y £ a T > TS L'OMET FT DEEE OISE TETE D TE RO Hif. nu. Tome VIL ÂÀ * 2 = æ # à HISTOIRE NATURELLE, GÉNÉRALE ET. PARTICULIERE, Par M. ze COMTE DE BUFFON, INTEN- ® PDANT DU JARDIN DU ROI, DE L'ACADÉ= MIE FRANÇOISE ET DE CELLE DES SCIEN- CES, GC. v Tome AUX DEUX-PONTS, | CuEez SANSON & CoMPAGNIY M, DCC, LXXXV. | FA, Hlrt) L rt Fà n $ mn © LE 1 - 4 si HISTOIRE PNADURELLE LRSSSSSSSSSSSC INTRODUCTION À L'HISTOIRE DES MINÉRAUX, PARTIE EXPÉRIMENTALE. DT TROISIEME MÉMOIRE. Obfervations fur La nature de la Platine, ( vient de voir que de toutes les fubf- tances minérales que j'ai mifes à l’épreu- ve, ce ne font pas les plus denfes, mais les moins fufibles auxquelles il faut le plus de temps pour recevoir & perdre la chaleur ; LU] p 6 Introduéfion à Fhiffoire le fer & l’émeril qui font les matieres me- talliques les plus dificiles à fondre, font en même temps celles qui s'échaufient & fe refroidiflent le plus lentement. Il n’y a. éans la Nature que la platine qui pourroit étre encore moins accefhbhle à. la chaleur, & qui la conferveroit plus long-temps que le fer: Ce minéral dont on ne parle que depuis. peu, paroît être encore plus difücile à fon- dre; le feu des meilleurs fourneaux n'’eft pas aflez violent pour produire cet effet, ni même pour en agiutiner les petits grains qui font tous anguleux , émouflés , durs |, & aflez femblables pour la forme , à de Ja grofe limaille de fer |, mais d’une couleur un peu jaurâtre : & quoïqu'on puiffeles faire couler fans addition de fondans , & les re-. duire en mañfle au foyer d'un bon miroir brülant , la platine femble exiger plus de chaleur que la mine & Ha limaille de fex que nous faifons aifément fondre à nos four- neaux de forge. D'ailleurs la denfité de la platine étant beaucoup plus grande que ceile du fer ,les deux qualités de denfité & de non fufibilité fe réuniflent ici pour rendre cette moins accefhble de toutes au progrès de la. matiere la chaleur. Je préfume donc que :a platine feroit à la tête de ma Table & avant ie fer fi je l’avois mife en expérience, mais 1} ne m'a pas été pofhble de m’en procurer un globe d’un pouce de diamètre; on ne la trouve qu'en grains (2), & celle qui eft en mafie (4) Un homme digne de foi m'a néanmoïns aiure des Minéraux. Partie Exp. 7 ñ’eft pas pure, parce qu'on y a mêlé, pour fa fondre , d’autres matieres qui en ont altéré la nature. Un de mes amis (b) , homme de beaucoup d’efprit , qui a la bonté de par- tager fouvent mes vues, ma mis à portée d'examiner cette fubftance métallique encore rare, & qu’on ne conmoit pas aflez. Les Chimiftes qui ont travaillé {ur la platine , l'ont regardée comme un métal nouveau , parfait , propre , particulier & différent de tous les autres métaux ; ils ont afluré que fa pefanteur fpécifique étoit à très peu-prés égale à celle de l’or; que neanmoins ce hui- tième métal différoit d’ailleurs effentiellement de l'or, n'en ayant ni la du&@ilité ni la fu- fibilité. J'avoue que je fuis dans une opinion difiérente & même toute oppofée. Une ma- tiere qui n'a ni du@ilité ni fuñbilité , ne doit pas être mife au nombre des métaux, dont les propriètes effentielles & communes font d’être fufibles & dudtiles.Et la platine , d’a- près l’examen que j’en ai pu faire , ne me paroiït pas être un nouveau métal différent de tous les autres , mais un mélange, un alliage de fer & d’or formé par la Nature, dans lequel la quantité d’or femble dominer fur la quan- tité de fer ; & voici les faits fur lefquels: je crois pouvoir fonder cette opinion. qu’on trouve quelquefois de la platine en mafle , & qu’il en avoit vu un morceau de vingt livres pefant qui n'avoit point été fondu, mais tiré de la mine même. (b) M. le Comte de la Billarderie d'Angivillers , de: l’Académie des Sciences , Intendant en furvivance du Jardin & du Cabinet du Roi. | À 4 8 Introduétior à l'hiflotre De huit onces trente-cinq grains de platine que m'a fournie M. d’Angivillers , & que fai préfentée à une forte pierre d’aimant, ill ne m'en eft refté qu’une once un gros” vingt-neuf grains ; tout le refte a été en- levé par l’aimant à deux gros près , qui: ont été réduits en poudre, qui s’eft attachée aux feuilles de papier, & qui les a profon- dément noircies , comme je le dirai tout-à- Vheure ; cela fait donc à très peu-près fix fe- ptièmes du total qui ont eté attirés par l'ai- mant; ce qui eft une quantité fi confidéra- ble, relativement au tout, qu'il eft impof- fible de fe refufer à croire que le fer ne foit contenu dans la fubftance intime de la platine , & qu'il n’y foit même en affez grande quantité. Il y a plus; c'eft que fi je ne m'étois pas laflé de ces expériences, qui ont duré plufñeurs jours, j’aurois encore tiré par l’aimant une grande partie du reftant de mes huit onces de platine : car laimant en attiroit encore quelques grains un à un, & quelquefois deux quand on a ceflé de le préfenter. Il y a donc beaucoup de fer dans la platine; & il n’y eft pas fimplement mêlé comme matiere étrangere , mais intimement uni , & faifant partie de fa fubftance ; ou fi l’on veut le nier, il faudra fuppofer qu’il exifte dans la Nature une feconde matiere qui, comme le fer , eft attirable par l’ai- ment ; mais cette fuppoñtion gratuite tom- bera par les autres faits que je vais rap- porter. | Toute la platine que j'ai eu occafion d’exa- miner , ma paru mélangée de deux ma- des Minéraux. Partie Exp. o tieres différentes, l’une noire &c très attirable par laimant , l’autre en plus gros grains d’un blanc livide un peu jaunâtre G: beaucoup moins magnétique que la premiere ; entre ces deux matierés qui {ont les deux extrèmes de cette efpèce de mélange, fe trouvent toutes les nuances intermédiaires, foit pour le ma- gnétifme , foit pour la couleur & la grof- feur des grains. Les plus magnétiques qui font en même temps les plus noirs & les plus petits, fe réduifent aifément en poudre par un frottement aflez léger , & laifent fur le papier blanc la même couleur que le‘plomb frotté. Sept feuilles de papier dont on s'eft fervi fuccefivement pour expofer la platine à l’a@ion de l’aimant , ont été noircies fur toute l’étendue qu’occupoit la platine , les dernieres feuiiles moins que les premieres à mefure qu’elle fe trioit, & que les grains qui reftoient étoient moins noirs & moins magnétiques. Les plus gros grains, qui {ont les plus colorés & les moins ma- gnétiques, au lieu de fe réduire en poufere comme les petits grains noirs, font au con- traire très durs & réfifient à toute tritura- tion ; néanmoins ils font fufceptibles d’ex- tenfion dans un mortier d'agate (c), fous les coups réitérés d’un pilon de même ma- tiere , & j'en ai aplati & étendu plufeurs grains au double & au triple de l'étendue de (c) Nota. Je n'ai pas voulu les étendre fur le tas d’a- cier, dans M crainte de leur communiquer plus de ma- gnétiime qu'ils n'en ont naturellement, O0 Introduétion à l'hiffoire eur furface ; cette partie de la platine a done un certain degré de malléabilité & de duéti- lité, tandis que la partienoire ne paroïitêtre ni malléable ni duétile. Les grains intermédiaires participent des qualités des deux extrèmes; ils font aigres & durs , ils fe caflent ou s’e- tendent plus difficilement fous lés coups du pilon, & donnent un peu de poudre noire, mais moins noire que la premiere. Ayant recueilli cette poudre noire & les grains les plus magnétiques que Paimant avoit attirés les premiers, j’ai reconnu que le tout étoit du vrai fer, mais dans un état difié- rent du fer ordinaire. Celui-ci réduit en pou- dre & en limaille , fe charge de l'humidité &{e rouille aifément;.à mefure que la rouille le gagne , il devient moins magnétique & finit abfolument par perdre cette qualité ma- gnétique lorfqu'ilieft entiérement & intimé- ment rouillé : au lieu que cette poudre de fer, ou f l’on veut ce fablon ferrugineux qui fe trouve dans la platine , eft au con- traire inacceflible à la rouille quelque long- temps qu'il foit expofé à l'humidité; 1l eft aufh plus infufñible & beaucoup moins diflo- Juble que le fer ordinaire, mais ce n’en eft pas moins du fer qui ne m'a paru différer du fer connu que par une plus grande “pureté. Ce fablon eft en effet du fer abfolu- rent dépouillé de toutes les parties. com- buitibles , falines & terreufes qui fe trou- vent dans le fer ordinaire & même dans l’a- cier ; il paroit enduit & recouvert d’un vernis . vitreux qui le défend de toute altération. Et ce qu'il y a de très remarquable, c’eft "à des Minéraux. Partie Exp. FT que ce. fablon de fer pur n’appartient pas ex” clufivement à beaucoup près à la mine de platine ; j'en ai trouvé , quoique toujours. en petite quantité , dans plufieurs endroits où l’on a fouillé les miñes de fer qui fe confomment à mes forges. Comme je fuis dans l'ufage de foumettre à plufeurs épreuves toutes les mines que je fais exploiter avant de me déteminer à les faire travailler en grand. pour l'ufage de mes fourneaux, je fus afflez fur- pris de voir que dans quelques-unes de ces mines , qui toutes font en grains , & dont aucune n’eft attirable par l’aimant ; il {e trouvoit néanmoins des particules de fer un. peu arrondies & luifantes comme de la h- maille de fer, & tour-a-fait fembiables Aaù fablon ferrugineux de la platine; elles fone tout aufll magnétiques , tout aufh peu fu- fibles , tout aufli difficilement dificlubles. Tel fut le réfultat de la comparaifon que je fs du fablon: de la platine, & de ce fablon trouvé dans deux de mes mines de fer à trois pieds de profondeur , dans des terreins où l’eau pénètre affez facilement :j'avois peine a concevoir d'où. pouvoient provenir ces particules de fer ; comment elles avoient pu fe défendre de la rouille depuis des. fècles qu'elles font expofces à l'humidité de la terre, enfin comment ce fer: très magnétique pouvoit avoir été produit dans des veines de mines. qui ne le font point du tout. J'ai. appellé lexpérience à monfecours , & je me fuis aflez éclairé fur tous ces points pour être fatisfait, Je favois, par un grand. nombre. d’obfervations , qu'aucune de nos 32 TIntroduchon a lhifloire mines de fer en grains n’eft attirable par l'di- mant ; j'étois bien perfuadé , comme je le fuis encore, que toutes les mines de fer qui font magnétiques , n’ont acquis cette pro- prièté que par l’afion du feu ; que les mines du nord qui font aflez magnétiques pour qu'on les cherche avec la bouffole, doivent leur origine à l'élément du feu; tan- dis que toutes nos mines en grains qui ne font point du tout magnétiques n’ont jamais {ubi l'adtion du feu, &: n'ont été formées que par le moyen ou l’intermède de l’eau. Je penfai donc que ce fablon ferrugineux & magnétique que je trouvois en petite quantité dans mes manes de fer, devoit fon ofigine au feu; & ayant examiné le local, je me confirmai dans cette idée. Le terrein où fe trouve ce fablon magnétique eft en bois de temps immémorial ; on y a fait très anciennement , & on y fait tous les jours des fourneaux de charbon; il eft auf plus que probable qu'il y a eu dans ces bois des incendies confidérabies. Le charbon & le bois brülé , fur-tout en grande quantité, produifent du mâchefer , & ce mâchefer renferme la partie la plus fixe du fer que contiennent les végétaux ; c’eit ce fer fixe qui forme le fablon dont il eft quef- tion lorfque le mâchefer fe décompofe par lation de l'air , du foleil & des pluies : car alors ces particules de fer pur qui ne font point fujettes a la rouille ni à au- cune autre efpèce d’altération , fe laïflent entrainer par l’eau & pénètrent dans la terre avec elle à quelques pieds de profondeur, des Minéraux. Partie Exp. 12 On pourra vérifier ce que j’avance ici; en faifant broyer du mâchefer bien brûlé, on y trouvera toujours une petite quantité de ce fer pur, qui ayant réffté à l’action du feu , réfifte également à celle des diffolvans, & ne donne point de prife a la rouille (d). M'étant fatisfait fur ce point, &z après avoir comparé le fablon tiré de mes mines de fer, & du mâchefer avec celui de la pla- tine aflez pour ne .pouvoir douter de leur identité , je ne fus pas long-temps à penier, vu la pefanteur fpécifique de la platine , que fi ce fablon de fer pur, provenant de la décompoñtion du mâchefer , au lieu d’être dans une mine de fer, fe trouvoit dans le EE ER SEGE IEEEREEIESEI ÉIE CT QET RR D SDE A R E D ET (d) J'ai reconnu dans le cabinet d'Hifoire Naturelle, des fablons ferrugineux de même efpèce que celui de mes mines , qui m'ont été envoyés de différens en- droits , & qui font également magnétiques. On en trou- ve à Quimper en Bretagne, en Dannemarck, en Sibé- rie, à Saint-Domingue ; & les ayant tous comparés, j'ai vu que le fablon ferrugineux de Quimper étoit ce- lui qui reffembloit le plus au mien, & qu'il n’en dif- féroit que par un peu plus de pefanteur fpécifique. Celui de Saint Domingue eft plus léger, celui de Dan- nemarck eft moins pur & plus mélangé de terre ,-& celui de Sibérie eft en mafle & en morceaux gros com- me le pouce, folides, pefans, & que l’aimant foulève à- peu - près comme fi c’étoitune mañle de fer pur. On peut donc préfumer que ces fablons magnétiques pro- venant du mächefer, fe trouvent aufi communément que le mächefer même, mais feulement en bien plus petite quantité. Il eft rare qu’on en trouve des amas un peu confidérables ; & c’eft par cette raifon qu’ils ont échappé, pour la plupart, aux recherches des Minéra- Jogiftes, 3 \ T4 Introduétion x l'hifroire “voifinage d’une-mine d’or, il auroit, en s’unif. fant à ce dernier métal, formé un alliage qui eroit abfolument de la même nature que la platine. On fait que l’or & le fer ont un grand degré d’afinité ; on fait que la plupart des mines de fer contiennent une petite quantité d’or ; on fait donner à l’cr la teinture , la couleur & même l’aigre du -fer en les faifant fondre enfemble; on em- ploie cet or couleur de fer fur différens bijoux d’or, pour en varier les couleurs ; & cet or mêlé de fer eft plus ou moins gris , ‘& plus ou moins aigre , fuivant la quantité de fer qui entre dans le mélange. J'en ai vu d’une teinte abfolument fembla- ble à la couleur de la platine. Ayant demande à un Orfévre quelle étoit la proportion &e For & du fer dans ce mélange qui étoit. de la couleur de la platine, il me dit que l'or de 25 karats n’étoit plus qu’à 18 karats, & qu'il y entroit un quart de fer. On verra que c’eft à-peu-près la proportion qui fe trouve dans la platine naturelle, f l'on en juge par la pefanteur fpeéciñque. Cet or mêlé de fer eft plus dur, plus aigre & fpécifiquement moins pefant que l'or pur; toutes ces convenances, toutes ces qualités communes avec la platine, m'ont perfuade que ce prétendu métal n’eft dans le vrai, qu’un alliage d’or & de fer, & non pas une fub{f- tance particulière, un métal nouveau, parfait & différent de tous les autres métaux, comme les Chimiftes l’ont avance. On peut d’ailleurs fe rappeller que lallia- ge aigrit tous les métaux, & que quand ül des Minéraux. Partie Exp. 15 y a pénétration, C’eft-à-dire , augmentation dans la pefantenr fpécifique , l’alliage en eft d'autant plus aigre que Ja pénétration eft plus grande , & le mélange devenu plus in- time , comme on le reconnoît dans l’alliage appellé métal des cloches, quoiqu'il foit com- pôfé de deux métaux très ductiles. Or , rien n'eft plus aigre ni plus pefant que la platine; cela feui auroit dû faire foupcon- ner que ce n’eft qu'un alliage fait ‘par la Nature , un mélange de fer & d’or, qui doit fa pefanteur fpécifique en partie à ce dernier métal , & peut-être aufli en yrande partie à ia pénétration des deux matieres dont il eft compoié, Néanmoins ceïte pefanteur fpécifique de la platine n’eft pas aufli\ grande que nos Chimiftes l'ont publié. Comme cette matiere traitée feule & fans addition de fondans eft très dificile à réduire én mafle, qu'on n’en peut obtenir au feu du miroir brûlant que de très petites mafles , & que les ex- périences hydroftatiques faites fur des petits volumes , font f. défeétueufes qu’on n'en peut rien conclure ; il me paroît qu'on s’eft trompé fur l’eftimation de la pefanteur fpécifique de ce minéral. J’ai mis de la pou- de d’or dans un petit tuyau de plume que j'ais pefé très exa@tement, j'ai mis dans le même tuyau un égal volume de platine, 1l pefoit près d’un dixième de moins, mais cette poudre d’or étoit beaucoup trop fine en cemparaifon de la platine. M. Tillet, qui joint à une connoiflance approfondie des métgux , le talent rare de faire des 16 Tatrodufion 4 l'hifloire expériences avec la plus grande précifion; a bien voulu répéter à ma priere, celle de la pefanteur fpécifique de la platine comparée à l'or pur. Pour cela il s’eft fervi comme moi d'un tuyau de plume, & il a fait cou- per à la cifaille de l’or à 24 karats, réduit autant qu'il étoit pofhble à la grofleur des grains de la platine ; & il a trouvé, par huit expériences, que la pefanteur de la platine différoit de celle de l'or pur d’un quinzième à très peu-près; mais nous avons obfervé tous deux , que les grains d’or coupés à la cifaille avoient les angles beau- coup plus vifs que la platine ; celle-ci vue a la loupe, eft à-peu-près de la forme des galets roulés par l’eau, tous les angles font émoufles , elle eft mème douce au toucher; au lieu que les grains -de cet or coupés à la cifaille, avoient des angles vifs & des pointes tranchantes, en forte qu’ils ne pou- voient pas s’ajufter ni s'entafler les uns fur les autres auf aifément que ceux de la pla- tine ; tandis qu’au contraire la poudre d’or dont je me fuis fervi, étoit de l'or en pail- lettes ; telles que lies: Arpailleurs les trou- vent dans le fable des rivieres. Ces pail- lettes s’ajuftent beaucoup mieux les unes contre les autres; j'ai trouvé environ un dixième de différence entre Le poids fpécifi- que de ces paillettes & celuï de la platine; néanmoins ces paillettes ne font pas ordinaire- ment d'or pur , il s’en faut fouvent plus de deux ou trois Karats, ce qui en doit di- minuer en même rapport la pefanteur fpé- cifique : ainfi tout bien confidéré & com- paré © ‘des Minéraux. PartieËxp. 17 paré, nous avons cru qu'on pouvoit main- tenir le réfultat de mes expériences, & af- furer que la platine en grains &c telle que la Nature la produit, eft au moins d'un onzième ou d’un douzième moins pefante que l’or. Il y a toute apparence que cette erreur de fait fur la denfité de la platine, vient de ce qu’on ne l’aura pas pefée dans fon état de nature , mais feulement après Vavoir réduite en mafle : & comme cette fuñon ne peut fe faire que par l’addition d’autres matieres & à un feu très violent, ce n’eft plus de la platine pure ,; mais un compoié dans lequel font entrées des ma- tieres fondantes, & duquel le feu a enlevé les parties les plus Iégères. _ Ainf la platine au lieu d’être d’une den- fité égale ou prefqu'égale à celle de l'or pur, comme l'ont avancé les Auteurs qui en ont écrit, n’eft que d'une denfité moyenne en- tre celle de l’or & celle du fer, & feulement plus veifine de celle de ce premier métal que de celle du dernier. Suppofant donc que le pied cube d’or pèfe treize cent vingt-fix li- vres, & celui du fer pur cinq cent quatre- vingt livres, celui de la platine en grain fe trouvera pefer environ onze cent quatre- vingt-quatorze livres ; ce qui fuppoferoit plus des trois quarts d’or fur un quart de fer dans cet alliage , s’il n’y a pas de pérétration; mais corime On en tire fix feptièmes à l’ai- mant, On pourroit croire que le fer y eften quantité de plus d'un quart, d'autant plus qu'en S'obflinant à cette expérience, je fui pérluadé qu'on viendroit à bout d’enlever 18. Ftrodution à Phifloire- | avec un fort: aimant, toute la: platine juf= qu’au dernier grain. Néanmoins on n'en doit: pas conclure que le:fer y foit:contenu en fi grande quantité; car lorfqu’on le: mêle par: ue avec l'or, la mafle qui réfulte de cet, alliage, eft attirable par. l’aimant , quoique: Le fer n’y. {oit qu'en petite. quantité: j'ai: vu. entre les mains de. M. Baume , un bouton de- cet alliage pelant foixante-fx - rains , dans equel il n’étoit-entré que fx grains, c'eft-à- dire, un: onzième de fer, & ce bouton fe: faifoit enlever aifément par un bon aimant. Dés-lors la platine pourroit-bien ne conte-. Air qu'un onzième. dé fér fur dix. cnzièmes, d'or, &:donner néanmoins lesmèmes phéno- mènes , c'eft-à-dire , être attirée ementier par: laimant; &:celà s'accorderoit. parfaitement - avec la pefanteur fpécifique qui eft d’un dou zième momdre que. celle de. l’or.. Mais-ce qui me fait préfumer que-la pla-- ine contient plus d’un onzième, de fér {ur dix onzièmes d'or, c’eft que-l’alliage qui -ré-- fulte de. cette proportion. eft‘encore: cou- “leur d’or & beaucoup plus jaune que ne l’eft fa phtise la plus colorée , & qu'il faut. un quart de fer fur trois quarts d’or. pour que Falliage ait en Ja couleur naturelle = : P jatine. Je fuis donc. très porté à croi- il pourroi t bien y avoir cette quantité, es be de fer dans. la platine, Nous nous . fommes afurés , M. Tiüllet: & moi > par plu- heurs experiences, que le fablon-de ce fer pur que. contient la platine ,.eft plus: pefant ue ia limaille de fer ordinaire : 5 EE cette joutée à l'eftet de }a-pénétration, fuf- Les + v4 €) caule _aj9: des Minéraux. Partie Exp. ro fit pour rendre raifon de cette grande quan- tité de fer contenue fous le petit volume indiqué par la pefanteur fpécifique de la platine. ya - Au refte, il eft très pofible que je me: trompe dans quelques-unes des contéquences que j'ai cru devoir tirer de mes obfervations fur cette fubftance métallique ; je n’ai pas ète à portée d'en faire un examen aufli ap4 profondi que je l’aurois voulu; ce que j'en: dis, n'eft que ce que ;’ar vu, & pourra peut- être fervir à faire voir mieux. PREMIERE ADDITION. CommME j'étois fur le point de livrer ces feuilles à l’impreflion , le hafard fit que je parlai de mes idées fur la platine, à M. le comte de Milly quia beaucoup de connoif- fances en Phyfique & en Chimie ; il me re- pondit qu'il penfoit à-peu-près comme moi fur la nature de ce minéral ; je lui donnai le mémoire ci- deflus pour l’examiner ; & deux jours après il eut la bonté de m'envoyerles obfervations fuivantes , que je crois aufi bonnes que les miennes, & qu'il n'a permis de publier enfemble… - » Pai pefé exattement trente-fix grains de » platine, je l'ai étendue fur une feuille de » papier blanc pour pouvoir mieux l’obfer- » ver avec une bonne loupe , j'y ai apper- » Çu Ou j'ai Cru y appercevoir très diftinc- » tement trois fubftances différentes; la pre- » miere avoit le brillant métallique , elle » étoit la plus abondante ; la feconde , vi. 12 20 Introduëion à hiftorre b2 2 triforme , tirant {ur le noir, reflemble af- fez à une matiere métallique ferrugineufe qui auroit fubi un degré de feu confidé- rable, telles que des icories de fer , ap-! pellées vulgairement méchefer ; la troifiè- me , moins abondante que les deux pre _ mieres, eft du fable de toutes couleurs, où cependant le jaune couleur de an res domine ; chaque grain de fable confidére à part, offre à la vue des criftaux réeu- liers de différentes couleurs ; j'en ai re- marquè de criftalhfés en aiguillés hexago- nes , {e terminant en pyramides comme le criftal de roche, & il m'a femblé que ce fable n'étoit qu’ un drrifrs de criffaux de roche ou de quartz de différentes cou- leurs. » Je formai le projet de féparer , le p'us exaftement pofhble, ces différentes fubf- tances par le n moyen de l’aimant, & de mettre à part la par rie la plus attirable à Paim nt, d'avec celle qui Péroit moins, & enfin de celie qui ne l’étoit pas du tout, eniuite d'examiner chaque ee bflance en particulier , & de les foumettre à diffe- rentes épreuves ébiriqaest & mécani- 5 c’eft-à-cire, 8 je me férvis ience , d'un bon aimant de M. FAbbé...; enfuite je touehai £ LE] avec ce mème zimant Je mét tel, & j'en en- lévai tout ce qui volut céder à effort des Minéraux. PartieExp. 21 magnétique , que je mis à part ; je pefai ce qui étoit refté & qui netoit prefque plus attirable ; cette matiere non-attira- ble , & que je nommerai 2°. 4, pefoit vingt- trois grains ; 2°, 1er qui étoit le plus fen- fible à l’aimant , peloit quatre grains ; n°, 2 pefoit de même quatre grains, & n°. 3 cinq grains. » N°. 1er examiné à la loupe, n'offroit à la vue qu’un mélange de parties métalii- O L ques , d'un blanc fale tirant fur le gris, aplaties & arrondies en forme de galets & de fable noir vitriforme, reéflemblant à du A c 1 mâchefer pilé dans lequel on apperçoit * les fcories de fer en préfentent lorfqu’ei- les ont été expofée » N°, 2 préfenroit à-peu-près la même chofe a l'exception que les parties métalliques dominoient, &r qu'il n’y en avoit que tres peu de rouillées, » IN°, 3 étoit l4 même chofe ; mais Îles parties métalliques étoient plus volumi- neufes , elles reflembloïent à du métal fondu , êz qui a été jeté dans l’eau pour le divifer en grenailles ; elles font aplaties, elles affeétent toutes fortes de figures, mais arrondies fur les bords à la maniere des galets qui ont été roulés & polis par. les eaux. n N°.4 qui n’avoit point été enleve par lPaimant, mais dont quelques parties don- noient encore des marques de fenfbilité au magnètifme , lorfqu'on pañoit l'aimant fous le papier où elles étoient étendues, x? Introdufhion à L'hiflotre > 3) 3 32 3 2) 3 2 étoit un mélange de fable ,. de. parties: métalliques & de vrai mâchefer friable fous les doigts, qui noircifloit à la ma- niere.du mâchefer ordinaire. Le fable fem- bloit être compofe de. petits. crifiaux de. topaze,. de cornaline & de criftal de ro- che.; j'en écrafai quelques criftaux fur un: tas d'acier, & la poudre qui en réfulta étoit. comme du vernis réduit en poudre ; je fis la même chofe. au mâchefer ,. il s’écrafa avec la plus grande facilité ,.& il m'offrit une poudre. noire ferrugineule qui noir- cifloit le papier comme. Te. mâchefer ordi- ‘Raire. » Les parties métalliques de ce: dernier. (etui) me. parurent. plus ductiles fous le marteau que celles du n°. 1er, ce qui me “fit croire qu’elles contenoient moins de. fer que les premieres; d’où il s’enfuit que- Ja platine pourroit fort bien n'être qu'un. mélange de fer & d'or fait:par la Nature ou-peut-être de Ja main des hommes, com- me je le dirai par la fuite. » Je tâcherai d'examiner par tous les moyens qui.me. feront pofhbles , la nature de la platine,fi je peux en avoir à ma difpofition en fufifante quantité ; en at- tendant, voici les expériences que j'ai faites. » Pour n'aflurer de la préfence du fer de Ja Rae par des moyens chimiques, e pris les deux spi c'eft-à- dire - Fe. er qui étoit très attirabie à l’aimant , &c- n°, 4 qui ne l'étoit pas; je . arrofai avec l’efprit-de-nitre un peu fumé ant , j'obfer- dès Minéraux. Partie Exp: 29 ‘vai avec la loupe ce qui en: réfulteroit .. mais je n'y apperçu aucun mouvement: d’efervefcence ;,j'y ajoutai de l’eau dif-- tillée, &1l ne fe fit encore aucun: mou-- vement ,. mais les parties métalliques fe. décaperent:, & elles prirent un nouveau. brillant femblable à celui de l'argent ; j'ai laiflé ce. mélange. tranquille pendant. cinq. où fix minutes , & ayant encore ajouté de l’eau ,.j'y laiffai:tomber quelques gout- tes de la liqueur alkaline faturée de 14 matiere colorante du bleu de Prufle, & fur le champ le 29..1er me donna un tres beau bleu de Prufles » Le 1°,4 ayant été traité de: même, &z quoiqu'il: fe füt refufé à l’a&ion de Paie mant &. a celle de l’efprit-de-nitre, me. donna, de. même que: le: 7°..1er,, du très , beau bleu de Pruffe. »_Il:y a deux chofes fort fingulieres-a re-. marquer dans ces expériences ; 1°. il pañle pour conftant parmi les. Chirnutes qui ont: traité de la platine’, que l’eau-forte ou léfprit-de:-nitre n’a aucune a&ion fur elle; cependant ,. comme on vient de le voir, il-s’en diflout aflez., quoique fans. effervefcence , pour: donner du bleu de > Prufle lorfqu'on y ajoute de la: liqueur alkakine phlociftiquée & faturée de la ma: tiere colôrante qui, comme on fait ,.pré-. | cipite le fer en bleu de Pruffe. » 29, La platine qui n’eft pas fenfiblerà l’ai-. “mant , n'en Contient pas moins du fer, puifque l’efprit-de-nitre en diflout aflez,, 24 Introduction a l'histoire sw ) D fans occafionner d’effervefcence , pour former du bleu de Prufle. » D'où il s'enfuit que cette fubftance que les Chimiftes modernes , peut-être trop avides du merveilleux & de vouloir don- ner du nouveau , regardent comme um huitième métal, pourroit bien n'être, com- me je l'ai dit, qu'un mélange d'or & de fer. » Îf reïte fans doute bien des expérien- ces à faire pour pouvoir déterminer com- ment ce mélange a pu avoir lieu, fi c’eft louvrage de la Nature , & comment; ou fi c’eft le produit de quelques volcans ou fimplement le produit des travaux que les Efpagnols ont fait dans le Nouveau-mon- de pour retirer l’or des mines du Pérou : je ferai mention par la fuite de mes con- jeétures là-deffus. » Si l’on frotte de la platine naturelle fur un linge bianc , elle le noircit comme pour- roit le faire le mâchefer ordinaire ; ce qui . m'a fait foupçonner que ce font les par- TE ties de fer réduites en mächefer qui fe trouvent dans la platine qui donnent cette couleur, & qui ne font dans cet état que pour avoir éprouvé l’ätion d’un feu vio- lent. D'ailleurs ayant examiné une fecon- de fois de la platine avec ma loupe, jy apperçus différens globules de mercure coulant , ce qui me fit imaginer que: la platine pourroit bien être un produit de Ja main des hommes, & voici comment. n La platine, à ce qu'on m'a dit, fe sire 3 : DR «= des Minéraux. Partie Exp. 26 w des mines les plus anciennes du Pérou, » que les Efpagnols-ont exploitées après la » conquête du Nouveau - monde : dans ces » temps reculés on ne cennoïfloit guere que .» deux manieres d'extraire l'or des fables » qui le contenoient; 1°. par l’amalgame du »_.mercure; 2%, par le départ à fec : on tri- » turo t le fable aurifére avec du mercure, » € lorfqu'on jugeoit qu’il s’'étoit chargé de » la plus grande partie de l'or, on rejetoit » le fable qu’on nommoit craffe, comme inu- » tile & de nulle valeur. » Le départ à fec fe faifoit avec auf peu » d'intelligence ; pour y vaguer, on com- » mençoit par minérakier les métaux auri- » feres par le moyen dufoufre qui n’a point » d'afion fur l'or, dont Îa pefanteur {pé- # cifique eft plus grande que celle des au- » tres métaux; mais pour faciliter {a pré- » cipitation on ajoute du fer en limaille x qui s'empare du foufre furabondant, mé- # thode qu'on fuit encore aujourd'hui (e) » La force du feu vitrifie une partie du » fer, l’autre fe combine avec une -petire » portion d'or & même d'argent qui le mêle » avec les {cories, d'où on ne peut le retirer. » que par plufñeurs fontes, & fans êtré bien n inftruit des interméedes convenables que : » les Docimañfies emploient. La Chimie, » qui s’ef perfeëtionnée de nos jours , x donne à la vérité les moyens de retirer cer {e) Foyer les £lémens tocimafliques de Cramer; l’a de traiter les mines , pac Schuiter, Schindeler, &s x 7 DES 0 1 LA : o: ik, nai Tom, FIL 26 Introduëlion à l'hifoire Fr] 5? 2? 85 3 5) x 22 3 LT à 2 33 3? 2) 3 33 3? 4 3? 5 37 5) 32 37 & CZ 39 35 5) ] ED 3? 5 2 » ? 3? #4 “+ L 2 ot & cet argent en plus grande partie ; mais dans le temps où les Efpagnols exploitoient les mines du Pérou, ils ignoroient fans doute l'art de traiter les mines avec le plus grand profit; & d’ailleurs ils avoient ! de f1 grandes richefles à leur dipofition, qu’ils négügeoient vraifemblablement les moyens qui leur auroient coûté de la peine, des foins & du temps ; ainfi il y a apparence qu’ils fe contentoient d’une pre- miere fonte, &c jetoient les {cories com- me inutiles , ainfi que le fable qui avoit paf- fé par le mercure; peut-être même ne fai- foient-ils qu’un tas de ces deux mélanges , qu'ils regardoient comme de nulle valeur. » Ces fcories contenoïent encore de l'or, beaucoup de fer {ous différens états, & cela en des proportions différentes qui nous font inconnues , mais qui fonttelles peut- être qu'elles peuvent avoir donné l’exif- tence à la platine. Les globules de mer- cure que j'ai obfervés, & les .paillettes d'or que j'ai vues diftin@ement, à l’aide d'une bonne loupe, dans la platine que j'ai eue entre les mains, m'ont fait nai- tre les idées que je viens d'écrire fur Fo- rigine de ce minéral ; mais je ne les donne que comme des conjeftures hafardées ; il faudroit pour en acquérir quelque certi- tude favoir au jufte où font ftuées lés mines de la platine; fi elles ont été ex- ploitées anciennement , fi on la tire d'un terrein neuf, ou fi ce ne font que des décombres, à quelle profondeur on. la trouve, & enfin f la main des hommes f des Minéraux, Partie Exp. 27 m y €ft exprimée ou non. Tout cela pour- » roit aider a vérifier Ou à détruire les con- _» jectures que j'ai avancées (f) ». REMARQUES. Ces obfervations de M. le comte de Mii- iy , confirment les miennes dans prefque tous les points. La Nature eft une, & fe préfente toujours la même à ceux qui la fa- vent obferver ; ainfi l’on ne doit pas être furpris que fans aucune communication , M, de Milly ait vu les mêmes chofes que moi, &r qu'il en ait tiré la même 'conféquence , que ia platine n'’eft point un nouveau mé- tal différent de tous les autres métaux, mais un mélange de fer & d’or. Pour concilier encore de plus près fes obfervations avec les miennes , £ pour éclaircir en même temps les doutes qui reftent en grand nombre fur- l'origine &c fur la formation de la platine, fai cru devoir ajouter les remarques fui- vantes. | 1°. M. le comte de Milly diftingue dans Ta platine trois efpèces de matieres: favoir , deux métalliques , & Îa troifième non mé- tailique , de fubftance & de forme quartzeufe (f) Le Baron de Sickingen, Minilire de l’Fielteur - Palatin, a dit à M. de Millÿ avoir aftuellement entre les mains deux mémoires qui lui ont été remis par M. Keliner, Chimifte & Métallurgifte attaché à Mile Prince de Birckenfeld, à Manhein, qui offre à la Cour d'Ef- pagne de rendre à-peu-près autant d'or ,pefant qu’on ha bvyrera de platine, c . : 4 " 33 Introduition à l'hifloire eu criftalline ; il a obfervé comme moi, que des deux matieres métalliques , l’une ef très attirables par l’aimant , & que l’autre l’eft très peu ou point du tout. J’ai fait mention de ces deux matieres comme lui , mais je n'ai pas parlé de la troifième qui n’eft pas métallique, parce qu'il n’y en avoit point ou très peu dans la platine fur laquelle j’ai fait mes obfervations. Il y a apparence que la platine dont s’eft fervi M. de Milly, étoit moins pure que la mienne que j'ai obfervée avec foin, & dans jaquelle je n’ai vu que quelques petits globules tranfparens’ comme du verre blanc fondu, qui étoient unis à des particules de platine ou des fablon ferrugi- neux, & qui fe laifloient-enlever enfemble par l’aimant. Ces globules tranfparens étoient en très petit nombre; &c dans huit onces de. platine que j'ai bien regardée & fait regar- -der à d’autres avec une loupe très forte , on n’a point apperçu de crifiaux réguliers. IL m'a paru au Contraire que toutes les parti- cules tranfparentes étoient globuleufes com- me du verre fondu , & toutes attachées à des parties métalliques, comme le laitier s’at- tache au fer lorfqu’on le fond. Néanmoins comme je ne doutoïs point du tout de la vérité de l’obfervation de M. de Milly qui avoit vu dans fa platine des particules quart- zeufes & criftallines de forme réguliere & en grand nombre, j'ai cru ne devoir pas me borner à l'examen de la feule platine dont j'ai parlé ci-devant:j'en ai trouvé au Cabi- net du Roi que j'ai examinée avec M. Dau- benson, de l'Académie des Sciences, & qui des Minéraux. Partie Exp. 29. nous à paru à tous deux bien moins pure que la premiere, & nous y avons en effet re- marqué un grand nombre de petits criftaux prifmatiques & tranfparens , les uns couleur de!rubis-balai , d’autres couleur de topafe, & d’autres enfin parfaitement blancs; ainfi M. le Comte de Miiky ne s’étoit point trom- pé dans fon obfervation; mais ceci prouve feulement qu’il y a des mines de platine bien plus pures les unes que Îles autres , & qué dans celles qui le font le plus , il ne fe trou- ve point de ces corps étrangers. M. Dau- benton a aufli remarqué quelques grains apla- tis par-defious & renflés par-deflus, comme feroit une goutte de métal fondu qui fe {e- roit refroidie fur un plan, Jai vu très diff tinement un de ces grains hémifphériques, & cela pourroit indiquer que Îa platine eft une matiere qui a été fondue par le feu; mais il eit bien fingulier que dans cette ma- tiere fondue par le feu, on trouve de petits crifiaux , des topafes & des rubis, & je ne fais fi l’on ne doit pas foupçonner de la fraude de Ja part de ceux qui ont fourni cette platine, & qui, pour en augmenter la quantité, auront pu la mêler avec ces fables criftallins : car je le répète , je n’ai point trouvé de ces criftaux dans plus d’une demi- livre de platine que m'a donnée M. le Comte d'Angivillers. 2°. J'ai trouvé , comme M. de Milly, des paillettes d’or dans la platine , elles font ai- fées à reconnoitre par leur couleur, & parce qu’elles ne font point du tout magnétiques; mais J'avoue que je n'ai pas apperçu les g:0- CN . 30 Introduéon à l'hiffotre bules de mercure qu'a vus M. de Milly. Je ne veux pas pour cela nier léur exiftence ; feulement il me femble que les paillettes d'or fe trouvant avec ces globules de mer- cure dans la même matiere , elles feroient bientôt amalgamées , & ne conferveroient pas la couleur jaune de l'or que j'ai remar- guée dans toutes les paillettes d'or que j'ai pu trouver dans une demi-livre de platine {g). D'ailleurs les globules tranfparens dont je viens de parler , refemblent beaucoup à des globules de mercure vif 6: brillant, en - forte qu'au premier coup-d'œil il eft aie de s’y tromper. 3 3°. Il y avoit beaucoup moins ée parties ternes & rouillées dans ma premiere platine que dans celle de M. de Miliy , & ce n'eft pas proprement de la rouille qui couvre la furface de ces particules ferrugineufes , mais une fubftance noire produite par le feu , & tout-a-fäit femblable à celle qui couvre la furface au fer brülé : mais ma feconde pla- tire, c'eft-a-dire, celle que j'ai prife au ca- 4 binet du Roi, avoit encore de commun avec celle de M. le Comte de Milly , d'être mé- langée de quelques parties ferrugineules qui fous le marteau fe réduifoient en poufhere jaune , & avoient tous les caraferes de l& (g) F'ai trouvé depuis dans d'autre platine, des pail- . lettes d’or qui n’étoient pas jaunes, mais brunes & mème aoires comme le fablon ferrugineux de Îa piæ tine, qui probablement leur avoit donné cette couleus noiratre, : des Minéraux. Partie Exp. 31 rouille. Ainf cette platine du Cabinet du Roi & celle de M de Milly, fe reflemblant tous égards ; ileft vraifemblable qu’elles font venues du même endroit & par la même voie ; je foupçonne même que.toutes deux gnt été fophiftiquées & mélangées de près de moitié avec des matieres étrangeres , criftal- fines & ferrugineufes rouillées, qui ne fe trou vent pas dans la platine naturelle. : 42. La produétion du bleu de Prufle par la platine, me paroît prouver ‘évidemment la préfence du fer dans la partie même de ce minéraf qui eft la moins attirable à Fai- mant, & confirmer en même temps ce que f'ai avancé du mélange intime du, fer dans £a fubftance. Le décapement de la platine par l’efprit de nitre, prouve que quoiqu'il n'y ait point d'efierveicence ienfible, cet acide ne laiffe pas d'agir fur la platine d’une maniere évidente, & que Îles Auteurs qui ont afluré le contraire, ont fuivi leur rou- tine ordinaire, qui confifte à regarder comme nulle toute ation qui ne produit,pas Pef: fervefcence. Ces deux expériences de M. de Milly me paroiïffent très importantes, elles feroient même décifives fi elles réuflifloient toujours également. ne 5°. Îl nous manque en effet beaucoup de connoiïffances qui feroient néceflaires, pour pouvoir prononcer affirmativement fur lori- sine de la platine. Nous ne favons rien de Fhifioire naturelle de ce minéral, & nôus ne pouvons trop exhorter ceux qui font à portée de l’examiner fur les lieux, de nous faire part de leurs obfervations. de atten- 4 + 32 .… fntrodufior a l'hifloire dant, nous fommes forcés de nous .borner à des conjeétures, dont quelques-unes me paroïffent feulement pius vraifemblables que. les autres. Par exemple, je ne crois pas que la platine "{oit l’ouvrage des hommes; les Mexicains & les Péruviens favoient fond &c travailler l'or avant l’arrivée des Efpa- gnois ,'& ils ne connoiffoient pas le fer, qu'il auroit néanmoins fallu employer dans le départ à fec en grande quantité Les Ef paganois eux-mêmes n'ont-point établi de fourneaux à fondre les mires de fer en cette contrée, dans les premiers temps qu'ils l'ont habitée, il y a donc toute apparence qu'ils ne fe {ont pas fervis de maille de- fer pour le départ de l'or, du moins dans les commencemens de leurs travaux . qui d’ailleurs ne remontent pas à deux fiècles & demi, temps beaucoup ‘trop court pour uñe production auffi abondante que celle de ka platine, qu'on ne laïffe pas de trouver en aflez grande quantité & dans plufeurs endroits. D'’aillêurs lorfqu'on mêle de l'or avec du fer, en les faifant fondre enfemble, on peut toujours, par les voies chimiques, les fépa- rer & retirer l'or en entier; au lieu que jufqu'à préfent les Chimiftes n'ont pu faire cette féparation dans la platine, ni déter- miner la quantité d'or contenue dans ce minéral : cela femble prouver que l'or y eft uni d’une maniere plus intime que dans l’al- liage ordinaire, & que le fer y eft auf, comme je l'ai dit, dans un état différent de celui du fer commun. La platine ne me pa- des Minéraux. Partie Exp, 3% Toit donc pas être l’ouvrage de l’homme, roais le produit de la Nature, &z je fuis tres porté à croire qu’elle doit fa premiere ori- gine au feu des volcans. Le fer brülé au- tant qu'il eft pofible , intimément uni avec Por par la fublimation ou par la fufon, peut avoir produit ce mineral, qui, d’abord ayant été formé par lation du feu le plus violent, aura enfuite éprouvé les impref- fions de l’eau & les frottemens réitérés qui lui ont donné la forme qu'ils donnent à tous les autres corps, c'eft-a-dire, celle des ga- lets & des angles émouflés. Mais il fe pour- roit auili que l’eau feule eût produit la pla- tine ; car en fuppofant l'or & le fer tous deux divifés autant qu'ils peuvent l'être par la voie humide, leurs molecules, en fe réuaifiant, auront pu former les grains qui: la compoient , & qui depuis les plus pefans _jufqu'aux plus légers, contiennent tous de l'or & du fer. La propoñtion du Chimifte qui offre de rendre à-peu-près autant d'or qu'on lui fournira de platine , fembleroit in- diquer qu'il n’y a en effet qu’un onzième de fer fur dix onzièmes d’or dans ce minéral ou peut-être encore moins; mais l’à-peu- près de ce Chimilte, eft probablement d'un cinquième ou'‘d'un quart, & ce feroit tou- jours beaucoup fi fa promefle pouvoit fe réalifer à un quart près. SECONDE ADDITION. M'ÉTANT trouvé à Dijon, cet été 1773, ; l'Académie des Sciences & Belles-Lettres de 34 Trtroduëtion a lhifloire cette ville, dont j'ai lhonneur d’être Mem- bre, me parut defirer d'entendre la le&ture de mes obfervations fur la platine; je m'y prêtai d'autant plus volontiers, que fur une matiere aufñi neuve on ne peut trop's’infor+ mer mi confuiter affez, & que j'avois lieu d'efpérer de tirer quelques lumieres d’une compagnie qui raflemble beaucoup de per- fonnes inftruites en tous genres. M. de Mor- veau, Avocat général au Parlement de Bour- gogne , aufh favant Phyfcien que grand Ju- rifconfulte, prit la réfclution de travailler ++ ati fur la platine ; je lui donnai une portion de celle que j'avois attirée par l’aimant, & une portion de celle qui avoit paru infenfble au magnétifme , en Île priant d'excofer ce mi- néral fingulier au plus grand feu qu'il lui {e- roit poñible de faire, & quelque temps après il m'a remis les expériences fuivantes , qu'il à trouvé bon de joindre ici avec les miennes. EXPÉRIENCES faites par M. de Mor= VEAU ‘ei S eptembre 1773 « M. le Comte de Buffon, dans un voyage » qu'il a fait a Dijon, cet été 1773, m'ayant n fait remarquer, dans un “demi - gros de » platine, que M. Baume m'avoit remis en LA D'ELT7O CO » des grains en forme de boutons , Le .», d'autres plus plats, & quelques-uns noirs 1 ÿ (D- [@ Fan Le ©, Ua #4 we ah] se ol Le) + rte, «D =) roi Lex) tD- [ea] « € (@) F3 LB] va « = [es te) e+ + Ceux qui étoient attirables de ceux qui ne » donnoient aucun figne fenfible de magné- » tifme, j'ai eflayé de former le bleu dé 3 des Minéraux. Partie Exp. | 35 Prufle avec les uns & les autres. Jai verié de l’acide nitreux fumant fur les parties non-attirables qui pefoient deux grains & demi ; fix heures après, j'ai étendu l’acide par de l’eau diftillée., & j'y ai verfé de la liqueur alkaline faturée de matiere colo- rante ; il n’y a pas eu un atome de bleu, la platine avoit feulement un coup-d’œil plus brillant. J'ai pareillement verfé de l’acide fumant fur les 33 grains & demi de platine reftante, dont partie étoit attirable, la liqueur étendue après le même inter- valle de temps, le même alkai Pruffien en à précipité une fécule Bleue qui cou- vroit le fond d’un vafe afflez large. La platine , après cette opération, étoit bien décapée comme la premiere ; je l'ai lavée & féchée, & j'ai vérifié qu'elle n’avoit perdu qu'un quart de grain ou =; l'ayant examinée en cet état, j'y ai apperçu un grain d'un beau jaune qui s’eft trouvé une paillette d’or. » M. de Fourcy avoit nouvellement pu- blié que la diffolution d’or étoit auffi pré- cipitée en bleu par lalkali Pruffien, & avoit configné ce fait dans une Table d’affinité ; je fus tenté de répéter cette ex- périence , je verfai en conféquence de Îa liqueur alkaline phlogiftiquée dans de la difolution d’or de départ; mais la couleur de cette diflolution ne changea pas, ce qui me fait foupconner que la diffolution d’or employée par M. de Fourcy, pau- voit bien n'être pas auili pure, | » Et dans le même temps, M le comte 26 Introdu&tion à l'histoire r2 de Buffon m'ayant donné une aflez grande quantité d'autre platine pour en faire quel- ques effais, J'ai entrepris de la féparer de tous Îles corps étrangers par une bonne fonte ; voici la maniere dont j'ai procedé , & les réfultats que j'ai eus, 2 PREMIERE EXPÉRIENCE. » AYANT mis un gros de platine dans une petite coupelle, fous la moule du four- neau, donné par M. Macquer dans les Mémoires de l’Académie des Sciences, année 1758, Jai foutenu le feu pendant deux heures, la moufile s’eft affaifiée , les fapports avoient coulé ; cependant la pla- tine s’eft trouvée feulement aglutinée elle tenoit à la coupelle & y avoit laiflé des taches couleur de rouille; la platine étoit alors terne, même un peu noire, & n’avoit pris qu’un quart de grain d’aug- mentation de poids, quantité bien foible en comparaifon de celle que d’autres Chr- miftes ont oblfervée; ce qui me furprit d'autant plus, que ce gros de platine, ainfi que toute celle que j'ai employée aux autres expériences, avoit été enlevé fuccefivement par l’aimant, & failoit por- tion des fix feptièmes de 8 onces dont M. de Buffon a parlé dans le Mémoire ci - deffus. rs SECONDE EXPÉRIENCE. n UX demi-gros de la mème platine, ex- des Minéraux. Partie Exp, 37 pofé au même feu dans une coupelle, s’eft aufli aglutiné; elle étoit adhérente à la coupelle , fur laquelle élie avoit laïffé des taches couleur de rouille ; l’augmen- tation de poids s’eft trouvée à-peu-pres dans la même preportion, & la furface aufli noire. TROISIEME EXPÉRIENCE. » J'AI remis ce même demi-gros dans une nouvelle coupelle ; mais au lieu de mouf- fle , jai renverié fur le fupport un creufet de plomb noir de Paflaw; j'avois eu l’at- tention de n’employer pour fupport que des têts d'argile pure très réfraétaire, par ce moyen je pouvois augmenter la vio- lence du feu & prolonger fa durée , fans craindre de voir couler les vaifleaux, ni obftruer l’argile par les fcories ; cet appa- reil aïnfi plaçé dans le fourneau, j'y ai entretenu pendant quatre heures un feu de la derniere violence; lorfque tout a été refroidi, J'ai trouvé le creufet bien confervé , foudé au fupport; ayant brifé cette foudure vitreufe, j'ai recounu que rien n'avoit pénétré dans l'intérieur du creufet qui paroifioit feulement plus lui- fant qu'il n'étoit auparavant. La coupelle » avoit confervé fa forme & fa pofition, elle étoit un peu fendillée, mais pas affez pour fe laifler pénétrer; auffi le bouton de platine n’y étoit-il pas adhérent; ce bouton n'étoit encore qu'aglutiné, mais » d'une maniere bien plus ferrée que Ïa pres 28 Fntroduttion a l'histoire 2) 3} 55 2} 2? 32 52 3 5 3) $? 5? 3) PE 5? 52 5) 29 3? 3? {t 2) 3? £e | 5» = Dar LA nitere fois, les grains étoient moins fail- lans , la couleur en étoit plus claré, le: brillant plus métallique ; & ce qu'il y eut de plus remarquable, c’eft qu'il s'étoit élancé de fa furface, pendant l'opération, Sc probablement dans les prèmiers inftans du refroidiflement, trois jets de verre, dont l’un plus élevé, parfaitement fphe- rique, étoit porté fur un pédicule d'une ligne de hauteur , de la même matiere. transparente & vitreule; ce pédicule avoit à peine un fixième de ligne, tandis que le globule avoit une ligne de diamètre, d'une couleur uniforme, avec une légere teinte de rouge, qui ne déroboit rien à fa tranf{parence ; des deux autres jets de verre. le plus petit avoit un pédicule comme le plus gros,-8& le moyen n’avoit point de pédicule, & étoit feulement attaché à la platine par fa furface extérieure. — QUATRIEME EXPÉRIENCE. » J’A15 eflayé de coupeller la platine, & pour cela j'ai mis dans une coupelle un gros des mêmes grains enlevés par lai- mant, avec deux gros de plomb. Après avoir donné un très grand feu pendant deux heures, j'ai trouvé dans la çoupelle un bouton adhérent, couvert d’une croûte jaunêtre & un peu fpongieufe, du poids de 2 gros 12 grains, Ce qui annonçoit que, la platine avoit retenu 1 gros 12 grains de plomb. 184. ps » J'ai remis ce bouton dans une autre 7. re des Minéraux. Partie Exp. 39 coupelle au même fourneau, obfervant de le retourner, il n’a perdu que :2 grains dans un feu de deux heures, fa couleur &: fa forme avoient très peu change. » Je’ lui ai appliqué enfuite le vent du foufet, après l'avoir placé dans une nou- velle coupelle couverte d'un creufet de Paflaw , dans la partie inferieure d’un four- neau de fufñon dont j’avois êté la grille; le bouton a pris alors un coup - d’œ1l plus métallique , toujours un peu tèrne , & cette fois il a perdu 18 grains. x Le même bouton ayant été remis dans le fourneau de M. Macquer, toujours placé dans une coupelle coffterte d'un creufet de Paflaw, je foutins le feu pen- dant trois heures, après lefqueiles je fus obligé de larrêter, parce que les briques qui fervoient de fupport , avoient entie- rement coulé; le bouton étoit devenu de plus en plus métallique , il adñéroit pour- tant à la coupelle, il avoit perdu cette fois 34 grains. Je le jetai dans l’acide ni- treux fumant pour eflayer de le décaper, ii y eut un peu d’effervefcence lorfque j'ajoutai de Peau diftillée , le bouton y perdit effeétivement deux grains, & j'y remarquai quelques petits trous, comme ceux que laiffle le départ. » il ne reftoit plus que 22 grains de plomb alliés à la platine, à en juger par l’excedent de fon poids; je commençai à efpérer de vitriñer cette derniere portion de plomb, &: pour cela je mis ce bouton dans une coupelle neuve, je difpofai le tout comme _48 Zntroduëion à l'hifioire dans Îa troifième expérience, je me fervis du même fourneau , en obfervant de dé- gager continuellement la grille, d’entre- tenir au-devant dans le courant d’air qu'il attiroit , une évaporation continuelle par le moyen d’une capiule que je rempliflois d'eau de temps en temps, & de laiïffer un moment la chape entr'ouverte lorfqu’on venoit de remplir le fourneau de charbon; > ces précautions augmentèrent tellement laivité du feu, qu’il falloit recharger de dix minutes en dix minutes, je le foutins au même degré pendant quatre heures & je laifai refroidir. » Je reconnus ie lendemain que le creu- fet de plomb noir avoit réfifté, que les. fupports n'étoient que fayencés par les: cendres; je trouvai dans la coupeile un bouton bien raflemblé, nullement adae- rent, d'une couleur continue & uniforme, approchant plus de [a couleur de l’étain que de tout autre métal, feulement un peu raboteux ; en un mot, pefant un gros très-jufte, rien de plus, rien de moins. » Tout annonçoit donc que cette platine avoit éprouvé une fufion parfaite, qu’elle étoit parfaitement pure; car, pour fuppo- . fer qu’elle tenoit encore du plomb , il fau- droit fuppofer aufli que ce minéral avoit juftement perdu de fa propre fubitance, autant qu'il avoit retenu de matiere étran- gere ; & une telle précifion ne peut être l'effet d'un pur hafard, » Je devois pafler quelques jours avec M. le Comte de Buffon, dont la fociété Fe des Minéraux. Partie Exp. 41 » fi je puis le dire, le même charme que fon » ftile, dont la converfation eft auffi pleine » que fes livres; je me fis un plaifir de lui » porter les produits de ces effais, & je re- » mis à les examiner ultérieurement avec » jui. » 1°, Nous avons obfervé que le gros de » platine aglutinée de la premiere expérien- » ce, n'étoit pas attiré en bloc par l'ai- » mant,que cependant le barreau magne- n tique avoit une aétion marguée fur les » grains que l’on en détachoit. : » 2°, Le demi-gros de la troifième expé- » rience n'étoit non-feulement pas attirable » en male, mais les grains que l’on en fe- » paroit ne donnoient pius eux-mêmes au- » Cun figne de magnétifme., » 3°, Le bouton de la quatrième expé- » rience étoit auf abfolument infenfble à » l’approche de l’aimant, ce dont nous nous » aflurâmes , en mettant le bouton en équi- » libre dans une balance très fenfible, & lui » préfentant un très fort aimant juiqu'au » contact, fans que fon approche ait le » moindrement dérangé l'équilibre. ‘» 4% La pefanteur fpécifique de ce bou- » ton fut déterminée par une bonne balance » hydroftatique , & pour plus de sûreté, » comparée à l'or de monnoïie & au globe » d’or très pur, employé par M. de Buffon » à fes belles expériences fur le progrès de » la chaleur; leur denfité fe trouva avoir » les rapports fuivans, avec l’eau dans la- » quelle ils furent plongés. 7 Léalobe d'or C2 to nee D 42 Fctroduütion a l'histoire: n L'or:de monnbie : :.. Mas » Le bouton de platine . . .… x45. .» 5% Ce bouton fut porté fur un tas d’æ cier pour eflayer fa du&ilité : il foutint fort bien quelques coups de marteau, fæ& furface devint plane, & même un pew polie dans les endroits frappés ;. mais 1l fe: fendit bientôt après, & il s’en détacha une portion, faifant à-peu-près le fxième de la totalité ; la fraéture préfenta plufieurs: cavités, dont quelques-unes d’environ une: ligne de diamètre avoient la blancheur & le brillant de l’argent ; on remarquoit dans: d’autres de petites pointes élancées ,com- me les ceriftaillifations dans les géodes; le: fommet de FPune de ces pointes vu à la loupe, étoit un globule abfolument fem- blable, pour la forme, à celui de la troi- fième expérience, & aufli de matiere vi- treufe tranfparente, autant que fon ex- trême petiteile permettoit d'en juger. Au: refte, toutes les parties du. bouton étoient compaétes, bien liées ,. & le grain plus: fin, plus. ferré que celui du meilleur acier après la plus forte trempe ; auquel ïk effembloit d’ailleurs par la couleur. » 6°. Quelques. portions de ce bouton; ainf réduites en parcelles à coups de mar- teau. fur le tas d'acier , nous leur avons. préfenté l’aimant , & aucune n'a.été atti- rée; mais les ayant encore pulvérifées. dans un.mortier d'agate, nous avons re- marqué que le barreau magnétique en: enlevoit quelques-unes des plus petites: des Minéranx. PartieExp. 43 toutes les fois qu’on le pofoit immédiate- ment deflus. | » Cette nouvelle apparition du magnétif- me étoit d'autant plus furprenante que les grains détachés de la mañfle aglutinée de la deuxième expérience nous avoient paru avoir perdu eux-mêmes toute fenfbilité à l’approche & au contaët de l’aimant; mous reprimes en conféquence quelques-uns de ces grains , ils furent de même réduits en pouffiere dans le mortier d’agate, & nous vimes bientôt les parties les plus petites s'attacher fenfiblement au barreau aiman- té ; il n’eft pas pofible d'attribuer ceteffet au poli de la furfrce du barreau, ni à au- cune autre caufe étrangere au magnétif- me; un morceau de fer aufh poli, appli- qué de la même maniere fur les parties de cette platine , n’en a jamais pu enlever une fuüle, » Par le récit exaët de ces expériences & des obfervations auxquelles eiles ont donné lieu, on peut juger de la difficulté de déterminer la nature de la platine ;.il eft bien certain que celle-ci conteroit quel- ques parties vitrifables , & vitrifiables même fans addition à un grand feu; il eft bien sûr que toute platine contient du fer &: des parties attirables ; mais fi l’alkali Pruffien ne donnoit jamais du bleu qu'avec les grains que l’aimant 2 enlevés, il fem, ble qu'on en pourroit conclure que ceux. qui li réfiftent abfolument font de la pla- tine pure, qui n’a par elle-même aucune vertu magnétique, & que le 43 Introduëhior à l'hifloire pas partie eflentielle. On devoit efpérer qu'une fufion aufli avancée, ure coupel- lation aufli parfaite décideroient au moins cette queftion; tout annonçoit qu'en effet. ces opérations l'avoient dépouiilée * de » toute vertu magnétique en la féparant de » tous corps étrangers ; mais la derniere ob- » fervation prouve, d’une maniere invinci- » ble, que cette propriété magnétique n'y » étoit réellement qu'afoiblie, & peut-être » mäfquée ou enfévelie, puifqu’elle a reparu » lorfau’on la broyée «, ëË % % à REMARQUES. DE ces expériences de M de Morveau. & des obfervations que nous avons enfuite faites enfemble , il réfulte : 1°, Qu'on peut efsérer de fondre la pla- tine fans addition dans nos meilleurs four- neaux , en lui appliquant le feu plufieurs fois de fuite, parce que les meilleurs creu- fets ne pourroient réfhfter à l’ation d'un feu auf violent , pendant tout le temps qu'exi-. eroit l'opération complète. 2°. Qu'en ia fondant avee le plomb, & la coupellant fucceflivement & à plufeurs _reprifes, on vient à bout de vitriäer tout le plomb, & que cette coération pourroit & la fin la purger d’une partie des matieres: étrangerés qu'elie contient. 3°. Qu'en la fondant fans addirion , elle paroit fe purger elle-même en partie des: matieres vitreicibles qu’elle renferme, püi£r- qu’il s’élançe à fa furfaçe des petits jets de des Minéraux. Partie Exp. 45 verre qui forment des mafles aflez confidé- rabies , & qu’on en peut féparer aifément après le refroidiffement. 4°. Qu'en faifant l'expérience du bleu de Pruffe avec les grains de platine qui paroif- {ent les plus infenfibles à l’aimant, on n’eft pas toujours sûr d'obtenir de ce bleu, com- me cela ne manque jamais d'arriver avec les grains qui ont plus ou moins de fenfbi- lité au magnétifime ; mais comme M. de Morveau a fait cette expérience fur une très petite quantité de platine, il fe propofe de Ia répéter. | 5°. Ïl paroït que ni la fuñon ni la cou- pelation ne peuvent détruire dans la platine tout le fer dont elle eft intimément péné- trée; les boutons fondus ou coupellés pa-. roifloient à la vérité également infenfibles à Padtion de l’aimant; mais les ayanr brifes dans un mortier d’agate & fur un tas d'acier, _nous y avons retrouvé des parties magné- tiques d'autant plus abondantes que Îa pla- tine étoit réduite en poudre plus fine : le premier bouton, dont les grains ne s’étotent qu'aglutinés, rendit | étant broyé , beaucoup gius de parties magnétiques que le fecost & le troifième, dont les grains avoient fubi une plus forte fufon; mais néanmoins tous deux étant broyés, fournirent des parties magnétiques , en forte qu'on ne peut pas douter qu'il n’y ait encore du fer dans la platine , après qu'elle a fubi les plus violens efrorts du feu & l’aétion dévorante du plomb dans la coupelle; ceci femble achever de démontrer que ce minéral eft réellement us 46 Fntroduétion & l'hifloire mélange intime d'or & de fer que jufqu’à préfent l’art n’a pu féparer. RENE 6€, Je fis encore, avec M. de Morveau , . une autre chfervation fur cette platine fon- due & enfuite broyée , c’eft qu’elle reprend ,. en fe brifant, précifément la même forme des galets arrondis & applatis qu’elle avoit avant d’être fondue ; tous les grains de cette platine fondue & brifée font femblables à ceux de Ja platine naturelle , tant pour la forme que pour la variété de grandeur, & ils ne paroïfient en différer qué parce qu'il n’y a que les plus petits qui fe laiflent en- lever à l’aimant , & en quantité d'autant moindre que la platine à fubi plus de feu. Cela paroiït prouver aufhi que quoique le feu ait été aflez fort, non-feulement pour brüler & vitrifier, mais même pour chaffer au- dehors une partie du fer avec les autres _matieres vitrefcibles qu’elle contient; l& fufion néanmoins n’eft pas aufli complète que’ celle des autres métaux parfaits, puifqu’en la brifant les grains reprennent la même ft gure qu'ils avoient avant la fonte... S NA CS des Minéraux. Partie Exp, A7 BESSSSSSESESSSSS NN QUATRIEME MÉMOIRE. EXPÉRIENCES fur la ténacité 6 la dé- compofinion du Fer. OO a vu dans le premier Mémoire que le: fer perd de fa pefanteur à chaque fois qu’on le chauffe à un feu violent, & que des bou- lets chauffés trois fois jufqu'au blanc, ont perdu la douzième partie de leur poids; on: feroit d’abord porté à croire que cette perte: ne doit être attribuée qu'a la diminution du volume du boulet, par les fcories qui fe détachent de la furface & tombent en petites: écailles; mais fi l’on fait attention que les: petits boulets, dont par conféquent la fur- face eft plus grande, relativement au volu- me, que celle des gros, perdent moins, 6z : que Îles gros boulets perdent proportionnel- lement plus que les petits; on fentira bien que la perte totale de poids ne doit pas être fimplement attribuée à la chute des écailles. qui fe dérachent de la furface, mais encore a une altération intérieure de toutes les par- ries de la maïñle que le feu violent diminue , &c rend d'autant plus légere qu'il eft appli- que plus fouvent & plus long-temps (4). (a) Une expérience familiere, & qui femble prou- ver que le fer jerd de fa mafle à mefure qu’on le 45 Introduétion à l'hifloire . Et en effet, fi l'on recueille à chaque fois les écailles qui fe détachent de la furface des boulets, on trouvera que fur un boulet de ; pouces qui, par exemple, aura perdu huit onces par une premiere chaude, il n'y aura pas une once de ces écailles détachées, & que tout le refte de la perte de poids ne peut être attribué qu’à cette altérarion inté- rieure de la fubftance du fer qui perd de fa denfité à chaque fois qu’on le chauffe; en forte que fi l’on réitéroit fouvent cette mé- mme opération, on réduiroit le fer à n'être plus qu’une matiere friable & légere, dont on ne pourroit faire aucun ufage; car j'ai remarqué que les boulets non - feulement avoient perdu de leur poids , c’eft-à-dire, de leur denfité , maïs qu’en même temps ils avoient auf beaucoup perdu de leur foli- dité, c’eft-a-dire, de cette qualité dont dé- pend la cohérence des parties ; car j'ai vu, en les faifant frapper , qu’on pouvoit les cafler d'autant plus aifément au’ils avoient été chauffés plus fouvent & pius long- temps. C'eft fans doute parceque lon ignoroit jufqu’à quel point va cette altération du fer, ou plutôt parce qu’on ne s’en doutoit point du tout, que l’on imagina, il y a quelques chauffe, même à un feu très médiocre , c’eft que les fers à frifer , lorfqu’on les a fouvent trempés dans Peau pour Îes refroicir, ne confervent pas le même degré de chaleur au bout d’un temps. Il s’en éleve auf des écailles lorfqu'on les a fouvent chauffés & trem- pés : ces écailles font du véritable fer, années , des Mincreux. Partie Exp. 49 années. dans notre artillerie , de chauffer les boulets dont il étoit queftion de diminuer le volume (2). On m'a afluré que le calibre des canons nouvellement fondus , étant plus étroit que celui des anciens canons , il a fallu diminuer les boulets, & que pour y parvenir.on a fait rougir ces boulets à bianc, añn de les ratifler enfuite plus aifément en les faïfant tourner ::on m'a ajouté que fou- vent on eft obligé de les faire chauïter cinq, fix & même huit & reuf fois pour Îes re- duire autant qu'il eft nécellaire. Or, il eft évident par mes expériences que cette pra- tique eft mauvaife; car un boulet chauffé à blanc neuf fois doit perdre au moins le quart de fon poids, & peut-être les trois quarts de fa folidité. Devenu cañant & friable, 11 sie peut fervir pour faire brèche, puiiqu'il fe brie contre les murs; & devenu léger, il a auflh'pour les pièces de campagne le grand défavantage de ne pouvoir aller aufh loin ue les autres. ‘ En général, fi l’on veut conferver au fer #1 fohdité & fon nerf, c'eft-à-dire, fa mafle &c fa force, il ne faut l’expofer au feu ni plus fouvent ni plus Iong-temps qu'il eft né- ceflaire; il fufira, pour la plupart des ufa- _ges, de le faire rougir {ans pouffler le feu juiqu'au blanc, ce dérnier depre de chaleur ame manque jamais de le détériorer; & dans (E) M. Îe Marquis de Valliere ne s’occupoit point ._-ælors destfavaux de l'artillerie, Fifi. nat, Tom, VII, E 0 Introduition à ? hifloire les ouvrages où 1l importe de lui conferver tout fon nerf, comme dans les bandes que l’on forge pour les canons de fufl, il fau- droit, s'il étoit pofhbie , ne les chauffer qu’une fois pour les battre, plier & fouder par une feule opération; car, quand le fer a acquis fous le marteau toute la force dont il eft fufceptible , le feu ne fait plus que la diminuer ; c’eft aux artiftes à voir jufqu’à quel point ce métal doit être malléé pour acquérir tout fon nerf, & cela ne feroit pas impoflible à déterminer par des expériences; j'en ai fait quelques-unes que je vais rap- porter ici, L: UKE boucle de fer de 18 lignes ? de grof- feur, c’eit-a-dire, 348 lignes quarrées pour chaque montant de fer, ce aui fait pour le tout 696 lignes quarrées de fer, a caflé {ous ie poids de 28 milliers qui tiroit perpendi- culairement; cette boucle de fer avoit en- viron 10 pouces de largeur, fur 13 pouces de hauteur, & elle étoit à très peu près de la même grofleur par-tout. Cette boucle a cafié prefque au milieu des branches per- pendiculjaires, & non pas dans Îles angles. Si l’on vouloit conclure du grand au petit fur la force du fer par cette expérience, äl fe trouveroit que chaque ligne quarrée de fer tirée perpendiculairement , ne pourrai porter qu'environ 40 livres, rt TE {EPENDANT ayant mis à l'épreuve un #1 des Minéraux. Partie Exp. SE de fer d’une ligne un peu forte de diamètre, ce morceau de fil de fer a porté, avant de fe rompre, 482 livres. Et un pareil mor- ceau de fil de fer n’a rompu que fous la charge de 405 livres; en forte qu'il eft à préfumer qu'une verge quarrée d’une ligne de ce même fer auroit porté encore davan- tage, puifqu’elle auroit contenu quatre feg- mens aux quatre coins du quarré infcrit au cercle, de plus que le fil de.fer rond, d’une ligne de diamètre. Or cette difproportion dans la force du fer en gros & du fer en petit eft énorme. Le oros fer que j’avois employé, venoit de la forge d’Aïiy fous Rougemont ; il étoit fans nerf & à gros grain, & j'ignore de quelle forge étoit mon ff de fer; mais la différence de ia qualité du fer, quelque grande qu'on voulüt la fuppoier, ne peut pas faire celle qui fe trouve ici dans leur réfiftance, qui, comme l’on voit, eft douze fois moindre dans le gros fer que dans le petit. IT J’A1 fait rompre une autre boucle de fes de 18 lignes & demi de groffleur, du même fer de la forge d’Aïly; elle ne fupporta de même que 28450 livres, & rompit encore preique dans le milieu des deux montans. LV. JaAvoïs fait faire en même temps une bou- cie du même fer que j'avois fait reforger | E 2 52 Introduëtion à l'hifloire pour le partager en deux, en forte qu'il fe trouva réduit à une barre de o lignes fur 18; layant mile à l’épreuve , elle fupporta, avant de rompre , la charge de 17300 livres, tandis qu'elle n’auroit dû porter tout au plus que 14 milliers, fi elle n’eût pas été forgée une feconde fois. Y. UXE autre boucle de fer de 16 lignes 5 de grofleur, ce qui fait pour chaque montant àa-peu-près 280 lignes quarrées, c’eft -a- dire, 560, a porté 24600 livres, au lieu qu'elle n’auroit dû porter que 22400 livres, fi je ne l’eufle pas fait forger une feconde fois. VE JX care de fer de la même qualité, c'eft- à-dire , fans nerf & a gros grains, & venant de la même forge d'Aify, que j'avois fait établir pour empècher l'écartement des murs du haut fourneau de mes forges , & qui avoit 26 pieds d'un côté fur 22 pieds de l’autre, ayant caflé par l'effort de la cha- leur du fourneau dans les deux points mi- lieux des deux plus longs côtés, j'ai vu que je pouvois comparer ce cadre aux boucles des expériences précédentes , parce qu'il étoit du même fer, & qu’il a caflé de la mé- me maniere : or ce fer avoit 21 lignes de gros, Ce qui fait 441 lignes quarrées ; & ayant rompu comme les boucles aux deux côtés oppoiés, cela fait 882 lignes quarrées qui fe {ont féparées par l'effort de la cha: des Minéraux. Partie Exp. 53 leur. Et comme nous avons trouvé par les expériences précédentes que 696 lignes quar- rées du même fer ont caflé {ous le poids de 28 milliers, on doit en conclure que 88z lignes de ce même fer n’auroient rompu que fous un poids de 35480 livres, & que par conféquent l’effort de la chaleur devoit être eftimé comme un poids de 35480 livres. Ayant fait fabriquer, pour contenir le mur intérieur de mon fourneau, dans le fondage qui fe fit après la rupture de ce cadre, un cercle de 26 pieds & demi de circonférence, avec du fer nerveux provenant de la fonte & de la fabrique de mes forges, cela m'a donné le moyen de comparer la ténacité du bon fer avec celle du fer commun. Ce cer- cle de’ 26 pieds & deini de circonférence étoit -de deux pièces, retenues & jointes enfemble par deux clavettes de fer pañlées dans des anneaux forgés au bout des deux bändes de fer ; la largeur de ces bandes étoit de 30 lignes fur $ d'épaiffeur ; cela fait rs0 lignes quarrées qu'on ne doit pas doubler, parce que fi ce cercle eût rompu, ce n’auroit été qu’en un feul endroit, & non pas en deux endroits oppoiés comme les boucles ou le grand çadre quarré. Mais l'expérience me demontra que pendant un fondage de quatre mois , où la chaleur étoit même plus grande que dans le fondage précédent, ces 150 lignes de bon fer réfifterent à fon effort qui étoit de 35480 livres; d'où l’on doit conclure avec certitude entiere que le bon fer, c’eft-à-dire, le fer qui eft prefque tout nerf, eft au moins YA Introdu&ion a Fhiffoire cing fois auf tenace que le fer fans nerf & à gros grains. Que lon juge par-là de l'avantage qu’on trouveroit à n’employer que du bon fer nerveux dans les bâtimens & dans la conf- truétion des vaifleaux ; il en faudroit Îles trois quarts moins, & l’on auroit encore un quart de folidité de plus. Par de femblables experiences, & en fai- fant malléer une fois, deux fois, trois fois des verges de fer de différentes grofleurs, on pourroit s'aflurer du maximum de la force du fer, combiner d’une maniere certaine la légèreté des armes avec leur folidité, mée- nager la matiere dans les autres ouvrages fans craindre la rupture, en un mot, tra- vailler ce métal fur des principes uniformes & conftans. Ces expériences font le feuk moyen de perfectionner l’art de la manipu- lation du fer ; l'Etat en tireroït de très grands avantages, Car ii ne faut pas croire que la qualité du fer dépende de celle de la mine; que , par exemple, le fer d'Angleterre, ou d'Allemagne , ou de Suède foit meilleur que celui de France ; que le fer de Berri foit plus doux que celui de Bourgogne : la na- ture des mines n’y fait rien, c’eft la ma- niere de les traiter qui fait tout ; & ce que je puis aflurer pour lavoir vu par moi- même , c'eft qu'en malléant beaucoup & chauffant peu, on donne au fer plus de for- ce, & qu'on approche de ce maximum dont je ne puis que recommander la recherche, & auquel on peut arriver par les expérien- ces que je viens d'indiquer, des Minéraux. Partie Exp. s5 Dans les boulets que j'ai foumis plufieurs fois à J'épreuve du plus grand feu, j'ai vu que le fer perd de fon poids & de fa force d'autant plus qu'on le chauïfe plus fouvent & plus long-remps ; fa fubftance fe décom- poie, fa qualité s'altere , & enfin il dégé- nere ea une efpèce de mächefer ou de mas tiere poreufe, légere, qui fe réduit en une forte de chaux par la violence & la longue _application du feu: le mâchefer commun eft d’une autre efpèce ; & quoique vulgairement on croie que le mächefer ne provient & même ne peut provenir que du fer, j'ai la preuve du contraire. Le mâchefer eft à la vérité une matiere produite par le feu; mais pour le former :l n’eft pas néceïfaire d’em- ployer du fer ni aucun autre métal; avec du bois &: du charbon brûlé & pouflé à un feu violent, on obtiendra du mâchefer en affez grande quantité; & fi l’on prétend que ce machefer ne vient que du fer contenu dans le, bois ( parce que tous les végétaux en con- tiennent plus ou moins ),je demande pour- quoi l'on ne peut pas en tirer du fer même une plus grande quantité qu’on en tire du bois, dont la fubftance eft fi différente de celle du fer. Dés que ce fait me fut connu par l’expérience, il me fournit l'intelligence d’un autre fait qui m'avoit paru inexplicable jufqu’alors. On trouve dans les terres éle- vées , & furtout dans des forêts où 1l n’y a ni rivieres ni ruifleaux , & où par confe- quent il n’y a jamais eu de forges, non plu qu'aucun indice de volcan ou de feux fou- terrains; on trouve, dis-je , fouvent des E 4 56 _Introdatlion à l'hifloïre À gros blocs de mâchefer que deux hommes auroient peine à enlever :fen ai vu pour fa premiere fois en 1745, à Montigny-l'Encou- pe , dans les forêts de M. de Trudaine; j'en ai fait chercher & trouvé depuis dans nos bois de Bourgogne , qui font encore plus éloignés de l’eau que ceux de Montigny; on en a trouvé en plufieurs endroits: les petits morceaux m'ont paru provenir de quelques fourneaux de charbon qu’on aura Iaiffé brûler, mais les gros ne’ peuvent venir que d’un incendie dans la forêt lorfqu’elfe étoit en pleine venue, & que les arbres y étoient aflez grands & aflez voifins pour produire un feu très violent & très long- temps nourri. Le mâchefer, qu’on peut regarder comme du fer ; & l’on verra dans un autre Mémoire | iences que j'ai faites pour recon- noître par ce réfidu la quantité de fer qui entre dans la compoñition des végétaux. Et cette terre morte ou cette chaux dans la- quelle le fer fe réduit par la trop longue action du feu, ne m’a pas paru contenir plus de fer que le mâchefer du bois , ce qui fem- ble prouver que le fer eft comme le boisune matiere combuftible , que le feu peut éga- lement dévorer en FPappliquant feulement plus violemment & plus long-temps. Pline dit , avec grande raifon, ferrum accenfum igni, mifi duretur 16ibus , corrumpitur (c). On en fera (c) Hi, nat, Hb,. XXX1Y, cap. XV. dès Minéraux. Partie Exp, 57 perfuadé fi. l’on obferve dans une forge la premiere loupe que l’on tire de la gueufe; cette loupe eft un morceau de fer fondu pour la feconde fois, &: qui n’a pas encore été forgé, c’eft-a-dire, confolidé par le mar- teau ; lorfqu’on le tire de ia chaufferie où il vient de fubir le feu le plus violent, il eft rougi à blanc, il jette non-feulement des -étincelles ardentes, maïs il brüle réellement d’une flamme très vive qui confommercit une partie de fa fubftance fi on tardoit trop de temps à porter cette loupe fous le mar- teau ; ce.fer feroit, pour ainfi dire, détruit avant que d’être formé, 1l {ubiroit l’efe complet de la combuftion fi le coup du mar- teau, en rapprochant fes parties trop divi- fées par le feu, ne commençoit à lui faire rendre le premier degré de fa ténacité. On e tire dans cet état & encore tout rouge de deflous le marteau, & on le reporte au foyer de latinerie où il fe pénètre d'un nouveau feu ; lorfqu'’il eft blanc on le tranf- porte de même & le plus promptement pof- fible au marteau, fous lequel il fe confolide & s'étend beaucoup plus que la premiere fois ; enfin on remet encore cette pièce au feu , & on la reporte au marteau, fous le- quel on l’achève en entier. C’eft ainfñ qu'on travaille tous les fers communs, on ne jieur donne que deux ou tout au plus trois vo- lées de marteau; aufli n’ont-ils pas à beau- coup près la ténacité qu'ils pourroient ac- quérir f: on les travailloit moins précipi- tamment. La force du marteau non-feulement comprime les parties du fer trop divifées 58 Irtroduütion à l'hifloire par le feu, mais en les rapprochant elle chaffe les matieres étrangeres, & le purife en le confolidant. Le déchet du fer en gueufe eft ordinairement d'un tiers, dont la plus grande partie fe brüle, & le refte coule en fufion & forme ce qu’on appelle Les craffes du fer; ces crafles font plus pefantes que le mächefer du bois , & contiennent encore une aflez grande quantité de fer , qui eft à da vérité très impur & très aigre , maïs dont on peut néanmoins tirer parti en mé- lant ces crafles broyées & en petite quan- tite avec la mine que l’on jette au fourneau; j'ai l'expérience qu'en mêlant un fixième de ces crafles avec cinq fixièmes de mine épu- rée par mes cribles, la fonte ne change pas fenfiblement de qualité; mais f l’on en met davantage, elle devient plus caffante, fans néanmoins changer de couleur ni de grain. Mais fi les mines font moins épurées, ces crafles gätent abfolument la fonte, parce qu'étant déjà très aigre & très caflante par elle-même , elle le devient encore plus par cette addition de mauvaife matiere; en forte que cette pratique qui peut devenir utile entre les mains d’un habile maitre de l’art, produira dans d’autres mains de fi mauvais effets, qu’on ne pourra fe fervir ni des fers ni des fontes qui en proviendront. ï Il y a néanmoins des moyens, je ne dis pas de changer, mais de corriger un peu la mauvaife qualité de Ka fonte, & d’adoucir à la chaufferie l’aigreur du fer qui en pro- vient. Le premier de ces moyens eft de di- minuer la force du vent, foit en changeant dès Minéraux, Partie Exp. 59 linclinaifon de la tuyere, {oit en ralentif- fant le mouvement des foufets , car plus on prefle le feu, plus le fer devient aigre. Le fecond moyen, & qui eft encore plus eñi- cace, c’eft de jeter {ur la loupe de fer qui fe fépare de la gueufe , une certaine quantité de gravier calcaire, ou même de chaux toute. faite ; cette chaux fert de fondant aux parties vitrifiables que le fer aigre contient en trop. grande quantité, & le purge de fes impu- retés. Mais ce font de petites refflources auxquelles il ne faut pas fe mettre dans le cas d’avoir recours , Ce qui n’arriveroit ja- mais f l’on fuivoit les procédés que j'ai donnés pour faire de bonne fonte (4). Lorfqu'on fait travailler les Afineurs à leur compte & qu’on les paye au millier , ils font comme les Fondeurs, le plus de fer qu'ils peuvent dans leur femaine, ils confiruifent le foyer de leur chaufferie de la maniere la plus avantageufe pour eux, ils preffent le feu, trouvent que les foufflets ne donnent jamais aflez de vent, ils tra- vailient moins la loupe & font ordinaire- ment en deux chaudes ce qui en exigeroit au moins trois; on ne fera donc jamais für d’avoir du fer d'une bonne & même qualité qu’en payant les ouvriers au mois, & en faifant cafler à la fin de chaque femaine quelques barres du fer qu'ils livrent , pour recon- noître s'ils ne {e font pas ou trop preflés (d) On trouvera ces procédés dans mes Mémoires fur la fufon des mines de fer. 60 Introduétion à l'hifloire ou négligés. Le fer en bandes plates eff toujours plus nerveux que le fer en bar- reaux ; s'il fe trouve deux tiers de nerf fur un tiers de grain dans les bandes , on ne trouvera dans les barreaux , quoique faits de même étofe , qu'environ un tiers de nerf Sur deux tiers de grain, ce qui prouve bien clairement que la plus ou moins grande force du fer vient de la différente application du- marteau; s’il frappe plus conftamment, plus fréquemment fur un même plan, comme celui des bandes plates , il én rapproche & en réunit mieux les parties , que s'il frappe prefque alternativement fur deux plans dif- férens pour faire les barreaux. quarrés : aufh eft-il plus difficile de bien fouder du barreau que de la bande ; & lorfqu'on veut faire du fer de wrerie ; qui doit être en barreaux de treize lignes & d'un fer très nerveux & aflez du&tile pour être converti en fil de fer, il faut le travailler plus len- tement à l’afhnerie, ne le tirer du feu que uand il eft prefque fondant & le faire Fes {ous le marteau le mieux qu'il eft pof- fible, afin de lui donner tout le nerf dont il eft fufceptible fous cette forme quarrée, qui eft la plus ingraté , mais qui paroît néceflaire ici, parce qu'il faut enfuite tirer de ces barreaux , qu'on coupe environ à quatre pieds , une verge de dix-huit ou vingt pieds par le moyen du martinet, fous le- quel on l’alonge après l’avoir chauffée; c’eft ce qu'on appelle de la verge crénelée , elle eft quarrée comme le barreau dont elle provient , & porte fur les quatre faces des des Minéraux. Partie Exp. GI enfoncemens fucceflifs, qui font lés emprein- tes profondes de chaque coup du martinet ou petit marteau fous lequel on la travaille. Ce fer doit être de-la plus grande duétulité pour pañler jufqu’à la plus petite filiere, & en même temps il ne faut pas qu'il foit trop doux, mais aflez ferme pour ne pas donner trop de déchet\, ce point eft afflez difficile à faifir , aufli n’y a-t-il en France que deux ou trois forges dont on puifle tirer ces fers pour les fileries. La bonne fonte eft à la vérité la bafe de tout bon fer, mais il arrive fouvent que par de mauvailes pratiques on gâte ce bon fer. Une de ces mauvaifes pratiques , la plus généralement répandue , & qui détruit le plus le nerf & la ténacité du fer, c’eft l’ufage où font le ouvriers de prefque toutes les forges , de tremper dans l’eau la premiere portion de la pièce qu'ils viennent de tra- vaiiler , añn de pouvoir la manier &c la reprendre ‘plus promptement. J'ai vu, avec quêlque furprife, la prodigieufe différence qu'occafionne cette trempe , fur-tout en hiver & lorique l’eau eft froide; non-feu- lement elle rend caflant le meilleur fer, mais même elle en change le grain & en détruit le nerf, au point qu’on n'imagine- roit pas que c'eft le même fer , fi l’on n’en étoit pas convaincu par fes yeux en faifant cafler l’autre bout du même barreau , qui n'ayant point été trempé, conferve fon nerf & fon grain ordinaire. Cette trempe en été fait beaucoup moins de mal, mais en Va fait toujours un peu ; & fi l’on veut avoir 62 Iatroduition à l’histoire du fer toujours de la même bonne qualité ; il faut abfolument proicrire cet ufage, ne jamais tremper le fer chaud dans l’au, &c attendre pour le manier , qu'il fe refroidif- fe à Pair. I} faut que la fonte foit bien bonne pour produire du fer aufli nerveux , aufh tenace que celui qu’on peut tirer des vieilles fer- railles refondues, non pas en les jetant au fourneau de fufion, mais en les mettant au feu de l’afinerie. Tous les ans on achette pour mes forges une aflez grande quantité de ces vieilles ferrailles, dont , avec un peu de foin, l’on fait d’excellent fer. Mais il y a du choix dans ces ferrailles ; celles qui proviennent des rognures de Ia tôle ou des morceaux caflés du ñl de fer, qu’on ap- pelle des riblons, font les meilleurs de tou- tes, parce qu'elles font d’un fer plus pur que les autres ; on les achette aufh quelque chofe de plus , mais en général ces vieux fers, quoique de qualité médiocre, en pro- duifent de très-bon lorfqu'on fait les frai- ter. Il ne faut jamais les mêler avec Îa fonte ; f. mème il s’en trouve quelques mor- ceaux parmi les ferrailles , il faut les fé- parer ; il faut auffl mettre une certaine quantité de crafles dans le foyer, & le feu doit être moins pouflé, moins violent que pour le travail du fer en gueufe, fans guoi l'on brüleroit une grande partie de fa fer- raille qui quand elle eft bien traitée & de bonne qualité , ne donne qu’un cinquiéme de déchet, & confomme moins de charbon que le fer de la gueule. Les crafles qui fortent des Minéraux. Partie Exp. 63 de ces vieux fers, font en hb'en moindre quantité, & ne confervent pas à beaucoup pres autant de particules de fer que les au- tres. Avec des riblons qu’on renvoie des fileries que fourniflent mes forges , & des rognures de tôle cifaillées que je fais fa- briquer, j'ai fouvent fait du fer qui étoit tout nerf, & dont le déchet n’étoit prefque que d’un fixième ; tandis que le déchet du fer en gueufe eft communément du double, c’eft-a-dire, d’un tiers, & fouvent de plus du tiers fi l’on veut obtenir du fer d'excellente qualité. M. de Montbeillard , Lieutenant-cclonel au régiment royal d’Artillerie , ayant été chargé pendant plufieurs années de l’infpec- tion des manufatures d'armes à Charle- ville, Maubeuge & Saint-Étienne , a bien voulu me communiquer un Mémoire qu’il a préfenté au Minifire , & dans lequel il traite de cette fabrication du fer avec de vieil- les ferrailles ; il dit , avec grande raifon, » » que les ferrailles qui ont beaucoup de fur- » face , @& celles qui proviennent des vieux » fers & clous de chevaux ou fragmens » de petits cylindres ou quarrés tords , » ou des anneaux & boucles , toutes piè- » ces qui fuppofent que le fer_qu’on a » employé pour les fabriquer étoit fouple, » liant & fufceptible d’être plié , étendu » on tordu, doivent être préférées & re- » cherchées pour la fabrication des canons » de fufil ». On trouve dans ce même Memoire de M. de Montbeillard d'excellentes réflexions fur les moyens de perfeétionner les armes / EA Introdnttion à l'hifloire à feu, & d'en affurer la réfiftance par le choix du bon.fer & par la maniere de le traiter : l’Auteur rapporte une très bonne experience ( }, qui prouve clairement que les vieilles ferrailles & même les écailles ou exfoliations qui fe détachent de la {ur- face du fer & que bien des gens prennent pour des fcories, fe foudent enfemble de la maniere la plus intime, & que par confé- quent le fer qui en provient eft d’auf bonne & peut être de meilleure qualité qu'aucun autre. Mais en même temps il conviendra avec moi, & il obferve même dans la fuite de fon Mémoire, que cet excellent fer ne doit pas être employé feul, par la raifon même qu'il eft trop parfait; & en efet, un fer qui, fortant de Ia forge, a toute {k) Qu'on prenne une barre de fer , large de 2 à 3 pouces, épaifle de deux à trois lignes, qu’on la chauffe au - rouge , & qu'avec la panne du marteau on y pratique dans £a longueur une cannelure ou cavité, qu'on la plie {ur ellemême pour la doubler & corroyer, l’on remplira enfuite la cannelure des écailles ou païäles en queftion ; en lui donnera une chaude douce, d’aborden rabattant les bords , pour empêcher qu’elles ne s'échappent, & on battra la barre comme on le pratique pour corroyer le fer avant de le chauffer au blanc ; on la chauffera en- fuite blanche & fondante , & la pièce foudera à mer- veille ; on la caffera à froid , & l'on n’y verra rien qui annonce que la foudure n'ait pas été complète & par- faite, & que toutesles parties du fer ne fe fotent pas pénétrées réciproquement fans laifler aucun efpace” vide. J'ai fait cette expérience aifée à répéter , qui doit raflurer fur les pailles, foit qu’elles foient plattes ou qu’elles ayent la forme d’aiguilles, puifqu’elles ne font autre chofe que du fer, comme la barre avec Îa- quelle on les incorpore, où elles ne forment plus qu'une mème mañle avec elle, | des Minéraux. Partie Exp.\ 65 fa perfe&ion, n’eft excellent que pour être employé tel qu’il eft, ou pour des ouvrages qui ne demandent que-des chaudes douces; Car toute chaude vive , toute chaleur à blanc le dénature ; j'en ai fait des épreuves plus que réitérées fur des morceaux de toute grofieur. Le petit fer fe dénature un peu moins que le gros, mais tous deux perdent la plus grande partie de leur nerf dès la premiere chaude à blanc; une feconde chaude pareille change & achève de détruire le nerf, elle altere même la qualité du grain qui, de fin qu'il étoit, devient groflier & brillant comme ce- lui du fer le plus commun ; une troifième chaude rend ces grains encore plus gros, & laifle déja voir entre leurs interftices des parties noires de matiere brülée ; enfin en con- tinuant de lui donner des chaudes, on arrive au dernier degré de fa décompofñtion , on le réduit en une terre morte qui ne paroit plus contenir de fubftance métallique , & dont on ne peut faire ducun ufage, Car cette terre morte n’a pas, comme la plupart des autres chaux métalliques , la propriété de fe revivifier par l’application des matieres com- buftibles ; elle ne contient guere plus de fer que le mächefer commun tiré du char- bon des végétaux ; au lieu que’les chaux des autres métaux fe revivifient prefque én entier ou du moins en très grande partie, & cela achève de démontrer que le fer eft une: matiere prefqu'entiérement combulftible Ce fer que Fon tire, tant de cette terre ou chaux de fer, que du mächefer prove- nant du charbon, m'a paru d’une finguliere 66 Zrtroduition a l'hiflotre qualité, if eft très magnétique &z très inf fible ; j'ai trouvé du petit fable noir auffi ma- gneétique , aufh indifloluble & prefque infu- fible dans quelques -unes des mines que j'af fait exploiter; ce fablon ferrugineux & ma- gnétique fe trouve mêlé avec les grains de mine quine le font point du tout, & pro- vient certainement d’une caufe toute autre : le feu a produit ce fablon magnétique, & Peau les grains de mine ; & iorfque par ha- fard ils fe trouvent mélangés, c’eft que le hafard a fait qu’on a brülé de grands amas de boïs, ou qu’on a fait ces fourneaux de charbon fur le terrein qui renferme les mi- nes, & que ce fablon ferrugineux qui n’eff que le d£triment du mâchefer que l’eau ne peut ni rouiller nt diffloudre, a pénétré par a filtration des eaux auprès des lits de mine en grains, qui {ouvent ne font qu’a deux ow trois pieds de profondeur. On a vu dans le Mémoire précédent, que ce fablon ferrugi- neux qui provient du mâchefer des végé- taux, ou fi l’on veut du: fer brülé autant qu’il peut l'être, paroît être le même à tous égards que celui qui fe trouve dans la latine. < Le fer le plus parfait eft celui qui n’a pref- que point de grain, & qui eft entiérement d’un rerf de gris cendré; le fer à nerf noir eft encore très bon, & peut-être eft:il préfée-- rable au premier pour tous les ufages où il faut chauffer plus d’une fois ce métal avant de l’employer ; le fer de la troifième qualité & qui eft moitié nerf & moitié grain, eft le: UE £er par excellence pour le commerce, parce: des Minéraux. Partie Exp, 67 qu'on peut le chauffer deux ou trois fois {ans le dénaturer : le fer fans nerf, mais à grain fin, fert aufli pour beaucoup d’ufages ; mais les fers fans nerf & à gros grains, de- vroient être profcrits & font le plus grand tort dans la focièté, parce que malheureu- fement ils y font cent fois plus communs que les autres. Il ne faut qu’un coup-d’œil à un homme exercé pour connoiître la bonne ou la mauvaife qualité du fer; mais les gens qui le font employer, foit dans leurs bâti- mens, foit à leurs équipages, ne s’y con- noiflent ou n'y regardent pas, & payent fouvent, comme très bon, du fer que le fardeau fait rompre ou que la rouille détruit en peu de temps. Autant les chaudes vives & pouflées juf- qu'au blanc, détériorent le fer, autant les chaudes douces où l’on ne le rougit que couleur de cerife, femblent l’améliorer; c’eft par cette raifon que les fers deftinés à paf- fer à la fenderie ou à la batterie , ne de- mandent pas à être fabriqués avec autant de foin que ceux qu'on appelle fers marchands, qui doivent avoir toute leur qualité. Le fer de tirerie fait une claffe à part, il ne peut être trop pur , s’il contenoit des parties he- térogènes il deviendroit très caflant aux dernieres filieres; or il.n’y a d'autre moyen de ie rendre pur que de le faire bien fuer en le chauffant Îa premiere fois juiqu’au blanc, &c le martelant avec autant de force que de précaution, & enfuite en le faifant encore chauffer à blanc afin d'achever de le dépurer fous le martinet en l’alongeant pour UC L'on Ê 3 68 Introduélion à ?, hifloire “ \ en faire de la vergé crénelée, Mais les: fers deftinés à être refendus pour en faire de la- verge ordinaire, dés fers applatis., des lan- guettes pour la tôie, tous les fers, en un mot. qu'on doit pafler fous les cylindres, n’exigent pas le même degré de perfedion, parce qu'ils S’améliorent au four de la fen- derie, où l’on n’emploe que du bois, & dans lequel tous ces fers ne prennent une chaleur que du fecond degré, d’un rouge couleur de feu, qui eft fufifant pour les: amollir, & leur permet de s’applatir & de s'étendre fous les cylindres & de fe fendre enfuite fous les taiilans. Nésnmoins # l’on: veut avoir de la verge bien douce , comme celle qui eft néceffaire pour les clous à ma- réchal; f l’on veut des fers applatist qui , ayent beaucoup de nerf, comme déivent être ceux qu’on emploie pour les roues, & articuliérement les bandages qu’on fait d’une: feule pièce, dans lefquels il faut au moins un tisrs de nerf, les fers qu’on livre à k fenderie doivent être de bonne qualité, c’eft- -dire, avoir au moins un tiers de nerf; car ai chfervé que le feu doux du four &'la orte comprefion des cylindres rendent à ia vérité le grain du fer un peu plus fin, & donnent même du rerf à celui qui navoit que du grain très fin, mais ils ne çsonvertif- fent jamais en nerf le gros grain des fers. communs; en forte qu'avec du mauvais fer \œns à fi pl à gros grains on pourra faire de la verge & des fers applatis dont le grain fera moins gros, mais qui feront toujours trop caflans pour : des Minéranx. Partie Exp. 69 être employés aux ufages dont je viens de parler. Il en eft de même de a tôle, on ne peut pas employer de trop bonne étoffe pour la faire , &c il eft bien fâcheux qu’on fafle tour le contraire ; car prefque toutes nos tôles en France fe font avec du fer commun; elle fe rompent en les pliant, &c {e brülent ou pourriflent en peu de temps; tandis que de la tôle faite comme celle de Suède ou d’An- gleterre , avec du bon fer bien nerveux, fe tordera cent fois fans rompre, & durera peut-être vingt fois plus que les autres. On en fait à mes forges de toute grandeur & de -toute épaifleur, on en emploie à Paris pour les cafleroles &z autres pièces de cuifne, qu’on étame & qu'on a raïfon de préférer aux. Cafleroles de cuivre. On a fait avec cette même tôle grand nombre de poëles, de chaineaux, de tuyaux; &c j'ai depuis quatre ans l'expérience mille fois réitérée, qu’elle peut durer, comme je viens de le dire, foit au feu, foit à l'air, beaucoup plus que les tôles communes ; mais comme elle eft un peu plus chere , le débit en eff moindre, & Von n’en demande que pour de certains ufages particuliers auxquels les autres tôles ne pour- roient être employées. Eorfqu’on eft au fait, comme j'y fuis, du commerce des fers, on [@ diroit qu'en France on a fait un padte géné- ral, de ne fe fervir que de ce qu’il y a de plus mauvais en ce genre. Avec du fer nerveux on pourra toujours faire d’exceliente tôle, en faifant pañler le fer des languettes fous ‘ies cylincres de la fen- PORT RER 70 Introduëfion à Phiftoire derie; ceux qui applatiflent ces languettes fous le martinet, après les avoir fait chauf- fer au charbon, font dans un très mauvais ufage ; le feu du charbon pouflé parles fouf- flets, gâte le fer de ces languettes, celui du four de la fenderie ne fait que le perfec- tionner : d’ailleurs il en coùte plus de moitié moins pour faire les languettes au cylindre que pour les faire au martinet; ici lintérèt s'accorde avec la théorie de l'art. Il nya donc que l'ignorance qui puifle entretenir cette pratique , qui néanmoins eftla plus gé- nérale; car il y a peut-être fur toutes les tôles qui fe fabriquent en France, plus des trois quarts dont les languettes ont été fai- tes au martinet. Cela ne peut pas être au- trement, me dira-t-on, toutes les batteries n'ont pas à côté d'elles une fenderie & des cylindres montés; je l'avoue &c c’eft ce dont je me plains: on a cort de permettre ces pe- tits établifiemens particuliers qui ne fubfñftent qu'en achetant dans les groffes forges les fers au meilleur marché, c’eft-a-dire, tous les plus médiocres, pour Îles fabriquer en- fuite en tôle &c en petits fers de la plus mau- vaife qualité. Un autre objèt fort important font les fers de charrue, on ne fauroit croire com- bien ia mauvaife qualité du fer dont on les fabrique fait de tort aux laboureurs ; on leur livre inhumainement des fers qui cafflent au moindre effort, & qu'ils {ont forcés de renouveler prefque auih fouvenr que leurs cultures; on leur fait payer bien cher du mauvais acier dont on arme K& 4: ‘des Minéraux. PartieExp. 77. ointe de ces fers encore plus mauvais , & e tout eft perdu pour eux au bout dun an, @& fouvent en moins de temps; tandis qu’en employant pour ces fers de charrue, comme pour la tôle, le fer le meilleur & le plus nerveux , on pourroit les garantir pour un ufage de vingt ans, & même fe difpenfer d'en aciérer la pointe; car j'ai fait faire plufieurs centaines de ces fers de charrue dont j'en ai fait eflayer quelques- uns fans acier, & ils fe font trouvés d’une étofle aflez ferme pour réfifter au labour. J'ai fait la même expérience fur un grand nombre de pioches; c’eft la mauvaife qua- lité de nos fers qui a établi chez les tail- Jandiers l’ufage général de mettre de l’a- ciér a ces inftrumens de campagne, qui n’en auroient pas befoin s'ils étoient de bon fer fabriqué avec des languettes paflées fous les cylindres. 7 J'avoue qu'il y a de certains ufages pour lefquels on pourroit fabriquer du fer aigre, mais encore ne faut-il pas qu'il foit à trop gros grain ni trop caflant; les clous pour les petites lattes à tuile, les brogquéttes & autres petits clous , plient lorfqu'ils font faits d’un fer trop doux; mais à l'exception de ce feul emploi, qu’on ne remplira toujours que trop, je ne vois pas qu’on doive fe fervir de fer aigre. Et fi dans une bonne manufac- ture on en veut faire une certaine quantité. rien n'eft plus aifé :.il ne faut qu'augmenter d’une mefure ou d’une mefure & demie de mine au fourneau, @& mettre à part les gueu- fes qui en proviendront, la fonte en fera 72 Introduflion à l'hifloire moins bonne & plus blanche. On les fera forger à part, en ne donnant que deux chau- des à chaque bande , & l’on aura du fer aigre qui fe fendra plus aifément que Fautre, & ” qui donnera de la verge caflante. | Le meilleur fer, c’eft-a-dire, celui qui a le plus de nerf, & par conféquent le plus -de ténacité, peut éprouver cent & deux cents coups de mafle fans {e rompre; & comme il faut néanmoins le caffler pour tous les ufa- ges de la fenderie & de la batterie, & que cela demanderoïit beaucoup de temps, mée- me en s’aidant du cifeau d'acier, il vaut mieux faire couper fous le marteau de la forge, les barres encore chaudes à moitié de leur épaiffeur , cela n'empêche pas le mar- teleur de les achever, & éparg de temps au fendeur & au platineur. Tout gne beaucoup . le fer que j'ai fait caffer à froid & à grands | coups de mafle, s’échauffe d'autant plus qu'il et plus fortement & plus fouvent frappé : non-feulement il s'échauffe au point de brü- ler très vivement, mais 1l s’aimante comme s’il eût été frotté fur un très bon aimant. M'étant afluré de la conftance de cet effet par plufñeurs obfervations fucceffives , je voulus voir fi fans percufñion je pourrois de même produire dans le fer la vertu ma- gnétique : je fis prendre pour cela une verge de trois lignes de groffeur de mon fer le plus liant, & que je connoiïflois pour être très difiicile à rompre , & l'ayant fait plier & replier par les mains d’un homme fort fept ou huit fois de fuite fans pouvoir le rompre , je trouvai le fer très chaud au point - - des Minéraux. Partie Exp. 73 point où on l'avoit plié , & il avoit en mé- me) temps toute la vertu d'un barreau bien aimanté ; J'aurai occañon dans la fuite de re- venir à ce phénomène quitient de trés près à la théorie du magnétifme & de l’électri- cite, & que je ne rapporte ici que pour dé- . montrer que plus une matiere eft tenace, c'ett-a-dire, plus il faut d'efforts pour la di- vifer, plus elle eft près de produire la cha- leur & tous les autres effets qui peuvent en dépendre , &: prouver en même temps que da fimple preflion produifant le frotte- merñt des parties intérieures , équivaut à l’ef- fet de la plus violente percuifon. . On foude tous les jours le fer avec lui- mème ou fur lui-même, mais il faut la plus grande précaution pour qu'il ne fe trouve pas un peu plus foible aux endroits des fou- dures ; car pour réunir & fouder les deux bouts d'une barre, on les chauffe juiqu'au blanc le plus vif; le fer dans cet état , eff tout prêt à fondre , il n’y arrive pas fans perdre. toute fa tégacite , & par conféguent tout fon ". nerf, il ne peut donc-en reprendre dans toute cette partie qu'on foude que par la perculi- fon des marteaux dont deux ou trois ou- vriers font fuccéder les coups le plus vite -qu'il leur eft poffible ; mais cette \percuffon eft très foible & même lente en comparaifon de celle du marteau de la forge ou même de celle du martinet: ainfi l’endroit foude, quel- que bonne que 1oit l’étofe', n'aura que peu de nerf, & fouvent point du tout fi l’on n’a pas bien faifi l'inflant où les deux morceaux Hi, nat. Tom. VII, G F4 Introduëion a Phifloire font également chauds, & f le mouvement dn marteau n’a pas êté aflez prompt êc aflez fort pour les bien réunir, Auf quand on a des pièces importantes à fouder, on fera bien de le faire fous les martinets les plus prompts. La foudure dans les canons des armes à feu, _eft une des chofes les plus importantes: M. de Montheillard, dans le mémoire que j'ai cité ci-deflus , donne de très bonnes vues fur cet objet, & même des expériences décifi- ves : je crois avec lui , que comme il faut : chauffer à blanc nombre de fois la bande ou anaquette pour fouder le canon dans toute fa longueur , il ne faut pas employer du fer qui feroit au dernier degré de fa perfe@tion, parce qu'il ne pourroit que fe détériorer par ces fréquentes chaudes vives ; qu'il faut au - contraire choifir le fer qui , n'étant pas en- core auill épuré quil peut l'être, gagnera plutôt de la qualité qu'il n’en perdra par ces nouvelles chaudes ; mais cet article feul àe- manderoit un grand travail fait & dirigé par un homme aufh éclairé que M. de Montbeil- lard; & l’objet en eft d’une fi grande im- portance pour la vie des hommes & pour la gloire de l'Etat, qu'il mérite la plus grande - attention. Le fer fe décompoïe par l'humidité comme par le feu; il attire lPhumide de Pair, s’en pénètre & fe rouille, c’eft-à-dire, fe con- vertit en une efpèce de terre fans liaifon, {ans cohérence ; cette converfion fe fait en aflez peu de temps dans les fers qui font de mauvaife qualité ou mal fabriqués : ceux des Minéranx. Païtie Exp. #5 dont l’étoffe ef bonne & dont les furfaces font bien lifles ou polies, fe défendent plus Jong-temps , mais tous font fujets à cette efpèce de mal qui de la fuperficie gagne aflez promptement l'intérieur, & détruit avec le temps le corps entier du fer. Dans l’eau il fe conferve beaucoup mieux qu'à l'air ; & quoiqu’on s’apperçoive de fon altération par la couleur noire qu'il y prend après un long féjour, il n’eft point dénaturé, il peut être ‘Æorgé; au lieu que celui qui a été expfé à Jair pendant quelques fècles, & que les ou- - vriers appellent du fer liné, parce qu'ils s’i- maginent que la lune le mange, ne peut ni fe forger ni fervir à rien, à moins qu’on ne le revivifie comme les rouilles & les fafrans de mars , ce qui coûte communément plus que le fer ne vaut. C’eft en ceci que con- difte la différence des deux décompoñitions au fer; dans celle qui fe fait par le feu , Ia plus grande partie du fer fe brüle & s’ex- hale en vapeurs comme les autres matieres combufitibles , il ne refte qu’un machefer qui contient, comme celui du bois, une petite quantité de matiere très attirable par l’ai- mant qui eft bien du vrai fer, mais qui m’a paru d’une nature finguliere & femblable, comme je l'ai dit, au fablon ferrugineux qui fe trouve en fi grande quantité dans la pla- tine. La décompoñtion par l'humidité, ne di. minue pas, à beaucoup près autant que la combuftion, la mafle du fer, mais elle en altere toutes les parties au point de leur faire perdre leur vertu magnétique , leur cohérence & leur couleur métallique ; c’eft G 2 76 {ntroduition à l’histoire de cette rouille ou terre de fer que font en grande partie compofées les mines en grains; l’eau, apres avoir atténué ces particules de rouiile & les avoir réduites en molécules in- fenfibles, les charie & les dépofe par fiitra- tion dans le fein de la terre, où elles fe réu- nifent en grains par une forte de criftallifa- tion qui fe fait comme toutes les autres, par l'attraétion mutuelle des molécules analo- gues; & comme cette rouille de fer étoit privée de la vertu magnétique, il n'eft pas étonnant que les mines en grains qui en pro- viennent, en foient également dépourvues. Ceci me paroît démontrer d’une mamere aflez ciaire, que le magnetifme fuppofe lation précédente du feu; que c’eft une qualité par- ticuhere que le feu donne au fer , & que l'humidité de l’air lui enlève en le décompo- fant. _ Si l’on met dans un vafe une grande quan- tité de limaille de fer pure qui n’a pas en- core pris. Ge rouille , & ñ on la couvre d’eau, on verra en la laifiant {écher , que cette li- maille fe réunit par ce {eul intermède , au point de faire une mañle de fer aflez folide pour qu’on ne puifie la cafler qu’à coups de mafle ; ce n’eft Gonc pas précifément l’eau qui décompoïe le fer & qui produit la rouil- le, mais plutôt les fels & les vapeurs ful- fureules de l'air ; car on fait que le fer fe diffout très atiément par les acides & par le {oufre. En préfentant une verge de fer bien rouge à une biile de foufre , le fer coule dans l’inftant; & en le recevant dans l’eau, on obtient des grenailles qui ne font plus du fer K. des Minéraux. Partie. Exp, 77 ni même de la fonte; car j'ai éprouvé qu’on ne pouvoit pas les réunir au feu pour les for- ger, c'eft une matiere qu'on ñe peut com- parer qu’à la pyrite martiale , dans laquelie le fer paroit être égalernent décompoié par le foufre ; & je crois que c’eft par cette rai- {on que l’on trouve prefque par-tout à la fur- face de la terre & fous les premiers lits de fes couches extérieures, une aflez grande quantité de ces pyrites dont le grain ref- femble à celui du mauvais fer, mais qui n’en contiennent qu'une très petite quantité mé- lée avec BÉAUEOUD d'acide vitriolique & plus ou moins de foufre, 24 73 Tirrodifibe é l'hiffoire CINQUIEME MÉMOIRE. Expériences fur Les effets de la Chaleur abfcure. + Ê = Hs reconnoitre les effets de la chaleur obfcure , c'eft-à-dire, de la chaleur privée de lumiere, de flamme & de feu libre , autant qu'il eft pofhble, jai fait quelques expé- riences en grand dont les réfuitats m'ont. paru tres intere flans. PREMIERE ExXxPÉRFENCE.. On 24 commencé, far la fin d'Aoùt 1772. à mettre des braifes ardentes dans le creu- et du grand fourneau qui fert à fondre la mine de fer pour la couler en gueufes ; ces braifes ont achevé de fécher Îes mortiers qui étoient faits de glaile mêlée par égale portion avec du fable vitrefcible. Ee four- neau avoit 23 pieds de hauteur. On a jeté par le gueulard ( c'eft ainf qu’on appelle Pouverture fupérieure du fourneau }) ies char- bons ardens que Fon tiroir des petits four- neaux d'expériences; on a mis fucceflive- ment une afñez grande quantité de ces brai- fes pour remplir le bas du fourneau jufqu’à la cuve ( c’eft ainf qu’on appelle l'endroit de la plus grande capacité du fourneau) ce qui dans celui-ci montoit à 7 pieds 2 pou- ces de hauteur perpendiculaire depuis le fond du creufet, Par ce moyen on a commencé de on Lt si des Minéraux. Partie Exp. 79 donner au fourneau une chaleur modérée qui ne s'eft pas fait fentir dans la partie la plus élevée. Le 1© Septembre on a vidé toutes ces braïfes réduites en cendres , par l’ouverture du creufet ; & lorfqu'il a été bien nettoyé, on y a mis quelques charbons ardens & d’au- tres charbons par-deflus jufqu’à la quantité de 600 livres pefant ; enfuite on a laïifié pren- dre le feu, & le lendemain 11 Septembre, on a achevé de remplir le fourneau avec 4800 livres de charbon, ainf il contient en tout 5400 livres de charbon qui y ont été portées en cent trente-cinq corbeilles de 4a livres chacune , tare faite. On a laiffé pendant ce temps l'entrée du creufet ouverte, & celle de la tuyere bien bouchée pour empêcher le feu de fe commu- niquer aux fouffiets. La premiere imprefñon de la grande chaleur, produite par le long féjour des braifes ardentes & par cette pre- miere combuftion du charbon, s’eft mar- quée par une petite fente qui s’eft faite dans la pierre du fond à l’entrée du creu- ft, & par une autre fente qui s'eft faite dans la pierre de la tympe. Le charbon néan- moins , quoique fort allumé dans le bas, ne -l'étoit encore qu'a une très petite hauteur, & le fourneau ne donnoïit au gueulard qu’af-. fez peu de fumée, ce même jour 12 fep- tembre à fix heures du foir ; car cette ou- verture fupérieure n'étoit pas bouchée , non plus que l'ouverture du creufet. À neuf heures du foir du même jour ; la flamme a percé jufqu’au-deflus du fours G 4 So Introduétion à L kifloire ; neau, & comme elle eft nu: très vive en peu de temps, On à bouché louvertu- re du creufet à dix Due du foir. La flam- me , quoique#ort ralentie par cette fupref fion d2 courant de l'air, s’eft foutenue pen- dant la nuit & le jour fuivant; en {orté que le lendemain 13 feptembre , vers les quatre heures du foir, le charbon avoit baifé d'un peu plus de 4 pieds. On a rem- ph e vide à cette même heure avec on- ze corbetiles de charbon , pefant enfemble 449 livres ; ainñ le fourneau a été charge en tout de 5840 livres de charbon. Enfuite on a bouche l'ouverture fupérieu- re du fourneau avec un large couvercle de forte tôle. sarnie tout autour avec du mor- tier de glaife & fable mélé de pouère de charbon, & charge d'u un pied d'épaifleur de cette poudre de charbon mouillée ; pendant pue Fon bouchoit, on a remarqué que Ja k- A i flamme ne laifoit Es de retentir aflez for- tement dans l'intérieur du fourneau ; mais en moins d'une se a flamme a ceflé de retentir, & l'on n’entendoit plus aucun bruit ni murmure , en forte qu'o ‘on auroit u penfer que l'air n'ayant point d ’accès dans a cavité du fourneau, le feu y étoit en- tisrement étouire. Où a laïffé le fourneau ainfi bouché par- tout , ee au-deflus qu'au-defous , depuis F4 ras fptembre jufqu'au 28 du même mois, c'eft-à- dire, pendant quinze jours. J'ai re- marqué pendant ce temps , que quoiqu'il ny eût point de flamme dans le fourneau, ni mème de feu lumineux, la chaleur ne FRA , re pe Te des Minéraux. Partie Exp. 81 laifloit pas d'augmenter & de fe communi- quer autour de la cavité du fourneau. Le 28 feptembre , à dix heures du matin; ‘on a débouché l'ouverture fupérieure du. fourneau avec précaution , dans la crainte d’être fuffoque par la vapeur du charbon; j'ai remarqué avant de l'ouvrir, que la cha- leur avoit gagné jufqu’à quatre pieds & de- mi dans l'épaifieur du mafñif qui forme la tour du fourneau; cette chaleur m'étoit pas fort grande aux environs de la bure ( c’eft ainf qu’on appelle la partie fupérieure du four- neau quis’élève au-deffus de fon terre-plein), Mais à mefure qu'on approchoit de la ca- vité, les pierres étoient déjà &: fort échauf- fées qu’il n’étoit pas poffible de les toucher un initant : les mortiers dans les joints des pierres, étoient en partie brûlés ; & il paroif- foit que la chaleur étroit beaucoup plus gran- de encore dans le bas du fourneau ; car les pierres du deflus de la tympe & de la tuyere étoient excellivement chaudes dans. toute leur épaifleur jufqu'à quatre ou ciñq pieds. Au moment qu'on a débouché le gueulard du fourneau , il en eft forti une vapeur fuf- foquante dont il a fallu s'éloigner, & qui n’a pas laiflé de faire mal à la tête à la plu- part des afliftans. Lorfque cette vapeur a été diffipée , ,on a mefuré de combien le charbon enfermé & privé d'air courant pendant quinze jours, avoit diminué, & l’on a trouve qu'il avoit baiflé de 14 pieds s pouces de hauteur; en forte que le fourneau étoit vide dans toute fa partie fupérieure jufqu’auprès de la cuve, . Enfuite j'ai obfervé la furface de ce char- 82 Introduition a L'hifloire bon, & j'y ai vu une petite flamme quive-: noit de naïtre ; il étoit abfolument noir & fans flamme auparavant. En moins d’une heu- re cette petite flamme bleuètre eft devenue rouge dans le centre, & s’élevoit alors d’en- viron 2 pieds au-deflus du charbon. Une heure après avoir débouché le gueu- lard, j'ai fait déboucher l’entrée du creufet : la premiere chofe qui s’eft préfentée à cette ouverture , n’a pas été du feu comme on auroit pu le préfumer , mais des fcories provenant du charbon, & qui reflembloient a du mächefer léger ; ce mächefer étoit en aflez grande quantité , & remplifloit tout Jintérieur du creufet depuis. la tympe à la ruftine ; & ce qu'il y a de fingulier, c’eft que quoiqu'il ne fe fût formé que par une grande chaleur , il avoit. intercepté cette même chaleur au-deflus du creufet, en forte que les parties de ce mâchefer qui étoient au fond n’étoient , pour ainfi dire, que tièdes ; néanmoins elles s’étoient attachées au fond &r aux parois du creufet, & elles en avoient re- duit en chaux quelques portions jufqu’a plus de 3 ou 4 pouces de profondeur. J'ai fait tirer ce mâchefer & l’ai fait met- tre à part pour l’examiner ; on a auf tiré la chaux du creufet & des environs, qui étoit en afez grande quantité. Cette calcination qui set faite par ce feu fans flamme , m'a paru provenir en partie de l’aétion de ces fcories du charbon. J'ai penfé que ce feu fourd & fans flamme étoit trop fec, & je crois que fi j'avois mêlé quelque portion de laitier ou de terre vitrefcible avec le char- des Minéraux. Partie Exp. 83 bon, cette terre auroit fervi d’aliment à la chaleur, & auroit rendu des matieres fon- dantes qui auroient préfervé de la calcina- tion la furface de l’ouvrage du fourneau. Quoi qu'il en foit , il réfulte de cette expé- rience , que la chaleur feule, c’eft-à-dire , la chaleur obicure , renfermée , & privée d’air autant qu'il eft poflble, produit néan- moins avec le temps des effets femblales a ceux dufeule plus a&tif & le plus lumineux. On fait qu'il doit être violent pour calciner fa pierre. Ici c’étoit de toutes les pierres - calcaires [a moins calcinable , c’eft-a-dire, : la plus réfftante au feu, que j'avois choifie pour faire conftruire louvrage & la che- - minée de mon fourneau; toute cette pierre d'ailleurs avoit été taillée & pofée avec foin , les plus petits quartiers avoient un pied d’épaifleur , un pied & demi de largeur, fur trois & quatre pieds de longueur, & dans ce gros volume la pierre eft encore bien plus dificile à calciner que quand elle - eft réduite en moellons. Cependant cette feule chaleur a non-feulement calciné ces pierres à près d'un demi - pied de pro- fondeur dans la partie la plus étroite & la plus froide du foufneau , maïs encore a brülé en même temps les mortiers faits de glaife @& de fable fans les faire fon- dre , ce que j'aurois mieux aimé , parce -qu'alors les joints de la bâtifle du four- neau fe feroient confervés pleins , au lieu que la chaleur ayant fuivi la route de ces joints , a encore calciné les pierres fur toutes les faces des joints. Mais pour faire mieux 84 Tntroduütion à l'hifloire entendre les effets de cette chaleur obfcure & concentrée , je dois obferver : 1°. Que le mafñif du fourneau étant de 28 pieds d’é- paiïfleur de deux faces, & de 24 pieds d’é- _paifleur des deux autres faces, & la cavité- ouétoit contenu le charbon n'ayant que 6 pieds dans fa plus grande largeur , les murs pleins qui environnent cette cavité avoient 9 pieds d'épaifleur de maçonnerie à chaux &: fable aux parties les moins épaifles; que par conféquent on ne peut pas fuppofer qu'il ait pañlé de l'air à travers ces murs de 9 pieds : 2°. Que cette cavité qui contenoit , le charbon, ayant été bouchée en bas à l'en- droit dé la coulée avec un mortier de glaife mêlé de fable d’un pied d'épaifeur, & à la tuyere qui n’a que quelques pouces d’ou- verture, avec ce même mottier cont on fe : fert pour tous les bouchages ; il n’e& pas à préfumer qu'il ait pu entrer de l'air par ces , deux ouvertures : 3°. Que lé gueu- lard du fourneau ayant de même été fermé ayec une plaque de ferte tôle lutée, & re- couverte avec le même mortier , fur environ fix pouces d'épaifleur , & encore environnée & furmontée de poufhere de charbon mêlé avec ce mortier, fur fix au- : tres pouces de hauteur, tout accès à l'air par cette derniere ouverture étoit interdit. On peut donc affurer qu'il n’y avoit point d'air circulant dans toute cette cavité , dont la capacité étoit de 330 pieds cubes, & que l'ayant remplie de 5405 livres de charbon, le feu étouffé dans cette cavité n’a pu fe rourrir que de la petite quantité d'air con- des Minéraux. Partie Exp. 85 tenue dans les intervalles que laifloient entr'eux les morceaux de charbon ; & comme cette matiere jetée l’une fur l’autre laifle de très grands vides, fuppolons moitié ou même trois quarts, il n'y a donc eu dans cette cavité que 165, ou tout au plus 248 pieds cubes d'air. Or le feu du fourneau ex- cité par les foufets, confomme cette quan- tite d'air en moins d’une demi-minute ; & cependant il fembkeroit qu’elle a fufi pour entretenir pendant quinze jours la chaleur, & l’augmenter à-peu-près au même point que celle du feu libre, puifqu’elle, a-pro- duit la calcination des pierres à quatre pou- ces de profondeur dans le bas, & a plus de _ deux pieds de profondeur dans le milieu & dans toute létendue du fourneau, ainfi que nous, le dirons tout-a-l’heure. Comme cela me paroifloit aflez inconcevable, j'ai d’abord penié qu'il falloit ajouter à ces 248 pieds cubes d'air , contenus dans la cavité du four- neau , toute la vapeur de l'humidité des murs que la chaleur concentrée n’a pu man- quer d'attirer, & de laquelie l n’eit guere pofñble de faire une jufte eflimation. Ce {ont-là les feuis alimens , foit en air, foit en vapeurs aqueufes que cette très grande chaleur a con.ommés pendant quinze jours; car il ne fe dégage que peu ou point d'air du charbon dans fa combhuftion, quoiqu'il s'en dégage plus d'un ti du poids total : a); cet air fixe a Ë Î dubois de chène bien féché (a) Hales, Sraïique des végétaux , page 152, $6 Éntrodution à Ê hifloire contenu dans le bois, en eft chaffé par la premiere opération du feu qui le convertit en charbon ; & s'il en refte, ce n’eft qu’en fi petite quantité qu'on ne peut pas la re- garder comme le fupplément de l'air qui manquoit ici à l'entretien du feu. Aiïnf cette chaleur très grande & qui s’eft aug- mentée au point de calciner profondément les pierres, n’a été entretenue que par 248 pieds cubes d’air & par les vapeurs de l’hu- midité des murs; & quand nous fuppoferions ie produit fucceflif de cette humidité cent fois plus confidéçable que le volume d'air contenu dans la cavité du fourneau, cela ne feroit toujours que 24800 pieds cubes ce vapeurs propres à entretenir la combuf- tion ; quantité que le feu libre & animé par les fouflets confommeroit en moins de 20 minutes , tandis que la chaleur fourde ne la confomine qu’en quinze jours. Et ce qu'il eft nécefleaire d'obferver en- core ,; c’eft que le même feu hbrel'é animé auroit cenfumé-en 11 ou 12 heures les 3600 livres de charbon que la chaleur obfcure n’a confommé qu’en quinze jours: elle n’a donc eu que la trentième partie de l’aliment du feu libre, puifqu’il y a eu trente fois autant de temps employé à la confommation de la matiere combuftible, & en même temps il y a eu environ fept cent vingt fois moins d’air ou de vapeurs em- ployées_a cetre combuftion. Néanmoins les effets de cette chaleur obfcure ont été les mêmes que ceux du feu libre; car il auroit fallu quinze jours de ce feu violent & animé JA SES des Minéraux. Partie Exp. 8 7 pour, calciner les pierres au même degré qu’elles Pont été par la chaleur feule; ce qui nous démontre d’une part l’immenfe de- perdition de la chaleur lorfqu’elle s'exhale avec les vapeurs & la flamme, & d'autre part les grands effets qu’on peut attendre de fa concentration , ou pour mieux dire, de fa coërcion, de fa détention. Car cette chaleur retenue & concentrée ayant pro- duit les mêmes effets que le feu libre & vioient , avec trente fois moins de matiere combuñftible & fept cent vingt fois moins . d'air, & étant fuppofée en raïfon compofée de ces deux élémens, on doit en conclure que dans nos grands fourneaux à fondre les mines de fer, il fe perd vingt-un mille fois plus de chaieur qu'il ne s’en appli- que, foit à la mine, foit aux parois du four- neau; en forte qu’on imagineroit que les fourneaux de réverbère où la chaleur ef plus concentrée, devroient produire le feu le plus puiflant. Cependant j'ai acquis la preuve au contraire , nos mines de fer ne s'étant pas même aglutinées par le feu de réverbère de la glacerie de Rouelles en Bourgogne, tandis qu’elles fondent en moins de_12 heures au feu de mes fourneaux à foufllets : cette différence tient au principe que j'ai donné ; le feu par fa vitefle ou par fon volume, produit des effets tous différens fur certaines fubftances telles que la mine de fer; tandis que fur d’autres fubftances tellé que la pierre calcaire, il peut en pro- duire de femblables. La fufion eft en général ‘une opération prompte qui doit avoir plus 88 _ Introdu&ion à Fr kifloire de rapport avec la vitefle du feu que la calcination qui eft preique teujours lente , & qui doit dans bien des cas avoir plus de -. rapport au volume du feu ou à fon long jour , qu'à fa vireile, On verra par lex- périence fuivante , aue cette même chaleur . retenue & concentrée n'a fait aucun efret {ur la mine cefer. 14 DEUXIEME EXPÉRIENCE. Dans ce même fourneau de 23 pieds de hauteur, après avoir fondu de k mine de fer pendant environ quatre mois, je fs couler les dernieres gueufes en rempliflant toujours avec du charbon , mais fans “mine ,afñn d'en tirer toute la matiere fondue; & quand je me fus afluré qu'il n'en refoit plus se fs ceffer le vent , boucher exa{tement l’ou- verture de la tuyere & celle de la coulée gu’on maçonna avec de la brique & du mortier de glaife mêlé de fable. Enfuire je fis porter fur le charbon autant de mine qu'il pouvoit en entrer dans le vide qui étoit au-defins du fourneau; il yen entra certe premiere fois vingt-fept melures de 7o li- vres, C’eft-à-dire 1620 livres pour afleurer le niveau du gueulard ; après quoi je ñs bou- cher cette ouverture avec La mème pla- que de forte tôle & du mortier de ue & fable, & encore de la poudre de charbon en grande quantité. On imagine bien quelle immente chaleur je renfermois ainfñ dans le feurneau , tout le charbon en étoit allumé du haut en bas lorique je fis ceffer le vents toutes EE à des Minéraux. Partie Exp. 89 toutes les pierres des parois étoient rouges du feu qui les pénétroit depuis quatre mois ; toute cette chaleur ne pouvoir s’exhaler que par deux petites fentes qui s'étoient faites au mur du fourneau, & que je fis remplir de bon mortier , afin de lui ôter encore ces iflues : trois jours après je fis déboucher le gueulard, & je vis, avec quelque fur- prie , que malgré cette chaleur immenfe renfermée dans le fourneau, le charbon ar- dent, quoique comprimé par la mine & chargé de 1620 livres, n’avoit baïffé que de 16 pouces en trois jours ou 72 heures. Je fis fur le champ remplir ces 16 pouces de vide avec 25 mefures de mine , pefantes enfemble 1500 livres. Trois jours après je fis déboucher cette même ouverture du gueulard, & je trouvai le même vide de 16 pouces, &c par conféquent la même di- minution, ou fi lon veut, le même affaif- fement du charbon; je fis remplir de même avec 1500 Jivres de mine, ainf il y en avoit déjà 4620 livres fur le charbon qui étoit tout embrafé lorfqu’on avoit commencé de fermer le fourneau. Six jours aprés je fis dé boucher le gueulard pour la troifième fois, & je trouvai que pendant ces fix jours le charbon. n'avoit baiflé que de 20 pouces, que l’on remplit avec 1860 livres de mine ; enfin neuf jours après on déboucha pour la quatrième fois , & je vis que pendant ces neuf der- _aiers jours le charbon n’avoit baiflé que de 2x pouces, que je fis remplir de 1920 livres de mine; ainfi il y en avoit en tout 8400 livres: on referma le gueulard avec les mêmes: 56 Inérodu£ionr à l’hifioire précautions , & le lendemain, c'eft-à-dire; vingt-deux jours après avoir bouché pour la premiere fois , je fis rompre la perite maçonnerie de briques qui bouchoitl’ouver- ture de la coulée en laiffant toujours fermée celle du gueulard, afin d'éviter le courant d'air qui auroit enflammeé le charbon. La premiere chofe que l'on tira par l'ouverture de la coulée , furent des morceaux réduits en chaux dans l'ouvrage du fourneau; on y trouva aufh quelques petits morceaux de mâchefer, quelques autres d’une fonte mal igérée, & environ une Hivre & demie de très bon fer qui s’étoit formé par coagula- tion. On tira près d'un tombereau de toutes ces matieres , parmi lefquelles ïl y avoit auf quelques morceaux de mine brülée & prefque réduité en mauvais laitier ; cette mine brülée ne provenoït pas de celle que javois fait impoler fur les charbons après avoir fait cefler le vent , mais de celle qu'on y avoit jetée fur la fin du fon- dage , qui s'étoit attachée aux parois du fourneau, & qui enfuite étoit tombée dans le creufet avecles parties de pierres calcinées auxquelles elle étoit unie. LES Après avoir tiré ces matieres , on fit tom- ber le charbon; le premier qui parut étoit a peine rouge; mais dès qu'il eut de Pair,, il devint très rouge ; on ne perdit pas un inftant à le tirer, & on l’éreignoit en mème temps en jetant de l’eau deflus. Le gueulard étant toujours bien fermé, on tira tout le charbon par l’ouverture de la coulée , &auff toute la mine dont je l’avois fais charger. A des Minéraux. Partie Exp. (SE: La quantité de ce charbon tiré du fourneau, montoit à cent quinze corbeilles ; en forte que pendant ces vingt-deux jours d’une cha- leur f violente, il paroïfloit qu'il ne s’en étoit confumé que dix-fept corbeilles ; car toute la capacité du fourneau n’en contient que cent trente-cinq; & comme il y avoit rÔ pouces + de vide lorfqu’on le boucha, il faut déduire deux corbeilles qui auroient été néceflaires pour remplir ce vide. Etonné de cette exceflivement petite con- fommation du charbon pendant vingt-deux jours de l’aion de la plus violente chaleur. qu'on eût jamis enfermée , jeregardai ces char bons de plus près, & je vis que quoiqu'ils euf- fent auf peu perdu fur leur volume , ils avoient beaucoup perdu fur leur mañfle, & que. quoique l’eau avec laquelle on les avoit éteints leur eût rendu du poids, ils étoient encore d'environ un tiers plus légers que quand on les avoit jetés au fourneau; cependant les ayant fait tranfporter aux peti- tes chaufferies des martinets & de la bat-. terie , ils {e trouverent encore affez bons pour chauffer , même à blanc, les peti- tes barres de fer qu'on fait pañler fous ces marteaux. On avoit tiré la mine en même temps que ie charbon, & on l’avoit foigneufement féparée & mile à part ; la très violente cha- ._ leur qu’elle avoit efluyée pendant fi long- temps ne l'avoit ni fondue ni brülée , ni même aglutinée, le grain en étoit {eulement devenu plus propre & plus luifant; le fa- ble vitrelcible & les petits cailloux dont Lo] "1 LE Introduëtion à Fhiflorre elle étoit mélée ne s’étoient point fondus ; & il me parut qu'elle n’avoit perdu que l'humidité qu'elle contenoit auparavant ; car elle n’avoit guere diminué que d’un cinquième: en poids & d'environ un vingtième en vo- lume , & cette derniere quantité s’étoit pers due dans les charbons. Il réfulte de cette expérience : 1°. Que: Fa plus violente chaleur & la plus concen- trée pendant un très long temps, ne peut, fans le fecours , & le renouvellement de. % . e . EE | - Pair, fondre la mine de fer , ni même le fable vitrefcible, tandis qu’une chaleur de même efpèce & beaucoup moindre peut calci: ner toutes les matieres calcaires : 2°, Que le charbon pénétré de chaleur ou de feu, com- mence à dimmuër de maffe long-temps avant de diminuer de volume , & que ce qu'il perd le premier , font les parties les plus com- buitibles qu'il contient. Car en comparant cette feconde expérience avec la premiere, comment fe pourroit-il que la même quan- tité de charbon fe confomme plus vite: avec une Chaleur très médiocre , qu’à une chaleur de la derniere violence, toutes deux éga- lement privées d'air, également retenues & concentrées dans le même vaiffeau clos ? Dans la prermiere expérience , le eharbon qui, dans une caviré prefque froide, n’a- voit éprouvé que la lèsere impreffion d'un feu qu'on avoit étoufé au moment que la flamme s’étoit montrée , avoit néanmoins diminué des deux tiers en quinze jours; #andis que le même charbon enflammé au- sant qu'il pouveit Féêtre par le vent des » 2 Le ct des Minéraux. Part. Exp. 93 foufflets , & recevant encore la chaleur immenfe des pierres rouges de feu dont il étoit environné , n’a pas dimnué d’un fixième endant vingt-deux jours. Cela feroit inex- plicable fi l’on ne faïfoit pas attention que, dans le premier cas , le charbon avoit toute fa denfité , & contenoit toutes {es parties combuftibles ; au lieu que dans le fecon cas où.1il étoit dans l’état de la plus forte incandefcence , toutes fes parties Îles plus combuftibles étoient déjà brülées. Dans ia premiere expériencé , la chaïeur , d’a- bord trés médiocre , alloittoujours en aug- mentant à mefure que la combuftion aug- mentoit & fe communiquoit de plus en plus à la maffle entiere du charbon. Dans la feconde expérience, Ia chaleur exceflive alloit en diminuant à mefure que le charbon achevoit de brüler , & il ne pouvoit plas , donner autant de chaleur, parce que fa com- buftion étoit fort avancée au moment qu’on lavoit enfermé. C'’eft-là la vraie caufe de cette différence dieffets. Le charbon dans la premiere expérience, contenant toutes fes parties combuftibles , brûüloit mieux & fe confumoit plus vite que celui de la feconde expérience, qui ne contenoit prefque plus de matiere combuftible, & ne pouvoit au- gmenter fon feu ni mème lentretenir au même degré que par l’emprugt de celui des murs du fourneau; c’eft par cette feule raifon que la combuftion alloit toujours en diminuant , & qu'au total elle a été beau- coup moindre & plus lente que l’autre qui alloit toujours en augmentant & qui s’eft 04 Introdu&fion a l'hiffoire faite en moins de temps. Lorfque tour acès eft fermé à l'air, & que les matieres renfermées n'en contiennent que peu ou point dans leur fubfiance, elles ne fe con- fumeront pas , quelque violente que foit la chaleur; mais s’il refte une certaine quan- tité d'air entre les interftices de la matiere combuftible, elle fe confumera d'autant plus vite & d'autant plus qu’elle pourra four- nir elle-même une plus grande quantité d’air: 3°. Il réfulte encore de ces experiences, que la chaleur la plus violente, dès qu’elle n'eft pasnourrie, produit moins d'effet que la plus petite chaleur qui trouve de Pali- ment ; la premiere eft pour ainfi dire ure chaleur morte qui ne fe fait fentir quepar fa déperdition ;- l'autre eft un feu vivant qui s'accroit à proportion des alimens qu'il confusme. Pour reconnoitre ce que cette chaleur morte , c’eft-a-dire cette chaleur dénuée de tout aliment pouvoit produire, j'ai fait l’expérience faivante. ; TROISIEME EXPERIENCE. APRES avoir tiré du fourneau, par l'oû- verture de la coulée, tout le charbon qui y étoit contenu, & l'avoir entièrement vi- dé de mine @ de toute autre matiere , je fis maçonner de nouveau cette ouverture & boucher avec le plus grand foin celle du gueulard en haut , toutes les pierres des parois du fourneau étant encore excefl- vement chaudes ; l’air ne pouvoit donc entrer dans le fourneau pour le rafraichir , CELL des Minéraux. Partie Exp. o$ & la chaleur ne pouvoit en fortir qu'a travers des murs de plus de 9 pieds d’épaif- feur ; d’ailleurs il n'y avoit dans fa cavité, qui étoit abfolumerntt vide , aucune matiere combuftible , ni même aucune autre matie- re. Obfervant donc ce qui arriveroit, je m'apperçus que tout l'effet de la chaleur fe portoit en haut, & que quoique cette chaleur ne füt pas du feu vivant ou nourri par aucune matiere combuftble, elle fit rougir en peu de temps a forte plaque de tôle qui couvroit le gueulard; que cette incandefcence donnée par la chaleur cbfcu- re à cette large pièce de fer {e communi- qua par le contaët à toute la mafle de poù- dre de charbon qui recouvroit les mortiers de cette plâäque & enflamma du bois que je fis mettre deflus. Aïnf la feule évapo- ration. de cette chaleur obfcure & morte, qui ne pouvoit fortir que des pierres du fourneau, produifit ici le même effet que le feu vif & nourri. Cette chaleur tendant toujours en haut &: 1e réuniffant toute à louverture du gueulard au-deflous de la plaque de fer, la rendit rouge, lumineufe & capable d'enfiimmer des matieres com- buftibles. D'où l’on doit conclure qu’en au- gmentant la mafle de le chaleur cbfcure, on peut produire de Îa lumiére, de la même maniere qu’en augmentant la mafle de la lumiere on produir de la chaleur ; que dès- lors ces deux fubftänces font réciproque- ment convertibles de lune en l’autre, & toutes deux ‘néceffaires à l'élément du feu, Lorfqu’on enleva cette plaque de fer qui 06 Introduëfion à l'hifloire couvroit l’ouverture fupérieure du fourneau, & que la chaleur avoit fait rougir, il em fortit une vapeur légere & qui parut en- flammée, mais qui fe difipa dans un inf- tant : j'obfervai alors les pierres des parois du fourneau ; elles me parurent caicinées\ en très grande partie & très profondément ; & en eftet ayant laïiffé refroidir le fourneau pendant dix jours, elles fe font trouvées calcinées jufqu’à deux pieds, & même deux pieds & demi de profondeur, ce qui ne pouvoit provenir que de la chaleur que jy avois renfermée pour faire mes expérien- ces, attendu que dans les autres fondages le feu animé par les foufflets n’avoit jamais calciné les mêmes pierres à plus de huit pouces d’épaifleur dans les endroits où ik €ft le plus vif, & feulement à deux ox trois pouces dans tout le refte; au lieu que toutes les pierres, depuis le creufet juf- qu'au terre- plein du fourneau , ce quifait une hauteur de vingt pieds, étoient géne- ralement réduites en chaux d'un pied & demi , de deux pieds, & même de deux pieds & demi d’énaiffleur : comme cette cha- leur renfermée n’avoit pu trouver d'iflue . elle avoit pénétré les pierres bien plus profondément que la chaleur courante. On pourrait tirer de cette expérience les. moyens de cuire la pierre & de faire de la, chaux à moindres frais, c’eft-a-dire, de diminuer de beaucoup Ka quantité de bois en fe fervant d’un fourneau bien fermé aw Heu de fourneaux ouverts; il ne faudroit qu'une petite quantité de charbon pour con- ; vertir des Minéraux. Partie Exp. 07 vertir en chaux, dans moins de quinze jours, toutes les pierres contenues dans le four- neau, & les murs même du fourneau à plus d'un pied d’épaifleur s’il étoit bien exaéte- ment fermé. Dès que le fourneau fut affez refroidi pour permettre aux ouvriers d'y travailler, on fut obligé d'en démolir qu l'intérieur du haut en bas fur une épaifleur circulaire de 4 pieds ; on entira $4 muids de chaux , fur laquelle je fis les obfervations fuivantes: 1°. toute cette pierre , dont la calcination s'étoit faite à feu lent & concentré .n’étoit pas devenue aufli légere que la pierre cal- cinée à la maniere ordinaire; celle-ci, co“t- me je l’ai dit, perd à très peu près la mot- tié de fon poids, & celle de mon fourneau n'en avoit perdu qu'environ trois huitie- mes; 2°. elle ne faifit pas ! eau avec la mé- me avidité que la chaux vive ordinaire ; lorf- qu’on l'y plonge , elle ne donne d’abord au- cun figne de chaleur ni d'ébullition, mais peu après elle fe sonfle, fe divife & s’éle- ve, en forte qu’on n’a pas befoin de la re- muer comme on remue la chaux vive or- dinaire pour l’éteindre ; 3°. cette chaux a une faveur beaucoup plus äâcre que la chaux commune , elle contient par conféquent beau- coup plus d’alkali fixe ; 49. elle et infini- ment meilleure, plus liante & plus forte que l’autre chaux, & tous les ouvriers n’en em- ploient qu'environ les deux tiers de l’autre, &r afflurent que le mortier eft encore excel- ent; $°, cette chaux ne s'éteint à l’air qu’a- près un temps très long , tandis qu'il ne faut Hifi. nat. Tom. VII. | GS Trtrodu&tion à l’histoire wun jour ou deux pour réduire la chaux vive commune en poudre à l’air libre, celle- ci réfifte à l’impreflion de l'air pendant um mois ou cinq femaines ; 6°. au lieu de fe ré- duire en farine ou en poufliere fèche com- me [a chaux commune, elle conferve fon volume, & lorfqu'on la divife en l’écrafant, toute la mañle paroît dué&tile & pénétrée d’une humidité grafle & liante qui ne peut prove- nir que de l’humide ée l'air que la pierre a puiflamment attiré & abforbé: pendant les cinq femaines de temps employées à fon ex- tinétion. Au refte , la chaux que l’on tire com- munément des fourneaux de forge , a toutes ces mêmes propriétés ; ainfi la chaleur obf- cure & lente produit encore ici les mèmes effets que le feu le plus vif & ie plus vio- lent. Il fortit de cette démolition de l’intérieur du fourneau , 232 quartiers de pierre de taille, tous calcinés plus ou moins profonde: ment ; ces quartiers avoient communément quatre pieds de longueur, ja plupart étoient en chaux jufqu’à dix-nuit pouces, & les au- tres à deux pieds, & même deux pieds & de- mi; & cette portion calcinée {e {éparoit ai- fément du reîte de la pierre qui étoit faine, &r même plus dure que quand on l’avoit po- fée pour bâtir le fourneau. Cette obferva- tion m'engagea à faire les expériences fui- vantes. dE QUATRIEME EXPÉRIENCE. Je fis sefer dans l’air & dans l’eau trois morceaux de ces pierres qui, comme l’on des Minéraux. Partie Exp. co voit, avoient fubi la plus grande chaleur qu'elles puflent éprouver fans fe réduire en chaux , & j'en comparai la pefanteur fpéci- fique avec celle des trois autres morceaux a-peu-près du même volume, que j'avois fait prendre dans d’autres quartiers de cette mé- me pierre qui n’avoient point ête employés à la conftruftion du fourneau, ni par confé- quent chauffés, mais qui avoient £té tirés de la même carriere neuf mois auparavant, & qui étoient reftés à l’expofition du foleil & de l'air. Je trouvai que la pefanteur fpé- cifique des pierres échauffées à ce grand feu pendant cinq mois avoit augmenté, qu'elle £toit conftamment plus grande que celle de la même pierre non échaufiée, d'un 81e fur Je premier morceau, d’un 90e fur le fecond & d'un 8se fur le troifième : donc la pierre chauffée au degré voifin de celui de fa: cal- cination , gagne au moms un 86e de male; au lieu qu'elle en perd trois huitièmes par la calcination qui ne fuppofe qu'un degré de chaleur de plus. Cette différence ne peur venir que de ce qu'a un certain degré de vio- lente chaïeur ou de feu , tout l'air & toute l’eau transformés en matiere fixe dans la pierre , reprennent leur premiere nature, leur élafticité, leur volatilité, & que dès- lors ils fe dégagent de la pierre & s'élevent en vapeurs , que le feu-enlève 6 entrai- ne avec lui. Nouvelle preuve que la pierre calcaire eft en trèsgrande partie compofée d'air fixe & d'eau fixe faifis & transformées. en matiere {olide par le filtre animal. ci 1 2 100 Introdu&ion a l hifloire Après ces expérences j'en fis d’autres {ur cette même pierre échauffée à un moindre degré de chaleur, mais pendant un temps aufh long; je fis détacher pour cela trois morceaux des parois extérieures de la lu- nette de la tuyere, dans un endroit où la chaleur étoit à-peu-près de 95 degrés, parce que le foufre appliqué contre la muraille s’y ramollifloit & commençoit à fondre, & que ce degré de chaleur eft à très peu près celui auquel le foufre entre en fufon. Je trouvai par trois épreuves femblables aux précéden- tes, que cette même pierre chauffée à ce degré pendant cinq mois, avoit augmenté en pefanteur {pécifique d'un 65e, c’eft-a-dire , de prefque un quart de plus que celle qui avoit éprouvé le degré de chaleur voifin de celui de la calcination ; & je conclus de cette différence que l’effet de la calcination commençoit à fe préparer dans la pierre qui avoit fubi le plus grand feu, au lieu que celle qui n’avoit éprouvé qu'une moindre chaleur, avoit coniervé toutes les parties fixes qu’elle y avoit dépofées. Pour me fatisfaire pleinement fur ce fu- jet, & reconnoître f: toutes les pierres cal- caires augmentent de pefanteur fpécifique par une chaleur conftamment & long-temps appliquée, je fis fix nouvelles épreuves fur deux autres efpèces de pierres. Celle dont étoit conftruit l’intérieur de mon fourneau, & qui a fervi aux expériences précédentes, s’appelle dans le pays pierre a feu , parce qu'elle réfifte plus à l’ation du feu que soutes les autres pierres calcaires. Sa fub- des Minéraux. Pattie Exp. 101 fance eft compofée de petits graviers cal- caires liés enfemble par un ciment pierreux qui n’eft pas fort dur, & qui laifle quelques interitices vides ; fa pefanteur eft néanmoins plus grande que celle des autres pierres calcaires d'environ un 20e. En ayant éprouvé plufeurs morceaux au feu de mes chauf- feries , ïl a fallu pour les calciner plus du double du temps de celui quil falloit pour réduire en chaux les autres pierres; on peut donc être afiuré que les expérien- ces précédentes ont été faites fur la pierre calcaire la plus réfiftante au feu. Les pierres auxquelles je vais la comparer étoient auffi de très bonnes pierres calcaires dont on fait la plus belle taille pour les bâti- mens, l’un a le grain fin & prefque auff ferré que celui du marbre , l’autre a le grain un peu plus gros, mais toutes deux font compates & pleines , toutes deux font de l’excellente chaux grife, plus liante & plus forte que la chaux commune qui eft plus blanche. Î En pefant dans l’air & dans l’eau trois morceaux chauffés & tois autres non chauf- fés de cette premiere pierre dont le grain étoit le plus fin, j'ai trouvé qu'elle avoit gagné un $6e en pefanteur fpécifique, par l’ap- plication conftante pendant cinq mois , d'une chaleur d'environ oo degrés , ce que j'ai reconnu, parce qu’elle étoit voifine de celle dont j'avois fait cafler les mor- ceaux dans la voüte extérieure du four- neau , & que le foufre ne fondoit plus con- tre fes parois; en ayant donc a enlever 3 102 Introduttion à lhifloire trois morceaux encore chauds pour Îes pe- fer, & comparer avec d’autres morceaux: de la même pierre qui étoient reftés expofés à l’air bibre, j'ai vu que l’un des morceaux avoit augmenté d'un 6ce ; le fecond d'um @2e ; le troifième d'un 56e. Aiïinfi cette ren) Lei à (D Cr Le | ! “ D [® HE En fe [er (D [a ten ue) v+ @- un ee re rs | + He La Le u Fe 5 Q plus que Îa pierre voifin de celui de | d'environ un 7e de plus que cette même pierre à feu chauflée à 95 degrés, c'eft-à- à feu chauffée au degré La feconde pierre , dont le grain étoit moins fin, formoit une afle entiere de fa voûte extérieure du fourneau, & je fus maitre de choifir les morceaux dont j'avois befoin pour l'expérience, dans un quartier qui avoit fubi pendant le même temps de eing mois le même degré 95 de chaleur que Îa pierre à feu ; en ayant donc fait cafler trois morceaux, & m'étant muni de trois autres qui n’avoient pas été chauffes.. je trouvai que lun de ces morceaux chauf- fes avoit augmenté d'un 542 ; le fecond dun 65e ; & le troifième d’un 66e ; ce gui donne pour la mefure moyenne un 61e. d'augrentation en pelanteur {pécifique. Hi réfulte de ces expériences, 1° que toute pierre calcaire chauffée pendant long- temps , acquiert de la mafle & devient plus pefante; cette augmentation ne peut ir que des particules de chaïeur qui læ trent & s’y uniflent par leur longue fidence , & qui dès-lors en deviennent \ des Minéraux. Partié Exp. 103 4 partie conftituante fous une forme fixe : 2°. que cette augmentation de pefanteur fpécifñique étant d'un 61e ou d'un $6e ou d’un 6se ne fe trouve varier ici que par la nature des différentes pierres; que cel- les dont le grain eft le plus fin, font cel- les dont ia chaleur augmente le plus la mañfle, & dans lefquelles les pores étant plus petits, elle fe fixe plus aifément & en plus grande quantité : 3°. que la quantité de chaleur qui fe fixe dans la pierre eft encore bien plus grande que ne le défigne ici l’augmentation de la mafle ; car la cha- leur avant de fe fixer dans la pierre , a commencé par en chañer toutes les parties humides qu'elle contenoit : on fait qu’en diftillant la pierre calcaire dans une cornue bien fermée on tire de l’eau pure jufqu'a concurrence d’un feizième de fon poids : mais comme une chaleur de o$ degrés, quoiqu’appliquée pendant cinq mois, pour- roit néan:noins produire à cet égard de moindres effets que le feu violent qu’on ap- plique au vaifleau dans lequel on diftille la pierre, réduifons de moitié & même des trois quarts cette quantité d'eau enlevée à la pierre par la chaleur de 95 degrés , on ne pourra pas difconvenir que la quan- tité de chaleur qui s'eft fixée dans cette pierre , ne foit d’abord d’un 60e indiqué par l'augmentation de la pefanteur fpécif- que , &z encore d'un 64e pour le quart de la quantité d’eau qu’elle contenoit , & que cette chaléur aura fait fortir; en forte qu'on peut aflurer , fans craindre de fe : T4 ] 104 Introduétion à l'hifloire tromper , que la chaleur qui pénètre dans la pierre lui étant appliquée pendant long- temps , s'y fixe en aflez grande quantité pour en augmenter la mafle tout au moins d’un trentieme, mème dans la fuppoñtion qu’elle n’ait chaflé pendant ce long temps que le quart de l'eau que la pierre con- tenoit, CINÇQUIEME EXPÉRIENCE. TouTes les pierres calcaires dont la pefan- teur fpéciñique augmente par la longue ap- plication de la chaleur, acquièrent par cette efpèce de defsèchement plus de dureté qu’el- les n’en avoient auparvant. Voulant reeon- noître fi cette dureté feroit durable , & fi elies ne pcrdroient pas avec le temps, non- feulement cette qualité, mais celle de l’au- gmentation de cenfité qu'elles avoient ac- quife par la chaleur ; je fis expofer aux injures de l'air plufeurs parties de trois efpèces de pierres qui avoient fervi aux expé- riences précédentes , & qui toutes avoient été lus ou moins chauffées pendant cinq mois. Au boue de quinze jours , pendant lefquels ii avoit eu des pluies je les fis fonder & rapper au marteau par le même ouvrier qui les avoit trouvées très dures quinze jours auparavant ; il reconnut avec moi que la pierre à feu qui étoit la plus poreufe, & dont le grain étoit le plus gros , m'étoit déjà plus auf dure & qu'elle fe laifloit travailler plus aifément. Mais les deux au- tres efpèces, & fur-tout celle dont le grain des Minéraux. Partie Exp. 10% étoit le plus fin, avoienrt confervé la même dureté , néanmoins elles la perdirent en moins de fix femaines. Et les ayant fait alors éprouver à la balance hydroftatique , je re- connus qu'elles avoient aufli perdu une af- fez grande quantité de la matiere fixe que Ja chaleur y avoit dépofée. Néanmoins au bout de plufeurs mois elle étoient toujours fpécifiquement plus peifantes d’un 150€ ou d'un 160e que celles qui n’avoient point été chauffées. La différence devenant alors trop difficile à faifirentreces morceaux & ceux qui n'avoient pas êté chauffés, & qui tous étoient également expofés à l'air, je fus forcé de borner là cette expérience , mais je fuis perfuadé qu'avec beaucoup de temps ces pierres auroient perdu toute leur pefan- teur acquife. Il en eft de même de la du- reté ; après quelques mois d'expoñtion à l'air, es ouvriers les ont traitées tout aufli aifément que les autres pierres de même efpèce qui n'avoient point êté chauffées. Il réfulte de cette expérience , que les particules de chaleur qui fe fixent dans la pierre, n’y font, comme je l’ai dit, unies que par force ; que quoiqu’elle les con- ferve après fon entier refroidifflement & pendant affez long-temps , fi. on la préferve de toute humidité ; elle les perd néanmoins peu*à-peu par les impreffions de l'air & de la pluie, fans doute parce que Pair & l’eau ont plus d’affinité avec la p'erre queles parties de la chaleur qui s’y étoient logées. Cette chaleur fixe n’eft plus aëtive, elle eft pour ainfi dire morte, & entiérement pañive ; 106 Introdutfion a l'hiffoire dès-lors bien loin de pouvoir chaffer l'humt- dité , celle-ci la chafle à fon tour & re- prend toutes Îles places qu’elle lui avoit cé- dées. Mais dans d’autres matieres qui n'ont pas avec l’eau autant d'affinite que la pierre calcaire , cette chaleur une fois fixée n'y demeure-t-elle pas conftamment & à toujours ? c’eit ce que j'ai cherché à conftater par l’ex- FesIcnce iuivante. \ SIXIEME EXPÉRIENCE. FAX pris plufieurs morceaux de fonte de fer , que j'ai fait caffer dans les gueufes qui avoient fervi plufeurs fois à foutenir es parois de la cheminée de mon fourneau, & qui par conféquent avoient été chauffées trois fois pendant quatre ou cinq mois de fuite au degré de chaleur qui calcine la pierre, car ces gueufes avoient foutenu les pierres où les briques de l'intérieur du fourneau, & n'étoient défendues de l’aétion immé- diate du feu que par une pierre épaifle de trois ou quatre pouces qui formoit le dernier rang des étalages du fourneau; ces dernieres pierres, ainfi que toutes les. autres dont les étalages étoient conftruits , s’étoient ré- duites en chaux à chaque fondage , & la cal- cination avoit toujours pénétré de près de huit pouces dans celles qui étoient expo- fées à la plus violente ation du feu ; ainft les gueules qui n'étoient recouvertes que de quatre pouces par ces pierres , avoient certainement fubi le même degré de feu que celui qui produit la parfaite calcination de sé hrmnsstéintE des Minéraux. Partie Exp. 107 Ra pierre, & l’avoient, comme je lai dits fubi trois fois pendant quatre ou cinq mois de fuite. Les morceaux de cette fonte de de fer, que je fis cafier ne fe féparerent du refte de la gueufe qu’à coups de maffe très reéitéres, au lieu que des gueufes de cette même fonte, mais qui n’avoient pas fubi l’aGion du feu, étoient très caflantes &: fe leparoïient en morceaux aux premiers coups de mafle ; je reconnus dés-lors que cette font: chauftée à un auifi grand feu & pendant fi long-temps , avoit acquis beau- coup plus de dureté & de ténacité qu'elle n'enavoit auparavant, beaucoup plus même a proportion que n’en avoient acquis les pierres calcaires. Par ce premier indice je jugeai que j2 trouverois une différence encore plus grande dans fa pefanteur fpécifique de cette fonte fi long-temps échauffée. Et en effet, le premier morceau que j'éprouvai à la balance hydroftatique , peloit dans l'air 4 livres 4 onces 3 gros, ou 547 gros; le même morceau pefoit dans lPeau 3 livres 11 onCes 2 gros; c'eft-a-dire, 474 gros, la différence eft de 72 gros; leau dont je me fervois pour mes expériences pefoit exac- tement 7o livres le pied cube , & le volume d'eau déplacé par celui du morceau de cette fonte, pefoit 72 gros : ainfñ 72 gros : poids du volume de l’eau déplacée par le morceau de fonte , font à 7o livres poids du pied cube .de l’eau , comme 547 gros poids du morceau de fonte font à $28 livres 2 onces 1 gros 47. grains poids du pied cube de cette fonte : Gt ce poids excède beaucoup celui de cette xc8 Introduition à l'hifloire même fonte lorfqu*elle n’a pas été chauffée ; c'eft une fonte blanche qui communément eft très caflante, & dont le poids n’eft que de 495 ou soo livres tout au plus ; aïnfi la pefanteur fpécifique fe trouve augmentée de 28 fur 500 par cette très longue application ée la chaleur , ce qui fait environ un dix- huitième de là mafle ; je me fuis afluré de cette grande différence par cinq épreuves fucceffives pour lefqueliles j'ai eu attention de prendre toujours des morceaux pefans chacun quatre livres au moins, & comparés un à un avec des morceax de même figure & d'un volume à-peu-près égal : car quoi- qu’il paroïfle qu'ici la différence du volume, quelque grande qu’elle foit , ne devroit rien faire, & ne peut influer fur le réfulrat de lopération de la balance hydroftatique ; cependant ceux qui font exercés à la manier fe feront apperçus, comme moi:, que les réfultats font toujours plus juftes lorfque les volumes des matieres qu’on compare ne font pas bien plus grands l’un que l’autre. L'eau, quelque fluide qu’elle nous paroiïsle , a néanmoins un certain petit degré de ténacité qui influe plus ou moins fur des volumes plus ou moins grands. D'ailleurs il y a très peu de matieres qui foient parfai- tement homogènes ou égales en pefanteur dans toutes les parties extérieures du vo- lumz qu'on foumet à l’épreuve ; ainfi pour obtenir un réfultat fur lequel on puifle com- pter précifément, 1l faut toujours comparer des morceaux d'un volume approchant, & d'une figure qui ne foit pas bien diffé- des Minéraux. Partie Exp, 109 rente ; car fi d'une part on pefoit un globe de fer de deux livres & d'autre part une feuille de tôle du même poids, on trouve- roit à la balance hydroftatique leur pefan- teur fpécifique différente , quoiqu'elle fut réellement la même. Je crois que quiconque réfléchira fur les expériences précédentes &c fur leurs réfultats, ne pourra difconvenir que la chaleur très long-temps appliquée aux différens corps qu’elle pénètre , ne dépofe dans leur inté- rieur une très grande quantité de particules qui deviennent parties conftituantes de leur mafle , & qui s’y uniflent & y adherent d'autant plus que Îles matieres fe trouvent avoir avec elles plus d’afinité & d'autres rapports de nature. Auïli me trouvant muni de ces expérierices, je n’ai pas craint d’a- vancer dans mon Traité des Elèmens, que les molécules de la chaleur fe fixoient dans tous les corps, comme s’y fixent celles de la lumiere & celles de l'air, dés qu'il ef accompagné de chaleur ou de feu, ee» & 10 Irtrodiitlion à l'hifloire BESSSSSSSSSSSSSE SIXIEME. MEMOIRE ÆEXPÈRIENCES [ur la Lumiere & fur la Chaleur qgwell: peut produire. ARTICLE PREMIER. INVENTION de Miroirs pour briler à de grandes diflances. ae des miroirs ardens @'Archi- smède eft fameufe ; 1} les inventa pour la défenfe de fa patrie, & il lança, difent les Anciens, le du Soleil für la flotte en- nemie qu'il réduifit en cendres lorfqu’elle approcha des remparts de Syracufe; mais cette hiftoire dont onn’a pas douté pendant quinze ou jeize fiècles , a d’abord èté con- tredite , & enfuite traitée de fable dans ces derniers temps. Defcartes, né pour juger, & même pour furpafler Archimède, a pro- noncé contre lui d’un ton de maitre; il a nié la poñibilité de fon invention , & fon opinion a prévalu fur les témoignages & fur la croyance de toute l’antiquité: les Phyfi- ciens modernes, foit par refpeét pour leur Philofophe, foit par complaifance pour leurs contemporains , ont êté de même avis, On n’accorde guere aux Anciens que ce qu'on ne peut leur ôter; déterminés peut- être par ces motifs, dont l’amour propre ne des Mineraux. Partie Exp. yit & fert que trop fouvent fans qu’on s’en ap- perçoive, n'avons-nous pas naturellement trop de penchant à refufer ce que nous de- vons à ceux qui nous ont précédés ? & fi notre.fiècle refufe plus qu'un autre, ne fe- roit-ce pas qu'étant plus éclairé il croit avoir plus de droit à la gloire , plus de prè- tentions a la fupériorité ? Quoi qu'il en foit, cette invention étoit dans le cas de plufieurs autres découvertes de l'antiquité qui fe font évanouies, parce qu'on a préféré la facilité de les nier à la dificuite de les retrouver; & les miroirs ardens d’Archimède étoient fi décriès, qu'il ne paroifloit pas poflible d'en rétablir la ré- putation ; car , pour appeller du jugement de Defcartes, il falloit quelque chofe de plus fort que des raifons , & il ne reitoit qu'un moyen sûr & décifif , à la vérité, mais dificile & hardi, c’étoit d'entreprendre de trouver les miroirs, c’eft-à-dire , d'en faire qui puflént produire les mêmes effets; j'en avois conçu depuis long - temps l’idée, & j'avouerai volontiers que le plus difficile le la chofe étoit de à voir pofiile, puifque dans l’exécution j'ai réuflil au-delà même de mes efpérances. J'ai donc cherché le moyen de faire des miroirs pour brûler à de grandes diftances, comme de 100, de 200 & 300 pieds; je fa- vois en général qu'avec les miroirs par ré- flexion, l’on n’avoit jamais brülé qu'a 1$ ou 20 pieds tout au plus, & qu'avec ceux qui font réfringens , la difance étoit encore plus courte, & je {entois bien qu'il étoit impof- Lé gt Introduion à L hifloire fible dans la pratique de travailler un miroir de métal ou de verre avec aflez d’exaéti- tude pour brûler à ces grandes diftances; que pour brüler, par exemple, à 200 pieds, la fphère ayant dans ce cas 800 pieds de diamètre, on ne pouvoit rien efpérer de la méthode ordinaire de travailler les verres, & je me perfuadai bientôt que quand même on pourroit en trouver une nouvelle pour donner à de grandes pièces de verre ou de métal une courbure auffi légere, il n’en ré- fulteroit encore qu’un avantage très peu confidérable , comme je le dirai dans la fuite. Mais pour aller par ordre , je cherchai d’abord combien la lumiere du foleil perdoit par la réflexion à différentes diftances, & quelles font les matieres qui la réfléchifflent le plus fortement. Je trouvai premièrement que les glaces éramées, lorfqu’elles font po- lies avec un peu de foir., réfléchiffent plus puiflamment la lumiere que les métaux les mieux polis, & même mieux que le métal compoié dont on fe fert pour faire des mi- roirs de télefcopes ; & que quoiqu'il y ait dans les glaces deux réflexions, l’une à la furface & l’autre à l’intérieur, elles ne lait {ent pas de donner une lumiere plus vive &t plüs nette que le métal, qui produit une lumiere colorée. En fecond lieu, en recevant la lumiere du {oleil dans un endroit obfcur, & enla com- parant avec cette même lumiere du foleil réfléchie par une glace, je trouvai qu’à de petites diftances , comme de quatre ou cinq pieds des Minéraux. Partie Exp. 113 pieds, elle ne perdoit qu'environ moitié par la réflexion, ce que je jugeai en faifant tomber fur la premiere lumiere réfléchie, une feconde lumiere aufli réfléchie : car la vivacité de ces deux lumieres réfléchies me parut égale à celle de la lumiere direéte. Troifièmement: ayant reçu à de grandes diflances, comme à 100,200 & 300 pieds, cette même lumiere réfléchie par de grandes glaces, je reconnus qu’elle ne perdoit pref- que rien de fa force, par l’épaifleur de l'air qu’elle avoit à traverier. | Enfuite je voulus eflayer les mêmes cho- fes fur la lumiere des bougies ; & pour m'afiurer plus exaétement de la quantité daffoibliflement que la réflexion caufe à cette lumiere, je fis l'expérience fuivante. Je me.mis vis-à-vis une glace de miroir avec un livre à la main, dans une chambre où l’obfcurité de la nuit étoit entiere, & où je ne pouvois diftinguer aucun objet : je fis allumer dans une chambre voifine , à 40 pieds de diftance environ, une feule bougie, & je la fis approcher peu-à-peu, jufqu'à ce. que je pufle diftinguer les caraéteres & lire le livre que j'avois à la main; la difiance fe trouva de 24 pieds du livre à la bougie : enfuite ayant retourné le livre du côté du miroir, je cherchai à lire par cette même lumiere réfléchie, & je fis intercepter par un paravent la partie de la lumiere dire&e qui ne tomboit pas fur le miroir , afin de n'avoir fur mon livre que la lumiere réflé- chie. Il fallut approcher la bougie, ce qu’on fit peu-à-peu, jufqu'à ce que je puñle lire. Ri4 {ntrodudfion a l'hifloire les mêmes caraéteres éclairés par la iumiere réfléchie ; & alors la diftance du livre à l& bougie , y compris celle du livre au miroir. qui n'étoit que d’un demi-pied, fe trouva être en tout de quinze pieds : je répétai cela plufñeurs fois, & j'eus toujours les mêmes réfulrats, à très peu près ; d'où je conclus que Fa force ou la quantité de la lumiere: directe eft à celle de la lumiere réfléchie; de cinq bou La lumiere des bougies perd donc plus que deviennent en effet les images du fo- leil lorfqu’on les reçoit à de grandes diftan- ces. Pour bien entendre ce que je vais dire,, il ne faut pas, comme on le fait orimaire- ment, confdérer les rayons du foleik comme rallèles ; &z il faut fe fouvenir que le corps: du foleil occupe à nos yeux uns étendue d'environ 32 minutes; que par conféquent les rayons qui partent du bord fupérieur eu des Minéraux. Partie Exp. 115 difque , venant à tomber fur un point d’une furface réfléchiffante , les rayons qui partent du bord inférieur venant à tomber auf fur le même point de cette furface, ils forment entr'eux un angle de 32 minutes dans linci- dence &z enfuite dans la réflexion , & que pur conféquent l'image doit augmenter de grandeur à mefure qu’elle s'éloigne :1l faut de plus faire attention à la figure de ces images ; par exemple, une glace plane quar- rée d’un demi-pied, expofée aux rayons du -foleil, formera une image quarrée de fix pouces , lorfqu’on recevra cette image a une petite diftance de la glace , comme de quel- ques pieds; en s’éloignant peu-à-peu on voit l'image augmenter, enfuite fe déformer, enfin s’arrondir & demeurer ronde toujours en s’agrandiflant, à mefure qu'elle s'éloigne du miroir: cette image eft compofée d'autant de difques du foleil qu'il-y a de points phy- fiques dans la furface réfléchiffante ; le point du milieu forme une image du difque, les points voifins en forment de femblables & de même grandeur qui excédent un peu le difque du milieu, il en eft de même de tous les autres points, & l’image eft compoiée d’une infinité de difques, qui fe furmontant régulièrement, & anticipant circulairement les uns fur les autres, forment l’image re- fléchie dont le point du milieu de la glace eft le centre. Si Pon reçoit l’image compofée de tous ces difques à une petite diftance, alors lé- tendue qu'ils occupent n'étant qu’un peu plus grande que celle de la glace , cette image K 2 D 116 Introduëtion à hifloire eft de la même figure & à-peu-près” de Ja même étendue que la glace: fi Ja glace eft quarrée , l’image eft quarrée; fi la glace eft triangulaire , l'image eft triangulaire ; mais lorfqu'on reçoit l’image à une grande diftan- ce de la glace , où Fétendue qu’occupent les difques eft beaucoup plus grande que celle de la glace, l’image ne conferve plus la f- gure quarrée ou triangulaire de la glace, elle devient néceffairement circulaire; & pour trouver le point de diftance où l’image perd fa figure quarrée, il n’y a qu'a cher- cher à quelle diftance la glace nous paroït fous un angle égal à celui que forme le corps du foleil à nos yeux, c’eft-à-dire, fous un angle de 32 minutes, cette diftance fera celle où l’image perdra fa figure quarrée, &c de- viendra ronde; car les difques ayant tou- jours pour diamètre une ligne égale à la corde de Parc de cercle qui mefure un angle de 32 minutes , on trouvera par cette règle qu'une glace quarrée de fix pouces, perd {a figure quarrée à la diftance d'environ 60 pieds , & qu’une glace d’un pied en quarré ne la perd qu'à 120 pieds environ, & ainf des autres. En réfléchiflant un peu fur cette théorie, on ne fera plus étonné de voir qu’à de très grandes diftances , une grande & une petite glace donnent à-peu-près une image de la -même grandeur, & qui ne diffère que par Fintenfité de la lumiere: on ne fera plus furpris qu’une glace ronde, ou quarrée, ou longue, ou triangulaire , ou de telle autre des Minéraux. Partie Exp. 117 figure que l’on voudra (2) , donne toujours des images rondes ; & on verra clairement que les images ne s’agrandiflent & ne s’af- foibliffent que par la difperfion de la lu- miere, ou par la perte qu’elle fait en tra- ver{ant l'air, comme l'ont cru quelques Phy- ficiens; & que cela n'arrive au contraire que par l’augmentation des difques qui o©c- cupent toujours un efpace de 32 minutes à quelqu’éloignement qu’on les porte. De même on fera convaincu par la fimple expoñtion de cette théorie , que les courbes de quelque efpèce qu’elles foient, ne peu- vent être employées avec avantage pour brüler de loin, parce que le diamètre du foyer de toutes les courbes ne peut jamais être plus petit que la corde de l’are qui me- fure un angle de 32 minutes, & que par conféquent le miroir concave le plus parfait dont le diamètre feroit égal à cette corde, ne feroit jamais le double de l’effet de ce miroir plan de même furface (b); & fi le diamètre de ce miroir courbe étoit plus petit que cette corde, il ne feroit guere plus d'effet qu’un miroir plan de mêine furface. Lorfque j'eus bien compris ce que je viens (a) C’efl par cette même raifon que les petites ima- ges du Soleil qui-paffent entre les feuilles des arbres élevés & touffus, qui tombent fur le fable d’une al- kée , font toutes ovales ou rondes, (B) Si l’on fe donne la peine de le fupputer , on trou- vera que le miroir courbe le plus parfait, n’a d'avan- fage fur un miroir plan que dans la raifon de17à 10, du moins à très peu près. 118 Introduüfion à Phifloire | d’expofer, je me perfuadai bientôt à ner pouvoir douter, qu’Archimède n’avoit pu brûler de loin qu'avec des miroirs plans; car indépendamment de l’impofhbilité où lon étoit alors, & où l’on feroit encore aujour- d'hui d'exécuter des mirois concaves d’un auffi long foyer, je fentis bien que les ré- flexions que je viens de faire ne pouvoient pas avoir échappé à ce grand Mathémaricien. D'ailleurs je penfai que felon toutes les ap- parences les Anciens ne favoient pas faire de grandes mailes de verre, qu'ils ignoroient Part de le couler pouren faire de grandes glaces, qu'ils n’avoient tout au plus que celui de le foufler & d’en faire des bouteil- les & des vafes; & je me perfuadai aife- ment que c'étoit avec des miroirs plans de métal poli, & par la réflexion : du foleil qu’Archimède avoit brûle au loin: mais comme j’avois reconnu que les miroirs de glace réfléchifflent plus puiffamment la lu- miere que les miroirs du métal le plus poli, Je peniai à faire conitruire une machine “pour faire coïmcider au même point les ima- ges réfléchies par un grand nombre de ces glaces planes , bien convaincu que ce = moyen étoit le feul par lequel il füt pofible ependant j'avois encore des doutes, & qui me paroifioient même très bien fondés. car voici comment je raifonnois. Suppofons que Îa diftance à laquelle je veux brüler foit de 240 pieds , je vois clairement que le foyer de mon miroir ne peut avoir moins de deux pieds de diamètre à cette difiance; dès-lors des Mineraux. Partie Exp. 219 quelle fera l'étendue que je ferai obligé de donner à mon aflemblage de miroirs plans pour produire du feu dans un aufli grand foyer ? elle pouvoit être f1 grande que la chofe eùt été impraticable dans l'exécution; car en comparant le diamètre du foyer au diamètre du miroir, dans les meilleurs mi- roirs par réflexion que nous ayons , par. exemple , avec le miroir dé FAcadèmie, favois obfervé que le diamètre de ce mi- roir qui eft de trois pieds, étoit cent huit fois plus grand que le diamètre de fon foyer, qui n’a qu'environ quatre lignes , & J'en concluois que pour brüler aufh vivement à 240 pieds, il eût été néceflaire que mon aflemblage de miroirs eût eu 216 pieds de diamètre, puifque le foyer auroit deux pieds; or un miroir de 216 pieds de diamètre étoit aflurément une chofe impoñfble. À la vérité,ce miroir de trois pieds de diamètre brûle afez vivement pour fondre Por, & je voulus voir combien j'avois à gagner en réduifant fon a&ion à n’enflammer que du bois: pour cela j'appliquai fur le airoir des zones circulaires de papier pour en diminuer le diamètre, & je trouvai qu'il n'avoit plus aflez de force pour enflammer du bois {ec lorfque fon diamètre fut réduit quatre pouces huit ou neuf lignes : prenant donc cinq pouces ou foixante iignes pour Pétendue du diamètre néceflaire pour brüier avec un foyer de quatre lignes, je ne pou- vois me difpenfer de conclure que pour brü- ler également à 240 pieds, où ie foyer au- roit néceflairement deux pieds de diamètre, 120 Introduction a L hifloire il me faudroit un miroir de trente pieds de diamètre ; ce qui me paroifloit encore une chofe impofhñble , ou du moins imprati- cable. A des raïfons fi pofitives, & que d’autres auroient regardées comme des démonftra- tions de l’impoflibilité du miroir , je n’avois rien à oppofer qu’un foupçon ; mais un foup- çon ancien, & fur lequel plus j'avois ré- fléchi, plus je m'étois perfuadé qu’il n’étoit pas fans fondement ; c’eft que les effets de la chaleur pouvoient bien n'être pas pro- portionnels à la quantité de lumiere; ou, ce quirevient au même, qu’à égale inten- fité de lumiere , les grands foyers devoient brûler plus vivement que les petits. En eftimant la chaleur mathématiquement, il n’eft pas douteux que la force des foyers de même longueur r:2 foit proportionnelle à la furface des miroirs. Un miroir dont la furface eft double de celle d'un autre, doit avoir un foyer de la même grandeur, fi la courbure eft la même; & ce foyer de même grandeur doit contenir le double de la quan- tité de lumiere que contient le premier foyer; & dans la fuppoñtion que les effets font tou- jours proportionnels à leurs caufes , on avoit toujours cru que la chaleur de ce fe- cond foyer devoit être double de celle du premier. De même & par la même eftimation ma- thématique , on a toujours cru qu’à égale intenfité de lumiere, un petit foyer cevoit brûler autant qu’un grand, & que l'effet de la chaleur devoit être proportionnel à cetre intenfité des Minéraux. Partie Exp. rat intenfté de lumiere : ez forte. difoit Defcartes, qu'on peut faire des verres ou des miroirs extré- mesrent petits qui bréleront dvec autant de violence que les plus grands. Je penfai d'abord, comme 3e l'ai dit ci-deflus, que cetre concluñon ti- rée de la théorie mathématique , pourroit bien fe trouver faufle dans ia pratique, parce que la chaleur étant une qualité phyfque de l’action & de la propagation de laquelle nous ne connoiflons pas bien les loix, 1l me fembloit qu'il y avoit quelque efpèce de témérité à en eftimer ainfr les effets par un xaifonnement de fimple fpéculation. J'eus donc recours encore une fois à l’ex- périence : je pris des miroirs de métal de diflérens foyers & de différers degrés de poliment; & en comparant l’aétion des dif- férens foyers fur les mêmes matieres fuf- bles ou combuitibles , je trouvai qu'a égale intenfité de lumiere, les grands fovers font conftamment beaucoup plus d'effet que les petits, & produifent fouvent l’inflammation ou Ja fufon, tandis que les petits ne pro- duifent qu’une chaleur médiocre; je trouvai la même chofe avec les miroirs par réfrac- tion. Pour le faire mieux fentir, prenons, par exemple, un grand miroir ardent par réfra@ion, tel que celui du fieur Segard, qui a 32 pouces de diamètre, & un foyer de 8 lignes de largeur , à 6 pieds de diftance, au- quel foyer le cuivre fe fond en moins d’une minute, & faifons dans les mêmes propor- tions un petit verre ardent de 32 lignes de diamètre , dont le foyer fera de < ou ? de ligne, & ia diftance à 6 pouces; puifque le JLif. nat. Tom, WII Je = 1 122 - Introdu(tion a l'hifloire grand miroir fond le cuivre en une minute dans l’étendue entiere de fon foyer qui eft de 8 lignes , le petit verre devroit , felon la théorie , fondre dans le même temps la mème matiere dans l'étendue de fon foyer qui eft de 5 de ligne : avant fait l’expérien- ce, Jai trouvé , comme je m'y attendois bien, que loin de fondre le cuivre, ce petit verre ardent pouvoit à peine donner un peu de chaleur à cette matiere. l La raifon de cette différence eft aifée à donner, fi lon fait attention que la chaleur fe communique de proche en proche, & fe difperfe, pour ainfi dire, lors même aw’elle eft appliquée continuellement fur le ‘même point; par exemple, fi l'on fait tomber le foyer d'un verre ardent fur le centre d’un écu, & que ce foyer n'ait qu'une ligne de diamètre , la chaleur qu'il produit fur le entre de l’écu fe difperfe & s’étend dans le volume entier de l'écu, & ïi devient chaud jufqu’à la circonférence; dès-lors toute la chaleur, quoiqu'emplovée d’abord contre le centre de d'écu ne S'y farrète pass étne peut pas produire un aufh grand effet que f elle y demeuroit toute entiere. Mais fi au lieu d’un foyer d’une ligne qui tombe fur le milieu de lécu, on fait tomber fur l’écu tout entier un foyer d'égale intenfité, toutes les parties de Fécu étant également échauf- fées dans ce dernier cas, non-feulement il n'y a pas de perte chaleur, comme dans (ce SCD le premier, mais mêine il y a du gain & de E Voyscyr ; ‘ À -bala: . ASS AR l'augmentation d2 chaleur; car le point du s:isas: 214% ! ï NE PAUSE ESC : heu ‘profitant de ja chaleur des autres des Minéraux. Partie EXD. . 123 points. ui l'enyironnent, l'écu fera fondu Le É. dernier cas, tandis que dans le pre- mier il ne fera que légèrement échauñe. Ms avoir fait ces expériences & ces réflexions, je fentis augmenter prodigieufe- ment l’efpérance que j'avois de réufir à faire des miroirs qui brüleroient àu loin; je commençai a ne plus craindre autant ue je lPavois craint d'abord la grande éten- re des foyers, je me perfuadai au contraire ne in foyer d’une largeur confidérable, comme de deux pieds, & dns lequel lin- tenfité de la lumiere ne feéroit pas à beau . Le À Avril à onze heures du matin, le foleil étant fort pâle & couvert de vapeurs & de nuages légers, on n’a pas laifié de produire , avec cent cinquante - quatre gla- ces, à 150 pieds de diftance , une chaleur f confidérable, au’elle à fait en moins de deux minutes fumer uñe planche goudronnée, qui fe feroit certainement enflammée fi le foleil n’avoit pas difparu tout-a-coup. Le lendemain $ Avril à trois heures après midi, par un foleil encore plus fcible que ke jour précédent, on a enflammeé à so pieas de diftance, des copeaux de fapin foufrès 6 mélés de charbon, en moins d'une minute des Minéraux. Partie Exp. 127 & demie, avec cent Cinquante-quatre gla- ces. Lorfque le foleil eft vif, il ne faut que quelques fecondes pour produire linflam- mation. Le 10 Avril après midi, par un foleil affez net, on a mis_le feu à une planche de fapin goudronnée, à 150 pieds, avec cent vingt-huit glaces feulement ; linflammation a été très fubite , & elle s’eft faite dans toute l'étendue du foyer qui avoit environ 16 pou- ces de diamètre à cette diftance. Le même jour à deux heures & demie, on a-porté le feu fur une planche de-hêtre , gou- dronnée en partie & couverte en quelques endroits de laine hachée ; l’inflammation s’eit faite très promptément , elle a commence par les parties du bois qui étoient découvertes; és le feu étoit-fi violent qu'il à fallu tremper dans Peau la planche pour l’éteindre ; 1l y avoit cent quarante- huit glaces, & la &ir tancé étoit de 150 pieds. Le rr Avril, le foyer n'étant qu'a 20 pieds de difiance du miroir, il n'a fallu que deuze glaces pour enflammer des petites matieres combultibles : avec vinet-une glaces on a mis le feu à uñe planche de hêtre qui avoit déja été brülée en partie : avec quarante- cingy glaces on a fondu un gros facon d’étain qui pefoit environ fix livres; & avec cent dix-lept glaces on a fondu des morceaux d'argent mince, & rougi une plaque de tôle; & je fuis perfuadé qu'a so pieds on fondra les métaux aufli-bien qu'à 20, en employant toutes les glaces du miroir; & comme le foyer à cette difiance eft large de fix à fept L 4 homos 128 Éntroduifon à l’hisroire: pouces , on pourra faire des épreuves em grand fur les métaux (2), ce qu’il n’étoit pas pofhble de faire avec les miroirs ordinaires, dont le foyer eft ou très foible, ou cent fois plus petit que celui de mon miroir. J'ai re- marqué que les métaux, & furtout l'argent, tument beaucoup avant de fe fondre : la fu- mée en étoit fr fenfble qu'elle faifoit ombre fur le terrein ; & c’eft là où je lobfervai at- tentivement; car il n’eft pas pofhble de re- garder un inftant ie foyer, lorfqu’il tombe - (d) Par des expériences fubféquentes, j’ai reconnu que la diflance la plus avantageufe pour faire commodé- ment avec ces miroirs des épreuves fur les métaux. étoit à 40 ou 45 pieds. Les afliettes d'argent que J'ai fondues à cettte diflance avec deux cent vingt-quatre glaces, étoient bien nettes, en forte qu’il n’étoit pes pofñble d'attribuer la famée très abondante qui en for- toit, à la graifle ou à d’autres matieres dont l’argert fe feroït imbibé, & comme fe le perfuadoient les gens témoins de l’expérience. Je la répétai néanmoins fur des plaques d'argent toutes neuves, & j'eus le même effet. Le métal fumoit très abondamment, quelquefois pendant plus de huit ou dix minutes avant de fe for- dre. J'avois deffein de recueillir cette fumée d'argent par le moyen d’un chapiteau & d’un ajuftement fem- blable à celui dont on fe fert dans les diftillations, & j'ai toujours eu regret que mes autres occupations m’en ayent empêché; car cette maniere de tirer l’eau du métal, eft peut-être la feule qu'on puiffe employer. Et fi l’on prétend que cette fumée qui m’a paru humi- de ne contient pas de l’eau, 1l feroit toujours très utile de favoir ce que c’eft; caril fe peut auffi que ce ne {oit que du métal volatilifé. D'ailleurs je fuis perfüadé qu’en faifant les mêmes épreuves fur l'or, on Île verra fumer comme l'argent, peut-être moins, peut-Cre plus. des Minéraux. PartieExp. 129 fur du métal :l’éclat en eft beaucoup plus vif que celui du foleil. Les expériences que jai rapportées ci- deflus, & qui ont été faites dans les pre- miers temps de l’invention de ces miroirs , ont été fuivies d’un grand nombre d’autres expériences qui confirment les premieres. J'ai enflammé du bois jufqu’à 200 & même 210 pieds avec ce même miroir, par le fo- leil d'été, toutes les fois que le ciel étoit pur, & Jje crois pouvoir aflurer qu'avec guatre femblables miroirs on brüleroit à 400 pieds & peut-être plus loin. J'ai de même fondu tous les métaux & minéraux métalli- ques à 25, 30 & 40 pieds. On trouvera dans #: fuite de cetarticle les ufages auxquels on peut appliquer ces miroirs, & les limites qu’on doit afligner à Îeur puiflance pour la calcination , la combuñftion, la fufion, &c, Il faut environ une demi-heure pour mon- ter le miroir & pour faire coincider toutes les images au même point; mais lorfqu'il eft une fois ajufté, on peut s’en fervir à route heure, en tirant feulement un rideau; il mettra le feu aux matieres combuftibles très promptement, & on ne doit pas le dé- rangèr à moins qu'on ne veuille changer la diftance ; par exemple, lorfqu’il eft arrangé pour brüler à 100 pieds , il faut une demi: heure pour l’ajufter à la diftance de 150 pieds, & ainfi des autres. Ce miroir brüle en haut, en bas & hori- zontalement, fuivant la différente inclinai- fon qu’on lui donne; les expériences que je viens de rapporter ont été faites publie 130 Introduëlion à Phifloire quement au Jardin du Roi, fur un terrein horizontal, contre des planches pofées ver- ticalement : je crois qu'il n’eft pas néceffaire d'avertir qu'il auroit brülé avec plus de force en haut, & moins de force en bas; & de même , qu’il eft plus avantageux d'incliner le plan des matieres combuñftikles paraïlèle- ment au plan du miroir : ce qui fait qu'il a cet avantage de brûler en haut, en bas & horizontalement ; fur les miroirs ordinaires de réflexion qui ne brülent qu’en haut,.c’eft que fon foyer eft fort éloigné, & qu'il a fi peu de courbure qu’elle eft infenfble à FPœil;, il eft large de 7 pieds, & haut de 8 pieds, ce qui ne fait qu'environ la 1$0e. partie de la circonférence ae la fphere, forfqu'onbrûle 8 pouces ! es quarrées de 6 ou 8 5 pius coMmMmO- r un terrein horizontal & de niveau, que de les faire de . bas en haut, & qu'avec cette figure plus haute que large , les images étoient pius rondes , au lieu qu'avec des glaces quarrées, elles auroient été raccourcies , furtout pour les petites diftances , dans cette firuation ko- rizontale, S Cette découverte nous foufnit plufieurs chofes utiles pour la Phyfique & peut-être pourles Arts. On fait que ce qui rend les miroirs ordinaires de réfiexion prefque inu- tiles pour les expériences , c’eit qu'ils brû- lent toujours en haut, & qu'on eff fort .ens € € 2 tA Len) on ss A * O Fe Ft re (y) pb) 83 La) Q [2e des Minéraux. Partie Exp. 131 barrañlé de trouver des moyens pour fuf pendre ou foutenir à leur foyer les matie- res qu’on veut fondre ou calciner : au moyen de mon miroir, on fera brüler en bas les miroirs concaves ,; &T avec un be fi confidérable , qu’on aura une chaleur de tel degré qu’on voudra : par exemple, en oppo- fant à mon nuroir un miroir concave d’un pied quarré de furface, la chaleur que ce dernier miroir produira à fon foyer, en em- ployant cent cinquante-quatre glaces feule- ment, fera plus de douze fois plus ds que celle qu'il produit ordinairement, & l'effet fera le même que s'il exiftoit Fit foieils au lieu d'un, ou plutôt que fi lé {o- leil avoit douze fois plus de chaleur. Secondement, on aura par le moyen de mon miroi la vraie échelle de l’augmenta- tion de la cha leur CL on fera un fhermo- mètre réel, dont les divifions n'auront plus rien d’arbitraire , depuis ja ÉtRpUes de l'ai r Des degré le chaleur qu'on vou- dra, en faifant tomber une à une fuccefive- ment jes images du folcil autres, &r en greduent ei au moyen d'une 1e si dflatation 3 & RE - li moyen d'une bu nous faurons en a. ce que c'eft qu’u augmentation double, triple, quadrupie, &c. de chaleur (:), & nous connoîtrons les imac (e) Feu M. de Mairan a fait une épreuve avec trois açes feuleme ne & atronvé que les augmentations du ouble & du tripie de Chaleur , étoisnt comme les! d& 132 Zatroduition à Dhifloire tieres dont l’expanfon ou les autres effets feront les plus convenables pour mefurer les . augmentations de chaleur. Troifièmement , nous faurons au juite combien de fois il faut la chaleur du foleil pour brüler , fondre ou ealciner différentes matieres , ce qu'on ne favoit eftimer juf- qu'ici que d’une maniere vague & fort éloignee de la vérité; & nousferons en état de faire des comparaifons précifes de Faétivité de nos feux avec celle du foleil , & d’avoir fur cela des rapports exafts & des mefures fixes & invariables.- Enfin on fera convaincu , lorfqu'on aura examiné la théorie que j’ai donnée, & qu'on aura vu l'effet de mon miroir, que le moyen que j'ai employé étoit le feul par lequel il fût pofhble de réuflir à brüler au loin:-car, indépendamment de la difficulté phyfque de faire de grands miroirs concaves , fphéri- ques , paraboliques ou d’une autre courbure quelconque aflez régulière pour brûler à 150 pieds, on fe démontrera aifément à foi-mé- mème, qu'ils ne produiroient qu’à-peu-près autant d'effet que le mien , parce que le foyer en feroit prefque aufh large; que de plus ces miroirs courbes, quand même il feroit poffible de les exécuter, auroïent Île défavantage trés grand de ne brûler qu’à une vifions du thermomètre de Reaumur ; mais on ne doit rien conclure de cette expérience qui n’a donné lieu à ce réfultat que par une efpèce de hafard. Voyez fur ce fujet ce que J'ai dn dans men TRAITÉ DES ELÉMENS. des Minéraux. Partie Exp. 193 feule diftance , au lieu que le mien brüle à toutes les diftances ; & par conféquent on abandonnera le projet de faire , par le moyen des courbes , des miroirs pour brüler au loin , ce qui a occupé inutilement un grand nombre de Mathématiciens &r d’artiftes qui fe trompoient toujours parce qu'ils confide- roient les rayons du foleil comme parallè- les, au lieu qu'il faut les confidérer ici tels qu'ils font, c’eft-à-dire , comme faifant des angles de toute grandeur, depuis zéro juf- qu'à 32 minutes , ce qui fait qu'il eft im- pofhble, quelque courbure qu’on donne à un miroir, de rendre le diamètre du foyer plus petit que la corde de Parc qui mefure cet angle de 32 minutes. Ainfi quand même on pourroit faire un miroir concave pour hrüler à une grande diftance, par exemple, a 150 pieds, en le travaillant dans tous fes points fur une fphere de 600 pieds de dia- mètre, & en employant une mafle énorme de verre ou de métal ; il eft clair qu’on aura à peu-près autant d'avantage à n’em- ployer au contraire que de petits miroirs plans. ; Au refte, comimne tout a des limites, quoi- que mon miroir foit fufceptible d’une plus grande perfeétion , tant pour l'ajuftement que pour plufieurs autres chofes , & que je compte bien en faire un autre dont les ef- fets feront fupérieurs; cependant 1l ne faut pas efpérer qu’on puiffle jamais brûler à de très grandes diftances : car pour brüler , par exemple ,à une demi-lieue , il faudroit un miroir deux mille fois plus grand que le mien; 34 Irwoduifion à l'hifloire % tout ce qu'on pourra jamais faire, eft de ruler à 6 ou gco pieds tout au plus. Le r dont le mouvément correfpond tou- rs à celui du foleil, marche d'autant plus u’il eft plus éloigné du miroir; & à leds de diftance , il feroit un chemin par minute. n'eft pas néceffaire d'avertir qu’on peut Las rip cs ee sa «® el ç* d Kad © [@] + C ne) RAS () bout > LQn “4. O << pe Q jrs) (ON Water) tds (@) (ee Co née vivacité ; 6 k (s dY Co [#2] F: En 12 rt Q Fi læ) ON de) ee on qi < ® vw (@) CI a rA D ©) {D © A F1 (D = 5 2 (@) rs es (à (D ? F 3 \ pos La de niet Ll DEN] Loutes =. LE LI DAS [RE Rà- D 1 + (DATES) ee CD QUE k={ fo r ro +4 e fi Et mt À tr ç* br rt] bre Lee) £: ps 5 (@] fe (] er. rendu compte de ma mes expérierices, e & aux anciens eft certain qu’Ar- Le) Lou à T1 (] [een CA eo peus) f) nt En Can Len} Cù À La re mA 4 © ml 9 for hab p) (D s 4 C3 "A Dr ln} fi 9 12 st | Ça la à ni [ab pd 5 La + a ty» (FA) Ce «ù (em) fa x Haas. a (e) Q Pl < Q, «a D a) [24 La CD 2 NET LL ed hé PQ Re D “et pt (D Mid Von © (4 Can n © (D (D «+ (D ) «à [er to (æ) Fe 9 Elu nr » (D q D Le Cn a » ® Es LB] o an, Ô te CD En LS perl A) Eu Fr [@)] bn GS: u) [em [an g D ps (] bi Bars] ON Sa 4 s + De) c pd pe prrusent a théorie qui Fa 5)? La (x rt FT Q Ja utx Len Lu st de \ he) 2. (5 CQ ne [ee] Cac) Lo | CE) fa © 5 Q hit, © se tb- © 3 rer er) € h La! uw) Le] ba = C)) Le RS À + + (qi [pd [REC ENS des Minéraux. Partie Exp. 135 que du Roi, dont la grande érudition & ies talens étoient connus de tous i:s Savans , eut la bonté de me communiquer ure excellente Diflertation qu'il avoit faite fur ce fujet, dans laquelle 1! rapporte les témoignages de tous les Auteurs qui ont parlé des miroirs ardens d'Archimède ; ceux quien partent = plus clairement font, Zonaras & Tzetsès qui vivoient tous deux dans le XIe fiècle : le premier dit qu’ÆArchimide avec fes miroirs ardens mit en cendres route la flotte des Ro- mains : ce Géomêtre , dit-1i , ayant recu les rayons du foleil fur un FA , à l’aide de ces rayons raffemblis & réfléchis par l’épaiffeur & le poli du miroir , il embrafa l'air, & alluma une grande flamme. qu'il lança toute entiere Jar les vaiffeaux qui mouillorent dans la fphere de [on aëkivité, ea qui furent tous réduits en cendres. Le mème Zo- naras rapporté a aufli qu’au fiège de Conftan- tinople , fous l'empire d'Anaftafe , l'an $14 de:fefus-Chrift, Proclus brüla avec des mi- roirs d’airain, la flotte de Vitalien qui afüe- geoit Conitantinople : ; & il ajoute que ces miroirs étoient une découverte ancienne , & que l’Hiftorien Dion en donne l'honneur à Archimède, qui la fit & s’en fervit contre les Romains , lorfque Marcelius fit le fiège de Syracuie. Tzetzès non-feulement rapporte & ns le fait des Re mais même il en expli- ue en quelque façon,la confiruétion. Lorf- ue les ii Rornains > dit-il , frent à la ortée du trait, Archimède fit faire une efpèce de- miroir hexagor 2, & d’ar id plus perits de vingt- 22 79 Et quatre angles chacun, qu’il plaça dans une &f- Se +Q Î 536 Tatroduüfion à l'hiftoire tance proportionnée & qu’on pouvoit mouvoif à Paide de leurs cazsrnieres & de certaines lames de métal ; il pleta le miroir hexagone de facon qu'il étoit coupé par le milieu par le méridien d'hiver & d'été , en forte que les rayons du foleil recus fur ce miroir, venant à fe brifer , allumerent ur grand feu qui réduifit en cendres les vaiffleaux Romains , guoiqu'ils fuffent éloignées de la portée d'un trait. Ce paflage me paroît aflez clair; il fixe la éiftance à laqueile Archimède a brülé; la portée du trait ne peut guere être que de Yso ou 200 pieds ; il donne l’idée de la conf- truttion, & fait voir que le miroir d’Archi- mède pouvoit être, comme le mien, com- pole de plufieurs petits miroirs qui fe mou- voient par des mouvemens de charnieres & - de reflorts ; & enfin il indique la poftion du miroir, en difant que le miroir hexagone autour duguel étoient fans doute les miroirs plus petits , étoit coupé par le méridien, ce qui veut dire apparemment que le miroir doit être oppofé direétement au foleil ; d'ail- leurs le miroir hexagone étoit probablement celui dont l’image fervoit de mire pour ajuf- ter les autres, & cette figure n’eft pas tout- à-fait indifférente , non plus que celle de vingt - quatre angles ou vingt-quatre côtés des petits miroirs. Il eft aifé de fentir qu'il y a en effet de l’avantage à donner à ces mi- roirs une figure polygone d'un grand nom- bre de côtés égaux , afin que la quantité de lumiere foit moins inégalement répartie dans J'image refléchie , & elle fera répartie le moins inégalement qu’il eft poiible lorfque les miroirs feront circulaires : j'ai bien vu qu’il des Minéraux. Partie Exp, 137 qu'il y avoit de la perte à employer des miroirs quadrangulaires longs de 6 pouces fur 8; mais j'ai préféré cette forme parce qu’elle eft, comme je l'ai dit, plus avanta+ geufe pour brüler horizontalement. J'ai auffi trouvé dans la même diflertation de M. Melot, que le P. Kircher avoit écrit qu’Archimède avoit pu brüler à une grande diftance avec des miroirs plans, & que Pex- périence lui avoit appris qu’en réuniflant de cette facon les images du foleil, on produi: foit une chaleur confidérable au point de réunion. Enfin dans les Mémoires de l’Académie ; année 1716 , M. du Fay ,; dont j'honorerai toujours Jlæ mémoire & les talens , paroi avoir touché à cette découverte ; il dit qu'ayant regu l’image du foleil fur un miroir plan d’un pied en quarre, & l'ayant portée jufqu'a 600 pieds fur un miroir concave de 17 pouces de d'i- rnètre , elle avoit encore La force de bruler des matiez res combuffibles au foyer de ce dernier miroir. Et à la fin de fon mémoire, il dit que suelques Auteurs, il veut fans doute parler du Pere Kircher, ont propofe de former un miroir d'un trés long foyer par un grand nombre de petits miroirs plans que plufieurs perfonnes tieñdroïent à la main, & dirigeroïent de façon que les images du foleil for- mnécs par chacun de ces mxroirs, coñcourfeient en un même point, & que ce ferait peut-être la facon de reuffer la plus sûre & la moins difficile & exe- cuter. Un peu de réflexion fur l’expérience du miroir concave & fur ce projet, auroit porté M. du Fay à la découverte du miroir #Archimède, qu'il traiie cependant de fable M 155 Introduéhion à l'hifloire un peu plus haut; car il me ue qu "il étoit ee 1H naturel de conclure de fon expérience, . ue puifqu'un miroir concave de 17 pouces de diamètre fur lequel l'ixage du foleil ne tomboit pas toute entiere, a beaucoup près ; peut cependant brûler par "cette”feule partig de l’image du fcleil réfléchie à 600 pieds à dans un foy er que je fuppofe large de 3 li gnes ; onze cent cinquante-fix muroirs plans femblables au premier miroir réfléchifiant, doivent à plus forte raifon brüler aireéte- ment + cette difian ce de 600 pieds ; ê que par conféquent deux cent quatrevingt- neuf mi- roirs plans auroient été plus que fuiñfans pour brüler à 300 pieds , en réuniflant les - deux cent quatre-vingt-neuf images : mais en fait de découvertes. , le dernier pas, quoi- aue iouvent le plus facile , eft cependant ce- ii Qt fait le plus rarement. | Mon mémoire, tel qu'on vient de le voir, a été imprimé dans. £ volume de PAcadé- mie des Sciences, année 1747 , fous ke titre : Invention” des miroirs pour ie a un grande diflance. Feu M. Bouguer , & quelquesautres Membres de cette favanre Compagnie , fi ayant fait plu feurs objeétions , tirées prix cipal lement de la doëtrine de Defcartes, dans ion Traité de Dioptrique , je crus devoir y répondre par le mémoire fuivant, qui fut la à LAcadémie la même année , mais que je ne fis pas imprimer par men 23e ement pour mes adverfaires en opinion. Cependant com- me il contient plufieurs chofes in & qu'il pourra fervir de préfervatif contre Les er- reurs contenues dans quelques livres d'Oprti- RS des Minéraux. Partie Exp. 139 que, furtout dans celui de la: Dicptrique de Defcartes , que d’ailleurs il fert d'explica- tion & de fuite au Mémoire RAR Fe jugé à propos de les joindre ici $ de les PURE enfemble. ARTI CLE SE COND. RÉFLEXIONS fur le Jugement de Defcartes , au -fujet des miroirs à Archimède , avec le dévelop- pement de La théorie de ces. miroirs @ l’explica- tion de leurs principaux ufages. Es Pobque d de Deicartes, c et OUVragé qu'il a donné comme le premier & le pran- cipal effai de fa rie de raifonner dans les fciences , doit être regardée comme ün chef-d'œuvre pour fon te ps ; mais les plus - belles fpéculations font fouvent démenties par l’expérience ; &rrous les jours les fubli- mes Mathématiques f font obligées de fe plier fous de nouveaux faits ; car dans l’application qu'on en fait aux plus petites parties de la Phyfique, on doit fe defier toutes les cir- AE & ne pas fe c ñ aflez aux chofes qu'on croit favoir prononcer afhrmativement fur celles ti 1 ee inçcon- nues, Ce défaut n fé cependant que: “ ordinaire, & j'ai cru que . ferois quelque chofe d’utile pour ceux qui veulent s’occu- per d'Optique , que de leur expofer ce qui manquoit à Defcarres pour. pouvoi r donner M 2. Se 140 Jntroduthion à Phifloire une théorie de cette fcience, qui füt fufcep- tible d'être réduite en pratique. Son Traité de Dioptrique eft divifé enr dix Difcours; dans le premier notre Philofo- phe parle de la lumiere ; & comme il igno- roit fon mouvement progreflif qui n’a été découvert que quelque temps après par Roëmer , il faut modifier tout ce qu'il a dit à cet égard , & on ne doit adopter aucune des explications qu’il donne au fujet de Ia nature & de la propagation de la fumiere, non plus que Îles comparaifons & les hypo- thèfes qu'il emploie pour tächer d'expliquer les caufes & les effets de la vifion. On fait aftuellement que la lumiere eft environ 7 minutes & demi à venir du foleil jufqu’à nous , que cette émifhon du corps fumineux fe renouvelie à chaque infant, & que ce n'eft pas par la preffion continue & par lac- tion ou plurôt Pébranlement inftantané d’une matiere fubtile que fes effets s’opèrent ; ainft toutes les parties de ce Traité où l’Auteur empioie cette théorie, font plus que fufpec- tes , & les conféquences re peuvent étre _ qu'erronées. Il en eft de même de lexplication que Deïcartes donne de la réfraétion : non-feu- Jement fa théorie eft hypothétique pour {a caufe , mais la pratique eft contraire dans tous les effets. Les mouvemens dune balle qui traverfe l'eau , font très différens de ceux de la lumiere gui traverfe le même mi- Heu ; & s’il eñt comparé ce qui arrive en ef- fet à une balle, avec ce qui arrive à kB es rréélé T$ des Minéraux. Partie Exp. 141 lumiere, il en auroit tiré des conféquences tout-à-fait oppofées à celles qu'il a tirées, Et pour ne pas omettre une chofe très eflentielle , & qui pourroit induire en er- reur , il faut bien fe garder, en lifant cet article, de croire avec notre Philcfophe , que le mouvement reétiligne peut fe chan-, ger naturellement en un mouvement circu- laire; cette aflertion eft faufie , & le con- traire eft démontré depuis que l'on connoit les loix du mouvement. Comme le fecond Difcours roule en grande partie fur cette théorie hypothétique de la réfraétion , je me difpenferai de parler en détail des erreurs qui en font lesconféquen- ces; un Lecteur avertine peut manquer de les remarquer. Dans les troifième, quatrième & cinquiè- me Difcours, il eft queftion de la vifñon , & l'explication que Defcartes donne au fu- jet des images qui fe forment au fond de l'œil, eft aflez jufie; mais ce qu'il dit fur les couleurs, ne peut pas fe foutenir ni mé- me s'entendre : Car comment concevoir qu’une certaine proportion entre le mouvement rectiligne & un prétendu mouvement cireu- faire , puifle produire des couleurs ? Cette partie a été , comme lon fait, traitée à fond & d’une maniere démonftrative par New- ton ; & l’expérience a fait voir l’infuffifan- ce de tous les fyflèmes précédens. Je ne dirai rien du fixième Difcours, où il tâche d'expliquer comment fe font nos fenfations : quelque ingénieufes que foient fes hypothèfes, il eft aifé de fentir qu’elles 6 0 rt, O.,€ Œ A2 Zriroduttion à hifloire font gratuites; & comme il n’y a prefque rien de mathématique dans cetie partie, dl eft inutile de nous y arrêter. Dans le feptième & le huitième Difcours, Dafcartes donne une belle théorie géométri- ur les formes que doivent avoir les pour produire les effets qui peuvent à la perfe&tion de la vifion; & après examiné ce qui arrive aux rayons qui es verres de différentes formes, conclut que les verres elliptiques & hy- r ues , font les meilleurs de tous pour le$ rayons ; &il fnit par don: le neuvième Difcours la maniere ire les lunettes de longue vue., ixième & dernier Difcours , cel- e tailier les verres. LA [4 7 JE D [2] k ( rt « A [on * ER o Re (D €) ED ni , d < e po & cE à F) Ra je) r Cr 4 Fi tres pra À peer pu rt (a? pa) (4102 nr EL Ve 4 Lie Es Le pa pa En © és] A [en © [er (an { p mieux raifonnée que les précédentes ; ependant on n'a point appliqué fa théorie à la pratique, on n'a pas taillé des verre été abandonnée : il eft en effet démontré qu’il n'y a pas autant à gagner par le choix de ces formes qu'il y a à perdre par la diffé- rente réfranoibilité des rayons, puifque fe- lon leur différent degré de réfrangibilité , 1ls fe raflemblent plus ou moins près; mis com- des Minéraux. Partie Exp., 147 me l’on ef parvenu à faire des lunettes achro- matiques , dans lefquelles on compenfe la différente réfrangibilité des rayons par des verres de differente ia é; il feroit tres ütile aujourd’hui de tailler des verres hyper- boliques ou elliptiques , fi l’on veut donner aux lunettes achromatiques toute la perfec-. tion dont elles {ont fufceptibles. Après ce que je viens d'expofer, me emble que l’on ne devroit pas être furpris que Defcartes eùut mal prononcé au fujet des miroirs d'Archimède, puifqu'il ignoroit un f. grand nombre de chofes qu'on a décou- vertes depuis : mais comme c'’eft ici le point barticuliér que je véux examiner > il faut rapporter ce qu'il en a dit, afin qu'on foit pius en état d'en juger. » Vous pouvez auiñ remarquer par occ » fion, que les rayons du Soleil one » par le verre elliptique , doivent brüler » avec plus de force qu’étant raffemblés pa » Phyperbolique, car il ne faut pas feule » ment prendre garde aux rayons qui vicf- »-nent du centre du Soleil, mais auili à toug= » les autres quivenant des autres points de » la fuperfcie , n'ont pas fenfiblement moins » de force que ceux du centre ; en forte » que la violence de la chaleur qu'ils peu- » vent cauier , {e doit mefurer par la gran- » deur du corps qui les affemble, comparée » avec celle de l’efpace oùil les aflemble …. » fans que la grandeur du diamètre de ce » COrps y puifle rien ajouter, ni fa figure » particuliere, qu'environ un quart ou an » tiers tout au plus ; 1l eft certain que éet- UN 144 Introdution a Phiftoire ; ; » te ligne brülante à l'infini, que quelques- » uns ont imaginée, n’eit qu'une réverlie. » Jufqu’ici il n'eft queftion que de verres brülans par réfraétion , mais ce raifonnement doit s'appliquer de même aux miroirs par rétiexion ; & avant que de faire voir que PAuteur n’a pas tiré de cette théorie les LUE qu'il devoit en tirer, il eft 2. de lui répondre d’abord par l’expérien- Cette ligne brülante à l'infini, qu'il re- AL comme une réverie, pourroit s'exe- cuter par des miroirs de réflexion femblables au mien, non pas à une diftance infinie ; parce que l’homme ne LEE rien faire d'in- finit, mais à une diftance indefinie aflez con- fidérable. Car fuppofons que mon miroir au leu d'être roues de deux cent vingt- quatre petites ge aces, fût compofe de deux mille, ce qui eft poffble; il n'en faut que vingt pour brüler à 20 pieds, & le foyer étant comme une colonne de lumiere, ces ingt glaces brülent en même temps à 17 & à 23 pieds; avec vingt-cinq autres gla- ce je ferai un foyer qui brülera depuis 3 juiqu'à 50 ; avec vingt-neuf elaces, un foyer qui brülera depuis. 30-jufqu’ à 40; avec trente-qua e glaces, un foyer qui brülera depuis 40 ne à 52; avec quarante glaces. depuis 52 jufqu’a 645: [VC cinquante ola- ces, depuis 64 jufqu'a ;avec foixante gla- ces, depuis 76 juiqu’à fs : avec foixante-dix glaces, depuis 88 jufqu'à zoo pieds : voilà donc déjà une ligne brûlante , depuis 17 jutqu’à 100 pieds où je n'aurai employé ue trois Cent vinst-huit glaces ; & pour la continuer des Minéraux. Partie Exp. 148 continuer , il n'y a qu'à faire d’abord uñ fôyer de quatre-vingt glaces , il brülera de- puis 100 pieds jufqu'à 116; & quatre-vingt douze glaces, depuis 116 jufqu’à 134 piedss Se cent huit glaces, depuis 134 Jufqu’à 150 ; & cent vingt-quatre glaces, depuis 150 juf- qu'à 170; & cent cinquante-quatre glaces; depuis 1706 jufqu’à 200 pieds; ainfi voila ma ligné brülante prolongée de 1o0 pieds, en forte que depuis dix-fept pieds jufgu’à 200 pieds, en quelq''’endroit de cette diftance qu'on puifle mettre un- corps combuftible, il fera brülé ; & pour cela il ne faut en tout que huit cent quatre-vingt-fix glaces de fix pouces ; & en emploant le refte des deux mille olaces ; je prolengerai de même la digne brûlante jufqu'à 3 & 400 pieds ; & avec un plus grand nombre de glaces, par exemple, avec quatre miile, je la prolon- gerai beaucoup plus loin, à une diftance in- définie. Or tout ce qui dans ia pratique eft indéfini, peut être regardé comme infini dans Ja théorie; donc notre célèbre Philofophe z eu tort de dire que cette ligne brülanre à Tinfini n'étoit qu'une réverie. Maintenant venons à la théories rien n’eft pius vrai que ce que dit ici Defcartes au fujet de la réunion des rayons du foleil , qui ne fe fait pas dans un point, mais dans un efpace ou foyer dont Île diamètre aug- mente à proportion de la diftance. Maïs ce grand Philofophe n’a pas fenti l'étendue de cé principe qu'il ne donné que comme une: remarque ; Car s'il y eüt fait attention, ül HfE rat, Tom. VIL N … eut se. 3 we. "VF Es 8 v fs0 Introduchion à L'hiflotre s'auroit pas confidéré dans tout le refte de fon ouvrage , les rayons du foleil comme: parallèles , il n’auroit pas établi comme le fondement de la théorie de fa conftruttion des lunettes , ia réunion des rayons dans un point , & il fe feroit bien gardé de dire af- firmativement (page 131 ) , nous pourrons par cette invention voir des objets auffi particuliers 6 auffi petits dans les affres , que ceux que nous voyons communément fur la terre. Cette afler- tion ne pouvoit être vraie qu'en fuppofant le parallélifme des rayons & leur réunion en un feul point, & par conféquent elle eft op- pofée à fa propre théorie, ou plutôt il n’a pas employé la théorie comme il le falloit ; & enefet, s’il n’eût pas perdu de vue cette remarque , il eût fupprimé les deux derniers Livres de fa Dioptrique ; car 'lauroit vu que quand même les Ouvriers euflent pu tailler les verres comme il l’exigeoit, ces verres n’auroient pas produit les effets qu’il leur a fuppoiés , de nous faire diftinguer les plus petits objets dans les aftres ; à moiïns qu’il n'eût en même temps fuppofé dans ces ob- jets une intenfité de lumiere infinie, ou , ce qui revient au même, qu’ils euffent , mal- gré leur éloignement , pu former un angle {enfible à nos yeux. Comme ce point d'Optique n’a jamais été bien éclairci, j’entrerai dans quelque détail à cet égard: on peut démontrer que deux objets également lumineux & dont les dia- mètres {ont difiérens, ou bien que deux ob- jets dont les diamètres font égaux, & dont | * ”* des Minéraux. Partie Exp. 154 lintenfité de lumiere eft différente, doivent être obfervés avec des lunettes différentes ; que pour obferver avec le plus grand avan- tage poffible , il faudroit des lunettes dife- rentes pour chaque Planète ; que, par exem- ple, Vénus qui nous paroït b bien plus petite que la Lune , & dont je fuppofe pour un inftant la lumiere égale à celle de la Lune, doit étre obfervée avec une lunette d’un plus long foyer que la Lune ; & que la perfec- tion des iunetes , pour én tirer le plus srand avantage pofñble,, dépend d’une conbindios ie faut faire, non-{eulement entre les dia- mètres & les courbures des verres ,:comme Delc-: artes la fait, mais encore entre ces mêmes diamètres & l'inter nfité de Ja lumiere de l’ebiet qu on obferve. Cette intenñte de la lumiere de ch aque objet , efi un élément que les Auteurs qui ont écrit fur lOptique n'ont jamais employé, & cependant il fait plus que l'augmentation de l’angle fous le- quel un objet doit nous ne ) en ver- tu de la courbure des verres. 11 en eft de même d’une qui nie être un pa- radoze., C’ # que les do ardents, loit par réflexion, {oit par réfra{tion , eroient un effet toujours égal à quelque difance es mit du Soleil. Par exemple > mOn miroir br F ant à 150 pieds du bois fur la Terre, brûlércit de même à ro pieds & avec autant de force du bois dans Saturñe, où cependant la cl haleur du Soleil eff en- viron cent fois moindre que fur la Terre. Je crois que les Bons efprits fentiront bien , fans autre démonfiration, la vérité de ces N > 152 Introduition à l'histoire deux propoñtions , quoique toutes deux nou- veilles & fingulieres. | Mais pour ne pas m'écarter du fujet q je me fuis propoié, & pour démontrer que Defcartes n’ayant pas la théorie qui eft née- ceffaire pour conitruire les miroirs d'Archi- mède , il n’étoit pas en état de prononcer qu'ils étoient impoflibles , je vais faire fen- tir, autant que je le pourrai, en quoi con- fiftoit la difficulté de cette invention. Sile foleil, au lieu d'occuper à nos yeux un efpace de 32 minutes de degré, étoit ré- duit en un point, alors il eft certain que ce point de lumiere réfléchie par un point d’une {urface polie, produiroit à toutes les dif- tances une lumiere & une chaleur égales, parce que l’interpoñtion de l'air ne fait rien ou prefque rienici; que par conféquent un miroir dont la furface feroit égale à celle d’un autre, brüleroit à dix lieues à-peu- près aufhi-bien que le premier brüleroit à 10 pieds, s’il étoit poflible de le travailler fur une fphere de quarante lieues, comme on peut travailler l'autre {ur une fphere de 40 pieds ; parce que chaque point de la furface du miroir reéfléchifflant le point lumineux auquel nous avons réduit le difque du foleil, en auroit, en variant la courbure des mi- roirs, une égale chaleur ou une égale lu- miere à toutes les diftances fans changer leurs diamètres. Ainfi pour brûler à une grande diftance, dans ce cas il faudroit en effet un miroir très exa@tement travaillé {ur une fphere, ou une hyperboloide propor- tionnée à la diftance, ou bien un miroir dès Minéraux. Partie Exp, 153 brifé en une infinité de points phyfiques plans, qu'il faudroit faire coincider au même point. Mais le difque du foleil occupant un efpace de 32 minutes de degré, il eft clair que le même miroir fphérique, ou hyper- bolique, ou d’une autre figure quelconque , ne peut jamais, en vertu de cette figure, réduire l’image du foleil en un efpace plus petit que de 32 minutes ; que dès-lors l’image augmentera toujours à mefure qu'on s’e- loignera ; que de plus chaque point de la furface nous donnera une image d’une même largeur, par exemple, d'un demi-pied à 60 pieds : or comme il eft néceflaire pour pro- duire tout l’effet pofhible que toutes ces ima- ges coincident dans cet efpace d’un demi- pied, alors au leu de brifer le miroir en une infinité de parties, il eft évident qu'il eft à-peu-près égal & beaucoup plus coni- mode dene le brifer, qu’en un petit nombre de parties planes d’un demi-pied de diamè- tre chacune, parce que chaque petit miroir plan d'un demi -pied donnera une image d'environ un demi-pied, qui fera a-peu-prés aufñ Jumineufe qu'une pareille furface d’un “demi-pied prife dans le miroir fphérique ou, hyperbolique. ; La théorie de mon miroir ne conffte donc pas, comme on l’a dit ici, à avoir trouve l’art d'infcrire aifément des plans dans une furface fphérique, & le moyen de changer à volonté la courbure de cette furface fphé- rique ; mais efle fuppofe cette remarque plus déficate & qui n'avoit jamais été faite, c'eft qu'il y a prefque autant d'avantage à fe 3 354 Introduition à l'histoire fervir de miroirs plans que de miroirs de toute autre figure , dès qu’on veut brûler à une certaine diftance , & que la grandeur du miroir plan eft déterminée par la grandeur de l’image à cette diftance , en forte qu’à la diftance de 60 pieds, où l'image du foleil a environ un demi-pied de diamètre , on brü- fera à peu-près aufli-bien avec des miroirs plans d’un demi-pied qu'avec des miroirs hyperboliques les mieux travaillés, pourvu qu'ils n'ayenr que la même grandeur. De même avec des miroirs plans d'un pouce € demi, on brülera à 15 pieds à-peu-près avec autant de force qu'avec un miroir exaéte- ment travaillé dans toutes fes parties ; & pour le dire en un mot, un miroir à facet- tes plates produira à-peu-près autant d'effet qu'un miroir travaillé avec la derniere exac- tirude dans toutes fes parties, pourvu que la grandeur de chaque facette {oit égale à la grandeur de l’image du foleil; & c’eft par cette raifon qu'il y à une certaine propor- tion entre la grandeur des miroirs plans & les difiances, & que pour brüler plus loin, on peut employer, même avec avantage, de plus grandes glaces dans mon miroir que pour brüler plus pres. Car fi cela n'étoit pas, on fent bien qu’en ‘réduifant par exemple, mes glaces. de fix pouces à trois pouces, & employant quatre fois autant de ces glaces que des premieres, ce qui revient au même pour l'étendue de la furface du miroir, j'aurois eu quatre fois plus d'effet, & que plus les glaces feroient petites & plus le miroïr produiroit d'efet à des. Minéraux. Partie Exp. 155 & c’eft à ceci que fe feroit réduit l’art dé quelqu'un qui auroit feulement tente d’inf: ctire une furface polygone dans une fphere ; & qui auroit imaginé l’ajuftement dont je me fuis fervi pour faire changer à volonté Ja courbure de cette furface; il auroit fait les glaces les plus petites qu’il auroit été poflible. Mais le fond & la théorie de la ehofe eft d’avoir reconnu qu'il n’étoit pas feulement queftion d'infcrire une furface polygone dans une fphere avec exactitude, & d'en faire varier la courbure à volonté ; mais encore que chaque partie de cette fur- face devoit avoir une certaine grandeur déterminée pour produire aifément un grand effet; ce qui fait un problème fort différent, & dont la folution m'a fait voir qu’au lieu de travailler ou de brifer un miroir dans toutes fes parties pour faire coincider les images au même endroit, il fufifoit de le briler ou de le travailler à facettes planes en grandes portions égales à la grandeur de Pimage, & qu'il y avoit peu à gagner enle brifant en de trop petites parties, ou, ce qui eft la même chofe , en le travaillant exactement dans tous fes points. C’eft pour cela que j'ai dit dans mon Mémoire, gue pour brûler à de grandes &ifiances il falloit imaginer quelque chofe de nouveau & tout- a-fait indépendant de ce qu'on avoit penié & pratique jufqu'ici; & ayant fupputé géo- meétriquement la différence , j'ai trouvé qu'un miroir parfait de quelque courbure qu'il puifle être, n'aura jamais plus d’avan- tage fur le mien que de 17 à 10 , & qu’en | N4 256 Introduthion a l'hifloire même temps l'exécution en feroit impofñble pour ne bräler même qu’à une petite dif- tance , comme de 25 ou 30 pieds. Mais re- venons aux aflertions de Defcartes. _ I dit enfuite » qu'ayant deux verres ou -» miroirs ardens, dont l’un foit beaucoup » plus grand que l’autre, de quelque façon » qu'ils puiflent être, pourvu que leurs f- » gures foient toutes pareilles , le plus grand » doit bien ramafer les rayons du {oleil en » un plus grand eipace & plus loin de fei 2 que le plus petit, mais que.ces rayons ne » doivent point avoir plus de force en cha- » que partie de cet efpace qu'en celui cù » le plus petit les ramañe, en forte qu'en » peut faire des verres ou miroirs extrème- » ment petits, qui brüleront avec autant de » viclence que les plus grands «. Ceci eft abfolument contraire aux .expée- riences que jai rapportées dans mon Me- moire, où J'ai fait voir qu'à égale intenfté de lumiere un:grand foyer brûle beaucoup plus qu’un petit, & c’eft en partie fur cette remarque, toute cppolée au fentiment de Defcartes, que j'ai fondé la théorie de mes miroirs; Car voici ce qui fuit de l'opinion de ce Philofofphe. Prenons un grañd miroir ardent, comme celui du fieur Segard,, qui a 32 pouces de diamètre, & un foyer de 9 lignes de largeur à 6 pieds de difance , au- quel foyer le cuivre fe fond en une minute, &z faifons dans les mêmes proportions ur petit miroir ardent de 32 lignes de diamètre, dont le foyer fera de -- ou de ? de ligne de diamètre, & la. diftance de 6 pouces; pui- tes des Minéraux. Partie Exp. +57 que le grand miroir fond le cuivre en une -minute dans l’étendre de fon foyer qui eft de 9 lignes, le petit doit, felon. Defcartes, fondre dans le même temps la même matiere dans l'étendue de fon foyer qui eft de + de ligne ; or j'en appelle à l’expérience , & on verra que bien loin de fondre le cuivre , à peine ce petit verre brûlant pourra-t-il lui donner un peu de chaleur. Comme ceci eft une remarque phyfque & qui n'a pas peu fervi à augmenter mes efpérances lorfque je doutois. encore fi je pourrois produire du feu à une grande dif- tance, je crois devoir communiquer ce que Jai penié à ce fujer. R La premiere chofe à laquelle je fs atten- tion, c’eft que la chaleur fe communique de proche en proche & ie difperfe, quand mé- me eile eft appliquée continuellement fur le même point ; par exemple, fi on fait tomber Je foyer d'un verre ardent fur le centre d’un récu, & que ce foyer n'ait qu'une ligne de diamètre , la chaleur qu'il produit {ur le centre de l'écu fe difperfe & s'étend dans le volume entier -de lécu, &.1l devient chaud _jufqu’à la circonférence ; dès --lors toute la chaleur, quoiqu'employée d’abord contre. le centre de l’éeu, ne s’y arrête pas & ne peut pas produire un aufh grand effet que fi elle y demeuroit toute entiere, Mais f au lieu d’un foyer d’une ligne qui tombe fur. le milieu de Fécu, je fais tomber {ur l'écu tout entier un foyer d'égale force au premier, toutes les parties de l’écu étant egalement échauffées dans ce dernier ças. 158 Introdñhion a L hzffoire il n’y a pas de perte de chaleur comme dans le premier; & le point du milieu profitant de la chaleur des autres points, autant que ces points profitent de la fienne, l’écu fera fondu par la chaleur dans ce dernier cas, tandis que dans le premier il n’aura été que Iévèrement échauffé. De-la je conclus que toutes les fois qu’on peut faire un grand foyer on eft sûr de produire de plus grands effèts qu'avec un petit foyer, quoique lin- tenfité de lumiere foit la même dans tous deux, & qu’un petit miroir ardent ne peut jamais faire autant d'effet qu'un grand; & même qu'avec une moindre intenfité de lu- miere, un grand miroir doit faire plus d’ef- fet qu’un petit, la figure de ces deux mi- roirs étant toujours fuppoiée femblabie. Ceci, qui comme l’on voit, eft directement oppolé à ce que dit Defcartes, s’eft trouvé confirmé par les expériences rapportées dans mon Mémoire : mais je ne me fuis pas borné a favoir d’une maniere générale que les grands foyers agifloient avec plus de force que les petits, j'ai déterminé à très peu près de combien eft cette augmentation de force, & j'ai vu qu’elle étoit très confidé- rable ; car j'ai trouvé que s’il faut dans un miroir cent quarante-quatre fois la furface d'un foyer de fix lignes de diamètre pour bruler, il faut au moins le double, c’eft-à- dire , deux cent quatre-vingt-huit fois cette furface pour brüler à un foyer de deux li- gnes ; & qu’à un foyer de 6 pouces il ne faut pas trente fois cette même furface du foyer pour brüler, ce qui fait, comme l'en voit, 3 des Mineérarx. Partie Exp. 159 une prodigieufe différence & fur laquelle j'ai compté lorfque j'ai entrepris de faire mon miroir; fans cela il y auroit eu de la temérité à l’entreprendre & il n’auroit pas réuff. Car fuppolons un inftant que je n’eufle pas eu cette connoiflance de l'avantage des grands foyers fur les petits; voici comme J'aurois été obligé de raifonner. Puifqu'il faut à un miroir deux cent quatre - vingt- huit fois la furface du foyer pour brüler dans un efpace de deux lignes, il faudra de même deux cent quatre - vingt - huit glaces u miroirs de 6 pouces pour bruler dans un efpace de 6 pouces ; & dès-lors, pour brü- ler feulement à 100 pieds, il auroit fallu un miroir compoié d'environ onze cent cin- quante-deux glaces de 6 pouces, ce qui étoit une grandeur énorme pour un petit effet, & cela étoit plus que fufhfant pour me faire abandonner mon projet ; mais con- noiffant l’avantage confidérable des grands foyers {ur les petits, qui dans ce cas eft de 288 à 30, je fentis qu'avec cent vingt glaces de 6 pouces je biülérois trés certai- nement à 100 pieds; & c'eft fur cela que j'entrepris avec confiance la confiruction de mon miroir qui, comme l'on voit, fuppole une théorie tant mathématique que phyf- que, fort différente de ce qu’on pouvoit ima- giner au premier coup-d'œil. Defcartes ne devoit donc pas afirmer qu’un petit miroir aräent brüloit auf violemment qu'un grand. | Il dit enfuite ; » & un miroir ardent dont x le diamètre n'est pas plus grand qu’en- 260 Introduction a T'hifloire » viron la centième partie de la diftance qui » eft entre lui & le lieu où il doit raflem- » bler les rayons du foleil ; c’eft-à-dire, » qui a même proportion avec cette diftance » qu'a le diamètre du foleil avec celle qui » eft entre lui & nous, fütil poli par un » Ange, ne peut faire que les rayons qu’il » aflemble échauffent plus en l'endroit où » il les aflemble que ceux qui viennent di- » reétement du foleil, ce qui fe doit aufñ » entendre es verres brülans à proportion; » d’où vous pouvez voir que Ceux qui ne » font qu'a demi-favans en l’Optique, fe » laiflent perfuader beaucoup de chofes qui » font impofhbles , & que ces miroirs, dont » on a dit qu'Archimède brüloit des navires » de fort loin, devoient être extrêmement » grands, ou plutôt qu'ils font fabuleux «. C'eft ici où je bornerai mes réflexions : f notre illuftre Philofophe eût fu que les grands foyers brülent plus que les petits à égale intenfité de lumiere, 1l auroit jugé bien dif- féremment, & il aurcit mis une forte ref trition à cette conclufion. | Mais indépendamment de cette connoif- fance qui lui manquoit, fon raifonnement n’eft point du tout exaét, car un miroir ar- dent, dont le diamètre n'eft pas plus grand qu'environ la centième partie qui eft entre Jui & le lieu où il doit raflembler les rayons, n'eft plus un miroir ardent, puifque le dia- mètre de image eft environ égal au dia- -mètre du miroir dans ce cas, & par conié- quent il ne peut rafiembier les rayons, comme le dit Defcartes, qui femble n’avoxr dés Minéraux. Partie Exp. 161 pas vu qu’on doit réduire ce cas à celui des miroirs plans. Mais de plus, en n'embloyant que ce qu’il favoit, & ce qu’il avoit prévu, il eft vifible que s'il eüt réfléchi fur leffet de ce prétendu miroir qu'il fuppofe poli par un Ange, & qui ne doit pas rafembler, mais feulement réfléchir la lumiere avec au- tant de force qu’elle en a en venant direc- tement du foleil; il auroit vu qu'il étoit poffble de brüler à de grandes diflances avec un miroir de médiocre grandeur, sl eût pu lui donner la figure convenable; car il auroit trouvé que dans cette hypothèle, un miroir de cinq pieds auroit brülé à plus de deux Cents pieds, parce qu'il ne faut pas fix fois la chaleur du foieil pour brûler à cette diftance ; & de même qu’un miroir de fept pieds auroit brûle à près de 400 pieds, ce quine fait pas des miroirs aflez grands pour qu'on puifie les traiter de fabuleux. Il me reïte à obferver que Defcartes isno- roit combien il falloit de fois la lumiere du {Gleil pour brüler, qu'il ne dit pas un mot des miroirs plans, qu’il étoit fort éloigné. de foupçonner la mécanique par laquelle on: pouvoit les difpofer pour brüler au loin, & que par conféquent il a prononcé fans avoir aflez de connoiïfflance fur cette matiere & même fans avoir fait affez de réflexions fur ce qu'il en favoit. Au refte, je ne fuis pas le premier qui it fait quelques reproches à Defcartes fur e fuiet, quoique j'en aïe acquis le droit lus qu'un autre ; car pour ne pas fortir du ra à . . . L 162 Introdution à l'hifroire fein de cette compagnie (4), je trouve que M. du Fay en a preique dit autant que moi. Voici fes paroles : I} ne s’agit pas,, dit-il, f - un tel miroir qui bréleroit à 600 pieds eff poffible ou non, mais ft, phyfiquement parlant, cela peut arriver. Cette opinion a été extrémement contredite ; * & je dois mettre Defcartes à la tête de ceux qui ont combattue. Mais quoique M. du Fay re- gardât la chofe comme impofhible à exécu- ter, il n’a pas laiffé de fentir que Defcartes avoit eu tort d'en nier la pofhbilité dans la théorie. J’avouerai volontiers que Defcartes a entrevu Ce qui arrive aux images réfié- chies ou refraétées à différentes diftances, & qu'à cet égard fa théorie eft peut-être aufh bonne que celle de M. du Fay, que ce dernier n’à pas développée : mais les iduc- tions qu’ilen tire font trop générales & trop vagues , & les dernieres conféquences font fauffes ; car fi Defcartes eût bien compris toute cette matiere, au lieu de traiter le miroir d'Archimède de chofe impoflible & fabuleufe , voici ce qu’il auroit dû conclure de fa propre théorie. Puifqu’un miroir ar- dent, dont le diamètre n’eft pas plus grand que la centième partie de la diftance qui eft entre le lieu ou il doit raflembler les rayons du foleil, füt-1l poli par un Ange, ne peut faire que les rayons qu'il aflemble échauf- fent plus en l'endroit où il les afemble que ceux qui viennent direétement du foleil, ce miroir-ardent doit être confidéré comme un (5) l'Académie des Sciences, des Minéraux. Partie Exp. 153 miroir plan parfaitement poli; & par con- féquent pour brûler à une grande diftance, il faut autant de ces miroirs plans qu'il faut de fois la lumiere direûte du foleil pour brûler ; en forte que les miroirs dont on dit qu'Archimède s’eft fervi pour brûler des vaifleaux de loin , devoient être compofés de miroirs plans , dont il falloit au moins un nombre égal au nombre de fois qu'il faut la lumiere direéte du foleil pour brüler. Cette conclufion qui eût été Ia vraie, felon fes principes, eft, comme l’on voit, fort différente de celle qu’il a donnée. On eft maintenant en état de juger fi je n'ai pas traité le célèbre Defcartes avec tous les égards que mérite fon grand no, lorf- que j'ai dit dans mon Mémoire : Defcartes , né pour juger 6 même pour furpaffer rchimède, a prononce contre lui d'un ton de maitre : il a nie la poffibilité de l'invention , 6 fon opinion a pre- valu fur les témoignages 6 la croyance de toute l'antiquité, Ce que je viens d’expofer fufit pour juf- tifler ces termes que l’on m'a reprochés, êc peut-être même font-ils trop forts; car Archimède étroit un très grand génie, & lorfque j'ai dit que Defcartes étoit né pour e juger , & mème pour le furpañler, j'ai fenti qu'il pouvoit bien y avoir un peu de compliment national dans mon expreflon. J’aurois encore beaucoup de chofes à dire fur cette matiere ; mais comme ceci eff déjà bien long , quoique j'aie fait tous mes efforts pour être court, je me bornerai pour le fond du fujet à ce que je viens d’expofer; mais 364 frtroduëlion a Phifioire je ne puis me difpenfer de parler eñntôre un moment au fujet de l’hiftorique de la: chofe , afin de fatisfaire par ce feul Me- moire à toutes les objeétions & difcultes qu'on m'a faites. : Je ne prétends pas prononcer afrmative- ment qu'Archimède fe foit fervi de pareils miroirs au liège de Syracufe , ni même que ce foit lui qui les ait inventés, & je ne les ai appellés /es miroirs d’Archimède, que parce qu'ils étoient connus fous ce nom depuis piufieurs fècles ; les Auteurs contemporains & ceux des temps qui fuivent celui d’Ârchi- iède, & qui {ont parvenus jufau'a nous, ne font pas mention de ces miroirs. Tite- Live , à qui le merveilleux fait tant de plai- fix à raconter , n’en parie pas; Polybe, à l'exatitude de qui les grandes inventions n’auroient pas échappé, puifqu'il entre dans le détail des plus petites, & qu’il décrit très {oigneufement les plus légeres circonftances du fiège de Syracufe, garde un filence pro- fond au fujet de ces miroirs. Plutarque , ce judicieux & grave Auteur, qui a raflemblé un f grand nombre de faits particuliers de la vie d’Archimède, parle auffi peu des mi- roirs que les Geux précédens. En voilà plus qu’il n’en faut pour fe croire fondé à douter de la vérité de cette hiftoire : cependant ce ne font ici que des témoignages nègatits ; & quoiqu'ils ne foient pas indifièrens , ils ne peuvent jamais donner une probabilité équivalente à celle d'un feui témoignage pofitif. Galien, qui vivoit dans le fecond FO € “ des Minéraux. Partie Exp. 16$ eft le premier qui en ait parlé; & après’ avoir raconté lhiftoire d’un homme qui en- flamma de loin un monceau de bois refineux, mêlé avec de la fiente de pigeon, à dit que c'eft de cette façon qu’Archimède brüla les vaifleaux des Romains ; mais comme il ne décrit pas ce moyen de brüler de loin, & que fon expreflion peut fignifier aufli-bien un feu qu’on auroit lancé à la main ow par quelque machine , qu’une lumiere réflichie par un miroir , fon témoignage n’eft pas aflez clair pour qu’on puifle en rien conclure d’af- firmatif : cependant on doit préfumer , & même avec une grande probabilité , qu'il ne rapporte l’hiftoire de cet homme qui brûla au loin, que parce qu'il le fit d’une maniere finguliere , & que s’il n’eüt brülé qu’en lan- gant le feu à la main, ou en le jetant par le moyen d’une machine, il n’y auroit eu rien d’extraordinaire dans cette façon d’en- flammer; rien par conféquent qui füt digne de remarque , & qni méritât d'être rapporté & comparé à ce qu'avoit fait Archimède , 8. dès-lors Galien n'en eût pas fait mention. On a auf des témoignages femblables de deux outrois autres Auteurs du 3e. fiècle, qui difent feulement qu'Archimède brüla de loin les vaifleaux des Romains , fans expli- quer Îes moyens dont il {e fervit; mais les témoignages des Auteurs du 12e. fiècle ne font point équivoques, & furtouf ceux de Zonaras & de Tzetzès que j'ai cités; c'eft- a-dire, ils nous font voir clairement que: cette invention étoit connue des ‘Anciens, car la defcription qu’en fait ce dernier Au- | © 166 Întroduffion a #hifloire teur fuppofe néceflairement ou qu'il efr trouvé lui-même le moyen de conftruire ces miroirs, ou qu’il l’eût appris & cité d’après quelque. Auteur qui en avoit fait une très exaéte defcription, & que Pinventeur,quek qu’il fit, entendoit à fond la théorie de ces miroirs, ce qui réfulte de ce que dit Tzetzès: de la figure de 24 angles ou 24 côrés qu’a- moignage de £onaras au fujet de Proclus n’eft pas fufse& : Proclus s’en fervit, dit-il, au fiège: de Conflannnople , l'an ÿi4, € il bréla la flotte. de Vitilien. Et même ce que Zonaras ajoutée. me paroît une efpèce de preuve, qu’Archi- mède etoit le premier inventeur de ces mi- roirs ; car il dit précifément que cette dé- couverte étoit ancienne, &c que l’hiftorten: Dion en attribue l'honneur à Archimède qui la fit & s’en fervit contre les Romains au fège de Syracufe ; les Livres de Dion , où äl eft parlé du fiège de Syracuie , ne font pas parvenus jufqu'à nous, mais il y a grance apparence qu'ils. exiftoient encore du. temps de Zoraras , & que fans cela il ne les eût pes cités comme ik l’a fait. Ainfi toutes les. probabilités de part & d'autre étant éva- luéss , il refte une forte préfomprion qu’Ar- chimède avoit er effet inventé ces miroirs, & qu'il s’en étoit fervi contre les Romains. Feu M. Melot, que j'ai cité dans mon Me- moire , © qui avoit fait des recherches par- ticukieres & très exaétes fur çe fujet, étoi La des Minéçaux. Partie Exp. 167 de ce fentiment, & il penfoit qu'Archimède avoit en effet brülé les vaiffeaux à une dif- tance médiocre, & comme le dit Tzetzés, à la portée du trait, j'ai évalue la portée du trait à 150 pieds , d’après ce que m'en ont dit des Savans très verfés dans la con- noïffance des ufages anciens : ils m'ont affuré que toutes les fois qu'il eft queftion , dans les Auteurs, de la portée du trait, on doit entendre la diftance à laquelle un homme lançoit à la main un trait ou un javelot; & fi cela eft, je crois avoir donné à cette diftance toute l'étendue qu’elle peut com- porter. J'ajouterai qu’il n’eft queftion dans aucun Auteur ancien, d’une plus grande diftance, comme de trois ftades; &@ j'ai déja dit que l'Auteur qu'on m'avoit cité, Diodore de Sicile, n'en parle pas, non plus que du fiège de Syracufe, & que ce qui nous refte de cet Auteur finit à la guerre d'Ipfus & d’An- tisonus , environ foixante ans avant le fiève de Syracufe; ainfi on ne peut pas exculer Defcartes, en fuppofant qu’il a cru que la diftance à laquelle on a prétendu qu’Archi. mède avoit brûlé étoit très grande , comme, par exemple, de trois ftades, puifque cela n'eft dit dans aucun Auteur ancien, & qu'au contraire il eft dit dans Tzetzès, que cette diftance n'étoit que de la portée du trait; mais je fuis convaincu que c’eft cette même diftance que Defcartes a regardée comme fort grande , & qu'il étoit perfuadé qu'il métoit pas pofhble de faire des miroirs pouf rüler a 150 pieds, qu'enfin c'eft pour cettæ Q 2 LL... Lt 1 168 Introduëtion à Phiffoire _raifon qu'il. a traité ceux d’Archimède de: fabuleux. a éE ” Au refte, les effets du miroir que j'ai conftruit ne doivent être regardées que com- me des effais fur lefquels à la vérité on peut flatuer toutes proportions gardées , mais. qu'on ne doit pas confidérer comme les plus grands effets pofhbles, car je fuis convaincu que fi on vouloit faire un miroir femblable , avec toutes les attentions néceflaires, il produiroit plus du double de l'effet; la pre- miere attention fercit de prendre des glaces. de figure hexagone ou même de 24 côtés, au lieu de fes prendre barlongues , comme celles que 1’ai employées, & cela afin d'a- voir des figures qui puflent s’ajufter enfem- fier de grands intervalles , & qui approchaffent en même temps de la figure: circulaire ; la .feconde feroit de faire polir ces glaces juiqu’au dernier degré parun Lu- netier, au lieu de les employer telles qu’elles ! e, où le poliment.fe faifant par une portion de cercle, les glaces font toujours un peu concaves & irrésulie-- res; la troifième attention feroit de. choïñhr parmi un grand nombre de glaces ,. ceile qui donneéroient à une grande diftance une: image-pius vive @& mieux terminée , cequi eft extrèémement ,important...8s. au,POit qu’il y a dans. mon miroir des glaces. qui font {eules trois fois plus d'effet que d’autres. à une grande difiance , quoiqu'a une petite diftance , comme de 20 ou 2$ pieds, l'effet en paroifle abfolument le même. Quatrième-- ment, il faudroit des glaces d’un demi-pie&: \ des Minéraux. Partie Exp. 169 tout au plus de furface pour brüler à 150 ou 200. pieds, & d’un pied de furface pour brüler à 3 ou 400 pieds. Cinquièmement, 1Ë faudroit jes faire étamer avec plus de foin qu'on ne le fait ordinairement ; j'ai remar- que qu'en général les glaces fraichement étamées , rédéchiffent plus de lumiere que celles quile font anciennement ; l’étamage , en fe féchant, fe gerfe, fe divife & laifle de petits intervalles qu’on apperçoit en y re- gardant de près avec une loupe, & ces pe- tits intervalles donnant paflage à la lumiere ; fa glace en réfléchit d'autant moins. On pourroit trouver le moyen de faire un meil- leur étamage , &: je crois qu’on y parvien- droit en employant de l'or & du vifargent., la lumiere feroit peut-être un peu jaune par la reflexion de cet étamage; mais bien loin que cela fit un défavantage, j'imagine au contraire qu'il y auroit à gagner, parce que les rayons jaunes font ceux qui ébranient le plus fortement la rétine & qui brülent le plus violemment, comme je crois m'en être. afluré, en réuniflant, au moyen d’un verre lenticulaire , une quantité de rayons jaunes qui m'étoient fournis par un grand prifme, êc en comparant leur action avec une‘égale quantité de rayons de toute autre couleur. réumis par le mème verre lenticulaire, & fournis par le même prifme. Sixièmement, il faudroit un chaflis de fer & des vis de cuivre , &r un reflort pour affujettir chacune des petites planches qui portent les glaces, tout cela conforme à un. modèle que j'ai fait exécuter par le fieur 170 Introduction à l'histoire Chopitel, afin que la féchereffe & l’humi- dité qui agifient fur le chaflis & les visen bois ne caufaffent pas d’inconvénient, é& que le foyer , lorfqu'il eft une fois forme, ne füt pas fujet à s'élargir, & à fe déran- ger lorfqu'on fait rouler le miroir fur fon pivot ou qu'on le fait tourner autour de fon axe pour fuivre le Soleil : il faudroit auf y ajouter une alidade avec deux pinnules au milieu de la partie inférieure du chafüs , afin de s’aflurer de la poñtion du miroir par rapport au Soleil, & une autre alidade femblable, mais dans nn plan vertical au plan de la premiere, pour fuivre le Soleil’à fes différentes hauteurs. Âu moyen de toutes ces attentions, je crois pouvoir aflurer, par lexpérience que j'ai acquife en me féervant de mon miroir, qu’on pourroit en réduire la grandeur à moitié, & qu'au lieu d'un miroir de fept pieds avec lequel j'ai brûlé du bois à 150 pieds, on produiroit le même effet avec un miroir de cing pieds ; , cequi n’eft, comme l’on voit , qu'une très médiocre grandeur pour un trés grand effet ; & de même je crois pouvoir af- {urer qu'il ne faudroit alors qu’un miroir de guatré pieds + pour brûler à 100 pieds, & qu’un miroir de trois pieds } brüleroit à Go: pieds , ce qui eft une diftance bien confidé- rable en comparaifon du diamètre du mi- roir. : Avec un afflemblage de petits miroirs plans hexagones & d’acier poli, qui auroient plus de folidité, plus de durée que les gla- ces <étamées, & qui ne feroient point fu- des. Minéraux. Partie Exp. 271 jets aux altérations que la lumiere du Soleil fait fubir à la longue à l’étamage, on pour- roit produire des effets très utiles, & qui dédommageroiïient amplement des dépenies de la conftru@tion du miroir. 1°. Pour toutes les évaporations des eaux falées, où l’on eft obligé de confommer du bois & du charbon ou d'employer l’art des bâtimens de graduation qui coûtent beau- coup plus que la confiru£tion de plufieurs miroirs tels que je les propofe. Il ne fau- droit pour l’évaporation des eaux falées, ju’un affemblage de douze miroirs plans d’un pied quarré chacun ; la chaleur qu'ils réflé- chiront à leur foyer, quoique dirigée au- deflous de leur niveau, & à r$ ou 16 pieds . de diftance , fera encore aflez grande pour faire bouillir l’eau, & produire par confé- quent une prompte évaporation , Car la cha- leur de l’eau bouillante n’eft que triple de Ja chaleur du Soleil d'été ; & comme la réflexion d’une furface plane bien polie ñe diminue la chaleur que de moitié , il ne fau- droit que fix miroirs pour produire au foyer une chaieur égale à celle de l’eau bouillan- te: mais j'en double le nombre afin que la chaleur fe communique plus vite , & auf a caufe de la perte occañonnée par l’obli- quité fous lagueile le faifceau de la lumiere tombe fur la furface de Peau qu’on veut faire évaporer , & encore parce que l’eau falée s'échauffe plus lentement que l’eau douce. €e miroir dont l’aflemblage ne formeroit qu'un quarré de quatre pieds de largeur fur trois de hauteur , feroit aifé à manier & à 172 Introduction à Phiflorre franfporter ; & fi l’on vouloit en doubleroz en tripler les effets dans le même temps, il vaudroit mieux faire plufieurs miroirs fem- biables , c’eft-à-dire , doubler ou tripler le nombre de ces mêmes miroirs de quatre pieds fur trois , que d'en augmenter l’étendue ; car Feau ne peut recevoir qu’un certain degré de chaleur déterminée , & l’on ne gagneroit prefque rien à augmenter ce degré & par conféquent la grandeur du miroir; au lieu qu'en faifant deux foyers par deux miroirs égaux, on doublera Feffet de l’évaporation, & on le triplera par trois miroirs dont les foyers tombeïont féparément les uns des au- tres fur la furface de l’eau qu’on veut faire évaporer. Au refte, Fon ne peut éviter la perte caufée par l’obliquité; & f Pon veut y remédier , ce ne peut être que par une au- tre perte encore plus grande , en recevant d’abord les rayons du {oleil fur une grande glace qui les réfléchiroit fur le miroir brifé ; car alors il brüleroir en bas au lieu de: brû- er en haut ; mais il perdroit moitié de la chaleur par la premiere réflexion, & moitié au refte par la feconde , en forte qu'au lieu de fix petits miroirs , il en faudroit douze pour obtenir une chaleur égale à celle de l’eau bouillante. _Pour que l’évaporation fe fafle avec plus de fuccès, il faudra diminuer l’épaifeur de l’eau autant qu'il fera pofñble. Une mafle &’eau d’un pied d’épaiffeur ne s’évaporera pas aufa vite , à beaucoup près , que la mème mañie réduite à fix pouces d'éparfleur &c aug- mentée du double en fuperfcie. Dans 16 des Minéraux. Part. Exp. 163 le fond étant plus près de la furface, 1l s'é- chauffe plus promptement ; &c cette chaleur que reçoit le fond du vaiffleau, contribue encore à la célérité de l’évaporation. 22, On pourra fe fervir avec avantage de ces miroirs pour calcinerles plâtres & me- me les pierres calcaires ; mais il les faudroit plus grands , & placer les matieres en haut afin de ne rien perdre par l’obliquité de la lumiere. On a vu par les expériences detail- lées dans le fecond de ces mémoires, que le yps s'échauffe plus d’une fois plus vite que a pierre calcaire tendre, & près de deux fois plus vite que le marbre ou la pierre cal- caire dure : leur calcination refpeétive doit être en même raifon. J'ai trouvé par une ex- périence répétée trois fois, qu'il faut un peu plus de chaleur pour calciner le gyps blanc qu'on appelle albätre ; que pour fondre le plomb. Or la chaleur néceflaire pour fon- dre le plomb, eft , fuivant les expériences - de Newton, huit fois plus grande que la cha- leur du foleil d'été : il faudroit donc au moins feize petits miroirs pour calciner le gyps; & à caufe des pertes occafionnées, tant par Jobliquité de la lumiere que par l’irrégula- rité du foyer qu’on n'éloignera pas au-delà de quinze pieds, je préfume qu'il faudroit vingt & peut-être vingt-quatre miroirs d’un pied quarré chacun, pour calciner le gyps ‘en peu de temps: par conféquent il faudroit un afflemblage de quarante-huit de ces pe- tits miroirs pour opérer la calcination fur la pierre calcaire la plus tendre, & foixan- Hifi. nat, Tom, VII, É 170 Introduifien à lhifloire te-douze des mêmes miroirs d'un pied en quarré pour calciner les pierres calcai- res dures. Or un miroir de douze pieds de largeur fur fix pieds de hauteur, ne Jaïffe pas d’être une grofle machine embar- raffante & difhcile à mouvoir, à monter & a maintenir. Cependant on viendroit à bout de ces difhcultés, fi le produit de la calci- nation étoit aflez confidérable pour équiva- loir & même furpañler la dépenfe de la con- fommation du bois :il faudroit pour s’en af furer , commencer par calciner le plâtre ayec un miroir de vingt-quatre pièces ; & fi cela réufifloit, faire deux autres miroirs pareils, au lieu d’en faire un grand de foixante-dou- ze pièces ; car en faifant coincider les foyers de ces trois miroirs de vingt-quatre pièces , on produira une chaleur égale, & qui ferêit aflez forte pour calciner le mar- bre ou la pierre dure. Mais une chofe très eflentielle refte dou- teufe , c’eft de favoir combien il faudroit de temps pour calciner, par exemple ,un pied cube de matiere, furtout fi ce pied cube n'étoit frappe de chaleur que par une face ? Je vois qu'il fe pafleroit du temps avant que la chaleur n’eût pénétré toute fon épaiffeur ; je vois que pendant tout ce temps, il s’en perdroit une aflez grande partie qui fortiroit de ce bloc de matiere après y être entrée; je crains donc beaucoup que la pierre n'é- tant pas faifie par la chaleur de tous les côtes à la fois, la calcination ne füt très lente, & le produit en chaux très petit, des Minéraux. Partie Exp. 17 L'expérience feule peut ici décider; mais il faudroit au moins la tenter fur les matieres BYPIEUS : dont la calcination doit être une ois plus prompte que celle des pierres cal- caires ( f). En concentrant cette chaleur du Soleil dans un four qui n’auroit d'autre ouverture que celle qui laifleroit entrer la lumiere , on empècheroit en grande partie Ja chaleur de s’évaporer ; & en mélant avec les pier- res calcaires une petite quantité de brafque ou poudre de charbon qui de toutes les ma- tières combuftibles eft la moins chere, cette lègere quantité d’alimens fufroit pour nour- rir. & augmenter de beaucoup la quantité de chaleur, ce qui produiroit une plus am- ple & plus prompte calcination, & à très peu de frais, comme on l’a vu par la fe- conde expérience du quatrième Mémoire. -3°. Ces miroirs d’Archimède peuvent fer- vir en efet à mettre le feu dans des voi- les de vaiffeaux , & même dans le bois gou- dronné, à plus de 150 pieds de diftance ; on pourroit s’en fervir auf contre fes en- nemis en brûlant les blés & les autres produc- tions de la terre ; cet effet qui feroit aflez (f) I vient de paroître un petit Ouvrage rempli de grandes vues, de M. l’Abbé Scipion Bexon, qui a pour titre : Syfèse de La Fertilifation. Il propofe mes miroirs comme un moyen facile pour réduire en chaux toutes les matieres ; mais il leur attribue plus de puiffance qu’ils n’en ont réellement ; & ce n’eft qu’en les multi- pliant qu’on pourroit obtenir les grands effets qu'il s'en promet. p « 2 172 Introduition a l'histoire | prompt, feroit très dommageable, Maïs ne nous occupons pas des moyens de fairé du mal, & ne penfons qu'à ceux qui péuvent procurer quelque bien à l’humanite. 4°. Ces miroirs fourniflent le feul & uni- que moyen qu'il y ait de mefurer exaéte-: ment la chaleur; il eft évident que deux miroirs dont les images lumineufes fe réu- niflent, produifent une chaleur double dans tous les points de la furface qu’elles occu- pent; que trois, quatre, cinq, @cc. miroirs donneront de mème une chaleur triple , qua- druple, quintuple, &cc , & que par conféquent on peut par ce moyen faire un thermomètre dont les divifions ne feront point arbitraires, & les échelles différentes, comme le font celles de tous les thermomètres dont on seit fervi jufqu’à ce jour. La feule chofé arbitraire qui entreroit dans la confiruétion de ce thermomètre , feroit la fuppofition du nombre total des parties du mercure en partant du degré du froid abfolu; mais en le prenant à 10000 au-defflous de Ia congé- lation de l’eau, au lieu de 1000 , comme dans nos thermométres ordinaires , on ap- procheroïit beaucoup de la réalité, fur-tout en choififfant les jours de l'hiver les plus froids pour graduer le thermomètre ; chaque image du Soleil lui donneroït un degré de chaleur au-deffus de la température que nous fuppoferons à celui de la glace. Le point auquel s’éleveroit le mercure par la chaleur de la premiere image du Soleil, feroit mar- qué 1. Le point où ils’éleveroit par la cha- Jeur de deux images égales & réunies, fera des Minéraux. Partie. Exp. 173 marqué 2. Celui où trois images le feront monter, fera marqué 3, & ainfi de fuite jufqu’à la plus grande hauteur qu’on pour- roit étendre juiqu'au degré 36. On auroii à ce degré une augmentation de chaleur tren- te - fix fois plus grande que celle du pre- mier degre ; dix-huit fois plus grande que celle du fecond ; douze fois plus grande que æelle du troifième; neuf fois plus grande que celle du quatrième, &c. Cette augmen- tation 36 de chaleur au-deflus de celle de la glace, feroitaflez grande pour fondre le plomb , & il y a toute apparence quele mer- Cure qui fe volatilife à une bien moinûre chaleur , feroit par fa vapeur cafer le ther- momètre. On ne pourra donc étendre la di- vifñon que jufqu’a 12', & peut-être même à 9 degrés, fi l’on fe fert du mercure pour ces thermomètres ; & l’on n’aura par ce moyen que les degrés d’une augmentation de cha- leur juiqu’à 9. C'eft une des raïfons qui avoient déterminé Newton à fe fervir d'huile de lin au lieu de mercure ; & en effet on pour- ra, en fe fervant de cette liqueur, étendre la divifion non-feulement à 12 degrés, mais jufqu’au point de cette huile bouillante. Je ne propoie pas de remplir €es thermomè- tres avec de l’efprit-de-vin coloré ; il ef univerfellemeñt reconnu que cette liqueur fe décompofe au bout d’un aflez petit temps (g), & que d’ailleurs elle ne peut fervir (g) Plufieurs Voyageurs m'ont écrit que Îles thermo = mètres à l’efprit-de-vin de Reaumur , leur étoient de P'+ 174 Introduëtion à l'hifloire aux expériences d’une chaleur un peu forte: Lo-fqu'on aura marqué fur léchelle de ces thermomètres remplis d'huile ou de mercure , les premieres divifions 1, 2,3, 4, Scc. qui indiqueront le double, le triple, le quadruple, &zc. des augmentations de la chaleur, if faudra chercher les parties aliquotes de chaque divifion, par exemple , les points CL Dors us Es OU de Fe 22e &c. & de 15, 22, 32, &c. ce que l’on cbtien- dra par un moyen facile, qui fera de cou- vrir la moitié , ou le quart, ou les trois quarts de la fuperficie d’un des petits miroiîrs ; car alors l’image qu’il réfléchira, ne con- tiendra que le quart, [a moitié ou les trois quarts de la chaleur que contient l’image entiere; & par conféquent les diviñons des parties aliquotes feront aufli exaftes que cel- ies des nombres entiers. | Si l’on réufit une fois à faire ce ther- momètre réel, & que j'appelle ainf, parce qu'il marqueroit réellement la proportion de la chaleur, tous les autres thermomètres, dont les échelles font arbitraires & différen- tes entr'elles, deviendroient non-feulement {uperflus, mais même nuiftbles, dans bien des cas , à la précifion des vérités phyfques qu'on cherche par leur moyen. On peut fe rappeller l'exemple que j'en ai donné , en parlant de l’eftimation de la chaleur qui venus tout-à-fait inutiles, parce que cette liqueur fe décolore & fe charge d'une efpèce de boue en aflez peu de temps. des Minéraux. Partie Exp. 17% émane du globe de la Terre , comparéé à la chaleur qui nous vient du Soleil. 5. Au moyen de ces miroirs brifés, on pourra aifément recueillir dans leur entiere ureté , les parties volatiles de l'or & de ou & des autres métaux & minéraux ; car en expofant au large foyer de ces miroirs une grande plaque de métal, comme une afliette ou. un plat d’argent , on en verra fortir une fumée très abondante pendant un temps confiderable , jufqu'au moment où le métal tombe en fufñon ; & en ne dons nant qu'une chaleur un peu moindre que celle qu'exige la fufñon , on fera évaporer le métal au point d’en diminuer le poids aflez confidérablement. Je me fuis afluré de ce premier fait ; qui peut fournir des lu- mieres fur la compoñtion intime des me: taux: j'aurois bien defiré recuellir cette va- peur abondante que le feu pur du Soleil fait fortir du métal; mais je n’avois pas les inf- trumens néceflaires, & je ne puis que re- commander aux Chimiftes & aux Phyf- ciens , de fuivre cette expérience impor: tante, dont les réfultats feroierit d'autant moins équivoques que la vapeur métallique eft ici très pure ; au lieu que dans toute opération femblable qu’on voudroit faire avec le feu commun, la vapeur métallique fereit néceflairement mêlée d'autres vapeurs pro- venant des matieres combuftibles qui fervent d’aliment à ce. feu. D'ailleurs ce moyen eft peut-être le feul que nous ayons pour volatilifer les métaux fixes, tels que l’or & l'argent ; car je pré- P 4 176 Introduttion a L'hiftoire fume que cette vapeur que j'ai vu s'élever en fi grande quantité de ces métaux échauf- fés au large foyer de mon miroir , n’eft pas de lPeau ni quelqu’autre liqueur , mais des parties mêmes du métal que la chaleur en détache en les volatilifant. On pour- roit en recevant aïnfi les vapeurs pures des différens métaux les mêler enfemble, & faire par ce moyen des alliages plus intimes & plus pursqu'on ne l’a fait par la fufion & par la mixtion de ces mêmes métaux fondus, qui ne fe marieñt jamais parfaitement à caufe de l'inégalité de leur pefanteur fpécifique, & de plufieurs autres circonftances qui s’oppo- ent à l'inmité & à légalité parfaite du mélange. Comme les parties conftituantes de ces vapeurs métalliques font dans un état de divifñion bien plus grande que dans létat de fufñon , elles fe joindroient & fe réuniroient de bien plus près & plus facile- ment. Enfin on arriveroit peut-être par ce moyen à la connoiïfflance d’un fait général, & que plufieurs bonnes raïifons me font foup- çonner depuis long-temps, c'eft qu'il y auroit. pénétration dans tous les alliages faits de cette maniere, & que leur pefanteur fpécifi- que feroit toujours plus grande que la fomme des pefanteurs fpécifiques des matieres dont ils feroient compofés ; car la pénétration n’eft qu'un degré plus grand d'intimité, & lintimité , toutes chofes égales d’ailleurs , fera d'autant plus grande que les matieres feront dans un état de divifion plus par- faite. En réfléchiffant fur l’appareil des vaifleaux des Minéraux. Partie Exp. 177 gu’il faudroit employer pour recevoir & re- cueillir ces vapeurs métalliques , ‘il m’eft venu une idée qui me paroît trop utile pour ne la pas publier ; elle eft auffi trop aïfée a réalfer , pour que les bons Chimiftes ne la faififlent pas. Je l'ai même communiquée à quelques-uns d’entr'eux qui m'en ont paru très fatisfaits. Cette idée eft de geler le mercure dans ce climat-ci & avec un de- gré de froid beaucoup moindre que celui des expériences de Pétersbourg ou de Si- bérie : il ne faut pour cela que recevoir la vapeur du mercure, qui eftle mercure même volatilifé par une très médiocre cha- leur dans une cucurbite, ou dans un vafe auquel on donnera un certain degré de froid artificiel ; ce mercure en vapeur, c’eft-à- dire, extrêémement divifé, offrira à l’adtion de ce froid des furfaces fi grandes & des mañles fi petites , qu'au lieu de 187 degrés de froid qu'il faut pour geler le mercure en mafle, il n’en faudroit peut-être que 18 ou 20 degrés , peur-êtré même moins, pour le geler en vapeurs. Je recommande cette expérience importante à tous ceux qui travaillent de bonne foi à l'avancement des Sciences. Je pourroïs ajouter à ces ufages princi- paux du miroir d’Archimède , plufeurs au- tres ufages particuliers ; mais J'ai cru devoir me borner à ceux qui m'ont paru les plus utiles & les moins difficiles à re- duire en pratique. Néanmoins: je crois de- voir joindre ici quelques expériences que j'ai faites fur la tranfmifion de la lumiere ñ + 178 Introduütion a L hifloire à travers les corps tranfparens , & donner en même temps quelques idées nouvelles, fur les moyens d’appercevoir de loin les objets. à l’œil fimple, ou par le moyen d'un mirow femblable à celui dont les Anciens ont parlé, par l'effet duquel on appercevoit du port d'Alexandrie les vaifleaux d’auffi loin que la courbure de la Terre pouvoit le per- mettre. - Tous les Phyficiens favent aujourd'hui qu’il y a trois caufes qui empêchent la lumiere de fe réunir dans un point lorfque fes rayons ont traverié le verre obje&if d’une lunette ordinaire. La premiere eft la courbure fphéri- que de ce verre qui répand une partie des rayons dans un efpace terminé par une courbe, La feconde , eft l'angle fous lequel nous paroit à l’œil fimple l’objet que nous obfer- vons; car la largeur éu foyer de l’obje@if a toujours à très peu près pour diamètre une ligne égale à la corde de l'arc qui mefure cet angle. La troifième ; eft la différente réfrangibilité de la lumiere; car les rayons les plus réfrangibles ne fe rafflemblent pas ans le même lieu où fe raflembient les rayons les moins refrangibles. On peut remédier à l'effet de la premiere caufe en fubftituant, comme Defcartes l’a propolé , des verres elliptiques ou hyper- boliques aux verres fphériques. On remédie a l'effet de la feconde par le moyen d’un fecond verre placé au foyer de l’obje&if, dont le diamètre eft à-peu-près égal à la krgeur de ce foyer, & dont la furface eft travaillée fur une fphère d’un rayon fort pi des Minéraux. Partie Exp. 179 court. On a trouvé de nos jours le moyen de remédier à la troifième , en faifant des lunettes qu'on appelle achromatiques, &c qui font compofées de deux fortes de verres qui difperfent différemment les rayons colo- rés , de maniere que la difperfion de l’un eft corrigée par la difperfion de l’autre, fans que la réfration générale moyenne qui conftitue la lunette , foit anéañtie. Une lu- nette de 3 pieds : de longueur faite fur ce principe, équivaut pour l'effet aux ancien- nes lunettes de 25 pieds de longueur. Au refte, le remède à l’effet de la pre- miere caufe, eft demeuré tout-a-fait inutile jufqu'à ce jour, parce que l'effet de la derniere étant beaucoup plus confidéreble, influe f fort fur l'effet total qu’on ne pou- voit rien gagner à fubfiituer des verres hyper- boliques ou elliptiques à des verres fphéri- ques , & que cette fubffitution ne pouvoit devenir avantageufe que dans le cas où Fon pourroit trouver le moyen de corriger _ l’effet de la différente réfrangibilité des rayons de la lumiere ; il femble donc qu’aujour- d’hui l’on feroit bien de combiner les deux moyens , & de fubftituer dans les lunettes achromatiques des verres elliptiques aux fphériques. | Pour rendre ceci plus fenfble , fuppofons que l’objet qu'on cbferve foit un point lumineux fans étendue ,telle qu’eft une étoile fixe par rapport à nous; il eft certain qu'avec un objeétif, par exemple , de 30 pieds de foyer, toutes les images de ce point lumineux, s'étendront en forme de courbe au foyer de 3180 jatroduttion à Phiflotre ce verre s’il eft travaillé fur une fphére ; & qu'au contraire elles {e réuniront en un point {1 ce verre eft hyperbolique ; mais f; l'objet qu'on obferve a une certaine étendue, comme la Lune qui occupe environ un demi-degré d’efpace à nos yeux, alors lPimage de cet objet occupera un efpace d'environ trois pouces de diamètre au foyer de l’objeétif de 30 pieds; & Faberration cau- fée par la fphéricite produifant une confu- fon dans un point lumineux quelconque , elle la produit de même fur rous les points lumineux du difque de la Lune , & par conféquent la défigure en entier. Il y au- roit donc dans tous les cas beaucoup d’avan- tage à fe fervir de verres elliptiques ou hyperboliques pour de longues luneties , puifqu’on a trouvé le moyen de corriger en grande partie le mauvais effet pro- duit par la différente réfrangibilité des rayons. Il fuit de ce que nous venons de dire, que fi l’on veut faire une lunette de 3e pieds pour oblerver la Lure & la voir en entier , le verre oculaire doit avoir au moins 3 pouces de diamètre pour recueillir l’image entiere que produit l’objeétif à fon foyer, & que fi on vouloit obferver cet aftre avec une lunette de 6o pieds, l’oculaire doit avoir au moins fix pouces de diamètre, parce que la corde de l'arc qui mefure l'angle fous lequel nous paroïît la Lune, eft dans ce cas de trois pouces & de fix pouces a-peu-près ; aufl les Aftronomes ne font ja- mais ufage de lunettes qui renferment le, des Minéraux. Partie Exp. 181 difque entier de la Lune , parce qu’elles grofhroïent trop peu : mais fi on veut ob- 1erver Vénus avec une lunette de 60 pieds, comme l'angle fous lequel elle nous paroit n’eft que d'environ 60 ‘fecondes , le verre oculaire pourra n'avoir que 4 lignes de dia- mètre ; & fi on fe fert d’un objectif de 120 pieds, un oculaire de 8 lignes de diamètre fufhroit pour réunir l’image entiere que lobjettif forme à fon foyer. De - à on voit que quand même les ‘rayons de lumiere feroient également ré- frangibles, on ne pourroit pas faire d’auffi fortes lunettes pour voir la Lune en entier que pour voir les autres planètes , & que plus une planète eft petite à nos yeux, &c plus nous pouvons augmenter la longueur de la lunette avec laquelle on peut la voir enentier. Dès-lors on conçoit bien que dans cette même fuppoñtion des rayons également réfrangibles , il doit y avoir une certaine longueur déterminée plus avanta- geufe qu'aucune autre pour telle ou telle planète, & que cette longueur de la lunette dépend non-feulement de l’angle fous lequel la planète paroït à notre œil, mais encore de la quantité de lumiere dont elle eft éclairée. POTTER Dans les lunettes ordinaires , les rayons de la lumiere étant différemment réfrangibles , tout ce qu’on pourroit fairé dans cette vue pour les perfectionner ne féroit pas fort avantageux , parce que fous quelqu’angle que paroifle à notre œil l’objet ou l’aftre que nous voulons obferver , & quelque 182 Introduütion à l'hifloire 4 intenfité de lumiere qu'il puifle avoir, les rayons ne fe raflembleront jamais dans le même endroit; plus la lunette fera lon- gue, plus il y aura d'intervalle (4) entre le foyer des rayons rouges & celui des ra- yons violets, & par conféquent plus fera confufe l’image de l’objet obfervé. On ne peut donc perfe&tionner les lunettes par réfrattion qu’en cherchant , comme on l’a fait, les moyens de corriger cet effet de la différente réfrangibilité, foit en compofant la lunette de verres de différente denfité , {oit par d’autres moyens particuliers , & qui feroient différens felon les différens objets & les différentes circonftances : fuppofons, par exemple , une courte lunette compofée de deux verres, l’un convexe & l’autre concave des deux côtés ; 1l eft certain que cette lunette peut fe réduire à une autre, dont les deux verres foient plans d’un côté, & travaillées de l’autre côté fur des fphères dont le rayon feroit une fois plus court que celui des fphè- res fur lefquelles auroient été travaillés les verres de la premiere lunette. Maintenant, pour éviter une grande partie de l'effet de la différente réfrangibilité des rayons , on peut faire cette feconde lunette d’une feule pièce de verre mafhf, comme je l’ai fait exe- cuter avec deux morceaux de verre blanc, l’un de deux pouces & demi de longueur, & l’autre d'un pouce & demi ; mais alors la perte de la tranfparence eft un plus grand (4) Cet intervalle ef d’un pied fur 27 de foyer, des Minéraux. PartieExp. 183 inconvénient que celui de la différente réfran- gibilité qu'on corrige par ce moyen ; car ce& deux petites lunettes maflives de verre , font plus obfcures qu’une petite lunette ordinaire du même verre & des mêmes dimenfons : elles donnent à la vérité moins d’iris, mais elles n’en font pas meilleures; & fi on les faifoit plus longues, toujours en verre maf- fif, la lumiere après avoir traverfé cette épaif- feur de verre , n’auroit plus aflez de force pour peindre l’image de l’objet à notre œil. Ainfi pour faire des lunettes de 10 ou 20 pieds , je ne vois que l’eau qui ait aflez de tranfparence pour laïffler pafler la lumiere fans l’éteindre en entier dans cette grande épaif. feur. En employant donc de l’eau pour remplir l'intervalle entre l’obje&tif & l’oculaire, on diminuera en partie l'effer de la différente réfrangibilité (:), parce que celle de l’eau appproche plus de celle du verre que celle de l'air ; & fi on pouvoit, en chargeant l’eau de différens {els, lui donner le même degré de puiflance réfringente qu’au verre, (:) M. de La Lande, l’un de nos plus favans Afiro- només, après avoir lu cet article, a bien voulu me communiquer quelques remarques qui m'ont paru très juftes, & dont j'ai profité. Seulement je ne fuis pas d'accord avec lui fur ces lunettes remplies d’eau ; il croit gwon diminueroit trés peu La différente réfrangibiliré , arce que l’eau d'fperfe Les rayons colorés d’une maniere différente du yerre, & qu’il y auroit des couleurs qui pro- yiendroient de l'eau, & d’autres du verre. Mais en fe fervant du verre le moins denfe, & en augmentant par les fels la denfité de l’eau , on rapprocheroïk de très près leur puiffancs réfradtive, 184 Zrtroduction a L hifloire il n'eft pas douteux qu’on ne corrigeätda- .vantage par ce moyen l'effet de la diffé- rente iéfrangibilité des rayons. Il s’agiroit donc d'employer une liqueur tranfparente qui auroit à- peu:près la même puiflance réfrangible que le verre ; car alors il fera sûr que les deux verres avec cette liqueur entre - deux Corrigeront en partie l'effet de ‘ke différente réfrangibilité des rayons , de la mème façon qu'elle eft corrigée dans la petite lunette maflive. dont je viens de parler. | La] : ü é, | + Suivant les expériences de M. Bouguer, - une ligne d’épaifieur de verre détruit ; de la lumiere , & par conféquent la diminution s’en feroit dans la proportion fuivante : Epaifl 1,2, 3514, s, 6 lignes; en forte que par la fomme de ces fix térmeson trouveroit que la lumiere qui paffe à travers fix lignes de verre, auroit déja perdu 2%, c'eft-a-dire , environ le © de fa quantité. Mais il faut confidérer que M. Bouguer s’eft fervi de verres bien peu tranfparens ;, puif- qu'il a vu qu'une ligne d’épaffeur de ces verres détruifoit 5 de la lumiere. Par les ex- périences que j'ai faites fur différentes ef- pèces de verre blanc, il m'a paru que la lumiere diminuoit beaucoup moins. Voici ces expériences qui font affez faciles à faire, & que tout le monde eft en état de répéter. Dans une chambre obfcure, dont les murs étoient noircis, qui me fervoit à faire des expériences d'optique, j'ai fait alluiner une bougie de cinq à la livre ; ia chambre it oft 4 des Minéraux. ParueExp. 158$ fort vafte & la lumiere de la bougie étoit la feule dont elle fütéclairée, J'ai d’abord cher- ché à quelle diftanee je pouvois lire un ca- radtere d'impreflion, tel que celui de la ga- zette de Hollande , à la lumiere de cette bou- ie, & j'ai trouvé que je lifois aflez facile- ment ce caractere à 24 pieds 4 pouces de diftance de la bougie. Enfuite ayant placé devant la bougie, à deux pouces de diftan- ce, un morceau de verre provenant d’une glace de Saint-Gobin , réduite à une ligne _ d’épaiffeur , j'ai trouvé que je lifois encore. tout aufñ facilement à 22 pieds 9 pouges ; &c en fubftituant à cette glace d’une ligne d’e- paifleur, un autre morceau de 2 lignes d'é- paiffeur & du même verre, j'ai lu aufh fa- cilement à 21 pieds de diftance de la bou- gie. Deux de ces mêmes glaces de 2 lignes: d’épaifleur, jointes l’une contre l’autre &r mifes. devant la bougie, en ont diminué la lumiere au point que je n'ai pu lire avec la même fa- cilité qu’à 17 pieds & demi de diftance de la bougie. Et enfin avec trois glaces de 2 lignes d’épaiffeur chacune je n’ai lu qu’à la diftance de 15 pieds. Or la lumiere de Ia bougie diminuant comme le quarré de la dit-- tance augmente , fa diminution auroit été dans ja progreflion fuivante s’il n’y avoit point eu de glaces interpofées : =? m9 ——— — =—— 2 2 24 22 21: 175 1$. OÙ 592. Sir + A4AIS 906 1226: Donc les pertes de la lumiere par l’interpo- fition des glaces font dans la progreffion fui- vante 064. 11,265 .1907 185$ Introduéion a Phifloire D'où l’on doit conclure qu’une ligne d’é- paifleur de ce verre ne diminue la lumiere que de * ou d'environ ; ; que deux lignes d'épaifleur [a diminuent de +, pas tout-à- fait de : ; & trois glaces de 2 lignes de #7, c'eft-à-dire, moins de £. Comme ce réfultat eft très différent de celui de M. Bouguer , & que néanmoins je n’avois garde de douter de la vérité de fes expériences, je répétai les miennes en me fervant de verre à Witre commun, je choiïfis des morceaux d'une épaifleur égale, de 5 de one chacun. Ayant lu de même à 24 pieds 4 pouces de la diftance de la bougie , l’in- terpoñtion d’un de ces morceaux de verre me fit rapprocher à 21 pieds & dem ; avec deux morceaux interpolés & appliqués l’um fur lauire, je ne pouvois plus lire qu’à 18 pieds !, & avec trois morceaux, à 16 pieds; ce qui, comme l’on voit, fe rapproche de la détermination de M. Bouguer ; car la perte de Ja lumiere, en traverfant ce verre de à de ligne, étant ici de 592 ; — 462 ; —130, le réfultat 2° ou 6}, , ne s'éloigne pas beau- coup de 3,, à quoi l’on doit réduire les 7 donnés par M. Bouguer pour une ligne d’e- paiffleur , parce que mes verres n’avoient que 3 dé ligne, car 3:14 ::65:303 ; , terme qui ne diffère pas beaucoup de 296. Mais avec du verre communément appellé verre de Bohème , j'ai trouvé par les mêmes effais , que la lumiere ne perdoit qu’un hui- tième en traverfant une épaifleur d'une li- des Minéraux. Partie Exp. 435 gne , & qu’elle diminuoit dans la progreflion fuivante : Epaïfl. 1, 2 + A MOIS INR SR AUUa 5 49 343. 2401. 16807 Dimin. & ci T2 4096 32768 262164° CO 1 2 mn #4 5 nTx Prenant la fomme de ces termes , on aura le total de la diminution de la lumiere à tra- vers une épaifleur de verre d’un nombre donné de lignes, par exemple : la fomme des fix premiers termes eft 44%, Donc la lumie- re ne diminue que d’un peu plus de moitié en traverfant une épaifleur de fix lignes de verre de Bohème ; & elle en-perdroit enco- re moins, fi au lieu de trois morceaux de deux lignes appliqués l’un fur l’autre , elle n’avoit a traverfer qu’un feul morceau de. fix lignes d'épaifleur.. Avec. le verre que j'ai fait fondre en mañle épaifle, j'ai vu que Îa lumiere ne perdoit pas plus à travers 4 pouces : d’épaif- feur de ce verre, qu’à travers une glace de Saint-Gobin de deux lignes ; d'épaifleur; il me femble donc qu'on pourroit en conclure que la tranfparence de ce verre étant à celle de cette glace, comme 4 pouces À font à 2 lignes :, ou 54 à 2: ,c'eft-à-dire , plus de vingt-une fois plus grande , on pourroit faire de très bonnes petites lunettes maflives de s ou 6 pouces de longueur avec ce verre. Mais pour des lunettes longues , on ne peut employer que de l’eau, & encore eft-il à crain- dre que le même inconvénient ne fubffte; Q 2 188 ‘Zatroduéfion àl'hifloire car auelle fera l’opacité qui réfulteræ dé cette quantité de liqueur que je fuppofe remplir l'intervalle entre les deux verres? Plus.les lunettes feront longues & plus on perdra de lumiere ; en forte qu’il paroït au premier coup-d’œil qu'on ne peut pas fe fervir de ce moyen, furtout pour les lunettes un peu longues; car en fuivant ce que dit M. Bou- guer dans fon Effai d'Optique, fur la grada- tion de Îa fumiere, 9 pieds 7 pouces d’eau de mer, font diminuer la lumiere dans le rapport de 14 à ÿ ; ou, ce qui revient a-peu- près au même, fuppofons que dix pieds d’é- paifleur d’eau diminuent la lumiere dans le rapport de 3 à 1; alors vingt pieds d’épaif- {eur d’eau la diminueront dans le rapport de à 1 ; trente pieds la diminueront dans ce- fui de 27 à 1, &c. IF paroît donc qu'on ne pourroit fe fervir de ces longues lunettes pleines d’eau que pour obferver Ie Soleit; &c que les autres aftres n’auroient pas aflez de lumiere pour qu’il fût poffñble de les ap- percevoir à travers une épaifleur de 20 à 30 pieds de liqueur intermédraire. Cependant fi Fon fait attention qu’en ne donnant qu’un pouce ou un pouce & demi d'ouverture à un objeëtif de 30 pieds ,‘on ne jaiffe pas d’appercevoir très nettement les lanètes dans les lunettes ordinaires de cette rene: on doit penfer qu’en donnant un plus grand diamètre à Pobjeétif, on augmen- teroit la quantité de lumiere dans la raifoa du quarré de ce diamètre; & par conféquent fi un pouce d'ouverture fufit pour voir dif- #nétement un aftre dans une lunette er&- 1 des Minéraux. PartieExp. 16g faire, V3 pouces d'ouverture, c'eft-à-dire 21 lignes environ de diamètre fufhiront pour qu'on le voie aufh diftinétement à travers une épaifleur de dix pieds d’eau; & qu'avec un verre de 3 pouces de diamètre, on le verroit également à travers une épaifleur de 20 pieds d'eau; qu'avec un verre de 27 ou $ pouces: de diamètre, on le verroit à travers une épaifleur de 30 pieds , & qui ne faudroit qu’un verre de 9 pouces de dia- mètre pour une lunette remplie de 40 pieds d'eau, & un verre de 27 pouces pour une lunette de 60 pieds. ; Il femble donc qu’on pourroit, avec ef- pérance de réufhr, faire conftruire une lu- nette fur ces principes; car en augmentan£ le diamètre de Pobje&if, on regagne en par- tie la lumiere que l’on perd par le défaut de tranfparence de la liqueur. On ne doit pas craindre que les obje&ifs, quelque grands qu'ils foient , faflent une trop grande partie de la fphère fur laquelle: ils feront travaillés, &c que par cette raïfon les rayons de ta lumiere ne puifflent fe réu- nir exactement; car en fuppofant même ces objectifs fept ou huit fois plus grands que je ne les ar déterminés, ils ne feroient pas en- core à beaucoup près une aflez grande par- tie de leur fphère pour ne pas réunir les rayons avec exaétitude. Mais ce qui ne me paroît pas douteux. c'eft qu’une lunette conftruite de sette fa- çon, feroit très utile pour obferver le Soleil; car en la fuppofant même longue de cent picds, la lumiere de cet aftre ne feroit en- / 190 Introdution à Phifloire core que trop forte après avoir traverfé cette épaifleur d’eau, & on obferveroit à loifir & aifément la furface de cet aftre fm médiatement, fans qu'il füt néceflaire de fe fervir de verres enfumés ou d'en recevoir l1- mage fur un carton, avantage qu'aucune au- tre efpèce de lunette ne peut avoir. Il y auroit feulement quelque petite diffe- rence dans la conftruétion de cette lunette folaire, fi l’on veut qu’elle nous préfente la face entiere du Soleil; car en la fuppofant longue de cent pieds, il faudra dans ce cas que le verre oculaire ait au moins dix pou- ces de diamètre, parce que le Soleil occu- pant plus d'un demi-degré célefte, l’image formée par l’objeétif à fon foyer à 100 pieds, aura au moins cette longueur de dix pouces, & que pour la réunir toute entiere, il fau- dra un oculaire de cette largeur auquel on ne donneroit que vingt pouces de foyer pour le rendre auffi fort qu'il fe pourroit. Il faudroit aufli que l’obje@&if, ainfñi que l’ocu- laire, eût dix pouces de diamètre, afin que l'image de l’aftre & l’image ae louverture de la lunette fe trouvañlent d’égale grandeur au foyer. | Quand même cette Tunette que je propofe ne ferviroit qu’à obferver exactement le So- leil, ce feroit déjà beaucoup; il feroit, par exemple , fort curieux de pouvoir reconnoi- “tre s'il y a dans cet aftre des parties plus ou moins lumineufes que d’autres, s’il y a fur fa furface des inégalités, & de quelle ef- pèce elles feroient, files taches flottent fur LL 1 L des Minéraux, Partie Exp: 101 fa furface(k}), ou fi elles y font toutes conf. tumment attachées , &cc. La vivacité de fa lu- miere nous empêche de l’obferverà l'œil fimple, &c la différente réfrangibilité de fes rayons rend fon image confufe lorfqu’on la reçoit au foyer d’un obje@tif fur un carton; aufh la furface du Soleil nous eft-elle moins con- nue que celle des autres planètes. Cette dif- férente réfrangibilité des rayons ne feroit pas à beaucoup près entiérement corrigée dans cette longue lunette remplie d’eau : mais fi. cette liqueur pouvoit, par l'addition des fels, être rendue aufh denfe que le verre, ce feroit alors la même chofe que s’il n’y avoit qu’un feul verre à traverfer, & il me femble qu'il y auroit plus d'avantage à fe fervir de ces lunettes remplies d’eau, que de lunettes ordinaires avec des verres enfumés. Quoi qu'il en foit, il eft certain qu'il faut pour obferver le Soleil une lunette bien différente de celles dont on doit fe fervir (k) M. de La Lande m'a fait fur ceci la remarque qui fuit : » Il eft conftant , dit-il, qu’il n’y à fur le foleit gue des taches qui changent de forme & difparoiflent entiérement , mais qui ne changent point de place, f ce n’eft par la rotation du foleil ; {a furface eft très unie & homogène «, Ce favant Afronome pouvoit mè- me ajouter que ce n'eft que par le moyen de ces ta- ches, toujours fuppofées fixes, qu'on a déterminé le temps ce la révolution du fcleil fur fon axe : mais ce point d’'Aftronomie phyfque ne me paroîit pas encore ebfolument démontré ; car ces taches qui toutes chan- gent de figure , pourroient bien aufi quelquefois chan- ger de lieu, 102 Irtroduülion a l'hifloire + pour les autres aîtres, & il eft encore trèscer- ain qu'il faut pour chaque planète une lu- nette particuliere , & proportionnée à ke intenfité de lumiere, c’eft-ä-dire, à la quan- tité réelle de lumiere dont elles nous paroiïf- fent éclairées. Dans toutes les lunettes il fau- droit donc l’objetif aufi grand , & l’ocu- laire auf fort qu’il eft poflible , & en même temps proportionner la diftance du foyer à l’intenfité de Fa lumiere de chaque planète. Par exemple , Vénus & Saturne font deux planètes dont la lumiere eft fort différente ; forfqu'on les obferve avec la même lunette on augmente également l'angle fous lequel on les voit , dés-lors la lumiere totale de la planète paroït s'étendre fur toute fa furface d'autant plus qu’on la groffit davantage; ainfi a mefure qu’on agrandit {on image on la rend fombre, à-peu-près dans la proportion du quarré de fon diamètre ; Saturne ne peut donc fans devenir obfcur étre obfervé avec une lunette auf forte que Vénus. Si lin tenfité de lumiere de celle-ci permet de la groffir cent ou deux cents fois avant de devenir fombre, l’autre ne fouffrira peut-être pas la moitié ou le tiers de cette augnien- tation fans devenir tout-à-fait obfcure. Il s’a- git donc de faire une funette pour chaque phanète proportionnée à leur intenfité de lu- miere ; & pour le faire avec plus d'avantage l me femble qu'il n’y faut employer qu'un. obje&if d'autant plus grand , & d’un foyer d'autant moins long que la planète a moins de lumiere. Pourquoi juiqu'à ce jour n’a- t-on pas fait des objeétifs de deux &c trois : pies des Minéraux. Partie Exp. 193 pieds de diamètre ? l’aberration des rayons çau- fée par la fphéricité des verres en eit la feule çauie , elle produit une confufion qui eft comme Je quarré du diamètre de l’ouver- ture (/}), & c’eft par cette raifon que les verres fphériques qui font très bons avec une petite ouverture ne valent plus rien quandon l’augmente ; on 4 plus de lumiere, mais moins de diftinétion & de nettete. Néimoins les verres fphériques larges font très bons pour faire des lunettes de nuit ; les Anglois ont confiruit des lunettes de cette efpèce, & ils s’en fervent avec grand avantage pour voir de fort loin les vaiileaux dans une nuit obfcure. Maïs maintenant que l’on fait corriger en grande partie Îes effets de la différente réfranvibilité des rayons; il me femble qu'il faudroit s'attacher à faire des verres elliptiques où hyperboliques qui ne produiroient pas cette aberration caufée par Ja fphéricité, & qui par conféquent pour- roient être trois ou quatre fois plus larges que les verres fphériques. Il n'y a que ce moyen d'augmenter à nos yeux la quantité de lumiere que nous envoient les planètes ; car nous ne pouvons pas porter fur les planètes une lumiere additionnelle comme nous le faifons fur les objets que nous ob- fervons au microfcope, mais H faut au moins employer ie plus avantageufement qu'il eft poilible , la quantité de lumiere dont elles TIRER EEE RIRES TE ÉCRIRE TE REP RE T RES TEST ETC) {1) Smith?s Optick. Boock,2,-cap, VII, art. 3463 Lift. rat, Tom. VIT, R 194 Introduition à lhiftoire font éclairées, en la recevant fur une far- face aufli grande qu’il fe pourra. Cette lu- nette hyperbolique qui ne feroit compoñfée que d’un feul grand verre objeétif , & d'a oculaire proportionné , exigeroit une ma- tiere de la plus grande tranfparence. On réuniroit par ce moyen tous les avantages pofibles , c’eft-a-dire , ceux des lunettes achromatiques à celui des lunettes elliptiques ou hyperboliques , & l’on metttoit à profit toute la quantité de lumiere que chaque planète réfléchit à nos yeux. Je puis me tromper, mais ce que je propofe me paroît affez fondé ponr en recommander l'exécution aux perfonnes zélées pour l'avancement des Sciences. Me laiffant aller à ces efpèces de réveries, dont quelques-unes néanmoins fe réaliferonr un jour, & que je ne publie que dans cette- efpérance , j'ai fongé au miroir du port d’A- lexandrie , dont quelques, Auteurs anciens ont pari , & par le moyen duquel on voyoit de très loin les vaifieaux en pleine mer. Le pañlage le plus pofñitif qui me foit tom- bé fous les yeux eft celui que je vai rapporter: Alexandria. . . . in Pharo verd erat fpeculum e ferro finico. Per quod a longè videbantur naves Grœcorum adyententes ; [ed pauld poflquam Iflzmif- mus invaluit, fciicet tempore califatis Walid-fil: Abdi-l-melec , Chrifiian:, fraude adhibita illud de- Zeverunt. Abu-l-feda, &c. Defcriptio Æypti. J'ai penfé 1°. que ce miroir par lequel on voyoit de loin les vaiffeaux arriver , n’étoit pas impofhble ; 2°, que même fans mireir ni des Minéraux, Partie Exp. 195 luñette , on pourroit par de certaines difpof- tions obtenir le même effst, & voir depuis le port les vaifleaux peut-être d'auff loin que la courbure de la Terre le permet. Nous avons dit que les perfonnes qui ont bonne vue, apperçoivent les objets éclairés par le Soleil à plus de trois mille quatre cents fois leur diamètre , & en mémt temps nous avons remarqué que la lumiere intermédiaire nui- foit fi fort à celle des objets éloignés, qu’on appercevoit la nuit un objet lumineux de dix. vingt & peut-être cent fois plus de difance qu'on ne le voit pendant’ le jour. Nous fa- vons que du fond d’un puits très profond Von voit les étoiles en plein jour (m)}, ourquoi donc ne verroit-on pas de même ke vaifleaux éclairés des rayons du Soleil, en {e mettant au fond d’une longue galerie fort chfcure , & fituee fur le bord de la mer, de maniere qu’elle ne recevroit aucune lu- miere que celle de la mer lointaine & des vaifleaux qui pourroient s’y trouver, cette galerie n’eft qu’un puits horizontal qui feroit le même effet pour la vue des vaiffeaux, que le puits vertical pour la vue des étoi- les, & cela me paroiït fi fimple , que je fuis étonné qu'on n’y ait pas fongé. il me fem- ble qu’en prenant, pour faire l’obfervation, les heures du jour où le Soleil feroit der- ei (rm) Arifiote eft, je crois, le premier qui ait fait mention de cette obfervation, & J'en ai cité le paflige à l’article du Sens de Le vue, tome IV de certe Hifioire 7 \ ratureile, R 2 196 Introdufion à l'hiffoire riere la galerie, c’eft-3-dire le temps où les vaifleaux feroient bien éclairés, on les ver- roit du fond de cette galerie obfcure , dix fois au moins mieux qu'on ne peut les voir en pleine lumiere. Or, comme nous l’avons: dit, on diftirgue aifément un homme ou un cheval à une lieue de diftance lorfqu’ils font éclairés des rayons du Soleil; & en fuppri- mant la lumiere intermédiaire qui nous en- vironne & offufque nos yeux , nous les verrions au moins dix fois plus loin, c’eft- à-dire , a dix lieues ; donc on verrait les vaiffeaux qui font beaucoup plus gros, d’auñi loin que la courbure de la Terre le per- mettroit ( 2 ) , fans autre inftrument que nos yeux. Mais un miroir concave d’un affez grand diamètre, & d’un foyer quelconque, placé au fond d’un long tuyau noirci, feroit, pendant le jour, à-peu-prés le même effet que nos grands objeétifs de même diamètre & de même foyer feroient pendant la nuit, & c’étoit proba- blement un de ces miroirs concaves d'acier (7) La courbure de la terre pour un degré ou 25 lieues de 2283 toiles, eit de 2688 pieds ; elle croît comme le quarré des diflances, ainfi pour cinq lieues elle eft vingt cinq fois moinüre, c’eft-à-dire, d'environ 120 pieds. Un vaifleau qui a plus de r20 pieds de mä- ture , peut donc être vu de cinq lieues étant même au niveau de la mer; mais fi l’on s’élevoit de 12e pieds au-deflus du niveau de la mer, on verroit de cinq lieues le corps entier du vaiffeau jufqu’à la ligne de l'eau ; & en s’élevant encore davantage , en pour- goit appercevoir le haut des mâts à pius de dix lieues, L Dont nat à 2 des Minéraux. Partie Exp. 167 poli (e fere frico \ qu'on avoit établi au port d'Alexandrie (o), pour voir de loin arriver les vaifleaux Grecs. Au refte, fice miroir d'acier ou de fer poli a réellementexifté, comme il y a toute apparence , on ne peuf refufer aux Anciens la gloire de la pre- miere invention des télefcopes ; car ce miroir de métal poli ne pouvoir avoir d’ef- fet qu'autant que [a lumiere réfléchie par fa furface , étoit recueillie par un autre miroir concave placé à fon foyer, & c’eft en cela que confifte l’eflence du télefcope & la facilité de fa conftruétion. Néanmoins cela n’ôte rien a la gloire du grand Newton, qui , le premier, a reflufcité cette inven- tion entiérement oubliée. Il paroïît mème que ce font fes belles découvertes fur la dif- férente réfrangiblité des rayons de la lumiere qui l’on conduit à celle du télefcope. Comme les rayons de la lumiere font par leur nature différemment réfrangibles, il etoit fondé à croire qu'il n'y avoit nul moyen de corriger cet effet; ou s'il a entrevu ces moyens, il les a jugés fi difficiles, qu’il a mieux aimé tourner fes vues d’un autre côté, & pro- duire par le moyen de la réflexion des rayons, les grands effets qu'il ne pouvoit obtenir par leur réfra@ion. Ïl a donc fait conftruire {on télefcope , dont l'effet eft réellement bien (o) De temps immémorial les Chinois, & furtout les Japonois , favent trvailler & polir l’acier en grand & en petit volume; & c’eft ce qui m’a fait penfer qu'on doit interpréter € ferro finico par acier poli. R 3 398 Introdufion à Phifloire fupérieur à celui des lunettes ordinairess mais les Junettes achromatiques inventées de nos jours, font auffi fupérieures au télef- cope qu'il l’eft aux lunettes ordinaires. Le meilleur trélefcope eft toujours fombre en comparaifon de la lunette achromatique, & cette obicurité dans les télefcopes ne vient pas feulement du défaut de poli eu de la couleur du métal des miroirs, mais de la nature même de Îa lumiere, dont les rayons différemment réfrangibles, font auffi aifférem- ment réflexibles, quoiqu’en degrés beaucoup moins inégaux. Ïi refte donc pour perfeétion- ner les télefcopes, autant qu'ils peuvent l’é- tre, à touver le moyen de compenfer cette différente réflexibilité, comme l’on a trouvé celui de compenfer la différente réfrangibilité, _ Aprés tout ce qui vient d'être dit, je crois qu'on fentira bien que l’on peut faire une très bonne lunette de jour , fans em- ployer ni verres ni miroirs, & fimplement en {upprimant Ja lumiereenvironnante ,au moyen d’un tuyau de 150 ou 200 pieds de long , & en fe plaçant dans un lieu obfcur où abou- tiroit l’une des extrémités de ce tuyau; plusla lumiere du jour feroit vive, plus feroit grand l'effet de cette lunette fi fimple & f facile à exécuter. Je fuis perfuadé qu'on verroit diftinétement à quinze & peut être vingt lieues les bâtimens & les arbres fur le haut des montagnes. La feule différence qu'il y ait en- tre ce long tuyau & la galerie chfcure que j'ai propofée , c’eft que le champ, c’eft-à-dire, l’efpace vu feroit bien plus petit, & préei- fément dans la raifon du quarré de l’ouver- ture du tuyau à celle de la galerie, # $E _ des Minéraux, Partie Exp, 199 FESSSSSSESSCSES+ ARTICLE TROISIEME: # | . ° . 1 favention d’autres miroirs pour bréler 4 de moindres diflances, } L. Mirorrs dune feule pièce à foyer mobile, 1] "A1 remarqué que le verre fait reflort, &c- qu'il peut plier juigqu'à un certain point; & comme pour brüler à des diftances un peu grandes , il ne faut qu'une légère courbure. ëz que toute courbure régulière y eft à-peu- près également convenable, j'ai imaginé de prendre des glaces de miroir ordinaire d’un pied &z demi, de deux pieds & trois pieds de diamètre, de les faire arrondir, & de. les foutenir fur un cerele de fer bien égal & bien tourné , après avoir fait dans le centre de la glace un trou de deux ou trois lignes de diamètre pour y pafer une vis (4), dont les pas font très fins, & qui eatre dans un petit écrou pofé de l'autre côté de la 7 glace. En ferrant cette vis, j'ai courbe af- {ez les glaces de trois pieds, pour brüler | depuis so pieds juiqu'a 30, &c les glaces de | (p) Foycy la planche zur, fg.2, 3, 4 & fuiv. jufqu’à8, R 4 + 200 Întroduilion a l'histoire 28 pouces ont brûlé à 25 pieds ; mais avait répèté plufieurs fois ces expériences ,. j'ai café les glaces de trois pieds & de deux pieds ,; & il ne m'en refte qu'une de 18 pouces que ai gardée pour modèle dé ce mirOir (q ). | Ce qui fait cafler ces glaces fi aifément, c'eft le trou qui eft au milieu ; elles fe courbercient beaucoup plus fans rompre, s’il ny avoit point de folution de continuité, & qu'on pür les prefler également fur toute la furface : cela m'a conduit à imaginer de les faire courber par le poids même de j’at- sofphère; & pour cela il ne faut que met- ire une glace circulaire fur une efpèce de tambour de fer ou de cuivre, & ajouter à ce tambour une pompe pour en tirer de Pair; on fera de cette maniere courber la glace plus ou moins , & par conféquent elle brülera à de plus & moins grandes dif- tances. Il y auroit encore un autre moyen ce feroit d'ôter l’éramage dans le centre de la glace, de la largeur de9 ou :0 lignes, façon- ner avec une molette cette partie du cen- tre en portion de fphère |, comme ut verre convexe, d’un pouce de foyer , met tre dans le tambour une petite mêche fou (4) Ces glaces de 3 pieds ont mis le feu à des mas tieres légeres jufqu'à 50 pieës de diftance, & alors elles n'avoient plié que d'une ligne £ ; pour brûler & 40 pieds. 5 il falloit les faire plier de 2 lignes, poce brûler à 30 pieds, de 2 lignes 5 , & c'eift en voulast es faire brûler à 20 pieds qu'elles fe (ont caifées, des Minéraux. Partie Exp. 201 - fréeÿ il arriveroit que quand on préfenteroit ce miroir au Soleil, les rayons tranfmis à fravers cette partie du centre de la glace * &c réunis au foyer d’un pouce, allumeroient Ja mêche foufrée dans Île tambour ; cette mèche en brûlant abforberoit de l'air, & par conféquent le poids de l’atmofphère fe- roit plier la glace plus ou moins, felon que la mêche foufrée brüleroit plus ou moins de temps, Ce miroir feroit fort fingulier, parce u’il fe courheroit de lui-même à Pafpeét du oleil fans qu'il füt néceflaire d'y toucher; mais l’ufage n’en feroit pas facile, & c'eft pour cette raifon que je ne lai pas fait exé- cuter, la feconde maniere étant préférable à tous égards. Ces miroirs d’une feule pièce à foyer mo- bile peuvent fervir à mefurer plus exaéte- ment que par aucun autre moyen, la diffc- rence des efters de la chaleur du foieil re- çue dans des foyers plus ou moins grands, Nous avons vu que les grands foyers font toujours proportionnellement beaucoup plus d'effet que les petits, quoique l’intenfré de chaleur foit égale dans les uns & les autres; on auroit ici, en contracttant fucceffivement les foyers, toujours une égale quantité de lumiere ou de chaleur , mais dans des ef- paces fucceffivement plus petits; & au moyen de cette quantité conftante , on pourroit de- terminer par l'expérience le minimum de Vef- pace du foyer, c'eft-a-dire, l'étendue né- ceflaire, pour qu'avec la même quantité de lumiere on eût le plus grand effet; cela nous çonduiroit en même temps à une effi- à tt: 202 Introduëlion a l'hiffoire mation plus précife de la déperditiôn de la chaleur dans les différentes fubftances,. fous un même volume ou dans une égale étendue. - À cet ufage près , il m'a paru que ces: miroirs d’une feule pièce à foyer mobile étoient plus curieux qu'utiles; celui qui agit feul & fe courbe à l’afpeét du foleil, eft afflez ingénieufement- conçu pour avoir place. dans un cabinet de Phyfque, 15 #ee Mrrorrs d'une feule pièce pour bréler très wi vement à des diflences médiocres & & de_ petites difances, : J'AI cherché les moyens de courber ré gulièrement de grandes glaces , &z après. avoir fait conftruire deux fourneaux diffé- rens qui n’ont pas réufh, je fuis parvenu à en faire un troifième (r), dans lequel j'ai courbé très régulièrement des glaces circu- laires de trois, quatre, & quatre pieds &. demi de diamètre ; j'en ai même fait courber deux de 56 pouces; mais quelque precau- tion qu'on ait prife pour laifier refroidir lentement ces grandes glaces de 56 & 54 pouces de diamètre, & pour Îles manier dou- cement, elles fe font caflées en les appli- . à Voyez les. planches 1 & nn jufqu'à la fig. 6. des Minéraux. Partie Exp. 203 uant fur les moules fphériques que j’avois Qui conftruire pour leur donner la forme réguliere & le poli néceffaire ; la même chofe eft arrivée à trois autres glaces de 48 & so pouces de diamètres, & je n’en ai confervé qu’une feule de 46 pouces & deux de 37 pouces. Les gens qui connoïffent les Arts. n’en feront pas furpris, ils favent que les grandes pièces de verre exigent des pré- cautions infinies pour ne pas fe féler au fortir du fourneau où on les laifle recuire &s refroidir, ils favent que plus elles font min- ces, & plus.elles font fujettes a fe fendre, non-feulement par le premier coup de l'air, mais encore par fes imprefions ultérieures. J'ai vu plufieurs de mes glaces courbées fe fendre toutes feules au bout de trois, quatre & cinq mois, quoiqu’elles euflent réfifté aux premieres impreflions de l'air, & qu’on Îles. eût placées fur des moules de plâtre bien féché , fur lefquels la furface concave de ces glaces portoit également par-tout; mais ce qui m'en a fait perdre un grand nombre, c'eft le travail qu'il falloit faire pour leur donner une forme réguliere. Ces glaces que Jai achetées toutes polies à la manufature du faubourg Saint-Antoine, quoique choifes ee les plus épaifles, n’avoient que cinq ignes d’épaifleur ; en les courbant, le feu leur faifoit perdre en partie leur poli. Leur épaifleur d’ailleurs n’étoit pas bien égale par-tout, & néanmoins il étoit néceflaire pour l’objet auquel je les deftinois, de ren- dre les deux furfaces concave & convexe. parfaitement conçentriques, & par confé- 204 Introduétion à l'hiffoire quent de les travailler avec des molettes convexes dans des moules creux, & des mo- lettes concaves fur des moules convexes. De vingt-quatre glaces que j’avois courbées, & dont j'en avois livré quinze à feu M. Paflemant, pour les faire travailler par fes ouvriers, je n'en ai Confervé que trois ; tou- tes les autres, dont les moindres avoient au moins trois pieds de diamètre, fe font caf- fées, foit avant d’être travaillées, foit aprés. De ces trois glaces que j'ai fauvées, lune a 46 pouces de diamètre, & les deux autres 37 pouces ; elles étoient bien travaillées, leurs furfaces bien concentriques , & par conféquent l’épaiffeur bien égale; il ne s’a- gifloit plus que de les étamer fur leur fur- face convexe, & je fis pour cela plufeurs eflais en un aflez grand nombre d’expérien- ces qui ne me réuflirent point, M. de Ber- nieres, beaucoup plus habile que moi dans cet art de l’étamage, vint à mon fecours, & me rendit en effet deux de mes glaces éta- mées ; j’eus l'honneur d’en préfenter au Roi la plus grande, c’eft-à-dire , celle de.46 pou- ces, & de faire devant $a Majefté les, ex- périences de la force de ce miroir ardent qui fond aifément tous les métaux; on l’a dépofé au château de la Muette, dans un cabinet qui eft fous la dire&ion du Pere Noël; c’eft certainement le plus fort miroir ardent qu'il y ait en Europe (5). J'ai dépofé (s) On m'a dit que l’étamage de ce miroir, quia été Éait il y a plus de vingt ans, s’étoit gâté : il faucro Lo des Minéraux. Partie Exp. 2C5$ au Jardin du Roi, dans le Cabinet d’Hif toire Naturelle, la glace de 37 pouces de diamètre, dont le foyer eft beaucoup plus court que celui du miroir de 46 pouces. Je n'ai pas encore eu le temps d’effayer la force de ce fecond miroir que je crois aufh très bon. Je fis dans le temps quelques expé- riences au château de la Muette , fur la lumiere de la lune, reçue par le miroir de 46.pouces, & réfléchie fur un thermomètre tres fenfible ; je crus d’abord m’appercevoir de quelque mouvement , mais cet effet ne fe foutint pas, & depuis je n’ai pas eu oc- cafion de répéter l'expérience. Je ne fais même f1 l’on obtiendroit un degré de cha- leur fenfible en réuniffant les foyers de plu- fieurs miroirs, & les faifant tomber enfem- ble fur un thermomètre aplati & noirci; car il fe peut que la lune nous envoye du froid plutôt que du chaud, comme nous lexpli- querons ailleurs. Du refte ces miroirs {ont . fupérieurs à tous les miroirs de réflexion dont on avoit connoiffance : ils ‘ervent auffi a voir en grana les petits tableaux , & à en ciftinguer toutes les beautés & tous les dé- défauts ; & fi on en fait étamer de pareils dans leur concavité, ce qui feroit bien plus aifé que fur la convexité, ils ferviroient à voir les plafonds & autres peintures qui font trop grandes & trop perpendiculaires fur la tête, pour pouvoir être regardées aiiément. PR PP DE le remettre entre les mains de M. de Berner>s, qui feul a le fecret de cet étamage , pour le bien réparer. QUE ES OP TISEE PATT "4 ds HU + CUP Li ? 506 Jatroduttion à Phifloire Mais ces miroirs ont l'inconvénient com- mun à tous les miroirs de ce genre, qui eff de brûler en haut, ce qui fait qu’on ne peut travailler de fuite à leur foyer, & qu'ils de- viennent preique inutiles pour toutes les expériences qui demandent une longue ac- tion du feu & des opérarions fuivies. Néan- moins en recevant d'abord les rayons du loleïl fur une glace plane de quatre pieds & demi de hauteur & d'autant de largeur qui les réfléchit contre ces miroirs conca- ves, ils {ont aflez puifflans pour que cette perte qui eft de ia moitié de’ la chaleur ne les empêche pas de brûler très vivement à leur foyer, qui par ce moyen fe trouve en bas comme celui des miroirs de refra@tion, & auquel par conféquent on pourroit tra- vailler de fuite & avec une égale facilité. Seulement il feroit néceflaire que la glace plane & le miroir concave fuflent tous deux montés parallèlement fur un même fupport, où ils pourroient recevoir égdlement les mêmes mouvemens de dire@tion & d'incli- naifon, foit horizontalement , {oit vertica- lement. L'effet que le miroir de 46 pouces de diamètre feroit en bas , n'étant que de moitié de celui qu'il produit en haut, c’eft comme fi la furface de ce miroir étoit ré- duite dé moitié, c’eft-àa-dire, comme s’il n'avoit qu'un peu plus de 32 pouces de dia- mètre au lieu de 46, & cette dimenfion de 32 pouces de diamètre pour un foyer de 6 pieds, ne laifle pas de donner ure chaleur plus grange que celle des lentilles de Tichir- naüs ou du fieur Segard, dont je me fuis des Minéraux. Partie Exp. 207 autrefois fervi , & qui font les meilleures que l'on connoiïffe. Enfin par la réunion de ces deux miroirs, on auroit aux rayons du foleil une chaleur immenfe à leur foyer commun, furtout en le recevant en haut, qui ne feroït diminuée que de moitié en le recevant en bas, & qui par corièquent feroit beaucoup plus grand qu'aucune autre chaleur connue, & pour- roit produire des effets dont nous n'avons aucune idée. | III. LENTILLES ou Miroirs à l'eau. AU moyen des glaces courbées & tra- vaillées régulièrement dans leur concavité & fur leur convexité, on peut faire un mi- roir réfringent, en joignant par oppoftion deux de ces glaces, & en rempliffant d’eau tout l’efpace qu'elles contiennent. Dans cette vue, j'ai fait courber deux glaces de 37 pouces de diamètre , & les ai fait ufer de 8 ou 9 lignes fur les bords pour les bien joindre. Par ce moyen l’on n'aura pas befoin de maftic pour empêcher l’eau de fuir. “a Au zénith du miroir il faut pratiquer un petit goulot (#), par lequel on en remplira Ja capacité avec un entonnoir; & comme les vapeurs de l’eau échauffée par le foleil, pourroient faire cafler les glaces , on laif- EE PRE PRE RE DRE D FSC TER SENS DER RREI T e RR En SO NOTPRESOE NE SEEN, (r) Voyezla planche 111 , fig. & fuir. 208 Întroduthon à L hifloire fera ce goulot ouvert pour laifler échapper les vapeurs; & afin de tenir le miroir tou- jours abfolument plein d’eau, on ajuftera dans ce goulot une petite bouteille pleine d’eau , & cette bouteille finira elle-même en haut par un goulot étroit, afin que dans les différentes inclinaifons du miroir , l’eau qu’elle contiendra ne puïfle pas fe répandre en trop grande quantité. Cette lentille compofée de deux glaces de 37 pouces, chacune de deux pieds & demi de foyer, bräleroit à cinq pieds, fi elle étoit de verre; mais l’eau ayant une moindre re- fraftion que le verre , le foyer {era plus ur des Minéraux. PartieExp. 217 feur qu’on ne gagneroit par celle de la fur- face du miroir, & que c’eft pour cela que tout compenié, je m'étois borné à 26 ou 27 pouces. Newton a fait voir que quarid les rayons de lumiere tomboient fur le verre, fous un angle de plus de 47 ou 48 degrés, ils font réfléchis au lieu d’être réfraétés ; or ne peut donc pas donner à un miroir réfringent un diamètre plus grand que Îa corde d'un arc de 47 ou de 48 degrés de la fphere fur la- quelle aété travaillé; ainfi dans le cas préfent pour brüler à $ pieds, la fphere ayant environ 352 pieds de circonférence, le mi- roir ne peut avoir qu'un peu plus de 4 pieds de diamètre ; mais dans ce cas il auroit le double d’épaiffleut de ma lentille de 26 pou- ces, & d’ailleurs les rayons trop obliques ne fe réuniflent jamais bien. Ces loupes de vérre folide font, de tous les miroirs que je viens de propofer, les plus commodes, les plus {olides , les moins fujets à fe gâter, & même les plus puiflans lorfqu'ils font bien tranfparens , bien tra- vaillés , & que leur diamètre eft bien pro- ortionné à la diftance de leur foyer. Si lon veut donc fe procurer une loupe de cette efpèce, ïl faut combiner ces différens objets, & ne lui donner, comme je l’ai dit, que 27 pouces de diamètre pour brüler à $ pieds, qui eft une diftance commode pour travailler de fuite & fort à l’aife au foyer: plus le verre fera tranfparent & pefant, plus -feront grands les effets; la lumiere pañlera Hifi. nar, Tom, VII, ÿ 218 Introduflion a l’hiftoire en plus grande quantité en raifon de la tranf parence, & fera d'autant moins difperfée, d'autant moins réfléchie, & par conféquent d'autant mieux faifie par le verre, & d’au- tant plus réfraétée qu'il fera plus mañhf, c’eft-a-dire, fpéciñiquement plus pefant : ce fera donc un avantage que de faire entrer dans la compoñtion de ce verre une grande quantité de plomb; & c'eft par cette raïfon que j'en ai mis moitié, c’eft-à-dire, autant de minium que de fable. Mais quelque tranf- parent que foit le verre de ces lentilles, leur épaiffleur dans le milieu eft non-feule- ment un très grand obftacle à la tranfmif- fion de Ia lumiere, mais encore un empèche- ment aux moyens qu'on pourroit trouver pour fondre des mafies aufli épaifles & aufñ grandes qu’il le faudroit; par exemple, pour une loupe de 4 pieds de diamètre , à laquelle on donneroit un foyer de cinq ou fix pieds, qui eft la diftance la plus commode, & à laquelle la lumiere plongeant avec moins d'obliquité, aura plus de force qu’à de plus grandes diftances , il faudroit fondre une mafle de verre de quatre pieds fur fix pou- ces & demi ou fept pouces d’épaifleur, parce qu'on eft obligé de la travailler & de l’ufer même dans la partie la plus épaifle. Or, il feroit très difficile de fondre & couler d’un feul jet ce gros volume, qui feroit, comme l’on voit, de cinq ou fix pieds cubes, car les pius amples cuvettes des manufaüures de glaces ne contiennent pas deux pieds cubes; les plus grandes glaces de 6o pouces + des Minéraux. Partie Exp. 219 far 120, en leur fuppofant $ lignes d'épaif- feur, ne font qu’un volume d'environ ur pied cube trois quarts; l’on fera donc forcé de fe réduire à ce moindre volume, & à n'employer en effet qu’un pied cube & demi, ou tout au plus un pied cube trois quarts de verre pour én former la loupe , & gncore aura-t-on bien de la peine à obtenir des mai- tres de ces manufaétures, de faire couler du verre à cette grande épaifleur , parce qu'ils craignent , avec quelque raifon, que la cha- leur trop grande de cette mafle épaifle de verre ne f2fle fendre ou bourfoufler la table de cuivre fur laquelle on coule les glaces, lefquelles n’ayant au plus que s lignes d’é- pailleur (u), ne communiquent à la table qu’une chaleur très médiocre en comparai- fon de celle que lui feroit fubir une mafle de fix pouces d’épaiffeur. (u) On a néanmoins coulé à Saiñt- Gobin, & à ma : priere, des glaces de (ept lignes, dont je me fuis fervi pour différentes expériences, il y a plus de vingt anss j'ai remis dern'erement une de ces glaces de N pou- ces en quarré & de 7 lignes d'épaifleur, à M. de Ber- nieres , qui a entrepris de faire des Joupes à l'eau pour T’Académie des Sciences, & j'ai vu chez lui des g'aces de 10 lignes d’épaideur qui ont été coulées de même à Saint-Gobin : cela doit faire préfumer qu’on pourroit, fans aucun rifque pour la table, en couler d’encore plus épaiffes, ae m 510 Introduttion à l'hifloire ) V. entilles à échelons pour briler avec la plus grande vivacité poffible (x). JE viens de dire que les fortes épaiffeurs qu'on eft obligé de donner aux lentilles lorf- qu’elles ont un grand diamètre & un foyer court, nuifent beaucoup à leur effet; une lentille de 6 pouces d’épaiffeur dans le milieu & de ‘la matiere des glaces ordinaires ne brüle, pour ainfi dire, que par les bords. ‘Avec du verre plus tranfparent, l'effet fera plus grand, mais la partie du milieu refte toujours en pure perte, la lumiere ne pou- vant en pénétrer & traverfer la trop grande épaifleur ; j'ai rapporté les expériences que j'ai faites fur la diminution de Ia lumiere qui pañle à travers différentes épaiffeurs du même verre, & l’on a vu que cette diminu- tion eft très confidérable : j'ai donc cherché les moyens de parer à cet inconvénient, & j'ai trouvé une maniere fimple & afflez aifée de diminuer réellement les épaifleurs des lentilles autant qu’il me plaît, fans pour cela diminuer fenfiblement leur diamètre, & fans alonger leur foyer. Ce moyen confifie à travailler ma pièce de verre par échelons. Suppofons, pour me faire mieux entendre, que je veuille dimi- (x) Voyez le planche I , fig. 12 ; & la planche IV, Üg, 1231, 2 00Re Tdes Mineraux. Partie Exp. 221 fuer de deux pouces l’épaiffeur d’une ler tille de verre qui a 26 pouces de diamètre, s pieds de foyer, & 3 pouces d’épaifleur au centre , je divife l'arc de cette lentille en trois parties , & je rapproche concentrique- ment chacune de ces portions d’arc, en forte qu’il ne refte qu'un pouce d'épaiffleur au centre ; & je forme de chaque côté un éche- lon d’un demi-pouce , pour rapprocher de mème les parties correfpondantes ; par ce moyen, en faifant un fecond échelon, j’ar- rive à l’extrémité du diamètre, & j'ai une lentille à échelons qui eft à très peu près dy même foyer, & qui a le même diamètre, & près de deux fois meins d’épaifleur que la premiere, ce qui eft un très grand avan- tage. à Si l’on vient à bout.de fondre une pièce de verre de 4 pieds de diamètre fur deux pouces & demi d’épaifieur, & de la travailler par échelons fur un foyer de 8 pieds, j'ai fupputé qu'en laiflant même un pouce & demi d'épaifleur au centre de cette lentille & à la couronne intérieure des échelons, læ chaleur de cette lentille fera à celle de la lentilie du Palais-Royal , comme 28 font26, fans compter l'effet de la différence des épaif- feurs qui eft très confidérable , & que je ne puis eftimer d'avance. Cette derniere efpèce de miroir réfringent eft tout ce qu’on peut faire de plus parfait en ce genre ; & quand même nous le rédui- rions à 3 pieds de diamètre fur 15 lignes d’épaifleur au centre , & 6 pieds de foyer, ce qui en rendra l’exécution moins difücile, 13 222 Introduëtion à lhifloire or auroit toujours un degré de chaleur qua- tre fois au moins plus grand que celui des plus fortes lentilles que l’on connoiïfle. J'ofe dire que ce muroir à échelons feroit l’un des plus utiles inflrumens de Phyfque ; je l'ai tmaginé if y a plus de vingt-cinq ans, tous les Savans auxqueis j'en ai parlé def- reroient qu’il fût exécuté, On en tireroit de grands avantages pour l'avancement des Sciences; & y adaptant un héliomètre, on pourroit faire à {on foyer toutes les opé- rations de la Chimie auf commodément qu’on le fait au feu des fourneaux, &c. Efime V1. Echelle de Six Pieds. des Minéraux. Partie Exp, 213 SSSSSSSSSSSESS.e SENTE EXPLICATION DES FIGURES qui repréfentent le fourneau dans lequel j'ai fait courber des Glaces pour faire les miroirs ardens de différen- tes efpèces. É: planche 1, fig. r,eftle plan du fourneau, au rez-de-chaufiée, où l’on voit HXB un vide qui fauve les inconvéniens du terre-plein fous lâtre du fourneau; ce vide eft couvert d’une voûte, comme on le verra dans les figures fui- vantes. | Æ R les cendriers difpofés en forte que l’ou- verture de l’un eft dans la face où fe trouve le vent de l’autre. ZL deux contre-forts qui affermiflent la ma- gonnerie du fourneau. 14 M deux autres contre-forts dont l’ufage eft le même que celui de ceux ci-deflus, & qui n’en difièrent que parce qu'ils font un peu arrondis. GGGG plans de quatre barres de fer qui af- fermifent le fourneau, ainfñ qu'il fera expliqué ci-apres. La fig. 11, planche 1, eft Yélévation d’une des faces paralièles à Ja ligne CD du plan précé- dent. FX V'ouverture pratiquée dans l’âtre du four- nean, afin qu'il ne s’y trouve point d'humidité. CCla bouche ou grande ouverture du four- neau. A la petite ouverture pratiquée dans la face T 4 224 Introdu&fion à l'hifloire eppofée , laquelle eft toute femblable à celle que la méme planche repréfente, à cette différence près que l’euverture eft plus petite. M m un des contre-forts arrondis, à côte du- quel on voit le vent. R ouverture par où l'air extériéur pafle fous la grille au foyer. £ le cendrier ; N le foyer ; P la porte qui le ferme. Z J un contrefort quarré. GO, GO deux des barres de fer fcellées er terre, & qui font unies à celles qui font pofées à l'autre face par ies liens de fer D , ainfi que lon verra dans une des figures fuivantes. O O deux barres de fer qui unifflent enfemble les deux barrres GO , GO, & retiennent la voùre de l’ouverture CC qui eft bombée. m D B D I la voûte commune du fourneau & des foyers, dont la figure eft ellip{oïde ; larran- gement des briques & autres matériaux qui com- pofent le fourneau, fe connoït aifément par la figure. à La fg. 111, planche 1, eft la vue extérieure du fourneau par une des faces parallèles à la ligne A B du plan. LL, MM contreforts. HK extrémités de l'ouverture fous l'âtre du fourneau. A la petite ouverture ; € la grande. GOD, GOD lesbarres de fer dont on a par- lé, qui font unies enfemble par le lien D D. Les liens D D couchés fur la voûte DBD, font unis enfemble par un troifième lien de fer. P eft la porte de fer qui ferme le foyer. Les figures précédentes font connoitre l'exte- des Minéraux. Partie Exp. 225 rieur du fourneau. L'intérieur , plus intéreflant, eft repréfenté dans les planches fuivantes. La fig. 1v, plancge 1 , eft une coupe horizon- tale du fourneau par le milieu de la grande bouche, ._ À eft l’âtre que l’on a rendu concave fphé- rique. E E les deux grilles qui féparent le foyer du cendrier, & fur lefquelles on met le charbon: on a fuppofé que la voûte étoit tranfparente, pour mieux faire voir la direétion des barreaux qui comoofent les grilles. A la petite ouverture, CC la grande. DD es marges, LM, LM les contreforts, La fs. v, planche 11 , eft la coupe verticale du fourneau fuivant la ligne CD du plan , ou felon le grand axe de Pelhpfoide dont la voûte a la figure. . Z le vide fous l’âtre du fourneau. GXK cavité fphérique pratiquée dans l’âtre : du fourneau, & fur laquelle la glace GX qui a été arrondie eft pofée , & dont elle doit pren- dre exaétement la figure après qu'elle aura été ramollie par le feu. FF les grilles ou foyers au deflous defquels font les cendriers. | D D les marges qui empêchent les bords de la glace du côté des foyers d’être trop tôt atteints par le feu. CBC la voûte, CC lunettes que l’on ouvre où ferme à volonté en les couvrant d’un carreau de terre cuite, LM contre-forts. La fig. w1, planche 11, repréfente la coupe du fourneau par un plan vertical qui pafle par la ligne 4B du plan. 226 Introduitlion à lhifloire HKXL le vide fous l'âtre du fourneau, GXX cavité fphérique pratiquée dans l’âtre du fourneau, & fur laquelle la glace X eft-déjà apphquée. :- DD une des marges, P la grande ouverture, Q la petite, CCC lunettes. GC la voûte coupée tranfverfalement ou fe- lon le petit axe de l’ellipfoïde. On jugera de la is de chaque partie de ce fourneau par s échelles qui font au bas de chaque figure, qui ont été exactement levées fur le fourneau qui _ étoit au Jardin royal des plantes, par M. Gouffer. GRAND MIROIR DE RÉFLEXION, appellé MIROIR D'ARCHIMEDE. © Planche II RE CE miroir eft compofé de trois cent foixante glaces montées fur un chafhis de fer CDEF; chaque glace eft mobile, pour que les images ré- fléchies par chacune puiflent être renvoyées vers le même point, & coincider dans le même ef- ace. | Le chaffis qui a deux tourillons, eft porté par une pièce de fer compofée de deux montans MB, LA aflemblés à tenons & mortoifes dans la cou- che ZO ; ils font aflujettis dans cette fituation par la traverfe 28 8 par trois étais à chacun : NP,QP, OP,fixés en P dans le corps du mon- tant MB , & aflembiés par le bas dans une cour- be NOQ qui leur fert d’empattement, ces cour- bes ont des entailles NQ, 1U/ qui reçoivent des roulettes au moyen defquelles cette machine, quoique fort pefante, peut tourner librement fur | Plan che 1 des Minéraux. Partie Exp. 227 le plancher de bois XXF étant aflujettie au cen- tre de cette plate-forme par l’axe RS qui pafle dans les deux traverfes ZO , ab ; chaque mon= tant porte aufli à {a partie inférieure une rou- lette, en forte que toute la machine eft portée par dix roulettes ; [a plate-forme de bois eft re= couverte de bandes de fer dans la rouette des rou= lettes ; fans cette attention la plate-forme ne {e- roit pas de longue durée, La plate-forme eft portée par quatre fortes roulettes de bois dont l’ufage eft de faciliter le tranfport de toute la machine d’un lieu à un autre. Pour pouvoir varier à volonté les inclinaifons du miroir, & pouvoir l’aflujettir dans la fitua- tion que l’on juge à propos, on a adapté la cre- maillere FG qui eft unie avec des cercles dont le touriilon B eft le centre ; cette cremaillere eft menée par un pignon en lanterne dont la tige E Htraverfe le montant & un des étais , & eft terminée par une manivelle HX, au moyen de laquelle on incline ou on redrefle le miroir à difcrétion. Jufqu'à préfent nous n’avons expliqué que la conftruttion générale du miroir ; refle à expli- quer par quel artifice on parvient à faire que que les images différentes réfléchies par les diffé- rens miroirs, font toutes renvoyées au même point, & c’eft à quoi font deftinées les figures luivantes. D ; Planche 11 , figure 2. X Z une portion des barres qui occupent le derriere du miroir ; ces barres font au nombre de vingt, & difpofées horizontalement, en forte ct 228 Introduétion à Phifloire que leur plan eft parallèle au plan du miroir ; chacune de ces barres a dix-huit entailles TT, & le même nombre d'éminences PF qui les {é- parent : ces barres font affujetties aux côtés ver- ticaux du chaflis du miroir par des vis, & en- tr'elles par trois ou quatre barres verticales, aux- quelles elies font aflujetries par des vis; vis-à- vis de chaque entaille TT il y a des poupées T4, TD qui font fixées par les écrous G 4 qui pren- nent la partie taraudée de la queue de la poupée après qu'elle a traverfé l’épaifieur de Ja barre; les parties fupérieures de chaque poupée, qui font fermées, fervent de colleis aux tourillons de la croix dont nous allons parier ; cette croix, repréfentée figures 3 & 5 , eft un morceau de cuivre ou de fer dont la figure fait connoîitre la forme. CD Îles tourillons qui entrent dans les trous pratiqués à chaque poupée, en forte qu’elle fe peut mouvoir librement dans ces trous. La vis ML , après avoir traverfé l’éminence 7, va s'appuyer en-deffous contre l'extrémité inié- tieure B du croïfilon B 4, en même temps le reflort Æ va s'appliquer contre l’autre extrémiré A du même croifillon; en forte que lorfque lon fait tourner la visen montant, le reffort en fe rétabliffant, fait que la partie B du croifillon fe trouve toujours appliquée fur la pointe de la vis : il réfulte de cette conftruétion un mouve- ment de ginglime ou charniere , domt l'axe eff B €, fig. 2 Ce feul mouvement ne fufñfant pas, on en a pratiqué un autre dont l'axe de mouvement croi- fe à angle droit le premier. Aux deux extrémités 4 & B du croifilon 4E, à soil des Minéraux. Partie Exp. 229 on a adapté deux petites poupées B H, AK, fgure $, retenues comme les précédentes par des vis & des écrous. - : Les trous Æ Æ qui font aux parties fupérieu res de ces poupées, reçoivent les tourillons DC, fig. 4, d'une plaque de fer que nous avons ap- pellée porte - glace , qui peut fe mouvoir libre- ment fur les poupées, & s’incliner à l'axe CD du premier mouvement par le moyen de la vis ÆFG, pour laquelle on a réfervé un boflage E dans le croifillon 4B , afin de lui fervir d’écrous dormans; cette vis s'applique par Æ contre la - partie DBC du porte-glace, & force cétte par- tie à monter lorfqu’on tourne la vis ; mais lorf- qu'on vient à lâcher cette vis, le reffort 4 L qui qui s'applique contre la partie DAC du porte- glace, le force à fuivre toujours la pointe de la vis : au moyen de ces deux mouyemens de gin- olime, on peut donner à la glace qui eft reçue par les crochets ACB du porte-glace , telle di- rection que l’on fouhaite, & par ce moyen faire coïncider l’image du foleil réfléchie par une gla- ce, avec celle qui eft réfléchie par une autre. La figure 6 , planche 11, repréfente le porte- glace vu par-derriere , où l’on voit la vis FE G qui s’apphque en G hors de l'axe du mouvement HK , & le reflort L qui s'applique en £ de l'autre côté de l'axe du mouvement. La figure 7 , planche 11 , repréfente le porte= glace vuen-deflus , & garni de la glace ACBD, le refte eft expliqué dans les autres figures. = Le) SAUT 230 Introduition a l’hifloire MIROIR DE RÉFLEXION rendu concave par la preffion d’une vis appliquée au centre. Plänche III, #4 Le figure r repréfente le miroir monté {ur fon pied, BDC la fourchette qui porte le miroir ; cette fourchette eft mobile dans l'axe vertical, & eft retenue fur le pied à trois branches FFF par lécrou G. | D E le régulateur des inclinaifons. A la tête de la vis placée au centre du mi roir, & rendu concave par fon moyen. La figure 2 reprélente le miroir vu par fa par- tie poitérieure , BC les tourillons qui entrent dans les collets de la fourchette. FG une barre de fer fixée fur l'anneau de mé- me métal, qui entoure la glace : cette barre fert de point d'appui à la vis DE qui comprime la glace. BHCK l'anneau ou cercle de fer fur lequel la glace eft appliquée; ce cercle doit être exaéte- ment plan & parfaitement circulaire : on cou- vre la partie fur laquelle la glace s'applique avec de la peau, du cuir ou de l'étofe , pour que le conta@t foit plus immédiat, & que la glace ne foit point expofée à rompre. . fe vu AA ÉITFECN in qui { MÈEE A RS RE De “ ‘ des Minéraux. Partie Exp. 231 Miroir DE RÉFLEXION rendu concave par la preffion de l Atmofphere. Planche Tir , figure 3 6 4. CC miroir confifte en un tambour ou cylin- dre dont une des bafes eft la glace , & l’autre une plaque de fer. AB, figure 3, la glace parfaitement plane, C une lentille taillée dans l'épaifleur même de la glace. AE ou BM la häuteur du cylindre aux ex- trémités du diamètre horizontal TZ, duquel {or- tent deux tourillons qui entrent dans les yeux de la fourchette, ainfi qu'il eft expliqué en par- lant du miroir de réfraction. MO le régulateur des inclinaifons. N le collet par lequel il pafle & la vis qui fert à l'y fixer. NRSPQ le pied qu eft femblable à celui du miroir de réfraction, à cette différence près, qu’il eft de bois , & que les pièces ont un contour moins orné, du refte fa fonction eft la même. Figure 4 eft le profil du miroir coupé par un plan qui pafle par l'axe du cylindre, & auquel on fuppofe que l'œil eft perpendiculaire, A B la glace dont on voit l’épaifleur. C la lentille qui y eft entaillée & dont le foyer tombe fur le point ç. ED la bafe du cylindre qui eft une plaque de fer. AË, BD la hauteur & la coupe de la furface cylindrique. e mm une mèche foufrée que l’on fait entrer dans 232 ntrodzition à l'hifloire la cavité du miroir après avoir Ôté la vis X dont Y'écrou eft un cube folidemeat attaché à la plaque de fer qui fert de fond au miroir. G la même vis repréfentée féparément , H une rondelle de cuir que fon met entre la tête de la vis & fon écrou pour fermer entiérement Je paffage à l'air. abc la courbure que la glace prend après que Pair que le cylindre contient, a été confommé par la flamme de la bougie c% à laquelle la lentille € a mis le feu, D F le régulateur des inclinaïfons , qui eft af- femblé à charniere au point D. EmkK , KmD , règles de fer pofées de champ fur la bafe du cylindre & qui y font fortement affujetties : leur ufage eft pour fortifier la plaque & la mettre en état de réfifter au poids de l’at- mofphere qui la comprime aufli-bien que la gla- ce; cette conftruétion eft repréfentée dans une autre figure, planche 111, figure 6. AUTRE MIROIR DE RÉFIEXIGN. Planche 111 , figure $, 6. L confifte auff en un cylindre ou tambour de fer , dont une des bafes eft une glace parfaitement . plane ; la bafe oppolée, & qui À celle que la fg.$ préfente , eft une plaque de fer qui eft forriñée par les règles de fer pofées de champ £G, FH, EK.On vide Pair que le cylindre contient par la pompe BC qui eft affermie fur la plaque de fer par les collets xx. | A l'extrémité fupérieure du pifton. E “ … des Minéraux. Partie Exp. 233 Æ un cube de cuivre folidement fixé fur la plaque ; ce cube eft porté en travers pour rece- voir le robinet F, au moyen duquel on ouvre ou on ferme la communication de l’intérieur du cylindre avec la pompe. ( LM, mn la fourchette fur laquelle le miroir eft monté & qui eft mobile dans l'arbre MO. MPRQ le pied qui a feulement trois branches, ce qui fait qu'il porte toujours à plomb , même fur un plan inégal. La figure 6 repréfente le miroir coupé fuivant la ligne G H, & duquel on fuppofe qu'on a pompé l'air. XVZ ja glace que la preffion de l’atmofphere a rendue concave. H G la plaque de fer qui fert de fond au cy- lindre. LAN les tourillons. FE le robinet. EG, FH iles règles de champ qui maintien- nent la plaque. Les figures 7 & & repréfentent en grand ja coupe du cube dans lequel pafle le robinet ; ce cube eft fuppofé coupé par un plan perpendi- culaire à la plaque & qui pañle par la pompe. c partie du canal coudé pratiqué dans le cube qui communique à l’intérieur du miroir. b portion du canal qui communique à la pompe. f a le robinet. qui fe trouve coupé pergendicu lairement à fon axe. La figure 7 reprefente la fituation du robinet Jorfque la communication eft ouverte , la por- tion ”: du canal fe préfente vis-asvis les ouver- turesbc, Y 234 Fntroduition à a l foie La fioure 8 repréfente la fituation du robines lorfque la communication eft fermée , alors la: partie % du canal ne fe préfente plus vis-à-vis ks mêmes ouvertures. LENTILLE A FE AU. Planche IIEF, figures 9, 10 , 18 F IGURE 9 le miroir entier monté fur for. pied. ABME€ le miroir compofé de deux glaces. gonvexes affujetties l’une contre l’autre par le ghafüis ou cadre circulaire ABMC. BC extrémités de la fourchette de fer qui por— te ce muroir. Les extrémités de cette four- chette font percées d’un trou cylindrique pour: recevoir les tourillons dont le chaflis du miroir eft garni & fur lefquellesil fe meut pour varier les inclinaifons. BAC la fourchette. , AFGH le pied qui porte le miroir ; il eff Re de plufieurs pièces. ÆL l'arbre ou poinçon qui ‘appuie par fa partie inférieure fur la croix HI, FG ;il eft fixé: daps la fituation verticale par les quatre étais ou: jambes de forces KG, KH, KF, KE, qui font de fer, @& auxquelles on a donné ur contour: agréable. fghï les roulettes: Se sure 10: Coupe ou: profil du miroir dans la quelk on fupppfe que l'œil eft placé dans le: plan qui fépare les deux glaces. XZ les deux glaces qui étant réunies. forment ane lentiile.. des Minéraux. Partie Exp. 235 or le plan qui fépare les deux glaces. bm coupe du chaflis ou anneau qui retient les glaces unies enfemble ; cet anneau eft com- pofé de deux pièces qui s’aflujettiflent lune à Pautre par des vis, & entre lefquelles les glâces font maftiquées. a une petite bouteille à deux cols , l’un def- quels communique au vide que les deux glaces laiffent entr'elles par un canal pratiqué entre les deux glaces, & qui eft entaillé moitié dans lune & moitié dans l'autre. Figure 11. BD£€ la fourchette de fer qui porte le ruroir. DE ge de la fourchette qui entre dans un trou vertical pratiqué à l’axe ou arbre XL du pied, en forte que l’on peut préfenter fucceflive- ment la face du miroir à tous les poinss de lhorizon. | D collet dans lequel pañfe le régulateur des in+ clinaifens que lon y fixe par une vis. LENTILLE A ECHELON. Planche 111, fig. 12. AB bordure circulaire pour contenir ce mi- foir à échelons. CC tourilions qui pañlent dans les trous percés horizontalement à la partie fupérieure de la fourchette DD ; à fa partie inférieure tient une tige auffi de fer, que l’on ne voit pointici, étant entrée perpendiculairement mais un peu à l’aife dans arbre Æ afin de pouvoir tourner à droite &t à gauche. L'arbre Æ eft attaché folidement à fon pied \' * à ” 236 Iatroduëhion a l'hifloire qui eft fait en croix, dont on ne peut voiricé que trois de fes côtés indiqués FFF. GGG jambages de force ou étais de fer pour la folidité. H HH roulettes deffous les pieds pour ran- ger facilement ce miroir à la direétion que l’on juge à propos. La planche 1 , figure 13 repréfente ce même miroir à échelons en perfpeétive, tourné vers le foleil pour mettre le feu. A B bordure circulaire qui contient la glace à échelons. CC tourillons qui paflent dans les trous percés à la partie fupérieure de la fourchette DD. ._ À la partie inférieure de la fourchette, quieft de fer , tient une tige cylyndrique de même métal qui entre jufte dans l'arbre, mais non trop errée pour qu'elle puifle avoir un jeu doux, propre à pouvoir tourner à droite ou à gauche pour la duiger commeon le defire. Æ Yarbre dans lequel entre cette tige. FFFF les quatre pieds en croix fur laquelle @ft attaché folidemert l'arbre. : GGGG les quatre jambes de force auff de fer. H le feu aétif üré du foleil par la conftrwttion de ce miroir. I11 roulettes de deffous les pieds du porte- miroir. ; La planche 1F, figures 1, 2, 3, repréfente les eoupes de trois miroirs à échelons ; dont le plus facile à exécuter feroit celui de la figure xere, Leur échelle eft de fix pouces de pied-de-rei pour pied-de-rer Pr EUTTA | 2 Echele de du pieds des Minéraux. Partie Exp. 237 BESSSSSSSSESSSt SEPTIEME MÉMOIRE. OgsEnv ATIONS fur les Couleurs accidentelles & fur les Ombres colerces, UOIQU'OX fe foit beaucoup occupé dans ces derniers temps de la phyfique des couleurs , il ne paroît pas qu'on ait fait de grands progrès depuis Newton : ce n’eft pas qu'il ait épuifé la matiere , mais la plupart des Phyficiens ont plus travaillé à le com- battre qu'à Pentendre ; & quoique fes prin- cipes fotent clairs , & fes expériences in- conteftables, il y a fi peu de gens qui fe foient donné la peine d'examiner à fond les rapports & Flenfemble de fes découvertes , que je ne crois pas devoir parler d’un nou- veau genre de couleurs, fans avoir aupa- ravant donné des idées nettes fur la produc- tion des couleurs en général. I y a plufeurs moyens de produire des couleurs, le premier eft Îa réfraction: urt trait de lumiere qui pañle à travers un prif- me fe rompt & fe divife de façon qu’il pro- duit une image colorée , compoiée d’un nom- bre infini de eouleurs ; & les recherches qu’on a faites fur cette image colorée du Soleil, ont appris que Îa lumiere de cet aftre eft l’affemblage d’une infinité de rayons de lumiere différemment colorés; que ces rayons ont autant de différens degrés de ré- L'EVSI VPRCRPER 238 Introduütion à L'hifloëre frangibilité que de couleurs différentes, & que la même couleur a conftamment le mé- me degré de réfrangibilité. Tous les corps diaphanes dont les furfaces ne font pas pa- rallèles, produifent des couleurs par la ré- fration ; l’ordre de ces couleurs eft' inva- riable, & leur nombre, quoiqu'infini, a été réduit à fept dénominations principales , vio- let, indigo , bleu , vert, jaune, orangé , rouge $ chacune de ces dénominations répond à ur intervalle déterminé dans l’image colorée qui contient toutes les nuances de la cou- leur dénommée; de forte que dans linter- vaile rouge on trouve toutes les nuances de rouge, dans l'intervalle jaune toutes les nuances de gaune , &c; & dans les confins de ces intervalles les couleurs intermédiai- res qui ne font ni jaunes ni rouges , &c. C'eft par de bonnes raifons que Newton a fixé à fept le nombre des dénominations des couleurs ; l'image colorée du Soleil qu’il ap- pelle Ze fpeétre folaire , n’offre à la premiere vue que cinq couleurs, violet , bleu , vert, jau- ne & rouge, ce n’eft encore qu'une décom- poñtion imparfaite de lumiere, & une re- prélentation confufe des couleurs. Comme cette image eft compofée d’une infinité de cercles différemment colorés qui répondent a autant de difques du Soleil, & que ces cercles anticipent beaucoup les. uns, fur les autres, le milieu de tous ces cercles ef l’en- droit où le mêlange des couleurs eft le plus: grand, & il n’y a que les côtés reütilignes de l’image où les couleurs foïent pures; mais: comme elles font en même temps très foi- des Minéraux, Partie Exp. 239 bles , on a peine à les diftinguer , & on fe fert d’un autre moyen pour épurer les couleurs : c'eft en rétréciflant l’image du difque du So- lil, ce qui diminue l’anticipation des cer- cles colorés les uns fur les autres, & par conféquent le mélange des couleurs; dans ce fpectre de lumiere épurée & homogène, on voit très bien les fept couleurs; en en voit même beaucoup plus de fept avec un peu d'art, car en recevant fucceflivement fur un fil blanc les différentes parties de ce fpeétre de lumiere épuré, j'ai compté fou- vent jufqu’à dix-huit ou vingt couleurs dont la différence étoit fenfible à mes yeux. Avec de meilleurs organes ou plus d'attention , on pourroit encore en compter davantage ; cela n'empêche pas qu'on ne doive fixer le nombre de ieur dénomination à fept, ni plus ni moins; & cela par une raifon bien fon- dée , c’eft qu'en divifant le fpeétre de lu- miere épurée en fept intervalles, & fuivanr la proportion donnée par Newton, chacun de ces intervalles contient des couleurs qui, quoique prifes toutes enfemble, font inde- compofables par le prifme & par quelqu’art que ce foit, ce qui leur a fait donner le som de couleurs primitives. Si au lieu de divifer le fpeétre en fept, on ne le divife qu’en fix, Ou cinq, ou quatre , ou trois intervalles | alors les couleurs contenues dans chacun de ces intervalles fe décompofent par le prif- me, & par confèquent ces couleurs ne font pas pures, & ne doivent pas être regardées. comme couleurs primitives. On ne peut donc pas réduire les couleurs primitives à moins 240 Introduëion à l'hifloire de fept dénominations , & on ne doït pas en admettre un plus grand nombre, parce qu'alors on diviferoit inutilement les inter- valles en deux ou plufieurs parties, dont les couleurs feroient de la même nature, & ce feroit partager mal-à-propos une même efpèce de couleur, & donner des nonis différens à des chofes femblables. 2 Il fe trouve par un hafard fingulier, qu Fétendue proportionnelle de ces fept inter- valles de couleurs, répond aflez jufte à l'é- tendue proportionnelle des fept tons de la mufique, mais ce n'eft qu’un hafard dont on ne doit tirer aucune conféquence; ces deux réfultats font indépendans l’un de Pautre, & il faut fe livrer bien aveuglé- ment à lefprit de fyftème pour prétendre , en vertu d'un rapport fortuit, foumettre l’œil & Foreille à des loix communes , & traiter l’un de ces organes par les règles de l'autre, en imiginant qu'il eft pofhble de fai- re un concert aux yeux ou un payfage aux oreilles. | | Ces fept eouleurs , produites par la ré- fraion, font inalterables , & contiennent toutes les couleurs & toutes les nuances de couleurs qui font au monde; les couleurs du prifme, celles des diamans, celles de lac- en-ciel, des images des halos, dependent toutes de la réfraétion, & en fuivent exafte- ment les loix. La réfra&ion n’eft cependant pas le feul moyen pour produire des couleurs ; la lu- miere a de plus que fa qualité réfrangible é’autres propriétés qui, quoique dépendan- tes De té des. Mineraux. Pattie Exp. . 24 tes de la même caufe générale, produife des effets différens ; de la même façon que la lumiere fe rompt & fe divife en couleurs en paflant d'un milieu dans un autre milieü tran{parent , elle fe rompt auffi en paflant au- près des furfaces d'un corps opaque : cette efpèce de réfrattion qui fe fait dans le mé- me milieu, s'appelle infflexion, &c les cou- leurs qu'elle produit, font les mêmes que celles de la réfra@tion ordinaire, les rayons violets qui font les plus réfrangibles font zauff les plus flexibles, & la frange colorée LA par l'inflexion de Ia lumiere ne diffère du {pe@re coloré produit par la réfraction , que dans la forme ; & fi l’intenfité des couleurs eft différente, l’ordre en eft le même, les propriétés toutes femblables , le nombre égal, a qualité primitive & inaltérable commune à toutes, {oit dans la réfraétion, foit dans l'inflexion qui n'eft en effet qu'une efpèce de réfraétion. Mais le plus puifant moyen que la Natu-. re empioie pour produire des couleurs, c’eft la réflexion (2); toutes les couleurs mate- (a) J'avoue que je ne penfe pas comme Newton au fujet de la réflexibilité des Gifférens rayons de la lu- gniere. Sa définition de la réflexibilité n’eft pas afflez générale pour être fatisfaifante ; il eft sûr que la plus grande facilité à être réfléchi, eft la même chofe que la plus grande réflexibilité ,il faut que cette plus grande facilité foit générale pour tous les cas : or qui fait ñ le rayon violet fe réfléchit le plus aifément dans tous les cas, à caufe que dans un cas particulier il rentre plutôt dans le verre que les autres rayons ; la réfiexien FR. Nat. Tom. VIE X 242 Irtroduëtion à l'hiflotre rielles en dépendent, le vermillon n’ef rou- ge que parce qu'il réfléchit abondamment les rayons rouges de la lumiere, & qu’il abfor- be les autres ; l’outremer ne paroît bleu que parce qu'il réfléchit fortement les rayons bleus, & qu’il reçoit dans fes pores tous les autres rayons qui s’y perdent. Il en eft de même des autres couleurs des corps opa- ques & tranfparens ; la tranfparence dépend de Puniformité de denfité; lorfque les par- ties compofantes d’un corps font d'égale den- fité , de quelque figure que foient ces mé- DE SE I RS de la lumiere fuit les mêmes loix que le rebondifement de tous les corps à reffort ; de-lä on doit conclure que les particules de lumiere font élaftiques, & par confé-. quent la réflexibilité de la lumiere fera toujours pro- portionnelie à fon reffort, & dès-lors les rayons les plus réflexibles feront ceux qui aurort le plus de ref- fort ; qualité difficile à mefurer dans la matiere de Ja lumiere, parce qu’on ne peut mefurer l'intenfité d’un reflort que par la vitefle qu’il preduit ; il faudroit donc, pour qu'il fût pofüble ce faire une expérience fur cela; que les fatellites de Jupiter fuffent illuminés fuccefi- vement par toutes les couleurs du prifme , pour re- connoître par leurs éclipfes s’il y auroit plus ou moins de viîtefle dans le mouvement de Ia lumiere violette que dans le mouvement de la lumiere rouge ; car ce n’eft que par la comparaifon de la viteffe de ces deux différens rayons qu'on peut favoir fi l’un a plus de ref fort que l’autre ou plus de réflexibilité. Mais on n’a jamais obfervé que les fatellites , au moment de leur ‘émerfion, ayent d’abord paru violets, & enfuite éclai- rés fucceflivement de toutes les couleurs du prifme : donc il eft à préfumer que les rayons de lumiere ont à-peu-près tous un reflort égal , & par conféquent au- tant de réflexibilité. D’aïlleurs le cas particulier où le violet paroïît être plus réexible, ne vient que de la 25 des Minéraux. Partie Exp. - 243 mes parties, le corps fera toujours tranf- parent. Si l’on réduit un corps tranfparent a une fort petite épaifleur, cette plaque mince produira des couleurs dont l’ordre & les principales apparences font fort différer tes des phénomènes du fpeétre ou de la frange colorée; aufli ce n’eft pas par Îa ré- fraction que ces couleurs {ont produites , c'eft par la réflexion : les plaques nw#nces des corps tranfparens , les bulles de fa- von, les plumes des oifeaux , &c. paroïflent colorées parce qu'elles réfiéchifflent » un miroir, {ur une muraille où la lumiere » tomboit obliquement. Mais voici d’autres » obfervations plus importantes à mon avis; » avant que d'en faire le détail, je fuis » obligé de tracer la topographie de ma cham- » bre : elle eft à un troïfième étage ; la - » fenêtre près d’un angle au couchant, la » porte prefque vis-à-vis. Cette porte donne » dans une galerie, au bout de laquelle, à » deux pas de diftance , eft une fenêtre » fituée au midi. Les jours des deux fenêtres » fe réuniflent, la porte étant ouverte contre » une des murailles ; & c'eñ-là que j'ai vu ÿ des Minéraux. Partie Exp. 259 des ombres colorées prefque à toute heure, mais principalement fur les dix heures du matin. Les rayons du Soleil que la fenêtre de la galerie reçoit encore obliquement, fe tombent point par celle de la chambre, fur la muraille dont je viens de parler. Je place a quelques pouces de cette muraille des chaifes de bois à doffier percé. Les ombres en font alors de couleurs quelquefois très vives. J'en ai vu qui, quoique projetées de même côté , étoient l’une d'un vert foncé, l'autre d’un bel azur. Quand la lu- miere eft tellement ménagée , que les om- bres foient également fenfibles de part & d'autre, celle qui eft oppofée à la fenêtre e la chambre eft ou bleue ou violettes l’autre tantôt verte, tantôt jaunâtre. Celle- ci eft accompagnée d’une efpèce de pe- nombre bien colorée, qui forme comme “une double bordure bleue d’un côté, & de l'autre verte ou rouge ou jaune, felon l'intenfité de la lumiere. Que je ferme ies volets de ma fenêtre, les couleurs de cette péñnombre n’en ont fouvent que plus d’é- clat; elles difparoïflent fi je ferme la porte a moitié. Je dois ajouter que le phénomène n'eft pas à beaucoup près fi fenfible en hi- ver. Ma fenêtre eft au couchant d'été, je fis mes premieres expériences dans cette fai- {on , dans un temps où les rayons du Soleil tomboient obliquement fur la muraille qui fait angle avec celle où les ombres fe colo- roient ». On voit par ces obfervations dis VAbbé 2 260 Introduition à lhifioire Millot, qu'il fuffit que la lumiere du Soleif tombe très obliquement fur une furface . pour que l’azur du ciel, dont la lumiere tombe toujours direétement , s’y peigne & colore les ombres. Mais les autres apparences. dont il fait mention, ne dépendent que de la pofition des lieux & d'autres circonftances acz gefloires. Fin du Tome [eptièmes g De es ee Sp np pe TABLE DES MATIERES Pe ER ae ge su an ane ne Paie Pa We ne Ras? LE ü Contenues dans les deux Volumes, ie Il n’y a rien d’abfoïu dans la Na: ture, rien de parfait, rien d’abfolument grand. rien d’abfolument petit , rien d’entiérement nul, rien de vraiment infini, Vol. VI , page 23. Ac1DEs (les \ viennent en grande partie de fa décompofition des fubflances minérales ou: végétales, preuve de cette affertion, vol. VE, 56. Es ne doivent leur liquidité qu’à la quan- _tité d'air & de feu qu'ils contiennent . 2bid. 123: Contiennent toujours une certaine quantité d’al- kali, 2h14, 174, Âciprs & ArKaLis. Î] y aplus de terre & moins d'eau dans les alkalis , & plus d’eau & moins de terre dans les acides, vol. VI, 123. ACIDES rirreux ( les \ contiennent une gran= de quantité d'air & de feu fixes, vol. VE, 56. AFFINITÉS, Le degré d'affinité de l'air avec Peau, dépend en grande partie de celui de fa 5 TABLE température ; ce degré dans fon état de liqui- dité eft à-peu-près le même que celui de la cha- leur générale à la furface de la terre, vol. VI, 109. Les degrés d’aflinité dépendent abfolument de la figure des parties intégrantes des corps, vol. VI, 124. AFFINITÉS chimiques (les) n’ont point d’au- tres principes que celui de l'attraétion univer- felle commune à toute la matiere. --- Cette grande loi toujours conftante , toujours la mé- me , ne paroit varier que par fon expreflion qui ne peut être la même dès que la figure des corps entre comme élément dans leur diftance, vol, VI, 85 & fui. Air (l })eft le premier aliment dà feu, aï- ment néceflaire , fans lequel le feu ne peut fub- fifter. --- Un petit point de feu , tel que celui d’une bougie allumée, abforbe une grande quan- tité d'air, & la bougie s'éteint au moment que la quantité ou la qualité de cet élément lui man- que, vol. VI , 44. L'air eft le plus fluide de toutes les matieres connues, à Fexception du feu qui eft la caufe de toute fluidité, & qu’on doit regarder comme plus fluide que Pair. --- Induétions tirées de la grande fluidité de l'air, ibid. & fuiv. L'air eft de toutes les matieres con- nues, celle que la chaleur met le plus aïfément en mouvement expanfif. — Ïl eft tout près de la nature du few —— Pourquoi il augmente fi fort l’aGtivité du feu, & pourquoi ift eft nécef- faire à fa fubfftance , :bid. 46. Maniere dont le feu détruit le reflort de l'air. __ Explication de k façon dont l'ax élaftique devient fixe. — DES MATIERES, if L'air étant raréfié par la chaleur , peut occuper un efpace treize fois plus grand que celui de fon volume ordinaire , 5bid. $1. L’air paroît être de toutes les matieres , celle qui peut exifter le plus, indépendamment du feu. — Il Jui faut in- finiment moins de chaleur qu’à tout autre ma- tiere pour entretenir fa fluidité. — Les plus grands froids & les plus fortes condenfations ne peu- vent détruire fon reflort, la chaleur feule en le raréfiant eft capable de cet effet , vol. VI , 88. Dans quelles circonftances l'air peut reprendre fon élafticité. — Comment il la perd & la re- couvre. — Comment il devient une fubftance fixe , & s’incorpore avec les autres corps, ibid. 89. Maniere dont il contribue à la chaleur ani- maie, ibid. 93. Explication de la maniere dont Fair que les animaux refpirent, contribue à l'en tretien de la ch-leur animale. _ Comment il pafle dans le fang des animaux , ibid, 06 6 [. Il fait partie très fenfible de la nourriture des végétaux, & fe fixe dans leur intérieur, ibid, 101. L’air contenu dans l'eau, eft dans un état moyen entre la fixité & lélafticité, 52. 108. Il fe fépare plus aifément de leau que de tout autre matiere , £bid, 109. Explication de la ma- niere dont le froid & le chaud dégagent égale- ment l'air contenu dans l’eau, bi. Il y a beau- coup moins d'air dans l’eau que d’eau dans l’air, — 1] s'imbibe très aifément de l’eau, & paroi auffi la rendre aifément, ibid. 141. AIR FIXE. Sa différence avec l'air difléminé dans les corps, vol. VI, s1 € fui. Il faut une affez longue réfidence de l'air devenu fixe dans les fubftances terreftres pour qu'il s’établifle à iÿ TABLE demeure fous cette nouvelle forme. Mais il n’eft . pas néceffaire que le feu foit violent pour faire perdre à l'air fon ékfticité; le plus petit feu & même une chaleur très médiocre fufñt, pourvu qu'elle foit appliquée long temps fur une petite quantité d’air ; 1h. 00. L'air fixe exifre en gran. de quantité fur toutes les fubftances animales ow végétales , & dans un grand nombre de matie- res brutes, vol VI, #02. ALKALI (l ) eft produit par le feu; expérien- ce qui ke démontre, vol. VI, 124. Le feu eft te principe de la formation de l’alkali minéral, & les autres alkalis doivent également leur forma- tion à la chaleur conftante de l'animal & du végétal dont on les tire, :bid. ANIMAUX. La chaleur dans les diférens gen= tes d'animaux n’eft pas égale; les oifeaux font les plus chauds de tous, les quadrupèdes en- fuite , l’homme après les quadrupèdes , les cé- tacéés après l’homme , les reptiles beaucoup: après, & enfin les poïffons; les infeëtes & les coquillages, font de tous les animaux ceux qui ont je moins de chaleur, vol. VE, gr. Les ani- maux qui ont des poumons , & qui par confé- quent refpirent l'air, ont toujours plus de cha- leur que ceux qui en font privés; & plus Îa fur- face des poumons ef étendue , plus auf leur fang devient chaud. _— Les oïfeaux ont , relari= vement au volume de leur corps, les poumons confidérablement plus étendus que l’homme ou les quadrupèdes, & c’eft par cette raïon qu'ils ont plus de chaleur ; ceux qui les ont moins ésadus, ont aufh beauconp moins de Te DES MATIERES.- v & elle dépend en général de la force & de l'étendue des poumons, ibid. 93 &t fuiv._— Les animaux fixent & transforment l'air, l’eau @r le eu en plus grande quantité que les vépétaux. — Les fon&ions des corps organifés, font l’un -des plus puiflans moyens que la Nature emploie pour [a converfion des élémens , 5b:d. 120. ANIMAUX a coquilles. Les animaux à coquilles eu à tranfudation pierreufe, font plus nombreux dans la mer que ies infeétes ne le font fur la terre, Vol VI, 115. : ANTIMOINE. D'fférence de fufbilité entre le régule d’antimoine ou antimoine natif, & l’an- timoine qui a déjà été fendu, vol VI, 317. ._ ARBRES. La chaleur de l’Atmofshere en été eft plus grande que la chaleur propre de larbre; mais en hiver cette chaleur propre de larbre eft plus grande que celle de l’atmofghere, vol. VE, gi. Caufes de la chaleur intérieure des arbres & des autres végétaux , 1b1d. 97. B Bi hidroffatique, On ne peut rien con- clure de pofitif des expériences faites à Ja ba- lance hidroftatique fur des volumes trop petits. vol. VIT, 15. BouLers de canon. (eft une très mauvaife pratique que de faire chauffer à blanc & plu- fieurs fois les boulets de canon pour en dimi- auer le volume; ils deviennent par cette Opéra Hift, nat, Tom. VIL. v] TABLE tion réitérée très légers & caffans, vol. VII, 49: Bure. C'eft ainfi qu'on appelle la partie fu- périeure du fourneau à fondre les mines de fer, qui s'élève au-deffus de fon terre-plein , vol. VIE, 81. Hess, Les matieres calcaires fe rédui- roient en verre comme toutes les autres matie- ses terreftres, par laugmentation du feu, foit des fourneaux, foit des miroirs ardens, vol. VI, 72. CALCINATION. Par la fimple calcination lon augmente le poids du plomb de près d'un quart, & l’on diminue celui du marbre de près de moi- tié ; il y a donc un quart de matiere inconnue que le : feu donne au premier, & une moitié d'autre matiere également inconnue qu’il enlève au fecond ; & lorfqu’après cette calcination l’on travaille {ur ces matieres calcinées , il eft évi- dent que ce n’eft plus fur le plomb ou fur le marbre que l’on travaille, mais fur des matie- res dénaturées ou décompofées par laétion du feu, vol. VI, 63. La calcination eft pour les corps fixes & incombuftibles , ce qu'eft ia com- buftion pour les matieres volatiles & inflamma- bles. __ Elle a befoin, comme la combuftion, du fecours de l'air. — Comparafon de la calcina- tion & de la combuftion , sbid. 79 & fuiv. Toute calcination eft toujours accompagnée d’un peu de combuftion , & de même toute combuftioneft toujours accompagnée d’un peu de calcination, isid. 80. Explication de la maniere dont certai- nes matieres augmentent de pefanteur par l'effet "COR ÿ w = \ " | DES MATIÈRES, LA de la calcination, ébid. 81. Calcination produite par la chaleur obfcure dans la pierre calcaire qufqu'à deux pieds & deux pieds & demi de profondeur , vol. VII, 95. La calcination eft plus grande par la chaleur obfcure & concen- trée que par le feu libre & lumineux. --- Moyen de faire à peu de frais la calcination du plètre & ‘des pierres , 1bid. 170. Carcuz. On peut tout repréfenter avec le calcul , mais on ne réalife rien, vol, VI, 148. -Canons de fufil. La foudure eft l'opération ja plus importante dans la fabrication des canons de fuñl, & celle qui eft en même temps la plus “difficile. -- Précautions qu'il faudreït prendre pour a. faire réufüir, vol. VIL, 73. Cxareur (la) paroît tenir encore de plus près que la lumiere à l’efflence du feu, & on doit regarder la chaleur comme une chofe diffé rente de la lumiere & du feu, vol. VI, 24. Elle exifte jaufli très fouvent fans lumiere, 1:44. On a fait moins de découvertes fur la nature de la chaleur. que fur celle de la lumiere, 4414. 26, Siége de la chaleur différent de celui de la lu- miere , ébid. 27. Le globe de ja terre & en gé- néral toutes les matieres fluides & folides dont il eft compofé ou environné, ‘ont toutes une chaleur propre très grande & plus grande que la chaleur qui nous vient du foleil, 24i2. Toute la matiere connue eft ch:ude, & dès-lors la cha- leur eft une affe&tion bien plusgénérale que celle de la lumiere, ibid. Les molécules de la chaleur font bien plus grofles que celles de la lumiere, ibid, 28, Son mouvement PIRE eft bien “ à Viis TABLE | plus lent que celui de la lumiere. --- Le principe de le chaleur eft l’attrition des corps, :bid, Sa produétion & celle. de la lumiere ; leur diffé- rence , ibid. Elle diminue dans fa propagation beaucoup plus que la lumiere, ibid. 34. L’on doit reconnoitre deux fortes de chaleur; l’une lumineufe dont le foleil eft le foyer immenfe; & l'autre chfcure, dont le grand réfervoir eft le globe terreftre , ibid. 38. La chaleur qui émane du globe de la terre, eft bien plus confidéra- ble que celle qui nous vient du foleil. --- Elle eft dans le climat de Paris vingt-neuf fois plus gran- de en été , & quatre ceñt quatre-vingt-dix fois lus grande en hiver que celle qui nous vient le cet aftre, & cette eftimation eft encore trop oible , :bid. 39. Eftets de la chaleur du globe :rreftre {ur les matieres minérales, vol. VE, 42. chaleur ‘intérieure du globe a été originaire- ment bien plus grande qu’elle ne left aujour- d'hui; on doit iui rapporter, comme à la caufe premiere, toutes Îles fublimations, précipitations, agrégations , fépazations, en ua mot, tous les imouvemens qui fe font faits & fe font chaque jour dans l'intérieur du globe, ibid. La chaleur feule & dénuée de toute apparencé de lumiere & de feu, peut produire les mêmes effets que le feu le plus vicient , ibid. 43. Elle chafle des corps toutes Îles parties humides , elle dilate les corps en les fechant & en augmente la dureté ; exemple de cette dureté acquife par la chaleur dans les pierres calcaires. --- Elle augmente la pefanteur fpécifique de plufieurs matieres, & fe fixe dans leur intérieur lorfqu’elle leur eft long- temps appliquée , #bid, 77. Les degrés de cha- ieur font différens dans les différens genres d'a (a! br rh Cr Len) ni Ré] DES MATIEREÉS, i nimaux , #bid. 91. La chaleur propre du globe terreftre entre comme élément dans la combi- naïfon de tous les autres élémens , Did. 105, Progreffion de la chaleur , tant pour l'entrée que pour Ja fortie dans les boulets de fer de difiérens diamètres, déterminée par des expériences prés cifes , ébid, 159 & fuiv. La durée de la chaleur dans les globes , n'eft rigoureufement propor- tionnelle à leur diamètre , que dans la fuppofi- tion mathématique que ces globes foient com- pofés d’une matiere parfaitement perméable à la chaleur; en forte que la fortie de la chaleur für abfolument libre, & que les particules ignées ne. trouvaflent aucun obftacles aui pût les arrêter ni changer le cours de leur direction. --- Mais les obftacles qui réfultent de la perméabilité non abfolue, imparfaite & inégale de toute matiere folide, au lieu de diminuer le temps de la durée de la chaleur, doivent au contraire l’augmen- ter, vol. VI, 169. La durée de la chaleur dans différentes matieres expofées au même feu pen= dant un temps égal, eft toujours dans la même proportion , foit que le degré de chaleur foit plus grand ou plus petit; exemples, ibid. 185. Ce n'eft pas proportionnellement à leur denfité ue les corps reçoivent & perdent plus ou moiss vite la chaleur, mais dans un rapport bien dif- ferent & qui eft en raifon inverle de leur foli- dité, c'eft-à-dire, de leur plus ou moins grande non-fufbilité : démonfiration de cette vérité par expérience, ibid. La denfité n’eft pas relative à Yéchelle du progrès de la chaleur dans les corps. folides ni dans les fluides , ibid. 188. Ordre dans lequei les matieres minérales reçoivent & per- dent la chaleur, à commencer par le fer qui 2 > JOIE » he TARÉE de toutes les matieres eft celle à laquelle il Buë le plus de temps pour s'échaufer &'fe refroidir: Fer, | | Plomb. Emeril. Etain. Ai Cuivre.. Pierre calcaire Per À Or. Glaife.- | + Argent. Bifmuth. Zinc. À Porcelaine, Marbre blanc. Antimoine, Marbre commun, Ocre. Pierre calcaire dure, Craie. Grès. Gyps. Verre. | Bois. Vol. VI, 301 & fuiv. Le progrès de la chaleur dans les pnétauts demi-métaux & minéraux mé talliques, eft en même raïfon on du moins en. raifon très voifine de celle de leur fufñbilité. ibid. 410. Le progrès de la chaleur dans toutes ies fubftances minérales ; eft toujours à trèspeu | rès en raifon. de leur pius ou moins grande fa cilité à fe calciner ou à fe fondre; mais quand leur calcination ou leur fufon font écalement difaciles , & qu'elles exigent un deoré de chaleur extrême , alors le progrès de la chaleur fe fait fuivant l’ordre de leur denfité, ihid. Lorfque la chaleur eft appliquée long- temps, elle fe fixe dans les pierres & autres matieres folides, &en: / augmente la pefanteur fnécifique , vol, VIT, roo, | Effimation de la quantité de “chaleur qui fe fixe dans les pierres calcaires, ibid. 102 CHALEUR animale (la) eft une efpèce de few quine diffère du feu commun que du moins a DES MATIÈRES. xj plus. --- Raifon pourquoi ce feu ou cette cha= leur animale font fans flamme & fans fumée ap= parente, vol. VI, 97 & fui. CHALEUR concentrée. La plus violente chaleur & la plus concentrée pendant un très long temps ; ne peut fans le fecours & le renouvellement de l'air , fondre la mine de fer ni même le fable vitrefcible , tandis qu'une chaleur de même ef- pèce & beaucoup moindre peut calciner toutes les matières calcaires , vol. VII, 02. La chaleur la plus violente , dès qu’elle =. pas nourrie s. produit moins d'effet que la plus petite chaleur qui trouve de l’aliment , id. 94. Chaleur morte & feu vivant, leur différence , ibid, CHaLeur obfcure, c'eft-à-dire , chaleur pri- vée de lumiere, de flamme & de feu libre ; fes effets. vol. VIT. #8 & fuiv. Petite quantité d’ali- mens qu'elle confume , en comparaïfon de la très grande quantité d’alimens que confume le feu libre. --- Comparaifon des effets de la cha- leur obfcure avec les effets du feu lumineux. ibid. 86 & fuiv. En augmentant la mafle de la chaleur obfcure, on peut produire de la lumie- re, de la même maniere qu’en augmentant la mañle de lumiere on produit de la chaleur, ibid. 95. : CHARBON. Il ne fe dégage que peu ou point d'air du charbon dans fa combuftion , quoiqu'il s’en dégage plus d’un tiers du poids total du bois de chêne bien féché , vol. VIE, 8s. Expé- rience fur la diminution de fon volume &@ de fa mañle dans un grand fourneau clos où l'air n’a point d'accès, sbid, 90. | Z 4 x TAZzL.E CHAUFFER & refroidir. I] faut environ la fxiè: me partie & demie du temps pour chauffer à blanc les globes de fer, de ce qu'il en faut pour les refroidir au point de pouvoir les tenir dans fa main, & environ la quinzième partie & de- mie du temps qu'il faut pour les refroidir au point de la température aéluelle, vol VI, 175. CHaux { la } faite avec des coquilles eft plus _#oible que la chaux faite avec du marbre ou de la pierre dure. --- Explication des différens phé- nomènes que préfente la cakcination de la chaux, vol. VI, 217. La chaux qui a fubi uue longue galcisation , contient une plus grande partie d’al- Kali, 2614. 124. Moyen facile de faire de la chaux à moindres frais, vol. VII, 96. Différence de la £haux faite à un feu lent ou fmplement avec la chaleur obfcure , & de la chaux faite à la ma mere ordinaire, vol. VII, 07. Cuimie. Défauts de fa théorie, vol. VI, 62. D'où provient lobfcurité de cette fcience, rbid, &3 6 fuiv. ComBusrTiszes. Les matieres combuftibles ne fe confument pas dans des vaifleaux bien clos. auoiqu'expofées à laétion du plus grand feu, vol. VI, 45. On peut mefurer la célérité ou la lenteur avec laquelie le feu confume les matie- res combuftibles, par la quantité plus ou moins grande de l'air qu’on lui fournit, ibid. 48. Ma- tieres combufibles qui paroïffent n’avoir pas be- foin d'air pour fe confumer , ibid. 49. Explica- tion de la maniere dont fe fait la combuftion de ces matieres, 2644. Différences des matieres com- buftibles & non combuftüibles, sd. Rapport DES MATIERES. “xii] des matieres combuftibles avec le feu, sd. 50 & fuiv. Différence effentielle entre les matieres volatiles & les matieres fixes, & entre les fubf- tances plus ou moins combuftibles , 4h14. Toutes les matieres combuftibles viennent originaire- ment des animaux ou des végétaux ; preuve de cette aflertion , ibid. 53 6 fuiv. ComavstTion. Explication de la maniere dont s'opère la combuftion, vol. VI, 48 & fuiv. Ce qu’elle fuppofe de plus que la volatilifation. ibid, 49. Ses ete comparés à ceux de la calcination, ibid. 79. La combuftion & la calcination font des eftets du même ordre, ibid, | ComeETes Correftion à faire à leflime que - Newton a faite de la chaleur que le foleil a com- muniquée à la comète de 1680, vol. VI, 176. Cette comète n’a pu recevoir le degré de cha- leur affigné par Newton; il auroit fallu pour cela qu’elle eût féjourné pendant un très long - temps dans le point de fon périhéhe , vol VI, 177. Explication de l’origine de ce que lon ap- pelle les queues des comètes, 1bid. 182. Lorf- que les comètes approchent du foleil, elles ne reçoivent pas une chaleur immenfe ni très long- temps durable ; leur féjour eft fi court dans le voifinage de cet aîftre , que leur mafle n’a pas le temps de s'échaufer , il n’y a guere que la païtie de la furface expofée au foleil qui foit brûlée par cet infiant de grande chaleur , 1. 183. CONGELATION (la) paroït préfenter d’une maniere inverfe les mêmes phénomènes que lin- flammation, vol. VI, 114. XIV TABLE ve CoQuiLLAGEs (les) ont produit toute la mæ tiere calcaire qui exifte fur le globe terreftre, vol. VI, 115. Coquizzres. Accfoifflement & multiplication des coquilles, vol. VI, #15. Corps. Un corps dur & abfolument inflexible ; feroit néceffairement immobile , c’eft-à-dire, in- capable de recevoir ou de communiquer le mou- vement, vol. VI, 6. Les corps s’échauffent ou fe refroidiffent d'autant plus vite qu'ils font plus fluides, & d’autant plus lentement qu'il font plus folides, ibid, 188. CoucHes de La terre. Les couches voifines de la furface du globe font les feules qui étant expofées à l’aftion des caufes extérieures, ont fubi toutes les modifications que ces caufes réu- mes à celle de la chaleur intérieure auront pu produire par leur aélion combinée, c’eft-à-dire, toutes les formes des fubftances minérales, vol, VI, 43. CouLEurs en général. Moyens de les pro- duire, vol. VIL , 237. Chaque couieur différente a un degré différent de réfrangibilité. --- Pour- quoi les dénominations de toutes les couleurs doivent être réduites à fept, ni plus ni moins, sbid. Le rapport entre les fept efpaces qui con- tiennent les couleurs primitives & les intervalles des fept tons de la mufique , n’eft qu’une pro- portion de hafard dont on ne doit tirer aucune conféquence, 2bid. 240. Elles font produites par la réflexion de la lumiere aufli-bien que par la téfrathon , 4bid, 241 & [uiv. æ DES MATIERES. x# CouzEurs( les) , odeurs, faveurs, provien- nent toutes de l'élément du feu ; preuves de cette aflertion , vol. VI, 123. CouLeEurs accidentelles. Découverte des cou- leurs accidentelles , vol. VIT, 246 & fuiv. Rap- ports & diflérences des couleurs naturelles & ac+ cidentelles, 16. & f. Moyen de les produire, &t ex- pofition des phénomènes qu’elles préfentent. 1h14 Expériences fur les couleurs accidentelles faires fur des couleurs naturelles mattes, & fur des cou- leurs naturelles brillantes, 1h24. 248. Les taches. que l'œil porte fur tous les objets après avoir regardé le foleil, font des phénomènes du même genre que ceux des couleurs accidentelles. -=- Îl en eft de même des flammes & des points noirs que lon voit lorfque organe de l'œil ef trop fatigué , 1hid. 250 & fuiv. Autres expériences. fur les couleurs accidentelles, 212, 251 & fuiv. CRISTAELISATION. Explication générale des. phénomènes de la criftallifation, vol. VE, 120 & fuiv. Elle peut fe faire par l’intermède du fex aufl-bien que par celui de l’eau, & quelquefois. par le concours des deux, :b:4. Cuivre (le} s’échauffe & fe refroidit en moins de temps que Le fer, & plus lentement que le plomb, vol. VI, 102. Cuve. C'eft ainfi qu’on appelle l'endroit de la plus grande capacité des grands fourneaux où Fon fond les mines de fer; cet endroit fe trouve ordinairement à un quart ou à un tiers de la hauteur du fourneau prife depuis le bas , c’eft-à- dire, à deux tiers ou trois quarts depuis le def fus du fourneau, vol VIL, 78, AV] TABLE De (le ) du fer en gueufe eft ordinaires ; ment d’un tiers, @& fouvent de plus d’un tiers ff Fon veut obtenir du fer d'excellente qualité , & le déchet du fer fait avec des vieilles ferrailes n’eft as de moitié, c'eft-a-dire, d'un fixième, vol. VIT, 63. DÉCOM?OSsITION du fer. Deux manieres dif férentes dont s'opère la décompoñtion du fer, leur comparaifon, vol. VIF, 74. DexsitTé. Explication & développement de Fidée qu’on doit fe former des caufes de la den- fité, vol. VI, 314 Matiere denfe: on peut dé- montrer que la matiere la plus derfe contient encore plus de vide que de plein, ibid. DÉvELOPPEMENT. Explication du dévelop- pement & de la nutrition des animaux & des végétaux, vol. VI, 119. DiamanT. C’eft mal-ä-propos qu’on a don- né le diamant pour la terre pure & élémentaire ; vol. VI, 531. DirATATION (la) par la chaleur, eft géne- rale dans tous les corps. --- La dilatation eft le premier desré pour arriver à la fufñon , vol VI, 50 DissozuTion. Toutes les explications que Pon donne de la difiolution , ne peuvent fe fou- tenir fi l’on n’admet pas deux forces oppofées, Pune active & l'autre expanñve , & par conie- So Ac DES MATIERES. - xviÿ ent la préfence des élémens de l'air & du feu, qui font feuls doués de cette feconde force. Ex- plication générale de ja maniere dont s'opère la diflolution, vol. VI, 125. = DucxiTÉ (la) des métaux paroiît avoir au- tant de rapport à la denfité qu'a la fufbilité, & cette qualité femble être en raifon compofée des deux autres, vol. VI, 315. Difhculté de pro- noncer affirmativement {ur le plus ou moins de duétilité des fubftances minérales, 1bid. & fuiv, Durée (la) de la chaleur n’eft pas en rai- fon’ plus petite, mais plutôt en raïfon plus gran de que celle des diamètres ou des épaifleurs des corps, vol. VI 172. E L. l) a comme toutes les autres matieres du globe, un grand degré de chaleur qui lui appartient en propre, &c qui eft indépendante de celle du foleil, vol. VI, 41. Elle eft auf chaude à 100 & 200 brafles de profondeur dans la mer qu’elle left à la furface, 5bid. Il fuffit de faire chauffer de l’eau ou de Ja faire geler, pour que l'air qu'elle contient reprenne fon élaflicité & s'élève en bulles fenfibles à fa furface , 1bid, 106. L'eau, foit gelée , foit bouillie , reprend Vair qu’elle avoit perdue dès qu’elle fe liquéfie ou qu'elle fe refroidit, &bid. 109. Etant prife en mafle , eft incomprefhble , & néanmoins très élaftique dès qu’elle eft en petites parties, 414. 110. Elle peut fe changer en air lorfqu’elle eft affezraréfiée pour s’éleveren vapeur ,:bid. 111,Sa vi} TABLÉ transformation en matiere folide par le filtre anÿ= mal, #bid. 116. Elle s’unit de préférence avec avec l'air & enfuite avec les fels, & c’eft par leur moyen qu'elle entre dans la compoñition des minéraux, #bid. 110. La durée de la chaleur dans l’eau , eft plus exaétement proportionnelle à fon épaifleur que dans les corps {olides; rai fon de cet effet, vol: VI, 173. ECROUISSEMENT. Confidération de lécroui{- fement des métaux ; le fer s'écrouit comme tous les autres, vol. VIT, 315. FFFERvESCENCE. Le degré de divifion de la matiere dans les effervefcences eft fort au-deflus de celui de la divifion de la matiere dans les criftallifations, vol. VI, z3r. Errer général. Pourquoi on ne peut pas en . donner la caufe ; les effets généraux de la na- ture doivent être pris pour les vraies caufes, vol. VI, 10. ELemens. Tous les élémens font converti- bles ; le feu, l’air, l'eau & la terre peuvent cha- me DÉS MATIÉRES. XxN£ fème à fa mafle ,vol. VI, 58. Trois moyens généraux d'augmenter Faétion du feu. — Chacun de ces moyens donne fouvent des produits dif- férens , ibid. 59. On peut augmenter l’aétion du feu en accélérant {a vitefle, en augmentant fon volume, & en augmentant fa male & fa den- fité. Les inftrumens du premier moyen font tous les fourneaux où l’on fe fert de ventilateurs , de foufflets , de trompes, de tuyaux d’afpiration, &c ; les inftrumens du fecond moyen, font tous les fourneaux de réverberes; & ceux du troifiè- me moyen, font les miroirs ardens; chacun de ces moyens employés fur les mêmes matieres, donnent fouvent des réfultats très différens, 76, L’adminiftration du feu doit fe divifer en trois procédés généraux , le premier relatif à la vi- tefle, le fecond au volume , & le troifième à la mafñle de cet élément. Les matieres qu'on fou- met à l'action du feu , doivent être divifées dans trois clafles , celles qui perdent au feu de leur poids, celles qui au lieu de perdre du poids en acquièrent, & celles qui ne perdent ni n’acquiè- rent rien. 2hd. 61 & fuiv. Le feu eft réellement pefant comme toute autre matiere, 4bid. 64 &t fuiv. Matieres avec lefquelles le feu a le plus d'affinité , 1bëd. Le feu fe trouve comme Pair fous une forme fixe & concrète dans prefque tous les corps, ibid. Matieres indifférentes à lac tion du feu, bid. 65. Ceft par la lumiere que le feu fe communique , &t la chaleur feule ne peut produire le même effet que quand elle de- vient affez forte pour être lumineufe, vol. VI... 7e | FLAMME (la) n’eft pas la partie du feu où Fintenfité de la chaleur eft la plus grande, vol, À. - à XXiV TABLE VI, 73. Sa principale propriété eft de commu: niquer le feu. {h:2, {] y a de la flamme dans toute incandefcence. Jbid. 75. Celle-ci n’obéit point à limpuilfion de Pair. Zbid. FLuipe. Le mercure feroit le plus fluide des corps fi l'air ne l’étoit encore plus, vol. VI, 4. Tous les fluides, avec la même chaleur, quelque denfes qu'ils foient, s’échauffent & fe refroidi- fent plus promptement qu'aucun folide quelque léger qu’il foit. Aid. 186. FruipitTé. Toute fluidité a la chaleur pour cafe, vol: VI, 45. La plus ou moins grande fluidité n'indique pas que les parties du fluide foiert plus où moins pefantes, mais feulement que leur adhérence eft d'autant moindre, leur union d'autant moins intime & leur féparation d'autant plus aifée. Ibid. 46. Moyen facile d’efti- mer le degré de fluidité ou de fufñbilité de chaque matiere différente, vol. VI, 189. FonTE de fer. Moyens de corriger à l'afhinerie a mauvaife qualité de la fonte de fer, vol. VIE, 59. La bonne fonte de fer eft.la bafe de tout bon ier. Ibid. 61. Etant chauffée à un très grand feu pendant long -temps , acquiert plus de dureté &c de ténacité, Jhid. 106. Elle acquiert aufh plus de pefanteur fpécifique. id. Force (la } qui produit la pefanteur &t celle gui produit la chaleur , font les deux feules forces de la nature, vol. VI, $ & fuiv. Force attraétive & force expanñve; leur différence & la combi- gaifon de leurs eftets, vol. VL,.9 & fui. Ré- DES MATIERES, XXY duétion des forces de la nature & de la puif- fance de l’expanfon à celle de l’attraétion. Ibid. 11. Force expanfve, n’eft point une force par- ticuliere oppofée à la force attraétive, mais un efret qui en dérive, & qui fe mamifefte toutes les fois que les corps fe choquent ou fe frottent les - uns contre les autres. Jbid, Force expanfive, n’eft que la réation de la force attra@tive. Ibid. 13. La force attractive & la force expanfive font pour Ja nature deux inftrumens de même efpèce, ou plutôt ce n’eft que le Même inftrument qu’elle manie dans deux fens oppofés. fbid, 20 Fourneaux. Le feu des fourneaux de verre- rie, n'eft qu'un feu foible en comparaifon de celui des fourneaux à fouflets, vol. VI ,73. Def- cription du fourneau pour courber des glaces, avec Pexplication des figures, vol. VIE, 222 & fuir. Foyers. Dans les miroirs ardens, les grands foyers font toujours beaucoup plus d’effet que les etits à égale intenfité de lumiere, vol. VII, 121. - nb & comparatfon de leurs effets. Jbid, 159 6 fuiv. FusisizitÉé. Explication des caufes de La fufi- bilité, vol. VI, 314. Fusion (la) eft en général une opération prompte qui a plus de rapport avec la vitefle du feu que la calcination qui eft prefque toujours lente , vol, VIL, 83. 5 HXVF TABLE G Gi Phénomènes remarquables dans la con: gélation, vol. VE, ir4. GLacrs oz Miroirs ( les } de verre bien: polis ou bien éramés, réfléchiflent plus puifflam- ment la lumiere que les miroirs de métal poli. vol. VII, 1x2. &s GLACES ou miroirs plans. Maniere aifée de reconnoitre fi la furface: de ces miroirs eft par- faitement plane, vol. VE, 125. ds GLOBE terreftre. L'intérieur du globe de la terre: n'eit qu'une matiere de verre ou concret ou dif- eret, vol. VI, 42. | GRES (le \chauffé au plus grand feu ne perd que très peu de fon poids, vol. VI, 184 GuEuLarD. C’eft ainfi qu’on appelle l’ouver- ture du haut des grands fourneaux où l’on fond kes mines de fer, vol. VII, 81. Gyps & PLATRES ( les \fe calcinent à um moindre degré de chaleur que les pierres calcaiï- res, vol. VI, 322. ls ne fuivent pas, comme: les autres matieres calcaires ou vitrefcibles, l’or-- ére de la denfité, pour le progrès de la chaleur mais celui de la faciiité à la calcination , ce qui. revient. à l’ordre de la fufbilité , 2hi@.. DES MATIERE. HXVIS PR (V} ne doit pas être re- gardée comme une force, mais comme une ré- fiftance effentielle à la matiere, vol. VI, 116 fuir. ImPursiow. La force d'impulfon eft fubordon- née à la force d’attration, & en dépend comme un.effet particulier dépend d’un effet général; preuve de cette affertion, vol. VI,6 6 fuir. INCANDESCENCE. Toutes les matieres , lor{- qu'elles font dans un état d’incandefcence , c’eft- a-dire, lorfqu'elles font blanches ou rouges de: feu , font alors environnées d’une flamme denfe.. qui ne s'étend. qu'a une très petite diffance , & qui, pour ainfñ dire, eft attachée à leur furface . vol. VI, 75. Cette couleur blanche ou rouge qui fort de tous les corps en incandefcence & vient frapper nos yeux, eft l’évaporation de cette flam- me denfe qui environne le corps en fe renouve-. lant inceffamment à fa furface , id. Encandefcence produite par la. chaleur obfcure, vol. VEE, oc. INFLEx1ON (V} de la lumiere n’eft qu'une, réfraction qui s'opère dans le: même milieu; elle eft produite par l’attraétion des corps, auprès. defquels pafle la lumiere, vol. VI, 240. ENTENSITÉ de lumiere. Cette intenfité de la ln miere de chaque objet, eft un élément que es Auteurs qui ont écrit {ur l'Optique, n'ont point. employé ..& qui néanmoins fait plus que l'aug- mentation de l’angie fous lequel un objet doit nous paroître, en vertu de la courbure des.ver=- res, vol, VIT, 152. — FA 2 ex vit TazieE | Le ie de verre f[olide, vol. VII, 214. Grandeur & proportion qu’on doit donner aux lentilles pour qu’elles puiffent brûler le plus avan- tageufement, vol. VII, 217 & fiv. Inconvé- niens qui réfultent de l’épañfeur des lentilles or- dinaires. La partie du milieu de la lentille ne fait prefque aucun effet, 1914. 218. LENTILLES 4 échelons, eftle miroir pat réfrac- tion le plus parfait qu’on puifle faire. Son inven- tion & fa defcription avec le calcul de fes effets, vol. VIT, 210 & fuiv. Comparaïfon des effets de cette lentille à échelons, avec l'effet des lentilles ordinaires, ibid. 221. Sa conftruéüon & fa def- €ription, 414.236. LiGne brûlante à l'infini ou à l'indéfini, n’eit pas une rêverie comme l’a dit Defcartes, vol, VII, 144 6 fuir. LiMaiLre (la) de fer mêlée avec de leau, devient une mafñle folide difficile à cafler, vol. VII, 76. LuMiERE. Toute matiere peut devenir lumie- re , chaleur & feu, vol. VI, 15. Preuve de cette affertion, :bid. & fuiy. Elle conferve toutes les qualités effentielles, & même la plupart des at- tributs de la matiere commune, 44. Quoique compofée de païties prefque infiniment petites, eft encore réellement divifible. 16. Eft pefante comme toute autré matiere. — Sa fubftance n’eft pas fimple. — Elle eft compofée de parties de différentes DES MATIERES. xXxix différentes pefanteurs, ibid. Elle eft maflive & agit dans quelques cas , comme agiflent tous les autres corps, elle les poufle & déplace au foyer du miroir ardent. Jbid. 37 & fuiv. La lumiere eft mixte, & compofée comme la matiere commune de parties plus grofles & plus petites, & difé- remment fiourées. Jbid. 19. Les atomes qui com- pofent la lumiere ont plufeurs faces & plufieurs angles. Jbid. La lumiere peut fe convertir en toute autre matiere. Ji. 22. La lumiere paroït exifter fouvent fans chaleur , ibid. 24 Expériences à faire, pour reconnoitre f1 les rayons rouges ne font pas plus chauds que les autres rayons, & en général pour reconnoitre la proportion de chaleur des différens rayons qui compofent la lumiere, vol.-VI ,35. Note. La lumiere-s’incorpore , s’a- mortit & s'éteint dans tous les corps qui ne la réfléchiflent pas, ou qui ne la laiffent pas paffer librement , ibid. Elle paroit n'avoir pas befoin d’alimens, tandis que le feu ne peut fubffter. qu'en abforbant de l'air, ibid. 44. C'eft par la lumiere que le feu fe communique, i4id. 97. Ex. périence qui paroîit démontrer que la lumiere à plus d’affinité :avec les fubftances combuftibles, qu'avec toutes les autres matieres, ibid. 103. Note. La lumiere ne perd qu'environ moitié de {a cha leur par une glace bien étamée & bien pole, vol. VIT, 112. Elle ne perd prefque rien de fa force par l'épaifleur de l'air qu'elle traverle, ibid. 113. Expérience de la perte de la lumiere d'une bougie, comparée à la perte de ls lumiere du foleil, 1b:14. Diminution de la lumiere en tra verfant différentes épaïfleurs du même verre, 8 les mêmes épaifleurs de différens verres : Exp riences à ce fujet, ibid. 184, é Hif, nat. Tome VII, R à + axx TA'eURE Lux E. Ïl fe peut que la lune, quoique fort fa< smineufe, nous envoie plutôt du froid que de la chaleur, vol. VIT, 265. Lunettes. Pour obferver avec le plus grand avantage poffble, il faudroit pour chaque pla- nète une lunette différente, & proportiomnée à leur intenfité de lumiere, vol. VII, 150 6 fuir. Les lunettes avec de très grands objettifs feroient fort avantageufes pour obferver les planètes & autresaftres qui n’ont que peu de lumiere, ibid. 189. Conftru&ion & avantages des lunettes folaires , 1h. LUNETTES achromatiques , dans lefquelles on compenfe la différente réfrangibilité des rayons de Ja lumiere par des verres de différentes denfités, Moyens de les perfectionner, vol. VI, 143 6 JS. LUNETTES de jour, fans aucun verre, vol. VII, 108. LUXETTES maffives. — Lunettes, à l’eau, &c. Vol. VIT, 182 6 fuiv. Lunettes de nuu. Vel. VII, 191 6 fuiw. = LUNETTES pour chaque planète, ibid, LUNETTES pour le foleil, 1b1d, M Ni Lorfqu’on broye le mächefer, fl fournit une certaine quantité de fer ou de fablon ferrugineux, tout femblable à celui de la platine, vol. VIT, 13. Le charbon & le bois brûlé en grande quantité produifent du mâchefer; preuve - DES MATIERES. xx4 de cette affertion, réid. 56. Celui qu'on trouve dans les forêts ; fon origine , ibid. MAGNÉTISME du fer ( le ) fuppofe l’aétion précédente du feu, vol VIT, 75. MATIERE brute & matiere vive, leur différence ; vok VI,8. Toutes les parties conftitutives de Ja matiere font à reflort parfait, ibid. 117. Com- ment toute matiere peut devenir lumiere, cha- Jeur & feu; explication de cette grande opéra- tion de la nature, 2hid, 22 6 fui. MATIERES calcaires (les) fuivent dans leu refroidiflement l’ordre de la denfité, raifon de cet effet, vol. VI, 323. Elles peuvent fe réduire en verre au foyer d’un bon miroir ardent, — Le terme de leur fufbilité eft encore plus éloigné que celui des matieres vitrefcibles , 5bid. & [uiv. MaATiRES vifrifiables (les ) forment le noyau des plus hautes montagnes, vol. VI , 135. Mercure. On pourroit geler & figer le mer- cure à un bien moindre degré de froid, fi on le fublimoit en vapeurs dans un air très froid, vol. VI, 115, & vol. VIT, 177. Dans le mer- cure, qui eft onze mille fois plus denfe que l'air, il ne faut, pour refroidir les corps qu’on y plon- e, qu'environ neuf fois autant de temps de ce au’il en faut pour produire le même eftet dans Far, vol VI, 175. ‘ Méraux. Explication fimple de leur réduction ou revivincation, vol. VI, 82. L'ordre des fix métaux, fuivant leur denfité eft, étain, fer, cus< Bb 2 xxxi] T4 BLE vre, argent, plemb,or; & l’ordre dans lequel ces métaux reçoivent & perdent la chaleur eft, étain, plomb, argent, or, cuivre, fer. — Ce n’eft point dans l’ordre de leur denfité, mais dans celui de leur fufibilité que les métaux reçoivent & perdent la chaleur , 5id. 312 & fuiv. MÉTAUX, demi-meétaux ou fubftances métalli- ques ; l'ordre de leur denfité eft, émenil, zinc, antimoine, bifmuth; & celui dans lequel ils per- dent & reçoivent la chaleur eft, antimoine , bif- muth , zinc, émeril, ce qui ne fuit pas l’ordre de leur denfité, mais plutôt celui de leur fufbi- lité, vol. VI, 316. MinÉrAUXx. [L'air & le feu entrent dans Îa compofition des minéraux ; preuve de cette af- fertion, vol. VIE, 121 6 fuiv. Point de vue au-_ quel on doit s'élever pour fe former une idée jufte de la formation des minéraux, ibid. 133 & fuiv. Etabliflement d'une théorie générale fur la formation des minéraux, ibid. 135 & fuiv. Mines de fer. Expériences fur la mine de fer, faites au plus grand feu de réverbere, vol. VI, 72 6 fuiv. Il ya des mines de fer formées par le feu, les autres par l'eau, ibid. 137. Celles qui font en grain ne font point attirables par lai- mant. — Celles qui font en roches ou en grandes mafles folides ,font prelque toutes magnétiques; raifon de cette différence, vol. VII, 11 6 fuiv. Les mines de fer des pays du nord font aflez magnétiques pour qu’on les cherche à la, bouf- fole, ibid. 12. Compofition originaire des mines de fer en grain, ibid. 75. Ÿ % M + DES MATIERES. XXx 1j MIROIR ardent pour brüler au loin. Sa defcrip- tion & fa conftruétion, vol. VII, 124 & fuiv. On a enflammé du bois jufqu’a deux cents pieds de diftance, & il feroit très pofhble de porter le feu du foleil encore plus loin avec ce miroir, ibid, 128. On a fondu tous les métaux & miné- raux métalliques à vingt-cinq, trente & qua- rante pieds de diftance, ibid. Eftimation de fa puiffance &r limites de fes effets, ibid. 133 6 furv. En quoi confifte effentiellement la théorie de ce miroir , 2bid, 153 €: fuiv. Moyens & précautions pour rendre ce miroir encore plus parfait & en augmenter confidérablement les effets , 1614. 168. Proportion de la grandeur des miroirs, fuivant les différentes diftances auxquelles on veut brü- ler, 1bid. MirO1R. du port d'Alexandrie, dont les anciens ont fait mention & par le moyen duquel on voyoit de très loin les vaiffeaux en mer, n’eft point du tout impofhble, vol. VIT, 194 6’ fuiv. MiRoIR courbé par la preffion de l’atmofphere. Sa conftruétion & fa defcription, vol. VIT, 231. Miroirs ardens. Le feu produit par de bons miroirs ardens, eft le plus violent de tous les feux, vol. VI, 73. Pourquoi des miroirs plans pius grands ou plus petits, forment, à une cer- taine diftance , des images également grandes, êt qui ne diffèrent que par l'intenfité de la lu- miere, vol. VII, 116. Miroirs ardens, foit par réflexion, foit par réfrattion, font un effet toujours égal à quelque Bb 3 HEXIV Fa sres à difance du foleil qu'on puifle fuppofer. Par exemple, un miroir qu peut brûler du bois à cent cinquante pieds de diflance fur le globe &e la terre, brüleroit de même à cent cinquante pieds, & avec autant de force, du bois fur ja planète de Saturne, vol. VIE, #51. Miroirs d’Archimède ( les ) peuvent fervir très ufilement pour lévaporation des eaux fa- les, vol. VIE, 171. Attentions néceflaires pour procurer cet efiet avec le plus grand avantage , 1bid. 172. Îls peuvent fervir utilement pour car- ciner les_plâtres, les matieres gypfeufes, &c. Ibid, 173. On peut, par leur moyen, recueillir les parties volatiles de l’or & de l'argent, & des autres métaux & minéraux, ibid. 175. Ce moyen. paroït être le feul que nous ayons pour volati= lifer les métaux fixes, tels que l’or & l'argent, ibid. 176. Repréfentation & defcription de ce/ aniroir, ibid, 226 6 fuir. Miroirs concaves, faits par des glaces coar- bées, vol. VIT, 204. Éeur ufage, ibid: 206. Ma- riere de produire une chaleur immenfe à leur. foyer en les réuniflant, ibid. 207. | MiRoOIRS courbés (les) de quelque efpèce qu'ils foient, ne peuvent être employés avec avantage pour brûler de loin ,.vol: VII, 116. Lé miroir le plus parfait n'aura jamais l’avantage que de dix-fept à dix fur un aflemblage de miroirs plans, dès qu’il faudra brûler à. une diftance où le difque du foleil fera égal à la grandeur du: miroir plan, Ibid, 155%. ES DES MATIrFRES. AXXV Miroirs courbés par le moyen d’une vis au céntre , vol. VII, 199. Conftruttion & defcrip= tion de ces miroirs, ibid. 230. : Miroirs courbés par le moyen d’une porñpe; vol. VIL, 200. Et miroir très fingulier que le’ foleil rend courbe & brûlant au moment qu'il y eft expofé, ibid. 201. Leur conftruétion & leur defcription , ibid, 232 6 [. Miroirs d’une feule pièce ; à foyer mobile pour brûler à de médiocres diftances; conftruc- tion & ufage de cette efpèce de miroirs, vol. VIE, 199 6: fuiv. Ils peuvent fervir à mefurer plus exattement que par aucun autre moyen, la différence des effets de la chaleur du foleil reçue dans des foyers plus ou moins grands, ibid. 201. Autres miroirs d'une feule pièce pour brüler très' vivement à des diftances médiocres & à de pe- tites diftances , ibid, 202. Conftruétion d’un four= neau pour courber des glaces, sbid. 203. . Miroirs à l’eau ou Lentilles. Maniere de les conftruire, vol. VIT, 162. Précautions néceflai= res pour les faire réuflir, vol. VIT, 207. Difi< culté de les traiter, ibid. 208. Inconvénient qui réfulte de la différente réfrangibilité du verre &c. de l'eau, 5bid. 275$. Etant compofés d’un grand nombre de glaces planes, feroient prefque autant d'effet que les glaces courbées, & fereient d’une. exécution plus facile, & d’une moindre dépen£e. sbid. 212. Leur conftruétion & defcription , 56.232, MoUvEMENT ( le) appartient dans tous les cas: encore plus à lattraétion qu'à limpulfon vol; VI, 10. : BE 4 ÆXXV} TABLE | FAT N Ni (la) pett produire, par le moyen de Peau, tout ce que nos Arts produifent par k moyen du feu, vol. VI, 127. Elle ne fe dépouiile jamais de fes propriétés en faveur d’une autre d’une maniere abfolue, c’eft-à-dire, de façon que la premiere n’influe en rien fur la: feconde, :bid, 313. Newrow. Corre@tion à faire d'un paflage de Newton, au fujet du progrès de la chaleur, vol VI, 160 6 fuiv. i NiTRre { le } doit fon origine aux matieres animales ou végétales, vol. VI, $6. Contient une prodigieufe quantité d'air & de feu fixes, — Explication de fa combuftion , ibid. & [uiv. O Osxrs, Moyens d’appercevoir fans lunettes les objets de très loin, vol. VIT, 195. OmBres. Découverte des ombres colorées; vol. VIE, 237 6: fuiv. Ombres colorées au lever & au coucher du foleil. — Les ombres, au lieu d’être noires, font alors d’un bleu plus ou moins vif, & quelquefois verdâtres. — Ombres colo- rées à midi & à d’autres heures du jour, à de certaines inclinaifons de la lumiere, ibid. 253 & fuiy. Explication de ce phénomène, 1b1d. 255. OnR(1} qui eft deux fois & demi plus denfe DES MATIERES. XXXVj que le fer, perd néanmoins fa chaleur un demi- tiers plus vite, vol. VI, 313. Etant fondu avec un quart de fer, prend la couleur grife de la platine, vol. VIT, 14. Cet or mêlé de fer, eft plus dur, plus aigre , & fpécifiquement moins pefant que l’or pur , ibid. Les paillettes d’or que les Arpailleurs ramaflent dans les fables, ne font pas de lor pur ,ïl s’en faut fouvent plus de deux eu trois karats fur vingt-quatre, ibid. 16, Un morceau d’or pefant foixante grains, avec lequel on avoit mêlé, par la fonte, fix grains de fer, c’eft-à-dire, un onzième étoit attirable à l'aimant, ibid, 18, D D mms (la)de la tige des ar- bres & des plantes, a pour caufe principale les émanations conftantes de la chaleur propre du globe de la terre, vol. VI, 41. PHLoGisTIQUE ( le ) des Chimiftes n’eft qu’un être de méthode & non pas de la nature, vol. VI, 51. Ce n’eft point un principe fimple, mais un compofé d’air & de feu fixes dans les corps; preuve de cette affertion , ibid, 6 fuiv: PHOSPHORE artificiel, fa combuftibilité plus grande que celle d'aucune autre matiere. — I] s’enflamme de lui- même fans communication d'aucune matiere ignée , fans frottement, fans autre addition que celle du contaë&t de Pair. — Le feu eft contenu dans le phofphore dans un état moyen entre la fixité & la volatilité, — El con- ÉXxVHS TaAsIZ tient en effet cet élément fous une forme obicure & condenfée, vol. VE, 57. PIERRES calcaires ( les ) perdent au feu près de ja moitié de leur poids par la calcination, vol. VI, 117. Elles ne font en très grande par- tie que de l'eau & de l'air contenus dans l’eau , transformés par le filtre animal en matiere fo- kde , zhid. Les pierres augmentent de pefanteur par la longue application de la chaleur , vol. VIF, 98 6 fui. La dureté que les pierres calcaires peuvent acquérir par la longue application de la chaleur, n’eft pas durable; elles perdent cette dureté acquife au bout de quelque temps, 142, 103. Elles perdent de même jeur pefanteur ac= auile , ibid, 104. PLATINE. Minéral nouveau‘, fa defcription ; vol. VIT, 6. Elle exige plus de chaleur pour fe fondre que la mine ou la limaille de fer, 2b:4. N'ayant ni fufbilité, m duétlité, elle ne doit pas être mife au nombre des métaux, dont les pro- priétés eflentielles font la fufbilité & la duihité, ibid, 7.La platine eft un mélange ou un alliage de fer & d'or formé par la nature, ibid. Ï] y a beau- coup de fer dans ce minéral, & ce fer n'y eft pas fimplement mêlé, mais incorporé de la maniere la plusintime, ibid. On peut en enlever fix fep- tièmes du total par aimant, #bid. Sa compofi- tion & fon mélange, vol. VIE, 8 & fuiv. Le fer qui eft uni à la platine & même celui qui n'y eft que mélangé , eft dans un état différent de celuë du fer ordinaire, ibid. 9. Ce minéral eft très aï- gre, ce qui auroit dù f:ire foupçonner que ce seit point un métal, mais-un alhage , 2344 14 i à ? 4 { v+ | L' sérciodiioniitnrs pme on Te : _ dd " EF DES MATIERE S, KAÏIE & fuiv. La pefanteur fpécifique. de la platine n'eft pas à beaucoup près aufli grande que celle de l’or. — Diverfes expériences à ce fujet , def- quelles il réfulte que la pefanteur fpécifique de la platine eft d’un douzième moindre que celle de Por , ibid. 6 fuiv. Expériences de M, le comte de Mülly fur la platine, ibid. 19 & fuiv. 1] y a des efpèces de platine qui font mélangées de parties criftailines comme de petits rubis, de petites to- pafes, &c. & il y, a d’autres efpèces de piatine qui ne contiennent rien de femblable, sL14.: 29 Elle contient des grains hémifphériques qui pa- roiflent indiquer qu’elle eft le produit du feu, iüie, La mine de platine, même ia plus pure, qui ne contient point de parties criftallines , eft {ouvent -mélangée de quelques paillettes d’or, :kid. 30. L'or & le fer dont eft compofée la platine y font unis d’une maniere plus étroite & plus intime que dans l’alliage ordinaire de ces: deux métaux, & le fer qui eff incorporé à la platine , eft du fer dans un état différent de l’état du fer ordinaire, 114. 32. Expériences de M. de Morveau fur ce miné- ‘ral, ibid. 34 & füiv: On peut efpérer de fondre la platine fans addition dans nos meilleurs fourneaux en lui appliquant le feu plufeurs fois de fuite, parce que les meilleurs creufeis ne pourroient réfifter à l’aétion d’un feu aufh violent pendant tout le temps qu’exigeroit l'opération éomplète, vol. VIE, 44, En la fondant fans addition elle -paroît fe purger elle-même des matieres vitrefci- bies qu'elle renferme, car il s’élance à fa furface des jets de verre affez confdérables, ibid. On peut faire le bleu de Prufle avec la platine, ce: qui prouve qu’elle eft intimément mêlée de fer. & que le plus grand feu ni la coupellation ne xl TABLE peuvent détruire ce fer dont elle eft intimément pénétré ; car après la fufion on retrouve en re- broyant ke bouton, qu'elle contient encore des Re ferrugimeufes & magnétiques, #id. 45. platine fondue fans addition reprend, lorf- - qu'on Ja broie, precifément la même forme des galets arrondis & aplatis qu'elle avoit avant la fufon, z4id. Promg ( le ) s'échauffe plus vite & fe refroidit en moins de temps que le fer, vol, VE, 192. Poumoxs (les) font les foufflets de la ma- Chine animale, ils entretiennent & augmentent le feu qui nous anime, felon qu'ils font plus ou moins puiflans, & que leur mouvement eft plus ex moins prompt, vol. VE, 166. Puissances (les) de la nature réduites aux deux forces attradive & expanfive, vol. VI,6. PyRITES siartiales, leur origine & pourquoi en les trouve en fi grande quantité à la furface de laterre, vol. VII, 76. à Q UALITÉ phyfique , c'eft-à-dire , qualité réelle dans la nature, ne peut avoir qu’une mefure, & par conféquent ne peut être repréfentée que par un terme, vol. VI, 146. Démonftration de cette vérité, «id. 6 fuiv. PPT RE OT DES MATIERES, x)j |: HE des métaux (la) n’eft pas plus difficile à entendre que la précipitation, vol. VI, 82. Elle _n’eft dans le réel qu’une feconde com- buftion par laquelle on dégage les parties d'air & de feu fixes que la calciration avoit forcé d’en- trer dans le métal & de s'unir à fa fubftance fixe à laquelle on rend en même temps les parties volatiles & combuftibles que la premiere ation du feu lui avoit enlevées, 1hid. 106. RÉFLEXION de la lumiere. I n’eft pas certain, comme l’a dit Newton, que les rayons les plus réfrangibles foienten même temps les plus réflexibles. Difcuflion à ce fujet. More, vol. VII, 243 & fuiv. | REFROIDISSEMENT. Le temps du refroidiffe- ment des corps eft en raifon de leur diamètre, vol. VI, 32. Deux points à faifir dans le refroi- diflement des corps; le premier , lorfqu’on com- mence à pouvoir les toucher fans fe brûler ; & le fecond, lorfqu'ils font refroidis à la tempéra- ture aétuelle, ib:4. 161. Le refroidiflement du lobe de la terre, depuis l'état d'incandefcence jufqu’au point de pouvoir le toucher fans fe brü= ler , ne s'eft fait qu’en quarante-deux mille neuf cents foixante-quatre ans, & fon refroidiflement jufqu’à la température aûuelle, ne s’eft fait qu’en quatre-vingt feize mille fix cents foixante-dix ans, en fuppofant le globe principalement compofé de fer & de matieres ferrugineufes, vol. VI, 174, La principale caufe du refroidiflement n'eft pas _*$ TABLE: le contaët du milieu ambiant, mais la force ex panfive qui anime les parties de la chaleur & du feu, bd, 175. Comparaïfon du temps du refroi- diffement des globes de glaife & de grès avec. celui du refroidiflement des globes de fer, ibid. 182 & fuiv. Comparaifon du temps du refroi- diflement du marbre , de la pierre, du plomb & de l’étain avec celui du refroidiflement du fer, id, 185. Rapports du refroidiflement des diffé- rentes fubftances minérales conftaté par un grand nombre-d'expériences, ibid. 194 & fuiv. RépuisiON, Changement d’attraftion en ré- pulfion, comment il s’'opere, vol. VI, x2, RESsoRT {le } eft le feul moyen par lequel la force d’impuifion & le mouvement puiflent fe communiquer , vol. VI, 6. Le reflort dépend de la force d'attraction ; preuves de cette alertion, ibid, & fuiv. Rusrine. C’eft ainfi qu'on appelle le côté du creufet qui eft expofé à l'ouverture par où l’on coule la fonte dans les fourneaux de forges, vol. VIT, 82. Ne Son ferrugineux (le) qui fe trouve dans Îa platine , eft indifloluble , prefque infufñble & inacceffible à la rouille, vol, VIT, 11. Ce fablon eft néanmoins du vrai fer, du fer pur, du fer dépouillé de toutes les parties combuftibles, fa- lines &t terreufes qui fe trouvent dans le fer or- dinaire, & même dans l'acier ; Did. I] nappar: DES MATIERES. xl; ent pas exclufivement à la platine, il fe trouve Æn beaucoup d’endroïts, & provient du mache- Lr, ibid. & fuiv. SAVEUR ( la ÿ piquante des acides provient de Félément du feu, vol. VI, 124. SELS. Leur différence avec le foufre , & leur compofition, vol VI, 54 & fuiv. Ils doivent être, regardés comme les fubftances moyennes entre la terre & l’eau , 1414. 122. L'air entre comme principe dans la compofition de tous les fels, 1h14. SENS. Nos fens font meilleurs juges que les inftrumens de tout ce qui eft abfolument égal ou parfaitement femblable, vol. VI, 161. SENSATIONS. Une fenfation vive eft toujours plus précife qu'une fenfation tempérée, attendu que la premiere nous affeéte d’une maniere plus forte, vol. VI, 161. SoLeiz. La lumiere du foleil eft l’évaporation de la flamme denfe qui environne ce vafte corps en incandefce, vol. VI, 75. Cette lumiere du #oleil produit, lorfqu’on la condenfe , les mêmes effets que la flamme la plus vive, elle communi- que le feu avec autant de promptitude & d’é- nergie, elle réfiffe à limpulfion de l’air , fuit toujours une route directe; on doit la resarder comme une vraie flamme, plus pure & plus denfe que toutes les flammes de nos matieres combuf- tibies, 1h11 6 fuiv. La plupart des taches que les Aftronomes ont obfervées fur le difque du foleil, leur ont paru fixes; mais il fe pourroit xhiv TAB L:E aufli qu'il y eût des taches flottantes à la furface de cet aftre, vol. VIT, 19r. SOLIDITÉ. Différentes acceptions du mot fo- Lidiré, vol. VI, 188. Solidité confidérée comme oppofée à la fluidité, ibid. 189. . SOUFRE. Sa compofition & fa produétion,; vol. VI, 54. Le foufre eft de la même nature que les autres matieres combuftibles, & tire de même fon origine du détriment des animaux & des végétaux , 1bid. 55. Il altere , diflout, & même décompofe le fer & le dénature, car f l'on préfente une verge de fer bien rouge à une bille de foufre, le fer qui coule dans linftant en grenaille n’eft plus du fer, ni même de la fonte, mais une efpèce de pyrite martiale qui n'eft -bonne à rien, vol. VII, 77. Le foufre entre en fufon par une chaleur d'environ 90 degrès ( divifion de Reaumur) , 5bid. 00. | £ Ï ÔLE (la) doit être faite avec le meilleur fer. — Défauts dans la fabrication ordinaire de la tôle, & maniere de la fabriquer pour la rendre plus parfaite & plus durable, vol. VII, 68 & fuiv. TERRE, L'élément de la terre peut fe convertir dans les autres élémens;, vol. VI, 131. Elément de la terre. ce font les matieres vitrifiables dent la mañle eft mille & cent mille fois plus confidé- rable que celle de toutes jes autres fubftances ter- reftres, qu'on doit regarder comme le vrai fonds de cet élément, ibid. 132, TaäRRE _ DES MATIERES, xlv TERRE wvitrefcible (la ) eft la vraie terre élé” mentaire qui fert de bafe à toutes les autres fubf” tances, & en confüitue les parties fixes, vols VI, 110. THERMOMEÈTRE réel, c’eft-à-dire, thermomèë- tre dont les degrés pourroient marquer les aug= mentations réelles de la chaleur, ne peut être conf. truit que par le moyen des miroirs d’Archimède, vol VIT, 131. Explication détaillée de la conf. truétion de ce thermométre, 1bid. 172 6 fuiv. TRANSPARENCE. Caufe de la tranfparenee ; le poliment dans les co:ps opaques peut être regardé comme le premier degré de la tranfparence ; vol. VIE, 243 & fuiv. _ Tuyere. Pièce de cuivre ou de fer qui fert à diriger le vent dans l’intérieur des fourneaux de forges, vol. VII, 81. TymMmpr. C'eft ainfi qu'on appelle une pièce de fer ou de pierre qu'on pofe fur le creufet du côté de l'ouverture par où l’on coule la matiere dans les grands fourneaux à fondre la mine de _ fer, vol. VII, 8o. y à Moyen fort aifé par lequel on pourroit voir à l'œil fimple, fans lunettes, les vaifleaux fur la mer d’aufl loin que la courbure de la terre le permet, c'eft-ä-dire, à fept ou huit lieues, vol VIT, 522. Ce moyen conffte à {up- _primer l'effet de la lumiere re à 101 À Le PTE T'A'p'1'}e ne VÉGÉTAL ( le} convertit réellement en- fa. fubftance une grande quantité d'air, & une | quantité-encore plus grande d'eau; la-terre fixe. qu'il s’approprie & qui fert de bafe à ces. deux élémens,eften fi petite quantité, qu’elle ne fait. pasla centième partie de fa mafle, vol VI, 120. Le filtre végétal ne peut produire qu’une petite quantité de pierres, tandis que le filtre animal ess produit une immenfe quantité, ibid. VÉGÉTAUX ( les } ont: un. degré dé ‘chaleur propre, expérience qui le prouve, VI, 97. fuiv.. VERRE (le }:eft le-terme ultérieur ei on. peut réduire, par le feu, . toutes les fubflances terreftres. — Ileftla bafe de ces mêmes fubf- tances, vol. VE, 119. Il eft de la: fübftance la plus ancienne de la Terre, id: 132. Le verre fait reflort , & peut plier jufqu’à un certain point fans rompre. Uné- glace de deux ou trois lignes. &’épaifleur peut plier d'environ un pouce par pied, vol VIE, 200. VétRe tan grandé tranfparencs; vol VII, 213 & fui, Comparaifon de la tranfparen- ce de ce verre avec la tranfparence des glaces de. Saint Gobin , ibid, 214. Compofition de ce verre, ibid. Difficulté de fondre le verre en grande mail épaifle , 2514, 116 6 fuiv. VERGE de fer crénelée, Sa_ fabrication &. fon ufage, vol. VIT , 60.. "W ITESSE dé la ut (la } eff la plus je qui. À Le ere de le tnt io ent aus hs es. + DES MATIERES: xivi nous foit connue, car la lumiere fait 20 mille lieues en une feconde, vol. VI, 22 & fuiv. Viresse des planètes @ des comètes (la) eft auf très grande, vol. VI, 22. VirresciBce. Matieres vitrefcibles fuivent dans leur refroidiffiement l’ordre de la denfité, vol. VI,:320. | av VirRisiABLe. Matieres vitriñables; origine & gradation du g'ffement & de la formation des matieres vitrifiables, vol. VI, 134. Fin de la Table des Matieres,. it PAC \ : È + SP TABLE. De ce qui eft contenu dans ce Volume, TROISEME MÉMOIRE. Oproarions fur la nature de la platine. page $ QUATRIEME MÉMOIRE. Expériences [ur la te= nacité 6 fur la décompofition du fer. 47 CINQUIEME MÉMOIRE. Expériences fur les ef= fets de la chaleur obfcure. : & SIXIEME MÉMOIRE. Expériences fur la lumiere 6 fur la chaleur qu’elle peut produire 110 ARTICLE Îer. Inventions des miroirs pour bréler à de grandes difiances. ibide ARTICLE II. Réflexions fur le jugement de Defcartes au fujet des miroirs d'Archimède , éc. 139 ARTICLE III. Invention d’autres miroirs pour bréler à de moindres diflances. 199 ExPLICATION des figures qui repréfentent le fourneau, &c. 22 SEPTIEME MÉMOIRE. Obfervations fur les cou- leurs accidentelles & fur les ombres colorées 237 | Table des matieres | page j & fuiv. UE, D Le EE js Ep 2 D Bus es LES PANES &S