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RARIES SMITHSONIAN INSTITUTION NOIINLILSNI NVINOSHI : z ; z MIAEUTR ne HISTOIRE A D'ES REPTILES. TOME PREMIER. ON 5.0 CSC FE DATES ; : me DurARrT, Imprimeur-läbraire , rue des 9 LI - Noyers, N° 22; Cuez ENS ; BERTRAND, Libraire, quai des Augustins, N° 55. Aux RO DEN, ‘Chez Vazcér , frères, Éibiires , rue Beffroi , N° 22, | A STRASBOURG, Chez Læevrauzr, frères, Imprimeurs-Libraires, À LIMOGES, Chez Barcgas, Libraire. À MONTPELCLEERS Chez Vipaz, Libraire. Et chez les principaux Libraires de l'Europe. de + Cibat 7 L v PS ‘ee. ww! + », # “ y > HE A2 HISTOIRE NATURELLE, GÉNÉRALE ET PARTICULIÈRE DES BE PELLE S. Ouvraez faisant suite à l’Histoire Naturelle générale et particulière, composée par LEczerc ne Burron, et rédigée par C. S. SonNini, membre de plusieurs Sociétés savantes. Par F. M. DAUDIN, MEMBRE DES SOCIÉTÉS D'HISTOIRE NATURELLE ET PHILOMATIQUE DE PARIS. TOME PKR E MIE R. A, D'ACR ES, DE L'IMPRIMERIE DE F,. DUFART, ei AN À A pp Fe “= INTRODUCTION A LHISTOIRE NATURELLE DES REP ELLE ES. CR Q UE de charmes, que d'idées douces, agréables , nous présente l'Histoire natu- relle ! Que d'objets variés et intéressans ! Quelle source mépuisable- d'observations, de recherches et d'instruction pour celui qui se sent un goût décidé pour cette vaste science ? Combien notre imagination s'agrandit et s'élève quand, entraïînés dans la contem- plation de la Nature, nous nous livrons à l’'exameñ de ses diverses parties ! Mais il faut que celui qui se voue à la connaissance de cette science sublime, s’identifie en quelque sorte avec la Nature, pour lui arracher quel- ques-uns de ses secrets, et dévoiler toutes les beautés dont elle est ornée jusques dans les objets les plus rebutans. C’est alors que, fort de son instruction et riche de ses observations , 1l pourra essayer de décrire, de comparer. | Graces soient rendues à cette Nature bien- faisante, qui a répandu avec profus;on autour À 5 6 INTRODUCTION. de nous tant d'objets agréables ! L’homme qui se voit placé dans un pays fertile, entre- coupé de ruisseaux et de bois, qui rencontre cà et là des fleurs fraichement colorées, des animaux joyeux et bondissans ; l’homme, dis-je , ainsi placé, éprouve une foule de sensations nouvelles : s’il demeure long-tems dans ces lieux enchantés, son ame prend peu à peu la teinte des objets qui l'entourent, les passions violentes s’adoucissent , et loin de lui toute idée cruelle ou affligeante. Telle est aussi, telle doit être en effet la position de celui qui se livre avec zèle à l'étude des productions de la Nature. Tout ce qui Fen- vironne l’occupe, l’étonne, l’intéresse ; 1l se plaît à revoir les êtres que déjà 1l connoît, _à étudier ceux qui pour lui sont nouveaux; et lorsqu'il est parvenu à saisir le niveau des découvertes , son plaisir et son zèle redoublent à la fois ; désormais 1l s’atlache aux parties inconnues, et il ne cherche plus que des routes non frayées par ses prédé- cesseurs. C’est sur-tout alors que les observa- teurs, entraînés par le goût des découvertes, s’axrachent pour la plupart à leurs parens, à leurs amis, aux lieux où ils ont vécu “pendant leurs premiers ans , pour entre- prendre des voyages lointains, et s'exposer DS Le * INTRODUCTION. 7 pendant plusieurs mois au milieu de pays sauvages et peu connus (1). Tous les êtres qui sont répandus sur [a terre ou dans le sein des eaux, doivent être recherchés de l'observateur ; tous sont dignes de fixer quelque tems ses regards, sans en éxcepter même ceux qui nous paroissent dangereux. Chacun d'eux peut être consi- déré sous un aspect avantageux pour la méde- cine , pour les arts; et telle plante, que nous regardons comme un poison, est dédommagée de cette mauvaise qualité par quelque pro- priété utile. Les reptiles venimeux cependant paroissent présenter, jusqu'à un certain point, une exception à ce principe. En effet, quelle peut être lutilité des % (r) C’est à ce zèle extrême pour les progrès de VHistoire naturelle que nous devons les immenses travaux de Linnæns et de ses disciples, les ouvrages de Tournefort , d’Aublet , de Loureïro , de Plumier, de Cateshy, de Commerson , d’Adanson, de Pallas , de Forster , ete etc. ; les voyages de Banks, de Solander, de Levaillant , de Thunberg, de Sparmann, de la Billardière et de Riche, de Bruguière et d'Olivier ; et plus récemment encore de Humbolt, de Me ct des autres naturalistes qui accompagnent le capitaine Baudin dans diverses parties de la mer du Sud. À 4 - 8 INTRODUCTION. vipères, des crapauds et des crocodiles, et pour quelle fin la Nature at-elle placé aussi abondamment ces derniers dans certaines contrées ? Pourquoi ces nuées de crocodiles que , suivant le témoignage de Bartram et d’autres voyageurs, on trouve dans plusieurs fleuves et lacs de l'Amérique septentrionale? Pourquoi ces énormes serpens à venin qu osent attenter contre les jours du voyageur paisible , et qui souvent se désaltèrent dans le sang d’innocens animaux ? Sommes-nous suffisamment dédommagés des dangers que nous courons par la destruction qu'ils font de quelques insectes nuisibles ? Non, sans doute. | Mais, quelles que soient les vues de la Nature, gardons-nous de chercher à les appro- fondir ou même de les censurer , sur - tout lorsque les faits nous manquent, et que nous n'avons que des conjectures à émettre. Une qualité précieuse et essentielle pour tous ceux qui se livrent à l’étude des sciences physiques et naturelles, c'est de ne faire au- une supposition gratuite , aucun sysième , sur-tout lorsqu'on ne peut l’appuyer sur quelques observations satisfaisantes. Si lon veut faire dans les sciences quelques progrès rapides , et sy rendre utile par de INTRODUCTION. nouvelles découvertes , on doit s'occuper presque uniquement à rassembler des faits nouveaux , à perfectionner les recherches déjà faites, à mettre sur-tout une exactitude scrupuleuse dans ses expériences : 1l faut souvent revoir le même objet, l’examiner sous toutes ses faces; et c’est lorsqu'on a recueilli un nombre suffisant de faits, que le systéme vrai, c’est-à-dire, la classification naturelle de ces faits, leur enchaînement, leur suite, se présente à l’observateur , sans qu'il soit contraint de chercher. C’est à cette seule manière de suivre les phénomènes de la Nature, d'examiner ses diverses produc- tions, qu'on doit les bonnes méthodes en histoire naturelle. Lorsqu'on veut s'appliquer principalement à l'étude des animaux, il faut savoir allier, à la persévérance dans ses recherches, 1e courage de surmonter tout dégoût ; il faut considérer et toucher sans effroi, sans répu- gnance , les animaux hideux ou fétides, et c’est sur-tout lorsqu'on veut connoître les reptiles, qu’on doit s’armer de courage. Comme la classe des reptiles n’est en quel- que sorte composée que d'animaux hideux ou malfaisans, chacun s’empresse de détruire les individus qu'il rencontre ; et l’on croit 10 INTRODUCTION. ainsi faire une action utile à l’humanité. Quelquefois même on ose reprocher à la Nature d’avoir créé ces animaux ; et sans réfléchir sur les motifs qui ont pu l’engager à leur donner l'existence, on se permet de censurer ses vues cachées , on atteste incon- sidérément qu’elle ne les a placés sur la terre que pour nous persécuter ; comme si l’homme éloit aux yeux de cette Nature toute-puis- sante le but unique où tendent ses immenses travaux. | Une antipathie presque insurmontable ; une forte répugnance en voyant un crapaud, une horreur soudaine et un effroi involon- taire en présence d’un serpent qui sifle , se déroule ou s’avance , nous arment contre ces animaux , et nous nous vengeons de Peffroi qu'ils nous causent, en leur donnant la mort. En examinant cette démarche lente, ce ramper progressif, cette peau garnie d’écailles hvides ou de tubercules pusiuleux et rudes au toucher, aans les crapauds et les serpens ; en voyant une grenouille sauier et lancer au loin derrière elle son urine, une sala- mandre nager et se nourrir dans des eaux croupies et fangeuses, est-il possible de ne pas céder incontinent au dégoüt que ces INTRODUCTION. 11 ammaux nous causent, et d’éprouver pour eux une sorte de commisération (1)? Les reptiles n’ont cependant pas tous las- pect hideux du crapaud ; et même parmi les espèces qui font parte de ce genre, il y en a quelques-unes qui sont ornées de cou- leurs vives et tranchées. Le crapaud bossu, par exemple, est très-agréablement peint ; et ce qui répugne seulement en lui, c’est sa forme courte et massive, et smw-tout sa démarche pesante. Les grenouilles, quoique (1) Le fait suivant dont j’ai été témoin, suflira pour prouver combien est violente l’horreur de quelques personnes pour le crapaud. . Pendant l'été de 1700, l’hôtesse chez qui je logeois à Bourbonne - les - Bains, faillit périr pour avoir seulement touché involontairement nn de ces ani- maux. Comme elle étoit descendue dans un caveau pour y prendre du vin, elle empoigna par mégarde un gros crapaud, cendré dans un tas de bouteilles. Au trémoussement des membres de cet animal , elle fut soudain saisie d’effroi et tomba évanouie. Plusieurs personnes accoururent au bruit de sa chûte, et la trou- vèrent sans connoissance avec le crapaud qu’elle serroit fortement dans sa main, et que la forle contraction de ses doigts avoit éventré. Un médecin habile fut aussitôt appelé au secours de cette malheurense femme, qui eût pendant plus de quinze jours une fièvre vio- Jente et continue. 12 INTRODUCTION. voisines descrapauds, sont moins désagréables «à la vue ; on les touche même sans dégoût, soit à cause de leur forme plus développée ; de leur corps dépourvu de verrues, soit à cause de leurs mouvemers précipités. Leur chair est regardée comme un manger délicat; et ce qui doit paroiître sans doute plus sur- prenant, c’est que les nègres, à Surinam, mangent le crapaud pipa, selon le témoi- gnage de mademoiselle Mérian. Les rainettes, les lézards, les tortues sont des animaux agréables ; mais c’est sur-tout parmi les ser- pens qu’on trouve de jolies espèces ; et sans vouloir entrer dans aucuns détails, je me contenterai de nommer ici la couleuvre boiga , dont la tête est en dessus d’un beau bleu, avectoutes lesautresécailles semblables à une nacre éclatante par leurs reïlets et leurs couleurs : telle est aussi la couleuvre des dames , que quelques femmes emploient comme un collier en Amérique. Les animaux dont je trace ici Phistoire , quoique parfaitement semblables enire eux par leurs principaux caractères, et devant être réunis par conséquent dans une même classe, ont cependant offert aux naturalistes une vraie difficulté par rapport au nom sous fequel on doit lesdésigner. Celui d'AMPEHIBIES, INTRODUCTION. 19: employé par Lannæus et ses disciples, ne présente qu'une sigmfication très-incerlaine. , En effet, suivant Daubenton, si lon M pour amphibies des animaux aquatiques qui peuvent vivre pendant quelque tems sur terre, ou des animaux terrestres qui peuvent rester pendant quelque terms dans l’eau, tous les animaux seront amphibies, même Yhomme, puisqu'il peut y plonger. Cepen- dant Linnæus donne pour amphibies des reptiles qui ne sont jamais dans leau , et des poissons qui n’en sortent pas. Il ne pou- voit manquer de trouver beaucoup de diff- cultés dans la dénomination d’une classe aussi mal conçue que celle de ses amplhibies ; aussi cette dénomination est-elle vague , obscure et fautive : les genres que comprend cette classe des amphibies de Linnæus, sont trop mal assortis pour qu’ils aient un nom commun qui convienne à tous. Daubenton a séparé ces animaux en deux classes : il a nommé les wuns QUADRUPÈDES OVIPARES, et des autres SERPENS. Le professeur Lacépède a ensuite adopté ces deux classes, et il a joint entre elles deux celle des BrPÈDEs. Hermann, de Strasbourg, dans son ouvrage intitulé, Tobulæ affinitatum animalium, a proposé de subsüïuer au nom d'amphibies celui de 14 INTRODUCTION: cRYEROZES , lequel est tiré du grec et sigmfe froid, dégoütant et livide (1). Sans essayer Ve combattre ces différentes dénominations , _je me contenterai de nommer ces animaux REPTILES, ainsi que l’ont déjà fait plusieurs naturalistes, entre autres Cuvier, dans son Tableau élémentaire d'histoire naturelle. En effet , les quadrupèdes ovipares, ainsi que les ‘serpens, marchent en faisant ramper leur (1) Armphibia Linnœus vocavik, non quidem rem sensumçque exhauriente nomine , nec tamen temere mutando , ne introductis prœæter necessitatem novis vocibus nimium oneretur scientia. Reptilium vox aliis placuit , uti Brissonio, haud magis omnibus competens, guam amphibiorum nomen. Diversissimus enim est ancessus testudinis, lacertæ agilis et palustris, sala- mandræ , chamæleontis, ranæ esculentæ et serpen- tum. Nec aptior est quem alit adoptaverunt quadrupe- dum oviparorum terminus, quam et lacerta chamaæleon et salamandra et chalcidica , ef rana pipa viviparæ sint ; et conjunctissimos lacertio serpentes excludz opor- £eret. Si in novorum nominum imposttione gloriam more mullorum quæreremus, el ea re scientia promoverelur, eryerozo@ apté vocart posse putaremus, quant omnem ferè naturam eorum animalium vox ista exhaurire videatur. Kryrds enim non mod frigidum , sed eë Aorridum luridumque significat, Yermann, Tab. affin. anim, pag. 219. , INTRODUCTION. 35 ventre contre la surface des corps sur les- quels ils passent (1). - Les amphibies, selon Linnæus, ont : / _19, Le cœur a un ventricule et une oreillette; le sang froid et rouge. . 2°, Des poumons propres à une respiration volontaire. 3°. Des mâchoires posées l’une sur l’autre. - 4°. Deux verges à presque tous. bo, Les sens du goût, de l’odorat, de la vue et de l’ouie. 6°. Des couvertures cutanées, nues; 7°. Et des soutiens différens selon les genres, ou nuls à quelques-uns. Täinuæus a rassemblé à tort dans cette classe les quadrupedes ovipares, les serpens et les poissons cartilagineux. Il a rangé sous la dénomination de REPTILES tous les am- plubies qui rampent sur le ventre, quoiqu'ils soient munis de paltes ; dans la seconde divi- sion, celle des SERPENS, 1l a mis tous les amphibies sans pattes, et qui s’avancent en serpentant; et dans la troisième , celle des (1) Le verbe latin repere peut également indiquer le mouvement progressif des quadrupèdes ovipares et des serpens ; tandis que serpere ne convient seulement qu'aux serpens. 16 INTRODUCTION. NAGEURS, il a placé tous les amphibies qui ont de vraies nageoires au lieu de pattes, et qui nagent. Celte dernière division n’est plus admise maintenant par les zoologistes , parce qu'elle n’est entièrement composée que de vrais poissons Ccartilagineux (1), puisqu'ils (1) Voici la cause de cette erreur : Linnæus soup- gonna que les poissons cartilagineux pouvoient avoir des poumons, parce que leurs ouies, quoique sem- blables à celles des autres , tenoient à un vaisseau en forme de tuyau courbe; qu’elles n’avoient pas de rayon osseux , et que ces ouïes ne ressembloient à celles des poissons que par leurs parties extérieures. Linnæus se confirma dans sa prévention, en considérant que les poissons cartilagineux étoient conformés comme les poissons branchiostègues ; qu’ils subissoient différentes métamorphoses ; que leurs fœiws sortoient de l’œuf avant de naître , et qu’ils n’avoient point de nageoires sous le ventre. Pour éclaircir ses doutes , Linnæus écrivit au docteur Garden, qui résidoit en Amérique, et le pria Ge disséquer le diodon épineux, et d’exami- ner ses organes de la respiration pour savoir s’il avoit des poumons. Garden, ayant fait cette dissection, assura que le diodon avoit des ouïes à l’extérieur et des. poumons à l’intérieur , et il en fut très-surpris. Il fit la description de ces organes , et les envoya en nature à Linnæus, qui en conclut que le diodon devoit être mis au rang des amphibies nageurs, et qui tira la même conséquence pour les lamproies, les raies, les squales, etc. ; mais cette distribution méthodique a été | sont NUE INTRODUCTION 17 sont tous munis de branchies , ainsi que l'ont successivement prouvé Vicq-d'Azyr, Brous- sonnet , et plus récemment encore Cuvier, dans ses travaux et ses lecous sur l’anatomie comparée ; tandis que les reptiles ont tous de vrais poumons, accompagnés de bran- chies dans quelques-uns. Laurenti a donné, dans son ouvrage latin sur Jes reptiles (1), une division de ces ani- maux en trois ordres, savoir : 1° en reptiles sauteurs , tels sont les pipas, les crapauds ;, les grenouilles , et les rainettes ; 2° en reptiles marcheurs , qui comprennent les genres triton, salamandre, fouette-queue, gecko, caméléon , iguane, basilic , dragon , croco- dile, scinque, stellion et seps ; 3° et en reptiles serpentans. Dans cette dermière section :1l range les genres chalcide, cœcilie , amphis- bêne , anguis, natrix, céraste, coronelle, combattne et détruite par Vicq-d’Azyret Broussonnet, qui n’ont pas trouvé de poumons dans les squales qu’ils ont disséqués : ce dernier observateur a même reconnu que la partie prise par le docteur Garden, pour des pouinons dans le diodon , étoit un viscère qui renfer- moit des vessies aériennes, que le poisson remplit d’air pour s'élever daus l’eau, et qu’il vuide à mesure qu’il veut descendre. ( Daubenton, Encyclop. méthod.) (1) 3. N. Laurenti, Specimen medicum continens synopsin reptilium; Viennæ, 1768, 1 vol. in-8°. Reptiles. Toux I. B F4 ? 18 INTRODUCTION! boa , dipsade, naja , sonne-queue , couleuvre; vipère , cobra, aspic, constrictor-et large- queue. Cette division , établie par Laurenti, ne peut être adoptée, parce qu'elle réumit ou rapproche des animaux qui, par la struc- ture différente de leurs corps, doivent essen= tiellement être placés dans des ordres séparés ; ainsi que nous aurons bientôt occasion de le prouver. , L'ous les naturalistes dits cités s’étoient principalement attachés dans leurs divisions des reptiles à des caractères extérieurs tran- chés, mais moins importans que ceux qui dépendent de l’organisation et des habitudes de ces animaux. Alexandre Brongriart, dans un Mémoire sur une nouvelle classification naturelle des reptiles, a prouvé que, pour faire une distribution méthodique naturelle ; il ne faut avoir recours aux caractères des dégrés inférieurs , tels que ceux pris dans les organes du mouvement et dans les tégu- mens, que lorsqu'on a reconnu que ies or- ganes des dégrés supérieurs n’offroient plus aucune différence importante : d’après ce principe , il combat avec raison les divisions précédentes , qui ne sont établies que sur des caractères secondaires, tels que la pré- sence ou l'absence des pattes et de la queue; puis il divise les reptiles en quatre ordres. INTRODUCTION. 19 I. Ordre. LEs CHÉLONIENS où TORTUES. Ces reptiles n’ont point de dents enchâssées, mais leurs mâchoires sont enveloppées de gencives cornées, tranchantes ; leurs corps, couveri d’une carapace , est bombé. Ils ont deux oreiïllettes au cœur , un estomac plus volumineux que les autres reptiles, un canal intestinal garni d’un cœcum ; ils s’'accouplent et pondent des œufs à coquille calcaire solide; ils se nourrissent en grande partie de végé- taux. II. Ordre. Les sAURIENS. Tous ces animaux ont des denis enchâssées, deux oreillettes au cœur, des côtes et un sternum ; le mâle à un organe extérieur de génération ; s ils s ’accouplent réellement , pondent à terre des œufs à coquille calcaire, d’où sortent des petits qui ne subissent pas de méiamor- phoses. Ïls ont des plaques écailleuses ou des écailles sur le corps.” III: Ordre. LEs oPHIDIENS OU SERPENS. Ils se rapprochent plus des reptiles des pre- miers ordres, sur-tout des sauriens, que de ceux du quatrième. Comme les chéloniens et. les sauriens, ils ont de longues côtes arquées ; le mâle a un organe extérieur de B 2 20 INTRODUCTION. génération : ils s’accouplent réellement ef pondent des œufs à coquille caleaire, d’où naissent des pelits en tout semblables à leurs parens ; mais ils diffèrent des sauriens , parce qu'ils n’ont qu'une oreillette au cœur, point de sternum ; que les mâles ont une verge double ; que les femelles pondent des œufs à coquille calcaire molle ; et qu'ils n’ont pas de pattes. IVe. Ordre. Les BATRACTENS: Ces. animaux différent autant des trois premiers ordres qu'ils se conviennent entre eux, sans en excepter les salainandres, qui n’ont d'autre analogie avec les sauriens que parce qu’elles ont le corps alongé et une queue. Tous ces reptiles ont d’ailleurs une seule oreilletie au cœur, point de côtes ou seule- ment des rudimens de ces os, la peau nue et des pattes : le mâle n’a aucun organe extérieur de génération ; et il n’y a point d’accouple- ment réel ; le plus souvent les œufs sont fécondés hors du corps de la femelle. Ces “œufs sont sans coquiile et pondus dans l’eau ; les petits qui en sortent ont des branchies à la manière des poissons, et différent de leurs parens pendant les premiers momens de leur vie; ils se rapprochent par cela % \ INTRODUCTION: même des poissons : ces animaux doivent donc être placés dans une classification na- turelle à la fin des reptiles, et M ment avant les poissons. Avant d'entrer dans de plus grands détails sur les différences qu'on a déjà pu remar- quer dans l’organisation des divers reptiles, entre. la tortue , le lézard, le serpent, la gre- nouille et la salamandre, il importe essen- tiellement de faire remarquer ici que, malgré toutes ces différences, on n’observe pas en eux un système général d'organisation essen- tiellement opposé à celui du corps. humain. On leur trouve , comme à nous, une colonne vertébrale osseuse , et tous les principaux organes dont nous sommes pourvus, Imais avec quelques modifications plus ou moins remarquables. Lies reptiles ont quelques rapports , SOÏÉ à cause de leur organisation , soit à cause de leurs mœurs avec les autres animaux vertébrés, sur-tout avec les poissons, puis- qu'on a aussi trouvé de vraies branchies aux tétards des batraciens et à la sirène ; puisque la peau des lézards et des serpens est recou- verte de vraies écailles. On sait que les tor- tues ont leur carapace recouverte de grandes plaques polygones ; de même que la peau $ B 3 23 INTRODUCTION de certains poissons cartilagineux ; de plus; la sirène ( siren lacertina ) a la forme alongéé; et les mœurs des poissons anguilliformes. La forme du corps des reptiles présente de grandes différences : par exemple, les chélomiens , les sauriens et les batraciens ont presque tous quatre pieds, et il.n’y a que deux sauriens qi n'aient que deux pieds seulement. Les chéloniens ont le corps orbi- culaire, et plus ou moins bombé, enfermé dans un test osseux, ei terminé par une petite queue ; les doigts de leurs pieds sont séparés et distincts dans les uns, ou palmés et en nageoire dans les autres. Tous les sau- riens ont le corps alongé , diversement écail- feux, et terminé par une queue trés-flexible, souvent composée d’anneaux articulés. Les chalcides ressemblent beaucoup à des ser- pens par la forme très-alongée de leur corps, quoique d’ailleurs ils soient de vrais sauriens (1). Les batraciens ont tous la peau (1) Genus serpentum nulla evariat ratione, et omnia ferè proxima lacertis ex terrestri oviparo senere habere videas , si pedes is demas et longitudinem addas. Jnterna eadem serpentibus sunt quæ lacertis. Pecu- liare præter ceterorum linguas serpentibus et lacertis est, summa illorum lingua bifida sit. Caudeæ etiam la- certis atque serpentibus amputatæ renascuntur. Arist. INFRO DU C'TION. 23 entièrement nue : ils sont munis de quatre pieds; les uns sont dépourvus de queue, ont Hist. animal. lib. 2, cap. 17. Wiscera, venter el reliquæ partes modo eodem in quadrupedibus oviparis el in is quæ pedibus carent u£ serpentibus habentur. Natura enim serpentum counata is esé , qiuippe queæ siniilis sit lacertæ prælongæ ac expedi. Aristote, Hist. animal. Hb. 4, cap. r. Suné arctissimaæ affinitate lacerlis conjuncti serpen- tes, non interioribus modo partibus ,. sed exteriore guoque forma et habitu ; maximè illæ quæ ad lacertam asilen proximé accedunt. Non enim squamæ modo suné utrisaue communes , ef prælongatus corporis habitus., sed pedes etiam gradatim iba imminuntur ; ut nullibi magis quam hic molles nabwra transitus mmirari detur. INamque in lacerta scinco jam pedes suné perbreves, breviores in lacerta tillisugu qui in oclopollicari ani- mali quinque aUE sex lineis non sint longiores. Propior jam serpentibus seps est, qui pedibus quidem adhuc suis in incedendo ulitur, sed brèves remotissimosque habet. Hunc excipit lacerta chalcides eut cm. mensur& pedum etiam digitorum numerus deminuitur, zut Lernd modo siné in brevissimis pedibus, tenuissimisque et ad latera pendulis, incessui ineptis. Îlli quicunque ears norunt, serpentinam naturam tribuunt. Negue omitéi hic velim illam lacertam quam ex Etruria pinxié Petive- rius (in Gazophylacio , tab. 151, fig. 5) qguæ si verè existat talis, nec pictoris imperitia deformata chal- cides auf seps sit, novorum orbiculatorum digitorum characterem communem. laceriæ geckont squalidæque mec hylisque, cum chalcilidibus offeret. Post has, b 4 aus 4 4 s 24 INTRODUCTION: : si le corps trapu, et les pieds postérieurs plus. longs que les antérieurs ; les autres ont la . forme d’un lézard, parce qu'ils sont mumis.… d’une queue, et que leurs pieds sont tous à peu près également longs. lnfin les ser pens ont le corps très -lons , cylindrique, couvert d’écailles et sans aucunes pattes ( 1 ). Le squelette des reptiles, quoique moins sequitur lacerka serpens, quam quadrupedem vocaverat Linnœus , sed lacertis vindicanda utique ; si etidm vel maximéèé auribus careret, quum sclamandræ quoque et chamaældeontes illis destituartur : sed prdes huie brevissimos si demseris , ovum ovo Ni esse nequié , guam lacerta hæc est angui fragili. T'um venié lacerta ansuina pedes jam habens cire subulatos, in digitos non divisus. Demum agmen claudit et in primo serpentium limine positus est anguis bipes. Hermann , Tab. affin. anim. pag. 263. (1) 3. Hermann, de Strasbourg, a donné dans ses Tabulæ affinitatum animalium le tableau suivant des diverses formes propres à toutes les espèces de serpens, et il a ajouté à chaque indication différente de ces formes une ou plusieurs citations des serpens qui sont figurés dans l’ouvrage de Seba. I Corrus. 1. Suprà carinatum. Seha , tom. I, planche xwrrr, fig. 4. — Tom. II, pl. xxv, fig. 2 ; pl zxxxIv, fig. 2 ; et col. carinatus Län. 2. Filiforme. Tom. IT , planche xx, ne a 3. Crassissimum. Tom. IT, planche xxx, fig. 1. INTRODUCTION: , 25 compliqué que celui des mammifères et des oiseaux, offre de grandes singularités dans ses détails et sur-tout dansles différences que présente sa structure, selon les genres dont 4. T'eres undique æquale, utraque extremitate ob- tusa. Tom. Il, pl. xxx, Gg. 5; pl. vi, fig. 4. 5. T'eres pone crassius. Tom. IT, pl. xx , fig. 3. 6. Squammis laxis extentibus. Tom. 11, pl.zxxxvrr, fig. 1, pl. xcur, et col. echinatus, Barrère. 7. Squammis carinatis. Col. fasciatus. II, Cazur. 1. Indiscretum. Tom. I, pl. xx1v, fig. r. 2. Maximè distinctum. Tom. II, pl. L, fig. r. 3. Occipite bilobo. Tom. T, planche xrrr, fige 4. — Tom. Il, planche xxxvr, fig. 2; planche Lxxvi, fig. 1; planche cru, fig. 1. 4. Pone ciliatum. Tom. IT, planche xur, fig. 1. 5. Capitis squammis reliquis majoribus. Pierique serpentes. ja Ar Ode msn ess... ninoribus. Tom. II, planche zx1v , fig. 1. | 7. Naso acuminato. Tom. IT, pl. zur, fig. 4. 8. Collo dilatabili. Col. naja. IIT. Caupa. 1. Brevis. Tom. I, pl. xxxur, fig. 6; pl. xxxv, Hg; 4; pl. xxxvrr, fig. 1. 2. Brevis acuta ; subito decrescens. Tom. I, pl. zx1r, fig. 1. 5. Sensim decrescens, obtusa, capite angustior. Tom. I, planche zxxxiv, fig, 1. 26 INTRODUCTION. il provient; car chacun des ordres de cette classe a des caractères particuliers relatifs. à leur squelette, et qui consistent ,; soit dans la forme générale du tronc et des extrémités, soit dans la présence ou l'absence de celles-ci, ou enfin dans le nombre et la forme par- tculière des os qui composent ces différentes parties. 12 Dans les reptiles et les poissons le crâne est presque entièrement placé en arrière de la face, et sa cavité, quoique pelite, n’est environ qu'à moitié remplie par le cerveau, et n’a aucune ressemblance dans sa forme avec la tête ; puisque celle-ci, sur-tout dans les tortues , ne doit sa forme extérieure qu'à des os, entre lesquels sont placés des muscles et des glandes. Cette cavité, dans tous les 4. Brevissima. Tom. IT, pl. cx1; pl. xxvir. fig: 5. “ess... corpore sextuplo angustior. Tom. IT, si LXVIII, Hg. G. GT rites Tom. IT, planche xxve, fig. 2. 6 Acuta. Tom. IT, planche 1x, fig. 2. m. Acutissimu. Te IE, pl. x, fig. 4. 8. Obtusa , brevi apice acuto, diversicolore. Tom. If, planche zxxvir, fig. 5. 9. Clavata. Tom. IT, planche c, fig. 3. 10. Compressa. Angçuis bsérile (Hermann, Tab. affin: anim. pag. épi INTRODUCTION. 9f7 reptiles , est oblongue, d’une largeur presque égale, et seulement un peu rétrécie entre les oreilles. Le crâne des batraciens a le plus souvent une forme cylindrique, aplatie en dessus et élargie par derrière ; il est plus arrondi dans le crapaud, et plus aplati dans le pipa. Ses os frontaux sont alongés, et rem- plissent l’espace placé entre les orbites. Bans lé crocodile , selon Cavier (1), on peut comparer los de la base du crâne à une pyramide tronquée très-régulière dent la pointe est en bas, et sur la base de laqueile est creusée la cavité du crâne. Cette pyra- mide a trois faces , une postérieure qui forme Pocciput, et deux latérales. La face occipitale est à peu près triangulaire; l’un de ses angles est inférieur , les &eux autres sont supérieurs, et se prolonsent extraordinairement de côté et en arrière pour former d'énormes apo- .physes articulaires qui reçoivent la mâchoire inférieure : leur position est presque horizon- tale. C’est'au mubeu de cette face qu'est le grand trou occipital , et sous fui le condylile unique pour l'articulation avec la colonne vertébrale ; de ce trou partent trois sutures (1) Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, tom. Il, huitième lecon. 28 INTRODUCTION. qui subdivisent l’occiput en autant d’os par ticuliers. Un pariétal unique forme le plas fond du crâne : au devant de lui est un frontal également unique qui forme le pla- fond des orbites ; l’os temporal est placé de chaque côté du pariétal, el appuie en partie sur cetie proéminence articulaire pour la mâchoire inférieure que nous venons d’in- diquer. De chaque côté estrune petite arcade différente de l’arcade zygomatique, qui laisse enire elle et le pariétal un grand trou rond qui pénètre dans la fosse temporale. Cette arcade est formée en partie par-une apo- physe du temporal, et en partie par un os particulier qui s'articule sur la jonction du pariétal et du frontal. Cet os particulier rem- place l’apophyse post -orbitaire du frontal des mammifères, car il descend derrière l’or- bite pour se joindre à l’os de la pommette, et pour terminer avec lui le cadre de l’or- bite. On retrouve dans les autres sauxriens ; mais avec quelques différences de former, de proportion et de direction des parties, cette composition du crâne du crocodile. Ainsi, dans le caméléon, les trous par les- quels les fosses temporales communiquent sur le crâne sont si grands, et les bords osseux qui les forment sont si minces, que INTRODUCTION. % tes dermiers représentent trois branches grêles, qui s'élèvent pour soutenir lespèce de casque qui distingue cet animal. Leurs apophyses articulaires se portent en dessous au lieu de se porter en arrière. Cette der- nière particularité se retrouve aussi dans les autres lézards ; mais ils n’ont point les crêtes du caméléon, et le dessus de leur crâne est larse comme dans le crocodile. | Après avoir ainsi décrit le crâne des sau- riens , Cuvier observe que celui des tortues s’en rapproche beaucoup; car les os frontaux ne forment aussi que la voûte des orbites, et le crâne ne:passe point entre les cavités: ces frontaux sont très-courts, et les pariétaux sont trois fois plus longs qu'eux. Ces derniers ne se bornent point à recouvrir le crâne, mais ils s'étendent de chaque côté pour former une voûte sur la fosse temporale. Dans les tortues de mer, cette voûte est complettée par deux os particuliers qui s'étendent depuis le pariétal jusqu’à l’arcade zygomatique , et dont lantérieur borne l'orbite en arrière; lés apophyses articulaires sont dirigées en Das comme dans le caméléon : au dessus de celles - ci et du trou auditif, sont des apo- physes mastoïdes D qui, dans les tortues de terre, sont pointues supérieure- 30 ‘INTRODUCTION: ment, et qui sont arrondies et marquées d'u sillon longitudinal dans celles de mer. Dans. les serpens on voit deux frontaux presque carrés et un pariétal unique ; leur crâne, s'avance eutre les orbites comme dans les grenouilles (1); los de locciput.a une apo- (1) « Le crâne de la vipère se ‘trouve creusé dans sa partie antérieure, et représente une forme de cœur lorsqu'on en sépare l’os du museau ; il à deux pointes avancées qui embrassent en partie cet os là; il est entouré , en sa partie supérieure, d’un petit bord avancé en forme de corniche; il est échancré aux deux côtés où sont situés les yeux, et y forme leurs orbites , dont la partie postérieure est étendue en peinte qui répond à celle de devant. Tout le crâne, en toutes ses parties, est d’une substance fort com- pacte et fort dure : il y a trois sutures principales dans sa partie supérieure; l’une , qu’on peut nommer sagittale, qui divise de long en long la partie du dessus des yeux; l’autre, qui peut se nommer coronale , qui divise le crâne en travers derrière les deux orbites, et la troisième qui le sépare encore en travers, près du commencement de l’épine. Dans la superficie de la partie supérieure du crâne, on remarque la forme. d’un cœur bien représenté , situé dans son milieu ; qu a sa base près de la suture que J'ai nommée coronale, et qui porte sa pointe vers la partie postérieure du crâne qui est séparée par la troisième suture. Il y a aussi une autre grande suture tout autour des parties Jatérales inférieares du crâne , par laquelle il peutse INTRODUCTION. 31 physe dirigée en arrière, et portant un os particulier mobile analogue à los carré des oiseaux, auquel s’articulent la mâchoire infé- rièure et les arcades qui forment la supé- MÉURES à Ps» On trouve souvent à la partie antérieure du crâne des reptiles, au moins des tortues, de liguane et du caméléon, une grande ouverture qui donne passage aux nerfs olfac- tifs; ce trou est cependant étroit et simple dans les crocodiles, ou double dans les gre- nouilles et les salamandres ; ces trous optiques n’en forment qu'un dans les crocodiles, dans les tortues et les grenouilles. Ils sont très- séparés l’un de lautre et voisin du grand trou olfactif ; mais il est un fait assez curieux, La diviser en deux corps, l’un supérieur , et l’autre infé- rieur : ce dernier est fait en forme de dos renversé, allant de long en long, creusé au dedans, et repré- sentant la forme d’un soc qui a comme des ailerons à ses côlés, et dont la pointe avance au dessous de l’entre-deux des yeux. Sa partie postérieure descend jusqu’au fond du palais, où elle a dans son dessous une pointe.en forme de monticule renversé. Toutes les sutures du crâne sont si bien unies dans leur jonc- tion et si fortement annexées, qu’il est fort dificile de les distinguer, et encore plus d’en séparer les parties sans les casser ». (Charras, Mémoires pour servir à Vhistoire naturelle des animaux , tom. 11] , pag. 612.) 32 INTRODUCTION. et dont on doit la découverte à Cuvier; c'est que le trou auditif mterne n'existe que dans les reptiles et les poissons chondroptérigiens; les autres poissons , ayant la cavité de l'oreille réunie avec celle du crâne, n’ont pomt ce trou. | £ Dans l'ouvrage déjà cité de cet habile ana- tonuste, on trouve les détails suivans surla face des reptiles (1) : « Dans le crocodile la face ressemble à une moitié de cône’ irré- gsulièrement aplati à sa face convexe; elle est formée principalement par deux os maxil- laires et deux naseaux disposés presque pa- rallèlement ; et de plus, par deux inter- maxillaires qui forment le bout du museau, et qui entourent l’ouverture du nez comme un anneau; les os analogues aux lacrymaux. sont au nombre de quatre , deux de chaque côte. Jos de la pommette, qui est fort grand, après avoir formé le bord intérieur de lor- bite et donné une petite apophyse pour son bord postérieur, va directement en arrière se joindre à cette grande protüubérance mas- toïde , de manière que la fosse temporale me communique au dehors que par un trou A | (1) Cuvier, Leçons d’ anatomie comparée , tom. IT, huitième leçon. à 4 plus INTRODUCTION. 3 plus petit que l’orbite , et qu’elle est en grande partie couverte par ces os, comme par une voûte. Ces fosses nasales se continuent en un. tuyau long et étroit jusques sous le trou occi- pital ; elles sont percées dans les os du palais et dans un os particulier qui est l’analogue des apophyses ptérygoïdes du sphénoïde ; il est situé précisément sous le crâne, et s’élar- git de chaque côté pour former une espèce _d’aile carrée et presque horizontale, qu'une branche osseuse transverse unit de chaque côté à l'os maxillaire et au jugal, de marière à laisser un grand trou dans la voûte du palais de chaque côté. Dans le caméléon la face est concave supérieurement , et bordée par un arête dentelée dans tout son pour- tour; on y voit deux trous qui communiquent avec les orbites, et deux autres ovales qui. répondent aux incisifs de la face palaiine. Quant aux os qui forment la face, ils sont à peu près les mêmes que ceux du croco- dile ; les autres lézards présentent moins de différence encore. » Dans les tortues la face est arrondie en devant el bombée de toute part; on y remarque à peu près les mêmes os que dans le crocodile ; les os inter-maxillaires se soudent de bonne heure avec ceux de la mâchoire Keptiles. Tome I. G 34 INTRODUCTION. supérieure. Les analogues de celui de la pom- mette sont au nombre de trois; l’un, qui s'articule avec le temporal , et avec les deux autres : il est placé en arrière et forme lar- cade zygomatique ; les deux autres portions sont reçues sur l'extrémité antérieure : l’une se porte en dessus el s’unit à l'angle orbitaire du frontal ; l’autre se porte en bas et s’ar- ticule avec l’apophyse postérieure et externe de los maxillaire supérieur ; les os palaüns sont larges et forment la voûte postérieure des fosses nasales. En général les os de la face des tortues se couvrent les uns les autres par leurs bords taillés en lames minces, et il est très - difficile d’en apercevoir les sutures. Dans les tortues de mer les fosses tempo- rales qui sont très-profondes sont recouvertes par une lame osseuse qui forme au dessus d'elles une voûte très-solide. » La face des serpens est à peu prés . arrondie comme celle des lézards : entre le frontal et le pariétal est un os particulier qui termine en arrière le cadre de l’orbite. Il n’y a point d'os de la pommette dans ces animaux ; on distingue assez bien deux os du nez, deux maxillaires supérieurs, deux inter- maxillaires, des os analogues aux arcades palatimes des oiseaux qui sont sarnis de dents, INTRODUCTION. 55 et qui vont s’articuler sur los qui tient lieu du carré avec la mâchoire; deux os parti- culiers unissent ces arcades avec les maxil- laires supérieurs (1). Il y a de plus, dans les espèces à dents ou crochets venimeux comme la vipère , les crotales, deux petits os par- ticuliers mobiles et articulés qui supportent ces dents (2) ; ils sont situés sur les os inter- maxillaires, et sur l’extrémité antérieure de (1) « Dans la vipère , à chaque côté supérieur du milieu de ce cœur que l’on voit au dessus du crâne, il y a un petit os plat qui a environ une ligne et demie de long qui lui est fortement articulé, lequel, suivant et adhérant du même côté du crâne jusqu’à sa partie postérieure , vient s’articuler de nouveau à un autre os plat plus long et plus fort, et y former comme un coude : ce dernier os descend en bas, et vient s’arti- culer fortement au bout interne de la mâchoire infé- : rieure , au milieu de laquelle articulation la mâchoire supérieure vient aboutir, et s’y articule , non pas si fortement , parce qu’elle a d’autres articulations dont l’inférieure est dépourvue. Ces os, qui sont comme des clavicules ; servent de soutien aux mâchoires et à les ouvrir et resserrer , et y sont aidés par les nerfs et par les muscles dont la Nature les a pourvus ». ( Charras, Mémoires pour servir à l’histoire naturelle des animaux , tom. III, pag. 614.) (2) « La vipère a aussi à chaque bout avancé de l'orbite un petit os plat, ayant environ deux lignes et C z 36 INTRODUCTION. la branche osseuse qui joint l’os maxillaire supérieur avec l’arcade palatine. » La grenouille et la salamandre ont les os du nez et inter-maxillaires très-courts et plus larges que longs, ce qui arrondit leur face en devant ; l’os maxillaire est grêle et a à peine besoin de se rétrécir pour former l’arcade zygomatique ; les orbites sont grands et n'ont point de plancher, de sorte qu'ils communiquent avec la fosse palatine. Les os palatins font le bord antérieur de la fosse orbitaire inférieurement ; ils ressemblent à des secteurs de cercle ; leur circonférence est munie de dents pointues : le canal des parines est très-court dans la salamandre ; i n’y a qu’un simple trou dans la grenouille. La face du pipa est excessivement aplatie , mais les os sont les mêmes que dans la gre- nouille ; les fosses orbitaires sont ovales, et on ne voit aucune ouverture qui ressemble au canal des narines ». demie de long , qui est fortement articulé et conjoin- tement avec la racine de la dent canine, lequel, par son aütre bout , est aussi fortement articulé au milieu de la mâchoire supérieure , tant pour la soutenir que : pour la faire avancer ensemble avec la grosse dent lorsqu'elle se relève pour mordre ». (Charras, dans l'ouvrage déjà cité.) INTRODUCTION. 37 Le museau des tortues a dans toutes les espèces une forme arrondie ; l'ouverture de leur bouche est très-fendue, et leurs mâ- choires, dépourvues de lèvres et de dents, sont des gencives cornées, dures, trauchantes et finement festonnées. Perrault, d’après la considération anatomique des muscles qui servent à mouvoir les mâchoires des tortues, a prétendu, dans ses Mémoires sur les ani- maux, que la tortue a plus de force dans les mâchoires que la plupart des autres ani- * maux, qu'elle coupe des substances fort dures (1), et que l’on a observé que la tête (1x) Van-Ernest, naturaliste hollandais très-instruit, et qui a séjourné plusieurs années dans lInde, m’a envoyé des notes manuscrites sur les reptiles, et entre autres la suivante : « Lorsque nous abordâmes à la baie de la Table, nous primes plusieurs tortues caret, dont l’intérieur du corps étoit rempli de quelques herbes marines et de beaucoup de coquilles épaisses que ces animaux broyent avec facilité entre leurs gencives. Les mate- lots que le capilaine avoit envoyés à terre pour cher- cher ces animaux en prirent jusqu’à treize , et comme ils n’eurent pas le tems de les rapporter toutes à bord dans le courant de la journée, ils en lièrent trois vivantes après un tronc d'arbre, à l’aide d’un cable assez gros; puis ils revinrent au vaisseau dans l’espé- rance de les retrouver Le lendemain matin; mais, C 5 38 INTRODUCTION. d’une petite tortue, une demi-heure après avoir été tranchée, a fait claquer ses mâ- choires avec un bruit pareil à celui de la caslagnette. Dans la description qu’ila donnée de la tortue de Coromandel ( festudo indica ) il dit : Que la mâchoire inférieure est plus épaisse que celle de dessus, et qu'outre les gencives cornées et dentelées en scie , linté- rieur des mâchoires est encore garni de deux rangées de véritables dents (1), quoique Pine ait assuré que les tortues sont privées de- dents et de langue. Les tortues ne paroïssent pas avoir, comme les autres reptiles, la faculté d'élargir leurs mâchoires à leur base, afin d’avaler de très-gros morceaux; les sau- riers , les ophidiens et les batraciens ont tous cette faculté dans un dégré tellement surprenant, qu'ils peuvent avaler des ani- maux beaucoup plus gros qu'eux : mais, pour parvenir à écarter suffisamment l’une de lautre les deux branches de leurs mâchoires, lorsqu'ils retournèrent pour les prendre, ils ne les trouvèrent plus, car ces animaux , en agilant alter- nativement leurs pattes sur les côtés de la carapace, s’étoient remis sur le ventre, et ils avoient ensuite coupés avec leurs gencives les gros cables qui les retenaient ». . (1) Je crois que ces denis sont des aspérités. INTRODUCTION. 3q ils sont obligés de secouer, avec vitesse et à plusieurs reprises, leur tête dans des direc- tions latérales ; et ils augmentent sans doute par ce singulier moyen la tension des muscles propres à remplir chez eux cette fonction. Les mâchoires des sauriens sont ordinai- rement à peine plus longues que leur museau est large ; et ce n’est guère que dans le genre des crocodiles qu’on trouve quelques éxcep- tions ; car ces animaux ont le museau alongé, sur-tout l'espèce qui vit dans le Gange, et que les auteurs nomment gavial, On a longs- tems prétendu que la mâchoire supérieure du crocodile étoit mobile ; cette partie a été examinée avec soin par Perrault, et ensuite par Daubenton sur plusieurs crocodiles ; et lobservation a prouvé que le fait dont nous parlons étoit dénué de fondement. Le cro- codile , selon eux, a la mâchoire inférieure mobile, comme la plupart des autres ani- maux ; toute la différence consiste en ce que dans ceux-ci la mâchoire inférieure , outre le mouvement de haut en bas, en a encore un autre de droile à gauche pour mâcher et broyer les alimens ; au lieu que le cro- codile n'ayant besoin que d'ouvrir la gueule pour recevoir sa proie, il suflisoit que sa mâchoire inférieure püût s’abaisser dans ux C4 4 INTRODUCTION: sens vertical ; et la faculté de la tourner de droite à gauche lui conviendroit d'autant moins , que ses dents, ainsi qu'il va être dit, s’enitrelacent les unes dans les autres. Les sauriens, les ophidiens et quelques batra- ciens ont leurs mâchoires munies de dents coniques : dans les crocodiles les dents sont: ordinairement au nombre de soixante-huit, savoir ; quinze à chaque côté de la mâchoire inférieure , et dix-neuf à chaque eûté de la mâchoire supérieure ; elles sont inégales entre elles dans la plupart des espèces de ce genre , et il n’y a guère que le crocodile: gavial qui les ait toutes d’égale longueur. Dans un crocodile qui fut apporté vivant à Versailles en 1681, et qui y vécut un mois, Perrault a observé que toutes les dents étoient un peu courbées vers le gosier, principale- ment celles qui étoient vers le bout du mu- seau : leur disposition étoit telle que , quand la gueule étoit fermée, elles passoient. les unes entre les autres , et les pointes des dents de la mâchoire supérieure entroient dans les trous creusés dans les gencives de la màächoire inférieure , le resle passant entre les dents de l’autre mâchoire qui n’étoient pas jointes les unes aux autres, quoiqu’elles parussent l'être lorsque la gueule étoit fermée : car INTRODUCTION. 4 alors, comme l’animali n’a point de lèvress et que toutes les dents se voient à décou- vert, tout paroit rempli, les dents inférieures et supérieures s’engrenant alternativement dans les intervalles qui sont placées entre chacune d’elles. La racine des dents du cro- codile est creuse , et sa cavité pénètre jusques dans le corps de la dent ; cette cavité a été observée par Pline. La plupart des serpens, ainsi que tous les lézards , le crapaud cornu , etc. , ont des dents simplement aiguës à leurs mâchoires ; cepen- dant les vipères et d’autres serpens ont des dents longues qu’on nomme crochets veni- meux. Dans tous les serpens à crochets venimeux la tête est grosse et ramassée en forme de grouin ; la gueule s'ouvre beaucoup ; la mâ- choire supérieure est armée de chaque côté, au bout du museau , d’un ou de plusieurs longs crochets couchés en arrière, quelque- fois enveloppés dans une gaîne charnue, redressables au gré de l’animal, munis à leur base d’un trou qui perce le crochet dans toute sa longueur ; de plus, on voit sur chaque gencive de cette mâchoire supérieure une vésicule remplie d’un venin verdet abondant. Lorsque le serpent mord sa proie, sa lèvre 42 INTRODUCTION. supérieure presse la vésicule, le venin alors sen échappe, s’introduit dans le crochet: tubulé, et de là dans la plaie. Charras a décrit dans les termes suivans le museau de la vipère : « Le museau de fa vipère est composé d’un os en partie cartilagineux , garni de quelques bouts de muscles qui viennent de plus loin , et qui sont accompagnés de quelques veines et de quelques petits artères ; cet os est encore couvert de la peau écailleuse , rétroussée dans ses extrémités. Il a deux conduits laté- raux qui forment les narines , lesquelles ont chacune une ouverture petite et ronde à droite et à gauche sur le devant, et de plus un nerf propre qui s'étend depuis la partie antérieure du cerveau jusqu'à leur orifice, et qui leur communique lodorat.... Cet os cartilagineux est entouré de divers angles, et est articulé par de forts ligamens en de- dans et autour de la partie creuse et anté- rieure du crâne, ce qui n'empêche pas qu'il ne soit un peu flexible dans cette articula- ton. (508 » La mâchoire supérieure est divisée en deux sur le devant, et est séparée par los cartilagineux du museau , où ses deux bouts sont articulés de chaque côté. Ces deux mä- INTRODUCTION. 43 choires sont beaucoup plus internes que celles de dessous, et les grosses dents sont situées hors de leur rang, et à leur côté en tendant en dehors, et leur servent comme de défenses. Elles sont composées chacune d’un seul os qui a environ dix lignes de long. » La mâchoire inférieure est aussi divisée en deux : ces mâchoires sont annexées par devant l’une à l’autre par un muscle qui les ouvre ou les resserre au gré de l’animal ; et n’ont d'autre articulation qu'avec le petit os qui descend du crâne, et avec le bout interne des mâchoires supérieures. Chacune de ces mâchoires est composée de deux os articulés ensemble vers le milieu de la màâ- choiïre : celui de devant embrasse dessus et dessous celui de derrière, et se peut ployer en dehors et en cet endroit lorsque la vipère veut mordre ; il est tant soit peu recourbé en dedans vers son extrémité; c’est sur cet os seul que les dents du dessous sont fichées ». (Charras, Mémoires pour servir à l’histoire naturelle des animaux, tom. IX, pag. 611, et suiv.) Selon Hasselquist, on trouve en Egypte, dans les contrées qu’il a visitées, une espèce d’orvet qu’on peut appeler le commu, parce qu'il à deux longues dents qui percent x. 4% INTRODUCTION. lèvre supérieure , et ressemblent à deux pelites cornes ; mais il ne paroît pas que ce caractère apparlienne à celte seule espèces car Bosman, dans la relation de son voyage ex Guinée, fait mention d’un serpent qu’il a vu sur la côte d'Or, et qui a pour arme offensive une petite corne, où plutôt une dent blanche, dure et très-pomtue, qui sort e la mâchoire supérieure au dessus du nez. Le serpent plature n’a pas du tout de dents à sa mâchoire. À Les vertèbres varient beaucoup plus par leur nombre et par leur forme, dans la classe des reptiles, que dans toutes les autres des animaux vertébrés. Cuvier donne les détails suivans sur les vertèbres des reptiles, dans son ouvrage sur l'anatomie comparée : & Dans les tortues on compte sept vertèbres au cou ; la première n’est qu'un simple tuber- cule dont la portion annulaire est distincte; la facette par laquelle il s'articule avec la tête est formée de trois plans, un antérieur et deux latéraux ; le point auquel ils se réunissent est plus saillant, et donne attache à un fort ligament. La facette articulaire qu: Funit à la vertèbre qui suit, est une cavité glénoïde ; la seconde vertèbre, et celles qui _iennent ensuite, portent une crête saillante INTRODUCTION. 45 et longitudinale au devant de leur corps; les apophyses articulaires descendent plus bas que le corps; il n’y a point d’apophyses épineuses, excepté à la seconde, où elle se dirige en avant, et à Îa troisième, où elle nest qu'un simple tubercule ; les deux der- nières se soudent à un certain âge. Les tortues ont huit vertébres dorsales qui sont toutes soudées avec les côtes et la carapace en une seule pièce immobile ; aussi n’ont-elles ni apophyses , n1 facettes articulaires; cha- cune d'elles est plus étroite dans son milieu qu'à ses extrémités ; celles des lombes et du sacrum sont aussi soudées dans la carapace, mais celles de la queue sont libres et mo- biles ; le condyle que forme Îeur corps par son articulation avec Ja vertébre voisine, au lieu de regarder la tête comme dans les. cervicales, est au contraire tourné en arrière; il y'a aussi au bas du corps, en avant, deux petits tubercules ; mais toutes les apophyses de ces vertébres sont comme dans les mam- mifères. Parmi les sauriens, le crocodile a sept vertèbres cervicales, dont les cinq der- nières ont des apophyses transverses et telle- ment engrainées, qu'il ne peut point fléchir le cou de côté. Ce nombre de sept se trouve dans la plupart des sauriens ; cependant le . 46 INTRODUCTION. caméléon n’en a que deux ; dans tous, les vertèbres sacrées sont en petit nombre, et ne forment point un grand os sacrum. Les grenouilles n'ayant point de côtes, on ne peut établir de distinction entre les trois premiers ordres de vertèbres ; elles en ont généralement huit de la nuque au bassin, toutes pourvues d'assez longues apophyses transverses ; la dernière les a plus longues et touchant aux os des îles : dans les crapauds _ les apophyses transverses sont très-larges; et semblables à des fers de hache. Iln’y à pour tout os sacrum qu’un os long, pointu et comprimé sans coccyx. La dernière vertèbre est soudée avec cet os dans le pipa, qui a aussi les apophyses transverses de la deuxième et de la troisième vertèbre bien plus longues que les autres, el presque semblables à des côtes. Les salamandres ont quatorze verte- bres de la tête au sacrum ; toutes ont une forme à peu près semblable , à l'exception de la première qui reçoit la tête , et de la dernière qui s'articule avec le sacrum. Ces deux extrémités seulement manquent des rudimens de côtes , qui sont des petits os alongés , mobiles et véritablement articulés sur les apophyses transverses qui se dirigent en arrière. Les apophyses articulaires sont INTRODUCTION. 47 larges, imbriquées ; les postérieures appuient sur les antérieures , de manière à s'opposer au mouvement de lépine en arrière. Il n’y a qu’une seule vertèbre pour le sacrum ; mais il y en a vingt-sept à la queue. Dans les _ serpens les vertèbres forment à elles seules presque lout le squelette ; elles ont à peu de chose près la même figure depuis la tête jus- qu'à la queue : on y distingue très-bien un corps, des aphophyses épineuses, articulaires et transversales. Dans quelques espèces, comme dans le boa, les apophyses épineuses qui règnent le long du dos sont séparées les unes des autres, et se permettent réciproque- ment un mouvement assez marqué. Toutes les fois qu'on observe cette disposition des apophyses épineuses , le corps des vertèbres ne présente du côté du venire qu’une ligne saillante peu marquée. Dans d’autres espèces de serpens , au contraire , comme celui à sonnettes , les apophyses épineuses sont si longues et si larges qu’elles touchent les unes aux autres : elles ont pour base les apophyses obliques , qui s’entrecouvrent comme des tuiles. Il résulte de cette disposition que le mou- vement de l’épine est très-borné du côté du dos, mais que son mouvement du côté du 48 INTRODUCTION. ventre est beaucoup plus étendu. Les corps des vertèbres jouent là facilement les uns sur les autres , et portent une épine très- aiguë , dirigée vers la queue , et qui ne borne le mouvement qu’autant qu’il pourroit pro- duire une luxaticn. Les premières vertèbres ne diffèrent de celles du reste du corps que par les rudimens des côtes qui sont beaucoup plus petits ; aussi n’y a-t-il point de cou dans ces ammaux. Les vertébres caudales sont seulement distinctes, parce qu’elles ne portent point de côtes, et que leurs épines tant ven- trales que dorsales sont doubles, ou forment deux rangées de tubercules. L’articulation du corps des vertébres, les unes sur les autres, est très-remarquable. La partie antérieure du corps de la vertébre présente ua tubercule. arrondi, demi-sphérique ; et la partie posté- rieure offre au contraire une cavité corres- pondante, de sorte que chacune des vertèbres est articulée en genou avec celle qui la suit, et avec celle qui la précède. Ce mode d’ar- üculation explique très-bien le mouvement du corps des reptiles qui, en général, s’exé- cute sur les côtés , et non de haut en bas, comme le représentent la plupart des pein- tres ». Cuvier', à la suite de ses remarques très- INTRODUCTION. %5 #rès- intéressantes , présente le tableau sui- vant du nombre des vertèbres dans les reptiles. Tortue franche .”. . ....| | 8 | al x1|%| o | «| 3 | «| 26 = oral oder hrs Lo IEEE €rocodile . : . . . .. ss ehe) 8 [+lair (els [21 2 |2|36 inambi OU él Adele Tupinambis . ........ him mas al 44% 2 ledio4 ; D —|2——} |— 10 |—|0 | Iguane. e » © © # + © © « © » ee 5 S F1 2 (o) a 2, 5 72 MT Ed | 2 S GA 4j lu À Re) AC Van 4 C" Caméléon . ee + + + e = 3 ë, 17 s 3 El E ee 69 Bo ee Ne Tea ler oil are ÉRAMENUTE a = + e » 2° 12 "li2)él a (STAR Grenouille. . ... ... .. 10 Vertèbres en tout. Pipa e © © « = = + +» e © » 8 V'ertèbres <üi tout. Couleuvre à collier. . . . . . . . .| S| 112 < s 204 ‘Amphisbène . . . . . .. ... +: © Gi & 54 Bon DEvin ne sl. fe = 52° x 252 NT UN EU dE 24% Serpent à sonnettes LP ha Mu 6 26 175 DIVERS ARLES OSEO TS 17 32 Les tortues ont une carapace formée par huit côtes osseuses très-dilatées , unies toutes ensemble par de vraies sutures transversales ces côtes naissent sur les unions des ver- tèbres, et vont s’unir au disque qui entoure toute la carapace. Au dessus des vertèbres dorsales , sur le milieu de la carapace, on ‘Reptiles. Tone I. D 5o INTRODUCTION. voit une rangée de petites plaques osseuses unies entre elles , et en nombre égal avec ces mêmes vertèbres dont elles font partie. Le disque osseux est composé d’un certain mombre de pièces soudées , et forme un rebord tourné en dessous : à sa partie anté- rieure il y a une plaque carrée ; et de plus une échancrure en croissant. Le plastron des tortues est un vrai sternum extérieur, uni par les deux bords latéraux aux côtés du disque de la carapace : il est plus court et plus étroit qu’elle ; et quoiqu'il soit aussi composé de plusieurs pièces soudées entre elles, ou quelquefois un peu mobiles l’une sur l’autre, cependant il a une forme plate, tandis que lautre est toujours bombée. On compte au crocodile douze côtes, sa voir : deux antérieures et deux postérieures seulement unies aux vertébres, et les huit autres sont toutes sterno-vertébrales ; il à, ainsi que les autres sauriens , un sternum presque entièrement cartilagmeux, uni pos- térieurement au pubis, et revêtant les parois de l’abdomen de huit cartilages cylindriques. Perrault. dans sa description anatomique du caméléon, indique soixante-quatorzé ver: tébres à ce reptile , savoir : deux cervicales, dix-huit dorsales, deux lombaires , deux INTRODUCTION. bi sacrées et cinquante caudales; et comme ce nombre n’est pas d'accord avec celui que Cuvier a observé depuis, il est facile d’en conclure que les vertèbres varient en nombre daus cet animal , et sans doute aussi dans plu- sieurs autres reptiles. Perrault a trouvé à cet animal dix-huit côtes de chaque côté : les deux premières et les trois dernières sont simplement vertébrales; les troisième, qua- trième , cmquième et sixième tiennent au sternum par des appendices osseux comme elles ; les neuf autres côtes ne sont point attachées au sternum , mais chacune est jointe à celle qui lui est opposée par l'entremise d’un appendice commun qui va de l’extré- mité de la côte droite à la gauche, après s’être courbé en arc renversé sous la poitrine et le ventre. Il y a un autre fait très-intéressant à CON- noître ,-et quon ne trouve que dans les sauriens qui constituent le genre dragon ; c'est que leurs côtes, au lieu d’envelopper le corps comme celles des caméléons, sont au nombre de six paires seulement, situées hori- Zzontalement de chaque côté de l’épine du dos auprès des pieds antérieurs , et forment ainsi des rayons cartilagineux., longs , courbés en arrière, et soutenant une membrane ou D 2 52 INTRODUCTION. plutôt une aile membraneuse triangulaire $ qui peut se déployer en éventail jusqu'aux cuisses. Les serpens offrent, dans la structure de Jeur squelette, de grands rapports avec quel- ques espèces de poissons, sur-tout avec les anguilliformes ; mais ils sont encore moins compliqués, puisqu'on ne trouve aucun pied ni aucune nageoire. Après les os de la tête ;, on ne trouve plus d’autres os que les côtes de chaque côté des vertèbres; il y a des côtes qui sont ordinairement d'autant plus longues qu’elles sont plus près du milieu du corps, et qui peuvent se mouvoir en divers sens : les dernières vertèbres de la queue ne sont que de simples saillies , et n’ont plus de côtes. : Lacépède , dans son Histoire naturelle des serpens, annonce que, d’après les dissec- ions qu'il a faites de divers serpens, il a remarqué que le nombre des vertèbres et des côtes augmentoit ou diminuoit dans les couleuvres, les boas et les crotales , en raison directe du nombre des plaques qui recouvrent le dessous du corps de ces reptiles , de telle sorte qu'il y avoit toujours une vertébre , et par conséquent une paire de côte pour chaque plaque ; mais cet auteur ajoute que ses observations n’ont pas été assez mul- INTRODUCTION. 53 tiphiées pour qu’on puisse en regarder le résultat comme constant. Charras, dans la description anatomique de la vipère, insérée dans /es Mémoires pour servir à lhistoire naturelle des animaux , a donné quelques détails sur les vertèbres et les côtes de cet animal : ils peuvent aussi s'appliquer, mais avec de légères modifications , à tous les autres serpens. Toutes les vipères que cet anatomiste a examinées ont , jusqu’à l’anus , cent quarante-cinq vertèbres fortement arti- culées l’une à l’autre ; chacune de ces ver- tébres est munie d’une paire de côtes qui sont ployées autour des côtés du corps, et dont chaque pointe vient aboutir à l’un des deux bouts d’une des lames ventrales ; de sorte que chaque grande lame indique autant ‘de vertèbres et de paires de côtes : outre. cela, la queue a vingt-cinq vertèbres, sim- bletnbnt munies d’apophyses ou de rudimens des côtes. Les vertèbres de la vipère ont, selon Charras, une apophyse épineuse supé- rieure , une inférieure qui est pointue et courbée vers la queue, et deux autres laté- rales transverses sur lesquelles les côtes sont articulées. Les grenouilles ont des vertébres sans aucune côte ; mais on leur voit très-distinc- D 5 54 INTRODUCTION. tement un sternum muni en devant par ur appendice cartilagineux qui est terminé par un disque placé sousle larynx; ilreçoit ensuite les clavicules , puis il s’élargit, et se termine enfin , selon la remarque de Cuvier ; par un autre disque placé au dessous de l'abdomen, et servant à l’attache des muscles. Ce même anatomiste a aussi reconnu que les sala- mandres ont des côtes si courtes , qu’elles ressemblent aux apophyses transverses des vertèbres ; elles n’ont qu’un seul point d’ar- ticulation sur lequel elles sont peu mobiles; ces rudimens des côtes sont au nombre de douze de chaque côté ; ces reptiles. n’ont pas de sternum proprement dit, mais lépaule en tient lieu en partie, comme nous le ver- rons par la suite (1). En continuant à observer toutes les parties u squelette des reptiles , on trouve que le bassin des tortues , sur-tout de la franche, a 1° un os coxal dont la partie qui répond au pubis est la plus étendue , et s'étend en une lame large , plate et divisée en deux branches ; 2° une portion courte, étroite et épaisse remplaçant l’iléon , laquelle portion osseuse pose sur le test et s’unit au sacrum ; (1) Cuvier, Leçons d'anatomie, tom. T, 3° lecon. NTRODUCTION 55 mais, ce qui doit sur - tout surprendre les observateurs, c’est que l'iléon ainsi que la partie du bassin où il est soudé sont mobiles sur la colonne vertébrale , selon Cuvier ; 3° et enfin la partie qui remplace l'os ischion est dirigée de manière. à former le cercle osseux ra bassin. Le bassin des crocodiles et des tupinambis a une structure à peu près : semblable à celui des tortues : mais, dans les crocodiles, les pubis reçoivent les côtes ver- tébrales ; les os ischions du caméléon et de liguane forment une crête à leur réunion ; les os pubis et ischions des batraciens sont courts et entièrement soudés ensemble , et forment une crête plus ou moins arrondie, et dans les salamandres ce n’est qu’une large plaque imperforée. Les reptiles, munis de pattes, ont leur épaule formée par l’omoplate et par la cla- vicule; leur omoplate est sans épine , alongée, rétrécie et plus épaise vers le cou; la clavi- cule est courte , aplatie et unie au sternum dans tous les sauriens; celle des tortues est formée de lomoplate , de la fourchette et de la clavicule qui sont soudées ensemble, et qui offrent une structure particulière : c’est à l’une de leur extrémité qu’est articulé leur humérus. L’épaule des salamandres est D 4 56 INTRODUCTION. très -remarquable en ce que l’omoplate, la clavicule et le sternum sont réunis entre eux pour recevoir la tête de l’os du bras. Dans les batraciens, qui sont dépourvus de queue, tels que les ramettes, les grenouilles et les crapauds, même le pipa, les clavicules sont doubles à chaque épaule, et tiennent aux deux extrémités du sternum; les deux clavicules placées en devant paroïssent rem- plir une fonction analogue à la fourchette des. oiseaux : ils ont de plus une omoplate com- posée de deux pièces, ce qui la fait paroître comme brisée. L’humérus du crocodile est un peu courbé en $ sur sa longueur ; mais celui des autres sauriens et des batraciens n'offre rien de remarquable. Les tortues et les sauriens ont tous leur avant-bras com- posé d’un radius et d’un cubitus, ainsi que les salamandres ; mais les grenouilles et les crapauds ont un seul os séparé vers le bas et de chaque côté par une raïnure. Voici ce que Cuvier dit des os de la main dans les reptiles (1). &« La grenouille, le crapaud et la salamandre ont le carpe forme de trois rangées : la première est faite (1) Cuvier , Leçons d'anatomie comparée , tom. I, 4° leçon. INTRODUCTION. 57 de deux os, un radial et un cubital; la seconde de trois, dont le plus grand porte un rudiment de pouce à deux articles ; la troisième rangée est aussi composée de trois os ; le second doigt porte sur le premier de ces os; le quatrième doigt est articulé sur le second os ; le doigt du milieu sur l’un et l’autre; le‘petit doigt sur le troisième os; la première rangée touche la troisième en des- sous, parce que la deuxième est cunéiforme: il u’y a pas d'os hors des rangs. Dans la tortue bourbeuse, la première rangée est d’un seul os qui sépare le radius du cubitus; la seconde rangée est formée de deux os, et d'un petit hors de rang situé sur le bord cubital; la troisième rangée est composée de cinq, dont un pour chaque os du métacarpe. Dans la tortue franche il y a trois os au pre- nier rang : le cubital étant pins long, les deux du devant ne vont pas plus avant; la troisième rangée est composée de trois os seulement pour les cirq os métacarpiens , et d’un petit os hors de rang situé du côté radial ; la main de la tortue franche est aplatie, alongée en forme de nageoire et terminée en pointe; elle a deux phalanges au pouce, trois aux trois doigts suivans, et deux seulement au dernier : la même con- J 588 INTRODUCTION! Formation a lieu dans la tortue bourbeuse} si ce n’est que sa main est plus arrondie. Le crocodile a la première rangée des os du carpe formée de deux os longs parallèles ; plus deux petits os hors de rang radiaux. Le nombre des phalanges varie dans les diverses espèces de cet ordre : le crocodile a la main arrondie, deux phalanges au pouce ;, trois au second doigt, quatre au doist du milieu et au quatrième, et trois seulement au cin- quième. Le caméléon à trois doigts d’un côté et deux de l’autre, qui forment avec les trois qui leur sont opposés une espèce de tenaille : le nombre des phalanges est le même que dans le crocodile, à l’exception du cinquième doigt qui en a quatre. La sala- mandre a le cinquième doigt oblitéré, et son pouce n’a que deux phalanges, La gre- nouille n’a qu’une seule phalange au pouce qui est oblitère ; elle en a deux seulement aux deux doigts qui suivent, et trois aux deux autres ». Si l’on examine ensuite les os des pieds postérieurs des reptiles, on ne trouve rien de particulier dans la forme de leur fémur, sinon un peu de courbure, et des trochanters aux tortues seulement. Les tortues et les sauriens ont un tibia et um péroné entière- INTRODUCTION: 5 ment séparés l’un de l’autre; mais les rai- nettes, les grenouilles et les crapauds n’ont qu'un seul os marqué d’une rainure longi- tudinale pour indiquer les deux os. Cuvier a observé , (en traitant des os du coudepied, que les reptiles ont l'os astragal articulé avec le tibia, et le calcaneum avec le péroné. Selon lui, le tarse du crocodile a cinq os:un astragal ,un calcaneum, deux cunéiformes qui répondent aux deux métatarsiens moyens, et un hors de rang qui répond au métatar- sien externe. Il y a quatre os du métatarse: l'os hors de rang sert à porter le petit doigt dans la tortue bourbeuse ; dans la tortue franche il est très-aplati ; le calcaneum et l’astragal y sont extrêmement petits ; dans les grenouilles lastragal et le calcaneum sont fort alongés, et pourroïent être pris au pre- mier coup d’œil pour le tibia et le péroné, s'ils ne formoient pas la troisième articula- tion de l'extrémité postérieure : il'y a au devant quatre petits cunéiformes , cinq os du métatarse, et un très-petit qui forme cro- chet; il en est de même dans le pipa et les crapaudés. Le nombre des doigts est nés à varier dans les reptiles : ainsi les crocodiles ont cinq doigts presque entièrement palmés, dont les trois D CM 4, 1 i "4 4 60 INTRODUCTION: premiers seulement sont munis d'ongles aux pieds de devant, et leurs pieds posté- rieurs sont moins palmés et outquatre doigts, | dont l’extérieur est dépourvu d’ongle ;' tous les autres sauriens ont cinq doigts à chaque pieds, excepté le chalcide commun et lesseps, qui n’en ont seulement que trois à chacum de leur quatre pieds ; tous les batraciens n’ont que quatre doigts à chaque pied anté- rieur, le plus souvent cinq aux postérieurs ; mais cependant on a décrit, dans le voyage de White à la nouvelle Galles du sud, une grenouille qui n’a que quatre doigts à toutes ses pattes, et l’on connoît des grenouilles et des crapauds , sur - tout des mâles, qui ont Jusqu'à six doigts aux pieds postérieurs. Ces détails sur la structure du squelette des reptiles nous montrent déjà combien ces animaux présentent de caractères diffé- rens seulement dans la forme de leurs parties solides, et dans l'absence ou la présence de plusieurs d’entre elles; nous allons essayer maintenant , à l’aide des travaux importans de nos prédécesseurs, de décrire sucessive- ment les divers autres organes des reptiles. On trouve parmi les animaux vertébrés de très-grandes différences entre les espèces par rapport à l'étendue de leur taille : per- INTRODUCTION. 61 sonne n’ignore , par exemple, combien est _prodisieux le volume de l'éléphant de Ceilan, sur-tout par rapport à celui de la musa- raigne ; combien est immense l’étendue d'une baleine du Groenland auprès de la taille du petit dauphin, et quelle disproportion il y a entre l’autruche et le troglodyte. Les rep- tiles présentent aussi les mêmes différences: en effet combien est grand le contraste qui existe entre les grandes tortues franches , qui vivent dans la mer et la petite tortue ter- restre que quelques naturalistes désignent sous le nom spécifique de éoriue écrite, entre les grands crocodiles d'Afrique et le petit lézard sputateur ! On connoît parmi les serpens plusieurs espèces qui ont quel- quefois jusqu’à trente ou quarante pieds et au delà, et d’autres dont la taille atteint ‘à peine au delà de six à huit pouces; et quoique les batraciens soient en général très- petits, cependant on en connoît quelques espèces qui sont proportionnellement assez remarquables par leur volume. La grenouille mugissante qu'on connoît aux Etats-Unis de F Amérique sous le nom de bull-frog a jusqu’à dix-huit pouces de longueur, sans compter les pattes; en Italie, dans les environs d’Aqua- Pendente, on à vu un crapaud qui avoit plus LS de 62 INTRODUCTION. d’un demi-pied de largeur, et qui étoit plus gros que la tête d'un homme; et l’on a trouvé depuis peu dans les monts Aléganis, en Virginie, une espèce nouvelle de sala- mañdre qui a un pied et demi au moins de longueur (1). h L'un des principaux caractères extérieurs que les reptiles offrent pour faciliter leur (1) Lestortues de mer sont en général beaucoup plus grandes que celles de terre. On en trouve au Brésil et aux Antilles qui sont parvenues à un accroissement si considérable , que la chair d’une seule sufliroit pour le dîner de quatre-vingts ou cent hommes. Solin dit que, les indiens se construisent des cabanes avec deux écailles de tortues. Selon Diodore de Sicile , ces écailles servent de nacelles aux peuples voisins de PEthiopie, pour naviguer près du continent. (Matière médicale , tom. XII, pag. 275.) Quelques voyageurs assurent avoir vu dans l’océan Indien des tortues d’une telle grandeur, que quatorze hommes pouvoient monter à la fois sur le dos de l’écaille supérieure. Le père Labat rapporte qu’il s’est donné quelquefois le plaisir de se mettre avec un second sur le dos d’une tortue , et que cet animal les portoit sans peine, et même assez vite; maïs il ajoute que c’est une voiture très-rude , parce que la tortue ne pouvant se soutenir sur ses quatre pattes à la fois, élève Le train de devant et s’élance, tandis que ses pieds de derrière poussent en avant par un mouvement qui imprime des secousses à son écaille, et fatigue INTRODUCTION 65 classification , ou au moins leur sous-division en genres, consiste dans la nature de leurs beaucoup ceux qui sont montés dessus. ( Nouveau Voyage aux îles de l'Amérique , tom. 1, pag. 301.) Aristote et Pline rapportent que Îe crocodile ne cesse de croître pendant toute sa vie, et que sa Îon- gueur s'étend quelquefois jusqu'à huit coudées. Héro- dote et Elien prétendent qu'il y en a qui parviennent jusqu’à vingt-six coudées, ce qui fait six toises et _ demie ou trente-neuf pieds. Selon les nouvelles rela- tions , les crocodiles sont encore bien plus grands ; om en a vu à Madagascar qui avoient jusqu’à dix toises ou soixante pieds de longueur. : * Selon Îe rapport d'André Cleyerus , on trouve aux Indes orientales un serpent qui a plus de vingt-cinq pieds de longueur. Cct auteur ajoute qu’il en a acheté plusieurs des chasseurs du pays, et qu’il s’est trouvé dans le corps de l’un d’eux un cerf de moyen âge encore tout entier, avec sa peau et tous ses membres. On a trouvé dans un autre un bouc sauvage, avec ses : grandes cornes, et auquel il ne manquoit de même aucune des parties de son corps; et dans un troisième, un porc-épic armé de fousses aiguillons. Mentzeliwscite un fait qui vient à l'appui de ce qui précède, et qu'il tenoit d’un témoin oculaire , le prince Jean Maurice de Nassau, autrefois gouverneur du Brésil au mom de la compagnie des fndes occidentales de Hollande, Ce prince avoit vu une femme hollandaise qui étoit enceinte , engloutie toute entière par un de ces mons- trueux serpens qui s’entortillent autour d’un tronc d'arbre où ils se tiennent en embuscade , et qui de là 64 INTRODUCTION. tégumens ; car la peau n’est pas semblablé dans tous, et présente de grandes différences presque dans chaque espèce, ainsi aw’on peut s’élancent comme un trait sur la première proie quise présente. (Collection académique, tom. III, pag. 533.) Le père Gumilla rapporte, dans son Histoire de POrénoque, que le serpent le plus commun dans ce pays est appelé buio ; que les indiens le nomment aviofa et mère de l’eau, parce qu’il y reste ordinai- rement. Îl ressemble à un vieux {ronc de pin abattu; il a sur: son corps une espèce de barbe ou de mousse que le père Gumilla compare à celle qui est autour des arbres sauvages ; c’est, dit-il, en effet de la poussière de ou de la boue qui s'attache au corps de ce serpent; il rampe si lentement que l’on a peine à croire qu'il püt faire une demi-lieue en un jour; son corps fait, sur la terre où il passe, une traînée comme celle d’un mât ou d’un gros arbre; il a neuf aunes de lon- gueur , et sa grosseur y est proportionnée ; lorsqu'al entend du bruit, il lève la tête, s’alonge d’une ou deux aunes , et se tourne vers le tigre , Le lion, le veau , le gibier ou l’homme qu'il veut saisir. Cet ani- mal n’a point de dents, ce qui est cause qu'il lui faut beaucoup de tems, et même des jours entiers pour avaler sa proie. Il y a dans le royaume de Kagor , sur la côte occi- dentale de l'Afrique , de très-gros serpens qui ont jusqu’à vingt-cinq pieds de longueur sur un piéd et, demi de diamètre. Ces serpens n’ont pas d’ennemis plus redoutables que les aigles dont le nombre est, facilement INTRODUCTION. 65 facilement s’en convaincre, en comparant entre eux ces animaux ; il y en a même qui sont tellement différens l’un de Fautre par considérable dans ce pays. (Histoire générale des Voyages, tom. VIT, pag. 461.) Le serpent géant , qu’A danson a trouve au Sénégal, doit avoir quelquefois, selon ce voyageur, jusqu’à quarante ou cinquante pieds de longueur, sur un pied et demi de diamètre. Si nous cherchons dans l’histoire ancienne , nous verrons un fait beaucoup plus incroyable que les pré- cédens , sur la grandeur extraordinaire des serpens. Nous y verrons que Régulus vainquit, à l’aide de ses troupes, près du fleuve Begrada ( maintenant Me- grada ) entre Utique et Carthage , un serpent énorme, lequel s’élançoit sur les soldats qui s’approchoient de la rivière pour y puiser de l’eau, les écrasoit du poids de son corps, ou les étouffoit dans les replis de sa queue , où enfin les faisoit périr par son soufle empoisonné. Les dures écailles de sa peau le rendoiïent impénétrable à tous les traits qu’on lui lançoit : il fallut dresser contre lui des machines de guerre, et Vattaquer en forme comme une citadelle. Enfin, après bien des coups inutiles, une pierre d’une grosseur énorme , lancée avec une extrême roideur ; lui brisa lépine du dos, et l’étendit par terre. On eut bien de la peine à l’achever, tant les soldats craignoient d'aborder un ennemi encore formidable, même aux approches de la mort. Régulus envoya à Rome sa peau, qui étoit longue , dit-on, de cent vingt pieds. { Valere. Maxime, lib. 1, cap. 8.) Elle fut suspendue dans Reptiles. Tome I, E 66 INTRODUCTION. | la nature de leur peau, qu’on pourroit croire: qu ils devroient former chacun une classe. particulière dans l'échelle des animaux , si l’anatomie comparée de leurs organes et examen de leurs mœurs n’offroient les mêmes caractères dans tous, mais seulement avec quelques mochfcations peu importantes et dépendantes presque uniquement de la forme de ces animaux. Quelle différence, entre la carapace ou le test osseux recouvert de grandes lames écailleuses qu’on observe un temple, où on la voyoit encore du tems de la, guerre de Numance. (Plin. Hist, nat. lib. 8.) - On trouve, dans quelques cantons de la côte d'Or en Afrique , des,crapauds d’une grosseur prodigieuse. Bosman assure qu’au village d'Adja, entre Mauri et. Cormantin ; il vit un de ces animaux qui étoit de la, largeur d'un plat de table. 11 le prit d’abord pour une. tortue de terre, et ne fut détrompé que quand. il le vit. marcher. ( Hist. gén. des Voyages, t. XIV, p: 218.) . - En 1657, lor sque Mentzelius, membre de l'académie, des curieux de la Nature, se irouvoit près d’ Aqua. Pendente en-Îtalie, il aperçut à ses pieds dans des. brossail les un sue tellement gros, qu’ilavoit plus. d'un demi-pied de largeur, et qu’il surpassoit en vo-. Jume la plus grosse tête humaine. T’aspect de cet animal Jui avoit fait une telle révoluiion , que bientôt. il ent un accès de fièvre qui sc régla en tierce, et le reprit pendant huit jours. (Coilect, acad. t. IL, p. 532:). INTRODUCTION. 67 aux tortues, et la peau simplement lisse des rainettes ; entre la peau annelée des amphis- bènes , écailleuse des autres serpens , eb celle des crapauds qui est couverte de pus- tules onctueuses ou rudes ou même épi- heuses! Si lon examine quelles sont les parties du corps des tortues, qui sont recou- verles d’une peau, on ne reconnoit au prenuer coup d'œil une véritable peau que sur la tête, le cow, les quatre paites et la queue ; car toutes les autres parties du corps de ces animaux ne sont qu’une boite osseuse ou un squelette extérieur dans lequel est renfermé leur corps; si Fon pousse son exa- men plus avant, on verra que ce squelette extérieur des tortues est couvert d’un épi- derme extrémement mince, qui peut se dé- tacher par plaques transparentes semblables par leur figure aux plaques écailleuses , et dont la consistance varie dans chaque espèce de tortues. Cet épiderme ressemble beau- eoup à un parchemin lisse eb transparent dans la tortue à cercles conceniriques , tes- tudo centrata, que Bosc a découverte dans les Etais-Unis d'Amérique. L'autre épiderme, qui recouvre le cou et les membres de ces animaux, est une membrane muqueuse qui revêt des petites écailles plus ou moins for- E 2 68 INTRODUCTION. mées , et qui se détache par lambeaux plu- sieurs fois dans l’année : il en est de même de lépiderme des salamandres, des rainettes, des grenouilles et même des crapaud. Les tortues luth, chagrinée et molle n ‘ont pas de plaques écailleuses , mais seulement un Cuir. Les sauriens changent de peau aussitôt après qu'ils sortent de leur engourdissement, et cette peau, au lieu de s’en aller comme un fourreau, se sèche, se racornit , se détache par petiles parties fanées et décolorées, ou même par grands lambeaux. L'épiderme des serpens est aussi une mem- brane très-mince, qui se dépouille une fois par an comme un fourreau. | Voici comment le professeur Lacépède croit pouvoir indiquer la manière dont les serpens doivent quitter leur vieille peau. Selon ce savant observateur , la dépouilie que les serpens ont quittée, est tournée à Yenvers d’un bout à l'autre , et offre en dehors le côté qui étoit l'intérieur lorsqu'elle faisoit partie de lanimal : le reptile doit commencer de s’en débarrasser par la tête, n’y ayant pas d'autre ouverture que la gueule par où 1l ait pu sortir de cette espèce de fourreau. Lorsque le serpent exécute cette ENTRODUCTION. 6g opération , les écailles qui recouvrent les mâ- choires sont les premières qui se retournent en se détachant du palais, et en demeurant toujours très-umies avec les écailles du dessus et du dessous de la tête : ces derimiéres se retournent ensuite jusqu'aux coins de la gueule; et ou pourroit voir alors la tête du serpent , depuis le museau jusques derrière les yeux, revêtue d’une peau nouvelle, et faisant effort pour se dégager de lespéce de fourreau dans lequel elle est encore un peu renfermée. Ce fourreau continue de se re- tourner comme un gant, de telle manière QUE ; peau que la véritable tête de Pani- mal s'avance dans une direction pour s'en débarrasser , le museau de la vieille peat, qui est toujours bien entière, s’avance, pour ainsi dire, vers la queue, pour que cette vieille peau achève de se retourner. Les yeux: se dépotuillent comme le reste du corps; la cornée se détache en entier , ainsi que les paupières de nature écailleuse un i l’eniourent, et elle conserve sa forme dans la dépouille desséchée, où elle présente à Fextérieur son côté concave , attendu que cette cornée est alors retournée : les écailles s’enlèvent en entier avec la partie de lépiderme à laquelle elles éloient at tachées ; cet épiderme forme E 3 bo. INTRODUCTION. une sorte de cadre autour de chaque écaille, ainsi qu'autour de chaque plaque grande ou petite ; ce cadre ne suit pas précisément le contour de chaque écaille où de chaque plaque , mais il fait le tour de là partie de l'écaille où de la plaque quel tenoit à la peau, et qui ne pouvoit pas s’en séparer dans les divers mouvemens de l’animal : cés différens cadres, qui se touchent , forment ue sorte de réseau moins transparent que les écaiiles qui paroissent en remplir les intervalles comme autant de facettes et de lames pres- que diaphanes.. Le serpent , en se tournant en différens sens, et en se frottant contre le terrain qu'il parcourt, ainsi que contre les divers corps qu'il rencontre, achève de se débarrasser de sa vieille peau, qui continué de se retourner ; le museau de cette vieïlle peau dépasse bientôt l'extrémité de la queue dans le sens opposé à celui dans lequel sa- vance le serpent, de telle sorte que, pen- dant que le reptile, revêtu d’une peau et d’écaiiles nouvelles , sort de son fourreau qui 8e replie en arrière , ce fourreau paroît comme un autre reptile qui engloutiroit le serpent, et dans la gueule duquel on verroit disparoître l’extrémiié de sa queue. Vers là fin de l'opération , le serpent et sa dépouille, INTRODUCTION. #1 tournés en sens contraire , ne liennent plus Tun à l’autre que par la dernière écaïlle du bout de a dueue qui se détache aussi. Cette manière de muer à beaucoup de rapport avec celle dont se dépouillent les Salamandres (1). Tous les reptiles sont entièrement enve- loppés, sous leur épiderme, d’un tissu mu- queux dont les couleurs varient beaucoup : c'est à ce tissu que sont dues ces taches et ces nuances si agréablement disposées, qu'on voit sur la carapace et le plastron des tor- tues, sur leur cou et leurs membres , sûr les écailles des lézards et des < serpens, sur le € Corps des grenouilles , des rainettes et des autres batraciens. Le tissu muqueux des reptiles est diverse- ment coloré dans chaque espèce , et il pré- sente quelquefois des couleurs tr ésragréables. On retrouve parmi eux presque toutes les nuances connues , mème le bleu, le rouge Vif, l'orangé , le nacré, l'or et larg sent, étc. Plusieurs de ces animaux ont même là | pro- priété de changer de couleurs, selon les sai- sons et les climats où ils vivent , ou selon lés passions qui les affectent. Ainsi le camé- (1) Lacépède, Histoire naturelle des serpens, article du serpent d’Esculape. E 4 72 INTRODUCTION. léon, que les poëtes anciens ont si vanté. dans leurs écrits , et qu’ils ont quelquefois: comparé aux courtisans , est sujet à prendre. diverses teintes tellement variables, qu'il est presque. impossible d’assigner quelle est sa couleur naturelle. Selon Lebruyn, il est le. plus souvent d'un gris plus ou moins foncé et un peu livide. Perrault a observé sur un Imdividu vivant, que, si cet animal reste. à l'ombre et en repos pendant quelque tems, les petits grains de sa peau sont d’un rouge pâle, et le dessous de ses pattes est d’un blanc tirant sur le jaunâtre ; mais, lorsqu'il est exposé aux rayons du soleil , sa couleur change souvent en un gris plus brun dans Vendroit le plus éclairé, et la partie que la lumière effleure offre des couleurs plus éclatantes et des taches qui paroïssent 1isa- belles par le mélange du jaune pâle des petites émmences, et du rouge clair que pré- sente le fond de la peau. Entre ces taches, les grains de la peau offrent du gris mêlé de verdatre et de bleu, et le fond de la peau est rougeätre. D’autres fois le caméléon est d’un beau verd tacheté de jaune ; lorsqu'on le touche, il paroît souvent couvert tout d’un coup de taches noirâtres assez grandes, mé- lées d’un peu de verd : lorsqu'on l'enveloppe INTRODUCTION. 73 dans un linge ou dans une étoffe de quelque couleur qu’elle soit , il devient quelquefois plus blanc qu’à l’ordinaire ; mais il est dé- montré, par les observations les plus exactes, qu'il ne prend jamais la couleur des objels qui l’envirounent ; que celles qu'il montre accidentellement ne sont pas répandues sur tout son corps, comme le pensoit Aristote, et qu'il peut offrir la couleur blanche , ce qu est coniraire à l'opinion de Plutarque et de Solin (1). Hasselquist, pour expliquer ces changemens si variés dans la couleur du caméléon , a prétendu que cet animal est très-sujet à une maladie de jaunisse lorsqu'il est irrité , et qu’alors sa bile se répand dans l'intérieur de son corps, qui est en quelque sorte lransparent , sur-tout lorsque ses vastes poumons sont remplis d'air. Mais de toutes les opinions qui ont été publiées jusqu'à présent sur les changemens de couleur que subit ce reptile , celle qui paroît la plus vrai- semblable à été émise par d’'Obsonville dans ses Essais sur les mœurs des animaux. Selon ce voyageur, le caméléon a le sang d’un bleu violet , et la peau jaune un peu transpa- (1) Perrault, Mémoires pour servir à l’histoire des animaux, article du caméléon , pag. 51 et suiv. 7 INTRODUCTION. rente , sur-tout lorsque les poumons sont énipiis d'air; par conséquent, à la moindre pässion qu'éprouvé l'animal , le sang reflue én plus où moins grande abondäncé vers là. surface du corps sôus lépiderme , el us -Tanünal doit paroitre teint de ble , de violet, de gris , de Yerd et dé ; jaune. PA sobvent obsérvé que Îés grenouilles , sur- iôut la verte où commune, changent de couleur , et sé rembrunissent lorsqu'elles sont effrayées et qu’elles sont , par exemple, éni présence d’une cotléutié , etc. etc. L'iguane verd, Vagame, le lézard verd Far aussi sp nd dans DS nr , Re ENT ; iMais c’est sur- tout däns là saison de léurs amours qu'ils brillent de la pre- mière couleur , laquelle peu à ee s’'adoucit , se ternit ou s ce : elle se chañge ensuité pendaht la saison froide et pluvieuse en une nuance plus où Moins rernbrunie. Catesby a figuré un iguane d’Améri ique qu la nommé. rouge - gorge, parce que cet animal gonfle” ét rougit sa gorge lorsqu'il est en colere, où surpris , Où en amour. Rien sur-tout n'est plus brillant ni plus varié en couleur que la tête et le goitre d’un certain gros iguane qu'on rencontre quelquefois dans INTRODUCTION. 95 les grands bois de l Amérique méridionale sur les arbres. Je pourrois encore citer la raiñette d'Europe, dont le dos varie du beau Verd pomme clair au blanc, puis au gris, puis au bleuâtre , puis au violâtre , puis au brun. La grenouille rousse et la verte sont ornées de couleurs plus gaïes et plus vives pendant quelques jours avant leur accou- plement, et aussi pendant qu'il a lieu; mais ensuite elles se dépouillent , et leur nouvelle peau est rousse ou verte. Plusieurs salamandres ont aussi dans la même saison leur ventre d’un bel orangé vif, tandis qu'il est seulement ; jai unâtre en tout autre tems : : c’ést ce qu'on peut principalement observer à là salamandre crêtée. La troisième peau , ou le tissu papillaire, à ne se trouve guère , selon Cuvier , que sous les pattes des chéloniens |, des sauriens et des batraciens , et sur-tout aux pattes du caméléon ; ét lon n'en découvre pas aux pattes natatoires des tortues marines , ni aux serpens. Ce tissu papillaire forme, comme dans les oiseaux , dés mameïons très - rap- prochés et rangés sur des lignes parallèles. Selon ce savant anatomiste (1), les reptiles (x) Cuvier, Leçons d'anatomie comparée, tom. II, quatorzième leçon. 15 INTRODUCTION. dont le corps n'est point , où nest qu'en partie couvert d'écaiiles , ont une peau trés serrée et très-dense, comme dans les tortues, les salamandres , les rainettes , les grenouilles et les crapauds. Dans ces trois derniers genres en particulier , la quatrième et dernière peaw où le derme est très-remarquable en ce qu'il adhère pas au corps sur fous ses points. comme dans les autres animaux chez lesquels ii est imtimement uni avec le tissæ cellulaire : il w’adhère là qu’au pourtour de bouche dans la ligne médiane du corps sur les aisseiles et sur les aines. Dans toutes es autres parties , leur corps est libre dans son euir, où 1l est contenu comme dans un sac (1). Dans les lézards et les serpens au contraire , on retrouve , comme dans Îles (+) On trouve dans la Collection académique, partie ; française, tom. 1, pag. 114, les détails suivans sur la peau de la grenouïlle. Méry , ayant fait une incision au ventre d’une grenouille depuis Pos pubis jusqu'a milieu du sternum , trouva que sa peau n’étoit pas unie aux muscles du ventre , mi à ceux du devani de ‘k poitrine. Entre la peau et les muscles du devant if ÿ avoit une cavité de figure ovale; elfe êtoit seulement attachée, par des membranes tr ss-déliées et transpa- sentes, dans les plis des aines, aux parties latérales | es muscles du ventre et à l2 partie moyenne de. INTRODUCTION. rl poissons , au dessous des écaulles un derme ou cuir fort tenace et même extrêmement adhérent aux muscles. Passant ensuite à l'examen des organes qui qui servent plus particulièrement au toucher, sternum, où elle formoit trois petites cellules en dedans; eîle ne tenoit aussi aux muscles latéraux du ventre que par des petites fibres qui sortoient de ces muscles, et qui paroissoient être de petits nerfs de la grosseur d’un cheveu; eile formeit de chaque côté we sac qui s’étendoit depuis le pli supérieur de la cuisse jusqu à l’oreille. Il observa la même chose à la peau du dos ; «ile n’étoit unie aux chairs, dans tout Île derrière du corps , que par quelques petits filets dont la plupart sembloient sortir de l’épine da dos, et qui Paroïssoient être des veines, des artères et des nerfs joints ensemble. Par là, toute la peau de la grenouille est comime partagée en quatre sacs , séparés les uns des autres par des membranes très-déliées , unies d’un <ôté à la peau , et de l’autre aux muscles du corps. Ces quatre sacs étoient, l’un au devant, l’autre derrière 1e corps, et les deux autres aux deux côtés. La peau de la cuisse w’étoit point attachée à ses muscles, si ce n’est dans les plis des jointures , et elle y formoit deux sacs, l’un en devant et l’autre en arrière. Mérÿ observa ka même chose à la peau des jambes et des tarses. Ayant ensuite conpé la peau depuis la partie moyenne du aternum jusqu’à l'extrémité de la mâchoire inférieure, il trouva qu'elle formoit en cetendroit deux cavités, Vune à la partie supérieure du sternum qui descendoit 78 INTRODUCTION. Cuvier observe que dans les grenouilles it n’y a pas de muscle peaussier du corps ; parce que la peau ne lui est point adhé- rente; mais qu'on trouve sous la gorge des fibres qui s’attachent au pourtour de la mâ- choire , et qui s'insèrent au tissu cellulaire qui unit la peau à l’origine de la poitrine. 11 a reconnu dans les tortues un peaussier du cou très-visible , et qui paroit formé de deux parties ; 1l est étendu depuis eb dans toute la concavité de la mâchoire inférieure jusqu’au bas du cou à la partie antérieure du plasiron : il naït sur les apophyses trans- verses des vertébres cervicales, et s'étend sur tous les muscles du cou de manière à leur servir de sangle ; il est de plus percé mfé- rieurement par le muscle sterno-mastoïdien qui vient des parties latérales du, plastron. La graisse subcutanée dans, les animaux, ertébrés à sang chaud est une hqueur enc- tueuse qui peubse dissoudre dans Peau froide ; elle n’est au contraire dans ceux à’ sang froid: dans le bras, l’autre sous la mâchoire, et qui répondoit: aux cavités qui sontaux côtés du ventre. À la partie! supérieure du sternum , Méry découvrit un trou qui le conduisit dans une troisième cavilé , formée par les’ inuscles du dessous de la mâchoire. La peau des bras P Q ) \ L L 4 « tt À formoit des sacs à peu près semblables à ceux du pied INTRODUCTION. 79 qu'une. sorte de gélatine visqueuse qui ne s’unit pas à l’eau froide (1). Les reptiles qui ont la peau nue, comme les salamandres et les grenouilles, l’ont toujours enduite par une viscosité plus ou moins abondante. Les crapauds et les salamandres peuvent même augmenter à volonté l’excrétion de cette li- queur, et Ja faire sortir comme une rosée de tous, leurs. pores. Les glandes cutanées de ces animaux sont très - visibles : les sala- mandres en out plusieurs rangées qui font, des verrues nombreuses, sur le dos et les Îlancs, Dans les crapauds elles sont répandues irrégulièrement sur toute la surface du corps, el il y en a en, outre derrière chaque: oreille une grosse couverte de ie nombreux d’où, s'exhude une liqueur âcre qui est, selon: Cuvier , un: poison pour les animaux très- foibles. Linnæus a désigné ces deux glandes, sous le nom de coussins; mais nous préférôns - (1). Lorsqu'on. plonge ces animaux, sur-tout les salamandres , dans de l’esprit de vin peu concentré, cette gélatine. se. coagule sur toute la furface de la peau ;. aussi, pour conserver ces animaux dans des collections d’ histoire naturelle, il faut, avant de les mettre dans l’esprit de vin, les tenir pendant quelques instans et après leur mort dans de l’eau presque bouil- lente, afin d'y dissoudre cette graisse sabcutanée. 88 INTRODUCTION. | les nommer glandes parotides , ainsi que Font déjà fait Laurenti, Schneider et d’autres auteurs. Dans les lézards, proprement dits, on voit sous chaque cuisse une rangée de “petits pores saïllans, d’où sort aussi une hu- meur visqueuse qui a une odeur particu- fière ; les geckos communs el la geckotte, peut-être même aussi le gecko à tête platie, ont dessus le corps et les membres des ver- rues lisses, d’où sort quelquefois une liqueur semblable à celle que rendent les salaman- dres. La plupart des autres lézards et les ophidiens paroissent dépourvus des glandes sous-cutanées , et ils ont la peau presque sèche. La peau des grenouilles examinée au microscope paroît composée, sous l’épiderme, de globules qu’on peut séparer les uns des autres, et qui sont comme des glandes pro- pres à sécréter l'humeur âcre , amère et visqueuse qui abreuve et lubréfie continuel- lement la peau de ces animaux. La carapace des tortues, la peau des sau- riens et des serpens sont recouvertes par écailles de diverses grandeurs et dont la forme varie considérablement presque dans chaque espèce. La boîte osseuse, qui enve- loppe le corps des tortues , est recouverte, principalement en dessus, de grandes plaques : plus INTRODUCTION. 82 plus ou moins épaisses et écailleuses, de même nature à peu près que la corne. On trouve sur la carapace deux différentes sortes d’écailles ou de lames ,; savoir ; celles qui garnissent le milieu ou le disque de la cara- pace, et celles de sa circonférence : les pre- muères sont ordinairement au nombre dé treize à quinze disposées sur trois rangs , et les autres varient depuis vingt-deux jusqu’à vingt-cinq. Les écailles sont très-souples et assez sem blables au parchemin, dans les tortues ma tamata , à cercles concentriques, etc. etc. Elles sont épaisses et posées lune sur l'autre comme les tuiles d’un toit ëmbricatæ , dans le caret. Celles qui recouvrent la colonne vertébrale de la tortue molle ou féroce , figurée par Bartram dans son Voyage, sont relevées par des arêtes longitudinales , ainsi que celles qui forment le milieu de la carapace de la tortue tricarinée. Dans la géométrique , la bombée, la grecque et dans plusieurs autres tortues les écailles sont plus où moins bombées et entourées de plusieurs canelures concen- triques. Enfin la tortue luth et la molle ont leur Reptiles. Tome I. F 82 , INTRODUCTION carapace. souple à peu près comme du cir# de plus sur le dos de cette dernière o® voil une rangée de dix écailles imbriquées ; munies d’une saillie longitudinale ; le bord intérieur de sa carapace, près du disque, est: parsemé de petits tubercules durs comme de la corne , et la peau qui entoure la bouche et les côtés de la tête est garmie de bar- billons durs , que l’animal , selon Bartram, peut alonger ou retirer à volonté. Le plastron est ordinairement plat , ou à peine bombé , et couvert de lames minces comme du parchemin, ou écailleuses ; et ces écailles sont au nombre de douze à quatorze, disposées sur deux rangs, dans les tortues terrestres et d’eau douce, et de vingt à vingt- quatre, disposées sur quatre rangs, dans les tortues marines. Les sauriens et les ophidiens ont tous des écailles sous l’épiderme ; mais elles sont très- variées dans leur forme. Ainsi, dans les crocodiles , elles sont os- seuses , rangées par bandes comme dans les: tatous, et carrelées (1) entre elles, comme dans les poissons cartilagmeux, tels que les: coffres. En examinant avec soin la manière = _ (1) Je crois qu’on peut employer le mot carrelé en. INTRODUCTION. ; 83 dont ces écailles se forment et se déve- loppent dans les crocodiles, on verra que, dans ces animaux, à l’état de fœtus, elles ne sont que de simples ovales plus où moins errondis et lisses, disposées sur des bandes transversales ; qu’ensuite elles augmentent peu à peu de volume et d’étendué , et se relèvent sur leur milieu en une saillie lon- gitudinale ; et qu’enfin toutes celles qui sont placées sur le dos de l'animal perdent insen- siblement leur forme ovale , et deviennent des carrés parfaits, disposés date eux comme des carreaux, Dans les autres sauriens les écailles sont très - petites, à quatre , cinq ou six côtés , plates ou muiües d’une carène longitudi- nale, quelquefois prolongée en pointe dans certaines espèces , par exemple , dans la queue des cordyles ; où même elles sont très - saillantes ; aplaties et redréssées de manière à former , par leur réunion, sur le dos de quelques iguanes une crête dentée ou pectinée , quelquefois haute d’un pouce et parlant des écailles qui sont disposées sur la peau de la plupart des reptiles comme des carreaux sur un parquet > pour faire opposition au mot imbriqué ; qui indique des écailles placées l’uñe sur l’autre comme les tuiles d’un toit. | F 2 - 8 INTRODUCTION: : plus. Dans les scinques et les orvets-elles sont cependant comme de petits ongles plats et imbriqués à la manière de celles des carpes, Celles qui sont sous le ventre des lézards pro- prement dits et des tupinambis sont, demème qu'aux crocodiles, des plaques carrées , lisses, carrelées, et rangées en long et en travers. Les ophidiens présentent eux-mêmes de très-grandes différences dans la forme et la disposition de leurs écailles : les couleuvres, les boas , les crotales, etc. , ont le dessus de la tête garni de plaques carrelées ; le dessus de tout leur corps estrevêtu de petites écailles hexagones, lisses ou foiblement carénées, et rangées les unes à côté des autres comme sur un rézeau ; mais dessous leur ventre et leux queue on ne voit que des lames longues, étroites , disposées en travers, et tantôl en- tières, tantôt formées de deux parties en- grenées alternativement les unes dans les La autres. Les amphisbènes ont tout leur corps. entouré d’anneaux étroits et composés de petites écailles carrées. Les acrochoräes ont, au lieu d’écailles, de petits tubercules durs sur toute leur peau. Enfin les cécilies sont les seuls serpens qui n’aient aucune écaille sur la peau , et on ne leur voit seulement. que des püs sur les côtés du corps. Une L. INTRODUCTION. 85 espèce de cécilie, l’ébiaire, a deux tentacules owpetits barbillons , à peine visibles, auprès des narines , et ce caractère se retrouve aussi dans le serpent dont Läcépède a fait un genre nouveau sous le nom d’erpéton. Ces tenta- cules rate servir comme d'organes du toucher à ces serpens , de même que les barbillons de certains poissons. Le nombre des lames et des écailles dans les tortues , les sauriens et les ophidiens ; quoique pouvant servir à distinguer les es- pèces , ne doit cependant pas être toujours regardé comme constant ; il varie dans la plupart des espèces , et päroit ne dépendre le plus souvent que de l’âge , et rarement d'une difflormité ou ie une différence de climat. On connoît parmi les reptiles quelques éspèces très-remarquables et sur-tout très- hideuses , à cause des tubercules singuliers ét plus ou moins durs qui sont placés comme des cornes au dessus de leur tête. Ainsi, nous trouvons parmi les sauriens une iguane qui a sur le museau , près des narines, trois petites plaques relevées en bosses. La vipère ammodyte , qui habite dans les contrées les plus méridionales de l’Europe, a sur le bout du museau une petite éminence charnue, ; F3 88 INTRODUCTION: couverte: de petites écailles , et redressée! L'orvet à long nez et l'angaha ont aussi, comme l’ammodyte , une éminence au bout du museau ; mais elle est seulement dirigée en avant. Une autre vipère, dont.les anciens ont beaucoup redouté la morsure PTE 1 Pa que VEgypte recèle , le céraste, a au déssus de chaaue œil une petite corne mobile /‘cour- bée , longue de deux lignes, et pyramidale, à quatre faces marquées chacune par ‘une rainure longitudinale (1). Si l’on. parcourt ensuite les autres ordres de reptiles, on trouve {11} Voici ce que Fsacépède: a observé sur la nature de cette espèce de corne et sur la manière @ont-elle paroît s’accroître. « Elle est composée de couches pla- cées les unes au dessus des autres, et qui se recouvrent entièrement, Nous avons enlevé facilement la couche extérieure, qui s’en est séparée en forme d'épiderme» en pr ésentant toujours quatre côtés et quatre rainures, ainsi que la couche intérieure que nous avons mise par là à découvert. Cette manièrede s’exfolier est semblable à celle des écailles , dont l’épiderme ou la couche supé- rieur se sépare également avec facilité après quelque altération. Aussi regardons - nous la matière de. ces cornés comme de même nature que celle des écailles ; : et ce qui le confirme , c’est que nous aVons vu ces petites éminences tenir à la peau de la même manière que les écailles y sont attachées». ( as ; Hists aat. des serpens, in-12. tom. I, pag. 256.) "4 "0 . INTRODUCTION: GP 2 encore un crapaud qui a au dessus de chaque œil une corne , ou plutôt üuné élévation co- nique , haute À deux à trois lignes ; nous Yerrons un autre crapaud qu'on a nommé le perlé , dont chaque côté de Ja tête est bordé en dessus d’une espèce de crête dure. et comme.osseuse , qui se prolonge jusques vers les épaules au dessus des côtés du cou. Mais de toules les parties insensibles qui munissent les organes du toucher dans les reptiles , il en est une qu'il importe plus particulièrement de connoître ; c'est cetle espèce de, sonnette , formée de plusieurs an. neaux cornés ét demi-transparens, laquelle termine la queue des crotales ou serpens à sonnettes (1). Ces animarx ’ redoutables par A - (1) Voici comment le savant professeur Lacépède à décrit cette sonnette EL comment il a cru pouvoir . expliquer la manière dont elle doit sans doute se for- mer. «Cette sonnette du boiquira est composée de plusieurs pièces dont le nombre varie depuis un jusqu’à trente , et même au delà. Toutes ces pièces sont entiè- rement semblables les unes aux autres, ñon seulement par leur forme ; maïs souvent aussi par leur grandeur; elles sont toutes d’une matière cassante , élastique , demi-transparente , et de la même nature que celle des écailles. La pièce la plus voisine du corps, et qui le touche immédiatement , forme; comme toutes les autres, une sorte de pyramide à quatre faces, dont, F4 88 INTRODUCTION: par le venin mortel dont sont accompagnées. leurs morsures , ont été pourvus par l’Auteur — _… deux faces opposées sont beaucoup plus larges que les deux autres ; on peut la regarder comme une espèce de petit étui terminé en pointe, et qui enveloppe les’ dernières vertèbres de la queue; elle est moulée sur ces dernières vertèbres dont elle n’est séparée que par. une membrane très-mince, et auxquelles elle est.ap- pliquée de manière qu'elle suit toutes les inégalités de Icurs élévations, elle présente trois bourlets. circulaires qui répondent à trois de ces élévations ; leur surface est raboteuse comme celle de ces éminences sur les- quelles ils se sont moulés ; ils sont creux, ainsi que le reste de la pièce ; le premier bourlet , c’est-à-dire, le plus proche de l’ouverture de la pièce aile plus grand. diamètre $ et le plus petit diamètre est celui du troi- sième. bourlet. RS » Toutes les pièces de la sonnette sont re Vune dans lautre ; de manière que les deux tiers de chaque pièce sont renfermés dans la pièce qui la suit, à commencer du côté du corps. Des.trois-bourlets que. présente chaque pièce , deux sont.cachés par la, pièce. suivante ; le premier bourlet est le seul qui paroisse. La pièce située au bout de la sonnette, opposé au. corps, est la seule dont les ixois bourlets soient visibles, et qui montre sa vraie forme en son-entier;. ét la son-. nelte n’est composée à l’extérieur que de cette pièce, et des premiers bourlets de toutes les autres, » Les deux derniers bourlets de chaqne pièce, qui: ne peuvent pas être vus, sont placés sous les. denx premiers de Ja pièce suivante. Ils en occupent le, INTRODUCTION. êg de. la nature d’une sonnette propre à pré- venir le voyageur qu'ils sont proche de Iui, creux ; ils retiennent cette pièce et l’empêchent de se séparer du reste de la sonnette; maïs, comme leur diamètre est moins grand que celui des premicrs bourlets de la pièce suivante, chaque pièce joue libre- ment autour de celle qu’elle enveloppe, et qui la retient. Aucune pièce, excepté la plus voisine du corps , n’est liée avec la peau de l'animal , ne tient au corps du serpent par aucun muscle, par aucun nerf, par aucun vaisseau, ne peut recevoir par conséquent ni accroissement, ni nourriture, et n’est qu'une enve- lLoppe extérieure qui se remue lorsque l'animal agite Vextrémité de sa quene, maïs qui se meut unique- ment comme se mouvroit tout corps “henses qu'oit auroit attaché à la queue d’un serpent. » Cette conformation de la sonnette semble très- extraordinaire au premier conp d'œil; cependant elle cessera de [e paroître , si l’on véut en'déduire avec nous la manière dont elle a dû être produite. | » Les différentes pièces qui la composent n’ont aE formées que successivement ; lorsque chacune de ces pièces a pris son nt elle tenoit à la peau de la quene ;. elle n’auroit pas pu recevoir sans cela la malère nécessaire à son développement, et d’ailleurs on voit sonvent, sur les bords des pièces qui ne tiennent pas immédiatement au corps du serpent , des restes de la peau de la en à a jou cles étoient attachées. | » Quand une pièce est femiée" il se produit au dessous une nouvelle pièce entièrement semblable à ee g INTRODUCTION. . eE qu'il doit éviter le danger. Cette sonnette esE es me FenPReS pièces discoïdes, atta- Fancienñe , et Fa tent à (la détachort l'extrémité “&e la queue. L'ancienne pièce ne se sépare pas cepen— dant tout à fait du corps du serpent, elle est seule- ment repoussée en arrière; elle laisse entre son bord et la peau de la queue un intervalle occupé par le premier bourletide la nouvelle pièce ; mais elle enve- Ioppe toujours le second et le troisième bourlet de ette nouveile pièce ;, et'elle joue librement autour fe ces bourlets aui ia retiennent. | » Lorsqu'il se forme une troisième pièce, ele se : produit au dessous de la seconde , de la même manière gue la seconde au dessous de la première ; elle détache également de lextrémité de la queue la seconde pièce qu’elle fait reculer, mais Lu elle retient par ses’ Bogrletsd:#.:2..gtiontoz (sis 2 M : » Si les dernières vertèbres de la queue n’ont " grossi pendant que la sonnette s’est formée, chaque pièce qui s’est moulée sur ces vertèbres, a le même- diamètre, et la sonnette paroît d’une égale largeur pusqu’à la pièce qui la termine; si, au contraire, les vertèbres ont pris de l’accroissement pendant la for- mation de la sonnette, les bourlets de la nouvelle pièce sont plus grands que ceux de la pièce plus ancienne ; et le diamètre dela sonnette diminue vers la pointe.’ Dans les divers serpens à sonnetie, conservés dans la' galerie da muséum national d'histoire naturelle, 1° sonnette est d’un égal diamètre vers sa pointe et à son’ origine; mais dans plusienrs sonnettes détachées du corps du serpent, et qui font aussi partie de Ja collec- INTRODUCTION où Thées par leur centre les unes au déssous dés autres ; la première énveloppe en quelque sorte les dernières vertèbres caudales , et présente sur la face opposée trois bourlets, * dont les deux derniers plus petits se trouvent enveloppés dans la pièce suivante par son grand bourlet , et de manière à pouvoir aisément vaciller une contre l’autre : toutes les pièces qui suivent sont ainsi attachées entre elles ; mais la dernière seule présente ses bourlets au dehors. Le nombre de ces pièces est ordinairement de cinq à treize, mais quelques personnes ont assuré à Kalm qu'on a vu quelquefois en Amérique des — tion , nous aVons vu les pièces diminuer de grandeus vers l’extrémité de la sonnette. | » Il est évident, d'après ce qe nous venons de dire, qu'il ne peut se former qu’une pièce à chaque mue particulière que le serpent éprouve vers l’extré- milé de sa queue. Le nombre des pièces estdonc ‘égal à celui de ces mues particulières ; mais, comme l’on ignore si la rue particulière arrive dans le même tems que la mue générale du corps et de la queue , si elle a Heu une fois ou plusieurs fois par an; ‘e nombre des pièces, non seulement ne prouve rien par la ressem- blance ou la différence des espèces , mais ne peut rien indiquer relativement à l’âge du serpent, ainsi qu'on Va écrit ». ( Lacépède, Hist. nat. des serpens, in-12, “tom. IT, pag. $17 et: suiv. ) ÿs INTRODUCTION crotales dont la sonnette avoit depuis vingt jusqu’à trente anneaux et: plus. Il paroît, d’après les observations du professeur Lacé- pède, que ces anneaux ou pièces discoïdes sont formés successivement à l’extrémité de la dernière vertébre caudale , et: qu’elles tiennent à la peau du ‘corps jusqu’à leur parfait accroissement , où jusqu'à la mue prochaine. Il est généralement reconnu qu’il se forme une de ces pièces à chaque mue, et que léur nombre ne peut réellement servir à indiquer l’âge du serpent à qui elles appartiennent, d'autant plus que les mues ne sont pas régulières et qu’elles augmentent ou diminuent en raison de la nourriture que Vanimal peut prendre , et de la température plus ou moins chaude. Le bruït que ces son- nettes produisent, lorsqu elles sont secouées, imite beaucoup celui qui.a lieu en froissant du parchemin ou du, pallon ; et il peut être entendu jusqu'à cent pas environ. L'histoire naturelle des reptiles, dont nous venons: dé lrâcer ‘les premiers traits , pré- sente des faïts si variés el si intéressans , qu'on ne peut se lasser de les considérer : plus on. avance dans ses recherches ; plus aussi le plaisir d'observer augmente ; et c'est sur-tout lorsqu'il s’agit d’examimer les INTRODUCTION. 93 organes principaux de ces animaux qu'on doitredoubler d'attention. Nous n’avons en- core décrit que les diverses parties de leur squelette , ainsi que les tégumens si variés qui servent à embellir les uns , ou à protéger les autres contre l’intempérie des saisons et contre les aitaques d’autres animaux mal- faisans. Nous allons maintenant examiner de plus près les auires qualités communes et les attributs généraux des divers reptiles que les naturalistes et les voyageurs ont déjà , fait connoiïtre ; mais, en nous occupant de détailler les faits qu’on est parvenu à décou- VIT , nous nous arréterons cependant da- vaniage à ceux qui, par leur singularité , mériteront un plus grand intérét et une atiention plus marquée. La Nature a traité presque tous les reptiles avec plus ou moins de faveur : les uns ont reçu la beauté, d'autres la force ; ceux - ci la grandeur ou des armes meurtrières ; ceux-là des attributs d'indépendance , la faculté de nager, ou celle de s'élever dans les airs. Maïs, exposésten maissant aux intempéries de latmosphère ou des saisons, les uns sont obligés de vivre pendant les premiers tems de leur vie dans les eaux , ou de se creuser avec peine des retraites souterraines et profondes ; les autres 93 INTRO DU CTION! n’ont pour asyle que des antres ténébreux# et de vastes forêts où les rayons du jour me pénètrent qu'à peine : ceux-ci, plus petits et plus malheureux , sont réduits à vivre dans: des marais fangeux et délétères , à se tapir dans les creux des arbres et des rochers ; ou à aller se réfugier jusqu'auprès de nos de- meures. Pour vivre ainsi relégués, les rep- iles n’avoient pas besoin d'organes aussi parfaits, de sens aussi délicats que les ani- maux vertébrés à sang chaud : aussi ont-ils, tous un cerveau moins considérable et des sens plus émoussés. | Les reptiles ont dans lintérieur de leur crâne un pelit cerveau qui n’en remplit au plus qu'à moilié la concavité , qui est lisse, sans aucunes circonvolutions. Ses couches optiques, au lieu d’être recouvertes par les hémisphères , sont simplement placées en arrière , et contiennent chacune , de même que dans les oiseaux , un ventricule qui communique avec le troisième ; mais on ne trouve ni commissure molle, ni tubercules quadrijumeaux , ni pont-de-varole. Les hé misphères des tortues sont réunis en ‘un ovale ; dont la partie antérieure imite une espèce de bulbe d’où partent les nerfs | olfactifs : dans les serpens les hémisphères INTRODUCTION. 9? forment une masse assez large, et les nerfs olfactifs n’offrent à leur base aucun bulbe apparent ; ils ont, ainsi que les tortues , un petit cervelet à peu près hémisphérique (1), {1} « La substance du cerveau de la vipère est | divisée en cinq corps principaux, dont les deux pre- miers sont ronds et longuets , Chacun de la srandeur e$ de la forme d’un grain de semence de chicorée ; ils sont situés de long en long entre les deux yeux, et c’est de ces corps que partent les nerfs de l’odorat ; les trois autres sont dans la partie moyenne du crâne et au dessous de cette forme de cœur qu’on voit ax crâne ; chacun de ces corps approche de la grosseus d’un grain de semence de millet, et représente à peu _ près la forme d’une poire , dont la pointe est tournée vers la partie antérieure de la tête. Deux de ces corps sont situés dans la partie supérieure, de long en long et à côté l’un de l’autre : le troisième, qui est tant soit peu plus petit , est situé sons le milieu des deux, et peut être nommé le cervelet ou le petit cerveau. _» La moëlle spinale semble être un même corps avec le cervelet , quoiqu’elle ait sa place séparée dans la partie postérieure du crâne ; elle est d’une sub- stance un peu plus blanche et un peu plus molle que les corps dont nous venons de parler, et de la grosseur d’un petit grain de froment ; elle produit un corps de la même substance, qui s’étend en long , et passant en droite ligne au travers de toutes les vertèbres de V’épine du dos, vient aboutir à l'extrémité de la queue, Les corps du cerveau de la vipère sont couverts d’une 96 INTRODUCTION. tandis que celui des batraciens est aplatij triangulaire et étendu en arrière sur la moëlle alongée ; mais on ne retrouve pas d'arbre de vie dans le cervelet de tous ces animaux , ainsi que dans les poissons. Les couches optiques des grenouilles et des cra- pauds sont plus grandes que les hémisphères; mais c’est le contraire dans les salamandres. Dans le chapitre de mon Traité d’orni- thologie , où j'ai décrit les organes des sens des oiseaux (1), j'ai établi d’après des faits tunique assez épaisse , et qui leur est assez adhérente, qu’on peut nommer dure-mère; elle est de couleur noire, d’où il est arrivé que quelques auteurs, qui n’avoient pas pris la peine de regarder sous la tunique, ont dit que le cerveau de la vipère étoit de couleur noire. Sous cette dure-mère chaque corps du cerveau, séparément , a encore une petite membrane qui l’en- veloppe, qu’on peut nommer pie-mére. On remarque de petits interstices entre ces corps, et même dans le corps de la moëlle spinale , qui pourroïent passer pour des ventricules; et je ne doute pas que, si le sujet étoit un peu plus gros , on n’ÿ pût remarquer la plu- . part des parties principales qui se voient dans les animaux plus grands ». (Charras, Mémoires pour servir à l’histoire naturelle des animaux, tom. IIT, pag. 614.) (1) Traité complet d’ornithologie; in-4°, tom. I, chap. 5, pag. 97 et suiv. | qu, INTRODUCTION. 97 que, dans ces animaux#la vue l’emporte beaucoup sur les quatre autres sens, et que le sens du toucher est le moins parfait de tous. Il en est de même pour les reptiles, au moins par rapport au premier de ces sens, car le toucher paroît dans la plupart, au moins dans ceux qui ont la peau nue, lem- porter sur le goût et l’odorat. Les cixq sens des reptiles me paroissent devoir être ainsi rangés : la vue, l’ouie, le toucher, le goût et l’odorat. Fous.les reptiles sont doués du sens de la vue, excepté le proté anguillard dont les yeux sont cachés sous la peau, comme ceux du zemnm. Quelques-uns des reptiles ont même les yeux assez saillans et assez gros par rapport au volume de leur corps. Comme ils sont sou- vent exposés aux rayons d’un soleil ardent, il faut que leur organe de la vue puisse supporter la vivacité de la lumière : en effet leurs yeux sont assez forts, et sont munis pour la plupart d’une membrane chignotante, comme ceux des oiseaux ; en oulre, plusieurs d’entre eux, tels que les sauriens, les cra- pauds, etc., jouissent de plus de la faculté de contracter et de dilater leur prunelle de même que les chats; leurs yeux sont frap- pés, par ce moyen, de la quantité de rayons Reptiles. Tome I. G 48 INTRODUCTION lumineux qui est nécessaire à ces animaux | pour voir également au milieu de l'obscurité des nuits, ou lorsque le soleil répand une vive clarté. Les caméléons paroïssent jotir. par excellence de cette vue exquise; et il semble que leur sens de la vue est si fin et si délicat, que, sans la membrane qui revêt leurs yeux, ils seroïent vivement offensés par la lumière éclatante qui brille dans les climals qu'ils habitent. Non seulement les caméléons ont les yeux enveloppés d’une maniere particulière, mais ils peuvent aussi les mouvoir indépendamment lan de l'autre et en tous sens. Îls peuvent par là consi- dérer un plus grand espace, et même dans un seul instant deux côtés différens. Tous les reptiles ont leurs deux yeux placés sur les côtés de la tête, excepté ce= pendant les crocodiles qui les ont'en dessus entre le crâne et la face. Le cristallin des animaux renfermés dans cette chasse est en général très-convexe, sur-tout celui des. tortues et des batraciens. On trouve à la partie antérieure de la sclérotique des tortues un disque annulaire formé de lames osseuses. minces et embriquées, comme dans les oiseaux. C’est aussi la même chose dans l'œil des sauriens , mais avec cette différence que: INTRODUCTION ‘og les lames, au lieu de former un disque au- tour de la sclérotique, n’en garnissent que la partie latérale. Cette observation avoit déjà été faite par Cuvier sur plusieurs lézards et sur le caméléon; je l’ai répété aussi sur liguane ordinaire et sur le grand tupinambis d'Amérique. Tous les reptiles ont, ainsi que les poissons, une uvée ordinairement d’une belle couleur d'or ; ou rouge, ou bru- hâtre, quon aperçoit à travers leur mis qui est infiniment mince et transparent. Les “tortues ont leur pupille ronde, ainsi que les sauriens , excepté les crocodiles qui Font pareille à celle des chats, et les geckos qui l'ont rhomboïidale, ainsi que les batraciens. Dans tous ces animaux le nerf optique paroît naître d'une éminence placée sous le mi- _ lieu des hémisphères du cerveau, et, selon Cuvier , il traverse les membranes de Poil directement et par un trou rond, comme dans les quadrupèdes ; il forme en dedans ‘un petit tubercule, des bords duquei naît la rétine. Nous avons précédemment annoncé que les reptiles ont presque tous trois pau- piéres : en eïtet, outre les deux paupières extérieures horizontales, on en trouve une troisième intérieure et verticale aux tortues et aux crocodiles, ou également horizontale G 2 10 INTRODUCTION . aux grenouilles, aux rainettes et aux cra< pauds. Les geckos, les scinques, les chal- cides, les serpens et la sirène paroissent tous entièrement privés de paupières, et n’ont au dessus de l’œil qu’une légère saillie de la» peau : ils sont aussi privés de glandes lacry- males. On n’a observé que deux paupières;’ 4 à peine mobiles, et toujours ouverles } aux salamandres. Presque tous les batraciens ont les yeux saillans au dehors de la tête, et ils: les meuvent avec beaucoup de facilité ; ils: les font même rentrer entièrement dans leur orbite lorsqu'ils avaient quelque chose. Le sens de Fouie est beacoup plus foiïble en comparaison que ceiui de la vue dans: les rep!iltes. Eu effet leur oreille, dépourvue de conque à l'extérieur, ne présente pas dans son intérieur les diverses parties qui sont hécessaires à la perception des sons dans les! animaux plus parfaits. | Le tympan des tortues est caché sous la peau : celui des crocodiles et de la plupart des autres sauriens est apparent. Les sau- riens , ainsi que les quadrupèdes vivipares et les oiseaux, ont deux ouvertures à la caisse du tympan, savoir, la fenêtre ovale et la ronde. Tous les orvets ont un tympan 4 221 ne INTRODUCTION. 101 mernbraneux sous la peau, mais les autres serpens n'ont, selon Cuvier, ni caisse, ni tympan, et on leur trouve seulement un osselet dont l’extrémité extérieure touche à Jos qui supporte la mâchoire inférieure ; il est entouré par les chairs, et va s'appliquer à la fenêtre par une platine concave dont les bords sont irréguliers. Les rainettes, les grenouilles et les crapauds ont un tympan lisse et ovale, à fleur de tête; et l’anatomiste que nous venons de citer, a observé que dans ces animaux la caisse a toule sa partie postérieure membraneuse, qu'elle commu nique immédiatement avec l’arrière-bouche par un grand trou qu’on peut voir en ouvrant simplement leur bouche ; ils ont de plus deux osselets cartilagineux, dont lun tient lieu du marteau et de l’enclume, et l'autre remplace létrier. Les salamandres mont ni caisse, ni tvmpan, mais seulement un labyrinthe en- fermé dans le crâne et sans aucune commu- hication avec l’extérieur. Fous les reptiles out d'ailleurs les trois canaux sémi-circu- laires et le vestibule de loreiile, mais aucun n'a de lhimacon. D'après les détails que nous avons donnés précédemment aux pages 22 et suiv., sur les divers tégumens des reptiles, il est facile G 5 PLU Me de 7 102 ENDR-ODUU THON. de conclure que le sens du toucher est bien foible dans la plupart de ces animaux, sur- tout dans ceux qui sont entièrement couverts d’écailles, ou dont le corps est renfermé dans une boîte osseuse. Tous les aphidiens ne paroïssent éprouver que difficilement le sens du toucher , car ils sont obligés d’enve- lopper de tout leur corps les objets qu'ils veulent toucher. De tous les reptiles, les batraciens paroissent être les plus susCep— bles de sentir le contact des corps qu ils touchent, à cause de leur peau nue: _: La plus grande parlie des naturalistes que ont décrit les sens des reptiles, ont prétendu que le goût est très-foible dans ces ani- maux, et qu’ilest même proportionnellement moindre que lodorat. Cependant, si lon examine avec quelque attention la langue des reptiles, sur-tout celle de ceux qui sont munis de pattes, on reconuoîtra sans doule qu'ils doivent avoir ce sens trés-délicat. . Les tortues ont une langue mince, de forme pyramidale, et environ trois fois plus longue que large; sa peau ou tunique est recouverte d’un grand nombre de papilles. nerveuses, longues et serrées, qui la font ressembler à un velours; elle a en commun avec son os hyoïde cinq paires de muscles, Det 7, 4 INTRODUCTION. 103 qui servent à la mouvoir en divers sens. Les crocodiles ont leur langue charnue entic- rement attachée dans la bouche, et ses pa- pilles forment à sa surface de petites rides. Les caméléons ont une langue cylindrique, itrès-extensible, qui se meut-par un méca- nisme analogue à celui qui a lieu dans les pics, et dont les papilles forment des rides Lransverses, profondes , serrées et très-régu- dières (1). Dans son ouvrage sur l'anatomie comparée, Cuvier fait observer que les stel- lions et les iguanes ont la langue charnue, veloutée à sa surface, et jouissant à peu près de la même mobilité que celle des mammifères. Celle des scinques et des geckos n’en diffère que parce qu’elle est échancrée par le bout, et elle se rapproche en cela de celle des orvets, dont les scinques sont en (1) « Quand les caméléons veulent manger, ils tirent leur languc longue quasi d’un demi-pied , ronde comme la langue d’un oiseau nommé piverd, sem- blable à un ver de terre ; et à l'extrémité d’icelle ont un gros nœud spongieux , tenant comme glu , duquel ils attachent les insectes , savoir est santerelles, che- nilles el mouches, et les attirent en la gueule. Ils poussent hors leurs langues, les dardant de roideur aussi vitement qu’une arbalète ou un arc fait le traict »» (Belon, Observations , etc. livre 2 , chap. 54. ) G 4 « L 4 104 INTRODUCTIONI A général très-voisins. Dans les lézards ordi= naïres, les tupinambis, etc., la langue est. lisse , singulièrement extensible, et se ter=. mine par deux longues pointes flexibles , quoique demi - cartilagineuses et comme. cornées; elle ressemble parfaitement à celle des serpens, si on en excepte les orvets et les amplisbènes (peut - être aussi les céci- lies), qui ne peuvent lalonger , et qui l’ont plate et seulement fendue par le bout. Dans. presque tous les serpens la langue, lors-. qu'elle est contractée, est contenue presqu’en entier dans un fourreau membraneux. Les batraciens ont une langue charnue, à peu près discoïde, aplatie et attachée au bord de la mâchoire inférieure, et qui dans l’état de repos se reploie dans la bouche : celle des salamandres est couverte d’un velouté très-fin ; maïs les rainettes, les grenouilles et les crapauds l'ont lisse et toujours mu- queuse : il n’en est cependant pas de même dans le crapaud cornu, car les papilles qui : tapissent le dessus de sa langue sont telle- ment longues, qu’on les prendroit en quelque sorte pour une petite fleur de pistachier. « La langue des batraciens est fort différente de celle des autres reptiles, ainsi que nous: venons de le dire ; elle est attachée par sa INTRODUCTION. 105 base à la simphyse des deux os de la mâ- choire ; elle est couverte en dessous de fibres charnues , attachées d’un côté à un cartilage fait en forme de croissant, et placé au devant de l'entrée du larynx. Au milieu du dessous de la langue on voit un trou qui se prolonge jusques dans le cartilage en croissant. Méry a crü que les grenouilles pouvoient darder la langue hors de leur bouche, et la retirer ensuite dans le fond du pharynx par le “moyen des fibres charnues qui la tapissent en dessous. Jai vérifié depuis'ce fait avec beaucoup de soin, et J'ai reconnu que les grenouilles, pour prendre un insecte posé sur un corps solide, font sortir de leur bouche l'extrémité de la langue et l’appliquent sur la proie qui sy colle, et qui bientôt est avalée, parce que les grenouilles Penfoncent avec promptitude dans leur cœsophage avec les pouces de leurs pieds antérieurs. Le cinquième et le moins parfait des sens des reptiles est celui de lodorat, si l’on en juge par l’organisation incomplette de leurs narines. Ces animaux passent une grande partie de leur vie dans des lieux infects, remplis de gaz nuisibles, ou bien dans le #ond des eaux sur la bourbe. Ils ont tous des narines assez distinctes au dehors, plus 106 INTRODUCTION. où moins rapprochées l’une de l'autre, et susceptibles de se dilater ou de se rétrécir à leur entrée. Quelques espèces de tortues Ont les ouvertures de leurs narines placées au bout d’une trompe courte et cylindrique ; ‘telle est entre auires la tortue matamata, Plusieurs ophidiens ont aussi le nez un peu MRIOUSÉ: ieis sont la vipère ammodite et la couleuvre nasique. Quoique les narines des reptiles n'aient pas une structure aussi régulière, ni aussi compliquée que dans les animaux plus parfaits, on y retrouve cepen- dant des nerfs olfactifs et nasaux, ure xiembrane pituitaire formée de vaisseaux réticulés noiïrâtres, et de plus des lames saillantes dans la plupart, où seulement quelques tubercules dans divers batraciens. $1 nous examinons, dans tous les reptiles, les organes de la digestion et de la nulri- ton, nous y retrouvons en partie les mêmes choses que dans ceux des animaux plus par- faits; mais ces organes éprouvent diverses modifications quil est portant de con- noitre. M I paroït que tous les reptiles se nour- rissent pe ipaiement de chair vivante om d'insectes ; qu'un petit nombre d'espèces aime également le jus de plusieurs fruits ; äl es " 4 INTRODUCTION. ‘07. reconnu que les serpens, au moins les petits, peuvent se nourrir de lait; et les gens de la campagne croient assez généralement que la couleuvre à coller aime beaucoup à sucer Je pis des vaches. Perrault, dans sa Description anatomique de la tortue de Coromandel, nous apprend que les entrailles des tortues sont enfermées dans une membrane qui tient lieu de péri- toine vers le bas, et de plèvre vers le haut. “En enlevant celte membrane, on trouve sous le foie un estomac qui y est attaché par plusieurs vaisseaux, el qui est trois fois plus long que large. Cet estomac se rap- proche par sa Loue de celtn des chiens; sa membrane veloutée est garnie de plis nom- _ Dreux, disposés en long, et semblables en ‘quelque sorte à des feuillets. L'intestin duo- denum , à sa sortie de l'estomac, est couvert à sa surface intérieure de HAN réticulés; mais l'intestin 1léon et le colon ne sont "pas tapissés en dedans de feuillets. Severinus. attribue avec raison deux cœcum aux tortues ; "ce qui est contraire à l'opinion de Perrault. À une petite distance de l'anus, le rectum "a un rétrécissement autour duquel sont trois appendices ronds et formés par la mem- "brane interne du rectum. Vers l'extrémité 24 + RS: 108 INTRODUCTION. S at du rectum , dans diverses petites tortues d’eau , on trouve deux petites vésicules qui communiquent avec l'intestin , et qui s’'enflent en même tems que lui; mais on ne les retrouve pas dans les tortues terres- tres , tels que celle de Coromandel, Ja géo- métrique, la grecque, etc. Les reins ont une forme prismatique triangulaire oblongue,. et sont divisés en plusieurs parties jointes ensemble. Les veines émulgentes ne sortent que de la veine cave droite, qui se divise entiérement en deux gros rameaux , dont le plus court entre dans le rein droit vers. son extrémité inférieure , tandis que les uré- têres sortent de la partie supérieure. Quoi- que Aristote ait dit que la tortue marine a la vessie très-grande , et la terrestre très- petite, Ferrault a cependant observé plu-. sieurs fois le contraire ; car, dans sa tortue de Coromandel, la vessie étoit d’une gran- deur extraordinaire, puisqu'on y a trouvé. plus de douze livres d'urine. Elle étoit faite en forme de boyau, et son col n’etoit pas. à l’un des bouls, mais au milieu ; sa situa- tion éloit transversale , c’est-à-dire, d’un flanc à l’autre. Sa tunique intérieure étoit garnie d’un grand nombre de fibres sail-. lantes qui se croisoieni et s’entrelaçoient les INTRODUCTION. 109 unes dans les autres ; elles prenoient leur origine vers le col, et alloient se disperser dans tonte l'étendue de la vessie. L'usage de ces fibres est apparemment pareil à celui des fibres des oreillèttes du cœur, où elles servent à resserrer et à rétrécir leur cavité, pour exprimer ce qu’elles contiennent; car les tortues n’ayant pas, comme les autres ani- maux vertébrés, un ventre flexible et garni de muscles qui puissent comprimer la vessie, cette parlie a du être munie d’un autre moyen de compression, propre à la vuider de ce qu’elle contient. L'urine par la con- traction de la vessie est poussée dans le rec- tum , et sort ensuite par l'anus. Dan: le caméléon l'estomac est placé sous lé foie, et paroît n’être que la continuation de l’œsophage. Celui-ci s’élargit un peu dans lé ventre, y descend presque droit, et se recourbe un peu vers le pylore où il se rétrécit. Perrault fut étonné de voir que ce conduit si étroit ait pu donner passage aux mouches qu’il trouva entières dans les intes- tins, et il pensa que le pylore étoil suscep- tible d’une grande distension. A la sortie du pylore l'intestin s’élargit , devient plus gros que l'estomac, et fait ensuite trois replis suc- cessifs avant de se rendre à l'anus. Perrault 110 INTRODUCTION. n’a trouvé aucune apparence de rate ; maïs” il y a observé des reins d’une forme : par ticu= Bère que plusieurs auteurs avoient pris avant lui pour des testicules. Voici ce qu'ilen dit: «Nous trouvâmes que notre caméléon avoit deux chairs couchées en long de haut en bas aux deux côtés de l’épine, en da région, des lombes et de Fos sacrum , que nous primes pour les reins. Ces chairs se sépa=t roient assez aisément de l’endroit sur lequel” elles étaient attachées, pour nepouveoir ètre prises pour les muse sr DANS et elles né. toient liées fermement qu'à lendroit où! l'extrémité de l'intestin se joint au commen-" cement de la matrice. Cette particularité a! fail croire à Gassendi que ces chairs, dont il parie dans la vie de Peiresc qui avoit: éu la curiosité de nourrir des caméléons ; pourroient être les testicules. Elles étoient de la longueur d’un pouce, larges de près de deux lisnes par le milieu , et elles alloïent en s'étrécissant jusqu’au bout, ayant la figure’ dure lanceite ; elles avoient près d'une ligne d'épaisseur. Leur parenchyme étoit d’un rouge pâle, assez solide, et imbibé en dedans de beaucoup de sérosités ; d’où l’on jugea que c’étoit plutôt des reins que des testicules : ce qui fortiia encore davantage celte opimon, INTRODUCTION. 111 c’est que chacune avoit en son milieu une cavitéalongée, formée d’une membrane assez dure , qui pouvoit passer pour le bassinet du rein. Malpighi avoit déjà observé de pareils ‘conduits dans les reins des oiseaux (1) ». « Dans la vipère, selon Charras, l’œsophage prend naissance au fond du gosier vers le côté gauche, et se prolonge en.ligne droite à côté du poumon et du foie, jusqu'à son union avec loxifice de l’estomac; il est com- posé d’une seule membrane très - molle et très-dilatable; c’est lui qui reçoit le premier les animaux que. la vipère à tués avec $es grosses dents et qu’elle avale tout entiers. _ L’estomac des serpens est alongé, mem- braneux, cousu au fond de l’oœsophage, et semble ne faire qu'un même corps avec lui: il est cependant beaucoup plus épais , et il est composé de deux fortes tuniques insé- rées l’une dans l’autre et jomtes ensemble. L’épaisseur de ces deux tuniques fait qu’on ne peut l’enfler autant à proportion que Poœsophage. Il à trois à quatre pouces de long; son orifice est assez large, de même (1) Perrault , Mémoires pour servir à l’histoire naturelle des animaux , article du caméléon et de /a éoriue. an 4 a", LU * 1 L EE Wu X LUE | 112 INTRODUCTION: que son milieu ; mais son fond se rétrécit # est fort étroitement fermé , ét mes ouvre que pour rejeter les excrémens dans les. intestins. Sa tunique intérieure est couverte de rugosités lorsqu'il est vuide. L’estomac: est situé à gauche comme l’œsophage, mais son fond est tourné vers le milieu du corps pour se vuider dans le premier intestin. Le canal alimentaire des ophidiens est court et dé- pourvu de cœcum. | La longueur et la capacité de l’œsophage et la large entrée de l'estomac sont fort accommodées au naturel de la vipère et des autres ophidiens; en effet, comme ces ani- maux avalent toujours leur proie sans la mâächer, souvent il arrive que cette proie, à cause de sa longueur, ne peut être reçue entièrement dans l’estomac, et reste en partie dans l’œsophage en attendant qu'elle puisse trouver place dans l'estomac. Des voyageurs ont même prétendu que , si un reptile veut se nourrir d’un animal plus long que lui, il arrive alors quelquefois qu'une extré- mité de l'animal sort par la bouche du rep- tile, tandis que l’autre extrémité est déjà digérée dans l'estomac. Les intestins des ophidiens sont situés au milieu du corps , sous l’épine du dos, et immédiatement INTRODUCTION. 113 immédiatement après le fond de l’estomac. Charras en a remarqué seulement trois dans Ja vipère ; le premier et le plus étroit de tous peut être appelé duodenum ; le second, qui est plus large , et qui est rempli de plu- sieurs sinuosités, est un vrai colon ;.le rec- tum , ou le dernier, est aussi fort large et fort droit, et a sou ouverture au dessous et près du commencement de la queue, à Janus. Nous avons déjà fait remarquer précé- demment, dans la description du squelette des reptiles, que presque tous ces animaux; et sur — tout les ophidiens, ont leurs deux mâchoires articulées de telle sorte qu’elles _ peuvent beaucoup s’écarter lune de l’autre; mais de plus, que les deux côtés de chaque mâchoire sont attachés ensemble de manière qu'ils peuvent se mouvoir indépendamment l'un de l’autre ; el ces animaux profitent de cette faculté pour avaler leurs alimens avec plus de facilité. L’estimable continuateur de Buffon, Lacépède , a décrit, ainsi qu'il suit, le mouvement des mâchoires des serpens : «Tandis que les dents d’un côté sont immo- biles et enfoncées dans la proie que l’animal a saisie , les dents de l’autre côté s’avancent, accrochent cette même proie, la tirent vers Æeptiles. Tome I. H > TA TE LEA eu: * ; s + 414 INTRODUCTION. Je gosier , lassujettissent, l’arrêtent à leur | tour, et celles du côté opposé se portent alors en avant. pour attirer aussi la proie, et rester ensuite immobiles. C’est par ce jeu plusieurs fois répété, et par le mouvement alternatif des deux côtés de ces mâchoires, que les serpens parviennent àtavaler des animaux , quelquefois assez considérables , qui, à la vérité, sont pendant long-tems pres- que tous entiers dans l’oœsophage ou dans l'estomac, mais qui, dissous insensiblement par les sucs digestifs, se résolvent en une pâie liquide, tandis que leurs parties trop gros- sières sont rejetées par les serpens » (1) (2). (1) Lacépède, Hist. naturelle des serpens. (2) « Nous avons remarqué cela dans une grande partie du corps d’un lézard qu’une vipère a vomi douze - jours après avoir été prise : nous avons vu qu’à la tête et aux jambes de devant, et à la partie du corps qui les touchoit et qui avoit pu être placée commodément dans l'estomac de la vipère, il ne restoit guère que les os; mais qu’une bonne partie du tronc , avec les jambes de derrière et toute la queue étoient presque en même état que si la vipère les eût avalées ce jour- BB; mais on fut surpris, entre autres choses, de voir que les parties, qui n’avoient pu entrer dans l’estomae et qui avoient séjourné dans l’œsophage, se fussent conservées si long-tems sans souffrir aucune altération dans la peau , bien que celles du dessons eussent de la ANT RO DUC TION: . an Robert Townson a fait des observations très-curieuses sur la faculté qu'ont les batra- ciens d’absorber l’eau ; ïl s’est assuré par des expériences réilérées que ces amimaux, au lieu de boire l’eau par la bouche, l’absorbent par le seul moyen de leur peau, et qu’au lieu de -la rejeter par lurètre, ils la rendent par la transpiration. : Des grenouilles et des rainettes posées vivantes sur du papier mouillé , se rem- plissent d’une telle quantité d’eau, qu'au bout d’une heure et demie leur poids est doublé. J'ai fait depuis peu l'expérience sui- vante qui m'a donné le même résultat , et gui ma confirmé l'observation précédente de Townson. Après avoir tenu au sec pen- dant sept jours et demi deux grenouilles vertes, je les ai placées dans un bocal sur des feuilles humectées , et au bout de deux lividité , qui étoit en apparence un effet du venin de Ja morsure ». (Charras, Description anatomique. de "la vipère.) Duus les batraciens, l’œsophage s’avance beaucoup au delà du gosier, enviroune le palais et s'étend dans toute la circonférence de la mâchoire inférieure. L’es- tomac n’est pas incliné du côté gauclie, comme dans la plupart des autres animaux vertébrés, mais il descend en ligne droite. TT 1. 416... INTRODUCTION: heures leur poids étoit augmenté de près du double. À Townson ne regarde pas la vessie des batraciens comme une véritable vessie, mais comme un réservoir particulier, destiné à contenir et à conserver la matière aqueuse qu'ils ont absorbée par les pores de leur peau. En effet, la dissection de ces animaux prouve que les urètres n’aboutissent point au réser- voir, que l’on a considéré jusqu'à présent comme la vessie, mais à l'intestin rectum. Les rainettes , les grenouilles et même les crapauds_ rejettent par l’anus une certaine quantité de l’eau qu'ils contiennent ; et Townson prétend que c’est pour fuir plus facilement. Il a reconnu que ce fluide n’est pas de l'urine ni du venin comme on l'a cru, mais une eau parfaitement pure, quine pré- sente au goût aucune saveur, et qui est sem- blable à de l’eau distillée. Comme ces animaux ne boivent ; jamais 4 quoiqu'ils aient un très-grand besoin d'eau, il paroît probable que, lorsque ce fluide est absorbé par la peau, il est conduit à la vessie comme à un réservoir d’où il se distribue suivant le besoin dans le reste du corps, de la même manière que les boissons prises par la bouche pénètrent dans Festomac des autres INTRODUCTION. "7 animaux , et se répandent de là où il est né- cessaire. L’urine , au contraire, est conduite par les urètres dans le rectum , et rejetée avec les autres excrémens comme dans les animaux dépourvus de vessie, tels que les Oiseaux. Les serpens et les lézards dont la peau est recouverte d’écailles, boivent ; mais Townson prétend qu'il n’en est pas de même des tortues, Car il a reconnu, par plusieurs observations, que la tortue jaune ( testudo europæa ) pompe l’eau seulément par Panus ; il est même persuadé que les muscles postérieurs qui servent à la respi- xation , sont aussi destinés à produire le phénomène dont nous parlons , et qu'il seroit sans doute important d'examiner de nouveat. Lorsqu'on examine ensuite les divers organes des secrétions dans les reptiles , on trouve d’abord que dans les tortues le foie est assez grand , divisé en deux parties, VPune droite et l’autre gauche , et chacune de ces parties est munie de trois ou quatre lobes. Entre les deux parties du foie est située la vésicule du fiel, d’où part un canal “cystique élroil qui va s’'insérer au duodenum, ‘lequel est entouré par le pancréas. De plus, 8 INTRODUCTIONI la rate des tortues est RAS entre le colon et le duodenum. j + + Dans les crocodiles le + est bifide, et divisé en deux lobes ; c’est sous le-lobe are qu'est adhérante la vésicule du fiel , laquelle est remarquable par sa grandeur ; les reins sont oblongs, glanduleux et munis de chaque côté d’un conduit épais, Ample et membra- neux , qui descend jusqu’au bas de lintestin rectum , et qui y conduit les excrémens et l'urine , parce que la vessie manque dans ces animaux. Dans le caméléon, le foie est vis en deux is ; dont le droit est le plus grand; un peu en avant près des côtes vertébrales est située la vésicule du fiel, dont l’ouverture étroite produit le conduit cholédoque qui va s’in- sérer sous le pylore. Quoiqu'on ait prétendu dans les Mémoires pour servir à lhistoire des animaux , que ce singulier reptile n’a pas de rate , cependant il est certain qu'il en a une, ainsi que Swammerdam l’a prouvé depuis. Dans les serpens on voit , dans le corps à droite , un peu au dessous du cœur, un foie d’un rouge brun attaché aux mêmes mem- branes et composé de deux grands lobes, dont le gauche est le plus court, et qui sont arrosés dans toute leur longueur par la veine” INTRODUCTION. 19 cave. Dans la vipère, selon Charras , et sans doute aussi dans les autres ophidiens, le trone de la veine cave se divise dans sa partie supérieure en deux rameaux, dont le prin- cipal et le plus gros aboutit au cœur , et Vautre passe sous le poumon , ét de là aux parties supérieures ; la même veine cave ; dans sa partie inférieure , se divise én plu- sieurs rameaux qui descendent dans toutes les parties du dessous. + Charras a trouvé, à côté du fond de l’es- tomac de la vipère et au dessous du foie , une vésicule du fiel un peu inclinée à gauche , presque de la forme et de la grosseur d’une petite fève : selon cet anatomiste , le fiel de la vipère est d’une couleur très-verte, d’un goût très-amer et très-âcre, d’une consis- tance de sirop peu cuit; et de plus , au lieu d'être venimeux , comme les anciens l’ont prétendu, il est au contraire doué d’une quañité balsamique. Ce fiel ne peut sortir que par la parüe supérieure de sa vésicule, sintrodut dans un petit conduit biliaire qui est recourbé en en bas, et qui adhère dés son origine à la partie extérieure de cette vésicule , puis se divise après en deux rameaux, dont le principal et le plus droit, passant par le pancréas, que les anciens ont H 4 .120 INTRODUCTION: . pris pour la rate, se jette dans l'intestin qui le reçoit, et l’auire moindre semble remonter vers le foie , en rebroussant chemin. Le pan- créas de la vipère est situé, selon M auprès el un peu au dessous du fiel, contre le fond de l'estomac et vers lentrée des intestins : sa substance est glanduleuse et non charnne. ‘ La vésicule du fiel est séparée du es dans les ophidiens ; elle est au contraire située entre les deux lobes du foie ,-et elle est même profondément infixée dans l’un de ces lobes aux chéloniens, aux sauriens et aux batraciens. Le foie des batraciens est’ divisé en quatre lobes, dont trois plus grands et Joints ensemble, posés contre les poumons et l'estomac, et un autre petit un peu écarté. Leur rate est petite et ovale, excepté dans les salamandres où elle est oblongue ; et quoique placée vers le côté gauche, elle s'incline cependant un peu vers le droit : en outre, les conduits bilhaire et hépatique se réunissent aussitôt au delà du foie en un seul canal biliaire, qui aboutit à lintestin parle pancréas. Outre ces principaux organes des sécré- tons dans les reptiles , il en existe encore d'autres qui paroissent moins importans sans / INTRODUCTION: 12 doute ; mais aui doivent cependant avoir aussi leur utilité pour le reptile qui en est doué ; ainsi on trouve dans plusieurs reptiles des glandes sous - cutanées qui répandent uñe odeur assez forte, et musquée dans les uns, ou fétide dans d’autres. Plusieurs tor- tues ont cette odeur un peu musquée pen- dant leur vie ; telle est, entre autres, la tortue odorante que le naturaliste Bosc a récemment découverte dans les Etats-Unis d'Amérique. Dans les Mémoires pour servir à l’histoire des animaux, Perrault dit que le crocodile a vers le milieu de chaque côté de la mâchoire inférieure, immédiatement sous la peau , une petite glande qui s'ouvre en dehors , et répand une humeur d’une odeur fort agréable. Le même animal a aussi “près de l'anus deux autres glandes musquées. Sous chacune des cuisses des lézards pro- prement dits, des chalcides , de liguane marbré de Surinam, près l'anus des amphis- bênes, on voit une rangée de plusieurs petits tubercules grenus, d’où suinte, principale- ment dans la saison de l’accouplement,, une liqueur assez suave et qui a en quelque sorte l'odeur du foin sec. D’autres glandes, dans divers reptiles, répandent une odeur très-fétide,; par exemple , lorsqu'on presse 125 TNPRODUCTTON, avec force les abajoues de diverses con. leuvres d’ailleurs innocentes , telle que l&. couleuvre à collier , les parties génitales où. Vanus des serpens, il en sort une eau infecte. Le docteur T'yson, dans sa Description ana— tomique du serpent à sonnette (Transact. philosoph. n° 144), a non seulement fait mention de la salive de cet animal, maisäl a de plus décrit deux petites glandes qui s'ouvrent dans son rectum auprès de Parus y et qui contiennent une liqueur un ‘pe épaisse et d'une odeur très-désagréable. Kalm, disciple du célèbre naturaliste Ein næus, rapporte, dans la Coïlechion acadé—. mique , que l'odeur des serpens à sonnette est lrès - mauvaise , sur-tout lorsqu'ils se chauffent au soleil ou qu'ils sont en colères on les sent quelquefois avant de les voir et de les entendre : les chevaux et les bœufs les découvrent par lodorat , et s’enfaënt très — loin ; mais , lorsque le vent emporte Fexhalaison du serpent vers le côté opposé. à la route qu’on tient , alors on court risque d'approcher trop près de lui, à moïns qu'al n’agite à tems sa sonnette. On trouve enfin dans diverses parties de l'Europe une espèce de crapaud nommé /e brun, qui est très- 1 remarquable , parce qu'il répand, autour de: INTRODUCTION: 123 hüi une assez forte odeur d'ail lorsqu'il est vivant ; aussi a-t-il reçu de Roësel l’épithète latine , alliam redolens. Aucun physicien n’a jusqu’à présent mieux observé le venin de la vipère que labbé Fontana de Florence , et il a fait connoître toutes ses expériences sur ce venin dans un ouvrage intitulé : Traité des. poisons, 2 vol. in-12 ; Florence 1781. Lacépède en a donné depuis un extrait qu’il a inséré dans son Histoire naturelle, et nous ne pouvons sans doute satisfaire davantage nos lecteurs qu’en leur faisant connoître ici cet extrait , auquel nous croyons convenable d'ajouter quelques observations et expériences. Sur le venin des vipères et des autres reptiles. La vipère a des crochets creux, renfer- mant une double cavité et comme un double tube , dont l’un est contenu dans la partie convexe de la dent, et l'autre dans la partie concave : le premier de ces deux conduits s'ouvre à l’extérieur par deux petits trous, dont l’un est situé à la base de la dent , et autre vers sa pointe ; et le second n’est ouvert que vers sa base, où il reçoit les vaisseaux et les nerfs qui attachent la dent \ 124 INTRODUCTION: .s à la mâchoire. Ces crochets sont, renfe és jusqu'aux deux tiers de leur. longueur. dans une espèce de gaine composée de fibres très= fortes et d’un tissu cellulaire ; cette gaine ou. tunique est toujours ouverte vers la pointe, de la dent ; elle s'y termine, par une espèce d'ourlet, souvent dentelé, et formé par um repli des deux membranes qui la composent. Le poison de la vipère est. contenu dans une vésicule placée de chaque côté de la tête , au dessous du muscle de la mâchoire upérieure ; le mouvement du muscle pres- sant cette este en fait sortir le venin, qui arrive par un conduit à la base de da dent, traverse la gaine qui l'enveloppe , entre dans la cavité de cette dent par le trou situé près de la base, en sort par celui qui est auprés de la pointe, et pénètre dans la bles- sure. Ce poison est la seule humeur malfai- sante que renferme la vipère ; et c’est en vain qu'on a prétendu que l'espèce de bave qui couvre ses mâchoires lorsqu'elle est en fureur , est un venin plus ou moins dan- gereux ; car lexpérience a démontré de contraire. à Le suc empoisonné , renfermé dans les vésicules de chaque côté de ia tête, est une liqueur jaune dont la nature n’est m1 alka= INTRODUCTION. 125 fine ni acide , comme on l’a écrit en divers tems ; elle ne produit pas non plus les effets d’un caustique ainsi qu’on la pensé ; et il paroîl qu’elle ne contient aucun sel propre- ment dit, puisque , lorsqu'elle se dessèche, elle ne présente aucune apparence de cris- tallisation , comme les sels dont l'eau sura- bondante s’évapore ; mais elle se gerce, se retire, se fend , se divise en très-petites por- tions , de manière à représenter , par toutes ses fentes très - déliées et très - multipliées , ? une espèce de réseau que lon a comparé à une toile d’araignée. Dans son ouvrage sur le venin des ser- pens , labbé Fontana rapporte que plusieurs personnes, en maniant hmprudemment des vipères d'Europe ou d’autres serpens veni- meux , desséchés ou conservés dans lesprit de vin, se sont blessées à leurs crochets, encore remplis de venin , très-long-tems et même plusieurs années après la mort de l'animal ; le venin s’est dissout, selon cet Observateur , par le sang sorti de la blessure, s’est échappé par le trou de la dent, a péné- tré dans la plaie et a donné la mort, Il assure que le venin se conserve pendant des années dans la cavité de la dent, sans perdre de sa couleur ni de sa transparence; si on met alors 126 INTRODUCTION: dans de l’eau tiède cette dent , il se dissouf. très - promptement et se trouve encore en. état de tuer les animaux. Fontana a en outre vérifié plusieurs fois lexpérieñce de Redi sur le venin de la vipère , et s’est convaincu que ce venin séché et mis en poudre con- serve pendant neuf mois et quelquefois plus son activité ; il suffit qu'il soit porté comme à l’ordinaire dans le sang par quelque bles- sure. Quelques auteurs ont même assuré que le venin de la vipère peut faire éprouver des accidens très-graves , si l’on se blesse au cro- chet de la vipère, même après qu'il a séjourné pendanL quelques minutes dans le feu. Quelque subtil que soit le poison de la vipère , il paroil qu'il n’a point d'effet sur les animaux qui n’ont pas de sang; il paroît aussi qu'il ne peut pas donner la mort aux vipères elles-mêmes. Après s'être assuré que le venin de la vipère n’étoit mortel ni pour elle ni pour son espèce, Fontana soupçonna qu'il pourroit bien se trouver d’autres animaux qui échap- passent également à son activité. D'après cette conjecture, il s'engagea dans une longue uite d'expériences faites sur des animaux de différentes espèces : il commença par Îles sangsues que l'on sait avoir la vie fort dure; ANTERODEUCTION. : ser après les avoir bien lavées et essuyées, pour empêcher que cette espèce de mucosité dont elles sont enduites ne laissat de l'équivoque dans le résultat de l'expérience, 1l les fauisoit mordre par des vipères irritées. Il fit plus ; après leur avoir ouvert le corps par de pro- fondes blessures , à l’aide du bisitouri el des ciseaux , il faisoit couler dans la plaie de grosses gouties de venin ; il leur passoit quel- quefois au travers du corps des tampons d’é- toupe imbibés de venin ; mais les sangsues ont consfamment résisté à ces différentes épreuves , et aucune n’en est morte. Des Himaçons et des limaces , soumis aux mèmes expériences, n'en ont pas été plus incom- modés : des tentatives semblables ont été inutiles sur diverses espèces de serpens, tels que l’aspic qu’en trouve dans les campagnes, lorvet et la couleuvre ordinaire. Il n’en a pas été tout à fait de même des tortues d’eau mordues par les vipères; plusieurs à la vériié se sont trouvées à l'abri des atteintes du venin, mais d’autres en sont mortes, l’une aussitôt après avoir été mordue par dix-huit vipères, une seconde douze heures après que trois vipères seulement lui eurent fait des mor- sures au Cou, et une troisième au bout de vinst-quatre heures, quoiqu’elle n’eût été 133 INTRODUCTION. mordue qu'aux pattes par deux bn : es pères. Laurenti prétend que lorsqu'on a été trahi par un serpent à sonnette , le corps’ enfle d’abord dans toutes ses parlies, la langue se gonfle prodigieusement , la bouche ést brü- lante ou éprouve une soif extrême et'inex- tinguible , on crache le sang ; bientôt après les bords de la plaie se corrompent ; et si là morsure est faite pendant la canicule’, on meurt en cinq ou dix minutes après üne affreuse agonie. On trouve dans les Tran- sactions philosophiques le résultat dé plu- sieurs expériences sur l'effet de la morsure de ce dangereux serpent. Le capitaine Hall fit attacher à un pieu un serpent à sonnette long de quatre pieds environ ; le premier chien qui en fut mordu, mourut en quinzé secondes ; le second périt après deux heures de souffrances, et le troisième chien né res- sentit les effets du venin qu’au bout de trois heures. Le même observateur recommencça d’autres expériences sur le même serpent quatre jours après, et voici ce qu'il en rap porte dans les Transactions philosophiques. ‘Le premier chien mourut en trente secondes , un autre en quatre minutes ; trois Jours après une grenouille mourut en deux minutes, ét un INTRODUCTION. 129 fin jeune poulet en trois minutes, On pré- senta au même serpent, quelque téms aprèss ün amphisbêne blanc qui mourut en huit minutes : et le serpent, s'étant ensuite mordu lui-même , ne vécut que douze minutes au plus. Kalm assure que la morsure de cet animal est très - dangereuse dans toutes les parties du corps ; que les chevaux et les | bœufs en meurent presque à l'instant ; ; que les chiens la soutiennent mieux , puisque quelques-uns ont été guéris cinq fois ; que les hommes peuvent aussi être guéris lors- _ qu’on y remédie à tems; mais que, si la mor- sure à ouvert un gros Vaisseau , on meurt en deux ou trois minutes. Ce voyageur fait ensuite remarquer que les bottines de cuir peuvent être percées par les crochets , sur- tout lorsaw’elles sont collées contre la jambe, et qu'il faut en conséquence mettre par des- sus elles un large pantalon de draps à longs poils qui descende jusqu’au talon (1). À l'égard des animaux à sang chaud , le venin de la vipère leur est d'autant moins funeste que leur grosseur est plus considé- rable , de telle sorte , qu’on peut présumer qu'il n’est pas tait ours mortel pour l’homme (1) Kalm, Collection pi au Ù tom. IX, p. 92: Reptiles. Tone I. 4 150 INTRODUCTION: : ni pour les grands quadrupèdes ou oiseaux: L'expérience a prouvé aussi qu'il est d’au- tant plus dangereux qu’il a été distillé en plus grande quantité dans les plaies par des morsures réilérées. Le poison de la vipère est donc funeste en raison de sa quantité, de la chaleur du sang et de la petitesse de l'animal qui est mordu ; ne doit-il pas aussi . être plus ou moins mortel, suivant la cha- leur de la saison , la température du climat, et l’état de la vipère plus ou moins irritée, plus ou moins animée , plus ou moins pressée par la faim? Et voilà pourquoi Pline avoit peut-être raison de dire que la vipère , ainsi que les autres serpens venimeux , ne ren- fermoit point de poison pendant son engour- dissement. Au reste, l’abbé Fontana pense que le venin de la vipère tue en détruisant Virritabihité des nerfs, de même que plu- sieurs autres poisons tirés du règne animal ou du règne végétal. Quoique Fontana ait prétendu que celte liqueur jaune et véné- neuse étoit un poison très-dangereux lors- qu’elle étoit prise intérieurement, cependant Rédi, ainsi que d’autres observateurs, ont écrit le contraire. En effet, il paroît assez vraisemblable que le venin des serpens avalé en petite quantité n’est réellement pas un ENTRODUCEFION. ‘2391 poison ; car j'ai fait avaler , il ÿ a deux ans, au commencement de l'été, une tête de vipère et son venin à un chien basset, qui n’apäru en éprouver aucun mal. Fontana a bu lui-même du venin de vipère, d’abord mêlé avec de l’eau et ensuite pur, mais il n’en a ressenti aucun mauvais effet ; il a même reconnu qu'il a, en quelque sorte, le goût de la graisse fraiche; qu’il ne produit sur la langue aucune sensation caustique ou brûlante , ce qu'avoient pourtant prétendu Rédi et le docteur Méad. Nous pouvons d'ailleurs citer comme exemple les psylles si vantés des anciens pour guérir les personnes mordues par des vipères ; leur prétendue sorcellerie ne consisloit qu’à sucer avec force, pendant quelque temset à plusieurs reprises, la plaie, et à cracher eusuite le venin à me- sure qu'ils l’en tiroient. I est reconnu aussi, selon le témoignage de Lacépède ,; que le venin liquide et jaunâtre de la vipère fer- de-lance, qu’on trouve à la Martinique et à Cayenne, w'est également pas un poison, puisqu'on a sucé impunément des plaies ré- centes produites par la morsure de ee dange- reux reptile. D’après ceci, on peut distinguer le venin d'avec le poison proprement dit, en ce que le premier n’agit que lorsqu'il est I 2 : 492 INTRODUCTION. mêlé avec le sang par une plaie quelconque au lieu que le poison ne peut nuire que lors= qu'il est avalé , et qu’il s’est répandu dans les organes de Ja digestion. Enfin il y a une troisième et dernière sorte de substances mal- faisantes, qu'on peut nommer poisons veni- meux ; telies sont toutes celles qui nuisent également lorsqu'elles sont appliquées sur la peau , ou avalées , ou mêlées avec le sang. On a fait depuis long-tems beaucoup de recherches relativement aux moyens de pré- venir les suites funestes de la morsure des Vipères ; mais l'abbé Fontana s’est occupé de cet important objet plus qu'aucun autre phy- sicien : personne n’a eu plus que lui la pa- tience et le courage nécessaires pour une longue suite d'expériences : il en a fait plus de six mille ; il a essayé l'effet des diverses substances indiquées avant lui comme des remèdes plus où moins assurés contre le verin de la vipère ; il a trouvé, en compa- rant un très- grand nombre de faits, que, par exemple, l’alkali volatil , appliqué exté- . _rieurement ou pris intérieurement, étoit sans effet contre ce poison. Il en est de même, suivant cet observateur , des acides sulfu- rique , nilrique , muriatique , phosphorique et fluorique , des alkalis caustiques et non : sa INTRODUCTION. 153 “eaustiques tant minéraux que végétaux , et de tous les sels neutres. _ Quoique les expériences de Fontana ne soient pas favorables à l’alkali volatil contre le venin de la vipère , cependant, comme il n’a pu faire prendre aux animaux mordus autant d’alkali mêlé avec beaucoup d’eau , que les hommes en peuvent prendre , il est certain qu’on ne doit pas renoncer pour les hommes à l’usage de ce remède , d'autant . plus que les expériences démontrent que le venin des serpens agit sur le sang en le coa- gulant, et l’on sait que les alkalis favorisent la fluidité du sang. D'ailleurs, Bernard de Jussieu , et d’autres médecins depuis lui, ont employé souvent ce remède avec un succès infini. Les huiles, et particulièrement celle de térébenthine , ont paru à Fontana de quelque utilité contre les accidens produits par la - morsure des vipères, et il a pensé que la meilleure manière d'employer ce remède . étoit de tremper pendant long-tems la partie .mordue dans cette huile de térébenthine très- .chaude. Fontana pense aussi qu'il est avan- tageux de tenir celte même partie mordue, dans de l’eau, soit pure, soit mêlée avec de Veau de chaux, soït chargée de sel commun 15 154 INTRODUCTION. ou d’autres substances salines; la douleur diminue, ainsi que linflammation, et læ couleur de la partie blessée est rhoïns altérée et moins livide. Les vomissemens produits par l'émétique peuvent aussi n'être pas imu- tilés; mais le traitement que l’abbé Fontana avoit regardé comme le plus assuré contre les effets du venin de la vipère, consistoit à couper la partie mordue peu de secondes ou du moins peu de minutes après l’accident, suivant la grosseur des animaux blessés, les plus petits étant les plus susceptibles de Vaction du poison. Bien plus, cet observateur ayant trouvé que les nerfs ne peuvent pas communiquer le vexin, que ce poison ne sé répand que par le sang, et que les blessures envenimées, mais superficielles de la peau, ne sont pas dangereuses , avoit pensé qu'il sullisoit d'empêcher la circulation du sang dans la partie mordue, et qu’il métoit pas même nécessaire de la suspendre dans les plus petits vaisseaux, pour arrêter les effets du poison. Un grand nombre d'expériences . Favoïent conduit à croire qu’une ligature mise à la partie blessée prévenoit la maladie interne et généraie qui donne la mort à l'animal ; que, dès que le venin avoit agi sur le sang dans les parties mordues par la INTRODUCTION. 139 vipere , il cessoit d’être nuisible, comme sil se décomposoit en produisant un mal local; et qu'au bout d’un tems déterminé il ne pouvoit plus faire naître de maladie interne. À la vérité le mal local étloit très-grand, et paroissoit quelquefois tendre à la gangrène; et, comme il étoit d'autant plus violent que la ligature étoit plus serrée et plus long-terns apphquée , il étoit important de connoître avec quelque précision le dégré de tension de la ligature et le tems de son application nécessaire pour qu'elle pût produire tout son eflet. Fontana, en remarquant avec raison qu'un mauvais traitement peut chan- ger la piquure en une plaie considérable, qui dégénère én gangrèné, assuroit én même tems que le venin de la vipère n'est pas aussi dangereux qu'on l’a pensé. ,Lorsaw’on a été mordu par ce serpent, on ne doit pas désespérer de sa vie, quand bien même on ne feroit aucun remède, et la frayeur ex- irème qu'inspire laccident ést souvent uné grande cause de ses suites funestes. Une simple morsuré de vipère n’ést pas _ mortelle naturellement, selon Fontana : quand même il y auroit eu deux ou trois vipères, la maladie seroit plus grave, mais elle ne séroit probablement pas mortelle ; 1 4 136 INTRODUCTION quand une vipère auroïit mordu un homme. six ou sept fois, quand elle auroit distillé dans les morsures tout le venin de ses vési- _ cules, on ne doit pas désespérer. Enfin, dans un supplément imprimé à la fin du second volume de son Traité sur le venin de la vipère, Fontana annonce, d’après de nouvelles expériences, que la pierre à cautère détruit la vertu malfaisante du ve- nin; que tout concourt à la faire regarder comme le véritable et seul spécifique contre ce poison, et qu'il suffit de l'appliquer sur la plaie, après l'avoir agrandie par des in- cisions convenables. Quelquefois cependant si le remède n’est pas apporté à tems, ou ne se mêle pas avec le venin, on ne peut pas toujours faire pénétrer la pierre à cautère. dans tous les endroits, dans lesquels le poison est parvenu. Les trous que font ies dents sont très-petits et souvent invisibles ; ils s'étendent dans la peau en différentes direc- tions et à diverses profondeurs ; suivant plusieurs eirconstances très-variables. L'in- flammation et l’enflure qui surviennent aus- mentent encore la difficulté de. découvrir ces directions, en sorte que ces incisions se font presque au hasard. D'ailleurs le venia. sintroduit quelquefois tout d’un coup et en INTRODUCTION. 197. grande quantité dans l’animal, par le moyen de quelques vaisseaux que la dent pénètre; et la morsure de la vipère peut donner la mort la plus prompte, si les dents percent un gros vaisseau veineux, de manière que le poison soit porté vers le cœur très-rapi- dement*et en abondance. L'animal mordu éprouve alors une sorte d'injection artificielle du venin, et le mal peut être incurable. On ne peut donc pas, suivant Fontana, regarder la pierre à cautère comme un remède tou-. jours assuré contre les effets de la morsure des vipères; mais on ne doit pas douter de ses bons effets, et même on peut dire qu’elle est le véritable spécifique contre le poison de ces serpens. (Lacépède, Histoire natu- relle des serpens, tome I, pag. 180 et suiv.) Lorsque Charras travailloit en 1695 à son ouvrage sur la vipère, il fat mordu par ce dangereux animal sur le milieu du long doigt de la main gauche. Aussitôt il suça la plaie et se fit une ligature à la base du doigt et une autre au poignet, pour empêcher le venin de se répandre dans le sang. La mor- sure ne lui causa qu'une douleur médiocre. Comme il avoit sauvé la vie à un allemand qui avoit été mordu par une vipère en 1608, en lui faisant prendre du sel volatil de vipère, 158 INTRODUCTION. il prit au bout de deux heures le poids de vingt-quatre grains de ce sel dans un verre de vin. Comme la sueur tardoit cependant à venir, il prit peu d'heures après un bouillon chaud fait avec des jaunes d'œufs et de la muscade, ce qui commença à le faire suer. Il but encore deux heures après une seconde dose de sel de vipère, et la sueur devint universelle. Bientôt après il ôta les deux ligatures et fut guéri. | Boyle assure avoir guéri un homme ne par une vipère, en tenant pendant près d’un quart d'heure et très- près de la plaie un fer rouge. Lars Montin, médecin suédois, rapporte l'observation suivante dans la Collection aca- démique (tome II, p. 500 et suiv.), relati- vement à la morsure de la vipère chersea. Un paysan fut mordu par ce serpent au petit doigt du pied gauche; six heures après, le pied, la jambe et la cuisse étoient rouges et enflés, le pouls petit el intermittent ; le malade se plaignit de mal de tête, de tran- chées, de mal-aise dans le bas-venire, de lassitude , d’oppression; il pleuroit souvent et n'avoit point d'appétit ; ces symptômes prouvoient que le poison étoit déjà répandu dans toute la masse du sang. On avoit INTRODUCTION. 139 éprouvé plusieurs fois que le suc des feuilles du frêne étoit un spécifique certain contre là moïrsure de la vipère commune, mais on ignoroil s’il réussiroit contre celle de l’æsping ou vipère chersea. Comme on n’avoit aucun remède plus assuré que l’on püt employer à tems, on mit dans un mortier une poignée de feuilles de frêne, tendres et hachées; on y versa un verre de vin de France; on en exprima le suc à travers un linge, et le malade en but un verre de demi-heure en demi-heure; on appliqua de plus, sur le pied mordu, un cataplasme de feuilles écra- sées de la même plante ; vers dix heures du soir on lui fit boire üne tasse d'huile chaude. Le malade dornut assez bien pendant la nuit, et se trouva beaucoup mieux le lende- main : la cuisse n’étoit plus enflée, mais la jambe et le pied l’étoiént encore un peu. Le malade dit qu'il ne sentoit plus qu’une légère oppression et de la foiblesse ; le pouls étoit plus fort et plus égal. On lui conseilla de continuer le suc de frêne et l'huile, et comme il se trouva mieux, il le Héisus, les symptômes qui revinrent tous furent dissipés de nouveau par le même remède. Dans cette espèce de rechüte, il parut sur les mernbres énflés des raies bleuätres : le 140 INTRODUCTION. pouls étoit foible et presque tremblant {on fit prendre de plus vers le soir au malade de’ la thériaque ; il sua beaucoup dans la nuit ; les raies bleues , la rougeur et la plus grande partie de lenflure se dissipérent; le pouls devint égal et plus fort, l'appétit revint. Les mèmes remèdes furent continués, et ne lais- sérent au pied qu'un peu dé roideur avec un peu de douleur au petit doigt blessé; Fune et l’autre ne durèrent que deux jours, et on cessa les remèdes. Le malade étoié jeune, mais il avoit beaucoup d’àcreté dans le sang; 1l est vraisemblable que le suc des feuilles de frêne seul l'aurait guéri ; mais, n'étant pas certain de son efficacité, on y ajouta la thériaque et l'huile, qui du moins ne pouvoient pas nuire. | Le père Gumilla , dans son Histoire natu- relle de lOrénoque , eite plusieurs remèdes qu'il regarde comme efficaces contre la mor- sure des serpens vénimeux, quelle qu’en soit l'espèce. IT assure avoir employé plusieurs fois avec succès sur des malades la feuille du tabac : selon lui, 1l suffit d’en mâcher une certaine quantité , d’en avaler une partie, et d'appliquer lautre sur la plaie pendant trois eu quatre jours , pour n’avoir rien à craindre du venin. Il cite un autre remède dont on INTRODUCTION. 141 peut se servir : c’est un morceau de corne de Cerf calciné à l’état charboneux , qu’on ävale en plusieurs parties en mâchant avec elles quelques feuilles de tabac. Lorsque Fendroit mordu le permet , on applique sur la plaie quatre ventouses sèches dont la pre- mière dispose les chairs, la seconde attire une liqueur jaune, la troisième une pareille liqueur teinte de sang, el la quatrième le sans tout pur; après quoi il ne reste plus de venin dans la plaie. Enfin un autre remède, indiqué par le père Gumilla , consiste en une bonne quan- tité d’eau de vie, dans laquelle on a délayé de la poudre à canon, et à la troisième dose le venin perd toute son activité (1). Quelques anciens voyageurs ont beaucoup vanité comme remède efficace le bézoard et l'ail appliqués en cataplasme sur la plaie ; d'autres ont prétendu que la tête même du serpent venimeux et son foie pris intérieure- ment sont également curatifs. Divers auteurs enfin ont recommandé de tailler les bords de la plaie aussitôt après la morsure, et d'y appliquer incontinent du soufre en poudre. (1) Gumilla, Hist. nat. de l’Orénoque : Lyon, 1758, tom. III, pag. 80. 142 INTRODUCTION. De tous les anatomistes Sténon est le seul qui nous ait laissé la description des déran- gemens qu’on peut remarquer dans le cadavre d’un animal mort par les suites de la morsure d’une vipère. Il a observé dans une tourte- relle récemment morte , 1° que le bec et les yeux étoient remplis d’une humeur abon- dante, couverte de petites bulles d’air ; 2° que le foie étoit d’un noïr jaunâtre ; 3° que le sang étoit coagulé dans tous les vaisseaux , quoiqu'on aperçüt encore quelque mouve- ment dans l'oreillette du cœur : dans tous les vaisseaux sanguins du cerveau et du reste du. corps , ce sang coagulé étoit environné d’une graude abondance d'humeur séreuse. Il ré- sulte de ces observations , selon Sténon , que le venin des serpens a deux effets principaux, lun de séparer l'humeur séreuse , Fautre de coaguler la partie rouge du sang. Quoique les auteurs ne regardent comme vraiment venimeux que les ophidiens qui ont des crochets mobiles et tubulés , cepen- dant je crois pouvoir établir quelques doutes par rapport à cette opinion. Le devin d’Amé- rique m'a sans doute aucun crochet mobile: comme la vipère , et cependant les sauvages de l’intérieur de la Guiane regardent sa mor- sure comme venimeuse. Il existe au muséum INTRODUCTION. 145 d'histoire naturelle de Paris une grande dé- pouille de ce boa, envoyée de la Martinique ; et l'étiquette qui y est jointe fait mention du venin de ce reptile. Cleyerus, dans une lettre insérée dans la Collection académique , rap- porte que, cherchant à avoir le squelette d’un grand devin , ses domestiques en firent cuire les chairs dans de l’eau où l’on avoit mis de la chaux vive : un d'eux, voulant nettoyer la tête du serpent dont la cuisson avoit détaché les chairs, se blessa au doigt contre les grosses dents de l’animal. Cet accident fut suivi d’une enflure avec inflammation dans la partie affectée , d’une fièvre continue et de délire , qui ne cessèrent qu'après qu'on eut employé les remèdes convenables, et particulièrement une composition appelée lapis serpentinus , que les jésuites faisoient alors dans l'Inde. J'ai examiné avec beaucoup d'attention les maächoires de l’orvet rouge ( anguis coral- linus ) , et je n’y ai trouvé aucune dent tubulée qui pût être regardée comme propre à communiquer le venin ; et cependant les habitans de la Guiane redoutent infiniment la morsure de cet orvet ; ils donnent même à cet animal le nom de vipére de’ corail. Le boa groin ( boa contortrix ) n’a aucune dent yenimeuse comme la vipère . selon la re- 44 INTRODUCTION: marque de Catesby et de Linnæus, quoiqu soit reconnu que sa morsure est Meme. à et qu il a un réservoir à venin, | | * Le bojobi ( boa canina ) a deux rangées de ‘ dents à la mâchoire supérieure , et les plus* voisines du iuseau sont longues et recour-! bées comme les crochets à venin des vipères, mais elles ne sont ni creuses ni mobiles ; ce=} pendant ce boa mord avec force lorsqu’on le provoque et qu’on l’irrite ; alors il sort de sa! bouche une odeur fétide , semblable à celle! qu'exhale en pareille circonstance la cou=! leuvre à collier, et sa morsure est ordinai- _rement suivie d’une inflammation très-dou- loureuse , d’une fièvre continue , d’une en- flure et d’une suppuration dans la plaie ; en sorte qu'il faut, pour guérir le malade, cautériser la plaie , et recourir aux mêmes moyens curatifs que pour la morsure de la vipère. Ces renseignemens m'ont été fournis par un médecin français qui a vécu pendant. plusieurs années dans diverses parties de la Guiane ; et ils concourent à prouver, ainsi que les faits précédemment indiqués , que la présence ou l’absence des crochets tubulés ne sont pas toujours suffisantes pour faire dis- tnguer les serpens qui sont innocens , d'avec ceux qui sont venimeux. Je soupconne même 3 INTRODUCTION. 145 même, d’après ces faits, que dans les ser- bpens venimeux sans crochets mobiles aux mâchoires , le venin est renfermé dans les abajoues au lieu de lêtre dans un réservoir - particulier, et qu'il se mêle avec la salive du serpent , sur-tout lorsqu'on l’irrite. Je sais aussi par expérience que la liqueur fétide , renfermée dans les abajoues de la couleuvre * à collier et de la couleuvre lisse, n’est pas venimeuse, car j ai piqué à diverses époques * des oiseaux avec des épingles trempées dans : - cette liqueur, sans que ces oiseaux parussent en souffrir. | Plusieurs voyageurs ont fait mention de lézards venimeux, différens du gecko et de . la geckotte. Sparmann entre autres, dans sa . description du geitje (1), a donné quelques détails sur la prétendue morsure venimeuse de ce saurien , mais seulement d’après les ouï-dires de quelques colons des environs du cap de Bonne-Espérance ; il a aussi trouvé en Afrique un lézard noir comme du char- bon (2) , long d'environ un pied, fort rare, net que les hottentots redoutent infiniment, parce qu'on le croit fort venimeux. On ne (1) Sparmann, Voyage au Cap, tom. IIT , p. 256. ». (2) Zdem, tom. II, pag. 24. Reptiles. Tome I. K sex 146 INTRODUCTION. doit regarder ces opinions que comme des soupçons peu fondés , je dis même invraï- semblables , puisqu'on ne connoît pas un. seul lézard qui ait des dents à venin comme les vipères , et qu’on ne peut prétendre, sans une forte preuve, qu'il en existe dont la salive soit vraiment venimeuse. Taurenti rend compte dans son Specimen medicum de plusieurs expériences sur divers reptiles d'Europe , el il conclut de ses obser- vations , | 1°. Que le crapaud verd avalé par des chiens les fait vomir ; que sa liqueur âcre appliquée sur leur peau y produit des rougeurs qu'on fait disparoître en y metiant une compresse de lait ; que les pigeons et les autres oiseaux n’en sont aucunement incommodés. 20, Que le crapaud calamite et le brun ne sont pas mangés par les cigognes , selon Roesel. | 3°. Qu'on peut toucher de toutes les ma-. nières le crapaud commun , sans avoir rien à appréhender. 4°. Que le crapaud pluvial qu'il à décrit sous les noms de bufo igneus et de rana cam-. parisona , est beaucoup imoins dangereux que ses congénères, mais qu'il a cependant une propriété narcotique. | À INTRODUCTION. 147 - bo, Qu'on doil regarder comme des animaux frès-innocens les grenouilles rousse et verte, les salamandres, les lézards, lorvet, la cou- leuvre à coller , la couleuvre lisse, et même Ja vipère prester. Linnæus regarde cepen- dant ce dermer ammai comme venimeux , puisqu'il conseille contre sa morsure , d’a- valer une demi-livre d'huile d'olive, et de laver en même tems la plaie avec de lhuile. 6°. Que la vipère berus n’est également pas venimeuse. 7°. Et qu'enfin la seule vipère dangereuse par sa morsure est la vipère de Rédi. Taurenti indique contre le venin de ce dangereux reptile lantidote suivant, qu’il a composé avec son collègue Winterb. _ Mercure coulant, demi-gros. Gomme arabique , deux gros. Pilez le tout dans un mortier, et mêlez-y _ goutte à goutte eau de fontaine, trois onces. Quand ceci sera bien dissous , joignez-y Extrait de gentiane , deux scrupules. Sucre blanc , deux gros. H faut prendre deux cuillerées de cet an- tidote ;: dans le cas où on les vomiroit , il faut recommencer à en avaler deux autres, _ jusqu'à ce qu’elles soient bien avaiées et disérées. | | K 2 143 INTRODUCTION. Dans les Ephémérides des curieux de Ja. Nature on trouve des détails sur la qualité venimeuse qu'on attribue généralement aux Ccrapauds. On prétend que ceux d'Europe qui vivent dans des lieux secs et froids, tels que le calamite , le rayon verd et le brun, sont dangereux ,et qu'il est arrivé de funestes accidens à des gens , pour avoir manié des cailloux avec lesquels on âvoit écrasé! des crapauds. On croit que l’eau où vivent-les crapauds , que l'air qui les environne , sont un vrai poison ; et que les fraises ou les autres plantes qui sont infectées de l’urine ou de la bave d’un crapaud, produisent de mauvais effets lorsqu'on les mange sans qu’elles aient été lavées. On raconte qu'un charlatan , ayant reçu dans sa bouche de Jurine de crapaud , en mourut une demi- heure après, quoiqu'il eût pris du contre- poison ; et qu’une autre personne eut les yeux fort malades, parce qu'il y étoit tombé de l'urine du même animal. Il arriva à un autre de dangereux accidens , pour avoir tenu la tête d’un crapaud dans sa bouche. Enfin on a aussi attribué une qualité veni- meuse au sang de cet animal , à ses œufs, etc, Schelhamimer a assuré que, si lon tient pen- dant quelques instans un crapaud vivant à INTRODUCTION. 249 Pentrée de la bouche, quoique sans la tou- cher, toute la surface du corps est couverte dès le lendemain de pustules , et éprouve une sorte d’agitation intérieure. Cet observateur a guéri un enfant ainsi couvert de pustules, en lui faisant prendre du contre-poison et quelques sudorifiques , qui consistoient en des eaux distillées de chardon -bénit, d’é- corce de citron, etc. Ce fait, consigné dans les Ephémérides des curieux de la Nature ( dec. 2, ann. 6 ), mérite d'autant plus d’être confirmé , qu'il m'est prouvé , par des expé- riences récemment faites, que le contact d’un crapaud vivant sur la langue ne produit au- cune pustule et n'est nullement dangereux. Dans l'Encyclopédie de Diderot on trouve le fait suivant : un particulier, étant dans une campagne près Paris, trouva dans un bassin une masse de crapauds cramponnés tous ensemble ; cette masse flottoit, et étoit suivie d’autres crapauds ; il attira tout le “grouppe sur la terre , et sépara , à laide d’un bâton, tous ces animaux , au centre desquels il aperçut une femelle , apparem- ment étouflée. Tandis qu'il continuoit son observation , il sentit au nez une vapeur itrès-subtile qui passa de la gorge dans son * estomac, puis dans ses intestins : il eut alors K 5 150 INTRODUCTION. | des douleurs de ventre , et fut incommodé d'un crachement assez abondant qui dura trois ou quaire heures, au bout desquelles ces accidens cessèrent avec l'inquiétude quäls lui donnoient ; mais tout ceci ne doit être attribué qu’à la fétidité de cette vapeur ; ou même au seul aspect de ces crapauds; car on sait que les personnes dont les nerfs sont très-irritables, éprouvent un grand mal-aise, des maux de cœur et des dégoûts accom- pagnés de douleurs dans les intestins, lors- qu’elles aperçoivent un crapaud. On trouve dans F Amérique méridionale un gros cra- paud, nommé curucu au Brésil ; son urine et sa bave sont, dit-on, très-venimeuses, mais sur-tout son sang, sa graisse el son fiel. Passons maintenant à d’autres observa- tions qui paroissent contredire tout ce qui précède sur le prétendu venin du crapaud, et nous nous occuperons ensuite de faire part de nos propres expériences. Dans les Ephé- mérides des curieux de la Nature (dec.s5, ann. 7), on fait remarquer avec raison,.que les canards mangent souvent des crapauds, et que les fourmis senourrissent de ceux que l’on Jette dans les fourmilières , sans paroître en ressentir aucun mauvais efiet. Il est prouvé que le crapaud ne bave pas, parce que sa INTRODUCTION: 351 ‘salive est épaisse et très-peu abondante pour sortir au dehors , et que d’ailleurs la con- formation intérieure de sa bouche et celle de sa langue ne peuvent lui servir pour cra- cher : on areconnu que son urine, lorsqu'on Pavale ou qu’on l’applique à l'extérieur, n’a aucune qualité venimeuse ; on a de même prétendu que cette urine étoit bonne pour les yeux , dans certains cas , que ses: excré- mens sont diurétiques , et. qu’un scrupule ou deux d’un crapaud séché et pulvérisé soulagent dans Lhotropee, . J'ai été moi - même le témoin à Coucy- re , prés Soissons , qu'un chien a avalé ‘deux crapauds cendrés, sans en être incommodé ; et je suis de plus certain qu’on veud à Paris pour des cuisses. de grenouilles celles du crapaud verdätre qu’on trouve en avril au bois de Boulogne, dans la mare d'Auteuil , et que. jai appelé crapaud de Roesel. Sur la respiration des. Reptiles. Ilest universellement reconnu par tous les P physiologistes que , dans les animaux à sang chaud, les poumons ne jouent qu'un rêle K 4 152 INTRODUCTION: passif dans le phénomène de la respiration, « et ne possédent par eux-mêmes aucune force propre à la dilatation ; qu’on peut considérer leur force de contraction comme uulle ou presque entièrement nulle. Cet état de dila- tation et de contraction des poûmonms, qui produit l'inspiration et l’expiraiion, est dû à lexpension et compression alternatives de la cavité du thorax qui s’opèrent par le moyen des côtes, des muscles intercosiaux et du diaphragme. Lus côtes sont dilatées par les muscles intercostaux ; le diaphragme s'a- baisse ; la cavité du thorax s'agrandit et l’air se précipite dans les poumons : voilà linspi- ration. Ensuite les côtes s’abaïissent et le dia- phragme s'élève ; ce qui diminue la cavité du thorax, comprime les poumons et chasse Vair qui y étoit contenu : voilà l'expiration. C’est dans ce double phénomène que consiste _celui de la respiration. Cependant lhistoire de la médecine nous fournit des exemples où les côtes étant devenues immobiles par l'effet de quelques maladies, le diaphragme, avec l'assistance des muscles abdominaux , a ! pu encore opérer une respiration imparfaite. Si le diaphragme, ainsi que cela est prouvé, est dans les animaux à sang chaud absolu- INTRODUCTION. 153 ment nécessaire à la respiration , elle ne peut s'opérer de même dans les reptiles, c’est-à- dire , les quadrupèdes ovipares et les serpens, puisqu'ils sont tous dépourvus de diaphragme et que plusieurs manquent de côtes. Ces différences n’ont point échappé aux naturalistes et physiologistes qui se sont occu- pés de cette classe d'animaux ; et tous, depuis Avistote jusqu'à nos jours, se sont efforcés de résoudre l’intéressant problème du méca- msme de leur respiration. Le docteur Tovwn- son nous paroît être le seul qui en ait donné une solution satisfaisante, du moins relative- ment aux grenouilles et aux salamandres. Je vais exposer en peu de mots son opinion à ce sujet, et je donnerai ensuite une traduc- tion entière des preuves anatomiques qui l'accompagnent , afin de mettre les lecteurs à portée de vérifier par eux-mêmes, ou de poursuivre ses recherches. S1 nous considérons un mammifère, nous “observons pas d’autres mouvemens dans sa gorge que ceux qui accompagnent la déglu- tition ; mais, si nous regardons avec atten- tion une espèce quelconque du genre gre- nouille , nous remarquons toujours , dans animal endormi ou réveillé, exposé à l'ai 155 INTRODUCTION: libre, des mouvemens pr ompis, réguliers 41 consians : ces mouvemens sont ceux de Fias-" piration, ou plutôt ils servent à l'inspiration. Le même instinct qui enseigne aux animaux à sang chaud à éviter la douleur que cau- seroit la suffocation , en augmentant et dimui- auant alternativement la capacité du thorax, apprend aux amphibies à dilater et à con- tracter leur gorge. La dilatation de la gorge produit d’abord un vuide : l’air extérieur pénètre alors par les narines et en rempht toute la cavité ; les narines alors se ferment par le moyen de leurs muscles propres: la glotte s'ouvre ; les muscles destinés à cet objet se cdaeion , diminuent la cavité de la gorge , et poussent l'air qui y est contenu dans les poumons : c’est de cette manière que se fait l'inspiration. . L’expiration se conçoit aussi facilement : la glotte et les harines étant ouvertes, les poumons dilatés se contractant ou s’affaissant par leur propre poids , aidés aussi par eelux des parties qu'ils supportent, expulsent l'air graduellement ; mais les muscles qui couvrent les côtés agissent aussi dans cette occasion, ct même avec force dans leurs croassemens qu, dans le tems de leurs amours, se font INTRODUCTION. 355 entendre à une grande distance. Dans l'acte ordinaire de lexpiration , les poumons ne s'affaissent pas entièrement , non plus que dans les quadrupèdes. Si on les considère avec attention , on n’aperçoit pas de mouve- mens dans leurs côtés, quoiqu'il s’y fasse une contraction et une dilatation régulière. Ils ont aussi la faculté de comprimer séparé- ment l’un des lobes de leurs poumons par la contraction des muscles de ce côté ; on peut facilement les y engager en les touchant légèrement sur le côté avec une épingle ou un corps pointu. | Comme ces animaux peuvent vivre beau- coup plus long-tems sans air que ceux à sang chaud, plusieurs auteurs ont avancé qu'ils res- pirent plus lentement ; mais, quoique proba- blement ils ne consomment pas autant d’air, leur respiration est très - rapide. L'homme respire environ vingt fois dans une minute ; : et suivant Forgaro, les oiseaux qui, de tous les animaux , renouvellent l'air de leurs pou- mons avec le plus de promptitude , respirent depuis vingt-cinq jusqu’à cinquante fois dans une minute; mais la grenouille commune (rana esculenta) respire environ soixante et dix fois dans une minute ; la rana variabilis 156 INTRODUCTION. (espèce de crapaud) environ cent fois, et la rainette commune si promptement , qu on ne peut compter le nombre des mouvemens de sa gorge. | k Townson considère les contractions de la gorge comme les mouvemens d’inspiraüon , mais 1l n'ose pas affirmer qu'à chaque con- traction tout ce qui est contenu dans la ca- vité de la gorge soit poussé dans les poumons, car les narines ne se ferment pas à chaque contraction ; et comme il y en a souvent, sur quatre ou cinq, une plus considérable que les autres, il se peut qu’alors il y ait en effet une plus grande quantité d'air de chassé dans les poumons. Quand ces ani- maux dorment , et dans les tems froids, ces mouvemens deviennent plus lents et plus foibles. On voit donc , d’après cette doctrine, que les poumons dans les amplhbies ne possèdent pas plus que ceux des animaux à sang chaud cette force particulière de dilatation que leur & encore prêtée tout récemment le savant professeur Blumenbach. Dans l’une et l'autre classe d'animaux, cet organe est entièrement passif dans la respiration , et la Gifférence consiste principalement en ce que, dans les INTRODUCTION. 157 animaux à sang chaud, l'air est pompé par les poumons au moyen de la dilatation du thorax ; tandis que, dans les rainettes , les grenouilles et les crapauds , il y est poussé par les contractions de la gorge. _ Les salamandres sont , comme les gre- nouilles , dépourvues de côtes , et le méca- nisme de la respiration s'opère chez elles de la même manière : les mouvemens de la gorge dans la salamandre terrestre sont presque aussi prompts que dans la rainette commune; mais les plus grands mouvemens, ceux qui sont toujours accompagnés du res- serrement des narines, ont lieu plus rare- ment, et seulement deux ou trois fois dans une nunute ; ils sont aussi plus distincts que dans les srenouilles. La salamandre aqua- tique offre le mème phenomène , mais elle respire rarement, et seulement une fois en un quart d'heure. Pour cet effet elle vient : à la surface de l’eau, ouvre sa bouche , ex- pire une bulle d'air, enfle aussitôt sa gorge, da contracte rapidement et se retire : tout cela se fait en un instant et pour ainsi dire à la dérobée ; on n’observe pas le plus petit mouvement de la gorge. Mais, si on l’expose à l'air libre aussitôt que l’eau s’est dégagée dut À | LE, À DE. : , À 4 158 INTRODUCTION. de ses narines, elle commence à mouvoir sd gorge aussi rapidement , et plus rapidement peut-être que la salamandre terrestre : les: mouvemens ordinaires sont accompagnés d’autres plus grands et du resserrement des narines ; mais , si l’on fait couler de l’eau sur les narines , tous ces mouÿemens cessent. Quant aux tortues, d’une part la présence des côtes indique une différence entre leur respiration et celle des batraciens ; et de l'autre, l'absence du diaphragme et Pimmo- bilité absolue de tous les os du tronc nous. annoncent que cette fonction s'opère diffé- remment chez elles Le chez les animaux à sang chaud. C’est aussi ce que l’expérience a prouvé au docteur Townson; et peu satis- fait des explications que les physiologistes qui l’avoient précédé avoient donné du phé- nomène de la respiration des animaux , il a disséqué la tortue jaune , et s’est convaincu que la respiration dans les tortues s'opère par l’action même des poumons, qui se di- latent et se contractent par le moyen de muscles situés dans la région des flancs , et placés sur le côté des jambes de derrière ; mais l'intelligence de ce mécanisme repose entièrement sur la description anatomique INTRODUCTION. 159 des organes qui l’accomplissent. Je renvoie donc le lecteur à l'extrait que je joins ci- après, et auquel j'ai ajouté plusieurs obser- vations nouvelles, dont quelques-unes me sont propres. Le docteur Townson n’a fait aucunes recherches sur la respiration des deux autres ordres de reptiles, les lézards et les serpens; et 11 observe avec raison que ce qu'il avance sur la respiration des grenouilles étoit connu. de Laurenti, de Swammerdam et de Mal- pighi, quoiqu'il n’ait pas été conduit à cette découverte par la lecture de leurs écrits, mais par ses propres observations. 4 160 INTRODUCTION. DEPS" C'R TPE TO NN ANATOMIQUE | Des organes de la respiration des Gre- nouilles et des Salamandres, et de la Tortue jaune d'Europe ; Extraite de l’ouvrage du docteur Towxsow, intitulé: Observationes physiologicæ de respiratione amphi- biorum ; in-8°, Vienne, 1796, fig. : Respiration de la Grenouille commune | ( Rana esculenta. ) | Lorsque la peau de la gorge est levée, on aperçoit un large muscle, qui est le mylo-hyoïdien. Il couvre toute la gorge et s'étend depuis un bout des mâchoires jus- qu'aux condyles ; ses fibres sont transversales et sont insérées dans toute ia longueur de la mâchoire; dans le milieu et à compter de Fextrémité de l'os , 11 devient mince et mem- braneux, mais il est plus épais vers les con- dyles; il n’est pas uni avec l’os hyoïde comme dans l’homme, mais 1l est légèrement hé avec la peau. Quand la cavité de la gorge est diminuée, on voit ses fibres musculaires se contracter évidemment, sur-tout vers les condyles INTRODUCTION. 161 voncdyles où le muscle est le plus épais. Ainsi ce muscle semble très-propre à pousser Pair de là gorge dans les poumons : cependant, si on le coupe, la respiration continue. Le mylo-hyoïdien étant coupé, les genio* hyoïdiens paroiïssent; et sous ceux-là, dans le milieu, est le muscle de la langue; on aperçoit aussi le muscle de la pointe de la mâchoire, les sterno-hyoïdiens et les coraco- hyoïdiens. Les genio-hyoïdiens, qui sont fen- dus à lendroit où les sterno - hyoïdiens s’in- sérent dans los hyoïde, par leur direction et par leur attache, devroient, à ce qu'il semble, aider puissamment à lirer en avant l'os hyoïde, et par là diminuer la cavité de la gorge : cependant , si on les coupe, la respiration continue. Les sterno-hyoïdiens sont gros et forts ; ils s'étendent sur toute la longueur du der- nier os du sternum, et sont insérés tout le : long de los hyoïde. Comme cet os n’est pas dans la même direction que le sternum, mais plus élevé, et que ses cornes, qui sont attachées aux stylo-hyoïdiens, sont aussi plus élevées et obliques, 1l en résuite que, dans leurs contractions, ces muscles tirent l'os en arrière et forment ainsi une cavité dans la gorge. Ce sont là les muscles principaux qui Æeptiles. Tome I. L pue 162 INTRODUCTION. sont employés à former cette cavité; et quand ils sont coupés, toute respiration cesse. Les coraco-hyoïdiens naissent du côté in- férieur du col de l’omoplate et sont insérés dans los hyoïde, près des insertions des sterno-hyoïdiens. Ils dirigent les mouvemens de l'os hyoïde et le tirent en bas; si on en coupe un, cet os perd sa situation naturelle et penche de l’autre côté. | Si l’on examine plus avant, on trouve les muscles stylo -hyoïdiens ou les constric- teurs du milieu du pharynx; car, dans les différentes espèces, les uns ou les autres manquent. Îl y a trois paires de ces muscles constricteurs dans la grenouille ; mais dans le crapaud commun (rana buÿfo) et le cra- paud variable (rana variabilis) il n’y en a jamais que deux. Une de ces trois paires, qui est plus forte que les autres, prend sa naissance à la région postérieure de l’oreilie, et est insérée dans les ponies des cornes de Vos hyoïde. Les deux autres paires ont la même origine et sont aussi insérées dans les cornes du même os, mais plus en avant. Ces muscles sont aussi d’une grande importance pour contracter la cavité de la gorge en éle- | want los hyoïde, et en le tirant en avant. On peut observer quelques fibres muscu- INTRODUCTION. :163 laires dans le voisinage des stylo-hyoïdiens sur la membrane située immédiatement sous les muscles précédemment décrits, et qui forme la partie intérieure de la gorge; ceux- ci peuvent aussi faire la fonction de cons- tricteurs. Si lon enlève les muscles et la membrane de la gorge, en laissant seulement les muscles sterno-hyoïdiens , quoique Îa respiration soit alors totalement détruite, les mouvemens , qui ont lieu durant la respiration, continuent. L’os hyoïde s’avance et se retire toujours ; la glotte continue à se fermer et à ouvrir, mais les poumons restent dans un état d’af- faissement absolu : si même tous les muscles qui servent à mouvoir los hyoïde sont coupés, la glotte dont les muscles sont in- tacts s'ouvre et se ferme : de même que Fon voit, dans les animaux à sang chaud qui ont recu une grande blessure dans le thorax, de vains efforts se faire pour respirer et éviter la sensation pénible de la suffoca- tion qui commence. : I y a peu de chose à dire sur l’expiration : Townson a toujours vu les poumons des batraciens s'affaisser lorsque la glotte étoit ouverte, soit qu'ils fussent morts ou en vie. Les muscles obliques qui s'étendent depuis L 2 364 INTRODUCTION. la glotte jusqu’à los pubis, et qui enve= loppent ainsi les poumons dans toule leur étendue, ont une grande force de compres- sion, et produisent par cé moyen l'expiration. Tovwnson ignore sil a tort ou raison de donner à ces muscles l’épithète d’obliques, parce qu'ilne les a point considérés avec une attention suffisaute. Ils sont probablement composés de muscles différens; mais autant qu il a pu l’observer, leurs fibres sont dirigées plus ou moins transversalement, et ils sont donc très-propres à produire l'effet qu'il leur a assigné. Respiration de la salamandre terrestre. (Salamandra terrestris.) Les principales différences que Townson a observées dans la dissection, entre la sala- mandre terrestre et la grenouille, consistent dans Fos hyoïde et ses muscles, et dans la haison des muscles sterno-hyoïdiens. L’os hyoïde est entièrement cartilagmeux, et sur chaque côté il y a un cartilage parallèle à ses cornes. En jetant un coup d’œil sur la ph xiv, on s'en fera une idée plus exacte que, par la meilleure description. Ses muscles: différent aussi beaucoup de ceux de la gre+ INTRODUCTION. 165 nouille : au lieu des stylo -hyoïdiens il y a deux muscles, dont l’un va de lextrémité de ses cornes jusqu'à l'extrémité antérieure du cartilage latéral, à Pextrémité postérieure duquel est inséré l’autre, qui prend nais- sance au sommet de la mâchoire. Ces mus- cles, par leur position oblique relativement aux cartilages, doivent avoir un effet très- puissant. Les muscles sterno-hyoïdiens sont très- remarquables : cet animal na pas de ster- num, mi de clavicules distinctes, mais de très-larges omoplates, presque entièrement cartilagimeuses , dont la plus grande partie de chacune se prolonge en avant. Ces parties se joignent et couvrent la poitrme. Comme les omoplates ne sontpoint fixées, mais frottent lune contre l’autre, les muscles sterno-hyoï- diens, au lieu de partir de là comme le sternum, prennent naissance à l’os pubis, côté du cartilage ŸY , et s'élèvent entre les muscles obliques jusqu’à l’os hyoïde; dans la région du cœur ils jettent un petit muscle vers le processus coracoïde, qui est proba- blement le coraco-hyoïdien ou son remipla- çant. Dans les plus grands mouvemens de la gorge , les sterno-hyoïdiens tirent l’os hyoïde daus une direction presque verticale ; c’est | L 3 | 16 FNTRODUCTION: a-dire, en faisant un angle droit avec la direction du corps. Fespiration de la salamandre, nommée par les auteurs salamandra lacustris. L'os hyoïde et ses appendices latéraux ont une figure semblable à celle de la sala- mandre, mais ils sont osseux, excepté vers l'extrémité qui est la plus proche du sommet de la mâchoire. Les muscles sterno - hyoï- diens, comme dans la salamandre terrestre, prennent naissance à l’os puübis, qui a aussi le carulage ypsilon. * . Mais ici les poumons doivent être observés avec attention ; ils sont réellement , ainsi que Jacobæus les appelle, des sacs à air (sac- culi aeret), composés d’une membrane fine comme la vessie à air des poissons. Cependant ils ont des vaisseaux sanguins qui circulent à leur surface , mais ils sont entièrement épourvus des divisions cellulaires que Fon aperçoit dans les poumons des grenouilles et de la salamandre terrestre. Un tissu quel- conque , même musculaire, peut-il rendre des corps, tels que ceux-là, propres à former le vuide ? | Depuis la publication des recherches du INTRODUCTION. 167 docteur Tovwrnson sur là respiration des grenouilles, les professeurs Herholdt et Rafn ont lu, à l’académie des sciences à Copen- hague, un mémoire sur le même objet, et dont les résultats ont été à peu près sem- blables. Ils ont d’abord prouvé que, dans les ammaux à sang chaud, les poumons n’ont pas, comme on l’a soutenu, une force ex- pansive qui leur soit propre, maïs que c’est l'action du diaphragme, à laquelle on n’avoit pas fait assez d'attention, qui met tout en œuvre. [ls ont ensuite prétendu que la gre- nouille , n'ayant pas de diaphragme propre- ment dit, ferme hermétiquement sa bouche par une petite membrane qui en tient lieu, et qui lui est nécessaire pour respirer. Pour appuyer ceci, ils ont assuré que, si lon coupe cette membrane, ou qu'on tienne la bouche d’une grenouille ouverte pendant quelques minutes, l'animal s’asphixie d’abord . et meurt ensuite, parce qu'il ne peut pas respirer en tenant sa bouche ouverte ; tandis que tous les animaux munis d’un diaphragme respirent au contraire en tenant leur bouche et leurs narines ouvertes, ou périssent si on leur ferme la bouche et les narines. Mais, quelque étrange que paroisse au premier abord cette différence apparente dans les L 4 168 INTRODUCTION. modes de respiration, on reconnoît ensuite une cerlaine analogie entre eux; car la respi- ration s'opère par l'action du diaphragme dans les uns, ou par l'action d’un autre or- gane qui supplée au diaphragme*dans la grenouille. La société philomatique de Paris, ayant eu connoissance de ces observations d’Herholdt et de Rafn, chargea deux de ses membres, Cuvier et Duméril, de répéter les expé- riences sur des grenouilles et des sala- mandres (1). Ces commissaires ont reconnu que, si l'on met dans la bouche d’un de ces animaux des mords pour l'empêcher de se fermer, il meurt au bout d’une demi-heure. La respiration, selon eux, se fait dans la grenouille ainsi qu'il suit : la bouche étant absolument fermée, l’animal dilate sa gorge et lair pénètre dans le poumon, sans doute parce qu’il y a dans les narines une valvule qi l'empêche de ressortir par où il est en- tré; car les commissaires n’ont pu déeouvrir la membrane que les auteurs danois assurent avoir vue dans la bouche. Les tétards des batraciens ont, pendant (1) Bulletin de la société philomatique, n° 50, an 7, pag. 43. INTRODUCTION. :169 une de leurs métamorphoses, des branchies frangées extérieures, qui leur servent à exprimer, comme les poissons, l'air qui est contenu dans l’eau où ils vivent. Ces bran- chies conduisent l'air dans leurs poumons, et elles leur servent aussi à nager : elles se détachent au bout de peu de jours, et alors ces animaux respirent en avalant lair par la bouche, comme font les batraciens qui sont à l’état parfait. La sirène lacertine et et le proté anguillard ont aussi des branchies natatoires et frangées sur les côtés du cou, ainsi que des poumons; mais ces branchies sont persistantes pendant toute la vie de ces deux animaux. Ils respirent d’ailleurs comme les tétards à branchies natatoires, et viennent peut-être également avaler l'air à la surface de l’eau ou de la bourbe, comme les batra- ciens à l’état parfait. Respiration de la tortue jaune) d'Europe. (testudo europæa. ) Le sternum étant enleyé, on voit un périoste membraneux fort et blanc, sem- blable à du parchemin ; quand on l’a coupé, on trouve plusieurs muscles qui y sont in- sérés, particulièreinent sur lomoplate qui, iso INTRODUCTION. dans l’état de contraction où se trouvoit Fanimal, n’est pas trés-éloignée de los pubis qui est situé un peu au dessous et qui se trouve lié au péritoine; par ce moyen, ces os avec leurs muscles sont enfermés comme dans un anneau, parce qu’ils ont le péritoine en dessous et le périoste en dessus ; les omo- plates, les os et les muscles qui y sont atta- thés, sont renfermés de la même manière. Après avoir coupé le péritoine, et enlevé le canal mtestinal, le foie, etc., on aperçoit les poumons qui consistent en deux lobes, lesquels couvrent presque entièrement la totalité de la carapace; ils sont composés de cellules comme dans la grenouille; ils sont séparés l’un de l’autre par l’épine du dos, et divisés en outre en cinq autres petits lobes peu distincts. Le tissu cellulaire de ceux-ci n’est pas uniforme, les cellules des petits lobes intermédiaires étant les plus petites, et celles du petit lobe extérieur plus grandes. Ce dermier est pendant, parce qu'il n’est attaché ni sur les côtés, ni en dessous; les autres sont attachés par en bas à l’épine. En examinant avec attention quelques muscles situés dans la région des flancs, dont Townson tâchoit de découvrir les fonctions, il les voyoit souvent en mouvement, se INTRODUCTION. arr contracter et s’alonger alternativement; et, quoique placés sur les côtés des jambes de derrière , ils ne les faisoient remuer en au- cune manière. De plus, 1ls étoient placés & Fextrémité du dernier lobe partiel des pou- mons, et ils paroissoient conserver plus long- tems que les aulres leur irritabilité. Ces observations étoient suffisantes pour lui faire conjecturer que ce pouvoit bien être là les organes qui opéroient la respiration dans ces animaux ; et pour les voir agir dans leur post- tion naturelle , il scia, dans une autre tor- tue , la portion d’écaille qui les couvroit, et il les vit alors dans une action continuelle.- Un de ces muscles se trouvoit alors placé dans une direction presque perpendiculaire ; et l’autre, ou une portion du même, étoit placé plus près du sternum ou plastron, et dans une direction presque horizontale. Le premier, dans ses contractions, s’éloignoit de Ja carapace vers l'intérieur , tandis que le dernier, en se contractant, prenoit une di- rection contraire. Quand Townson attribua à ces muscles la fonction de muscles expirateurs ‘et inspira- teurs, il ne put concevoir comment ün muscle pouvoit être un contracteur par son côté convexe; cependant, quand l’expirateur, £ L e de v [2 172 INTRODUCTION. en se contractant, se fut écarté de la cara= pace, il parut concave en le considérant de dehors; mais cette difficulté disparut aussitôt qu'il eut ouvert l'animal et qu’il eut disséqué les parties; et il trouva alors l’admirable structure qui va être décrite. Cette partie est composée de deux muscles distincts, différant et par l'endroit où ils prennent naissance , et par le lieu de leur insertion ; mais ils sont fortement réunis dans: leur milieu par la membrane cellulaire. Le prenuer prend naissance à la carapace près Fépme du dos, et est inséré dans le péri- toine ; celui-là est le contracteur des pou- mons ou le muscle expirateur. l’autre s'étend sur presque toute la cavité, entre le: dessous de la carapace et le dedans du ster- aum, à l'endroit où l’animal, dans son état de contraction, rentre ses jambes de der- rière ; et il s’insère sur les bords de la cara- pace en dessus, et en dessous sur les. bords. du sternum. Les lieux d'insertion de ces nruscles étant connus, ainsi que leur liaison dans leur nuleu, il:n’est plus difficile d'expliquer pourquoi le muscle, agissant eomme con- tracteur, paroît concave, puisque c'est seu- lement linspirateur qui se trouve forcé à INTRODUCTION. 173 wette position par son antagonisite. Il n’est pas difficile non plus de concevoir comment s’opère le phénomène de la respiration; car lexpirateur, étant attaché par en bas à la carapace (l'animal est supposé couché sur le dos } et par en haut au péritoine, enveloppe en quelque sorte le dernier petit lobe mo- bile des poumons; lors donc qu’il le con- tracte, il comprime cette partie des poumons, et en chasse l'air par ce moyen; quand il cesse d'agir, l'autre se contracte et tire le premier avec lui; il se forme alors un vuide, et l'air s'y précipite comme dans la respi- ration des animaux qui ont un thorax pro- prement dit. | Pour prouver que cette explication étoit fondée en raison, et que les mouvemens de ces muscles étoient réellement ceux de la respiration , Townson fit l’expérience sui- vante : il attacha au nez de la tortue une sou- pape de papier blanc, qui couvroit entière- ment les narines, et avec le secours d’un ami, épia les mouvemens des parties molles dans le creux où sortent les jambes de derrière, et il trouva que ces mouvemens correspon- doient parfaitement avec ceux de la soupape de papier, qui étoient produits par les expira- tions et les inspirations de l'animal. 174. INTRODUCTION. C’est ainsi que Townson a cru pouvoir expliquer le phénomène de la respiration dans les tortues, sans cependant prétendre qu'il en soit ainsi dans tous les animaux de ce genre, car il y a plusieurs espèces qui en font partie que T'ownson n’a pas encore eu occasion d'examiner. La manière dont elle s'opère, diffère essentiellement de celle qui a lieu dans les grenouilles et les salamandres; car dans ces dernières l'air s’introduit dans les poumons par les muscles de ia gorge, laquelle agit comme un souflet ; tandis que dans les tortues la respiration s'opère par les poumons mêmes, qui suivent le mouvement de leurs parlies contenantes, et elles ne dif- fèrent à cet égard des animaux qui ont un thorax proprement dit, que par la forme et la situation des parties. Lrs poumons des reptiles sont flottans avec les autres viscères; ils ont leurs cellules beaucoup plus amples que ceux des ani- maux à sang chaud, et ils ressemblent en quelque sorte à des sacs alongés, très-dila- tables dans quelques espèces, sur-tout dans le caméléon. Dans cet animal, selon Per- rault, il n’y à point de diaphragme ,«ce INTRODUCTION. 155 qui lui est commun avec tous les autres reptiles; mais les poumons sont membra- neux, transparens et doubles. En souflant avec force de l’air dans la trachée -artère, les poumons s’enfient considérablement, et sont munis alors en dessus de plusieurs lobes de diverses grandeurs; quelques-uns, aussi longs que le doigt, ont d’autres petits lobes. Tous ces lobes, ainsi gonflés, ressemblent à des vessies de carpe arrondies à leur bout, suivant l’observation de Swammerdam. Outre ces deux grandes masses de vessies pulmonaires, qui représentent le poumon droit et le gauche, on voit encore une vessie unique, qui paroit tenir lieu du petit lobe qui existe dans plusieurs animaux. Quoique ces poumons soient fort délicats, ils sont néanmoins fortiñés par des fibres disposées sur leur surface en manière de réseau. Lors- qu’on cesse de soufler dans la trachée-arière, les poumons s’affaissent et se rétrécissent. C’est sans doute à cette faculté de gonfler ses poumons qu'il faul avoir recours, pour ex- pliquer cette autre faculté que le caméléon possède, de pouvoir gonfler toutes les parties de son corps au point de paroître re fois transparent. La trachée-artére des serpens a son ouver- 1276 INTRODUCTION: À ture ovale, et est d’abord composée de pilu* sieurs anneaux carlilagineux joints les uns aux autres : elle se dirige dans le côté droit, où elle rencontre le poumon; alors elle n’a plus que des demi-anneaux renversés, qui sont joints des deux côtés à des membranes dépendantes du poumon; puis à l'endroit où ses demi-anneaux finissent, la trachée s’'unit à une membrane qui attire et reçoit l'air jusqu'au commencement des intestins, où elle forme une sorte de poche ronde. Le poumon des serpens est placé à droite et s’'unit avec la trachée-artère à l'endroit où les anneaux entiers de celle-ci finissent : il a une forme en quelque sorte réticulaire, n’a aucun lobe, est d’une substance mince, assez transparente, un peu ridée et d’un rouge vif : il est environ sept à huit fois plus long que large, dans la plupart des serpens; et il est beaucoup plus long dans ceux qui ont le corps étroit et très-long. Quoiqu'on ne irouve dans les serpens aucun diaphragme proprement dit, on pourroit néanmoins croire, selon Charras, qu’il est remplacé par cette tunique déliée qui dépend de la tra- chée-artère et du poumoï, et qui descend vers les intestins où elle forme cette poche indiquée ci-dessus. | La INTRODUCTION. 77 » Ja circulation dans les reptiles peut être regardée comme indépendante de leur respi- ration, puisque leurs poumons ne reçoivent qu'un très-pelit rameau artériel, ainsi que mous le verrons bientôt en examinant la circulation: Il n’est donc pas étonnant que ces animaux puissent vivre long-tems dans des lieux privés d'air et sans respirer. … C’est donc à cette première cause qu'il faut avoir recours pour expliquer pourquoi les tortues et les autres reptiles peuvent vivre quelque tems dans le vuide et sans respirer ; tandis que l’homme et tous les autres animaux vertébrés à sang chaud ont besoin de respirer continuellement. Mais il -Y a encore une seconde cause qui a été d'abord indiquée par Méry, et qui vient à Vappui de la précédente; c’est que les pou- mons des reptiles sont comme de grands réservoirs qui contiennent beaucoup d'air, et qui ne s’en vuident que très-dificilement lorsqu'ils en sont une fois remplis, parce qu'ils sont peu susceptibles de s’affaisser par Vexpiration. Au contraire, dans l’homme et les autres animaux vertébrés à sang chaud, les poumons sont à proportion plus petits, s’affaissent et se gonflent alternativement à chaque seconde , et ils sont composés de Reptiles. Tome I, M r, 178 INTRODUCTION. petites vésicules qui se vuident très-aisément et qui ont besoin d’être continuer remplies. | tx Boyle renferma une vipére Hi un réci- pient de moyenne grandeur , en 1670: et. il fit le vuide avec un grand soin : la vipère. alloit de bas en haut, comme pour cher-. cher l'air; peu d’instans après elle jeta par la bouche un peu d’écume qui s’attacha aux parois du verre, son corps enfla peu et le cou encore moins, pendant qu'on pompoit Vair et quelques momens äprès : mais en- suite le corps et le cou se gonflèrent prodi- gieusement, et il parut sur Îe dos une espèce de vessie. Une heure et demie après on eut encore des signes de vie; mais on n’en remar- qua plus après. L'enflure s'étendoit jusqu'au cou, mais elle n’étoit pas fort sensible à la mâchoire inférieure. Le cou et une grande partie du gosier étant tenus entre loeil et la lumière d’une chandelle, paroissoient assez transparens dans les endroits qui m’étoient point obscurcis par les écailles. Les mâ- choires demeurèrent fort ouvertes et un peu tordues ; l’épiglotte et la fente du larynx qui restèrent aussi ouvertes, alloient presque jusqu'à l'extrémité de la mâchoire infé- rieure; la langue sortoit, pour ainsi dire, INTRODUCTION. 17 de dessous l’epiglotte ; et s'étendoit au delà; elle étoit noire et sans mouvement ; le de- dans de la bouche étoit aussi noirâtre. Au bout de vingt -trois heures, Boyle ayant laissé entrer l’air dans le récipient, il ob- serva que la vipère ferma la bouche. à l'ins- tant , qu'elle la rouvrit bientôt après, et demeura ensuite en cet état. Lorsqu'on lui pinçoit. ou qu'on lui brüloit la queue , on découvroit dans l'animal des mouvemens qui indiquoient un reste de vie. Boyle placa aussi sous un récipient por- tatifavec une jauge, une couleuvre ordinaire non venimeuse ; pus il fit le vuide , et placça ensuite le récipient dans un endroit tran- quille. Au bout de onze à douze heures la couleuvre lui parut morte ; mais, ayant mis le récipient au près du feu, à une distance convenable , l’animal donna des sigies de vie et darda méme sa langue fourchue : le lendemain matin Boyle trouva l'animal mort avec sa bouche très-ouverte, comme si les : mâchoires eussent été ecartées avec violence. Dans le courant du mois de septembre de la même année, Boyle mit une petiie grenouille dans un récipient portatif et fort petit, et l’on pompa l'air : la grenouille étoit assez vive au commencement: mais, | M 2 "A ; D 180 INTRODUCTION. quand on eut pompé une quantité consie dérable d’air, elle parut fort incommodée, | car elle s'élançoit en haut ‘comme pour s'échapper de sa prison ; cependant, lorsque lopération fut finie , la grenouille étoit encore ‘bien vivante , et elle continua de % LL A paroître telle près d’une heure, quoiïqu’elle eut l'abdomen fort enflé ; le thorax létoit aussi un peu, et il avoit perdu ce mouvé- ment ou battement qu’on regarde comme une preuve de la respiration des grenouilles. Environ trois heures et un quart après que le récipient eut été séparé de la machine pneumatique, on y fit rentrer l'air, et alors labdomen de la grenouille s’affaissa telle- ment, qu'a la place de l’enflure il y eut une cavité considérable : 1l s’en fit aussi une proportionnée dans le thorax ; et ces cavi- tés subsistèrent, parce que la grenouille avoit perdu la vie. Boyle a fait d’autres expériencés sem- blables sur des grenouilles , et les résultats ont toujours été à. peu près les mêmes ,« mais cependant avec quelques modifications" dépendanies seulement de la force et de l’âge de la grenouille, ou bien de la tempé= raiure de l'air atmosphérique (2). CS. ) Boyle, ER pin trans. 1670 ,n° 62, art. r. AA ENTRODUCTION. 18: à Les reptiles sont , comme les autres ani- maux vertébrés, pourvus de poumons; ils ont une trachée-artère et un larynx suscep- tibles de produire une voix. Leur glotie est placée au haut de la trachée à la base de la langue , comme dans l’homme et les gnadrupedes vivipares ; mais ils n’ont ie d'épiglotte à leur larynx. Il est constant que les tortues marines ef terrestres peuvent, lorsqu'elles sont affectées par quelque vive passion, faire entendre un siflement plus ou moins fort, ou même des gémissemens. Pinsieurs voyageurs anciens et modernes ont aussi prétendu que les Lor- lues captives et renversées sur le dos jettent des cris un peu aigus en se débatiant; et Pline a écrit, dans son ouvrage sur l’histoire naturelle , qu'on a plusieurs fois entendu ronfler des tortues endormies et flottantes sur les eaux: mais cette dernière observa- tion me paroît douteuse, et mérite d’être confirmée. Rondelet a nourri pendant quel- que tems chez lui, en Languedoc , une tortue caouane , qui faisoit quelquefois en- tendre un petit son confus, où même de légers soupirs. M Selon le voyageur Bartram , les croco- diles jettent d’effroyables rugissemens. Le M. 3 188 INTRODUCTION! son en est terrible, sur-tout au printems; qué est le tems où ces dangereux reptiles sac couplent : il ressemble au bruit du tonnerre entendu dans le lointain : il ébranle et fait retentir au loin toute la contrée. Lorsque : les crocodiles rugissent ainsi par centaines, par milliers à Ja fois , on seroit tenté de croire , dit Bartram, que quelque secousse violente agite le globe et lébranle jusques dans ses fondemens. Bartram assure aussi que lorsqu'ils frappent leurs mâchoires Fune contre l’autre, elies font un brüit surpre- nant, assez semblable à celui d’une lourde planche , dont on frapperoit la terre avec violence ; ce bruit s'entend à une grande distance. | Quelques autres sauriens sont aussi ca- pables de faire entendre des sons; les grands isuanes sur-tout font entendre, sur le som- met des arbres élevés où ils courent, des siflemens aigus, qu'ils peuvent encore aug- menter en chassant avec force l'air ren- fermé dans leur goître. Plusieurs serpens jettent aussi quelquefois des siflemens, qui sont beaucoup plus sonores dans les grandes espèces. Mais il ne faut pas regarder comme une voix le bruit du serpent à sonnette: cet animal venimeux et presque muet; INTRODUCTION. 185 produit un bruit assez singulier avec plu- sieurs anneaux cornés et mobiles, qui sont placés au bout de sa queue , ainsi que je lai déjà dit vers le commencement de ce volume. Les batraciens proprement dits, c'est à dire , ceux qui sont privés de queue lors- qu'ils sont à l’état parfait, font entendre un cri particulier très-sonore qu’on appelle avec raison un croassement. Rondelet, dans son Histoire des animaux des marais, nous ap- prend que les grenouilles ont deux cris différens : l’un est le croassement que l’on entend lors des tems de pluie, et dans les jours chauds aux heures où lardeur du soleil ne se fait pas sentir; l’autre cri est nominé ololo par les lalins d’après les grecs, parce que la prononciation de ce mot imite le cri dont il s’agit : comme il est propre aux mâles, les anciens les ont appelés o/oly« zontes. C’est au printems qu’ils crient ainsi, en cherchant leurs femelles pour s’'accoupler. Linnæus et quelques naturalistes plus mo- dernes ont prétendu que la grenouille rousse d'Europe est muette : cela est vrai.lors- qu'elle est hors de l’eau ; mais je puis cer- ter qu'elle jette au printems quelques cris étouflés en se tenant au fond de l’eau; j'ai observé ce fait plusieurs fois. M 4 “ ee. 184 INTRODUCTION. J'ai aussi observé que les salamandress" sur-tout la palmipède, font entendre quel quefois hors de l’eau deux voix différentes'et très-foibles. La première est un bruit sourd, formé en dedans de leur gosier qu'elles gonflent pour produire cet effet. La seconde voix consiste dans un léger clappement des deux lèvres l’une sur V'autre:, et sans aucun gonflement de la gorge. Tous les reptiles ont non leur sang rouge et froid, mais de plus il est moins abondant chez eux; c’est au moins ce que le voyageur Hasselquist, disciple de Linnæus ; a observé en 1751 pendant son séjour au Caire , sur un crocodile du Nil. En dissé- quant cet animal, il remarqua que toutes les veines et les artères ne contenoiïent que peu de sang, comme dans les autres amphi- bies (1). Le sang des reptiles contient atissi beaucoup de bulles d'air, ainsi que Rédi et Pérrault Font successivement observé dans les tortues, Olaüs Jacobæus dans les*serpens, et moi-même dans le lézard gris, Les gre- oùilles et les salamandres.' ( po anatomistes ont cru péndant très- PA mers (1) Hasselquist, Voyage dans le Levant et en 1 Pa- lestine, in-12. 3 1 ENEROD'UCTION: 185 long-tems que le cœur de tous les reptiles sans exception étoit composé d’un seul ven- tricule et d’une oreillette. Linnæus, Gmelin et Daubenton même l’ont successivement prétendu ;cependant Méry, dès 1763, avoit prouvé par des observations nombreuses in- sérées dans les Mémoires de l’académie des sciences de Paris, que dans les tortues ter- restres et marines le cœur est réellement composé de deux oreillettes et. d’un ven- tricule, séparé en deux grandes parties par une cloison charnue qui a vers la base du cœur une ouverture ovale , eë qui en outre est percée d'un grand nombre de petits trous par lesquels ces deux ventricules commu niquent ensemble. Il résulte du rapport qui fut fait alors sur les observations de Méry relativement à la structure -du cœur des tortues : … 19. Que le cœur des tortues terrestres représente une demi-sphère un peu aplatie; tandis que celui des tortues marines res- semble à un cône. | 2°, Que dans le cœur des tortues terrestres ny à ni grand , ni petit réservoir dans les veines qui aboutissent à leurs oreillettes ; que les deux veines pulmonaires ne font pas de tronc commun, parce qu’elles abour- Rr 186 JNNP RO D UC TION: tissent chacune à loreïllette gauche , en se joignant l’une à l’autre par le côté à l'endroit de leur aboutissement , et que ces veines; étant vues extérieurement , paroissent plus étroites à l'endroit de leur réunion que par- tout ailleurs ; que c’est aussi la même chose à l'égard des deux veines caves qui abou- üssent dans Fautre oreillette. 5°. Que la cloison qui séparoiïit en deux le ventricule , ainsi qu'il a été dit précisé- ment , étoit moitié charnue et moitié mem braneuse , et n’avoit pas une demi -ligne d'épaisseur. La partie membraneuse de cette cloison , faite en forme de demi-lune , tom- boit perpendiculairement sur la base du cœur et le divisoit en deux parties. À cette partie membraneuse étoient attachées et suspendues deux valvules faites en forme de croissant , lesquelles , étant abaïssées l’une dans le ventricule droit, et l’autre dans le gauche, ne fermoient qu’en partie le trou ovale qui servoit de communication aux deux ventricules. En cet état les valvules formoient entre elles une cavité ; étant rele- vées, elles se trouvoient paralièles à la base du cœur ; mais, à cause de leur forme de croissant , elles ne fermoient qu'environ la moitié de l'ouverture qui sert de commum- INTRODUCTION. 187 cation entre les oreillettes et les ventricules, de sorte qu’elles ne pouvoient empêcher qu'en partie le sang-de passer par cette ou- verbure. La valvule du ventricule droit étoit unique ; mais celle du gauche éloit accom- pagnée de deux autres beaucoup plus petites et non mobiles , attachées à des colonnes charnues qui les fixoient intérieurement aux parois du ventricule gauche. 4°. Que l'air souflé dans le cœur , soit par les veines , soit par les artères , remplit et énfle ses ventricules, ses deux oreillettes et lous ses vaisseaux. | 5°, Que destrois troncs d’artères qui sortent des ventricules du cœur, il y en a un qui, aprés avoir produit lartère cœliaque et la mésentérique, finit en sabouchant à la branche postérieure de laorte. | 6°. Qu'il n’y a que deux valvules sigmoïdes à l'embouchure de chaque tronc d’artère. 7°. Que dans la tortue terrestre , la surface intérieure des veines qui rapportent le sang dans les oreillettes du cœur, est fort lisse et polie ; qu'il en est de même des veines pul- monaires dans ja tortue marine ; qu’au cou- traire dans celle-ci les veines caves et les axillaires sont garnies de fibres charnues qui forment dans les axiliaires une espèce de 188 IN/T RO D UC FLON. tresse dont on voit quelque vestige dans lé concours des deux veines caves... 8°: Que dans le cœur de la tortue marine, outre le ventricule droit et le gauche ,ily en a encore un troisième au milieu sous le ventricule droit. a 9°, Que du cœur des tortues partent trois troncs d’artères ; que du ventricule gauche du cœur des tortues il ne sort aucun de ces trois troncs ; que dans la tortue de mer le ventricule droit donne naissance à deux de ces troncs qui font l’office de laorle et du canal artériel de communication , placé dans le fœtus entre laorte descendante et l'artère du poumon; mais qu'il ne sort aucune ar- tére au ventricule droit du cœur de la toriue terrestre , et que dans celle-ci les deux pre- nyers troncs tient leur origme de la cavité qui communiquent immédiatement avec le ventricule droit ; que dans la tortue de mer Fartère pulmonaire sort de cette même ca- vité , tandis que dans la terrestre l'artère _ pulmonaire part du ventricule qui commu- nique avec celui d’où sortent l'aorte et le _ canal de communication. | 102. Qu'au haut du détroit du veniricule droit à ia cavité d’où partent l'aorte et l'artère e communication , il y a dans la tortue LS INTRODUCTION: 189 #érrestre une valvule faite en forme de éroissant , et qu'il n’y en a point dans celle de mer. ; - 1410, Que dans les tortues il n’y a qu'une valvule à l’entrée du ventricule droit, et trois à J’entrée du gauche. 120, Qu'à lembouchure de loreillette droite avec les veines caves, il y a deux valvules dans ces deux espèces de tortues; qu'il n’y en a aucune à embouchure de Fo- reillette gauche avec les veines pulmonaires. *. 130. Enfin, qu’à l'embouchure de chacun des trois troncs d’artère du cœur des tortues, il w'y a que deux valvules. Cette découverte des deux oreillettes dans le cœur des tortues a donc été faite dès 1705, par Méry. Perrault a aussi observé que dans le caméléon le cœur est assez petit, comme tronqué à sa pointe , et muni de deux oreil- lettes fort grandes, sur-tout la gauche ; tandis que dans la tort ue de Coromandel, c’est au contraire la droite qui est la plus grande. Cet auteur nous a laissé, sur le cœur de cette tortue, des détails assez conformes à. ceux découverts par Méry ; mais il a de plus ‘expliqué , d’üne manière assez satisfaisante , comment se fait la circulation dans le cœur “de la tortue. Voici comment il explique cela: 100 INTRODUCTION. Le veniricule droit et le gauche reçoivent. le sang des deux troncs de la veine cave et: des deux veines pulmonaires , parce que ces veines, se déchargeant dans chaque veine axillaire , mêlent le sang du poumon avec celui de la veine cave pour le porter dans: _ le veniricule droit duquel sort Faorte Le ventricule antérieur , où le petit, n’a pas! d'autre vaisseau que l'artère pulmonaire ; et cette artere , amsi que l'aorte , a trois val- vules sismoides , qui empechent que le sans qui est sorti du cœur w’y rentre , lorsque les ventricules viennent à se dilater pour recevoir le sang des veines cave et pulmo- naire. L’aorte, en sortant du ventricule droit, se partageoit en deux branches qui for- moient deux crosses, lesquelles, avant d’être entièrement tournées en en bas, produisoient les axiliaires et les carotides. Ensuite la crosse gauche descendant le long des veitèbrestjetoit trois branches : la première de ces branches se distribue dans toutes les parties du ven- tricule ; la seconde va au foie , au pancréas, au duodenum et à la rate ; la troisième fournit des rameaux à tous les intestins. La crosse gauche s’unit ensuite avec la branche de la crosse droite , et ne forment toutes deux qu'un tronc qui desceud le long du INTRODUCTION. 191 corps des vertèbres, et donne des rameaux à toutes les parties du bas-ventre. . Cuvier et Alexandre Brongniart ont ré- cemment confirmé l'existence des deux oreil- lettes dans le cœur des tortues et des lé- gards; le premier dans ses leçons d'anatomie comparée , et le second dans son travail sur la classification des reptiles : ils ont même divisé, d’après cette considération, les rep- tiles en deux ordres, savoir : 1° les reptiles qui ont deux oreilleltes au cœur, tels sont les tortues et les lézards ; 2° les reptiles qui ont une seule oreillette au cœur, tels sont les serpens, les rainettes , les grenouilles, les crapauds , les salamandres et la sirène. D’après cette nouvelle division il est donc reconnu que les sauriens, ou lézards, ont comme les tortues, deux oreillettes au cœur; et en examinant avec soin leurs différens organes de circulation, on reconnoit qu'ils sont presqu'entièrement conformes à ceux des tortues. Les ophidiens n’ont, selon eux, qu'un ventricule et qu'une seule oreillette: quoique Charras ait regardé ce ventricule, au moins dans la vipère, comme séparé en deux par une cloison perforée, de même que dans les tortues. … Selon cet anatomiste, le cœur de la vipère D IN UT 4 Pat # LS De Le € RE ni: # 132 INTRODUCTION. | est situé à quatre ou cinq pouces environ au dessous du -ommencement du poumon ;. il est alongé , charnu, de la grosseur d’une petite fève , environné d’un péricarde assez épais et rempli d’une eau claire. Ce cœur a, selon Charras, deux ventricules , Fun droit et l’autre gauche, ainsi que deux ou- vertures. Le sang qui vient de la veine cave entre dans le ventricule droit, puis, se. jetant dans le gauche, en sort par Faorte, qui se divise d’abord en deux gros rameaux dont l'un monte vers les parties supérieures, et l’autre , passant au dessous de loœsophage et prenant son chemin en biais, se divisé dans la suite en plusieurs rameaux, qui se répandent et sont portés à toutes les parties, inférieures du corps. Cette observation de Charras sur l’exis- tence de deux veniricules dans le cœur de la vipère, est évidemment fausse ; elle a été. détruite par Blasius dans son Anatome ani- malium (1}, et par plusieurs autres anato- mistes modernes. | (1) Cor serpentum exiguum hic valde , singularis omnind figuræ , pollicis transversi lonsitudinem ha- bens , digiti minimi latitudinem. Unicus ipsi tantur ventriculus , qui omnem sanguinem ex auricula addita Svammerdan INTRODUCTION. 193 Swammerdam est, de tous les auteurs connus , celui qui a le mieux décrit jusqu’à présent la manière dont le sang circule dans la grenouille , et les vaisseaux principaux dans lesquels a lieu cette opération. Voici comment il s'exprime : « Le cœur «a (pl. 1x, fig. 2) est placé dans la cavilé de la poi- trine qui est fort étroite; loreillette à tient à la partie supérieure du cœur, et ce cœur, comme celui des poissons, n’a qu’un seul ventricule d’où sort aussi une seule artère fort musculeuse et assez dilatée à son ori- | gine ; cette artère se divise bientôt en deux mois sat magnæ accipié per venam notabilem satis, eundemque eidem reddit pér arleriam non mini: insig- nem , exindè ulteris promovendum. Carneæ satis subs- tantiæ est, validèque admovendum movetur, etiam di poséquam capite privalus es serpens , imÔ eliam extr& corpus detentum ad aliquoË tempus motfu notabili sau- det à partibus omnibus quamvis separitum. [n hujus corpore adhuc detenti motu evidentissimè notare licet ; guoties laxatur longitsque evadit , toties sanguinem 8% eo ad partes adsitas ablesari, contrà ac in aliis aninra- Lbus duplici sentriculo cordis præditis observamus. Vena atque arteria quas in auricula cordis reper:ri modo docuimus levi quoduin sepimento distinguuntur, <0 loco ubi auriculæ üniuintur, quôd facile videre licet ubi ventriculus cordis cum auricula dissecantur. Bla- sinus, Anatome anintalium , pag. 332. Reptiles. Tone I. N h94 INTRODUCTION. branches qui s'étendent, l’une c dans la région droite de la poitrine, et autre d dans la région gauche ; assez près de cette pre- mière division, chacune de ces deux artères qui sont analogues aux sous-clavières, forme encore trois ramifications principales, dont la première de chaque côté, qui est la plus petite ee, va dans les poumons ; c’est pour- quoi je nomme ces deux-ci artères pulmo- naires, et Je les regarde comme analogues à celles qu'on appelle branchiales dans homme et les grands animaux. Ces deux artères, en approchant des poumons, se par- tagent encore chacune en trois branches ; elles se distribuent sur la surface interne de la tunique du poumon où elles forment une espèce de réseau el communiquent entre elles par diverses anastomoses ; enfin, elles jettent encore des ramifications irès-délices qui, s'enfonçant dans les vésicules internes et irrégulières des poumons , où passe la veine pulmonaire, font avec cette veine une anastomose assez remarquable et qu'on peut voir même à l’œil simple, si Fon remplit de vif-argeut ces artères et ces veines. Il part encore des artères pulmonaires deux petits rameaux /f f qui se recourbent pour remon- ter aux parties de la bouche. INTRODUCTION. 195 » La seconde paire des rameaux qui sortent du double tronc de la grande artère, est remarquable en ce que chacun de ces” rameaux forme un nœud, ou une dilata- tion considérable gg, qui est d’un gris noir dans la grenouille vivante; après cetle dila- talion chacune de ces deux artères s’étrécit de nouveau et semble n’avoir plus qu’à se rendre, avec les ramifications qu’elle pro- duit, aux muscles de la bouche et à ceux qui servent à la respiration; mais un peu plus haut elles forment encore chacune une dilatation semblable à la première; je crois que ces deux artères répondent à celles qui portent le sang aux branchies du tétard, et ce fait mérite d’être vérifié par de nou- velles observations. » La troisième paire des rameaux prin- cipaux de la grande artère est la plus con- sidérable, car ces rameaux vont former le tronc de la grande artère dans la région des lombes en s’anastomosant ensemble :; ils partent du double tronc de la grande artère, et se recourbent en arc en passant sous les poumons À À : après avoir jeté quelques ramifications , ils donnent les artères axil- laires z : qui naissent de leur côté extérieur: un peu plus bas, au dessous du cœur, ils N 2 19 INTRODUCTION. donnent encore les artères carotides £ Æ ; lesquelles montent vers la tête et pénètrent dans ses os ; enfin , les artères vertébrales Z: partent de ces mêmes rameaux qui, se réu- nissant ensuite et s’anastomosant très-visi- . blement, forment le tronc simple de artère lombaire d’où part lartère cœliaque, dont l’origine est très-remarquable, et qui pro- duit ensuite la mésentérique m : enfin, plu- sieurs autres artères, savoir, les lombaires nn, celles qui vont aux testicules, à l’ovaire oo,et aux reins p, tirent encore leur origine de ce même tronc qui, se divisant enfin lui- même, forme les iliaques g g. . » Le sang est poussé dans toutes ces artères du centre, qui est le cœur, à la circonfé- rence, et revient par les veines de la cir-. conférence au centre ; ce mouvement de circulation est manifeste dans la grenouille : les poumons de cet animal ne recoivent qu'une petite quantité de sang, qui circule : de la même manière que dans les muscles : et dans tous les autres viscères, et c’est en quoi la grenouille diffère des quadrupèdes : ainsi que des poissons, dont tout le sang passe par les poumons ou par les ouïes ; car, dans. la grenouille , les troncs supérieurs de la. yéine cave qui s’abouchent dans loreillette + INTRODUCTION. 197 du cœur , et qui sont sous les deux troncs de la grande artère , ne rapportent point le sang des poumons , mais celui des veines supérieures , de quelques autres veines de la région des îles, et qui sont situées immé- diatement sous la peau ; enfin, celui qui a servi à la nutrition des poumons, et qui est en petite quantité. Le sang des veines infé- rieures ne se porte pas non plus aux pou- mons, mais la veine porte et la veine cave le versent immédiatement dans l'oreillette du cœur ; en sorte qu'en soufflant une seule veine de la grenouille , on peut faire enfler à la fois toutes les veines et toutes les artères. . » La distribution des veines diffère consi- dérablement de celle des artères ; car les deux troncs de la veine cave a a (pl. 1x, fig. 3) qui sortent de la partie supérieure de loreil- lette , à l’endroit d’où naissent les deux troncs artériels à , jettent de leur face infé- rieure deux veines pulmonaires c c qui sont doubles des artères correspondantes ; ces veines se distribuent dans la cavité du pou- mon, et principalement sur les bords des vésicules pulmonaires irrégulières, d’où elles envoient des ramifications capillaires à toutes les cellules : la veine artérielle manque donc aux poumons de la grenouille; aussi la masse N 5 199 INTRODUCTION. du sang ne passe-l-elle pas en enlier*par ses poumons comme dans les quadrupèdes. Les deux troncs supérieurs de la veine cave sont sur les artères qui leur correspondent , et se divisent comme ces artères en diverses rami- fications, dont les unes d d vont se distribuer dans les différentes parties de la bouche, les autres e e se recourbent pour aller à la tête, et envoient quelques rameaux f faux mus- cles des jambes de la première paire ; les veines axililaires g £g naissent des mêmes troncs , et envoient deux pelits rameaux remarquables À À dans la région des îles où ils se distribuent entre les muscles de lab- domen et de la peau ; de là ils se fléchissent vers la poitrine où ils se dilatent considéra- blement , et s’'anastomosent avec les pelites veines qui se trouvent en cet endroit. » Le tronc inférieur de la veiné cave à qui sort de la pointe du cœur, est simple à son origine, puis il se divise en trois ra- meaux qui se distribuent dans le foie # &;, un peu plus bas la veine mésentérique / sort du foie , et au dessous de la veine mésenté-. rique le tronc inférieur de la veine cave se partage en un grand nombre de ramifications en arrivant aux reins "2 ; puis, formant à la sortie des reins deux rameaux, il produit les INTRODUCTION. 109 veines iliaques 2 z d’où naît l’'épigastrique o a qui remonte vers le foie en suivant les mus- cles droits de l'abdomen. Si l’on coupe cette veine près du foie, et en même tems les tégumens de l'abdomen , et qu'on renverse ensuite le tout sur les jambes de derrière , ‘on peut en soufflant cette veine, faire enfler toutes celles du corps, et rendre visibles celles qui se distribuent dans les reins, dans le foie et dans tous les viscères (1).» Parmi les animaux il n’en est aucuns, après les insectes, qui recherchent plus la chaleur que les reptiles, et auxquels elle soit aussi plus nécessaire : en effet, lorsqu'ils sont ex- posés à la chaleur du soleil , ils ont une plus grande sensibilité ; ils ont même d'autant plus de vivacité, d’agilité et de souplesse, que lardeur de cet astre est plus brülante. Le froid produit un effet contraire sur ces ani- maux ; il les engourdit et pourroit les faire périr , s'ils ne se garantissoient pas de ses rigueurs ; aussi dans les climats tempérés , dès que lhyver approche , chaque reptile cherche une retraite , un abri : les uns se tapissent dans les crevasses des murs ; d’au- tres se cachent au milieu des pierres, dans (1) Swammerd, Biblia naturæ, de circul. ranarum, N 4 200 INTRODUCTION. les fentes des arbres, ou dans les vieux troncs ; ceux-ci cherchent leur salut dans les cavernes des montagnes , dans les lieux sou- terrains ; d’autres conseivent leur vie dans les fumiers où, malgre les froids rigoureux de l’hyver, ils éprouvent une douce chaleur: mais le fond des eaux, l’intérieur de la terre sont les retraites l°s plus sûres pour la plu- part des serpens et des quadrupèdes ovipares; et quoique ces animaux soient suffisamment garantis du froid dans tous ces asyles pour y conserver leur vie , ils sont cependant très- incommodés par sa rigueur, puisqu'ils y sont saisis par un engourdissement léthargique pendant toute la durée de Fhyver. Buffon est ie premier naturaliste qui se soit sérieusement occupé à rechercher quelle peut étre la cause de l’engourdissement des ammaux , et principalement des loirs , des herissons , des marmottes , des chauve- souris et des hirondelles , et 1l a reconnu avec raison que ces amimaux perdent leurs forces, cessent d'agir et paroissent morts dès qu'ils éprouvent un certain dégré de froid ; tandis que l’homine et les autres quadru- pèdes vivipares, ainsi que les autres oiseaux; conservent leur force et leur vivacité, même quand le froid est beaucoup plus fort. Mais, INTRODUCTION. 201 lorsque ce célèbre écrivain a voulu expliquer ce fait, en prélendant que les animaux qui hyvernent ont eux seuls le sang froid , il a commis une erreur que Fialler et ensuite Spallanzani ont victorieusement combattue en prouvant le contraire par des faits. Ce dernier observateur a enisuite reconnu, par les expériences suivantes , que l’engour- dissement léthargique. n’est pas l'effet im- médiat du refroidissement du sang. Pour parvenir à la découverte de ce point de physiologie , il faut d’abord considérer un ammal qui commence à s’engourdir ; voir qu’à. mesure que son engourdissement. a lieu , le froid agit sur lui non seulement -à l'extérieur , mais aussi dans l’intérieur ; et Von ne peut douter alors que le froid se soit également communiqué aux fluides et aux solides. Pour reconnoîire ensuite si engour- dissement de l’animal est-un effet du refroi- dissement du sang ou des solides, ou s’il est produit par le refroidissement des deux , il faut tâcher d'analyser ce fait. On peut donc penser que si entre les animaux qui s’engour- dissent il y en avoit quelqu'un qui conservât sa vivacité et sa force pendant un tems con- siderable après avoir été privé de son sang, _cet animal pourroit servir à éclaircir ce fait ; 202 INTRODUCTION. car, en lui faisant éprouver le dégré de froid auquel 1l a coutume de s’engourdir, ou il ne s’engourdiroit plus quand il auroit perdu son sang , et alors il seroit démontré que le re- froidissement du sang est la seule cause de l'engourdissement de l'animal ; ou bien ïl s'engourdiroit sans être privé de son sang , et alors le refroidissement du sang ne pouvant être ja cause de cet engourdissement , il fau- droit l’attribuer au refroidissement dessolides ou du moins à l’action du froid sur eux. Cet animal se rencontre ainsi formé dans la Nature; il y en a même plusieurs, tels sont les grenouilles, les rainettes, les crapauds et les salamandres. Spallanzani a observé, dans son livre sur les Phénomènes de la circulation , qu'après avoir fait sortir tout le sang du cœur ou de l'aorte de ces animaux, ilssautiiloient encore, plongeoient dans l’eau, nageoient et remplissoient en un mot pen- dant plusieurs heures toutes leurs fonctions. Pour découvrir la vérité, Spallanzani ense- velit dans la neige plusieurs grenouilles éga- lement vives, mais après en avoir privé avec soin quelques-unes de tout leur sang; au, bout de huit ou dix minutes 1l observa que celles qui avoient du sang et celles qu'il en avoit privées, éloient précisément dans le INTRODUCTION. 203 même état, c’est-à-dire, à moitié mortes: quinze minutes plus tard , elles parurent toutes également contractées par le froid, immobiles et presque gelées. Enfin au bout de quelques heures de séjour dans la neige, Spallanzani les transporta dans un lieu chaud, où peu à peu elles s’alongérent , ouvrirent les yeux, sautèrent et se mirent à fuir ; mais ce qui est le plus remarquable dans ce phé- nomène, c'est que cela eut également lieu dans tous les individus sans exception et dans le méme tems. À Non seulement notre observateur remar- qua les mêmes faits en répétant plusieurs fois de suite cette expérience sur les mêmes individus , mais de plus en la renouvelant dans les differentes saisons de l’année. Par suite de ces faits, Spallanzani conclut que la privation momentanée du sentiment et de la vie de ces animaux n’est point l'effet du refroidissement du sang, puisqu'elle a lieu lorsqu'ils sont dépourvus de ce fluide, et que par la même raison l’on ne sauroit l’atiribuer a une circulation interrompue , puisqu'ils peuvent vivre et sauter lorsqu'ils n’ont plus de sang. Il regarde donc cet engourdissement Kthargique comme uniquement produit par le froid violent qu'éprouvent les solides, 204 INTRODUCTION. fequel froid contracte leurs muscles, les roi- dit et interrompt leur irritabilité. Si donc le froid suspend l’irritabilité des animaux à sang froid , et si la cessation de cette force est, comme le prétend Spallanzani, la cause unique el immédiate du sommeil léthar- gique, le système établi par Buffon, et ré- pété par ses disciples ,ne peut plus être admis maintenant. Le dégré de froid qui engourdit les rep- iles dont nous faisons ici l’histoire, approche beaucoup de celui qui est nécessaire pour la congélation , ainsi que nous l'avons plusieurs fois observé ; tandis que l’engourdissement dans les animaux à sang chaud exige un très-srand dégré de froid, lequel paroît de- voir être plus fort, selon que leurs muscles sont moins irritables. Cependant il ne paroît pas que le froid soit absolument nécessaire pour produire l’engourdissement dans les reptiles, car le voyageur Shaw assure que la tortue terrestre qu’on trouve en Barbarie, s'y tient cachée pendant six mois; et il ne faut pas regarder cet exemple comme unique puisqu'on à reconnu que certains quadru- pèdes, qui hyvernent dans les pays froids, sont également sujels à la torpeur dans les régiohs les plus chaudes ; tel est entre autres - INTRODUCTION. 2oÿ Jle‘hérisson au Sénégal, suivant le témoignage du respectable Adanson. Il est prouvé , par les observations sui- vantes , que les animaux qui restent pendant plusieurs mois sous terre dans un état d’en- gourdissement et de jeûne absolu, perdent peu de leur substance par la transpiration. Le 16 octobre 1651, M. le chevalier Georges Ent pesa exactement une tortue terrestre , avant qu'elle ne se cachât sous terre. Son poids étoit de quatre livres trois onces et trois drachmes. Le 8 octobre 1652, ayant tiré la tortue de la terre où elle s’étoit en- fouie la veille , il trouva qu’elle pesoit quatre livres six onces et une drachme. Le 16 mars 1653, la tortue sortit d’elle - même de sa retraite : elle pesoit alors quatre livres quatre onces. Le 4 octobre 1653 , la tortue, qui avoit été quelques jours sans manger , fut retirée du trou où elle s’étoit enterrée ; son poids étoit de quatre livres cinq onces. Les yeux, qu’elle avoit eu long-tems fermés, étoient dans ce moment ouverts et fort hu- mides. Le 15 mars 1654, la tortue sortit de: son trou , et muse dans la balance, pesoit quatre livres quatre onces et deux drachmes. Le 6 octobre 1654, étant sur le point d’hy- verner , elle pesoit quatre livres neuf onces, 2066 INTRODUCTION. et trois drachmes. Le dernier jour de février 1655 , jour auquel la tortue avoit abandonné sa retraite , son poids étoit de quatre livres. sept onces et six drachmes. Ainsi elle avoit perdu de son ancien poids une once et cinq drachmes. Le 2 octobre 1655 , la tortue, avant de se retirer dans son trou pour y passer lhyver , pesoit quatre livres neuf onces ; elle avoit déjà passé un‘peu de tems sans prendre de nourriture. Le 25 mars 1656 , la tortue, au sortir de son trou , pesoit quatre Hvres sept onces et deux drachmes. Le 30 septembre 1656 , la tortue , sur le point de se retirer dans la terre, pesoit cinq livres deux onces et quatre drachmes. Enfin, le 5 mars 1657, la tortue, de retour sur l4 terre , pesoit quatre livres onze onces et deux drachmes et demie (1). L'amour est un sentiment qui appartient sans doule à tous les animaux ; maïs c’est plus particulièrement dans ceux à sang chaud que ce sentiment paroit agir avec plus de violence. En effet , si les passions doivent être plus vives dans les animaux dont le sang est sans cesse agité par un feu intérieur, (1) Collection académique, tom. VIT, pages 120 et 121: INTRODUCTION. 207 dont les humeurs sont plus faciles à émou- voir , les mammifères et les oiseaux doivent: donc l’emporter beaucoup sur les repiiles, par la force de ce sentiment; cependant ces dermers n’en ressentent pas moins les atteintes. 1 S’il est vrai que ces animaux ont le sang toujours froid , et qu'ils restent pendaut plu- sieurs mois chaque année dans une torpeur presque comparable à la mort , il est esa- lement vrai que les moindres rayons du soleil suffisent pour les arracher de leur en- sourdissement , pour augmenter fa vitesse de leur circulation el de leurs mouvemens. On sait mème que, dès les premiers jours du priniems, les batraciens s’agitent dejà dans nos fonlaines et nos marais, qu'ils s’ac- couplent , pondent et fécondeni leurs œufs presque aussitôt; que, des le commencement des chaleurs , les tortues, les lézards et les serpens se recherchent avec ardeur et s’ac- couplent aussi. Les reptiles sont donc, pour ainsi dire, les premiers êtres, dans un climat tempéré, qui ressentent des le commencement de Pannée le besoin de s’unir , puisque dès le milieu de l’hyver on en trouve déjà quelques espèces accouplées au fond des eaux douces, 268 INTRODUCTION. avant la fin des gelées (1). Si l'amour est. prompt dans ses atteintes chez les reptiles, il est lent dans ses effets ; car ces animaux restent plusieurs jours accouplés avant de . pouvoir satisfaire leurs desirs et de remplir: le but auquel la Nature les appelle. L’accouplement n’a lieu dans tous les reptiles qu’une seule fois par an, et sa durée . varie depuis douze heures jusqu’à dix jours, selon l’espèce d'animal , et aussi selon le dégré plus ou moins grand de chaleur. Les sauriens s’accouplent en se crampo- nant l’un sur l’autre ; le mâle placé sur la femelle la force à diriger vers lui la partie postérieure de son corps, el il y a une fécon- dation intérieure. T’accouplement des. serpens diffère de =— (1) Le 15 février de l’anuée 1794, j'ai observé avec étonnement deux grenouilles rousses accoupliées en- semble , et exposées aux rayons du soleil à la surface : * d’un bassin près Beauvais : le thermomètre de Réau- mur, placé à l’ombre, étoit alors à 3 dégrés au dessusde zéro , mais il descenudit à 4 degrés au dessous de zéro pendant la nuit du même jour, el le bassin se couvrit d’ane glace épaisse de cinq lignes, qui ne se fondit que deux jours après. Je retrouvai ensuile mes grenouiiles au fond du bassin, et la femeile commença à pondre ses œufs vers midi. | #3 celui INTRODUCTION. 209 velui des sauriens , parce que le mâle et la femelle s’entortillent l’un autour de l'autre, se joignent étroitement par plusieurs con- tours , et restent ainsi accolés pendant une ou deux heures environ, Les sauriens et les serpens ont grand som de se cacher pour get 2 - Dans les grenouilles le ventre enfle aux deux sexes pendant l’accouplement , parce que les œufs de la femelle grossissent beau- coup , et qu'il se forme alors entre la chair et la peau du mâle une certaine liqueur très-limpide et plus transparente que. de Peau , qui se dissipe après la ponte. L'accouplement des grenouilles, des cra- pauds et des salamandres a toujours lieu de la manière suivante. Le mâle monte sur le dos de la femelle , passe ses jambes anté- rieures sous les aisselles de celle - ci , les alonge sous sa poitrine de manière à en croiser les doigts. Il la tient alors étroi- tement serrée sous lui jusqu’à ce que la ponte soit achevée ; mais il a soin , dans cette position , que la partie postérieure de son corps déborde un peu celle de la femelle, afin qu'il puisse aisément féconder les œufs à leur sortie. Il paroît qu’il n’en est pas de même pour l’accouplement des rainettes, au Reptiles. Tome I. O 20 INTRODUCTION. moins de celle d'Europe (Ayla viridis ÿ;w puisque le mâle, pour se cramponner surde dos de la femelle , applique seulement ses paites antérieures sous les aisselles de celle-ci. Il reste ainsi accouplé pendant douze ou quinze heures, quelquefois même pendant trois jours enviroû , selon Roesel. Lorsque je m’occupois en 1799 de répéter une partie des expériences de Roesel et de _ Spallanzani sur la génération des grenouilles rousses, j'ai observé un seul accouplement sans fécondation sur onze autres parfaits. Dans cette circonstance le mâle, après avoir agité presque sans cesse ses pieds postérieurs sur ceux de sa femelle , et après s'être efforcé de comiprimer violemment dans ses bras le ventre de celle-ci, troubla Peau où il étoit par une abondante émission de semence, puis il se sépara d'elle presque aussitôt. Un. jour après la séparation , la femelle com- mença sa ponte qui dura pendant dix-sept heures, puis elle mourut. Voici comment le professeur Lacépède a cru pouvoir indiquer d’une manière cer- taine les différences qui existent entre les animaux vivipares proprement dits , et les ‘’ovipares. &« On peut, dit-il, regarder à la rigueur tous les animaux comme venant INTRODUCTION. 211 d’un œuf ; et dès lors il sembleroit qu’on ne pourroit distinguer les vivipares d'avec les évipares que par la propriété de mettre au jours des petits tout formés, ou de pondre des œufs. Mais on doit admettre deux sortes d'œufs; dans la première, le fœtus est ren fermé dans une enveloppe que l’on nomme amnios , avec un peu de liqueur qui peut lui fournir le premier aliment; mais, comme cette liqueur est pas suffisante pour le nour- tir pendant son développement , Pœuf est lié par un cordon ombilical , ou par quel- qu'autre communication avec le corps de la mére, ou quelque corps étranger dont le fœtus tire sa nourriture : cét œuf, ne pou- vant pas suffire à l’accroissement, ni même à l'entretien dé l'animal , n’est donc qu'un œuf incomplet ; et tels sont ceux dans les- quels sont renfermés les fœtus de Fhomme ét des animaux à mamelles, qui ne peuvent pas être appelés ovipares, puisqu'ils ne pro- duisent pas d'œuf proprement dit. Les œufs de la seconde sorte sont au contraire ceux qui contiennent non seulement un peu de liqueur capable de substanter le fœtus dans les premiers momens de sa formation , mais encore toule la nourriture qui liu est nécessaire Jusqu'au moment où il brise, où . O 2 218 INTRODUCTION: déchire ses enveloppes pour venir à la lu mière. Ces derniers œufs sont pondus bien+ tôt après avoir été formés; ou bien, s'ils. demeurent dans le ventre de la mère, ils n'y adhèrent en aucune manière ; ils en sont entièrement indépendans ; ils n’en reçoivent que de la chaleur ; ils sont véritablement complets : ce sont des œufs proprement dits, et tels sont ceux des oiseaux, des poissons, des serpens et des quadrupèdes qui n’ont pas de mamelies. T ous ces animaux doivent être appelés ovipares , parce qu'ils viennent d'un véritable œuf ; et si, dans quelques espèces de l’ordre des poissons ou de celui des quadrupèdes sans mamelles , ou de celui des serpens , les œufs éclosent dans le ventre même de leur mère , d’où les petits sortent tout formés , ces œufs sont toujours parfaits et isolés ; les animaux qui en éclosent doivent être appelés ovipares ; et si on en nomme quelques-uns vipères ou vivipares ; pour les distinguer de ceux qui pondent, et dont l'incubation ne se fait pas dans le venire même de la mère, il ne faut point les consi- dérer comme des vivipares proprement dits ; car ce nom n’apparlient qu'aux animaux dont les œufs sont incomplets , et ne con- tiennent pas toute la nourriture nécessaire’ D INTRODUCTION: :ars au fœlus. On doit donc distinguer trois ma- mières dont les animaux viennent au jour : premièrement, ils peuvent sortir d’une enve- loppe à laquelle on peut, si l'on veut, donner le nom d'œuf, mais qui ne forme qu’un œuf imparfait , et nécessairement lié à un corps étranger ou avec le ventre de la mère; secondement , ils peuvent venir d’un œuf complet et isolé , éclos dans le ventre de la mère ; et troisièmement , ils peuvent sortir d'un œuf aussi isolé et complet, mais pondu plus ou moins de tems avant d’éclore. Ces deux dernières manièressont lesmêmes quant au fond ; elles diffèrent beaucoup de la pre- mière , mais elles ne différent l’une de l’autre que par les circonstances de lincubation ; dans la seconde , la chaleur intérieure du ventre de la mère développe le véritable œuf, tandis que dans la troisième la chaleur extérieure du corps de la mère , ou celle du soleil et de l’atimosphère le fait éclore. Les animaux qui viennent au jour de la seconde et de la troisième manière sont donc éga- lement ovipares (1) ». Je crois donc pouvoir désigner , d’après Lacépède, les animaux qui : (1) Lacépède , Hist. naturelle des serpens , tom. Ï, pag. 31. O 3 214 INTRODUCTION: se méltiplient de la première manière, par le nom de vivipares , tels sont les mammi- fêres ; ceux qui sont formés de la seconde par celui de vipères , tels sont les serpens- vipères, l’orvet et plusieurs poissons; je nom= merai enfin ovipares tous ceux qui pondent des œufs. ! Quelque fabuleuses que paroïssent , que soient même réellement les remarques insé- rées dans divers ouvräges périodiques an- ciens sur des poules vivipares , il paroït néanmoins qu'il est arrivé plusieurs fois que des reptiles évidemment ovipares ont quel- quefois produit leurs petits vivans à l'instar de la vipère. Le professeur Lacépède a cité les deux faits suivans. : Le 17 juillet 1783, feu de Sept-Fontaines, observateur aussi judicieux qu'exact, ouvrit un lézard gris femelle ( lacerta agilis ) avec un instrument tranchant, et à linstant il sortit de son corps sept jeunes lézards longs depuis onze jusqu’à treize lignes, entièrement formés, et qui coururent avec autant d’'a- gililé que les lézards adultes. La portée étoit de douze ; maïs cinq avoient été blessés par instrument de fer, et ne donnèrent que de légers signes de vie. Vers la fin du printems de 1787: dun INTRODUCTION. 215 Saint-Julien, bénédictin de la con grégation . de Cluri, trouva dans les ovaires d’une sala- mandre terrestre ( sa/amandra terrestris ) des tétards vivans , el munis de branches nata- toires ( 1) / / Charras, dans sa Description anatomique’ de la vipère , a donné les détails suivans sur les organes sexuels de ce reptile. &« Le mâle a deux testicules qui sont de forme longue, arrondie et un peu aplatie dans sa longueur ; ils vont aussi un peu en pointe vers les deux bouts ; leur couleur est blanche et leur sub- stance glanduieuse ; leur longueur est iné- gale , car le droit a plus d’un pouce de long, inais le gauche est plus court et un peu moindre en grosseur : l’un et l'autre ne sont pas plus gros que le tuyau d’une plume de l'aile d’un gros chapon. Leur situation est différente, car le droit commence proche et au dessous du fiel, au lieu que le gauche commence environ à huit lignes plus bas que le droit. Ils sont tous deux suspendus, en leur partie supérieure , par deux fortes membranes qui viennent du dessous du foie, ét sont d'ordinaire enveloppés de graisse. (1) Lacépède, Hitoir 0 marmaelle des scrpens » édit. in-12, tom. Il, pag. 531, 540 et suiv. O 4 216 I N'TR O DU C T I'OIN: » Du milieu de chacun de ces testicules vers leur côté interne, on voit sortir un petit corps long et menu, assez solide, et même un peu plus blane que la substance des tes- ticules, qui descend et qui leur est attaché _ tout le long jusqu'à leur bout inferièur ; on peut l’appeler épididyme. On voit au bout de chacun le commencement d’un petit vais- seau variqueux, qu’on peut nommer sper— matique , à cause de sa fonction ; il est un peu aplati, de couleur fort blanche et assez luisante , et il est ordinairement rempli de semence semblable à ün sue laiteux. Ce vais- seau est assez délicat, et il est replié dans tout son cours en forme de plusieurs $ jointes ensemble d’une facon fort agréable à voir; deïà 1l descend entre l'intestin et le rem, et suit l’uretère jusqu'à l'anus. Il est aussi accompagné de veines et d’artères d'un bout à l’autre, de même que les testicules, et il cesse d’être anfractueux avant darriver & Vanus. Chacun de ces deux vaisseaux sper- matiques vient se rendre à son propre: réser- voir de semence, dont il y en a deux qu’on peut nommer prostaies , Qui SON comme des, glandes blanches parfaitement semblables par la grosseur et la forme à des grains de char- don béuit. Ces glandes sont situées entre les "4 INTRODUCTION. 217 deux testicules et un peu au dessous ; elles sont toujours remplies d’un suc laiteux et tout semblable à celui des vaisseaux spermatiques que nous venons de décrire; et pour fournir à l’éjaculation, lors du coït, elles trans- mettent la semence qu’elles contiennent dans les canaux éjaculatoires. » Je puis dire là dessus , continue Charras, que ceux qui ont pris ces deux réservoirs de semence pour d’autres testicules, se sont fort trompés; la substance de ces deux ré- servoirs étant tout à fait différente des vrais testicules que nous avons décrits, et leur fonction étant de recevoir et non de former, nous ne les regardons que comme des pros- tates qui reçoivent peu à peu la semence spermatique que les testicules leur envoient, qu'ils réservent et qu'ils tiennent toute prête pour le tems du coït, et pour faire ce que . les vaisseaux spermatiques ne sauroïent exé- cuter aussitôt ni si bien, à cause de leur lon- sueur et de leur entortillement. . » Le mâle a deux parties naturelles toutes pareilles, qui, étant attachées , sont chacune de la longueur de la queue de l’animal ; leur naissance vient dé l’extrémité de la queue, sous laquelle elles sont situées en long l’une prés de l’autre; elles vont en grossissant de 238 INTRODUCTION. méme que la queue, au commencement de laquelle elles finissent, et elles ont leur issue auprès Fune de l’autre à Fentrée de l'anus: Chacune de ces parties de la verge est com posée de deux corps caverneux longs , Situés ensemble lun contre l’autre et qui se joi ignent vers leur bout en un même corps, qui est en- vironné de son prépuce, et qui a ses muscles érecteurs : ces parties sont garmies en dedans de plusieurs aiguillons blancs, durs, pointus et piquans qui y sont plantés, et qui ont leur pointe diversement tournée. On ne voit ces aguillons que lorsque le prépuce qui les re- couvre s’abaisse , et cela n’a lieu que lorsque Fanimal se dispose au coït. Ces parties natu- relles sont ordinairement cachées ; elles ne s'enflent et ne sortent au dehors que pour le coit, ou bien lorsqu'on presse avec force la région qu'elles occupent. Âlors on les voit sortir toutes deux également , chacune de ia grosseur d'un noyau de datte, mais un peu moins longues ; leur somniité est toute hé= rissée de ces aiguillons, qui se retirent et se cachent sous le prépuce lorsqu'on cesse de les presser. L'issue de ces deux parties est envi= ronnée d’un muscle fort et épais, auquel la peau est fortement attachée, en sorteiqu 7Ë est très-difficile de Fen séparer. Le même INTRODUCTION. 19 uscle sert aussi à ouvrir et à resserrer ‘anus. La vipère femelle a deux testicules, de ême que le mâle ; ils sont cependant plus ongs et plus gros, mais de la même forme. s sont situés à côté et près du fond des deux corps de la mairice, et le droit est plus haut que le gauche, de même qu'aux mâles ; leur substance et leur couleur sont ax:5s1 fort sem blables. Ils ont leur épididyme et leurs vais- seaux spermatiques, qui portent la semence dans les deux corps de la matrice, ét qui sont bien plus courts que ceux des mâles. Je dirai néanmoins que ces lesticules ne paroissent pas toujours tels dans toutes les femelles, sur-tout dans celles qui sont amaiïgries où par maladie, ou pour avoir long-tems jeüné, car leurs testicules s’accourcissent et se des- sèchent, de même que dans celles qui ont Jeurs ei déjà grands. . » La matrice commence par un corps assez épais, qui est composé de deux fortes tuniques, et qui, étant situé au dessus de Pintestin, a au même lieu son orifice qui est large et dilatable, pour recevoir en même tems les deux organes sexuels du mâle. Ce corps est à peu près de la grandeur d’un ongle médiocre, et il se divise , près de son commencement , en deux petites poches 2200 INTRODUCTION. ouvertes au fond, et qui sont destinées à rece* voir et à embrasser les deux verges du mâle. Leur tunique intérieure est pleine de rugo- sités et est trés-dure, de même que celle de _ tout le corps dont nous avons parlé. » La matrice commence, par ces deux pelites poches, à se diviser en deux corps qui monten!, chacun de leur côté, le long des reins, entre eux et les intestins , jusques vers le fond de l'estomac, où ils sont sus- pendus par des ligamens qui naissent auprès du foie , et sont soutenus d’espace en espace par divers petits ligamens qni viennent de Fépine du dos. Ces deux corps sont com posés de deux tuniques molles, minces et transparentes, qui sont incluses l’une dans Fautre : leur commencement est au fond de ces deux petites poches qui embrassent les deux organes sexuels du mâle dont ils re- çoivent ka semence , chacun de leur côté, pour en former des œufs, et ensuite des vi- péreaux , par la jonction de leur propre semence que les testicules y envoient. Ces deux corps de matrice sont fort aisés à se dilater , pour contenir un grand nombre de vipéreaux jusqu'à leur exclusion» (1). | (r) Charras, Mémoires pour servir à l’histoires naturelle des agimaux, tom. III, pag. 630 et suiv.} INTRODUCTION. 21 La grenouille mâle a ses testicules situés sur les reins dans la région lombaire ; ils sont plus ou moins arrondis, et quelquefois même en forme de croissant; leurs artères et leurs veines Due sont assez volu- mineuses : on trouve à leur partie supérieure un ou même quelquefois quatre appendices jaunes, formés d’un assemblage de petits sacs remplis d’une liqueur huileuse et ren- fermés dans des tuyaux membraneux, par- semés de vaisseaux sanguins. Les testicules sont ordinairement jaunes; les conduits sper- matiques partent du centre de ces testicules, et se prolongent à leur surface où leur som- met forme en quelque sorte des globules. Sur le côté intérieur de chaque testicule, on voit plusieurs autres conduits spermatiques, les uns simples, les autres ramifiés, par où s'écoule la liqueur séminale. Ces conduits se rendent vers les reins dont ils parcourent l'enveloppe membraneuse par diverses rami- fications , et enfin ils vont se rendre dans les deux vaisseaux déférens qui sont placés autour des reins où ils se joignent avec les conduits spermatiques. Les vaisseaux défé- rens de la grenouille donnent tous passage à la liqueur sénunale pendant l’accouple- ment, et à l'urine qui est filtrée par les reins : 33 INTRODUCTION. À ils forment chacun un seul tronc assez délié, mais qui a un renflement con$idérable à l’ens: droit où les vésicules séminales s'appliquent sur chacun de ces vaisseaux; ces vésicules s'ouvrent dans les vaisseaux déférens et y font couler, suivant Swammerdam , une liqueur séminale aqueuse, qui est peut-être le véhicule de la véritable semence : enfin les vésicules séminales et les vaisseaux déférens aboutissent par deux issues dans l'intestin rectum, un peu au dessous de la vessie urinaire , qui est double et siluée.sur Île rectum. Le Dans la grenouille femelle, hs deux Er ont des appendices jaunes semblables à ceux qu'on trouve au dessus des testicules des mâles , sont placés l’un à droite et l’autre à gauche, présentent chacun plusieurs lobes dont le nombre varie ; et c’est principalement entre ces lobes, variés depuis cinq jusqu’à neuf, que sont placés les vaisseaux sanguins qui se répandent ensuite dans tout lovaire; ‘chaque lobe a dans son intérieur une cavité qui lui est propre, et l’on peut voir assez distinctement à travers la tunique de ce lobe! les œufs qui y sont contenus, et qui sont ronds et noirs, avec un point blanchâtre dans leur milieu. Les œufs tiennent par un $ INTRODUCTION. 293 pédicule formé de vaisseaux sanguins, après lintériear de la tunique. est fort avant dans la poitrine, près du cœur, que naissent les deux trompes de la matrice, qui s'étendent dans toute la lon- gueur de l’abdomen et qui viennent ensuite aboutir à la matrice. Selon Swammerdam, chaque trompe adhère par son extrémité supérieure avec le péritoine et le ligament suspenseur du foie, et de plus, chacune à au delà de deux pieds de longueur ; aussi forme-t-elle dans le corps de l'animal beau coup de circonvolutions. extrémité infé- rieure de chaque trompe s’insère dans les côtés de la matrice, et y communique par un orifice ovale et toujours ouvert. La ma- trice est double, membraneuse et parsemée de vaisseaux sanguins ; de plus, chacune de ses deux parties est à peu près sphérique et se termine au rectum près de l'insertion des ltrompes. La vessie urinaire est aussi double, comme dans la grenouille mâle. … D’après cette slructure sinsulière des or- ganes sexuels de la grenouille femelle , il paroît d'abord assez difficile d'expliquer com- ment les œufs passent dans la double ma- trice par les deux trompes. Ce fait est même presque inexplicable, selon Swammerdam:; 4 INTRODUCTION: car l'ovaire ne communique ni avec la ma- trice, mi avec la trompe dont l’orifice supé- rieur , qui adhère fortement aux niembranes du cœur, ne peut se rapprocher de l'ovaire! Cependant Swammerdam a prouvé que les œufs sont d’abord tous contenus dans les ovai- res; que quelques jours après ils s'échappentt et se dispersent dans l'abdomen ; qu’ensuite ils entrent dans la cavité des trompes par l’orifice supérieur et qu'ils descendent après dans la matrice, d’où ils sortent au dehors par le rectum. Quelque vraie que soit cette découverte , faite par Swammerdam, il pa- roît impossible d'expliquer par quel iméca- nisme les œufs, poussés hors de lovaire, viennent à rencontrer cet orifice de chaque trompe , qui est si petit que les plus habiles observateurs peuvent à peine l’apercevoir. Les vers spermatiques des salamandres sont , suivant Spallanzani , des corpuscules longs et étroits, qui se redressent ‘ou se recourbent à leur gré. Ils sont composés d’un petit corps oval oblong, terminé par une longue tige, de sorte qu’ils imitent uné massue. Les deux côtés opposés de la tige sont munis chacun d’une rangée de petits cils qui paroissent nécessaires au mouvement de Panimalcule , et faire l'office de petites rames, | | Les ENTRODUCTION. 2% Les vers spermatiques des grenouilles sont beaucoup plus courts que ceux des sala- mandres; ils ont une forme ovale alongée; ils changent de place dans leurs mouvemens, et lorsqu'ils vont eu avant, ils tremblent et font de légères contorsions. Dans les tortues, les lézards et les serpens, la fécondation a lieu avant la ponte , parce qué le mâle a une verge ; ; mais dans les ba- traciens , au contraire , elle a lieu aussitôt après la ponte. | Lorsque la chaleur commence à se Fe sentir, les vésicules séminales des srenouilles mâles et les ovaires des femelles se gonflent; l’intérieur des trompes ou des oviductus de ces dernières laisse découler une liqueur slai= reuse des pores de la croûte glanduleuse dont il est Lapissé. Les grenouilles, alors vivement. pressées de s’umir et de se féconder » négligent leur propre conservation , et paroissent se priver de toute espèce de nourriture tant que dure leur accouplement. Les mâles ont sur-tout alors le pouce de chaque patte anté- rieure fort gros, parsemé de papilles rudes, et noires dans quelques espèces ; ils ont en outre deux vésicules aériennes placées sur les côtés de la gorge, et qui se gonflent lors- que les mâles coassent. Ces vésicules sont Reptiles. Tome 1. 24 1 826 INTRODUCTION: 4 composées de deux membranes , qu’on peut facilement écarter l’une de l’autre ; elles ont leurs orifices placés en dedans à la région supérieure de la bouche, et elles se gonflent au dehors près du tympan de oreille dans les grenouilles d'Europe, sur les côtés de la mä-* choire inférieure dans la grenouille galonnée, ét la rainette réticulaire mâle. La membrane. interne de ces vésicules est continue avec celle du palais ; elle est parsemée de vaisseaux sanguins, mêmie de fibres musculaires, qui. servent à la gonfler ou à la contracter. Lorsque les grenouilles et même les autres batraciens veulent s’accoupler ,le mâle monte sur ie dos de la femelie, l’'embrasse avec ses deux pattes antérieures, lui serre si étroite- ment la poitrine avec ses deux pouces croisés. ensemble, qu'on a beaucoup de peme à les. séparer sans les blesser (1). Le mâle a sa tête (1) Ipso incoïtu constringitur femella a mare com-\ plexu tam forti , ut abdomen illius ovis jam admodum distentum , sæpiüs rumpatur , ipsæque non, nisi stmmd& vi, ab invicem separari queant : quin femur mari evul= sus fuit, neque tamen ideo femella ab ejus dibérabaturs amplexu. Alia vice usus sum eundem in finem duabus" forcipibus minoribus, arreptisque earum ope brachiis masculi, sejunxi quidem ranas , quum verd easdem its vas vitreum rursès injicerem, ruebat mas illico in novo& La pe pesée sur celle de sa femelle, mais un peu 5 amplexus , femellamque fortiis quam anteà constrin- gebar. Ided stimulatur mas, generationis tempore ;, éanto libidinis oestro | ut proprit corporis quasi curam abjiciat. Hinc ais fit ut subindè mas marem am- Plectatur vel eïiam cum fermella mortua , Juin cum bufone coeat , licet cum hoc ranæ nunquamn copulentur. Roesel,, Hist. nat. ranarum , pag. 4. bi salamandræ genitalem liguorem emittuné ir aquam , nec ulla masculini membri immissio locum habes , observante Demours ; fiique adeù fecumditio in distans et absque ullo corporum éontactu. Non aded muiltüm diversus esse hic generationis inodus videtur ab ëllo qui in ranis obtinet , quanquam harum mares pedi- bus anterioribus. per plures dies cohærent. T'estibus enim Swammerdamo, Duverneye, Roeselio irrorantur ova, ut ex alvo rancæ exeunt, masculino semine ; quo& sin lacertis quidem nunquam vidit Demours , qui atirahi eb intro Suscipt genitalem liguoreni intüsque fecundari va putaï. At enim quæri posset adhuc, annon in Demoursii observatione falacior mas velis majoribus wsus feminæ cursus fortè antejerit, el irrita ista quan viditejaculatio fuerit ;.aut annon seminale humidum “aquæ commixium divtits vim suam retinuerit, uéejms v& hetiam post tridie demum edita ova in vitam cieri potue- riné , cui rei piscium artificiosa propagatio probabilita- “éem aliquam àfferre videtur. Sed quidquid sit, sola hœë ranarüm , salamandraruin pisciumque enr te hucus- . que dantur, quibus senitale humidum etiam aquæ injec= dum nec immediate matrici immissim prolificamn virtu- - éein conservare constet. T, Herm. Fab, afin. anim. p.255, P 2 93 INTRODUCTION: plus en arrière, de sorte que son anus est aussi plus en arrière. Ces animaux restent ainsi accouplés pendant vingt-sept à trente- six jours , jusqu'à ce que la femelle pondesses. œufs. Quelques anciens auteurs ont nommé cette espèce d'accouplement équitation , à cause de la singulière position du mâle sur le dos de sa femelle. | Ce n’est que dans quelques espèces de gre- nouilles proprement dites qu’on voit des cal- losités à chaque pouce des pieds antérieurs ; et quoique ces poucesne servent évidemment aux mâles qu’à faciliter l’eKclusion des œufs dans la matrice de leurs femelles, cependant un ancien professeur de Leipsic, nommé Frédéric Mentzius, a forgé sur l'usage de ces pouces un conie vraiment absurde; il a prétendu que pendant l’accouplement la liqueur séminale sortoit de la. caroncule, qu'elle entroit ensuite dans la poitrine dela . femelle, et arrivoit par des chemins inconnus dans l'ovaire pour yÿ féconder les œufs. 1/une des fonctions les plus intéressantes ! à observer dans les reptiles, est la ruiriion du germe et des petits. Cette fonction.com= prend à la fois toutes les opérations qui con- courent en commun ou successivement au développement du germe et à laccroisse-" Bit INTRODUCTION. »39 ment de toutes ses parties ; opérations qui sont très-multipliées et dont nous ignorons encore tous les détaiis: Cette fonction peut être divisée en trois parties bien distincies, savoir , 1° la nutrition proprement dite; 2° le développement; 3° l'accroissement. La nutri- tion doit se faire avant l'accroissement ; elle est la cause, et l’accroissement est l’effet : toutes les parties nutritives dont elle s’em- pare , se répandent dans l’intérieur des divers organes, qui alors se développent peu à peu et s’'accroissent. Pour bien connoître les prin- cipaux faits qui ont rapport à cette fonction dans les reptiles, pour voir l’enchaînement de ces faits, il faut remonter à l’œuf aussitôt après qu’il a été fécondé, c’est-à-dire, au moment ou le germe a recu par la fécon- dation une première impulsion , un premier développement; car nous savons que presque tous les animaux vivipares et ovipares ne peuvent être produits sans une fécondation préalable , et que par conséquent la nutri- tion et l'accroissement ne peuvent avoir lieu qu'après celle fécondation. D'après cela nous pouvons, donc regarder Ja fécondation comme un moyen employé par la Nature pour commencer la nutrition -et laccroissement du germe. Il est de plus | P 3 AU 230 INTRODUCTION. reconnu que, pour que cette action orga= nique et celte vie qui commencent puissent se continuer , il faut qu'elles soient eñtrete- nues et aidées par un certain dE de cha- leur. On sait, par exemple, qu’un œuf qui n’éprouve qu'un foible dégré de chaleur ne se développe pas, quoique fécondé ; tandis que , lorsqu'il est placé à une chaleur suf- fisante et convenable , le germe s’anime et s’accroit peu à peu. Les œufs des oiseaux éclosent à une chaleur de trente-deux dé- _grés; mais il ne faut que depuis douze jusqu’à vingt-quat tre dégrés pour les œufs desr eptiles, ainsi que nous le verrons bientôt. Comme les petiis des animaux vivipares à sang chaud, lorsqu'ils sont encore à l’état d'œuf ou plutôt de fœtus, sont placés dans le sem de leur mère, ils éprouvent alors une chaleur assez forte pour produire les effets dont nous parlons ; aussi le fostus com mence-t-1l à se nourrir et à croître. La fécon- dation et un certain dégré de chaleur dorvent donc être regardés comme les causes du commencement de la nutrition et de lac- eroissement des auimaux; mais encore nous. ne devons pas regarder ces causes comme les principes primitifs et uniques des effets dont nous parlons. INTRODUCTION. 231 En effet, par quel art, par quel moyen la fécondation et la chaleur produisent-elles ls commencement de la nutrition et de lac- croissement , el donnent-elles à ces fonctions organiques la première impulsion ? Cette question nous conduit à une obscurité que nous ne pouvons pénétrer; car, pour arriver à la découverte de la vérité, il faudroit con- uoître les lois de la Nature ; et les facultés de l'homme sont-elles assez étendues, assez parfaites pour découvrir toutes ces lois?Non, sans doute. L'homme, malgré toute sa raison, malgré tout son génie, doit regarder tout. cela comme trop élevé au dessus de son imtel- ligence : cette connoissance n ‘appartient qu’ à lÉtre tout-puissant qui a créé lunivers. Tous les œufs des reptiles sont ovales, excepté ceux des batraciens qui sont parfai- tement ronds : ceux des serpens sont ovales oblongs , ou arrondis, suivant les espèces dont ils proviennent. Les ‘chéloniens ou tortues pondent des œufs à coquille calcaire solide. Harvey (1), dans son Traité sur la génération, dit que, quoique les œufs de Ia tortue mydas soient enveloppés d’une peau flexible, cependant (1) Harvæus , de Generatione animalium, p. m. 41. Pl 4 232 INTRODUCTION. il y a dans la composition de cette je quelques particules calcaires. ” Les œufs des sauriens ou lézards ont une enveloppe calcaire dont la dureté varie ; Car dans le lézard gris elle est flexible ; tandis que celle du. scinque mabouya, suivant De- badier (1), et celle du crocodile 9 suivant Catesby (2), sont dures. Fermin, dans sa Description de Surinam, a prétehdu que les œufs d'iguane ne se durcissent pas en dedans par la cuisson ; ce qui a aussi lieu dans ceux de quelques oiseaux aquatiques, entre autres du cormoran, suivant Pontoppidan. L’enleveloppe des œufs de sei rpens est molle et calcaire. Enfin les batraciens pondent des œufs gélatineux et à demi-transparens , sans aucune enveloppe. Leurs œufs grossissent insensiblement après la ponte , excepté ceux du crapaud accoucheur, parce qu’ils sont enveloppés dans une membrane dure. Les œufs sont ronds, composés d’un ‘embryon noirâtre, lequel est enveloppé d’une glaire ou matière albumineuse transparenie , qui s’imbibe d’ eaû, à ‘ Les curieux qui n ont fait aucune > obser- {r) Debadier, Journal de ph ysique > 1777» p. 41 gi {2) Catesby, Hist, nat. Carolin. pl. zx1v. ÆNTRODUCTION 255 valion sur la chaleur nécessaire pour faire éclore les œufs des animaux à sang froid, et qui savent cependant que ceux des oiseaux ont besoin pour cela du trente - deuxième dégré de chaleur, pourroient aussi croire que ce dégré est également nécessaire pour les œufs des autres animaux ; mais il n’est per- sonne , pourvu qu il soit légèrement initié dans l'étude des êtres vivans, qui ne sache qu'il y a un grand nombre d'œufs qui éclosent par une ch aleur beaucoup plus petite ; tels sont ceux d’une multitude d'insectes et des reptiles. Il ÿ en a même qui se développent lorsque le thermomètre est au sixième dégré au dessus de la glace; tels sont ceux des cra- pauds, selon les obser vations de Spallanzani. Si lon examine ensuite l'effet de la cha- leur sur les œufs des reptiles, on verra que Jes œufs des grenouilles peuvent supporter jusqu’ à trente-cinq dégrés de chaleur , sans éprouver aucune altér ation el sans cesser d’être féconds, ainsi que le prouvent les expériences indiquées par Spallanzani dans ses Opuscules de physique, et dont voici le résumé. Des œuf de grenouille placés dans un vase rempli d’eau, et qui yavoiïent éprouvé trente- | çinq dégrés de chaleur, furent presque tous MR 234 INTRODUCTION. féconds : d’autres œufs , exposés dans de l’eau chauffée jusqu'au quarantième dégré, en _{ournirent un moindre nombre de féconds; et il n’en est éclos qu’une très-petite quantité parmi ceux qui avoient été exposés au qua- rante-cinquième dégré de chaleur. Les œufs qui éprouvèrent une plus forte chaleur se corrompirent tous. Il est un fait remarquable dont Spallan- zani rend compte à la suite de cette expé- rience, c’est que la chaleur du feu n’accéléra ui ne retarda le développement des œufs de grenouilles qu'il vit éclore ; et les tétards més de ces œuls périrent tous au trente- cinquième dégré, ainsi que les grenouilles qui avoient pondu ces œufs. Ce savant observateur remarque ensuite qu'on a cependant trouvé des grenouilles vivantes dans des eaux thermales qui sur- passoient le trente-cinquième dégré de cha- leur du thermoinètre de Réaumur; et il cite pour exemple le témoignage d’un de ses arms qui en a vu de vivantes dans les bains de Pise, quoiqu’elles y soient exposées à une chaleur correspondante au trente-septième dégré du thermomètre de Réaumur. Quelques espèces de reptiles ne voni ds dans les eaux douces qu'au tems de la ponte; INTRODUCTION. 939 tels sont la grenouille rousse, la rainette com- mune , et de plus, sel Oviedo, le lézard iguane. Nicolas Sténon à remarqué que, dans la tortue , les œufs sont en très-grand nombre et adhérent autour d’une membrane ; ; la membrane qui contient chacun des œufs leur sert, pour ainsi dire, de calice, a une petite ouverture arrondie qui dans les poules au con- traire est oblongue, et présente une espèce de ligne formée par l'interruption des fibres et des vaisseaux. On voit sous la membrane de chaque ovaire un corps blanchâtre adja- cent à la veine cave ; les deux oviductus aboutissent à une seule et même ouverture extérieure. Les tortues et les crocodiles pondent leurs ‘œufs au bord des eaux à sec dans le sable ; quelques sauriens les font dans des trous d'arbres, dans des fentes de murailles ou de rocher, sous des racines d’arbres : beaucoup de serpens et de couleuvres choisissent des amas de fumier, ou de feuilles, ou dessouches d'arbres pourries pour y déposer leurs œufs. Les batraciens les pondent, soit à la surface des eaux où ils floitent, tels sont les gre- nouilles ; soit sur la bourbe, tels sont les salamandres, la sirène et presque tous les "a 1 4 53 INTRODUCTION... Lu crapauds : le pipa et le crapaud accoucheur. sont diflérens des autres crapauds, parce qu'ils portent leurs œufs sur leur corps.» Les œufs de la vipère sont renfermés dans» deux ovaires membraneux ; ils:varient en. nombre depuis dix jusqu'à vingt-neuf; ef leur grosseur égale à peu près un œuf.de moineau domestique. J'ai reçu de Marseille. des œufs qui avoient été trouvés dans. le” . corps d’une vipère, et ils contenoïent des: vipéreaux tout formés et repliés chacun sur: eux-mêmes : 1ls avoient à leur nombril une: espèce d'arrière - faix par où ils prenoient leur nourriture. Il est reconnu que le vipé- reau perce sa coque dans le corps de sa mère ; qu’il sort par l’oviductus au dehors avec l’ar= rière-faix dont sa mère le débarrasse aussitôt. - Un ancien observateur , Thomas Bartho-# En, ayant ouvert des œufs de serpent réunis en grappe ou plutôt en chapelet, y trouva de petits serpens tout vivans, dont le cœur avoit des baïitemens sensibles. Le placenta ,« formé de quantité de vaisseaux, étoit attaché” au jaune, où, pour mieux dire, en éloitu un prolongement , et alloit se terminer en forme de petit cordon dans lombilice du. fœtus , assez près de la queue. Fabricius, d'Aqua - Pendente , et : Blasins. FÉRIST es | INTRODUCTION. :37 ont observé dans un œuf de se pent des vaisseaux ombilicaux et des membranes. Séba (1) a de plus figuré un fœtus de cro- codile ,;' qui recoit le jaune de l’œuf dans sa cavité abdominale , comme cela à aussi lieu dans les ciseaux. | - Pour examiner les divers changements qui surviennent peu à peu dans l'œuf des gre- nouilles; il faut d’abord , à exemple de Swammerdam , faire coaguler lalbumeu dans quelque liqueur , afin de Ps en séparer le germe ou l’embryon. J'ai En con- séquence mis des œufs de grenouille dans de Faikool pur, et au bout de quelques heures ils étoient entièrement coagulés. Pendant les trois ou quatre premiers jours après la fécondation , le germe paroît formé d'un amas de petits grains qui a en quelque sorte la fornie d’un trés-petit rein. Vers lé milieu du quatrième jour , les petits grains sont confondus ensemble : l’'em- bryon est alors plus distinct, enveloppé dans ne membrane, et divisé par un silion assez profond en deux parties, dont l’une com- prend la tête el la poitrine , et l’autre l’ab- domen et la queue. En crevant la membrane |: ()Seba, Thes. tom. 1, pl cv, fig 7. 938 INTRODUCTION. qui enveloppe l'epryer on le voit naget* dans une liqueur qu'on peut comparertà celle de lamnios , selon Swammerdam. 4e Cet auteur a prétendu avoir observé dans: les œufs des grenouilles la tüniqueallantoïde, le chorion et Famnios , et en outre quelques Vaisseaux blanchâtres qu’il soupéonne être des vaisseaux ombilicaux ; parce qu'ils sem bloient propres à augmenter le volume de la glaire albumineuse , et à Ja por ter dans _ Pamnios. LE J'ai plusieurs fois cherché à éclaircir ce soupcon , et j'ai toujours observé , à Vaide de la loupe , que ces vaisseaux blanchätres ; observés par Swammerdam , se réunissent en un faisceau dans le sillon du germe, après avoir jeté des ramifications sur toute la sur-. face de ce germe. Cette remarque me paroît propre à prouver ce que Swammerdam avoit déjà soupçonné , savoir : que l'embryon dés batraciens se nourrit dans lœuf par des vais- seaux ombilicaux , de même que dans les mammifères , les oiseaux, les tortues , les lézards et les serpens. à Pendant le cmquième jour, l'embryon grossit un peu; et vers le soir dusixième. jour on voit, outre la tête, la poitrine, lab- domen et la queue, sur chaque côté du cou, INTRODUCTION 250 un petit appendice qui est une vraie bran— chie , dont l'embryon , alors devenu tétard, se sert à la fois pour respirer, pour nager dans la glaire et pour s’y reposer. . Non seulement les tétards sont munis pen- dant un certain tems de branchies frangées, mais de plus, parmi les reptiles il y a un ordre que nous nommons reptiles amphibies, paregque les animaux qui le composent , ont à la fois des branchies comme les pois- sons, et des poumons comme les animaux terrestres ; tels sont la sirène et le proté. Dans le courant du septième jour et le commencement du huitième, tous les tétards munis. de branchies sont sortis successive- ment de leur glaire albumineuse. Cette glaire, qui flottoit à la surface de l’eau depuis le quatrième jour, étoit couverte de tous les petits tétards qui s’y étoient rassemblés em dessus en un tas, s’y remuoient et se nour- rissoient de la glaire. Jusqu'au treizième jour inclusivement ; î je n’observai rien de remarquable dans la forme du tétard ; mais il avoit augmenté de volume ainsi que ses branchies frangées. Aux quatorzième et quinzième Jours, les tétards étoient grossis à tel point, qu’on leur Yoyoit deux yeux un peu saillans, quoique é%0 INTRODUC TTON. fermés , uné bouche ouverte , deux narines ; deux ou trois petites pointes charnues au bord dé la lèvre inférieure. Au dix - septième jour, SÉER ayant disséqué un tétard, trouva que les boyaux formoient dans le ventre plusieurs circonvolutions en spirale : de plus, ilLcrut apercevoir Je cœur, quoiqu'il ne vit ni samg ni vaisseaux sanguins. Toutes les parties du tétard sont alors très - difficiles à observer, parce qu’elles se réduisent en une multitude de globules aussitôt qu'on les touche. Pendant les dix - neuvième et vingtième jours , les appendices frangés ou branchies des tétards sont recouverts et enveloppés par la peau qui est gonflée. On voit distine- tement à travers la peau le mouvement du cœur ; on reconnoit les vertèbres caudales. Dans le courant du vingt-troisième jour; des pattes antérieures remplacent les bran- chies, ou plutôt paroissent à côté de l'eudroit que ces branchies occupoient. C’est ensuite au bout de dix où quinze, jours aprés ; que les tétards commencentsà être munis de pates postérieures; dans cet. état, ils s’accroissent , se nourrissent act, nagent çà et là dans les eaux. Æ Enfin, environ deux mois après qu “ls sont. éclos, INTRODUCTION. o41 éclos , les tétards quittent leur peau pour se métamorphoser en grenouilles. Voici quels sont les changemens successifs qui surviennent au germe contenu dans l’œuf de la grenouille , selon Thomas Bar tholin. L’œuf de la grenouille est mucilagineux, transparent et enveloppé d’une inembrane : dans le centre on aperçoit un point rond et noie: . On distingue une sinuosité dans le mi ou Eu point noir. . La partie antérieure du point noir est 2 as obtuse et la postérieure pointue. 3°. On voit, au lieu d’un point noir, le corps d’un ss fœtus de grenouille renfermé dans une membrane. 4°. On distingue près de la tête, à Ja place des jambés de devant, des exCroIssarces qui disparoissent peu à peu. 5°, Les yeux et la bouche sont apparens: alors les petits tétards commencent à manger de lherbe. : 6°. On voit un appendice ressemblant à un inteslin : comme 1l étoit pendant, les tétards se le mangèrent mutuellement. 7°. Ou observe des taches éparses sur la peau du corps , et disposées en forme de stries sur la queue. “16e Reptiles. Tome L HAANe 242 INTRODUCTION: 8°. Il paroït un nouvel appendice. 9°. On reconnoit les jambes de derrière. 10°. Les jambes de devant commencent à se montrer ; la glaire disparoît peu à peu, et le fœtus est sorti de la membrane qui l'enveloppoit. | RbEu PES ce est parvenue à l'état parfait. Les grenouilles sont Tabod petites GE grossissent insensiblement. Mais, quoi qu’il en soit ainsi des rainettes, de la plupart des grenouilles et des crapauds, cependant je dois prévenir ici que dans la grenouille jackie (rana paradoxa ), et le crapaud brun (bufo fascus), les tétards deviennent tellement gros, que l’animal en sort avec tout le vo- Jume qu'il doit avoir dans l’état adulte. Cette grosseur exlraordinaire des tétards de ces deux batraciens a induit en erreur quelques auteurs anciens , entre autres Séba et mademoiselle Mérian. Ils ont cru, mais à tort, que la grenouille jackie se métamor- phose en poisson et non en grenouille. Séba , dans le tome I, page 125 de son Thesaurus rerum naturalium ,s exprime ainsi sur la prétendue métamorphose de la gre- noüille jackie de Surinam en poisson. « Je possède une assez grande quantité de ENTRODUCTION. 243 ces animaux , qu'on ma envoyés non seule- ment de Surinam , mais aussi de Curaçao et d’autres parties de l'Amérique. Certes , il me paroit probable que les grenouilles, dans quelque endroit du monde qu’elles se trouvent , se métamorphosent par -iout en poissons une seconde fois; cependant comme on les observe rarement dans le tems de ce changement ; ou qu'on ne fait pas sus elles des recherches suffisantes, je manqué d'expériences pour appuyer solidement mon système. - | :»: Une personne digne de foirifa no qu’on avoit pris dans la Gueldre des poissons parfaitément semblables à ceux qui pro- viennent des grenouilles jackies ; «ek: n’en différant que par leur couleur d’un cendré plus pâle; et je-me suis enfin pracuré de ces poissons de nos climats, mais avec beaucoup de peine , parce qu'ils préfèrént les pays chauds de l’est et de l’ouest. pOPL EX VEINOÉISe De Cette grenotülle jackie d'Amérique approche beaucoup de celle d'Europe, tant par sa forme que par ses couleurs. Elle: est d’un gris clair, qui devient plus foncé sous le corps, dont la partie postérieure et les fesses sont imar- quetées de taches rouges, de même que la Q 2 244 INTRODUCTION: queue qui part de l’épine du dos , et qui est un peu saillante. » P1.id. fig. 16. Cette grenouille est la précé- dente plus grossie ; aussi porte-t-elle une plus longue queue cartilagineuse , ressemblante à celle des poissons, divisée par côtes , et bor- dée en dessus et en dessous d’une membrane crénelée. Ses pattes de devant commencent à s’accourcir , et elle ressemble déjà un peu à un poisson par la tête et par tout le ventre. -» PL 14. fig. 17. La grenouille ici repré- sentée en dessous , a le ventre, les fesses et les pattes d’un gris cendré-clair , marbré de taches d’un brun obscur. Les pattes anté- rieures commencent à rentrer dans le corps et à diminuer. » Pl. üd. fig. 18. Dies semblable à la précédente; cette grenouille a la tête presque d'une autre forme , et munie d’une petite ouverture. Les pieds de derrière sont aussi diminués de moitié, de sorte qu ces est presque changée en poisson. » PL id. fig. 20. Cette srénéifé ‘est fort semblable à un poisson , quoique ses pieds postérieurs, qui sont fort diminués ,paroissent “encore ; la tête est très-grosse , sur-tout en arrière. Une tache blanche placée derrière les yeux indique la trace des pieds de devant INTRODUCTION: 245 qui sont disparus ; les yeux, la gueule et les narines ont plus d’étendue ; les nageoires larges , membraneuses , âches et minces sont couchées l’une sur l’autre. » PI. id. fig. 21. Les pieds de derrière de cette grenouille sont comme disparus , mais d’une manière toute différente de ce qui arrive aux pieds de devant ; car ceux-ci rentrent en dedans comme par articulations, au lieu que les postérieurs, étant diminués, disparoissent enfin absolument. En effet, dans la dissection on n’aperçoit intérieure- ment aucun reste de pieds de derrière. La tête de cette grenouille , sa bouche où de petites dents commencent déjà à percer, é£ ses yeux tiennent beaucoup plus de la beure du poisson. » PL cd. fig. 22. Voici le dernier désré de la métamorphose de la grenouille en poisson parfait. L'on n’y voit que des doubles na- geoires disposées par ordre, qui tiennent lieu de pieds. Sur le dos et par dessous vers le ventre s'étend une bordure étroite, dentelée; le corps finit en une queue proportionnée au reste , et qui est aussi crénelée. Les surina- | mois appellent cette espèce de poisson Ja£jes, et l’estiment un manger délicieux. On le prend dans les rivières Comewine , Coitica Q 5 246 INTRODUCTION. et autres pareilles. Leur gueule est armée de petites dents pointues ; leurs yeux sont grands , bleus et rouges : ils sont de la grosseur d’un barbillon médiocre. La partie inférieure de la tête fait voir vers les babines les restes de l’ancien tégument du ventre qui n’est pas encore entièrement séparé , mais qui est pendant sur les nageoires. La couleur de ce poisson est d’un cendré gris , varié de blanc, et sous le corps d’un brun foncé. Il faut encore remarquer que ce poisson est muni depuis la tête jusqu’à la queue d’un double rang de petits os cartilagmeux , se régnent de chaque côté ». Le crapaud pipa (bufo dorsiger) Dre in fait digne de remarque, par rapport au moyen ingénieux que la femelle emploie pour conserver ses œufs et pour protéger ses pelits. D'abord on avoit cru que les œufs passoient directement des ovaires à travers les chairs sur le dos de la femelle, et que le mâle venoit aussitôt les y féconder. Cette opinion vraiment absurde avoit d’abord été publiée par mademoiselle Mérian en 1719, dans son Histoire des insectes de Surmam , et ensuite par Fermin en 1765, dans son pelit ouvrage intitulé , Développement par- fait du mystère de la génération du fameux ENIPRODECTEON. 247 crapaud pipa ; mais Bonnet, dans le journal de physique de 1779, et après lui, Camper et Spallanzani ont combattu tour à tour et victorieusement ce. faux système. Ils ont prouvé, par des faits anatomiques , que la femelle pond ses œufs comme les autres crapauds , et que le mâle la recouvre de ces mêmes œufs après les avoir fécondés. Les œufs sont alors enveloppés d’une glaire albu- mineuse qui fait enfler autour de chacun d'eux la peau du dos de la femelle. Par ce moyen singulier les œufs ainsi logés dans des espèces d’alvéoles rondes, s’y développent, lembryon y naît , sy nourrit , sy méta- morphose en tétards ; et ces tétards ne s’en vont au dehors que lorsqu'ils ont acquis leur état parfait. La femelle se débarrasse ensuite de toutes les alvéoles de son dos, en le frot- tant contre des corps durs. | I! est donc reconnu que dans le pipa la femelle est chargée du soin de ses œufs ; mais dans le crapaud accoucheur des en- virons de Paris, c’est au contraire le mâle qui porte après ses Jambes postérieures les œufs de sa femelle , tous attachés par des filamens , et fort ressemblans à des grains de chanvre à cause de leur forme, de leur ME Q 4 248 INTRODUCTION. grosseur , de leur couleur et de leur enve- loppe albumimeuse sèche. Nous croyons convenable de saisir cette occasion pour faire remarquer que ces deux crapaux ne sont pas les seuls-reptiles qui prennent soin de leurs œufs après qu’ils sont pondus ; on trouve des exemples presque semblables dans plusieurs reptiles ; ainsi les lézards , beaucoup de serpens et même les crocodiles , ont soin de veiller sur le lieu où leurs œufs sont déposés. Les tétards des batraciens paroissent sur- tout se rapprocher des poissons , parce qu'ils ont deux vraies branchies frangées, imitant un peu des nageoires , et placées chacune derrière la tête sur les côtés du cou. Geoffroy avoit prétendu (1) d’abord que ces organes n'étoient destinés qu’à conserver le corps du tétard en équihibre au milieu des eaux ; mais ce sont de vrais organes respiratoires. Lorsque les tétards subissentune autre métamorphose. ils perdent leurs branchies externes et ils ne respirent plus que par leurs poumons, ainsi que Fanimal parfait ; et c’est lorsqu'ils sont dans ce nouvel état de tétards , qu’ils se rap- prochent davantage de Fétat parfait, qüoique (1) Geoffroy > Matière médicale, tom. XII, p. 214. INTRODUCTION. 249 leurs yeux et leurs pieds ne soient encore qu'imparfaits, et qu'ils soient munis d’une longue queue. Laurenti s’est évidemment trompé , lorsqu'il a regardé ces animaux comme parvenus alors à leur état parfait, et quil en a formé le genre proté (1). Jai plusieurs fois reconnu que ces ani- maux subissent encore d’autres métamor- phoses avant d’être parfaits, et Roesel Fa lui-même très-clairement prouvé dans son bel ouvrage sur les grenouilles. Parmi tous les protés de Laurenti il n’y a que le proté anguillard (proteus anguinus ) qui doive être régartlé comme un animal parfait , ainsi que vient de le prouver tout récemment Schreiber dans un mémoire très- curieux qu'il a lu à la société royale de Londres. La sirène lacertine ( siren laeniae ), dé- crite d’abord par Tinnæus dans un mémoire particulier et aussi dans ses Aménités acadé- miques , et découverte par le docteur Garden dans les eaux douces de la Caroline, paroît tellement singulière dans sa conformation , que Linnæus la regardée comme devant former non seulement un genre, mais de (1) Faurenti, Spec. médic. pag. 37. 250 INTRODUCTION. plus un ordre particulier, qu'il à nommé ordo Meantium. Sa bouche est aussi petite à proportion que celle des tétards des batraciens ; sa chair est à peu près de même nature ; comme Îles tétards elle a sur chaque côté du eou près la tête des brauchies externes et frangées; elle à deux pattes très-courtes sux le devant du corps, tandis que les tétards w’ont que des pattes postérieures lorsqu'ils sont à l’état de bipèdes. On à prétendu jusqu’à pr ésent que les reptiles ne prennent jamais aucun soin de leurs œufs après qu'ils les ont pondus, et qu'ils ne connoïssent pas leurs petits. Cette opuuon est fondée sur ce que ees œuis éclosent sans incubation, et que les petits, ussitôt après leur naissance, peuvent pour- voi eux-mêmes à leur propre conservation : satisfaire leurs besoins; mais cette opinion est contredite par le fait, car on reconnoîït une prévoyance vraiment maternelle dans les procédés des reptiles femelles, aussitôt après que leur ponte est achevée; elles se tienrent toujours à portée de lendroit où leurs œufs sont déposés; elles viennent une ou plusieurs fois chaque jour les visiter; telles sont les femelles des batraciens. Le INTRODUCTION. 251 crapaud pipa femelle porte par-lout sur son dos, dans des cellules, ses œufs , et ensuite ses petits jusqu’à ce qu’ils aient passé par toutes leurs diverses métamorphoses. Le crapaud accoucheur mâle s'empare des œufs à coque épaisse que sa femelle vient de pondre, et se les attache autour des cuisses et des jamibes, puis il les promène ainsi par-tout avec lui; il va de préférence dans les endroits chauds, afin que ses œufs puissent éclore, et lorsque les petits sont prêts à naïtre, il se rend sur le bord d’un marais afin que les tétards puissent y vivre. On a vu plusieurs fois des femelles de lézards gris promener leurs œufs dans leurs dents, et les apporter à l’entrée de leur lrou, pour que le soleil puisse darder sur eux ses rayons, et donner en même tems le mouvement et la vie au germe que ces œufs contiennent (1). (1) Hermann a vu un lézard gris ou commun (Zacerta agilis ) retenir avec force entre ses dents un de ses œufs qu’on vouloit lui prendre , et il ajoute de plus qu’un moissonneur ayant trouvé en terre, vers le milieu de juin, seize œufs de serpent, et les ayant abandonnés ensuite pendant quelques instans sur le gazon , aperçut à son retour un serpent qui s’étoit tortillé en un cercle autour d’eux et qui les gardoit avec soin. 252 INTRODUCTION. On a également vu mainte fois ce fait darts les lieux où les serpens ont pondu : animal se tient dans un trou près de ses œufs; si lon veut les fouler, il s’élance en jetant des. siflemens étouffés, et lorsqu'on a dérangé ses œufs, il les remet bientôt dans le fumier où ils étoient. Mais ce qui doit sur -tout étonner dans ces animaux, c’est qu'il y en. a qui construsent des nids en terre pour. leurs œufs, et qui promènent avec eux leurs petits. Voyons ce que dit à ce sujet le voya- geur Bartram, relativement au crocodile. «A vançant toujours le long de la côte, vers le haut de la rivière Saint-Jean dans la Flo- ride orientale, j’aperçus un.grand nombre de: monticules ou de petites pyramides sem- blables à des meules de foin, et rangées comme des tentes sur’le bord de la rivière ; elles étoient à huit ou ‘dix toises de l’éau,, sur un terrain marécageux, élevé d'environ quatre pieds perpendiculaires au dessus de l’eau. Je les reconnus pour des nids de cro- codile, d’après ‘la description qu’on m'en avoit déjà faite. Je voyois plusieurs grands crocodiles nager autour de moi; mais comme ces nids étoient un objet très-curieux pour moi, je résolus, à tout prix, de descendre à terre et de les examiner. En conséquence INTRODUCTION. 9:53 je conduisis ma barque au rivage dans un endroit où ces animaux sorloient ordinaire- ment de l’eau. C’étoit une espèce d’anse ou de petit port, d'où partoit un sentier en pente qui conduisoit au bord de la prairie, où étoient les pyramides. La plupart de ces nids étoient abandonnés, et tout autour on voyoit sur la terre de grandes coquilles blanchâtres provenant des œufs brisés. » Ces nids ou monticules ont la forme d’un cône obtus, de quatre pieds de haut sur quatre ou cinq pieds de diamètre à la base; ils sont construits d'herbes et de vase. L'animal fait d’abord sur la terre une couche de cette espèce de mortier, ‘et pose dessus un rang d'œufs; il les recouvre d’une autre couche de mortier, de six à huit pouces d'épaisseur , met ensuite un autre rang d'œufs, et ainsi de suite jusques près du sommet. Je crois qu'il y a ordinairement , dans chaque nid, de cent à deux cents œufs. C’est probablement la chaleur du soleil qui les fait éclore ; peut-être aussi les substances végétales qui sont mêlées avec la terre dans ces nids, échauffées par le soleil, subissent- elles une sorte de fermentation qui augmente la chaleur dans ces monticules. » ‘La terre, dans un espace de plusieurs 254 INTRODUCTION. acres autour de ces nids, portoit des marques évidentes de la fréquentation des crocodiles. L’'herbe étoit par - tout couchée et la terre battue , à peine restoit-1l debout une seule plante; tandis que, plus loin, les herbes étoient fort épaisses , et avoient cinq à six pieds de haut. Je suppose que la femelle veille avec soin sur son nid jusqu’à ce que les œufs soient éclos; où peut - être pendant qu'elle garde les siens, prend-elle sous sa. protection tous les petits qui éclosent ei même tems, soit de son nid, soit de ceux des autres; du moins est-il certain que les petits ne sont pas abandonnés à eux-mêmes, car j'ai vu souvent des crocodiles femelles’; conduisant le long des côtes leurs familles de petits, précisément comme une poule con- duit ses poussins. Elles ne sont ni moins attentives, ni moins ardentes que celle-ci, soit à défendre ceux qui leur sont confiés, soit à pourvoir à leur subsistance ; et lors- qu’elles sont couchées au soleil, sur les bords de l’eau, on entend les petits crier et appeler comme font de petits poulets. Je crois qu'il. en parvient peu à l’état adulte, les grands crocodiles mangeant les petits tant qu'ils sont hors d'état de se défendre. | » Tandis que j’avançois sur la rivière ; un INTRODUCTION, 255 grand crocodile sortit d’entre les roseaux, rugissant d’une manière effroyable ; 41 sé lança de mon côté avec la rapidité d’une flèche, passa sous mon bateau, et vint à ma gauche sortir de l’eau, en ouvrant sa larse gueule, et en me couvrant d’eau et de va- peurs ; je le frappai vigoureusement à la tête avec mon bâton, et je l'écartai. Plongeant alors, et passant derrière mon bateau, il s’éloigna comme un trait. Bientôt après je vis revenir un autre crocodile : l'eau étoit claire et peu profonde. Le monstre s’ayanca avec ss cris et les menaces ordinaires : et comme il passoit à côté de moi, en longeant mon bateau , j’aperçus une troupe de jeunes cro- codiles, au nombre de cent et plus, qui alloient à sa suite, et dont probablement cet animal étoit la mère ou la protectrice. Ils nageoient tous ensemble, formant une iongue colonne sans s’écarter ni à droite, ni à gauche. Tous ces petits paroissoient du même âge; ils avoient environ quinze pouces de long, étoient noirs, avec des bandes transversales ou des taches d’un jaune pâle. J'eus bientôt perdu de vue ce nouvel ennemi » (1). {1} Bartram, Voyage dans les parties sud de l’Amé- rique septentrionale, traduct. franc. tom. I, p. 224 et suiv. 256 INTRODUCTION. Les mouvemens progressifs des reptiles sont très-diversifiés; peut-être même sont-ils beaucoup plus difficiles à expliquer que ceux des autres animaux, soit parce qu’on s'est peu occupé de les approfondir, soit parce qu’ils sont tellement différens de ceux qui nous sont propres, qu'on ne peut établir au- cun rapprochement entre eux et les nôtres. Les divers mouvemens des reptiles con- sistent dans les suivans, savoir : 1° la station; 2° le marcher et la course, laction de saisir ou de grimper, et le saut; 5° le ramper; 4° la natation, et 5° le vol. Nous allons examiner successivement chacun d’eux. La station est sans contredit un état com- mun à tous les animaux, mais elle a lieu différemment dans chacun. Ainsi les qua- drupèdes vivipares, dans l’état de repos.; ont leurs quatre membres fléchis en sens con- traire, c’est-à-dire, que leurs coudes sont tournés en arrière et leurs genoux en avant : et ces membres sont dans une situation pa- rallèle à la colonne vertébrale, et peu distans du centre moyen de gravité. Dans la plupart des quadrupèdes ovipares au contraire, il est à remarquer que les genoux et les coudes sont dirigés en dehors pendant Jeur station, et même pendant leurs différens mouvemens progressifs : INTRODUCTION. 257 rogressifs; et que leurs membres postérieurs sont tellement pliés que leur ventre pose et rampe contre terre, entre leurs membres qui sont plus articulés à proportion sur les côtés du corps. Les organes du mouvement des tortues marines consistent dans quatre pattes tour- nées en dehors, aplaties, alongées en forme de nageoïre ; aussi ces animaux se reposent- ils sur ces nageoires et en même tems sur leur plastron ; ils peuvent en quelque sorte être comparés aux phoques et même aux hydromètres, par la manière dont leurs mouvemens s’exécutent. Les tortues marines se servent également de leurs pieds en na- geoire , soit pour nager, soit pour marcher sur les rivages de la mer, et pour y creuser des trous dans le sable lorsque le tems de la ponte est venu. Dans les autres tortues la station a lieu de la même manière que dans la plupart des autres quadrupèdes ovipares, et leur corps a une direction à peu près horizontale. Il faut cependant observer que les batraciens, et sur - tout les grenouilles, ont ordinaire- ment , pendant leur repos, leur corps dans une élévation oblique, parce que leurs bras sont tendus de manière à soulever la partie Reptiles. Tome I. PATES 258 INTRODUCTION. antérieure du corps, tandis que la postérieure reste appliquée contre terre; leurs pieds pos- térieurs ne sont pas conformés de manière à soulever le corps dans un sens vertical, mais seulement à le pousser en avant. Lorsque les serpens se reposent sur la terre , ils forment avec leur corps plusieurs ronds l’un au dessus ou autour de l'autre, et leur tête est élevée au dessus de ces ronds. Les espèces qui passent presque toute l'année sur des arbres élevés, sont entortillées après les branches, et attendent ainsi leur proie. Les chalcides et les lézards bipèdes peuvent aussi être comparés aux serpens, lorsqu'ils sont en repos; Car, ainsi que ces animaux, ils sont roulés en plusieurs tours, et leurs pattes ne servent à peine que pour les re- tenir et les empêcher de rouler sur le dos. . L'action de se mouvoir consiste dans les différens mouvemens progressifs, à l’aide desquels les animaux varient à leur gré la position de leur corps. Le mouvement se fait de deux manières dans les animaux : ainsi les uns se remuent sans pouvoir changer de place ; tels sont les zoophytes qui habitent. dans des demeures fixées ; les autres peuvent également se remuer dans un lieu et se trans- porter dans un autre, soit qu'ils marchent INTRODUCTION. 259 sur deux ou quatre pieds, soit qu’ils rampent sur le ventre, soit qu'ils nagent à l’aide de leurs pieds, de leurs HER où de leurs branchies natatoires. Pour qu’un animal se transporte d’un lieu à un autre, il faut nécessairement qu'il puisse, d’une manière quelconque et dans une certaine direction, donner une‘impul- sion déterminée à son corps; et pour pro- duire ce mouvement, il faut encore que la iorce d’impulsion soit donnée dans un sens, sans éprouver dans l’autre de résistance de la part du corps à mouvoir, ou au moins jaut-il que cette résistance puisse être faci- lement vaincue. Le marcher consiste dans un mouvement alternatif des pieds, à l’aide duquel le COrps est transporté d’un endroit solide vers un autre. Parnu les reptiles, cette sorte de mouvement n’a lieu que dans les tortues, les lézards et les bairaciens: encore subit- elle des modifications qui ne dépendent en partie que du nombre, de la forme ou des‘ dimensions respectives des pieds antérieurs et postérieurs. Tous les reptiles qui ont leurs quaire pieds à peu près d'égale longueur, 5e nécessairement marcher avec une grande vivacité ; tels sont tous les lézards R 2 260 INTRODUCTION: proprement dits ; une espèce porte lépithète | d’agile (/acerta agilis ); une autre a le nom de véloce (Zacerta velox). Si cependant les ammaux ont des pieds à peu près d’égales dimensions, mais trop petits et trop foibles pour supporter presque sans efforts un corps trapu ou très-long et pesant, alors ces ani- maux marchent avec lenteur, comme les tortues, les crocodiles, les chalcides et la plupart des crapauds. Parmi ces derniers il y en a plusieurs dont les pieds postérieurs sont déjà plus longs à proportion que les antérieurs ; aussi marchent-ils et sautent-ils avec une égale facilité; et on peut citer comme un exemple le crapaud commun d'Europe, dont le corps est cendré avec des pustules ou verrues roussâtres. Le crapaud calamite qu’on trouve quelquefois dans les lieux secs, ne peut pas sauter, mais il court sur terre avec une certaine vitesse. Le grimper consiste à monter sur des arbres ou sur d’autres corps solides, en em- poignant fortement avec les doigts les inéga- lités de ces corps. Les mammifères qua- drumanes sont les animaux grimpeurs par excellence ; et il n’y a parmi les reptiles que: les caméléons, qui puissent leur être com= parés. Eu eflel, les cameléons grimpent à INTRODUCTION. »6: laide de leurs pieds qui sont propres à saisir, et de leur queue prenante. _ Le saut diffère du marcher et de la course, parce qu'il consiste dans un élancement de tout le corps au dessus du sol. Le saut ne peut être produit que par une impulsion subite de tout le corps en l'air à l’aide du déploiement rapide des pieds de derrière ou des extrémités inférieures. Plus un animal à les pieds de derrière longs et épais, plus aussi son saut doil être fort et prolongé. Les scinques, ayant leurs quatre pieds courts et à peu près d’égales dimensions, ne peuvent pas sauter ; tandis que les iguanes, les tupi- nambis , etc., sautent avec beaucoup de souplesse. Maïs , parmi les reptiles munis de pieds, ceux qui l’emportent sur tous les autres par la promptitude et l'étendue de leur saut, ce sont les rainettes et les gre- nouilles ; aussi ces batraciens ont-ils leurs membres postérieurs très-longs. Les rainettes peuvent encore faire quelques pas en sou- tenant leur corps sur leurs quatre pieds ; mais les grenouilles marchent avec une peine extrême, parce qu'elles ne peuvent mouvoir que leurs pieds de devant, et qu’elles sont presque obligées de trainer après elles ceux de derrière. | | R 3 262 INTRODUCTION. Les serpens, quoique privés de pieds ; peuvent aussi sauter et s’élancer; et c’est alors par un déploiement subit de plusieurs articulations : ils forment avec leur corps plusieurs ondulations qu’ils détendent toutes à la fois, ou successivement, selon l'étendue du saut qu'ils veulent faire. Maïs ce quE contribue encore à augmenter Félancement dans les serpens, c’est sur-tout la force pro- digieuse de leurs muscles. On peut citer ict la couleuvre lien qui étouffe les gros écu- euils’de l'Amérique septentrionale, en se roulant autour d'eux et en formant divers circuits qu'on peut en quelque sorte com- parer à des nœuds serrés. Selon Catesby, cette espèce d’ophidien innocent court avec une agité incoucevable sur les toits des maisons en Caroline, et y poursuit les rats dont elle détruit un grand nombre. Cuvier paroïit soupçonner que plusieurs serpens peuvent aussi être aidés dans Îeur saut par les écailles de leur ventre, qui se redressent, et ensuite se reportent contre le corps: Dans le commencement de ce travail j'a cru devoir désigner sous le nom de reptiles tous les amphibies de Linnæus dont le corps rampe sur terre, soient qu'ils, aienb deux ou quatre pieds, ou qu'ils en soient INTRODUCTION. 263 dépourvus. Barthez a émis une opinion à peu près conforme à la mienne, dans'son ouvrage sur la mécanique des animaux, en donnant le nom de reptiles à ceux qui sont obligés de se mouvoir en rampant, c’est-à- _ dire, en traïnant leur corps sur terre par un mouvement progressif ondoyant, parce qu'ils mont pas de pieds, ou parce que leurs pieds ne sont pas assez robustes pour soulever con- tinuellement leur corps au dessus de terre. Mais, quoique ce nom de reptiles convienne aux quadrupèdes ovipares comime aux ser- pens, cependant le ramper proprement dit n'appartient réellement qu'a ces derniers. Le ramper des serpens consiste dans une impulsion du corps en avant ou en arrière, laquelle est produite par un mouvement al- ternatif d’une ou de plusieurs parties infé- rieures du corps contre le sol. Le ramper des serpens a lieu de différentes manières, et je crois pouvoir en indiquer sept sortes, savoir : 1°. Le ramper par ondes verticales. ExemPLe. La couleuvre esculape, etc. 2°. Le ramper par ondes horizontales. ExeMPLe. La couleuvre lisse, celle à collier. KR 4 264 INTRODUCTION: 93°. Le ramper par deux ou trois ondes formées par le tiers postérieur du corps, tandis que les deux tiers antérieurs sont redressés verticalement. ExempLre. Le serpent à lunettes, ou le cobra - capel. 4°. Le ramper glissant, avec de petites on- dulations formées par le rapprochement et l’écartement alternatifs des rangées d’é- cailles qui sont en travers sous le corps. ExemeLe. Les orvets. 5°, Le ramper glissant, avec de petites on- dulations formées en partie par le mou- vement alternatif des plaques du dessous du corps, et en partie par une élasticité rapide de tout le corps. ExemPre, La couleuvre boiga, la cou- leuvre fil, la couleuvre verte, etc. 6°. Le ramper glissant, avec de petites on- dulations formées par le rapprochement et l’écartement alternatifs des plis qui sont sur la peau des flancs. ExcmpLze., Les ibiares. 7°. Le ramper glissant, sans ondulations , et formé seulement par le rapprochement INTRODUCTION. :65 et l’écartement alternatifs des anneaux du COrps. Exrempre. Les amphisbénes. Nous avons observé précédemment que le saut est un élancement de tout le corps en l'air, et qu'il est produit par un déploie- ment subit des extrémités inferieures sur un sol fixe. La natation consiste dans une suite d’élan- cemens au milieu de l’eau, à l’aide de refou- lement du fluide : elle est produite par des mouvemens du corps ou d'organes exté- vieurs, tels que les pieds, les nageoires, les branchies natatoires ou la queue. Les mouvemens répulsifs des reptiles pour nager sont à peu près les mêmes que ceux qu'ils emploient pour sauter ; mais ils doivent être seulement beaucoup plus rapides. Pour s'élever dans l’eau, ils sont obligés de refou- ler, à l’aide de certaines parties de leur corps, le fluide qui est placé dessous et derrière eux , et de diminuer, autant qu'il est pos- _sible, la largeur de leur corps en reportant, | | | après chaque refoulement , leurs organes natatoires en arrière. Ainsi, lorsque la gre- nouille à poussé le fluide , elle laïsse éten- dues derrière elle ses deux longues pattes 266 INTRODUCTION. postérieures, et elle fend alors avec plus de facilité le fluide qui est au devant d’elle. La natation dans les animaux a lieu de trois manières principales. Ainsi les uns, tels que l’homme , nagent à la surface de l'eau en respirant l'air en dehors ; d’autres, tels que les grenouilles, nagent sous la sur face de leau et viennent avaler Flair au dehors ; les autres enfin, tels que les pois- sons , nagent sous la surface de l’eau, et y respirent en exprimant l’air de ce fluide à l’aide des branchies. On peut observer dans les reptiles ces trois modifications qui ren- ferment entre elles neuf sortes de natations, Savoir : | I. Natation à la surface de l’eau, et en respirant au dehors, ou natation extérieure. 1°, Natalion extérieure, par des ondulations verticales et sans organes natatoires. ExempLre. Les serpens. 2°. Natation extérieure, par des ondula- tions latérales , à l’aide des pieds. Exempzre. Les iguanes, les lézards pro- prement dits, etc. II. Natation sous la surface de l’eau, ow INTRODUCTION. 267 «natation intérieure , et en respirant au de- hors. 5°. Natation intérieure, par quatre pieds pal- més et sans queue. PxEemPpLe. La rainette patte-d’oie. 4°. Natation intérieure , par deux pieds anté- rieurs simples, par deux pieds postérieurs simples ou demi-palmés, et sans queue. ExEMPLE. Grenouilles proprement dites. 5°, Natation intérieure, par quatre pieds, avec le corps alongé et la queue déprimée. ExemeLe. Les crocodiles, les sula- mandres. 6°. Natation intérieure, par quatre pattes aplaties en nageoires écailleuses, et sans queue. Exempze. Les tortues marines. III Natation sous la surface de l’eau, et en respirant à l’äide de branchies, qui expriment l'air contenu dans l’eau. Je ne crois pouvoir mieux distinguer cette der- nière modification des deux précédentes , qu'en la nommant natation branchiale; elle est propre à tous les animaux qui sont des- nés à vivre dans l’eau plutôt que sur terre. 268 INTRODUCTION. mo, Natation branchiale , à l’aide de deux branchies natatoires , d’une queue com- primée , avec un corps trapu. ExempPLe. Les tétards des rainettes; des grenouilles et des crapauds. Ces tédards sont des animaux imparfaits qui se munissent de pattes, et qui perdent - ensuite leurs branches et leur queue pour devenir des animaux parfaits, ne respirant alors que par des poumons. 8, Natation branchiale, à l’aide de deux branchies natatoires, de deux pieds, d’une queue comprimée , avec un corps alongé. Exempze. La sirène lacertine. g°. Natation branchiale , à laide de deux branchies natatoires, de quatre pieds , d’une queue comprimée, avec un corps alongé. ExEempre. Les tétards des salamandres et le proté anguillard de la Carniole. Les reptiles qui se meuvent dans l’eau à Yaide d’une natation branchiüale , diffèrent essentiellement des poissons, parce qu'ils ont des branchies et des poumons, tandis que les poissons ne respirent que par des bran- chies. INTRODUCTION. 2:69 - Enfin le vol commence par un saut dans Yair, et se continue par une suile de mou- vemens des ailes dans ce fluide. IL faut que ces mouvemens successifs des ailes poussent l'air avec force au dessous d’elles , et qu’en- suite elles se rapprochent du corps, ou qu’elles se tournent de manière que l'animal puisse fendre l’air qui est au devant de jui. Ainsi, il en est du vol comme des autres mouve- mens progressifs dont il est fait mention pré- cédemment , puisqu'il faut dans tous les cas que la force d’impulsion puisse l’emporter à la fois contre la force de résistance et d'inertie. Les dragons sont les seuls reptiles qui possèdent la faculté de voler : ils ont pour cela, sur chaque flanc-entre les pieds, une large membrane qui se développe en éven- tail, et qui se plie au gré de l’animal, à l’aide de sept rayons osseux articulés sur les côtes des vertèbres dorsales. Ces rayons ne sont, à proprement parler, que des côtes verté- brales, droites et qui peuvent être mues dans certaines directions par des muscles parti- culiers. Les dragons, quoique plus légers que les écüreuils volans ou polatouches , ont ce- pendant un vol à peu près sembiabie; leurs æles étant d’ailleurs dans une situation $70 INTRODUCTION. pareille à celle des membranes dont ceux-ci se servent pour voler. } Il n'en est pas des reptiles comme des autres animaux vertébrés à sang chaud; moins parfaits que ceux-ci, moins pourvus de sang, moins doués de chaleur et d’acti- vité interieure , plus rapprochés en quelque sorte des animaux les moins bien organisés, leur force vitale peut rester long-tems sus- pendue par un engourdissement absolu ; ils peuveut vivre aussi pendant plusieurs mois sans manger : on a gardé des couleuvres ek des vipères pendant plus de six mois, sans awon leur donnât aucun aliment , et cepen- dant sans qu'elles parussent rien perdre de leur activité. Plusieurs parties du corps des reptiles, tant intérieures qu'extérieures , se meuvent en effet, et, pour ainsi dire , exer- cent leurs fonctions lorsqu'elles viennent d’être séparées du corps de l'animal. Leur cœur palnite long-tems après avoir été arra- ché ; et quelques reptiles , entre autres les ophidiens et les tortues, ont encore la faculté d'ouvrir la gueule et de la refermer lorsque cependant la tête est détachée du corps depuis quelques heures. Les reptiles peuvent vivre pendant plus de quatre heures , quoique plongés dans l’esprit de vin. Rédi et Boyle INTRODUCTION. 271 ont vu des serpens donner encore quelques signes de vie, après un séjour de vingt-quatre environ dans le vuide. Le docteur Tyson rapporte , dans les Transactions philosophiques ( n° 144 ), que le serpent à sonnette qu'il disséqua vécut quelques jours après que sa peau eut été déchirée et qu’on lui eut arraché la plupart de ses viscères. Pendant ce tems , ses pou- mons qui, vers le devant du corps, étoient composés de petites cellules comme ceux des grenouilles , se terminoient par une grande vessie transparente et forte , et avoient près de trois pieds de longueur , ne se dilatèrent et ne se contractèrent pas alternativement , mais demeurèrent enflés et remplis d’air jusqu'au moment où lanimal expira. Outre les faits que j'ai déjà présentés sur la grande ténacité de la vie dans les reptiles, je puis encore ajouter le suivant dont le capitaine Cook a été le témoin , et dont il a fait mention dans la Relation de son pre- mier voyage. Tandis qu'il étoit sur la côte de la nouvelle Hollande, on tua une tortue, et en l’ouvrant , on trouva en dedans de ses deux épaules un harpon de bois à peu près aussi gros que le doigt , d'environ quinze pouces de lons et barbelé à l'extrémité. Il 72 INTRODUCTION: \ paroïssoit que cet animal avoit reçu cette blessure depuis long-tems , car la plaie étoit parfaitement guérie. Spallanzani a observé plusieurs fois que si lon coupe ou si l'on arrache le cœur , si l’on Ôôte quelque membre à une grenouille, à un crapaud , à une salamandre , et à tout autre reptile lorsque ces animaux sont en- gourdis , ils vivent alors plus long - iems après ces opérations que si on les leur faisoit subir quand ils sont hors de leur torpeur et agissans. . 4 Cuvier , dans ses Lecons sur l’anatomie comparée , aprés avoir établi en principe qu’il est nécessaire pour l’existence de tout animal que ses besoins soient proportionnés aux facultés qu'ila pour les satisfaire, conclut que l'irritabilité musculaire doit s’épuiser d'autant moins que la respiration est moims prompte à la réparer et moins nécessaire à Vanimal. C’est , selon lui , en vertu de ce principe de physiologie que lirritabilité se - conserve si bien dans les reptiles , et que leurs viscères ainsi que leurs chairs palpitent si long-tems après qu'ils ont perdu la vie ; tandis que celles des animaux à sang chaud perdent cette faculté à mesure qu'ils se refroidissent. On INTRODUCTION. :553 Ontrouve dans les Mémoires de l'académie des sciences de Paris (1686) des détails très-imtéressans sur la réproduction des men- bres coupés aux reptiles. Thévenot ayant coupé la queue à un lézard vérd , il lui en revint une autre qui, dans l’espace de douze jours, s'accrut de huit lignes environ , et qui continua ensuite à augmenter en longueur. Duverney renouvela la même expérience sur un autre lézard , et 11 reconnut que la nou- velle queue m'étoit qu'un cartilagé creux , dépourvu de vertèbres el recouvert d’une peau. Perrault rogna d’un pouce la queue d'un lézard verd , long de sept pouces ; et, au bout de quinze jours, une partie sem- biabie à celle qui avoit été coupée reparût : elle n’en difiéroit absolument à l'extérieur que par la couleur ; mais en dedans elle n'avoit ni les vertèbres , ni les muscles qui étoient dans la partie coupée ; il n’y avoit qu'un cartilage de la grosseur d’ûne grosse épingle , enveloppé d’une peau sarnie de fibres et de vaisseaux comme la première et recouverte commé elle d’écailles sem- blables à celles du réste du corps de l’animal. Bonnet s’est aussi occupe de la réproduction de diverses parties des êtres organisés. * Quelle que soit la véritable cause de cette Reptiles. Tome I, ÿ 274 INTRODUCTION. 14 réproduction ;. elle paroît analogue à celle: qui a lieu pour les paites des crustacées; mais elle est fort différente , selon Perrault , de celle des plumes des oïseaux , des bois des cerfs, des dents des animaux; car ces choses- Jà sont contenues en nature, mais en petit, dans des espèces de matrices, d’où ellessortent en se développant lorsque le besoin de l’ani- mal lexige , et que rien ne s'oppose à leur accroissement. Cet observateur ayant ar- raché , par exemple, à un jeune crocodile des dents qui remuoient , il a trouvé dans les alvéoles d’autres dents très-petites , mais très-bien formées, qui devoient eroitre à la place des premières. Il à fait encore plusieurs observations de même nature sur d’autres pariies de différens animaux. Quels que soient le dégoût et l'horreur que puisse produire la vue des reptiles ,i1l.est cependant possible de. les apprivoiser:, et de les rendre assez famuliers pour n'avoir rien à appréhender de leurs morsures. Les his- -toriens qui nous ont laissé des détails sur la religion des anciens habitans de l'Egypte, nous apprennent qu'alors les prêtres de Mem- phis dressoient des crocodiles, les élevoient dans des bassins au milieu de leurs temples , et parvenoient à leur faire perdre leur féroeité INTRODUCTION 275 au point de les promener dans certaines céré- monies religieuses. Dans l’année 58 avant J. C. l'édile Scaurus fit montrer à Rome cinq crocodiles du Nil : et depuis lui, empereur Auguste fit remplir d’eau le cirque Flaminien, et y exposa aux regards de tout son peuple trente-six cro- codiles, qui furent tués par un nombre égal d'hommes habitués alors à combattre ces animaux. On lit, dans le voyage de la Brue (1), que dans la rivière de San - Domingo, près les côtes occidentales de l'Afrique , les nègres prennent som de nourrir les crocodiles, et de les adoucir à un tel point que les enfans en font leur jouet, jusqu’à leur monter sur le dos , et les battent même sans en recevoir aucune marque de ressentiment. On est par- venu en Europe à élever des tortues bour- : beuses dans les jardins , et à les y habituer au point qu'elles peuvent s’y multiplier. Comme elles sont avides de vers de terre , de limaçons et d’insectes, elles sont très-utiles à leurs propriétaires , et il seroit desirable quelles fussent plus abondantes dans nos habitations. On doit cependant les empêcher (1) Hist. générale des voyages. 5 2 "4 PT 276 INTRODUCTION: d'entrer dans les viviers, parce qu’elles sont très-avides de poissons, et sur-tout des plus, gros. On peut aussi élever chez soi des gre- SES, et dresser des rainettes, sur-tont la commune (hyla viridis) , à vivre dans des bocaux de verre à moitié remplis d’eau. Enfin l’homime est aussi parvenu à appri- voiser des couleuvres, et à dompier des serpens s venirneux ; tels que le cobra- capel ou serpent à à lunettes. Voici comment Daubenton a décrit ; d’a- près Komopfer, la manière employée dans les Indes orientales par des bateleurs, pour apprivoiser le serpent à lunettes. « Le serpent dont la morsure produit des effets très-funestes , se renfle lorsqu'il est agacé , se dresse , s’élance , la gueule ouverte, avec une extrême rapidité sur sou enneni ; et si celui-ci n’a l'adresse de se dérober promptement à son attaque , bientôt le ser- pent lui fait des morsures qui sont suivies d'une mort inévitable , à moins qu’on ait recours aux antidotes usités dans le pays: Voici en quoi consiste la danse du serpent à: Junettes. Lie bateleur qui l’a dréssé , après! avoir attiré la foule autour de lui, par la promesse d'un spectacle d’an genre tou nouveau ; Pr end un morceau d’une espèce INTRODUCTION. 277 de racine dont il a toujours une provision sur lui. Il assure en même tems les specta- teurs que, par la vertu de cette racine, il peut attaquer impunément les serpens , eE se garantir de leurs morsures empoisonnées. Alors il fait sortir un serpent à lunettes du vase où il le tenoiït enfermé , et l’agace en lui donnant un petit coup de baguette, ou en lui présentant ie poing de la ma droite, dans laquelle il tient la racine dont on a parlé. À l’instant le serpent se tourne vers l'aggresseur , dresse son corps en se soutenant sur sa queue, se renile, pousse un siflement en dardant sa langue , et, la gueule béante, lPœil enflammé , fixe attentivement le poing du charlatan. Alors celui-ci commence sa chanson , et en même tems agite son poing en cadence , en le faisant passer successive- ment de droite à gauche, et de gauche à droite , et quelquefois aussi de haut en bas et de bas en haut. Le serpent, toujours altentif aux mouvemens du poing qu'on lui présente , les imite par ceux de son corps ; en sorte que sa queue restant toujours im- mobile par son extrémité, la tête varie con- tinuellement ses positions, ce qui fait une espèce de danse assez plaisante , qui dure environ un demi-quart d'heure, Après cela S 9 27 INTRODUCTION. le bateleur, qui prévoit le moment où le. serpent fatigué retomberoit subitement, in-. terrompt sa chanson et les mouvemens de sa main , et par là même fait cesser la danse du serpent , qui s’abaisse sur la terre ; après. quoi le charlatan le fait rentrer dans le vase qui lui sert de retraite. On sent assez, sans qu'il soit besoin d’en avertir, que la racine employée par le bateleur dans cet exercice singulier , n’a point, comme il le prétend , la vertu de le préserver des mor- sures du serpent. Notre empyrique n’est pas plus croyable lorsqu'il assure que c’est la musique qui excile le serpent à se mettre en danse. En quoi donc peut consister son art, et comment parvient-il à rendre le serpent docile , en quelque sorte, aux diffé- rens gestes qu'il lui fait ? C’est ce que nous apprend Kcmpfer, qui avoit observé la ma- nière dont un brachmane s’y prenoit pour dresser des serpens qu'il vendoit ensuite tout apprivoisés aux charlatans. Il en conservoit vingt-deux dans autant de vases de poterie de terre fermés par un couvercle, et d’une capa- cité suffisante pour -que les serpens eussent la Hberté de s’y retourner. Il choiïsissoit , pour les exercer , le tems de la journée où la chaleur du soleil étoit modérée. Alors INTRODUCTION. 279 fusoit sortir les serpens l’un après l’autre de leurs vases, et les exerçoit plus où moins Jong-tems, selon le dégré d'habitude où ils étoient parvenus, et les progrès qu’ils avoient faits. Dès que le serpent, après être sorti du vase , commençoit à fuir, le maitre, à Paide d’une petite baguette, lui retournoit la tête de son côlé ; à linstant où le serpent étoit prêt de s’élancer sur lui, 1l lui présentoit le vase dont il se servoit comme d’un bou- chier pour parer ses coups, en sorte que l’a- nimal , voyant tous ses efforts inutiles , étoit forcé de reculer. Cette espèce de lutte étoit continuée l’espace d’un quart d'heure ou d’une demi-heure ; et pendant ce tems, le serpent , tenant toujours sa peau renflée , et montrant les dents suivoit tous les mouve- mens du bouclier qu'on lui opposoit. » Par cet exercice, on accoutumoit peu à peu le serpent à se dresser lui-même , dès qu’on lui présentoit le vase, que l’on sup- primoit dans la suite pour y substituer la main fermée, el tenir l'animal en respect, par la crainte de se choquer contre l'obstacle qu'il avoit sans cesse devant les yeux. Le bateleur qui avoit fait l'acquisition du ser- pent, accompagnoit sa danse d’une chanson, 5 4 280 INTRODUCTION. pour completter l'illusion du spectacle. Maïs quelque adresse et quelques précautions qu'il employât pour éviter les attaques du serpent danseur , il n’étoit guère possible qu'il n’en füt quelquefois mordu ; et il auroit pu lui en coûter la vie , s’il n’avoit eu auparavant l'attention de priver l’animal de son venin. Pour y réussir, 1l lui présentoit un morceau d'étoffe à plusieurs reprises , et lexcitoit à se Jeter dessus. Le serpent, en imprimant sa morsure dans l’étoffe, y faisoit couler son venin , qui s’'épuisoit ainsi dans cette opéra- tion réitérée. Le bateleur recommencçoit le lendemain, ou de deux jours l’un, et prenoit bien garde que le serpent ne mangea de Yherbe fraîche , ce qui auroit été capable de reproduire son venin dans Fespace de quelques heures. Par cet arüfice , l'empy- rique mettoit sa vie en sûreté; et s’il arrivoit qu'il füt mordu par le serpent, il en étoit quitte pour une blessure assez légère qui se guérissoit promptement » (1). Voici ce que le professeur Lacépède a (1) Daubenton, Encyclopédie méthodique » partie erpétologique ; pag. 555. Kæœmpfer , Amænitates exoticæ , pag. 565. INTRODUCTION. 281 écrit sur les idées superstitieuses des anciens par rapport aux serpens : «Quoique de tous les tems les serpens, et sur- tout les très -grandes espèces , ainsi que celles qui sont venimeuses , aient dü imspirer une frayeur très-vive , leur forme remarquable et leurs habitudes singulieres ont attiré sur eux assez d'attention, pour qu'on ait reconnu leurs qualités principales. Il paroît que les anciens connoissoient , même dès les tems les plus reculés, toutes les propriétés que nous allons exposer. Il faut qu'elles aient été observées dans ces tems antiques dont il nous reste à peine quelques monumens imparfaits, et qui ont précédé les siècles nommés héroïques, où la plupart des idées religieuses des égyptiens et des grecs ont commencé à prendre ces formes brillantes qui ont fourni tant d'images à la poésie. Si nous ouvrons en effet les livres des premiers poëtes dont les ouvrages sont parvenus jusqu'à nous ; si nous cousultons les fastes de la mythologie grecque ; si nous réunissons sous un même point de vue les différentes parties de ces anciennes tradi- tions , où le serpent est employé comme emblème , nous trouverons que les anciens 283 INTRODUCTION: hui ont attribué , ainsi que nous, une gran= deur très - considérable | qu’ils sembloienE regarder comme dépendante du séjour de ce reptile au milieu des endroits marécageux et humides, puisqu'ils ont supposé qu'à læ suite du déluge de Deucalion, le limon de la terre engendra un énorme serpent qu'A- poilon tua par ses flèches, c’est-à-dire, que le soleil ft périr et dessécha par la chaleur de ses rayons. Ils lui ont donné aussi la force , car, en parlant du combat d’Achéloüs contre Hercule , ils ont supposé que le pre- mier de ces deux demi-dieux avoit revêtu fa forme du serpent pour vaincre plus aisé- ment son redoutable adversaire. C’est son asilité et la promptitude de tous ses mou- vemens qui l’ont fait choisir par les auteurs de la mythologie égyptienne et grecque pour le symbole de la vitesse du tems, et de la rapi- dilé avec laquelle les siècles roulent à la suite les uns des autres; et voilà pourquoi ils Fon£ donné pour emblême à Saturne, qui désigne le tems ; et voilà pourquoi encore ils lont représenté se mordant la queue, et formant ans: un cercle parfait pour pemdre la sue- cession infinie des siècles, pour exprimer cette durée éternelle dont chaque instant fuit avec tant de vitesse, et dont l’ensemble PN TRODUCTION. 289 Wa ni commencement ni fin. C’est ainsi qu’il étoit figuré en argent dans un des temples de Memphis , comme latteslent les monu- mens échappés au ravage de ce même tems dont il étoit le symbole ; et c'est encore ainsi qu'il étoit représenté dans ces tableaux chronologiques où divers hiéroglyphes retra- colent aux yeux des mexicains , de ce pre- mier peuple du nouveau monde, ses années, ses mois, et les divers évènemens qui en remplissoient le cours. » Les anciens, selon la juste remarque du même auteur , n'’ont-ils pas attribué aussi au serpent l'instinct étendu que les voyageurs s’accordent à reconnoître dans cet être remar: quable? Ils ont ennobli, exagéré cet instinct, et l’ont décoré du nom d'intelligence , de pré- voyance , de divination ; et voilà pourquoi il fut placé autour du miroir de la déesse de la prudence , il fut consacré à celle de la santé, ainsi qu'à Esculape , adoré à Epidaure sous la forme d’un serpent. N’ont-ils pas reconnu sa longue vie lorsqu'ils ont feint que Cadmus et plusieurs autres héros avoient été méta- morphosés en serpens, comme pour désigner la durée de leur gloire ; et que le choisissant pour représenter les mânes de ce qui leur étoit cher , ils l'ont placé parmi les tom- cra 284 INTRODUCTION: beaux : tel est, par exemple , le serpent qu Enée vit autour du tombeau de son père. N’ont-ils pas fait allusion à l’effroi qu'il ins- pire , et principalement au poison mortel qu'il recèle quelquefois, lorsqu'ils Font donné aux Euménides , dont il entoure et hérisse la tête ; à l’'Envie, dont il perce le cœur ; à la Discorde , dont il arme les mains san- glantes ? Et cependant, par un certain con- iraste d'idées que lon rencontre presque toujours lorsque les objets ont été examinés plusieurs fois et par divers yeux, n’ont-ils pas vu dans le serpent cette beauté de cou- leurs et ces proportions déliées que nous y ferons plus d’une fois remarquer ? Ne lui ont-ils pas accordé la beauté , puisqu'ils ont dit que Jupiter qui, pour plaire à Léda,, avoit pris la forme élégante du cygne, avoit choisi celle du serpent pour obtenir les fa- veurs d’une autre divinité ? Toutes ces idées, répandues des contrées de l'Asie ancienne- ment peuplées, s'étendant parmi les sociétés à demi-policées de l'Amérique et parnx les hordes sauvages de l'Afrique, accrues par leur éloignement de leur origine , embellies par l'imagination , altérées par lignorance, falsifiées par la superstition et par la crainte, « lui ont atiiré les honneurs divins tant dans 5% 242 INTRODUCTION. 285 FAmérique qu’au royaume de Juida et dans d'autres contrées, où 1l a encore ses temples, ses prêtres et ses victimes » (1). Bailly, dans son Histoire de l’astronomie ancienne , page 515, a donné quelques dé- tails relatifs aux idées symboliques que les anciens'avoient par rapport au serpent dans des siècles reculés. « Les égyptiens, dit-il, peignoient un serpent couvert d'écailles de différentes couleurs et roulé sur lui-même. Nous savons, par l’interprélation qu’Horus Apollo donue des hiéroglyphes égypüens, que , dans ce style, les écailles du serpent désignoiïent les étoiles du ciel. On apprend encore, par Clément Alexandrin, que ces peuples représentoient la marche oblique des astres par les replis tortueux d’un serpent, Les égyptiens , les perses peignoient un homme nu entortillé d’un serpent ; sur les contours du serpent étoient dessinés les signes du zodiaque. C’est ce qu'on voit sur différens monumens antiques, et en parti- culier sur une représentation de Mithras, (1) Lacépède, Histoire naturelle des serpens. Nous aurons occasion de revenir sur cet article dans la description que nous donnerons du boa devin et d’autres serpens d'Afrique. 286 INTRODUCTION: expliquée par l'abbé Bannier , et sur: ur tronçon de statue trouvé à Arles , en 1698. Il n’est pas douteux qu’on ait voulu repré- senter par cet emblème la route du soleil dans les douze signes , et son double mou- vement annuel et diurne , qui, en se com- binant , font qu'il semble s'avancer d’un tropique à l’aulre par des lignes spirales. On retrouve cet hiéroglyphe jusques chez les mexicains. Ils ont leur cycle de cinquante- deux ans, représenté par une roue; cetté roue est environnée d’un serpent qui mord sa queue, et qui marque par ses nœuds les quatre divisions du cycle. Il est évident que les figures des constellations , les caractères qui désignent les signes du zodiaque , et tout ce qu’on peut appeler la notation astrono- imique , sont les restes des anciens hiéro- slyphes. Il est remarquable que les chinois appellent les nœuds de la lune , la tête et la queue:du ciel, comme les arabes disent la tête et la queue du dragon. Le dragon est chez les chinois un animal céleste ; als ont apparemment confondu ces deux idées. 11 est encore fait mention dans l’'Edda d’un grand serpent qui environne la terre. Tout cela a quelque analogie avec le serpent, qu par-tout représente le tems, et avec le dragon INTRODUCTION. 287 “ont la iête et la queue marquent les nœuds de l'orbite de la lune , tandis que ce dragon cause les éclipses ». _ On trouve dans le royaume de Juida une grande couleuvre innocenie, que le savant Lacépède a nommée daboie , et que divers voyageurs ont indiquée sous le nom de ser- pent idole. Ce reptile est en effet adoré par les nègres d'Afrique, parce qu’il emploie toute sa force pour être utile à l’homme en détruisant les insectes nuisibles, et même les serpens venimeux. Voici comment le voya- geur Desmarchais raconte l’origine de l’ado- ration de cette couleuvre. € L'armée de Juida étant prête à livrer bataille à celle d'Arda , il sortit de celle-ci un gros serpent qui se retira dans l’autre : non seulement sa forme n'avoit rien d’effrayant , mais il parut si doux et si privé que tout le monde fut porté à le caresser. Le srand sacrificateur le prit dans ses bras et le leva pour le. faire voir à toute l'armée. La vue de ce prodige fit tomber tous les nègres à genoux ; ils adorèrént leur nouvelle divinité, et fondant sur leurs ennemis avec un redou- blement. de courage, ils remportèrent une victoire complette. Toute la nation ne man- qua point d'attribuer un succès si mémo- ne, | 288 INTRODUCTION. rable au pouvoir du serpent. fi fut emporté avec toute sorte d’honneurs : on lui bâtit un temple , on assigna un fond pour sa sub- sistance ; et bientôt ce nouveau fétiche prit l’ascendant sur toutes les anciennes divinités: son culte ne fit encore qu'’augmenler à pro- portion des faveurs dont on se crut redevable à sa protection. Les trois anciens fétiches avoient leur département séparé : on s’a- dressoit à la mer pour obtenir üne heureuse pêche , aux arbres pour la santé et à lagoye pour les conseils ; mais le serpent présida au commerce, à la guerre , à l’agriculture, aux maladies, à la stérilité , étc, ete. Le pre- mier édifice qu'on avoit bäti pour le rece- voir, parüt bientôt trop petit ; on prit le parti d'élever un nouveau tèmple, avec de grandes couûrs et des apparlemens spacieux; on établit un grand pontife ét des prêtres pour le servir. Fous les ans on choisit quelques belles filles qui lui sont consacrées (1)». Le naturaliste Lacépède a ensuite donné ; dans son Histoire naturelle du daboiïe , d’autres détails très-curieux sur le culte du serpent fétiche ; et 1l les à puisés dans diverses Relations de voyageurs. Voiei commerit il s'exprime : (5) Hist. gén. des Voyages , in-12 , 1. XIV ;pag. 569. INTRODUCTION. 289 #exprime. «Le daboie, qu’on nomme serpent fétiche, c’est-à-dire , étre conservateur, recoit dans son temple de riches offrandes ; on lui présente des étoffes de soie , des bijoux, les mets les plus délicats du pays et mème des troupeaux ; aussi les prêtres qui le servent jouissent-ils d’un revenu très-considérable , possèdent-ils des terres immenses , et com- mandent-ils à un grand nombre d'esclaves. Afin que rien ne manque à leurs plaisirs, ils forcent les prêtresses à parcourir chaque année , et vers le tems que ie mais com- mence à verdir, la ville de Juida et toutes les bourgades voisines. Armées d’une grosse massue , et secondées par les prêtres , elles assomimeroient sans pilié ceux qui oseroient leur résister ; elles forcent les négresses les plus jolies à les suivre dans le temple : et le poids de la crédulité superstitieuse pèse si fort sur la ièle des nègres, qu’ils croient qu’elles vont étre honorées des approches du serpent protecteur , et que c’est à son amour qu'elles vont être livrées. Ilsrecoivent avec respect cette faveur signalée et divine. On commence par instruire les jeunes filles a chanter en honneur du serpent ; et lors- qu'elles sont près du tems où elles doivent étre admises auprès dela prétendue divinité, Reptiles. Tome I, fi 299 INTRODUCTION. on les soumet à une cérémonie fanatique et barbare, car la cruauté naît presque tou- jours de la superstition. On leur imprime sur la peau, dans toutes les parties du corps, et avec des poinçons de fer, des figures defleurs, d'animaux et sur — tout de serpens: les prê- tresses les consacrent ainsi au service de leur dieu ; et c’est en vain que les malheureuses victimes jettent les cris les plus plaintifs que leur arrachele tourment qu’elles éprouvent, rien n'arrête leur zèle inhumain. Lorsque la peau de ces infortunées est guérie , elle ressemble, dit-on , à un satin noir à fleurs; elle les rend à jamais l’objet de la vénéra- tion des nègres. Le moment où le serpent doit recevoir la négresse favorite arrive enfin ; on la fait descendre dans un souterrain obscur, pendant que les prêtresses et les autres jeunes filles célèbrent sa destinée par des danses et des chants , qu’elles accompagnent du bruit de plusieurs instrumens retentissans. Lorsque la jeune négresse sort de l’antre sacré , elle recoit le titre de femme du serpent ; elle ne devient pas moins la femme du nègre qui parvient à lui plaire , mais auquel elle ins- pire à Jamais la soumission la plus aveugle, ainsi que le plus grand respect. Si quelqu’une. des femmes du serpent trahit le secret des INTRODUCTION. 20: plaisirs des prêtres , en révélant les mystères du souterrain , elle est aussitôt enlevée et mise à mort, et l’on croit fermement que lé grand serpent est venu lui-même exercer sa vengeance , en l’emportant pour la faire brüler » (1). | | On trouve, dans la Description du Mala- bar , les détails suivans sur l’adoration du serpent à lunettes. | « Les indiens du Malabar nomment ralle- pambou, c'est-à-dire, bonne couleuvre, un serpent auquel les portugais ont donné le nom de cobra-capel, parce qu'il a la tête environnée d’une peau large qui forme une espèce de chapeau. Son corps est émaillé de couleurs très-vives, qui en rendent la vue aussi agréable que ses blessures sont dan- gereuses; cependant elles ne sont mortelles que pour ceux qui néglisent d’y remédier. Les diverses représentations de ces cruels animaux font le plus bel ornement des pa- sodes ; on leur adresse des prières et des offrandes. Un malabare qui trouve une cou- leuvre dans sa maison, la supplie d’abord de sortir ; si ses prières sont sans effet, ïl D, (1) Lacépède, Histoire naturelle des serpens , in-12, tom. ÎT, pag. 57 et suiv. La 292 INTRODUCTION: s'efforce de l’attirer dehors en lui présentant du lait ou quelqu’autre aliment ; s’obstine-t- elle à demeurer ; on appelle les bramines, qui lui présentent éloquemment les motifs dont elle doit être touchée, tels que le res= pect du malabare, et les adorations qu'il a rendues à toute l'espèce. Pendant le séjour que Dellon fit à Cananor, un sécrétaire du prince- gouverneur fut mordu par un de ces serpens à chapeau, qui étoit de la gros- sear du bras et d'environ huit pieds de lonsueur ; il négligea d’abord les remèdes ordinaires, et ceux qui l’accompagnoient se contentèrent de le ramener à la ville , où le serpent fut apporté aussi dans un vase bien couvert. Le prince, touché de cet accident, fit appeler aussitôt les bramines, qui repré- sentérent à lanimal combien la vie. d’un officier si fidèle étoit importante à l’état ; aux prières on joignit les menaces ; on lux déclara que, si le malade périssoit, elle seroit brülée vive dans le même bücher ; mais elle fut inexorable, et le secrétaire mourut de la force du. poison. Le prince fut extrêmement sensible à cette perte; cependant ayant fait réflexion que le mort pouvoit être coupable de quelque faute secrette qui avoit peut être atüré sur lui le courroux des dieux, 4l / INTRODUCTION. 3203 ft porter hors du palais le vase ou la cou- leuvre étoit renfermée, avec ordre de lui rendre la liberté, après lui avoir fait beau- coup d’excuses et Hours de profondes révérences. Er » Une piété bizarre engage un grand nombre de malabares à porter du lait et divers alimens dans les forêts ou sur les chemins, pour la subsistance de ces ridicules divinités. Quelques voyageurs, ne pouvant donner d'explication plus raisonnable à cet aveuglement, ont jugé qu ‘anciennement lin- tention des malabares avoit été d’éloigner. ces serpens vemmeux de leurs habitations, en leur fournissant dé quoi se nourrir au miheu des champs et des bois. » La loi que les indiens s'imposent , de ne tuer aucune coulcuvre, est peu respec- iée des étrangers qui sarrètent au Mala- bar ; et c’est rendre service aux habita ans du pays » (1). Les égyptiens ont eu diverses opinions superstitieuses sur le crocodile. Il étoit adoré (1) Description du Malabar , insérée dans l'Histoire générale des voyages, édition in-12, tom. XLIIT, pag. 341 et suiv. T' 5 204 INTRODUCTION. à dans quelques contrées où on lapprivoisait 5 ou l’attachoit par les pattes de devant; on lui mettoit aux oreilles des pierres précieuses, et on le nourrissoit pendant toute sa vie de viandes consacrées. Après sa mort on l’en- baumoit, on renfermoit sa cendre dans des urnes ; et on le portoit dans la sépulture des rois. Î] y en avoit d’assez fous pour se féliciter de leur bonheur , Sil arrivoit qu'un crocodile eût dévoré quelques - uns de leurs enfans. Ailleurs on les abhorroit, on les chassoit et on les tuoit, € cela. Rp que + le ue d ON etF en- nenu de tous les dieux , s’étoit transformé. en crocodile ; d’autres en faisoient le sym- bole de la divinité , et tiroient, des présages du bon ou mauvais accueil des vieux cro- codiles. Si lanimal recevoit des alimens de la main qui les lui présentoit, cette bonté: s'interprétoit fav orablement ; le refus au. contraire étoit de mauvais augure. Il ne s’agit que de mettre l'imagination. des hommes en mouvement, et bientôt 1ls croiront les SEE les plus outrées. Le crocodile n'aura point de langue ; il aura autant de dents qu'il y. a de jours INTRODUCTION. 295 dans l'année ; il y aura des tems et des lieux où il cessera d’être malfaisant ; certains égyptiens avoient adopté cette croyance, et souffroient très-patiemment qu’on leur re- prochât leur soite crédulité. Celui qui osoit soutenir qu’un crocodile avoit attaqué un égypüen, quoiqu'il füt sur ‘le Nil et dans une barque de papyrus, étoit un impie. { Dictionnaire encyclop. de Diderot, art. crocodile. ) | Les indiens qui habitent à Batavia ont plu- sieurs opinions très-superstitieuses. Ils croient que les femmes, en accouchant, mettent souvent au monde en même tems un jeune crocodile , jumeau de lenfant ; ils imaginent que la sagefemme recoit cet animal avec beaucoup de soin, et le porte sur le champ à la rivière où elle le met dans l’eau. La fanulie dans laquelle on suppose qu'est arri- vée cette naissance , porte constamment des alimens à la rivière pour le parent amphibie, et le jumeau sur-tout y va à certains tems, dans tout le cours de sa vie, accomplir ce devoir fraternel. Les indiens sont tous per- suadés que, s’il y manquoit, il seroit puni de maladie ou de mort. Cette croyance ridicule semble avoir pris naissance dans l'ile de T4 296 INTRODUCTION. | Célèbes et de Bouton, où plusieurs habitans nourrissent des crocodiles dans leur maisons mais, quoi qu'il en soil, cette opinion reli-. ligieuse est répandue sur toutes les îles orien- tales jusqu’à Timor et Céram, et à l’ouest jusqu’à Java et Sumatra, où cependant je ne crois pas qu'on ait jamais entretenu de crocodiles. Ces crocodiles jumeaux sont ap- pelés judaras. (Voyage de Cook, in-8, tom. VIIL, chap. 12.) MÉTHODES D'ERPÉTOLOGIE. MÉTHODES DE R PE T OL OEME Par KLEIN. LAURENTI. S € DO PO LE. L LINNÆUS ET GMELIN. LACÉPÈDE. © ALEX. BRONGNIART. L'APREILIE MÉTHODE DE KLEIN (1755). Extraite de son Tentamen herpetologice. Nota. J.' TH. KLEIN a rangé tous les ani- _ maux décrits dans son ouvrage’, en deux parties. Dans la première il met tous les vrais serpens; mais, dans l’autre, il place à tort tous les lombries , les tænia et les sangsues. Cette dernière partie doit être _Ôtée de sa méthode , parce que les ami- maux qui en dépendent sont dépourvus de vertèbres et sont très - différens des vrais reptiles. | PREMIERE CLASSE. Srrrrxs qui ont la tête distincte du cor He et la Lu amincie. PREMIER. GENRE. VipÈres (kynodon). Dents antérieures canines , trées-longues et mobiles. Nota. Dans ce genre 1l établit trois sections , savoir: 1°. Les vipères proprement dites. 300 MÉTHODES 2°, Les vipères sonne-queue ou serpents à sonnette. | | 5°. Les vipères à lunettes, SEC ON D GE NES Vipères D'EAU (ichiyodon). Dents pectinées comme celles du crocodile. TROISIÈME GENRE. CoUuLEUVRES (icon Dents Rte ; courtes et cachées. QUATRIÈME GENRE. AKODON (anodois)- Sans denis aux pie SECONDE CLASSE. Serpens qui ont “ tête couts avec le corps , et dont la queue est obtuse. CINQUIÈME GENRE. SCYTALE. Queue plus arrondie que la téte: Nota. Klein a arrangé dans ce genre tous les orvets où anguis ; il ne faut pas rapporter ce genre de Klein à celui que vient de for- mer récemment Latreille, et qui contient tous les boa venimeux. : SIXIÈME ET DERNIER. CÆENRE. AMPHISBÈNE. Tête et queue de forme semblable. D'ERPEÉTOLOÔGIE. 3or MÉTHODE DE LAURENTI (1768). Exiraite de son Specimen medicum exhibens synopsin reptilium. Nota. LAURENTI a séparé les tortues de la _ Classe des reptiles ; c’est une faute qu'il a commise et qu'il importe de réparer. Lssrerrines sont, des animaux à sang froid ; sans poils ni mammelles ; munis d’un poumon sans diaphragme et presque sans côtes ; ayant un gosier qui peut alternati- vement avaler l’air , et, en se contractant, pousser cet air dans le poumon; qui passent lhyver engourdis ; qui avalent leur nourri- fure sans la mâcher, et qui la digérent diffici- lement et lentement; qui supportent la faim pendant près de six mois; quirestent quelques tems accouplés ; qui changent quelquefois de peau ; et dont les habitudes doivent être suspectes aux hommes , aux mamnufères et aux oiseaux. METHODES. Où © 9 PREMIER ORDRE. REPTILES SAUTEURS. Pieds postérieurs propres à sauter ; corps sans écailles et mu- queux ; oreilles couvertes d’une membrane; dents et ongles nuls , excepté au pipa ; organes sexuels ne paroissant pas au dehors de l'anus; queue disparoissant par une métamorphose. PREMIER GENRE. Prpa. LA tête aplatie, très-courte, large, antérieurement arroûdie en arc-et confondu avec le corps; le cou très-court, ayant très- peu de plis; le museau triangulaire , tronqué et propre à creuser la terre ; les doigts anté- rieurs cylindriques , lobés à leur bout; les postérieurs très-longs , palmés et onguiculés: le corps orbiculaire, aplati et très - large : la peau dure, cartilagmeuse, parsemée de tubercules qui s'ouvrent comme des cellules. pour recevoir les petits. R SECOND CÉNRE. Crapau». Le corps orbiculaire , couvert de verrues, sâle , hideux ; la tête antérieure- ment obtuse , arrondie, bossue en dessus ; le dos droit, avec les flancs enflés ; les pieds cours, peu propres à sauter, eë se joignant D'ERPETOLOGTIE. 303 à peine pendant l’accouplement sur le ventre de la femelle ; les œufs réunis en un très- long cordon. Les crapauds fuient la Iumière, et lors- qu'ils sont au soleil, ils contractent leur pru- nelle en une fente étroite et transversale ; ils passent la nuit à chasser aux insectes , et sont sur-tout avides de phalènes ; ils différent des genres voisins comme la chouette du faucon, comme l’engoulevent de l’hirondelle, comme la phalène du papillon. DIR ORSIÉÈÉME GENRE GRENOUILLE. Le corps alongé et angu- leux par des lignes longitudinales ; la tête alongée , un peu étroite en devant ; la région lombaire ayant une bosse transversale ; les œufs réunis pêle-mêle en un paquet. Les grenouilles chassent pendant le jour, se mettent à l'abri du soleil, et sommeillent pendant la nuit. OVATRIÉME GENRE. Rainette. Le corps lisse et propre, par- semé en dessous de grains très-petits el très- rapprochés ; les jambes postérieures très- longues et propres à de grands sauts; les doigts terminés par des peloites qui font, selon \ 304 METHODES Catesby, une espèce de succion semblable à celle produite par la bouche des sangsues, et’ à l’aide de laquelle l'animal se colle sur les deux surfaces des feuilles sur les.arbres. CINQUIÈËÈME GENRE. ProrTé. Animal amphibie , ayant en même tems des poumons et des branchies, respirant l'air sous l’eau avec ses branchies et hors de l'eau avec ses poumons , de sorte qu'il peut sortir d’un marais mis à sec pour se rendre dans les eaux voisines ; mâchoires sans dents et pieds sans ongies; queue très - mince et. verticale. Laurenti a placé dans ce genre notre gre- nouille jackie de Surinam, et les caractères qu'il lui assigne ne conviennent qu'au iétard de cette grenouille , qui a, comme ceux des autres grenouilles, des branchies avec des poumons dans l’une de ses métamorphoses. SECOND ORDRE REPTILES MARCHEURS. Quatre pieds propres à marcher ; le corps ne touchant pas à terre pendant la marche (ce second carac- tère n’est pas strictement vrai); le corps muni d'un cou et d’une queue distincts. » " Les D'ERPETOLOGIE. 305 ‘Les animaux de cet ordre ont une dé- marche lente, la langue entière , les mâchoires sans dents-et les pieds sans ongles, la peau nue sans écailles, l'anus dans une fente lon- gitudinale, lés pieds glutineux ; et de plus, ils subissent des métamorphoses dans l’eau. Noia. Laurenti place au commencement de ce second ordre la suite de son genre proté qui comprend deux espèces, en outre de la grenouille Jackie, savoir: 1° le proté-trito- nien, qui ést le tétard d’une salamandre ; 2° Je proté-anguillard, qui est un animal voisin de la sirène, et qui a été trouvé de nouveau el amplement décrit par Schrei- ber dans un Mémoire récemment publié | sur cet animal. SIXIÈME GENRE TRITON. Le corps égal , cylindrique, un peu verruqueux , sans HR Ja queue com- primée , lancéolée, et se remuant avec élé- gance dans les eaux. SEPTLEME GENRE. SALAMANDRE. Le corps mou, humide ; couvert d’une peau luisante , sans écailles et suant du lait ; tout le corps, sur-tout les flancs, Reptiles. Tome I. V { "6 806 ©MET HO D ES" parsemé de petites verrues d’où sort quelqtie= fois une liqueur laiteuse ; la queue articulée; le. squelette ayant l’épine dorsale couverte en dessus d’apophyses tubéreuses, et garnie sur ses côtés de rudimens très-courtsde côtes. Cet animal est en même tems ovipare: et vivipare. HÜITIÉEME CE NA : FoUETTE-QUEUE. Le corps nu; la tête eb les. jambes couvertes d’écailles très-petites : les doigts réunis par une membrane ; la queue pinnée de chaque côté. ) DANCE UN EUË M EG EN RE) G£gcKo. Le corps tout couvert de très- petites écailles ; la tête grosse, ayant ses ma choires sans dents; les loi ais ayant une mem- brane à leur base et ayant leur extrémité élargie, garnie en dessous de petites écailles imbriquées, avec leur ongle replié en dés$ous; Vanus disposé en travers ; le dos et lPocciput couverts dans les adultes de tubercules rudes et rares. arts DIX 1 È M'ECGEN RES CaAméLÉéoN. Tout le corps couvert de très- petits tubercules luisans en forme d’écailles ; Ja tête anguleuse ; l’occiput prolongé en pyra= DÉRPETOLOGIE., 307 mide ; les yeux très-grands, placés dans un sac très-ridé, ayant en devant une ouverture qui peut se plisser ; la langue très-longue, extensible et loimbriciforme ; les mâchoires sans dents ; tous les pieds ayant cinq doigts, disposés en deux séries. Les caméléons ont la démarche lente; ils grimpent sur les arbres en s’aidant avec leur queue prenante. ON ZT EME, C É:N À E, IeuANE. Le corps très-finement écailleux; da tête couverte de quelques callosités; une crête dentelée à la plupart des espèces. PIDOIU ZA. ME :GEIN BRIE, Basiric. L’occiput renfermé dans une poche membraneuse, élevée, conique, com- primée et couverte d’écailles ; le déssus du dos et de la queue couvert d’une crête élevée, membraneusé , radiée , écailleuse , que l’ani- mal peut plisser ét déployer à son gré. TREÉEIZIÈME GENRE. DRAcoN. Les aïles radiéés placées sur les flancs , insérées sur toute la longueur du corps du tronc, se déployant. comme un éventail ; la gorge pendante en forme d’un sac pointu. Vie 308 METHODES QUATORZIÈME GENRE. CorpyLeE. La tête couverte de plaques; le corps garni d’écailles carênées; les carènes Ÿ r = À ÿ _redressées et pointues. QUINZIÈME GENRE. Crocopice. Le bec très-long, avec une bouche très-ampie; 1l n’y a pas de langue, mais à sa place les muscles de la mâchoire inférieure sont .enflés, et l’on voit entre les ‘angles des mâchoires au fond de la bouche une valve élastique qui sert à ouvrir et à fermer l’entrée du gosier ; la mâchoire su- périeure mobile, et l’inférieure immobile, soudée au sternum; les paupières convexes, ridées; les narines presque au bout du bec; le corps couvert de plaques calleuses et ca- rênées, avec l’anus longitudinal , ridé. : SEIZIÈME GENRE. ScixQuE. Toute la peau est recouverte d'écailles imbriquées les unes sur les autres ; le cou presque aussi gros que la tête ; l'anus transversal. DIiX-SEPTIÈME GENRE. STELLION. L’abdomen parqueté de plaques carrées; la tête couverte d’écailles imbri- ‘quées ; le corps poli, sans épines et sans crête D'ERPETOLOGIE. 3og Nota. Laurenti met dans ce genre les lézards ameiva et les divers tupinambis des au- teurs : il ne faut pas confondre ce genre de Laurenti avec les stellions de Gmelin. DIX-HUITIÉÈME GENRE. Sers. La tête couverte de plaques; le dessous des cuisses ayant des points calileux. Nota. Laurenti divise ce genre en deux sections : , 20. Les seps dont l'abdomen est couvert d’é- cailles imbriquées. Celte section ne con- tient qu'une espèce que Laurenti nomme le seps scingue, et que nous décrirons dans la suite de cette histoire des reptiles sous le nom de scinque sépiforme. . Les seps dont l’abdomen est parqueté Pue plaques carrées et disposées sur huit rangs. Ici sont placés tous les lézards pro- prement dits. Immédiatement après le genre des seps, Laurenti passe à l’ordre des serpens, et le premier genre qu'il y décrit, est celui des chalcides ; cependant ces animaux sont essen- tellement du second ordre, et doivent être rangés après les seps, ainsi que Pallas l'a prouvé le premier. Vs 555 MÉTHODES DIX-NEUVIÈME GENRE: CHAzcipr. Animal se glissant sur le ventre, et s’'aidant de ses pieds pour ramper. TROISIÈME ORDRE. REPTILES SERPENS. Corps cylindrique et sans aucuns pieds; cou, tronc et queue se suivent sans aucune séparation ni étrangle- ment; mâchoires dilatables, non articulées ; œsophage pouvant s'élargir considérable- ment et au point de donner passage à une proie du double plus grosse que le reptile ; parties sexuelles placées en dedans de l'anus. VINGRIEÈEME CENRE. Cécrrie. Le corps nu, sans écailles, un peu ridé ; la queue nulle, et l'anus sous l’ex- irémilé du corps. nn VINGT-UNIÈME GENRE. ANPHISBÈNE. La tête et la queue aussi grosses que le corps, et confondues avec lui: la tête couverte de plaques en dessus; la queue obtuse; le corps très-lisse, cylindrique et couvert d’une peau. sh VINGT-DEUXIÈMEGENRE. ANGuIs. La tête confondue avec le corps; DERPETOLOGIE. 312 la queue obtuse; le corps lisse, cylindrique, ou également aminci aux deux extrémités, ou avec la tête plus petite et avec le corps srossissant imsensiblement jusqu’au bout de la queue; écailles du dessus du corps iim- briquées. VINGT-TROISIÈMEGENRE. NaTrix. La tête couverte de plaques larges, aplatie , déprimée, triangulaire ; le tronc lisse, luisant, plus étroit près de la tête, et plus épais dans son milieu ; la queue conique, alongée et amincie , sur-tout à son bout. VINGT-QUATRIÈMEGENRE. Cérasre. La tête couverte de plaques larges, globuleuse, ovale, amincie sur les côtés ; la bouche obtuse, arrondie et non prolongée en bec; le tronc comme aux na- trix, mais plus robuste et ‘plus ramassé : la queue épaisse, un peu obtuse. VINGT-CINQUIÈME GENRE. CoRoNELLE. Tout le dessus de la tête couvert de grandes plaques, dont une plus large sur le front entre les yeux; les côtés de, la tête et locciput couverts d’écailles | V 4 Hz. METHODS imbriquées ; le corps comme aux natrix eË aux cérastes. VINGT-SIXIÈME GENRE. Boa. Le front convexe, imbriqué ; le bec déprime , aplati, ts couvert de plaques sur sa partie antérieure; les yeux à la partie postérieure et sur les côtés du bec, et en- tourés sur leurs paupières de plaques dispo- sées en rayons; la lèvre échancrée; le dos marqué et comme marbré de petites bandes transversales , onduiées et non-interrom- pues; la partie antérieure du corps ayant seulement des points alternes; les flancs sans taches. Ka ÎVofa. Les boa vivent sur les arbres. VINGT-SEPTIÈME GENRE. Dresips. La tête large, aplatie, en cœur, grande, couverte de plaques ; le cou étroit; le tronc beaucoup plus étroit que la tête, comprimé , tré s-long et couvert par-tout en dessous de lames transversales entières ; la queue cylindrique et par-tout imbriquée. VINGT-HUÜUITIÈME GENRE Naya. La tête couverte de plaques, avec: la bouche itronquée; ja partie antérieure du corps, entre la sixième et la douzième lame D'ERPETOLOGIE. 313 du ventre, se gonflant considérablement en forme d’un rond plat; et au milieu de cette dilatation, qui n’a lieu que lorsque l'animal est irrité, on voit en dessus une grande tache blanche diaphane, bordée de noir et imitant en quelque sorte des lunettes. VINGT-NEUVIÈME GENRE. SERPENT A SONNETTE. Des anneaux mo- biles, articulés entre eux et placés à lextré- mité de la queue, où ils produisent, lors- qu'ils sont agités, un bruit particulier. TRENTIÈME GENRE. Coureuvere. La tête aplatie, triangulaire, plus large postérieurement , déprimée, com- primée sur ses côtés ; la partie antérieure du dessus de la tête, entre les narines et les yeux, couverte de plaques, dont trois plus larges entre les yeux ; tout le reste de la tête garni d'écailles imbriquées; le tronc comme aux natrix et aux cérastes. TRENTE-UNIÈME GENRE. Virère. La tête, le tronc et l’aspect des couleuvres, n’en différant que parce que tout le dessus de la tête est garni de petites écailles imbriquées ; les yeux placés sur les cotés de la tête, sous un sourcil saillant. | | 314 METHODES TRENTE-DEUXIÈME GENRE Cogra. La tête couverte d’écailles im- briquées les unes sur les autres; les yeux placés sur la partie supérieure de la tête; les écailles du corps carénées, lâches, mo- biles et caduques. TRENTE-TROISIÈME GENRE. AspPirc. La tête bossue et couverte de petites écailles imbriquées ; les yeux placés dessus la tête ; le corps luisant et couvert d’écailles plattes sans carêne. TRENTE-QUATRIÈMEGENRE Coxsrricreur. La tête très-lisse et cou- verte de très-petites écailles épaisses; le front saillant, divisé en deux parties par un sillon; les orbites saïllantes et voütées ; le bec ré- tréci ; les narines jointes, élevées et ovales (la tête ressemble enfin à celle d’un chien lévrier) ; fa queue très-courte, obtuse. TRENTE- CINQUIÈME ET DERNIER GENRE. LARGE - QUEUE. La queue comprimée élargie, non-amincie, avec trois sillons de chaque côté. D'ERPETOLOGTE. 31% MÉTHODE DE SCOPOLI (1777). Extraite de son Introductio ad historiam naturalem. Nota. CET auleur a suivi à peu près la classification établie par Linnæus, et il a divisé les amphibies en deux grandes fa- milles, 1° Les amplhibies légitimes ; ce sont les reptiles. 2° Les amphibies bâtards ; ce sont les poissons cartilagineux. Nous ne décrivons ici que les vrais amphibies. Lzs rrrrires (amphibies légitimes) ont des pieds ou sont apodes, serpentent ou rampent ; quelques - uns crient, hyvernent, sont suspects par leur venin; les uns vivent sur terre , d’autres se retirent dans des lieux secs où humides ; on en connoïît aussi qui n'habitent que dans l’eau. Ils naissent tous d'un œuf membraneux non couvé : les uns en sortent à l’état parfait; les autres subissent après leur naissance plusieurs métamor- phoses , et deviennent peu à peu parfaiis. 516 METHODES PREMIÈRE CLASSE. SERPENS. Ils ont le corps long, cylindrique , avec leur cou, leur tronc et leur queue réu- nis tous ensemble ; leur œsophage est large ; ils ont des mâchoires non articulées et qui peuvent s'écarter ; une peau coriace , écail- leuse ; une verge double , épineuse à son bout; la femelle pond plusieurs œufs en cha- pelet. Par leurs intestins et leurs reins longs et étroits , ils ressemblent aux poissons. GENRES. Scopolh en a établi sept, savoir :'1° cécilie, 20 amphisbène ; 3° anguis; 4° crotale ; 5° cou- leuvre ; 6° boa ; 7° chalcide ; ce dermier genre appartient à notre famille des sauriens. SECONDE CLASSE. RePTiLes , munis de deux ou quatre pieds digités. Nota. I] divise cette seconde classe en deux. ordres. Le premier ordre comprend les reptiles. munis d'une queue ; tels sont les suivans ;. 8° sirène ; 9° lézard ; 10° dragon ; 11° tortue. D'ERPETOLOGIE. 317 Observation. Scopoli a joint le tableau sui- vant au dessous de son genre lézard. Langue bifide , aux lézards proprement dits; entière, aux cordyles, iguanes , sala- mandres , caméléons el scmques ; nulle , aux crocodiles. . Queue verticillée , c’est-à-dire, annelée ; aux lézards proprement dits et cordyles ; non verticillée, aux iguanes , salamandres, scinques et crocodiles. Le second ordre ne comprend sous lé nom de repliles écaudés que le genre 12 gre- nouille ; 1l lui assigne pour caractères, un corps arrondi , une bouche très-ample et les pieds postérieurs plus longs. Sous ce nom générique , 1l range les grenouilles propre- ment dites, les rainettes et les cräpauds. MÉTHODE DE GMELIN (1788). mes Nota. Carre méthode est celle de Linnæus; corrigée par Gmeïlin, qui a reporté avec raison l’ordre des amphibies nageurs parmi les poissons. (Voyez la Critique de la mé- thode de Linnæus , pag. 15.) Lors amphibies ont pour caractères com- muns , . | : | 1°, Lé cœur à un ventricule et une oreil- lette ; le sang froid et rouge. 2°, Des poumons respirans au gré de l'animal. 5°. Des mächoires couchées l’une sur l'autre. | | 4°. Deux verges dans plusieurs genres ; des œufs membraneux dans la plupart. Bo, Leurs sens sont: la langue, les narines, les yeux, les oreilles. | 6°. Leurs couvertures sont cutanées , nues. 7°. Enfin leurs soutiens varient ; quelques- uns en sont dépourvus. Ils sont en outre remarquables par leurs D'ERPETOLOGTE. 319 &s cartilagineux ; par leur circulation lente ; par l'absence du diaphragme ; par les sens de Joute et de la vue très-aigus ; par le sens du toucher presque nul; par leur foie lobé; par la présence des conduits cystique, hépatique et pancréatique ; par un estomac oblong et épais ; par leur “transpiration nulle , et par leur vie lrès-tenace. EANX + PREMIER ORDRE. _ Reprises. Amphibies munis de pieds, respirans par des poumons ou des branchies, et.ayant une verge simple. brrREen 1 ER G@ ENRE. :FORTUES. Le. >COTPS re par une queue , emboîté dans une cuirasse osseuse ou coriace ou couverte en dessus d’écailles: les deux mâchoires' sans dents, mais seule- ment cornées et tranchantes. . genre est divisé en trois sections , savoir: 19. Les tortues marines ; elles ont leurs Eu pieds en forme de nageoires, et les deux antérieurs plus longs : cinq espèces. -, 2°. Les tortues d’eau douce ; leurs pieds sont palmés ; leur carapace est jointe par une membrane avec le plastron, et soutenue 320 METHODES sur ses côtés par deux larges saillies de ce plastron. 3°. Les tortues terrestres ; elles ont les pieds renflés et onguiculés; leur carapace _ convexe et jointe avec le piastron par des jointures osseuses. | S IC OUN D 0e E AE DraAGons. Le corps muni de quatre pieds , d’une queue et de deux ailes mem- braneuses : deux espèces. TR O-LS IE ME, CIE Ne E Lizarps. Le corps alongé ; sans carapace ni ailes, muni d’une queue, et de quatre - F s ; r . À 1 pieds presque d’égale longueur. Ce genre ést divisé en onze séctions; savoir: 1°. Les crocodiles; ils ont la queue étroite; aplatie, divisée en segmens; de plus leur langue est très-courte : trois espèces:11° | 2°, Les cordyles; leur corps est couvert d’écailles carénées : six espèces. 5°, Les stellions ; ils ont tout le corps ,/ou seulement le dos et la queue couverts dé- cailles dentelées ou piquantes ‘huit espèces.” 4°. Les iguanes ; cette section est distin- guée des autres, parce que les animatix qui la composent ont la tête mumie de callosités; | avec D'ERBETOLOGIE 3 avec leur dos cilié , ou denté, ou crêté :geuf go D°. Les salamandres ; elles ont le corps sans écailles , les quatre pieds sans ongles , et les palmes ou pieds antérieurs à quatre doigts : six espèces. 60. Les geckos ; ils ont leurs doigts lobés, presque sans ongles; chacun des quatre pieds a cinq ue ;: de plus, le corps est couvert de verrues : cinq espèces. bb Les caméléons ; léurs pieds ont chacun cinq doigts, dont deux et trois sont unis en- semble ; leur queue est cylindrique , coùurte et brebatite : rois espèces. 8°. Les ameivas ou seps ; ils ont un double ph sous le cou, et des plaques carrées sous le ventre : quinze espèces. o°. Les lézards proprement dits ; ils n’ont aucun pli sous le ‘cou ; leur corps est tout couvert de lignes et de bandes écailleuses, et leur langue est bifide : douze espèces. 102. Les stincs: ils -ont des écailles imbri- quées sur le ventre, et une langue simple : cinq espèces. 1°. Les chalcides ; ils se glissent sur le ventre , et sont intermédiaires entre les lé- zards et les serpens : cinq espèces. Reptiles. Tous I, X 33 (METHOIMIES Q‘UAMTOR 1 Ë M'ECCUEUN RUE! GRENOUILLES. Corps à quatre pieds sans écailles et sans queue ; pieds postérieurs plus longs. | Ce genre renferme trois sections , savoir : 10, Les crapauds; ils ont le corps venitru ; couvert de verrues , avec les pieds courts : dix-huit espèces. | a 2°. Les grenouilles en: db. elles diffèrent des crapauds par leur corps ie ; plus oblong, et par leurs pieds alongés , sur- tout les postérieurs : treize espèces, y com- pris le rana paradoxa dont Gmelin a fait à tort une quatrième section. 3°. Les rainettes ; elles ont les pieds pos- térieurs très-longs, et l’extrémité de leurs doigts lenticulés : He espèces. Re Nota. Tinnæus , dans l’édition 12° de son Systema naturæ ; avoit placé après les serpens un troisième ordre d’amphibies , auquel il avoit donné le nom de meantes , et auquel il avoit assigné pour caractère distinctif des poumons et des branches, comme aux tétards des salamandres: sous cet ordre il avoit placé le genre sirène w’il avoit caractérisé ainsi qu'il suit: D'ERPETOLOGIE. 323 CINQUIÈME GENRE. SIRÈNE. Corps alongé , nu , muni d’une queue, avec deux pieds antérieurs contenant des branchies. Gmelin a ensuite rapporté, mais à tort, ce senre parmi la classe des poissons, et l’a ren- fermé dans le genre des murènes.Cetteerreur de Gmelin doit être réparce. SECOND ORDRE. _ Srpexs. Amphibies sans pieds et sans oreilles externes, respirans seulement par des poumons , ayant des mâchoires non arti- culées , susceptibles de s’écarter ; de plus leur corps est cylindrique , sans cou distinct, et il se remue par ondulations. SIXIÈME GENRE. Crorazr. Des lames sous le ventre ; des lames et des écailles sous la queue ; une son- nette annelée au bout de la queue : cinq espèces. Brie MT GE N R E. Box. Des lames sous le ventre et sous Ja queue ; celle-ci sans sonnette. X 2 524 METHODES: Ce genre est divisé en deux sections, savoir: 1°. Les hoa dont la tête est couverte d’écailles imbriquées : sept espèces. 2°, Les boa dont la tête est couverte de plaques, et dont le museau est obtus : trois espèces. HUILTLIÉÈME GENRE. Coureuveres. Des lames sous le ventre, et des doubles lames sous la queue. Ce genre est divisé en deux sections, savoir: 1°. Les vipères ; elles ont des dents veni- meuses : trente-deux espèces. _ 20. Les couleuvres proprement dites ; elles ont toutes des petites dents noï veñnimeuses: cent trente-neuf espèces. NEUVIÉME GENRE. Grvers. Des écailles sous le venire et la queue semblables à celles du dos : vingt-six espèces. | DIXIÈME CENRE AMPHISBÈNES. Le ae el la queue annelés : cinq espèces. ONZIÈME ET DERNIER GENRE. Cécirre. Des rides au corps et à la queue; deux tentacules à à la lèvre supérieure. 3 Erni €. D'ERPETOLOGIE. 325 MÉTHODE DE LACÉPÈDE (1788 et 1790 ). \ PREMIÈRE CLASSE. | Qvanrurirs ovipares qui ont une queue NOMBRE MTER GE MN R;,E: TorTuss.Le corps couvert d’une carapace: Nota. Dans ce genre il établit deux sections ; SaVoir : | 1°. Les tortues de mer ; elles ont les doigts - très-inégaux , et alongés en forme de na- geoires : six espèces. 20. Les tortues terrestres et Dole. : leurs doigts sont courts et presque égaux : dix-huit espèces. SECOND GENRE. Lézarps. Le corps sans carapace. Nota. Ce genre est divisé en huit sections, telles sont , 1°. Les crocodiles et les tupinambis ; ils ont X 3 326 METHODES la queue aplatie , et cinq doigts aux pieds de devant : onze espèces. 2°, Les iguanes ; leur caractère est d'avoir la queue ronde , cinq doigts à chaque pied, et des écailles relevées sur le dos en forme de crête : cinq espèces. 3°. Les lézards proprement dits ; ils ont [a queue ronde, cinq doigts aux pieds du devant, des bandes RER sous le ventre : sept espèces. 4°. Les caméléons , les stellions et les scin- ques ; ils sont distingués par leur queue ronde; cinq doigts aux pieds de devant , sans bandes écailleuses sous le ventre : vingt-une espèces. Bo, Les geckos; ils ont les doigts garnis par dessous de grandes écailles qui se recouvrent comme les ardoises des toits : trois espèces. 6°. Les chalcides ; ils n’ont que quatre doigts au plus à leurs pieds : deux espèces. 7°. Les dragons ; on leur voit de larges membranes en forme d’ailes : une espèce. 8. Les salamandres ; elles sont munies de trois ou quatre doigts aux pieds de devant, et de quatre ou cinq doigts aux pieds de derrière: six espèces. SECONDE CLASSE Quadrupèdes ovipares qui n’ont pas de queue. 6 D'ERPETOLOGIE. 327 M ROIS LE ME LG EN R E. GrEenourrzes. La tête et le corps alongés, l’un ou l'autre anguleux : douze espèces. OU A TR NEME © ENR E, Rares. Le corps alongé, des pelottes vis- queuses sous les doigts : sept espèces. CIN QUIEME GENRE. CraAPpauDs. Le corps ramassé et arrondi: quatorze espèces. TROISIÈME CLASSE. Bipédes ovipares. SIXIÈEME GENRE. Brrèpes. Des écailles sur le corps , deux pieds et une queue. Nota. Ce genre renferme deux sections , savoir : 1°, Les bipédes qui ont leurs deux pieds antérieurs. 2°. Les bipèdes qui ont leurs pieds posté- rieurs. | QUATRIÈME CLASSE. SERPENS. Reptiles ovipares sans pieds et sans nageoires. X 4 328 M ET HO D ES: SEPTIÈME GENRE. CouLeuvees. Serpens qui ont de grandes plaques sous le corps , et deux rangées de peütes plaques sous la queue : cent cin- TRES espèces. HUITIÈME. GENRE. Bo. Serpens qui ont de grandes ne sous le corps et sous la queue : onze espèces. NEUVIÉME GENRE. SERPENS A SONNETTE. Serpens qui On le ventre couvert de grandes plaques , et la queue terminée par une grande pièce écail- leuse , ou par de grandes pièces articulées les unes dans les autres, mobiles et bruyantes: cinq espèces. DIT X TI POUR UC € NORD Erpéioxs. Serpens qui ont des plaques transversales sous le corps, et des écailles sous la queue semblables à celles du dos. Nota.Ce genre a été décrit, il y a quelques mois, par Lacépède, d’après un individu qui avoit fait partie du cabinet de Hol- lande , et qui est maintenant placé dans la galerie du Muséum d'histoire naturelle de Paris : une espèce. hr 2 D’'ER PETOLOGTIE. 329 ONNVAITE ME GE N RE. ANcuis. Serpens dont le dessous du corps et de la queue est garni d’écailles sembla- bles à celles du dos : quinze espèces. DO UNZ D'ELMIE GC ENNURE. AMPHISBÈNES. Serpens dont le corps et la queue sont entourés d’anneaux : deux espèces. VD ELZIE ME GE N° R FE. IgraAREs. Serpens dont les côtés du corps présentent une rangée longitudinale de plis : deux espèces. GUA MO R ZIÉE ME CE NR EE. LaANGAHASs. Serpens. dont le dessous du corps, présentant vers la tête de grandes plaques , montre vers l'anus des anneaux écailleux , et dont l'extrémité de la queue est garnie par dessous de très-petites écailles: une espece. QUINZIÈME ET DERNIER GENRE. ACROCHORDES. Serpens qui ont le corps et la queue garnis de petits tubercules : une espèce. 330 METHODES MÉTHODE D'ALEXANDRE BRONGNIAR® (1799 )- D toutes les méthodes établies Jusqu'à présent sur la classification des reptiles, celle qu'on doit sans contredit adopter comme étant la plus naturelle , c’est celle qu A- lexandre Brongniart a publiée en 1709 dans le Magazin encyclopédique , pages 184 et suivantes. Ce naturaliste a d’abord choisi, pour établir ses ordres , des caractères tirés uniquement des principales différences qu'ef- frent les organes les plus importans des reptiles , tels que ceux de la circulation, de la respiration et de la génération ; puis il a ensuite ajouté à ces premiers caractères ceux qui ne paroissent que secondaires dans l’or- ganisation animale ; tels sont ceux que présentent les organes du toucher , de la digestion , du mouvement , etc. C’est par un rapprochement heureux des caractères prin= cipaux et secondaires, qu'Alexandre Bron- gniart a divisé tous les reptiles en quatre D'ERPETOLOGTE. 351 ordres ou familles. Je me contente de pré- senter ici seulement ces quatre ordres , et j'ajouterai ensuite les noms des divers genres qu'il a établis. | PARENT ER Oo RD RE. LES CHÉELONIENS. Point de dents enchassées ; corps couvert d’une carapace. Les chéloniens ou tortues ont tous le corps court, ovale et bombé, la tête petite , les machoires armées de gencives cornées et coupantes , leur estomac volumineux, leur canal intestinal plus grand qu'aux autres reptiles et garni d’un cœcum. Ils ont deux oreillettes au cœur. La fécondation a lieu intérieurement , et la femelle pond ensuite des œufs à coquille calcaire solide. La plupart mangent des vé- gétaux. PREMIER GENRE. CHÉLONE ( chelonia ). Ce sont les tortues de mer. DEUXIÈME GENRE. Tortue (f{estudo). Ce sont les tortues terrestres et fluviatiles. 532 *METHODES DEUXIEME OBDET EE S0 S'ÀAX OÙ HEURE CR. Des pattes ; des dents enchâssées ; corps couvert d’écailles. Les sauriens ou lézards se conviennent par presque tous les caractères suivans. Ils ont, la plupart, les pattes assez hautes et assez fortes pour que leur ventre soit élevé au dessus de la terre dans la marche ; leurs doigts sont presque toujours garmis d'ongles ; ils ont tous une queue souvent fort longue. Leurs os sont plus solides, et leur squelette se rapproche davantage de celui des mam- mifères. Les branches de la mâchoire inférieure, osseuses et soudées antérieurement. Leurs dents sont droites et sortent beau- coup hors des gencives. Ils ontun larynx, un os hyoïde , une tra- chée-artère à anneaux car tilagmeux , des côtes nombreuses, longues et arquées , qui viennent se joindre en avant de la poitrine sur un sternum. Leur cœur a deux oreillettes. D'ERPETOLOGIE. 335 Is se fécondent réellement. La verge du mâle est simple ; leurs œufs pondus à terre sont enveloppés d’une coquille ordinairement solide. | Les petits sortent de œuf, organisés comme leurs parens. | Ces reptiles paroissent plus actifs que les autres ; 1ls n’habitent guère que dans les pays CH ou très-tempérés, et vivent PAAESEE à terre que dans l'eau. Ils ne se nourrissent que de matières ani- males. dia. % s À k À AS € PREMIER GENRE. Crocopire (crocody lus ). IDEMPIX EN E SGEN RUE, ) IGUANE Ciguana). LDROISIÈME GENRE. - DraAcoN (‘draco ). un DU & GENRE. STELLION.(séellio). MAN OQUIENME é ENR E. Gecko (gecko). SIXIÈME:GENRE. CAMÉLÉON (chamæleo ). 334 METHODES SEPTIÉÈÉME GENRE. LÉzaARD (/acerta). HUITIÈME CENFRE SCINQUE (scincus). NEUVIÈME GENRE. CHaAzciDpe (chalcides). TROISIÈME ORDRE. LES OPHIDIENS Point de pattes; corps alongé, cylindrique. Les ophidiens ou serpens ont presque tous une peau couverte d’écailles ;- leur cou n’est n’est point distinct ; leur tète est petite.en comparaison du corps; leurs os sont moins solides que ceux des reptiles précédens ; leurs vertèbres nombreuses portent des côtes éga- lement nombreuses, longues, arquées , qui se recourbent sur la poitrine. Ti n’y a point de sternum. : Les deux mâchoires sont souvent mobiles ; mais l’inférieure, plus mobile , est fréquem- ment composée de deux branches qui ne sont point soudées antérieurement. Ces mâchoires sont armées de dents nom- DERPETOLOGIE. 335 breuses aiguës, assez longues, dont la pepe est dirigée en arrière. 11 n'y a point de vessie. La trachée-artère est composée d’anneaux cartiiagineux. Le cœur n’a qu’une seule oreillette. Ils s’accouplent ; la verge du mâle est double. La femelle pond à terre des œufs enveloppés dans une coque calcaire molle. Ils vivent à terre, dans des lieux exposés au soleil. : PREMIER GENRE. OrvEr (anguis). DEUXIÈME GENRE /Cécirrs ( cœcilia ). HO, 1,S1,8. ME GIE. NA E AMPHISBÈNE (amplubæna ). | QUATRIÈME GENRE. _CrorazE { crotalus ). CINQUIÈME GENRE, VirèrEe ( vipera ). STXATÉEME GENE E. CouLreuvee (coluber). 336 MEET HOD'ES L SEPTIÈME GENRE. Devin ( boa ). HUITIÈME GENRE. _ LaANcar“aA (/angaha),. | te DO GUN. R ACROCHORDE (achrochorda ). Q 4 ANRaen ORDRE. LES BATRACIENS. Des pattes ; peau nue. Tous ces animaux .ont en commun iles caractères suivans, presque toujours Pre à ceux des ordres précédens. Une tête aplalie ; assez srande- en conipa- raison du corps; des doigts réunis par une membrane ; souvent point d'ongles ; une peau fine et enduite d’üne humeur vis-" queuse. : | Leurs os ont presque ke, consistance carti= lagineuse des arêtes de poissons. | Leur mâchoire inférieure est composée de: deux branches réunies AUICHERe pa une saillie Higamenteuse. Leur D'ERPETOLOGIE. 357 Leur bouche est très-large ; ils n’ont quel- quefois point de dents ; quand elles existent , elles sont à peine visibles ; leur langue est charnue , enduite de mucosité ; als se nou- rissent Le matières animales. Ils n’ont point de côtes , ou seulément de simples rudimens de ces os qui sont droits. Ils n’ont point de trachée-artère ; leurs bronches membraneuses sortent immédiate- ment du larynx. Le cœur a une seule oreillette. Le mâle n’offre aucun organe extérieur de la génération ; il n’y a point d’accouple- ment réel ; les œufs sont fécondés hors de Vanimal. _ Ces œufs sont nombreux , pondus dans l'eau , et composés d’un point coloré , en- touré d’une matière visqueuse, sans coquille qui les enveloppe. Les petits qui en sortent sont d’abord différens, par leur forme et par plusieurs de leurs fonctions vitales, des animaux qui les ont produits. Ils respirent par des branchies, se nourrissent de matières végétales, et ont un canal intestinal plus étendu. Ces reptiles vivent dans l’eau ou dans les lieux humides et ombragés. Reptiles. Tome LI. de 558 :METHODES PREMIER GENRE. GRENOUILLE (rana ). PMEUXIÉME CNE. CraAPAUD (bufo). TROISIÈME GENRE. RAINETTE (hyla). QUATRIÈME GENEE. SALAMANDRE (salamandra). D'ERPETOLOGIE. 3% re - : É Entm MÉTHODE DE LATREILLE (1801), Extraite de l'Histoire naturelle des Reptiles, édit. de Buffon, par Déterville. PREMIÈRE DIVISION. Quapnurènes OVIPARES. Corps pourvi de pattes. PREMIÈRE SECTION. Doists des pattes onguiculés. PREMIER GENRE. Tortue (testudo ). Corps revêtu d’une où de deux pièces en forme de bouclier. Première farnille. LEs TORTUES DE MER. Pieds disposés en nageoires à doigts très -inégaux, alongés, élargis , et dont le grand nombre n’a que des ongles larges et arrondis. Y s 0 METHODES Deuxième Jamille. Ki HS LES TORTUES D'EAU DOUCE ET DE TERRE, Pieds à doigts presque égaux, peu alongés, munis presque tous d’un ongle crochu et distinct. SECOND GENRE. CrocopiLe( crocodylus). Quatre pattes très-apparentes et de grandeur relative; corps couvert d’écailles dont les supérieures et les inférieures plus grandes, en forme de petites plaques ; langue courte; pattes postérieures palmées. TROISIÈME GENRE. LÉzARD ( lacerta ). Quatre pattes très- apparentes et de grandeur relative ; doigts libres, alongés et inégaux ; corps couvert de petites écailles; celles du dessous du ventre disposées en petites plaques alignées ; langue longue, bifurquée. QUATRIÈME CENRE.. —"* Icuaxs ( iguana ). Quatre pattes très=. apparentes et de grandeur relative ; doigts libres, longs, inégaux, non opposés ; corps comprimé; langue courte, entière; une espèce de goître dilatable sous la gorge. D'ERPETOLOGIE. 34% CIN QUIÈME GENRE. DraAcon ( draco ). Quatre paltes très- apparentes et de grandeur relative ; doigts libres, alongés et inégaux; langue courte; deux espèces d’ailes , une de chaque côté du corps. STXIÈME GENRE. CAMÉLEoON ( cameleo ). Quatre pattes très- apparentes et de grandeur relative ; doigts réunis en deux paquets opposés; langue vermiforme , terminée par un tube spon- gieux ; yeux grands, recouverts, n'ayant qu’une petite ouverture; corps comprimé ; queue prenante. SEPTIÈME GENRE. STELLION ( stellio ). Quatre pattes très- apparentes et de grandeur relative ; doigts Libres, inégaux, grêles et non opposés; corps Li L Ç) LA [2 aplati, garni d’écailles ; celles du dessous du ventre de la grandeur des autres ou guère plus grandes ; langue courte et fourchue à son bout; queue grosse et hérissée de pointes. HUITIÈME GENRE. GEcKko ( gecko }. Quatre pattes irès- Ma 342 METHODES apparentes et de grandeur relative; doigts libres presque égaux, dilatés latéralement, garnis en dessous de lames imbriquées, et terminés par un ongle peu apparent ; point de paupières ; langue courte et un peu échancrée. NEUVIÈME GENRE. SciNQUE ( scincus). Quatre pattes très- apparentes et courtes, doigts libres ; corps : alongé , couvert par-tout d’écailles égales , imbriquées et arrondies sur leurs bords;cou de la longueur de la tète ; langue courte, un peu échancrée. DIXIÉME GE NB CHALCIDE ( chalcides ). Quatre pattes à peine apparentes, très-courtes, foibles, ayant dans quelques - uns moins de cinq doigts ; corps fort alongé, presque cylindrique, ram- pant ; langue courte, échancrée. ON: ZIÉÈME GENRE Birèpe (bipes ). Seulement deux pattes antérieures , ayant des doigts onguiculés ; corps fort alongé, cylindrique. DOUZIÉÈÉME GENR'E. SHELTOPUSIK. Point de pattes antc- D'ERPETOLOGIE. 343. rieures, deux postérieures très-petiles ; corps fort alongé. SECONDE SECTION. Doigts dépourvus d'ongles, peau sans écailles. TREIZIÈME GENRE. _CrApauD (bufo). Corps court, ramassé, souvent très-raboteux, sans queue posté- rieure ; point de pelotte visqueuse au bouE des doigts; pattes postérieures de ja lon- sueur du corps, ou le dépassant très-peu. QUATORZIÈME GENRE. GRENOUILLE (rana ). Corps oblong et sans queue postérieure ; point de pelotte visqueuse au bout des doigts ; pattes posté- rieures, une demi-fois au moins plus longues que le corps. | | QUINZIÈME GENRE. RAINE (kyla). Corps ordinairement lisse en dessus , sans queue postérieure ; une pelotte visqueuse au bout des doigts ; pattes postérieures fort longues. SEIZIÈME GENRE. SALAMANDRE ( salamandra). Corps ter- miné par une queue; quaire pattes. Y 4 344% METHODES DEUXIÈME DIVISION. S'ER PE N°5. “Corps dépourvu de pattes. DIX-SEPTIÈME GENRE. Bo (boa). Dessous du corps et de la queue garnis d’une suite de plaques ou de bandes transversales ; queue nue. DIX-HUITIÈME GENRE. SCYTALE. (seytale). Dessous du corps et de la queue garnis d’une suite de plaques ou de bandes transversales ; des crochets à venin ; queue nue. Nota. Le boa scytale de Linnæus n’entre pas dans ce nouveau genre ; Latreille la laissé parmi les vrais boa. DIX-NEUVIÉÈME GENRE. . CroTaze (crctalus). Dessous du corps et de la queue garnis d’une suite de plaques et de bandes transversales ; des crochets à venin ; queue renfermée à son extrémité dans une ou plusieurs pièces d’une consis- tance écailleuse , mobiles et bruyanies. D'EPERTOLOGIE. 345 Nota. Les crotales piscivore et muet du professeur Lacépède appartiennent, selon Latreille , au genre scytale. VINCGTIEME GENRE. VipÈRE ( sipera). Dessous du corps garni de plaques ou d’une suile de bandes trans- versales ; dessous de la queue en ayant deux rangées de petites ; des crochels à venin à la mâchoire supérieure. Première famille. - Les vipères à tête écailleuse ; tête garnie en dessus de petites écailles presque semblables à celles du dos, ou n'ayant que deux à trois plaques, et jamais neuf. | Deuxième famille. Les vipères à tête revêtue en dessus de plaques ; tête garnie en dessus de grandes écailles ou de petites plaques, au nombre de neuf. VNINGT-UNIÈME GENRE. HéréroDnon (heterodon). Dessous du corps garni de plaques où d’une suite de pièces transversales ; dessous de la queue en ayant deux rangées de petites ; tête trian- gulaire et plate ; branche extérieure de la mâchoire supérieure ayant près de son ori- 346 ‘ . IN ET H OS gine deux dents plus longues ; point d autres dents propres à être dés crochets à venin: VINGT-DEUXIÈME GENRE. CouLeuvre (coluber). Dessous du corps garni de plaques ou d’une suite de pièces transversales ; dessous de là queue en ayant deux rangées de petites : tête petite, sans cou distinct, presque toujours couverte en dessus de petites plaques ou d’écailles beau- coup plus grandes que celles du dos, et au nombre de neuf; écaille verticale et anté- rieure de lextrémité de la mâchoire supé- rieure plus large que haute , presque demi- circulaire ; point de crochets à venin ou de dents tubulées , percées d’un ou de deux trous, plus grandes que les dents ordinaires, et renfermées dans une capsule à [a branche extérieure de la mâchoire supér ieure ; denis égales ou presque égales. Première famille. Les couleuvres dont les écailles dorsales sont relevées par une arête. EE Deuxième famille. Les couleuvres dont ies écailles sont unies. VINGT- TROISIÈME GENRE. . PLature (platurus ). Dessous du corps D'ERPETOLOGIE 347 garni de plaques ou d’une suite de bandes transversales ; la queue en ayant deux rangées de très-petites en dessous, très-comprimée, terminée par deux grandes écailles ; des cro- chets à venin. MINGTE QUATRIÈNE GENRE; LancaArA ( /angaha). Corps revêtu antérieurement de petites éçailles en dessus, de plaques en dessous , d’anneaux écailleux vers l'anus , et de petites écailles au bout. VINGT-CINQUIÈME GENRE. ERPÉTON (erpelon). Dessous du corps garni de plaques ou d’une suite de bandes D ee ; dessous de la queue revêtu de petites lle semblables à celles du dos; point de crochets à venin. VINGT-SIXIÈME GENRE. Hypropuis (Lydrophis). Corps garni en dessus et en dessous, ainsi que la queue, d'écailles semblables , et point disposées en anneaux : queue très-comprimée , lancéolée. VINGT-SEPTIÈME GENRE. ENHYDRE (enhydris ). Dessous du corps garni de plaques ou d’une suite de bandes transversales : queue en ayant deux rangées ee 548 METHODES de très-petites en dessous , très-comprimée ; terminée ordinairement par une ou deux pointes : point de crochets à venin à la mâ- choire supérieure. VINGT-HUITIÈME GENRE. Ancuis (anguis). Corps garmi en dessus et en dessous, ainsi que la queue , d’écailles semblables , et point disposées en anneaux ; queue cylindrique ou conique. VINGT-NEUVIÈME GENRE. ACROCHORDE (acrochorda). Corps et queue garnis de petits tubercules à la place décailles : point de crochets à venin. TRENTIÉME GENRE. AMPHISBÈNE ( amphisbæna). Corps et queue nus, entourés d’anneaux à petites stries nombreuses: point de crochets à venin. TRENTE-UNIÈME GENRE. C@ciLre (cæcilia ). Peau nue ; une rangée longitudinale de plis. TROISIÈME DIVISION. PNEUMOBRANCHIENS. Des poumons et des branchies constantes. D'ÉRPETOLOCIE 349 PRENTE-DEUXIÈME GENRE. PRroOTÉ ( protœus ). Qualre pattes, trois doigts aux antérieures, et deux aux posté- rieures; point d’yeux apparens, deux tuber- cules à la placé ; queue en nageoire. TRENTE-TROISIÈME GENRE. IcHTHYOSAURE (ichthyausaura). Quatre pattes ; des yeux apparens; une nageoire sur Je dos. Nota. Ce genre que Latreille a formé avec le proteus tritonius de Laurenti, doit évi- demment être réformé , parce que l'animal est sans contredit un tétard de salamandre aquatique. TRENTE-QUATRIÉÈME ET DERNIER GENRE. _ SIRÈNE (siren). Deux pieds situés en devant ; deux yeux ; corps fort alongé. EXP L'IC A FFOMN DES QUINZE PLANCHES CONTENUES DANS CE VOLUME. PLANCHE PREMIER E. Squelette de la tortue grecque. Ga a Ï âre de la tortue. 1. mâchoire inférieure. N . mâchoire supérieure. . région frontale. . trous orbitaires. . os jugal. . fosses nasales. récion du sommet de la tête. [e) © région occipitale. os © OU Oo OH O1 . apophyse occipitale supérieure. 10. insertion des deux mächoires. 11. première vertèbre collaire. 12. autres vertèbres collaires. 15. 13. vertèbres dorsales. 24.14. 0s du bassin , ou coxaux. 15. vertèbres sacrées, De Jepe ; SOUELETIE DUNE TORTUE . PATINOIRE 77 ‘ DES PLANCHES. 16. 16. vertèbres caudales. l'os hyoïde. | c c cornes de l’os hyoïde. ddd côtes ou pièces costales osseuses. eee pièces nn osseuses. JT carapace. ge g fourchette et clavicule. h k omoplate. | 2 à humérus. j j j radius et cubitus. £&E os de la main et ses phalanges. ? Z fémur ou os des cuisses. 351 m m os des jambes, ou le tibia et le péroné. 2 nr os du tarse. e 0 © phalange des doigts des pieds postérieurs. £ «1 55 EXPLICATION PLANCHE DEUXIEME. I. Squelette du caméiéon ordinaire. a mâchoire supérieure. b mâchoire inférieure. ce trous orbitaires. d d saillies osseuses occipitales. e articulation de la base de la mâchoire infé- rieure contre celle de la supérieure, et contre un os alongé qui répond à l'os Carré des oiseaux. | jf vertèbres dorsales. g g g vertèbres caudales. h h h fausses côtes ou côtes vertébrales. £ i & côtes qui entourent l'abdomen, ou abdomino- vertebrales. jjj côtes sterno-vertébrales. £ sternum. : { omoplate. m humérus. n n radius et cubitus. © o os de la main et ses phalanges. p 9s coxaux ou des hanches. g g os des cuisses ou fémur. r r os de la jambe. ss s os du tarse et phalanges de ses doigts. G FÀ À \ ge ÿ 4 Si ÿ & 5 sf De J'eve cel, PE ER RE Fe 1. SQUELETTE DU CAMELEON . 2. SOUELETIE DU LEZARD . DES PLANCHES. 355 IT. Squelette du lézard verd Prato d’ Europe. a mâchoire supérieure. & mâchoire inférieure. c articulation des deux mâchoires. d os du crâne. e e vertèbres collaires simples. f vertèbres collaires ; avec de fortes apophyses épineuses , imitant un peu des fausses côtes, g gg vertèbres dorsales. | À h h vertèbres caudales. 2 omoplate. j) humérus. £ & radius et cubitus. Z l'os de la main et ses phalanges. m m os du bassin et coxaux. n n fémur. o o os du tarse et phalanges de ses doigts, g q fausses côtes. r côtes vraies, Reptiles. Toux I: | VA AE LLC UE. L'eRt è B54 EXPLICATION PLANCHE TROISIEME. I. Squelette d’un serpent. _a tête d’une vipère. & b b vexièbres. ce € c côtes. Et -d. tête de la vipère vue de profil. +: e e mâchoire supérieure. Æ f mâchoire inférieure. g g dents ou crochets à venin. | À vésieule ou est contenu le venin. . Cette RE - se prolonge par un conduit étroit jusqu’à la base des crochets à venin, qui sont creusés en gouttière, RS VE -SQUELETTE D'UN SERPENT . ge ms. + va Drhamel s, De Jere del, L SOUFEILEITE D'UNE SALAMANDRE. L 2. SOUFIETTE DUNE GRENOUILIE.. DES PLANCHES 355 PLANCHE OX TRIEME. X Squelette de la. salamandre terrestre. ( Extrait de l Histoire naturelle des salamändres de France , par Latreille, planche xr.) a mâchoire supérieure. & b mâchoire inférieure. | ce e trous orbitaires. d d d colonne vertébrale. e e omoplate. : .f f bassin et hanches. sé Fu ggg apophyses des vertèbres dorsales ou fausses côtes. h L humérus où avant-bras. 212 radius et cubitus, ou bras. j j fémur ou cuisses. &k£ tibia ou jambes. {27 mains et pieds. IT. Squelette de la grenouille rousse. (Extr. de l’Historia ranarum nostratium, par Roesel, pl. vix, fig. 2.) m mâchoire supérieure garnie de petites dents pointues , très-nombreuses. n articulation mobile des deux mâchoires. 6 mâchoire inférieure sans aucune dent. /p p trous orbitaires, qg y lrous des oreilles. Zi 2 856 EXPLICATION r os du crâne. | s s omoplates; elles présentent une fossette arti-. culaire à chaque humérus, et elles ont un os qu’on peñt comparer aux clavicules, parce qu'il va s’insérer au sternum. t EE sternum. zu u colonne vertébrale composée en tout de neuf vertèbres munies de fausses côtes. # v os lombaires. x x os du coxys ; c'est sur cet os qu'est attachée la queue des tétards. y y os pubis ; les fémurs sont insérés sur ces os. z 2 z ces deux os sont placés au dessous des tibia ou os des jambes, et ils doivent faire partie des tarses fe | “ss rès PF... ON DE LA TORTUE - Tee Ts. jus ATI RESPIR SU y. DES PLANCHES 357 PLANCHE CINQUIEME. 1. Respiration de la tortue jaune (t. orbicularis ), d’après Townson ,; Amphib. physiolog. pl. v. * le sternum ou plastron retourné. le péritoine , couvrant le lobe du poumon gauche. e A le muscle inspirateur, à peu près dans sa situa- tion naturelle , lié encore à la carapacé , mais séparé du plastros. B le jieu de son insertion dans la carapace. C' endroit ou ce muscle se trouve lié au plastron. a le même muscle encore lié à la carapace et au plastron, mäis retourné. | b quand il se trouve inséré dans la cara@ace. e lieu où il se trouve inséré sur le plastron. D d membrane cellulaire par le moyen de laquelle _il se trouve uni au muscle expirateur. E e muscle expirateur: ; Ff endroit du péritoine où 1l prend naïssance. G g la ligne de points montre l'endroit où le péri- toine cesse d’être joint à a vessie. #7 h contours de la vessie quand elle est enflée. F milieu de la vessie qui n’est pas couvert par le péritoine. ki # contour de la partie de la vessie qui est cou- verte par le péritoine. : DAC 358 EXPLICATION Æ lobe droit des poumons. Z une des Branthes. ÎW trachée-artère. N le cou. O le cou courbé lorsqu'il est renfermé sous la carapace. P deux des muscles qui retirent le cou sous la carapace. Q intérieur de la carapace ,après que les jambes antérieures ont été coupées. R Vos hyoïde. $ Ses cornes. Hola mâchoire inférieure. F la mâchoire supérieure, 4 l'os pubis. : ; II. Dessous de la carapace de % méme torlue , repré- sentant les Muscle de larespiration. Æ muscle expirateur. B son insertion sur la carapace près l’épine du dos. | C fin des fibres musculaires qui sont unies au péritoine. le même muscle retourné. muscle inspirateur. son insertion sur le bord de la carapace. À à 6 $ ct son insertion sur le bord du plastront. Pe -dlebe els ANATOMIE DE LA TORTUE . Zellier d 24 ER DES PLANCHES PLANCHE SIXIEME Anatomie de la tortue grecque, mâle. ( Blasius, Anat. pag. 416, pl. xxx, fig. 1, 2, 3.) I. Tortue ouverte. z cœur de la tortue. b oreillette du cœur. c c foie étendu hors la cavité du ventre. d estomac. : e commencement de l'intestin colon , tiré hors du ventre. | | Éf le colon. LE intestins grêles. À L.irachée-artère qui se divise en deux rameaux. i à circonvolution de ces deux rameaux autour des côtés du gosier. k (à œsophage. | Î 11 muscles du cou. n2 vaisseau sanguin d’où partent plusieurs veines qui se distribuent dans diverses parties. ñ lVartère aorte distribuée en rameaux. o o testicules. PE P épididymes. q vessie de l’urine. Tr verge. 8 s muscies qui sont placés autour de la verge, 2 4 366 EX PE CAT TON et qui la meuvent comme s'ils étoient mis autour d’une poulie. é & les os pubis, détachés l’un de l’antre et écartés, v v divers ligamens membraneux. 7% x x l'intestin rectum fendu et ouvert, pour dé- couvrir la verge. y insertion de la vessie dans l’intestin rectum. IT, Langue et commencement de la trachée-artère. z a «a partie supérieure de Îa langue. b b cornes de l’os hyoïde. c trachée-artère à sa séparation en deux parties. _d ouverture de la trachèe-artère, ou la glotte. e e deux cartilages rudes formant cette ouverture. AIT, Ün rameau de la trachée , avec le poumon droit. a a rameau droit de la trachée-artère. & Bb b lobes du poumon droit. & « c ouvertures de la trachée communiquant avee le poumon. CARLA LV 2 PDT a STE PTIT RENE AU RTE CNP NT IC TE DCE PPT ML ACTE AL 2 A CAD TE CA PCT LI ON IE A ON SO EEE PE ENT Jere el TIRE EUR Z. Le coeu7’, IL. Jhteslins divers JE Organes sexrrels du me), DES PLANCHES: 536» PLANCHE SEPTIEME. Suite de l'anatomie de la tortue grecque, mâle. ( Blasius, Anat. pag. 416 , pl. xxx fig. 4,5 et 6.) I. Le cœur séparé des autres organes. æ le ventricule dont la substance est charnue et solide. B L’orcillette membraneuse entourant le ven- | tricule. e € l'artère aorte sortant du cœur. TI. fnéestins divers. a portion de l'intestin iléon. b b portion du colon. c e valvule du colon à l'entrée de l’iléon. d d portion de l'intestin fendue et ouverte. e commencement du colon, qui peut être regar- dé comme un cœcum ; parce qu’il est ample et ride. IT. Organes sexuels et parties qui y sont jointes. a la vessie de l’urine. b le col de la vessie. gcc le col de la vessie fendu et ouvert , pour mon- trer son ouverture dans le cloaque. d eux petits trous par lesquels les conduits des 36% EXPELÎCATLEON prostates et des vésicules séminales se dé- chargent dans le col de la vessie, après s'être joints entre eux. CEA s € le cloaque entier. _f f le bas du cloaque fende et ouvert pour mow- trer la parlie antérieure de la verge. £g £g muscles de la verge. k k testicules. 3 & prosiates. 1 £ Æ vésicules séminales. Due tn CARE 14 FA 2 $k Va. “ ve U D + LT P 5 - 4 (LAC 3038 D #) # - VZZZ.. [a Z Organes de la T'ESPU “TOR - La I. Organes sexuels de Lx femelle ?. (® Le DES PLANCHES. 563 PDA ON: Gr HD 4 D l'IE ME Anatomie d’un caméleon ordinaire, femelle. ( Extrait des ouvrages de Swammerdam , par B lasius , Ana£, anim. pag. 574, pl. xv,fig. 1,5. ). TI. Organes de la respiration , eËc. a a dents du caméléon. b division du palais. e ce muscles et os de la mâchoire inférieure coupés et séparés. d d le méat auditif à l'extrémité du palais. e l’œil gauche. f ouverture de la trachée-artère. £g sternum et ses muscles. h le cœur avec ses oreillettes. i à poumons. Dans l’anatomie du caméléon, faite par Perrault, on représente l’extrémité des lobes pulmonaires arrondie ; mais Swammer- dam a depuis prétendre que c’est une erreur. £ & & lobes pulmonaires pointus à leur extrémité. / ovaire rempli d'œufs. IT. Orcanes sexuels de la femelle. a a & extrémités de la matrice à peine visibles. b corne gauche de la matrice. | ce corne droite de la matrice enflée. d d vaisseaux sanguins de la matrice répandus sur 4 une tunique mince. e les reins. 3% EXPLICATION PLANCHE NEUVIEME ï. Organes intérieurs de ia grenouille verte, mâle. ( Extrait de PHisioria ranaram nostratium, par ÆRoesel, pl. xv, fig: 1.) æ a vésicules pulmonaires. ë cœur placé entre deux vésicules pulmonaires , protégé par le sternum, et enveloppé de son péricarde. Sous la pointe du cœur en voit une petite portion de la vésicule du fel. &æ € foie. ; ! _ d portion de l’estomac, lequel est presque entiè- rement caché sous le foie et le poumon droit. Au bas des deux parties du foie , entre elles deux et près du testicule gauche, on voit une. petite boule rougeâtre qui paroît être la rate. e- testicule gauche. ff portion des appendices jaunes. g intestin rectum. h intestins grêles placés à droite, et se joignant ensuite à l’intestin rectum. ik Æ vessie. Elle est remplie d’air et non d’urine. Cette vessie est divisée en deux, et comme double dans la grenouille rousse et la rainette commune : tandis qu’elle est seulement sinuée dans la grenouille verte. II et III. Circulation du sang dans la Lo ; d’après Sswammerdam. Voyez pag. 193 et suivantes | de ee volume. De ere delr TUE c1 ë È Ent ZP. Raérne à VAR O7 arte enterteurs de la Grenouille verk?. TT SRNTAITA ve 0 7 Î1: Ce 517. Crculalon te AU, T' La f7.x. A1 368 De uerve cel 2 20e À 7 «7 P, Racine A L Oroenes trterieurs de la (renouille verte? , - re AU O 7 TASER I. Orecnes «ee JCTrCL'ULOZ , ae la femelle 4 Le ë c DES PLANCHES 365 PLANCHE DIXIEM E. e XIE ! I Organes intérieurs de la grenouille verte, femelle. (Extrait de l’'Historia ranarum nostratium , par Roesel, pl. xvi, fig. 1.) aaa peau extérieure du ventre > parsemée au des- sous de petits vaisseaux sanguins. h b deux épingles qui tiennent cette peau écartée et tendue. : | e sternum. F dcœur. se vésicules pulmonaires. Elles sont plus petites que dans la planche suivante » parce qu'elles sont moins remplies d’air. L ff foie. Il est plus grand dans les femelles que is les mâles. g £ estomac. h h intestins grêles. à portion plus étroite de ces intestins. Æ intestins rectum. Z Z vessie. Elle est vuide et ressemble à une petite _ membrane plissée. m m trompes de la matrice vues en partie. nnn ovaire rempli d’un nombre prodigieux d'œufs, et cachant les autres parties de la génération, 56 EXPLICATION IX. Organes de la génération de la grenouille verte, femelle. ( Roesel, pl. xvt, fig. 2.) : Ces organes sont Ôtés du corps, souflés, ct leurs diverses issues sont fermées et nouées avec des fils. z & portion des intestins grêles , unie au rectum. Æ intestin rectum. | Z vessie, | 72 m m lrompes de la matrice. o ouverlure de la gauche. p p appendices ou corps jaunes. g reins. r rr matrice. ; \ s portion de la trompe droite. Es 2 Û É. - NT xz. CAP ° 307. De Jere del, METAMOPRPHOSES DE LA GRENOUILLE VERTE. DES PLANCHES 35 1 IPLANCHE ONZIEME Métamworphoses de D: Érenouille verle. ({ Extrait de FHistoria ranarum nostratium, par Roesel, pl. x1v.) ‘s.-œufs transparens. ; 2. œuf de Po au bout de deux jours. & première enveloppe gélatineuse extérieure: _& seconde enveloppe intérieure. Æ germe. / 3. «uf au bout de quatre jours. ] Le sETRE est devenu = > NS n S \ 2 (Ze) Z an ONIAN _INSTITUTION NOIINLILSNI ë K de 24 LHVY ne “ 2 CLR Foy À ce | N LE ; — œ — Se Ne 7 = < pe NS < - = = = AN œ 4 = | œ = © Z = AU NE de HLINS ,S318V4 411 LIBRARIES SMITHSONIAN _INSTITUI SE œ cn AD œ a. 5 7 5 2 cc. NS = ps LE % NI + a F SONIAN INSTITUTION AE un Z < = < Z _ Z O 5 TS, (72) EU éo = Me ne É Z = = x = | È HLIWS S31YVHG17 LIBRARIES en — [29] œ = œ NN = NS È = = NV 0 : on Ni ù O ES. = ur SONIAN d 2 SHLINS INSTITUTION NOIINLILSNI . 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