DR EN A EN 2 Sy T4 2 5 4 . ñ Dh, * É Pa Cr « MANN SR ANT A d ù ” ; * : Pen : | ; DUT AT NE je + “ * : 4 CR u d F L $ * L F e ù . ae Le e RUE D Pi T é , y ? 1 s. ) ÿ Lea + YF % AR ro He DENTS E Aer 3 PS ne ER vs 7 eParan hit Ps + . at w PE PA eu, . cu a, UP 9 LE rage Des TE en F F mor ne - NOIIN] NOIIN] SMITHSONIAN INSTITUTION NOIINLILSNI INSTITUTION S3IYVY9171 LIBRA INSTITUTION NVINOSHLINWNS S314V4417 LI SMITHSONIAN NYINOSHLINS SMITHSONIAN IES SMITHSONIAN INSTITUTION NOIINLILSNI NOIINLILSNI LIBRARIES S31#VH4411 LIBRARIES S314V4911 LIBRARIES INSTITUTION S314V3491] RIES, SMITHSONIAN_ INSTITUTION NOIINLILSNI NYVINOSHLINS NYVINOSHLINS NVINOSHLINS _LIBRARIE NOIINLILISNI NOIINLIILSNI èIES SMITH INSTITUTION NOIINLILSNI NSTITUTION INSTITUTION NS S3IYVUgI1 LIBRARIES SMITHSONIAN N N A A O NVINOSHLINS S: INSTITUTION NVINOSHLINS S314VY9171 _LIBRA SMITHSONIAN IA £ 2 6 À n à TL: = EE og) Si ji o ui = e | (es œ = co (@æ) Er: TA es | IN 2 | si z + 5 LT, ED = AT = on ? ÿ m = an NYVINOSHLINS S: Z un < = Z = 8, © pe Re) an ; 1 O L E Z y = FL on 2 ES SMITHSONIAN IN en Ed ui a e 2 | C8 # Œ Œ on. me à NVINOSHLINS S: œ NS Si D à NS = 2 RN po) m [#9] _SMN \S E Ca : AV 5 Guÿ7 5 aÿ) =. mn Q Wash O D a Has oO “Yon E 4 ar Z ur = 5 1 LIBRARIES SMITHSONIAN INSTITUTION NOILNIILSNI NYINC = SN Es = BANC _o > * o — (ss) & E A _ K 7. ADS pr pe) À SU > ELA > È 4 N 7 2 © É 2 N _ — an ee (4) N NOIINLILSNI NVINOSHIINS S3I14VHgIT SMITI 7 FA an Z a , & € = , L = Le ie 4 Z 4 2 FE ei = £ 2 o n FA : LIBRARIES SMITHSONIAN INSTITUTION NOILNLILSNI NVIN un = un = | = &. = œ 1 & = < * ra < pat: DC œ C æœ Œ L D = = E ! : RUES À} : ' N NOIINLIISNI LIBRARIES SMIT De s = “an = + 5 [om _. [ons 4 Ne > ‘E . E (es 7 ee < =, 4 A (p) ne DE D Es D Z HULIBRARIES NOILNLILSNE NVIN M : un Æ 2} Z = Es < = 42 < Z _ 2 _ LD. Z 3 NN = - 5 LP ZT NE ®) ne O UN EL En KNN = = 2 7 E | E : N NOILNIILSNI NVINOSHLINS LIBRARIES SMIT un # EN 2 = “ee F3 pr. Fu À mn £ œ — æœ = æ | _ . < < < | œ œ S œ # 5 S S a =) —) 1 LI BRARIES SMITHSONIAN INSTITUTION NOIINIILSNI NVIN “à z a ie) ut 11000 Fa œ == 6 œ K : 5. = : = & | 2 FF % V Las EE pes KR NES = 7 a 2 ; à : ; jN NOIINLILSNI NYINOSHIINS S314V4411 LIBRARIES. SMIT MEL Z | bras Z IS 2 H ES LC 'OHLR IE NATURELLE DES REPTILES. TOME CINQUIÈME. = RS O N SO US C KES A PARTS DurarT, Imprimeur-Libraire et éditeur, rue des Noyers, N° 22; Crez CHERE J k BERTRAND, Libraire, quai des Augustins, N° 55. A ROUEN, Clhiez VALLÉE , frères, Läbraires , rue Beffroi , N° 22. A STRASBOURG, Chez LEevrauzrTr, frères, Imprimeurs-Libraires. À EIMOCGES, Chez Barceas, Libraire. A MO N°T'P E LL MPFER, Chez Vipaz, Libraire. | A MONS, Chez Hoyos, Libraire. Et chez les principaux Libraires de l’Europe. NOTICE \FTER CAREFUL EXAMINATION OF THE NNER MARGIN AND TYPE OF MATERIAL HAVE SEWN THIS VOLUME BY HAND IT CAN BE MORE EASILY OPENED D READ. cs nel SEE dn PE rune À ME : | 3 HISTOIRE NATURELLE, GÉNERALE ET PARTICULIÉRE DES REPTILES: Ouvrace faisant suite aux Œuvres de LEcLERC DE Burron,et partie du Cours complet d'Histoire naturelle rédigé par C. S. SonNin1, membre de plusieurs Sociétés savantes. Par F. M DAUDIN, MEMBRE DES SOCIÉTÉS D'HISTOIRE NATURELLE ET PHILOMATIQUE DE PARIS. TOME CINQUIÉËÉM E. K 10 4: Lu UE © SS NY A PL DENAIN RATS DE L'IMPRIMERIE DE F. DUFART. AN Xi, AVERTISSEMENT. Pour remplir le but que je me suis proposé en commençant la publication de cette Histoire générale et particulière des reptiles, et pour rendre mon travail le plus complet qu'il est possible, je me suis adressé à M. Lacépède, dont j'ai ob- tenu alors la permission d’étudier la col- lection des tortues, des sauriens et des batraciens du museum national d’histoire naturelle , qui est confiée à ses soins 3 mais lorsque J'ai sollicité de jui la même faveur pour examiner Îles serpens qui s’y trouvent renfermés, M. Lacépède me Va refusée. Je joins ici la copie de sa lettre (1), afin de prouver aux Souscrip- teurs de cet ouvrage que je nai rien (1) « Mon cher confrère; vous savez combien je m'estimerai heureux toutes les fois que je pourrai vous donner une preuve de mon dévouement et de A 3 6 AVERTISSEMENT voulu négliger pour leur procurer les observations les plus nombreuses; et si jai eu le regret de ne pouvoir jouir d’une aussi belle collection que celle que le museum d’histoire naturelle de Paris possède, j’en ai été dédommagé par l'offre obligeante dé plusieurs savans naturalistes qui ont bien voulu me con- fier leurs collections. Je les prie d’accep- ter ici l’expression de ma reconnoissance. Je me suis particulièrement servi pour mon travail de celles de Beauvois, de Bosc, du voyageur Levaillant, etc. Jai mon estime, et vous procurer quelque moyen d’accé- lérer la publication de vos importans travaux. Ce seroit donc avec bien de l’empressement' que j’aurois l’honneur de vous envoyer le consentement que vous desirez , si je n’avois depuis long-tems commencé et assez avancé un grand travail sur la collection des serpens du museum, et si je ne devois pas terminer cet ouvrage d’abord après la fin de l’impression du cinquième et dernier volume in-4° de l’histoire des poissons , lequel paroîtra bientôt. Agréez mes regrets, mon cher confrère, et l’envie que j’ai de trouver bientôt une occasion de me dédommager de la priva- tion que j’épronve ». Signé, B.,G.E. L.Lacérèps. Le 22 vindémiaire, an 11. | AVERTISSEMENT. , moi-même une collection de reptiles assez nombreuse, et riche sur-tout en espèces três-rares. J’ai recu plusieurs serpens de Surinam qui mont été en- voyés par M. Debaize; enfin j'ai ajouté à toutes les observations que j'ai pu faire celles que j’ai puisées dans plusieurs ouvrages modernes très-précieux, tels que les suivans. 1°. BLAsius MERREM : Beytræge zur geschichte der amphibien, heîft 1 .et 2, in-4 , Duisbourg et Leipsick , 1790. Cet ouvrage renferme vingt-quatre espèces de serpens étrangers, bien figurés et soigneusement enluminés. 2°, PATRICK RUSsSEL : An account of Indian serpents of Coromandel, with experiments on their several poisons; in-folio ; Londres, 1796. Cet ouvrage et son Supplément con- tiennent cinquante-six planches très-bien exéculées. 3°, J. GOTTLOB SCHNEIDER : Historia À 4 8 AVERTISSEMENT. amphibiorum, fasciculus I et II, in-8°; Tena , 1801. Dans le premier il 4 fait connoitre le genre kydrus ; dans le second il a dé- crit plusieurs serpens qu’il a rangés dans des genres particuliers nommés par lui boa, pseudo-boa, elaps, anguis, amplu= boœna et cæcilia. Les recherches insérées par mon collègue Latreille dans l’ouvrage sur les reptiles, qu'il a publié il y a un an, conjointement avec C. S. Sonnini, sont très-précieuses pour les naturalistes. Il y a traité l’histoire des serpens d’une manière très-satisfaisante. J’annonce ici que J'ai adopté sa classification des ser- pens, et que je n’y ai fait quelques changemens qu’avec beaucoup de cir- conspection. On lui doit la découverte de plusieurs espèces nouvelles. TPE IE he A LT Pr SE SEPT ANT ILE SL -- SRE LR LAMANDRE. SHYDinandra. ris. et terminé par une jue ‘ou comprimée ères SOUS gue courte, épaisse. es sous lé à trois ou quatre rimée. Aibostérieurs à cinq - Languë ongles, et obtus. hue. Pas . si ( environ ). nviron | ANGAE ( ha. aères sou € COrps , vers l’an rgots; des i est cyli 4. Des ( TOTAL. 4 ORDRES. 48 CENRES. 610 ESPÈCES. DEAR EGEUNEUS A. PSE DST ET RCE RLCGECIEE CRT ES es EPA is dE RE OCR ASS ONE PUS FTaT: LE OP Ets 1* ORDRE. cmsronrr; ( testudines L osseuse, recouverte de pl eLterminé par une queue. Des mâchoires tranchantes cives. Quatre pieds munis de doi et d'ongles. Un sternum. métamorphose après qu sont éclôs. 1° Genre. ToRTUE. ï Testado. osseuse, recouverte d'un euir 4 ë tous onguiculés. 1° Section. "M MARINES. Btoires écailleuses, 6 Zipéces. 2° Section. x TONTURS D'EAU DOUCE. 36 Espèces. ; 3° Seclion. TORTUES TERRESTRES. en un moignon écailleux. 16 Espèces, LES CHÉLONIENS. Corpsenveloppé dansuneboîte quesécailleuses on d'un cuir, cornées, sans dents ni gen- Petits, ne sübissant auconc Corps renfermé dans une boîte Île plaques écailleuses. Quatre picds pourvus de doigts, tous ou presque OHÉLONES où TORTUES Pieds ct doigts aplatis en na- Pieds ayant leurs doigls distincts. Pieds /ayant leurs doigts réunis La troisième Classe du Règne Animal, divisée en Ordres et en Genres, par F. M. Daupin. ANIMAUX VERTÉBRÉS, ayant le sat OR ISR ERP DOI L'E: S: : } le 1 é lquefois de branchies. — Femelle ovipare ou ovovivipare, ayant deux ovaires et deux oviductus. ug froid; le cœur à un ventricule ; des poumons, accompagnés quelq E pare , SEC O.N D OR DRE. ) LES SAURIENS. ls sauRI; (lacertæ, exceptis salamandris L. ) et Corps enveloppé dns une peau couverte d'écailles ou de plaques, et terminé par une queue. Des gencives, ave des mâchoires munies de dents enchässées. gts Quatre où deux peds munis do doigts onguicalés. Un stornum. Petits, ne subissait aucune mélamorphose après qu'ils sont éclos. ils DROISIÈME ORDRE. LES OFPEHAIVD ILE NES: ©) PT 1 D INT ; | ( serpentes X:.) Corps enveloppé dans une peau couverte d’écailles ou de plaques, ou nue, terminé par une queue, ct'anguilliforme. Des gencives, avec des mächoires munies de dents enchâssées. Pas de pieds, ni de sternmn. Petit, ne subissant aucune métamorphose après qu'ils sont éclos. QUATRIÈME ORDRE. LES BATRACIENS. irnaon1t; (rarœ, salamandræ, tire L.) Corps enveloppé dans une pean nue, verruqueuse, on par- semée de tubercules ; sans queue, ou terminé par une queue. Des gencives, avec des mâchoires munies de dents à la plupart. Quatre ou deux picds, munis de doigts sans ongles; pas de sternum. Petits, subissant plusicurs métamorphoses , et avant des Lranchies externes et frangées en sortant de l'œuf. XIV. CAMÉLÉON. 11. CROCODILE. VI. TAKYDROME. X. AGAME. Crocodilus: Takydromus. Agama. Chamæteo. Corps alongé, comprimé sur les côtés, et couvert de petits grains écailleux, disposés irrégulièrement. Langue vermiforme, extensible; drique ou aplatie; gorge se gon-|tête bombée en capuchon en des- fant en forme de goître. Lañgue |sus; gorge se gonflant en forme de ourte, épaisscet peu fendue. «| goître. Queue prenante et granu- pieds amincis, alongés, tous à cinq |lée. Quatre pieds robustes, aplatis, doigts séparés et onguiculés. tous à cinq doigs séparés en deux Dos et ventre couverts de ran- épaïssi, entière gées de grandes plaques. Langie courte, adhérente. Queue trà comprimée en nageoïre, et munie en dessus d'une crête dentelé Quatre pieds robustes ; les posté rieurs à cinq doigts, dont troïs seulement onguiculés. Corps long, mince, cylindrique] Corps oblong, et verticillé, aïnsi que la queue, [ment couvert d“ ï longue. Langue alon=|dales ct réticulées, ainsi que sur le et fonrchue. Quatre pieds alongés, peu distans, tous à cinq doigts séparés et onguiculés. les rhomboï- ou queue, qui est longue, cylin- 2 Espèces. 7 Espèces. VII. IGUANE. paquets et onguiculés. 26 Espèces. 3 4 Espèces. III. DRAGONE. Tguana. XI. STELLION. XV. SCINQUE. Corps gros, alongé, couvert, ainsi que le ventre, de rangée transversales de petites écailles nombreuses ; une crête écailleuse et pectinée sur le dos et Ja queue; un &oître comprimé et pectiné sous la [ou disposées en travers. Langue &orge. Langur épaisse, courte et|épaisse, courte ct peu fondue rée. Qu 6 peu fenilue. Queue longue et légè- | s0rge se gonflant en forme de goître. etrevètue d'écailles im- rement verticillée, Quatre pieds | Queur déprimér, verticillée et com- | briquées. Quatre pieds robustes , robustes, tous à cinq doigts séparés | posée de grandes écailles pointues. |amincis, un peu courts, tous à cinq doigts séparés ct onguiculés, Dico, Stellio. Scincus. Dos et ventre couverts de ran- gées de plaques. Langue longue , extensible et fourchue, Queue com primée en nageoïre, crêtée en devant, et couverte d'écailles ré culées en arrière. Quatre pieds robustes , tous à cinq doigts sépa= rés et onguiculés. Corps oblong, épaissi, entitre- Corps alongé, couvert d'écailles mbriquées. Langue un peu épaisse, courte et échancrée, Queue longue ou court. ment couvert d’écailles réticulé ct onguiculés. 1 Eipèce. 9 Espèces. L 5 5 Espèces. 21 Espèces. Y. XII. ANOLIS. 1V. TUPINAMBIS. _—. VIII. DRAGON noi XVI. SE Tupinambis. nolis. F Draco. Seps. Dos et ventre courerts de pe- 7 Corps mince, alongé, entière- 4 tite écailles placées sur des lignes || Corps couvert d'écailles réticu-|ment couvert de petites écailles ,| Corps, cou ct queue très-longs, fonstensleangielonguepez- |lées; une large membrane en forme [ainsi quela queue, qui esblongue | mincer;pcylindriquesyerycouverts tensible ee fourehue, Queue stone daile, extensible et plisable sur cylindrique, ou comprimée etlégé-|d'écailles imbriquées, Langue un géo, plus où moins comprimée [chaque flanc, à l'aide de sept côtes: |rement crètée en dessus. Janguc| peu épaisse, courte ct échancrée. mures côtés légèrementrerticilé, [ln goître long. #t pointit sous le | épaisse et peu fendue; tâte alongér, | Quatre ou deux pieds infiniment sañs carène, ou munie d'une pe |tou. Langue épaisse, courte et peu | cou et gorge se gonflant en forme |Courts, minces, ayant un, deux, fite carène double: Quatre piels | fendue: Queue longue, cylindrique. |de goître. Quatre pieds aminis , | trois, quatre ou cinq doigts peu robustes, tous à cinq doigts séparis | Quatre piels aplatis, alongés, à [tous à cinq doigts séparés, ojgui-|distincts, ct onguiculés où sans et onguiculés. Singidoïgts minces, séparés et on- |culés , munis sous la dernièrepha-| ongles. Buiculés. lange de stries transversales. 14 Espèces. G Zipices. 3 Espèces. 8 Espèces. V. LÉZARD. XVII. CHALCIDE. IX: BASILIC. XII. GECKO. Lacerta. Chalcides. Baiiliscus. Gecko. Corps, cou et queue très-longs, XVII. Box. Des plaques entières sous le corps st cylindrique. et la queue, qu Anus simple, muni côté d'un ergot. Langue longue, extensible et fourchue, Pas de cro— chets venimeux, 18 Espèces. XIX. PYTHON. Python. Des plaques entières sous le corp. et Ja queue; celle-ci quefois de doubles plaques, et cy- lindrique. Anus bordé d'écailles et muni sur chaque côté d’un ergot. Langue longue, extensible et four chue. Pas de crochets venimeux. et la queue, qui est des doubles plaques Yenimeux. 1 Zipice. Des plaques en et la queue; celle-ci 2 Espèces. gorge se ponflant AL TEE rmintés par unie haute [En forme de goître. Queue one [ein doigts peu distinets, ct ongui- [membrane écailleuse et radite. |drique où déprimée, Quatre pieds | culés ou sans ongles. Rise pied robustes robustes, tous à cinq doigts spa 4 Espèces. igts tés; onguïeulés, munis sous la Mer nière phlange plus large détries transversales. ; tour à cinq éparés et onguiculés, 32 Espèces. 2 Espèces. 15 Zépèces. CA | 2 Reptiles. Towe V. Hurria. de crochets venimeüx. 5 Espèces. BOA. Des plaques entières sousle corps Anus simple, muni sur chaque côté d'un ergot. Langue longuë, exten- sible et fourchueMPas dé coChets XXI. BONGARE, Bungarus. 65 sousle corps Yers son milieu de doubles plaques , ct eylindrique, Anus simple et sang ergots. Une rangée longitudinale de grandes écailles sur le dob, Tan. gue longue, extensible et fourchue, Des crochets venimoux. XXII. HURRIAH. Des plaques entières sousl corps etla queue; celle-ci terminés auss: de doubles plaques, et cylindrique. Anus simple et sans ergots. Langue longue, extensible et fourche, Pas XXVIII. VIPÈRE. XXII. ACANTHOPHIS. Acanthophis. ipéra. sous le Des plaques entières souslecorps; des doubles plaques sous la queue, qui est cylindrique. Anus simple et sans crgots. Langue longue , 6x- tensible et fourchue. Des crochets venimeux. Des plaques entières corps ct le devant de la queut; des doubles plaques sous l’extré- mité de Ja queue, qui est cylin- rique et terminée par un érgot. Anus simple et sans ergots. Langue longue, extensible ct fourchue. Pas de crochets venimeux? sur chaque 52 Espèces. 1 Espèce. XXIX. COULEUVRE. XXIV. CROTALE. Coluber. Des plaquesentières sousle corps; des doubles plaques sous la queue, qui est cylindrique. Anus simple t sans ergots. Langue longue, ex- tensible et fourchue. Pas de cro- chets venimeux. Crotalus. munie quel- Des plaques entières sous le corps et la queue, qui est cylin- lindrique et terminée par de elots mobiles et sonores. Anu simple et sans ergots. Langue lon- 150 Espèces ( environ 5 Epices. gue, extensible et fourchue, Des crochets venimeux. Rx PANURES XX. CORALLE, 7 Espèces. Platurus. Corallus. XXV. SCYTALE. Des plaquesentières sousle corps; des doubles plaques sous la queue, qui est très-déprimée. Anus sim- ple et sans ergots, Langue longue, extensible et fourchue. Des crochets renimeux. Scytale. eyladrique: a sous le cou. Des plaques entières sous le corps et la queue, qui est cylin- drique. Anus simple et sans ergots Langue longue, extensible et four- chue, Des crochets vénimeux. 5 Espèces. 4 Lupècès. XXXI. ENHYDRE. XXVI. LACHÉSIS. ÆEnhydris. Des plaques entières sousle corps ; des doubles plaques sous ls queue, qui est très - déprimée. Anus sim- ple et sans crgots, Langue longue, extensible et fourchue. Pas de cro- chets venimeux. ZLachesis. Des plaques entières sous le corps et la queue, qui est cy drique et terminée par plusieurs rangées d'écailles pointues. Anus simple et sans ergots. Langue lon- ue, extensible et fourchue. Des crochets venimeux. munie aussi 5 Espèces (environ ). ZXXXII. LANGAHA. 2 Epices. Langaha. XXVII. CENCHRIS. Des plaques entières sous la par- tie antérieure du corps, ét de anneaux écailleux vers l'anus, qui estsimpleetsans egols; des écailles sous la queue, quiest cylindrique. Langue . . . 2.2. Des crochets venimeux, Cenchris. Des plaques entières sous Je corps ct la queue; celle-ci munie de doubles plaques sous sa partie antérieure, et cylindrique. Anus ple ët sans ergots. Langue lon- gue, extensible ct fourchue, Des crochets venimeux. 1 Ecpèce. 1 ipèce, XXXHT. ERPÉTON. Erpeton. Une rangée longitulinale à s plus larges sous le corps ; d ite P est cylindrique. Anus simple et sans ergois. Langue épaisse, adhérente Pas de crochets venimeux. écailles sous la queue , qui 1 Espèce. XXXIV. ÉRYX. Lryx. Des écailles sur toute ln peau; une rangée longitudinale d'écailles plus larges sous le corps et la queue, qui est cylindrique. Anus simple et s crgots. Langue courte, épaisse et échancrée. Pas de crochets veni- meux. 4 Espèces. XXXV. CLOTHONIE. Cothonia. Des écailles sur toute la peau; une rangée longitudinale d'écailles plus larges sous le corps et la queue, qui est cylindrique. Anus simple et sans ergots. Langue courte épaisse, échancrée--Dessorochets-remimeux. 2 Espèces. XXXVI. ORVET. Anguis. Des écailles revêtant entièrement le corps et la queue , qui est cylin= drique. Anus simple et sans ergots. Langue courte, épaisse, échancrée. Pas de crochets venimeux. 16 Æspèces (environ ). XXXVII. OPHISAURE. Ophisaurus. Des écailles revétant entièrement le corps et la queue, qui est cylin= drique; des oreilles externes ; un sillon longitudinal sur chaque côté du ventre. Anus simple ct sans ergots. Langue courte, épaisse, échancrée. Pas de crochi Yeni- meux. 2 Espèces. XXXVIIL. PÉLAMIDE. Pelamis. Des écailles revêtant le corps et la queue Aus simpl courte, é qui est très -déprimé etsans ergots. Langue aisse , Cchancrée. Pas de crochets yenimeux, 5 Espèces, XXXIX. HYDROPHIS. Hydrophis. Des écailles revêtant le corps et Ja queue, qui est très - déprir Anussimple et sans ergots. Langue courte, épaisse , échancrée. Des cro- chets venimeux. 6 Espèces. XL. ACROCHORDE. Acrochordus. Des tubercules écailleux, écar- tés, revêtant entièrement le corps et ka queue, qui est cylindrique, Anûs simple et sans ergots. Langue XLIII. RAINETTE. XLVII. PROTÉ. Hyla. Protæus. Corps un peucomprimé, along, sans queue. Langue courte, épaisse. Pieds antérieurs là quatre doigts , tous sans ongles, et terminés par des pelottes Jenticulaires. : | Corps alongé et terminé par une queue comprimée en nageoire. Lan: Bue courte, épaisse. Pieds an rieurs à trois doigts, et les posté rieurs à deux doigts sans ongles. 26 Espèces. Des branchies persistantes. 1 Espèce. XLIV. GRENOUILLE. XLVIII. SIRÈNE. ana. Siren. Corps épais, un peu comprimé, alougé, sans queue. Langue courte, épaisse. Pieds antérieurs à quatre doigts, et les postérieurs à cinq doigts, tous sans ongles, ct pointus. Corps alongé et terminé par une queue comprimée en nageoire. Lan- gue courte, épaisse. Pieds anté=|\ rieurs à doigts sans ongles; pas de pieds postérieurs. Des branchies persistantes. 17 Espèces. XLV. CRAPAUD. 1 Espèce. Bufo. Corps épais, un peu élargi, trapu, plus ou moins garni dé ver- rues, et sans queue. Langue courte, courte, épaisse, échancrée. Pas de crochets venimeux. 1 Espèce, XLI. AMPHISBÈNE. Amplisbæna. Le corps et la queue cylindriques, et entièrement entourés d'anneaux nombreux, à compartimens écail- leux, Aus simple et sans ergots. Langue courte, épaisse, échancrée. Pas de crochets venimeux. 2 Espèces. XLII. CÉCILIE. Cæcilia. Une rangée longitudinale de plis sur chaque côté du corps et de la queue, qui sont cylindriques. Anus simple et sans ergots. Langue courte, épaisse, Pas de crochets xenimeux. 4 Espèces. épaisse. Pieds antérieurs à quatre doigts, et les postérieurs à cinq doigts, tous sans ongles, et obtus. 52 Espèces. XLVI. SALAMANDRE. Salamandra. Corps alongé et terminé par une queue cylindrique lou comprimée en nageoire. Langue courte, épaisse. Pieds antérieurs à trois où quatre doigts , et les postérieurs à cinq doigts, tous sans ougles, et obtus, 20 Epices (environ ). TOTAL. 4 ORDRES. 48 GENRES. 610 Espices: D PS POTRE NATURELL®Y DES, R EL P.UT LL Rp ORDRE TROISIÈME. LES OPHIDIENS. Canacrères EssEnTieLs. Corps long, anguilliforme , flexible, revêtu d’écailles et de plaques, ou nu, dépourvu de pieds et de nageoires, et terminé par une queue ; des dents enchässées. Ces reptiles, vulgairement connus sous lé nom de serpens , sont en quelque sorte des sauriens privés de pattes. Selon les remarques d'Alexandre Brongniart, ils ont, comme les animaux des deux premiers ordres, les ché- loniens et les sauriens , 1°, Des os solides. 2°, Des côtes arquées et longues. 3°. Un larynx et une trachée - artère propres à produire un léger sifflement dans la plupart. 10 HISTOIRE 4°, Un organe extérieur de génération aux mâles. 5e, Un accouplement réel et qui a lieu intérieurement : la femeile porid ensuite des œufs à coquille calcaire , qu’elle, dépose dans des trous remplis de feuilles, sous des racines d'arbres, dans des lieux chauds et un peu humides. 6°. Des petits qui, au sortir de l'œuf; sont parfaitement semblables à leurs parens. Ils différent ensuite des chéloniens et des sauriens par les caractères suivans : 1°. Ils ont tous le corps flexible, long, anguilliforme, non enveloppé dans une boîte osseuse, recouvert d’une peau garnie d’é- cailles, de plaques, ou nue, dépourvu de pattes, et terminé par une queue souvent fort longue. « 2°. Leur colonne vertébrale est munie de côtes nombreuses, longues et arquées, qui ne se réunissent pas, le squelette étant dé- pourvu de sternum. 3°. Leur mâchoire inférieure a ses deux branches non soudées, et susceptibles de s’'écarter antérieurement. | 4°. Leur mâchoire supérieure a quatre branches, savoir : deux marginales et deux palatales. cit << FF DES OPHIDIENS. ai 5o, Les dents sont simples, aiguës et nombreuses sur les quatre branches de la mâchoire supérieure, dans les serpens inno- cens. Ces dents n’existent que sur les deux branches palatales, et il y a deux ou trois crochets venimeux longs, tubulés et arqués en avant de chaque branche marginale, dans les serpens venimeux. Le crochet le plus grand est antérieur et fixé après la branche osseuse ; les autres crochets sont mobiles, et sont destinés à remplacer le grand crochet lorsqu'il est tombé; alors ils grossissent et ne sont plus mobiles. 6°. Ils rampent sur le sol par des ondu- lations, par le moyen des plaques abdomi- nales et caudales, ou des écailles, ou des plis de la peau. 7°. Ils sont privés de trous auditifs ex- ternes, exceplé les ophisaures, vulgairement connus en Amérique sous le nom de serpens de verre. 8°. Ils n’ont qu'une oreillette au cœur. 9°. Les mâles ont une verge double (1) : (1) Il ne faut pas regarder cette verge double des serpens comme semblable à celle des tupinambis, qui est longue et très-fourchue; je crois même que la verge des cécilies n’est pas double, et qu’elle res- semble plutôt à celle des lézards et des scinques. 12 HISTOIRE les femelles pondent des œufs à coquille calcaire molle. Nous avons déjà donné quelques détails sur l’organisation et les habitudes des ophi- diens dans le premier volume de cette His- toire naturelle des reptiles, et nous nous sommes principalement attachés à faire con- noître tous les faits qui pouvoient contribuer _àles distinguer invariablement des autres ordres; mais, comme j'ai recu un certain nombre de renseignemens neufs et très- curieux sur les ophidiens depuis a publi- cation du premier volume de cet ouvrage, Jai cru qu'il seroit essentiel, pour intérêt et la satisfaction des lecteurs, d'insérer ici plusieurs articles détachés qui les mettront facilement au niveau des découvertes faites depuis peu sur l’organisation et les habitudes des serpens. Pour donner uñe des ne sorEtdette des caractères physiques qui sont propres à chaque espèce d’ophidien, 1l est nécessaire d'examiner successivement et avec soin les détails suivans 10. La longueur de la tête, du torps et de la queue. — Ces troïs parlies des ophi- diens sont très-différentes dans leurs dimen- sions selon les espèces ; les unes ont la queue DES OPHIDIENS. 13 trés-courte, d’autres Pont trés-longue par rapport au corps. J'ai eu soin, dans mon travail, d'indiquer à la fin de la phrase spécifique la longueur comparative de la queue par une fraction. 2°. La grande et la plus petite circonfé- rence de la tête, du cou, du corps et de la queue. __ Bo. La forme de la tête. — Elle est alongée en forme de pyramide à quatre faces dans les uns, courte et grosse sur-tout vers loc- ciput dans la plupart des espèces venimeuses. 4°. La forme et la position des yeux, des harines, des oreilles qui sont cachées sous la peau. bo, La forme de la langue. — Elle est extensible , fourchue et un peu cartilagi- neuse dans les couleuvres, etc ; courte, charnue , et non extensible ni fourchue dans les orvets, etc. 70. La forme des mâchoires; le nombre et la forme des dents. 8°. L'absence ou la présence des crochets venimeux ; leur nombre et leur forme; Vabsence ou la présence des vésicules à venin. à | g°. Le nombre, la forme et la disposition 14 HISTOIRE des écailles ou des plaques qui recouvrent la tête, le cou, le dos, etc. o°. Le nombre et la forme des plaques gulaires, ventrales et caudales, dans les-boas, les crotales , les couleuvres, etc. ; le nombre des anneaux transversaux des amphisbènes, des cécilies ; le nombre des rangées trans- versales d’écailles des orvets. 11°. La forme de l'anus, et des plaques ou des écailles qui l’entourent. 12°, L’indication des couleurs de l'animal vivant, et de l’altération qu’elles subissent après son immersion dans l'esprit de vin. J'ai fait remarquer , dans le courant de cet ouvrage, que l'esprit de vin et les autres liqueurs spiritueuses altèrent les couleurs les plus brillantes des animaux, sur - tout lorsqu'elles ne sont pas mélangées d’eau. La vipère hæmachate, par exemple, y peïd sa belle couleur rouge qui se convertit en un brun foncé. Cette partie si intéressante de la chimie animale n’a pas encore eté examinée avec soin, et personne ne s’est mème occupé de recueillir les faits princi- paux qui en dépendent ; c'est pourquoi je me permets ici une courte digression afin d'en indiquer quelques-uns. DES OPHIDIENS. 15 1°. Les écailles blanches, brunes, noires; violettes, nacrées, ou métalliques, ne sont pas altérables. | 2°, Les écailles d’un verd clair ou d’un bleu clair pâlissent un peu dans les cou- leuvres boiga, verte, nasique, etc. 3, Les écailles d’un verd clair deviennent peu à peu d’un bleu clair dans les lézards verds. À | 4°. Le verd pomme des raineltes com- munes, flanc rayé, etc., se rembrunit, ou bien quelquefois il disparoît et devient blan- châtre. _ Bo. Les couleurs bleues et de laque ne sont pas altérées dans la rainette bicolore. 6°. Le jaune blanchit toujours. 7°. L’orangé s’altère, roussit et pâlit. 9°. Le rouge se rembrunit ordinairement ; quelquefois il pâlit comme dans l’orvet rouge ; et il colore toujours la liqueur en un rouge terne. Ce dernier effet est très- remarquable lorsqu'on laisse pendant plu- sieurs jours des poissons rouges dans de l'esprit de vin. J'ai fait de nombreux essais sur les moyens de conserver les couleurs des reptiles sans aucune altération, et j'ai reconnu que les 16 HISTOIRE liqueurs altérent toutes plus ou moins les couleurs tendres, et que celle qui paroît les conserver le mieux consiste dans la recette suivante : Prenez de l’eau bien pure et de source ; saturez-la d’alun (ou sulfate d’alumine), puis mêlez-y un cinquième environ de son volume d'esprit de vin bien limpide ; passez ensuite le tout dans un filtre de papier, et conservez la liqueur dans des bouteilles bien fermées; elle résiste aux gelées, et doit être placée à l'ombre dans un endroit frais. Lorsque vous voudrez conserver un animal, vous commencerez par le laisser tremper pendant vingt-quatre heures dans un vase plein de cette liqueur, afin de limbiber et de lui faire dégorger tout ce qui pourroit troubler la limpidité de la liqueur clarifiée. Ce vase et la liqueur où l’on aura fait cette première opération devront toujours être réservés pour cet usage. Vous mettrez en- suite l’animal dans un bocal de beau verre blanc à large goulot, que vous couvrirez d’un rond de verre, après l’avoir rempli environ jusqu'aux trois quarts de sa hauteur avec la liqueur indiquée ci-dessus. Vous luterez ensuite le couvercle avec du mastic des vitriers DES OPHIDIENS 17 vitriers mêlé d’un peu de sain-doux : vous poserez alors le bocal avec précaution sur une planche à labri du soleil et de la cha- leur, puis au bout de deux mois, vous pein- drez en couleur à l'huile grasse le dessus du mastic, sil est assez sec. Ce lut au mastic n’est bon que lorsqu'on n’est pas obligé de déboucher fréquemment le bocal ; mais dans le cas contraire, il faut n’employer que du sain-doux sans aucun mélange. Pour conserver les reptiles hors des b- queurs, on peut les empailler d’après les procédés connus, en enduisant le dedans de la peau avec du préservatif de bécœur; ou bien il faut employer le moyen indiqué par Chaussier depuis quelques années (1), et mis par lui en usage avec infiniment de succès, pour la conservation des pièces ana- . tomiques. Ce procédé consiste à faire tremper pendant plusieurs jours, dans de l’eau dis- tillée, saturée de muriate suroxigéné de mercure, lereptile non vuidé qu’on veut con- server. Il doit être convenablement bourré de coton; et lorsqu'il est suffisamment im- (1) Bulletin des sciences , par la société philoma- thique; prairial an 10, n° 65 , pag. 118 et 119. Reptiles. Tome V. 5 LA 15 HISTOIRE bibé dans toutes ses parties de la dissolution saline, on le laisse sécher lentement dans un lieu aéré, à l'abri du soleil et de la poussière. Toutes les parties de l'animal se durcissent, et ne craignent ni la voracité des insectes ni aucune corruption. | Mais au resle, tous les procédés connus jusqu'à présent ne paroiïssent pas propres à conserver toutes les couleurs de la peau des serpens. Les voyageurs sont donc les seuls qui puissent contribuer plus efficacement à compnletter cette partie de l'Histoire na turelle des reptiles. On doit leur recom- mander expressément d'indiquer, non seu leinent les diverses couleurs dont la peaw des reptiles vivans est ornée, mais encore la disposition el la forme des taches ; ainsi que la place qu’elles, occupent. Jusqu'à ce jour on a regardé comme très-peu importante, pour la distinciion dés espèces, l’indication des couleurs, car -Linnæus n’en a pas fait mention dans ses phrases spécifiques; et cependant il est bien certain que la disposition des taches, ainsi que les couleurs, sont beaucoup moins su- jettes à varier dans chaque espèce que. le nombre des plaques et dés rangées trans= Versales d’écailles. Je pense donc. que Lin- DES OPHIDIENS. 19 hæus auroit mieux fait de ranger parmi les caractères principaux l'indication des cou- leurs, et de ne regarder que comme un caractère spécifique secondaire, le nombre des plaques et des rangées d’écaillés. Il y a une autre considération sur laquelle il im porte d’insister avec d'autant plus de raison, que les naturalistes paroïissent jusqu’à ce jour l'avoir un peu trop dédaignée, puis- qu'elle offre un moyen assez constant de séparer entre elles des espèces de serpens confondus ensemble par plusieurs observa- teurs, d'ailleurs profonds et éclairés. On a lons-tems supposé que la queue des serpens est toujours proportionnellement plus courte dans les jeunes individus que dans les adultes et les vieux; mais cette opinion, toute vrai- semblable qu’elle puisse paroître, n’est pes conforme avec les faits suivans. 10, Une vipère cherséa nouvellement née avoit irois pouces de longeur totale, et sa queue occupoit exactement la cinquième partie de cette longueur. J’ai aussi trouvé que Îa queue de la mère de ce vipereau étoit d’un cinquième, sans la plus légère différence dans la proportion comparative. J'ai déjà vu sept vipères cherséa de différens 20 HISTOTRE âges et de taille également différente, mais jai toujours observé les mêmes proportions. 2°, La couleuvre à collier, jeune ou adulte; a toujours sa queue d’un sixième de la lon- sueur totale. 5°. La couleuvre boiga, longue d’un pied et demi, a sa queue longue de huit pouces six lignes; et lorsqu'elle a trois pieds de longueur totale , sa queue a un pied cinq pouces de longueur , ce qui fait toujours prés de la moitié de la longueur totale. 4°. L'orvet commun, jeune ou vieux, a toujours sa queue aussi longue que le reste; de sorte qu'elle a deux pouces quand Ja longueur totale est de quatre, et qu'elle a huit pouces quand la longueur totale est d'un pied quatre pouces. 5°: Enfinil est prouvé que quelques plaques ou vertébres de plus ou de moins à la queue d’un serpent ne peuvent jamais faire une différence facilement appréciable dans les proportions comparatives entre plusieurs in- dividus d’une même espèce. Les personnes qui ont prétendu que la queue des serpens augmente avec l’âge plus à proportion que le corps, et que le nombre des plaques ven- trales et sous-caudales varie dans chaque individu par les mues et par l’âge,se trompent DES OPHIDIENS. 21 réellement , et je crois qu'il faut regarder comme autant de variétés distinctes de la même espèce tous les individus qui ne dif- fèrent que par quelques plaques ou par quelques rangées d’écailles de plus ou de moins, et qui se ressemblent d’ailleurs par la disposition des couleurs, par les dimen- sions comparatives, par la forme des tégu- mens, et par l’organisation extérieure et intérieure. Quelques modernes ont cru qu'il seroit plus avantaseux de former les genres prin- cipalement d’après les différences que pré- sentent la forme et la disposition des dents et des mâchoires , indépendamment de la présence ou de labsence des crochets veni- meux; mais il résulte de mes observations que l’organisation extérieure est absolument la même dans plusieurs ophidiens, qui n’ont pas d’ailleurs les dents et les mâchoires dis- posées de la même manière. Le genre hé- térodon, proposé d'abord par Pa'isot Beau- vois, et adopté ensuite par Latreille dans son Histoire des reptiles, ne doit être regardé maintenant, et de leur propre aveu, que comme une espèce de couleuvre dont je donnerai la description sous le nom de cou- leuvre hétérodon, quoique ses mâchoires et B 3 33 HISTOIRE ses dents ne soient pas exactement semblables à celles des couleuvres. ; Je crois au contraire, avec Laurenti, Daubenton et Latreille, que la présence et labsence des crochets venimeux doivent servir à constituer des genres dans lordre des ophidiens, sur-tout lorsqu'on peut réunir à ce premier caractère d’autres différences prises dans fa forme et la disposition des écailles et des plaques. On trouve des crochets venimeux dans ous les genres de la première colonne, et pas de crochets venimeux dans ceux de la seconcle. Crochets venimeux. Pas de crochets senimeux. © GENRES. j GENRES: 4. Bongare. 1: Bois: 6. Acanthure ? 2. Python. 7. Crotale. 3. Coralle. 8. Scytale. 5. Hurriah. 9. Lachésis. 12. Couleuvre. 40. Cenchris. 14. Enhydre. 41. Vipère. | 16. Erpéton. 13. Plature. 17. Eryx. 15. Langaha. 19. Orvet. 18. Clothonie. 20. Ophisaure. 22. Hyÿdrophis. 21. Pélamide. 23. Acrochorde. 24. Amphisbène. 29, Cœcilie, DES OPHIDIENS. 23 Les travaux des naturalistes sur les rep- iles ont été assez nombreux vers la fin du dermer siècle , et ils ont offert sinon des dé- couvertes importantes, au moins les moyens d'élever cette branche de la zoologie au niveau des autres. Les ouvrages de Merrem et de Russel ont prouvé que la considération des tégumens doit être regardée comme pré- sentant des caractères très-importans, ainsi que l’avoient annoncé Linnæus, Daubenton et Lacépède. La présence ou l'absence des écailles, des plaques et des doubles plaques sur la peau du corps et de la queue doivent invariablement servir à l'établissement des genres, et leur nombre approxunatif peuf offrir quelquefois un moyen auxiliaire de distinguer les espèces qui ont entre elles quelque analogie par leurs dimensions et par la disposition des couleurs dont elles sont ornées. 11 est bien prouvé cependant qu'il ne faut pas avoir une trop grande confiance dans le nombre des plaques, parce qu'il est sujet à varier dans les individus d’une même espèce, et parce qu’on ne pourra parvenir à cifconscrire d’une manière pré- cise la quantité des plaques et des doubles plaques que lorsqu'on aura observé un nombre suffisant d'individus ; d'ailleurs 1l 5 4 24 HISTOIRE est aussi certain que quelquefois on ren- contre des anomalies par rapport à ces plaques; tel est entre autres celle d’une couleuvre à collier (coluber natrix ) qu a deux plaques entières sous le milieu de Ia queue : elle est placée dans la collection de Bosc. Tel est encore le boa devin, figuré dans l’ouvrage de Merrem, fascicule 2; page 12, dont les plaques sont irréguhère- ment entremélées de petites écailles lisses qui paroissent être séparées de lextrémité de ces plaques par un vice d'organisation. Ces anomalies n’empêchent cependant pas qu’on ne puisse employer avec avantage la présence des plaques et des doubles plaques sous le corps et sous la queue. C’est ainsi que les naturalisies modernes ont observé des plaques entières sous le corps et la queue _ des boas, des scylales, des éryx; des plaques entières sous le corps, et des doubles plaques sous la queue des vipères, des couleuvres, des platures, des enhydres ; c’est aussi par le même motif que j'ai établi récemment les genres coralle, bongare , hurriah, python, cenchris, clothonie. Les plaques qui sont moins sujettes à va- rier, soit par le nombre, soit par la forme, sont celles qui recouvrent le dessus de la DES OPHIDIENS. 25 tête et qui bordent les mâchoires de la plu- part des serpens ; elles doivent être égale- ment désignées sous le nom de lames. Nous verrons dans nos recherches sur les serpens que beaucoup de ces animaux , entre autres les couleuvres, ont beaucoup de rapports par la forme de leur tête et par les plaques qui la recouvrent avec les sauriens qui cons- tituent le genre des lézards. Merrem a donné dans son ouvrage sur les amphibies une vignette représentant la tête d’un serpent vue en dessus et en dessous, et il a indiqué, par des numéros placés sur les différentes plaques, les noms qu’il a employés pour désigner chacune d'elles. Son travail sur cette partie n’est peut-être pas suffisam- ment précis, et présente par conséquent peu de clarté (1). Sans être obligé de recourir à (1) Voici comment Merrem a désigné les différentes plaques qui recouvrent la tête des serpens dessus et dessous : > . La plaque du sommet de la tête. B. Les plaques de la partie postérieure de la tête. C. Les plaques des paupières. D. Les plaques des tempes. E. Les plaques du front. F. Les plaques au dessus des narines, G. La plaque du museau. 26 HISTOIRE: une figure ,1l est possible de désigner toutes ces plaques par la région qu’elles occupent. 10, La plaque rostrale est placée au bout du museau; elle est ordinairement un peu échancrée sur le bord qui est tourné vers la mâchoire inférieure. Cette échan- crure indique en quelque sorte les espèces dangereuses ou voraces; c’est le caractère H. Les plaques de derrière les yeux. T. Les plaques de devant les veux. K. Les plaques des côtés du front. L. Les plaques des narines. M. Les plaques des bords &e la mâchoire supérieure e. N. La plaque de la lèvre de la mâchoire inférieure. O. Les plaques latérales de la même mâchoire. P. Les grandes plaques antérieures du dessous de la | mâchoire inférieure. Q. Les grandes plaques POSE de la mème mâchoire. R. Les plaques du bord de la mâchoire inférieure. S. Les écailles qui environnent les plaques posté- rieures du bord de cette mâchoire. T. Les plaques de la gorge. V. Une grande écaille entre les plaques de derrière la tête. Quelques autres grandes écailles derrière et à côté de ces mêmes plaques. Ÿ. Une grande plaque sur l’occiput à gauche, qui manque à droite. ’ ; DES OPHIDIENS. 27 de la férocité : il est plus senti dans les HA les vipères et les scytales. . Les plaques labiales. — Elles sont à peu près carrées, et pliées en deux pour _ border les lèvres. 50. La plaque ou la paire de té frontales. 4°. La paire de plaques ts 46 est au milieu d'elles que sont percées les narines. 5°, Ta plaque intra-nasale. — Elle est entre les deux narines. 6°. La plaque anté-nasale.— Elle est située _ entre la narine et la plaque rostrale. 7. La plaque post- nasale. — Elle est placée derrière la narine.” 8°. La plaque sus-orbitaire. ble re- couvre le dessus de l'œil. 9°. La plaque intra-orbitaire. — Elle est entre les deux yeux; c’est ordinairement la plus grande de toutes, et sa forme est ne . La plaque post-orbitaire est derrière Lo yeux. 11°. Les plaques sous-maxillaires. — On les voit sous la mâchoire inférieure; elles sont communément au nombre de quatre. 129. Les plaques cervicales, — Elles sont 28 HFES T'OPPREE placées sur le sommet de la tête, derriérë la grande plaque intra-orbitaire. 15°. Les plaques temporales sont situées sur les tempes. 14°. Les plaques polygones ou les lames sont toutes celles qui recouvrent le milieu de la tête en dessus, et le milieu du dessous de la mâchoire inférieure ; elles sont dé- crites séparément aux numéros 5, 4, 5,6, 7 51B% O:v10;; lil 12 jet) 19: 15°. Les plaques transversales sont pla- cées sous le ventre et la queue des boas, des couleuvres, etc. etc. Elles sont entières ou doubles, gutturales, abdominales ou sous- caudales. 16°. Les plaques entières (scuitæ Lin.) sont placées sous le ventre et la queue des boas, des scytales, des crotales, des coralles: on les nomme quelquefois les grandes plaques. 17°. Les doubles plaques ( scutellæ Tan.) s’engrainent les unes dans les autres sous la gorge des coralles , sous la queue des vipères, des couleuvres , etc. etc. 18°. La plaque ou les plaques anales. — Elles sont situées en avant de lanus, et servent à le recouvrir. Elles forment -en- semble un demi-cercle. DES OPHIDIENS. 29 Les écailles, ainsi que je lai déjà dit (tome IV , page 360), sont : 1° de pelits ongles de substance cornée; 2° ou des plaques osseuses adhérentes à la peau; 3° ou bien des compartimens durs et réguliers de la peau. Les écailles des ophidiens sont encore plus variées dans leurs formes que celles des sauriens, et l'examen approfondi que j’en ai fait m'a fourni les observalions suivantes : 1°. Les écailles proprement dites sont petites, nombreuses, rhomboïdales ou hexa- sones , lisses ou carénées , et toujours dis- posées entre elles sur des lignes transversales, obliques ou réticulées. Elles sont réparties sur toute la peau du corps et de la queue dans les orvets et les hydrophis; elles sont placéessur la tête et sous la gorge de quelques scytales et vipères. Elles garmissent le dessus du dos, de la queue, et les flancs des serpens munis en dessous de plaques transversales. Elles se prolongent sous la queue des lan- gahas et des erpétons. 2°, Les écailles en forme de tubercules écailleux sont placées sur la peau des acro- chordes. 5°. Les écailles en forme de compartimens écailleux sont disposées sur des anneaux 90 HISTOIRE très - nombreux autour du corps et de! la queue des amphisbènes. | 4°. Les écailles scutellaires ressemblent beaucoup à de petites plaques courtes eb iransversales; elles sont situées sur une seule rangée sous le ventre et la queue des éryx. bo, Les écailles latérales ou des flancs sont un peu plus grandes que les dorsales , lisses et disposées sur une où deux rangées contre les plaques abdominales et sous-caudales des crotales, des vipères, des couleuvres, etc. 6°. Les écailles sus-vertébrales sont hexa- gones, lisses, un peu plus grandes que les autres dorsales , et situées sur une seule rangée au dessus de la colonne vertébrale dans les bongares. 7°. Les écailles circa-anales entourent la partie postérieure de l’anus dans les pythons. 8°. Enfin dans les serpens qui sont revêtus d’écailles, on peut désigner les écailles d’après la région du corps où elles sont placées, de la même manière que je l’ai précédemment fait pour les plaques. Âfin de rendre plus intelligibles, pour les naturalistes qui voudront s'occuper de l’his- toire des serpens, les caractères que pré- sente la tête des ophidiens iles plus remar- quables, j'ai eu soin de joindre ici trois DES OPHIDIENS. 3 planches que j'ai fait peindre avec une grande exactitude, et sous mes yeux. J’ai fait dessiner au moins une espèce de chaque genre d’après nature, afin d'offrir dans un court espace un moyen simple de faire sur ces animaux de nouvelles recherches. Un travail soigné et complet sur la disposition que ces plaques et les écailles ont sur ja têle et sous la mâchoire inférieure, présen- teroit un moyen certain de former des sections très - naturelles dans chacun des senres, et ce seroit rendre un grand service à la science que de pouvoir s’en occuper. Ce moyen ne peut cependant pas être re- gardé comme convenable pour former des genres , mais il seroit sans doute avanta- geux pour offrir des caractères génériques secondaires. | | Voici l'explication des trois planches ci- . jointes; planches LIX, LX et LXI. Figure 1. Tête d’un jeune boa aboma vue en dessus, représentant les petites plaques polygones très-nombreuses, avec les cinq iraiis longitudmaux plus foncés. Fig. 2. La même tète vue en dessous, in- diquant la forme de la plaque marginale 92 HISTOIRE antérieure de la lèvre inférieure; le sillon longitudinal sous le menton; les petites étailles qui la recouvrent ; léchancrure du bas de la plaque rostrale, et les pre- mières plaques abdominales qui se pro- longent sur le milieu de la gorge presque jusqu'au sillon. Fig. 3. Tête du boa devin recouverte en- tièrement de petites écailles, avec des petites plaques très-nombreuses au bord des lèvres; la langué fourchue paroît un peu au dehors; et sur la tête sont indi- quées les trois traits longitudinaux plus foncés ; on voit le commencement des plaques abdominales; le dessous de la tête ressemble à la fig. 2. Fig. 4. Tête du python tigre vue en dessus; couverte de grandes plaques très -nom- breuses, dont plusieurs carrées, sont dis- posées comme des rayons sur le derrière et les côtés d’une paire de plaques cervi- cales ; les petites écailles du cou se pro- Jongent sur l’occiput, et derrière chaque œil on voit un trait brun; la tache qui est fendue antérieurement paroïît aussi sur le dessin. Observation. Les boas et les pythons sont | parmi DES OPHIDIENS. 35. parmi les ophidiens de même que les tupi- nambis parmi les sauriens. 11 y a entre ces animaux une grande analogie relativement à la forme de leur têle, aux tégumens dont elle est garnie, et même à leurs habitudes. Fig. 5. Tête du coralle à tête obtuse ; elle est revêtue de pelites écailles, avec des plaques sur le devant du museau, entre l'œil et la narine , et sur le bord des lèvres ; les mâchoires sont munies de dents aiguës. Fis. 6. La même vue en dessous, couverte de petites écailles ; sans sillon comme aux _boas; avec plusieurs plaques abdominales, dont les deux antérieures doubles. Fig. 7. L'hurriah à deux lignes vu en dessus ; ses plaques sont nombreuses, et sa tête est petite. Fig. 8. L’hurriah faux - boiga ; sa tête est grosse ; le dessus est couvert de grandes plaques peu nombreuses ; les lèvres sont bordées d’autres plaques ; l’occiput est couvert de petites écailles qui se prolon- gent jusques derrière chaque œil. Fig. 9. La même tête vue en dessous ; la mâchoire inférieure bordée de plaques, Reptiles, Tome V. C / 54 HISTOIRE garnie de six grandes plaques et: d’un sillon en devant, a sur les côtés de pe- tites écailles ; les plaques abdominales se prolongent jusqu’au milieu de la gorge contre le sillon. Fig. 10. L'acanthure cérastin ; ses plaques de la tête sont disposées de même qu'à lhurriah faux-boiga fig. 8 ; il a de plus une place bombée dessus chaque orbite, et deux longues plaques derrière les yeux ; son occiput est garni de petites écailles. Fig. 11. La même tête vue en dessous; elle ressemble un peu à celle de lhurriah faux-boiga fig. 9; elle n’a seulement pas de sillon, et ses plaques intermédiaires sont bordées d’autres grandes plaques. Fig. 12. La couleuvre bleue à deux raies ; sa têle est longue, couverte de très- grandes plaques peu nombreuses. Elle a beaucoup de rapports avec les couleuvres boiga et nasique, qui sont infiniment longues ét très-minces, et aui ont la fa- culté de ramper avec une vitesse extrême sur les ‘branches d'arbres et parmi les feuillages. dl PTS Adel daudin de que ÿ KI Qu se & ou J ] 74 W y, = €. Vo VLATÉ SJ. Ra tar MA gi) DES OPHIDIENS. 39 Fig. 13. Dessous de la’ même tête ; outre les plaques des lèvres , il y en a quelques autres alongées sous la moitié antérieure de la gorge ; l’autre moitié est revêtue de petites écailles, en sorte que les pla- ques abdominales ne commencent que sous l’origine du cou qui est vu de côté dans le dessin. | Fig. 14. La tête de la couleuvre nasique vue en dessus ; elle est revêtue de plaques disposées de même que dans la couleuvre bleue à deux raies, mais elles sont plus étroites, et ne recouvrent que la moitié antérieure du sommet de la tête; on ne voit pas une petite plaque triangulaire devant chaque œil comme à la fig. 12; et en avant du museau il y a une petite excroissance pointue et molle ; toute la partie postérieure de la tête est couverte de petites écailles qui s'étendent sur les côtés jusques derrière les yeux ; la tête de la couleuvre nasique est très-longue , et à peu près une fois plus large que le cou. Fig. 15. La tête de la couleuvre à collier est ici représentée vue en dessus, avec ses plaques qui sont à peine plus nom- | 0e r 36 HISTOIRE breuses que celles des couleuvres bleué à deux raies et nasique ; elles garnissent même la partie antérieure de la région occipitale ; l’autre partie est couverte d’'é- cailles carénées , semblables à celles du dos; la tache noire de la nuque qui borde le derrière du collier jaune, est indiquée dans cette figure. Observation. Les couleuvres Annocentes dont la tête est couverte de grandes plaques peu nombreuses, ont assez de rapports avec les lézards et les takydromies. Fig. 16. La tête de la vipère commune vue en dessus ; on a indiqué les plaques qui recouvrent la moilié antérieure de la tête; l’autre partie est garnie d’écailles très-petites et nombreuses qui s'étendent sur les tempes jusques derrière les yeux; les taches placées sur la tête de la vipère commune sont représentées sur cetle figure. Fis. 17. La même tête vue en dessous; outre les plaques labiales, 1l y en a de srandes sur le menton; les côtés sont cou- verts de petites écailles entre lesquelles sont placées les premières plaques abdo- minales, ou plutôt les plaques gutturales qui vont jusqu’au près du menton. Sr re | | IL LA 1 Le * ce NN +0 rer RE ere ee x & Voysard SP, re LS RETTE LCR LE PART EU Vaste" 4 var, + Ra DES OPHIDIENS. 37 Fig: 18. On voit ici l'extrémité de la queue - de la vipère commune; elle est placée de profil, et terminée par un petit ergot corné un peu courbé; on reirouve cet ergot au bout de la queue de l’acanthure cérastin , de la couleuvre noire et blan- “che, etc. etc. Fig. 19. La tête de la vipère fer-de-lance; on voit les plaques des lèvres ; de très- petites plaques dessus le museau ; une grande plaque sur chaque œil ; tout le reste est garni dé petites écailles ; le trait placé derrière l’œil est indiqué. Fig. 20. La tête de la vipère à lunette vue en dessus: est couverte de ‘plaques assez srandes , disposées comme dans l’acan- thure cérastin ; mais leur forme est dif- férente; les écailles du cou se prolongent derrière chaque œil. Fig. 21. La tête de la même vipère vue en dessous ; outre les plaques labiales il y en a six autres en devant de la mâchoire inférieure d’où partent les plaques gut- turales et abdominales. Ces dernières plaques sont bordées d’écaiiles sur les côtés. C 3 38 HISTOIRE Fig. 22. La tête du crotale à losange vue de profil ; elle a beaucoup de rapports ‘avec celle de la vipère fer-de-lance , fig. 19; la plaque sus-oculaire est un peu ridée ; au dessous de l'ouverture des narines il y a un petit trou, qui est regardé par Lacépède comme devant être l’ouver- ture des oreilles. Fig. 23. Le dessus de la tête du crotale à . losange ressemble beaucoup à celle du coralle à tête obtuse, fig. 6 , ‘par.ses plaques labiales, par quatre doubles pla- ques gutiurales suivies de plaques abdo- minales entières, et par ses nombreuses écailles. On voit de plus sous ce menton deux grandes plaques entre lesquelles est placé un petit sillon qui semble être pro- duit par l’élasticité de la peau, et par la faculté que les deux branches de la mâ- choire inférieure ont de s’écarter au gré de l'animal. Fig. 24. La tête du bongare à anneaux jaunes ; les plaques sont grandes, peu nombreuses, un peu élargies, bordées postérieurement , et jusques derrière les yeux, de petites écailles; on voit, outre la tache du cou, le commencement de DES OPHIDIENS. 3% la rangée longitudinale d’écailles plus grandes , à peu près hexagones, qui s'étendent sur toute la colonne vertébrale. Fig. 25. La tête du cenchris mokeson des _ Étais-Unis d'Amérique vue en dessus; les plaques sont peu nombreuses , assez grandes, et elles recouvrent la moitié antérieure de la tête ; l’autre moitié est couverte d’écailles nombreuses, plus ap- parentes en devant , et plus petites en arrière ; la langue fourchue paroit au dehors de la bouche. Fis. 26. La tête du bongare bleu vue en dessus ; elle est revêtue de plaques peu nombreuses devant les yeux , entre eux et sur son sommet; ces plaques sont bordées postérieurement d’auires petites plaques en demi-cercle, ce qui lui donne quelque ressemblance avec le python tigre ou pedda-poda, fig. 4; les écailles de loc- ciput et du cou s'étendent jusques der- rière les yeux. Fig. 27. La tête du scytale zig-zag vue en dessus; elle est entièrement couverte de très - petites écailles, avec des plaques sur les lèvres; on a indiqué le commencement des taches qui caractérisent cette espèce. C 4 40 HISTOFPR:E Fig. 28. La couleuvre hétérodon. Sa tête vue en dessus a sa plaque rostrale un peu trigone, relevée en pointe et aplatie en devant. Il y a une grande plaque hexagone entre les yeux, une plaque sur chaque œil, une plaque en devant et une autre en arrière de chaque côté; les écailles du derrière de la tête s'étendent aussi derrière les yeux. Celte couleuvre a l'apparence d’une vipère, mais elle n’est pas Venimeuse. | Fig. 29. L’hydrophis annelé. Sa tête est oblongue, amincie en devant, avec des plaques peu nombreuses qui la recouvrent en partie; les écailles de locciput sont petites et carénées , ainsi que celles du cou; le cou a des anneaux alternative- ment d’un noir bleuâtre et d’un jaune légèrement verd. Fig. 50. La tête d’un serpent venimeux Pr vipère élégante), vue de profil, écorchée, afin de montrer la vésicule à venin a, qui communique aux crochets venimeux b, et qui, pressée par le muscle post-ocu- laire f, laisse sortir son venin ‘par les crochets à, qui sont tubulés. Ces crochets sont placés à l’extrémité antérieure des DES OPHIDIENS. 43 branches marginales de la mâchoire supé- rieure ; et les dents simples c, qu’on voit à la même mâchoire, sont situées sur les” branches palatales. On découvre l'œil g, et l’ouverture de la narine À. La mâchoire inférieure n’a que deux branches margi- nales, munies de longues dents simples et antérieures d, et de petites dents simples postérieures e. Celte figure doit suffire pour faire connoître la principale dispo- sition des dents et des crochets, ainsi que la manière dont le venin est chassé de la vésicule par le crochet creux dans la plaie, lorsqu'on est mordu par un serpent venimeux. Fig. 31. La pélamide bicolore. Sa tête vue en dessus est très-alongée, obtuse en devant, élargie près de l’occiput, couverte en des- sus de grandes plaques peu nombreuses. La région occipitale est revêtue de petites écailles semblables à celles du cou et du dos. Cet ophidien habite dans les Indes. Forster dit qu'on le trouve dans la mer auprès d’'O-Taïii. Il diffère des orvets par sa queue comprimée, et des hydrophis parce qu'il n'a pas de crochets venimeux, mais seule- 42 HISTOIRE ment deux rangées marginales et deux palatales de petites dents à sa mächoire supérieure. | Fig. 52. La tête du boa élégant, vue en dessus. Les lèvres sont bordées de petites plaques; il y en a une au bout du mu- seau, et deux autres assez grandes dans sa parte antérieure. Tout le reste est couvert de petites écailles nombreuses, ce qui lui donne beaucoup de rapports avec le coralle à tête obtuse, fig. 5. Le cou est plus étroit que la tête, qui est un peu en forme d’un cœur , dont le museau seroit la pointe. Fig. 53. La tête du même, vue en dessous, et ne difftrant de celle du coralle, fig. 6, que par sa forme, par un sillon longi- tudinal en devant sous la mâchoire infé- rieure, par les plaques de la base de la lèvre supérieure un peu enfoncées der- rière les yeux, et par les plaques du dessous du cou ioutes entières et trans- versales. Fig. 34. La tête de l’éryx turc, vue en dessus. Elle est couverte de petites écailles, avec quelques plaques disposées par paires dessus le museau; les lèvres sont bordées Pa Ÿ S Ÿ S ES ES SE E SERPEN DI S A TETE DES OPHIDIENS. 43 de petites plaques; la bouche est peu fendue; les yeux sont petits, avec les narines peu distinctes. _ Fig. 35. La même tête vue en dessous. On voit le dessous du museau qui est muni d'une petite plaque enfoncée, large et étroite. Sous la gorge et le cou paroissent les petites plaques hexagones et transver- sales qui servent à séparer les éryx des orvetls. Fig. 36. L'orvet rouge vu en dessus. Il a des écailles imbriquées , de petites plaques sur les bords des lèvres, quelques plaques un peu grandes et par paire en avant des yeux, qui sont petits. Fig. 37. Le dessous de la tête du même. On voit trois plaques en devant sur le bord de la mâchoire inférieure ; les écailles sont assez distinctes et imbriquées. Sous le cou il y à une rangée d’écailles hexagones à peine plus grandes que les autres, et qui servent à rapprocher les éryx des orvets. Peut-être même seroit-il convenable de placer l’orvet rouge parmi les éryx. Observation. Dans, cet ouvrage j'ai com- paré quelque part les scinques aux orvets, et les chalcides aux amphisbènes à cause 44 HISTOIRE de leurs tégumens. Je crois qu’on peut en outre comparer aux éryx les scinques, qui ont sous la queue de larges écailles hexa- gones , assez semblables à des plaques, tels que le scinque rembruni. Fig. 38. L'orvet fragile. Sa tête vue en dessus est couverte de plaques peu nom- breuses ; le reste est couvert d’écailles imbriquées très-petites. On reconnoit les deux bandes longitudinales d’un blanc argenté, qui sont rapprochées et situées sur tout le dos; les yeux sont très-petits, et sur-tout les narines. Fis. 39. La même vue en dessous. Ses écailles sont infiniment petites, imbri- quées, et disposées sous le cou et le corps sur plusieurs rangées longitudinales. Fig. 40. La tête de l’ophisaure ventral, vue en dessus. lle est revêtue de grandes plaques peu nombreuses, et prolongées en pointe vers l’occiput, qui est couvert d’écailles imbriquées qui s'étendent jus- qu’auprès des veux ; les yeux sont petits, ‘et les narines peu apparentes. On aperçoit l'ouverture des oreilles derrière. la tête sur chaque côté du cou. DES OPHIDIENS. 45 Fig. 41. La même vue en dessous. Les écailles sont assez grandes, imbriquées, et disposées sur plusieurs rangées lougi- tudinales sous le cou. Fig. 42. La tête de lacrochorde de Java: Les lèvres sont bordées de petites plaques; les yeux sont petits. Sur la tête il y a en devant de petites écailles qui simbriquent derrière les yeux, et qui se séparent comme des ronds un peu bombés et à trois carênes dessus le cou. Je regrette que cette figure ait été copiée d’après un dessin; l’animal n’existe dans aucun cabinet à Paris. Fig. 45. La tête de l’amphisbène blanche, vue en dessus. Elle est revêtue de plaques et d’anneaux entiers, formés de petits carrés oblongs, qui sont des comparti- mens écailleux de la peau; les yeux sont très-pelits, et on les aperçoit au centre d’une petite plaque. Fig. 44. La même vue en dessous. Elle est en grande partie revêtue de plaques. ILy a des anneaux sous le cou. Big. 45 et dernière. La tête de la cœcilie à ventre blanc. La peau est lisse, très-fine- 46 FT ST 'ORRIE ment grenue çà et là; les yeux sont très- petits, ainsi que les narines; celles-ci n’ont pas de tentacules. La bouche est peu fendue, garnie de petites dents ; sa. lèvre inférieure est plus courte. Immédia- tement derrière la tête on découvre des plis ou anneaux au nombre de trois; ensuite viennent les plis latéraux qui servent aux mêmes fonctions que les anneaux entiers des amphisbènes. Observation. On a donné aux cœcilies ou ibiares comme caractères génériques d’avoir, ‘outre ces plis latéraux, deux petits tenta- cules auprès des narines; cependant j'en possède deux espèces dans de lesprit de vin, qui n’ont pas la plus lésère apparence de tentacules. OBS ERVATIONS SUR LES SERPENS () Le répugnance qu'inspirent généralement les serpens; la forte horreur dont la plupart des hommes sont frappés à leur approche et à leur aspect; telles sont sans doute les causes du peu de connoissances que nous avons recueillies sur ces animaux vraiment curieux et intéressans, et trop peu connus ceperidant jusqu’à ce jour. Leurs mœurs et leurs habitudes, la manière et les procédés qu'ils emploient pour saisir leurs proies, parmi lesquelles se trouvent des animaux si supérieurs à eux par d’autres facultés, telles que le vol et la course, et qui leur servent cependant de principale nourriture ; le nombre, la diffé- rence et la qualité de leurs dents; les moyens d'éviter leur morsure ou de se garaniir de (1) J’ai ajouté des notes à ce Mémoire très-inté- ressant , qui m'a été communiqué par Palisot Beauvois, membre associé de l’Institut national. \ 48 OBSERVATIONS ses effels ; enfin leurs différentes habitudes, soit en été lorsqu'ils sont répandus dans les bois et dans les plaines, soit en hyver dans leur retraite, sont autant de points essentiels qui nous restent à constaler, sur lesquels nous n'avons que des notions bien impar- faites, et qui manquent à l’histoire de ces reptiles. Douze années conséculives de voyages, tant en Afrique, dans les royaumes d'Oware / et de Bénin, que dans l’ile de Saint - Do- | mingue et dans les Etats-Unis d'Amérique, m'ont fourni de nombreuses observations sur les diverses branches de Phistoire natu- relle; je me bornerai dans ce Mémoire à rapporter quelques faits aussi nouveaux que singuliers, relatifs aux serpens. L'Amérique est une partie du Ho très-abondante en ces reptiles; on en ren-. contre de presque tous les genres connus, et un grand nombre d’espèces de chacun. La partie septentrionale de ce nouveau continent , où les chaleurs sont si excessives en été, et le froid en hyver plus vif, plus pénétrant, et d’une durée plus longue qu’en France, n’en est pas même exempte ; j'en ai rapporté trois espèces nouvelles, et recon- nues telles par M. Lacépède , à qui nous sommes SUR LES SERPENS. 49 sommes redevables d’une histoire intéres- sante et précieuse sur les serpens. Une de ces Lrois espèces , extrèmement curieuse par Ja forme et la disposition particulière de ses dents, différentes de celles de tous les serpens connus, m'a paru mériter sur-tout de fixer l'attention des observateurs (1). Depuis New-Vorck jusqu’à Savannah et au delà, et depuis les bords de la mer jusques très-avant dans l’ouest et le nord- ouest, on trouve abondamment des serpens à sonnettes (ou crotales) au nombre de trois espèces bien distinctes. Celle à qui Linnæus a donné le surnom d’horridus, si dangereuse dans le sud, dont on exagère si fort les effets de la morsure dans le nord, et que l’on connoît si susceptible d’être saisie par le froid et par la gelée, présente à l’œil de l'observateur dégagé de tout préjugé des par- ticularités aussi nouvelles qu'intéressantes et entièrement opposées à toutes les fables qu’on s’est plü à débiter sur son compie. Quelqu’effrayant que ce reptile paroisse aux yeux du vulgaire, il est constant qu'il est peu d'animal d’un naturel plus doux que le serpent à sonnettes. Jamais il n'atiaque (1) Couleuvre hétérodon, coluber Reterodon. Reptiles. Tome V. D bo - OBSERVATIONS les animaux dont il ne fait pas sa nourriture; et jamais il ne mord, à moins qu'il ne soit effrayé ou touché. Il n'est arrivé nombre de fois de passer dans un sentier, àla dis- tance d’un pied d’un boiguira ou serpent à sonnettes, sans qu'il ait témoigné la plus _ légère envie de mordre : j'ai toujours été averti de sa présence par le bruit de ses grelots; et en m’éloignant sans trop de pre- cipitation , il ne remuoiït pas, ne changeoit pas de position , et me laïssoit tout le tems de couper une baguette pour le tuer. Quel- que dangereuse que lon suppose que soit sa morsure, et qui l’est en effet dans cer- tains mois de l’année, si sur-tout il introduit son crochet dans une artère (alors sa mor- sure est presque incurable), on peut sans aucun danger le prendre à la main, lorsqual est dans sa retraite. On ne ly rencontre cependant pas toujours engourdi et dans l'inaction : ce n’est qu’au milieu de l’hyver seulement , et pendant les fortes gelées, qu'on voit ces animaux entrelacés par pelo- tons, et sans aucun mouvement dans leur retraite ; mais aux approches du printems, époque où, si j'ose m'exprimer ainsi, les serpens reparoissent au nombre des êtres vivans, le boiquira commence à se mou e SUI LES SERPENS. 61 voir; d’abora pour «e dégourdir et pour essayer ses forces, il & traîne lentement entre les racines des arbi:$; il s'anime pef à peu , à Mesure qu'il seat approcher le terme de sa Gptivité; on en a même vu quelquefois pai un beau jour devancer momentanément celte époque, sortir de leur trou, s’alonger et s'étendre au soleil ; mais alors ils ne mordent jamais ; surchar- gés de leur ancienne pau, dont ils atten- dent le moment de se épouiller , ils ne voient que foiblement come tous lesautres serpens, et Je suis trés-porté à croire qu'ils sont alors dans un état makadif, qui leur Ôte tout desir et tout pouvoir de nuire En février 1797, nous allâmes, Péale de Phila- delphie et moi, à la chasse des serpens à sonnettes , qui sont assez nombreux dans le New - Jersey : nous en primes neuf, et presque tous à la main, dans l’espace de deux heures. Quoiqu'ils commencçassent déjà à faire résonner leurs sonnettes, aucun d'eux ne témoigna la plus légère envie de mordre: . En été, ce reptite est plus dangereux; mais comme Je l’ai déjà dit, ce n’est jamais qu'après avoir été effrayé, ou touché, ou frappé, qu'aussitôt se repliant sur lui-même, D 2 52 OBSERVATICNS il fait entendre par se sifflenens el le bruit très-accéléré de se grelois, Penvie qu'il à de se venger. Alds, malheur à l’homme où à l’animal qui se trouve à sa portée! Jamais il n’aitaque s’ÿ n’est provoçué ; avec un na- turel doux et pacifique , 11 semble que la Nature ne lui ait donne des armes si ter- vibles et si dangereuses que pour pourvoir à sa subsislance uniquement, et pour se défendre. Sa monure , depuis le moment qu'il paroît au srand jour jusqu'en juillet, ne produit pas des accidens bien funestes. On a remarqué, et cette observation n’a pas échappé aux indiens qui nie lent con- firmée , que depuis juillet jusqu'au moment où il est prêt d'entrer dans son quartier d’hyver, tems de l’année où il mange le plus, elle est terrible et quelquefois mortelle. On sait que tous les serpens en général se retirent aux approches de l’hyver, suivant la nature du sol ou la température des lieux qu'ils habitent, ou sous des amas de grosses pierres, ou dans des trous pratiqués en terre par d’autres animaux, dans le voisinage du courant d’une source (1). Le boiquira pré- ———s (1) Quelquefois ils hyvernent aussi dans des trous d’arbres comme les loirs, ou sous des racines et dans des souches en partie réduites en terreau. F. M. D. F SUR ES SERPENS. 55 fère les lieux vo:ins des eaux de source. On ne sera peut -êt pas fâché de Lrouver ici une description dé différens sites où nous en avons rencontrt Nous fouillâmes plu- sieurs trous pratique sur les bords de la rivière Maurice; tous étoient tortueux et correspondoient à une ciambre distante de l'entrée de six à huit piels ;.c’est là qu'im- médiatement posés au desus de l’eau cou- rante, on les voit en pelotens et entrelacés ensemble sans mouvement. Notre conduc- teur nous mena ensuite dan:-un fond maré- cageux, etcouvert d’une quantité prodigieuse de sphagnum palustre, espèce de mousse dont les tiges avoient dix à douze pouces d’élé- valion. Avant soulevé cette mousse, dont Pextrémité étoit saisie par la gelée, qui étoit si forte, qu’elle avoit pénétré la terre nue jusqu'à la profondeur de douze à quinze pouces, nous aperçümes plusieurs boiquiras qui rampoient lentement-entre les racines des arbres, immédiatement au dessous de la nousse et sur un terrain fangeux, arrosé d’une eau courante, et nullement attaquée per la gelée. J’observerai en passant que ce fait me paroit susceptible d’être recueilh par les hommes qui s’occupent. de la culture; ils pourroient faire usage de cette mousse D 5 54 OBSERVATIINS pour la conservation des plates délicates et sujettes à être atteintes pe les gelées. La Nature semble avoï assigné aux ser- pens le même tems de epos que celui au- quel sont assujettis les arbres et les plantes des climats froids e’ tempérés. Il est bon d'observer que c'es toujours avant l'équi- noxe d'automne qu'ils se réfugient dans leur retraite hyémale , après avoir changé de peau ; et qu'ils n'en sortent qu'après l’équi- noxe du printems. Alors, semblables aux végétaux qui se dépouillent en automne des feuilles et des fleurs dont ils étoient parés au printems, et qui, après avoir passé ce tems de nullité auquel ils sont condamnés, Wen reparoissent que plus beaux et plus brillans pour remplir la loi universelle de la Nature, la reproduction; is se dépouillent de nouveau. C’est encore à l’une, et peut- être à chacune de ces deux époques, que les serpens vivipares, à crochets percés et venimeux , renouvellent ces sortes de dents canines, si on peut les appeler ainsi : J'en Juge par la quantité de ces dents que nous avons trouvées. J'ai même lieu de pré- sumer que leurs sonnettes tombent non pas tous les ans, mais au bout de plusieurs années. En effet, dans le nombre des boi= CE. SUR LES SERPENS. 55 quiras que nous avons vus, il s’en est trouvé de très- gros qui n’avoient que deux ou trois anneaux à la queue; d’autres beaucoup plus petits qui en portoient sept à huit, et nous avons ramassé plusieurs de ces son- nettes isolées qui indiquent assez qu’elles sont les dépouilles de ces reptiles. On a beaucoup, et très-diversement écrit sur la manière dont les serpens se saisissent de leur proie ; les uns leur attribuent une sorte de pouvoir magique, dont l'effet est de charmer et d’enchanter les animaux qu'ils fixent; d’autres, moins partisans du mer- veilleux , prétendent qu'ils leur inspirent une frayeur excessive, et que ceux-ci, comme étourdis et ne sachant plus ce qu'ils font, vont, viennent de côté et d'autre, fuient, reviennent, et finissent par se précipiter dans le soufre qui les engloutit (1); d’autres (x) On donne en général lépithète de merveilleux à tous les faits dont on ne peut se rendre compte par aucun raisonnement satisfaisant , et à tous les phéno- mèues qui sont trop extraordinaires pour qu’on puisse en connoître la cause ; tout le mende sait qu’il existe un très-grand nombre de faits qu’on ne peut expliquer dans toutes les sciences naturelles. 11 me paroît à peu près prouvé , d’après un grand nombre d’observations faites pardes voyageurs éclairés,que les serpens peuvent D 4 56 OBSERVATIONS enfin ont imaginé que les serpens répandent autour d'eux une odeur fétide, à l’aide de laquelle ils suffoquent les oiseaux, les écu- reuils, les lapins et les différens animaux charmer les animaux plus foibles qu'eux, et dont ils se nourrissent. Je crois qu’il est même possible d’ex- pliquer cette faculté particulière aux serpens d’une manière assez plausible , sans être obligé de la consi- dérer comme une puissance magique. | Lorsque nous apercevons auprès de nous un animal dont la férocité nous est connue , et que nous nous voyons exposés à un danger pressant , la première sensation que nous éprouvons cest l’effroi, et cette sensation est tellement violente dans les individus foibles et timorés, qu’elle leur ôte momentanément toute autre faculté , et qu’ils ne peuvent ni crier ni s'enfuir. L’effroi produit en eux une sorte de délire ou de stupeur qui ne leur permet pas de pourvoir à leur conservation. C’est cette sensalion portée à un très-haut déoré qui fait sans doute que les plus foibles animaux , tels que les petits quadrupèdes et les petits oiseaux, deviennent si facilement la proie des serpens. À cette cause on peut encore joindre, mais commé secondaire , celle que Paiisot Beauvois a indiquée ci- après. FM: « Lorsque je voyois à mes pieds un serpent à son- nettes roulé en spirale et prêt à s’élancer , dit Bartram, je m'éloignois précipitamment , à moins que l’horreur, m'engourdissant les membres, re m’enchaïnât sur Ja place, et ne m'Otêt pour quelques momens la force de SUR LES SERPENS. 57 dont ils se nourrissent. Il seroit diflicile sans doute de déterminer quels sont les moyens que ces animaux, dans l’état de liberté , emploient pour attirer leur proie; Je pense même que ce seroit s’exposer à errer, que de les admettre uniformes pour toutes les espèces. En effet, pouvons-nous croire, par exemple, que la couleuvre noire ( coluber constrictor ), qui rampe avec une prompti- iude surprenante, qui grimpe sur les ar- bustes, et qui n’est nullement venimeuse (1), fur ». ( W. Bartram, Voyage dans la Caroline, tom. II , pag. 2.) Francis Rowe, de Philadelphie (*), allant voir un de ses amis, son cheval s’arrêta iout-à-coup , épou- vanté par un énorme serpent à sonnettes qui barroïit la route. Rowe, qui avoit entendu parler du prétendu pouvoir de charmer attribué à l’animal de cette espèce, mit pied à terre pour détourner son cheval; mais le serpent s’étant entortillé pendant ce tes, fit entendre le son effrayant de sa queue, et fixa l’homme avec des yeux si pleins de feu , que celui-ci se crut attaché à la terre , et qu’une sueur froide lui coula de la tête aux pieds. Mais bientôt le courage l’emportant sur la peur, Rowe s’avança contre le serpent , et le tua d’un coup le fouet. F. M. D. (1) Rien de plus doux et de plus innocent que ce eptile : j’en ai pris avec la main nombre de fois, et (*; Voyage de Stedman à Surinam, in-8°, tom. IL, p.193. 58 OBSERVATIONS se serve des mêmes moyens que le boïqura animal lent, qui ne grimpe jamais sur la plus petile plante (1), et qui est armé, comme tous dans tous les tems de l’année ; souvent, à force de les agacer, j’en ai été mordu , el je n’ai jamais éprouvé d'autre accident que celui qu’occasionne une piquure d’épingle. Peale , dont j'ai déjà parlé, en eonservz continuellement eu vie ; lui et ses enfans les prennent et les mettent dans leur sein : il s’en sert pour faire Ja chasse aux rats, dont ils paroïissent être de puissans ennemis, P. B. (1) C’est mal à propos et par erreur que quelques naturalistes ont prétenda que le serpent à sonnettes grimpoit après les arbres : il ne quitte jamais la terre, sur laquelle il rampe très-lentement, P, B.: William Bartram, qu’on peut regarder comme lapologiste des animaux en général, et qui leur accorde une disposition naturelle à la bienveillance les uns avec les autres Jorsqu’ils ne sont pas tour- mentés par quelques besoins absolus , prétend prouver, à l’aide de plusieurs exemples cités dans la Relation de son voyage, que les crotales ne sont pas mal- faisans , à moins qu’on ne les provoque. Je ne ferai connoîlre ici que l’aue de ces preuves. « Etant sur les côtes maritimes de la Géorgie, je fis, dit -1l, avec quelques amis , une partie de chasse ct de pêche su Sapello , l’une des îles qui bordent la côte. Nous des cendimes en conséquence l’Alatamaha , traversäme le détroit, et primes terre sur l’extrémité nord d l'ile près du canal. Nous fixâmes notre camp dar SURCLES SERPENS. 59 les serpens venimeux ;/ de deux crochets funestes à tous les individus qui en sont frappés ? Cependant si l’on peut juger de ce une jolie position , à l'ombre d’un bosquet de chênes verds ét de lauriers, sur les bords élevés d’un ruisseau qui avoit sa source dans l’intérieur de l’île. Nous dominions ainsi un beau et vaste paysage; nos travaux ne furent pas sans succès, et nous nous trouvâmes pourvus abondamment de gibier, d’huîtres et de pois- sons pour notre souper. Il y avoit à environ cent toises de noire camp une source d’eau douce et fraîche qu’ombrageoit un petit bois de myrica odorant. Le sentier qui conduisoit à cette fontaine serpentoit au travers d’une verte savanne. Plusieurs fois pendant : la nuit j’allai visiter la fontaine , mais je ne me doutois pas, non plus que mes compagnons endormis, que chaque fois que nous en approchions nous courions le plus grand danger. Le matin, de bonne heure, excité par une soif ardente , je me levai pour aller à la source. J’avois presque passé la vallée lorsqu’à six pouces du sentier j’aperçus tout à coup un énorme serpent à sonnettes roulé en spirale , dont les cercles s’élevoient l’un au dessus de l’autre aussi haut que mon genou. Aussitôt que je pus revenir de ma sur- prise , je reculai précipitamment hors de sa portée , et je restai là pour le considérer ; il resta constamment tranquille pendant que je l’examinois, ne paroiïssant nullement inquiet, et fixant sur moi ses yeux à moitié fermés ; mon imagination étoit partagée entre la reconnoissance pour l’Etre suprême qui m’avoit pré- 6o OBSERVATIONS que sont ces repliles dans l’état de liberté, par ce qui se passe dans l’état de captivité, 1l est certain qu'ils n’inspirent aux autres animaux qu’une frayeur ordinaire et égale à celle que ressent tout être empressé à fuir et à échapper à son ennemi; que ces animaux r’éprouvent aucun enchantement, ni aucun accés de folie dont on prétend qu'ils sont saisis dès l'instant qu’un serpent les a fixés; accès de folie bien singuliers , et qui, s'ils existent, ne peuvent être que l'effet du venin introduit par une morsure précédemment faite ; enfin qu'ils ne répandent aucune riau- vaise odeur (du moins tous ceux sur lesquels nous avons fait des expériences ), encore moins une vapeur fétide capable de suffo- quer les animaux qui se trouvent dans leur atmosphère. Les nombreuses expériences faites par Peale depuis long-tems, et dont plusieurs ont été répétées conjointement avec moi, servé d’un si grand péril , et l’aëmiration pour Île caractère de ce noble et terrible animal qui nous avoit tous laissé passer tant de fois durant la nuit sans nous faire le moindre mal, quoique nous eussions dû le toucher presque avec nos pieds ».( W. Bartram, Voyage dans la Caroline et la Floride, in-8°, tom. IF, p23 5 ctsuiv.) FA. D. SUR LES SERPENS. 6z prouvent encore que le boiquira mange indistinctement tous les oiseaux morts qui lui sont présentés ; qu’il n'emploie aucun moyen surnaturel pour attraper et saisir les animaux destinés à devenir victimes de ses besoins ; qu’il ne mange point de grenouilles, dont le serpent noir, au coniraire, semble faire ses délices. Toute idée de fascination, de charme et d’enchantement répugne à notre raison ; il n’y a pas plus de sorciers et de magiciens parmi ces animaux, qu'il ne s'en trouve parmi les hommes ; l'astuce, l’adresse et la force, voila , pour les uns comme pour les autres, les seuls charmes et le seul pouvoir qui rendent toujours le plus _foible tributaire et victime du plus fort. On me saura gré, je pense, de rapporter quelques expériences faites avec Peale sur un boïquira qu'il a conservé cinq ans en vie et sur un serpent noir. Un oiseau en vie, le commandeur (icterus phæniceus ), a été mis dans la cage du boï- quira; 1l y a resté deux jours, pendant lequel tems le reptile n’a pas cherché à le mordre. L'oiseau n’anullement paru inquiet. L'air qu'il respiroit, à en juger du moins par sa contenance , n’éloit pas différent de celui qui circule dans une cage ordinaire 62 OBSERVATIONS et fermée. Dans cet intervalle de deux jours ce reptile a mangé un oiseau mort, de la mème espèce que celui qui y étoit vivant, et auquel il n’a pas touché. Un autre oiseau également vivant, le cardinal ( loxia cardinalis }, loin d’être effrayé de se trouver en compagnie du boi- quira, s’amusoil à becqueter dans la cage et à ramasser les grains de nullet qu'on y avoit jetés ; 1] changeoït souvent de place : nous l’avons même vu se reposer sur le dos du reptile; mais au bruit des grelots il s’est reliré. On a présenté au même serpent des grenouilles de plusieurs espèces, mortes et vivantes : 1l n’a touché à aucune. Il ren est pas de même du serpent noir; ce der- nier se précipitoit sur les grenouilles, et 1l nous a paru préférer les rainettes. Le même serpent se jetoit aussi sur les mouches et les insectes. Enfin un rat commun a été mis vivant dans la même cage avec le boiquira; à peine y a-t-il été introduit que le reptile à paru s'animer; le rat, un peu effrayé, fuyoit du côté opposé au serpent. Cette chasse a duré l’espace d'environ quarante secondes, avec beaucoup de sang-froid de la part du boi- SUR LES SERPENS. 63 quira et beaucoup de promptitude à fuir de la part du rat. Au bout de ce lems, le rep- tile, trouvant le moment favorable, s’est élancé sur sa proie et l’a mordue. Le rat alors a couru inconsidérément autour de Îa cage : le boiïquira ne se remuoit plus. Au bout d’une minute environ, le rat étant prodigieusement enflé tomba dans des con- vulsions, mourut, et fut avalé par son en- nemi. Ces convulsions sont sans doute ce que quelques observateurs anciens ont pris pour leffet de l’enchantement ou d’une frayeur extraordinaire ; mais elles ne sont que l'effet de la douleur et de l’agonie. Ces expériences ne suffisent peut-être pas pour résoudre entièrement et pour déter- miner le moyen dont les serpens font usage pour saisir leur proie, si facile à leur échapper par la course ou par le vol; mais elles me paroissent suffisantes pour faire rejeter toute idée de fascination , d’enchantement , de frayeur surnatureile et de vapeur suffocante. Quant à ce dernier article , je ne dois pas oublier de dire que les neuf boiquiras que nous avons pris avec Peale sont resles près de trois semaines dans la même boite; que l'ayant ouverte au bout de ce tems, nous 64 OBSERVATIONS n'avons reconnu aucune odeur parhicuhère et capable de produire l'effet qu'on suppose. Je terminerai cet aperçu par une obser- valion des plus curieuses, des plus impor- tantes, et qui nous explique un ancien préjugé aussi injurieux à la Nature qu'il est incroyable , et démenti par la propagation et par la régénération constante et non in- ierrompue de tous les êtres vivans. Les habitans de la Martinique (1), et ceux des (1) Dans un Mémoire que j'ai envoyé de Philadel- plie à l’Institut national , j’avois consigné l’observa- tion dont je vais faire mention. Elle avoit rencontré quelques incrédules , quoique Jj’assurasse avoir vu. J’étois résolu d'attendre que le tems et des obser- valions d’autres voyageurs travaillassent à ma justifi- cation en convertissant l’incertitude en réalité. Mais le hasard m’ayant servi plus promptement que je ne comptois, je me suis empressé de communiquer à l’Iustitut national la confirmation d’un fait aussi extraordinaire ; voici à cet égard la lettre que m’é- crivit à son arrivée d'Amérique Moreau Saint-Méry, conseiller d’état envoyé à Palerme , homme avanta- geusement connt&t dans la république des lettres , et digne de foi. à 24 « Jai repassé mes notes, mon cher confrère , et jy trouve bien positivement, comme dans ma mémoire, qu’à la Martinique , ma patrie, qui es aussi celle des serpens par milliers, il passe pour constant que la lieux SUR LES SERPENS. 65 lieux où l’on rencontre des vipères sont au- jourd’hui même encore imbus de ce préjugé. Ils croient que ies femelles des serpens mangent leurs petits lorsqu'ils sont trés- jeunes , et à une époque voisine de celle où elles leur ont donné le jour. Ce préjugé, tout incroyable qu'il est, parce que s'il en étoit ainsi la race des serpens seroit éteinte depuis long-tems, tire cependant son origine d’un fait faussement interprété. Cette erreur est d'autant plus facilement accréditée que la répugnance irréfléchie qu'inspirent tous les serpens, prête à toutes les idées défavo- xables qu'on peut présenter contre eux. T’observation suivante rétablit le fait dans toute son intégrité. Dans le premier voyage _ femelle de cet animal mange ses petits lorsqu'ils sont très-jeunes , et sur-tout à une époque voisine de celle où elle leur a donné le jour. Je regarde cette opinion universelle comme le même fait que celui de votre observalion sur la retraite que la femelle du serpent à sonnettes donne dans sa gueule à ses petits , retraite d’où elle les laïsse sortir lorsqu'elle les croit afranchis de tout danger. . » Quant à votre observation même , M. Guillemart m'a dit qu’il l’avoit vérifiée depuis vous ; et que vous v’assuriez qu’un fait vrai ». P. B. Reptiles. Tome V. E 66 OBSER VATIONS que j'ai fait parmi la nation indienne Tchar- lokée, appelée par corruption Chérochee, et par quelques-uns Chéroguoise, j'ai eu loc- casion de voir, dans un sentier que je suivois en herborisant, un boiquira ou serpent à sonnettes. L’ayant aperçu de loin, je m’ap- prochai le plus doucement possible ; mais quelle fut ma surprise quand au moment où j'avois levé le bras pour pouvoir le frapper, après avoir fait quelques pas de plus, je le vis s’agiter en faisant résonner ses sonnettes, au même moment ouvrir une large bouche et y recevoir cinq petits ser- pens de la grosseur à peu près d’un tuyau de plume. Surpris de ce spectacle inattendu, je me retirai de quelques pas et me cachaïi derrière un arbre. Au bout de quelques minutes, l'animal se croyant, ainsi que sa progéniture, à l'abri de tout danger, ouvrit de nouveau sa bouche, et en laissa sortir les pelits qui s’y étoient cachés. Je me re- montrai : les petits rentrèrent dans leur retraite, et la mère, emportant son précieux trésor , s’échappa à la faveur des herbes dans lesquelles elle se cacha. Ce fait m’avoit été assuré par plusieurs planteurs d'Amérique. J'avoue que je n’y avois pas ajouté une SUR LES SERPENS. 67 grande confiance; mais depuis mon départ d'Amérique il a été de nouveau vérifié, ainsi que le porte la note précédente, HSE Guillemart , voyageur anglais. Ce fait important est sans aucun doute le même que celui si mal interprété par les anciens, et qu'on voudroit encore nous pré- sentier comme une exception monstrueuse à la loi générale que subissent impérieuse- ment tous les êtres vivans. Il se trouve au- jourd’hui constaté d’une manière positive, et nous avons lieu de croire que de nou- velles observations et les recherches des voyageurs lui donneront bientôt une authen- ticité complette , s’il en avoit besoin. Alors renonçant au merveilleux et à la prévention pour ‘se rapprocher des causes simples et naturelles, on cessera de croire que, sciem- ment et volontairement, des femelles puissent dévorer leurs petits; en vain citera-t-on des exemples de quelques chattes ou d’autres animaux qui, dans Pétat de domesticité, mangent le fruit de leurs amours. Ces ex- ceptions extra - naturelles, dont nous ne soupçonnons peut-être pas même encore la vraie cause, ne pourroient jamais être mises en opposition avec celte tendre sollicitude, E 2 68 OBSERVATIONS cette vive affeclion maternelle qui domine si impérieusement dans le cœur des femelles de tous les animaux: affeclion qui fournit tant d'exemples de traits de force, de cou- rage , de grandeur d’ame parmi l'espèce hu- maine ; affection qui entraîne les mères de tous les animaux, qui les porte à s’exposer aux plus grands dangers, à combaitre, à braver même des ennemis beaucoup plus forts et plus puissans qu'elles ; affection enfin qui chez elles ne connoit d'autre borne d'autre frein, d'autre loi que le salut et la conservation des êtres foibles, innocens et sans défense à qui elles ont donné le jour, Pendant mes différentes courses dans les Etats-Unis, j'ai rencontré presque tous les serpens qui habitent touie celte pariie de l'Amérique; ; je les ai étudiés avec soins, et FA reconnu : o. Que Fespèce appelée dans le pays 1 Pie parce qu'elle est de la couleur de la chaussure des indiens qui porte ce nom, est ou mal ou point du tout décrite. J'y ai reconnu tous les caractères de la vipère ; mais les écailles doubles au dessous de l'anus étoient suivies de plaques entières comme celles du ventre. 5; ce caractère est constant, æ SUR LES SERPENS. 6g ce serpént doit faire sans aucun doule un senre particulier (1). 2°. Que le serpent ot ee dont le dos est sarni de losanges régulières et blanches, ést une espèce distincie qui jusqu'à présent a été mal à propos confondue avec le crotale boiquira (crotalus horridus Tan. ), et que Jai appelée crotale à losanges ( crotalus Ab GR + °, Que le serpent appelé hog-nose ( nez de pp ) n'est pas le scytale à groin, mais la couleuvre que j’ai nommée hétérodon, et qui m'a d’abord paru devoir faire un genre nouveau à cause de la forme et de la dis- position de ses dents. 4°. Que les serpens à crochets venimeux sont tous vivipares (2), et ne doivent pas rester par conséquent dans les mêmes genres que les serpens qui ne sont pas venimeux, - et qui pondent des œufs (1) Jai fait des genres de plusieurs serpens qui ne diffèrent des boas et des scytales que parce qu’ils ont des doubles plaques sous leur queue ; j’en ai nommé un cenchris. L'espèce dont parle ici Palisot Beauvois est le cenchris mokeson. FM: D: (2) Ou plutôt vipères. ( Voyez tom. I, pag. 210.) ANT D: F9 70 OBSERVATIONS bo. Que les espèces des différens genres peuvent être distinguées par le nombre des dents qui n’est pas le même dans chacune, au lieu de faire usage uniquement du nombre des plaques ou lames très-souvent incertain. 6°. Enfin j'ai reconnu la sorte de nour- riture propre à plusieurs espèces, et dont je me suis assuré en les ouvrant. : C’est d’après ces observations que j'ai formé le tableau ci-joint. Je le présente plutôt comme un modèle que je propose que comme un travail achevé. Je finirai ce Mémoire par un état des remèdes employés par les indiens contre la morsure des serpens venimeux, sans ce- pendant donner aucune certitude de leur efficacité. Les américains de la Caroline se servent avec succès, à ce qu'ils prétendent, du suc exprimé d’une plante dont la vertu a été découverte par un nègre, à qui pour ré- compense on donna la liberté. On la nomme en anglais plantain. J'ai long-tems pensé que c'étoit une espèce de plantain, plantago; mais d’après l’inspection de la plante qui m'a été montrée par plusieurs américains planteurs, je puis affirmer qu’elle n’appar- tient pas au genre plantago de Linnæus. On NT TJ —— UNE à ; 2—80 . à bandes rouges et ol. | noires ( an col. ful- ; plus ? ) Col: |: . |. 8o—94 . Des petits poissons , | grenouilles , insectes, vers. Lo ds nee ; Des sauterelles et au- tres insectes, Mob dl dt dou . | Des raïnettes , insectes | et vers. Col. . QE à AL SR EEE L Ipem, (ton pourroit joindre d’autres caractères, et neue. Mais je pense que le nombre des dentindéterminé, von pas qu’il existe dans la népose maintenant, ont eu plusieurs dents LA Page 70 0 me) TABLEAU COMPARATIF DES DENTS DE PLUSIEURS SERPENS DE L'AMÉRIQUE SEPTENTRIONALE, PAR P. BEAUVOIS (1). MACHOIRE SUPÉRIEURE. LEUR BRANCHE CXTÉRIEURE. BRANCHE INFÉRIEURE INTÉRIEURE NOURRITURE. DENTS À CROCHETS DENTS OÂDINAIRES 7 ‘ de chaque côté, de chaque côté. de chaque côté. de chaque côté, Des écureuils, oiseaux de différentes espèces, rats, souris: Crotalns durissus L. Des lapins, écureuils, oiseaux, rats, souris. Cr.rhombifer. . . Des sauterelles et au- tres insectes, des vers. Cr. miliaris L. . . . . + 0, . . les deux inférieures trois fois plus grosses. Vipera berus L. À observer. Des insectes, des vers, mulots , musaraignes. na. Al ent « Coluber heterodonr Des oiseaux, de petites tortues naissantes , grenouilles, salaman- dres, le ratamphibie.- Col. erytrogrammus. Comme le précédent ; de plus l’écureuil de terre, des lézards , la rainette. Des lézards, le serpent à bandes rouges et noires ( ar col. ful- ; vius ? ) Col. getulus L. . . ï Des petits poissons , Br Re grenouilles, insectes, vers. Col. fulvins L. . . | Les dents sont à observer . . . . . . Des sauterelles et au- tres insectes, Des rainettes, insectes et vers. COPÉTARAUE s & | ÉBRENENENEN EN S ONA NOTE GO VIENT A Ten. a ee en DRE Mo OP Inew, (7) On concevra aïsément que ce Tableau imparhit n’est qu'un modèle que je propose, auquel on pourroit joindre d’autres caractères , et notamment , comme l’a fait Jacépède, le nombre es plaqnes du ventreet des écailles de la queue. Mais je pense que le nombre des dents est le plus sur pour distinguer parfaitement chaque espèce. J'ai souvent donné nn nombre indéterminé, non pas qu'il existe dans . . cr fe . 4: . . 1 js, la nature, muis parce que les mâchoires , que j'ai rapportées avant que d'avoir eu l’idée que je propose maintenant, ont eu plusieurs dents cassées, ce qui en rend le nombre très-incertain. Reptiles. Tone V, SUR LES SERPENS. 91 me l’a toujours fait voir dans un très-jeune âge, n'ayant encore poussé que les premières feuilles; je ne puis donc dire de quel genre elle est; mais je présume que c’est une espèce d’aster ou d’erigeron. Cette vérifica- tion me paroît aussi importante à fanre, que des expériences bien répétées sur l'utilité de cette plante, ses vertus bien constatées seroient un bienfait rendu à l'humanité. Dans les premiers momens de la mor- sure , les indiens ont trois sortes de remèdes qu'ils emploient indistinctement. Le premier, et celui que Je crois le He eflicace de tous les remèdes connus, est la succion de la plaie, lorsqu'il est possible de lemployer. Le second est le tabac mâché, puis comprimé sur la morsure. Le troisième est la poudre à canon également appliquée sur la plaie après y avoir fait une ou plu- sieurs incisions , à laquelle ils mettent le feu. * Rendus chez eux, et dans la suite du traitement, ils font usage de plusieurs plantes pilées et écrasées. Celles qu'ils emploient le plus souvent sont plusieurs espèces de lactuca et la racine du prenanthes alba ; ils font également usage de la racine, des tiges et des feuilles d’une espèce d’Aclianthus, E 4 72 OBSERVATIONS Dans les cas désespérés ils pilent lécorce de la racine du tulipier; ils n'ont assuré en avoir obtenu des succès surprenans. Dans le cours du traitement , ils se pur- sent avec la racine du spiræa trifoliata. Ce remède leur procure ie double avantage, selon eux, de les purger et de les faire vomir abondamment, et peut-être plus qu'il ne seroit nécessaire pour ne pas altérer les forces et le tempérament. Soit qu'ils aient voulu me cacher leur vrai remède , soit qu’en effet ils n’en aïent pas d’autres que ceux que je viens de ciler, ils nv'ont paru ne faire aucun cas du poly- gala seneca liant vanté, et que plusieurs anciens voyageurs ont donné comme Îa plante dout ils faisoient le plus grand usage contre la morsure des serpens. Cette plante croît abondamment dans leur pays ; je la leur ai montrée nombre de fois; ils n’ont jamais su me dire le nom d’après lequel ils la distinguent, et nr'ont assuré n’en faire aucun usage (1). (1) Indépendamment de ces différens végétaux , les indiens qui habitent dans l’intérieur de la Guiane emploient plusieurs plantes qui leur paroïssent avoir quelques vertus , telles sont les suivantes : sesamure SUR LES SERPENS. 73 H est bon d'observer que les indiens, dans toutes leurs maladies , font beaucoup d'usage des plantes de la famille des com- posées ( syngénésie Lin. ), ainsi que de écorce du tronc et des racines de plusieurs arbres. Le gin-zeng, qui croît abondamment dans leur pays, est pour eux une plante d'agrément , dont 1ls mâchent les racines fraîches uniquement par goût. Pour rendre plus complet ce Mémoire très-intéressant, que Palisot Beauvois a bien voulu me permettre d'insérer dans mon ouvrage , et afin de faire connoître tout ce qui a été écrit jusqu’à présent sur le venin des serpens , nous croyons devoir ajouter à ce que nous avons déjà dit sur ce sujet ( tom. [, pag. 125 et suiv. )}, que l’alkali volatil, ou l’eau de luce qui est de lalkali volatil uni à l'huile de succin, sont de tous les remèdes ceux qui ont le mieux réussi ortentale , arum colocasiaæ, aristoloshia trilobata , ma- ranta arundinacea. Mais l'efficacité de ces remèdes a été contestée avec raison par C. S. Sonnini , dans un recueil d'observations très-instructives sur les scrpens de la Guiane , qu’il a publié dans le Journal de phy- sique , année 1776. PAM D: 74 OBSERVATIONS jusqu’à ce jour pour guérir de la morsure des vipères et des crotales ou serpens à son- nettes, ainsi qu'il est prouvé par les expé- riences de Bernard de Jussieu, de Lebeau, de Sonnini et de Bosc; expériences que Latreille a insérées dans son Histoire des reptiles à l’article de la vipère (1). Il faut s'empresser de sucer avec force la plaie récente, et d'en faire sortir du sang par le moyen de la scarification : on fait boire au malade six à neuf gouttes d’eau de luce dans un verre d'eau pure; on en frotte plusieurs fois la partie mordue; on fait cou- cher le malade, et on tâche de provoquer aussitôt des sueurs abondantes; quelquefois on doit réitérer l'emploi de l’eau de luce : au reste, il faut traiter le malade selon l'effet plus ou moins violent du venin, et d'après la disposition de son tempérament. Nous avons vu dans le Mémoire précédent que la morsure des serpens venimeux est regardée comme incurable par les améri- cains lorsqu'elle a pénétré dans une artère; et cette opinion doit être adoptée comme véritable, lorsqu'on n’a pas employé tout (1) Latreille, Histoire naturelle des reptiles ,in-18, tom. Ii], p. 255. SUR LES SERPENS. 75 de suite les moyens curatifs les plus effi- caces : si même elle est exacte à la rigueur, on peut supposer alors que les expériences de Fontana et de Russei sur les effets de l’eau de luce et de l’alkali volatil n’ont pas eu de succès, parce que les animaux sur lesquels ils ont opéré avoient été mordus sur une artère. Au reste, il paroîit que les moyens curatifs doivent varier selon le dégré d'activité du venin, et selon lespèce de serpent dont on a été mordu. Dans tous les cas on doit employer la succion sans aucun risque, parce qu’il est prouvé que le venin ne peut nuire que lorsqu'il est mêlé avec du sang, et non pas lorsqu'il est avalé. 76 OBSERVATIONS ÉORIEO RATE Des Observations et des Expériences de RusseL sur les serpens venimeux qui habitent au Bengale. Lire Mémoire précédent est le résultat de nombreuses recherches sur les serpens à sonnettes de l'Amérique septentrionale; et comme il est très-important de pouvoir comparer ces recherches avec celles que Russel vient de faïre dans l’Inde sur la côte de Coromandel, l’auteur de ce Mémoire, Palisot Beauvois, s’est chargé avec ‘infini- ment de complaisance d'extraire de l’ou- vrage sur les serpens, par Russel, tout ce qui peut intéresser les naturalistes, et je présente ici cet extrait auquel j'ai fait de légers changemens. Sur quarante-trois serpens examinés eË décrits par Russel, il n’y en a que sept venimeux ; et les expériences qu'il a faites portent principalement sur les quatre sui- vans, savoir, 1° le gedi paragoudou (bongare bleu}; 2° le cobra de capello (vipère à SUR LES SERPENS. 77 lunette); 5° le katuka rekula poda (vipère élégante); 4° et le bodrou pam (vipère verte ). | 1] paroît que le cobra de capello (vipère à lunette) et le katuka rekula poda sont ceux dont le venin est le plus actif. D’après une comparaison faite du venin des serpens indiens et de celui du serpent à sonnettes et de la vipère commune sur les mammiféres, il est à remarquer qu'il produit chez tous à peu près les mêmes symptômes, mais que ses ellets sont plus ou moins prompts et plus ou moins mortels. La morsure du ser- pent à sonnetles a donné en Angleterre la mort à un chien en deux minutes, tandis que celle des plus dangereux serpens de Vinde n’a jamais fait périr un chien qu’au bout de trente-sept minutes, selon Russel; mais cette différence ne prouve pas sans réplique le plus ou moins de force du venin, et ne peut provenir que de la partie atta- quée. Russel auroit dû dire à quelle partie l'animal a été mordu, et si la morsure a portée sur une arlère ou sur un Vaisseau ; il passe pour constant en Amérique que, lorsqu'une de ces deux parties est mordue par le crochet venimeux du serpent à son- nettes, 11 n’y a pas de remède. ne) OBSERVATIONS / Russel pense qu’il seroit téméraire d’affir= mer que le venin des serpens produit les mêmes effets sur l’homme et sur les ani- maux ; mais 1l observe avec raison que les expériences faites sur les derniers peuvent conduire à des conjectures, fournir des demi-preuves, et jeter quelque lumière sur les suites de la morsure sur les hommes. Les observations de Russel sont divisées en huit sections. 1. La première section contient quatre expériences, faites avec le gedi paragoudou. ou bongare bleu. Deux poulets ont été mordus par le même animal, mais dans des circonstances différentes. Lorsqu'il fit da première expérience, le reptile étoit souf- frant et fatigué d’un voyage de sept heures; ce ne fut qu'avec difficulté qu’on parvint à lui faire mordre un poulet, qui mourut au bout de quarante minutes sans aucunes convulsions. Cinq. jours après, le même rep- tile, ayant changé de peau et paroiïssant en pleine vigueur, mordit un poulet à l’œil : l'oiseau fut aussitôt saisi de stupeur ; au bout de dix minutes il étoit incapable de se tenir debout; un quart d'heure après il étoit étendu sur la terre comme sil dormoit ; il fit quelques efforts pour se relever, en SUR LES SERPENS. 79 penchant la tête d’un côté et d’autre ; il entra en convulsions et périt au bout d’une demi-heure. Un fort chien fut mordu par un serpent de la même espèce à la cuisse ; il cria beau- coup au moment qu'il se sentit piqué , mais marcha librement : au bout d’un quart d'heure il se coucha et cria:; on voulut le contraindre de se lever, mais ses deux cuisses se trouvoient paralysées. Il empira de plus en plus, cessa de crier, et vomit abondam- ment ; il devint engourdi et resta couché sur le côté. Au bout de deux heures il mourut, après avoir eu très-peu de con- vulsions. Une chienne maigre fut mordue près de laine. Elle fut quinze minutes sans laisser voir aucune apparence de maladie; cin- quante minutes après la morsure, elle se coucha et parut très-affectée; on voulut la forcer de se lever, mais ses deux jambes se trouvèrent également paralysées. Elle vomit un peu, et eut desconvulsions qui durèrent jusqu'à la mort, laquelle survint soixante- dix minutes après la morsure. II. La seconde section contient vingt ex- périences faites avec le serpent à lunette sur des chiens et des poulets; les résultats 80 OBSERVATIONS sont au fond les mêmes que dans les expé- riences précédentes ; mais Russel rapporte un fait curieux et qui me paroît assez inté- ressant pour être répété plusieurs fois. Il a fait mordre un chien par un serpent à lunette qui avoit perdu ses deux premiers crochets les plus longs , mais qui conservoit les inférieurs. Le chien fut mis en liberté, et se mit à chasser pendant une heure et demie; on le ramena haletant et très-fati- gué; il refusa l'eau qui lui fut présentée, mais avala quelques morceaux de pain trempés. Un quart d'heure après il devint malade, vomit, hurla et parut inquiet; dix minutes après il vomit une seconde fois; prit un ai menaçant, s’anima contre le pieu auquel il étoit attaché, et ne cessa pas de hurler. Les convulsions se laissèrent aper- cevoir dans les muscles de la face. Au bout de la troisième heure il devint furieux à un tel point quon fut obligé de lui lier les jambes. Depuis ce tems le mal empira; les muscles de la face continuèrent à être con- vulsifs de plus en plus: il languit ainsi pen- dant plus d’une heure et expira. La partie mordue noircit de la largeur à peu près d’un pelit écu. Les symptômes de rage observés dans celte SUR LES SERPENS. 84 cette expérience sont très-singuliers, et donnent lieu à ces observations. Sont-ils düs à l'exercice forcé qu’avoit fait le chien; peuvent -ils être la suite d’une morsure faite par les seconds crochets qui sont mo- biles et ne sont pas fixés de manière à pouvoir mordre le corps le moins dur ? Dans le nombre des expériences faites par Russel avec le serpent à lunette, il en ‘est une autre qu'il est à regretter qu’il n’ait pas suivie d’une manière plus décisive. Il a observé que les pigeons et les poulets mor- dus par un serpent dont on a arraché les crochets (1), ne sont point empoisonnés ; mais en leur inoculant ie poison de ce même serpent , ils éprouvent les mêmes symptômes que ceux dont la morsure est suivie, et souvent la mort. III. La troisième section a pour objet des expériences qui ont été faites avec Le katuka (1) Ceite observation vient à l’appui de notre réflexion sur l’expérience précédente , et prouve ou que le chien est mort de la rage qu’il avoit gagnée par un exercice forcé , ou que les seconds crochets étoient ixes et avoient complettement remplacé les premiers qui étoient tombés naturellement, | Reptiles. TomE V. | F 82 OBSERVATIONS rekula poda. Elle contient vingt-trois expé- riences sur des poulets, des chiens, des lapins et des cochons d’Inde. Les effets du poison ont élé à peu près les mêmes; mais ils n’ont pas été suivis de la mort dans plu- sieurs cas, notamment sur un chien qui avoit été mordu six fois, et une fois inoculé avec le venin. Ces expériences annoncent assez ce que nous avons dit, que la morsure est plus ou moins dangereuse suivant la partie qui en est affectée. Un cheval, ayant été mordu aux deux côtés du nez par le katuka rekula poda, enfla prodigieusement et par dégré jusqu'à la gorge, et refusa de la nourriture, vomit ce qu'il avoit dans lestomac, el parut très- accablé; mais on dinuuua l’enflure par une fomentalion émoiliente , et vers le Ur'oisième jour l'animal se trouva guéri. ir IV. La quatrième section contient onze expériences faites avec le bodrou pam sur différens animaux. Les effets du venin ont été reconnus avoir moins de force, mais ils offrent les mêmes symptômes, c’est-à-dire, enflure , stupeur, vomissemens:, paralysie sur les parties mordues, convulsions et la mort. Pels sont en général les résultats plus # SUR LES SERPENS. 83 ou moins prononcés de toutes les expé- riences faites par Russel. V. La section suivante a pour objet trénte expériences faites sur dilférens animaux avec le venin de plusieurs serpens, inoculé soit avec des aiguilles, soit avec des fils, des scalpels ou des sétons. _ Six ont été essayées sur des chiens; au- cune n'a produit la mort. Dés vingt-quatre essayées sur des poulets ou des pigeons, huit seulement ont causé la mort. | Il est bon d'observer que le venin n’à été introduit que dans la peau; il seroit important de vérifier si, étant introduit dans un vaisseau ou une artère, il ne pro- duiroit pas constamment Ja mort. VI. Cette section contient des expériences faites avec les remèdes employés contre le venin des serpens. Russel çonclut de celles qui sont rapportées dans les sections précé- dentes : 1°. Que le venin des différens serpens est plus ou moins funeste. 2°, Que les symptômes qu'il produit sur les corps de divers animaux sont à peu de chose près les mêmes. 3°. Que le progrès de ces symptômes, dès F 2 84 OBSERVATIONS lè moment qu'ils ont commencé, suivent à peu près le même cours, mais plus ou ji rapidement. Que ces symptômes se font quelquefois Fe subitement, en général depuis trois jusqu'à dix minutes après la morsure, mais Fès arement après une demi - hbre , Que lorsqu'un serpent est nouvelle- ne à attrapé, sa morsure est plus funeste que lorsqu'il a été conservé pendant quelque terms ; mais que la mauvaise qualité du venin, quoique diminuant de force, n’est pas dé- truite par la caplivité, miême lorsqu’elle est accompagnée du jeûne; et que lorsque le reptile paroît trop foible pour tuer de grands animaux, il est encore assez puissant pour tuer des oiseaux, quoique moins rapide- ment. ; _ Ge. Que lorsqu'un serpent fait plusieurs morsures dans un jour, la première, toules irconstances égales d’ailleurs, est en général Er funeste et d’un effet plus prompt. os, Que le venin des serpens ne tue pas ent tous les animaux, car ils surmontent HREEEE les symptômes dan- sereux; et qu'en général lé danger de la mort est proportionné à la Abtoneelet à Yapparition plus subite des symptômes. : SUR LES SERPENS. 85 8°. Que le tems où ces symptômes sont suivis de la mort, varie considérablement. Les chiens n’ont jamais été tués aussi promp- tement que les oiseaux; et les époques, dans les uns et dans les autres, ont toujours paru à Russel correspondre à la grosseur de l’animal mordu. F g°. Que l'insertion artificielle du venin ne produit pas les mêmes effels que la morsure de lanimal, mais que les symp- tômes qui ont lieu sont exactement Îles mêmes, et l'évènement non moins faneste proportionnellement à la grosseur de la- nimal, selon Russel. Je ne vois dans ce résultat rien qui ne me paroisse avoir été dit par Fontana et autres, si ce n’est l'observation sur l’inser- tion artificielle ou l’inoculation du venin, dont les expériences n’ont peut-être pas élé assez multiphées. Après avoir observé qu’en Europe on a beaucoup écrit et fait beaucoup d'expériences sur le venin du serpent à sonnettes et de la vipère , Russel représente qu’il a agi d’après les seules inductions dans ses expériences sur le serpent à lunette et le katuka rekula poda; et que ses essais doivent plutôt être envi- sagés comme les premiers pas faits dans un F3 86 OBSERVATIONS plan d'observation qu'il espère devoir être suivi après lui. « Une multitude d'expériences, dit-il, ont été faites sur le poison de la vipère, et les expériences ayant suffisamment confirmé l’inefficacité des remèdes internes les plus en réputation, j'ai dû donner la préférence par mes essais au remède indien, sanctionné par la plus respectable autorité, celui que lon emploie avec le plus de sûreté et sou- vent avec succès. Ce remède est la pillule tanjore (éanjore pill) dont je donnerai dans us instant la composition. J’observerai seu- lement ici que larsenic en est un des prin- cipaux ingrédiens, et que chaque pillule de six grains est réputée contenir les trois quarts d'un grain d’arsenic. » Russel rapporte un grand nombre d’ex- périences faites avec ce remède sur des chiens, des Japins et des poulets mordus, soit par le serpent à lunette, soit par le katuka rekula poda. Ces expériences répétées et variees ont été tentées avec toute la prudence et la sagacité d’un homme entraîné par le desir d’etre utile. Il résulte qu'il a souvent réussi avec les pillules de tanjore; ‘mas, prévenu à tort par les essais de F'on-. tana contre les autres remèdesrecommandés, SUR LES SERPENS. 87 ia nésligé de les employer, même Palkali volalil sur lequel les expériences de Bernard de Jussieu, etc., ne laissent aucun doute. Il paroît aussi, d'après Fontana, faire peu de cas de la succion ; et cependant ce moyen semble devoir produire de bons effets, et mérile d'être essayé avec plus de constance qu'on ne l’a fait jusqu'ici. Russel à encore fait usase des scarifications, de la brülure avec un fer chaud, ou de l’applicatisn de différens caustiques. Ces moyens ne lui ont pas toujours été infructueux , mais ils lui ont moins souvent réussi que les pillules de tanjore. | Je ne dois pas oublier de dire que ce remède , employé sur des hommes mordus par des chiens enragés, lui a plusieurs fois réussi, Recette du remède de tanjore. Egale quantité, 1. D’arsenic blanc. 4. Amande de Nervalam. 2. Racine de velli-navi. 5. Poivre. 35. Idem de neri-visham. 6. Vif-argent. « Mélanger et frotter le vif argent avec le jus du coton sauvage (asclepias gigantea Linn.), jusqu'à ce que les globules soient entièrement disparus ; y joindre les autres F 4 88 (OBSERVATIONS ingrédiens et battre le tout, jusqu’à ce qu'ayant acquis une certaine coniistatels on puisse le diviser en pillules. Manieère d'en faire usage. « Si une personne est mordue par un serpent à lunette, donnez une pillule d’une dragme mêlée dans un peu d’eau chaude. Si au bout d’un quart d'heure les symptômes du venin augmentent, donnez deux autres pillules ; si cette dose est insuffisante, donnez une quatrième pillule une heure après ; cela suffit généralement; mais il faut ouvrir la blessure et appliquer dessus un foie chaud de volaille. Contre la morsure de toutes sortes de vipères donnez deux pillules ; et si le venin n'est pas détruit dans l’espace d’une heure, il faut réitérer la dose; si le malade paroît être dans un grand danger, on peut la porter à quatre pillules; dans ce cas 1] faut faire une incision sur le haut de la tête, frotter une pillule pulvérisée sur la plaie, puis y appliquer un foie de vo- laille. » Pour la morsure des autres serpens moins venimeux , 1l suffit de donner ure pillule tous les matins pendant trois jours. Le malade doit observer un régime pendant SUR LES SERPENS. 89 six jours, en mangeant seulement du riz et de la bouillie de riz, ou du riz au lait. Il doit s'abstenir de sel et ne boire que de l’eau chaude. Il faut l'empêcher de dormir pendant les premières vingt-quatre heures». On regrettera que Russel n’ait pas donné les noms botaniques des différentes plantes qui entrent dans la composition de ce re- mède, avec lequel on auroit pu faire des essais en Europe sur les hommes et autres animaux attaqués de la rage ou mordus par des serpens venimeux ; mais il n’est pas resté assez long-tems dans l’Inde pour y recevoir les plantes qu’il attendoit. Tout ce qu'il nous apprend, est que ce qu’il appelle le coton sauvage est l’asclepias gigantea, et que l’amande du nervalam lui a paru être la graine d’une espèce de croton. Pour suppléer à ce défaut, Beauvois a fait des recherches dans les ouvrages de Reed, Bur- mann et autres; mais il faut que les noms soient différertnment écrits, ou que ces plan- tes soient inconnues , car il n’a trouvé dans les ouvrages de ces botanistes aucun nom semblable. On y trouve bien les noms de velli-nar: et navi; mais il n’a aucune au- torité pour penser que ce soient les mêmes plantes désignées dans Russel. 99 OBSERVATIONS. … Quoi qu’il en soit, et dans l'espérance qu'un jour des voyageurs nous éclairciront sur ce point important, le public verra sans doule avec plaisir les expériences faites par Russel sur chacun des ingrédiens sé- parés qui composent les pillules de tan- jore. « Cinq grains de la racine du velli-navi, dit-il, tuent presque, sans exception, les poulets dans moins d’une heure. Quelque- fois ils en ont été visiblement affectés au bout de dix minutes, mais généralement en moins d'une demi-heure. D’abord ils sont purgés deux ou trois fois, deviennent languissaus, et se couchent sur le ventre; la gorge est dans un état de tremblement presque continuel, et la tête se penche par intervalle d’une manière convulsive. Le tremblement affectant tout le corps, les convulsions ne tardent pas à se faire sentir dans les jambes, et l'oiseau expire quelque- fois dans l’espace de quatre minutes , mais presque jamais au delà d’une heure vingt minutes. Un ou deux poulets qui ont ré- sisté ont été malades pendant plusieurs heures ; mais je n’en ai pas vu un échapper après avoir été frappé de convulsions. » Dans tous, le jabot est devenu très-enflé, SUR LES SERPENS. qi mais je n’ai rien observé de or après la dissection. » Une demi-dragmeé du velli-navi mêlée avec un morceau de pain trempé dans du lait, a été donnée à un fort chien le matin avant qu'il eüt pris aucune nourriture. Au bout d’une demi-heure 1l fut malade, de- vint iumobile , la bouche ouverte , haletant et sa langue pendante : cependant il but du lait et de l’eau qu'on lui présenta. La ma- ladie accroissant, il refusa de boire, et hurla considérablement. Il se coucha , ses flancs furent très-agités : au bout d’une heure il vomit et devint encore plus mal. Il resta dans cette situation l’espace de trois heures, pendant lesquelles il but deux fois par inter- valle : il ne se vuida que dans l’après-midi ; le soir il fut très -bien. » Le neri-visham à la dose de cinq grains ne produisit d'autre effet sur des poulets que . de les purger doucement une ou deux fois; porté à dix grains, il fut suivi des mêmes effets, mais plus violens. On donna à deux poulets une infusion de deux dragmes de la racine, un quart à l’un et le reste à l’autre. Le premier ne fut pas plus affecté qu'avec la poudre ; le second parut malade; il lan- guit pendant une heure ou deux, fut purgé 9? OBSERVATIONS modérément, et se trouva aussi bien qu’au- paravant. » Le nervalam à la dose de cinq grains n’eut aucun effet visible sur les poulets; à la dose de vingt grains, il les purgea beau- coup et à plusieurs reprises. » Il résuite de ces expériences qu'aucune des plantes, excepté le velli-navi, n’est mortelle. » Russel, après avoir essayé chaque ingré- dient séparément, a donné à divers animaux. un mélange de ces menus ingrédiens, ou, pour me servir de ces expressions, des pil- lules tanjores. Il en est résulté que quatre pillules n’ont pas fait mourir les chiens, et qu’une seule suffit pour tuer un poulet. Russel n’a point eu d'occasion d'essayer le remède indien sur les hommes; mais il rapporte les effets que produit sur eux les morsures des serpens, et d’après Duffin, deux cures faites avec les pillules de tanjore, desquelles il résulte que les principaux eïfets du venin ont été une forte affection sur Forgane de la vue, et une propension au sommeil. L'un des malades avoit été mordu par le serpent à lunette et l’autre par le viryen pambou. Une troisième personne idées par é / SUR LES SERPENS. 93 serpent à lunette fut guérie avec le même remède et de plus avec une bouteille de vin de Madère chaud. Deux autres circonstances sont citées pour prouver le prompt effet du venin des ser- pens sur des personnes privées de secours. L'une est morte au bout de six heures, après avoir été mordue au petit doigt du pied droit par un serpent ,que par la descrip- tion on suppose être celui que les naturels appellent min-nuig-paum ; Vautre mordue au poignet par le même serpent, mourut une heure après son camarade. L'une et l’autre sembloient endormies. Russel cite un autre cas, dont la cure est vraiment curieuse. Un soldit ayant été mordu à la cheville du pied par un serpent à lunette, on lui appliqua de Peau de luce sur la blessure , puis on lui fit avaler deux bouteilles de vin de Madère chaud , à la faveur d’un entonnoir, car, étant attaqué de spasme , il avoit les mâchoires fortement serrées. Pendant trois heures on continua d’arroser la plaie avec de Peau de luce de manière qu’une bouteille entière y fut em- ployée. Il resta pendant douze heures dans une stupeur que Russel attribue au vin de Madère plutôt qu'à l'effet du poison. C’est 94 OBSERVATIONS aussi à ce spécifique, si communément em= ployé dans toutes sortes de cas et sans dis- tinction, tant en Angleterre que dans Ÿ Amé- rique septentrionale, que l’auteur attribue la guérison de ce malade (1) plutôt qu'à l'eau de luce. sui VIEIL. Dans cette section Russel rend compte des expériences qu'il a faites relativement à l’action du venin sûr quelques animaux. Il résulte de ses observations que le nems (1) « Le vin de Madère, dit-il, est un remède interne communément employé par les européens (c’est-à-dire les anglais) dans de semblables occasions, et l’on cite beaucoup de personnes sauvées pour y avoir eu recours ». J’observerai en passant qué les anglais et es américains ont une grande confiance dans le vin de Madère; c’est pour eux le remède ani- versel. Je l’ai vu ordonner à Philadelphie dans la fièvre jaune et quelques autres maladies inflammatoires , à Norfolck, à New-Yorck, par tous les médecins amé- ricains ; aussi n’ont - ils sauvé ancun de léurs malades. Au mépris de l'exemple des médecins français, qut, en ordonnaut des remèdes doux et calmans dans une maladie inflammatoire , ont sauvé presque tous les malades qui les ont consultés dans l’origine de la ma- ladie, ils ont persisté dans ce remède qui flatte leur palais. Qu'on ne s’étonne donc plus des ravages de la Hevre jaune dans un pays dont le premier fléau est le préjugé et le peu de lumière des médecins. Brauvors- SUR LES SERPENS. 05 (ichneumon mungo ) se jelte sur les ser- pens et les tue en les saisissant par la lête entre ses dents : il sait éviter leur morsure avec adresse, en se jetant de côté, lorsqu'iis s’'élancent, puis il fond sur eux avec une impétuosité téméraire ; et s’il en est moidu, il en meurt. Plusieurs serpens venimeux et innocens ont été présentés au serpent à lunelle : celui ci ne les a mordus que par contrainie, et ils en sont morts, sans oser auparavant se venger contre lui. Il n’en est pas de mième des serpens à lunette opposés l’un à l’autre : ils se battent , se mordent , imprègnent leurs plaies de venin, sans mourir cependant de leurs blessures respectives , ainsi que Russel Va reconnu par plusieurs expériences. Russel a remarqué que les serpens veni- Meux ne mangent point les grenouilles, ni Même un poulet mort des suiles d’une mor- sure à laquelle ils ont été provoqués. Cette observation est parfaitement d'accord avée les expériences faites aux Etats-Unis par Peale et Beauvoïis. | VIT. Ce dernier article renferme diverses remarques peu importantes et déjà connues sur le venin des serpens. Comme on a le préjugé de croire dans l'Inde que l'ail et la 9 :. OBSERVATIONS: racine de l’aristolochia indica peuvent ser- vir à chasser les serpens des maisons, parce qu'ils ont pour ces racines une forte anti- pathie, on est dans l’usage d’en frotter l’en- trée des portes et des fenêtres des chambres à coucher, ainsi que les montans des lits. Russel rapporte plusieurs expériences qui servent à prouver que l’opinion des indiens est fausse, parce que les deux racinesentières ou pilées n’ont aucune action sur les serpens. Russel a placé, à la suite de ses expé- riences sur le venin des serpeus du Coro- mandel , des détails très-curieux sur la disposition des deuts de plusieurs de ces animaux, el il y a joint deux planches très- soigneusement gravées ( pag. 87, pl. xLV et xLv de son ouvrage). Je présente ici un court extrait de ses observations : «La couleuvre caténulaire (tar-tutta de Russel ) ressemble à toutes les autres espèces innocentes, parce qu'elle a deux rangées _ marginales de dents simples et deux pala- tales. La vipère élégante ( katuka rekula poda de Russel) a aussi deux rangées de dents palatales, mais pas de rangées margi- nales. Les dents sont entourées par une membrane frangée qui les cache presqu’en entier. Les pointes paroissent seules lorsque ja SUR LES SERPENS. o7 la membrane n’est pas abaissée entière- ment. Î/espace entre les dents de chaque côté et le bord de la partie antérieure de la bouche est occupé par un ample sac membraneux, ridé, qui renferme les cro- chets venimeux. La vipère à lunette a deux rangées de dents palatales et deux crochets verimeux semblables à ceux du précédent; mais les dents sont plus petites, les crochets plus courts et les sacs membraneux moins apparens. Le bongare à anneaux jaunes et bleus (bungarum-pamah de Russel) a deux rangées de dents palatales et deux crochets venimeux encore plus petits que ceux de la vipère à lunette. Il a de plus au bord de Ja:bouche, de chaque côté, à l’orifice du sac où sont renfermés les crochets, trois petites dents qui ne se rencontrent pas dans les autres serpens, et qui peuvent être re- gardées comme une rangée marginale ir- parfaite. Dans les serpens ou ophidiens la mâchoire inférieure n’est pas articulée avec la supérieure comme dans les autres ani- maux, mais elle est attachée à l’occiput par deux »s ; les extrémités poslérieures de la mâchoire supérieure sont placées dans les _ conäyles: de la mâchoire inférieure, et y _ sontiattachés lâchement par des ligamens. Reptiles. Tome V. G 98 OBSERVATIONS D'après ce miécanisme, lorsqu'un serpent! ouvre sa bouche, les condyles de la mà- choire inférieure, agissant sur l’occiput par ces os intermédiaires , les portent au dehors, : entraînent l'extrémité postérieure de la mä- choire supérieure et dilatent considérable- ment l’ouverture de la gorge. C’est aussi par ce mouvement de la mâchoire supé- rieure que les crochets sont redressés. Dans la vipère élégante les deux rangées de dents sont fixées aux os de la mâchoire supérieure où il n’y a pas d’autres dents. Le crochet venimeux est attaché dans une base ou souche osseuse : entre cette souche et le bord latéral de la bouche se trouve un os mince qui réunit la souche à la mâ- choire, et qui correspond avec cette por- tion de la mâchoire où se trouve la rangée marginale dans les couleuvres et les autres serpens innocens. Dans la mâchoire supé- rieure de la vipère à lunette on trouve cette différence remarquable ; que léminence latérale , au lieu d’être immédiatement arti- culée avec la souche du crochet comme dans la vipère élégante, est jointe avec un pro- longement de cette souche presque aussi long que l’autre portion qui va s'unir à l’os principal ; c’est-à-dire, que la souche a un prolongement postérieur, qui ne se trouve SUR LES SÉRPENS. üg pas dans la vipère élégante. Ce prolongement de la souche est encore plus long dans le bongare, et il est remarquable parce qu’il a trois dents crochues et simples qui y sont enchâssées. Lorsqu'on a enlevé la peau de la tête de la vipère à lunette, on reconnoit, suivant Russel, les détails suivans : la glande veni- meuse située entre l’œil et l'angle. de la mâchoire inférieure paroît à travers une ‘bande membraneuse demi - transparente. Cette bande correspond aux muscles situés à l’angle de la mâchoire inférieure, et est htc aux os de la têle en avant de la slande. Le canal du venin s'étend depuis la partie antérieure de la glande, iminédiate- ment au dessous de l’orbite jasqu’à la souche du crochet, puis il entre dans la bouche: il est recouvert par un muscle dont les fibres sont transversales. La partie supérieure de Ta glande venimeuse est couverie par un musclé grand , fort eten forme de crois sant, Ce musclé prend sa naissance aux os du crâne, et il est confondu avec ceux qui cou- vrent la glande à sa partie la plus basse. La slande ét son canal, étant pressés par ces différèens muscles , lancent le venin avec forcé dans lé crochet venimeux. mr: G 2 100 OBSERVATIONS Effet de la musique sur les serpens: Les anciens ont beaucoup vanté l'effet de la musique sur les animaux ; et s'ils ont un peu exagéré les faits, ils nous en ont. au moins transmis de certains; on peut même assurer, à l’aide de plusieurs preuves, que quelques-unes de leurs remarques, qui nous paroissent d’abord invraisemblables , sont cependant appuyées sur des observations quelquefois incontestables. Orphée, suivant les poëtes, pouvoit adoucir et dompter les animaux sauvages et féroces avec les sons mélodieux de sa [yre. Nous avons vu il y a peu d'années, au museum d’hisioire natu- relle de Paris, deux éléphans s’attendrir aux ‘airs doux et langoureux, et s’animer ensuite par dégrés lorsqu'on jouoit des airs guer- riers ou des marches militaires. L'art de charmer les serpens et de les faire sortir des maisons paroît aussi fondé sur ce prin- cipe : il est connu depuis long-tems dans la patrie des brames et en Egypte. Nous avons vu, dans le tome premier de cel ouvrage, que les bateleurs de l’Indostan font danser , au son de la flûte, la vipère à lunette et lui font exécuter diverses évolutions au milieu d’une foule de spectateurs, après lui avoir SUR LES SERPENS. 71o1 Ôté ses crochets ou le venin qu'ils contien- nent. En Egypte, lorsqu'un serpent s’est introduit dans une maison, l’enchanteur des serpens est aussitôt appelé, et il les altire au dehors en jouant de la flûte et en imitant avec sa voix le cri de ces animaux lors- qu'ils sont en amour ; il accompagne tout ceci de gestes bisarres et de houffonneries, pour en imposer à la multitude et pour se faire mieux payer de ses services. Le fait suivant rapporté par Châäteau- Briand prouve que cet art singulier est aussi connu dans quelques contrées de l'Amérique septentrionale : « Au mois de juillet de l’an- née 1791, dit-il, nous voyagions dans le haut Canada avec quelques familles sau- vages de la nation des onnoutagues. Un _jour que nous nous étions arrêtés dans une plaine , au bord de la rivière Génésie, un serpent à sonnettes entra dans notre camp. Il y avoit parmi nous un canadien qui jouoit de la flûte : il voulut nous amuser, et s'avança contre le serpent avec.son arme d’une nouvelle espèce. A l'approche de son ennenmn, le superbe reptile se forme tout à coup en spirale, aplatit sa tête, enîle ses joues, contracte ses lèvres, découvre ses denis envenimées et sa gueule rougie; sa G 3 103 OBSERVATIONS langue fourchue s’agite rapidement au de- hors; ses yeux brillent comme des charbons ardens; son corps gonflé de rage s’abaisse et s'élève comme un soufflet; sa peau dilatée est hérissée d’écailles, et sa queue, en pro- duisant un bruit sinistre, oscille avec tant de rapidité, qu’elle ressemble à une légère vapeur. Alors le canadien commence à jouer sur sa flüte : le serpent fait un mouvement de surprise et retire la tête en arrière; il ferme peu à peu sa gueule enflammée. A mesure. que l'effet magique le frappe, ses yeux perdent leur âpreté; les vibrations de sa queue se ralentissent, et le bruit qu’elle fait entendre s’affoiblit et meurt par dégrés. Moins perpendiculaire sur sa ligne spirale, les orbes du serpent charmé s’élargissent, et viennent tour à tour se poser sur la terre en cercles concentriques ; les écailles de la peau s’abaissent et reprennent leür éclat; et tournant légèrement la tête, il demeure immobile dans l'attitude de l'attention et du plaisir. Dans ce moment, le canadien marche quelques pas en tirant de sa flûte des sons lents et monotones. Le reptile , baissant son cou , entr’ouvyre avec:sa tête les herbes fines, et se met à ramper sur les traces du musicien qui l’entraine, s’arrêtant lors- SUR LES SERPENS. 103 qu'il s'arrête, et commençant à le suivre aus- sitôt qu’il commence à s'éloigner. Il fut ainsi conduit hors de notre camp , au milieu d'une foule de spectateurs, tant sauvages qu’européens, qui en croyoien! à peine leurs yeux. À cette merveille de la mélodie, il n’y eut qu’une seule voix dans l’assemblée pour qu'on laissat le merveilleux serpent s'échapper. » (Journal de commerce, n° 100; 10 nivose, an 10.) Culte rendu aux serpens. - Nous avons déjà fait remarquer, dans le courant du premier volume de cette His- toire naturelle des reptiles ( pages 280 et suivantes ), que les serpens ont été adorés par divers peuples de l’antiquité ; et plu- sieurs espèces le sont encore à présent, soi en Afrique , soit dans l’Indostan. On ne voit pas avec un moindre étonnement , et sans former des rapprochemens réellement curieux, que les crotales ou serpens à son- neltes sont également vénérés par les indiens de l'Amérique septentrionale, sur-tout par ceux qu vivent dans quelques contrées de la Floride. W. Bartram (1) a remarqué (1) « Un jour , dit Bartram , on m’annonça que des G 4 104 OBSERVATIONS. qu'ils ne tuent jamais de crotales ni d’autres serpenus , parce que, disent-ils, s’ils en tuoient indiens venoient me chercher. Je me [evai précipi- tamment pour me dérober à leurs importunités, lorsque trois d’entre eux , jeunés et richement parés, entrèrent. Ils m’invitèrent d’un air aise, noble et amical , à les accompagner jusqu’à leur camp pour les débarrasser d’un grand serpent à sonnelles qui s’en étoit emparé. Personne, disoient-ils, n’avoit le courage de le chasser ; et comme ïils savoient que je xecherchoiïs tous les animaux et les produetions natu- relles de leur pays, ils desiroient que je vinsse avec eux pour prendre celui = ci, qui sans doute me rece- vroit avec bonté. Ne pouvant résister à leurs vives instances , je consentis à les suivre à leur camp , où je trouvai en effet les indiens très-troublés. Les hommes étoient armés de bâtons et de casse-têtes , les femmes et les enfans, tremblans de peur, étoient groupés dans un coin, tandis que le redoutable et révéré serpent parcouroit en paix tout le camp, visitoit l’un après l’autre tous les endroits où il:y avoit eu des feux , ramassoit les parcelles d’alimens tombées par terre , et léchoit les ustensiles. Les hommes se pres- sèrent autour de moi , et me prioient d’éloigner Pani- mal. Armé d’une baguette flexible, j’approchai de lui; à l’instant il se roula en une haute spirale , et se tint prêt à se défendre. Je le frappai aussitôt à la tête, et le coup l’étendit mourant à mes pieds; je lui coupaï ensuite la tête, puis je me retournai vers les indiens, qui me félicitèrent et me comblèrent de caresses et SUR LES SERPENS. 105 un, son esprit exciteroiïl ses parens ou alliés vivans à venger le mal qui lui auroit éte fait. d'amitié........ J’étois depuis peu rentré dans mon logis, lorsque je fus de nouveau troublé par l’arrivée imprévue de trois indiens qui venoient pour m’égra- tigner, parce que j'avois tué le serpent à sonnettes réfugié dans leur camp. Ces indiens se tenoient par le bras et entrèrent en chantant dans ma chambre. Je vis que l’un des trois étoit un jeune prince de mes amis, qui m'avoit promis de risquer sa vie pour défendre la mienne si l’occasion se présentoit. Les deux autres paroissoient animés et mécontens ; ils firent voir les instrumens avec lesquels ils prétendoient me taillader; déjà ils tenoient mon bras, et je résistois , lorsque mon ami le jeune prince s’avança , les repoussa , leur dit que j’étois un brave guerrier qu’ils ne devoient pas provoquer : à l'instant ils changèrent de conduite, tous ensemble ponssèrent un cri, me serrèrent la main , me frappèrent sur l’épaule, mirent leur main sur leur sein en signe d’amitié sincère , et dirent en riant que j'étois un véritable ami des séminoles, puis ils s’en allèrent. Toute cette scène, à ce qu'il me parut , étoit une farce jouée pour satisfaire leur peuple et pour appaiser les mânes du serpent à son- nettes ». ( W. Bartram, Voyage en Floride, in-8°, tom. I , pag. 446 et suiv.) 106 HISTOIRE - PREMIER GENRE. Boa ; 6oa. Er corps robuste , long, comprimé sur les côtés; la queue Monbes cylindrique ; la tête un peu grosse, déprimée et couverte en dessus de plaques polygones, lisses ’e carénées, nombreuses (vingt environ) ; le dessus du corps et de la queue sa - d'écailles rhomboïdales, réticulées entr’elles, et le dessous entièrement revêtu de grandes plaques entières et transversales ; l'anus trans- versal, simple, et muni d’un petit ergot rétractile de. chaque côté sous les plaques. Dents des mâchoires aiguës, pas de crochets vVenimeux. Les anciens ont fait mention dans leurs écrits de serpens monstrueux. Pline, Hé- xrodote , Diodore de Sicile, Elien et Aristote ont même donné quelques détails sur lex- irême voracité de ces animaux, dont la grandeur démesurée a été contredite par quelques naturalistes modernes, mais sans aucune preuve évidente. Nous lisons dans DES BOAS. 107 Tite-Tive que l’armée de Régulus tua, après un combat opimiâtre , un serpent long de cent vingt pieds près du fleuve Bagrada (1). Sans m'arrêler ici à donner des extraits de tout ce que les voyageurs ont écrit, j'obser- Yerai seulement qu'il est maintenant prouyé qu'il existe des serpens longs de trente à quarante pieds, et qui peuvent avaler de grands quadrupèdes. Quelques naturalistes ont cru que le nom de boa ou de boua, donné à ces grands animaux par Pline, vient de ce qu'ils peuvent avaler des bœufs, ou de ce qu’ils tirent le lait des vaches. Quelle que soit la véritable étymologie de ce nom, (1) Voyez ce que j'ai dit sur ce sujet dans le premier Yolume de cette Histoire naturelle des reptiles, entre autres la note qui est à la page 63. Croiroit-on, dit Stedman (*), que quatre-vingts soldats, marchant dans une épaisse forêt de la Guiane, montèrent l’un après l’autre sur une sorte d’élévation qui se trouvoit sur leur route , et qu’ils prirent pour ün gros arbre tombé ; mais qu’ils sentirent ensuite se mouvoir sous leurs pieds, et qui n’étoit pas moins qu’un énorme serpent aboma , auquel le colonel Fourgeoud trouva de trente à quarante pieds de long ? et cependant le fait est véritable. # Voyage à Surinam, par Stedman , in—8°, tom. IT, page 192. AUS 108 QUFE ES T'ON RS j'ai pensé avec Linnæus qu'il devoit servir à désigner le genre qui renferme les plus grandes espèces connues, et j'ai préféré, à lexemple de Fatreille, conserver le surnom de devin à celle qui vit en Afrique et qui paroît y être en grande vénération. Lacépède et Schneider ont donné beaucoup de détails sur ce qui a été dit par les anciens sur les boas. Charles Owen a fait la même chose dans un ouvrage écrit en anglais sur les serpens connus des anciens; en sorte qu’on peut avoir recours à ces divers auteurs pour prendre des renseignemens bibliographiques. Comme ils ne peuvent être bien utile pour : mon travail, et qu'ils ne serviroient qu’à le rendre plus volumineux sans lui donner plus d'intérêt, je ne me propose de faire connoître ici que ce qui est purement relatif à leur histoire naturelle. Les boas de Linnæus , de Daubenton et de Lacépède ont pour principal caractère des plaques entières sous le corps et la queue, sans srelots sonores à l'extrémité de celle-ci. Comme ces auteurs n’ont pas cru devoir attacher une grande importance à la pré- seuce ou à l'absence des crochets venimeux; ils ont réuni dans les mêmes genres des animaux innocens et dangereux. DES BOAS. 109 Gronovius a partagé les boas en deux genres, savoir : 1° les cenchris, qui sont munis sur la tête d’écailles semblables à celles du dos; 2° les scytales, dont le dessus de la tête est revêtu de plaques. Latreille, dans son intéressante Hisloire des reptiles, a séparé en deux genres tous les boas de Linnæus. I] à désigné sous le nom. de boa tous ceux qui n’ont pas de crochets venimeux, et sous le nom de scytale ceux qui sont armés de ces crochets. Les recherches que j'ai faites depuis cet auteur sur ces ser- pens m'ont convaincu qu'il a eu raison d’éta- blir.ces deux genres, et je me suis empressé de les adopter , mais en en séparant néan- moins des espèces qui ont des doubles plaques entre les grandes sous la queue, ou qui offrent enfin des caracières assez remar- quables pour constituer de nouveaux genres. C’est ici qu'il convient de parler des tra- vaux de: Schneider sur les boas, et de. faire remarquer que cei auteur trés - érudit. à cependant embrouillé en:quelque sorte l’his- toire de ces animaux. Les boas, suivant lui, ont la tête couverte de peliles écailles ou de plaques irrégulières, ou en même tems d’écailles et de plaques ; elle a son museau obtus ; ses lèvres sont toujours bordées 10 HISTOIRE d’écailles concaves ; la gorge est marquée sur le milieu de sa longueur d’un sillon creusé et glabre, et par-tout ailleurs elle est revêtue de petites écailles ; les yeux , les narines et les dents aniérieures de chaque mâchoire éont d’une moyenne grandeur. Le corps est terminé par une queue courte, un peu cour- bée et plissable : l’un et l’autre sont un peu comprimés. Le ventre est étroit, couvert de plaques étroites ; la queue est munie en dessous de plaques ou de doubles plaques, ou quelquefois des unes et des autres. Sur chaque côté de l'anus on voit un érgot ou éperon courbé qui peut se retirer sous les écailles. Les boas de Schneider comprennent donc des serpens très-différens , tels que la couleuvre molure , les scytales, les co- ralles, etc. Les éperons cornés et ün peu cout- bés qu'il prétend que ces animaux ont tous contre l’anus ne n’ont paru exister au con- traire jusqu’à présent que dans les boâs sans venin seulement, ainsi que dans lès autres Sérpèns que j'ai d’abord rangés dans le genre appelé python. Les véritables boas sont pour Moi tous les serpens qui n’ont pas dé crochets venimeux, qui mont sous le corps et la queue que des plaques entières , avec deux érgots près l’anus, sans doubles plaques sous DES BOAS. 13% le coû, sans grandes plaqués sur la tête, et sans écailles pointues, sans 2relots sonores à l'extrémité de la queue, ou sans petites écailles nombreuses autour de l'anus. Les, boas sont connus depuis irés-long- items; il Y a peu de voyageurs, peu de naturalistes qui n'aient observé quelques- uns de ces animaux, et il n’est pas douteux qu'il en existe uu certain nombre d'espèces soit en Amérique, soit en Afrique ou en Asie. Cependant leur histoire est encore très- embrouiilée , et l’on est souvent exposé à confondre ensemble des espèces assez diflé- rentes. Merrem et Russel sont à proprement parler les seuls-naturalistes, après Linnæus, qui aient fait connoître d’une manière pré- cise quelques espèces ; et:avant les travaux de Latreille on.étoit toujours: contraint de s’en rapporier aux figures souvent fautives de Seba. Je suis encore éloigné sans doute d'avoir donné à ce genre toute la perfection dont il est susceptible, quoique j'aie été secondé par les travaux de mes prédécesseurs et par les collections de mes amis. i ! Le genre auquel j'ai donné le nom de python dans le Magasin encyclopédique (tome V, page 454, n° 3) et dans le Bul. letin de la société philomathique renferme 112 HISTOTRE tous les boas dont le dessus de la tête est couvert de grandes plaques, et qui ont l’anus bordé postérieurement de deux rangées de petites écailles. Il ne paroît renfermer que des serpens pelits ou de moyenne taille, et seulement de l’ancien continent. Les vraïs boas n’ont que des écailles, ou sont munis de plaques sur le devant de la tête; mais leur anus est simple et sans double rangée d écailles sur son bord postérieur. | | Adanson a trouvé au Sénégal un grand serpent que J'ai rapporté au boa devin ; maïs je ne sais si je dois placer dans le même genre un serpent d'une grosseur extrême que ce savant voyageur rencontra le 30 octobre 1749 sur la rive gauche du Niger; près du Marigot d'Ouasoul. «Je fis, dit-il, avec un nègre bambara une grande denu- heue dans un marais formé par lépanche- ment des eaux du Marisol:sur ces terres basses, dont je ne me tirois qu'avec peine; ayant de l’eau jusqu'aux genoux, et ren- contrant à chaque pas des serpens de la grande taille, sur-tout de ceux :qui ont le corps extiraordinairement gros ‘eu ‘égard à sa longueur. Je les évitois d'aussi lom que je les apercevois ; mais mon nègre me rassura en me disant qu’ils n’étoient pas mal-faisans. J'en DES BOAS. 115 J'en tirai un à bout portant qui avoit près d’un pied de diamètre sur huit et demi de longueur. Il le chargea sur ses épaules, comptant en faue bonne chère avec ses camarades (1) ». Latreille, dans son Histoire naturelle des reptiles, a placé à la fin des boas (2) une note sur les espèces qui ne sont pas suffisam= ment connues des naturalistes, et dont Seba a donné la figuré. Il en a cité cinq, savoir: 1° le zintipolonga (Seba, 'Thes. tome I, planche xxxvir, figure 1 ). Il a des écailles jaunes sur le devant de la tête, avec le corps brun marbré de cendré clair, et marqué sur toute sa longueur de trois rangs au moins de grandes taches très-irrégulières bordées de noir, de fauve ou de blanc. La queue est fort courte. ; Ii existe dans les Indes orientales, selon Seba , et diffère du nintipolonga de Ray , qui est un serpent venimeux. Latreille a vu dans la collection du museum national (1) Adanson, Voyage au Sénégal, in-4° , pag. 71. (2) Latreille, Hist. natur. des reptiles, tom. HI, pag. 155. : Reptiles. Tomg V. ET 114 HISTOIRE d'histoire naturelle de Paris une dépouille mal conservée d’un boa voisin du nintipo- longa de Seba, et assez grand. Sa couleur, d’un gris jaunâtre, un peu mêlée de verd, est ornée sur le dos de grandes taches d’un brun noirâtre , plus foncées sur leurs bords, irrégulières ; les taches auprès de la tête sont doubles. Sur les flancs il y a des taches un peu alongées ou des bandes de la même couleur que les dorsales, ayant entre elles une teinte jaunâire qui règne aussi sur les flancs auprès des plaques abdominales. Le disque de plusieurs laches est également jauuâtre ; il y a de plus des points bruns près des plaques. Les écailles sont grandes, . légèrement striées, plus grandes sur les côtés. : 2°. Le céraste de Siam, indiqué par Seba, tome II, planche x1x, n° 1. Je lai regardé comme une variété du python tigre. 3°. Latreille croit que le serpent corallin d’ Amboine , représenté par Seba, tome IT, planche xxx, n° 1, dont les couleurs ofirent du blanc, du jaune foncé, du rouge et du noir, est un boa. 4°. Il a la même opinion par rapport à la couleuvre xaxalhua du Mexique, figurée 22 + DES BOAS. 115 par Seba, tome IT, phnese LXX VII, NS 4 ét 5: 5°. Enfin il cite le serpent ammodyte de Surinam, de Seba, tome IL, pl. Lxxvrr, n° 5, et il pense que c’est une variété du boa decin représenté par Seba dans le même tome , pl. xcIx, n° 1. H 2 116 HISTOÏRE a LE BOA RÉTICULÉ (à). Ézs boas n'ont pas toujours sous la queue une seule sorte de plaques, car on leur trouve quelquefois des doubles plaques parmi les entières ; c’est ce que présente sur-tout le boa réticulé observé par Schneider dans le museum de Gottingue; c'est aussi ce que nous verrons dans la description des pythons. Le boa réticulé a devant les yeux des plaques polysones de diverses grandeurs, et derrière les yeux des écailles semblables à celles du dos, quoique plus petites. L’occiput et le sommet de la tête sont arrondis; le museau est ensuite comprimé dès les yeux, (1) Boa reticulata ; lineä ex nigro - fuscé in capite usque suprà& coilum in macul& lat& protensä , alterä- que lineé ab oculis utrinque in dorso et lateribus intext@; eaudä.... cr Scutis abdominalibus 522. — Scutello subcaudali anticè 1.— Scutis subcaudal. in medio 12. — Scutellis posticè subcaudalibus 76 - 411. Boa reticulata. Schneider , Hist. amphib. fasc. 2, pag. 204. DES BOAS. 117 avec sa partie antérieure tronquée, à peine arrondie ; les mâchoires sont d’égale lon- sueur, avec leurs dents antérieures plus longues et couvertes par les gencives; le mulieu de la tête est partagé par une ligne d’un brun noir qui s'élargit sur le éou (1); des yeux partent deux raiés qui vont se réunir derrière la large tache du cou, et qui forment , en s’entrelaçant ainsi ,un réseau d'un brun noir sur le dos et les flancs. Sur chaque côté de la mâchoïre inférieure, les plaques deux, trois et quatre des lèvres sont un peu creusées, mais les six dernières sont lisses ; les plaques entières du ventre sont au nombre de trois cent vingt-deux. Après Vanus on remarque une double plaque, en- suite viennent douze plaques entières, puis soixante-seize doubles plaques. Sur chaque côté du ventre, près des plaques transver- sales, il y a trois rangs de grandes écailles à six angles obtus, plus alongées et comme rhomboïdales près de la tête. Schneider a trouvé le pédicule des ergotis cornés caché sous les écailles , à chaque côté (1) Schneider dit très-improprement que ceite ligne s’élargit sur le cou en forme de sac. H 5 Li 7 ce 3% 118 HISTOIRE de l’anus. Cet auteur n’a pas donné le détail des principales dimensions du boa réticulé, ni du pays où il vit : il dit que les plaques antérieures de la tête sont bien représentées dans l’ouvrage de Seba, tom. IE, pl. Lxx1x, fig. 1. Quant aux creux des plaques labiales , il indique la figure 1, tom. II, pl. zxxx, et la figure 2, tom. T, planche rxrr. Ces trois figures de Seba indiquent assez bien les réseaux du boa réticulé, et les deux premières laissent aussi voir les doubles plaques sous-caudales. DES BOAS. 119 LE BOA BRODERIE (1). Lixnzus a désigné cette espèce de boa sous le nom latin d’Aortulana, sans doute afin d'annoncer, par un seul mol, que ce serpent est orné de couleurs si agréables et si variées, qu'on peut le comparer à un parterre émaillé de fleurs; aussi Dauben- ton la-t-il appelé le parterre. Lacépède l'a ensuite nommé la broderie, afin d’indi- Done (1) Boa hortulana ; capile areolis elesantissimé picto , dorso lunulis fuscis albo marginatis modo paribus , modo imparibus , maculis lateralibus fuscis rhomboidæis ; caudä = Re Scutis abdominalibus 290. — Scutis subcauda- libus 128 - 418 selon Linnæus.— Scutis abdomina- libus 280, quorum 5, 76, 77 aut 78 scuiellis. — Scutis subcaudalibus 119 - 599 selon Schneider. Boa hortulana. Lin. Syst, nat. — Coluber hortulana. Lin. Mus. Ad. Frid. tom. I, p. 57. — Boa hortulana. Gmel. Syst. nat. — Schneider, Amph. hist. fasc.2, p. 244. — Le parterre. Daubent. Encycl. méih. Dict. erpét. — La broderie. Lacépède , Hist. nat. des serp. in-12 , tom. Il, p. 198, pl. vi. — Le boa brodé. La treille , Hist. des reptiles, in-18 , tom. LIT, p. 148. — Seba , Thes. tom. IT, pl. zxxrv, fig. 1; et pl. Lxxx1v, fig. 1 — Scheuchzer, Phys. sacr. pl. Dezxr, fig 9. H 4 Es 20 HISTOIRE quer d’une manière plus précise la dispo- sition de ses couleurs. Le dessus de la tête est couvert d'écailles rhomboïdales, unies et semblables à celles du dos: Un individu, placé dans la galerie du museum d'histoire naturelle de Paris, est long de deux pieds trois pouces six lignes . et la queue occupe le quart de ce total. La mâchoire supérieure n’a pas de crochets venimeux. Quoiqu'il soit décoloré dans les collections, Lacépède pré- sume que ce boa est bleuâtre , tacheté d’un brun roux plus ou moins foncé, avec le ventre blanchâtre. Latreilie appelle ce ser- pent 6oa brodé , et il donne les détails sur- vans sur les deux boas figurés par Seba,, et regardés comme synonymes de celte espèce par Lainnæus. « Le boa de la planche LXxIV venoit du Paraguay ; sa robe est si élégante, qu'on ne peut la décrire exactement. Le dos est agréablement et inégalement taché, comte nué de brun foncé, de bai pourpre, de cendré foiblement blanchâtire , et ces taches imitent, par leur réunion, une sorte de chaîne. On remarque en dessus des na- rines une tache blanchâire, pointllée; le venire est aussi tacheté. Le boa de la planche Lxxx1v est de la nouvelle Espagne, où il est désigné sous le nom mexicain de DES BOAS. 121 tlehua ou tleoa (1), c’est-à-dire, serpent de feu. I1 a sur le dos une raie d'un brun obscur disposée en Zig-zag, avec une suite de taches sur chaque côté, de couleur baie, comme ocellées, ayant leur milieu évidé, et dans les intervalles quelques petites bandes et petites taches qui disparoissent vers la queue. Les écailles du dos sont d’un verd clair; mais les plaques du ventre sont jau- nâtres , avec différentes raies rouges ; la tête est très-ornée ; les yeux sont grands et les dents petites. Il se nourrit de rats et de petits quadrupèdes semblables. Il n’est pas certain que ce soit la même espèce que celui de la planche Lxx1v ». Linnæus a d’abord regardé ce reptile comme une espèce de couleuvre, dans sa description du museum du prince Frédéric Adoiphe. | La tête a la forme d’un cœur déprimé, obtus, plus large que le corps, entièrement couverte de petites écailles d’égale grandeur. Les yeux sont grands; les narines ont leur ouverture transversale ; les dents antérieures sont plus longues et sans venin ; le corps est comprimé et terminé par une queue courbée. (x) Ce nom est aussi donné au crotale boiquira, selon Hernandez. aa HISTOIRE Schneider a trouvé deux individus dans la collection de Lanck, trois dans celle de Lampi, et deux dans celle de Barby. Deux individus de la collection de Lampi étoient un peu décolorés, et paroissoient devoir en quelque sorte constituer une espèce séparée. Leur dos brunâtre étoit orné de lunules plus obscures bordées de blanc, et en nombre tantôt pair et tantôt impair; l’autre individu avoit sous le ventre deux cent quatre-vingts plaques, dont soixante - quinze à soixante dix-huit étoient doubles, et sous la queue étoient cent dix-neuf plaques entières. Un individu placé dans la collection de Barby étoit grand et très-beau. Son dos étoit orné de lunules ou de croissans , avec des taches brunes rhomboïdales, qui se prolongeoient depuis les lunules jusqu’au ventre ; les écailles du milieu du dos étoient grandes et rhom- boïdales, tandis que celles des côtés avoient une forme étroite, cblongue. Enfin, près des plaques les écailles étoient grandes et comme arrondies. Ces détails, donné par Schneider , me portent à croire que ce ser- pent est peut-être une espèce de bongare ; mais, comme Schneider ne dit pas qu'il aït des crochets venimeux, je n’ose guère aflir= mer celte opinion. DES BOAS. 123 a PE BOA ÉLÉECANE DE SURINAM (1). Planche LXI, fig. 1, 2. Planche L'XIII, fig. r. J AT observé, dans la belle collection de Levaillant, une Jolie espèce de. boa qu'il a rapporté de Surinam, et que je n’ai trouvé décrit jusqu'à présent dans aucun ouvrage ; je lui ai donné lépithète d’élégant, à cause des taches régulières dont il est orné dessus le dos et toute la colonne ver- tébrale. | Ce boa réunit tous les caractères du devin ; savoir, des petites écailles sur la tête; des dents aiguës, courbées en arrière, et plus longues en devant des mächoires ; le corps me (1) Boa elegans ; fusca , subtus albida densè fusco punctata , suprà lineis duabus flavis contiguis longitu dinaliter mulièm angulatis, aut rhombeis margine Jlavis cum circulo unico aut gemino flavo in medio ; caudä ee Scutis abdomin, 267. — Scutis subcaud. 120 - 407. L'het NC] à SM ‘4 = d Ÿ AE. 124 HISTOIRE très-comprimé sur les côtés; l’anus simple: et muni d’un petit ergot à chaque coin de son ouverture ; enfin l’air féroce, et la fa- culté de se replier sur lui-même en des cir- cuits réguliers. La tête ressemble beaucoup à celle du coralle à tête obtuse ; eile peut même être comparée à celle d’un petit chien carlin ou doguin. Elle est couverte en dessus et en dessous de petites écailles lisses, arrondies, très-nombreuses, avec une plaque rostraie, deux grandes plaques entre les narines, quatorze pelites plaques sur chaque côté de la mâchoire supérieure, et autant sur ceux de l’inférieure , avec cette particularité re- marquable, que les plaques marginales an- térieures sont plus longues, et que les pos- térieures sont enfoncées ; sous le devant de la mâchoire inférieure il y a un sillon lon- gitudinal. Les côtés du museau, entre l'œil et la narine, ont des plaques; et l'œil est assez gros, proéminent , muni d’une pupille veriicale, et entouré de petites “écailles. Le cou est mince; le corps'est haut et très-comprimé ; la queue est amincie, cylin- drique et terminée en pointe; elle occupe la cinquième partie de la longueur totale. DES BOAS. 125 Les écailles sont rhomboïdales , presque carrées, réticulées, imbriquées, très-petites, excepté celles près des plaques qui sont un peu plus distinctes. J’ai compté sous le corps deux cent neuf plaques entières, puis quatre doubles plaques, puis soixante - quatorze plaques entières ; sous la queue il y a d’a- bord une double plaque, puis cent dix-neuf plaques entières. Ceci fait un total de quatre cent sept plaques, ce qui le rapproche un peu du boa broderie et du coralle à tête obtuse. Le boa élégant est entièrement brun en dessus, jaunâtre très- pointillé de brun en dessous. On voit des traits jaunes derrière les yeux, et un grand triangle double, formé de deux traits jaunes qui vont du museau au dessus de chaque œil , et qui se réunissent au dessus de l’occiput. Enfin tout le dessus du cou, du dos et de la queue, est très- élégamment orné d’un double zig-zag jaune plus ou moins régulier, formant tantôt des angles nombreux, et tantôt des rhomboïdes marqués quelquefois dans leur centre d’un ou de deux petits cercles jaunes. 126 HISTOIRE Dimensions du boa élégant placé dans la collection de Levaillant. pieds pouces lignes, Lonsueur totale hui it TONI RER Laïseuride la tétei: 5 2100 oc En NE Longueur du museau à l'œil . . . » oo» 3 Longueur du museau à l’occiput , ou lonsueuride.la tête 1.06. OP ODERESS Ponsueurde la queue. : "27e Hauteur de la tête sur le museau, la “bouche Étant fermée: 14/2152 CO SNS Hauteur de la tête sur le crâne . . » » 8 Flauteur du cou près la tête. 2}. Up DES Hauteur du corps à son milieu. . «+ » » 7 Hauteur de la queue à sa base. . . » » 3 Circonférence du museau près les VEUX nee Ne ONPAU NN MSN AUD STE Circonférence de la tête derrière les MeUREL here ne tete ei lei ere relie e Not NP Circonférence du cou près la tête. . » » 9 Circonférence du corps dans son HAINE. 1. 0e ee +00 6 NI Harseur du cou. ©. . à : 20e 000 MarseurduiCorps + 012 US Largeur de la queue à sa base . . . >» - D À D OC L'individu qui m'a servi à faire cette description est encore jeune, et je crois. que les plaques deux cent dix, deux cent onze, deux cent douze et deux cent treize DES BOAS. 127 de son ventre ne sont doubles que parce que le cordon ombilical avoit récemment disparu. Il paroît aussi certain que ce boa parvient à plusieurs pieds de longueur, mais je ne puis indiquer quelle est sa plus grande étendue. Il est sans doute très-rare dans la colonie de Surinam, car je ne l’ai observé que chez Levaillant, et je n’ai pu le décou- vrir dans la riche collection du museum d'histoire naturelle de Paris, qu’on ne m’a d’ailleurs pas permis d'examiner. 128 HISTOÏRE ” 0 LE BOA OPHRIAS (). Linnaus est le seul naturaliste qui ait décrit ce boa d’après nature. L’individu qu’il a observé étoit placé dans la riche collection de De Géer, célèbre entomologiste suédois. L'ophrias ressemble beaucoup au boa devin, et il n’en diffère que par sa couleur brune, ainsi que par le nombre de ses pla- ques. Il en a deux cent quaire-vingt-une sous le corps, et quatre-vingt-quatre sous la queue. Nous invitons les naturalistes qui pourront observer ce serpent, d'examiner attentive- ment sil n’est pas un boa déjà décrit, et (1) Boa ophrias ; fusca. Scutis abdominal. 281.— Scutis subcaud. 84 - 565. Boa ophrias. Lin. Syst. nat. — Idem , Gmel. Syst. nat. p. 1084. — {dem , Schneider, Hist. amph. fase. 2, p. 251. — L’ophrie. Daubenton, Dict. erpèt. Encycl. méth. — /dem. Lacépède, Hist. nat. des serpens, in-12,. tom. II, p. 205. — Ze boa ophrie. Latreille, Hist. | nat. des reptiles ,in-18, tom. III ; p. 147. dont DES BOAS. 1°9 dont la peau sera devenue entièrement brune , soit à cause de sa mauvaise prépa- ration, soit par la vétusié, car il arrive quelquefois, sur certains reptiles, que les taches de leur peau s’effacent avec l’âge, et que leur couleur devient entièrement brune ou noirâtre. Je possède dans ma collection un grand tupinamois étoilé d'Afrique en- tièrement noirâlre, et une couleuvre vam- pum qui est totalement brunäâtre, sans la moindre apparence de taches. Ces deux exemples ne doivent cependant pas em- pêcher qu’on ne puisse employer avec succès la disposition et la forme des taches dans les reptiles, comme un caractère spécifique très-avantageux. Reptiles. Tome V. I 180 HISTOIRE LE, .B:O À ENV ID RIE 00 Liirvnæus a observé celte espèce de boa dans le cabinet de De Géer ; Boddaert la. ensuite désigné sous le même nom, et per- sonne, depuis ces naturalistes, ne l’a décrit d’après nature. Je suis parvenu à le décou- vrir dans la collection du museum d'histoire naturelle, où il est en partie gaté. Sa longueur est de deux pieds quatre pouces, et la queue occupe dix pouces sur cette dimension totale. æ (1) Poa enydris ; cinereus , suprà sparsim fuscescente. tinctus ; caud@ ——. Scutis ventral, 250. — Scutis caud. 105-575. Boa enydris. Lin. Syst. nat. — dem. Gmel. Syst. nat. — L’enydre. Daubenton, Dict. erpét. — Idem. Lacépède , Hist. des serpens, in-12, tom. IF, p. 206. — Boa enydre. Latreille , Hist. des reptiles, tom. IF, p. 147. — Boa colore griseo variegata. Boddaert , nov. Act. acad. Cæs. tom. VII, p. 18. | Latreille a donné par inadvertance à cette espèce 170 plaques abdominales au lieu de 270, et 115 plaques sous-caudales au lieu de 105. DES BOAS. 621] Linnæus a observé que les dents de la mâchoire inférieure de ce boa sont plus longues à proportion que celles de la mà- choire supérieure ; ei j'ai vérifié moi-même cette observation remarquable. Le boa enydre est d’un gris cendré en dessus, et blanchätre en dessous; on voit ça et là sur son dos et sur sa queue des teintes irrégulières, disposées transversale- ment et plus foncées. Derrière les yeux et auprès des mâchoires il y a des taches qui sont oblongues et brunâtres ; il a deux cent soixante - dix plaques ventrales, et cent cinq sous-caudales. _ On le trouve dans l'Amérique méridio- _nale ; mais Je ne sais pas au juste dans quelle contrée 1l habite, | Nota. Il ne faut pas confondre cette es- pèce avec les autres ophidiens, que je dé- crirai dans la suite de cet ouvrage sous Île nom générique d'ezh;dre, d'après Latreille. 152 HISTOIRE LE BOA ABO M A fi) Planche LIX > Sig. 1 et 2 ; planche L'XII ; fig. 2. Lr s naturalistes ont rangé jusqu'à ce jour dans le genre des boas ou devins tous (1) Boa aboma ; colore badio viridescente , cum maculis dorsalibus circà 6o flavidis circulo nigro circumdatis ; lateribus maculis rotundatis nigris suprà flavido et nigro mars oinatis abdomine immacülato flavescente ; capite quinque lineato ; caudé +. | Scutis abdom. 175. — Scutellis 5. Scutis 85. — Seutis - subcaud. 65 - 328. : 266. —— 7 -322 selon péai. —— 260. —— 60 - 520 selon Fouttuyn, —— 209. 74 - 283 selon Gronov. = Abome. Stedman, Voyage à Surinamet en Guiane, in-8°, tom. IT, p. 225 et suiv. pl. x1v. — Peut - être faut -il ranger ici comme synonyme la troisième _ variété du boa devin décrite précédemment d’après Lan ct Seba ? Le devin, au Mexique. Xaxathua, xalxalhua , l’empereur , dans le même pays. T'amacuilla huilia , aboma , dans d’autres contrées d'Amérique. Cacadora ou couleuvre chasseuse, aux environs de l’Orénoque. Jurucucu , boiguacu , giboya , jiboya, jauca-acanga , la reine des serpens . au Brésil. Giarende, gerende , eee Œ NT ss 4? o LS Ge Ÿ Adel Arulir del. y » «TS Sd 2132 Les = : | | 1. BOA DEVIN. È 2. Troncon ut re 2 «Lou alonmu.. Ce Laure dos Le Cor Le Lous. ZZ.RaCERe «. DES BOAS. 153 les serpens de l’Inde, d'Afrique et d’Amé- rique dont la taille est colossale, et qui ont gorende, — Fedagoso, cobra de veado , par les portu- gais. — Serpent impérial. — Dépone, dans plusieurs contrées. — Boiguacu. Ray , Synops. serp. p. 325. — Xaxathua , boiguacu. Valmont de Bomare , Dict, d’hist. nat.— Boiguacu. Pison, de Medicinä brasi- hiensi , hv. 3, fol. 41. — Idem. Georges Marcgrave, Hist. rerum naturaliam brasil. liv. 6, chap. 15, p.219. Nota. Cette synonymie, excepté les deux premiers articles, est extraite de celle que Lacépède a indiquée sous la description qu’il a donnée du devin. On peut encore y ajouter les suivantes : Buio , aviofa, yacu-mama, ou mère de l’eau. Gu- milla , Hist. nat. de l’Orénoque; Avignon, 1758, tom. IIT, p. 75. — Cenchris boiguacu. Hill, Nat. hist. of anim. p. 106. — The ammodytes of Surinam. Brookes, Nat. hist. tom. IT , p. 302. — Le sablonneux de Surinam. Valmont de Bomare, Dict. d’hist. nat. — Boa cenchris. Lin. Syst. nat. — Mus. Adolph. Frids tom. IT ,p. 41. — Idem. Gmel. Syst. nat. p. 1083. — Tdem. Schneider, Hist. nat. amphib. fasc. 2 , p. 250- — Boa flavescens ocellis albidis iride griseä. Boddaert, nov. Âct. acad. Cæs. tom. VIT, p. 18, n° 7. — Le cenchris. Daubenton , Dict. erpét. Encycl. méth. — Idem. Lacépède , Hist. nat. des serp. in-12, tom. IT, p- 203. — Le boa cenchris. Latreille, Hist. nat. des reptiles , in-18, tom. VII, p. 145. — An cenchris? Gronov. Zooph. n° 155. — Scheuchzer, Phys. sacr. . pl pexxvrrtr, fig. e. LE) 134 HISTOIRÉ des plaques entières sous le corps et Ra queue. Il ne faut pas s’'élonner que toutes les descriptions de ces animaux, publiées jusqu’à présent, soient plus ou moins incom- plettes, et qu’on aït confondu ensemble plu- sieurs espèces très-différentes ; car on ue peut posséder dans les collections ces grands animaux bien éntiers dans des. liqueurs. Tinnæus a lui-même commis des erreurs assez graves dans son travail sur lhistoire naturelle des serpens. C’est ainsi, par exemple, qu'il a regardé comme synonymes les grands devins d'Afrique et d'Amérique; non seulement ils diffèrent entre eux comme espèces, mais il y en a qui doivent appar- ienir à d’autres genres. Cependant laboma est un véritable boa de l'Amérique méri- dionale, qui parvient à une grandeur colos- sale, suivant le témoignage de plusieurs voyageurs dignes de foi. Ce serpent a été trés-bien observé par Stedman, qui en a donné une bonne figure avec une descrip- tion assez intéressante dans la Relation de Son voyage à Surinam et dans l’intérieur de ‘Ja Guiane. Comme je n'ai pas vu cet animal bien conservé, je ne crois donc pouvoir mieux faire que de citer ici les propres expressions de Stedman. | DES BOAS. 295 « J'étois, dit-il , étendu dans mon hamac, pendant un intervalle de ma fièvre, et le Caron se trouvoit à moitié chemin, entre Îles criques de Cormo etibo et de Barbaco eba, quand la sentinelle m’appela pour me dire qu'elle voyoit quelque chose de noir qui se remuoit sur le rivage dans des brous- sailles, et qui ne répondoit pas; mais que d’après sa forme on devoit conclure que c’étoit un homme. Je fs aussitôt jeter Pancre, et quoique je fusse malade, je descendis dans le canot, et je m’avançai vers le lieu désigné. Soupçonnant que l’objet vu par la sentinelle pouvoit être un espion, ou quelque rebelle détaché en avant, je pris terre pour m'en assurer : alors un des esclaves, nommé David, déciara que ce n’étoit pas un nègre, mais un grand serpent amplhibie, qui sans doute n'étoit pas éloigné du rivage , et que yaurois la facilité de le tuer si je voulois. La grosseur extraordinaire de Panimal , mon état de foiblesse, la difficulté de pénétrer à travers d’épais buissons au bord de leau me relinrent , et je donnai l’ordre de rentrer à bord. Alors David me demanda la per- mission de s’avancer pour tuer lui seul Île serpent qui ne pouvoit pas être à une grande distance, et il m'assura quil n'y avoit Ï FS 136 HISTOIRE aucun danger. Sa résolulion excita mon orgueil et mon émulation à tel point que je me décidai à suivre son premier conseil, et à tuer moi-même le serpent. J’exigeai cependant du nègre qu'il me montrât l’ami- mal et qu'il demeurât à mon côté. Il con- sentit de bon cœur à tout. » Je chargeai alors mon fusil à cartouche, et nous avançcâmes. David traçoit le chemin en coupant les broussailles, et nous étions suivis d’un soldat de marine qui portoit trois fusils chargés pour servir au besoin. » À peine avions-nous fait cinquante pas dans la vase et dans l’eau, que le nègre, qui observoit tout avec beaucoup de vivacité et avec la plus scrupuleuse attention, s'ar- rêla derrière moi et me dit : moi voir le serpent ! En effet c'étoit cet animal couché sous des feuilles, et si bien couvert que je fus quelque tems avant de pouvoir distin- guer sa tête éloignée de moi de plus de seize pieds; sa langue fourchue se remuoit dans sa bouche ; et ses yeux, d’un éclat extraor- dinaire, sembloient lancer des étincelles de feu. Jappuyai alors mon fusil sur une branche, pour viser sûrement, et je tirai: mais ayant manqué la tête, la balle s’en- fonça dans le corps. L'animal , se sentant DES BOAS. 137 blessé, s'agita en tous sens avec une vigueur étonnante, et telle qu’il coupa les bronssailles dont il était entouré avec la facilité d’un homme qui fauche un pré. Il enfonçoit sa queue avec violence dans l’eau, et nous couvroit par ce moyen d'un déluge de vase qui voloit à une grande distance ; cependant il ne fit pas sur nous l'effet de la torpille, et nous ne restâmes pas immobiles témoins de ce spectacle : nous prîimes la fuite à toutes jambes, et nous entrâmes précipi- famment dans le canot. “à » Revenus à nous, le nègre me pria de ‘recommencer l'attaque : il me garantit que dans quelques minutes le serpent seroit tranquille, et qu'il n’avoit ni le pouvoir, ni lintention de nous poursuivre. David, pour confirmer ce qu'il disoit, marcha de- vant moi jusqu’à ce que je fusse prêt à lirer. Je renouvelai donc l’épreuve, sur-tout d’après l’assurance de lesclave qu’il n’avoit d’abord reculé lui-même que pour me faire place. Cette seconde fois je trouvai le ser- pent un peu dérangé de sa première posi- tion, mais fort paisible, et la tête cachée comme auparavant sous des feuilles, sous de l'écorce d'arbre pourrie et sous de la Vieille mousse. A l'instant je fis feu, et avec 158 HISTOIRE aussi peu de succès que précédemment. N'étant alors que légèrement atteint, cet animal nous envoya un nuage de poussière mêlée de boue, tel que je n’en ai jamais vu de pareil que dans un ouragan, et nous retournâmes bien vite vers le canot. » Dégoûüté d’un semblable exploit, je donnai l’ordre de gagner la barge; mais David me renouvelant sa prière de lui per- mettre de tuer à lui seul lanimal, je me laissai entrainer à faire avec lui un troi- sième essai. Ayant découvert la retraite du serpent, nous déchargeñmes nos trois fusils à la fois, et l’un de nous eut le bonheur de tirer le monstre à la tête. David, enchanté de ce succès, courut sans perdre de tems vers la barge, et rapporta bientôt la corde de la chaloupe, afin d’entrainer notre proie dans le canot : mais ce n’étoit pas une entre- prise aisée; car, quoique blessé mortelle- ment, le serpent continuoit toujours à se tordre et à se replier de telle sorte qu'il étoit infiniment dangereux de s’avancer. Le nègre cependant, ayant fait un nœud cou- lant, parvint, après quelques efforts inutiles, à s'approcher et à le lui jeter avec beaucoup d'adresse au cou. Nous le tirâmes tous alors jusqu'au rivage, et nous latiachämes à la DES BOAS. 130 poupe du canot pour le remorquer ainsi. 1] vivoit toujours et nageoïit comme une an- guille. Je n’avois certes pas envie d’avoir à bord d'un esquif aussi frêle que le nôtre un semblable passager, dont la longueur étoit de vingt-deux pieds et quelques pouces, quoiqu’à mon extrème surprise les nègres me déclarassent que ce n'éloit qu’un jeune serpent qui n'avoit pris encore que la moitié de sa croissance : sa grosseur égaloit celle de ‘mon petit nègre, âgé d'environ douze avs, dont je mesurai la veste sur la peau de Vanimal. » Arrivés près du Caron, nous cher- châmes la manière de placer ce monstre ; mais n'en trouvant point de convenable, nous primes à la fin la résolution de le conduire à Barbaco eba, pour l’y dépouiller sur le rivage et prendre sa graisse ou son huile, etc. Afin d’exécuter ce projet, le nègre David tenant en main le bout de la corde, grimpa sur un arbre, la plaça entre deux branches , et les autres nègres hissèrent le serpent jusqu'en haut, où 1l demeura sus- pendu. Cela fait, David quitta larbre; tenant un couteau fort ét pointu entre ses dents, il s'attacha au monstre qui tournoyoit tou- jours, Il commenca l'opération par lui fendre 240 HISTOIRE Îa peau près du cou ; ensuite il l'en dépouilla’ et continua de la sorte en descendant jus- qu'en bas. Quoique je visse bien que l'énorme « bête étoit hors d'état de faire aucun mal, javoue cependant que je ne pus sans émo- tion voir un homme tout nu, noir et ensan- glanté, serrer des bras et des jambes la peau luisante d’un monstre encore vivant. | » £a chose ne fut pas toutefois sans utilité ; car, outre cette peau, David me procura par là plus de quatre gallons (environ seize pintes) de fine graisse clariñiée, ou plutôt d'huile, quoiqu'il y en eût encore une plus grande quantité de perdue. Je remis cette. huile aux chirurgiens de l'hôpital de Be- vils-Harwar pour les blessés, et j’en reçus leurs remercimens, car elle fait un excellent remède, sur-tout pour les meurtrissures: Quand je témoignai ma surprise de voir Fanimal toujours en vie, quoique privé de ses intestins et de sa peau, le vieux nègre Caramaca me dit, soit qu’il le sût par expé- rieuce, soit par tradition, qu'il ne mourreit qu'après le coucher du soleil. Les nègres le découpèrent pour l’accommoder et s’en régaler ; ils déclarèrent tous. qu'il étoit excellent et très-sain; mais, à leur grand chagrin, je refusai d’en goûter; et aprés DES BOAS. 141 leur repas nous descendimes vers le Devil’s- Harwar. | » On conserve plusieurs peaux de ceite espèce dans le museum britannique et dans celui de M. Parkinson. Il est nommé Zboza par Westley, boa dans l'Encyclopédie an- glaise , et aborma par les habitans de la colonie de Surinam. | | » Sa longueur, lorsque ce serpent a pris toute sa croissance , est quelquefois, dit-on, de quarante pieds, et sa circonférence plus de quatre. Il a le dos d’un noir verdâtre, et couvert de taches irrégulières, blanches et entourées d’une bande noire; les flancs sont d’un beau jaune brun, avec les mêrnes taches, et le ventre est d’un blanc sale. Sa ête est large, plate, mais petite en propor- tion du corps; sa bouche est très-crande, et elle renferme une double rangée de dents: ses deux yeux sont nous et saillans. Ce ser- pent est couvert d’écailles dont quelques- unes sont de la taille d’un schelling. Pour saisir et retenir sa proie, il est armé sous le ventre de deux fortes griffes assez sem- blables aux ergots d’un coq (1). (1) Ce caractère indique bien clairement que l’aboma est un véritable bo. 142 HISTOIRE » Cet animal est amphibie et se plaît dans les terres basses et marécageuses, où il» se tapit, en se serrant en rond comme une corde, sous des monceaux de bois pourri, sous de la mousse et des feuilles. Il se cache ainsi pour prendre son ennemi par surprise, son immense étendue ne lui permettant pas de le poursuivre. Quand il est affainé, il dé- vore les animaux qu'il peul atteindre; 1l lui importe peu que ce soit un paresseux, un sanglier , un cerf ou un tigre. Au moyen deses ergots il se cramponne et s’entortille autour de sa proie, de manière qu’elle ne peut lui échapper; il brise avec une force irrésistible les os du corps de l'animal qui lui sert de pâture. Pour rendre chaque morceau plus coulant, il l’enduit d’une bave ou de glaires qu'il tire de sa bouche; et enfin il y fait entrer le tout qui disparoît entièrement. L’aboma ne peut alors changer de situation : ja proie qu'il a avalée forme une trop forte enflure dans cette partie du corps où elle reste pour être digérée, et elle empêche ce serpent colossal de ramper sur la terre. On m'a dit que des nègres en ont été dévorés, et je suis assez disposé à le croire ; car si, lorsque la faim le presse, un homme se DE S : BIOFA S. 145 irouvoit à sa portée, 1l le saisiroit certaine- ment comme toute autre proie. » Je suis porté à craindre que sa chair, qui est très - blanche et semblable à celle d’un poisson, ne soit pernicieuse pour l’es- tomac. Tous les nègres en mangèrent sans répugnance; mais Je remarquai une sorte de mécontentement parmi les soldats de marine qui maccompagnoient, de ce que j'avois laissé prendre leur chaudière pour la cuire. La morsure de ce serpent n’est pas regardée comme venimeuse, et l’on dit qu'il ne mord que lorsqu'il a faim. » Je fis clouer la peau de ce serpent aboma au fond du canot, et je la couvris de cendres afin d'empêcher la corruption ; puis je l’envoyai à un de mes amis à Para- maribo , qui ensuite la fit passer en Hollande comme un objet très-curieux ». Le voyageur Levaillant a rapporté de Surinam, sa pairie, plusieurs espèces de boas très-remarquables, et j'ai trouvé parmi eux un jeune individu que je regarde comme le même que le boa aboma figuré par Sted- man. Îl ressemble beaucoup par sa forme et par ses écailles au boa devin qui vit en Afrique. Sa longueur totale est d'un pied cinq pouces six lignes. 144 HISTOIRE pieds pouc. lignes Tête L2 e L LL CRE | L] L L2 _ . L e » } » 2 EBEPE » couru bn dei à lei MERE Muene à 2 Joel eiosts air entile PINS La têle esi revètue en dessus et en dessous d’écailles lisses non imbriquées, hexagones, avec quelques autres un peu plus grandes et assez semblables à de petites plaques peutagones et hexagones dessus le museau. Celui-ci est muni à son extrémité par une grande plaque un peu triangulaire, échan- crée en en bas; et il y a une autre plaque semblable à l'extrémité de la mâchoire in- ferieure. La lèvre supérieure a quatorze plaques très - petites sur chaque côté, et quinze sur chaque côté de celle d'en bas. J'ai compté cent soixante-quiuze grandes plaques, puis trois doubles plaques, puis quaire-vingt-cinq grandes plaques sous le ventre, et soixante-cinq autres entières sous la queue, ce qui fait un total de trois cent vingt-huit. Comme l'animal étoit jeune, je présume que les irois doubles plaques qui sont vers le milieu de son ventre sont ainsi partagées à cause du cordon ombilical dont il s’étoit sans douie débarrassé dans Toœuf peu de tems avant sa mort. Les écailles du côr ‘DS DS BOAS. 145 corps et de la queue sont hexagones, petites, Bsses et réliculées entre elles. Comme ce reptile est conservé depuis Jong-tems dans une liqueur spiritueuse, il est à croire qu'il y a subi une certaine alté- ration par rapport à ses couleurs; mais la forme des taches est bien marquée : il est d'un : bai roussâtre clair, avec une rangée longitudinale d’une soixantaine ou environ de taches rondes jaunâtres, bordées d’un cercle noir, disposées depuis l’occiput jusqu’à l'extrémité de la queue, qui est courte et amincie. Les flancs sont comprimés et ont des taches nombreuses parallèles, à la rangée dorsale; ces taches sont noires , arrondies , bordées en dessus par une teinte claire qui est elle-même surmontée d’un trait noir. Au dessous de ces taches il y en a d’autres noirâtres très - petites, situées auprés des plaques. Toutes ces rangées sont au nombre de cinq, dont les trois intérieures plus re- marquables. On voit dessus la tête cinq traits noirs et longitudinaux , qui se prolonsgnt depuis le museau ou depuis les yeux Jusqu' à locciput. L’abdomen et la gorge sont jau- nâtres et sans taches ni points: le dessous de la queue a la même couleur avec quelques légers points rembrunis, Reptiles. Tome V. K 146 HISTOIRE J'ai vu dans sa bouche deux rangées mar- ginales de petites dents aiguës à chaque mâ- choire ; deux autres rangées palatales de dents semblables à la mâchoire supérieure, et une langue extensible, longue et trés- fourchue. Nous avons annoncé dans le courant da cet ouvrage que le boa devin est le serpent fétiche des nègres de Guinée ; il paroît que l'aboma, ou une espèce voisine, a aussi été en vénération chez les mexicains, selon. Lacépède. Cet auteur cite un passage extrait de l'Histoire générale des voyages (1), du- quel il résulie que la divinité suprême de ce peuple étoit représentée tenant dans sa main droite un serpent. Les temples et les autels de cette divinité, à laquelle ils faisoient des sacrifices barbares, offroient l'image d’un serpent. ; Si lon parcourt tout ce que les voyageurs ont écrit sur les boas monstrueux d’Amé- rique, on rencontre beaucoup de détails exagérés sur leur taille, mais très-peu de faits intéressans et vraisemblables sur leurs habitudes. Il paroît seulement que tous s’ac= cordent à dire qu'ils se tiennent au bord des (1) Hist. génér. des voyages , in-12, tom, XLVIIT, DES BOAS. 147 eaux, dans les endroits marécageux. Un missionnaire raconte qu'il vit un jour un serpent chasseur qui enfonçoit sa tête dans l’eau et l’y tenoit plongée pendant quelque tems pour y pêcher des poissons. Quelque- fois on a vu cet animal entortillé à moitié autour d’une branche placée au dessus de l’eau , et se tenir en embuscade, prêt à lancer sa tête sur le premier quadrupède qui vient se désaltérer près de lui, ou sur les poissons qui s'élèvent à la surface de l’eau. Lorsqu'un grand aboma a passé récem- ment dans un lieu couvert d'herbes, ou sur “un terrain sablonneux et: humide , on re- connoît facilement ses traces, car il forme par sa pesanteur considérable et par le frot- tement de son ventre une traînée large et plus ou moins profonde. On diroit que des nègres y ont fait passer le tronc d’un gros arbre. 4e Il faut évidemment rapporter à l’aboma le boa cenchris des naturalistes, et qui ha- bite à Surinam. Linnæus dit, dans la dixièine édition de son S'ystema naturæ , qu’il est jaunâtre , avec des taches ocellées, blan- châtres, entourées d’un gris cendré ; il lui indique deux cent soixante-cinq plaques sous le ventre, et cinquante - sept sous la K 2 148 HISTOIRE queue. Il donne ensuite une description pluÿ completté du mênie animal dans son ou- vrage sur le museum du prince Frédérie Adolphe. La tête est ornée de cinq lignes longitudinales brunes ; le corps est comprimé, long d’un pied (ce qui convient à un jeune individu ), et jauñâtre; sur le dos il y à environ soixante taches blanchâtres ; bor- dées d’un cercle gris; sur les côtés sont des taches grises, arquées en dessus : ceci con- vient parfaitement au boa aboma de Su- rinam. On trouve ce même boa décrit dans le museum d'Houttuyn , comme ayant deux cent soixante plaques sous le ventre, et soixante sous la queue. Cet auteur ÿ rap- porte par mégarde comme synonyme le boa figuré dans l’ouvrage de Seba, tome IT, planche 'xcvrrr. C’est notre boa rativore. Enfin il paroît encore qu’on doit rapporter ici le boa décrit comme il suit par Grono- vius , n° 155, et regardé par Latreïlle comme très-voisin du boa cenchris. Il est long de . vingt pouces. Sa tête est cordiforme, obtuse en devant , entièrement couverte, ainsi que le dessus du cou, du corps et de la queue, de petites écailles imbriquées. Ce boa est roussâtré , Uh peu jaune, ayant des taches DES BO.ASs. 149 oblongues très-marquées, d’une forme par- ticulière, blanchâtres, avec leurs bords très- noirs. Le . est comprimé , plus étroit que la tête à son origine. Le ventre a deux cent neuf plaques, et le dessous de la queue soixante-quatorze. La queue est petite, un peu aminçcie, avec son extrémité obtuse et arrondie. Latr eille rapporte encore à ce boa de FAmérique méridionale la vipère figurée par, Scheuchzer dans sa Physica Sacra ; pl. DCxx vin, fig. e. Bd IS TOIRE ; ‘ Fe Cyr : EE 7 rs da MDESENRES à SARSOP ETS _ ? k 4 nJ n eh HN 2 DH t3 + ] ÿ; E possède dans ma collection un morceaü de la peau séchée d’une grade espèce de boa > Qui me paroit être le mêmé que ler pereur qui habite dans l'Amérique mériz dionale , principalement au Mexique.’ Cet animal a sans doute été observé par plusieurs naturalistes ; mais je n’ai pas pu distinguer d’une manière précise ce qui est relatif à sa synonymie; c’est pourquoi jinvite pro visoirement le lecteur à recourir à celle du boa aboma, dont la description précède celle-ci. Le boa empereur parvient à une taille assez considérable ;et si j'en juge par l’échan- tllon que j'ai sous les yeux, el qui a quatorze pouces de largeur, il doit avoir jusqu’à dix- huit ou vingt pieds de. longueur. N'ayant pas vu l'animal entier, je ne puis pas en (1) Boa imperaior ; atro-fusca, rhombeis latis eë conjunctis albis in uné serie dorsali dispositis, cum duabus lineis albis in medio utriusque rhombi; cauda.…. DES BOAS. BE donner une description complette ; je me contenterai même de décrire ses coüleurs ; qui sont suffisantes pour constituer une espèce réellement différente de toutes les autres décrites dans cet ouvrage. La couleur est d’un brun foncé un peu noirâtre, ornée en dessus par une série lon- gitudinale de grandes losanges formées de deux traits blancs réunis à la suite les uns des autres; ceux du dessus de la partie antérieure du corps sont très-échancrés ‘en devant et:en arrière, de manière à former des hexagones ün péu irréguliers ; les lo- sanges du milieu sont régulières, éomme sur le dos du crotale à losange , mais ensuite elles deviennent ovales-oblongues dessus la queue; et les traits qui les forment y divergent aussi sur les côtés: Dans la descriplion du boa devin nous ‘verrons que ce boa est remar- quable parce qu’il est orné, entre ses mé- daillons dorsaux et'en dehors, de deux traits oblonss, parallèles et blancs® on trouve aussi deux traits semblables sur le dos du boa empereur ;-mais aglieu d’être extérieurs ils sont placés'au milieu de chacune des grandes Josanges. Quelquefois il y a au centre ‘des grands ovales’ de la queue une teinte d’un brun plus clair au lieu des deux traits blancs. K 4 …“ > SH LS - 152 HISTOIRE Sur chaque flanc on voit de plus une rangée de grandes taches ocellées. Aussitôt que mon travail sur les boas fat livré à l'impression , on reçut au museum d'histoire naturelle de Paris une caisse de graines très-intéressantes , recueillies au Mexique, à Carthagène, et dans le royaume de Chogo par le célèbre physicien Humbolt et par Bompland, jeune naturaliste très-zélé et rempli d'instruclion. Parmi 6es graines il y avoit deux peaux très-longues du boa empereur; mais comme elles avoient été fendues.sous le ventre, je n’ai pas pu comp- ter le nombre des plaques. Dans une note jointe à ces peaux, on annonce que ce boa est commun dans le royaume de Choco. Ces deux peaux ne diffèrent en rien de celle que je possède. J’ai reconnu par l’inspection des écailles dorsales et latérales que le boa empereur est plus voisin de l’aboma et de l'anacondo que du devin d'Afrique. : J'invite les naturalistes et les. voyageurs, qui auront occasion d'observer ce boa,:de ne rien négliger pour ep donner une des- cription complette, el d’y joindre , s'il est possible, quelques détails sur l'anatomie des principaux sense et des:wiscères de:ce reptile.. | f DES BOAS. 153 LE BOA DE TERNATE (1). O N trouve dans la collection du museum d'histoire naturelle un boa de Ternate, que le professeur Lacépède a regardé comme synonyme du boa rativore, décrit par Seba et Linnæus, mais qui en diffère essentielle- ment, ainsi que l’a pensé Latreille dans son Histoire naturelle des reptiles. | L'individu que j'ai examiné est long de deux pieds neuf pouces, en comprenant la queue qui n’a que quatre pouces et demi. Il est semblable par la forme au boa rati- vore, mais 1ln’a ni les mêmes couleurs, ni le même nombre de plaques. /: (1) Boa ternatea ; virescens , quinque seriebus longi- tudinalibus macularum rufescentium ; tribus seriecbus intermediis maculis puncto albo ocellatis, cérÉrguos et subadnatis ; caudé = — Seutis ventralibus a — Scutis caudalibus 653 - VU —— 264. 62 - 326 selon Van-Ernest. — Lacépède, Hist. des serpens, in-12, tom. IL, p. 106. — Tatreille, Hist. des reptiles, tom. IT, p.152, à l'article du boa rativore, 154 HISTOIRE I] est en dessus d’un verd glauque et. pâle, avec cinq rangées longitudinales de taches : la rangée intermédiaire est formée de taches d’un brun roussâtre, irrégulières, rapprochées ou même réunies dans quelques endroits, et blanches dans leur centre; les taches des deux rangées suivantes sont assez régulières, de couleur rousse, et marquées vers leur bord intérieur d’une lunule blanche: enfin les taches des deux autres rangées sont roussâtres, non ocellées, et situées vis-à- vis de l'intervalle qui est entre les taches de chaque rangée supérieure. Sur le derrière de la tête 1l y a encore cinq taches bru- mâtres, dont les deux extérieures s'étendent jusqu'aux yeux. | - J'ai compté deux cent soixante - une plaques sous le ventre, et soixante-trois sous la queue. - Van-Frnest prétend que ce boa existe dans plusieurs des îles Moluques;, et qu'il se nourrit de petits animaux, principalement de sauriens, de grenouilles et de limaçons. Un individu qu'il a observé avoit deux cent soixanie-quatre plaques ventrales, et soixante- deux caudales. : :. DES BOAS. 155 LE BOA RATIVORE (1). fr boa rativore est ainsi nommé parce qu'il mange une espèce de rat qui vit comme lui près des eaux en Amérique, selon Seba. … Sa taille devient quelquefois assez consi- dérable, car j'en ai vu. un. individu long de dix pieds. Lacépède en à observé un petit ‘( i) Boa murina ; colore glauco , maculis dorsalibus nigris modo geminis, modù imparibus , aliisque nigris medio albis in utroque. latere; abdomine albido, ad marginem maculis A punctis vario ; caudä ee Seutis abd, 254. — He subcaud. 65 - 519 selon Lin. : 254. —— 69 - 325 selon Gronovius. —— 954. ‘—— 71 7 525 solon Boddaert. —— 365. :—— 58 - 321 selon Schneider. .—— 261. —— 58-319 selon le même. —— 240. —— 68-5316 selon Houttuyn. -… Boa murina, Lin. Syst. nat.— Mus. Ad. Fr. tom. IF, p 42. — Idem. Gmel. Syst. nat. — Seba > Thes. tom.l, pl. DVI, fig. 4; tom. II , pl. xevirr. — Bo glauca , maculis nigris rotundatis. Boddaert, nov. Act. _avad. Cæs. tom. VIT ,p. 17, n° 2.— Boa murina. Schneider , Hist. amphib. fasc. 2 > P- 240. — Knorr, 156 HISTOIRE dont la longueur totale étoit de deux pieds et demi, et dont la queue avoit un peu plus de quatre pouces, ce qui fait environ la septième partie de lPanimal. £a têle est oblongue, peu obituse, à quatre faces, et revêtue en dessus d’une vingtaine de pla- ques inégales dans leurs dimensions; la peau est garnie en dessus et sur les côtés d’écailles rhomboïdales, petites et nombreuses; sous le ventre de deux cent cinquante-quatre à deux cenl soixante-une grandes plaques, ét sous la queue de an or à soixante- onze doubles plaques. - -- - — : La. couleur .est en dessus. & un brin noel sou plutôt elle est glauque, mar- quée sur le dos de taches noires arrondies, et disposées tantôt par paires et tantôt une à ‘une, suivant la partie du corps qu’elles occupent. Sur les côtés il y a d’autres taches noires qui sont blanches dans leur milieu ; le ventre est blanc, avee des petites taches T “Délic. nat. pL LV? — Manseur de rats. Daubenton, Dict. erpét. Encycl. méth. = £é rativore. Eacépède, “Hist. des serpens ,in-12 , tom. IT, p: 106. — Boa rati- “vore: Tatréille Hist: nat. des repties, in-18, tom. IE, “p. 151. — Cenchris. Gronovius, Mas. p. fer ARS Houttuyn, Mus: p.25 ,n° 189. 118 DES BOAS. 157 et dés poiñts épars, principalement sur ses bords ; quelquefois le ventre est blanchätre, marqué cà et là de points et de teintes noi- râtres plus ou moins effacées. Parmi les reptiles qui ont faits partie du museum de Hollande, j'ai trouvé deux indi- vidus de cétte espèce assez bien conservés; mais il ne m'a pas été possible de compter les plaques dans le bocal qui les contient; j'ai cru seulement reconnoître soixante-onze plaques entières sous la queué de l’un d'eux. Le naturaliste Lacépède a pensé que le boa rativore de Seba est le même qu’un boù envoyé de Ternate au museum d'histoire naturelle de Paris; mais je me suis assuré depuis que ces boas doivent former deux espèces voisines et séparées, principalement à cause des différences qui existent entre les taches de l’un et de lautre. D'ailleurs, quoique je n’aie pas encore de renseigne- mens positifs sur la patrie de ce bon, je le crois de l'Amérique méridionale , plutôt que de l'Asie où de l'Afrique. Beaucoup de serpens paroissent recher- cher les rats et les autres petits quadrupèdes du même ordre, de préférence à toute autre proie. Tel est entré autres le serpent 258 HISTOIRE jaune du cap de Bonne- Espérance, qui se cache dans les trous des rats, au milieu des bois, après s'être nourri de ces animaux, selon Paterson (1). | Schneider, qui a vu plusieurs rativores dans les museum de Rebelt, de Bloch et de Ludwig, a reconnu avec raison que la planche de Seba (ion. il, pl xcvrr.) doit être rangée dans la synonymie, au lieu d’être rapportée au boa devin comme ya- riété à l'exemple de Tinnæus, qui a placé par erreur sous le boa rativore deux autres planches de Seba (tom. IT, planche xxrr, fig. 1; pl. xxIx, fig. 1.) qui ont été faites d’après deux jeunes serpens très-différens : cet auteur ajoute que le boa, n° 44, de Gro- novius ne convient pas à celui dont je donne ici la description, et qu’on a eu également tort d'y rapporter aussi le serpent figuré par Scheuchzer , dans son Histoire natu- relle (2) (planche pcvi, fig. A), car c’est, dit-il, une espèce d’un genre fort différent. 11 observe avec raison que le vrai boa rati- (1) Paterson, Relation de quatre voyages chez les hottentots ,in-4°, p. 129. (2) Scheuchzer, Phys. sacr. pl. cvs, Hg. A. DES BOAS. 159 vore n’a pas d'écailles proprement dites, mais des plaques sur le devant de la tête : les écailles des lèvres sont creusées ; les dents antérieures de la mâchoire inférieure sont beaucoup plus longues et plus épaisses que les pareilles dents de la mâchoire supé- rieure; puis il ajoute qu'il y a des dents mobiles et des dents fixes renfermées dans le même fourreau membraneux, ce qui pourroit induire en erreur et faire croire que c’est un serpent venimeux, et par con- séquent un scytale. Le rativore n’a pas de crochets venimeux, et il n’a pas besoin d'armes aussi dangereuses pour s'emparer de grandes proies lorsqu'il a atteint son entier accroissement : sa force extrême alors lui suffit. Le serpent figuré par Seba, tom. E, pl. Lvr, fig. 4, est encore notre rativore, selon Schneider, quoiqu’on lui ait indiqué des doubles plaques sous toute la queue : je pense que c'est plutôt le même animal que la couleuvre molure ; mais il ne faut pas s'étonner de cette inadvertance de Schneider qui n'a pas eu recours aux divers tégumens de la peau pour établir différens genres dans l’ordre des serpens , et qui a par L 160 HISTOIRE $ conséquent rangé parmi les boas plusieurs couleuvres, entre autres la molure, seule=" ment parce que sa tête a la même forme que celle des boas. Il a vu dans la collection de Ludwig à Leipsick un serpent semblable à cette dernière figure de Seba, et muni de cinquante-quatre plaques sous la queue ; son ventre étoit blanc, et avoit deux doubles plaques dans un endroit, et trois doubles plaques dans un autre parmi les plaques entières; ce qui provient sans doute d’un défaut de conformation ou d’ün acci- dent, et non pas d’un caractère propre à tous les individus de la même espèce. Il existe enfin dans la collection de Lampi trois individus qui se rapportent parfaite- ment au rativore décrit par Linnæus dans le Museum du prince Frédéric Adolphe, tom. IT, pag. 42, avec cette seule différencé qu'ils avoient tous les trois, ainsi qué lé plus petit individu de la collection de Bloch, sur le milieu de la partie supérieure du dos des grandes écailles hexagones EE entre de moindres écailles. LE PLExXUT. tn dj 1h A 1 } EE — ln il ji ot ju Httl an { | je qi ui À [AL ll L i ji \ qu il \ | us A ut il à | | (ll Hi We nn Al Je il \ / j di wi a vs NE NN ti Ne \ nn il au lo \ NAN A del. ur AL. 1.BOA ÉLÉGANT. 9.Troncon du COTPS du box anacon de . 3,Troncon du corps de Boa porle anneaux. DES BOAS. 16% a LE BOA ANACONDO (1). Planche L'XHII Jig. 2. Liz naturaliste Latreille a fait connoître* sous le nom de boa géant (boa gigas), un grand serpent de l'Amérique méridionale qui est très-voisin, par sa forme, ses cou- leurs et ses habitudes, du devin et de la- boma. Il paroît, comme eux, susceptible (1) Boa anacondo ; rufo -virescens , maculis rotun- datis fuscis geminatis et numnerosis supr& dorsum ; aliisque fuscis albido ocellatis in utroque latere ; abdo- mine punctato; capite quadrilineato ; caudé ferè +. Scutis abdom. 250. — Scutis subcaud. 60- 310. 250. —— 68 - 318. —— 250. —— 70 - 320. 165. —— 75 - 258 selon Schneider. Boa géant. Latreille, Hist. nat. des reptiles, in-18, tom. JT, p. 156. — Æn cenchris, et yellow-snake ? Browne , Hist. nat. de la Jam. p. 461. — Boa scytale. Lin. Syst. nat. edit. 12. — Tdem. Gmelin , Syst. nat. ed. 13, p. 1084. — Le schytale. Daubent. Dict. erpét. Encyc. méth. — Idem. Lacépède , Hist. nat. des serp. in-12,tom. Il, p. 204. — Le boa scytale. Latreille, Hist. nat. des reptiles , tom. TI ; p. 146. Reptiles. Toms V. L 162 HESTMOAHRE d'acquérir une taiile considérable ; mais il est prouvé qu'il devient plus grand qu'eux. J'ai donc pensé qu'il seroit plus convenable de substituer au surnom de géant, qui ne lui appartient pas exclusivement, celui d’a- nacondo, sous lequel il est connu dans quelques parties de l'Amérique méridionale, principalement à Surinam, selon le témoi- gnage de Levaillant. Ce voyageur a eu la complaisance de mettre à ma disposition toute sa collection de reptiles, qui est con- sidérable et bien conservée dans de l'esprit de vin, et parmi elle j'ai de un jeune boa de Surinam, que je rate comme un véritable anacondo. Latreille prétend avoir observé plusieurs individus de cette espèce, de tout âge et de toute grandeur, qui lui ont toujours présenté les mêmes caractères; aussi me. suis-je dé- terminé, à son exemple, d’en faire une espèce réellement distincte, Le fond de la couleur, selon lui, est en dessus d’un gris brun tirant sur le verdâire: la tête est. garnie de petites écailles dans toute son étendue, comme au boa devin, et ellé paroit d’un brun foncé. Il a trouvé à un individu, long d’environ dix-huit pieds, des mâchoires bien conservées ; leurs dents Ds. Es DES BOAS. 163 étôient presque toutes égales, longues de près de quatre lignes, et au nombre de dix à douze à peu près sur chaque rangée. Elles h'avoient aücun crochet venimeux. Il à remarqué que les écailles du corps sont carrées, grandes , et bien différentes de celles du devin; plusieurs sont légèrement striées, d’autres sont lisses, et l’extrémité d’un très-grand nombre est relevé sans doute à cause de la dessication. Il prétend que cette espèce est bien caractérisée par une suite de grandes taches ovales d’un brun noirâtre , disposées transversalement deux à deux, et se confondant à leur côté iuterne tout le long du dos, de manière à former autant de bandes courtes placées en travers ét en sens légèrement oblique; de plus, les côtés inférieurs et le dessous du corps sont jaunâtres. Il y a sur chacun des flancs une série de grandes taches arrondies , ou ovalés , ou lunulées, irrégulières , jaunâtres, et en- tourées chacune d’une bordure noirâtré ou d’un brun foncé. Il y a quelquefois deux taches l’une sur l’utre, ce que j'ai aussi observé sur le boa abomia: Le ventre est couvert de deux cent cin- quante plaques entières, et sous la queue il ÿ à soixante à soixante-liuit des mêrñes L 3 164 HISTOIRE plaques; celles de extrémité sont tellement petites, qu'on peut à peine les distinguer des écailles du dessus de la queue. Laireille a vu sur chaque plaque une ou deux lignes brunes, et dans le sens de la longueur, ce qui forme deux raies longitudinales et irré- gulières ; 1l a aussi remarqué des petites écailles autour de l'anus. Il a trouvé des peaux de ce boa qui ont plus de trente pieds de longueur; et celle qui lui a servi à faire cette description étoit longue de dix-huit pieds, et large de presque un pied et demi. Le boa anacondo paroît habiter dans la Guiane, et l’on a envoyé de Cayenne, au museum d'histoire naturelle de Paris, une peau de grand serpent qui appartient sans doute à la même espèce. Laitreille ne la pas vu figuré dans l’ouvrage de Seba. Je présume qu’il faut rapporter à l’ana- condo le serpent de la Jamaïque, nommé par les anglais ye/low snake ( serpent jaune), et désigné par Browne par la phrase sui- vante : cenchris tardisrada, major, lutea, maculis nigris notata , caud@ breviori et crassiort, Ce qui signifie que c'est un cen- chris lent, assez grand, jaune, marqué de laches noires, avec sa queue courte et épaisse. DES BOAS. 165 Browne ajoute que ce serpent parvient or- dinairement à la longueur de seize ou vingt pieds. Tacépède la confondu par mégarde avec le boa devin. Le jeune serpent anacondo , que m’a com- muniqué Levaillant, est long d’un pied deux pouces, et sa queue amincie occupe environ la septième partie de cette dimension. Sä couleur est d’un bai clair, tirant lésèrement sur le verdâtre én dessus, avec environ soixante doubles taches rondes ou arrondies et brunâtres, disposées dépuis locciput jus- qu'au bout de la queue. Cestaches , arrangées deux à deux, sont opposées ordinairement, ou bien elles sont quelquefois aliernes. Sur chaque flanc il y a une rangée longitudi- nale de cercles bruns, ocellés dans leur milieu de blanc jaunâtre , très-nombreux, et plus rapprochés que les taches dorsiles. La tête est marquée de quatre traits bruns et longitudinaux , savoir, un dessus et un derrière chaque œil. Le dessous de l’animal est jaunâtre, parsemé de points bruns; uñ cordon ombilical , long de plus d’un pouce, sort du milieu du ventre. On voit sur chaque côté du corps, près de l’ouverture de l'anus, un petit ergot couché contre les écailles } et de plus on remarque hors de l'anus deux L3 166 HMISTOFRE appendices parallèles , longues dé quatre lignes, dirigées en arrière, finement striées en travers, légèrement déprimées, et mu- nies, chacune en dessous vers leur muiheu, d’une autre appendice semblable et longue de deux lignes. Je n’ai pas pu examiner à quel “usage l'animal doit employer ces appendices, si elles sont des organes sexuels ; ou l’extré- mité de quelque intestin particulier , et qui ne serait apparent au dehors que lorsque Vanimal est encore renfermé dans son œuf. Levaillant possède plusieurs œufs d’anacondo dont le plus grand diamètre. est de trois pouces environ. {l paroît que l'individu qu'il m'a prêté a élé tiré d’un de ces œufs lorsqu'il : étoit prêt d’éclore. Je me suis abstenu de compter ses plaques abdominales et sous-caudales, afin de ne pas risquer de l’'endomimager, Le boa anacondo a été rapporté par Lin- næus, Gmelin, Schneider, Lacépède et. Latreille, au boa scytale, où plutôt Lin- næus a d’abord donné une description exacte du boa scytale, dans la dixième édition de son dysiema naturæ, puis il y a substitué, dans la douzième, celle du véritable boa anacondo , et les naturalistes. plus modernes ont suivi son exemple ; ils ont ensuite DES BOAS. 167 rapporté la description du boa scytaie de la dixième édition à l’anguis scutatus, qui n’est, selon moi, que le véritable boa scytale, ainsi que je me propose de le démonirer bientôt, en faisant lhistoire de cet animal. Le scytale, ou plutôt l’anacondo, devient assez grand, suivant Linnæus, pour écraser des chèvres et des brebis, et pour les avaler ensuite. Schneider en a observé un dans Ia collection de Bloch à Berlin, qui a exacte- ment les mêmes couleurs que le véritable anacondo , et qui ne paroît en Gilférer que par le nombre de ses plaques, car il n’en a que cent soixante-cinq sous. le ventre, et jusqu'à soixante - treize sous. la queue. Je Serai connoître la description que Schneider en a donnée à l’article du boa scytale. : La . * L 4 168 HISTOIRE ‘LE BOA SCYTALE: (a); Ccrr E espèce, qu'il ne faut pas confondre avec les scytales ou boas venimeux, ne paroît pas exactement déterminée, ainsi que la reconnu Schneider, et les incertitudes qui régnent sur son histoire paroissent être occasionnées par une erreur de Gmelin qui a réuni sous le même nom des ophidiens trés-différens. Tinnæus a décrit le premier ce boa dans la dixième édition de son $Systema naiuræ, et il lui indique deux cent cinquante plaques (1) Boa scytale ; colore ex albo et nigro undulato? caudé brevissim& apice acuto +. — Scutis abdomin. 250.— Scutis subcaud. 26 - 276. Boa scytale. Lin. Syst. nat. edit. 10. — Scytale. Gronov. Mus. tom. II, n° 10, p. 55. — Scheuchzer , Phys. sacra , pl. Dccxxx VII, fig. 1. — Anguis scutata. Laurenti, Synops. rept. p.70, n° 152.— Boa albida, fasciis atris. Boddaert , nov. Act. acad. Cæs. tom. VIF, p.17, n° 1.— Boa scytale. Schneider , Hist. amphib. fase. 2 , p. 248.— Anguis scutatus. Schneïder , Hist. amphib. fasc. 2 , p. 336. — dem. Gmelin, Syst. nat. p. 1122. DES BOAS: 168 entières sous le ventre, et vingt-six autres semblables sous la queue; et il cite comme synonymes, 1° le n° 10, page 55, tome IT du museum de Gronovius, en transcrivant les propres expressions de ce naturaliste; 2° la figure 1, planche pccxxx vit de la Physica sacra de Scheuchzer ; il nous ap- prend que le boa scytale habite en Amé- rique ; que sa couleux ést variée, et comme ondulée de noir et de blanc, avec de graudes plaques dessus Ja tête. Cette première syno- nymie et cette description du boa scytale données par Linnæus, ont ensuite élé rap- portées par Gronovius au serpent n° 88 de son Zoophyllacium , mais il lui indique soixante-dix plaques sous-candales, ce qui établit une grande contradiction ; et il pré- fère le regarder comme appartenant à un nouveau genre de couleuvres, à cause des graudes plaques polygones qui recouvrent sa tête, et à cause de sa queue épaisse, cylindrique. Le n° 89 du même auteur est un boa semblable au premier, mais il a cent quatre-vingts plaques entières sous le corps, et soixante-douze semblables sous la queue, avec des plaques sur la tête, comme aux couleuvres : Linnæus et Gmelin lont omis dans leurs descriptions. 370 HISTOIRE Faurenti a ensuite rapporté à larguis scutata comme synonymes le n° 10 du mu- seum de Gronovius, et la figure 1 de la planche pccxxxvir de l'ouvrage publié ‘par Scheuchzer. Cette confusion s’est ensuite accrue par une inadvertance singulière de Gmelin, qui a indiqué la synonymie de Gronovius et de Scheuchzer en même tems sous le 6oa scytale , ei sous l’anguis scutatus ; et qui a réuni au premier de ces deux ophi- diens le boa blanchâtre à fascies brunes, observé par Boddaert. Enfin Linnæus, dans la douzième édition du Systema naituræ, a ajouté , à sa description du boa scytale, une phrase où ïi annonce que le corps est cendré; avec des taches noires arrondies sur le dos, des anneaux noirs ayant leur disque blanc sur les flancs, et des taches oblongues sem- blables à des. points noirs, enchaïinées en semble sur le ventre. Lee Schneider , après avoir donné tous'ces détails intéressansy fait observer qu'il à “trouvé dans la collection de feu Bloch, de Berlin, un baa voisin du rativore, et sem- blable à la dernière description citée ci- dessus, d’après Linnœæus. Le ventre avoit cent soixante - cinq plaques entières, et la queue en avoit soixante -treize en dessous: Luz DES BOAS. 171 destaches brunes arrondies, tantôt par paires, et tantôt alternes, couvroient le dos. Sur les flancs on voyoit des cercles ou anneaux dis- posés en long, et placés quelquefois l’un sur l’autre; et plus bas étoient des petites taches réunies qui bigarroient le ventre, T'individa, quoique nouvellement né, et encore muni de son cordon ombilical, avoit tous les caractères des vrais boas, même les ergots près de l'anus. On voyoit sur la iête de grandes plaaues polygones, et sur le corps de petites écailles rhomboïdales. Il résulte de toutes ces remarques, qu’il n’y à d’autres moyens d'éclaircir lobscu- rité qui règne dans cette description du boa scytale, que de lui rapporter provisoirement Ja description qu’en a donnée Linnæus dans la dixième édition de son Systema naturæ. Quand au boa décrit par Schneider, je le regarde comme un synonyme du boa ana- condo que j'ai observé dans la coilection de Levaillant, sinon par le nombre de ses plaques, au moins par la forme et la dis- position de ses couleurs. La phrase spécifique du boa scytale de Schneider se rapporte elle-même à l’ana- condo de Surinam ; et si nous examinons plus en détail les opinions de cet auteur, 172 HISTOIRE d’ailleurs judicieux , nous verrons qu'il s’est trompé en rapportant le premier boa scytale de Linnæus au genre des orvets. Ces der- niers animaux forment un genre très-tranché dans l’ordre des ophidiens , et il ne paroît pas convenable d’ÿ ranger des serpens munis de plaques en dessous, et qui n’ont d’autres rapports avec eux que d’avoir une forme cylindrique et la queue obtuse. Nous verrons dans le cours de ce travail, que Schneider a commis plusieurs fois cette méprise, que je me suis empressé de réparer en établissant deux genres nouveaux, voisins des véritables orvets; savoir, 1° les éryx ou orvets à plaques en dessous , et non venimeux ; 2° et les clo- thonies où orvets à plaques, et venimeux. Le boa scytale décrit par Gronovius et Schneider sous le nom d’anguis scutatus à, comme celui de Linnæus, deux cent cin- quante plaques entières sous le corps, et vingt-six sous la queue. Sa longueur est de neuf pouces, y compris la tête qui a quatre lignes, et la queue qui a dix lignes. La tête est oblongues, étroite, cylindrique, arrondie, obtuse en devant, convexe en dessus, et couverte de plaques polygones. Ces plaques sont disposées comme il suit ; savoir : deux paires carrées entre le museau DES BOAS. 173 et les yeux, puis une plaque centrale cor- diforme, ayant sa pointe tournée en ar- rière, et sur chacun de ses côtés une petite plaque sous laquelle l'œil est placé; enfin sur la partie postérieure, deux grandes pla- ques triangulaires qui recouvrent entière- ment l’occiput. Les côtés de la tête sont droits et convexes; la mâchoire inférieure est beaucoup plus courte ; les yeux sont très- petits, arrondis, latéraux ; le corps est très- mince , oblong, confondu avec la tête, et d’une largeur presque égade à l’anus; la queue est courte , à peine plus mince que le corps à sa base, et ensuite terminée en pointe. La couleur est variée d’anneaux noirs et blancs. D'après les différens caractères que pré- sente ce reptile, Gronovius a cru devoir en former un genre sous le nom de scytale, et 1} l’a regardé comme très-voisin des orvets par la forme de son corps et de sa queue, et de son genre cenchris (notre boa cen- chris) par ses plaques sous-caudales. Il est convenable d'annoncer ici que le boa scylale, décrit par Linnæus dans sa douzième édition du Systema naturæ, par Ginelin dans la treizième, par Lacépède et Latreille ,-est notre boa anaconda. 74 HISTOIRE LÉ BR O'A: DE VILIN EN Ph LIX., fig.5; pl. LXIT , fig. 1. Îes naturalistes ne sont pas d'accord entre eux sur l'espèce de boa qui doit porter le (1) Boa constrictor; flavescens , t@œni4 laté dorsali fuscescente, cum magnis maculis ovatis anticè et posticè crenatis circa 22, lateribusque ocellatis ; abdomine punctato ; capite trilineato ; caudä —.. Scutis abd. 240.— Scutis subcaud. po 300 selon Lin. 240. 64 = 304 selon le même. = 240. —— 54 - 394 selon Gronovius. —— 248. —— 60 - 308 selon le même. 246. —— 54 - 500 selon Lacépède. —— 242. —— .30 - 252 selon Boddaert. :=— 240. —— 52 - 292 selon Merrem. —— 238. —— 58 - 296 selon moi. 241. 58 - 209 selon Schneider: Boa constrictor. Lin. Syst. nat. Amæn. acad. tom. f, p- 497, pl. xvir ; fig. 5: — Mus. Adolph. Frid. tom. 1; p. 38. — dem. Gmel. Syst nat. p. 1083. — Cenchris. Gronov. Zooph. p.26, n° 134. — Boa maculis varie- gatis rhombæis. Boddaert, nov. Act. acad. Cæs. 1. VII, P 10,0 0. — ERA formosissimus. Laürenti À Synops. rept. p. 107, n° 255. — Seba, Thés. tom.I, pt xxxvi, fig. 5; tom. II, pl. cr. <— Constrictor rex serpentium. Laurenti, Synôps. rept: p.107, n° 256, =. DES BOAS. 17) surnom de devin, ou du moins ils y rap- portent plusieurs serpens très-diflérens par Seba , Thes. tom. II, pl. xcix, fig. 1. — Coastrictor auspex. Laurenti, Synops. reptil. p.108 , n° 237. — Seba , tom. I, pl. citr, fig. 1. — Constrictor divinilo- guus. Laurenti, Synops. rept. p. 108, n° 238. — Seba , Thes. tom. If, pl.c, fig. 1. — Lamanda, ou roi des serpens ; à Java. — Mambella et polonga, à Ceilan. — Job Ludolph , Comment. ad histor. Æthiop. _p-166. — Serpens peregrinus. Car. Clusius, Exotic. liv:9,-p-,113, edit. 1605. :— Mich. Bern. Valentin, Ampb. z00. pl. xxxv, fig, 8. — Le devin. Daubent. Dict. erpét. Encycl. méth. — Zdem. Lacépède, Hist. nat. des serpens ,in-12, tom. II, p.140, pl. v, fig. s. æ— Boa devin. Latreille , Hist. des reptiles, in-18, tom. III, p.111, fig. 1. — Serpent géant. Adanson, Voyage au Sénégal , in-4° , p. 152 et suiv. — Serpent fétiche. Paul Isert, Voyage en Guinée, p. 150.— Koniglicher slinger (boa royal). Merrem, Beytrægé zur gesch. des amph. fase. 2 ,p.1,plr. Nota. Tous les noms donnés aux boas devins de Fancien continent doivent être provisoirement rangés dans cette synonymie , et ceux des boas devins de l'Amérique sont reportés dans cet ouvrage au boa aboma. Je ne garantis pas cependant l’exactitude de toutes ces citations ; le tems et de nouvelles observa- tions faites par les voyageurs pourront seuls éclaircir convenablement ces doutes. Le boa devin est bien figuré dans Scheucuzer , Physica sacra, pl. Dccxzvr, fig, 1. C’est le bou constrictrix de Schneider, Hist, amplhib. in-6° , fasc. 2,p, 247; Iena , 1807. FAN 176 HISTOIRE leurs couleurs et par les pays qu’ils habi+ tent. Ils ont confondu ensemble des espèces de PAmérique méridionale, de l'Afrique et de l’Inde , toutes celles dont la taille est co- lossale. Cependant il est maintenant prouvé que le même reptile ne peut habiter en même tems dans l’ancien et dans le nouveau continent ; d’ailleurs 1l est facile de se con- vaincre que le boa devin, qui est en grande vénération et inême adoré des nègres en Afrique , ne ressemble en aucune manière par ses couleurs et par la disposition de ses taches aux serpens américains, entre autres au boa aboma dont Stedman a donné la figure dans la Relation de son voyage à Suri- nam. Il est aussi certain que l’aboma n’est pas le seul serpent colossal d'Amérique, et. qu'il y en a d’autres aussi grands que le véritable devin en Afrique et en Asie. Cependant comme 1l existe encore une srande confusion dans la détermination de ces grandes espèces, je me propose de rap- porter provisoirement au devin toutes celles de l’ancien continent qui ne me paroîtront pas suffisamment connues. D'après cette con- sidération je crois qu'il faut supprimer de la synonymie tous les noms mexicains , brasi- liens, etc. que Lacépède y rapporte ; car ils paroissent DES BOAS. 177 paroissent plutôt convenir aux boas ana- cando , emipereur , ou aboma. _ Le boa devin est d’une grande beauté, d'une force extrême; il est redoutable par sa voracité ; lorsqu'il a saisi sa proie, 1l l’avale lentement sans la broyer entre ses dents acérées, qui ne peuvent servir qu'à retenir et non à triturer. & Parmi ce genre distin- gué dans l’ordre des serpers, dit Lacépède, le devin occupe le premier rang. La Nature Pen a fait roi par la supériorité des dons qu'elle lui a prodigués : elle lui a accordé la beauté , la grandeur et la force; elle lui a en quelque sorte tout donné, hors ce faneste poison déparli à certaines espèces de serpens, presque toujours aux plus pe- tites , et qui a fait regarder l’ordre entier de ces animaux comme des objets d’une grande terreur. Le devin est douc parimi les serpens comme l'éléphant: ou le lion. parmi les quadrupèdes ; il surpasse les ani- maux de son ordre par sa grandeur comme le premier, et par sa force comme le second; il parvient communément à la longueur de plus de vingt pieds; et, suivant le témoignage de plusieurs voyageurs, on en trouve de plus grands. Peut-être même doit-on y rapporter cet énorme serpent qui fut tué Repiues. TomME V. M v 74 4 178 HISTOIRE par l’armée de Regulus. C'étoit auprès des, plaines sablonneuses d'Afrique qu’eut lieu ce combat remarquable; le serpent devin existe dans cette partie du monde; et comme c’est le plus grand des serpens, c’est un individu de son espèce qui doit avoir lutté contre les armées romaines ». - Le boa devin a une tête dont la forme a été comparée avec raison à celle des chiens de chasse par Seba et par Laurenti. En'effet le sommet en est élargi et saïillant derrière les yeux; le museau est prolongé, obtus en devant, très-comprimé sur les côtés et les joues ; les yeux sont assez gros et leurs orbites sont saillantes. Toute la tête est cou- verte dessus et. dessous de petites écailles nombreuses, plus grandes, et assez sembla- bles à des plaques sur le bord des lèvres (1) : l'extrémité du museau, qui est tronquée, a une grande plaque située dans une direc- tion verticale, et échancrée intérieurement pour laisser passer la langue. Les écailles du dessus de la tête sont pentagones, régu- lières, carrelées entre elles, et celles de la (1) Lacépède a compté quarante - quatre écailles sur la lèvre supérieure , et cinquante-trois sur l’in- férieure. DES BOAS 170 gorge sont rhomboïdales et D dec Les marines sont situées latéralement au haut de l’extrémité du museau près de la plaque rostrale ; la gueule est ample et peut s’élargir beaucoup au gré de l’animal; les mâchoires sont munies de dents alongées très-aigués, qui garuissent les branches marginales et palatales; il n’y a aucun crochet venimeux. La tête, plus large que le cou, l’est moins que le milieu du corps, qui est assez forte- ment comprimé latéralement, et qui paroît avoir une grande propension à se rouler sur lui-même en forme de spirale, de manière que le ventre se trouve placé dans l’inté- rieur des spirales : les personnes qui ont vu des iules ou cloportes se rouler, compren- dront facilement cette faculié du boa devin. Comme dans les autres ophidiens, le mombre de ses plaques est sujet à varier; Lacépède en à trouvé deux cent quaranie- six sous le corps et cinquanie-qüatre sous Ja queue; j'en ai compté à un jeune individu _ placé dans la collection de Bosc deux cent irente-hait sous le corps et cinquante-huit sous la queue. Toutes ces plaques sont bor- Ldées sur chaque côté par deux rangées lon- gitudinales de grandes écailles lisses, imbri- queées ; les autres écailles sont très-pelites, M 2 180 ; HISTOIRE nombreuses, lisses, ovales, arrondies et ui peu imbriquées les unes sur les autres. La queue est un peu moins grosse que le corps, amincie à son extrémité, et courte, car elle n'’occupe qu'un dixième de la longueur totale. On prétend que, lorsque le boa devin est vivant, ses couleurs sont très-vives et su- perbes; mais il est au moins certain que ses taches sont très-belles et régulièrement disposées sur le milieu du dos et les flancs. Les couleurs du devin varient sans doute suivant l’âge des individus et la contrée de l'Afrique où il vit, mais je ne crois pas qué les taches puissent éprouver de grands chan- gemens dans leur forme; au reste, pour lever tous les obstacles, je regarde comme le véritable devin, à l'exemple de Lacépède et de Latreille, celui d'Afrique, qui a les couleurs suivantes. Sa couleur en dessus est d’un gris cendré jaunâtre , avec une ligne longitudinale noï- râtre partant du museau et prolongée entre le milieu de la tête jusques sur le cou; les côtés du museau ont chacun une tache noirâtre prolongée en une ligne longitudi- nale qui passe sur les yeux, et va sur les côtés du cou; quelquefois la ligne de la tête DES BO'AS. 191 est marquée d’une croix entre les yeux, selon Lacépède. Tout le dessus de son dos entre le corps et la queue est richement décoré de treize grandes taches ou environ, qui imitent des médaillons ovales, longs ordinairement, de deux à trois pouces, échancrés à chaque bout, et d’une couleur claire, plus ou moins jaunâtre ; ils sont suivis sur la queue par environ neuf bandes trans- versales de la même couleur ou d’un roux doré clair. Ces médaillons et ces bandes sont placés sur une grande bande en forme de ruban, largement festonnée au dessus dés flancs, et d’un beau brun -plus ou moins roux. Cette sorte de large ruban est bordée de chaque côté par une ligne blanche ou jaunâtre et longitudinale , qui est seulement apparente dans les intervalles des médaillous. Les flancs, qui sont larges, ont une rangée longitudinale de grandes taches écartées, brunes, plus foncées sur leur bord et ocel- lées de blanc ou de jaune dans leur milieu. Au reste, quelle que soit la beauté de ces taches , je crois que les naturalistes mo- dernes en ont trop exagéré l'éclat (1), et (1) « Tontes ces belles taches, dit Lacépède , pré- sentent les couleurs les plus agréablement mariées et M 5 182 HISTOIRE qu'ils ont sans doute eu tort de s’en rap+ porter au témoignage de Seba, qui n’a fait inention de ces couleurs que d’après des voyageurs peu véridiques. Lie boa devin est en dessous d’un cendré jaunâtre, plus clair que le dos, parsemé de points noirs ap élargis sous la queue. Les nègres des parties de l'Afrique où habite ce grand serpent, lui témoignent un grand respect ; ils l’adorent même comme un dieu sur la côte de Mosambique. (Le serpent fétiche est la principale divinité des nègres de Guinée, et y est dans la plus grande venéralion. Un européen ne se trouve- roit pas bien de lattaquer et de le tuer. J'en ai vu plusieurs, et c’est un superbe animal ; il est de la longueur et de la gros- mens quelquefois les plus vives. Les taches ovales sont d’un fanve doré , quelquefois noires ou rouges , et bordées de blanc; et les autres d’un châtain plus ou moins clair , ou d’un rouge très- vif, semé de points noirs on roux , offrent souvent d'espace en espace ces marques brillantes que l’on voit resplendir sur la queue du paon ou sur les ailes des beaux papillons, et qu'on a nommées des yeux, parce qu’elles sont composées d’un point entouré d’un cercle plus clair ou plus obscur ». ( Lacépède , Hist. nat. des serpens ; tom. II, p. 165.) s DES BOAS. 183 seur du bras; le fond de sa couleur est gris, eniremélé de raies jaunes et brunes. On diroit qu’il sait que personne n’ose lui faire du mal, car il va hardiment dans toutes les maisons. Ce n’est pas non plus un reptile nuisible ; il ne fait de mal à personne. Me promenant un jour seul dans un jardin de Fida, j'en vis un roulé en peloton, qui dormoit au pied d’un arbre; je le considérai quelques instans avec ravissement, et j'étois sur le point d'aller chercher un vase pour le conserver dans de l'esprit de vin, lorsqu’à mon grand chagrin un nègre qui travaiiloit dans le jardin l’aperçut comme moi. Je fus par là privé de mon butin, il sortit du jardin avec une grande vitesse, et revint bientôt avec un prêtre; celui-ci, à la vue du serpent, se coucha tout de son long le visage contre terre, la baïsa trois fois, mar- motta quelques mots, prépara sa ceinture pour y empaqueter la bête, la leva douce- ment de terre sans la réveiller, et la porta dans le temple, où il y a toujours de la nourriture préparée pour ces animaux, qui y viennent quelquefois lorsqu'ils ont faim ». (P. Isert, Voyage en Guinée, pag. 150.) 11 préfère les lieux chauds et humides, où il trouve assez de nourriture pour se rassa- M 4 os 184 HISTOIRE sier, et où il est plus éloigné des endroits habités. Linnæus dit qu’il existe aussi dans les îles des Indes orientales. On a beaucoup exagéré la férocité des grands boas, lorsqu'on a prétendu que rien ne peut les arrêter quand ils poursuivent leur proie : ils passent, dit-on, avec vitesse à travers les broussailles, à traversles fleuves et les marais sans difficulté : il est au con- traire bien prouvé qu'ils sont très-lents dans leurs mouvemens, et que toute leur vie se passe dans une torpeur qui s'accroît lors- qu'ils sont rassasiés. Lies boas attendent pai- siblement leur proie, et ne se jetent dessus que lorsqu'elle est arrivée auprès d'eux; si celle proie est grosse, alors le reptile s’en- torhille autour d'elle et l’étouffe dans les replis tortueux de son corps. On a écrit que les boas peuvent monter sur les arbres, et qu'ils se suspendent après les branches un peu élevées pour y guêter les quadrupèdes; on lit même dans lhistoire de l’Orénoque qu'il existe à Macassar , île des Indes orien- tales, des singes robustes et très-méchans, qui ne craignent d’autres bêtes que les ser- pens. Ceux-ci poursuivent les singes , ajoute- t-on, avec une vitesse extraordinaire , et vont les chercher jusques sur les arbres; DES BOAS. 185 puis ils les avalent tout en vie lorsqu’ils peuvent les attraper. Ces détails, sans être dénués de toute vraisemblance, peuvent cepeudant paroître un peu exagérés. Nous ne croyons pas devoir garantir davantage quelques-uns des faits suivans rapportés par différens voyageurs. Lorsque Dellon voyageoit dans le Mala- bar pendant la récolte du riz, quelques personnes étant aller travailler aux champs, un Jeune enfant qui étoit resté seul et ma- lade à la maison, en sortit pour aller se coucher à quelques pas de la porte sur des feuilles de palmier, où il sendormit jusqu’au soir. Ses parens, en revenant chez eux, le trouvèrent dans cet état, et s’occupérent à préparer leur souper avant de le réveiller ; mais bientôt ils lui entendirent pousser des cris à demi-étouflés, qu'ils attribuèrent d’abord à son indisposition ; cependant, comme il continuoit de se plaindre, quel- qu'un sortit et vit en s’approchant qu’un gros serpent assez long avoit commencé à lavaler. L’embarras du père et de la mère fut aussi grand que leur douleur; on crai- gnoit d'irriter le serpent, de peur qu'avec ses dents il ne coupât l’enfant en deux, ou qu'il n'achevät de l’engloutir; enfin on pré- 1 186 HISTOIRE féra de couper le serpent par le milieu du” corps, ce que le plus hardi exécuta fort’ heureusement d'un seul coup de sabre; mais, quoique séparé en deux, il serra le jeune enfant entre ses dents acérées.... et le fit expirer quelques momens après (1). On trouve dans Diodore de Sicile un pas- sage très-curieux que nous allons citer, à l'exemple de Lacépède, sur la manière dont on prit en Egypte, sous un Ptolémée, un’ serpent extrêmement long. & Plusieurs chas- seurs, encouragés par la munificence de Pto- lémée, résolurent de luiamenerà Alexandrie un des plus grands serpens. Cet énorme rep- tile, long de trente coudées, vivoit sur le bord des eaux, et y demeuroit immobile , couché à terre, et son corps replié en cercles; mais lorsqu'il voyoit quelque animal ap- procher du rivage qu'il habitoit, il se jetoit sur lui avec impétuosité , le saisissoit avec sa gueule , ou lPenveloppoit dans les replis de sa queue. Les chasseurs l'ayant apercu de loin imaginèrent qu’ils pourroient aisé— ment le prendre dans des lacs et lentourer de chaînes : ils s’avancèrent avec courage ; (1) Description du Malabar, in-12 , tom. XLITI a pag. 545 , de l'Histoire générale des Voyages, si DES BOAS. 187 mais lorsqu'ils furent plus près de ce serpent démesuré, léclat de ses yeux étincelans, son dos hérissé d’écailles, le bruit qu'il fai- soit en s’agilant, sa gueule ouverte el armée de dents longues et crochues, son regard terrible et féroce les glacèrent d’effroi ; ils osérent cependant s’avancer pas à pas et Jeter de forts liens sur sa queue ; mais à peine ces liens eurent-ils touché le monstrueux animal, que se retournant avec vivacité et faisant entendre des sifflemens aigus, il dé- vora le chasseur qui se trouva le plus près de lui, en tua un second par un coup de sa queue, et mit les autres en fuite. Ces derniers ne voulant cependant pas renoncer à la récompense qui les attendoit, et ima- ginant un nouveau moyen, firent faire un rêt composé de cordes très-grosses et pro- porlionné à la grandeur de l’animal ; ils le placèrent auprès de la caverne du serpent, et ayant bien observé le tems de sa sortie et de sa rentrée, ils profitèrent de celui où l'énorme reptile étoit allé chercher sa subsis- tance pour boucher avec des pierres l'entrée de son repaire. Lorsque le serpent revint, ils se montrèrent tous à la fois avec plusieurs hommes armés d’arcs et de frondes, plu- sieurs autres à cheval, et d’autres qui fai- 188 HISTOIRE soient résonner à grand bruit des trompettes et d’autres instrumens retentissans. Ce ser- pent, se voyant entouré de cette multitude, se redressoit et jetoit l’effroi, par ses horribles sifflemens, parmi ceux qui l’environnoient ; mais effrayé lui-même par les dards qu’on lui lançoit, la vue des chevaux, le grand nombre de chiens qui aboyoient, et le bruit aigu des trompettes , il se précipita vers l'entrée ordinaire de sa caverne; la trouvant fermée, et toujours troublé de plus en plus par le bruit des trompettes, des chiens et des chasseurs , il se jeta dans le rêt, où il fit entendre des sifflemens de rage ; mais tous ses efforts furent vains, et sa force cédant à tous les coups dont on l’assaillit, età toutes les chaînes dont on le lia, on le conduisit à Alexandrie, où une longue diète appaisa sa férocité ». Lorsque Carli voyageoit dans le royaume de Congo, et qu'il se promenoït uu jour sous des arbres près de Kolumgo, les nègres de sa compagnie découvrirent un grand ser- pent qui passa la rivière de Quanza à la nage, et vint se poster dans un petit bois voisin de leur maison. Les nègres alors par- vinrent à le tuer pour en manger la chair qu’ils trouvèrent excellente. Les nègres de. DES BOAÀS. 189 la Côte-d'Or aiment aussi beaucoup la chair des serpens , suivant Bosman. Le boa devin est peut-être le même ani- mal que celui qui porte, selon Dapper, le nom d’embamma dans le royaume d’An- gola, et celui de rminia dans le pays de Quojas. Sa gueule, au rapport de cet écri- vain , peut tellement s’élargir qu’il parvient à avaler un bouc ou même un cerf entier. On le voit dans les chemins étendu comme une pièce de bois (1). Bruce, en décrivant le céraste, fait men- ton d'un grand devin (2) ou boa long de vingt pieds et gros comme la cuisse d’un homme. Ce reptile habite dans l’Abissinie inférieure, et se tient dans les herbes qui sont auprès des grands étangs que forment les rivières dans le Kolla. Il se nourrit or- dinairement d’antelopes et d’autres bêtes fauves qu'il brise entre ses dents, qu'il amincit, et qu'il avale ensuite. Ses mâchoires sont dépourvues de crochets venimeux. rene mnse renommé (:) Histoire naturelle de Congo , d’Angola et de Bengale, Hist. génér. des voyages, in-12, liv. 15, tom. XVII, p. 249 et suiv. (2) Bruce, Voyage aux sources du Nil, tom. V, in-4°, pag. 233, NET 190 H IS TONRE Je présume qu'il faut encore rapporter au boa devin le serpent géant dont Adanson a donné une légère description dans la Re- lation de son voyage au Sénégal. « Vers le milieu du mois de septembre 1752 on me fit présent, dit-il, d’un jeune serpent de l’espèce du serpent géant. Il venoit d’être pris dans le Marigot de l’île du Sénégal, et il étoit très-vivant : il avoit un peu plus de trois pieds de longueur. Le fond de sa couleur étoit un jaune livide, coupé par une large bande noirâtre qui régnoit tout le long du dos , et sur laquelle étoit semées quelques taches jaunâtres assez régulières. Un lustre répandu sur tout son corps le faisoit briller comme s'il eût élé vernissé. Sa tête n’étoit ni plate, ni triangulaire comme celle de la vipère, mais arrondie et un peu alongée. Ce serpent n'étoit qu'une foible image des gros, dont jamais je ne me serois formé une idée juste, si peu de tems après on ne m'en eût donné deux médiocres, dont le plus grand avoit vingt-deux pieds et quelques pouces de long, sur huit pouces de large. Un cendré noir, lavé dé quelques lignes jaunes peu apparentes, étoit la couleur do: minante de la peau, qui étant étendue avoit vingt-cinq à vingt-six pouces de largeur; DES BOAS. 101 elle me fut laissée toute entière avec un tronçon de chair, dont le reste devoit faire le repas du chasseur et de tout son village pendant plusieurs jours. La tête qui y tenoit encore égaloit en grandeur celle d’un cro- codile de cinq à six pieds; ses dents étoient longues d’un demi-pouce , fortes et aiguës , et l'ouverture de sa gueule auroit été plus que sufisante pour avaler en entier un lièvre et même un chien assez gros sans avoir besoin de le mâcher. » Les nègres auxquels j'étois redevable de ces deux serpens n’assurèrent qu’il n’étoit pas rare d’en trouver de plus longs à quelques lieues dans l’est de l'ile du Sénégal, dont la grandeur égaloit celle d’un mât ordinaire de bateau. Des gens du Bissao dirent en avoir vu dans leur pays qui auroient surpassé de beaucoup ces pièces de bois. Il ne fut pas difficile de juger, par la comparaison de leurs récits avec les serpens que j’avois sous les yeux, que la taille des plus grands de cette espèce, appréciée à sa juste valeur, devoit être de quarante à cinquante pieds pour la longueur , et d’un pied à un pied et demi pour la largeur. . » La manière dont cet animal fait la chasse n'est pas moins singulière que son 192 HISTOIRE énorme grosseur. Il se tient dans les lieux humides et proche des eaux. Sa queue est repliée sur elle-même en deux ou trois tours de cercle, qui renferment un espace rond de cinq à six pieds de diamètre , au dessus duquel s'élève sa tête avec une partie de son corps. Dans cette attitude, et comme immobilé, il porte ses regards tout autour de lui, et quand il aperçoit un animal à sa portée, il s’élance sur lui par le moyen des circonvolutions de sa queue qui font l'effet d’un puissant ressort. Si l'animal] qu'il a atteint, est trop gros pour pouvoir être avalé en son entier, comme seroit un bœuf, une gazelle, ou le grand bélier d'Afrique, après lui avoir donné quelques coups de ses dents meurtrières, il l’écrase et lui brise les os, soit en le serrant de quelques nœuds, soit en le pressant simplement du poids de tout son corps qu'il fait glisser pesamment dessus ; il le retourne ensuite dans sa gueule pour le couvrir d’une bave écumeuse qui lui facilite le moyen de Flavaler sans le, mâcher. | » Ce monstre, tout terrible qu’il paroisse; continue Adanson, ne fait pas tant de ra= vages que l’on pourroit le croire. Sa grosseur, qui le décèle par-tout où il est, fait la sûreté des DES BOAS. _ 193 des animaux moins forts que lui. Son corps, roulé en spirale sur lui - même , paroît de iort loin comme la mardelle d’un puits, et c'est un indice suffisant aux voyageurs et aux bestiaux même pour détourner leur route. On n'entend pas dire qu'il attaque les hommes; du moins les exemples de ceux qui se sont laissé prendre sont assez rares. D'ailleurs la chasse aux grands animaux ne le flatte pas beaucoup ; il mange plus vo- lontiers d’autres serpens plus petits que lui, des lézards, des crapauds sur-tout, et des sauterellies qui ne semblent naître par nuages dans ce pays que pour assouvir sa faim in- satiable. On peut dire enfin, à lavantage de ces animaux, qu'ils font plus de bien que de mal, puisqu'ils purgent les terres où ils se trouvent d’une multitude imnombrable d'in- sectes et de reptiles très -incommodes, qui feroient déserter les habitans des pays les plus fertiles où ils se sont établis, et que les nègres ontintérêt de les laisser vivre en paix». (Adanson, Voyage au Sénégal, in-4°, p. 152 et suivantes ). Le devin a sans doute les mêmes habi- tudes générales que les autres ophidiens. Le froid doit produire nécessairement sur lui une sorte de iorpeur; mais, comme il est Reptiles. Tome V. N 194 HISTOIRE placé dans des contrées brûlantes, cet en- gourdissement est nul ou de courte durée pendant la saison des pluies, qui est la plus froide. Lorsque cette saison est passée, l’ani- mal change de peau et paroît avec un nouvel éclat. Les deux sexes alors se recherchent eë s’accouplent. La femelle va ensuite pondre ses œufs sur le sable ou sous des feuilles exposées aux rayons du soleil, afin que ja chaleur puisse les faire éclore. Ces œufs sont assez nombreux , et très-pelits par rapport à la taille gigantesque du serpent, car ils h’ont que trois pouces au plus dans leur plus grand diamètre. Il en est de même des œufs du boa aboma et du boa anacondo de Surinam. J'ai observé plusieurs œufs de ce dernier reptile dans la collection de Le- vaillant. En attendant que les naturalistes soient parvenus à débrouiller totalement l'histoire naturelle des grands boas, je vais indiquer ici succinctement , d’après Latreille, toutes les variétés que cet auteur a rapportées pro- visoirement au devin. Première variéte. Ce devin a sa tête entièrement couverte en dessus de petites écailles semblables à DES BOAS. 108 celles de la partie supérieure du corps, avec trois raies brunes, Son dos a une suile de très-grandes taches en forme de médaïllons ovales sur un fond d’un brun roussâtre, et qui offre par intervalle, sur des avancemens latéraux, une ligne grisâtre ou blanchâtre ; il y a sur les flancs de grandes taches d'un brun roussâtre, dont plusieurs en losange, avec une petite tache presque lriangulaire , srisatre ou blanchâtre au milieu. Le dessous du corps est tacheté de nonâtre. {Seba, Thes. tom. TI, pl. xxxVI1, fig. 5; pl. Liu, fig. 1; ét tom. ÏE, pl. xCIX, fig. 1; pl. cr. — Latreille, Hist. nat. des reptiles, 1n-18, (om, ITT, pag. 192,4.) Seconde variété. Ce serpent a des rapports avec le précé- dent. Le dessus de sa tête est couvert de petites écailles semblables à celles du dos; fascié et tacheté de roussâtre ou de bleuâtre : on y remarque une sorte de croix. Les écailles - sont blanches, avec un ou plusieurs points noirs, et une infinité de taches roussâtres ou bleuâtres, ayant elles-mêines, dans leur centre, de petites taches de la couleur du corps sur lequel elles sont placées. Le des- sous du ventre est par-lout tacheté de noir: N 2 196 : É LS OO EE Ë ( L'empereur. Seba., 'Thes. tom. If, planche:c, Ég. 1. — Lalreille; Hist. nat. des di due in-18, tom. III, pag. 133, &.) Troisième varieté (1). .Ce devin a le dessus de la tête couvert en entier de petites écaiiles semblables celles de la partie supérieure du corps, avec une sorte de chaîne d’un brun roussâtre sur le dos; ses flancs ont de grandes taches d’un brun roussâtre , ocellées, ou formées par un arc blanchâtre, surmonté d'un arc noirâtre. (Seba, Thes. tom. IT, planche xcvinr, fig. 1. — Latreille, Hist. nat. des reptiles, in-18, tom. III, pag. 154, €.) Quatrième variété. Ce serpent a le dessus de la tête couvert en devant d’écailles plus grandes, d’un brun foncé, avec une ligne bleuâtre de chaque côté, traversant les yeux : il y a de grandes : _marbrures sur le dessus du corps, formées de grandes taches. blanches ou d’un blanc jaunâtre, et entreméêlées de brun foncé. (1} Je soupçonne que cette variété doit êire regardée plutôt comme un synonyme du boa-aboma , qui existe dans diverses contrées de l'Amérique méridionale... ,: | DES BOAS. 197 {Seba , Thes. tom. I, planche Lx1r, fig. 1; tom. IT, planche crr. — Latreille, Hist. nat, des reptiles, tom. IT, pag. 134, d.) Cinquième varielé. Le dessus de la tête de celui-ci est couvert en devant d’écailles’ plus grandes; le fond du corps est grisâtre, avec des lignes noires très-irrégulières, formant un treillis ou une espèce de chaîne sur le dos ;et avec des taches blanches, bordées de noir sur les côtés. ( Seba ; Thes. tome I, planche rxir, figure 2. — hatieilles Histoire des reptiles: ; in-18, tome Hi; page 135, e.) Sixie me es Ce boa paroît se rapprocher beaucoup de la seconde variété, et il ne présente que les différences suivantes. On croit voir des écailles plus grandes sur le devant du mu- seau ; le dessus de la tête est noir, marqué d’un V blanc ; le dos a dés lignes noires, très - irrégulières, entrelacées, bordées de blanc sur un fond d'un roux brunâtre foncé; le ventre a des taches rouges. ( Seba ; Fhes. om. If, planche xcix, figure 2. — Latreille, Hist. nat. des ra in - 1 tom. ÎII, pag. 135, f.) NS5 108 HISTOÏRE . Blasius Merrem, au commencement du second fascicule de son ouvrage allemand sur les amphibiés, a donné une description très - étendue de ce boa qu'il désigne sous le nom de royal. Il a commis les mêmes erreurs que tous ses prédécesseurs, en lui rapportant comme synonymes un grand nombre de cilations qui ne peuvent lui. convenir. I} lui a compté deux cent qua- rante plaques sous le corps, el cinquante- deux sous la queue. La figure qu'il donne du boa royal a été faite d’après un individu en partie décoloré. Les taches. sont disposées, ainsi que les médaillons, absolument de même que dans le boa devin, que j'ai décrit précédemment d'après nature ; mais les médaillons échancrés ont en outre, chacun dans leur centre, une petite et une grande taches transversales, obscures sur les bords, éclaircies dans le milieu. Ce dernier caractère doit évidem- ment constituer une variété que je désigne ainsi qu'il suit: Septième variété. Le boa devin marqué de deux! taches transversales foncées, au milieu de ses mé* daillors, DES BOAS. 199 Voici ses principales dimensions d'après Merrem. L ’ pieds, pouc. lign. Longueur totalé à 1. .u fe 447.1 abr,.0 Donsneuride ls féte ls dt, ne pp rs ce Largeur de la tête devant lesyeux. » »' 9 PoncHeut dnCoLDse Là + C0 10 0 Circonférence du corps. +. . . . . » 3 3 es dela quete 2 7 PUr ose UE La description tr és-minutieuse de Merrem est terminée au bas de Ja page 12 par une vignette qui représente le dessous de la base de la queue, afin d'indiquer la difformité de quelques plaques, entre lesquelles on voit des écailies disposées irrégulièérement cèà et là. Schneider a décrit le boa devin sous le nom latin de boa constrictrix, et la phrase spécifique sous laquelle il l’a rangé ne peut réellement pas servir à le distinguer de plusieurs autres espèces. Il nous apprend néanmoins quelques particularités intéres- santes relatives aux individus qu'il a ob- servés. s 11 a vu dans la riche collection de jeu Bloch de Berlin un devin, qui avoit sous sa queue en devant huit plaques entières, puis six doubles plaques, ensuite cinq plaques entières , puis trois doubles plaques , et enfin cinquanie-six plaques entières pro- N 4 200 HISTOIRE longées jusqu’à son extrémilé : ce qui fait en tout sous la queue soixante dix - huit plaques variées. Un autre individu de la même collection avoit deux cent quarante- une grandes plaques entières sous le corps, cinquante - huit autres sous la queue, et deux ergots apparens près de l’anus. Un troisième individu , placé dans le museum de Goitingue , étoit reinarquable par sa grande taille, et parce que ses narines pla- cées dans une plaque nasale étoient grandes et triangulaires. Linnæus , afin de mieux indiquer la forme de la tête, a dit dans ses Aménités académiques que la tête du devin est bombée postérieurement , avec ses orbites proémi- nentes; et cette expression a paru tellement équivoque à Schneider, qu'il a pensé que Linnæus a voulu parler du serpent figuré par Merrem dans le second fascicule de son ouvrage sur les amphibies, pl. rx, pag. 24, et que je décrirai dans la suite de cet ou- vrage sous le nom d'acanthure cérastin. Ce soupçon émis par Schneider est dépourvu de vraisemblance, car Linnæus a bien connu le boa devin, et il n'a pu commettre une pareille méprise. Il ne faut pas confondre le koa eonstricérix DES BOAS. 201 de Schneider avec le boa contortrix de Linnæus dont Latreille a fait un scytale à cause de ses sacs à venin, et quoiqu'il soit dépourvw, dit-on, de crochets mobiles. Ce dernier -ophidien de Linnæus me paroît devoir être séparé en deux espèces très- distinctes que je décrirai dans la suite, l’une sous le nom de cenchris mokeson , et Vautre sous celui de couleusre hétérodon. 202 HISTOIRE A 22 LÉ D 0 e PORTE-ANNEAUX ( Planche L'XIIT, fig. 5. Ox désigne par le mot annelé en histoire naturelle us trait ou ane bande qui entoure la circonférence d’un objet : cette épiihète ne peut convenir à la nouvelle espèce de boa, que je vais décrire d’après un individu très-bien conservé qui est dans ma collec- tion d'histoire naturelle. Ce boa n’est pas annelé , mais il a des cercles ou anneaux noirs disposés sur un seul rang dessus tout le corps. J'ai cherché , dans mon travail sur les ophidiens, si je pourrois le ranger comme variété de quelque boa connu, mais 1l diffère ee (1) Boa annulifer ; rufus eëreulis nigris circà 5o ir un serie dorsali, maculisque fuscis suprà line4 alb& ocellatis ; abdomine immaculato flavescenie ; capite quinquelineato ; caud& =. Seutis abdom. 241. — Scutis subcaud. 63 - 30%. DE S :B'OrAÀ: S: 203 &ssentiellement de tous ;1l a un certain rapport avec le devin d'Afrique par le nombre de ses plaques du ventre et de la queue, et avec Vaboma par les taches ocellées de ses flancs. C’est même avec ce dernier qu’il a plus d’ana- logie , soit par la forme de sa tête et des pe- tites plaques nombreuses qui la recouvrent, soit parce qu’il a sur celle-ci cinq lignes noï- râtres et longitudinales; mais il en diffère par ses taches dorsales. Le boa porte-anneaux que je possède a environ deux pieds et demi de longueur iotale, sur quoi sa queue occupe la sep- tième partie. La tête est alongée, obtuse en devant, plus élargie en arrière, avec le cou étroit. Les plaques en dessus sont polygo- nes, lisses, nombreuses, un peu plus grandes entre les yeux et vers le museau ; celles des lèvres sont légèrement enfoncées ou creu- sées comme dans les autres boas. T'outes les écailles en dessus sont rhomboïdales, pres- que hexagones, un peu plus grandes vers la carène du dos et auprès des plaques du ventre : elles paroïssent carrelées à côté les unes des autres comme sur un réseau, et non imbriquées : leur surface est lisse. Jai compté deux cent quarante - quatre 204 HISTOIRE plaques entières sous le ventre, et soixante trois sous la queue. L’'anus est transversal , recouvert par une grande plaque demi-cir- culaire, attachée en devant. Les ergots sont très-petits, sans doute parce qu’ils ne sor- tent pas tout à fait au dehors. | La couleur est d’un brun roussätre uni- forme, avec une rangée longitudinale de grands cercles noirs au nombre d'environ cinquante, ordinairement réguliers et sé- parés avec un point noir vers leur centre sur chaque côté de la carène dorsale, où quelquefois irréguliers, interrompus et réu- nis. Ces cercles forment une seule rangée longitudinale , et diffèrent beaucoup ‘de ceux du boa aboma, parce que leur centré est d’un brun aussi foncé que les flancs. Le corps est très-comprimé , avec le dos caréné et presque tranchant ; il y a sur chacun de ses côtés, au dessous de l'intervalle qui sépare les cercles, une grande tache noire surmon- tée seulement vers le hant d’un trait blanc bordé lui-même en dessus d’un trait noir, ce qui fait paroître ces taches ocellées ; le dessous de l’animal est entièrement Fute ; sans aucune tache. Le boa porte-anneaux parvient sans ak DES BOAS. 205 à une taille bien supérieure à celle de l’indi- vidu qui m'appartient, et qui a été trouvé, je crois, dans l’Amérique méridionale. L. Dufrêne, aide-naturaliste au museum d'histoire naturelle, m'a fait l'amitié de me le donner avec plusieurs autres reptiles très- intéressans qu'il avoit achetés dans une vente ; je hu dois déjà la connoissance de la tortue jouvencelle, de l’agame sourcil- leux des Indes orientales, et celle de lagame hérissé de la nouvelle Hollande, que j'ai fait connoître dans le quatrième volume de cet ouvrage, d’après White, et que je me propose de décrire plus complettement d'après nature, dans le dernier volume de ce même ouvrage. L’agame hérissé doit être * placé dans la section des tapayes, à cause de son corps déprimé , élargi à peu prés comme celui d’un crapaud. J'ai découvert sur le dos de ce boa une nouvelle espèce d’ixode, qui est à peu près aussi 2ros que celui qui vit sur les chiens, et qui est infiniment remarquable par ses couleurs. Le genre ixode de Latreille ren- ferme la mite ricin (acarus ricinus Fabr.) et toutes les espèces voisines qui ont l’habi- | tude de se cramponner après la peau des 206 HISTOIRE autres animaux pour se nourrir de leur substance. L'ixode aurifère (1) est entièrement d’un brun rouge, de forme lenticulaire : il a le dessus de la têle et du corselet d’un noir velouté, avec un point en forme d’écusson d’une belle couleur dorée derrière le cor- selet. (1) Zvodes aurifer ; fuscus , capite et thorace suprà sub-hirsutè nigris, scutello aurato micante. DES BOAS. 207 RE LE BOA HYPNALE (i). Cs joli serpent appartient au mème genre que les précédens à cause des grandes plaques qui le recouvrent en dessous; mais il est très- petit, car 1l ne paroît parvenir qu’à deux ou trois pieds de longueur, en y com- prenant la queue, qui a un huitième de cette dimension, el sa circonférence est d'environ un pouce et den. Le fond du (1) Boa hypnale ; corpore flavido , fasciis albis fusco marginatis , per dorsum ; caud& ferè =. Scuéis abd. 170. — Scutis subeaud. 120 - 299 selon Lin. 209. —— 74 - 283 selon Gronovius. . Boa hypnale. Län. Syst. nat. — Mus. Ad. Frid. tom. IL, p. 41. — {dem. Gmel. Syst. nai. — //ypnale. Daubenton, Encyc. méth. — dem. Lacépède, Hist. des serpens , in-12 , tom. IE, p. 188. — Boa hypnale. Schneider ; Hist. amph. fasc. 2, p. 245. — Le boa hypnale. Latreille, Hist, des reptiles, in-18 , tom. LIT, p. 144. — Seba, Thes. tom. IT , pl. xxx1V, fig. 1et2, — Gronov. Zooph. n° 135 —Scheuchzer, Phys: sacr, pl. pcxxviit, E.— Boa exigua. Laurenti , Synops. rept. — Boa flavescens , dorsi ocellis albis. Boddaert, | Act. nat. curios. tom: VIF, p.17 , n° 4. 208 HISTOIRE dessus du corps et de la queue est d’un blanc jaunûâtre tirant sur le roux, et agréable- ment orné de petites taches blanchâtres, bordées d’un brun foncé. La tête est assez large , oblongue, obtuse en devant, et cou- verte de quatorze plaques en avant des veux sur le museau; les lèvres sont bordées elles-mêmes de plaques concaves en dehors, de manière à former un sillon. Le dessous du corps est plus clair que le dos, et il a _des taches noires suivant Seba, qui prétend sans fondement que la femelle diffère du mâle par sa têle plus large. Seba l’a rangé parini les cérastes; mais il n’a pas, comme ces vipères , de doubles plaques sous la queue , des cornes sur la tête, n1 des crochets venimeux. On assure qu'il habite dans le royaume de Siam, qu'il se nourrit de che- nilles, d'araignées et d’autres petits insectes; et quil lui est permis d'entrer dans les habitations, parce qu'il y détruit beaucoup de petits animaux nuisibles. Linnæus lui a compté sous le corps cent soixante-dix-neuf plaques, et cent vingt sous la queue. Schneider a observé, dans la collection de Bloch, un hypnale qui ressembloit à la seconde figure qu’en a donnée Seba; et il a remarqué que sa tête est ovale, un peu en DES BOAS, 209 « en cœur, rayée et munie en avant de chaque branche marginale de la mâchoire supé- rieure, de trois dents plus longues que les autres et épaisses. Il rapporte comme syno- nymes de lhypnale, 1° l’espèce peinte par Scheuchzer, planche Dcxx vu, et indiquée par Gronovius au n° 135, comme ayant deux cent neuf plaques sous le ventre et soixante- quatorze sous la queue; 2° um individu en partie décoloré qu'il a vu dans le museum de Läinck, n° 10; 3° le boa pygmée (boa exigua) de Laurenti ; 4 et enfin le boa jaunâtre à taches ocellées blanches de Boddaert. Quoique j'adopte provisoire- ment l'opinion de Schueider sur cette syno- nymie, je crois cependant qu'il est permis de douter que le boa de Gronovius soit le même que l’hypnale de Linnæus; ces deux animaux présentent trop de différence par rapport au nombre de leurs plaques abdo- minales et sous-caudales, pour qu'il soit réellement permis de les réunir. Keptiles. Tome V. Lo 210 HISTOIRE LE BOA ORNÉ (1). Carre nouvelle espèce de boa est figurée dans l’ouvrage de Russel qui l’a trouvée au Bengale, où elle est regardée à tort comme dangereuse par les habitans, car elle n'a pas de crochets venimeux. Sa tête est légèrement élargie près lé cou, oblongue , arrondie, déprimée, un peu tron- quée, comprimée vers les côtés du museau, couverte de petites écailles arrondies, mais non pas de plaques, si l’on en excepte une triangulaire placée au bout du museau, et deux très-pelites entre les narines qui sont rapprochées lune de l’autre. Les yeux sont (1) Boa ornata; fusc&, tænié longitudinal: et sinuai& nisr@ subflavicante marginaté , cum macul4 subro= tundé nigré in utroque sinu; sCcutis MmarSarilaceis caudé& brevissimé —. Scutis abdom. 209. — Scutis subcaud. 19 =(250- 0) Padain - cootoo , manooli - pampoo , mn Russel, Hist. nat. serp. ind. in-folio, p. 5, pl. — Boa conica. Schneider, Hlist. nat. en fasc. 2 L . 268. - DES BOAS. _ 21t pets, situés sur les côtés de la tête, et orbiculaires. La bouche est un peu large; ses mâchoires sont d’égale longueur; ses denis sont peu nombreuses , pelites et courbées, et il y en a une rangée marginale à chaque côté de Ja mâchoire supérieure; ce qui démontre que ce serpent na pas de crochets, ni de sacs Venlmeux. Le corps est rond, presque également épais, couvert de petites écailles orbicu- laires, carénées, rapprochées et imbriquées, avec une ou deux rangées voisines des plaques, un peu plus grandes et non caré- nées. La queue est courte, pyramidale, épaisse, revêtue d'écailles carénées et rudes au toucher. La longueur totale de ce Le est de six pieds; sa circonférence près du cou est de deux pouces, et dans l’endroit le plus épais du corps de trois ou quatre pouces. La queue a un pouce et demi de longueur; ce qui fait la quarante-huitième partie de la longueur totale, Le boa orné a deux cent neuf plaques entières et courtes sous le corps, et dix-neuf plaques semblables, très - courtes, sous la queue. 3 : 02 212 HIS TOMR "0 Sa couleur est légèrement brune, avec une très-large bande noire one ho en dessus, fesionnée en zig-zag, et bordée de blanc jaunâtre. A chaque sinuosité de cette bande, sur les deux côtés du corps, il y a une tache arrondie et noire; on voit aussi une raie noire près de chaque œil, bordée en dessous par des écailles d’un blanc jau- nâtre. Toutes les plaques qui recouvrent le dessous de cet ophidien sont à peu près de la couleur des perles. Russel a recu d’Anderson deux serpens - de cette espèce; l’un d’eux venoit des envi- rons de Madras où il est connu par les habi- tans sous le nom de padain-coutou; l’autre étoit nommé mnanouli-pampou. Un troisième individu fut envoyé bien portant à Russel du Vizagapatam, sous le nom de mondi- poda, et il ne donna aucun signe de venin, quoiqu'il mordiît plusieurs fois avec fureur des poulets : c’est donc à tort, comme je l'ai dit précédemment, que le boa orné est regardé comme venimeux par les habitans trop crédules du Bengale, et même comme pouvant occasionner quelquefois par sa mor- sure une maladie assez semblable à la lépre. Schneider a décrit ce reptile sous le nom de boa conique dans son Histoire des am- DES BOAS. 215 phibies; la phrase spécifique qu’il emploie pour le désigner est beaucoup trop longue. Il en a vu un individu qui fut envoyé des Indes orientales à Bloch par le missionnaire John, et qu'il plaça d’abord parmi les orvets, quoiqu'il ait des plaques abdomi- nales entières dont il n’a pu déterminer le nombre, parce que le corps étoit rompu. Quelque tems après il observa un second individu assez grand dans la collection de Barby, qui avoit un ergot à chaque côté de anus ; et alors il plaça cet animal parmi les boas. Sans ce dernier caractère j'aurois rangé ce boa parmi les éryx ou orvets à plaques abdominales et sous-caudales, sans crochets venimeux. Biz UT LS TO D'AUE LE 46.0 À’: BR O KO Cx beau serpent ne le cède guère en grandeur aux espèces précédentes, car :l (1) Boa canina; suprà viridis maculis transversis albis, subtüs albescens ; caudé —. Scutis abd.203.— Seutis subcaud. 77 - 280 selon Lin. Scutis abd. 2o1.—Scutellis sube.1.—Scutis 6g - 271. —— 198.— Scutis sube. 76 - 274 seion Schneider. 206. —— 97-285 selon Boddaert. 205. —— 79 - 284 selon Gronovius. —— 201. —— 76 - 277. Boa canina. Lin. Syst. nat. — Mus. Frid. Adolph. tom.], pl. 11. — Jdem. Gmel. Syst. nat. p. 1082. — Schneider, Hist. amphib. fasc. 2, p.242. — Boddaert, nov. Act. acad. Cæs. tom. VIT, p 17, n° 3. — Gronov. ! Zoophyl. p. 125, n° 156. — Boa thalassina, et boa … aurantiaca. Laurenti,Synops. rept. p.60, n°° 195,194. — Serpens bojobi brasiliensis , tetrauchoalt tleola. Lusitanis cobre verde. Seba , Thes. tom.Il,p. 101, pl. xcvi, fig. 2. — Serpens bojobi ceilonica. Seba , Thes. tom IT, p. cxxxr, fig. 1 , p. 56. — Le bojobz. Daubenton , Dict. erpét. Encyclop. méthod. — Idem. Lacépède , Hist. natur. des serpens , tom. IT,in-12, p.191, pl. vi, fig. 1. — Boa bojobi. Latreille, Hist. des reptiles ,in-18 ; tom. IV , p. 140. DES BOAS. 215 n’est pas rare d’en trouver, dans les collec- tions, qui ont dix ou douze pieds de longueur totale. $’il existe une grande confusion dans les différens ouvrages publiés jusqu’à ce jour sur les boas, on ne peut cependant cor- Mettre d'erreur par rapport au bojobi, car il diffère essentiellement de toutes les autres espèces connues par là disposition de ses - couleurs. Le bojobi est un _ de l'Amériqué méridionale , et non pas de l'Inde, comme Va néanmoins prétendu Seba. Il n’est pas pos&ible, m vraisemblable qu’une même espèce de serpent puisse habiter deux con- tinens aussi éloignés; et en ‘effet le bojobi des grandes Indes n’est autre cliose que‘lè bojobi du Brésil dont la péau décolorée dané des liqueurs spiritueuses 4 ‘bris üné couleur rougeâtre. Ce prenuer, dit Latreille, est orangé en dessus; le second est d'un ver de mer; tous les deux ont une suite latérale de taches alongées, quelauefois en losange, en forme de petités bandes, et qui, coim- mençant à quelque distance du cou, se pro: longent jusqu’à la: queue ; mais là eiles sont d’an jaune elair: ici elles sont blanches: Dans l'un et dans l’autre la disposition nes trique de ces Le produit un joli effet », 0 4 216 HISTOIRE Le boa bojobi a des dents aux deux mà- choires, même sur la rangée palatale : celles qui sont auprès du museau sont un peu longues et courbées en arrière, mais elles ne sont ni creuses, ni mobiles. Les écailles du dos sont lisses, luisantes et rhomboïdales. Les plaques des lèvres sont plus grandes, et munies d’un sillon assez profond ; aussi Schneider et Laurent disent- ils que ces écailles sont concaves, de même qu'au boa rativore et à plusieurs autres espèces ; il y a vingt-trois de ces plaques à Ja mâchoire supérieure , et vingt-cinq à Fin- férieure. Linnæus a compté deux cent trois plaques sous le ventre , et soixante-dix-sept autres sous la queue. Il y a dans la collec- tion du museum d'histoire naturelle de Paris un boa bojobi dont la longueur est de deux pieds onze pouces, en y comprenant la gueue, qui a elle-même près de sept pouces; ce: qui fait la cinquième partie de la lon- ‘gueur totale. Quelquefois ce serpent s introduit dans la demeure des américains, dans les cases des nègres, et il y cherche sa nourriture, sans témoigner aucune envie de faire du mal; se si cependant on l'irrite, il mord avec vio- lence et occasionne une plaie très-doulou- DES BOAS. 917 reuse, quoique l’animal soit dépourvu de crochets et de vésicules à venin. On ne doit _ pas être étonné que la morsure produite par les dents longues et très-acérées de ce boa ne puisse être très-difficile à guérir dans un pays où la chaleur excessive et l’humi- dité enveniment très - facilement- la plus lésère piquure. Ce reptile est figuré dans louvrage de Seba , tom. IT, pl. xovr, fig. 2, sous le nom de bojobi du Brésil; et pl. LxxxTr, fig. 1, sous le nom de bojobi des grandes Indes. Le premier est le boa thalassina, et l'autre le boa aurantiaca de Laurenti; cet auteur les dit avec raison tous les deux d'Amérique, et il auroit dû aussi les réunir comme une seule espèce. | Boddaert a employé une expression in- exacte en faisant mention de ce boa; car il prétend qu'il est verd, avec des taches blanches en anneaux; ces taches ne sont au contraire que des traits blancs disposés en travers, et terminés irrégulièrement sur les flancs par des points blancs. | Seba rapporte que ce serpent est sur- nommé par les habitans du Brésil non seu- lement bojobi , mais encore fetrauchoatl tleola, ce qui signifie serpent de feu, sans 218 A I STORE doute à cause du vif éclat de ses couleurs et de ses écailles lorsqu'il est vivant et placé. aux rayons du soleil. Quant au nom de cobre verde (couleuvre verte) qui lui est donné, suivant cet auteur, par les portugais du Brésil, il y a erreur; et je trouve que Seba à confondu une vipère avec le bojobi, qui n’est pas venimeux. Le cobre verde, selon le témoignage de Pison, est long d'une aune, et de la grosseur du pouce. Comme il est très-venimeux, et qu’on a beaucoup. de peine à se guérir de sa morsure, on a recours à différens remèdes ; mais le plus efficace consiste dans ‘la racine noueuse d’une plante nommée caa-apia, qu'on LUE et qu’on avale dans l’eau. Schneider a vu dans la riche collection de feu Bloch de Berlin deux individus, dont Yun avoit une double plaque au devant de la queue. Cet auteur a remarqué que le bojobi a sa tête en forme de cœur, avec le museau saillant et recouvert de grandes plaques; des plaques creusées sur les lévres; et les dents des deux mâchoires plus longues et immobiles. Linnæus rapporte, d’après Rolander, que le bojobi (boa canina) habités sur les nice entortillé aux branches, eb qu’il est adoré par les américains. Schneider. DES BOAS. 219 pense qu'il faut y rapporter aussi le bxio, qui vit dans les endroits humides près du fleuve de l’Orénoque, et qui parvient quel- _ quefois à la longueur de quinze pieds, selon Philippe Fermin. Je présume au contraire que le buio est plutôt le boa aboma dont Stedman a donné la figure dans son Voyage à Surinam. Merrem a décrit sous le nom de boa canina, dans son ouvrage sur les am- phibies, un serpent qui en diffère beaucoup par ses couleurs et par des doubles plaques qu’il a sous le cou; je l’ai nommé dans cette Histoire des reptiles, le coralle à tête obtuse. + HIS TOTRE. 1 À — ——— ————_—__—_—_—— LE BOA COURONNÉ (). Les pseudoboas forment dans l'ouvrage de Schneider un genre voisin des boas, ainsi que leur nom l'indique : leurs plaques abdomi- nales et sous-caudales sont entières et plus larges que celles des boas proprement dits. Leur tête est revètue de plaques à peu près de la même manière que celle des cou- leuvres ; et presque tous ont des crochets venimeux assez courts. Il résulte de l'exposé de ces caractères génériques, qu'ils sont trop peu importans pour servir à constituer un genre ; et mes travaux n'ont convaincu que les pseudoboas ne peuvent conserver ce nom parce qu'ils appartiennent à plusieurs genres différens. Ainsi les pseudoboas fascié et bleu sont des bongares ; les pseudoboas (1) Boa coronaîa ; corpore albo , capite nigro , collo nisro cum diademate alboradiato ; caudé —-. Scutis abdomin. 198. — Scutis subcaud. 88 - 266. Pseudo - bou coronata. Schneider , Amph. hist. fasc. 2 , in-8° ; Iena, 1801, p. 286. DES BOAS. se caréné et krait sont des scytales, et le pseu- doboa contortrix ou à groin est le cenchris mokeson. Enfin l’autre espèce, nommée le pseudoboa couronné par Schneider, est évi- demment une espèce nouvelle de boa, car cet auteur n’a pas pu lui découvrir des cro- chets venimeux. : Le boa couronné a la tête oblongue, convexe, obtuse à sa partie antérieure. Les écailles du corps sont lisses, rhomboïdales, arrondies ; sous le ventre il y a cent quatre- vingt dix - huit plaques, et sous la queue quatre-vingt huit toutes entières. La couleur du boa couronné est d’un blanc uniforme sur tout le corps, avec la tête noire ainsi que le cou; ce dernier est décoré en dessus d’une tache représentant un diadème blanc et radié. Schneider a observé ce boa’ singulier dans la collection de Heyer , célébre pharmacien de Brunswich. 223 HISTOIRE LE: B:0 À "A ÉCAILLES CARÉNÉES (à). ScxvwEerDEr a observé cette espèce nou- velle d’ophidien , qu’il range parmi les boas; dont en effet elle a tous les caractères. Le premier individu qu'il vit dans la collection de Ludwig, à Leipsick, ressemble par sa forme et ses couleurs à celui figuré par Seba (tom. IE, planche xxvimr, fig. 5 et 4:)8 mais il croit que le peintre lui a peint sous la queue des doubles plaques par erreur et ‘sans copier la nature. Un individu conservé dans le museum de Gottingue en diffère par ses couleurs ; gar des zones brunâtres, qui garnissent son AMEN REA ARE (1) Boa carinata ; griseo albida , zonis fuscescen- sibus corpus et caudam cingentibus vershsque ven= trem maculas ovales ex griseo albas includentibus ; squamis rhombeis carinatis ; caudä.... Scutis abdom. 168. — Scutis subcaud. 46 - 214. Boa carinata, Schneider, Hist. amph. fasc. 2; p. 261. — An Seba, Thes. tom. AL, pl. xx, fig. 5 et 4? DES BOAS. 223 corps étroit , comprimé, d'un gris blan- châtre, sont plus apparentes sur la queue et s’effacent un peu vers le ventre où elles renferment de grandes taches ovales et d’un gris blanchâtre. La tête est couverte de points brunâtres ; on voit les traces de fascies brunes qui passent sur les yeux. Les plaques de la tête sont polygones, et plus grandes devant les yeux qui sont grands; l’ouver- ture de chaque narine est presque triangu- laire, percée dans la grande plaque angu- Jaire du museau sous, le bord latéral de la tête ; le museau, rétréci depuis les yeux, est tronqué et comme coupé à son extrémité antérieure ; la plaque rostrale est la plus grande et la plus large de toutes, avec deux taches brunes; la plaque du devant de Îa lèvre inférieure est grande, triangulaire, brune, avec deux taches blanches: entre la seconde et la troisième plaques labiales, il y a de chaque côté une autre tache blanche. Les écailles du corps sont rhomboïdales, carénées , ce qui doit servir à séparer ce boa des autres espèces déjà connues. Sous le ventre il y a cent soixante -huit plaques entières, et quarante-six sous la queue; les ergots voisins de l’anus sont assez apparens. On voit une dent en devant de la mâchoire 22% HISTOIRE supérieure , et deux en devant de l’infé-1 rieure , de chaque côté, qui sont plus longues’ que les autres, et qui peuvent être recou- vertes par les gencives; les plaques des lèvres ne sont pas creusées , et c’est par ce nouveau caractère qu'il diffère des autres boas. Un individu, placé dans la collection de. Lampi, est semblable à la figure de Seba citée précédemment : il est brun, avec deux lignes blanches prolongées depuis les yeux jusqu'à l'extrémité de la queue; les! plaques abdominales et sous-caudales sont dans leur milieu d’un gris blanchâtre , ponctuées de noir : près de ces plaques, sur la rangée d’écailles un peu plus grandes, il y a une ligne d’un gris blanc qui va jusqu’à Vanus ; entre la ligne dorsale et celle du ventre , on distingue les traces de deux lignes de même couleur, interrompues çà. et là. Sur un autre individu de la même collection on aperçoit des traces obscures de bandes transversales. Enfin parmi cinq individus conservés dans la collection du duc de Brunswich, le troi- sième a des taches brunes et trigones sur le dos, et d’autres plus grandes entourent le corps ; le quatrième est entièrement d’un brun foncé en dessus et en dessous , avec : plusieurs DES BOAS. 225 plusieurs stries latérales blanches; les ca- rènes de ses écailles sont d’un brun plus foncé que la couleur principale; enfin le cin- quième, qui est le plus beau, a sur le milieu du dos des petites taches plus apparentes et d’un brun foncé, et parmi elles sont entre- lacées deux zones plus larges et beaucoup plus pâles. Ces cinq individus ont des ergots à l'anus comme les autrés. Cette descrip- tion , que j'ai extraite de l’ouvrage latin de Schneider sur les amphibies, ne peut pas être regardée comme combplette, car elle ne fait connoîlre ni la longueur des plus grands individus , ni les proportions de chaque partie, ni la forme des plaques qui recouvrent la tête et l'anus, ni le pays que ce boa remarquable doit habiter. Reptiles. Tome V. 1E 226 HISTOIRE SECOND GENRE. PYTHON; python. Cores long, cylindrique ; queue alon- sée, cylindrique : de grandes plaques nom- breuses dessus la tête; des écailles nom- breuses dessus le corps et la queue : des plaques entières sous le ventre des plaques entières et des doubles plaques sous la queue; côtés du corps et de la queue bor- dés de deux rangées longitudinales d’écailles aux deux extrémités ; anus transversal , bordé de petites écailles nombreuses , et muni à chaque extrémité d’un ergot ou éperon. | Des dents aiguës et recourbées en ar- rière à chaque mâchoire; pas de crochets venimeux. Les naturalistes sont redevables à Russel de ce nouveau genre de serpens non veni- meux qui ne paroît exister que dans l’Inde, et dont cet auteur anglais a récemment figuré et décrit deux espèces dans son bel ouvrage sur les serpens du Coromandel. Les D'ÉSCPN TE ONS pythons présentent plusieurs caractères très- remarquables; mais celui de tous ces carac- Lères qui mérite le plus de fixer notre atten- tion, consiste dans leur anus qui est bordé d’une double rangée d’écailles. Comme les boas ils ont un ergot dur et corné, placé près de chaque exlrémité de l’anus, qui peut à leur gré se relirer sous les écailles par des muscles particuliers, et qui paroît servir de défense à l'animal d’ailleurs innocent. Un imédecin de Madras, en envoyant le python tigre à Russel, lui marque qu'il a vu une troisième espèce nommée dursery pambou dans le pays, laquelle avoit de chaque côté de l'anus un ergot semblable à celui d’une perdrix mâle , et qui lui servoit dans l’occa- sion comme d’arme offensive, ce qui forçoit de le lui couper de lems en tems. Ees pythons ressemblent beaucoup aux boas par leur forme ; mais ils ne parvien- nent jamais qu'à une taille moyenne, car ils n’ont guère plus de dix à douze pieds de longueur totale. Comme les boas, on les voit quelquefois autour des branches d’ar- bres , sur les rochers et dans les pays mon- tueux. Ils ne sont pas craints des habitans de lPindostan ; on les y connoït sous le nom de serpens dé rochers. Les Snakemans, qui pa 228 HISTOIRE F les montrent en public, les habituent à avaler des poulets avec leurs plumes. Lors- qu on les provoque, ils se mettent en fureur. et sifflent assez fort; si on les prend avec la main, ils s’entortillent autour du bras avec une lelle force qu'ils arrêtent la circu- lation du sang dans cette partie ; et c’est par ce moyen qu'ils étouffent et qu’ils écrasent leur proie, lorsqu'elle est trop grosse. . Schneider rapporte qu'il a observé, en disséquant un boa aboma (qu’il a confondu par erreur avec le boa devin ), un petit osselet recouvert d’un aiguillon corné sem- blable au petit ongle d’un épervier, situé dans chaque côté du corps près l’anus, entre le péritoine et les côtes. Ces deux ergots ne sont pas fixés aux côtes, mais ils sont seu- lement attachés par des muscles qui les font sortir et rentrer au gré de l’amimal. Cet auteur a choisi ce caractère particulier pour constituer son genre boa; et quoiqu'il n’ait trouvé des éperons qu’à quelques espèces, il a cependant rangé dans ce genre beau- coup de serpens qui ne doivent réellement pas y rester. En 1792, il fit le premier mention de ces deux ergots; Bechstein in- diqua aussi ce caractère dans un ouvrage allemand sur l’histoire naturelle, dès la. ' D ES N TEL ONN S. sa même année. Stedman, pendant son voyage à Surinam , l’a observé sur l’aboma; et en 1795 , Russel sur le pedda- poda , et le bora ae l'Inde. Ces éperons ne paroissent pas être, à pro- prement parler, une arme très-dangereuse. Leur usage doit seulement consister à cram- ponner l’animal après la proïe volumineuse qu'il veut retenir ou étouffer dans les cir- cuits de son corps et de sa queue. Les pythons sont munis de doubles pla- ques courtes sous la queue, et il y a aussi des plaques entières à leur base ou à leur extrémité : le python améthyste est le seul qui n'ait sous la queue que des doubles plaques ; aussi a-t-il été rangé par quelques naturalistes parmi les couleuvres; cepen- dant il a tous les autres caractères propres aux pythons. | | P 5 o ©: HISTOMRE « LE PYTHON AMÉTHYSTE (1). J E possède une peau de serpent assez mal conservée , et qui a sur la tête des plaques nombreuses, avec deux ergois près l'anus, qui est bordé postérieurement de deux ran- gées de petites écailles. Je lui ai compté sous le ventre trois cent deux plaques, el sous la queue cent trois doubles plaques. Ce rep- iile est évidemment un python analogue au boa amethystina , que Schneider a décrit d’une manière très - complelte; et je vais ÉRIC RE RE (1) Python amethystinus ; colore corporis \cinereo- cærulescente , albo et nigro fuscoque variegato. | Scutis abdomin. 306. — Scutellis subcaud. 100 = 406. 302. —— 103 - 405. —— 306. —— 100 - 406. 512. —— 95-405. Boa amethystina. Schneider, Hist. amph. in -8°, p. 254. — Wurmb, Acl. societ. indico-balav. 1787. — Lichtenberg , Promptuar. phys. tom. III, part. 3, p. 4 et suiv.— Ülar sawa des javanais. — La cou- leuvre jaune et bleue. Lacépède, Hist. nat. des serp. in-12 , p.27, tom. IT. — Zdem. Latreille, Hist. nat- des reptiles , in-18 tom. IV, p. 160. | D'HISN PY T'EIOIN S. - es présenter ici la traduction de celte des- cription. Un individu , placé dans la collection de Bloch de Berlin , offre tous les caractères des boas par la forme de sa tête, par les plaques labiales un peu creusées, par ses dents an- térieures plus alongées, par son corps com- primé, par ses plaques étroiles, par un sillon sous la gorge, et par ses éperons cornés. Les yeux sont grands, les plaques de la lête sont polygones et assez grandes; sous le corps il y à trois cent six plaques entières, et cent doubles plaques sous la queue. | Sa couleur est d’un cendré bleuâtre, variée de petites taches blanches, et d’autres d'un brun noirâtre, disposées à peu près comme des bandes. : Schneider a pensé qu'il seroit conve- nable de rapporter à ce reptile celui que Wurmb a décrit dans les :Zcta sociectatis indico-batavicæ, et que Lichtenberg a en- suite inséré comme il suit, dans son Promp- tuarium physicum , tom. IIL, part. 5, pag. 4 et sulvaniies. On trouve dans l’île de Java une très- grande couleuvre, que les habitans appel- lent ular sawa , parce qu’elle vit dans les P 4 FC #47 25. HISTOIRE À champs de riz. Lorsqu'on la rencontre dans. ces champs, sa longueur est moins consi- dérable que dans les bois; car on trouve dans ces derniers lieux des individus longs de trente pieds au moins, selon les insulaires. L'individu observé par Wurmb avoit neuf pieds de longueur. La tête est large, plale, couverte de plaques polygones, avec son museau épais et muni de narines oblongues sur ses côtes. Après la plaque rostrale et entre les deux plaques nasales, on en voit quatre autres. Onze autres plaques se prolongent jusqu’au coin de ja bouche, dont une plus grande est placée sous chaque œil. Entre les yeux sont trois plaques de forme irréguhère , d’où partent quatre autres qui atteignent aux plaques nasales ; la paire postérieure de celles- ci est très-petite ; le reste de la tête est garni de petites écailles; huil plaques entourent les yeux ; la pupille est étroite et verticale; six plaques creusées bordent chaque côté de la lèvre inférieure, et sous la partie antérieure de la gorge, il y a un sillon lon- gitudinal; la bouche est ample, armée de dents nombreuses, aiguës, courbées en ar- rière, plus longues en devant, et cachées dans les gencives. Les os maxillaires ont la DES PV T'H'OEN S. 459 faculté de s’écarter l’un de l’autre en devant : les deux branches palatales ont des dents semblables ; la langue est noirâtre ; le cou est plus étroit que la tête, cylindrique, de même que le corps, et la queue est courte, termi- née en pointe. Sous le corps 4 y a trois cent douze grandes plaques entières, et sous la queue quatre-vingt-treize paires de plaques. La couleur de la tête est d’un gris bleu, avec le museau et les lèvres jaunâtres. L’iris des yeux est jaune, et la pupille noire. Der- rière chaque œil est un trait d’un bleu foncé , prolongé en arrière, qui va se réu- nir l’un à l’autre dessus le cou à un pouce environ derrière l’occiput. Une troisième _ bande étroite, d’un bleu foncé, se prolonge Ë Fe FA | depuis le museau sur le milieu de la tête, et entoure derrière locciput une tache cor- diforme jaune variée de bleu. On trouve cette disposition des couleurs bien rendue dans l’ouvrage de Seba, tom. IT, pl. Lxx1x et Lxxx , fig. 1. Le menton, la gorge et le ventre sont d’un jaune blanchâtre. Le corps en dessus a des zones d’un bleu foncé, brillantes comme de laméthysle, bordées de jaune ou de fauve, et disposées de ma- niére à former des taches réticulées ou carrées, d'un gris obscur, à reflets verds, 6: MIS TMOTRE pent de Java figuré par Seba t. I, pl. Lxx, lig. 1. Ces taches des côtés du dos sont d’un gris plus effacé; il y a des taches oblongues QT jaunes et bleus, comme on le voit au ser- et blanches sur les flancs aux endroits où les zones se croisent. La queue est presque entièrement jaune avec des zones bleues, réticulées, de manière que les petites taches carrées sont d’un gris terni entre les ZONES. La morsure de ce serpent n’est pas veni- meuse ; 1l.se nourrit ordinairement de rats et d'oiseaux, et lorsqu'il est parvenu à une grande taille , 1l avale des animaux assez gros qu'il guette sur les montagne de l'ile. Dimensions principales de cet ophulien ; selon IT'urmb. pieds. pouc. ligu. Pioneuernr Aotale 14 00 OR NE E QE PME Longueur dela tête 2. 74700, PSE es » Largeur de la tête à l’occiput . :. . 92 . Intervalle d’un œilà l’autre. . . « =», 11 +6 Intervalle d’une narine à l’autre. . :» 1 Longueur du bout du museau à l'œil » 1 La même longueur jusqu'aux coins de bbuche . 3 PPS TN NS La même longueurjusqu’aux narines » » * 3 Hauteurde:l'occiputlt . 37400 SAINTE Hauteur de la bonche fermée. . . » 1» 9 Diamètre. destorbites. … 4 . +, +: »403 D ES PYTEHIONS. 255 pieds. pour. lign. + Circonférence de l’occiput . . . . » —. » Circonférence du cou . , . . . +. » Circonférence du corps. +. . . . » O1 © ON Ct O1 (© © Circonférence de la queue . . . . 5 Li Wurmb paroît regarder cette espèce comme très - voisine de celles qui sont figurées dans l’ouvrage de Seba, iome If, planches LxxiIx et LXxx, figures 1. _ Ceite espèce de python nous offre une preuve évidente que la seule considération des plaques abdominales et sous - caudales ne doit pas suffire pour former des genres parmi les serpens ; c’est une couleuvre par la forme des plaques et par les mâchoires sans crochets venimeux, et c’est un python par les plaques nombreuses du dessus de sa tête, par ses ergols et par son anus bordé d'écailles. 236 HISTOIRE SR LE PYTON BORA Det: BEN GAL 2 Panic RussEez a donné, dans son ouvrage sur les serpens du Coromandel, une description soignée et une bonne figure de celte espèce remarquable de python, qui est connue sous le nom de bora au Bengale. Le dessin de la tête el de la queue a été envoyé en Angleterre, de Calcutta, par Alexandre Russel, en juin 1788. | La tête est un peu plus large que le cou, (1) Python bora ; capite multiscutellato ; colore suprà fusco , maculis dorsi rotundatis in medio dilute fuscis et flavido fusco marginatis, lateribus albidis Jusco maculaitis , scutis abdominis brevioribus ; caud& Jerè +, et apicè paulisper scutellato. | Scutis abdominalibus 265. — Scutellis anticè sub caudalibus 36.— Scutis medio subcaudalibus 26. — Scutellis apice subcaudalibus 3 - 332. Bora. Russel, Hist. nat. of indian serpents, p.44; n° 39, pl. xxx1x. — Boa orbiculata. Schneider, Hist: amphib. fasc. 2, p. 276. DES PYTHONS. 237 oblongue, déprimée, avec son museau un peu comprimé, très-obtus; elle est couverte en dessus de plaques très-nombreuses (en- viron cinquante-deux) et assez grandes. La plaque rostrale est triangulaire; la plaque de chaque narine et la première paire intra- nasale sont carrées, oblongues ; et l’autre intra - nasale postérieure est triangulaire, assez grande , alongée, avec les deux angles opposés, légèrement tronqués. Il y a deux plaques carrées entre la narine et loœil ; une autre plaque carrée, plus grande, est située entre l’œil et la plaque intra- nasale postérieure. Les yeux sont entourés chacun de sept plaques; et entre eux il y a une pare de grandes plaques qui forment un hexagone assez régulier, en y compre- nant une très-petite plaque rhomboïdale . située antérieurement. Derrière toutes ces plaques il y en a environ vingt-quatre autres qui recouvrent en partie le derrière de la tête; le reste de la tête est couvert de très-petites écailles semblables à celles du dos. La bouche est large; les mâchoires sont d’égale longueur, avec les lèvres bordées de plaques nombreuses. Les dents sont cour- bées, aiguës et garnissent les branches mar- 3 #56 .: HISTOIRE. ginales des deux mächoires , ainsi que les deux branches palatales, comme dans les oplndiens qui ne sont pas venimeux. Les yeux sont latéraux , orbiculaires ; les narines sont latérales et situées près de P'ERLFÉRE du museau. | Le cou et lé corps sont cylindriques; couverts en dessus par des écailles petites, Ksses, ovales, serrées et imbriquées; et il y a de plus deux rangées d’écailles plus grandes sur chaque côté du ventre. Les plaques abdominales sont plus couries que les sous-caudales, et au nombre de deux cent soixante-cinq. L’anus est large, trans- versal , muni à chaque extrémité d’un ergot ou éperon corné, aigu, un peu courbé en dehors et long de trois lignes environ; et il ést bordé d’une double rangée demi-circu- lire composée de vingt-huit à trente écailles lisses et carrées. | Le bora, observé par Alexaridre Russel, est long de quatre pieds dix pouces , y com- pris la queue, qui à sept pouces et demi, et qui est terminée en une pointe peu aiguë: La circonférence du eou est de deux pouces, et celle du milieu du corps de trois à quatre pouces. La queue est cylindrique, gare en:des- DES PYTHONS %% sus d’écailles semblables à celles du dos, et munie sous sa partie antérieure de trente- six doubles plaques, ensuite de vingt-huit plaques entières, et sous son extrémité de trois doubles plaques. La couleur principale est brune; on voit sur toute sa longueur en dessus, des taches arrondies d’un brun plus clair dans leur milieu, et bordées d’un brun jaunâtre ; les côtés sont variés de brun et de gris blan- châtre plus pâles auprès des plaques. Le bora du Bengale ressemble beaucoup au pedda-poda représenté par Russel sur la planche xxrv de son ouvrage; mais il ne peul être regardé comme de la même espèce, car, indépendamment du nombre de ses plaques et des doubles plaques de sa queue, il en diffère par ses plaques abdominales plus étroites, et par les sous-caudales beau- coup plus larges. Il paroît certain que sa inorsure n'est pas envenimée : et l’on peul aussi douter de lassertion des habitans du Bengale, qui prétendent que les personnes mordues par ce serpent ont une éruption cutanée sur tout le corps au bout de dix ou douze jours. | Schneider l’a décrit sous le nom de 2oa orbiculé, sans doute à cause de ses taches É S 40, eg HIS FOR E., dorsales arrondies ; il le regarde comme une espèce voisine du boa rativore, parce. qu'il a des taches arrondies et des plaques entières mélangées de doubles plaques; mais” cette opinion ne doit pas être adoptée, car le boa rativore n’a pas deux rangées demi- circulaires d’ écailles autour de l’anus ; le bora… a beaucoup plus de rapports avec le PYibous ordiné. LA LE D TEA je LU ECTS Tuuld ar il LU ( Hi ne | | { HU WU qui EN mu 1.LE PYTHON TIGRE. 2. Plaque Vous COTPS du Pylhor Éora. 5.1roncon du COTPA du coralle a bte olluse . DES PYTHONS ox LE PYTHON TIGRE OU. LE PEDDA-PODA DU BENGALE (1). PI.LIX , fs. 4; pl. LXIV, fég. à et 2. Liss naturels du Bengale donnent le nom de pedda-poda à plusieurs serpens du genre des pythons, et dont Russel a décrit et (1) Python tigris ; capite multiscutellato ,colore supr& griseo-albescente , éæniä post oculos , maculäque cervi- cali anticè bifidä fuscis ; serie dorsali circ& 30 macu- darum irregulariter fuscurum margine zigro , alüisque maculis parvulis fuscis in utroque PART; sculis eË scutellis brevibus ; caud& ferè =. Scatis abdom. 252. — Sentallis subeaud. 62 - 314. —— 252. —— 64 - 316. 256. - 69 - 325. Pedda-poda. Russel, Hist nat. of indian serpents, p. 27, n° 22., pl. xx11. — Boa cinerea. Schneider , Hist. amphib. in-8° , fasc. 2, p. 270. — Pedda-poda. A. Russel, Hist. nat. of indian serpents, p. 28, n°23, pl: xx111.— Boa castanea. Schneider , Hist. amphib. #asc. 2 , p. 272. — Pedda-poda. B. Russel, Hist. nat. of indian serpents, p. 29, n° 24, pl. xx1v.— Cérasée de Siam. Seba , Thes. tom, 11, pl. xix, fig. 1. Reptiles. Tome V. | Q Le ” 4 * CIE HISTOIRE figuré trois individus qui doivent être consi= dérés comme autant de variétés d’une même. espèce, et non pas comme trois espèces dis- tinctes, ainsi que l’a cependant fait Schneider” dans son Histoire naturelle des amphibies.= Cette espèce étant également remarquable par sa force, par ses dents aiguës et par les taches brunes dont sa peau est bigarrée, je lui ai donné le nom de python tigre. La tête est plus élargie que le cou, ovale- oblongue, cbtuse, déprimée, et comprimée entre les yeux et les narines;: les plaques qui la recouvrent sont disposées de même que celles du python bora, mais elles sont moins nombreuses autour des yeux et vers le milieu de l’occiput. On voit sur le museau et sur le milieu de la tête douze plaques principales , et derrière elle une paire d’au- tres plaques qui forment un hexagone régu- lier, et qui sont entourées postérieurement d'environ quatorze petites plaques à peu près carrées; le derrière et lés côtés de l’occiput jusques vers les yeux sont couverts de pe= tites écailles lisses et orbiculaires. La bouche est large, très-fendue; ses mâchoires sont presque d’égale longueur, et ses lèvres sont épaisses, bordées l’une et l’autre de plaques assez nombreuses. Les dents sont régulières, DES PYTHONS. 243 un peu courbées, amincies, pointues; la mâchoire supérieure est munie de deux rangées marginales de dents et de deux palatales. Les yeux sont larges, ovales, proé- munens. L'ouverture des narines est ronde. Le corps est cylindrique, légèrement entié près du cou et décroissant vers la quete , revêtu de petites écailles lisses, ar- rondes, imbriquées en dessus; et celles qui avoisinent les plaques sur trois rangées lon- gitudinales ont une forme plus large et ovale. La longueur de cet ophidien est de deux pieds neuf pouces, et la queue cylindrique, courte et conique, occupe. quatre pouces deux lignes sur cette longueur; ce qui fait à peu près la huitième partie, La plus grande circonférence du corps est de quatre pouces, et celle du cou de deux pouces. Les plaques entières et les doubles plaques sont égale- ment courtes; la forme de chacune est hexa- gone et disposée en travers. Russel prétend qu'il a deux cent cinquante-deux plaques entières sous le ventre, et soixante -deux doubles plaques sous la queue; cependant nous verrons bientôt que leur nombre est sujet à varier, de même que dans les autres o@phidiens munis de plaques en dessous. La couleur du dessus de la tête est d’un Q 2 244 HISTOIRE gris clair, un peu incarnat, avec le museau | cendré ; un trait brun est placé derrière chaque œil, et prolongé sur la tempe. Sur la partie antérieure du cou est une grande tache brune, oblongue et fendue én devantir contre l’occiput. Tout le dessus du corps et de la queue est cendré , avec environ trente larges taches brunes irrégulièrement décou- pées, bordées de noir , et placées sur une seule rangée : les flancs et les côtés de la queue ont aussi d’autres taches irrégulières, petites et presque toutes marquées de blanc dans leur milieu. Les plaques sont blanches, avec leur bord légèrement rougeûtre. La partie postérieure de Janus est bordée par deux rangées rapprochées, demi-circulaires, de petites écailles lisses. Le dessous de la queue est agréablement varié de blanc, avec de longues raies noires élargies. Ce serpent possède une force considérable, car , lorsqu'on le tient, il s’entortille autour du bras d’une manière si serrée qu'il y arrête en partie la circulation du sang, et qu’il engourdit la main. Quoiqu'il soit tres- vif, Russel a eu beaucoup de peine à lui. faire mordre un oiseau, et il n’en est ré. sulié qu’une douleur passagère. S1 l’on met dans sa bouche la cuisse dépouillée de DES PYTHONS. 245 plumes d’un poulet vivant , le serpent, au lieu de le blesser , semble plutôt disposé à lavaler entier , et c’est effectivement ce qu'il fait lorsqu'il est en liberté , et après qu'il a étouffé sa proie dans les circuits de sa queue. Si le poulet est un peu trop gros, il le serre avec assez de force dans sa queue pour l’écraser un peu et lui briser les os. Les hommes, dont le métier consiste à montrer dans l'Inde des serpens pour de l'argent et à faire danser des vipères à lunettes (1), donnent le nom de serpent de rocher au pedda-poda, au bora et à d’autres espèces voisines : ils ont coutume de donner au pedda-poda qu’ils font voir un poulet ; le serpent s’entortille aussitôt avec force autour du corps de l'oiseau, et l’avale en- suite trèés-lentement avec les plumes. Il faut certainement rapporter à cette espèce, comme deux variétés remarquables, les deux autres pedda - podas figurés par Russel , et dont Schneider a ensuite fait par erreur deux espèces séparées. (1) Les anglais désignent ces hommes sous le nom de snakeman ( iomme-serpent ). Voyez la page 227. Q 3 246 HISTOIRE Première variété. LE PYTHON TIGRE, DE COULEUR MARRON ; python tigris castaneus. Ce serpent figuré par Russel, pl. xx, ressemble beaucoup au python tigre que nous avons précédemment décrit, et il n’en diffère que par quelques caractères que nous allons faire connoître. Œ La tête est un peu plus élargie que le cou , oblongue, arrondie en devant, dé- primée en dessus, un peu comprimée vers le museau, couverte jusques entre les yeux de plaques semblables à celles du pedda-poda précédent ; mais il n’ÿ a pas de plaques nombreuses et disposées comme en rayons sur la partie postérieure de la tête; on voit a leur place et sur l’occiput des écailles ovales et lisses. _ La bouche est large ; les mâchoires sont presque d’égale longueur , avec leurs lèvres épaisses. Les denis sont régulières, courbées, minces ; quelques-unes en devant de la mä- choire inférieure sont épaisses et plus longues que les autres : il y a deux rangées margi- nales et deux palatales de dents à la mä-. choire supérieure. Les yeux sont larges, ovales , proéminens. D ES SPPYTTM ONE. 247: Le corps est cylindrique, couvert en dessus, ainsi que la queue et le cou, de petites écailles lisses, ovales, imbriquées, avec deux ou trois rangées d’écailles plus larges et orbiculaires auprès des plaques. L'individu observé par Russel étoit long de sept pieds deux pouces six lignes ; la plus grande circonférence du corps étoit de huit pouces. La queue cylindrique, amincie et terminée en pointe , avoit neuf pouces six lignes de longueur , et occupoit par consé- quent environ fa neuvième partie de la longueur totale. Les plaques entières et les doubles plaques sont courtes. | La couleur de la tête est d’un cendré obscur, avec une raie oblique d’un brun: foncé derrière chaque oeil ; la grande tache derrière l’occiput n’est pas fendue en devant, mais elle a dans son cenire un trait plus clair. Le dessus de ce serpent est d’une cou- leur marron, avec une rangée longitudinale sur toute la colonne vertébrale de grandes taches brunes très-irréguhères, bordées de noir , et au nombre de trente environ : sur les côtés il y a d’autres taches semblables et plus pelites ; auclquefois les taches de ja Q 4 248 HISTOIRE queue sont plus claires que celles du dos.: Le dessous de lanimal est d’un jaunâtre! rembruni. Patrick Russel a reçu ce ee -poda ae Ganjam , en 1788. Il lui fut envoyé par le capitaine ingénieur Gent, qui l’a nourri pendant quelque tems en captivité avec de: la viande et des œufs. On mit dans la cage, qui servit à le transporter, un oiseau vivant pour le nourrir pendant le voyage; mais, au lieu d’avoir avalé l'oiseau, celui - ci lui donna impitoyablement de violens coups de: bec sur la tête. Peut-être aussi ce serpent s’étoit -1l apprivoisé par lesclavage , car il paroïssoit comme endormi. Cependant , lors- qu'on le provoquoit , il siffloit avec une sorte de fureur , et il ne mordoit alors qu'avec répugnance les oiseaux qu’on lui présentoit: S1 lon mettoit dans sa cage un pigeon ow un poulet , il cherchoit à s'enfuir et non à mordre. Russel lui a compté deux cent cinquante= deux plaques sous le ventre, et soixante- quatre doubles plaques sous la queue. 11 faut évidemment rapporter à cette va- riélé le serpent figuré par Seba, tome IE, pl. XIX, fig. 1, sous le nom impropre de DES PYTHONS. 2% céraste de Siam , et que Latreille a ensuite rangé , dans son Histoire des reptiles (1), parmi les boas moins connus. Selon Seba, il a dessus le corps une marbrure formée de taches irrégulières, les unes alongées et sinueuses, les autres arron- dies et toutes entourées d’un bord plus fonce. Sur chaque côté de la tête on voit une bande alongée brunâtre. Le dessous du corps est d’un jaunâtre cendré. Cet animal vit dans le royaume de Siam, et sy nourrit d'oiseaux. Seconde variété. LE PYTHON TIGRE, BLANCHATRE ; python tioris albicans. Russel a figuré ce serpent très-exactement à la planche xxr1v de son Histoire naturelle des serpens du Coromandel; voici comment il le décrit : La tête est un peu plus élargie que le cou, oblongue, déprimée en dessus, un peu com- primée sur les côtés , très-obtuse, et couverte de plaques semblables à celles du pedda-poda décrit avant la première variété ; mais sur (1) Latreille, Hist. nat. des reptiles, in-18, tom. III, 156 , n°2. a En tre) D. à A De LA 250 HISTOIRE locciput et derrière les yeux il y a des écailles lisses et ovales. La bouche est très- large, avec ses mâ= choires presque d’égale longueur, et ses lèvres épaisses. Les dents sont disposées absolument de la même manière que celles: de la variété précédente (1). ' Le corps est couvert ainsi que la queue d'écailles ovales, lisses , imbriquées , excepié les deux rangées près des plaques où elles sont orbiculaires. Ces plaques sont oblongues, et les sous-caudales sont chacune hexagones, presque ovales, disposées en travers; les dernières sous-caudales sont entières et non. pas doubles. L'anus est large, transversal, bordé postérieurement de deux rangées d'écailles en demi - cercle ; et 1l y a aussi à chaque coin de son ouverturé un ergot. corné , un peu courbé en dehors, et long de trois lignes environ. La longueur totale est de six pieds; Îa circonférence du corps est de sept pouces ; {1} Le python tigre parvient à plus de huit pied: de longueur; en conséquence celui qui est décrit comme le type de l'espèce, est un jeune individu don les dents du devant de la mâchoire inférieure n’avoien pas encore acquis tout lenr accroissement. D BS°PYTEONS. 291 et la queue longue de neuf pouces occupe la huitième partie de la longueur totale ; elle est pointue et un peu conique alongée. La couleur générale est blanchâtre ; et ses taches sont parfaitement semblables à celles de l’espèce principale, mais avec celte différence que les taches des flancs ne sont pas plus claires dans leur centre. Cette variété a été prise en 1787 au Viza- gapatam dans une écurie. Elle avoit deux cent cinquante-six plaques sous le ventre, et soixante - neuf doubles plaques sous la queue , excepté les dernières qui sont simples. : Les pedda-podas sont nommés par les anglais qui habitent dans l’Inde rock-snates {serpens de rochers) : les naturels du pays ne les regardent pas comme venimeux. Ils parviennent à une longueur assez grande ; car Russel a vu un python tigre, blanchâtre, long de dix pieds. Cet auteur anglais n’a pas observé d’ergots cornés à lPanus de la première variété, sans doute parce qu'ils éloient retirés sous les écailles. 2 222 ELU S'TIORRE LE PYTHON ORDINÉ (1). La description incomplette que Schneider a donnée de cet ophidien , qu’il a rangé parmi les boas, présente une très-srande analogie avec le python bora du Bengale; c'est pour- quoi je me suis déterminé à le placer dans le même genre en atiendant qu’on lui ait trouvé deux ergots et une double rangée d’écailles à l’anus. | Schneider en a observé plusieurs dépouilles dans la collection de Bloch de Berlin. Elles étoient ornées très-agréablement de taches dont il n’a pas su indiquer la disposition ; le fond est blanchâtre , varié de taches brunes. Il n’a trouvé dans l’ouvrage de Seba aucune figure qui puisse s’y rapporter. | (1) Python ordinatus ; colore albicante , maculis fuscis eximiè ornatus , scutis abdominis brevioribus ; caudé + ? et apice multim scuteilato. Seutis abdom. 252.— Scutellis anticè subcaud. 7. — Scutis medio subcaudalibus 5. — Scutellis apice subcaudal. 54 aut 56 - 318 - 320. Boa ordinata. Schneider , Hist. amph. fase. 2, p. 260. DES 'PYTHONS 253 La lèvre inférieure est bordée de qua- rante-une plaques, et la supérieure en a vingt-sept. Sous la gorge il y a des rangées de plaques oblongues, au nombre de qua- torze. Les plaques du ventre sont étroites, au nombre de deux cent cinquante-deux. Sous la queue on compte d’abord sept doubles plaques, puis cinq plaques entières, enfin cinquante - quatre à cinquante - six doubles plaques qui se prolongent jusqu’à son extrémité. La mâchoire supérieure a deux rangées marginales et deux palatales de dents aiguës, courbées et plus longues en devant de la bouche. La mâchoire in- férieure n’a que deux rangées marginales de dents semblables. La tête ayant été beaucoup endommagée, Schneider n’a pas pu en compter les plaques. Sous la gorge il y a un petit sillon longitudinal ; mais la peau n’avoit plus deux ergots cornés près Vanus : ils avoient sans doute été enlevés avec les chairs en le dépouillant. On ne sait rien de particulier sur les ha- bitudes de ce python; on ignore même dans quel lieu de la terre il habite. 264 HISTOIRE LE PYTHON D'HOUTTUYN (1). Hourruyx a seul observé jusqu'à ce jour cette espèce de serpent, qu’il a acheté sous le nom indien de ferri-tjerri, et dont il a donné la description très - incomplette dans un ouvrage qu’il a composé en hollan- dais sur l'histoire naturelle, page 589. Ce python doit être placé à côté du python bora, parce qu’il a des doubles plaques au commencement et à l’exirémité de la queue. T1 a cent quatre - vingt - dix - neuf 2randes plaques sous le ventre, puis quatre doubles plaques sous la base de la queue , ensuite six plaques entières, et enfin soixante-quatre doubles plaques qui se prolongent jusqu’au bout de la queue. Celle-ci occupe environ _ (x) Python Houttuyni ; scutellis caudæ interruptis eb numerosis ; caudé vix Scutis abdomin. 199. — Scutellis caudæ anticis 4, posticis 64. — Scutis caudæ intermediis 6 - 273. Tjerri-tjerri slans. Houttuyn , Zee natur. hist. ». 5389. — Schneider , Hist. amph. fase. 2, p. 219. DES PYTHONS. 55 un tiers de la longueur totale que lé voya- geur Houttuyn a oublié d'indiquer. 11 n’a pas fait mention des deux éperons dont les côtés de l’anus de cet animal doivent être armés comme aux autres pythons. Sa tête est revêtue de grandes lames en dessus. Sa couleur principale est d’un gris blanchâtre, parsemé dé taches irrégulières et foncées sur le dos. Il est à regretter que Houttuyn ne nous ait laissé qu'une description trés- incomplette de cet ophidien. ‘ &) 256 HISTOIRE met manne TROISIÈME GENRE CORALLE; corallus. Cor Ps un peu épais, cylindrique; ; queue courte et cylindrique ; des écailles nom- breuses. sous la tête, le corps et la queue, el sous la gorge ; des rangées de doubles plaques sous le cou ; des plaques entières eË transversales sous le ventre et la queue ; anus simple et transversal. Des dents aiguës et écartées à chaque mâchoire ; pas de crochets venimeux. Les serpens que je place dans ce nou- veau genre ont beaucoup de ressemblance avec les scytales par leur forme un peu raccourcie, el par leur air féroce et perfide. ls doivent être même d’autant plus redou- tés des animaux innocens, qu'ils ont une taille assez petite, et qu'ils peuvent guéter facilement leur proie dans des herbes toui- fues : c’est donc pour faire allusion à l'air traître et méchant de ces reptiles dangereux que j'ai donné à ce genre nouveau le nom de coralle, qui appartenoit ancieunement à des DES CORALLES. 257 des peuples sauvages et barbares, dont Ovide décrit les cruüautés dans ses Quvres. NH ne faut pas confondre dans ce genre les espèces de boas et de scytales qui ont de grandes écailles sous la gorge et. en avant des plaques; les coralles ont des doubles plaques et non de grandes écailles sous eco 2 Les coralles ont la démarche lente, et ils ne paroissent se nourrir que de proie vivante. ; “ Parmi les reptiles de l’ordre des ophidiens J'ai remarqué plusieurs espèces, principa- lement dans le genre des couleuvres, qui ont des plaques disposées deux à deux sous la gorge en avant du cou, et au premier aperçu on seroit tenté de les rapporter aux coralles ; mais, si l’on examine la forme de ces plaques avec quelque attention, on re- connoitra bientôt qu'elles ne ressemblent pas aux doubles plaques des coralles, soit parce qu’elles sont disposées en long et non pas en lravers, soit parce qu’eiles ne res- semblent pas aux grandes plaques ni par leur largeur ni par leur direction. Les coralles sont dépourvus de plaques ou de lames sous la mâchoire inférieure ; le. Reptiles. Tome V. R 258 HISTOIRE dessus du museau près des narines et en devant des yeux en est seul revêtu, de même que le bord des mâchoires. Les écailles ne sont pas carénées; la tête est assez grosse, bombée vers l’occiput, avec le cou étroit. Nota. J'ai publié, il y a quelques mois, les caractères génériques des coralles , dans un Mémoire sur les ophidiens, qui est inséré dans le Magasin encyclopédique , rédigé par À. L. Millin, tom. V, pag. 434, année 1803. DES CORALLES. :59 CA £ 2 sb, i L'ENCriOrRoA EEE EAU E DE OB'L[US.E PI, LIX, fig. 5,6; pe LXIV , fig 3. Les recherches que j'ai faites jusqu’à pré- sent, dans les collections de Paris, m'ont convaincu que le boa bojobi (boa canina Lin.) est une espèce essentiellement diffé- rente par sa forme, ses couleurs, ses écailles et ses plaques, du serpent que Merrem & figuré dans son Histoire naturelle des am- phibies, fase. 2, pl. 11. Cet auteur l’appelle boa à téte obluse, et paroît incertain qu’il soit une variété ou une espèce séparée des boas bojobi et enydre. J’ai remarqué , sous le cou de la figure de cet animal, que les (1) Corallus obtusirostris; suprà cinereo-cærulescens fasciis transversim duplicatis et subcontortuplicaiis fuscis, subtüs labiisque flavescentibus , fronte scutato; rostro obtuso; caudé ferè —-. S | Scutellis gutturalibus 2. — Scutis abdomin. 284.— | Scutis subcaud. 109 - 395. |. Stumpfkopjiger schlinger (boa à téte obtuse ). Blasius | Merrem , Beytræse zur gesch. des amph. fasc. 2, p. 13, pl. 11. — Boa Merremi. SC S , Amphib. hist. | fase. 2°; p.209. K 2 260 HISTOIRE deux premières plaques sont doubles; et comme je crois que ce caractère est cons- tant pour tous les individus, jé m'en suis servi pour établir le genre coralle. La description que je vais douner du coralle à tête obtuse a été extraite en partie de l'ouvrage de Blasius Merrem, et j'y ai joint des additions, et même j'y ai fait plusieurs changemèéns importans. | Ta tête du coralle dont il s’agit ici est assez grosse, plus large que le cou, légè- reiient déprimée , ét un peu bombée der- rière les yeux; ses côlés sont comprimés seulement sur les bords des lèvres, et sa partie antérieure est obtuse; la plaque ros= trale est pointue vers le front et échancrée contre la bouche ; sa forhie ést péntagone; il y à de plus sur le front contre les narines quatre grandes plaques à peu près triangu- laires, et trois moyennes plaques en avant des yeux; la têle est d’ailleurs presque entiè rement couverte de petites écailles arron- dies: la mâchoire supérieure est bordée de quinze plaques, en y comprenant celle du coin de la bouche; linférieure est un pet plus courte, arrondie , et bordée d’un nom- bre de plaques presque égal à celui de ll supérieure : celle-ci à {rois dents pointues, DES CORALLES. 261 courbées et. écartées sur chaque rangée marginale , et l'inférieure n’en a que deux; les dents antérieures sont plus grandes : les deux rangées palatales ont ;chacune deux dents semblables aux précédentes et plus pelites; la langue est grande, très-fendue et noire ; tout le dessous de la mâchoire infé- rieure est couvert de petites écailles rhom- boïdales et lisses. Le corps long, aminci vers la tête et vers Panus, un peu comprimé sur les côtés, est couvert en dessus d’écailles rhombhoïdales inbriquées. Il y a deux doubles. plaques sous la gorge, deux cent quatre-vingt-quatre grandes plaques sous le corps. et cent neuf grandes plaques sous la queue; la plaque qui recouvre l'anus est assez grande et entière ; le venire est étroit; la queue a la forme un peu compnEe du corps,.et elle Samincit Jusqu'à son extrémité, mais IT n’est pas exactement pointue. Sa couleur est en dessus d’un cendré bleuâtre , avec des traits bruns en doubles Z1g - Zags transversaux , rapprochés, paral- Jlèles; dessus la queue il y a des :bandes brunes , transversales ; tout le dessous de cet animal est jaunâtre sali, sans aucunes taches; les lèvres sont aussi jaunâtres; la partie pos- R 5 862 "HISTOTRE térieure de la tête a quelques taches brunes» avec un trait brun derrière les yeux. Dimensions de ce reptile , selon B. Merrem. : pieds. pouc. ligu. Longueur totale. “ . 4%. CRIS GNNE Longüeur_ dela tête +. 4 Gu30 + 0 Largeur de la tête à sa partie pos- ! : fénienre & 1e be ee os ets A SEE CORRE Largeur de la même devant les yeux L e 2» e -e L ° L e e e e e » » 8 Circonférence du corps près de la TC En he a ne mn à — Circonférence du corps dans son mirent. nets noter 26. 72 Longueur de la queue . . ... 4.» Blasius Merrém paroît croire que le co- ralle à tête obtuse habite dans l'Amérique méridionale, de même que le bojobi et TVenydre ; mais il ne l’affirme pas. Cet ophi- dien parvient sans doute à plus de six pieds de longüeur ; sa morsure doit être très- douloureuse , à cause de ses dents alongées; pointues et crochues, mais ‘elle n’est pas ‘envenimée; il a dans la forme de sa tête, dans les plaques et les écailles qui la revé- tent , toute l’apparence d’un reptile veni- meux ; il n’est cependant que méchant. Par le nombre de ses plaques , il se rapproche assez du boa broderie (boa hortulana Lin.) DES BONGARES. 863 QUATRIÈME GENRE. BONGARE; Oungarus. Le corps long et un peu cylindrique ;:la queue courte; la tête ovale, revêtue de plaques lisses, peu nombreuses en devant ; le dessous du: corps et dé la queue couvert d’écailles ovales, imbriquées, avec une ran- "gée longitudinale de grandes écailles hexa= gones en dessus ; le dessous du corps et de la queue revêtu de grandes plaques en- tières.et transversales, quelquefois avec une double plaque sous le;milieu de la queue ; anus transversal et simple. tnt Dents des mâchoires aigués:; des crochets à venin, et quelques’dents simples à- la souche des crochets. ha Les naturalistes, en voyant les serpens qui m'ont servi à former ce nouveau genre, sentiront aussi bien que moi qu’il ne pou- voit appartenir à aucun ceux déjà établis. - En effet, ils sont intermédiaires entre les boas et les couleuvres; et quoique partici- pant de ces deux genres, ils ne ressemblent R 4 MN 264 HISTOIRE à aucun d'eux ni par la disposition de leurs dents, ni par la forme comprimée des côtés de leur dos à peu près comme ‘dans les bôàs: et les crotales. Leur corps est long et presque d’égale grosseur par-Lout ; la queue est courte, grosse et à peihe amincie à son extrémité; le éou est peu étrahglé, et la tête a beaucoup de ressemblance avec celle dés scytales. Les bongares deviennent assez grands, et ils sont d'autant plus redoutables qu'ils pa- roïissent aussi agiles À peu près que les cou- keuvres, et que’ leur morsure est regardée par les habitäans dir Bengale comme toujours mortelle. Ce genre est le cinquième de la notice sur les ophidiens, que j'ai publiée dans le-n° 72 du Bulletin de Ja société Pre nathique. Schneider ‘à a da iè bofrel dans son gente pseudoboa {x}: - Le ‘ ch} : (1) Schneider, Hist. amph. fase. 2, p. 281. - eu set (tu! 11 °; 2 \, Û ; \; Se Sel ie ANTETT ES nt? ALES NT Re: 14 + ie VAE \ NORENLEN ni EAU 4 Note rer NEA L De Jeve del. 1.BONGARE A ANNEAUX. 2.7roncon da Bongere. 3. Plaque SOUS S0R COTPA, DÉS BONGARES 065 .LE BONGARE A ANNEAUX (1). PI LX eat Pl LXV,., our i à ES to que j'ai faites dans 2 re collections. m'ont procuré la découverte de plusieurs serpens du Bengale ligurés par Russel, entre autres de celui que je place dans mon genre bongare, et qui est. connu par les habitans du Bengale sous les noms de bungarum - - pamtahk, de sackeenee , “de holadola et. jansenpars. La tête est petite, à peine. élargie près du cou, ovale, déprimée en dessus : les joues sont. un peu comprimées ; le, museau . (1} Bungarus annularis; annulis latis.et.altérnatim dispositis Jravis. et ,obscurè cæruleis ; caudé apice cœrule& = Scutis Due 233. — Scutis subcaud. 85. — Scubellis ÿ "RÉCIT" subcaud, 1 - 260. | —— 207. Fo 56 - 243. —— 214: —— 46 - 260. + Bungarum-pamah on-sackeence. Russel , Nat. hist, of serpens. ind. in-fol. p. 5. — Psexdoboa fasciata. Schneider , Hist. amph. fasc. 2, P- 285. — Boa. Mus. Linckianum, Lipsiæ, p. 71. — Scheuchzer, Phys. sacra, pl. noi , fis. 8, n° 22, 266 2e ES T'O@ER’E est légèrement incliné, très-obtus et comme tronqué. Le nombre des plaques principales est de dix : la première est triangulaire, échancrée ; la pelite paire entre les narines est ronde; la paire suivante est de même forme, et un peu pointue; les trois plaques entre les yeux ont la forme d’ün bouclier, et sont pointues ; les latérales sont coniques. La dernière paire est large, arrondie, un peu en cœur et tronquée ; le reste de la tête est revêtu de DETES écailles suborbi- culaires. La bouche n’est pas large: les mâchoires sont presque d’égale ionguëur. Lies dents de la mâchoire inférieure sont en nombre égal, régulières, courbées, très-courtes, et presque cachées dans les gencives. Russel a figuré, dans son ouvrage (planche x£Lv, fig. 11); la mâchoire supérieure dé Ce bongare.'Il a remarqué que dans ce serpent le prolon- sement de la souche du crochet est encore plus long que dans le serpent à lunette, et est très- remarquable, parce qu il y a trois dents crochues eù simples qui: y sont insé- rées, ce qui lui donne lapparence d’une rangée. marginale imparfaite ; et cé qui ne se rencontre dans aucun autre serpent ve- nimeux. Qutre cette rang ée marginale, y DES BONGARES. 267 a encore une double rangée de dents pa- latales. Les yeux sont petits, latéraux, ar- rondis ; les narines sont très - larges, et un peu éloignées vers l'extrémité du museau. Le corps est un peu trigone; le dos est saillant dans son milieu , incliné sur les côtés ; le ventre est au contraire convexe. La rangée longitudinale du milieu du dos est formée d’écailles larges, carénées , hexagones et ‘comme cilées ; les autres écailles sont pe- tites , ovales , lisses, rapprochées et imbri- quées. re) + L’individe observé par uoël est long de cinq pieds cinq pouces; la grande circonfé- rence est de cinq pouces. La queue est tri- gone, courte, épaisse, et terminée en une pointe arrondie, émoussée ; sa Re est de cinq pouces. | | * La couleur de ce hdi est æ un Hd foncé sur la tête, avec une raie jaune oblique sur chaque côté, et avec de larges plaques jaunes sous la gorge. Le corps, le cou et la queue sont agréablement variés par de larges bandes alternativement jaunes et bleues, qui recouvrent les plaques du ventre où elles sont plus claires; le bout de la queue est ‘bleu. ‘ Le bongare à anneaux nu et bleus a e. 268 PEETIESOET @ ROM été envoyé à Russel par Gordon, de Mansoor- Cottah, en novembre 1788. Sa morsure est regardée comme très-mortelle parle peuple de Kimedy, qui la croit même étreincurable. En langage vulgaire on le nomme Av/adolai, et c’est le ransa-pam des gentous. Aexandre Russel en a re un ma de Calcutta. | Russel a compté de ceni hichiet ui plaques sous le ventre, et trente - six sous la queue, dont la trente- deuxième est double. L’anus est simple, revêtu en devant par une grande plaque demïi-circulaire, et garni sur ses côtés par deux-doubles plaques. Schneider a décrit cet ophidien remarquable sous le nom de pseudoboa fascié,etil'a donné quelques détails intéressans sur des individus qu'il a observés. Un individu, conservé dans la sole di de Bloch, a une grande taille. Il lui a trouvé sous le ventre deux cent sept plaques en- tières, et trente-six plaques semblables sous Ja queue qui est obtuse, conique,et.qui.paroît avoir été rognée: F'outes ces plaques sont plus darges et plus grandes que ser de presque ious les boas. | - Le corps est comprimé, couvert “re chaque côté par sentrangées d’écailles rhomboïdales, DES BONGARES. 26g et la quinzième rangée, qui est sur le milieu du dos, est formée d'écailles assez grandes, hexagones. La tête est aplatie , obtuse, cou- verte de plaques comme dans la couleuvre à collier, etc., bordée de plaques lisses sur les lèvres; les yeux sont de moyenne gran- deur ; les narines ont leur ouverture ellip= tique , presque verticale ; la bouche est pe- tite. À chaque côté antérieur de la mâchoire supérieure , il y a un crochet venimeux qui est reçu dans une fente de la mâchoire in- férieure lorsque la bouche est fermée, et qui est enfermé dans un fourreau charnu. Sa couleur est blanche, avec des bandes trans- versales brunes. Le: H ya dans la même collection un individu qui ne diffère du précédent que comme d’un autre sexe ou comme variété; ses bandes transversales n’entourent pas entièrement le corps ; il a deux cent quatorze plaques-en- tières sous le ventre, et quarante-six sous la queue. Dans chaque fourreau de la mâchoire supérieure , Schneider a trouvé trois crochets venimeux, qui sont graduellement alongés. Cet auteur a observé le même reptile dans le museum de Linck à Leipsick, parmi les boas; il est aussi représenté dans l'ouvrage de Scheuchzer, planche poLv , fig. 8, n° 22. \ 250 HISTOIRE LE BONGARE BLEU (i) PL LX , fig. 26; pl. LXV , fig. 2. Cr bongare paroît avoir. beaucoup de rapports avec le précédent, et n’en diffère principalement que par la disposition de ses couleurs. Il a les plaques de la tête sem- blables, ainsi que les écailles hexagones du dos. | v7 Son corps est bleu en dessus, avec des bandes transversales blanches et ponctuées, et il est blauchâtre en dessous. Un individu desséché de’ la collection de Schneider a deux cent trente plaques entières sous le ventre, et quarante sous la queue : un autre, envoyé des Indes orientales à Bloch, en a (1) Bungarus cœruleus , nigro - cærulescens , lineis dorsalibus transversis albis ; subarcuatis et distantibus abdomine albido ; caudé —-. Scutis abd.209.—Scutis subcaud. 47 -256 selon Russel. 230. 4o - 270 selon Schneïder. 102. 43 - 255 selon le même. , Gedi-paragoodoo , et pakta poola. Russel, Serp: Tnd. et Coromand. in-folio , p. 1 , pl. 1. — Pseudoboa eærulea. Schneider ; Amph. hist. in-8° , fasc. 2, p.284: DES BONGARES. 2741 cent quatre-vingt-douze sous le ventre, et quarante-trois sous la queue. Ses crochets venimeux sont cachés dans un fourreau charnu. : Les nombreux travaux de Russel sur des serpens de linde, et principalement du Coromandel, ont jeté un grand jour sur l’histoire naturelle de ces animaux, Il en a décrit un assez grand nombre d'espèces plus ou moins remarquables dans le bel ouvrage qu’il a publié en 1796, en Angleterre, sur cette partie trop négligée jusqu’à ce jour par les zoologistes. | La première espèce qu'il a décrite est un scytale connu par les indiens sous les noms de gedi-paragoudou, et de pakta-poula, et que je désigne sous le nom de bongare bleu, parce que sa couleur est d’un bleu irès- obscur ou même d’un noir bleuâtre , marqué sur le dos de lignes bianches transversales , irès- étroites , séparées d’un pouce enviroti les unes des autres, et un peu arquées en sens contraire. En outre de ces lignes, il y a une rangée longitudinale de points blancs sur la colonne vertébrale, tous écartés d’un pouce environ les uns des autres, savoir un point déssus le milieu du cou, puis trois doubles points sur la partie antérieure du 272 Et: lL'S T'O; BREL corps; les lignes transversales commencent ensuite, et ont chacune sur leur centre un point blanc. Ces caractères singuliers sont très-bien indiqués sur la figure en couleur que Russel a publiée de cetanimal. Les flancs sont brunâtres, et le dessous du corps et de la queue est d’un blanc jaunâtre. _ La tête de ce serpent est un peu élargie vers le cou, petite, ovale, arrondie et dé- primée. Son museau est comprimé, obtus. Le dessus de sa tête est revêtu de dix plaques, avec d’autres petites entre elles. La plaque située au bout du museau est triangulaire, et la paire de plaques placée sur le front entre les narines est ronde. La paire entre les yeux. et les narines est plus large; et les trois plaques situées entre les yeux, sur le centre de la tête, sont assez semblables. à un bouclier par leur forme. Les latérales sont oblongues et en croissant. Enfin la paire de plaques postérieures est un peu en cœur et entourée par quatre petites écailles ; sur Vocciput il y a aussi un petit nombre d'é- cailles orbiculaires. | gr Ta bouche est de moyenne er avec la mâchoire inférieure plus courte que ja supérieure, et garnie de dents moins nombreuses, aiguës et recourbées en arrière. La DES BONGARES. 273 La mâchoire supérieure a ses deux branches palatales garnies d’un nombre égal de dents ; mais les branches extérieures ou marginales, comme dans les autres serpens venimeux, n’ont que des crochets ordinairement au nombre de deux, courts, minces, avec leur base munie d’un ou de deux sacs qui ren- ferment le venin. | Le corps est cylindrique , d’une égale grosseur depuis le cou jusqu'à l'anus. Les écailles sont un peu imbriquées ; les plaques sont au nombre de deux cent neuf sous le corps, et de quarante- sept sous la queue, qui est alongée, amincie, et terminée en pointe. La longueur totale du bongare bleu est de deux pieds cinq pouces, et la queue n’a que quatre pouces environ ; ce qui fait à peu près la septième partie. | Ce bongare est rare au Vizagapatam : Russel dit que cet animal est connu au Ma- sulipatam sous le nom de cobra morul. Les indiens ont beaucoup trop exagéré ses propriétés nuisibles, en prétendant que sa morsure cause sur le champ la mort; car il résulte des nombreuses expériences de Russel que son venin a rarement tué des Reptiles. Tome V. S 274 HISTOIRE poulets en moins d’une demi-heure, et des chiens en moins d’une heure et dix minutes, ce qui indique qu’on doit le re- gardef comme moins dangereux que les. vipères à lunette et élégante. DES HURRIAHS 275 CINQUIÈME GENRE. HURRIAH; Aurria. be corps et la queue longs , cylindriques. La tête couverte en dessus de plaques po- Iygones, lisses et peu nombreuses ( neuf à dix). Le dessus du corps et de la queue couvert d’écailles ovales où rhomboïdales, et réticulées. Le dessous du corps et de la queue revêtu de plaques entières; celle-ci terminée’ de doubles plaques et sans ergot corné. L’anus simple et transversal. Dents des mâchoires aiguës et courbées. Pas de crochets venimeux. Les hurriahs ne peuvent être confondus avec les couleuvres, ni avec aucun autre genre de serpens : ils ont à la fois les carac- tères des boas et ceux des couleuvres ; ils ont même beaucoup de rapports avec ces dernières, par leur principale conformation. Vers l'extrémité de leur queue seulement il y à des doubles plaques , comme à quelques pythons et l’acanthophis cérastin ; mais ils en S 2 276 : HISTOIRE différent parce que leur anus n’a pas d’ergots ni de rangées d’écailles sur son bord posté- rieur , et parce qu’il n’y a pas d’ergot corné à l’extrémité de la queue. Nous en connois- sons déjà trois espèces; mais il est à croire qu'il en existe encore d’autres qui ne sont pas connues. Les hurriahs sont des serpens innocens ; comme les couleuvres, qui ne paroiïssent pas acquérir de grandes dimensions, et qui se nourrissent de petits animaux. Le genre dont il est ici fait mention est le quatrième dans la notice sur les genres des ophidiens, que j'ai insérée dans le nu- méro 72 du Bulletin de la sociéié philoma- thique. À 1ÿ AN à \ Li PL LXVT. | FA 277. a a — PRE = = De J'epe l.. ; TEA. 1. TRONÇON DU CORPS DE LHURRIAH 727c Orge 2.PHURRIAH A DEUX RAIES 3.Plague Sous & corps de Z Hurrixh faux boiga a Fa À ï ' / 4 Plaque S'oud Le COTPY «e lAurriah. à deux ratéd, DES HURRIAHS. 277 a L'HURRIAH FAUX-BOIGA (1). P1. LIX, fig. 8 , 9. PL LXVI, fig. 1,3. Ccrrs espèce, ainsi que son nom J'in- dique, a beaucoup de ressemblance par sa forme mince et très-longue avec la cou- leuvre boiga et avec les autres qui en sont voisines ; mais ce n’est pas réellement une couleuvre, car elle réunit les caractères du genre hurriah d’une manière trop marquée pour qu'on puisse la regarder comme un individu qui a éprouvé une sorte de désor- ganisation, et qui n’a des plaques entières sous la base de la queue que par suite d’un accident. Ces caractères paroissent exister sans que la queue ait élé mutilée ; Merrem lui a donné le nom de couleuvre irrégulière, (1) Hurria pseudoboiga ; tenuis. flageiliformis, supr& griseo-purpurascens , puncéis albidis in seriebus trans- versis dispositis , subtüs flavescens ; caudé =, Scutis abdom. 258. — Scutis anticis subcaud. 17. — Scutellis posticis subcaud. 93 - 568. Unregelmassige natter ( couleuvre irrégulière). Bla- sius Merren , Beytræge zur gesch. der amphib. in-4°, fasc. 2 ,p. 25, pl. rv. S 4 278 HISTOIRE afin d'indiquer qu’elle n’a pas une confor- mation pareille à celle des couleuvres. La tête est ovale, un peu en cœur, assez grosse, peu déprimée, assez obtuse par de- vant; elle a une plaque rostrale triangulaire, quatre plaques frontales, une grande plaque pentagone entre les yeux, et deux grandes piaques pentagones irrégulières derrière les yeux, qui sont eux-mêmes bordées de pe- tites plaques, ainsi que les mâchoires. Sous la mâchoire inférieure il y a d’abord une plaque triangulaire sur le bord antérieur ; puis trois paires de plaques alongées ‘qui vont jusques vers le milieu de la gorge; le reste est garni d’écailles oblongues qui se prolongent sur les côtés vers la base de cette mâchoire. L'intérieur de la bouche est bru- nâtre ; dans ses mâchoires sont insérées deux dents petites, irès-pointues et cour- bées.en arrière. Sa langue est peu fourchue, et peut se contracter dans un fourreau cy- lindrique. Les narines sont assez ouvertes et presque circulaires. , Le corps est long, mince, comprimé sur les côtés, beaucoup plus mince vers la tête, ensuite presque également gros par-tout, et couvert en dessus d’écailles assez distinctes, lisses, alongées , rhomboïdales et pointues DES HURRIAHS. 279 postérieurement. Le ventre est assez plat, large et couvert de deux cent cinquante-huit grandes plaques entières qui se relèvent un peu sur les flancs; la plaque de l’anus est simple et assez large. La queue est plus mince que le corps, terminée en pointe, presque pentaëdre, cou- verte en dessus d’écailles plus grandes et un peu plus larges que celies du corps, garnie sous sa partie antérieure de dix-sept plaques entières, et sous sa parlie postérieure de quatre-vingt-treize doubles plaques. La couleur de lhurriah faux - boiga est en dessus d’un gris de foie un peu pourpré, plus rembruni sur le milieu du dos, avec des taches blanchâtres formées de points disposés irrégulièrement par séries trans- versales ; le dessous et les lèvres des deux mâchoires sont d’un blanc sale un peu jau- nâire, et sans aucune tache. Dimensions de cet ophidien , selon Werrem. pieds. pouc. lign. Fonsueur totale... 1. 2 "ar Lonsueur de la féte. 04 > RNUTE Hanseur de laftétes is 2 Ni ER at dr Longueur du cou et du corps . 2 [= Circonférence du COBPS Le NC UD) 9 3 Longueur de la queue . . . . » I den DS 280 HISTOIRE On ne sait pas dans quelle partie du globe habite l’hurriah que nous venons de décrire, et qu'aucun naturaliste n’avoit fait connoître avant Merrem, qui en a donné une figure très-exacte, de même que toutes les autres qu’il a insérées dans son ouvrage. Le dessi- naleur qu'il a employé pour faire ses dessins d’après nature, F. Henning, a rendu avec une précision rigoureuse toutes les formes des écailles et des plaques, ainsi que leur disposition sur la peau. Il seroit à desirer qu’on mit toujours la même exactitude lors- qu'on peiut des objets d'histoire naturelle. La vignette placée en bas de la page 27 du second fascicule indique la forme des plaques et des doubles plaques sous-caudales. DES HURRIANHS. 281 L’HURRIAH SCHNEIDÉRIEN (1). L'ssrèce que je vais décrire, a été nom- mée par Schneider elaps boæformis , parce qu’elle a beaucoup de rapports avec les boas : elle est conservée dans la collection de l’université de Halle. Sa tête est petite, oblongue, plus étroite et obtuse en devant, couverte de petites plaques. Les yeux sont petits, ainsi que les narines, dont l’ouverture sst située un peu plus haut que l’endroit ordinaire. La fente de la bouche est étroite, un peu fléchie postérieurement vers le haut : on voit sur les branches maxillaires des dents courtes et petites. Derrière les plate nasales il y en a cinq (1) Æurria Schneideriana ; capite oblongo , supr& scutis parvis tecto , colore cinereo maculis transversis nigris ; caudé&.... Scutis abdom. 146. — Scuiis anticè subcaud. 4. — Scutellis posticé subcaud. 58 - 208. Elaps boæformis. Schneider, Hist, amphib. in-8°, Fasc. 2, pag. 3or. 282 : HISTOIRE autres disposées en un cercle, et près d’elles entre les yeux est située une grande plaque oblongue, carrée, transversale ; derrière les yeux de petites plaques sont situées parmi les grandes; la plaque antérieure de la mâ- choire supérieure est grande et pentagone. La gorge est munie d’un sillon glabre, alongé, bordé par trois paires de longues plaques. Toutes les écailles dessus le cou, le corps et la queue sont rhomboïdales et carénées ; les plaques entières du ventre sont assez étroites et au nombre de cent qua- rante-six : sous la queue il y & d’abord quatre grandes plaques contre l’anus et ensuite cin- quante-huit dovoles plaques. | La couleur de la tête est cendrée en des- sus , avec une bande noire, prolongée depuis chaque œil jusques vers les côlés du corps. Les lèvres sont blanches, excepté le bout de l'inférieure et du museau, qui est cendré. Le corps est en dessus cendré, avec des taches transversales noires, interrom- pues vers la queue, et représentant des zones sur le milieu du corps; ces taches sont enfin entières à l’endroit où la queue est un peu comprimée. On aperçoit aussi sur les côtés, entre la troisième ou la quatrième plaque entière, de petites taches noires; les DES HURRIAHS. 283 plaques elles-mêmes sont blanchâtres, va- riées de noir, presque comme celles de la couleuvre cobel (coluber cobellu Lin.). Cette espèce paroît non seulement inter- médiaire entre l’hurriah faux-boiga et celui à deux raies jaunes par le nombre de ses plaques, mais elle l’est encore par la forme de sa tête; car dans le premier la tête est assez grosse, tandis que le second l’a très- petite, presque comme dans les orvets : lhurriah schneidérien au contraire a cette partie alongée, ainsi que nous l’avons dit précédemment. Nous ignorons dans quelle contrée de la terre habite cet ophidien, dont Schneider n’a pas indiqué les dimensions. 284 HISTOIRE L'YÉR URI AIR À DEUX RAIES JAUNES (G) PI. LIX., fig. 9 ; pl. LX VI, fig. 2, 4. Fr. naturaliste Russel, dans son Histoire naturelle des serpens du Coromaudel, a décrit et très-exactement figuré cet ophidien sous le nom indien Aurriah, et 1l l’a placé dans le genre des couleuvres. Sa tête est à peine plus élargie que le cou et le corps, petite, ovale, obtuse, un peu déprimée en dessus, et comprimée sur les côtés du museau. Les plaques sont au nombre de dix, en y comprenant celle du museau ; et elles recouvent tout le dessus de la tête; la plaque rostrale est triangulaire; la plaque de chaque narine est presque circulaire; la paire intermédiaire est oblongue-ovale; la (1) Æurria bilineata ; suprà nigré line& flavescente in utroque latere d@orsi, subtüs aibida ; caudà& —-. Scutis abd. 145. — Scutis anticis subcaud., 21. — Scutellis posticè subeaud. 28 - 194 Hurriah. Russel, Hist. nat. of serp. Coromand. pe 45, n° 40, pl. xL. DES HURRIAHS. 285 plaque entre les yeux est ovale; les latérales sont lunulées ou en croissant, et la paire postérieure est arrondie, terminée posté- rieurement en pointe. D’autres petites pla- ques bordent les lèvres, et garnissent le dessus de chaque côté de la mâchoire supé- rieure. | Les yeux sont petits, latéraux, orbicu- laires, peu proéminens. La bouche est large, assez fendue, avec ses mâchoires presque égales en longueur, et obtuses en devant. Les denis sont très-petites et courbées; elles garnissent les rangées marginales et deux rangées palatales. Le cou et le corps sont cylindriques, d’une grosseur presque égale jusqu’à l’anus, et revêtus d’écailles ovales, très-petites. La longueur totale de cet hurriah est d’un pied deux pouces ; s& circonférence est d’un pouce, et la queue a elle seule trois pouces de longueur; ce qui fait près d’un cinquième de la dimension totale. La queue diminue graduellement vers l’anus; ensuite elle devient conique , et finit en pointe. Russel a compté cent quarante - cinq grandes plaques entières sous le corps, une plaque demi-circulaire sur l'anus, vingt-une plaques entières sous la partie antérieure _ 286 » AIS FPOLRE de la queue, et vingt-huit doubles P'eques sous sa partie postérieure. La couleur de cet ophidien est noire en dessus, avec une ligne longitudinale un peu jaunâtre sur chaque côté du dos dans toute la longueur de la colonne vertébrale; tout le dessous du corps, de la gorge et de la queue est d’un blanc de perle. | Ce serpent a été trouvé à Hyderabad par Alexandre Russel, qui a remarqué que c’est une espèce rare, et qui n'est pas réputée venimeuse. Les rangées marginales de petites dents, dont sa mâchoire supérieure est pour- vue, prouvent même qu'il est innocent. DES ACANTHOPHIS. 987 SLXHE ME), GENRE. ACANTHOPHIS; acanthophis. Le corps et la queue un peu alongés cylindriques. La tête arrondie, obtuse, un peu bombée sur les yeux, couverte en de- vant de plaques polygones, lisses et peu nom- breuses (neuf à dix environ). Le dessus du corps et de la queue couvert d’écailles rhomboïdales, réticulées : le dessous du corps reyêlu de plaques entières et trans- versales; la queue ayant aussi des plaques entières, et terminée par des doubles plaques et par une pointe cornée en forine d’ergot. L’anus simple et transversal. Dents des mâchoires aiguës, courbées. Des crochets venimeux? Dans une notice publiée il y a quelques mois sur les ophidiens, j'ai donné au dou- zaème genre le nom d'acanthure ; mais, comme ce nom est déjà employé par La- cépède pour un genre de poisson, je sub- stitue ici le nom d’acanthophis, à cause d'un ergot corné à l'extrémité de la queue, 288 HISTOIRE ainsi que l'indique le nom formé de deux mots grecs. Le reptile que j'ai cité pour exemple est figuré dans l’ouvrage de Mer- rem, et me paroît devoir être écarté des couleuvres et rapproché des scytales à cause de ses plaques entières sous la base de la queue : je lui crois même des crochets veni- meux, si jen juge sur-tout par la forime de sa tête et par le dessus de ses yeux , qui est saillant comme aux vipères cérasie et cornue. Le caractère pris des deux sortes de plaques sous la queue le rapproche aussi des hurriahs, et me paroît très-avantageux pour constituer ce nouveau genre; quant à l’ergot corné qui la termine , c’est un carac- tère que je n'offre que comme secondaire , car il existe dans d’autres serpens de genres très-différens, tels que la couleuvre à col- lier, la couleuvre noire et blanche; la vipère commune, les scytales piscivore et ammo- dyte, etc. eic. Cet ergot corné est fixe au bout dans la queue, et ne paroît pas avoir la même utilité que les deux ergots corués qui sont rétractiles sous les écailles à chaque côté de l'anus des boas et des pythons. L'ACANTHOPHIS ne G W, y LOT 1 LCL ASC A EG De. Jeve de JP Lactrén he 1. ACANTHOPHIS CEÉRASTIN. 9 parue Sous Le Corp de lAcan hop bis Céastr. “0 DES ACANTHOPHIS. ….38 — L’ACANTHOPHIS CÉRASTIN (1). PLLIX, fig. 10 ,11. PL LX VII, fig. 1, 2. L: description que Blasius Merrem a donnée de ce singulier reptile, dans son ouvrage sur les amphibies, offre des carac- tères si remarquables, que cet auteur n’a pas craint de la citer comme suffisante pour renverser la méthode que Linnæus et les autres naturalistes plus modernes ont adoptée pour la classification des serpens en plusieurs genres. « Ce serpent remarquable fournit, dit-il, une preuve frappante, qu’on ne doit pas s’en rapporter pour la distinction des genres, en histoire naturelle, aux caractères peu essentiels, Linnæus a employé, par rap- port aux serpens, ceux que lui offroient ER ON AR CHERE US Pen (1) Acanthophis cerastinus ; orbitis suboibbosis ; pallidè griseus fasciis transversis subcæruleis, subtis pallidè rufescens serie duplici punctorum nigrorum : caudé ferè =. Scutis abdominalibus 112.— Scutis subcaudal, 38. — Scutellis sub apice caudæ 13 - 1653. Schlingende natter (couleuvre boa). Bl. Merrem Beytræge zur gesch. der amph. fasc. 2, p. 20, pl. zur. Reptiles. Tome V. T 200 HISTOIRE le ventre et la queue d’après la forme des tégumens qui les recouvroient l’un et l’au- ire. Les boas ont, par exemple, des plaques entières sous le corps et la queue, tandis que les couleuvres ont des plaques entières sous le corps et des doubles plaques sous la queue. Si c’étoit là les deux seuls caractères distinctifs, le serpent dont il va être ici ques- tion les réuniroit en un même genre, car la queue est antérieurement couverte de plaques entières, et à son extrémité elle a au contraire des doubles plaques. Les signes employés par Laurenli, qui sont pris dans la manière dont la tête est couverte, et dans sa forme, dans les tégumens du corps et de ‘la queue, sont la plupart trop généraux et irop compliqués pour pouvoir être mis en usage avec fruit, et ces défauts sont cause qu'il a trop multiplié les espèces. Pour se servir avec avantage des caractères pris des denis, à l’exemple de Klein, il faudroit pouvoir les observer dans un très - grand nombre d’espèces , et alors on parviendroit sans doute à donner des caractères géné- riques plus certains. » Je ne crois pas, continue Merrem, qu'on soit parvenu jusqu’à présent à éta- blir une division parfaite de tous les ser- DES ACANTHOPHIS. 2091 pens ; c’est pourquoi je me suis contenté de suivre la méthode employée par Lin- næus , et de ranger les espèces ; non d’après le nombre des plaques, mais plutôt selon la forme générale de leur corps. C’est donc en conséquence de ce principe que je range le serpent, qui va être décrit, parmi les cou- leuvres à cause de la forme de sa tête, de son corps et de sa queue, quoiqu'il ait plus de ressemblance par ses plaques avec les boas » (1). Cette traduction fidelle de l’opinion de Merrem présente des remarques judi- cieuses, mais on n’y voit cependant pas un motif assez puissant pour condamner la mé- thode de Lainnæus; car si on ne considère que le facies, on ne peut se dispenser de ranger quelques couleuvres parmi les orvets, plusieurs d’entre elles ayant le corps cylin- drique et la queue obtuse. Je suis convaincu au contraire que les tégumens des ophidiens sont des organes plus importans que Mer- rem ne paroiît le penser, car ils jouent le principale rôle dans leurs mouvemens pro- sressifs et leur tiennent lieu de pieds. Les caractères pris de ces organes du mouve- (1) Merrem , loco suprà citato. - T 2 * 292 HISTOIRE ment sont plus invariables qu’on pourroit le croire ; et si l’on rencontre quelquefois des véritables couleuvres munies de quel- ques plaques entières sous la queue, etc., ce sont des anomalies ou des jeux de la nature qui ne sont pas propres à tous les individus d’une mème espèce : si au con- traire on observe constamment des plaques entières et des doubles plaques sous la queue de tous les individus , on peut sans aucun risque se servir de cette sorte d'organisation comme d'un caractère générique , et c’est ce que j'ai fait dans cette Histoire naturelle des reptiles. L’acanthophis cérastin est ainsi appelé, parce qu’il a quelque ressemblance avec le céraste à cause de sa forme raccourcie, de sa tête grosse, courte, et munie d’une écaille bombée sur chaque œil. Sa tête est moyenne, légèrement dépri- mée , obtuse et arrondie par devant. Les plaques sus-oculaires sont grandes et s’élè- vent au dessus des yeux en forme de cœur. L'oeil est petit, rond, et entouré de cinq petites plaques. 11 y a une plaque rostrale triangulaire , échancrée en en bas, quatre plaques frontales à peu près carrées, deux plaques oblongues et irrégulièrement pen- DES ACANTHOPHIS. 293 tagones entre les yeux, deux grandes pla- ques carrées sur le sommet de la tête près des yeux , et une autre peüle plaque oblongue derrière chaque œil. Les narines sont percées dans une plaque sur les côtés du museau qui est arrondi, obtus. Toute la moitié postérieure de la tête en dessus est couverte de petites écailles semblables à celles du dos. La mâchoire supérieure est plus courte que linférieure, arrondie , et munie antérieurement d’une plaque. Il y a ensuite trois paires de plaques qui se suivent ; savoir, une paire moyenne et en losange sous le menton, et deux paires alongées sous la gorge : entre ces dernières paires et les plaques labiales on voit deux plaques assez grandes ; derrière toutes ces plaques il y a quelques écailles qui parois- sent imbriquées , et qui les séparent des plaques transversales du cou. Merrem n’a pas observé si cet animal a des crochets venimeux à la mâchoire supé- rieure , et il a omis également de décrire la disposition des dents sur les mächoires, en sorte qu'on ne sait pas si cet ophidien est venimeux, quoiqu'il ait l’aspect aussi méchant que les vipères. Son analogie avec le céraste et la vipère cornue de Paterson D 294 HISTOIRE semblent d’ailleurs indiquer qu'il est dan= gereux. L'intérieur de la bouche est d’un rouge brun. La langue ést très - fendue, extensible, noire. et ordinairement retirée dans une sorte de fourreau cylindrique muni en dessous d’une ouverture. Le corps est cylindrique, plus épais vers son milieu , aplati en dessous. Le cou est plus mince que la tête. Les écailles qui garnissent le dessus du cou, du corps et de la queue sont hexagones, alongées, réticu- lées sur la peau, plus grandes vers le milieu de la longueur totale et près des plaques abdominales. Ces plaques sont larges et au nombre de cent douze. L’anus est recou- vert par une seule plaque assez grande et arrondie sur son bord postérieur. La queue est cylindrique en dessus et plate en des- sous , el elle occupe les deux neuvièmes de la longueur totale. Elle paroît avoir été rompue et être repoussée depuis, car aux trois cinquièmes de sa longueur elle devient tout à coup plus mince et plus étroite ; mais c'est cependant un caractère propre à l’es- pèce, car si cette extrémité étoit repoussée après avoir été cassée, elle ne seroit pas. terminée par une pointe en forme d’ergot comme celle de la vipère commune et de DES ACANTHOPHIS. 205 quelques couleuvres. Cette pointe est fine, petite, comprimée, très-aigué, un peu re- courbée vers le ciel, et longue d’une ligne et demie. On compte sous la partie anté- rieure de la queue trente-huit plaques en- béres , et treize doubles plaques sous la partie postérieure. | L’acanthophis cérastin est en dessus d’un gris bleu , plus foncé sur la tête, avec des bandes transversales blanchâtres. Un trait blanchâtre règne en long derrière les pla- ques de la partie postérieure de la tête. Les plaques frontales, sus-nasales, la plaque rostrale et celles des mâchoires sont bru- nâtres. Le dessous de l’animal est entière- ment jaunâtre : sur la cinquième plaque des bords de la mâchoire supérieure est un point d’un noir de poix, et il y a sur la sixième ainsi que sur la septième une ligne de même couleur. Sur les plaques du côté de la mâ- choire inférieure est une raie noire oblique. Sur la troisième et jusqu'à la septième plaque du bord de cette mâchoire, sur la grande écaille située derrière la troisième plaque du bord et sur les écailles qui bor- dent les plaques abdominales , sont dés points noirs. Au milieu de la première plaque abdominale est encore un point noir, ainsi T 4 296 HISTOIRE qu'aux deux extrémités de chaque autre plaque; mais sous la queue ces points oblongs manquent à la plupart des grandes plaques et aux doubles plaques. La partie couverte de plaques entières est plus brune, et la pointe en forme d’ergot est blanchâtre ; bordée d’une raie noire. Dimensions principales de cet acanthophis, selon Merrem. pieds. pouc. lign. Longueur totale. |. © . . . . tr 12 Mo + Longueur de la tête . . . . « » » 11 # Larsenñr.de la lète..#0) maine Longueur du corps . . . . . » 10 6 # M bd Circonférence du cou très-près dci tete. 2 LU ANT Se de ae 2 Ni M A Circonférence du milieu ducorps » 2 6 Longueur de la queue . . +. » 3 3 £ Longueur de la pointe en forme d'ensot sfr en ajiie) sailela tete NA D MARNE Merrem ne sait pas dans quel pays habite cet ophidien, ni quelles sont ses habi- tudes. Il ne paroît pas qu'aucun naturaliste en ait fait mention , de même qu'aucun voyageur. On peut voir un dessin exact de la tête vue en dessus et en dessous à la pl. LIX, fs. 10.et 11, de ce voluuie. DES CROTALES. 297 SEPTIEME GENRÉ. CROTALE :; crotalus. Lr corps robuste , alongé , cylindrique ; la queue courte, cylindrique, un peu grosse ; el termunée par plusieurs anneaux ou grelots cornés, mobiles, sonores et placés à la suite les uns des autres. La tête grosse, couverte en devant de petites plaques nombreuses ; et en arriere d’écailles carénées et réticulées, qui sont plus grandes dessus tout le corps et la queue, principalemen® sur le milieu du dos. T'out le dessous du corps et de la queue garni de plaques entières et transversales. L’anus transversal et simple. Des dents aiguës à chaque mâchoire ; des crochets venimeux à la mâchoire supérieure. Plusieurs naturalistes se sont occupés vers - la fin du siècle dernier de faire des recherches sur l'anatomie , sur les habitudes et sur le venin des serpens à sonnettes; et 1l est résulté de leurs observations que l’histoire naturelle de ces reptiles venimeux est parvenue à un certain dégré de perfection. On a reconnu pe %e 48 MÉIB TOUR E la structure de leurs organes venimeux; les circonsiances qui concourent à rendre leur venin plus actif, ou qui en modèrent l’eflet ; Paction plus ou moins prompte de ce venin sur différens animaux; la manière dont ils se roulent en plusieurs tours de spirale poux se tenir prêts à s’élancer lorsqu'on veut les attaquer ; l'effet extraordinaire que produit la musique sur ces êtres qui nous paroissent également stupides et redoutables. Nous avons appris comment ils passent la saison froide sous des mousses dans des lieux hu- mides près des eaux. Tous ces faits consignés dans le cours de cet ouvrage nous ont con- vaincus que l’histôtre de ces animaux dan- gereux n’est pas aussi dépourvue d'intérêt qu’on pourroit le penser; il nous reste encore à donner la description des différentes espèces existantes, et nous verrons qu'il y a , rela- tivement à cette dernière partie de leur histoire, des lacunes et des doutes que le tems et de nouvelles observations pourront éclaircir. Les serpens à sonnettes forment le hui- tième genre dans une notice sur les ophi- diens que j'ai publiée ( Bull. de la soc. phil. n° 92) Mes recherches sur ces reptiles : m'ont conduit à reconnoître qu'ils ont ordt- \ * DES CROTALES. 09 nairement des doubles plaques sous l’extré- mité de leur queue, immédiatement avec les grelots sonores qui la terminent. Il y à maintenant un certain nombre de serpens connus qui sont munis en dehors d’appendices ou d’excroissances de la même nature à peu près que la corne. Nous avons vu, dans le commencement de ce volume sur les ophidiens, que les boas et les pythons ont un ergot ou éperon corné sur chaque côté de l’anus, et que les acanthophis ont une pointe cornée au bout de la queue. Les serpens à sonnettes , appelés crotalophores par Seba et Gronovius, ou les crotales des naturalistes plus modernes , sont remar- quables parce que leur queue est terminée par des anneaux ou grelots cornés réunis à la suite les uns des autres par une articula- tion mobile, cornée; et lorsque ces grelots sont mis en mouvement , ils produisent un bruit qu’on entend à plus de soixante pieds de distance , et que quelques observateurs ‘ont comparé au froissement du parchemin (1). (1) Lacépède dit que ce bruit ressemble plutôt à celui que produit la détente du grand ressort d’une montre ; mais cette comparaison n’est pas aussi exacte que la précédente. 300 HISTOIRE (Voyez la description des grelots du serpent. à sonnettes, tome 1, pag. 87 et suiv.) Lors- qu’un voyageur passe imprudemment trop près d’un crotale , l'animal aussilôt se roule en spirale, agite et fait résonner ses grelots, puis il attend qu'on le provoque pour s’élancer sur le téméraire, et pour lui en- foncer dans les chairs les crochets enve- nimés qui sont situés sur le devant des branches externes de sa mâchoire supé- rieure. Ces crochets peuvent percer des bottines et des gants; et le venin est telle- ment actif, qu'on a vu un chien périr quinze secondes après avoir été mordu ; mais on connoît plusieurs moyens curatifs pour guérir du venin des crotales, à moins que la morsure ait pénétré dans une artère ; dans ce dernier cas le mal est incurable, si le secours de la succion n’est pas employé aussitôt après. ( Voyez ce que j'ai dit sur le venin des serpens, tom. I, p. 123; ei tome V, pag. 70 et 76.) Non seulement il est prouvé que le venin des reptiles ne peut être dangereux lorsqu'il est bu, même en certaine quantité ; mais tout le monde sait aussi que la chair de tous les serpens est bonne à manger, et que dans piusieurs contrées policées on DES CROTALES. 501 mange les couleuvres et les vipères après en avoir Ôté la tête et la peau. W. Bartram rapporte aussi que plusieurs anglo -améri- cains aiment beaucoup la chair du serpent à sonnetles ; mais 1l est à croire que c’est plutôt par dégoût que par la crainte du venin qu'ils refusent la chair de ce même animal lorsqu'il s’est mordu lui-même avant de mourir, car Île serpent doit dans ce cas se corrompre promptement, l'effet du venin consistant à décomposer la masse du sang, et à en séparer tout le sérum , ainsi que l’a prouvé Sténon par une expérience que j'ai rapportée dans cet ouvrage, tom. I, p. 142. Les crotales sont tellement dangereux , ‘qu'il est prouvé que la plus légère morsure faite par leurs crochets venimeux peut tuer de très - grands animaux; cependant on a beaucoup trop exagéré la malignité de ces “animaux qui ne peuvent ramper assez vite pour atteindre un homme à la course, et ne mordent jamais l’homme que lorsqu'ils sont provoqués ou lorsqu'ils se croient en danger ; il est même reconnu qu’ils font en- tendre le bruit de leurs sonnettes quelques instans avant de se venger contre leurs agresseurs. Dans l’intéressant Mémoire de Palisot Beauvois, placé au commencement 802 HIS MOLTRE du tome V de cette Histoire naturelle des reptiles, nous avons vu qu'il est possible de prendre des crotales vivans et non en- gourdis à la main, en ayant soin de ne les pas serrer fortement, et en se tenant très- ‘attentivement sur ses gardes. Il est souvent arrivé à des voyageurs de passer très- près d’un crotale , et de le toucher presque avec le pied sans en être mordu. L'animal se roule aussitôt en spirale, et attend de nou- velles provocalions pour s’élancer. Si l’on s'éloigne , il s’alonge doucement et rampe en ligne droite, en tenant ses sonnettes redressées, et en les secouant de tems en tems pour donner le terrible avis. Si on le provoque de nouveau, il s'arrête et se roule en spirale , il fait mouvoir avec vilesse ses sonnettes, sa tête et son cou s’aplatissent , ses joues s’enflent, ses lèvres se contractent, ses mâchoires très-écartées laissent voir leurs crochets redoutables ; 1l darde fréquemment sa langue longue et fourchue, son corps se gonfle et s'affaisse successivement par la colère ; il menace, mais il ne s’élance jamais qu'il ne soit sûr d'atteindre son ennemi. Les crotales, de même que les autres ophidiens, sont très-lents dans leurs mou- vemens , et ne sont réellement redoutables DES CROTALES. 305 que pour les animaux dont ils se nourrissent, et pour ceux qu’une audace aveugle porte à les provoquer sans se mettre à l'abri du danger. Ces terribles reptiles se retirent sous des arbres, dans les lieux humides et. ombragés, se cachent dans les hautes herbes et y guettent leur proie. On a prétendu qu'ils répandent autour d’eux une odeur fétide particulière qui sert à indiquer les lieux où ils sont : Kalm et T'yson nous ont laissé quelques détails sur ce fait; mais il paroît qu’on l’a beaucoup trop exagéré. Dans les parties de l'Amérique septen- trionale, où le froid devient un peu vif et où l’hyver est rigoureux , les crotales et plusieurs autres reptiles ÿY passent quelque tems engourdis près des sources, dans des lieux couverts qui ne peuvent être pénéirés par la gelée. os. LUI S DORE : L LE CROTALE DURISSUS (1). Planche LX VII, g-1 » 2e Tes contrées les plus tempérées de l’Aimé- rique septentrionale sont habitées par un plus grand nombre d'espèces de crotales que VAmérique méridionale, et il me paroît maintenant bien prouvé qu'aucune espèce (1) Crotalus durissus ; cinereo-flavescens , 25 auë 26 fasciis dorsalibus irregulariter -transversis nigris, cum maculé nigré ad utrumque apicem ; caudé nigré =. 1093. — Scutisabd.172.—Scutis caud.21.—Crepit.o - selon Linnæus. 200. 170. —— 50. —— o- selon Weigel. 196. —— 174. —— 22. —— 0 - selon Gronov. 183. —— 105. —— 20. —— o- selon Vosmaer. 199. —— 170. —— 29. —— o- selon le même. 190. —— 172. —— 16. — Scutellis apice caudæ 3. — Crepit. 5 - 195. Crotalus durissus. Tiän. Syst. nat. — Îdem. Amæn. acad. tom. I, p. 500. — Idem. Gimel. Syst. nat. p. 1081. — Idem. Weïgel, Act. soc. Hal. tom. I, p. 7. — Kalm , Act. Stockh. 1952, p. 310 ;, 1753, p. 52, 185. — Catesby, Carol. pl. xzr. — Caudisona durissus. Laurenti, Synops. rept. p. 95,n° 204. — Croéalo- phorus, n° 3. Gronov. Mus. tom. IT, p. 70 , n° 45:— | ‘ de AcTeL tin de Z. à = Ê ; 1. CROTALE DURISSUS. 2.Machotre de ce Crocale 9 -n7 r 2 Zlayue SOU & COTDS dd Cr'olaled. SEE SA EST MZardien SL DES*CROTALES. 305 de crotale ne vit également dans ces deux pariies du nouveau continent. Le crotale boiquira , par exemple , a sur le dos de petites losanges noires, séparées , et ne peut être regardé comme le même que le crotale à losanges jaunes et contiguës (crot. rhom- bifer) des Etats - Unis que Palisot Beauvois y a découvert , et dont il m’a communiqué la peau séchée. Je crois done que mon collègue Latreille, dont les talens et les travaux sur l'histoire naturelle lui ont acquis une répulation méritée, n’a cependant pas vu le boiquira véritable de l'Amérique mé- ridionale, et dont j'ai recu un individu de Surinam; car il lui rapporte le crotale à losanges (1) dont je viens de parler. Le crotale durissus n’est jamais plus long que de trois pieds et demi à quatre pieds. Sa ND Ge, Ah à eu si — Caudisona Gronovii. Laurenti » Syn. rept. p: 94, n° 205. ( Nota. Ce serpent à sonnettes de Gronovius est une espèce mal décrite et indéterminable. } — Vosmaër, Monogr. crot. 1567. — Le durissus. Lacép. Hist. des serpens ,‘in-12, tom. I], p. 246, pl. var, fig. 3. — Le crotale durissus. Latreille, Hict, nat. des reptiles, in-18 , tom. TIT, p. 190 ; tom. IV, D 919 (1) Voyez l’ouvrage de Latreille sur les reptiles, tom. IV, p. 322; et son addition aux articles des croéales boiquira et duriseus , tom. IV , p. 515. Reptiles. Tous V. V Fr 506 FH I STORE couleur est d’un cendré légèrement jaunâtre ou verdâtre, avec vingt-cinq où vingt-six taches transversales noires irréguhères , en- tourées d’une teinte claire, échancrées en devant , sur le dos, et terminées à chaque extrémité sur les flancs d’une tache de même couleur arrondie ou presque carrée, qui n’est réunie à la dorsale seulement que sur le tiers postérieur du corps. La queue est _ entièrement noire, même en dessous, ainsi qu'au crotale à queue noire. Le dessous de l'animal est d’un blanc jaunâtre , parsemé et comme sablé de points noirs très-petits, rapprochés et situés vers chaque extrémité des plaques. Les écailles sont rhomboïdales , carénées, principalement les dorsales, eb forment vingt-ure stries longitudinales ; il y a de plus au bas de chaque flanc contre les plaques une rangée d’écailles arrondies, plates, lisses et plus grandes que les autres, ce qui fait en totalité vingt - trois rangées longitudinales d’écailles. Linnæus a compté cent soixante - douze plaques abdominales et vingt-une caudales ; Kalm en a trouvé cent soixante-treize au ventre et vingt-six à la queue; ensuite Laitreille en a vu, 1° à un gros individu, cent soixante-sept sous le ventre , et vingt- DES CROTALES. 307 trois à vingt-quatre sous la queue; 2° à sept jeunes individus , cent soixante - quatorze plaques sous le ventre , et dix-neuf à vingt caudales ; un crotale durissus que m'a prêté Palisot Beauvois avoit cent soixante-douze des premières plaques, et dix-huit des autres , dont les deux dernières doubles. Sans doute que ce dernier caractère n’est _ propre qu'à l'individu que j'ai observé : il avoit sa sonneite composée de cinq grelots, dont le dernier presque double ; mais on trouve quelquefois des durissus qui en ont un plus grand nombre, savoir jusqu’à douze et même au delà. Sa queue occupe la on- zième partie de la longueur totale. Latreille a décrit, ainsi qu'il suit, un cro- tale durissus qui fait partie de la collection que Bosc a recueillie dans la Caroline. «De même que dans plusieurs autres crotales, les écailles (plaques) qui recouvrent le bord de son museau, et celles qui recouvrent les yeux, sont grandes et lisses; les autres sont semblables à celles du dos. » Le fond de la couleur est d’un gris brun ou rougeûtre ; le museau est marqué de deux taches, et le cou de quatre raies noires ; le dos a des bandes transversales noires , irrégulières, qui m'ont paru, dans V 2 308 HISTOIRE l'individu appartenant: à Bosc, bordées d8 grisätre ; les côtés ont aussi des taches noires; le dessous du corps est d’un blanc jaunatre. Bosc a tué un individu qui avoit quatre pieds de longueur. Il retira de son estomac le lièvre désigné sous le nom spécifique d’américain (lepus americanus).On recherche beaucoup les sonneties de ce reptile, suivant le même naturaliste, parce qu’on les prescrit réduites en poudre dans les accouchemens laborieux», Cette description convient parfaitement. au durissus, à l’exceplion des quatre raies noires du cou , que je n’ai observées jusqu’à présent à aucun individu : mais je pense avec Lalreille que les caractères assignés comme il suit, par le professeur Laceépède , ne sont pas propres au durissus, mais bien au boi- quira. «Ce serpent, dit-il, a le dessus du corps varié de blanc et de jaune , avec des taches rhomboïdales noires, et blanches dans Jeur centre ». | | ï L'Amérique septentrionale est la seule patrie du durissus; on a trouvé ce dange- reux serpent jusqu’au quaranle-cinquième degré de latitude ; et comme il est encore assez commun dans certaines contrées, il me paroît qu'il faut lui rapporter toutes les DES CROTALES. 309 observations publiees sin: les serpens à son- nelies en général, par Kalm, Catesby, Palisot Beauvois et par les auires-naturalistes qui ont séjourné dans l'Amérique septentrio- nale : nous devons donc reuvoyer le lecteur à l’article sur les serpens’ qui est placé vers le commencement de ce cinqnième volume, et nous nous contenterons d'ajouter ici quel- ques faits. bye .: Lorsque les crotales tie rsent un lac ou une rivière à la nage , ils sonflent leur corps, de telle manière qw’ils surnagent comme une vessie. On prétend qu'il est alors dangereux de-les atiaquer, parce qu’il leur est bien facile de s’élancer dans le bateau. Autrefois les américains avoient un tirès- grand respect pour le serpent à sonnettes; et la superstition coniribuoit ainsi à pro- pager cet animal; mais depuis leurs rela- tions avec les européens, ils ont abandonn leurs pernicieuses idées , car on les tue présent sans scrupule. Le crotale durissus a, selon la remarque de Beauvois, un seul crochet venimeux à chaque branche externe de la mâchoire supérieure; six dents ordinaires à chaque branche intérieure de la même mâchoire, et ; cinq dents à chaque côté de la inâchoire V5 é à 310 HISTOIRE | inférieure , ce qui fait un total de: vinste quatre dents. Ce reptile mange des écureuils, des lèvres, une espèce de loutre appelée mink, qui a la grandeur, la forme et la couleur de la marte, des rats, des souris €t des oiseaux de différentes espèces. Gmelin regarde comme variété de ce crotale, 1° un crotale très-mal décrit par Gronovius, et qui avoit le corps ainsi que les sonnettes aplatis, sans doute par suite de quelque accident ; 2° un autre crotale, décrit par Vosmaër, en 1767, dans une Monographie particulière : ce repüle avoit deux fascies ou bandes noires sur la tête et le cou. J'ai indiqué ces deux prétendues variétés dans la synonymie du crotale durissus. Peut-être faut-il lui rapporter plutôt comme variété le crotale à queue noire, que je regarde cependant comine une espèce nouvelle et distincte, d’après mon collègue Bosc, en attendant de nouveaux renseigne- mens. JL IXIX. Ts: 00 | np b jf] J4l NI ! 1} WI) AE at j pl : } Eu NU Adel dau del. | 1. CROTAIE BOIQUIRA. 2.Troncon du corps du crotak & losange . , Le DES CROTALES. 311 ms # : LE CROTALE BOIQUIRA DE L'AMÉRIQUE MÉRIDIONALE (1). ; Planche LXIX , fig. x. Tir véritable boiquira, nommé Goicinininga par Pison et Marcgrave, et teuhtlacot zauhqu (1) Crotalus horridus ; cinereus collo longitudinaliter nisro quadrilineato ; 22 aut 24 rhombis dorsalibus nigris medio et margine flavescentibus ; caudé nigré +. 1C4. Soutis abd. 171.— Soutis caud. 19. — Scutellis idem 4.— Crepit. 6 - 200. 193. —— 169. —— 20, —— 4. —— 10 - 203. 194. — 166. - 22 —— 4 —— 1 - 195. 190. 167. 23. —— o= sel. Lin. 200. —— 170. —— 30. —— 0o- sel. Bodd. _ Crotalus horridus. Lin. Syst. nat. — Mus. Adolph, Frid. tom. I, p. 30. — Idem. Gmel. Syst. nat. p. 1080. — Boddaert, nov. Act. acad. Cæs. tom. VII, p. 16, n® 1et2. — Bradley, Natur. plancherx, fig. 1. — Michaël , Goetting - Magaz. tom. IV, I, p. go. — Scba, Thes. tom. IT, pl. xcv, fig. 1. — Caudisona terrifica. Laurenti, Synops. rept. p. 05, n° 205. = Boiquira, boicinininga par les brasiliens. Cascarela _ par les portugais du Brésil. T'angedor, par les espa- gnois. Æatlle snake, par les anglais. T'euhtlæcot zaithqui, par les mexicains, — Serpent à sonneltes. V4 312 MAIL ES TION TS RSI par Hernandez, ou cascavela par les portugais établis au Brésil, ne se rencontre pas dans l'Amérique septentrionale} mais seulement dans les contrées méridionales de ce vaste continent, où il est très-répandu. J'en ai observé plus de dix individus dans diverses collections de Paris, et j'en possède un trés-bien conservé qui m'a été donné par Marin Debaize, médecin à Surinam. Le crotale boïquira a la tête très-grosse, en arrière, et un peu amincie vers le museau qui a une plaque pentagone à son bout. Il y a trois plaques moyennes et deux petites enire la narine et le MmUSEAU SUr chaque Daubenton, Dict. erpét. Encycl. méth. — Boiquira. Lacépède , Hist. des serpens, tom. IF, p. 209, pl. vit, fig. 1. — Crotale boiquira. Latreille, Hist. des rept. in-18, tom. IT, p. 186, fig. — f’ipera Brasiliæ cau- : disona. Mus. Kircher , class. 2, p. 55. pl. 1x, fig. 43, — Vipera caudisona , et anguis crotalophorus. Ray, Synops. anim. p. 291. — Boiquira ayug. Marcgrave , Hist. nat. bras. lib. 6, p. 240. Nota. Teuhtlacot zauhqui est le nom que les mexi- cains donnent au hoiquira, et il signifie regina serpen- tum ou reine des serpens , selon Hernandez. Cet ancien auteur prétend que la graisse du serpent à sonnettes peut être employée avec beaucoup de succès pour résoudre les tumeurs et les squirres, DES: CROTALES. 919 côté ; une srande plaqué ‘presque carrée est Située entre locil et la narine ; Re dessus de chaque œil ‘est recouvert: par! une "grande plaque elliptique blanchâtre, avee ses deux extrémités noires. J’ai de plus complé sept plaques sur le front et entre la partie anté- rieure des deux yeux. Sous la partie anté- rieure de la mâchoire inférieure , il y a urie plaque: triangulaire suivie par deux paires de plaques carrées: tout lé &essous de la tête est ensuite couvert d’écailles nombreuses , petites , rapprochées, très-carénées ; et tout le dessous est revêtu d’écailles ovales ou hexagones, et lissés. Le corps est garmi en dessus de vingt- neuf rangées longitudinales d’écailles plus ou moins hexagones , dont les VANBtrSepI inter- médiaires sont carénées. Le dessus du boiquira est de couleur cen- drée , avec quatre raies noires qui prennent naissance derrière, et qui se prolongent sur les côtés du cou, de manière à occuper environ la huitième partie de la longueur totale ; au dessous des raies du cou il y a une rangée de points noirs disposés longitu- dinalement. On voit ensuite dessus le corps vingt-deux à vingt-quatre rhomboïdes noirs, séparés , ayant leur centre et leurs bords 914 HISTOIRE d'un-blanc jaunâtre ; le ventre est d’un blarie Jjaunâtre, sans aucunes taches ; la queue est nonâtre, à peu près d’un neuvième de la longueur totale, et terminée par des grelots dont le nombre varie depuis un jusqu'à treize ou environ. 11 paroît que le crolale boïquira a les mêmes ; habitudes que le durissus, si l’on examine tout ce qui a élé écrit jusqu’à pré- sent par Marcgrave, Pison, Kalm, Beau- vois sur ces deux animaux. Le durissus a quelquefois quatre pieds de longueur ; et le boiquira peut avoir jusqu'à cinq ou six pieds, de même que le crotale à losanges. On a fait beaucoup de contes ou écrit des absur- dités sur le boiquira, mais il est inutile d’en faire ici mention; je me bornerai seulement à rapporter l'opinion suivante, également ridicule et invraisemblable. Pison prétend que la pointe de la queue de ce reptile, intro- duite dans le fondement d’un homme, lui donne la mort plus prompiement encore que le poison des crochets venimeux. Je n’ai observé aucune variété du boi- quira dans les collections que J'ai visilées ; mais je pense que Boddaert en a décrit une dans les _Zcta academiæ Cæœsarecæ , tom. VIL pag. 16 , n° 1. C'est son crotale à taches D FS!CROTALES. 315 brünes trigones, et je regarde au contraire comme synonyme du boiquire le crotale blanc à taches rhoniboïdaiés du même au- teur (n°2), pris à tort par Gmelin comine synonyme du:durissus. : 7 = # La description du crotale boiquira , donnée par Latreille dans ses additions à l'Histoire naturelle des reptiles tom. IV, pag. 313, paroït se rapporter en partie au crotale à losanges, découvert par Beauvois, au moins à cause du nombre des plaques. 4:14 Latreille rapporte que le boiquira a six à dix grelots: mais, comme il y. a.un jeune individu, dans la collection de Levaillant, qui n’a qu'un grelot, et un auire qui en-a treize, j'ai annoncé dans ma description que la sonnette a depuis n8 jusqu’à treize grelots. 316 HISTOIRE LE CROTALE A QUEUE-NOIRE GX LA. $ pre Ebrscoe Bosc étoit en Amérique, il trouva dans la Caroline l’espèce nouvelle de crotale dont nous allons donner ici la description d ès celle ès al a RE sur l'animal vivant. | Le La tête de cet ophidien est doi gris verdâtré ,'et elle a, sur sa partie postérieure, deux taches brunes et oblongues. S6s écailles sont très-nombreuses, el toutes surmontées par une carène ou arête; leur forme ést rhomboïdale. Le dessus du corps est d’un gris rougeâtre, parsemé de points bruns, et (1) Crotalus atricaudatus ; griseo - rubescens , line4 longitudinali.et dorsali fulvé; fasciis 24 dorsalibus et éransversis fuscis, angulatis, et antè utramque fasciam maculis duabus pallidioribus ; caud& nigrä + 106. — Scutis abdomin. 170. — Scutis caudal. 26.— Crepit. 8 - 204. Crotalus atricaudatus. Bosc, Description manusc. communiquée. — Crotale à queue noire. Latreille, Küist. des reptiles , in-18 , tom. JTE, p. 209, D HSHCRO!TAILES. 917 traversé par vingt-quatre taches ou bandes alongées, brunes, anguieuses, irrégulières, souvent en forme de chevrons : ces iaches transversales sont accompagnées de chaque côté par deux taches plus claires, également irrégulières, séparées du côté de la tête, réunies vers la queue. Sur le dos il y a une raie longitudinale fauve, large de quatre lignes. … Le ventre est blanchâtre, couvert de cent soixante - dix plaques entières, et la queue de vingt-six. Celle - ci est noire, et elle a huit grelots à son extrémité. nn. Le crotale à queue noire est très-venimeux. C’est une petite espèce assez voisine du croiale millet (crotalus miliarius ); Jen ai vu, il y a deux ans, une peau assez mal conservée au museum d'histoire naturelle : elle avoit été apporiée, je crois, par Michaux père, naturaliste également célèbre par ses voyages daus les quatre parties du monde, et par ses découvertes en botanique. … 318 HISTOIRE LE CROTALE BRUYANT (i). Lrs crotales sont évidemment des reptiles propres au continent de l'Amérique, et les espèces y sont plus nombreuses que quelques naturalistes ont paru le croire : c’est donc par erreur que Seba, qui a seul figuré cette espèce remarquable, lui assigne pour véri- table patrie les Indes orientales et Pile de Ceilan. Latreille a décrit, d’après Seba, cette espèce sous le nom de crofale sans taches; et il en a observé un individu décoloré dans la collection du museum national d'histoire (1) Crotalus strepitans ; albidus , dorso flavo , rufes- centibus maculis dilutè atris ; crepitaculis numerosis ; œaudé —. Scutisabd....— Scutis caud.... Crepit. 30 et amplius. Serpent à sonnettes des [Indes orientales. Seba, Thes. tom. IT, pl. xcv, fe. 55 et pl. xcvn, sr, Crotale sans taches. Latreille, Hist. des reptiles, tom. III, p. 201. — Caudisona orientalis ? Laurent, Synops. p. 94: n° 217. DES CROTALES. 319 paturelle : on doit regretter qu’il n'ait pas pu compter le nombre de ses plaques abdo- minales et sous-caudales ; et il ne m'a pas été permus de le faire. La tête est grosse, courte, obtusé, recou- verte en devant de petites plaques, et en arrière d’écailles rhomboïdales, carénées, nombreuses, et semblables à celles du dessus du corps : comme dans la plupart des autres serpens , les écailles sont un peu plus grandes à proportion vers le milieu du corps que vers les extrémniés. Hp . La couleur est d’un jaune roussätre clair, avec des taches effacées d’un brun noir. Le dos est d’un roussâtre plus foncé ; le dessous du corps est d’un cendré clair. La sonnette est composée de plus de trente grelots, et c'est à cause de cela que je lui ai donné l’épithète de bruyant. Seba prétend que cet animal dangereux parvient quelquefois jusqu’à trois coudées de longueur totale; mais l'individu, placé dans la galerie du museum d'histoire natu- relle de Paris, n’a que deux pieds environ de longueur. | Je pense qu’il convient de rapporter pro- visoirement au crotale bruyant, comme une variété légèrement décolorée, celui qui est 320 NÉ LS POIRE décrit sous le nom de dryinas (1) dans les Aménités académiques, et que Latreille croit AVOIT VU au museum. Le dryinas, selon Linnæus, acentsoixante- cinq grandes plaques sous le ventre, et trente sous la queue. Il est blanc, avec quelques taches jaunâtres. Il habite en Amérique. Le dryinas, observé par Latreille, a la tête grosse, très - obtuse, et garnie de petites plaques sur son museau. 1! est blanchâtre, avec quatre rangées longitudinales de taches d’un brun clair, assez grandes et ovales. Ce naturaliste et Linnæus ont oublié d'indiquer le nombre des anneaux de la sonnette. (1). Var. A. Crotalus dryinas; albescens, seriebus quatuor longitudinalibus macularum ovalium et fus- cescentium ; caudé +. ( 105. — Scutis abd. 165. — Scutiscaud. 30.— Crepit.… Crotalus dryinas. Tin. Amæn. acad. tom. I, p. 297. — Idem. Syst. nat. — Idem. Gmelin , Syst. nat. — Caudisona dryinas. Laurenti, Synops. rept. p. 94, n° 216. — Le serpent à sonnettes. Daubenton , Dict. erpét. Encyc. méth. — Ze dryinas. Lacépède, Hist. : nat. des serpens, in-12,tom. II, p. 245. — Le crotale dryinas. Latreille, Hist. nat. des reptiles, in-18 ,. tom. III , p. 200. | Lacépède a regardé le dryinas comme le même animal que celui que Latreille a nommé Ze crotale sans taches, “ EAN En DES CROTALES 321 LE CROTALE CAMARD (1) Fr existe, dans les galeries du museuin d'histoire naturelle de Paris, un crotale qui a fait partie de la collection de Seba, et que cet auteur a figuré dans son ouvrage sous le nom de serpent a sonnettes de Ceilan. Ce repule a paru, au naturaliste Latreille; devoir constituer une espèce particulière : c’est en ettet ce que j'ai reconnu récemment sur un individu apporté de l'Amérique mé- ridionale par Debaize, et qu'il a bien voulu me communiquer pendant son sejour à Paris; uiais ce crotale avoit cinq anneaux à la queue, et nou pas un seulement. 1 a qq mem (1) Crotalus simus ; naso obtuso, cinereo - cæru- escens lineis binis nigris in utroque latere capitis ef coll: , maculis dorsülibus et lineis furcatis nigris ir uéroque latere corporis ; caudé =. 182. — Scutis abdomin. 103. — Soutis caudal, 19. = Crepit. 5 - 187. Serpent à sonnettes de Goien Seba, Thes. tom. IT, pl. xzv.— Le crotale camard, Latreille, Hist. deg reptiles , tom. JIT, p. 202. Reptiles, Tour V. nee 2 MTS MORE Latreille a remarqué que ce serpent, au< quelje donne d’après lui l’épithète de camard, parce que la tête a le museau tronqué, est de moitié moins grand que le boiquira ; ; que sa couleur est en dessus d’un gris cendré un peu bleuâtre, avèc deux lignes noirâtres et parallèles sur chaque côté de la tête et du cou; il y a dessus tout le corps une rangée longitudinale de figures en losanges, formées par des traits noirâtres bordés de grisâtre ; les flancs ont chacun treize chevrons noiï- râtres bordés de grisâtre. Le dessous de l’a- nimal est blanchâtre. Le crotale camard se nourrit de rats de bois et d’autres petits quadrupèdes, d'oiseaux, de rainettes et de sauriens. DES CROTALES. 923 LE CROTALE A LOSANGES (1). PI. LX , fig. 22 , 23 ;.pl. LXIX., fig. 2. Le naturaliste Palisot Beauvois, dont j'ai déjà cité plusieurs fois les observations dans cet ouvrage, m'a communiqué la peau d’un grand crotale, long de cinq pieds quaire pouces, qu’il a découvert et rencontré dans les diverses contrées méridionales des Etats- * Unis de l'Amérique qu’il a parcourus, et qu'il regarde avec raison comme une espèce nouvelle, très- distincte du boiquira et du durissus, que j'ai aussi dans ma collection. Ses écaiiles dorsales sont grandes, plus longues que larges, carénées, ovales et presque hexa- (1) Crotalus rhombifer ; rhombis dorsalibus magnis et contisuis, ex duplici line4 pallidiore formatis ; abdomine albido ; caudé —. 164. 165. — Scutis abd. 142. — Scutis caud. 22 - 23. — Crepit. o-0.— 15 à 18 selon Latreille. _ Crotale à losanges. Latreille, Hist. des rept. in-18, tom. TT, p. 197 ; tom. IV, p. 522. — An teutlacoë. zouphi? Seba, Thes. tom. 11, pl. xcv, fig. 2. X a ‘6o% : HIS MOMRE gones, d’un gris légèrement brunâtre; mais ce qui doit contribuer principalement à le distinguer des autres crotales déjà connus, c'est qu'il a dessus le corps deux raies jau- nâtres, larges de deux lignes environ, qui -sont disposées et croisées entre elles, de manière à former en dessus de grandes lo- sanges très-régulières et contiguës à la suite les unes des autres. Le dessous du corps est d’un gris blan- châtre et sans taches. La queue est courie, un peu grosse, et plus brune que le reste du corps ; elle occupe la sixième partie de la longueur totale. | Palisot Beauvois a compté sous le corps cent quarante-deux plaques, et vingt-deux ou vingt-trois sous la queue; mais il w’a pas pu compier le nombre des grelots. Le crotale à losanges recherche les lieux bas et voisins des eaux ; et c’est à cause de cela que les anglo-américains le nomment watter - rattle - snake ou serpent à sonnettes d’eau. Sa morsure est regardée comme plus venimeuse que celle du crotale durissus. Mon collègue Latreille, dans son ouvrage sur les reptiles, a fait un grand nombre de changemens utiles aux travaux de ses pré- DES CROTALES. 325 décesseurs ; mais il me paroît qu'il n’a pas eu la facilité de comparer entre elles cer- taines espèces peu connues, car dans la description qu'il a donnée du crotale à lo- sanges , il a d’abord émis différens doutes, puis il a fini par le rapporter au boïiquira de l’A mérique méridionale, dont cependant 1] diffère essentiellement, ainsi qu’on peut s’en assurer. — : 11 décrit d’abord sous le nom de crotale à losanges un serpent à sonnettes qu'il a vu dans la galerie du museum d'histoire naturelle de Paris, et qui lui a paru être plus petit d’un tiers environ que le durissus, Sa tête est plus courte; son museau est couvert en dessus de plaques; le fond de la couleur du-corps est d’un gris jaunâtre, eb le dos présente deux raies d’un brun rou- seâtre formant à elles deux une suite de losanges très-distinctes. La sonnette est com- posée de quinze à dix-huit grelots. Il rap- porte à ce*crotale du museum, et comme synonyme, le feutlacot zouphi de Seba, toin. IT, pl. xcv, fig. 2, que Linnæus, Daubenton et Lacépède ont pris pour le URISUS (|: Je pense que ce crotale décrit par Latreille X 5 526 HISTOIRE est un jeune individu, ou même une variété de celui découvert par Beauvoïis. Il décrit ensuite celui observé par Beau- vois, et il ajoute qu'il le croit le même que Je boïquira ; puis à la fin du quatrième vo- lame, page 522, il assure, d’après un exa- men uliérieur, que c’est le boïquira. Le boiquira et le durissus ont sur le dos des taches noires, distantes et régulières ; tandis que le nouveau crotale à des losanges jaunâtres, régulières et contiguës, avec des plaques moins nombreuses : on doit donc le regarder comme une espèce réellement dis- tincte. Les boas sont les plus grands serpens qui habitent dans l'Amérique méridionale ; mais on n'en trouve que de petits dans'les par- Ues seplentrionales de ce vaste continent, où les croiales sont au contraire d’une taille assez considérable, puisque W. Bartram en a vu de gros comme la cuisse d’un homme et longs de six pieds, et qu'il'a ouï-dire que, dans les premiers tems de l’établisse- ment de la Géorgie, on en avoit vu de sept, hiut et même dix pieds de longueur, sur huit pouces de diamètre dans lendroit le plus gros du corps. Il seroit très-facile de DES CROTALES. 327 penser, d’après celte citation de Bartram ; que sa remarque peut se rapporter au ro. tale à losanges dont je viens de donner la description d’après Beauvois, et qui doit sans doute parvenir à des dimensions plus grandes que celles de cinq pieds quatre pouces, indiquées précédemment. Le crotale à losanges, suivant Beauvois, se nourrit de lapins, d’écureuils, de rats, de souris et d'oiseaux. LÉ SCVIALÉ NOR #_ ! O N doit ranger parmi les scytales le black -snake des anglo-américains , ou Za vipêéré noire de Catesby : j’en ai observé un individu très-endommagé dans la collection du museum d'histoire naturelle de Paris ; ei quoique je mé ‘sois assuré , à travers le bocal où il est renfermé , qu’il à des plaques entières sous la queue , et l'anus simple sans ergot ,il ne m'a pas été permis de compter le nombre des plaques abdominales et sous- caudales. Sa longueur est d'environ deux pieds, et sa queue est courte. Son corps est trapu, et cependant moins gros que la tête, qui est courte et élargie, sur-tout prés du cou. -. 2 (1) Scytale niger; capite latiore, colore nigro aut subrufescente ; caud& brevi. pont — Scutis abd, — Scutis subcaud. Black snake , et sipère noire. Catesby, Hist. nat, of Carol, pl. zuev, < DES SCYTALES. 349 Sa couleur est toujours d’un noir sombre tirant quelquefois un peu sur le roussâtre. Cet ophidien, suivant Catesby, a un aspect effrayant ; son regard est menaçant, princi- palement lorsqu'il est irrité ; car il aplatit alors et élargit sa tête en jetant des sifflemens. Sa morsure est vénimeuse et mortelle ; mais heureusement on le trouve rarément dans l'Amérique septentrionale, car Palisot Beau- vois et Bosc ne l’ont pas observé ; les natu= ralistes n’ont pas it iention' de de scytale de Catesby , qui habite dé préférence lee pays élevés. à “On désigne aussi sous le nom de black Snake aux Etats-Unis le couleuvre lien, à cause de < sa : couléur noire, 344 2 AUS ET'O I RE DE SCYTALE PISCIVORE (). / Lacérèoe a rangé parmi les crotales ce reptile, qui n’a élé observé jusqu'à présent que par Catesby. Ce n'est cependant pas un crotale , car il n’a pas de grelots sonores au bout de la queue , ni une vipère , quoique les anglo-améri icains l’appellent sipére d’eau (the water viper), car sous sa queue il y a des plaques entières ; enfin c’est réellement un scytale, ainsi que Latreille Ja reconnu le premier dans son Histoire des reptiles. Catesby l’a figuré planche xLr1r de son ouvrage sur l'Histoire naturelle de la Caro- line : il parvient quelquefois à cinq ou six (x) Scyiale piscivorus ; suprà fuscus ; subts flavis ei atris fasciis ; caud& +, apice calcaratd. — Scuitis abdom. — Scuiis subeaud. The water viper, et vipère aquatique. Catesby, Hist. nat. of Carol. pl. xLrrr. — Le piscivore. Lacépède, Hist. nat. des serpens, in-12 , tom. II, p. 248. — Le scytale piscivore. Latreilie, Hist, nat. des reptiles, in-18, tom. TN, p, 163. DES SCYTALES. 345 pieds de longueur totale. Sa tête est grosse, son cou est aminci, et la partie antérieure de sa mâchoire supérieure est munie de crochets venimeux assez longs. Sa couleur est brune en dessus, noire sur le ventre et sur les côtés du cou, avec des bandes irré- gulières, jaunes.et transversales. On trouve le scytale piscivore dans la Caroline ; il a, suivant Calesby , le dessous du: corps et les côiés du cou ornés de larges bandes transversales alternativement noires et jaunes. ut Le caractère ÿ Las ebaiahble que présente ce scytale consiste dans un ergot corné, obtus et long d’environ un demi- pouce , ce qui lui donne quelque ressem- blance avec l’acanthophis cérastin, la vipère commune , etc. | Ce reptile préfére le voisinage des eaux; et y saisit adroïilement les poissons qui viennent nager auprès de lui. Pendant lété, on le voit en petites troupes, entortillé après des branches d'arbres placées au dessus des eaux , et dès qu'il entend quelqu'un s’ap- procher de lui, ou dés qu'un oiseau de proie se perche sur le même arbre que lui, il s’en détache et plonge avec agilité. Il est 346 H. 1:55 T'OTR‘E irès-redouté à cause de son venin. Quelques personnes croient , mais à tort, que l’ergot placé au bout de sa queue est une arme aussi dangereuse que ses crochets, et qu'il sen sert pour blesser mortellement les hommes et de grands animaux , où quil fait même périr par ce moyen les arbres dont il a percé l’écorce. Il paroît avoir beaucoup d’analogie avec le serpent pin où taureau , ou serpent à corne, observé par Bartram dans la Floride, et que j'ai nommé couleuvre noire et blanche. Le scytale piscivore se jette, dit-on, quelquefois sur la tête des-hommes qui passent dans un bateau, du haut des bran- ches où il se suspend. On ne connoît pas le mordre de ses plaques rome et sous- caudales. à DES SCVTATES. 347 LE SCYTALE AMMODYTE (1. Jr place dans le genre L. soytales, d’après Latreille, le serpent que Seba appelle am-. modyte, et qu’il a figuré dans son ouvrage, tome:ll..pl:r ve. .n9.10:, Il a sa tête he et le front large, garni de petites écailles, minces, arrondies , jaunes ou rousses, avec des points noirs placés à quelque distance les uns des auires. Chaque côté de la tête est marqué de raies ou de bandes noires qui se prolongent jus- qu'au cou. Le corps est entièrement d’un cendré blanchâtre, avec des grandes taches polysones brunes ou noirâtres , plus claires sur le disque. et qui forment une rangée (1) Seytale ammodytes ; cinereo - albidus, lineis nigris in utroque latere capitis, cùm maculis ansulaïis nigricantibus in dorso ; caud& apice calcaratä. — Scutis abdom. — Scutis subcaud. Le scytale ammodyte. Latreille , Hist. nat. des rept. in-18, tom. IT, p. 165. — £L’ammodyte de Ceilan. Seba , Thes, tom. IT, pl. zxxvi, n° r, 9340 HISTOIRE Jongitudinale sur le dos. La queue est ta= chetée de brun, et son extrémité est munie d'une pointe dure et cornée. Le scytale ammodyte existe dans la col- lection du museum national d'histoire natu- relle de Paris, où il a été observé par Tatreille: mais ce naturaliste n’a pu compter le nombre des plaques du ventre et de la queue. Seba croit qu'il habite à Ceiïlan. DES LACHESIS. 549 IN, UPNVO ECM ET CPEPNOEC EE LACHÉSIS; éachesis. Corps un peu épais, cylindrique ; queue courte et cylindrique ; des écailles nom- breuses sur la tête , le corps et la queue, et sous la gorge ; des plaques entières et trans- versales sous le ventre et la queue: celle-ci terminée par quatre rangées d’écailles poin- tues ; anus simple et transversal. Des dents aiguës à chaque mâchoire ; des crochets venimeux à la mâchoire supé- rieure. _ Le nom d’une des parques qui tenoient enire leurs mains le fil de nos destinées, selon l’expression des poëtes anciens, peut convenir au nouveau genre d’ophidiens dont je vais donner la description , puisqu'il ne renferme que des animaux très -redou- tables par leur morsure envenimée et sou- vent mortelle. | Les lachésis ont beaucoup de rapports avec les crotales par la forme et les pro- 350 ELLES T'O!I RE portions comparatives de leur tête, de leur corps et de leur queue ; mais ils en diffèrent essentiellement, parce qu'ils n’ont pas de grelots ou de sonnettes à l'extrémité de la queue , qui est.au contraire garnie de quatre rangées d’écailles pRnines On n’a trouvé jusqu'à présent ces oplià diens que dans les parties intérieures de la Guiane où ils sont assez rares, puisque je n'ai observé que trois individus seulement dans les collections qu'il m'a été permis d'examiner. Je ne crois pas qu’ils puissent parvenir à une taille aussi considérable que certains boas, mais ils ont quelquefois jusqu’à huit pieds de longueur totale. Les lachésis sont placés dans le sepHÈBE senre du tableau des ophidiens que j'ai publié dans le numéro 72 du Bulletin de la société philomathique, et dans le tome V du Magasin, PReTRIQRÉTIAGe année 1805, page 455. , _ DES LACHESIS. 551 RENE NVCHESTS MUET (1). Laixnzus paroît être le seul auteur qui ait décrit cet animal d’après nature, car les descriptions données par les naturalistes plus modernes sont copiées d’après la sienne ; cependant ce serpent, quoique rare dans la Guiane, est d'autant plus facile à trou- ver dans les parties de l'Amérique méri- dionale où il habite, qu’il parvient jusqu’à sept ou huit pieds de longueur totale. La description donnée par Linnæus est trop courte , mais cependant assez claire, et ne (1) Lachesis mutus ; pallidè-sriseus, line4 dorsal: et longitudinali macularum , maculis rhombeis et con- nexis nigris , lateribus non punctatis ; caud& =. Soutis abd.217.— Scutis caud. 54.— Squamis acutis caud. 4 = 255. ù —— 219. - 356. —— 4 - 250. Crotalus mutus. Lin. Syst. nat. — Le muet. Daub. Dict. erpét. Encye. métli. — Idem. Lacépède , Hist. des serp. in-12 , tom. IV , p. 207. — Scytale à chaîne. Latreille , Hist. nat. des rept: in-18, tom. III , p. 162. 352 HISTOIRE peut évidemment se rapporter à plusieurs espèces différentes ; j’ai d’ailleurs observé 1l y a deux ans, au museum d'histoire natu- relle de Paris, deux peaux longues de huit pieds, et qui avoient sur le milieu du dos une rangée longitudinale de grandes taches rhomboidales, noires, réunies toutes en- semble, très-nombreuses, et placées sur un fond d’un gris blanchâtre; le dessus étoit blanchâtre, et sur les flancs on ne voyoit pas de points noirs, mais seulement des taches effacées et disposées irrégulièrement, J'ai trouvé à l’une d'elle deux cent dix- neuf plaques sous le venire, et trente-six sous la queue, qui occupe un sixième de la longueur totale. Tinnæus a bien reconnu sous l'extrémité de la queue de ce serpent quatre rangées d’écailles anguleuses, caré- nées, pointues; mais il n’a pas indiqué le nombre de ces écailles , qui est de dix ou douze au plus. Les crochets venimeux de la mâchoire supérieure de ce reptile sont d’une gran- deur démesurée, selon Linnæus, et par conséquent il doit être très-venimeux. Comme cette espèce ressemble beaucoup à un serpent à sonnettes, quoiqu'elle n'ait pas DES LACHESIS. 353 pas de grelots à la queue, Linnæus Fa rangé dans le même genre, et par erreur sous le aom de crotale muet; Daubenton et Lacé- pède l’ont ensuite placé parmi les boas sous le nom de muet; et Latreille l’a récemment mis dans son genre scytale, sous le nom de scytale à chaine { scytale catenatus ),. Sur l’une des peaux que j'ai examinées, il y avoit une étiquette portant que ce serpent est une grande vipère des bois de la Guiane, très-redoutée des sauvages à cause de sa morsure incurable. Reptiles. Tome V. 2 354 HISTOIRE LE LACHÉSIS SOMBRE (1). ls PÈcE nouvelle dont je donne ici la description, a été trouvée dans la colonie hollandaise de Surinam , par Marin Debaize, qui a bien voulu me la communiquer. Sa longueur totale est de deux pieds et demi; sa queue est très-courte, assez grosse à sa base, et n’a que cinq pouces de longueur; elle est terminée par quatre rangées formées chacune par quatre écailles rhomboïdales, carénées et pointues ; les plaques abdomi- nales sont au nombre de deux cent neuf, et les caudales de vingt-six. La couleur de ce lachésis est brunäâtre en dessus, d’un cendré pâle en dessous ; il (1) Lachesis ater ; Juscescens , line& longitudinali et dorsali macularum 14, maculis nigris et rotundatis sub - connexis ; latéribus sparsim nigro puncéalis ; caudä =. — Scutis abd. 209. — Scutis caud. 26. — Squamis acutis caud, 4 - 239. DES LACHESIS. 355 a sur tout le dos jusqu’au bout de la queue une rangée longitudinale de quatorze taches noires, arrondies et presque adhérentes les unes aux autres; les côtés de la tête ont chacun deux lignes parallèles et longitudi- nales noirâtres ; les flancs sont parsemés cà et là de petites taches et de points noiratres. Le lachésis sombre se nourrit de petits rats de bois, d'oiseaux, et même quelquefois de grenouilles, de ramettes et de lezards. Z 3 956 HISTOIRE DIXIÈME GENRE: CENCHRIS; CenChrEs. Cour s un peu épais, cylindrique; queue courte et cylindrique ; des plaques sur le devant de la tête; des écailles nombreuses sur la partie postérieure de la tête, sur le corps, la queue et sous la gorge; des plaques entières sous le ventre ; des doubles plaques sous la partie antérieure de la queue , et des plaques entières sous le reste ; anus trans- versal , simple et sans ergots. Des dents aiguës à chaque mâchoire ; des crocheis venimeux à la mâchoire supé- rieure. Je désigne sous le nom générique de cenchris tous les ophidiens qui paroissent différer des scytales (ou boas venimeux), seulement parce qu’ils ont quelques doubles plaques sous la base de la queue , immédia- tement après l’anus. Les cenchris sont très- dangereux par leur morsure ; mais, heureu- sement pour l’homme, ils ont une démarche DES CENCHRIS. 357 lente et ils fuient à son approche, à moins qu'ils ne soient irrités. Ils ne se nourrissent guère que de proie vivante qu'ils suivent ordinairement à la piste, après l'avoir mordue avec leurs crochets venimeux. Il ne faut pas confondre dans le même genre le boa cenchris des naturalistes modernes ; c’est un serpent innocent. Le genre cenchris est le neuvième du tableau des ophidiens, que j'ai publié dans de n° 72 du Bulletin de la société philoma- thique , et dans le Magasin encyclopédique, tom. V, année 1803. Je n’en connois encore qu'une espèce qui vit dans l'Amérique sep- tentrionale, et je présume qu’il doit en exister encore d’autres sur le même continent, Z 5 358 HISTOIRE RE LE CENCHRIS MOKESON (1). PI LX, fig. 25 ; pl. LXX , fig. 3 et A. Lx résulte des recherches faites par Palisot Beauvois, dans les Etats-Unis d'Amérique, sur les serpens, que les uaturalistes mo- dernes ont confondu, sous le nom de groin, deux espèces essentiellement distinctes , puisqu'elles n’appartiennent pas au même genre, ainsi que je l’ai reconnu moi-même. Le boa contortrix de Linnæus paroît être le même animal que le hog-nose (2) des anglo- américains, tandis que le serpent figuré par Catesby, sous le nom de hog-nose , tom. IE, plzvr, est plutôt un synonyme du serpent dont je vais donner ici la description, et (1) Cenchris mokeson ; fusco rufescens; collo coarc- tato, tæniis latis et nigris 14 aut 16 in medio sub- coarctatis suprà corpus ; subtus albescens. maculis nigris ; anu simplici ; caudé —. — Scutis abd. 157 — Scutellis ad basim caudæ 3. — Seutis caudalibus 32 - 192. Hog-nose snake. Catesby, Carol. tom. IT, pl. zvr. (2) C’est la couleuvre hétérodon. DES CENCHRIS. 359 qui est connu des anglo-américains sous le nom de mokeson, parce qu'il est de la couleur de cette chaussure des indiens. Le mokeson a beaucoup de ressemblance avec un crotale privé de ses sonnettes ou grelots. Sa tête esl grosse, couverte en de- vant par neuf plaques lisses; et sur sa moitié postérieure , ainsi que dessus tout son corps, d’écailles ‘petites, nombreuses , réticulées entre elles et légèrement carénées; le cou est étroit ; le corps grossit insensiblement jusqu'au tiers postérieur de la longueur totale ; l’animal à ordinairement un pied et demi de longueur totale ; et sa queue occupe la cinquième partie de cette longueur. D'après un dessin que j'ai sous les yeux, et qui a été fait d’après nature par Peale, propriétaire et directeur du museum de Phijadelplie , il paroît que le cenchris mo- keson est d’un brun roussâtre marqué, en dessus du corps et de la queue, de quatorze à seize larges bandes transversales noirâtres, un peu étroites dans leur centre et plus foncées sur leur bord; les deux côtés pos- térieurs de la tête, à l’insertion des mâ- choires, sont très-renflés et noirâtres. Le dessous de l’animal est blanchâtre, et par- 560 HISTOIRE semé de taches noirâtres de moyenne gran- deur ; il est garni de plaques entières, avec trois doubles plaques sous la base de la queue , et avec une grande écaille arrondie sur le bord antérieur de l'anus. La figure n'indique pas le nombre des plaques abdo- minales et sous-caudales; mais j'ai trouvé parmi les notes qui m'ont été communiquées par Van-Ernest, « qu'un &oa contortrix, placé dans le cabinet du stathouder en Hol- lande, avoit cent cinquante-sept plaques sous le ventre, et trente-cinq sous la queue, dont les trois antérieures doubles » : ceci se rapporte évidemment au cenchris mokeson. Le reptile nommé par Catesby le Æog- nose , et autrement le serpent à tête de svipère; n'a qu'un pied et quelques lignes de lon- sueur. Il a un aspect hideux et même effrayant à cause de sa têle courte et grosse, sur-tout en arrière, comme les vipères, les crotales, etc.; les narines sont légèrement saillantes; le corps est gros. Catesby le re- garde comme venimeux , quoiqu'il n'ait trouvé aucun crochet dans lindividu qu'il a peint, et qu'il regarde à cause de cela comme un jeune reptile. Palisot Beauvois a trouvé des crochets au mokeson, qui a DES CENCHRIS. 361 d’ailleurs une démarche lente et tous les caractères particuliers aux serpens veni- meux. Le dessus de la tête et du dos est brun, avec des rangées transversales de grandes taches noires, un peu adhérentes deux à deux ; sur la tête 1l y a trois taches noires et disposées en travers; on voit, entre les taches noires qui occupent la partie pos- térieure du corps, quelques stries trans- versales jaunes, selon Catesby. Le dessous de l’arimal est d’un blanc sale, avec de moindres taches noires. Fin du cinquième Folume. TA Bolt De ce qui est contenu dans ce cinquième Volume. ‘AFERTISSEMENT. Ordre premier. Les ophidiens. Observations sur les serpens. Page 5 g 47 Extrait des observations et des expériences de Russel sur les serpens venimeux qui habitent au Bengale. Effets de la musique sur les serpens. Culte rendu aux serpens. Premier genre. Boa. Le boa réticule. broderie. 119 is élégant de Surinam, planches LXI et LXIHITI. —— ophrias. —— enydre. aboma, pl. LIX et LXIT. empereur. de Ternate. rativore. —— anacondo, pl. LXVE. LES ES RE 123 126 130 132 150 153 155 162 TABLE. Le boa scytale. | —— devin, pl. LIX et LXIT. _ Première variéle. Seconde varicté. Troisième variété. Quatrième variété, Cinguième variété. Sixième variété. Septième variété. Le boa porte-anneaux, pl. LXTII. —— hypnale,. —— orné. —— bojobi. —— COUronné. à écailles carénées. Second genre. Python. Le python améthyste. bora du Bengale. 363 168 174 19% 195 196 ibid 197 ibid 198 202 207 210 214 220 222 226 230 236 —— tigre ou le pedda-poda du Bengale, pl. LIX et LXIV. 244 Première variété. Le python tigre, de couleur mMmarrort. 246 Seconde variété. Le python tigre, blanchätre. Le python ordiné. \ —— d'Hcuttuyn. Troisième genre. Coralle. 249 252 254 256 364 TABLE. “Le coralle à téte obtuse, pl. LIX et LXIV: 259 Quatrième genre. Bongare. 265 Le bongare à anneaux, pl. UX et LXV. | | 265 bleu, pl. LX et LXV. | 270 Cinquième genre. Hurriah. 275 L'hurriah ie or pe LIX et LXVI. = —— schneidérien. à 20 —— à deux raies jaunes, pl.YAX et LXVI. | dd s8% Sixième genre. Æcanthoplhus. 287 L’acanthophis cérastin, pl. LAX et LX VIT. 289 Seplième genre. Crotale. 297 Le crotale durissus, pl. LX VIII. 304 boiguira de l'Amérique méridionale, pi LXIX. - | 311 —— à queue noire. 516 bruyant. 318 —— camard. 321 —— à FeanEe planches LX et LXIX. "329 millet. 328 Huitième genre. Scytale. er 537 Le scytale Kkraiït. TABLE 365 Le scytale zig-zag, pl. LX et LXX. 339 —— noir. | 542 —— pisCivore. 34% ammodyte. 347 Neuvième genre. Lachésis. 349 Le lachésis muet. 551 sombre. 354 Dixième genre. Cenchris. 356 Le cenchris mokeson, pl. LX et LXX. 358 Fin de la Table. S3198vVadll LIBRARIES INOSHLI NVINUSMLIINS SMITHSONIAN D". NVINOSHLINS SMITHSONIAN NY Ê] INSTITUTION NOIINIILSNI à NVINOSHLINS S31yvVug11 SN z à 1 œ En. œ pe! À. < —1 < | : Ë 3 É 3 D me se e] jo = C1 | Z el ta AE Ie Ne ee Z S314V4911 LIBRARIES SMITHSONIAN INSTITUTION 5 rhone ie 6 = o = AP, © = : = F9 S : | = 7 AA = 1) ii CL AN m 2 | = a ai Z a DRE Z4 INSEE NVINOSHLINS" S 31 yvug17 Z * ; AA Z où = < = 4 2 = £ IT 11, à (@) = Z j (AD / 2 = > > TP) 2 2 S3IYVUSIT LIBRARIES SMITHSONIAN INSTITUTION LIBRARIES SMITHSONIAN LIBRARIES SMITHSONIAN Z 2 un 4 in : 4 © _ LA: = = (EAN = er ANNEE re) e 2 Z INSTITUTION NOIINLILSNI NVINOSHIINS S31YVY9I1: f} 11 2 < 6 4 D ar mu z ms a pv) k D à NS Fr D. = et < < =) D > rs > = = 7 È = sd E - S314V4911 LIBRARIES SMITHSONIAN INSTITUTION.. CL Z un. 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