HISTOIRE NATURELLE DES PLUS BEAUX OISEAUX CHANTEURS DE LA ZONE TORRIDE. \ i* % DE L’IMPRIMERIE DE CRAPELET. HISTOIRE NATURELLE DES PLUS BEAUX OISEAUX CHANTEURS DE \ LA ZONE TORRIDE: PAR L. P. VIEILLOT. A PARIS, Chez J. E. GABRIEL DUFOUR, libraire. M. DCCC. V. . -M-.’- ' V » » . *( . . . '■< •IM,. r É'' i.'L #* . I . ;■;<:■'ry- ,:- : v-i S'y,. ,■,«»'ji,, T . —i; "->'■ ■■«»*■■ ,v ■ ■ ■■ Hr’' ~,‘'-j>S'• 1 «J'- :'■ *■■)-■•'' /•i'»;"''■'i*, ■ -*; , >'■ r ■'■ 'i'' ' ’ ^' ; • '.j'^' ' ■ ' : . ■' 'v,4 ■ ' , ; ■„-. . ■ 'y ■ ■ A . ■ ■: • '■ . ‘ ‘ ■ • '■’-' ' f“ . •-« .M ' . <. '■■ f ^ «?»r ' ^d;'‘ ' '.t. ■ ■, i ■"■ X\ I V, ■ .'^1 •■■ PI I- ■ 't'"* ; ■, ■ / ': îf x-\ • ,1 ** i,)S t ^ •Ç- . / .1. ' r i ï * s? f,. " M y » > .r(- i. / 0 î i" ^ '■“ ■ .. • . tï . . r .r ^ ^ t ** :j À ■ V ^ <0 i'r i A r > -s ^ ■ i f 0 ' ij :'■ ..s J .1 . ?,4 f a i i. '.M *■ I» J? '1 i ^ :A* 9 n. ■ - ' 1 f' ' ' *. ? n i ..lai/ nsij. j.i ■' C-'iirn < i ÿ\ ' <3 . " * fi IL à i y k I . , K (S -mt-a ■ • . 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Quoiqu’on puisse aussi l’appli¬ quer à la propagation de beaucoup d’autres oiseaux des mêmes contrées, je ne m’occuperai, dans cet ouvrage , que des espèces les plus belles et les plus remarquables de Bengalis, de Sénégalis, de Grenadins, de Veuves, de Loxies et de Fringilles. Ces oiseaux étant tous granivores, il n’est pas difficile de les transporter en Europe 5 mais néanmoins ils exigent des attentions particulières, sans lesquelles on est exposé à en perdre un grand nombre pendant le voyage et après leur arrivée. J’indiquerai donc les précautions que Fan doit prendre, dans les vaisseaux et sur terre, pour pré¬ venir ces accidens, les alimens qui leur sont les plus convenables, et les moyens les plus propres à les familiariser d’avance avec le froid de nos pays septentrionaux, et à les y faire multiplier. D’après ces instructions , le voyageur ne balancera plus à se charger d’une aussi agréable pacotille 5 le curieux pourra conserver long-temps ces jolis étrangers , et l’amateur, qui veut jouir de l’intéressant spectacle de leurs amours, de leurs couvées et de l’éducation de leurs petits , pourra se procurer des générations successives. Il étoit nécessaire que la peinture joignît ici son éclat au luxe typographique, parce que des descriptions, quelque bien faites qu’elles fussent, n’auroient pu, seules, donner une idée juste du plumage de ces beaux oiseaux. Avec des ligures exactes, celui qui voudra posséder ces volatiles sera certain de n’être point trompé par les voyageurs et les marchands, qui, volontairement ou par ignorance, confondent très-souvent les sexes et même les espèces. Si l’on fait d’ailleurs attention que beaucoup de ces oiseaux, décrits dans les Voyages et même dans les Ornithologies, le sont ou incor¬ rectement ou d’une manière trop succincte pour les bien déterminer j que d’autres ont été représentés inexactement 5 que le plus grand nombre n’a même jamais été figuré ; qu’il en est qu’on apporte trop rarement en Europe pour être bien connus j que dans la plu¬ part des espèces, les mâles, changeant de couleur plusieurs fois dans l’année, ne sont point décrits sous leurs divers plumages, ce qui a donné lieu à des méprises; qu’enfin, les couleurs des femelles et des jeunes sont souvent différentes de celles des mâles , on conviendra que peu d’oiseaux exigeoient, autant que ceux-ci, un portrait fidèle. Cependant , pour ne pas multiplier les gravures et occasionner aux amateurs une dépense trop onéreuse , je ne ferai représenter les femelles , ou les mâles en mue, qu’autant qu’il seroit impossible de les faire bien reconnoître par une simple description. Les figures ne laisseront rien à desirer au curieux et au natu¬ raliste pour la précision des caractères et des formes, la vérité du coloris 5 et l’exactitude dans la distribution des teintes. Tous les oiseaux seront peints de manière à donner une idée nette et distincte de chacun, et le nom des artistes qui coopèrent à cette entreprise ne permettra pas d’en douter. M. Pretre , un des peintres-natura¬ listes les plus habiles en ce genre, s’est chargé des dessins en cou¬ leur ; la gravure est confiée à M. Bouquet , et l’impression coloriée à M. Langlois, connus si avantageusement par les superbes ouvrages sortis de leurs ateliers, tels que les Oiseaux dorés ou à reflets métal¬ liques , les Perroquets, les Oiseaux de Paradis, etc. Celui-ci doit atteindre à un plus grand degré de perfection, d’après les connois- sances et l’habitude acquises depuis par ces divers artistes ^ et nous nous flattons qu’il sera favorablement accueilli, non-seulement des curieux qui veulent conserver ces charmans oiseaux et les faire multiplier, mais encore des amateurs de la riche typographie, et même des ornithologistes qui y trouveront des espèces nouvelles 5 d’autres dont les femelles et les jeunes n’étoient pas connus^ des mâles dont le plumage éprouve, à différentes époques, des varia¬ tions ignorées jusqu’à ce jour ^ plusieurs qu’on a décrits comme espèces distinctes de leur femelle, et qui en seront rapprochés. Le méthodiste aura un guide sûr dans la citation des noms géné¬ riques et spécifiques de Linnæus (iS® édit, du Systema naturæ , publiée par Gmelin ) , ou de Latham ( Index ornithologigus et Supp.), lorsqu’il s’agira d’une espèce non décrite dans l’ouvrage de l’illustre Naturaliste suédois. Je donnerai en outre les noms anglais, d’après le General synopsis of birds de Latham. Quant aux dénominations françaises, je suivrai celles de notre éloquent et profond historien de la nature, et si je m’y permets quelques changemens, ce sera quand elles exposeroient à des erreurs, comme presque toutes celles qui sont composées d’un nom générique et d’un nom de pays, ces sortes de désignations devant être rejetées , lorsque les mêmes oiseaux se trouvent dans différentes contrées, ou qu’il en existe dans la même plu¬ sieurs espèces auxquelles on pourroit également les appliquer. Les espèces nouyelles seront les seules qui n’auront point de synonymes. INTRODUCTION. Contribuer aux amusemens de la plus belle et de la plus aimable portion du genre bumain, exciter son interet, sa sensibilité, en lui procurant Imnocent spec¬ tacle qu’offrent, dans leurs amours et leur petit ménage, des oiseaux que la nature semble distinguer entre ses favoris , par des teintes veloutées et brillantes , un naturel gai, des habitudes douces, une voix agréable ; attirer en meme temps l’attention du naturaliste par des détails nouveaux sur leur genre de vie : tel est le but que je me suis proposé dans cet ouvrage. Les cliarmans volatiles, que je réunis dans le même cadre , sont tous étrangers ; les uns habitent l’Afrique et l’Asie , d’autres ne se trouvent qu’en Amérique , plusieurs sont de la Nouvelle-Hollande ou des îles de la mer du Sud. Quoique d’une complexion délicate, et nés presque tous sous un climat constamment chaud, ils sont, d’après leur nour¬ riture , d’un transport facile, et ils peuvent résister au froid de notre température. Mais lorsque le retour du printems invite les habitans de nos bosquets aux plaisirs, ils ne ressentent point son influence ; les femelles sur¬ tout n’éprouvent pas le désir de se reproduire, ni même le besoin d’aimer : notre climat, quelque chaud qu’il soit, ne peut réveiller en elles ce sentiment inné dans tous les animaux ; ou s’il se développe chez quelques- unes , ce n est que pour en faire des victimes ; la mort les attend à la ponte , et peu lui échapper oient, si on ne leur procuroit, dans ce moment critique, une chaleur égale à celle de leur pays natal. Leur propagation y tient tellement, que les Bengalis qu’on a transportés à la Guiane y ont aussi-tôt multiplié, tandis qu’en Europe ( 6 ) ils ne pourroîent produire de nouvelles générations, si on ne les tenoit dans un local échauffé à la meme tempé¬ rature , comme on le fait pour obtenir les fleurs et les fruits des plantes exotiques. Une chaleur aussi forte ne leur est pas nécessaire en tout temps, mais elle est indis¬ pensable à l’époque où les mâles sont ornés de leurs plus brillantes couleurs. La nature, si grande dans ces petites productions, ne les décore avec tant de luxe qu’à l’instant où ils doivent plaire à leurs femelles ; ce n’est qu’alors aussi quelle perfectionne leur langage. La Veuve se pare de son collier d’or et de ses longues plumes on¬ doyantes ; au gris sombre du Comba-Sou, succède un riche bleu à reflets ; les couleurs ternes du Foudi dispa- roissent et sont remplacées par un rouge lustré ; le Cardinal-Orix quitte la modeste parure de sa compagne pour se revêtir de plumes aussi remarquables par leur texture que par leur velouté, leur fraîcheur et leur éclat. Mais c’est en vain que les mâles se couvrent de la robe nuptiale , que le svelte Sénégali, l’élégant Grenadin, l’aimable Bengali, déploient tous les agrémens de leur gosier, que les jolies Veuves redoublent de vivacité, que le bruyant Comba-Sou plane au-dessus de sa compagne, que le Dioch et le Cap-more s’occupent d’avance de la construction du nid ; les beaux sons de leur voix, la vivacité de leurs mouvemens, leurs caresses même ne peuvent émouvoir leurs femelles, si on ne procure à celles-ci une grande chaleur : toujours indifférentes, elles fuient leur approche et se refusent à leurs désirs. Ce n’est pas assez de tenir ces oiseaux sous un climat artificiel, il leur faut encore , pour les décider à s’oc¬ cuper d’une nouvelle génération , des matériaux pro¬ pres à leur nid, des bosquets toujours verts et touffus , ( 7 ) où ils puissent le construire sans inquiétude , et une nourriture convenable à leurs petits : mais la chaleur est le premier de tous ces besoins ; sans elle, le curieux qui ne desire que leur conservation, l’amateur qui veut se procurer de nouvelles générations , manqueroient leur but, ou n’y parviendroient qu’en faisant le sacri¬ fiée du plus grand nombre. On ne doit rien épargner pour prévenir des pertes qu’on répare très-difficilement ; et quels oiseaux de volière, parmi ceux qui partagent notre demeure et reçoivent leur nourriture de nos mains, méritent plus nos soins que ces rares volatiles ! Doués des qualités les plus aimables, ils nous charment par leurs sons mélodieux, nous éblouissent par l’éclat de leurs cou¬ leurs, nous intéressent par la douceur de leur naturel et la finesse de leur instinct. Avant d’entrer dans le détail des moyens propres à assurer une pleine réussite, je dois rectifier une erreur que plusieurs Ornithologistes ont commise. Les voya¬ geurs qui ont parlé de ces oiseaux, ayant confondu sous le nom de Bengalis et de Sénégalis des espèces très-dis¬ tinctes, dont plusieurs changent de plumage deux ou trois fois dans la meme année, on a supposé cette parti- ciüarité commune à toutes celles qui nous viennent de l’Afrique et de l’Inde, et l’on a cru que s’il en étoit autre¬ ment en Europe , on devoit en attribuer la cause à l’in¬ fluence du climat. Tel est le sentiment de Gueneau de Montbeillard et celui de Mauduyt, qui ajoute la nourri¬ ture et la domesticité comme causes secondaires, depuis assurer, par expérience , que les Sénégalis rouge et rayé, le Bengali mariposa ou Cordon-hleu , les Grenadins et d’autres indiqués par ces auteurs, ne font, dans quelque pays que ce soit, froid ou, chaud, qu’une mue par an, ( 8 ) et ne changent jamais de couleur, lorsqu'ils sont adultes, à moins que ce ne soit accidentellement. La constance de leurs teintes et leur mue annuelle en Europe, ne sont donc pas dues à Tinfluence du climat ; il n'en a aucune sur le plumage des espèces qui, en Asie , en Afrique et en Amérique, portent dans la meme année deux ou trois livrées différentes, comme le Sénégalipiqueté, le Dioch^ \es Fondis, le Comba^Sou, les Veuves, etc. tous oiseaux qui muent deux fois par an, pendant toute leur vie, dans les pays septentrionaux comme sous la zone torride. Dès qu’un oiseau étranger ne change point de couleurs en Europe, après la première mue qu'il y subit dans l'état d'adulte, soit qu'il n'en éprouve qu'une ou plusieurs par an, on doit donc être certain qu'il portera toujours le même vêtement, à quelques nuances près, nuances acci¬ dentelles , occasionnées par le changement de nourriture ou la captivité, ainsi qu'on le remarque dans les oiseaux de notre climat que l'on tient long-temps en cage. La Loxie fasciée est sujette à ce changement. Si au contraire après chaque mue le plumage est différent, il en sera toujours de même tant que l’oiseau vivra. Tous les indi¬ vidus de la même espèce ne muent pas régulièrement dans la même saison comme nos oiseaux ; il en est qui perdent leurs plumes plutôt, d’autres plus tard ; cela dépend de l'époque de la saison pluvieuse de leur pays natal. Les femelles, dans les espèces à double ou triple mue, changent aussi plusieurs fois de plumes par an ; mais leurs couleurs sont constantes ; cependant quelques femelles, dans cet âge avancé, offrent, mais rarement, plusieurs attributs des mâles. Cinq objets principaux doivent fixer l'attention du voyageur qui veut transporter en Europe des oiseaux ( 9 ) étrangers. Il faut, i°. étudier leurs habitudes et leur ins- tinet ; 2 ®. les disposer d’ayance au voyage, en les fami¬ liarisant avec leur prison, avec la fatigue , la privation momentanée de nourriture, le bruit et les divers troubles auxquels ils sont exposés dans le transport; 3®. leur faire prendre connoissance de leur mangeoire et de leur abreu¬ voir , de manière qu ils puissent trouver aussi aisément dans Tobscurité qu’à la lumière ce dont ils ont besoin ; 4®. se munir de plusieurs volières, pour séparer les espèces qui ne sont pas d’un naturel social, ou d’une seule, divisée par compartimens ; 5®. les accoutumer aux graines dont on les nourrira en Europe, si l’on peut s’en procurer ; autrement on doit faire une grande provision de celles dont ils vivent dans leur patrie , tant pour le voyage que pour les premiers mois de leur arrivée ; cette provision est très-nécessaire à cette époque , comme je le prouverai ci-après. Mauduyt (^Encjclop. méthod. ) indique du pain trempé à défaut de graines ; mais cet aliment ne convient pas au plus grand nombre de ces oiseaux : ou ils le refu¬ sent totalement, ou ils en mangent si peu qu’ils tombent en langueur, et périssent pour la plupart. Un de mes amis , pour avoir trop compté sur ce moyen, a perdu presque tous les Sénégalis, Veuves, Bengalis, etc. qu’il apportoit du Sénégal. Le choix des individus destinés à ces longs voyages ne peut être indifférent ; on doit donner la préférence aux jeunes, ou à ceux qui ont été élevés en cage, ou pris au piège avant leur première mue : ils sont plus dociles, sup¬ portent plus volontiers la captivité, et s’habituent sans peine à une nouvelle sorte de nourriture. Les adultes^ ’ J’entends par adulte le jeune oiseau qui est parvenu à l’âge de pouvoir se reproduire, mais qui ne s’est pas encore apparié. 3 ( 10 ) sont trop sauvages, et ont des habitudes plus difficiles à rompre : cependant, à défaut des autres, il ne faut pas les rejeter ; mais on ne doit jamais se charger des vieux, c’est-à-dire de ceux qui ont couvé en liberté, car ils ne remplir oient pas le but qu’on se propose. Quant aux volières propres au voyage, elles sont sus¬ ceptibles de différentes dimensions ; mais on doit faire en sorte de les tenir de la meme longueur, hauteur et largeur, afin qu’elles puissent être posées les unes sur les autres, et qu’elles occupent le moins de place possible ; cela dépend, au reste, du nombre d’oiseaux qu’on veut emporter avec soi, et du local qui leur est destiné dans le navire. Plusieurs petites sont préférables à une grande, dans laquelle on seroit forcé de tenir ensemble des espèces d’un naturel trop opposé pour ne pas se nuire. Des oiseaux peu familiarisés avec l’homme s’effarou¬ chent aisément et se blessent quelquefois la tête quand ils voltigent; on préviendra cet accident, souvent mor¬ tel , en garnissant le haut de la volière, au-dessous du grillage , d’une toile ou d’une serge verte qui descendra en dehors sur le devant, qu’elle couvrira en entier, et sera posée de manière qu’on puisse la baisser et la relever à volonté. Cette partie de la volière est la seule qui doive être à jour ; toutes les autres seront en planches. Avec ces précautions, les coups que les oiseaux pour- roient se donner seront sans effet dangereux , et en les mettant dans l’obscurité par le moyen de la toile, quand ils s’agitent trop , on préviendra la violence de leurs mouvemens. Les juchoirs seront disposés de ma¬ nière que ces petits prisonniers ne puissent se salir les uns les autres par la chute des excrémens, qui, s’atta¬ chant aux plumes, les gâtent, les font tomber, et sont ( II) ainsi une des principales causes de leur mort dans le voyage , ou au moindre froid qui les saisit à leur arrivée. Le fond de la volière sera sablé, et le sable renouvelé de temps à autre : on peut se servir plusieurs fois du même ^ en le criblant et le lavant dans trois ou quatre eaux ; ces oiseaux étant granivores, se plairont à le becqueter et à en avaler quelques grains, comme ils le font en liberté, pour faciliter la macération de leur nourriture ; le sable aide d’ailleurs à les tenir dans un état de propreté néces¬ saire à leur santé ; si l’on ne peut s’en procurer, on doit nettoyer souvent la cage , pour prévenir la mauvaise odeur et une humidité toujours pernicieuse. Rien ne plaît tant aux oiseaux que l’eau claire et lim¬ pide , et il faut la renouveler souvent ; dans les mauvais temps sur mer, et durant le voyage sur terre, on peut la remplacer par une éponge qui en est imbibée ; les oiseaux, en la pinçant avec le bec, en aspirent assez pour étan¬ cher leur soif; mais dans les beaux jours on leur en donnera en abondance , tant pour boire que pour se baigner : le bain rafraîchit leur sang échauffé par la fatigue et la gène qu’ils éprouvent dans leur étroite prison ; il facilite d’ailleurs le développement des plumes nais¬ santes et raffermit les anciennes en les nettoyant. Le local qui leur est destiné dans le navire doit être aéré, s’il est possible. Lorsqu’on est forcé de les tenir dans une chambre obscure, ce qui arrive très-souvent, il faut porter les volières sur le pont, où on les laisse plusieurs heures, mais toujours à l’abri de la pluie, du vent, et, dans les pays chauds, de la grande ardeur du soleil ; il n’y a pas d’inconvéniens de les y laisser dans les régions tempérées, la chaleur étant alors pour eux de première nécessité. Si c’est par terre qu’on les fait voyager, et si on ( ) ne peut les faire porter à dos, ce qui est la manière la plus avantageuse, on suspend la cage dans la voiture, ou, pour qu elle soit moins embarrassante, on la fixe sur rimpëriale. La toile qui est au-devant de la volière doit être baissée tant qu"on est en cbemin. Afin de parer aux inconvéniens de la pluie, on couvre le dessus d une toile cirée, qui se relève le matin avant le départ, et l’on tient l’ouverture en face du jour, ou de la lumière s’il est encore nuit, ainsi qu’à chaque pause faite en route, afin que ces petits voyageurs puissent boire et manger. On les traite de cette manière jusqu’à leur arrivée. Trois repas leur suffisent ; le matin avant leur départ, au milieu du jour, et le soir à la couchée. J’ai dit précédemment que celui qui veut faire voyager ces oiseaux, doit connoître leurs habitudes et leur na¬ turel : cela est d’autant plus utile qu’il peut alors distin¬ guer les espèces turbulentes et acariâtres, telles que le moineau Dioch, le Comba-Sou, etc. de celles dont la douceur est le partage, comme les Bengalis^ les Séné- galis, etc. Mais les Moineaux, les Loxies ou Gros-Becs surtout, doivent être isolés, car les plus forts prennent plaisir à déplumer les plus foibles ; et si le défaut de place dans le navire, ou tout autre obstacle imprévu force de les tenir dans la même volière , on doit au moins les séparer dès qu’ils sont arrivés à leur destination. On met également à part ceux qui sont malades ou en mue : on les tient tous dans un local chaud, et on leur fournit des graines et de l’eau fraîche en abondance. En prenant toutes ces précautions , et en se procurant, ainsi que je ne peux trop le répéter, les graines dont les divers oiseaux se nourrissent dans leur pays natal, ils supporteront très- bien le voyage , ils seront plus en état de résister à ( ) l’influence de notre climat, ils subiront plus facilement la première mue, et ils ne seront pas exposés à une sorte de dyssenterie qui les attaque presque toujours lorsqu’ils changent d’alimens, et qui cause la mort du plus grand nombre , dans les premiers mois de leur arrivée en Europe. Ceux qui échappent à sa malignité vivent ordi¬ nairement huit à dix ans, selon les espèces. J’ai conservé des Veuves pendant douze ans, et des Comba-Sous pen¬ dant plus d’années encore. Les nourrir le plus long-temps possible avec le millet d’Afrique, est un moyen efficace pour atténuer les effets de ce mal, qui attaque très-sou¬ vent les individus apportés directement du Sénégal. Ces petits volatiles, accoutumés dès leur naissance à cet aliment, ont de la peine à s’habituer à nos graines ; il n’en est pas de meme de ceux que nous tirons de Lisbonne, où l’on en élève beaucoup et où ils sont déjà acclimatés. Il est donc nécessaire de faire une grande provisioiï de ce millet, dont on les nourrira pendant les trois ou quatre premiers mois qui suivront leur arrivée : en y mêlant une petite quantité de celui qu’on récolte en Europe, on leur rendra moins sensible le changement de nourriture, qui, s’il est trop brusque, leur devient spuvent pernicieux et en fait périr beaucoup. Sans cette précaution on ne peut conserver long - temps le Senegali à front pointillé. L’alpiste est la graine de ce pays que tous ces oiseaux préfèrent ; ils aiment à le manger en grappe. Ainsi nourris et soignés, ces petits étrangers acquièrent un tempérament robuste ; mais pour se reproduire , il leur faut une chaleur qui approche de celle des contrées les moins chaudes de l’Afrique. Plusieurs Senegalis et Ben¬ galis se contenteroient de la température des îles Cana¬ ries , mais elle doit être plus élevée pour les Veuves.^ les 4 ( >4 ) Grenadins , les Cardinaux Orix, etc. J indiquerai dans les descriptions celle qui convient à chaque espèce. Cette chaleur, qu on éprouve rarement dans nos contrées septentrionales, est d'autant plus indispensable pour leur multiplication, que la plupart font leur ponte pendant notre hiver. Une serre chaude, soit qu'on la construise exprès, soit que l’on se serve d’une partie de celle des¬ tinée aux plantes, est le local le plus convenable : elle doit être d’une étendue proportionnée au nombre d’oiseaux que l’on veut faire nicher, et assez grande pour qu’ils ne puissent se nuire en aucune manière. Le côté du vitrage sera couvert par un grillage ; et aün d’empécher les souris de s’y introduire, on en mettra un autre à très- petites mailles au travers de la serre, du côté de la porte, mais assez éloigné de l’entrée pour que plusieurs per¬ sonnes puissent y être à l’aise. Cette séparation aura une porte également grillée pour communiquer avec l’intérieur, ce qu’on ne doit se permettre qu’en cas de nécessité, car rien ne fatigue tant les oiseaux et ne les porte plus à abandonner leur nid que la fréquentation des endroits où ils couvent. Le long et en dedans du dernier grillage, on placera, à quatre pieds de hauteur, une tablette pour y poser les vases contenant la nourri¬ ture ; cette tablette sera disposée de manière qu’on puisse les mettre et les retirer sans pénétrer dans l’intérieur de la volière. Une serre , telle que je l’indique , n’est essentielle qu’autant que l’on veut faire couver un grand nombre d’oiseaux ; celui qui n’a que trois ou quatre couples, peut se borner à les renfermer dans une volière assez grande pour contenir un des arbrisseaux dont je parlerai ci-après, en la plaçant dans un local exposé au soleil et échauffé au ( ) meme degré que la serre. Quelques espèces ne peuvent vivre en société au moment de la ponte ; elles cherclient à s'emparer du nid des autres, et souvent le détruisent ; il faut les séparer pendant le temps des couvées, et les tenir par couple dans de petites volières ; il vaudroit mieux encore faire plusieurs compartimens dans la serre, avec des grillages posés de manière qu'on put retirer à volonté ces petits mutins après les couvées, pour les réunir à la grande famille : la disposition des comparti= mens doit fournir le moyen de leur donner le boire et le manger sans entrer dans l'enceinte de la volière. La serre ainsi disposée et mise entièrement à l'abri de la gelée, on place dans chaque compartiment des caisses d'arbrisseaux toujours verts, comme les orangers, les lau¬ riers et autres arbres en état de supporter une chaleur au moins de vingt-cinq degrés; il seroit plus avantageux de les planter en pleine terre et d'y joindre d'autres végétaux, en choisissant les plantes grimpantes : plus ces petits bosquets sont épais et touffus, plus les oiseaux s'y plaisent, sur-tout les Bengalis et les Senegalis, qui s'y retirent en tout temps , et préfèrent la partie la plus garnie de feuilles pour y nicher. \ On ne laisse d'espace entre ces bosquets, les com¬ partimens et la muraille , que ce qu'il en faut pour pouvoir passer en écartant les branches. Tout autre que celui qui les soigne doit s'abstenir d'entrer pendant les couvées dans l’enceinte où sont les arbres, et celui-ci ne doit le faire que très-rarement, pour ne pas effrayer les timides habitans de la volière , auxquels tout porte ombrage à cette époque. Vis-à-vis du petit bois , on laisse un espace vide dont l’étendue occupe le tiers de la volière , et qui est en ( ) partie sablé et en partie couvert de gazon. Au milieu de cet espace on creuse un petit bassin, dont beau se renou¬ velle par le moyen dun jet, et qu"on a soin de nettoyer tous les huit jours ; il conviendroit mieux d’y faire passer un petit ruisseau qui tomberoit en cascade et rouleroit ensuite sur du gravier ; sa fraîcheur toujours renaissante feroit les délices de ces petits volatiles. Le sable le plus lin doit être préféré, car ils aiment à s’y vanner ; les grains qu’ils avalent facilitent aussi la trituration des alimens ; la terre et le gazon toujours vert leur sont également utiles, parce qu’ils y trouvent des insectes et des vermisseaux , dont plusieurs espèces nourrissent leurs petits. On fixe dans la partie sablée un ou deux arbrisseaux dépouillés de verdure , très - fournis de branches, et dont la cime atteint le haut de la volière. Ces arbres conviennent à plusieurs oiseaux qui se plaisent à suspendre leur nid à l’extrémité des rameaux, et tous y trouvent des juchoirspour s’y reposer, ce qui procure le plaisir de les voir sans les inquiéter. Ces arbrisseaux étant sujets à se gâter promptement, on a soin de les renouveler à l’époque des couvées. Comme quelques oiseaux préfèrent de cacher leur nid dans des trous d’arbres, on place le long et en dedans du massif, des troncs creusés de distance en distance, à une profondeur suffisante pour qu’ils puissent y couver ; indépendam¬ ment de ces ouvertures, on met le long de la muraille de la partie vide de la serre des petits boulins de bois, larges en dedans comme ceux que l’on prépare pour les Serins, mais entièrement fermés , à l’exception d’une ouverture d’un pouce de diamètre sur le devant de chaque boulin, aux deux tiers de sa hauteur; le dessus est bombé et se retire à volonté, afin qu’on puisse les ( >7 ) nettoyer plus aisément; on les passe de temps en temps à Feaii bouillante, pour détruire les insectes qui pourroient s'y trouver, et qui, sans cette précaution, ypulluleroient au point de faire périr les petits. On y fixe aussi quelques boidins ordinaires, dont certaines espèces se contentent. Pendant la première année , la chaleur de la serre doit être entretenue à vingt ou vingt-cinq degrés, sur-tout si les oiseaux arrivent de leur pays natal. La plupart perdent leurs plumes pendant le voyage, soit par l’effet de la malpropreté ou de la mue, soit en se battant entre eux, si l’on néglige de séparer les espèces turbulentes, soit enfin par l’habitude que quelques-uns contractent, quand ils sont renfermés trop à l’étroit, de se les arra¬ cher mutuellement lorsqu’elles commencent à pousser ; la chaleur qu’ils trouveront dans la serre les fortifiera et hâtera le développement des plumes naissantes. Cer¬ taines espèces de Senegalis ont plus que les autres l’habi¬ tude de se déplumer, et il est difficile de la leur faire perdre ; pour y parvenir, on met à part ceux qui sont dépouillés de leurs plumes , jusqu’à ce qu’elles soient entièrement repoussées, et alors les autres n’y touchent plus. La seconde année, on diminuera la chaleur pour les individus nés en Europe, et dix-huit à vingt degrés suffi¬ ront. La troisième année, on ne leur donnera plus que celle de nos étés ; mais il sera prudent de l’augmenter à l’époque des pontes et de la mue, et de la porter toujours à un degré supérieur pour les autres. En graduant ainsi la température de la volière, on les accoutumera peu à peu au froid, et après quelques générations ils le supporteront aussi bien que les Serins, Outre les alimens ordinaires, la verdure convient à 5 ( «8 ) quelques-uns de ces oiseaux; on doit donc leur donner du mouron, du séneçon et d’autres plantes dont ils se nourrissent avec plaisir. Des espèces ont besoin d’in¬ sectes pour élever leurs petits; on leur en procure à cette époque, sur-tout des chenilles non velues et des larves : celle du Ténébrion de la farine, appelé vulgairement Ver de farine, leur convient assez ; on la leur présentera entière si elle est petite, et rompue en deux si elle est grande, comme on le fait pour le Rossignol. Tous ces oiseaux ne construisant pas leur nid avec les memes matériaux, on leur en fournira de diverses sortes : les plumes duvetées, la mousse, les herbes fines , le coton haché et la bourre, sont les principaux ; mais les plumes sont de toute nécessité pour les Senegalis rouges^ car lorsque les femelles n’en trouvent pas pour matelasser leur nid, elles arrachent celles des mâles et même des autres oiseaux qui sont dans leur enceinte. En se conformant aux procédés que je viens d’indi¬ quer, ces petits volatiles changeroient absolument de naturel ; ils passeroient de la froide indifférence à un sentiment plus tendre, dont notre température empêche le développement ; les femelles, devenues sensibles aux caresses des mâles, se rendroient à leurs désirs; les mâles se fixeroient en s’attachant une compagne ; le plaisir de s’aimer, de s’en donner des preuves , de soigner leur postérité, deviendroit leur unique occupation. Ces soins, continués pendant plusieurs années, procureroient des générations acclimatées, qui fîniroientpar ne plus deman¬ der que les attentions ordinaires attachées à l’éducation des serins. y* 1 % I Ht { 1 HISTOIRE NATURELLE DES BENGALIS. L’AMANDAVA ou LE BENGALI PIQUETÉ. PLANCHE PREMIÈRE. Le Bengali piqueté, BufTon. FringïLla amandava, Linnæus. ^maduyade finch^ Latham. IL ne faut pas croire, d’après les noms de Bengali et de Senegali donnés à ces oiseaux, qu’ils habitent exclusivement au Bengale et au Sénégal : on les trouve en Afrique et en Asie, depuis les îles Canaries jusqu’à la Chine. L’Amandava, qu’on rencontre plus communément au Bengale et dans les lies adjacentes, réunit tout ce qui peut plaire : à une taille élégante, à une voix agréable, il joint un riche plumage, dont les couleurs varient même plusieurs fois dans l’année, circonstance qui a donné lieu à des méprises en Ornithologie. Les uns ont pris le mâle pour une femelle, quand il étoit sous son plus modeste vêtement 5 d’autres en ont fait des variétés, quand ils l’ont vu mélangé des diverses couleurs qui caractérisent celui d’été et celui d’hiver : ces méprises sont bien excusables, et il est difficile de ne pas se tromper lorsqu’on n’a pas été à portée de suivre l’Amandava dans tous ses changemens, et qu’on ne l’a pas observé jeune, adulte, vieux, et à l’époque de ses amours. Il a, dans sa jeunesse, la tête et toutes les parties supérieures du corps brunes -, la gorge blanchâtre *, le devant du cou et le dessous du corps de même couleur dans les uns , d’un jaune sale dans les,autres *, les couvertures des ailes parsemées de quelques points blancs ; les pieds jaunâtres, et le bec brun. Lorsqu’il est dans la saison des amours, le bec, les pieds, la tête, le dessus et le dessous du corps sont d’un rouge foncé ; cette teinte se rembrunit sur les pennes des ailes, et se change en noir sur celles de la queue, dont les latérales' sont terminées de blanc 5 cette dernière couleur est encore indiquée par des points plus ou moins grands, sur les paupières, sur toutes les couver¬ tures alaires et caudales, sur les pennes secondaires et sur les flancs 3 20 HISTOIRE NATURELLE enfin, un trait noir se fait remarquer à l’origine de la gorge. Tel est le mâle figuré dans la PI. i. Le même en habit d’hiver, PI. 2, a le dessus de la tête et du corps, les côtés du cou et le croupion bruns ^ les plumes qui recouvrent la queue en dessus d’un rouge rembruni^ le front, les joues et la gorge, à son origine, d’un jaune faible avec une teinte rouge -, le devant du cou d’un gris blanc lavé de jaune sale -, la poitrine, le ventre, les couvertures et les pennes des ailes d’un brun plus foncé que sur la tête j le ventre et le dessous de la queue noirs 5 les flancs, les couvertures supé¬ rieures de la queue et quelques pennes secondaires piquetés de blanc. Des individus ont encore des points pareils sur les côtés du cou •, d’autres ont des teintes plus ou moins foncées -, le plumage de plusieurs ressemble à celui des jeunes -, quelques-uns ont la poitrine et le ventre noirâtres -, sur d’autres les couleurs sont tellement mélangées pendant la mue, qu’on ne sauroit en donner une idée parfaite ^ enfin, sur le même oiseau, et d’une année à l’autre, elles varient dans leurs nuances, et les mouchetures ne conservent pas toujours la même position. La femelle mue aussi plusieurs fois, et chaque mue est accompagnée d’un changement dans les couleurs et dans la distribution des points j mais sa livrée est en tout temps moins éclatante que celle du mâle. Une température élevée à ving-cinq ou trente degrés, des arbrisseaux toujours verts et touffus sont nécessaires à l’Amandava, si on désire de le faire multiplier en Europe j mais lorsqu’on ne veut que l’y conserver, il suffit de le tenir en hiver dans un appartement où le froid ne puisse pénétrer j cependant à son arrivée, on doit, pour l’acclimater, lui procurer au moins une chaleur de quinze à dix-huit degrés *, et même un peu plus forte, s’il est en mue ou dépouillé d’une partie de ses plumes. L’alpiste est la graine à laquelle cet oiseau donne la préférence. Il se plaît volontiers avec les différentes espèces de Bengalis et de Senegalis, pourvu que le nombre n’en soit pas trop grande mais il a de la répugnance à vivre avec d’autres races. La femelle est douée d’une faculté rare dans les oiseaux 5 elle exprime ses désirs amoureux par un ramage qui n’est pas sans agré¬ ment , quoique moins fort et moins varié que celui du mâle. Ce Bengali vit ordinairement, en captivité, sept à huit ans 5 mais on peut prolonger son existence, si on a l’attention de le préserver du froid, principale cause de sa mort, et de celle de tous les petits volatiles de la zone torride. Les figures qui représentent l’Amandava sous deux plumages différens, sont d’après deux individus vivans que possède M. de Launay, sous- bibliothécaire du Muséum d’Histoire naturelle. ’ Echelle de Réaumur, 4 I" 3 . Préerc' • di» -itl/li/A/îj- I DES BENGALIS. 21 LE BENGALI MOUCHETÉ. PL. 11 L Les lies Moluques sont les contrées des Indes qu’habite cette nouvelle espèce : transportée en Europe, elle n’y vit pas long-temps, si elle ne jouit, pendant toute la première année, d’une chaleur analogue à celle de nos étés, et l’on ne peut la déterminer à s’y propager qu’en main¬ tenant la température élevée à 5 o degrés, et en l’entourant d’un petit bosquet toujours vert, qui lui présente l’image de son pays natal. Cet oiseau a le bec d’un beau rouge 5 le dessus de la tête et du cou, le dos et les couvertures des ailes cendrés ^ les pennes brunes ^ les joues d’un rouge rembruni, et traversées par une raie blanche qui se prolonge sur les côtés de la gorge : celle-ci est grise et variée de lunules noires dans sa partie postérieure •, les côtés de la poitrine et du ventre sont rougeâtres et parsemés de mouchetures blanches *, le milieu est de cette dernière couleur -, le croupion, les pennes et les couvertures supérieures de la queue sont noires, et ces dernières presque aussi longues que les grandes plumes, et terminées par des taches blanches en forme de cœur ^ les pieds sont de couleur de chair. La femelle diffère du mâle en ce qu’elle est privée de brun-rougeâtre sur les joues et les flancs, de lunules noires sur le devant du cou, et de mouchetures blanches sur les couvertures de la queue et les côtés de la poitrine. Son plumage est entièrement gris, et son bec d’une nuance rembrunie. Les mâles lui ressemblent dans leur jeunesse \ mais après leur première mue, leur sexe est indiqué par la raie blanche des côtés de la tête, et le rouge rembruni des joues. Cet oiseau m’a été communiqué par M. Bécœur. 6 22 HISTOIRE NATURELLE LE BENGALI VERT. PL. IV. Cette rare espèce, dont je n’ai vu que deux individus vivans, se trouve sur la côte occidentale de l’Afrique. Aussi délicate , aussi sensible au froid que la plupart des petits volatiles de cette partie du monde, elle exige 25 à 5o degrés de chaleur si l’on veut en tirer de nouvelles généra¬ tions , et le climat de nos étés, lorsqu’elle est en mue ou dans les premiers temps qu’elle habite nos contrées. Elle place son nid au centre d’un buisson , et emploie à sa construction des herbes fines , de la bourre et des plumes. Sa nourriture est la même que celle de tous les autres Bengalis et Senegalis, c’est-à-dire l’alpiste et le millet rond : elle mange aussi avec plaisir du mouron, et les diverses petites graines qu’on donne aux serins *, mais on ne doit jamais lui présenter du chénevis, ni aux autres oiseaux décrits dans cet ouvrage, car cette nourriture est la cause de plusieurs maladies qui les font souvent périr , telles que les inflamma¬ tions de bas-ventre et l’épilepsie. Quoiqu’ils aiment beaucoup cette graine, elle a pour eux les mêmes inconvéniens , et on doit les en priver. Ce Bengali a le bec et les pieds rouges -, l’œil placé au centre d’une raie de même couleur Qa tête d’un gris-de-fer, foiblement teint de ver¬ dâtre Qe dessus du cou et du corps, les ailes et la queue d’un vert-olive j les joues, la gorge, la poitrine et les parties postérieures d’un gris nuancé de rouge très-pâle, qui prend un ton plus décidé vers l’anus. La femelle ne diffère du mâle que par des teintes moins vives. Ce Bengali ne mue qu’une fois dans l’année, et il est à tout âge paré des mêmes couleurs, si ce n’est dans sa jeunesse, où elles sont beaucoup plus ternes. Lommuniqué par M. Bécœur. 4 HouŸiK'^- j'crr//’^ , I k' ; 7 < r «4 ¥ \ \ ■f il V- .'i ■- 1 ^' j< ;mal : ,'.CÏ'' ' ' dt tSÏ>. M ^5Ak- "A.AA**. ' ' ''f . ^ ^^P- / \ DES BENGALIS. 23 LE MARIPOSA ou LE BENGALI BLEU. P L. V. Le Bengali , BufTon. Fringilla Bengalus, Linnæus. Blue-Bellied finchy Lalham. Cet aimable habitant des bords du Niger se trouve non-seulement au Sénégal, mais encore en Abyssinie, au Gap de Bonne-Espérance, et dans diverses autres contrées de l’Afrique. Favorisé du rare avantage de réunir à un plumage très-joli, un chant rempli d’agrémens, il est un des petits oiseaux de la Zône torride les plus recherchés en Europe. Quoique très-sensible au froid, il s’acclimate facilement en France, si on a la pré¬ caution de le tenir chaudement la première année. D’un naturel doux, il se familiarise volontiers, et n’exige , pour multiplier dans nos con¬ trées septentrionales, qu’une température convenable et un arbrisseau touffu où il puisse se livrer sans inquiétude à l’éducation de ses petits. En lui procurant, à l’époque de la mue et à celle des couvées, un climat artificiel de 20 à 25 degrés, on est certain d’en tirer de nouvelles généra¬ tions et d’en jouir sept à huit ans, terme ordinaire de sa vie. Il est vrai que le Mariposa ressent le besoin de se reproduire, et niche même sous une température moins élevée *, mais alors les femelles périssent à la ponte, ou tombent dans un état de souffrance qui ne leur permet pas de couver leurs œufs et que suit de près la mort. La chaleur que j’indique leur est donc de toute nécessité, et d’autant plus indispensable pour prévenir le malheur de les perdre, quelles couvent presque toujours en automne et en hiver. On pourroit néanmoins mettre un frein à leurs désirs amoureux et en retarder les effets, dans cette saison, en séparant les mâles des femelles ^ mais de cette manière on n’auroit à espérer que deux couvées dans l’année. Ces oiseaux muent pendant une partie de notre été, depuis le mois de mai jusqu’à celui d’août. Cette maladie, qui n’a lieu qu’une fois par an , n’apporte aucun changement dans leurs couleurs. Le mâle est très-attaché à sa compagne : souvent on le voit chanter son amour auprès d’elle, et, tenant au bec un brin d’herbe, exprimer la vivacité de ses désirs en frappant du pied la branche sur laquelle il est posé. Il cherche avec elle les matériauxpropres au nid, l’aide à le construire et partage même les fatigues de l’incubation. Le centre d’un arbrisseau très-garni de feuilles est l’endroit que préfère la femelle pour y placer le berceau de sa nouvelle progéniture ^ elle lui donne la forme d’un melon, contourne avec adresse les herbes sèches qui sont à l’extérieur, et en tapisse 24 HISTOIRE NATURELLE le dedans avec des plumes. C’est sur cette couche mollette qu’elle dépose quatre ou cinq œufs blancs. L’entrée du nid est sur le côté *, le bord inté¬ rieur est garni de petites touffes de coton attachées de manière qu’en sortant du nid ces oiseaux les font revenir en dehors, pour en cacher l’ouverture, et les font retomber avec eux en y rentrant. Outre l’alpiste , que tous les Bengalis et Senegalis préfèrent lorsqu’il est en épi, le Mariposa mange aussi avec plaisir les graines tendres du mouron, de la laitue et du séneçon. Le mâle se distingue particulièrement de la femelle par le croissant d’un rouge pourpré qu’il a sur chaque joue. Le dessus de la tête et du cou , le dos, les couvertures supérieures et les pennes de l’aile, sont d’un gris rembruni et lustré 5 le reste du plumage est d’un bleu clair assez brillant *, le bec d’un rouge incarnat très-clair, noirâtre à la pointe et sur les bords 5 l’iris d’une couleur de noisette très-vive 5 les pieds d’un blanc légèrement nuancé de couleur de chair. Les mâles adultes ont toutes les parties supé¬ rieures d’un gris plus clair, et une bande longitudinale de la même teinte, s’étend depuis la poitrine jusqu’à l’anus. D’autres portent aussi le même plumage, mais ils n’ont point de croissans rouges ; ce sont les femelles, selon Bruce et d’autres voyageurs -, et je le pense de même, d’après l’obser¬ vation que j’ai faite de ces oiseaux dans leurs amours. Quelques ornitho¬ logistes ont néanmoins une opinion différente. Les uns regardent ces derniers comme une variété du Mariposa , d’autres comme une espèce distincte, qu’ils appellent Cordon-bleu. Mauduyt ( 'Encyclopédie méthodique ) se fonde sur ce que parmi les Bengalis qu’on nous apporte vivans, très-peu ont la marque rouge ci-dessus indiquée comme caractère distinctif du mâle, tandis que s’ils étoient de la même espèce, on devroit les voir l’un et l’autre en nombre égal. Cet auteur ignoroit sans doute que lorsque ces Bengalis arrivent directement de la côte d’Afrique, et particulièrement du Sénégal, tous ou presque tous sont sous les couleurs de leur premier âge, lesquelles ne diffèrent que par les nuances de celles de la femelle 5 qu’ils sont d’un gris sale, et n’oiît qu’une légère teinte de bleu sur les parties inférieures : il ignoroit encore que les jeunes mâles n’ont point de croissant sur les côtés de la tête, et qu’ils ne sont décorés de cet attribut de leur sexe qu’après la mue. Daudin, qui pense comme Mauduyt, donne Le Vaillant pour son garant *, mais ce dernier ne se seroit-il pas mépris ? Je suis très- porté à le croire *, car, outre que Bruce, qui a aussi voyagé en Afrique et observé ces oiseaux dans leur pays natal, assure le contraire , j’en ai possédé un grand nombre, et dans tous les couples le mâle étoit constam¬ ment un Mariposa , et la femelle un Cordon-bleu. à DES BENGALIS, 25 LE BENGALI CENDRÉ. PL. VI. On voit quelquefois en France ce petit oiseau d’Afrique-, mais comme il est plus délicat que le Bengali bleu, on doit, pour l’y conserver vivant, le tenir, depuis le mois de septembre jusqu’au mois de mai, dans un local dont la température ne soit pas, sur-tout pendant la nuit, au-dessous de i4 degrés ^ cette précaution est d’autant plus essentielle à son arrivée, et même plusieurs mois après, qu’il perd souvent dans le voyage la plus grande partie de ses plumes. Quand il est acclimaté, la chaleur ordinaire de nos étés est suffisante , à moins qu’on ne veuille le faire multiplier -, il faut alors lui en procurer une telle que je l’ai indiquée pour le pré¬ cédent. Ce Bengali a le dessus de la tête, du cou , du dos et des ailes d’un gris cendré, plus foncé sur les pennes ^ le croupion, les grandes plumes et les couvertures supérieures de la queue sont noires -, les inférieures blanches, de même que les bords des six pennes latérales ; le gris blanchâtre qui règne sur les joues, la gorge et le devant du cou, prend sur la poitrine et le haut du ventre une couleur de chair, à laquelle succède, sur la partie postérieure, un rose vif qui s’étend jusqu’à l’anus -, le bec, les sourcils et les pieds sont rouges 5 le dessus et le dessous du corps sont parsemés de très-petites lignes brunes, transversales. Communiqué par M. Bécœur. / H 6 HISTOIRE NATURELLE LE BENGALI A JOUES ORANGÉES. PL. VII. Cette espèce, qu’on rencontre dans l’Inde et sur la côte occidentale de l’Afrique, étant née sous un climat brûlant, exige en France, pour l’y conserver pendant plusieurs années, et en tirer de nouvelles généra¬ tions , une température de sa à s5 degrés, particulièrement à son arrivée, pendant la mue et au moment de la ponte. Une bande d’un orangé foncé passe au-dessus de l’oeil et s’étend sur les joues de ce Bengali. Les plumes du bas-ventre sont de la même couleur, mais d’une teinte plus jaune. La tête est d’un gris qui devient roussâtre sur le cou et sur le dos, prend une nuance plus foncée sur les pennes alaires et caudales, et se fond dans le rouge rembruni du croupion et des couver¬ tures supérieures de la queue , dont les pennes latérales ont à l’extérieur un liséré blanc. La gorge et le devant du cou sont d’un gris de perle , qui s’obscurcit sur la poitrine, prend un ton roussâtre sur le ventre , et reparoît avec la même pureté sur les flancs et les plumes du dessous de la queue ^ le bec et les pieds sont rouges. La femelle diffère du mâle par un plumage un peu plus terne. Ces oiseaux ne muent qu’une fois par an et ne changent point de couleurs. Communiqué par M. Bécœur. ù/\l ' ^W' ./lûtK^UCf wr t r f» r K:. (A’ ,/r> A,r/u/A>i-s‘ • Cr,ii>^ ÿr'a/~ 2iûUŸHt;^~ ■ DES BENGALIS. 27 LE BENGALI GRIS-BLEU. PL. VIII. Ce Bengali, aussi disposé que les précédens à se naturaliser en Europe et à y perpétuer sa race, demande les mêmes soins, la même température, et il lui faut un bocage disposé de la même manière. Quoique cette espèce habite de préférence la Zone torride, on la trouve aussi dans des régions moins chaudes, et sous les latitudes voisines des Tropiques. Le gris bleuâtre qu’offre la plus grande partie de son plumage , s’éclaircit sur la gorge, et prend par gradation un ton plus foncé sur les parties postérieures jusqu’aux plumes de l’anus, qui sont d’une nuance fort sombre. Cette couleur est coupée entre le bec et l’oeil par un petit trait noir 5 les mandibules , le bas du dos , le croupion , les couvertures supérieures et inférieures de la queue sont rouges -, les pennes d’un brun rougeâtre en dessus et d’un gris foncé en dessous ^ les pieds bruns. Du Muséum d’Histoire naturelle. Les ouvrages d’Ornithologie font mention de plusieurs autres Ben¬ galis*, mais, ne les ayant pas vus en nature, je me bornerai à donner une description succincte des plus remarquables, et à la rendre assez claire pour que les amateurs puissent les reconnoître, si on les apportoit vivans en Europe. Bengali a oreilles blanches. Fringiïla Leucotis, Linnæus. ff^hite-earedfinch, Latham ) et ses variétés dont parle Osbeck dans son Voyage à la Chine. Cet oiseau a une tache blanche sur les oreilles •,1a tête, le dos et les couvertures alaires de couleur pourpre *, les côtés du ventre jaunes -, les pennes secondaires des ailes vertes -, les pennes primaires et la queue d’un beau bleu. La première variété ne diffère du précédent qu’en ce qu’elle a les pennes caudales pourprées. La tête de la seconde est verte, et la poitrine de couleur de pourpre. La troisième a l’estomac d’un vert brillant, la tête et la partie antérieure de l’aile brunes. La quatrième est d’un beau brun foncé sur la tête, les couvertures alaires et les pennes caudales j d’un rouge éclatant sur les flancs et les plumes qui recouvrent la queue en dessous. Ces cinq oiseaux , d’une petite taille, habitent la Cl rje. 38 HISTOIRE NATURELLE, etc. Bengali enflammé. Fnngïlla ignita, Linnæus. Fû'e finch, Latham. Cet oiseau, que Brown a fait figurer, PL 2 de ses Nouvelles illus¬ trations de Zoologie^ se trouve en Afrique dans les bois qui bordent la rivière de Gambie. Son bec est jaunâtre à la base, noirâtre dans le reste*, son plumage est en général d’un rouge rembruni éclatant, très-foncé sur les couvertures inférieures de la queue *, les pennes alaires et caudales sont d’une teinte sombre *, les pieds couleur de chair. La femelle diffère du mâle en ce qu’elle est d’un brun pâle , et quelle a le front rouge et la queue rougeâtre. Longueur totale cinq pouces. Bengali a tête d’azur. Fringillajoicta, Linnæus. Nzure headed finch) Latham. La Chine est la patrie de ce bel oiseau , dont la longueur est de trois pouces trois quarts. Il a le bec et les pieds rouges \ le dessus de la tête, les pennes des ailes et de la queue, bleus *, la gorge et les parties postérieures de la couleur du bec, à l’exception du ventre qui est cendré *, le haut du dos et les petites couvertures des ailes pourprés *, les grandes couvertures vertes *, le bas du dos et le croupion jaunes. HISTOIRE NATURELLE DES SÉNÉGALIS. LE SÉNÉGALI ROUGE. PLANCHE IX. Le Sénégali, BufFon. Fringilla senegala , Linnæus. Sénégal finch, Latliam. L E plumage des oiseaux de cette espèce n’est pas le même chez tous les individus : celui dont je publie la figure a le dessus de la tête et du cou d’un gris verdâtre, à reflets légers tirant sur le violet *, le dos et les ailes d’un gris olivâtre ^ les pennes brunes du côté interne *, les côtés de la tête et du cou, le croupion, les couvertures supérieures de la queue, la gorge, le devant du cou, la poitrine et le ventre rouges ^ les pennes et les couvertures du dessous de la queue noires -, le bec d’un gris noirâtre, nuancé de brun vers les narines et à la base de sa partie inférieure *, les pieds d’un brun roux ; on remarque enfin quelques petits points blancs sur les côtés de la poitrine et sur les flancs. D’autres ont le sommet de la tête et les plumes scapulaires d’un rouge vineux, le bas-ventre et les cou¬ vertures inférieures d’un brun verdâtre , le bec tirant sur le rouge , les pieds d’un gris très-clair. Dans plusieurs les flancs seuls sont semés de points blancs \ quelques-uns en sont privés sous le corps et en ont sur les couvertures supérieures des ailes. La femelle, brune sur le cou , les ailes, la queue et le dos, est d’un roux nuancé de rougeâtre sur la tête, la gorge, le devant du cou, la poitrine et le croupion : le ventre et les parties voisines ont une teinte jaunâtre. Les jeunes mâles lui ressemblent dans leur premier âge. Ces Sénégalis ne changent de plumes qu’une fois par an, et conservent toujours les mêmes couleurs, à quelques nuances près. Aussi gais , aussi vifs que les Bengalis , leur ramage n’est pas moins agréable, et lorsqu’ils sont réunis dans la même volière, leur doux gazouillement se renforce 8 5 o HISTOIRE NATURELLE par degrés, leurs sons deviennent plus brillans et plus cadencés, et forment bientôt un concert universel qui n’est pas dénué d’harmonie. Ces Sénégalis étant plus jaloux de leurs compagnes que les autres, il faut, après l’accouplement, les tenir séparés par paires, à moins qu’ils ne soient dans une très-grande volière. Le bas des buissons les plus touffus est l’endroit que la femelle choisit pour y construire son nid, avec des herbes menues, de la mousse et des plumes. Sa ponte, qui a lieu au mois de février, est ordinairement com¬ posée de quatre œufs blancs. Une chaleur de 32 à 25 degrés lui est de toute nécessité à cette époque et pendant la mue : en tout autre temps il suffit que ces oiseaux habitent un local où la température ne soit pas au-dessous de 10 à i 5 degrés-, mais il est essentiel que le froid ne puisse y pénétrer, car il les fait souvent périr. On trouve cette espèce aux Indes et en Afrique 5 mais elle est beaucoup plus rare au Sénégal que celle décrite ci-après. F • ' " T. ■ f .•■ - . •■■• -‘{ffï' -"■ ■.jJ-'Wy '’H ’] II- I I l 5 , A- ■ I ) , •.. I . . ‘ ^ . « Cf «tfi.Al» ' « *l< A> >.^ . . ■ j ' ' ,►» A 20 . /'.„■ ■ » DES SÉNÉGALIS. 5i LE PETIT SÉNÉGALI ROUGE. P L. X. On donne ce Sénégali pour une variété du précédent avec lequel il a quelqu’analogie dans le plumage *, mais il en diffère spécialement par sa taille moins forte , sa queue plus courte et presque égale à l’extrémité, tandis quelle est étagée dans le Sénégali proprement dit, et par des teintes autrement nuancées. Le mâle a les paupières jaunes -, l’iris blanc •, le bec, la tête, le cou, la gorge, la poitrine et le ventre rouges : cette dernière couleur borde exté¬ rieurement les pennes caudales, qui sont noirâtres en dedans *, elle est mélangée de vert sur le dos et sur les plumes anales-, les ailes sont d’un gris brun et les pieds rougeâtres. La femelle et les j eunes ont la tête et toutes les parties supérieures brunes j la gorge et le devant du cou d’un roux jaunâtre \ la poitrine et le ventre d’un blanc sale \ quelques points blancs sur les flancs ( des individus en sont totalement privés) \ le bec et les pieds rougeâtres. Ces petits Sénégalis, doux et familiers, ont une telle affection pour les oiseaux de leur race qu’ils se recherchent sans cesse, et ne se plaisent que perchés les uns très-près des autres, sur-tout pendant la nuit. Il en est autrement dans la saison des amours : les mâles et les femelles font alors une guerre si animée aux individus de leur sexe, qu’on est obligé de les tenir par paires isolées les unes des autres, à moins qu’ils ne soient dans une très-grande volière. Le mâle est rempli d’attentions pour sa femelle, et lui prodigue ces petits soins, ces tendres caresses qui font du serin le plus intéressant des oiseaux. Avant de s’unir à sa compagne il se pose près d’elle, tenant, comme le Mariposa, un brin d’herbe dans son bec -, il s’élève par petits sauts, frappe alternativement de chaque pied la branche sur laquelle il est perché, et chante le prélude de sa jouissance, en répétant plusieurs fois d’un ton vif et gai sa jolie chansonnette. Dès que la femelle a répondu à son amour, il l’aide à construire un nid ^ mais si elle néglige de s’en occuper au gré de ses désirs, ce n’est plus un amant empressé, c’est un maître qui commande et qui la poursuit sans relâche, pour la forcer au travail. Ils emploient les mêmes matériaux que le précédent ^ mais les plumes leur sont si néces¬ saires , que quand elles leur manquent, la femelle se glisse sous le ventre des oiseaux qui sont à sa proximité et même sous celui de son mâle , et leur en arrache avec beaucoup d’adresse et de vivacité. 32 HISTOIRE NATURELLE Un petit boulin qui n’a qu’une ouverture latérale, et que l’on pose au bas de la volière , est presque toujours l’endroit que choisissent ces Séné- gaiis pour y placer leur progéniture -, et la manière dont ils disposent ce berceau ne donneroit pas une haute idée de leur industrie à ceux qui n’ont pas vu le nid construit dans un buisson ^ mais là ils lui donnent la forme et à-peu-près la grosseur d’un œuf d’Autruche, avec une entrée sur le côté, vers le milieu *, ils en arrangent artistement le contour avec du gramen et de la mousse entrelacés, et garnissent l’intérieur de plumes et du duvet soyeux des plantes. La femelle y dépose quatre ou cinq œufs d’un blanc sombre, un peu moins gros que celui de notre Tro¬ glodyte ^ le mâle partage avec elle l’incubation, qui dure treize jours. Les petits naissent couverts d’un duvet brun ^ le père et la mère les élèvent avec beaucoup de soins et d’attentions, et leur dégorgent les grains à demi digérés dans le jabot , à-peu-près comme les serins. Ils joignent à cette nourriture les insectes, particulièrement les chenilles non relues et les larves , dont ils sont très-friands : ce dernier aliment est indispen¬ sable pour les jeunes, sur-tout dans les premiers jours de leur naissance. La chaleur convenable aux femelles doit être au moins de 25 degrés dans le temps des nichées -, cette haute température leur est d’autant plus nécessaire qu’elles font leur ponte pendant notre hiver ; on peut néan¬ moins la retarder jusqu’au mois de mai, en séparant les mâles de leurs compagnes -, mais alors on ne doit espérer que deux couvées, l’une à cette époque et l’autre au mois de septembre. Ces oiseaux, qui muent ordinai¬ rement aux mois de juin et de juillet, ne changent de plumes qu’une seule fois dans l’année ^ leurs couleurs ne varient plus quand ils sont adultes. Cette espèce, très-nombreuse au Sénégal, a multiplié à Caïenne depuis qu’on y a laissé échapper plusieurs individus apportés d’Afrique *, mais elle y est encore très-rare. Il en est de même de l’Astrild et du Bouvreuil noir et brun qui y sont parvenus par de semblables moyens. Pour faire multiplier en France, avec plus de facilité, les oiseaux décrits dans cet ouvrage et spécialement les Bengalis, \Q?,Sénégalis ^ les Grejia- cUns et Xe'àLoxiesfasciées , on doit se procurer beaucoup plus de femelles que de mâles , afin de pouvoir remplacer de suite celles qui périssent à la ponte. L’individu dont on voit ici la figure, est né dans mes volières. ] IZ . DES SÉNÉGALIS. 53 LE SÉNÉGALI CHANTEUR. PL. XI. Le Séné GA li chanteur, Buffon, édit, de Sonnini. Ce coryphée des bois que baigne le Niger, trouve peu d’émules parmi les oiseaux de l’Afrique. Il joint à une voix sonore, à un timbre doux et flatteur, à des sons flûtés et pleins d’harmonie, l’avantage rare et précieux de se faire entendre, pendant presque toute l’année, sans jamais fatiguer. Quand on possède ce charmant musicien , on oublie aisément le chantre des Hespérides ^ mais, comme il est plus délicat, on parvient difficilement à l’acclimater dans nos pays ; cependant on peut se flatter de réussir, si, dès son arrivée en Europe, on a soin de le mettre à l’abri du froid, auquel il est d’autant plus sensible, qu’il perd presque toujours une partie de ses plumes dans le voyage, et qu’en France elles ne repoussent qu’à la mue. Cet oiseau demande, pendant les premiers mois de son séjour dans nos contrées, une chaleur de i6 degrés au moins, et de 25 à l’époque des couvées -, sans quoi il est rare que les femelles puissent pondre et élever leurs petits. Ces Sénégalis étant d’un naturel timide, on ne peut se flatter d’une réussite complète, si on ne leur procure une volière particulière pour nicher -, car, attaqués sans cesse par les oiseaux turbulens, tels que les Comha-Sous ^ les Diochs et plusieurs Sénégalis , qui se font un jeu de les déplumer, ils se trouvent exposés aux impressions du froid, dont la plus foible atteinte cause la mort des femelles au moment de la ponte. On peut, tant qu’ils ne sont pas appariés, les laisser plusieurs ensemble, et même avec d’autres espèces, si leur prison est d’une certaine étendue ^ mais il faut séparer chaque couple dans le temps des amours, car les mâles, extrêmement jaloux les uns des autres, se disputent les femelles avec acharnement : on se prive d’ailleurs du plus bel agrément qu’on puisse en attendre , puisque, presque toujours occupés à se battre, les vaincus se taisent et les vainqueurs chantent rarement. Des arbrisseaux, des buissons, et une grande volière ne sont point de stricte nécessité pour faire nicher ces oiseaux en captivité. Ils se contentent de la cage et du petit panier d’osier que l’on donne ordinairement aux serins. Leur nid n’est guère plus grand que celui du Colibri contourné avec la même adresse, il est isolé au milieu du boulin et composé à l’exté¬ rieur d’herbes sèches, de mousse, et en dedans de coton haché et de 9 54 HISTOIRE NATURELLE plumes. Le mâle et la femelle travaillent en commun à sa construction -, le premier est chargé de rassembler les matériaùx, et celle-ci les arrange. La ponte, qui ordinairement a lieu au mois d’avril, est de quatre ou cinq œufs blancs, foiblement tachetés de gris, et de la grosseur de ceux du Pouillot. On pourroit en devancer l’époque, en leur procurant pendant l’hiver la chaleur indiquée ci-dessus, car ils donnent des signes d’amour dès le mois de janvier. La parure de cet oiseau ne répond pas à son ramage : les plumes qui couvrent la tête, le dessus du cou , le dos et le eroupion, sont d’un gris- cendré clair -, la nuance se rembrunit le long de la tige, et devient encore plus foncée sur les ailes et la queue, mais elle s’éclaircit sur les barbes externes des pennes et des couvertures supérieures -, la gorge et toutes les parties inférieures sont blanches -, le devant du cou, la poitrine et les flancs variés de mouchetures d’un gris foncé les pieds gris-bruns*, le bec blanc, et le corps d’une forme plus arrondie que celui des autres Sénégalis. La femelle ressemble entièrement au mâle. L’individu dont je donne la figure, est né à Paris, et fait partie de la collection de M. Dufresne. \ \ L. } S I-,; <« ! y, . 4 >r' U’ » ■/Je.rj-i/te ^’/vr>i,vfr 7ti/iç/où' ûm»,- /tel/' JJoi/yuc^ . DES SÉNÉGALIS. 55 L’ASTRILD ou LE SÉNÉGALI RAYÉ. PL. XII. Le Sénégali rayé, Buffon. Loxia ^dstrild , Linnæus. ff^ax-bill Grosbeah, Latham. Ce n’est pas ici le moins intéressant des Sénégalis ; gaîté, vivacité, voix agréable , instinct doux et familier, telles sont les qualités aimables dont la nature l’a favorisé. Aussi attaché à sa femelle que le Mariposa ^ il a pour elle autant d’attentions, et lui prodigue autant de caresses ^ né sous le même climat, il exige en Europe les mêmes soins pour y multi¬ plier et y vivre 8 à 9 ans. On rencontre cette espèce non-seulement sur la côte occidentale de l’Afrique, mais encore à l’Ile-de-France, d’où l’on a apporté l’individu qui est ici figuré. Son plumage est rayé transversalement de brun et de gris, depuis l’origine du bec jusqu’à l’extrémité de la queue, excepté sur la gorge et les joues qui sont totalement de cette dernière teinte -, les raies sont très-fines sur la tête, plus larges sur les couvertures supérieures des ailes et de la queue, plus distantes les unes des autres sur les pennes secondaires des ailes , presque effacées sur les pennes caudales intermé¬ diaires , où le brun domine, et nullement apparentes sur les latérales, si ce n’est à l’extérieur des deux premières de chaque côté 5 toutes sont noirâtres et les pennes alaires brunes. On remarque une nuance rosée, mais très-foible, sur le ventre -, les plumes anales et les couvertures infé¬ rieures de la queue sont noires 5 le bec est rouge j l’œil est placé au milieu d’une bande de la même couleur, qui part des coins de la bouche et se termine vers l’occiput -, les pieds sont noirâtres. Les oiseaux de cette espèce ne se présentent pas , dans toutes les con¬ trées qu’ils habitent, sous un vêtement entièrement pareil. Les dissem¬ blances qu’on observe dans les nuances de leurs couleurs ne peuvent cependant pas être attribuées à la différence du sexe , puisqu’on voit des mâles et des femelles sous le même plumage. Les uns ont le dessus du corps plus ou moins rembruni que le précédent, d’autres Font plus ou moins rougeâtre ^ des individus n’ont point de raies sur la tête 5 dans plusieurs les plumes de l’anus et celles du dessous de la queue sont de la même teinte que le ventre. 56 HISTOIRE NATURELLE L’ASTRILD A VENTRE ROUGE. PL. XIII. On retrouve sur le plumage de ce Sénégal! les raies transversales qui caractérisent presque tous les individus de cette famille. Celui-ci diffère du précédent par une taille plus petite, et par la couleur rouge plus prononcée du ventre et de la poitrine. Quoiqu’il habite en Afrique, sous l’équateur, je auis parvenu à le faire multiplier en France, dans un local dont la chaleur n’étoit qu’à 22 degrés. Cet essai ayant coûté la vie à plusieurs femelles, au moment de la ponte, il faut, pour éviter de pareilles pertes, élever la température à 3 ou 4 degrés de plus. L’intérieur des arbrisseaux toujours verts et isolés les uns des autres, est l’endroit que ces oiseaux préfèrent pour y placer leur nid 5 ils le contournent avec grâce , lui donnent la même forme et le composent des mêmes matériaux que celui du Mariposa : la femelle fait ordinai¬ rement deux pontes dans les mois de décembre, janvier et février, et deux autres à l’automne -, elle se repose pendant notre été, époque de la mue de presque tous les Sénégalis -, ce changement de plumes n’a lieu, pour cette espèce, qu’une fois par an, et les teintes de son vêtement sont toujours les mêmes pour les mâles, les femelles et les adultes. Le millet rond est la graine pour laquelle ces Sénégalis ont un appétit de préférence ^ mais lorsqu’ils ont des petits, celles de mouron et de séneçon leur sont nécessaires pour les élever. Comme ils aiment beau¬ coup à se baigner, on doit souvent renouveler leur eau ; la plus fraîche et la plus limpide est celle qui leur plaît davantage. Le mâle et la femelle portent la même robe 5 ils ont le bec et les pieds rouges -, une tache de même teinte autour de l’œil 5 le dessus de la tête , du cou et du corps d’un gris-brun qui devient par gradation plus foncé sur les côtés de la poitrine et du ventre, dont le milieu est d’un beau rouge ', les plumes de l’anus et celles du dessous de la queue sont noires ^ les raies de même couleur, qui coupent en travers une grande partie de leur vêtement, sont d’autant plus étroites qu’elles approchent de la tête, et elles disparoissent totalement sur le fond brun des pennes alaires et caudales ^ il faut cependant excepter les deux intermédiaires de la queue , dont les pennes latérales sont noirâtres en - dessous. Cet oiseau , que je conserve dans ma collection, est né dans ma volière. ‘ ■■ £rt'/y\' . ^>a7- JJ<>//^/<<’^ P t l t i' - i i n 1 t « DES SÉNÉGALIS. L’ASTRILD A MOUSTACHES NOIRES. PL. XIV. L A tache noire qui, en partant du bec de ce Sénëgali, passe sous l’œil et s’élargit sur les joues , donne du caractère à sa physionomie , et le fait aisément distinguer des précédens. Son plumage est rayé de brun sur un fond gris ^ les raies sont étroites sur la tête , le cou et la gorge, larges sur les couvertures et les pennes secondaires des ailes, et nulle¬ ment apparentes sur le beau rouge qui teint les flancs, le dos , le croupion et les couvertures supérieures de la queue, dont les inférieures et les pennes sont noires -, cette dernière couleur règne aussi sur les plumes de l’anus et sur le milieu du ventre -, les grandes pennes alaires sont brunes et les pieds d’un rouge rembruni 5 le bec est noir en dessus , et d’une nuance plus claire en dessous. Cette nouvelle espèce, qui est d’une taille plus alongée que les autres, se trouve dans l’Inde. Du Muséum d’Histoire naturelle. I O 58 HISTOIRE NATURELLE LE SÉNÉGALI QUINTICOLOR. PL. XV. Cinq couleurs dominent sur le plumage de ce Sénégali ^ un gris bleuâtre sur la tête et toutes les parties inférieures du corps, mais plus foncé sur le sinciput -, un beau rouge sur le croupion et les sourcils -, un yert-olive sur le cou, le dos et les bords externes des pennes alaires *, un brun terne sur les barbes intérieures *, un noir mat sur la queue, qui est étagée. Le bec est rouge avec une raie noire sur l’arête, et une tache de la même couleur en dessous -, les pieds sont couleur de chair. On ne remarque aucune dilférence entre le mâle et la femelle de cette espèce, qui habite la Nouvelle-Hollande : on trouve sur ce nouveau continent plusieurs petits oiseaux qui ont des rapports avec celui - ci, mais on ne les connoît pas assez pour déterminer la place qui leur con¬ vient. Les uns ont le bec, le croupion et les couvertures supérieures de la queue rouges, avec une large bande de la même couleur sur les yeux -, le dessus de la tête gris-bleu ^ les pennes caudales et le dos verts ^ le dessous du corps d’un blanc verdâtre, teint de rouge sur la poitrine : d’autres diffèrent de ceux-ei en ce qu’ils ont les ailes, la queue, le dessus du corps d’un brun pâle, et le dessous blanc : chez d’autres le brun est verdâtre et le blanc cendré. Du Muséum d’Histoire naturelle. /J . P/-C//-,' . (5^ / Tm^ri7n€^ôe-' Za^^loù , Zouyu£/- . jâ' ô'/avp ^ap' J3û(tyupf . DES SÉNÉGALIS. ^9 LE SÉNÉGALI A FRONT POINTILLÉ. PL. XVI. Le Sénégali a front pointillé, BuifFon, Edit, de Sonnini. Loxia frontalis, Linnæus. Frontal Grosbeah, Latham. De tous les petits oiseaux qu’on nous apporte du Sénégal, celui-ci est le plus délicat, le plus sensible au froid 5 et l’on parvient d’autant plus difficilement à le familiariser avec notre température , qu’il refuse tous les grains de nos contrées qu’on lui présente ordinairement à son arrivée; le millet du Sénégal étant le seul qui lui convienne , les voyageurs doivent en faire une provision assez forte pour le nourrir pendant les premiers mois de son séjour en France; en mêlant ce millet avec de l’al- piste , on l’accoutumera peu à peu à ce nouvel aliment. La chaleur qui lui est propre dans la première année , ne doit pas être au-dessous de 20 degrés 5 mais il a besoin d’une température plus élevée, si on veut en tirer de nouvelles générations. Il ne plaît que par son naturel doux et sociable -, car il chante rarement, du moins en captivité, et son ramage n’a rien de remarquable. Le mâle de cette rare espèce a le front noir et pointillé de blacn avec deux moustaches des mêmes couleurs qui descendent sur les côtés de la gorge : la nuque et le dessus de la tête sont orangés 5 le sinciput est pi¬ queté de noir ^ les plumes du dessus du cou et celles du dos, du croupion, des ailes et de la queue sont d’un gris ferrugineux , plus foncé sur le milieu et tirant au brun à l’extérieur ^ les côtés du cou et les flancs sont gris ^ le bec , la gorge et toutes les parties postérieures d’un blanc pur ^ les pieds couleur de chair. La femelle diffère en ce quelle a le sommet de la tête et l’occiput d’une teinte cannelle claire, les plumes du dessus du corps brunes et bordées de blanc, les côtés du cou et les flancs de cette dernière couleur. Ces oiseaux, qui ne muent qu’une fois par an, portent toujours le même plumage , lorsqu’ils sont parvenus à l’état d’adulte. HISTOIRE NATURELLE DES FRINGILLES. LE GRENADIN. PLANCHES XVII ET XVIII. Le Grenadin, Buffon. Fringilla granatiria, Linnæus. Brasilian Jînch, Lalham. L’erreur qu’a faite Edwards en indiquant le Brésil pour la patrie de cet oiseau, a été copiée par Buffon et plusieurs autres naturalistes. Le Grenadin ne se trouve point en Amérique, mais en Afrique, dont il habite la côte occidentale depuis le pays des Yolofes jusqu’au Cap de Bonne-Espérance. La douceur de son naturel , les agrémens de son ramage, la gaité de ses mouvemens, joints à l’élégance de ses formes et à l’éclat de ses couleurs, font de cette Fringille un des plus beaux ornemens de nos volières -, mais, plus délicate, plus sensible au froid que les Bengalis, elle ne peut vivre long-temps dans nos régions septentrionales, si, pendant les froids, elle n’a pour demeure un local où la température soit toujours élevée au moins à 16 degrés. L’intérieur d’un arbrisseau touffu est l’endroit dont la femelle fait choix pour y construire son nid *, elle le place à quatre ou cincj pieds de hauteur, et fait entrer dans sa composition des herbes sèches, de la mousse et le duvet des plantes. Le mâle partage avec elle ce travail et celui de l’incubation. Notre hiver étant leur saison d’amour, on doit, pour faciliter la ponte, porter à cette époque la chaleur de leur prison à 5 o et 32 degrés , sans quoi la femelle périt dans ce moment critique pour tous les oiseaux , ou elle ne répond pas aux avances du mâle ^ celui-ci montre lui-même peu d’ardeur s’il n’a point un climat qui puisse exciter ses désirs amoureux. Le Grenadin se nourrit de millet, d’alpiste et d’insectes mous •, ce dernier aliment ne lui convient que pour élever ses petits. Il ne subit qu’une mue par an et souvent il meurt de cette maladie, si alors il est f/e^ rj/n^nWit^rie- £Zλ . /h'cU't- BciiŸUC/' . a ' -' ''l *■- A; 1 ' 'S. I--^ ' / 9 .. • 1 1. HISTOIRE NATURELLE, etc. 4i saisi du moindre froid 5 il y est tellement sensible qu’en toutes saisons il faut le mettre à l’abri de ses plus foibles atteintes. Les individus de cette espèce qu’on doit préférer pour avoir de nouvelles races , sont ceux apportés de Lisbonne, parce qu’ils sont déjà acclimatés et accoutumés à la captivité. Un beau bleu, à reflets violets, forme à la base de la mandibule supé¬ rieure du mâle, une zone qui est interrompue sur les côtés de la tête par une tache brune située entre le bec et l’œil. Cette couleur bleue reparoit avec les mêmes effets sur les joues, et elle est matte sur le croupion, sur les plumes de l’anus et sur toutes les couvertures de la queue , dont les pennes sont noires, ainsi que le haut de la gorge. Le bec et les paupières sont rouges ^ les pieds couleur de chair \ la tête, le cou , le dessus et le dessous du corps, d’un brun mordoré , qui est plus foncé sur les couvertures supérieures des ailes : les pennes alaires sont en dehors d’un brun pourpré, et d’un brun sombre en dedans. La femelle, pl. 18, a le dessus de la tête, le cou , le dos et les ailes d’un gris-brun plus vif sur les deux premières parties -, les côtés de la tête et le front d’une teinte lilas ; le croupion et les couvertures supérieures de la queue bleus -, toutes les parties inférieures d’un fauve pâle, qui s’éclaircit sur la gorge , sur le milieu du ventre et sur les plumes dont la queue est recouverte en dessous : les pennes alaires et caudales sont de la couleur du dos : les pennes latérales de la queue ont du fauve à l’extérieur et les autres du bleu. Les jeunes mâles ressemblent, dans leur premier âge, à la femelle*, mais ils n’ont aucun vestige de bleu et de lilas sur leur robe. Les ornithologistes modernes indiquent quelques variétés ; les unes ont une tache brune entre le bec et l’œil et les parties inférieures du corps violettes ; d’autres ont le bas-ventre et les pkimes des jambes de même teinte que le corps , celles-ci sont de jeunes oiseaux : quelques-unes portent une queue rougeâtre : enfin la plus belle de toutes ces variétés est celle qui a le dessus de la tête , et particulièrement le front , d’un bleu éclatant ^ le cou , la poitrine et le haut du ventre d’un pourpre brillant un peu lavé de marron clair *, la gorge , le ventre et les cuisses d’un noir mat*, les joues d’un violet rougeâtre ^ le croupion cendré *, les plumes de l’anus bleues *, les couvertures supérieures et les pennes des ailes bordées de cendré en dehors *, la queue de cette dernière teinte à l’extrémité, et de la couleur de la gorge dans le reste de son étendue. L’individu ainsi décrit, pour la première fois par Daudin, et qui a été apporté de la côte occidentale de l’Afrique,ne constitueroit-ilpas plutôt une race particulière qu’une variété? HISTOIRE NATURELLE L’AZUROUGE. PL. XIX. Cet oiseau a, par les formes et les proportions, une grande analogie avec le précédent *, mais son plumage est généralement paré de couleurs plus riches. Né sous le même climat que le Grenadin, il demande, en Europe, les mêmes soins, les mêmes attentions, soit pour l’y conserver vivant, soit pour l’y faire multiplier. La tête, le cou, la gorge, le dos, le croupion et les couvertures supé¬ rieures de la queue, sont d’un violet éclatant à reflets bleus 5 un trait bleu qui part du bec , enveloppe l’œil et le dépasse ^ les ailes sont d’un beau mordoré et bordées en dehors d’une nuance plus claire ^ les pennes caudales noires en dedans et frangées de bleu du côté extérieur ; le bas-ventre et les couvertures inférieures de la queue de cette dernière couleur 5 le bec , la poitrine et le ventre d’un rouge brillant -, les pieds d’un rouge pâle. La femelle , comme dans toutes ces belles espèces, a des teintes moins vives et moins foncées. Communiqué par M. Bécœur. pa/- P/'ti/'e . de l'Imprr/nej'ie iP Laji^/ou’ , {daijp por Boiu/r/e/- , Dcrsint poj- Frelre. . LImf>/im4‘rù de La/i^ùn'j'. ('/‘tjipe- pa/' Bûup/e/ , J DES FRINGILLES. 45 L’AZUVERT. PL. XX. L’ile de Timor est la patrie de cette belle et rare espèce, dont on ne connoit que l’extérieur , et qui n’a jamais été apportée vivante en Europe. Trois couleurs brillent sur l’habit du mâle : un bleu azuré sur le sommet et les côtés de la tête, sur la gorge , le devant du cou et tout le dessous du corps -, un rouge vif sur le croupion -, un joli vert-olive sur l’occiput, le dessus du cou, le dos, les ailes et la queue, dont les deux pennes intermédiaires outre - passent les autres de quelques lignes : le bec est noir, et les pieds sont couleur de chair. La femelle, ou l’individu que je prends pour elle ( car je n’ai vu que la dépouille de ces oiseaux ) diffère du mâle en ce que la couleur bleue ne se montre sur son plumage qu’avec une teinte cendrée, et le vert-olive sous une nuance sale. Le croupion est en outre pareil au dos, et toutes les pennes de la queue sont d’égale longueur entre elles. Communiqué par M. Bécoeur. 44 HISTOIRE NATURELLE LE COMBA-SOU. PL. XXL Le Moineau du Brésil, Buffon. Fringilla nitens , Linnæus. Glossy finch , Latham. Voici encore un de ces oiseaux auxquels on a donné mal-à-propos le Brésil pour patrie, puisqu’il est étranger à l’Amérique, et qu’il ne se trouve qu’en Afrique, particulièrement au Sénégal. Ce moineau ne peut être, comme le disent des ornithologistes, de l’espèce du Pere noir ", qui est un oiseau du Nouveau Continent, et qui diffère du Gomba-sou par les couleurs du bec, des côtés de la tête et de la gorge \ leurs femelles n’ont d’ailleurs aucuns traits de ressemblance. VOutremer^ ne seroit-il pas plutôt un individu de l’espèce de ce dernier ? Je le présume ^ car tous les deux habitent l’Afrique, portent le même vêtement, sont de la même taille, ont le bec et les pieds colorés de même, et leurs femelles sont totalement pareilles. Le nom que j’ai conservé à cette Fringille est celui que lui ont imposé les habitans du Sénégal. D’une extrême mobilité, d’un naturel turbulent, le Gomba - sou fait le tourment des Bengalis, des Sénégalis et des autres petits oiseaux qui sont renfermés avec lui dans la même volière. On le voit rarement en repos , sur - tout dans la saison des amours. Doué d’un cou¬ rage au-dessus de ses forces, il ne craint point de combattre des oiseaux plus grands que lui-, c’est en voltigeant au-dessus d’eux, qu’il les attaque et A ient à bout de les mettre en fuite. Aussi babillard que pétulant, il ne cesse de faire entendre des cris perçans et aigres. Son ramage est assez varié : des personnes le trouvent agréable quoique peu mélodieux, et il ne plaît pas à d’autres -, mais tous recherchent cet oiseau pour sa vivacité, ses gentillesses et son beau plumage. La femelle, non moins vive , non moins criarde que le mâle, se refuse à ses désirs amoureux si elle n’a pour ses ébats une volière vaste, remplie d’arbrisseaux verts, et dont la température soit élevée de ^4 à 28 degrés. L’instant de la jouissance est, dans cette espèce, accompagné de circons¬ tances fort singulières. Le mâle voltige d’abord au-dessus de sa compagne avec une très - grande vélocité , se pose ensuite sur elle , en agitant ‘ Fringilla Nociis, Linnæus. Rufous- Chinned finch, Latham. “ Fringilla ultTamarina,lJmaæas. XJltramarinefinch, Latham. il (■'rinv fiur l!oii<}ii,;' i)i'l7iu' par Prvlre d' rfiiif’/wifw <ù' Lan^loLf & ^•r *•) ♦ ^ $ 11 DESFRIjyGILLES. 45 fortement les ailes, ne fait, pour ainsi dire , que l’effleurer, disparoît aussi - tôt et va se cacher dans un boulin ou dans l’endroit le plus obscur de la volière, d’où il fait entendre les cris les plus aigus , comme s’il se battoit avec d’autres oiseaux. Le Gomba-sou mue deux fois dans l’année, ainsi que sa femelle 5 mais celle-ci, comme dans toutes les espèces à double mue, porte constamment la même robe. Un bleu très-foncé , à reflets violets, colore tout le plumage du mâle pendant la saison des amours, qui dure six mois pour ces oiseaux j le bec et les pieds sont d’un rouge pâle *, l’iris est blanchâtre. En hiver il a le bec et les pieds bruns -, ses couleurs ne diffèrent alors de celles de la femelle qu’en ce qu’elles sont plus nettes et plus prononcées. Celle-ci a trois bandes longitudinales sur la tête j l’une , placée au centre, est d’un blanc roux ^ les deux autres sont d’un brun noirâtre j un trait de cette dernière teinte est en arrière de l’œil : les joues sont grises j la gorge et tout le dessous du corps grisâtres -, les plumes des parties supérieures d’un gris brun dans le milieu , et d’une nuance plus claire sur les bords *, les pennes des ailes et de la queue brunes , et frangées à l’extérieur d’un gris foncé. Les jeunes mâles ressemblent à la femelle dans le premier âge, et ne prennent leur habit de noces qu’à la seconde mue. 12 46 HISTOIRE NATURELLE LE DI O G H. PL. XXII ET XXIII. Le Mo iNEAü DU Sénégal, Buffon. Einheriza quelea, Linnæus. Blach-Faced hiinting, Latham. L A dénomination imposée à cet oiseau par Gueneau de Montbeillard, ne pouvant être admise , puisqu’il y a dans cette contrée plus d’une espèce de moineau , je l’ai remplacée par le nom que lui donnent les Yolofes, peuples qui habitent l’Afrique vers le Cap-Vert. Ce petit oiseau, que l’illustre coopérateur de Buffon regarde comme une simple variété de notre moineau , en diffère néanmoins par ses couleurs , par son bec plus gros , ses pieds plus longs, ses ailes et sa queue plus courtes. Le mâle, lorsqu’il est revêtu de sa belle livrée, a le front, les joues et le haut de la gorge noirs •, le dessus de la tête et du cou, le dos et le croupion d’un brun jaunâtre, pointillé de noirâtre sur le sinciput : le centre des plumes est aussi de cette dernière teinte sur la nuque et le manteau \ les couvertures supérieures des ailes, leurs pennes et celles de la queue sont d’un brun noir ^ le reste de la gorge, le devant du cou et toutes les parties postérieures d’un brun jaunâtre très-clair -, le bec et les pieds rouges. Ces couleurs, que le mâle porte depuis le mois de mars jusqu’au mois de sep¬ tembre , sont remplacées par d’autres qui diffèrent de celles de la femelle en ce qu’elles sont un peu plus vives et plus foncées. Celle-ci, représentée PI. 20, n’a pas de noir dans le plumage ^ sa tête est d’un gris-brun, le dessus du cou et du corps d’un gris fauve tacheté de brun ; la gorge blanchâtre. Le devant du cou, le dessous du corps, les couvertures et les pennes secondaires des ailes sont du même gris que le dos -, les pennes primaires et la queue brunes et bordées de gris fauve en dehors ^ les pieds d’un brun rougeâtre : le bec est jaune, et passe insensiblement de cette teinte à la couleur rouge , qu’il conserve durant l’été. Les jeunes mâles lui ressemblent pendant la première année. Ces oiseaux muent deux fois par an , aux mois de février et de juillet. Le Dioch étant d’un naturel querelleur, acariâtre et méchant, on doit le séparer des espèces douces et tranquilles, telles que les Bengalis, les Grenadins, les Sénégalis, etc., car il les inquiète de toutes les manières. Il se fait sur-tout un jeu de les saisir par l’extrémité de la queue et quelque¬ fois par les plumes de la tête, et de les tenir ainsi suspendus en l’air pen¬ dant plusieurs secondes, en ne cessant de crier tant que dure cette sorte •2.^1 'J)eJ\rmé pa/' Prèh'é rfnipriiii^/'ù' l/l- Li]Hij/oi\r 0riii>2ytif /iov^iwC- Desj'iru p(ir Pre^re , ('/•avé- par J^oiup/et. âf 7'Irnpri/nerie P anglais, ■ ^ JET , V-'*' /■' ''r« f f:.. f- 4 ?•- =e-../' t-e^ -, kS- ^v-:f]-:=',- ■ *f' ' ' y ' ■ i:'-^ ^ ^ £*-»: T ' , i^' . #• .''ü >.' %f.-^ • ^/ , ^ • ' ' '^I : . , 'N ; ', <'■ •'■*'-‘t f \>’ ' '• f - ■’V,’»,frv-X*‘l'' •'- îi*'' >'^ ■' A . y. tf' -■=1' '.T f .-.f ' I ,',. ■*• I ■ ; 7 . ' ■■' >‘\ 7 V I V J-’. k ' ** * =4. -^ ■ ■ * “I I '•■■t^kA D E s F R I N G I L L E s. 47 d’amusement. Quand ces petites victimes n’opposent aucune résistance, et contrefont le mort , ce qui arrive ordinairement , elles en sont quittes pour la peur *, mais s’il en est autrement, elles y perdent leurs plumes. Les Diochs n’agissent pas de même entre eux 5 ils recherchent la société des oiseaux de leur espèce, quoiqu’ils paroissent être dans une guerre continuelle, car ils murmurent et grondent sans cesse \ la femelle même, quoiqu’accouplée , n’est pas à l’abri des brusqueries du mâle. Ces oiseaux placent ordinairement leurs nids sur le même arbre, à très-peu de distance les uns des autres. Ils le suspendent à l’extrémité des branches, et le construisent solidement, quoiqu’ils n’emploient que des herbes desséchées et très-cassantes, auxquelles ils savent donner la sou¬ plesse, l’élasticité et la force du jonc en les enduisant d’une humeur vis¬ queuse pour les amollir -, ils fixent chaque brin sous leurs doigts, l’apla¬ tissent avec leur bec , le tordent en tous sens , et le contournent en zig¬ zags et en spirale. Ils en attachent ensuite trois ou quatre aux rameaux les plus foibles, les entrelacent les uns avec les autres, pour leur donner plus de solidité, et pouvoir rapprocher plus aisément les petites branches qui font la charpente du nid. Ce berceau, l’ouvrage du mâle et de la femelle, qui ne cessent de se gronder tant que dure le travail, est construit aussi artiste- ment et de la même manière qu’un petit panier d’osier. Le mâle travaille en dehors, et sa compagne en dedans, positions nécessaires, puisque pour parvenir à leur but, ils sont forcés de passer et repasser plusieurs fois de suite le même brin d’herbe , et de se le renvoyer alternativement jusqu’à ce qu’il soit tout-à-fait employé. Leurs dimensions sont si bien prises que l’extrémité des matériaux est toujours à l’extérieur. Le nid est sphérique en dessus, en dessous , en arrière et sur les côtés, et vertical en devant *, c’est vers le milieu de cette dernière partie qu’est l’entrée. Quoique ces oiseaux n’y travaillent que trois ou quatre heures dans la matinée , ils le font avec une telle activité, qu’ils le portent à sa perfection en moins de huit jours. Si après une semaine de repos, les femelles ne répondent pas aux désirs des mâles , ceux-ci détruisent tout l’édifice , et en construisent un nouveau quinze jours après. C’est ainsi que se sont comportés pendant la saison des couvées les Diochs que j’ai eus dans mes volières , et je pense qu’ils en agissent à-peu-près de même dans l’état de liberté. 18 degrés de chaleur sont suffisans pour mettre les mâles en amour, mais les femelles en exigent 24, sans quoi elles ne pondent point ou elles meurent à la ponte. Ces oiseaux nichent depuis l’équinoxe du printemps jusqu’au mois de septembre, époque où ils quittent leur vêtement d’été pour prendre celui d’hiver. 48 HISTOIRE NATURELLE LE DIOCH ROSE. PL. XXIV. Cet oiseau a un vêtement plus brillant et autrement nuancé que celui du précédent. Les plumes de sa tête sont d’une autre texture , et son bec est d’un autre rouge. Du reste leur identité est parfaite -, ils ont la même taille , le même port et la face colorée de même \ enfin ils portent l’un et l’autre le même habit d’hiver , et leurs femelles sont pareilles Quoique je sépare ces deux oiseaux, il se pourroitque celui-ci fût un mâle dans l’âge avancé. Je le présume *, car j’ai vu des Diochs proprement dits avec des taches couleur de rose après leur sixième mue : au reste, ce mâle en diffère par le rose vif qui couvre le dessus et le derrière de la tête , le cou , la poitrine et le milieu du ventre \ le bec est d’un cramoisi foncé , qui ne se ternit point après sa mort 5 tandis que le bec de l’autre Dioch perd totalement sa teinte rouge ou jaune. Les plumes des parties anté¬ rieures , et particulièrement celles de la tête , ont la douceur , la finesse et le lustre de la soie 5 elles sont blanches à l’origine et ensuite d’un roux jaunâtre •, la couleur de rose qui les termine est très-brillante, et parait seule lorsqu’elles sont couchées les unes sur les autres -, mais pour peu qu’elles soient en désordre, le roux perce à travers le rose. Les pieds sont rouges. Parmi le grand nombre de ces oiseaux que j’ai possédés vivans , je n’en ai vu que deux décorés de cette belle parure , ce qui prouve leur rareté ^ cependant ce moineau est bien connu des Européens résidant au Sénégal, qui lui ont imposé le nom de Cardinal, saps doute d’après sa couleur rouge. Mais il ne faut pas le confondre avec le petit Cardinal orix y qui est beaucoup plus rare , et qui se trouve aussi dans la même contrée. Comme les individus de ces deux espèces , mâles et femelles , portent en hiver à très-peu près le même plumage , il en résulte des méprises de la part des marchands qui, dans cette saison , les vendent tous indistincte¬ ment pour des Cardinaux. L’amateur doit donc , pour éviter d’être trompé , ne faire l’acquisition de ces moineaux que lorsqu’ils sont sous leur habit d’été 5 alors il les distinguera facilement. De ma collection. • Le mâle de l’espèce pre'cédente a été donné par Mauduyt pour la femelle du Dioch rose ; c’est une méprise échappée à ce naturaliste, parce que sans doute il ne connaissait pas la vraie femelle du Dioch proprement dit, qui n’est décrite dans aucun ouvrage d’ornithologie. J'Imprwipj-te Je Lane />ar / v;-’' . \ \ ' 3 . •V •‘f- • J t-% . .A . \ < I I ■ifr- S' « 2 / J^ejv'iyzé j:?ar l'J/n/>rtm4!r/e deZa^^/ûi-r ^rave ^tzr ^ûu^ue^ DES FRINGILLES. 5i LA FRINGILLE CROCOTE. PL. XXVII. Friiigilla crocea. Le Sénégal est la patrie de cette Fringille, qui étant d’un naturel sau¬ vage , farouche, supporte difficilement la captivité, si on ne se la procure dans son jeune âge j mais, moins délicate que la plupart des oiseaux du même pays, elle s’acclimate plus facilement en Europe : il suffit de lui procurer, dans la première année , une chaleur analogue à celle de nos étés. Le mâle a le bec d’un gris plombé *, la tête couverte d’un voile noir, qui descend jusqu’au-dessous des joues *, la gorge blanche à son origine , et ensuite du même jaune qui couvre toutes les parties postérieures , et qui dessine un demi-collier sur les côtés du cou , dont le dessus est cou¬ leur de rouille, de même que le dos et le croupion -, les pennes alaires et caudales sont brunes et frangées de gris-blanc en dehors -, les pieds sont d’un gris-jaunâtre clair. La femelle n’a point de voile noir ; le jaune a chez elle moins d’éclat, et ses parties supérieures sont d’une nuance plus terne. Le Pinson à long bec ^ qu’on rencontre dans le même pays, a, dans son plumage, son naturel et la longueur de son bec, de grands rapports avec le précédent. De ma collection. X- A * FringîUa Sencgalensis, Linnæus. Long-biUedJinch, Latham. 52 HISTOIRE NATURELLE LA FRINGILLE CARDELINE. PL. XXVIII. Fringilla erythroceghala ^ Linnæus. Red headed finch, Latham. Cette belle espèce est commune à ITsle-de-France, et il seroit aisé, si 011 se conformoit à ses goûts , de nous l’apporter vivante. Il suffiroit, pour la conserver en Europe , de lui procurer, pendant les premiers mois de son séjour, et sur-tout à l’arrière-saison, une température ana¬ logue à celle des hivers de cette colonie 5 et de la porter à quelques degrés plus élevés, si on desiroit en tirer de nouvelles races. Le mâle a le bec noir ^ la tête, la gorge, le devant du cou, le croupion et les couvertures supérieures de la queue d’un rouge vif ; cette couleur est coupée par un trait noir sur les côtés de la tête 3 ce trait part du bec, borde les paupières, qui sont blanches, et dépasse un peu l’oeil 5 la teinte verdâtre qui couvre le dessus du cou et le dos, n’occupe que le bord des plumes, dont le milieu est brun ^ le dessus des ailes offre aussi ces deux couleurs, mais la dernière tire au noir ^ les couvertures supérieures sont terminées de blanc , ce qui donne lieu â deux bandes transversales -, les pennes alaires et caudales sont brunes et frangées de vert à l’exté¬ rieur ^ la poitrine et le dessous du corps sont olivâtres -, les pieds d’un gris roussâtre. La femelle a le bec brun en dessus, d’une nuance plus claire en des¬ sous ^ la tête, la gorge, le devant du cou et les couvertures de la queue d’une teinte verdâtre : du reste elle ressemble au mâle. 7}c‘.rxùi<; ^’O/' P/v/yt’ ûrai?y V,U' £oi( , ' : • • |CV ' ■ %<' J \ - ) • •" .t ■' 'l . i ‘l ■^<. : ,1’ ■ ■» ' ' ' 'M, , ' ■-•r'-a ,v. - .."•..■E',t,;'i'î-S ',-. '- '..V'"f J ■*- _ (■* r ■ .\t ! !h 'a >'■'■■■ • >■ ‘'^■(f .■■• V\<..fe* - . , . -l-r, v*i *. • ". . I • * *'.’■’ » m ■J ...1 «> s y, >; K ' «' ‘ T- â -•■ "■.■ * y. '■■k/ ■' •' * < ► *. .* ,T 5 V' ■ *;»•.'«' •". ■.'- ' . tll •\, ^ ' i'K t. J A /fi : t ' '.: ;iîfr= ■‘ • ■‘■" v'-t-ü ..r^ ' ¥' ■.' ^;-v. ! iJi •• •‘i',,' ■ -,/ii‘iî/i-' ''ü •I . / l / / •4 I '1, ■ I M*. < I I f * •'r 5 * V 4 I y < h k . ItilLsÜfJ •A - ùâ *'V y / vVv’aWi il' kH ’ r * » f), fil t -, .J./' A 'iS * Cy (/e / Ma/i^/ût^/'. t’ /?47/' DES FRIÎ^^GILLES. 52* L’ARAGUIRA, PL. XXVIII. Fringilla aragub'a. Le nom que j’ai conservé à cette espèce, d’après les naturels de l’Amé¬ rique méridionale, signifie Oiseau de Dieu, du Ciel, de la Lumière ou du Feu'} dénominations qu’elle mérite à tous égards. En effet, une jolie aigrette, des couleurs éclatantes et une taille élégante sont les attributs dont la nature l’a favorisée. Ce bel ensemble m’a décidé à la ranger dans cet ouvrage, car elle est privée d’un organe agréable. Comme notre Fri- quet, elle ne jette en tout temps qu’un simple cri d’appel. On la rencontre quelquefois dans la Guiane 5 mais elle habite particulièrement le Paraguay, et ne pénètre point dans le sud au-delà du 3 o® degré de latitude. Cet oiseau, d’un naturel gai et un peu sauvage, ne fréquente pas les villes ni les habi¬ tations rurales 5 il se tient dans les campagnes et sur la lisière des bois, par paire en été, en petites bandes ou en famille pendant la mauvaise saison. La femelle construit son nid au centre des grands buissons, le compose d’herbes sèches en dehors, et en tapisse l’intérieur de crins contournés avec art. Sa ponte est de trois ou quatre œufs blancs. Malgré son caractère farouche, l’Araguira ne perd point sa gaîté avec sa liberté. Il vit volontiers en volière, si on lui donne en abondance du maïs concassé, et les diverses graines dont se nourrissent les espèces précédentes. La huppe du mâle est d’un rouge vif, longue, soyeuse et à barbes décom¬ posées ^ il la porte ordinairement couchée 5 alors elle est peu apparente, étant cachée par les plumes noires qui forment, sur les bords, une sorte de saillie, et qui l’accompagnent quand elle est verticale : mais si quelque passion l’agite,il la relève et l’épanouit de manière qu’elle paroît plus large en haut qu’à son origine. Les joues, la nuque, le dos et les couvertures des ailes sont d’un brun rougeâtre *, les pennes et celles de la queue sont bor¬ dées d’une nuance plus claire *, le croupion, la gorge et les parties posté¬ rieures d’un rouge de feu. Le bec et les pieds sont bruns -, l’iris est d’un roux foible. La femelle a les plumes de la tète d’un brun rougeâtre, et de la forme ordinaire. Du reste elle ressemble au mâle, mais son plumage a moins d’éclat. Cette description convient tellement au Friquet huppé de Buffon, qu’il me paroît appartenir à la même espèce *, mais la femelle que cet auteur indique, ne seroit pas la véritable. * Apuntamientos para la Hist. nat, de los Paxaros del Paraguay. 52 HISTOIRE NATURELLE LE WORABEE. PL. XXVIII. Le Worabée, BufFon. Fringilla ahyssinia, Linn. Gm. Blach-collared Jînch, Latham. Bu F FO N est le premier qui ait décrit cet oiseau, sur une figure que lui a communiquée le chevalier Bruce à son retour de l’Abyssinie -, mais il ne l’a jamais vu en nature. Je crois que l’individu que j’ai fait dessiner est le seul qui existe en France. Comme on l’a conservé vivant à Paris pendant plusieurs années, je peux en donner une description plus com¬ plète que le Pline français , puisqu’il ne parle que du plumage d’été du Worabée, et que cette Fringille en porte un tout autrement coloré dans la mauvaise saison. Én effet, il est alors varié de brun et de gris : ces teintes sont distribuées par taches plus ou moins alongées sur la tête, sur les couvertures des ailes et sur le corps -, les pennes alaires et caudales sont brunes, ainsi que le bec et les pieds. Dans le temps des amours, deux couleurs vives et brillantes régnent sur son vêtement 5 un noir velouté sur les côtés de la tête jusqu’au-delà des yeux *, sur la nuque, où elle forme une sorte de collier ; sur la gorge, sur le bas de la poitrine, et sur une grande partie du ventre. Un beau jaune jonquille est répandu sur toutes les autres parties, à l’exception des ailes et de la queue, qui sont brunes et bordées à l’extérieur d’une teinte plus claire. Le bec est noir, et les pieds sont couleur de chair. Cet oiseau, dont le ramage n’est qu’un gazouillement foible, s’accli¬ mate facilement en Europe, quoiqu’il soit né en Afrique, sous la Zone Torride. On le nourrit en volière comme le Serin, de mil et de panis *, mais dans sa patrie il préfère la graine huileuse d’une plante qui s’appelle necJc en Abyssinie. Le Black-belliedgrosheah de Brown, Loxia afra^ Linn. Gm., a une très-grande analogie avec le Worabée, dans la taille, les couleurs et leur distribution. Il subit aussi deux mues dans l’année, porte, dans les deux saisons, le même vêtement que celui-ci, et il habite les mêmes contrées; mais si l’on s’en rapporte à la figure publiée par cet auteur, Illustr. pl. 24, il en diffère par un bec plus gros, et en ce que la couleur noire n’est point apparente au-dessus du cou ; du moins on ne la voit pas dans sa représen¬ tation , et Brown n’en parle point. On remarque encore plusieurs taches brunes qui indiquent que cet oiseau se dépouilloit de sa livrée d’hiver. Communiqué par M. Bécœur. ûï'at’é 2)<\fsin/’-^>a/' VvvY/v> 7 /é' //e La77^iûcJ’ ùic. *■ ' * ^ . I / T I r •f [V J X il* • L \ % 9 • ’ I • ' -f ^ f • «i.' ihtlkic'ifj"''' ... J. 1 ' ■ . , y V , i wV V- '. > ' 1 .^ .,'■ .■, 'y. .1 J |*V ' .’> ■ IDeo'j-i/ié jyar Pre/rc dà L'Jhi^nhz^ri^ <£e- Prave ^ar DES FRINGILLES. 55 LA FRINGILLE HUPPÉE. PL. XXIX. Le Pi N SON BRUN HUPPE, Buffon. FriiigUla jlammea ^ Linnæus. Crimson - crowned jîncli , Latham. La patrie de cette belle Fringille , que je n’ai jamais vue vivante , est à-peu-près inconnue. Linnæus, qui le premier l’a décrite d’après un dessin de Rudbeck, croit quelle habite le nord de l’Europe -, mais ce n’est de sa part qu’une présomption. Les deux individus qui sont à Londres dans les Musées Britannique et Levérian, ne donnent pas des résultats yjlus heureux *, car on ignore de quel pays ils ont été apportés. Enfin, il en est de même pour celui qui a servi de modèle à la figure que je publie. La tête du mâle est décorée d’une huppe couleur de feu tirant au rouge , et les plumes qui la composent ont la même texture que celles dont est formée la huppe du Manakintijé, Fiprapareola. La teinte brune qui domine sur les parties supérieures du cou et du corps, sur les ailes et sur la queue, est un peu plus claire à l’extérieur des pennes alaires et caudales, et plus pâle sur le bec et les pieds ^ toutes les parties inférieures sont d’un rouge clair à-peu-près semblable à celui d’une rose fanée. La femelle ou le jeune , car, comme je viens de le dire, je ne connois que le physique de ces oiseaux, a les côtés de la tête et le haut de la gorge d’un blanc sale *, tout le dessous du corps d’un brun rougeâtre, et le reste du plumage pareil à celui du mâle. i/f 54 HISTOIRE NATURELLE L’OLIVAREZ. PL. XXX. L’Olivarez, Bufïbn. Ftingilla magellanica, Y. Sishin, var. Lath. Quoique les Ornithologistes n’aient présenté cet oiseau que comme une variété de notre Tarin, je le regarde comme une espèce distincte, puisqu’il en diffère par sa taille, ses teintes beaucoup plus vives, plus chargées et distribuées d’une manière plus agréable. Le mâle a la tête et la gorge noires, ainsi que la moitié des pennes alaires et caudales -, cette couleur forme deux bandes transversales sur l’aile, dont la partie antérieure est jaune, de même que le milieu des couvertures , le dessus et le devant du cou, la poitrine et les parties postérieures -, le reste du plumage est olivâtre, le bec cendré, la prunelle bleuâtre, et les pieds sont d’un gris noirâtre. La femelle a le sommet de la tête d’un gris-brun j les joues, la gorge et tout le devant du corps d’un jaune pâle*, le dos, le croupion et les couvertures supérieures de la queue variés de brun et d’olivâtre ^ les pennes alaires et caudales noirâtreset bordées de jaune clair : en général ses couleurs sont moins vives. Cette espèce, qu’on rencontre dans la partie méridionale de l’Amé¬ rique , s’acclimateroit en Europe d’autant plus facilement quelle habite aussi des contrées tempérées ^ car on la trouve encore aux environs du détroit de Magellan, où elle se tient dans les bois, qui lui offrent un abri contre le vent et le froid. Cet oiseau n’est pas revêtu d’une robe aussi riche que la plupart des précédens -, mais il intéresse par un ramage mélodieux et presque aussi agréable que celui du Serin. O O O D&rJ'iné par Prè/re- dù X[Tnprumri& de- Loj^lûir X?rcwé- par Poii^ueP i~- ■ P , \ . r..'. 3j. dû d-e dan^lailf Grav^ ^ar JiûiiŸU£^' I DES FRINGILLES. 55 LE CHARDONNERET ÉCARLATE. PL. XXXI. Fringilla coccinea j Liimæus. Scarlet jlnch , Latham. Cette belle et rare espèce habite les îles Sandwich, célèbres par la mort d’un des plus illustres navigateurs, le capitaine Cook. Il en est de ce Chardonneret comme de tous les oiseaux de ces régions lointaines et très-peu fréquentées par les Européens •, on n’a aucuns détails sur son chant, ses mœurs, ni ses amours, cette partie la plus précieuse et la plus intéressante de l’histoire des animaux. Il seroit facile de le trans¬ porter en Europe, car, ayant le bec à-peu-près conformé comme celui du nôtre , on peut le nourrir des mêmes graines. Son plumage est généralement d’un orangé foncé très - brillant, et tendant à la couleur écarlate \ le même orangé forme des franges sur les bords extérieurs des pennes alaires et caudales, qui sont noirâtres du côté interne \ les pri¬ maires ont leur extrémité noire ^ le bec est d’un brun pâle, et les pieds sont noirs. On ne connoît pas la femelle. \ 56 HISTOIRE NATURELLE L’ACALAN THE. PL. XXXII. Fj'ingiïla psittacea, Linnæus. Fa/rot jîncli, Latham. Une taille svelte, une forme élégante, un plumage éclatant sont les attributs de ce bel oiseau de la Nouvelle Calédonie, une des îles de la mer du Sud. Si son ramage, inconnu jusqu’à présent, répond à ses couleurs, il mérite d’être placé au premier rang parmi les espèces étrangères qui font l’ornement de nos volières. Le rouge-écarlate foncé qui brille sur la face de cet oiseau s’étend jus¬ qu’aux tempes, et reparoit avec le même éclat sur la gorge, le croupion, les deux pennes intermédiaires de la queue, et à l’extérieur de toutes les pennes latérales \ celles-ci sont brunes en dedans, et les deux autres seu¬ lement sur la tige *, un beau vert de perroquet règne sur le reste de la tête, le cou, le dos, les petites plumes qui recouvrent l’aile en dessus, et tout le dessous du corps -, celte teinte borde aussi en dehors les grandes couvertures et les pennes alaires , qui ont leur côté interne d’un brun cendré j le bec et les pieds sont noirs \ La femelle est inconnue. On rencontre encore , sous la Zône Torride, plusieurs Fringilles remarquables par la beauté de leur plumage *, mais ne les ayant pas en nature , je n’en donnerai que la description , et je renverrai aux figures publiées par les auteurs. Le Chardonneret vert ou le MARACAXAo^ Edwards, PL 128 et 272. Cet oiseau, qu’Edw^ards a vu vivant à Londres, semble, au premier apperçu , avoir des rapports avec le précédent dans ses couleurs rouges et vertes -, mais il en diffère assez pour ne pas les confondre. Le mâle de cette espèce, dont la taille est celle de notre Chardonneret, a le devant de la tête et la gorge rouges -, une petite tache bleuâtre entre le bec et l’œil *, l’occiput, le dessus du cou et le dos d’un vert jaunâtre ^ les couvertures des ailes et les pennes secondaires verdâu'es et frangées * Tous les oiseaux figurés dans cet ouvrage étant de grandeur naturelle , il m’a j)aru inutile d’entrer dans les détails qui concernent leurs proportions et leurs dimensions. Il en est de même pour la forme de la queue, la longueur du bec et celle des ailes dans l’état de repos. “ Fnngiïla Melba, Linnæus. Green goldJmch, Lalbam. •> Dâd'j'iné par Prclm ■le CTniprimerU de La/^lats ù'roM' pw Jit’ifipifi'/ k DESFRINGILLES. 57 de rouge à l’extérieur -, les pennes primaires noirâtres ^ la poitrine d’un vert-olive *, les parties postérieures rayées transversalement de blanc et de noir j le croupion et les couvertures supérieures de la queue pareilles à la gorge *, les pennes caudales égales entre elles à l’extrémité -, le bec couleur de chair, et les pieds d’un brun pâle. La femelle a le bec d’un jaune pâle •, le dessus de la tête et du cou de couleur cendrée ^ la base des ailes et le croupion d’un vert jaunâtre 5 la queue brune , bordée de rouge terne -, les couvertures inférieures blanches , et les pieds couleur de chair. Cette espèce se trouve en Afrique. Le Chardonneret a face rouge*. Cet oiseau, que Brown a fait figurer dans ses Illustrations de Zoolo¬ gie , pl. 25 , n° 3, d’après un individu vivant qu’il a vu à Londres, a cinq pouces et demi de longueur \ le bec d’un blanc jaunâtre, nué de rouge ^ les joues d’un rouge-cramoisi 5 le plumage généralement d’un vert foncé terne*,les pennes primaires d’un brun sombre et bordées d’orangé pâle5 la queue d’un rouge obscur *, les pieds jaunâtres. Le Serin de Mozambique. Cet oiseau, figuré avec assez d’exactitude dans les pl. enl. de l’Hist. nat. de Bufion , n® 364 ■> ^ ^té regardé , par les méthodistes, comme une variété du Canari, quoiqu’il y ait, dans leur taille et leurs couleurs des différences très - remarquables. Il est d’un naturel doux et aimant, et il a toutes les qualités du Serin. Sa taille ne surpasse point celle de notre Chardonneret *, il a quatre pouces et demi de longueur j la tête rayée de jaune et de brun \ le dessus du cou , le dos , les pennes alaires et caudales de cette dernière couleur *, le croupion, les couvertures supé¬ rieures de la queue et tout le dessous du corps d’un beau jaune 5 le bec et les pieds d’un brun clair. La femelle diffère très-peu du mâle. Ces oiseaux , qui nous parviennent quelquefois par la voie de Lisbonne, sont d’un naturel fort doux -, mais leur chant a peu d’étendue. Ils n’exi¬ gent, pour multiplier dans nos contrées, qu’une température analogue à celle des îles Canaries. * Fringilla afra, Linnæus. Red-FacedJiiich, Lalham. 58 HISTOIRE NATURELLE, etc. LEJACARINI. PL. XXXIII. Le Jacarini, BufFon. Tanagra Jacarini Linnæus. Jacarini tanager, Latham. Le plumage de cet oiseau offre en général un bleu noir, aussi éclatant que l’acier poli, et à reflets violets -, cette couleur est matte sur les pennes des ailes et de la queue, sur les pieds et sur la partie supérieure du bec, dont le dessous est d’une nuance claire. H y a vers la base de l’aile une tache blanche qui n’est pas apparente sur quelques individus ^ mais tous ont les couvertures subalaires de cette couleur. Tel est le mâle dans la saison des amours. Son vêtement d’hiver est très - analogue à celui de la femelle , seulement ses teintes sont plus nettes et plus prononcées. Celle-ci a le bec brun , le dessus de la tête, du cou et du corps d’un verdâtre rembruni -, les couvertures supérieures des ailes, leurs pennes et celles de la queue noires \ et toutes , à l’exception des premières pennes alaires, bordées en dehors de brun verdâtre : les oreilles sont couvertes de plumes d’un brun clair -, la gorge est grise -, le dessous du corps de la même teinte, variée de brun sur le devant du cou et sur la poitrine, et tirant au blanc sur le ventre et sur les parties postérieures ^ les plumes du dessous de la queue sont noirâtres dans le milieu, pareilles à celles du dos sur les bords et à l’extrémité j les flancs roux et tachetés de brun j les pieds noirs. La Guiane et le Brésil étant les contrées qu’habite cette espèce, on doit la tenir en Europe à l’abri du froid , et lui procurer, si on veut qu’elle y multiplie , une chaleur de aS à 3 o degrés. Il faut en outre égayer sa prison avec des arbrisseaux verts sur lesquels elle se plaît, et d’où le mâle puisse s’élever verticalement par petits sauts à un pied ou deux au- dessus , lorsqu’il chante ses amours. Son nid, composé d’herbes sèches, présente une forme hémisphérique, sur deux pouces environ de dia¬ mètre. Sa ponte est de deux ou trois œufs d’un blanc verdâtre, semé de petites taches rouges plus nombreuses et plus foncées vers le gros bout. Cet oiseau, classé parmi les Tangaras, n’en a point les caractères géné¬ riques. La vraie place qu’indique la conformation de son bec , est dans le genre Bruant de Linnæus. 33 ! 'r'xsmS par Fretre dr ITniprimerie de lait^lols Cravé' par ^oiu^aet I h \ '¥ * » /*■ >' .V ‘ïk ..\Î4 ').‘l "/'s'i'îl.l'A 4 » /\ 'i J 3 ^ 'DrmJ Desjym Pretre tie /'Jfti^rùmrùz ^2& Pnvi^/ovp ürave ^ar Jiffit^ueP 1 . tifi’ /7/r?/>r//?zcrie z/e €raz?e jPar HISTOIRE NATURELLE DES VEUVES. LA VEUVE A QUATRE BRINS. PL. XXXIV ET XXXV. La Veuve a quatre brins, BufFon. Emheriza regia, Linnæus. Shaft-tailed hiinting, Latham. Cette charmante Veuve intéresse autant par sa gaieté et sa vivacité , que par sa belle robe. A ces attributs elle joint une forme élégante et un joli ramage -, mais pour jouir de tous les agrémens dont l’a douée la nature , il faut la placer dans une grande volière où elle soit à portée de développer la souplesse et les grâces de ses mouvemens. Comme rien ne la réjouit tant que le bain, il est convenable de lui présenter souvent de l’eau fraîche et limpide j elle s’y plaît tellement que ce n’est point dans le silence qu’elle se baigne comme les autres oiseaux , mais en répétant plusieurs fois de suite sa petite chansonnette. C’est ainsi que se montre toujours le mâle , tant qu’il est revêtu de ses longues plumes et de ses belles couleurs -, mais lorsqu’il prend son plumage d’hiver , il perd son chant et sa gaieté. Autant il est pétulant et babillard dans la belle saison , autant il est tranquille et silencieux dans la mauvaise. Cet oiseau, qui réunit tout ce qui peut plaire , vit en France neuf et dix ans lorsqu’il est acclimaté. C’est à quoi l’on parvient sans peine , si on le tient pendant la première année de son séjour dans un endroit où il soit à l’abri des atteintes du froid ^ mais on ne décide pas aisément les femelles à répondre aux agaceries des mâles , et sur-tout à couver , si elles ne jouissent d’une température élevée à 28 ou 3 o degrés, et si elles n’habitent unlocal vaste etplanté d’arbustes toujours verts. Je ne puis trop répéter qu’on ne doit pas se rebuter, si on ne réussit pas d’abord à tirer de nouvelles générations des Veuves et de presque tous les oiseaux décrits dans cet ouvrage : on n’y parvient qu’en étudiant leurs goûts et leurs inclinations , en leur procurant en abondance les alimens qu’ils pré¬ fèrent , et tout ce qui est propre à la situation , à la construction de leur 6 o HISTOIRE NATURELLE nid et à l’éducation de leurs petits. Toutes les Veuves se nourrissent de millet et d’alpiste*, mais des plantes tendres, de petites graines nou¬ velles et rafraîchissantes leur sont nécessaires , sur-tout lorsqu’elles ont une jeune famille à soigner. La Veuve à quatre brins habite la côte occidentale de l’Afrique, et particulièrement le royaume d’Angola. Il est rare qu’on l’apporte direc¬ tement de son pays natal en France -, elle nous vient presque toujours du Portugal , où l’on s’en procure assez facilement , et où elle est très-recherchée. Le mâle a le bec , les paupières et les pieds rouges ^ le dessus de la tète et du corps , les ailes et la queue d’un beau noir, égayé par la teinte orangée qui règne sur les joues, la gorge , la poitrine , le haut du ventre, et qui au-dessus du cou prend la forme d’un demi - col¬ lier -, le reste du ventre et les couvertures inférieures de la queue sont d’un blanc pur ^ les quatre longues plumes caudales n’ont de barbes qu’à l’origine, et à deux pouces environ de leur extrémité, où elles présentent une sorte de palette terminée en pointe. Ces quatre plumes ne sont pas d’égale longueur dans tous les individus , quelques- uns en ont deux plus courtes que les autres 5 mais ces variations ne sont qu’accidentelles. Cet oiseau est d’un plumage bien différent en hiver, voyez PI. 55 ; il porte alors sur la tête plusieurs raies longitudinales ^ les unes sont d’un jaune roux , les autres noirâtres : cette dernière teinte couvre une partie des joues , et forme des taches sur le fond brun jaunâtre des parties supé¬ rieures du cou et du corps. Le jaune roux borde encore extérieure¬ ment les couvertures des ailes , les pennes et celles de la queue ^ un blanc sale domine sur la gorge , le devant du cou , les parties posté¬ rieures , et prend un ton roux sur les flancs -, le bec et les pieds sont bruns. La femelle , qui mue aussi deux fois par an , et qui porte la même livrée dans toutes les saisons , ne diffère du mâle en mue , qu’en ce que la teinte noirâtre est remplacée par du brun , et que les autres sont moins vives. ; yv/rr />û‘- J?e^sitie -Pr'-^à'e DES VEUVES. 6i LA VEUVE DOMINICAINE, P L. X X X V I. La Veuve dominicaine, Buffon. Emberiza serena, Linnæus. Dominicaii hunting, Latham. L E plumage de l’individu décrit par Buffon n’avoit pas encore atteint sa perfection, car cet illustre naturaliste n’auroit pas dit que si la lon¬ gueur de la queue est le caractère distinctif des Veuves, celle-ci est moins Veuve qu’une autre : elle a en effet les pennes caudales à-peu-près aussi longues que celles de la précédente. Buffon a commis une autre erreur, en faisant figurer l’oiseau avec deux longues plumes seulement, tandis c|u’il en a quatre 5 et sa • méprise, copiée par tous les ornitholo¬ gistes , a donné lieu de faire de cette Veuve une espèce distincte de la Veuve mouchetée ‘, qui cependant est la même avec son habit d’hiver. La grande Veuve * a aussi tant de rapports avec les deux précédentes, que vraisemblablement elle appartient à la même espèce, comme le pré¬ sume Latham, et qu’il n’existe réellement qu’une espèce de Veuve noire et blanche, ces deux dernières fi’étant que des variétés d’âge, de sexe ou de saison. On trouve parmi les Veuves dominicaines , ainsi que chez les autres, des individus dont la taille offre quelques différences , ce qui paroît provenir des contrées qu’ils habitent sur la côte d’Afrique, depuis le royaume d’Angola jusqu’au Cap de Bonne-Espérance. Cette espèce est inconnue au Sénégal-, du moins on ne la voit jamais dans le grand nombre d’oiseaux qui viennent de ce pays, et telle est sans doute la raison de sa rareté dans nos volières. Je n’ai jamais possédé qu’une femelle vivante : Mauduyt n’a vu qu’un mâle à Paris. Le climat qu’habite cette Veuve donne néanmoins lieu de penser qu’on pourroit la conserver comme les autres pendant plusieurs années et la faire multiplier, en employant les mêmes moyens. Le mâle a , quand son plumage est dans toute sa perfection , la tête et les pennes alaires d’un beau noir 5 cette couleur s’étend en forme de bandelettes sur chaque côté du cou et de la poitrine : elle ne présente qu’un point à l’origine de la gorge , mais elle offre de grandes taches sur le dos et le croupion ^ elle règne sur toute la longueur des quatre pennes ^ Emberizaprincipalis, Linnæus. Eariegatedbunting, Latham. “ Emberiza vidiia , Linnæus. Longtailled bunting, Latham. 16 63 HISTOIRE NATURELLE intermédiaires de la queue , et borde seulement les petites du côté externe. La gorge, toutes les parties inférieures, les petites et les moyennes couvertures des ailes, une partie des plumes scapulaires et du dos, le tour des yeux et l’intérieur de toutes les pennes latérales de la queue sont d’un blanc de neige, ainsi qu’un demi - collier qui est sur le derrière du cou. Les quatre longues pennes caudales, disposées en forme de tuile creuse à arête très-élevée, s’emboîtent tellement l’une dans l’autre, qu’elles n’en laissent appercevoir que deux, et qu’il faut les séparer pour recon- noitre qu’il y en a réellement quatre. La plume inférieure de chaque paire dépasse la supérieure de plus d’un pouce, et c’est sans doute ce recou¬ vrement qui a donné lieu à la méprise dont on vient de parler. Il se trouve des individus dont les couleurs sont moins pures : sur les uns, le blanc est plus terne et varié de roussâtre -, chez d’autres , le dos et le croupion présentent un mélange confus de gris sale et de noirâtre. Le bec est rouge et les pieds sont d’un noir sale. La femelle a le dessus de la tête et du cou, le dos, le croupion et une partie des couvertures alaires variés de roux et de noirâtre 5 une bande transversale blanche sur les ailes , dont les pennes sont bordées de roux en dehors et noires en dedans ^ la gorge et le dessous du corps, d’un blanc un peu sale sur les parties inférieures -, les pennes de la queue bordées du même blanc à l’intérieur, frangées de roux en dehors, et noires dans le milieu j les intermédiaires sont entièrement des deux dernières couleurs, et pas plus longues que les autres. Si, comme je le présume, la Yeuve mouchetée, qu’on rencontre dans les mêmes pays, est de cette espèce , ces oiseaux dérogent à la règle que la nature a établie pour les Veuves , en ce que les mâles ne quittent jamais leur longue queue, en quelque saison que ce soit 5 mais sous leur habit d’hiver , le noir et le blanc sont moins purs que sous celui d’été, et la distribution en est un peu différente. Tel est l’individu décrit et figuré pl. 2^0, dans Edwards, à qui nous devons cette observation faite sur l’oiseau vivant. Cette Yeuve, qui aime à vivre avec les Sénégalis et les Bengalis, semble leur servir de conducteur et veiller à leur sûreté , quand ils sont réunis en bandes nombreuses : elle se tient en effet sur un buisson , toujours à leur proximité, tandis qu’ils cherchent leur nourriture à terre, et tous la suivent à l’instant où elle s’envole. L’observation qui en a été faite pour cette espèce, au Cap de Bonne-Espérance, l’a été également au Sénégal pour la Yeuve au collier d’or 5 et c’est un indice certain qu’on peut tenir en tout temps ces divers oiseaux dans la même volière, pourvu que sa grandeur soit proportionnée à leur nombre. Il l. il 1 7^ ' :• * / " .vi ■' . ■#' ■ -t 1 "'7r;"^■ ^ ■ i ^ fc)y~7=l t n t i •'fc ’ 'T .iyj’ fl ' 'Vi'j J '1 -• «viV ■' ü ' i' / '■■*, - ,^. .t SV' ' • '■■■!'. .i, I.i.. ; 54' T-I '■. u ^ 4 . ] a .. ■ t " ' 'ÿl4, ^ < >*|ï^ f • -5 «I* , - ■'_ r^:-. • '■'‘■ /••“•rf 1'* ■ , • r i • >• • - ■- 1 ' • * - ( I "ti. ‘U J \ ;f' • <. .i 1*1 l-i- .• t •' J • îi-M? y;'” ‘ - ' i»r ' J » WP F “^1- ^ ^ •»>,>>• I ■ I . •»* ? ■' r'j'i.i) .r- f-i‘ t-''"- to •*>■ î *' ‘i '' AT?' ^ .0 jfti I 'mM ». . À . • *m-\ ■ 'il * > I < l .,J! Il—-' .^4*1.^ J ■•! ;‘i' M-^m» Hd/L-'t .jriu'M* /< , . I »•». ■ I ^ . 5> h. ' -', * i »*^«n ■' '■^ ‘ ■ ,/ r - ■': i»! ■ V t,.;:' t : I y*- f> ' \. ..'t f:*»--'!’. '■'• L.U.-'l' "v 'V*, ih i -V. .-N.- VT.fi) 'É ' 5 J-(^.Preùv c/ . »v . * •»' ■ ■ - .-4^- V "k-; t': I* ?■ » k * > \ § ■V 'Tj K » «2 si •< ■/» s "k ♦« > # k‘ 'A 4 .n ■ / au-' Lu>uuu a y 6'U i-/tt ////inrum/ te £/<• MûUifUf! DES VEUVES. 6'5 LA VEUVE AU COLLIER D’OR. PL. XXXVII ET XXXVIII. La Veuve au collier d’or, Buffon. Emberiza jparadisea, Liim. JE^idah hunting, Latham. De ce qu’une femelle non accouplée a pondu en France au mois de novembre, lorsqu’un mâle avoit perdu les attributs de son sexe, on ne doit pas en conclure avec Mauduy t, que la nature, qui destinoit alors la surabondance de la nourriture à la reproduction, renonçoit à l’entretien d’ornemens inutiles. On ne peut généraliser cette exception, occasionnée sans doute par la captivité, puisque les oeufs n’étoient pas fécondés, et que plusieurs femelles n’ont pondu dans mes volières, qu’aux époques où les mâles étoient revêtus de leur belle parure. Il en est de cette espèce comme des autres Veuves, des Paons des Comhattans , des Oiseaux de Paradis ^ etc. qui n’ont un supplément de plumes qu’à l’instant où ils peuvent se reproduire. D’ailleurs Mauduyt ignoroit vraisemblable¬ ment que les Veuves au collier d’or ne muent pas toutes dans la même saison, et qu’il y a quelquefois jusqu’à deux et trois mois de distance entre les mues des unes et des autres -, ce qui paroit dépendre , pour les jeunes oiseaux, de l’époque de leur naissance, et pour les vieux, de la contrée qu’ils habitent en Afrique. Les mâles ne déploient toute l’étendue de leur ramage que lorsque les grandes pennes caudales com¬ mencent à pousser \ ils se taisent dès qu’ils les perdent. Les deux mues que ces oiseaux subissent chaque année, ont lieu en Europe, pour la plupart, au printemps et à l’automne -, c’est à la première que les mâles se revêtent de leur habit de nôces -, souvent alors on les voit, quand ils sont dans une grande volière, voltiger au-dessus de leurs compagnes, et user, pour s’accoupler , des mêmes moyens que les Gomba-Sous-, mais quoique celles-ci pondent quelquefois sous notre température ordinaire des œufs toujours inféconds, si elles ne jouissent d’un climat factice à-peu-près analogue à celui de leur pays natal, elles se refusent constamment à leurs avances, tandis que la chaleur de nos étés suffit au mâle pour développer ses désirs amoureux. Souvent, à défaut de femelles de son espèce, et même lorsque ses caresses sont repoussées, on le voit chercher à s’accoupler avec des femelles d’espèces étrangères qui vivent dans sa volière. Parmi celles-ci il préfère les Serines grises , dont les plumes, la taille et les formes ont quelques rapports avec sa compagne 64 HISTOIRE NATURELLE naturelle -, mais il les épouvante par son chant aigu , par sa longue queue , et par sa manière de voler , de s’accoupler et d’exprimer son amour. Parmi ces Veuves on doit préférer les individus qu’on apporte de Lisbonne •, car étant déjà acclimatés , ils résistent plus facilement à nos hivers, pourvu que la gelée ne pénètre pas dans leur local *, mais ceux qui viennent directement du Sénégal et des autres contrées de l’Afrique, exigent, pendant la première année de leur séjour , i5 à i8 degrés de chaleur, et il faut les nourrir, dans les premiers mois , avec le millet du Sénégal. Sans cet aliment , ils sont exposés à une sorte de dyssenterie , que leur cause souvent un changement trop prompt de nourriture , et qui les fait périr en peu de jours. Quand ils ont échappé à cette maladie, ils vivent ordinairement neuf et même douze ans, sans deman¬ der d’autres soins que d’être tenus pendant l’hiver dans un appartement d’une température modérée. Il est indispensable , si on veut faire cou¬ ver ces oiseaux, de les placer dans la serre chaude dont j’ai parlé dans l’Introduction. Le coton et le duvet de diverses plantes sont les maté¬ riaux qui entrent dans la construction du nid. Le mâle a les quatre grandes plumes de la queue autrement posées et con¬ formées que celles des autres Veuves ^ leur situation est verticale j les deux plus longues ont une direction inclinée comme celles du Coq} les deux autres, beaucoup moins longues et plus larges, ont à leur extrémité un filet délié de plus de deux pouces d’étendue : plusieurs barbes des plus grandes plumes sont aussi terminées par cette espèce de brin de soie. Un demi-col¬ lier orangé, et jaune doré dans des individus, ceint le cou par derrière*, la tête, la gorge , le devant du cou , le dos, le croupion , les ailes et la queue , sont d’un beau noir à reflets peu apparens -, les grandes pennes caudales paroissent ondées et comme moirées -, la poitrine est de la eou- leur du collier ^ le ventre blanc ^ les couvertures inférieures de la queue et le bec , sont noirs ^ les yeux d’un marron vif, et les pieds cou¬ leur de chair. La grosseur n’est pas tout-à-fait la même pour les oiseaux de cette espèce •, les individus qui vivent au Sénégal ont la taille moins forte que ceux qui habitent des contrées plus méridionales. Lorsque le mâle est près de se revêtir de son habit d’hiver, sa mue commence par la chute de sa fausse queue , ensuite ses belles couleurs disparoissent graduellement , et sont remplacées par un orangé terne, varié de noirâtre sur le cou , le dos , la poitrine et les couvertures des ailes *, par du brun foneé sur les pennes alaires et caudales *, par des raies longitudinales rousses et noires sur la tête •, par du blanc sale sur le ventre et les parties postérieures ^ et enfin par du brun sombre sur le bec. DES VEUVES. 65 La femelle, pl. 38, porte un plumage assez analogue à celui-ci, mais ses teintes sont moins vives et moins chargées j elle a le dessus de la tête coupé en longueur par trois bandes *, celle du milieu est d’un blanc rous- sâtre, et les deux autres sont noirâtres 5 on voit aussi sur ses côtés trois raies des mêmes couleurs -, les couvertures des ailes, les pennes et celles de la queue sont d’un brun sombre et bordées de roussâtre en dehors la teinte rousse couvre aussi la gorge, la poitrine et les flancs ÿ mais elle est très-claire sur le devant du cou et plus foncée sur ces dernières parties 5 le reste du dessous du corps est blanc -, le bec et les pieds sont bruns. Les jeunes mâles lui ressemblent dans leur premier âge et diffèrent très-peu de la femelle du Comba-sou , que les oiseliers et même les voya¬ geurs vendent souvent pour une Veuve. Mais on ne sera point la dupe de cette supercherie, quand on saura que les jeunes et les femelles Veuves ont une taille plus svelte , et que leur queue est plus longue. La femelle du Gomba-sou a aussi de grands rapports dans son plumage avec celle de la Veuve à quatre brins, mais ses teintes sont plus ternes et moins décidées. \ ^7 66 HISTOIRE NATURELLE LA VEUVE A ÉPAULETTES. PL. XXXIX ET XL. La Veuve a épaulettes, Buffon. Emheriza longlcauda, Linn. Orange-Shouldered hunting, Latliam. Des dix-huit pennes dont la queue du mâle est composée, les six intermédiaires sont les plus longues : toutes se soutiennent perpendicu¬ lairement à l’horizon, tant qu’il est revêtu de son habit d’été *, mais sous celui d’hiver , le nombre des pennes caudales est réduit à douze , et toutes sont alors courtes, sur un plan horizontal, et pareilles à celles de la femelle. Ce n’est pas la seule particularité qu’on remarque chez cette Veuve-, elle diffère encore de tous les oiseaux de son ordre, en ce qu’elle est polygame. Ces jolis volatiles vivent dans une sorte de république, où, selon Barrow ', voyageur anglais, deux mâles suffisent au moins à trente femelles, n’en ayant pas vu, dit-il, une plus grande quantité aux environs de trente ou quarante nids rassemblés sur une seule souche de roseaux. M. Le Vaillant, qui a observé ces Veuves dans l’intérieur des terres du Cap de Bonne-Espérance, nous assure qu’elles vivent en société, et qu’elles construisent des nids très - rapprochés les uns des autres « Ordinairement, dit-il, cette société est composée à peu près de quatre- 7) AÛngts femelles -, mais soit que par une loi particulière de la nature, il » éclose beaucoup plus de femelles que de mâles , soit par quelque autre » raison qu’on ignore, il n’y a jamais, pour ce nombre de femelles, que » douze ou quinze mâles qui leur servent en commun >7. A ces détails vraiment curieux et très-extraordinaires chez les petits oiseaux, le même ornithologiste ajoute, «que celle-ci, quand elle parvient à un certain 77 âge et qu’elle a perdu la faculté de se reproduire, se revêt toujours de » l’uniforme que le mâle avoit arboré passagèrement dans les jours de 77 ses plaisirs. Sa queue s’alonge comme celle qu’il avoit alors, et devient 7) verticale d’horizontale qu’elle avoit été ’ 77. Il résulte de cette assertion que, pendant les six mois où les mâles sont couverts de leur plumage d’hiver , les individus qu’on rencontre sous la livrée d’été, doivent être certainement de vieilles femelles parées de ce vêtement, et qu’il faut chercher les mâles sous le costume de leurs compagnes. ’ Travels, pag. 244* “ Second Voyage dans l’intérieur de l’Afrique par le Cap de Bonne-Espérance, Tom. ni, p. 383 et suiv. = Ihid. jlutr t/,' / /^anf/fix ih'eiuè ^fW BûU^il^é. yji’.f.f'uic j^/ur Prg^rt'- ûf'tn^e Jiouyt/e^' V ià. . 4 * DESVEUVES. 67 Cette espèce se plaît dans les marais, suspend son nid entre deux tiges de roseaux , auxquels il est fortement attaché , le compose d’herbes vertes, tressées avec art, le construit en boule, et lui adapte un tube dont l’orifice est tourné du côté de l’eau. C’est par ce tube que la femelle s’introduit dans l’intérieur de ce singulier berceau. Le grand nombre et la longueur des plumes caudales du mâle, for¬ mant un volume disproportionné à sa taille et à sa force, il doit être embarrassé dans son vol. En effet, Thunberg ' dit qu’il vole alors avec lenteur, qu’il s’élève difficilement, et que dans les temps pluvieux ou dans les grands vents , il se laisse approcher au point qu’on peut l’atteindre de la main. Cette Veuve se trouve au Cap de Bonne-Espérance, et y porte, selon ce Voyageur, le nom de Langstaart. Elle fréquente particulièrement les marais et les bords submergés de Sea cow-river. Le beau noir qui domine dans la belle saison sur le plumage du mâle, est égayé par le rouge vif des petites couvertures alaires, et par le blanc pur des moyennes -, cette dernière couleur borde en dehors les pennes secondaires, dont plusieurs sont presque aussi longues que les primaires : celles-ci ont aussi du blanc à leur origine, mais on ne l’apperçoit que quand l’aile est étendue. Le bec est d’un gris blanchâtre chez des indi¬ vidus, et noirâtre chez d’autres ^ les pieds sont couleur de chair plus ou moins rembrunie. Enfin les plumes de la tête et du cou semblent cou¬ pées carrément à leur pointe, et susceptibles de se hérisser comme celles de l’espèce suivante. L’oiseau étant figuré de grandeur naturelle, je ne ferai point mention de ses proportions et dimensions. A cette parure que le mâle porte pendant la saison des amours, suc¬ cède le vêtement simple et modeste qui distii^igue la femelle, pl. 4o. Les plumes de la tête et du cou ont alors la forme ordinaire de celles des autres oiseaux, et sa livrée est variée de gris, de brun et de blanc sale. Ces teintes se présentent sous la forme de taches longitudinales, très- petites sur la tête, la nuque, les côtés et le dessus du cou j assez grandes sur le dos et sur les couvertures des ailes, dont les moyennes sont termi¬ nées de blanc, et les antérieures de rouge terne : ces mêmes taches sont encore répandues sur le devant du cou, la poitrine et les flancs, dont le fond est du même blanc sale qui couvre seul les sourcils, la gorge, le milieu du ventre et les parties postérieures. Les pennes des ailes et de la queue sont noirâtres et bordées de gris blanchâtre à l’extérieur : ces der¬ nières sont un peu étagées, au nombre de douze, et sur un plan horizon¬ tal, comme je l’ai dit ci-dessus. Le bec est couleur de corne, les pieds * Trav, Vol. ii, pag. 64. 68 HISTOIRE NATURELLE sont gris. Les doigts et les ongles de l’intermédiaire et du postérieur sont très-longs chez cette espèce. Latham et Gmelin ont fait un double emploi, en décrivant la femelle ou le mâle en mue comme une espèce particulière, sous le nom de Loxia caffra. Il me paroît que le bec de cette Yeuve indique plutôt une Loxie c[u’un Bruant, et que toutes les autres seroient, d’après les formes de leurs mandibules, mieux placées dans le genre Fringilla que dans celui de \Emheriza. De la collection de M. Dufrêne. Fi’ r \ "À ■ s'fi , ■ • # ' • r- f ’•' • • tI « I ; y*': h l ‘ . \’ .V * v„ I A ►.’f / 'i • • / \ / .'. ■ rat^. ■ ■" • >. .* 1 .» ■ i> ‘ I ,,, I ri V.t “ / — , Bt-'*' . -t -".» ài ' 4.1 I I c/re iie.1 I Scitt^uc/ SctJp- > I I I I DES VEUVES. LA VEUVE CHRYSOPTÈRE. PL. X L I. Fringilla flayoptera. Chez cette espèce de Veuve, comme chez presque toutes les précé¬ dentes , un noir velouté règne sur le plumage du mâle 5 il est coupé d’une manière agréable, par le beau jaune qui brille sur le dos et sur la partie antérieure des ailes -, cette dernière couleur, mais dégradée presque jusqu’au blanc, borde en dehors leurs couvertures supérieures et leurs pennes secondaires. Le bec est noir et les pieds sont noirâtres. La queue est composée de douze plumes ^ les quatre intermédiaires outrepassent les autres d’environ deux pouces, et sont à peu près égales entre elles ^ les latérales sont disposées par étage et toutes ont une largeur remarquable relativement à la taille de l’oiseau. Les plumes delà tête et du cou semblent terminées carrément, et la plupart prennent la forme d’une coquille, quand l’oiseau les redresse. Cette Fiàngille, que j’ai rangée parmi les Veuves d’après la longueur de ses pennes caudales, a dans son vêtement et dans tout son ensemble de l’analogie avec le Père noir à longue queue, Loxia macroura^ Linn. Gm. , et le Pinson noir et jaune que les Méthodistes ont mal à propos rapporté au Gros-bec de Coromandel, Loxia capensis '. On la recon- noît facilement dans YYellow-shouldered Oriole de Brown, Illustrât, tab. n ', mais cet auteur donne au bec trop de longueur et une courbure qui n’existe point chez l’oiseau en nature. C’est à tort que Latham et Gmelin font de ce volatile une variété de la Veuve à épaulettes 3 il suffit, pour s’en convaincre, de comparer cette dernière et la figure publiée par Brown. Je viens de dire que la Veuve chrysoptère présente des rapports avec le Père noir à longue queue ou le Moineau de Juida 5 mais celui-ci en diffère , si on ne consulte que la Planche enluminée de Buffon, n° i 83 , fig. I, par sa queue moins longue et par la teinte d’un roux jaune qui couvre le dos et les petites couvertures des ailes. Ve seroit-ce pas une faute du coloriste? car Salerne, qui le premier a décrit et fait figurer cet oiseau, le prés'ente semblable à ma Veuve. Quant au Pinson noir et * Ce Gros-bec est décrit une seconde fois dans les auteurs, comme espèce distincte, sous le nom de Gros-bec tacheté du Cap de Bonne-Espérance, Loxia nœvia, Lraif. Gm. Cette méprise est bien excusable,puisqu’il est alors sous son plumage d’hiver, qui, comme chez les Veuves, est très-diffé¬ rent de celui d’été. 18 'I 70 HISTOIRE NATURELLE, etc. jaune deBrisson, il est caractérisé par des dissemblances plus frappantes : le Jaune s’étend jusque sur les couvertures supérieures de la queue, et toutes les pennes caudales sont courtes et d’égale longueur. En outre, cet auteur ne faisant point mention de la forme des plumes de la tête et du cou, je présume que ce Pinson constitue une espèce distincte des pré¬ cédentes , quoiqu’il habite les mêmes contrées. La Yeuve çhrysoptère subit aussi chaque année une double mue -, et le mâle ressemble, pendant la mauvaise saison, à la femelle, dont le plu¬ mage est tacheté longitudinalement de gris brun , de roux et de blanc sale 5 alors les quatre pennes intermédiaires de la queue dépassent très- peu les autres, et les plumes de la tête et du cou n’ont point de confor¬ mation particulière. De ma collection. La Veuve en peu, Buffon. Emheriza panayensis^ Linn. Gm. Panaycm bunting, Latham. Cette espèce, dont le mâle est liguré dans le Voyage à la Nouvelle- Guinée de Sonnerat, pl. 75, et dans les PL enlum. de Buffon , n° 647, se trouve aux îles Philippines, spécialement dans l’ile Panay, et, selon Buffon, au Cap de Bonne - Espérance. Il est généralement d’un noir velouté, avec une plaque d’un rouge de feu sur la poitrine. Le bec et les pieds sont d’un noir mat*, les quatre plumes de la queue sont égales entre elles, dépassent les autres d’environ six pouces et demi, et vont en dimi¬ nuant de largeur jusqu’à leur extrémité, où elles se terminent en pointe. Longueur totale de l’oiseau, douze pouces. On ignore s’il porte dans l’année deux livrées différentes, et quelle est celle qui distingue la femelle5 il est néanmoins présumable quelle est variée de gris brun et de blanc sale, et quelle est privée des longues plumes caudales, qui sont le prin¬ cipal attribut des mâles chez toutes les Veuves. Jl' • ' V*' • l^> I ; > ( » ...\ lUM ■f • K ^ V , d* 1 »;• • t.'JÂ’î^,’.-• .' 1 - *•! • ’* V : I é2 ^'r^e Jel 4- HISTOIRE NATURELLE DES MALIMBES. LE MALIMBE HUPPÉ. PL. XLII ET XLIII. Le M ALiMBE, BufFon, édition de Sonnini. Malimbus cristatus, O N trouve ce bel oiseau dans le royaume de Congo, situé sur la côte occidentale de l’Afrique 5 mais il n’iiabite que dans le temps de ses amours la contrée de Malimbe, dont M. Sonnini lui a imposé le nom. Si on desiroit l’apporter dans nos régions septentrionales, on éprou- veroit beaucoup de difficulté, car les Malimbes huppés préfèrent aux graines les insectes, les baies ou les fruits tendres. Outre les incon- véniens résultant de ce choix d’alimens,il faudroit, pour les acclimater, ainsi que les deux oiseaux décrits ci-après, et en tirer de nouvelles géné¬ rations , les tenir dans une grande volière, et les faire jouir d’une tem¬ pérature presque analogue à celle de leur pays natal, c’est-à-dire de 28 à 5 o degrés de chaleur. Comme cette espèce se plaît et niche sur les arbres de moyenne hauteur, tels que nos figuiers, il faudroit en planter plusieurs dans le local qui lui seroit destiné. Elle construit son nid sur des branches qui forment un triangle, lui donne un contour sphérique, et en place l’entrée sur le côté : des herbes fines et du coton sont les matériaux dont elle le compose -, les premiers, tissus avec art, sont à l’ex¬ térieur , et c’est sur le duvet du cotonnier que la femelle dépose trois à cinq œufs grisâtres, dont le mâle partage l’incubation pendant quelques heures du jour. Ces oiseaux arrivent à Malimbe vers les mois d’octobre et de novembre, y font leur ponte, n’y séjournent que dans la saison de la maturité des figues, et n’y reviennent qu’à la même époque de l’année suivante. L’aigrette qui s’élève sur la tête du mâle est d’un beau rouge, et com¬ posée de plumes étroites et effilées ; celles de la gorge et de la partie anté¬ rieure du cou sont de la même couleur, et ont à peu près la même coupe que les plumes dont les mêmes parties sont couvertes chez la Veuve 73 HISTOIRE NATURELLE chrysoptère •, mais, comme celles-ci, elles ne se recourbent point en avant. Le reste de son vêtement est d’un noir foncé, à reflets très-foibles-, le bec et les pieds sont d’un noir mat. Le même, dans son jeune âge, porte une huppe très-courte, et d’un rouge terne 5 il est noirâtre sur les par¬ ties supérieures, et d’un gris sombre sur le devant du cou et en dessous du corps. La femelle, pl. 4 ^ 7 diffère des précédons en ce qu’elle n’est point huppée, et en ce que les couleurs rouge et noire, qui sont aussi les seules qu’on voit sur son plumage, n’ont pas une distribution totalement pa¬ reille : la première n’est répandue que sur la tête et la nuque, et l’autre sur le corps, les ailes, la queue, le bec et les pieds. On pourroit soup¬ çonner que cette femelle seroit d’une autre espèce que le mâle indiqué ci-dessus, vu qu’elle est un peu plus forte, et que son bec est un peu plus gros à sa base et plus crochu à sa pointe j mais ces légères différences ne suffisent pas, je crois, pour contredire les observations d’un voyageur judicieux, Perrein, qui s’est procuré plusieurs couples de ces oiseaux dans le temps des couvées, et qui les a vus s’occuper de la construction de leur nid, des soins de l’incubation et de l’éducation de leurs petits. Nous devons au zèle de ce naturaliste éclairé, le seul qui ait été à Malimbe, la connoissance des trois seules espèces qui composent cette petite famille, ainsi que d’un grand nombre d’autres du même pays, spécialement de plusieurs beaux Soui-mangas que j’ai décrits et fait figurer dans les Oiseaux dorés ou à reflets métalliques. De ma collection. r f . ' ■ * ’ 4 • t « / * 44 J'/'t'/r'e i/ir cie Jjar^loi^ ■ tfcu^ DES MALIMBES. 73 LE MALIMBE ORANGÉ. PL. X H V. Malimhus aurantius. Cette nouvelle espèce habite les mêmes contrées que la précédente, mais elle y est beaucoup plus rare. Son naturel et ses habitudes étant inconnus, je suis forcé de me borner à la description de son plumage. Sa taille est très-inférieure à celle du Malimbe huppé, et sa queue plus courte à proportion. Elle a le bec moins courbé à sa pointe et d’un brun sombre -, un trait noir sur les côtés de la tête, lequel part de la mandibule supérieure, et se perd derrière l’œil 5 le reste de la tête, la gorge et le dessous du corps d’un jaune orangé, plus foncé sur le devant du cou et sur la poitrine, un peu plus clair sur le ventre, et verdoyant sur les par¬ ties postérieures -, le dessus et les côtés du cou, le dos, le croupion, les couvertures supérieures de la queue et les petites des ailes d’un vert- olive , les moyennes jaunes 3 les grandes et toutes les pennes de cette teinte en dehors, et d’un vert noir en dedans 5 la bordure jaune est très- étroite sur celles-ci et large sur les autres. Les pennes caudales sont en dessus pareilles à celles des ailes, et en dessous d’un jaune verdâtre, tirant au gris, mais plus clair sur les bords j les pieds sont d’un brun jaunâtre. De la collection de M. Perrein. ,\ 19 4 74 HISTOIRE NATURELLE, etc. LE MALIMBE A GORGE NOIRE. PL. XLV. Malimhus nigricollis. IL en est de cet oiseau comme du précédent, on ne connoît que son extérieur. Il a le bec et le milieu de la gorge noirs, avec une large tache de la même couleur sur la nuque 5 le dos, le croupion, les ailes et la queue d’un brun verdâtre , plus foncé sur les couvertures des ailes, et d’une nuance plus claire à l’extérieur des pennes alaires et caudales -, la tête, les côtés de la gorge, le devant du cou, la poitrine, le ventre et les couvertures inférieures de la queue d’un beau jaune, qui tire à l’orangé sur les premières parties 5 les pieds sont bruns. Cette nouvelle espèce se trouve à Malimbe. De la collection de M. Perrein. Le bec des Malimbes forme à sa base un angle dans les plumes du front 5 il est robuste, épais, alongé, aussi haut que large, pointu et recourbé à l’extrémité de sa partie supérieure -, l’inférieure est plus courte, droite, et à bords un peu rentrans en dedans j les narines sont alongées et couvertes d’une membrane cartilagineuse ^ la première penne de l’aile est très-courte, la deuxième la plus longue de toutes 5 il a quatre doigts, trois devant, un derrière -, l’intermédiaire est soudé avec l’exté¬ rieur à sa base, et totalement séparé de l’interne-, les ongles sont courts, forts et crochus. Ces caractères ne permettent certainement pas de placer ces oiseaux avec les Tangaras, comme l’a fait Daudin dans les Annales du Muséum d’Hist. nat., et ils ne peuvent convenir à aucun genre connu : c’est pourquoi j’en ai constitué un nouveau, et beaucoup d’autres pour des espèces aussi mal classées que celles-ci, ou inconnues jusqu’à présent. On se convaincra aisément que j’ai été très-fondé à faire ces divisions génériques et très-nécessaires pour l’étude de l’Ornithologie, si on con¬ sulte mon Histoire naturelle des Oiseaux de l’Amérique septentrionale, et sur-tout ma Nouvelle Division élémentaire, dont la première partie, qui est sous presse, contient les ordres et les genres '. • Cet ouvrage, le fruit de trente années de reelierches dans plusieurs parties du monde, et d’ob¬ servations très-exaetes et réitérées sur les oiseaux, vivans ou morts, eontient les descriptions spéci¬ fiques de tous ceux qui sont connus, et d’un grand nombre qui ne l’étoient pas. Il forme deux gros volumes m-8". dont le texte est en français et en latin, avec la synonymie des principaux Ornitho- //t’ / '//ftji>rif?i^j'/i' i/<’ û/'cfi>é f" y *, l t .t h à 1 / À a i î' 5 . il.'- / . ■* .V V s, i. • V ., " < ■' y '« .U .'■ > i •' •»<* •A. % •. : r . I 1 / '".r * ■V,:’ i •■ • -.1 4^ à HISTOIRE NATURELLE DES BOUVREUILS. LE BOUVREUIL MISYE. PL. XLVI. Pyrrhula misya. Cet oiseau n’est décrit dans aucun ouvrage d’ornithologie, quoiqu’il ne soit pas très-rare à Cayenne. Il aura peut-être été confondu avec le Bouveron, qui s’en rapproche, il est vrai, par quelque analogie dans la taille et les couleurs, mais qui en diffère par son bec moins gros, par sa gorge noire, et par une marque blanche sur le sinciput. Ce Bouvreuil a la tête jusqu’au-dessous des yeux, le dessus du cou, le dos, les ailes et la queue d’un noir changeant légèrement en bleu ; cette couleur s’avance sur les côtés de la gorge qui sont blancs, de même que toutes les parties postérieures,l’extrémité des moyennes et des grandes couvertures alaires, et le milieu des premières pennes -, le croupion est d’un gris cendré, le bec noir -, les pieds sont couleur de chair. La femelle ressemble au mâle, et la livrée des jeunes offre un mélange confus de noir, de blanc et de gris. Cette espèce habitant la Zone Torride, exige, pour vivre en Europe, les mêmes soins que les précédentes. De ma collection. HISTOIRE NATURELLE LE BOUVREUIL FRISÉ. PL, XLVII. Le Bouvreuil a plumes frisées du Brésil , Buffon Pyrrhula crispa, O N trouve cette espèce sur la côte occidentale de l’Afrique, et non pas en Amérique, comme le pei^se Gueneau de Montbeillard, qui l’a confondue avec le Bouveron de Cayenne, d’après les très-grands rap¬ ports qu’on remarque dans leur taille et dans leurs couleurs -, mais ce Bouvreuil en diffère par la forme des plumes qui couvrent ses parties infé¬ rieures , lesquelles sont recourbées en sens inverse et à barbes décompo¬ sées , tandis que le Bouveron les a semblables à celles des autres oiseaux. Néanmoins, il se pourroit qü’on eût transporté ces Bouvreuils d’Afrique à la Guiane, et que, comme plusieurs Sénégalis, ils y eussent multiplié, et y eussent dégénéré au point de perdre l’attribut qui les distingue. Au reste, j’ai conservé pendant plusieurs années quatre de ces oiseaux, qui m’avoient été apportés d’Afrique : tous avoient, à leur arrivée, des plumes frisées sur les parties indiquées ci-dessus 5 mais la frisure n’a point été permanente , elle a disparu à leur première mue pour ne plus repa- roître. La conformation de ces plumes n’indique point, comme le dit Montbeillard, le caractère distinctif du mâle, puisque la femelle en a de pareilles. Ces Bouvreuils, d’un naturel gai, familier et aimant, ont la voix douce et flexible, et font souvent entendre leur joli ramage ', mais rien n’excite autant leur émulation que d’être à proximité d’autres oiseaux chanteurs. Le mâle et la femelle se caressent sans cesse, et ont une telle affection l’un pour l’autre, qu’il suffiroit, pour les faire multiplier en Europe, de les rapprocher de leur climat par une chaleur de 33 à 35 degrés, et de garnir leur prison d’arbrisseaux touffus où ils pussent, sans trouble, nicher et élever leurs petits. Le millet et l’alpiste sont les graines d’Eu¬ rope pour lesquelles ils ont un appétit de préférence. * Cet oiseau est décrit dans l’Ornittiologie de Brisson, sous la dénomination dè Petit Bouvreuil noir d’Afrique, que Latham rapporte à son Brown grosbeak, Loxia fusca, Litîït. , quoique son plumage soit différent. Daudin le donne pour la Loxia lineola deLinnæus, Lineated grosheak de Latbam. Quoique ces deux derniers auteurs ne citent point Brisson et Buffon dans la synonymie , ne fassent pas mention des plumes frisées, et indiquent l’Asie pour la patrie de leur Gros-bec linéole, je crois que c’est du Bouveron qu’ils parlent, mais ils se trompent sur son pays natal. 4r7 C/ d-o ^ JLm^/oL.r , ^7'c:z>è- ^ar" ^ â . t: - ¥ r l'- d: \- ■ »t/> ■•-..•r' ' 1.1 .i./'î ■■ - - ' • I . ^ -'rï.' V- ■ ■’ ■ . .1, , V ; 'l. 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Le Bouvreuil crénirostre, Pyrrhula crenirostris \ Cet oiseau, que j’ai rapporté vivant du nouveau continent en Europe, et que j’ai fait figurer dans le Tome iii de mon Histoire des Oiseaux de l’Amérique septentrionale, est remarquable par sa douceur et sa familia¬ rité ^ mais on doit le tenir dans une volière séparée, car le plus foible Bengali lui en impose au point qu’il n’ose prendre sa nourriture, si celui-ci n’est entièrement rassasié. Son plumage est généralement d’un noir foncé, à l’exception d’une marque blanche qu’il a sur le bord externe des pre¬ mières pennes alaires. Son bec noir est remarquable par une grande échancrure située sur chaque bord et vers le milieu de sa partie supé¬ rieure. Longueur totale quatre pouces un quart environ 3 grosseur du Serin. Cette espèce habite le Mexique et l’île de Cuba. Le Bec-rond a ventre roux, Buffon. "Loxia minuta, Linn. Gm. Minute grosbea};, Latham. Quoique ce petit oiseau, dont on voit la figure dans les PI. enlum. de BulFon , n Siq , n’ait point de couleurs brillantes , il plaît néan¬ moins par sa vivacité et un naturel assez familier. Comme il préfère vivre autour des lieux habités, c’est un indice certain qu’il multiplieroit dans nos volières, si l’on se conformoit à ses goûts, en le faisant jouir d’une température analogue à celle de son pays natal, et des arbustes toujours verds sur lesquels il puisse poser son nid. Il le fait avec art, et n’emploie qu’une sorte d’herbe rougeâtre qu’il contourne de manière que ce berceau a deux pouces de diamètre intérieur. Sa ponte est de trois ou quatre œufs et souvent répétée. Il a la tête, le dessus du cou et le manteau d’un gris-brun 3 les couvertures des ailes, les pennes et celles * Le Bodvkeüil hoir du Mexique, Buffon. Loxia nigra , Linn . Black grosheah , Lath. —i' 20 78 HISTOIRE N AT U R E L L E, etc. de la qtieHe de la même teinte en dehors et noires en dedans-, la gorge, toutes les parties postérieures et le croupion d’un marron foncé : le bec et les pieds sont bruns. . Le Bouvreuil vert. Loxiaprasina. Prasine grosheak, Latham. Nous devons la connoissance de cette espèce à Sparrman, qui a publié les figures du mâle et de la femelle dans le Mus. Caris, fasc. 5 , tab. 72 et 73. Quoique des Ornithologistes français l’aient classée avec les Bou¬ vreuils , je juge, à l’inspection des figures, qu’elle seroit mieux placée avec les Loxies : c’est aussi l’opinion de l’auteur suédois et de Latham. Au reste, elle se trouve dans l’île de Java et dans la plupart des autres îles de la Sonde. Le riz , dont elle dévaste les plantations, est sa princi¬ pale nourriture. Douée d’un ramage agréable et sonore, elle doit être recherchée pour la volière, d’autant plus que la femelle fait aussi en¬ tendre une voix éclatante*, mais ainsi que presque tous les oiseaux de ces contrées, où la nature a réuni les plus beaux, on ne la voit pas vivante en Europe. Le mâle est d’un vert-olive en dessus, et d’un gris jaunâtre en dessous. Il a le croupion rouge, ainsi que plusieurs plumes du ventre 3 les pieds jaunes, la queue noire et arrondie, avec les deux pennes intermédiaires pareilles au croupion , et les autres de même couleur sur leur bord externe. Le bec est noir et les pieds sont jaunes. Taille du Tarin. Le bec de la femelle est brun *, le dessus de la tête et du corps d’un brun-olive *, le croupion d’un rouge terne : les pennes des ailes sont cen¬ drées 3 huit des secondaires blanchâtres sur leur côté extérieur et à leur pointe : la queue est noire et terminée de blanc. ^ s , IW/rr (^raifé ^',1/’ Jiivf/jr/i-f . ( ] HISTOIRE NATURELLE DES LOXIES. LA LOXIE PONCEAU. PL. XLVIII. Loxia ostrina. Cette nouvelle espèce, dont je ne connois que l’extérieur, se trouve dans rinde et en Afrique. Un rouge ponceau et un noir velouté sont les seules couleurs qui dominent sur son plumage : la première occupe la tête, le dessus et le devant du cou, la gorge, la poitrine, les flancs, et la queue qui est arrondie à son extrémité *, l’autre règne sur le milieu du ventre, les parties postérieures, les scapulaires, les couvertures supé¬ rieures et les pennes des ailes, le dos, le croupion, le bec et les pieds. Quelques plumes de la tête et du cou sont terminées par un poil d’un demi-pouce de long-, mais je présume que cet attribut est individuel. La Loxie ponceau a la base de sa mandibule supérieure plus élevée que le front. Ce caractère, qui lui est commun avec l’espèce suivante et avec plusieurs autres étrangères à cet ouvrage , les^ distingue de leurs congé¬ nères , et doit, selon moi, donner lieu à établir une section dans un genre d’ailleurs très - nombreux. Du Muséum d’Histoire naturelle. 8o HISTOIRE NATURELLE LE GRIVELIN. PL. XLIX. Le Grivelin, Buffon. Loxia hrasiliana^ Linnæus. Brasilian grosheah, Latham. Ce n’est point en Amérique qu’on trouve cette Loxie, mais en Afrique, où elle habite la côte d’Angola et les contrées limitrophes. Les Ornitho¬ logistes se trompent donc en donnant le Brésil pour son pays natal, d’au¬ tant plus qu’il est facile de la reconnoître dans la figure d’un jeune mâle publiée par Edwards, pl. i8o, avec la dénomination anglaise de Sparrow of Paradise, et qu’il nous dit que cet oiseau habite le pays que je viens d’indiquer. Non-seulement on a vu le Grivelin vivant à Paris, où les oise¬ leurs l’appellent Moineau de Paradis, mais aussi à Londres, où l’on en a tiré de nouvelles générations. Il a un ramage si foible, qu’il faut en être très-près pour l’entendre. Son naturel est si peu sauvage, qu’il niche en captivité comme le Serin ^ il suffit seulement de lui procurer une chaleur un peu plus forte que celle de nos étés, de ne pas donner de l’inquiétude à la femelle pendant l’incubation et lorsqu’elle a des petits, car elle les abandonne si on la trouble par une curiosité déplacée \ ce dont on s’ap- perçoit aisément, puisqu’elle indique son mécontentement par des contor¬ sions de tête si étranges, qu’elle semble tomber dans des convulsions. Le mâle a la tête et la gorge d’un beau rouge \ le dessus du cou, du corps et des ailes d’un brun clair ^ les couvertures terminées par des taches jaunâtres, ce qui donne lieu à deux bandes transversales j le devant du cou et le dessous du corps d’une teinte jaune, très-claire, particu¬ lièrement sur le ventre, avec des lunules sur le cou et sur la poitrine j les plumes des parties postérieures blanchâtres dans le milieu, traversées par deux raies brunes, bordées et terminées de noir 5 les pennes alaires et caudales d’un brun sombre en dedans 5 les pennes secondaires tachetées de jaune à leur extrémité, et celles de la queue terminées de blanc3 les yeux bleuâtres, le bec et les pieds couleur de chair. La femelle a la tête et la gorge d’un gris-brun. En général, ses cou¬ leurs sont ternes et ses mouchetures moins prononcées. . Le jeune mâle diffère du vieux par du cendré-brun sur le corps, du gris à l’extrémité des couvertures supérieures et des pennes de la queue, des taches moins nombreuses sur les parties inférieures, et par le gris bleuâtre qui bordent les pennes alaires en dehors. i 2}^^,ruu^ jüitf Preà'e . C/mYY/// . a cYe.- l'T/nprum/'te de Zari^li^ûr . r ' n . / O' 0-rcuf&JS/?UŸ^iB^ . I ■\ : v' . \ 1 '*K * * É I IM S. ■ . ' . O J?, y? Û//////Û . Pr^>/re . //e^ ù 'TnY?rtm^ri-e- /ja/i^/ow . hr<^c' ^yca f>t7 ” Pûuyu^/. . DES LOXIES. 8i LE DOMINO. PL. L. luoxia pmictularia. On voit quelquefois chez nos oiseleurs de petits Gros-becs qu’ils appellent Dominos , d’après la disposition de leurs couleurs : j’^en ai moi- même reçu plusieurs de Lisbonne j mais les ayant perdus par accident peu de temps après leur arrivée, et n’ayant pu m’en procurer d’autres, je n’ai pas été à portée d’observer leurs amours. On assure que lorsqu’ils sont acclimatés, ils vivent plusieurs années en France. Gomme ils habitent les îles de Java et des Moluques , la température qui leur est nécessaire pour se conserver et se propager en Europe, doit être la même que pour les précédons. Quoique ces oiseaux soient nombreux dans des contrées fréquentées par les Européens, leur genre de vie est encore à connoître. Je crois que c’est à ce défaut de connoissance qu’on doit attribuer la confusion qui règne dans les descriptions de ces différentes Loxies j elle est telle, qu’il n’est guère possible de statuer sur leur identité : les uns en font des espèces distinctes, d’autres les réunissent comme variétés, et on n’est pas non plus d’accord sur les différences qui caractérisent les sexes. Ce Domino, que je soupçonne être le Gros-bec tacheté de Java ’, a la tête , le dessus du cou , du dos et des ailes d’un brun-marron ; la gorge d’un brun foncé ; les pennes alaires et caudales à-peu-près de la même nuance',le croupionfoiblement tacheté de blanc,et de gris sur quelques individus ^ le dessous du corps varié de marqués blanches entourées d’un liseré noirâtre, et traversées par un trait de la même teinte j le ventre blanc dans le milieu : cette couleur prend, sur les couvertures infé¬ rieures de la queue, un ton roussâtre -, le bec et les pieds sont bruns. La femelle diffèi e du mâle en ce qu’elle a le dessous du corps d’un blanc pur. * Loxia punctularia, Linnæus. Cowry grosbeah, Latham. 21 83 HISTOIRE NATURELLE LA LOXIE VERMICULÉE. PL. LI. Loxia variegata. La tête , les joues et la gorge de cette espèce sont noirs-,le croupion et le dessous du corps blancs avec des raies vermiculées ^ l’occiput, le dessus du cou, le dos et les couvertures des ailes d’un gris-brun nuancé de jaunâtre -, les pennes alaires d’un ton plus foncé, celles de la queue et ses couvertures pareilles à la tête \ les deux intermédiaires dépassent les autres de six lignes et toutes les latérales sont égales entre elles à leur extrémité -, le bec est brun en dessus et blanc en dessous ^ les pieds sont d’un gris rembruni. L’oiseau qui se rapproche le plus de celui-ci est le Gros-bec des Molu- ques '.Mais il n’a point les deux pennes du milieu de la queue plus longues que les autres. Ne seroit-ce pas la femelle ? •* Loxia molucca, Linnæus. Molucca grosbech, Latliam, A jvnr Pre/re , t/û / Imprimerie i/e JjançlrtJ' , ûrarépai’ Soupu^à I '. ■ ,4 ^ f. \ / I * 1 ^ S;. ^ 1 , 9m-i .■V vjii •!''^ab>«i *'V ¥ >■ ¥3 'V . , V.r ] J r 7’ J^reO'e . \ I ■ ■>: DES LOXIES. 85 LE JACOBIN. PL. LU. Le Jacobin, BufTon. Loxia malacca, Linn. Malacca grosheah ^ Lath. Cette petite Loxie a la tête, la gorge, une partie du cou, le milieu du ventre, les plumes des jambes et les couvertures inférieures de la queue d’un noir foncé *, le dessus du cou, le dos, le croupion, les ailes et la queue d’un brun marron 5 le bas du cou, la poitrine et les côtés du ventre blancs ’, le bec de couleur de plomb et les pieds noirs. La femelle diffère du mâle par une taille plus petite, par ses couleurs moins foncées, et en ce qu’elle a les jambes d’un marron clair. Des individus présentent des dissemblances dans la taille et le plumage : les uns ont le dessus de la tête d’un brun qui s’obscurcit sur le front et sur la gorge j les plumes des jambes et tout le dessous du corps blancs -, d’autres ont la gorge noire 3 les joues, le dessus de la tête et du corps, les ailes et la queue d’un brun mar¬ ron. Le Jacobin décrit par Mauduyt, diffère de celui qui est figuré dans cet ouvrage , en ce que le blanc de la poitrine et des côtés du ventre est nuancé de brun rougeâtre *, que le bec est d’un cendré bleu, et que les pieds sont d’un gris blanc. Enfin d’autres sont moins gros et moins longs que les précédens 5 ils ont la tête et le dessus du corps bruns, avec un trait d’un brun-roux très-pâle sur le milieu de chaque plume -, la gorge, le devant du cou, les ailes et la queue noirâtres j le dessous du corps blanc. Tel est le Gros-bec de Vlsle de Bourbon h Cette espèce, d’un naturel tranquille et même triste, ne plaît que par sa propreté. Un ramage foible, sans agrément, et qu’on entend à peine, quoiqu’elle en déploie toute l’étendue, semble être pour elle un exercice violent et convulsif. Elle se cramponne sur son juchoir, ouvre le bec de toute sa largeur, hausse et baisse l’estomac comme si elle étoit oppressée, et il résulte de ces efforts spasmodiques des sons sourds quoiqu’aigus. Son cri a du rapport avec celui de notre Moineau. Le mâle et la femelle ont beaucoup d’affection l’un pour l’autre et se quittent peu 5 mais quelques caresses sont, dans nos climats, le seul résultat de cet attachement. Pour faire naître en eux le désir de la jouissance , il faut leur procurer une haute température. Ils préfèrent le millet à toute autre graine, et ils aiment à se baigner plusieurs fois par jour. ‘ PI, enlum, 11° 1 53 , fig. i, de l’Hist. nat. de Buffon. Loxia striata, Linn. Striatedgroshealk, Lath. 84 HISTOIRE NATURELLE LE M ü N G ü L. PL. LUI. Loxia atj'icapilla. Les Méthodistes donnent cet oiseau pour une variété du Jacobin $ cependant leur plumage présente assez de différence pour les regarder comme deux espèces distinctes ', d’autant plus que les femelles de ces deux oiseaux diffèrent encore plus entre elles que les mâles. Ceux-ci ont la tête enveloppée d’un capuchon noir, lequel descend sur la gorge, sur le cou et sur le haut de la poitrine, dont le bas est de la teinte marron qui couvre le ventre *, les parties postérieures sont de la couleur de la tête j le croupion et les plumes du dessus de la queue d’un marron bril¬ lant ; les flancs bruns, ainsi que le bord extérieur des pennes alaires et caudales, sur lequel cette dernière couleur prend un ton rougeâtre 5 celles-ci sont noirâtres du côté interne -, les pieds noirs : le bec est pareil aux tarses à la base de sa partie supérieure, et blanc dans le reste de son étendue. La femelle, dont on voit la figure dans les Oiseaux d’Edwards, pl. 45 , a le dessus de la tête, du cou et du corps d’un cendré nuancé de brun terne -, le tour des yeux, la gorge et le dessous du corps d’un gris-blanc un peu rosé \ les couvertures supérieures de la queue blanches^ les pennes alaires et caudales noirâtres -, le bec cendré et les pieds couleur de chair. Cette espèce habite les Grandes-Indes, où elle porte le nom sous lequel je la décris. Les individus que j’ai vus en France sont très-sensibles au froid dont la moindre atteinte leur cause la mort. On doit donc les tenir pendant toute la mauvaise saison dans un appartement où il ne peut pénétrer *, et si l’on desire les faire multiplier, il faut leur donner pour prison une serre dont la chaleur se rapproche de celle de leur pays natal. Du Muséum d’Histoire naturelle. ‘ Voyez ci-devant l’article et la figure du Jacobin, â3 L Dej'Si/z& Prcù^ûy . : /'J" ■II' H /V :• -f,;f rry '•■U "^X'T .( . ' ) - ^1 - . V y.' «> 1 04 De^r.f’ùir-' JVe/rr. IJXm^rwt^te/ de^ Xaft^lcz^ ûi'avc' ^ar' , DES LOXIES. 85 LA LOXIE QUINTICOLOR. PL. LIV. Loxia quinticolor. Les cinq couleurs qui régnent sur le plumage de cette Loxie, sont distribuées avec une belle entente, et se fondent d’une manière agréable. Les ailes et la queue sont brunes-, cette teinte, qui prend un ton rougeâtre sur le dos et sur les joues, est remplacée par un joli gris sur la tête et le dessus du cou 5 par un bel orangé sur le croupion , les couvertures supé¬ rieures de la queue et le bord externe des pennes -, par du noir mat sur les couvertures inférieures, les jambes et le haut de la gorge -, par un blanc pur sur le devant du cou, la poitrine et le ventre. Le bec est de couleur de plomb à son origine, et ensuite d’un blanc nuancé de rouge*, les pieds sont noirs *, les deux pennes intermédiaires de la queue dépas¬ sent les autres d’environ quatre lignes. On trouve cette nouvelle et rare espèce aux Iles Moluques et probablement dans les contrées voisines j mais on ne connoît que le vêtement du mâle. Communiqué par M. Bécœur. 86 HISTOIRE NATURELLE LE WEEBONG. PL. LV. Loxia hella. — Blach-lined grosheah, Latham. Le nom sous lequel je décris cet oiseau est celui que lui ont imposé les Naturels de la Nouvelle-Hollande. On le trouve à la Nouvelle-Galle du Sud, et vers le mois de mai, au port Jackson. Ses couleurs ont beau¬ coup de rapport avec celles de l’Astrild, Sénégal! décrit page 35 de cet ouvrage ^ mais il en diffère principalement par un bec plus gros, une taille plus alongée et des proportions généralement plus fortes. On peut le regarder, d’après son plumage, comme son représentant dans l’Australasie. Le Weebong a le bec, l’iris, le croupion et les couvertures supérieures de la queue d’un beau rouge ^ le bord du front et le tour de l’œil noirs • le reste de la tête, le dessus du cou, le haut du dos, les plumes scapulaires et les couvertures supérieures des ailes d’un gris-cendré foncé ; cette même teinte qui règne sur les pennes alaires et caudales, sur la gorge et sur la poitrine, s’éclaircit sur les parties inférieures-, elle est dessus et dessous le corps coupée en travers par de petites lignes noires. Les pieds sont d’un brun pâle : la femelle est totalement pareille au mâle. Communiqué par M. Bécœur. 1 JP, J/' , i '/tm njprim.erie' J/ar^iûw ûravé,Bpiujfucé' V L i I S6' Yrum . J)ej'sznJ-^ jfzaz' Preâre- ■ de' I''l77y7rùner7-e' de Z/ar^IeL^, ûr'zaye' ^07' Soii^ie/z I DES LOXIES. 87 LE MAJAN. PL. LVI. Le Majan, BufFon. Loxia maja^ Linn. IVhite-headed grosheak^ Lath. O N rencontre cette Loxie dans une grande partie des Indes orientales, à Siam, à la Chine, à Malacca, à Java, à Timor et dans les contrées limi¬ trophes et intermédiaires. Elle s’acclimateroit facilement en France, où on la voit quelquefois vivante *, mais il faut suivre ses goûts et ses allures. Presqu’aussi familier que les Bengalis, le Majan demande les mêmes atten¬ tions 5 il peut vivre avec eux dans la même volière, car il est d’un naturel doux et il se nourrit des mêmes grains. La tête, la gorge et le cou du mâle sont d’un gris-blanc qui se rem¬ brunit sur le devant du cou, et prend un ton très-foncé sur le dessus du corps , les plumes scapulaires, les couvertures supérieures des ailes, les pennes et sur celles de la queue. La poitrine et le ventre sont fauves j les parties postérieures, le bec et les pieds noirs. La femelle a la tête et le cou d’un blanc sale ou d’un gris pâle, la poi¬ trine d’un brun clair. En général, les couleurs de ces oiseaux ne pré¬ sentent pas les mêmes nuances pour tous les individus : mais les teintes les plus vives et les plus foncées sont toujours l’attribut des mâles. \ k HISTOIRE NATURELLE LA LOXIE GRISE. PL. Lvir. Loxia cantans, Linnæus. Bi'own grosheak, LaRam. Le Sénégal est la contrée d’Afrique où cette espèce est la plus nom¬ breuse , et d’où on nous l’apporte directement. Moins sensible au froid que toutes celles qui habitent la Zone torride, la chaleur de nos étés suffit pour quelle multiplie en Europe, où elle vit ordinairement neuf ou dix ans , pourvu que sa demeure habituelle soit à l’abri des rigueurs de l’hiver^ cependant, comme la ponte a lieu quelquefois à la fin de l’hiver, il faut, pour obtenir une réussite complète, retarder les couvées jusqu’au mois de mai, en séparant les mâles de leurs compagnes, ou procurer aux femelles une température un peu supérieure à celle de nos étés. Le ramage flùté et moelleux de cette charmante Loxie , est d’une foible étendue : il m’a paru avoir beaucoup d’analogie avec le murmure d’un petit ruisseau entendu à une certaine distance. D’un instinct très-social, elle aime en tout temps la compagnie de ses semblables, et vit d’un parfait accord avec les Bengalis et les Sénégalis. L’amour, qui ne se montre parmi d’autres espèces qu’accompagné de la jalousie et de ses fureurs, n’est point pour celle-ci un sujet de discorde. En tout temps, le même trou d’arbre, ou le même boulin sert de retraite nocturne et diurne à huit ou dix de ces oiseaux, et même à un plus grand nombre, s’il peut les contenir-, cette manière de vivre, sur-tout pendant l’hiver, contribue beaucoup à leur faire supporter facilement l’intempérie de nos saisons. Quatre ou cinq femelles pondent quelquefois dans le même nid, vivent ensemble d’un commun accord, couvent alternativement les oeufs des unes et des autres, et nourrissent indistinctement tous les petits. En effet, j’ai eu chez moi des nichées composées de seize à dix-huit œufs, et toujours l’incubation et l’éducation de la jeune famille ont été l’ouvrage de plusieurs mères. Néanmoins il est mieux de séparer ces oiseaux par paire \ car il résulte toujours de cette réunion d’œufs pondus à sept ou huit jours de distance et même plus, que les petits les premiers éclos étouffent ceux qui naissent plus tard, et que les foibles sont privés de nourriture, quand les autres en regorgent. Tel est le genre de vie de ces oiseaux retenus en captivité et quand ils sont en grand nombre dans une petite volière. Il est très-probable qu’en liberté, chaque couple se tient isolé à l’époque des amours -, car j’ai observé que plus leur prison étoit vaste, moins grand étoit le nombre •^7 ^ar 2Ve/rey . dfy l'Im^T'ztn^r'is dê' J/o/i^loW (rravé ^ 07 ' ^otcY^iei . 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On peut les remplacer dans les grandes volières par des trous creusés à une certaine distance les uns des autres, dans des tronçons d’arbres de moyenne gros¬ seur , hauts de cinq à six pieds, et fichés en terre. Ces oiseaux préfèrent, pour construire leur nid, le coton haché et la bourre -, cependant, comme il leur arrive souvent en captivité d’encombrer ces matières s’ils les ont en abondance, ou d’en couvrir leurs œufs, ce qui arrête les effets de l’incubation, ou enfin d’étouffer leurs petits, en voulant leur procurer, soit une couche plus mollette, soit une plus grande chaleur, il vaut mieux doubler les boulins d’une étoffe très-chaude ou d’une peau d’agneau, et ne leur donner aucuns matériaux. L’alpiste et le millet en grappes sont les alimens auxquels ces Gros-becs donnent la préférence et dont ils nourrissent leurs petits en les dégorgeant comme font les Serins. Le mâle et la femelle travaillent l’un et l’autre à la construction du nid et couvent alternativement pendant le jour. La ponté est ordinairement de six ou sept œufs blancs et de la grosseur à-peu- près de ceux de notre Pouillot -, l’incubation dure quinze jours 5 les petits naissent couverts d’un léger duvet, et sont, dès leur première année, totalement pareils aux vieux. Ils prospèrent très-bien en France j j’en ai tiré jusqu’à trois générations successives, et la dernière n’exige pas d’autres soins que les Serins quand elle couve en été. Cette espèce niche, en Europe, depuis le mois de février jusqu’au mois d’août, époque où elle subit l’unique mue qu’elle éprouve dans l’année. La Loxie grise a le bec couleur de plomb tirant au violet 5 les plumes de la tête et de la nuque d’un gris bruii, terminées de blanchâtre et taillées en forme d’écaille 5 les scapulaires et le dos variés de lignes étroites et noirâtres sur un fond gris, ferrugineux , plus foncé sur le bas de cette dernière partie ^ le croupion, les couvertures et les pennes de la queue noires -, les plumes qui recouvrent l’aile en dessus et les pennes primaires d’un brun sombre -, les pennes secondaires grises avec de légères teintes rosées -, les côtés du cou et de la poitrine nuancés de roux -, la gorge et tout le dessous du corps d’un gris perlé -, les pieds bleuâtres. La femelle ne diffère du mâle que par des couleurs un peu moins vives. 25 HISTOIRE NATURELLE LA LOXIE FASCIÉE. PL. LVIII. LiOxia fasciata y Linnœus. Fasciated grosheak , Latham. Parmi les oiseaux vivans qu’on nous apportoit autrefois de Juida et particulièrement du Sénégal, les Loxies fasciées étoient toujours en grande quantité , ce qui prouve qu’elles sont très-communes et qu’elles multiplient beaucoup dans ces contrées. De tous les petits volatiles de l’Afrique, ceux-ci sont les plus familiers et les plus ardens en amour \ d’un naturel aimant, le mâle et la femelle contractent une union intime où les plaisirs et les peines sont également partagés. Ils préludent à la jouissance comme les tourterelles, par des caresses et des baisers 5 l’un et l’autre s’aident dans la construction du nid , se soulagent de la fatigue de l’incu¬ bation et soignent leurs petits avec une égale affection. Le mâle semble ne pouvoir se séparer de sa compagne j il la suit lorsqu’elle cherche sa pâture, se tient presque toujours à ses côtés quand elle couve, et quelquefois il y passe la nuit. S’il la perd de vue un instant, il l’appelle sans cesse, par un cri particulier, pareil au tuit de notre Moineau et presqu’aussi fort, mais dont le son est plus doux et plus agréable. Son ramage n’est qu’un gazouillement continuel, et assez semblable à celui du Grivelin. Il suffit de s’approcher de sa cage pour l’exciter à chanter. Ces oiseaux, qui nichent en volière comme les Canaris, sont à peine appariés que le mâle visite plusieurs boulins 5 dès que son choix est fait, il findique à sa compagne , et par des sons répétés il l’engage à s’y rendre : si elle cède à ses instances, il exprime sa joie par des mouvemens de tête qui nous paroissent ridicules , mais qui plaisent sans doute à l’objet de ses feux. Celle-ci, non moins amoureuse, ne cesse de brûler du moment qu’elle a cédé à ses désirs *, elle ne le quitte plus, réitère à chaque instant ses baisers, et le provoque sans cesse à de nouveaux plaisirs jusqu’au moment de la ponte. Ils se caressent mutuellement de même que les pigeons, en se soulevant réciproquement les plumes de la tête et du cou. Ces Loxies nichent en captivité depuis le mois de janvier jusqu’à la mue quelles subissent au mois d’août -, elles font encore deux couvées à l’automne, si on leur procure alors la chaleur qui leur convient. Les mâles étant très-jaloux les uns des autres, on doit les isoler par paire à moins qu’ils n’aient une vaste prison. Le boulin qui leur est propre, doit J ^ (?ra^f.î- par JJaiaj^ue/ • DES LOXIES. 91 être d’un tiers plus grand que celui qu’on donne ordinairement aux Serins, et clos de tous côtés, avec une petite ouverture d’un pouce de diamètre sur le devant, à peu près aux trois quarts de sa hauteur. Cette forme n’est pas néanmoins de rigueur, puisqu’ils nichent aussi dans un boulin ouvert par en haut 3 mais l’autre conserve davantage la chaleur qui est de pre¬ mière nécessité pour les faire multiplier dans nos contrées ; en outre, il faut doubler ce berceau artificiel avec une étoffe très-chaude, parce qu’ils construisent leur nid avec beaucoup de négligence , comme font la plupart des oiseaux qui couvent dans des trous d’arbre ou de muraille. Les matériaux auxquels ils donnent la préférence sont les herbes sèches, le coton haché ou la bourre. Leur ponte est de quatre ou cinq œufs blancs, semés d’un grand nombre de points roux. L’incubation dure quatorze jours, et les petits naissent couverts d’un duvet fort épais. Les femelles étant très-sensibles au froid dans le temps de la mue, et sur-tout de la ponte, on doit alors leur procurer une température élevée à 26 degrés, sans quoi on les expose à périr. La chaleur peut être moindre pour les individus nés en Europe 3 mais il ne faut la réduire à celle de nos étés que pour la troisième génération. Le millet et l’alpiste, des graines tendres de mouron , de laitue et de séneçon, sont des alimens propres à ces Loxies, qui vivent ordinairement sept ou huit ans, quand elles sont bien soignées. Le mâle a le bec d’un gris bleuâtre très-clair 3 le dessus de la tête et du cou , le dos, le croupion et les couvertures des ailes d’un brun rous- sâtre, avec des lignes noires demi-circulaires 3 les joues couvertes dans leur partie inférieure par une bande rouge, laquelle s’étend en travers sur la gorge, qui est blanche à son origine 3 ( c’est d’après cette sorte de collier que les oiseleurs appellent ce Gros-bec cou-coupé) le reste de la gorge , le devant du cou et la poitrine sont roux et rayés comme le dessus du corps, mais ces raies sont moins marquées 3 une tache assez large, d’un rouge brun, couvre le milieu du ventre qui est d’un roux pâle ainsi que les côtés des parties postérieures dont le milieu est blanc 3 les pennes alaires et caudales sont brunes en dedans et bordées de roux en dehors 3 les latérales les plus extérieures de la queue ont du blanc à leur pointe 3 les pieds sont couleur de chair. La femelle ne diffère du mâle qu’en ce qu’elle n’a pas de collier rouge ni de tache brune sur le ventre 3 ces parties sont blanches. Les jeunes lui ressemblent. Cette espèce ne subit qu’une mue par an et ne change point de couleur, si ce n’est accidentellement 3 alors la teinte du ventre remonte jusque sur la poitrine 3 le rouge s’étend davantage sur les côtés de la tête 3 et les autres parties du corps sont d’une nuance plus sombre. 92 HISTOIRE NATURELLE LA LOXIE IGNICOLOR. PL. LIX. Loxia ignicolor. Lès auteurs qui ont parlé de cet oiseau, Font donné pour une variété de la Loxie orix ' avec laquelle il a du rapport dans le plumage *, mais il constitue une espèce particulière qui en diffère par moins de grandeur et de grosseur, par sa gorge totalement d’un rouge orangé éclatant et par la longueur de toutes les couvertures de la queue, lesquelles sont composées de barbes effilées et pendantes, et s’étendent jusqu’au bout des pennes. Leur couleur rouge de feu domine aussi sur le cou , le dos, l’estomac, à l’extérieur des couvertures supérieures des ailes , des pennes et de celles de la queue qui sont brunes du côté interne 3 un beau noir velouté règne sur la tête jusqu’au-dessous des yeux , sur une grande partie de la poitrine et sur le ventre 5 le bec est d’un noir mat, les pieds sont couleur de chair. Des individus ont des teintes moins foncées ; d’autres ont le ventre varié de noir et de blanc sale j ce plumage indi¬ que des mâles qui prennent leur livrée d’été pour la première fois, ou qui la quittent pour se revêtir de celle d’hiver, époque à laquelle ils ne diffèrent point des femelles , dont les parties supérieures sont variées de taches longitudinales brunes sur un fond gris et les inférieures sur un fond blanc sale*, les ailes et la queue sont d’un brun sombre, plus clair en dehors. Le bec est de cette couleur et les pieds sont gris. Cet oiseau d’Afrique, qu’on voit quelquefois dans nos volières, se trouve au Sénégal et dans d’autres contrées de cette partie du monde. Etant d’un naturel querelleur et inquiet, on doit le séparer des espèces douces et tranquilles, dans quelque saison que ce soit, et sur-tout à l’époque des couvées. Peut-être se plait-il dans la société de ses semblables, et place-t-il son nid dans les roseaux comme le Cardinal du Cap de Bonne- Espérance décrit ci-après sous la dénomination de Loxie orix ? Mais nous n’avons aucuns renseignemens sur son genre de vie ni sur ses mœurs. Au reste la chaleur de nos étés est suffisante pour les conserver vivans dans nos contrées septentrionales , et une température plus forte leur est nécessaire si on veut en tirer de nouvelles générations. De ma collection. * Loxia orix, Linnæus. Sg I^ci.f ,' ( .U,-. y ;’ v '*■ >.' m: 4 - ,ï] .mW ' . * ■ - ■’■ r 't-r • ■ ->■ ‘y’;’ 1 ’i f \ i ■;. . -V-f ■ ‘l/ ’ J A.vy * ', ' 'V:w-':4^. v'.:y>A. \ " . r ■■• ... .[^é^ l 'î'iîjv- .-vV • J.- -.Aanfc ;■ ’ ■ *' ‘ ' •vl ; ;.7'4i4 _ i' '). f.r.'* J ' .3 1 -V '■:'••’IUI '■ i ’ . J ■riv. .' f.--.» . .T .•■« , ■ * • • •\ r'-* >. 5 «-.. é I !>■ - , 1 à:-. I I *'è . ■K 4 J*, •'\‘ .• » »• ' . '.f ' •=: -f-.. ^>er.r t/f’ ///' ‘ ^/■irvi' jLuf/' J>cn.<^iie/ jP/'(’fre ■ DES LOXIES. LA LOXIE LUNULÉE. PL. LX. rr 9 ^ Loxia nitida 3 Linnæus. Nited grosbeaJc, Latham. Parmi le petit nombre de Loxies qu’on a trouvées à la Nouvelle-Hol¬ lande, on remarque celle-ci dont le vêtement est semé de lunules noires, courtes et dispersées irrégulièrement sur le brun olivâtre qui occupe le dessus du cou, le dos, les ailes, et sur le blanc sombre de la gorge et des parties postérieures. Les pennes alaires et caudales sont brunes et variées de raies d’une nuance plus foncée ^ ces deux teintes font ressortir avec plus d’éclat le beau rouge qui règne sur le croupion et sur les couvertures supérieures de la queue 5 le bec et l’iris sont de cette dernière couleur ^ les pieds sont jaunâtres. Il en est de cette espèce comme de presque toutes celles qui se trouvent dans l’Australasie : on ne connoit que son plumage. Elle en fréquente la partie méridionale , et s’y trouve au mois de mai. Communiqué par M. Bécœur. 24 94 HISTOIPvE NATURELLE LE PADDA. PL. LXI. Le P a d d a j BufFon. Loxia orizivora , Linn. Japa grosbeah ^ Lath. Quoique cette espèce n’ait pas de ramage, elle ne mérite pas moins une place distinguée parmi les oiseaux de volière 5 car, indépendamment de sa beauté, elle plaît par sa propreté, par l’arrangement de ses plumes dont l’une ne passe pas l’autre, et qui semblent couvertes de cette sorte de fleur qu’on voit sur certaines prunes. On apporte beaucoup de Paddas en Europe, mais on n’est pas encore parvenu à les y faire couver, et on ne peut les y conserver vivans plus de deux ou trois ans -, sans doute parce qu’ils sont délicats, très-sensibles au froid, et qu’on ne les nourrit que de millet et d’alpiste. Cependant il est vraisemblable que si on ajou- toit à ces graines celle du riz, leur aliment favori, et que si on les faisoit jouir, pendant la première année de leur séjour , d’une chaleur un peu plus forte que celle de nos étés, ils vivroient plus long-temps5 du moins c’est par ce moyen que je suis parvenu à les conserver six ou sept ans , terme commun de leur carrière. Le bec de cet oiseau est comme strié et d’un rose vif à la base, d’une nuance plus claire à la pointe et d’un blanc perlé sur les parties saillantes 5 les paupières sont rouges -, la tête et la gorge d’un noir brillant, qui sert de frange au blanc de neige répandu sur les joues ^ tout le reste du plu¬ mage est d’un gris-cendré, plus foncé sur les ailes et foiblement rosé sur les plumes des jambes, sur le bas-ventre et sur les couvertures inférieures de la queue, dont les supérieures et les pennes présentent la même cou¬ leur que le dessus de la tête. Les pieds sont d’un rouge-lavé très-pâle et les ongles d’un gris blanc. La femelle diffère du mâle en ce qu’elle a le bec d’une teinte moins vive -, les joues privées de tache blanche ^ le bas-ventre et les couvertures inférieures de la queue dé cette couleur. Des jeunes ont les joues brunes, d’autres les ont noirâtres. Cette espèce se trouve à la Chine, à Java et dans d’autres contrées de l’Inde 5 partout elle fait de grands dégâts dans les rizières. De ma collection. k OJ I r I I y Desxmc .I*re(re' . i/c l'/rnprimerie (/e Lan^/ûi^r (T/'ave pa?' 7) ûu ' • .'•. • • .'t C;j -f > > } < - ^ * /V tr'l ■ 4 ‘..'' DES LOXIES. 97 Des individus ont cette partie totalement pareille à la tête et les ailes bordées d’orangé, ce qui paroît indiquer l’âge très-avaneé *, d’autres ont le bec moins long et moins gros que celui qui est figuré dans cet ouvrage -, quelques-uns ont les pieds d’un gris brun et plusieurs les ont rougeâtres et le bec noir. L’individu que les auleurs Indiquent pour la femelle, diffère du mâle en ce qu’il a le bec d’un brun sombre, la tête et tout le dessus du corps d’un vert - olive varié de brun sur le cou et le dos 5 la gorge et toutes les parties postérieures d’un vert jaunâtre ^ les ailes et la queue brunes et bordées en dehors d’une teinte olivâtre. J’ai peine à croire que cet oiseau soit la femelle de l’espèce dont nous parlons. Au reste le jeune dans son premier âge diffère en ce que son plumage est olivâtre où celui du mâle est rouge, et en ce qu’il n’a point de raie noire au-dessus de l’œil. De ma collection. 25 98 HISTOIRE NATURELLE L’AZÜLAM. PL. LXIV. Loxia cyanea, var. Linnæus. Blue grosheàk, var. Latham. On ne rencontre point cette espèce en Afrique, comme le dit Edwards, mais au Brésil, au Paraguay et à la Guiane, où elle fréquente les terrains incultes et un peu aquatiques. Quoiqu’elle porte un vêtement très-ana¬ logue à celui de la Loxie bleue, dont je publie la figure dans le Tome iii de mon Histoire des Oiseaux de L’Amérique septentrionale ^ on apper- eoit néanmoins des différences dans la nuance de sa couleur dominante, sur-tout dans celle des couvertures supérieures des ailes*, ces dissem¬ blances , quoique foibles , me semblent indiquer deux races , mais très- voisines , dont l’une s’est fixée dans le sud du nouveau continent et l’autre dans le nord. Azulam est la dénomination que les Portugais ont imposée à ce Gros- bec d’après son plumage, et je la lui ai conservée pour le distinguer de celui dont je viens de parler. Cet oiseau, qu’on a vu plusieurs fois vivant à Lisbonne, à Londres et à Paris, est d’un naturel doux et il s’habitue aisément à la cage ^ mais étant né sous un climat chaud, on doit le tenir pendant nos hivers dans un local constamment échauffé, si on veut le conserver long-temps. De même que le Foudi, il n’a point de ramage remarquable \ mais ses belles couleurs lui assignent une place distinguée parmi les oiseaux de volière. Le beau bleu qui couvre en grande partie le plumage du mâle, s’éclaircit sur le sinciput, les joues, les côtés de la gorge, et la partie antérieure de l’aile5 il est très-foncé en dessus et en dessous du corps, et borde extérieurement les couvertures, les pennes alaires et caudales, qui sont noires dans le reste de leur étendue *, cette dernière couleur forme autour du bec une zone étroite qui s’étend jusqu’à l’œil ^ les mandibules sont d’un noir plombé 5 les pieds noirâtres et l’iris est couleur noisette obscure. La femelle est d’une teinte cannelle sur la gorge, bleue au-dessus de l’œil, tachetée de deux nuances brunes sur les parties supérieures : ces nuances se changent en vert lorsqu’elles sont opposées à la lumière 5 les ailes et la queue sont noirâtres. Les jeunes mâles lui ressemblent avant d’avoir subi leur première mue, mais leur vêtement est plus terne. De ma collection. ^ 07 - Pre/rr . {/<» /'Im^i’ûjieri-e’ 1//7 2 iar^/ûiJ' G?ytve' ^(U' ■ h J * ■'h ^ -A U ■p' 1 ■ - nr \ I. ^ K (. 4- V, / / I { 1 \ 'Il 'MS J 4f 4^ P y ; ^ar PreJr-e , û-ô e . Zian^loi^ . C'/’avé' ^of' Bûzc/^ue^- DES LOXIES. 99 LA LOXIE ROSE. PL. LXV. Loxia rosea. Cette nouvelle espèce, dont on voit souvent en Angleterre des individus vivans , se trouve dans l’Inde. On la conserve en Europe pendant plusieurs années en la tenant dans un local où la gelée ne peut pénétrer : mais on ne s’y est pas occupé de la faire multiplier, ce qui néanmoins seroit facile, en lui procurant un climat analogue à celui de sa patrie, un bosquet où elle puisse se livrer sans inquiétude aux soins qu’exigent le travail du nid, l’incubation et l’éducation des petits ^ des arbustes toujours verts 5 une chaleur de 25 à 26 degrés, et des alimens convenables , tels que le millet, l’alpiste et surtout de petites graines tendres à l’époque des couvées : avec ces moyens, je crois qu’on pour- roit en tirer de nouvelles générations. Ce Gros-bec mue deux fois par an, et le mâle ne porte que pendant l’été la teinte rose qui domine sur son vêtement 5 cette teinte est variée de gris-brun sur l’occiput, le dessus du cou, le dos et les plumes qui recouvrent l’aile j vive et pure sur le croupion, les couvertures supé¬ rieures de la queue, la tête , la gorge, le devant du cou, la poitrine, les flancs , et elle se fond insensiblement dans la couleur blanche du ventre et des parties postérieures : elle sert encore de bordure externe aux pennes alaires et caudales, qui sont en dedans d’un gris brun. Le bec et les pieds sont d’un brun clair. La femelle a la tête, le dessus du cou, le dos, le croupion , les cou¬ vertures , les pennes des ailes et de la queue d’un brun varié de gris blanc sur les parties antérieures , et de gris verdâtre sur les autres 5 cette dernière nuance borde en dehors les pennes alaires et caudales. Tout le devant du corps est blanc ^ cette couleur est pure sur le ventre, sur les couvertures inférieures de la queue, et mouchetée de gris brun sur la gorge, le devant du cou, la poitrine et les flancs. Le bec est brun en dessus et jaunâtre en dessous. Les jeunes mâles portent dans leur premier âge une livrée à-peu-près semblable à celle de leur mère, et les vieux en diffèrent très-peu pendant l’hiver. De ma collection. lOO HISTOIRE NATURELLE LA LOXIE ORIX. PL. LXVI. Le Foüdi a ventre noir, Buffon. Loxia orix, Linnæus. Grenadier grosheak , Latham. % Le chant de cette Loxie ne répond pas à la richesse de ses couleurs ^ car il est composé de sons aigres, durs et assez semblables au bruit que fait le rouage d’une pendule qu’on remonte. Sa demeure habituelle est près des ruisseaux et dans les marais couverts de joncs et de roseaux, où l’on voit toujours un grand nombre de ces oiseaux qui y construisent leurs nids près les uns des autres. Ils les attachent à la tige des plantes aquatiques, leur donnent une forme hémisphérique et placent l’entrée au centre. Leur ponte est de quatre ou cinq œufs verts. Ces Gros-becs font deux mues par an, l’une au mois de juillet et l’autre au mois de janvier. Les mâles se revêtent à la première de leur belle livrée et prennent à la seconde , celle de la femelle. Ils se nourrissent principalement de la fleur du blé^ antherœ tritici^ et ensuite du grain même. Ils sont d’une telle hardiesse qu’on parvient difficilement à leur faire peur et conséquemment à les chasser des champs ensemencés. On en voit voler en été une quantité considérable dans les plaines de sable voisines du Cap de Bonne-Espérance, et particulièrement autour des métairies. Il résulte de ces faits, puisés dans les F~oyages de Thunberg et de Barrow, que, si on veut les acclimater en Europe, il faut les nourrir principalement de froment et de mais, grains qu’ils peuvent aisément broyer d’après la force de leur bec 5 et les tenir^ pour les faire couver, dans une volière dont une partie soit plantée de roseaux arrosés par une eau courante, et dont la température soit à-peu-près égale à celle de leur pays natal. Le mâle a, pendant la belle saison, le front, le sinciput, les côtés de la tête, le haut de la gorge , la poitrine et le ventre noirs -, les ailes et la queue brunes et bordées de gris-blanc sale à l’extérieur. Le reste du plumage d’un rouge de feu plus foncé sur l’occiput et sur le dessus du cou \ le bec noir et les pieds couleur de chair. L’individu décrit par Brisson a la queue rouge. La femelle et le mâle en habit d’hiver ont le dessus de la tête et du corps d’un gris-sombre tacheté de brun ^ les couvertures supérieures des ailes bordées et terminées de blanc *, les pennes et celles delà queue brunes ^ r .1 \ IJ X»4| ' .^r i «•> Lr‘.>.. tÈi •* -i ^ ik I • I . ' ■ ■«• y y f y. < .# ' .î f' • ' »rv ■ k /S •/ i», lOÏ DES LOXIES. lesjoues d’un roux jaunâtre *, la gorge, le ventre et les parties postérieures d’un blanc sale, qui prend un ton jaunâtre sur le devant du cou et sur la poitrine ^ le bec brun et les pieds d’une couleur de chair terne. Le plumage delà femelle étoit inconnu à Buffon et aux autres ornithologistes, puisqu’ils indiquent pour telle le mâle de l’espèce décrite ci-dessus sous le nom de Loxie ignicolor. M. Lalham a réuni ces deux oiseaux ne trou¬ vant de différence entre eux que dans la couleur de la gorge ^ mais j’ai remarqué d’autres dissemblances plus tranchantes, dans la taille, les pro¬ portions du bec , et la forme des couvertures de la queue Les mâles de ces deux espèces ont les plumes de la nuque, du cou et de la poitrine, veloutées , larges et comme coupées carrément à leur pointe. Ils les redressent quand ils sont agités, et semblent avoir alors la tête entourée d’une sorte de fraise. ’ Voyez la planche Sg de cet ouvrage. 26 102 HISTOIRE NATURELLE LA LOXIE HÆMATINE. PL. LXVII. Loxia hœinatina. Cette Loxie a un plumage analogue à celui du Rouge-noir de Buffon, mais la nuance du rouge est différente, et les deux seules couleurs qui dominent sur son vêtement ne sont pas tout-à-fait distribuées de même. Elle a la tête, le dessus du cou et du corps, le milieu du ventre, les ailes et la queue d’un beau noir -, les autres parties rouges ^ le bec d’un noir plombé et les pieds bruns. Je ne connois pas le genre de vie, ni la femelle de cette nouvelle espèce qu’on rencontre en Afrique. Le Rouge-noir ne se trouve point à Cayenne, comme le dit Buffon ^ il appartient à l’espèce du Cardinal orlx , dont il ne diffère que parce qu’on a représenté mal-à-propos ce dernier avec une queue rouge, PI. enl. n° 5 , fig. 2. Il est vrai qu’on rencontre à la Guiane un Gros-bec rouge et noir (^LiOxia erytliromelas3 Linn. Gm.) -, mais cet oiseau dont Latham a publié la figure, pl, 45 , et qu’il a décrit le premier dans son general Synopsis of Birds sous le nom de hlach-headed Grosbeah, étoit inconnu au Pline français. Sa longueur est de huit pouces environ et sa grosseur celle du Cardinal huppé. Le capuchon noir qui enveloppe la tête et la gorge, se termine en s’arrondissant sur le devant du cou ^ le reste du plumage est d’un rouge foncé et changeant en brun sur le dessus du corps, sur les ailes et la queue j le bec est noir, et présente une fausse dent saillante vers le milieu et sur chaque bord de sa partie supérieure. La femelle diffère du mâle en ce qu’elle a le corps d’un orangé verdâtre, tirant au jaune sur la poitrine et sur le ventre 5 les ailes et la queue sont d’un vert olive et frangées de roux à l’extérieur. Du Muséum d’Histoire naturelle. r\/vr /A'r'.iv/v P/'f’/rr . '/>• r/<î /j,t/7yt'rf r (■/\crt-y va/- l i; f ''A J I ' J ■<. '> 'l ' 4 ^ / (ùi //e Lanç/.ûT^_ . û-rcuy& j^£U' ^iyiLijfuef DES LOXIES. fZ lOO LA LOXIE MOUCHETÉE. PL. L X V I 11. Loxia guttata. Le royaume de Congo est la partie de l’Afrique qu’habite cette belle et rare espèce. On la rencontre particulièrement à Malimbe où elle se plaît dans les bosquets qui sont aux environs des lieux habités. Il est à desirer qu’on l’apporte vivante en Europe, carie mâle est du petit nombre des oiseaux qui réunissent un chant agréable et des couleurs brillantes. L’homme n’est point un objet de frayeur pour ce Gros-bec , car il confie sa jeune famille aux arbrisseaux qui ombragent sa demeure. Il donne à son nid une forme hémisphérique, ouverte par le haut, il en contourne l’extérieur avec des herbes sèches, et il en tapisse le dedans de plumes et de coton. C’est sur cette couche duveteuse que la femelle dépose cinq à six œufs tachetés de bleu et de rouge. Peu difficiles sur leur nourriture, ces Loxies s’accommodent volontiers de diverses graines*, mais nées sous la Zône torride, il faut, pour quelles multiplient en France, les faire jouir d’une chaleur de 25 degrés au moins. Le mâle a le bec d’un bleu d’acier poli très-vif, et fauve sur les bords 5 les pieds bruns ^ le dessus de la tête, le dos, les pennes alaires et caudales d’un brun sombre 5 le tour des yeux, les joues, la gorge, le devant du cou , la poitrine , le croupion et les couvertures supérieures de la queue d’un beau rouge *, les plumes du ventre et des flancs de la couleur de la tête et mouchetées de blanc dans le milieu. La femelle, qui est d’un rouge moins vif, a le bec brun et est privée de mouchetures sur les parties inférieures j cette distinction des sexes indi¬ quée par le naturaliste Perrein, ne laisse aucun doute sur sa réalité, puis¬ qu’il a observé ces Gros-becs dans leur pays natal. J’ai donc dû rejeter l’opinion d’un ornithologiste moderne, qui a cru voir dans le précédent la femelle de celui-ci, d’après quelques rapports dans l’extérieur de ces deux oiseaux, rapports souvent trompeurs, quand on n’a pour guide que des mannequins. De la collection de Perrein. HISTOIRE NATURELLE io4 LE PAROARE ou LE CARDINAL DOMINICAIN. PL. LXIX. Le Paroare, Buffon. Loxia dominicana ^ Linnæus. Dominican groshedk 3 Latliam. Le Brésil est la patrie de ce Cardinal qu’on voit quelquefois vivant en France. Etant d’un naturel sauvage, il s’accoutume difficilement avec la cage quand on le prend adulte \ et quoiqu’il soit peu sensible au froid, il faut néanmoins le mettre à l’abri de ses atteintes, sur-tout dans les hivers rigoureux, car c’est en me conduisant de cette manière que j’en ai conservé pendant cinq à six ans. Si cet oiseau est renfermé dans une grande volière, on doit pour le réjouir et l’exciter à se propager, y faire passer un courant d’eau, puisque les bords d’un ruisseau sont les endroits qu’il habite dans son pays natal. Le Paroare n’est pas doué d’un chant remarquable, mais tout son ensemble le place au rang des plus beaux oiseaux. Le rouge vif qui brille sur sa tête, sur ses joues et sa gorge, se termine en pointe sur le devant du cou, dont les côtés sont d’un beau blanc ^ cette dernière couleur se présente avec la même pureté sur les parties inférieures, et borde en dehors les grandes couvertures, les pennes alaires et les deux latérales de la queue : le noir qui les couvre à l’intérieur, règne encore sur la nuque, sur le dessus du cou, et descend en forme de bandelette vers le pli de l’aile; les plumes du dos et du croupion sont d’un joli gris-cendré et ter¬ minées par un liséré noircies pieds sont rougeâtres-, le bec est d’un brun très-clair en dessus et de couleur de chair très-pâle en dessous. Des indi¬ vidus ont le manteau et le croupion d’un gris pur -, la poitrine et le ventre d’un blanc sale, et la teinte rouge moins prolongée sur le devant du cou. La femelle a la tête et la gorge parsemées de points rouges sur un fond jaune *, l’occiput, les côtés du cou et le dessous du corps d’un gris blan¬ châtre. Les jeunes n’ont point de rouge sur leur plumage, il est remplacé par du brun. De la collection de M. Dufrêne. 'V De^j-mé ^far Prefre rti'» Z 'Ini^rùn^ri& . ' ‘ .' / tj. ', “-i'- .^/i r V •r "K. ' I \. V.v A. '«;;■ * *i » é * / '• }.!j ". ■’ t' fc Yyi .fl . f ' ■ 1 t ' ‘ ■;■;» « \î- - '»/■ ' • !■ •- V‘ ■■.'■, '^■j‘"^.^>ÿ' ■'■ ■.'■■> -t '‘.. ’J. ' r. . ■■ ‘.r- ^ .' f.y -, ■ Xi, ^ ' iT!|..^^ •^'•1, ; "‘-J''' '^A*^ ',E|hL ; .'^-V' “' ^ y :æ."! ■ -.r-'y ïlï:,i-:.«K4;^,;.'; l'a •.PS i>.« 'î '• '■ ' ’ "S ' . '■ ' .tf âJtLiW^ * * ^ '.Pm iy‘V/ * I AiSM* «A WaI i.‘ '' i V’ ' •. ‘JM 4 ,f f •"•■iiiHÉr- ' ' •' ■■^'■'^ «AiT:- ■ , ■ ^ y', j,. ■ '-'■ '-■’ ti ’.j, •^. . ' '- il '■ ,.,'*■ V' - \ .jj^ , < iX, ;-ii“* ’V -iv "!■■ ^ ji .■-. .-.A',' •;.," . i • ■ '. -J ■ v: ^^'■' V' r 'r ‘‘Ê i , ru.'.'- - '•'■/'"'V ■■ • i ■■' '■'V' - •il O '•:■ /, * ■ Il L ■■ ^ il • ,■ . iit k J " 'I *T31 ■ • ' î" £iQHP ' V-.' - ' ■: / !i' V ■' ,: ,• • r*i,r‘ '- , .rJ' :'sSl a ■ -Va' ■ I ■\'i^ T/ ‘ \’,i -/ ' . 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