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Les tupinambis ont presque tous été assez bien figurés dans l'ouvrage de Seba, et cependant les naturalistes ont commis des erreurs assez fortes relativement à la syno- nymie de ces animaux, et les ont con- fondus avec Dee autres sauriens assez différens. . | | Laurenti, dans son ouvrage sur les rep- tiles, les a d’abord rangés dans un genre -particulier qu’il a nommé stellion et auquel il a donné les caractères suivans: . L’abdomen parquelé ou carrelé de pates sijé ni carrées. A 4 8 HISTOIRE £ 2°. La tête couverte d’écailles imbriquées, caput imbricatum. 3°. Le corps lisse, sans écailles sedtiiiés en pointe ou en crête. On voit par l'énoncé de ces différens caractères qu'aucun d’entre eux ne peut appartenir exclusivement aux tupinambis ; car le premier et le troisième peuvent éga- lement se rapporter aux lézards propre- ment dits, et le second au contraire ne convient à aucun saurien. Le stellio saurus, n° 8a, de Laurenti, est notre tupinambis. étoilé d'Afrique. Son stellio salvator, n° ao, est notre tu- pinambis élégant. Et son stellio sahaguardie, n° q2 , est le tupinambis étoilé, très-âgé et entièrement rembruni, que Seba a figuré sous le nom de fouette-queue ( tome 1, planche ct ). Son stellio saxatilis, n° 91, a été figuré par Seba ( tom. IT, pl. Lxxix, fig. 4) sous le nom de éécoixin ou lézard saxalile d'Amé- rique armé de pointes, avec la queue grosse à sa base. C’est un saurien peu important, mal peint,et qui ne peut être rangé parmi les tupinambis. Son séellio tessellatus, n° 93, est le tale- tec de Seba (tom. I, pl. Lxxvi, fig. 2). Ce DES TUPINAMBIS 9 grand saurien, très-extraordinaire, est assez voisin des tupinambis par sa forme élancée, mais il ne peut être réuni avec eux, parce qu'il a des anneaux très-étroits et nombreux autour du cou, du corps, de la queue et des membres. Il a d’ailleurs une langue alongée , très- fourchue , de petites dents nombreuses , et des plaques dessus la tête comme le tupinambis sauvegarde d’Amé- rique. Toutes les petites écailles carrées qui forment les anneaux sont alternativement grises et blanches ; le dos est blanc avec des taches rousses et flambées. De plus la queue est très-longue, cylindrique, entourée de larges bandes noires vers son extrémité. Il faut attendre que ce saurien taletec de Seba soit mieux connu, pour qu'on puisse le classer plus convenablement. Le stellio viridis, n° 04, de Laurenti, est le lézard de Virginie , orné de taches et de flammes, que Seba a figuré (t.T, pl. Lxxv, fig. © }; j'ai reçu ce saurien de Surinam, et je l'ai déjà fait connoître sous le nom de lézard strié, dans une note que j'ai lue à la société philomatique. Le stellio thalassinus , n° 05, est le lézard d'Amérique représenté par Seba ( tom. I, pl. ox, fig. 4 et 5). Sa couleur est entière- 10 CURE IE STORE ment d’un verd foncé, parsemé de points'et de petits traits noirs. Ce reptile est conservé dans la collection du museum d'histoire na- turelle, à Paris, et il est assez bien figuré pour qu'on puisse lui assigner une place convenable dans l’ordre des sauriens. C’est le lézard verd à traits noirs , d'Allemagne. : Enfin le sfellio punctatus, n° 96, de Lau- renti, est une espèce de saurien que je nommerai scinque à deux raies; Seba:en a donné une assez bonne figure (t. II, pli, fig. 9.) Linnæus et Gmelin, dans le Systema na- turæ , Ont placé tous les tupinambis parmi leurs lézards cordyles ; ils ont fait à tort une espèce distincte du stellio salvaguardia de Laurenti, sous le nom de lacerta dracæna; car cet animal est un vieux tupinambis étoilé, et diffère beaucoup de la véritable dragone ; ensuite ils ont nommé /acerta monitor, le stellio salvator de Laurentr, et presque tous les vrais tupinambis figurés par Seba ; puis ils ont regardé, comme autant de variétés distinctes, les six autres sée/lio de Faurenti. On trouve dans l'ouvrage que Einnæus a publié en 1754, sur le museum du prince Adolphe Frédéric, la description très-suceinte he. DES TUPINAMBIS. 11 ou même incorrecte de plusieurs espèces de tupinambis, figurés dans Seba. Voici les remarques que j'ai faites en examinant cet ouvrage de Linnæus. 1°, Le lézard tigré, lacerta tigrina; Tan. Mus. Ad. Frid. tom. I, pag. 41, doit être réformé, parce que Linnæus lui rapporte comme synonyimes , a Le tupinambis élégant, figuré par Seba, LE de 5) À LXVIIT, Hé. 24eLE. LL DL xx. Me 2. b Et le tupinambis étoilé d'Afrique, figuré par Seba, tom. IT, pl. cv, fig. 1,et tom. I, pl..xcrv, fig. 1'et 2. : Le lézard tigré a la tête oblongue, un peu aplatie et garnie de petites écailles ar- rondies et d’égale grandeur ; les paupières sont plates, alongées ; les narines sont arron- dies, ouvertes; les oreilles ont leurs ouver- tures assez grandes ; le cou est cylindrique et de la même taille que la tête. Le corps, aussi long que la tête et le cou réums, est ventru et couvert par des séries variées et transversales de très-petites écailles. La couleur est. par-tout variée de brun et de ferrugineux, avec le dessous du Corps plus pâle. L4 12 HISTOIRE La queue est aussi longue que lescorps; amiucie peu à peu jusqu’à son extrémilé , un peu étroite et entourée de bandes alter- nativement ferrugineuses et brunes. Le des- sous de cette queue est arrondi, plus épais, et le dessus est au contraire presque tran- chant à cause d’une double rangée longi- tudinale de petites écailles, et non pecliné, ni crénelé. Les pieds bruns , parsemés de points ferrugineux , ont chacun cinq doigts séparés et terminés par des ongles amincis. Les couleurs de ce lézard tigré sont tres- différentes, selon les individus. 2°, Le lézard téguixin (1), lacerta tegur- zin; Lin. Mus. Ad. Frid. tom. l, pag. 45. Ce saurien est évidemment un tupinam- bis, car tous les auteurs qui lont décrit, lui rapportent comme synonymes, a Le jeune tupinambis sauvegarde d’Amé- rique, figuré par Seba , tom. I, pl. xovr, fig. 1. (1) Lacerta teouixin. Tiannæus, Amæn.acad. tem. f, pas. 128. — Syst. nat. — Idem, Gmelin, Syst. nat, pag. 1075, n°54. Le téguixin. Daubenton, Dict. erpet. Encyclop. méthod.— dem, Lacépède, Hist. nat. des quadrupèdes ovipares, inc 12 , tom. ÎT, pag- 128 et suiv. — Le lézard téguixin. Latreille, Histoire natu- relle des reptiles , in-18, tom. IT , pag. 227 et suiv. DES TUPINAMBIS. 15 & Le tupinambis décoloré, que je regarde provisoirement comme un tupinambis étoilé. Voyez la figure donnée par Seba, tom. 1, pl, xcvrux, fig. 3. + La description suivante du lézard tégui- xin, donnée par Laireille , se rapporte sans conlredit au jeune tupinambis sauvegarde. « La couleur de cette espèce, qui d’après Linnæus, se rapproche de l’ameiva, est blan- châtre , avec une foible teinte de bleuâtre, et des bandes d’un gris sombre; tout le dos et la partie extérieure des cuisses sont mar- qués de points blancs, ovales et épars; il y en a aussi sur la queue, mais en moindre quantité; la tête de ce lézard a une forme oblongue, aplatie et terminée en pointe; le dernier rang des lames qui la recouvrent en dessus, a trois écailles anguleuses, ce qui donne à la tête de ce lézard quelque res- semblance avec celle des serpens ; la peau du cou est lâche, avec des taches plus noires que celles des autres parties du corps: des stries circulaires très -nombreuses, et comme articulées, sillonnent le corps, dont les côtés ont une multitude de plis; la queue est composée d'environ deux cenis segmens , alternativement circulaires , et 14 HISTOIRE simplement en arc ; elle est une fois et demie aussi longue que le corps, et se ter- mine en pointe aiguë. » Tous les pieds ont cinq doigts, pourvus d'ongles très-aigus et légèrement recourbés. » Ce lézard se trouve au Brésil, d’après Seba cité par Linnæus ». Latreille a omis dans cette description les caractères suivans, que Linnæus et en- suite Gmelin ont employés dans le Systema naturæ , pour distinguer leur téguixin des autres sauriens, et que j'ai retrouvés dans la plupart des jeunes tupinambis sauvegardes que j'ai déjà pu observer dans diverses col- lections d'histoire naturelle, à Paris. « Laceria teguixin , caudé& tereti longé, sutur& laterali plicaté, collo subtus plhcä triplici, cristé null&, pedibus pentadactylis. Lézard téguixin, ayant la queue cylin- drique , longue; une suture plissée sur chaque flanc, trois plis sous le cou, cinq doigts à chaque pied , avec la peau entie- rement dépourvue de crête ». c On voit donc, par ce premier aperçu, que‘ Laurenti, TLinnæus et Gmelin ont commis successivement des erreurs assez graves relativement aux tupinambis ; et cependant les naturalistes modernes ont DES TUPINAMBIS. 15 laissé subsister ces erreurs: Latreille a essayé récemment de faire quelques correclions à la synonymie du Zacerta monitor, dans les additions qui terminent le quatrième vo- lume de son histoire naturelle des reptiles; _ mais comme il n’a consulté que les figures de Seba, son travail est encore resté im- parfait. _ Latreille a d’abord rapproché de la dra- gone , comme autant d'espèces distinctes, les stellio salvaguardia | viridis et thalassinus de Laurenti; ensuite il a rangé dans une première seclion tous les tupinambis dont la tête paroît recouverte d’écailles petites ou assez grandes, et nombreuses; et ceux de la seconde section ont dessus la tête des écailles grandes et peu nombreuses. Il a en- suite distribué les tupimambis dé Seba dans l’une ou l’autre de ces sections; mais il n’a pu y distinguer avec exactitude les espèces, et il y a placé le taletec, qui est un"saurien dont le genre ne peut encore être exacie- ment déterminé. Pour éclaircir les divers points relatifs à l’histoire naturelle des tupinambis, j'ai examiné avec beaucoup d'attention; non seulement tout ce que Seba , Laurenti; Linnæus , Daubenton , Lacépède, La- 16 MAIS TOME treille, etc. , ont déjà publié sur ces ani- : maux, mais encore tous les individus qui sont conservés dans les collections de Paris; et je suis enfin parvenu à trouver treize espèces distinctes de tupinambis, et à les. ranger dans un genre intermédiaire entre la dragone, et les lézards proprement dits. Les tupinambis sont bien faciles à recon- noître, parce que leur corps. est entouré d’anneaux très - étroits et nombreux, for- més de très-petites écailles lisses sur leur : centre, et ordinairement (1) granulées sur leurs bords ; avec leur queue assez longue, cylindriques sa base, un peu comprimée sur les côtés; et avec leur gorge non à goi- treuse. Dans le commencement de cet auÿrase j'ai annoncé, d’après Alexandre Brongniart, que tous les sauriens ont une verge four- chue ; cependant :l est reconnu mainte- nant, d'après des observations anatomiques faites par Geoffroy en Egypte, que la verge du crocodile est simple, tandis que ocllé des tupinambis est longue, formée de deux (r) Je dis ordinairement , parce que les écailles des tupinambis élégant , exanthématique et sillonné n ‘ont pas leurs bords granulés. corps DES TUPINAMBIS. 17 corps caverneux, et terminée, comme dans les auires sauriens, par deux longs appen- dices cartilagineux, qui de plus sont bifides à leur extrémité. J'ai voulu m'’assurer s1 ce caractère relatif à la forme de la verge, dans les tupinambis , pouvoit réellement convenir à toutes les espèces, et j’ai remar- qué qu’il étoit beaucoup plus apparent dans les grandes espèces et même dans le tupi- nambis sillonné , et qu’on le retrouvoit aussi dans les petits, tels que le tupinambis élé- gant et le lézardet; l'extrémité bifide des appendices cartilagineux est seulement plus courte à proportion dans ces derniers. Lies naturalistes ont trouvé jusqu’à présent de grandes difficultés dans la détermination des espèces de reptiles qui doivent entrer dans l’ordre des sauriens : ils ont senti avec raison que:, pour donner sur ces animaux un ouvrage complet, il faudroit avoir sous des _ yeux de grandes collections à examiner, et sur-tout une grande persévérance dans ses recherches. té Seba est le premier de tous les auteurs “qui se soit occupé un peu en détail de Fhis- toire naturelle des reptiles, car il a figuré “un grand nombre de ces animaux dans son Ouvrage. Reptiles. Tome III. B 18 HISTOFRE Tinnæus et Laurenti se sont servis de l'ouvrage de Seba ; ils en ont extrait une grande partie de leurs descriptions ; ils y ont joint celles que leur ont fourni les travaux de Catesby, de Gronovius, de Pallas, etc., et ils w'ont décrit d’après nature qu’un très- petit nombre d'espèces nouvelles. . Lorsque Daubenton entreprit de composer son Diciionnaire erpétologique , il voulut d’abord refondre en entier tout le travail de ses prédécesseurs , et revoir les descrip- tions qu'ils avoient déjà publiées : il s’occupa d’abord avec queique succès de distribuer _ tous les reptiles en ordres et en genres, et il en sépara, avec infiniment de justesse , tous les poissons cartilasineux que Linnæus avoit à tort confondus avec: les: vrais rep- tiles, dans un ordre particulier quil appela les rageurs (nantes). Après ce changement important, il substitua ie nom de reptiles à celui d’'amphibies; mais il ne put exécuter le projet qu’il avoit formé, parce que des tra- vaux plus importans, sans doute, ne lui “permirent pas de continuer ses recherches: il se conienta donc de rauger dans sa mé- ‘thode toutes les espèces decxites par Line næus, et il y ajouta quelques espèces que lui fournirent plusieurs ouvrages nouveaux. € DES TUPINAMBIS. :9 Le savant et respectable professeur La- cépède, que Buffon avoit choisi pour étre le continuateur de ses œuvres, a rempli dignement cette tâche, toute pénible qu’elle puisse être : les naturalistes et les amis des sciences lui doivent tous un tribut d’éloges et de reconnoissance , pour les services im- portans qu'il a rendus à l’histoire naturelle, par la publication de ses ouvrages sur les quadrupèdes ovipares, sur les serpens et sur les poissons. Que ne dois-je pas moi-même aux témoignages d'intérêt et aux encourage- mens que j'ai reçûs de ce savant. Il m’a permis de révoir ses propres travaux, et d’éxaminer en détail tous les reptiles qui sont confiés à ses soins au museum d'histoire naturelle de Paris. J’ai saisi alors avec empressement l’oc- casion qui m'étoit offerte ; J'ai essayé de faire sur les reptiles ce que Daubenton n’avoit pas eu le tems d'exécuter ; et, à l’aide de recher- ches assidues, j'ai découvert cinquante-sept éspècés dé tortues, et cent cinquante-cinq sauriens ; tandis que Gmelin n’en a décrit que trente-trois, que lé professeur Lacé- pède à réduites à vingt-quatre. seulément , et soixante-sept lézards ou sauriens, réduits par le même à cinquante-un. B 2 20 _ LISEALSEE O TRE PREMIÈRE SECTION. TUPINAMBIS A queue simplement comprimée. Leur queue est simplement comprimée sur les côtés , arrondie ou tranchante en dessus. Cette section est composée de six espèces; savoir : deux d'Amérique , une de l'Inde, une d'Egypte , et deux autres dont la patrie est inconnue , mais que je crois d'Afrique. = LE TUÜUPINAMBIS PROPREMENT DIF; ou SAUVEGARDE (i). La première espèce de tupinambis, celle qui est la plus connue des naturalistes, et (rx) Tupinambis monitor ; capite scutellato, lineis longitudinalibus quatuor fasciisque transversis irregu- laribus suprà dorsum ; dorso nigro ; abdomine albido, nigris maculis; caudé sub-compressé , non carinat4, Lacerta tecuixin , tejuguacu , texixincoyotl , seu cutezpallin Novæ Hispaniæ. Seba , Thes.tom. I, jeune, DES TUPINAMBIS. 21 qui est nommée sauvegarde dans toutes les colonies européennes établies dans l’Amé- rique méridicaale , sur-tout à Cayenne et à Surinam , est très-facile à distinguer des autres tupinambis par la bigarrure agréable et pour ainsi dire, régulière de sa peau , et par la forme des plaques qui revêtent le dessus de sa tête et les bords de ses mà- choires. Comme aux autres tupmambis , sa tèle ressemble parfaitement à une pyramide oblongue et à quatre faces. Le dessus est recouvert, jusqu'au bout du museau, de douze plaques, presque toutes hexagones, et de quatre autres carrées irrégulières au pl. xovi, fig. 1; pl. xcvrr, fig. 5; individu de moyenne grosseur , pl. xcvi, fig. 2; adulte, pl. xcvi, fig. 3; adulte décoloré , pl. xcix, fig. 1. — Tupinambisou sauvegarde & Amérique. M. S. Mérian, Insectes de Surinam , pl. 1v. — T'eyougouazou. Félix d’Azara, Essais sur l’histoire naturelle de la province de Para- guay , traduction française, par Moreau Saint-Méry, tom. IT, pag. 587 et suivantes. — T'emapara tupi- rambis. Ray, Synops. animal. pag. 265. — ZLézard tejuguacu d'Amérique; adulte , 6° espèce, jeune. Ph. Fermin, Description de Surinam, in-8°, tom. II, pag. 205 et 207. — Lacerta major Brasiliæ. Kircher, Musæum, pag. 275, fig. 59. — Scincus sepiformis Schneider, amphib. Hist, fasc, 2, pag. 19r. B 3 #2 HISTOIRE dessus de chaque œil; ce qui fait en tout vingt plaques lisses. Les côtés de la tête et ‘de la mâchoire inférieure sont aussi recou- verts de plaques à quatre , cinq ou six angles. M Les narines du tupinambis proprement dit sont petites, demi-circulaires , et placées sur les côtés de la têle vers l'extrémité du museau. Les yeux sont assez gros et saillans ; ils ont leurs deux paupières également mo- biles , et entourées de petites écailles. Sur, la gorge , et sur le milieu de la poi- trine , ainsi qu’aulour de l'anus , il y a de pelites écailles hexagones et régulières. Tout le dessus du corps est couvert de petites écailles. arrondies où presque hexa- gones , lisses dans leur centre , avec leur bord très - légèrement granulé lorsqu'on les regarde à la loupe : ces écailles forment des bandes transversales, nombreuses:savoir, environ trente dessus le cou , et quatre-vingts ou quatre-vingt-quatre dessus le dos. Quel- ques-unes de ces écailles ont sur leur centre une petite carêne à peine distincte. Dessous les membres et le cou les écailles sont un peu plus grandes, lisses et carrées; , elles sont encore plus grandes et hexagones DES TUPINAMBIS. 23 sur la poitrine et entre les cuisses près de l'anus; enfin, les écailles qui recouvrent le dessous du corps sont lisses, carrées, aussi grandes que celles qui sent sur la poitrine, et forment environ trente-une bandes trans- versales. Les écailles qui garnissent le dessus des membres ressemblent parfaitement à celles du dos , mais elles sont encore plus petites. La queue est cylindrique à sa base, et à peine comprimée latéralement sur les deux tiers de sa longueur : elle n’est ni carénée , ti tranchante en dessus, mais seulement verticillée , c'est-à-dire, composée d’un très-grand nombre d’anneaux étroits, formés chacun par une multitude de petites écailles carrées oblongues , et toutes légèrement ca- rénées. UE Le tupinambis sauvegarde a ses quatre | pouces trés-courls : ses pieds antérieurs sont minces et assez courts, ainsi que leurs doigts ; mais les pieds postérieurs au contraire sont alongés , robusles , avec leur second doigt extérieur plus long que tous les autres. La couleur de ce joli animal est d’un beau noir luisant en dessus, et d’un blane verdâtre également luisant ‘en dessous. La tête est un peu rembrunie en dessus et sur B 4 24 HISTOIRE tête est un peu rembrume en dessus et sur les côtés , avec quelques traits plus clairs disposés çà et là. Au dessus de chaque tympan qui est brun , il y a une ligne longitudi- uale blanchâtre , d’abord simple , ensuite double sur chaque côté du dos , et qui se prolonge jusqu’au dessus des cuisses : i1lya de plus d’autres lignes disposées en travers comme des échelons dessus le dos , et très- irrégulières. Le dessous de l'animal et le tiers antérieur de sa queue sont variés de taches noires plus ou moins prolongées et irrégulières , sur un fond blanchâtre. Les deux autres tiers de la queue jusqu'a son extrémité sont d’un brun foncé uniforme. Le dessus des membres est noir, très-agréa- blement marqueté de petites taches arron- dies , blanchâtres et nombreuses. Dimensions de l'individu que j'ai décrit, et qui fais partie de ma collection d'histoire naturelle. pieds. poue. lign: Fiononeur. totale.:.. mire np or te Lonsueur.de la tête + 4122 4. al ue Sa largeur près des yeux. Sa largeur près des narines. . . ., 4 Son épaisseur . . . . . . . . as Honsneur de con "FM De es 2 Sa circonférence. À 8e 14 me 5 Jongueur du corps. .-.:. . 3 . Be / DES TUPINAMBIS 25 pieds pouc. lign. Sa circonférence dans sa partie la plus PROSSE LR Pie ee de 7 0 hpneueur de (4 quelle. . :,. : 2 1 6 Sa circonférence à sa base. . . . . 45, Longueur des pieds de devant . . . . 3::+3 Leur circonférence à la base des bras. 2 Longueur des pieds de derrière. . . 5 Leur circonférence à la base des cuisses. 4 Le tupinambis d'Amérique est sujet à varier un peu relativement à la dispo- sition des taches et des bandes blanchâtres qui sont disposées dessus son corps ; mais les différences qu'on observe dans les tupi- nambis proprement dits ne proviennent réellement que du sexe ou plutôt de lâge; car les jeunes tupinambis , lorsqu'ils ont au plus un pied de longueur totale, ne res- semblent aux adultes que par la forme de leur corps et de leurs écailles : on ne doit cependant pas les regarder comme une espèce distincte. Ils sont en dessus et sur les flancs d’une belle couleur noire , avec des bandes étroites transversales, d’un blanc bleuâtre, assez régulières sur le corps et la queue ; quelques - unes de ces bandes sont bifides sur les flancs. Il y a deux bandes dessus le cou, six dessus le dos et seize dessus la queue ; les troisième et sixième bandes 26 . HISTOIRE dorsales sont seules bifides sur les flancs ; enfin les bandes caudales' forment des anneaux entiers, qui s’élargissent à mesure qu'ils sont plus près de l'extrémité de la queue. Outre ces bandes transversales il y a de chaque côté du dos, au dessus des flancs, deux rangées longitudinales de points blancs, qui se prolongent dessus la queue, et disparoiïssent ensuite peu à peu. La su- perficie des membres est couverte de points blanchâtres et nombreux. Le dessous du corps est blanchâtre, avec quelques petites taches noires. Les naturalistes sont tous d’accord sur les grandes imperfections , et même sur les erreurs nombreuses qui existent dans l’ou- vrage de Seba; car presque tous les Traités sur l’histoire naturelle contiennent quelque critique de cet auteur. En effet , on doit reprocher à Seba de s’en être trop rapporté aux relations de certains voyageurs, d’avoir fait représenter indistinctement tous les objets bien ou mal conservés qu’il pouvoit se procurer , et de n’avoir pas assez com- paré entre eux ces mêmes objets. Il est re- sulté de ces torts, que Seba a fait peindre jusqu’à sept et huit individus du même animal , seulement parce qu’ils différoient DES TUPINAMBIS. 27 entre eux par une altération plus où moins marquée dans leurs couleurs, ou même parce qu'un marchand assignoit sans molif à iel individu une patrie différente qu'a iel autre. Cependant, quoiqu'on ait fait à cef auteur des reproches justes et nombreux, on ne peut disconvenir que son ouvrage ne renferme aussi un certain nombre de faits vrais et une foule d'objets exactement repre- sentés : c’est au moins ce que j'ai remarqué par rapport aux divers reptiles qu'il a fait figurer. Seba paroît avoir connu presque toutes les espèces de tupinambis ; ils sont même la plupart très-faciles à reconnoître ; et l’on peut suivre dans les figures du tupi- nambis proprement dit, les divers change- mens qui surviennent à ce saurien , à mesure qu’il prend de l'accroissement. Mademoiselle M. Sybille Mérian a repré- senté, dans son grand ouvrage sur les insectes de Surinam , un jeune tupinambis sauve- garde , dont la longueur totale est d’un pied environ ; mais elle a prétendu que cet animal acquiert quelquefois une longueur de dix ou douze pieds ; et Seba a écrit qu'il a possédé dans sa collection un individu long de plus de trois aunes. Le savant auteur de PHistoire naturelle des quadrupèdes du 28 HISTOIRE Paraguay , Félix d’Azara, fait connoître à la fin de son ouvrage un tupinambis qu'il a trouvé dans cette partie de l'Amérique méridionale , et qui y est nommé feyou- gouazou , ce qui signifie gros lézard. Ce tupinambis est évidemment le même que celui de Seba et de mademoiselle Mérian; mais cependant Félix d'Azara assure n’a- voir observé que des individus longs de trois pieds deux pouces au plus : je crois donc que les dimensions , attribuées par les deux premiers auteurs déjà cités , sont beau- coup trop exagérées ; car je n’ai d’ailleurs vu dans aucune collection que des individus longs de quatre pieds au plus. | Ce tupinambis habite dans toutes les par- ties les plus chaudes de l'Amérique , princi- palement sur le continent , en Guiane, au Mexique et au Brésil : dans les colonies espagnoles, ilest connu sous le nom d’yguana, parce qu’on le confond avec les grands iguanes , sans doute à cause de la faculté qu'il a d’enfler considérablement chaque joue au dessous des yeux, et d'y faire une bosse de la grosseur d’un œuf, selon Félix d’Azara. Dans d’autres contrées on le nomme sauvegarde où sauveur , parce qu’on prétend, qu’il fait entendre un siflement très-aigu DES TUPINAMBIS. 2 lorsqu'il aperçoit un serpent à sonnette ou d’autres animaux mal-faisans, et qu ilavertit ‘ainsi l'homme , placé dans son voisinage , de se tenir sur: ses gardes. Il court avec une extrême vitesse ‘ est très-prompt dans ses mouvemens, peut se retourner et se plier en tous sens, en dar- dant fréquemment au dehors de sa bouche sa langue fourchue et très-extensible ; mais on a prétendu sans raison qu'il grimpe sur les arbres avec une grande facilité; car Félix _d’Azara et tous les colons que j'ai consultés assurent le contraire. Cet animal est doux et très-facile à apprivoiser ; mais on assure qu’il ne faut pas l’agacer , parce qu’il mord quelquefois avec violence, et qu'il ne lâche pas prise. 11 fréquente les champs et les bords des bois. Il y mange des fruits , des insectes, des vers, de petits poulets , des œufs d’oi- seaux , même des crapauds et de petites vipères : on prétend aussi au Paraguay qu’il mange le miel des abeilles ,; et que pour chasser ces insectes il va donner un coup de sa queue contre la ruche , et répète cette manœuvre jusqu'à ce que toutes les abeilles se soient éloignées. Souvent il creuse la terre pour se pe des vers ; et c’est sans 80 HISTOIRE doute pour manger des mouches et les larves des boucliers , des nicrophores, des dermestes et d’autres insectes carnassiers , qu'il recherche les charognes : mademoi- selle Mérian a donc été induite en erreur, lorsqu'elle à écrit que ce joli reptile se nourrit aussi de cadavres. Comme les autres tupinambis, ïl se creuse dés terriers un peu profonds, pour y passer la nuit, ou même pour sy cacher pendant tout l’hyver : et quoiqu'il se tienne ordmai- jement dans les heux secs , cependant il doit être regardé comme un amimal amphi- bie, car il se retire dans le fond des eaux et s’y promène sur le sable pendant quelque tems , soit pour se soustraire aux poursuites de ses ennemis, soit pour y pêcher des poissons lorsqu'il ne trouve pas sur terre une nourriture assez abondante : sa queue, un peu comprimée sur les côtés ; indique d’ailleurs assez clairement qu'il peut vivre au fond des eaux , comme les crocodiles, les iguanes, les basilics, les dragones, les salamandres, etc. Lorsque là femelle est prête à faire sa ponte , elle creuse avec ses doigts ongui- culés un trou peu ENCRES dans le sable DES TUPINAMBIS. 31 ou dans la terre sèche , et y pond un petit nombre d'œufs oblongs, qui y éclosent seu- lement à laide de la chaleur du soleil. Sa chair et ses œufs sont également bons à manger. On croit au Paraguay , selon Félix d’Azara, que les anneaux de sa queue peuvent préserver de la paralysie, et que sa graisse est un spécifique contre l’enflure. _ Il faut peut-être rapporter au tupinam- bis proprement dit le lézard d’un brun verdâtre , long de deux pieds environ , assez différent de l’iguane;, et dont la chair est assez bonne à manger, quoiqu'’elle soit moins recherchée à proportion que celle de l’iguane, suivant le rapport du capitaine Stedman, qui a observé plusieurs fois dans la colonie de Surinam ce saurien , que les nègres esclaves nonunent sapagala. (Voyage en Gujane et à Surinam , par Siedman ; in-8°, tom [, pag. 401, tom II, pag. 365.) - Fermin assure aussi qu’on trouve le tu- pinambis léjuguacu, ou sauvegarde, daus toutes les rivières et dans les savannes ma- récageuses de Surinam. Cet animal est la prenuère espèce de lézard qu'il a décrit. Son sixième. lézard, le tejuguacu d'Amérique, est sans doute un jeuue tupinambis sauve- garde. » 32 HISTOIRE Kircher , dans son Museum , a fait con- noître ce saurien sous le nom de /acertæ major Brasiliæ (1) : la figure que cet ancien auteur en a donnée (pag. 292, fig. 39), est assez reconnoissable, quoiqu’elle soit un peu trop foncée. J'ai été d’abord assez embarrassé sur la place qu’il convient d’assigner, parmi les sauriens, à celui que Schneider à décrit dans le second fascicule de son Histoire na- turelle des amphibies, sous le nom de scin- cus sepiformis , et qu'il a observé dans la collection de Läinck ; mais, après avoir exa- miné avec attention les caractères donnés (1) Ex regno Brasiliæ lacertam accepi, quæ ab in- colis vocatur lagarto , vulgaribus lacertis corpore simi- lem. Hanc describens Calceolarius, pag. 615. F’ocavié crocodilum terrestrem, quamvis à nilotico differat, quôd caudam habeat tuberculis elatioribus asperam, teretem , et in longum productam. Ea cauda, Bellorio teste , corpora quibus insultat atrocissimè diverberare aiunt , idcirco hoc animal caudiverberum nonnubls vocitant ejus longitudo ulnä major, latitudo decem digitorum transversorum ; COrpUS squamis multis mi= nulIS , et splendidis tegitur ; aquæ impatientem adeo esse dicunt, ut si quis in os illam injiciat, stalim moriatur. Veneno caret, sed à quoquis à cavis effo- ditur , et in cibum sumitur , nec alius ejus carnis sapor_ quèm testudinis. Musæum Kircherianum, p. 292. . à DES TUPINAMBTS. 35 à ce prétendu scinque, ainsi que le passage où Schneider dit que ce saurien a été rangé, dans celte collection, entre les Zacerta seps et rilotica (1), à cause d’une suture ( d’un pli) qu'il a sur chaque flanc, j'ai trouvé une telle analogie entre ce prétendu scinque et le tupinambis sauvegarde d'Amérique , qui a ordinairement un pli sur les côtés du dos, que je me suis déterminé à y joindre pro- visoirement , comme synonyme, le scinque sépiforme de Schneider. Voici au reste la traduction de ce que cet auteur à écrit sur ce reptile , dont il est ici question. « Le scinque sépiforme est intermédiaire entre les /acerta seps et niloiica , parce qu’il a sur chaque flanc une suture lâche, par- tant du coin de la bouche, passant au dessus des pieds antérieurs, et prolongée au delà des postérieurs. » La tête est couverte de plaques, comme celle des lézards ; les narines sont placées auprès d’une plaque triangulaire vers l’ex- trémité de la mâchoire supérieure ; le dessous (1) Le lacerta nilotica, rangé par Schneider parmi les scinques, est réellement un tupinambis qui vit près du Nil , et que je décrirai bientôt. Reptiles. Tome IIL. C 34 HISTOIRE de la tête et du cou est recouvert d’écailles larges , lisses, hexagones ; le ventre est re- vêtu jusqu’à l’anus de grandes écailles rhom- boïdes, disposées par bandes transversales ; le devant et le dessus des épaules et des bras sont couverts de grandes écailles hexagones ou presque rondes ; sous les cuisses il y a des pores assez distincts; l’'avant-dernier doigt des pieds de derrière est très-long, el le quatrième ainsi que les suivans diminuent ensuite progressivement de longueur; le der- nier doigt est inséré au dessous des autres, et il est un peu plus long que le second. » La queue est un peu plus de deux fois aussi longue que le corps, et elle est cylin- drique. » Le dessus du corps ainsi que toute la queue sont revêtus de grandes écailles car- rées, disposées sur des bandes transversales, et marquées d’une petite carèêne aplatie plus distincte en arrière ; on voit des écailles plus petites et arrondies sur la face supérieure et postérieure des cuisses et des jambes , dont quelques rangées sont munies d’une carène apparente. » Les pieds sont gros à proportion du corps, longs de six pouces environ, larges de / DES TUPINAMBIS. 35 plus d’un pouce, et courts comme dans les scinques ; les ongles sont jaunes et un peu courbés; l’ouverture de chaque oreille est oblongue, un peu arrondie et verticale ». Schneider n’a pas indiqué la longueur totale de ce saurien ; maïs on peut présu- mer qu'il est aussi grand que le tupinambis sauvegarde, si l’on en juge d’après la lon- sueur de sa queue. 36 HISTOIRE LE TUPINAMBIS ÉLÉGANT, (à). Pirau les nombreuses espèces de sauriens qui existent dans l'Amérique méridionale, (1) Tupinambis elegans ; suprà fuscescens, lineis concentricis albis in capite et collo, novem fasciis éransversalibus macularum rotundarum albarum et parvularum in dorso ; subtùs albus, lineis fuscis eë£ éransversis interruptis ; caud@ solüm compressé , non carinato-serrat&. Lacertus stellatus , mauritanus. Seba , Thes. tom. I, pl. zxxxvi, mâle, fig. 4; femelle, fig. 5. — ZLacerta ceilonica. Seba , tom.T, pl. c, fig. 3, tom. If, pl. xzix, fig 2.— Lacerta mexicana. Seba, tom. IT, pl. xxx, fig. 2. — Lacerta americana , maculata aut ocellata. Seba , tom. IT, pl. rxvrir, fig. 2. — Stellio salvator. Laurenti, Syn. reptilium, pag. 56, n° go. — Séellio atro-fuscus, rostrum fasciis alternis albis nigrisve ; pedes punctato-maculati; dorsum ocellis multiplici serie transvers& positis ; latera maculis dentatis. Le premier synonyme @e Seba a été rapporté à tort, par Linnæus, etc., au lézard améiva; et les autres ont été aussi regardés, par erreur, comme synonymes du vrai lacertéa monitor, ou du tupinambis propre- ment dit. DES TUPINAMBIS. 57 sur-tout dans la colonie hollandaise de Su- rinam, on trouve une très-jolie espèce de tupinambis que Seba a représenté plusieurs fois et assez correctement dans son grand ouvrage ; et quoique les auteurs, qui se sont jusqu'à présent occupés de Fhistoire natu- relle des reptiles, aient persisté à regarder ce petit saurien tantôt comme une variété du grand tupinambis sauvegarde, et tantôt comme un véritable lézard améiva, je suis cependant très - fondé à le décrire comme une espèce séparée, car il en diffère es- sentiellement par plusieurs caractères très- tranchés, et même par sa taille beaucoup plus petite; et d’ailleurs laméiva doit évi- demment rester parmi les vrais lézards. l'individu que j'ai observé, et que Le- vaillant a eu la complaisance de me com- muniquer, est long seulement de onze pouces; mais on en trouve qui ont jusqu’à quinze pouces, ou environ, de longueur totale. Ce tupinambis a sa tête alongée , à peine tronquée en devant , un peu plus large qw'épaisse, et semblable par sa forme à une pyramide à quatre faces. Ses narines sont étroites , longitudinales, et placées sur les C 3 38 HISTOIRE côtés vers le bout du museau ; le cou est presque aussi large que la tête; le corps est peu renflé, et même d’une forme élancée. La queue,un peu plus longue à propor- tion que tout le reste de l’animal, est, comme dans tous les autres tupinambis, arrondie et plus grosse à sa base, ensuite très-com- primée sur les côtés, et prolongée en une longue pointe. Il est cependant nécessaire de faire remarquer que, dans la plupart des tupinambis , toute la portion de la queue, qui est comprimée, est surmoniée par une petite carêne écaïlleuse et légèrement den- telée en scie ; dans cette espèce, au con- traire, la queue est simplement tranchante en dessus, sans écailles redressées en pe- tites dents de scie, et un peu arrondie en dessous. Toute la peau de cet animal est couverte de. très-petites écailles hexagones, lisses et disposées par bandes transversales très-nom- breuses, principalement dessus le corps, sur le ventre et la queue. Sur le ventre il y a environ soixante - douze bandes entre les pieds antérieurs et les postérieurs, et les écailles y sont d’une forme assez semblable DES TUPINAMBIS. 3% à un carré oblong : souvent on ÿ remarque une ouverture ombilicale ovale, entourée d'un cercle d’écailles hexagones. Les écailles sont plus régulièrement hexagones et plus distinctes sous le cou, sous la gorge et entre les membres. Sa couleur est d’un beau marron en dessus, et d’un blanc pur en dessous. Il y a six lignes transversales bjanches sur la _ tête depuis le bout du museau jusqu’au de- là des yeux, qui ont derrière eux un trait brun; toute la nuque est recouverte de quelques lignes blanches, disposées irréguliè- rement,presque circulaires et concentriques. _Sur les côtés de la tête en travers des mà- choires, sur les côtés du cou, et sur les flancs jusqu’à l'anus, il y a vingt - deux bandes bifides de couleur marron, qui se prolongent dessous le corps en vingt-deux lignes transversales, presque toutes inter- rompues. Le dessus du cou a sept lignes blanches et arquées en arrière ; quatre d’entre elles sont entières, et les trois autres sont formées seulement de très-petits points blancs; ces deux sortes de lignes sont dis- posées alternativement. Tout le dessus du corps, jusqu'à la base de la queue, a neuf | C4 40 HISTOIRE bandes transversales d’un marron un peu foncé, rehaussées très-élégamment sur leur milieu par autant de séries transversales, formées de petites taches rondes et blanches qui augmentent peu à peu en grandeur à mesure qu’elles s’approchent des flancs. Entre ces bandes dorsales il y a une mul- titude de petits points blancs, peu distincts, et comme sablés. Les membres antérieurs sont en dessus d’un beau marron foncé, avec treize bandes transversales où euvi- ron, formées de petites taches rondes et blanches; et en dessous ils sont blanchâtres, avec treize lignes brunâtres interrompues. Les membres postérieurs ne différent des précédens, que parce qu'ils sont un peu plus longs et qu'ils ont quinze et même seize bandes jusqu’au bout des doigts. Enfin les trois-quarts antérieurs de la queue ont environ vingt - trois bandes iransversales bifides de couleur marron, et un pareil nombre d’autres bandes formées par des taches blanches, plus ou moins arrondies et un peu grandes; l’autre portion de la queue est brunâtre uniforme, mince et terminée en pointe. DES TUPINAMBIS. 4 Dimensions d'un tupinambis élégant, qui m'a été prété par Eevaillant. pouc. lign. ÉonaueuriMtôtales sut out UE 9 Longueur de la tête et du cou........., 2 2 Largeur de la tête sur le crâne......... 9 Sa largeur contre les narines....... no 3 SON ÉNASSEUT 2: suce ceci. 6 MOTO UEUE QE CODEC ce «ae e asc nue one ce 2 UEO #2 plus orandet laréeur.. 52.4... LS Mel Longueur de la queue..........:........ 9 Longueur des pieds de devant jusqu’au bout des ongles. se. sentais one ssetstte sy) EURE Longueur des pieds de derrière jusqu’au bontides ongles... 4.4.4... 2 Le lézard étoilé de Mauritanie de Seba est trés - mal figuré, au moins par rapport aux taches blanches qui ornent le dessus de son corps; sa queue est aussi trop courte et mal représentée; la description est également mauvaise, et cependant j'ai cru convenable de le rapporter au tupinambis élégant , parce qu’il a beaucoup plus de ressemblance avec lui qu'avec le lézard améiva ; d’ail- leurs je ne connois à présent aucun sau- rien dans les collections que j'ai exami- nées , qui puisse être rapporté à ce lézard étoilé. Le petit lézard de Ceilan, long de dix 42 EST OTRE pouces et tigré,est très-bien représenté dans l'ouvrage de Seba ; le peintre a seulement fait la queue trop courte et trop cylin- drique. Seba s’est sans doute trompé sur le pays que ce joli saurien habite, puisque Levaillant à rapporté de Surinam lindi- vidu qu'il m'a communiqué. Selon Seba, cet animal est très-doux, un peu familier; il se nourrit d'herbes fraîches, de vers et de limacons. Le tupinambis élégant est encore assez bien figuré dans l’ouvrage de Seba, sous les noms de lézard du Mexique et de lézard d Amérique ocellé. | CEPEDIEN AMBIS ZT TUPIN Il DES TUPINAMBIS. 45 LE TU PINAMOTS CÉPÉDIEN () Voyez la planche XXIX de ce volume. Csrrr nouvelle espèce de tupinambis est très-semblable au tupinambis élégant, par sa taille, sa forme et ses dimensions; mais elle ressemble aussi au tupinambis exanthé- matique du Sénégal par les couleurs dont elle est ornée. J'ai même hésité d’abord à regarder ces deux tupinambis comme ne devant faire qu’une même espèce; etce n’est qu'après avoir comparé les tupinambis cé- pédien et exanthématique, que j'ai remar- qué entre eux des différences assez grandes; en ouire , la queue du dernier est une fois plus courte, et surmontée d’une double carêne. (1) Tupinambis cepedianus ; suprà fusc ens 23 — 24 seriebus transversis puncéorum anticè aiborurm el posticè nigrorum, subtis albescens lineis fuscis transversis interruptis , caudé solim compre.sa non ecrinato-serraté. 44 HISTOIRE Le tuüpinambis cépédien ne paroît diffé- rer du tupinambis élégant que par les ca- racières suivans : Sa couleur est d’un brun clair en dessus, et d'un blanc roussâtre en dessous. Il a un trait noirâtre et longitudinal der- rière chaque oeil. Le cou, le corps et la base de la queue ont en dessus vingt-quatre ou vingt-cinq rangées transversales irréguhères, composées d’un petit nombre de points écartés, blancs, marqués chacune d’un autre point noir en _érrière. On voit des points blancs et noirs dessus les bras et les cuisses. I a, sous la tête et le cou, de petites taches éparses et brunâires, et sous le ventre quinze à seize bandes transversales, brunes et interrompues. | On remarque sur chaque côté du corps, au dessus des flancs contre le dos, un ph longitudinal , qui est prolongé jusques sur les côtés du cou. La queue ressemble beaucoup à celle du tupinambis élégant ; elle est aussi longue, mais un peu moins haute et moins com- primée sur les côtés, avec de petits traits irréguliers, nombreux, bruns et disposés em DES TUPINAMBIS. 45 travers, principalement sur les côtés de sa moitié antérieure. J'ai trouvé, dans la collection du museum d'histoire naturelle de Paris, deux individus qui se rapportent à cette nouvelle espèce. de tupinambis que j'ai appelée cépédien , pour rendre hommage au savant et respec- table professeur qui a bien voulu m'aider, avec une complaisance infinie, à examiner la partie de cette collection confiée à ses soins , en me procurant toutes les facilités nécessaires pour y travailler à mon aise, Si cet ouvrage sur les reptiles renferme une grande quantité de recherches nouvelles et même des découvertes, c’est principalement aux bontés de ce professeur que j'en suis redevable. Je ne connois pas la patrie de ce tupi- narmbis. 46 HISTOIRE ee me LUE TU PI N HIDE INDIE No Voyez la planche XKX de ce volume. Carre nouvelle espèce est très - voisine du tupinambis piqueté du Bengale, et n’en différe que par les caractères suivans: Sa tête est assez ellilée, peu tronquée à l'extrémité du museau. Sa couleur est en- tièrement noire et parsemée de points blan- châtres très-nombreux, et irrégulièrement disposés dessus le cou, le corps, les membres et la base cylindrique de la queue ; tout le dessous de lanimal est au contraire d’un gris pâle et luisant. La queue est comprimée, simplement tranchante en dessus, el non surmontée d’un double pli dentelé en scie. J'ai compté plus de quatre-vingt-dix ran- gées transversales dessus le dos, et environ (1) Tupinambis indicus ; suprà niger, punctrs albi- dis sparsis ; caud& compressé , non carinato-serraté. Senembi, iguana 2: fisurata, Bontius, Hlist. nat. medic. Indiæ orientalis. Adel Patton FEU ren LAC TUPIN AMBIS DES TUPINAMBIS. 47 quatre-vingts sous le ventre, depuis les bras antérieurs jusqu'à l'anus. Ce joh tupinamibis a été découvert dans l'ile d'Armboine, par Riche, ainsi qu’une lor- tue de marais dont le plastron à deux bat- tans mobiles, et que j'ai décrite, d’après ce naturaliste, sous le nom de tortue d’Armn- boine. ( Voyez ton. Il, pag. 509 et suiv.) Bontius a très-mal figuré et décrit, dans so ouvrage sur l’histoire naturelle des Indes orientales sous le nom de senembi, un sau- rien que je regarde comme semblable au tupinambis indien. Dimensions d’un tupinarbis indien qui est dans ma collection. pieds pouc. lign. Moses ee AN DE Mencueucide la télé... 0... 2 Sa largeur sur le crâne. Longueur totale........ Sa largeur aux narines.. Son épaisseur. .... Longueur du éou A AICITCONIOreNCE A eu de see UE den I 5 Longueur AUACOEPSL 0. 0e US EN 8 6 7 O ER D ED On M CIECOHICTENCE « à 0 à se à 0 eco à à DO nos Longueur de la quene f Longueur des pieds de devant jusqu’au Wouk des ongles... Sen Au AMC Longueur des pieds de derrière jusqu’au DORE deg) ongles... RE 5 :6 48 Eu STOIRE a — DE TU PIN 1e A TACHES VERTES () Vorcr un nouveau saurien très -remar- quable , et qui n’a cependant été décrit jusqu'à présent par aucun naturaliste. Je lai trouvé dans la collection du museum d'histoire naturelle de Paris. Cet animal a tant de ressemblance par la forme de ses diverses parties, et par la figure de ses écailles , avec le tupinambis sauvegarde d'Amérique , que j'ai d’abord hésité s’il ne seroit pas convenable de le regarder comme un jeune de ce tupinambis américain ; mais après avoir comparé atten- tivement ce saurien avec un jeune tupi- nambis sauvegarde que je possède, j'ai re- connu qu'il doit évidemment constituer une nouvelle espèce, soit à cause de sa tête plus effilée , soit à cause de sa queue qui est plus comprimée vers son extrémité. (1) Tupinambis maculatus ; suprà atro-nigricans, fasciis transversis irregulariter marmoratis , et septem seriebus longitudinalibus macularum subvirentiurm suprà corpus ; colo subtüs plicato, caudé sesqui- longiore non carinato-serratä. La DES TUPINAMBIS. 49 La tête est alongée | étroïte , et fort sem- blable à une pyramide à quatre faces. Il y a des plaques brunes luisanies, assez nom- breuses, et semblables à celles du tupi- nambis sauvegarde, dessus la tête et autour de la mâchoire supérieure. La mâchoire inférieure est bordée de deux rangs de Pi ques bleuâtres pâles. Tout l'animal est en dessus et sur les flancs dun noir brunâtre luisant , avec quelques marbrures ou bandes transversales irrégu- lières, bleuâtres pâles sur le cou et le corps; en outre, on voit sept rangées parallèles longitudinales de petites taches oblongues et écartées , d’un bleuâtre clair dessus le dos et les finls. 1) La queue est une ste et demie environ aussi longue que le reste de l'animal, formée de verticilles nombreux; chaque verticille est étroit, composé de petites écailles car- rées, oblongues , noirâtres et d’un bleuâire clair, avec plusieurs bandes larges , trans- versales, et d’un blanc jaunâtre sur la moitié postérieure de la queue. Sous le ventre il y à jusqu’à trente ran- _ gées de plaques carrées et lisses ; ces plaques sont au nombre de vingt à vingt-six au plus | sur chaque rangée. Reptiles. Tome.IlIl. D 5a HIS TOTR ET a - Le dessous de l’animial est d’un ardoiïsé pâle, avec le dessous ;des membres d'une couleur; de paille ;. ainsi a une; partie. du ventre. 33 £ G : L'anus- est Mr garni de Put plaques en devant ,-et-de petites écailles en arrière. Sous chaque cuisse il y a une ran- gée de huit écailles poreuses et.bleuâtres. Le dessus des méimbres postérieurs, ést d’un noir sombre, parsemé de petites taches ovales, bleuâtres, très-nombreuses.;:et re- vêtu de très-petites écailles. ôs L - Les pieds ont chacun cinq doigis minces, alongés , séparés et munis d'ongles longs, pointus.et courbés. Les doigsis intermédiaires des pieds postérieurs sont très - longs: ,! et réunis seulement:;à -leur-base. Je ne sais pas dans quel pays habite le tupinambis à taches vertes. Dimensions de ce. saurien: pieds pouc. lig. t = Eonsueat totalei 2, °7 +508 ONCE Longueur de la tête BESO AUTO 9 . ShHAssquE! 12 odégusr gusid nu.b4is esse en Longüeur du eéou.… +: ciraromleets. 20 Sa farseur. "RUES à 02 0 OT OR | Longueur du Corps « jar D do SE 9 Sa largeur. . .°. dise. + NE OIIRE Tiongueur de la put É | OH AB SEE Longueur du long aéoné des pieds puëté 5 p£ rieur . _e7e Ah. Sacé L'..rsiur fà L" ES [4 DES TUPINAMBIS 5: LE TUPINAMBIS DU NIL, ou LE VARAN D'EGYPTE (1) Lx naturaliste Geoffroy, professeur de zoologie au museum d'histoire naturelle de Paris, a rapporté d'Egypte cette espèce de tupinambis du Nil. 11 est infiniment semblable au tupinambis étoilé du Sénégal, et ne paroît en différer que par la dispo- sition irrégulière de ses taches, et par sa queue dépourvue d’une double carêne. Je le décris ici sous le nom de évpinambis du (1) Tupinambis niloticus ; suprà sub-viridis fus- cescente maculatus, subtüs pallidior, squarnis sub= hexagonis margine granulatis, caud& sub-cylindricé non carinat& , compressé el longitudine corporis. Lacerta nilotica. Tinnæus, Syst. nat. — dem, Gmelin , Syst. nat. pag. 1075 , n° 57. — Idem, Has- selquist, ter. ægypt. palest. pag. 561. — dem, Forskœl , Descript. anim. ægypt. pag. 1%, n° 2. — Le triangulaire. Daubenton , Dict. erpét. encyclop. méthod. — Zdem , Lacépède , Hist. des quadr. ovip. iu-12 , tom. II, p. 129. — Le lézard du Nil. Daudin; Hist. des rept. par Latreille, tom. I, pag. 246. _ Scincus niloticus. Schneider, Hist. amph. fasc. secun- dus , pag. 195 et suiv. D 2 52 HISTOIRE Ni ou de varan d'Egypte. 11 n’a été bien observé jusqu’à présent par aucun auteur; au moins je n'ai trouvé sa description com- plette dans aucun ouvrage. Ce reptile a beaucoup de rapports avec les tupinambis étoilé et piqueté du Ben- gale , par Îa forme de ses diverses parties, et par la figure de ses écailles presque hexa- gones , granulées sur leur bord , et surmon- tées d’une petite carène dans leur centre ; et il n’en diffère que par un petit nombre de caractères , qui suflisent cependant pour prouver qu'il doit former une espèce sé- parée. ” Sa queue est presque cylindrique , ver- ticillée , sans aucune crête ou carêne en dessus ; et elle occupe la moitié de la lon- gueur totale , qui est de deux pieds et demi environ dans l'individu que j'ai observé. Les écailles de son ventre sont un peu plus rudes au toucher que celles des autres tupinambis, car leurs bords sont presque aussi granulés qu'à celles du dos. Sa couleur est d’un gris sale légèrement jaunâtre , sans aucune tache , et un peu plus pâle en dessous. Hasselquist , disciple de Linnæus, et auteur d’un voyage dans le Levant et en Egypte, est \ bien ranger dans l’ordx DES TUPINAMBIS. 55 le seul de tous les naturalistes qui ait décrir cet animal d’après nature; cependant sa des- cription n’est Fe suffisante, ni même assez exacte, pour qu’on puisse , d'après elle, le We, des sauriens ; aussi tous les naturalistes séMBht jusqu’à présent trompés sur la place qui Jui appartient. Linnæus et Gmelin l'ont rangé dans la neuvième section du genre lézard, entre les scinques à cinq raies et à deux raies, sous le nom de lacerta nilotica ; et Schneider vient aussi de le placer tout récemment parmi les scinques. Cependant, si l’on exa- mine avec quelque soin la description de ce saurieñn, on recomnoîit qu'il doit réelle- ment appartenir au genre des tupinambis, à cause des écailles de son corps disposées en travers par anneaux, et à cause de sa queue longue, verticillée, et comprimée sur- tout vers son extrémité. J’aï en conséquence placé d’abord ce saurien parnnui les lézards proprement dits dans l'ouvrage de Latreïlle sur les reptiles; et maintenant je le range dans le genre des tupinambis. Cet amimal est le /ézard triangulaire de Daubenton et de Lacépède. Le tupinambis du Nil, nommé varan où D 5 54 HISTOIRE varar par les arabes, selon Forskæl, est leng de trois pieds deux pouces ou environ. Hasselquist, dans l'édition originale de son voyage, à comparé ce tupinambis du Nil avec le scinqueggdinaire ; ce qui a sans doute induit jusqt résent les naturalistes en erreur. . La tête est Phi a déprimée, et un peu plus élevée que le cou à la région du crâne ; le museau est oblong, triangulaire, déprimé, aplati, marqué sur son milieu d’un angle longitudinal, obtus à son extré- mité qui est un peu alongée, et couvert d’écailles arrondies, élevées et lisses; la bouche est ample et très-fendue; les dents sont petites , très-aiguës , convexes en de- vant et peu nombreuses. | Le cou est deux fois aussi long que la tête. Le corps n’est pas déprimé, et il est un peu saillant vers son milieu, sur les flancs. Le dos est couvert d’écailles oblongues, im- briquées, disposées par anneaux, et mar- quées d’une carêne qui est légèrement pro- longée en une petite pointe à sa partie postérieure; sur chaque côté, contre ces: carènes , le bord des écailles est marqué dé points blanchätres. Hasselquist fait remar- quer en outre qu'il y a sur le milieu du DES TUPINAMBIS % dos une large ligne longitudinale , formée de quatre rangées d’é écailles différentes: des autres par leur forme, et semblables! seu dementrà celles du ventres Ainsi les éeailles de l’abdomen;-ou plutôt-du ventre; sont prismatiques à cause d’un tuberculeoblong, c'est-à-dire, d'une carêne,-et-leur -bord’est couvert dé points saillans. Les quatre:ran- gées d’écailles du dos, ebt'celles du ventre; sont donc. toutes ‘munies’ d’ünecarêner; €t cetté: Carênet est plus prolongée-et Vos pointue sur les écailles: du dos. 258 + 1 Tia queue est’ du double ‘plus: longué que le corps; etomérie au delà ;'elle a un peu plus dei s&inoîtié antérieure verticillée, :cy- lindriqué , -tardis que l’autre partie dela queue est triangulaire, munié d’un angle Jonsitadinal sur chacun de:sesideux: côtés : ‘ses écailles; -dinsi que celles des pieds, sont un peu lissés et semblables à celles du: ‘dos; cependant celles du dessous KA pe sont arrondies: © "5 ! DU | : Le F0 latéral interne , ou la pouce Hi Din ‘devant; est-deux fois plus court que les.auires; le second et le cinquième doigts sont‘égaux entre eux en longueur; le troisième et le quatrième sont aussi égaux ehtre eux, et plus longs que les autres. Le D 4 56 MIS TOIRE : pouce et lé petit doigt des pieds postérieurs sont plus courts que les trois autres; le se- conde-doigt est. plus long que le pouce; le troisième et le quatrième sont plus iongs que les autres, et d'égale longueur. La ‘couleur de: ce saurien est d’un brun usant en déssus.-et blanchätre-en dessous. -.. Hasselquist & trouvé le tupinambis,. que je viens de déérire , dans les heux maréca- geux voisins du Nil en Egypte: Forskoœl y a aussi observé: icêt rs qu'il désigne, par les caractères suivans: +. :- :. «Sa queue ‘est longue, ver sisiisés cou- verte d'écailles ‘obiuses -et: tronquées; les écailles du dos ont une carêne un peu aiguë ; et le dessous des cuisses est député de:verrués ». +: a Eté | : Tous les naturalistes qui ont fait mention de ce saurien après Hasselquist, entre autres Linnæus, ont tellement abrégé et tronqué ha description que cet auteur en a donnée, que j'ai d’abord été induit en erreur sur la place que doit oceuper ce: reptile dans ordre des sauriens;.et que j'ai-présumé, à tort ; dans Fouvrage sur les reptiles, récem- ment publié par mon collègue Latreille, que le lézard du Nil pourroit n'être. qu'un jeune crocodile peut-être mal conformé : DES TUPINAMBIS. br ce soupçon étoit fondé en partie sur le ca- ractère spécifique assigné par Linnæus (1), et sur la ridicule opinion de certains habi- tans de l'Egypte, qui croient que ce reptile provient des œufs du croccdile qui ont été pondus dans le sable, et que le crocodile ne sort que de ceux qui sont déposés dans l’eau. Cet animal est gravé sur quelques monu- inens des anciens égyptiens ; et 1l étoit en vénération parmi eux, parce qu'il est très- avide des œufs du crocodile, et qu'il pour- suit: les jeunes: jusqu’au fond des eaux, de même que. les tortues féroces de l'Eu- phrate et de la Caroline. f Je saisis l’occasion qui m'est offerte, pour annoncer aux amateurs de l’histoire natu- relle que cette science va être Incessamment enrichie d’une quantité considérable de des- criptions de poissons, d'insectes et d’autres animaux qui avoient échappé jusqu’à pré- sent aux recherches de limmortel Buffon et du laborieux Linnæus, graces aux tra- vaux de Geoffroy, professeur de zoologie (1) ZLacerta nilotica ; caudé longé , extimo trique- tr&, corpore glabro, dorso squamarum dineis quatuor. Gmelin et Linnæus, Syst. nat. p. 1077, n° 5. 58 ‘HISTOIRE au museum d'histoire naturelle de Paris, et de Savigny. Ces deux naturalistes ; pen- dant leur séjour en Egypte, n’onburien néglisé pour rendre leur voyage avantageux aux progrès de la science. Bientôt ; sans douté ; on pourra jouir des découvertes qu’ils auront faites, ainsi que de la:riche collection qu'ils viennent de rapporter ‘en France. Je m'émpresse de présenter ici: à tés deux observateurs tous mes remercimens pour la manière obligeante avec laquelle ils “n'ont offert de me communiquer les renz seignemens dont je poufroïs avoir _— pour mes PRES particuliers. guise Le ve % #.- RUN RES AUS ANUS LME } Fate d T FZZ20 ee - 4/rique ’ € "4 4 eco ti TUPINAMPIS for < el , «TTL 2 A (4 DES TUPINAMBIS % D 2 DEUXIÈME SECTION. °TUPINAMBIS A queue surmontée d'une petite caréne double et légèrement dentelee en scie. Leur queue est comprimée sur les côtés, et surmontée d’un pli ou carène longitudi- nale double et légèrement dentelée en scie. Cette section comprend cinq espèces qui habitent en Afrique et dans l'Inde. LE TUPINAMBIS ÉTOILÉ “e D'AFRIQUE. (i). | V4 oyez la planche XX XI de ce volume. Cette espèce, très-élégante par la dispo- sition des petits cercles d’écaïlles blanches qui sont rangées dessus son corps sur des (1) Tupinambis stellatus ; suprà fusco-niger , fas- ciis éransversis dorsalibus albido ocellatis ; caudé long , suprà tenuiter carinatoserratà. Lézard magnifique d’Amboine. Seba , 1. T , pl. xcerv, fig. 1,2 et 5 — Lézard téjuguacu de Ceilan , un peu décoloré. Seba, tom. I, pl. cuix, fig. 2; tom. IX, pl cv, fig. 1. = Gros lézard tilcuetzpallin, de la nou 6o HISTOIRE bandes transversales noires, a été bien re- présentée plusieurs fois par Seba, sous des noms différens, et comme habitant à Am- boine, dans la nouvelle Espagne , ou au Brésil. Elle paroït au contraire exister en Afrique, seulement depuis le Sénégal où elle est nommée galiabé, jusqu’au cap de Bonne-Espérance. La tête de ce magnifique tupinambis est plate dessus le crâne, alongée, peu obtuse, selle Espagne, au rapport d'Hernandez. Sebæ, tom. I, planche Levis, figure 2. — Lézard nommé au Brésil éaraguico ayguraba. Seba , tom.lI, planche XCVIIT , figure 3. — ZLézard d'Amérique, appelé cordyle ou Jouetie-queue. Seba, tom. I , pl. cr. C’est sans contre- dit ua vieux tupinambis, entièrement rembruni, dont toutes les taches étoilées sont effacées , et qui n’a plus. que quelques points jaunâtres , principalement, dessus. les membres. Voyez ce que j'en ai déjà dit aux pages 429 et 424 du tome précédent. — Ze éupinambis. Lacép. Hist. nat. des quadrup. ovip. in-12. tom. F, pag. 305 et suiv. pl. x. — ZLézard moucheté. Daubent, Dict. erpét. Encyclop. méthod. — Zacerta capensis. Sparrman; Voyage au cap de Bonne-Espérance et autour du monde , traduct. française , in-8®, tom. THE, pag. 259 et suiv. — Séellio salvaguardia. Laurentr,_ Synops. rept. pag. 57, n° g2. C'est le lézard fouette- queue de Seba, qui est cité dans ceite synonymie. — Galtabé, au Sénégal. — Lacerta monitor. George Shaw , Natur. miscel. in-8° ,n° 7, pl. 21. DES TUPINAMBIS. 6: et semblable à une pyramide à quatre faces, comme celle des autres tupinambis : elle est un peu plus comprimée sur ses côtés au devant des yeux, et le dessus du tiers an- térieur est assez incliné; le dessus et les côtés sont entièrement recouverts de petites écailles lisses, hexagones ou penlagones; tandis que ces mêmes parties sont recou- vertes d'assez grandes plaques écailleuses et nombreuses au tupinambis sauvegarde d A- mérique. Ses narines ressemblent à celles de ce tupinambis du nouveau continent, c’est- à-dire, qu’elles sont alongées, dispesées en longueur sur les côtés de la mâchoire supé- rieure et un peu écartées de l'extrémité du museau, qui n’est pas renflé en dessus comme celui du tupinambis du Bengale. Il a douze dents coniques et courtes à chaque côté de la mâchoire supérieure, et seulement dix à chaque côté de l’inférieure. -Ce tupinambis est d’une couleur noire assez foncée en dessus, et blanchâtre ou plutôt cendrée en dessous. Il a des lignes jaunâtres pâles, et droites en travers sur la partie supérieure de la tête; ses joues sont assez pâles, et mélangées de petites taches noirâtres : dessus le cou, on voit plusieurs lignes d’un blanc jaunâtre et très-ang uleuses ÿ 62 HISTOIRE dont l'angle est dirigé en arrière. Dessus le corps et la base cylindrique de la queue, on voit dix bandes transversales d’un noïr foncé, relevées chacune par cinq à neuf taches ou cercles blanchâtres, ce qui fait: paroître l'animal comme ocellé. Entre ces bandes, dont le nombre varie plus ou moins suivant les individus, il y a un certain nombre de points épars et bianchâtres qui se prolongent sur presque toute la queue. Les membres sont recouverts d’une certaine quantité de points et de petites taches arron- dies, bianchâtres. Sous le corps on distingue huit bandes noirâtres étroites, transversales, écartées. Toutes les écailles placées dessus le cou, le corps, les membres et la queue, sont très- petites, arrondies, lisses et légèrement bom- bées dans leur centre, et un peu granulées sur leurs bords. Sous le corps et la queue, les écailies sont un peu plus grandes, carrées, obiongues, disposées par lignes transversales, et semblables d’ailleurs à celles du dos. Elles sont hexagones régulières sous la poitrine, sous les membres, et autour de la queue. H y à environ douze rangées transversales sur la poiirine eutre les bras, et soixante- douze sous le corps. :,: : 40 jh Li PET DES: TUPINAMBIS. 63 + La queue est à peu près aussi longue que le corps, verticillée, grosse et cylindrique à sa base, ensuite comprimée latéralement el. munie en dessus d’une :pelile carêne double, assez. semblable à un pli longitu- dinal , et finement dentelée en:scie dessus tout le reste de son étendue ; puis elle se termine en pointe. L’anus est transversal. Les quatre pieds sont robusles, épais, et munis chacun de cinq doigts séparés et on- guiculés : les ongles sont comprimés latéra- lément, forts et crochus. Le doist extérieur des pieds de derrière, qui répond à notre petit doigt, est inséré sur le côté et un peu au dessous de la base des autres; de plus, les quatre pouces sont très-courts. Dimensions d’un grand fupinambis étoilé , qui Jais Partie de ma colléction d'histoire naturelle. pieds pouc. lig. Poneteur tofdies DR TOM UCRE POESIE Longueur de la têté . 1... . : 16 Sa itienti ausinarines, 21:50) 214, 4 MIAGE AUX Vel cr a e sit) Son épaisseur aux YeuX 4. ++: »! BÉiaueur du con. . : . . . ee. SI RS 1 ni ; CIO ©) D “1 © Sa circonférence. . … . ss Re one Longueur du corps jusqu’au dessus de anus 0, NUE UN SE MENU 69 RICE TES Sa circonférence dans son milieu ...: x be © à + 64 HISTOIRE ., :: ‘orpieds poue. ligne Longueur de toute la queue. .… «: . 2 3 6 Sa circonférence à sa base. . ... . 7 Longueur de la partie de la queue qui n’est pas carénée. . , . gs : . : 4 6 Longueur des pieds antérieurs jusqu’au bout-des ‘ongles © 25.15% . ose 6 Circonférence de leur base . . . ! . 4 Longueur des pieds de derrière. . . 7 6 Circonférence de leur base. . . . . 6 3 Seba a figuré ce beau saurien ( tom. II; pl. cv, fig. 1), sous le nom de lézard téju= guacu ocellé ou saurus de Ceïlan. Selon cet auteur, les hollandais, à Ceilan, le nomment défenseur du rivage de la mer, et les français lézard de mer. 1] se nourrit de petits pois sons morts, soit de mer, soit de rivière, qui ont été jetés par les vagues sur le rivage. Il faut sans doute rapporter à ce tupi- nambis d'Afrique, celui que Sparrman a décrit dans son voyage, sous le nom de /ézard du cap de Bonne-Espérance. Ce lézard est le plus grand de tous ceux qu’on trouve dans la colonie, car son corps est long de deux pieds, et sa queue de trois; il est même à croire qu'il devient encore plus grand. Son corps est couvert de très-petites écailles; sa. couleur est noire et d’un verd brunâtre en dessus, blanchâtre en dessous, avec seize ow dix-hnit DES TUPINAMBIS. 65 dix-huit bandes transversales noires et ano- males, savoir : huit bandes environ sur le joug , et neuf autres sur les régions pecto- rales et abdominales : la queue est com- primée, carénée en dessus, marquée de seize à dix-huit zones blanches, et d’un même nombre de bandes noires, disposées alternativement comme des anneaux jusqu’à son extrémité qui est noire. Ses pieds ont chacun cinq doigts séparés, et autant d'ongles aigus alongés. Selon Sparrman, ce lézard a quelque ressemblance avec celui que Seba a figuré tom. I, pl. xciv, fig. 1, sous le nom de lézard de Ceilan, par les anneaux qui sont sur son corps; mais le lézard du Cap en a un plus grand nombre, et n’a pas d’ailleurs les mêmes couleurs. Je dois ajouter ici que Sparrman a remarqué que ce tupi- nambis du cap de Bonne-Espérance , qu’il prit avec ses deux petits, est amphibie, qu'il aime l’eau autant que la terre, et de plus, qu'il est extrêmement vivace : ce voya- geur l’attrapa par le cou, en sorte qu'il ne put le mordre, et voyant que l’animal se débattoit avec trop de violence, il lui fit , avec une grosse aiguille, plusieurs piquures au cœur et dans le crâne ; mais le tupinambis paroissoit toujours très- disposé à s'enfuir Reptiles. Tome l LI. E 66 HISTOIRE Alors on lui serra à plusieurs reprises le corps avec violence; on lui lia les quatre pieds ensemble , et on le pendit ensuite à un nœud coulant qu’on serra très-fortement. Après quarante-huit heures lanimal s’étoit dégagé du nœud coulant, mais on le retrouva bientôt, et il paroissoit très-affoibli. Sparr- man le plongea alors dans l’eau de vie, et après un quart-d'heure il y vivoit et se dé- battoit encore. Les gens du pays croient, sans doute avec raison, qu’on pourroit aisé- ment apprivoiser ce grand reptile, qui n’est évidemment ni méchant, ni venimeux. (Sparrman, Voyage au cap de Bonne-Es- pérance et autour du monde, traduct. fran- çaise, in-8°, tom. IIT, pag. 259 et suiv.) Georges Shaw a donné, en 1700, dans ses Mélanges d'histoire naturelle, une figure assez inexacte, et une bonne description du tupinambis étoilé ; mais il s’est trompé, en prétendant que ce saurien habite également dans les Indes orientales et dans l Amérique méridionale. Les tupinambis de l'Inde et de Y Amérique sont des animaux assez différens de l'espèce que je viens de décrire. DES TUPINAMBIS. 67 LE TUPINAMBIS PIQUETÉ DU BENGALE (i) Pan: les objets rares et précieux que le naturaliste Massé a envoyés depuis peu du Bengale au museum d'histoire naturelle de Paris, jy ai observé deux reptiles qui appar- tiennent au genre tupinambis, et qui doivent former une espèce particulière dans ce genre. Les deux tupinambis du Bengale ne diffèrent entre eux que par la taille , et ils sont très- voisins du tupinambis à points blancs d’Am- boine , sur-tout à cause des couleurs de leur peau. Dimensions du grand individu. pieds pouc. lig. Longueur totale. .....:..........,.. 5 9 Longueur de la tête et du cou...... 8 Ponsueur de la tétes it t ss ent GARE Sa largeur aux narines............. I (1) Tupinambis bengalensis ; suprà cinereus , nigro et albido punctatus , genis nigro tæniolatis ; subtüs albescens , gul4 nigro punctaiä; caud4 longé, cari- nato-serraté. Lascerta major ceilonica , cessator dicta. Seba, Thes. tom. I , pl. cv, fig. 1 , mâle ; fig. 2, femelle. E 2 68 HISTOIRE piede pouc. lign. DANIATTEUT QUE VEUT. ee oc 0» e 70 2e nIR TOR SOA ÉPAISSEUT AUX VEUX. eme eue 2 Circonférence du cou........ AURAS 8 Longueur du corps jusqu’au dessus de l'annssh:tie en bee TESTS NUE I Sa circonférence dans son milieu.... 1 2 Longueur de toute la queue......... 2 Sa circonférence à sa base........., 8 6G Longueur de la partie de la queue qui NH CSL NAS CATÉREE Se ee = ce eee 2 Longueur des pieds antérieurs jusqu’au bout des ongles..............,..» 6 Circonférence à leur base.....:..... 5 6 Longueur des pieds postérieurs. ...... 7 Circonférence à leur base......... 6 6 La tête du tupinambis du Bengale res- semble en quelque sorte à une pyramide à quatre faces et tronquée : sa couleur cen- dree est parsemée en dessus et sur les côtés de taches noires , alongées et disposées en divers sens. On voit de plus deux ou trois traits ou bandes noirâtres sur les joues, entre les yeux et le tympan , qui est rond et très- apparent. De même que dans le tupinambis précé- dent , les narines ont leur ouverture longi- tudinale , placée sur les côtés de la mâchoire supérieure un peu avant son extrémuité. Le museau est triangulaire , aminci et un DES TUPINAMBIS 69 peu renflé au dessus de son extrémité. Jai compté douze dents à chaque côté de la mâchoire supérieure , et seulement dix à chaque côté de l’inférieure. Le tupinambis du Bengale est d’un cendré foiblement rembruni , varié par-tout : 1° de points noirs nombreux, principalement dessous le cou , dessus le corps, la queue et les membres ; 2° de quelques autres points d’un gris clair, tirant un peu sur le blanchâtre. | Il y a de petites écailles nombreuses, hexagones el lisses dessus la tête , sur Îles bords de la mâchoire inférieure et sur la poitrine entre les deux bras. Toutes les -écailies placées en dessus et sur les côtés de Fauimal sont également très-petites , rondes, un peu tuberculées, Hisses dans leur milieu, finement granulées sur leurs bords : celles qui recouvrent les quatre membres ont les mêmes caractères que celles du dos par rap- port à leur surface, mais elles ont une forme un peu rhomboïdale. J'ai complé quatre-vingts rangées trans- versales au moins d’écailles carrées, oblon- gues et lisses sous le corps , et douze autres rangees semblables, formées d’écailles hexa- gones sur {a poitrine entre les bras. E 3 70 HISTOIRE La queue est verticillée , et parfaitement semblable à celle du tupinambis étoilé. L'anus est ouvert transversalement , et on remarque sur ses bords de très-petites écailles pentagones , assez semblables d’ail- leurs à celles du dos. Les quatre membres ressemblent aussi à ceux du tupinambis étoilé. | Le naturaliste Massé à trouvé ce saurien au Bengale , et 1l est à croire qu’il habite aussi d'autres parties de l’Inde. Je regarde même comme synonyme de ce tupinambis, 1° le kobbera-guion de Ceilan, que le pro- fesseur Lacépède a rapporté au crocodile du Nil, et dont j'ai donné la description dans le volume précédent, page 384; 2° le grand lézard paresseux de Ceïlan , qui est assez bien figuré dans l’ouvrage de Seba. Selon cet auteur , le mâle a ies deux or- ganes de la génération parsemés de pointes, et placés extérieurement à l’entrée de l’anus _quiest transversal , comme dans les serpens; et dans la femelle les œufs, placés dans le corps, sont attachés au devant vers le ster- num par une membrane commune assez forte , et ont de plus une membrane qui les enveloppe chacun séparément ; ces œufs descendent à la suite lun de l’autre dans DES TUPINAMBIS. 7i loviductus , en sortent près de l’ouverture du rectum , et sont ensuite pondus par l'anus , comme dans les autres reptiles et dans les oiseaux. Je possède, dans ma collection , un indi- vidu qui a quatre pieds deux pouces huit bgnes , et qui est presque entièrement rem- bruni : on retrouve cependant quelques points noirs et blanchâtres épars sur son dos. L E 4 72 HISTOIRE LE TUPINAMBIS A GORGE BLANCHE (). Voyez la planche XX XII de ce volume. Lz tupinambis dont je publie ici la des- _ cription est aussi grand que les tupinambis étoilé et piqueté ; et il a des écailles à peu près semblables , ovales, lisses dans leur centre, granulées sur leurs bords , et dis- posées sur des rangées transversales nom- breuses , et sont aussi placées sur d’autres rangées obliques. | 1] y a plus de quatre-vingts rangées trans- versales autour du corps , plus de trente- six autour du cou , et plus de cent trente autour de la queue, qui a une double petite carène au dessus, excepté sur sa base. La tête est assez grosse, arrondie , obtuse en devant, avec les yeux peu saillans : les (1) Tupinambis albigularis ; capite et collo subtus et lateraliter albidis fusco punctatis, lineis duabus albidis ab oculis suprà collum ductis, caudé longé , earinato-serraté. 1?” 7 rr%,) TJoytlar'é TUPINAMPBT: DES TUPINAMBIS 73 narines sont larges et obliques auprès des yeux. Ce tupinambis est blanchätre en dessous et sur les côtés de la tête. du cou , du corps, de la queue et des membres, et brunâtre sombre en dessus. Le blanc de la tête et du cou est pointillé de brun , avec une tache brune arrondie devant chaque bras. Une ligne blanche prend naissance derrière chaque oil, et se pro- longe dessus le cou. Sous le ventre il y a quatorze raies trans- versales, un peu irrégulières et brunes, qui vont former seulement sept bandes brunes sur les flancs ; puis entre les sept bandes des flancs s'étend la couleur blanchätre du ventre , qui y forme quatre larges marbrures transversales , irrégulières dessus le corps. Le dessus des membres a quelques points blanchâtres épars. La queue est presque aussi longue que le reste de l'animal , et elle a au dessus sept bandes transversales blanchâtres , poin- tillées de brun. Ce tupinambis est infiniment remarquable, et par sa grandeur, et par la disposition très- singulière de ses couleurs. Il diffère de tous les tupinambis déjà connus ; mais il appar- 4 74 HISTOIRE tient cependant à ceux de la seconde sec- tion , à cause de sa queue, qui est munie dessus ses deux tiers postérieurs d’une double carêne très-petite. C’est dans le museum d'histoire naturelle de Paris que J'ai trouvé l'individu qui m'a servi à faire cette description. L'animal est empaillé et rembourré d’étoupe ou de coton: comme on en a enlevé entièrement le sque- lette , il est possible qu'on n’ait pas donné à la tête la forme effilée qu’a celle des autres tupinambis ; cependant j'ai quelques raisons de croire que sa tête a encore à peu près la forme qu’elle doit avoir ; et dans ce cas, je dois avouer que le tupinambis à gorge blanche peut être facile à distinguer de tous les autres sauriens du même genre par sa tête grosse , arrondie et obtuse. Je ne sais pas au juste dans quelle région habite ce tupinambis ; mais je suis cependant porté à croire qu'il vient de l’Afrique ou de l’Inde. Le professeur Lacépède m'a permis, avec sa complaisance accoutumée, de faire pein- dre au museum d'histoire naturelle ce tupi- nambis, qu'on peut regarder comme l’une des belles espèces de ce genre. DES TUPINAMBIS. 95 Dimensions du tupinambis à gorge blanche. | pieds pouc. lign Longueur totale 000000000600 ees 3 6 6 Pongueur de latéte... 1.0, 2.10% 3 Sa circonférence aux yeux.......,0,0 7 Botaueur du cou: ....:..2.,1:. ne. 4 Longueur du corps......... UE CANNES GA Sn cicpniérence.L...u LL... LI 2 Ponaueur de la queue.....4...%,0r x Longueur de pieds antérieurs........ 5 Longueur des pieds postérieurs..... 6 76 HISTOIRE LE TUPINAMBIS BIGARRÉ DE LA NOUVELLE HOLLANDE (:}. Csrre espèce paroît ressembler beaucoup . a celle que j'ai décrite précédemment sous le nom de tvpinambis proprement dit ou sauvegarde. — J. White, qui la fait con- noître , et qui l’a figurée dans louvrage indiqué ci-dessous, a prétendu avec raison qu'il faut la rapporter au lézard tupinambis (4. monitor de Linnæus). Le corps a environ quinze pouces de lon- gueur , et la queue est près du double plus longue , de sorte que lanimal a environ trois pieds et demi de longueur totale. Cet animal est d’une couleur noire, bi- garrée de taches et de raies de différentes (1) Tupinambis variegatus ; caud& duplo longiore , carinato - compressé ; corpore lineis et maculis trans- versis parvis et luteis variegato ; tibiis maculis ro- tundis et flavis transversaliter eË£ seriatim ornatis. The variegated lizard. J. White, Voy. new sonth Wales. pag. 253, fig. — ZLacerta varia. G. Shaw, Natur, Miscellany , in-8°, 1791, n° 27, pl. Lxxxir. DES TUPINAMBIS #7 formes , et disposées en travers sur le corps. Sur les membres il y a plusieurs rangées transversales, de taches rondes et jaunes. Enfin , la queue est couverte sur toute sa longueur de bandes annelées nombreuses, alternativement noires et jaunes. Dans quelques individus , le jaune est plus pâle et tire sur le blanc. Ce tupinambis habite à la nouvelle Hol- lande , et s’y cache au fond des eaux lors- qu'il est poursuivi. Je crois devoir ranger ici provisoirement, comme variété de ce tupinambis , le lézard qui habite au port Jackson dans la nouvelle Hollande , et qui n’y est pas rare. PRÉMIÉRE VARIÉTÉ Tupinambis bigarré du port Jackson (1). Il a communément trois pieds et quelques pouces environ de longueur, en y compre- nant la queue qui est très - longue , et qui varie considérablement dans ses dimensions selon les individus. On remarque dans sa bouche quelques petites dents très-pointues, écartées de trois lignes l’une de l’autre. (1) Tupinambis variesatus , Jacksonius ; nigricans, maculis luteis nitentibus intermixtus, maculis qui- 78 HISTOIRE Le corps est en général assez mince , co- loré sur le dos d’un noir bleuâtre ou bru- mâtre , et singulièrement bigarré de taches d’un jaune doré. Quelques - unes de ces taches ressemblent à une dentelle , et d’au- tres sont formées de raïes disposées en divers sens, particulièrement vers les pattes, qui sont rayées de noir et de blanc. Le dessous du corps est jaune, traversé d’une seule barre noire sur le menton et la gorge, et qui devient plus foncé sur le ventre. Les pieds ont chacun cinq doigts rayés de jaune et de blanc , avec les ongles noirs. La queue est plus longue que tout le reste du corps, et marquée dans sa plus grande partie de bandes larges de trois pouces , et alternati- vement noires et Jaunes: la queue se termine en une longue pointe. busdam dentellatis, caudä& longé nigro luteoque annu-. latä , fascié nigrä gulari et ventrali. Lézard galonné. Traduction du Voyage de Phillip à Botany-Bay, in-8° ; Paris, 1701, pag. 218. Nota. J'ai jugé convenable de réformer ce nom de lézard galonné, parce qu’il a déjà été adopté par le savant professeur Lacépède pour un vrai lézard. DES TUPINAMBIS. 79 SECONDE VARIÉ T É. Tupinambis bigarré du port Jackson, ayant ses taches d’un blanc cuivreux. Observation. George Shaw a donné une bonne figure de ce grand saurien , dont on possède maintenant plusieurs individus bien conservés dans plusieurs collections à Lon- dres. Ce tupinambis est noirâtre, avec plu- sieurs bandes transversales formées par des doubles rangées de petites taches rondes et jaunâtres ; 1l a des traits jaunes sur les côtés de la tête et devant les membres ; sa queue est une fois et demie aussi longue que le reste , et de couleur noire , avec deux très- larges bandes jaunes et transversales. 80 HISTOIRE LE TUPINAMBIS EXANTHÉMATIQUE DU SENEGAL (i) C’esr au naturaliste Bosc qu'on doit la connoiïssance de cette jolie espèce de sau- rien , qu'il a décrite en 1792 dans les Actes de la société d'histoire naturelle de Paris : j'ai ensuite fait connoître cet animal dans l'Histoire naturelle des reptiles, que mon collègue Latreille a récemment publiée. Le nom de lézard exanthématique lui con- viendroit sans doute, s’il ne devoit pas être range dans le genre des tupinambis , parmi ceux de la seconde section , à cause de sa queue unpeu comprimée latéralement, et — ms (x) Tupinambis exanthematicus ; maculis dorsali- bus albis suborbiculatis irregulariter dispositis ; abdo- mine fasciis fuscis . lineis duabus nigris ponè oculum , capite supra scutellato ; caudä mediccri, suprà bica- rinato-serraté. Lacerta exanthematica. Bosc, Act. soc. d’hist. nat. de Paris, 1792, in-fol. pag. 25, pl. v, fig. 3. — Lézard exanthème. Daudin; Hist. nat. des reptiles, par Latreille, tom. ], pag. 251. munie DES TUPINAMBIS. ô1 munie en dessus d’une petite carêne formée d’une double rangée longitudinale de petites écailles, finement dentelées en scie. Bosc a lui-même reconnu que ce saurien a beau- coup de rapports, par sa forme , avec les tupinambis. Il dit : « qu’il appartient à la première division de Linnæus et de Lacé- pède ; qu'il doit être placé à la suite du lacerta monitor, avec lequel il a ‘quelque analogie, et qu’il en diffère parce qu’il a des écailles non granulées sur leurs bords , de même que le tupinambis élégant ». Dimensions du tupinambis exanthématique. pouc. lig Pbngueur' totale? :.5215 180.0 SU, UIOE 9 Longueur de la tête, en y comprenant le ÉVMÉDAN . ..: «fee Riae de. Rial uit Ja LUXE) | Longueur du cou..... Ste eole steÿe lee : 8 MHHeuCur AU COTDS. 4.2... 0, ee D. Longueur de la queue.....,.... RE MAR La tête est quadrangulaire , un peu obtuse, dune Ionsueur double de sa largeur : les 2 yeux sont très-fendus ; les narines larges et presque triangulaires ; les oreilles ouvertes “et ovales; la langue bifide : toute la peau est couverte d’écailles granuleuses, non caré- nées , d'égale grosseur, parsemée de points obscurs , et marquée de plusieurs lignes de Reptiles. Tome III. n 82 EL ST OÏR:E même couleur ; savoir , six à sépt obliques à la commissure des lèvres; deux plus larges qui partent de l’angle postérieur de l’oœeil et de la partie postérieure de l'oreille, et qui se perdent au dessus des pattes antérieures; enfin, une autre ligne de même largeur , mais moins longue au dessus de la paupière. Les écailles les plus larges sont placées sur l’occiput , et les plus petites au menton. Le corps est deux fois plus long que la tête , et un peu plus large : le dos est cou- vert d’écailles presque carénées , d’inégale grosseur , marbré de taches orbiculaires blanchâtres, qui sont placées chacune sur la jonction de trois écailles : ces taches , ran- gées irrégulièrement aux deux extrémités, deviennent parallèles au nulieu. Les écaïlles qui recouvrent le ventre sont dépourvues de carènes , rangées par bandes régulières, et beaucoup plus blanches que le reste du corps. On voit des écailles brunes dispersées irrégulièrement sur les premières de ces rangées, et formant ensuite des lignes de même couleur sur celles du milieu. Ces ligues sont quelquefois accolées , d’autres fois séparées par une ou deux rangées d’é- cailles blanches ; elles n’embrassent que le quart du ventre de chaque côté. DES TUPINAMBIS. 83 La queue est trois fois plus longue que la tête , un peu comprimée latéralement, arrondie en dessous , et surmontée en dessus d’une carêne très - petite , formée de deux rangs d’écailles plus élevées que les autres. Ceite queue est verticillée, couverte: d’é- cailles tuberculeuses. Il part de la carèné des bandes de couleur plus brune, qui sont disposées de manière qu'il y a tantôt une, tantôt deux rangées d’écailles pâles entre elles. Le dessous de la queue est d’une cou- leur pâle et sans aucune tache. | | Les pieds sont comprimés , couverts d’é- cailles presque carénées , dont plusieàrs d'entre elles sont d’une couleur plus foncée, On ne voit pas sous les cuisses, comme aux lézards proprement dits, une rangée de petits tubercules ou grains. Les doigts sont sim- plement écailleux , et sont. terminés par des ongles aigus et recbaes Letupinambis exanthématique a été trouvé au Sénégal, et il fait partie de la collection de Bosc; on n’a pas encore pu se procurer des renseignemens sur les habitudes de ce repüle, ni sur les endroits du Sénégal qw’il fréquente de préférence : cependant, s'il est | permis d'émettre quelques conjectures , on peut soupçonner qu'il aime les lieux hu- F 2 84 HISTOIRE mides, qu’il se cache quelquefois au fond des eaux douces, et que la femelle pond'ses œufs dans le sable. Au reste , je dois inviter tous les voyageürs qui parcourront dans la suite le Sénégal, ou qui pourront y séjourner pendant quelques rois ; de chercher à se procurer des renseignemens sur: les ‘habi- tudes du tupiñambis exanthématique , sur le crocodile noir qui y a été vu par le res- pectable Adanson, et sur tous les autres reptiles qu'on rencontre sans doute en grand nombre dans cette partie de lAfrique , et qui sont cependant encore: inconnus. La plupart des reptiles du Sénégal ont été re- gardés par les naturalistes comme des va- riétés peu. importantes d’autres sauriens ; et lon a négligé. à tort de les apporter en Eu- rope pour les collections d'histoire naturelle; et de les décrire. 1 | | Ce tupinambis a infiniment de rapports avec celui que: j'ai décrit précédemment sous. le nom de fupinambis cépédien ; mais il-en diffère essentiellement par, sa queue plus courte et surmontée d’une double carène. ex | : SIG | | | | ] | | : DES TUPINAMBIS. 85 ME E TUPINAMBIS LÉZARDET () 4 une espèce de saurien vraiment singulière , qui a cependant échappé jusqu’à présent aux recherches de presque tous les naturalistes, et qui est remarquable parce qu'elle réunit à la fois des caractères propres aux lézards proprement dits, et aux tupi- nambis. Ce saurien a, comme les vrais lézards des rangées longitudinales de plaques carrées et lisses sous le ventre ; de SEE plaques polygones sur la tête (ce qu’on observe aussi dans le tupinambis sauvegarde ) ; des grains calleux et poreux, disposés sur un seul rang sous chaque cuisse. Il ressemble (1) Tupinambis lacertinus; caud& longiore , com- | pressé bicarinaté usque ad basin, squamis dorsalibus qguibusdam carinatis ; seriebus longitudinalibus octo scutellorum in «bdomine. Le sillonné. Daubenton, Dict. erp. Encycl. méth. — Lacépède, Histoire naturelle des quadrupèdes ovipares , in-12, tom. 1, pag. 521. — Lacerta bica- rinata. Linnæus, Syst. nat. — Idem, Gmelin, Syst. nat. pag. 1061 , n° 6. ENS 86 HISTOIRE aux tupinambis parce qu'il a une longue queue comprimée ; et il doit être rangé parmi ceux de la seconde section, parce que celte queue est surmontée d’une double carêne très-pelite , et finement dentelée en scie. | C’est à cause de ces caractères que j'ap- pelle ce saurien éupinambis lézardet ; ce qui indique qu’il tient également des tupinambis et des lézards. Cet animal, nunce et alongé , peut avoir environ un pied de longueur totale ; et sa queue occupe à elle seule les trois quarts de cette longueur. La tête est étroite, alongée , peu obtuse, recouverte en dessus de plusieurs plaques lisses à quatre, cinq ou six angles, et munie sur ses côtés d’yeux dont les orbites sont assez saillans en dessus. Il y a d’autres pe- tites plaques ou écailles arrondies et légè- rement carénées sur chaque côté de l’oc- ciput. On voit de très-petites écailles, semblables à celles des vrais lézards, sur le milieu du dos et des flancs ; et entre le dos et les flancs, il y a des rangées transversales d’écailles de moyenne grandeur et un peu carénces. Les: deux rangées du milieu forment chacune DES TUPINAMBIS. 87 me carêne un peu plus marquée, légère- ment crénelée en petites dents de scie , et prolongée sur toute la queue qui est trois fois environ aussi longue que le reste, verti- cillée et comprimée sur les côtés. Le ventre a huit rangées longitudinales de plaques lisses; la partie antérieure de Panus est revêtue de quatre plaques lisses. Sous chaque cuisse 1l y a une rangée de vingt-quatre grains poreux, assez faciles à compter. | Le tupmambis lézardet paroît avoir une | couleur d’un gris roussatre clair , assez sem- blable au nankin. I! à sur le milieu du dos quelques taches brunes, arrondies , éparses. On voit des taches semblables, plus nom- breuses et un peu ocellées de blanchâtre , sur le haut des flancs. Le dessous de la tête , du cou et du corps de ce lézard est un peu plus clair que le dos, et tire sur le blan- châtre. J'ai trouvé un individu de cette espèce dans la galerie du museum d'histoire natu- relle de Paris. : | Je regarde comme synonyme du tupi- nambis lézardet , le /acerta bicarinata de Einnæus, et le lézard sillonné des natura- listes français. F 4 88 HISTOIRE Le sillonné ne paroît avoir été décrit jus- qu'à présent, d’après nature , que par Läin- næus, qui l’a placé immédiatement après son lacerta monitor. Ce saurien , suivant cet auteur suédois , est pelit, et de couleur grise : il a sur Île dos deux petites stries élevées , et une autre au dessus de chaque flanc; ces stries sont longitudinales, et formées de petites écailles carénées, un peu saillantes; les écailles sont aussi un peu saillantes , presque convexes. Sous le ventre il y a vingt-quatre ran- gées tranversales, composées. chacune de six plaques ou écailles, ce qui rapproche beaucoup ce tupinambis des lézar 5 pro- prement dits. La queue est presque une fois et demie aussi longue que le corps; elle est striée en dessous, lisse et comprimée sur les côlés, et munie d’une double carène en dessus. Suivant Linnæus, ce saurien habite dans l’Inde ; mais Gmelin lui a aussi assigné, pour patrie, les îles adjacentes à l'Amérique méridionale. (1) | (1) ZLacerta bicarinata ; dorso quadrifariäm cari- nato-striato ; caud& compressé , sesquilongiore , supr& bicarinatà. D'NSAMEZARID S LS PA DR LE ME GENRE. LÉZARD, flacerta. Le corps couvert en dessus de très-petites écailles hexagones ou arrondies , et dispo- sées par bandes tranversales très-nombreuses; le dessous du corps couvert de petites plaques carrées, lisses, qui forment des rangées lon- gitudinales , depuis six jusqu’à dix au plus. La tête semblable à une pyramide ob- longue , à quatre faces, recouverte en dessus et sur les côtés de plaques lisses, à quatre, cinq ou six angles, et peu nombreuses ; la langue fourchue à son extrémité, et très- extensible au dehors ; l’ouverture de l’oreille ovale , oblongue, apparente et un peu en- foncée; un collier formé de plusieurs larges écailles, sous le cou, excepté aux améivas. La queue au moins aussi longue que le corps, grosse, entièrement cylindrique ,ver- ticillée, sans crête ni carêne en dessus. Les pieds postérieurs plus alongés que les antérieurs ; il y à sous chaque cuisse une rangée de petits grains ou de tubercules formés d’écailles , rudes au toucher et po- reux ; à chaque pied il y a cinq doigts go : GPTL STE O FR séparés, minces et terminés par de petits » ongles crochus, et le petit doigt des pieds de derrière est attaché sur le côté un peu au dessous des autres. Nous allons maintenant examiner en dé- tail tous les reptiles qui doivent composer ce quatrième genre de l’ordre des sauriens, et qui sont aussi intéressans à connoître que ceux dont j'ai donné précédemment la description. Si les tupinambis nous ont paru devoir attirer sur eux notre attention, par le titre de sauveurs , qu’on a donné à quelques-uns, et qu'ils paroissent en effet mériter par lha- bitude qu'ils ont de jetter un cri ou une sorte de sifflement sourd , lorsqu'ils aperçoivent un animal dangereux , afin de prévenir les autres animaux , placés dans le voisinage, de se tenir sur leurs gardes; certes, les lézards méritent aussi le titre d'amis de l’homme , puisqu'ils semblent presque tous préférer le voisinage de nos habitations pour y fixer leur demeure; puisque plusieurs viennent même s'établir avec nous , sous nos toits, dans les murs de nos jardins, pour chasser aux in- sectes qui veulent attaquer nos arbres en. espalier, ou se nourrir des fruits que nous desirons récolter intacts. | DÉS TIR ZAR TS Lu Innocens et petits animaux ! votre ex- trême agilté, vos courses, vos circuits sont sans doute bien capables de nous intéresser en votre faveur ; mais quelle protection ne devons -nous pas vous accorder , puisque vous venez chercher un refuge assuré près de nous, et que vous semblez vouloir nous récompenser de lasyle que nous vous accor- dons, en égayant notre demeure par la viva- cité de vos jeux, et même par la destruction d'insectes nuisibles ? Plusieurs autres espèces de lézards vivent dans les bois, cherchent leur nourriture parmi les feuillages ou dans les haïes ; et lors- qu'elles sont suffisamment rassasiées par les insectes qu'elles ont pris dans leur course vagabonde , on les voit quelquefois se tenir immobiles aux rayons du soleil, se réchauf- fer à son ardeur, et briller à sa vive lu- mère de reflets métalliques , verds , bleus ou dorés; ces derniers lézards s’écartent un peu de nos habitations ; ils n’osent pas s'y choisir des asyles ; ils se réfugient au con- traire dans des creux de vieux arbres, dans des souches , sous des racines , et s’y creusent des trous à laide de leurs ongles crochus. Les animaux qui doivent réellement L (2 92 HISTOIRE appartenir à ce genre, sont sans doute beaü- coup plus nombreux qu’on ne la cru jusqu’à présent ; on paroît même avoir peu cher- ché à bien connoître toutes les espèces qui habitent seulement en Europe. On verra bientôt que j'ai déjà un peu éclairer l’his- toire naturelle de ces intéressans reptiles, et que j'en ai fait connoître plusieurs espèces nouvelles et très-remarquables, dont quel- ques-unes habitent en France. | Il est bien facile de découvrir la causé qui a pu retarder jusqu’à ce jour l’avan- cement des découvertes , relativement à Fhistoire naturelle des reptiles ; lorsqu'on. jette les yeux sur la plupart des ouvrages déjà publiés sur l’histoire natureile des sau- riens, on reconnoît qu'on a réuni, comme des variétés peu importantes d’une même espèce , jusqu'à six ou douze espèces très- distinctes ; c’est au moins ce que nous avons précédemment observé , par rapport aux tupinambis qu’on avoit rassemblés en- semble, sous le nom de /acerta monitor ; c’est aussi ce que nous verrons bientôt, en examinant successivement tous les lézards que Linnæus et Gmelin avoient rapportés comme variétés du lacerta agilis. Sous ce uom de Zacerta agilis , ils avoient réuni tous DÉSILBZARDS 9 les sauriens dont la queue est verticillée, et qui ont sous le cou un collier trans- versal , composé de plusieurs Pnées plaques ou écailles. : Le naturaliste Lacépède a commencé à réparer cette erreur de Linnæus, dans son ouvrage sur l'Histoire naturelle des quadrupèdes ovipares, et il a eu recours à la différence des couleurs, pour séparer en deux espèces le lézard verd et le gris: et depuis peu, Latreille n’a rien changé à cette nouvelle distribution ; mais '1l s’est seulement contenté d'établir plusieurs va- riétés de ces deux espèces, dans'le Tableau des reptiles , qui précède son Histoire nalu- relle des salamandres de la France. Laurenti, dès 1768, paroît avoir assez bien saisi les caractères qui doivent. servir à dis- tinguer entreeux tous les lézards proprement dits , et il les a rassemblés dans un genre parliculier qu'il a nommé seps., et qui seroit bien établi, s’il n'avoit pas placé :dans une première section les seps dont le ventreest couvert d’écailles ibriquéess s. tel. “est. le scinque ordinaire. iv L'or Alexandre Brongniart a un 1 peu oi sén- ralisé les caractères qu'il assigne aux lézards: 227 4) # ce ; 94 = EUX S E G: RCE, proprement dits; aussi a-t-il été forcé de réunir dans ce genre, non seulement les tupinambis, mais encore la dragone de ïa Guiane, dont j'ai fait un genre particulier, qui est intermédiaire entre les crocodiles et les tupinambis. Ce même naturaliste a aussi. placé , dans une section particulière de son genre lézard, les deux sauriens qui m'ont servi à établir le genre ee Jai nommé takydrome. | Les animaux que je range dans les quatre genres dragone, tupinambis, lézard et taky- drome , ont tous une langue semblable , fourchue et très-extensible au dehors; maïs ils offrent chacun des caractères très-tran- chés dans la forme de leurs principaux or- ganes extérieurs et de leurs tégumens. Les lézards proprement dits sont ré- pandus dans les diverses parties des deux continens : ils paroissent également répandus dans les régions chaudes et tempérées : le lézard gris des murailles est même tellement commun dans certains pays, sur-tout aux environs de Vienne, qu'il pourroit, suivant Laurenti, servir pendant tout l'été à Ja nourriture d’un grand nombre de pauvres; car sa chair saine et appétissante pourroit DES: BŒZ AIR DS. 5 être cuite ou frite comme celle des petits poissons, après en avoir enlevé la peau (1). Les lézards, de même que la plupart des autres reptiles, sont sujets à s’engourdir au fond de leurs retraites pendant tout l’hyver, et même durant tous les tems froids; mais à peine sont-ils sorlis de leur élat de tor- peur , que les deux sexes se recherchent pour s’accoupler. | Tous les reptiles sont réellement mono- games, et ne vivent que par paire ; el quoi- qu'ils ne paroissent pas former des nœuds durables , on pourroit cependant faire une exceplion par rapport aux lézards propre- ment dits. Le mâle et la femelle vivent dans une parfaite union pendant plusieurs années; ils se partagent l’arrangement de leur. mé- nage, le soin de faire éclore leurs œufs nombreux, en les apportant à l'entrée de leur trou tant que le soleil luit , et en les (1) Ergo neque hæc species ( seps muralis ) aliquid venenati in se habet. Cum autem in toté Austrià prœ- sertim Viennæ ,maxim& habeatur quantitate , ut multis pauperibus nutriendis per totam æstatem sufficiat; caro cæterum nitida ac pura sit, posset nunc ab illis concuir: {quod esset facile , cum in morsu nullum sit periculum), et detractä cute instar pisciculi frixari, velcoqui : forte Juturus olim magnatum cibus. Laurenti, Spec. medi- can continens Synops. reptilium , pag. 165 et suiv. 96 HISTOIRE | rentrant aussitôt qu'il a disparu ; pour les : préserver du froid et de humidité. : : Chaque paire a son ménage particulier , chacune a sa retraite séparée où la ponte a . lieu, ainsi que l'éducation des petits ; et. lorsque ceux-ci sont assez grands pour pou- voir se passer de leurs père et mère, ils se répaudent çà et là, et se creusent des trous séparés, soit près du lieu qui les a vu naître, soit dans d’autres endroits commodes où Pespèce n’est pas suffisamment répandue. Non seulement les lézards vivent par paires durant plusieurs années,. mais en . outre la femelle :paroït avoir de: la :cons- tance, et le mâle de lattachement melé d’un peu de jalousie; car'ils defendent en commun leur asyle contre l'invasion d'au- tres lézards ; et si par hasard quelque indi- vidu égaré où poursuivi vient se réfugier dans‘ leur trou , ils l’obligent d'en sortiripar des menaces, ou bien ils ne lui accordent un asyle que tant qu'il a quelque chose à craindre au dehors. Les lézards courent, avec une extrême agilité, et s’échappent aux poursuites de leurs ennemis en faisant de nombreux dé- tours dans leur fuite : ils srimpent aussi sur des murailles verticales, sur des pierres assez | lisses , DES LÉEZARDS 907 lisses, et s’y promènent presque avec la même vitesse que s'ils étoient sur un ter- rain plat. Nous avons déjà remarqué , dans cet ouvrage, que les crocodiles, la dragone et les tupinambis peuvent également vivre sur terre et sous l’eau, et qu’ils nagent avec facilité, à l’aide de leur queue comprimée sur les côtés. Les lézards, au contraire, ne sont pas amphibies, et ne vont jamais dans leau, parce qu’ils ne pourroient pas y nager, leur queue étant simplement cylin- drique, et leurs pieds ayant des doigts alon- gés, minces et non palmés. Reptiles. Tome IIL 5 EE |. PREMIÈRE SECTION. LÉZARDS AMÉIVAS. 4 Css grands lézards n’ont pas de collier trans- versal, formé de plusieurs grandes écailles sous le cou; leur queue est de plus cylin- drique. et verticiilée. Ils tiennent presque le mikeu entre les tupinambis et les lézards proprement dits. LE LÉZARD AMÉIVA (1): Le savant continuateur que Buffon s’est choisi et qu'il a voulu associer à sa gloire, est le seul de tous les naturalistes qui ait bien décrit laméiva, et qui en ait publié ———— (1) Lacerta ameiva ; lætè-cæruleus, seriebus qua- tucr longitudinalibus macularum albescentium ef rotundarum in utroque latere, collo subis transversim plicato. | L’arméiva. Daubenton, Dictionn. expét. Encyclop. méthod. — Jdem, Lacépède , Hist. nat. des quadrup. ovip. in-12, tom. IT, pag. 58, pl. 11, fig. 1, bonne; fig. 2. L'améiva, vu en dessons, m'a pas assez de rangées de plaques. — Zacerta ameiva. Linnæus, Syst. nat. — Aimœn, acal. tom.Ï, pag, 127 et 205. 3 DES LEZARDS. 99 ne bonne figure dans son ouvrage sur l'His- toire naturelle des quadrupèdes ovipares. Je _me crois donc pouvoir mieux faire, pour contenter le lecteur, que de donner ici un extrait de ce que cet auteur en a dit, en y joignant néanmoins quelques observations que je crois nécessaires, et qui m'ont été : 'sugsérées par l'examen détailié que j'ai fait _ d’un améiva conservé dans le museum d'hus- toire naturelle de Paris. — Masæum Ad. Frid. t. I, p. 45. — Gronovius, Mus. tom. IT, p. 80, pl. rvi. — Clusius, Exotic. pag. 115. — Lacertus major maculatus. Edwards, Hist. av. p. 203, … pl. cerrr, fig. 1. — Wormius , Mus. p. 515, fig. 313. — Lacertus indicus. Ray, Syn. quadr. p. 250. — Lacertus major cinereus,maculatus. S\loane,Jamaïc. t. II, p. 553. pl. cecxxur , fig. 3. — Seps surinamensis. Laurenti, Synops. reptil. — The large spotted ground lizard. Brown , Jamaïc, pag. 452. — Lacerta ameiva. Gmel. Syst. nat. pag. 1070, n° 34. — Lézard améiva. latr. . ist. nat des reptiles, in 18, tom. F, pag. 224 et suiv. fig. tom. IV, pag. 251 et suiv. MUR description que je donne de laméiva, dans cet ouvrage , est irès-exacte; mais je ne puis pas affirmer _ que toute la synonymic indiquée ci-dessus doive s’y rapporter , parce que je n’ai pas eu assez de lems pour examiner tous les ouvrages qui sont cités. Je puis seulement altesier que tous les prétendus améivas, figarés par Seba , se rapportent à d’autres espèces de lézards et à des tupinambis. G 2 oo STE TO Fos Ce reptile, suivant Lacépède, n’est pas eucore bien connu des naturalistes ; pre- … muérement, parce que son nom d'améiva ou d’améira a été donné à des lézards d’es- pèces différentes de celle dont il s’agit ici; secondement , parce que le vrai améiva a été nommé diversement en différentes contrées ; il a été appelé tantôt témapara , tantôt 4a- letec, tantôt famacolin , noms qui ont été en même tems attribués à d’autres sauriens différens de l’améiva, particulièrement à liguane et au tupinambis sauvegarde ; et troisièmement enfin, parce que cet animal, étant sujet à varier par ses couleurs suivant les saisons, l’âge et le pays, divers individus de cette espèce ont été regardés comme for- mant autant d'espèces distinctes. Il ne faut pas confondre avec le véritable lézard améiva le lézard de Mauritanie figuré 4 4 par Seba (tom.T, pl. Lxxxvr, fs. 4, 5),et. qui paroiît se rapporter assez au tupinambis cépédien, ni les deux lézards nommés par Seba lézard améira de Surinam (tom. I, pl.cxxx VIT, fig..1,:2,): car le\premier n’est pas encore bien connu par les natu- ralistes, et le second paroît être le même animal que le lézard verd à traits noirs, qui habite en Allemagne. DES LÉZARDS. ‘or Pour répandre plus de clarté sur l’histoire de cet animal, je conserve, d’après Lacé- pède, ce nom d’amnéiva uniquement à un saurien qui se trouve dans l'Amérique mé- ridionale, et qui a beaucoup de rapports avec les lézards gris, et les lézards verds de nos contrées tempérées. Il est aussi grand que le lézard verd à traits noirs qui existe en Allemagne; on observe dans l’un et dans l’autre la même forme, les mêmes dimensions, des écailles de figure semblable, pas de collier trans- versal sous le cou. Quoiqu’on puisse, au premier coup d’oœeil, le confondre avec ce dernier, il est aisé cependant, pour peu qu'on l’examine, de Jen distinguer, à cause de ses couleurs. Il diffère des autres lézards en ce qu'il n’a point au dessous du cou cette espèce de demi-collier , formé de grandes écailles; au contraire la peau, revêtue de très - petites écailles, y forme un ou deux plis. Ce ca- ractère a été fort bien saisi par Tännæus ; mais il convient d'ajouter à cette différence celles qu'on peut remarquer très -aisément dans les divers individus que Lacépède a vus, et qui sont conservés dans le museum d'histoire naturelle de Paris. G 53 + PONS PEN 4 l NA VA L,] 102 AIS TO FRET F Ce ‘saurien a, comme les autres lézards ;.. la tête plus alongée et plus comprimée par les côtés; le dessus en est plus étroit, et le museau plus pointu. Sa queue est plus longue que le corps. | Cette queue est une fois et demie environ aussi longue que le reste de l’amimal, cylin- drique , et composée de cent-vingt verticilles au moins, dont les écailles sont très-lésère- ment carénées. | L’individu observé par Lacépède, et qui a été envoyé de Cayenne par M. Léchevin, a vinst-un pouces de longueur totale, c’est- à-dire , depuis le bout du museau jusqu’à extrémité de la queue, dont la longueur est d’un pied six lignes ; la circonférence du corps, à l'endroit le plus gros , esl de quatre pouces neuf lignes; les mâchoires sont fendues jusques derrière les yeux, garnies d’un double rang de grandes écailles, comme dans le lézard verd, et armées d’un grand nombre de dents très-fines, dont les _plus petites sont placées vers le bout du museau, el qui ressemblent un peu à celles de l’iguane. Le dessus de la tête est couvert de grandes lames, comme dans les autres lézards. Le dessous de la tête et du cou, ainsi que DES LEZARDS. 305 ses côtés, sont couverts d’écailles nombreuses, très - petites et grenues : le dessus du corps et des membres est garni d’écailles infini- ment petites et à peine sensibles ; mais celles qui revêtent le dessous du corps sont des plaques grandes, carrées et lisses, disposées sur dix rangs longitudinaux, et sur trente- deux rangs transversaux. Les verticilles, ou anneaux de la queue, sont composés d’écailles dont la forme est celle d’un carré oblong très-légèrement caréné. Il y a trois grandes plaques dessus le bord antérieur de lanus. Le dessous de chaque cuisse présente un rang de vingt-neuf ou trente tubercules ou grains poreux assez gros. : La couleur de l’améiva peut varier suivant le sexe, le pays, l’âge et la température de l'atmosphère, ainsi que nous l'avons dit; mais il paroît que le fond en est toujours plus ou moins bleuâtre , très-agréablement varié sur les flancs par des rangées de taches rondes plus claires, qui, étant disposées de manière à le faire paroître œillé, ont fait aonner le nom d'argus au lézard améiva, ainsi qu'à d’autres espèces de lézards. Le véritable améiva, celui que j'ai observé dans la galerie du museum d'histoire naturelle de Paris, est d’un beau bleu clair, uniforme en G 4 104 HISTOIRE dessus, et d’un blanc légèrement bleuâtre en dessous. Il a , sur chaque côté du corps, quatre rangées longitudinales de taches rondes blan= châtres, ou plutôt d’un bleu très-clair, aussi grandes que des lentilles, et un peu dis- tantes les unes des autres. On voit en outre ; sur la seconde rangée longitudinale de pla- ques qui recouvrent le ventre , quelques- unes d’entre elles qui sont blanches. Enfin le dessus des membres est d’un beau bleu nacré. Il ne faut pas confondre , avec le lézard améiva l’anolis décrit par Rochefort et Ray, qui est évidemment le même animal que le lézard galonné. On peut encore ajouter que Gronovius a décrit, sous le nom d’anolis , un lézard de Surinam , évidemment de la même espèce que l’améiva de Cayenne, dont nous venons de donner la description. T'améiva se trouve dans l'Amérique mé- ridionale, mais encore, selon Lacépède , dans l'ancien continent ; car il dit en avoir vu un qui avoit été apporté des grandes Indes: par Lecor, et dont la couleur étoit d’un très- beau verd, plus ou moins mêlé de jaune (1). (1) Ce lézard des grandes Indes n’étoit-1l pas plutôt une espèce très-voisine et différente de l’améiva ? Ses AT ae DES LEZARDS. 105 (Lacépède, Hist. nat. des quadrup. ovip. tom. II, pag. 38 et suiv.) Le gros lézard moucheté d’'Edwards (pl. cour, fig. 1), et le gros lézard cendré et tacheté de Sloane , sont de vrais améivas irouvés à la Jamaïque; mais il faut regarder comme une espèce nouvelle le lézard verd d'Edwards (pl corr). 106 HISTOIRE LE LÉZARD VERD A OTR AIT S NO DEES D'ALLEMAGNE (1): Cerrr grande espèce de lézard habité dans diverses parties de l’Europe, princi- palement dans les contrées les plus tem- pérées de l'Allemagne, de la Hongrie et de. la Prusse ; et quoiqu'il ne soit pas absolument (r) Lacerta litterata ; cæruleo-viridis , supr& punctis nigris oblongis varigatus, fasciis transversalibus nigris atbido ocellatis in utroque laiere, collo subis trans- versim plicato. | Seps viridis. Laurenti, Synops. reptilium , pag. 60, n° 111, en rapportant la citation de Seba au lézard goitreux. — ZLacerta americana. Seba , Thes. tom. 1, pl. ex, fig. 4et 5. Le n° 4 est, selon Seba, un lézard mâle. Cet animal a tout le corps très-élégamment peint; ses écailles sont petites, minces, d’un verd foncé, parsemées de points ronds et alongés noirâtres , avec quelques taches ocellées de blanc, et disposées sur des rangs réguliers et longitudinaux, depuis la tête jusqu'à la queue : on voit même de ces taches ocellées très- rapprochées sur les bras et les cuisses; la queue est irès-lonsue, cylindrique, verticillée, très-amincie, F » D'ESt LEZ AR'DS. ‘7 rare dans ces contrées , Seba et Laurenti sont les seuls auteurs qui en aient parlé : encore le premier a-t-il été induit en erreur sur la patrie de ce saurien, car 1l le croit d'Amérique, et il en a figuré deux indivi- dus de grandeur naturelle. Le lézard dont il s’agit ici a environ un pied et demi de longueur totale , et la queue occupe elle seule près des deux tiers de cette longueur. Par sa forme il ressemble beaucoup au lézard verd des souches et au lézard ocellé, ou plutôt il tient le milieu entre ces deux lézards. sur-tout vers son extrémité, et parsemée de taches noires. Le n° 5 est , suivant Seba, la femelle du précédent; Pl représente assez. bien l'individu que j'ai cbservé dans la galerie da museum d'histoire naturelle de Paris, parce que son dos a seulement des traits oblongs , irréguliers et noirâtres , et que ses taches, ocellées de blanc, ne sont disposées que sur les flanes par rangées transversales; son ventre est varié de points noirs et blancs; le dessus de ses membres est couvert de taches noires circulaires et comme tigrées : sa queue ressemble à celle du mâle. (Seba, Thes. um Lop.174;n 4ct0.) Seba , tom. I, pl. rxxxvr, fig. 4 et 5. — Seba, tom f, pl Exxxvar, fig. 1 et 2. [e) 108 HISTOIRE 1 Il est d’un beau verd bleuâtre un peu foncé, et entièrement varié en dessus et sur les flancs de petits traits noirs, nombreux et irréguliers ; ces taches ou traits noirs sont disposés en travers sur des bandes un peu larges, ocellées çà et là de petites taches blanches , arrondies , seulement sur les flancs. Le dessous de cet animal est d’un verd bleuâtre très-clair, avec quelques petites taches noires sur les plaques antérieures du ventre et sur la poitrine, et avec des points noirs sous la gorge et le cou. Celui-ci n’a pas de collier transversal écailieux , mais seulement un pli, ce qui rapproche beau- coup ce lézard de laméiva. J'ai compté jusqu’à dix rangées longitu- dinales de plaques carrées sous le ventre ; et ces plaques forment aussi une trentaine de rangées transversales. | Il y a sous chaque cuisse une ligne formée de vingt-un à vingt-deux grains poreux. La queue est longue, cylindrique, ver- icillée et très-prolongée en pointe. L'animal qui m'a servi à faire cette des- cription, fait partiè de ma collection d’his- toire naturelle. On peut en voir une figure assez bonne DES LEZARDS. 109 dans le tome premier du grand ouvrage de Seba, à la planche cx, n° 5. . Van-Ernest a trouvé ce lézard dans dif- férens cabinets en Hollande; et l’un d'eux avoit été envoyé de Prusse, où 1l ne paroît pas être rare, sur-tout dans les pays mon- tueux et couverts de haies ou de broussailles. On croit qu'il s’y creuse des terriers assez profonds, très-tortueux et à plusieurs ouver- tures ; il se nourrit d'insectes, de petits animaux et d'œufs d'oiseaux qu'il va cher- cher au printems dans les buissons. Je crois pouvoir rapporter à ce lézard d'Allemagne non seulement le lézard d’Amé- rique , figuré par Seba (tom. I, pl. ex, fig. 4, 5), mais encore le lézard améira de de Surinam, représenté par le même auteur (tom. I, pl. LxxxviIT, fig. 2). Peut-être conviendroit-il d'y réunir l’autre lézard d'Amérique (tom. I, pl. LxxxvVux, fig. 1), comme un jeune individu; mais alors Seba auroit été induit en erreur sur la véritable patrie de ces animaux. Les naturalistes ont pris à tort le premier lézard de Seba comme une variété des tupinambis, et les deux autres comme synonymes du lézard améiva. J'ai rangé provisoirement le lézard ameira d'Amérique de Seba (tom. I, pl. Lxxxvur, ado : FES TE O0 RE fig. 2) sous le lézard gr ApRÈUe $ comme espèce semblable. (! Laurenti a tiès-bien connu ce grand lé- zard verd, qu'il nomme seps viridis , quoique la description suivante qu'il en a donnée, dans sa Synopsis reptilium, ne soil pas exac- tement conforme avec mes propres remar- ques, et quoiqu'il y ait rapporté par erreur, comme synonyme, le lézard à points rouges que j'ai surnommé le goftreux , et dont Seba: a donné une assez bonne figure dans son srand ouvrage (tom. IE, pl. cri, fig. 4.) : Ce lézard, nommé Ærauthun par les ha- bitans de Vienne, est le plus grand de tous ceux qu'on trouve en Allemagne. Il est entièrement verd, mélangé d’autres cou- leurs changeantes ; ainsi, lorsqu'il se joue en divers sens aux rayons du soleil, on le voit briller tour à tour des couleurs dé l'émeraude, de la chrysolite et du béril. Cependant sa nuque, le milieu du dos et la base de la queue sont parsemés en des- sus d’un petit nombre de points noirs; le collier est bleu, avec ses écailles bordées de blanchâtre sur leurs bords; le dessous du corps est d’un jaune verdâtre, avec quelques taches, assez és les à des caractères arabes , seuien sur les dernières plaques, LA : 4 DES LE % À FiD 5. da du ventre; la tête est brune en dessus, d’un rouge doré au soleil, et ocellée çà et là; la pupille est jaune ou dorée, et entourée d’un cercle noir. Ce lézard se trouve en Allemagne, sui- vant Laurenti, sur des tas de pierres, dans des lieux sablonneux ou dans des prairies stériles et élevées ; il vient quelquefois près des murailles des jardins; il se creuse une demeure souterraine , tortueuse et assez profonde; il paroît se plaire beaucoup au soleil, et il y enfle alternativement les deux côtés de son cou, ce qui lui est commun avec le lézard goîtreux, et même avec toutes les espèces que renferme ce genre. Il ne fuit pas tout de suite lorsqu'il entend quelque bruit; Laurenti prétend même qu'il ne se détermine à fuir que lorsqu'il voit un en- _nemi plus fort. Ou ne lui a jamais entendu jeter le moindre cri. Sa morsure n’est nul- lement dangereuse; aussi peut-on prendre sans crainte ce gros lézard, ‘et même se nourrir de sa chair, qui est abondante et assez savoureuse. 112 EI S T O MRÆEN , e n à 1 (Re y) Qui Rad de D # 2" CAES LE LÉZARD GRAPHIQUE (1). \ OO: trouve, dans le premier volume du grand ouvrage de Seba, pl. LXXxw, trois sauriens dont les écailles sont assez mal fisurées, et dont le genre est très-difficile à. déterminer : j'ai cherché, dans la collection du museum d'histoire naturelle, parmi les reptiles qui ont appartenu à Seba, | ceux. qui ont pu servir à faire ses dessins, et je: suis parvenu à y reconnoître deux espèces distinctes de vrais lézards, qui ont la tête revêtue en dessus de plaques écailleuses , avec huit rangées longitudinales de plaques. carrées sous le ventre, une autre rangée de (1) Lacerta graphica ; viridi-cærulescens, punetis litterisque nigris notata ; plicé lonsitudinali in utro- que latere corporis absque ocellis albis in utroquelatere ; collo subius transversim plicato. Lacerta ameira,maculata icana.Seba ,'Thes. tom. Î; pl. Lxxxv, fig. 2 et 4. — Lacerta ameira, brasiliensis. Seba , tom. I , pl. rxxxvuir, fig. 2. — dem. Fermin;: Description de Surinam , tom. II, pag. 207, 4° et 5° espèces. dix-sept DÉS LEZARDS. m5 dix-sept tubercules ou grains sous chaque cuisse, et la queue cylindrique, verticillée. D'après la description que Félix d’Agara a donnée de son teyou verd du Paraguay ; je ne crois pas devoir lui rapporter les deux lézards de Seba : le premier lézard, qui fait le sujet de cet articié, me paroît pouvoir être appelé graphique, à cause des points et des diverses lettres irrégulières, noires, qu'on voit dessus son corps. Le second, que je décrirai ci-après , est le lézard argus. Le lézard graphique, nommé par Seba lézard tacheté d’ Amérique, est par-tout d’un bleu clair dans lesprit de vin, ou peut-être d’un verd gai lorsqu'il est vivant; car je sais par expérience que là couleur des lézards verds, sur-tout dé celui des souches, se convertit en un beau bleu lorsqu'elle a sé- journé, pendant quelque tems, dans une liqueur spiritueuse. Le graphique éest sur-tout remarquable, parce que son corps est par- semé, principalement en dessus, de petits traits noirs, semblables en quelque sorte à des caractères chinois, et de points de même couleur. Un trait noir cest placé derrière chaque œil ; et l’on voit en outre un pli sur toute la longueur des flancs jusques sur les côtés du cou. | Reptiles. Tome III. H + A #3 a : 9} ! 1% a à ŒPLS TO MR Seba a remarqué qu’on trouve aussi, près du dos, de petites écailles blanchâtres qui ressemblent presque à des perles; mais ce caractère n'existe pas réellement dans les in- dividus bien conservés, et n’est produit que par la mue successive de diverses écailles. Comme dans les autres lézards, la langue est longue et fourchue à son extrémité. La longueur du corps est de cinq pouces, et celle de la queue est de six; ce qui fait onze pouces de longueur totale. Je regarde aussi comme un lézard gra- phique très-décoloré , et même rembruni, l'autre gros lézard d'Amérique, représenté par Seba au bas de la même planche, et auquel on a eu l'attention de faire une longue queue verticillée. Je HApEGARE UE le lézard graphique habite les mêmes contrées que le lézard teyou verd, c'est-à-dire, le Paraguay et le Brésil. | Le lézard, qui est nommé améira au Brésil, selon le témoignage de Jonston, et qué Seba a figuré sous le même nomt.I, pl.Lxxx VII, fig. 2 ), ressemble tellement au lézard graphique, que j'ai jugé convenable de le placer au rang des synonymes de. ce saurien. Îl peut tout au plus être regardé DS TÔEZAAIR D S. lé comme une variété, à cause de sa têle gar- nie en dessus de points rouges sur un fond blanchâtre, et de ses pattes ou doigts fauves. Sa queue est bien verticillée. Philippe Fer- un assure que ce lézard améira existe dans la colonie de Surinam, et il a copié la des- cription suivante que Seba en a donnée. . «de lézard améira est ainsi nommé par les habitans du Brésil, à cause de la beauté de son tacheté, au rapport de Jonston; et vé- ritablement il est tacheté si superbement, qu'on n’y voit rien à souhaiter. Son front est revêtu d’écailles blanches, noires et rouges, placées sur un fond blanchâtre par- semé de petites élévations. Le reste de son corps est bleu, marbré de blanc et de noir, et moucheté par-ci par - là de quelques taches d’un rouge pâle : c’est de même sur les jambes. Les pieds sont jaunes , armés d'ongles noirs. La queue est bleue, longue, formée d’anneaux jusqu’au bout, et toute marquetée de noir et de rouge ». ( Seba, Thes. tom. 1, pag. 140, n° 2.) Cette description ne paroit pas se rap- porter exactement à la figure enluminée. Seba prétend que l’améira existe à Su- rinam. Sous le nom de lacerta ameira, Linnæus H 2 116 HISTOIRE a placé les figures données par Seba, et que j'ai rapporté aux lézards argus et graphique, Il a aussi regardé comme synonymes de ce même /acerta ameira le lacertus indicus de Clusius (1). ( Lin. Mus. Ad. Frid. tom. I, pag. 49.) tie Clusius , Exotic. pl. cxv. — Wormius , Mus. pl. cccxrr, DES LEZARDS a T4 ————— BA LE /ABD..-AR CLS. DANMÉRIOUE Cr saurien, nommé par Seba petit lézard argus d'Amérique, est très-voisin du lézard Sraphique par sa forme et ses proportions; mais il est d’un verd bleuâtre plus beau en dessus ; sa taille est plus petite; de petits cercles ocellés noirs sont disposés sur tout le dos en dix-neuf séries transversales, sui- vant la figure de Seba. Il a sur les côtés du corps et les flancs un pli longitudinal. Le ventre, la tête, le cou, la queue et les mem- bres sont marqués de petits traits noirs. Ii seroit peut-être possible que le lézard graphique ne füt qu’une simple variété de celui-ci; mais nous n'osons cependant pas FPassurer. | (1) ZLacerta argus ; cœrulea, dorso ocellato , ocellis nigris in seriebus transversim dispositis ; plicä longi- tudinali in utroque latere corporis ; collo subis trans- versim plicato. Lacerta argus, americana. Seba, Thes. tom. I, pl. zxxxv, fig. 5.— Lacerta americana, argus dicta; seconde espèce. Fermin , Description de Surinam, in-8°, IT, pag. 206, H 5 ÈS 118 HISTOIRE Philippe Fermin a trouvé, dans la colonie de Surinam, ce joli petit saurien dont le corps est magnifiquement tacheté de bleu et de noir, avec quelques points d’un blanc sale. Cet ancien voyageur s'est sans doute trompé en citant comme synonyme de l’ar- sus la fig. 2, pl. Lxxxv, tom.[, de Seba, que j'ai cru devoir rapporter de préférence au lézard graphique; c’est à tort qu'il pré- tend que ce saurien est nommé argus. parce que ses yeux sont semblables à ceux de l’argus; ce nom lui a été donné à cause des taches ocellées qui ornent le dessus de son corps. L’inaividu que j'ai observé n’a que dix- sept bandes transversales ocellées. Le lézard argus d'Amérique ne doit pas être confondu avec le seps argus d’Alle- magne , que je nommerai lézard de Laurent, parce qu'il ne paroît avoir été complette- ment décrit jusqu’à présent que par cet oh- servateur. Peut-être reconnoîtra-t-on dans la suite que les lézards argus et graphique doivent être placés parmi les vrais iupi- nambis. | DES (LIFZIAR DS fÿg ste D BB DZ AUR DAV EURD A POINTS ROUGES, ou LE GOITREUX D'AMÉRIQUE (1). SA longueur est d’un pied trois pouces ; il a six pouces depuis le bout du nez jusqu’à Janus. | Seba en a figuré deux individus (tom. IE, pl. our, fig. 3,4 ), sous le nom de lézard goitreux d Amérique. Il a été trouvé à Saint- Jago , au Chili, près du fleuve Maixo. Il porte sous la machoire inférieure un long goître pendant sous le cou, creux en dedans, et qu'il enfle prodigieusement lorsqu'il est attaqué. Sa belle tête est couverte de grandes écailles colorées d’un verd de mer , avec des points rouges. Sa gueule est entourée de bords jaunâtres tachetés de noir. Ses yeux (1) Lacerta gutturosa ; gutture et collo strumosis ; glauco-viridis , punctis rubris sparsis, prœsertim in utroque latere. Eacerta gutturosa. Seba , Thes. tom. IT, pl. cuir, fig. 3 et 4. H & sf ZA 4 ù. M à v * 4 M. 4 120 HISTOIRE sont grands et brillans. Ses oreilles sont rouges , posées derrière les mâchoires , et cachées fort avant dans la tête, sur le som- met de laquelle s'élèvent deux tubercules oblongs , cendrés jaunes , garnis d’écailles minces. Les membres et le dessus du corps, jusqu’à lorigine de la queue, sont colorés d’un verd d'herbe, avec des taches d’un rouge ponceau diversement arrangées , et plus nom- breuses au dessus des flancs. | Tout le dessous du corps est couvert, comme dans les lézards, de plaques trans- versales ; et on trouve aussi d’autres plaques sur le côté intérieur des cuisses, des jambes et des pieds. Chaque pied a cinq doists minces alongés, sur-tout le second doigt extérieur des pieds de derrière, qui est très- long. La queue est longue , cylindrique, verticiliée , grosse à sa base, mince à son bout , et verte comme le corps , avec des points rouges çà et là. L'individu , n° 5, a deux excroissances vers le tiers postérieur de sa queue ; c’est une monstruosité qu’on peul comparer à celle qui a été observée plusieurs fois à certains lézards, qui ont jusqu'à deux queues. Je crois qu'il seroit possible de faire venir deux queues aux lézards proprement dits , en leur cassant DES LEZARDS. 121 d’abord environ moitié de la queue, et en fendant un peu l’autre moitié en long avec des ciseaux ; par ce moyen chacun des côtés se prolongeroit en une queue , et repous- seroit séparément. Il seroit à desirer qu'un observateur attentif s'occupât dans ses loisirs de tenter cette expérience sur un lézard à queue verticillée qu'il seroit parvenu à apprivoiser , ou même sur un gros tupi- nambis d'Amérique. J’ai observé, dans Ja collection du museum d'histoire naturelle de Paris, un individu assez bien conservé, et parfaitement sem- blable à ceux figurés dans l'ouvrage de Seba. Cet animal est assez voisin du grand lézard verd ocellé de Provence ( lacerta ocellata), et sur-tout du lézard verd à traits noirs d’Al- Jemagne ; mais il ne doit pas être regardé comme un synonyme de ce dernier , ainsi que l’a cependant fait Laurenti dans son ouvrage sur les reptiles. Selon cet auteur, ce lézard, qu'il nomme seps viridis (Syn. reptilium , pag. 62, n° 111), est semblable au lézard figuré par Seba , tome IF, pl. 103, fig. A, et cependant le seps viridis habite en Allemagne. Voyez ce que j'ai écrit sur ce seps de Laurenti , que j'ai nommé /ézard verd à iraits noirs. # 722 HISTOIRE LE:LEZARD A ALT ETES R CO DCE O*x trouve , selon De Badier , dans l’île Saint-Christophe , l’une des Antilles , une espèce de saurien qui doit être placé parmi les vrais lézards , parce qu'il a cinq doigts séparés à chaque pied , et des demi-anneaux écailleux sous le ventre. Il est connu dans File sous le nom de pilori, de téte-rouge et d'anoli de terre. | L'animal que De Badier à observé , et dont il a communiqué la description au professeur Lacépède , avoit les dimensions suivantes ; mais il parvient à une grandeur trois fois plus considérable. _ (1) Lacerta erythrocephala ; dorso viridi-atro, fas- ciis transversis undulatis fuscis ; gulé albé, pectore ni9To ; lateribus fusco fasciatis ; abdomine longitudi- aaliter nigro,cæruleo et albido ; caudé brevi. La tête rouge. Lacépède, Hist. nat. des quad. de in-12, tom, IV, p. 355. D'ES'PFED ZA REDS. 1295 aude pouc. lign: Longueur totales PACS 07 Ur sv Longueur de la queue, :1,4 15400 DIR Longueur des jambes de derrière jus- qu’au premier article des doigts. . E ONORE Diamètre du corps dans l'endroit le plus RO Ne ce ae I Sa couleur est d’un verd très - foncé, mêlée de brun : presque tout le dessus de la Lête et ses côtés, ainsi que ceux du cou, sont rouges ; la gorge est blanche et la poi- trine noire ; sur le dos on voit plusieurs raies transversales noires et ondées'; il a sur les côtés du corps une bande longitudinale, composée de plusieurs lignes noires trans- versales. Le ventre est coloré de lignes lon- gitudinales noires , bleues et blanchâtres. _ La tête est revêtue en dessus d’écaiiles plus grandes que celles qui garnissent le dos : sous les cuisses on trouve, comme auxautres lézards proprement dits, une rangée de petits grains rudes. La queue n’est pas aussi longue à peine que la moitié du corps, et elle est verti- cillée , c'est-à - dire , formée d’anneaux écailleux. Le lézard à tête rouge se nourrit princi- palement d'insectes , suivant le témoignage 124 HISTOIRE de De Badier. Comme il n’a pas de collier sous le cou, il appartient sans doute à la section des lézards améiva. D'après les recherches que j'ai faites dans l'ouvrage de Séba , je crois pouvoir regarder ce lézard à tête rouge comme très-semblable par sa forme à celui que cet auteur a figuré (tome TI, pl. xcr, fig. 1, 2), sous le nom de lézard de Rio Janeiro ; mais il en diffère beau- coup par ses couleurs, et ilressemble plutôt par elles au lézard figuré par Seba (tom. I, pl. xc, fig. 7), sous la dénomination de lézard tigré, de Ceilan. Ce saurien de Seba a sa queue fourchue ; mais c’est un défaut de conformation dans l'individu ; il a d’ail- leurs tous les caractères des vrais lézards. + CRT 11 oceice 2 RAND LEZARD vec G Al Datln à DES LÉEZARDS. 125 té DEUXIÈME SECTION. LEZARDS VERDS. Cas sauriens ont un collier transversal 5 formé de plusieurs grandes écailles sous le cou. Leur couleur est verte, soit entière- ment , soit en partie. LEGRAND LÉZARD VERD, OCELLÉ, DU MiDI DE L'EUROPE (i). Voyez la planche XXXIII de ce volume. Ce saurien , vraiment admirable par lé- clat de ses couleurs, est aussi très-remar- (1) Lacerta ocellata ; viridis ; suprà nigra, lineis divaricatis ocellisque lætè viridibus numerosis ; subtus dætè flavescens immaculata. Le lézard verd. Lacépède, Hist. nat. des dd ovipares, in-12 , tom. II, pag. 15,pl.1, fig. bonne. — Poiret , Voyage en Barbarie, in-8°, part. I, p. 286. — Le lézard verd, var. a. Latreille, Hist. des sala- mandres, in-0°, pag. 14. 126 ETS T OI RE, quable par sa taille ; c’est le plus gros de tous les vrais lézards que j'ai pu découvrir. jusqu'à présent dans les collections dhis- toire naturelle, et qui ont été décrits par les naturalistes ; car il ne faut pas confondre, avec les lézards proprement dits , les rep- tiles que j'ai décrits précédemment sous le nom de tupinambis. Le grand lézard verd est d’une couleur verte très - luisante , avec le ventre d’un jaune clair sans aucune tache. Dessus tout le corps , le cou et les membres, la couleur principale est noire, parsemée de lignes en zig-zag , de points et de petits cercles d’un beau verd gai, très-nombreux et irréguliè- rement disposés. Les flancs sont presque entièrement verds , avec quelques bandes transversales ( huit à dix ) noirâtres et doubles. La queue est en dessus d’une couleur brunâtre, plus foncée et presque noire sur sa base, et elle est agréablement parsemée de points verds et nombreux. Le dessus de la tête m'a paru être de couleur brune. Le grand lézard verd ocellé ressemble infiniment aux autres lézards par la forme de toutes les écailles et des plaques qui recou- / DES LEZARDS y vrent toute sa peau ; maïs il a plus de rap- ports sur-tout avec l'espèce que j'ai nom- mée lézard arénicole. Voici cependant en quoi il diffère de cette espèce, en outre de ses couleurs. 1°, Sa tête , son corps , ses membres et sa queue sont gros et trapus, ainsi qu’on le verra bientôt par le tableau de ses princi- pales dimensions. 2°, Son collier est formé de douze plaques. 3°. Sur sa tête et ses yeux il y a quatorze grandes plaques à quatre , cinq ou six angles. 4°. Ses membres sont courts ét assez gros, munis chacun de cinq doigts courts , séparés et terminés par de petits ongles : les mem- bres postérieurs sont les seuls qui soient couverts de plaques en dessous. 5°, Sous chaque cuisse il y a une rangée longitudinale de quinze grains poreux , bru- nâtres et assez gros. | 6°. Sous le corps on voit jusqu’à dix ran- gées longitudinales , formées chacune de vingt-six à vingt-huit grandes plaques carrées -assez irrégulières. 7°. La queue est formée de quatre-vingts à quatre-vinst-deux anneaux : chacun de ces anneaux est couvert, en dessus et sur les 153 © HASTOIRE côtés, de vingt-quatre à vingt-cinq écailles carrées oblongués et carénées, et en dessous d'écailles carrées oblongues et lisses. 80. L'anus est transversal, muni en devant de plaques pentagones, et en arrière de pe- tites écailles également pentagones et nom- breuses. £ Dimensions du grand lézard verd ocellé. p'eds pouc. lig, Dongnear totale 2 RS RSR Longueur de là tête. 4 . . .… . ... LUE Larseur de la iête aux narines. . , \ B EN Sa largeur derrière les yeux. .:. . . SON) CPalssEnlis He dede. lonoueur. du Cou. ..,.1. 1. . 1 Sa CIFCONIÉLENCE + ee Me Ne 0 Longüeur du corps jasqu’à l’anus . . IS CE OU nn be ao nhb Sa circonférence. e e e e e e e e e Longueur des pieds antérieurs, depuis . l'épaule jusqu’au bout des doigts. . 2 Éongnecur,des cuisses... 45. pe L eur CILCONIÉrENCE.S ee 1e 2 0 Cle Longueur des jambes. . . à . : . .. 10 Meur CirContenence. UN ENST rte Longueur des pieds postérieurs depuis le talon jusqu’au bout des doigts. . rie Longueur de la queue. , , . : . . FA Sa circonférence à sa base. 4 4 . . 2. 46 On trouve le grand lézard verd ocellé dans toutes les contrées méridionales de l'Europe , ! DES LEZARDS 19 Europe , sur - tout dans les lieux monta- gueux et boisés qui sont exposés au midi. Cet animal est infiniment beau, el même très-éclatant par ses couleurs lorsqu'il court au soleil. Il: paroît fréquenter les buissons et les haies, sur lesquels il grimpe quel- quefois pour chasser aux insectes. Quelques personnes croient qu'il se nourrit aussi de certains fruits, de grenouilles, de souuis , _ de musaraignes et d’autres petits animaux, 11 n’est pas rare en Suisse, en lialie et dans le midi de la France. Poiret assure qu’il Fa vu plusieurs fois en Barbarie : selon ce natu- raliste, le lézard verd est très-fort : il a en- Yion un pied de long sur un pouce de large. L'abbé Poiret, dans son Voyage en Barbarie, dit avoir rencontré plusieurs fois ce joli animal en Afrique, vers les bords de la Méditerranée. Il a le corps d’un jaune verdâtre , selon cet observaieur, qui en a conservé un vivant durant plus de huit -jours. Lorsque Poiret vouloit s'approcher de lui , il se retiroit dans un angle , et sem- bloit le menacer avec sa gueule ouverte et en jetant une sorte de sifflement : si on l’at- taquoit avec un bâton, il saisissoit l’instru- ment entre ses dents , et le secouoit avec une force surprenante. Il se nourrissoit de . Reptiles. Tome III. I LA 130 HISTOIRE viandes ; de reptiles et d’insectes ; il s'em= paroit même, avec une colère apparente et, avec avidité, de la proie qu’on lui présentoit; souvent 1l l’arrachoit des mains par une forte secousse de tête , et l’avaloit toute en- tière. Ce lézard, étant parvenu un jour à rompre la corde qui le retenoit prisonnier; se réfugia dans un poulailler , et y occa- sionna une scène assez plaisante que Poiret raconte ainsi : &« Une poule, ayant aperçu Vanimal réfugié derrière une borne, l’exa- mina d’un peu loin, tourna autour de lui, et alla rejoindre d’autres poules ; elle revint peu après avec plusieurs autres, qui for- mèrent un cercle autour du lézard: N’osant approcher, elles le regardèrent de. loin en alongeant le cou avec un air d’mquiétude; pendant ce tems - là, le lézard ouvroit la gueule et les menaçoit, puis il fit un mou- vement qui jetàt l’épouvante parmi cette troupe ; alors elle se mit à fuir, se dispersa et ne revint plus». Poiret ouvrit ce lézard après qu’on l’eut tué d’un coup de pierre, et trouva dans son estomac toute la nour- riture qu'il avoit prise depuis trois jours, entre autres un petit lézard qui ne parois- soit avoir souffert aucune décomposition ; mais il n’y retrouva point un os de cuisse D'ES'DLEZARDS. 35% de poulet qu'il lui avoit donné quatre où cinq jours auparavant (1). Les naturalistes ont presque tous regardé jusqu'à présent ce grand lézard comme une variété du lacerta agilis de Linnæus. Lacé- pède et Latreille sont les seuls qui aient eru convenable de distinguer le lézard verd d'avec le gris; mais, en le séparant, ils lui ont réuni, comme simples variétés, toutes les espèces de lézards verds qu’on trouve en Europe. Razoumowsky , dans son ouvrage sur Yhistoire naturelle du Jorat, a commis la même erreur ; et les descriptions qu'il a don- nées ne se rapportent pas à ce lézard verd, mais à d’autres espèces que J'ai aussi obser- vées et décrites d’après nature dans le cours de cet ouvrage. Le professeur Lacépède a publié une assez bonne figure de ce lézard dans son ouvrage sur les quadrupèdes ovipares ; Latreille Va fait copier exactement dans son Histoire paturelle des reptiles. C’est dans les premiers jours du prin- (1) Poiret, Voyage en Barbarie, ou lettres éerites de l’ancienne Numidie, pendant les années 1785 et 1796 ,in-8°, partie première, pag. 286. I 2 152 HISTOIRE tems , selon le professeur Lacépéde, que ce lézard brille de tout son éclat, lorsqu'ayant. quitté sa vieille peau , il expose au soleil son corps émaillé des plus vives couleurs. Les rayons qui réjaillissent de dessus ses écailles , les dorent par reflets ondoyans'; elles étincellent du feu de l’émeraude ; et si elles ne sont pas diaphanes coinme les k cristaux , la réflexion d’un beau ciel, qui se peint sur ces lames luisantes et polies, com- pense l'effet de la transparence par un nou- veau jeu de lumière. L'œil ne cesse d’être réjoui par le verd qu'offre le lézard dont nous écrivons l’histoire. Il se remplit, pour ainsi dire, de son éclat, sans jamais en être ébloui : autant la couleur de cet animal attire la vue par la beauté de ses reflets, autant elle l’attache par leur douceur ; on diroit qu'elle se répand sur Fair qui Penvi- ronne , et qu’en se dégradant par des nuances insensibles, elle se fond de manière à ne pas blesser, et à toujours enchanter par une variété agréable ; séduisant également , soit : 7. / qu’elle resplendisse avec mollesse au milieu de grands flots de lumière , eu que, ne ren- voyant qu’une foible clarté, elle présente des teintes aussi belles que délicates. Les ieintes de ce quadrupède ovipare sont su" D'ASARE 7 à RDS. 193 jettes à varier ; elles pâlissent dans certains tems de l’année , et sur - tout après la mort de l'animal ; mais c’est principalement dans les climats chauds qu'il se montre avec lé- clat de l'or et des pierreries ; c’est là qu’une lumière plus vive anime ses couleurs et les multiplie. La beauté du lézard verd fixe les regards de tous ceux qui laperçoivent ; mais 1l semble rendre atlenlion pour atten- tion ; il s'arrête lorsqu'il voit l’homme ; on diroit qu’il l’observe avec complaisance , et qu’au milieu des forêts qu’il habite , il a une sorte de plaisir à faire briller à ses yeux ses couleurs dorées, comme dans nos jardins, le paon étale avec orgueil l'émail de ses belles plumes. Les lézards verds jouent avec les enfans , ainsi que les gris : lorsqu'ils sont pris et qu'on les excite les uns contre les autres, ils s'attaquent et se mordent quel- quefois avec acharnement (1). Ce saurien, suivant Lacépède, ose souvent attaquer les serpens; mais il est rarement vainqueur ; l'agitation qu'il éprouve, et le bruit qu’il fait lorsqu'il en voit approcher, ne viennent que de sa crainte : cependant on a voulu tout ennoblir dans cet être distingué (1) Gesner, Hist, quadr. ovip. pag. 56. LS 154 “HISTOIRE. par la beauté de ses couleurs ; on a regardé ses mouvemens comme une marque d'atten- tion et d'attachement ; et l’on a dit qu'il avertissoit l’homme de la présence des ser- peus qui pouvoient nuire (1). Il recherche les vers et les insectes ; il se jette avec une sorte d’avidité sur la salive qu’on vient de cracher ; et Gesner a vu un lézard verd boire de l'urine des enfans. Il se nourrit aussi d'œufs de petits oiseaux qu'il va cher- cher au haut des arbres où 1l grimpe avec assez de vitesse. L'observateur déjà cité remarque que ce. saurien court avec assez de vitesse pour causer un premier saisissement, sur - tout lorsqu'il s’élance au milieu des broussailles ou des feuilles sèches. Il saute très - haut ; et comme il est plus fort, il est aussi plus hardi que le lézard gris; il se défend bien contre les chiens qui l’attaquent. L'habitude de saisir par l’endroit le plus sensible, et par conséquent par les narines, les diverses espèces de serpens avec lesquels il est sou- (1) On a prétendu la même chose, par rapport aux tupianambis , sur-tout relativement à l’espèce nommée tupinambis sauvegarde, et qu'on trouve dans l Amé- rique méridionale, DES LEZARDS. 255 vent en guerre , fait qu'il se jette au museau des chiens, et il les y mord avec tant d’obs- tination , qu'il se laisse emporter et même tuer plutôt que de desserrer les dents ; mais il paroît qu'il ne faut point le regarder comme Venimeux, au moins dans les pays tempérés, et qu'on lui a attribué faussement des mor- sures mortelles ou dangereuses (1). Ses ha- — — — (1) «Un lézard verd ( le lézard dont parle ici Lau- renti, ct qu'il a distingué par ie nom de seps varius, est le même reptile que le lézard verd ‘piqueté }) saisit un petit oiseau auprès de la gorge , et non seu- lement l’y biessa, mais même faillit à l’étouffer ; Poiseau guérit de lui-même, et le lendemain chanta comme à l'ordinaire. » Le même animal mordit un pigeon avec beau- coup de colère, le sang coula de chacune des petites blessures que firent les dents du lézard ; cependant le pigcon n'en mourut pas , quoiqu'il parût souffrir pen- dant quelques heures. » Le lendemain il mordit le même pigeon à la cuisse, emporta la peau , et fit une blessure assez grande ; la plaie fut guérie et la peau revenue au bout de peu de jours. _ » Jenlevai la peau de la cuisse due chien et d’un chat , je les fis mordre par le même lézard à l’endroit découvert; l’animal fit pénétrer son écume dans la blessure; : chien et le chat s’efforçoient des échap- per , et D LE des signes de douleur; mais ils ne I 4 136 _. ŒTIS TO FRE bitudes sont d’ailleurs assez semblables: à celles du lézard gris, et ses œufs sont plus gros que ceux de ce dernier. Selon Gesner, les africains mangent la cha des lézards verds (1); et ce n’est pas seule- ment dans les climats brûlans qu’on trouve ces sauriens: car, selon Ray et Tinnæus, ils habitent aussi les contrées très -tempé- rées, et même un peu septentrionales, quoi- qu'ils y soient moins nombreux et moins. grands: ils ne sont point étrangers à la Suède, non plus qu'au Kamitschatka, où, malgré présentèrent d’ailleurs aucune marque d’incommodité , et leurs plaies ayant été cousues , furent bientôt guéries. » Un lézard verd ordinaire mordit un pigeon à la cuisse droite, avec tant de force qu’il emporta [a peau; il saisit ensuite avec acharnement les muscles mis à nu et ne les lâcha qu'avec peine. La peau fut cousue, et le pigeon guérit aisément après avoir boîté pendant un jour. » Ce lézard verd mordit un jeune chien au bas- ventre; le sang ne coula pas, et l’on ne remarqua pas d'ouverture à la peau ; mais le chien poussa d’hor- ribles cris , et n’éprouva aucune incommodité ». ( Extrait des expériences faites en Antriche , au mois d'août, par Laurenti : Syn. reptil. Viennæ, 1700; pag. 173 et 174.) (1) Gesner, Hist. quadr. ovip. pag. 37. DES 'LEZARDS. i% leur beauté , un préjugé superstitieux fait qu'ils inspirent l’effroi. Les kamtschadales (1) les regardent comme des envoyés des puis- | sances infernales ; aussi s’empressent - ils, lorsqu'ils en rencontrent, de les couper par morceaux ; et s'ils les laissent échapper , ils redoutent si fort le pouvoir des divinités dont ils les regardent comme les représen- tans, qu’à chaque instant ils croient qu'ils vont mourir , et meurent même quelquefois, disent plusieurs voyageurs, à force de le craindre. (Ces remarques ont été faites par le célèbre navigateur Cook, pendant son séjour au Kamtschatka.) La figure, rapportée par Lacépède à son lézard verd, est bien exactement celle du grand lézard verd ocellé, du midi de l’Eu- rope ; mais tous ces synonymes ne doivent pas y être réunis. Ainsi, 1° la variété du lézard verd, distinguée par une bande d’un gris fauve , tachetée d’un brun foncé, par- semée de points jaunâtres, et bordée d’une petite ligne blanchâtre, est lespèce que Je nomme lézard des souches dans cet ou- yrage. # (1) Troisième voyage du capitaine Cook, trad. de , te = H . ND és l'auglais; Paris, 1782, pag. 478, 158 HISTOIRE 20, Te stellion d'Italie, décrit et figuré sous ce nom par Kircher, dans son ouvrage imtitulé, Rerum naturalium historia, existen- tium in musæo Kirkeriano; Romæ, 1793, Pag. 294, n° 48, est un lézard qui a été pris dans un bois des Alpes, et qui paroît tellement mal figuré qu’on peut douter de son existence , sur-tout à cause d’une rangée longitudinale de douze étoiles régulières, blanches qu'il a sur les vertèbres dorsales. IT faut plutôt regarder, comme un syno- nyme mal figuré d’un lézard verd (1), celui qui est au n° 47. (1) Non iamen omittenda est alia lacerta major, 2° 47, guam lacertam viridem dixit Wormius; græci sylvaticum ophiomacum appellant à superandis ser- pentibus, singulari enim naturæ instinciu serpenées adoritur, et cum üillis præliatur æstivo tempore. Wiridis admodum illa est, et simul elesanter varie- gata intermistis maculis cæœruleis. À rostri extremitate ad caudam palmum excedit ; oris rictum habet den- #ibus utrinque minimis et acutis præditum. Dua narium foramina in extrema ef acuminata maxillæ superioris parte sit@ , oculi præ corporis magnitudine mediocres, pedes anteriores unciarum duarum longi- tudine , squamis viridibus, et ad flavum tendentibus præditi, digitis quinque acutis, et incurvis ungulis dotati. Hinc dorsum sequitur puicherrimè variegatum, venter ver Squamis tegitur flavescentibus , cujus ——————— DEÉASNREZ RDS 1 “50, Le lézard oulla ouna des caraïbes, ou gobe-mouche des colons, est un saurien décrit par Linnæus sous les noms de /acerta bullaris et principalis. Je le nommerai l'anolis roguet. 4°. Le tüiliguerta, découvert dans lile de Sardaigne par François Cetti, est encore une espèce particulière de lézard propre- ment dit, qui n’est pas assez exaclement connue , et qui paroît assez voisine du lézard des souches, laceria stirpium. Latreille, dans son tableau méthodique des reptiles de la France, qui est placé au commencement de son Histoire naturelle des salamandres, donne pour caractères gé- nériques aux lézards proprement dits les suivans, qui ne me paroissenut pas tout à fait assez clairs, sur-tout le prenuer. & Pattes dont la longueur est proportion- nelle à celle du corps. Cinq doigts. Ecailles du dessous du ventre plus grandes. Queue longue ». Par ces mots, longueur proportionnelle , ambitus est unciarum quinque. Crura posteriora prio- ribus crassiora , majora , et longiora uneias superant tres, digitis etiam quinque prædita sunt. Illam itali vocant ragano animal pulcherrimum visu ef innoxium. Mus, Kircher , pag. 279. 140 HISTOIRE aireille a sans doute voulu dire que les pattes des lézards proprement dits sont assez longues, si on les compare à celles des scin- ques, des chalcides et d’autres sauriens. 11 donne au lézard verd des caractères qui appartiennent également à six ou huit autres espèces de lézards. « Un collier d’écaiiles plus grandes sous le cou. Dessus du corps d’un verd bleuâtre ». Je joins ici le tableau des variétés qu'il a rapportées à cette espèce, et que J'ai eu soin d'en séparer. «A. Huit rangs longitudinaux d’'écailles sous le ventre, outre les deux marginaux plus courts; ceux du milieu presque de la même largeur des autres. | » Var. a D'un verd bleuâtre en dessus, picoté et finement marbré de noir. faunâtre en dessous. Treize tubercules calleux sous chaque cuisse postérieure ». Observation. Cette belle variété mérite, sans con- tredit, de former une espèce distincte, ainsi que je Vai fait ici, en la décrivant sous le nom de grand lézard verd ocellé. Y1 ne faut pas la confondre avec le lézard verd piqueté , ordinaire , ni sur-tout avec le lézard améiva de l'Amérique. « Var. à. Bleuâtre, picoté de noir en dessus. La tête et le dos d’un verd bleuâtre D ES, LEZARDS. 1 pâle. Dessous du corps pointillé de noir. Queue rayée. Onze à treize tubercules cal- leux sous chaque cuisse postérieure ». Observation. J'ai trouvé deux fois aux environs de Paris ce lézard, qui est une variété assez remar- quable, non pas du grand lézard verd ocellé, mais du lézard des souches. Il ne doit pas être rangé dans la section À , mais dans celle B , parce qu’il n’a sous le corps que huit rangs longitudinaux d’écailles, y compris les marginaux. «Var. c. D’un gris verdâtre en dessus, avec des rangs de taches brunes, et deux lignes plus remarquables de points blancs, ocellés. Dessous du corps pointillé de noir. Onze à treize tubercules calleux sous chaque cuisse postérieure. Tête tachetée de brun ». Observation. Cette troisième variété est le lézard des souches que je décrirai bientôt, et qui habite assez communément dans les bois aux environs de Paris. « B. Six rangs longitudinaux d’écailles sous le ventre, outre les deux marginaux plus courts; les deux du milieu ordinaire- ment plus étroits. » Var. d. D'un verd bleuâtre en dessus, picolé de noir. Des points blancs bordés de brun sur la tête. Dix-sept tubercules cal- leux ou environ sous chaque cuisse posté-. rieure ». 149 HISTOIRE Observation. Cette quatrième variété de Latreïlle » et qu’il indique comme lézard verd ordinaire des" parties méridionales de la France, existe aussi! aux environs de Paris parmi les herbes , dans les bois. J'ai trouvé un petit nombre d'individus daus diverses collections d'histoire naturelle, à Paris, et je n’ai jamais remarqué sous chaque cuisse plus de quinze ou seize tubercules calleux. Ce lézard est le seps varius de Laurenti , et mou lézard verd piqueté. « Var. e. Verd en dessus, pointillé de noir, avec une bande dorsale brune, mar- quée de petites lignes. Dessous du corps pi- coté de noir. Treize tubercules calleux, ou environ, sous chaque cuisse postérieure ». Observation. Ce saurien est une variété du lézard des souches; on le rencontre quelquefois aux envi- rons de Paris. : « Var. f. D’un verd bleuâtre en dessus, avec des lignes blanches longitudinales , et des taches noirâtres dans l'intervalle des lignes dorsales. Seize tubercules calleux, ou euviron, sous chaque cuisse postérieure ». Observation. Ce lézard , qu’on trouve aux environs de Paris, dans les bois , m’a d’abord paru devoir étre une variété du lézard des souches ; mais je le regarde maintenant comme une espèce constante que je décrirai bientôt sous le nom de /ézard verd DES'LEZARDS. 3243 à deux raies. Alex. Brongniart en possède un isdividu très-bien conservé , dans sa collection d'histoire naturelle. «Var. g. D'un gris cendré en dessus. Dos plus foncé, avec des taches blanches environnées de noir. Trois lignes de taches semblables de chaque côté du corps. Des- sous du ventre d’un jaune souvent orangé. Douze à treize tubercules calleux sous chaque cuisse postérieure ». Observation. Cette variété de Latreille est pour mot une espèce de lézard très-différent des pré- | cédens, parce qu’il n’a pas la moindre couleur : verte sur ses écailles : il est assez voisin du lézard des souches par la disposition de ses taches, mais il n’a pas les mêmes habitudes. Comme ilse creuse des trous dans le sable, je l'ai nommé lézard arénicole. ns LE LEZARD VERD, PIQUETÉ, D'EUROPE () Voyez la planche XXXIV dece volume. Cr lézard est voisin de l'espèce précédente, mais il est une fois au moins .plüs petit et plus mince; il ne paroît même en différer que par la disposition de ses couleurs. Ce lézard a au plus huit à neuf pouces de longueur, en y comprenant la queue , qui a environ quatre pouces. Sa couleur est entièrement d’un beau verd brillant; le dessus du cou, du corps, ! de la base de la queue, des meinbres et | même des flancs, est couvert d’un nombre égal de ‘petites écailles vertes et d’un noir brunâtre, toutes mélangées sans aucun ordre (1) ZLacerta viridis ; viridi nitente, suprä numero- sissimè nigro aué re punis ; subtis lætè virens immaculata. Seps varius. Laurenti, Synops. reptilium, p. 62, n° 110, planche 111, fig. 2. — Var. d du lézard verd.… #4 Eatrcille , Tableau des reptiles de la France, Hist. des salamandres, pag. 15. D entre DU; l PANIPA D WU LP 9) Œel :Dandrs de LE ZARD verd piquete DES LEZARDS. 145 entre elles, et disposées sur des lignes trans- versales. Tout le dessus de la tête et les joues sont couverts de plaques brunâtres, marquées chacune d’un à trois points d’un verd clair. Une grande partie de la queue est d’un gris légérement brunâtre, de même qu'au grand lézard verd ocellé. Sous le corps il n’y a que six rangées lon- gitudinales de plaques lisses. Le collier est formé de neuf plaques ,et en dessous on voit de très-petites écailles lisses, carrées ou arrondies, et assez nombreuses. L’anus est bordé en devant d’une grande plaque et de deux petites, et en arrière de petites écailles. Sous chaque cuisse 1l y a quinze ou seize grains poreux disposés sur une série longi- tudinale. Je dis quinze ou seize, parce qu'il y en a quinze sous une cuisse el seize sous l'autre; j’ai même remarqué que ce nombre de grains n’est pas égal sous chaque cuisse, dans la plupart des lézards que j'ai observés jusqu’à présent. Sa queue a un nombre d’anneaux égal.à ceux du lézard ocellé. Reptiles, Tome II. K 146 HISTOIRE Dimensions du lézard verd piqueté d'Europe. pouc. lig Longueur totale. ... :.. . ...-.11,106008t 8 Longuenn.de la têtes 14 CNE NAN 11 Sa largeur derrière les yeux. . . . . : 8 Fonpueurs du cou. - 5/7. 402100 + Ve AU Longueur du corps jusqu’à l'anus. . . . . 2 4 Ba largeur. . . . . NE tn ce . 9 Longueur des pieds antérieurs depuis l’é- paule jusqu’au bout des doigts. . . . . 1 2 Longueur des pieds postérieurs. + + + . 1 10 Longueur dela queue. 4 «+ +... 40006 Sa largeur à sa base. . . . . . . . à SO On trouve ce lézard verd dans toutes les parties tempérées de l’Europe; 1l fréquente les bois peu élevés où le soleil pénètre faci- lement, et dont l'exposition est tournée au midi. : Il court avec agilité dans les herbes; tan- tôt il se cache sous des feuilles sèches, et tantôt 1l poursuit à l’ardeur du soleil, parmi la verdure et les fleurs, les petits insectes qu'il aperçoit voltiger ou marcher auprès de lui. Si, dans ses courses vagabondes, il rencontre le nid de quelques petits oiseaux, il mange avec avidité les œufs ou les peiits qu’il y trouve. | J'ai observé, dans l’ouvrage de Laurenti, la description et la figure d’un lézard verd DES LEZARDS. 3:45 qu'il nomme seps varius, et qui m'a paru d’abord devoir être une variété du lézard des souches; mais, en comparant ensuite ce lézard varié de Laurenti avec le lézard verd piqueté d'Europe, je me suis déterminé à ly rapporter comme un synonyme. Voici l'extrait de la description donnée par Lau- renti, / | Le lézard varié a le sommet de la tête d'un verd obscur; les côtés de la tête et la région, située derrière les oreilles, sontvariés d’un brun rougeâtre et d’un gris rougeâtre pâle, qui ont un éclat argentin. Le collier est de la couleur des perles, brunâtre lorsqu'il est vu en face, et rougeâtre lorsqu'on lexa- mine obliquement; son éclat est aussi argen- tin. L’abdomen est jaune et sans points; la partie inférieure des flancs, contre les plaques abdominales, est d’un verd jaunâtre varié de points simples, et en dessus de brun et de verd obscur. Le dessus du corps est d’un verd obscur, qui s’éclaircit et devient assez gai sur la nuque et entre les épaules; cette couleur verte est marquée de taches d’un brun noir, qui sont plus rares dessus le cou. Il y a une rangée de très - petites taches blanchâtres , éparses et comme effacées, disposées çà et là sur les côtés du corps, K. 2 ds PNR FO FES de manière à entourer le dos. On voit une» seconde rangée de points beaucoup moins | PATES sur chaque flanc depuis oreille jusqu'à la cuisse; tandis que la première ran- gée se prolonge jusqu'à la queue. Il y a derrière chaque cuisse une tache plus appa- rente que les autres. La partie postérieure du dos, ainsi que le dessus de la queue et des pieds de derrière, sont de couleur brune. La queue est blanchâtre en dessous. On rencontre ce reptile dans des fentes de rochers, en Allemagne ; rarement il s’ap- proche des maisons situées aux environs de Vienne. Lorsqu'il se prépare à ren de peau, il a une démarche très - lente ; il combat contre les autres lézards, et lés mord très- violemment à l’aide de ses imâchoires den- telées, robustes; mais sa morsure n’est pas dangereuse. ( Latreille, dans son tableau des reptiles de la France, a fait du lézard verd piqueté une variété d de son lézard verd ; il pré- tend que cette variélé est le lézard verd ordinaire des parlies méridionales de si France. DES DTÉZARDS fig DE. LÉ.ZA RD V:E R D DE LA JAMAIQUE (i). Les naturalistes modernes ont HADROrES jusqu'à présent au lézard améiva, qui r’a pas de collier transversal sous le cou, un. gros lézard verd moucheté de la Jamaïque, dont on peut voir une bonne figure enlu- iminée dans l'ouvrage sur l'Histoire naturelle des oiseaux , Une par George Edwards. pl. con, et un autre individu figuré à tort sous le nom de /ézard de Gibraltar, par Pétiver, dans son Gazophyllacium , pl. xcur, fig. 1. Ces deux lézards figurés par Edwards et Petiver sont tellement semblables, que je crois nécessaire de les regarder comme ap- partenant à une même espèce, et. comme (7) Zacerta jamaïcensis.; colore viridi, dorso Jus- cescente. pallidè reticulato, punotis flavis; maculis. cæruleis ovatis in serie longitudinali et duplici, eë ir: ütroque latere dispositis ; caudé longä. Lacerius viridis, maculatus, major. Edwards Fist. nat. av. tom. IV, pl. cor. — Lacertus maÿjor- gibraltariensis. Petiver Gazophyll, pl xorr, fig. 1. K % 150 HISTOIRE devant être séparés de l’améiva ordinaire ; et reportés dans la section des lézards verds, parce qu’ils sont embellis par cette couleur, et qu'ils ont en outre un collier écaiïlleux sous le cou. Le lézard verd d’Edwards ressemble beau- coup à l’améiva par la forme de sa tête et de son corps. Sa longueur totale est d’un pied envi- ron, et sa queue occupe un peu plus de moitié de cette longueur. ” La tête, les jambes, les flancs, ainsi que le dessous du corps, sont d’un beau verd. Tout le dessus du corps de l’animal jusques sur la base de la queue est brunâtre , avec un réseau un peu large, irrégulier, jaunâtre et marqué d’un point jaune au milieu de chaque maille de ce réseau. Il y a sur chaque flanc deux rangées lon- gitudinales de taches ovales d’un beau bleu clair, entourées par une teinte noirâtre. La queue est d’un brun foncé verdälre. La tête est couverte de grandes plaques, comme celle des autres lézards proprement dits. La langue est noire et très -fourchue. L'oœil est noir. Les pieds ont chacun cinq doigts séparés et onguiculés. Lie dessous du ventre est revêtu de plaques lisses, et sous "te pe DES LEZARDS' 251 chaque cuisse on voit une rangée de grains poreux. George Edwards a vu à Londres ce lé- zard vivant, qui y avoit été apporté de la Jamaïque. Petiver a représenté un second individu qu'il a vu vivant à Londres, et qu’il a cru exister à Gibraltar, parce que le vaisseau sur lequel on l’avoit embarqué, s’étoit rendu à Gibraltar avant d'arriver en Angleterre. Ce lézard, selon Petiver, est magnifique- ment brodé d’un réseau brun , embelli de taches jaunes, avec d’autres taches arron- dies et bleues sur les flancs. KR 4 153 HISTOIRE LE LÉZARD VER D, A DEUX RATES (1) Voyez la planche XX XV, figure 1 , de ce volume: Lz saurien, que je nomme lézard verd à deux raies ,n’a pas encore été décrit par les naturalistes: je Fai trouvé dans la collec- tion d'histoire naturelle d'Alexandre Bron- guiart, qui le regardoit comme une variété du lacerta agilis de Linnæus. - Cet animal est très-différent de tous les autres lézards déjà connus par la disposi- tion très-remarquable de ses couleurs; mais il ressemble d’ailleurs infiniment au lézard des souches par la figure de ses écailles ; sa forme est plus svelte , et sa tête plus amin- cie par rapport à l'épaisseur de son corps. Sa couleur est entièrement d'un beau (1) Lacerta bilineata ; viridis , lineis duabus dorsa- libus albis longitudinalibus suprà fusco marginatis ; maculis fuscis et serie lonsitudinali punctorum albo- rum in utroque latere corporis ; caud& longé. Variété F du lézard verd. Latreille, Tableau mé- thodique des reptiles , et Histoire naturelle des sala- mandres de la France, in-8°, pag. 16. J'ates Ciat A ce 7 207€ re 1 LEZ AR 2 del 7 Adel D) 440 LJ J'oûc/ » 1 LLARD & E 2 DES LREZARDS 425 verd brillant, plus clair sous le ventre, et même un peu bleuâtre sur la gorge. Sur chaque côté du dos et de la base de la queue on aperçoit une ligne longitu- dinale blanche régulière, bordée en dessus de taches brunes presque contiguës entre elles. Sur les côtés du cou et les flancs on trouve plusieurs petites taches brunes 1rré- gulières transversales, et une rangée longi- tudinale de points blancs écartés. __ Sous le ventre il y a six rangées longi- tudinales , formées chacune de vingt-huit plaques lisses. : -. Les grains poreux sont au nombre de treize ou quatorze sous chaque cuisse. La queue est deux fois aussi longue que le reste du corps, quadrangulaire à sa base, ensuite cylindrique et composée d'environ quatre-vingt-seize anneaux formés d’écailles carénées , carrées et oblongües. Dimensions du lézard verd & deux raies. pouce lig Mbonoueur totales. 44 unie 05 4 Pépoueur dela tête. 4 Sets. 8 Sa largeur derrière les yeux. . * . . . . à PPasneur du cou. 1.1. . . di ë ner 2 UN Li AUS : 4 Ponsaeur du corps: 1... LIU AS EUX Sa largeur. e C3 e So &- a e #. e e e e e a G 154 HISTOIRE pouc. lign Longueur des pieds de devant jusqu’au bout dés doietsos. (J J'I0 MENS IN ONPIERNERNEES Longueur des pieds de rise, 204 TOM NN Fongueur de la queue. :! + 41.1 te Sa Jarpearà 52 base) M} Se CE 5. Alexandre Brongniart a trouvé ce joli lézard aux environs de Paris; mais je crois qu’on l’y rencontre rarement, car je n'ai. jamais pu me le procurer , quelques perqui- sitions que j'aie faites, et je n’en ai jamais observé qu’un individu. | : Latreille paroît avoir connu ce lézard; mais il n'en a donné qu’une description trop incompletite, dans le tableau des rep- tiles qu'il a placé dans l'introduction à PHis- toire naturelle des salamandres de la France; et sa description n’est pas d'accord en entier avec la mienne. Il a regardé d’ailleurs à tort ce lézard comme une variété du lézard verd. Voici comme il le dépeint. Variété { du lézard verd. «Six rangs lon- gitudinaux d’écailles sous le ventre, outre les deux marginaux plus courts ; les deux du milieu ordinairement plus étroits, d’un verd bleuâtre en dessus, avec des lignes blanches longitudinales, et des taches noï- râtres dans l'intervalle des lignes dorsales. Seize tubercules calleux, ou environ, sous chaque cuisse. — Environs de Paris ». DES LEZARDS. 155 ere LE LÉZARD DES SOUCHES (1). Foyez la planche XX XV, fig. 2, de ce volume. Less naturalistes ont regardé jusqu’à pré- sent ce Joli lézard comme une variété du lézard gris, lacerta agilis : ils ont même rapporté à ce lézard gris les différentes espèces de lézards , proprement dits, qui existent en France et dans les parties mé- ridionales de l'Europe. Il résulte de toutes les recherches que j'ai déjà faites, qu'il faut regarder, comme autant d'espèces, la plu- part des variétés rapportées au lézard gris par les naturalistes, entr’autres par Latreille, dans le tableau des reptiles, qui précède son Elistoire des salamandres de France. = — (x) Zacerta stirpium ; lœtè viridis nigro maculata , dorso caudéque griseis, tæni4 dorsali fuscé ; duplici serie ocellorum nigrorum in . latere ; abdomine punctato. Seba , Thes. tom. I, pl. xcvir, fig. 1; tom. II, pl. 1v, fig. 5. — Roesel, flist. ranar. nostratium, frontisp. — Zacerta ie mas. Sturm , Deutschlands- Fauna, amphib. 2 heft. fig. bona. — Latreille, Hist, nat. des salamandres ; Tableau des reptiles de France, P. 15. Variélésc, e, f du lézard verd. | 156 HISTOFRE" - Le lézard des souches diffère du gris par ses caractères physiques et par ses mœurs; jamais on ne les trouve dans les mêmes heux ; car l’un habite dans les bois sous les souches, tandis que lauire vit cons- tamment dans les trous des murs de nos jardins. | Le dessus de la tête, le dos et la queue sont bruns, avec les flancs et le dessous du corps d’un joli verd clair ; les côtés du dos et de la queue sont un peu cerdrés et. marqués de quelques points blanchäâtres ; sur chaque flanc il y a deux rangées lon- gitudinales de taches noirâtres, marquées d’un point blanc et comme ocellées ; tou- tes les écailles situées. dessous le corps et la queue ont une petite tache ou un, point de couleur noire ; la plante des pieds est blanchätre. | Le dessus de la tête est couvert de onze plaques écailleuses, à quatre ou cinq angles ; sur les joues et autour des mâchoires il y a d’autres plaques un peu plus petites, par semées de blanchâtre et de petits traits noi- râtres; Ja tête est un peu courte et assez abtuse. Les écailles qui recouvrent le dessus du cous da corps et des membres sont très-petiles DES LEZARDS. 3157 hexagones ou arrondies, et disposées comme sur un réseau ; dessous la machoire infé- meure , vers son extrémité, il y a huit plaques ; sous la gorge il y a six bandes formées de petites écailles carrées, qui se converlissent ensuite, vers le cou, en d’autres petites écailles rhomboïdes, un peu imbri- quées, et disposées par bandes obliques ; on voit ensuite sous le cou une rangée transversale de petites plaques ou moyennes écailles carrées, formant un collier et glis- sant sur celles de la poitrine ; sous le corps, immédiatement après le collier, il y a vingt- huit rangées tranversales, un peu imbri- quées, formées-chacune de huit écailles moyennes et carrées, un peu plus larges que longues; sur le côté antérieur des membres 1l y a d’autres moyennes écailles imbriquées , également lisses et luisantes, comme celles du ventre. | Sous chaque cuisse on voit une rangée de quatorze pelits grains rudes , rapprochés et roussâtres. | L’'anus est transversal est très-fendu. La queue est cylindrique, verticillée ou annelée, un peu plus longue que le reste de l'animal, composée de soixante-seize anneaux environ , et prolongée en pointe: 158 HISTOIRE ces anneaux sont formés de petites écailles carrées oblongues, un peu pointues en ar< rière, ét à peine carénées, sur-tout en dessous. Tous les pieds ont cinq doists séparés; minces, cylindriques, recouverts de pelites écailles disposées en travers, et terminés par de petits ongles pointus; les pieds de devant ont leurs doigts à peu près d’égale longueur et courts, sur-tout le pouce; aux pieds postérieurs , le petit doigt est inséré un peu au dessous des autres, et les deux doigts suivans sont alongés; le pouce est aussi très-court. pouc. lig: Lionsueur totale. 4. (4. ii SNS NEREAUE Lonsucuride: la tétel,. ur Le ee 7 Longueur du eou et du corps. . . . « . . 2 HaTreUr) AH CORPS. de et 20 a ee OR 7. Monsueurdelaqueuts « 2 ee à 0e J'ai cru convenable d'appeler ce saurien lézard des souches, parce qu’il habite, qu'il niche, et qu’il hyverne sous les souches ; dans les bois de la France et d'Allemagne; il est assez commun dans les touffes de taillis , des bois de Boulogne et de Vin- cennes, près Paris; il est très-agile, peu craintif, et se glisse parmi les feuilles sèches * DES LEZARDS. 169 lorsqu'on veut le prendre ; pendant les jours les plus chauds du printems et de l'été, il quitte sa retraite, et va se promener à l'ardeur du soleil ; il y guette les mou- cherons , les fourmis et d’autres petits in- sectes ; il paroît vivre par paires, sur-tout au printems. | | Seba a d’abord décrit ce petit lézard d’Eu- rope, sous les noms de taletec et de tarma- colin de la nouvelle Espagne , dans le tome premier de son ouvrage ; puis il la repré- senté de nouveau dans le tome second , et il y dit qu’on a trouvé ce lézard en Hollande. Roesel l’a bien figuré dans le frontispice de son Histoire naturelle des grenouilles d'Europe. Latreille l’a regardé comme une variété du lézard verd de Lacépéde ; c’est sa variété c ; et il ne lui à trouvé que douze à treize tubercules calleux, ou grains, sous chaque cuisse; mais ceci ne doit pas nous surpren- dre, car ce nombre de grains est sujet à un peu varier. PREMIÈRE VARIÉTÉ. Le lézard des souches, ayant le ventre dépourvu de points noirs. DE, LA) T O,5:C,AUN E. D'après une lettre que j'ai reçue, il y a ? # 1 160 HISTOIRE é quelques mois de Livourne, il-paroît certain que le lézard des souches existe aussi dans: les bois de la Toscane, et qu’il ne diffère de. celui des environs de Paris que par sa taille“ un peu plus grande, puisqu'il parvient jus-" qu’à sept pouces six lignes de longueur totale, “ et par la couleur de son ventre et de ses” flancs, qui est d’un verd plus vif, dépourvu de points noirs. (Extrait d’une lettre écrite par Ruiz de Xelva, le 11 Juillet 1801, de Livourne.) p “ | + NT à Lens DEUXIÈME VARIÉTÉ. Le lezard des. souches, ayant les taches ocellées de ses ancs , effacees, flancs , effc DES EN VIRONS DE PARIS: Ce lézard est verd en dessus, pointillé de noir, avec une bande dorsale brune, mar- quée de petites lignes blanches ; le dessous du corps est picoté de noir, avec huit rangées longitudinales de plaques carrées, comme au lézard des souches ordinaire; sous chaque cuisse postérieure il y a treize tubercules calleux ou environ. ( Latreille, tableau des reptiles de France, au commencement de son Histoire naturelle des salamandres; in-8°, pag. 15, var. e du lézard verd.) TROISIÈME DES LE 2:A RD S. ‘6: NPTROISIÈME VARIÉTÉ. Le lézard des souches, ayant seize tubercules culleux sous chague cuisse. DES ÉNVISONS DE PARTS. Cette troisième variété est d’un verd bleuâtre en dessus , avec des lignes blanches longitudinales, et des taches noirâtres , dans l'intervalle des lignes dorsales ; sous chaque ‘cuisse il y a seize tubercules calleux ou environ. ( Latreille , ouvrage cité ci-dessus, pis 16, var. jf.) : : Les deux dernières variétés, que je viens de citer, ont été regardées par Latreille comme devant être placées dans une autre série que le lézard des souches ordinaire dont il a fait sa variété c. Il donne pour carac- tères, 1° à cette variélé c , huit rangées lon- gitudirales de plaques sous le ventre, outre les deux marginales plus courtes ; celles du milieu presque de la largeur des autres : et 20 à ses variétés e, f, six rangées longitu- dinales de plaques sous le ventre, outre les deux marginales plus courtes ; les deux du milieu ordinairement plus étroites. Je dois remarquer ici que j'ai observé, depuis ce savant entomologiste, ces trois variétés, et que j'ai reconnu à tontes la même quantilé _ Reptiles. Tous LIL L 162 HISTOIRE de rangées longitudinales sous le ventré: « # elles sont au nombre de huit, en y com- - ? prenant les marginales ; je préviens aussi, que, dans ce travail sur les lézards , j'ai toujours compris, dans le nombre des ran- gées longitudinales, placées sous le ventre, celles que Latreille en a distinguées , sous la dénomination de rangées margmales. QUATRIÈME VARIÉTÉ. Le lézard des souches, ayant le dessous de la queue couleur de chair. DE LA SUISSE. Cette dernière variété a les côtés du corps et la face externe des jambes de devant, d’un verd d'herbe, taché de noir, avec deux bandes longitudinales, qui se prolon- gent depuis les yeux jusques sur les côtés de la queue, où elles dégénèrent en taches isolées ; sur le milieu du dos et le long de la queue règne une bande brune inter- rompue, formée d’une série de larges taches coupées par trois lignes bianches, situées l'une au milieu, et deux sur les côtés de ces taches; les parties intermédiaires , entre la bande brune du dos et les deux latérales , sont d’un gris cendré ; le ventre est d’un blanc verdâtre , orné de lignes noires , bor- dées de blanc; le Gessous de la queue est de DES LEZARDS. 265 couleur de chair, avec une bordure blanche à l'extrémité de chaque anneau; et de plus on voit çà et là des taclies noires. ( Razou- mowski, Hist. nat. du Jorat et de ses envi- rons, in-8°, tom. I, pag. 106.) CINQUIÈME VARIÉTÉ. Le lézard des souches, ayant le dos entièrement d'un roux brunätre et sans taches. DE L'ALLEMAGNE ET DES ENVIRONS DE PARIS (1). Avant de terminer cette article, je dois re- lever une erreur qui s’est glissée , sans doute (1) Ce lézard, que j'ai trouvé une seule fois au bois de Boulogne, est évidemment le même animal que le seps rouge de Laurenti (Syn. reptilium, p. 62 et 169, n° 108 , planche 11e, fig. 3. ). C’est la sixième variété du lacerta agilis de Linnæus. Le collier et le ventre sont verdâtres, parsemés de points noirs; les flancs sont verdâtres, rembrunis vers le dos ; les côtés de la tête et du corps ont deux rangées longi- tudinales parallèles de taches noirâtres, ocellées cha- cune par un point d’un blanc légèrement verdâtre ; le sommet de la tête est un peu ponctué ; la nuque, le dessus du corps et de la queue sont d’un brun roux et sans aucunes taches ; le dessous de la queue est d’un roux pâle ; et si on le regarde dans un sens oblique, il a un reflet argenté ponctué de noir; le collier et le ventre, vus en sens eblique, ont aussi une teinte rougeâtre. L 2 L.: CR Ve 3564 HISTOIRE e par mégarde , dans la partie de la Faune d'Allemagne, publiée par J. Sturm, qui est relative aux amphibies. On a figuré le lé- gard gris des murailles sous le nom de la- certa agilis fœæmina,et le lézard des souches . comme le lacerta agilis mas. Il est bien cer- tain que ces deux lézards n’appartiennent pas à une même espèce ; car ils diffèrent entre eux par la forme, par les couleurs, par les habitudes, et parce qu’ils ne fré- quentent pas les mêmes endroits : l’un vit dans les vieilles murailles, et l’autre dans les bois. DESSLEZARDS 3:65 LE LÉZARD VERDELET DE PANAMA (1) Coerre nouvelle espèce de lézard est très- remarquable à cause de sa couleur d'un verd clair en dessus, tirant sur le jaune dessous le corps, et de sa queue verticillée trois fois plus longue que le corps. Sa longueur totale est de cinq pouces, en ÿ comprenant la queue. _ Le lézard vérdelet ressemble beaucoup par sa forme au lézard des souches, qu’on trouve assez fréquemment au printems dans le bois de Boulogne, près Paris; mais les plaques , qui recouvrent le dessus de sa tête, sont à proportion plus grandes et moins nombreuses; car on n’en compte que sept, selon le témoignage du naturaliste espagnol Ruiz de Xelva, qui la trouvé dans la partie (1) Lacerta viridula; suprà lœtè viridis, subtus Jlava, caud& corpore triplo longiore et apice nigré ; macul& aurantiä occipitaii et collari, mari. _ Le lézard verdelet; Zacerta viridula. Latreille, Hhst. nat. des rept. in-18, tom. I, p. 241. L 3 166 HISTOIRE du Mexique, la plus voisine de l'istf me de Panama. à Dans la description de ce lézard, que j'ai déjà insérée dans l'Histoire naturelle des rep- tiles publiée par Latreille, j'ai omis un ca- raclère assez important, et qui pourra servir à reconnoître ce joli saurien; 1l consiste en ce que l'extrémité de sa queue est d’un beau noir, et cette couleur occupe à peu près un pouce d’étendue. Le lézard verdelet habite dans des fentes de rochers, et parmi des tas de pierres près des bois : on peut distinguer le mâle à sa couleur plus vive dessous le corps, et sur- tout à une tache orangée, entourée de noiï- râtre sur l’occiput et le cou. D ES: LE ZA RDS. 67 LE LÉZARD TILIGUERTA (1). Ce saurien n’a été décrit d’après nature que par Cetti, dans son ouvrage sur l’'His- toire naturelle de la Sardaigne, et n’est pas (1) ZLacerta tiliguerta; caudé verticillatä corpore daplà longivre, scutis abdominis 80. (Mas viridis, maculis nigris ; fæmina fusra ?) Laverta tiliguerta. Gmelin, Syst. nat. pag. 1070, n° 62. — Le lézard tilisuerta Daudin , Hist. nat. des reptiles, par Latreille, tom. 1, pag. 239 et suiv. — T'iliguerta et caliscertula. Cetti, Anfib. di Sard. Sas- sai, 1777, pag. 19. Voici l’extrait que Lacépède a donné de la descrip- tion publiée, relativement à ce lézard, par Celui. Les habitans de la Sardaigne donnent, à un mêine lézard, le nom de éi/iguerta et celui de calis- certula. F1 paroît être une espèce du lézard verd ; car il est, comme ce dernier lézard, d’un verd écla- tant , mais relevé par des taches noires, et par des raies de la même couleur, qui s'étendent le long du dos. La face intérieure des cuisses présente une rangée de tubercules , ainsi que dans le lézard verd; il a cinq doigts et cinq ongles à chaque pied. Une diffé- rence remarquable le distinguë cependant d’avec le lézard verd décrit par les auteurs; ils attribuent , à L 4 168 HIS TO FRE: suffisamment connu; car ce naturaliste a omis certains caractères essentiels, qui au- roient sans doute servi à le bien distinguer ce dernier lézard , une queue de la longueur du corps, mais le tiligierla a la queue bien plus étendue ; elle est deux fois aussi longue que le corps de l'animal; et c’est ce que j'ai trouvé dans tous les lézards de cette espèce que j'ai mesurés. À la vérité , les lézards verds ont , pour ainsi dire, une grande vertu productrice dans leur queue; s’ils la perdent , elle se renouvelle, et si elle est partagée par quelqu’accident , chaque por- tion devient bientôt une queue entière. Il se pourroit donc que l’excès de la queue du tiliguerta sur celle du lézard verd ordinaire ne fût pas une marque d’une diversilé d'espèce, et dût être seulement attribué à l’influence du climat de la Sardaigne. Mais, d’un autre côté, comment regarder la longueur de la queue du tiliguerta comme un attribut accidentel, puisque les naturalistes font entrer, dans les caractères spéci- fiques des différens lézards, la diverse longueur de la queue relativement a celle du corps. Ceux qui ont décrit , par exemple , le lézard verd d'Europe, l’ont caractérisé, ainsi que nous l’avons vu, en disant que sa queue est aussi longue que le corps; et ceux qui décrivent un lézard d'Amérique, nommé améiva par : Linnæus , le caractérisent par la longueur de sa queue, trois fois plus considérable que celle du corps du lézard. Le tiliguerta n’est donc pas un lézard verd, quoi- qu'il lui ressemble beaucoup, et ceux qui voudront le décrire devront le désigner par la phrase sui- D ÉS'LEZARDS, 664 des autres lézards verds, et sur-tout du lé- zard ocellé, avec lequel il paroît avoir des vante : lézard à queue menue, deux fois plus longue que le corps. L’améiva a été désigné par les mêmes expressions dans les Aménités académiques. L’on pourroit donc soupçonner que le tiliguerta de Sardaigne est de la même espèce que l’améiva du nouveau monde : il ne seroit pas surprenant en effet de rencontrer en Europeun animal qu’ona cru par- ticulier au continent de l'Amérique. Mais , outre que l’on peut sonpçonner, d’après la description de Gronovius, l’exactitude de celle que l’on trouve dans les Aménités académiques, on ne doit pas croire le tiliguerta de la même espèce que laméiva , si l’on considère le nombre des bandes écailleuses qui garnissent le ventre de ce dernier lézard, ainsi que celui du tiliguerta. Le nombre n’est pas en effet le même dans ces deux animaux, Le tiliguerta ressemble donc beaucoup à l’améiva, ainsi qu’au lézard verd , quoiqu'il ne soit ni l’un ni l’autre: c’est une espèce particulière dont il convient d’aug- menter la liste des lézards, et qu’il faut placer parmi ceux que Linnæus a désignés par le caractère d’avoir. la queue verticillée (cauda verticillata). Le tiliguerta est aussi innocent que le lézard verd; il habite parmi les gazons , ainsi que sur les murailles que on trouve dans la campagne. Il est très-commun en Sardaigne, et il y est même en beaucoup plus grand nombre que le lézard verd en Îtalie, | M " 370 . HISTOIRE rapports si marqués, que le professeur La- cépède l’a soupçonné être une simple variété du lézard verd, plutôt qu'une espèce dis- lincte. Quoique voisin des autres lézards verds, il est cependant facile de le distinguer, selon Cetti, par sa queue verticillée, du double plus longue que le corps, et par quaire- vingts écailles ou petites plaques abdomi- nales. Ces plaques sont sans doute disposées sur des séries ou rangées longitudinales ; il seroit important de connoitre le nombre de ces rangées, de savoir aussi s’il y à sous le cou un petit collier formé d’écailles, et d’indi- quer le nombre de ces écailles et leur forme. La longueur totale du lézard tiliguerta est de sept pouces et demi. Le mâle est verd, parsemé de taches et de raies noires sur le dos; la femelle est brune, suivant Cetti. Ceite observation n’est peul-être pas très-exacte, et Cetti aura con- fondu comme mâle et femelle deux espèces de lézards : il ne seroit pas au reste le seul qui auroit commis cette erreur; car Sturm, dans sa Faune d'Allemagne ( Deutschlands Fauna), a aussi regardé le lézard verd des souches comme le mâle du lézard gris des murailles. DES LEZARDS. uv Sous chacune des cuisses on voit une ligne où rangée de points calleux, dont le nombre a été omis par Cetti. On le trouve en tout tems parmi les gazons , dans les champs, et sur les murs, en Sardaigne. On le connoît dans cette île, sous les noms de tliguerta et de caliscertula. 173 “HISTOIRE LE LEZARD DES BUISSONS, DE SURINAM (i). Pin les descriptions des lézards d’A-= mérique, que Fermin nous a laissées dans son intéressant ouvrage sur la Colonie Hol- landaise de Surinam, j'ai trouvé l'indication d’un petit lézard dont tout le corps est d’un verd luisant, agréable à la vue, et qu'il nomme lézard de broussailies. J’ai cherché depuis quelque tems à connoître ce saurien très-voisin, en apparence, de notre lézard verd, et j'ai recu de M. Marin de Bèze, médecin à Surinam, un lézard qui me paroît appartenir à celui de Fermin. Il résulte, de la description qui va suivre, que le lézard des buissons qu’on trouve dans la colonie de Surinam, peut-être aussi dans toute la (x) ZLacerta dumetorum ; lœtè viridis, collo abdo- mineque chalybeis, collario serrato sub - violaceo ; digitibus afris. Lézard des broussailles, 8° espèce. Fermin, Des- cription de Surinam, in-8°; Amsterdam, 1769, tom. [TI , p. 209. D'ESAME Z'A RID S 198 Guiane, diffère beaucoup des autres lézards verds déjà connus par les naturalistes. Il a bien la forme svelte, agréable, du lézard des souches, les mêmes écailles, les mêmes plaques sous le ventre; mais il en diffère par le nombre des rangées de ces plaques, par ses couleurs et même par ses dimen- sions. Le lézard des buissons a la: tête sem- blable à une pyramide alongée , à quatre faces, avec ses yeux un peu saillans, et son museau peu obtus : les plaques qui recou- vrent la parlie supérieure de Ja tête sont au nombre de onze, dont une cervicale plus grande que les autres, et deux autres dessus chaque orbite. Les mâchoires sont en outre bordées chacune par deux rangs de petites plaques carrées; le collier, placé sous le cou, a treize petites écailles qui font des dente- lures en scie. | Sous le ventre on ne trouve que six ran- gées longitudinales de petites plaques lui- santes. L/anus est transversal el recouvert en devant par trois écailles demi-circulaires, imbriquées latéralement l’une sur l’autre. La queue est à peine plus longue que le reste de l’animal. Sous la cuisse on remarque une rangée de onze petits grains ou tubercules rudes et La + L T- 174 HISTOIRE roussâtres , qui se prolongent presque jusqu’& Fouverture de l'anus. Les autres écailles, ainsi que les pieds et leurs doigts , ont absolument la même forme qu’au lézard des souches, qui habite en Europe. La couleur de ce joli saurien est d’un beau verd clair et brillant en dessus, et d’un gris luisant assez semblable à de Pacier poli en dessous : en travers des mâchoires. il y a de petits traits noirâtres, à la join- ture des plaques; le dessus du cou et de la queue, ainsi que le collier écailleux , sont d’une belle couleur violâtre et à reflets bleus. Dimensions du lézard des buissons. . pouc. ligs Eongueur totales... Su 2 és LAS Longneur de la tête et du cou. + + + . . 9 Longueur du corps. . . + . . . . PRE De Eonsueur dé ‘la quénée - : . ° 2 RE À dl Drulin del Fa Aubert 5 1. LEZARD yaônre? 2.LEZALD Z/eqyuer DÉS LEZARDS. 175 L TROISIBME SEUL (ŒT-OiNe | LÉZARDS RUBANNÉS. | [cs ont un collier transversal formé de plusieurs grandes écailles, sous le cou. Leur couleur est plus ou moins bleue, avec plusieurs lignes longitudinales blanches parallèles dessus le corps. LE LÉZARD GALONNÉ 6 HUB ANNE (1) Voyez planche XXX VT, fig. 1 , de ce volume. Les naturalisies ont, jusqu'à présent, re- gardé comme une même espèce, d’après Seba , tous les lézards rubannés (/acerta (1) Zacerta lemniscata ; lineis longsitudinalibus novem albis in dorso et lateribus;, caud& suprà cæru- le& longiore , femoribus albo maculatis ; line inter- mediä dorsali anticè bifurcatd. Lacerta lemniscata. Linvæus, Syst. nat. — [dem. Gmelin, Syst. nat. pag. 1075, n° 59. — dem. Scba, Thes, tom. I, pl. zur, fig. 9; pl. xcuir , fig. 4 ; tom. I, Le: 276 HIS T O FR € Zemniscata ), qui sont figurés dans son ou= vrage; en effet tous ces lézards y sont telle= ment mal énluminés, qu’on ne peut les considérer que comme synonymes. | Je dois la connoissance de trois espèces voisines et très- distinctes de ces lézards, au naturaliste Bosc et à Marin de Bèze. Hs différent entre eux par la forme du corps$ per les couleurs, et par le nombre des lignes longitudinales blanches qui sont placées des- sus le corps. 5 ns | Le vrai lézard galonné, celui auquel on. a prétendu donner ce nom, est très-facile à reconnoître, parce qu’il a le dos d’un brun plus pâle sur son milieu et plus foncé sur ses. côtés, .ses flancs d’un bleu ciair ; avec neuf lignes longitudinales blanches, dont celle du pi.1x, fig. 5.— Seps lemniscatus. Laurenti,Syn. rept. pag. n° 103. — Le galonné. Daubenton, Dict. erpét. Encyclop. méthod. — Jdem. Lacépède, Hist. nat. des quadr. ovip. in-12, tom. Il, pag. 46. — Le lézard gaionné. Latreille,. Hist. nat. des reptiles, in-18, iom. I, pag. 226, figure 5. — Peiit lézard rayé. M. S. Merian , Insect. Surinam , pl. xxr11. — 4rado. Leromain, Dictionn.encycl. de Diderot. — ÆAnouis. Fermin, Description de Surinam, in-6°, tom. 1], pag. 211. — Îdem. Rochefort, Histoire des Antilles; tom. 1, pag. 500. — Zdem. Ray, Syn. quadr. milieu DES LEZARDS. 177 milieu est fourchue dessus le cou : la ligne la plus inférieure, qui sépare chaque flanc du ventre, est plus courte que les autres, parce qu ‘elle ne s'étend de entre les bras et les cuisses. Le dessus des membres est bleuâtre , avec "de pelites-taches, rondes et éparses dessus “les pieds de derrière. Le lézard galonné ressemble infiniment ; ‘par ses formes, à notre lézard verd des souches, qui habite dans les régions tempé- rées de l’Europe : il ne paroît méme en différer que par les couleurs, et aussi par sa taille un peu plus petite. Le lézard ga- Jonné a un petit nombre de plaques lisses sur sa tête, un collier écailleux sous le cou, huit raugées longitudinales , parallèles de plaques carrées et lisses sous le ventre, une rangée de petits grains poreux sous chaque cuisse , et une queue bleuâtre claire, cylin- drique, verticillée, une fois et demie aussi longue que le reste de animal. Le dessous du corps est d’un gris bleuâtre très-pâle, ou même d’un jaune nankin sur le côté de la tête. Le lézard galonné n’habite pas dans l’an- ien continent, ni aux Indes, ni en Guinée, comme les naturalistes l'ont cependant pré- Reptiles. Tome III. M | | a — 578 HISTOIRE tendu, d’après Seba; mais seulement dans” les parties méridionales de l'Amérique, sur= tout dans la Güiane et dans les îles Antilles: Ce joh petit animal ne s'éloigne pas beau- coup des lieux habités : il paroît se plaire infiniment dans les jardins, au, pied des ba-" naniers et des ananas; il se cache sous les feuilles de ces plañtes lorsqu'on le poursuit ;" äils’y tient à l'abri de la pluie, et s’y creuse même des terriers étroits et tortueux, qui lui servent aussi d’asyle contre ses ennemis. _ Il seroit peut-être conveñable de regarder comme synonyme du lézard galonné le sau- rien que M. le Romain a décrit dans le Dic- tionnairé éncyclopédique de Diderot, et qui est nommé arado par les nègres à Saint-Do- mingue. L'arado est, selon cet observateur, un gros lézard ou anolis, qui fréquente les bois et les jardins dans les Antilles. Sa ion- gueur totale est d'environ un pied et demi; sa queue traîne à terre comme celle des au- tres sauriens ; il a les pattes dé devant plus hautes et moins écartées que celles de der-. rière ; la peau qui lui couvre le dos est grise rayée de brun et d’ardoisé, et celle de des- sous le ventre est toute blanche. Cet animal à beaucoup d’agilité : il se nourrit d’herbes, de fruits et d’insectes. Peut-être doit-on DES LEZARDS. 179 Plutôt regarder l’arado comme un jeune tu- pinambis sauvegarde. Il faut rapporter au lézard galonné la douzième espèce de saurien appelé, par Fer- min, lacertus minimus, anodis dictus , ( Des- cript. de Surinam, itt-86 ton. IT, pag. is î et décrite ainsi : « Un autre lézard, très- petit et fort commun, n’a tout au plus qu'un pied de longueur totale; sa peau est jaunâtre, et marquetée de quelques raies bleues et vertes. Il court pendant toute la journée pour cher- cher sa nourriture, et dès que la nuit ap- proche, il va se cacher dans la terre. Il est bon à manger; l’on trouve sa chair tendre et délicate ». Mademoiselle Mérian a trouvé à Surinam ce lézard, qu’elle à figuré dans son grand ouvrage (pl. xxur) : il vivoit dans son jar- din, et y avoit déposé contre des racines quatre petits œufs blancs, arrondis, et à peine plus gros qu’une groseille blanche. Ces œufs ont éclos dans le vaisseau par lequel “elle revenoit en Europe : ces petits avoient ‘au plus huit lignes de longueur totale, et ils moururent bientôt à cause du froid. Sehba a figuré, dans son Thesaurus rerum naturalium (tom. T, pl. zrrr, fig. 9), sous M > 180 HASTOIRES le nom de lézard d'Amérique, orné de ru=" bans, un reptile parfaitement semblable au. Jlézard galonné, que Marin de Bèze , médecin à Surinam, m'a fait connoître. Je crois seu- lement que le peintre, employé par Seba, aura oubhé deux raies blanches, car on n’en compte que sept. Ce reptile, représenté par Seba, a sur le dos quatre bandes longitu=. dinales brunâtres, et une bleuâtre sur chaque flanc, tohtes bordées d’une ligne blanchâtre: les côtés du corps sont bleuâtres, marqués de points blancs, ainsi que les cuisses. La queue est verticillée, et d’un tiers environ plus longue que le corps. S'il faut rapporter au lézard galonné d'Amérique le lézard de Guinée à lignes blanches , représenté par Seba (tom. I, pl. xcrr, fig. 4); certainement cet auteur ancien aura été induit en erreur, en assi- gnant à cet animal l’Afrique pour patrie. Tous les naturalistes ont réuni jusqu’à présent au lézard galonné le lézard que Seba prétend avoir reçu d’Amboine, et qui est remarquable, selon cet auteur, par son dos bleu avec des raies noires, et par son ventre bleuâtre avec des points noirs(tom. IE, pl. 1x, fig. 5). Ce reptile est réellement un vrai lézard; mais je crois qu’on peut hésiter DES LEZARDS. 18r à le rapporter au lézard galonné : cependant comme je n'ai pas encore pu me procurer des renseignemens satisfaisans sur ce saurien de Seba , je l'ai aussi rangé provisoirement parmi les synonymes de ce lézard. Le naturaliste Lacépède, dans son ouvrage sur les quadrupèdes ovipares, a paru soup- çonner que les lézards anolis ou anoles, décrits , comme il suit , par Rochefort et indiqués par Ray, pourroient être de vrais améiva ; je les rapporte au contraire au lézard galonné. . «Les anolis sont fort communs dans toutes les habitations. Ils sont de la grosseur et de la longueur des lézards qu’on trouve en France : mais ils ont la tête plus longuette, la peau jaunâtre ; et sur le dos ils ont des lignes rayées de bleu, de verd et de gris, qui prennent depuis le dessus de la tête jusqu’au bout de la queue. Ils font leur re- traite dans les trous de la terre, et c’est delà que, pendant la nuit, ils sont en per- pétuelle action, et ils ne font que roder aux environs des cases, pour chercher de quoi se nourrir ». (Rochefort, Histoire des An- ülles, tom. 1, pag. 500.) M5 + à 182 HISTOIRE Dimensions d'un lézard galonné. : : pouc. Hga Longueur totale. . D: rlr *iilthee 6 x: Pongueur de la têtes . . . . . , . 0 6. Sa larseur. : 2. NO UNS 4 Lonvueür du :cou. 1:42 SORTE 5 Beongueur da corps. etc ns te; thé ICE Sa larpeurs ss LR ne aie SNS 6 Longueur de laqueue. ... . . . . « . = 4 G Longueur des pieds antérieurs jusqu’au bout DES MOIDIS. en à ae NUE 19 Longueur des pieds postérieurs jusqu’ au bout des doigts JUS BEN LTÉE MOINE On peut voir au museum deux individus apparitenans à cette espèce , et qui ont élé apportés de la Martinique. ‘Ce lézard ne peut avoir aucun rapport avec l’améiva, et ne peut pas être placé dans la même section, comme Lainnæus l’a cependant prétendu ; car il a un collier transversal écailleux dessous le cou. 7arieté du lézard galonné. Sa couleur est tres-foncée ; 1l a en dessus onze raies jau- nâtres, qui se réunissent de manière à n’en former que sept du côté de la tête, et dix vers l’origine de la queue. Longueur totale, 6 pouces ; longueur de la queue, 4 pouces 1 ligne. Bosc a communiqué à Lacépède cette variété, que je crois plutôt devoir rapporter au suivant. D ES Jr E ZA RD S 38% LE LÉZARD A SIX RAIES (1). Liss naturalistes modernes ont séparé avec raison, du lézard galonné de Amérique mé- ridionale , une espèce de lézard qu'on pour- roit d’abord regarder comme un vrai scinque par la disposition des raies blanches longi- tudinales qui sont dessus son dos brun. Catesby est le seul naturaliste qui ait figuré jusqu'à présent ce lézard à six raies qu'on trouve dans la Caroline , et peut-être aussi dans les Antilles , comme on l’a pensé. Garden en a ensuite fait une bonne descrip- ton qu'il a envoyée à Linnæus , et que ce (1) ZLacerta sexlineata; suprà atro-fusca, lineis ss longitudinalibus albis in dorso, line& ali& brevi albé ab oculis usque suprà brachia protensä , caudé duplà longiore , femoribus immaculatis. Lacerta sexlineata. Taänn. Syst. naturæ. — Idem. Gmelin, Syst. nat. pag. 1074, n° 18. — Le lion. Paubenton, Diction. erpét. Encycl. méth. — Jdem. Lacépède, Hist. nat. des quadr. ovip. édit. in-12, tom. TT, pag. 44 et suiv. — Æ£e lézard à six raies. Eatreille, Hist. nat. des reptiles, edit. in-18 , tom. 1, pag. 245 et suiv. M 4 184 HISTOIRE. célèbre naturaliste a insérée dans son S'ystemar naturæ. 2 Bosc a retrouvé depuis peu d'années ce lézard à six raies aux environs de Charles-! town , en Caroline , et il m'en a commu- niqué un individu qui m’a servi à completter la description que je vais en donner , et à: réparer certaines omissions qu’avoient faites mes prédécesseurs dans l’histoire de ce rep- tile. | Ce saurien a beaucoup de rapports avec le: lézard galonné ; il y ressemble au moins par sa forme ; mais peut-être est-il un peu plus élancé. Il à d’ailleurs la peau recouverte. d’écailles exactement pareilles. Sous son cou il y a un collier transversal. écailleux. On voit sous le ventre huit ran- gées longitudinales de plaques lisses, et sous chaque cuisse une rangée de quinze grains poreux ; la queue est deux fois aussi longue que le reste, composée de quatre-. vingt-dix anneaux au moins , et couverte d’'écailies carénées en long, ce qui la fait. paroître striée. Sa couleur est brune en dessus, plus foncée et presque noirâtre sur les côtés du dos, bleuâtre ardoisé sur les flancs, et d’un blanc jaunètre pâle en dessous. Sur chaque côté DES LEZARDS. 185 ‘du dos sont trois lignes longitudinales, blan- ches et parallèles , qui prennent naissance derrière l'œil , et qui disparoiïssent peu à peu. sur la queue. Une autre ligne blanche sem- blable part du coin de la bouche, et s’efface au dessus du bras. 11 résulte donc de la dis- position de ces raies qu’on en compte huit sur le cou, six sur le milieu du dos, et quatre seulement sur l’origine de la queue. On ne voit aucun point blanc dessus ses cuisses, ni sur son dos. Souvent 1l forme deux plis transversaux sous la partie antérieure de son cou; Lin- næus en à fait mention , mais il n’a pas observé le collier écailleux qui y existe réellement ; car il à placé par madvertance ce lézard, de même que le galonné , dans sa neuvième section, parmi ceux qui n’ont pas de collier. | Le professeur Lacépède a décrit, d’après Daubenton, ce saurien sous le nom de lion; et les détails qu’il en a donnés dans son inté- ressant ouvrage sur l’histoire naturelle des quadrupèdes ovipares, ont été puisés dans Vouvrage de Catesby sur les animaux de la Caroline. Le lézard lion est l’emblême de la force appliqué à la foiblesse ; c’est le nom du roi des animaux, donné à un bien petit 186, ?ŒHNSTONREIN lézard : on pourroit, selon Lacépède , le ui. conserver, parce que ce nom est aussi sou $ vent pris pour le signe de la fierté que pour. celui de la puissance. Ce lézard lion redresse” presque toujours sa queue en la tournant en rond (1): 1l a l'air de la hardiesse ; et c'est apparemment ce qui lui a fait donner; par les anglais, le surnom de lon, que plu- sieurs naluralistes lui ont conservé (2). Le lézard lion, suivant Catesby, n’est point dangereux : il se tient souvent dans des creux de rochers, sur le bord de la mer; ce n’est. pas seulement dans la Caroline qu'on le rencontre, mais encore à Cuba, à Saint- Domingue, et dans d’autres îles voisines. (Catesby ne l’a-t-l pas confondu ici avee le. lézard galonné?) Ses jambes sont alongées; il est très-agile, comme le lézard gris, eë court avec une très-grande vitesse ; mais ce. joh et innocent #zard n’en est pas moins la proie des grands oïseaux de mer, à la vora- cité désquels la rapidité de sa course ne peut le dérober. (x) Nous verrons, dans la suite de cet ouvrage ,quen Panolis roquet paroît avoir la même faculté. (2) Catesby , Hist. nat. Carol. p. 68. DES LÉZARDS 18 Dimensions du lézard à six raies. pouc. lig, Honsueur iotalé......n................ 8 | 2 Longueur de la tête........ à DA Go 7 Longueur du cou....................... 4 Longueur du corps.................... 4 9 D robe. MU, ei. IS RAR A LL 6 Pisueur dela iqueue:. 4 Jo. sac 176 Longueur du plus long doist des pieds de derrière..............ses.esesssusse 8 J’ai placé précédemment , d’après Lacé= pède , comme variélé du lézard galonné , un petit saurien que Bosc a recu de Saint- Domingue , et que je crois plutôt être une variété du lézard à six raies, ou peut-être même une espèce voisine ; mais je ne puis rien décider à cet égard, parce que je n’a pas eu l'occasion d'examiner l'individu. 188 HISTOIRE veisr LE LÉZARD BOSQUIEN, : A RAIES BLANCHES PARSEMÉES DE POINTS BLANCS a). Voyez la planche XX XVI, fig. 2, de ce volume. Lr petit saurien dont je vais donner ici la description , appartient au naturaliste Bosc , qui a bien voulu me le prêter, et qui la recu de Saint-Domingue. Je dois à l’extrême com- plaisance de ce savant observateur , à l’em- pressement qu'il met à communiquer ses travaux aux naturalistes , et à l’amitié quil m'a toujours témoignée , un tribut de ma reconnoissance , en désignant par son nont l'espèce nouvelle et très - remarquable de saurien dont il va être question , et qu'il ne faut pas confondre avec celles qui sont déjà connues, quoiqu'elle se rapproche du lézard (1) Lacerta boskiana ; suprà lætè-cærulea., lineis longitudinalibus novem albis interpunctatis in dorso et lateribus, caud& suprà cæœrule& duplô longiore L Jemoribus albo maculatis, line& intermedià dorsali brevi et anticè simplici. ” $ DES LE ZARDS. :à89 galonné, et qu'elle doive appartenir à la même section. Le lézard bosquien est infiniment joli, soit parce qu’il est en dessus d’un beau bleu clair uniforme, et blanc sans taches en dessous, soit parce qu'il est très-régulièrement orné en dessus et sur les flancs, 1° de huit raies ou lignes longitudinales blanches et paral- lèles prolongées jusques sur la base de la queue ; 2° d’une autre ligne blanche, de moitié plus courte que les autres , située en avant sur le milieu du dos, non fourchue en devant comme au galonné ; 3° d’une rangée longitudinale de points blanchâtres dans les espaces que laissent entre elles les lignes blanches ; 4° et par une rangée de petites taches d’un beau blanc et oblongues dessus les quatre membres. En ajoutant à ces caractères les suivans ;, on pourra se faire une juste idée du nou- veau saurien que je décris. Le lézard bosquien a huit rangées lonsi- tudinales de petites plaques lisses et carrées sous le ventre : on voit sous son cou un petit collier transversal , écailleux , mais pas de pli sous la gorge. J’ai compté sous chaque cuisse jusqu'à vingt petils grains poreux , qui sont disposés sur un seul rang , et qui vont 190 - HISTOIRE se réunir un peu en avant de l'anus. Celui-ci est transversal et muni de petites écailles en avant et arrière. Enfin sa queue est deux fois au moins aussi longue que le reste , et composée de plus de cent seize verticilles ou anneaux. Les pieds antérieurs sont amin- cis, et les postérieurs raccourcis et trapus, avec leurs doigts longs et très-minces. ]la les mêmes proportions et la même forme que le lézard galonné; mais l’mdividu que Jai décrit n’a que trois pouces dix lignes de longueur totale , et la queue occupe à elle seule jusqu'à deux pouces six lignes de cette longueur : j'ignore si ce petit saurien devint un peu plus grand. Bosc à réçu, il ya quelques années , ce joli lézard de file Saint-Domingue : et quoi- qu’on n'ait rien écrit sur les habitudes qui lui sont propres, on peut soupçonner sans crainte qu’elles sont conformes avec celles du lézard galonné. DES LEZARDS. «9 "LE LÉZARD À TÊTE BLEUE (1). L p] re Pan les descriptions que le naturaliste hollandais Van - Ernest a bien voulu me communiquer , et me permeitre d'extraire pour mon ouvrage sur les reptiles, j'ai trou- vé une indication assez abrégée d’un lézard d'Amérique qu'il a observé dans une collec- ton à Amsterdam, et qu’il regarde comme parfaitement semblable au lézard faraguira du Brésil, figuré par Seba. ” Le lézard dont il s’agit ici a beaucoup de ressemblance avec le lézard galonné , et il paroît n’en différer que par sa taille un peu plus trapue ; par sa queue un peu moins longue , et sur-tout par ses couieurs. (1) Lacerta cæruleo-cephala ; capite cæruleo, tæniä longitudinali alb4 in mediv dorsi, aliisque duabus parallelis flavis in utroque latere, punctis aibis in Jemoribus, caud& dupld longiore. Lacerta taraguira. Seba , Thes. tom. I, pl. xct, fig. 3. — Lacerta tecunhana. Seba, Thes. tom. I, | planche xcr, fig. 4 — Lézard à tête bleue. Daudin, Hist. nat. des reptiles ; par Latreille, in-16 , tom. 1, | p- 242, fig. 5: | | 192 HISTOIRE * | _ Ce saurien a une bande longitudinalem blanche , et large de deux à trois lignes , sur les vertèbres dorsales : sur chaque côté de” celte bande on voit une ligne bleue , unes jaune , une brune , une jaune et une bleue; sur un fond brun , parsemé de quelques” points blancs épars dessus les cuisses , ets même sur les flancs. Le dessus de la tête ainsi que la queuer sont entièrement d’un bleu ardoisé. Celle- ci est verticillée , et deux fois environ aussi! longue que le reste. Enfin tout le des-" sous de ce lézard est d’un jaunâtre pâler et sali. | 1 Le lézard à tête bleue paroît avoir depuis! huit pouces jusqu'à un pied de longueur: totale. ‘ Seba a donné la figure et la descriptions de deux vrais lézards à queue cylindrique” et verticillée, qui diffèrent trop peu l’un de” Yautre pour qu'ils puissent être regardés” comme deux espèces ; puisque d’ailleurs les _ liqueurs spiritueuses, dans lesquelles ces ani-# maux ont été conservés dans la collection» de Seba , auront suffi pour éteindre et” changer plus ou moins leurs couleurs. Ilse ont l’un et l’autre près de quatre pouces de longueur , sans y comprendre la queue, qui + 1 à E LS in .% & DES LEZARDS. 108 qui est un peu plus longue , cylindrique, , verticillée , et d’une couleur bleue uniforme et un peu foncée, sans aucune tache. Leurs dimensions respectives , la figure de leurs plaques et de leurs écailles sont absolument semblables ; leurs pieds ont tous cinq doigts séparés, et ils ressemblent parfaitement à ceux du lézard galonné et des autres espèces du même genre. Le premier lézard de Seba (Thes. tom. T, pl. xcr, fig, 3) est nommé faragiuira par les habitans du Brésil. Il a tout le dessus du dos couvert de longues bandes étroites , dont celle du nulieu est la plus large, de cou- leur blanche , jaspée dans le milieu de petits points d’un rouge vermeil ; les autres bandes sont jaunes, bleues et brunes. Les côtés du corps , ainsi que le dessus des pieds poslé- rieurs , sont revêtus de petites écailles minces, brunes , et parsemées de petites taches blan- châtres rangées en travers avec symétrie. Les pieds de devant, le cou et le ventre sont couverts d’écailles d’un jaune pâle. Le sommet de la tête est orné de grandes plaques d’un bleu foncé. Le haut du cou est mou- cheté de petites taches blanchâtres. _ Le second lézard de Seba ( Thes. tom. I; pl. xor, fig. 4), éecunhana, a tout le dessus Reptiles. Tome IIL N 194 + IS TOÏIRE du corps, jusqu’à la base de la queue; orn& de bandes de plusieurs couleurs, dont celle: du milieu est blanche, picotée de points bruns ; les autres bandes sont bleues, mou= chetées de taches noirâtres et barrées en long sur chaque côté du corps de deux lignes jaunes. L’abdomen est varié de bleu et de noir. La tête est d’un bleu clair , avec des taches noires ; les cuisses , les pieds et les. doists sont aussi d’un bleu clair en dessus, mais parsemés de points blanchâtres. C’est ce dernier lézard que Tinnæus à& regardé à tort comme une variété de son stellio azurea , ou de mon stellion courte- queue de l Amérique méridionale. Le lézard tecunhana , décrit et figuré par Seba, doit être rapporté au lézard à tête bleue, sinon comme synonyme , au moins COMME une variété. “ DES LEZARDS. 10 «LE LÉZARD TEYOU-VERD (1). Les habitans du Paraguay nomment cé sau- rien feyou-hobi,ce qui signifie lézard verd; car ils désignent sous le nom de feyou tous les lézards ou sauriens. Ils nomment , par ëxemple, le tupinambis sauvegarde teyou- gouazou, ce qui veut dire gros lézard. La longueur totale est de neuf pouces neuf lignes. : La tête n’est pas joufflue; elle a ses par- ties supérieures et latérales, ainsi que ses lèvres, recouvertes par un tissu de plaques écailleuses disposées avec symétrie. Le mu- seau est un peu aminci et courbe. Les côtés et le dessus de la tête sont d’un verd terne émaillé, et cette couleur se pro- (3) Lacerta teyou ; capitis parte superiore, lineä- que dorsali viridibus ; corpore suprà violaceo, sex lineis longitudinalibus albis ; gulé et abdomine albido- sub-argenteis. ( Pedibus posticis tetradactylis ?) Le teyou verd. D. Félix d’Azara , Essais sur l’His- toire naturelle des quadrupèdes de la province du Paraguay, traduct. française, par Moreau S. He in-8°, tom. 1}, p. 593 et suivantes. N : 196 HISTOIRE : longe , par une raie sur toute la longueur de l’épine dorsale , jusqu’à l’origine de la: queue, qui est longue de cinq pouces six lignes, grosse à sa base et terminée en une pointe aiguë. De la naissance du cou à celle de la queue , une autre ligne de couleur violette suit la première dans sa longueur. Ensuite une troisième ligne plus étroite, blanche et vive fait la même chose ; puis succède une quatrième ligne large et de cou- leur violette plus claire, un peu mélangée de noir. Après ces lignes en vient une cin- quième, blanche comme la troisième, et elle est suivie elle-même par une sixième ligne, ‘qui est blanche et en manière de chaïnette. Celle-ci est suivie encore d’une sepiième,de couleur violette; et le reste, avec la parte inférieure du corps, est argentin, comme le dessous de la tête, du cou, des quatre jambes et de la queue. Toutes les raies indiquées ci-dessus sont doubles, excepté la première, parce qu’elles sont ainsi disposées sur chaque côté du dos, en sorte qu'elles sont en tout au nombre de treize : ou plutôt on peut dire que le teyou a la tête verte, le dessus du corps violet, avec une ligne longitudinale verte sur la solonne dorsale, et avec six autres lignes. DES LEZARDS: 107 blanches sur les côtés du dos et les flancs : ces lignes s'étendent sur la queue et sur ses côtés; mais le verd dégénère bientôt en violet. Il résulte donc de ces détails, que le teyou verd doit être un saurien très-voisin du lézard galonné, s'il n’en est pas toute fois une variété. Les quatre jambes sont de couleur vio- lette aussi, et d’une nuance presque par- tout la même. Aux pieds de devant il y a cinq doigts : l’externe et l’interne sont égaux entre eux , et les trois autres augmentent successivement en longueur, de telle sorte que le quatrième doigt est le plus long. Tous ont des ongles un peu forts et aigus. Le pied de derrière a quatre doigts; l’antérieur est le plus court, et les autres augmentent gra- ‘duellement en longueur : les ongles sont comme aux pieds de devant, Félix d’Azara prétend que ce saurien est commun entre les buissons et les chacarras du Paraguay, où il paroît à la fin d'octobre, et où il se cache dans les trous à l’entrée de l'hyver. I court avec une grande vitesse. Ce lézard n’est pas le seul qui n’ait que quatre doigts aux pieds de derrière, selon Félix d’Azara; car cet auteur a décrit , sous le nom de caméléon second, un reptile que N 3 UN EN 1 : ñ CL : 198 MTS T O RE j'ai appelé agame à queue prenante ,. et qui, a le même nombre de doigts. On sait d’ail- leurs que les crocodiles n’ont aussi que quatre doigts aux pieds postérieurs. J'ai cherché cette espèce de lézard dans la collection du museum d'histoire natu- relle de Paris; mais toutes mes recherches. ont été vaines. Il importe essentiellement, pour les progrès de cette partie de l’histoire. naturelle dont je m'occupe en ce moment, que les voyageurs, qui parcourront dans la suite le Paraguay , le Brésil et toutes les autres contrées les plus méridionales de Amérique , s’occupassent de faire passer à quelque naturaliste en Europe une collec- lion de reptiles pour les décrire ; car beaw- coup d'espèces sont encore inconnues. D ES LEZAMRDS. +ro9 LE LÉZARD DU DÉSERT (1). … LM LEPÉcHIiIn, docteur en médecine, et associé de l’académie des sciences de Pé- tersbourg, dans le Journal de ses voyages dans diverses provinces de la Russie en 1768 ‘el 1769, a décrit trois espèces nouvelles de _sauriens, que je n’ai pas rencontrés dans les collections d'histoire naturelle de Paris. - Parmi ces lézards, il y en a une espèce que Gmelin a placée par erreur dans sa hui- tième section du genre laceria, entre ceux que je décrirai dans l’ordre des batraciens * sous les noms de salamandre du Japon et de salumandre à quatre raies. L'animal, décrit et figuré par Tepéchin, (1) Lacerta deserti; caud& longitudine corportis, sæprà nigro, lineis sex longitudinalibus albis inter- ruptis , abdomine albo immaculato. Ivan Lepéchin, Tagebuch der xeise prov. der russic. _ tom. TI, pag. 318, pl. xx1r, fig, 5 et 4. — Lacerta deserti. Gmelin, Syst. natur. p. 1076, n° 7r. — Le lézard du désert. Daudin, Hist. nat. des reptiles , par Latreille, in-18, tom. 1, p.247, fig. 1. N 4 . Ç 2 # 200 HISTOIRE est non seulement un saurien,\ parce que son corps est écailleux; mais il me paroît… en outre devoir être rangé parmi les vrais. lézards, près du lézard galonné de l'Amé-" rique méridionale. Sa longueur totale est de deux pouces six lignes ; celle de sa queue est de la moitié ou à peu près, et sa plus grande épaisseur n’est que de huit lignes. … Cet animal est entièrement noir en dessus, avec six lignes ou bandes blanches longitu- dinaies, un peu en zig-zag, interrompues et formées par de longues taches : on aperçoit aussi de chaque côté, entre la première et la seconde de ces taches, cinq points blancs. Tout le dessous est blanc, et sans aucune sorte de taches. La tête et les mâchoires sont couvertes de plaques, et non de petites écailles pro- prement dites. Les pieds ont chacun cinq doigts minces, séparés et onguiculés. Lepéchin a trouvé dans le Pérémiot ; en Russie , ce petit saurien que j'ai rangé parmi les vrais lézards dans l’ouvrage sur les reptiles récemment publié par mon ami Latreille, et qui me paroît d'autant plus appartenir à ce genre, que la figure de DES LEZARDS. oi l'animal vu en dessous offre les caractères des vrais lézards. Van-Ernest a observé en Hollande, dans une collection d'histoire naturelle, un petit lézard conservé dans l'esprit de vin, et assez semblable au lézard du désert. Ce saurien, selon ce naturaliste hollandais, est long de trois pouces deux lignes, en y comprenant la queue, qui a un pouce dix lignes de lon- gueur. Sa couleur est d’un bleu ardoisé en dessus, avec six raies longitudinales blan- ches, interrompues çà et là; sur ses flancs on voit quelques points blanchâires dispersés, ainsi que sur les bras et ses cuisses, et sous celles-ci il y a une rangée de petits grains : le dessous de Panimal est blanchâtre, avec les doigts roussâtres. Ce lézard a été trouvé dans le nord de PEurope. 202 HISTOIRE LE LÉZARD VÉLOCE (1). Ge saurien est beaucoup plus petit et plus mince que le lézard gris, auquel il ressemble dailleurs infiniment, sur-tout par sa tête, par son collier écailleux sous le cou, par ses petits grains qu'il a sous les cuisses ,et par sa queue verticillée. Il doit être placé à côté du lézard du désert. Sa couleur est constamment cendrée en dessus, avec cinq lignes longitudinales un peu plus pales, mélangées de petits atomes bruns et nombreux; la ligne du milieu est moins prolongée que les autres, car elle (1) Zacerta velox ; corpore suprà eineréo, strigis 5 Jongitudinalibus dilutioribus punctisque fuscis vario, ad latera nigro maculato et cærulescente punctato. Lacerta velox. Pallas, Voyage en Russie, édition française ; appendix , in-8°, tom. VIII, pag. 65. — Idem. Gmelin, Syst. nat. pag. 1072, n° 635. — Le lézard véloce. Daudin, Histoire naturelle des rep- tiles, par Latrcille, in-18, tom. I, p. 240. — Variété du lézard gris. Lacépède , Histoire natur. des quadr. ovip.in-12, tom. IT, pag. 13. D PSE PE # À BD S 205 dépasse à peine la partie postérieure de la tête. Sur les côtés du corps ou les flancs on voit des taches noires, longitudinales, assez grandes, et des points parsemés çà et là d’un bleuâtre luisant. Il y a en outre sur les pieds postérieurs des taches, ou plutôt des aréoles arrondies et plus pâles que le corps. Pallas a, le premier, fait connoître ce lé- zard, qu'il a trouvé parmi les rochers placés autour du lac Inderskoï, et dans les lieux les plus chauds du désert;il y est vagabond, et il court avec la même vitesse qu’ une flèche. Gmelin a placé le lézard véloce immé- diatement après son lacerta seps. Lacépède la regardé comme une simple variété du lézard gris. Latreille enfin l’a mis à côté du lézard tiliguerta qui a été découvert en Sardaigne, par Cetir. Marcel Serres, naturaliste à Montpellier, prétend avoir trouvé ce lézard aux environs de cette ville. 204 HISTOIRE EL. QUATRIÈME SECTION. _ LEZARDS TACHETÉS. Less sauriens renfermés dans cette section n’ont pas encore été décrits par les natura- listes : ils sont assez voisins des lézards ru- bannés et des lézards gris. | Il y a sous leur cou un collier transversal formé de plusieurs grandes écailles ; leur queue est entièrement verticillée. - Leur couleur est en dessus d’un noir bleuâtre , avec de petites taches arrondies, claires et disposées irrégulièrement ou en travers , sans aucune ligne blanche et lon- gitudinale. LE LÉZARD GENTIL. DU LANGUEDOC (à) Foyez la planche XX XVII, fig. 1, de ce volume. Marcel Serres, amateur très-zélé de l’his- toire naturelle, m'a envoyé récemment de (1) Lacerta lepida ; corpore suprà ceæruleo-vires- | Ta PA 7 ; = (tuel Daratn del . 27 D Race d. 1-LÉZARD GENTIL Zeryuedéé 2, LEZARD TACHETE 4 Zoragne ? DES LEZARDS. 2ob Montpellier plusieurs reptiles qu’il a trouvés aux environs de cette ville en Languedoc; et parmi ces repliles j'ai observé, 1° une nouvelle espèce de couleuvre très - voisine de celle que Latreille a nommée sipérine dans son Hisioire naturelle des serpens ; 2° la salamandre marbrée du même auteur; 5° et un lézard très - joli qui n’a été décrit jusqu’à présent dans aucun ouvrage. Ce petit saurien mérite à tous égards l’épithète que je lui ai donnée , à cause de sa forme et des couleurs très - agréables qui ornent tout le dessus de son corps. Parmi les tupinambis que j'ai décrits dans le cours de cet ouvrage, nous en avons remarqué plusieurs, entre autres le tupi- _ nambis étoilé de Sparrman , et le tupinam- bis élégant, qui sont très-joliment ornés de petites taches blanches, arrondies et dispo- sées sur des bandes noires ou brunâtres et | transversales. Le lézard gentil qu’on trouve dans le Languedoc, et peut-être encore dans | | | | | eente, tœniis O aut 10 transversis nigris albo , ocella- | tis ; abdomine albescente ; caudé verticillaté , paul | dongiore. | Dans le Languedoc ce lézard paroïît être connu sous | | le nom de petit langrola, , è L.. | « . LU # J 206 HISTOIRE les autres parties de l’Europe méridionale" a aussi des points blancs et ronds, larges’ comme une tête d’épingle , et disposés au nombre de huit à douze sur neuf ou dix bandes noires étroites, transversales, irré- gulières et placées dessus le cou et le corps: La couleur principale de ce petit saurien est d’un bleu verdâtre légèrement ardoisé, et très-luisant lorsque l’animal se joue aux rayons du soleil ; tout le dessous est d’un blanc légèrement verdâtre. Il a beaucoup de ressemblance par sa. forme et par sa taille avec le lézard gris des murailles ; sa tête est seulement un peu plus grosse et plus courte; son corps est aussi un peu plus cyi lindrique. Dessus ses joues, ses membres et sa | queue on voit queiques points blancs, plus nom- breux sur le bord de la mâchoire supé- rieure. On voit un point noir sur la paupière supérieure. Sous le cou il a un collier transversal, formé d’écailles carrées. Le ventre est garni de huit rangées longitudinales de petites pla- ques lisses et carrées, qui forment aussi entre elles vingst-sept bandes transversales. Dessus la poitrine il y a un petit nombre d’écailles carrées, qui forment par leur réu- DES LEZARDS. so7 nion les unes à côté des autres, une sorte de triangle. Sous chacune des cuisses on voit une rangée de quatorze pelits grains. La queue est verticillée, et un peu plus longue que le reste de l'animal ; au reste, je joins ici les dimensions principales de ce lézard , qui fait partie de ma collection d’his- toire naturelle. pouc. lig. Poneueur tolé. : 0 2. 4e.) 0" Longueur de la tête et du cou , en y compre- nant le collier écailleux. . . : . . . . Longueur du corps jusqu’à l’anus. . . . 1 Longueur de la queue. . . . . . . . . . Hérreur de la tôle... 2. 4... peur Aeorpse À NU OH O1 © . Le lézard gris est appelé Zangrola aux environs de Montpellier , selon le professeur Lacépède ; ; et il paroît que l’espèce nouvelle que je viens de décrire en est distinguée par le nom de petit langrola. 208 HISTOIRE LE LÉZARD TACHETÉ, D'ESPAGNE (). Voyez la planche XXXVII, fig.2, de ce volumes. Lie naturaliste Bosc a trouvé en Espagne ce lézard, qu’il regardoit comme une simple variété du Zacerta agilis de Linnæus, et dont il faut au contraire faire une espèce parti- culière. Le lézard tacheté a beaucoup de ressem- blance , par sa forme, sa taille et ses dimen- sions , avec le lézard gentil du Languedoc ; il ne paroît même en différer que par la disposition de ses couleurs, et par le nombre des grains qui sont sous chaque cuisse. Sa tête est assez courte, avec son museau aminci. Sa couleur est en dessus, même surles membres, d’un noir bleuâtre foncé , marqué d’un grand nombre de petites taches arron- dies , violettes pâles sur le dos, ou d’un gris verdâtre pâle sur les côtés du corps. (1) Lacerta maculata; suprà cæruleo-nigricans , maculis pallidè violaceis sub-rotundis e£ sparsis , sub- tùs. albescens, caudé sesquilongiore. La DES LEZARDS. 0% La queue est une fois et demie aussi longue que le reste du corps, verticillée, composée de quatre - vingts anneaux envi- ron, et bleuâtre ardoisée , avec quelques petites taches noires dessus sa base. Le des- sous de la Lête est d’un jaunâtre sali, pale, et un peu verdâtre. Sous le cou il y a un collier transversal, composé de douze écailles. Le dessous du corps, des membres et de Ja queue est d’un blanc assez pur , excepté dessus ia poitrine et au bas des flancs ; car il y a sur ces parties une teinte légèrement pèle. Les grains poreux sont au nombre de vingt-deux sous chaque cuisse, et ils y sont placés sur un seul rang. J'ai compté jusqu'à dix bandes longitudi- | nales de plaques lisses, hexagones ou rhom- | boïdes sous le corps. L'anus est transversal, et revêtu en devant de plusieurs plaques lisses , hexagones. Reptiles. Tone ITI, Q 210 "SA LST OITR KR < | Dimensions du lézard tacheté, d’Espagne, qui placé dans la collection d'histoire raturelle ap} tenant à Bosc. | do | | pouce. lig Longueur totale. . . . . . . . . . . . 5 À WEoncueur de 14 tetes. 0 ANNEES Ba larseur sie 4e NSP CNRS Longueur du’con et du, corps.,.1"DR 020 Larseuridu Corps: 021) 2 APE Longueur de la queue. . . . , « . . D'r" ES 4Ÿ Ldel Dati de - 1. LEZARD GRIS der Murailles . ; 2. LEZARD ARENICOLE, 04 des Selles | DES LEZARDS. eu me mt 0 2 qe 0 ee - tm CINQUIÈME SECTION. LÉZARDS GRIS. EF est facile de reconnoître tous ces sau- riens, parce qu’ils ont un collier transversal né de plusieurs grandes écailles sous le cou , et parce que leur couleur est grise ou rembrunie , sans aucune teinte réellement verte. Leur queue est entièrement verti- ciilée. LÉ: LÈLARD COPIER. DES MURAILLES (1) Foyez planche XX XVIII, fig. 1, de ce volume, Ce petit lézardiest le plus commun dans nos contrées et dans toutes les parties tem- pérées de l’Europe; sa démarche rapide , sa (1) Lacerta agilis ; suprà cinerea , subtùs albida ; Bine& longitudinali dorsali punctatä , fuscé , tæniäque Zongitudinali fuscä sub-reticulaté margine pallidé in atroque latere corporis. Lacerta agilis. Linnæus, Syst. nat. — 1dem. Gmel. Syst. nat, pag. 1070, n° 15, sans y comprendre les O 2 1 LA "ho: 212 > HA S T'O0 FRE grande vivaciié dans ses mouvemens , sa“ forme agréable et déliée le font aimer de tout le monde ; on se plait en été à épier, toutes ses actions ; on le considère même avec d'autant plus d'intérêt, qu'il est re- gardé par plusieurs personnes comme ami de l'homme , sans doute parce qu'il vient habiter daus les murs des jardins, et qu'il y. vit avec nous dans une sorte de familiarité. _ Le lézard gris a la même forme que tous les autres lézards proprement dits ; sa têle est triangulaire, un peu obtuse à son mu- seau, et aplaue en dessus. Les ouvertures variétés. — Zdem.J.Chr. Wulf. ichthy. ce cum amphibiis borrassici regni. — ZLézard gris. Daubenton, Diction. erpét. Encyciop: méthod.— Lacépède, Hist. net. des quadr. ovip. in-12, tom. 11, pag. 6.— Lézard des murailles où lacérta muralis. Latr eille , Hist. nat. des reptiles, in-18 , tom. I, pag. 229; fig. 1 ; Tableau des reptiles de la France , dans la préface de son Hist. naturelle des salamandres , pag. 16, n° 2. — Razou- mowsky ;, Histoire naturelle da Jorat, tom. I, p. 103. — Valmont de Bomare , Dict. d'hist. nat. — Brown lézard, ou lézard brun. G. Edwards, Glan. d’hist, natur. Londres, 1764, 2° partie , chap. 15, pl. ccxxv. — Seba , Thes. rerum natur. tom. ÎT, pl. 1v, fig. 4: — Kleinaugige eidechse ou lacerta agilis. Sturm s Deutschlands Fauna , amphib. 2 hefl. fig. fæmina. — Seps muralis, Laurenti , Synops. replil. pag. 162. ÿ DÉS EE DZAR D S. ei des oreilles sont assez larges. Les deux mâ- choires sont munies de petites dents fines , “an peu crochues et tournées vers le gosier. Le cou est presque aussi gros que le corps : l’un et l’autre sont aplatis sur leurs quatre côtés; la queue est enfin un peu plus longue que le reste de l'animal , cylindrique, ver- ticillée et prolongée en pointe. Dessus la tête et les orbites il y a onze petites plaques à quatre, cinq ou six angles, comme dans beaucoup de sauriens et de couleuvres ; leur couleur est d’un gris cen- dré. On voit sur les côtés de la tête et autour des mâchoires d’autres plaques à peu près carrées , et blanchatres, bordées ou tachetées de noirûtre. Toutes les écailles qui recouvrent le dessus du cou, du corps et leurs côtés, sont infini- ment petites, hexagones , et non pas rondes. comme l'a prétendu Razoumowsky dans son Histoire naturelle du Jorat, carrelées entre elles comme les carreaux qu'on voit dans _ quelques appartemens. La couleur cendrée de la tête se prolonge aussi sur tout le dos, mais elle y est régulièrement mélangée de points et de traits brunâtres ; on voit, par exemple , une ligne de points bruns sur toute la rangée vertébrale, et de ces points | O3 Sa 214 HISTOIRE partent des traits arqués un peu effacés, qui se dirigent sur les flancs. Depuis langle postérieur de chaque œil, sur les flancs et jusqu'à la base des cuisses , il y a une large bande brune , formée de traits réticulés , et finement dentelée sur ses bords qui sont blanchâtres ; cette bande a quelques petites taches blanches , principalement au dessus des bras. La queue cendrée en dessus, blanchâtre en dessous, est marquée sur ses côtés, dès sa base, de petites taches blanches et noires. Sous la gorge et le cou on voit de petites écailles hexagones , plates, lisses, et qui paroïssent un peu imbriquées. Le collier est composé de neuf petites plaques carrées et disposées entre elles, de manière à former un collier simplement tranchant et non cré- nelé ; au lieu que, dans la plupart des autres lézards, sur - tout dans le verd, ce collier est crénelé en dents de scie ,:et composé d’écailles ou petites plaques cunéiformes. Sous le ventre il ÿy a seulement six rangées longitudinales, formées chacune de vingt- deux plaques carrées, lisses, et d’un blanc luisant , tirant à peine sur le verdâtre. Ces plaques sont marquées d’un petit point noir dans quelques individus, ou bien sans taches "* DES LEZARDS. 215 dans les autres. La même couleur se re- trouve aussi sous la gorge , le cou et les membres. Sous chaque cuisse il y a dix-sept tuber- cules calleux ou grains rudes, et l’anus est recouverten devant par deux grandesécailles - demi-circulaires. On voit à chaque pied cinq doigts déliés et garnis d'ongles recourbés, à l’aide desquels Panimal grimpe avec agilité sur les pierres et les murailles. On a beaucoup vanté la propriété des lézards d'Europe pour soulager et guérir les maladies de la peau, et celles qui proviennent d’un sang corrompu; mais ce remède n’est plus employé maintenant que par les empy- riques , à cause du peu de succès qu'on en a obtenu. : Les lézards, sur-tout le gris, ont le sens de l’ouïe très-parfait ; et Razoumowsky, dans son Histoire naturelle du Jorat, a été induit en erreur, lorsqu'il a cru reconnoître que les sauriens sont privés de ce sens : on doit même croire qu'il n’aura pas observé avec assez d'exactitude. Voici comment il s'exprime sur ce sujet : (Les orifices, placés aux deux côtés du cou derrière la tête, chez 0 4 LM , 516 © GAS T O IR Et cerlaines espèces de lézards , sont réputés’ par la plupart des naturalistes, comme les oreilles des animaux. Ce qu'il y a de certain pour nous, c’est qu'ayant frappé mainte fois et de différentes manières sur des vases de verre dans lesquels nous gardions des lé- zards , ces animaux nous ont paru tout aussi insensibles à ces divers bruits que si la Na- ture les eût destinés à n’entendre absolument rien ». Le lézard gris des murailles est sujet à varier dans ses couleurs, suivant l’âge, le sexe et sur-tout le pays : comme on le ren- contre également dans le nord de l’Europe et dans ses parties méridionales , il n’est pas surprenant que ce petit reptile ait des teintes et une distribution différentes de couleurs. Je crois devoir regarder comme variétés les lézards gris dont Razoumowvsky a donné la description dans son Histoire naturelle du Jorat, et même la variété B indiquée par Latreille dans son "Tableau des reptiles de France. PREMIÈRE VARIÉTÉ. Le lézard gris à ventre teint de jaune. D. EE.) AS LÉ Sa Il a tout le dessus du corps d’un cendré Lee RE DES'LEZARDS. ‘uf verdâtre , avec des taches noires, arquées, irrégulières sur le dos, qui se réunissent ensuite vers les flancs en forme de cercles irès - rapprochés, dont l’ensemble présente une sorle de dessin ou d'ouvrage à réseau. Les plaques des côtés de la tête sont * blanches , avec un bord noir ; celles du ventre ont au contraire une couleur blan- che, entourée d’une bordure jaune, qui est marquée d'une petite tache noire irrégu- hère. La face interne des cuisses et des jambes , ainsi que le dessous de la queue, sont entièrement jaunes. | La queue est verticillée, un peu pius longue que le corps, et marquée sur ses côtés, à commencer de sa base où de son origine , de lignes noires demi - circulaires, qui Ééurent une tache blanche, Cette variéié, dont le ventre est teint de jaune un peu orangé, est trés- voisine du lézard gris des murailles, soit par sa forme et ses couleurs, soit par ses habitudes ; elle habite dans diverses parties de la Suisse, principalement aux environs de Lausanne, selon Razoumowsky. ( Première variété du lézard gris ; Histoire naturelle du Jorat et de ses environs, in- 8°, tome Ï, pag. 104, ph, Gg2l, a,6.) 218 HISTOIRE Latreille, dans le Tableau des reptiles de: la France qu’il a inséré au commencement de son Histoire naturelle des salamandres ; a regardé cette variété comme synonyme du lézard gris des murailles. DEUXIÈME VARIÉTÉ. Le lézard gris à taches rondes d'un bleu iurquoise Sur les côtés du ventre. DE LA SBISSE. Ce lézard est fort roux en dessus et sur le ventre , à peine taché sur le dos ; mais les caractères de celte variété, qui paroissent plus constans, et que Razoumowsky a re- trouvés plus ou moins bien prononcés dans tous dre individus, sont Îles deux suivans : . Des taches rondes d’un bleu de tur- quoise sur les côtés du ventre ; 20, Et des taches noires arquées, avec une aire blanche au centre , situées aux côtés de la queue. On trouve cette variété le long des murs des vignes , à Eclepens et à Ouchi, aux en- virons de Lausanne. (Quatrième variété du lézard gris; Histoire naturelle du Jorat, in-0°, tome [, pag. 105.) DES LEZARDS. 159 TROISIÈME VARIÉTÉ. Le lézard gris avec les côtés de la téle un peu teint de verd. HAL A SUES,S E: Ce lézard est en dessus d’un gris tirant fort sur le roux , avec des taches très-fon- cées et très-agréablement marquées sur le dos : on voit du verd sur les côtés de la tête , et toüt le dessous du corps est blanc. ( Deuxième variété du lézard gris; Histoire naturelle du Jorat , tome I, pag. 105.) QUATRIÈME VARIÉTÉ. Le lézard gris; dont les flancs sont peu foncés, et dont le ventre est presque entiérement Jaune. D'ÉEIDN SDISSE C’est la troisième variété du lézard gris. (Hist nat. du Jorat, tom. I, pag. 105.) CINQUIÈME VARIÉTÉ. Le lézard gris, à huit rangées longitudinales de pars sous le corps. D'É, LA FR À N C:E. Cette variété remarquable est placée dans la galerie du museum d'histoire naturelle de Paris. 50 HISTOIRE Elle a huit rangées longitudinales de pla" ques sous le ventre. Le dessus du corps est d’un gris brun, avec des raies plus pâles," longitudinales , alternativement plus larges; il y a des taches noires sur les unes, et des points blanchâtres sur les autres. On trouve de plus vingt-quatre à vingt-six tubercules calleux ou grains peu saillans, sous chaque cuisse. ( Latreille , Hist. nat. des salaman- dres , in-8°, 1800, page 17.) Dimensions principales du lézard gris. . pouc. ligm Éousueur/-totales it. a. she 5e Longuerr de la tête. . . PUR 7 Batlaraeure (Gil US nr RSS 5 Liossucar dou 2 UNS SNS VA Lonsueur dui corps 450004 ue ME A ER Lonosueur de la queuc. 1 CAL. RUN G 1 | D'ÉSUDE Z AMD S. em Le Dé. ZAR BRONGNIARDIEN (à) Lrsrorre naturelle des reptiles a fait depuis peu, en France, des progrès rapides, grace aux travaux de mon collègue Alex. Brongniart, qui est parvenu à diviser cette classe d'animaux en quatre ordres parfaite- ment distincts. Il a aussi prouvé la néces- sité de partager et d'augmenter les genres déjà établis par Lainnæus , et il a donné à ses nouveaux genres des caraclères beau- coup plus tranchés que ceux qui leur avoient été assignés par Laurent. C’est donc afin de reconnoître les services qu’il vient de rendre à l'histoire naturelle des reptiles, que j'ai donné son nom à une nouvelle espèce de lézard qu'il a bien voulu me communiquer , et qui doit être placée immédiatement après le lézard gris des rmu- railles. (1) Lacerta Brononiardii ; griseo - cæœrulescens , maculis nigris irresulariter marmoratis suprè dersum dineisque tribus longitudinalibus macularum ef pure torum nigrorum in utroque latere. Et 222 HISTOIRE * Le lézard brongniardien a beaucoup de ressemblance avec le lézard gris ; peut-être même pourroit-il être regardé, par quelques: naturalistes , seulement comme une variété remarquable. On doit cependant en faire une espèce distincte, sur -tout si lon réfléchit que le lézard gris et le lézard brongniar- dien se rencontrent tous deux à Fontaine- bleau ; mais qu’ils ne vivent jamais ensemble, qu'ils n’ont pas les mêmes habitudes ; que lun vit toujours dans les fentes des murs auprès des habitations , tandis que l’autre n’habite que parmi les rochers. Le lézard brongniardien est d’un cendré bleu clair en dessus , presque blanchâtre en dessous. Le dessus du corps et de 1x base de la queue est marbré de petites taches noires , oblongues irrégulières , à peu près comme au lézard verd à traits noirs (/acerta litterata ). À la partie supérieure de chaque flanc il y a trois rangées longitudinales de petites taches noires , et les deux rangées supérieures sont comme réunies entre elles par une teinte bleue noirâtre; en sorte qu’on pourroit dire que, sur le haut de chaque flanc , il y a une double rangée de taches noires rapprochées , puis une simple rangée parallèle de taches noires et réunies. Hnfm | | : | k | | DES LEZAR DS. 223 les plaques du ventre , placées contre les flancs , sont marquées chacune d’un gros point noir et arrondi , ce qui fait une rangée longitudinale de points noirs au bas des flancs. Il y a quelques petits points noirs épars sous la tête, le cou et les côtés du ventre. On trouve six rangs longitudinaux de pla- ques sous le ventre , un rang de dix-huit grains poreux sous chaque cuisse. La queue est un peu plus longue que le reste , composée de soixante-huit à soixante- dix verticilles : elle a quatre raies longitudi- males de petits points noirâtres effacés , et elle est blanchâtre sans taches ni points en dessous. Peut - être seroit -1l convenable de rap- porter ici comme synonyme la seconde va- riété du lézard gris , qui a des taches rondes, d'un bleu de turquoise, sur les flancs. PREMIÈRE VARIÉTÉ. Lézard brongniardien, ayant les rangées de grains poreux du dessous des cuisses prolongées et réunies ensemble au devant de l'anus. Cette variété habite aussi à Fontaine- bleau. € 45h JL 224 HES'TONR EM LE LÉZARD SOYEUX {): EL lézard soyeux a été découvert par Eaurenti, en Allemagne, dans des tas de pierres auprès des eaux. Selon cet auteur, ce saurien a un collier dont les plaques in- termédiaires sont carrées : sa peau est très- mince, couverte de très - petites écailles brunes. Le dessus de la tête est revêtu postérieu- rement d’une peau entière, qui est divisée par sillons seulement vers le museau ; au dessus de chaque orbite on voit une plaque convexe. Le thorax est garni d’une peau irès-mince , légèrement écailleuse , qui se ride lorsque Fanimal tortille son corps. La queue est deux fois aussi longue que le corps, cylindrique et très-amincie. La couleur est brune foncée en ds x (1) Lacerta sericea ; suprè fuscescens è viridi eë cæruleo pellucens, subtis albido-virescens , caudä duplo longiore sub-striatä. Seps sericeus. Laurenti, Syn. repulium, pag. 61, n° 104; pag: 160, pli, fig. 5. avee , DES LEZARDS. 225 avec le collier et le ventre d’un rougeâtre clair, qui se change en reflets verds ou ar- gentins au soleil. C’est parce que ses cou- leurs sont changeantes , ainsi que celles du tafetas et des autres soieries, que Laurent: lui a donné l’épithète de soyeux. Le corps est très-lisse, mince et un peu ponctué. La tête est ovale, avec la langue échancrée , obtuse , comme aux orvets. Il n’est pas très-vif dans ses mouvemens. D’après cette description assez inexacte, je n’avois pas cru qu'il fût convenable de regarder ce lézard comme une espèce dis- tincte ; je pensois qu'il étoit plutôt un jeune lézard gris ; mais Alex. Brongniart m’a com- muniqué récemment un petit lézard qu’il à trouvé sur les Pyrénées ; et qu’il rapporte au seps sericeus de Laurenti. Cette opinion me paroît très - vraisemblable ; mais alors Laurenti aura commis une erreur dans sa description , car les plaques de la tête sont au nombre de quatorze , et la langue est extensible et fourchue, comme aux autres lézards. Tout le corps est revêtu en dessus de petites écailles qui paroissent légèrement carénées dans leur centre, lorsqu'on les. regarde à la loupe ; les écailles de la queue Reptiles. Tome II. E 226 HISTOIRE sont semblables , ce qui la fait paroître striée en long. | Le collier est formé die rang de huit écailles ; sous le ventre il y a six rangées longitudinales de plaques ; chaque cuisse est munie en dessous de dix-huit grains poreux placés sur deux rangs. | ï L'animal est en dessus d’un bleu foncé; luisant , et changeant en reflets verds et bleus; le dessous est d’un blanc lésèrement verdâtre. Sur chaque côté du dos il y a une série longitudinale de très-petits points d’un beau blanc, écartés les uns des autres; et sur chaque côté de la queue ily a M séries semblables. Dan ne du lézard soyeux. pouc. ligne Longueur totales Sie ii at PAT te 3 6 Longueur de la tête et du cou........... 7 Lionsuenr du corps... 040) ns 9 Longueur de la quene..…........ 0710 DES LEZARDS. 7 LL ZAR D DE D AU LEON Li à J "AI déjà beaucoup observé de sauriens ; je crois même être parvenu, à l’aide des ouvrages publiés par plusieurs naturalistes qui mont précédé , à bien connoître la plupart de ceux qu’on rencontre dans les diverses parties de l’Europe ; et cependant je n'ai jamais pu découvrir, dans les diverses collections d'histoire naturelle qui sont à Paris, le petit lézard que Laurent a nommé seps argus, et que j'appellerai dorénavant lézard de Laurenti , afin de le distinguer du Jézard argus d His | | | | | | | C’est le plus petit de tous les lézards aa connus ; car il a trois pouces de longueur totale, si Laurenti l’a représenté de gran- deur naturelle , comme je suis porté à le (1) Lacerta Laurentit; suprà cinereo-fuscescens , | | wndèquaque ocellata; ocellis dorsalibus obsoletis , tate= ralibus i in triplici serie longitudinali dispositis. Seps argus. Laurenti, Syn. reptil. pag. 61 , n° es la 161 , pl 13 fig. 5, P 2 228 HISTOIRE croire. Il ressemble parfaitement, à cause de sa forme , à un jeune lézard gris de mu- railles. | Il est en dessus d’un cendré brunâtre , couvert par-tout de petites taches ocellées. Ces petits yeux jaunes dans leur centre , entourés d’un cercle noir, sont plus effacés et plus pâles sur le dos; sur la nuque ils sont répandus sans ordre, mais ils sont plus apparens et rangés régulièrement sur les côtés du corps. Ces dernières taches ou plu- tôt ces points ocellés forment sur chaque flanc trois rangées longitudinales , et qui ont un éclat très-brillant , sur-tout la ran- gée du milieu , lorsque l’animal est exposé vivant au soleil ; la rangée inférieure est plus pâle que les deux autres. Vers chaque cuisse on voit des points ocellés de moyenne grandeur , presque réunis entre eux, et for- mant une rangée qui s'éteint et s’efface in- sensiblement à mesure qu'ils sont plus près de l’extrémité de la queue : cette queue est verticillée, et un peu plus longue que le reste de l’animal. Le lézard de Laurenti est infiniment joh, a cause de ses taches ocellées, nombreuses, qui lui mériteroient l’épithète d’argus , si elle n'avoit déjà pas été donnée par Sebal DES LEZARDS. $ à un autre lézard d'Amérique. Il a beau- coup d’analogie , par sa forme et ses habi- tudes , avec le lézard gris commun, car il grimpe de même sur les murailles verticales; il est en outre très - familier , puisqu'il ne cherche pas à mordre lorsqu'on le tour- mente ; et quoiqu'il soit très - agile , il se laisse volontiers prendre à la main. Je suis assuré qu'il a , sous chaque cuisse, une ran- gée de grains poreux ; mais Laurenti a oublié d'en indiquer le nombre. Il n’a pas aussi fait .connoître le nombre des rangées longitudinales et transversales de petites plaques qui recouvrent le dessous du corps, mi la couleur de ces plaques : j'invite en conséquence les naturalistes qui trouveront dorénavant ce lézard, d’en publier une des- cription plus complette: #50 à GERS OU REX W D: Voyez la planche XX XVIII, fig. 2, de ce volume: LE LÉZARD ARÉNICOLE( Loaurenrs est , jusqu’à présent , le seul naturaliste qui ait regardé ce lézard comme devant former une espèce différente du lézard gris des murailles ; et quels que soient les motifs qui ont pu déterminer tous les autres auteurs à le ranger parmi les variétés du lézard gris, je crois devoir adopter l’opi- nion de Laurenti, parce que ce lézard dif- ère du gris par la taille, la disposition des couleurs , la forme du corps, même par les (1) Lacerta arenicola ; griseo-fusceseens, subtis pallidior immaculata ; tæni& dorsali macularum fus- carum ; duplici serie ocellorum fuscorum , albis punc= dis, alterâque serie punctorum alborum in utroque latere. Seps cærulescens. Laurenti, Symops. rept. pag. 62, n° 169, pl1, fig. 3. — Lacerta agilis , var. 8. Gmelin, Syst. nat. pag. 1071, n° 15. — Lézard verd, Var. g. Latreille, Histoire naturelle des salamandres, in-8°," pag. 16. — Lézard léopard, lacerius pardus. Razou-w mowsky, Hisioire naturelle du Jorat, in-8°; Lau- sanne , 1789 , tom. I, pag. 107, pl. 3x, fig. 4. . D ESY LE ZA RID S. (en habitudes , ainsi qu’il est facile de s’en con- vaincre. Ces deux lézards habitent les mêmes contrées en Europe, mais non pas les mêmes lieux : l’un vient se réfugier dans des mu- railles près de nos demeures, et s’y creuse des retraites ; l’autre , au contraire, fuit la proximité des lieux habités : il se retire au fond des bois, dans des trous assez profonds qu'il se fait dans le sable durci. Les deux espèces ne peuvent vivre ensemble, et pa- roissent plutôt se fuir que se rechercher. S'il étoit nécessaire de rapporter le lézard arénicole à une autre espèce européenne , 1 faudroit le regarder comme une variété du lézard des souches, avec lequel il a beaucoup d’analogie. Ïi ne paroît même en rer que par les caractères suivans : 1°. Le lézard: arénicole est un peu plus grand et plus fort, car 1l parvient insquia sept pouces de longueur totale. Voici même le tableau de ses dimensions. pouc. lip, MonmHeur (OAI. 1. 0. 0 e NO TE DH UENT UE VIA NTEELES 0 US OU MU 8 Longueur du cou et du corps. - . . . .« 2 Longueur della tquene: ‘Li: 4404 IE AU 5 Lexseurdiiconpss hist ess ein. 9 232 HISTOIRE 20, Sa tête est plus également pyramidale, c'est-à-dire , que les quatre côtés sont plus régulièrement plats, et que le museau n’est aminci qu'au devant des yeux. 5°. Sa couleur est d’un gris jaunâtre uni- forme, plus pâle et sans taches sous la tête , le corps et la queue, plus foncé et brunätre en dessus, avec une double rangée longi- tudinale de petites taches brunes bordées de blanc jaunâtre sur le dos et la base de la queue ; dessus chaque flanc on voit une double rangée de petites taches brunes ocel- lées d’un point blanchâtre , et une autre ran- gée de points blanchâtres sur chaque flanc. 4, Enfin, sous chaque cuisse il y a une rangée de quinze grains rudes au toucher; et ce nombre de grains ne paroît pas varier dans les divers individus que j'ai déjà ob- servés. Le lézard arénicole a toute sa peau re- eouverte d’écailles parfaitement semblables à celles du lézard des souches ; sa queue est également striée en longueur sur toute sa surface , parce que les écailles qui la revêtent sont toutes carénées. Cette queue est d’ailleurs verticillée. J'ai d’abord cru que le seps bleuâtre de Taurenti devoit être regardé comme syno- DES LEZARDS. 255 nyme du lézard des souches ; mais, en exa- minant avec attention la figure de ce seps, que cet auteur a donnée dans son ouvrage sur les reptiles, je lui ai trouvé une ressem- blance parfaite avec l’arénicole. J'ai trouvé plusieurs fois le lézard, dont je viens de donner la description, dans les bois sablonneux , voisins de Paris; on le rencontre aussi dans toutes les parties les plus tempérées de la France et de l’Alle- magne. Laurenti la trouvé aux environs de Vienne. | | Ce reptile est très-vif et très-alerte : on le voit courir avec rapidité sur le sable, lorsque le soleil y darde ses rayons , et il est alors aussi luisant que du taffetas ; son aspect est soyeux , si je puis n’exprimer ainsi. Laurenti a comparé ce luisant aux reflets bleuâtres des perles ; car il dit cor- pus cœruleo-margaritaceum. Il est très - sauvage et difficile à appri- voiser ; le moindre bruit lépouvante , et il va aussitôt se cacher dans les trous qu’il s'est creusés : s’il est prisonnier, il ne veut prendre aucune nourriture ; et lorsqu'on l’agace , il cherche à mordre. Il vit par paire dans le sable , et paroît se nourrir principalement de fourmis et #4, cs HATSTONRE d’autres insectes. La femelle pond jusqu’à seize œufs blancs, dans un trou particulier, profond de trois à cinq pouces, et elle les recouvre avec du sable. J'ai reçu de Cambrai une variété appar: tenanite au lézard arémicole , et qui n’en diffère que par son collier à écailles brunes et par sa tète marquée çà et là en dessus de pe- tites taches irrégulières noirâtres. En tenant cette variété à une lunrière vive, les cou- leurs foncées de son corps ont quelques reflets pourpres et bleuâtres, ce qui la rap- proche du seps bleuâtre de Faurenti. Latreille, dans le Tableau des reptiles de la France, au’il a placé au commencement de son Histoire naturelle des salamandres, a reconnu, d'après le professeur Lacépède , deux espèces distinctes dans le /acerta agilis de Linnæus; et il a indiqué sept variétés au lézard verd , et deux au lézard gnis; mais il me semble qu'il n'a.pas assez exac- tement caractérisé ces deux lézards et les variétés qui en dépendent. Je n'ai puy reconnoître, d’une manière certaine , les variétés qui doivent appartenir au lézard arénicole et à celui des souches : je puis seulement soupçonner que la variété g du lézard verd est le synonyme du lézard aré- DES LEZARDS. e55 nicole, et que la variété c se rapporte au lézard des souches. : | La variété g a , selon ce naturaliste , six rangs longitudinaux d’écailles sous le ventre, outre les deux marginaux plus courts, les deux du milieu plus étroits. Sa couleur est d’un gris cendré en dessus ; son dos est plus foncé , avec de petites taches blanches en- vironnées de noir : sur chaque côté du corps on voit trois lignes de taches semblables; le dessous du ventre est d’un jaune souvent orangé ; et il n’y a que douze à treize tu- bercules calleux sous chaque cuisse posté- rieure. On la trouve aux environs de Paris. Razoumowsky, dans son Histoire natu- relle du Jorat, a bien décrit ce lézard aré- nicole; et quoiqu'il le range parmi les va- riètés du lézard verd, il paroît cependant croire qu'il doit former une espèce parti- culière, car il le nomme Zézard léopard, (lacertus pardus ). La figure qu’il en a don- née, pl. 1, fig. 4, n’est pas bien exacte. Le lézard léopard de Razoumowsky est d’un gris cendré en dessus, avec une série longitudinale de taches blanches, linéaires, bordées de brun ou de noir sur le milieu du dos, et qui, sur une partie de la longueur de la queue, dégénèrent en taches assez 236 © FAX S TE O FRE larges et noires, bordées de lignes blanches; parallèlement à cette bande, on voit à chaque côté de celles-ci, sur le dos et les flancs, trois à quatre séries composées de petites taches isolées, arrondies, ou un peu triangulaires comme celles du léopard, for- mées elles-mêmes d’un cercle brun, envi- ronnant un point blanc qui est composé de trois à quatre écailles, disposées souvent en rose, et ces taches se trouvent aussi sur la : face externe des jambes. Il règne sur les côtés de la queue une assez large bande blanche, . bordée de brun. Enfin, tout le dessous de la tête et du corps, la face interne des jambes de devant, et la moitié de la face interne des jambes de derrière sont d’un jaune orangé pâle; l’autre moitié de la face interne des jambes de derrière et le dessous de la queue sont irrégulièrement parsemés de petites taches brunes sur un fond couleur de chair. On trouve assez communément le lézard léopard dans les bois de Vernans aux environs de Lausanne. Razoumowsky a observé que presque tous les individus sont infeclés d’un nombre prodigieux de vers, qui paroissent être les larves d’une espèce. particulière d’oestre, dont il n’a jamais pu. obtenir la métamorphose cemplette. DES LEZARDS. 2% LE "YL:ÉË0Z AR D: BRU N, D'ALLEMAGNE (i) Lo Us les naturalistes ont été jusqu’à pré- sent incertains de la place que doit occuper, parmi les lézards, celui que Laurenti a dé- crit et figuré dans son ouvrage sur les rep- tiles sous le nom de seps terrestris.Van-Ernest a trouvé plusieurs fois dans diverses parties de l'Allemagne, sur-tout aux environs de Vienne, sur la terre sèche et dans des tas de pierres, un lézard brun qui est sans doute le même que le seps terrestre de Laurenti, et qu'il faut placer à la suite du lézard arénicole. En effet, le lézard aréni- cole ressemble parfaitement au brun, ex- cepté seulement par les couleurs; ils ont . lun et l’autre les mêmes dimensions ; mais (1) Zacerta fusca; colore atro-fuscescente ; serie longitudinali macularum obsoletarum in utroque latere ‘eorporis ; subtns pallescens. Le lézard brun. Van - Ernest, Note manuscrite communiquée. — Seps terrestris. Laurenti, Synops. rept. pas. 61 et 166, n° 107, pl. mx, fig. 1 238 LE ES RE O IR Æ | | le second a peut-être le corps un peu plus alongé, et une forme plus élancée. | Le lézard brun d'Allemagne a toutes ses parties supérieures d’une couleur brune, uniforme, légèrement verdâtre au soleil, plus pâle sur les flancs, et même d’un blanc jaunâtre presque blanchâtre sous le corps, la tête, les membres et la queue. Son col- lier a une couleur semblable à celle des perles. Il est aussi remarquable, parce qu’on voit au dessus de chaque flanc une ran- gée longitudinale de petites taches noirâtres, comme effacées, et inégalement répandues. Laurenti a remarqué que la queue verti- cillée du seps terrestre est couverte en des- sous d’écailles aiguës, et en dessus d’écailles linéaires. | Ce lézard est infiniment agile, et par con- séquent très-difficile à prendre. Il est d’un uaturel crainüf et farouche; mais, dès qu'on commence à le tourmenies: il, essaie de. mordre tous les objets qu’on lui présente ; et quoique ses dents soient courtes et peu aiguës, il retient avec force ce qu'il a saisi entre ses dents. Suivant Laurenti, le seps terrestre Habite sur les terrains plats et pierreux; 1l fuit en sautant avec légèreté, se cache sous les, / DES LEZARDS. :% pierres, mais ne paroît pas se creuser des trous souterrains. J'ai cru pendant quelque tems qu’il fau- droit aussi rapporter au lézard brun d’Alle- magne, soit comme variété, soit comme un individu de sexe différent, celui que Laurenti a nommé seps rouge , el qui ne paroïit, d’après la phrase spécifique de Laurenti, différer principalement du lézard brun que par sa couleur d’un brun roussäire, umiforme en dessus, et par ses flancs brunêâtres; mais, en examinant avec soin et la figure et la des- criplion plus étendue qu'en a donnée Lau- renti, il est certain que ce prétendu seps rouge est une variété du lézard des souches (Zacerta stirpium, dorso fusco rufescente im- maculato). J'ai trouvé récemment, et une seule fois, cette variété remarquable dans le bois de Boulogne, dans une partie de ce bois où les lézards des souches sont assez fréquens. | Le seps terrestre et le seps rouge de Laurenti forment les cinquième et sixième variétés du Zacerta agilis de Linnæus. 240 HISTOIRE LE LÉZARD A MUSEAU POINTU (à): Cr lézard est plus court, plus ventru que le lézard gris des murailles, avec le nez ou le museau plus pointu. On voit sous le cou un collier formé d’écailles ternies, ou plutôt un double pli assez remarquable. Sous chaque cuisse il y a aussi une rangée de quelques tubercules ou grains calleux, ternis, et peu nombreux. La queue est beaucoup plus courte que celle du lézard gris ordinaire, un peu épaisse — (1) ZLacerta arguta ; caud& verticillatä brevi , basi crass& , apice filiformi; collari squamis obsoletis ; plic4 duplici et insigni sub collo ; colore glauco fas- ciis crebris et transversis nigris , subtùs albo. Laceria arguta. Pallas, Voyage en Russie, édit: française, in-6° , tom. VIII, pag. 87, n° 87. — Idem. Gmelin, Syst. nat. pag. 1072, n° 65. — Le lézard à museau pointu. Latreille, Hist. nat. des reptiles, in-18, tom.I, pag. 250. % a 54 DHSFLEZARDS. a à sa base, ensuite subitement amuncie, avec son extrémuté fiiforme. Cette queue est werticillée. La couleur de l'animal est en dessus d’un verd glauque, avec des bandes noires trans- wersales et très-nombreuses, souvent con- fondues ensemble sur le corps, toujours très- distinctes l’une de l’autre sur la base de la queue; et chacune de ces bandes con- tient quatre ou cinq points ocellés, de la couleur du dos; le dessous est blanc. On trouve le lézard à museau pointu dans les lieux arides, pierreux et déserts, qui bordent les parties les plus australes du fleuve Irtisch : il est plus rare aux environs de la mer Caspienne, et dans les déserts sablonneux. | Ce lézard a été découvert par Pallas, et décrit assez incomplettement, par ce natu- raliste célèbre, dans l’Appendix qui termise la Relation de son voyage dans plusieurs | provinces de l'empire de Russie. | Gmelin l'a placé dans la même section que le lézard gris, parmi ses seps. Latreille l’a ensuite mis entre le lézard | rembruni, qui est une espèce de scinque, et le lézard exanthématique que j’ai reporté Reptiles. Tome III. Q 242 HISTOIRE dans le genre des tupinambis. Le même naturaliste a paru croire que ce lézard doit se rapporter à la variété f ou g de son lézard verd, c’est-à-dire, aux lézards des souches ou arénicole; mais je trouve trop de différence entre ces lézards pour adop- ter son opinion. LR DEÉS'LEZARIDS 3% SIXIEML SÉCTION LÉZARDS DRACÉNOIDES. ls ont deux plis écailleux sous le cou. Leur queue cylindrique est verticillée à sa moitié antérieure, et réliculée à son autre moilié. LE LÉZARD A CINQ RAIES (1). Le lézard , auquel je donne ce nom, a quelque analogie avec la dragone de Îa Guiane, à cause des écailles qui sont diffé- rentes sur chaque moitié de sa queue. C’est à mon ami le professeur Cuvier que je suis redevable de la connoïissance de ce lézard vraiment extraordinaire, dont il m'a com- muniqué la description et un bon dessin : (1) ZLacerta quinquelineata ; collo subis biplicato, caudé anticè verticillaté, posticè reticulaïà ; colcre cærulescenté , lineis quinque dorsalibus eë longitudi- nalibus nigris, ocellis albidis in utroque latere. Lacertus major, cinereus , maculatus. Sloane , Hist. | am. pag. 535, pl. cezxxurt, fig. 5. Q » 2 244 HISTOIRE il en a observé un individu adulte et trois jeunes dans la collection de M. Lecomite , à Caen. Je connois déjà plusieurs sauriens dont la queue paroît, au premier abord, formée de deux moiliés de queues différentes : tels sont la dragone de la Guiane, ainsi que les scinques à trois raies, et sloanien; les natu- ralistes ne doivent donc pas être étonnés de rencontrer un caracière semblable sur une espèce du genre des lézards proprement dits. _ Voici ce que Cuvier a remarqué de par- ticulier par rapport au lézard à cinq raies. Le museau est couvert dessus et dessous d’écailles (plaques) angulaires; on voit des- sous la gorge de petites écailles et deux fortes rides transversales (1). Le dessus et les côtés du corps, la face supérieure des bras et des pieds sont cou- verts de très-petites écailles disposées sur des lignes nombreuses et transversales. (1) Il ne paroît pas que ce lézard ait un collier sous le cou; car Cuvier n’en parle pas dans la des= cription qu'il m’a communiquée. Quoiqu'il n'ait pas fait mention ici des grains poreux qu’on re= Marque sous les cuisses de tous les vrais lézards, cependant je suis persuadé que le lézard à cinq raies en a également; mais je ne sais pas quel est leux nombre au juste. DES ME Z ÆR DS. 245 Le ventre, la face inférieure des bras et. des pieds ont au contraire de grandes pla- ques, qui sont carrées et disposées sur huit rangs longitudinaux sous la poitrine et le ventre , angulaires ou An ee sous les membres. La queue est couverte d’écailles carrées et verticillées, depuis sa base jusqu’au mi- lieu de sa longueur, où elles cessent subi- tement pour faire place à de petites écailles rhomboïdales, presque hexagones, imbri- quées, réticulées entre elles, et semblables aux écailles de la gorge. Le lézard à cinq raies paroît avoir beau- coup de rapports avec le lézard des souches, soit par la forme de ses différentes parties, soit par sa taille et ses dimensions. Sa couleur est d’un bleu d'azur un peu terne, foncé sur le corps, pâle dessous; sur le dos il y a cinq lignes longitudinales noires ; el sur les côtés on voit deux rangées de taches rondes, blanchâtres. ‘Tous les membres ont cinq doigts, très-inégaux en longueur aux pieds de derrière. Les jeunes lézards à cinq raies ont la queue plus courte à proportion que celle des adul- tes ; la queue de ceux-ci occupe à peu près les trois cnquièmes de la longueur totale. Q5 . & 246 HISTOIRE Je ne sais pas au juste dans quelle partie de la ierre habite cette singulière espèce de saurien; cependant je la crois de la Ja= maïque, car J'ai trouvé, dans l’ouvrage de Sloare sur l’histoire naturelle de cette île, la description et une figure assez correcte d’un lézard que je soupconne être semblable; ou qui appartient au moins à [a même section. Voici ce que Sloane dit de ee saurien; qu'il appelle grand lézard tacheté. t, 11 a environ huit pouces dedongueur; le dos et la queue sont d’un brun elair, avec des lignes longitudinales d’un verd jaunâtre; le ventre est bleu. Il ressemble beaucoup par sa forme aux autres lézards. Sloane assure qu'i se retire dans les vieilles mu= railles de la Jamaïque. DES LEZARDS. 47 es SEPTIÈME SECTION. NÉ ZA RD. S::S TRE É:S. Crrre section ne renferme encore qu’une seule espèce de lézard que j'ai reçu de Su- rina!T. If a sous le cou un collier qui est com- posé de plusieurs grandes écailles ; et son ventre est revêtu de plusieurs rangées lon- situdinales de plaques rhomboïdales , et ca- rénées de manière que ce ventre est strié ‘sur toute sa longueur. La queue est verticillée et couverte de stries longitudinales , à cause des écailles carénees. LE‘LÉZARD STRIL G) ” Ce lézard, que je regarde comme devant former une section particulière parmi les sauriens de ce genre , à cause des plaques (1) Lacerta striata ; grisea, lateribus sub-cæruleis Jusco longsitudinaliter bilineatis, squamis dorsi et abdo- " minis majoribus , earinatis el striairs. Q % \ Fe 248 HISTOEFRE de son ventre qui sont carénées , a la tête presque quadrangulaire , alongée , amincie, et couverte en dessus et sur les côtés, même, sur les bords de la mâchoire inférieure , de grandes plaques lisses. * Les écailles des flancs sont très-petites et légèrement carénées, ainsi que celles de la gorge et du cou, qui sont un peu plus dis- ünctes. Les écailles du dos sont encore un peu plus grandes, rhomboïdales , et elles forment par leurs carênes dix-sept siries longitudinales , saillantes. Celles du venire surjpassent toutes les précédentes en gran- deur ; ce sont de vraies plaques rhomboï- dales dont les carênes forment quinze stries longitudinales. Sous le cou on voit un collier transver- sal, formé de grandes écailles redressées, avec un gonflement au dessus des bras. Les écailles du dessous des membres et de la queue sont aussi grandes à peu près que celles du ventre, marquées de stries longitudinales : les écailles de la queue sont d’ailleurs disposées sur des anneaux trans-. versaux , ce qui la rend verticillée. Le dessus du corps est d’une teinte gri- sätre , tirant un peu sur la couleur de suie;« les flancs sont au contraire d’un gris kleuâtre.# D'E:S/ LE Z AIR:D S. 249 Une large bande brune, bordée dessus et dessous d’une ligne blanchâtre , se prolonge depuis les oreilles au dessus des flancs et des cuisses, jusques sur les côtés de la queue; un autre trait brun passe sur les yeux , eb va s’éteindre peu à peu sur les côtés du dos: les flancs sont marqués de quelques points bleuâtres pâles ; enfin , la gorge , le ventre et le dessous de la queue sont d’un gris jau- nâtre pâle , uniforme. Sous chaque cuisse 1l y a une rangée de dix petits tubercules ou grains poreux. _ Les doigts sont de moyenne grandeur ; excepté celui qui est voisin du petit doigt des pieds postérieurs ; ce doigt est très-long, comime aux aulres lézards proprement dits, et 1l a un caractère très - singulier dans la disposition des écailles latérales ; car ces _ écailles sont redressées de manière à former une petite dentelure en scie, ce qui doit aider infiniment ce lézard à grimper avec vitesse sur des corps lisses et sur des arbres. M. Marin de Bèze, médecin à Surinam, et très-zélé pour l’histoire naturelle ,a trouvé dans cette partie de l'Amérique méridionale le lézard dont je viens de faire la descrip- on , et il a bien voulu m'en faire présent. 350 PPS TO FR . t ç Dimensions du lézard strié, qui est conservé dans me eolleetion. pied. pouces. ! Fongueur totales ns is dahanserie RER Ponsaeur de.la:tète 1 1 0e PES I Ponsuepr di 60rps. 44 2 0 CE 3 Longueur de la queue . . . . . . ro J'ai remarqué dans l'ouvrage de Seba une espèce de lézard qui m'a paru devoir être regardé comine synonyme du lézard strié, sur-tout à cause de la figure que cet auteur en a donnée , et qui est d’ailleurs assez mal _enlumimée. Lézard de Virginie , orné de taches et de Jlaimmes. (Seba, tome E, pl. Lxxv, fig. 2°) Ce grand Raids à longue queue est muni de petites écailles minces, et est marbré sur le dos de taches semblables à des flammes rousses sur un fond d'un verd foncé. Læ tête est tachelée de la même manière. Le reste du corps, savoir, les jambes , les pieds et la queue sont d’un verd pâle marqueté de laches d’un rouge obscur ; il a au dessus” de la queue une petite bordure dentelée ei scie. Ses oreïlies sont oblongues. Le corps; ainsi que Ja tête, sont longs de cinq pouces, ct da queue a douze : a quatorze pouces de Iongueur. DES TAKYDROMES. 951 2 — pu CTNQUIEMÉEY'GENR E. TAKYDROME, fakydromus. Lr corps et la queue très-longs , verticillés ; c'est-à-dire , formés d’anneaux composés de plusieurs écailles assez grandes, carrées, et surmontées d'une carène. R | - Deux petites vésicules sous la base de chaque cuisse, près de l'anus. La tête longue, étroite, et mume d’une langue extensible , lancéolée et très-fourchue. La queue mince, cylindrique, et trois fois aussi longue au moins que le corps. Les pieds minces, alongés, sur - tout les postérieurs , et munis chacun de cinq doigts grèles , séparés , et à peine onguiculés. Les deux'jolis reptiles , qui m'ont servi à établir ce nouveau genre dans l’ordre des sauriens, ne peuvent réellement appartenir à aucun des auires genres qui sont déjà connus des naturalistes ; car ils ont le corps et la queue verücillés. Ce genre doit être placé à la suite des tupinambis et des lézards proprement dits. J'ai appelé ce nouveau genre taky drome 252 HISTOIRE (takydromus ), mot tiré du grec, et qui signifie courir vite : en effet, les animaux qu'il renferme sont conformés de manière à courir avec une extrême vélocité. LE TAKYDROME BRUN, A QUATRE RAIES (1). Ce petit saurien a une forme élégante , très-élancée : 1l est très- facile à distinguer de tous les autres sauriens : et je me suis assuré qu'il n’a pas été décrit jusqu’à pré- sent, au moins avec exactitude, par les naturalistes. | Sa tête est étroite, carrée , et semblable à une pyramide quadrangulaire une fois plus longue que large. On aperçoit jusqu’à douze plaques lisses en dessus , et d’autres plaques sur les joues et au bord des mâchoires. Le museau est un peu pointu, et les mâchoires sont munies de petites dents égalés entre elles et nombreuses. | Ea langue est lancéolée , large et aplatie (:) T'akydromus quadrilineatus ; suprà fuscws, lineis duabus longitudinalibus albis in utroque latere ; sub- és ælbidus. DES TAKYDROMES. 9:55 à sa base, prolongée en une pointe très- fourchue, et très-finement frangée sur ses bords. Il y a sous la gorge et le cou des écailles hexagones, assez distinctes et réticulées. On voit d’autres écailles infiniment petites sur les côtés du cou, les bras, la plante des pieds et la face externe des cuisses ; la face interne des cuisses est couverte de grandes écailles hexagones, réticulées. Tout le corps est verticillé , ou plutôt entouré de vingt-cinq anneaux formés cha- cun de douze ou quatorze écailles ou petites plaques carrées, imbriquées l’une sur l’autre par leurs deux côtés seulement , el munies chacune d’une petite carêne tranchante et longitudinale , de sorte que le corps a en- viron quatorze stries, qui sont plus mar- quées sur le dos et les flancs. | La queue, environ trois fois aussi longue que le reste de l'animal , est verlicillée, com- posée de cent quarante anneaux formés cha- cun d’écailles semblables à celles du corps, et striées de même. Nous avons déjà observé, dans le courant de cet ouvrage sur l'histoire naturelle des sauriens , que plusieurs d’entre eux ont sur chaque cuisse une rangée de petits grains 254 HISTOIRE rudes , qui servent sans doute à quelque sécrétion particulière ; au lieu de ces grains . rudes, le takydrome a deux petites vésis | cules sécrétoires sous la base des cuisses à chaque extrémité de l’anus, qui est trans- versal , très - fendu , recouvert en devant par deux grandes écailles , et bordé en ar- rière d’écailles très-petites et nombreuses. Les pieds sont amincis, un peu aplatis , et munis chacun de cinq doigts grèles , sépa- rés , à peine onguiculés : les pieds postérieurs et leurs doigts sont presque du double plus longs que les antérieurs. Le takydrome à quatre raies est non seu- lement remarquable par sa forme, mais aussi par ses couleurs : le dessus de sa têtes de son corps, de ses membres, ainsi que ses flancs, sont d’un beau brun très-foncé, avec une petite ligne blanche et longitudi- uale dessus chaque flanc, et une auire assez semblable, comme effacée, sur le milieu de ces mêmes flancs, Tout le dessous dé ce petit saurien est d’un blanc légèrement jaunâtre , ainsi que la queue; mais celle-ci a de plus douze stries brunes, parce que les carênes de ses écailles sont de cette couleur. L'animal, qui m'a servi à faire cette de DES TAKYDROMES. 255 cription , fait parte de la collection du museum d'histoire naturelle de Paris : je ne sais pas dans quelle contrée de la terre il habite. Van-Ernest a observé, en 1788 , en Hollande , dans le cabinet du stathouder, un lézard décoloré qui paroissoit appartenir à ce nouveau reptile, et qui étoit indiqué dans le catalogue de ce cabinet par une phrase dont je joins ici la traduction. » Lézard à très- longue queue , courant avec une vitesse extrême, et doué par Spielmann, neveu.» Dimensions du takydrome & quatre raies, pied. pouc. iigr. Fonsueur totale). 2.0.7 Or) 8 Longueur de la tête. . . . . , . Dadarseur..). ,. eh: hrs. 4 Longueur du cou et du corps. . . . 1 6 Leur larçeur. D Ne ete 5 à 6 Longueur de la queue, . « . . « 1x 6 356. HISTOIRE À em ds LE TAKYDROME NACRÉ, A SIX RAIES (1). Voyez la planche XXXIX de ce volume. Csrre seconde espèce de saurien est in- finiment semblable à la précédente, et ne paroît même en diflérer que par ses cou- leurs. AE Le takydrome, dont il est ici question, est entièrement d’un beau bleu de perle, ou plutôt nacré, plus pâle sous le corps et la queue; cetle couleur, qu'on distingue encore très-bien dans le bocal d'esprit de vin où il est conservé, a dù cependant éprouver une altération sensible , à cause du long séjour de l'animal dans ja liqueur. Il est à croire que ce takydrome brille des plus vives couleurs lorsqu'il est vivant, et que les rayons du soleil frappent sur ses belles écailles. Il paroïît occuper, parmi les sauriens , à cause de sa parure éclatante , (1) Takydromus sexlineatus ; lœtè- cæruleus mi- cans, lineis tribus longitudinalibus nigris in utroque latere, la EPS CPR NON TN 2 Pigart auf. , ATLAS ù OS __—_—_—_— De. SEE RER SE CPEE SE t , 0 ENONCE LS ER Dire IT xxx7x. NACRE " in TAKYDROMI 71 4 DPattiri 4 ul Q DES TAKYDROMES. 257 la même place que la couleuvre boiga de l Amérique méridionale parnni les ophidiens, et que la rainette bicolore parmi les ba- traciens. Outre cette couleur bleue nacrée, ce taky- drome diffère encore du précédent , parce qu'il a sur chaque côté trois lignes longitudi- nales noires qui disparoissent sur la base de la queue. Toutes ces lignes partent des yeux: June d’elles se prolonge même sur les côtés du museau jusqu'aux narines; la ligne infé- rieure de chaque flanc est formée d’environ douze petites taches noires, ayant chacune, sur leur milieu, un petit point blanc. La patrie de ce saurien est inconnue : individu que j'ai décrit est placé dans la collection du museum d'histoire naturelle de Paris. Dimensions du takydrome à six raies. pouc. Îig. Bonsnemr totale "20000 Ne OR UE NE AQU 9 Moncueur de la tête. se nn en 8 LE PSS NA RER à 13 Longucur du cou. . . . . APRES EE & MAMroEur La). AR ins : te 2 Menu du cOEpS.:.. : 0. ali Arr Eur dt. nu Re ares 3 Ponsueur de la queue. - : : : : . . . 9 6 Reptiles. Tome III. FR 558 HISTOIRE “ ——— nt SIXIÈME CENRES IGUANE, igUana. Le corps entouré , ainsi que la queue, de petits anneaux très-nombreux , composés chacun de très - petites écailles à peu près carrées. Une crête haute, pectinée et for- mée d’écailles lancéolées , larges et aplaties sur toute la colonne vertébrale, plus haute entre les épaules , et diminuant ensuite peu _à peu jusqu'au bout de la queue, qui est longue et un peu comprimée sur ses côtés. La tête, assez forte, et imilant en quelque sorte un cône à quatre faces et obtus, re- couverte en dessus et sur les côtés de grandes plaques , à quatre, cinq ou six angles, ayant ses mâchoires munies de petites dents aiguës et nombreuses , et renfermant une langue large , aplatie, charnue , peu extensible au . dehors, et légèrement échancrée à son ex- trémité ; un long goitre comprimé, toujours pendant en forme de poche sous la gorge, et pectiné en devant; les pieds robustes, ayant leurs doigts au nombre de cinq à chacun, tous séparés, alongés et munis DES IGUANES. 925 d'ongles forts et crochus ; une rangée de plusieurs tubercules ou grains poreux sous chaque :cuusse. : Les reptiles qui ont été regardés jusqu’à présent , par tous les naturalistes, même par les modernes, comime devant appar- tenir aux iguanes, sont assez nombreux : cependant , si l’on veul bien examiner avec beaucoup d'attention tous ces reptiles, et s'attacher sur - tout à comparer entre eux tous. les caractères les plus importans qui doivent servir à constituer le genre de ligsuane , on reconnoïtra, parmi les iguanes déjà décrits comme tels , quatre sections très-distinctes, ou plutôt quatre genres très- opposés, et qui ne peuvent même être tous placés Pun à côté de l’autre dans l'ordre des sauriens. Le prenner genre, celui auquel je con- serve le nom d’iguane , renferme tous les ‘iguanes proprement dits, c'est-à-dire, les sauriens qui ont le corps des tupinambis, la tête recouverte de plaques comme tous les vrais lézards, leur langue courte, légé- rement échancrée à son bout, une crête pectinée, et de plus un goître comprimé et pendant, comme une poche, sous la gorge. Le second genre, que je distingue de tous KR 2 260 HISTOIRE les autres sous le nom d'agame, parce qu'il renferme le Zacerta agama des naturalistes, comprend tous les sauriens qui ont leur têle un peu calleuse en arrière et couverte de petites écailles nombreuses, le corps revêtu d'écailles rhomboïdes et réticulées, et enfin dont la langue est aplatie, non fourchue, ni échancrée, ni extensible et collée dans la bouche sur la mâchoire infé- rieure. Ce dernier caractère, qu’on retrouve également aux geckos, aux scinques , et même à presque tous les batraciens , m'a servi à réunir, dans ce genre agame, un certain nombre de sauriens que les natura- listes n’avoient pu placer jusqu’à présent d'une manière convenable ; car j'ai aussi trouvé plusieurs espèces d’agames dans le genre stellion ; tels sont le stellion orbicu- laire , l'hexagone, etc. etc. Linnæus, Laurenti, Daubenton et d’au- tres naturalistes avoient déjà reconnu que tous les lézards ou sauriens , dont la gorge étoit munie d’un goiître pendant, ne pou- voient être réunis entre eux dans un même genre, car ils ont séparé les dragons des iguanes, quoiqu ils aient un goître pendant. Les dragons diffèrent des iguanes, parce qu'ils portent deux ailes membraneuses et DES 'IGUANES. 6: Yadiées sur les côtés du corps: j6 crois pou- voir aussi séparer les basilios des iguanes, par un motif analogue ; car les basilics ont au dessus de la queue une membrane radiée qu'on peut comparer en Laits sorte à une nageoire. J'ai déjà placé les basilics entre les dra- gons et les iguanes, parce qu'ils ont tous la langue conformée de même ; car elle est épaisse , charnue, presque entièrement atta- chée à la mâchoire inférieure , et non four- chue à son extrémité. Il est également convenable de séparer des vrais iguanes celui qu'on connoît sous Je nom d’iguane marbré, et que les habitans de Surinam appellent caméléon; car cet animal diffère des iguanes proprement dits, parce qu'il n’a pas de crête dentelée sur le dos , que ses écailles ne sont pas de la même forme , ni disposées sur des lignes transver- sales, mais sur des lignes réticulées comme aux agames, auxquels il ressemble en outre par sa langue épaisse, non fourchue. Ce saurien a d’ailleurs, comme les iguanes proprement dits, un petit goîlre comprimé, dentelé et pendant sous la gorge; enfin, le dessus de sa tête est lisse et recouvert de petites plaques très-nombreuses , à quatre ; R 5 262 HAS TOTRE a cinq ou six angles. 1] résulte donc de l’énoncé. de ces principaux caractères, que le lacerta marmorata de Tainnæus est intermédiaire entre les iguanes et les agames; mais à cause de sa langue non fourchue et de divers au- tres caractères (que je ferai connoître lorsque jen donnerai la description), je le regarde comme devant former une section particu- lière dans le genre des agames, et je lap-. pellerai agame marbre. Enfin, je distingue sous le nom d’anoks un quatrième genre, qui comprend huit espèces de sauriens , que les naturalistes avoient aussi placés parmi les iguanes, à cause d'un petit pli longitudinal situé sous leur cou, mais qu'on ne peut réellement compa- rer au goit ies iguanes. Les anolis sont déjà connus sous les noms de /acerta bimaculata et lacerta principalis ; et je ferai connoître en outre six autres anolis nouvellement dé- couverts. Les anolis sont voisins des agames et des geckos, à cause de leur langue aplatie, non fourchue, et de leurs doigts presque tous terminés par une phalange plus large et mu-. nie en dessous de stries écailleuses. > © > ÿ cs "à V ei > Le 2) Oratnan'e? IGUANE DES TGUANES. 265 L’'IGUANE ORDINAIRE (1). Voyez la he XL de ce volume. À la suite de la description du crocodile du Nil, que j'ai donnée dans le volume pré- cédent , j'ai eu soin de laisser entrevoir aux (1) Zouana délicatissima ; gul& pendulé , anticè pectinat& , dorso et caudé cristatis , cristä pectinaté ; fronte rostroque scutatis lævibus. Lacerta iguana. Linnæus, Syst. nat. — Amæn. academ. tom. Ï, pag. 127 et 287. — Mus. Ad. Frid. tom. 13 pag. 4%. — dem. Gmelin, Syst. nat. p. 1062, n° 26.— L’iguane. Daubenton, Dict. erpét. Encycl. méthod. — Zdem. Lacépède , Hist. nat. des quadrup. ovip. in-12, tom. I, pag. 322, pl. x. — ZL’isuane vulgaire. Latreille, Hist. nat. des reptiles, tom. I, pag. 295, fig. tom. IV, pag. 255. — Lacertus indicus, senembi et iguana dictus. Ray, Synops. quadruped. pag. 265. — Iguana delicatissima. Laurenti, Synops. reptilium, pag. 48, n° 71. — Jouana tuberculata. Laurenti, Synops. reptilium , pag. 48, n° 51. — ZLeguana. Valmont de Bomare, Dict. d’hist. naturelle. — Lacerta leguan. Bontius , Jav. Hist. nat. et medic, pl £vi,p. 56. — The guana. Brown, Hist. natur. * Jam. tom. I. — Idem. Sloane, Jam. tom. IT, p. 355. — Idem. Catesby, Hist. nat. Catol. tom. IT, pag. 64, tab. 64, —Yrana. Olearius, Mus. pl. vr, fig. 1. — KR 4 OR 1 TRE 264 HS T OT naturalistes qu'on est encore très-éloigné de. connoître toutes les espèces de sauriens qui habitent dans les diverses régions de la terre; et c'est sur - tout lorsqu'il s’agit de savoir combien 1il existe de grands iguanes, qu’on s'aperçoit que l’histoire naturelle des rep- tiles offre de grandes lacunes, et qu’on re- grette que les voyageurs aient autant négligé de rapporter les animaux de cette classe, en Europe. Presque toutes les relations de voyages dans l’intérieur de l'Amérique mé- ridionale , de l'Afrique , et dans les îles de l'océan Indien, font mention des gros iguanes qu’on y rencontre sur les arbres, des cou- leurs admirables et variées dont ils sont ornés. Le bleu, le verd, le brun, le jaune- doré ou lazur embellissent ces sauriens agiles et voraces; leur gorge est munie d’un Idem. Clusius, Exot. 116. — Zouana. Gronovius, Mhus. tom. IT, pag. 82 , n° 6o. — Zdem. Nieremberg; Nat. pag. 271, pl. cezxxr. — Wormius, Mus. 313. — Senembi, seu iguana. Marcgrave , Bras. hist. p. 236, fig. 256. — !dem. Jonston , Quadr. pl. zxxvir, fig. 5. — Grand lézard. Dutertre, Hist. des Antilles, p. 308. — Gros lézard, nommé isuane. Rochefort, Antill. pag. 144. dre Labat , Antill. tom. I, pag. 514. —. Jacob. Mus. pl. 1v. _Hiedo, Amer. lib. 13 ; cap. 3. — Rédi, Expér. 100, t, 101. DÉS TCOUANES 6 goitre pendant ; ils ont sur le dos une crête écailleuse très-élevée, et dentée comme un peigne ; ils agitent derrière eux, avec une sorte d'élégance et de dignité, leur queue longue et crétée ; ils dardent, dit-on, leur langue fourchue au dehors de leur bouche, comme pour lapper l'air ; maïs on ne re- irouve pas, dans aucun ouvrage sur ces animaux , une seule note détaillée à l’aide de laquelle on puisse distinguer entre eux les iguanes d'Amérique avec ceux de l'Afrique et de l'Inde. C’est donc en attendant qu’on ait obtenu des renseignemens salisfaisans , ou au moins des descriptions complettes sur ces différens iguanes, qui doivent peut- être former cinq à six espèces distinctes, que je me détermine à ranger sous le même nom spécifique tous les grands iguanes des deux continens; mais en séparant cependant d'avec eux, 1° l’iguane cornu de Saint- Domingue , ainsi que l’ont déjà fait succes- svement Lacépède, Bonaterre et Latreiile; 2° et l’iguane ardoisé, dont je n’ai observé jusqu’à présent que deux individus. L’iguane ordinaire a beaucoup de ressem- ‘ blance, par sa forme principale, avec la dragone de la Guiane : il en a la taille, les dimensions et les habitudes ; mais il en 266 VLLS TOTEE diffère essentiellement par la nature et la forme de ses tégumens. La tête de l’iguane ordinaire est grosse, comprimée en dessus et sur les côtés, avec son museau obtus ; la partie supérieure est recouverte de plaques pentagones, lisses et luisantes, plus grandes sur le nez et sur les bords des mâchoires : on voit deux au- | tres plaques très-grandes et une moyenne | de chaque côté de la tête près du goître ; les deux mâchoires sont munies de dents sembiables à celles qu’on observe dans la gueule de Îa dragone , et que j'ai décrites à la fin du volume précédent ; mais la langue n’est pas susceptible de s’alonger en avant hors de la bouche ; elle est aplatie, ridée régulièrement par des stries obliques en dessous, et non fourchue à son extré- mité. | Les yeux sont assez gros et situés sur les côtés de la tête ; l'ouverture des oreilles est aussi assez grande, et placée en arrière de la tête vers les côtés postérieurs du crâne. On trouve çà et là, sur chaque côté du cou, un certain nombre d’écailles rondes et bombées à peu près comme des pointes de diamans. Ces écailles pointues sontau nombre de vingt-cinq à trente ou environ. ILE DES IGUANES. 267 Le goître, qui est placé dessous la gorge, est comprimé, triangulaire, grand; une espèce de crête, composée de grandes écailles saillantes, et qui par leur figure ressemblent un peu à des fers de lance, s'étend depuis la pointe de la mâchoire inférieure jusques sous la gorge, où elle garnit le devant du goitre que l’animal peut gonfler à volonté. Ces dents sont plates et triangulaires dans un iguane d'Afrique, dont je décrirai bien- tôt les couleurs. Toute la peau qui recouvre le eou, le corps et la queue, est formée de très-petits anneaux plus étroits et plus nombreux sur la partie supérieure, de même que dans les grandes espèces de tupinambis. Les écailles, qui forment les anneaux du dessus du cou et du corps, sont carrées, oblongues, lisses et très-petites. Les écailles, qui forment les anneaux du dessous du corps, sont toutes rhomboïdes , petites et d’égale grandeur. ; Les écailles, qui forment les anneaux qui entourent la queue, et qui la font paroître comme verticillée, sont un peu plus grandes que les précédentes, carrées, oblongues, et toutes marquées d’une petite carêne longi- tudinale ; aussi cette queue est - elle striée $68 PTS CT OFFRE dans toute sa longueur. La queue est légé- rement comprimée sur les côtés, comme celle du tupinambis, que j'ai décrit dans cet ouvrage sous le nom de éupinambis sauve- garde. Sur le milieu de la nuque et sur toute la peau qui recouvre la colonne vertébrale, on voit une crête pectinée, formée d’écailles plates situées verticalement, très - aiguës, très-longues dessus la partie du cou qui est entre les épaules, et diminuant ensuite in= sensiblement en hauteur, à mesure qu’elles sont plus près du bout de la queue, où elles disparoissent presque entièrement, Les membres sont robustes et alongés, sur-tout les postérieurs ; ils sont couverts en dessus d’écailles rhomboïdes , réticulées, c’est-à-dire, disposées sur des lignes obli- ques et croisées, comme sur un réseau. AU dessous des cuisses s’étend de chaque côté un cordon de quinze tubercules creux et percés à leur sommet, comme pour donner passage à quelques sécrétions (1). Les doigts sont au nombre de cinq à (1) Nous retrouvons des tubercules ou grains sécrétoires semblables sous les cuisses des lézards proprement dits, et de plusieurs autres sauriens. DES IGUANES. 260 chaque pied, séparés les uus des autres, el armés d'ongles comprimés, forts et crochus. Le professeur Lacépède a décrit, ainsi qu’il suit, les doists de l’iguane ordinaire, et cetie description pourra se rapporter non seule- ment à tous les iguanes, mais aussi à la plupart des autres sauriens. € Dans les pieds de devant, le premier doigt ou le doigt in- térieur n’a qu'une phalange, le second en a deux, le iroisième trois, le quatrième quatre , et le cinquième deux. Dans les pieds de derrière, le premier doigt n’a qu’une phalange, le second en a deux, le troisième trois, le quatrième quatre, et le cinquième, qui est séparé comme un pouce, en a rois ». Les couleurs des grands iguanes, que j'ai cru devoir ranger proviso!rement ici sous le nom d’iguane ordinaire, sont infiniment brillantes et très-agréablement répandues sur toutes leurs écaiiles : le bleu plus ou moins foncé, le verd, le pourpre, le violet, le brun, le gris et le jaune servent à embelhir cet élégant saurien , et paroissent avoir un éclat métallique lorsque l’animalse joue aux rayons du soleil, sur la cime des arbres. Mais, quelque changeans que soient les re- flets brillans dont les iguanes sont ornés, il est à croire qu'ils ont tous des couleurs 270 HISTOIRE fixes et des taches locales, dont les natura- listes pourront sans doute tirer un parti avantageux pour établir des caractères dis- tincüfs entre les iguanes d Amérique ; d’A- frique et des Indes. Le professeur Lacépède à reconnu que la couleur des iguanes est ordinairement verte, mêlée de jaune, ou d’un bleu plus ou moins foncé; celle du ventre , des pattes et de la queue est quelquefois panachée ; leur queue est toujours marquée de bandes annulaires rembrunies et assez larges ; puis il ajoute, avec raison, que les- teintes de l’iguane varient suivant l’âge , le sexe et le pays. T’iguane ordinaire devient aussi grand que la dragone de la Guiane. Plusieurs colons de Cayenne m'ont assuré que ce reptile acquiert jusqu'à cinq et six pieds de lon- gueur totale. Dimensions d’un iguane , qui a été envoyé de Cayenne au museum d'histoire naturelle de Paris par C. S. Sonnini, rédacteur du Cours complet d’Histoire naturelle, dont cet ouvrage fait partie. pieds pouc. lig. Longueur “totale. 5.1/2. NS NP CNRS Circonférence dans l’endroit le plus gros ldmicorps + 26704 4100 50, BONNE 4 DES: IKGAIUEA N E S. wegi pieds pouc. ligu. Circonférence à l’origine de la queuc. d 10 Contour de la mâchoire supérieure . . is Longueur de la plus grande écaille des côtés de la tête ° ° L e L D e e LL I Longueur de la poche goîtreuse qui est r hidéssous du eo.) FN PA Prsenside la poche . 02202. : I 10 Longueur des plus grandes écailles de HUÉRETE 2 A PR A ans ae I 10 Ponsneuride Id queue 720280 ON ON NAN Longueur des pattes de devant jusqu’à Pextrémité des doigts. . . . . . OR Longueur des pattes de derrière jusqu’à lextrémité des doigts. . . . . . 9 9 Longueur du plas grand ongle. . . 8 Outre les caïmans, on trouve encore dans .les diverses parties de la Guiane d’autres sauriens qui ont jusqu'à cinq ou six pieds de longueur ; tels sont le tupinambis sauve- garde et la dragone : ces deux reptiles sont plus grands que l’iguane d'Amérique, ap- pelé par les indiens de Surinam s#ayamaca ; car cet animal a rarement plus de trois pieds, suivant le rapport du capitaine Stedman. Depuis la tête jusqu’à l'extrémité de la queue, l’iguane de la Guiane est couvert de très-petites écailles qui brillent au soleil des plus vives couleurs. Le dos et les jambes sont d’un bleu foncé; la couleur des fiancs 272. HISTOIRE ei du ventre est d’une sorte de verd jau= nâtre, de même que le goître lâche qui lui pend sous la gorge. Le corps de cet animal est, en plusieurs endroits, tachelé de noir et de brun. . L'iris de ses yeux est d’un beau rouge pâle ; ses griffes sont d’un châtain foncé. Ce saurien a, de même que le caïman, le dos et la quéue munis d’une crête pec- tinée , et tous deux ont celle-ci très-pointue. : La morsure de l’iguane est extrêmement douloureuse, inaïs rarement suivie de fà- cheuses conséquences. On voit souvent cet animal sur un terrain couvert d’arbrisseaux et de plantes, où les américains le tuent à coups de flèches; car ils en regardent la chair comme une nour- riture très-friande. On l4 vend fort cher à Paramaribo ; elle est assez blanche et très- délicate. La femelle pond ses œufs dans le sable. , | Un observateur très-zélé, le Romain, a donné dans l'Encyclopédie de Diderot la description suivante de l’iguane d'Amérique, « Le plus gros lézard des îles Antilles se tient dans les bois, aux environs des rivières et des sources d’eau vive-: on en rencontre | qui ont près de cinq pieds de longueur totale, J'outes DES IGUANES. 273 Toutes les parties de l’animal sont couvertes d'une peau rude, écailleuse , de couleur verte, marquée de petites taches brunes : son corps est porté sur quatre fortes pattes, armées chacune de cinq griffes. Sa tête est d'une moyenne grosseur ; il a la gueule fen- due, les yeux gros et perçans, mais le regard farouche et colère ; il porte le long de l’é- pie du dos , depuis le cou jusqu’à la nais- sance de la queue, une membrane mince, sèche, élevée d'environ un pouce, et dé- coupée en plusieurs pointes à peu près comme les dents d’une scie. Sous la gorge est une autre membrane plus déliée, un peu jaunâtre et comme chiffonnée; c’est une espèce de poche qui s’enfle et s'étend lorsque l’animal se met en colère. Sa queue est forte, souple , traînante, diminuant, d'une façon uniforme jusqu’à son extré- mité, comme un fouet de baleine ; elle est fort agile, et cause une sensation très-dou- Joureuse à ceux qui en sont frappés. » La morsure de ce reptile n’est point venimeuse; on doit cependant léviter , car l'animal est opimiâtre et ne quitte point qu’il n'ait emporté la pièce : il a la vie dure et résiste aux coups de bâton. Les femelles sont plus petites que les mâles; la couleur Reptiles. Tome III. S] EN 27% HISTOIRE verte de leur peau est beaucoup plus belle et paroît surdorée. Après qu'elles ont été fécondées, on leur trouve dans le corps un assez bon nombre d'œufs gros comme ceux de pigeons , un peu plus alongés et d'égale grosseur par les deux bouts; ils ont la coque blanche, unie et molle, n'ayant pas plus de consistance qu'un parchemin humide t ces œufs sont tolalement remplis de jaune sans aucun blanc; ils ne durcissent jamais} quelque cuisson qu'on leur donne ; ils de viennent un peu pâteux, et n'en sont pas raoins bons : on s’en sert souvent pour lier les sauces que l’on fait à la chair de ce lé» gard, qui peut s’accommoder en fricassée de poulets. Celte chair est blanche, délicate et d'un assez bon goût; on prétend qu’ellé: subtilise le sang par un long usage, et l’on croit avoir remarqué que ceux qui sen nourrissent n’engraissent Jainais ». el Dans l'ouvrage que Philippe Fermi, docteur médecin, a publié à Amsterdam et 1760, sur l’histoire de Surinam, on trouve les détails suivans ( tom. Il, pag. 208), sus le grand iguane d'Amérique. sÿe « Le septième lézard nommé legouanas seu lacerta pectinata et s{rumosa ;, cœærulea fæmina, en hollandais 4rop- leguaan, La DÉS IGUANES. es représenté par Seba, tome I, page 140, pl. xcv, fig. » Ce grand lézard est de toute beauté. H est dentelé depuis la nuque du cou jusqu’à l'extrémité de sa queue, qui est fort longue : ces dentelures ressemblent assez aux dents d’un peigne, et régnent en diminuant jus- qu'au bout de Îa queue. Le goître, qui lui pend à la mâchoire inférieure , est aussi dentelé en partie, se termine en pointe, et est d’un jaune bleuâtre, garni de très-fines écailles comme marbrées. Sa tête est cou- verte d’écailles d’un gris clair, de méme que sa mâchoire inférieure, exceplé qué la première est parsemée de quelques grandes taches blanches. Sa gueule est garnie de petites denis, mais très-fortes, et très-extré- mement aiguës. Son museau se termine un peu en pointe; sa langue, qui est large, a son extrémité fourchue, fendue ou partagée en deux parties comme celle des serpens. Ses yeux sont grands, et l'iris en est rou- geâtre. - » Il à tout le dessus du corps et les côtés du ventre d’un bleu foncé, mélé de quelque peu de brun. Son cou est comme pointillé de taches noires : son ventre est d’un verd tlair; et toutes ces couleurs ne sont for- S 2 k TVR Lu ‘y 876 2 EMS TOFIRE mées que par de très-petites écailles. Celles dont sa queue est couverte sont très-petites, mais bleuâtres, de même que son ventre. Ses cuisses, ses jambes et ses pieds sont de cou- leur de châtaigne, et armés d’ongles aigus et crochus. ù » On trouve en nant des lézards de cette espèce dans les bois, et il y en a qui ont jusqu’à six pieds de longueur totale. Les nègres les regardent comme excellens à manger. La femelle de cet animal pond quelquefois jusqu’à six douzaines d'œuf, de la grosseur de ceux des pigeons, mais un peu plus longs, dont les coques sont blanches et aussi souples que du parchemin mouillé. Le dedans de ces œufs est blanchâtre, sans glaire, et ils ne se durcissent jamais par la cuisson. Les créoles, ou habitans du pays, les mangent comme un mets fort délicat ». On trouve à Batavia quelques iguanes très - grands; on a dit au capitaine Cook qu'ils étoient quelquefois aussi gros que la cuisse d’un homme; et M. Banks en tua un qui avoit cinq pieds de long : la chair de cet animal est regardée dans le pays comme une excellente nourriture. (Voyage de Cook; in-8°, tom. VIII, chap. 11.) a à! Auprès de la baie des Chiens-Marins , dans DES IGUANES. 277 la nouvelle Hollande, le navigateur Dam- pier aperçut des guanos ou iguanes, qui, lorsqu'on s’'approchoit d'eux, s’arrêtoient et siffloient sans prendre la fuite. ( Voyage de Guillaume Dampier, aux terres Australes ; Amsterdam , 1705.) On trouve dans lotirase de Seba pli. sieurs iguanes assez bien figurés, et que je crois pouvoir rapporter provisoirement soit à l’iguane ordinaire d'Amérique, soit à ce- lui que j'ai nommé iguane ardoisé. | Parmi les individus qui paroissent appar- tenir à l’iguane ordinaire d'Amérique, j'ai cru reconnoître les deux variélés suivantes. PREMIÈRE VARIÉT É. L’iguane ordinaire RENAN OEE à points. noirs. Je range ici, 1° Jigaane d'Amérique ou * leguana. ( Seba, Thes. tome I, pl. xcv, fig ae 4 2°, Le lézard d’ Amboine ete nom- mé iguanæou senembi.(Seba, Thes. tom. I, pl. xcvrrr, fig. 1.) Voici ce qu'en dit Seba : «Les habitans d'Amboine appellent boewa et senembi; les malais boaja hoetan où bosch- _cayman, et les hollandais de groete gekamde leguaan. » Ce lézard est fort au dessus de tous 5 3 278 HISTOIRE les autres que produit l'Amérique; par Ia beauté incomparable de ses SOHPErEN et de ses taches. » Les écailles dont il est couvert sur le dos sont minces, petites, bai-brunes et tirant sur le poupre, blanchâtres vers la base; et. par -tout mouchetées de taches d’un brun obscur. Son grand goître pendant, jaunâtre; hérissé de dents sous la mâchoire ; plissé en plis, finit en pointe. | » Du dos pointu et effilé de ce lézard sort un rang de grandes pointes ou dents jau- nâtres, aiguës, recourbées et faites comme des dents de scie. Le haut de son dos ést couvert d’une peau marquetée de taches uoirâtres. Son front est garni de grandes écailles d’un bleu pâle, relevée en forme de bouclier. Ses yeux sont grands, pleims de feu, défendus des injures du dehors pas un bord relevé, arrondi, cartilagineux ebë demi-circulaire; car c’est ainsi que le Créa- teur a pourvu à la conservation de tous les animaux grands et petits. Ses cuisses, ses paites et les doigts des pieds sont munis d’écailles assez grandes, piquantes, d’um bleu pâle. Sa queue est principalement re- marquable par sa longueur, et par de larges espaces qui, depuis le commencement Jus-" DES IGTAINES. #79 qu'au-bout, sont marqués ici d’un bleu clair, là d’un bleu plus foncé. » Sa gueule large, ornée d’un bord den- telé,est joliment couverte dessus et dessous ‘d’écailles d’un bleu plus clair. Ses mâchoires ont de petites dents tranchantes. Sa langue st épaisse, large, semblable à celle des HAE au lieu que, dans les lézards d'Amérique, la langue est fourchue. Son ventre a les côtés d’un bleu turquin, et le dessous blanchâtre. » F. Valentin et J. D. H. L. dans VHis- toire de Surinam, rapportent que ces ani- maux servent de nourriture aux habitans des Indes orientales et occidentales. L'on manse même les œufs de ces lézards qu'ils poadent souvent jusqu'à trente en un seule ponie. Ces œufs sont plus longs que ceux de poule, et ont la coque fort mince; leur jaune est couleur de safran et enveloppé d'une peau robuste. Nous avons une assez grande quantité de ces œufs dont la coquille est au dehors d’un cendré clair, et picoté de petits poinis roux. On s’en sert là-bas à peu près aux mêmes usages que nous em- ployens ici les œufs de poules. On ies met sur quelque fin duvet pour en faire éclore des pelits à la chaleur du soleil, suivant la #80. ! ‘HIS T'OTRE manière des autres lézards, des salamandres et des serpens. Le lézard que je décris est am- phibie, vivant dans l’eau et sur terre. Jean de Laat, Marcgrave et Bochart nous en ont donné l’histoire ». ( Seba, Thes. t. E, p. 153.) DEUXIÈME VARIÉTÉ. L'iguane ordi- naire, à traits irréguliers noirs. Fétablis cette seconde variété d’après l’ani- mail que Seba nomme liguana senembi, où tarmacolin de la nouvelle Espagne , ayant un peigne sur le corps et un goître sous la gorge. (Seba, Thes. tom. I, pl. xevu > Hg 2 pag. 152.) Observation. F'avois pendant quelque tems regardé comme synonymes de liguane or- dinaire ceux qui sont figurés dans l’ouvrage de Seba (tom. I, pl. xcvr, fig. 4, 5, pl. xev, fig. 2); je les range au contraire à présent sous l’iguane ardoisé, comme des individus semblables ou très-voisins. Quant au lézard (tom. E, pl. xcvr, fig. 6), nommé /zard saxatile à léle grosse et courte, à langue épaisse et ressemblant à une salamandre en doit le regarder sans contredit comme um gros agame en partie décoloré, et assez voi- sin de lagame proprement dit et de l'agamer saléote. DES IGUANES. 981 * J'ai cru devoir aussi rapporter provisoi- rement comme synonymes de l’agame or- dinaire, les deux que Laurenti a nommés or mangeable (iguana delicatissima, ‘Laurenti, Syn. reptilium, pag. 48, n° 71), et l’iguane tuberculé ( iguana tuberculata , Laurenti, Syn. reptilium ï pag. 40m Tor) < je soupçonne néanmoins que le premier iguane de Laurenti peut être analogue à Viguane cornu, et que le second est sem blable à liguane ordinaire. Voici les caractères assignés par Laurent: à ces deux iguanes. _ Iguana delicatissima; gulé pendul& ie mulis minutissimis tecté anticé; dorso veré longitudinaliter pectinatis lamellis longissi- mis acutis, Ssensim per caudam dec LAURE bus; capite posticè tuberoso, anticé cn collo suprà nudo. Tguana tuberculata: gula AMIE sqtia- mis minuÉISSiMis tectä anticè su dorso PeF0 longitudinaliter pectinatis lamellis longissimis aculis , sensim per caudam decrescentibus ; TRE imbricatis ; capite suprà plano ; collo aculeis latis et duris undiqué tecto. Laurenti a trouvé ces deux iguanes dans la collection du comte de Turn. 282 HISTOIRE ; … A Se ——— LIGUANE COR NU. {)... Lacérèps a le premier décrit cet ani- mal à la fin de son Histoire naturelle des serpens, et il l’a rangé parmi les lézards proprement dits, parce qu'il ne lui à pas trouvé sous la gorge un grand goître : il en a observé, dans la collection du museum de Paris, deux individus qui ont été pris à Saint-Domingue. Bonaterre à ensuite donné une bonne figure d’un de ces individus dans le Diction- naire d’erpétologie de l'Encyclopédie métho- dique ; et Laireille en a extrait les détails relatifs aux habitudes de cet animal. Depuis les observations de ces natura- listes , je suis parvenu à me procurer un troisième individu qui appartient à cette (1) Zguana cornuta ; gutture strumoso , anéicè pec= éinato ; fronte tuberculoso , eë DT SU | Le lézard cornu. Tacépède , Hist. nat. des sérpens, in-12,tom. IT, pag. 353. — Bonaterre , Dict. erpét. Encyclop. méthod. pag. 40, pl.1v, fig. 4: — Eouara cornu. Latreille , Hist. des reptiles , tom. IV, p.274% >: D ES TOUMANES. 283 espèce, et qui a sous la gorge un grand goître pectiné en devant, de même que l’iguane ordinaire : j'ai en conséquence cher- ché à découvrir d’où provenoit la méprise qui l’avoit fait placer dans le genre des lé- zards , et j'ai cru reconnoiître que le goître a été enlevé aux deux individus apparte- nant au museum, lorsqu'on les a dépouillés ; ou que peut-être ce goître a été renfoncé par mégarde sous la peau , lorsqu” on a voulu la recoudre. L’iguane cornu a beaucoup plus de res- semblance avec lespèce ordinaire ; il seroit même possible de les confondre ensemble comme un même animal , si l’on ne faisoit pas attention aux trois grandes écailles sail- Jantes, disposées en triangle sur le front, dont une imite une petite corne haute de quatre à huit lignes. On voit une rangée d’autres srandesécailles saillantes, qui est prolongée depuis l'oreille jusques dessous loeil , et une autre rangée sous chaque côté de la mâchoire inférieure. H y a un autre tubercule aux coins de la bouche. Selon le professeur Lacépède, la tête de Figuane cornu est conformée comme celle de Figuane ordinaire : elle montre égale- D | LE s84 HISTOIRE ment sur les côtés, dans un individu , des tuberculies très-gros , très-saillans et finis- sant en pointe ; ou bien elle n’a pas de ces. gros tubercules, dans l’autre individu : les dents ont aussi leurs bords divisés en Pia sieurs petites pointes, de même qu aux iguanes un peu gros. 4 Quelques mdividus ont, en outre, des écailles rondes , bombées , pointues dans leur centre, et éparses sur les côtés du cou: La crète pectinée prend sa naissance sur la nuque, et se prolonge sur toute la co- lonne vertébrale ; elle est assez haute, prin- cipalement sur le milieu du dos et sur la base de la queue, puis elle diminue peu à peu de hauteur. Cet animal-a d’ailleurs toutes ses autres’ écailles et ses diverses parties entièrement pareilles à celles de l’iguane ordinaire. :.wr On trouve assez communément ce reptile daus les mornes de Saint-Domingue , sur- tout entre l'Artibonite et les Gonaïves: Bonaterre rapporte que cet animal se tapit; pendant le jour, sur les arbres et sur les rochers pour guetter sa proie, qui consisteeñ insectes et en petits oiseaux , qu'il saisitavec. uné agilité extraordinaire : on croit quäk. à L à a 2 mange aussi certains fruits. Pendant la nuut; à DES IGUANES. 285 et lorsqu'il ne peut trouver des vivres à cause de la grande sécheresse , il se retire dans les creux des rochers ou dans les trous d'arbres, et il ne sort de cet asyle que vers le mois de janvier ou de février , après y avoir passé tout le tems des grandes cha- Jeurs, c’est-à-dire, environ cinq à six mois. . Ce reptile a pour ennemis les nègres, qui resardent sa chair comme fournissant un mets délicieux, qui a le goût, suivant le rapport des colons , de celle du chevreuil : mais l'ennemi le plus cruel qu’il ait dans l'ile est le chien marron. Dimensions de l’iguane cornu. pieds. pouc. Pungneur totale. 1... . 4 4 #4 Ponsueur de ltète 0. 1... 4 or cur Ab con. à à «+ 2 POUND dcouus . , 2. , 4 Longueur de la queue. . . + . . . 2 6 On ne sait pas encore au juste quelles sont les couleurs de ce reptile lorsqu'il est vivant ; mais, lorsqu'il est sec, sa peau est entièrement d’un gris jaunâtre pâle , comme du parchemin ; l'individu que je possède a sa tête et son cou d’une couleur brun mar- ron uniforme, et prolongé en pointe entre les épaules. 286 EX 5 T O REG L'IGUANE AR sors" L Cr animal, quoique trés-voisin de l’iguane proprement dit, et du cornu par sa forme, Mr 7 TE par la disposition de ses écailles et par un . certain nombre d’autres caractères, ne peut cependant être confondu avec eux à cause des différences assez marquées qu ‘il présente, et que je vais indiquer. 1°. Sa taille est au plus de trois pieds de longueur totale ; mais les dimensions de ses diverses parties sont proportionnellement les mêmes. | 2°. Sa crête pectinée est moins haute, et presque d’égale hauteur sur tout le corps et la queue. pen à 3°. Dessus les côtés du cou il y a des D——— (1) Zguana cærulea; atro-cærulescéns , immaculata, serie longitudinali squamarum acutarum 1n uiroque latere colli. « An iguana asiatica , strumosa et pectinata. Seba , Thes. tom. TI, pl. XCVI , fig. 4. — An iguana ex insul& Jormosä , strumosa et dentata. Seba, Thes. tom. F, pl. xevi, fig. 5. An iguana surinamensis , fœmin& pectinata et strumosa. Seba, Thes. ton. I, Pr xev, fig. 2. DES IGUANES. 87 rangées longitudinales de plusieurs petites écailles arrondies, de la forme d’une pointe de diamant ; dans les deux iguanes précé- dens , elles sont au contraire répandues çà et là. _ 4°. La tête ne diffère de celle de l’iguane proprement dit que par ses écailles, égale- ment lisses par - tout, en dessus et sur les côtés, ainsi que par son museau un peu plus étroit. 5°. Enfin, sa couleur est entièrement d’un bleu ardoisé uniforme , et sans aucune tache. Je possède , depuis quelque tems, cette espèce d'’iguane ; dont j'ignore la patrie. Je lavois d’abord regardé comme un jeune igsuane ordinaire ; mais cependant il offre réellement des caractères différens, qui ne peuvent provenir ni de l’âge ni du sexe. J'en ai observé un second individu dans Ja collection d'histoire naturelle, qui appar- lient à mon ami Alexandre Brongniart. J’ai trouvé, dans le tome I du grand ou- vrage de Seba, deux iguanes de l'ile For- mose en Asie, qu’il faut peut-être regarder comme synonymes de l’iguane ardoisé ; mais alors ils seroient des individus décolorés , et plus où moins jeunes. Voici ce que Seba dit de ces deux animaux : "3. 288 HISTOIRE b « Le premier iguane (tom, I, pl. xévr;" fig. 4) nous a été envoyé de l'ile Formose’ dans les Indes orientales, et, à l'exception” de la couleur , il ressemble presque en tout” aux iguanes d'Amérique. Ses écailles du” dessus du corps sont d’un gris obscur ; mais sa tête, son goitre, ses cuisses, ses pattes ;. et sa queue marquée de larges bandes, sont d’un gris plus clair. Sa tête est couverte: d’écailles cendrées grisâtres et bai-brunes:" Son goître comprimé est muni de petites dents de scie sur son bord antérieur , et ses" cuisses sont colorées d'un mélange de mar-. ron foncé. Le dessus du dos est armé de grandes pointes qui se prolongent jusqu’au bout de la queue , mais en diminuant tou- jours d’une manière insensible. Ce bel ani- mal ne fait de mal à personne , et même sa chair passe pour être délicieuse à manger ». Cet iguane a plusieurs rangées longitudi- nales d’écailles pointues sur le cou. « Le second iguane ( tome EL, pl. xcvr, fs. 5), qui vient aussi de l’île Formose, a un goître comprimé et dentelé en: devant. Toute lépine du dos est munie d’une crête formée d’écailles ou de petites dents de scie, qui se prolonge depuis la nuque jusqu'au nulieu de la queue , où elle: disparoît. La tête, DES IGUANES. 2% tête, le goître , le ventre , les membres et la queue de ce reptile dut d’un bleu foncé. Son dos est couvert de petites écailles minces , d'un gris minime. Sa chair est bonne à manger ». L'iguane figuré par Seba (tom. I, pl. xcv. fig. 2) sous le nom d’iguane , de Surinam , entièrement bleu , et que j'ai d’a- bord rade comme un jeune individu ap- partenant à l’iguane ordinaire d'Amérique , me paroît maintenant être plutôt un syno- nyme de liguane ardoisé , à cause, 1° de sa couleur entièrement bleue, sans taches s 2° de sa petite crête pectinée, égale en hauteur dessus le cou et entre les épaules ; 3° et enfin à cause de sa petite taille. Keptiles, Tome ITI. j È 290 HISTOIRE A n j —— SEPTIÈME GENRE. DRAGON, draco. Le corps couvert de petites écailles, et mum de deux ailes membraneuses , soute- nues par six rayons osseux, qui sont de vraies eôtes droites, mobiles et articulées sur les côtés des vertèbres dorsales. Nota. Ces aïles sont plissables, comme un éventail , au gré de l’animal , placées sur les flancs, et dans une position horisontale lors- qu'il est en repos. La tête arrondie, ayant son museau court, un peu obtus ; la gorge munie en dessous d’un goître dilatable , en forme d’un. sac étroit, alongé, qui peut se replier en rides circulaire set concentriques : un autre goître plus petit et pointu sur chaque côté du’ cou. La queue mince, alongée , au moins aussi longue que le reste du corps, très-flexible, couverte d’écailles très-petites, hexagones , | carénées et disposées en divers sens obliques, comme sur un réseau. Nota. Je nomme gueue verlicillée, celle DES DRAGONS. 91 dont les écailles sont disposées en travers sur des anneaux ; et gueue réticulee , celle dont les écailles sont placées sur des lignes obliques et croisées comme sur un réseau. Les pieds alongés ou peu déprimés , et munis chacun de cinq doigts minces , sépa- rés et onguiculés. Les dragons sont de petits sauriens inno- cens , ornés de jolies couleurs, et doués de la faculté de voler : ils paroissent., à cause de cette faculié particulière, remplir la même place parmi les reptiles, que les polatouches et les taguans parmi les mammifères, que les pirapèdes , les muges et les exocets parmi les poissons. Lorsqu'ils volent darbre en arbre, ils semblent se soutenir dans l'air avec la même légèreté qu’un papillon. C’est au milieu des forêts qui recouvrent quelques contrées brülantes de l'Afrique et. une partie des grandes îles de l’océan Indien, sur-tout à Java et à Sumatra, qu'habitent ces petits animaux : c’est dans ces lieux dé- serts qu'ils poursuivent les insectes avec adresse , et qu’ils saisissent les mouches en | volant aprés elles. Van-Ernest, naturaliste hollandais très-digne de foi, qui se propose ia Te Ê e . 202 HISTOIRE de publier dans peu de tems ses nombreuses’ recherches sur Fhistoire naturelle des îles! de la Sonde, et qui a plusieurs fois ob- servé des dragons dans les bois de ces îles, m'a certifié que ces élégans reptiles des- cendent rarement à terre, parce qu'ils ram- pent avec peine; qu'ils s’accouplent toujours: sur les branches, et que les femeiles dé- posent leurs œufs dans des creux d’arbres exposés au midi, de même que les pics et plusieurs autres oiseaux. Palisot Beauvois, associé de l'institut na-* tional , m’a certifié qu’on trouve des dragons’ dans le royaume de Benin, et qu'il en’ a! remarqué un qu'il n’a pas pu'se procurer, parce que l’animal nageoiït dans:une rivière ; cette observation démontre donc que les: dragons sont des reptiles amphibies, de même que ceux des genres voisins. | Il est maintenant prouvé par le rapport des voyageurs, que les dragons n'existent) que dans les parties les plus chaudes de’ l'Afrique et de l'Inde, et non dans l’Amé- rique. méridionale, comme plüsieurs natû=* ralistes l’ont cependant prétendu d’après* Seba. Cette erreur n’est pas la seule: que* Seba ait fait commettre relativement à l’his= toire naturelle des dragons; car Laurentit DES DRAGONS. 293 et Gmelin ont cru devoir établir deux es- pèces de dragons , seulement d’après les figures très-inexactes qu’il a données dans son ouvrage. _* hs Laurenti a nommé draco major,et Gmelin draco volans , l'individu figuré par Seba (tome 1, pl. crr, fig. 2), dont les bras sont séparés des ailes; et ils ont appelé draco minor où draco præpos, l’autre individu que Seba a représenté (tome IL, pl LXxKxxvr, fig. 3) avec les ailes jointes aux bras. Après ces auteurs , le professeur Lacé- pède , dans son Histoire naturelle des qua- drupèdes ovipares , a regardé ces deux dragons de Seba, comme devant appartenir à une même espèce ; et il est résulté en effet des recherches que ce savant et judicieux observateur n'a permis de faire dans les galeries du museum d'histoire naturelle de Paris, et aussi d’après plusieurs renseigne- mens qui me sont parvenus de Hollande, que ces dragons de Seba appartiennent tous les deux à une même espèce , à cause des quatre bandes transversales brunâtres , qui. sont placées dessus chaque aile. “ Sur treize individus que j'ai observés jus- qu'a présent dans diverses collections , j'ai déjà découvert trois espèces de dragons; mais. T3 294 HISTOIRE je n'ai cependant pu trouver aucun indi= : vidu qui ait le devant de ses ailes attaché à ses bras. Ce caractère paroît même ne devoir pas exister dans lès dragons ; car ïl seroit capable d’ôter à ces animaux la fa- culté du vol, en empêchant leurs ailes de se mouvoir avec vilesse, alternativement de haut en bas et de bas en haut, et de se. replier contre les flancs, lorsqu'ils veulent ralentir leur vol, ou se poser sur un arbre. … Les trois espèces de dragons, que je vais décrire, ont leurs bras entièrement séparés. de re ailes ; et celles - ci sont adhérentes à la base des cuisses par une légère expan- sion de la membrane qui les revêt, seule- men! aux deux dernières espèces ; c’est donc à celles-ci que paroissent se rapporter tous les synonymes indiqués par les naturalistes. Charles Owen (1) a publié à Londres, en 1742, un Traité, écrit en anglais, sur Fhis- toire naiurelle des serpens, et il y a ras-. semblé tout ce que les écrivains anciens et modernes avoient publié sur le même sujet. " (r) An essay towards a natural History of serpens, by Charles Owen, in-4° ; London, 1742, Cum spa figaris. DES DRAGONS. 205 On doit regarder son ouvrage comme un simple recueil de toutes les erreurs des an- ciens. L'auteur ne peut être regardé comme un naturaliste ; car il a rangé dans la classe des serpens non seulement les ophidiens, mais encore les lézards ou sauriens, les salamandres, ainsi que les scorpions, la ta- rentule et diverses mouches, Presque tous les animaux, qui sont représentés dans les sept planches de son oavrage, ont été cal- qués sur ceux de Jonston, d’Aldrovande : _il a même copié toutes les descriptions ab- surdes renfermées dans les écrils de ces au- teurs, de Lucain, d’'Elien, de Pline, de Nierembergs, d' Hernandez, de Gesner, etc. A la planche deuxième on voit deux espèces de dragons fabuleux, qu’il a nommés winged dragon, où dragon ailé, et efhiopian dragon, ou dragon d'Ethiopie. À la planche suivante il a représenté deux basilics également fa- buleux; lun est un serpent couronné, qu’il appelle basilisk ou cocatrice, et lautre est un basilic à huit pattes, qu’il prétend avoir ‘été trouvé dans les déserts de l'Afrique. Certains empyriques sont parvenus an- ciennement à former une sorte d’effigie du dragon volant, avec quelques os et deux | nageoires de la raie. On n’est pas moins LA TT & }.4 DA + Ph $ Mi: 206 HISTOIRE surpris de voir, dans plusieurs auteurs des” siècles précédens, des descriptions et des. figures d'hydres à sept têtes. Conrad Gesner, dans son Histoire des animaux, pag. 499; parie d'un hydre monstrueux et aquatique, apporté de la Turquie à Venise en 1550, el envoyé de là au roi de France. Cet hydre avoit sept tetes, surmontée chacune d’une espèce de couroune; son corps étoit muni de deux pieds de devant. Aldrovande et Jonston ont aussi donné la figure d’un hydre. Seba (tom. I, pl. cr, fig. 1) a donné la figure d’un hydre à sept têtes, qui a long- tems été à Hambourg, et qu’ il a regardé, d’après le témoignage de plusiet urs personnes, comme n’élant pas un produit de l’art, ce qui a cependant élé reconnu depuis d’une manière évidente; et Linnæus a même dit, dans son S'ystema naturæ , avoir vu à Es | bourg cet hydre factice. Ath. Kircher, dans son livre De animalibus subterraneis, p.a1, a représenté un dragon écailleux, ayant une têle munie de deux oreilles de cheval, la gueule armée de dents, une langue petite : deux ailes membraneuses imitant des na- geoires , deux pattes, et une queue de lézard. TA À B. Van-Hlelmont, dans son grand ou- vra.e sur l'alchimie, pag. 985, dit quila DES DRAGONS. 297 vu à Bruxelles, en 1599, un homme vomir un dragon qui avoit une tête de serpent et une queue d’anguille, après avoir mangé trois espèces d'herbes. Quelques anciens ont prétendu que le dragon provient d’un ser- pent qui en a avalé un autre. Tous ces dé- tails sur les dragons fabuleux ne sont insé- rés dans mon ouvrage que pour prévenir les personnes trop confiantes qu’elles ne doivent pas s’en rapporter au témoignage de cer- tains voyageurs, et pour prouver qu'il ne faut citer comme exacts que certains faits reconnus véritables par les naturalistes dignes de foi. ‘ | À 7 L 12 . 5 re 298 HISTOIRE LE DRAGON RAYÉ (1). | 4 Ce saurien a la tête grosse, arrondie; ses yeux sont petits, avec leur orbite saillant en dessus. La peau esi entièrement couverte d’écailles très-petites, principalement sur les ailes et le corps, dessous la tête, la gorge et sur les côtés du cou: celles du ventre et des membres sont rhomboïdales, carénées: et celles de la queue sont hexagones, caré- nées et réticulées, c’est-à-dire, disposées sur la peau comme sur un réseau. il y a un petit pli longitudinal sde le cou, un goître en forme de petit sac et long de quatre lignes sous la gorge, et un autre goître élevé d’une ligne, et imitant un ph sur chaque côté du cou. Le dessus de la tête, du cou et du corps est agréablement varié de gris et de bru- nâtre, avec plusieurs marbrures transver- sales d'un bleu d'azur, découpées en festons (1) Draco lineatus ; colore cæruleo et griseo supr&\ pulchrè variegatus ; alis fuscis, elbo longitudinaliter mullifasciatis. Fe DES DRAGONS. 299 arrondis; sur les côtés du cou on voit plu- sieurs points blancs, ocellés et arrondis. Les ailes sont d’une couleur brunûtre, embellie par neuf ou dix lignes longitudi- nales blanches, dont plusieurs sont doubles à leur extrémité. On remarque des bandes alternativement brunâtres et blanchâtres sur les membres ét la queue : celle-ci est très-mince et deux fois et demie aussi longue que le corps; la partie inférieure de la tête et du cou est d’une couleur bleuâtre, pâle, qui se pro- longe sous le ventre et les membres en une teinte blanchâtre. Les quatre pieds sont entièrement séparés des ailes membraneuses; ils ont leurs doigts minces ; les deux doigts extérieurs des pieds de devant sont plus courts : aux pieds de derrière , le pouce est écarté des autres doigts , qui sont réunis entre eux à leur base. Ce dragon n’a été décrit jusqu’à présent par aucun naturaliste; l'indication de ses couleurs ne se trouve au moins dans aucun ouvrage, et Je doute que Tainnæus ait pré- tendu le rapporter à l'espèce qu’il a désignée sous le nom de draco volans ; car il le cite -300 HISTOIRE parmi les synonymes des dragons dont les ailes sont adhérentes à la base des cuisses 5 au lieu que le dragon rayé a ses ailes éga= lement séparées des bras et des cuisses. Le naturaliste Van-Ernest m'a assuré que ce dragon est plus rare que les deux espèces! suivantes , et qu'il vit dans les grands bois de l’île de Java. DES DRAGONS. oi ee LE DRAGON VERD ua). Voyez la planche XLI de ce volume. Cr joli reptile est un peu plus petit et plus mince que le précédent; mais ses ailes. membraneuses sont plus larges et remar- quables chacune par six grandes dentelures ou échancrures. _ (1) Draco viridis ; alis ad basim femorum con- nexis , griseis fusco transversim 4 fasciaiis ; corpore viridi , sub squarmnoso. Draco volans. Linnœæus, Syst. nat. n° 1. — Jdem. Gmelin , Syst: nat. pag. 1056, n° 1. — dem. Grono- vius, Mus. 5, pag. 793, n° 46. — Draco. Linnæus, Mas. Ad. Frid. 1, 40. — Laceria caudé tereti, pedi- dus pentadacéylis, alis femoribus connexis, cristä gulæ triplici. Linnæus, Amænit. acad. tom. I, p. 126. — Draco alafus, americanus. Seba, Thes. tom. I, pl. cit, fig. 2. — Draco major. Laurenti, Synops. reptilium ,p. 5o ,n° 76. — Lacerka volans. \J. Otton Helbigius, Misc. curios. decas 1, ann. get 10, 1678 et 1679, obs. 194. — Idem. Bontius, Hist. nat. et medic. Indiæ orientalis, Pisone commentata, pag. 59, fig. prim. sat. bona sed infera mala. — Draco præpos. Gmelin,, Syst. nat. pag..1056 , n° 2. — Draco minor. Laurenti, Synops. reptihum, pag. 51, n° 97. — Draco volans, africanus.' Seba:, -Thes. tom. IX, NP Se: 302 HISTOIRE I a un pli longitudinal dessus le cou: On lui voit sous la gorge un goître mince et long de six à neuf lignes, et sur chaque côté du cou un autre goître pointu, long de deux lignes et couvert d'assez grandes écailles. Les écailles du dessus de son corps sont lisses, et celles du dessous sont carénées , ainsi que celles des membres et de la queue. Ce dragon verd est ainsi nommé, parce que sa couleur est verdâtre uniforme, avec. ses deux membranes brunâtres très-pâles, chacune marquée de quatre bandes trans- versales, brunes, et garnies en dessus à leur base, ou frangées , à leur bord, de points blancs. Les cuisses tiennent aux ailes membra- neuses par leur base; et ce caractère a été employé par Linnæus, etc., pour distinguer ce joli dragon ; mais il appartient également à la troisième espèce, que je nommerai dragon brun. 2 pl. zxxxvi, fig. 3. — Lacerta volans, indica. Ray; | Quadr. p. 275. — Lavcerta volans. Bradley , Natur.… pl 1x, fig. 5. — Grimm. Ephem, nat. cur. ann. 124 — Draco volans. G. Schaw , Natur. miscell. n° 3, pl. viir. INofa. Tous les autres dragons des auteurs. sont des animaux fabuleux. 1 D É-S:DE AG ON S ‘ 503 Seba a d’abord décrit ce dragon décoloré sous le nom de dragon ailé d'Amérique, et 31 l'a ensuite figuré en l'appelant dragon vo- ant d’ Afrique. Ce dragon, que Seba a sup- posé être d'Amérique, a ses ailes d’un roux cendré, avec des taches oblongues, bai- brunes, dirigées obliquement vers les bords ; les bras sont à moitié réunis aux aïles, ce qui est sans doute une erreur commise par le dessinateur, puisque j'ai toujours remar- _qué le caractère contraire dans les dragons que J'ai observés. La queue est très-longue , mince , marquée de bandes transversales brunâtres, et un peu hérissée par de pe- tles écailles pointues, à sa partie la plus épaisse; tout le corps est garni de très-petites écailles rhomboïdes : on a aussi oublié de représenter les deux petits goitres du cou. À la fin de la description de ce reptile, Seba fait mention d’un autre dragon plus grand, plus large et plus beau, qui habite en Afrique. | Bontius a publié une esquisse d’un dragon volant, qui paroît se rapporter au dragon verd ou au brun, parce que ses ailes sont attachées à la base des cuisses par une petite expan- sion membraneuse : cétte esquisse est assez exacle, car on y reconnoît le goitre pointu " re > { > # < EL 304 HISTOIRE situé sous la gorge, ainsi que ceux qui sônË aux côtés du cou; mais la seconde figure” d’un dragon, vu de profil, est trés- mau= vaise; car la tête a une forme bizarre sans soître sous la gorge, et avec un double fanon sur le devant du cou. Selon Bontius, ce joli reptile, assez com mun däns l’île de Java, enfle ses goitres jaunâtres lorsqu'il vole, afin d’être plus lé- ger dans Fair; mais il ne peut parcourir dé srands espaces, car il ne s’élance que d’un arbre à l’autre à trente pas environ de dis- tance, et en produisant, par l'agitation dé ses ailes, un léger bruissement. Cet ancien voyageur ajoute que le dragon n’est pas venimeux , ni méchant, car les habitans de Java le touchent sans aucun danger et sans crainte, de même que les autres sauriens : et si cet ammal s'occupe pendant le jour à chasser, dans les forêts de l'ile, les mouches, les fourmis et d’autres insectes, pour s’en nourrir, il devient aussi quelquefois la proie des serpens. Il faut sans doute rapporter au second dragon, figuré par Bontius, la déscription! fautive que Labarbinais le Gertil a donnée dans la Relation de son voyage autour du monde. Il dit que, dans une petite île voisine de DES DRAGONS. 305: de celle de Java, il aperçut des lézards qui voloient d'arbre en arbre comme les ci- gales, et qu'il en tua un dont les couleurs lui causèrent de l’étonnement par leur va- riété. Cet animal étoit long d’un pied; ses ailes ressembloient à celles d’un poisson vo-, lant; il avoit de plus quatre pieds. On voyoit, autour de son cou , une fraise semblable à celle que les coqs ont au dessous du gosier : ce dernier caractère n’est sans doute pas exact, ainsi que celui qui est relatif à la têle; car il dit expressément qu'elle étoit plate , et si bien percée au milieu gw'on au- roit pu y passer une aiguille sans le blesser. (Labarbinais le Gentil, Voyage autour du monde ; Histoire générale des voyages, tom. XLIV , in-12.) Shaw, dans ses Mélanges d'histoire natu- relle , n° 3, pl. virr, a donné la figure d’un dragon volant, qui m’a paru assez mal co- loré , et qu’il faut cependant rapporter à notre dragon verd, comme synonyme, sil est prouvé que le peintre ait représenté, par mégarde, plusieurs piquans sur le cou de cette espèce de reptile. Je n’ai trouvé jusqu’à présent aucun dragon dont le cou füt garni de quelques piquans. Shaw prétend que ce dragon habite en Reptiles, Tome IIL. V RE 806. HISTOIRE! Afrique, et qu'il se promène d'arbre en arbre, en sautant, ou plutôt en volant de’ la même manière que les polatouches ; il croit aussi que ce saurien remplit son goître d'insectes , pour les y conserver pendant quelques heures, afin de s’en nourrir lors- qu’il ressent un peu la faim. On pourroit en’ conséquence comparer ce goître aux aba- joues des singes et de diverses chauve-souris. DES DRAGONS. 3% = LE DRAGON BRUN (1). Crrrs troisième espèce est rëénarquable par sa couleur brune, presque uniforme, exceplé sur les côtés du cou qui sont gri- satres ; par ses ailes membraneuses qui sont marbrées çà et là de quelques taches fon- cées, un peu plus apparentes vers les bords; et par sa peau presque entiérement lisse, à peine recouverte de très - petites écailles rhomboïdales , et carénées sur le dos et la queue. Le dragon brun et le verd sont très-voi- sins l’un de l’autre ; aussi paroissent-ils avoir été jusqu’à présent confondus ensemble par les naturalistes : ils se ressemblent par la longueur et la forme de leurs goîtres amin- cis, par les dimensions respectives de leurs différentes parties, et même parce que les membranes , qui leur servent à voler, adhèrent également à la base des cuisses. Le dragon brun est seulement un peu plus a ——— (1) Draco fuscus ; alis fuscis, marmoratis ; corpore fusco , subtüs palidiore, vix sub-squamoso. V 2 508 + MÉIS TO MRYE grand que le verd ; son corps est plus épais; ses ailes sont plus larges, et sa queue est. moins alongée , puisqu'elle égale à peine le reste de l’animal en longueur. J'ai observé quatre individus, appartenant à cette nouvelle espèce , dans les diverses collections : j'en possède même un assez bien conservé, et qui m'a été donné pan. mon estimable ami Dufrêne , aide-natura= liste au museum d'histoire naturelle de. Paris. | DES BASILICS. 50 MPUITIENME GENRE. 4 PRE A S'IL IG, UGSIlISCnS. Le corps un peu alongé, épais : toute la surface , ainsi que la tête, le cou , les meim- bres et la queue parsemés d’écailles petites, ordinairement rhomboïdales et relevées par une petite carêne. * La tête courte, assez grosse, principale- ment vers locciput , avec le museau peu effilé , et renfermant une langue large ;, épaisse , aplatie, arrondie à son bout, non extensible, et presque entièrement attachée en dedans de la mâchoire inférieure ; la gorge pouvant un peu se gonfler, presque comme un goître. La queue longue, très- comprimée sur ses côtés, et surmontée au moins dans sa moitié antérieure par une nageoire haute, verticale, radiée, plissable et toute couverte d’écailles. Les pieds un peu épais, alongés, ayant tous cinq doigts amincis, séparés et onguiculés. Les deux animaux , renfermés dans ce V5 310 HISTOIRE. genre , sont infiniment remarquables par la nageoire verticale , écailleuse, dont leur queue est munie en dessus ; ils ont d’ailleurs beaucoup de ressemblance avec les agames, sur-tout avec ceux qui ont la queue com- primée , par leur forme et par la structure de leur queue, et avec les tupinambis et les iguanes par leurs habitudes. Nous ne connoissons que deux espèces de basilics, et nous ne savons pas qu’elle est au juste la véritable patrie du premier; mais le second habite dans quelques grandes îles de l'océan Indien , entr'autres à Am- boine et à Java. | LE BASILIC PROPREMENT DIT, où À CAPUCHON (1). Voyez la planche XLII de ce volume. Cet animal, si vanté par les anciens, si renommé par sa forme bizarre , et sur-tout si recherché par eux, ne doit donc pas être (1) Basiliscus mitratus; membrané dorsali et cau- dali squamaté , alté et radiaté , caudé longé et com- Pressä, mitré occipitali prealià. Dragon d'Amérique , amphibie, qui vole. Basilie, a EX ZA À BASIRIC x Capuchon ; ÿ as rte DES BASILICS. “Sax rejeté par les naturalistes dans la foule des animaux fabuleux, que lignorance ou la superstition s’étoient plû à créer dans les iems de la plus haute antiquité. Dans ces siècles modernes, plusieurs au- teurs ont tâché de découvrir, dans l'Arabie _ ou l'Egypte, un animal qui pût se rap- porter réellement au basilic de l’Ecriture ; mais leurs observations n’ont rien offert de satisfaisant pour la curiosité des naturalistes. Frosper Alpin rapporte que plusieurs per- sonnes lui ont assuré avoir vu, près des lacs contigus aux sources du Nil , beaucoup de basilics de la longueur de la main et de la grosseur du doigt. Selon ces personnes , le basilic a deux grandes écailles qui lui ser- vent d'ailes ; son front est surmonté d’une crête, ce qui lui a fait donner le nom de basilic où petit roi, c'est-à-dire, serpent _ royal ou couronné. Seba, Thes. tom.I, pl. c, fig. 1. — Lacerta basiliscus. Linnæus, Syst. nat. — Jdem. Gmelin, Syst. nat. pag. 1062, n° 25. — Basiliscus americanus. Lau- renti, Synops. reptil. n° 75. — Basilisc. Daubenton, Diclionn. erpét. Encyclop. méthod. — Idem. Lacé- pède, Histoire naturelle des quadrup. ovip. in-12, tom. 1, pag. 545 et suiv. — L’iguane basilic. Latr. Elist. nat, des rept. tom, IT, p. 258. Va 312 HISTOIRE | Bruce (1) assure que Prosper Alpin a été trompé ; car il n'existe aucune espèce de serpent dans tout le pays où sont situées les sources du Nil et les lacs qui les avoisinent. Il paroît que le basilic , dont il est parlé dans l’Ecriture , n’est qu’un serpent. «Fen- verrai, dit le Seigneur , des basilics qui ne pourront être charmés , et ils vous mor- dront .... Tu fouleras aux pieds le lion et le basilic (2)». Bruce observe, à ce sujet, que le texte grec appelle cet animal basilic, ce qui veut dire petit roi ; tandis que dans. le texte hébreu il est nommé isepha; or, le tsepha , selon Bruce , est une espèce de serpent bien connu; et cependant cet auteur n’en a pas donné la description. Dans cer- tains ouvrages sur les antiquités égyp- tiennes, etc., les anglais ont traduit ce mot. de basilic par celui de cokatrice, qui se rap- porte évidemment à un animal fabuleux. : Enfin, Bruce a fait remarquer que le ba-. silic n’est pas indiqué dans l'Ecriture comme une vipère, mais comme une couleuvre, (1) Bruce, Voyage aux sources du Nil, tom. V,_ pag. 2314. | Rte js. 2 (2) Jérémie, chap. 18, vers 17. — Pseaume 0. vers 13. À : : D: EMA DES BA STLTCS. 319 ‘puisqu'on le fait sortir d’un œuf (1). Cette réflexion de Bruce pourroit être admise, - dans le cas seulement où il seroit bien prouvé que les anciens n’ont jamais donné le nom de basilic qu’à une seule espèce d'animal, et que le corps de cet animal éloit long, écailleux et sans pieds. Seba est le premier et le seul auteur qui ait bien connu et assez exactement figuré le basilic ordinaire , qu'il a nommé dragon d'Amérique , amphibie, volant ;: et tous les naturalistes en ont ensuite parlé d’après lui, -ainsi qu'on peut s’en assurer en lisant leurs écrits (2). : À “ 2 (1) Isaïe, chap. 59, verset 5. « Ils ont fait éclore des œufs d’aspics , et ils ont formé des toiles d’arai- gnées. Celui qui mangera de ces œufs en mourra ; et si on les fait couver, il en sortira un basilic ». . (2) Dragon d’ Amérique, amphibie, qui vole sur Le arbres , ou basilic. Seha , Thes. tom. I, p. 156. « Il ressemble de figure au lézard, excepté qu’il porte sur le derrière de la tète un capuchon, comme celui des moines, cartilaginenx , creux en dedans, et couvert d’écailles au dehors. Les anciens écrivains, Pine, par exemple, dans son Hist. nat.liv. 8,ch.21; Elien, dans son Hist. des anim. Liv. 10 , ch. 7 ; Gallien Abensina; parmi les modernes, Pison, Grevin , et quelques autres, ont nommé cet animal basilic, gomme. qui diroit pefié ro, paree qu'il porte un L'individu, que Seba a fait peindre a appartenu long-tems à la Hoïlande , et ïl étoit placé dans le cabinet du stathouder : on peut le voir maintenant dans la galerie du capuchon en forme de couronne; ce que jenervois néanmoins nullement dans celui-ci. » Son aïle , ressemblant anx nageoires d’une grosse perche , s'étend sur toute la longueur du dos, relevée par de petits os pointus, placés d’espace en espace, et attachés de mème que les nageoires des poissons à des membranes garnies d’écailles. Cette aïle naît près de la nuque du cou, finit au commencement de ja queue, et s’élargit le plus vers le milieu du dos. Ser la moitié supérieure de sa longue queue règne une autre aile, en forme de rageoire, semblable à la précédente, mais plus large et mobile de chaque côté ; quand cet animal nage ou vole, il déplie ses aïles en façon de van, de la manière dont elles sont ici représentées ; il vit également dans l’eau et sur la terre; mais quand il est sur terre, il se pose d’ordi- naire sur des arbres, «et alors il abat ses ailes, les ramasse et ne les déplre que pour voler d’un arbre à l’autre. Le capachon de la tête de ces animaux les aide aussi à voler ; car ils savent si bien l’enfler d'air que leur tête en devient plus légère, et n’enfonce pas dans l’eau s'ils viennent à nager; et comme ils peuvent remplir d'air ce capuchon , ils peuvent pareillement en relirer l’air à leur fantaisre. Otez le capuchon , la tête de ce dragon ressemble à celle des lézards; sa langue est épaisse, petite, semhlablerà DEÉSTEASTLIIUCS. 51% museum d'histoire naturelle de Paris, où il est parfaitement conservé. Comme jai observé cet animal, vraiment curieux et mème extraordinaire , je vais insérer dans celle des salamandres. Il y a au dessus des paupières deux demi-anneaux osseux, blanchâtres, auxquels sont attachées Îles paupières qui sont membrancuses, couvertes de minces écailles et faïtes d’une manière très-propre à défendre les yeux; sa gueule est den- telée et pointue; il a tout le dessus du corps d’un _ cendré gris foncé, et couvert de petites écailles, minces , rangées par ordre; le dos, le ventreet les ailes _ sont parsemés et comme marbrés çà et là de quelques taches blanchâtres ; le bout de sa queue est menue ; ses cuisses, ses pieds et les doigts des pieds sont revêtus de plus grandes écailles que le reste du corps; son ventre est d’un cendré clair ; ses pieds se fendent , comme dans les lézards, en cinq doigts fort longs, armés d'ongles aigus et crochus ; mais cependant les "doigts des pieds de devant sont beaucoup plus courts que ceux des pieds de derrière ; le bout inégal de sa ._ queue semble fait par articulations pleines de nœuds, ce qui n’est pas de même dans les lézards. » Cet animal est véritablement peu commun, et sur-tout en Europe , où on ne le transporte qte rare- ment. J’ose pourtant assurer que la représentation que j'en donne est conforme à sa figure naturelle. Jonston nous en a donné diverses représentalions, Mais toutes empruntées ou tirées d'après celles des anciens auteurs; et certainement il ne paroît pas JE © DST OTRE Vextrait suivant la description que Lacépède en a donnée dans son ouvrage sur l'Histoire naturelle des quadrupèdes ovipares, les dé- tails qu'il a omis, et qui sont cependant très- importans à connoître. Quoique Seba ait prétendu que le bässié ordinaire habite dans l'Amérique méridio- nale , cependant on peut encore regarder cette opinion de Seba comme douteuse; peut- être même le basilic ordinaire se trouve-t-1l plutôt dans l’intérieur de l'Afrique, ou bien dans les mêmes conirées de l'Inde où lon a déjà rencontré plusieurs fois la seconde espèce de basilic que Horustedt et Schlosser ont décrit, et que nous connoiïssons sous le nom de porte-créte. ; Le basilic de Seba est très - facile à re- connoître, parce que sa tête est couronnée dessus l’occiput par un capuchon haut d’un pouce environ , également large d’un pouce à sa base, presque terminé en pointe, cou- avoir jamais vu lui-même ce dragon. Ainsi il n’est pas étrange qu’on ait commis tant d'erreurs, et par rapport à la descriplion de cet animal ,et à l’égard de celle de tant d’autres. Je passe, sous un profond silence, les fictions qu’on a débitées de tout tems sur le dragon. On n’a qu’à lire Jonston au livre 2, de som ouvrage qui trate des scrpens , pag. 33 et suiv.» , À D DES BA S LL EC S. Si vert d’écailles rhomboïdales carénées , et très-finement dentelé en scie sur son côté postérieur. Ce capuchon donne à ce grand saurien un aspect vraiment singulier, et ne paroît lui être d’aucune utilité ; au moins n’a-t-on rien pu découvrir jusqu’à présent sur lusage de ce capuchon , que je crois pouvoir comparer provisoirement à un goître. Comme cet animal a une forme extraor- dinaire et bizarre , on ne doit pas être sur- pris que Seba se soit plü à lui supposer des facultés que plusieurs naturalistes modernes ont consignées dans leurs écrits, mais que je crois convenable de révoquer en doute et de regarder même comme impossibles. - Seba a donné au basilic l’épithète de dragon volant : il auroit sans doute mieux fait de lui laisser seulement celle d’amphibie. La nageoire écailleuse, haute d’un pouce et soutenue par quatorze rayons, qui recouvre en forme d’une crête le dessus de son corps; et l’autre nageoïre semblable, mais un peu plus haute, qui est placée aussi en sens ver- tical sur la moitié antérieure de sa longue queue comprimée , et qui est munie de vingt-trois rayons , doivent nécessairement ider le basilic à nager avec agilité; si l’on 318 HISTOIRE suppose ensuite que son capuchon et sa. gorge un peu goîtreuse se remplissent d'air, el contribuent à le rendre plus léger lors: qu'il est dans le sein des eaux, ou lorsqu'il court sur les branches des arbres, on ne dira rien que de très-vraisemblable ; mais. comment est-il possible de croire qu’un ani- mal, muni d’un capuchon creux sur locci- put et d’une nageoire verticale assez com-. parable aux nageoires dorsale et caudale des poissons , puisse s’en servir pour s’élancer: d'arbre en arbre, et sur-tout pour se sou- tenir pendant quelques instans au milieu des airs? Une opinion semblable ne doit: pas être adoptée par les naturalistes : aussi Lacépède a-t-il eu soin d’affoiblir l’expres- sion de Seba dans son ouvrage sur l'Histoire! naturelle des quadrupèdes ovipares. Il ob-: serve avec raison que les doigts du basilic: au nombre de cinq à chaque pied, ne sont” réunis par aucune membrane ; car il vit sur les arbres , comme presque tous les lézards ,* qui, ayant les doigts divisés, peuvent y grimper avec facilité, et en saisir aisément les branthes : non seulement il peut y cou- rir assez vite, mais, remplissant d’air som espèce de capuchon, déployant sa crête; augmentant son volume, et devenant par DES BASILICS. 3%o là plus léger, il voltige, pour ainsi dire, avec agilité de branche en branche. Son séjour n’est cependant pas borné au milieu des bois : il va à l’eau sans peine ; et lors- qu'il veut nager, il enfle également son capu- chon , et étend ses membranes. La crête qui distingue le basilic, ajoute le professeur Lacépède , et qui peut lui ser- vir d’une petite arme défensive, est encore pour lui un bel ornement. Bien loin de tuer par son regard , comme l'animal fabuleux dont il porte le nom, il doit être considéré avec plaisir , lorsqu’animant la solitude des immenses forêts de l'Amérique, il s’élance avec rapidité de branche en branche; ou bien lorsque , dans une attitude de repos et tempérant sa vivacité naturelle, 1l témoigne une sorte de satisfaction à ceux qui le re- gardent , se pare, pour ainsi dire, de sa courenne , agite mollement sa belle crête, la baisse, la relève ,-et par les différens re- flets de ses écailles, renvoie aux yeux de ceux qui lexaminent , de douces ondula- tions de lumière, Le basilic ordinaire, que j’ai observé dans la collection du museum d'histoire naturelle, a sans doute éprouvé quelques décolora- tious par son long séjour dans l'esprit de vin ; ’ Dern We: 320 HISTOIRE cependant je crois qu’il est nécessaire de faire. connoître aux naturalistes quelles sont les couleurs qu'il a maintenant. ss . Sa couleur est d’un brun roussâtre et. vineux, légèrement teint çà et là de bleutires en dessus : il est d’un blanchâtre sale en des-* sous. On voit des bandes transversales bru- nâtres foncées, irrégulières et interrompues, | partant de la nageoire et prolongées :sur les. flancs : on compte ainsi sept bandes trans- versales dessus le cou et le dos. à Dimensions du basilic proprement dit, ou à capuchon. -pieds pouc. titan Tongueurtotale.;. 4... 4 2 Longueur de la tête. . . . . . . SON CHASSE. ee | Longueur de l’ouverture de la bouche. Hiuteur du eapuchon "002 Sa largeur à sa base: . . . . . . . Sa largeur vers son extrémité. . .; = D 4 Dm ON Longueur du cou: : + » + +) Son ÉPAISSEUR enr eo eee Longueur du corps. . . . . . . . Son épaisseur . . . . TS PE CT CRIE Longueur de la nageoire dorsale . Sa plus grande hénteutes 2 20, Longueur de la quêés Lit RE Longueur de la nageoire caudale . ., :: D I M OR KR M 0 AT AE 4% Le F- Mae “+ Lu DES BASILICS. So Sa plus grande hauteur. , . . . . Longueur des pieds antér ieurs jusqu’au * talon des doigts DEteomis lle Le; ‘ele! site 0 e e Longueur des pieds de derrière Je qu’au talon . Longueur depuis le talon; jusqu’au bout ées doigts | Reptiles. Tome III. pieds poue. lign. 1 6 2 6 Li 2 À LE 322 HISTOIRE LE BASILIC PORTE-CRÊTE, D'ÀMBOINE Go Crr animal vraiment extraordinaire, qui paroiît voisin du basilic à capuchon, parti- cipe des grands iguanes et des tupinambis par sa forme. Il n’a été décrit d’après nature que par trois auteurs étrangers , et je n’ai pu l’observer dans aucune collection d’his- toire naturelle. François Valentin , qui a vécu pendant (1) Basiliscus amboinensis ; capite plano, cristä dorsali pectinatä , caudé longä suprà ad basim pin- nat4 et radiatà. Lacerta fluviatilis , amboinensis , soa soa ajer dicta. Fr. Valentin, Descript. Indiæ orientalis, 1726; Amsterdam , in-fol. tom. TT , pars 1, lib.5, cap. 1, pag. 281, fig. mala. — Lacerta amboinensis. J. Alb. Schlosser, Epistola de lacertà amboinensi; Amster- dam, 1768, in-4°, fig. colorata. — Lacerta idem. Gmelin, Syst. nat. pag. 1064, n° 54. — Lacerta java- nica. Hornstedt, Nov. Act. Stockholm, tom. VE, année 1785, p. 132, pl. v, fig. 1, mâle; fig. 2, femelle: — Le porte-créte. Daubenton, Dict. erpét. Encycl. méthod. — Lacépède, Hist. nat. des quadr. ovipares, in-12,iom.1l, pag. 547. DES BASEILTOCS. 555 #n certain nombre d’années dans la plupart des colonies hollandaises aux Indes orien- tales, et sur-tout dans l’île d'Amboine , a d’abord fait connoître ce saurien sous le nom de Zezard crété d'eau douce, et courageux d’Amboine , appelé par les insulaires soa soa ajer , ce qui signifie lézard aquatique. | Selon Valentin, ce reptile se tient presque toujours auprès des fleuves et des endroits Où il y a de l’eau douce : il vit également dans l’eau et sur terre ; souvent même il monte sur les arbrisseaux qui sont sur le bord des fleuves; il se précipite de là dans Veau dès qu'il aperçoit près de lui des hommes ou des chiens, et s’y cache sous des rochers et des pierres, où l’on peut le prendre avec un lacet ou même avec la main , parce que cet animal est plus stupide et craintif que méchant. Sa chair est blanche, aussi bonne à manger que celle du poulet, et elle a le goût de celle du chevreuil. La | femelle pond des œufs, blancs et oblongs, | dans le sable sur les rivages. Le mâle et la _ femelle diffèrent entre eux par la forme … | de leur crête et par la distribution de leurs | couleurs ; car la femelle est plus petite, a | sa crête continue, déprimée, et non élevée, | comme celle du mâle , au dessus des cuisses X 2 = “atnittollt s 4 S re fn 324 HIS T'O EREE ou de la base de la queue. Le mâle est'aussi plus agréablement coloré :'le ventre de cet animal est plus large que celui des iguanes; il contient des intestins longs et repliés; celui de la femelle renferme aussi, avant la ponte, des œufs jaunes rassemblés dans deux ovaires, qui ont chacun un large oviductus dont l'issue communique avec l’intestin rec- ‘tum près de l'anus. Le diaphragme est placé dans la région antérieure de la poitrine, entre les bras ; le cœur est petit et trian- gulaire ; le foie est assez semblable, par sa forme , à une rate, et une vésicule du fiel ronde y est attachée ; le poumon est petit, rougeâtre , ou d’une couleur un peu plom- bée ; on trouve encore un estomac blan- chatre , étroil, épais, qui a beaucoup de ressemblance avec l'intestin ; et dans linté- rieur de cet estomac, Valentin a observé des graines el des baies de plantes aqua- tiques, quelques petites pierres jaunes demi- transparentes, et même certains vers assez semblables à des scoiopendres. J. Albert Schlosser a ensuite pubhé, en 1768 , à Amsterdam, une Dissertation très- étendue sur ce saurien, accompagnée d’une figure faite d’après un individu qui est placé dans sa riche collection d'histoire naturelle. , DES BASILICS. 325 - Le basilic d’Amboine, observé par Schlos- ser, a le dessus de sa tête tuberculeux et couvert de petites écailles rondes ; l’extré- muté de sa mâchoire supérieure est obtuse, tandis que celle de linférieure est arrondie ; ces mâchoires sont bordées d’écailles car- rées , et un peu plus grandes que dessus la tête ; louverture des narines est un peu alongée, et placée, sur chaque côté de la mâchoire supérieure , vers le bout du mu- seau; l’ouverture de l'oreille est -arrondie, un peu plus longue que large. - Toute la partie inférieure du cou et de ke gorge, depuis les oreilles jusqu'aux épaules, est couverte d’une peau ample et lâche, qui: forme sur la gorge un goître terminé en pointe , non dentelé, seulement marqué de plusieurs plis profonds, et prolongé de deux pouces deux lignes depuis le milieu de la mâchoire inférieure jusqu’au devant de la poitrine. La langue est épaisse, char- nue, obtuse et à peine fendue à son extré- mité; elle remplit en partie l’intérieur de la bouche. Sur chaque côté des deux mâchoires, on voit des dents aplaties, pointues et aug- mentant peu à peu en longueur jusqu’au fond de la bouche : il y a de petites dents courtes, cylindriques et subulées, au nombre K'5 + CINE TE 326 HISTOIRE de huit sur le devant de la mâchoire supé- rieure , et de six seulement sur le devant de linférieure. . Sur:toute :la longueur du dos # y a ane: crête :pectinée, qui prend sa naissance dessus! le cou, vers l’occiput,:à onze lignes derrière? les yeux; cette crête est formée de dents aplaties, hautes de quatre à ‘cinq lignes, à! une ‘ou deux pointes, et parsemées entre! elles d’autres petites dents nombreuses : ‘let nombre de ces dents est au delà de quatre. vingt-dix ; le tiers antérieur de :la queue est surmonté d’une haute membrane ‘ou na- geaire, qui est soutenue par dix-sept-rayons,! et bordée par ‘autant de festons composés d’écailles plates, formant cent vingt dente- lures en scie; les deux autres tiers de la queue -sont écailleux , un peu comprimés! sur les côtés., et surmontés d’une ‘double carêne très-petite , finement dentée -en scie, de même que la queue des tupinambis de! la seconde section. : Les pieds sont assez robustes, un pen alongés ,:sur-tont les postérieurs : ét äls ont chacun cinq doigts séparés , dentelés en scie sur leurs bords, et terminés par de petits ongles; le pouce «et le petit doigt, c’est-à= dire , les deux doigts extérieurs, sont plus D'FS*"BASTETCS. courts que les autres ; les trois doigts inter- médiaires des pieds de derrière sont un peu alongés , sur - tout celui qui est voisin du petit doigt. La couleur de la tête et de tout le coù est vérdâtre , avec quelques stries blanches : le dos est brun, ainsi que la queue ; mais la nageoire caudale est plus pâle ; le ventre est gris, irrégulièrement parsemé de points ronds , blancs et nombreux , qui sont aussi répandus çà et là sur les flancs et sur Îles membres. Quoique Schlosser n’ait pas fait connoître la couleur des membres dans sa description , la figure cependant les repré- sente verdâtres. Celte description et cette figure , publiées par J. Albert Schlosser, sont très-incom- plettes, parce qu’elles n’indiquent pas exac- tement la forme des diverses écailles qui révêtent toute la surface de la peau; mais on distingue, dans la figure, que lPanmimal a beaucoup de rapports avec les grands isuanes et les tupinambis indiens, à causé des petites écailles qui revêtent le dessus de sa tête, des bandes annelées, étroites et nombreuses qi entourent son corps, et sur-tout de sa queuê un peu comprimée sur les côtés, longue et verticillée. X 4 328 HISTOIRE Dimensions du basilic d’Amboine, décrit par Schlosser. pieds pouce. lign Longueur totale Hi LLON BILANS 2 LE 5 Longueur de la bouche............. 1 & Diamètre des yeux. A tL és 5.2 Distance d’un œil à l’antre.........… E Distance de la narine à l’œil....... 8 Distance du coin de la bouche à l’oreille. 6 Distance d’une oreille à Pautre....., "+7 2 Distance de l'oreille à l’épaule....... Fr 8 Longueur de l’épaule à la hanche... 4. Longueur de la hanche à l’anus..... 1. Diamètre de l’anus, y compris son bord. I Longueur de la partie antérieure de la queue qui est recouverte d’une MAPCDIPES. Le Rs ee eee 8 6 Hauteur delà nageoire.......5"08 2 6 Epaissenr de la queue sous la nageoire. 1073 Longueur de la queue depuis la fn de la nageoiïire jusqu’à son bout....... AT Longueur des pieds antérieurs jusqu’au bout des ongles...... > se ee 2e 4 9 Longueur des pieds de derrière. ...... SE Gmelin , dans son Sysiema naiuræ, a écarté à tort ce saurien du basilic ; car il Pa placé parmi les iguanes , et il a laissé le basilic dans sa section des stellions , quoi- qu'il dise, dans le courant de sa description, que le lézard d’Amboine peut servir à join- dre le basilic aux iguanes. Ce même auteur DES BASILICS. 39 a ensuite regardé comme une variété de l’a- nimal observé par Schlosser ; celui qui a été exactement décrit par Hornstedt dans les Actes de l’académie de Stockholm , et qui habite à Java ; mais je suis au contraire persuadé , et d’après le témoignage du natu- raliste Van-Ernest, et d’ Apres les remarques du professeur Lacépède, qu’on doit regarder la description donnée par Hornstedt, comme le complément de celle que Schlosser avoit publiée auparavant : d’ailleurs l’individu de Schlosser fut acheté par feu le baron de Géer, et il appartenoit ; en 1785, à l'académie de Stockholm. Le comte Fr. Hornstedt a observé dans Vile de Java, Jorsqu il étoit ambassadeur à 3 ce saurien que lès malais nomment bin jawawk jangur eckor, et qui paroît ha- biter dans les grandes îles des Indes orien- tales. Cet observateur a publié, en 1786, dans les nouveaux Actes de l’académie de Stockholm , une description trés-complette et une rire figure de ce saurien. .Le basilic porte-crête de Hornstedt à la téte tétragone, prolongée en pointe, avec sa partie supérieure plate, et couverte de petits tuberçules élevés, anguleux et poin- 330 HISTOIRE tus ; 1l y a de plus une écaille orbiculairé et convexe dessus le sommet du crâne : les mâchoires sont d’égale longueur , et compri- mées sur les côtés ; chacune d'elles a trente- deux dents égales , aiguës, dont quelques molaires plus fortes. La langue est épaisse et charnue: Les narines sont platées sur les côtés dû museau , et en partie POUPEE par un nice Les yeux sont situés sur*les joués j près du sommet de la tête ; et leurs orbites ont une forme oblongüe, avec leur bord supérieur très-saillant. l'ouverture des oreilles est placée der- rire la têle vers chaque côté ‘du chu , et recouverte par une membrañe. Le cou est comprimé, deñté, aussi long que la tête , avee une peau che, garnié d’écailles rondes : sous la ser il y a un goître comprime. Le corps est obleng, un peu comprimé, ét entouré d’anneaux nombreux, formés de petites écailles carrées un peu plus grandes sous le ventre , comie aux grands iguänés et aux tupinambis. Suf tout le dos il y a une carêne pectinée , dont les dents sont ne DES BASILICS. 331 lancéolées , peu ‘élevées, et au nombre de soixante - dix environ. L’'anus est grand, saillant et transversal. … La queue est presque trois fois plus longue que le corps, amincie peu à peu , couverte d’écailles rhomboïdales et carénées , avec son extrémilé tétragone : sa partie supé- rieure a une double carêne dentelée en scie, comme au tupinambis étoilé ; de plus, 1 y a sur sa base une nageoire aussi longue que le corps, assez haute, et dentée en scie sur son bord supérieur. Cette nageoiïre cau- dale est une membrane couverte de petites écailles, et soutenue par quatorze rayons. Nous avons vu précédemment que Schlosser a compté jusqu'à dix-sept rayons à celte na- geoire ; et il paroît , selon le témoignage de Van-Érnest , que le nombre des rayons est sujet à varier un peu dans les individus. Les pieds ont chacun cinq doigts séparés et munis d'ongles aigus comprimés. Aux pieds de devant , les premier et cinquième doigts sont presque égaux, le second est plus long , le troisième et le quatrième encore plus longs. Aux pieds de derrière , le premier doigt est le plus petit , le second un pert plus long , le troisième et le cinquième plus longs , et le quatrième très-long. Les mem- 332 HRS 'T O LR QG bres sont couverts de petites écailles rhom- boïdales et presque imbriquées. : . La couleur de tout l'animal est verdâtre, parsemée de petits traits noirs , et le ventre est blanchâtre. | ) pieds poue. lig. Ponsueur, totale. << . : run depuis le bout du museau TASSE PARUS SRI Re Longueur de la nageoire. . . . . . © °6 Longueur du reste de la quene . . : 2 Epaisseur duscogpis.ss:. (lire dar Gi Largeur de la queue à sa base. . … : 2 G Hauteur de la nageoire. . . . . Korea L'extrémité de la queue est aussi grosse qu’une ‘ plame à écrire. La femelle diffère seulement du mäle, parce que son dos est à peine denté en scie; sa nageoire caudale est de moitié moins haute , et l'extrémité de sa queue est cy- lindrique. Hornstedi ajoute que cette extrémité est comme jointe au reste de sa queue , ainsi que la figure l'indique ; mais il est à croire que ce caractère west pas commun à toutes les femelles ; et que celle observée par Hornstedt, n’a son extrémité ainsi confor- mée, que parce qu'élle aura élé cassée par quelque accident , et qu'elle est en partie répo ussée. Me Ne. AS DES AGAMES. 353 es, ee + Bees eue NEUVIÈME GENRE. AGAME, Ogama. Le corps épais, couvert d’une peau lâche; qui peu se gonfler au gré de l’animal : toute sa surface , ainsi que la tête , le cou et les pieds parsemés de petites écailles arrondies, ou rhomboïdales ou hexagones , souvent rudes au toucher , et plus ou moins prolon- gées en forme de petites épines. Des plaques dessus la tète de l’'agame marbré. , La tête courte , assez grosse, principale- ment vers l’occiput, ressemblant en quelque sorte à celle d’un crapaud, et renfermant une langue large , épaisse, arrondie à son bout , non:extensible , et presque entièie- ment attachée à la mâchoire inférieure. Le cou paroissant comme élranglé , avec la gorge un peu capable de se gonfler. La queue cylimdrique , où comprimée dans quelques-uns, irrégulièrement réticulée , et à peu-près aussi longue que le corps. Les pieds épais, ou alongés, ayant tous leurs doigts amincis , séparés et onguiculés. 354 ! EM S FOIRE Quatre doigts aux pieds antérieurs de l'agame à queue prenante. Les reptilesque les naturalistes modernes sont convenus de placer parmi les iguanes et les stellions , peuvent être facilement dis- tingués des agames, quoi qu’ils aient leur tête alongée, leur langue non extensible ni four- chue , et leurs écailles disposées régulière ment, soit sur des anneaux ou sur des bandes transversales , soit sur des lignes réticulées. Les agames ont été cependant confondus jusqu’à présent par les naturalistes avec les isuanes et stellions , sans doute parce qu'ils n’avoient pas encore été bien observés. Je me suis occupé, dans mes recherches sur lHistoire naturelle des reptiles, de revoir, avec une attention scrupuleuse , les animaux de l’ordre des: sauriens , et de comparer entre eux ces divers animaux. Il est résulté de mes remarques , que j'ai non seulement découvert un grand nombre d’espèces nou- velles dans les collections d'histoire natu- relle qui sont à Paris, et que je suis par- venu en outre à éclaircir quelques doutes relatifs aux caractères principaux qui doi- vent servir à former des genres parmi les sauriens. J’ai reconnu , de même que le _ DES AGAMES. 335 naturaliste Alexandre Brongniart , que ces caractères principaux doivent être tirés des organes du mouvement , du goût et du tou- cher , c’est-à-dire , qu ils doivent. consister dans la forme et le dispositions des pieds et de leurs doigts , des écailles et de la langue , ainsi que dans la forme de la queue. D'après ces considérations, et afin de per- fectionner la division des sauriens, qui a été précédemment faite par Alex. Brongniart et ensuite adoptée par Latreille , j'ai jugé nécessaire d'ajouter six nouveaux genres aux dix autres déjà établis dans cet ordre; et jai distribué jusqu’à cent cinquante-quatre espèces, dont beaucoup de nouvelles, parmi ces différens genres. Nota, À game vient du mot agama ; c'est le nom que les habitans de la Guiane donnent à une espèce renfermée dans ce nouveau genre. ee 356 HISTOIRES PREMIÈRE SECTION. LES AGAMES À QUEUE COMPRIMÉE. Ces sauriens ont tous la queue comprimée sur les côtés, avec le dessus de la tête revètu de petites écailles. L’AGAME SOURCILLEUX (1). L'espèce d’agame dont je vais insérer ici la description, et qui m'a été donnée par (1) Agama superciliosa ; atro-nigricans sub-picea, caudä compressé lonsä ; dorso caudäque supernè sub- cristatis , occipite calloso et spinoso; syuamis rhombæis carinabtis. Lacerta superciliosa. Linnæus, Syst. natur. — Idem. Mus. Adolp. Frid. tom. I, pag. 40. — dem. Gmelin, Syst. natur. pag. 1063, n° 4. — Lacertæ ceylonica , criséata et pectinata. Scba , Thes. tom. 1, pl. xciv, fig. 4. — Salamandra amboinensis, capite seutato. Seba , Thes. tom: I, pl. c1x, fig. 4. — Le sourcilleux. Daubenton, Dict. erpéth. Encycl. méth. — Idem. Lacépède, Hist. nat. des quadr. ovip. in-12, tom. T1, pag. 212. — L’iguane sourcilleux. Hist. nat. des rept. par Latreille, in-18 , tom. I, p. 269. moR [4 DES AGAMES. 397 mon estimable ami Dufrêne, aide natura- liste au museum d'histoire naturelle, et mem- bre de la société des naturalistes de Paris, est infiniment voisine des agames ordinaire et galéote, et semble se rapporter au /acerta superciliosa qu'on trouve dans l'Inde. En examinant même avec attention la descrip- tion du /acerta superciliosa dans l’ouvrage de Gmelin, on peut y reconnoître tous les caractères propres à l’agame dont il est ici question ; aussi je ne puis m'empêcher de regarder le saurien, uommé Le sourcilleux par Daubenton et Lacépède, comme un synonyme de cet agame que Seba a très- exactement figuré sous les noms de lézard de Ceilanatéte pectinée, tom. I, pl. xcrv, fig. 4, et de salamandre d Æmboine à téte cuirassée, tom. I, pl. cix, fig. 4. Dans la description que Latreille a pu- bliée dans son Histoire des reptiles, il a paru soupçonner que la seconde figure de Seba ne doit pas se rapporter à ce saurien, qu'il a nommé iguane sourcilleux ; je suis per- suadé , au contraire, que cette salamandre d’'Amboine est au plus une variété de l’a- game sourcilleux. Reptiles. Tome III. Y : "5308 ta RxY 358 HISTOIRE Dimensions de l’agame sourcilleux, qui fait partie de ma collection d’histoire naturelle. pieds pouc. ligne MORSUBNT LOLALE. La eee sec ee Le l 00 Longueur de la tête jusqu’à l’occiput. VE Sa largeur aux yeux......... tete 10 Son épaisseur dans le même endroit. I Longueur ducou:.:,.:.4.1:4.9108240 at I Sa laxseut). a cn sd et à Longueur du corps jusqu’à l’anus... 2 DA lATVEUR. se see eue sc ce ee (ep © “1 O1 © Pongueur dé la queue....... 2. 1 Longueur des pieds de devant jusqu’au Bout des dois tS ER 2 ANAL ASE 2 Longueur des pieds de derrière jusqu’au boat, des, doigts... sas. tan et 3 9 Longueur du plus long doigt des pieds | de derniére... -4 0. de er + À AE Cet agame est nommé sourcilleux , parce que sa tête grosse et courte est relevée aü dessus des yeux par une callosité couvérte de pelites écailles rudes au toucher, et même par un bord saillant et crénelé en forme de sourcils. Sa tête, en forme d’un cône court, a quatre faces : elle est garnie dé petites écailles rudes au toucher et très-nombreuses: les mâchoires sont seules bordées de petites plaques carrées. Le museau est pointu, la sueule large, la langue courte et épaisse; locciput et la nuque sont parsemés de pe-" DES AGAMES. 35q tites écailles pointues; les yeux sont assez grands, non saillans sur les côtés de la tête, et munis de deux fortes paupières revêtues d'écailles infiniment petites. Le cou, le corps, et sur - tout la queue sont comprimés sur les côlés, couverts de petites écailles carénées, rhomboïdales, dis- posées sur des lignes transversales très-nom- breuses : ces écailles sont plus distinctes sous le ventre et les membres, et encore moins petites sur la queue. La gorge est un peu gonflée, mais non goiîtreuse. Depuis la nuque, sur toute la colonne vertébrale, il y a une petite crête écailleuse, dentelée en scie , qui diminue insensiblement jusqu'à l'extrémité de la queue. Celle-ci est à peu près deux fois aussi longue que le reste de l'animal. : Les pieds sont robustes, un peu amincis, alongés, munis chacun de cinq doigts séparés et longs, sur-tout les deux doigts intermé- diaires des pieds postérieurs. Les ongles sont comprimés sur les côtés, forts et crochus ; le dessous des doigts est couvert de petites écailles relevées comme des dents de scie. La couleur de l’agame sourcilleux est d’un noir plus ou moins foncé, et tirant sur la poix ; la tête est un peu plus claire en dessus Lan 340 HISTOIRE et sur les joues. À mesure que les écailles noires se détachent de la peau , elles laissent apercevoir en dessous d’autres écailles sem- blables par la forme, mais d’une couleur différente et d’un gris blanchâtre. L'agame sourcilleux se trouve dans lîle de Ceilan, dans celle d’'Amboine, et vrai- semblablement dans d'autres régions des grandes Indes, dont la température ne diffère guère de celle de ces îles, selon Lacépède. Seba prétend que cet agame , ainsi que la- game occiput-fourchu, jettent des cris sin- guliers, qui leur servent à se rallier. _ Le lézard de Ceiïlan, décrit par Seba, re- présente assez exactement le sourcilleux. Voici ce que cet auleur en dit, page 147: « La petite crête peclinée qui est sur son dos s'étend aussi jusqu’au bout de la queue. Il porte sur sa tête une crête ou une mitre relevée et dentelée, semblable à celle des caméléons ; sa gueule est entièrement bordée d’écailles assez larges ; sa peau est couverte de petites écailles, d’un brun clair, mar- quetées et comme tigrées de taches d’un baï- rouge foncé ; ses jambes longues et déliées ; ses pieds et sa queue sont garnies d’écailles à peine plus grandes, et d’un bai-rouge clair ;. ses yeux sont grands et jaunâtres sur leur DES AGAMES. 341 contour, ce qui est aussi la couleur des sourcils écailleux et de la crête pectinée ». L'autre lézard de Ceilan figuré au dessous du précédent, et vu renversé, n’est pas un agame , mais plutôt un tupinambis, assez semblable à celui que j’ai nommé its bis piqueté du Bengale. L'autre saurien, que je regarde comme synonyme ou au plus comme variélé du sourcilleux , est la salamandre d’Amboine, que Seba a décrit ainsi qu’il suit , à la pag. 173 de son Thesaurus rerum naturalium , tom. I: « Elle-a la tête ramassée et armée en dessus d’un petit bouclier écailleux ; son cou est gros et rond; ses oreilles sont comme celles des lézards, avec qui elle paroît avoir quelque rapport. Elle est revêtue de petites écailles minces, roussâtres, ombrées de blanc ; son dos, depuis latête jusqu’à sa longue queue, est hérissé de dents faites en forme de scie ; ses cuisses, ses Jambes et les doigts de ses pieds sont grèles et longs, de même que dans les lézards ». Ce caractère très- apparent d’une cerète formée d’écailles relevées, cétte sorte d’ar- mure qui donne un air distingué au saurien qui en est revêtu , n'appartient pas seulement à l’agame sourcilleux , comme nous lPavons Y 5 Æ 342 HISTOIRE déjà fait remarquer dans la description des crocodiles, de la dragone, des basilics, des isuanes , etc. Il en est de ce caractère comme de tous les autres, dont chacun est presque toujours expriné avec plus ou moins de force, dans plusieurs espèces différentes , selon la juste remarque du professeur La- cépède (1). Cette crête écailleuse et dentelée a non seulement des formes différentes dans chacun des sauriens qui en sont ornés; non seulement elle présente tantôt des rayons alongés , tantôt des lames aiguës, larges, lancéolées ou très-courtes ; mais encore elle Varie par la position qu’elle occupe sur le dos ou la queue de ces animaux. Cette crête s'élève en rayons dessus tout le corps du basilic proprement dit, depuis le sommet de la tête jusqu'à l'extrémité de la queue; elle orne de même la queue du basilic porte-crête, et garnit ensuite son dos en forme de dentelure ; elle revêt non seulement le corps, mais encore la partie antérieure du goitre des iguanes; elle paroît à peine sensible sous la gorge de l'agame marbré , sur le dos et au dessus des flancs (1) Lacépède, Histoire naturelle des quadr. ovip. ln. 12, tom. T, p. 514 ; histoire du sourcilleux. DES AGAMES. 345 de l’agame umbre; elle défend dans l’agame galéote la tête et la partie antérieure du dos; elle se trouve aussi sur cette partie antérieure dans l’agame ordinaire qui existe à Surinam; elle ne s'étend enfin que sur la queue de la dragone de la Guiane, et des anolis bimaculé et charbonnier. L'agame sourcilleux a beaucoup de rap- porls avec celui que les naturalistes con- noissent sous le nom de tapaye; ( acerta orbicularis ), sur-tout. avec l’agaime occiput- fourchu. Van - Ernest a trouvé dans une collection, en Hollande, un saurien qu'il a pris, avec raison, pour une variété. de l’agame sourcilleux , et qui a été découvert dans les Indes ile dans une petite ile voisine de Mindanao. PREMIÈRE VARIÉTÉ. L’agame sourcilleux, ayant le corps et la queue, ainsi que les membres d'un brun roussétre , avec des taches transversales assez longues, larges, et plus foncées. Nota. C’est par erreur que j'ai soupçonné, dans la description de l’iguane sourcilleux, insérée dans l'Histoire naturelle des reptiles par Laireille, tome I, page 270, que la Y 4 344 HISTOIRE salamandre d’Amboine de Seba (tome I} pl. cix , fig. 4), est un synonyme de l’agame occiput-fourchu ; elle se rapporte évidem- ment au contraire à l’agame sourcilleux, comme les naturalistes l’ont déjà pensé. DEUXIÈME VARIÉTÉ. L’agame sourcilleux, d’un roux fauve, avec des bandes trans- versales brunûâtres sur le dos et la queue. Cette variété est placée dans la collection du museum d'histoire naturelle de Paris. DES AGAMES. 345 PPAGPAME OCCIPUT-FOURCHU (à). Ox trouve dans l'ouvrage de Seba, à l’en- droit indiqué ci-defsous, une figure assez correcte d’un saurien qu’il a nommé sa/a- mandre prodigieuse d’Æ4mboine, ayant sa téte surmontée d’un bouclier, et qui se rap- proche tellement de l’agame sourcilleux , représenté par Seba sur la même planche, fig. 4, que Latreille les a regardés comme une même espèce dans l'Histoire naturelle (1) Agama scutata ; caudé sub-compressé , longi- tudine corporis , carin4 dorsali et caudali serraté, occipité calloso et bimucronato. Lacerta seu tata. Linnæus, Syst. nat.— Jdem. Gmelin, Syst. nat. pag. 1065, n° 5. — Jouana cla- mosa. Laurenti, Synops. reptilium , pag. 49, n° 74. — Salamandra amboinensis ; prodigiosa , scutata. Seba, Thes. tom. T1, pl.cix, fig. 5. — L’occiput- fourchu. Vaubenton, Dictionn. erpét. — Za tête fourchue. Lacépède , Hist. nat. des quadr. ovipares , in-12 , tom. I, pag. 516. — ZL'isuane téte-fourchue. Latreille, Hist. nat. des reptiles, tom. I, p.267. 546 HISTOIRE des reptiles publiée nouvellement ; et il n’a reconnu, d’après Gmelin, comme synonyme de l'agame sourcilleux que le lézard de Cei- lan , figuré par Seba, tom. I, pl. xorv, fig. 4. FSureh a fait connoître ce saurien sous le nom d’iguane criard : les autres nalura- listes ont. rangé aussi parmi les iguanes; mais aucun d’entre eux, excepté Seba, me paroît l'avoir observé diaprès nature : je lai moi-même cherché, mais en vain, dans les collections d'histoire naturelle qui sont à . ee Paris; je suis en conséquence forcé, de même que mes prédécesseurs, de décrire cet animal singulier d’après Seba. L’agame occiput-fourchu est long d'un pied et quelques pouces, en y comprenant la queue, qui a environ moitié de cette longueur. Sa tête est grosse, munie sur l’oc- ciput , derrière chaque œil, d’une callosité écailleuse et pointue; le museau est court, obtus et surmonté d’un gros tubercule, entouré d’autres tubercules ph petits et blanchâtres. Sur toute la colonne vertébralé on voit une très-petite crête, formée de pelites écailles un peu distantes l’une de l'autre, et assez semblables à des dents de scie; ioutw son corps est d’un jaune pâle, nuancé d'ua DES AGAMES. 347 bleu clair, et parsemé, principalement en travers des flancs, d’un certain nombre de boutons blancs, ronds, et un peu sem- blables à des perles, suivant l'expression de Seba ; on trouve quelques-uns de ces bou- tons au dessous des yeux et vers les bords de la mâchoire inférieure. La queue est couverte de petites écailles, et entourée de plusieurs anneaux bleus. Ses membres, ainsi que ses doigts et ses ongles, sont entièrement conformés de même que ceux de lagame sourcilleux ; ils sont revé- tus d'assez grandes écailles rhomboïdales , carénées et bleuâtres. L’iguane occiput-fourchu existe à Am- boine, selon le témoignage de Seba, au- quel on a assuré que ce reptile vraiment hideux jette des cris particuliers qui servent à le réunir avec ses pareils. | Voiei ce que Seba dit de cette prétendue salamandre, dont la tête est couverte d’un bouclier : | « Elle a le derrière de la tête armé, comme le caméléon, de deux cornes poin- tues ; à l'extrémité du museau on voit un gros tubercule entouré d’autres tubercules; ses yeux sont grands et munis de deux pau- pières; son cou est gonflé; sur son dos on 349 HISTOIRE voit une petite crête dentelée comme une. scie, et chaque dent est plus séparée l’une de l’autre vers les parties antérieures du corps qu'au dessus des reins et de la queue. Tout le corps est d’un jaune pâle ombré de bleuâtre, et marqueté, comme par gouttes, d'un grand nombre de boutons blancs, ronds, élevés, qu’on prendroit pour des perles; on aperçoit de pareils boutons sous les yeux et autour de la mâchoire inférieure ; mais il n’y en a pas sur la queue, qui est couverte d’écailles, et entourée de quelques anneaux bleus. Les cuisses, les pattes et les doigts des pieds de cette salamandre sont longs, déliés , revêtus d’assez grandes écailles bleuâtres. L'on nous a rapporté que ces animaux, lorsqu'ils se trouvent dispersés , jettent un cri que leurs pareils répètent en manière d’écho, et que ce cri est le signal qu'ils ont pour se rassembler ». (Seba , Thes. tom. I, pag. 173.) | DES AGAMES. ,34 L’'AGAME SOMBRE (1). Czr agame a beaucoup de rapports avec l’umbre et le porte-croix, par la forme de ses diverses parties, par ses dimensions, et sur-tout par la figure de ses écailles rhom- boïdales, carénées et réticulées. Sa tête ressemble à celle de l’agame on- dulé; elle est assez grosse et revêtue sur les côtés de l’occiput d’une certaine quantité d’épines blanches. Sa couleur est d’un brun de suie très-sale en dessus, plus clair avec - des bandes transversales, foncées, irrégu- lières sur la queue : une bande longitudinale droite, d’un blanc jaunâtre , effacée sur ses bords et placée depuis la nuque dessus toute la colonne des vertèbres dorsales, rend cet animal assez remarquable, et très-facile à reconnoître parmi toutes les autres espèces du même genre. (x) Agama atra; occipite spinosissimo , corpore suprà fusco squallido sub-atro , vittä longitudinali flavescente suprà dorsum , abdomine guläque sub- cærulescentibus , caudä sub-compressé. 350 HA STORE! On voit un commencement de très-petite crête épineuse, placée dessus la nuque et le coû, ainsi qu'au dessus de chaque bras. Le corps est gros, un peu alongé; et la queue est une fois et demie environ aussi longue que le reste de l'animal, assez grosse et cylindrique à sa base, ensuite comprimée sur les côtés comme celle de l’agame sour- cilleux , et couverte en dessus d’une très- petite crête, formée de petites écailles re- dressées et pointues. J/agame sombre est d’un gris jaunâtre, sale en dessus, tirant sur le bleuâire sous le ventre , et plus bleuâtre encore sous le cou. F'anus est transversal, et bordé de petites écailles poinitues. Les pieds sont alongés, un peu amincis, et munis chacun de cinq doigts séparés, dont les ongles sont gris, compri- més, crochus et petits. Diménsions de l’agame sombre. pouc. lig, Longueurtoltale.......,.......:.....:.:. 10 Longueur de la tête...........,:.2 ji: PRE SA ATsEut LEONE ELENR TUE + de. 0 SANS Longueur du corps........... MAMMA = Na IRIDERIS ee T0, L'ESNLAESRETRE Longueur de la queue..... 5. LAN UNUR ORSS J'ai trouvé, dans la coliection du museuni DES AGAMES. 351 d'histoire naturelle de Paris, deux individus qui appartiennent à cette nouvelle espèce d’agame. J’ignore dans quelle partie du globe ils ont été trouvés. Il a beaucoup de rapports, par ses cou- leurs, avec l’agame orbiculaire, figuré par Seba, tom. I, pl. LXxXxX1I1, fig. 1. 852 HISTOIRE LAGAME A BANDES, DE LANDE HO Lorsque le naturaliste Riche séjourna pendant plusieurs mois dans diverses îles de l'océan Indien, principalement à Java, après avoir accompagné d'Entrecasteaux à la re- cherche de l’infortuné navigateur la Pérouse, il découvrit plusieurs espèces nouvelles de reptiles que son décès prématuré ne lui permit pas de décrire; tels sont la iortue . d’'Amboine et le tupinambis indien que j'ai déjà fait connoître dans le cours de cette Histoire naturelle des reptiles. Mon collègue et ami, Alexandre Brongniart, a décrit aussi, dans le numéro 56 du Bulletin de la société philomatique deux autres reptiles (1) Agama fasciata; caud& compressé tripld lon- giore, colore cæruleo, subtis pallido , maculis pallidis suprà collum, fasciis quatuor transversis dorsalibus pallidè cœruleis, secund4 breviore. Isuane à bandes. Alex. Brongniart, Bulletin de la société philomatique , n° 36, fig. 1. — Idem. Naudin, Hist. nat. des rept. par Latr.in-18 , tom. I , pag. 275 et suiv également DES AGAMES. 353 _ également découverts par Riche dans l'Inde, savoir, le caméléon nez-fourchu (cameleo bifidus), et liguane à bandes (iguana fas- ciata). C’est de ce dernier animal que je Vais m'occuper 1C1. 11 résulte des observations que j’ai insérées précédemment dans la description du genre agame, que beaucoup d'iguanes des auteurs doivent en être séparés, pour constituer entre eux un genre nouveau que j'ai désigné sous le nom d’'agame. C'est infailiiblement dans ce genre, et parnu les agames à queue comprimée, qu'il. faut ranger l’iguaue à bandes d'Alex. Brongniart. L’agame à bandes a beaucoup de rapports avec l’agame sourcilleux; voici principale- ment en quoi il en diffère : Sa tête est assez grosse, courte, épaisse, à quatre faces, avec son museau obtus, et ses mâchoires entourées d’une rangée de petites plaques lisses; les narines sont assez _distincies, et les yeux peu saillans en de- hors ; le dessus de la tète est garni d’écailles lisses, De ou pentagones, et très- nombreuses ; la gorge est couverte d’écailles arrondies, peu boinbées; sous le cou on voit un goître pendant , simplement écail- leux et pouvant se gonfler ou se replier au Reptiles. Tome IIT. À # à 554 HISTOIRE gré de l'animal : ce goîtfe a beaucoup de ressemblance avec celui des anolis, mais il est plus grand. Tout le dessus du corps, du cou et des membres est recouvert de pelites écailles arrondies, à peine bombées , disposées sur des lignes transversales très-nombreuses , ce qui fait paroître la peau chagrinée dans ces endroits; le dessous du corps et des membres est au contraire revêtu d’écailles rhomboï- dales, carénées, petites et disposées en tra- vers. Sous la base de chaque cuisse il y a une rangée de dix grains poreux. L’anus est très-fendu en travers, garni, en devant: et en arrière, d’un certain nombre d’écailles très-petites, rhomboïdales, carénées et 1m- briquées. Le cou et le corps sont assez for= tement comprimés sur les côtés; mais la queue l’est encore davantage , sur-tout à sa moitié antérieure. Il part de la nuque une petite carêne formée d’écailles pointues, qui se prolonge insensiblement sur le dos, et qui s’efface enfin dessus la base de la queue. La queue occupe à elle seule les trois quarts des la longueur totale, qui est de deux pieds en= viron ; elle est grosse et couverte de petites, écailles carénées et disposées en travers prè de sa base; ces écailles diminuent ensuite” DES AGAMES. 995 insensiblement , et s’élargissent à mesure qu’elles sont plus près de l'extrémité. Les membres sont assez robustes; et ils ont tous cinq doigts séparés, inégaux, avec les doigts intermédiaires très-longs, sur-tout aux pieds postérieurs ; les ongles sont petits, comprimés et crochus. L'agame à bandes est infiniment remar- quable par la manière dont il est coloré, et par la beauté de ses couleurs. Il est d’un beau bleu foncé en dessus, et d’un bleu pâle en dessous; le cou est moucheté en dessus par environ vingt-quatre petites ta- ches arrondies, d’un bleu pâle ; et il a en dessous d’autres taches plus petites d’un bleu foncé; quatre bandes d’un bleu foible, trausversales , plus larges-sur les flancs, et dont la seconde est plus courte, divisent le bleu foncé de la partie supérieure du corps. Cet agame fait partie de la collection d'histoire naturelle de mon ami Alexandre Brongniart , qui a bien voulu me le com- muniquer. 2 2 356 HISTOIRE a ————— DEUXIÈME SECTION. LES AGAMES PROPREMENT DITS. Lzs ont toute la peau couverte de petites écailles sans aucune apparence de verrues, avec le corps aminci, et la. dre cylin- drique, alongée. L’AGAÂME PROPREMENT DIT, ou L'AGAME DES COLONS (i). C’est dans diverses contrées de l'Amérique méridionale, et principalement dans les îles de Cuba et de la Jamaïque, qu’on trouve (1) Agama colonorum ; caud& tereii longé, colle suprà capiteque posticè aculeatis, cristà dorsali pec- tinaté parvé , occipitis squarnis reversis ; Te cpu cæruleo sub-virescente. | Laceria agama. TLinnæus, Amænit. acad. tom. , pag. 288. — Mus. Ad. Frid. 1 , pag. 44. — Syst. mat. — Idem. Gmelin, Syst. nat. p. 1064 , n° 28. — Grono= vius, Zooph. 13, n° 54. — Iguana cordilina et sala= mandrina. Yaurenti, Synops. reptil. pag. 47 et 46, n®% 67 et 68. — Salamandra americana , lacertæl similis. Seba, Thes, tom, I, pl. cvar, fig. 1, 2 et 5 DES AGAMES. 357 cette espèce de saurien très-vVoisin du tapaye, par un certain nombre de caractères. Il paroît que l’agame proprement dit vit également sur la terre et dans l’eau, parmi les savannes noyées, au moins d’après Île témoignage de Seba, qui le regarde comme une salamandre amphibie , semblable à un lézard, par sa peau garnie d’écailles , et par ses pieds à doigts munis d'ongles très-appa- rens. Sa tôle est grosse, ramassée , garnie postérieurement, ainsi que le dessus du cou, d’écailles minces, alongées et toutes héris- sées par de petits piquans; sa langue est courte, blanche et épaisse ; l’ouverture de sa gueule est large, et il a deux mâchoires, — Lacertus major è viridi cinereus , dorso cristé breviori donato. Sloane, Hist. Jam. tom. IT, p. 333. pl. cezxxur, fig. 2. — Guana lizard. Brown, Hist. Jam. pag. 4635. — Blue lizard. Edwards > Glan. p. 74, pl. cexrv. — ZL'agame. Daubenton, Diction. erpét. Encyclop. méthod. — dem. Lacépède, Hist. nat. des quadrup. ovipares , in-12, tom. L, pag. 556. — Idem. VLatreille, Hist. nat. des reptiles, tom. Æ, pag. 262 ; tom. IV, pag. 273. — L'asame ou caméléon du Mexique. Stedman , Voyage dans l’intérieur de la Guiane ; in-8°, tom. If, pag. 162. — Salamandre, 2° espèce. Ph. Fermin, Description de Surinam , in-8°, Amsterdam , 1769; tom. IT, pag. 213, 958 HISTOIRE la supérieure et linférieure, arraées de pe- tites dents pointues ; son gosier est pendant en fanon ; ses yeux grands et noirâtres sont protégés en dessus par des sourcils cartila- gineux très-saillans. L'ouverture des oreilles est ronde, et assez semblable par ses bords à un anneau. Le dos, en devant, offre une’ crête composée d’écailles aplaties, courtes, redressées et aiguës. Le dessus du corps est ordinairement raboteux par des tubercules hérissés de très - petites épines et de petits grains rudes , sur-tout dans la femelle. Lacépède, dans son histoire naturelle de lagame, a placé, d’après Daubenton et les autres naturalistes, ce saurien remarquable parmi les vrais iguanes ; mais il ne peut rester dans le même genre. à cause de sa langue épaisse, non fourchue, ni extensible: ses écailles ne ressemblent nullement à celles des iguanes; il n’a pas sous la gorge un goître proprement dit, mais il peut la gonfler un peu à son gré. On ne peut en outre con- fondre l’agame proprement dit avec l’agame galéole , parce que ses couleurs paroiïssent plus pâles ; que son ventre n’est pas strié ; que les écailles qui garnissent le derrière de la tête sont comme renversées et tournées vers le museau : il est encore convenable D E:S:: À G A M Es. 359 d'ajouter à ces premiers caractères, que les écailles pointues qui se prolongent au dessus de l’épine dorsale, sont plus courtes que dans p agame galéote , ainsi que Sloane l’a indiqué ; et que les écailles simples qui recouvrent la peau de ce dernier, principalement sur les côtés du corps, sont assez grandes, et n’ont pas la même forme. L’agame , d’après les trois figures qu’en a données Seba, doit avoir au moins un pied et demi de longueur, en y comprenant la queue, qui a environ moilié du total. Selon Brown, au contraire , il a rarement au delà de neuf ou dix pouces. Dans son voyage à Surinam, Stedman fait mention de l’agame : lorsqu'il étoit campé sur un terrain humide, près de T'empely- Crique , il vit dans le camp un lézard nommé.agama ou caméléon du Mexique, qui est d’une grande beauté, et qui a la faculté de changer de couleur, ainsi que les vrais caméléons d'Afrique. T/agame à queue prenante, l’agame du Paraguay, et l’agame orbiculaire, qu’on rerni- contre dans l'Amérique méridionale , sont aussi nommés caméiéons par les colons. On donne en Amérique le nom d’agama à piusieurs espèces de sauriens; car Fermin (47 AN 2 #4 € 360 HISTOIRE désigne sous ce nom le scinque mabouya; et il a décrit, sous la dénomination de sala- mandre d’Æmérique, le véritable agame des auteurs. Voici ce qu'il en a dit dans son! ouvrage sur la colonie de Surinam : «La seconde espèce de salamandre est celle que Seba a représentée à la planche cvrr, fig. 3, pag. 120. » Celle - ci ressemblé parfaitement au lézard , et sa tête à celle du caméléon: à laquelle elle a, de chaque côté du museau, des épines en forme d'étoiles, sans compter qu’elle est couverte d’écailles pareillement épineuses. » Tout son corps est couvert d’écailles d’une couleur jaunâtre cendrée, et aussi épineuses : la poitrine et tout le ventre de même, mais d'une couleur cendrée claire : les cuisses et les jambes de même, ainsi que la queue qui est assez longue ». Fe AGAME GALEOTE RATE ASE rer ETS DE Le lever ne e DES AGAMES 36: LAGAME GALÉOTE (1). Voyez la planche XLHI de ce volume. Cr animal, que les naturalistes ont placé jusqu’à présent parmi les iguanes, à cause de la faculté singulière qu'il a de gonfler (1) Agama calotes : cærulea; caudé tereti long, dorso anticè eapiteque posticè sub-cristatis ; squarnis rhombeis, carinatis. Lacerta calotes. Tinnæus, Syst. nat. — Amæn. academ. tom. I, pag: 380. — Mus. Ad. Frid. tom. 1, pag. 280. — Idem. Gmelin , Syst. nat. p. 1063, n° 27. — Le galéote. Daubenton , Dictionn. erpét. Encycel. méthod.— 1dem. Lacépède, Hist. nat. des quadrup. ovipares n-12 , tom. Ï, pag. 553, pl. x1r1, bonne figure. — Edwards, Glan. d’hist. nat. pl.ccxzv, fig. 1. —— Lacerid Mexicana , tecoixin dicta. Seba, Thes. tom. I, pl. zxxx1x, fig. 1 et 2, — L’iguane galéote. Latreille, Hist. nat. des reptiles, tom. I, pag. 260. fig. tom. IV, pag. 256. — ZLacerta arabica, galeotes dicta. Seba , Thes. tom. I , pl. xertr, fig. 1. — L’iguane Familier. Latreille, Hist. nat. des reptiles, tom. IV, pag. 262. — Lacerta ceilonica.kolotes et askalabotes dicta. Seba , Thes. tom. I, pl. xerti, fig. 2. — L’iouane ophiomaque. Tatreille, Hist. natur. des reptiles, tom. IV, p. 261. — Salamandra americana, lacertæ æmula. Seba, Thes. tom. I, pl. xenir, fig, 3. — 562 HAST O TRE sa gorge, et d'y former alors une espèce de poche ou de faux goître, n’est plus main- tenant pour moi un véritable iguane, mais bien un agame; car il a une forme différente, assez semblable à celle de l’agame ordinaire, des écailles disposées à peu près de même, locciput calleux et même un peu épineux, et enfin la langue plate, arrondie à son ex- trémité , attachée dans la bouche, et non extensible au dehors, ainsi que je m'en suis assuré sur un individu qui est placé dans la galerie du museum d'histoire naturelle de Paris. L’agame galéote a quatre pouces environ de longueur depuis le bout du museau jus- qu’à l'anus, et sa queue en a quatorze. Sa tête, un peu plate en dessus, très-large par derrière, est munie de gros yeux peu saillans, et de larges ouvertures aux oreilles; L’'iguane porte-massue. Latreille , Hist. nat. des rept. tom. IV, pag. 261. — ZLacerta ophiomachus | brasi- liensis, draconis species. Seba , Thes. tom.l, pl.xeur, fig. 4. — L'iguane dragon. Latreille, Hist. nat. des reptiles, tom. IV, pag. 260. — Lacerta leguana, ceilonica , soa-ajer dicta. Seba , Thes. toi. Ï , pi. xcv, fig. 3, mas. 4, fæmina. — L'’iguane bleu. Eatreïlie, Rept. tom. IV, p. 276. — Jguana calotes, Laurent, Syn. reptil. pag. 49 , n° 73. » sa 5 60 DES AICUINMES ‘4365 elle est recouverte en dessus de petites écailles minces, lisses, et plus où moins régulièrement hexagones. Sur la nuque, et sur tout le dos, à peu près jusqu’à la région lombaire, 1l y a une crête formée par de grandes écailles lancéo- lées, minces, écartées , redressées et pointues , dont les plus hautes n’ont que six lignes environ d’élévation. On voit aussi quelques écailles semblables, seulement au dessous des oreilles. | Toutes les autres écailles qui recouvrent la peau de l’agame galéote, sont rhomboïdales, munies en dessus d’une carêne longitudinale, et réticulées. Les pieds sont assez longs, ainsi que les doigts qui sont séparés , amincis, et armés d'ongles noirs en dessus et crochus. On trouve l’agame galéote dans les parties les plus chaudes de l'Asie, en Arabie, dans île de Ceilan, mais non pas en Espagne, comme plusieurs naturalistes l’ont cependant prétendu. Il vit dans les maisons, court sur les toits. en sy cramponnant à l’aide de ses longs doigts et de ses ongles crochus , et s’y nourrit dé petits insectes, et principalement d’arai- gnées. On prétend qu’il prend souvent les petits rats, et qu’il se défend même contre les 564 ES, T OTTRES serpens. Il ne gonfle sa gorse que lorsqu'il est fortement ému par quelque vive pas- sion; mais quand il est tranquille et sans émotion, sa gorge n’est nullement goîtreuse. On a jusqu'à présent regardé comme sy- nonymes de l’agame galéote, les sauriens suivans figurés par Seba. 1°. Le lézard de Mauritanie, varié comme du marbre. ( Seba, tom. T, pl. LXXXVI fig. 6.) C’est un petit agame dont la longueur est de sept pouces, en y comprenant la queue, qui est réticulée, longue de trois pouces et demi. Lie dessus de sa tête est roux et lisse, et tout le reste est couvert d’écailles rhom- boïdales carénées, hérissées , marbrées en travers de roux brun et de blanchâtre. Cet animal est placé dans la collection du museum d'histoire naturelle de Paris; il.est voisin de l’agame ondulé et de l'hexagone. Je l’ai nommé agame rude. 20, Le lézard du Mexique, goïtreux, nommé técoixin.(Seba, t.I, pl. LXxxXxIx, fig. 1, 2.) On peut en quelque sorte regarder comme synonymes ou plulôt comme une variété de l'agame galéote, les deux lézards goïtreux “ DES AGAMES. 365 de Seba, et qu’il dit, peut-être à tort, ha- biter au Mexique. Le premier est d’un bleu clair, un peu plus pâle sur le dos, avec des taches blan- châtres sur les côtés de la tête, autour des oreilles et sur le cou. Le bas du dos jusques vers le milieu de la queue est varié de blanc. La figure indique cinq bandes transversales blanchâtres sur les côtés du corps, et d’autres : sur la moitié antérieure de la queue. Le second a les écailles de sa crête plus _ longues près du cou; sa langue est épaisse et courte ( comme aux vrais agames }; sa couleur est bleue claire, avec des bandes blanches transversales et comme ondulées sur le corps, les cuisses et la queue. Il se cache dans les endroits pierreux où il se met à l’abri de ses ennemis. 9 °. a Le lézard d'Arabie, de diverses cou- leurs, nommé galéotes. (Scba, Thes. t. I, bé XOur, 9.1, Dap..149.) d Le lézard de Ceilan, rubanné, muni d’une crête pectinée et bleue, nommé #£olotes et asKalabotes par les grecs; ou ophioma- chus et pugnatrix cœrulea par d'autres. ( Séba, Thes. tom. E, pl. xcuir, fig pag. 146.) * 29 366 HISTOIRE. c La salamandre d'Amérique , semblable à un lézard, ayant la queue épaisse et ter- minée par un nœud. (Seba , Thes. tom. I, pl. xcuxr, fig. 3, pag. 146.) d Le lézard ophiomachus, ayant une crête pectinée, épineuse; espèce de dragon du Brésil. ( Seba, Thes. tom. [, pl 'æcur, fig. 4, pag. 146.) Je crois pouvoir encore réunir provisoire- ment, comme synonymes de l’agame galéote, ces quatre sauriens qui ne différent l’un de l'autre que par leurs couleurs , excepté le troisième qui tient plutôt de l’agame ordi- naire ; et il est à croire que ces différences ne proviennent que d’une décoloration plus ou moins compleite. Le peintre a donné sans motif une langue extensible et four- chue à ces animaux ; elle est au contraire plate, charnue et arrondie à son bout comme celle des autres agames. Je crois aussi que ces quatre individus ne se rencontrent pas en Amérique, quoique Seba l'ait prétendu dans la description des deux derniers. L'individu a est varié en dessus de roux et de jaune foncé; la couleur du ventre est d’un cendré jaunâtre. La tête, un peu aplatie et élargie, est recouverte de petites écailles DES AGAMES. 307 d’un jaune clair , et toutes d’égale gran- deur. La petite crête dentelée en scie, qui se prolonge depuis la nuque jusqu’au bout de la queue, est d'un jaune pâle. On ap- pelle ce lézard galéote, selon Seba, parce qu’il court comme les chats dans les maisons et sur les toits; mais il ne fait de mal à per- sonne, et ne se nourrit que d'araignées et de rats. L'individu b ne paroît avoir subi aucune altération dans ses couleurs. Le dessus de . son corps est entrecoupé de plusieurs bandes blanches sur un fond d’un bleu clair. Une crête pectinée, formée de dents un peu plus hautes que celles du précédent, règne sur le dos depuis la tête jusqu’au commence- ment de la queue, où elle finit entre les cuisses sur la région lombaire : elle naït, selon Seba, d’une autre crête située en tra- vers autour de la tête et prolongée jusqu’à l'ouverture de la gueule. Le sommet de la tête et les membres sont couverts de petites écailles minces et bleuûtres. L’individu c a été nommé salamandre par Seba, à cause de sa langue courte et char- nue comme celle des salamandres : il a aussi appelé salamandre plusieurs autres espèces d’agames , ieis que l’agame sourcilleux. et 568 HISTOIRE locciput-fourchu. Cet animal ressemble par la tête et par Îles pieds à un lézard. Son corps est gros, revêtu par dessus d’écailles rhomboïdales uniformes, cendrées brunes , et chacune de ces écailles est munie d’une petite carène longitudinale. L'ouverture de la gueule est bordée de jaune; les oreilles sont couvertes et entourées de petites écailles redressées et pointues. La queue paroît avoir été cassée vers son milieu, car elle est une fois environ trop courte et terminée en forme de massue par un renflement. Enfin l'individu d a sa tête courte, épaisse, d'un bai-foncé, munie en travers sur loc- ciput d’une rangée d'écailles pointues. Sa sueule est large et très - fendue. Il a sur le cou, le dos et la queue une crète formée de dents ou écailles un peu alongées, pointues. Sa queue est très- longue. T'out le ventre et les membres sont couverts d’écailles poin- tues, rhomboïdales, d’un jaune plus pâle de mème que les flancs. Les latins, selon Seba, ont nommé , d’après les grecs, ce saurien, ainsi que l'individu b, ophiomachus , parce qu'ils croyoient que ces deux animaux se baitoient contre les serpens. Latreille a fait mention de ces divers sau- riens dans ies additions qui terminent son quairième En DES AGAMES. 56g quatrième volume sur l'Histoire naturelle des reptiles ; et comme il a seulement eu recours aux figures de Seba, sans consulter la Nature, et sans chercher à découvrir la grande analogie qui existe véritablement entre les individus a, D, c, dshét lagame galéote, il a formé avec chacun d'eux autant d'espèces différentes. Sans vouloir critiquer la marche que cet auteur a suivie dans ses additions, en formant autant d'espèces nou- velles de sauriens que Seba a donné de figures incorrectes, je dois seulement obser- ver ici qu’on ne doit pas avoir une confiance trop aveugle dans les figures de Seba, lors- qu'on n'a pas au moins quelque indice ou même quelque preuve que ces animaux existent réellement. Selon Latreille, lagame galéote est figuré dans l’ouvrage de Seba, tom. f, pl. LXXxIx, fig. 1. 2. Sa patrie est le Mexique. ( Latreille, Hüist. nat, des reptiles, tom. IV, pag. 256.) L'individu & est l’iguane familier , qu'il met à côté de son iguane étoilé. ( Latraille, Hist. nat. des reptiles, tom. IV, pag. 262.) L’individu & est son iguane ophiomague, que je regarde comme un synonyme de Vagame galéote : je l’ai trouvé dans la ga- lerie du museam d'histoire naturelle de Reptiles. Tome III. Aa 370 HISTOIRE Paris; il n’a pas la langue fourchue comme celle des vrais iguanes et des lézards pro- prement dits, mais elle ressemble à celle de l’agame ordinaire. ( Laïreille, Hist. mat. des reptiles , tom. IV, pag. 261.) L’individu c est liguune porte-massue de Tatreille. La queue de cet agame est une monstruosité produite par suite d’une frac- ture de cette queue. Peut-être est-ce un synonyme de l’agame ordinaire ? (Latreille, Hist. nat. des reptiles, tom. 1V, pag. 261.) Enfin , l'individu d est nommé l’iguane dragon , par Latreille. ( Latreille, Hist, nat. des reptiles, tom. 1, pag. 260.) 4°. Le lézard léguan de Ceiïlan , nommé soa ajer. ( Seba , Thes. tom. I, pl. xev, fig. 5, le mâle ; fig. 4, la femelle. ) Voici ce que Seba dit de cet animal, tom. I, pag. 149 et suiv. « Les indiens nomment dans leur langage ces animaux soa-ajer (1), ce qui signifie lézard amphibie aquatique, parce que d’or- dinaire il se plaît au bord des eaux, et s’y (1) Nous avons vu précédemment dans la des- | cription du basilic porte-crête, que les habitans d’Amboine le nomment aussi soc soa ajer, suivant le témoignage de Valcutin. DES AGAMES. 371 jette comme la grenouille , pour éviter d’être pris. Les hollandais l’appellent femphaantjes (coq de joûte ); car, comme les vrais coqs de joûte ont leurs plumes dressées, de même celle espèce de saurien sait dresser les écailles de sa crête, et semble fier, pour ainsi dire, d’un tel ornement. Cette ‘crête est formée de grandes dentelures piquantes , d’un bleu clair, et s'étend sur le dos jusqu’à la queue, qui est longue et qui finit en pointe ; sa tête est grosse , courte et munie de callosités ou de saillies écailleuses dessus les yeux : de petites écailles bleues couvrent tout le front; ses yeux sont grands et brillans; ses oreilles sont bordées tout autour de petites éléva- tions assez semblables à des lèvres où oper- cules ; ses mâchoires s’écartent beaucoup dans la partie postérieure ; elles sont gar- nies en dessus de petites dents , et en dehors de grandes écailles piquantes et d’un bleu clair : le dessus du corps est par-tout muni de grandes et larges écailles bleues ; et il est cerclé de bandes larges et blanchâires , (ce qui prouve évidemment que c'est l’agame galéote) ; les doigts des pieds sont d’un bai noirâtre , et le ventre est d’un bleu pâle, Cette description se rapporte au mâle. » La femelle ressemble parfaitement au AA 572 HFSTOIRES précédent , à cela près qu’elle est munie sur le dos d’une crête forme de deux sortes de dents différentes : savoir, d’un rang de grandes dents, et d’un autre rang de plus petites qui sortent à côlé des grandes , et elles règnent sur tout le dos, jusques' vers la base de la queue où elles disparoiïssent. Elle est d’une couleur azurée, entrecoupée aussi de raies blanches qui se prolongent en travers sur son ventre et sur sa grande queue ; les écailles de son veritre sont d’un bleu pâle ». Cette description, donnée par Seba, se rapporte donc au galéote ; et cependant , si l’on ne consulte d’abord que la planche xcv, on croit que cet auteur a représenté un saurien très-voisin du galéote, maïs qui en diffère par l’enluminure qui est entièrement d’un bleu d'azur sans bandes transversales blanches , et qui est par conséquent très- fautive. Latreille en a fait une espèce particulière, sous le nom d’iguane bleu, dans les additions qui terminent son ouvrage sur l'Histoire na- turelle des reptiles, tome IV, pag. 276 ; et . quoiqu'il prétende qu'il ne peut être con- fondu avec le galéote, je suis contraint d’en faire provisoirement un synonyme, puisque DES AGAMES. 579 d’ailleurs Latreille n’a fait ses descriptions que d’après les figures enluminées de Seba. L'iguane galéote de Laurenti est décrit, de même que liguane bleu de Fatreille, _ d’après les deux galéotes de Seba, tom. I, Bi «eV. 09. 3.4; Outre les synonymes que j'ai rapportés provisoirement à l’agame galéote , et qu’on pourra peut-être par la suite séparer en deux espèces distinctes lorsqu'on aura pu se procurer les animaux dont Seba s’est servi pour son ouvrage, Gmelin a aussi regardé comme variétés du galéote : 1°. L'iguane chalcitique de Laurenti, qui est, selon moi, le même animal que l’agame umbre.( Laurenti, Syn. reptilium, pag. 48, n° 69). Il est figuré par Seba, tom. IT; phanex vue, B. | 2°. L'iguane pygmée, iguana minima, que Laurenti a trouvé dans le museum du comte de'T'urn , et qui n’esl pas suffisamment décrit pour qu’on puisse le classer conve- nablement parmi les sauriens. Ce petit rep- tile a la gorge pendante, un peu membra- neuse , et peinte en devant de lignes bleues : le dos et la queue sont lésèrement dentelés , comme une scie, sur toute leur longueur ; le corps est comme soyeux, livide en dessus Aa°3 374 :: ÉEUBSTOTRE et verd en dessous. (Laurenti, Syn. repti- hum, pag. 48 , n° 70.) Est-ce un anolis? 3°. L’iguane tuberculé de Laurenti est décrit ainsi qu'il suit par cet auteur, d’après un individu qui est placé dans le museum du comte de Tl'urn. Ce saurien , qui paroît avoir les caractères de l’iguane ordinaire , a sa gorge pendante; sa peau couverte de très - petites écailles; une crête pectinée, disposée en longueur sur le dos , formée d’écailles aplaties très- longues , qui vont en décroissant successi- vement dessus la queue ; des écailles imbri- quees sur la nuque ; la tête aplatie en dessus; et tout le cou garni en dessus de piquans larges, durs et très-obtus. ( Laurenti, Syn. rephlium , pag. 49, n° 792). On ne peut en- core rapporter cet animal à l’agame galéote, DES AGAMES. 379 Li LAGAME UMBRE () La description que j'ai déjà publiée dans l'Histoire des reptiles composée par Latreille, a été faite sur un individu empaillé qui ap- partient à la société d’histoire naturelle de Paris, et qui lui a été envoyé de Cayenne par le Blond ; depuis ce tems, j'ai trouvé, dans la collection du voyageur Levaillant, uû agame umbre très-bien conservé , qu'il a rapporté de Surinam, et qui m'a servi à (1) Agama umbra ; caud& tereti longé, occipite calloso et spinoso , dorsoque quinque striato, macul& gulari nigrä. Touana umbra. Linnæus , Mus. Ad. Fr. 2, pag. 38. — Idem. Gmélin, Syst. nat. pag. 1064, n° 29, exceptà varietate. — Seba, Thes. tom. 1, pl. zrr, fig. 5; tom. 11, pl. zxxvi, fig. 5. — Jguana chal- cidica. Laurenti, Syn. reptilium, pag. 48, n° 60. Touana tuberculata. Laurenti, Syn. reptil. pag. 49, n° 72. — Le lézard umbre. Jaubentor, Dict. erpét. Encyclop. méthod. — dem. Tacépède, Hist. nat. des quadrup. ovipares, in-12, tom. 1, pag. 83. — — l[guane umbre. Latreille , Hist. nat. des reptiles, tom. Ï , pag. 263; tom. IV, pag. 272. Aa 4 376 HISTOIRE redresser quelques erreurs qui s’étoient glis- sées dans ma première description. L'agame umbre a la tête élargie, assez grosse , Un peu apiatie, obtuse et arrondie en devant à son museau qui est couvert en dessus de huit où dix écailles assez larges; les yeux sont gros, un peu saillans , avec leur orbite supérieur recouvert de moyennes écailles arrondies ; sur le nuilieu du crâne 1] y a une grosse écaille pentagone, régulière, ct un peu calleuse dans son centre ; tout le reste de la tête est garni de petites écailles nombreuses et redressées en pointes : ge plus, on voit, autour des tympans et aux deux côtés de la nuque, un faisceau d’écailles alongées , lancéolées , épineuses ; la langue est courte et non fourchue. Dessus le corps il y a cinq petites carênes longitudinales , formées d’écailles épineuses : la première, qui est la plus haute et un peu pectinée, prend naissance au milieu de la nuque, et se prolonge en diminuant de hauteur tout le long de l’épine dorsale , jusques vers la base de la queue ; on voit une autre rangée de petites écailles épineuses sur chaque côté du dos, et une autre vers le milieu de chaque flanc. Toute la peau du corps et des membres est couverte de très-petites écailles DES ACMMES 3 rudes au toucher, nombreuses et disposées sur des lignes transversales; le corps est assez épais et trapu ; il est terminé par une queue verticillée , cylindrique , grosse à sa base, qui s’amincit ensuite insensiblement , et qui se prolonge en pointe : cetie queue est à peu près une fois et demie aussi longue que le reste de la Jongueur totale. Les pieds sont longs, et ils ont leurs trois doigts inter- médiaires très-longs, sur-tout les postérieurs; les doigts sont minces, séparés, el terminés par de petits ongles comprimés, crochus; un doigt extérieur est attaché sur le côté, un peu au dessous des quatre autres. La couleur générale de lagame umbre est d’un marron plus ou moins rembruni en dessus, et d’une couleur pâle cendrée en dessous , avec la gorge un peu jaunâtre : de plus, il y a sous le cou une large tache dun violet noirâtre très-foncé, qui se pro- longe un peu vers l’occiput; le dos est mar- qué çà et là de quelques taches arrondies noirâtres ; et on voit des, barres transver- sales brunes sur la queue et les membres : le dessus de la tête, vers le museau, est d’un cendré foncé, légèrement bleuâtre. 578 HAS TON RE Dimensions de l'individu appartenant à Levaillant. pieds pouc. lig Fongneur'totile s 411...) 4 2 CON Longueur de la tête. . . . . . . . D | A Dlarsenx. .: ee CPV LES à I Longucur du corps et du eou. . . . . 3 Fareeur dû COrpS- ..- ol 2 02 UE Tr 9 Eongueur de queue. 4 . .. L 9 6 Epaisseur à sai bhse 165 6 NET 7 Longueur des pieds de devant. . . . 2 10 Distance du coude à l’épaule. . . . 1 Longueur des pieds de derrière. . . his Distance du genou à la hanche. . . . UM € Ce saurien est rare dans la Guiane : il se retire dans les lieux sombres, au milieu des tas de pierres et sous des racines d'arbres ; il court avec une certaine agilité : on pré- tend même qu'il peut grimper après les écorces des arbres. C’est à tort que Linnæus et Daubenton lui ont assigné pour patrie les provinces méridionales. PREMIÈRE VARIÉTÉ. L’agame umbre, ayant la téte roussätre en dessus, et le dos d’un cendré bleuätre marqué de taches arrondies, et de quelques bandes transver- sales plus foncées. Cette variété est placée dans ma collec- tion d'histoire naturelle. DES AGAMES. 37% Seba (tom. I, pl. xctr, fig. 1.) a donné la description d’un agame que je nomme arleyuiné, qui est voisin de Fumbre , et qu'il appelle lézard téjuguacu du Brésil. Cet ani- mal, selon Seba , est nuancé de belles cou- leurs ; son corps , depuis la tête jusqu’à lextrémité de la queue qu'il a longue et déhée , est entouré de bandes de différentes largeurs, placées en travers , les unes cen- drées jaunissantes , et les autres d’un brun clair ; sa tête est grosse , jaune pâle, par- semée de quelques taches baies ; ses yeux sont britlans; ses oreilles tirent sur l’iucar- nat, et sont un peu enfoncées dans la têle. Près du dos jusqu’au milieu du corps sont deux raies pâles et un peu dentées comme un peigne ; sur chaque flanc règne une autre raie semblable aux précédentes ; ses mem- bres sont d’un cendré jaunâtre; les doigts sont marqués de bandes pâles ; enfin dessus le sommet de la tête, dans la gravure, on voit la plaque pentagone qui est propre à J'agame umbre. Je crois qu’il faut sans doute rapporter à l'agame umbre, 1° celui que Seba a nommé Joli lézard de Virginie | tome I, pl. zur, 5s. Bb; 2° l’iguane tuberculé que Laurenti 380 CÉPS T TOR a observé dans le museum du comte de Turn, et qu'il a décrit ainsi qu'il suit. L’iguane tuberculé a la gorge pendante , couverte de très - petites écailles ; la tête aplatie en dessus ; le"cou garni d’écailles épineuses , dures et redressées ; et des rangées longitudinales d'écailles redressées comme des dents de peigne sur le dos, et s’effaçant sur la base de la queue. Latreille a rapporté par erreur à ce même reptile liguane sépiforme , que Laurenti a observé dans un cabinet appartenant à D. Hamerl, du bourg de Widen. Cet agame est blanc, avec la tête anguleuse et aiguë de chaque côté ; la queue est très-longue , très -amincie et recouverte d’écailles plus grandes : on ne voit d’ailleurs aucune crête sur le dos, et pas de rides longitudinales sous la gorge. ; Dans les additions qui terminent son ou- vrage sur les repiiles, Latreille paroît aussi croire qu'il faut rapporter à l’agame umbre l'espèce figurée par Seba , tem. IT, pl. LXXVT, fis. 5, sous le nom de lézard brun, tacheté de noir et à dos pectiné, et dont Faurenti a fait son iguane chalcidique. Seba dit Pavoir reçu de la Corogne, ville de Galice en Es- pagne , où il aura été sans doute apporté DES AGAMES. 381 de l'Amérique méridionale : c’est un gros agame , à dos pectiné , ayant deux callo- sités grosses , épineuses sur l’occiput, avec les doigts maigres et longs , sur-tout ceux des pieds postérieurs. La plaque calleuse, placée sur le sommet de la tête, est un peu grande. Je crois devoir rapporter à l’agame umbre, en attendant de nouvelles observations plus complettes , l’espèce de reptile que Félix d’Azara a décrit, ainsi qu'il suit , sous le nom de petit lézard de muraille , dans Essai sur l’histoire naturelle des quadrupèdes du Pa- raguay , tome Il, pages 404 et suiv. « La face de ce lézard est assez laide ; et au dessus de chaque oil il y a une petite élévation. » La tête est courte, le museau non aigu; et depuis l’occiput jusqu’au milieu de la queue , il y a sur l’épine du dos une arête ou ligne très-fine , mais remarquable. » Aux quatre pieds il y a cinq doigts: lantérieur est le plus court, el les autres vont en croissant , de sorte que limmédiat au postérieur est le plus long , et que le postérieur est plus séparé des auires , que ceux-ci ne le sont entre eux. » Sur la tête il y a de petites écailles 382 HAS TONRE d’une nuance plombée , avec des interstices noirs ; mais sur les narines on remarque que ces écailles forment un triangle blanchâtre. » Sur le haut du cou jusqu’à la queue et sur les quatre pieds, la couleur est obs- cure ; mais, sur le cou même, elle est un peu plus claire, avec des lignes variées plus obscures , placées en travers , et parmi les- quelles se fait remarquer une ligne qui est au milieu du cou, et une autre qui est à sa fin. On peut observer aussi, quoiqu'ils soient peu sensibles , cinq angles placés sur lépine du dos , ayant leur pointe dirigée en arrière, et formée par des lignes noires el obliques. Les phalanges des doigts de la patte de devant sont noires, et le reste des doigts est plus clair que l’échine. La queue est presque de la couleur de l’échine. Le dessous de la tête est brun verdâtre , avec beaucoup de petites marques blanchätres , et le reste du dessous de l’animal est jaunâtre très-sale. La femelle est de six lignes plus courte, et a des couleurs plus foibles que le mâle ; sa tête est moindre, et n’a pas de triangle blanchâtre sur les narines ». Dimensions. Eonsueur totale du mâle: LS USER Longueur de sa queue. , . . + . « 4 6 DES AGAMES. 583 Peut-être faut-il aussi regarder comme synonyme de l’agame/umbre le petit lézard, qui est nommé diable des bois à Surilarl et que Stedman a ainsi décrit. Cet animal est petit et laid, d’une couleur brune très- sombre , ou méme noirâtre. Il monte sur les arbres et en descend avec une incroyable vitesse : sa tête est large , et on dit quil mord, ce qui n’est pas ordinaire aux sau- riens. Stedman ajoute qu’il n’a pas d’écailles, sans doute parce qu’elles sont trop petites pour être aperçues , à moins qu'on ne le re- garde de très-près. Ce nom de diable des bois est peut-être donné à un gecko de Surinam plutôt qu’à cet agame. 5e -m 584 HISTOIRE ss ©" LAGAME ON DU.LEÉ. (1). K arm, Gerden et Catesby ont déja fait connoîire, dans leurs ouvrages sur l’histoire naturelle, un grand nombre de reptiles qui habitent dans divetses contrées de l Amé- rique septentrionale ; mais ils ont omis ce- pendant plusieurs autres espèces que je pu- blierai dans le cours de mon travail , et dont on doit la découverte à Bosc, ratu- raliste également recommandable par ses nombreuses observations , et par l’empres- sement qu'il met à communiquer ses travaux et sa collection à ceux qui cultivent les sciences. C’est à lui que je dois la connoissance de Pagame ordulé, dont Palisot Beauvois m'a depuis prêté plusieurs individus. | (1) Agama undulata; suprà cinerea fusco irregu- lariter transversim fusciaita aut undulata , subius cærulescens cruce albidä magn& notata. ÆEacerta undulata. Bosc, Description manuscrite communiquée. — Le stellion ondulé. Daudin, Hist. naturelle des reptiles , par Latreïlle , in-18 , tom. II, . pag. 40. ta Ce DES AGAMES. 384 Ce petit saurien a beaucoup de rapports avec l’agame umbre et l'hexagone, que j'ai été contraint de séparer des iguanes pro- prement dits, et de reporter dans un genre particulier , parce qu'ils ont la langue large, aplatie , arrondie et non fourchue à son bout , en partie attachée en dessous à la mächoire inférieure, et non extensible au dehors. L'agame ondulé a la tête courte, arrondie, raboleuse , couverte de petites écailles un peu bombées, et d’une autre écaille plus grande , pentagone , située au dessus du crane deriiére les yeux. Le museau est obtus , avec de très-petites ouvertures des narines: Les mâchoires sont garnies de très- petites dents nombreuses , d’égale grandeur et peu faciles à reconnoitre. Le cou est un peu plus gros que la tête ; j la gorge peut se gonfler et former un goître simple , qui disparoit au gré de l’animal. Le dessus, ainsi que les côtés du cou, du corps et des membres sont recouverts d’é- cailles rhomboïdales, imbriquées ; réticulées et. munies d'une petite carêne un peu ter- minée en pointe. Ces carênes forment des stries longitudinales et dirigées en sens obli- que, principalement. celles des flancs. Ces Kepüles. Tome LIL Bb 586 HISTOIRE dernières se prolongent un peu sur les côtés du ventre près des cuisses. Cés stries sont au nombre de trente ou trente - deux au plus, sur le corps et les flancs. Le dessus des bras et des cuisses est aussi couvert d’é- cailles semblables , ainsi que la queue ; mais sur celle-ci ces écailles sont disposées en travers par anneaux , ce qui rend cette queue verticillée , striée et rude au toucher. Toutes les écailles qui recouvrent la gorge, la poitrine , le ventre, la partie antérieure des flancs et le dessous des membres, sont aussi grandes que celles du dos, réticulées, rhomboïdales, imbriquées , lisses et termi- nées en arrière par une petite pointe. Sous chaque cuisse 1l y a une rangée lon- gitudinale de seize ou dix-huit grains poreux, comme aux lézards proprement dits, et à plusieurs autres sauriens. Les pieds et leurs doigts sont semblables par leur forme à ceux de l’iguane umbre. La couleur de l’agame ondulé est cendrée en dessus, avec six bandes transversales, arquées et irréguhères, dessus le corps : ces bandes sont noirâtres, avec leur bord pos- térieur teint de blanchâtre, plus apparent au dessus des flancs. Tout le dessous de la tête et du corps DES AGAMES. 387 est d’un bleu ardoisé, plus ou moins foncé et luisant, avec une ligne longitudinale d’un gris jaunâtre pâle, et une autre transversale sur la poitrine et les bras : ces deux lignes forment sous l’animal une grande croix, assez distincte dans les individus adultes, et qui disparoît peu à peu, à mesure que l’ani- mal vieillit, parce que la couleur bleuâtre se pâlit et s'étend sur tout le ventre. Pa- lisot Beauvois n'a montré un vieil agame ondulé , dont le ventre étoit entièrement d'un gris jaunâtre pâle, absolument comme du nankin, avec quelques petits points bleuâtres, épars. Le dessous de la queue et des membres est d’un gris jaunâtre pâle; et l’on voit en dessus des bandes transversales semblables a celles du dos, mais plus rapprochées et plus nombreuses. | Ce saurien habite dans les bois de la Ca- roline, et il fréquente sur-tout les endroits où il y a des arbres tombés de vétusté. Il se retire dans le bois pourri, et sous les écorces des vieux arbres. Bb 2 388 HS TOIRE Dimensions de l’agame ondulé. _. pouc. lg. Tongueur totale... . 4 «ce 0 NOR doncueur de la tèle. .\: . . : . ae 7 Sa largeur derrière les yeux. . . . : 5 SON épaisseurs ete PE ele NN SUPER 5 Longueur du cou. . . . . . à SRE 6 Salorgeur:, 415010 feat OISE 6 Lossueur :du: corps. :\205.#a%e1". 1e | Da FaTseur. il cuis Les. Le -feise lee 0 NS Longueur de la queue. . . - . . 3 DES AGAMES 3% L’'AGAME HEXAGONE (1). Raruoen a fait connoître à Linnæus celte pelite espèce de saurien d'Amérique , dont on trouve la description dans le $ys- tema naturæ, sous le nom de Zacerta angu- lata. L'agame hexagone a la tête couverte de très-petites écailles lisses, qui la font paroître comme nue et ridée inégalement. Sa partie postérieure est à peu près tronquée dans lendroit où commencent les écailles du cou. Sous la gorge on voit deux grandes écailles arrondies. Le dessus du corps et la queue sont revêtus d’écailles carénées, piquantes et rhomboïdales, disposées entre elles comme sur un réseau. Les écailles du ventre sont (1) Agama ansulata; cupite suprà rugoso ferè nudo, squemis dorsalibus rhombæis et longitudinaliter cari- natis , abdominalibus lævibus ; squamis duabus mag- nis et rotundis sub gul& , caudä longé hexagonä. Laicerta angulata Rolander. Linn. Syst. nat. — Idem. Gimelin, Syst. nat. pag. 1061 , n° 19.— L’exa- gonal. Daubenton, Dict. erpét. Encycl. méthod. — L’hexagone. Lacépède, Hist. nat. des quadr. ovip. in-12, tom. IT, p. 57. — Séellion hexagone. Daudin, Hist. nat, des rept. par Latreille, tom.Ii,p. 52. Bb 5 590 HISTOIRE lisses, et non piquantes, La queue est une fois et demie ou deux fois aussi longue que le corps, cylindrique, et paroissant hexagone à cause des carènes longitudinales qui re- vêtent ses écailles. J'ai observé, dans la collection des reptiles qui a été donnée par la Hollande au museum d'histoire naturelle de Paris, un petit sau- rien qui me paroît ne différer de celui-ci que par sa couleur d’un brun rouge, tachetée de brun en dessus, et parce qu'il est d’un roux clair presque blanchâtre en dessous. Cet agame est très-voisin de l’agame on- dulé, des Etats-Unis d'Amérique. Il paroît habiter dans diverses parties de la Guiare. Linuæus et Gmelin ont placé ce petit reptile parmi leurs stellions, entre les lacerta azurea et orbicularis. Daubenton et Lacépède en ont fait un lézard intermédiaire entre le cordyle ordinaire et l’améiva. D'après ces considérations , j'ai d’abord cru devoir le ranger parmi les stellions, dans l'ouvrage sur les reptiles que Latreille a nou- vellement publié ; maïs je me détermine maintenant à le reporter parmi les agames, à côté de celui que jai nommé ondulé. D ES CA MES 20 L’AGAME HÉRISSÉ, DE LA NOUVELLE HOLLANDE (1), Fr E saurien dont je vais donner la descrip- tion, a été décrit et figuré par White, dans la Relation de son voyage à la nouvelle Galles méridionale, sous le nom de the mu- ricated lizard (lézard hérissé d’épines ). Cet animal a un si grand nombre de rap- ports avec les agames, sur-tout avec l’agame umbre et l'hexagone, que je me crois con- traint de le placer, à côté d'eux, dans le même genre. L'agame hérissé a quelquefois plus d’un pied de longueur totale, en y comprenant la queue qui a environ les deux tiers de (1) Agama muricata ; corpore longitudinaliter striato , squamis rhombæis carinato - mucronaëis , caudé fasciaté striat& et dupld longiore, occipite calloso et spinoso. The muricated lizard. J. White, Voyage new south Wales, in-4°, pag. 244, fig. 1, 2. — Autre agame regardé par White comme synonyme. Pag. 255, fig, 1. Bb 4 392 HISTOIRE cette longueur totale. Sa couleur générale est d’un gris brunâtre ; la partie supérieure est marquée de bandes transversales, plus apparentes sur la queue. ( Ceci se rapporte à l’agame décrit par White, page 255, et qui a beaucoup de ressemblance avec le lézard téjuguacu de =. tom. E, pl. xcrr f9..1 ) Toutes les écailles qui recouvrent le ae de l'animal ei ses flancs, sont rhomboïdales, carénées, pointues, et relevées de manière à former sur le corps et au dessus des flancs huit à dix lignes longitudinales saillantes. Les écailles de la tête, vers l’occiput , sont aussi plus relevées et épineuses. (Ceci est relatif à l’agame de White, pag. 244, fig. 1). Les pieds sont garnis d’écailles également rhomboïdales , carénées, ét de moyenne grandeur. Les doigts sont minces, alongés, séparés , sur-tout le pouce, et terminés par des ongles crochus et pointus. Je crois que White a regardé par erreur comme synonyme, les deux agames qu'il a désigné sous le même nom : ces agames doi- vent sans doute servir à former deux espèces distinctes ; mais je pense qu'il faut attendre de nouveaux renseignemens. L’agame décrit pag. 255 , fig. 1, diffère DES AGAMES. 395 principalement de celui indiqué ci-dessus, paï sa tête beaucoup moins épineuse, et par les écailles du corps aussi carénées ; il n’a qu'uue seule strie dentée en scie sur la co- lonne vertébrale, et ses flancs en sont dé- pourvus. La figure de l’agame hérissé, pag. 244, n° 1, le représente avec des raies larges et longitudinales, jaunes et noires. Le dessus de sa tête est jaune ; les membres sont noirs, avec des barres transversales jaunes : leurs doigts sont garnis, sur-tout en dessous, de petites écailles redressées , pointues : ils sont de moyenne longueur, excepté les deux doigts les plus voisins du pouce aux pieds postérieurs; car ces deux doigts sont du double plus longs que les autres. Dimensions de cet agame à bandes longitudinales, jaunes et noires, pieds pouc. lign. Lonsueur totales sh. Lt Ne 6 lonpueur de la téle. nie, 2720 1 056 Longueur du corps. . . . . . à D ANA Dousueur de la\queue. . 0 9 L'autre agame, figuré n° 2, est d’un noir brunâtre uniforme , avec une seule crête dorsale très-petite , formée d’écailles blan- 5g4 HISTOIRE ches , redressées , pointues , aplaties , et avec de larges bandes transversales blanchâtres autour de la queue. Dimensions de cet agame de la nouvelle Hollande. pouc. lig. Ponsueuriotale... :, 2... 2 11 Longueur de la tête et du cou. . . . . . Longueur du corps. . + . . . re I Longueur de la queue. . . . . . . «+ 8 3 ei LIRE PH o 1 DES AGAMES. 50 2 0 + 2 me L’AGAME ARLEQUINÉ, A DEUX. RAILS. (1: Voyez la planche XLIV de ce volume. Cr reptile est très-semblable aux agames ondulé et hexagone, par la forme de ses diverses parties, et par celle de ses écailles; mais il est beaucoup plus remarquable que la plupart des animaux qui composent ce genre , soit à cause de sa taille svelte et de l’extrêine longueur de sa queue , soit à cause des couleurs brillantes et rembrunies, dont le dessus de son corps est agréablement varié. Sa tête et son corps ont trois pouces de lon- gueur , et sa queue a jusqu'à sept pouces et demi , ce qui fait une longueur totale de dix, pouces six lignes. La tête est arrondie, pres- que quadrangulaire, un peu courte, munie derrière l’occiput d’écailles redressées en pointes, avec une très-petite crête épineuse, formée de petites écailles pointues, prenant (1) ÆAgama versicolor ; lined longitudinali albé in utroque latere dorsi, tæniis transversis fuscis et læté cœæruleis , caud& duplà longiore. - Lacerta brasiliensis , tejuguacu. Seba, Thes. tom. I, pag. 144, pl. xcix, fig. 1. 396 HISTOIRE sa naissance sur la nuque , et disparoissant ensuite peu à peu, à mesure qu’elle s’ap- proche vers la base de la queue. La tête est blanchâtre uniforme en dessus, avec six traits bruns rayonnés autour des YEUX, quatre traits bruns en travers sur le crâne , et un point brun sur l’occiput. Deux lignes longitudinales, blanches et droites, prennent leur origine derrière les yeux, et se prolongent ensuite sur chaque côté du dos jusques dessus la base de la queue... Dessus le corps on voit huit ou neuf bandes transversales, d’un brun plus foncé en devant, plus pâle en arricre, séparées par d’autres bandes d’un beau bleu clair et nacré. Ces bandes ne sont pas tranchées net sur les bords, mais elles paroïissenit au con- traire s’y fondre entre elles et sy méler: elles sont en outre séparées en trois portions, par les deux lignes longitudinales blanches qui sont sur les côtés du dos. La queue est deux fois et demie environ aussi longue que le reste de l'animal ; et elle est très-amincie, sur-tout à son extrémité. J'ai trouvé deux individus de ce joh et brillant saurien dans la collection du mu- seum d'histoire naturelle de Paris : comme il paroïit avoir parfaitement conservé ses DES IAÏCRA MIE S: “ 68 couleurs dans l’esprit de vin où il est en- fermé, je crois que la description que je Viens d'en donner ne pourra manquer de satisfaire les naturalistes. Cet animal est assez bien gravé et fort mai enluminé dans l’ouvrage de Seba (tom. 1, pl. xcrr, fig. 1), sous le nom de /ézard téjuguacu du Brésil: voyez ce que jeu ai dit précédemment à l’article de l’agame umbre. 598 HISTOIRE L'AGAME A GORGE SAFRANÉE (1) Vix-Ernesr possède une espèce de saurien qu'il nomme la gorge safranée, et dont il n'a pu connoître la vraie patrie. Ii a eu la complaisance de m'en communiquer la description , et j'ai reconnu , d’après elle, que ce reptile est un véritable agame , voisin de l’agame arlequiné. Cet animal a six pouces neuf lignes de longueur totale , et sa queue cylindrique, occupe quatre pouces six lignes sur cette longueur. IL est assez mince, couvert par- tout d’écailles rhomboidales , carénées sur le dos et la queue, lisses en dessous, avec quel- ques piquans très-courts sur l’occiput. Sa couleur est grise tirant sur le cendré, avec une ligne longitudinale, courte et blanchâtre (1) Agama flavigularis ; griseus , subtüs rufescens, gulé flavicante sub - crocea ; caudä sesquilongiore ; line albidä brevi in utroque latere. La gorge safranée. Van-Ernest, note manuscrite communiquée. DES AGAMES. 0% sur chaque flanc; le dessous de la tête, du corps et la queue sont roussâtres, avec la gorge d’un jaune safrané. Les pieds sont _amincis, brunâtres, avec leurs cinq doigts plus pâles et onguiculés. Il ressemble beaucoup, selon Van-Ernest, au /acerta angulata décrit par Linnæus, d’après Rolander. Sa queue est assez mince, excepté à sa base, et les écailles qui la re- vêtent sont rhomboïdales, plus petites que celles du dos, légèrement carénées sur-tout en dessous, un peu tronquées, et même échancrées postérieurement. Elles sont dis- posées sur des lignes objiques et réticulées. 400 1 HEÆSTOIRER L’AGAME ROSE-QUEUE (1). Va N-ERNEST a recu d’un hollandais, qui a long-tems séjourné au cap de Bonne- Espérance et en Guinée, une espèce de saurien très-semblable à l’agame hexagone et au précédent, par la forme de ses di- erses parties et par ses dimensions. D’après la description que ce naturaliste a bien voulu me communiquer, le rose- Mr queue est bien certainement un agame de la seconde section ; 1l ressemble même telle- ment au précédent par la forme de ses écailles, qu’on seroit tenté de regarder l’a- game à gorge safranée comme une variété de celui-ci ; aussi Van-Ernest le soupconne- t-il africain, de même que le rose-queue. Ce saurien est long de sept pouces deux lignes ; et sa queue, entièrement rose et cylindrique , occupe les trois cinquièmes de (1) Ægama rosa-cauda ; grisea, subtus pallescens, caud& rose& sesquilongsiore. Le rose-queue d'Afrique. Van-Ernest, note ma- nuscrite communiquée, cette DES AGAMES. 4ot cette longueur totale. Sa couleur est grise, nuancée cà et là de brunâtre en dessus, et le dessous est plus pâle, presque blanchâtre, sans aucune apparence de taches. Van-Ernest croit que l’agame rose-queue a été trouvé en Guinée par le hollandais qui lui en fit présent ; et je pense qu'il ha- bite aussi dans la Cafrerie, car le voyageur Levaillant a trouvé très-abondamment, dans cette dernière parlie de l’Afrique, une es- pèce de saurien à queue rose, dont il possède un dessin colorié, mais qu’il n’a pas encore pu retrouver dans ses papiers pour me le communiquer. Reptiles. Tome IIT. Ce &os : . © H FS T'OXR'E : L . ir - LA L’'AGAME RUDE (i) Ses A a trouvé cette espèce d’agame dans le cabinet de Nicolas Witsen, bourgmestre d'Amsterdam, et la décrit sous le nom de lézard marbré de Mauritanie ; ; je préfère l'appeler agame rude, parce qu'il est entiè- rement couvert d’écailles rhomboïdales, carénées dans leur milieu et redressées, ce qui rend en quelque sorte sa peau épiueuse. La tête seule est lisse . et recouverte en dessus d’écailles d’un bai foncé : toutes les autres parties sont alternativement mar- brées de bandes transversales irrégulières blanchâtres ou bai-foncées. Les doigts sont brunâtres, avec les jointures de leurs pha- langes blanches : ceux des pieds postérieurs sont plus longs que les autres. Le corps est (1) Agama aspera ; capite suprà lœvi rubescente, squamis hispidis fusco-rubescente albidoque transver- sim marmoraëis. =. Lacerta mauritanica, marmoris instar. Seba, Thes, tom. T, pl. zxxxvr, fig. 6. — Synonyme du galéote, selon les naturalistes. DES AGAMES. 408 long de trois pouces et demi, et la queue a autant d’étendue. J'ai trouvé, dans la collection du museum d'histoire naturelle de Paris, cette espèce d'agame qui est très-voisin de l’agame hexa- gone et de lagame ondulé; sa langue est semblable par sa forme à celle des autres agames : il est exactement figuré dans l’ou- vrage de Seba ; seulement les petites écailles de la tête y sont mal mdiquées. On a regardé jusqu’à présent cette espèce comme synonyme de l’agame galéote; ce- pendant elle en diffère beaucoup. 404 HISTOIRE .s L’'AGAME ÉTOILÉ:(). S & BA a nommé cette espèce singulière d’agame , Zézard oriental étoile. Elle est re- marquable par le dessus de son corps qui est d’une couleur bronzée brunâtre, avec trois rangées longitudinales de taches blan- châtres, radiées sur les côtés du corps et de la queue. La tête grande et grosse est plus claire,et couverte en dessus d’écailles rhom- boïdales uniformes, ainsi que les membres. J'out le corps et la queue sont au contraire garnis de petites écailles. Les yeux sont assez grands. Les oreilles sont d’un rouge pâle. Depuis la nuque sur le dos, jusqu’à lextré- mité de la queue, on voit une crête pecti- : née d’un blanc jaunâtre, formée de grandes dentelures, sur-tout vers les épaules et le bout de la queue. Les doigts sont tous an- nelés de blanchâtre et de brun. (1) Agama stellaris ; corpore caudäque suprà cristé dentaté munitis, cum punctis plurimis albidis stel- atis dorsalibus et in utroque latere. Seba , Thes. tom. I, pl. xcr1, fig. 2. ee DES AGAMES. 405 Seba prétend lavoir reçu de Batavia. J'ai recu de Van - Ernest, naturaliste hollandais, zélé et très-instruit, qui a vécu plusieurs années dans les îles de la Sonde, une note très -intéressante sur cet agame qu'il a trouvé plusieurs fois dans lile de Java : ja description physique qu’il en donne ne dif- fère de celle de Seba que par le dessus du corps qui est d’un cuivré luisant, sur-tout au soleil, lorsque l'animal est vivant. Selon cet observateur, lagame étoilé vit toujours dans les bois, et il se tient souvent sur les arbres ou sur des feuilles sèches pour y guetter les insectes qu'il attrape avec une agilité incroyable. Lorsque la saison de pro- duire est venue, le mâle a les oreilles d’un rouge vif, et il fait alors de préférence en- tendre un foible cri ou stffiement. Sa langue n’est pas fourchue, et ne peut s’alonger au dehors de la bouche , qui est assez large. Cette espèce est infiniment voisine de Fa- game umbre, et elle a à peu près les mêmes dimensions : son corps est seulement un peu moins trapu. 406 HISTOIRE TROISIEME SECTION. LES AGAMES ORBICULAIRES ou LES TAPAYES. Îzs ont toute la peau couverte de petites écailles, et parsemée cà et là de petites ver- rues arrondies, plus ou moins apparentes et quelquefois pomtues. Leur corps est assez large et trapu, avec leur queue cylindrique. On voit en outre un ou deux plis en travers sous le cou. | | Les tapayes ont la faculté de gonfler leur corps de même que les crapauds, et de chan- ger un peu de couleur à volonté comme les caméléons. 2 L’AGAME ORBICULAIRE ou LE TAPAYE (à). Voyez la planche XLV, fig. 1, de ce re | Le saurien vraiment extraordinaire et hi- deux, dont je vais donner ici la description, (1) Agama orbicularis ; corpore orbiculari scabro ; D Ê $ AG A MIY:E S. 407 habite dans les montagnes et parmi les ro- chers du Mexique et de la Terre- Ferme, où il-est nommé tapayaxin par les habi- tans, selon le témoignage de Ray, de Seba, d’'Hernandez et de plusieurs anciens voya- geurs, On le trouvé aussi dans presque toutes les contrées les plus chaudes de l’Arnérique méridionale:C’est pour abréger le nom de ta- payaxin et en former un autre moins dur à l'oreille, que Daubenton et Lacépède ont nommé ce saurien le fapaye. - Les trois figures qui se rapportent à cet animal, et qu’on peut voir dans l'ouvrage d'Albert Seba, n’indiquent à l’agame orbi- culaire. qu’une longueur de six pouces, en y comprenant la queue, qui a deux pouces six. lignes. capite bufonino , corpore suprà fusco variegato ; pe- dibus subis croceis, caud& mediocri. - Lacerta orbicularis. Linnæus, Syst. nat. — Mus. Ad. Frid. — Jdem. Gmelin, Syst. nat. — Cordylus hispidus , et orbicularis. Laurenti, Synops. reptilinum, pag. br ,n° 78 et 99. — Tapayaxin. Ray, Syn. quadr. — idem. Seba, Thes. tom. I, planche crx, fig. 6; pl. zxxx1u , fig.:1 et 2. — Le tapaye. Daubenton Dict. erpéthol. Encycl. méthod. — dem. TLacépède, “Hist. nat. des quadr. ovip. in-12, tom. ÏE, p. 113. — Le stellion orbiculaire. Latreille , Hist. nat. des rept. in-18, tom. II, p. 26, fig. 3, EC c 4 408 HISTOIRE La forme presque orbiculaire , ‘large et gonflée de son corps, qui est en outre par- semé par-lout de piquans, et principale: ment sur le dos jusqu’a la queue, lui donne en quelque sorte l’aspect hideux d’un cra- paud; aussi Seba l’a-t-1l appelé a de épineux d'Amérique. La tête est:grosse, courte, élargie et ee bée derrière les yeux; et à cause de sa forme singulière ,elle a été comparée, par quelques naturalistes, à celle d’un caméléon. : Hernandez, dans son Histoire de la nou- velle Espagne , dit que le tapayaxin y est très-rare; et que depuis le bout du nez s'avance une sorte de-bouclier charnu, des- sus les yeux qui sont grands et brillans, sur le front, et jusqu’à la nuque du cou, où il se réunit au dos. Mais sur les deux indi- vidus que j’ai déjà pu observer, soit au mu- seum d'histoire naturelle de Paris, soit dans la collection de Bosc, j'ai seulement observé que le sommet de la tête est entièrement gonflé, dur, élargi, et parsemé de petites épines, sur-tout vers l’occiput. Ce saurien est le plus laïd de tous ceux qui sont déjà connus, à cause de son corps irapu, presque aussi large que long, ter- miné par ue queue courte, mince, pointue, JL. AGAME ORBICULAIRE 2. AGAME À OREILLES DES AGAMES. 409 et garnie de petits piquans dans quelques individus. Les écailles qui recouvrent sa peau , ainsi que le dessus et le dessous de ses doigts, sont très -petiles ; les pieds sont un peu épais , alongés et munis chacun de cinq doigts amincis , assez longs et armés d'ongles noirs, crochus et très-pointus ; :sa couleur est d’un gris cendré , plus clair en dessous, ombré en dessus, et comme nuancé de taches brunes plus ou moins foncées. Ray assure , d’après le témoignage des voyageurs, que cet animal n’est nullement dangereux ; que ses piquans ne servent qu’à le défendre contre les serpens ; qu’on peut lapprivoiser et le manier sans crainte , et qu'il recherche même assez volontiers les caresses. Îl ajoute que , si on le touche dans quelques endroits du corps, comme sur les narines et les yeux, on fait couler son sang, tant ces parties sont sensibles ; ce qui me paroît assez peu vraisemblable, On le nomme caméléon au Paraguay, parce qu'il peut gonfler son corps et chan- ger un peu de couleur lorsqu'on le touche, de même que les caméléons d'Afrique. J'ai placé cet agame parmi les stellions, dans l'Histoire naturelle des reptiles que Latreille a récemment publiée. gro : 2 HE SMOIREC —— L’'AGAME A PIERRERIES ou À ÉCAILLES TÉTRAËDRES (a). » Cr reptile, que j'ai observé dans la col- lection du museum d'histoire naturelle de Paris, est réellement différent de tous les autres agames que j'ai déjà examinés, et il doit être placé dans la section des ÊRTE orbiculaires. | + Il a même de si grands rapports, avec l’agame orbiculaire commun ou le tapaye, qu’on pourroit les confondre ensemble, comme une inême espèce ; cependant J'ai reconnu que lagame à pierreries est diffé- rent de l’autre, non seulement parce qu # est plus petit, mais encore parce qu'il a sur le dos six rangées longitudinales d’écailles bombées, imitant de petites pyramides pointues à quatre faces, et comparables en quelque sorte à des pointes de cristaux , ou à de petits diamans. + > pe (1) gamma semmaïa ; sex sertebus longitudinalibus Squamnaruin ARR , Jasciis Jusceseentibus eË éransversim angiilatis in détsé: DES AGAMES. A1 Sa couleur est d’un gris jaunâtre, avec plusieurs bandes transversales, brunâtres, irrégulières, et imitant des chevrons brisés, dont l’angie ou le coude seroit dirigé en avant. Le dessous de cet agame est d’un bleuâtre terni, et parsemé de petites taches ‘arrondies et nombreuses. J’ignore quelle est la patrie de cette nou- velle espèce; mais je la crois d'Amérique. L'individu qui m'a servi à faire cetle des- cription est long de trois pouces au plus; il a les mêmes dimensions que J'agame orbi- culaire ou tapaye. m2 HISTOIRE L'AGAME PLISSÉ (). Lisxxzus est le seul naturaliste qui aif observé et décrit d’après nature cette:espèce de saurien ; et il est facile de reconnoître que cet animal doit être placé dans le genre des agames, à côté de l’agame umbre, où plutôt de l’agame orbiculaire, à cause des principaux caractères qu'il présente. L’agame plissé est à peine plus long. que le doigt, sans y comprendre la queue, qui est à peu prés deux fois plus longue. Ses sourcils, ou plutôt ses orbites, sont un peu crénelés, membraneux en dessus, avec un sillon transversal, et divisé en trois parties ; lPocciput est calleux, muni d’une verrue muriquée près de chaque oreille; le cou est (1) Agama plica ; caud& tereti longé , occipite ealloso, palpebris suprà excoriatis , collo lateribus verrucoso et subiùs plicato. Lacerta plica. Tinnæus, Syst. nat. — 7dem. Gmel. Syst. nat. pag. 1074, n° 30. — Le plissé. Daubenton, Dict. erpét. Encycl. méthod. — ZJdem. Lacépède, Hist. nat. des quadrup. ovip. in-12, tom. I], p. 84. — Le stellion plissé. Daudin, Hist. nat. des reptiles, par Latreille , in-18, tom. If, pag. 27 et suiv. DES AGAMES. 415 verruqueux sur ses côtés, et il a en dessous un double pli prolongé jusques sur les pieds de devant, et replié sur le milieu du dos. Sa peau est entièrement recouverte de pe- tites écailles rondes, bombées et presque coniques. La partie antérieure du dos vers le cou a une sorte de suture comme cré- nelée. La queue est à peine verticillée (peut- être est-elle plutôt réticulée, comme celle de l’agame orbiculaire), mince, et couverte de très-petites écailles. Enfin , les doigts sont longs, séparés, hérissés ou dentelés en scie en dessous par de petites écailles aiguës : leurs ongles sont comprimés sur les côtés, et un peu crochus. Suivant Linnæus, ce saurien habite dans l Amérique méridionale et dans l’Inde. La- cépède regarde cet agame comme voisin de Pumbre, et il soupçonne que l’agame hélios- cope, trouvé par Pallas en Russie , est le même animal; cependant je ne crois pas devoir adopter cette opinion. L’agame plissé a été placé par Linnæus et Gmelin, dans leur huitième division du genre lacerta, dans celle des améiva ou seps : je l’ai ensuite mis, dans le travail de Latreille, après le stellion orbiculaire, que j'ai maintenant rangé parmi les agames. 414 HISTOIRE LAGAME DU PARAGUAY (1). Dixs la description que je donnerai bien- tôt de lagame à queue prenante, je ferai remarquer qu'on ne trouve aucun camé- léon véritable en Amérique, et j'observerai que les divers sauriens, qui sont nommés caméléons dans l’Essai sur l’histoire natu- relle des quadrupèdes du Paraguay, appar- tiennent aux genres de l’anolis et de l’agame: jai même reçu de Surinam l’agame marbré, qui est connu dans cette colonie hollandaise sous le nom de caméléon de Surinam. L’ani- mal que j'appelle ici agarne du Paraguay est le caméléon premier de Félix d’Azara; et 1l résulte de la description , qui a été donnée à ce naturaliste espagnol par son ami No-. (1) Agama paraguensis; lingu@ rotundé, crassä ; capite obéuso ; corpore extensili , éænié fuscé in lon- gitudine dorsi; macul& triqueträ fusc& in utroque latere caudeæ. Caméléon premier. Don Félix d’Azara, Essai sur Fhistoire naturelle du Paraguay, traduction fran- çaise, par Moreau S. 1 Rae in-0°, tom. CT 306 et Suiv. DES AGXAMES. 415 séda, que ce reptile est très-voisin du tapaye (agama orbiculdaris ). Voici ce que dit Noséda relativement à ce saurien : « Ce caméléort a la même forme que le teyou (ou lézard); mais il en diffère cependant par quelques caractères parti- culiers. | » Je l’ai trouvé au Paraguay, traversant wi chemin; ct dès qu’il m’aperçut , il s’ar- rêta en avalant. du vent, en quoi il diffère du teyou qui fuit ce qu'il craint. » Quoique ce caméléon ait la forme du teyou, 11 en diffère cependant, parce que la peau du corps n’est pas tendue, et qu’elle s'enfle avec le ventre; il en diffère encore, parce qu'il a la tête plus haute, et, en quelque sorte, horisontale, quoiqu’eile s’a- baisse un peu vers le museau, qui est plus court, à cause des coupes qui sont plus rapides sur les côtés; il diffère par la langue qui est ronde, épaisse, large comme celle du crapaud, et qui remplit toute sa bouche; tandis que celle du teyou est longue et fendue ; les oreilles sont beaucoup plus pe- tites, très en arrière, et correspondantes à l'angle. de la bouche; enfin il en diffère beaucoup par les couleurs, qui très-souvent servent à le distinguer dès la première vue, 416 HISTOIRE quoique sa figure püt le faire prendre pour: le teyou. » D’autres caméléons différent par la forme, en ce qu'ils ont le corps court et et très-large, de manière qu'ils ressemble- roient à des crapauds, si la queue ne les differencioit pas. (Ces caméléons sont l’agame orbiculaire. ) » La forme du caméléon actuel est comme celle du teyou verd, et il avoit sept œufs blancs , longs de six lignes, qui sortirent au dehors du corps lorsque je l’écrasai avec la culasse de mon fusil, au moment où il me faisoit face et me menacoit. » Du museau à l’occiput la contexture est menue, excepté à l'oreille et sous loœœil, où la peau est en manière de cercles qui entrent vers le milieu de la tête : celle-ci est d’un brun obscur, jaunâtre en dessous, avec des oreilles plus noires. Ë _» Depuis l’occiput court une bande large de plus de deux lignes, et de la même couleur que la tête, sur le haut de l’épme du dos jusqu’à la queue ; celle-ci est elle- même de cette couleur en dessus ; mais, de l'un et de l’autre côté, elle est traversée par une tache triangulaire de couleur jaune brun. » Depuis DES AGAMES. 417 » Depuis l’oreiïlle il y a aussi une bande brun obscur, qui, passant par le haut des paupières, va jusqu'au museau, et laisse entre elle et la couleur de la tête une autre bande blanchätre. » Dans une direction parallèle à la ligne de l’épine du dos, il y en a uné autre plus large et d’une nuance plus claire; le haut des quatre jambes est comme le dessus de _l’épine du dos, mais avec quelques petites taches d’un brun jaunûtre. » Le côté de la tête, depuis le museau par dessous l’œil, eLtout le reste de la partie inférieure de l’animal est d’un blanc jau- nâtre pâle. » Toute la peau de ce caméléon , excepté la tête, est couverte de petites écailles très- eflilées , posées par rangs. » Il y a par-tout dans la longueur des mâchoires, à égale distance, de petites dents aiguës avec lesquelles l’animal presse lors- qu'il saisit une proie, ce qu'il fait par un saut, et il ne lâche point; motif pour lequel le peuple dit que ce caméléon suce ». Reptiles. Tome IIT. D d m8 HISTOIRE Dimensions de l’agame du Paraguay, d’après Noséda. pouc. lig. Longueur totale. .f. 3.01. NOT re Longueur de la quene.,. 15% 0 200506 Circonférence du corps en arrière des bras. ‘1 6 : Longueur des pieds antérieurs jusqu’au bout des ongles. . ... 0. D Longueur des pieds postérieurs jusqu’au bout des ‘ongles... 00 en Dis AIGHAÏNMAE'S. qu re L'AGAME HÉLIOSCOPE (i). C= saurien, par sa forme ramassée, élar- gie, assez semblable à celle du geckotte, par son corps rude au toucher, muni çà et là de petites épines, et par ses doigts amincis, doit nécessairement être placé dans le même genre que l’agame orbiculaire et que l’agame à pierreries, à côté de ce dernier et de la- game plissé, dont il n’est peut-être qu’une Variété. | L’agame hélioscope n’est pas plus long que le doigt. Toute sa tête est couverte de callosités verruqueuses, très-obtuse, avec des lèvres qui dépassent à peine les narines et le front. Les orbites sont un peu écail- leux, avec les paupières égales entre elles, (1) Agama helioscopa ; caud& imbricatä , basi crassé , apice acuté& ; capite crasso el calloso, posticè #nuricato ; collo conrctato, suhtüs plicä transversé , caud& subtis coccined. Lacerta helioscopa. Pallas, Voyageen Russie, in-8°, app. tom. VIII, pag. 81. — Zdem. Gmélin , Syst. nat. pag. 1074, n° 69. — Synonyme du lézard plissé. Lacépède , Hist. nat: des quadr. ovip. in-12 , tom. I], pag. 84. — Sfellion hélioscope. Daudin , Hist. nat, des reptiles, par Latreille ,in-18 , tom. 11, p. 58. D d 2 420 E EPST OT RE un peu ponctuées, et plus grossièrement granulées sur leur bord. Le cou est comme s’il avoit été étranglé par un fil, avec un pli transversal en dessous. Le derrière de la tête, près des épaules, est muni d’un tu- bercule oblique ; couvert de plusieurs épines, avec une aréole souvent écarlate, située au- près de ces tubercules épineux. _ Le corps est court, ventru sur ses côtés, couvert en dessous de petites écailles aiguës, d’égale grandeur ; et en dessus d’écailles moindres et un peu saillantes, ainsi que de verrues épineuses où muriquées, dispersées ça et là, mais plus nombreuses vers les flancs. La queue est également écailleuse, épaisse à sa base, ensuite un peu filiforme et amincie à son bout. | Te dessus de cet animal est d’un gris ou dun cendré blanchâtre, souvent parsemé de petites gouttelettes brunes ou glauques, et réticulé comme une toile d’araignée (1); le dessous. est blanchâtre. La partie supé- rieure de la queue est brune, et l’inférieure L] (1). Pallas emploie le mot latin araneosus, ce qui signifie fait en forme d’une toile, d’araignée , et ce qui me paroît indiquer que les écailles: qui recouvrent le dos de ce lézard, sont disposées entre elles comme sur un réseau. DES AGAMES. k2r de la couleur du cinabre ou de l’écarlate , ou rarement de couleur pâle. Ce hideux reptile est abondant sur les collines les plus chaudes des déserts de la Sibérie australe. Il est nommé hélioscope par Pallas, parce qu'il marche la tête ordinai- rement redressée, et qu'il paroît souvent fixer le soleil. Il court avec une grande Vitesse , et il a une démarche moins ram- pante que le lézard gris des murailles. Gmelin a regardé ce saurien comme assez voisin des geckos, de même que Île lacerta aurita de Pallas, et il l'a mis près du Zacerta plica. Lacépède a même pensé que cet agame hélioscope est synonyme du lacerta plica. J'a1 ensuite nommé ce saurien stellion hélioscope dans la description des reptiles qui a récemment été publiée par mon collègue Latreille ; mais depuis que j'ai examiné beaucoup plus en détail les descriptions données par Pallas et par les autres naturalistes, j'ai reconnu plusieurs différences entre les Zacerta helioscopa et plica, et je les ai regardés de nouveau comme deux espèces distinctes et voisines, qui appartiennent l’une et l’autre au nou- veau genre que J'ai formé sous le nom d'agame. | Das LA 422 HISTOIREF LAC AM ERA B'O'F ED DE CO U ROM Ie faut ranger auprès de l’agame orbicu-- laire une espèce de saurien , découverte par Lepéchin dans les déserts de lOural , el que Gmelin , dans son Sysiema naturæ, a décrite sous le nom de Zacerta uralensis , c’est-à-dire, lézard de lOural. Sa longueur totale est de quatre pouces: il a une queue aussi longue que le corps , cylindrique , et non verticillée, c’est-à-dire, sans anneaux distincts. Cet ,agame a la tête grosse et un peu ar- rondie, avec le museau obtus. Sous le cou (1) Ægama uralensis ; capite subrotundo , colla subtis plicato , dorso ex cinereo livido , rugoso eë sub- verrucoso, caud& tereti longitudine corporis, apice nivré , et 6 fasciatd. Ivan Lepéchin, Tagebuch der reise prov. russ. tom. I, pag. fig. 1. — Zacerta uralensis. Gmelin, Syst. natur. pag. 1073, n° 67. — Le stellion de l'Oural. Daudin, Histoire naturelle des reptiles, par Latr: in-183 , tom. II, p. 30. dE S Ÿ, Le. DES AGAMES. H23 il y a un pli transversal, comme à plusieurs autres sauriens. Le dessus du corps est d’un cendré roussâtre , avec des rides pelites et raboteuses. Le ventre est blanchâtre , et de plus la queue , noire à son bout , a six bandes transversales noirâtres. Les pieds antérieurs et leurs doigts sont assez courts, à proportion des postérieurs; les ongles sont petits et crochus. Cette espèce d’agame est également remar- quable par sa forme ramassée , et par l’ex- trême agilité de ses mouvemens : on peut en voir uue assez bonne figure dans la Relation des voyages faits, en 1768 et 1769, par Lepéchin , dans diverses provinces de la Russie. Ce mème naturaliste russe a décrit et fisuré un autre agame tellement semblable a celui de lOural, que j'ai d’abord cru convenable , dans l’ouvrage de Latreille, de les réunir sous un même nom spécilique , ei comme ne différant entre eux qu'à cause de l'âge ; mais je me suis déterminé, d’après un nouvel examen, à regarder ce second agame , que Gmelin a nommé /acerta gut- tata ou lézard à goutteleites , comme une espèce trés-voisine. _ de ne sais pas au juste dans quelle place D d 4 Li 424%" HISTOIRE il faut mettre le petit lézard cendré et ta- cheté d'Asie, qui a été figuré par Edwards dans son ouvrage sur l'Histoire naturelle des oiseaux , et qui a été découvert en Turquie. Linnæus la nommé Zacerta turcica. Dau- benton et Lacépède l’ont appelé grison; et enfin Latreille l’a mis dans le genre des geckos, et la désigné sous le nom de gecko turc (1). Ce saurien ressemble assez par sa forme à plusieurs petits agames, entre autres au lacerta uralensis (agame raboteux de l’Ou- ral). C’est donc à cet agame que je crois pouvoir le réunir. Il est aisé de distinguer ce saurien , qui se trouve dans diverses contrées orientales en T'urquié, par des verrues qui sont distri- buées sans aucune régularité sur son corps, par sa couleur grisâtre , tachetée de rous- sâtre , et par sa queue, à peine plus longue que le corps, et que des bandes, disposées sans aucune symétrie, rendent irrégulière- (1) Edwards, Hist. av. pl. ecrv. — Zacerta turcica. Linn. Syst. nat. — /dem. Gmelin , Syst. nat. — Gri- son. Daubenton , Dict. erpéth. Encyclop. méthod. — Idem. Lacépède , Hist. nat. des quadrup. ovip. in-12, tom. IT, pag. 82. — Gecko turc. Latreille , Hist. nat. des reptiles, in-18, tom. II, p. 59. ù NN DÉS AGCAMES. #25 ment annelée. Le ventre a aussi des taches, mais elles sont un peu plus grandes que sur le dos. On connoît un certain nombre d'ouvrages très-curieux , et même importans , relatifs à l'histoire naturelle des reptiles ; plusieurs naturalistes se sont déjà occupés avec succès de décrire avec soin une grande quantité de ces animaux ; et cependant on ne peut se dissimuler qu'il ne reste encore beaucoup d'observations à faire sur cette seule partie du règne animal. En travaillant à cet ouvrage, j'ai voulu employer tous mes efforts à élever cette branche de l’histoire naturelle au niveau des autres : j'ai revu avec une attention scrupuleuse , et les ouvrages de mes prédé- cesseurs, et les collections qui sont à Paris; j'ai tâché de rectifier presque toutes les descriptions déjà publiées , et je suis par- venu à découvrir beaucoup d’espèces nou- velles. Je desire , pour prix de mes peines et de mes travaux, que cet ouvrage puisse répandre quelque intérêt sur l’histoire natu- relle des reptiles , et m’obtenir l’indulgence des lecteurs, ainsi que la bienveillance des naturalistes. L 426 HISTOIRE ET A 2 2 FAGAME À GOUTELETTES (1). Czrre autre espèce d’agame a beaucoup de ressemblance par sa forme et par ses habitudes avec le précédent , que j’ai nommé agame raboteux ; il habite les mêmes con- trées , et court avec rapidité dans les déserts de l’Oural ou du Pérémiot. Sa longueur totale est de trois pouces trois lignes, et sa queue cylindrique est un peu plus longue que le corps ; son épaisseur est de neuf lignes. Il est en dessus de couleur bleue, avec des petites taches blanches et rondes , disposées irrégulièrement, et très- uni ou lisse. Le dessous est blanchâtre. Sous (1) Agama guttata; capite sub-rotundo, corpore supr& lœævi cœæruleo.guttis rotundis albis, abdomine albido, caud& tereti longiore, apice nigr4 maculis quatuor nigris oppositis versès ad basim. Yvan Lepéchin, Tagebuch der reise prov. russ. in-4°, tom. I, pag. fig. 2 et 3. — Lacerta guttata. Gimelin , Syst. nat. p. 1078 , n° 74. — Jeune du stellion de l’Oural. Daudin, Hist. nat. des rept. par Latr. in-8, tom. I[, pag. 40. TERRE ÿ DES AGAMES. #27 le cou il y a une bande, ou plutôt un pli, dont toute la surface est polie. La queue est cylindrique , plus longue que le corps, avec quatre grandes taches noires, opposées en dessous , à une petite distance de l’anus. Le reste de la queue est de couleur noire. | Ce pelit reptile, nommé Zacerta guttata par Gmelin , a été rangé à tort par ce natu- raliste à la fin des scinques , quoiqu'il soit évidemment très-voisin du lézard orbicu- laire, dont j'ai formé un nouveau genre, sous le nom d’agame , dans cette histoire des reptiles. Van-Ernest a trouvé , dans un voyage qu'il a fait dans le nord de la Pologne, en 1796, un stellion , que je regarde provisoi- rement comme synonyme de cet agame à gouttelettes. Sa tête est grosse, ramassée, raboteuse, avec son museau couûrt et tronqué. Sa bou- che , assez large et très-fendue, a ses mà- choires garnies de très-petites dents rappro- chées : dans son intérieur 1l y a une langue large, arrondie à son bout ; légèrement frangée ou ciliée sur ses bords, aplatie, et presque entièrement adhérente; cette langue paroît comme privée de la faculté de s’alon- rs 42D . _ 'HNS'T OMR ger en avant , au gré de l’animal: Toute la peau est couverte de petites écailles nom- breuses et lisses , excepté celles des flancs ;, qui sont un peu redressées et rudes au toucher. | Sa couleur est d’un bleu ardoisé en des- sus, et d’un blanc teint çà et là de roussätre pâle en dessous. Sur la tête il y a quelques traits blanchâtres , et l’on voit sur le dos et les flancs quelques petites taches blanches ;, disposées irrégulièrement çà et là, et presque toutes arrondies. Sa queue est rude au tou- cher, grosse à sa base, plus longue que le reste du corps, et marquée de quelques bandes ou taches brunâtres. pouc. bg Eonsueur totale: Ve TEE Fonsueur de la.queue..:.°.,.71.. 1 Farsenr AUICOPPS. 22 0e. 01e JS 9 Cet agame habite dans les montagnes du palaunat de Kalisch , en Pologne. he, À. 2. 6 DES :MG'AM ES. 429 DS L’'AGAME À OREILLES (1) Voyez la planche XLV, fig. 2, de ce volume. Lorsque Jentrepris de travailler avec mon ami latreille à l’histoire naturelle des reptiles , je sentis avec raison que je ne pourrois donner un ouvrage bien complet sur les sauriens, parce qu'il me manquoit alors un grand nombre de renseignemens et d'observations, que le tems et des recherches assidues pouvoient seuls me procurer. Maintenant j'ai observé avec une scrupu- leuse attention un grand nombre de sauriens dans différentes collections de reptiles, à Paris ; et je crois pouvoir enfin me flatter ‘d'être parvenu , non seulement à vériler (1) Agama aurita; oris angulis utrinque in cristam semi -orbiculatam , mollem , scabram et dentatam dilatatis. Lacerta mys/acea, aut lacerta aurita. Pallas, Voy. en Russie , in-8”, tom. VIIT, appendix, n° 84, p.85, pl c , fig. 1. — Larerta aurita. Gmelin , Syst. nat. pag. 1073, n° 68. — Le gecko à oreilles. Daudin, -Hist. nat. des rept. par Latreille, tom. If, pag. 61. _&30 HISTOIRE. presque toutes les descriptions qui ont été publiées par divers auteurs français et étran- gers, à reconnoitre un grand nombre d’es- pèces inconnues ou regardées comme dou- teuses, mais même à distribuer tous les sauriens dans des familles ou genres très- facilement reconnoissables. Depuis que j’ai été convaincu de la néces- sité de séparer les iguanes en deux genres, et que je me suis déterminé à désigner sous le nom d’agame tous les sauriens qui ont quelques rapports avec les lacerta agama et orbicularis , par leur langue courte et char- nue, par leur corps trapu, couvert d'é- cailles petites et nombreuses , et par leurs cinq doigts minces et séparés à chaque pied, j'ai éclairci plusieurs doutes et mme corrigé quelques erreurs qui s'étoient ghssées dans mon premier travail. C’est ainsi que j'ai reconnu récemment que le Zacerta aurita de Pallas n’est pas un gecko, comme je lavois d’abord annoncé , mais bien un vé- ritable agame , assez voisin de l’orbiculaire ou tapaye. L'agame à oreilles est un peu plus grand que le gecko ordinaire , lorsqu'il est parveñu à son entier accroissement. Sa tète est tronquée ; les coins de la bouche DES AGAMES. 491 sont dilatés de chaque côté en une crête demi-orbiculaire, molle, parsemée en dessus de points rudes, dentée sur son bord, et remplie de sang pendant la vie de l'animal. Les parotides, de chaque côté, sont muri- quées , épineuses ; sous la gorge on voit un pli transversal qui paroît presque double. Le corps esl ventru à peu près comme celui de l’agame orbiculaire, un peu déprimé, entièrement couvert de points saillans et pointus , ainsi que la queue. Celle-ci est muuie , sur ses deux côlés latéraux, d’une ligne longitudinale , composée de petites verrues épineuses ; sa longueur est un peu moindre que celle du corps. Les pieds ont des points piquans, plus gros que ceux du corps , et leurs doigts, au nombre de cinq à chacun , sont minces , alongés, et non dilatés à leur extrémité ; ce qui prouve évidemment, comme je l’ai déjà fait re- marquer , que ce reptile, découvert par Pallas, n’est pas un véritable gecko. Les trois doigts intermédiaires de chaque pied ‘sont dentés en scie en dessous. La couleur de l’agame à oreilles est en dessus mélangée et comme nuagée de cen- dré et de jaunâtre , et parsemée de petits points bruns très -rapprochés. Le dessous 492 HISTOIRE de cet animal est d’un blanc sale, avec une ligne sur le milieu de la poitrine, et l’ex- trémité de la queue noire, tirant sur le brun. L’agame à oreilles n’est pas rare sur les collines sablonneuses de la Sibérie australe près de Naryn, et dans le désert de Coman. Le naturaliste hollandais, Van-Ernest, a trouvé dans les montagnes de la Pologne , vers les frontières de la Russie, un saurien qui paroît devoir être réuni à cet agame comme une variété. VARIÉTÉ. game «à oreilles, ayant une créte orbiculaire dentelée sur ses bords, à chaque coin de la bouche, avec cing bandes transversales brunes , sur un fond cendré parseme de points bruns , et avec la queue noirâtre, marquée de trois bandes cendrées & Sa base." | Cet animal est très-hideux ; sa démarche est pesante ; ses mouvemens.sont lents ; on croiroit, en un mot, voir marcher un cra- paud dont le corps seroit terminé par une queue cylindrique. Sa longueur totale est de trois pouces sept lignes ;.et sa queue fait les deux cinquièmes de cette longueur. QUATRIÈME DES AGAMES. 4355 QUATRIÈME SECTION. LES AGAMES LÉZARDETS. Ces agames ont, comme les lézards , des plaques sur la tête, et une rangée de grains poreux sous chaque cuisse. Leur queue est cylindrique. ÉACAME MARBRE DES URIN AM 0) Ce saurien a beaucoup plus de rapports avec les iguanes proprement dits que les autres agames : 1° à cause de son petit goitre (1) Agama marmorata ; gulé strumosé, capite scutis Rummerosis munito ; colore fuscescente-badio, fasciis éransversis atris, maculis sparsim viridibus ; caudé dongissimé. Lacerta marmorata, Linnæus, Syst. nat. — Zdem, Gmelin, Syst. nat. pag. 1065, n° 31. — Amænit. acad. tom. Î , pag. 129 et 288. — Mus. Adolph. Frid, tom. I, p. 43. Le Edwards, Glan. d'histoire naturelle, pl. cexzv, fig. 2 — Temapara. Seba, Thes. tom. I, pl. zxxxvuir, fig. 4. — Lacertus caudé@ longissimd. Reptiles. Tome III. Ee 49% HISTOIRE comprimé , dentelé et pendant sous sa gorge; 2° de sa tête recouverte par des plaques lisses à quatre, cinq ou six angles, et nombreuses; 3° et même par la rangée de petits grains poreux et sécrétoires qu’on voit sous cha- cune de ses cuisses. L’agame marbré a d’ail- leurs tous les caractères que j’ai indiqués au genre agamne. Sa pius grande taille est de quatre pouces; non compris la queue qui est trois fois envi ron aussi longue. La tête est alongée , un peu amincie en devant, assez semblable à une pyramide à quatre faces , garnie en dessus de plaques nombreuses, variées de noirâtre et de baï sur un fond blanc. Ses yeux sont brillans , et entourés de petites écailles lisses. Ses oreilles sont assez distinctes et rougeûtres en Fermin, Descript. de Surinam, tom. IT ,p. 210. — Le marbré. Daubenton , Dict. erpét. Encycl. méth. — Idem. Lacépède, Hist. natur. des quadrup. ovip. in-12, tom. 1, pag. 117, pl. vi, fig, 1. — L’ivuane marbré. PDaudin , Hist. nat. des rept. per Latreille , tom. I, pag. 265 , figure. — Lacertus capensis, spi- nosus. Seba , tom. I, planche vrir , fig. 6. — Lacerta chalchitica marmorata. Seba , Thes. t. IT, pl. zxxvr, fig. 4. — Séellio saxatilis. Laurenti, Synops. reptal. pag. 57, n° 91. DES AGAMES. 435 dedans, avec une bordure blanchâtre au dehors. Derrière chaque œil il y a deux petits traits noirâtres. Sa gorge est un peu goitreuse , comprimée sur les côiés, yarnie de petites écailles simples, rhoraboïdales, excepté celles qui sont rangées au milieu de la gorge, sur le bord du goitre , lesqueiles sont relevées et pointues. Tout le reste de la peau est couvert de petites écailles car- rées où légèrement rhomboïdales, et plus grandes sur la queue. Le dessus du corps et toute la queue sont d’un gris cendré , mélanges et comme mar- brés de bandes transversales brunäâtres , sur un fond châtain ciair : on voit çà et là quel- ques taches irrégulières, assez semblables par leur couleur, au verd de gris. La mà- choire inférieure , le dessous du corps et des jambes sont d’un cendre clair tirant plus ou moins sur le rougeätre, selon les indi- vidus. Les pieds sont en dessus d’une cou- leur marron , tachetés de brun , et même dans quelques individus de verd de gris. Ils ont tous cinq doigts minces, séparés, alon- gés, et munis d'ongles crochus qui sont noirs seulement en dessus : les deux doigts inter- médiaires des pieds postérieurs sont très- longs. Ee 2 456 A PST'OL EE Suivant la remarque du professeur Lacé- pède, le dessous de chaque cuisse a une rangée de huit ou dix tubercules ou grains poreux, disposés longitudinatement ; mais plus apparens dans le mâle que dans la femelle. La queue, qui est très-longue, mince et cylindrique , paroît relevée par neuf stries longitudinales, formées par les petites ca- rênes qui sont placées sur chaque écaille rhomboïdale. J'ai observé jusqu’à présent un petit nom- bre d'individus appartenant à l’agame mar- bré. Bosc en a reçu récemment de Hollande deux individus qui se ressemblent beaucoup par les couleurs ; mais ils différent de celui qui m'a servi à faire la description que je viens de donner , par labsence des tuber- cules sous les cuisses , ce qui me fait pré- sunrer que ce sont des femelles, par quelques teintes légèrement bleuâtres dessus la tête et le corps, et parce que l’un d’eux a toutes les écailles lisses, tandis qu'elles sont dans Jautre toutes relevées par une carêne lon- gitudinale. Dans l'Histoire naturelle des reptiles, pu- bliée par Latreille, j'ai prétendu , d’après Lacépède, que cet animal existe également DES AGAMES. 457 en Espagne, en Afrique, en Amérique, et même dans les grandes Indes, selon Son- nerat, qui en a déposé un individu dans le museum d'histoire naturelle de Paris. Depuis que cet ouvrage est publié, j'ai reçu l’agame marbré de Surinam , où 1l est très-commun, et connu par les hahbitans sous le nom de caméléon, parce qu'il peut gonfler sa peau et changer de couleur. Je crois donc main- tenant que les naturalistes modernes ont. été induits en erreur sur la vraie patrie de J'agame marbré , et qu’il faut s’en rapporter à l'opinion de Seba, qui l’a reçu d'Amérique, où on le nomme, selon lui, temapara. Quant à l'individu découvert par Sonne- rat dans les grandes Indes, je n’ai pas encore pu le reconnoître parmi les nombreux rep- tiles qui sont au museum d'histoire natu- relle ; et je ne puis même croire que ce saurien soit réellement un véritable agame marbré. Je suis assuré qu’on ne le trouve pas vivant en Espagne , de même que l'agame galéote. Seba a reçu ces deux reptiles de la Corogne, ville de Galice en Espagne, où sans doute ils avoient été apportés d’Amé- rique. Le professeur Lacépède paroît croire qu’on Ee 3 438 HISTOIRE pourroit peut-être regarder, comme syno- nyuie de lPagame marbré, le lézard d'Afrique appelé warral par Shaw, dans son voyage en Baïbaïie, et guaral par Léon. Le warral, suivant Sraw, a quelquefois quatorze pouces de lsngueur, sans doute en y comprenant la queue. Sa couleur est d’un rouge fort vif, avec des taches noirâtires. Ce rouge n'est pas très-clifferent du roux que présente le mar- bré ; d’ailieurs, la couleur de ce dernier res- semble bien plus à celle qu'indique Shaw aue celle des autres lézards d'Afrique. Shaw dit qu'il a observé que, toutes les fois que le wwarral s'arrête, il frappe contre la térre avec sa queue. Cette habitude peut très-bien con- venir au marbré, qui a la queue exlrème- ment longue et déiiée, et qui par conséquent peut l’agiter avec facilité. Les arabes, con- tinue Shaw, racontent fort gravement que touies les femmes, qui sont touchées par le battement de ia queue du warral, deviennent stériles. Combien de merveilles n’a-t-on pas attribuées dans tous les pays aux quadru- pèdes ovipares ! Le lézard épineux du cap de Bonne-Espé- rance, figuré dans l'ouvrage de Seba , tom. LE, pl.:vin, 6g. 6; u'est nullement épineux ; comme le nom paroît cependant l'indiquer; DES AÎGAMES. “3% il est marbré d’écailles brunes et vertes, et entrecoupé d'ondes noirâtres. Je le regarde comme synonyme de l’agame marbré de Surinam , et je soupçonne que Seba aura commis une erreur en le regardant comme habitant au cap de Bonne-Espérance. Il faut sans doute rapporter encore à lagame marbré , le lézard que Philippe Fermin, dans son Histoire de Surinam , a nominé lézard à longue gites Voici ce qu'il en dit : « Le onzième (1) est un nu lézard, qui a la queue très-longue et la peau grise tirant sur le rouge ; sa tête est grosse et large, et son sommet est couvert de très-grandes écailles mêlées de noir et de brun, artiste- ment rangées sur un fond d’un blanc sale ; ses yeux sont étincelans , et ses oreilles un peu rougeâtres; toute sa poitrine, son ventre et ses jambes sont d’un cendré clair ; et ül a dessus le corps et la queue de petites écailles d’un grisâtre foncé ». (r) ZLacertus caud& longissimé , onzième espèce. Ferminu, Description de Surinam, in-6°, tom. II, pag. 210 et suiv. Nota. Philippe Fermin est le même auteur qui a publié un ouvrage sur le développement et les n éta- morphoses du crapaud pipa qu’on trouve à Surinam, Ee 4 440 HASTOIREFE CINQUIÈME SECTION. LES AGAMES A QUEUE PRENANTE, Les ont la faculté de grimper et de se cramponner après divers corps à l’aide de leur queue prenante, à peu près comme celle des caméléons. Peut - être n’ont - ils aussi que quatre doigts seulement aux pieds postérieurs ? Noia. J'ai rangé provisoirement, parmi les agames, le singulier reptile qui m'a servi à établir cette section, et qui habite au Paraguay, suivant Félix d’Azara. L'ACAME AUGDEUE PRENANTE NM) De. FÉLix D'ÂzARA a donné, dans son Histoire naturelle des quadrupèdes du Paraguay , une description incomplelle de (1) Agama prehensilis ; fasciis quatuor transversis nigris in uéroque latere ; abdomine fusco, albis nistis- que maculis ; genis nigro tri-fasciatis ; caudé prehen- DES AGAMES. A4 plusieurs sauriens assez remarquables, dont je n’ai pu reconnoître les analogues dans les divers ouvrages déjà publiés sur cet ordre d’auimaux : à peine même ai-je re- connu quelque caractère qui puisse m'in- diquer le genre dont chacun d’eux dépend. Par exemple, j'ai cru découvrir que son caméléon premier est un agame assez Voisin du tapaye ou agame orbiculaire, parce qu’il a la faculté de gonfler la peau de son corps à volonté, et que sa langue est ronde, épaisse comme celle du crapaud : son ca- méléon second m'a paru être aussi un agame assez remarquable , parce qu’il enfle beau- coup son cuir sous la tête lorsqu'on le tour- mente ; et comme Félix d’Azara observe que ce prétendu caméléon est très - sem- blable , par sa forme, au saurien qu’il nomme feyou verd , j'ai d’abord cru devoir ranger aussi ce teyou parmi les agames ; mais comme il a infiniment plus de rapports sili, vix corpore longiore. ( Pedibus posticis tetra- dactylis ? ) Caméléon second. Don Félix d’Azara , Hist. nat. des quadrupèdes du Paraguay, traduction française par Moreau Saint-Méry , in-8° , tom. 11, pag. 4ot et suiv. 442 H PS FOIRE avec le lézard galonné , je l’ai placé après ce repiile. | On appelle caméléons en Amérique plu- sieurs sauriens du genre des anolis et des asames , entre autres l’agame marbré et lagame orbiculaire , parce qu'ils ont la fa- culié de changer un peu de couleur ou de s'enfler le ventre lorsqu'on les effraie ou qu'on les irrile. Les vrais caméléons, ceux auxquels je laisserai ce nom, d’après les naluralisies, n’habitent que dans l’ancien continent, principaiement en Afrique. J/agame à queue prenante ressemble parfaitement , par sa forme, au saurien que J'ai décrit sous le nom de Zézard teyou verd, même par ses quatre pattes et ses doigts, selon d’Azara ; ce qui semble indiquer qu'il n’a aussi que quatre doigts aux pieds pos- térieurs. Sa longueur totale est de treize pouces six lignes ; et sa queue est, à elle seule , longue de huit pouces neuf lignes. Cet animal ferme assez exactement l’ou- verture de ses oreilles ; de sorte qu’il paroît en quelque façon privé de cet organe. Les narines sont placées dans le milieu de la distance qui est entre l’œil et le museau. De l'angle postérieur de l'œil nait une DES AGAMES. 443 petite raie noire qui se prolonge sur le cou, et se termine en se courbant à la naissance des bras ; derrière cette raie 11 y en à une autre paralièle, qui descend de lépauie; et sous lœil on en voit une troisième , qui aboutit également à la naissance de lé- paule. La tête est brunätre en dessus et sur les côtés, plus pâle et presque blanchätre en dessous : les côtés du corps sont aussi bru- nâtres pâles, avec quatre petites raies assez étroiles et noires en zig-zag qui descendent du dos. Les couleurs qui ornent le dessous du ‘corps de cet animal sont très-difficiles à dé- crire , selon Félix d’Azara ; et il dit que la plus remarquable consiste dans anelques taches blanches de plus de deux lignes, et d’autres taches noires d’une égale srandeur, sur un fond brun. La queue a aussi ces taches blanches , séparées par des bandes obscures et noires. D’Azara, pendant son séjour au Paraguay, acheta , le 7 mai, chez les indiens non sou- mus , ce saurien vivant , qu'il lâcha ensuite dans sa chambre. L'animal alloit avec len- teur le premier: jour , qui étoit assez chaud ; 220 0 44 HISTOIRE 1} montoit sur les chaises, et sautoit même d'une chaise à une autre à la distance d’un pied ; mais pendant les jours suivans , qui furent un peu froids, il ne bougea point du haut d'une chaise, sinon un peu pen- dant que le soleil y donnoit ; et pendant le reste du tems 1l y fat engourdi et comme mort, D'Azara observa aussi qu'il se fixoit après les meubles , en y entortillant l’extré- mité de sa queue ; ce qui fait présumer que cet agame à queue prenante grimpe sur les arbres, et qu'il s'y promène de branches en branches. 1] a vécu pendant près de quatre mois, sans prendre aucune nourriture. Lors- qu'il étoit le plus vivace et qu’on essayoit de Firriter , il ouvroit beaucoup la bouche en soufflant avec force ; mais il ne mordoit ni ne sauloit, et alors ses couleurs éloient infiniment plus vives que lorsqu'il étoit en- gourdi. Dans sa colère , il s’élevoit sur ses pieds , comprimoit visiblement ses flancs, et enfloit beaucoup sa gorge; ce qui lui donnoït alors un aspect vraiment extraordinaire. Fin du troisième Folume. he ABLE Tes matières contenues dans ce troisième Volume. Ter OÏISIEME genre, Tupinembis, p. 5 Première section. Tupinambis à queue sim- plement comprimée , 21 Le tupinambis proprement dit, ou sauvegarde, ibid — élégant, 36 —— cépédien, planche XXIX , 45 —— indien, planche XXX,, 46 — & taches vertes, 48 —— du Nil, ou le Faran d'Egypte, ba Deuxième section. Tupinambis à queue sur- montée d’une petite caréne double et légé- rement dentelée en scie, 5 Le tupinambis étoilé d Afrique, pl. XXXI, : 1bid — piqueté du Bengale, CAO —— à gorge blanche, planche XXKXXIE, 72 —— bigarré de la nouvelle Hollande, 96: Première variété, Tupinambis bigarré du port JacXson, 77 446 re Br Eh Deuxième variété, Tupinambis bigarré du port Jackson, ayant ses taches d’un blanc CULVTEUX , 79 Le Tupinambis exanthématique du Sénégal, 80 —— lézardet, 85 Quatrième genre, Lézard , 89 Première section, Lézards améivas , 98 Le Lézard améiva, ibid verd à traits noirs, d'Allemagne, 106 —— graphique, 112 —— argus Amérique, 117 —— verd à points rouges, ou le goitreux d’Amerique, 119 à téte rouge, 122 Deuxième section, Lézards verds, 125 Le grand Lézard verd, acellé, du midi de l'Europe, planche XX XIII, | ibid Le Lézard verd piqueté d'Europe, planche XXXIV, 14% —— verd de la Jamaïque, 149 verd, à deux raies, planche XX XV, 152 des souches, planche XXXV, 155 Première varicté , Lézard des souches , ayant le ventre dépourvu de points noirs, de la Toscane, 159 TABLEF. 447 Deuxième variété, le Lézard des souches, ayant les taches ocellées de ses flancs, effacées, des environs de Paris, 160 Troisième variété, le Lézard des souches, ayant seize tubercules calleux sous chaque cuisse, des environs de Paris, 1061 Quatrième variété , le Lézard des souches , ayant le dessous de la queue couleur de chair, de la Suisse, 102 Cinquième variété, le Lézard des souches, ayant le dos entièrement d'un roux bru- nâtre et sans taches, de l’Allemagne et des environs de Paris, 163 Le Lézard verdelet, de Panama, 165 —— tiliguerta, 107 des buissons, de Surinam, 172 Troisième section, Lezards rubannés. 1795 Le Lézardgalonné ourubanné ,pl. XX XVI, ibid —— à six raies, 103 —— bosquien, à raies blanches parsemées de points blancs, planche XXXVI, 188 —— à téte bleue, 191 —— leyou-verd, 195 —— du désert, 109 —— véloce, 202 Quatrième section, Lézards tachetés, 204 448 TABLE. Le Tézard gentil du Languedoc, planche XXXVII, 204 —— acheté d'Espagne , pl XXXVII, ; 208 Cingrième section, Lézards gris, Si Le Lézard gris des murailles, pl. XX X VIE, ibid Première variété, le Lézard gris à ventre teint de jaune, de la Suisse, 216 Deuxième variété ,'le Lézard gris à taches rondes d’un bleu de turquoise sur les côtes du ventre, de la Suisse, 218 Troisième variété, le Lézard gris avec les côtés de la téle un peu teints de verd, de la Suisse, | 219 Quatrieme variété, le Lézard gris, dont les Jtancs sont peu foncées, et dont le ventre est presque entièrement jaune, de la Suisse, ibid Cinquième variété, le Lézard gris, à huit rangées longitudinales de plaques sous le corps, de la France, ibid Le Lézard brongniardien, CAE Première variété, Lézard brongniardien, ayant les rangées de grains poreux du dessous des cuisses, prolongées et réunies ensemble au devant de l'anus, 223 Le TABLE. 449 Le Lézard soyeux, 22/4 de Laurenti, 227 æ— arénicole, pl. XX XVI, 250 —— brun, d'Allemagne, 237 à museau pointu, | 240 Sixième section, Lézurd dracénoïdes, 243 Le Lézard à cing raies, ibid Septième section, Lézards striés, 247 Le Lézard strié, 1bid Lézard de Firginie, orné de taches et de flammes, 250 Cinquième genre, Takydrome, 251 Le Takydrome brun, à quaire raies, 252 - nacré, à six raies, planche XXXIX ; 256 Sixième genre, Iguane, Hebe L’Iguane ordinaire, planche XL, 263 Première variété, l’Iguane ordinaire d’4mé- rique, à points noirs, 277 Deuxième variété , l’Isuane ordinaire, à traits irréguliers notrs, 280 L’Iguane cornu, Ç 282 —— ardoisé, 286 Septième genre, Dragon, 290 Le Dragon rayé, " 298 —— verd, planche XLI, 301 —— brun N | 307 Reptiles. Tome FIT. F£ L'NARE (L © REREUEN UE 450 ABLE: Huitième genre, Basilic,: + + 300 Le Basilic proprement dit, ou à capuchon, planche XLAT, 310 porte-crête, d’'Amboine, 522 Nervième genre, Ægame, 333 Première section, les games à queue com- primée , 356 JL Agame éme ; ibid Prertière variété, l’'Agame sourcilleux , ayant le corps et la queue, ainsi que les mem- bres, d’un brun roussätre, avec des taches transversales assez longues, larges, et plus foncées , 343 Deuxième variété, l'Ægame sourcilleux, d’un roux fauve, avec des bandes transversales brunätres sur le dos et la queue, 544 L/ Ægame occiput-fourchu, 345 —— sombre, | 949 —— à bandes, de l'Inde, 352 Deuxième section, les Ro proprement dits, 356 I” DA Prose De où Po ruae des colons , ibid —— galéote, planche XL, 561 —— umbre, 375 Variété. game umbre, ayant ua jéte rous= sûtre en dessus , et %e dos d’un cendré TABLE EF, 454 bleuâtre, marqué de taches arrondies et de LE bandes transversales plus foncées , 378 IL’ Ægame ondulé, 58% —— hexagone, 369 —— hérissé de la nouvelle Hollande, 391 —— arleguiné, à deux raies, pl XLIV, 393 ame à gorge safranée, csinstt408 —— rose-queue 400 1} Agame rude, 402 —— étoilé , 404 Troisième section, les Ægames orbiculaires. ou les Tapayes, 406 L° A same orbiculaire oyle T voue planche REV. ; ibid ——— à pierreries ou à Lattes tétraëdres , 410 —— plisse, 412 —— du Paraguay, 414 —— hélioscope, 419 —— raboteux de l'Oural , 422 —— à goutteleiles, _ 4926 —— à oreilles, planche XLW , 42Q Fariété. Ægame à oreilles, ayant une créte orbiculaire dentelée sur ses bords, à chaque coër de la bouche, avec cing DA Ffs *) 452 TABLE versales brunes, sur un fond cendré pur= semé de points bruns ; et avec la queue noirâtre , marquée de trois bandes cendrées à sa Gisee kite 432 ee seclion , les Agames lezardets , à perl 2488 JL’ 4game At de Surinam... ibid Cinguième section , Les Agames à queue prenante, es 440 L’4game à queue prenante, : ibid Fin de la Tabie, SOS 3 | Yvy 811 LIBRARIES SMITHSONIA INSTITUTION 6 = 6 = > | À = | , ZT E FE > = > F 7 4 2 Fr (e] 2e (2 m un N INSTITUTION NOHMITLSNI _ NYINOSHLINS,,S3 13VY911. 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