres ; la queue généralement égale; les tarses robustes, écus- sonnés. Les Cassicans sont de gros Oiseaux de l’Australie, remuants, criards et omnivores, comme les Corbeaux ; leur nom est formé des mots Cassique et Toucan. Le Cassican flutf.ur ( Barita tibicen , de Lesson) a le plumage gris brunâtre. I l est très-vorace , et sa voix diffère par sa douceur de celle de scs congénères. Le Cassican ré veilleur (Coracias stre- pera, de Latham) est très-commun dans l’île de Norfolck. Son caractère est doux; il ne dort jamais la nuit, et ne cesse de faire re- tentir l’air de ses cris aigus. Genre RÉCARDE, P saris , de Cuvier (<}apiç, nom grec d'un Oiseau inconnu). Le bec est conique , très-gros , et rond à sa base , mais n’échan- crant point le front ; sa pointe est légèrement comprimée et crochue ; les narines sont ovalaires ; les tarses médiocres , écussonnés ; les ailes moyennes , aiguës. Les Bécardes sont des Oiseaux de l’Amérique méridionale. La Bécarde grise {P saris Cayanus, de Swainson; Ta- nins Cayanus, de Gmelin) a le plumage gris cendré; la tête, les ailes et la queue noirs; le cou et le dessus du cou gris cendré clair. Elle habite la Guiane. Genre LANG R A YEN, Ocypterus , de Cuvier ( wxùç , léger; Tvrspov, aile). Le bec est conique, arrondi de toutes parts, sans arête, à peine un peu arqué vers le bout, à pointe très- fine , légèrement échancrée de chaque côté ; les narines sont arrondies, ouvertes; les tarses courts, écussonnés, et les ailes suraiguës, au moins aussi longues que la queue. Les Langrayens habitent les côtes et les îles de la mer des Indes. Le Lan g ra y en a ventre rlanc ( Ocypterus albiventer , de Valenciennes; Lanius leucorhynchos et dominicamis , de Gmelin) habite file Luçon et la Nouvelle-Calédonie. Le dessus du corps est cendré, ainsi que la tête; le dessous est blanc; le bec est bleuâtre. — Le Langraven est ennemi du Corbeau, et, quoique beaucoup plus petit, il le provoque et le harcèle jusqu’à ce qu’il lui ait fait prendre la fuite. Genre ARTAMIE, Arlawia , d’Isid. Geoffroy (àprapiw, dépecer). Le bec est allongé, non renflé à sa base, triangulaire, à arête bien marquée; la mandibule supérieure est terminée par un crochet bien prononcé, et présentant une échancrure bien distincte ; les narines sont Langrayen. Cassican (Barita): 21 I FAMILLE DES TURDIDÉS. basales, triangulaires; les ailes obtuses; la queue carrée; les tarses courts, écussonnés. L’Artamif, sanguinolente ( Artamia sanguinolenta , d’Isid. Geoffroy; Ocypterus san- guinolentus, de Temminck) est noire, avec le \ Genre BÉTHYLE, Bethylus, de Cuvier ( (3e0uXoç , nom grec d’un Oiseau inconnu). Le bec est court, épais, robuste, fort, convexe, à bord dilaté dans son milieu , à pointe re- courbée, dentée; la mandibule inférieure est arrondie, à bords lisses; les narines arron- dies, creusées, nues; la commissure du bec est garnie de quelques soies ; les plumes du front sont veloutées; les ailes sont courtes, obtuses, la queue étagée; les tarses médio- cres , courts , écussonnés. Le Béthyle Pie ( Bethylus Picatus , de Levaillant; Lanius Picatus, de Latham) a le haut du corps d’un noir bronzé , le bas varié de noir et de blanc. Il habite le Brésil et la Guyane. Genre PARDALOTE, Pardalotus , de Vieillot (toxpSxXmtoç, couleur de Panthère). Le bec est court, conique, obtus, convexe, comprimé , à arête convexe , à pointe échan- crée ou simplement entamée; les narines sont basales , petites , nues , percées dans une membrane; les ailes sont aiguës; la queue courte, égale; les tarses médiocres, grêles, écussonnés. entre rouge. Elle habite Sumatra. Béthyle (Bethylus) sur un Dipladenia atropurpurea . Les Pardalotes, nommés communément Pies-Grièches Boitelets, sont de très-petits Oiseaux à queue courte, appartenant aux deux continents. Le Pardalote pointillé ( Pardalotus punctatus , de Vieillot; Pipra punctata, de Shaw) a le dessus du corps gris, ondulé de fauve; la tête et les ailes noires, pointillées de blanc; le croupion rouge de feu. Il habite les forêts de la Nouvelle-Galles du Sud. Les colons le nomment Oiseau-diamant. Le Pardalote huppé ( Pardalotus cristalus , de Vieillot) est une Espèce de l’Amérique méridionale. Sa taille est de trois pouces; les parties supérieures sont d’un vert olive, tirant sur le jaune ; les plumes du sommet de la tête, du front et de la nuque sont terminées de brun ; près de la nuque est une huppe de couleur rouge; les petites couvertures des ailes ont leur moitié extérieure blanche; les rémiges sont brunes, bordées extérieurement de vert olive; les rectrices sont vertes et d’une médiocre longueur ; la gorge et les parties inférieures sont d’un beau jaune, plus foncé sur le devant du cou et sur la poitrine; le bec est noir, avec le milieu grisâtre; les pieds sont noirs. — Cet Oiseau habite les montagnes, et se tient sur les bords des rivières qui y prennent leur source. Au-dessus du lit écumeux de ces eaux, qui descendent en grondant parmi les blocs de granit vers la plaine où leur cours sera silencieux et paisible, des bambous taquorussus inclinent leurs panaches ondoyants réunis par des guirlandes de lianes : c’est là que l’on voit les Pardalotes voltiger, toujours par couple, de branche en branche, boire la rosée contenue dans les feuilles du Tidlansia, et se répaître de fruits succulents et d’insectes. Mais ces joyeux festins sont bien souvent interrompus par un événement tragique : dans les fissures du chaume desséché d’un bambou se tient en embuscade une monstrueuse Araignée : c’est la Mygale-Crabe, aux longues pattes, aux mandibules vigoureuses, à la morsure empoi- 212 PASSEREAUX DÆODA.CTYLES DENTIROSTRES sonnée. Tandis que les Pardalotes, sans défiance, poursuivent gaiement les Insectes parmi les leuilles, la Mygale, tapie à l’entrée de son trou, arrête au passage l’un des imprudents con- vives, lui enfonce dans la gorge ses crochets venimeux, et suce avidement son sang, en pré- sence de sa compagne, saisie de terreur. Ainsi le Vertébré, qui avait immolé à sa faim des centaines d’insectes, devient à son tour la proie d’un Articulé plus puissant que lui : la Provi- dence, dans sa mystérieuse sagesse, a permis cette sanglante compensation. Pauualotte huppée ( Pardalotm cristatus) Genre FALCONELLE, F alcunculus , de Vieillot {faix, faucille). Le bec est fort, court, haut, très-comprimé, un peu recourbé, fortement denté; les narines sont arrondies, ouvertes; les ailes sont aiguës; la tête comme huppée; les tarses sont assez allongés et écussonnés. - — Ce Genre est australien. La Falconelle a casque ( Fmconéllus frontatus , de Vieillot; Lanius frontatus , de Latham) est de la taille d’un Moineau, et son plumage ressemble à celui de notre Mésange charbonnière. Les plumes de la tête des mâles se relèvent en huppe. Genre PIE-GRIÈCHE ( Lanius , de Linné). Le bec est fort, comprimé, très-crochu, très-denté , de hauteur médiocre ; les narines sont arrondies , ouvertes ; les ailes sont courtes , subaiguës ; la queue étagée , ou carrée et peu arrondie ; les tarses écussonnés ; les doigts séparés. — Les Pies-Grièches sont des Oiseaux vifs, courageux, querelleurs, cruels; qui se nourrissent de gros Insectes et quelquefois de petits Mammifères et de petits Oiseaux ; ils se défendent avec succès contre les gros, et attaquent même ceux-ci quand il s’agit de les éloi- gner de leur nid. Ils se tiennent dans les bois pendant le printemps, et, vers la fin de l’été, descendent dans les plaines et dans les vergers. Les Pies-Grièches vivent en famille, volent iné- galement et précipitamment, en jetant fies cris aigus. Elles ont l’habitude d’imiter sur-le-champ quelques parties du ramage des Oiseaux qui vivent dans leur voisinage. La Pie-Grièche grise ( Lanius excubitor, de Linné) est l’Espèce la plus commune en Europe. Elle est grande comme une Grive; sa taille est par conséquent d’environ neuf pouces; FAMILLE DES TURDIDÉS. 213 Pie-Grièche crise ( Lanius excubitor ) . le dessus de la tête, la nuque, le dos et les couvertures de la queue sont d’un gris cendré clair ; les ailes, la queue et une bande autour de l’œil sont noires; la gorge, la poitrine et toutes les parties inférieures sont blanches, de même que l’origine des rémiges primaires, le bout des rémiges scapulaires et le bord externe des deux rectrices latérales; les yeux, le bec et les pieds sont noirs. La femelle a le ventre un peu gris, les jeunes ont le ventre de la même couleur, avec un plus grand nombre de lignes brunes circulaires. — Cette Pie-Grièche a pour cri troûi, troûi, qu’elle répète sans cesse lorsqu’elle est perchée sur le haut des arbres. Elle est très- courageuse, et ne fuit pas toujours à l’approche du chasseur; elle défend son nid contre les attaques du Corbeau, avec tant de vigueur, qu’elle met ce dernier en fuite. Elle vit d’insectes qu’elle saisit en volant, elle se nourrit également de Souris, de Mulots, et même de jeunes Oiseaux , dont elle déchire la chair en lambeaux après en avoir mangé la cervelle. Elle niche dans les embranchements des arbres , voisins du tronc principal , et pond six œufs d’un blanc roussâtre , tachetés de gris et de brun clair, dont le grand axe est de onze lignes , et le petit axe de huit lignes. Cette Espèce n’émigre point. La Pie-Grièche d’Italie ( Lanius minor, de Gmelin), vulgairement nommée Pie- Grièche à front noir, Pie-Grièche à poitrine rose , est longue de huit pouces; la tête, le cou et le corps sont d’un gris cendré, le front et les joues, d’un noir profond ; la poitrine, l’abdomen et les flancs sont d’un blanc lavé de rose; les ailes sont noires, avec un miroir sur les rémiges primaires; le bec et les pieds sont noirs; l’iris est brun grisâtre. — Cette Espèce habite le midi de l’Europe, et ne vient en France que pour se reproduire; elle construit un nid avec des plantes odoriférantes; elle y pond cinq ou six œufs obtus, verdâtres ou bleuâtres, tachetés de gris violet et d’olivâtre; leur grand axe est de dix lignes, le petit axe de sept lignes. La Pie-Grièche rousse ( Lanius rufus , de Brisson), vulgairement nommée Açjachette rousse , est longue de sept pouces; la penne bâtarde de l’aile est très-petite et étroite, à miroir blanc ; le vertex et la nuque sont d’un roux ardent ; le haut du dos est d’un noir profond , le bas du dos d’un cendré foncé; les parties inférieures sont d’un blanc plus ou moins lavé de roussâtre; le bec et les pieds sont noirs; l’iris est brun. — Elle habite l’Europe, et arrive en France au printemps, pour en repartir vers l’automne : elle construit son nid avec des herbes odoriférantes, et y dépose six œufs d’un blanc sale, quelquefois bleuâtre, tacheté de brun vers 214 PASSEREAUX DÆODACT YLES I) EX Tl RO ST R ES. le gros bout; leur grand axe est de dix lignes, et le petit axe de sept lignes. Elle se tient de préférence sur la lisière des grands bois et dans les taillis; c’est chez elle qu’on a remarqué le talent d’imiter et de s’approprier le chant des autres Oiseaux qui vivent dans son voisinage. La Pi e-Grièche écorcheur ( Lanias collurio, de Linné ) habite aussi l’Europe, et passe en France le printemps et l’été. Sa taille est de six pouces; le dessus de la tête est d’un cendré bleuâtre, ainsi que le haut du dos; une bande noire, partant du bec, entoure l’œil et couvre l’orifice des oreilles; la gorge et le ventre sont blanchâtres; le manteau et les couvertures des ailes sont d’un roux brun; les rémiges sont noires, bordées de fauve; les rectrices du milieu sont noires, et les latérales sont blanches à la base. — Cette Pie-Grièche détruit des Oiseaux, des Lézards, des Grenouilles, et surtout des Insectes, qu’elle enfile aux épines des buissons; son nom d’Écorcheur lui vient de la manière dont elle dépèce ses victimes après les avoir accro- chées. On dit que, pour attirer les Oiseaux, elle contrefait leur cri et une partie de leur ramage, mais cette ruse ne réussit complètement que vis-à-vis des jeunes. L’Écorcheur niche dans les buissons; sa ponte est de cinq ou six œufs d’un blanc sale, ponctué ou tacheté de rouge ou de brun ; leur grand axe est de neuf lignes et demie , le petit axe de six lignes et demie. La Pie-Grièche fiscal [Lanius cullaris , de Gmèlin) est une Espèce africaine. Elle a neuf pouces de longueur, comme notre Pie-Grièche grise; la tête, le derrière du cou et le man- teau sont d’un brun noirâtre; les ailes sont noires, avec une tache blanchâtre sur le milieu des grandes pennes, qui sont bordées de blanc; la queue, plus longue et plus large que celle de la Pie-Grièche grise, avec les deux rectrices du milieu, noires. — Cette Espèce est commune au cap de Bonne-Espérance. Elle chasse avec une infatigable activité; dès qu’elle aperçoit une Sauterelle, une Mante, ou un petit Oiseau, elle fond dessus, l’emporte, et va l’empaler sur un buisson épineux. Elle s’y prend toujours de manière à faire passer l’épine à travers la tête de sa victime; s’il n’y a pas d’épines sur l’arbre, elle assujettit adroitement la tête de l’Oiseau dans l’enfourchure de deux petites branches; puis, quand la faim se fait sentir, elle va visiter ses gibets, et décroche les morceaux qu’elle préfère. C’est à cette rapacité qu’elle doit son nom de Fiscal, allu- sion assez peu llatteuse pour l’Administration des finances. Hâtons-nous de dire, pour la satisfaction de notre orgueil national , que ce sont les co- lons hollandais du Cap ([ui ont baptisé la Pie-Grièche dont il est ici question. Au reste, l’instinct destructeur de cet Oiseau le pousse à des ra- pines superflues ; car il ne mange pas toutes ses victi- mes , et il y en a un grand nombre qui se dessèchent sur leur pal. Le Fiscal est criard, querelleur, vindicatif; ennemi de toute concurrence, il chasse de son domaine les Oiseaux qui vivent de la même proie que lui ; mais il a beau faire, ceux-ci trouvent toujours moyen de décrocher quelques pièces du gibier qu’il a recueilli. La Pie-Grièche Bacbackiri ( Lanius Bacbackiri , de Shaw ; Tardas zeylonus , de Gmelin) est aussi une Espèce commune dans l’Afrique méridionale. Son bec est moins fort Pie-Grièche Fiscal ( Lanius coUaris )■. 215 FAMILLE DES TE RDI DÉS. que celui des précédentes, et son port la rapproche un peu des Merles. Elle a sept pouces et demi de hauteur; les parties supérieures sont d’un vert olive, le sommet de la tête est gris; un trait noir part du bec, descend sur les côtés du cou, et s’élargit en plastron sur la poitrine; de là son nom vulgaire de Merle à collier. La gorge et les parties inférieures sont jaunes; le hec et les pieds sont noirs. Cette Pie-Grièche est peu farouche et très-babillarde. — Elle fait entendre un chant particulier qui lui a valu son nom spécifique de Bacbaekiri, et que Levaillant a noté : les deux premières syllabes sont bien détachées, graves et sonores; les deux dernières sont aiguës et liées; quelquefois l’avant-dernière note est haussée d’une tierce, mais dans tous les cas elle ne diffère de la suivante que d’un demi-ton. Le mâle entonne ce chant d’appel qui n’appartient qu’à lui : bacbaekiri ; et aussitôt la femelle lui répond sur un ton moins élevé : couït , couït. Il suffit de bien répéter ces deux couplets pour faire approcher les Pies-Grièches du chasseur, qui peut alors les tirer de près; du reste, quoique peu farouches, elles n’en ont pas moins les mœurs sanguinaires de leur Genre : elles livrent une guerre cruelle aux Insectes et aux jeunes Oiseaux, et si, par mégarde, on les place dans une volière, elles mettent tout à mort. On a remarqué qu’elles vivent par couple, et se séparent rarement. Leur nid est placé dans les buis- sons touffus ; les petits suivent leurs parents pendant la première année, et forment une petite famille, vivant dans une concorde parfaite, ce qui contraste avec l’humeur hargneuse que mon- trent les Pies-Grièches à l’égard des autres Oiseaux. Genre ÉNICURE, Enicurus , de Temminck (Ivtxoç, singulier, oupà, queue). Le bec est médiocre , robuste , presque droit , triangulaire à sa base , à arête vive , convexe , terminée en pointe recourbée, dentée; la commissure est garnie de cils roides; les narines sont nues, ouvertes, percées dans une membrane; les ailes sont courtes, obtuses, les tarses faibles, écussonnés ; la queue est profondément fourchue. L’Énicure couronné ( Enicurus coronatus, de Temminck) habite Java et Sumatra; son plumage est mi-partie de noir et de blanc; le vertex d’un blanc de neige, tranche sur le fond noir du cou et du dos , et forme une espèce de couronne. Genre RAMPHOCÈ1NE, Ramphoceniis , de Vieillot (papepoç, bec, xsvoç, vide). Le bec est très-long, droit, à bords déprimés dans la première moitié, ensuite étroit et très-grêle; la mandibule supérieure est arrondie sur le dos, crochue et légèrement échancrée à la pointe; les narines sont percées en fente, en avant d’une fosse recouverte par une membrane; les ailes sont courtes, arrondies, obtuses; la queue est arrondie, étagée. — Ce Genre appartient à l’Amérique tropicale. Le Ramphocène a queue noire ( Ramphocemis melanurus , de Vieillot) a le plumage roux-brun en dessus ; la gorge et le milieu du ventre blancs ; les ailes brunes, lisérées de jaune ; la queue noire, excepté les deux rectrices latérales , qui sont jaunes. — Cette Espèce habite le Brésil; elle se tient cachée dans les buissons, pour y prendre les Insectes dont elle fait sa prin- cipale nourriture. Genre BRÈVE , ( Pilla , de Vieillot). Le bec est allongé, fort, robuste, convexe en dessus, crochu, à bords rentrés , à na- rines amples, latérales, à com- missure fendue ; la mandibule inférieure est convexe, pointue, entière; les tarses sont très-al- longés , écussonnés , les doigts courts; les ailes sont médiocres, arrondies, aiguës; la queue est brève. courte , quelquefois en coin. brève. Les Brèves sont des Oiseaux de l’Afrique, de l’Asie et de l’Australie, à plumage brillant, à formes lourdes et massives, mieux organisés pour courir que pour voler; leur nourriture consiste en Fourmis et en Termites. 21 (i PASSEREAUX DÆODACTYLES DENTIROSTRES. La Brève a queue courte [Pitta brachyurus , de Vieillot; Corvus brachyurus, de Gmelin) habite la côte d’Angole; son plumage est vert, le dessous du corps est fauve, ainsi que les lignes de la tête; les ailes sont marquées d’une tache blanche. Genre FOURMILIER, Myiothera, d’Uliger (pjîa, 6spad>, chasser aux mouches). Le bec est moyen, allongé, fort, convexe en dessus, comprimé sur les côtés , à mandibules égales, dont l’inférieure est un peu ren- flée en dessous; les narines sont arrondies, ouvertes au-devant du front; les ailes sont très-courtes, concaves, obtuses; la queue est courte; les tarses sont grêles, allongés, écussonnés. Les Fourmiliers vivent dans les forêts vierges de l’Amérique tropicale, au milieu des buissons : ils s’y nourrissent de Four- mis et autres Insectes; leurs ailes sont courtes, et leur vol peu soutenu, mais ils marchent et sautent avec agilité. Us déposent à terre, sur des feuilles sèches ou sur une pierre moussue, deux à cinq œufs d’un blanc plus ou moins pur, et tachetés de roussâtre, que couvent alternativement lernâle et la femelle. Le Fourmilier roi ( Corvus grallarius, de Shaw; Turdusrex, de Gmelin), Espèce type du Genre Grallaria, de Vieillot, est le plus grand, le plus haut monté, et celui qui a la queue la plus courte; on le prendrait, au premier coup d’œil, pour un Échassier; sa taille est celle d’une Caille, et son plumage gris est agréablement bigarré; on lui donne le nom de roi des Fourmiliers. Il habite le Brésil et la Guyane. Le Fourmilier grand r effroi ( Turdus tinniens s de Gmelin) , Espèce type du Genre Myrmothera, de Vieillot, est brun en dessus, blanc en dessous; la poitrine est tachetée de noir ; la queue est égale; le bec est noir en dessus, blanc en dessous; les tarses sont plombés. La taille est de six pouces et demi. — Il habite Cayenne; le soir et le matin, il vocifère pendant une heure , et son cri ressemble au tintement d’une cloche. Sa chair est comestible. Fourmilier. TRIBU des TURDIENS ( Genres TURDUS , ORIOLUS, de Linné.) Les Turdiens ont le bec comprimé ou triangulaire, à arête supérieure droite ou arquée, et recourbée ou dentée à la pointe; les narines sont latérales; les tarses sont écussonnés, les ailes subaiguës ou subobtuses. Ces Oiseaux sont baccivores , frugivores , larvivores ou vermivores. SYNOPSIS DES GENRES DE LA TRIBU DES TURDIENS. Bec comprimé , à arête supérieure droite à arête supérieure un peu arquée. . Cingle. Cinclus. court ; chaque narine recouverte par une écaille. moyen. Rhinomye. Rhinomyia. Narines ordinaires Narines ouvertes dans de larges fossettes à la base du bec ; . Merle. Turdus. sans écailles . Martin. Gracula. avec écailles. . Philédon. Philédon. Bec triangulaire ; assez grêle ; tarses longs gros. . Gralline. Grallina. Des nudités à la tête . Goulin. Gymnops. Point de nudité à la tête. . Loriot. Orio/us. 217 FAMILLE DES TL ISD IDE S. (j km me Cl MLLE, CAndm, de Bechstein ( xtyxXoç , Merle aquatique).- Le bec est grêle, droit, arrondi et emplumé à sa base, légèrement ilécbi et échancré à sa pointe; les narines sont oblongues, linéaires, recouvertes par une membrane; les tarses sont médiocres et gla- bres; les doigts longs, forts, avec de petites pelotes saillantes en dessous, le médian uni à la base avec l’externe; les ongles robustes, très-arqués; les ailes courtes, arrondies; la queue courte , carrée. Cingle plongeur ((/inclus aquaticvs). Le Cincle PLOPtGEur, ( G inclus nquaticus , de Bechstein; Turdus Cinclus , de Latham) a les parties supérieures brunes, noirâtres, nuancées de cendré; la gorge, le devant du cou et la poitrine, blancs; le ventre roux, le bec noirâtre, l’iris gris; sa longueur est de sept pouces; la femelle a les teintes plus pâles, le sommet de la tête et la partie postérieure du cou d’un cendré foncé. — Cet Oiseau habite l’Europe; ses jambes sont un peu élevées; il fréquente le bord des ruisseaux clairs et rapides pour y chercher les Insectes aquatiques, les Mollusques 218 I» V S S E R E A U X DÆ ODA G T Y LE S D E N T I P. O ST R E S. et les Crevettes dont il se nourrit; mais ce qui donne à son histoire un intérêt tout particulier, c’est la singulière faculté qu’il possède de marcher au fond de l’eau. Les Oiseaux nageurs ont les pieds palmés,, les Oiseaux à longues jambes ne s’enfoncent dans l’eau qu’autant que leur corps n’y trempe point ; le Cincle , qui n’est ni Palmipède ni Échassier, y entre tout entier, s’y promène comme s’il était sur terre, y marche à pas comptés, soit en suivant la pente du lit, soit en le traversant d’un bord à l’autre. Dès que l’eau est au-dessus de ses genoux, il déploie ses ailes, les laisse pendre, et les agite par une sorte de tremblement, puis se submerge jus- qu’au cou, et ensuite par-dessus la tête, qu’il porte sur le même plan que si elle était en l’air, descend au fond, va et revient sur ses pas, le parcourt en tous sens, tout en gobant les Che- vrettes et les Insectes d’eau douce, dont il fait sa principale nourriture. L’eau est donc pour cet Oiseau un élément aussi naturel que l’air; il n’hésite et ne se détourne pas pour y entrer; ses plumes sont enduites, comme celles du Canard, d’une espèce de graisse (pii empêche l’eau de les imprégner, et lorsqu’il se promène au fond de l’eau, il paraît revêtu d’une couche de bulles d’air, qui lui donnent un éclat argenté. Le chant de cet Oiseau est très-doux; il fait entenlre, en outre, deux cris différents, l’un aigu, l’autre dur et crépitant. Il niche sur le bord des cascades; son nid est volumineux, et ouvert sur le côté; il se compose de mousse et d’herbes entrelacées; la ponte est de quatre à six œufs, d’un blanc mat, dont le grand axe est de dix lignes, et le petit axe de huit lignes. Genre RHINOMYE, fthinomyia, d’Isid. Geoffroy Saint-Hilaire et Alcide d’Orbigny (ptv, nez; [Wîa, mouche). Le bec est triangulaire, à mandibule supérieure un peu arquée; les narines sont recouvertes par une sorte d’écaille. La Rhinomye lancéolée ( Rhin&piyia lanceolata , d’Isid. Geoffroy Saint-Hilaire et d’Orbigny) habite la Patagonie. Sa taille est de huit pouces; le dessus de la tête est couvert de plumes effilées, que l’Oiseau tient toujours relevées en huppe. Le dessus de la tête, la huppe et le dessus du cou sont d’un brun fauve; la gorge et la poitrine d’un gris ardoisé; le dos et toutes les par- ties supérieures olive foncé; le ventre blanc; les flancs d’un roux vif; la queue noirâtre, légèrement olive à sa base et au bord des rèctrices. — Cet Oiseau se tient toujours à terre dans les buissons, d’où il sort pour courir, en sautillant, aux environs, et y rentrer à la moindre alarme; il tient toujours sa queue dressée verticalement; de là son nom vulgaire de Gallito (petit Coq) ; il se nourrit d’Araignées, d’in- sectes, et niche presque à terre, dans les buissons. Genre MERLE (Turdus , de Linné). Le bec est médiocre, tranchant, comprimé, légère- ment convexe, et terminé en pointe à peine courbée, et faiblement écbancrée; les narines sont ovalaires, bordées par les plumes du front; les ailes sont médiocres, pointues et subai- guës; la queue -est variable; les tarses sont allongés, grêles, écussonnés, à doigt externe soudé, à son origine, avec le médian. Le Merle noir (Turdus merula, de Linné), vulgairement dit le Merle. Sa taille est de neuf pouces et demi; le plumage est entièrement noir, le bec et l’auréole des yeux sont jaunes; la femelle est d’un brun fuligineux en dessus, brune roussâtre en dessous; la gorge est tachetée de roussâtre, et le ventre cendré ; le bec et les pieds sont noirâtres. — Les Merles sont répandus dans toutes les parties de l’Europe; ils sont sédentaires, et semblent s’attacher aux lieux qu’ils ont une fois adoptés pour leur résidence ; leur nourriture consiste en Insectes et en baies de toute espèce. Pendant l’hiver, ils recherchent les bois plantés d’arbres verts, tels que Sapins' et Genévriers; c’est alors seulement qu’ils se réunissent en troupes; hors ce temps, ils vivent isolés ou par couple. Leur queue est fréquemment en mouvement, surtout lorsqu’ils éprouvent de la crainte ou de la colère. Leur naturel est défiant, sauvage; mais ils s’apprivoisent facile- ment, et l’on peut leur faire retenir des airs, siffler et même parler. Le chant du mâle est éclatant ; il le fait entendre au printemps, à l’époque où il travaille, conjointement avec sa femelle, à la Hminomyf. FAMILLE DES TL RDI DÉS. 2Ü) construction du nid qui doit recevoir leur progéniture. Ce nid, placé dans les broussailles, à peu d’élévation du sol , se compose de petites racines , de mousse et d’herbes sèches , liées ensemble avec de l’argile, et tapissées intérieurement de laine et de plumes : le Merle y dépose quatre ou cinq œufs, d’un vert bleuâtre, avec des taches brunes, nombreuses et peu distinctes; leur grand axe est de douze lignes, et le petit axe dé neuf lignes. Meule soin ( Turdns merulaj. Le Merle a plastron ( Turdus torquatus , de Linné) a le plumage noirâtre, avec un plastron blanc ou blanchâtre sur la poitrine, et les rémiges lisérées, en dehors, de cette der- nière teinte, il habite les montagnes boisées de presque tout le Nord de l’Europe; il est de passage en France, à la fin d’avril et à la fin de novembre. Il niche à terre, au pied d’un buisson, dans les haies. Sa ponte est de quatre à six œufs verdâtres, tachetés de brun ou de gris; leur grand axe est de douze lignes, le petit axe de neuf lignes. Le Merle Grive [Turdus imisicus , de Linné), vulgairement nommé la Grive, est, de toutes les Espèces de nos climats, celle qui chante le mieux, et dont on estime le plus la chair. Sa taille est de huit pouces et demi ; les parties supérieures sont d’un brun olivâtre, les tectrices de l’aile sont bordées et terminées de jaune roussâtre; les joues sont jaunâtres; la gorge est blanche; les côtés du cou et la poitrine sont d’un jaune roussâtre, tacheté triangulairement de brun; le ventre et les flancs sont blancs, avec des taches ovoïdes brunes ; le bec est jaunâtre et les pieds bruns. — Cet Oiseau voyage en grandes troupes, et fait dans nos contrées deux appa- ritions par an ; il arrive à la fin de septembre, passe chez nous le temps des vendanges, et descend ensuite vers le Midi, pour y vivre pendant l’hiver; il revient en France au printemps, et bientôt les chaleurs de l’été, qui semblent l’incommoder beaucoup, le font remonter vers le Nord. Pen- dant la première apparition des Grives, c’est-à-dire en automne, les fruits, qu’elles trouvent en abondance, communiquent à leur chair une saveur délicate qui les fait rechercher du chasseur; mais, au printemps, les baies manquant tout à fait, elles ne vivent que d’insectes et de Coli- maçons, et deviennent un gibier sans valeur. Quelquefois, elles passent en France la belle saison, et nichent sur les pommiers, ou dans les buissons. Le chant du mâle est très-agréable; il le répète pendant plusieurs heures, perché à la cime d’un arbre; son cri ordinaire est un petit sifflement, par lequel il semble prononcer zipp , zipp. Hors l’époque de l’arrivée et du départ, les Grives ne sont réunies que par petites bandes de huit à dix individus, qui paraissent composer une famille. Cette Espèce établit son nid sur les arbres peu élevés, et le construit artistement , avec des brins d’herbe, de la mousse, des bûchettes, maintenus ensemble par 22i) P VSSEHEA l \ !) Æ.0 D A ® Y L Ë S DENTI RO ST H ES une forte couche de terre gâchée. La ponte est de quatre à six œufs d’un bleu verdâtre, ordi- nairement tachetés de noir ou de brun ; leur grand axe est de dix lignes, leur petit axe de six lignes. Mkii'.ü Gitivii ( T ardus musicus 1 Cette industrie culinaire n’a pas été continuée depuis la chute La chair de la Grive était grandement estimée chez les Romains : nil melius Tar- da, rien rie meilleur que la Grive, disait Horace. Ce fut, selon Plutarque , Lucullus qui inventa l’art de les en- graisser; il y avait aux en- virons de Rome des gri- vières , sorte de volières sombres et étroites , oii l’on renfermait ces Oiseaux , qui y trouvaient une nourriture abondante et choisie, con- sistant en baies de Lentis- que, de Myrte, de Lierre, et surtout en une pâte de millet broyé avec des figues, de l’Empire romain. Le Merlf. doré (Tardas aurons, de Hollandre ; Tardas Withei ou varias, de Temminck) est le type du Genre Oreo- cincla , de Gould. Sa taille est de dix pouces; son plu- mage est brun olivâtre en dessus , à reflets dorés ob- scurs; jaunâtre en dessous, marqué de taches en forme de croissants ; les rectrices sont noires, à l’exception des quatre médianes, d’un roux olivâtre en dessus; les sui- vantes terminées de blanc. — Cette Espèce habite la Sibérie et le Japon, et se montre accidentellement en Europe. Ses mœurs , son régime et sa propagation sont inconnus. Le Merle Draine, de Linné, vulgairement nommé Grosso Grive, est plus gros que la Grive ordinaire. Sa taille est de onze pouces; le plumage est brun olivâtre en dessus, jaunâtre en dessous, avec des taches brunes lancéolées et ovales; le dessous des ailes est blanc. — Cet Oiseau a les mêmes mœurs que la Grive, mais il est moins estimé comme gibier; son carac- tère est plus défiant, et il se laisse rarement prendre au piège. Il vit de Chenilles, de Lima- çons, et de fruits succulents, tels que le raisin, les cerises, les baies de genièvre, de Lierre, et surtout de Gui ; et comme les graines de cette dernière plante ne sont pas altérées par la diges- tion, l’Oiseau les dépose au loin, enveloppées de sa fiente, et contribue de la sorte à ressemer le Gui, qui vil parasite sur le Chêne et le Pommier. Les Draines, outre leur défiance naturelle. Meule doré ( Turdus aureus) . FAMILLE DES TLRDIDËS. 221 ont une humeur querelleuse, qui les fait se battre souvent entre elles; mais, quand il s’agit d’attaquer ou de repousser un Oiseau plus fort qu’elles, elles se réunissent avec empressement contre l’ennemi commun; c’est ainsi qu’on les voit attaquer les Coucous, les Corbeaux, les Pies-Grièches, les Chouettes, et même les Rapaces diurnes, tels que l’Épervier, l’Émeri lion, la Crécerelle. Cette Espèce est répandue en Europe; elle est de passage dans le Midi de la France, et sédentaire dans les provinces septentrionales. Elle niche dès le commencement du printemps; son nid, artistement construit, renferme quatre ou cinq œufs oblongs, d’un blanc grisâtre ou roussâtre, tacheté de brun rougeâtre; leur grand axe est de treize lignes, le petit axe de huit lignes et demie. Le M'EBlk Litornu [Turdus pii avis, de Linné), vulgairement nommé Tuurdelle , est long de dix pouces; son plu- mage est brun châtain en dessus , blanc en dessous, avec la tête et la nuque cendrées , la gorge et la poitrine tachetées de noir; le liée est noirâtre à sa pointe, et jaunâtre dans le reste de son étendue; les pieds et l’iris sont bru- nâtres. La Litorne habite les fo- rêts du Nord de l’Europe, et se montre de passage régulier en France ; c’est l’Espèce qui arrive et émi- gre le plus tard; sa chair m i:nu: i.noitisiv (Turdus pitarisj. est moins estimée que Celle du Mauvis et de la Draine. Elle niche sur les arbres élevés; sa ponte est de quatre à six œufs, d’un gris verdâtre, tacheté de rouille; leur grand axe est de douze lignes, et le petit axe de huit lignes et demie. Le Miüilk Mauvis ( Turdus ï/incus , de Linné) est long de neuf pouces; son plumage est brun olive en dessus, blanc tacheté de noir en dessous; les flancs sont d’un roux vif; les yeux sont surmon- tés d’une large raie sour- cilière blanchâtre ; le bec- est brun, ainsi que l’iris; les pieds sont grisâtres. — Get Oiseau habite le Nord de l’Europe , et passe an- nuellement en France; il niche sur les Sorbiers , les Sureaux, les Aulnes; sa ponte est de cinq ou six œufs d’un blanc verdâtre, tacheté de noir. Il a le vol a ~ i iv • Mkki.k Mauvis (Tardas iliacus). plus rapide que la Drame et la Grive; sa chair esl aussi délicate que celle de cette dernière. T12 PASSE R E A U X I) Æ 0 1) A C T Y L ES 1 ) E N T 1 R 0 S T R E S. Le Meule Giiivrou ( Turdus olivaceus , de Latham) est une Espèce africaine, analogue à notre Grive commune; il fait entendre le même cri d’appel, zipp, zipp; dans la saison des œufs, le mâle a un chant sifflé, qu’il commence une heure avant le lever du soleil, et qu’il continue le soir, quelquefois même pendant toute la nuit. Cet Oiseau est de passage au cap de Bonne-Espérance; le passage dure quinze jours. 11 fréquente les lieux humides, et donne la chasse aux Insectes, le long des haies et des buissons. Sa taille est de huit pouces et demi ; les parties supérieures sont d’un brun olivâtre; le devant du cou et la poitrine sont brunâtres, nuancés d’orangé; la gorge est blanchâtre, striée de brun; le reste des parties inférieures est d’un jaune orangé, le bec et les pieds sont jaunes. Le Merle de roche (Turdus saxatilis , de Linné; Petrocinclu saxatilis, de Vigors) , Espèce européenne, a le fond du plumage roux, ou roussàtre en dessous; la tête et le cou sont d’un bleu cendré, le dos noir, tacheté d’un peu de blanc au milieu, d’ün blanc pur au croupion; les deux rectrices médianes sont plus courtes que les autres, et d’un brun moins ardent; le bec et les pieds sont noirâtres , l’iris brun clair. — Il habite le Midi de l’Europe; il est beaucoup plus insectivore que les Merles et les Grives; il se tient, l’été, sur les hautes montagnes nues, et, à l’au- tomne, il descend sur les coteaux arides ; il aime à se percher sur les branches mortes qui couronnent le sommet des arbres; il fré- quente les vieux édifices, et pénètre même quelque- fois dans les villes. A l’au- tomne , il se nourrit des baies du Pistachier Lentis- que et de figues , qui don- nent à sa chair un goût excellent. Il niche dans les fentes des rochers et des vieilles tours; sa ponte est de quatre ou cinq œufs, presque ronds, d’un blanc verdâtre, sans taches, dont le grand axe est de douze lignes, et le petit de huit lignes. Son naturel est solitaire, et jamais il n’émigre en bande. Le Merle bleu ( Turdus cyaneus , de Linné; Petrocincla cyanea, de Keyserling) habite l’Europe méditerranéenne. Sa taille est de huit pouces et demi, son plumage est d’un bien assez foncé, à reflets partout ailleurs qu’aux ailes et à la queue; les deux rectrices médianes de la queue sont un peu plus longues que les autres; le bec et les pieds sont noirâtres, et l’iris brun foncé. — Cet Oiseau est encore plus insectivore que le Merle de roche, et il ne se repose que rarement sur les arbres ; il préfère le sommet des rochers et des édifices , et il y établit son nid, composé de feuilles, de racines, de bourre et de crins; sa voix est suave et mélancolique; il vit solitaire, comme l’Espèce précédente; sa ponte est de cinq ou six œufs oblongs, d’un bleu verdâtre, pâle et sans taches; leur grand axe est de douze lignes, le petit axe de huit lignes et demie. Le Merle Rocar ( Turdus rupestris, de Latham) est une Espèce africaine , analogue au Merle de roche de nos climats : il a huit pouces de longueur; les parties supérieures sont brunes, avec le bord des plumes roux, la gorge et le cou d’un gris bleuâtre, les rémiges d’un gris foncé, bordées de bleuâtre; la croupe, les rectrices latérales et les parties inférieures, Merle de roche (Turdus saxatilis). FAMILLE DES Tl) RDI DÛS. 22 J d’un roux vif, le bec et les pieds noirs. — Cet Oiseau est très-méfiant, et difficile à obtenir, parce qu’il se percbe toujours au-dessus des précipices, et niche dans les cavités des rochers, oii il est impossible de pénétrer, lors môme qu’on a trouvé l’entrée du trou. Sa voix est très- belle, et il possède la faculté d’imiter celle des autres animaux. Le Merle Espion (Turdus explorator, de Vieillot) est une Espèce très-voisine, comme le Rocar, du Merle de roche, et appartenant aussi à l’Afrique méridionale. Sa taille est de huit pouces; les parties supérieures sont brunes; les tectrices de l’aile et les rémiges sont noi- râtres, bordées de blanc ; la tête, le cou et les scapulaires, sont d’un gris bleuâtre; les tec- trices caudales et les rectrices latérales sont rousses; la poitrine est d’un roux marron, le ventre est roussâtre ; le bec et les pieds sont noirs. — L’Espion vit sur les montagnes, parmi les rochers, et y élève ses petits; il est plus svelte, plus agile que le Rocar, et ses ailes ont plus d’envergure. La chasse de cet Oiseau est très-difficile : il semble se moquer du chasseur, en s’éloignant à mesure que celui-ci s’approche, et se posant toujours à distance sûre; arrivé sur un rocher, il se retourne vite, pour ne pas perdre de vue celui qui a l’air de le poursuivre; il le nargue alors, en se redressant brusquement, relevant sa queue épanouie, battant des ailes, et poussant un cri aigu. Si le chasseur, lassé de ses courses inutiles, se cache derrière une roche pour le guetter et l’attendre, l’Espion vient aussitôt, par un grand détour, se poster de manière à découvrir son ennemi, et à surveiller tous ses mouvements. Il faut une grande dextérité pour le tirer, car, aussitôt que la pierre frappe le bassinet , il se plonge à terre , et évite le plomb; si on le manque, il se tient caché pour longtemps ; s’il est blessé, il se traîne- sous quelque roche , où il meurt , victime inutile. Le seul moyen de le tirer à coup sûr est*de cacher le fusil dans une broussaille, et de se montrer ensuite les mains vides, sans paraître s’occuper de lui; on le voit d’abord se poser, et suivre de loin tous les détours du chasseur. Mais quand il aperçoit que l’homme est sans arme ou sans bâton , il s’approchera davantage : à mesure qu’il perdra de sa défiance , il faut gagner insensiblement le lieu où est caché l’instrument de mort, et, au moment favorable, on le tirera à bonne portée. Il est moins timide dans la saison des œufs; lorsqu’on a découvert le lieu où est caché leur nid, le mâle et la femelle le défendent, sans craindre l’approche du ravisseur. Au reste, ce nid est situé si profondément dans les trous des rochers, qu’il est presque impossible de s’en rendre maître. Le Merle Réclameur (Turdus réel amator, de Vieillot) a sept pouces de longueur, les parties supérieures brunes, variées de gris bleuâtre et d’olivâtre, les rémiges noires, bordées de gris bleuâtre, les rectrices intermédiaires noirâtres, les latérales jaunes, bordées de noir, les parties inférieures fauves, le bec cendré, les pieds jaunes. — Cet Oiseau a un cri d’appel fort bizarre, qui remplit de terreur l’âme superstitieuse d’un des Hottentots, compagnons de Levaillant. Ce pauvre garçon , nommé Piet , ayant tué une femelle de l’Espèce en question, entendit un mâle répéter sans cesse autour de lui : Piet, myn vroiv ! Ces mots, qui, en hollandais, signifient : Pierre , ma feimne , lui semblèrent une réclamation de l’Oiseau qu’il avait privé de sa compagne, et, depuis ce moment, il ne voulut plus tirer sur cette espèce de Merle : de là le nom de Réclameur, que Levaillant lui a donné. Outre ce cri d’appel, le mâle chante d’une voix élevée et mélodieuse, dans la saison des œufs, le matin, le soir, et même pendant la nuit; il se tient sur la cime la plus élevée des arbres, et il est facile de l’approcher quand il chante. Le Merle Importun (Turdus importunus , de Vieillot) a les mêmes formes et la même taille que le Réclameur; le dessus est d’un vert olivâtre; les rémiges et les rectrices latérales sont bordées de jaunâtre; les parties inférieures sont d’un vert foncé; le bec et les pieds sont bruns. — Il est aussi turbulent, mais moins divertissant que le Réclameur ; son chant n’est autre chose qu’un pit pit continuel. Il est très-commun le long des côtes orientales de l’Afrique. Levaillant était importuné par ces Oiseaux, qui le suivaient en voltigeant d’arbre en arbre, et l’empêchaient de chasser d’autre gibier : ils le cernaient dans son camp, et, quand il voulait travailler, il lui fallait se débarrasser à coups de fusil de ces Oiseaux curieux et bavards. 22 \ PA S SE 11E AUX DÆOI) VCTYLËS DE N TI RO ST 11 ES. Le J kan Frédric ( Turdus phœnicurus , de Latham) appartient à une section du grand Cenre des Merles, dont les Espèces ont le bec court, faible, fléchi dès la base, les pieds courts, les ongles grêles. Il a six pouces et demi de longueur, les parties supérieures d’un brun olivâtre, le front et les sourcils blancs, l’auréole des yeux noire; la gorge, la poitrine, la croupe et les rectricés latérales, d’un rouge vif; la queue étagée, le bec et les pieds cendrés. Le bec grêle de cette Espèce la rapproche des Traqûets , dont nous parlerons bientôt. — Cet Oiseau s’est donné lui-même son nom de Jean Frédric : le mâle répète ces trois syllabes, le matin et le soir, sur tous les tons; il modifie sa phrase de manière à dire Jean Frédric, dric dric Frédric , avec mouvement de queue et battement d’ailes. Il court à terre avec rapi- dité; sa vue est perçante, et distingue de loin le plus chétif Insecte; il est très-curieux, et peu farouche : il suffit, pour l’attirer, de remuer un peu la terre; il donne dans tous les pièges, mais il meurt en esclavage. C’est le mâle seul qui chante; la femelle n’a qu’un tic tic , ana- logue au cri du Rouge-Gorge. Le Jean Frédric abonde dans le Sud de l’Afrique, ou on le recherche à cause de la délicatesse de sa chair. Nous terminerons le Genre des Merles par l’histoire du Merle Polyglotte ( Turdus polyglottns , de Linné; Orpheus leucoptems , de Vigors) , que l’on connaît, dans l’Amérique septentrionale, sous le nom de Moqueur. Il appartient à une Section où le bec est plus mince et plus convexe que dans les Merles, Grives, Mau vis, Draines, etc. Sa taille est de neuf pouces; les parties supérieures sont d’un gris brunâtre : une grande tache oblique se fait remarquer sur les tectrices de l’aile, accompagnée ordinairement de petites mouchetures; les sourcils sont blancs; les rectriçes sont très-étagées , noirâtres, bordées de blanc; les parties inférieures blanchâtres, tachetées de blanc; le bec et les pieds noirs. — Le cri habituel de cet Oiseau a une expression triste; mais, dans la saison des œufs, le chant du mâle est d’une mélodie ravissante : « L’Européen, qui entend cette voix vigoureuse et passionnée à travers le feuillage du Magnolia de la Louisiane, la compare avec l’hymne nocturne du Rossignol, et ressent, dit Audubon, un secret mépris pour ce qu’il admirait autrefois. Le Bignonia et les Vmpelopsis s’enlacent autour des gros arbres, les dépassent, les couronnent, et retombent en festons; des fleurs balsamiques, des grappes mûrissantes, des corvmbes empourprés, une atmosphère tiède et lumineuse enivrent tous vos sens à la fois. Levez les yeux : sur une branche de Magnolia la femelle repose; le mâle, aussi léger que le Papillon, décrit autour < Telle des cercles rapides, remonte, descend, remonte encore, ses belles plumes un peu déve- loppées, saluant de la tête sa douce compagne, et, toutes les fois que son vol s’élance vers le ciel , recommençant son chant de joie, le plus brillant de tous les chants. R ne débute pas, comme le Rossignol , par de longs et mélancoliques soupirs : il attaque franchement son thème musical , qu’il module ensuite, qu’il gradue, qu’il varie avec un art incroyable, ayant soin de faire entrer dans la composition de son œuvre l’imitation des plus doux bruits dont la nature lui a fourni le modèle, le murmure des feuilles, le roulement lointain de la cataracte, le gazouillement du ruisseau voisin. Ce chant accompagne son vol , mais ce n’est qu’un prélude encore. Lorsqu’il vient se poser sur le rameau qui soutient. sa compagne, ses notes deviennent moins brillantes, plus moelleuses, plus exquises. Puis il repart, s’abaisse, remonte, parcourt de l’œil tous les environs, pour s’assurer que nul ennemi ne menace son repos; il bat des ailes, et semble, par ses mouvements cadencés, exécuter dans les airs une danse folâtre; puis, il revient se percher près de sa compagne, et, pour finale de ce grand concerto, lui donne la traduction la plus exacte de toutes les mélodies, de tous les cris, de tous les sifflements, de tous les accents qui appartiennent aux autres Oiseaux, et même aux Quadru- pèdes : c’est l’aboiement du Chien, le beuglement du Bison, le miaulement du Chat-Cervier ; c’est le chant de la Linotte et de la Perdrix, le glapissement du Renard et le caquet de la Poule; c’est la voix stridente du Hibou, voix si fidèlement imitée, qu’elle jette la terreur parmi les petits Oiseaux du voisinage, et les met en fuite au milieu du jour, comme si leur ennemi nocturne les poursuivait à la clarté du soleil. Enfin, une note particulière de la femelle se fail 225 FAMILLE DES TURDIDÉS. entendre, c’est un son triste, étouffé, qui impose silence au Moqueur; aussitôt celui-ci cesse son chant , et le couple s’occupe à chercher un lieu favorable pour l’établissement de son nid. Ce nid est toujours placé à la proximité de quelque maison habitée; le Polyglotte sait que son langage amuse l’homme, et il n’est nullement farouche. C’est sur l’Oranger, le Figuier, le Poirier, à la jonction de deux rameaux, qu’il construit le petit édifice : cinq œufs y sont déposés; leur forme est ovale, ramassée, leur couleur est d’un vert léger, tacheté de brun. [1 y a trois couvées, de deux mois en deux mois, du printemps à l’automne. Pendant l’incu- bation, le mâle va chercher des Insectes, et les apporte à sa femelle, qui le remercie par un petit cri plein de tendresse; celle-ci ne s’éloigne que rarement de son nid, pour se rafraîchir ou se rouler dans le sable; si, à son retour, elle trouve un de ses œufs déplacé, elle pousse un cri bas et triste, qui fait accourir son compagnon, et on les voit se consoler mutuellement. Ne croyez pas que, pour cela, elle abandonne ses œufs : elle redouble, au contraire, d’assi- duités et de soins, et ne les quitte plus jusqu’à l’éclosion; lorsque cette dernière époque est sur le point d’arriver, la mère se laisse prendre dans son nid plutôt que de l’abandonner. L’incubation dure quinze jours, et les petits, également, ont quinze jours d’enfance : pendant ce temps, leurs parents les nourrissent avec des vermisseaux. Les planteurs respectent ces aimables voisins, et défendent à leurs enfants de les inquiéter; leurs ennemis les plus dan- gereux sont les Chats domestiques et les Serpents. Quant aux Oiseaux de proie, il en est peu qui attaquent le Moqueur, car il se défend toujours avec énergie, et va même au-devant de l’agresseur; le seul qui le surprenne quelquefois, est le Faucon de Stanley. Ce Faucon vole bas, et enlève le Moqueur sans s’arrêter; mais, s’il manque son coup, le Passereau devient l’assaillant à son tour; il poursuit le brigand, en appelant à lui ses pareils, et, quoiqu’il ne puisse atteindre le Faucon, l’alarme donnée, mettant tout le monde sur ses gardes, décon- certe le maraudeur. » Les Polyglottes de la Louisiane n’émigrent pas ; vers la fin d’octobre arrivent du Nord des émigrants, que les sédentaires reçoivent d’abord à coups de bec; cet accueil intimide singu- lièrement les nouveaux venus, mais, pendant l’hiver, la sociabilité se rétablit. Le Moqueur s’apprivoise facilement, et suit l’homme comme un Chien; quelquefois il sort, et va chanter dans les bois, puis il revient quand revient son maître, mais l’éducation ne perfectionne point ses qualités musicales. Genre MARTIN ( Graculn , de Cuvier). Le bec est encore allongé, droit, comprimé, courbé vers la pointe, qui est légèrement écbancrée ; les narines sont basales, ovales, recou- vertes par une membrane en partie emplumée ; le tour des yeux est nu ; les ailes sont lon- gues, pointues; les tarses allongés, nus. Les Mutins sont des Oiseaux sociables, qui se dispersent dans le jour pour chercher pâture, et se réunissent le soir sur un même arbre où ils babillent confusément jusqu’à la nuit. Leur vol est vif et saccadé, et leur caractère peu défiant. Ces Oiseaux sont insectivores par excel- lence. Ils détruisent surtout les Sauterelles et Criquets, qu’ils dévorent à l’état de larve et d’œuf aussi bien qu’à l’état parfait. Ils émigrent par bandes considérables. Le Martin triste ( Gracula tristis, de Latham ; Paradisea tristis , de Gmelin) habite le Bengale, l’île de France et Java. 11 a la tête et le cou noirâtres; le dessus du corps d’un brun marron, la poitrine et la gorge grises. C’est cette Espèce que Poivre, intendant de l’île Bourbon, fit venir des Indes pour faire la guerre à des Sauterelles qui, ayant été apportées de Madagascar, dans de la terre, à l’état d’œufs, s’y étaient développées et multipliées d’une manière effrayante. Le Martin triste fixe son nid, grossièrement construit, aux aisselles des feuilles du Palmier-Latanier ; quelquefois même il l’établit dans les greniers ; il y pond quatre à six œufs, et fait deux couvées par an. Le Martin roselin (Acridotheres roseus, de Vieillot) a la tête, le cou, les rémiges et les rectrices noirs , avec des reflets verts et pourpres ; la poitrine , le ventre , le dos , le croupion et les petites couvertures des ailes sont roses. La taille est de huit pouces. 29 226 Martin rosi: un ( Acridotheres rosetts). PA S S K H E A l \ IJ EO 1) A C T Y L E S I) E N T f li O ST 1! E S. Cette Espèce habite 1 Afrique et I Asie; elle est accidentellement de passage dans l’Europe méridionale , et visite irrégu- lièrement la France. Il en passa beaucoup dans le Midi de la France , en 1837 et 1838; M. Crespon les a vu séjourner pendant un mois aux environs de Nîmes ; il en trouvait tous les matins dans les Luzernes, chassant les Sauterelles. Ceux , pris aux filets, qu'il conserva en volière , étaient d’un naturel gai , pétulant , et devinrent très-familiers, lin d’eux par- vint à prononcer quelques mots, qu’on lui répétait sou- vent. Il chantait du matin au soir en toute saison. M. Nordmann, auteur d’une Faune de Ut Mer nuire, rapporte que les Arméniens et les Tar- tares considèrent le Roselin comme un Oiseau destiné par la Providence à la destruction des Sauterelles. Quand ils sont menacés d’une invasion de ces Insectes , ils vont puiser, à une source qui coule au pied du mont Arara, une eau qu’ils regardent comme sacrée, et dès que l’eau est arrivée dans leur pays, les Martins paraissent pour commencer la destruction. Le Martin roselin choisit, pour faire ses deux pontes annuelles, les gradins escarpés des montagnes ou les ruines des édifices, et quelquefois les arbres creux. Chaque ponte est de quatre à six œufs. Philedon, de Cuvier (cpiJvÉw, aimer, -Tjouç , doux). Le bec est mé- diocre, un peu convexe en dessus, fléchi et aigu à la pointe •lui est légèrement échancrée ; les narines sont grandes , cou- vertes par une écaille cartilagineuse, et leur langue est terminée par un pinceau de poils. Les Philédons sont, pour la plupart, insectivores et melli- vores; tous appartiennent à l’Australie et aux grandes Jndes. Le Philédon Goruck ( Philedon Goruck , de Cuvier) a toutes les parties supérieures d’un vert foncé rembruni , la plu- part des plumes frangées et terminées de blanc, l’espace entre l'œil et le bec et la peau nue des joues rougeâtres. — Il habite la Nouvelle-Galles du Sud, et guerroie sans cesse avec le Perroquet à ventre blanc, auquel il dispute le miel , qui est leur aliment commun. Le Philédon a cravatte frisée {Philedon Cincinnatus , de Cuvier) a le plumage d’un noir verdâtre, très-brillant sur quelques parties du corps ; un croissant d’un beau bleu forme un large demi-collier sur le devant du cou , dont les plumes sont longues, effilées et frisées à leur pointe; les tectrices caudales sont bleues. Genre GRALLINE ( Grallina , de Vieillot). Le bec est médiocre, allongé, convexe; les ailes longues et pointues ; les tarses, longs et robustes, donnent à l’Oiseau l’apparence d’un échassier : de là le nom générique. La Gralline noire et blanche [Grallina melanoleuca , de Vieillot) a le dessus noir, ainsi que la gorge, le haut de la poitrine et l’extrémité de la queue; les parties inférieures, les sourcils, les côtés du cou , le croupion , une large bande sur les ailes et l’origine de la queue, Genre PHILEDON FAMILLE DES TL R DI DÉ S. 227 sont d’un blanc pur; le bout du bec et les pieds sont noirs. La taille est de onze pouces. Cette Espèce habite la Nouvelle-Hollande. (iiui.LiNE noire et rlancue ( (îr'allina melanoleuca ) . Genre GO U LIN, Gymnops , de Cuvier (yup.voç, œil nu). Le bec est triangulaire, un peu plus fort que celui des Merles ; les narines sont rondes, sans écailles et sans entou- rage membraneux ; les joues sont revêtues d’une peau nue ; les tarses sont robustes, médiocres, largement écussonnés. Le G o cl in chauve ( Gracula culva , de Gmelin) habite les Philippines; son plumage est gris, le bec et les pieds sont bruns; la peau nue de la tête est hérissée de papilles érectiles, qui prennent une couleur rouge quand l’Oiseau est irrité. Cette Espèce est vorace , se nourrit de fruits , niche dans les trous des arbres , et notam- ment du Cocotier. Genre LORIOT (Oriolus , de Linné). Le bec est triangulaire, comprimé à la pointe; les narines sont nues, ovales, percées dans une membrane; les tarses sont courts, fortement écussonnés ; les ailes allongées , la queue échancrée. Le Loriot jaune ( Oriolus Golbula, de Linné), vulgairement dit Loriot, Compère Loriot, est une des plus belles Espèces d’Oiseaux que nous ayons en Europe : sa taille est à peu près celle du Merle; le mâle est d’un beau jaune ; les ailes, la queue, et une tache entre l’œil et le bec sont noirs, le bout de la queue est jaune; mais dans sa jeunesse, il a (comme la femelle pendant toute sa vie) le jaune remplacé par de l’olivâtre, et le noir par du brun. Le passage du Loriot a lieu au mois d’avril, quand il revient d’Afrique, et au mois d’août, quand il y retourne pour passer l’hiver. Dès leur arrivée, les Loriots s’apparient , et travaillent à leur nid, qu’ils établissent sur de grands arbres, dont la construction est admirable; ils l’attachent à la bifurcation de deux petites branches , enlacent autour des deux rameaux qui forment cette bifurcation de longs brins de paille, de chanvre ou de laine, dont les uns, allant droit d’un rameau à l’autre, forment le bord du nid par-devant, et les autres, pénétrant dans son tissu en passant par-dessous , et venant se fixer à la branche opposée , donnent de la soli- dité à l’ouvrage. L’intérieur du nid est tapissé d’une couche de mousse, de toiles d’Araignées , de soies de Chenilles et de plumes, sur lesquelles la femelle dépose quatre ou cinq œufs allongés, blanchâtres, semés de petites taches d’un brun noirâtre, dont le grand axe est de douze lignes, le petit axe de huit lignes. — C’est avec des Insectes et des Larves que les Loriots alimentent leurs petits. Ils les défendent contre leurs ennemis, et même contre l’homme. Guéneau de 228 PA S S E R E A U X DÆO DACTYLES I) E N T I K O S T RJ-] S Loriot jaune ( Orioius Galbula). Montbelliard rapporte qu’une mère, enlevée avec son nid, est morte en cage avec ses œufs, sans les abandonner. — Les Loriots mangent, outre les Insectes, des cerises et des baies succulentes, quand ces fruits sont mûrs; et alors leur chair devient grasse et savoureuse. Ils s’habituent diflicilement à la captivité, et il est rare qu’on puisse conserver un Loriot en cage plus de trois ou quatre mois. L’alimentation qui réussit le mieux est un mélange de mie de pain, de chènevis broyé et de viande cuite; il est aussi, comme le Rossignol, très-friand de Vers de farine. TRIBU des AMPÉLIENS [Genres AMP ELIS et MUSC IC AP A, de Linné.) Les Oiseaux de cette Tribu ont le bec court, déprimé, large à sa base, très-fendu jusqu’au dessous des yeux, à pointe plus ou moins échancrée ; ils sont insectivores et frugivores, et mangent quelquefois de petits Vertébrés. FAMILLE DES TURDllËS. 22î) SYNOPSIS DES GENRES DE LA TRIBU DES AM PÉ LIEN S. Bec légèrement argué, allongé. Tête surmontée d’une huppe érigible Céphaloptère. Ccphalopterus. Tête à téguments ordinaires Cor ac in e. Coracina. Tête dénudée assez élevé, prismatique. G Y M N 0 C É P H A L E. Gymnocephala . Arête supérieure très-marquée ’ . A rête supérieure mousse , I) RONGO. Edolius. Plumes du croupion roides Plumes ordinaires , Éc HE N ILLE U R. Ceblepyris. Narines couvertes Narines non couvertes. Bombycilla . Queue fourchue • Phi B ALU R E. Phibalura. Queue carrée Mandibule supérieure convexe , sans arête dis - C 0 T I N G A . Ampelis. tincte très-élargi et déprimé , G Y M N 0 1) È R E. Gymnodera. à bords latéraux rectilignes T E USINE. Procnias. il bords latéraux concaves Bec sensiblement droit jusqu’il la pointe , assez élevé , A VER AN 0. Chasmarhyuchos. avec crochet terminal très-marqué Tyran. Tyran-nus. avec crochet terminal faible Gobe-Mouches. Muscicapa. déprimé , et il bords latéraux rectilignes . . . M OUCHEROLLE. Muscipeta. très-déprimé , et il bords latéraux convexes P L A T Y R H Y N Q U E. Platyrhynchos. Genre CÉPHALOPTÈRE, Ccphalopterus , de Geoffroy ( xecfaXr) , 7TT£pov , tête ailée ) Le bec est puissant, allongé, triangulaire, à pointe crocbue et dentée; les narines sont en croissant , et ouvertes dans une membrane sur une large l'osse nasale ; les pieds sont courts , robustes , à doigts latéraux allongés ; les ailes longues , la queue courte. La tête est surmontée d’une buppe épanouie en parasol ; la partie antérieure du cou est dénudée, un large fanon de plumes retombe sur le thorax. Le Céphaloptère orné ( Ccphalopterus ornatus , de Geoffroy) est de la grosseur d’une Corneille ; son plumage en a la teinte noire à reflets bleus; les plumes du vertex ont leurs tiges dénudées et rayonnantes , puis garnies de- barbes qui s’épanouissent en élégant parasol.. Cette Espèce habite les forêts du Brésil, et tout annonce qu’elle est baccivore. Genre CORACINE, Coracina, de Vieillot (xopa?;, Corbeau). Le bec est fort, droit, en triangle allongé, à extrémité légèrement cro- chue et échancrée ; les narines sont frontales ,. ovalaires , en partie cachées par les plumes CÉPIIM.OPTÈHi: ORNÉ. P A S S E B E A l X DÆ 0 1 ) A C T V L E S I ) E N T I H 0 S T II E S. 230 implantées très avant sur la mandibule; les tarses sont courts, à doigt externe prolongé; les ailes sont subobtuses. lia Coracine ensanglantée ou Pavaô ( Coracina scutata , de Temminck) est une Espèce du Nouveau Monde, qui a quinze pouces de longueur, tout le plumage noir, à l’excep- tion d’un plastron rouge vif, qui s’étend depuis le haut de la gorge jusque bien avant sur la poitrine, et offre l’aspect d’une large blessure ; le bec est jaunâtre, l’iris et les pieds d’un gris bleuâtre. La femelle a les couleurs rouges plus ternes et moins tranchées sur le fond noir ; elle a le bec brun. Le Pavaô est un des Oiseaux les plus sauvages de l’Amérique méridionale; c’est dans les forêts vierges du Brésil, sous les sombres voûtes de verdure supportées par les élégantes colonnes des Palmistes, qu’il vit solitaire pendant une partie de l’année, sans jamais sortir des fourrés où croissent ses arbres favoris. Lorsque les fruits du Laurier à glands sont mûrs, il s’en nourrit, ayant pour commensaux les Toucans, avec lesquels il vit en bonne intelligence; mais, quand l’abondance diminue, il retourne à son isolement, et consomme alors une grande quantité de baies de Myrtacées, surtout celles du Jnbuticaba, qui renferment une pulpe aigrelette. Les chasseurs regardent le Pavaô comme un excellent gibier ; ils l’at- tendent à l’affût, ou bien, marchant en silence et avec précaution au milieu des hautes herbes qui cachent le Serpent à sonnettes, ils se dirigent vers le lieu d’oii partent' les accents sonores du Pavaô : ce cri s’exprime par les syllabes b ou bon bou , et ressemble au son de la trompe employée dans certains pays pour rassembler les troupeaux. Genre GYMNOCEPHALE, Gymnocephala , de Geoffroy (yuizvôç, nu, xscpaXy), tête). Le bec est large, triangulaire, très-fendu, recourbé, crochu, à arête convexe et vive ; les narines sont arrondies, grandes, percées dans une membrane; les commissures du bec sont ciliées, les ongles longs; une partie de la face et de la tête est dénudée. Le GymiÎocepiiale capucin ( Gymnocephala capucina, de Lesson ; Corvus cal vus , de Gmelin), nommé, par Buffon . le Choucas - chauve , et par les nègres de Cayenne, Oiseau - mon-père , habite la Guyane; il a la taille d’une Corneille; son plumage est de couleur tabac d'Espagne, et ses ailes sont noires. Gymnocéphvle capucin. G e N r e I) B O N G O ( Edolius arête supérieure est vive ; les deux mandibules sont légère- ment arquées dans toute leur longueur ; les narines sont couvertes de plumes , et il existe en outre de longs poils qui forment des moustaches. Les ailes sont subaiguës ; la queue, plus ou moins four- chue, est composée de douze rectrices. — Les Drongos ha- bitent les pays qui bordent la mer des Indes. Le Drongo huppé ( La - nius forficatus, de Gmelin) est de la taille de notre Grive des vignes; son plumage est noir, à reflet irisé vert ; une huppe , de Cuvier). Le bec est déprimé et éehancré au bout; son Drongo huppé ( LmUits forficatus,' . FAMILLE DES TU DD I DÉS. 231 formée île longues plumes étroites s’élève immédiatement sur le front, et so recourbe eu avant sur le bec ; le bec, les pieds et les ongles sont noirs; l’œil est brun. Les Drongos habitent les forêts par petites troupes ; ils en sortent le soir et le matin, avant et après le coucher du soleil , et se tiennent sur la lisière, pour guetter les Abeilles qui vont à la picorée ou qui en reviennent. C’est une scène fort animée que ce manège d’une trentaine d’Oiseaux voltigeant pêle-mêle autour d’un arbre et donnant la chasse aux Abeilles, suivant leurs crochets multipliés, et les saisissant au vol, ou, s’ils ont manqué leur proie, revirant lestement pour en attraper une autre, avec pirouettes et cabrioles dans tous les sens, puis venant se reposer après avoir happé l’Abeille, et accompagnant leurs évolutions d’un cri, pia, griacli griali, qu’ils répètent sur un grand nombre de tons. « Ce manège nocturne, dit Levait lant, est regardé par les Hottentots comme une conversation de ces Oiseaux avec les sorciers; de là l’épithète de diabolique , que le Drongo a reçue de ces peuples superstitieux. » Genre ÉC II EN ILLE U R, Ceblepyris , de Cuvier (nom grec d’un Oiseau inconnu). Le bec est triangulaire , convexe en dessus, terminé en pointe recourbée et dentée, et ciliée à la commissure; les ailes sont subobtuses, les tarses courts, la queue un peu fourchue, les plumes du croupion roides et piquantes. - — Ces Oiseaux habitent l’Afrique et les Indes, et y vivent de chenilles. L’Echenilleur rouge ( Ceblepyris phœnicopterus , de Temminck) est noir, avec des épaulettes rouges ; la femelle ÉCUENILLEUR. est variée de jaune, de noir et de gris. Genre JASEUH {Bombycilla , de Brisson). Le bec est court, triangulaire à sa base ; les narines sont basales et cachées par des plumes ; les tarses sont courts, les ailes médiocres, la queue arrondie. — Les Jaseurs habitent le nord des deux continents. Jasedh dk Bohême ( .impolis garrulvs). Le J as eur de Bohême ( Bombycilla garrula, de Vieillot; Ampelis garrulus , de Linné) est un peu plus grand qu’un Moineau ; le plumage offre une agréable distribution de teintes grises et vineuses; la gorge est noire, la queue noire, bordée de jaune, et l’aile noire, variée de blanc; la tête est ornée d’un toupet de plumes un peu plus allongées que les autres, et les pennes secondaires de l’aile sont élargies à leur extrémité en un disque ovale, lisse et rouge. Le Jaseur est très-silencieux, malgré le nom qu’il porte; il ne fait entendre qu’un cri faible, n-i PASSER K AU X I) Æ (J I ) A G T Y L E S DE N T 1 R 0 S T R E S. zi, zi, zi. Il habite, pendant l’été, le nord de l’Europe; et là, peut-être, à l’époque de la ponte et de l’incubation des œufs , son ramage est plus accentué , plus bruyant que dans les pays oii il vient passer l’hiver ; il émigre régulièrement dans les contrées orientales, mais il ne paraît qu’accidentellement dans nos régions tempérées, ce qui l’a fait regarder comme un Oiseau de mauvais augure; il voyage toujours en grandes, troupes , est stupide, facile à prendre, et mange de tout. Sa chair est, dit-on, d’un goût exquis. Il niche dans les fentes de rochers, et pond quatre à six œufs oblongs, d’un blanc sale, pointillé et tacheté de noir ; leur grand axe est de neuf lignes, le petit axe est de sept lignes. Genre PHIBÀLURE, Phibalura, de Vieillot (îpiêaXo;, grêle, oüpoc, queue). Ee bec est court, arqué comme celui des Drongos; les narines ne sont pas couvertes; la queue esl pro- fondément fourchue. — Ce Genre est américain. Le Piiibalure a bec. jaune (Phibalura flavirostris , de Vieillot) habite le Brésil, où on le nomme Tanmanack ; son plumage est tacheté de noir et de jaune, avec du rouge aux plumes de la tête. Genre COTINGA ( Ampelis , de Linné). Le bec est triangulaire, peu élevé, recourbé à la pointe; les narines sont basales, arrondies, et recouvertes par des poils; les ailes sont longues, aiguës ; la queue est médiocre et élargie ; les tarses sont à peu près de la longueur du doigt médian. — Les Cotingas sont des Oiseaux de l’Amé- rique équatoriale, remarquables par l’éclat de leur plumage. Les religieuses du Brésil mêlent ces plumes aux bouquets dont elles ornent leurs chapelles. Le Cotinga ouette (Ampelis car ni f ex , de Linné) est nommé par Buffon le Cotinga rouge de Cayenne ; son nom A1 Ouette exprime son cri. Sa taille est d’environ sept pouces; les parties supérieures sont d’un rouge sombre, qui s’éclaircit et devient écarlate vers la croupe et la queue ; la tête porte une espèce de huppe d’un rouge vif, composée de plumes étroites et roides ; l’extrémité des rectrices est d’un rouge brun ; les tectrices de l’aile sont d’un brun roux, bordées de rouge; les rémiges sont brunes - rougeâtres ; les parties infé- rieures sont rouges, nuancées de brun ; le bec est rougeâtre, les pieds jaunâtres et garnis en arrière d’un léger duvet. La femelle est dépourvue de huppe, et son plumage offre une teinte plus brune. Cet Oiseau, comme tous ses congénères, est sauvage, défiant et taciturne ; il vit solitaire dans les lieux humides et ombragés, mais il ne pénètre jamais dans l’intérieur des forêts; seulement, vers le milieu du jour, il gagne le penchant des mornes, à la hauteur où croît le Laurier à glands , dont les fruits font sa principale nourriture. De septembre à janvier, cet arbre suffit à l’alimentation de l’Ouette ; mais au moment de la maturité des graines de l’L va- ria, il voyage de contrée en contrée, visitant d’abord le Nord, où l’activité de la végétation lui fournit un butin précoce , puis le Sud , où les fruits sont plus tardifs. C’est dans la saison «les œufs que l’Ouette arrive dans les provinces méridionales du Brésil ; il place son nid sur les arbres les plus élevés, pour soustraire sa couvée aux attaques des Mammifères rongeurs, qui en sont très-friands. Le Cotinga cordon bleu (Ampelis cotinga , de Linné) est du plus beau bleu d’outre- mer, avec la poitrine violette, souvent traversée d’un large ruban bleu, et marquée de taches aurores. Le Cotinga Pompadour (Ampelis Pompadora, de Linné) est d’un brun pourpre clair, avec les rémiges blanches ; les tectrices ont les barbes roides et disposées sur deux plans , en angle aigu , comme un toit. PlIlllALÜRF. Oymnouèiu:. Tl- USINE. FAMILLE DES TURDIDÉS. 233 Genre G Y M N O D È R E , Gymnodera, de Geoffroy (yupoç, Ssçv), cou nu). Le bec est médiocre, triangulaire, élargi à la base , convexe , pointu ; les narines sont recouvertes par- les plumes veloutées du front ; le tour des yeux et les côtés du cou sont nus ; les ailes sont aiguës ; la queue égale , les tarses courts. Le G ym n on ère cou nu (Gymnodera fœtida, de Strickl ; Corvus nudus et fœtidus , de Linné) habite la Guyane; sa taille est celle d’un Pigeon ; son plumage est noir, et ses ailes bleuâtres. Genre TERSINE (Procnias , d’Illiger). Le bec est triangulaire , terminé en pointe vive , à mandibule supérieure convexe , pointue ; les narines sont ou- vertes, basales, percées dans une membrane nue ou en partie couverte par les plumes du front ; les tarses sont médiocres , les ailes aiguës , la queue échancrée. La Tersine bleue ( Procnias ventralis , d’Illiger ; Ampelis tersa , de Linné; Tersina cœrulea , de Vieillot) habite le Brésil, et se nourrit surtout d’insectes; son plumage est bleu vert, la gorge noire, le milieu du ventre blanc. La femelle est verte, rayée de jaune; la gorge et le front sont gris. — Le chant du mâle est un sifflement très-doux, qui a les plus grands rapports avec celui de notre Bouvreuil. Genre AVER A NO, Chasmarhynchos , de Temminck (y_a<>p.a, gouffre, §uyy_oç, bec). Le bec est très-déprimé , faible et flexible à la base , comprimé et corné à la pointe ; les fosses nasales sont très-amples, recouvertes par une membrane garnie de petites plumes rares ; les narines sont placées vers la pointe du bec ; les tarses sont plus longs que le doigt médian ; les ailes sont subobtuses. Le mâle est remarquable , soit par la nudité de la gorge et du devant du cou, soit par une caroncule charnue s’élevant de dessus le front. — Les Averanos appartien- nent à l’Amérique méridionale ; dans la saison des amours, ils font retentir les forêts de cris sonores, imitant le bruit du marteau sur l’enclume ou le tintement d’une cloche fêlée. Les Portugais ont donné à ces Oiseaux le nom de Ave de verano , parce que leur chant se fait entendre au retour du printemps. L’A verano guira-punga (Chasmarhynchos. variegata , de Temminck ; Ampelis varie- gata, de Gmelin) a la tête et l’occiput roux, le plumage gris clair, les ailes noires ; delà gorge dénudée du mâle pend un faisceau d’appendices charnus , aplatis, larges d’une ligne et longs d’un pouce , d’une teinte bleuâtre devenant rouge quand l’Oiseau est animé. L’Averano caroncule (Ampelis carunculata, de Gmelin; Arapunga carunculata, de Lesson) habite la Guyane; son plumage est neigeux; le front porte une caroncule vermi- forme. L’Averano a gorge nue (Chasmarhynchos nndicollis , de Temminck; Arapunga nudi- collis , de Lesson) habite le Brésil; son plumage est neigeux; la face, les joues et le devant du cou sont revêtus d’une peau nue, ridée, verdâtre. Genre TYRAN ( Tyrantws , de Cuvier). Le bec est droit, long, très-fort, à arête supé- rieure mousse, à pointe subitement crochue. — Les Tyrans sont des Oiseaux d’Amérique, de la taille de nos Pies-Grièches, et aussi braves qu’elles : ils défendent leurs petits, même contre les Aigles, et savent éloigner de leur nid tous les Oiseaux de proie. Les plus grandes Espèces prennent de petits Oiseaux, et ne dédaignent pas toujours les cadavres. Le Tyran bec en cuiller (Lanius sulplmratus , de Gmelin), Bem te veo , des Bré- siliens, habite l’Amérique méridionale. Le bec est aussi large qu’épais, volumineux, tran- chant par les bords; la tête épaisse et élargie; le cou accourci; la tête et le haut du cou, tout le dos, les ailes et la queue d’un brun roux; la gorge blanche, ainsi que la bandelette sur 30 Tyran bec en couler ( Lanius sulphuratus ) ■ l’œil; la poitrine et le ventre jaunes, et les petites pennes de l’aile frangées de roussâtre; la tête est couronnée d’une tache orangée. — Cette Espèce fait surtout la chasse aux Papillons, et a reçu son nom de Bem le veo d’un cri qu’elle fait entendre constamment pendant le jour. Genre GOBE-MOUCHES, Muscicapa, de Cuvier ( muscas capere). Le bec est médiocre, triangulaire, garni latéralement de soies longues et roides, déprimé à sa base, comprimé à sa pointe, qui est courbée et échancrée. Les narines sont basales, ovales, couvertes, en partie, par quelques poils dirigés en avant; les tarses sont grêles, les ailes allongées, la queue échancrée. — Les Gobe-Mouches ont les yeux grands et clairvoyants ; ils vivent d’insectes , qu’ils saisissent au vol. Le Gobe-Mouches grisâtre ( Muscicapa grisola, de Linné), commun dans l’Europe tempérée, est d’un gris rembruni; le bord des rémiges et des rectrices est d’un blanc sale, le dessous est blanchâtre, avec quelques mouchetures grisâtres sur la poitrine; la longueur totale est de cinq pouces et demi. — Cette Espèce prend les Insectes au vol ; elle se tient silen- cieuse et solitaire, perchée au sommet des arbres, dans les forêts et les vergers. On la con- Gobe- Mougiiks v coi.uib (Muscivapu atbicol/is) . 235 FAMILLE DES TURDIDÉS. serve quelquefois dans les appartements, pour y détruire les Mouches. Elle niche dans les buissons ; sa ponte est de quatre ou cinq œufs d’un blanc verdâtre , tacheté de roussàtre, dont le grand axe est de huit lignes, le petit de six lignes. Le Gobe-Mouches a collier (. Muscicapa albicollis, de Temininck) est une Espèce euro- péenne, qui peut donner lieu à des erreurs, à cause des changements que prend le plumage du mâle dans la saison des œufs : pendant l’hiver, il est, comme la femelle, gris, avec une bande blanche sur l’aile; mais, en été, le bec, les pieds, la tête, le dos, les ailes et la queue sont noirs, et de ce noir se détache un blanc de neige, figurant un demi-collier sur le dessus du cou, occupant en outre le front, tout le dessous du corps, le bord extérieur de la queue, enfin formant une grande tache sur l’aile , et une plus petite en avant. — - Cet Oiseau fait son nid dans un trou d’arbre, et le compose de mousse et de poils d’animaux; il fréquente l’inté- rieur des forêts touffues et vastes , se tient perché à la cime des arbres , et n’en descend que dans les temps pluvieux, pour chercher sa proie, qui consiste en moucherons. Le mâle jette un cri plaintif; dans la saison des œufs, son ramage devient assez agréable, et ressemble à celui du Rouge-Gorge. La ponte est de cinq ou six œufs d’un bleu verdâtre, sans taches, dont le grand axe est de huit lignes , et le petit de cinq lignes et demie. Le Gobe-Mouches Bec-Figue ( Muscicapa atricapilla, de Linné; Muscicapa luctuosa, de Temminck) est sujet aux mêmes variations chez le mâle, mais la nuque est noire, comme le dos , et il n’y a pas de petite tache blanche au bord de l’aile. — Cet Oiseau est connu en Provence sous le nom de vrai Bec-figue ; il est peu méfiant; on le rencontre fréquemment sur les Figuiers; il saisit les Insectes à la surface des feuilles et des fruits, et Vieillot a observé qu’il se nourrit aussi de figues à leur maturité. Ses œufs sont d’un bleu clair ; leur grand axe est de sept lignes, le petit axe de cinq lignes. Le Mignard ( Muscicapa scita, de Vieillot) est une jolie petite Espèce de l’Afrique méri- dionale; sa queue est étagée, et frangée de blanc de chaque côté; le milieu est noir; les pre- mières rémiges sont noires , les dernières sont en partie blanches , et leur blanc se fond dans celui qui borde les couvertures; l’œil est brun rouge, et reçoit un grand éclat d’une tache noire, qui, partant de l’angle du bec, s’étend, en le traversant, jusqu’à l’oreille; une belle couleur rougeâtre teint légèrement le milieu de la gorge et le milieu du sternum; on dirait du sang coulant d’une blessure; le reste du plumage est d’un gris bleuâtre. — Le Mignard se met en embuscade pour saisir les Moucherons qui se présentent à sa portée, et, quand il en passe une troupe près de lui, on le voit traverser en tous sens, et du même vol, ces colonnes tournoyantes, dont il suit les mouvements pour se repaître à loisir. Aux heures les plus chaudes du jour, les Moucherons étant en repos , il cherche sa proie dans les arbres : ce sont des Chenilles, des Araignées, etc. ; son petit cri, zi zi zit , le décèle continuellement parmi le feuillage touffu, où l’œil aurait peine à le distinguer, à cause de son agilité et de sa taille petite et svelte, analogue à celle de notre petite Mésange. Genre MO U C IIER O LL E, Muscipeta, de Cuvier (muscas petere) . Le bec est long, très- déprimé, deux fois plus large que haut, même à sa base; l’arête est très-obtuse, et cepen- dant quelquefois vive; les bords sont un peu en courbe ovale, la pointe et l’échancrure faibles; la base du bec est garnie de longues soies ou moustaches; les narines sont basales, les ailes obtuses ou subobtuses ; les pieds sont faibles. — Les Moucherolles sont des Oiseaux de petite taille, dont le plumage est orné des plus vives couleurs ; plusieurs portent de belles huppes sur la tête, et, souvent, leur queue est terminée par de longues plumes; ils sont insectivores. La plupart habitent l’Afrique ou les Indes ; quelques-uns se rencontrent en Amérique. Le Moucherolle a huppe transverse (Todus regius, de Latham) , vulgairement nommé le Roi des Gobe-Mouches , ne dépasse guère huit pouces de longueur. Une huppe d’un beau rouge bai, terminée de noir, couronne son front; les parties supérieures du corps sont d’un brun foncé; les tectrices alaires sont d’un brun fauve; les rémiges sont rousses, ainsi que le ventre; la poitrine est blanche, maculée de brun, et la gorge jaunâtre ; le collier est 23(i PASSEREAUX DÆODACTYLES DENTIROSTRES. Koi des Gobe - Moulues (fodus regins ) noir et les sourcils blanchâtres; le bec est noir, ainsi que les pieds. — Cette belle Espèce, la plus grande du Genre , habite l’Amérique méridionale. Le Mouciïerolle Rubin ( Muscicapa coronala, de Latham), nommé par Buffon le Gobe- Mouches huppé , à cause de la crête dressée et arrondie qui orne sa tête, a le corps brun en dessus, et le dessous d’un beau rouge, ainsi que la huppe et les côtés de la tête; la femelle est privée de huppe. — Le Rubin a la vigilance patiente , l’œil clairvoyant et le vol rapide de ses congénères ; il se tient immobile sur l’extrémité des branches, guettant sa proie, et faisant entendre de temps en temps un cri plaintif. 11 vit par couple, est peu farouche, et habite les plaines humides et ombragées , séjour ordinaire des moucherolle iicbin. Insectes. 11 fréquente surtout les Cotonniers, et y donne la chasse aux Papillons qui viennent se poser sur les corolles pour (>n pomper le nectar. C’est un Oiseau de plaine, qui ne pénètre dans les forêts vierges qu’ acci- dentellement , en suivant les sinuosités des vallées. Genre PLATYRHYNQUE, Plalyrhynchos , de Desmarest (TrXaxùç, plat; puy/oç, bec). Le bec est très-déprimé , très-élargi , à mandibule supérieure for- tement échancrée à sa pointe, garnie à sa base de longues soies roides; les narines sont latérales, étroites, les tarses faibles, courts, les ailes courtes. — Les Platyrhvnques sont des Oiseaux de la zone intertropicale , à chant agréable ; ils se nourrissent d’insectes ailés , qu’ils saisissent au vol , en s’élançant des arbres ou arbris- seaux au milieu desquels ils se tiennent embusqués. Le Platyrhynque brun (Platyrhynchos fuscus, de Vieillot) habite le Sénégal, et, dit-on, le Brésil. Son plumage est d’un brun jaunâtre, la tête d’un gris plombé, une bandelette sur le vertex blanche, ainsi que la gorge. Le Platyrhynque cancrome ( Platyrhynclios ccincromus , de Temminck ; T 'odus platyr- hynchos , de Gmelin) est une Espèce de la Guyane et du Brésil , dont le plumage est d’un brun jaunâtre, jaune en dessous; la gorge est blanchâtre, le vertex d’un bleu de plomb, les ailes et la queue brunes; les pieds et les ongles sont jaunâtres. La taille est celle du Rossignol. Ci M/t'U’- -{>T de la Fauvette tacuetke. Fauvette tachetée (Femelle au-dessus du nid, mâle au-dessous.) (Sylvia œstiva). Nous avons fait connaître à nos lecteurs les moeurs singulières du Coucou femelle, qui n’ayant pas le temps de couver ses œufs, à cause du grand nombre des mâles, va promener de canton en canton ses amours éphémères , dont les fruits sont confiés à des Oiseaux étran- gers. Nous avons également signalé l’ingratitude de l’enfant intrus, à qui la Nature (conser- vatrice de l’Espèce au détriment des individus) révèle le moyen de profiter seul des soins de sa mère adoptive, en précipitant ses frères hors du berceau commun. — Une usurpation ana- logue a lieu dans le nid de la Fauvette tachetée; mais cette usurpation est bien moins odieuse que celle du Coucou : l’Oiseau qui l’exécute, et dont nous parlerons bientôt en faisant l’his- toire des Carouges, ne vient pas envahir audacieusement la propriété d’autrui, et ajouter son œuf à ceux de l’Espèce dont il emprunte le domicile : il y met plus de procédés. Aussitôt que 248 PASSE R E A l X I ) Æ 0 I ) A C ï V E E S I ) E IN T I H O S T R E S. le nid de la Fauvette est terminé, et avant que la ponte soit commencée, le Brunet (c’est le nom du Garouge en question) profite de l’absence de la Fauvette pour creuser au fond du nid une petite loge où il enchâsse son œuf, qu’il recouvre ensuite avec de la mousse. 11 résulte de cette disposition que le local destiné à la famille de la Fauvette n’est aucunement diminué par l’occupation du jeune Garouge; que les enfants légitimes recevront immédiatement la chaleur maternelle et que l’étranger profitera seulement du superflu de cette, chaleur qui se serait dispersé sans utilité dans l’épaisseur des parois du nid. Les droits de la propriété ne sont donc qu’à demi lésés par cette cohabitation; et quand les petits, ayant brisé leur coquille, sont nourris par la mère avec une égale tendresse, on n’a pas observé que l’hospitalité, furti- vement obtenue par le Brunet, ait les conséquences désastreuses mentionnées dans l’histoire du Coucou. La figure ci-contre représente un nid de Fauvette, coupé verticalement par la moitié, pour montrer l’œuf du Brunet, occupant le fond, et séparé par un mince tapis des œufs de la Fau- vette : celle-ci se tient près de son nid , et les Carouges père et mère veillent de leur côté sur le précieux dépôt dont ils ont frauduleusement surchargé l’amour maternel de la Fauvette. Sous-Genre Foi i r. lot , Pkyllopneuste , de Meyer (cpuXXov, feuille; TO/sixmâw, haleter). Le bec est droit, petit, subulé, aigu, à peine échancré vers le bout de la mandibule supé- rieure ; les narines sont oblongues , recouvertes par une membrane ; les tarses sont assez élevés, minces, les doigts grêles; les ailes, allongées, égalent ou dépassent le milieu de la queue, qui est dilatée et échancrée à son extrémité. Les Pouillots sont, après les Roitelets, les plus petits Oiseaux d’Europe. Leur plumage est verdâtre en dessus, jaune en dessous. Ils sont vifs, sociables, et, comme les Mésanges et les Boitelets, ils visitent tous les rameaux d’un arbre, en papillonnant sans cesse; ils cherchent aussi sous les feuilles et sur les brindilles, les chenilles, larves et menus Insectes qui s’y cachent, et dont ils font leur unique nourriture; ils ne mangent jamais ni graines ni baies; ils nichent toujours à terre, au pied d’un buisson ou dans une touffe d’herbe ; leur nid est ovoïde ou sphérique, et s’ouvre latéralement. Ils émigrent par petites troupes, souvent en compagnie des Roitelets et des Mésanges. La Fauvette Fitis {Sylvia Trochilus, de Latham; Phyllopneuste Trochilus, de Ch. Bona- parte; Motacilla Trochilus, de Linné), vulgairement nommée Bec-fin P outil ot, a quatre pouces et demi de longueur; les parties inférieures sont blanches, lavées de jaunâtre et flammées de jaune à la gorge, au cou et à la poitrine; la première rémige est plus courte que la quatrième, et plus longue d’une ligne et demie que la cinquième; les tarses sont jaunâtres. — Le Pouillot I a i v F.i 1 1 I'itis / S y tria l'roch i lus ) . 249 FA MILLE DES Tl RDI DÉS. Ejtis est répandu dans toute l’Europe. Sa ponte est de cinq ou six œufs, d'un Idaric pur ou légèrement jaunâtre, pointillé et tacheté de roux ; leur grand axe est de six lignes et demie, le petit de cinq lignes et demie. La Fauvette véloce ( S y l via rufa, de Latham ; Motacilla rufa, de Gmelin ; Phyl/o- pneuste rufa, de Ch. Bonaparte), vulgairement nommée Pouillot colhybite , Bec-fin véloce , est longue de quatre pouces et demi. Toutes les parties inférieures sont flammées de jaune; les ailes ne dépassent pas le mi- lieu de la queue ; la première rémige est plus courte que la sixième; les troisième et qua- trième sont égales et les plus longues; les tarses sont noi- râtres. — Celte Espèce habite la France , la Suisse , l’Al- lemagne , l’Italie. Son nid , garni de plumes à l’intérieur, contient quatre ou cinq œufs blancs , pointillés de noir , dont le grand axe est de six lignes et demie , le petit de cinq lignes et demie. Le Pouil- lot véloce vit sédentaire dans nos provinces méridionales, r u.vr m yO-ock >(syiria- ru/yi et passe l’hiver au bord des cours d’eau garnis de broussailles , où on le voit voltiger par troupes à la surface de l’eau. La Fauvette sylvicole, .( Sylvia sylvicola, de Latham ; Phillopneuste sibilatrix , de Ch. Bonaparte'), nommée vulgairement Pouillot sylvicole , Bec-fn siffleur , a les parties infé- rieures jaunes à la gorge , au cou et à la poitrine ; d’un blanc parfait au ventre et aux sous-cau- dales; les ailes dépassent beau- coup le milieu de la queue; la première rémige est plus longue d’une ligne que la quatrième; la deuxième est la plus longue ; les tarses sont d’un brun jaunâtre; la taille est de quatre pouces et demi. Le Pouillot siffleur habite l’Allemagne, l’Italie et la France; il paraît accidentellement dans quelques autres contrées du Nord. Sa ponte est de cinq ou six œufs, courts, blancs ou grisâtres, poin- tillés de brun , dont le grand axe i uyetti: sYt.vtcoi.B (sijïvia syiHcoia)- est de six lignes et demie, et h1 petit de cinq lignes et demie. FAUVETTES FAUSSES ou ROUSSE ROULES. — Le front est anguleux; le sommet de la tête est déprimé; la queue est généralement inégale, très-arrondie ou conique; l’ongle du pouce fort , au moins aussi long que ce doigt. La plupart des Oiseaux de cette section fréquentent les lieux bas et humides, et sont insectivores, larvivores, rarement baccivores. 32 ->;><) l> V SS K II K VI \ DÆODACTYLKS I) K \ T I ROST H ES. Sous - (Iknkk Il y 1*0 lai s Hypolaïs, do Rrehm (Otto, sous, XSç, pierre).. Le bec esl très-large à la base, et déprimé dans toute son étendue; la mandibule supérieure est légère- ment échancrée à son extrémité, à arête peu saillante; les bords des deux mandibules- sont droits; les narines sont ovales, les ailes subaiguës, la queue égale, les doigts grêles, le médian plus court que le tarse , l’ongle du pouce moins long que ce doigt. Les Hypolaïs sont des Oiseaux à plumage uniformément coloré, remuants, querelleurs, imitateurs du chant des autres Oiseaux. Ils fréquentent les lisières des bois, les jardins, les vergers; ils sont insectivores, et à la fin de l’été, baccivores. Leur nid est fait avec art. La Fauvette hypolaïs (Sylvia hypolaïs , de Latham ; Motacilla hypolais, de Linné), vulgairement nommé Lusciniole , est longue de quatre pouces et demi environ. Son plumage, en dessus, est nuancé de jaunâtre ; les ailes atteignent à peine le milieu de la queue; la pre- mière rémige est égale ou presque égale à la cinquième. — Cette Espèce habite la France au commencement du printemps et à la fin de l’été; elle se tient sur les arbustes des prairies qui avoisinent les rivières; pendant les amours, elle préfère l'épaisseur des taillis, du fond des- quels le mâle fait entendre un chant agréable : treà, treû, ptiroptiroux , ptiroptiroux. La ponte est de quatre ou cinq œufs oblongs, d’un rose violet, pointillé de brun ; leur grand axe est. de huit lignes, le petit axe de six lignes. Sous-Genre ROLiSSEROLLE , Calanwherpe, de Roié (xdtXajxoç, roseau, ëçizia, grimper). Le bec est large à la base, comprimé sur les côtés, à arête saillante, surtout au front, échancré à la pointe de la mandibule supérieure; les narines sont ovales, les ailes subaiguës; la queue est conique, étagée; les tarses sont grêles, les doigts allongés, minces; celui du milieu, y compris l’ongle, est de la longueur du tarse ; les ongles sont longs et comprimés. Les Rousserolles sont des Oiseaux à plumage uniformément coloré, qui fréquentent les lieux humides; ils grimpent avec agilité le long des branches des arbustes et des plantes aqua- tiques. Us sont irascibles et querelleurs comme les Hypolaïs : leur chant est généralement peu agréable, et imite quelquefois celui des autres Oiseaux chanteurs. Leur nid, artistement con- struit et solidement matelassé, est établi à quelques pieds du sol. Ils sont essentiellement insectivores. La Fauvette effarvatte (Sylvia arundinacea, de Latham; Calamolierpe arundi- nacea, de Roié; Motacilla arundinacea , de Gmelin), nommée aussi Effarvate , petite Bousse- rolle , Ilcc-Fin des roseaux , ressemble à la Rousserolle pour le plumage et les mœurs, mais elle est plus petite d’un tiers : toutes les parties supérieures sont d’un brun roussâtre, d’une l'UVF.TTR EFFARVATTE ( Slj/rid (H'inul ilHlCCO ) FAMILLE DES TUiDIDES. 2.V1 seule nuance et sans taches. La gorge est blan- châtre, et un trait de. cette couleur entoure les yeux; toutes les parties inférieures sont lavées de roux, surtout les flancs; la queue est assez longue, arron- die ; le bec est aplati sur les côtés ; la mandibule supérieure brune, l’inférieure jaunâtre; les yeux noirs , les pieds et les ongles d’un gris brun. — Cette Fauvette fréquente les rivières , les lacs et les marécages. Le mâle fait entendre pendant le jour, et quelquefois durant les nuits calmes, un ramage qui semble exprimer d’une voix rauque Iran , tran , Irai, trui, kiri, kiri , kaups , kaups , rapidement exprimé douze à quinze fois de suite, et avec des modulations différentes. Un le voit presque toujours grimper sur les Roseaux en les saisissant par la tige, et les parcourir en sautillant; son nid est oblong, artistement entrelacé dans les Roseaux, et contient quatre ou cinq œufs d’un blanc verdâtre, avec des taches brunes et vertes, dont le grand axe est de huit lignes , et le petit axe de six lignes. La F a u v e t t e v e a i) e a o e l e ( Syl oui palustris , de Rechstein ; Calamoherpe pal an tris , de Roié), vulgairement nommée la Ver dévoilé, est de la même taille que l’Effarvatte. Son plumage, en dessus, est nuancé de verdâtre, et verdâtre clair au croupion. — Cet Oiseau se rencontre dans plusieurs contrées de l’Europe tempérée. Il niche sur les bords des rivières, sur les branches basses des Saules, des Ormes, des buissons. Son nid n’est formé (pie de brins d’herbes flexibles ; il contient quatre ou cinq œufs bleuâtres ou gris verdâtre, tachetés et pointillés de gris brun; leur grand axe est de huit lignes et demie, le petit axe de six lignes. La Verderolle ajoute à son chant naturel l’imitation de celui des autres Oiseaux : M. l’abbé Caire, qui a étudié les mœurs d’un grand nombre d’Espèces, dit quala Verderolle «chante admirablement, qu’elle contrefait à s’y méprendre le Chardonneret, le Pinson, le Merle, et généralement tous les Oiseaux qui fréquentent les mêmes lieux qu’elle. Son chant est plus riche en reprises que celui du Rossignol; il est si varié, qu’on l’écouterait sans ennui du matin au soir. » La Fauvette turdoide ( Sylvia turdoides , de Temminck ; Calamoherpe tur doules , de Roié; Turdus arundinaccus , de Linné), vulgairement nommée Rossignol de rivière, Rôusserolle , habite l’Europe, l’Afrique et l’Asie. Elle a le plumage brun roussâtre en dessus, et roux clair en dessous; la gorge blanche et un trait pâle sur l’œil; le bec est presque aussi arqué (pie celui des Merles, c’est ce qui avait porté Linné à ranger. cette Espèce dans le Genre Tardas ; le bout de la mandibule supérieure est noire; les tarses sont brunâtres. — Cet Oiseau, dont la taille est de sept pouces environ, vit d’insectes aquatiques. Son nid est fixé à plusieurs tiges au moyen de petites herbes marécageuses; sa ponte est de quatre ou cinq œufs oblongs, d’un blanc verdâtre, pointillé de violet et tacheté de roux; leur grand axe est de dix lignes, le petit axe de huit lignes. Pendant les amours, le mâle chante du matin au soir, accroché à la tige d’un jonc et répétant sans cesse : cri cri , cra cra , car a car a. Sous -Genre Cettie ( Cettia , de Gerbe). Le bec est mince, droit, aigu, comprimé; l’arête de la mandibule supérieure est très-prononcée , et sa pointe est échancrée de chaque côté; les narines sont oblongues et étroites, les ailes obtuses, la queue étagée, les tarses médiocres, les doigts épais; le médian, y compris l’ongle, de la longueur du tarse; les ongles forts, celui du pouce de la longueur de ce doigt. Nid in i \ l wvi riE î iTvitwm. PASSER K A l \ D.EODAGT V LES I) ENT l KOST RES. 2Y2 Les Getties sont des Oiseaux à plumage uniformément coloré et très-doux au toucher; elles vivent sur les rives boisées des rivières, et parmi les plantes aquatiques, qu’elles escaladent avec dextérité; elles se nourrissent d’insectes et de petits Mollusques. La Fauvette Bouscarle ( Sylvia cetti , de la Marmora ; Cettia altisomins, de Ch. Bona- parte) , nommée vulgairement Bouscarle, Rossignol de marais, habite l’Europe méditerra- néenne, et est commune en hiver, surtout dans nos provinces du Midi. Sa taille est de cinq pouces; toutes les parties supérieures sont d’un brun châtain; les inférieures blanches, variées de brun sur les flancs, avec une tache jaunâtre sur la poitrine; les sous-caudales sont termi- nées de blanchâtre. Le nid de cette Espèce est placé près de terre , et artistement fait ; il con- tient quatre ou cinq omis d’un beau rouge brique, dont le grand axe est de huit lignes et demie, et le petit axe de six lignes et demie. « Son chant, dit AI. Gerbe, est doux, éclatant, sonore, saccadé, brisé, de peu d’étendue, et fort peu varié; elle le fait entendre durant tonte l'année.)) Sous-Genre PHRAGMITE, Calarnodgta, de Ch. Bonaparte (xâXorj/.<>;, roseau, oSixr,; , voyageur). Le bec est étroit, médiocre, légèrement comprimé, échancré à la pointe de la mandibule supérieure , à arête mousse ; les narines sont presque rondes , recouvertes par un opercule bombé; les ailes médiocres, la queue cunéiforme, à rectrices acuminées et étroites; les tarses sont minces; les doigts déliés, celui du milieu, y compris l'ongle, aussi long que le tarse; les ongles sont longs, comprimés, celui du pouce sensiblement plus long que ce doigt. Les Phragmites ont le plumage varié de taches oblongues ; elles différent des RouSserolles par leurs mœurs comme par leur structure. Elles fréquentent les roseaux qui bordent les marais et les rivières; mais, à l’époque de leurs migrations, on les rencontre dans les prairies et les champs; elles deviennent alors très-grasses; elles sont insectivores et granivores. Leur chant est une suite de cris aigus et discordants. Elles donnent à leur nid une large base desus- tentation, et ne le fixent pas aux tiges des Roseaux ou des Osiers. La Fauvette Phragmite ( Sylvia Phragmitis , de Bechstein ; Calamodytg Phragmitis , de Cb. Bonaparte) nommée aussi Bec-fin Phragmite, Fauvette des joncs , Grasset , est longue de quatre pouces et demi; les parties supérieures sont d’un gris olivâtre, avec des taches oblongues, brunes ; les parties inférieures sont d’un blanc roussàtre ; les yeux sont surmontés d’un large sourcil blanchâtre, et la tête, de deux larges bandes noires. La Phragmite habite toute l’Europe, la Sibérie, et plusieurs parties de l’Afrique. Son nid, grossièrement construit à l’extérieur, est fortement matelassé à sa base ; il contient quatre ou cinq œufs d’un cendré fauve ou roussàtre, tacheté et linéolé de brun noir; leur grand axe est de huit lignes et demie; le petit de six lignes et demie. Sous-Genre Locustelle, Locustella, de Kaup ( Locusta , Sauterelle). Le bec est droit, épais à sa base, comprimé dans toute son étendue, échancré à la pointe de la mandi- bule supérieure ; les narines sont oblongues, les ailes subobtuses, la queue cunéiforme, les tarses épais, couverts en avant d’écussons saillants; les doigts sont minces et longs, les ongles faibles, celui du pouce peu recourbé. Les Locustelles ont le plumage taché longitudinalement dans quelques-unes de ses parties; elles fréquentent les marécages, mais on les rencontre souvent dans les pâturages, les landes et sur les coteaux éloignés de l’eau. Elles marchent, ne sautent point, et grimpent rarement ; leur vol est lourd ; elles ont un chant strident , vivent d’insectes et de Vers, et nichent près du sol. Elles sont tellement grasses à l’automne, que, quand elles ont un peu volé, on peut les prendre à la main. La Fauvette locustelle [Sylvia locustella, de Latham; Locustella nœvia, de Degland), vulgairement nommée Locustelle tachetée , Fauvette tachetée , a cinq pouces de longueur; les parties supérieures sont d’un brun olivâtre, varié de taches d’un brun noirâtre; les parties inférieures sont blanchâtres ou jaunâtres, sans taches, ou avec une zone de petites taches ovoïdes brunes sur la gorge. — La Locustelle habite diverses contrées tempérées de l’Europe; F \ \l I LL K l)K S Tl 15 1)1 DÉS. 253 I un ette locüstelle ( Siflcia tociistetta j. elle niche dans les buissons, les Ajoncs, les taillis; son nid, construit sans art, avec des herbes sèches, contient quatre ou cinq œufs d’un cendré faiblement nuancé de rougeâtre, tacheté et strié de brun rouge; leur grand axe est de huit- lignes; le petit de cinq lignes et demi. Cet Oiseau est très-défiant, et dérobe avec soin le lieu de son nid ; il ne s’y rend qu’avec de grandes précautions, et en se cachant sous les touffes d’herbes. Son chant a du rapport avec le bruit que produisent les Sauterelles. I.a Fauvette fluviatile (. Sylvia fluviatilis , de Meyer et Wolf, Locustella fluviati/is , de Ch. Bonaparte), vulgairement nommée Bec-fin riverain, est longue de cinq pouces et demi; tout le plumage, en dessus, est d’un olivâtre nuancé de brun, sans taches; les sous-caudales sont olivâtres, bordées et terminées de blanc; les ailes et la queue d’un brun olive. — Cette Espèce habite les bords du Danube; elle niche parmi les Roseaux. Son nid, construit avec art, contient quatre ou cinq œufs d’un blanc grisâtre ou roussâtre, tacheté de gris et de brun; leur grand axe est de huit lignes, le petit de six lignes. Sous-Genre Cisticole Gisticola, de Kaup (xforr,, corbeille, xoXXàw, lier). Le bec est très -comprimé dans sa moitié antérieure; la mandibule supérieure est légèrement recourbée dans presque toute sa longueur; les ailes sont courtes, obtuses, la queue très-étagée, à pennes acuminées; les tarses sont forts, à doigts minces, longs; les ongles assez robustes, celui du pouce peu recourbé. Les Cisticoles sont des Oiseaux à plumage tacheté, qui habitent les pâturages en plaine, et deviennent très-gras à la fin de l’été ; ils se nourrissent d'e petits Insectes. La Fauvette cisticole ( Sylvia cisticola , de Temminck ; Gisticola Schamicola , de Ch. Bonaparte) habite les régions méridionales de l’Europe et- l’Afrique septentrionale; les par- ties supérieures sont couleur de feuille morte, avec des taches longitudinales d’un brun noi- râtre; les parties inférieures sont d’un blanc roussâtre sans taches; la queue est barrée de noir vers son extrémité qui est d’un cendré pur. La taille est de quatre pouces. Savi, qui a observé cette Espèce dans les marais de Pise, nous apprend qu’elle fait trois couvées dans une saison, que sa première ponte a lieu dans les champs de blé, et la dernière dans les marais. Durant l’époque des amours, le mâle a un cri perçant et sonore; il le fait surtout entendre lorsque, prenant son essor, il s’élève à une grande hauteur dans les airs, en décrivant des courbes ondulées. Le nid est construit avec beaucoup d’art; il a la forme d’une bourse ou d’une quenouille, ayant une ouverture oblique en haut ; il est attaché à une touffe Fauvette cisticole ( Sijlcia cisficola ) et son nid. de Carex, et construit avec des matières cotonneuses et soyeuses, telles que de la laine, des toiles d’Araignées, des duvets de plantes. La ponte est de quatre à six œufs blancs ou cendrés, souvent nuancés de bleuâtre clair ; leur grand axe est de sept lignes ; le petit axe de quatre lignes et demie. La Fauvette couturière (. Sylvia sutoria, de Latham ; Motacilla sutoria et longicauda, de Gmelin; Orthotomus Bennetii, de Sykes) , vulgairement nommée Tati, est une petite Espèce indienne, qui a quatre pouces huit lignes de longueur. Son plumage est vert olivâtre en dessus, blanc en dessous; la tête est d’un roux vif supérieurement; la queue est longue, étagée; les rectrices médianes dépassent les autres de plus d’un demi-pouce. — Son industrie mater- nelle n’est pas moins merveilleuse (pie celle de la Cisticole : elle compose le tissu de son nid de fibres menues, de plumes, de duvet, d’aigrettes de Chardon ; puis elle file, avec son bec et ses pattes le coton qu’elle a recueilli sur les Gossypium ; elle pratique ensuite des fous le long du bord de plusieurs feuilles à limbe solide et large, et dans ces trous, elle passe son fil de manière à coudre ensemble plusieurs feuilles, qui forment ainsi une petite tente suspendue,, enveloppant parfaitement le nid que l’Oiseau veut cacher à ses ennemis, parmi lesquels il V \ \\ I L LE DES Tl EDI DÉS. 255 F u'.vettk t.m niîikiii; (Sylria svtoria ) rt son nid. craint. surtout les Singes et les Serpents. Le colonel S.vkes a vu des nids dans lesquels, le lil de coton était réellement terminé par un nœud. La Fauvette pinc-pinc (S y loin textrix, de Vieillot; Hemipteryx, de Swainson ; />/•//- moicn, de Smith) est une Espèce de l’Afrique australe, ayant la taille du Troglodyte. Le dessus du corps est couvert de plumes dont le centre est noir et les bords roux; le dessous est d’un blanc roussàtre, grivelé de brun; la queue, très-courte, est étagée et forme un demi- cercle en se déployant; elle est terminée de blanc. Le Pinc-pinc, sans cesse en mouvement, sautille de branche en branche parmi les arbris- seaux et les broussailles, relevant sans cesse la queue, comme le Troglodyte; il gazouille aussi sans interruption en cherchant sa subsistance sur les Bruyères et dans les herbes oii il aime à se cacher. De temps en temps, on le voit s’élever perpendiculairement, par petits sauts, en remuant la queue, et faisant entendre le cri pinc-pinc , auquel il doit son nom; puis il redescend obliquement auprès de sa femelle. Tous deux construisent, parmi les arbris- seaux épineux, un nid composé de duvet ou bourre de plantes, et dont la surface extérieure embrasse une étendue de plus d’un pied, quoiqu’il n’ait intérieurement que trois ou quatre pouces de diamètre. Ce nid , d’une forme plus ou moins ronde, a , dans sa partie élevée, une IM SS K II K V I \ I) KOI) VCT Y I, FS I) K \T I IlOST !î FS. 2')(i l\i: v v: tt i iMNc-mc (Sylcia textrix J et son nid. gorge forniai.it une sorte de petite ni rite sur laquelle l’Oiseau s’appuie pour se couler ensuite dans l’intérieur. La ponte est de six à huit œufs grivelés de brun. Le Capocier (« Sylvia macroura , de Latham ; Drymoica maculosa, de Gray ; Motacilln mneroura, de Linné) est une Fauvette du midi de l’Afrique, voisine des Cisticoles; c’est celle que Buffon a nommée \& petite Fauvette tachetée du cap de Bonne-Espérance, Sa taille est de six pouces ; son plumage est brun en dessus, blanc jaunâtre tacheté de brun en dessous; les sourcils sont blancs; la queue est allongée en forme de coin. Le Capocier est un des Oiseaux les plus familiers de l’Ordre des Passereaux : les colons du Gap ne lui font jamais de mal ; aussi entre-t-il hardiment dans leurs maisons ; friand de graisse et de suif, il va becqueter sans façon sur les tables les chandelles et les sauces figées. Quand vient la saison des œufs, il dérobe dans les chambres, sur les lits, dans les corbeilles, du coton et de la filasse pour en faire les matériaux de son nid, qu’il place de préférence sur un arbrisseau nommé Capoc-boschje , et produisant une bourre abondante, dont l’Oiseau sait tirer parti : de là son nom de Capocier; le peu d’élévation de cet arbrisseau, et surtout le caractère confiant de l’Oiseau qui l’habite, ont permis à Levaillant d’observer les mœurs du Capocier, en ce qui concerne la fabrication du nid, l’incubation des œufs et l’éducation des FAMILLE DES TURDIDÉS. 2:> 7 Capocieii ( Sylvia macroura). petits. Ce fut le il octobre que commencèrent les premiers travaux ; le second jour, le fonde- ment du nid était posé : il présentait une masse assez informe de quatre pouces d’épaisseur et de six pouces de diamètre, consistant en mousse, en tilasse et en brins d’herbe. La femelle passa tout le jour à piétiner sur ce fond, pour le presser et le consolider ; pendant ce temps, le mâle allait chercher de nouveaux matériaux, il les apportait à sa compagne, et tous deux achevèrent le matelas en tournant sur eux-mêmes , le frottant sans relâche avec leur poitrine, et le battant du rebord de. leurs ailes comme avec un bâton. Le troisième jour, les architectes travaillèrent aux parois de l’édiüce : l’un, avec son dos, soulevait les bords du matelas pour les redresser en dedans , tandis que l’autre , avec son bec , entrelaçait de coton les bords rele- vés, et les fixait au buisson, dont les branches servaient ainsi de charpente, mais ne faisaient point saillie dans le nid ; ces travaux, qui durèrent six jours, furent accompagnés de tendres caresses, de joyeux battements d’aile, de mille petits cris d’encouragement et de félicitation, que s’adressaient les deux époux pour s’exciter à l’ouvrage. Le septième jour, le fond du nid était tapissé d’un moelleux drap de coton, si habilement tissu, qu’il eût été impossible d’en détacher une particule de duvet sans le déchirer. A la fin de la septième journée, il y avait un œuf dans le nid ; le huitième jour, un second fut pondu ; le lendemain, un troisième; le len- demain, rien; le onzième jour, il y en eut deux de plus ; le lendemain, un autre, et le sep- tième œuf, qui fut le dernier, fut déposé le treizième jour. Pendant la bâtisse et la ponte, dans les intervalles de leurs travaux , l’un des deux se tenait aux environs du nid , surveillant sa propriété, et accourant à chaque visite importune, ou à l’approche de quelques autres Oiseaux, qui se seraient volontiers installés dans le domicile tout préparé de nos laborieux artisans : ces usurpations ne sont pas rares chez les Oiseaux ; et, sans l’intervention de Levaillant, un couple de Mésanges, animaux plus forts que les Capociers, aurait peut-être réussi à les dépos- séder de leur nid. La femelle couva ses œufs avec une constance admirable ; quand le besoin d’aliments ou d’exercice devenait trop impérieux, elle appelait son compagnon, qui venait aussitôt la remplacer ; mais cette substitution ne durait pas longtemps : au bout de vingt minutes, la femelle revenait à son poste, et renvoyait le mâle qui, perché sur un buisson voi- sin , lui chantait un frit-frit-frit, fritraratiti, plein de douceur et de gaieté. Lorsqu’un Chien ou un étranger s’approchait, le mâle jetait un cri perçant, et le couple prenait la fuite, mais bientôt la mère retournait au nid. Levaillant seul ne leur causait aucune crainte : c’était l’ami de la maison ; il prenait part à leurs plaisirs et à leurs peines, et se surprenait souvent à leur adresser des conseils, comme s’ils eussent pu comprendre ses paroles. Pendant l’incubation, 33 PASSEREAUX DÆODAGT YLES DENT1ROSTRES. 258 la femelle sentit qu’elle allait pondre de nouveaux œufs.... Que faire de ces enfants surnumé- raires, pour qui il n’y avait plus de place dans le logis maternel? Comment d’ailleurs pouvoir à la fois couver ceux-là, et aller chercher de la pâture pour leurs frères, éclos avant eux? Jamais l’odieux droit d’aînesse ne fut plus exigeant, ni plus légitime peut-être, que dans cette douloureuse circonstance. La mère fit-elle toutes ces réflexions ? Dieu seul le sait : ce qu’il y a de vrai, c’est que chacun de ces œufs fut pondu hors du nid et à terre; la femelle appela son compagnon, tous deux brisèrent l’œuf à coups de bec, et en mangèrent ensemble le jaune Le quatorzième jour de l’incubation, les sept frères aînés naquirent, nus et les yeux clos. La mère débarrassa le nid des débris de coquilles à mesure que les petits venaient à éclore, et vers le soir seulement elle leur donna à manger. Le lendemain, le père et la mère allèrent ensemble à la provision; le troisième jour, un duvet blanchâtre couvrit le dessus de la tête, les ailes, le dos et la croupe des petits, et leurs yeux s’entrouvrirent ; le jour suivant, les yeux étaient entièrement ouverts ; le cinquième jour, les pennes commencèrent à sortir d’une ligne on deux, ainsi que les plumes de la croupe et des flancs ; dès lors les petits devin- rent affamés, et les parents redoublèrent d’activité. Le sixième jour, Levaillant s’établit près du nid dès le lever du soleil, et y resta jusqu’au soir : de sept heures du matin à dix heures, h' père et la mère allèrent cinquante-trois fois à la provision, qui consistait en Chenilles vertes, en Araignées et en œufs de Fourmis. De dix heures à midi, il y eut dix-neuf voyages ; depuis trois heures jusqu’au coucher du soleil , il y en eut soixante-six. Le huitième jour, tout le corps était garni de plumes, excepté le bas-ventre ; pendant les trois jours suivants, les jeunes exigèrent tant de nourriture, que leurs parents furent constamment en course pour les con- tenter, et dans la onzième journée, les pauvres bêtes firent deux cent seize voyages. Le quin- zième jour, Levaillant, à sa visite du matin, trouva que trois jeunes étaient hors du nid ; les quatre autres en sortirent bientôt successivement, excités par la faim et par la voix de leurs parents, qui s’étaient abstenus d’entrer pour leur donner la becquée. A midi, le nid était vide, et fut pour toujours abandonné ; les petits s’établirent dans les haies et sous le feuillage du jardin. Le père et la mère continuèrent pendant plusieurs jours de leur donner à manger : après quoi, ils formèrent une petite troupe, et vécurent tous ensemble dans l’union la plus parfaite. La vérité historique nous condamne à faire ressortir, par un trait bien sombre, les teintes riantes de ce tableau de bonheur. Qu’on se représente un de ces charmants petits Capo- ciers venant de sortir de son nid, sautillant gaiement dans les buissons, saisi tout à coup par les mâchoires d’un hideux serpent qui le guettait sous le feuillage , et appelant à son secours ses protecteurs naturels ; on comprendra le désespoir impuissant de la pauvre mère.... Ajou- tons que cette innocente victime avait déjà, quoique bien jeune encore, privé de leur postérité des centaines d’Araignées et de Four- mis.... En présence de tels faits, plus d’un philosophe s’écrierait sans doute : « O loi mystérieuse des compensa- tions, tu domines le monde physique aussi bien que le monde moral , et te méditer est le commencement de la sagesse. » Genre ACCENTEUR (Accentor, de Rechstein). Ce Genre a été placé par M. Degland en tête de la Section des vraies Fauvettes; nous lui con- servons la place qu’il occupe dans les tableaux synoptiques de M. Is. Geof- froy. Le bec est droit, pointu; la mandibule supérieure est échancrée à Accepteur alpin (Jccentor aljpinusj. FAMILLE DES Tl RDI DÉS. 259 l’extrémité, comprimée sur les bords; les narines sont nues; les pieds assez robustes; le doigt externe est uni, à la base, avec le médian, l’ongle postérieur allongé et arqué; les ailes sont subaiguës ; la queue est égale. Les Accenteurs sont des Oiseaux à plumage terne , d’un gris roussâtre tacheté de brun ou de blanc; ils n’émigrent point, et semblent ne pas craindre le froid; seulement, en hiver, ils descendent des montagnes dans les vallées, et, au lieu de se tenir à la cime des arbres, ils se réfugient dans l’épaisseur des taillis ; ils sont insectivores et granivores. L’Accenteur alpin (Accentor alpinus , de Becli- stein; Motacilla alpina , de Gniëlin) , vulgairement nommé Pëcjot , Fauvette des Alpes, est long de six pouces et demi ; il a le dessus de la tête d’un brun cendré, la gorge blanche, pointillée de noir, avec deux rangées de taches blanches sur l’aile, et du roux vif aux flancs. Il se tient dans les pâturages des Hautes- Alpes, oh il chasse aux Insectes. Il niche dans les fentes des rochers ou sur les toits dès maisons isolées ; sa ponte est de cinq ou six œufs oblongs, d’un bleu pâle, dont le grand axe est de huit lignes et demie, et le petit axe de six lignes et demie. L’Accenteur Mouchet (Accentor modularis , de Temminck ; Motacilla modularis , de Linné), nommé aussi T r aine-buisson , Fauvette d’hiver, est la seule Fauvette qui nous reste pendant toute l’année; son petit cri doux et vivement répété, trit, trit, trit, trit, a un son argentin qui permet de le distinguer facilement au milieu des cris de plusieurs autres Oiseaux, et ce cri nous plaît d’autant plus, malgré son peu de variété, qu’il est le seul qu’on entende pendant la triste saison de l’hiver. Cet Oiseau , destiné à passer chez nous le temps des grands froids, est plus abondamment emplumé que les autres Fauvettes. 11 a cinq pouces cinq lignes de longueur; le sommet de la tête cendré , avec des taches brunes ; les côtés du cou, la gorge et la poitrine d’un gris ardoise, qui s’éclaircit en s’é- tendant sur le ventre, où il devient blanchâtre; le dos, les ailes, les flancs , les rectrices , les rémiges et la croupe sont bruns , bordés de roussâtre; le bec est plus exac- tement conique que celui des autres Becs-Fins, et ses bords sont un peu rentrés. Cette Espèce quitte les bois eu automne, et se montre dans nos vergers et dans nos jardins ; en été, elle vit d’insectes et de baies; en hiver, elle se contente de grains; aux approches de la saison chaude, elle se retire dans les forêts , et place dans les endroits les plus épais son nid , composé de mousse , de laine, de crin et de plumes, dans lequel sont déposés cinq œufs d’un joli bleu clair, dont le grand axe est de huit lignes et demie, et le petit axe de six lignes et demie. Genre ROITELET (Regulvs , de Cuvier). Le bec est très-grêle, court, droit, subulé, Accepteur Mouchet (Accentor modularis). Nid de l’Accenteür alpin. 2(50 PASSEREAUX DÆODACTYLES DENTIROSTRES. légèrement échancré à sa pointe, à bords des mandibules un peu rentrants ; les narines sont ovales , recouvertes par deux petites plumes rigides, voûtées, à barbes lâches et très -peu barbelées; les pieds sont minces; le doigt médian est uni à sa base avec l’ex- terne ; le postérieur le plus fort de tous ; les ailes sont moyennes; la queue est échancrée, à dix pennes. Les Roitelets sont de petits Oiseaux insec- tivores , très- agiles et peu frileux , vivant l’hiver en famille, comme les Mésanges, et, comme elles, se cramponnant aux branches des arbres pour y chercher leur nourriture. Le Roitelet huppé {Regulus cristatus, de Rrisson; Sglvia regulus, de Latham; Mo- tacilla régulas, de Linné) est le plus petit de nos Oiseaux d’Europe ; sa longueur totale est de trois pouces trois lignes : sa tête est ornée d’une petite couronne aurore bordée de noir sur chaque côté, et dont les plumes peuvent se relever en huppe ; de là son nom Kom.LET ii cpp F. (Regains cristatus). Roitelet moustache (Regains ignica pillas). de Roitelet : la nuque, le cou, la croupe et les tectrices de la queue sont d’un olivâtre nuancé de jaune ; la gorge et la poitrine sont roussâtres; l’abdomen et les autres parties inférieures sont blanchâtres ; les rémiges et les rectrices sont brunes mêlées d’olive; l’aile offre deux bandes transversales blanchâtres ; le bec est noir et les pieds jaunes. Ce joli petit Oiseau se tient dans les bois taillis : sans cesse en mouvement , visitant les ger- çures des écorces , fouillant sous les feuilles mortes, se crampon- nant aux branches dans tous les sens, il fait entendre un cri con- tinuel , zi, zi, zi, zi, qui décèle sa présence ; il est peu méfiant, se laisse approcher de très-près, et l’on peut même, le soir, le prendre à la main. Son nid , ar- tistement construit, est suspendu à la bifurcation des branches d’un hêtre ou d’un sapin; sa forme est celle d’une boule, et l’ouver- 261 FAMILLE UES TURDIDÉS. ture est dirigée de côté; l’extérieur est tissu de mousse et de toiles d’Araignée, l'intérieur est tapissé d’un duvet moelleux, sur lequel reposent ses œufs, au nombre de sept à onze, d’un blanc pur, quelquefois pointillé vers le gros bout; leur grand axe est de cinq lignes, le petit axe de quatre lignes. Le Roitelet moustache ( Regulus ignicapillus , de Naumann ; Sylvia ignicapilla, de Brehm), vulgairement nommé Roitelet à triple bandeau, que l’on a confondu longtemps avec l’Espèce précédente, s’en distingue par les couleurs plus prononcées de son plumage; il est un peu plus petit; les parties supérieures sont mélangées de plus de jaunâtre; les plumes longues et effilées du vertex sont d’un rouge de feu très-éclatant ; celles qui les entourent sont d’un noir pur, ainsi qu’un trait qui traverse l’œil, et une petite moustache; deux bandes blan- ches existent, l’une au-dessus, l’autre au-dessous de l’œil. Cette Espèce est aussi commune en France que la première. Genre TROGLODYTE, Troglodytes, de Vieillot (rpwyXoSuTr,;, qui pénètre dans les trous). (Ce Genre est rangé, par M. Degland, dans la Section des Fauvettes fausses, après le Genre Cisticole.) Le bec est grêle, subulé, entier, allongé et très-légèrement arqué ; les narines sont ovales, recouvertes d’une membrane; les ailes sont courtes, arrondies, concaves, sur- obtuses; les tarses longs, assez forts; le doigt externe est uni à sa base avec le médian; l’ongle postérieur est le plus long, fort et très-arqué ; la queue est courte, égale ou arrondie. Les Troglodytes ont le corps ramassé, portent la queue relevée, et vivent cachés dans les endroits obscurs, les trous, les broussailles. Le Troglodyte d’Europe ( Tro- glodytes européens , de Cuvier; Sylvia troglodytes , de Latham ; Motacilla tro- glodytes , de Linné ) , improprement appelé Roitelet, est long de trois pouces huit lignes; son plumage est brun, strié en travers de noirâtre, avec du blanchâtre à la gorge et au bord de l’aile; la queue assez courte et relevée. — Il habite toute l’Europe et se plaît dans le voisinage des habitations ; il est sans cesse en mouvement pour cher- cher des Insectes dans les branchages., parmi les fagots ; il va et vient sans craindre l’homme; le mâle a un ramage très-agréable. Le nid est établi près de terre ou sous les toits des chaumières ; il est grand et artistement construit en forme de bourse ou de sabot, avec une ouverture en haut sur le côté, et composé presque entièrement de mousse. Les œufs sont d’un blanc pur piqueté de brun ; leur grand axe est de six lignes et demie , et le petit axe de cinq lignes. Genre LAVANDIÈRE ( Motacilla, de Cuvier). Le bec est plus grêle que celui des Fauvettes; les ailes sont longues, avec les tectrices très-allongées, dont l’une se prolonge jusqu’à l’extrémité des rémiges primaires; les. tarses sont longs et minces, les doigts latéraux à peu près égaux, l’externe uni à sa base avec le médian; la queue est très-longue, à douze pennes étroites , et sans cesse balancée de haut en bas par l’Oiseau; l’ongle du pouce est de la longueur de ce doigt, et courbé. Les Lavandières , ou Hochequeue , se tiennent dans les lieux découverts, dans les prairies et au bord de l’eau. Elles sont insectivores. La Lavandière grise [Motacilla alba , et cinerea , de Linné), vulgairement Lavandière, est longue de sept pouces environ; le plumage est cendré en dessus, blanc en dessous; la 262 PASSER E A U X I) Æ 0 D A G T Y L E S D E N T ï R 0 S T R E S. Lavandière male ( Motabilla cinerea). gorge, la poitrine et une calotte ornant la nuque, sont noires; les couvertures supérieures des ailes sont noires, bordées de blanc; les rémiges et les rectrices sont noirâtres; les deux pennes les plus extérieures de la queue sont blanches intérieurement et bordées de noir. - — Cette Espèce offre une variété habitant l’Angleterre, et remarquable par une teinte plus foncée des parties dorsales et de la région du cou ; quelques auteurs en ont fait une Espèce particulière. — Les Lavandières sont communes et sédentaires en France ; elles forment de petites troupes qui vivent au bord des eaux ; elles vont souvent par paire, s’ap- pelant et se réclamant sans cesse en volant. Outre leur cri d’appel, bist-bist, bist-bist, elles en ont un autre , vif et redoublé, d’un timbre net et clair, par lequel elles semblent prononcer guit , guit , guit , guit. Rien de plus gai, de plus léger, de plus gracieux, de plus élégant que les allures de ce petit Oiseau : sa longue queue, qu’il élève et abaisse sans cesse, quand il est posé, lui a fait donner le nom géné- rique de Hochequeue ; mais le peuple, le voyant fréquenter lavandière femelle (luotaciiia cinerea j. le bord des rivières , courir rapidement sur la grève, et imiter avec sa queue le va-et-vient continuel du battoir des blanchisseuses, autour desquelles il se promène familièrement, comme s’il voulait étudier leurs gestes, lui a donné l’épithète, beaucoup plus expressive, de Lavandière. Il construit près des eaux, dans quelque trou, sous le gazon ou parmi les racines, son nid, com- FAMILLE DES T U 11 DI DÉS. 2(53 posé d’herbes sèches, de mousse et de crin; la ponte est de cinq ou six œufs, d’un blanc grisâtre, ou bleuâtre, tachetés et pointillés de gris et de brun, dont le grand axe est de huit lignes et demie, le petit axe de six lignes et demie. Le mâle montre, pour sa jeune famille, une affection égale à celle de la mère. Les Lavandières semblent aimer la société de l’homme, et non-seulement celle du paisible habitant des cam- pagnes , mais encore celle de l’ouvrier bruyant des usi- nes. Le naturaliste anglais Jesse raconte qu’une Lavan- dière ayant choisi un atelier de chaudronnerie à Taun- ton , pour s’y établir , avait bâti son nid à un pied de distance du tour , dont la roue tournait constamment ; elle y pondit, elle y couva, et ses quatre petits vinrent à bien, sans souffrir du ta- page infernal qui les entou- rait. La mère et la famille se laissaient familièrement approcher par ceux dont iis avaient accepté le voisi- nage, mais ils prenaient la fuite devant les étrangers. Ajoutons toutefois que cette cohabitation est toute con- ditionnelle, et ne peut avoir lieu sans la liberté. Les Lavandières, ainsi que les Bergeron- nettes, sont les compagnes de l’homme des champs , mais elles ne peuvent être ses escla- ves, et ces Oiseaux, aux allures si prestes , emprisonnés dans une cage, quelques soins qu’on leur prodigue , ne tardent pas à périr. La Lavandière jaune ( Mütacilla boarula , de Gme- lin) est moins commune que la précédente; elle habite sur- tout le nord de l’Europe. Sa taille est de sept pouces et de- mi ; son plumage est cendré en dessus ; la croupe est jaune olivâtre; la gorge et le devant dll (.OU Sont noilS , les SOUl- Lavandiisbe jaune (3. Iotacilla boarula). LAVANDIERES GRISES du CONTINENT EUROPEEN. Robe d'hiver. Robe d'été. Lavandières crises de la Grande-Bretagne ( Motacitla lugubris , de Vieillot). Robe d'hiver . Robe d'été. 264 PASSER E A l X D Æ 0 D A G T Y L E S 1 ) E N T I R 0 S T R E S . cils, la poitrine, et les parties inférieures, sont d’un jaune éclatant; une petite bande blanche passe au-dessus des yeux, et s’étend quelquefois sur les côtés de la gorge; les rémiges pri- maires et les couvertures sont noirâtres; les rémiges secondaires sont bordées d’un jaune pâle , et blanches à leur base ; les six rectrices intermédiaires noirâtres , et frangées extérieu- rement de vert olive; les six latérales sont blanches. — Cet Oiseau abandonne rarement le bord des rivières et des ruisseaux ; quelquefois , pendant l’hiver, il vient s’établir dans les jardins; il est peu sociable, et vit presque toujours isolément. 11 agite sans cesse sa queue, jette un cri en volant : bëst, bëst , bijst , et fait entendre, au moment où il se pose, un ramage particulier, qui paraît être un cri d’appel. Il est sédentaire dans le midi de la France; dans les autres provinces, il émigre en suivant le cours des rivières. Il niche à terre, dans le voi- sinage des eaux; sa ponte est de quatre à six œufs, d’un blanc sale, ou légèrement rous- sâtre, tacheté et strié de jaunâtre; leur grand axe est de huit lignes et demie, le petit axe de six lignes et demie. Genre BERGERONNETTE, Budytes , de Cuvier (poïïç, bœuf). Ce Genre ne diffère du précédent que par l’ongle du pouce, plus long que ce doigt, et peu arqué. La Bergeronnette printanière ( Budytes /lava, de Ch. Bonaparte; Motacilla (lava , de Linné) est longue de six pouces et demi; le dessus de la tête, la nuque et les joues, sont d'un cendré bleuâtre ; la région du croupion est vert olive, la queue moins longue que le corps ; Bergeronnette printanière Budytes /lava J. les huit rectrices médianes sont noirâtres, et lisérées d’olivâtre; les deux plus latérales de chaque côté sont blanches, avec la plus grande partie des barbes externes noirâtres. - — Ces Oiseaux sont très-répandus dans toute l’Europe; ce sont les premiers de leur Genre qui repa- raissent dans nos campagnes à la fin de l’hiver. Au printemps, ils forment des bandes nom- breuses , qui fréquentent les terrains élevés et les terres labourées ; ils se tiennent en été dans les lieux humides, dans les prairies, et, souvent, à la suite des troupeaux, parmi lesquels ils viennent poursuivre des Insectes; c’est à cette cohabitation qu’ils doivent leur nom de Bergeronnettes. Ils nichent dans les guérets et dans les prairies; la ponte est de quatre à six œufs, d’un jaune sale, ou d’un blanc roussâtre finement pointillé de gris et de roux; leur grand axe est de sept lignes et demie, le petit axe de six lignes. La Bergeronnette flavéole ( Budytes Bayi, de Ch. Bonaparte; Motacilla flaveola, de Temminck) est une Espèce très-voisine de la précédente; la tête et le cou sont d’un jaune FAMILLE DES Tli EDI DÉS. 205 Berc.eiioknettk feavéoi.e ( Dudytes Rugi). olivâtre; la région du croupion est d’un vert jaunâtre. Elle habite l’Angleterre, et se montre de passage en Normandie et en Picardie. Genre FARLOUSE [Anthus , de Bechstein). Le. bec est grêle, droit, glabre à la base, à bords courbes en dedans, vers le milieu, échancré à la pointe de la mandibule supérieure; les narines sont basales, ovales, en partie cachées par une membrane; les tarses sont allon- gés, l’ongle postérieur le plus long, peu courbé, et très-aigu. Les doigts externe et médian sont unis à leur base; les pennes et couvertures secondaires sont de longueur ordinaire; la queue est échancrée, et composée de douze pennes. Les Farlouses établissent la transition des Bergeronnettes aux Alouettes; comme ces der- nières, elles chantent en s’élevant dans les airs; comme les premières, elles sont plus insec- tivores que granivores, et impriment à leur queue un mouvement de bas en haut. La Farlouse roussel in e ( Anthus campestris , de Bechstein; Alaudn campestris , de Brisson), vulgairement nommée Pipi roussèlin, a l’ongle postérieur de la longueur du pouce, et courbé; le plumage est gris roussâtre en dessus, avec une légère teinte brune au centre des plumes, blanc isabelle aux sourcils, à la gorge et au milieu du ventre, roux jaunâtre à la poitrine et sur les flancs, un petit trait brun sous le bec, s’étendant plus ou moins sur les côtés du cou, en forme de moustache. La taille est de six pouces. — Cet Oiseau habite les régions tempérées et méridionales de l’Europe ; il fréquente , de préférence , les lieux pierreux et les coteaux arides. Il court vite, et se perche rarement sur les arbres. Il se nourrit d’insectes névroptères; il niche dans le sable, à l’abri d’une pierre, ou dans une fente de rocher; sa ponte est de quatre à six œufs, d’un blanc sale, grisâtres, roussâtres ou verdâtres, poin- tillés ou tachetés de gris ou de brun. La Farlouse des prés [Anthus pr (demis , de Bechstein; Alauda- prcitcnsis , de Linné), nommée vulgairement Pipi des buissons , Pipi Farlouse , Pieuquette , a l’ongle du pouce plus long que ce doigt, et faiblement courbé; sa longueur totale est de cinq pouces et demi; son plumage est brun olivâtre en dessus, blanchâtre en dessous, avec des taches brunes à la poitrine et aux flancs, un sourcil blanchâtre, les bords des rectrices extérieures blancs. — La Farlouse des prés est commune dans toute l’Europe; elle habite les prairies humides, et niche dans les joncs, les touffes de gazon; son nid, construit avec des herbes sèches et du crin, contient cinq ou six œufs oblongs, gris, tachetés ou striés de noir, dont le grand axe est de 34 260 PAS S E R E A U X D Æ O D A G T Y L E S I) E N T 1 R O S T R E S. Farlouse des prés ( Anthus pratcnsis). huit lignes et demie, et le petit axe de six lignes. En automne, les fruits sucrés que mange cet Oiseau l’engraissent singulièrement, et donnent un goût très-délicat à sa chair : on le recherche alors sous les noms de Bec-Figue ou de V mette. La Farlouse des arbres ( Anthits arborais , de Bechstein; Alaiida trivialis, de Linné) a l’ongle du pouce de la longueur de ce doigt, et très-courbé; le bec est fort, et large à sa base, le fond du plumage roussâtre. La taille est de cinq pouces et demi. Cette Espèce habite toute l’Europe; elle niche sur les coteaux couverts et dans les prairies; elle perche beaucoup plus que les autres Farlouses, et ne va jamais par bandes; elle devient très-grasse en automne; sa ponte est de quatre ou cinq œufs, de couleur très-variable, tachetés ou striés de brun, dont le grand axe est de huit lignes, et le petit de six lignes. La Farlouse Spioncelle ( Anlkus Spinoletta , de Degland ; Anthus aquaticus , de Bechstein; Aiauda Spinoletta, de Linné), vulgairement nommée Pipi Spipolette , a l’ongle du pouce beaucoup plus long que le doigt; le plumage est d’un brun cendré uniforme en dessus, d’un blanc terne en dessous, avec le devant du cou, la poitrine et les flancs, plus ou moins lavés de roux rose; l’œil est surmonté d’un large sourcil blanc; la rectrice la plus latérale est PARLoese SpioNo-u.t (Anthus Spinoletta . A?’. r riurr/7t‘ r -. . ' . T V ■ ■ • FAMILLE DES PARÏDÉS. 269 d’un noir mat; le front, la gorge, le devant du cou et la poitrine, d’un beau jaune orangé; le ventre d’un jaune pur. Ce charmant Oiseau vit de fruits pulpeux. On le recherche pour la beauté de son plumage et la douceur de son chant. Son caractère, d’abord sauvage, s’adoucit dans la captivité; il finit par devenir très-familier. L’Euphone organiste (Euphonia musica , de Vieillot; Pipramusica, de Gmelin) habite les Antilles. Sa taille est de quatre pouces ; le sommet de la tête, l’occiput et le dessus du cou sont bleus, bordés de chaque côté par un trait noir; les rémiges et les rectrices sont noires, irisées de bleu; le front, le croupion et le dessous du corps sont jaunes; le bec et les pieds noirs. PASSEREAUX DÆODACTYLES CONIROSTRES FAMI LLE des PAR II) ES (Genre PARUS, de Linné.) CARACTÈRE. — Bec court, conico-convexe , garni à sa base de plumes ou de suies diri- gées en avant ; narines basales, petites, arrondies, presque cachées par les plumes du front; tarses annelés ; doigts médian et externe unis à leur base; ongle postérieur robuste et plus long que les antérieurs; queue échancrée ou étagée. Les Paridés ou Mésanges se distinguent des autres Passereaux par leurs caractères et par leurs mœurs. Ils habitent les bois, les vergers, les marais. Ce sont des Oiseaux vifs et pétu- lants, continuellement en action, qui voltigent sans cesse d’arbre en arbre, visitent toutes les branches, s’y supendent dans tous les sens, et souvent, la tête en bas, sans lâcher prise, déchirent les bourgeons et les graines au lieu de les broyer, mangent les Insectes et même quelquefois les petits Oiseaux qu’ils trouvent malades ou embarrassés dans les pièges : ils leur percent le crâne afin de dévorer la cervelle. Leur courage égale leur férocité, et ils 11e crai- gnent pas d’attaquer des Oiseaux plus gros qu’eux. Les uns sont sédentaires , les autres émi- grent à l’automne ; hors le temps des amours , il vivent en petites troupes. SYNOPSIS DES GENRES DE LA FAMILLE DES PARIDÉS. Bec droit ; moyen Mésange. Parus. grêle Rémiz. Ægithalus. Bec à arête supérieure courbe Moustache. Mystacinus. Genre MÉSANGE (Parus , de Linné). Le bec est épais, pointu, à bords mandibulaires droits ou presque droits ; la queue est égale ou étagée. La Mésange charbonnière (Parus major , de Linné) , vulgairement nommée Mazingue, est la plus grande des Espèces d’Europe. Sa taille est de six pouces ; son plumage est oli- vâtre en dessus, jaune en dessous; la tête est noire, ainsi qu’une bande longitudinale sur la poitrine; chaque joue porte un triangle blanc. — Cet Oiseau, quoique féroce, aime la société de ses semblables, mais il ne faut pas le mettre en cage avec d’autres Oiseaux, car il les pour- suit sans cesse, et finit par les tuer. C’est surtout lorsqu’il a goûté de la cervelle de l’un d’eux qu’il devient dangereux : Bechstein rapporte qu’il a vu lui-même une Charbonnière 270 PASSEREAUX D Æ O DACTYLES CONIROSTRES attaquer une forte Caille, et réussir à lui bri- ser la tête. Cette Mésange est commune dans les taillis et dans nos jardins, où il est facile d’observer ses allures agiles. Elle plaît sur- tout par son chant joyeux, dans lequel sont mêlés agréablement ses tons d’appel fick , fick, et le cri aigu tzizer ; l ien de plus gai que sa petite strophe , répétée vingt fois de suite : sitzida, sitzida, stiti , stiti. Elle niche dans un trou d’arbre , quelquefois aussi dans un trou de mur, ou même dans un nid abandonné d’Écureuil, de Corbeau ou de Pie. Son nid est sans art , et se compose de mousse , de laine et de plumes; elle y dépose huit à dix œufs blanchâtres, parsemés de gros et petits points, mêlés de traits rouge foncé , particulièrement au gros bout, oh ils forment une couronne; leur grand axe est de huit lignes et demie, le petit axe de six lignes. La Mésange noire ( Parus nter, de Lin- né ) , nommée vulgairement Petite Charbon- nière , diffère de la précédente en ce qu’elle est plus petite, et qu’elle a du cendré au lieu d’olivâtre, et du blanchâtre au lieu de jaune ; elle porte deux bandes blanches sur l’aile, Mésange cuarronnière (Parus major J. et une tache de même couleur sur la nuque. Cette Mésange habite de préférence les grands- bois de Sapin ; elle pond huit à dix œufs blancs, nuancés d’une légère teinte jaune et tachetés de rouge; leur grand axe est de six lignes et demie , le petit axe de cinq lignes. La Mésange bleue ( Parus cœruleus, de Linné) habite toute l’Europe, et vit sédentaire Mésange noire (Parus aterj. FAMILLE DES PARI DÉS. 271 en France. Son plumage est olivâtre en des- sus, jaunâtre en dessous; le sommet de la tête est d’un beau bleu; la joue est blanche, encadrée de noir; le front blanc; la taille est de quatre pouces et demi. — Cette Espèce est encore plus audacieuse et plus cruelle que la Charbonnière. Elle pond huit à dix œufs blancs, pointillés et tachés de brun, dont le grand axe est de six lignes et demie , le petit axe de cinq lignes. La Mésange huppée ( Parus cristatus , de Linné) habite presque toute l’Europe, et n’est pas rare en France. Sa taille est de quatre pouces huit lignes; elle est brunâtre en dessus, blanchâtre en dessous; la gorge et le tour de la joue sont noirs, et la tête porte une petite huppe de plumes acuminées, noires au centre, blanchâtres sur les bords. Elle pond cinq œufs blancs, tachetés de rouge, dont le grand axe est de six lignes , et le petit axe de cinq lignes. La Mésange non nette ( Parus palus- tris , de Linné ) , vulgai- rement nommée Mésange cendrée , Mésange des ma- rais , est commune en France. Sa taille est de quatre pouces cinq lignes ; les parties supérieures du corps sont d’un cendré roussâtre ; le dessus de la tête, la nuque et la gorge sont noirs; les joues et les côtés du cou d’un gris blanchâtre; les pieds sont d’un gris de plomb. Cette Espèce niche dans les trous des arbres fruitiers, et pond Mésange huppée (Parus cristatus J. Mésange nonnp.tte (Parus palustris). Mésange bleue (Parus cœruleus). 272 PASSEREAUX DÆODACTYLES G O N I R O S T R E S. treize à quinze œufs courts , blancs , pointillés ou tachetés de rougeâtre ; leur grand axe est de six lignes et demie, le petit axe de cinq lignes. La Mésange a longue queue ( Parus caudatus, de Linné) est longue de cinq pouces huit lignes ; son plumage est noir en dessus ; le dessous du corps est blanc , ainsi que la tête ; les rémiges secondaires sont frangées de blanc; les trois rectrices les plus latérales de chaque côté sont blanches sur leurs barbes externes, et sur une partie des barbes internes. La queue est plus longue que le corps et très-étagée. Mésange a longue qgeüe (Parus caudatus J et son nid. Cette Espèce est commune en France. Elle est plus sociable encore que ses congénères ; on la rencontre en petites bandes dans les vergers et sur la lisière des bois; elle niche dans les taillis, contre le pied des grands arbres. Son nid, construit avec des lichens et de la mousse, intérieurement garni fie duvet et de plumes, a la forme d’une bourse ou d’une poire ouverte sur le côté. M. Gerbe a remarqué souvent que sur deux des faces opposées de ce nid sont pratiquées deux petites ouvertures qui se correspondent, de sorte que le père ou la mère peu- vent entrer et sortir sans être obligés de se retourner et de froisser leur longue queue. Il résulte de cette précaution, toute instinctive, que l’Oiseau, pendant l’incubation, n’est pas gêné par sa queue. Dès que les petits sont éclos, les parents bouchent l’une des deux ouver- vertures, devenue inutile. La ponte est de dix à quinze œufs un peu courts, d’un blanc d’abord rose, puis plombé, quelquefois pointillé de brun ; leur grand axe est de cinq lignes et demie, le petit axe de quatre lignes. Genre RÉMIZ, Ægitlialus, de Vigors (dtytÇco, déchirer, OdXoç, bourgeon). Le bec est mince, effilé, aigu; la queue moyenne, assez large, peu échancrée. La Ré mi z pe n du line (Ægithalus pendulinus , de Ch. Ronaparte ; Parus pendulinvs , de Linné) est longue de trois pouces huit lignes; le plumage est cendré; les ailes et la queue sont brunes; les joues sont noires, le cou blanc. — Cet Oiseau habite une partie de l’Europe; FAMILLE J) ES PA RIDÉ S. 273 il est de passage en Provence. Son mode de nidification est des plus remarquables : il suspend son nid à l’extrémité d’une branche flexible et pendante au-dessus de l’eau, et lui donne la forme d’une bourse ou d’une cornemuse aplatie; l’ouverture est pratiquée soi' le côté, ordi- nairement sur celui qui fait face à l’eau; avec le seul secours de son bec, l’Oiseau entrelace des brins de racine, et rembourre ce tissu du duvet qu’il enlève aux chatons de Saule et de Peuplier , aux Chardons et au Pissenlit. La ponte est de quatre à six œufs oblongs, d’un blanc d’ivoire , sans taches; leur grand axe est de six lignes , leur petit axe de quatre lignes et demie. La R émizd’Afriq.ue {Æ 'githalus capensis, de Vigors ; Parus capensis, de Gmelin) habite le cap de Bonne-Espérance. Elle a la tête, le cou, le thorax et le ventre d’un noir intense; les côtés du cou et les flancs sont blancs; le reste du plumage est cendré. — Cette Espèce est plus industrieuse encore que la précédente : son nid , fait de coton et en forme de bouteille, porte sur le bord du goulot une espèce d’auget où se pose le mâle. Genre MOUSTACHE (Mgstacinus , de Boié). La mandibule supérieure est plus longue que l’inférieure, et un peu infléchie à la pointe; la queue est très-étagée. La Moustache noire ( Mijstacinus biar- micus , de Boié ; Parus biarmicus , de Linné ) habite une grande partie de l’Europe, et est de passage en France. Ce fiel Oiseau est de la taille de la Charbonnière; son plumage est fauve ; le mâle a la tête cendrée , avec deux bandes d’un noir de velours , situées de chaque côté du cou, à partir de la base du bec. Les rémiges sont lisé- rées de blanc en dehors; le bec est jaune. - — Il habite les marais et les buissons aquatiques, et se nourrit d’insectes et de graines de Roseaux. Son chant est plein de douceur et de gaieté. Il construit son nid avec des fibres radicales, et y dépose six à huit œufs, d’un blanc légèrement rosé , tacheté et strié de rouge. Nid ut la Moustache noire. 27 A PA S S E H E V U X I) Æ ODA C T Y LES G O N I H O S T H E S. FAMILLE des COUDÉS CARACTÈRE. — Bec robuste , court, comprimé ou quadrangulaire , à mandibule supé- rieure plus ou moins arquée; narines basales; ailes aiguës ou subaiguës; queue étagée; tarses robustes et courts. SYNOPSIS DES TRIBUS ET GENRES DE LA FAMILLE DES COL1DÉS. Bec assez allongé , en partie droit — TRIBU DES B UP H AGI ENS. Genre unique Pique-bœuf. Buphaga . Bec court , recourbé dès la base - TRIBU DES COLIENS. Genre unique Coliou. Colius. Genre PIQUE -ROEUF, Buphaga, (êoîiç, bœuf, cpayw, manger). Le liée est droit, entier, presque quadrangulaire, un peu comprimé, à pointe renflée dessus et dessous, et obtuse; les narines sont ovales, couvertes d’une membrane voûtée; les doigts sont totalement séparés , à ongles comprimés , arqués et aigus. Le Pique -Boeuf d’Afrique {Buphaga af ricana, de Linné) a les parties supérieures d’un brun roussâtre; les inférieures d’un fauve clair, qui de- vient presque blanc vers le ventre; le bec est jaune à sa base et d’un rouge vif vers la pointe. — fl doit son nom à l’habitude qu’il a de se cramponner sur le dos des Bœufs, pour pincer fortement leur peau avec son bec et en faire sortir les larves de Taon qui s’y logent, et dont il fait sa nourriture : il recon- naît leur présence par les élévations du cuir; le Bomf, qui se sent délivrer de ces botes parasites , se prête sans résistance aux opérations chirurgicales de l’Oiseau. Genre COLIOU, Colius, de Brisson (xoXotoç, corneille). Le bec est court, gros, fort, fléchi depuis la base, un peu comprimé à la pointe, arqué, voûté; le bord de la mandibule supérieure couvre celui de l’inférieure; celle-ci est droite, et moins longue; les narines sont percées dans la masse cornée du bec , rondes , et en partie cachées par les plumes du front ; la langue est courte et plate, avec une pointe cornée ou échan- crée; les pieds sont médiocres, les tarses sont fortement écus- sonnés, et les ongles très-arqués. Les Colious sont des Oiseaux appartenant à l’Afrique, de la couoc. grosseur d’un Bruant, mais plus allongés, à plumes fines et soyeuses, à tête ornée d’une huppe. Ils vivent en compagnie, grimpent le long des branches la tête en bas, ont un vol lourd, et peu soutenu; leur voix est un cri monotone et triste; leur nourriture consiste en fruits et en bourgeons. Ils nichent en commun, sur un même buisson, et pondent trois ou quatre œufs, brunâtres ou rosés. Ils dorment ensemble, la tête en bas, et pressés les uns contre les autres. Leur chair est délicate. Le Coliou du Sénégal {Colins senegalensis , de Gmelin) a le bec blanc et noir, le front roux , le plumage cendré roux. Le Coliou rayé ( Colius striatus , de Latham; Colius capensis, de Gmelin) a le corps gris en dessus, blanchâtre en dessous; les rectrices latérales blanches sur leurs barbes externes. 1‘ IQU F-liOEU F D’A FlUQll F. FAMILLE DES ST U R Nf DÉ S. FAMILLE des STURNIDÉS ( Genre ST U liN US , de Linné.) CARACTÈRE. — Bec épais, quadrangiiïaire à la base, droit ou peu recourbé, sub- conique, pointu, comprimé , sans dents ni échancrures , à base entamant les plumes du front ; commissure du bec en ligne brisée; tarses robustes, fortement écussonnés; aifcs aiguës ou subaiguës; queue étagée, arrondie, ou échancréë. S Y NO PCI S DES TRIBUS DE LA FAMILLE DES STURNIDÉS. Bec déprimé à la pointe Stürniens. Bec atténué à la pointe XanthornTens. TRIBU des STÜRNIENS SYNOPSIS DES GENRES DE LA TRIBU DES STÜRNIENS. Ailes aiguës Étourneau. Stur mis. Ailes obtuses Philestourne. Philesturnus . Genre ÉTOURNEAU (Sturnus , de Linné). Le bec est presque aussi long que la tête, droit, entier, légèrement déprimé; les narines sont à moitié fermées par une membrane; les l’ TOURNE \ I COMMUN (MllPlWS VlltiJUris). PASSER E A l X D Æ 01) AC T Y LES C 0 N I R 0 S T R E S. 27(5 tarses allongés, le doigt médian long, l’ongle du pouce robuste; la queue assez courte, légèrement échancrée. Les Étourneaux sont baccivores, granivores et insectivores; ils s’assemblent l’hiver en grandes bandes, qui se mêlent à celles des Corneilles. L’Étourneau commun (Sturnus vu! g avis , de Linné), nommé vulgairement Sansonnet, est une Espèce très-répandue dans tout l’ancien continent. Sa taille est de huit pouces et demi. Son plumage est noir, avec des reflets violets et verts, et tacheté partout de blanc ou de fauve. Le jeune mâle est gris brun. — Les Sansonnets se tiennent de préférence dans les lieux humides, les prairies, les marécages; ils fréquentent les bestiaux, dans la fiente desquels ils trouvent leur pâture, et se nourrissent de toutes sortes d’insectes; ils volent en troupes nombreuses et serrées, se laissent aisément prendre et apprivoiser, et, quoique leur cri ordinaire soit rauque et aigu , l’éducation peut donner à leur organe vocal une grande flexibilité : ils apprennent à siffler, à chanter, et même à parler. L’Étourneau niche dans les trous des arbres et des édifices; il pond quatre à sept œufs, d’un bleu pâle verdâtre, dont le grand axe est de onze lignes, et le petit de huit lignes et demie. Genre PHILES TOURNE ( Philesturnus , d’Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire ) . Le bec est recourbé, comprimé, étroit; les narines sont longitudinales, recouvertes d’une membrane; une pandeloque charnue, allongée, naît sous l’œil, de chaque côté de la base du bec; les ailes sont obtuses. Le Pu il p s tourne caroncule ( Philesturnus càrun- culatus , d’Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire; Creadion pharoïdes , de Vieillot; Merops carunculatus , de Latham; C or vus par a- doxus, de Daudin) est une Espèce australienne. Ses caron- cules sont longues de dix lignes, cylindriques, noirâtres à leur sommet, et orangées sur le reste de leur étendue; le plumage est brun en dessus, blanc sale en dessous, avec le milieu du ventre jaune. On le rencontre communément à la Nouvelle-Zélande; il est hardi, courageux et babillard. TRIBU des XANTHORNIËNS SYNOPSIS DES GENRES DE LA TRIBU DES XANTHORNIËNS. Bec offrant la disposition ordinaire; à arête supérieure courbe à arête supérieure droite ; comprimé conique. Narines arrondies Narines linéaires Bec couvrant la partie antérieure du front T RO U P I AL E. C A R 0 U G E. Dacnide. OXY RH Y N QUE. C ASSIQUE. Icterus. Xanthornus. Dacnis. Oxyrhynchus. Cassicus. Genre TROUPIALE, Icterus, de Rrisson (ixtepo?, Loriot). Le bec n’entame les plumes du front que par une échancrure aiguë, et son arête supérieure est arquée. — Les Troupiales sont des Oiseaux du Nouveau-Monde, qui ont les habitudes des Étourneaux; ils se réunissent en troupes considérables, de là leur nom générique; ils sont insectivores, baccivores et granivores; leur vol est léger; quand ils marchent, ils tiennent le corps presque droit; ils n’aiment point à se percher; leur chant consiste en une sorte de sifflement. Ils habitent prin- cipalement le Chili et le Paraguay. 277 KAMI LL E DES ST U R N I DÉS. Troupialk varié. Le rr I\0 u PI ALE varié {Oriolus varius , de Linné), nommé communément Étourneau îles vergers, présente de grandes variétés dans ses couleurs, selon Page et le’ sexe de l’Oiseau; le mâle. ne possède sa livrée définitive qu’au troisième printemps; il a six pouces de longueur, le bec bleuâtre, arqué sur sa longueur, le plumage noir, le bas du dos, la croupe et le ventre brun marron; les pennes secon- daires sont bordées de blanc. — Cet Oiseau, inférieur au Jîal- timore , par les nuances moins vives de sa robe , lui est supé- rieur, peut-être, sous le rapport de l’industrie architecturale : son nid a des contours plus gracieux; il pèse à peine une demi-once; c’est sur un arbre fruitier qu’il le place ordinaire- ment. Mais il arrive quelquefois que des circonstances locales l’obligent à nicher sur un arbre dont les rameaux ont beau- coup moins de solidité, tel que le Saule pleureur, par exemple; c’est alors que son industrie se développe par la nécessité, et que l’instinct devient une véritable intelligence. D’abord, le couple témoigne une grande affliction; on voit les époux tourner, avec des cris plaintifs, autour de l’arbre qu’ils sont réduits à adopter pour séjour; ils F examinent longtemps, et semblent tenir un conseil de famille pour discuter les moyens à employer. Puis, avec des brins d’herbe, ils lient en faisceau les branches menues et flexibles du Saule , forment avec elles une sorte de panier conique, et c’est dans ce panier qu’ils placent leur nid; au lieu de lui donner une forme hémisphérique, comme ils le font sur les arbres fruitiers, ils le fabriquent plus allongé, et serrent moins son tissu, pour le rendra plus élastique et plus propre à se confor- mer aux mouvements des rameaux agités par le vent. Genre CAROLGE, X'ânlliornus , de Brisson (IjavOoç , jaune; opvtç Oiseau). Ce Genre ne diffère du précédent que par le bec, tout à fait droit. Il appartient aussi à l’Amérique. Le C a rouge Baltimore (Xanthormis minor , de Cuvier; Icterus minor , de Brisson; Oriolus Baltimore , de Gmelin) est long dé sept pouces; les parties supérieures sont noires; la croupe est d’un orangé verdâtre; les tectrices de l’aile sonl noires, bordées d’orangé; les grandes rémiges sont d’un brun noirâtre ; les rémiges secondaires sont noires , bordées de blanc, les rectrices jaunes, avec la base et les deux intermé- diaires noires; les parties inférieures sont d’un jaune orangé; la gorge est noire, les pieds bruns et le bec noirâtre, tout à fait droit. — Cet Oiseau habite l’Amérique, et principalement la Louisiane ; il établit sa demeure sur les collines à pente douce, et bâtit son nid merveilleux sur le Tulipier; c’est dans les feuilles et les larges corolles de cet arbre magnifique, qu’il cherche les Chenilles et les Scarabées dont il fait sa nourriture. Quand le moment est arrivé de préparer le berceau aérien de leur future famille, les Baltimores se mettent à l’ouvrage. Le mâle ramasse des barbes espagnoles , filaments du Tillandsia usneoïdes, et il en attache habilement un brin , par ses deux extrémités, à deux branches voisines l’une de l’autre; la femelle arrive ensuite, inspecte son travail, et pose une fibre en travers sur celle de son compagnon; bientôt les fils se superposent et forment un réseau, qui prend peu à peu la forme d’un nid; à mesure que la gracieuse construction avance vers sa fin l’affection des deux époux semble augmenter. Ce nid ne contient aucune substance chaude; il ne se compose que de barbes espagnoles, et il est tissé de manière à laisser passer l’air à travers les mailles qui forment son réseau. Les parents ont compris que la chaleur excessive qui approche incommoderait leurs petits; aussi, placent-ils leur nid du côté du Nord-Est; mais, dans les régions moins chaudes que la Loui- siane, telles que la Pensylvanie et l’État de New- York, ils le placent toujours vers le Midi, et tapissent l’intérieur avec de la laine et du coton. Le Baltimore a des mouvements gracieux, qui n’appartiennent qu’à lui; on le voit courir à petits pas légers, se cramponner aux branches Cxiiouu: \ui.G\iiir. 27 1 : S ST U R N 1 DÉS. 27 9 son plumage est d’un noir violet; il a la tête et le cou gris brun, le bec noirâtre et les pieds bruns. «Cet Oiseau, dit Cuvier, vit en troupes auprès du bétail; mais le trait le plus distinctif de ses habitudes, c’est qu’il dépose ses œufs dans des nids étrangers, comme le Coucou. » C’est surtout aux dépens de la Fauvette tachetée (, Sylvia œstiva) [page 247 | que s’opère cette usurpation. Le Brunet a soin d’enchâsser son œuf dans le tissu lâche de ce nid, en sorte que cet œuf, faisant peu de saillie, ne dérange en rien les œufs légitimes. La Fauvette couve l’œuf et nourrit le petit avec la même affection que sa propre famille. Genre CASS f QUE, G ns sicus , de Cuvier ( cassis , casque). La base du bec remonte sur le front et y entame les plumes par une large échancrure demi-circulaire. — Les Cassiques, ou Gonzalicos , sont Américains, comme tous les Oiseaux de leur Tribu. Us se plaisent, dit Azara,dans les bois et les forêts, et ne fréquentent point les campagnes découvertes; ils vivent de graines et d’insectes, et la plupart niellent en commun. Le Cassique huppé ( Cassions cristatns , de Daudin; Oriolas cristntus , de Gmelin) a dix- lmit pouces de longueur; le plumage est d’un brun marron sur la croupe et sous la queue; dix des douze pennes de la queue sont d’un beau citron ; les deux autres sont d’un noir terne, ainsi que tout le reste du corps. — .Le Cassique huppé habite le Brésil; on le rencontre quelquefois dans les forêts vierges, mais, le plus souvent, dans le voisinage des habitations. Ces Oiseaux consomment une énorme quantité d’oranges, qu’ils percent d’un coup de bec pour en enlever la pulpe, dont ils rejettent les pépins. Les Tourterelles , qui recherchent au contraire la graine de l’oranger sans la pulpe qui les environne, viennent enlever les reliefs du festin des Cassiques. Le Cassique huppé construit son nid avec un art et des précautions admirables : il lui donne la forme d’une bourse allongée et renflée à sa partie inférieure; l’entrée est placée en haut et sur l’un des côtés. Il est tissu de Lichens, de fibres d’écorces, et surtout des filaments du Tillandsia usneuïdes , que l’Oiseau a rendus semblables à des crins de cheval. Ce nid est suspendu, tantôt à la pointe d’une feuille de Palmier, tantôt à l’extrémité d’une branche; mais, dans tous les cas, l’Oiseau l’écarte, autant que possible, du tronc, afin de le rendre inaccessible aux ennemis terrestres qui pourraient grimper le long de la tige et parvenir jusqu’à ses petits. Le Cassique Jupuba ( Cassicus ruber, de Brisson; Oriolus hœmorhous , de Linné) habite la Guyane et le Brésil. Il est long de onze pouces; son plumage est d’un noir velouté, avec des plumes d’un rouge de sang à la croupe; le bec est jaune citron. — Cette Espèce place son nid dans les arbres dont les branches s’avancent sur l’eau; elle le construit d’herbes sèches, et lui donne la forme d’une coloquinte, avec l’entrée latérale et oblique; de sorte que l’eau de la pluie ne peut y pénétrer. Le Cassique yapou {Oriolus persicus , de Gmelin) est noir; le bas du dos, les tectrices alaires et la base des rectrices sont de couleur jaune; le bec est jaunâtre. — Cette Espèce habite les contrées chaudes de l’Amérique méridionale; elle suspend son nid en forme de poche, longue de trois pieds, à l’extrémité des branches des arbres; il est composé de joncs et autres substances végétales flexibles , et matelassé de grandes feuilles , de soies et de poils. Le même arbre en porte quelquefois quatre cents. Il y a souvent trois pontes par an. P A SS K Itlï Al \ I) KOI) V C T Y L E S G 0 N i R 0 S T R ES. 280 FAMILLE des FRINGILLIDÉS ( Genres FRINGILLA et LOXIA , de Linné.) CARACTÈRE. — Bec court, conique, épais, quelquefois croisé, d’autres fois bombé , à bords mandibulaires droits ou rentrants ; pieds médiocres ou courts; tarses non écus- sonnés ; ailes moyennes. Les Fringillidés sont, pour la plupart, granivores et baccivores. SYNOPSIS DES TRIBUS DE LA FAMILLE DES FRINGILLIDÉS. Bec non dentelé Fri n g i l l i e n s. Bec à bords mandibulaires dentelés Phytotomiens. TRIBU des FRINGILLIENS SYNOPSIS DES GENRES DE LA TRI RE DES FRINGILLIENS. Mandibules presque égales. Bec assez allongé ; non renflé à la base renflé à la base Bec court ; de grosseur moyenne ; à bords rentrants. A ngle du pouce ordinaire Angle du pouce allongé peu recourbé à bords peu ou point rentrants très-gros ; irrégulièrement quadrangulaire arrondi de toutes parts Mandibules inégales Mandibules très-inégales , se correspondant l’une à l’autre s’entrecroisant vers la pointe Tisserin. Alecto. Bruant. Plectrop h an e. Moineau. Gros-bec. Bouvreuil. Dur-bec. PSITTIROSTRE. Bec-croisé. Ploceus. Alecto. Emberiza. Plectrophanes. Fringilla. Coccothraustes. Pyrrhula. Gorythus, Psittirostra. Loxia. Genre TISSERIN, Ploceus , de Cuvier (nAoxsùç , tisserand). Le bec, par sa grandeur, rapproche ce Genre de celui des Cassiques, mais la commissure droite l’en sépare; de plus, la mandibule supérieure est légèrement bombée. Les Tisserins, ainsi nommés parce qu’ils font leur nid avec beaucoup d’art, en entrelaçant des brins d’herbe, des joncs, de la paille, de la laine, et en général tout ce qui est filamen- teux, se réunissent ordinairement par troupes, et se nourrissent de céréales et de bourgeons. Tous appartiennent à l’Afrique et aux Indes. Le Tisserin républicain (Ploceus abyssinicus , de Cuvier; Loxia socia , de Latham) habite le cap de Bonne-Espérance. 11 a la taille du Gros-Bec; son plumage est d’un brun oli- vâtre en dessus , jaunâtre en dessous ; la tête el les pennes sont brunes : ces Oiseaux doivent leur nom au singulier instinct qui les fait rapprocher leurs nids en grandes quantités pour en FAMILLE DES former une seule masse à plusieurs compar- timents, disposés de manière que celui du milieu est séparé des autres , et mis à l’abri des Serpents et des Écureuils. Le Tisserin du Bengale ( Loxxa ben- f/alensis , de Linné ; Coccothraustes clirysoce- phala, de Vieillot) est long de cinq pouces; les parties supérieures sont brunes, avec le bord des plumes cendré ; la tête et une partie du cou sont jaunes ; les parties inférieures sont d’un blanc jaunâtre, avec une bande brunâtre sur la poitrine; les côtés de la tête et de la gorge sont blancs; le bec est rou- geâtre; les pieds sont jaunes. Tisserin du Bengale ( Loxia bemjalensis) . Cette Espèce habite les Indes. Elle construit son nid avec des fibres végétales, qu’elle entre- lace de manière à leur donner la forme d’une bourse , dont elle suspend l’extrémité aux branches supérieures des arbres croissant au bord des fleuves, et qui s’ouvre par un orifice inférieur. La première année, cette bourse est simple; l’année suivante, l’Oiseau attache au bas du nid qui lui a servi un second nid où il fera sa nouvelle ponte, et chaque année il F III NCI LU DES. 281 Nid du Tisserin du Bengale. 36 282 PASSE UE A l \ ÜÆODACTYLES CON1ROSTRES. en construit un nouveau communiquant avec les supérieurs; il en suspend ainsi jusqu’à quatre ou cinq à la suite les uns des autres. Le Tisserin cap-more ( P/oceus textor, de Lichtenstein; Oriolus textor , de Gmelin) habite le Sénégal. Cet Oiseau a la taille du .Moineau; il est jaune; la tête est brune, avec un reflet doré; le cou, la gorge et les flancs sont d’un brun marron; le dos et les ailes sont variés de noir; la queue est verdâtre. Le Tisserin des Philippines (P/oceus philippinus , de Charles Bonaparte; Loxia phi- lippina, de Linné) , vulgairement le Toucnam corvi , habite l’Asie et l’Océanie. Sa taille est celle du Moineau; il est jaune, tacheté de brun; le vertex et la poitrine sont d’un beau jaune; le front et la gorge sont noirâtres; le ventre est blanc; les rémiges sont brunes, bordées de blanc; les rectrices bordées de jaune. — Cette Espèce construit , avec des libres de feuilles entrelacees, un nid suspendu en forme de boule, avec un canal vertical contourne en spirale, et ouvert en dessous, qui communique par le côté dans la cavité où sont les petits, et dont P orifice est du côté le moins exposé à la pluie. Genre A LEO T 0 ( Alecto , de Lesson). Ce Genre diffère du précédent par le bec renflé à la base. L’Alecto ( Textor alecto, de Temminck) , qui habite le Sénégal, est de la grosseur d’un Merle; il a le plumage entièrement brun noir, avec les bords externes des rémiges et quelques taches irrégulières blanches sur les flancs; la base du bec est jaunâtre. Genre BRUANT (Emberiza, de Linné). Le bec est conique , court , droit, à mandibule supérieure plus étroite, et rentrant dans l’inférieure; le palais est muni d’un tubercule saillant et dur. Les Bruants habitent généralement la lisière des bois, et se tiennent dans les baies ou dans les blés : la plupart émigrent. Ils sont presque exclusivement granivores; on les recherché comme gibier, et leur prise est facile, car ils ont peu de prévoyance, et donnent dans tous les pièges qu’on leur tend. Le Bruant Ortolan ( Emberiza hortulana, de Linné) , Espèce commune en Europe, a six pouces de longueur; le dos est brun olivâtre, la gorge jaunâtre ; les deux plumes externes de la queue sont blanches en dedans. — La délicatesse de sa chair, qui devient très-grasse en FAMILLE DES FRINGILLIDÉS. fc83 automne, lui a donné une haute réputation dans le inondé gourmand; mais son chant mérite aussi d’être apprécié; il est varié, et se fait entendre au printemps, la nuit comme le jour; le mâle emprunte même quelques modulations du chant des autres Oiseaux près desquels on le place. Il niche dans les buissons et les champs de colza; son nid, composé d’herbes, de fibres radicales et de crins, contient quatre ou cinq œufs d’un gris rougeâtre pâle, quelquefois bleuâtres, pointillés, linéolés de brun et de noir; leur grand axe est de huit lignes et demie, le petit axe de six lignes. Le Bruant commun ( Embcriza citrinella, de Linné ), vulgairement dit Verdière, Bruant jaune , a le dos fauve , tacheté de noir ; la tête et tout le dessous du corps fauve; les deux reetrices externes à bord interne blanc. La taille est de six pouces environ. — Cette Es- pèce est sédentaire et commune en France ; elle niche dans les haies, pond quatre ou cinq œufs d’un blanc grisâtre ou roussàtre, nuancé d’une teinte violacée , tacheté et linéolé de roux violet; leur grand axe est de neuf lignes, le petit de six lignes et demie. Le Bruant jaune se mêle, en hiver, aux bandes de Moineaux et de Pinsons , et il descend alors avec eux jus- que dans les cours des fermes. Sa chair est recherchée en automne. Buuant commun ( Embcriza citrinella. ) Le Bruant zizi ( Emberiza cirlus , de Linné ) , vulgairement nommé Bruant de haies, tient le milieu, pour la taille, entre les deux Espèces précédentes; il a la gorge noire, et les côtés de la tête jaunes. — Il est répandu dans le midi de l’Europe , et niche près de terre, dans les taillis; sa ponte est de quatre ou cinq œufs grisâtres , avec des taches , des points et des raies cendrés et noirs ; leur grand axe est de neuf lignes , le petit de sept lignes. Ses mœurs sont les mêmes que celles du Bruant commun. Le Bruant fou [Emberiza cia , de Lin- né ) , vulgairement nommé Bruant des prés , diffère du Bruant commun en ce qu’il a le dessous gris roussàtre, les côtés de la tête blanchâtres, entourés de lignes noires en triangle. But a nt zi/i (Embcriza cirlus j et son nid. 284 PASSEREAUX DÆODACTYLES CONIROSTRES. ' — Cette Espèce est répandue dans le midi de l’Europe; ses œufs, blanchâtres, linéolés de noir, ont leur grand axe de huit lignes et demie, et le petit axe de six lignes. Le R k u a n t P r o y e r ( Emberiza miliaria, de Linné ) est long de sept pouces quatre lignes ; Bruant Broyer (Emberiza, miliaria). son plumage est gris brun, tacheté partout de brun foncé. — 11 vit sédentaire dans le midi de la France; son nid est établi dans les guérets et dans les prairies ; il contient quatre à six œufs un peu allongés, d’un gris cendré, roussâtre ou violacé, avec des taches et des traits en zig- zag de couleur brune; leur grand axe est de dix lignes et demie, le petit axe de sept lignes et demie. Ces Oiseaux ont le vol rapide et bruyant ; ils forment en automne des bandes nom- breuses, et volent rapprochés les uns des autres. Le Bruant de roseaux ( Emberiza schœniculus , de Linné) a cinq pouces et demi envi- ron; sur la tête une calotte noire, des taches de même couleur sur la poitrine, et le dos roux. Bruant de roseaux (Emberisa schœniculus). Il est communn dans le nord de la France. Il niche au milieu des roseaux; sa ponte est de quatre ou cinq œufs d’un gris violet, tacheté de brun noir; leur grand axe est de huit lignes et demie, le petit axe de six lignes. Cet Oiseau est insectivore et granivore. FAMILLE DES FR1NG1LL IDÉS. 285 Genre PLECTROPHANE, Plectrophanes , de Meyer ( TtXîjxTpov , éperon, ©amo, mon- trer). Ce Genre diffère du précédent en ce que l’ongle du pouce est presque droit et allongé en éperon, comme celui des Alouettes. — Les Plectrophanes vivent sur le sol, et se perchent rarement; ils marchent régulièrement et non par sauts comme les Rruants ; ils courent vite, et volent énergiquement; ils sont insectivores et granivores. Ils habitent les régions boréales de notre hémisphère, et se montrent accidentellement de passage dans le nord de la France. Le Plectrophane des neiges ( Plectrophanes nivalis , de Meyer; Ernberiza nivalis , Plegtkopuane des neiges (Plectrophanes nivalis). de Linné) , vulgairement nommé Moineau des dunes , Pinson du Nord , Bruant de neige , a la tète, le cou, les tectrices alaires, la moitié supérieure des rémiges et des suscaudales, le des- sous du corps et de la queue d’un blanc pur; le dos, les scapulaires et la moitié inférieure des rémiges d’un noir profond , ainsi que les deux rectrices médianes. — Cet Oiseau niche parmi les rochers, et pond cinq ou six œufs oblongs, d’un blanc teinté d’azur, ponctué de violet et de brun ; leur grand axe est de neuf lignes, le petit axe de six lignes et demie. Le Bruant de neige a les mœurs et le vol des Alouettes; il se mêle quelquefois à leurs bandes, et voyage avec elles. Le Plectrophane de Laponie ( Plectrophanes lapponica , de Meyer ; Ernberiza calca- Plectrophane de Laponie (Plectrophanes lapponica ), 280 PASSEREAUX DÆODACTYEES CONIROSTRES. rata, de Temminck; Fringilla lapponica, de Linné) , vulgairement nommé Bruant Montai n, Grand-Montain , a le plumage d’un noir profond et comme velouté; des sourcils blancs; le cou en dessus ferrugineux ; les deux rectrices externes marquées d’une tacbe blanche. — Cel Oiseau habite la Laponie, et se montre en France dans ses migrations d’automne. Il niche à terre, et pond cinq ou six œufs d’un jaune roussàtre, tacheté de brun. De même que les Alouettes , il ne chante qu’en se soutenant dans les airs. Genre MOINEAU ( Fringilla , de Linné). Ce Genre, caractérisé par un bec court, de grosseur moyenne, à bords peut ou point rentrants, a été divisé par M. Degland en plusieurs Genres ( Moineau , Pinson, Chardonneret , Linotte , Sizerin ) , nous en ferons autant de Sous- Genres, et nous y joindrons quelques Sous-Genres exotiques (Sénégal i, Veuve, Oryx, Paroaré). Sous-Genre Moineau, Pyrgita, de Cuvier (itupyiTriç, qui fait son nid dans les tours). Le bec est un peu bombé et incliné à la pointe; les ailes sont médiocres; la queue est moyenne, échancrée. — Les Moineaux marchent en sautant; ils sont granivores et insectivores, et le tort qu’ils font aux céréales n’est pas compensé par la destruction des Chenilles. Us vivent l’hiver en société, et quand ils se réunissent le soir sur l’arbre où ilà doivent passer la nuit, ils y font entendre un ramage fort importun , avant de se livrer au repos. Le Moineau domestique ( Fringilla domestica, de Linné ; Pyrgita domestica, de Cuvier ; Passer domesticus , de Rrisson) , vulgairement nommé Moineau, Moisson , Pierrot, Mouchon, est brun, tacheté de noirâtre en dessus, gris en dessous, avec une bande blanchâtre sur l’aile. Moineau domestique ( Fringilla domestica J. la calotte du mâle rousse sur les côtés, et sa gorge noire. — Cet Oiseau pullule dans tous les lieux de l’ancien continent où l’homme cultive les céréales; il consomme une quantité consi- dérable de blé, et détruit beaucoup de jeunes fruits; plein d’audace et de sécurité dans nos villes, il est défiant et rusé dans les campagnes, et sait longtemps éluder les poursuites du chasseur. Il niche ordinairement sous les briques des toits, dans les trous des murailles, ou dans les pots qu’on lui offre , et alors il se contente d’arranger négligemment quelques brins de foin; mais lorsqu’il place son nid sur les grands arbres, il le construit avec beaucoup d’art, et ajoute par-dessus une espèce de calotte qui le met à l’abri de la pluie. Il fait plusieurs pontes par an; chaque ponte est de six œufs d’un cendré bleuâtre, plus ou moins parsemé de taches brunes, dont le grand axe est de huit lignes et demie, et le petit axe de six lignes. Sa longévité est remarquable : on cite un Moineau qui mourut en captivité , âgé de vingt-quatre ans. Le Moineau Friquet (Fringilla montana, de Linné), vulgairement nommé Moineau des bois , Moinequin , est de huit lignes plus petit que le Moineau domestique; il a le dessus 287 FAMILLE DES FRINGILLIDÉ'S. de la tête rouge bai , une tache noire sur l’oreille, deux bandes transversales, étroi- tes et blanches , sur l’aile. — Il est répandu dans toute l’Europe , et se tient plus éloigné des habitations que l’Espèce précédente; il ni- che dans les trous et sur les branches des arbres, et quel- quefois dans les nids des Hirondelles; ses œufs sont d’un gris ou d’un brun clair, strié de brun violet ; leur grand axe est de huit lignes et demie, le petit axe de six lignes. L’hiver, cette Espèce se mêle aux Moineaux do- mestiques , aux Pinsons , aux Bruants , et cherche avec eux sa nourriture. Le Moineau Soulcie (Fringilla pair onia, de Linné) est long de cinq pouces huit lignes; la queue est large, arrondie, avec une tache blanche et ronde à l’extrémité de chaque penne, les deux médianes exceptées ; le devant du cou est taché de jaune. — Cet Oiseau habite les contrées méridionales de l’Europe; il vit dans les pays montagneux et boisés, et descend l'hiver en bandes nombreuses dans les plaines; il niche dans les trous des vieux arbres; sa ponte est de cinq ou six œufs oblongs, jaunâtres, tachetés de brun ou de gris violet, dont le grand axe est de neuf lignes et demie , et le petit axe de six lignes et demie. Sous-Genre Pinson ( Fringilla , de Cuvier). Le bec est conique, droit, fort, assez allongé, nullement bombé à sa pointe; les ongles sont très-comprimés, les ailes allongées, la queue longue et fourchue. Les Pinsons sont gais , confiants , et se rencontrent partout , même dans les villes ; leur vol est peu rapide, et s’exécute par élans successifs ; ils marchent plus qu’ils ne sautent, et souvent en marchant, ils relèvent les plumes de la tête. Le Pinson ordinaire (Fringilla cœlebs , de Linné) , vulgairement le Pinson, le Gros- Bec Pinson, est l’un des Passereaux les plus répandus dans nos campagnes. Sa taille est de six pouces; il est brun en dessus; le dessous est roux vineux dans le mâle, grisâtre dans la femelle; il a deux bandes blanches sur l’aile, et du blanc aux deux côtés de la queue. — Le Pinson habite toute l’Europe, et vit sédentaire en France; il niche sur les arbres, à une hauteur médiocre; son nid, artistement construit en forme de coupe, est composé extérieure- ment de mousse et de lichens, intérieurement de plumes et de crins; la ponte est de quatre on cinq œufs d’un blanc bleuâtre, tacheté de rouge brique, et linéolé de brun; leur grand axe esl de huit lignes et demie, le petit axe de six lignes et demie. Cet Oiseau est vif dans ses allures, gai dans son chant, facile à prendre, facile à élever en cage quand on l’a pris jeune, et capable, dans la servitude, de s’approprier quelques parties du chant des autres Oiseaux. Ce résultat s’obtient surtout lorsque son maître, pour l’empêcher de distinguer la nuit du jour, l’a rendu aveugle en lui passant un fer rouge sur les yeux. Les Allemands n’emploient pas ce moyen barbare d’éducation musicale , et cependant en aucun lieu du monde le chant du Pinson n’esl [•lus prisé qu’en Allemagne : les amateurs de ce pays ont étudié toutes les nuances de son ramage; aucun ton de sa voix n’a échappé à leur oreille. Le chant du Pinson ayant des rap- ports sensibles avec les sons articulés de la parole, ils ont imaginé d’en distinguer les nom- breuses variétés par les syllabes finales de la dernière strophe que prononce l’Oiseau, et dans Moineau Friqokt (Fringilla montana ) . I 288 1> A S S E R E A U X J) Æ 0 D A C T Y L E S G 0 N l R 0 S T R E S laquelle ils ont, bon gré, mal gré, trouvé des mots allemands. Ainsi, la mélodie qui finit par Wein guièh se nomme le Chant du vin ; elle est composée de quatre strophes , et , quand elle est parfaite , on croit entendre un hautbois. Ils ont aussi la bonne Année (Gout- Jalxr ) , le Fiancé ( Brâutigam ) , le Boute-selle ( Reiterzoug ) , etc.; mais la plus merveilleuse des mélodies est celle qu’ils nomment le dou- ble battement du Hartz , parce que c’est dans ce pays qu’on l’a observée pour la première fois. Les habitants du village de Roubl font quelquefois trente lieues pour prendre à la glu un de ces chanteurs renommes , et 1 on a vu un paysan donner une de ses vaches pour un Pinson qui exécutait les cinq strophes du double Battement. Le Pinson de montagne (F ringilla mon- té fringilla, de Linné) , que l’on nomme aussi Gros-Bec d’Ardennes , Pinchon d’Ardennes, est plus gros que le Pinson ordinaire. Sa taille est de six pouces et demi , dont deux et demi pour la queue, et un demi pour le bec, qui est jaune , avec la pointe noire ; ses pattes sont hautes de neuf lignes , et d’une couleur de Pinson ordinaire (FrlmjiUa caichs ) chair obscure; toutes les plumes de la tète et des joues sont noires, avec des bordures rous- sâtres , plus larges et plus prononcées aux jeunes mâles , et s’affaiblissant avec l’âge ; la nuque et le ventre sont comme poudrés de gris blanc; les plumes du dos sont noires, avec de larges bordures d’un jaune obscur; la croupe est blanche; tout le devant du cou, la poi- trine et les petites couvertures des ailes sont d’un roux plus ou moins vif; les grandes couver- Pinson pf. montagne ( Fvinf/i1lff> )• FAMILLE DES FR1NGI LL1DÉS. 289 tures sont noires, avec le bout blanc; les pennes, brun obscur, bordées de jaunâtre; la queue, noire, est un peu fourchue. Cet Oiseau varie beaucoup, suivant la différence des âges; on trouve des individus à tête blanche, à dos entièrement blanc, etc. Le Pinson de montagne ne niche point en France ; c’est dans les forêts épaisses d’arbres verts du nord de l’Europe qu’il fait sa ponte, composée de quatre ou cinq œufs d’un blanc gri- sâtre, tacheté de brun, dont le grand axe est de huit lignes et demie, et le petit axe de six lignes et demie. Il n’émigre chez nous que dans l’hiver, quand le froid excessif l’a chassé de sa patrie; mais on le rencontre par myriades, en automne, dans les forêts d’Allemagne, sur- tout quand les faînes ont réussi. Son chant a peu d’éclat, n’étant composé que de sifflements légers; il est cependant susceptible de perfectionnement : un jeune Pinson d’Ardennes, placé à côté d’un Pinson beau chanteur, apprend assez bien à l’imiter; mais cette imitation est tou- jours imparfaite. Le Pinson niverolle ( Fringilla nivalis , de Linné), vulgairement nommé Gros-Bec Niverolle, est long de sept pouces; il a l’ongle du doigt postérieur plus long que ce doigt; le plumage est brun, maillé de plus clair en dessus, blanchâtre en dessous ; la tête est cendrée ; les tectrices alaires, les rémiges secondaires et toutes les rectrices, à l’exception des deux médianes, sont d’un blanc pur. — Cet Oiseau établit sa demeure sur nos Alpes, dans le voisi- nage des neiges et des glaces; l’hiver, il descend dans des régions moins froides, mais tou- jours montagneuses. Il est granivore; il niche dans les crevasses des rochers. Sous-Genre Chardonneret ( Carduelis , de Cuvier). Le bec est en cône allongé et très-légèrement fléchi; comprimé vers la pointe, qui est très-aiguë, à bords de la mandibule inférieure formant vers la base un angle saillant. Les ailes dépassent le milieu de la queue, qui est moyenne et échancrée. Les Chardonnerets ont des mœurs douces et familières; ils émigrent par troupes, et restent rassemblés durant l’hiver en bandes nombreuses. Ils sont granivores. Le Chardonneret élégant ( Fringilla Carduelis, de Linné; Carduelis elcgans, de Stéphens) , vulgairement Gros-Bec Chardonneret, Cardonnette, est l’un des plus jolis Oiseaux de l’Europe. Il a cinq pouces et demi de longueur; le dessus brun, le dessous blanchâtre, le masque d’un beau rouge, une belle tache jaune sur l’aile. Chaque rémige est terminée par une petite marque blanche plus ou moins triangulaire ; les rectrices intermédiaires sont blanches à leur extrémité; les deux latérales ont aussi vers le bout un grand espace blanc. — Son nom de 290 P A S S E 15 E A U X I ) Æ 0 D A G T N LES G 0 N 1 R O S T 15 E S. Chardonneret lui vient de la préférence qn’il accorde pour sa nourriture aux graines du Chardon et des plantes de la même Famille. Le Chardonneret se ploie facilement à l’esclavage et devient même familier : mais c’est un prisonnier qu’il ne faut pas laisser oisif : tout le monde connaît le petit exercice auquel on le soumet, et qui consiste à tirer de petits seaux contenant son boire et son manger; c’est aussi un faiseur de tours, fort docile à l’éducation que lui don- nent les bateleurs. Il vit vingt ans, et même davantage. Son cri d’appel diffère de son ramage, (pii est très-varié. Il niche dans les jardins et les vergers; son nid, construit avec art, a la forme d’une coupe un peu profonde; il est composé de brins d’herbes, de fibres radicales, de duvet de Saule et de Peuplier et de crins , le tout formant un tissu compacte et serré. La ponte est de quatre ou cinq œufs d’un brun verdâtre, ponctué de brun foncé; leur grand axe est de sept lignes et demie, le petit axe de cinq lignes et demie. Le Chardonneret Tarin ( Fringilla Spinus , de Linné; Carchioiis Spimis , de Degland), vulgairement nommé Gros-Bec Tarin, se rencontre dans toute l’Europe, et vit sédentaire dans quelques parties de la France. Son plumage est olivâtre en dessus, jaune en dessous, avec une calotte, l’aile et la queue noires; l’aile porte deux bandes jaunes. — Cet Oiseau ne niche que sur les hauts sommets des Sapins. Sa ponte est de quatre ou cinq œufs d’un blanc gri- sâtre, tacheté de brun, dont le grand axe est de six lignes, et le petit de quatre lignes environ. G h a r i)ox n eh et Tarin ( Ftingillà Spinus). Il s’accoutume à la captivité avec une promptitude étonnante; il exécute gaiement en cage diverses petites manœuvres. On lui apprend sans peine à sortir et à rentrer, mais il faut com- mencer cette épreuve en hiver : si l’on tient à la fenêtre sa cage ouverte, avec des graines de Chènevis et de Pavot éparpillées à l’entrée, il y revient, et amène souvent plusieurs compa- gnons avec lui. Soos-GenrF Linotte, ( Cmnabina , de Brehm). Le bec est court, droit, à pointe peu aigue, à bords un peu rentrants, ceux de la mandibule inférieure formant vers la base un angle mousse; les ailes atteignent à peine le milieu de la queue, qui est très-échancrée. La Linotte ordinaire ( Friiujilla Cannabina, de Linné; Canmbina Linota , de Cray), vulgairement nommée Gros-Bec Linotte , Friant , a cinq pouces quatre lignes de longueur; le plumage du dos est brun fauve; les pennes de l’aile et de la queue sont noires, bordées de blanc; le dessous est blanchâtre; le vieux mâle est orné .d’un beau rouge sur la tête et à la poitrine; le bec est gris. — Cet Oiseau habite presque toutes les contrées de l’Europe; il niche dans les vignes, les taillis et les buissons. Le mâle ne partage pas les travaux du nid et les FAMILLE DES FR1NC I LLI DÉS 2!)l Linotte ordinaire (Fringilla Cannabina). soins de l’incubation, mais il nourrit soigneusement sa femelle, en lui dégorgeant de la pâture, et il cherche à l’égayer par un continuel ramage. La ponte est de quatre à six œufs oblongs , d’.un blanc azuré, pointillé et linéolé de brun; leur grand axe est de sept lignes et demie, le petit axe de cinq lignes et demie. Le chant de la Linotte, agréable, brillant et flûté, consiste en plusieurs strophes suivies et bien liées. Les amateurs l’estiment surtout lorsqu’il est entre- mêlé de certains tons aigres et sonores, qui ont quelque rapport avec le chant du Coq; ils disent alors que l’Oiseau coqueline. Ce ramage peut se perfectionner par l’éducation : de tous les Oiseaux de chambre, la Linotte est celui qui, par la douceur et le flûté de sa voix, rend les airs qu’on lui enseigne de la manière la plus nette et la plus agréable; mais si la captivité est favorable au développement de sa voix, elle altère l’éclat de son plumage. La Linotte montagnarde ( Fringilla flavirostris , de Linné; Cannabina (lavirostris , de Degland), vulgairement nommée Linotte de montagne , Linot des oiseleurs, Gros-Bec à gorge rousse, est longue de quatre pouces et demi; elle a la tête, le dessus du cou et du corps brun, varié de roussâtre, avec deux bandes transversales rousses sur les ailes, et du rouge cramoisi au croupion; les joues et la gorge sont rousses; le milieu du ventre et les sous-cau- dales blancs; les rémiges et les rectrices bordées de blanchâtre en dehors. — Cette Espèce I inotte montagnarde (Fringilla Jïavirôstris)'. PA S S E R EAUX DÆO DACTYl.ES C ü N 1 RO STR E S. 2Ü2 habite le nord de l’Europe; elle est de passage régulier dans le nord de la France, où on la rencontre ordinairement par couple. Son caractère est indolent et très-doux ; son chant est strident et monotone. Ses œufs sont oblongs, bleuâtres, pointillés de brun. La Linotte venturon {Fringilla citrinella, de Linné; Cannabina citrinella, de Regland), vulgairement nommée Gros-Bec venturon , habite les contrées méridionales de l’Europe. Sa taille est de quatre pouces dix lignes; le plumage est olivâtre en dessus, jaunâtre en dessous, le derrière de la tête et du cou sont d’un jaune cendré. — Cet Oiseau, doux et peu farouche; fréquente l’hiver les plateaux des collines, et en été se retire dans les régions moyennes des montagnes boisées; il se nourrit des graines de plantes alpestres, et surtout, en hiver, de celles de la Lavande commune. — Il niche dans les arbres verts; sa ponte est de quatre ou cinq œufs oblongs, d’un blanc azuré, avec des taches brunes. Les Serins ont été séparés par Brehm des Linottes et des Chardonnerets, à cause de la forme de leur bec, qui rappelle celui des Bouvreuils. Le Serin cini ( Fringilla Serinus, de Linné; Serinus rneridionaUs , de Ch. Bonaparte), vulgairement Gros-Bec Cini , Serin vert) est un Oiseau des montagnes du midi de l’Europe, dont la taille est à peu près celle du Tarin; il est olivâtre en dessus, jaunâtre en dessous, tacheté de brun, avec une bande jaune sur l’aile. — Il niche sur les arbres et sur les arbustes, tels que les Romarins et les Genévriers. Son nid est construit avec art, et contient quatre ou cinq œufs petits, blanchâtres, pointillés et linéolés de rougeâtre, dont le grand axe est de cinq lignes et demie, le petit axe de quatre lignes. Il se laisse prendre facilement, et devient, en captivité, le plus aimable des Oiseaux de chambre; il caresse de son bec ses compagnons d’esclavage, et préfère surtout la société du Chardonneret , dont il imite sans peine tous les tons. Sa voix n’est pas forte, mais elle est mélodieuse, et son chant, si l’on en excepte quelques passages qui rappellent celui de l’Alouette, ressemble complètement à celui du Serin des Canaries. Le Serin d e„s Canaries ( Fringilla Canaria , de Linné), vulgairement nommé Canari, est une Espèce exotique , plus grande que le Serin vert. Son chant agréable et son aptitude à supporter l’esclavage l’ont répandu partout. Sa patrie primitive n’est pas bien connue, et quoi- qu’on le trouve à l’état sauvage dans les îles Canaries , plusieurs voyageurs pensent qu’il est originaire de l’Asie. Cet Oiseau, que Buffon nomme 1 e petit musicien de nos appartements , a changé de plumage et même de forme en changeant de climat : en Europe, il est générale- ment d’un jaune plus ou moins intense, plus ou moins nuancé de verdâtre; mais il varie à l’infini; ses variétés, croisées avec le Chardonneret, la Linotte, le Cini, le Tarin, le Venturon et même le Bouvreuil, produisent des hybrides, excellents chanteurs. Sous-Genre Sizerin ( Linaria , de Vieillot). Les Sizerins ressemblent aux Linottes par la couleur rouge des plumes de la poitrine et du front, mais ils en diffèrent pour le reste; leur bec est très-aigu; leurs narines sont profondément cachées par les plumes qui descendent du front; la mandibule inférieure est doublement dentée de chaque côté, à la base; les doigts sont plus courts, à ongles plus forts, canaliculés en dessous. Le Sizerin boréal ( Fringilla linaria, de Linné; Linaria rubra-minor, de Brisson; Linota borea/is , de Ch. Bonaparte), vulgairement nommé Grand-Bougron , est long de quatre pouces dix lignes; le vertex et le front sont rouge de sang; le dessus du corps est varié de brun gris, avec deux barres obliques blanches sur les ailes; le croupion est blanc, tacheté de brun et nuancé de rouge; le dessous du corps est blanc, avec le devant du cou et de la poitrine d’un rouge pourpre. — Cet Oiseau habite les régions arctiques des deux continents; il est de passage en France; il niche au Groenland. Sa ponte est de cinq œufs d'un blanc ver- dâtre , tacheté de roux. Le Sizerin Cabaret ( Fringilla linaria, deTemminck; Linaria minima, de Brisson; Linota linaria, de Ch. Bonaparte), vulgairement nommé Bougron, Cardinal, est long de quatre pouces; il diffère du précédent en ce que le croupion est roussàtre, flammé de brun; le FAMILLE DES FUING1LLIDÉS. 293 devant de la poitrine est d’un rouge cramoisi ; le ventre est blanc , varié de taches brunes. — Cet Oiseau habite les latitudes du cercle polaire arctique, et passe, au printemps et en automne, dans le nord de la France. Il niche dans les taillis ; sa ponte est de quatre ou cinq œufs d’un blanc grisâtre , tacheté et linéolé de roux et de brun , dont le grand axe est de sept lignes , et le petit axe de cinq lignes. Le Sizerin Cabaret est recherché par les amateurs à cause de son plumage et de son chant. Le S iz eh in blanc iiatee [Linota canes- cens, de Ch. Bonaparte; Fringilla borea/is , de Temminck) habite le Groenland, et se mon- tre accidentellement en Belgique et dans le nord de la France. Sa taille est de cinq pou- ces ; il a le vertex et le front d’un rouge de sang ; le dessus du cou et du corps blan- châtre, avec des mèches longitudinales noi- râtres; le croupion, le devant du cou et la poitrine rouge rose ; le reste des parties infé- rieures blanc; la gorge noire; les rémiges et les rectrices brunes, bordées de blanc pur; le smnm cabaret (Fringiiia unariaj. bec jaune en dessous et brun en dessus ; les pied's et l’iris bruns. Ses mœurs et sa propagation sont inconnues. Sizkrin Bi.w.iiATiu: ( Lincta canescens ) . Les SÉNÉGALlS ( Estrilda , de Swainson) sont des Moineaux de l’Afrique et des Indes, dont le bec est court, à bords lisses; les ailes courtes, arrondies; la queue assez allongée, graduée. — Le Bengali ( Fringilla bengalus, de Gmelin) est d’un bleu d’azur clair; la tête et le dos sont gris, les côtés de la tête pourpre. Sa taille est de quatre pouces trois quarts. — Le Séné g ali ( Fringilla senegala, de Gmelin) est à peine plus grand que notre Roitelet; son bec est rouge, strié de noir, et brun sur les bords; le corps est d’un rouge vineux; le ventre 294 PASSEREAUX DÆO DACTYLES CONI HO ST HE S. ost hiuii verdâtre, le dos, les tectrices alaires sont bruns, la queue noire, les pieds d’un gris clair. Cette Espèce habite les rives du Sénégal; elle vit de graines de Millet, et s’apprivoise facilement. Le mâle et la femelle ont un chant, également mélodieux. Les VEUVES ( Vidua, de Cuvier) sont des Oiseaux d’Afrique et des Indes, à bec de Linotte, qui iorment le passage entre ces dernières et les Gros-Becs; toutes ont du noir dans le plu- mage : de la le nom de Veuve donné a cette Section du grand Genre des Moineaux. Quelques- unes des pennes de la queue sont excessivement allongées dans les mâles. La Veuve a collier d’or ( Ernberiza paradisea , de Linné), nommée aussi la Grande veuve d’Angola , a cinq pouces et demi de longueur ; la tète, le dos, les ailes et la queue d’un noir profond; le collier, et le dessous du corps d’un châtain roux vif; le ventre blanc; deux rectrices très-longues, les deux du milieu élargies, roides et pointues. Veuve a collier d'or (Ernberiza paradisea )■ Cette Espèce est commune au Sénégal. Ses mœurs sont analogues à celles des Gros-Becs. Les OR YX (Oryx , de Lesson) sont des Moineaux d’Afrique, dont le bec est épais, pointu, comprimé sur les côtés; la queue est assez courte, égale; le plumage est soyeux et crépu. L’Oryx J au noir ( Loxia capensis, de-Gmelin) est noir; le croupion et les tectrices alaires sont jaunes. Sa taille est de six pouces un quart. — Cet Oiseau habite le cap de Bonne-Espé- rance, et so tient surtout dans les plaines et les broussailles situées sur le bord des rivières et des ruisseaux ; son nid, fabriqué avec des matières lâchement entrelacées, est percé à jour, et contient des œufs gris , tachetés de noir. Les PAROARES ( Paroaria , de Ch. Bonaparte) sont des Espèces américaines, dont le bec est épais, comprimé, à bords légèrement renflés ; la queue allongée, élargie, arrondie; la tête ordinairement surmontée d’une huppe redressée. Le Paroaiie dominicain {Loxia dominiçana , de Linné) et le Paiioare huppé ( Loxia cucullata, de Daudin) sont des Espèces rares de l’Amérique méridionale, connues sous les noms vulgaires de Cardinal et de Dominicain, ils n’excèdent pas de beaucoup la grosseur du Moineau franc. Tous deux sont remarquables par le beau rouge de la tête et de la gorge, et ils se distinguent surtout l’un de l’autre parce que , chez le second , les plumes du derrière de la tête, longues et étagées, se relèvent en huppe ; le reste du plumage offre, chez tous deux, une bande noire derrière le cou . du blanc sur les côtés, sur la poitrine et les parties inférieures, et Pt. 10 , /C -Uf/r C-œ^-VeZ'7''^', éwo LIAI 0\-O COTt^lM! . f- * . . ni ■ ■ Mu H I î mu ‘ M. . ■! ' . - *•* ■41 - ■ . ■ - FAMILLE DES FR UN G I LLI DÉS. 295 du noir sur le dos, les ailes et la queue. Leur voix n’est pas remarquable, et ils la font rare- ment entendre , mais la richesse de leur robe les place au rang des plus beaux Oiseaux du nouveau monde. Les Paroares ne se rencontrent jamais dans les grandes forêts ; ils préfèrent les buissons de la plaine, et s’écartent rarement de leur domicile habituel. Ils se nourrissent des graines de l’Eupatoire et des Graminées , et affectionnent surtout l’arille rouge qui recouvre celles du Rocouyer, Plante ligneuse, appartenant à la famille des llixinées. Genre GROS-BEC, Coccotliraustes , de Brisson (xoxxoç, noyau, Opauw, briser). Le bec est très-robuste, épais, bombé, pointu, exactement conique ; les tarses sont courts, les ailes pointues. Le Gros-Bec commun ( Coçcolhrffustes vulgaris , de Brisson; Loxia coccotliraustes , de Linné) est remarquable par son énorme bec jaunâtre; sa taille est grosse et ramassée, sa queue courte ; il a six pouces et demi de longueur, le dos et une calotte de couleur brune ; le reste du plumage grisâtre, la gorge et les rémiges noires, et une bande blanche sur l’aile. — Il est solitaire, sauvage et silencieux, et n’est susceptible d’aucune éducation; vit dans les bois des montagnes, et se nourrit de toutes sortes de fruits à noyau. Il niche dans les forêts et dans les vergers ; son nid, grossièrement construit, renferme trois à cinq œufs un peu allon- gés, d’un blanc cendré ou d’un gris sombre, rayé et tacheté rie bleuâtre et de brun; leur grand axe est de dix lignes et demie , le petit axe de sept lignes et demie. Le Gros- Bec Verdier ( Coccotliraustes Ch/oris , de Cuvier; Loxia Chloris, de Linné), vulgairement nommé Vert-montant , est de la grosseur du Moineau; on le rencontre commu- nément aux environs de Paris; il a cinq pouces et demi de longueur; le dessus du corps ver- dâtre, le dessous jaunâtre , et le bord externe de la queue jaune; son bec est moins gros que celui de l’Espèce précédente, et sa queue est plus longue et très-fourchue. — Il se plaît dans les taillis, les jardins, les parcs ombragés; son naturel est doux et familier; il supporte très- bien la captivité, et s’accoutume, comme le Canari, au manège de la galère : il vit de graines, de baies et quelquefois d’insectes; son ramage est sonore, et ressemble un peu à celui du Gros- Bec Verdier (Coccol /n'avstcn vithjarïs).. PASSEREAUX DÆO DACTYLES CONIROSTRES 290 Pinson. Son nid, construit avec assez d’art, avec de la mousse, de la bourre, de la laine et du crin, contient quatre à six œufs, d’un blanc légèrement azuré, pointillé de brun, dont le grand axe est de huit lignes , et le petit de six lignes et demie. Genre BOUVREUIL , Pyrrliula, de Brisson (Tuuppoç, roux). Le bec est très-court, très- bombé, presque rond dans toute son étendue; les bords de la mandibule inférieure sont angu- leux au niveau des narines ; le pouce est plus court que le doigt interne. Le Bouvreuil ordinaire ( Pyrrliula europœa, de Vieillot; Loxia pyrrliula, de Linné), vulgairement nommé Pionne, a six pouces trois lignes de longueur; il est cendré en dessus, rouge en dessous, et porte une calotte noire. — Cet Oiseau joint à la beauté de son plu- mage les qualités les plus aimables ; son go- sier est d’une grande flexibilité ; il apprend facilement à chanter et même à parler ; il est susceptible d’attachement. Il niche sur divers arbres, dans les taillis; le mâle nourrit sa femelle pendant l’incubation, et de plus couve à sa place pendant plusieurs heures du jour. Le nid est construit avec art , en forme de coupe, et composé de bûchettes, de racines chevelues , de brins d’herbe et de crins ; il contient trois à cinq œufs bleuâtres ou verdâ- tres, tachetés de brun et de violet, dont le grand axe est de neuf lignes, et le petit axe de sept lignes. Le Bouvreuil est granivore et baccivore, mais, au printemps, il se nourrit de bourgeons. Doivbeuil okuinaihe (Pyrrliula europœa) Genre DU R- BEC, Corytlius , de Cuvier (xopuç, nom grec d’un Oiseau inconnu). Le bec est allongé, fortement recourbé vers le bout, à arête arrondie, et un peu comprimé ; les ongles du pouce et du doigt médian sont très-longs et à peu près égaux. Le Du r -bec ordinaire ( Pyrrliula enu- cleator, de Temminck ; Loxia cnucleator , de Linné) habite les régions arctiques de l’hémis- phère nord ; il est long de sept pouces et demi ; le fond du plumage est rouge incarnat, mêlé rie brun sur le dos, avec deux bandes trans- versales blanchâtres sur l’aile, et les rémiges secondaires bordées de blanc. — Cet Oiseau construit son nid comme le Bouvreuil , et y pond quatre œufs blancs. Il vit dans les forêts de Pins et se nourrit de leurs amandes. FAMILLE DES FRING1LL1DÉS 297 Genre BEC-CROISÉ, Loxia, de Brisson (Xoçoç, courbe). Le bec est aplati sur les côtés, et les deux mandibules sont tellement courbes, que leurs pointes se croisent tantôt d’un côté, tantôt de l’autre. Le Bec-Croisé Perroquet ( Loxia curvirostra, de Linné) habite tous nos grands bois d’arbres verts, où il se nourrit des semences qu’il arrache de dessous les écailles des cônes de Pin et de Sapin. Sa taille est de six pouces; le mâle a, dans sa jeunesse, toutes les parties supérieures et inférieures du corps d’un rouge de brique, teint de vert ou de jaunâtre; les rémiges et les rectrices brunes ; les couvertures de la queue d’un blanc sale ; le centre de chaque plume est occupé par une grande tache brune allongée ; l’iris et les pieds sont bruns ; Bec-croisé Perroquet (Loxia curvirostra). la teinte rouge disparaît avec l’âge. — Le Bec-Croisé construit son nid pendant l’hiver avec des lichens enduits de térébenthine , et y dépose quatre ou cinq œufs d’un blanc jaunâtre ou gri- sâtre, pointillé de brun, dont le grand axe est de neuf lignes, et le petit axe de sept lignes. Genre PSITTIROSTRE , Psittirostra, de Temminck ( Psittacus , rostrum , bec de Per- roquet). Le bec est court, très -crochu, un peu bombé à sa base ; la mandibule supérieure est droite à la base , fortement courbée à la pointe; l’inférieure est très -évasée, arrondie, obtuse au sommet. Le Psittirostre ictérocephale ( Psittirostra ictero- cephala , de Temminck) a presque les formes et la coloration des petits Perroquets, la tête et le cou sont d’un jaune d’or; tout le reste du plumage est vert ; la femelle n’a point de jaune, et sa tête est d’un gris verdâtre. Cette Espèce, la seule du Genre, habite les îles Sandwich, où on la nomme lîahouhi. TRIBU DES PH YTOTOM I EN S Genre unique PHYTOTOME, Phytotoma, de Molina (cpuxov, plante, -xÉpvw, couper). Le bec est conique, épais, droit, denté à sa base, et dentelé sur ses bords; les narines sont 38 l’SITTlROSÏRE. 298 PASSER E A U X D Æ 0 1) A G T Y L E S G 0 N I R 0 S T R E S. arrondies, petites, ouvertes près du front; les ailes courtes, la queue médiocre, arrondie; les tarses grêles, écus'sonnés. Le P h y t o t o m e rare ( Phytotoma rara , de Molina) a tout le dessus du corps d’un gris sombre, un peu roussâtre, avec toutes les plumes noirâtres dans le milieu , le long de leur tige; le dessus de la tête est d’un rouge vif cannelle; les ailes ont deux bandes blanches ; la gorge et le devant du cou sont blancs , nuancés de roux clair ; la poitrine et toutes les parties inférieures sont roussâtres. — Cette Espèce habite le Chili et le Paraguay. Elle vit d’herbes de Grami- nées, dont elle coupe la tige tout près de la racine, ce qui cause de grands dégâts, et la fait proscrire par les indigènes. On lui fait une guerre acharnée, et les enfants qui détruisent ses œufs sont récompensés. FAMILLE niîs ALAUDIDÉS ( Genre A LA U DA , de L r nn é). CAR ACTE RE. — Bec non échancré , à pointe mousse ou conique ; narines en partie recou- vertes par de petites plumes serrées; tarses moyens, mais assez gros ; doigts peu allon- gés, totalement séparés , le médian plus long, les latéraux égaux, le postérieur très- allongé, à ongle droit et coupant; ailes aiguës ou subaiguës; queue carrée ou un peu fourchue. Les Alaudidés ont le plumage généralement teint de roux , et couvert de mèches plus fon- cées. Ce sont des Oiseaux granivores, insectivores , herbivores et pulvérateurs. SINOPSIS DES TRIBUS ET GENRES DE LA FAMILLE DES ALAUDIDÉS. Bec court. = TRIBU DES A LA GDI ENS. Bcc gros ., M i R a f r e. Mirafra. Bec moyen Alouette. Alauda. Bec allongé. = TRIBU DES CE B TH A LA IJDI ENS. Genre unique .... S i a l i . Certhilauda. Genre ALOUETTE [Alauda, de Linné). Le bec est court, droit, conique , pointu, à mandibule supérieure voûtée, et terminée en pointe aiguë. L’Alouette des champs ( Alauda arvensis , de Linné), vulgairement dite Aloue , a six pouces et demi de longueur; le ventre est blanc, les rectrices brun noirâtre, à l’exception des deux latérales, qui sont bordées de blanc. Cet Oiseau habite tout l’ancien continent; il ne perche pas ; la hauteur de son vol, la force de son chant sont connues ; c’est, le mâle qui exécute cette ascension perpendiculaire, accom- pagnée de joyeuses modulations. Voici la phrase de Linné : «L’Alouette, au vol vertical, suspendue au plus haut des airs , fredonne sa chansonnette à la louange de Dieu : l’entendez- vous qui prolonge son tirilé, tirilé, son finie : Alauda volatu perpendiculari in aere suspensa, cantillans, in Creatoris laudem, ecce suum tirilé, tirilé, smon tirilé tractat. » Lorsque l’Oiseau s’est élevé à perte de vue, il se laisse retomber comme un plomb jusque près de la terre, d’où il reprend bientôt son vol. Les Alouettes vivent de graines et de vermisseaux ; elles deviennent très-grasses en automne, époque de leur émigration, et on en prend un grand nombre, que l’on vend pour la table, sous le nom de Mauviettes. Nous rappellerons à nos lecteurs, que Jules César, après la conquête 299 FAMILLE DEt de la Gaule, leva, parmi les vaincus, un corps d’armée qu’il nomma la légion de l’Alouette , faisant allusion, sans doute, à la gaieté natu- relle de nos pères. L’Alouette niche dans les champs , à terre , dans un petit enfoncement ; sa ponte est de quatre ou cinq œufs, un peu ventrus, rous- sàtres ou grisâtres , pointillés et tachetés de gris et de brun ; leur grand axe est de neuf lignes, le petit de sept lignes. L’Alouette hausse-col ( Alauda al- pestris , de Linné) habite le nord de l’Eu- rope, de l’Asie et de l’Amérique, et se montre accidentellement en France; elle a six pouces et demi de longueur; le front, les joues et la gorge sont jaunes, avec des traits noirs; le haut de la poitrine porte une large tache noire transversale. Le mâle est muni, de chaque côté du vertex , d’un pinceau de plumes rele- vées en huppe. — Cette Espèce a les mœurs de l’Alouette des champs ; mais , lorsqu’elle chante , elle ne s’élève pas dans les airs , et reste posée sur une motte de terre ; ses œufs sont d’un brun pointillé de roux plus vif; leur grand axe est de huit lignes, et le petit axe, d< ALAUDIDÉS. Alojette uns champs (Alauda arcensisj. six lignes et demie. Alouette hausse -col (Alauda alpestris). L’Alouette cochevis ( Alauda cristata, de Linné), vulgairement dite Alouette huppée , est de la même taille et du même plumage que l’Alouette des champs ; sa tête est surmontée d’une huppe formée de plumes étagées. Le Cochevis habite les parties tempérées et chaudes de l’Europe ; il niche à terre, au milieu d’un sillon, d’un pas de Cheval, à l’abri d’une touffe d’herbe ; ses œufs sont d’un gris rous- sâtre , ou cendré clair, tacheté de brun ; leur grand axe est de neuf lignes ; le petit de sept lignes. — Cette Espèce est sédentaire en France; elle ne vit jamais en troupe comme l’Alouette 300 PASSEREAUX D/EOI) YCTYLES CONIROSTHES. A 1 0DETTE COOUI-MS (AlttXUUl CVist((t((J. des champs; elle réside surtout près des grandes routes, pour trouver sa nourriture dans la fiente des Chevaux. Les oiseleurs la recherchent parce qu’elle s’apprivoise aisément , et répète les airs qu’on lui serine. L’Alouette Lulu (Alauda arborea, de Linné; Alauda nemorosa, de Gmelin), vulgai- rement dite A louette des bois, petite Aloue , Gujelier, a six pouces de longueur; sa tête est ornée de plumes formant une huppe, que l’Oiseau peut relever à volonté; autour de la tête est un trait blanchâtre ; les rectrices sont noires, à l’exception des deux latérales, qui sont blan- ches sur leur bord externe. — L’Alouette Lulu habite l’Europe, mais elle n’est sédentaire que dans quelques contrées de la France : elle se. perche quelquefois sur les arbres : elle fait enten- dre, en volant un bédoulé, bédoulé, répété d’un ton plaintif, et mêle quelquefois, à ce cri d’ap- pel , quelques parties de son ramage doux et fluté, lu, lu, lu, lu, auquel elle doit son nom. Alouette I.ui.b (Alauda arborea). Elle niche à terre, dans les guérets ; ses œufs sont grisâtres, pointillés de brun ; leur grand axe est de huit lignes et demie ; le petit axe do six lignes et demie. L’Alouettf, cal and h elle (Alauda bracliydactyla , de Leisler; Alauda arenaria, de 301 FAMILLE DES ALAUÜIDÉS. Vieillot) est longue de cinq pouces; les parties supérieures sont d’un cendré roussàtre, tacheté de brun ; les parties inférieures , d’un blanc plus ou moins nuancé de roux à la poitrine et sur Alouette calapidrelle ( Alcmda arenaria). les flancs. Elle habite le midi de l’Europe, et se tient habituellement dans les terrains sablon- neux ; ses mœurs sont celles de l’Alouette des champs ; elle émigre de bonne heure pour la Grèce et l’Afrique ; elle niche à terre , dans un petit enfoncement garni de quelques brins d’herbes. L’Alouette calandre {Alauda calandra , de Linné) est la plus grande Espèce d’Eu- rope ; sa taille est de sept pouces et plus ; le plumage est brun en dessus , blanchâtre en des- sous , avec une grande tache noirâtre sur la poitrine. Elle se distingue des Espèces précédentes par la longueur de l’ongle du pouce, qui dépasse ce doigt d’un tiers. Genre MIRAFRE ( Mirafra , de Horsfield ) . Le bec est court, gros, bombé en dessus et en dessous. Le Mirafre de Java ( Mirafra j avanie a , d’Horsfleld ; Alauda Mirafra, de Temminck) , nommé par Levaillant la Calotte rousse , a le haut de la tête d’un roux marron, grivelé de noir sur le milieu de chaque plume ; la gorge, le devant du cou, la poitrine et les flancs sont d’un gris brun sale, grivelé de brun; les rémiges sont roussâtres , ondées de brun noir; la queue est marquée de blanc sale sur les côtés. — Cette Espèce habite le sud de l’Afrique et les îles de l’Archipel indien. Genre SIR LI ( Certhilauda , de Swainson). Le bec est allongé, comprimé, arqué, à mandibule supérieure convexe , recourbée et pointue. Le Si RL i d’Afrique ( Certhilauda af ricana, de Gray ; Alauda A f ricana , de Gmelin) est une Espèce assez commune dans les plaines sablonneuses, d’une extrémité à l’autre de l’Afri- que. Son plumage est brun en dessus , ainsi que la queue , et jaunâtre en dessous ; les trois rectrices latérales sont blanches au sommet ; la gorge est d’un jaune bordé de noir. L’Alouette sentinelle {Alauda cap ensis, de Latham ; Alauda crocea, de Vieillot) est le type du Genre Macronyx , de Swainson, Genre à ongle du pouce long et recourbé, à bec droit, légèrement courbé sur son arête, à ailes courtes, à queue égale, qui lie les Alouettes aux Farlouses. — La Sentinelle est la plus belle de toutes les Alouettes d’Afrique : sa gorge est d’une couleur aurore foncée, et ceinte d’un hausse-col noir, dont les cordons, de même teinte, servent d’encadrement au jaune de la gorge. Un sourcil d’un bel orangé couronne les yeux , Mirafre. 302 P A S S E R E AUX A M PII Y l) A G T Y L E S. et tout le dessus du corps est de cette couleur; lu queue est marquée de blanc, à l’extrémité des rectrices latérales ; les ailes , d’un brun varié de gris , sont égayées par des sortes d’épau- lettes souci et par des bordures qui frangent les rémiges ; le bec est gris , les pieds brun jaune et les yeux brun orangé. Ce brillant Oiseau est commun au cap de Bonne-Espérance où on le recherche comme ali- ment : il fréquente surtout les prairies humides. Lorsqu’il voit paraître un animal , il pousse un cri qui exprime très-bien les mots qui vive! qui vive ! Cette particularité, jointe à la cra- vate, au hausse-col, aux épaulettes, aux galons que présente son plumage, lui a fait donner le nom d’ Alouette sentinelle. PASSEREAUX AMPHIOACTY LES FAMILLE des MUSOPHAGIDÉS CARACTÈRE. — Bec plus court que la tête, fort, large, comprimé, sans soies à la base, et dentelé sur les bords ; narines cachées par les plumes du front ; doigt externe versatile, soudé à celui du milieu par un petit repli membraneux ; queue arrondie, développée, étagée. Les Musophagidés sont des Oiseaux d’Afrique, qui ont l’aile et la queue des Gallinacés nommés Hoccos ; leur vol est lourd , bruyant et peu soutenu ; mais ils sautent de branche en branche avec agilité, sans déployer leurs ailes; ils se nourrissent de fruits dans les forêts où ils résident; ils sont monogames, et nichent dans les trous des arbres; leur caractère est peu farouche. Les naturels recherchent leur chair, qui est très-délicate. SYNOPSIS DES GENEES DE LA FAMILLE DES MUSOPHAGIDÉS. Bec non prolongé sur le front T o u r a c o. Corythaix. Bec prolongé sur le front Musophage. Musophaga. Genre TOURACO [Corythaix , d’Uliger). La base du bec est garnie de plumes effdées , qui se dirigent en avant , et couvrent en partie les narines. Le Touraco Loury ( Corythaix per sa , de Lesson ; Cuculus persa, de Linné) habite le cap de Bonne-Espérance. Son plumage est vert pré; il porte deux traits blancs en dessus et en dessous de l’œil, et une huppe verte, comprimée, bordée de blanc; les rémiges sont d’un beau rouge. Son cri est un couroidou, articulé lentement; son cri de joie est bref, et peut se rendre par coz. La ponte est de quatre œufs d’un blanc bleuâtre. Genre MUSOPHAGE [Musophaga , d’Isert). La base de la mandibule supérieure est prolongée sur le front ; les narines sont situées vers le milieu du bec , et découvertes. Les Muso- phages recherchent le fruit du Bananier [Musa), de là leur nom générique. Le Musophage violet [Musophaga violacea, de Vieillot) a dix-huit pouces de longueur; tout son plumage est d’un bleu violet foncé; les moyennes rémiges sont rouges, et les plus externes noires; la queue est longue, arrondie, bleu noir pourpré; les tarses sont gris; le bec est jaune teint de rouge; le tour des yeux est d’un rouge de feu; le sommet de la tête FAMILLE DES M U S 0 PII AGI DÉ S. 303 pourpre foncé; la nuque est entourée d’un trait blanc. Ce bel Oiseau habite le Sénégal, où il est rare. Nous terminerons la longue histoire des Passereaux par une citation empruntée à un grand poète , non moins habile écrivain que Buffon en ce qui concerne le mécanisme de la phrase , mais beaucoup plus chaleureux que lui dans son admiration pour les beautés de la nature. C’est Châteaubriant qui va nous fournir l’épilogue des Passereaux. « Une admirable Providence se fait remarquer dans les nids des petits Oiseaux : on ne peut contempler, sans en être attendri , cette bonté divine qui donne l’industrie au faible et la pré- voyance à l’insouciant. Aussitôt que les arbres ont développé leurs fleurs, mille ouvriers com- mencent leurs travaux : ceux-ci portent de longues pailles dans le trou d’un vieux mur; ceux-là maçonnent des bâtiments aux fenêtres d’une église; d’autres cherchent un crin à une cavale, ou le brin de laine que la brebis a laissé suspendu à la ronce. Il y a des bûcherons qui croisent des branches dans la cime d’un arbre; il y a des filandières qui recueillent la soie sur un chardon. Mille palais s’élèvent, et chaque palais est un nid; chaque nid voit des métamorphoses char- mantes : un œuf brillant, ensuite un petit, couvert de duvet. Ce nourrisson prend des plumes; sa mère lui apprend à se soulever sur sa couche : bientôt il va jusqu’à se pencher sur le bord de son berceau, d’où il jette un premier coup d’œil sur la nature; effrayé et ravi, il se précipite parmi ses frères; mais, rappelé par la voix de ses parents, il sort une seconde fois de sa couche, et ce jeune roi des airs ose déjà contempler le vaste ciel , la cime ondoyante des pins , et les abîmes de verdure au-dessous du chêne paternel. Et cependant, tandis que les forêts se réjouissent en recevant leur nouvel hôte, un vieil Oiseau, qui se sent abandonné de ses ailes, vient s’abattre auprès d’un courant d’eau : là, résigné et solitaire, il attend tranquillement la mort au bord du même fleuve où il chanta ses plaisirs, et dont les arbres portent encore son nid et sa postérité harmonieuse. » Dur-Bf.c. Tragopan. Faisan de la Chine. Coq. Pintade. Bec voûté, généralement faible, souvent flexible ; narines percées dans un large espace membraneux, recouvertes par une écaille cartilagi- neuse; ailes concaves; jambes emplumées jusqu’aux talons; tarses nus, courts , à quatre doigts {rarement trois ) plus ou moins complète- ment libres; à ongles un peu recourbés. De tous les Ordres constituant la Classe des Oiseaux, celui des Gallinacés est le plus utile à l’homme; la plupart des Espèces qui le composent sont susceptibles de domesticité et peuplent nos basses-cours; d’un autre côté, les Espèces sauvages nous fournissent un gibier très-estimé. Les Gallinacés, dont le type est notre Coq, ont le port lourd, les ailes courtes et le vol difficile, ce qui tient à leur sternum profondément éehancré et tronqué obliquement en avant. Le larynx inférieur est très-simple, ce qui explique pourquoi, parmi les Gallinacés, il n’en est pas un qui chante agréablement. Ils sont presque entièrement granivores; leur jabot est large et leur gésier vigoureux. — Cet Ordre tient aux Passereaux par les Pigeons, et aux Échassiers par les Phasianidés. J FAMILLE DES COLOMB IDE S. 305 SYNOPSIS DES FAMILLES DE L’ORDRE DES GALLINACÉS. Doigts seulement bordés — P ASSÉRI PÈ D ES. Formes encore légères; bec faible COLOMBIDÉS. Formes lourdes. Doigts antérieurs très-longs. Tarses très-courts ; narines percées dans la corne du bec OPISTHOCOMIDÉS. Tarses ordinaires ; narines basales MÉGAPODIDÉS. Doigts antérieurs ordinaires. Bec allongé, frêle TIN AMI DÉS. . Bec comprimé TIJ B N ICI DÉS. Bec renflé à la base, comprimé à la pointe. . . . ATT AGI DÉS. Doigts réunis à leur base par une membrane GRALLIPEDES. Famille unique PIIAS IA NID ES. GALLINACÉS PASSÉRIPÈDES FAMILLE des COLOMBIDÉS CARACTÈRE. — Bec médiocre, droit, renflé dans sa moitié antérieure , rétréci vers le milieu ; narines oUongues, s’ouvrant presque au milieu du bec dans une peau renflée; tarses réticulés; quatre doigts libres, garnis en dessous d’une membrane épaisse qui les déborde latéralement ; pouce articulé au niveau des trois doigts antérieurs, et portant à terre dans toute son étendue; ailes médiocres ou courtes; queue composée de douze à quatorze rectrices. Les Golombidés on Pigeons ont été rangés par Cuvier parmi les Gallinacés : ils diffèrent cependant des véritables Gallinacés par les mœurs , aussi bien que par la structure : ces der- niers sont polygames; le mâle ne nourrit point sa femelle quand elle couve, et ne partage point âvec elle les soins de l'incubation ; ils volent mal , cherchent leur nourriture à terre , grattent sans cesse le sol , et aiment à se vautrer dans la poussière : de là leur nom d’Oiseaux pulvérateurs ; ils ne nichent presque jamais sur les arbres; leurs doigts antérieurs sont réunis à leur base par une courte membrane , et dentelés le long de leurs bords. Les Pigeons , au contraire, sont constamment monogames, c’est-à-dire que chacun d’eux n’a qu’une seule compagne; ils volent bien, et nichent pour la plupart sur les arbres; leurs doigts sont entiè- rement libres, et leur queue est moins riches en pennes que celle des Gallinacés proprement dits. Les mœurs des Pigeons sont douces et familières; ils vivent par paires; les deux époux montrent l’un pour l’autre une tendresse et une constance remarquables, et leur première alliance est ordinairement la seule qu’ils contractent dans le cours de leur vie. Le mâle aide sa femelle à construire son nid et à couver. La ponte ne se compose ordinairement que de deux œufs, mais elle se renouvelle plusieurs fois dans l’année; les petits ne, sont pas capables 39 300 GALLINACÉS PASSÉ RIPÉ DES. de marcher dès leur naissance, comme cela arrive chez les Gallinacés ordinaires : ils naissent aveugles et très-faibles, couverts d’un léger duvet, et ne quittent leur nid que très-garnis de plumes; jusqu’à cette époque, leurs parents les nourrissent en dégorgeant dans leur bec des aliments réduits à l’état de bouillie. Le régime des Pigeons consiste presque entièrement en graines et en haies; quelquefois ils mangent des Escargots ou des Insectes, et lorsqu’ils boi- vent, c’est tout d’un trait, en plongeant la tête dans l’eau, tandis que les autres Gallinacés relèvent la tête à chaque gorgée. Quant à leur habitation, c’est surtout à la lisière des forêts et dans le voisinage des eaux qu’on les rencontre; ils ne vont guère en troupes que dans leurs migrations. Leur vol est lourd et bruyant, mais il peut être soutenu longtemps. SYNOPSIS DES TRIBUS ET DES GENRES DE LA FAMILLE DES COLOMB IDES. Doigts moyens ou al longés = T III B U DES COLOMBIENS. Tarses en partie emplumés. Bec robuste , comprimé Colom b a il Vinago. Bec grêle Colombe. Columba. Tarses nus. Bec robuste , comprimé Nicombar. Calœnas. Bec grêle Colombi-g alline. Chamœpelia. Doigts courts = TBIBU DES LO P H Y BIEN S. Genre unique Lophyre. Lophyrus. Genre COLOMBE, Columba , de Linné. Le bec est allongé, mince, flexible; les tarses sont courts, plus ou moins robustes, nus ou à demi emplumés, écussonnés eu devant par lamelles régulières; les ailes sont aiguës; la queue est arrondie, ou carrée, ou étagée. La Colombe ramier ( Columba palumbus , de Linné), vulgairement nommée Barnier, Pigeon Massart , est la plus grande des quatre Espèces qui habitent la France. Sa taille est de seize pouces et demi. La tête est cendrée, les côtés et le dessus du cou sont d’un vert doré, changeant en bleu et en couleur de cuivre rosette, selon les effets de la lumière; il y a un croissant blanc sur chaque côté du cou; la poitrine a une teinte vineuse; le haut du dos et les couvertures supérieures des ailes sont d’un cendré brun; les rémiges primaires sont brunes et Chlombe iLVMii.u (Cohuubus palumbus 1 . FAMILLE DES COLOM 151 DÉS. 3Ô7 bordées extérieurement de blanc; le bec est jaunâtre, l’iris jaune; les pieds sont rouges et emplumés presque complètement. — Les Ramiers habitent toute l’Europe ; ils préfèrent toutefois les régions les plus méridionales. Ils arrivent au printemps et émigrent en automne; ils voya- gent ordinairement en petites bandes, et quelquefois seuls; c’est dans les hautes futaies qu’ils s’établissent de préférence. Leur nid est construit avec des bûchettes, et ses dimensions sont assez considérables pour qu’il puisse recevoir le mâle et la femelle. La ponte est de deux œufs, obtus aux deux bouts, d’un blanc pur, quelquefois rosé, dont le grand axe est de dix- neuf lignes, et le petit axe de seize lignes. Ces Oiseaux sont très-sauvages, et l’on ne peut les élever en domesticité : il paraît toutefois que les anciens en connaissaient le moyen. La Colombe Colomb in ( Columba œrias , de Linné), nommée communément 1 e petit Ramier, le Pigeon sauvage , le petit Massart, est un peu plus petite que la précédente; son plumage est d’un gris d’ardoise; la poitrine est vineuse, les côtés du cou d’un vert changeant ; elle a deux taches noires à chaque aile, ordinairement sur les pennes bâtardes et sur les grandes couvertures. — Les Golombins voyagent par bandes de trois à quatre cents individus, recher- chant toujours des climats tempérés, et réglant leurs migrations sur les vicissitudes des sai- sons. Ils habitent les bois, et nichent sur les branches ou dans les trous des arbres; on les trouve très-communément en Afrique. La ponte est de deux œufs d’un blanc pur, moins gros que ceux du Ramier; leur grand axe est de seize lignes, et le petit axe de douze lignes. La chair des jeunes est très-sapide. La Colombe biset \ Columba lioia, de Rresson) , nommée vulgairement le Pigeon biset, le Pigeon de roche , est plus petite que les deux Espèces précédentes; son plumage est d’un gris d’ardoise; le tour du cou d’un vert à reflets changeants; l’aile porte une double bande noire, et la croupe est d’un blanc pur, tandis que dans le Colombie elle est d’un blanc cendré; c’est cette dernière particularité qui distingue surtout le Biset. — Cette Espèce niche de préférence dans les rochers, les vieilles tours et les masures; jamais elle ne s’établit sur les branches comme le font les Ramiers et les Colombins, et c’est peut-être à cet instinct que nous devons la facilité avec laquelle nous retenons les Bisets dans nos colombiers. Les œufs sont d’un blanc pur, et un peu plus renflés que ceux du Colombin. Les Bisets sauvages vivent en troupes, et l’on assure qu’ils veillent tour à tour en sentinelle autour de leurs compagnons, pendant que ceux-ci sont occupés à chercher leur nourriture. Ces Oiseaux se voient rarement à l’état sauvage dans les contrées peuplées de l’Europe : ou ne trouve l’Espèce indépendante que dans les îles de la Méditerranée. Chez nous, non-seulement elle s’habitue sans peine à la domesti- cité, mais elle quitte même volontairement son état de liberté pour vivre dans les colombiers : aussi est-elle la souche principale de nos Pigeons domestiques', dont les variétés de race se sont multipliées à l’infini. Les Pigeons domestiques se divisent eu Pigeons de colombier et Pigeons de volière : ceux- ci sont tenus constamment renfermés; les premiers sont presques libres, car ils quittent chaque jour leur demeure, et se répandent dans la campagne; la variété nommée Biset de colombier a conservé presque complètement son plumage et ses mœurs primitives; elle retourne quelque- fois à la vie indépendante. Les Mondains forment une race qui ne diffère de celle du Biset que par ses formes plus sveltes, plus élégantes, et les nuances de son plumage : c’est à cette race qu’appartient le Pigeon messager, variété de petite taille, remarquable par sa fécondité, son vol léger, et surtout par la singulière faculté qu’elle possède, de retrouver, à des distances immenses le colombier oü elle est née, ou dans lequel elle a laissé ses petits. Les marchands d’Oiseaux établissent sur cette qualité une spéculation fort déloyale : quand ils savent que l’acheteur a l’intention de tenir son Pigeon dans une volière ouverte, ils le lui vendent à bas prix, parce qu’ils savent que, malgré la distance, malgré le bien-être de sa nouvelle habita- tion, le Pigeon messager reviendra à son ancien domicile. Il n’est pas rare de rencontrer chez quelques oiseliers des Pigeons qui ont été vendus dix fois. Le Pigeon messager, que l’on nomme aussi Pigeon volant, est très-répandu à Paris; il est gris, bleu , rouge, noir, jaune, papilloté, 308 GALLINACÉS PASSÉ3Î1PÈDES. noir et blanc : les bleus ressemblent au Biset de colombier, dont ils diffèrent par leur taille plus fine et leur tête plus allongée. Ce Pigeon a le vol très-haut, et reconnaît facilement son colom- bier au milieu des innombrables cheminées de la capitale. C’est de lui que se servaient et que se servent encore les Orientaux pour porter des messages. Ile Ion rapporte que les mariniers de l’Égypte et de l’archipel grec nourrissaient sur leurs navires de ces sortes de Pigeons, poul- ies lâcher quand ils arrivaient à leur destination; ces Oiseaux retournaient au point de départ du navire, et annonçaient aux familles de l’équipage que la traversée avait été heureuse. En Syrie, en Arabie, en Egypte, on transporte des Pigeons dans des paniers, à des distances considérables, et ensuite, même après de longs intervalles, on leur rend la liberté, en leur attachant un billet sous l’aile : l’Animal, une fois libre, s’élève d’abord verticalement à une hauteur considérable, et là il semble s’orienter pendant quelques instants; puis, sans hésita- tion, il se dirige à tire-d’aile vers le lieu où il a laissé ses petits. Le Mogol fait nourrir des Pigeons qui servent à porter les lettres dans les occasions où l’on a besoin d’une extrême dili- gence. Ces Oiseaux volent avec une rapidité extraordinaire : on les voit quelquefois couchés sur le sable, le bec ouvert, attendant la rosée pour se rafraîchir et reprendre haleine. On s’en sert pour faire passer des dépêches dans les villes assiégées, et l’histoire nous en rapporte plu- sieurs exemples mémorables. En 1574, le prince d’Orange se servit de ces facteurs, auxquels il dut l’avantage de faire lever le siège d’une de ses places fortes : aussi voulut-il que les Pigeons qui avaient sauvé la ville fussent nourris aux dépens du public dans une volière faite exprès, et que, lorsqu’ils seraient morts, on les embaumât, pour être gardés à l’Hôtel-de-Ville, en signe de reconnaissance perpétuelle. Les Pigeons grosse gorge constituent aussi une race bien distincte , qui a reçu son nom de l’habitude qu’ont ces animaux d’enfler beaucoup la gorge en remplissant d’air leur jabot. Le Pigeon culbutant , type d’une autre race, s’élève très-haut, et souvent tourne six ou huit fois sur lui-même , la tête en arrière , comme s’il avait des vertiges. Le Pigeon tournant décrit des cercles à la manière des Oiseaux de proie, en battant des ailes; ces allures tiennent peut-être à la captivité dans laquelle on élève ces Oiseaux. Ce qu’il y a de certain, c’est que, par l’effet seul de la liberté, elle ne tarde pas à se perdre. La race des Pigeons nonnains se reconnaît à l’espèce de capuchon qui leur descend sur les épaules; ils n’ont pas le vol rapide, mais ils sont très-familiers et très-féconds. Le Pigeon à cravate est une variété voisine de la précé- dente, mais sa taille est très-petite; son vol est bien soutenu, quoiqu’un peu lourd, et il finit toujours par revenir au colombier, quelle que soit la distance qui l’en sépare. Il élève diffici- lement ses petits , à cause de la brièveté de son bec. La race des Pigeotis polonais offre cette conformation vicieuse du bec à un degré tel , que les petits meurent souvent de faim, et que, pour les conserver, il est quelquefois nécessaire de les faire nourrir par des Pigeons à bec long. Les Pigeons romains sont reconnaissables au cercle de peau nue, rouge et ridée qui entoure leurs yeux; leur plumage est gris, leur vol lourd, leur marche embarrassée, et leur fécondité médiocre. La Colombe tourterelle ( Golumba turtur, de Linné), vulgairement nommée Tourte- relle, vit dans les. bois comme le Ramier, et se distingue par son manteau fauve , tacheté de brun, et son cou bleuâtre avec une tache de chaque côté, mêlée de noir et de blanc, — Elle est la plus petite des quatre Espèces sauvages qui habitent l’Europe. Elle nous quitte vers la fin de l’été pour aller passer l’hiver dans le Midi. C’est dans la partie des bois la plus sombre et la plus fraîche que les Tourterelles établissent leur domicile ; elles choisissent ordinairement les grands arbres pour placer leur nid, qu’elles construisent presque à plat, avec de petites bû- chettes , et où elles déposent deux œufs d’un blanc pur, obtus aux deux bouts , dont le grand axe est de treize lignes, et le petit axe de dix lignes. Elles vivent par paires, réunies en petites troupes, et leur roucoulement, d’une expression tendre et plaintive, remplit à merveille sa partie dans ce concert harmonieux des grandes forêts, qui pénètre l’âme avec bien plus de puissance que les deux cents musiciens du Conservatoire. Le murmure des eaux, le bruisse- A-^ki-L ■ • ' ■ ' ■ ' ■■ ■ ■ - > ■ • ■' " ■ - V 1 ■ * ' • i.j ' -.is« I • : •'‘■b I , ’ . ’ . FAMILLE DES C0L0MB1DÉS. 309 ment des feuilles, que varient des piano et des forte gradués à l’infini, l’aboiement lointain des Chiens, le mugissement des troupeaux, les mille cris d’appel des loquaces Passereaux, le tia- cacan strident du Pic-vert qui vient par intervalles dominer leur ramage, et le croassement triste du Corbeau qui contraste avec la gaieté de leurs chants, tout cet ensemble de sons forme une symphonie pastorale , que Beethoven lui-même mettrait au-dessus de la sienne. La Colombe rieuse ou Tourterelle a collier ( Columba visoria, de Linné) est originaire d’Afrique ; elle porte un collier noir sur la nuque ; on l’élève en volière. Ses mœurs sont douces comme celles de notre Tourterelle d’Europe ; mais elle est beaucoup plus propre que cette dernière. Son roucoulement ressemble au rire ; outre ce roucoulement, elle a d’autres sons plus tendres pour appeler sa compagne. Elle ne tourne pas comme le Pigeon domes- tique lorsqu’elle roucoule, mais elle fait quelques sauts en avant, s’arrête, baisse le bec jus- qu’à terre , et enfle son jabot. La Colombe rameron ( Columba arcuatrix, de Temminck), Espèce du sud de l’Afrique, dont nous avons déjà parlé en traitant des Rapaces diurnes , est plus petite que le Ramier ordinaire, puisqu’elle n’a que quinze pouces de longueur totale; les parties supérieures sont d’un brun violâtre, le front est noirâtre ; le sommet de la tête d’un gris bleu ; l’auréole des yeux d’un rouge orangé ; les joues grisâtres ; le cou d’un gris vineux , avec les bords des plumes d’une teinte plus claire ; une bande blanchâtre tachetée de noir sur la poitrine ; les tectrices de l’aile et les parties inférieures sont d’un brun vineux, et parsemées de petites taches blanches ; le bec et les pieds sont jaunes. — Cet Oiseau a des habitudes naturelles qui se rapprochent beaucoup de celles des Ramiers. Il décrit en volant une suite de paraboles irré- gulières, et fait entendre un chant fort agréable : il est, comme nous l’avons dit, la pâture de prédilection de l’Aigle Blanchard , qui lui fait une chasse active et savante. Nous terminerons l’histoire du Genre Colombe par celle de la Colombe émigrante ou Pigeon de passage ( Columba migratoria , de Linné), type du Genre Ectopistes , de Swain- son, qui se distingue des Espèces précédentes par une queue allongée et pointue; sa longueur est de vingt-deux pouces, depuis le bout du bec jusqu’à l’extrémité des rectrices; la tête est d’un bleu d’ardoise, et cette teinte, parsemée de taches noires et brunes, domine sur le plu- mage de l’Oiseau ; le cou est orné des plus belles couleurs : l’or, le vert, le pourpre, l’écar- late y brillent avec des nuances mobiles magnifiques ; le ventre est d’un blanc pur ; les deux rectrices intermédiaires sont noires et les autres blanches ; le bec et les ongles sont noirs , et l’iris orangé. — Cette Espèce, de l’Amérique septentrionale, se nourrit des fruits de l’Érable, de l’Orme, du Mûrier, du Sarrasin, du Chêne, du Hêtre, du Froment et du Riz. Elle émigre du Sud au Nord, et de l’Est à l’Ouest, depuis le golfe du Mexique jusqu’à la baie d’Hudson, et ces migrations sont réglées , non sur les vicissitudes des saisons , mais sur les moyens de subsistance que lui offrent les contrées oh elle voyage. La rapidité de son vol tient du prodige. On a tué à New-York des Pigeons de passage, et l’on a trouvé dans leur gésier du riz qui n’était pas encore altéré par la digestion. Or, ils n’avaient pu manger ce riz que dans la Caro- line ; et comme les aliments les plus difficiles à digérer ne peuvent résister plus de douze heures à l’action du suc gastrique chez ces Animaux, on a conclu qu’ils avaient en six heures parcouru quatre cents milles, c’est-à-dire vingt-cinq lieues par heure, ou plus d’un mille par minute. Leur vue n’est pas moins puissante que leur vol ; ils découvrent, du haut des airs, les- fruits et les graines qui peuvent les alimenter ; et si, par accident, les arbres qui les nourris- saient l’année précédente n’ont pas fructifié, on les voit passer outre, et poursuivre leur course vers des contrées plus fertiles. Mais ce qu’il y a de plus surprenant dans l’histoire des Pigeons de passage, c’est le nombre des individus qui composent leurs légions voyageuses. Audubon, parcourant le Kentucky dans l’automne de 1813, en vit passer au-dessus de sa tête cent soixante-trois bandes en vingt minutes; à la fin les bandes se touchèrent, et un immense nuage dp Pigeons lui déroba la. 310 G A L L I IfA C É S P A S S É R 1 PÈDES. lumière du soleil ; pendant cette éclipse d’un nouveau genre, la liente des Pigeons tombait comme une neige épaisse, et leurs ailes produisaient un sifflement monotone qui provoquait le sommeil. Le calcul que fit Audubon pour évaluer la quantité de ces Oiseaux lui donna un résultat effrayant. « Supposons, dit-il, une colonne d’un mille de largeur; supposons qu’elle effectue son passage en trois heures : comme sa vitesse est d’un mille par minute, sa lon- gueur sera de cent quatre-vingts milles, composés chacun de mille sept cent soixante yards : si chaque yard carré est occupé par deux Pigeons, on trouvera que le nombre de ces Oiseaux est de un milliard, cent quinze millions, cent trente-six mille (1,115,136,000). Or, chaque indi- vidu consommant, dans une journée, une demi-pinte de fruits, la nourriture d’une bande exige huit millions sept cent douze mille (8,712,000) boisseaux de graines par jour. » Les troupes émigrantes se tiennent bien au-dessus de la portée d’une forte carabine ; dès qu’un Faucon vient menacer leur arrière-garde, les rangs sont serrés, une masse compacte se forme, exécute les plus belles évolutions aériennes, se précipite vers la terre avec l’impé- tuosité d’un torrent ; puis, lorsque ses zigzags multipliés ont lassé la persévérance de l’ennemi, elle rase le sol avec une vitesse inconcevable, et, se levant de nouveau comme une colonne majestueuse, elle reprend ses ondulations, imitant dans l’air, mais sur une échelle démesu- rée , la marche sinueuse d’un Serpent. Dès que les Pigeons aperçoivent de loin une quantité suffisante de nourriture, sur les arbres ou dans les campagnes, ils se disposent pour une balte : on les voit voler en tournant pour explorer les environs, et ces mouvements circulaires, dans des plans diversement inclinés, font briller tour à tour les belles couleurs de leur plumage. Dans une position, toute la bande se revêt d’un bleu clair, qui , bientôt après, est remplacé par un pourpre foncé : bientôt ils se glissent dans les bois, et disparaissent sous le feuillage. Ils dépouillent les arbres de leurs fruits, et découvrent adroitement, sous les feuilles desséchées qui jonchent le sol, les fruits et les graines de l’année précédente. Vers midi , les Oiseaux vont se reposer et faire la digestion sur les arbres voisins; mais lorsque le soleil disparaît sous l’horizon, tous s’envolent eu même temps, et retournent en masse vers 1 & juchoir commun, situé souvent à plus de cent lieues de leur réfectoire. Cette fidélité au juchoir leur est fatale, depuis que l’homme est venu prendre possession des solitudes américaines. C’est toujours un bois de haute futaie que les Pigeons choisissent pour lieu de repos : mais sous ces arbres séculaires, où ils vont arriver au commencement de la nuit, se prépare une horrible scène de destruction. Des populations entières de chasseurs et de fermiers viennent les y attendre longtemps avant le coucher du soleil ; les uns arrivent avec des chariots vides qui seront remplis dans quelques heures, les autres amènent des troupeaux de Porcs qui doivent s’engraisser sur place de la chair savoureuse et succulente des Pigeons. Chacun fait ses préparatifs : les fusils sont chargés, les torches allumées ; les réchauds pleins de soufre dont la vapeur doit étouffer les Pigeons, sont prêts; enfin, vers neuf heures du soir, un cri général se fait entendre : les voilai Ils arrivent en effet, et leur passage agite l’air, comme la brise qui annonce l’ouragan : leurs innombrables légions s’abattent sur les arbres, et alors commence une scène de carnage et de confusion difficile à décrire ; les cris des assail- lants, les coups de fusil multipliés, le fracas des hautes branches brisées par le poids des malheureux Oiseaux qui s’y précipitent et écrasent leurs compagnons perchés sur les branches inférieures; tout, dans cet effroyable tumulte, inspire un sentiment de peine autant que de surprise au naturaliste, qui ne consent à détruire que dans le but d’observer. Pendant ce mas- sacre , les Pigeons arrivent par millions ; c’est à minuit seulement que les dernières bandes entrent dans la forêt, mais le carnage dure jusqu’au jour. Dès que les rayons du soleil ont frappé la cime des arbres, les Pigeons quittent le juchoir, et vont aux vivres, sans que leur nombre paraisse sensiblement diminué. En ce moment la scène change : au vacarme de la nuit succèdent les hurlements des Loups, des Renards, des Lynx, des Couguards, des Ours, qui accourent prendre leur part du festin que l’homme leur a préparé, et l’on voit arriver des FAMILLE DES C0L0MB1DÉS. Al I Aigles, des Faucons f suivis de Buses et de Corbeaux, qui viennent aussi chercher leur vie dans cette immense destruction. Genre COLOMBAR ( Vincu/o , de Cuvier). Le bec est gros, solide et comprimé; les tarses sont courts, robustes et emplumés jusqu’au talon. — Les Colombars appartiennent tous à la zone torride de l’ancien continent. Ils vivent dans les grands bois et se nourrissent de fruits. Le Colomba u aromatique ( Columba aromatica, de Linné) habite Java et Sumatra; le dessus du corps est d’un brun pourpré ; le sommet de la tête gris cendré ; la nuque cendré verdâtre ; le cou, la poitrine et le ventre d’un vert sale ; les plumes des jambes vertes, termi- nées de blanc. Le Colombar a queue pointue {Columba oxyura, de Temminck) , type du Genre Sphenurus , de Swainson, a la queue étagée, les deux rectrices médianes dépassant d’un pouce les deux qui les avoisinent ; tout le plumage en dessus est d’un vert pré ; une bande couleur de rouille se remarque sur la poitrine ; le bas-ventre est d’un jaune d’or ; les tectrices sous -caudales sont frangées de jaune brillant. — Cette Espèce habite Java comme la précé- dente. Genre NICOMBAR ( Calœnas , de Gray (xaXoç, otvaç, beau ramier). Le bec est assez épais, renflé à la [jointe, et comprimé; la queue est très- courte et arrondie ; les tarses sont courts , forts , et garnis d’écailles ; les plumes du cou sont longues, étroites et con- tournées. Le Nicombar a camail mcombmi. ( Calœnas nicobarica , de Gray; Nicombar. Columba nicobarica, de Tem- minck) habite les Moluques et la Nouvelle-Zélande; tout son plumage, à l’exception des rec- trices, qui sont blanches, est d’un beau vert, à reflets pourpres et rouge cuivreux ; les plumes du cou retombent en forme de camail , comme celles du Coq. Genre COLOMBI -GALLINE ( Chamœpelia , de Swainson). Le bec est grêle et flexible, les tarses sont nus , plus élevés que dans les Genres précé- dents; la base de la mandibule inférieure est pourvue d’un barbillon charnu et rouge ; les ailes sont amples , arrondies ; la queue courte et pendante. La Colomb i-g a l l i n e passerine ( Columba passenna , de Latham), vulgairement nommée Cocotzin , petite Tourte- relle de Saint-Domingue , est longue de six pouces et quart; son plumage est pourpre; les rectrices et les rémiges sont plus foncées ; le bec et les pieds rouges. — Cette Espèce habite les régions chaudes de l’Amérique; elle vit en troupes dans les lieux montagneux, et se nourrit de graines; son vol est court; sa voix est celle de la Tourterelle; sa chair est très-estimée. La G o l o m b i - g a l l i n e a barbillons ( Columba carunculata, de Temminck) , type du Genre Verrulia, de Flemming, habite le cap de Bonne-Espérance; la tête, le cou et la poi- trine sont d’un gris ardoisé ; les scapulaires et les tectrices alaires sont d’un beau blanc ; les pieds, d’un rouge vineux. Genre LO PII Y RE , Lophyrus , de Vieillot (Xocpoç, huppe). Ce Genre unique constitue la Tribu des Lophyriens. Le bec est droit , allongé, renflé vers le bout, à mandibule supérieure légèrement aplatie à son sommet; les tarses sont nus, longs, robustes, écailleux, à doigts courts ; les ailes sont courtes , concaves , subaiguës ; la tête est surmontée d’une huppe. 312 GALLINACÉS PASSÉE! PÈ DE S. Le Lophyre couron-né ( Lophyrus coru- natus, de Vieillot ; Columba coronata, de Gme- lin), vulgairement nommé Culombi-hocco , Pigeon couronné , Goura, habite les îles de la Notasie , et abonde surtout à la Nouvelle- Guinée. Il est tout entier d’un bleu d’ardoise , avec du marron et du blanc à l’aile; la tête porte une huppe verticale de longues plumes à barbes désunies et un peu frisées. — Cette Espèce est domestique à Java , où on l’élève pour la saveur délicate de sa chair, mais elle n’a pu se naturaliser en Europe. FAMILLE des OPISTHOCOMIDÉS CARACTÈRE. — Bec garni à sa base de soies divergentes , épais, robuste et comprimé ; paupières ciliées ; narines percées dans la corne du bec ; tarses robustes et réticulés; doigts entièrement divisés ; huppe occipitale. Genre unique HOAZIN, Opisthocomus , d’Hoffmanseg (o7u<ï9s, par derrière, xo'u , che- velure), L’IIoazin huppé ( Opisthocomus cristatus, d’Il- liger ; Saza cristata , de Vieillot; Phasianus cristatus, de Linné) est brun verdâtre, varié de blanc dessus, fauve devant le cou et au bout de la queue, marron sous le ventre; la nuque est ornée d’une belle touffe de plumes étroites, effilées et roides. — Cette Espèce habite la Guyane , et ne se trouve qu’au bord des eaux ou dans les savanes inondées ; elle y vit des feuilles et des fruits de l’Arum arborescent. lies Hoazins sont peu farouches ; leur chair a une forte odeur de Castoréum, et ne s’emploie que comme appât pour la pêche. Ils nichent sur les arbres; leur ponte est de quatre à six œufs. FAMILLE des MËGAPODIDÉS CAR ACTËRE. — Bec grêle, droit, aplati à sa base, à mandibule supérieure plus longue que V inférieure , élargi à sa naissance, rétréci au milieu, et légèrement renflé au sommet ; fosses nasales latérales, disposées en rainures, et recouvertes par une mem- brane ; tour des yeux dénudé ; tarses allongés, robustes, écussonnés , à quatre doigts libres, munis d’ongles longs et robustes. SYNOPSIS DES GENRES DE LA FAMILLE DES MÉGAPODÏDÉS. Ongle du pouce extrêmement long ; queue très-développée, à seize pennes ., Ménure. Mænura. Ongle du pouce médiocrement allongé ; queue petite , à douze pennes , Méûapode. Megapodius . , ■ ■ EWU . ; ' : • . ■ - » ' . • • I ' ver. ■ " FAj.MlL LE DES TINAMiDÉS. 313 Genre MÉNURE, Menura , de Latham (ja^vyi, oupà, queue eu croissant). Les narines sont ovales; les ailes sont amples, arrondies, concaves, à dernières rémiges les plus longues; le pouce est muni d’un ongle très-long et très-puissant; la queue est de seize pennes, dont deux larges et douze minces chez le mâle, droites , larges et étagées chez la femelle. Le Ménure lyre (. Menura lyra, de Vieillot) est un Oiseau de la Nouvelle-Galles du Sud, dont la taille est celle d’une Poule domestique; son plumage est brun roussâtre; le mâle a une queue très-remarquable, composée de seize pennes, dont douze écartées parallèlement les unes des autres; deux médianes, garnies d’un côté seulement de barbes serrées , et deux extérieures courbées en S, à la manière des branches d’une lyre, dont les barbes internes, grandes et serrées, représentent un large ruban, et les externes, très-courtes, ne s’élargissent que vers le bout. La femelle n’a que douze pennes, de structure ordinaire. • — C’est dans les forêts d’Eucalvptus et de Casuarina qu’habite ce magnifique Oiseau, dont la queue représente, dans les solitudes australes, la lyre des Grecs de l’ancien monde. Il sort le soir et le matin, et reste tranquille , pendant le jour, sur les arbres où il est perché. Il devient de plus en plus rare. Le Ménure d’Albert ( Menura Alberti, de Gould) est une Espèce nouvellement décou- verte à la Nouvelle-Hollande; elle diffère de la précédente par l’absence de barres brunes sur les rémiges en lyre, qui sont en outre plus courtes que les Filets. — Cet Oiseau est très-timide, et quand il fuit, il dresse sa queue. Il s’élève sur les arbres en sautant à dix pieds de hauteur, jusqu’à ce qu’il soit arrivé à la cime, où il trouve une colonne d’air suffisante pour le vol. Genre MÉG APODE, Megapodius , de Quoy et Gaimard (f/iya ç, tou;, grand pied). Le bec est légèrement renflé sous la mandibule inférieure; les narines sont percées en fente; les ailes sont arrondies, à troisième et quatrième rémiges les plus longues de toutes; la queue est petite et cunéiforme, à douze pennes roides. Les tarses ont leurs doigts et leurs ongles proportionnés. Les Mégapôdes sont des Oiseaux de la Malaisie, à formes massives, à plumage sans éclat; ils vivent dans les terrains marécageux, sont très-craintifs, et courent très-vite, parmi les broussailles. Le Még apode aux pieds rouges ( Megapodius rubri- pes, de Temminck) est une Espèce de l’ile d’Amboine; il porte une huppe de couleur rousse; le cou, la poitrine et le ventre sont gris ardoisé , le croupion et le bas- ventre rougeâtres ; les ailes et le dos sont roux; le bec est rougeâtre, et les tarses d’un rouge vif. — Cet Oiseau pond des œufs très-volumineux; il creuse, pour chacun d’eux, une cavité dans le sable, puis il l’y dépose , et le recouvre avec des débris de plantes ; les petits naissent par la seule influence de la chaleur solaire, et pourvoient eux-mêmes à leurs besoins dès qu’ils sortent de l’œuf. FAMILLE drs TINAMIDÉS [Genre TINA MUS, de Latham.) C A R A C T È I» E . — Bec allongé, grêle, mousse à son extrémité; mandibule supérieure peu convexe; narines médianes dans une fosse nasale en rainure; ailes courtes, sur- obtuses; gueue très-courte ou rudimentaire ; tarses courts, écussonnés, robustes, à doigts courts, divisés, le pouce élevé, petit ou nul. 40 314 GALLINACÉS PASSÉRl PÈDES. Les Oiseaux de cette petite Famille habitent le Nouveau-Monde; ils sont très-sauvages, très-timides, et non susceptibles de domesticité. Ils vivent en petites troupes; leur vol est pesant, saccadé, court, horizontal et direct ; mais ils courent rapidement; ils aiment mieux, lorsqu’on les inquiète, se tapir ou courir, que de prendre leur vol. C’est le soir et le matin, et même au clair de la lune, qu’ils vont rechercher leur nourriture, qui consiste en graines, en vermisseaux et en Insectes; ils sont pulvérateurs , comme les Poules; leur chair est très- sapide. Us nichent à terre, dans un petit creux , qu’ils recouvrent d’herbes sèches. SYNOPSIS DES GENRES DE LA FAMILLE DES TINAMIDÉS. Pieds tétradactylcs. Bec creusé d’un sillon longitudinal de chaque côté Tinamou. Tinamus. Bec sans sillons Rhynchote. Rhynchotus . Pieds tridactyles. Eudromie. Eudromia. Genre TINAMOU ( Tinamus , de Latham). Le bec est sillonné en long, de chaque côté; la queue est très-petite, et cachée par les plumes du croupion. Le Tinamou du Brésil ( Tinamus brasiliensis, de Latham; Tctrao major, de Linné) , vulgairement Ma- goua , a le plumage olive, tacheté de JÉÈÊm. __ noir au dos et à la queue; le vertex est l'oux; les pieds sont bruns jaunâ- très. La taille est de dix-lmit pouces. 'mUF — Cette Espèce habite le Brésil et la ’W Guyane; elle perche sur les branches basses des arbres. Elle fait entendre , Iiiusiou. le soir et le matin, un cri, qui consiste en une sorte de sifflement tremblant et plaintif. Genre RHYNCHOTE, Rhynchotus , de Spix (pùyyoç, bec). Le bec est sans sillon; la queue est dépourvue de vraies rectrices, et composée seulement de plumes molles, larges et tombantes. Le Rhynchote Isabelle {Rhynchotus fasciatus , de Spix; Tinamus rufescens , de Tem- minck; Cryptura guazu , de Vieillot) est un Oiseau du Brésil, long de quinze pouces; les parties supérieures sont d’un gris faiblement nuancé de roussâtre , avec les plumes traversées par des raies noires et blanches; le dessus du cou et la poitrine sont d’un roux isabelle; les joues, la gorge et le devant du cou blanchâtres; le ventre est d’un gris strié de noirâtre; les tectrices alaires sont d’un roux isabelle rayé de noir, et bordé de blanchâtre; les rémiges sont de la même nuance aux barbes extérieures; les rectrices manquent; le bec est assez long, noir à la pointe ; les pieds sont brunâtres. Genre EUDROMIE, Eudromia, d’Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire et d’Orbigny (eu, bien; Spép-to, courir). Ce Genre se distingue des Rhynchoteset des Tinamous par l’absence du pouce. L’Eudromie élégante {Eudromia elegans , d’Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire; Tinamotis Pentlandii , de Vigors) habite l’Amérique du Sud; le système de coloration de son plumage rappelle supérieurement celui des Pintades, inférieurement celui des Perdrix; il est généra- lement, excepté sur la gorge, le ventre, les ailes et les cuis- ses, d’un gris cendré, varié par une multitude de lignes noires, et de taches ocellées noires et blanches ; le bec est brun, les pieds bleuâtres , les ongles noirs. La taille est d’un pied. — Cette Espèce, observée en Amérique par M. D’Orbigny, habite Eudromie. les terrains déserts et arides, au Sud du Rio-Negro de la 315 FAMILLE DES TURÎNICLDÉS. Patagonie; elle vit de baies et de graines; sa course est rapide, son vol lourd, bruyant et peu élevé; en s’envolant, elle fait entendre un sifflement aigu. Sa chair est très-délicate ; elle vit en captivité; mais elle s’échappe dès qu’elle en trouve l’occasion. FAMILLE des TURMC1DÊS CARACTÈRE. — Bec grêle, droit , comprimé, à mandibule supérieure plus longue que l'inférieure, et un peu courbée à la pointe; narines linéaires, à demi fermées par une membrane; tarses allongés ; trois doigts antérieurs séparés; pouce nul, ailes moyennes , arrondies; queue très-courte, inclinée, à dix pennes cachées par les sus-caudales. Genre unique TURNIX, Hemipodius , de Temminck (vjutçuç, demi ; ttoïïç, pied) . Les Turnix ont de grands rapports avec les Cailles, dont ils diffèrent par l’absence du pouce, ils habitent les pays chauds de l’ancien continent et de l’Australie. Ils vivent solitaires, dans les plaines couvertes de hautes herbes; ils sont très-craintifs, et, à la moindre alarme, ils prennent la fuite en courant, plutôt qu’en volant; lorsqu’ils s’envolent, ils s’élèvent à peine au-dessus des hautes herbes, et s’abattent presque immédiatement; ensuite ils se blottissent, et se laissent prendre plutôt que de fuir. Le Turnix andaloux ( Hemipodius tachydromus , de Temminck; Tetrao andalusicus , de Gmelin) , vulgairement Turnix ù croissants , Tacliydrome , habite les parties méridionales de l’Espagne, de la Sicile et le Nord de l’Afrique. Sa taille est de cinq pouces et demi; Tgrmx andaloux ( Hemipodius tachydromus). la nuque et le vertex sont variés de roux et de noir, avec une raie blanche longitudinale; le dessus du corps est noirâtre, avec des zigzags roux; le dessous est blanc roussâtre; les pieds et le bec sont incarnat. Le Turnix combattant [Hemipodius pugnax , de Temminck) est long de cinq pouces et demi; les parties supérieures sont d’un brun roussâtre, rayé de noir, avec le bord des plumes alternativement blanc et noir; le front et les joues sont brunâtres, tachetés de blanc; les petites tectrices alaires sont d’un cendré bleuâtre, avec deux larges raies noires sur cha- cune; les autres sont d’un roux cendré et rayées de noir; la gorge est d’un noir pur; la poi- trine et les flancs d’un blanc cendré, rayé de noir; les parties inférieures d’un roux marron 316 GALLINACÉS PASSÉR1PÈDES. clair; le bec est jaune et les pieds rougeâtres. — Cette Espèce est élevée à Java, pour servir de spectacle, en combattant, comme le sont les Coqs en Angleterre, et les Cailles dans quelques autres pays; les individus les plus vigoureux sont payés fort cher, et leurs combats provoquent des paris considérables. FAMILLE des ATTAGIDÉS CARACTÈRE, — Bec convexe, court, voûté, très-dur, obtus; ailes allongées , pointues , à poignet coudé ; queue médiocre, rectiligne, pointue; tarses médiocres, réticulés ou écussonnés, terminés par quatre doigts, les antérieurs libres, soudés à leur base par un repli membraneux ; le pouce rudimentaire terminé par un très-petit ongle. SYNOPSIS DES TltlBüS ET GENRES DE LA FAMILLE DES ATTAGIDÉS. Bec offrant la conformation ordinaire— T RI B U DES À TTAGIENS. Tarses écussonnés T h i n o co r e. Thinocorus. Tarses réticulés Attagis. Attagis. Bec à base recouverte supérieurement d’une lame= TRIBU DES CH 10 NI EN S. Genre unique Chionis. Chionis. Genre ATTAGIS ( Attagis , d’Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire et Lesson). Le bec est robuste, légèrement recourbé à la pointe, qui est arrondie; la mandibule inférieure est convexe en des- sous , droite , relevée sur les bords , et comme canaliculée , à pointe arrondie et mousse ; les fosses nasales sont amples, demi- Ait agis. C insulaires, en partie recouvertes par une lame membraneuse , ar- rondie et convexe à son bord , et en partie couverte elle-même par les plumes du front; les narines sont percées de part en part sous la lame convexe; la tête et les joues sont emplumées; les ailes courtes, pointues, aiguës; la queue courte, large, arrondie, à quatorze rectrices; les jambes emplumées, les tarses courts , robustes , réticulés; les doigts médiocres, le moyen le plus long, écussonnés en dessus; le pouce est petit, situé plus haut que les autres doigts, les ongles allongés, recourbés, le moyen dilaté au milieu. L’Attagis de Gay [Attagis Gagi, d’Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire et Lesson) est de la taille d’une Perdrix grise; le fond du plumage est roussâtre, varié de blanchâtre, et couvert de fines linéoles anguleuses et de bandes d’un noir brun; la poitrine, les flancs et le ventre sont d’un blond fauve agréable. Cette Espèce habite le Chili. Genre THINOCORE, Thinocorus , d’Eschscholtz (Otv, xo'puç, Alouette de rivage). Le bec est court, conique, élargi à la base, aminci à la pointe, convexe en dessus, à arête arrondie, voûtée, légèrement recourbée, se terminant en pointe, à côtés dilatés, puis com- primés, à bords lisses; la mandibule inférieure est droite, convexe, terminée en pointe arrondie, mousse; les fosses nasales sont amples, frontales, recouvertes par une lame cor- née, voûtée, enroulée sur elle-même; les narines percées de part en part sous cette lame, en fente ovalaire; la tête et les joues emplumées; les ailes pointues, coudées près de l’épaule, à première rémige la plus longue; la queue est courte, pointue, à douze rectrices étagées; les 3(7 FAMILLE DES PHÀSIAN 1DÉS. jambes emplumées, les tarses courts, écussonnés en avant, minces, grêles, les doigts médiocres, le moyen le plus long; le pouce grêle, monté plus haut que les autres doigts; les ongles recourbés , le moyen dilaté. Le Thinocore d’Eschscholtz (Thinocorus EschschoUzii, d’Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire et Lesson; Thinocorus rumi- civorus , d’Eschscholtz) a le bec ferrugineux au milieu , noir à la pointe et à l’extré- mité; le dessus de la tête est pâle, tacheté de brun ; le dos et les petites tectrices des ailes sont ferrugineux, mais chaque plume est encadrée de noir, et bordée de gris roux ; les grandes tectrices alaires sont fauves, avec des triangles jaunes et des bordures brunes; les rémiges sont fauves; la première, la plus longue de toutes, est bordée de blanc; le thorax et le ventre sont blancs, les pieds jaunes. — Cette Espèce habite le Chili. Genre Clll GNIS ( Chiunis , de Forster). Le bec est robuste, conique, fort, convexe, un peu comprimé ; la mandibule supérieure légèrement fléchie vers l’extrémité, à base recouverte d’une lame cornée, décou- pée en avant , sillonnée , recouvrant les narines , qui sont médianes ; le tour des yeux est nu ; une peau nue verruqueuse couvre une portion de la joue; la mandibule inférieure est un peu renflée en dessous ; les tarses sont courts , réticulés , robustes, à doigts antérieurs unis par une membrane à leur base et bordés par un repli sur leur longueur; le pouce est rudimentaire, terminé par un très-petit ongle; les ailes sont allongées , aiguës ; le poignet est muni d’une sorte d’éperon ; la queue est composée de lec- trices larges , médiocres , presque rectilignes. Le Ciiionis blanc ( Chionis alba , de Forster; Vayinalis alba, de Gmelin) habite l’Aus- tralie. Sa taille est celle d’un pigeon , mais son corps est plus massif; son plumage est d’une blancheur éblouissante. Il est très-défiant, et vit seul ou en petites troupes sur les rochers à fleur d’eau qui bordent la plage; sa nourriture consiste en herbes marines et Mollusques. GALLINACÉS GRALL1PÈDES FAMILLE -des PHASIAN1DÉS CARACTÈRE. — Bec convexe, plus ou moins courbé à la pointe; narines basales; tarses nus ou diversement vêtus; doigts, trois devant et un derrière (le postérieur manquant rarement), libres ou réunis à leur base, généralement bordés, et calleux en dessous; pouce articulé plus haut que les autres doigts; ailes amples, arrondies; queue de forme et de longueur diverses. Les Phasianidés se nourrissent de graines, de Vers, et d’insectes; la plupart sont pulvéra- 318 GALLINACÉS GlULLiPËDES. teurs et polygames ; le mâle se distingue toujours de la femelle par quelque attribut particulier. Ils pondent généralement un grand nombre d’œufs; les petits cherchent leur nourriture peu d’heures après leur naissance. Leur nid est sans art, et consiste généralement en brins de paille grossièrement étalés à terre; mais cette apparente négligence dans la construction du ber- ceau de leur famille , ne nuit en rien à la prospérité de celle-ci , car les petits sont en état de courir au sortir de l’œuf, et un nid artistement bâti leur eût été inutile. Au reste, l’incubation n’en est que plus assidue, et quand les jeunes Gallinacés sont éclos, la mère veille à leurs besoins et à leur sûreté avec une sollicitude qui est devenue proverbiale. SYNOPSIS DES TRIBUS DE LA FAMILLE DES PHAS1ANIDÉS. ttégion sourcilière nue et pouilleuse; pennes caudales ordinairement peu développées Tétràônikns. Point de bande nue sourcilière; mais presque toujours des nudités étendues ci la tête; queue ordinairement très-dévelpppée Phasianiens. TRIBU des TÉTRAONIENS ( Genre TE IRAQ, de Linné.) Le caractère de cette Tribu consiste en une bande nue, ordinairement rouge, tenant la place du sourcil. SYNODSIS DES GENRES DE LA TRIBU DES TÉTRAONIENS. Pieds tétradactyles ; Tarses écailleux , éperonnés ou tubercules non tubercules. Perdix. Bec médiocre , ailes aiguës. . . . , Coturnix. Bec gros, ailes obtuses Ortgx. Tarses emplumés. Doigts écailleux. Pouce très-court , . . Pterocles. Pouce médiocre Tetrao. Doigts emplumés comme les tarses Lagopus. Pieds tridactgles; ailes aiguës Syrrhaptes. Genre PERDRIX ( Per dix , de Brisson). Le bec est médiocre, fortement courbé à sa pointe, plus large qu’élevé à sa base; les narines sont nues, à demi fermées par une mem- brane renflée; les tarses sont munis généralement, chez les mâles, d’un ergot ou d’un tuber- cule; les ailes sont obtuses; l’orbite est nue circulairement ou en arrière. Les Perdrix ont le corps arrondi, massif, la tête petite, les pieds et la queue courts. Elles marchent plus qu’elles ne volent; elles se nourrissent de graines, deVers et d’insectes; toutes nichent à terre; la plupart sont monogames. La Perdrix grise ( Per dix cinerea, de Brisson; Tetrao Perdix , de Linné), vulgaire- ment nommée la Perdrix , abonde et vit sédentaire dans le nord de l’Europe : elle a onze pouces de longueur, les parties supérieures roussàtres, rayées transversalement de brun et de., noir; la tête et les tectrices de l’aile offrent les mêmes nuances, avec addition d’un trait longi- ludinal blanchâtre; le front, les joues et la gorge sont d’un roux clair; le cou et les parties FAMILLE DES PH AS I AN1ÜÉS. 319 inférieures sont d’un gris cendré, rayé de zigzags noirâtres; une grande tache rousse, en croissant , orne la poitrine du mâle ; les rémiges sont d’un brun cendré, tacheté de blan- châtre; la queue se compose de vingt rectrices , dont les cinq latérales sont d’un beau roux , bordé de blanchâtre , les autres sont rayées de noir et tachetées de roux clair, sur un fond gris ; le bec et les pieds sont d’un cendré bleuâtre , ceux-ci sont dépourvus d’épe- ron et de tubercule. Les Perdrix grises sont so- ciables, et vivent réunies en famille, sans beaucoup s’éloi- gner du lieu oii elles ont pris naissance; elles se plaisent dans les pays de plaines , où sont des champs semés de blé , et ne se réfugient dans les taillis que quand elles sont poursuivies par le chasseur ou l’Oiseau de proie. La saison des œufs commence pour elles à la fin de l’hiver; alors les compagnies se désunissent, et les couples s’associent. La ponte a lieu en mai; c’est dans les blés ou dans les prairies que le nid est placé : il consiste en un peu de paille ou d’herbe gros- sièrement arrangée, où sont déposés dix-huit œufs d’un gris jaunâtre, dont le grand axe est de quinze lignes , et le petit axe de douze lignes. La femelle seule se charge de l’incubation , et, pendant ce temps, la plus grande partie des plumes du ventre lui tombent. Les petits courent dès qu’ils sont éclos ; le mâle partage alors avec la mère le soin de leur éducation , et tous deux pourvoient à leur nourriture favorite, en recherchant des chrysalides de Fourmis ; plus tard, le régime des petits devient végétal : ils se nourrissent de graines et surtout de blé, qu’ils retirent très-bien de terre, même lorsque le sol est couvert de neige. Pendant la première enfance des jeunes, le mâle et la femelle se déterminent difficilement à partir lorsqu’un ennemi approche; mais si le péril devient imminent, le mâle part le premier, en poussant un cri par- ticulier, volant pesamment et traînant .l’aile; la femelle, qui s’envole un instant après lui, s’éloigne beaucoup plus, et toujours dans une direction opposée, d’où elle revient en courant le long des sillons vers ses petits, qu’elle a laissés blottis dans les herbes; elle les rassemble bientôt et s’enfuit avec eux, si le danger n’est pas encore passé. Le cri d’appel de la Perdrix est un chant aigre, imitant assez bien le bruit d’une scie. La chasse la plus usitée contre ces Oiseaux, dont la chair est si estimée, se fait au fusil et avec des chiens d’arrêt. Les jeunes s’apprivoisent facilement lorsqu’ils ont été couvés et élevés par une Poule. La Perdrix rouge ( Perdix rubra, de Latham; Tetrao ru fus , de Linné) est un peu plus grosse que la Perdrix grise, et se rencontre plus fréquemment dans le midi que dans le nord de l’Europe : elle a les parties supérieures d’un gris brun, verdâtre; le front d’un cendré bleuâtre; la nuque d’un gris rougeâtre; les joues, la gorge et le haut du cou, blancs, ainsi qu’un trait à l’angle postérieur de l’œil ; une bande noire se dilate sur la poitrine et les côtés du cou en un grand nombre de taches et de raies; les rémiges sont brunes, bordées extérieure- ment de fauve; les rectrices sont rousses, à l’exception des quatre intermédiaires, qui sont Ü20 G A L L 1 N A C É S G R A L L 1 P È D E S. d’un gris brun; les plumes qui recouvrent les flancs ont une couleur cendrée, bleuâtre à leur base, et sont rayées de noir, de roux et de blanc à leur extrémité; le bec et les pieds sont rouges; ces derniers sont garnis, chez le mâle, d’un tubercule calleux. Perdrix rorge ( Perdix rubra). Cette Espèce affectionne les terrains élevés, le penchant des collines et des montagnes; on la trouve quelquefois en plaine, sur la lisière des bois et dans les clairières, où elle se cache parmi les broussailles. Les Perdrix rouges vivent en société ; quelquefois deux ou trois familles se réunissent et forment ainsi une nombreuse compagnie. Elles se perchent quelquefois; quand le chasseur. approche , elles ne partent pas toutes ensemble, et prennent souvent leur essor de divers cotés, pour se réunir ensuite parmi les broussailles ou le long des sillons; du reste, leurs mœurs sonl les mêmes que celles des Perdrix grises. Elles nichent dans les guérets, sous les buissons, parmi les herbes; la ponte est de douze à dix-huit œufs, d’un gris rou- geâtre, ponctué et tacheté de brun; leur grand axe est de seize lignes, le petit axe de treize lignes. V Cette Espèce, dit M. Degland, est tellement sociable, qu’à l’époque de sa reproduction, dans les pays où elle abonde, les mâles dépourvus de femelles se rassemblent et vivent en société. » La Perdrix G ambra ( Per dix \petrosa , de Latbam; Tetrao petrosus , de Gmelin), vul- gairement dite Perdrix de roche, habite le littoral de la Méditerranée; elle se distingue des autres Espèces par un collier roux, marqué de taches blanches, et ses rectnces médianes dépassant les suscaudales de vingt-deux lignes. La Perdrix Bartavelle ( Per dix Grœca , de Brisson), vulgairement dite Perdrix grecque, ne diffère de la Perdrix rouge que par une plus grande taille et un plumage plus cendré; elle porte un large collier noir en sautoir, descendant sur les côtés du cou. Sa taille est de treize pouces; les tarses sont munis chez le mâle d’un tubercule calleux. - Cette Espèce se tient le long des grandes chaînes de montagnes du midi de l’Europe; sa chair est préférable à celle de la Perdrix rouge. Elle niche dans les endroits pierreux, à l’abri d’un buisson ou d’un rocher; sa ponte est de quinze à vingt œufs d’un blanc jaunâtre, pointillé et tacheté de fauve; leur grand axe est de dix-huit lignes, le petit axe de quatorze lignes. La Perdrix Rochassière ( Perdrix Labatiei, de Bouteille) est une Espèce dédiée parle 321 / FAMILLE DES PHASFANIDÉS. savant auteur de Y Ornithologie du Dauphiné à son collaborateur, M. de Labatie. — Cette Espèce a été reconnue par M. Bouteille pour être une Espèce distincte , et non une hybride de la Perdrix rouge et de la Bartavelle; elle habite les endroits rocailleux des montagnes du Dau- phiné, où elle cherche, au milieu des débris de rochers, sa nourriture, consistant en jeunes pousses de Plantes alpestres. Sa taille est de trois pouces et demi; son plumage contient moins de roux et plus de gris que celui de la Perdrix rouge, et plus de roux que celui de la Bartavelle. Le blanc de la gorge est plus étendu que celui de la Perdrix rouge, sans descendre aussi bas sur le cou que dans la Bartavelle; le collier noir qui entoure ce blanc est suivi de taches noires moins nombreuses et moins grandes que celles de la Perdrix rouge ; les plumes des flancs portent deux bandes noires, comme celles de la Bartavelle; mais la bande supé- rieure est peu marquée, et se trouve quelquefois interrompue dans son milieu. La Perdrix Francolin ( Per dix frahcolina , de Latham; Tetrao franco/inus , de Linné) se distingue des autres Espèces par l’éperon corné, aigu , qui arme le tarse du mâle, et par le tour des yeux nu. Sa taille est de onze pouces; le cou et le ventre sont noirs, avec des taches rondes et blanches; le collier est d’un roux vif; la queue est allongée, rayée transversalement, ainsi que les tectrices, de noir et.de blanc; les pieds sont rouges. — Cette Espèce habite le littoral méditerranéen; elle pond, au pied des Bouleaux ou dans des buissons, dix à quatorze œufs blancs, tachetés de brun, ayant le volume de ceux de la Perdrix grise. Elle recherche le voisinage des bois et les lieux humides, et se perche sur les arbres, surtout pendant la nuit. Genre COLIN, Ortyx, de Stephens (opxu;, caille). Ce Genre , voisin des Perdrix, est caractérisé par le bec court, gros, bombé, les tarses lisses, les orbites emplumées. Les Colins représentent les Perdrix en Amérique; ils se nourrissent de graines et de baies; ils sont très-féconds, peu défiants, et donnent facilement dans les pièges; ils cherchent un refuge et un abri sur les arbres. Le Coein de la Californie ( ï'erdix californien, de Latham) a la gorge noire, enca- drée de blanc; le front gris strié; trois plumes plissées, dilatées, entièrement noires, implan- tées sur l’occiput; les côtés du cou perlé; le plumage gris cendré bleu; le ventre et les flancs blancs, maillés de noir et de bleu; le milieu du ventre roux. Colin de Californie (Ortyx l ' irginiana ) . Le Colin Coi. en i cm (Ortyx Virginiana , de keyserling et Blasius; Tetrao marylandus , de Linné) , vulgairement Caille de Virginie, Colin Ha-oui, Colenicui, Coyolcos, a sept pouces de longueur; les parties supérieures sont d’un roux fauve, avec le bord des plumes frangé de il 322 GALLINACÉS G 1U L L I P È I) E S . noir et de cendré; le front est noir, avec un double sourcil blanc; la gorge est blanche, enca- drée de noir; les flancs sont roux, parsemés de taches ovoïdes blanches, entourées de noir. — Ce Colin, originaire de l’Amérique comme tous ses congénères, a été naturalisé en Angle- terre, et y vit à l’état sauvage; sa ponte est de dix-huit à vingt-quatre œufs d’un blanc d’ivoire , dont le grand axe est de quatorze lignes , le petit axe de neuf lignes. Genre CAILLE ( Coturnix , de Cuvier). Ce Genre, très-voisin de celui des Perdrix, est caractérisé par un bec court, menu, faible, les tarses lisses, les orbites emplumées et les ailes aiguës; la queue est courte, cachée par les suscaudales. — Les Cailles sont polygames; elles ne se réunissent en bandes que pour effectuer leurs migrations. La Caille commune ( Coturnix clactylisonans , de Tcmminck ; Perclix coturnix, de Latham; Tetrao coturnix, de Linné) a les parties supérieures variées de brun et de gris, avec une strie blanchâtre ou roussâtre sur le milieu de chaque plume; le sommet de la tète est varié de noir et de roussâtre; il y a trois raies blanchâtres, dont les deux latérales bordent les yeux; la gorge est noire; la poitrine roussâtre; l’abdomen et les cuisses sont blanchâtres; le bec est noir, et les pieds sont couleur de chair. La taille est de sept pouces et demi. La femelle a la poitrine blanchâtre, parsemée de taches noires arrondies. Caiu.il commune (Coturnix dactytisonans). Cet Oiseau , qui semble lourd et mal conformé pour voler, est célèbre par ses migrations : il arrive en France au printemps, et nous quitte en automne; il traverse la Méditerranée pour passer en Égypte, en Syrie et en Afrique. Les Cailles se réunissent alors en troupes nom- breuses, et volent de concert, le plus souvent au clair de la lune, ou pendant le crépuscule. Quand elles rencontrent sur leur route une île ou un rocher, elles s’y abattent pour se reposer; aussi leur chasse est-elle très-fructueuse dans quelques îles de l’Archipel. L’instinct émigrant est si profondément inné dans ces Oiseaux, qu’une jeune Caille, tenue en captivité dès sa naissance, éprouve, à l’époque du passage, des inquiétudes qui lui enlèvent tout repos : elle s’agite et s’élève dans sa cage, comme pour se disposer à partir, et se briserait même la tête, si le dessus de sa prison n’était en toile. A l’époque des amours, le mâle ne prend aucun soin de la couvée; c’est à terre, et le plus souvent dans les blés, que la femelle dépose ses œufs, dont le nombre est de huit à quatorze; ils sont ventrus, blanchâtres ou fauves, irrégulièrement tachetés et pointillés de brun foncé; leur grand axe est de douze lignes, et le petit axe de dix 323 FAMILLE DES PHASIANIDÉS. lignes. Ces Oiseaux ne perchent jamais ; leur nourriture se compose de semences, de graines et de tontes sortes d’insectes. On chasse les Cailles au fusil, avec un Chien d’arrêt; on les prend aussi avec un filet, et l’on peut, en imitant leur chant, les faire tomber dans des pièges. Genre GANG A, Pterocles, de Temminck (irrepov, aile, xAsoç, bruit). Le bec est court, emplumé à sa base; les pieds sont vêtus en devant de plumes pili- formes très-courtes; le pouce est rudimentaire; les ailes sont longues et aiguës. — Les Gangas habitent les contrées méridionales de l’Eu- rope, de l’Asie et de l’Afrique; ils recherchent les terrains arides, déserts, et vivent d’insectes et de graines; leur vol est bruyant, élevé, rapide, soutenu. Le Gang a cata ( Pterocles alchata, de Ch. Bonaparte; Tetrao alchata, de Linné) est de la taille d’une Perdrix, à plumage écaillé de fauve et de brun; la gorge est noire; les deux rectrices médianes dépassent de beaucoup les autres , et sont terminées en filet pointu. — Il habite la région méditerranéenne, niche à terre parmi les pierres, à l’abri d’un petit buisson, et pond quatre ou cinq œufs très-allongés, elliptiques, d’un fauve clair, tacheté de brun; leur grand axe est de dix-neuf-lignes , le petit de douze lignes. Genre TÉTRAS, Tetrao , de Linné (xcxpàwv, Coq de bruyère). Le bec est courbé dès la base, à mandibule supérieure plus longue et plus large que l’inférieure ; les narines sont basales, cachées sous les plumes avancées du capistrum; une bande verruqueuse, plus ou moins rouge, se voit au-dessus des yeux; les pieds sont plus ou moins emplumés; les trois doigts antérieurs sont nus, à bords pectinés, réunis à leur base par une membrane; le pouce porte à terre par son extrémité; l’aile a la première rémige courte; les deuxième, quatrième et cinquième sont les plus longues; la queue est de seize ou dix-huit pennes. Les Tétras habitent les grandes forêts des contrées montagneuses; ils sont solitaires et polygames; ils se tiennent à terre et montent sur les arbres; leur vol est lourd, mais rapide, leur marche grave et leur course légère. Ils se nourrissent de bourgeons de Pins et de Bou- leaux, de baies et d’insectes. Le Tétras urogalle ( Tetrao urogallus , de Linné), vulgairement nommé Grand Coq de bruyères, est la plus grande Espèce des Gallinacés d’Europe; il a trois pieds de longueur; sa queue est large, arrondie, composée de dix-lmit pennes; son plumage est ardoisé, rayé finement en travers de noirâtre; la femelle est fauve, à lignes transversales brunes. — Cet Oiseau habite les forêts des hautes montagnes , et se nourrit de bourgeons et de baies. Le mâle peut relever en aigrette les plumes de sa tête, et faire la roue avec sa queue; il est très- défiant, mais dans la saison des œufs il se laisse approcher, si l'on profite, pour avancer, du moment où il chante; du reste, on n’a pu parvenir à l’élever en domesticité. Il niche à terre, sous des broussailles, pond six à quinze œufs jaunâtres, tachetés de fauve; leur grand axe est de deux pouces, le petit axe de dix-huit lignes. . Le Tétras Gelinotte ( Tetrao bonasia , de Linné), vulgairement nommé Gelinotte, Poule des Coudriers , habite la France et l’Allemagne; il est un peu plus grand que les Per- drix; son plumage est varié de brun, de blanc, de gris et de roux; une large bande noire se voit près du bout de la queue, qui est courte et étagée. La gorge du mâle est noire, et sa tête un peu huppée. — Les Gelinottes se plaisent dans l’épaisseur des grands bois montagneux de Sapins et de Mélèzes; c’est là qu’elles vivent, en été, de baies de Myrtille, de Framboisiers et de Ronces; en hiver, de bourgeons de Sapin, de chatons de Bouleau, de fruits du Genévrier. Ces Oiseaux marchent plus qu’ils ne volent; lorsqu’ils sont poursuivis, ils aiment mieux se cacher que de fuir. Leur chair est exquise, mais on n’a pu, jusqu’à ce jour, les assujettir à la domes- ticité. Leur ponte est de douze à treize œufs , d’un roux clair , tacheté et ponctué de brun , dont le grand axe est de seize lignes, le petit axe de douze lignes. 324 GALLINACÉS G RALLIPÈ DES. Le Tétras a queue fourchue [Tetrao tetrix , de Linné), vulgairement nommé petit Coq de bruyères , Coq de bouleaux , a la queue fourchue, contournée sur les côtés, composée de seize pennes , et dépassée au milieu par les sous-caudales. La taille est de vingt pouces environ. — Cette Espèce habite le nord de l’Europe, et n’est pas rare en France. Tétras a qgeue fourchue (Tetrao tetrix). Le Tétras canadien ( Tetrao canadensis , de Latham), nommé vulgairement Gelinotte noire d’Amérique , est d’un brun plus ou moins noir, avec le bout de la queue roux. Il habite l’ Amérique septentrionale. Le Tétras huppe-col ( Tetrao Cupido , de Gmelin), habite la côte nord-ouest de l’Amé- rique; il est varié de fauve et de brun; la queue est brune, les tarses emplumés jusqu’aux doigts; les plumes du bas du cou du mâle se relèvent en deux ailerons pointus, recouvrant une peau nue, que l’Oiseau gonfle comme une vessie quand il est en amour; sa voix a le son de la trompette. Cette Espèce se tient dans les plaines. Sa chair est très-savoureuse. Genre LAGOPÈDE, Layopus , de Brisson (Xaywoç, lièvre; 7roüç, pied). Ce Genre diffère du précédent par les doigts emplumés comme les tarses , la queue carrée, composée de quatorze pennes. Le Lagopède alpin ( Layopus alpinus , de Keyserling; Tetrao layopus, de Linné), vulgairement nommé Perdrix de neiye , Perdrix des Pyrénées, Ptarmiyan , habite les hautes montagnes du centre et du nord de l’Europe, où il vit de baies et de bourgeons. Son plumage varie suivant les saisons : en hiver, il est d’un blanc pur, avec une bande noire sur les côtés de la face; en été, il est fauve, marqué de petites lignes noires. Sa taille est d’un pied. — Cet Oiseau se tient, l’hiver, dans des trous qu’il se creuse sous la neige; de là son nom populaire de Perdrix de neiye. Il niche sous les buissons. Sa ponte est de sept à quinze œufs jaunâtres , tachetés de brun luisant , dont le grand axe est de dix-huit lignes, et le petit de treize lignes. Le Lagopède rouge [Layopus scoticus , de Vieillot; Tetrao scoticus, de Latham), vulgai- rement dit Tétras rouye , Grous, est roux, plus ou moins vermiculé de roussâtre et de noir. Sa taille est de quinze pouces et demi. — Il habite la Grande-Bretagne, et abonde surtout en Écosse. Ses œufs, au nombre de six à dix, sont d’un fauve rougeâtre, avec des points et des taches irrégulières d’un brun foncé; leur grand axe est de dix -sept lignes, le petit de treize lignes. Lagopède. FAMILLE DES PHASI ANIDES. 325 Genre SYRRHAPTE, Syrrhaptes , d’Illiger (ffupp«7m*> , coudre ensemble). Les tarses sont courts, emplumés, ainsi que les doigts, qui sont très- courts, et réunis sur une partie de leur longueur; les ailes sont très-longues et aiguës ; le pouce manque. Le S y r rh apte hétéroclite ( Syrrhaptes paradoxus , d’Illiger; Tetrao paradoxus, de Palias) a le dessus d’un cen- dré jaunâtre, avec des lunules noires à l’extrémité des plumes du dos; la gorge est d’un orangé foncé, le bas du cou et la poitrine cendrés, avec une bande transversale noire; sur le ventre , une large bande d’un noir rougeâtre. — Cet Oiseau Sïiml,APTE habite les steppes de la Buckarie et de la Tartarie; il marche mal, son vol est rapide, mais court; il vit de graines qu’il recueille dans le sable. Sa ponte est de quatre œufs d’un blanc roux, tacheté de brun. TRIBU des PHASIANIENS 0 Genres PHASIANUS, PAVO, ME LE A GRIS , NUMIDA, de Linné.) Les Phasianiens n’ont point de bande sourcilière; mais la tète offre toujours des nudités diverses. SYNOPSIS DES GENRES DE LA TRI lit DES PHASIANIENS. Queue en toit , très-longue et très-étagée. Ailes ordinaires . Faisan. Phasianus. Ailes à pennes secondaires extrêmement développées . „ . A II G u s. Argus. longue , inégale. Tête surmontée d’une crête charnue . Coq. Gallus. Tête surmontée d’une aigrette érigible . Ho U P PI F ÈRE. Euploconius. Queue seulement un peu convexe , longue , à couvertures ordinaires. Bec non comprimé , court . Tiiagopan. Satyra. assez allongé ; robuste ; gorge emplumée . Lophopii ore. Lophophorus. faible ; gorge nue , sur une très-petite étendue . Ortalide. Ortalida. en grande partie . . . . . . Pénélope. Penelope. Bec comprimé . Hocco. Crax. Bec très-comprimé et élevé . OüRAX. Ourax. à couvertures très-prolongées. Gorge emplumée. Tête sans aigrette . Eperon ni er. Polyplectrum Tête surmontée d’une aigrette . Paon. Pavo. Gorge nue . Dindon. Meleagris. courte ; un ongle au pouce . Pintade. Numida. pas d’ongle au pouce . Rouloi l. Cryptonyx. 326 GALLINACÉS GRALLIPÈDES. Genre FAISAN ( Phasianus , de Linné). Le tour des yeux et des joues sont nus , garnis d’une peau papilleuse; les tarses sont armés d’un éperon dans les mâles, les ongles aigus, presque droits, les ailes obtuses, la queue longue de dix-huit pennes, disposées en toit. Les Faisans sont polygames , et se nourrissent de végétaux , de Vers et d’insectes. Le Faisan ordinaire ( Phasianus colchicus, de Linné) est l’Espèce la plus ancienne- ment connue ; il a les parties supé- rieures d’un brun marron nuancé de roussâtre , de pourpre et de blanc; le sommet de la tête' est d’un vert obscur ; les yeux sont entourés d’une membrane calleuse rouge ; une petite touffe de plumes s’élève en cornes de chaque côté de la tête; la gorge et le dessous du cou sont d’un vert brillant irisé ; la poitrine et le haut du ventre ont une couleur pourpre, relevée de noir irisé; le reste des parties infé- rieures est roussâtre; les rémiges sont brunes , ornées de taches triangulaires roussâtres; les reo- trices sont d’un gris olivâtre , bor- dées de brun et rayées de noir ; le bec est brun , et l’iris jaune. La taille est de trente -quatre pouces. — Cet Oiseau se trouve en abon- dance dans le Caucase et les plaines boisées et marécageuses avoisi- nant la mer Caspienne ; il se nourrit de baies, de graines et d’insectes, passe la nuit, perché au haut des arbres , et niche dans des buis- sons : ses œufs , au nombre de douze à quatorze, sont moins gros et plus fragiles que ceux de la Poule; leur couleur est d’un gris Eaisan ordinaire (Phasianus colchicus). verdâtre, tacheté de brun ou sans taches; leur grand axe est de dix-huit lignes, le petit de quinze lignes. Le Faisan fut, dit-on, introduit en Grèce à la suite de l’expédition des Argonautes dans la Colchide; on l’élève aujourd’hui dans toutes les parties tempérées de l’Europe, mais son éducation exige beau- coup de soins, à cause de son naturel sauvage et défiant. Il vit cependant en bonne intelligence avec les autres Gallinacés, et l’on a obtenu de fort beaux métis résultant de son union avec le Coq domestique et le Faisan doré. En Angleterre, il s’accouple, â l’état libre, avec le Tétras à queue fourchue, et produit des hybrides remarquables. Le Faisan possède une chair savou- reuse qui le fait rechercher comme un mets délicat. L’Angleterre en expédie un grand nombre, l’hiver, en France; ils sont plus gras, plus forts, et leur plumage est plus brillant que dans les autres contrées de l’Europe, où ils sont naturalisés, ce qui tient sans doute à l’abondance et à la quantité de leur nourriture. Le Faisan a collier ( Phasianus torquatus , de Temminck) est une Espèce de la Chine, dont la taille est de vingt-neuf pouces; les parties supérieures sont noirâtres, nuancées de FAMILLE DES PH A SI A N I DÉS. .{27 jaune et veinées do blanc; le sommet de la tête est fauve, nuancé de vert; les sourcils sont formés de deux traits blancs; les côtés de la nuque, le dessus du cou et la gorge ont une belle teinte verte à reflets violets, avec un large collier blanc, dilaté sur les côtés. Les tectrices de la queue sont d’un vert clair; les parties inférieures d’un jaune blanchâtre, tacheté de violet; la poitrine d’un roux pourpré, nuancé de violet; le ventre d’un noir irisé; les tectrices de l’aile grises, nuancées de vert; les rectric-es olivâtres, ondées de larges bandes noires; les pieds gris, le bec et l’iris jaunes. Faisan a collier ( Phasianus torquatus ) . Le Faisan doré (Phasianus p ictus , de Linné) , nommé vulgairement Faisan tricolore, originaire de la Chine , comme le précédent, est un magnifique Oiseau, que Cuvier pensait être le Phénix décrit par Pline : sa tête est ornée d’une belle huppe couleur d’or; le cou est revêtu d’une collerette orangée, maillée de noir; le haut du dos est vert; la croupe est jaune; le ventre est rouge de feu; les ailes sont rousses, avec une belle tache bleue; la queue est très-longue, brune et tachetée de gris. — Cet Oiseau est, dit-on, originaire des bords du Phase, en Colchide, comme le Faisan ordinaire. On le rencontre, en bandes nombreuses, dans les chaînes du Caucase; il est domestique en France et en Allemagne. Sa ponte est de douze à quatorze œufs, mais elle est deux fois plus considérable dans l’état de domesticité; les œufs sont plus petits et plus courts que dans l’Espèce ordinaire. (Voir la tête de page des Gallinacés.) Genre ARGUS (Argus, de Temminck). Les joues et le devant du cou sont garnis d’une peau nue, ayant des poils: les tarses sont sans éperons, les ailes ont leurs rémiges secon- daires très-allongées, et dépassant les primaires d’une fois leur longueur chez les mâles. La queue est cunéiforme, à rectrices élargies et arrondies à leur extrémité; les deux médianes excessivement longues, et dépassant la queue d’une fois et demie sa longueur. L’Argus lu en ( Argus giganteus , de Temminck; Phasianus argus, de Linné) est la seule Espèce de ce Genre; sa longueur est de cinq pieds et quelques pouces, la queue comptant pour trois pieds huit pouces; les rémiges secondaires sont couvertes, dans toute leur longueur, d’une rangée de grandes taches en forme d’yeux, dont la teinte rappelle le bronze antique; les primaires ont les barbes externes blanchâtres, tigrées de brun, les barbes internes fauves, Arc.cs (Argus). pointillées de blanc, et la tige d’un bleu d’azur. — Cet Oiseau habite les forêts ombreuses de Java et de Sumatra ; son cri est strident et sa chair très-savoureuse. Genre COQ (Gai lus, de Brisson). Le. bec est médiocre, épais, à mandibule supérieure convexe, recourbée; la tête est surmontée d’une crête charnue et dentelée; la mandibule infé- rieure est garnie de deux barbillons charnus pendants ; les ailes sont courtes, amples, obtuses; la queue est composée de quatorze rectrices , relevées en deux plans verticaux adossés l’un à l’autre; les couvertures sont plus longues que les rectrices, fortement arquées chez le mâle, et retombant en panache flottant; les tarses sont armés d’ergots longs et fortement acérés. Le Coq domestique (Phasianus g al lus , de Linné) , et sa femelle, nommée Poule, forment une Espèce que la domesticité a fait varier à l’infini , pour la taille et pour le plu- mage. La Poule, beaucoup plus petite que le Coq, n’a point, comme lui, le cou et l’extrémité du dos couverts de plumes longues et étroites. Sa crête est petite, ou nulle, et ses barbillons moins développés. (Voir la tête de page des Gallinacés.) La patrie primitive du Coq domestique est inconnue. On pense qu’il descend d’une des Espèces qui vivent encore à l’état sauvage dans les montagnes de l’Indostan et l’ile de Java : l’une, nommée Coq de Sonnera? (Gallus Sonneratii , de Temminck) est fort remarquable par les plumes du cou, dans le mâle, dont les tiges s’élargissent vers le bas en trois disques F A MJ LL P, DES P H AS IA Ni DÉS. 329 successifs de matière cornée : la crête est dentelée ; l’autre, appelée Coq Bankiva (GaUus Bankiva, de Temminck) , ne porte sur le cou que de longues plumes tombantes d’un roux doré; une troisième, le Coq A J A M A L A S' ( Gai lus fuSCCltUS , de Temminck) , est noire , a le cou vert cuivré, maillé de noir, la crête sans dentelures, et sous la gorge un petit fa- non sans barbillons latéraux. Au reste, le Coq domestique a subi des modifications infi- nies ; outre les variétés de couleur et de grosseur, il y a des races où la crête est rem- placée par une touffe de plu- mes redressées : c’est le Coq huppé ( GaUus cristcitus , de Brisson) ; d’autres ont les tarses et même les doigts emplumés : c’est le Coq de B a n t a m ( GaUus banticus , de Brisson) ; une autre variété, le Coq nègre ( GaUus morio ), est remarquable par la couleur noire de sa crête et de ses barbillons; enfin, il y a des races monstrueuses qui ont cinq et six doigts aux tarses. Les Coqs domestiques s’accommodent de toute espèce de nourriture : ils sont sans cesse occupés à gratter la terre et le fumier pour y chercher des aliments; les graines, les larves et les Insectes qu’ils trouvent ainsi suffisent presque à leur entretien, et dans nos fermes ils n’ont guère besoin d’un supplément de nourriture que pendant l’hiver; outre les débris de la table qui leur sont jetés, on leur établit des ver-minières , en accumulant dans des fosses des matières animales, du sang, des intestins, etc., au milieu desquels les Mouches viennent en grand nombre pondre leurs œufs , et convertissent bientôt cette masse putréfiée en un monceau de larves, nommées Asticots. La fécondité des Poules ne se prolonge guère au delà de quatre ans, mais elle dure toute l’année, excepté pendant l’hiver, qui est la saison de la mue : la Poule qui n’est pas occupée à couver peut pondre presque tous les jours; terme moyen, une Poule donne plus de cinquante œufs par an. Quand elle a pondu un certain nombre d’œufs, elle éprouve le désir de les couver, et le manifeste par un cri d’une expression particulière; alors on lui en laisse une douzaine, et on lui ménage, dans un endroit tranquille, un nid garni de paille brisée. Après vingt et un jours d’incubation, le petit brisera coquille à l’aide du mar- teau dont son bec est provisoirement armé; la mère prodigue à ses poussins les soins les plus tendres, les plus assidus, les plus prévoyants; elle les abrite sous ses ailes, leur cherche de la nourriture, et les défend avec courage contre l’Oiseau de proie et tous les autres ennemis. Le Coq ne s’occupe ni de l’incubation ni de l’éducation des petits. On a trouvé le moyen de faire éclore des œufs de Poule sans les faire couver par la mère; il suffit, pour cela, de placer les œufs dans des fours dont la température ne dépasse pas celle du corps de la Poule. C’est ce que l’on fait en Égypte avec succès; on a aussi parfaitement réussi à pratiquer en France cette incubation artificielle qui, du reste, n’a pas produit tout le bénéfice qu’on en attendait. Nous n’avons pas besoin de vanter à nos lecteurs la beauté du Coq domestique : quiconque a mis le pied dans une basse-cour a remarqué sa démarche grave, fière et élégante, contras- tant avec les allures modestes, mais non sans grâce, des Poules qui forment son cortège. 42 Poilu: kt Poissixs. <; \ l l 1 1\ \ c É s ci; vllipëdes. 35:0 Cet, Oiseau polygame est leur protecteur en même temps que leur maître; il veille à leurs besoins, et quand il trouve quelque victuaille délicate, il les appelle, et les invite à manger avec un son de voix plein de douceur. Toutefois, parmi ses nombreuses épouses, il y a tou- jours une sultane favorite, qui est l’objet de ses préférences. Lorsque deux Coqs sont ensemble dans une basse-cour, la guerre est bientôt allumée, et ne cesse que par la mort ou la retraite de l’un des concurrents. L’homme a tourné au profit de ses plaisirs le caractère jaloux et impatient de toute rivalité, (pii distingue le Coq : il a trouvé le moyen de changer en gladia- teurs ces courageux animaux, et il les a lancés les uns contre les autres après avoir armé leurs ergots de lames d’acier finement trempées. Les combats de Coqs sont devenus, en Angleterre, un plaisir national , dont toutes les classes se montrent avides : ce sont les atro- cités du cirque romain, réduites en miniature, mais non moins odieuses, malgré leurs mes- quines proportions, que s’il s’agissait de faire s’entre-déchirer des Lions et des Éléphants. Que deux Coqs rivaux se disputent à coups d’éperon l’empire de la basse-cour, ils obéissent à leur instinct naturel; et le spectacle de leurs assauts, qui sont rarement meurtriers, peut plaire un instant à l’observateur; mais exciter en eux une fureur factice avec des liqueurs spiritueuses , ajouter un poignard aux armes «pie la nature leur a données, établir de ruineux paris sur la bravoure et la vigueur de ces pauvres bêtes, applaudir avec transport au coup hardiment porté qui vient de percer transversalement le crâne de l’un dès combattants, et de l’étendre expirant sur le sable, compter avec une inquiète curiosité les blessures du vainqueur, qui ne pourra peut-être plus reparaître dans l’arène est-il un spectacle plus indigne d’un peuple civilisé? Remarquons, en passant, que ce peuple civilisé, chez lequel l’humanité n’est trop souvent qu’une pensée utilitaire , a porté des lois rigoureuses contre les charretiers qui maltraitent injustement leurs Chevaux. Hâtons-nous de dire que le triste divertissement des combats de Coqs, institués par le sanguinaire Henri VIII, et patroné par Jacques Ier, Cromwell et Charles 11, appartient exclusivement aux mœurs anglaises, et que, malgré de nombreuses tentatives, il n’a pas été accueilli par le public français. Genre HOUPPIFÈRE, Euplocomus, de Temminck (£Ù7rXoxa;j.oç, bien frisé). Les joues sont garnies d’une peau nue, retombant un peu sur la gorge; la tête porte une huppe formée de brins roides et érigibles; la queue est verticale, avec des couvertures arquées, comme dans les Coqs; les tarses sont éperonnés chez le mâle. Le II o u p p i f È u e i c. n i c o l o r e ( Euplocomus ignitus , de Cray; Galhis Macartneyi, de Temminck) habite les îles de la Sonde. Sa taille est celle d’un Coq. Son plumage est noir brillant, cuivré; le bas du dos est d’un rouge ferrugineux brillant; les flancs sont roux, avec des flammèches rouges éclatantes; les reetrices et les couvertures sont bleues, vertes, métallisées; les moyennes d’un blanc pur; les joues bleues, le bec jaune. Genre TRAGOPAN, Satyra, de Lesson (xpayoç , bouc). La tête, presque nue, a, derrière chaque œil, une petite corne grêle; il y a, sous la gorge, un fanon qui peut se gonfler selon la disposition morale de l’Oiseau. Les Tragopans ont le corps massif des Faisans et la démarche des Coqs. Le Tragopan napaul ( Satyra cor nuta, de Gray; Phasianus satyrus , de Temminck) est de la taille du Coq; les cornes du front sont bleues, ainsi qu’une partie de la membrane de la gorge; le plumage est roux, plus ou moins vif, ocellé de taches blanches encadrées de noir. Il habite le Nord de l’Inde. Genre LOPMOPHORE, Lophophorus , de Temminck (Xdcpo;, aigrette; cpspw, porter). Le tour des yeux est nu; la tête porte une huppe, composée de brins filiformes, élargis en palette au sommet; les ailes sont courtes, concaves, obtuses; la queue est allongée, arrondie, à quatorze reetrices; les tarses sont courts, et armés d’un fort ergot. lIOtiPPIFKUE. FAMILLE DES 1>H A SI AN 1 1) E S. 331 Le L ü p h o p h o a e éclatant (Lmhopliorus refulgens , de Temminck) est grand comme une Dinde, et noir; l’aigrette et les plumes du dos sont diversement changeantes en cou- leurs d’or, de cuivre, de saphir et d’émeraude; les pennes de la queue sont rousses; la femelle est de couleur brune, flam- bée de gris et de fauve. Cette magnifique Espèce habite les montagnes du Nord de l’Inde. ( Voir In tête de page des Gal- linacés.) (i e nue PÉNÉLOPE (Penelope , de Merrem). Le bec est I.OIMIOIMIOIM-:. grêle; le tour des yeux est nu, ainsi que tout le dessous de la gorge , qui est susceptible de se gonfler. Le P'Jnélope cdan ( Penelope cristata , de Latham), nommé par Buffon Yacou, habite l’Amérique intertropicale; sa huppe et son plumage sont d’un vert roussâtre, à reflets métalliques, à l’exception du croupion et de l’abdomen, qui sont châtains; la poitrine et le cou sont tachetés de blanc; la région temporale est nue, violâtre; la gorge est purpurine, le bec fauve, les tarses rouges. Genre ÜRTALIDE, Ortalida, de Merrem (ofxaXi;, poule). Ce Genre ne diffère du pré- cédent que par la tête et le devant du cou emplumés, et deux lignes de peau nue à la com- missure du bec. L’Ortalide parrakoua ( Ortalida molmot , deWagler; Phasianus motrnot , de Gmelin) , nommée vulgairement Catraca, Faisan de la Guyane, habite l’Amérique méridionale; la huppe est rousse, le plumage fauve olivâtre en dessus, cendré en dessous; le tour de l’œil est pourpré, la gorge barbue, le bec cendré, les pieds rouges, les rectrices externes termi- nées de roux. — La voix de cet Oiseau est très-forte, et articule le mot Parrakoua. Il vit en petites familles. Genre HOCCO (Crax , de Linné). Le bec est vigoureux et entouré à sa base d’une peau où sont percées les narines; la tête porte une buppe de plumes redressées, longues, étroites, recoquillées au bout. La queue est large et arrondie. Les Hoccos sont de grands Gallinacés d’Amérique, ana- logues à nos Dindons, à queue large et arrondie, composée de pennes grandes et roides : ils vivent dans les bois, de bour- geons et de fruits, y nichent sur les arbres, se perchent, sont très-sociables , et même disposés à la domesticité. Le H o c c o a l e c t o r ( Crax A lector, de Linné ) , vulgaire- ment nommé Mitou-Poranga , est une Espèce dont la taille égale celle du Dindon; le plumage est noir; le bas-ventre est (.o blanc, et la cire du bec jaune. — Ces Oiseaux vivent en bandes nombreuses dans les forêts de la Guyane; leur caractère est doux et confiant, au point que l’on peut en tuer plusieurs même à coups de fusil , sans qu’ils s’éloignent plus que d’un arbre à l’autre. Ceux , au contraire , qui fréquentent les lieux habités par l’homme , y devien- nent farouches, et on ne les rencontre plus réunis en troupes. On peut, du reste, les élever en domesticité, et l’on mange. aux colonies la chair des jeunes, qui est blanche et d’un goût exquis. Genre OURAX ( Ourax , de Cuvier). Le bec est plus court et plus gros que dans h1 Genre précédent , et la peau de sa base est recouverte de plumes courtes et serrées comme du velours. L’Ourax pau xi ( Ourax pauxi , de Cuvier; Crax pauxi, de Linné), vulgairement dit le Hocco du Mexique , a les parties supérieures noires à reflets verdâtres, avec le bord de 332 GALLINACÉS GRALL1PËDES. ooiux i'auxi ( Ou mx pauxi ). chaque plume d’un noir pur; la tète et le cou sont garnis de petites plumes veloutées, d’un noir mat; les rectrices sont noires, terminées de blanc; les parties inférieures sont d’un noir irisé; l’abdomen est d’un blanc pur; le bec est d’un rouge foncé, et porte sur sa base une espèce de casque presque aussi gros que la tète, d’une couleur bleu clair et d’une dureté pier- reuse. — Cet Oiseau vit par troupes, comme les Hoccos, dans les vastes forêts de l’Amérique méridionale; il pond ses œufs à terre; son caractère est paisible et peu bruyant; il est facile à réduire en domesticité, et vit en bonne intelligence avec les autres Gallinacés; Genre PAON (Pavo , de Linné). La tête porte une aigrette; les joues sont presque nues, les tarses allongés, robustes, écussonnés, armés d’un fort ergot; les ailes concaves, obtuses; les couvertures de la queue (du mâle) , plus allongées que les rectrices, peuvent se relever en roue ainsi que les rectrices , dont le nombre est de dix-huit. Les Paons ont été nommés d’après leur cri aigre et discordant ; et comme ce cri se compose de deux notes, on peut s’étonner que le mot paon, traduction littérale du latin pavo, ne soit dans notre langue qu’un monosyllabe , qui perd , par cela même , sa valeur imitative. Le Paon ordinaire ( Pavo cristatus , de Linné) est originaire du nord de l’Inde; ce fut Alexandre le Grand qui l’envoya en Europe , où il s’est facilement soumis à la domesticité. L’espèce sauvage se tient constamment dans les fourrés les plus épais des forêts ; elle pond ses œufs à terre dans des trous soigneusement cachés, que savent pourtant découvrir les Mammifères carnassiers, qui en sont très-friands. Il n’est aucun de nos lecteurs qui n’ait admiré bien des fois le Paon domestique, soit lorsqu’il fait la roue devant sa compagne, soit lorsqu’il se perche, et laisse pendre sa queue magnifique; mais les individus sauvages ont encore plus d’éclat et de richesse dans leur parure, et leur queue est beaucoup mieux fournie : c’est le plumage du Paon indien que nous allons décrire : la tête, le cou, la gorge et la poi- trine sont d’un bleu brillant à reflets verts ; l’aigrette qui couronne le sommet de la tête est d’un vert changeant en bleu; les petites tectrices de l’aile sont d’un vert foncé à reflets dorés ; les moyennes d’un bleu brillant, bordées de vert doré, et les grandes d’un noir verdâtre, ter- minées de pourpre cuivreux; les dix grandes rémiges sont d’un brun ferrugineux, et les autres brunes, garnies extérieurement de vert bronzé, à l’exception de celles du poignet, qui sont entièrement brunes; les tectrices de la queue sont très-longues, dépassant de beaucoup Tes ViVO^ ^O^VY,Sl\Q,\iïi. \ îa\>o msAMusV â .§ . -•' , SÎ . • ' . ' . <' FAMILLE DK S PH AS1ANIDÉS. 333 lectrices, à barbes désunies, et terminées par un œil brillant; les parties inférieures sont noirâtres, à reflets dorés; les cuisses d’un gris noirâtre et bronzé, avec une bande fauve sur le genou. Sa taille est de quatre pieds cinq pouces, c’est-à-dire supérieure d’un demi-pied à celle du Paon domestique. La femelle n’a pas la riche livrée du mâle; à l’état de domesticité, elle fait chaque année une ponte, composée de huit à douze œufs, qu’elle couve pendant trente jours. Le Paon spicifère (Pava spici férus , de Vieillot; Pavo muticus , de Linné) , vulgaire- ment nommé Paon de Java , a une queue presque aussi belle que celle du Paon ordinaire; les parties supérieures sont d’un bleu métallique noirâtre, avec le bord de chaque plume d’un vert doré, terminé par une frange d’un noir brillant; le sommet de la tête est garni de petites plumes veloutées d’un vert doré à reflets bleus, et surtout d’une aigrette composée de vingt plumes longues , effilées , à tige blanchâtre , ornée de chaque côté d’un rang de barbules libres, qui se réunissent vers l’extrémité pour former une belle auréole d’un vert bleuâtre, doré et très-brillant; le cou, la gorge et le devant de la poitrine sont couverts de plumes d’un bleu verdâtre éclatant, et entourés d’un cercle doré, bordé de franges bleues; les petites et les moyennes tectrices de l’aile sont vertes à reflets bleus, les grandes sont d’un noir ver- dâtre, bordées de vert doré; les rémiges sont d’un fauve marron, avec leur tige et leur extré- mité d’un noir verdâtre; les tectrices supérieures de la queue sont d’un beau vert doré, coupé, par intervalles, de lignes chevronnées fauves; les rectriees sont d’un noir verdâtre brillant, ondées et terminées de brunâtre; les parties inférieures sont noires à reflets dorés, le bec et les pieds noirâtres. Ce magnifique Oiseau, dont la taille est de trois pieds six pouces, habite le Japon. Genre ÉPERONNIER, Polyplectnwi , de Temminck (-rroXùç , TrXrjxTsov , plusieurs épe- rons). La tête porte une huppe courte et serrée; les joues sont nues, les ailes courtes, concaves, à rémiges dilatées; la queue est arrondie, à vingt-deux rectriees; les tarses munis chacun de deux ou trois ergots coniques, puissants. — Les Éperonniers ont les rectriees et les couvertures de la queue ornées de miroirs brillants, lis habitent l’Inde, la Chine et le Thibet. U’KKo.NMi u ( Poiyclecirum). L’É pe honni eu en inouïs (. Polyplectrum bicalcaratum , de Temminck; Pavo tliibetanus , de Gmelin) est brun clair, onde de brun noirâtre ; les couvertures de la queue portent de doubles ocelles, et les scapulaires des ocelles simples , d’un bleu éclatant, à reflets pourpres. Genre 1)1 N DON (Meleaf/ris , de Linné). Ce Genre esl facile à distinguer par la peau nue GALLINACÉS G R ALL IPËDES. et mamelonnée qui recouvre la tête et le haut du cou, ainsi que par les appendices charnus dont l’un pend le long du cou, et dont l’autre, posé sur le front, peut s’entler et se prolonger au point de pendre par-dessus la pointe du bec, lorsque le mâle est agité de passions vio- lentes. Le bas du cou porte un pinceau de poils roules; les couvertures de la queue, plus courtes que dans le Paon, se relèvent aussi pour faire la roue. Les tarses sont faiblement éperonnés. Le Dindon commun ( Meleagris gallo-pavo, de Linné) a tout le plumage d’un brun foncé, avec les plumes du cou, de la gorge, du dos, et les scapulaires bordées de reflets azurés; les pieds d’un gris rougeâtre, les ongles et le liée noirs, l’iris rouge brun. Sa taille est de quatre pieds; son plumage varie beaucoup dans la domesticité. — C’est, de tous les Gallinacés, le plus irascible : la vue du rouge le jette dans des accès de colère qu’il vous est peut-être arrivé bien des fois de provoquer, pour vous en amuser, au risque d’attraper de vigoureux coups de bec. Les Dindons sont originaires de l’Amérique; ce n’est qu’au milieu du seizième siècle qu’ils ont été naturalisés en Europe , à cause de la bonté de leur chair, de leur grosseur et de leur fécondité. Les premiers furent apportés en Espagne par les missionnaires, vers l’année 1552, et, dix-huit ans après, aux noces de Charles IX , on servit les premiers Dindons qui aient été mangés en Franfce. Dindon commun (Meleagris gallo-pavo). Les Dindons communs se trouvent à l’état sauvage dans diverses parties de l’intérieur de l’Amérique septentrionale; ils abondent surtout dans les immenses prairies qui bordent l'Ohio, le Mississipi et le Missouri; on les voit cheminer à pied, et émigrer d’une contrée à une autre, suivant qu’ils trouvent en plus grande abondance les baies et les graines d’arbres dont ils se nourrissent. Les mâles voyagent par bandes de dix à cent individus; les femelles s’avancent séparément, avec leurs petits, ou réunies avec d’autres familles : elles évitent avec soin les mâles, qui attaquent leurs petits, et souvent les tuent, et cependant tous suivent la même direction. Lorsqu’ils arrivent sur le bord d’une rivière, ils se portent sur le point le plus élevé de la rive, y restent un nu deux jours en délibération, puis montent sur les arbres, 335 FAMILLE DES PH A Si A NI DÉS. et, à un signal donné par le chef de la troupe, ils prennent leur vol vers la rive opposée. Les vieux y parviennent sans peine, lors même que la rivière a un tiers de lieue de largeur, mais les petits tombent dans l’eau, et achèvent la traversée à la nage. A la fin de l’hiver, les femelles se séparent de leur famille devenue adulte, et s’occupent de la ponte et de l’incuba- tion : elles déposent dans un nid, construit à terre avec quelques feuilles desséchées, dix à quinze œufs, qu’elles ont à défendre contre les Corbeaux, les Chats sauvages, et même contre les Dindons. Il arrive souvent que plusieurs femelles se réunissent pour couver et élever leurs petits en commun. Nos Dindons domestiques sont moins gros que les Dindons sauvages; leur plumage est noir, tandis que, dans l’état de nature, il est d’un brun verdâtre, glacé de teintes cuivrées. La chair des Dindons domestiques est aussi moins savoureuse; cependant elle est très-estimée , et nos agriculteurs élèvent un grand nombre de ces Oiseaux. Dans le Midi de la France, on les tue ordinairement avant l’âge de trois ans, car, en vieillis- sant, ils deviennent méchants et coriaces. Le Dindon ocellé ( Meleagris oceUata , de Cuvier) est une autre Espèce, découverte, depuis peu, près de la baie d’Honduras. Cet Oiseau est remarquable par l’éclat de ses cou- leurs, qui rivalisent avec celles du Paon, et surtout parles miroirs couleur de saphir, entourés de cercles d’or et de rubis, qui décorent sa queue. Genre PINTADE ( Numida , de Linné). Les Pintades ont la peau de la tête nue, des barbillons charnus au bas des joues, la queue courte et pendante; les plumes de leur croupe donnent à leur corps une forme bombée , et leur crâne est en général surmonté d’une crête calleuse; les pieds sont sans éperons. ( Voir la tête de page des Gallinacés.) La Pintade méléagride ( Numida meleagris, de Linné) est originaire d’Afrique; son plumage est ardoisé, couvert partout de taches noires et blanches. — A l’état sauvage, les Pintades vivent en grandes troupes dans les lieux marécageux. Du temps d’Aristote, elles étaient déjà acclimatées en Europe , et les Romains faisaient grand cas de leur chair, qui est exquise : la race s’en est perdue dans le moyen âge, mais les Portugais l’ont naturalisée de nouveau chez nous, et dans l’Amérique méridionale. Toutefois, il est difficile d’élever des Pintades en compagnie des autres Gallinacés, à cause de leur naturel criard, querelleur et tyrannique, qui les rend le fléau de la basse-cour. Genre RO IJ LOUE, Cryptonyx, de Temminck (xpuTiTo; , caché; ovuf; , ongle). La région oculaire est nue, les tarses courts, robustes, écussonnés , sans ergots; le pouce dépourvu d’ongle; les autres doigts, à ongles étroits , presque droits , un peu pointus ; les ailes sont concaves, obtuses; la queue courte, arrondie et penchée. Le Rouloul couronné ( Cryptonyx coronata , de Tem- miuck; Columba cristata, de Gmelin) porte sur le front six plumes ébarbées , noires ; l’occiput est orné d’une huppe à barbes décomposées, d’un rouge mordoré ; toutes ces plumes ïioüLoiiL. se dirigent en arrière; le plumage est vert sombre au dos, au croupion, à la queue, et violet foncé sur la poitrine et le ventre; les joues et le cou sont noirs. Ce bel Oiseau habite les forêts de Java, de Sumatra et de la presqu’île de Malacca. Dans l’Ordre des Gallinacés se trouvent trois Espèces mythologiques , que nous devons rap- peler à nos lecteurs : la première est le Coq, qui fut, jadis, sous le nom d’AIectryon, un jeune guerrier, favori de Mars, et confident de ses amours. Un jour que le dieu de la guerre s’était rendu près de la déesse de la beauté, Apollon, caché sous un nuage, put s’approcher et sur- prendre les doux larcins de son rival. Plein de jalousie, il se hâta d’aller avertir Vuteain des désordres de son épouse. Le dieu du feu, pour se venger, fabrique aussitôt un filet d’acier invi- ,336 GALLINACÉS. sible, dont il entoure le lit, théâtre de son déshonneur; ce fut en vain que les coupables implo- rèrent sa clémence , il no leur rendit la liberté qu’après que tout l’Olympe eût été témoin de leur confusion. Vénus s’enfuit en Chypre et Mars dans la Thrace. Ce dieu, ne pouvant attaquer Apollon, fit tomber son courroux sur Alectryon, qu’il avait placé en sentinelle pour veiller à ce que personne ne pût approcher sans qu’on le sût : il le changea en Coq, et, depuis ce jour, le nouvel Oiseau, qui n’a conservé que l’aigrette de son casque, ses éperons et sa démarche guerrière, fait entendre sa voix stridente au retour de l’aurore, comme s’il voulait annoncer l’approche du soleil. Viennent ensuite les Pintades , dont l’histoire est beaucoup moins scandaleuse. Méléagre était fils du roi d’Étolie : le jour de sa naissance, les Parques entrèrent dans l’appartement de sa mère, Althée, et mirent un tison dans le feu, en annonçant que la vie de l’enfant nouveau-né durerait autant que ce tison; la mère s’était empressée d’éteindre le tison, et le conservait précieusement. Vingt ans après , Méléagre tua le terrible sanglier de Calydon , et offrit la hure du monstre à la belle Atalante, qui l’avait blessé la première; mais les oncles de Méléagre prétendirent que cette dépouille leur appartenait, et l’arrachèrent des mains d’ Atalante. Méléagre, indigné, tua les deux frères de sa mère. A cette nouvelle, Althée, furieuse, jeta au feu le tison auquel était attachée la vie de son fils, et le jeune prince, sen- tant un feu dévorant consumer ses entrailles, expira dans d’horribles tourments. Althée, se ressouvenant, mais trop tard, qu’elle était mère, se tua, pour ne pas lui survivre. « Mais, qui pourrait, dit Ovide, exprimer le désespoir de ses sœurs? Oubliant leur beauté, elles se meurtrissent la poitrine, et, s’attachant au corps de leur frère, elles couvrent de baisers ce froid cadavre , que leurs caresses ne peuvent ranimer. Quand la flamme du bûcher l’a réduit en cendres, elles pressent sur leur sein livide l’urne qui les renferme, et arrosent de larmes le marbre qui porte le nom de leur frère. C’est alors que la fille de Latone, rassasiée de ven- geances , allège leurs corps misérables en les couvrant de plumes , leurs bras amaigris s’élar- gissent en ailes, leur bouche s’endurcit, et les Méléagrides prennent l’essor à travers les airs. » L’histoire de la Perdrix se rattache à celle du célèbre Dédale : la sœur de cet industrieux architecte lui avait confié l’éducation de son fils unique, enfant d'un esprit docile et ingé- nieux : ce fut lui qui, jadis, inventa la scie, et qui, le premier, mit en usage le compas. Dédale, jaloux de ses talents, le précipita du haut de la citadelle d’Athènes; « mais Minerve, protectrice du génie , le soutint dans les airs , le changea en Perdrix, et fit passer la vigueur de son esprit dans ses pieds et dans ses ailes. Cependant, le nouvel Oiseau craint d’élever son vol, il dépose ses œufs, non sur les rameaux des arbres, mais parmi les buissons, et, se souvenant de sa chute, il vole en rasant la terre. » Propter humum volitat; ponitque in sepibus ova, Antiquique memor, metuit sublimia , casûs. ' *■ ■* i ■ ■ ' * 1 . .o'r.n V ' ■■ ■ 1 ■ i iRi: - •• ; - ;,é - ■ ' ■ . ■ ■ V. V- ,% , ■ . _ ' • . ■ î ■ . " ■ h ■■■ • ‘ • \ IM. Ci. Héron. Marabou. Caurale. Ardéole, Blongios. Grande Aigrette. ORDRE des ÉCHASSIERS Bec de forme diverse ; tarses et jambes élevés ; jambes 'nues ( presque sans exception) au-dessus de T articulation tibio-t ar sienne ; tarses gla- bres, réticulés ou annelés ; doigts libres ou unis vers leur base par une membrane ; ailes moyennes ou longues ; queue ordinairement courte. Grue couronnée, ï chasse d'Europe. K O Les Échassiers ont pour caractère commun la nudité de la partie inférieure de leur jambe; à cette disposition se joint généralement la hauteur des tarses, ce qui leur permet d’entrer dans l’eau jusqu’à une certaine profondeur sans se mouiller les plumes, d’y marcher à gué,' et d’y pêcher leur nourriture, au moyen de leur long bec et de leur long cou, proportionnés à leurs jambes; de là leur nom (Y Oiseaux de rivage. Presque tous sont crépusculaires , c’est-à-dire qu’ils restent immobiles et comme engourdis pendant que le soleil est sur l’horizon, et ne pren- nent de vie qu’après son coucher et avant son lever. La plupart sont carnivores, et vivent d’Animaux vertébrés ou invertébrés, suivant la force de leur bec. Ceux qui font leur nid à terre sont en général polygames, et leurs petits courent peu de temps après leur naissance; ceux qui nichent sur des arbres sont monogames, et nourrissent leurs petits jusqu’à ce qu’ils soient en état de voler. Tous sont migra- teurs. La plupart volent en tenant leurs pattes étendues en arrière. 43 338 ÉCHASSIERS DÆODACTYLES. SYNOPSIS DES SECTIONS DE L’ORDRE DES ÉCHASSIERS. Doigts courts, sans membranes interdigitales DÆODÀCTYLES. Doigts courts ou moyens, pourvus de membranes interdigitales basales HÉRODACTYLES. Jambes très-hautes; pouces très-courts, ou même nuis ; pieds palmés PALAMODACTYLES. Doigts longs, à ongles filiformes MACRODACTYLES. ÉCHASSIERS DÆODACTYLES FAMILLE des ORTYXÉLIDÉS Cette Famille constitue à elle seule la section des Échassiers dæodactyles, et se compose du Genre ORTYXÈLE, Orlxjxelus , de Vieillot. Le bec est grêle, court, droit, un peu fléchi à son extrémité, nu à sa hase. Les tarses sont longs, réticulés, à doigts courts , sans membranes interdigitales. L’Ortyxèle df. Me ifr en ( Ortyxelus Meifreni , de Vieillot) est In seule Espèce du Genre. Elle a la tête d’un roux sombre ; toutes les parties supérieures et un collier au bas de la gorge d’un roux tacheté de blanc ; une bande blanche s’étend du bec à la nuque en passant sur l’œil ; le dessous est blanc ; la gorge est lavée de roussâtre. — Cet Oiseau habite le Sénégal ; ses mœurs sont inconnues. SYNOPSIS DES FAMILLES DE LA SECTION DES ÉCHASSIERS HÉRODACTYLES. Dec comprimé; pouce nul ou très-petit; ongles de forme ordinaire = PRESS1 ROSTRES. Dec robuste O Tl DÉS. Dec moyen C II ARA I) RIDÉS. Bec très-grêle, droit, comprimé RÉMATOPIDÉS. Rec très-arqué, ainsi que les ongles = UNCIROSTR ES. Rec très-profondément fendu ; doigts courts MICROD ACTY LÉS. Bec médiocrement fendu; doigts moyens P SO P III l)É S. Bec allongé, souvent très-long = LONG I ROSTRES. Bec fort ARDÉIDÉS. Bec grêle. Jambes plus ou moins hautes SCOLOPACI DÉS. Jambes extrêmement hautes IIIMANTOPI DÉS. FAMILLE DES OTIDÉS. 339 ÉCHASSIERS HÉRODACTYLES PRESS1ROSTRES FAMILLE des OTIDÉS ( Genre OTIS, de Linné.) CARACTÈRE. — Bec un peu conique , comprimé, convexe en dessus, recourbé et légère- ment renflé à la pointe, qui est dentée; mandibule supérieure plus longue que l’inférieure, voûtée, à bords renflés, membraneux ; fosses nasales médianes, recouvertes d’une mem- brane ; narines ovalaires ; tarses allongés, écailleux ; doigts courts, épais et bordés par des membranes ; ongles courts, pouce nul; ailes aiguës; queue courte, étagée ou arrondie, à dix-huit ou vingt rectrices. Les Otidés , nommés communément Outardes, se rattachent aux Gallinacés par leur bec, leur corps massif et leur régime; mais ils s’en éloignent par leurs jambes nues au-dessus de l’articulation tibio-tarsienne ; leur démarche est lourde, leurs ailes servent moins souvent à voler qu’à accélérer leur course, et alors ils rasent la terre avec rapidité. Les herbes, les Vers, les Insectes forment leur nourriture; ils ne perchent pas, et déposent leurs œufs à terre, dans un trou au milieu de l’herbe. Leur caractère est timide et très-défiant. SINOPSIS DES GENRES DE LA FAMILLE DES OTIDÉS. Bec moyen ; recourbé dans la plus grande partie de sa longueur recourbé à son extrémité Outarde. Otis. Houbara. Houbara. Bec long, droit, seulement un peu recourbé vers la pointe Ardéotide. Ardeolis. Genre OUTARDE, Otis, de Linné (oû;, oreille). Le bec est recourbé dans la plus grande partie de sa longueur ; la queue est ample, presque égale ou légèrement étagée. L’Outarde barbue {Otis tarda, de Linné), vulgairement grande Outarde, est le plus gros des Oiseaux d’Europe. Sa taille est de trois à quatre pieds. Son plumage est jaune, tra- versé sur le dos par des traits noirs , et grisâtre sur la tête , le cou et la poitrine. Le mâle a les plumes des oreilles allongées, et formant, des deux côtés, des espèces de moustaches. — L’Outarde habite l’est de l’Europe; elle est de passage en Allemagne et en France. On la voit arriver en hiver dans les grandes plaines de la Provence et de la Champagne; elle y vit par troupes de plusieurs milliers d’individus, et y demeure jusqu’au printemps, époque à laquelle les couples s’associent; les uns vont passer l’été dans des contrées moins chaudes, les autres restent parmi les blés , et y font leur ponte, qui est de un à quatre œufs d’un gris cendré oli- vâtre, tacheté de gris sombre : leur grand axe est de trente-quatre lignes ; le petit axe de vingt- cinq lignes. La femelle les dépose dans un petit trou qu’elle fait en grattant légèrement la terre, qui reste nue et battue tout autour. Si , pendant son absence on touche à ses œufs , elle les abandonne, quelque avancée que soit l’incubation. — Cette Espèce est recherchée comme l’un de nos meilleurs gibiers. L’Outarde Canepetière {Otis tetrax, de Linné) est de moitié plus petite que la pré- cédente, beaucoup moins commune et beaucoup plus estimée. Le mâle est dépourvu de moustaches, et porte en été un double collier noir et blanc. Cette Espèce arrive chez nous au printemps, et s’en va en automne; on la rencontre dans la Reauce et dans le Rerry, elle se tient ordinairement dans les champs d’Orge et d’Avoine : dans le midi de l’Europe elle est É G H A S S I E H S IIÉli 0 1) AC T Y L E S P R E S S I R 0 S T R E S. 3-10 Outarde Canepetibke (Otis tctrax). sédentaire. Sa ponte est de trois ou quatre œufs bronzés, dont le grand axe est de vingt et une lignes, et le petit axe de quinze lignes. Genre HOUBARA ( Houbara , de Ch. Bonaparte). Le bec est allongé, très-déprimé à la base , recourbé à son extrémité. Le II ouba r a ondulé ( Houbara undulata , de Gray ; Otis Houbara, de Gmelin) est remarquable par sa huppe et le mantelet formé de plumes longues , effilées , blanchâtres , striées de noir, qui orné les parties latérales de son cou ; l’oe- ciput, les joues, la gorge sont blancs, rayés de brun; tout le dessus du corps est jaunâtre , finement rayé et parsemé de taches brunes ; le dessous du corps est blanc. — Le Hou- bara habite le nord de l’Afrique, et paraît accidentellement en Europe. Sa ponte est de trois à cinq œufs , d’un roux oli- vâtre, à taches peu foncées; leur grand axe est de vingt-six lignes; le petit axe de vingt lignes. Genre ARDÉOTIDE ( Ardeotis , d’is. Geoffroy). Ce Genre, dont le nom rappelle le Héron (. Ardea ) et Y Outarde (Otis) , est caractérisé par un bec long, droit, seulement un peu recourbé vers la pointe. L’Ardéotide Louong (Ardeotis Arabs , d’is. Geoffroy; Otis Arabs , de Gmelin; Eupo- dotis Arabs, de Lesson) habite l’Afrique méridionale et l’Asie ; elle porte sur la tête une huppe noire ; le dessus du corps est d’une couleur marron brillante, mélangée de noir ; la gorge et le devant du cou sont d’un cendré bleu, traversé par ries lignes brunes ; la poitrine et le des- sous du corps sont blancs. FAMILLE DES CHA'RÀDRIDÉS. 3 i 1 FAMILLE des CflARADRIDÉS [Genre C H ARA DRIUS , de Linné.) CARACTÈRE. — Bec médiocre, comprimé, renflé au bout; doigts au nombre de quatre ou de trois ; ailes et queue allongées. Les Charadridés fréquentent, en général, les lieux bas et humides, les plaines marécageuses et les bords sablonneux des rivières; ils vivent d’insectes et de Vers. SYNOPSIS DES TRIBUS ET GENRES DE LA FAMILLE DES CH Ail AD RI DÉS. Bec grêle, comprimé. = TRIBU DES CHARADRIENS. Bec arqué , non renflé au bout Court-vite. Bec presque droit , renflé au bout. Pouces nuis. Tarses réticulés Pluvier. Tarses écussonnés P l u v i a n . Pouces rudimentaires Squatarole. Pouces petits Vanneau. Bec assez robuste , très-comprimé. = TRIBU DES ED IC NÉ MIENS. Bec moyen Édicnème. Bec long , fort B 0 rh in. Cursorius. Charadrius. Pluvianus. Squatarola. Vanellus. OEdicnemus. Burhinus. Genre COURT-VITE ( Cursorius, , de Latham). Le bec est grêle, conique, un peu dé- primé à la base , légèrement voûté et courbé vers la pointe ; les narines sont ovales, couvertes d’un petit tubercule; les tarses sont longs et grêles, les doigts divisés, courts, écus- sonnés comme les tarses et les jambes ; les ongles courts; les ailes aiguës ; le pouce est nul. — Ces Oiseaux habitent l’Afrique et l’Asie. Us courent avec une vitesse étonnante. Le Cou r t -vite Isabelle (Cursorius Europcus , de Latham; Charadrius gallicus , de Gmelin) est long de neuf pouces et demi ; le fond du plumage est fauve clair ; deux raies noires ou brunes se remarquent derrière les yeux ; le ventre est blanchâtre. — Celte Espèce habite particulièrement le nord de l’Afrique, et se montre accidentellement en Europe; ses mœurs sont inconnues. Genre PLUVIER , Charadrius , de Linné (-/apaoptoç, ravin, ornière). Le bec, renflé seu- lement en dessus, a les deux tiers de sa longueur occupés, de chaque côté, par la fosse nasale, ce qui le rend plus faible ; les tarses sont grêles, le doigt externe uni au médian par une mem- brane ; l’interne libre ; le pouce manque ; les ailes sont suraiguës ; la queue est arrondie ou carrée. — Les Pluviers fréquentent les prairies, les bords de la mer et des fleuves, et voyagent par troupes. Le Pluvier doré ( Charadrius pluvialis , de Linné) est une Espèce commune, qui vit par troupes nombreuses et habite les bords de la mer, les marais et les embouchures des fleuves. Cet Oiseau a été nommé Pluvier parce qu’il passe chez nous à l’époque des pluies qui coïnci- dent avec les deux équinoxes ; il est répandu sur presque toute la terre ; son plumage est noi- râtre, pointillé de jaune, avec la gorge et le ventre blancs. — En hiver, on le rencontre abon- damment sul’ le rivage de la mer , suivant constamment la ligne des eaux ; il pousse un petit cri fréquent, et bat le sable humide avec ses pieds, pour en faire sortir les vers marins et autres petits animaux qui font sa nourriture. C’est dans les régions boréales qu’il va nicher É CH ASSIERS H É R 0 D A C T Y L E S PRESS1R0S T R E S . 342 et pondre ses œufs. Il niche à terre; sa ponte. est de trois à cinq œufs d’un jaune ver- dâtre, ponctué et tacheté de gris foncé ; leur grand axe est de vingt-deux lignes ; le petit axe de quatorze lignes. Le Pluvier Guignard (■ Charadrius morinellus , de Linné), type du Genre Eu- dromias , de Ch. Bonaparte, a son plumage brun oli- vâtre , varié de bordures rousses en dessus ; le haut du ventre et les flancs d’un roux vif ; le bas-ventre blanc. Sa taille est de onze à douze pouces. Il habite le nord de l’Europe, et passe périodi- quement en France ; il niche sur les montagnes ; sa ponte est de quatre ou cinq œufs courts, d’un gris roussâtre, avec île grandes taches brunes ; leur grand axe est de seize lignes ; leur petit axe de treize lignes. — Cet Oiseau , que les chasseurs recherchent pour la sapidité de sa chair, est très-facile à tirer : « il suffit, dit M. Degland, d’en avoir blessé un pour voir toute la troupe venir tour- noyer au-dessus de lui, et se laisser fusiller avec une stupidité remarquable. On peut, quand on a l’habitude de la chasse , détruire en un instant la bande entière. » Le Pluvier a collier ( Charadrius hiaticula , de Linné, type du Genre OEgialites, de Ch. Bonaparte), vulgairement dit Blanc-collet , Rebaudet , est long de six pouces , gris en des- sus, blanc en dessous, avec un large plastron noir à la poitrine; la tête est variée de noir et de blanc ; le bec jaune et noir. — Cette Espèce est répandue dans toute l’Europe ; elle niche sui- tes plages, au bord des eaux, des étangs, dans un enfoncement, ou entre des galets ; sa ponte est de trois à cinq œufs gros, courts, jaunâtres, tachetés de brun noir et pointillés de gris, dont le grand axe est de treize lignes, et le petit de dix lignes et demie. Le Pluvier gravelotte ( Charadrius minor, de Meyer et Wolf), vulgairement dit petit Pluvier à collier, est long de quatre pouces huit lignes ; son plumage est brun cendré en des- sus, blanc en dessous, avec un plastron noir étroit, n’occupant que le bas du cou. — 11 habite le midi de l’Europe, niche sur la grève, au bord de la mer et des fleuves, pond de trois à cinq œufs assez gros, d’un roussâtre clair, pointillé de brun et de gris ; leur grand axe est de treize lignes , le petit de dix lignes. Ce Pluvier voyage ordinairement en compagnie du Pluvier à collier. Le Pluvier a demi-collier ( Charadrius c antianus , de Latham) est long de cinq pouces; son plumage est brun cendré en dessus, blanc en dessous, et porte, sur la poitrine, deux taches noires, au lieu de plastron. — Il habite le nord de l’Europe et de l’Asie, niche sur les plages maritimes, à nu, sur le sable, dans un petit enfoncement, entre des galets ou de petits coquillages; ses œufs, d’un jaune clair ou d’un gris verdâtre, sont ponctués, tachetés et linéolés de gris foncé et de noir pur ; leur grand axe est de quinze lignes ; le petit axe de onze lignes. Le Pluvier armé ( Charadrius spinosus , de Linné), type du Genre Hoplopterus, de Cli. Bonaparte, a le pli de l’aile armé d’un éperon corné; il est long de onze pouces, brun cendré en dessus, avec les plumes de l’occiput allongées en huppe; les tarses sont très-allon- FAMILLE DES GHARÂD RIDÉS. :U3 gés et écussonnés. Il habite le Sénégal, l'Égypte, la Turquie et la Grèce, et passe accidentel- lement en Italie. Sa propagation est inconnue. Le Plu vi en a lambeaux ( Characlrius bilobus, de Latham), type du Genre Sarçipphorus, de Strickl , se distingue des autres Espèces par une membrane jaune plaquée aux angles du bec et pendante ; le dessus de la tête est noir, entouré d’un trait blanc ; le cou et le manteau sont d’un gris fauve ; le dessous du corps est blanc ; les tarses sont écussonnés. — Cette Espèce habite Pondichéry. Genre PLU VIAN (Phwianus , de Vieillot). Le bec est pointu, convexe en dessus, droit en dessous , comprimé au milieu ; les narines sont basales , oblongues , et couvertes d’une membrane ; les tarses allongés , écussonnés ; les jambes nues dans leur moitié inférieure ; les doigts courts, grêles, divisés et unis à leur base par une membrane courte; le pouce manque; les ailes sont aiguës ; la queue arrondie. Le Pluvian mélanocëphale (Pluvianus melanocephahts , de Vieillot; Cliaradrius mela- nocephalus , de Gmelin) est long de huit pouces ; il a le dessus de la tête, du cou et du dos, une bande au travers de l’œil et un collier noirs ; le devant du cou et toutes les parties pos- térieures, d’un blanc roussâtre; le croupion gris, ainsi que les pennes de la queue ; les ailes variées de blanc et de noir. — Cet Oiseau habite le Sénégal et l’Égypte; il paraît sur les bords du Nil, quand les eaux sont rentrées dans leur lit, et ne fréquente que les endroits sablon- neux ; il y vit par couples ou par petites familles ; il a paru accidentellement en France, il y a quelques années. Genre VANNEAU {Vanellus, de Cuvier). Les Vanneaux ont le même bec que les Plu- viers, et ne s’en distinguent que par la présence d’un pouce, mais si petit qu’il ne peut tou- cher terre ; les tarses sont écussonnés, et les fosses nasales sont étendues jusqu’aux deux tiers du bec ; les ailes sont acuminées. Le Vanneau huppé (7’ ring a vanellus , de Linné) est une élégante Espèce de la grosseur d’un Pigeon; son plumage est noir bronzé avec des reflets métalliques, ce qui, joint à l’ai- grette longue et déliée dont sa tête est couronnée, l’a fait surnommer petit Paon sauvage. Il Vanneau huppé ( Tring a vanellus). arrive en France par grandes troupes au commencement du printemps ; son vol est vigoureux et élevé ; il voltige avec grâce au-dessus des marais et des prés humides : il fréquente ces localités pour y chercher des Vers, qu’il sait adroitement tirer de terre ; il est très-farouche, et, en s’élevant, il pousse un cri sec, qui exprime assez exactement le mot dix-huit. [I pond 31 1 É C H A S S 1 E R S H É R 0 L> A C T Y L ES 1> R E S S I R 0 S ï R E S. en avril et vers la fin de l'automne; son nid, établi dans les prairies marécageuses, sur une petite élévation, contient trois ou quatre œufs, assez gros, olivâtres, tachetés de brun ou de noir, dont le grand axe est de vingt lignes, et le petit axe de quatorze lignes. Les familles des Vanneaux, dispersées dans les marécages, se rassemblent en bandes de cinq à six cents indi- vidus pour émigrer vers le Midi. Genre SQUATAROLE {Squatarola , de Cuvier). Ce Genre ne diffère de celui des Van- neaux qu’en ce que le pouce est à peine perceptible et pourvu d’un ongle rudimentaire ; les fosses nasales sont courtes , et les tarses réticulés. Le Squatarole helvétique ( Squatarola helvetica , de Ch. Bonaparte; Tringa helve- tica, de Linné), vulgairement nommé Vanneau-Pluvier , Vanneau gris, est long de dix pouces et demi ; il ne porte point de huppe ; sa robe de noce, c’est-à-dire son plumage dans la saison des amours , est tachetée de blanc et de noirâtre en dessus , et noire en dessous , depuis la gorge jusqu'aux cuisses; le plumage d’hiver est blanc, tacheté de grisâtre, à manteau noi- râtre, pointillé de blanc. Genre ED1CNEME, OF.dicnemvs , de Temminck (oiSsw, être gonflé, x.vr)ar, , jambe). Le bout du bec est renflé en dessous comme en dessus , et la fosse des narines étendue seulement sur la moitié de sa lon- gueur ; les tarses sont longs, réticulés; les doigts courts, bordés, et réunis par une membrane jusqu’à la seconde arti- culation; les ailes sont médiocres, aiguës; la queue allongée et pointue. 1/ OE digne me criard ( OEdicnemus ! crepitans , de Tem- minck ; Charadrius œdicnemus, de Linné ) , vulgairement dit Courlis de terre , Gris- Fgigean , a quinze pouces de lon- gueur; il est de la taille d’une Bécasse; son plumage est gris fauve avec une flamme brune sur le milieu de chaque plume : le ventre est blanc, et il y a un trait brun sous l’œil. Ces Oiseaux sont répandus dans toute l’Europe; ils vivent dans les terres sèches et pierreuses, et y prennent des Limaçons, des Insectes, des Lézards et même de petits Mammifères. Immobiles et comme assoupis pendant le jour, ils se mettent en mouve- ment au crépuscule, courent sur les pelouses avec une extrême rapidité, et volent de toutes parts, en poussant des cris retentissants qui expriment le mot turlui, dont on a fait leur nom de Courlis. Ils nichent à terre, dans des endroits pierreux; les œufs, au nombre de deux à quatre, sont très-gros, d’un gris jaunâtre, moucheté de brun; leur grand axe est de vingt-deux lignes, le petit axe de dix-huit lignes. A la fin de l’automne, les Courlis se réunissent en troupes de trois à quatre cents, et émigrent vers le Midi. Genre BURHIN , Burhinus , d’Illiger (pouç, bœuf, ptv, narines). Dans ce Genre, séparé des OEdicnèmes, le bec est épais, fort, plus long que la tête, très-comprimé sur les côtés, renflé en dessus et en dessous , tronqué à la pointe. Le Burhin a g r os bec ( Burhinus magnirostris , d’Illiger ; Charadrius magnirostris; de Latham ) habite la Nouvelle-Hollande et la terre des Papous ; son plumage est gris blanc , sa tête est noire en dessus, avec un sourcil blanc ; la gorge est blanche, le cou gris vermi- culé ; les rémiges et les rectrices noires; le bec est noir et les tarses verts. Kdycnème. F AMI LL K DES M I CR 0 D A G T Y L É S. :54;. FAMILLE des HÉMAPOTIDÉS (Genre HÆMATOPUS, lie Linné.') Genre unique HUI T RIE R, Hœmatopus , de Linné (atu-a, tioüç, pieds couleur de sang). Les Huîtriers ont le bec long, droit, pointu, comprimé et très-vigoureux; la fosse nasale n’oc- cupe que la moitié de sa longueur, et les narines y sont percées au milieu comme une petite fente ; leurs ailes sont aiguës ; leurs tarses sont réticulés et leurs pieds n’ont que trois doigts. UuiTBiEit d’Euroi'e ( Hœmatopus ostralègûs). L’Huitiueii d’ Eu ko pe ( Hœmatopus ostralegus, de Linné), que l’on nomme aussi Pie de mer, à cause de son plumage noir et blanc, est un Oiseau de la taille du Canard, dont le bec et les pieds sont d’un rouge vif. 11 vit sur les bords de la mer, et suit constamment le Ilot, qui lui apporte les Vers et les Mollusques dont il se nourrit : il peut même, à l’aide de son bec, ouvrir de force les coquillages à deux valves, et en arracher les habitants ; il vole, court très- vite, et nage quelquefois avec facilité ; il niche dans les prairies marécageuses, vit solitaire pendant la saison des œufs , et émigre par troupes. La ponte est de deux ou trois œufs , assez gros, d’un roux sale ou jaune verdâtre, tachetés ou linéolés de brun noir; leur grand axe est de deux pouces, le petit axe de quinze lignes. ÉCHASSIERS HÉRODACTYLES UNCIROSTKES FAMILLE des MICRODACTYLÉS ( Genre MICHODACTYLUS , de Geoffroy.) Genre unique CARI AM A , Microdactylus , de Geoffroy (p.txpoç, petit, ôàxxuXoç, doigt). Le bec est long, crochu, fendu jusque sous les yeux, garni à sa base de plumes décomposées et relevées en huppe verticale et frontale; les narines sont unédianes, obliques, à ouvertures 3d6 ÉCHASSIERS HÉROD ACTYLES L NCI ROSTRES. recouvertes par une membrane ; la paupière supérieure est ciliée ; le loui' des yeux nu ; les tarses sont longs, grêles, écussonnés ; les jambes sont nues dans la plus grande partie de leur longueur, et réticulées; les trois doigts antérieurs sont courts, surtout les latéraux, un peu palmés à leur base; le pouce est très-court, et n’appuie point sur le sol ; les ongles externe et médian sont courts, peu arqués; l’interne est arqué et acéré; les ailes sont obtuses; la queue longue, arrondie, à douze rectrices. Le Cahiama huppé (. Microdactylus cristatus, d’Isid. Geoffroy Saint-Hilaire; Palamedea cristata , de Gmelin), Espèce unique du Genre, habitant l’Amérique méridionale, surpasse le Héron pour la taille, qui est de trente à trente-deux pou- ces; son plumage est en en- tier d’un grisâtre roux , fine- ment vermiculé de brun; les rectrices extérieures sont ter- minées de blanc. Cet Oiseau se tient par couples, ou par petites troupes, sur la lisière des forêts montueuses , et sur les collines pierreuses; il se nourrit de Reptiles et d’insectes. On le recherche au Brésil pour sa chair, qui est très-sapide; quoique très-farouche, il ne s’envole qu’à la dernière extré- mité, quand il se voit poursuivi. On le chasse à cheval, et, bientôt fatigué, il se laisse prendre vivant ; on est parvenu à le rendre domestique. La femelle fait son nid avec des branches sèches enduites de fiente de vache, et elle y dépose deux œufs, d’un blanc pur. Cahiama huppe. FAMILLE des l'SOPHIDES ( Genre PSOP H IA , de Linné.) Genre unique AGAMI, Psophia, de Linné (^ocpoç, bruit). Le bec est conique, convexe en dessus et comprimé, fléchi à la pointe, à mandibule supérieure plus longue que l’infé- rieure; les fosses nasales sont grandes, couvertes d’une mem- brane; le tour des yeux est nu, les narines médianes, ellip- tiques ; les tarses allongés , peu robustes , écussonnés en avant , terminés par quatre doigts médiocres ; le pouce est court, et ne touche au sol que par le bout; les ailes sont courtes, concaves, obtuses; la queue est très-courte, conique, à douze rectrices; la tête et le cou sont garnis d’une bourre soyeuse, courte. L’Agami trompette ( Psophia crepitans , de Linné), Agami. nommé vulgairement Oiseau trompette , est une Espèce de l’Amérique méridionale, un peu plus grosse qu’une Poule. Il doit son nom à la singulière faculté qu’il possède de produire des sons sourds et profonds , qui ressemblent à la voix d’un ventriloque ; son plumage est noirâtre , avec des reflets d’un violet brillant sur la poi- trine, et le manteau cendré, nué de fauve vers le haut. — Cet animal niche à terre, au pied des arbres; il vole difficilement, mais court très-vile; c’est le moins farouche des Échassiers : on l’attire facilement en imitant son cri, et on peut le tuer presque à bout portant. 11 se soumet sans peine à la domesticité; une fois apprivoisé, il s’attache à son maître, le suit comme un Chien, obéit à ses ordres, reçoit ses caresses avec un plaisir marqué, et les K A MILLE DES AD DÉ I DÉS. 347 sollicite même quelquefois avec une persévérance importune. On l’emploie , dans quelques pays, à la garde des troupeaux, et il s’acquitte de ses fonctions tout aussi habilement qu’un Chien-berger. On ne lui confie ordinairement que des Oiseaux domestiques; mais il peut aussi surveiller des moutons , si l’on en croit les rapports de certains voyageurs. Ce n’est pas uniquement à cause de ses qualités pastorales que les habitants de l’Amérique du Sud estiment l’Oiseau trompette; ils l’élèvent aussi pour manger sa chair, (pii est d’un goût agréable. ÉCHASSIERS HÉRODACTYLES LONGIROSTRES FAMILLE des ARDÉIDÉS (Genres AUDE A, MYC T Eli J A , PLATALÆA, C ANC RO MA , TANTALUS (partim), de Linné.) CARACTÈRE; — Bec aussi long ou plus long que la tête, ordinairement droit, pointu et tranchant sur ses bords , quelquefois élargi et aplati ; tarses longs ; doigts antérieurs réunis à leur hase; pouce long ou très-court. SYNOPSIS DES TRIBUS DE LA FAMILLE DES ARDÉIDÉS. liée atténué ci son extrémité. Fossettes nasales très-prolongées. Bec mécliocremen t fendu C h u i e n s. Bec très-profondémen t fendu Ar d è i e n s. Fossettes nasales très-restreintes C i c o n i e n s. Bec élargi à son extrémité Platalé iens. TRIBU des GRUIENS SYNOPSIS DES GENRES DE LA TRIBU DES GRUIENS. Bec à peu près égal en longueur au reste de la tête Anthropoïde. Anthropoïdes. Bec beaucoup plus long que la tête. Doigts de proportion ordinaire Grue. Grus. Doigts très-longs C o u r l a n . A ramus. Genre ANTHROPOÏDE, Anthropoïdes , de Vieillot (avOpw-oç, homme; eîSoç, imitation). Le bec est à peine plus long que la tête, conique, comprimé, entier, épais et un peu convexe; les narines sont basales, situées dans un sillon, concaves, couvertes en arrière par une membrane; la tête est totalement emplumée, avec deux touffes de longues plumes sur les côtés; les ailes sont longues, aiguës, avec quelques couvertures très-allongées, pointues, et des plumes également longues et effilées au bas du cou. L’Anthropoïde demoiselle (Anthropoïdes virgo, de Vieillot; Ardea virgo , de Linné) , vulgairement Demoiselle de Numidic , a la taille et la forme de 'la Grue couronnée; son plu- mage est cendré, son cou noir, et sa tête porte deux belles aigrettes blanchâtres, formées par 348 ÉCHASSIERS HÉRODACTYLES LONG I ROSTRES. le prolongement des plumes effilées qui couvrent l’oreille. — Cette Espèce doit son nom de Demoiselle non-seulement à son port élégant, mais aussi aux gestes bizarres qu’elle exécute avec toutes les apparences de l’affectation. Elle habite les côtes orientales et occidentales de l’Afrique, l’Égypte, la Numidie, les cotes de Tripoli, et le littoral de la mer Caspienne. Son caractère sociable la rend facile à apprivoiser. Elle émigre par bandes de deux à trois cents individus, formant dans les airs une phalange triangulaire. Arrivées au terme de leur voyage, les Demoiselles restent d’abord en société , puis elles se dispersent par couples; mais alors elles se réunissent encore pendant quelque temps le soir et le matin , pour se livrer à des jeux de toute espèce; les unes dansent ensemble de la manière la plus grotesque, les autres se disputent le prix de la course. Arrivées au but, elles reviennent à pas lents et d un air grave. Avmnopoï.)! demoiselle ( Anthropoïdes virgo). Pendant ce temps, le reste de la troupe les accueille par des cris, des inclinations de tête et des mouvements bizarres. Puis elles s’élèvent dans l’air, et y décrivent lentement des cercles comme les Grues et les Cigognes. Ces assemblées cessent après quelques semaines, et chaque couple reste isolé. La Demoiselle vit d’insectes, de Reptiles et de Mammifères rongeurs; elle niche dans les endroits tranquilles des steppes de la Crimée , à terre , sur quelques brins d’herbe sèche, et pond deux œufs un peu plus gros que les œufs d’Oie, d’un vert grisâtre sale, marqué de gouttelettes et de taches irrégulières rougeâtres. L’Oiseau royal, ou Grue couronnée (Ardea puvoninn , de Linné), avait été rangé , par Vieillot, dans le Genre Anthropoïde ; il est maintenant le type du Genre Balearica, créé par Brisson , et différant du précédent par le bec, plus court que. la tête, les joues garnies d’une membrane nue, lisse et injectée , et une aigrette de brins filiformes roides. — L’Oiseau royal est une belle Espèce africaine, haute de quatre pieds. Sa taille est très-svelte; sa nuque est couronnée d’une gerbe de plumes, qu’elle étale à volonté; ses plumes sont d’un jaune paille, hérissées de petits filets à points noirs, et terminées par un petit pinceau de meme cou- leur. Le cou et le corps sont d’un cendré clair brunâtre; les tectrices des ailes sont blanches, les plus longues, près du corps, roussâtres, les plus éloignées, noires; les rémiges primaires et les rectrices sont noires, et les rémiges secondaires d’un brun marron. — Cet Oiseau a la voix éclatante comme une trompette; il se familliarise aisément; on l’élève quelquefois en ' J®.. ; • r » ‘ ■ » ■ % ■ . ■■■■!■■’ ■ -■ y tfl ■ ■ U K.l !.. i ■ . i J* 1 , V A MIL LE DES VRlfÈIDÉS. 349 oiseaç itoï.vi. (Ardea pavonina). domesticité dans les cases de l’Afrique occidentale et boréale, où il se nourrit de grains; mais, dans l’état sauvage, il fréquente les marais, et vit de petits Poissons. Genre GRUE (Grus , de Pajlas). Le bec est sensiblement plus long que la tête, en cône allongé, un peu comprimé, sillonné en dessus, un peu fléchi et obtus à son extrémité; les narines sont médianes, situées dans un sillon, elliptiques, concaves, percées de part en part, et en partie couvertes par une membrane en arrière ; le vertex et la région des yeux sont nus ; les tarses très-longs, robustes; les doigts externe et médian sont unis à leur base; le pouce ne touche pas à terre; les ailes sont aiguës, les rémiges secondaires allongées , à barbes décomposées, et disposées en touffe; la queue est courte. — Les- Grues sont des Oiseaux essentiellement migrateurs, qui joignent à une grande puissance de vol la faculté de supporter un long jeûne; elles se nourrissent de graines, Vers, Insectes, petits Poissons et Grenouilles. La Grue cendrée ( Ardea, grus , de Linné) est une Espèce originaire du Nord, dont la taille dépasse quatre pieds; le sommet de sa tête est nu et rouge, sa gorge noire, le reste de son plumage cendré; sa croupe est ornée de longues plumes redressées, crépues, et en partie noires. — La Grue est célèbre par ses migrations, du Nord au Sud en automne, et du Sud au Nord au printemps. Elle passe annuellement dans la Russie méridionale, en Sicile, et en France. Les Grues voyagent en troupes nombreuses, et forment un triangle dont le sommet est occupé par le chef de la bande, qui, de temps en temps, fait entendre un cri de réclame, auquel répondent aussitôt ses compagnons. Les inflexions variées de leur voix, qui est très- éclatante, la manière dont elles volent, étaient regardées comme des indices de variations atmosphériques par les anciens Grecs, dont le pays est le chemin principal que suivent ces Oiseaux dans leurs voyages périodiques : ils partent vers le soir, et voyagent pendant la nuit. Le vol des Grues est haut et puissant, mais elles prennent difficilement l’essor. Elles se ras- semblent pour dormir, la tête sous l’aile, et l’une d’elles, pendant que la troupe est endormie, veille toujours la tête haute, pour avertir ses compagnes par un cri d’alarme, lorsque quelque danger les menace. Elles nichent dans les terres basses et marécageuses des contrées septen- trionales , et leur amour maternel n’est pas moins remarquable que leur instinct social. Le 350 É C H AS S J E R S 11 É ROI) A G T Y L E S 1,0 N (J i R 0 S T R E S . mâle partage, avec la femelle, les soins de l'incubation ; la ponte est de deux œufs très-gros, bruns ou olivâtres, tachetés et ponctués de brun olive et de gris brun; leur grand axe est de trois pouces et demi, le petit axe de deux pouces et demi. On trouve dans Hérodote une curieuse histoire, dans laquelle les Grues jouent un rôle, qui explique la vénération des Grecs pour ces Oiseaux. Ibycus, de Rhégium, célèbre poète lyrique, se rendait aux jeux olympiques, pour y disputer le prix de la poésie; il cheminait à pied, ne portant que sa lyre, sur laquelle il essayait, en marchant, quelques accords inspirateurs. Près d’arriver au terme de son voyage, distrait sans doute par ses rêveries, il s’égara, vers le soir, dans une sombre forêt. Deux hommes armés sortent brusquement d’un taillis , s’élancent sur lui, et le percent de coups. Ibycus tombe mourant sur le gazon, et porte ses derniers regards vers le ciel, empourpré des feux de l’occident. En ce moment suprême, il voit passer au- dessus de sa tête une troupe de Grues : « Oiseaux voyageurs, s’écrie-t-il d’une voix expirante, je vous prends à témoin; dénoncez les assassins d’Ibycus. » Les brigands, riant de cette invo- cation, dépouillent leur victime et se retirent. Le lendemain , les jeux commencèrent à Olympie , et Ibycus ne paraissait pas. L’assemblée l’appelait à grands cris, et déjà plusieurs de ses rivaux s’étaient fait entendre, lorsque un homme, couvert de poussière, s’avance à pas précipités au milieu de l’arêne, tenant en main une lyre brisée et teinte de sang; il la montre au peuple, et prononce le nom d’Ibycus : c’était la lyre du poète, que cet homme avait trouvée, le matin même, auprès de son cadavre. A cette vue, un long et douloureux gémissement s’élève dans l’immense amphithéâtre, et les assis- tants déplorent la fin tragique et prématurée du jeune favori des Muses. Mais la multitude, si prompte à sentir, n’est pas moins prompte à oublier; bientôt la pitié fait place à des émotions nouvelles; les jeux et les combats se succèdent, et le souvenir d’Ibycus est déjà enveloppé dans les nuages du passé. La nuit s’approchait, et allait interrompre les plaisirs de l’assemblée, lorsque, tout à coup, une troupe de Grues passe au-dessus de l’arêne; leur cri de rappel, descendant du haut des nues, frappe les oreilles des spectateurs, et tous lèvent la tête pour voir passer la phalange aérienne : deux d’entre eux, placés sur les gradins élevés de l’amphithéâtre, se disent l’un à l’autre à demi-voix et d’un ton railleur : « Vois-tu les Grues d’Ibycus? » Ce propos singulier est entendu par leurs voisins , et passe bientôt de bouche en bouche : le sens obscur de ces paroles , l’accent de moquerie qui les accompagne , l’air sinistre de ceux qui les ont pronon- cées, tout contribue à éveiller le soupçon dans l’esprit des assistants. Bientôt ces hommes sont arrêtés, interrogés séparément , réduits à confesser leur crime , qu’ils expient par un prompt supplice; et la mission vengeresse, confiée par le poète mourant aux Oiseaux voyageurs, est fidèlement accomplie. Genre G OURLA N ( Aramus , de Vieillot). Le bec est plus grêle et un peu plus fendu que celui des Grues, et se renfle vers le dernier tiers de sa longueur; les doigts sont très-longs et n’ont aucune palmure. Le Goürlan bécassin (Aramus scolopaceus , de Vieillot), Espèce unique du Genre, habite l’Amérique tropicale, où on le nomme Courliri. Sa taille est de deux pieds; son plu- mage est brun rougeâtre, flammé de blanc sur le cou. — Cet Oiseau vit solitaire ou par couple sur le bord des eaux; il se nourrit de Grenouilles et d’insectes. Il perche au sommet des arbres élevés, et, quand un bruit le frappe, il articule le cri car au d’une voix perçante, qui se fait entendre à la distance d’une demi-lieue. Il pond deux œufs, qu’il cache dans des endroits touffus et voisins des eaux. FAMILLE DES ARDÉÏlfÉS. r> i TRIBU des ARDÉIENS SYNOPSIS DES GENRES DE L/V TRI RU DES ARDÉIENS. Dec plus ou moins grêle. Pouces courts , et ongles très-petits. . Pouces très-développés. Cou de longueur ordinaire Cou très-long ; Jambes nues inférieurement . . . . Jambes emplumées Dec considérablement dilaté C aurai, i:. Eurypyga. Bihoreau. Nycticorax. Héron. Ardea. Ardéole. Ardeola. Savacou. Cancroma. Genre CAUDALE, Eurypyga, d’illiger (eupùç, toj y>,, queue large). Le bec est plus grêle que celui des Grues, mais muni de fosses nasales semblables, et fendu jusqu’aux yeux, sans peau nue à la base; la queue est très-longue, large et égale. — Le nom de Gaurale, donné par Buffon , signifie Date à queue. Le Caurale phalénoïde ( Eurypyga helias , d’illiger; Ardea helias , de Linné) habite la Guyane, où on le nomme petit Paon des Doses , Oiseau du Soleil. Sa taille est celle d’une Perdrix ; son cou est long et mince ; ses jambes sont peu élevées ; sa queue est large et étalée; Cauiule Viiai énoÏde ( Eurypyga helias). son plumage, nuancé par bandes et par lignes de brun, de fauve, de roux, de gris et de noir, rappelle les Phalènes ou Papillons de nuit. Il vit au centre des grands bois, dans les savanes, le long des cours d’eau, où il trouve, dans la vase, des Insectes, des larves et des Mollusques; c’est un oiseau très-défiant, dont les mœurs sont peu connues. 352 É C H ASSIEDS 11 É R 0 D A ( 1 T Y LES L 0 N G 1 H 0 S T R E S. Genre HÉRON ( Ardca , de Linné). Le bec est. plus long que la tète, fendu jusqu’aux yeux, robuste, sillonné, acuminé, droit; les narines sont basales, linéaires, fermées en arrière par une membrane; les paupières et la ligne du bec à l’œil sont nues; les jambes sont nues dans une grande étendue; les pieds sont longs, les doigts allongés, le médian uni à l'externe par une membrane, le pouce articulé au niveau et en dedans des autres doigts, à ongle long et arqué; les ailes sont médiocres et la queue est courte; le cou est long, grêle; les plumes de la nuque sont allongées, effilées, tombant en huppe; celles du bas du cou longues, étroites et pendantes. Les Hérons vivent sur le bord des rivières, des lacs, des marais ; ils s’y nourrissent de Mollusques, d’insectes, de Grenouilles , et détruisent beaucoup de Poissons. Ils restent des heures entières immobiles sur le bord des eaux, le corps droit, le cou replié, et la tête presque cachée entre les épaules; ils sont d’une humeur mélancolique et farouche, et prennent la fuite à l’approche de l’homme. Leur vie est presque constamment solitaire ; ils ne se réunissent que dans la saison des œufs et à l’époque de la migration. Le Héron cendré [Ardea . cinèrcà , de Latham; Ardea major, de Linné) est un grand Oiseau qui habite l’Europe, l’Asie et l’Afrique. Sa taille dépasse trois pieds; le bec est d’un jaune livide, nuancé de brunâtre en dessus et à sa pointe.; le cou est grêle, et garni dans le bas de longues plumes pendantes; son plumage est cendré bleuâtre; il porte sur la nuque une huppe noire; le devant du cou est blanc, parsemé de larmes noires. Son corps est grêle; ses ailes, grandes et concaves, ont une telle puissance de vol , qu'il peut s’élever à des hau- teurs où il devient invisible à nos yeux. Pendant le jour, il se tient isolé et à découvert sur les rivages, pour guetter sa proie; la nuit, il se retire dans les bois de haute futaie, et en sort avant le lever du soleil. Son nid est une aire formée de joncs et de bûchettes, qu’il place sur le sommet des arbres les plus élevés, et oii il dépose quatre œufs d’un beau vert de mer, dont le grand axe est de vingt-six lignes , et le petit de dix-huit' lignes. La femelle les couve avec- constance, et, pendant ce temps, le mâle lui apporte les produits de sa pêche. Le Héron , poursuivi par un Oiseau de proie, cherche toujours à lui échapper en volant plus haut que lui. Nous avons parlé du plaisir que les princes prenaient jadis à le faire pour- suivre par des Faucons. Le H É r o n g a r z e t te ( A vdea gar- zetta, de Linné), vulgairement nommé Petite- Aigrette , habite les confins de l’Asie , et liasse régulièrement dans le Midi de la France; il est de moitié moins grand que le Héron , et ses plumes effi- lées ne dépassent pas la queue. Il niche dans les marais , y pond trois à cinq œufs pointus aux deux bouts , d’un bleu verdâtre. Le Héron blanc ( Ardea alba, de Linné) , vulgairement nommé Grande- Aigrette , type du Genre Egretta, de Ch. Bonaparte, a le bec, les jambes et les plumes de l’occiput comme dans le Héron cendré ; il porte sur le dos, à l’époque des amours, des plumes longues, à barbes décomposées et filiformes. Sa taille est de trois pieds et quelques pouces; son plumage est entièrement blanc. Il seren- IIKUON GABZETTIi ( Ardea rUlVZetta). 353 FAMILLE DES ARDÉIDÉS. contre communément en Asie , dans l’est de l’Europe , dans l’Amérique septentrionale , et même en Allemagne. Il niche sur les arbres et dans les roseaux; sa ponte est de trois œufs d’un vert bleuâtre. Le Héron crabier ( Ardea comata, de Pallas) , vulgairement dit Crabier de Mahon, Héron Caiot , a le cou moins long que les Espèces précédentes; les tarses sont courts, forts; le plumage est blanc sur les ailes, le ventre et la queue, avec le cou et le manteau roux; les adultes portent six longues plumes pendantes à la nuque. La taille est de seize pouces environ. — Le Crabier est commun dans le midi de l’Europe, en Afrique et en Asie. — Il est peu farouche, et aime la société de ses semblables. Il niche sur les arbres et sur les roseaux; ses œufs sont petits, et d’un joli vert clair ; leur grand axe est de seize lignes , le petit de onze lignes. Le Héron butor ( Ardea stellaris , de Linné) , type du genre Botaurus , de Stéphens, a le bec plus haut que large, et très-comprimé, les tarses courts, et les jambes aux trois quarts emplumées; les plumes du cou sont larges et écartées, ce qui le fait paraître plus gros; son plumage est fauve doré , tacheté de noirâtre ; le bec et les pieds sont verdâtres. — Cet Oiseau n’est pas rare en France ; il se tient ordinairement caché entre les roseaux , immobile , et le bec levé en l’air. Lorsqu’on l’attaque, il se défend avec courage, et porte à l’ennemi de vigou- reux coups de bec. Son cri est terrible , et lui a valu son nom de Butor , qui est une corrup- tion de Bos Taums , mots latins signifiant Taureau. Il niche dans les endroits marécageux ; sa ponte est de trois ou quatre œufs d’un bleu pâle verdâtre, dont le grand axe est de vingt-deux lignes , le petit axe de quinze lignes. Genre BIHOREAL, Nycticorax , de Stéphens (vù^,xopa|, Cor- beau de nuit). Ce Genre, distrait des Hérons, s’en distingue par un bec épais, très-haut , sensiblement courbé vers le bout; le cou et les tarses sont médiocres, les jambes nues dans leur tiers inférieur, les yeux grands. Le Bihoreau d’Europe (Nyc- ticorax europœus , de Stéphens ; Ardea nycticorax , de Linné) est blanc , à calotte et manteau noir verdâtre ; de l’occiput partent trois à cinq plumes effilées , qui descendent jusqu’au dos. La taille est de vingt pouces. — Cet Oiseau est très-répandu dans le Midi de l’Europe ; il niche parmi les Joncs ou sur les Saules, et pond trois ou quatre œufs d’un bleu verdâtre pâle, dont le grand axe est de vingt-deux lignes , et le petit de quinze lignes. Genre ARDÉOLE ( Ardeola , de Ch. Bonaparte). Ce Genre, séparé des Hérons, est caractérisé par un bec mince, droit, et des jambes complètement emplumées; les tarses sont courts , et les doigts allongés et forts. L’Ardéole Blongios {Ardeola minuta , de Ch. Bonaparte; Ardea minuta, de Linné) est un Oiseau qui n’est guère plus grand qu’un Râle, et dont le plumage est fauve, avec la calotte, le dos et les pennes. noirs. On le rencontre fréquemment dans la Suisse et les contrées montagneuses de la France : il y arrive à l’époque où les herbes sont assez hautes pour l’abriter; il se tient, d’ordinaire, près dés étangs. « Cet Oiseau, dit M. Degland, a la singulière habitude , lorsqu’il est posé sur une branche , de prendre une position telle , que son bec , son corps et ses pieds ne forment qu’une seule ligne perpendiculaire. C’est ce que j’ai pu constater sur un mâle que je tuai au-dessus de son nid. » Sa ponte est de quatre à six œufs, d’un blanc terne , ou légèrement olivâtre , dont le grand axe est de quinze lignes , le petit de dix lignes et demie. {Voir la tête de page des Échassiers.) Genre SAVACOU, Cancroma , de Linné {Cancer, Crabe). Le bec est très-large, et 45 Bhjoreau. 354 ÉCHASSIERS II É ROD ACT YLE S L O N G I R O S T R E S. comme formé de deux cuillers appliquées l’une contre l’autre par leur côté concave; les mandibules sont fortes et tranchantes, et la supérieure a une dent aiguë à chaque côté de sa pointe; les narines, percées vers la base du bec, se prolongent en deux sillons parallèles, qui régnent jusque vers sa pointe; les pieds ont quatre doigts, tous longs, les antérieurs soudés à la base par un repli membraneux ; le pouce est articulé sur le bord interne , et porte en entier sur le sol ; les ailes sont amples et dépassent la queue, qui est courte. Savacou huppé (Cancroma coclilearia). Le Savacou huppé ( Cancroma coclilearia, et cancrophaga , de Linné) est la seule Espèce du Genre. Il habite les savanes noyées du Brésil et de la Guyane, et se tient sur les arbres au bord des rivières, pour y saisir les Poissons, les Mollusques et les Crabes. Sa taille est celle d’une Poule; son plumage est blanchâtre, le dos est gris ou brun, le ventre roux, le front blanc, suivi d’une calotte noire, qui se change, dans le mâle, en une longue huppe. C’est probablement à la suite du Savacou que se place , dans l’ordre naturel , un Oiseau découvert par M. Gould sur la côte occidentale de l’Afrique, et nommé Baléniceps rex. Le bec est en forme de cuiller, très-large, jaune chez le mâle, et brun rouge chez la femelle; la crête de la mandibule supérieure est convexe et terminée en crochet, caractère qui, joint à la conformation des tarses et des doigts, rapproche le Baléniceps du Dronte, Espèce perdue dont nous parlerons bientôt; les narines sont allongées; le milieu de la mandibule inférieure est membraneux; le tour des yeux est nu et de couleur jaune; l’iris est d’un brun grisâtre; les tarses sont couverts d’écailles fines, et non d’écailles allongées, comme dans la plupart des Échassiers; le plumage est d’un gris cendré sur les parties supérieures, et d’un gris pâle en dessous; les plumes de l’occiput s’allongent en huppe; la taille est de trois pieds neuf pouces. — Les mœurs de cette Espèce sont encore inconnues; il est probable qu’elle vit dans les prai- ries submergées, oii elle se nourrit de Mollusques et de petits Reptiles. TRIBU des GICONIENS SYNOPSIS DES GENRES DE LA TRIBU DES CICONIENS. Bec long. Mandibules se joignant sur toute leur longueur ; point de crochet terminal un crochet terminal Mandibules ne se joignant qu’à leur extrémité . Bec très-long , droit. Mandibules médiocrement grosses Mandibules extrêmement grosses Bec recourbé en haut Bec recourbé en bas Drome. Dromas. Ombrette. Scopus. Bec-Ouvert. Anastomus, Cigogne. Ciconia. Maiiabou. Leptomlos. J abiru. Mycteria. Tantale. Tantalus . ■ 356 ÉCHASSIERS HÉRODACTYLES LONGI ROSTRES. Genre CIGOGNE ( Ciconia , de Cuvier). Le bec est long, large à sa base, comprimé, tranchant, pointu, lisse, à sillon nasal très-court; les narines sont petites, basales et nues; la région oculaire plus ou moins nue ; les jambes nues dans leur moitié inférieure ; les tarses très-longs, robustes ; les doigts articulés sur le même plan, les antérieurs unis à leur base; les ongles sont courts, aplatis et obtus, les ailes grandes et larges, la queue courte et égale. Les Cigognes sont des Oiseaux de grande taille , qui ont un larynx peu développé; aussi sont-ils silencieux, et le claquement qui résulte du choc de leurs larges mandibules est presque le seul bruit qu’ils fassent entendre. Ils vivent dans les marais; ils se nourrissent de Poissons, de petits Mammifères, et surtout de Reptiles; leur marche est lente et mesurée; et grâce à la disposition que présente l’articulation de leur genou, et que nous avons déjà expliquée, ils peuvent dormir commodément sur une seule patte, en tenant l’autre fléchie. Leur vol est puissant , et ils émigrent en troupes nombreuses. La Cigogne blanche ( Ciconia alba, de Rrisson; Ardea ciconia, de Linné) est l’Espèce la plus commune en France et dans tout le bassin méditerranéen; sa taille est de plus de trois pieds ; son plumage est blanc; les rémiges sont noires, le bec et les pieds rouges. — Pendant l’hiver, elle émigre en Afrique , et revient en Europe au printemps. C’est au sein de nos villes qu’elle aime à s’établir; elle choisit de préférence les tours , les clochers, le fronton des édifices, pour y placer son nid. Sa ponte est de trois œufs d’un blanc pur, ou grisâtre, dont le grand axe est de trente- deux lignes , et le petit axe de vingt- six lignes. Partout le peuple la respecte , sans doute à cause des services qu’elle rend en détruisant les Serpents et autres animaux nuisibles. On croit même , dans quelques pays , qu’elle porte bonheur à la maison où elle a élu domicile : chez les Égyptiens , on punissait de mort la destruction d’un de ces Oiseaux privilégiés ; les an- ciens peuples de l’Orient , qui avaient observé l’attachement de la Cigogne pour ses petits , attribuaient aux pe- tits, devenus adultes, une piété filiale égale à l’amour maternel dont ils ont été l’objet pendant leur enfance : ils ont remarqué que, pendant les migrations, les forts et les jeunes allègent, pour les vieux , les fatigues d’un long voyage , en prenant le vent à leur place. Il y a , dans une vieille légende arabe , un précepte ainsi conçu : « Cours au désert , mon fils , observe la Cigogne; elle porte sur ses ailes son père âgé; elle le soigne dans ses infirmités; elle pourvoit à tous ses besoins : la piété d’un fils pour son père est plus douce que l’encens de Perse offert au soleil ; plus délicieuse que les parfums qu’un vent chaud fait exhaler des plaines aromatiques de l’Arabie. » La Cigogne noire ( Ciconia nigra, de Bechstein; Ardea nigra, de Linné), un peu plus petite que la Cigogne blanche, et beaucoup moins commune, est noirâtre, à reflets pourpres, à ventre blanc; elle habite particulièrement l’Europe orientale, et est de passage en France et ' - ’ ' ; ■ ■ ■ ■ ‘ ' • ; - 1 ’SW.WtvWOYi \C.uoma 357 FAMILLE UES ARDÉ1DÉS. en Italie. Cet Oiseau recherche les bois marécageux et préfère le Poisson à toute autre nourri- ture; il est d’un caractère farouche , et recherche la solitude ; ce qui le distingue de l’Espèce précédente. Il niche dans les forêts, sur les arbres verts. Sa ponte est de trois œufs d’un blanc légèrement sale , dont le grand axe est de trente-deux lignes , et le petit axe de vingt-quatre lignes. Genre MARABOU, Leptopilos, de Lesson (X£7txoç, mince; 7tïXoç, duvet). Le bec est très- volumineux, de substance celluleuse, conique, pointu, comprimé , à bords rentrés et cou- pants. — Les Marabous, ou Cigognes à sac, sont des Espèces de l’Afrique et des Indes, qui ont sous le milieu du cou un appendice charnu , ressemblant à un gros saucisson : leur bec est encore plus gros que celui des Cigognes ordinaires. Ces Oiseaux, d’une laideur amère, sont recherchés à cause des plumes qui se trouvent sous leurs ailes , et dont on fait ces beaux panaches si légers, connus ’sous le nom de marabouts. Le large bec qu’ils ont reçu de la nature leur sert aussi à prendre des Oiseaux au vol. Le Marabou du Sénégal ( Leptopilos argala, de Gray; Ardea dubia, de Cmelin) a quelques poils rares sur la tête , le manteau et les ailes d’un brun vert métallisé, le ventre blanc, les tarses noirs et le cou jaunâtre. Sa taille surpasse celle des Cigognes. Genre JABIRU, Mycteria, de Linné (p.uxT7]p, trompe d’Éléphant). Ce Genre ne diffère de celui des Cigognes que par son bec retroussé. Le Jabiru américain ( Mycteria americana, de Linné) est un Oiseau de très-grande taille, blanc, à tête et cou sans plumes, revêtus d’une peau noire, rouge vers le bas; l’occiput seulement a quelques plumes blanches; le bec et les pieds sont noirs. Cette Espèce vit dans l’Amérique méridionale , au bord des étangs et des marais, où elle poursuit les Reptiles et les Poissons. ( Voir la planche du Flammant , page 372.) Genre OMBRETTE , Scopas, de Brisson (g-xottoç, sentinelle). Dans ce Genre, très-voisin de celui des Cigognes, le bec est comprimé , à arête tranchante, renflée vers la base; les narines se prolongent en un sillon qui court parallèlement à l’arête jusqu’au bout, lequel est un peu crochu. L’Ombrette du Sénégal ( Scopus umbretta , de Gmelin) est la seule Espèce connue. Sa taille est celle de notre Corneille ; son plumage est généralement d’un brun terre d’ombre, avec des reflets irisés violets , notamment sur les grandes pennes des ailes. Le mâle est pourvu d’une huppe occipitale. L’Ombrette est répandue dans toute l’Afrique. Genre BEC -OUVERT, Anastomus , d’Uliger (àvà, p.oc). Le seul caractère séparant ce Genre de celui des Cigognes , est la conformation des mandi- bules, qui ne se joignent que par la base et par la pointe, laissant, dans le milieu de leurs bords, un intervalle vide. Le Bec-Ouvert blanc ( Anastomus oscitans , de Gray; Ardea ponticeriana , de Gmelin) est d’un blanc légèrement cendré , avec les ailes , les scapulaires et la queue noires , à reflets verts et violets. — Cet Oiseau habite l’Inde; il parcourt à gué , au moyen de ses longues jambes , les bords des fleu- ves, pour y chercher les Mollusques, dont il saisit facilement et retient les coquilles, au moyen de ses mandibules arquées. Genre DROME, Dr ornas , de Paykull (Spéuw , courir). Les pieds et le port sont sem- blables à ceux du Genre précédent ; mais le bec est comprimé , un peu renflé à sa base , en dessous; les narines sont ovales et les mandibules se joignent bien. Le Drome ardéole ( Dromas ardeolus , de Paykull), Espèce unique du Genre, habite les rivages de la mer Noire et du Sénégal; son plumage est blanc, avec une partie des ailes et du manteau noire. Genre TANTALE ( Tantalus , de Linné). Les pieds, les narines et le bec sont semblables à ceux des Cigognes; mais le dos du bec est arrondi, et sa pointe recourbée vers le bas, et 358 ECHASSIERS HERODACT Y LES LONGIROST RES. légèrement échancrée de chaque côté; une portion de la tête, et quelquefois du cou, est nue. Les Tantales habitent les régions chaudes des deux continents; ils se tiennent dans les lieux marécageux, où ils se nourrissent de Vers, d’insectes et de Reptiles. Rs nichent, comme les Hérons , à la cime des plus hauts arbres , et leur nid , com- posé de bûchettes et de joncs, contient deux ou trois œufs. Le Tantale d’Amérique (Tantnhis loculator, de Linné) est de la taille de la Cigogne, mais plus grêle; son plumage est blanc ; les rémiges et les rectrices sont noires , le bec et les pieds noirâtres , ainsi que la peau nue de la tête et du cou. Cette Espèce vit dans les deux Amériques, où elle arrive à la saison des pluies; elle fréquente les eaux vaseuses, et y recherche surtout les Anguilles. Sa démarche est lertte et son naturel stupide. Tantale. TRIBU des PLATALËIENS Genre unique SPATULE, Platalea, de Linné (irAaxbç, large). Les Spatules diffèrent des autres Giconiens par la forme singulière de leur bec, qui est long, plat, et s’élargit à son extrémité en un disque arrondi comme celui d’une Spatule; ce bec est sans forc'e, et ne peut que fouiller dans la vase, ou pêcher de petits Poissons. Les pieds sont longs, forts et réti- culés; les doigts antérieurs bordés, et réunis à leur base par un repli membraneux; les ailes sont médiocres , la queue courte. La Spatule blanche (. Platalea leucorodia, de Linné) est entièiement blanche, avec une huppe à la nuque; elle est répandue dans tout l’ancien continent, et y niche sur les arbres élevés ou sur les buissons , ou même parmi les Joncs. Sa ponte est de deux à quatre œufs , oblongs, blancs ou bleuâtres, dont le grand axe est de vingt-sept lignes, le petit axe de vingt lignes. La Spatule rose ( Platalea Aiaia, de Linné) est une Espèce de l’Amérique méridionale, dont le visage est nu , et dont le plumage offre des teintes rose vif de diverses nuances , qui deviennent plus intenses, avec l’âge. FAMILLE des SCOLOPACIDÉS (i Genres SCOLOPAX, NUMENIUS, TRINGA , TANTALES [ partim ], de Linné.) CARACTÈRE. — Bec aussi long ou plus long que la tête, grêle, droit ou arqué ; tarses médiocres, tétradactyles ou tridactyles. Les Scolopacidés ont un bec grêle, et si faible, que l’Oiseau ne peut guère s’en servir que pour chercher dans la vase les Vers et les petits Insectes dont il se nourrit. Tous les Échas- siers qui composent cette Famille ont les mêmes formes et les mêmes mœurs. SYNOPSIS DES TRIBUS DE LA FAMILLE DES SCOLOPACIDÉS. Bec arqué en bas en arc de cercle , Bec plus ou moins droit Ibid iens. ScOLOPACIENS. IM. 14 FAMILLE DES SGOLOPACIDÈS. 359 TRIBU des IBIDIENS SYNOPSIS DES GENRES DE LA TRIBU DES IBIDIENS. Doigts au nombre de quatre ; longs ; Tarses réticulés Tarses écussonnés courts Doigts au nombre de trois . . Ibis. Ibis. Par ibis. Paribis. Courlis. Numenius. E ro lie. Erolia. Genre IBIS (Ibis, de Cuvier). Le bec est arqué, épais, presque carré à sa base, sans échancrure à la pointe; les narines basales se prolongent en un sillon qui règne jusqu’au bout; les doigts externes sont totalement palmés à la base, et le pouce assez long pour s’appuyer à terre dans toute sa longueur; les tarses sont courts et réticulés; la tête et le cou sont nus en grande partie ; les ailes sont médiocres ; la queue courte. L’Ibis sacré (Ibis religiosa, de Cuvier) est l’Espèce la plus anciennement célèbre; c’est elle que les prêtres d’Égypte élevaient dans leurs temples, et qui se trouve dans toute l’Afrique : elle est de la taille d’une Poule; son plumage est blanc, avec du noir sur l’extrémité de l’aile et de la croupe ; le bec et les pieds sont noirs, ainsi que toute la partie nue de la tête et du cou. — L’Ibis sacré était adoré chez les Égyptiens; il errait librement dans leurs villes. Le meurtre, même involontaire, d’un de ces Oiseaux était puni de mort; on embaumait son cadavre avec autant de soin que celui du parent le plus cher. Ce culte était fondé sur un sentiment de gra- titude populaire : on croyait que l’Ibis arrêtait sur les frontières des légions de Serpents qui auraient pu venir infester l’Égypte. Les prêtres assuraient que Mercure, venant civiliser le Genre humain, avait pris la figure d’un Ibis pour descendre sur la terre. Genre PARIBIS (Paribis , d’Isid. Geoffroy). Ce Genre ne diffère du précédent que par les tarses écussonnés et le bec généralement plus grêle. Le Paribis rouge (Scolopax rubra , de Linné) habite l’Amérique méridionale; il est remarquable par la belle couleur rouge vif de son plumage , que fait ressortir l’extrémité noire de ses pennes. Ce n’est qu’à l’âge de deux ans que cette couleur rouge paraît; les jeunes sont d’abord couverts d’un duvet noirâtre, qui devient cendré, puis blanchâtre, quand ils commen- cent à voler. — Cet Oiseau ne voyage point, et vit en troupes dans les lieux marécageux, voi- sins des embouchures des fleuves ; il s’apprivoise facilement. Le Paribis Falcinelle (Scolopax falcinellus , de Linné), vulgairement dit Courlis vert, est une belle Espèce du midi de l’Europe et du nord de l’Afrique, dont le corps est d’un roux pourpré, à manteau vert foncé. — Cuvier pense que cet Oiseau est celui que les anciens nom- maient Ibis noir, pour le distinguer de l’Ibis sacré, qui a du blanc sur la plus grande partie de son plumage. Il est de passage régulier dans le midi de la France, et voyage par troupes. Il niche dans les Roseaux ; sa ponte est de trois ou quatre œufs d’un gris brun, moucheté, dont le grand axe est de deux pouces , le petit de dix-huit lignes. Genre COURLIS, Numenius, de Cuvier (voupjvi'a, croissant de la lune). Le bec est arqué, comme dans les Ibis, mais plus grêle, rond sur toute sa longueur; la mandibule supérieure dépasse l’inférieure et saille un peu au-devant d’elle, vers la base; les ailes sont médiocres; la queue courte; le pouce est petit, élevé; les doigts antérieurs sont palmés à leur base. — Ces Oiseaux tirent leur nom de leur cri. Le Courlis cendré (Numenius arcuatus , de Vieillot) , vulgai- rement nommé Grand Courlis, est brun, avec le bord de toutes les Courus. 3G0 ÉCHASSIERS IIÉRO DACTYLES LONG1ROSTRES. plumes blanchâtre; le croupion blanc; la queue rayée de blanc et de brun. Sa taille est de vingt-deux pouces. — Il habite l’Europe et l’Asie, et se rencontre communément le long des côtes. Il niche sur les plages, dans les endroits marécageux; sa ponte est de quatre ou cinq œufs très-ventrus, d’un jaune sale, tacheté de roux; leur grand axe est de vingt-six lignes, le petit axe de vingt-deux lignes. Le Courlis corlieu (Numenius phœopus , de Latham; Scolopax phœopus , de Linné), vulgairement dit petit Courlis, petit Gorlieu, est long de quinze pouces; son plumage est le môme que celui de l’Espèce précédente; le dessus de la tête porte deux bandes longitudinales brunes. — 11 est répandu en Europe , mais moins communément que le Grand Courlis. Ses œufs sont pyriformes, d’un olivâtre sombre, tacheté de brun et de noirâtre; leur grand axe est de vingt-six lignes , le petit axe de dix-neuf lignes. Genre EROLIE ( Erolia , de Vieillot.) Ce Genre se distingue des précédents par l’absence du pouce. L’ Erolie pygmée {Erolia pygmœa, de Gray; Scolopax pygmœa, de Linné), Espèce unique du Genre, est tachetée de gris en dessus, sur un fond roussâtre, et blanchâtre en des- sous. — Elle est originaire d’Afrique , et a été vue quelquefois en Europe. TRIBU des SCOLOPACIENS SYNOPSIS DES GENRES DE LA TRIBU DES SCOLOPACIENS. Bec arqué en bas , vers sa pointe. Quatre doigts longs Rhynchée. Rhynchœa. Quatre doigts courts Cocorli. Tringa. Bec un peu arqué en haut Bec droit ; Barge. Limosa. très-long long. Membranes interdigitales rudimentaires. Bécassine. Gallinago. Jambes presque entièrement emplumées Bécasse. Scolopax. Jambes nues sur une assez grande étendue Pélidne. Pelidna. Membranes interdigitales médiocres. Mandibule supérieure élargie à son extrémité . . Combattant. Maclietes. Mandibule supérieure non élargie Chevalier. Totanus. Membranes interdigitales étendues médiocre. Membranes interdigitales rudimentaires. Catoptrophore. Catoptrophorus. Pouces médiocrement allongés. Tourne - pierre. Strepsilas. Pouces très-courts Maubèche. Calidris. Pouces rudimentaires ou nuis Membranes interdigitales étendues, bordant les doigts. Sanderling. Arenaria. Bec grêle. Lobipède. Lobipes. Bec très-déprimé Phalarope. Phalaropus. Genre BÉCASSE, Scolopax, de Linné (axoXotj/, pieu). Le bec est droit; le sillon des narines s’étend presque jusqu’au bout de la mandibule supérieure, laquelle est sillonnée, et se dilate un peu au bout pour dépasser l’inférieure; ce bout est mou, et devient pointillé après la mort; les jambes sont presque totalement emplumées, les tarses courts, les doigts antérieurs \\\YS S.U'.WY, \\Vvs vîA:\\\\osa FAMILLE DES SGOLOPACIDÉS. 361 sans palmure, le pouce n’appuie à terre que par le bout; les ailes sont suraiguës; la queue courte , en partie cachée par les tectrices. La tête des Bécasses est comprimée , et porte de gros yeux placés fort en arrière , ce qui donne à ces Oiseaux une physionomie stupide. La Bécasse commune [Scolopax rusticoln , de Linné), Espèce très-répandue en Europe, Bécasse commune (Scolopax rvsticola). est de passage périodique dans toute la France. Sa grosseur est celle de nos Perdrix; son plu- mage est varié en dessus de taches et de handes grises , rousses et noires ; il est gris en des- sous , avec des lignes transversales noirâtres ; le caractère spécifique consiste en quatre larges bandes noires qui se succèdent transversalement sur le derrière de la tête. — La Bécasse est répandue dans presque tout l’ancien continent ; on la trouve aussi dans le nouveau. Elle habite pendant l’été les hautes montagnes, et descend à l’automne dans nos bois les plus couverts; elle est alors très-recherchée du chasseur, à cause de sa chair, qui est devenue grasse et suc- culente. Son naturel est très-farouche; elle prend son essor lourdement, et, après un vol court et rapide, s’abaisse brusquement comme une masse qui tombe. Elle court très- vite , et lorsqu’elle a été levée par le chas- seur, elle s’abat dans une clairière, mais ne reste pas où elle s’est posée , et va se blottir dans une cépée, où elle reste sans bouger, et laisse souvent le chasseur passer près d’elle. Elle niche à terre , dans un petit enfoncement , à l’abri de quel- ques broussailles ; pond trois ou quatre œufs très - ventrus , d’un roussâtre clair ou d’un jaune sale, tacheté de gris et de 'brun; leur grand axe est de dix-huit li- gnes , le petit de onze lignes. Genre BÉCASSINE [Gallinago , de Ch. Bonaparte). Les Bécassines dif- 46 Petit de la Bécassine -Bécasse. 362 É C H A S S 1 E ft S II É R 0 1) A C T Y LES L 0 N G I R 0 S T R E S. fèrentdes Bécasses par leurs jambes , nues inférieurement, et leurs tarses un peu plus allongés. La Bécassine - Bécasse ( Gallinago scolopacina , de Ch. Bonaparte; ScoJopnx Galli- nago, de. Linné), vulgairement la Bécassine , est plus petite que la Bécasse, mais son bec est plus long; elle porte sur la tête deux larges bandes longitudinales noirâtres; son cou est mou- cheté de brun et de fauve; son manteau est noirâtre, avec deux bandes longitudinales fauves; ses ailes sont brunes, ondées de gris, et son ventre est blanchâtre, ondé de brunâtre aux flancs. Bécassine- Bécasse (Gallinago scolopacina). — Cette Espèce habite les lieux marécageux et les bords des ruisseaux; elle vole très-haut, et, lors même qu’elle s’est élevée à perte de vue , on entend sa voix chevrotante. La Bécassine double ( Gallinago major, de Ch. Bonaparte; Scolopax major, de Bécassine double ( Gallinago major) FAMILLE DES SCOLOPACiDÉS. 363 Gmelin) se distingue de la Bécassine ordinaire par sa taille, d’un tiers supérieure; en outre, les ondes grises ou fauves des parties supérieures du plumage sont plus petites , et les ondes brunes du dessous sont plus grandes et plus nombreuses. — Cet Oiseau niche dans les marécages; sa ponte est de quatre œufs, moins renflés et moins courts que ceux de la Bécasse, d’un roux clair, tacheté de noir; leur grand axe est de dix-huit lignes, le petit axe de treize lignes. La Bécassine sourde ( Gallinago gallinula , de Ch. Bonaparte; Scu- lopax gallinula, de Linné) , vulgairement la petite Bécassine , le Jacquet , 0Ecf DE BÉCASSINE. est presque de moitié moindre que la Bécassine; elle n’a qu’une bande noire sur la tête; le fond de son manteau a des reflets vert bronzé; la nuque offre un demi- collier gris, et les flancs sont mouchetés de brun, comme la poitrine. — Cette Espèce, dont la chair est exquise , comme celle des deux précédentes , reste dans nos marais presque toute l’année. Elle niche aussi à terre, parmi les herbes et les joncs ; sa ponte est de quatre ou cinq œufs pyriformes, roussâtres, tachetés de brun; leur grand axe est de quatorze lignes, le petit de onze lignes. Bécxssinf. guise ; Macroramplnts grisous). La Bécassine guise ( Macrorqmphus griseus , de Ch. Bonaparte; Scolopax grisea, de Gmelin), vulgairement dite Bécassine - Chevalier , Bécasse ponctuée, est le type du Genre Macroramphus , de Leach , qui diffère des Bécassines ordinaires par les tarses longs et le doigt externe uni au médian par une membrane. Son plumage est roussâtre, ponctué de brun en été, cendré en hiver; l’abdomen est blanc, ainsi que le croupion, qui est marqué de bandes noires irrégulières. — Cette Espèce habite l’Amérique septentrionale, et no se voit qu’acciden- tellement en Europe; elle se tient sur les bords de la mer et à l’embouchure des rivières, où elle vit de Mollusques à coquille bivalve. Genre RHYNCHÉE, Bhynchœa, de Cuvier ( fty/pç , bec). Les deux mandibules, à peu près égales, s’arquent légèrement à leur bout; les sillons des narines s’arquent jusqu’à l’extré- mité de la mandibule supérieure, qui n’a pas de sillon médian ; les doigts sont sans palmure. — Les Rhynchées sont des Oiseaux d’Afrique et des Indes. 364 ÉGH ASSIE RS HÉRODACT YLES LONGIROSTRES. La Rjiynchée du Gap ( Bliyn - chœa varie gala, de Vieillot; Scolopax capensis , de Linné ) , nommée par Buffon Bécassine de Madagascar , est grise en dessus , blanche en dessous , avec une bande noire sur la poitrine ; les pennes des ailes et de la queue iihynchkf.. portent des taches ocellées. La taille est de dix pouces environ. Genhe BARGE, Lirnosa, de Bechstein ( limus , vase, limon). Le bec est légèrement arqué vers le haut, et encore plus long que celui des Bécasses; le sillon des narines règne jusque près de l’extrémité de la mandibule supérieure, qui est un peu déprimée et mousse, sans sillon médian; les doigts externes sont réunis à la base par une palmure; les ailes sont médiocres; la queue courte. La taille des Barges est beaucoup plus élancée et les jambes sont plus élevées que celles des Bécassines; elles fréquentent les marais salés et les bords de la mer. La B aiî ge commune ( Li/nosa melanura, de Temminck; Scolupax ægocephala, de Linné) est longue de quinze pouces; son plumage, en hiver, est gris cendré, plus brun sur le dos; le ventre est blanc ; en été, la tête, le cou et la poitrine sont hau.-k roux , le manteau brun , tacheté de roux ; le dessous est rayé de bandes brunes , rousses et blanches ; la queue est toujours noire, lisérée de blanc au bout. — Cette Espèce, répandue en Europe, est de passage régu- lier en France. Elle niche dans les prairies humides, parmi les herhes et les Joncs. Ses œufs, au nombre de quatre, sont renflés, pyriformes, d’un olivâtre foncé, avec des points et des taches d’un brun pâle; leur grand axe est de vingt-huit lignes, le petit axe de seize lignes. La Barge rousse ( Lirnosa rufa , de Brisson; Scolopax lapponica, de Linné), vulgaire- ment Barge abogeuse, Barge à queue rayée, habite le nord et les parties tempérées de l’Europe; elle est de passage régulier en France. — Get Oiseau, long de treize pouces, est, en hiver, gris brun foncé, à plumes bordées de blanchâtre; la poitrine est gris brun; le dessous du corps est blanchâtre, et le croupion rayé de brun; en été, il est roux, à dos brun; la queue est toujours rayée de blanchâtre et de noirâtre. Ses œufs, au nombre de quatre, sont de même couleur et de même forme que ceux de la Barge commune; leur grand axe est de vingt-deux lignes, le petit de quinze lignes. Genre MAUBÈCHE, Calidris , de Cuvier (yâXtSptç, nom grec d’un Oiseau inconnu). Le bec est déprimé au bout, mais à peine aussi long que la tête; le sillon nasal est très-long; les doigts sont libres , mais légèrement bordés ; le pouce est très- court, et touche à peine à terre; les ailes sont suraiguës. — Les Maubèches ont la taille raccourcie; leur port semble plus lourd que celui des Barges. La Maubèche grise ( Calidris grisea, de Cuvier; Tringa Islandica et Canutus , de Linné) habite particulièrement le cercle polaire arctique; elle est de passage régulier sur les côtes maritimes de la France. Sa taille est de neuf pouces; mm,bèche. son plumage d’hiver est cendré eu dessus , blanc en dessous , tacheté de noirâtre devant le cou et la poitrine; son plumage d’été est tacheté de fauve et de noirâtre en dessus, roux en dessous. Sa ponte est de quatre ou cinq œufs un peu ventrus, d'un gris verdâtre un peu roux, ponctué et taché de brun; leur grand axe est de dix-sept. lignes, le petit axe de treize lignes. FAMILLE DES SGOLOPACIDËS. 365 La Maubèche violette (Ccilidris maritima , de Cuvier ; Tririga maritima, de Grnelin) est un peu moindre que la précédente , son plumage est gris, à manteau noirâtre, onde de blanchâtre sur les ailes , blanchâtre sur le ventre. — Cette Espèce est plus commune en Hol- lande qu’en France; elle ne se repose que sur les pierres. Elle niche dans le voisinage des eaux. Ses œufs sont allongés, d’un olivâtre clair, tacheté de roux et de brun ; leur grand axe est de quinze lignes ; le petit axe de onze lignes. Genre SANDERLING ( Arenaria , de Bechstein). Les caractères sont les mêmes que ceux des Maubèches, si ce n’est que le pouce est rudimentaire ou nul. Le Sanderling des sables ( Arenaria calidris, de Meyer et Wolf; Charadrius calidris, de Linné) habite le nord du continent européen, et visite la France en automne et en hiver. Son plumage d’hiver est grisâtre en dessus, blanc en dessous et au front, avec les ailes noi- râtres, variées de blanc ; en été , le dos est tacheté de fauve et de noir, et la poitrine piquetée de noirâtre. Genre PEL1DNE, Pelidna, de Cuvier (tcàiûvo;, livide). Ce Genre diffère des Maubèches, o*n ce que le bec est plus long que la tête. féudme uinüle (Pelidna cinclus )% Le Pélidne cincle {Pelidna cinclus, de Ch. Bonaparte; Tringa alpïna, de Linné), vulgai- rement Bécasseau, Brunette, Tringa à collier. Alouette de mer, petite Maubèche, est d’un tiers moins grand que la Maubèche grise; eh hiver, il est cendré en dessus, blanc en dessous, à poi- trine nuancée de gris ; en été, il prend en dessus un plumage fauve, tacheté de noir; le devant du cou et de la poitrine offrent de petites taches noires ; le ventre est d’un noir pur, avec des. bor- dures blanches. — Cet Oiseau habite le nord de l’Europe et se répand en hiver dans les régions méridionales; sa ponte est de trois ou quatre œufs, un peu pyriformes, d’un blanc verdâtre, pointillé de brun et tacheté de gris roux. Genre COCORLI ( Tringa , de Temminck). Ce Genre ne diffère des Pélidnes que par le bec un peu arqué. Le Cocorli subarqué ( Tringa subarcuata, de Temminck; Scolopax subarcuata, de Linné) est une Espèce qui se trouve dans le nord des deux continents, mais elle y est toujours très-rare ; son plumage est, en hiver, noirâtre en dessus, onde de grisâtre, et blanchâtre en dessous; en été, elle a le dos tacheté de noir et de fauve, les ailes grises et le dessus du corps roux. — Les Cocorlis sont, comme les Maubèches et les Pélidnes, des Oiseaux essentiellement nageurs ; ils vivent réunis en petites troupes, voltigeant le long de la côte et des marais, et séjournant peu de temps dans une même localité, malgré l’abondance de la nourriture que leur offre le limon plein de larves et de Mollusques ; ils semblent chercher une température con- ÉCHASS1 E R S H É R 0 1) A G T Y L E S L 0 N G I R 0 S T R E S. 366 Coconu submîqué (Tringa suburcuata) . stamment uniforme, et émigrent, vers les deux équinoxes, le long du rivage de la mer. Leur nid est construit négligemment parmi les hautes herbes du littoral, et contient quatre ou cinq œufs jaunâtres, avec des taches brunes ; l’incubation des œufs est réciproque. Genre GO MB AT T AN T, M achetés , de Cuvier ( p.à/ou.at , combattre). Ce Genre offre le bec et le port des Maubèches, mais les doigts externes offrent une demi-palmure, comme dans les Barges. Le Combattant belliqueux (Machetes pugnax , de Ch. Bonaparte) est long d’un pied environ; le dessus du corps est noirâtre, varié de roux, de cendré, de blanc ou de jaune, avec le bas du dos et les sus-caudales d’un gris brun; la poi- trine est variée de blanc, de noir ou de violet; l’abdomen et les sous-caudales sont d’un blanc pur; le dessous de l’aile est blanc , ainsi que la tige des rémiges ; les rec- trices médianes sont rayées en travers ; les trois plus latérales unicolores ; les pieds sont d’un brun jaunâtre ; le bec brunâtre. Le mâle porte autour du cou, au moment des amours, une épaisse crinière de plumes, si diverse- ment arrangées et colorées, et saillantes en des sens si bizarres, que jamais on ne trouve deux individus sem- blables. — Ces Oiseaux sont célèbres par les combats furieux qu’ils se livrent pour la possession des femelles ; à cette époque aussi, la tête se couvre en partie de papilles rouges. Le Combattant habite les contrées septentrionales et tempérées de l’Europe et de l’Asie; il niche dans les prairies marécageuses , et pond quatre ou cinq œufs , un peu ventrus, pyriformes, d’un gris verdâtre, ponctué et taché de brun; leur grand axe est de vingt-deux lignes ; le petit axe de quinze lignes. Genre PHALAROPE, Plialaropus, de Brisson (cpaXapoç, caparaçon, toïïç, pied). Le bec est droit , trigone à sa base, puis déprimé dans toute son étendue, rétréci et fléchi à la pointe; 367 FAMILLE DES SCOLOPÀCIDÉS. les doigts externes offrent une demi-palmure; tous les trois sont bordés par une membrane lobée ; le pouce ne porte à terre que sur l’ongle. Les ailes sont aiguës, la queue courte, arrondie. Le Pii al arope dentelé ( Phalnropus fulicanus , de Ch. Bonaparte; Tringa fulicaria, de Linné) est, en hiver; cendré en dessus, blanchâtre en dessous et à la tête, avec une bande noire à la nuque ; en été, il devient noir, flambé de fauve supérieurement, roussàtre inférieu- rement; dans tous les temps, l’aile, qui est noirâtre, offre une bande blanche en dessous. — Cette Espèce habite le cercle polaire arctique, elle est de passage irrégulier en France ; elle niche très-avant dans le Nord ; ses œufs sont d’un cendré verdâtre, tacheté et pointillé de noir. Genre LO BIPÈDE ( Lobipes , de Cuvier). Ce Genre ne diffère du précédent que par le bec grêle, en alêne, arrondi, légère- ment arqué en dessus et pointu, et les tarses allongés. Le Lobipède hyperboué ( Lobi- pes kyperboreus , de Cuvier ; Tringa hyperborca , de Linné ) habite les ré- gions arctiques ; il est de passage irrégulier sur les côtes maritimes du nord de la France. Sa taille est de six pouces et demi ; il est gris en dessus, blanc en dessous, teinté de roux aux scapulaires; la gorge blanche est ornée d’un hausse-col roux. — Cet Oiseau vit d’insectes et de Vers aquatiques. 11 niche sur les bords des lacs et des marais lobifèdf.. salins, et pond trois œufs pyriformes d’un jaune clair olivâtre, avec des taches nombreuses, irrégulières, d’un brun noir ; leur grand axe est de treize lignes, le petit axe de neuf lignes. Genre TOU RNE-PIERRE , Strepsilas , d’Uliger (cvpecpw, tourner, XSç, pierre). Le bec est court, conique, à arête aplatie et à pointe dure, comprimée, tronquée; la mandibule supérieure est légèrement retroussée ; les jambes sont peu dénudées; les doigts libres; le pouce porte à terre sur le bout; les ongles sont courbés et pointus; les ailes suraiguës; la queue arrondie. Touiink-piehiu; \ coli.if.ii (Strepsilas interpres). Le To urne-pi erre a collier (Strepsilas interpres, de Ch. Bonaparte; Tringa inter- pres, de Linné), Espèce unique du Genre, habite le littoral du nord des deux continents; il I 368 É C H A S S I ERS ITÊBOI) ACTYLES L O N G r R O S T R E S est de passage régulier en Sicile et en France. Sa taille est de huit pouces ; le manteau est varié de noir et de roux ; la tête et le ventre sont blancs ; le poitrail et les joues noires. — Cet Oiseau se tient sur les plages maritimes où abondent les Mollusques bivalves et les Vers ma- rins ; il retourne avec son bec les galets et les cailloux sous lesquels se cachent ces animaux. Il niche sur le sable ; sa ponte est de trois ou quatre œufs assez gros, un peu courts, d’un gris cendré, à grosses taches brunes; leur grand axe est de dix-huit lignes, le petit axe de treize lignes. Genre CHEVALIER , Totanus , de Temminck ( Totano , nom italien des Rarges). Le bec est au moins aussi long que la tête , grêle , droit ou légèrement retroussé , un peu comprimé , sillonné et flexible à la base, solide vers sa pointe; la mandibule supérieure est fléchie sur l’in- férieure, qui est un peu plus courte ; les narines sont basales, linéaires ; les tarses sont longs, grêles , écussonnés ; les jambes plus nues que chez les Maubèches ; les doigts sont plus ou moins réunis ; le pouce est court et ne touche à terre que par le bout ; les ailes sont suraiguës ; la queue courte. Les Chevaliers sont des Oiseaux paisibles, qui vivent, pour la plupart, en société dans les prairies humides, sur le bord des eaux douces ou salées. Ils se nourrissent de petits Mollus- ques, d’insectes et de Vers aquatiques, et de frai de Poissons. Ils ont l’allure dégagée et cou- rent très-légèrement ; quand on les inquiète , ils s’arrêtent , se dressent subitement et s’incli- nent brusquement en avant ; ce mouvement, répété plusieurs fois, est le signal du départ. Le Chevalier aboyeur ( Totanus glottis , de Temminck ; Scolopax grisea , de Brisson) est le plus grand des Chevaliers d’Europe. Sa taille est de treize pouces; son bec est gros et fort, légèrement retroussé comme dans les Barges ; son plumage est cendré brun en dessus et aux côtés ; les bordures des plumes sont pointillées de brun ; le ventre et le croupion sont blancs ; la queue, rayée de raies étroites et irrégulières, grises et blanches; les pieds sont verts. En été, il prend des taches brunes au cou et à la poitrine ; en hiver, il est blanc sous tout le corps. — Cette Espèce habite le nord de l’ancien continent ; elle est de passage régulier en France ; elle niche dans les marécages ; sa ponte est de trois à cinq œufs , un peu allongés, d’un jaune roux assez vif, tacheté de brun ; leur grand axe est de vingt-deux lignes, le petit de quatorze lignes. Le Chevalier brun ( Totamis f usons, de Meyer et Wolf; Scolopax fusca, de Linné) vulgairement dit Chevalier arlequin, Chevalier noir, Barge brune , est long d’un pied; le bec est droit et allongé ; le plumage est, en été, brun noirâtre supérieurement , ardoisé infé- rieurement , à plumes lisérées ou piquetées de blanc sur leur bord ; le croupion et le dessous de l’aile sont d’un blanc pur ; la queue est rayée de brun et de blanc; en hiver, il devient blanc à la poitrine et au ventre, presque cen- dré en dessus; les pieds sont rougeâtres. — Cette Espèce habite le nord de l’Europe, et est de passage en France ; elle fréquente les marais d’eau douce, où elle s’enfonce jusqu’au ventre , pour becqueter les Insectes et les Mollusques. Le Chevalier gambette {Totanus ca- lidris , de Bechstein ; Scolopax calidris , de Linné) , vulgairement dit Chevalier aux pieds rouges, est long de dix pouces et demi; il est, Chevalier gambette (Totanus calidris J. 369 FAMILLE DES SC0L0PÀC1DÉS. en été, brun supérieurement, avec des taches noires et quelques taches blanches aux bords des plumes ; blanc inférieurement, avec des mouchetures brunes , surtout au cou et à la poitrine ; la queue est rayée de brun et de blanc ; les pieds sont rouges ; en hiver, les mouchetures sont presque effacées, et le manteau est d’un gris brun presque uniforme. — Cet Oiseau est répandu en Europe, sédentaire dans le midi de la France, et passager dans le Nord; il fréquente surtout les vases salées ou abondent les Annélides marins et les Crevettes ; il aime à vivre en société de ses semblables ou même des autres Échassiers, et les appelle dès qu’il les aperçoit de loin, par une note très -expressive ; on peut le conserver dans les jardins avec des Combattants, des Vanneaux, des Pluviers dorés, et tous vivent en bonne intelligence ; on les nourrit, quand les Vers viennent à manquer, avec de la mie de pain et de la viande hachée. Le Chevalier Gam- bette niche dans les prairies marécageuses ; sa ponte est de quatre œufs renflés , d’un roux clair ou verdâtre, tacheté de gris et de brun ; leur grand axe est de vingt lignes , le petit axe de treize lignes. Le Chevalier. stagnatile ( Totanus stagnatilis , de Bechstein), vulgairement Chevalier àlongs pieds, est un peu moindre que la Gambette, mais ses jambes sont encore plus hautes et plus grêles. En été, son dos est brun, avec des taches irrégulières noires ; son ventre est blanc , et il a des mouchetures brunes sous le cou et la poitrine ; en hiver, son manteau de- vient gris uniforme, et le dessous de son corps blanc. La queue est blanche, avec les barbes externes des rectrices latérales marquées de deux bandes longitudinales en zigzag, de couleur brune ; les quatre médianes sont rayées de noir en travers. — Cette Espèce habite l’Est de l’Europe ; ses œufs sont d’un blanc verdâtre , ponctué et tacheté de brun foncé. Le Chevalier Sylvain ( Totanus glareola, de Temminck ; Tringa glareola, de Linné), vulgairement nommé Bécasseau des bois , est long de six pouces ; le dessus est d’un noir rayé longitudinalement et tacheté de cendré et deroussâtre ; le dessous est d’un blanc pur; la queue est rayée alternativement de brun et de blanc, avec les barbes internes des trois pennes les plus latérales entièrement blanches. — Cette Espèce habite l’Est de l’Europe et le Nord de l’Afrique ; elle ne fréquente que les marais d’eau douce ; son cri est un sifflement très-agréa- ble. Elle niche dans les lieux marécageux ou parmi les bruyères ; sa ponte est de quatre œufs renflés, d’un jaune roux, ponctué et tacheté de gris et de brun; leur grand axe est de seize lignes , le petit axe de douze lignes. Le Chevalier-cul-blanc ( Totanus ochropus, de Temminck; Tringa ocliropus , de Linné), vulgairement dit Bécasseau de rivière , est long de sept pouces et demi ; son plumage est noirâtre bronzé supérieurement, blanc inférieurement, moucheté de gris au-devant du cou et aux côtés ; la queue est blanche dans son tiers supérieur ; les rectrices latérales portent une ou deux taches brunes vers le bout , et les médianes , des bandes transversales noirâtres sur leur tiers postérieur. — Cette Espèce est sédentaire dans le Midi de la France , et passagère dans le Nord ; elle fréquente le bord des ruisseaux et les marais fangeux, dans l’intérieur des bois, où elle vit solitaire ; elle niche au bord des eaux, sur le sable ou parmi les herbes; sa ponte est de trois à cinq œufs, d’un gris roussâtre, ponctué et tacheté de brun; leur grand axe est de seize lignes , le petit axe de douze lignes. Le Chevalier guigne t te ( Totanus lujpoleucos , de Degland ; Tringa hypoleucos , de Linné) est long de six à sept pouces ; brun olivâtre à reflets, en dessus ; blanc en dessous, avec des raies brunes sur le cou et la poitrine; le dessous de l’aile est d’un blanc pur; les rec- trices médianes sont semblables au manteau , et marquées faiblement de brun en travers ; les latérales sont blanches , avec des taches noirâtres. — La Guignette est répandue dans toute l’Europe ; elle est sédentaire en Sicile , et passagère en France ; elle a le vol bas et saccadé , balance constamment la queue, ne voyage que de nuit, et plonge longtemps quand elle est démontée et poursuivie par le Chien ; sa chair est sapide. Elle niche sous les broussailles , parmi les joncs, sa ponte est de quatre ou cinq œufs renflés , tachetés de gris et de brun, dont le grand axe est de quinze lignes, et le petit axe de onze lignes. M 370 ÉCHASSIERS HÉRODAGTYLES LONGIROSTRES. Genre C AT OP T R OP HO RE , Catoptrophorus , de Ch. Bonaparte ( xaTOJTrxpov , miroir, cpspo), porter). Les trois doigts antérieurs sont réunis par une large membrane; les tarses sont très-élevés ; le bec long et droit ; l’aile porte une sorte de miroir ; les autres caractères sont ceux du Genre Chevalier. Le C a to pt i;o ph o nr. demi-palmé ( Catoptrophorus semi-palmatiis , de Ch. Bonaparte; Scolopax semi-palmata , de Gmelin) est long de quatorze pouces et demi; le dessus du corps est cendré, avec les sus-caudales blanches; la région inférieure est d’un blanc pur à la gorge et au milieu de«i’abdomen, avec des taches brunes arrondies à la poitrine et au cou, en zig- zag sur les flancs ; les grandes rémiges sont noires, avec un large miroir blanc vers les trois quarts de leur longueur ; la queue est cendrée, avec les deux rectrices marquées de bandes transversales noires. — Cette Espèce habite l’Amérique septentrionale, et se montre acciden- tellement en France et dans le Nord de l’Europe. Elle fréquente les marais salés, où elle vit d’insectes aquatiques et de Mollusques à coquille bivalve; elle y niche et pond quatre œufs olivâtres, tachetés de noirâtre, très-gros à l’un des bouts, pointus à l’autre. FAMILLE des H1MANT0PIDÉS Genre unique ÉGHASSE, Himantopus, de Brisson ( luÀç, tüoüç, pied en forme de lanière) ; ce nom fait allusion à la flexibilité des jambes minces et longues qui peuvent subir une grande courbure sans se briser. Le liée est allongé, deux fois aussi long que la tête, mince, arrondi, pointu, cannelé latéralement jusqu’au milieu; les narines sont linéaires; les jambes presque entièrement nues ; les tarses très-longs, grêles, flexibles, réticulés; le doigt médian est uni à l’externe par une large membrane, et à l’interne, par une très-petite ; les ongles sont courts et plats ; le pouce manque ; les ailes sont très-longues, aiguës ; la queue est courte et égale. Les Échasses sont des Oiseaux tristes , silencieux et solitaires , qui ne se réunissent par troupes qu’à l’époque de l’incubation. La faiblesse de leurs jambes les rend propres seulement à marcher dans la vase , mais non sur la terre ferme ; leur vol est très-rapide. Elles vivent dans les marais et sur les rivages de la mer, et se nourrissent de Vers et de petits Mol- lusques. L’Échasse d’Europe ( Himantopus melanoptems , de Meyer; Char adrius himantopus, de Linné) est longue de quatorze à quinze pouce;, de la base du bec au bas des tarses ; son plumage est d’un blanc pur, tirant sur le rose à la poitrine et à l’abdomen, avec la nuque noire, tachetée de blanchâtre; le dos, les ailes d’un noir à reflets verdâtres, et la queue cen- drée en dessus; le bec est noir, les pieds rouges. — Cette Espèce, assez rare, habite l’Est de l'Europe et le Midi de la France ; elle niche dans les marais, à terre; sa ponte est de trois ou quatre œufs d’un bleu verdâtre, très-clair et un peu sale, moucheté de brun foncé et de brun noir. SYNOPSIS DES FAMILLES DE LA SECTION DES ÉCHASSIERS PALAMO DACTYLES. Bec grêle — TENUIROSTRES AYOCETTIDÉS. Mandibules garnies en dehors de lamelles transver- sales = lSmellirostres PH ÉNICOPTÉ RIDÉS. FAMILLE DES AV0CETT1DÉS. :r/ 1 ÉCHASSIERS PALAMODACTYLES TÉNU1ROSTRES ' FAMILLE des AVOCETTIDÉS ( Genre RECURVIROSTRA , de Linné.) CARACTÈRE. — Bec plus long que la tête, recourbé vers le haut en demi-cercle, ou droit , avec un sillon de chaque côté de la mandibule supérieure; tarses longs, réticulés, pieds palmés; ailes longues , aiguës; queue courte. SYNOPSIS DES GENRES DE LA FAMILLE DES AV OC ET TI DÉS. Bec droit ; pieds à trois doigts Leptorhynque. Leptorhgnchus. Bec arqué en haut ; pieds à quatre doigts A vo cet te. Recurvirostra. Genre AVOCETTE, Recurvirostra, de Linné ( rostrum recurvum , bec recourbé). Le bec est grêle, flexible comme de la baleine, déprimé, sillonné en dessus et en dessous, retroussé, et se rétrécissant insensiblement jusqu’à la pointe; les narines sont longues, linéaires; les tarses rétrécis, les doigts antérieurs réunis par une membrane échancrée dans le milieu; le pouce est presque nul, élevé de terre; les ongles courts, falciformes ; les ailes et la queue pointues. Ayosettb a nuque noire ( Recurvirostra Axocctta). L’A voce t te a nuque noire [Recurvirostra Avocetta, de Linné) est la seule Espèce qui habite l’Europe; on la trouve assez communément en Hollande. C’est un joli Oiseau, d’une taille élancée, dont le plumage est blanc, avec une calotte et trois bandes à l’aile de couleur noire; les pieds sont plombés. Il fréquente, en hiver, les bords de la mer, et se nourrit de Vers, de Mollusques et de petits Poissons, qu’il trouve en enfonçant son bec dans la vase. Son ■tf2 ÉCHASSIERS PALAMODACTYLES LAMELLIROSTRES. humeur est farouche , et il échappe au chasseur par le vol aussi bien que par la nage. Il pond sur la vase durcie du littoral, dans un trou garni de quelques brins d’herbes, deux ou trois œufs, que l’homme recherche comme un mets très-délicat. Ces œufs sont ventrus, brunâtres, quelquefois d’un cendré olivâtre, avec des taches nombreuses, irrégulières, d’un brun noir; leur grand axe est de vingt-deux lignes, et le petit de quinze lignes. Genre LEPTOR H YNQUE , Lcptorhynclms , de Dubus (U-kz oç, mince, fuyyoç,- bec). Le bec est long, droit, grêle, comprimé à la ba'se, déprimé vers le bout, lisse, terminé en pointe obtuse; les mandi- bules sont sillonnées latéralement jus- qu’aux trois quarts de leur longueur ; les narines sont longitudinales, liné- aires , percées à la base du sillon supérieur; les jambes presque totale- ment nues; les tarses longs, grêles, réticulés; les trois doigts antérieurs réunis par une membrane échan- crée ; le pouce est nul ; les ailes suraiguës ; la queue courte et arrondie. Le Leptorhynque pectoral ( Lcptorhynclms pecturalis , de Dubus; Hirnantopus pal- malus, de Gould) , Espèce unique, habite la Nouvelle-Hollande. 1.1 PTORHYNQÜR. ÉCHASSIERS PALAMODACTYLES LAMELLIROSTRES FAMILLE des PHÉNïCOPTÉRIDÉS ( Genre P 11 OE NIC O P TE B US , de Linné.) G e n R e u n i q u F. F L A M M A N T , Pliœnicopterus , de Linné ( cpom'S; , Tvrspôv , ailes , couleur de feu). Le bec est épais, robuste, plus haut que large, courbé brusquement, comme brisé vers le milieu, fléchi à sa pointe, dentelé sur les bords; les narines sont médianes, longitudi- nales, étroites, situées dans un sillon, et couvertes d'une membrane operculaire; le cou est très- long, mince; les jambes excessivement allongées; les doigts antérieurs réunis jusqu’aux ongles par une membrane échancrée; le pouce est court, élevé; les ailes médiocres; la queue courte. Le Flammant rose ( Pliœnicopterus rosens , de Pallas, Pliœnicopterus ruber, de Linné) est répandu dans tout l’ancien continent au-dessus d’une latitude de 40 degrés. Chaque année il en arrive des troupes nombreuses sur nos côtes méridionales. Sa taille est de cinq pieds; le plumage est d’un beau rose, avec les ailes et le dos d’un rouge vif; les rémiges noires, le bec jaune et noir au bout et les pieds bruns. Dans la jeunesse, le corps est blanchâtre, et les ailes seules sopt rouges; c’est cet état de l’Oiseau qu’exprime le mot phénicoptère , employé par les anciens. Les modernes ont remplacé ce nom par celui de Flammant, ou Flambant , qui en est le synonyme moins harmonieux. — Les Flammants vivent de coquillages, d’insectes et d’œufs de Poissons , qu’ils pêchent en appuyant sur la terre le dos de leur mandibule supé- rieure; ils remuent en même temps un de leurs pieds, et poussent dans leur bec, avec le limon, la proie dont ils se nourrissent, et que retiennent les lamelles de ce bec. Ces Oiseaux ne sont pas moins singuliers par leurs mœurs que par leur organisation ; ils vivent toujours en Iroupes, et ces troupes sont disposées en rangs alignés comme ceux des soldats; cet aligne- ment est observé quand ils pêchent, quand ils se rêposent et même quand ils volent. Lors- U WWW. \>Vi &tRtGflL ¥\AMffl\ \VO\iVW, VV\\«a\\uy\A«^vs ipviWcY V ^V'VJcAwcvcv Sî,u«,t\(v.Vï.us:v?>. FAMILLE DES GLARÉ0L1DÉS. 373 qu’ils sont à terre, ils établissent, dit-on, une sentinelle pour veiller à la sûreté du bataillon; si quelque danger approche, l’Oiseau placé en vedette pousse un cri aigu, ressemblant au son de la trompette, et ce signal fait partir toute la troupe. C’est un spectacle imposant que celui d’une troupe de ces magnifiques Oiseaux, quand ils arrivent en Europe pour y passer l’été. On les voit s’approcher en ordre régulier , figurant dans le ciel un triangle de feu. Arrivés au- dessus des plaines marécageuses qui sont le terme de leur migration, leur vol se ralentit, ils planent pendant quelques instants, puis ils tracent dans les airs une spirale conique, et enfin abordent. Après cette descente majestueuse, la petite armée se range en bataille sur le rivage, la sentinelle est placée, et la pêche commence. Les Phénicoptères construisent dans les marais un nid de terre auquel ils donnent la forme d’un cône élevé, tronqué en haut, et même un peu concave; ils y déposent leurs œufs, et, comme leurs longues jambes les empêcheraient de s’accroupir, ils se mettent à cheval pour couver. La ponte est de deux œufs allongés, d’un blanc pur très-mat, à surface rude, crayeuse, dont le grand axe est de trois pouces, et le petit de deux pouces. — C’est par un fait gastronomique que nous achèverons l’histoire de ces Oiseaux : leur langue est très-charnue et très-grasse ; les anciens la regardaient comme un mets des plus délicats, et l’empereur Héliogabale entretenait constamment des troupes char- gées de lui procurer en abondance des langues de Phénicoptères. SYNOPSIS DES FAMILLES DE LA SECTION DES ÉCHASSIERS MACRODACTYLES. Doigts longs; bec court , arqué GLARÉOLI DÉS. Doigts très-longs. Bec court, arqué PALAMÉDIDÉS. Bec plus ou moins allongé R AL il DÉS. FAMILLE des GLARÉOLIDÉS ( Genre GLAREOLA, de Gmelin. ) Genre unique GIAROLE, Glareola, de Gmelin ( glareci , gravier). Le bec est court, convexe, courbé dès le milieu, rétréci vers le front, renflé au milieu, et comprimé vers la pointe; les narines sont ba- sales, obliques ; les tarses allongés et minces, les doigts grêles, le médian et l’externe unis par une petite membrane; le pouce ne touche à terre que par le bout; les ongles sont pointus; les jambes sont nues dans un petit espace; les ailes très- longues, aiguës; la queue fourchue. Les Giaroles ou Perdrix de mer se tiennent sur les bords Giarole. des eaux limpides, rarement sur les côtes maritimes; elles vivent en troupes, et se nourrissent de Vers et d’insectes aquatiques. La Giarole a collier ( Glareola torquata, de Meyer; Hirundo pratincola, de Linné) habite le midi de l’Europe et le nord de l’Afrique; elle est brune en dessus, blanche en des- sous et au croupion; la gorge est entourée d’un cercle noir; la base du bec et les pieds sont rougeâtres. La taille est de neuf pouces. — Elle niche dans les endroits marécageux, parmi les Roseaux; la ponte est de trois ou quatre œufs ventrus, un peu courts, d’un jaune d’ocre, ou grisâtres, ou olivâtres, irrégulièrement tachetés de brun, ou de noir velouté; leur grand axe est, de treize lignes et demie, le petit axe de neuf lignes. 374 ÉCHASSIERS MACRO DACTYLE S. FAMILLE des PALAMÉD1DÉS IvAMuiii (ORisc ( Paldmedea cornât a ). Le -Kamichi cornu ( Pnlamedeu cornula, de Linné) est plus grand qu’une Oie; son plu- mage est noirâtre, avec une tache rousse à l’épaule; le bord libre de l’aile porte en haut un éperon osseux, triangulaire et pointu, d’un pouce et demi de longueur; et, vers son milieu, un second éperon, plus petit et terminé en pointe mousse; outre ces appendices, le sommet de la tète est orné d’une tige cornée, droite, mince et mobile, longue de près de trois pouces; les ( Genre P A LAME DE A , de Linné.) Genre unique KAMICIII (Palamedea , de Linné). Le bec est plus court que la tête, conique, peu comprimé et recourbé à la pointe, à mandibule inférieure courte, obtuse; la losse nasale est grande, couverte d’une peau nue, dans laquelle sont percées les narines, qui sont nues, ouvertes, ovales; la tête est emplumée; les ailes sont très-amples, obtuses, munies à l’épaule de deux forts éperons; les tarses courts, très-gros, garnis d’écailies en losanges, et terminés par des doigts très-longs; le pouce est long, et inséré au niveau des autres doigts; les ongles longs et pointus; la queue est courte, presque rectiligne. Les Kamichis sont des Oiseaux demi-aquatiques, mais non nageurs, qui vivent par couples dans les cantons inondés de l’Amérique méridionale. Plusieurs naturalistes, et Ruffon entre autres , ont dit qu’ils vivaient de Reptiles : on a constaté qu’ils ne se nourrissent guère que d’herbes et de graines aquatiques. — Leur ponte est de deux œufs de la grosseur de ceux de l’Oie. 375 FAMILLE DES RALL1DÉS. pieds 11e sont nullement palmés. — Cet Oiseau, nommé Camouche à la Guyane, y est assez rare, et ne se trouve que dans certains cantons voisins de la mer, où il fait entendre de très- loin sa vois éclatante; il se nourrit d’herbes tendres, quelquefois de graines, et construit son nid dans les joncs. Le K A mi ch i fi a è l e (. Palamedea chavaria , de Temminck ; Opisthocomus fidelis , de Vieillot ; Parra cliavaria, de Linné) , vulgairement nommé Chaïa, Chauna, est une Espèce de Kamichi, dont on a fait un Genre distinct; il n’a point de corne sur la tête, mais, par compensation, la nuque est ornée d’une huppe de plumes rangées en cercle, qui peuvent se relever; la tête et le haut du cou ne sont revêtus que de duvet; le collier est noir, le reste du plumage est plombé et noirâtre, avec une tache blanche au fouet de l’aile, et une autre sur la base de quelques-unes des grandes pennes; les doigts externes offrent une palmure assez marquée. — Cet Oiseau est de la grosseur d’un Coq, mais il paraît plus volumineux, par suite de la disposition singu- lière du tissu cellulaire placé entre sa chair et sa peau : ce tissu se gonfle d’air, de sorte que la peau tout entière, même celle des jambes, craque sous la pression des doigts. Le Chaïa vit d’herbes aquatiques, comme le Kamichi cornu, mais il est, plus que ce dernier, suscep- tible de s’apprivoiser : domestique, il s’attache à la basse-cour et aux Oiseaux qui l’habitent avec lui; il les accompagne aux champs, et les surveille comme un Chien fidèle; si un faucon se présente, il s’élance vers lui et le chasse à coups d’éperons. Les habitants de Car- thagène tirent parti de ces qualités pastorales, et laissent avec confiance leurs troupeaux de volaille sous la protection du Chaïa. FAMILLE des RALL1DÉS ( Genres PARRA, RALLUS, FULICA, de Linné.) CARACTÈRE. — Bec convexe, comprimé; narines nues , latérales , ouvertes; mandibule supérieure convexe et recourbée ; jambes de médiocre longueur, nues dans leur partie inférieure, et terminées par quatre doigts; pouce allongé, robuste, naissant, presque au niveau des autres doigts, qui sont minces, effilés, bordés ou libres; des écussons en avant sur les tarses et les doigts des écailles en losanges sur le derrière. Les Rallidés ont le corps très-comprimé; les ailes médiocres, concaves, à demi arrondies; la queue généralement courte. Ils fréquentent le bord des rivières , les ruisseaux , les lieux humides. SYNOPSIS DES TRIBUS DE LA FAMILLE DES RALLIDÉS. Ongles extrêmement longs, styli formes. Par riens. Ongles longs. Doigts offrant la disposition ordinaire. Ralliens. Doigts bordés de membranes étendues et lobées Fuliciens. TRIBU DES PÂRRIENS Genre unique J AC AN A {Parra, de Linné). Les tarses sont longs, grêles, annelés; les doigts déliés, munis d’ongles aigus, fort longs; celui du pouce dépasse en longueur le doigt auquel il appartient; les ailes sont munies d’un éperon pointu. — Les Jacanas sont des 370 ÉCHASSIERS MACRO DACTYLES. Oiseaux criards et querelleurs , qui vivent sur le bord des eaux stagnantes; ils marchent légè- rement sur les feuilles flottantes des plantes aquatiques, pour y chercher les Insectes dont ils se nourrissent; de là le nom TRIBU des PROCELL A-RIENS Les Espèces qui composent cette Tribu sont presque toutes antarctiques; elles se tiennent constamment éloignées des terres, et leur vol résiste au vent ; mais quand un ouragan approche, elles viennent se réfugier sur les vergues des navires : ce qui leur a valu le nom d 'Oiseau des tempêtes. Elles ne plongent pas, et ne nagent que rarement, mais, dans leur vol rapide, elles effleurent les vagues et courent sur l’eau les ailes élevées ; leur nom de Pétrel ou petit Pierre fait allusion à cette habitude, qui les a fait comparer par les marins à saint Pierre, patron des pêcheurs, marchant sur la mer. Les Pétrels nichent dans les trous des rochers les plus escarpés, et lorsqu’ils sont inquiétés, ils lancent contre l’assaillant une liqueur huileuse dont ils ont tou- jours une provision dans l’estomac. Ce moyen de défense , employé à l’improviste , rend très- dangereuse la recherche des nids de Pétrels. Genre PÉTREL, Procellaria , de Cuvier (procella , tempête). Le bec est droit , arrondi en dessus, élargi à la base, comprimé; son extrémité, qui semble faite d’une pièce articulée au reste, est renflée, convexe, recourbée et crochue; la mandibule inférieure est droite et tronquée à son extrémité; les narines sont réunies en un seul tube sur le dos du bec; les tarses réticulés, médiocres; les trois doigts antérieurs sont réunis par une membrane; le pouce est représenté par un ongle pointu, implanté dans le talon; les ailes sont longues, suraigües; la queue arrondie ou conique. Le Pétrel géant ( Procellaria gigantea, de Gmelin), vulgairement dit Briseur d’os, est la plus grande des Espèces connues; sa taille dépasse celle de l’Oie. Son plumage est noirâtre. — On le rencontre depuis le cap Horn jusqu’au cap de Bonne-Espérance; il vit, comme ses congénères, d’insectes, de Mollusques et de la chair des Poissons ou des Cétacés dont les cadavres flottent à la surface de la mer. Le Pétrel damier ( Procellaria capensis, de Linné), type du Genre Daption, de Sté- phens, vulgairement nommé Damier, Pintado, est de la taille d’un petit Canard. La tête et les rémiges sont noires, ainsi que le dessus du cou; le manteau est orné de grandes taches blan- ches, sur un fond noir; le ventre est blanc. — Il habite les mers du Sud. pétrel damier ( Procellaria, capensis ) • Le Pétrel fulmar ( Procellaria glacialis, de Linné), type du Genre Fulmarm, de Leach. habite l’hémisphère boréal, et se montre quelquefois sur nos cotes; il a la grosseur d’ui 49 386 PALMIPÈDES LOA (il P K N N E S. Canard; son plumage est blanc, à manteau cendré; le bec et les pieds sont jaunes. Sa ponte est d’un seul œuf, d’un blanc pur, dont le grand axe est de deux pouces et demi, le petit axe de vingt-deux lignes. — Les Groenlandais salent cet Oiseau pour s’en nourrir , quoique sa chair soit d’un goût désagréable. Genre T H AL AS SID ROME , Thalassidroma , de Vigors (OxXaaa-a, opéu.10 , marcher sur la mer). Le bec est plus court que la tête, mince, crochu et très-comprimé à la pointe; les narines sont réunies en un seul orifice; les tarses sont longs et grêles; les ailes aiguës; la queue carrée ou faiblement fourchue. — Les Thalassidromes se cachent pendant le jour, et ne sortent de leur trou que vers le soir, ou lorsqu’une tempête se prépare. Le Th ALASSIDROME tempête ( Thalassidroma pelagica, de Vigors; Procellaria pelagica, de Linné), vulgairement dit Oiseau des tempêtes , n’est guère plus grand qu’une Alouette. Son plumage est d’un noir mat en dessus; le croupion et les sous-caudales sont de couleur blanche. — On ne le voit en mer, de jour, qu’à l’approche des tempêtes; et quand il vient se poser sur les navires , ce n’est pas pour y chercher un abri : c’est pour trouver dans le sillage du bâtiment une proie plus facile, qui consiste en Mollusques et Articulés aquatiques. Il vole avec une grande célérité, en effleurant les vagues de ses pieds. Il est répandu sur les mers d’Europe, et apparaît sur les côtes du nord de la France, à la suite des ouragans; on le trouve alors quelquefois mort sur le rivage, ou même dans l’intérieur des terres. Il se repro- duit dans les crevasses des rochers des îles de la Manche qui avoisinent le Finistère. Sa ponte est d’un seul œuf presque rond, d’un blanc pur, dont le grand axe est de six lignes, et le petit axe de quatre lignes. Genre PR ION, Pacliyptila, d’Illiger (ror/ùç, épais, 7m'Xov, plumage). Le bec est moins long que la tête, élargi à sa base, à pointe crochue, petite et faible; les narines sont petites, à deux ouvertures séparées par une cloison dans le même tube; les bords du bec sont garnis intérieurement de lamelles droites, fines, serrées, comme dans les Canards. Le Prion a isandes ( Pacliyptila Forsteri, d’JIliger; Procellaria vittata et cœrulea, de Forster), vulgairement nommé Pétrel bleu, habite les mers antarctiques. Il est gris bleu en dessus, blanc en dessous; les côtés du thorax sont d’un bleu clair. Genre PUF F IN ( Püffinus , de Cuvier). Le bec est aussi long ou plus long que la tête, grêle, droit, déprimé a sa base, très-comprimé à son extrémité, et crochu; la mandibule supérieure est pointue et courbée en bas, comme la supérieure; les narines sont basales, ovales, et s’ouvrent en deux tubes distincts; les pieds et les ailes sont les mêmes que chez les Pétrels. — Les Puffins ont le même régime que les autres Procellariens. ( Voyez la planche de l’Albatros.) Le Puf f 1 n cendré ( Puffinus cincreus , de Ch. Bonaparte; Procellaria Puffinus, de Tem- minck), vulgairement dit le Pétrel Puf/in , est répandu sur la Méditerranée. Sa taille est celle d’un Corbeau; il est cendré en dessus, blanchâtre en dessous; les ailes et la queue sont noirâ- tres. — On aperçoit cet Oiseau à l’approche des tempêtes, et pendant le crépuscule du matin et du soir. Il niche en Corse, et pond un seul œuf gros et blanc, dont le grand axe est de trente lignes, et le petit de vingt lignes. Le Puffin des Anglais ( Puffinus Anylorum. , de Ch. Bonaparte; Procellaria Puffinus , de Linné) est une Espèce qu’on a longtemps confondue avec le Puffin cendré. Sa taille est celle de la Bécasse; le plumage est noir en dessus, blanc en dessous. — Elle habite les régions septentrionales de notre hémisphère. Les habitants du nord de l’Écosse et des îles voisines la salent pour leurs provisions d’hiver. Le Puffin brun ( Procellaria œquinoctialis , de Gmelin) est long de vingt-trois pouces; son plumage est brun, sans taches; la gorge est blanche; le bec jaune, et les pieds noirâtres. — Cette Espèce habite le cap de Bonne-Espérance. Genre 11 AL O DROME (Halodroma , d’Illiger) . Le bec est semblable à celui des Puffins, droit, crochu, composé de plusieurs pièces, et plus long que la tête; les narines sont tournées >X(; i ■ ai' quSï‘-. : 1 ■ . ' ce ■' i •' -j - »f J ■ j .2 à :jÜ: ■ - • ■ ; • ■ • ».i Ù . . ' - ■ ■ • - - ’ '• • ■ - ■ • ■' ; • ' ■ . $1 ■ . v ' ! '■ • ! m '/r nht ■ » ' ■ ‘ ' 1 I ! ! ! > ; ' •' '• /• ■■ ; ' ■ \ -V . i(t - fd ■ n 1 \ VLWMYvO?» Y.WVŸ. \ \>\om«Awv mv\tvws\ mU c\ \iwVU. — “ï. \Y.MTW>S \ 'àOYMCA'L ^OYW \ \Yuvwm\nv ftvAuTuv^Y.'n^ y — 7) YY YY\^ A\W\W Y Yu^-was tv (\uvuoc V\aY\% . k. Y(YY M MSSfY^ Y SvvYa a\W\. 387 FAMILLE DES PROCELL ARIDES. en haut, et ont la forme d’un as de cœur; elles sont séparées l’une de l’autre par une simple cloison intérieure ; la gorge est dilatable, comme chez les Cormorans; les pieds sont pal- més, courts, sans pouce ni ongle rudimentaires; les ailes et la queue courtes. Le H al o drome p É lé cano ïde ( Halodroma urinaXrix , d’Illiger; Procellaria urinatrix , de Gmelin) a le plumage noirâtre en dessus, blanc en dessous, avec la gorge noire. — Il habite les mers australes et les côtes de la Nouvelle-Zélande. IIai-odromt. TRIBU des DIOMÉDÉENS Genre unique ALBATROS ( Diomeden , de Linné). Le bec est grand , fort, tranchant, suturé en dessus, droit dans la plus grande partie de son étendue, et crochu à sa pointe; la mandibule supérieure est terminée en croc, qui semble articulé; la mandibule inférieure est tronquée à son extrémité; les narines sont tubulées en forme de rouleaux adossés; les tarses courts, robustes et puissants ; le pouce nul ; les ailes très-longues, aiguës ; la queue est arrondie ou cunéiforme. — Les Albatros sont les plus massifs des Oiseaux de haute mer. Tous appar- tiennent à l’hémisphère austral. On les voit suivre pendant plusieurs jours les vaisseaux voguant à pleines voiles; ils affrontent les ouragans, se balancent sur les vagues, et si la fatigue les surprend, ils se reposent et dorment à la surface de l’eau. C’est de ces Oiseaux, bien plutôt que de l’Aigle, que le poëte aurait pu dire : Bercé par la tempête, il s’endort dans sa joie. Ils se repaissent avec voracité de cadavrqs et d’animaux vivants; leur force est extrême , et leur lâcheté est égale à leur force; de faibles Mouettes les font fuir. L’Albatros exilé ( Diomeden exulans , de Linné) est nommé Mouton du Cap, par les navigateurs; ce nom lui vient de sa grande taille, de son plumage blanc, excepté sur les ailes, qui sont noires, et de ce qu’il abonde surtout dans le voisinage des deux caps qui terminent au Sud Ie&deux grands continents du globe. Quant aux noms linnéens, ils font allusion aux infor- tunes de Diomède, Fils de Tydée, qui, ayant blessé Vénus au siège de Troie, fut repoussé loin de sa patrie, et erra sur les mers orageuses , jusqu’au jour où ses compagnons furent changés en Oiseaux, qui continuèrent à vivre au sein des tempêtes. « Ce ne sont pas des Cygnes, dit Ovide, mais ils leur ressemblent par la forme, et par la couleur du plumage » : Si volucrum quæ sit dubiarum forma requiris, • Ut non Cycnorum, sic albis proxima Cycnis. L’Albatros fait une guerre acharnée aux Poissons volants, construit un nid de terre élevé, et y pond des œufs dont le goût est agréable. Sa voix est forte et ressemble au braire de l’Ane. L’Albatros a sourcil noir ( Diomeden inelanoplirys , de Tennninck) habite aussi les mers du cap de Bonne-Espérance. Le bec est plombé; la tête et le dessus du corps sont blancs; le manteau et les ailes de couleur brune; et la région oculaire offre des taches noires auxquelles l’Oiseau doit son nom spécifique. PALMIPÈDES LONG I PENNES. :ssn FAMILLE des LARIDÉS ( Genres LARUS et STERNA, de Linné.) CARACTÈRE. — Bec de longueur variable, comprimé, droit ou crochu à sa pointe; narines percées à jour , pieds courts ou un peu allongés, réticulés ; jambes nues dans le bas; quatre doigts, dont trois antérieurs, unis par une membrane entière ou presque entière; le postérieur libre et articulé sur le tarse; ailes très-longues , aiguës ; queue de longueur et de forme diverses. Les Laridés, nommés communément Mouettes, sont des Oiseaux qui habitent la pleine mer, fourmillent surtout sur nos côtes, et s’avancent quelquefois dans les terres, ce qui est un pré- sage ou une suite de mauvais temps. Ils sont criards, voraces, nagent et volent parfaitement, et fondent avec rapidité sur leur proie , qui consiste en cadavres , aussi bien qu’en Animaux vivants. SYNOPSIS DES GENRES DE LA FAMILLE DES LARIDÉS. Membranes interdigitales complètes. Bec offrant l’apparence de plusieurs sutures Lab.be. Bec sans sutures apparentes , comprimé , crochu à son extrémité , assez fort. . . Goéland. grêle Mouette. triangulaire à la base, légèrement arqué dans sa moitié terminale. . N o d d i. Membranes interdigitales échancrées , peu profondément Sterne. profondément. G u i f ett e. Lestris. Larus. Gavia. Stolida. Sterna. Sternula, Genre LABBE, Lestris, d’Illiger (Xtictci;, voleuse). Le bec est robuste, presque cylin- drique , recouvert d’une mem- brane dans la plus grande partie de son étendue ; la mandibule supérieure est convexe, crochue et armée d’un onglet qui paraît surajouté; les narines sont laté- rales, rapprochées de la pointe du bec, linéaires, couvertes en arrière; les pieds sont grêles, le pouce est court, les ongles grands, crochus; la queue inégale, plus ou moins pointue au centre. Les Labbes ou Stercoraires habitent les mers septentrionales , et ne paraissent en France qu’accidentellement, après les grandes tempêtes; ils vivent de Cétacés morts, de Mollusques, de Poissons, de jeunes Oiseaux et de petits Mammifères. Ils font une guerre acharnée aux autres Laridés, pour les contraindre à lâcher leur proie ou à la dégorger, et ils s’en emparent avec une adresse remarquable. Le Labbe cataracte ( Lestris cataractes, de Temminck ; Larus catarrhactes , de Linné) , vulgairement dit Goéland brun , est long de vingt et un pouces ; son plumage est brun , fuligi- neux, avec un miroir blanc sur l’aile; les deux rectrices médianes sont arrondies et larges à leur extrémité, et dépassent de très-peu les latérales; le bec et les pieds sont robustes; le doigt médian est sensiblement plus long que le tarse. — Cet Oiseau habite les glaces polaires; il niche dans les bruyères; sa ponte est de trois ou quatre neufs ventrus, d’un brun olivâtre irré- 385) I FAMILLE DES LA H IDES. gulièrement tacheté de gris brun et de brun noir, leur grand axe est de vingt-huit lignes, le petit axe de vingt-deux lignes. « Ces Oiseaux, dit M. Degland, ont dans la démarche et dans la physionomie quelque chose de l’Aigle : j’en ai nourri qui avalaient des Chats nouveau-nés vivants , et mangeaient non-seulement des Poissons , des Insectes , mais aussi du pain et du blé. » Genre GOÉLAND {Larus , de Linné). Le bec est allongé, comprimé, nu et fort, avec la mandibule supérieure arquée et crochue à son extrémité; la mandibule inférieure plus courte et anguleuse en dessous; les narines sont médianes, linéaires, quelquefois arrondies; les pieds grêles; les doigts antérieurs entièrement palmés; le pouce est libre, petit, élevé de terre ; la queue est carrée ou à peine échancrée. Les Goélands se nourrissent d’animaux morts et vivants; ils sont aussi lâches que voraces, et fuient à l’approche des Labbes; il suffit de l’apparition de ces derniers pour leur faire vomir leurs aliments. Le Goéland a manteau noir ( Larus marinvs et Larus nœv'ius , de Gmelin) est, dans sa jeunesse, tacheté de blanc et de gris, puis il devient tout blanc , avec le manteau noir; Goüland a manteau noir (Larus marinus). le bec est jaune avec une tache rouge en dessous ; les pieds sont d’un blanc violet. La taille esl de deux pieds. — Cette Espèce habite les régions septentrionales, et passe en grandes bandes aux approches de l’hiver, sur les côtes de l’Océan, dans le nord de la France; elle s’accou- tume à la captivité, et se contente de tout ce qu’on lui donne. Sa ponte est de trois ou quatre œufs, d’un gris olivâtre ou roussâtre, tacheté de brun : leur grand axe est de trente-deux lignes , le petit axe de vingt-quatre lignes. Genre MOUETTE ( Gavia , de Brisson). Les Mouettes ne diffèrent des Goélands que par leur bec grêle et leur taille plus petite. — Toutes leurs Espèces vivent avec les Pingouins et les Guillemots, dans les cavernes du littoral de l’Océan. C’est là que se fait entendre leur babil assourdissant, interrompu tout à coup par un silence général, puis repris avec une nouvelle énergie. Sur le gazon court et serré qui tapisse le sommet des falaises, les pères et les mères conduisent leurs petits, et les rangent en files nombreuses; toutes ces petites boules emplu- mées, absolument semblables entre elles, aux yeux d’un observateur étranger, ont cependant chacune leur physionomie particulière, et les parents ne s’y trompent pas : on voit de temps en temps un vieil Oiseau parcourir les rangs , fixer sur une de ces petites boules un regard perçant, puis déposer aux pieds de son petit la nourriture triturée d’avance. La Mouette cendrée {Gavia cinerea maj-or, de Brisson; Larus canus , de Linné) , vul- .390 PA LM1PÈDES LONG! PEN N E S. gairemént nommée Mauve , Pigeon de mer, est longue de seize pouces; son plumage est d’un beau blanc, à manteau cendré clair; les premières rémiges sont noires avec des taches blan- ches à l’extrémité; le bec et les pieds sont de couleur plombée. — Cet Oiseau se répand en automne et en hiver sur les côtes maritimes de l’Europe tempérée et méridionale; il vit prin- cipalement des coquilles que le Ilot emporte sur les grèves. Sa ponte est de trois œufs d’un blanc jaunâtre, irrégulièrement tacheté de cendré et de noirâtre : leur grand axe est de vingt- quatre lignes, le petit axe de dix-huit lignes. La Mauve s’habitue facilement à la vie domes- tique; mais il lui faut beaucoup d’eau, ainsi qu’à tous les Oiseaux du même Genre qu’on veut garder en captivité. La Mouette a masque brun ( Parus capistratus , de Temminck) habite le nord de l’Angleterre. Sa taillle est d’un pied environ; le haut de la tête et la gorge sont de couleur châ- tain, bordé de brun foncé; l’occiput et les côtés du cou ont quelques plumes noires tachetées de blanc; le reste du cou, la poitrine, le ventre et la queue sont d’un blanc pur; la partie supé- rieure de l’aile est gris clair; le dessous est blanc grisâtre; les rémiges primaires sont aiguës, blanches, avec des taches noires plus larges du côté interne; le bec et les tarses sont d’un brun rouge. Mouetik a masque bucn (Larns capistratus). La Mouette rieuse ( G a via ridibunda, de Brisson; Larns ridibundus , de Linné) est longue de quatorze pouces; le cou, la queue et les parties inférieures sont de couleur blanche; le dos et les tectrices alaires sont d’un cendré bleuâtre; le bec et les pieds d’un rouge ver- millon. — Get Oiseau est très-répandu en Europe; il niche sur les bords de la mer, à l’em- bouchure des rivières. Ses œufs sont grisâtres ou roussâtres , tachetés et pointillés de noir : leur grand axe est de vingt-quatre lignes , leur petit axe de quinze lignes. La Mouette rieuse , ainsi nommée à cause de son cri , est de tous les Laridés le plus facile à apprivoiser. La Mouette sénateur ( Gavia eburnea, de Ch. Bonaparte; Larus eburneus, de Gmelin) est longue de dix-sept pouces; elle habite le cercle polaire, et paraît accidentellement dans l’Europe tempérée. Son plumage est entièrement blanc, teinté de rose en dessous; le bec est bleuâtre, avec les pointes et le bord des paupières d’un rouge vif; les pieds sont noirs. Genre STERNE ( Sterna , de Linné). Le bec est pointu, comprimé, droit, sans saillie: les narines sont médianes, longitudinales; les pieds courts, minces, les trois doigts antérieurs unis par une membrane un peu échancrée au milieu de son bord libre; la queue est fourchue. Les Sternes, nommées communément Hirondelles de met', à cause de leurs. ailes longues et pointues, et de leur queue fourchue, volent’ en tous sens et avec rapidité, sur les mers et l’embouchure des fleuves, eu jetant de grands cris; elles enlèvent à la surface de l'eau les 391 FAMILLE DES LA RIDÉ S. Mollusques, petits Poissons et Insectes dont elles se nourrissent. Elles nichent en grandes bandes , et font chaque année de longs voyages. La Sterne Pierre-Garin (, Sterna hirundo , de Linné) est longue de quatorze pouces; son envergure est de deux pieds ; son'plumage est blanc , le manteau cendré clair, la calotte noire, le bec rouge à bout noir, les pieds rouges. — Cette Espèce est très-commune sur les côtes maritimes de France, et s’avance quelquefois dans l’intérieur sur les lacs et les rivières. Sa ponte est de deux ou trois œufs d’un brun clair ou d’un roux sale, tacheté de brun : leur grand axe est de dix-sept lignes, le petit axe de quatorze lignes. La Sterne arctique ( Sterna arctica , de Temminck) , vulgairement Hirondelle de mer arctique:, est longue de quatorze pouces ; toutes les parties supérieures et inférieures sont sem- blables à celle du Pierre-Garin, mais avec le devant du cou, la poitrine et l’abdomen lavé d’un cendré bleuâtre; les ailes sont pareilles au manteau; le bec est rouge foncé, les pieds sont orange. — Cette Espèce habite les régions du cercle arctique, et passe régulièrement sur les côtes maritimes du nord de la France. Elle niche sur les plages maritimes, pond trois ou quatre œufs d’un gris bleuâtre, d’un jaune sale, quelquefois d’un roux clair ou foncé, irrégulièrement tacheté de noirâtre; leur grand axe est de dix-sept lignes , le petit de treize lignes. STEnsE arctique (Sterna arctica ). Genre G U I F E T T E [Sternula, deBoié), Ce Genre, distrait du précédent, en diffère parles membranes interdigitales plus profondément éch ancrées , et le corps plus svelte et plus grêle. La Guifette menue ( Sterna minuta, de Linné), vulgairement petite Hirondelle de mer, est longue de huit pouces, ressemble pour le plumage à l’Espèce précédente, mais le front et les joues sont de couleur blanche. — Elle habite l’Europe tempérée; on la rencontre en France le long des grands fleuves et sur les côtes de la Manche ; elle niche sur les bords des marais et des lacs, sur le sable ou entre les petits galets; sa ponte est de deux ou trois œufs, un peu courts, d’un blanc roussâtre , ponctué et tacheté de gris roux : leur grand axe est de quatorze lignes, le petit axe de dix lignes. Genre NODD1 ( Stolida , de Lesson). Ce Genre, distrait du Genre Sterne , en diffère par la queue non fourchue et très-arrondie. Le Noddi noir [Sterna Stolida , de Linné) , vulgairement dit Oiseau fou, est long d’un pied ; le dessus et le dessous du corps sont entièrement d’un brun nuancé de roussâtre ; le front est blanc; le vertex gris cendré, l’occiput gris; les rémiges et les rectrices sont brun noirâtre, le bec et les pieds noirs. — Cette Espèce habite le nord de notre hémisphère; son nom vulgaire lui vient de l’étourderie avec laquelle elle se jette sur les navires. P V un P K DE S TOT I PALMES. 392 FAMILLE des RHYNCHOPIDÉS ( Genre 11HÏNCHOPS, dé Linné). Genre unique RflYNCIIOPE, llhyncops , de Linné (puy/oç, bec, xotcto, couper, bec coupant). Le bec est plus long que la tête, droit, comprimé, irrégulier, à mandibules très- minces, superposées verticalement, la supérieure plus courte que l’inférieure ; les narines sont basales et latérales , per- cées en fente dans la membrane qui recouvre les fosses nasales; les jambes sont à demi nues, les tarses courts, écussonnés en avant; le pouce est petit, la membrane inter- digitale échancrée; les ailes sont très-longues et suraiguës; la queue est fourchue. Le Rhynchope noir (. Rhynchops migra , de Linné), vul- gairement nommé Coupeur d’eau, est de la taille d’un Pigeon; il a le plumage blanc, la calotte et le manteau noirs, avec une bande blanche sur l’aile, et les rectrices latérales blanches en dehors, le bec et les pieds rouges. Cette Espèce, nommée aussi Bec en ciseau, habite les mers des Antilles, et ne peut se nourrir que de la proie qu’elle enlève, en volant à la surface de l’eau, avec sa mandibule inférieure. PALMIPÈDES TOTI PALMES FAMILLE des PHAÉTONIDÉS ( Genre P HAÉT ON , de Linné.) Genre unique PHAETON ( Pliaeton , de Linné). Le bec est presque droit , comprimé , pointu, denticulé, et médiocrement fort; les narines sont concaves, étroites, recouvertes par une membrane; les tarses courts, réticulés, le pouce petit, interne et antérieur, soudé dans la membrane natatoire , les ongles recourbés ; les ailes- sont longues et aiguës ; la queue est composée de quatorze rectrices, dont les deux médianes, très-longues , très-minces, simulant des brins. ( Voyez la tête de page des Palmipèdes.) Les Phaétons, ainsi nommés poétiquement par Linné , par allusion au fils d’Apollon et de Clymène, qui voulut conduire le char de son père, sont nommés, plus prosaïquement. Paille- en-queue , par les marins , à cause des deux longues pennes de leur queue. Leur vol est lent, calme, mais puissant; et, comme ils ne quittent pas la zone torride, leur apparition annonce aux navigateurs le voisinage de cette région : de là le nom vulgaire d 'Oiseau du tropique , que ceux-ci leur ont aussi donné. Ces Oiseaux vivent de Poulpes et de Poissons , qu’ils saisissent à la surface de la mer ; ils ne se posent jamais à terre , à cause de leurs grandes ailes , et recherchent toujours des positions élevées , telle que la cime des arbres ou le sommet des rochers; lorsqu’ils s’abattent sur les ondes, pour y prendre du repos, ils attendent qu’une vague les soulève pour reprendre leur vol. Le P h a É t o n a brins blancs ( Pliaeton cet lier eus , de Linné) habite l’Océan atlantique. Cet Oiseau ne dépasse pas le volume d’un Pigeon; son plumage est blanc; le dos, la croupe et les tectrices de l’aile sont rayés de noir ; les deux rectrices intermédiaires sont noires à la base; le bec est rouge. ■ - .."T'' .. \ S ■ ' ■ ■ : :■ ' : : ;• - V - • ■ ■ . • . ' ■ ■ i .y 1 K- ■ • - - C - ■ - t*- ' . - • : a- v.y ■••Oï ' I • . • : ■ ■ ’• y ’j .■ ■ ■ • 1 ; , ‘ - •' • ; J- A -M îîiîASV ) • frf • ) j • . v . FAMILLE DES PÉLÉCANIDÉS. 393 FAMILLE des PÉLÉCANIDÉS ( Genres P LOTUS et P E LE C AN US , de Linné.) CARACTÈRE. — Bec tout à fait droit ou crochu à l'extrémité; narines percées en fente peu visible; tarses courts et robustes , réticulés; palmature comprenant les quatre doigts; pouce bien développé ; ailes allongées, aiguës; queue variable. Les Pélécanidés sont des Oiseaux nageurs , plongeurs et percheurs. SYNOPSIS DES GENRES DE LA FAMILLE DES PÉLÉCANIDÉS. lice tout à fait droit ; col extrêmement long Anhinga. P/otus. Bec droit jusque vers la pointe , qui est légèrement inclinée ; col ordinaire Fou. Sala. Bec crochu à son extrémité ; long, non déprimé. Ailes moyennes Cormoran. Carbo. Ailes extrêmement longues. Frégate. Tachypclcs. extrêmement long , déprimé , portant une poche très-dilatable. . . Pélican. Pelccanus. Genre ANHINGA, P lotus , de Linné (ttàwtoç, nageur). Le bec est plus long que la tête, très-droit, grêle, très-fendu et très-aigu , à bords rentrants et finement denticulés vers la pointe; la tête est petite et grêle, et le cou extrêmement long et mince; la queue est très- longue, arrondie, à douze pennes très-roides, les ongles robustes, crochus et acérés. ( Voyez la tête de page des Palmipèdes.) Les Anhingas habitent les contrées les plus chaudes de l’Afrique et de l’Amérique ; ils fré- quentent les savanes noyées et les eaux douces, où ils vivent de Poissons qu’ils saisissent, en plongeant et nageant entre deux eaux , avec une grande rapidité. L’ànhinga de Levaillant ( Plotus LevaiU antii , de Temminck) est une Espèce afri- caine; le plumage est noir, depuis la poitrine jusqu’à la queue, avec la tête, le cou et les tectrices alaires d’un roux doré, et une bande blanche latérale, descendant depuis l’œil jusqu’à moitié du cou. L’Anhinga a ventre noir (Plotus melanogastcr, de Vieillot) , Espèce américaine, est tout noir, à reflets vert bouteille, et porte sur la tête une huppe de plumes effilées, retombant en arrière, .qui forment, avec celles du cou, une sorte de crinière très-remarquable. Genre PÉLICAN (Pelccanus, de Linné). Le bec est très-long et large, droit, aplati horizontalement , terminé par un onglet crochu et comprimé ; la mandibule inférieure est flexible, formée de deux branches, réunies seulement à la pointe, et donnant attache à une membrane dilatable en sac volumineux; la face et la gorge sont dénudées; les jambes nues dans le bas , l’ongle médian sans dentelures , la queue arrondie. Le Pélican blanc (Pelecamis onocrotalus , de Linné) est un grand Oiseau dont le corps est gros comme celui du Cygne. Sa taille est de cinq à six pieds , son envergure est de douze pieds. Le bec seul a un pied et demi de longueur, et sa poclie peut contenir plus de vingt pintes d’eau; le plumage est d’un blanc légèrement rosé, selon l’âge, et les rémiges sont noires. Le tour des yeux est nu , ainsi que la gorge. — Le Pélican, nommé Onocrotale à cause de son cri qu’on a comparé à celui de l’Ane, vit sur les bords de la mer, des lacs et des fleuves, dans les parties orientales de l’Europe, en Afrique, en Asie et en Amérique; il se nourrit de Poissons , dont il remplit sa poche, pour les avaler ensuite , à mesure que la diges- tion s’achève. Il vole très-bien, et quelquefois fort haut; mais ordinairement il se balance au- dessus des vagues, entre la lame qui se brise et celle qui s’approche en roulant : lorsqu’il a f>0 394 PALM 1 P ÈI) E S T 0 ï I P A L M E S. aperçu un Poisson à sa convenance , il tombe sur lui comme un plomb , et s’enfonce dans l'eau, qu’il fait jaillir très-haut. Souvent les Pélicans se réunissent pour pêcher en commun; ils forment dans l’eau une demi-lune, dont la concavité répond au rivage, puis ils s’avancent lentement vers le bord , en battant fréquemment la surface de l’eau avec leurs ailes , et en plongeant de temps en temps, le cou tendu en avant; ils ont soin d’observer entre eux une distance égale à l’envergure de leurs ailes. Le croissant formé par eux se rapproche peu à peu de la terre, et les Poissons, resserrés de plus en plus, se trouvent réduits à un espace étroit; alors commence le repas commun : les prémices en ont été recueillies par des Grèbes, qui, nageant dans l’espace circonscrit par la demi-lune, avan qu’il eût été rétréci, ont plongé fréquemment sur les Poissons effrayés et étourdis. Les restes du festin seront partagés entre des centaines de Mouettes et de Corbeaux qui, postés sur les tas d’algues et de conferves poussés par la vague sur le rivage, se disposent à happer les Poissons chassés hors de l’eau. Quand la pêche sociale est terminée, les convives vont s’accroupir sur les rochers, et y digérer en repos. Les Pélicans perchent souvent sur les arbres pour y passer la nuit; mais ils n’y établissent jamais leur nid ; ils le font à terre, dans un enfoncement qu’ils garnissent d’herbes. Pélican blanc ( Pelecanus onocrotalus ) La femelle pond de deux à quatre œufs d’un blanc pur, très-mat, à surface rude, dont le grand axe est de trois pouces trois lignes , et le petit axe de vingt-huit lignes. Elle nourrit ses petits en dégorgeant devant eux des Poissons qu’elle a laissés longtemps macérer dans sa poche; elle leur apporte aussi de l’eau de la même manière; et comme elle presse son bec contre sa poitrine en cherchant à vider sa poche, d’où sortent des matières souvent san- glantes , on conçoit l’origine de la croyance populaire , qui attribue à cet Oiseau l’habitude de se percer la poitrine avec son bec pour alimenter ses petits. «Le Pélican, dit un voyageur, le P. Raimond , peut devenir non-seulement familier, mais docile : j’en ai vu un chez les sau- vages, si bien dressé, que le matin, après qu’on lui avait fait sa toilette à la caraïbe, c’est-à- dire en le peignant en rouge avec du roucou, il s’en allait à la pêche, et revenait le soir. FAMILLE DES PÉLËCANIDÉS. 395 apportant dans son sac une quantité de Poissons, dont ses maîtres lui faisaient rendre une partie pour leur usage. » Genre CORMORAN [Carbo , de Meyer et Wolf). Ce Genre, distrait du Genre Pélican, de Linné , en diffère par le bec allongé, non déprimé, et un peu comprimé, la peau de la gorge peu dilatable , les jambes complètement emplumées , l’ongle médian denté en scie ; la mandibule supérieure est crochue et l’inférieure obtuse. {Voyez la tête de page des Palmipèdes.) Le Cormoran ordinaire ( Pelecanus carbo , de Linné) est une Espèce de la taille de notre Oie ; son plumage est d’un brun noir, ondé sur le dos de noir foncé , et mêlé de blanc vers le bout du bec et le devant du cou ; le tour de la gorge et les joues sont de couleur blanche chez le mâle, qui porte aussi une huppe sur la nuque. — Cet Oiseau plonge parfaite- ment, et poursuit entre deux eaux, avec une vitesse étonnante, les Anguilles dont il se nourrit. Son vol est rapide et soutenu , mais à terre il marche mal ; on le trouve dans les deux continents , et il n’est pas rare en France ; il niche dans les trous des rochers , sur les arbres ou parmi les joncs. Sa ponte est de quatre œufs allongés, d’un blanc légèrement verdâtre, recouvert par une matière crétacée rude; leur grand axe est de vingt-huit lignes, le petit de quinze lignes. On instruit en Chine le Cormoran à pêcher , comme le Pélican, au profit de son maître; mais, comme la tentation d’avaler le butin pourrait être plus forte que le devoir, on lui met au bas du cou un anneau étroit qui ne laisse passer dans son gosier que le menu fretin. Genre FRÉGATE, Tachypetes , de Vieillot ( xayùç , prompt; TCTOfxai, voler). Ce Genre diffère des précédents par une queue fourchue, des ailes d’une longueur excessive , un bec dont les deux mandibules sont courbées au bout, et des pieds à palmures échancrées, ( Voyez fa tête de page des Palmipèdes.) La Frégate commune ( Tachypetes Aquila, de Vieillot; Pelecanus aquilinus , de Linné) a le plumage noir, varié de blanc sous la gorge et le cou, et le bec rouge. — Son envergure est de dix à douze pieds ; elle n’habite que les régions tropicales , et son vol, est très-puissant ; mais c’est par erreur qu’on a assuré qu’elle se rencontre en mer à plus de quatre cents lieues de toute terre; il est certain qu’elle ne s’éloigne guère des côtes à plus de vingt lieues. Elle se nourrit surtout de Poissons volants , et donne la chasse aux Fous, qu’elle force à dégorger leur pêche, dont elle se saisit lestement avant qu’elle soit retombée dans l’eau. La femelle établit son nid sur les arbres voisins de la côte , ou parmi les rochers. Sa ponte est de un ou deux œufs blancs , lavés de rougeâtre ou pointillés de rouge vif. Genre FOU (Sula , de Brisson) . Ce Genre diffère des précédents par le bec, qui est droit, pointu , un peu fléchi à son extrémité, et finement dentelé en scie sur les bords. — Les Fous ou Boubies vivent en pleine mer; ils pêchent en planant et en plongeant sur leur proie, qu’ils aperçoivent du haut des airs. Quand ils sont repus, ils se posent sur l’eau, et s’endorment profondément. Le nom de Fou leur a été donné à cause de la stupidité avec laquelle ils se laissent attaquer par les Frégates, qui les battent pour confisquer leur butin. Le mot anglais Booby, dont on a fait Boubie , a la même signification. ( Voyez la planche de !’ Albatros.) Le Fou de B a ss a n ( Sula bassana , de Brisson; Pelecanus bassanus, de Linné) est une Espèce commune sur les côtes septentrionales de l’Europe. Sa taille est celle de l’Oie; son plumage est blanc, les premières rémiges et les pieds sont noirs, le bec est verdâtre. 396 P A L M I P È J) E S L A M ELU R 0 S T R E S. PALMIPÈDES LAMELLIROSTRES FAMILLE des ANATIDÉS (■ Genres AN AS et ME RG US , de Linné.) CARACTÈRE. — Bec déprimé ou arrondi, dentelé en scie ou en lames, onguiculé à son extrémité, et couvert d’un épiderme ou peau molle; doigts antérieurs entièrement palmés; pouce petit; ailes médiocres et étroites; queue ordinairement conique ou arrondie. Les Anatidés sont, pour la plupart, des Oiseaux d’eau douce; tous nagent avec élégance et facilité, et plongent très-bien, mais leur marche est vacillante et disgracieuse. SYNOPSIS DES TRIBUS ET GENRES DE LA FAMILLE DES ANATIDÉS. Bec élargi , pourvu de lamelles transversales — TRIBU DES AN A TIENS. Jambes moyennes. Bec très-court , à base renflée , et enveloppée d’une mem- brane étendue Céréopse. Bec court ; chaque narine percée dans une membrane peu étendue B e r n a ch e. Bec allongé Oie. Jambes courtes. Col très-long. Cygne. Col moyen. Bec un peu renflé à la base ; long ; à bords parallèles Canard. dilaté à l’extrémité, à lamelles très-longues. . . . Souchet. assez court, un peu rétréci à l’extrémité Garrot. Bec élevé , mais non élargi à la base ; bords paral- lèles. E I D E R. Bec large, ren flé à la base , un peu rétréci à l’extrémité. .... Macreuse. large dans toute son étendue , et aplati. ......... Millouin. Bec effilé, dentelé = TRIBU DES MERGIENS. Genre unique. ..... Harlk. Cereopsis. Chenalopex. Anser. C y gnns. Anas. Rhynchaspis. Clangula. Somateria. Oidemia. Fuligula. Mergus. Genre CYGNE ( Cygnus , de Meyer). Le bec est aussi large en avant qu’en arrière, plus haut que large à sa base.; les narines sont à peu près au milieu de sa longueur ; la bande qui s’étend de l’œil à la racine du bec ( lorum ) est nue; les ailes sont subaiguës , la queue est carrée, le cou très-long; la trachée n’a pas de renflement à son extrémité inférieure. ( Voyez la planche de l’Oie de Gambie.) Les Cygnes sont les plus grands Oiseaux de la Famille des Anatidés ; si la situation très- postérieure de leurs pieds nuit à leur marche, ils sont excellent nageurs , mais ils ne plongent jamais. Leur nourriture consiste en graines, feuilles et racines, en Grenouilles , Mollusques , Sangsues et Insectes aquatiques; ils mangent aussi de petits Poissons. Ils sont monogames. Le Cygne a bec rouge ( Cygnus olor, de Vieillot; Anas o/or, de Gmelin) a le bec rouge 397 FAMILLE DES AN ATI DÉ S. bordé de noir, chargé sur sa base d’une protubérance arrondie; son plumage est d’un blanc de neige. C’est cette Espèce qui, devenue domestique , fait l’ornement de nos bassins. Elle habite, à l’état sauvage, les mers intérieures de l’Europe orientale, vole très-haut et très- vite, et se sert de ses ailes comme d’une arme offensive puissante. Ses mœurs sont douces et paisibles. La ponte a lieu en février : la femelle fait un grand nid , avec des tiges de joncs et de roseaux; elle le garnit de plumes et de duvet, et y pond six à huit œufs d’un blanc ver- dâtre, dont le grand axe est de quatre pouces, et le petit de trente lignes; elle les couve seule [tendant cinq semaines; mais si le mâle ne partage pas l’incubation, il veille auprès de sa compagne, pour écarter et pour suivre tout étranger qui voudrait s’approcher. Il a tant de force dans son aile , qu’un coup bien appliqué peut casser la jambe à un homme. — Buffon a écrit sur le Cygne un magnifique chapitre : nous en citerons les deux principaux passages , qui suffiront à nos lecteurs pour porter un jugement exact sur les qualités et les défauts de ce brillant génie. Écrivain sans égal quand il décrit ce qu’il a observé, il n’est qu’un poète élégant toutes les fois qu’il prête aux animaux des sentiments et des mœurs imaginaires : «Dans toute société, soit des animaux, soit des hommes, la violence fit les tyrans, la douce autorité fait les rois. Le Lion et le Tigre sur la terre, l’Aigle et le Vautour dans les airs, ne régnent que par la guerre, ne dominent que par l’abus de la force et par la cruauté; au lieu que le Cygne règne sur les eaux à tous les titres qui fondent un empire de paix : la gran- deur, la majesté, la douceur, avec des puissances , du courage , des forces , et la volonté de n’en pas abuser, et de ne les employer que pour la défense. Il sait combattre et vaincre, sans jamais attaquer; roi paisible des Oiseaux d’eau, il brave les tyrans de l’air, il attend l’Aigle, sans le provoquer, sans le craindre; il repousse ses assauts, en opposant à ses armes la résistance de ses plumes et les coups précipités d’une aile vigoureuse qui lui sert d’égide; et souvent la victoire couronne ses efforts. Au reste , il n’a que ce fier ennemi : tous les Oiseaux de guerre le respectent, et il est en paix avec toute la nature; il vit en ami plutôt qu’en roi au milieu des nombreuses peuplades des Oiseaux aquatiques, qui toutes semblent se ranger sous sa loi; il n’est que le chef, le premier habitant d’une république tranquille, où les citoyens n’ont rien à craindre d’un maître qui ne demande qu’autant qu’il leur accorde, et ne veut que calme et liberté. » Voilà , certes , le portrait d’un roi constitutionnel dans toute la beauté du mot ; mais on ne peut s’empêcher de penser que Buffon , en écrivant cette utopie politique , avait perdu de vue le Cygne, dont il se faisait l’historien. L’Aigle pourrait, à la rigueur, être nommé le tyran de l’air, puisque tous les Oiseaux sont exposés à sa voracité; mais le Cygne n’est nullement le roi des Oiseaux d’eau , puisque le moindre d’entre eux peut le braver impunément. En quoi l’Aigle et le Tigre abusent-ils de leur force? Il leur faut une proie vivante, et ils s’en emparent à l’aide des moyens que la nature leur a donnés. Le Cygne est carnivore autant qu’herbivore, et il obéit à son instinct sans remords comme sans crime. Si même on tient compte de la quantité de victimes, le Cygne est beaucoup plus féroce que le Tigre, car celui-ci dévore beaucoup moins de Gazelles que l’Oiseau n’avale de petits animaux. Mais laissons toutes ces fictions , que la raison ne peut supporter un instant , et bâtons-nous d’admirer la poésie appuyée sur la vérité : « A la noble aisance, à la facilité, à la liberté de ses mouvements sur l’eau, on doit le reconnaître, non-seulement comme le premier des navigateurs ailés, mais comme le plus beau modèle que la nature nous ait offert pour l’art de la navigation. Son cou élevé et sa poitrine relevée et arrondie semblent, en effet, figurer la proue d’un navire fendant l’onde ; son large estomac en représente la carène; son corps, penché en avant pour cingler, se redresse à l’arrière, et se relève en poupe; sa queue est- un vrai gouvernail , ses pieds sont de larges rames, et ses grandes ailes, demi-ouvertes au vent et doucement entlées, sont les voiles qui poussent le vaisseau vivant, navire et pilote à la fois. » Le Cygne a bec noie ( Cyynus férus, de Brisson ; -I nas C y y nus , de Linné) ne diffère 398 PALMIPÈDES L AMELL1R0STRES. nullement du précédent sous le rapport des formes extérieures; seulement le bec est dépourvu de tubercule, noir à base jaune, et la couleur blanche du plumage est teintée de gris jau- nâtre; mais l’organisation intérieure présente une différence notable : chez le Cygne à bec noir, la trachée, au lieu de se rendre directement aux poumons, se recourbe et pénètre dans une cavité de la quille du sternum. Par suite de cette disposition , la voix de l’Oiseau est beaucoup plus sonore que celle de son congénère; mais tout ce qu’on a dit sur le chant du Cygne mourant est une fable, dont les poètes ont tiré parti. Cet Oiseau habite le nord de notre hémisphère; mais, quand l’hiver est rigoureux, il descend par bandes dans les pays tem- pérés. C’est alors qu’on le voit sur nos côtes. Le Cygne canadien ( Anas ca7iadensis, de Linné), nommé vulgairement Oie a cravate est stationnaire dans le sud des États-Unis. Cette belle Espèce devient Oiseau de passage dans le Canada; elle a le cou et le corps plus longs et plus déliés que notre Oie domestique; la teinte dominante de son plumage est un brun obscur, plus clair sous le ventre, plus foncé à la queue et à la tête; le cou porte un collier blanc; le bec et les pieds sont de couleur plombée. Oie a CRAVATE ( Allas canudensis ) . — Rien n’égale la vigilance et le courage du mâle, pendant que la femelle couve ses œufs : il se tient debout, la tête levée, près du nid, qui est placé sur la terre, entouré de roseaux, et formé de joncs et d’herbes sèches; il promène ses regards attentifs sur tous les environs, et prête l’oreille au moindre bruit. Le Renard, le Sarigue, le Raton, a beau se traîner entre les herbes, il est aperçu, battu et mis en fuite. Audubon observa trois années de suite les allures d’un de ces jars, qui avait son nid près d’un lac situé à peu de distance de la ri- vière Verte : « Toutes les fois, dit-il, que je venais visiter le nid de l’Oiseau, celui-ci me voyait approcher avec un air d’indignation, se dressait de toute sa hauteur pour me regarder, et semblait me toiser de la tête aux pieds ; puis, quand je n’étais plus qu’à quelques pas de dis- tance, il secouait violemment la tête, et, s’élançant dans l’air, il se précipitait droit vers moi. Par deux fois différentes, il m’a atteint de son aile le liras droit , que j’avançais machi- nalement comme pour l’écarter, et avep une telle violence, que je craignis un moment d’avoir le bras cassé. Après cette vigoureuse démonstration, il revenait aussitôt vers le nid, et pas- sait affectueusement sa tête et son cou autour du corps de sa femelle, puis reprenait, en me regardant , son attitude menaçante. » 399 FAMILLE DES AN AT! DÉS. G en r r OIE (Amer, de Brisson) . Le bec est médiocre ou court, plus étroit en avant qu’en arrière, et plus haut que large à sa base; la bande qui descend de l’œil à la racine du bec est emplumée; lés ailes sont aiguës, la trachée sans replis et sans renflements à sa partie inférieure. Les Oies sont des Oiseaux migrateurs, qui habitent le Nord en été, et les contrées tempérées en hiver. Elles se nourrissent d’herbages et de graines et sont polygames. Elles ont les jambes plus élevées et moins écartées que les Canards , ce qui rend leur marche plus .facile. En général, elles nagent peu et ne plongent pas; elles se tiennent, pendant le jour, dans les prairies, d’où elles se rendent, le soir, sur les étangs et les rivières. Elles vivent par troupes, et pendant qu’elles mangent ou qu’elles dorment , il y a une sentinelle qui , le cou tendu et l’œil au guet, veille sur ses compagnes et les avertit du danger. Leur vol est élevé. Elles émigrent par troupes , en se plaçant sur une seule ligne , si elles sont peu nombreuses ; ou sur deux lignes divergentes, lorsque leur nombre est plus considérable. Quand celui qui occupe la tête du triangle est fatigué, il cède sa place à celui qui le suit, et va se placer à la queue. L’Oie a double éperon (Atias gambensis , de Linné) est une Espèce intermédiaire entre les Cygnes et les Oies par la longueur de son cou et ses formes. Elle a les jambes hautes; le front tuberculé ; le fouet de l’aile est armé de deux gros éperons ; la gorge, le devant et le dessous du corps sont blancs. - Cette Espèce habite le Sénégal. L’Oie ordinaire (Anser sylvestris , de Brisson; Anas amer, de Linné) , qui est devenu un de nos Oiseaux de basse-cour, et qui y a pris toutes sortes de couleurs, vient d’une Espèce sauvage (Anser férus , de Temminck ; Anas segetum , de Gmelin) grise, à manteau brun, ondé de gris, à bec tout orangé, qui a pour patrie les contrées orientales de l’Europe, d’où elle se répand, pendant l’hiver, dans les parties centrales et méridionales de ce continent; elle monte rarement au delà du 53e degré de latitude nord. Malgré les variations que la domesticité a fait subir à cette Espèce, on la reconnaît à son bec gros, uniformément jaune orangé, et à ses ailes , qui n’atteignent pas l’extrémité de la queue ; elle niche dans les bruyères ou les marais , sur de petits tertres de joncs coupés, et pond dix à douze œufs blancs sans taches, dont le grand axe est de trente-six lignes, et le petit de vingt-cinq lignes. L’Oie domestique est moins commune qu’elle ne l’était avant l’importation du Dindon, qu’on lui a préféré, à cause de son volume aussi considérable et de sa chair plus délicate; mais elle est encore l’objet des soins de l’agriculteur dans beaucoup de pays; non-seulement elle est utile comme aliment, mais elle nous fournit des plumes pour l’écriture, ainsi que pour garnir les lits et les coussins. Ce sont les rémiges qu’on emploie pour écrire ; et ce n’est pas seulement après la mort de l’Oiseau qu’on les arrache, on les extrait lorsque l’Oiseau est entré en mue; quant aux petites plumes, on les arrache du ventre, du dos et de la croupe à deux ou trois reprises par été. Pour engraisser les jeunes Oies, quinze jours suffisent; il faut un mois pour les adultes. On s’en occupe ordinairement à la fin de l’automne, et, pour hâter cette opération, on les ren- ferme dans un lieu obscur et tranquille, où on les gave plusieurs fois le jour. Mais l’homme ne se contente pas de plumer l’Oie vivante, et de lui couper la tête, pour la manger après l’avoir engraissée de force; il a trouvé le moyen de donner à cet infortuné Pal- mipède une maladie artificielle qui, en le faisant mourir lentement, donne le temps à l’un de ses organes de se dénaturer, et d’acquérir une saveur délicieuse. Afin d’arriver à ce résultat , on renferme l’Oie dans une cage obscure et assez étroite pour empêcher l’animal de s’y retourner; on le nourrit abondamment avec du Maïs pendant un mois, puis on mêle à ses aliments de l’huile de Pavot, qui agit comme stupéfiant. Bientôt les tissus de la victime s’en- gorgent de graisse, au point que la respiration devient presque impossible. C’est alors que, par suite de l’étiolement, de l’oppression et du chagrin, le foie de l’animal prend un dévelop- pement énorme, et subit une altération mortelle; c’est alors qu’on obtient le foie gras , qui n’est autre chose qu’un foie cancéreux, dont on fait des pâtés pour les gourmands. Genre BERNAGHE , Chenal opex , de Stephens (p;v, Oie; àXwirrçl; , Renard). Le bec est 100 P A L M I P È I) E S L A M E ELI R O S T R E S. court, menu, ou même presque cylindrique, sans lamelles apparentes à l’extérieur. Les autres caractères sont ceux du Genre Oie. La Bernaciie nonnette (Anas erythropus , de Linné; Anser leucopsis , de Bechstein) , vulgairement nommée Oie nonnette , est longue de près de deux pieds; son manteau est cendré, son cou noir; son front, ses joues, sa gorge et son ventre blancs; le bec est noir et les pieds gris. — Cette Espèce habite les contrées situées au delà du cercle polaire arctique ; elle arrive en France pendant l’hiver; elle s’apprivoise facilement , et se propage en captivité; sa chair est très-bonne. Elle a été longtemps célèbre par les fables qu’on débitait sur sa propa- gation : on prétendait qu’elle naissait sur des arbres comme un fruit, et on croyait «que les Mollusques à pédoncules, qui se voient souvent fixés sur des bois flottants dans la mer, étaient de jeunes Remâches. Les. œufs de la Bernache sont blancs jaunâtres; leur grand axe est de trente lignes , le petit axe de vingt-deux lignes. Bebnaciie bonnette ( Anus erythropus). La Bernache armée ( Chenalopcx œgyptiaca, de Ch. Bonaparte; Anas œgyptiaca , de Linné; Anser œgyptiacus, de Brisson) a le bec presque cylindrique, et le poignet de l’aile armé d’un fort éperon corné; les pieds sont rougeâtres, ainsi que le bec; la queue est noire. — Cette Espèce, remarquable par l’éclat de ses couleurs, est le Chenal opex , révéré des anciens Égyptiens, à cause de son attachement pour ses petits. Genre CÉRÉOPSIS, Cereopsis , de Latham (xvjpoç, cire; o'jnç, apparence). Ce Genre ne diffère des Bernaches que par le bec encore plus court , dont la membrane a beaucoup plus de largeur et se porte un peu sur le front. Le Céréopsis de l’Australie ( Cereopsis cinereus , de Latham) est de la grosseur d’une petite Oie; son plumage est presque partout d’un gris cendré, plus foncé supérieure- ment; les tectrices de l’aile sont noirâtres ; les grandes rémiges et les rectrices sont d’un brun obscur vers l'extrémité; la partie nue des jambes et les tarses sont d’un jaune orangé; une plaque triangulaire est située au-devant du pied; les .doigts et les ongles sont noirs. Le FAMILLE DES \ N AT I DÉS. 401 Céréopsis de ^Australie (Céréopsis cinêreits): Céréopsis, Espèce unique dans son Genre, est encore très-rare dans les Muséums; il y en a eu de vivants dans le notre. Sa chair est très-sapide, et comme il vit de peu, et s’apprivoise facilement, il pourrait figurer parmi nos plus utiles Oiseaux de basse-cour. Genre CANARD (Anas, de Meyer). Le bec est large, aplati, avec les mandibules pecti- nées en lames sur leurs bords; les tarses sont courts, comprimés, situés un peu à l’arrière du corps; le pouce est petit, élevé, non bordé; le cou est moins long que celui des Cygnes et des Oies; la trachée est renflée, à sa bifurcation, en capsules cartilagineuses. Les Canards sont mauvais marcheurs, mais excellents nageurs; ils sont peu ou point plon- geurs; ils volent avec vigueur, et entreprennent de longs voyages; ils se nourrissent de Ver- misseaux, de Mollusques, de petits Poissons, de frai de Grenouilles, de plantes aquatiques et de leurs graines. Ils sont polygames. Le Canard Tadorne ( Anas tadorna, de Linné) a le bec très-aplati vers le bout, et relevé en bosse saillante à sa base; c’est, de tous nos Canards, celui dont les couleurs sont les plus vives; il est blanc, avec la tête verte, une ceinture cannelle autour de la poitrine, l’aile variée de noir, de blanc, de roux et de vert. — Cet Oiseau est commun sur les bords de la mer Bal- tique et de la mer du Nord; il niche dans les dunes, et s’établit souvent dans les trous aban- donnés par les lapins. Sa ponte est de dix à douze œufs d’un blanc légèrement teinté de ver- dâtre; leur grand axe est de vingt-sept lignes, le petit axe de vingt lignes. Le Canard Pii. et ( Anas acuta, de Linné), vulgairement nommé Canard à longue queue, a le bec long et étroit; le dessus du corps et les flancs sont cendrés, rayés finement de noir; les ailes portent un miroir vert pourpre; le dessous du corps est blanc, la queue conique, avec les deux rectrices médianes très-longues, effilées et pointues. 11 habite le nord de l’Eu- rope en été, et le Midi en hiver. Sa chair est recherchée, et mangée comme aliment maigre. Il niche sur le bord des marais; sa ponte est de huit œufs, d’un cendré verdâtre ou roussâtre, dont le grand axe est de vingt-quatre lignes , et le petit de seize lignes. Le Canard ordinaire [Anas boschas , de Linné) a le bec plus large que haut à la hase, convexe, non relevé en bosse au-devant du front, et arrondi à l’extrémité ; les pieds sont aurore et le bec jaune; chez le mâle, la tête et la croupe sont ornées d’un beau vert chan- geant, et les quatre plumes du milieu de la queue sont recourbées en demi-cercle. — Cette 51 402 1‘ A L M 1PÈDES LA \1 E L L1 H 0 S T R E S. Espèce est la souche de toutes nos races de Canards domestiques; elle habite le nord des deux continents. Au milieu de l’automne, elle commence à se montrer dans nos campagnes, par petites bandes , qui deviennent de jour en jour plus abondantes ; on les voit passer, vers le soir, formant des triangles réguliers , à une grande hauteur dans les airs. Les Canards sau- vages se tiennent sur les étangs , et y vivent de petits Poissons, de Grenouilles et de graines; si les eaux sont prises, ils se retirent vers la lisière des bois, et y paissent le gland ou le blé vert; si le froid devient plus rigoureux , ils se dirigent vers le Sud , pour revenir en février, et aller ensuite passer l’été dans le Nord. Au printemps, ils se séparent par paires, et nichent sur une touffe de Joncs dans les marais, quelquefois au milieu des Bruyères; quelquefois ils pondent dans les nids abandonnés des Corneilles, sur les grands arbres. La ponte est de huit à quatorze œufs, d’un gris verdâtre très-clair, plus petits et plus colorés que ceux du Canard domestique; leur grand axe est île deux pouces, le petit de dix-huit lignes. L’incubation dure un mois. Le mâle se tient près du nid, et le défend contre les autres Canards. Les Canards que l’on élève en domesticité , et qui proviennent d’œufs sauvages trouvés dans les roseaux , sont farouches comme leurs parents, et cherchent sans cesse à reprendre leur liberté ; mais, lorsque la captivité s’est perpétuée pendant plusieurs générations, l’instinct sauvage s’efface, l’animal devient familier. Aucun Oiseau de basse-cour n’est plus facile à nourrir : il ne faut lui donner que de l’eau et un gîte; il sait se procurer le reste, et ne coûte rien à son maître. Sa chair et ses plumes sont un objet de commerce. Le Canard siffleur (Anas -Penelope, de Linné) est finement rayé de noirâtre; la poi- trine est de couleur vineuse, la tête rousse, le front pâle; l’aile porte un miroir vert, bordé de noir. Cet Oiseau habite le nord- est de l’Europe; il niche en France, dans les marais , et pond huit à dix œufs d’un gris verdâtre, sans taches, dont le grand axe est de vingt-quatre lignes, le petit axe de dix-sept lignes. Le Canard ii u p p é ( Anas spon- sa, de Linné), vulgairement dit Ca- nard de la Caroline, a la tête ornée d’une huppe occipitale pendante ; la gorge est blanche; l’aile porte un miroir vert chatoyant , terminé de blanc.— 11 habite l’Amérique septen- trionale, et paraît accidentellement en Europe. Il niche dans les creux des arbres ; ses œufs sont d’un blanc jaunâtre et polis comme l’ivoire. Le Canard Sarcelle (Anas querquedula , de Linné), vulgairement nommé Criquart , Sarcelle, est maillé de noir sur un fond gris; l’aile porte un miroir vert cendré ou grisâtre , bordé, en bas et en haut, d’une étroite bande blanche. La Sarcelle est très-répandue en Europe; elle niche sur le bord des étangs; sa ponte est de six à huit œufs ovales, d’un blanc sale, dont le grand axe est de dix-huit lignes, le petit axe de quatorze lignes. Le Canard a éventail (Anas galericulata , de Gmelin) , vulgairement nommé Canard de la Chine , Sarcelle de la Chine , est une belle Espèce, qui habite la Chine et le Japon, où on l’élève en domesticité; sa tête est garnie d’une huppe pendante, d’un beau vert; elle porte sur le dos un éventail d’un jaune roux , formé des (dûmes de l’aile élargies et relevées verti- calement; les côtés de la tête sont jaunâtres, la gorge brune roussâtre, le plastron violet, terminé inférieurement par deux bandes blanches transversales, qui alternent avec deux bandes noires; le ventre est blanc , les flancs bruns, le dos brun, à reflet vert, les scapulaires Canard huppé faillis sponsa Canard a. éventail (Jiuis (jalericuUit'j J, Genre SOU G HE T, Jihynchaspis , de Leach ( puyyoç , bec; àcnnç, bouclier). Les Souchets ne diffèrent des Canards que par leur bec très-long, à mandibule supérieure demi-cylindrique et dilatée, en forme de spatule, à son extrémité; les lamelles sont longues et minces comme des cils. — Les Souchets ont les mœurs et le régime des Canards. Le Sou G ij et commun (Anas clypeata , de Linné) , vulgairement dit Canard spatule, est long de dix-lmit pouces; son plumage est d’un vert clair sur la tête et le cou, blanc sur la poitrine, brun noirâtre sur le dos, roux au ventre, avec les ailes variées de bleu clair, de vert, de blanc et de noir. — Cette belle Espèce, dont la chair est excellente, arrive du Nord vers le mois de février, et se répand dans nos marais , où elle vit de Vermisseaux , de Poissons et d’herbes aquatiques. Elle niche parmi les joncs, et pond douze à quatorze œufs arrondis, d’un gris verdâtre , dont le grand axe est de vingt-trois lignes , le petit de seize lignes. Genre FULIGULE ( Fuligula , de Leach). Le bec est aussi long ou plus long que la tête , large dans toute son étendue et aplati ; les doigts sont longs , à large palmure ; le pouce est bordé d’une membrane très-prononcée ; les pieds sont (dus à l’arrière du corps que chez les Canards, les tarses plus comprimés, les ailes plus courtes, la tête plus grosse et le cou moins long. — Les Fuligules sont des Oiseaux migrateurs , qui fréquentent en général les eaux salées, cherchent leur nourriture en plongeant, et vivent presque exclusivement de Vers, de Mollusques et de petits Poissons. La Fuligule morillon ( Fuligula cristata, de Ch. Bonaparte; A nas Fuligula, de Linné) porte une huppe occipitale tombante; le miroir de l’aile est blanc, rayé de noir, et terminé par une bande noire. La taille est de quatorze pouces. — Cette Espèce est répandue en France en automne et en hiver. Elle niche sur les bords des mers et des lacs; ses œufs sont d’un brun clair; leur grand axe est de vingt-quatre lignes, le petit axe de seize lignes. FAMILLE DES A N ATI DÉS. 103 noires, terminées de blanc, les rémiges brunes, ainsi que les rectrices , les tarses verts, le bec vert jaunâtre , noir à l’extrémité, le tour de l’œil blanc, l’iris noisette. 404 I» A L M I PË JJ E S I, A M E IJ, 1 H O S T R E S. La Fulig-ule miqu elonnatse {Fuligula glacialis , de Leach; Anas glacialis , de Linné, type du Genre Harelda, de Leach, vulgairement dite Canard à longue queue ) habite le Nord des deux mondes; elle passe irrégulièrement en Allemagne et dans les provinces septentrio- nales de la France. Le bec est très-court; les deux rectrices médianes sont très-allongées, effilées et pointues. La taille est de vingt-deux pouces, y compris les filets de la queue. Le dessus de la tête est blanc, avec une grande tache noire, bifurquée en arrière; le dessus du corps est d’un noir fuligineux, à reflets bleuâtres, avec un demi-collier roux sur le haut du dos; le cou et la poitrine sont pareils au milieu du dos, l’abdomen et les sous-caudales blancs; les rectrices médianes sont d’un brun de suie, les autres blanches; le bec est noir , les tarses jaunes , avec les palmures noirâtres. — Cette l^spèce niche sur les bords de la mer Glaciale ; elle pond cinq à sept œufs d’un vert clair, sans taches. Elle se nourrit de Mollusques et de plantes marines; elle voyage, non par troupes, mais isolément. La Fuliguliî Histiuon ( Fuligula histrionica, de Degland ; Anas histrionica, de Linné; Clangula histrionica, de Ch. Bonaparte), nommée vulgairement Canard à collier. Canard Arlequin, habite les mêmes contrées que l’Espèce précédente. Sa taille est de seize pouces; le bec est très -petit; la tête et le cou sont d’un noir violet bleuâtre, avec une bande noire médiane, et deux latérales d’un roux vif; une tache blanche est située derrière l’orifice de l’oreille; une bande blanche longe les parties latérales du cou; un croissant blanc bordé de noir velouté, entre le cou et la poitrine, se réunit, au-dessus de l’origine des ailes, à un croissant pareil ; le haut du dos est d’un noir cendré à reflets ; le bas du dos et les sus-caudales sont d’un noir bleu foncé, la poitrine et le haut de l’abdomen d’un bleu cendré, le bas-ventre brun, les flancs roux, les rémiges et les rectrices brunes; le bec est noir bleuâtre, les tarses jaunâtres, avec les palmures noires. — L’Arlequin niche sur les bords des eaux, parmi les herbes. Il pond dix à douze œufs d’un jaune d’ocre ou d’un blanc sale. Sa voix est sonore; il nage et vole parfaitement; il se nourrit de Mollusques, d’œufs de Poissons et de larves d’insectes. Genre GARROT ( Clangula , de Fleming). Il ne diffère du Genre précédent que par le bec , plus court que la tête , et s’atténuant de la base à l’extrémité. Le G arrot Glaucion ( Clangula Glaucion, de Ch. Bonaparte; Anas clangula, de Linné), vulgairement nommé Canard Garrot, habite les régions septentrionales des deux continents. Il est long de dix-huit pouces; son plumage est blanc ; la tête, le dos et la queue sont noirs; on remarque une petite tache blanche en avant de l’œil , et deux bandes à l’aile, de la même couleur. — Cette Espèce arrive en France par troupes en hiver ; elle niche sur les bords des mers et des lacs, et pond douze à quatorze œufs d’un gris olivâtre, dont le grand axe est de vingt- quatre lignes, et le petit de dix-huit lignes. ( Voyez la planche de l'Oie de Gambie). Le Garrot Religieuse ( Clangula albeola ; Anas albeola , de Gmelin ), vulgairement nommé Sarcelle blanche et noire , habite l’Amérique septentrionale. Son plumage est blanc; le dos et les rémiges sont noirs; la tête est d’un bleuâtre brillant et l’occiput, blanc; le bec est noir et les pieds orange. — Cette l^spèce vit dans les forêts qui bordent les cours d’eau , et niche sur les arbres. Sa taille est de dix-huit pouces. Genre El DE R, Somateria, de Leacli (o-Ôqxoc, corps; Tsp-/)v, moelleux). Le bec est plus allongé 8 PALMIPÈDES BP, ACM YPTÈHES. de dix-neuf à Vingt pouces, c’est-à-dire de la taille d’un Canard; son plumage est brun noir en dessus, blanc argenté en dessous, avec une bande blanche sur l’aile, une collerette de plumes rousses et noires r et une double huppe occipitale noire. — Cette Espèce est répandue dans les deux continents; elle paraît en France deux fois par an, au printemps et en automne; elle niche dans les marais , construit un nid flottant attaché aux joncs, et y dépose trois ou quatre œufs oblongs, également pointus aux deux bouts, d’un blanc sale, verdâtre, dont le grand axe est de deux pouces, le petit de seize lignes. ( Voir la planche de l’Oie de Gambie.) Le Grèbe cornu ( Podiceps cornutus , de Latham; Cohjmbus cornutus , de Gmelin) , vul- gairement nommé Grèbe d’Esclavonie, est semblable au précédent pour la forme; mais la col- lerette est noire, et les huppes sont rousses, ainsi que le devant du cou; sa taille n’est que de treize pouces. — Cet Oiseau habite le nord-est de l’Europe. Le Grèbe a joues grises {Podiceps rubricollis, de Latham; Colyrfibus sübcristatus , de Gmelin) est long de seize pouces; le devant du cou est roux, mais la collerette est nulle; les huppes sont petites et noires, les joues grises. — Il habite les deux continents. Le Grèbe oreillard {Podiceps auritus, de Latham; Cohjmbus auritus, de Linné), vul- gairement dit Grèbe à oreilles , est long de onze pouces et demi; il porte une touffe de plumes noires sur la tête, et une autre de plumes rousses sur chaque oreille. — Il habite l’Europe septentrionale et tempérée. Grèbe cornu. Grèbe cornu. Grèbe joues grises. Grèbe oreillard. Le Grèbe castagneux {Podiceps minor, de Latham; Cohjmbus minor , de Gmelin) est long de huit à neuf pouces; il n’a ni huppes, ni collerette; son plumage est brun, plus ou moins nuancé de roux; le ventre et la poitrine sont d’un gris argenté. Il habite presque toute l’Europe et est commun dans toute la France. Genre PLONGEON , Cohjmbus, de Linné (xo)vu u.6âu>, nager). Les doigts antérieurs sont complètement palmés, le pouce est court, joint par une petite membrane au doigt interne; les S U M • . m lio» nmd ter- ■v.Htni.ilu »•- : tri - -b ;.ilî!r : I oli ■ Vfaoôîi xi 1 : è luoa-xil;» ob-oJJaM.oï) . o ; ■ ■ » " : -t.cra. >u éi.UBd ont o ev« t r/oa$eb cto èîmyv} 1 . n?.wb m oubncq-MT }aa oo -mi--. ( aJJoO — .otion éffetrqiooo eqquri ofdi b onn Je , ao'cron )d zomïm winulè ;onmçioB m io sqrvi&binq or, jjk mféîoil sqtreb âone't’ï -no JÎBUBq odfj ; aJ/jo/iiJnoa mob -M ermb uo aioxi s'-loqi •. ■ Jo , «oùoj, xtfi udbett.f, -J/itUlofl btu ou Jii.i ogruv jÇffiïfim aol a»b srtom ol/o q\ Jaob «a-riéiaoY , c-füS dncld ou' b >.}ôod 'trâb xtre tùialdq iuornr^j^y 35 ôfdo alira> odeup (.Vs&twVb W -ûïÿ\ vis >v» '■ blj Mnçü axio?, ob .Ij.isq o| ,r ounq xush Jf 19- é baâ->$ -flTY , (flibfCfr) ’ob vfc,VSWtt-\0':> %\rôw\rioV) jmmljfij ob t«VStos>VW) RX\yjVbo°i ) M Y. . 0 0 A . â )I :.> F)J ■ eb offp.Jàdai allie) ea jiioo ob brenb of onp rame raoaano 7 tnda gèqqml -.ef ; . , oiioix Jao elio'tâl ; .oqrvwSn ob Jgô-bïori obalideri usoaiO J — . î.qouoq oxfe'i.j 9b .wrtatei'tqAVa- ?,wèc«\jkO î'MGrtfîeJ'bb wsWoohftjrt fcrça-vxhoW) ans>-i ;> a au os a aaàiit) s J 89l ;oll.un )ao''9à)o'i.:;!lo7 ai aie m , /ao*r Jao woa irb titgvab o( jRaoaoq oxfo?. ob mioÛso (irifoiaS VeMOïi'ri'fi'oo -/.os;; -:çu‘ .-/b. à*l • i ï — s en,: a-jj-juj, s ; .1.9 aojlioq b;oa poqçjtfri . asrnidq ab oliis f m $jïoq uqioisb :s ?. flfroq oxoo ob -grioi :n MW-no : aitotV; Jib b vjr^ oqowa'l aJidBfi il — ..ailt'oio dopbd.o 'ïüa eossijo'ï serai/ iq ob o;i)ob onu i ? «oKd eï -uia s-râoo .sàrst](oe) k> aleuohJaaJqaa iaé (v ■;■!) 10 .M- -:V. v: b ' 0, -v. vo!\ ; ' 7 ’t K;0 A T ■? A .7 -Kff ifl&'kà. uo «»l • . irnrj J- ifnrjlq nos oJJwii. rr oqqorf i» e* li aobifoq ’ii/Qn é iMtl ob §a^j àâuti ][ r .»■<■-. : ; : ■ H . ■ > î ( fv - Il i- J ' | ü[ |- -n )■ ■ OH o!» ùfi/m»» ÏJilftin ei ojuo) em ! ► aurumqd Jeo Jo aqqwHr! Jffoe a-moh sifff a Jgiol -■ a < ( s ■ igeri. (ox ) àuo iJ )»i> -, V\ 0 Si 0 Y: O <1 *1 a u k a D aol iôdgaJqi J^iob ne •lOG'id fiion sblaq f.«ur ïfiq throj (jT»no las ooikim •;( ,aàmi;iq înoffiolôlqmôo YLO^U'ÆO^ YïtWWUNY yCoYvyft\W& vjVvvcàiu\*Y — XYXA'AWYA \ XW'YCAY.U'.YWAW V,Yto\.w\v\u cmVttV^'Y à gauche — A\NAU\\YA>\ C.ONY&Y^ V YwAm'vYu av Amv Y à l'roii". 409 FAMILLE DES COL YMBIDÉS. ailes sont aiguës ; la queue est arrondie. — Les Plongeons sont presque tous maritimes ; ils vivent de Poissons, de Mollusques, d’insectes et de plantes aquatiques. Ils émigrent annuellement. Le Plongeon Imbium ( Colymbus glacïalis, de Linné) , vulgairement dit grand Plongeon, habite le nord des deux continents , et est de passage en France. Sa taille est de deux pieds et demi; il a la tête et le cou noir bleuâtre, avec un collier formé de traits blancs -et de taches carrées blanches sur le dos et les scapulaires; le dessous du corps est blanc; la mandibule inférieure est sillonnée et un peu bombée. — L’Imbrim niche dans les îles solitaires, parmi les rochers; sa ponte est de deux œufs un peu allongés, de couleur fuligineuse verdâtre, mou- chetée de noir : leur grand axe est de quarante lignes , le petit axe de vingt-cinq lignes. Les habitants des régions polaires tannent la peau de l’Imbrim pour en faire des pelisses et des bonnets imperméables à l’humidité; ils se coiffent de la peau d’un Imbrim, et la placent de façon que la tête de l’Oiseau tombe sur leur front, et que leurs oreilles sont abritées par ses ailes. Ce capuchon d’un nouveau genre avait été remarqué par le poète Regnard , qui en a parlé dans son Voyage en Laponie. Le Plongeon cat-marin {Colymbus septentrionalis , de Linné) habite les mers arcti- ques, et paraît l’hiver sur nos côtes maritimes. Sa taille est de vingt-trois pouces; son plumage est brun en dessus, blanc en dessous ; la face et les côtés du cou sont cendrés, le devant du cou est roux ou blanc. — Il niche parmi les roseaux, et pond deux œufs d’un brun olivâtre, ponctué et tacheté de brun noir ; leur grand axe est de trente lignes, le petit axe de dix-neuf lignes. Genre GUILLEMOT ( Uria , de Brisson). Le bec est long, droit, convexe en dessus, anguleux en dessous, couvert à sa base de plumes veloutées, un peu courbé et échancré à l'extrémité de chaque mandibule; les narines sont ovales, à demi fermées par une membrane emplumée, et percées de part en part; les tarses sont courts, grêles, réticulés; les doigts sont complètement palmés, à ongles falciformes et pointus ; le pouce est nul ; les ailes sont étroites ; la queue est courte. Les Guillemets habitent les mers arctiques, et émigrent vers le sud en hiver, en voletant le long des côtes et rasant la surface des (lots; ils se nourrissent de Mollusques, d’insectes, de Crustacés et de petits Poissons. {Voyez la tête de page des Palmipèdes.) Le Guillemot Troïle ( Uria Troïle , de Latham; Colymbus Troïle , de Linné), vulgai- rement nommé grand Guillemot, Guillemot à capuchon, a quinze pouces et demi de longueur; le bec est plus long que la tête, et très-comprimé ; la tête et le cou sont bruns , le dos et les ailes noirâtres; le ventre est blanc, avec les flancs marqués de larges taches longitudinales noires; l’aile offre une ligne blanche, formée par les bouts des pennes secondaires. — Cette Espèce niche dans les mers du Nord et sur les côtes de la Manche; elle pond un seul œuf, très-grand, pyriforme, d’un gris verdâtre ou olivâtre, ou bleuâtre, tacheté et linéolé de cendré et de hrun; son grand axe est de trente-cinq lignes, le petit axe de vingt lignes. On recherche ces œufs en Angleterre pour faire des coquetiers avec la coquille. Le Guillemot arra ( Uria Drunnichii, de Sabine), vulgairement Guillemot gros bec, diffère du Troïle, avec lequel on l’a longtemps confondu, par sa taille un peu plus petite; son bec, de la longueur de la tête, dilaté à sa base, et ses flancs, d’un blanc pur, sans taches noires. — Il habite les mers glaciales et se montre accidentellement en Angleterre. Il niche dans les trous de rochers; son œuf est très-gros, d’un vert bleuâtre, tacheté et ponctué de brun noir; le grand axe est de trente-cinq lignes, le petit axe de vingt-deux lignes. Genre CÉRORIIYNQUE , Ceratorhyncha , de Ch. Bonaparte (xépaç, corne, puy y_oç, bec). Le bec est court, plus long que haut, très-lisse, recouvert à sa base d’une membrane calleuse surmontée d’un appendice semblable à une corne; les mandibules sont légèrement recourbées à leur pointe; les narines sont marginales, linéaires; les tarses sont écussonnés, les doigts complètement palmés, à ongles robustes; le pouce est nul ; les ailes sont suraiguës; la queue courte. Le Cérorhynque ogcidental {Ceratorhyncha occidentalis , de Ch. lion a parte ; Chime- 52 410 PALMIPÈDES BRAGHYPTÈRES. rina cornuta, d’Eschscholtz) est un Oiseau noir en dessus, blanc en dessous, à bec et tarses jaunes, portant deux touffes blanchâtres sur les oreilles. Il habite la côte nord-ouest de l’Amé- rique, et vit de petits Animaux marins qu’il saisit en plongeant. Céroroynquk occidental ( Ccrntorhyncha occident a(is). G k n r k GE PUE ( Ceplnts , de Cuvier). Le bec est plus court que la tête, conico-convexe , emplumé à sa base, courbé et pointu à son extrémité; les narines sont basales, amples et arrondies; les tarses courts et peu robustes; les doigts complètement palmés; le pouce est nul, les ailes pointues ; la queue arrondie. Le Cèphe nain ( Cephus Aile, de Lesson; Mergulus Aile, de Ch. Bonaparte; A Ica Aile , de Linné), vulgairement nommé petit Guillemot, Colombe du Groenland, habite toutes les côtes du cercle polaire. Sa taille est celle du Pigeon; le bec est de moitié plus court que la tête; le plumage est noir en dessus, blanc en dessous, avec un trait blanc sur l’aile; le bec est noir, et les pieds sont rouges. — Cette Espèce passe irrégulièrement sur le littoral de la France. Elle niche dans les trous des rochers, et pond un seul œuf gris, azuré, ou vert sale, tacheté de roussâtre, dont le grand axe est de vingt lignes, et le petit axe de treize lignes. Genre STARIQUE, Pliai eris , de Temminck («paX-zipo; , blanc d’écume). Ce Genre ne diffère du précédent que par le bec déprimé, dilaté sur les côtés, presque quadrangulaire , échancré à la pointe, à mandibule inférieure formant un angle saillant. Le Starique cristatelle (Phaleris cristatella, de Temminck) est une Espèce des îles Aleutiennes, à plumage noir en dessus, plombé en dessous, avec des plumes blanches effilées sur le front et les joues, des plumes noires recoquillées en lmppe sur le devant du crâne. \. v\mo\\YH ft\\N.a\\v,\¥AVY, i «a h V\w>o\)\^s c.omm\^ v \\e« \cmVa\ — 7>. CA\NJA\> A\ \^CA\AA \ k^AwioArçUs. YoAc\il I FAMILLE des ALCIDÉS [Genre A LC A , de Linné.) CARACTERE. — Bec très-court, comprimé , élevé verticalement, tranchant en dessus , anguleux en dessous; narines peu visibles, latérales; pieds très-déjetés en arrière; tarses courts, réticulés, écussonnés en avant et en bas; doigts antérieurs complètement palmés, le postérieur nul; ongles robustes; ailes minces et très-courtes ; queue très-courte. Les Alcidés habitent les mers du Nord; ils sont plongeurs et nageurs comme les Golym- bydé's. SYNOPSIS DES GENRES DE LA FAMILLE DES ALCIDÉS. Mandibules très-hautes Pingouin. Alca. Mandibules extrêmement hautes M a c a h e u x. Fratercula. Genre MACAREUX [Fratercula , de Brisson). Le bec est plus court que la tête, plus haut que long, extrêmement comprimé, arqué, à arête surmontant le niveau du crâne, sillonné de haut en bas, échancré à sa pointe, garni à sa base d’une peau plissée et calleuse; les ongles sont crochus; la queue est arrondie. Les Macareux ont les mêmes mœurs et le même régime que les Guillemots. [Voyez la planche du Plongeon Imbrimé) Le Macareux commun [Fratercula arctica, de Vieillot; Alca arctica, de Linné), vulgai- rement nommé Moine , Perroquet du Nord, est répandu dans les régions septentrionales des deux continents et sur les côtes nord-ouest de la France. Sa taille est celle d’un Pigeon (onze pouces) ; les parties supérieures et le collier sont noirs; les parties inférieures blanches; la commissure du bec présente une petite rosace orange. Cet Oiseau se reproduit sur les côtes de la Bretagne et de la Normandie; vers la moitié de mai, les Moines s’emparent, pour leur ponte, des trous de rocher et des terriers de Lapins, ou bien ils en creusent eux-mêmes dans le sable de très-profonds, où ils nichent les uns près des autres. La ponte est d’un seul œuf blanc un peu grisâtre, souvent très-sale, et couvert d’un enduit roussâtre; son grand axe est de vingt-quatre lignes, le petit axe de dix-huit lignes. Vers le milieu de juillet, les Moines quittent la terre pour retourner à la mer, qu’ils, n’ abandonnent plus. Leur cri est grave et fort; leur vol facile et assez élevé. Lë Macareux du Kamschatka [Fratercula cirrhata, de Vieillot; Alca cirrhata , de Gmelin), vulgairement nommé Mitchagatchi , est entièrement noir; les côtés de la tête et du cou sont blancs; une bande longitudinale jaunâtre part des sourcils et se dirigé vers la nuque. — Cet Oiseau habite le nord de l’Océan pacifique; il a les mœurs et le régime du Moine. Sa taille dépasse de quelques pouces celle de ce dernier. Genre PINGOUIN [Alca, de Linné). Le bec est un peu plus long que celui des Maca- reux, conico-convexe , terminé en pointe recourbée et aiguë; la mandibule supérieure est à moitié couverte de plumes, l’inférieure renflée en dessous, l’une et l’autre sillonnées de haut en bas; les ongles sont peu courbés'; la queue est pointue. Les Pingouins ont les mêmes mœurs et le même régime que les Macareux. Le Pingouin commun [Alca torda, de Lmné) est de la taille du Canard (quatorze pouces) ; son plumage est noir en dessus, blanc en dessous, avec une ligne blanche sur l’aile, et une ligne blanche, plus ou moins continue, du bec à l’œil; le bec est noir à l’extérieur, jaune orange à l’intérieur, avec trois rainures sur chaque mandibule; les ailes sont propres au vol, et aboutissent au croupion. — Cet Oiseau habite les mers glaciales, et passe sur les côtes mari- times du nord-ouest de la France. Il se reproduit en Normandie, et niche sur les îlots, dans PALM I PÈDES B H ACM APTÈRES. 412 les crevasses des rochers; sa ponte est d’un seul œuf, oblong, d’un blanc grisâtre, tacheté et ponctué de brun , avec quelques larges mouchetures noirâtres; son grand axe est de trente-deux lignes, le petit axe de vingt-deux lignes. Le Pingouin b a ac n y pt ère (Alca impennis, de Linné), vulgairement nommé grand Pin- gouin, est presque de la taille de l’Oie (deux pieds); le bec est plus long que la tète; la couleur du plumage est la même que dans l’Espèce précédente, mais le bec est tout noir, avec huit sil- lons sur la mandibule supérieure, et dix ou onze sur l’inférieure. — Le grand Pingouin habite les mers glaciales de l’hémisphère nord, et paraît accidentellement en France. Il niche dans les grandes crevasses des rochers; son œuf, le plus volumineux qui soit pondu en Europe, est très-pyriforme , d’un roux très-clair ou d’un gris isabelle, avec des taches, des raies et des zigzags d’un brun foncé; son grand axe est de cinq pouces, le petit axe de trois pouces. Ces œufs, à cause de leur rareté, sont extrêmement recherchés par les amateurs : un Anglais en a récemment acheté un, à Boulogne, au prix de 600 francs. Les Palmipèdes aquatiques dont nous venons de faire l’histoire , Macareux, Pingouins, Plongeons , Guillemots , sont une précieuse ressource pour les pauvres habitants des îles septentrionales de notre hémisphère, à végétation nulle ou presque nulle. Cesvanimaux se tiennent par millions sur les assises étagées des îlots, oh ils couvent leurs œufs et élèvent leurs petits, et qui s’élèvent de plus de douze cents pieds au-dessus de la mer. C’est là que l'Homme va les chercher : des chasseurs infatigables, montés sur un canot, longent les falaises verticales, et, au moyen d’un filet conique placé au bout d’une perche, ils attrapent en l’air les Oiseaux qui voltigent autour d’eux. Ceux-ci ne témoignent aucune crainte, comme si leur multiplicité, qui garantit la conservation de l’Espèce, était un motif de sécurité pour les Indi- vidus. D’autres insulaires, plus hardis, soulevés par une perche que poussent leurs compa- gnons, atteignent au premier étage de ces rochers; de là, ils jettent une corde à nœuds, le long de laquelle grimpent ceux qui leur ont aidé à monter. C’est ainsi que, d’étage en étage, ils parviennent au sommet de la falaise. Pour exploiter ensuite les cavernes et les corniches situées de tous côtés au-dessous d’eux , ils placent une poutre horizontalement sur le bord du rocher : à cette poutre est attaché un câble épais de deux pouces , et long de mille à douze cents pieds; à l’extrémité se trouve une planchette, sur laquelle s’assied le preneur d’Oiseaux, tenant à la main une ficelle qui lui sert à communiquer avec ses compagnons par des signaux convenus. Six hommes le descendent avec précaution le long des rocs à pic; arrivé à un enta- blement, il quitte son câble, et fait une ample tuerie d’Oiseaux, qu’il prend à la main, ou attrape avec son filet. Pour arriver aux entablements qui sont au niveau de celui qu’il occupe, il imprime à la corde un balancement qui le transporte à travers l’espace sur l’assise où il voulait butiner. La chasse terminée, ses compagnons le hissent au haut de la falaise. Cette chasse est pleine de périls : la corde risque d’être coupée en frottant contre des roches aiguës; une pierre détachée de la montagne peut écraser le preneur d’Oiseaux; les oscillations qu’il donne à son câble peuvent le lancer contre une saillie et le blesser grièvement; le moindre vertige peut lui faire perdre l’équilibre sur ces pierres glissantes, et il se brise sur les rochers ou se noie dans la mer; aussi l’habitant des îles Féroé qui part pour ces expéditions, prend-il solennellement congé de sa famille. Mais les catastrophes sont rares, et, dans ces âpres cli- mats, (pii semblent un domaine exclusivement réservé à des Animaux inférieurs, l’Homme sait encore faire prévaloir l’intelligence et le courage qui lui assurent partout la souveraineté de la Création. * ' J • , ’ • * . ’ ’l 1 1 ORDRE des COUREURS Ailes rudimentaires impropres au vol ; tarses robustes , propres à la course. L’Ordre des Coureurs constitue, avec celui des Inertes, la Division des Rudi- * pennes, qui est la seconde de la Classe des Oiseaux, et fait suite à celle des Ali- pennes, dont nous venons de terminer l’histoire. SYNOPSIS DES FAMILLES DE L’ORDRE DES COUREURS. Narines basales ; point de pouce = Section correspondant aux premiers Echas- siers. Ailes très-courtes et sans véri tables pennes S T RU T II ION I D ÉS. Ailes presque nulles CASOARIDÉS. Narines terminales. Un pouce = Section correspondant aux Scolopacidés APTÉRYGI DÉS. FAMILLE des STRUTHIONIDÉS {Genre ST RU TH 10 , de Linné.) CARACTÈRE. — Jambes incomplètement emplumées; tarses à deux ou trois doigts anté- rieurs libres, dirigés en avant et dépourvus de pouce ; ailes très-courtes et sans véritables pennes; plumes décomposées ; yeux grands , à paupières ciliées; bec court , déprimé hori- zontalement; narines placées vers le 'milieu du bec ; corps gros et massif. SYNOPSIS DES GENRES DE LA FAMILLE DES STRUTHIONIDÉS. Tarses à deux doigts Autruche. Struthio. Tarses rè trois doigts Nandou. Rhea. Genre AUTRUCHE {Struthio, de Linné). Le bec est droit, égal, à mandibule supé- rieure arrondie, onguiculée; l’inférieure peu résistante ; les narines sont oblongues, couvertes d’une membrane; la tête est chauve, calleuse en dessus et aplatie; la langue courte, charnue, un peu échancrée; les jambes sont robustes, en proportion de la faiblesse des ailes; les tarses terminés par deux doigts, dont l’externe a cinq phalanges et point d’ongle, et l’interne quatre phalanges avec un ongle large et obtus ; les ailes sont armées, au poignet, d’un double éperon, et garnies, ainsi que la queue, de plumes à barbes lâches et flottantes. L’Autruche d’Afrique {Struthio camelus, de Linné) n'a que deux doigts, dont l’exté- rieur est court et dépourvu d’ongle. C’est le plus grand de tous les Oiseaux : elle atteint sept et même huit pieds de hauteur. Le mâle est d’un beau noir mêlé de blanc, avec de grandes plumes blanches aux ailes et à la queue; chez la femelle, le noir est remplacé par du gris uniforme. C’est le mâle de cette Espèce qui fournit les belles plumes larges et ondoyantes dont les dames se servent pour leur parure. Ces plumes sont recherchées à cause de leur tige fine et de leurs 414 COll R E U RS. barbes, qui, quoique garnies de barbules, ne s’accrochent point ensemble, comme chez la plu- part des Oiseaux. — L’Autruche, célébré dès la plus haute antiquité, vit en troupes dans les déserts sablonneux de l’Afrique et de l’Arabie. Elle est herbivore, et sa voracité est excessive; son goût est si obtus, qu’elle avale indifféremment des cailloux, des morceaux de fer, de cuivre, de verre, des pièces de monnaie : de là l’erreur populaire qui attribue à cet Oiseau la faculté de digérer les métaux. Dans les régions intertropicales , l’Autruche ne couve pas ses œufs, elle se contente de les exposer dans le sable, à la chaleur du soleil ; mais en deçà et au delà des tropiques, l’incubation est régulière et constante. Dans la saison des amfs, plusieurs femelles se réunissent et pondent dans un trou commun, qui contient quelquefois jusqu’à soixante œufs ; chaque Autruche en pond une douzaine ; ces œufs pèsent environ trois livres. Les femelles couvent tour à tour pendant la journée, et la nuit c’est le mâle qui prend leur place , parce qu’alors il s’agit non pas seulement d’entretenir la chaleur , mais de défendre les œufs contre les attaques des Chats-Tigres et des Chacals. L’incubation dure trente-six à qua rante jours, et n’interrompt pas toujours la ponte; mais les œufs tardifs sont mis à part, et doivent servir de nourriture aux poussins qui sortiront de leur coquille. Les Autruches, que quelques naturalistes représentent comme des animaux stupides , sont très-vigilantes et très- rusées pour éviter la poursuite des chasseurs. Elles courent plus rapidement que le meilleur Cheval, et, tout en courant, elles lancent derrière elles des pierres avec une grande vigueur; mais l’industrie humaine sait rendre inutiles tous ces moyens de défense : des cavaliers, montés sur des chevaux bons coureurs, cernent les troupes d’ Autruches, resserrent peu à peu l’espace qu’elles occupent, se les renvoient les uns aux autres, et quand les pauvres Oiseaux tombent épuisés de fatigue , ils les assomment à coups de bâton. Genre NANDOU ( Rhea ; de Brisson). Le bec est droit, à mandibule supérieure un peu plus longue que l’inférieure, et surmontée d’une arête distincte par sa ligne médiane; les narines sont ovalaires et ouvertes; la langue est courte, charnue, elliptique; la tête et le cou emplumés; les jambes sont robustes; les tarses réticulés, terminés par trois doigts antérieurs, munis d’ongles comprimés et obtus; les ailes sont armées, au poignet, d’un petit éperon, et garnies de plumes molles; la queue est nulle. Le Nandou. d’Amérique ( Rhea americana, de Latham ; Struthio rhea, de Linné) est plus petit de moitié que l’Autruche. Son plumage est moins fourni ; il est grisâtre , plus brun sur le dos.; une ligne noirâtre descend le long de la nuque du mâle. La femelle, un peu plus petite que le mâle , n’a point de noir sur l’origine du cou. — Ces Oiseaux habitent les Pampas de l’Amérique méridionale , par troupes d’une trentaine d’in- dividus; ils se nourrissent de Graines et d’Herbes qu’ils coupent très-près de la racine ; ils ne boivent jamais. Leurs mœurs sont inoffensives; ils s’apprivoisent facile- ment, et deviennent très-familiers. La chair des jeunes Nandous est tendre et sapide. Les plumes des adultes sont employées à faire des panaches et des houssoirs. Quand ils sont pour- suivis, ils fuient comme les Autruches, en courant et étendant leurs ailes; ils sont très-bons nageurs , et traversent des rivières , lors même qu’on ne les poursuit pas. A l’époque des amours, les mâles poussent une sorte de cri ou de mugissement. Leur nid consiste en un creux large et peu profond qu’ils pratiquent en terre, et où ils pondent, à trois jours d’intervalle pour chacun, seize ou dix-sept œufs elliptiques, d’un blanc jaunâtre, à surface lisse, dont le grand axe est de cinq pouces et plus. Chaque nid en contient soixante-dix à quatre-vingts , parce que plusieurs mères se réunissent pour pondre dans un même nid. FAMILLE DES CA SGAR [DÉS. 415 FAMILLE des CASOAIUDÉS ( Genre CASUARIUS, de Brisson. ) CARACTÈRE. — Jambes incomplètement emplumées; tarses réticulés, à trois doigts, munis d’ongles solides et convexes, très-inégaux ; pouce nul; ailes totalement inutiles, même pour la course ; queue nulle. SYNOPSIS DES GENRES DE LA FAMILLE DES CASO ARIDES. Bec déprimé ; point de casque , plumes décomposées D rom é e. Dromaius. Bec comprimé ; un casque ; plumes décomposées, filiformes Gasoar. Casuarius. Genre CASOAR (Casuarius , de Brisson). Le bec est droit, caréné en dessus, fléchi à sa pointe, la mandibule supérieure un peu voûtée, à bords déprimés et entaillés vers le bout; l’inférieure un peu anguleuse en dessous, à l’extrémité; les narines sont arrondies, couvertes d’une membrane médiane; un casque osseux surmonte la tête; le cou et les joues sont nus, garnis de deux fanons charnus , pendants. C.vsoaB émf.l ( ('(/souvins rmnt >. Le Gasoar émeu ( Casuarius emeu, de Latham ; Struthio casuarius , de Linné) est le plus grand des Oiseaux après l’Autruche ; il habite l’Archipel des Indes : ses plumes sont pour la plu- part doubles ; chaque tuyau produit deux tiges ; ces plumes ont des barbes presque dépourvues de barbules, qui ressemblent de loin à des crins tombants. Les .ailes sont armées de cinq pennes, faibles et dénuées de barbes , qui ressemblent à des piquants , et sont pour l’Oiseau de vérita- bles armes; sa. tête ornée d’une proéminence osseuse, en forme de casque, est garnie, ainsi que le haut du cou, d’une peau nue, teinte en bleu céleste et en couleur de feu. 11 ne mange 416 COUREURS. pas de graines, et se nourrit de fruits, d’œufs, et même de petits animaux, qu’il avale sans les diviser. Il s’habitue à la domesticité, et alors il se contente de substances végétales. Les Casoars vivent par couples; leur cri est une sorte de grognement guttural. A l’époque des amours, ils creusent dans le sable un trou où ils déposent trois ou quatre œufs cendrés, ver- dâtres et tuberculeux vers le gros bout , plus allongés et plus minces que ceux de l’ Autruche. La femelle les abandonne, pendant le jour, à la chaleur du soleil , et ne couve que pendant la nuit. (1 e n a e DROMÉE, Dromaius , de Vieillot (SpEutu, courir). Ce Genre diffère du précédent par le bec déprimé , à mandibule supérieure légèrement voûtée , fortement carénée ; à mandi- bule inférieure plus courte que la supérieure , et dentelée sur ses bords. — La tête est sans casque, et garnie d’un petit bouquet de plumes crépues, les narines sont ovales, obliques, situées à la partie antérieure du bec; la face est dénudée autour de l’oreille et ne porte point de caroncules ; les ailes n’ont point de baguettes piquantes comme chez le Casoar. Le Dromée noir ( Dromaius ater, de Vieillot), vulgairement nommé le Casoar de la Nouvelle-Hollande , est brun comme l’Emeu, mais son plumage est plus fourni et ses plumes plus barbues; ses jambes et son cou plus longs. — Cet Oiseau habite la Nouvelle-Hollande; il vivait autrefois dans les forêts d’Eucalyptus ; mais les défrichements des colons l’ont repoussé au delà des Montagnes bleues. 11 court avec une vitesse supérieure à celle des Lévriers les plus agiles. Sa chair est, dit-on, sapide comme celle du Bœuf. ÉPI O RNIS. A la première section des Rudipennes paraît appartenir une Espèce à propor- tions colossales, dont on vient de découvrir, à Madagascar, des œufs et quelques ossements à l’état fossile. M. Isid. Geoffroy-Saint-Hilaire en a donné la description, et a désigné l’Animal sous le nom d’Épiornis; un des œufs n’a pas moins de trente et un pouces et demi de grande circonférence, son grand axe est de treize pouces, et le petit de huit pouces et demi; l’épais- seur de la coquille est d’une ligne environ, et sa capacité est presque de huit litres trois quarts, son volume dépasse celui de six œufs d’ Autruche réunis, et égale celui de cinquante mille œufs d’Oiseau-Mouche ; la grosseur de l’Épiornis, eu égard au volume comparatif de ses œufs et de ceux de l’Autruche, devait être six fois celle de ce dernier Animal; mais comme ses membres étaient proportionnellement plus courts, M. Isid. Geoffroy pense que sa taille était comprise entre neuf et douze pieds. D’après l’examen des pièces osseuses, le savant professeur a établi quel’Épiornis est le type d’un nouveau Genre, à classer dans les Divisions des Oiseaux rudipennes; l’absence de serres et d’ailes propres au vol porte à conclure que son régime est purement végétal, et comme il a été découvert au sein d’alluvions modernes, on peut présu- mer qu’il a dû vivre dans des temps peu éloignés de nous, que peut-être même il n’est pas encore entièrement disparu de la surface du globe. FAMILLE des APTÉRYGIDÉS Genre unique APTÉRYX {Aptéryx, de Shaw). Le bec est très-long, grêle, droit, mou, sillonné de chaque côté par une rainure tubuleuse, renflé et recourbé à sa pointe, près de laquelle sont percées les narines en forme de trou; la base du bec est couverte d’une cire gar- nie de poils. Les ailes sont presque nulles, à peine longues de dix-huit lignes, et terminées en moignon , muni d’un ongle fort et arqué ; les tarses sont robustes , courts , écussonnés en avant , terminés par quatre doigts vigoureux , entièrement libres , et munis d’ongles acérés et droits; le pouce est court et ne porte pas à terre; la queue est nulle. L’Aptéryx austral {Aptéryx australis , de Shaw) , Espèce unique du Genre, se lie par son bec à la Section des Échassiers dont la Bécasse est le type, et par ses pieds aux vrais Gai- CASOWv \A. VA ^OV.N VAiViY, UOUA^M. \\»wimvto^wr UcA\cmV\ot \ 417 FAMILLE DES APTÉRYGIDÉS. linacés. Sa taille est celle d’une Poule; son plumage est brun ferrugineux, décomposé, et tom- bant comme celui du Dromée de la Nouvelle-Hollande. — Cet Oiseau, d’une conformation mixte si singulière , habite la Nouvelle-Zélande, où on le nomme Kiwi. 11 se tient dans les forêts les plus sombres, reste caché tout le jour sous des touffes deCypéracées marécageuses, ou se blottit dans les interstices des racines d’un Métrosideros , où il construit un nid grossier qui contient un seul œuf, gros comme celui du canard. La nuit venue, il sort de son gîte, et se met en quête de sa nourriture, consistant en Vermisseaux qu’il attrape en grattant le sol, et en enfonçant son bec dans les terrains humides. Cet Oiseau vit presque toujours par paires ; son cri, pendant la nuit, ressemble à un fort coup de sifflet, et c’est en imitant ce cri que les naturels parviennent à l’attirer : ils le prennent, soit en l’éblouissant par une flamme qu’ils font briller subitement devant lui, soit en lâchant des chiens après lui; le Kiwi, poursuivi par eux, fuit avec une vitesse incroyable, malgré la brièveté de ses jambes, et, quand il est atteint , il se défend avec ses tarses armés d’ongles robustes. Les indigènes mangent sa chair, et emploient ses plumes à l’ornement de leurs nattes, en les cousant sur des tissus du Phor- mium ténace, ou Lin de la Nouvelle-Zélande. Aptéryx austral ( Aptéryx australis ) . à 3 ORDRE des INERTES ( Correspondant aux Gallinacés.) FAMILLE UNIQUE -les DIDIDÉS Genre unique DRONTE, Didus , de Linné ( Didus , traduction latine du mot hollandais Dod-aers , Oiseau somnolent). Le Dronte inepte ( Didus ineptus , de Linné) , nommé aussi Dodo, Cygne à capuchon, est un Oiseau auquel Linné assigne les caractères suivants : bec étranglé dans son milieu, à mandibules infléchies ; narines obliques, médianes, voisines du bord des mandibules, face dénu- dée jusqu’au delà des yeux; pieds courts, épais, à quatre doigts libres; ailes impropres au vol; queue nulle; plumage noir, nué de blanc. — Le Dronte existait jadis dans les lies de France et de Bourbon, et en a disparu complètement vers la fin du dix-septième siècle, victime de la cruauté inutile des matelots et des colons; peut-être existe-t-il encore dans les régions inexplo- rées de Madagascar. 11 n’est aujourd’hui connu que par un tableau à l’huile que l’on conserve au Muséum britannique, et par les descriptions des voyageurs, dont nous allons mentionner la moins incomplète. « L’Ile de France, dit Herbert, nourrit un grand nombre d’Oiseaux, parmi lesquels il faut compter le Dodo, qui se trouve aussi à l’ile Rodriguez, mais n’a été vu, que je sache, en aucun autre lieu du monde; on lui a donné le nom de Dodo , en raison de sa stupidité, et, s’il eût vécu en Arabie, on aurait pu tout aussi bien lui donner celui de Phénix, tant sa figure est rare; son corps est tout rond, si gras et si gros, que d’ordinaire il ne pèse pas moins de cinquante livres; s’il n’est pas agréable à la vue, il l’est encore moins au goût, et sa chair, quoique ne rebutant pas certains appétits voraces, est un aliment mauvais et répugnant. La physionomie du Dronte porte l’empreinte d’une tristesse profonde, comme s’il sentait l’injustice que lui a faite la nature en lui donnant, avec un corps aussi pesant, des ailes tellement petites, qu’elles ne peuvent le soutenir en l’air, et servent seulement à faire voir qu’il est Oiseau , ce dont, sans cela, on serait disposé à douter. « Sa tête est en partie coiffée d’un capuchon de duvet noir, et en partie nue, c’est-à-dire couverte d’une peau blanchâtre presque transparente. Son bec est fortement recourbé et incliné par rapport au front; les narines sont situées à peu près vers le milieu de la longueur du bec, 419 FAMILLE DES APTE NI DÉS. qui, à partir de ce point jusqu’à l’extrémité, est d’un vert clair, mêlé de jaune pâle. Tout le corps est couvert d’un duvet très-fin; la queue est ébouriffée comme une barbe de Chinois, et formée de trois ou quatre plumes assez courtes; les jambes sont fortes, épaisses et de couleur noire; les ongles sont aigus. » Cet Oiseau , incapable de voler et de fuir, d’attaquer et de se défendre , a été placé par les auteurs dans des Ordres bien différents; Latham le regardait comme une Autruche, Cuvier le rangeait parmi les Gallinacés, et Blain ville parmi les Vautours. M. fsid. Geoffroy, tout en admettant les analogies indiquées par Cuvier et par Latham, a fait de cet Oiseau le type d’un Ordre particulier. ORDRE des IMPENNES ou MANCHOTS {Correspondant aux Palmipèdes.) Cet Ordre, qui constitue la troisième et dernière Division de la Classe des Oiseaux, ne se compose que d’une seule Famille. FAMILLE des APTÉNIDÉS ( Genre APTENODYTES, de Forster.) CARACTÈRE. — Bec robuste, comprimé, convexe en dessus, dilaté et renflé à lu base de la mâchoire inférieure; ailes minimes, réduites à des moignons aplatis en forme de nageoires , et couvertes de plumes lisses presque semblables à des écailles ; tarses très- déjetés en arrière, très-courts, très-gros, réticulés, à trois doigts antérieurs réunis par une courte membrane, et à pouce très-petit, dirigé en dedans. Ces Oiseaux, communément nommés Manchots, sont, comme l’a dit Buffon, les moins Oiseaux parmi les Oiseaux; ils vivent dans les mers antarctiques, et 11e viennent à terre que pour la ponte et l’incubation. Leurs pieds courts sont implantés si loin en arrière qu’ils ne peuvent se soutenir à terre, même dans une position verticale, qu’en s’appuyant sur le tarse, qui du reste est élargi comme la plante du pied d’un Quadrupède. Aussi ne peuvent-ils pro- gresser sur le sol qu’en faisant presque un quart de conversion. Mais leur organisation tout aquatique compense ces imperfections; ils nagent avec une merveilleuse agilité, et alors tout leur corps est submergé, et la tête seule apparaît à la surface de l’eau; ils plongent à de grandes profondeurs et peuvent rester longtemps sous l’eau. Ils sont piscivores; leur chair est comestible, mais d’un goût peu agréable. Ils creusent, dans le sable des dunes, de profonds terriers, où la femelle pond un ou deux œufs. SYNOPSIS DES GENRES DE LA FAMILLE DES APTÉNIDÉS. Bec comprimé , fort , à sillon peu marqué Sphénisque profondément sillonné Gorfou. Bec grêle , long , pointu M a n c h 0 t. Spheniscus . Cataractes. 1 plenodmes. 420 IM PENNE S. Genre SPHÉNISQUE, Spheniscusi de Brisson (to^v, coin). Le bec est irrégulièrement sillonné à sa base ; le bout de la mandibule supérieure est crochu , celui de l’infé- rieure tronqué; les narines sont médianes et découver- tes. Le Sphénisque du cap sphénisqi'e. ( Spheniscus demersus , de Temminck; Aptcnodytes de- mersa, de Gmelin) est noir en dessus, blanc en dessous; le bec est brun, avec une bande blanche au milieu; la gorge est noire, ainsi qu’une ligne dessinée sur la poitrine, et se conti- nuant le long de chaque flanc. — Il habite le cap et les îles Malouines. Genre GORFOU, Cataractes, de Brisson (xarapolxTr)?, qui tombe de haut). Le bec est fort, peu comprimé, pointu', à dos arrondi, à pointe un peu crochue; le sillon nasal s’arrête au tiers du bec; la mandibule inférieure est plus courte, et pointue au sommet. ( Voyez la tête de page des Palmipèdes.) Le Gorfou sauteur ( Cataractes chrysocoma, de Vieillot; Aptenodytes chrysocoma, de Gmelin) est de la taille du Canard; brun en dessus, blanc en dessous; il porte sur la tête une touffe de plumes dorées. — Cet Oiseau habite toutes les mers antarctiques; il s’élance hors de l’eau à quatre ou cinq pieds de hauteur, et après avoir décrit un arc de cercle, il tombe sur sa proie. Genre MANCHOT, Aptcnodytes, de Forster ( dnrrV , sans ailes ) . La mandibule supé- rieure est couverte de plumes jusqu’au tiers de sa longueur, où s’ouvrent les narines, et d’où part de chaque côté un sillon qui s’étend jusqu’à l’extrémité du bec. (Voyez la planche des Pingouins .) Le Manchot de Patagonie (Aptenodytes pataclionica , de Gmelin), vulgairement nommé grand Manchot , a la taille d’une Oie; il est d’un gris ardoisé en dessus, blanc satiné en dessous, avec un masque noir entouré d’une cravate citron. — Cette Espèce habite les mers du détroit de Magellan, des îles Malouines et de la Nouvelle-Guinée. Elle y vit en troupes nom- breuses dont le chiffre pourtant a été exagéré par les voyageurs. Les Manchots, lorsqu’ils sont à terre, se tiennent rangés en bataille, et se laissent approcher sans témoigner de défiance; ils regardent l’étranger en penchant la tête sur un côté, puis sur l’autre, comme pour se moquer de lui, et ils ne fuient que quand il est à cinq ou six pas. S’ils sont surpris et attaqués, ils s’élancent contre l’assaillant, et lui pincent les jambes de leurs mandibules assez vigoureuse- ment pour emporter la chair, si la jambe est nue. Leur cri ressemble au braire de l’âne, et le navigateur, stationnant devant les côtes désolées de la Terre-de-Feu , qui entend à distance ce cri répété par des milliers de Manchots, et mêlé au murmure des vagues, croit entendre de loin, dans le silence de la nuit , la clameur confuse qui s’élève du sein des villes populeuses. FIN. I N D E X AcanthyUs.. 156-165 Accenteur 237-245-258 Accipiter . . . . 4-34 Accipitrcs xxii Id I Agachette 213 Agami 346 Aigle. 4-40 Aigle à tête blan- che 47 Aigle-Autour . . 4-37 Aigle destruc- teur 39 Aigle impérial. . 42 Aigle malais... 38 Aigle-nonnette.. 21 Aigle royal 40 Aile aiguë ix Aile obtuse .... ix-x Ailes. . . < v-ix Aile sub-aiguë. . ix Aile sub-obtuse. x Aile sur-aiguë. . ix Aile sur- obtuse. x Aire opaque . . . xvn Aire trausparnte xvn Alauda xxvii Id 298 Alaudidés 155 Alaudiens 298 Albatros 387 Albatrosse.. . xxxvii Albumen xiv Albumen con- densé XVI Albumine. .... xv Alca xxxvi Alca 411 Alcédinidés. 139-145 Alcedo . . . XXIX Id Alcémérops. 144-145 Alcidés. . . . 384-41 1 Alecto 280-282 Aleclor . . XXXI Id . ... 331 Alimoche. . . . 62 Alipennes. . IX- XXXIXXL Allantoïde . . . . XIX Aloue... . . ... 298 Alouette . . . Id . ... 298 Alouette de mer. 365 Amazone . . . ... 103 Améthyste. 177 Amnios. . . . Ampéliens.. 209-228 Ampelis. . . Id 229-232 Amphidactvles .. 90-302 Anabate . 194-195 Anas . XXXVIII Id 396-401 Anastomus . . XXXIV Id , 355-357 Anatidés . . . . 384-396 Anatiens. . . .... 396 Anatomie. . Anhinga . . » XXXVIIJ Id .... 393 Ani Id .... 113 Anodorhynque. 93-97 Anseres Anthropoïde... 347 Anthus . . . . 237-265 Apténidés . 419 Aptenodytes. xxxvii Id 419-420 Aptérygidés. 413-416 Aptéryx 416 Aquila 4-40 À ra 93 Aracanga. . . ... 94 Aracari 110-111 Arachnothère . . 183-184 Aramus. . . . 347-350 Ara rauna . . . . . 94 Archibuse. . . .. 4-29 Ardea Id 351-352 Ardéiens. . . 347-351 Ardéidés. . . 338-347 Ardéole 351-353 Arenaria . . . 360-365 Argus 325-327 Ariel ... 111 Arlequin. . . 368-404 Arrian . . . 60 Artamie . . . 209-210 Ascalaphie . . . 72-80 Asio ... 80 Astrapie . . . 196-197 Astur . . . 4-32 Athene . . . . . . 72-74 Attagidés . . 305-316 Attagiens. . . ... 316 Attagis 316 Augures. . . Aura Auspices. . . Autour . . . . . . 4-32 Autruche. . . Id 413 Avant-bras. . . . . V fin Averano. . . . 229-233 Avocette . . . . XXXV Id ... 371 Avocettidés. 370-37 1 Avocettine .. 175-176 Bacbackiri . . ... 214 Bacha . . . 28 Balbusard. . • • ■ 4-20 Balearica . . ... 348 Baléniceps. . .. 354 Baltimore.. . ... 277 Barbacou. . . 124-127 Barbican. . . 124127 Barbu Id 124-126 Barge 360-364 Barita 209-210 Bartavelle.. ... 320 Bassin fig Bateleur . . . . . . 50 Bec fin Bécarde 209-210 Bécasse .... Id Bécasseau. . ... 365 Bécassine.. . 360-361 Bec-croisé. . . . XXVII Id 280-297 Bec-en-ciseaux. . . XXXVII Bec-figue.. . 235-266 Bec-fin .... Becs-fins . . ... 209 Bec-ouvert . ... xxxiv-355-357 Béja-flor . . . ... 177 Bem te veo . . . 233 Bengali. . . . . ... 293 Bergeronnette. . 237-264 Bernache. . . 396-399 Béthvle. . . . 209-210 Bihoreau . . . 351-353 Biset . .. 307 Blac . .. 19 Blagre . . . 49 Blanc-collet. . .. 342 Blanc de l’œuf. . xiv Blanchard . . . . . 38 Blary Blongios . .. 353 Blowatu. . . . . .. 76 Bombvcilla.. 229-231 Bondrée. . . . ... 4-29 Boubie . 395 Bougron . . 292 Bouscarle. . . . . 252 Bout-de-petu n. . 114 Bouvreuil . . 280-296 Brachvptères . XXXVI 1(1 384-406 Bras v fin vi Bréchet v fin vi Brève 209-215 Brévipennes . xxxii Briseur d’os 385 Bronches ( fig .). xm Bruant xxvii Id 280-282 Bruant-Montain. 286 Brunet 247-278 Brouette 365 Bru ver 25 Bub'o 77 Bucco xxx Id 126 54 422 INDEX. Bucconiens. 112-124 Bucéridés 139 Buceros ...... xxix Buceros 140 Bucorve 140-141 Budytes. . . . 23 '-26 4 Buphaga xxvn Id..... 274 Bnphagiens .... 274 Burhin 341-344 Busard ... 4-30 Buse 4-24 Buse patine ... 29 Buseray 27 Buteo." 4-24 Butor 353 Cabaret 292 Cabezon élégant 126 Cabouré.. .... 75 Caca tua 104 Cœreba J 83-184 Cafre 44-50 Caïca 103 Caille 318-322 Calamodyta 252 Calamoherpe. . . 250 Calandre 300 Calandrelle .... 300 Calao xxix Id. 140 Calice xiv Calidris 360-364 Calliope... 240-243 Calœnas . . . 306-311 Calong .. 82 Calybé 196-198 Calyptomène. . . 132-154 vieilli jj\ îupicrc . . ........ 175-177 Canard xxxviu Id 396-401 Canari 292 Cancroma xxxiv Id 351-373 Canepetière 339 Cannabina 290 Caparacoch .... 72 Cap-more 282 Gapocier 256 Caprimulgiens .. 168 Càprimulgidés.. 153-168 Gaprimulgus.. xxvn Id 168 Caracara 54 Carbo 393-395 Cardinal . . . 292-294 Cardinale 97 Carduelis 289 Cariama xxxm Id 343 Carouge . . . 276-277 Carpe v fifl vi Casoar xxxm Id 413 Casoar de la Nou- velle-Hollande 416 Casoaridés.. 413-413 Casse-noisette. 1.33 Casse-noix.. 201-208 Casseur d’escar- gots 117 Cassican... 209-210 Classique xxvm Id 276-279 Casuarius xxxm Casuarius 415 Cataractes.. 419-420 Catharte 57-63 Cathartoïde 53 Cat-marin 409 Catoptrophore. . Catraca 331 Caurale 351 Céblépyris.. 229-231 Centropus . 115 Cépbaloptère . . . 229 Cèphe 407-410 Céréopsis . . 396-400 Cerorhynchus . . .... .... 407-409 Cérorhvnque 407-409 Certhia xxvm Id 183-187 Certhidés . . 155-182 Certhilauda. 298-301 Cerveau xm Cettie 239-251 Ceyx xxix Id 146-147 Chaïa 373 Chalazes xv Chalybœus. 196-198 Chambre à air. . xvi Chant xm Charadridés. 338-341 Cbaradriens 341 Cbaradrius.. . xxxm Id 341 Charbonnière . . 269-270 Chardonneret . . 289 Ghasmarhynchos ‘. . 229-233 Chasse à l’oiseau 9 Chat-huant . . . 72-82 Chaugoun 61 Ghauna. 375 Chenalopex. 396-399 Chevalier . . 360-368 Chevêche 72-74 Ghevéchette 75 Chicquera 16 Chimachima ... 35 Cbimanzo 55 Ch incou 61 Chioniens 316 Cbionis . ... xxxvi Id 316-317 Chocard xxvi Id 201-207 Choucalcyon 146-148 Choucari 199 Choucas.... 206-207 Ciccaba 72-81 Cicinnurus. 196-197 Ciconia xxxiv Id 355-356 Ciconiens... 347-335 Cigogne xxxiv Cigogne . . . 335-356 Cigogne à sac. . 357 Cimbirrhynque. 131-152 Cincle xxv Id 216-217 Circaète 4-36 Circulation ni Cirons 4-30 Cisticole. . . 239-233 Classification . . xxn Classification de Cuvier xxm Classification d’1- sid. Geoffroy . xl Classification de Linné. .. . Clavicules (fig.) v fig VI Cloaque fig- •••••• Coccothraustes.. 280-295 Coccyx (fi g.) V Coehcvis ... 299 Cocorli ... 360-365 Cocotzin . ... 311 Cæcum (fig.) ... XI Coiffe (fig.). Col (fig.)... Colapte 128-134 Colenicui . . . ... 321 Colibri . XXVIII Id 175-176 Colidés 155-274 Coliens ... 274 Colin 318-321 C.olion Id ... 274 Colins id Colombar. . . ... 311 Colombaude. ... 245 Colombe.... . . . 306 Colombidés . ... 305 Colombiens. . .. 306 Golombi-Galline 306-311 Colombi-Hocco.. 312 Columba Colornbin . . . Colvmbidés. 384-406 Combattant. 360-366 Colvmbus . . 407-408 Id . XXXVI Conirostres. 155-269 Id Conduit auditif., xn Condor 57-63 Coq ajamalas. . . 329 Coq de Bantam. 329 Coq 323-328 Conurus 93 Conque xn Coq de Bouleaux 324 Coq de bruyère. 323-324 Coq de roche.. . 153 Coq de Sonnerat 328 Coq huppé 329 Coquille... xiv-xvi Coracias xxvm Id 19.9-200 Coraciens.. 196-199 Coracine . .... 229 Coragyps 57-66 Corapica 199 Corbeau xxvm Id 201-203 Corbine 204 Cormoran . . 393-395 Cornée opaque., xm Cornée transpa- rente XII Corneille 204 Cornouaille . . . 204 Corvidés... 155-196 Gorviens... 196-201 Corvus xxvm Id 201-203 Corydon ... 1.31-152 Corithaix xxxi Id 302 Coryt.hus.... xxvu Id 280 296 Côtes v Cotinga ... xxv Id. 229-232 Cotnrnix... 318-322 Coua. 113-117 Coucal 113-115 Coucou........ xxx Id 113-118 Coupeur d’eau. . 392 Coureurs 413 Courlan.. . . 347-330 Courliri 350 Courlis 359 Courol 113-113 Couroucou .... xxx Id 124 Court-vite . . . xxxm Id 341 Couturière 254 Couvertures. . . xi fig VIII Coyolcos 322 Crabier 333 Crâne (fig.) v Crapaud- volant. 169 Craupêcherol. . . 21 Grave 201-207 Cravuppe... 189-190 Crax....... 325-331 Crécerelle 15 Crécerine 16 Crex 376-377 Criard 121 Criquart 402 Crik.. 105 Cristallin. ..... xu Crotophaga . . . . xxx Id 113 Cryptonyx.. 325-335 Cubitus v fig-, vi Cuculidés . . . 90-112 Cuculiens . . 112-113 Cuculus. . . . Id 113 118 Cultrirostres XXXIII Id 155-194 Cuntur ... 63 Cujelier ... 300 Cultride . . 114-115 Cursorius . . . .... 341 Cygne ... 396 Cvgne a capu- clion ... 418 Cygnus Cymindis. . . . . . 4-36 Cvnniris. . . . Cvpséliens.. 156-165 Cypselus. . . 156-165 Dacelo 146-147 Dæodactvles (É- chas si ers). . .. 338 Dæodactvles(Pas- sereaux) . . , 90-155 Damier . . . 385 Dasyptile 93-104 Denàoiselle. . Dendrocolaptes. 188 Dendrocitte. 201-203 Dentirostres. . . X Id 155-209 Dérotvpe. . . 93-104 Dicée 183-184 Didus. 418 Dicœum 183-184 Dididés. 418 Dindon xxxi Id 325-333 Diomedea... xxxvii Id 387 Diomédéens. 384-387 Disque prolifère xv Dodo 418 Doigt extni'(/2ÿ.) v fig.-. viii Doigt intne (/?<7-) v fig vin Doigt médn(/î<7.) v fig viii Doigts v fig vi Docimastre. 175-177 Dos (fig.) viii Draine 220 Dridric 122 Dromaius.. 415-416 Dromas xxxiv Id 355-357 Drôme xxxiv Id 355-357 Dromée 415-416 Drongo xxv Id 229-230 Dronte 418 Duc 72-77 Duodénum [fig.) xi Dur-bec xxvii Id 280-296 Échasse 370 Echassiers XXIII-XXXII Id 337 Échelette 186 Ëcbenilleur. 229-231 Ëcorcheur 214 Ëcouvette 31 Ëdicnème.. 341-344 Ëdolius xxv Id 229-230 Édredon. xxi Id 405 Effarvatte 250 Effraye 72-86 Eider 396-404 Elane 4-19 Emberiza xxvn Id 280-282 Ëmerillon 14 Emeu 415 Ëmouchet 15 Engoulevent., xxvn Id 168 Énicognathe. . 93-98 Énicure 209-215 Ëpeiche 131 Ëpeichette 132 Ëperonnier. 325-333 Ëpervier 4-34 Ëpervier à pou- les 8 Ëpervier chan- teur 36 Éphialte ..... 72-82 Ëpimaque 196 Ëpiornis 416 Eriope..... 175-176 Erolie 359-360 Erolle 151-152 Espion ........ 223 Estrilda 293 Étourneau... xxvm Id............ 275 INDEX. Eudromie: 314 Eulabes xxv Euphone... 267-268 Euphocomus 323-330 Eurycère . . . . . . 141 Eiirycéridés. 139-141 Eurylaime xxvi Id 131 Eurylamidés 139-131 Eurypiga 331 Eurystomus. 199-200 Faisan xxxii Id 323-326 Faisan doré 327 Falcirostre 188 Falcinelle.. 196-197 Falco xxiv Id 4 Falconidés 2 Falconelle.. 209-212 Falconiens 2 Falconiens acu- lipennes 3 Falconiens obtu- sipennes 2 Falculie 190 Falcunculus. 209-212 Farlouse... 237-263 Faucon xxiv Id 4 Faucon hagard.. 8 Fauconnerie ... 5 Faucon niais. . . 8 Faucon sors... 8 Fauvette 237-239-243 Fémur v fiff vi Fenêtre ronde. . xu Fiscal 214 Fissirostres. . . xxvi Id 133 Fitis 248 Flammant . . . xxxvi Id 372 Flanc (fin.).... vm Foie ( fig .) xi Fosses nasales (fia-) v Fou 393-395 Fouîque. . . . Id ... 381 Fourchette. . fia Fourmillier. . . . XXV Id........ 209-216 Fournier.. . 183-185 Francolin.. . ... 321 Fratercula. . ... 411 F régi lupus . 189-190 Fregilus . . . 201-207 Freux ...... Frégate 393-395 Frésaie ... 86 Friant ... 290 Fringilla. . . Id 280-286-287 Fringillidés .... 155 Fringilliens. . ... 280 Friquet .. 286 Fulica . . XXXV Id Fuliciens. . . 375-381 Fuligule . . . 396-403 Fulmar ... 383 Fumarius. . 183-185 Gabar . . . . 35 Guillemot . . 407-409 Galbula. . . . . . XXIX Galbula ... 137 Galbulidés. . 90-137 Gallinacés . . . . XXXI Id ... 304 Gallinæ Gallinago . . 360-361 Gallinazo . . . ... 66 Gallinule. . . 376-379 Gamba . .. 320 Gambette. . . ... 368 Ganga 318-323 Garrot 396-404 Garrulus. . . 201-207 Garzette ... 352 Gavia 388-389 Geai 201-207 Gélinotte .. .. 323 Gerfauts. . . . 5 Gésier fia Giarole. . . . . . XXXVI Id . . 373 Glottes (fin.) . . . XIII Glandes salivai- res Glareola . XXXVI Id.. ... 373 Glaréolidés . ... 373 Glaucope . . . ... 201 Glaucopis. . ... 201 Gobe-mouches., xxv Id........ 229-234 Goéland . . . XXXVII Id 388-389 Gorfou 419-420 Gorge (fig.). . . . VIII Gorge-bleue. 240-243 Gorlieu. . . . ... 360 Goulin . . XXVI Id 216-227 Goût Gracula . . xxvi Id 216-224 Grallæ Grallaria . . . . . 216 Grallipèdes. 305-317 Gralline 216-226 Grand-Duc . . .. 77 Grande -Aigrette 332 Graucalus 199 Gravelote 342 Grèbe 407 Grébifoulque. . . 407 Grenat 178 Grenouillard ... 31 Gris-faigean 344 Griffart 44 Griffon xxiv Id 39 Grimpereau 183-187 Grimpereau., xxvm Grimpeurs.... xxix Id 89 Grive 219 Grivrou 222 Gros-bec... 280-293 Gros-bec d'Ar- dennes...... 288 Gros intestin. . . (fia-) xi Grous 324 Grue xxxiv Id. 347-349 Grue couronnée. 348 Gruiens 347 Gros xxxiv Id 347-349 Grvpe 173-176 Gryphus 37-63 Guacharo. . 168-171 Guano xu Guaruba 97 Guêpier . xxix Id 144 Guifette.... 388-391 Guignard 342 Guignette 369 Gu ira 113-117 Guitguit... 183-184 Gvmnocephale. . " 229-230 Gymnodère. 229-233 Gvmnops xxvi Id 216-227 Gypaète 37 Gypaetos . . . . xxiv Gypohieraciens 2-52 Gypohiérax . . . . 52 Hœmatopus.. xxxm Id 345 Halodrome . 384-386 Hanches Harelda . . . . .. 404 Harfang. . . . .. 73 Harle XXXVIII Id 396-406 Harpage . . . . .. 4-21 Harpaye.. . .. 31 Harpie . . . 4-39 Hausse-col . . .. 299 Héliomastre. 175-176 Héliorne . .. 407 Héliorniens. . .. 407 lleliornis . . . . .. 407 Héliotrix . . . 175-176 Hélotarse. . . . . 4-50 Hématopidés 338-345 Hemipodius . . XXXII Id Héorotaire. . 183-18.3 Hérodactyles . .. 338 Héron XXXIV Id 351-332 Herpéthothère. . 4-32 Hibou. id.. . 72-83 Hibou lacté . . . 82 Hiero-falco. . 5 Himantopidés . . 338-370 Himantopus. ... 370 Hirondelle. . . . XXVI Id ... 156 Hirondelle - de- mer XXXVII id . .. 390 Hirondinidés . .. 155 Hirondiniens . . . 156 Hirundo Id Hoazin . . . . . ... 312 Hobereau . . ... 13 Hobereau des Pi- geons. . . . . . . 19 Hobereau - Moi - neau . . . 16 Hocco 325-331 Hochequeue. ... 261 Hoplopterus. ... 342 Hornéro. . . . ... 180 Houbara . . . 339-340 Houliou ... 116 Honppifère. 325-330 Houri ... 98 Hiihiil . . . 81 Huitrier. . . . XXXIII Id ... 345 Hulotte .. . 83 Humérus . . . V fia . . VI Huppart ... 38 Huppe . . . 189 Huppe-col. . . . . . 177 Hypolaïs — ... 250 Ibidiens 358-359 îbiiau 168-17! Ibis .. 359 lbvctère . . . . . 54-56 Icterus . . . 276 Imbrim ... 409 Impennes. . . IXXXXlX-XL Id ... 419 Incubation . . Incubation arti- tlcielle . . . ... 330 Indicateur. . 113-122 Inertes ... 418 Intestin grêle. . . •fia ■)■■■ ■ Introduction . . . I Iris. . Jabiru Id 355-357 Jabot Jacamar . . . . Id ... 137 Jacamar-Alcyon. 137-138 Jacamérops . 137-138 Jacana . . XXXV Id ... 375 Jackal . . . 27 Jaco ... 101 Jacquet ... 363 Jaseur 2^9-231 Jaune de l’œuf., xiv Jean-Frédric . .. 224 Jean-le-blanc . .. 37 Jupuba Kakatoe 93-104 Kamichi . XXXV Id . .. 374 Ketupa... . . . . 82 Kètupu Kitte . 199 Kobez . .. 14 Labbe . 388 Lagopède . . 318-324 Lagopus . . . 318-324 Laimodon. . . ... 127 Lait de poule . . . XV Lamellirostres XXXVIII Lamellirostres (Échassiers). . 370-372 Lamellirostres (Palmipèdes). 304-396 Langrayen.. 209-210 Langue xu fig xiii Laniens 209 Lanier 7 Lanius xxv Id 209-212 Laridés ... 384-3S8 Larus xxxvn Id 388-389 Larynx xiii Latirostres . 139-151 Lavandière. 237-261 423 Leptopilos. . 355-337 Leptorhynque . •371-372 Leptosomus. ... 115 Lestris Licmétide. . 93-106 Licmetis. . . . ... 106 Limaçon . . . . . . XII Limosa .... 360-364 Linaria ... 292 Linot ... 291 Linotte ... 290 Litorne ... 221 Lobipède. . 360-367 Lobes optiques, xm Lobipes. . . . 360-367 Locustelle . 239-252 Longipennes XXXVII Id Longirostres . . XXXV Id 139-338-347 Lophophore. 330-325 Lophyre . . 306-311 Lophyriens. 306-311 Lori 93-100 Loriot Id........ 216-227 Loxia Id 280-297 Lusciniole . . ... 250 Lyre Id Macagua. . . . . . . 32 Macareux . . . .. 411 Machetes. . . 360-366 Macreuse. . . 396-405 Macrocercus. ... 93 Macrodactyles, xxxv Id 338-373 Macroramphus. . 363 Magoua ... 314 Main Mainate . . . . . . XXV Id 199-200 Malcoha. . . . . . XXX Id 113-114 Manakin Id Manchot . . . . XXXVII Id 419-120 Mangeur de ser- pents ... 68 Mandibules. . V-VHI Manucode . . 196-197 Marabou . . . 355-357 Marouette. . 376-377 Maroyette. . . ... 242 Martin xxvi Id 216-224 Martin-Chasseur 146-147 Martinet... 156-165 Martin-Pêcheur. XXIX Id 146 Mascarin.... 93-101 Maubèche . 360-364 Mauve 390 Mauviette 298 Mauvis 221 Mazingue 269 Mégapode.. 312-313 Mégapodidés. . . 305-312 Meleagris. . . xxxi Id 325-333 Méliérax 4-35 I Mélittophage . . . 144 424 INDEX. Membrane c hala- zienne. . . Membrane cligno- tante. . . . Membrane de l’ai- humen. . . Membrane épi- dermoïde XVI Membrane vitel- line Ménure . . . 312-313 Mergus xxxvm Id 390-400 Merle Id 210-218 Méropidês.. 139-143 Merops. . . . Id . ... 144 Mésange. . . Id........ . ... 209 Messager. . . . . . 09 Métacarpe . fin Métatarse . . fia Microdactylés. . 338- . ... 343 Microdaçtylus . . Id . . . . 34.3 Microglosse. ... 108 Mierodossiens . . 93-1 OS Micropogon, 124-126 Micropsitte. . 93-100 Mignard. . . .... 235 Migrations.. Milan Milan de Caro- line ... 22 Milvus. ... . .. 4-23 Minullc. . . . ... 35 Mirafre 298-301 Mitchagatehi . . . 4il Mitou-Poranga. . 331 Mœnura xxvi Monasa... 124-127 Morelle 381 Morillon 403 Moine 411 Moineau xxvu Kl 280-280 Moineau de Gui- née 99 Moinequin 280 Moisson 280 Momotidés. 139-1 12 Montagnard.... 10 Moqueur 224 Morphnus .... 4-37 Motacilla xxvi Id........ 237-201 Motaciliiens. 209 237 Mot-Mot. ...... xxix Motteux ... 238 Moucberolle. . . . 229-233 Mouchet 259 Mouchon 280 Mouette 388-389 Mouquet 15 Moustache.. 209-273 Mouton du Gap. 387 Moyen-Dur.... 85 Mue vin Musrirapa xxv Muscicapa.. 229-234 Muscipeta.. 229-233 Muscles ahais - seurs vi Muscles rele - veurs vi Musophage. . . . xxxi Id 302 Musophagidés. . 302 Mvcteria. ... xxxiv ici 355-357 Myiotjiera. Mvophone. - 209-210 199-200 Myothera. . . Myrmotbera. ... 210 Mystacinus. 209-273 Nandou. . . . 413-414 Narines (fia-) v Nasica. . . . ... 188 Nasican ... 188 Naucler . . . 4-22 Nectarinia. . 183-184 Néophron . . . . 57-62 Néopode . . . . . .. 4-38 Neopus . • . 4-38 Nestor 93-104 Nicomhar. . 300-311 Nids Niverolle . . ... 289 Nonnette . . . ... 271 Noddi 388-391 Noto rnis 370-380 Nucifraga. . . 201-208 Numenius. . . . . 359 Numida Id 325-335 Nuque (fin.) . . . VIII Nutrition . . XI Nyctaète . 72-82 Nyctale . 72-84 Nyctibiens.. 108-171 Nyctibius. . . 108 171 Nycticorax. 353-351 Ocydrome. . 370-378 Ocypterus. . 209-210 Odorat . . . XII UEdicnemus. 341-344 OEgithalus. 209-272 Œil OEsophage. . OEnfs Offraye. . . . . . 20 Oidemia. . . 396-405 Oie 390-399 Oie à cravate ... 398 Oie-Nonnette .. 400 Oies Oiseau de Para- dis xxviii Oiseau des tem- pêtes 830 Oiseau-Diamant. 211 Oiseau du Soleil. 351 Oiseau du tropi- que 392 Oiseau-Fou. . . . . 391 Oiseau-Mon-Père 230 Oiseau - Mouche géant 177 Oiseau-Murmure 170 Oiseau royal .... Oiseau Saint - 348 Martin 30 Oiseau-Teigne. Oiseau-Trompet- 147 te 340 Oiseaux de proie. . ... XXIII-XX IV- 1 Oiseaux de riva- ge 337 Oiseaux-Mouches 174 Ombrette xxxiv Id 355-357 Omoplate (fia-)-- v fia- ........ vi Onocrotale: .... 393 Opisthocomidés. 303-312 Opislhocomus . . 312 Orbites (/ ïg .).. v Orfraie 43 Oricou 60 Ourigourap. . . 02 Oriolus.. .... xxvi Id... 210-227 Ornismve . . 175-176 Orphée .... ... 245 Ortalide. . . . 325-331 Ortolan Ortyx 318-321 Ortyxèle. . . . Ortyxélidés. ... 558 t »rvx ... 294 Os carré . . . V Os coracoïdien v fia Os du tympan.. v Os hyoïde (fia.), xm < isselets Ostéologie . . < ni dés 338-339 < >tis XXXIII Id < bus Ouette . .. 232 Ouïe Ourax 325-331 Outarde XXXIII Id Ovaire ... XIV Oviducte. . . . fin Ovules Pachvptila. . 384-380 Paille-en-queue. Id xxxvm Palamedea. . . . XXXV Id . .. 374 Palamédidés 373-374 Palamodactyl es. 338-370 Palmipèdes. . , XXXVI Id . . 383 Pancréas (fin.). . xi Pandion , .. 4-20 Paon Id 325-332 Papa . .. 63 Paradisœa. . . XXVIII Id 196-197 Paradiséens . .. 196 Paradisier 196-197 Parasite. . . . Pardalote.. . 209-21 1 Paribis ... 359 Paridés. .. 155-269 Paroare . .. 294 Parra . XXXV 1.1 Parrakoua . . . .. 331 Parriens . . 37.5 Parus . XXVII Id . . . 269 Passereaux. . ...... xxm-xxic Id 89 | Passeres. . . . Passerine. . . .. 240 Passerinette. . .. 244 Passéripèdes . .. 305 Pavâo .. 23 J Pavillon XIIXIV Pavo . XXXI Id 325-332 Pégot Peigne Pélecanidés 384-393 Pelecanus. . xxxvm Id Pèlerin . . . . . 8 Pélican . .. 393 Id xxxvm Pélidne. . . . 360-305 Pénélope. . . 325-331 Pennes fia Pennes bâtardes, vin fia Pennes scapulai- res fia ■■■■■■■ Percnoptère.. .. .59-02 Perdix . . 318 Perdrix .... . .. 318 Perdrix de mer. 373 Pernis . . 4-29 Péroné fia VI Perroquet , . . xxx Id 93-101 Perroquet de ter- re 150 Perruche 93-95 Perruche ingam- be ... 107 Petit-Caporal... 19 Petit-Duc 79 Petite-Aigrette. . 352 Pétrel.. ... xxxvu Pétrel 384-385 Pétrel bleu 380 Pézopore 93-100 Phaeton xxxvm Id 384 Phaétonidés. 384-392 Phalanges v fia--- vi Phalarope... 300-300 Phaleris 407-410 Phasianidés. 30.5-317 Phasianiens. 318-325 Phasianus . . . xxxii Id 325-320 Phénicoptéridés. 370-372 Pbibalure . 229-232 Pbilédon xxv Id 216-220 Philestourne 275-270 Philesturnus 273-276 Pbilomèle 241 Phodile 72-81 Phœnicopbaus. xxx Id . . . . 114 Phœnicopterus xxxvi Id 372 Phragmite.. 239-252 Pbyllopncuste. . 218 Physiologie.... m Phytotome 297 Phvtotomiens. . 280-297 Pic XXIX Id. 128 Picæ xxn Pica.. 201-202 Pic-desChamps. 135 Picidés 90-128 Pic-Mar 131 Picoïde. . . 128-133 Picucuie . .. 188 Picuculidés. 155-187 Picule 128-130 Picumne. . . 128-134 Pie 201-202 Pie-de-Mer. ... 345 Pie-Grièche . xxv Id 209-212 Pierre-Garin ... 391 Pierrot.. .. ... 286 Pieuquette. . ... 265 Pigeon Pigeon de mer. 390 Pigeons. . . . Pigeons . ... 305 Pilet ... 401 Pinc-Pine. . . ... 255 Pingouin . . . XXXVI Id Pinson ... 287 Pintade Id 325-335 Pionne Pipi 265-206 Pi l’ira w . . 152 Pipridés. . 139-152 Pique- Bœuf. . . XXVII Id Pique-Bois jaune 134 Pirolle ... 199 Pitchou Pitta 209-215 Pivert ... 129 Plalalea. . . . . . XXXV Id Plataléiens. 347-358 Platycerque. . 93-98 Platyrhynque 229-!23t> Plectrophane 280-2S5 Plictolophe. . 93-100 Ploeeus. . . . Plongeon. . . . XXXVI Id 407-408 Plotus XXXVIII Id ... 393 Plumes Plumet bleu. ... 177 Pluvian 341-343 Pluvier kl ... 341 Podarge. . . 168-109 Podiceps . . . 407 Podoa ... 407 Poignet Poitrine (fia.). . vin Polyboriens. .. 2-53 Polvboroïde. . 54-50 Polyborus... . . . . 54 Polvplectrum 325-333 Porphyrio. . 376-379 Porzana .... 370-377 Pouce fia- . VI-VIII Pou il lot. .. . . . 248 Poule Poule d’eau. ... 379 Poule de Pharaon 02 Poule des i 3011- driers. . . . ... 323 Poule sultane. . . 379 INDEX. 425 Poules xxin Rétine . . . XII Sirli 298-301 Tarier ... 238 Poumons (fig.). xm Rhea 413-414 Sitta XXVIII Tarin . ... 290 l'ressirostres. xxxm Rbinomye. . 216-218 Id . . 194 Tarse Id 338-339 Rbinopomaste. . 144 Sittasomus. . . . . 188 fin vi-viii Prion 381-386 Rbvnchaspis 396-403 Sittelle . XXVIII Tavoua Prionites xxix Rhvnchée. . 360-363 Id ... 194 Tectrices . . . Prioniturus 99 Rhvncbope . ... 392 Sittidés. . . . 155-194 fin Procellaria. . . xxxvn Rhÿnchopidés . . Siltine 194-195 Témia .. 201 Id 381-383 384-392 Sizcrin . . . . . 292 Procellaridés. . . 384 Rbynchops. . XXXVII Solitaire. . . . .. 121 Ténuirostres (Ë- Procellariens 384-383 Id Somateria. . 396-404 chassiers). 370-371 Procnias... 229-233 Rhynchote. . .. . 314 Soubuse. . . . . . 30 Ténuirostres(Pas- Promérops 189 Rocar Souchet 396-403 sereaux ) . 155-174 Prover.. 284 Rochassière. . .. 320 Soui-Manga . . . 183 Tersine. . . . 229-233 Psaris . . . . 209-210 Rochier . .. 14 Soulcie . . 287 Tetrao . . . . . XXXII Psittacidés 90 Roi des Cailles. 377 Spatule .... Id 318-323 Psittaciens 93 Roi des Fourmi- ld . .. 338 Tétraoniens. .. . 318 Psittacule 93-99 liers ..... Spbénisque. 419-420 Tétra. ..... Psittacus xxx Roi des Gobe- Sphère vitelline, xv Tétras 318-323 Id 93-101 Mouches. . .. 235 Sphère germina- Thalassidrome. . Psittirostre. 280-297 Roitelet 237-239 tive 384-386 Psophia 340 Rolle 199-200 Spizaète. . . . .. 4-38 Thinocore . . . .. 316 Psophidés. . 338-340 Rollier Squatarole. . 341-344 Tibia Pterocles. . . 318-323 Id 199-200 Stapazin. . . . . . . 238 fin Pteroglossus. . . II! Rosalba ... 12.3 Starique. . . 407-410 Tichodrome. 183-186 Puffin 381-386 Rossignol . . . ... 240 Station... . VI Tiercelet . . . 3 Pupille xn Rossignol de mu- Steatornis. . 168-171 Tinamidés. . 303-313 Pygargue 45 raille Stéatorniens 168-171 Tinamou. . . • XXXII Pvrrhocorax. . . xxvi Rostrhame . .. 4-51 Sterna Id ïd 201-207 Rouge-Gorge 240-242 Id 388-390 Tinamus Pyrrhula... 280-290 Rouge-Queue Sternum. . . . Id... ...... . 314 Queue x 240-241-242 Stigma Tisserin. . . . . . 2s0 Radius v Rouloul 323-335 Stolida 388-391 Tithys . °>49 fin vi Rounoir . . . . . . 27 Strepsilas. . 360-367 Tock ... 140 Raie xxxv Ilousseline. . ... 263 Strigidés. . . Todidés. . . . 139-150 Id 373 ltousserolles. Strigopiens. 93-107 Todier Raie de genêt. 377 239-249-250 Strigops. . . . . . . 107 Id Bnllirlés. 37 Rubiettes. . . 239-240 Strix Torins Ralliens 37.5-370 Rubin Id Id Rallus xxxv Rudipennes xxxix-xl Struthio. . . . XXXII Topaze ... 178 Id . . 375 ld Id Torche-Pot. . ... 194 Rameron 309 Id Struthionidés . . 413 Torcol ...... Rameurs x Rupicole.. . 1 .32-153 Sturnidés. . 1.35-275 Id 128-136 Id 3 Sacre Sturniens. . . . .. 275 Totanus. . . . 360-368 Ramier 306 Salangane. . 1.36-163 Sturnus XXVIII Totipalmes. XXXVII Ramphastidés 90-110 Salanganiens 1.36-163 Id . 275 Id........ 384-392 Ramphastos xxx Sanderling. 360-363 Sucrier. . . 183-18 Toucan. . . . Id 110 Sansonnet . . . .. 276 Sula 393-395 Id Ramphocèle. 267-268 Sapho Surnie . . . 72 Toucher. . . . Ramphocène 209-21.5 Sarcelle . .. 402 Sylvains. .. . . . 89 Toucnam-Corvi. 282 Ramphomicron. 17.3 Sarciopborus .. 343 Syl via 237-239 Toui . . . 100 Rapaces i Sarcoramphe 57-62 Svlvies. . . . 239-213 Toui-Ëté. . . . ... 160 Rapaces diurnes xxiv Satvra 325-331 Symé.. ... 146-147 Touraco Rapaces ignobles 3 Saurothère. 1 13-116 Synallaxe . . 194-193 Id Rapaces nobles.. 3 Savacou. . . . 351-353 Syndactvles. . . XXIX Tourdelle. . . . . 221 Rapaces noctur - Id XXXIV id 90-139 Tourne - Pierre. nés xxiv Saxicola . . . Syrnium. . . . . . . 82 360-367 Rebaudet 342 Scolopacidés 338-358 Syrrhapte. . 318-325 Tourterelle . . . 308 Réclameur 223 Scolopaciens 3.58-360 Sylviette — . .. 188 Tragopan . . 32.3-331 Rectrices vin Scolopax Tacco . .. 116 Traine-Buisson. 259 fig x-xi id Tachard . . . .. 27 Traquet 237-239 Recurvirostra. xxxv Scops . 72-79 Tacbiro ... 27 Trichoglosse . 93-99 Id 371 Scopus. . . . XXMV Tachydrome. . .. 315 Tridactyle. . . XXXII Régulas... 237-2.39 Id 335-357 Tachydromus . XXXIII Tringa . XXXIII Reins xii Scythropiens .. 112 Tachypetes. 393-395 Id 360-365 Religieuse 404 Scythrops. . . Tachyphone. . .. 267 Trochilidés. 153-174 Rémiges vin m . .. 112 Tadorne. . . . . . 401 Trochilus. . . . XXVIII fin- - - ix Secrétaire. . . . . 68 Talapiot — . . .. 188 Id. ...... 175-176 Rémiges primai- Sénégali. . . . . . 293 Ta lève 376-379 Troglodyte. 237-261 res viii Sens . . XII Tamatia — 124-127 Trogon . . XXX fin ix Sentinelle. . . . .. 301 Tanagra Id Rémiges secon- Séries parallèles xl Id Troupiale. . . . .. 276 daires vin Serin Tanagridés. 155-267 Turdidés. . . 1.55-209 fin ix Serpentaire. . . 68 Tangara. . . . . . XXV Turdiens. . . 209-216 Rémi/. 269-272 Serpcntaridé- . . 2-68 Id Turdus Républicain. . . . 280 Sineialo .... . . 97 Tantale XXXIV Id 216-218 Respiration.... m Sinciput. (fig ). VIII Id Turnictdés . 305-315 | Turnix 315 Tutu H3 Tympan xn Tyran 229-233 Ulula 83 IJncirostres. 338-343 Upuga 189 Upupidés. .. 133-189 Uria 407-40!) Urubitinga 38 Urubu 06 Urucuru 73 Vaginale... . xxxvi Vanellus. . . 341-343 Vanneau xxxm Id 341-343 Vanneau-Pluvier 314 Vautour xxiv Id 57-38 Vautour des Agneaux.. 58 Vaza. 93-101 Veine-caudale, xvm Veines latérales xvm Veine primigé- niale xvn Vélocifère 107 Ventre (fig.). . . vin Ventricule sac - centurié xi Venturon ...... 2!)2 Verderolle 251 Verdier 295 Verdi ère 283 Vertèbres [fig.). v Vertèbres coccy- giennes v fin vi Vertèbres du cou v Vertèbres lom- baires v fin vi Vertèbres sacrées v fin vi 5 ertex (fig.). . . vin Vésicule biliaire (fig-)-- xi Veuve 294 Vidua 294 Vie de relation, xn Vinago 311 Vinette 200 Vini 100 Vitellus xiv Vocifère 49 Voiliers x Id 3 Vol iv- vi Vourong-Driou. 113 Voyages xxi Vue xn Vullur xxiv Id 58 Vulturiens 2-37 Xanthorniens 275-270 Xenops 194-195 Xiphorhynchus . 188 Xanlhornus. 276-277 Yacou 331 Yapou ti79 Yunx xxx Ici 128-130 Zizi 283 Zygodactvles. . . 90 TABLE INTRODUCTION..... i Anatomie et physiologie des Oiseaux. , m Tableau systématique des Ordres établis par Cuvier dans la Classe des Oiseaux xxm Tableau synoptique des Ordres de la Classe des Oiseaux ( classification de M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire) xl Table méthodique des Ordres , Familles et Tribus de la Classe des Oiseaux (classification de M. Isidore Geoffroy-Saint-Hilaire) xlvi ORDRES, FAMILLES, GENRES ET ESPÈCES de la Classe des Oi- seaux I Ordue des Rapaces 1 — des Passereaux . 89 — des Gallinacés 304 — des Échassiers 337 — des Palmidèdes 383 — des Coureurs. 413 — des Inertes 418 — des Impennes ou Manchots 419 INDEX 421 LES TROIS RÈGNES DE LA NATURE. CLASSEMENT DES GRAVURES DE L’HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX. Noire. Oie de Gambie. En regard du titre. — Aigle impérial page 42 Gypaète 57 — Sarcoramphe 63 — Duc de Virginie 78 — Volière des Passereaux 89 Coloriée. Perruche à gorge variée 96 — Calopsitte Guy 98 — Vini écarlate 101 — Psittrichas de Pesquet 104 — Toucan Ariel 111 Noire. Calao à casque creux 140 Coloriée. Manakin militaire 153 — Angèle mâle 176 — Angèle femelle 178 Noire. Pie 202 Coloriée. Moucherolle rubin. 236 — Tangara Arthus 267 Coloriée. Ramphocèle scarlate .... page 268 — Fringille Paroare 294 — Pigeons 308 Noire. Menure lyre 313 — Paon 332 Coloriée. Ibis rouge 337 Noire. Grue cendrée 349 — Marabou 357 Coloriée. Spatule 358 Noire. Ibis sacré 360 — Jabiru 372 — Albatros exilé 387 — Pélican ordinaire 393 — Plongeon Imbrim 409 — Pingouin brachyptère 411 — Autruche 413 — Casoar de la Nouvelle-Hollande. 416 Paris, impr. de Paul Dupont, rue de Grenclle-Saint-Honoré, 43. • • . 1 ■ ■ • ' i . • • -'j -K V i 1 : • t: -ï ■ ■ i r • ' V ' \ * O .S * Sï •\'VU.(70 .»> • • • % ' ' . . p s * " i * K .. ••-. ■ • ■ • . ^ij.% %$ f ? ■ .. • M •' t • '' ' ' V ' -' - . •* -V- • v-.j- •' : • ■ . • • 0 p : * **%X •’• * * *î »« a ->v.. o. . • ;•» ;• t •• . • - . • ■ ■.>,■ 77*7. svfe1'" • ': ' ■ = » - - ° : * . ■ '*’ « O . ; ,■ :•;• >'v '■■*■,.' ■ . % - « . 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