t ! |\' l\/’ BIBLIOTHEEK 7 7496 00011322 3 NATIONAAL NATUUflHISTOBISCH MUSEUM Postbus 9517 2300 RA Leldon N«dsrLand I. > r PAlilS. IMPRIMEr»!'- ET EONDERIE DE EAIN , F, r.AC[5E, IS». 4, '■■•Acr. nE I.’ODÉon. HISTOIRE NATÜRELLE DES CRUSTACÉS, COMPRENANT L’ANATOMIE, LA PHYSIOLOGIE ET LA CLASSIFICATION DE CES ANIMAUX ; Par M. MILNE EDWARDS, Docteur en médecine, proeeiskur d’histoire naturelle au COLLÉos ROYAL DE HENRI IV ET A L’ÉcOLE CENTRALE DES ARTS ET MANUFACTURES. TOME PREM OUVRAGE ACCOMPAGNÉ DE PL PARIS- librairie ESrC-rCLOFÉDIQUE DE RUE HAUTEFEUILLE , lO BIS. nORET, 1834, ?• ■’• •^ '.-.*?■ V ‘ • -, • ' - ■ - ■:>-• ■ ■" r*^ *‘* rf-' ‘ . • -?s- . i; '•^r' ' • ' w- « ''<'>■ \- t- /■• ■ .. .' €»•■ *;>" i- • , X- ^ ■■" --f • ■ * ‘ V-A . «>; % •■ •• '»: ■■ r > ?• l * ^ ^ • *• » •* sr « 1 ’, # #> \ # / 1 t. • • •4 >7 • < ■*-V; .■/, i • ÿ: - r'*.;* •* I '•• F ■£' -* '. • *■•'♦ ‘ ï >*^V- ‘ INTRODUCTION. L’Entomologie , ou l’histoire des animaux articu- les, est sans contredit une des sciences dont les na- turalistes se sont le plus occupés; mais toutes les hranches dont elle se compose n’ont pas été culti- vées avec le même soin. Les Insectes ont été le sujet des travaux les plus nombreux et les plus minu- tieux; les Crustacés, au contraire, n’ont fixé l’at- tention que d’un petit nombre d’observateurs, et c’est de nos jours seulement que datent la plupart des recherches suivies qui ont été faites sur cette classe d’animaux. Divers Crustacés, reconnaissables par leur forme, ont été représentés par les anciens sur leurs mé- dailles, sur leurs pierres gravées; ces animaux jouent aussi un rôle dans les Mythes des Grecs. Mais, bien que plusieurs espèces communes dans la Méditerranée fournissent un aliment agréable, et que d autres présentent des particularités de struc- ture et d habitudes également curieuses, on ne trouve dans les écrits des anciens que peu de lu- mière sur leur histoire. Hippocrate , qui vivait cinq cents ans avant Jésus-Christ , fait mention de cer- tains Crustacés qu’il regardait comme pouvant être employés avec succès dans le traitement de di- CRCSTACÉS, TOME I. a ij INTKODÜCTIOK. verses maladies ; mais c’est tout au plus si on peut se former une opinion arrêtée sur les espèces dont il voulait parler (i). Aristote, au contraire , nous a laissé sur ces animaux plusieurs pages remplies de faits importans , et pour la plupart très-exacts; un des chapitres du quatrième livre de son Histoire des animaux leur est consacré , et on y trouve des dé- tails sur leur anatomie, aussi bien que sur leurs formes et sur leurs mœurs. Ce grand zoologiste distingue les Langoustes, les Homards et quelques autres espèces de Déca- podes Macroures, ainsique les Décapodes à courte queue; mais il ne donne pas, des diverses espèces qu’il mentionne , une description assez précise pour qu’il ait été toujours possible, même à un des naturalistes et des critiques les plus habiles, M. Cuvier , de les reconnaître avec quelque certitude (2). Dans un autre chapitre du même (1) Dans son traité de Morbis mulientm, livre 1°'. . par exemple, il recommande l'usage des Cancres jlnmntihs { qui sont probablement des Telpbeuses) , comme facilitant l’accouchement dans le cas où le foetus serait déjà mort. (Tei. 128 , p. Sig , vol 2 de l'édition de Van- der Linder. ) (2) Aristote divise ses Malacostracés ou Crustacés ( en quatre genres principaux, savoir ; les Girabns les jfs- tacos (aV«o<“*)i 1** Karides (xa/niTiâï), elles Carcinons {xaLixisait) Les Carahos, qui dans la traduction de Gaza prennent le nom de Lo- ciista, .sont évidemment /num, etc. ■ in-fol. Leyde, i,ii, et La Haye, ijSg. t fiaiurce et artis. — Musei Petiveriani ; de aiùmali~ DUS Uustaceis , etc. (2) ./ 7 vol. iu 8. Edeuburgh , iSlS-i.t. arrniigement of the classis Crastacea, Afyriapoda and Leach”* 7’^’ o/some new généra and spccies , by W. E. (Voyè,, 0/ ‘he JLinnean Society, vol. XI, Londres, 1814. le Bulletin do la .société pliilomatique de Paris , 1816 ) 1817. (Get'^ '’''^ ntiscellany, by W. E. Lcacli , 3 vol. in 8. Londres turnii.r. .“‘‘''‘■“ge feit suite au recueil de Shaw, intitulé The ««■ luralist s miscellany.) (4) Malncostr, P°dophlhalma Britannice , or Description qf the XXIV T N T R O 1) ü C T 1 O N. Dans un Prodrome d’une nouvelle distribution i systématique du Règne animal, M. de Blain- ville a proposé quelques modifications dans la classification générale des Crustacés , mais il ne s’y occupe que des grandes divisions (i). M. Risso aborda en i8i6 le même sujet; mais le but de son ouvrage était seulement de fidre connaître les Crus- tacés qui habitent le voisinage de Nice (2); il a ap- pelé l’attention des zoologistes sur plusieurs espèces très-curieuses ; mais on regrette en général de ne pas trouver dans ses descriptions plus de détails, plus de précision; c’est aussi un défaut que l’on reproche à Y Histoire naturelle de Y Europe mé- ridionale qu’il vient de publier , et dans laquelle il a fait, pour ce qui concerne les Crustacés, quel- ^ ques additions à ce qu’il avait déjà dit dans son premier ouvrage (3). Peu de temps après la publication du Règne ani- mal de M. Cuvier, Lamarck fit paraître le cin- quième volume de son Histoire des animaux sans vertèbres , dans lequel il traite des Crustacés. On bretishspecies qfCrabs, etc. by W. E. Lcach, m-4- Londres, iSiS-iSiy. (11 n’a paru que ly livraisons renfermant 4^ planches coloriées. ) (1) Essai sur une nouvelle classification des animaux, par M. de Blainville : Bulletin de la société philomatique , iSi6, et Principes d’anatomie comparée, 1. 1. Paris, i8a3. (2) Histoire naturelle des Crustacés des environs de Nice, par M. Risso, un vol. in-8. Paris 1816 (3 planches). (3) Histoire naturelle des principales productions de l’Europe méridionale, par M. Risso, 5 vol. in-8. Paris 182O. C’est dans le cinquième volume qu’il est question des Crustacés auxquels l'auteur consacre cinq planches. i INTIIODUCTION. XXV y retrouve , à quelques changemens près , la clas- sification de M. Latreille , et à la description de chaque genre est jointe l’indication des caractères distinctifs d’un certain nombre d’espèces (i). Enfin , M. Desmarest a eu l’heureuse idée de rassembler en un corps d’ouvrage les divers ar- ticles de carcinologie qu’il avait insérés dans le Dictionnaire des Sciences naturelles , et d’en foi’mer une espèce de manuel (2). Dans ce traité il adopte les mêmes bases de classification que M. Leach, dont la méthode, comme nous l’a- vons déjà dit , est complètement artificielle , et il ne donne pas un catalogue complet des es- pèces connues; mais ses descriptions sont claires et précises , les ligures qui les accompagnent sont co- piées d après de bonnes gravures de M. Leach , etc., ou faites d’après nature par des artistes habiles , et 1 ouvrage est, somme toute , un des meilleurs qu’on ^>it publiés sur ce sujet. Les travaux qui ont été faits sur des points spé- ciaux de carcinologie sont bien plus nombreux. Les Voyages lointains ont grossi considérablement le ca- de T istoire naturelle des animaux sans vertèbres, par DeMonet ''ol- in-8. Paris, iSiS-jSaa. '^uption générales sur la classe des Crustacés, et des- côtes et'a* espèces de ces animaux qui vivent dans la mer, sur les ■vol. in.g p"®. C'tux douces de la France . par M. Desnjarest, un ment partie^ (•'Accompagné de 56 planches , qui font égale- Primé nar T ^ ^“tlas du Dictionnaire des sciences naturelles, im- r“me par Uevrault. ) I NTUODlJ CTION. xxvj talogue des espèces, et des reclierches sur ranatomie et la physiologie ont jeté de nouvelles lumières sur la structure et l’histoire des Crustacés. Lors de l’expédition de l’armée française en Egypte, M. Sa- vigny recueillit dans ce pays un grand nombre de ces animaux dont il a étudié l’organisation exté- rieure avec le plus grand soin; les planches du grand ouvrage sur l’Egypte, où il les a fait représen- ter, sont admirables, mais malheureusement la sauté de ce savant ne lui a pas permis d’en publier la description (i). Du reste, cette perte a été réparée en pai'tie par un autre naturaliste , M. Ruppell , qui a visité les mêmes parages, et cpii vient de publier un fascicule sur les Crustacés de la mer Rouge (3). Les Crustacés de l’Amérique du nord ont été étu- diés par M. Say(3); Montagu a fait connaître un assez grand nombre de ceux qui habitent les côtes d’An- gleterre (4) , et M. Roux , dont les travaux ont été interrompus par sa mort prématurée, a décrit et (1) Voyez le deuxième volume de Vliistoire naturelle du grand ouvrage sur l’Égypte , grand in-1'ol. ; on doit une explication som- maire de ces planches à M. Audouin. (2) Besdireihun^ und abhilditng von 2^ ttrlen. Kurzschv^ditzi^en Krnhhvn nls beitrng snrnaturgcsvhichte dcr rotheu meeres , von E. Rup- pell , in-4 , Franck. i83o , avec 6 pl. (3l accoimt nf the Crustacca of the United States, by T, Say ; Journal of the ncadeniy qf natural Sciences of Philadelphia, vol. i, 1817. f4) Description of sevcral marine animales, etc., by G. Montagu. J.inn. Trans. vol. IX and vol XI ( i8o8-i8i3 ). I lNTRODLCTIOS. SXVIJ figuré uue partie de ceux de la Méditerranée (i). Les voyages de MM. Freycinet (2), Marion de Procé(3). Cranck (4) , Parry (5) Reynaud (6) , etc., ont égal e- nient conti'ibué à étendre nos connaissances sur cette classe d’animaux , et lorsque les belles collec- tion rapportées par MM. Lesson et Garnot, Quoy et Gaymard , Mertens , Dorbigny , auront été pu- bliées , il est probable qu’ elles procureront à cette brandie de la zoologie de nouvelles richesses. Les petits Crustacés qui habitent les eaux douces, et que l’on connaît sous le nom d’Entomostracés , ont aussi été le sujet des recherches les plus curieu- ses; Ramd’hor(7), Herman (8), les deux Jurine (9), (1) Crustacés de lu Méditerranée , in 4 avec figures II n'en a paru que les cinq premières livraisons. (2) Description des animaux recueillis dans Vexpédition autour du monde, commandée par M. de Freycinet, par iVIM, Quoy et Gairaard, in-fol. Paris, iSaS. (3) Note sur plusieurs espèces nouvelles de Poissons et de Crus> ^cés observés dans un voyage à Manille, par M, Marion de l’rocé. ulletiri de la société philomatique, j8aa. (4) -Appendice n®. X ; a general notice of the animais taken^ hy M. G. , durittg the expédition Co explore the sources of the Zaïre ^ by Lcach. br. in-4. Londres. P J* occ*OM/if of the animais seen by the lato northern expédition ^ etc» in-4- Londres, i8ui. ^^iinales des sciences naturelles , t. XIX, etc. l’An pour servira l’iiistoirc de quelques Monocles de (8) M?"®; “'■4' Halle, i8o5. Strasboup'””"^'^® aptérologiques , par Hermann, un vol. in-fol. (9' His*’ ’ *^°4' avec figures coloriées, nève ] ar'^L^^ Monocles c{ui se trouvent aux environs de Ge- v.olorfe I“Hne, un vol. in-4. Genève, 1820, avec figures 1 NTÏIODUCTION. XXVllJ Benedict Prévost (i), M. Straus (2), et M. Ad. Brongniart (3), ont publié sur les Cyclops, les Daphnis, les Cypris, les Branchippes, etc., des mémoires pleins d’intérêt , et ont porté cette partie de riiistoire naturelle des Crustacés à un degré de perfection tel qu’on n’aurait pu d’abord l’espérer. Enfin M. Wordmann vient d’enrichir la science d’une foule de découvertes importantes relatives aux Lernées (4). M. Savigny a étudié avec autant de précision que de philosophie le système buccal des Crus- tacés des ordres supéi’ieurs, et a fait voir com- ment certains membres se modifient pour servir tantôt comme instrumens de mastication, tantôt comme organes de locomotion (5). Quelques lu- mières nouvelles ont été jetées sur l’organisation Kote snv \e Manoculus castor, etc., p.tr le même; Bulletin de la Société philomatique , t. I et II. Mémoire sur l'Argule foliacée, par Jurine fils, Annales du mu- séum d’histoire naturelle de Paris, t. VII, p. ^3i. (1) Mémoire sur le Chirocéphale , par M. Prévost; Journal de Physique , t. 54- (2) Mémoire sur les Daphnies, par M. Straus; Mémoires du muséum, t. V. Mémoire sur le genre Cypris,pat le même, même recueil, t. VU- (3) Mémoire sur le I.imnadia, nouveau genre de Crustacé, par M. Ad. Brongniart; même recueil, t. VI. (4) MihographiscUe heitrage zur nalurgeschichte der fVirbellosen thiere. In-4, second volume. Berlin, i832. (5) Mémoire sur le système de la bouche ; Mémoires sur les ani- maux sans vertèbres, par M, Savigny, P», partie, fascicule, in-8. Paris, 181G. INTRODUCTION. xxix intérieure de ces animaux , par les reclierclies que nous avons faites, soit en particulier, soit en commun, avecM. Audouin, sur divers points deleur anatomie nt de leur physiologie (i). Un naturaliste allemand, ^1- Rathkie , vient de publier, sur le développement de 1 oeuf des Écrevisses, etc., plusieurs ouvrages di- gnes des plus grands éloges (a). Enfin, les débris que les Crustacés ont laissés dans diverses couches de l’é- corce du globe , et qui s’y conservent à l’état fossile , ont été étudiés d’une manière spéciale par MM. Al. Brongniart et Desmarest (3). Tels sont les principaux ouvrages dont se com- pose la bibliothèque carcinologique. La science a été enrichie depuis peu d’un grand nombre de tra- vaux spéciaux dont il n’a pas été fait mention ici , et dont nous aurons occasion de parler par la suite ; maisles limites de ce traité élémentaire ne nous per- mettent pas de nous arrêter davantage sur ce sujet; et ce que nous en avons dit suffira, à ce que nous croyons , pour atteindre le but que nous nous étions proposé , c’est-à-dire pour donner une idée exacte de la marche de cette branche de l’histoire (a) Annales des sciences naturelles , etc. bitduug und entwickeliiiig devFluss- und der n ■ BUdiingi mit eiitwicklung geschichle der meiischeii f'iscicuies. Leipzig, i83a et :833. par M. Crustacés fossiles , savoir : les Trilobites, AI. Desmare>:r'^'iT^"“®*- > et les Crustacés proprement dits , par Un vol. in./j paj.jj ^ XXX INTRODUCTION. naturelle, depuis sou origine jusqu’à l’époque ac- tuelle. D’après cette esquisse, on a pu voir que l’étude des Crustacés a fait, depuis quelque temps, des progrès rapides. Il y a peu d’années encore , cette branche de la zoologie était dans sa première en- fance; on ne connaissait qu’un très-petit nombre de ces animaux; leur classiücation manquait de ce cachet de précision si nécessaire pour la détermi- nation des espèces , et on ne possédait sur leur ana- tomie et leur physiologie que des notions vagues et incomplètes. Aujourd’hui il en est tout autre- ment; mais les travaux auxquels on doit ce résul- tat heureux sont épars , et l’état actuel de la science ne se trouve exposé , avec les développemens né- cessaires , dans aucun ouvrage général. Là , où la partie méthodologique a été traitée avec plus de soin et de talent, on ne trouve guères qu’un catalo- gue de genres; celui des espèces n’est qu ébauché , et l’examen de l’organisation a été presque entière- ment négligé : ailleurs on a consacré quelques pages de plus à fanatomie et à la physiologie , mais ces esquisses sont loin d’être au niveau de l’état actuel de nos connaissances et dans la partie méthodo- logique , ou y cherche en vain ce qui fait le prin- cipal mérite des ouvrages de pure compilation, savoir, un tableau complet de toutes les iichesses de la science. Occupé depuis long-temps d’une manière spéciale TNTKODVr.TION. XXxj de l’étude des Crustacés , j’ai senti, plus peut-être que tout autre, le Iresoiu d’un traité complet sur cette Lranche de la zoologie, et, encouragé par les conseils d’un de nos plus habiles entomologistes , M. Latreille , je me suis décidé à chercher à com- bler la lacune que je viens de signaler. Dans cette vue, je me suis appliqué à rassembler des maté- iiaux pour servir à une histoire générale et parti- culière des Crustacés ; j’ai étudié , soit isolément , soit eu commun avec mon ami M. Audouiu , tous les points les plus importans de l’organisation de ces animaux; et afin de compléter, autant qu’il m'é- tait possible, le catalogue des espèces indigènes, j’ai exploré avec soin diverses parties de nos côtes : plu- sieurs des résultats obtenus par cette investigation de la nature sont déjà connus des zoologistes , mais ces travauxpréliminaires étaient loin de suliirc; pour atteindre le but que je me proposais , il me fallait aussi connaître les Crustacés c[ui peuplent les mers éloignées, et, pour cela , je ne pouvais mieux m’a- ^lesser qu’à la riche collection du Muséum du ardiu du Roi , fruit d’une multitude de voyages ointains, et l’un des plus beaux monumens de la ^munificence nationale. Elle m’a été ouverte de la ^ plus généreuse par M. Audouiu , profes- établissement; et, ce uous ^ seulement à l’amitié qui ulierche*'^’^^^ “ fournir, à tous ceux qui à approfondir une partie de la science XXXIJ INTRODUCTION. que lui-même cultive d’une manière si distinguée , tous les matériaux de travail dont sa position lui permet de disposer. Pi’ofitant de cette circonstance heureuse , je me suis livré à une révision générale de la classification des Crustacés ; j’ai examiné tou- tes les espèces accumulées, sans examen, depuis Lien des années dans les magasins du Muséum , et je les ai distribuées dans les galeries de cet établis- sement d’après la méthode qui m’a paru la plus naturelle. Enfin, pendant que je me livrais à ce travail , qui n’est pas encore complètement terminé , la série déjà si belle des Crustacés du Muséum a été successivement augmentée par les nombreuses col- lections deM.Rcynaud, aujourd’hui professeur d’a- natomie à Toulon , de MM. Quoy , Gaymard et de quelques autres voyageurs, et ces naturalistes ont bien voulu mettre à ma disposition ces nouvelles richesses , service dont je les prie de recevoir le té- moignage public de ma sincère reconnaissance. Grâce à ce concours de cir constances , j’espère pouvoir compléter un traité général sur l’histoire de ces animaux, dont je me propose de figurer en totalité ou en partie presque toutes les espèces. Mais un ouvrage de ce genre est un long et pénible travail , et je vois encore trop de points qui néces- sitent des recherches approfondies pour que je puisse songer à en commencer déjà la publication. Mes projets ne pourront, par conséquent, recevoir leur exécution qu’à une époque plus ou moins éloi- INTRODUCTION. XXXÜj guee, etj ai pensé qu’en attendant il ne serait pas inu- tile de donner au public, sousla forme d’un manuel, un résumé de mon travail : cela aura pour moi l’a- vantage d appeler , en temps utile , la critique des naturalistes sur les innovations que je propose , et peut-être aussi de fixer l’attention des observateurs sur quelques points obscurs de la science , et de provoquer des recherches dont plus tard je profite- rai à mon tour. Pour donner à ce Prodrome le genre d’utilité que je viens de signaler, il m’a fallu, tout en me restreignant dans des limites très-étroites , le ren- dre aussi complet que possible, et en faire , non pas un généra seulement , mais un species. Dans la première partie , je traite de l’anatomie et de la physiologie des Crustacés ; on y trouvera exposé succinct de toutes les recherches les plus recentes sur 1 organisation de ces animaux , ainsi que les résultats de plusieurs travaux encore inédits sur le même sujet. n second livre, je m’occupe de la partie cris^ i*^- l’histoire des Crustacés ; je dé- tout f espèces , en me restreignant dans caractères les plussaillans de celle-ci; ^Ucune*^*^*^ c numération , j’ai cherché à n’omettre pour ét publiée avec assez de détails déternii^ap^^°^'^^*^®®’‘^^® ’ faciliter les avantages cherché aussi à combiner les crustacés^^ ^^^ssifications artificielles à celles que XXXiv IJNTIIÜDUCTION. présentent les métliodes naturelles. Dans cette vue, j’ai présenté, sous la forme de tableaux synopti- ques , les caractères comparatifs à l’aide desquels on jîeut, dans l’état actuel de la science , recon- naître tous les genres dont se compose cette classe d’animaux articulés : j’ai établi , dans les groupes gé- nériques un peu nombreux en espèces , des divisions etdes subdivisions; enfin, dans la description des es- pèces , j’ai indiqué en lettres italiques les caractères comparatifs qui suffisent pour la distinction de toutes celles actuellement connues. Je n’attache à ces tableaux d’autre importance que celle d’une utilité pratique; et, à mesure que l’on découvrira de nouvelles espèces, il faudra nécessairement les modifier; mais 1 expérience m’a appris qu’elles fa- cilitent considérablement le travail des détermi- nations. Afin de rendre plus facile la comparaison des phrases caractéristiques des espèces , j’ai rejeté en notes les synonymies , innovation qui ne me sem- ble avoir aucun inconvénient. Enfin, j’ai eu soin d’indiquer par les lettres ( G. M. ) toutes les espèces qui existent au Muséum d’histoire naturelle, où l’on pourra les trouver rangées dans le même ordre que dans ce traité. Dans les planches qui accompagnent cet ouvrage, j’ai représenté quelques types qui pourront servir de points de comparaison ; et , afin de les rendre aussi utiles que possible , je me suis attaché à ne fi- INTRODUCTION. XXXV gurer sui’tout que des espèces qui jusqu’alors ne avaient pas été , et à multiplier les détails de par- ties caractéristiques. Je regrette que la nature de a CO ection, dont ce résumé fait partie, ne m’ait point permis d en augmenter le nombre. £ * 4 r / « K . ' ./Oit ' ' ' , - ’ '.'rt-'i;' fi'.’i .'.'■'.'V auD '■:■■ : i ■ 4. . . ’ • ■ , 1 . ' >; r! 'Mn •■5;r*T,:jn at. ■ ^.'. ;s;?j J^;îï ^rr;i!•»‘'■*■r'^'1 lin'f', wL ï .‘r'î'i !4^«t t4J{^^fflgr'*RT|3?4 1 i» * ÎÏTÏÏV,- ‘ J- . ♦ ^ Jal » I -» 'rî. . **« il. • P histoire naturelle DES CRUSTACÉS. première partie. AKTATOBns; ET FHTSIOEOGIE. CHAPITRE PREMIER. CONSIDÉnATIONS GÉNÉRALES. — TÉGUMENS, — SQUELETTE TÉGÜMENTAIRE. § I®''. Considérations générales. le que les naturalistes désignent sous les Crustacés sont tous ceux qui présentent les ‘^''iractères généraux d’organisation que uaturd Écrevisses, et qui forment un groupe d’un ^ ceux-ci constituent Je tjjje. L’absence îette nerveux cérébro-spinal, et d’un sque- des Marti place à une distance considérable vertébrés - ' Oiseaux, et des autres animaux nnsflpcM u”^* rapport, les Crustacés ne diffèrent JesZoophyles,elc., CRüSTACES , TOME i. I J ^ 2 mSTOIBE NATÜEELLE mais il suffit fl’iin examen superficiel pour ne pas les confondre avec eux. Leur corps, entouré par une sorte de squelette extérieur , se compose d’un certain nombre de sepmens ou d’anneaux placés bout à bout, et présente toujours une double série de membres articulés; une disjiosition semblable ne se rencontre que chez les Insectes , les Arachnides ou les Mj^ria- podes , et caractérise , dès le premier abord, la grande division du règne animal qui renferme ces divers animaux, cpie l’on appelle Gondylopes (i). Enfin les Insectes , les Myriapodes et les Arachnides , s’éloi- Eiient à leur tour des Crustacés par la nature de leur appareil l’cspiratoire ; ils sont constitués pour vivre dans l’air, etles organes destinés à agir sur ce fluide ont la forme de canaux rameux qui se distribuent dans toutes les parties du corps, et cj[ui portent l’oxigène jusque dans le tissu des viscères les plus éloignés de la surface du corps, ou. bien cellede petites poches pul- monaires. Les Crustacés, au contraire, sont presque tous essentiellement aquaticpies , et ils ne présentent jamais ni trachées, ni poumons; leurs organes respi- ratoires, au lieu d’avoir la form.e de cavités internes, sont toujours en relief; et à moins qu’il n’y ait pas d’appareil spécial destiné à agir sur l’oxigène , et que la surface généi-ale du corps n’en remplisse les fonc- tions, ces organes consistent en branchies plus ou moins nombreuses. Ces animaux ne présentent aussi aucun instrument de locomotion aérienne , ils sont toujours dépourvus d’ailes, et leurs pâtes ambula- toires sont presque toujours au nombre de cinq ou de (i) Picfls à jointui-fis , LatreiUo , Familles naturelles , page DES CliUSTACÉS. 3 sept paires ; leur tète est , à un petit nombre d’excep- tions près , munie d’appendices nommes antennes ; leur sang circule dans des vaisseaux plus ou moins com- I e s , et est mis en mouvement par un cœur artériel ; s sexes sont séparés, et les organes de la généra- OQ sont doubles ; enfin, la reproduction s’eiiéctue au ™oyen œufs qui éclosent après la ponte, et les J unes qui sortent ont, en général, la forme fils oivent, à quelcjues modifications près , con- seiver pendant toute la durée de leur existence; • is quelquefois iis subissent des changemens des plus remarquables. Les Crustacés, comme on a pu le voir d’après le peu de mots que nous venons d’en dire, ressemblent aux Poissons par leur manière de vivre et par la na- ture de leur appareil respiratoire ; mais, sous tous les autres rapports, ils se rapprochent bien davantage des Insectes ; aussi , dans les classifications naturelles ou ta place assignée à chaque être est destinée à faire cmnnaiüe les caractères les plus importuns de son or- ganisation, et à indiquer les divers degrés d’affinité pu unissent a tous les autres animaux ; dans ces clas- oe n est pas à côté des Poissons ^ lange les Gz’ustacés, mais bien auprès des “Arachnides et des Myriapodes , dans le ^'■ostacéf*'''^^ compose la vie des ’^Pporiés autres animaux peuvent être but la *-1018 grandes divisions; les uns ont pour Jaulrc”"'"”'"»" de l’espèce, ou la génération; licsquelles^pQj*^®’^'' fonctions de nutrition à l’aide étran u • i r ■ a 1 exercice de celte ionction ; aussi, H i s T O I R E NATURELLE 8 clans les Crustacés qui ne sont pas pourvus d’oraancs respiratoires spéciaux , tels cjue les PLyllosomes et les Mysis, la j>eau est-elle seulement semi-cornée, tandis que dans les espèces dont l’apjiareil branchial est très- développé, comme les Crabes et les Écrerdsses , elle s’encroûte de matière calcaire et constitue un test d’une solidité remarc|uab1e qu’on peut comparer aux os des animaux supérieurs. Pour se former une idée exacte de la composition anatomique de ces téguinens, il faut les étudier d’a- bord à i’époquede la mue sur des individus qui sont sur le point de sc dépouiller de leur enveloppe extérieure. On voit alors c[ue la péau de ces animaux se compose de trois couches membraneuses principales. La plus pro- fonde ressemble aux tuniques séreuses des animaux supérieurs; dans certaines parties du corps, dans les membres par exemple , elle est à peine visible; mais autour des grandes cavités du tronc, elle constitue une membrane bien distincte et se continue sur tous les viscères de manière à foi’mer autour de chacun d'eux une gaine particulière, en même temps qu’elle leur fournit une enveloppe commune. La face interne de cette tunique mince et transparente est libre et lisse, mais sa face externe est au contraire unie à la couche tégumentaire moyenne. Cette dernière membrane est molle, plus ou moins spongieuse, en général assez épaisse et très-vasculaire ; sa surface est ordinaire- ment colorée et on pourrait la comparer au Chorion ou Derme. Enfin, la couche la plus externe est for- mée par une membrane mince , mais dense et con- sistante , qui ne présente pas de ramifications vascu- laires; elle enveloppe le corps de toute part et forme dans divers endroits des replis qui pénétrent DES CRDSTACÊS. 9 plus OU moins profondément entre les organes in- térieurs. Cette tunique superficielle se trouve , entre le clio- iion et la carapace, prête à tomber, et elle est évidem- ment sécrétée par la première de ces enveloppes , car U toute autre époque qu’à celle de la mue on n’en voit aucune trace; et en effet c’est elle qui doit former le nouveau test. Bientôt après la cluitc de l’ancienne carapace , on la voit accjuérir une consistance plus grande ; dans certaines espèces elle reste toujours dans un état semi - corné ; mais dans d’autres elle s’épaissit davantage et s’encroûte de particules calcaires, de fa- çon à devenir très-solide et très-dure. Lorsqu’on l’ex.a- niine là où elle a déj<à jiris cette consistance osseuse, on voit que son épaisseur est assez grande , et que sa surface interne est revêtue d’une couclie mince de tissu cellulaire membraneux ; dans une partie de son épais- seur , et a sa face externe , elle est en général plus ou moins colorée ; enfin , on y remarque souvent des pro- longemens piliformes , c|u au premier abord on pren- drait pour des poils semblables à ceux des Mamrai- cres, mais qui en diffèrent entièrement par leur structure , et qui ne sont autre chose que des appen- ices de cette tunique épidermoïde. La nature chimique de ce scjuelette tégumentaire rie suivant quil présente une consistance semi-cor- ^ ou osseuse. Dans le premier cas, cette tunique est posée presque en entier d’albumine et d’une sub- ment la 1 *^**^'^ nommée chitine ^ qui forme égale- secoud' parties dures des Insectes ; dans le de 1 ' ^ trouve aussi beaucoup de carbonate et P îa e de chaux, etc., sels qui entrent aussi to IIISTOIKIÎ NAïUIîELLE clans la composition des os formant le squelette inté- rieur des animaux vertébrés (i). (i) Pendant long temps on croyait que l’enveloppe tégumentaù-e des Insectes était fournie par une substance analogue à la corne ; et en efi'et, d'après l’analyse qui en avait été faite par Hachette, elle paraissait être composée principalement d'albumine modifiée; mais M A. Odicr a fait voir, il y a quelques années, qu'il existait dans ces tuniques une substance particulière qui paraît en former la base, et qui possède des propriétés toutes différentes de celles de la corne. Il lu nommée chitine, et eu a constaté la présence dans le test des Crustacés. {Mém. de la Soc. d'hist.nat. de Paris, t. 1.) Ayant également soumis le test des Crustacés à un examen clii. mique, je me suis assuré qu'effeclivemeut il y existe une matière p.articulière que les alcalis ne dis.sol vent pas, ctquijouit delà plupart des propriétés indiquées par M. Odier, comme étant caractéristiques de la chitine. Elle constitue en quelque sorte la charpente de la mem- hrane tégumeutaire externe; car celle-ci coinserve sa forme lorsqu'elle a été dépouillée de toute autre substance ; mais cependant sa propor- tion est souvent assez faillie. Dans la carapace du Carcin mciiadc, par exemple, j'ai trouvé environ iipour loo de chitine, i8 d'eau, 63 de sels mêlés à un peu de matière animale soluble à froid dans l'acide hydrocliloriquc faible, et environ 8 d'albumine.Hans les segraens dorsaux des anneaux abdomiiuiux du même animal , j’ai trouvé uo pour 100 de chitine et S.j de matières salines. Dans la carapace du Homard, M. Chevreuil a trouvé : eau et matière organique , 44 > 7^ ; sels , 5.5 , 24 pour 100 ; et dans celle du tourteau , seulement 28 , 60 de matière aidnialc et d'eau pour 77, 4® és sels. D’après le même chimiste , ces sels sont principalement du car- bonate de chaux ; voici les résultats de son analyse faite sur 100 parties de test. Carapace de Homard. Car.apace de Tourteau. Carbonate de chaux 47j26 62,80 Phosphate de chaux 5,22 6,00 Pho.sphate de m.ignésie et de fer. 1,20 1,00 Clilorure de sodium etselsdesoude i,5o i,6o l’armi les sels de soude , il aparfaitement bien reconnu une petite quantité d'hydriodate , tandis que l'Ecrevisse de rivière n’en a pré- senté aucune trace; différence rcraarquahle en ce quelle tend à montrer l'influence que la nature du lieu habité par ces aiiim.aux exerce sur la composition cliimique do leur enveloppe tégumentairc. (Voyez Troisième mémoire sur une colonne vertébrale et ses côtes dans les Insectes apiropodes , par M. Geoff'roy-Saint-Hilaire. Journal complé- mentaire^du Dictionnaire des sciences médicales, avril 1820 ) DES CRUSTACÉS. 11 Les couleurs qu’offrent ces parties, sont souvent tres-remarquables et dépendent de l’existence d’un pigment de nature particulière qui paraît avoir beau- La matière colorante des pâtes es igeons et du bec des Oies; elleest soluble dans Il cool et dans 1 éther; quelquefois elle est rouge, lais le plus ordinairement elle est brune ou verdâtre , ^ '* passe au rouge à une température d'envi- ron ^0“ , ainsi que par l’action des acides ou même de cool (i). Ou reste ^ nature paraît varier suivant les espèces , car il est des Crustacés dont la couleur ne an^je point par la cuisson. Cette matière colorante est sécrétée parle derme, et s’y montre souvent avec une teinte différente de celle qu’elle présente dans le test , dans la couche superficielle de laquelle on la trouve en plus grande abondance que partout ailleurs. -n general la face dorsale du corps des Crustacés est a seule colorée; en dessous, leur test est ordinai- rement blanchâtre ; mais quelquefois cependant on ne remoique à cet égard aucune dillérence. ^ La lumière et le climat paraissent exercer une in- ^ ence sur la vivacité des couleurs que présente l’en- hi *-UoUmen taire de ces animaux, et même sur aux^ leurs teintes. Ce sont les espèces propres et le\ les nuances les plus variées Sffil v^ T 5 e^- nous avons cru remarquer rl’une mé' '^^tfférences analogues entre les individus ftu'ils espèce, suivant la latitude ou les localités ^ ‘auitent (a).- (1) Yoyi Pharmacia . (2) Ce cj les recherches de M. Lasseigne , Journal de Appelé notre attentiou sur ce sujet, est la 12 HISTOIRE NATURELLE Enfin lorsqu’on fait liouillir dans une dissolution alcaline une cara[ acede Crabe préalablement dépouil- lée des sels dont sa substance était encroûtée , on voit qu’elle se compose de trois couches bien distinctes, dont la moyenne est de beaucoup la plus épaisse, et dont l’externe paraît contenir la majeure partie de la matière colorante. Le système tégumentaire des Crustacés constitue la charpente du corps de ces animaux et peut, ainsi que nous l’avons déjà dit, être regardé comme une espèce de squelette extérieur ; mais il n’est pas égale- ment dur et épais dans tous ses points et présente toujours une série de parties alternativement solides et flexibles. Il en est de même pour les Insectes, les Arachnides , etc. , et l’on comprend facilement la né- cessité de cette disposition au défaut de laquelle tout mouvement aurait été impossible. La dilféicnce entre ces parties molles et dures de la peau est en général très-grande, et les dernières forment toujours des pièces assez bien circonscrites qui sont unies entre elles soit par soudure , soit par l’intermédiaire d’une portion de peau qui a conservé sa rouplesse primi- tive. Leur étude semble au premier abord extrême- ment diüicile à cause de leur nombre et de leur diver- sité ; mais en la rendanlcomparative et en y appliquant les principes suivis par M. Audouin, dans l’examen difFérence de couleurs que nous .Tvons rcm.irqu(ie dans les Éripliies front épineux que nous avions observées sur les côtes delà Bretagne, et celles que nous avions recueillies dans la baie de Naples ; les pre- mières étaient toutes d’une teinte olivâtre , taudis que les dernières étaient d’une couleur tirant sur le rouge. En général, il y a aussi beaucoup de différence pour la vivacité des couleurs entre les Clo- portes qui vivent sur les toits et ceux qui habitent les caves. DES CRUSTACÉS. l3 du thorax des Insectes et des autres animaux articu- es, nous espérons en aplanir considérablement les difficultés. S III- De la composition anatomique du squelette le.gumentaire des Crustacés. he corps des Crustacés , de même que celui de tous es autres animaux articulés , se compose d’une série f e segmens homologues qui sont tous la répétition P us ou moins exacte les uns des autres, mais qui peuvent etre plus ou moins modifiés dons leur struc- ture , suivant que la division du travail pliysiologi- f{ue a été portée plusloin, et que les diverses fonctions se sont localisées davantage. Chez les Annélides elles larves de beaucoup d’insectes , un mode de confor- mation analogue se reconnaît dans la plupart des ap- pareils de l’économie ; mais chez les Crustacés il n’est ^ len évident que pour les divers systèmes appartenant ^ a vie animale, tels que les systèmes nerveux, luusculaire , appendiculaire , etc. Chaque segment du corps de ces animaux ne se tj. ^l'^'^I'îuefois que d’une portion centrale ou One, qui est renfermée dans un anneau solide, mais lair" ” pî’t’sente aussi des parties ajipendicu- ïicau • ’^^uibres. Un certain nombre de ces an- parfait**^^*^ loujours mobiles les uns sur les autres et fl'slincts entre eux , mais il n’eu est pas étude su ot , si l’on se contentait d’une pourrait squelette tégumentaire , on nombre variable que le appartenant-'* “nneaux,et le nombre des membres a chacun d’eux. Kn effet , si 1 ®^'aniinait ainsi un Crabe ordinaire HISTOIRE NATÜEELEE >4 ou une Langouste (i), on reconnaîtrait bien que la portion postérieure de leur corps se compose de cinq ou six anneaux portant chacun une paire de membres , mais on croirait certainement que toute la partie antérieure, qui est recouverte par une carapace épaisse , n’est formée que d’un seul segment dont les membres seraient eu nombre extrêmement considérable. Observée d’une manière également superficielle , une Crevette (2) ne paraîtra composée que de quatoze segmens , dont l’antérieur aurait encore un grand nombre de mem- bres , tandis que dans la Squille (3) on en distin- guerait aisément quinze, dont les deux premiers n’ont chacun qu’une seule paire de membres ou ap- pendices, tandis que le troisième en porte neuf paires. Il en est cependant tout autrement : car ces dillé- rences apparentes ne dépendent que de la réunion d’un nombre plus ou moins considérable de segmens en un seul tronçon, et il nous paraît facile de démon- trer que, chez les Crustacés, le même segment ne porte jamais plus d’une paire de membres. Sous ce rapport , ils s’éloignent extrêmement des insectes qui , pour la plupart , ont un ou deux segmens de leur corps pourvus chacun de deux paires de membres , les ailes et les pâtes. On peut poser en principe que le nombre normal de segmens , dont le corps des Crustacés se compose , est de vingt et un ; on connaît, il est vrai , deux ou trois de ces animaux où il en existe un plus grand nombre, et souvent il n’a pas, à beaucoup près. (1) Voyez PI. 3 , Kg, 1 et 5 ; PI. 23, 11g. i. (2) PI. I, % 2. C3) PI. I, fig. I. DES CRUSTACÉS. i5 autant d anneaux distincts ; mais dans l’immense raa- jouté des cas, à moins qu’une portion du corps ne soit réduit à 1 état rudimentaire , comme cela a lieu c lez les Locmipodes, on retrouve toujours des signes J ® "‘"^ture à révéler l’existence de vingt et un segmens. etuc e que nous allons faire du squelette tégumen- ‘ iro , dans les différens groupes de Crustacés , nous en fournira la preuve. Du reste, la soudure des anneaux entre eux est souvent facile à constater de la nanière la plus irrécusable ; lorsque celte union n’est pas tres-intime , elle est indiquée par des lig’nes , et orsquon traite le squelette tégumentaire par de l’a- e hydroclîlorique faible pour en retirer les sels cal- caires , on désunit de ces diverses pièces long-temps avant que de les avoir rendues à leur état membraneux primitif. La Squille est, de tous les Crustacés, celui oùles vingt et un segmens du corps sont les plus distincts (i). Le^premier anneau , que nous appellerons Yophtalnii- parce quil porte les pédoncules oculaires, est parfaitement séparé du second, et celui-ci est sim- P ement articulé avec le troisième. Le troisième et le vans*^*^^^ segmens sont confondus, et les anneaux sui- tes sé *'^^®“iiieomplets ; mais on peut néanmoins eontr^' dissection. Les onze derniers sont au des aùt ^ et parfaitement séparés les uns dernie/^^'- ' anneaux , à l’exception du pai^*^j toujours privé d’appendices , portent les usasre^ dont les formes varient suivant *^u.xquels ils sont destinés. Cl) PI, fig. , et Pl_ a, %. 1-8. HISTOIRE NATURELLE i6 Dans les autres Crustacés , la soudure des premiers anneaux du corps augmente de plus en plus, et quel- quefois on voit une fusion analogue s’effectuer égale- ment vers l’extrémité opposée du corps. Ainsi , dans la plupart des amphipodes, les sept premiers segmens sont confondus en un seul tronçon , et chez quelques- uns de ces petits Crustacés le huitième anneau ne se distingue plus des suivans. Chez quelques Isopodes , plusieurs des .anneaux de l’abdomen sont également unis entre eux (i) ; et enfin , dans la plupart des Déca- podes, les quatorze premiers segmens ne forment plus qu’un seul tronçon, et, dans quelques Bracbyures, trois des anneaux delà portion postérieure du corps, présentent une union non moins intime. Chacun des anneaux de ce squelette paraît se com- poser de deux moitiés latérales, semblables entre elles ; on peut aussi y distinguer deux arceaux , l'un supérieur et l’autre inférieur (2). Le premier résulte de l’assemblage plus ou moins intime de quatre pièces , disposées par paires de chaque côté de la ligue mé- diane; les pièces mitoyennes portent le nom de ter- gurn , et les latérales celui de flancs ou à’épimères. L’arceau inférieur se compose du même nombre de pièces ; les deux médianes se réunissent pour former le sternum, et les latérales peuvent porter le nom à’Épisternum, à raison de leur analogie avec celles que M. Audouin a désignées sous le même nom chez les Tn- (1) PI. I, fig. 4- (2) la figure théorique de la composition de l'anlicau tégumentaire des Crustacés, PI. I. fig- 3: — t, t, pièces tei-gales : — cm, eniy pièces épimérieniies ; — es, er, pièces épisternales; s, s, pièces sternales. DES CRUSTACÉS. sectes (i) ; elles s’unissent toujours au sternum , mais * existe en général, entre l’arceau inférieur et l'épi- re placé au-dessus , un espace vide destiné à l’arti- cu ation du membre correspondant. ous ne connaissons pas d’exemple d’un anneau où I uisse distinguer a la fois toutes les pièces que ous venons d énumérer ; tantôt les unes manquent *up etement, et il existe un vide à la place quelles de- vraient occuper (2) ; tantôt elles sont soudées entre elles maniéré si intime , qu’on ne voit aucune trace e eur séparation; mais, en étudiant chacune d’elles ou elle est le plus distincte, on peut s’en former ne idee précise et la reconnaître ensuite malgré son union avec les pièces voisines. Du reste , quoique cette du 1820 ‘"“vaU approfondi et comparatif sur la structura et imprimê’éTpartie dan***? “ l'Académie des sciences le i5 mai 1830 M Audouin Annales des sciences naturelles, t. I, tuantes d'un’an^ * déterminé quelles sont les parties consti- sont les lois du corps de ces animaux, et quelles Ofqanioups "f ! “ 1 arrangement de ces mêmes élémens au smXnL , ■ ^ «“e «uniere générale l’application de sa théorie '•lerches n’n ‘®S“'"entaire des crustacés. Cette partie de ses re- M- Cuvier on^* été publiée; mais, d’après le rapport de tuantes du’soneîT.f ’a “ Principe que les pièces consti- lusectes mi;. ‘"'["stucés se retrouvent toutes dans les uiicrs ne' présen't''^f'^*^* derniers ont de plus des pièces que les pre- •‘««■ale, qie „ , • , ^*0 “®“' “"'^® * conclusion gé- “^smens , de la réw,' j ^ ‘emblabU ou dissemblable des rfe division des pièces qui les composent , du Que dépendent toui°^^l"'’‘j‘‘ ^ rudimentaire des autres, ““'■«au* articulés ‘‘r î'" se remarquent dans la série des U n’est pas . ®® ‘1®® sciences naturelles, t. 1, p. u6.) Vsi existe entre ‘^® démontrer ici l'analogie de structure Insectes : nmjj J. ® squelette extérieur des Crustacés et celui des pareil dans Icsprem *^ comparative que nous allons faire de cet ap- de ce corollaire fournit un grand nombre de faits à l’appui 3, et PI ,3 , , crustacés, tome, " ■ l8 histoire tfATURElLE analyse de l’anneau ne soit pas toujours praticable, il n’en est pas moins vrai quelle facilite beaucoup l’é- tude du squelette extérieur des animaux articulés, et quelle nous permettra souvent de constater des analogies frappantes dans ce qui semblait au pre- mier abord n’ofirir que des dissemblances. Pour terminer l’énumération des parties consti- tuantes des anneaux tégumentaires des Crustacés , il nous reste encore à parler des lames que l’on voit sou- vent s’élever de leur face interne et former dans leur intérieur des cellules et des canaux. Ces cloisons nais- sent toujours des points de soudure de deux anneaux , ou de deux pièces voisines d’un même segment, et cette disposition leur a valu le nom ^npodèmes ( Audouin 1. Elles résultent d’un repli de la membrane tégumen- taire qui plonge plus ou moins profondément entre les orcanes et qui s’encroûte de matière calcaire comme le reste du test; aussi sont-elles toujours formées de deux lames adossées et soudées entre elles (i). ^ JY. De la portion centrale ou annulaire du squelette tégunientaire. Voyons maintenant quelles sont les principales mo- difications que subit l’anneau tégunientaire du Crus- tacé, soit dans les espèces dilïérentes, soit dans les diverses parties du corps d’un même individu. On distingue en général chez ces animaux une tête^ un thorax , et un abdomen (2) ; mais les limites de ces (1) Voyez la figure théorique des apodèmes , PI. 1 , fig. 6 : et leur disposition chez le Blaïasquinado, PI. 2, fig. g-iisetchezla Langouste, PI. 23, fig. 3. (2) Quelquefois on désigne cette dernière partie du corps sous le DES CKUSTACÉS. 19 ^■Djjions ne sont pas toujours bien fixées par U nature, c L 1 ne convient pas d’attacher à ces distinctions une op scande importance, car elles ne correspondent pas, ^jnnie chez les Mammifères, les Oiseaux, etc., à autant ^ ca.iies islinctesj destinées à loger des organes dif, ens , intérieur du corps des Crustacés n’est occupé seule grande cavité viscérale, et les organes 1 s y trouvent s’étendent ordinairement dans toute sa longueur. Quoi qu’il en soit , la tête est la partie du lp!r* porleles yeux, les antennes et la bouche (i); ‘1'^' ^onne naissance aux pâtes ambu- rcs et qui lonferme la plus grande portion des vis- cres ; il est souvent confondu avec la tête (3) et ne ^®lingue quelquefois de l'abdomen que par la posi- tion des organes générateurs qui chez le mâle en occu- pent ordinairement le dernier segment. Enfin, l’abdo- men fait suite au thorax pour se terminer par l’anneau qui porte 1 anus (4) ; celte partie du corps est aussi , ■ ns la plupart des cas , pourvue de membres comme e thorax , mais leur forme est presque toujours très- uilierente. Pfolongeniens’ aT„ “ ’ “"'^1 q»® les ‘“«ion desprinr « l’anus. Guidés par la si- ‘‘'“fdomenL «sceres, quelques auteurs ont donné le nom “l>domcn- mais a -*’ f * post-abdomen à ce que nous appelons ‘été comme un f® P"‘*e‘Pes, il faudrait considérer aussi le thorax et l’al^**' ‘iomen ; car elle loge les mêmes viçcéres ««ployées , pourvu l'l’“ les dénominations “^yes diverses ^ ^“e le» limites q“i “Ppartiennenr 1*“® eoiistantes, et que des anneaux a composijiij^ I ‘‘‘orax de telle espèce peuvent entrer dans (G 1*1. 1, liç. . ® ‘*1® de telle autre, et vice versa. 14) PI. I, lig, ^ ’ 'S' 2, i, O ; PI. 3, fig. 2, k, et lig. 5 et G. a. •0 RtSTOlRS NATURRtLE D’après ce que nous avons dit au commencement de ce chapitre, relativement à la marche suivie par la nature dans le perfectionnement des êtres, on pour- rait s’attendre à trouver, à l’extrémité inférieure de la série formée par les animaux dont nous nous occupons ici, des espèces dont tous les anneaux constituans du corps seraient semblables entre eux, tant par leur forme et leur structure que par leurs fonctions ; puis à les voir devenir de plus en plus disparates , et servir chacun à des usages particuliers. C’est, en effet, la tendance que l’on remarque lorsqu’on compare entre eux les divers Crustacés; mais ces animaux ne nous offrent d’exemple , ni de cette extrême uniformité, ni de ce maximum de complication. Les Edriophthalmes sont du nombre de ceux dont les divers anneaux du corps, en même temps que leur volume et leur texture nous permettent de les étu- dier facilement , présentent le plus de similitude et de simplicité. Si l’on examine certaines espèces de Crevettes (i) , on voit à l’extrémité antérieure du corps une tête que l’analogie nous porte à regarder comme étant formée de plusieurs anneaux soudés et confon- dus en un seul tronçon, puis une série de quatorze seg- mens, articulés bout à bout de manière à pouvoir exé- cuter certains mouvemens, assez semblables entre eux, et portant tous, à l’exception du dernier, qui est rudi- mentaire, une paire de membres. Les sept anneaux qui suivent la tête constituent ici le thorax , et les sept derniers l’abdomen ; tous sont étroits d’avant en arrière, un peu comprimés latéralement, et formés ■ (I) PI. I, fig. 2. 21 SES CRUSTACÉS. dun arceau supérieur et d’un arceau inférieur sé- pares par l’insertion des membres. L’arceaxi ventral est peu développé, et ne montre aucune trace de ivision ; mais le dorsal est plus grand , et on y dis- tingue en général , trois pièces , l’une médiane formée par a réunion des deux pièces tergales, et deux latérales qui constituent des espèces de lames clypéiformes, et ne sont autre chose que les épimèrcs{i). Enfin , à l’in- terieur , ces aimeaux ont une structure aussi simple qua 1 extérieur, et ne présentent aucune trace d’apo- èmes. Quant à la tète, elle ne constitue qu’un seul tronçon et ne laisse apercevoir aucune trace de divi- sion ; mais néanmoins on doit , ainsi que nous espé- rons le démontrer plus tard, la considérer comme com- posée de sept anneiiux confondus entre eux, de m.anière « n’étre reconnaissables que par les membres qui en naissent. Dans tous les autres Édriophthalmes la structure de I enveloppe tégumentaire du corps est essentiellement 3 meme que chez les Crevettes ; les divers anneaux qui la composent présentent la même uniformité et autant de simplicité ; mais leur nombre apparent et ^aur orme varient un peu. Ainsi , chez la plupart et septième segment de l’abdomen disparait ^ inanquer plutôt que d’être confondu avec ce sbT ““ grand nombre d’Isopodes ®uneau abdominal prend un grand déve- lient entr * ceux qui sont situés au devant se sou- trois, deux ® u® paraître constituer que uu meme un seul segment (2) ; chez les Læ- 22 IHSTOtRE NATURELLE mipodes tous les anneaux tle l’abdomen deviennent ru- dimentaires et neforment plus qu’une espèce de tuber- cule , tandis que les six derniers segmens thoraciques sont grands, semblables entre eux et bien distincts ; mais l’anneau qui chez la plupart des Amphipodes et des Isopodes s’articulait avec la tête , se soude ici com- plètement avec elle et ne peut plus en être distingué. Chez quelques Isopodes et Amphipodes on ne trouve aussi que six anneaux thoraciques distincts ; et la tête, qu’on peut regarder alors comme étant formée parles huit premiers anneaux, porte tous les membres qui leur correspondent. Enfin il est des Cyclopes et quel- ques autres Crustacés où cette fusion est portée en- core plus loin, et où le thorax ne semble être formé que de cinq , quatre ou même trois tronçons , tous les anneaux qui les précèdent étant confondus dans la tête ou unis entre eux. Quant à la forme et la structure des anneaux , ces divers Crustacés ne présentent rien de tres-remarqua- ble; chez les Læmipodes , toutes les pièces qui les com- posent sont confondues au point de ne pouvoir être distinguées , et chaque segment a la forme d’un cylin- dre ; chez les Isopodes et les Amphipodes le corps est tantôt déprimé, tantôt aplati latéralement, et les an- neaux qui en forment la partie abdominale laissent apercevoir seulement des traces de l’union des deux arceaux dont ils sont composés, tandis que dans les anneaux thoraciques on distingue aussi le tergum des épimères. Enfin nous ajouterons que dans certaines espèces d’ Amphipodes les deux moitiés latérales du septième anneau abdominal ne se réunissent pas sur la ligne médiane comme dans les autres segmens du corps, et DES GnUSTAGÉS. quil prend alors la forme de deux petites lames cors nees ou de deux appendices styliformes, disposition tres-curieuse en ce qu’elle offre un exemple frappant de la division d’un anneau en deux moitiés symétri- ques et latérales (i). Telles sont les principales modifications de l’enve- oppe tégumentaire du corps dans les Crustacés où e présente en même temps le plus de simplicité et d uniformité. Si nous allons maintenant à l’extrémité opposée de la série formée par ces animaux , nous rencontrerons une disposition toute différente, et au premier abord on pourra croire que le squelette tégu- uientairedes espècesles plus élevées est composé d’élé- mens tout autres que ceux que nous venons de signa- ler ; mais une étude plus approfondie de ces parties conduit à l’opinion contraire , et montre que les prin- cipales difiérences dépendent du développement ex- cessif de quelques-unes de ces pièces, tandis que d’au- tres sont devenues rudimentaires. Dans les Grâbes , par exemple , le corps, au lieu dêtre formé par une longue série d’anneaux assez semblables entre eux , mais bien distincts et articulés ^|out à bout , ne paraît composé, presqu’en entier, que ^ une seule masse céphalo-thoracique , recouverte une grande voûte qui descend jusqu’à la hase des P®tes, et qui constitue une espèce de carapace (2) ; l’ab- Fd ■ divisé en segmens , comme chez les ®phthalmes (3), tandis qu’au premier ahord le reste (■) Cela SB V ■ custeL, etc • Crevette d'Othon E, la Crevette lo- 3es Septièra'eiT'^s** ’ plupart des Amphipodes , ces rudimens ( PI. I, lie abdomitiaui manquent complètement. (2) PI, 3, fiff. (3) P1.3,fig.5. HISTOIRE naturelle du corps ne semble former qu’un seul tronçon ; mais, si on l’examine avec plus de soin, on s’aperçoit que ces différences sont moins grandes qu’on ne l’avait pensé , car au-dessous de cette enveloppe clypéiforme on distingue une série d’anneaux thoraciques , à la vérité soudés entre eux, mais néanmoins bien distincts et visibles à la face inférieure des corps (i). Ces anneaux sont en grande partie recouverts par la carapace, et leur paroi supérieure est complétée par elle au lieu d’être fermée par le tergum qui viendrait se souder aux bords supérieurs des épimères , comme cela a lieu dans l’abdomen de ces animaux et dans toutes les parties du corps chez les Edriophthalmes (2). Lorsqu’on étudie d’une manière comparative le squelette extérieur des Crustacés, on doit donc se demander si ce grand bouclier dorsal , dont on n’a- perçoit aucune trace chez les Amphipodes, les Iso- podes, etc. , est un organe particulier aux Décapodes et à quelques autres Crustacés , et une création toute nouvelle, ou bien si les pièces dont il est formé exis- tent, mais moins développée chez tous les animaux de cette classe ; et , dans ce dernier cas , on devra chercher si la carapace est le résultat de la soudure et de l’extension latérale des pièces dorsales de tous les anneaux qu’elle recouvre , ou si elle n’est composée que de l’arceau supérieur des anneaux céphaliques , qui aurait acquis un développement extraordinaire , et se serait prolongé jusqu’à l’origine de l’abdomen. D’après l’étude des Crabes et des autres Décapodes, il serait peut-être impossible d’arriver avec quelque (1) Pl. 3, fig. 2/. (2) Pl. 3, iig. 3. DES CnUSTACÉS. 2$ certitude à la solution de cette question ; mais l'exa- men comparatif de quelques autres Crustacés nous paraît y conduire. En effet , chez les Nébalies et les Apus, par exem- ple , on voit aussi im grand bouclier dorsal qui recou- vre toute la partie antérieure et moyenne du corps , de maniéré à confondre la tête avec le thorax ; mais ICI , bien que la carapace s’étende sur les anneaux tho- raciques , ceux-ci n’en sont pas moins parfaitement distincts d elle et clos en dessus comme chez les Édrio- phthalmes, etc. L’existence de cette grande lame cly- péiforme est entièrement indépendante de celle des segmens qui composent le thorax , et elle n’est évidem- ment qu’un prolongement de la partie dorsale de la tête. Dans les Alimes et les Ericlithes, la carapace recou- vre aussi la presque total! té du thorax; mais elle se soude avec les anneaux thoraciques antérieurs , de manière à compléter supérieurement leurs parois, et les trois derniers segmens seulement conscrvcntleür intégrité et leurindépendance. Dans le genre Mysis, cette union du bouclier céphalique avec le thorax est portée encore plus loin , et il n’existe plus dans cette dernière partie U corps que deux anneaux qui en soient distincts. En- D5 chez les Décapodes, le développement delà cara- pace est tel que la voûte qu’elle forme recouvre tout le hoîte^ ' *icscend en dehors des flancs de manière à l’em- complètement -, et tient lieu de parois supé- rieures à 1 ’ comi anneaux dont cette partie du corps se compose. D’après les An ^^^amen comparatif de la carapace chez podes on , les Stomapodes et les Déca- ’ peut donc conclure que ce grand bouclier ai6 HISTdlRB NATUHEBLE dorsàl est un prolongement de r.irceau supérieur d’un ou de plusieurs anneaux céphaliques qui aura chevau- ché sur le thorax , et que la grande difîerence que l’on remarque d’abord entre la structure d’un Crabe , par exemple , et d’un Édriophlhalrae, dépend en majeure partie de ce que cette dernière partie du corps, au lieu d’étre libre et indépendante des anneaux qui le précè. dent a été pour ainsi dire entraînée dans l’intérieur de la tête , où tousses élémens constituans se sont soudés ensemble. Si l’on pousse celte investigation plus loin , et si l’on cherche , soit à connaître la composition ana- tomique de cette carapace, soit à déterminer si elle appartient à l’ensemble de la tête ou bien à une partie spéciale de cette portion du corps, c’est encore à l’é- tude comparative d’un certain nombre de Crustacés difiérens qu’il faudra avoir recours. Dans les Crabes , les Écrevisses et les autres Déca- podes , presque tous les anneaux céphaliques sont sou- dés entre eux de manière à ne pouvoir être distingués, et à ne former avec la carapace qu’un seul tronçon. Mais chez certains Stomapodes, tels que les Squilles, la tête est divisée en plusieurs segmens distincts (i) ; les deux premiers, anneaux Vophlalmique et \’an- tennulaire , sont mobiles et peu développés ; le troi- sième et le quatrième anneaux sont au contraire très-grands , et confondus entre eux en un seul seg- ment que nous appellerons antenno-maxillaire. Or, la carapace occupe la portion dorsale du tronçon formé par cette soudure, et se prolonge au-dessus des six anneaux suivans ; mais ces derniers segmens tl) PI. 1 , lig. I ; et PI. a, fig. 1-8. DES crustacés; sont presque rudimentaires , et bien qu’ils se soudent au bouclier céphalique , ils en paraissent encore assez distincts. Enfin , les quatorze anneaux suivans n’ont plus rien de commun avec la carapace ou avec la tète, et appartiennent au tborax et à l’abdomen. 11 en ré- sulte que chez ces animaux , cette espèce de bouclier dorsal est évidemment une dépendance du troisième ou quatrième anneau céphalique ■; et, par analogie, on peut conclure qu’il en est de même pour les autres Crustacés. En eflét, chez les Alimes , où la carapace s étend sur la portion antérieure de la tète en forme de rostre, on voit néanmoins que les deux premiers anneaux céphaliques en sont parfaitement distincts, et chez certains Décapodes le premier anneau ne s’est pas encore complètement confondu avec elle. Quant à la question de savoir si la carapace est un pro- longement de l’arceau supérieur du troisième ou du quatrième anneau, nous ne connaissons aucun fait qui en fournisse la solution; mais, d’après sa com- position, on est porté à croire que c’est à l’un de ces anneaux seulement, et non aux deux qu’elle ap- partient. En eflet , dans l’œuf de l’Écrevisse , comme l’a fait ■ Eatbke , elle est d’abord formée de trois parties inctes , qui viennent se réunir entre elles pour con- ^Jtuer une seule lame continue ; une de ces pièces deixx^*^ médiane, et représente évidemment les dans réunis qui occupent la même place Édri supérieur des anneaux thoraciques des fl ' les autres sont latérales et doivent être ces comme les analogues des épimères. Dans l’É- . P ’ ces pièces sont complètement soudées .c es , mais pn peut encore les distinguer par les HISTOIKE NATURELLE 28 sillons qui occupent leur point de jonction (i)* Les deux pièces latérales sont très-développées , et se réu- nissent sur la ligne médiane dans la moitié posté- rieure de la carapace , tandis qu’antérieurement elles sont séparées par le tergum. Enfin , à sa partie anté- rieure et inférieure, la carapace est complétée par les arceaux inférieurs des divers anneaux qui constituent la portion céphalique du corps ; mais en général ces pièces sont rudimentaires et entièrement confondues entre elles. Chez d’autres Décapodes de la famille des Bra- chyurcs, la disposition qui est transitoire dans l’Ecrevisse, devient permanente , et la carapace reste toujours formée de trois pièces distinctes ; mais, chez tous ces Crustacés, les épimères sont très-peu dé- veloppées, tandis que le tergum prend une exten- sion énorme (2) ; il s’étend jusqu’à l’abdomen , re- couvre les épimères dans toute leur longueur, et con- stitue la presque totalité de la carapace. On peut même dire que les principales difi'érences qu’on ren- contre dans la forme et la disposition de ce grand bouclier dorsal chez les Brachyures et les Macroures, dépendent des variations dans la grandeur relative de ces trois pièces constituantes. En étudiant ainsi la carapace , dans son ensemble , aussi bien que dans ses élémens, on parvient à rap- porter aux règles de l’organisation normale des Crus- tacés , non -seulement les dernières modifications (O PI. I, fig. 8, carapace d'Écrevisse: a, pièce tergale ; — b , épiraère. (2) PI. I, fig. 9, carapace d’un Atélécycle : a, pièce tergale; — b, b, pièces épiinériennes : — c, arceau inférieur des premiers an- neaux céphaliques unis en avant et sur les côtés avec la carapace DES CRUSTACÉS. 2Q plus OU moins remarquables dont nous venons de parler, mais aussi la structure en apparence si bi- zarre de certains Entomostracés dont tout le corps ci dans une espèce de coquille bivalve. ez les Daphnies , par exemple, la portion occipi- ^a e e a tete, distincte de la frontale, est confondue vec^ e reste du corps , et la carapace qui en naît pa- t etre réduite aux epimères, dont le développement serait excessif, car ces pièces se joignent au-dessous commeau-dessusducorps, et constituent deux valves, entre lesquelles celui-ci est renfermé. Enfin , chez les ypns, cette disposition est portée encore plus loin, es âmes épimeriennes de la carapace , réunies la téU charnière , cachent aussi Dans les Crustacés où le corps présente le moins uni ormite, tels que le Crabe commun, le thorax (i) dit. visible i l-evléHeu" ureraent, et se trouve comme englobé dans le S'rand bouclier dorsal, résultant du développement excessif de l’arceau supérieur du segment céphalique qae j'ai publié en commun avec M. Audouin, «iptL'romSe rr ^liyures et Mari- “®^''“‘^^“reduthoraxchezlesDêcapodes,Bra- Audouin ^in * da»s «ne note de ‘Comparée i dans la traduction française de l'Anatomie ^wre naturell^ à (t- 2, p. i36) , et dans le llésumé del'his- tativc (p^ 1021* M* > faisant partie de l’Encyclopédie por ■ longue de cett avait déjà donné une description assez formant un seul t ''^***' ' savant considère le thorax comme culiers.lesdiverrv’ distingue pas, sous des noms parti- énumère sont-ils tr'7-n"* constituent : aussi, les détails qu’il d’anatomie comnaX * comprendre. (Voyez son Traité t. a, p. i36.) HISTOIRE NATURELLE 3(J antenno-maxillaire ; mais, si on le dépouille de cette en- veloppe, on voit qu’il est formé par une série d’anneaux comme chez les Edriophthalmes, seulementcessegmens thoraciques sont incomplets et tous soudés entre eux : ils sont dépourvus de pièces ter^ales, et il existe un espace vide entre les bords supérieurs des épimères. Enfin , chez les Crustacés des ordres inférieurs , la face intérieure de ces anneaux ne donne naissance à aucune apodème, tandis qu’ici il s’en élève un nombre con- sidérable de lames cornées , qui se réunissent entre elles de diverses manières , et en compliquent singu- lièrement la structure ; aussi, pour les décrire avec exactitude , serons-nous obligés d’entrer dans quel- ques détails qui pourront paraître minutieux. Les anneaux thoraciques des Crabes présentent un développement considérable; ils sont au nombre de cinq (•), et leurs arceaux inférieurs constituent, par leur réunion, une espèce de ])Ouclier ventral qui pro- tège la partie inférieure du corps, comme la carapace en protège la face supérieure (2). Ce plastron sternal est à peu près horizontal et presque circulaire; de chaque côté de ses bords on voit une série d’ouvertures oui X donnent insertion aux membres, et qui le séparent des flancs ainsi que du bord inférieur de la carapace ; en avant il se termine presqu’en pointe, à peu de distance de la bouclie , et en arrière on y remarque une grande échancrure où s’insère l’abdomen. Les (1) La portion du corps appelée thorax est, comme nous l’avons déjà dit, celle qui porte les pâtes ambulatoires. Or, le nombre de ces membres étant chez les Crabes de cinq paires , on ne doit compter que cinq anneaux thoraciques ; mais cette division entre le thorax et la tête est tout-à-fait arbitraire. (2) PI. 3, fig. 2, 3 et 4 : éT' pièces sternales des quatre derniers anneaux ; b, d, f, h, pièces épisternales. »ES CRUSTACÉS. 3l cinq ahûeaüx du thorax forment à eux seuls la presque totalité du plastron, et un petit sillon li- néaire dirigé transversalement indique le point de eur soudure ; sur un , deux , ou même trois des plus postérieurs, on aperçoit aussi une ligne longitudi- na e qui les divise en deux parties égales , et qui resu te e a soudure des deux pièces sternales du même anneau; mais sur les autres segmens on ne distingue ucune trace de leur division médiane. Ces pièces s ter- nales occupent toute la largeur du plastron; cependant «l'autJ ■l'rox, onvoildel’un V' • ^ petite pièce triangulaire oui est lepisternum. L’arceau inférieur des trôL J ils sont peu dévpln«^.i„ . i steinal; mais qu’on a de la neine^M ’ premier des huit an ‘^^uiguer. Enfin , entre le tion et le >> “°eaux dont il vient d’être ques- on tron Posteneur de l’ouverture bucLle, sont s '’^/ticore les vestiges de deux anneaux qui » la formT- "‘"'j mais ne concourent pas formation du plastron. ^ on irvtd oinq del ’ entre eux, et si les >^yan t des 7 P“« “«ertion à des membres premier^t’*^*'' différens de ceux des distino-op ’ ^ aurait aucune raison pour les partenant i regarder les premiers comme ap- L’arc.™ 1“ ■ '* ttora.. pWiques et th P»s‘-I>“ccaM, cé- médiane et interrompu sur la ligne lormé que par les deux épimères ; HISTOIKE NATURELIiE 3a mais ces pièces sont, pour la plupart, très-déve- loppées, et se soudent entre elles de manière à con- stituer de chaque côté une voûte oblique dont le bord supérieur est fixé à la carapace au moyen de fibres charnues, et dont le bord inférieur est semi- circulaire, et séparé du plastron sternal par les mem- bres correspondans (i). Dans l’état naturel la face supérieure et externe de la voûte des flancs est recouverte par les branchies , et cachée sous les par- ties latérales de la carapace; on y distingue des lignes transversales dans les points où les huit segmens qui la constituent se sont soudés entre eux; et à la partie antérieure et inférieure de l’épimère de l’anté-pénul- tième anneau et du segment précédent , il existe un grand trou circulaire qui sert à l’implantation des branchies correspondantes (2). A la face inférieure et interne des flancs , entre cette voûte et le plastron sternal , on trouve un grand nom- bre de lames verticales qui se réunissent entre elles de manière à former deux rangées de cellules transver- sales placées l’une au-dessus de l’autre ; l’ouverture interne de ces loges est située sur les côtés de la grande cavité viscérale qui occupe le milieu du thorax, et l’ex- terne placé, entre les flancs et le sternum, donne inser- tion aux membres (3). Si l’on examine ces lames verti- cales avec plus d’attention, on verra que leur forme ])eut varier , mais que leur position est constante ; elles naissent toutes des lignes de soudure des diverses pièces constituantes du thorax , et sont ce qu’on a])pelle des (1) PI. a, fig. 1 1 , e ; et PI. 3, fig. 3. (2) PI. 2 , fig. g, ft J Pi. 3 , fig. 3 , hh. (3j Pi. a, fig. ji, c. DES CRUSTACÉS. 33 <^podèmes. Les unes ont leur origine sur le point de reunion des épimères entre elles , et peuvent être dé- signées sous le nom (L’apodèmes épimeriens ; les autres appartiennent à l’arceau inférieur et s’élèvent es soudures des sternums ; nous les appellerons par coméquent des apodètnes sternaux. est entre le dernier et l’avant-dernier ou quatrième anneau du thorax que la disposition de ces cloisons est a plus simple. L’apodèrae sternal se porte directe- ment en haut , pour se réunir à l’apodème épimérien correspondant ( i) ; son extrémité supérieure et externe ( >■) se joint a l’angle externe de l’épimère située au-des- sus (e) , de manière à compléter dans ce point les cadres articulaires où s’insèrent les deux dernières pâtes (2) ; enün son bord supérieur estlibre vers l’angle externe (tj* mais dans le reste de son étendue il est soudé au bord inferieur de l’apodème épimerien placé au-dessus (e). Lette dernière lame osseuse présente à peu près la même disposition ; seulement elle ne concourt pas à la formation du cadre articulaire , et ne descend pas au- dessous du niveau du bord inférieur de la voûte des l'aciniio ,1 !■ > doison qui sépare le dernier anneau tho- paroi TinQt ; dans le Maïa squinado ; de ce côté , la pour la cellule de la dernière pâte a été enlerce Oî. flanc • _!'/ de cette cloison. — b , sternum ; — rienue alVm/ ' j Inrcique postérieure; — e, apodème épimé- oorrespondan ® l® selle turcique et à l’apodéme sternale sonnaire. ' d > apodème sternale; — g, trou intercloi- (a) Pl, £j sternales dont latérale du thorax du Maïa. — a" -a^, pièces épisternales- * ■'éunion constitue le plastron; — 4-4, pièces flancs, — rfs’, .J ^l’^ooeres dont la réunion forme la voûte des dernier anneau 'tho™*^ ,®*emale s’élevant entre le dernier et l’avant- sertiondes pâtes cadre articulaire destiné à l’in- cRüstacés , tome 1. 3 HISTOinE NATURELLE 34 flancs ; son extrémité externe vient se joindre à l’apo- dème sternal dans le point où celle-ci s’unit à l’épi- mère ; sa partie moyenne est également soudée à cette apodème; mais, entre cette partie de son bord et son angle externe, il reste libre de toute adhérence, et donne ainsi naissance à un trou (§■) qu’on a nommé in- tercloisonnaire (i); enfin l’extrémité interne de cette apodème s’unit à la selle turcique postérieure (en cistinctes; voici d où dépend cette dispo- sition. Les apodèmes épimériens (a), au lieu d’aller se souder aux apodèmes sternaux correspondans , se portent un peu obliquement en arrière et vont s’u- nir à la partie moyenne de la cloison suivante, tandis quelapodeme sternal se soude à l’apodème épimé- nen de 1 anneau précédent (o) -. enfin, de chacun de i-es points de soudure , naît un petit prolongement ho- montal qui unit entre elles ces diverses cloisons. Il en "Suite que, dans chacun des espaces compris entre ces tr^Tr y a deux cellules qui sont séparées en- don! Ptir le prolongement lamelleux comm..”^-* parler , tandis qu’en dehors elles Descell” eusemlde par le trou intercloisonnaire. s, comme nousl avons déjà dit,sont superpo- Pt. 2 r ' (a) Pl. (IS-S'LetPl. 3,i;g. 3. pénuliième etf'm'?.’ épiméiien naissant entre le a la punie anneau du thorax, et allant se sou- suiv.ant (f -) ^ supérieur de l’apodème sternal dans la fig. 9. ^ externe a été ici enlevée , rouis se voit * spodème épimérien , soudure de cette apodème sternal avec «orrespondant. 3. 36 HISTOIRE KATURELLE sées , mais elles ne sont pas situées exactement i'nne au-dessus de l’autre (i) •, et en dehors les supérieures manquent de plancher, et les inférieures de voûte, de façon que dans ce point chacune d’elles communique avec deux de celles île l’autre rangée. Cette disposition, qui est commune aux apodè- mes qui séparent entre eux les quatre premiers anneaux thoraciques ( c’est-à-dire les quatre seg- mens qui précèdent le dernier, et portent les huit premières pâtes ambulatoires ) , se retrouve aussi en partie dans les trois derniers anneaux céphaliques; mais ici les cloisons deviennent de plus en plus petites et ne présentent plus de prolongement horizontal qui les unisse entre elles ; l’apodème épimérien se com- porte exactement comme dans les anneaux thoraci- ques; l’apodème sternal, au contraire, ne se soude pas au plastron dans toute la longueur de son bord inférieur ; il ne s’y fixe que par son angle externe et inférieur, tandis que son angle externe et supérieur se soude comme d’ordinaire à l’épimère placée au- dessus ; après cette jonction , il se porte directe- ment en haut, reçoit l’insertion de l’apodème épi- mérien , et va se fixer par son angle supérieur et externe à la voûte des flancs ; enfin son angle in- terne et inférieur, ainsi que les deux côtes qui vien- nent y aboutir, sont libres. Quant au second anneau post-buccal, il est rudi- mentaire, refoulé sur les côtes et ne consiste, pour ainsi dire, que dans les deux cadres articulaires, où viennent s’insérer les mâchoires externes ; la portion sternale en est linéaire et confondue avec l’anneau sui- (l) PI. 2, flg. Jl, DES CRUSTACÉS. 37 vant ; et celle qui répond à 1 epimère est horizontale , et se prolonge en manière d’ailerons (i). Enfin , à l’ex- tremité antérieure du plastron, on voit une espèce de Imuch ^ constitue le bord postérieur de la ^ ‘luon a nommée la selle turcique anté- ^ure (a^ ; elle est soudée au premier anneau thoraci- que et nous parait être le premier segment post-buccal réduit à l’état de vestige Tels sont les principaux caractères de l’organisa- lon compliquée du thorax du Crabe commun, Onre- ouve la meme disposition , à quelques légères dilTé- rences près, dans la plupart des autres Décapodes hrachyuresj mais chez les Macroures cette partie du corps présente d’autres modifications qu’il importe également de signaler. Dans la Langouste , par exemple , on retrouve en- core un plastron sternal , mais il a perdu beaucoup de sa largeur , et les flancs , au lieu d’être fortement in- clinés et de former des espèces de voûtes au-dessus de ce bouclier, deviennent à peu près horizontaux (3). Il en résulte que les deux rangées de cellules qu’on y voit echaquecôté, au lieu d’être superposées, sont placées neà coté del autre sur le même plan. La disposition apodèmes est aussi un peu différente de ce que se chezles Crabes. Lesapodèmes sternaux suné inférieur des flancs par leur angle et externe qui est très-allongé , puis reçoi- précéd^^*^"^^'*^^ l’apodème épimérien de l’anneau ent et donnent souvent naissance dans ce point HISTOIRE NATURELLE 38 à une petite lame qui se recourbe en haut et en arrière pour se souder à la cloison suivante ; enfin , leur angle supérieur et interne se recourbe en avant et s’allonge au point d’aller rejoindre la cloison précédente , et on voit vers la ligne médiane un petit prolongement qui se soude à celui du côté opposé de manière à former la voûte d’une espèce de canal longitudinal. Ce conduit osseux s’étend dans presque toute la longueur du thorax entre les lames montantes des deux rangées d’apodèmes sternaux , et a pour paroi inférieure le plastron : aussi l’a-t-on nommé le canal sternal (i) ; entre le pénultième et l’antépénultième segment il est interrompu par un petit apodème qui s’élève de la ligne médiane du sternum , et au delà de ce point on n’en voit plus de trace. Une autre particularité remar- quable dans le thorax de la Langouste , est l’absence d’une selle turcique postérieure ; les cellules des derniers anneaux sont éloignées de la ligne médiane et séparées par un espace vide au lieu d’une cloison verticale. Enfin la disposition des derniers anneaux céphaliques est exactement la même que celle des animaux thoraciques. La structure du thorax est essentiellement la même chez la plupart des autres Macroures; mais quelque- fois , comme dans l'Ecrevisse, les sternums ne forment point de plastron et sont réduits à une espèce de carène linéaire. Cette disposition se rencontre aussi chez les Palémons et plusieurs autres Salicoques ; mais chez ces derniers Crustacés on ne trouve pas d’apodèmes solides à l’intérieur du thorax , tandis que chez tous (i) PI- Il fig. 7, cî , et PI. 23, fig. 3, e, ti. DES CRUSTACÉS. Sg les autres Décapodes l’existence de ces lames cloison- naires est constante. Il est aussi à noter que cliez un ceitain nombre de Macroures, et chez beaucoup de ecapo es anomoures , le dernier anneau thoracùjue e soude pas an précédent, et conserve un peu de 1 lté. Chez ees derniers Crustacés, il existe aussi ™ canal sternal. ^ ez certains Crustacés des autres ordres, le thorax P esente aussi quelques modifications remarquables, us es ])arasites du genre Pandarus, par exemple, uvant-dernier anneau de cette partie du corps pré- ute deux lames dorsales qui sont dirigées en arrière, recouvrent une grande partie du segment suivant, et ressemblent beaucoup aux élytres des Insectes co- léoptères. Ces lames cornées paraissent au premier abord ne pouvoir être rapportées à aucune des parties du squelette tégumentaire chez les autres Crustacés ; mais, comme elles occupent la place des épimères , on peut les regarder comme résultant d’un développe- ment excessif et anomal de ces pièces qui se prolon- geraient au-dessus des anneaux suivans, de même que nous avons déjà vu tout l’arceau supérieur du tronçon Dntenno-maxiliaire des Décapodes et des Slomapodes thorax pour former la cara- e. ette disposition anomale peut donc encore s’ap- ^ de l’analogie, un Gr" même pour celle qu’on rencontre dans le nom singuliers qu’on a désigné sous est recou ! lu partie antérieure de son corps cher dorslr*^* ^ earapace , et en arrière de ce bou- uoir du espèce de cornet ou d’enton- eorps. Cette l’extrémité postérieure du U lucation des formes du squelette té- IIISTOinE NATURELLE 4o gumenlaire dépeod aussi du développement excessif de deux ou trois des anneaux thoraciques qui ont chevauché sur les segmens suivans à la manière de la carapace des Décapodes; mais seulement ici ce dé- veloppement a eu lieu dans l’arceau inférieur aussi bien que dans l’arceau supérieur, et il en est résulté une espèce degaîne au lieu d’un simple bouclier. Quant à l’abdomen des Crustacés dont le thorax présente une structure très-compliquée , comme cher, les Décapodes , il est en général jreu développé, on Il Y voit jamais d’apodèmes ; et tantôt ilest composé de se|)t anneaux semblables à ceux des Amphipodes, tandis que d’autrefois plusieurs de ces pièces se sou- dent entre elles et ne forment plus qu’une espèce de queue aplatie. § V. De la portion appendiculaire du squelette extérieur, ou membres. Ayant passé en revue les principales modifications de la portion du squelette tégumentaire des Crustacés qui enveloppe le corps de ces animaux, nous devons maintenant nous occuper des membres ou des appen- dices qui y sont fixés. La forme et les usages de ces organes varient suivant la partie du corps à laquelle ils appartiennent , suivant les espèces et même suivant l’âge de ces animaux ; mais ils ont toujours certains caractères communs : ils sont unis au corps à l’aide d’une articulation , et , à quelques exceptions près , ils sont mobiles et formés eux-mêmes de plusieurs pièces (i). (i) M. Audouin emploie le mot d’ appendice pour désigner tous les organes qui sont , pour ainsi dire , ajoutés aux divers anneaux DES CRUSTACÉS. IjCs membres des animaux articulés peuvent appar- tenir , ainsi que la démontré M. Audouin , soit à 1 arceau supérieur, soit à l’arceau inférieur de chacun des anneaux du corps ; les premiers constituent les ailes des Insectes , les seconds les pâtes de ces animaux , ainsi que celles des Arachnides et des Crustacés. Les autres sont disposés par paires sur les cotes de la ligne médiane , et chacune de ces paires correspond à l’un des arceaux dont nous venons de parler ; de sorte qu’un seul anneau ne porte jamais plus de quatre de ces organes. Au premier abord , ou pourrait croire que, dans quelque cas, le même arceau donne attache à deux paires de membres , ou même un plus grand nombre de ces organes ; mais il est en général facile de prouver que cette anomalie apparente tient à l’union de deux ou de plusieurs an- neaux entre eux. Les membres de l’arceau inférieur sont les plus im- portans , sinon les seuls qui existent chez les Crusta- cés. Si on les examine au moment de leur première ap- parition dans l’embryon d’une Écrevisse, par exemple, on voit quils ont tous la même forme; mais bientôt après ils deviennent dissemblables entre, eux, et ces 1 érences augmentent de plus en plus , jusqu’à ce aiiimiiux articulés, et il range, sous cette dcnomin.itîoii , P*ite.s , les ailes , les mâchoires , eu un mot , tout ticle ® ’nembrcs, mais au.ssi les branchies. (Voyez l'ar- ■ieux moitç, a* Dictionnaire classic[ue d’histoire naturelle.) Ces différentes'' paraissent être régis par des lois tout-à-fait tementilesif.*” * semble nécessaire de les distinguer coinplé- moïdes, sembrai dites sont des prolongemens der- des Crustacés, etc*'* nature à ceux qui constituent les poils que les membres ’ n’oB're rien de constant ; tandis lucnt aux divers mêmes rapports relative- uuiens constituans des anneaux dont ils dépendent. HISTOIRE NATURELLE 42 que l’animal ait atteint l’état parfait. En jetant les yeux sur la série des Crustacés, depuis les Bran- chipes et les Limnadies jusqu’aux Crabes, on aper- çoit dans les membres des divers anneaux du corps des modifications semblables j dans les espèces où ces organes présentent entre eux le plus de simili- tude , tous , à l’exception de trois ou quatre paires si- tuées à l’extrémité antérieure du corps et de celle que supporte le dernier anneau, ont essentiellement la même forme et la même composition. Dans d’autres Crustacés , les membres thoraciques commencent à différer de ceux de l’abdofcen , puis un nombre déplus en plus grand des premiers éprouve des modifications particulières ; il en est de même pour ceux de l’abdo- men , et , en changeant ainsi de forme , ces organes changent aussi de fonctions. Le nombre de ces membres est quelquefois très- considérable ; il est des Crustacés où l’on en compte plus de soixante paires, tandis que dans d’autres espè- ces il n’en existe que quatre ou cinq ; mais, dans l’im- mense majorité des cas, on en trouve une série de vingt paires. Les membres de la première paire n’existent que chez les Crustacés des ordres élevés , tels que les Crahes et les Écrevisses , et ont la forme de tiges mo- biles et articulées qui s’insèrent à la partie antérieure de la tête , et portent à leur extrémité libre les yeux. Lorsqu’ils commencent à se former , ils ne diffèrent en rien des membres suivans , mais leur développe- ment s’arrête plus tôt , et leur structure est toujours très-simple (i). « (l) PI. 2, fig, I, i ; PI. 17, lig. 5, etc. DES CRUSTACÉS. ^3 Les membres de la seconde et de la troisième paire ont reçu le nom d’ajitennes (i), et paraissent faire en- core partie de l’appareil spécial des sens. En les étu- lant seulement chez les Crustacés ou les Insectes de d*^*^*' ^^téte, qui les porte, ne présente point ivisions , on pouvait être porté à croire que ces organes, ainsi que les tiges oculaires , étaient des np- pen ices de 1 arceau supérieur des trois premiers an- caux céphaliques , et que les membres suivans re- présentaient les appendices de l’arceau inférieur des ^êmes segmens. C’est en eü'et l’opinion adoptée par ^ I- Audouin (2) ; mais l’examen de la tête des Squilles, ainsi que les observations récentes de M. Rathke, sur le développement de l’œuf des Écrevisses , prouvent le contraire. Enefiet, chez les Squilles, chaque paire de ces organes s insère à un anneau distinct à la manière des autres membres, et chez les Écrevisses , lorsqu’ils commencent à se former , ils se présentent exacte- ment delà même manière que les membres suivans feest-à-dire les mandibules , les mâchoires, les pâ- tes , etc.), et occupent comme eux la face inférieure de embryon. Enfin , nous ajouterons encore que les nerfs fioi s reçoivent naissent de ganglions qui leur sont propres ; tandis que, s’ils appartenaient aux mêmes trois paires d’appendices suivans, ^s ner s auraient une origine commune. de ces Crustacés , les plus inférieurs dans l’échelle vivent *^t)tamment dans la plupart de ceux qui .. P‘*rasites, il arrive souvent que les antennes (0 la seconde paire ’ ^ ’ ®®''®DDes de la première paire ; q , antennes de Ka) Article Asteüs* J au Diction, classique d'histoire naturelle. HISTOIKE NATURELLE 44 de la première paire , et même les suivantes, man- quent complètement ou n’existent qu’à l’état de ves- tiges. Quant à leur forme et leur structure , nous au- rons l’occasion d’en parler par la suite. Les membres de la quatrième paire sont toujours placés sur les côtés del’ouverturebuccale et constituent ordinairement les organes de mastication appelés man- dibules (i). Les membres des deux paires suivantes, qu’on a nommés mâchoires , sont également presque toujours affectés à l’appareil de la mastication (2). Les huit paires qui y succèdent sont moins constantes dans leurs usai^es et dans leurs formes. Chez les Nébalies, par exemple, elles sont fixées chacune à un seement distinct du tho- O rax, et constituent autant de pâtes natatoires. Chez presque tous les Edriopthalmes, la première paire de ces appendices entre, comme les trois précédentes , dans la composition de l’appareil buccal , et l’anneau qui la supporte fait partie constituante de la tête ; aussi, dans cet ordre, la portion thoracique du corps n’est-elle formée que de sept anneaux , et le nombre des pâtes ambulatoires est de quatorze. Enfin -, chez trois ou quatre Crustacés de l’ordre des Décapodes, on rencontre une disposition assez semblable ; mais, chez presque tous ces animaux , les trois premières paires de membres qui suivent les mâchoires appartiennent toutes à l’appareil masticateur , et le nombre des mem- bres thoraciques qui servent à la locomotion est réduit à dix. Les membres de la quinzième paire , et des paires (1) PI. 3, fig. i3, mandibules du Maïa sqninod.i. (2) PI. 3, fig. Il et 12, mâchoires du même animal. DES CRUSTACÉS. suivantes , appartiennent presque toujours à l’abdomen et sont ordinairement au nombre de douze. On les dé- si^ne conimunément sous le nom de fausses pâtes , car, n gener:d, ils servent à la locomotion et sont bien oins développés que les pâtes thoraciques ; mais î e quefois , comme chez l’Apus et la Limnadie , tous oi’j^anes ont la même forme et à peu près les memes dimensions. O serait nous éloigner de notre sujet , que de par- or es diverses modifications que les membres des rustacés subissent suivant qu’ils sont destinés àrem- p ir telle ou telle fonction ; ces détails trouveront leur place ailleurs ; mais nous devons dire ici rjuelques mots de leur composition. Lorsqu’un de ces organes a atteint son maximum de développement , il présente trois parties qu’il im- porte de distinguer (i). La première, que nous désigne- rons sous le nom de fige , constitue la partie essentielle du membre, supporte les deux autres et se compose presque toujours de plusieurs articles placés bout à mut (2). La seconde partie constituante du membre , ou ^palpeih)^ est un appendice de la tige sur le côtéex- me de laquelle il naît presque toujours ; dans la plu- l’a I' ’ cette espèce de branche a son origine à sén ^ ^ t’gc ; mais quelquefois il ne s’en ticle ^ ^ c-'^Lémité du second ou du troisième ar- ment ^ ^ Loisieme, qu’on désigne au commeuce- sur la de jfbiief (j ) , a également son origine externe^ ’ ® sépare toujours au-dessus et du côté (l) f ore^ Pl (■") Pl. 3, flg ^’%9. etc. ■ 9> '‘—g. 46 HISTOIRE NATURELLE Ces diverses parties constituantes des membres ne se rencontrent pas toujours; tantôt le fouet n’existe pas, tantôt c est le palpe qui manque, et d’autres fois la tiffe est réduite à un état rudimentaire ; leur forme et leur grandeur varient aussi beaucoup ; et , de toutes ces différences , résultent les modifications nombreuses que Ion observe dans les membres des divers Crusta- cés. Pour en donner une preuve, il suffira de passer en revue ces organes dans quelques-unes des espèces où ils paraissent être le plus dissemblables. Dans le groupe des Décapodes bracbyures , les membres qui constituent les trois paires de pates- maeboires sont les seuls qui présentent en même temps une tige, un palpe et un fouet (i). Ce dernier appendice a la forme d’une lame cornée, longue et étroite, qui remonte dans la cavité branchiale; le palpe est allongé et composé de plusieurs pièces ar- ticulées bout a bout; enfin la tige, qui constitue la partie principale du membre, est simple et formée de six articles placés à la suite les uns des autres , ou bien présente du coté externe un prolongement qui la fait paraître comme divisée en deux bran- ches (2). Les mâchoires proprement dites de la se- conde paire (3) ne présentent plus de fouet , et leur palpe prend la forme d’une grande lame ovalaire, tandis que leur tige se racourcit et présente diverses modifications qu’il serait trop long d’énumérer ici. (1) Pl. 3, fig. 8, 9 et 10: -a-g, fige; — A, palpe; —7, fouet. (2) C’est ce qui a lieu pour la pâte mâchoire de la première paire, (PI. 3 , fig. 10 ) , tandis que celles des deux paires suivantes ont la tige simple ( lig. 8 et 9 ). (3) PI. 3, fig. I,. _à UES CRUSTACÉS. Les mâchoires de la première paire (i) n’ont plus ni ouet, ni palpe, et les mandibules peuvent être con- sidérées comme formées seulement d’une tige dontl’ar- tic e basilaire serait très-dévcloppé , et dont les autres pièces seraient plus ou moins rudimentaires , et con- itueraient un prolongement palpiforme (2). Les dix pâtes ambulatoires de ces Crustacés se composent lacune seulement d’une tige simple divisée en six artic es , comme aux pâtes -mâchoires. Enfin, les membres abdominaux varient dans leur composition et présentent, tantôt une tige rudimentaire, tantôt une tige et un palpe td). Quant aux antennes, elles sont aussi presque toujours réduites à une tige, et lors- qu’elles présentent un palpe, cet appendice ne se présente qu’à l’état de vestige (4). Dans le groupe des Décapodes macroures, nous trouvons, au contraire, des exemples de l’existence simultanée des trois parties constituantes des mem- bres, non-seulement aux pates-mâcboires, mais aussi a tous les pieds ambulatoires. Les Pénées sont dans ce cas (5) , mais , en général , les pieds proprement dits Manquent de palpe , et souvent ils sont également cpourvus de fouet. Ce dernier appendice devient de 1 us en plus membraneux, et chez les Crangons, ainsi *1 e chez plusieurs autres Salicoques , il ne forme plus SJ’Mh'-'î pendice La plupart des naturalistes appellent cet ap- palpe ^ dibule ; mais il ne nous paraît ressembler aussi bien do uicmbres que par sa forme ; on pourrait tout le nom de palpe à la partie terminale de la tige (3) PI, 3 P des Décapodes bracliyures (lîg. 8, efg). (4) PI. 3,’ fij: '5 et 16. (5) Pb25,fig: 1,4, 5 et 6. 48 HISTOIRE NATURELLE à la pate-mâchoire de la première paire une longue lame cornée, comme chez les Crabes, mais constitue une grande vésicule molle et aplatie, tandis que le palpe ou la tige elle-même se transforme en une grande lame semi-cornée (i). Quant aux fausses pâtes abdomi- nales, elles se composent d’nne pièce basilaire portant deux appendices que l’on peut considérer comme étant de simples modifications de la tige et du palpe des mem- bres en général. Si l’on compare les Mysis aux Crustacés dont nous venons de parler , on verra la plus grande similitude tians la sti’ucture de leurs membres thoraciques , bien qu’au premier abord elle paraisse très-différente, car, au lieu d’être simples , ces organes sont bifides (2) ; mais cette disposition ne dépend que d’un développement plus grand du palpe. Chez les Alimes et les Squillcs on trouvée à la base de plusieurs des pâtes une espèce de disque membra- neux supporté par un pédoncule (3) . D’après un examen superficiel des membres des autres Crustacés, on serait porté à croire que ces poches déprimées sont des or- ganes particuliers aux Stomapodes , mais il n’en est pas ainsi , et en les comparant aux fouets membraneux des pates-mâchoires antérieures des Crangons , des Mysis, etc. , on voit qu’ils ne sont autre chose que ces mêmes appendices légèrement modifiés. Dans le groupe naturel des Ampbibodes, les mem- bres thoraciques présentent presque toujours chez la femelle le maximum de composition que nous venons (1) PI. 3, fig. 12 et i3a. (2) PI. 2 , fig. 14. (3) PI. 29, fig. 3. DES CRUSTACÉS. de signaler ; la tige sert à la locomotion ; le fouet de- vient membraneux et sert à la respiration ; enfin ^ le forme du fouet des pates-mâchoires des il ^ ^ “ pour usage de retenir les œufs dans le ^ elamère(i). Chez les Isopodes , ces derniers P*‘®unent souvent un développement ex- et constituent par leur réunion l’espèce de IC ovifere dans laquelle les œufs éclosent. Les m res abdominaux des Amphipodes ressemblent ^ eaucoup à ceux des Décapodes macroures ; mais chez sopodes les deux appendices qui les terminent, leu detre cornés, deviennent membraneux et ser- vent à la respiration. Au premier abord , les pâtes branchiales des Apus et de plusieurs autres Entomostracés paraissent aussi n avoir presque rien de commun avec les pâtes am- bulatoires ou avec les membres buccaux des Déca- podes ; mais néanmoins on y retrouve encore les memes parties. En elfet , dans ces grandes lames oliacees dont la structure paraît aussi compliquée qu anomale, on retrouve facilement les analogues U fouet, du palpe et de la tige (2). Le premier de ces jPl'en ices constitue la vésicule aplatie qui occupe J paitie basilaire et externe de la pâte ; sa forme ■venon Stomapodes dont nous ce ri ^ Parler, et sa structure confirme encore seule^ip™^ cment. Le palpe est réduit ici à une assez sembl’l^^^* celle-ci est grande, lamelleuse et mâchoires ^ ^ forme au palpe vésiculaire des externes chez plusieurs Décapodes bra- t-'OPl. 2,Iig.i6ét üabelliforme ; c, fouet vésiculaire. Criist » pa'pe vésiculaire: c, fouet vésiculaire. "USIACI.S, tome 1. ^ 5o HISTOIRE NATURELLE cliyures ; enfin la tige a la plus grande analogie avec celle qui constitue les mâchoires externes des Mysis, des Squilles, sur laquelle on retrouve jusqu’aux petites lames cornées qui en garnissent le bord interne. Ainsi, malgré la diversité extrême qui existe dans les formes aussi-bien que dans les fonctions des mem- bres appartenant aux dillérens anneaux du corps d’un même Crustacé , ou au même anneau dans des espèces diverses , il n’en est pas moins vrai que, sous le rap- port de leur mode de formation, ces organes pré- sentent en général une tendance remarquable vers Tuniformité de composition ; les mêmes élémens s’y retrouvent toujours en totalité ou en partie, et c’est de la présence ou de l’absence du développement , ou de l’état rudimentaire, de la texture cornée ou mem- braneuse, ainsi que des autres particularités que peu- vent présenter la tige, le palpe et le fouet, que dé- pendent toutes les différences qu’on rencontre dans la Structure de ces organes. D’après les divers faits que nous avons passé succes- sivement en revue, il nous paraît évident que l’or- ganisation du squelette tégumentaire des Crustacés est bien plus uniforme qu’on ne l’aurait pensé avant que d’en avoir fait une éludeapprofondie et comparative. La théorie des analogues , devenue célèbre par les travaux de son auteur, M. Geoffroy Saint-Hilaire, et par la tendance nouvelle quelle a imprimée à l’anato- mie comparée , aplanit , comme on le voit , la plupart des difficultés qu’avait présentées juscpi’ici l’étude du squelette tégumentaire des Crustacés ; et si l’utilité de l’application à l’Entomologie des vues philosophi- ques formant la base de cette doctrine n’était déjà dé- montrée par les recherches de MM. Savigny, Au- DES CRUSTACÉS. 5i 1 • iQ , etc. , on pourrait en donner comme preuve ■“* de corn ^ epidermique. On assure qu’avant PendanT^^^r opération , l’ticrevisse s’abstient cfuelques jours de toute nourriture solide, et Voyez les . ^^productions qui jg de Piéaumur intitules : Sur les diverses ■ cm } fi ^ c » A 1 - J U dciîi s /fie fi • s ^ e a4‘ fi t J ^ F* j4 - - qui se f de neaumur intitules : Sur les diverse, demie des sciences dans les Écrevisses , etc. ( Mémoires de l’Aca- des Écrevhsel^liy • ‘^23.); et additions aux Observations sur un extrait presque texta^ ' ‘ 7 ’ 8 . t'n^iucéi.parBosc.t.I.Jf.j^g* - -F '/ — ) V- 2()3.) On trouve écrits dans 1 Histoire uaturelle des HÏSTOIIIE NATURELLE 54 qu’on peut alors reconnaître facilement l’approclic de la mue ; car, si l’on presse avec le doiet sur la carapace de l’animal ou sur un des segmens de son abdomen, on s’aperçoit que la croûte calcaire cède un peu et n’olFre pas la résistance qui lui est habituelle. Bientôt après, l’Ecrevisse paraît in- quiète, et commence à se frotter les jambes les unes contre les autres ; elle se renverse ensuite sur le dos, agite tout .son corps, se gonfle tout à coup, brise la membrane qui unit la carapace à l’îdidômen , et soulève ce grand bouclier dorsal. Un rej)OS plus ou moins long succède à ces premières tentatives: l’Écre- visse recommence ensuite à agiter ses pâtes et à mou- voir toutes les parties de son corps ; alors on ne tarde pas à voir la carapace se soulever de plus en plus en s’éloignant de la base des pâtes, et dans moins d’une demi-bcure l’Écrevisse se débarrasse complètement de sa dépouille. Elle relève d’abord sa tète en arrière, dégage ses yeux et ses antennes , puis sort ses jambes de l’espèce d’étui formé par les anciens tégumens. Cette dernière opération ne se fait qu’avec bien de la peine, et quelquefois, en essayant de se déjjouiller de la sorte , 1 animal brise une ou plusieurs de ses pâtes ; on en voit même qui y succombent, et si les espèces de tubes qui renferment les memlu'es ne se fendaient lon- gitudinalement, on ne comprend pas comment ils pourraient s’en retirer (1) ; mais lorsque l’Écrevisse est (i) Diin.s l’ctat ordinaire, les .irtictes des pâtes ne parais.sent formes cliacun que d’une seuic pièce tubulaire ; mais Réaumur a constaté qu’ils sont composés de doux moitiés longitudinales à peu près égales, qui .s’entr’ouvrent pour laisser passer la jambe et se rapprochent ensuite de manière à devenir de nouveau difficiles à distinguer. {Mémoires de l'Académie , 1718, p. 270 ) BES CRUSTACÉS. 55 parvenue à terminer ce travail pénible, elle sc débar- rasse bien vile de tout le reste de son enveloppe ; elle retire sa tête de dessous la carapace , se porte en avant, elen^ brus(juement sa queue et la retire aussitôt de son etiu. La carapace retombe alors dans sa position naturelle ; elle vient de nouveau rejoindre l’abdomen, épouille ainsi abandonnée présente exactement e meme .tspect qoe lorsqu’elle recouvrait l’animal à qui appartenait. Rien ne manque à ce squelette téau- taire, tant extérieurement qu’intérieurement , et on le prendrait facilement pour une Écrevisse entière. La nouvelle peau de l’Écrevisse qui vient de muer est molle et membraneuse ; mais dans l’espace de deux ou trois jours , ou même de vingt-quatre heures, elle s’encroûte de matière calcaire , et devient aussi dure que l’ancienne enveloppe. Les autres Crustacés des ordres supérieurs chan- gent de peau a peu près de la même manière. Si Ion ouvre un Maja quelque temps avant qu’il ne commence cette opération, on trouve entre le test et le chorion une couche membraneuse qui res- semble d abord à du tissu cellulaire à peine condensé, et qui devient de plus en plus solide et épaisse à mesure riue 1 on se rapproche de l’époque de la mue ; elle est emment sécrétée par le chorion, et semoule sur CTu’eli*^ recouvre, On y retrouve jusqu’aux poils ne s ^ *^*^^*' présenter plus tard ; mais ces appendices Réaumn^'^* renfermés dans les poils du test , comme °'énéral observé chez l’Écrevisse : en ri.» même aucune saillie à la surface ne ta nouvelle n,... .''u- 1 . '*^'^pace, et sont rentres a linteneur, comme le doi structure est essentiellement la même J-ie c ez es insectes ; car il est composé de trois paires 0 vaisseaux biliaires qui s’ouvrent dans l’estomac, et cotoyentl intestin dans toute la Ion gueur du corps (i) ; niais, en général, la disposition de cet appareil de secrétion est tout-à-fait différente. Chez tous les Dé- capodes , par exemple , il est formé de deux grandes niasses glandulaires qui occupent la majeure partie de la cavité viscérale (a), et sont souvent réunies entr 'elles. La couleur jaune de ces organes se distingue à tra- vers la membrane mince et transparente qui les recou- vre et qui s enfonce entre les lobes qui les composent. Au premier abord on pourrait croire que chez ces animaux le tissu du foie est spongieux ; mais, lorsqu’on 1 a dépouillé de sa tunique externe , on trouve qu’il est fermé par l’agglomération d’un nombre immense de petites vésicules plus ou moins allongées et semblables ^ f es vaisseaux bornes. En poursuivant (dans de l’eau) ^J;te dissection délicate, on voit aussi que ces espèces Iç vont aboutir à des canaux membraneux sur 6X0^^*^*^* desquels ils s’implantent, et que ces conduits nière*^^*^'* ^ ^^our entre eux de ma- partie^l former un gros tronc qui va s’ouvrir sur la et y (Jortion pylorique de l’estomac (3) , bile qui est d’une couleur jaune verdâ- (I) PI. 4 ^6 HISTOIRE NATURELLE fre, La forme elle volume du foie varient beaucoup, ainsi que le nombre de ses lobes et la longueur des vésicules cœcales qui le composent ; mais ces détais ne sont pas assez importuns pour nous arrêter ici. Fous ajouterons seulement que, chez les Squilles , ce viscère a une structure granuleuse et présente, comme 1 a observé M. Cuvier, deux rangées de lobes qui s étendent dans toute la longueur de l’intestin (i). 11 est aussi à remarquer que chez les Crustacés suceurs le foie paraît être remplacé par un tissu spongieux et réticulé qui forme autour du tube digestif une sorte de lacis (2). Chez les Décapodes brachyures , la portion pylo- rique de l’estomac présente d’autres annexes qui pa- raissent être aussi des organes de sécrétion (3); ce sont deux longs tubes membraneux très-étroits , terminés en cul-de-sac et entortillés sur eux - mêmes , qui se voient au-dessus du foie ; ces vaisseaux renferment un liquide blanchâtre, et viennent s’ouvrir à la partie su- périeure de la cavité pylorique, immédiatement en ar- rière des espèces de valvules que nous avons signalées dans son intérieur. Ces appendices se rencontrent aussi chez quelques Macroures. Swammerdam en a signalé 1 existence chez le Bernard - l’Hermite ; mais dans le Homard, etc., on ne les voit pas, et ils paraissent être remplacés par deux ampoules qui ressemblent à des cornes (4). Chez presque tous les Crustacés décapodes que nous (1) Leçons d'anatomie comparée, t. IV, p, lâa. (2) PÎ. 4, «g. 4, (3) PI, 4, iig. I, m. ^4) PÎ- 4’ %• 10- DES CKUSTACÉS. >>vons disséqués , il existe aussi un point de réunion du t uodénum avec le rectum, un autre vaisseau-borne, ont la structure est exactement semblable à celles des b^bl^ *^*^^'^* nous venons de parler, et qui est pro- ement encore un organe de sécrétion (i). Sa posi- tesd suivant que la portion duodénaie de l’in- cbe ] ou moins vers l’anus ; ainsi, e Tourteau, on le trouve immédiatement en et chez le Homard h l’extrémité de yj omen; mais il s’ouvre toujours immédiatement au t cvant des valvules qui séparent le duodénum du rectum; dans l’Écrevisse il manque. Enfin , on voit de chaque côté, et un peu en arrière de Tœsophage des grands Crustacés, une petite masse spongieuse de couleur verdâtre, qui pourrait bien être un appareil salivaire ; son aspect est semblable h celui de l’organe sécréteur qui recouvre l’appareil auditif. II. De la respiration. Une fonction dont l’exercice est , chez tous les ani- uiaux , non moins importante que la digestion , mais qui ne devient pas aussitôt l’apanage d’un appareil P-irliculier , c’est la respiration. On donne ce nom à isoiptionde certaines parties constituantes de l’at- gaze^ ure , et à 1 exhalation de produits également des^m ’ lu formation paraît dépendre de l’action sur uériformes dont nous venons de parler règne organiques doués de vie. Dans le cgetal , le gaz, ainsi idasorbé, est de Tacide %. I, n. Histoire naturelle carbonique , et le produit de la respiration est del’oxi- gène ; mais chez les animaux , comme chacun le sait , c’est l’inverse qui a lieu , et lorsqu’on prive ces êtres de l’influence vivifiante del’oxigène ils ne tardent pas à pé- rir. Cette absorption et cette exhalation ont d’abord leur siège dans toutes les parties du corps qui se trouvent en contact avec le fluide dans lequel l’animal vit ; mais, lorsf£u’on s’élève dans la série zoologique, on voit que la peau ne tarde pas à être plus ou moins com- plètement privée de ces fonctions , et cjue la respira- tion se concentre dans un appareil particulier dont la structure varie. Ce que nous venons de dire , en thèse générale, est entièrement applicable aux Crustacés en particulier. Le fluide cju’habitent ordinairement ces animaux pourrait faire croire, au premier abord, qu’ils étaient soustraient à l’influence de l’air, et que s’ils absorbent de l’oxigène, c’est en décomposant l’eau ambiant qu’ils se le procurent ; c’est elFectivement l’opinion que plu- sieurs savans se sont formés de la respiration des poissons et des autres animaux aquatiques ; mais des expériences précises ont prouvé que ces êtres ne sont pas soustraits à la loi générale, et que c'est en s’emparant de l’oxigène de l’air, tenu en dissolution dans l’eau, qu’ils pourvoient aux besoins delà res- piration (i). Chez un certain nombre de Crustacés , tels que les Pliyllosomes , les Cyclopes , etc., on ne voit au- cune partie du corps qui soit spécialement destinée (I) Voyez les recherches de MM. de llumboldt et Provençal, sur la respiration des poissons, dans les Mémoires de la société d’Ar- cueil, t. II. ms CRUSTACÉS. ^gi ^ l-i respiration , et c’est par la surface tégumen- taire générale que cette fonction parait s’exécu- ter, mais chez la plupart d’entre eux elle devient apanage d un appareil particulier plus ou moins P sque , et formé essentiellement d’oreanes appe- lés branchies. Ce sont d abord un certain nombre des membres qui se modifient pour servir plus spécialement à la respi- ration , en même temps qu’ils agissent encore comme ^strumens de locomotion. Dans les Apus et les Bran- e iipes , par exemple , tous les membres qui suivent appareil buccal ont une forme foliacée , et les parties fini p.araissent représenter le fouet et le pulpe de ces organes sont complètement membraneuses, ou plus ou moins vésiculaires (i) ; aucune expérience directe ne prouve que ces parties remplissent réellement les fonctions de branchies, mais tout porte à le croire, et pendant la vie de l’animal on les voit dans un mou- vement continuel, lors même qu’il ne change pas de place : .aussi les natunalistes ont-ils donné aux mem- l^res ainsi modifiés le nom de pâtes branchiales. Dans le groupe naturel des Isopodes , ce sont encore I es membres qui paraissent être plus particulièrement ^ siège de la respiration; mais ceux qui sont alïectés n agissent plus comme organes de locomo- eom ' 1*^ 0“ peut considérer cet état de choses Les''^*^ degré de plus dans la division du travail, tenu”^^”^ uiodifiés ainsi , pour agir sur l’oxigène cinq J. ’®^*^lution dans l’eau, appartiennent aux premiers anneaux de l’abdomen, et se composent (I) PI. HISTOIRE NATUREELE 8o chacun d’un petit article basilaire auquel sont suspen- dues deux lames membraneuses molles, et plus ou moins vésiculaires (i); souventonleur voitaussi du côté intérieur un petit appendice qu’on peut regarder comme l’analogue de la tige des autres membres, tandis que les deux lames , dont il vient d’étre fait mention , représenteront le fouet et le pulpe ; enfin , il est des Crustacés chez lesquels ces membres, qu’on peut ap- peler des fausses pâtes branchiales au lieu d’étre complètement externes, comme cela a lieu en général, sont renfermés dans une cavité formée par le dernier segment de l’abdomen (2). Dans un autre groupe, voisin des Crustacés dont nous venons de parler, celui des Amphipodes (3) et des Lamipodes , ce sont les fouets des membres thora- ciques qui paraissent spécialement afiéctés à l’exercice des fonctions respiratoires; ces organes, au nombre de huit à douze, prennent la forme de grandes vésicules membraneuses , suspendues au-dessous du thorax en- tre les pâtes ambulatoires et im coui’ant d’eau mis en mouvement par les pâtes natatoires de l’abdomen, vient les baigner continuellement. Chez plusieurs Stomapo- des , et chez quelques Décapodes, le fouet d’un certain nombre des membres thoraciques présente une modi- fication analogue et constitue un vésicule ou une es- pèce de galette membraneuse ; mais, chez ces animaux, il existe aussi des branchies proprement dites, et ces organes ne sont plus de simples modifications de par- ties déjà existantes dans l’économie, comme cela a lieu (i) PI. 10, %. 0. (a) pi. 10, tig. 7. (3) PI. 2, (ig. i5, e. •>ES CKUSTACÉS. 8i pour es pâtes branchiales, mais paraissent être une création nouvelle, commandée par la division toujours roissante dans le travail dont le corps de ces animaux est le siège (i). Cvnth' ^toffiapodes, dont on a formé le genre l’artirl^'^l l'ranclnes sont fixées à l’extrémité de prem' membres abdominaux des cinq ]; 1 * paires , et consistent en une espèce de cy- ^ un petit pé- ]„ Squilles , la position des branchies est meme que chez les Cyntbia; elles sont toujours uxees a 1 article basilaire des membres abdominaux des cinq premières paires , et flottent librement dans l’eau ambiante ; mais leur structure , qui a été décrite avec soin par M Cuvier (3), est beaucoup plus compli- quée; car chacun de ces organes est formé d’un long tube conique sur un des côtés duquel naît une série tic petits tubes disposés parallèlement entre eux t orgue ; et, à leur tour , ces tubes por- ent chacun une rangée de longs filamens cylindriques très-nombreux (4). ^ nonor même ordre, celui des Thysa- les^ S ni ont la même structure que chez sont ressemblent à des panaches rameux ; nient da^'^T’^ Procès à l’extérieur et flottent libre- cau ambiant ; mais , au lieu d’occuper 11) Pl. JO !> Pl. 10. fig. >'■ (3) Leçons dt ' • (4) Pl. 10, lig! 4°4"' t. IV, oimsTAcrs, tomei. 6 histoire tfAtURËtRE 8 T. l’abdomen, ils sont fixés aux pâtes thoraciques (i). Enfin , dans l’ordre des Crustacés Décapodes, l’ap- pareil respiratoire est encore plus compliqué, car les branchies sont renfermées dans des cavités bien formées, et il existe un mécanisme particulier destiné à opérer le renouvellement de l’eau qui les baigne. Ces cavités branchiales , au nombre de deux , occupent les côtés de la portion thoracique du corps et sont si- tuées au-dessous de la partie latérale de la carapace (2). Leur paroi interne est formée par la voûte des flancs qui s’étend depuis la base des pâtes jUsqu’à la face dorsale du thorax, et l’externe par repli tégumen- taire qui se porte en décrivant une ligne courbe du bord supérieur des flancs à leur bord inférieur , où il se continue avec le bord latéral de la carapace (3). On y distingue une espèce d’épiderme qui est le prolonge- ment de la couche dermoïde qui constitue le test lui- même , et une membrane épaisse et tomenteuse qui fait partie de l’enveloppe générale que nous avons comparée au chorion ; en arrière, l’espèce de voûte for- mée par ce prolongement tégumentaire est accolée à la portion correspondante de la carapace; mais antérieu- rement elle en est séparée par une partie des viscères. Entre son bord inférieur et la base des pâtes , il existe un espace plus ou moins grand au moyen duquel la cavité branchiale communique librement avec le dehors ; enfin , à son extrémité antérieure , est (1) Voyez le Mémoire sur une disposition particulière de l’appareil branchial chez quelques Crustacés, que j’ai publié dans le 19'. vol. Aes Annales des sciences naturelles. Ces branchies sont représentées aussi PI. 10, Kg. 3. (2) PI. 10, lig. I et 2. (3) PI. 10, lig. 10. DES en U S T AGÉ S. 83 ne sorte de gouttière qui vient s’ouvrir sur les côtés J ouche et sert également au passage de l’eau em- posent suTf cavités , re- flue par * lianes, et ne tiennent au corps J extrém ■ f oncule qui en occupe ordinairement d’unen ' ^ ^^^•'^oun de ces organes a la forme est dir^ 1 ■'*'^^°“Sée et quadrilatère dont le sommet extrii verticale s’étend d’une moû."r r5® et la divise en deux d’nn ^ ‘'^orales qui sont formées par l’assemblaee ^ titudc de lamelles ou de filamens placés paral- cJement les uns aux autres, et forment un angle droit avecl axe de la pyramide. Deux gros vaisseaux régnent I ans toute la longueur de cette cloison médiane; l’un d eux occupe toujours la face interne de la brancliie, et sert , comme nous le verrons par la suite , à recevoir le sang apres qu’il a subi l’influence de l’air dissout oans 1 eau ; 1 autre , qui est au contraire le vaisseau af- erent , est quelquefois accolé au côté externe du pre- général il en est assez éloigné, et se it ala face externe des branchies (2). Une infinité de l'autTr partent des deux côtés de l’un et latéral canaux, et se distribuent dans les parties Chez tous les Braebyures, chez grand nombre de Macroures Cfues ) agures, les Galalhées et tous les Salico- sont fornii latérales des pyramides branchiales ’-'r» grand nombre de ])clitcs lamelles (J) M. 10, fi„ 6. HISTOIRE NATüRELtE 84 semi-membraneuses empilées les unes sur les autres, et fixées par un de leurs bords à la cloison médiane comme les feuillets d’un livre. Enfin, chez les Écre- visses, les Langoustes et quelques autres Macroures , voisins du genre ces lamelles sont remplacées par une multitude de petits cylindres qui sont fixés sur la cloison verticale par leur extrémité interne, comme les poils d’une brosse , et recouvrent toute la face externe de la branchie aussi bien que ses deux côtés (i). On voit donc que les branchies des Crustacés Dé- capodes diffèrent de celles de la Squille et des Tby- sanopodes, non -seulement par leur situation dans l’intérieur d’une cavité spéciale, mais aussi par leur structure; car, cbez les Stomapodes, la partie de ces organes, qu’on peut comparer à leur tige, porte des cylindres garnis à leur tour de filamens nombreux , tandis que cbez les Décapodes les lamelles ou les cy- lindres fixés sur cette même tige sont toujours simples et sans divisions. Le nombre des branchies et leur mode d’insertion varient beaucoup chez les divers Crustacés Décapodes. Dans le Crabe commun, par exemple, on trouve de chaque côté du corps neuf tle ces organes. Les deux premières pyramides branchiales , rudimentaires , et cachées sous la base des suivantes, s’insèrent au pre- mier article de la seconde et de la troisième pate- mâchoire(2) , tandis que les autres s’insèrent immédia- tement au-dessous des épimères correspondantes , ou bien au pourtour de trous qui occupent la partie in- “ES CRUSTACÉS. 85 la pièces osseuses (i) ; ils sont couchés sur ^^Dcs, et vont en convergeant vers le branchies*^ E-avité respiratoire; la première de ces conde *"°^*'^spond à l’anneau que porte la se- sur un^*'8 deux suivantes sont réunies la mt ‘^^^oiun, et s’insèrent au-dessus de quatri''"'^*'^®'''® ciaup^*^°^^' ‘cinquième de ces branchies thora- co * ^ attachent au bord inférieur de l’épimère la première pâte ambulatoire ; enfin d’un l septième branchies naissent chacune an A "^aiicliial pratiqué dans la voûte des flancs, lat"o“®®®“®^^® 1“ seconde et de la troisième pâte ambu- Chez la plupart des Brachyures , le nombre et la disposition des branchies sont les mêmes que chez le Crabe commun; mais il arrive quelquefois qu’une ou deux de ces pyramides disparaissent. Chez la plu- part des Crabes terrestres, par exemple, on n’en <^ompte de chaque côté du corps que sept, dont cinq seulement sont fixées au thorax et couchées sur la ate des flancs, et les deux autres sont rudimentaires, co ^ autres cas , le nombre de ces organes est , au eonstq'^*'’ Beaucoup plus considérable, et au lieu de eu troi^^^ seule série , ils sont placés sur deux *^haqu forment une espèce de faisceau sur ParVi^^T disposition del’ap- croures presque universelle chez les Ma- înoures ' *'®ocontre aussi chez plusieurs Ano- ’ a que les Dromies et les Homoles ; mais (OPl. (2) PI, fig- 3, M. *0) fig. 2. HISTOIRE NATURELLE 86 c’est dans le Homard et les genres voisins qu’elle est portée à son maximum (i). Chez ces Crustacés on en compte de chaque côté du corps vingt- deux. Dans les Langoustes , les Scyllares , les Penées , il n’existe que dix-huit branchies de chaque côté du corps ; les Gebies n’en ont que quinze ; les Pandales, douze ; les Sicyonies , onze ; les Callianasses, dix ; les Palmons, huit; et les Crangous, ainsi que les Egéons, les Lysianasses, les Hippolytes, les Sergestes, etc., sept. Chez les Salicoques, dont nous venons de parler, ces organes sont placés sur une seule ligne comme chez les Crabes ; mais , chez ces derniers , on n’en voit jamais sur les deux derniers anneaux du tho- rax, tandis que chez les Macroures il en existe tou- jours sur Pavant -dernier segment thoracique, et il n’en manque presque jamais sur le dernier. Nous avons déjà vu que chez un assez grand nom- bre de Crustacés dépom-vus de branchies propre- ment dites, l’apjjendice flabelliforme d’une ou de plusieurs paires des membres thoraciques sert à la respiration. Chez les Décapodes, ces organes ne pa- raissent plus destinés aux mêmes usages , mais néan- moins nous les voyons encore entrer presque toujours dans la composition de l’appareil respiratoire ; ils affectent en général la forme de lames cornées, lon- gues et étroites, qui s’élèvent tians la cavité respira- toire , et se placent tantôt entre les pyramides branchiales, tantôt sur la surface de la masse formée par la réunion de ces orgagnes. Dans le Homard, par exemple, il existe un fouet très-développé à tous les (i) Pi. 10, fig. 1 ; et PI. 8, tig. 2 et 3. i DES CHDSTACÉS. 87 membres, depuis la pate-mâchoire externe jusqu’à quatrième pâte amWlatoire inclusivement , et ces appendices montent verticalement entre les faisceaux tes branchiales correspondan- ®liez presque tous les Braebyures on n’en paires de pâtes -mâchoires (a) ; deux eux se portent obliquement sur la face externe J ‘ enies, et la troisième passe entre ces organes U loute des flancs. Lorsque les membres auxquels s appendices flabelliformes sont fixés se meuvent , 1 s montent et descendent dans la cavité respiratoire, et balaient pour ainsi dire la surface des branchies. Letle disposition les avait fait regarder comme étant les agens employés pour opérer le renouvellement de l’eau qui baigne les organes spéciaux de la respira- tion (3) i mais des observations et des expériences di- rectes , que j’ai faites en commun avec M. Audouin nous ont convaincus que, s’ils contribuent à entre- tenir le courant continuel qui traverse la cavité branchiale, c’est d’une manière tout-à-fait secon- daire. Voici par quel mécanisme ce résultat est obtenu. La cavité respiratoire communique au dehors, comme oous lavons déjà dit, par une gouttière qui vient se miner sur les cotés de la bouche, et par un espace inf “^oins grand que laissent entre eux le bord Pond^^'^'^ voûte des flancs et la partie corres- derniè^*^^ carapace. Chez les Macroures cette ouverture, cjui se voit immédiatement au- l’I- 10, tig (2) PI. 3, fi». 8 (3) Ccstropinin^®‘ J- tomie comna, ' . adoptée par M. Cuvier, dans ses Lccoits d’ana- ^ ‘"'t' IV, p. 43a. 88 IIISTOIiiE NATURELLE dessus de la base des pâtes , règne dans toute la lon- gueur du thorax , et reste toujours béante. L’expé- rience nous a démontre que c’est par cette voie seu- lement que l’eau, nécessaire pour l’entretien de la respiration, pénètre dans la cavité branchiale, et nous avons constaté que c’est par l’espèce de gouttière située à l’extrémité antérieure de la cavité que ce li- quide est ensuite rejeté au dehors. Le mécanisme, au moyen duquel s’établit le courant , est très-simple. La portion de la mâchoire de la seconde paire , qni correspond au palpe , acquiert un développement très- considérable, et forme une grande lame cornée fixée par sa partie moyenne comme sur un pivot (i) ; ce disque est renfermé dans le canal eüérentdela cavité respi- ratoire , et agit à la manière d’une valvule à registre ; il exécute des mouvemens de rotation continuels et rejette au dehors 1 eau qui le baigne. Lorsqu’on inter- rompt ses mouvemens, le courant, formé par l’eau qui s’échappe des branchies , s’arrête aussitôt , et l’animal ne tarde pas à s’asphyxier : il est donc évident que c’est à son action qu’est dû le renouvellement de l’eau dans la cavité branchiale. Les mâchoires de la seconde paire remplissent les mêmes fonctions chez tous les Décapodes , et partout où les branchies sont renfermées dans une cavité tho- racique , ces membres présentent dans leur structure la modification dont nous venons de parler, tandis que chez les autres Crustacés ils ne portent jamais à leur côté externe un grand appendice valvulaire. La disposition du canal allèrent de l’appareil bran- (i) PI. 3 fig. Il, y'; et PI. 10, fig. I. BES CRUSTACÉS. 89 chiai ne varie que peu , mais celle de l’ouverture par laquelle 1 eau pénètre dans la cavité respiratoire res 11^ constante. Chez la plupart des Brachyu- dela qu’au devant de la pale ambulatoire (fui et ala forme d’unefente allongée laire d prolongement de l’article basi- bre ^ P^*'^~iuâcboire externe ( i ) . Lorsque ces mem- cent appliqués sur la bouche , l’ouverture aflé- de 1^ *'^'^^*^®^canchialeestferraée par cette espèce obl’^^^T* pour y faire entrer l’eau, l’animal est e les écarter ; aussi voit-on ces organes dans cui luouvement continuel ; mais ces mouvemens ne sont pas la cause active du renouvellement de l’eau qui bai- gne les branchies, car c’est toujours du jeu des mâ- choires de la seconde paire qu’elle dépend. Chez quelques Brachyures, cette ouverture est sé- parée de la base de la pâte ambulatoire de la première paire par un petit prolongement delà carapace, et au heu de n’étre qu’une fente, se convertit ainsi en trou ; c est ce que l’on voit chez les Dorripes (a). D’autres ois, chez Illia, par exemple, le bord inférieur delà carapace est soudé aux épinières tout le long du coté thorax, et e’est sur les côtés de la bouche, au- pa/b'^* allèrent, que se trouve l’ouverture Enfîn'^8 ^ ^ pénètre dans la cavité branchiale, que ri . Ranine, c’est à la racine de l’abdomen La tiellem^'I?^''*' Crustacés sont des ; lement - animaux essen- aquatiques, et un grand nombre d’entre 9^ HISTOIRE NATURELLE eux périssent en très-peu de temps lorsqu’on les re- tire de Teau pour les exposer à l’action de l’air ; mais d’autres espèces sortent volontairement de l’élément qu’ils habitent, et vivent autant à l’air que dans l’eau; enfin, on en connaît qui sont terrestres dans toute l’étendue de ce mot, car ils ne viennent guères à l’eau que pour s’y baigner. Dans les autres classes du règne animal , la respiration aérienne coïncide presque tou- jours avec l’existence d’une cavité intérieure destinée à 1 exercice de cette fonction, et connue sous le nom de poumon ou de trachée, tandis que là où la res- piration se fait par l’intermédiaire de l’eau, c’est la surface d’organes saillans appelés branchies qui en est le siège. Pour expliquer les différences que nous venons de signaler dans la manière de vivre des Crus- tacés, on pouvait donc supposer que les espèces réel- lement amphibies seraient pourvues en même temps de poumons et de branchies, et tjue les espèces qui s’asphyxient dans l’eau, ou qui meurent lorsqu’on les expose à l’air , étaient privées de l’iin ou de l’autre de ces organes respiratoires. C’est en efïet l’opinion que M. Geoffroy-Saint-Hilaire paraît avoir adop- tée (i) , mais elle ne nous semble p.is compatible avec le résultat de plusieurs observations postérieures à celles sur lesquelles elle est fondée ; et en admettant même que la modification curieuse des parois de la cavité branchiale , signalée par ce savant dans le Birgus Latro , puisse servir à la respiration, nous ne croyons pas qu’on doive la regarder comme con- stituant un véritable poumon. (i) Les observations de ce savant turent communiquées à l’Aca- demic des sciences le 12 et le 39 septembre 1825 ; paais elles sont restées inédites. DES CRUSTACÉS. Qt tiu efl’et, on donne le nom de poumons ou de bran- c lies a des organes particuliers creusés d’un grand ^ot^Vt^ vaisseaux dans lesquels le sang passe en oa en majeure partie avant que de se distri- ]’ *iifférentes parties du corps , et y porter ces absorbe pendant son passage à travers de q^ue cette absorption et l’exhalation ‘"^^^oaique, qui en est une suite , puisse cctuer , il fallait que le sang ne fût séparé du mi- eu t ans lequel l’animal est plongé que par une inein- rane mince et très-perméable ; dans l’eau une telle membrane pouvait se trouver à la surface extérieure du corps sans que ses qualités soient nécessairement altérées ; mais à l’air il n’en est pas de même , et placée ainsi, onia vcrraiten général se dessécher bientôt et per- dre, par l’effet de l’évaporation, toutcsles propriétés né- cessaires a l’exercice de ses fonctions. Il en résulte que chez les animaux destinés à vivre dans l’eau, ou l’éva- poration est nulle, la nature n’a prise aucune précau- tion pour empêcher la dessiccation de la surface respi- ratoire , et qu’elle l’a laissée à l’extérieur, tandis que chez les etres qui habitent l’atmosphère elle l’a re- P oyée en dedans du corps, et en a tapissé des ca- vités où, 1 air ne se renouvelant qu’autant c[ue cela est ecessaire pour la respiration , l’évaporation est ré- à son minimum. des essentielle qui distingue les ])Oumons [gg ''■'acliies réside dans cette moditic.ation ; dans cavités'^*^'^* ’ ^a respiration se fait par les parois de ^ la que dans les seconds c’est viico organes saillans que se distribuent les 'aisseaux dans m ^ . 1) . , desquels le sang est soumis al action oe 1 oxigène. ® 9^ HISTOIRE NATURELLE Or , dans le Birgus, la partie de l’appareil respira- toire, que M. Geoffroy regarde comme l’analogue du poumon, n’est autre cbose qu’une portion des tégu- mens communs sur laquelle on ne distingue pas de tunique épidermique, mais dont la surface est hérissée d un nombre immense de végétations saillantes. En admettant que cette portion de la peau qui tapisse la paroi supérieure de la cavité respiratoire et recouvre les branchies , puisse servir à la respiration , ce serait donc plutôt comme une hranchie supplémentaire que comme un poumon qu’il faudrait la considérer , et son existence ne lèverait aucune des difficultés qu’on rencontre dans 1 explication des phénomènes dont nous avons parlé plus haut. Pour jeter de nouvelles lumières sur ce sujet , j’ai fait , conjointement avec M. Audouin , une série d’cx- periences sur la respiration aérienne des Crustacés(i), et nous avons constaté d’abord que chez tous ces animaux les branchies peuvent servir à la respiration aérienne, comme elles servent à la respiration aquatique , mais qu en général le dessèchement qu’ils éprouvent à l’air agit comme une cause puissante de mort : aussi , en plaçant dans de 1 air chargé d’humidité des Homards et d autres especes qui, en général, meurent peu d’heures après qu’on les a retirés de la mer , sommes- nous parvenus à en conserver en vie pendant très- long-temps. H nous a donc paru probable que l’un des moyens employés par la nature , pour faire vivre dans (i) Mémoire sur la respiration aérienne des Crustacés , et sur les modifications que l’appareil branchial éprouve dans les Crabes ter- restres, lu à l’Académie des sciences le 21 juillet 1828. (Voyez les Autiales des sciences naturelles , t. 5, p. 85. ) OES CEUSTACÉS. g3 atmosphère les Crustacés, pourvus seulement de ^r.,nc lies, était d’empêcher^ par des moyens quel- '^^^^^‘^cation de ces organes, d’appui d Crabes terrestres venaient à Tiers f *^?*^*^^ opinion, car ils se creusent des ter- niides^*^'^ ^ ^’oeherchent toujours des lieux liu- ^pgnjrg ^ons avons constaté que chez plusieurs mrc 1-^,*^^’ Tnoins, il existait une disposition particulière d^ i • • r être 1 • ' . t appareil respiratoire qui semble l>rancK**^'°'^^ ^ niaintenir de l’humidité autour des pis^V*^^ ' niembrane tégumen taire, qui ta- a cavité où sont placés ces organes , présente à a partie inférieure un large repli qui en recouvre la ase et forme une espèce d’auge propre à contenir une certaine quantité d’eau; tantôt elle offre une texture spongieuse, analogue à celle que M. Geoffroy a décou- verte chez le Birgus. Une autre circonstance qui peut contribuer , aussi len que la dessiccation , a faire périr la plupart des Crustacés qu’on retire de l’eau, c’est l’affaissement des iamelles branchiales les unes sur les autres, etladi- •ninution qui en résulte dans l’étendue de la surface contact avec loxigène. M. Flourensafait voirque, l’eau, les filamens Il . branchies ne se touchent pas et l’air liquide qui les baigne, tandis qu’à TéunU*^"^ pesanteur spécifique les fait retomber et les ^espirau^ dernier cas, l’étendue de la de beauco^ unimaux se trouve donc diminuée nuer à s’ 1^ ’ que cette fonction puisse conti- tact avei^l’^^-^^*^ portion des branchies en con- vie, et l’as^r’ l’entretien de la P lyxie ne tarde pas à commencer. 11 en est HISTOIRE NATURELLE 94 de même diez les Crustacés, et probablement c’est également une cause de mort pour beaucoup de ces animaux. § III. Circulation. Chez les animaux dont la structure est la plus sim- ple, les sucs nutritifs, fournis par les alimens, et l’oxi- gène absorbé par le travail respiratoire, ne parviennent aux différentes parties intérieures du corps que par une espèce d’imbibition ou d’endosmose; mais, lors- qu’on s’élève dans la série des êtres, on voit bientôt un appareil particulier être destiné à effectuer ce transport, et chacun des actes qui y concourent de- venir successivement l’apanage d’un instrument spé- cial. Lorsque la division du travail ne commence qu’à peine , cet appareil est une simple dépendance de la cavité digestive, disposition dont les Méduses nous offrent des exemples ; mais il ne tarde pas à en devenir distinct. Bientôt la route que les liquides parcourent pour se distribuer aux dillërens organes , et celle par laquelle ils en reviennent , cesse aussi d’être la même , et ils décrivent dans leur marche un cercle complet. Les canaux dans lesquels cette cir- culation s’efléctue consistent d’abord en une série de cavités ou de lames que les parties solides de l’écono- mie laissent entre elles; mais ensuite elles acquièrent des parois qui leur appartiennent en propre, et un organe musculaire particulier leur est adjoint pour déterminer un courant dans le liquide qu’ils renfer- ment. Enfin, dans les animaux supérieurs, la division du travail est portée h un plus haut degré, et on voit l’apjiarcil circulatoire se compliquer de plus en plus. OES CRUSTACÉS. q5 Chez les Crustacés , la tlistrihution du liquide nourriciei dans les différentes parties du corps , et son retour vers un point central , s’elïéetue au moyen cl un système particulier de vaisseaux ; il existe aussi un réservoir musculaire , nommé cœur, qui CS estiné à déterminer le mouvement du sang ; et, '«'^cles dans les opinions, appelaient de mes orches sur ce sujet. Nous nous en som- ■^^‘^“oin et moi , et les expériences Jreuses que nous avons faites sur des Crustacés Pf™i®sont avoir décidé complètement la q ion (2) . Elles prouvent , d’une manière indubita- ; 'ait d abord enseigné ) du cœur dans toutes les par- ies du corps, au moyen d’un système de vaisseaux artériels très-développés ; qu’après avoir servi à la nutrition clés organes, il se dirige vers des réservoirs veineux, desquels il passe dans les branchies; et qu en n , après avoir traversé ces organes , il revient ii ectement au cœur, pour parcourir de nouveau le cercle que nous venons d’indiquer. Dans tous les Crustacés Décapodes, le cœur (3) est lèsP*^ ^ * partie médiane et supérieure du thorax, entre il p.u””'^* ™“icdiatcment au-dessous de la carapace ; sûr téguinens communs, et il repose Uneesi les organes de la génération. ^péi icarde^ formé par des prolongemens les Crustacés r, .°*ites sur l'existence du système circulatoire dans _ C'-i) Voyez' 1825. circulation dans anatomiques et physiologiques sur la 037.) Lgg principe, "“fl^eés. {Annales des sciences naturelles, t. xi, ' «tes dans notre^ n,i! accompagnant ce travail sont repro-’ (3)P1. 5,fig. ^’Pl-Sàq. ciustacA ’ * ’ " ’’ 'ACLS, tome I. 7 q8 HISTOIRE NATüRE-tlE (le la tunic^ue séreuse qui tapisse toute la cavité vis- cérale, lui sert d’enveloppe, et des faisceaux muscu- laires, ainsi que les vaisseaux qui en partent , serv'cut à le fixer aux parties voisines ; sa couleur est blanchâ- tre, et sa forme est très - remarquable , car elle est rayonnée et semble résulter de la superposition de plusieurs étoiles dont les branches ou rayons ne se correspondraient pas. Chez les Braebyures , sa lar- geur est au moins égale h son diamètre antéro-posté- rieur J mais , chez les IVlacroures , il devient un peu plus étroit et prend la forme cl’im carré long ( i) . Enfin , dansles Stomapodes (2) et les Édriopbtbalmes , il con- stitue un long vaisseau cylindricjue ; et, au lieu de n oc- cuper cju'une petite portion du thorax, il s etend dans toute la longueur de l’abdomen. Le système artériel des Crustacés Décapodes se com- pose de six troncs vasculaires dont les ramifications nombreuses s’étendent dans toutes les parties du corps. Trois de ces vaisseaux naissent de l’extrémité anté- rieure du cœur , deux de la partie antérieure de sa face inférieure et un de sa partie inferieure et posté- rieure. Enfin, au-devant de l’ouverture de chacun d’eux , on voit un petit appareil valvulaire composé d’un ou de deux replis membraneux et servant à empêcher le sang de refluer, de leur intérieur, dans la cavité du cœur. Les trois vaisseaux qui ont leur origine à la partie antérieure du cœur ont reçu les noms à’ artère ophlhal- mique et iVartères antennaires. (I) PI- 7- %• O '■ (9.) PI, 9, tig. 2, r, BES CRUSTACÉS. gq La première de ces artères (i) occupe la ligne mé- lane , se dirige directement en avant, passe au- t essLis del estomac, et gagne l extréniité antérieure de a^ carapace oii elle se divise en deux branches qui pé- nètrent dans les pédoncules oculaires et se distribuent aux yeux. Les arteres antennaires (2) se portent également en avant, mais en suivant une ligne oblique et en s écartant de plus en plus de l'artère opbtbalmique ; e es sont d abord logées, de même que cette der- nière , dans 1 épaisseur des membranes tégumen- taires , et reposent sur la face supiérieure du foie ; mais sur les côtés de l’estomac elles deviennent plus profondes et passent entre ce viscère et une portion des organes de la génération. Les branches quelles fournissent pendant ce trajet sont très-nombreuses et se distribuent aux tégumens qui tapissent toute la ca- rapace, a l’estomac, à ses muscles, aux organes de la génération, etc. Enfin, elles fournissent un rameau aux antennes internes et pénètrent dans la tige des anten- nes externes pour s’y terminer. Les deux vaisseaux qui naissent de la partie ip, eneure et antérieure du cœur, sont les artères ^^patiques (3). Ils se divisent en une infinité de ra- les^^ ’’ *Lstribuent au foie. Dans les espèces où nren^*^^ ee viscère restent séparées et for- ‘^omm ^ *^010 du corps une masse distincte nie chez le Homard, etc. , les artères hépatiques Pl. 5, ®tP'- 7- fig' I’ «■ (3) Pl. G, li.f', ; et Pl. (ig. I,/. les ouYenurer/ ”” ’ fond du c( ^ c ces deux avièves. 100 HISTOIRE naturelle ne se réunissent pas ; mais lorsque les deux foies ne forment qu’un seul organe , comme chez le Maïa , on voit ces vaisseaux s’anastomoser et présenter une dis- position très-remarquahle. Enfin, le sixième et dernier tronc artériel qui est fourni par le cœur, et qui se sépare de la partie postérieure et inférieure de ce viscère, a reçu le nom ^artère sternale [i] ; c’est le plus volumineux de tous , et c’est lui qui porte le sang dans l’ahdo- men , dans toutes les pâtes , aux ajTpendices de la bouche, etc. Sa direction est d’abord verticale, et il passe à côté de l’intestin, puis entre les deux foies jiour gagner la face inférieure du thorax ; il se recourbe ensuite en avant et ne se termine que lorsqu’il rencontre l’œsophage. Dans les Décapodes à longue queue, l’artère sternale présente souvent , aussitôt après son origine, un renflement pyriforme très-considérable ou Ôm/ôc que Willis a considéré comme l’oreillette du cœur (2), et il donne ensuite naissance à une grosse branche qui se porte directement en arrière. Ce dernier vaisseau , que nous avons appelé artère abdominale supérieure (3) , suit la face supérieure de l’intestin jusqu’à l’extrémité de l’abdomen , et fournit au niveau de chaque anneau deux branches principales destinées aux muscles puis- sans de cette partie du corps. Parvenu à la face infé- rieure du thorax, l’artère sternale donne naissance à une autre branche postérieure ( aitère abdominale inférieure ) , c[ui fournit les artères des dernières pâtes thoraciques , avant que de pénétrer dans l’ab- (1) PI- 5, fig. 1, l, et lig- 2, d-, PI. ilg. i, I ^ etlig. a, n. (2) Pt. 7, tig. I, l. (3) PI. 7, (ig. i^g. DES CRUSTACÉS. lOt domen dont elle occupe la face inférieure (i). L’artère sternale se recourbe ensuite en avant , s’engage dans le canal sternal , et donne à chaque paire de pieds tho- raciques, ainsi qu’aux pâtes -mâchoires et aux mâ- choires proprement dites , un rameau dont le calibre varie suivant le degré de développement de ces divers membres (2). Enfin, parvenu à la selle turciqueanté- Tieure , elle se bifurque pour passer de chaque côté de 1 œsophage ; elle donne ensuite des branches aux mandibules , et se termine à la partie antérieure et inférieure de la tête. Dans les Crabes et tous les Décapodes brachyures, la disposition de l’artère ster- nale est un peu dillérente , car elle n’est pas logée dans un canal osseux , et elle n’envoie à l’abdomen que des rameaux très-déliés (3). Dans les Squilles (4), on distingue aussi une artère ophthalmique et deux artères antennaires qui naissent de la partie antérieure du cœur ; mais, du reste, la dis- position du système artériel est très-difi’érente de ce que nous venons de voir , car on ne retrouve les ana- logues , ni des artères hépatiques , ni de l’artère ster- nale , et il naît immédiatement du cœur un grand nombre de branches qui sont destinées à porter le sang aux viscères, aux membres , etc. ; chaque anneau du corps présente une paire de ces vaisseaux. Les canaux par lesquels le sang revient des di- verses parties du corps vers les branchies , sont plu- tôt des lacunes situées entre les divers organes. ( I) PI. 7, fig. 2 , c. (2) PI. iig. a, i, i, (3) PI. 5, %. 2, k. (4) PI. 9 , %. I. lO'i iiiltoiru naturelle que des canaux à parois bien formées. Quoi (ju’il en soit, ces veines informes aboutissent toutes à des es- pèces de réservoirs sanguins que nous avons nommés sinus veineux. Chez le Maïa (i) et les autres Brachyures, ces si- nus occupent les côtés du iborax et sont renfermés dans les cellules des flancs, immédiatement au- dessous de l’espèce d’arcade qui surmonte l’articu- lation de chaque pâte. Le nombre de ces golfes vei- neux est égal à celui des cellules de la rangée supé- rieure; ils sont renflés, recourbés sur eux-mêmes, et en communication les uns avec les autres , leurs pa- rois, d’une ténuité extrême, ne sont formées que par une lame de tissu cellulaire qui est intimement unie aux parties voisines; aussi leur forme et leur gran- deur sont-elles déterminées par la disposition de ces parties, et doit-on regarder ces réservoirs comme étant de grandes lacunes plutôt que des poches à parois propres. Chacun d’eux reçoit plusieurs veines qui y versent le sang venant de toutes les parties du corps, et à leur partie externe et supérieure naît un gros vaisseau qui se dirige en dehors et en haut, pénètre dans la branchie correspondante, et suit le bord externe de sa cloison médiane (2) ; c’est le vaisseau axèrent de la branchie, qui fournit des ra- meaux à chacune des lamelles dont ces organes sont garnis , et y verse le sang qui doit y suhir l’influence de l’air. Dans les Homards et les autres Décapodes ma- croures que nous avons examinés , la disposition du (1) PI. 6, lig. 2, d d, et %. 4; r. (2) PI. 6, fig. 2 , c, et üg. 4> DES CRDS T AGÉS. IOj système A'eineiix n’est pas exactement la mêmë que chez les Bracbyures. Indépendamment des golfes vei- neux situés de chac[ue côté du thorax , et en com- munication avec les branchies (i), il existe sur la ligne médiane un sinus longitudinal qui occupe le canal sternal, et reçoit le sang venant de l’ahdomen et de la plupart des viscères (a). La structure des cellules thoraciques ne permet pas aux sinus latéraux de com- muniquer directement entre eux comme chez les Crabes, mais ils s’ouvrent tous dans le sinus médian , et une communication facile s’établit ainsi, non-seu- lement entre les réservoirs veineux places a la hase de chaque pâte, d’un môme côté du corps, mais aussi entre ceux des côtés opposés. Enfin, chez les Squilles, c’est presqu’exclusivement le sinus médian qui sert de réservoir au sang veineux. vaisseau efférent des branchies,^ c est-a-direle ca- nal qui reçoit le sang après qu’il a traversé le réseau capillaire respiratoire, et que, de veineux, il est de- venu artériel ; ce vaisseau, disons-nous, occupe la face interne de la hranchie , et augmente de volume à me- sure qu’il s’approche de la hase de cet organe (3) ; parve- nu au point d’insertion des pyramides branchiales sur la voûte des flancs, il pénètre dansla cellule située immé- diatement au-dessous , puis se recourbe en haut et en dedans et se dirigeversle cœur (4)- Le nombre et la dis- position de ces canaux branchio-cardiaques varie un peu suivant les espèces, mais ils sont toujours accolés (1) PI. 8, lig. 2, e. (2) PI. 8, lig. I, b. (3) PI. 6. lig. 3, d, cl lig 4, e ; PI. 8, Kg- a et 3, c. (4) PI. 6. lig. 3, c, et lig. 4,/i PI. 8, lig. 3,/: et PI. g, hg. i, d- IIISTOIUE NATURELLE io4 a la voûte des flancs, et débouchent en une espèce de golfe sanguin c[ui occupe l’espace compris entre le bord interne des flancs et les côtes du cœur; les parois de ce sinus commun se continuent avec la membrane qui enveloppe le cœur et, immédiatement au devant du point où les canaux branchio-cardiaques y aboutis- sent, il existe dans les parois de ce viscère une grande ouverture ovalaire garnie de valvules et servant à li- vrer passage au sang (i). Telle est la disposition du système circulatoire ebez la plupart des Crustacés ; mais, chez quelques- uns de ces animaux, il est bien moins développé, et les artères , aussi bien que les veines , ne paraissent être que des lacunes formées par les interstices tfue les divers organes laissent entre eux; c’est en elïet ce que Jurine a observé chez les Argules, où le sang paraît répandu dans le parenchyme même des organes ; néanmoins, il existe toujours un cœur, et les courans cju’il détermine ont toujours une direction constante. Enfin , chez quelques animaux les plus simples de cette classe , tels que les Nicothoés et d’au- tres parasytes, ce dernier vestige d’un système spé- cial de circulation nous paraît aussi avoir disparu. (i) Suivant M. Strauss, ce ne serait pas à travers ces ouvertures branchio-cardiaques ( dont il ne fait aucune mention) que le sang parviendrait dans le cœur; ce liquide s’épancherait d'abord entre les X)arois externes de ce viscère et la membrane péricardiale ( nommée par M. Strauss oreillette iln cœur), et ne pénétrerait dans sou inté- rieur qu'à travers les fentes que ses fibres musculaires laisssent entre elles à sa face supérieure, fentes que cet auteur appelle ouver- tures auriculo-ventriculaircs. (Voyez Anatomie comparée des animauæ articulés. ) Mais M. Strauss ne rapporte aucune expérience à l'ap- pui de cette opinion; et, d’après celles que nous avons faites, M. Audouin et moi , nous nous sommes convaincus que le sang suit une route plus directe. DES CRUSTACÉS. I o5 En résumé , nous voyons donc que dans la classe des Crustacés le mode de circulation est analogue à celui cju’on observe chez les Mollusques, et dillcre prin- cipalement de ce qui existe chez les Poissons , ]iar la position du cœur qui est aortique au lieu d être branchial . § IV. Des sécrétions. Nous avons déjà eu l’occasion de parler des ])rinci- paux organes sécréteurs des Crustacés, et nous devons renvoyer a l’histoire de 1 appareil reproducteur la description de quelques autres glandes ; aussi ne nous reste— t“il que peu de chose a en dire ici. Ces organes , comme on a pu le voir , ont en gé- néral une structure peu compliquée ; et, sous ce rap- port, ils ressemblent beaucoup h ceux des Insectes. En général, ce sont des tubes capillaires très-longs et entortillés; d’autres fois de petits appendices bor- gnes qui entourent un canal excréteur, et s y ouvrent. Chez les Crustacés Décapodes, il existe à la partie postérieure de la cavité branchiale un organe dont les fonctions ne nous sont pas connues , mais dont la structure nous paraît glandulaire ; c est une masse spongieuse et blanchâtre qui est enveloppée dans un repli de la membrane légumentaire , et qui repose sur la voûte des flancs immédiatement en arrière des branchies (i) ; elle se prolonge en .arriéré jusqu à 1 ori- gine de l’abdomen , et nous a p.aru s ouvrir au dehors a l’aide d’un can.al excréteur , entre le plastron sternal et le premier anneau abdominal. Scrait-ce le siège de (i) PI. 10, fig. 1, 1. iü6 HISTOIRE NATURELLE quelque excrétion analogue à la sécrétion urinaire ? C’est ce que nous ne pouvons décider dans l’état actuel de la science. CHAPITRE III. DES PHÉNOMÈNES UE LA VIE DE RELATION. On désigne généralement sous le nom de sensation 1 acte par lequel un animal acquiert la conscience d’une imjiression éprouvée par une partie quelconque de son corps. Tantôt ces perceptions sont la suite de 1 action de ses organes et avertissent l’animal de ce qui se passe dans l’intérieur de l’économie ; tantôt, au contraire, elles sont produites par des causes extérieures , telles que le contact d’un corps étranger ; et , d’après cette différence dans leur origine , on les distingue en sensations internes et externes. Les pre- mières se rattachent principalement à ce que l’on peut appeler la vie organique, c’est-à-dire l’ensemble des fonctions qui ont pour but la nutrition et la généra- tion ; les secondes constituent en partie la vie de re- lation ou les actes par lesquels l’étre se met en rapport avec les objets qui l’environnent. Chez les végétaux , rien ne décèle la faculté de per- cevoir les impressions produites par les corps étran- gers. Il en est de même pour un petit nombre d’êtres qu’on range dans le règne animal, les épon- ges, ])ar exemple; et chez tous les autres il existe des parties qui ne jouissent pas de la faculté d’ex- citer des sensations , mais la j)lupart des organes DES CHtSTACÉS. 10'] sont doués d’une sensibilité plus ou moins exquise , c’est-à-dire réagissent avec plus ou moins d énergie sur les parties destinées à la perception de ces sensa- tions, de manière à donner à l’animal la conscience des impressions quils reçoivent eux— memeSi Chez les animaux dont la structure est la plus sim- ple et la plus uniforme , la similitude des fonctions est, dans toutes les parties du corps, non moins grande que la similitude d’organisation ; chacune d elles agit à la manière de toutes les autres, et paraît être le siéce de la perception du petit nombre d impressions qu’elle reçoit : mais bientôt la nature tend a perfec- tionner ces fonctions, et , fidèle au principe de la di- vision du travail, elle les sépare et les confie à des parties diflerentes de l’économie animale. La faculté d’exciter les sensations à la suite d’impressions reçues , ou, en d’autre mots , la sensibilité reste commune à la plupart des organes ; mais celle de percevoir ces mêmes impressions ou d’en acquérir la conscience devient 1 a- panage exclusif d’un appareil spécial appelé le système nerveux . Les Crustacés sont dans ce cas ; aussi, pour étudier les actes par lesquels ces animaux se mettent , pour ainsi dire, d’une manière passive en rapport avec les objets qui les environnent , aurons - nous successivfe- ment à nous occuper des parties sensibles et de celles destinées à la perception des impressions. § 1. Des sens. D’après la division du travail que nous venons de signaler, il est évident que la principale condition de l’existence de la sensibilité dans une partie quelconque HISTOIRE NATURELEE io8 ducor])s, est sa connexion avec le système nerveux ; aussi peut-on poser en principe que , toutes choses égales d’ailleurs , un organe sera en général d’autant plus sensible qu’il recevra plus de nerfs . La plupart des organes intérieurs des Crustacés jjaraisscnt doués de sensibilité ; mais c’est à la surface du corps que l’étude de cette fonction présente le plus d’intérêt , car c’est là que sont produites toutes les impressions détermi- nées par les objets environnans. Le premier efièt de toute sensation externe est de don- ner à l’animal qui l’éprouve la consciencede l’existence du corps qui l’occasione ; mais , en général, les résul- tats de l’impression produite par ce dernier ne se bor- nent pas là ; l’animal qui la perçoit acquiert aussi la con- naissance d’un certain nombre des propriétés del’objet qui agit sur ses organes, et la faculté déjuger ainsi des qualités des corps constitue ce que l’on nomme les sens. Ces propriétés ou qualités sont de dilïérens ordres ; aussi, à mesure que la vie de relation se perfectionne, voyons - nous un nombre de plus en plus grand d’instrumens spéciaux aflectés à leur investigation ; la faculté de percevoir la lumière et de j uger, par l’in- termédiaire de cet agent, des propriétés des corps situés à distance , ou , en d’autres mots , le sens de la vue, devient l’apanage d’une portion déterminée de la surface du corps, dont la structure est modifiée d’une manière particulière ; celle de distinguer les mouve- mens vibratoires d’où naissent les sons, se concentre également dans un a]îpareil particulier ; il en est de même de l’odorat et du goût ; enfin , la sensibilité gé- nérale de la surface des corps devient aussi plus ex- quise dans certaines parties, et permet à l’animal de reconnaître, par le contact, la forme des objets exté- DES CRUSTACÉS. IO9 rieurs .lin si que plusieurs autres qualités qu’on pour- rait appeler des propriétés mécîiniques. Ce dernier sens , qu’on appelle le loucher^ est le plus universellement répandu dans le règne animal , et ré- side ordinairement dans toutes les partiesdel’enveloppe tégumentaire; mais souvent, bien qu’il existe encore dans toute l’étendue de la surface du corps , il se déve- loppe ])lus particulièrement dans certains points de l’organisation, et acquiert des instrumens spéciaux qu’on nomme les organes du tact. Chez les Crustacés , la plus grande partie de la surface du corps est ordinaii’ement encroûtée de matière calcaire , et présente un degré de dureté in- compatible avec l’exercice de cette fonction : aussi le sens du toucher est-il en général très-obtus chez tous ces animaux.’ La nature de leur enveloppe té- gumentaire exclut également l’existence d’organes du tact proprement dits, car la rigidité et l’épais- seur de leur peau ne lui permet jias de s appliquer en même temps sur les diverses sift'laces dun objet. Le loucher ne peut donc guères servir qu’à avertir ces animaux de l’existence des corps avec lesquels ils sont en contact, à leur faire juger de leur température, de leur dureté , et quelquefois de leur volume , mais ne peut en révéler la forme. Néanmoins, tout im- parfait qu’il est, ce sens montre déjà une tendance a se localiser, et réside principalement dans certains appendices de l’extrémité céphalique. De ce nombre sont les antennes ; il existe souvent à leur base des organes destinés à d’autres usages; mais une de leurs principales fonctions pai'aît être le tou- cher. Leur sensibilité est ordinairement très-vive, et au moindre attouchement elles donnent en général des si- UD HISTOIRE NATURELLE gnes indiquant la pei'ception d’une sensation , tandis que dans la majeure jiartie de la surface de son corps l’anima! ne manifeste aiicime sensibilité. Dans laplu- jiartdesCrustacés des ordres inférieurs, tels que les Caliges, les Gécrops, etc., on ne voit pas detracedeces organes, ou bien on ne les trouve qu’à l’état de vesti- ges : dans d’autres espèces on n’en compte qu’une seule paire ; mais le nombre normal des antennes est de qua- tre. filles sont toujours situées immédiatement après les yeus lorsr£ue ces organes sont portés sur des tiges mobiles et au devant de l’appareil buccal (i) : celles de la première paire sont presque toujours situées près de la ligne médiane , tandis que les deux autres en sont souvent très-écartées ; et il en résulte que tantôt ces dernières sont placées derrière les premières, et c[ue d’autres lois, en s’avançant un peu, elles se placent sur la même ligne C[u’e'les, et à leur côté externe (a). Ces différences importent peu à l’anatomiste; mais elles fournissent au zoologiste des caractères pré- cieux pour la dj^tinction facile des espèces. Il en est de même déjà position des antennes, relative- ment à l’arceau supérieur de la portion antérieure de la tête ou à la carapace ; tantôt cette partie du squelette tégumen taire se prolonge antérieurement en forme de rostre ou de chaperon , recouvre les antennes et ne leur permet pas de quitter la face inférieure du corps ; tantôt le segment inférieur se développe aux dépens du supérieur , et entraîne ces appendices avec lui, de manière que leur insertion alicuàlafaceantérieurede la tête; enfin, d’autresfois, (:) PI. I , fig. 2. (a) PI.7, lig. 2, etc. 1 1 1 DES C r. t ST ACÉS. cette modiQcation étant portée encore plus loin , les antennes en occupent la face supérieure. La forme et la composition des antennes varient Leaucoup ; dans l’état de simplicité la plus grande , ces organes ne sont formés chacun que d’une seule tige ar- ticulée, mais d’autres fois on voit s’y ajouter un ou deux appendices qui paraissent être les analogues du palpe et du fouet des autres membres. En général la tige dont nous venons de parler est composée d’une partie plus grosse qu’on appelle le pédoncule ^ et d’une partie ter- minale plus ou moins allongée (i) : le pédoncule est Ibrmé à son tour d’un , de deux ou de trois articles , et le prolongement terminal d’un nombre de segmens beaucoup plus grand ; enfin , chacune de ces pièces est plus ou moins mobile et renferme dans son intérieur des muscles destinés à mouvoir l’article suivant. L’ap- pendice que l’on peut regarder comme une espèce de palpe se présente en général sous la forme d’un second fdet terminal multi-articulé, bxé à l’extrémité du pé- doncule ; mais d’autres fois il constitue une grande lame cornée qui s’insère à la base de l’antenne. Enfin , la seconde partie accessoire de l’antenne , lorsc£u’el]e existe , constitue aussi un filet terminal , de façon qu’alors le pédoncule porte trois de ces prolongemens sétacés (2). Les organes dont nous venons de parler peuvent servir à avertir l’animal delà présence des corps qu’il touche ; mais ils ne peuvent donner que des idées très-incomplètes de leur dureté , et surtout de leur volume. Chez la plupart des Crustacés , il existe d’au- (i) PI. I , fig. 3, pédoDciitc, b, tige teriniuale. {■>.) PI. I , tig. i,j, A-, /, 1 12 HISTOIRE NATURELLE très parties qui peuvent également remplir ces fonc- tions, et qui sont en raêmeitemps des instrumens de pré- hension ; ce sont en général des membres de la portion thoracique du corps , dont l’extrémité prend la forme d’une espèce de pince. Tantôt cette disposition dé- pend seulement de ce que le dernier article constitue une sorte de griffe rjui peut s’ajipliqucr sur l’article précédent (i) ; tantôt de ce que le pénultième ou l’anté- pénultième pièce se prolonge sur le côté de l’article suivant , et forme une espèce de doigt immobile sur lequel ce dernier s’applique fa). A l’aide de ces modi- fications, les pâtes peuvent agir jusqu’à un certain point à la manière d’organes du toucher : mais leur principal usage est alors de saisir la proie dont l’animal se nour- rit, ou de le défendre contre ses ennemis. Enfin, les diverses jiarties de l’appareil buccal peuvent aussi ser- vir d’une manière accessoire au toucher , mais ce n’est pas leur principal usage. Le sens qui , après celui du toucher, paraît être le plus généralement répandu jiarmi les animaux, est celui du goût-, ce sont les sensations perçues par lui qui déterminent le choix de la nourriture, et nous voyons presque tous les animaux rechercher certaines Substances alimentaires et en refuser d’autres ; on peut donc conclure qu’ils possèdent presque tous ce sens. D’après quelques expériences que nous avons faites à ce sujet, M. Audouinet moi , il paraîtrait que chez les Crustacés la faculté de distinguer les difierentes saveurs est même assez développée, et qu'elle réside à l’entrée de l’oesophage , ou plutôt dans la cavité huc- (l'j Voyez les mains subclicllformcs des Crevettines, fl. i, lig. 2, (2) Pinces ou mains chéliferes, PI. 3, fig. etc. DES CRUSTACÉS. Il3 cale proprement dite ; on ne voit aucun organe qui y paraisse destiné d’une manière spéciale. La faculté d’apercevoir les corps placés à distance , par l'intermédiaire des particules odorantes qui s’en dégagent, existe aussi chez les Crustacés. Un des procédés de pêche le plus employé pour prendre les Homards en donne la preuve ; car c’est en plaçant des fragmens de Crabes ou de Poissons dans des espèces de pièges nommés casiers , qu’on les y attire ; et non- seulement il est bien difficile de voir ce qui est dans l’intéi'ieurdeces paniers , mais encore les Homards y viennent souvent pendant les nuits les plus obscures. Un fait analogue prouve l’existence du sens de l’odo- rat chez d’autres Crustacés , connus sous le nom de Talitres ou de Puces de mer. Si dans un lieu fréquenté par ces animaux , l’on enterre dans le sable du rivage, ou que l’on cache sous un monceau de pierres un Ho- mard mort ou le corps de tout autre animal , on est sûr de le trouver au bout de quelques jours plus ou moins complètement dévoré par les Talitres qui se sont rassemblés en foule autour, et qui ne peuvent y avoir été attirés que par son odeur. Quant au siège de ce sens, on ne sait rien de positif. Guidé par la position des antennes et par quelques autres considérations, M. de Blainville a été conduit à penser que chezlesCrustacés, les Insectes, etc., le sens de l’odorat résidait dans la portion de l’enveloppe tégu- mentaire qui revêt l’extrémité libre des antennes (i); mais cette partie ne nous paraît offrir aucunedes condi- tions qui semblent les plus nécessaires pour la percep- tion des odeurs, et leur ablation ne paraît porter aucun (I) Principes d'anatomie comparée ■, t. 1, p. 338 et 339- CRUSTACÉS, TOME I. 8 lUSTOinE SfATUREtLE "4 trouble sensible cl:ins l’exercice de cette fonction { i ) . Des recberches qui me sont communes avecM. Audouin, nous ont porté à croire que le siège do cette fonction pouvait bien se trouver dans deux poches membraneu- ses qu’on rencontre au devant de la bouebe etau-des- susdes organes auditifs. Dans quelques Crustacés , tel que la Langouste, leur ouverture est assez grande et occupe le milieu du tubercule auditif ; mais chez d’autres elle devient difficile à distinguer. Enfin , un anatomiste allemand, Rosentbals , regarde comme l’organe de l’odorat une cavité particulière qu’il a dé- couverte à la base des antennes de la première paire, et dont l’ouverture extérieure se voit k la face supérieure de ces organes. Chez les Homards , cette cavité est formée par une espèce d’ampoule semi-cornée dans les jjarois de laquelle aucun nerl ne paraît se ramifier (2) ; et chez les Edrioplilïialmes on ne voit rien qui puisse y être rapporté. Ainsi, l’opinion de Rosentbals , qui dernièrement a été reproduite comme une découverte nouvelle par M. Robineau, ne nous paraît pas encore étayée de faits assez décisifs pour êti’e généralement adoptée (3). Le sens de la vue manque chez un petit nombre de Crustacés qui vivent en parasites ; mais en général il existe, et a son siège dans des organes d’une structure assez compliquée, qui occupent tantôt la face supé- rieure ou antérieure, tantôt les côtés de la tête. On (1) Voyez l'article 0(/or«i, Dictionnaire classique d'histoire natu- relle. (2) PI. 12 , lig. 1. (3) jirchives pour la physiologie de Riel et Autenreith, et Mé- langes d anatomie , par Treviranus, 2'. vol., 21:. partie, 2®. mé- moire, i8i8. DES CRÜSTACÉS. Il5 admet généralement que chez ces animaux, de même cfue chez les Insectes, les yeux sont de deux sortes, savoir : des stemmales et des yeux à facettes; il est cependantfacilc de démontrer que ces organes présen- tent unesériede modifications bien ]dus nombreuses. La structure des steramates, qu’on ajjpelle encore des yeux lisses ou yeux simples, se rapproche un peu de celle des yeux des Poissons, et diffère nota- blement de celle des yeux à facettes. Ainsi que vient de le démontrer un observateur très-habile , M. Mul- ler ( i) , on y distingue d’abord une cornée transparente plus ou moins bombée, et parfaitement lisse , qui sé continue sans interruption avec la couche tégumen- taire externe dont elle fait partie. Immédiatement derrière celte cornée, et en contact avec sa face in- terne , se trouve un cristallin en général sphérique , dont la face postérieure est logée dans une masse gé- latineuse que l’on a comparée au corps vitré. La base de cette masse vitrée est à son tour en contact avec le nerf optique ; enfin, une couche de pigment fort épais l’entoure et se prolonge en avant jusqu'à la périphérie du cristallin et au bord de la cornée. En général , les stemmates des Insectes , des Arachnides et des autres animaux articulés , sont en petit nombre et bien dis- tincts entre eux ; il en est de même chez quelques Crustacés , tels que les Apus , les Limules et les Cyames , où l’on observe deux ou trois de ces organes. Mais, du reste, ces yeux simples ne se rencontrent que chez un très-petit nombre d’animaux de cette classe. (4) Zuv vergleickenden Physiologie des Gesichîssinncs , un vol. Leipzig, i8'.26. L analyse de ce travail remarquable a été insérée dans Annales des sciences nalurcllcs , t- XV 11 p- , etc- 8. IlG HISTOIRE NATÜRELEE Chez (l’auLres Cruslacés il existe des yeux d’une structure plus compliquée , que nous appellerons des yeux composés lisses , et qu’on peut considérer comme une agglomération de stemmates sous une cornée commune. En effet , ils sont formés par un nombre plus ou moins considérable de petits cristallins placés derrière une cornée commune, enchâssés et dans un corps vitré qui est enduit de pigment et qui se conti- nue avec le nerf optique. Ces yeux composés lisses se rencontrent chez les Néhalies, les Apus (où il en existe un placé à quelque distance en arrière des deux stemmates ), les Daphnies, les Branchipes, etc., et établissent en quelque sorte le passage entre les stem- mates et les yeux composés à facettes (i). Une nouvelle modification de l’appareil oculaire nous a été olferte par l’Amphitoé de Prévost et un petit nombre d’autres Édriophthalmes. Chez ces ani- maux on trouve d’abord pour chaque œil composé une cornée lisse sans division; niais immédiatement der- rière cette lame tégumentaire il existe une seconde tunique, de même nature et également transparente , qui y adhère intimement , et qui est divisée en une multitude de facettes hexagonales ; derrière chacune de ces facettes ou cornéules est situé , comme d’ordi- (i) Voyez à ce sujet un travail que j'ai présenté à la Société (l'histoire naturelle de Paris , le 7 juin i83o, et qui paraîtra dans un des prochains cahiers des Annales des sciences nalurelles ; ainsi que l’ouvrage déjà cité de M. Muller ; les observations de Cavolini, sur les yeux des Lygies, Memoria sulla srenerazioni dei Pescie dei Granchi 1787; celles de M. Strauss, sur les yeux des Daphnies, etc., dans les inénaoires du Muséum d'histoire n.iturelle , t. Y, p. SgS ; et la description desyeux.de la Nebalie, clans un de mes mémoires sur des Crustacés nouveaux, inséré dans les Annales des sciences naturelles, t. xiii, etc. DES CRUSTACÉS. Iiy naire, un cristallin dontla face antérieure est convexe et dont la face postérieure , qui se prolonge en un cône à sommet obtus, est contiguë à un petit cylin- dre gélatineux, avec lequel le filet correspondant du nerf optique se confond. De cette disposition au mode de conformation des yeux composés à facettes simples il n'y a qu’un pas ; caria principale différence consiste dans la soudure intime des deux cornées superposées dont nous ve- nons de parler et l’existence d’une espèce de cloison formée par du pigment entre chacun des élémens ocu- laires Dans ces organes, de même que dans les stemmales, la tunique externe est dure et translucide; elle se continue avec les tégumens et constitue une cornée transparente; mais, au lieu d’être lisse et sans divi- sion, elle présente une multitude de petites facettes distinctes, qu’on peut regarder comme autant de cor- nées, car chacune d’elles correspond à une loge ocu- laire qui lui est propre. Chez les Insectes ces facettes , ou cornéules , sont toujours de forme hexagonale, mais chez les Crustacés elles sont souvent carrées ; dans les Écrevisses , les Pénées , les Galathées , les Scyllares, par exemple, elles présentent cette dis- position , tandis que chez les Pagures , les Phyl- losomes , les Squilles, les Gebhies, les Callianases, les Crabes, etc., elles sont hexagonales (i). Der- rière chacune de ces petites cornées on trouve un corps transparent et de forme conique (a), qui est (O PI. la, fig. a et 3. (2) L’existence de ces corps coniques, de consistance gélatineuse , avait été signalée depuis long-temps dans les yeux à facettes des Li- HISTOIllE NATOllEXiLE ii8 entouré par une sorte de gaine composée de matière colorante, et se continue intérieurement avec un fila- ment gélatineux dont la hase adhère au hulhe du nerf optique (i) j le pigment se prolonge aussi en- tre les espèces de colonnes formées par ces fila- mens, de manière à les isoler entre elles, et se re- ploie entre leur hase et le hulhe du nerf optique. Enfin , derrière la masse formée par ces diverses parties , on trouve une tunique membraneuse qui est percée dans son milieu pour livrer passage au nerf , et qui n’est qu’un prolongement de la membrane tégumentaire moyenne, de sorte que c’est entre les deux couches externes de la peau qu’est creusée la chambre oculaire (a). Les cônes transparens dont nous venons de parler, et dont l’existence a été signalée par M. Muller , dans tous les yeux à fa- cettes des Insectes aussi bien que des Crustacés, paraissent remplacer les cristallins des yeux simples, ou plutôt n’en être qu’une modification (d). Quant aux filamens vitrés gélatineux qui se trouvent derrière ces cônes, ils occupent la majeure partie de chacune des longues cellules oculaires , et on les regarde générale- mules par André. (Voyez A mhroscopiral description af the eyes of lhe 31oiiocuhis Polyphemus.PhWos. Trans., 178a!, vol. 7'Z, p. 4/|0, tab. 16). Swammerdani paraît aus.si le.s avoir .aperçus dans le Pagure (Voy..ses observations sur le Bcrnard-rHermite. Collection académitiue , partie étrangère, t. V, p. i3o) ; et Cavoliui, dans l'Éerevisse (A/emonn siiUa generazione ilci Pesci e ilci Granchi )- Mais c’est à M. Muller qu’on eu doit une connaissance plus approfondie ( Op, cit. , et Ann. des sc. nat. , t. XVII.) (l) PI. 12, lig. 7, n, et lig. 8. (a) PI. 12, lig. 8, i. (3) M. Strauss pense, au contraire, que dans les yeux à facettes ce sont les cristallins qui, en se réunissant, forment la cornée; mais il ne paraît pas avoir aperçu les corps coniques. ( Op. cit, , p. 4i O- DES CRUSTACES. » ‘9 ment comme étant des brandies terminalesdu nerf opti- que; mais un examen attentif de l’œil du Homard m’a fait concevoir quelques doute sur cette détermination ; le bulbe du nerf optique ne m’a paru présenter réelle- ment aucune division ; il m’a semblé se terminer par une surface offrant une multitude de petites facettes tapissées de matière colorante et en rapport avec la substance vitrée qui remplit toute la portion infé- rieure des cellules oculaires. C’est aussi l’opinion que M. de Blainville paraît s’étre formée d’après la dissec- tion des yeux de la Langouste (i) ; mais, pour résou- dre complètement ce point délicat de l’anatomie des Crustacés , il faudrait peut-être des observations plus décisives. Chez d’autres Crustacés, tels que les Idotées, le mode d’organisation des yeux paraît dépendre d’une modification différente des yeux composés à cornée lisse ; la disposition de la masse oculaire est essentiel- lement la même que dans les yeux à facettes, seule- ment la cornée commune présente au devant de cha- que cristallin ( ou cône transparent ) un renflement circulaire qui ressemble un peu à une lentille qui se- rait enchâssée dans cette tunique. Ces renflemcns sont bien distincts, et dans l’espace qui les sépare on n’a- perçoit aucune ligne qui correspondrait aux cellules tubiformes placées au-dessous (2). Au premier abord on pourrait croire que ces renlle- mens lenticulaires sont les analogues des cornéules des yeux à facettes , qui , dans ces derniers organes , se seraient élargis de façon à se toucher et à prendre (l) Principes d’anatomie comparée, t. ni,p. 434)- (•2) PI. 12, fig. 4- 120 HISïOniE NATO K ELLE une forme hexagonale ; mais il n’en est pas ainsi , car si l’on poursuit cette étude de l’appareil optique chez d’autres Crustacés , on ne tarde pas à rencontrer des exemples de l’existence simultanée de cornéules et de renflemens lenticulaires bien distincts. Les yeux des Callianasses nousont présenté cette structure de la ma- nière la plus facile à constater , car les renflemens len- ticulaires et les cornéules sont tous parfaitement visi- bles, et les premiers , qui sont assez petits , n’occupent que le centre du cadre formé par les bords des se- conds (i). On les retrouve chez un grand nombre de Brachyures, mais en général les renflemens lenticu- laires occupent presque toute l’étendue de la cor- néule, de façon que leur contour se confond un peu avec les bords de celle-ci (2). Dans la plupart des cas ces renflemens lenticulaires paraissent s’étre développés dans la substance de la cornéule, mais quelquefois on peut l’en distinguer: dans les yeux d’un Crabe maculé nous avons trouvé au-dessous des facettes de la cornée une couche assez facile à détacher, et formée par une réunion de ces lentill es, qui a leur tour recouvraient les cristallins coniques (3). Nous voyons donc que la structure des yeux des Crustacés se complique déplus en plus à mesure qu’on s’élève dans la série de ces êtres, et que ces modifica- tions dépendent principalement : i®. de l’aggloméra- tion d’un nombre plus ou moins considérable d’yeux simples en une seule masse ; 2°. de la formation d’une (I) PI. 12 , fig. 5. (a) PL 12, lig. 6. (3) PI. 12, fig. 6, a. 131 DES CRUSTACÉS. cornée particulière pour chaque œil ; 3". de la forma- tion d’un renflement lenticulaire entre la cornée com- mune et le cristallin ; de l’existence simultanée d’une cornée propre et d’un renflement lenticulaire. Les yeux simples et les yeux composés existent quelquefois chez le même Crustacé ; dans le Cyame , par exemple, on trouve deux yeux lisses et deux yeux composés à facettes , et dans la Limule trois ste- .mates et deux yeux composés à facettes. Dans l’Apus il existe deux stemraatcs et un œil composé .à cornée lisse ; mais , dans l’immense majorité des cas , il n’y a que des yeux composés , dont la disposi- tion varie. Leur nombre est en général de deux , quel- quefois ils ne forment qu’une seule masse , de façon que l’animal ne paraît avoir qu’un seul œil. Dans les Daphnies , par exemple, les stemmates agglomé- rés forment d’abord deux masses oculaires, ou yeux composés à cornée lisse , mais par les progrès de l’âge ces deux yeux s’unissent et ne forment plus qu’un seul œil. Les stemmates sont immobiles et sessiles, c’est-à-dire implantés immédiatement sur la surface du corps et peu élevés au-dessus au moyen d’un pédoncule ou d’une tige cornée ; il en est en gé- néral de même pour les yeux composés à cornée lisse ; mais quelquefois la masse oculaire formée par chacun de ces organes est mobile, et il arrive même quelle est placée à l’extrémité d’une saillie également mobile; les Daphnies sont dans le premier cas ; leur œil ne fait pas saillie au dehors, mais est pourvu de muscles desti- nés à le mouvoir; et chez lesNébalies, ces organes sont saillans et ne tiennent au reste du corps que par un pédoncule articulé de manière à permettre leurs mouvemens. 11 en est de même pour les yeux à facettes, HISTOIRE NATURELLE dont le nombre est toujours de deux ; chez les Edrioph- thalmes ils sont sessiles et immobiles (i) , tandis que chez tous les Décapodes (2) et les Stomapodes (3) ils sont placés sur deux tiges mobiles qu’on peut re- garder comme les membres du premier anneau cé- phalique. Enfin , chez un grand nombre de ces ani- maux , il existe entre le bord de la carapace et la base des antennes externes une cavité orbitaire dans la- quelle l’œil se reploie de manière à se mettre à l’abri de toute injure. Quant à la forme générale des yeux a facettes, elle est en général légèrement convexe et à peu près circulaire chez les Édriophthalmes , tan- dis que chez les Décapodes elle se rapproche le plus souvent d’un sphéroïde ; leur couleur varie aussi sui- vant les espèces. Le mécanisme de la vision a été peu étudié chez les animaux articulés. Dans les yeux lisses ou stem- mates , la marche de la lumière doit être à peu près la même que dans les yeux des animaux vertébrés , et surtout des Poissons , où le cristallin agit à la manière d une lentille, et rassemble les rayons lumineux dans un point donné delà surface du nerf situé derrière lui ; il en est probablement à peu près de même dans les yeux comjiosés à cornéules lentifères; mais, dans les yeux à facettes simples ( ceux où il n’y a point de renflement lenticulaire), il paraîtrait que les cônes transparens formés par les cristallins et les cellules tubiformes situées au devant du nerf, n’agissent ni comme un instrument de dioptrique, ni comme un (1) PI. I , fig. 2. (2) PI. 3, fig. I. {3)Pl.;i,fig. I. DES CUD5TACES. 123 iipp.'ireil de catoptrique , et ne servent qu’à rendre l’impression de la lumière jaIus nette, en isolant les rayons perpendiculaires de ceux qui arrivent dans d’autres directions. Les Crustacés, ou du moins ceux des ordres su- périeurs , jouissent aussi du sens de l’ouïe ; les expé- riences de Minasi (ij, ainsi qu’une foule d’observa- tions journalières, en fournissent la preuve, et cliez un grand nombre de ces animaux il existe un petit appareil qui paraît être le siège de cette faculté. Cet organe est placé à la face inférieure de la tête, au devant de la bouebe, et en arrière des an- tennes de la seconde paire, ou bien dans le pre- mier article basilaire de ces antennes elles -memes. Dans l’Ecrevisse, comme on le voit d’après les re- cberclies de Scarpa , il existe dans ce point , de chaque côté du corps , un petit tubercule osseux dont le sommet présente une ouverture circulaire qui est fermée par une membrane mince, élastique et tendue , qu’on a comparée au tympan , ou à la mem- brane de la fenêtre du vestibule des animaux supé- rieurs (2); derrière cette membrane, et dans l’épaisseur du tubercule, on trouve une petite vésicule membra- neuse qui est remplie d’un liquide aqueux , et reçoit du côté interne et supérieur un filet nerveux provenant du nerf antennaire. Enfin, le tout est recouvert d’une es pèce degâteau tommenteuxdont Scarpane fait pasmention, et dont les usages pourraient bien n’avoir aucun rapport avecl ouïe, quoique des liens étroits l’unissent a l’or- (1) Disseytazîone di timpatictti dell'udito scoverti net Grnnchio Paguro^ etc. , in-8<>., NapoH, 1775. (2) lu. 12, fig. II. 124 HISTOIRE NATURELLE gane dont nous venons de parler (i). Chez la Langouste, le milieu de la membrane qui bouche l’ouverture ex- terne du tubercule auditif, est occupé par une ouver- ture qui communique avec l’organe en forme de galette, dont il vient d’être question , et chez la plupart des Brachyures elle est remplacée en totalité par un petit disque osseux plus ou moins mobile. Dans le Mîiïa et quelques autres Crustacés à courte queue, la dis- position de cette espèce d’opercule est très-curieuse (2) j nous avons constaté , M. Audouin et moi , que de son bord antérieur il naît une lame osseuse assez large , qui s’en sépare à angle droit, se dirige en haut vers l’organe, en forme de galette, et se termine en pointe; près de sa base, ce prolongement lamclleux est percé par une grande ouverture ovalaire, et cette espèce de fenêtre est bouchée par une membrane mince et élas- tique, que nous appellerons la membrane auditive in- terne , et près de laquelle le nerf auditif paraît se terminer; de petits faisceaux musculaires se fixent au sommet de la lame osseuse , qui naît ainsi du disque operculaire du tubercule auditif, et qui , par sa forme, rappelle un peu l’étrier de l’oreille humaine ; enfin , sur le bord antérieur de la fenêtre extérieure qui est bouchée par ce disque, il s’élève aussi une petite la- melle osseuse qui est parallèle à la membrane auditive interne ; et, lorsque le muscle antérieur de l’osselet se contracte de manière à renverser légèrement tout ce petit appareil en avant , la membrane dont nous venons de parler s’appuie sur ce prolongement et se tend de plus en plus. D’après les recherches faites (i) PI. 13 , lig. 9 , n. C’est cet organe dont il a déjà été question à l’occasion de l'odorat. (3) PI. 12, Kg. 10. DES CRUSTACÉS. laG p-nr M. Savart, sur la transmission des sons, on sait que l’existence d’une ouverture bouchée par une mem- brane mince et élastique, est une des circonstances les plus propres à augmenter la finesse de louïe ; ce savant a observé que des lames de carton qui n’étaient pas susceptibles de vibrer par influence, de maniéré à déterminer la formation de figures régulières dans le sable répandu sur leur surface, devenaient aptes .à en produire lorsqu’elles étaient armées d’un disque membraneux. Il est donc à présumer que l’espèce de tambour que nous venons de décrire, ainsi que la membrane auditive externe de l’Ecrevisse, servent à communiquer au nerf auditif les vibrations qui leur sont transmises , et qui n’affecteraient que peu , ou même point, les parties voisines, si elles n’étaient pas en communication directe avec ces membranes. Le mécanisme au moyen duquel la membrane auditive in- terne peut être alternativement relâchée ou tendue, est analogue à celui qui est produit dans l’oreille humaine par l’action de la chaîne d’osselets qui traverse la caisse du tympan , et ses effets doivent être aussi de même nature ; il doit servir à augmenter ou à diminuer l’étendue des ondulations qu’exécute la membrane vi- brante, et à modérer l’intensité des sons qui viennent frapper l’oreille. L’existence de la longue tige rigide, formée parles antennes de la seconde paire et en communication avec l’organe auditif, paraît être une autre circon- stance de nature à faciliter la perception des sons ; cette opinion avait déjà été émise par M. Strauss (i), fl) Considérations générales sur l'anatomie , etc. , p. 419' 126 HISTOinE NATURELLE et nous pnraît s’accorder très-bien avec divers résul- lats obtenus par M. Savarl. En effet, ce ])liysicien a constaté tjue, ])Our faire vibrer par influence des corps qui n’en paraissent pas susceptibles , il suffirait souvent d’y ajouter une tige très-élastique qui agît alors à la manière du disque membraneux dont il a déjà été cjuestion. D’après ces détails , on voit que la structure de l’ap- pareil auditif des Crustacés est très-simple. Le nerf destiné à transmettre au cerveau l’impression pro- duite par les son s, se termine près de la surface du corps, dans une petite cavité remplie de liquide , et les on- dulations sonores, venant du dehors , sont transmises à ce liquide par l’intermédiaire d’organes dont les vi- brations sont faciles àexciter.Tantôtla nature emploie à cet usage des instrumens spéciaux, tels que les dis- ques membraneux ; mais d’autres fois elle ne semble pas avoir divisé ainsi le travail , et paraît confier ces fonc- tions à des parties qui servent en même temps à d’autres usaires. O § II. Bu système nerveux. En etudiant , dans la longue série des animaux , les parties au moyen desquelles ces êtres perçoivent les impressions , on y remarque une suite de modifi- cations analogues à celles que nous avons déjà signalées en traitant de l’appareil tégumentaire et des organes de la vie organique. Le système nerveux se présente d’abord stius la forme d’un cordon qui s’étend dans toute la longueur du corps ; chacune de ces parties agit alors à la manière du tout, et , lorsqu’on divise l’animal en plusieurs tronçons , chacun d’eux continue DES CHUSTACÉS. lay à sentir et à se mouvoir comme il le faisait lorsque le corps était entier. Un degré de plus dans Ja divi- sion du travail amène la localisation de la faculté de percevoir la sensation, et de plusieurs autres actes dans des parties déterminées de ce système, dont l’existence devient alors nécessaire à l’intégrité des fonctions auxquelles l’appareil en entier préside. Enfin, chez des animaux plus parfaits, la sensibilité devient plus particulièrement l’apanage de certains fibres mé- dullaires ; la faculté de produire les mouvemens sous l’empire de la volonté se concentre en quelque sorte dans d’autres fibres du même système ; celle d’exciter l’action de ces diverses parties se localise également dans certains points de l’appareil nerveux , et celle de coordonner les mouvemens est exercée par d’autres instrumens. En un mot, toutes les parties de l’appa- reil sensitif finissent par concourir d’une manière dif- férente à la production des phénomènes dont l’ensem- ble résultait d’abord de l’action de chacune d’elles. Plus cette division du travail est portée à un haut degré , plus les divers actes de la vie de relation se perfectionnent, et en même temps plus la structure de l’appareil nerveux devient compliquée ; car la di- versité dans les fonctions de chacune de ses parties coïncide avec une diversité non moins grande dans leur organisation. Aussi, d’après la perfection ou l’imper- fection des fonctions, on peut juger à priori du degré de simplicité ou de complication des organes qui en sont le siège ; et , d’après la structure plus ou moins uniforme des diverses parties de l’appareil nerveux , on peut deviner le degré de perfection ou d’imperfection des actes quil est destiné à exécuter. Les diverses formes sous lesquelles se montre le 128 HISTOIRE NATURELLE système nerveux des Crustacés, sont autant d’anneaux de la chaîne de modifications dont nous venons de parler. Sa structure est d’abord semblable dans toute la longueur du corps , et chacun des segmens est jiourvu des mêmes parties médullaires ; mais peu à peu les divers centres nerveux se réunissent entre eux , et certains anneaux du corps ne présentent plus que des filamcns conducteurs de la sensibilité et de l’influence nerveuse , tandis que les organes , qui perçoivent les sensations et réagissent sur tous les autres organes , se rencontrent dans un point assez circonscrit. Si l’on se bornait à comparer entre eux les deux extrémités de cette série, on pourrait croire que le système ner- veux d’un Mata , par exemple (i) , et la longue chaîne ganglionnaire de l’Ecrevisse ou du Homard (2) , sont formés de parties dissemblables ; mais , en suivant les degrés intermédiaires qui établissent pour ainsi dire le passage entre ces deux modes d’organisation, on voit qu’il n’en est ])as ainsi , et que ces difierences dépendent presque uniquement de la centralisation plus ou moins grande des divers élémens de certaines parties du système nerveux. De même que chez les Annélides, les Arachnides et les Insectes , le système nerveux des Crustacés se compose d’un certain nombre de nerfs qui viennent , de toutes les parties du corps , aboutir à des ganglions ou masses médullaires qui sont liés entre eux par des cordons de même nature. Ces ganglions occupent la ligne médiane de la face ventrale du corps et forment une chaîne plus ou moins longue. Enfin , on peut éta- (I) PI. n, fis- 1- ;•-!) PI. U, fi g. 2. DES CKUSTACiS. I2g blir en principe, que la tendance générale de la na- ture est de donner à chacun des anneaux du corps une paire de ces ganglions; mais souvent leur nom- bre apparent est moins grand , à cause de la réunion de plusieurs en une seule masse , ou bien du développe- ment excessif de quelques-uns d'entre eux , dévelop- pement qui coïncide toujours avec l'état rudimentaire ou même l’absence d’un certain nombre d’autres gan- glions. Parmi les Crustacés des ordres inférieurs que nous avons examinés (i) , ce sont les Talitres qui nous ont offert le système nerveux le plus simple et le plus uni- forme. Le corps de ces animaux se divise en trois par- ties assez distinctes, la tète, le thorax et l’abdomen ; mais chacune d’elles est formée d’anneaux ou de tron- çons qui ont entre eux la plus grande ressemblance, et dont le nombre total est de treize. Ces divers segmens présentent à leur face inférieure deux ganglions nerveux placés sur les côtés de la ligne médiane, et réunis entre eux par une petite commissure transversale (2) : chacun de ces petits noyaux communique aussi avec celui du segment qui le suit et qui le précède, à l'aide d’un cor- don médullaire , et fournit un certain nombre de nerfs qui vontse distribuer aux dilï’érentes parties du corps. Le volume de ces ganglions diflère peu dans les divers segmens ; au thorax , cependant, ils sont un peu plus (1) Ces recherches sont communes à M. Audouin et à moi, et forment le sujet d’un mémoire, lu à l’Académie des sciences, en septembre 1827, et imprimé dans les Annales des sciences naturelles , . XI. (1) Voyez le mémoire déjà Cité, Annales des sciences naturelles , t. XI, Pl. Il, (ig. I ; reproduit dans notre atlas, PI. ii, fig. i. CnuSTACÏS , TOME I. g l3o HISTOIRE NATURELLE gros que dans l’abdomen. Enfin , ils sont tous un peu aplatis et ont à peu près la forme d’un losange. Il existe donc dans le Tiditre deux chaînes ganglion- naires parfaitement symétriques, distinctes dans toute leur longueur, réunies entre elles par des commissures transversales, et ollrant partout une disposition essen- tiellement la même. La première paire de ganglions , ou la céphalique, est remarquable par sa simplicité , et ne dilîère pas essentiellement des ganglions qui sui- vent; elle est située, comme dans tous les autres ani- maux articulés, au-dessus de Tcesophage, et fournit des nerfs aux yeux et aux antennes : ces ganglions , que l’on a désignés , mais peut-être à tort , sous le nom’de cerveau, se continuent postérieurement avec les cor- dons médullaires qui les unissent aux deux ganglions du premier anneau thoracique, en passant sur les côtés de rœsopliage, qu’ils embrassent. Ces derniers gan- glions fournissent en dehors deux nerfs , dont l’un pé- nètre dans la pâte correspondante, et dont l’autre paraît se distribuer principalement aux muscles et aux tégumens des parties latérales du corps. Les gcin- glions des autres segmens présentent la même dispo- sition ; seulement la distance qui les sépare nous a paru plus grande dans l’abdomen qu’au thorax. Dans le Cloporte , ainsi que l’a observe M. Cuvier(i), la partie moyenne du système nerveux est également formée de deux cordons ganglionnaires qui sont encore distans l’un de l’autre, mais qui ne présentent pas dans tous les segmens du corps la même uniformité que nous venons de signaler chez le Talitre. En elïet , (i) Leçons (Vandiomic cümpavlic i t. H, p. DES CRUSTACÉS. l3l oulre la paire de ganglions céphaliques , on n’en compte que neuf, dont les deux premières et les deux dernières sont presque confondues ; et , comme chacun le sait, les tronçons du corps de cet animal sont au nombre de quatorze , dont six appartiennent à l’abdo- men. Il en est à peu près de même dans le Cyame de la baleine. Treviranus (i) a fait voir que chez cet ani- mal singulier la partie moyenne du système nerveux était formée de deux chaînes de ganglions, parallèles et distinctes l’une de l’autre, tandis qu’aux extrémités antérieure et postérieure, les deux noyaux latéraux étaient unis, et que même en arrière ils formaient un ganglion impair situé sur la ligne médiane et pour ainsi dire accolé aux deux ganglions précédens. Le système nerveux , examiné dans deux genres de' Crustacés assez voisins (le Talitrc et le Cloporte), pré- sente donc déjà deux modifications importantes : il s’est raccourci et s’est rétréci , ou , en d’autres termes , il a éprouvé un yrremicr degré de centralisation. Cette sorte de tendance à diminuer en même temps de lar- geur et surtout de longueur pour se grouper vers la partie centrale du thorax de l’animal , est plus mani- feste dans les Cimothoés (2) et dans les Phyllosomes. Dans les Phyllosomes, on trouve, à la partie an- térieure de la grande lame ovalaire qui porte les yeux , deux petits ganglions nerveux à peu près triangulaires, et réunis entre eux par leur angle interne; ces petits noyaux céphaliques fournissent en dehors les nerfs des yeux et des antennes, et se continuent postérieure- (1) f^crmtschlc schi-i/icn anntomiscltcK und phystologischi n îiihnlts ^ 2 , B , I , [lalft. (2) B). Il, iifc'. 2 9 iSa HISTOIRE NATURELLE ment avec deux filamens nerveux très-fins et d’une longueur remarquable ; ces filamens sont éloignés l’un de l’autre d’environ deux lignes; ils se portent directe- ment en arrière, embrassent l’œsopliage et vont se réunir à la première paire de ganglions thoraciques ; ceux-ci , de forme ovalaire et réunis entre eux sur la ligne médiane , sont placés assez loin derrière la bou- che , et fournissent deux paires de nerfs qui se dirigent en avant. La seconde paire de ganglions est tout-à-fait rudimentaire et accolée aux précédens ; ceux de la troi- sième paire, au contraire , assez gros , fournissent des nerfs qui vont aux appendices de la bouche ; ils sont encore accolés l’une à l’autre. A ceux-ci succèdent six paires de noyaux médullaires , semblables aux précé- dens par leur forme et leur disposition ; mais, au lieu de se confondre sur la ligne médiane , ils sont distans entre eux , et ceux d’un côté du corps ne paraissent communiquer avec ceux du côté opposé qu’à l’aide de la commissure transversale , comme cela a lieu dans le Talitre. Les cordons inter-ganglionnaires sont assez gros et extrêmement courts , en sorte que les masses nerveuses qu’ils unissent se touchent presque ; enfin chacun de ces ganglions fournit deux nerfs qui vont se rendre à la pâte correspondante. Aux ganglions tho- raciques succède une série de six paires de noyaux nerveux unies par des filamens inter-ganglionnaires très- grêles, et d’autant plus courts qu’ils sont plus postérieurs : ces ganglions sont arrondis , très-petits, accolés l’un à l’autre sur la ligne médiane , et ils en- voient chacun deux nerfs aux appendices de l’ab- domen. Le Phyllosome nous présente donc un système ner- veux dont les élémens sont «en partie rajiprochés les DES CRUSTACÉS. l33 uns des autres ; c’est une sorte de centralisation plus grande que dansles animaux dont nous avons déjà par- lé ; car les ganglions de droite et de gauche ne restent distans que dans une portion du thorax , tandis qu a la tète et dans toute l’étendue de l’abdomen ils sont réunis sur la ligne médiane. En examinant le système nerveux du Cimothoé, on trouve que les deux chaînes de ganglions ne sont plus distinctes comme dans les Crustacés précédemment étudiés (i). Les deux ganglions céphaliques sont unis entre eux parleur angle interne , de manière a consti- tuer une seule masse ; mais la forme quelle présente indique évidemment son origine. A.ux autres anneaux du corps les deux noyaux médullaires sont au contraire entièrement confondus, et constituent autant de pe- tites masses circulaires situées .sur la ligne médiane du corps ; mais les cordons de communication qui servent à les unir entre eux pour former une chaîne continue, restent isolés ; en sorte qu’entre chaque noyau médul- laire il existe deux troncs de communication parallèles et accolés l’un à l’autre. Du reste, le système nerveux de ce Crustacé ne présente rien de remarquable , si ce n’est le rapprochement et la petitesse comparative des cinq derniers ganglions ; état qui correspond au peu de développement des segmens correspondans de l’abdo- men. L’Idotée présente une disposition semblable. Le système nerveux du Cymothoé et de l’Idotée offre donc déjà de grandes différences lorsqu’on le com- pare à celui des Talitres •, mais nous allons voir qu à mesure que nous examinerons des espèces d’une orga- (I) PI. U, fig. a. HlSTOÏhE SATUBELLE nisatioii plus compliquée, ces tliflérences deviendront encore plus grandes , et que la tendance des ganglions à se grouper et à se confondre sera de plus en plus sen- sible. Le système nerveux du Homard semble établir le passage entre les Crustacés des ordres inférieurs et ceux dont la structure est plus compliquée. Ici (i), de même que dans les Ampbipodes et les Isopodes précé- demment décrits, le système nerveux consiste en une chaîne de ganglions qui occupe toute la longueur du cor])s ; les masses ganglionnaires sont au nombre de treize, et chacune d’elles laisse apercevoir sur la ligne médiane des traces de divisions plus ou moins distinctes ; les cordons qui les unissent sont doubles dans toute l’étendue du thorax ; mais dans l’abdomen ils sont unis de manière à ne former qu’un seul tronc qui occupe la ligne médiane. Le ganglion céphalique , dont la forme est presque- quadrilatère , est situé immédiatement en arrière et au-dessous des yeux (2). Presque toute l’étendue du bord antérieur decette masse médullaire est occupée par 1 insertion des nerfs optiques; leur volume est assez tonsidérable , et iis se portent obliquement en dehors et en avant pour pénétrer dans les pédoncules ocu- laires. Là , ils se renflent bientôt, de manière à former une espèce de ganglion ovoïde , assez gros , dont l’ex- trémité antérieure passe à travers le trou situé au centre d’un diaphragme membraneux que l’on pour- rait comparer à la sclérotique (3). (1) PI. Il, llg. 3 et 4. (!) PI. Il, fig. 3 : — ft, gMiiglion cépliaiiqne; — b, nerf optique; — c , nerf auteniiaire ; — d, nerfs aiUeiinulaires. (3; PI. 12, lig. 8. DES CBUSTACÉS. l35 Immédiatement derrière l’origine des nerfs opti- ques , on voit naître du ganglion céphalique deux au- tres filets nerveux très-grêles qui sont accolés aux premiers , pénètrent avec eux dans les pédoncules des yeux , et vont se distribuer principalement aux mus- cles de ces oi’ganes. En arrière et au-dessous de cette seconde paire de nerfs, qu’on pourrait par analogie appeler moteurs oculaires , naissent ceux qui vont aux antennes in- ternes ; ils se portent d’abord en dehors, puis se re- courbent en avant, pénètrent dans le pédoncule de ces antennes , et fournissent un rameau assez considérable qui marche en dehors pour se rendre aux muscles moteurs de ces appendices. Ces troncs nerveux, qu on pourrait appeler antennulaires , pénètrent ensuite dans le second article de l’antenne , puis dans le troi- sième, et, après avoir envoyé des branches auxmuscles renfennés dans chacun d’eux, sedivisent en deux ra- meaux qui s’introduisent dans les filets terminaux de ces appendices. La quatrième paire de nerfs céphaliques naît au- dessus des précédens, sur les parties latérales du gan- glion; le volume de ces troncs nerveux est assez con- sidérable; ils se portent en dehors et en haut, se divisent en plusieurs branches et paraissent se distri- buer uniquement aux membranes tégumentaires de l’extrémité antérieure de l’animal. Enfin une cinquième paire de nerfs , plus gros que ces derniers, naît en arrière, et un peu au-dessous d’eux. Ces nerfs antennaires se dirigent d abord en bas , en dehors et en arrière , fournissent une branche externe qui se rend à l’appareil de 1 ouïe apres avoir donné un rameau à im organe particulier en forme l36 JlISTOlr.E NATÜUELLE de gâteau qui recouvre loreillc. Bientôt après la naissance de cetle branche auditive , le tronc ner- veux lui-même se contourne en avant , pénètre dans l’antenne externe , envoie des rameaux aux divers muscles qui y sont logés, et ne se termine que dans le prolongement corné qui constitue le dernier article de ces appendices. Les deux cordons de communication qui unissent le ganglion céphalique au premier ganglion thoracique , naissent du bord postérieur du premier, s’écartent un peu 1 un de 1 autre, passent sur les côtés de l’œso- phage, en l’embrassant, pénètrent dans le canal ster- nal , et, après un trajet assez long, arrivent au pre- mier ganglion thoracique. Sur les parties latérales de l’œsophage, chacun de ces cordons médullaires pré- sente un petit renflement d’où naît un nerf qui, ainsi que M. Cuvier l’avait observé dans l’Écrevisse, se porte directement en dehors , et se rend aux muscles des mandibules ; mais une chose qui , jusqu’ici , paraît avoir échappé aux anatomistes, c’est l’existence des nerfs gastriques qui sont également fournis par ces cordons de communication dans le même point que les précedens. Aussitôt après leur origine, ces nerfs gastriques se courbent en bas et en dedans , passent sous le cordon inter-ganglionnaire , remontent sur les parties latérales de l’œsophage, fournissent un grand nombre de rameaux qui s’anastomosent entre eux , et forment un lacis sur les parois de l’estomac; enfin ils se recourbent en avant et vont s’unir entre eux sur la ligne médiane; le tronc unique qui en résulte passe entre les deux muscles antérieurs de l’estomac, se dirige en arriéré et se ramifie sur ce viscère, sur ses muscles et sur les parois du canal intestinal. DES CnUSTACÉS. 1 Sj Immédi.atement en arrière de l’œsophage , les deux cordons inter-ganglionnaires sont unis entre eux par une sorte de bride fort curieuse , et dont l’existence n’a été mentionnée dans aucun Crustacé. A l’origine des nerfs gastriques, on aperçoit dans ces cordons un petit renflement que l’on peut considérer comme le vestige d’une paire de noyaux médullaires aptparte- nant au segment rnandibulaire du corps, et, si cela était , le barage dont nous venons de parler serait la commissure de ces ganglions. Le premier ganglion thoracique est évidemment for- mé de plusieurs noyaux médullaires (i) ; ilfournit, par son extrémité antérieure, i“. un cordon assez gros qui se div ise en deux branches ; l’une, interne , pénètre dans la mandibule ; l’autre se rend aux muscles de cet ap- pendice, situés sur les côtés de l’estomac; 2°. un ra- meau assez grêle qui se rend à l’organe que nous avons mentionné comme recouvrant l’appareil auditif, et aux tégumens voisins ; 3". un rameau C£ui pénètre dans la première mâchoire; 4°- un nerf qui , après s’être divisé en deux branches, se rend à la deuxième mâchoire ; et 5°. un nerf assez gros qui se porte en haut, passe dans les cellules des flancs , puis se divise en deux branches qui longent le bord supérieur de la voûte des mêmes parties, et se distribuent aux muscles et aux tégumens voisins. De la face inférieure de ce ganglion naissent deux paires de nerfs appartenant aux deux premières paires de pates-mâchoires ; enfin sa portion postérieure et latérale fournit une paire de nerfs très- grêles qui se distribuent aux muscles logés dans le (:) PI. n, fig. 3, g. UISTOIBE WATURELLE 138 thorax , et deux paires de nerfs qui se divisent en un grand nombre de branches, et appartiennent aux troi- sièmes pates-mâchoires. Vers le milieu des cordons qui unissent ce premier ganglion thoracique au suivant, naissent deux fîla- mens nerveux qui se portent directement en haut , sortent du canal sternal, et vont se perdre dans les muscles du thorax (i). j Le second ganglion thoracique (2) correspond à la première paire de pâtes ambulatoires, et fournit de chaque côté deux cordons nerveux. Il en est de même des quatre ganglions suivons, en sorte que chaque pâte est pourvue de deux branches nerveuses ; mais il est à remarquer que, vers l’extrémité de l’article basi- laire de ces appendices , ces deux nerfs se réunissent en un seul tronc. De ces deux nerfs , le postérieur est le plus gros , et fournit des rameaux aux tégumens et aux muscles de l’article basilaire des pâtes -, l’anté- 1 rieur paraît envoyer principalement des filets aux muscles situés dans les cellules des flancs. Après , s’être réunis en un seul tronc , ils pénètrent jusqu’à ' l’extrémité des pâtes, en fournissant un grand nom- bre de rameaux aux muscles de chacfue article. Les g.anglions abdominaux (3) sont beaucoup moins gros que ceux du thorax j chacun d eux , a l’exception du dernier , fournit deux paires de nerfs : l’une se porte directement en dehoi’s , et pénètre dans les ap- pendices correspondons; l’autre se distribue aux mus- cles de l’abdomen. Les cordons qui unissent les gan- 1 (O PI. i3, (ig. 3, /. (2) PI. Il, lig. I , h. (3) PI. 11, fig. 4. I DES GBÜSTACÉS. glions abdotniDaux sont simples, ainsi que nous la- vons déjà dit ; et, de même qu’au thorax , chacun d’eux fournit deux petits filets nerveux qui se portent en dehors et en haut, pour se ramifier dans les mus- cles de la partie médiane et supérieure de l’abdomen. Enfin le dernier ganglion, situé au niveau des ap- pendices de la queue , donne naissance à quatre paires de nerfs qui se rendent au dernier article de l’abdo- men et aux diverses parties de la queue. D’après les détails que nous venons de rapporter, on voit que le système nerveux des Talitres, des Cloportes, des Phyllosomes et des Cimothoés, ainsi que celui du Homard , est formé de parties essentiel- lement les mêmes, mais qu’il présente cette différence remarquable que les deux moitiés latérales delà chaîne ffandionnaire sont d’abord distantes l’une de l’autre ; quelles se réunissent ensuite sur la ligne médiane, de telle sorte que les ganglions forment des masses impaires , tandis que les cordons inter-ganglionnaires ou de communication restent encore distincts, c[u en- fin ces cordons eux-mêmes s’accolent l’un à 1 autre, puis SC confondent pour ne former qu un taisceau unique ; et que dans certaines espèces ces deux états des cordons inter-ganglionnaires s’observent chez le même individu, suivimt qu’on étudie son thorax ou son abdomen. 11 nous reste à prouver maintenant que cette soi te de centralisation du système nerveux na ]ias lieu seulement dans le sens transversal ; mais (ju elle se fait aussi suivant la loneueur de l’animal , de telle sorte que la ligne , souvent très-longue , que forme le cor- don nerveux , se raccourcit successivement , et qu un plus ou moins grand nombre de noyaux ganglionnai- ï4o H/STOIRE NATURELLE res se réunissent pour constituer en dernier lieu une seule masse médullaire. Nous avons vu que, dans le Talitre, tous les gan- glions étaient situés à des distances égales, et for- maient une chaîne étendue d’une extrémité du corps à l’autre. Il en est encore à peu près de même dans le Homard; mais si Ion examine le Palémon, on y trouve sous ce rapport des différences qu’il importe de noter. La disposition du ganglion céphalique et des gan- glions abdominaux , est essentiellement la même chez le Palémon (i) que dans le Homard ; mais au thorax, les ti'ois dernières paires de ganglions sont rappro- chées au point de sc confondre et de former une seule masse médullaire allongée, et divisée sur la ligne mé- diane par une petite fente. 11 en résulte que les nerfs des trois dei’nieres pâtes, au lieu de se porter direc- tement en dehors, se dirigent très-ohliquement en arrière , et représentent une sorte d’éventail. Le gan- glion qui correspond à la seconde paire de pâtes, est distinct et lié a la masse dont nous venons de parler, ainsi quau ganglion qui le précède, par un cordon de communication assez gros et impair. En- fin, les ganglions qui correspondent à la première paire de pâtes ambulatoires et aux pates-mâchoîres , sont confondus en une seule masse nerveuse. Ces dé- tails seraient difficiles à apercevoir sur les petits Pa- lémons de nos côtés , mais nous les avons observés sur une espèce de grande taille de l’Océan indien. Le rapprochement des ganglions nerveux est porté (i) jànnalcs des sciences naturelles , t. XI, PI. 4i tig. 3. DES CRUSTACÉS. l4l encore plus loin clans la Langouste ; car tous les noyaux médullaires du thorax sont comme soudés ensemble : la masse c[ui en résulte est allongée et perforée posté- rieurement sur la ligne médiane pour le passage de l’artère sternale ; on peut encore y distinguer la trace des divers ganglions qui la constituent. Enfin , les nerfs f|ui naissent soit de la partie antérieure , soit de l’ex- trémité postérieure de ce centre nerveux , se dirigent obliquement en dehors pour gagner les appendices correspondans. Du reste, la disposition du ganglion céphalique , des ganglions abdominaux et de tous les nerfs est essentiellement la même que dansle Homard . Dans les Homoles , et quelques autres Anomoures, la centralisation du système nerveux est portée encore plus loin que dans les Langoustes , et s’accompagne de l’état presque rudimentaire de toute la portion abdominale de la chaîne ganglionnaire; dans le tho- rax, on voit une masse nerveuse ovalaire et allongée, de la partie postérieure de laquelle part un tronc médian qui ne présente pas de ganglions (i). Le mode d’organisation que nous venons de décrire établit évidemment le passage entre le système ner- veux du Homard et du Carcin ( Cancer mœnas L. ). Dans ce dernier , comme l’a observé M. Cuvier (2) , les cordons nerveux venant du ganglion céphalique se continuent jusqu’au milieu du thorax, où ils rencon- trent une masse médullaire, ovale, évidée au centre, et ayant la forme d’un anneau, du pourtour duquel partent tous les nerfs des appendices du thorax , ainsi (l) Recherches sur l'orgauisutiou et la clnssijlcatioa des Crustnees Décapodes. Ann. des sc. nat. , t. XV. (’.i) Leçons d’analomie comparée, t. Il, p. 3i4’ IIISTOIIIE NATITREELE 142 qu un cordon unique qui occupe la ligne médiane de l’abdomen. En comparant cette disposition à celle que nous avons signalée dans les Homoles, on voit que les diliérences dépendent seulement d’un degré de rap- prochement de plus entre les divers noyaux médul- laires du thorax : ces ganglions ont acquis ici un déve- loppement plus considérable et se sont unis plus inti- mement entre eux; quelquefois, cependant , on peut encore distinguer des traces légères de leur jonction. Enfin , le tronc nerveux impair de l’abdomen ne pré- sente ]>oint de renllemens ganglionnaires comme dans les Décapodes macroures, et cette disposition est en rapport avec l’état presque rudimentaire de cette partie du corps. Dans le Maïa (i), la centralisation du système ner- veux est portée à son plus haut degré; car il n’existe plus que deux masses nerveuses : le ganglion céphali- (pie et le ganglion thoracique , dont tous les élémens sont entièrement confondus. Le ganglion céphalique ne difière guères de celui du Homard; il est ova- laire, et fournit cinq paires de nerfs ; les deux pre- mières paires pénètrent dans les pédoncules oculaires ; le nerf optique est beaucouj) plus long que dans le Homard; le moteur oculaire ne présente rien de re- niarc|uahle. 11 en est de même des nerfs qui se ren- dent aux antennes internes et qui naissent de la face inférieure du ganglion céphalique , près de son bord externe : la quatrième paire, plus grosse que les au- tres, se ramifie dans les membranes tégumentaires. Enfin la cinquième, qui appartient aux antennes (I) l’I. Il, tig. 5: — a, ganglion céphalique: — i, ganglion thoracique ; — c , cordon ncrvcnix de l'abdomen. DES CRUSTACÉS. externes , est assez grêle. Les deux cordons nerveux t[ui naissent tlu bord postérieur du ganglion céphali- que et qui l’unissent à la masse médullaire du tlrorax , fournissent des nerfs qui se distribuent aux muscles des mandibules et aux parois de l’estomac. L’un de ceux-ci est remarquable; car, en se réunissant avec celui du côté opposé , au devant de l’estomac , il pré- sente un petit renflement ganglionnaire d’où part un long nerf récurrent , impair , qui se porte sur la face supérieure du tube digestif(i). Cette disposition rap- pelle celle du système nerveux de certains Insectes , où il existe , au-dessus de l’estomac , une petite chaîne de ganglions formée par la réunion de deux nerfs ré- currens. Après avoir embrassé l’œsophage , les deux cordons inter-ganglionnaires sont réunis de même que dans le Homard , la Langouste , etc. , par une com- missure transversale ; eitün vers le milieu du thorax ils rencontrent la seconde masse médullaire et s’y in- sèrent. Celle-ci ne représente plus un anneau ; jjiais elle constitue un noyau solide, circulaire et un peu aplati, d’où partent en rayonnant tous les nerfs du thorax et de l’abdomen : ces faisceaux médullaires sont au nombre de neuf de chaque côté, et de plus il en existe un placé sur la ligne médiane. La première paire , assez grêle et accolée aux cordons de commu- nication qui forment une sorte de collier autour de l’œsophage, se divise en plusieurs rameaux , et se dis- tribue aux mandibules et aux mâchoires proprement dites. La seconde paire de nerfs thoraciques se rend aux deux premières pates-mâchoires , et la suivante a la troisième. La c[uatriènie paire, assez grosse, se (I) PI. Il , fig. 5, d. *44 HISTOIRE naturelle porte obliquement en dehors et en avant , passe dans 1 échancrure situee à la hase de l’aileron des flancs , et va se ramifier sur les nicmhranes tégumentaires qui tapissent la voûte de la cavité respiratoire : les cinq paires suivantes se distribuent aux pâtes ambulatoires correspondantes. Presque aussitôt après leur origine, ces nerfs pénètrent dans les cellules inférieures des flancs, et s’y divisent en deux branches ; l’une conti- nue de se porter en dehors et peut être suivie jusqu’à l’extrémité de la pâte; l’autre traverse le trou inter- cloisonnaire, pénètre dans la cellule des flancs située au-dessus, se recourbe en dedans , et va se distribuer aux muscles de cette partie. Quant au nerf impair ou ahdomin.al, il ne présente rien de remarquable. 11 nous serait facile maintenant de multiplier les faits relatifs au système nerveux des Crustacés, en citant le très-grand nombre d’espèces que nous avons eu oc- casion d observer (i) ; ra.iis ces travaux de détails n’a- (1) On Woilverii .lussidaiis les écrits de divers .anatomistes une des- cription plus ou moins complète du système nerveux dans quelques autres Crustacés. Willisa dit quelques mots de ce sy.stcme chez LK- ctevisse ( Ve anima hrtuontni , eap. III ) , et Swammcrdam l’a étudié avec soin chez le Pagure ( Description du coquillage nommé Bct- nard-1 Hcrmite . dans la Collection académique , partie étrangère , t. V, et dans la SMia naturœ ). On voitaussi, dansune des planches de Kœscl , la portion abdominale du cordon ganglionnaire de l’Écre- visse ; mais cet auteur l’a considéré comme un vaisseau sanguin. (Ver hisectcn belusUgung. 3 t/i., p. Sa.'} ). Plus tard , le célèbre Scarpa a examine le mode de distribution des nerfs de 1 Ecrevisse, à l’oc- casion des recherches importantes qu'il a faites sur l’organe auditif de ces animaux ; et, il y a quelques années , M. Cuvier a décrit, avec bien plus de précision et de détails qu’on ne l'avait fait avant lui , la disposition du système nerveux des Crustacés , tel qu’on le voit dans l’Écrevisse, la Squille, l’Apus, et quelques autres espèces dont il a déjà été question (Lee. d'anat. camp. , tom. II, p. 3i4). Énlin Treviranus, comme nous l’avons déjà dit, s’est occupé der- DES CRUSTACÉS. l4f» jouteraient que peu de chose à la connaissance générale que nous avons acquise. En eflet, nous croyons avoir donné des exemples bien choisis qui montrent les changemens principaux qu’éprouve le système nerveux dans cette grande classe d’animaux , et les résultats qui en découlent sont fa- ciles à saisir. Nous voyons que le système nerveux , dont la dis- position est si différente aux extrémités de la série de ces Crustacés , présente réellement dans tous ces ani- maux la plus grande analogie. Partout il est formé , pour ainsi dire, des mêmes élémens qui, isolés et uniformément distribués dans toute la longueur du corps chez les uns , présentent chez les autres divers degrés de centralisation , d'abord de dehors en dedans, ensuite dans la direction longitudinale. Enfin ce rap- prochement dans tous les sens est porté à son extrême lorsqu’il n’existe plus qu’un noyau unique au thorax. En dernier résultat , le système nerveux des Crus- tacés nous présente partout une uniformité de com- position remarquable , et toutes les difîérences impor- tantes que nous avons rencontrées en parcourant la série de ces animaux, ne sont évidemment que des modifications dépendantes d’un degré plus ou moins grand de rapprochement et de centralisation de parties similaires , ou de la disparition d’un certain nombre des noyaux médullaires primitifs , lorsque d’autres prennent un grand développement. Ces résultats s’accordaient parfaitement avec les principes queM. Serres avait déduits de ses recher- nièrement du même appareil dans le cyame de la Baleine. Tels sont le.s principaux travaux nue nous croyons davoir rappeler. CRUSTACÉS, TOME I. lO HISTOIRE naturelle 146 tlics silr le système nerveux d’autres animaux , et sur l’embryogénie en générale. Ce savant avait été conduit à conclure que cette tendance à la centralisa- tion était une des lois de l’organisation , et que le système nerveux , en se développant, devait présenter des modifications analogues à celles qu’on rencontre en l’observant dans la série des animaux (i). Ce que nous avions constatéchez les divers Crustacés se présente en partie chez le même insecte, lorsqu’on l’étudie, comme l’a fai tM. Serres, aux diverses époques de la vie ; il était donc probable que des observations sur le développement des œufs des Crustacés nous mon- treraient le système nerveux de ces animaux passant par un certain nombre des états que nous avons si- gnalés plus haut, et c’est elléctivement ce qui a lieu. D’après les belles recherches que M. Rathke vient de publier en Allemagne, sur la génération des Ecre- visses, on voit que chez ces animaux le système nerveux se présente d’abord sous la forme de deux séries de ganglions parfaitement distinctes entre elles, et que le nombre de ces noyaux médullaires est égal à celui des membres (2). Cet état, qui n’est que tran- sitoire chez l’Ecrevisse, rappelle ce que nous avons trouvé d’une manière permanente chez le Tilitre ; à une époque plus avancée de l’ineuhation , ces gan- glions nerveux se rapprochent de la ligne médiane et (ï) Anatomie comparée du système nerveux , t, IL éj) M Kathke ne paraît pas avoir eu connaissance des recherclies de M. Audouin et moi, sur le système nerveux des Crustacés, ni des tr.avaux généraux de M. Serres ; car, s'il eu eût été autrement, il est probable qu’il aurait été conduit aux rapprocbeineus que nous venons d’exposer, et que nous avons établis dans une note imprimée dans les Annales des sciences naturelles , t. un. DES CBUSTÀCÉSi s’y réunissent , comme cela se voit clicz le Cymôtboe adulte. Le système nerveux des fœtus de FLcrevisse subit ensuite des modifications analogues a celles que nous avons signalées en comparant entre eux les Cymo- tboés, les Homards, les Palemons , la Langouste , le Carcin et le Maja , c’est-à-dire une centralisation qui s’opère suivant le sens de l’axe du corps ; en efiet , les ganglions , qui correspondent aux appendices de la bouebe , se rapproebent entre eux et finissent par for mer une seule masse nerveuse (i). On voit donc qne chez les Grustacésle système ner- veux se développe de la circonférence vers le centre, et présente pendant la vie fœtale une suite de modifi- cations anjilogues a celles que nous avons trouvées en étudiant la série de ces animaux à l’état adulte. Enfin^ en combinant les observations de M. Rathke avec celles qui nous sont propres, à M. Audouin et à moi , on peut conclure que le système nerveux des Crustacés se compose toujours de noyaux médullaires dont le nombre normal est égal h celui des membres , et que toutes les modifications qu’on j rencontre , soit à di- verses époques de l’incubation, soit dans différentes espèces de la série , dépendent principalement des rapprochemens plus ou moins complets de ces noyaux, agglomération qui s’opère des côtés vers la ligne mé- diane, en même temps que dans la direction longitudi- nale; mais peuvent tenir aussi en partie à un arrêt de développement dans un certain nombre de ces noyaux. On ne possède encore aucune connaissance di- recte sur les fonctions du système nerveux des Crustacés ; mais d’après la coïncidence qui existe (i) PI n, fiï. () et 7. 10. HISTOIRE NATURELLE i48 toujours entre la complication plus ou moins grande de l’oi'ganisation, et la localisation des divers actes dont se compose la vie, on pourrait avancer, sans crainte de se tromper, que chez ces animaux la fa- culté de percevoir les sensations et de produire les moLivemens, au lieu d'étre également répartie dans toutes les parties du corps, comme chez les Hydres , s’est concentrée dans le système nerveux. L’expé- rience est venue à l’appui de cette opinion , car si l’on sépare de la masse générale une portion du corps dépourvue de nerfs , elle cesse aussitôt de sentir et de se mouvoir. L’appareil nerveux des Crustacés n’est pas composé en entier d’élémens semblables ; nous avons vu qu’on y trouvait , d’une part , des cordons médullaires , et de l’autre des ganglions ou centres nerveux ; il était donc pei'inis de conclure encore que ces parties di- verses ne concouroient pas de la même manière à la production des phénomènes dont l’ensemble du sys- tème était devenu le siège. Des recherches de physio- logie expérimentale, que j’ai commencées sur ce sujet pendant mon séjour sur les bords delà Méditerranée, et que j’ai continuées conjointement avec M. Audouin pendant notre voyage aux îles Chausay, conduisent aussi à ce résultat, et prouvent que dans ces ani- maux , de même que dans ceux des classes plus éle- vées, la faculté de recevoir les impressions venues du deliors et de les transmettre à l’organe destiné à les percevoir, réside spécialement dans les nerfs, tandis que cette dernière propi’iété est, ainsi que la faculté d’exciter les mouveinens et de les coordonner, de- venue l’ajianagc exclusif des ganglions. En ell'et , si l’on interrompt la communication entre une des pales. D£S CKÜSÏACÉS. l49 par exemple , et le système ganglionnaire , par la sec- tion du nerf qui les unissait , on détruit aussitôt dans ce membre la sensibilité etla contractilité volontaire. Les anatomistes , guidés par la position de la masse médullaire située dans la tête, au devant et au-dessus de l’œsophage , donnent communément à cette partie le nom de cerveau; mais aucun fait physiologique connu ne prouve qu’elle soit le siège exclusif des fonctions qui, chez les animaux des classes supérieu- res, sont propres à cet organe et l’anatomie devait même conduire à l’opinion contraire , car les divers ganglions nerveux des Crustacés ne présentent, dans leur structure, aucune dilférence appréciable, d’où il était à présumer que leurs propriétés étaient aussi les mêmes. Voulant décider cette question à l’aide de l’expérience, je fis sur une Squillc vivante la section des cordons nerveux- qui embrassent l’œsophage, pour unir les parties du système ganglionnaire situés au de- vant et en arrière de ce conduit. Cette opération affai- blit beaucoup l’animal, mais n’en trama pas la paraly- sie complète ni de l’extrémité antérieure , ni de la por- tion postérieure de son corps ; il continua à mouvoir les antennes , ainsi que les pâtes natatoires de son abdo- men , et donnait surtout des signes de sensibilité. En répétant .avec M. Audouin la même expérience sur le Homard, nous obtînmes un résultat analogue ; 1 hé- morragie et la lésion du système nerveux produites par l’opération , firent périr l’animal dans un assez court espace de temps, mais il conserva après la sec- tion la faculté de sentir d.ans toute la longueur du corps, et fit mouvoir comme aupai’avant, mais avec moins de force, les antennes, les aiipcndices de la bouche , les pales et l’abdomen. HISTOIBJi NArüKEJULE 1 5o Il nous paraît donc évident que cheï ces animaux les ganglions céphaliques, ou si Ton aime mieux le cerveau, n’est pas encore devenu le siège exclusif de la faculté de percevoir les sensations et d’exciter les mouvemens , mais que les ganglions situés en ai’rière de l’œsophage et au-dessous de l’intestin remplissent les mêmes fonctions. La division du travail est donc peu avancée dans l’appareil nerveux des Crustacés ; mais cependant , chez ces animaux, chacun des anneaux de la chaîne ganglionnaire n’est pas aussi indépendant des autres que chez le Lombric, par exemple, où chaque tron- çon du corps continue à se mouvoir et à sentir après avoir été séparé de la masse générale. Nous avons déjà vu que la nature tendait à centraliser le système nerveux dans la portion céphalo-thoracique des corps des Crustacés ; et , à l’aide des expériences physiolo- giques , on observe une tendance analogue vers la loca- lisation des deux fonctions principales de ce .système dans la même partie. Dans les diverses vivisections que nous avons faites, nousavons constaté que, toutes cho- ses égales d’ailleurs , la portion antérieure de la chaîne ganglionnaire remplissait mieux et pendant plus long- temps ses fonctions que la portion postérieure. Si, chez le Homard, par exemple , on divise le système nerveux dans le point où le thorax se joint à l'abdomen, on paralyse presque complètement tout ce qui est situé en arrière de la section, tandis que les membres tho- raciques et les appendices de la tête , conservent pen- dant assez long-temps la faculté de sentir et de se mouvoir. Le résultat de cette expérience est en accord avec l’état presque rudimentaire des ganglions abdo- minaux du Homard, et pn pourrait en trouver, jus- DES CRUSTACÉS. l5l qua un certain point, l’explication dans linlluence de la masse de la substance médullaire , qui est tite dans l’abdomen et considérable dans la portion céphalo-thoracique du corps ; mais si on coujm la chaîne ganglionnaire entre les pâtes de la première et de la seconde paire, on le divise en deux parties à peu près ég-ales ; et , néanmoins , c’est dans la moitié pos- térieure du corps que les effets de cette opération sont les plus marqués , surtout en ce cjui concerne la sensibilité. Ainsi , chez les Crustacés où la chaîne ganglion- naire occupe encore toute la longueur du corps , nous voyons déjà une tendance vers une localisation plus précise de certaines de ses fonctions dans une partie déterminée de son ensembio, et vers un degré de plus dans la division du travail dont il est le siège. § III. Des mouvemens en général. Dans les divers actes de la vie animale, dont nous avons déjà parlé, les animaux ne semblent jouer qu’un rôle passif ; mais les rapports qu’ils ont avec le monde extérieur, ne se bornent pas là; ils ont aussi la fa- culté de réagir à leur tour sur les objets qui les en- vironnent, et de s’en rapprocher ou de s’en eloi- oner à volontéà l’aide des divers mouvemens c£Uils O exécutent. C’est le système nerveux tpi détermine ces mouve- mens , mais ce sont les muscles et les parties cluies e l’enveloppe tégumentairc qui en sont le siège. Les muscles qui constituent ce que l’on nomme vulgaire- ment la chaire des animaux, sont des organes composés de tibres réunis en faisceaux et susceptibles de se rac- ii>2 HISTOIKE NATURELLE courcir et de s’allongeT alterDativement sous l’influence de l’excitation nerveuse ; une de leurs extrémités se fixe sur une partie de l’économie c[ui est plus ou moins immobile et qui leur sert de point d’appui , tandis que l’autre extrémité s’insère à l’organe qu’ils sont appelés à mouvoir j et qu’en se contractant ils rapprochent en totalité ou en partie de leur point d’appui. Ce sont les puissaTices motrices ou instru» mens actifs de tout mouvement. Les muscles des Crustacés sont d’une blancheur parfaite, et ne présentent dans leur structure rien de particulier; tantôt ils s’insèrent directement aux légumens, d’autres fois ils se fixent sur des pro- longemens qui naissent de ceux-ci , et qui remplis- sent les fonctions de tendons. Ces tendons sont semblables au test, et naissent ordinairement du bord de 1 article mis en mouvement par le muscle auquel chacun d’eux appartient; il est rare d’en trouver à l’extrémité immobile du muscle, à moins qu’on ne regarde comme des organes analogues les apodèmes. La forme de ces tendons rigides varie; tantôt ils sont presque filiformes , d’autres fois lamel- leux et très-larges. Les parties sur lesquelles les muscles agissent , ou les instrumens passifs du mouvement , sont di- verses pièces du squelette tégumentaire qui repré- sentent ce qu’on appelle en mécanique des leviers, c’est-à-dire des lignes inflexibles qui tournent sur un point fixe. La disposition de ces leviers est tres-simple ; ils ne peuvent jamais se mouvoir que dans un même pdan, et en décrivant une ligne dont la direction ne change pas ; l’articulation qui les unit à la pièce sur laquelle ils tournent représente une char- UES CllESTAGÉS. I o3 nière , et constitue ce que les anatomistes nomment gin glyme angulaire : elle a toujours lieu à 1 aide de deux jointures situées Tune de chaque coté de 1 ex- trémité articulaire , et placées de manière à ce qu’une ligne qui les réunirait coupe à angle droit le plan suivant lequel leurs mouveniens s’exécutent. Enfin , l’espace compris entre ces deux points , et qui corres- pond aux côtés sur lesquels la llexion ou 1 extension s’opère , est occupé par une portion de l’enveloppe tégunientairc qui ne s’encroûte pas de matière calcaire et qui remplit les fonctions d un ligament articulaire. 11 résulte de ce mode d’articulation, que les muscles ajjpartenant a chaque article ne peuvent etic que de deux ordres, savoir: des extenseurs et des fléchis- seurs. Ces organes s’insèrent toujours dans le sens contraire de la jointure , et chacun d eux se fixe ainsi entre le point sur lequel roule l’article qu’il meut et la résistance qu’il est destiné à vaincre ; disposition qui, en mécanique, caractérise les leviers du troisième "enre , et qui est la plus lavorahle a 1 etendue et a la rapidité des mouvemens , mais qui nécessite 1 emploi de forces considérables. D’après ce que nous venons de dire de la nature des articulations du système tégumentaire des Crustacés , on voit que les mouvemens que ces animaux exécutent doivent être très-simples , à moins d’une multiydica- tion extrême de ces espèces de charnières , et d’une grande diversité dans leurs directions. Les mouve- mens des divers segmens du tronc se font tous sui- vant la mémo direction et dans le plan vertical ; aussi est-ce sur les côtés du corps que ces anneaux mobiles s’articulent entre eux, et à leurs faces dorsale et ven- trale qu’ils donnent insertion à leurs muscles. En 1^4 IIISXOIilE WATUKEELE !>énéral , l’anneau mobile présente sur le bord anté- rieur de l’arceau dorsal deux petites cavités articulai- res qui embrassent cbacune une éminence arrondie ou un tubercule du bord postéi-ieur du segment précédent. Les mouvemens d’extension ne consistent que dans le redressement du corps , dont les divers segmens ne peuvent s’élever que peu ou point au-dessus de la ligne horizontale; car, pour parvenir dans cette der- nière position, une portion de leur arceau supérieur glisse presque toujours au-dessous du segment pré- cédent , et le bord de celui-ci oppose un obstacle invincible à tonte courbure en dessus. A la face ventrale du corps il existe au contraire , entre chaque segment mobile, un espace assez grand qui n’est oc- cupé que par une membrane articulaire , et qui per- met des mouvemens de flexion plus ou moins éten- dus. Les muscles moteurs des anneaux du corps en occu- pent les faces supérieures et inférieures. Leur dispo- sition est en général très-simple; chaque segment, lorsqu’il est distinct , est pourvu d’un certain nombre de faisceaux charnus qui se portent directement du bord antérieur ou postérieur d’un anneau au bord semblable de l’anneau suivant et qui remplissent les fonctions de fléchisseurs ou d’extenseurs, suivant qu’ils sont placés au-dessous ou au-dessus du niveau de l’ar- ticulation de ces pièces solides entre elles. Dans l’homme et les autres mammifères, on a observé que les muscles extenseurs étaient beaucoup plus forts que les fléchisseurs ; ici c’est le eontraire. Dans les Décapodes Braebyures dontle corps est peu mobile et dans les Edrioplithalmcs , les muscles du tronc présentent tous la disposition que nous verrons CKUSTACÉS» 1 55 de sign.iler ; mais dans les Décapodes Macroures, où l’abdomen devient un organe moteur très-puissant , le système musculaire prend , dans cette partie du corps, un développement extrême et présente des disposi- tions très-remarquables. La structure de ces muscles a été étudiée par plusieurs anatomistes ; mais la des- cription qu’ils en ont donnée ne nous paraît pas etre entièrement exacte. Voici ce que nous avons observé, conjointementavecM. Audouin, sur le Homardde nos côtes. Les muscles extenseurs de l’abdomen de ce Crustacé occupent l’arceau dorsal des anneaux, et constituent deux coucbcs, l’une superficielle, 1 autre profonde. L’espèce de panicule charnue qui forme la couche supérieure est très-mince , et se compose de fibres lon- gitudinales qui naissent dubord antérieur d’un anneau et se terminent au bord antérieur de l’anneau suivant ; de façon que le bord postérieur du premier reste libre, et peut , lors de leur contraction , glisser sur le segment suivant (i). De chaque côté de la ligne mé- diane on distingue deux faisceaux de ces fibres char- nus ; l’un, interne, est droit ; l’autre , situé plus en dehors , se porte obliquement d’avant en arrière et de dehors en dedans. Les muscles extenseurs de la cou- che profonde sont plus puissans; ils sont recouverts par la couche superficielle dont nous venons de par- ler, et reposent sur l’intestin et les muscles fléchis- seurs (a). De même que, dans lacouche supérieure , on distingue ici deux faisceaux princi|)aux ; mais la dis- position des fibres C£ui les composent est 1 inverse de (I) PI- i:>> tig- (•.!) PI iJ, (ig- 1, H). mSTOIKE NATURELLE celle signalée plus haut, car ce sont les externes gui sont droites ; tandis que celles de la bande charnue interne sont obliques, et offrent, comme M. Cuvier lavait déjà observé , l’aspect d’une corde tordue. Les points d insertion de ces muscles sont les mêmes que ceux des faisceaux suyierficiels ; ces organes se fixent au bord antérieur de chaque anneau , mais , au lieu de s’y terminer complètement, ils y envoient seulement des expansions aponévrotiques, et la majeure partie de leurs fibres se continuent avec ceux de l’anneau sui- vant. Au sixième anneau de l’abdomen on ne trouve point démuselés extenseurs superficiels, et la couche profonde n’est reymésentée que par une paire de fais- ceaux obliques qui occupent les parties latérales de 1 arceau supérieur. Les autres segmens de l’abdomen ne présentent, sous ce rapport , rien de reniai'quable. Lnfin , les muscles extenseurs du premier de ces an- neaux sont plus puissans que les précédens , et vont prendre leur point d’appui sur le thorax ; ils se fixent à la face interne des flancs , et circonscrivent de cha- que coté 1 espace qui loge le cœur, etc. Les derniers anneaux qui composent le thorax sont soudés entre eux de maniéré a ne pouvoir exécuter des mouve- mens : aussi n’y trouve- t-on point de muscles exten- seurs , mais l’espèce de carapace formée par le prolon- gement de l’arceau supérieur de la tête n’est pas complètement immobile , et on trouve quelle est fixée à la voûte des flancs par un grand nombre de fibres charnues verticales , qui paraissent être les analogues de celles dont nous venons de parler : ce sont ces es- pèces de colonnes charnues qui , tapissées par un repli tégumeutaire , établissent la séparation entre les ca- vités respiratoires et la cavité viscérale. nr.s CRUSTACÉS. 15^ Les muscles llécliisseurs se tlistinguent aussi en su- perficiels et en profonds. La couclie superficielle est extrêmement mince , et n’est formée que par quelques fibres longitudinales ({ui vont d’un anneau de l’abdomen à l’autre. L’extré- mité antérieure de chacun de ces muscles s’insère sur la membrane inter-articulaire près du bord posté- rieur de l’arceau inférieur, et leur extrémité opposée se fixe sur le bord postérieur de l’anneau suivant. Dans les premiers segmens de l’abdomen , ces rubans charnus s’étendent dans toute la largeur de l’anneau ; mais dans le cinquième segment on ne retrouve plus que quelques fibres près de la ligne médiane , et dans le sixième on n’en voit plus de traces. Entre le thorax et l’abdomen, ces muscles forment deux petits fais- ceaux ; enfin , chose remarquable , on en retrouve encore des vestiges dans toute la longueur du thorax •à la partie supérieure du canal sternal. La couche profonde des muscles fléchisseurs de l’ab- domen est extrêment puissante , et remplit à elle seule la majeure partie de l’anneau tégumentaire. La masse commune formée par toutes ces fibres charnues est d’une structure extrêmement compliquée , et ressemble un peu à une grosse tresse serrée. Lorsqu’on l’examine par sa face inférieure, on distingue d’abord des faisceaux longitudinaux et des faisceaux obliques qui reposent sur les muscles de la couche superficielle ; et , en les écartant légèrement sur la ligne médiane , on aperçoit un peu plus profondément des bandelettes transversa- les qui paraissent être parfaitement distinctes des pre- miers faisceaux (i). Mais, si on porte l’examen plus (1) n iS, tig. 3. î?8 histoire natürélle îsirij Oïl ne tarde pas à se convaincre que la struc- ture de cette niasse charnue est bien plus compli- quée; à moins d’y porter une attention très-grande, elle est même difficile à comprendre. En étudiant le premier segment de l’abdomen, on voit qu’il reçoit du thorax un certain nombre de faisceaux ci'arnus qui prennent leur point d’appui sur le fond delà cavité viscérale dè cette partie du corps, et qui forment de chaque côté trois muscles distincts : le premier, que nous appellerons le muscle droit du pre- mier anneau abdominal , est situé près de la ligne médiane (i) ; il repose immédiatement sur la couche des fléchisseurs superficiels , et va s’inséter sur le mi- lieu de l’arceau inférieur de l’anneilu auquel il appar- tient. Le second (a) , également superficiel, est situé plus en dehors , et se porte en arrière et en dehors : aussi le désignerons-nous sous le nom de muscle oblique. Parvenu près de la partie latérale de l’anneau, ce muscle y envoie quekjues fibres , et s’y fixe aussi à l’aide d’une intersection aponévrotique ; mais la ma- jeure partie des faisceaux charnus qui le forment se portent au delà, et se contournent en haut et en arrière ; Là ils se divisent en deux parties : l’une se fixe sur la masse charnue commune à l’aide d’intersections apo- névrotiqiies ; l’autre se joint au muscle central du second anneau , et se comporte comme nous le dirons plus tard. E.ifin, le troisième muscle qui vient du thorax est situé au-dessus des deux précédons, et pa- raît s’enfoncer dans la masse charnue commune ; aussi (1) l'I. i3, fig. 3, cl. (•■i) PI. i3, 3, (t, et (ig;. /j, o. nES CRUSTACÉS. 1 5cj le nommons-nous muscle central (i). Quant à sa termi- naison, nous aurons Toccasion d’en parler par la suite. Au - dessus des muscles droits et obliques du pre- mier anneau on aperçoit les muscles analogues du se- cond anneau, et plus profondément encore un muscle irunsuersal (2) dont la disposition est très-curieuse, car ce n’est autre chose que l’origine des muscles droits et obliques de l’anneau suivant. En ellet, ce ruban charnu, parvenu sur les parties latérales de l’abdo- men , ne s’y termine pas comme on pouri'ait le croire au premier abord, mais se recourbe en haut, forme une espèce de boucle autour du muscle central dont nous venons de parler, s’accolle à son congénère, plonge vers la face inférieure de l’anneau^ redevient longitu- dinal , se dirige en arrière et constitue ainsi les muscles droits et obliques du second anneau (.^). Dans le point où le muscle transversal commence à remonter du coté externe du muscle central , il donne attache à un fais- ceau charnu assez gros, qui se porte en arrière et en dedans , se confond avec le muscle central du premier anneau, puis se réunit avec l’une des portions tei'mina- les du muscle oblic^ue du même anneau , dont il a déjà été question , et constitue ainsi le muscle central du se- cond anneau (4), qui est embrassé à son tour par le mus- cle transversal de ce segment , et se comporte comme le précédent. Dans le point où la portion supérieure du muscle transversal rencontre la portion inférieure du même muscle , après avoir formé de chaque côté Un (I) PI. i3, fig, 3, c, {•!) PI. i3, fig. 3, t, et %. 4, t. (3) PI. i3, fig. 3, d\ o', et lig. 4. (4) PI i3, fig. 4, c.'. t Go HISTOIRE NATURELLE anneau autour du muscle central, et où elle plonge sous elle pour former les muscles droits et obliques du second segment , elle donne naissance à quelques faisceaux charnus qui se portent directement en arrière en pas- sant au-dessus de la bandelette transversale, et vont se confondre avec les muscles droits et obliques du seg- ment suivant (i). Enfin, les muscles droits et obliques formées par la terminaison de la bande charnue trans- versale vont se fixer au second anneau , et présentent exactement la même disposition que ceux de l’anneau précédent. Ainsi , les muscles fléchisseurs jirofonds du premier anneau de l’abdomen ])rennent leur point d’appui sur le thorax ; mais la charpente osseuse n’en fournit pas à ceux du second segment ; les deux extrémités de ces muscles sont fixées à la partie qu’ils sont destinés à mouvoir , et c’est le double anneau qu’ils forment au- tour du muscle central du segment précédent qui leur en tient lieu. Les muscles fléchisseurs profonds du troisième et du quatrième anneaux ne diflèrent pas de ceux du second (2) : la partie moyenne du ruban charnu qu’ils forment, constitue le muscle transversal de l’anneau precedent , et présente une espece d’anse pour rece- voir le muscle central fourni parles muscles transversal et oblique de l’anneau précédent. La disposition du muscle transversal du quatrième anneau est encore la même ; mais le mode de terminaison des muscles obli- ques qui en proviennent n’est pas exactement sem- blable à ce que nous avons vu jusqu’ici : en ollet , (1) PI. i3, fig. 4, (2) PI. i3, (ig. 4, DES CRUSTACÉS. l6l après avoir envoyé des fibres et des expansions aponévrotiques à la partie latérale et inférieure du cinquième anneau , ils se recourbent en haut comme d’ordinaire; mais, au lieu de se fixer sur le muscle transversal suivant , ils donnent naissance à des fais- ceaux charnus qui se portent en arrière pour s’insérer à la partie dorsale du cincjuième anneau , puis ils ga- gnent la ligne médiane , et sy réunissent entre eux à l’aide d’une intersection aponévrotique (i). Les muscles centraux fournis par le muscle trans- versal du quatrième anneau présentent également des anomalies ; car , au lieu de s’enfoncer dans des anses formés par le muscle transversal de l’anneau suivant , ils viennent seulement le fortifier ; ils se recourbent en dedans , et se réunissent ainsi avec la bande trans- versale du cinquième anneau. Enfin ce dernier muscle se recourbe seulement sur lui-méme. Dans les Décapodes Bracbyures , et dans les Edriophthalmes , on ne retrouve pas cette disposition curieuse des muscles fléchisseurs profonds ; la couche superficielle est même la seule qui paraisse exister. Les membres des Crustacés sont en général desti- nés à exécuter des mouvemens beaucoup plus variés que le tronc de ces animaux , aussi y remarque-t-on des différences beaucoup plus grandes dans la direction des points articulaires. Souvent il existe une série de six jointures en charnières , ayant chacune un usage spécial ; celles qui servent à changer la direction de l’ensemble du membre en occupent la base, et celles qui sont principalement destinées à déterminer son 1 1 {i) PI. i3 , flg. 4. CRUSTACÉS , TOME I. HISTOIRE NATURELLE 162 raccourcissement ou son allongement sont placées vers sa partie moyenne. Les muscles servant à mouvoir l’un des articles d’un membre s’y fixent presque toujours à son bord supé- rieur, et se logent dans l’article précédent , à moins que celui-ci ne soit très-court , et alors on les trouve ordinairement dans la pièce précédente (i). Les plus forts, et par conséquent les plus gros de ces muscles, sont en général ceux qui servent à changer la direction totale du membre, et qui appartiennent à ses deux pre- miers articles ; ils sont logés dans les parties latérales du tronc , et prennent leur point d’appui , soit aux an- neaux correspondans , soit aux apodèmes dont l’inté- rieur de ceux-ci peut être hérissé. Dans le thorax des Crustacés Décapodes, par exemple , ces muscles rem- plissent la double rangée de cellules située de chaque côté du thorax (2;. Leur disposition , du reste , ne pré- sente rien d’assez remarquable pour mériter de nous arrêter ici. Les Crustacés vivent presque tous dans l’eau , aussi est-ce principalement au moyen de la natation qu’ils changent de place ; mais la plupart d’entre eux peuvent aussi marcher, et présentent un certain nombre d’or- ganes allectés spécialement à cet usage. Il en est même dont la course est si rapide qu’un homme peut à peine les suivre , et on en connaît qui font à certaines épo- ques des voyages terrestres de plusieurs lieues. La natation a lieu tantôt par les mouvemens des membres, tantôt par ceux de l’extrémité postérieure du corps; à l’aide des premiers, l’animal se porte en (i) PI. fig. 5. (■.2) PI. i3, (ig. G . DES CRUSTACÉS. 1 63 avant OU de côté , et par le moyen des seconds il recule avec une ra])idite extrême. Ces deux manières de na- ger se voient souvent lorsc[u’on observe les Palémons, connues sur nos côtes sous les noms de Crevettes , de Salicoqucs, de Bouquets, etc. ; mais, quand ces animaux cberchent à échapper à quelque danger, c’est toujours en recourbant brusquement leur queue qu’ils s’en éloi- gnent. Les Écrevisses nagent presque toujours en arrière de la même manière ; mais les Crabes , dont l’abdomen est rudimentaire , sont en général privés^de ce moyen de progression , et nagent seulement à 1 aide de leurs pâtes. Cbezles Crustacés , dont l’extrémite postérieure du corps sert comme organe de natation, 1 abdomen se compose toujours d’un certain nombre de segmens mobiles les uns sur les autres, et sc termine par une espèce de nageoii'e formée du dernier anneau devenu lamelleux et des membres du segment précédent, qui prennent alors un grand dcvelop])cmcnt (i). Le nombre des membres alîectes a la locomotion varie beaucoup , et est , en general , plus considérable chez les Crustacés nageurs que chez les Crustacés marcheurs. Tous les membres qui suivent les a])pen- dices de la bouche peuvent constituer des organes de natation ; mais il n’y a jamais que ceux delà ])artie moyenne du corps qui affectent la forme de pâtes am- bulatoires. Les membres abdominaux sont souvent employés àla respiration, d’autresfois ils peuvent etre considérés comme des dépendances de l’appareil respi- ratoire , et quelquesfois aussi un certain nomhred entre eux deviennent des organes du saut. Dans ce dernier I I . (i) PI. a3, lig. I, Ote. HISTOIRE NATDRELLE i64 cas, les pièces terminales, que supporte leur article basilaire, sont raides, courtes, et en général s tylifor- mes [i) ; mais, lorsque ces membres servent à la nata- tion, lesjnèccs dont nous venons de parler prcnnentla forme de longues lames ciliées sur les boi’ds, et parais- sent en général composées d’une série d’articles plus ou moins nombreux (2). Dans les Crustacés essentiellement nageurs , les pâtes thoraciques sont souvent llabelliformes (3) ; mais d’autres fois elles se terminent par un article lamelleux et plus ou moins large (4) ; cette dernière disposition se rencontre surtout aux pales postérieures et se voit chez les Crustacés fouisseurs aussi bien que chez les espèces pélagiques. Lorsque ces membres sont destinés à servir à la marche , ils sont à peu près cylindriques , et se terminent par un article styliforme dont l’extré- mité est souvent armée d’une sorte d’ongle pointu (5). Enfin , les membres thoraciques des Crustacés peu- vent aussi être transformés en organes de préhension , et pour cela il leur suffit d’une modification très-légère ; tantôt c’est le dernier article qui se reploie sur l’article précédent , d’autres fois c’est celui-ci qui se prolonge au-dessous du suivant , de façon à former avec lui une véritable pince. Dans les deux cas, le pénultième ar- ticle est plus ou moins élargi et porte alors le nom de main. Ijorsque ces organes de préhension doivent servira l’alimentation ou à la défense , ils sont formés par les pâtes thoraciques des premières paires ; mais , (1) PI. 1, %. a. (2) PL a3, lig. 2, d, 5, 7 et 8. (3) PL 26. (4) PI. 17, lig. 1, 7 et i3. (5) PL 3, fig. I, etc. DES CRUSTACES. l65 lorsqu’ils sont destinés à maintenir l’animal dans l’in- térieur de quelque cavité , ou a fixer sur son dos des corps étrangers, ils appar tien eut aux derniers segmens du thorax. CHAPITRE IV. DE LA GÉNÉRÀTION DES CRUSTACÉS ET DE LEUR DÉVELOPPEMENT. Les Crustacés , de même que tous les autres ani- maux articulés , se reproduisent au moyen d’œufs , et , de même aussi que chez la plupart de ces êtres, ils n’ont jamais les deux appareils sexuels , de production et de fécondation , réunis chez un seul individu ; les sexes sont toujours distincts , et chez un grand nombre de Crustacés , sinon chez tous , les œufs sont fécon- dés avant la ponte dans l’intérieur du corps de la fe- melle. L’appareil de la reproduction , soit chez le mâle , soit chez la femelle, se compose toujours de deux séries d’organes parfaitement similaires et placés de chaque côté de la ligne médiane du corps , ou plutôt il y a chez le même individu deux appareils semblables, l’un adroite, l’autre à gauche, parfaitement indépen- dans l’un de l’autre , et n’ayant souvent entre eux au- cune connexion , tant à l’intérieur du corps qu’à sa surface. Cette indépendance des deux moitiés de l’ap- pareil de la génération est si complète qu’on a vu un cas où l’un des côtés était mâle et l’autre femelle, sans que cette monstruosité eût entraîné aucune autre per- l66 HISTOIRE NATURELLE turbation sensible dans la conformation de ces or- ganes. C’est principalement , et on pourrait dire exclusi- vement dans la partie thoracique du corps , qu’est logé l’appareil de la génération. Sa structure est assez sim- jile et ne paraît différer que peu suivant les sexes. Chez la femelle il se compose essentiellement , pour chaque moitié du corps, d’un ovaire, d’un oviducte, d’une vulve, et de quelques parties accessoires ser- vant, soit à mieux assurer la fécondation des œufs , soit aies soutenir ou à les renfermer après la ponte. Chez le mâle , chaque moitié de l’appareil générateur consiste en un testicule, un canal efférent dont la partie inférieure peut en général saillir au dehors de façon à constituer une verge , et en certains appen- dices servant d’une manière moins directe à la copu- lation. Dans la plupart des Crustacés les plus élevés dans la série, l’appareil mâle est très-développé. Dans le Tourteau par exemple, ces organes recou- vrent la plus grande partie de la face supérieure du foie, s’enfoncent sous le cœur, et se tiennent dans la cellule delà dernière pâte. On peut y distinguer trois portions : l’une située sur les masses latérales du foie et recouverte par les tégumens, s’étend depuis le ni- veau du bord antérieur de l’avant-dernière branchie, jusfju’au niveau du bord externe des mandibules, en décrivant une courbure dont la convexité est pa- rallèle au bord de la carapace, et en augmentant de largeur de son extrémité externe vers l’interne. Cette portion que l’on peut regarder comme étant l’analogue du testicule, présente l’aspect d’une espèce de grappe formée de quatre lobes principaux , qui à leur tour DES CRUSTACÉS. 167 sont composés de vaisseaux vermiculaires, d’une grande ténuité, entortillés de manière à former des espèces de pelottes. Ces vaisceaux dont la couleur est Liane de lait , sont renfermés dans une membrane très-fine et diaphane , et ils sont évidemment les organes secre- tum de la liqueur fécondante. Ils se continuent avec la seconde partie de l’appareil qui est situé sur les côtés de l’estomac , et qui consiste en un gros vaisceau entortillé sur lui-même, et d’un blanc laiteux. Enfin , un peu plus en arrière se trouve la troisième partie de l’organe générateur, que l’on peut appeler le ciinal efi'erent. C’est un gros tube contourné sur lui-memc , ayant la même teinte que les parties dont nous ve- nons de parler, faisant suite avec elles , et présentant à peu près l’aspect des circonvolutions de l’intestin grêle de l’homme ; ce tube contourne le muscle de la tige des mandibules, et s’enfonce sous le cœur où il diminue de volume, et , après avoir fait plusieurs circonvolu- tions, se porte en arrière sur les parties latérales de l’espace compris entre les cellules des ILincs , puis s’enfonce dans la cellule de la dernière pâte, pour aller traverser la partie postérieure et interne de la base de cette pâte, et s’ouvre à l’extérieur. Dans d’autres Crustacés il n’y a pas de ligne de dé- marcation aussi tranchée entre les differentes portions de l’organe mâle ; dans le Maïa , par exemple , il pa- raît formé d’un seul tube dont la longueur est extrême, et dont le calibre , d’abord capillaire , augmente insen- siblement vers son extrémité postérieure. Mais, dun autre côté , il existe quelquefois aussi des dilfércnces bien plus considérables que celles signalées ci-dessus ; dans l’Écrevisse de rivière , par exemple , les vais- seaux sécréteurs capillaires qui composent le testicule i68 llISrOIKE WATUr.ELLE sont agglomérés de façon à former une masse glan- dulaire très-nettement limitée, et présentant trois branches , dont deux , dirigées en avant , se placent sur les cotés de 1 estomac , et un se porte en arrière sous le cœur; du point de réunion de ces trois por- tions , il naît de chaque côté un canal excréteur qui est long et étroit , se contourne sur lui-même, et se termine enfin dans 1 article basilaire de la dernière pâte (i). Dans le Homard, les testicules sont au con- traire tres-allongées , et s’étendent depuis la tête jus- que vers le milieu de l’abdomen. Mais c’est surtout dans les hidriophthatmes que ces organes présentent des particularités remarquables; ils consistent en un, deux ou trois vésicules pyriformes et allongés qui tiennent par un pédoncule grêle à un canal excréteur commun (2). Du reste, 1 aspect des organes sécréteurs de la se- mence varie beaucoup suivant les saisons: à l’époque de la reproduction elles sont gonflées et gorgées d’un suc laiteux, tandis qu’après elles tombent presque dans un état d atrophie passager, qui ne permet pas de bien distinguer les différences qui peuvent réellement exis- ter entre elles. L’ouverture extérieure de l’organe mâle est ordi- nairement pratiquée dans l’article basilaire des pâtes de la dernière paire (3); mais quelquefois elle est placée sur le plastron sternal lui-même, dans la portion for- mée parle dernier anneau thoracique (4). Cette disposi- (1) PI. la, fig. 14, (2) PI. 12, fig. i3. (3) PI. 12, fig. 14, et PI. 23, fig 2. (4) H. 18, fig. 6. a, b. DES CBUSTACÉS. *69 lion se remarque dans plusieurs Décapodes Brachyures de la famille des Galométopes ; et , dans d’autres Crus- tacés appartenant au même groupe, bien que les canaux éjaculateurs traversent l’article basilaire des pâtes pos- térieures pour se porter au dehors , ils ne se terminent encore que sur le plastron sternal , car ils pénètrent dans un petit canal ou gouttière transversale, c|ui les cache jusqu’à ce qu’ils soient parvenus à la partie dù thorax recouverte par l’abdomen. Dans 1 état ordi- naire, les canaux elFérens se terminent aux bords de l’ouverture externe dont nous venons de parler; mais lors de la copulation ils se prolongent au delà en se renversant comme un doigt de gant , deviennent tur- gides , et constituent de véritables verges. Chez la plupart des Crustacés de l’ordre des Déca- podes, les membres abdominaux de la première et de la seconde paires ( i) ont uneforme très-différente de ceux qui suivent (lorsqu’il en existe d’autres), ou de ceux delà femelle , et paraissent servir comme des organes excitateurs dans l’acte de la reproduction ; mais c’est à tort que beaucoup de naturalistes les ont considérés comme étant des verges. Chez plusieurs de ces ani- maux (les Gécarcins, par exemple) leur grosseur est telle , qu’ils ne peuvent jamais pénétrer dans les vul- ves , et nous avons constaté , par l’observation directe , que cbez d’autres c’est l’extrémité inférieure du canal elïérent qui seule s’introduit dans le corps delà femelle. Ces appendices paraissent devoir servir à diriger les verges vers les vulves, et peut-être aussi a exciter ces derniers organes. Ils ont ordinairement la (i) in. 3, fig. 6, t5 et i6. J 70 HISTOIRE ffATüllELLE forme de stylets tubulaires , et sont formés par une lame cornée enroulée sur elle-même; ceux de la pre- mière paire sont grands , et renferment dans leur in- térieur les seconds qui sont rudimentaires. On ne sait que peu de choses sur la structure de 1 appareil mâle des Crustacés les plus inférieurs, et il est même plusieurs de ces animaux dont on ne connaît encore que les individus femelles. C est dans la famille des Décapodes Brachyures que les organes internes de la reproduction sont les plus compliques chez la femelle (i). Outre les ovaires et les oviductes, on trou ve encore chez ces animaux des po- chescopulatrices très-développées. Lorsqu’on ouvre un de ces animaux vers la fin de l’automne, on ne trouve ])oint d’œufs dans les ovaires, et ces organes ont l’aspect de grosses cordes blanchâtres , creusées à l’intérieur par un canal longitudinal, étayant des parois épaisses et coriaces (a). Ces tubes, au nombre de quatre, sontcylin- driques, de la même grosseur dans toute leur longueur, et terminés en cul-de-sac ; ils sont placés longitudina- lement, deux de chaque côté du corpS; l’un dirigé en avant , l’autre en arrière. Les tubes ovariens an- térieurs reposent sur le foie; leur extrémité est située vers la partie extérieure et antérieure de la région branchiale ; de là ils se portent en avant , puis se re- courbent en dedans, gagnent les côtés de l’estomac, et se dirigent ensuite en arrière , en passant sous le cœur, pour se terminer chacun dans l’oviducte du côté cor- respondant , près de la cellule des flancs située au-des- (1) PI. 12 , fig. 12. (2) P1.5, Kg. I, e, et PI. 12, Kg. 12. DES CRUSTACÉS. 171 SUS de la troisième paire de pieds. Entre 1 estomac et le cœur, ces deux portions de l’ovaire sont unies par un tube transversal , long de quelques lignes, qui a la même grosseur et le même aspect qu’eux (i). Les deux tubes postérieurs (2) sont d’abord intimement unis entre eux, et reposent alors sur l’intestin dans la partie an- térieure de l’abdomen ; mais bientôt ils se séparent , et vont sous le cœur se joindre aux oviductes dans le même point oii se terminent les deux tubes antérieurs. Les oviductes (3) ont le même aspect que les ovaires, dont ils sont la continuation ; ils se ^Jortent directe- ment en bas, et, après quelques lignes de trajet, s’unissent chacun à une grande poche logée entre les muscles des flancs et le foie , et placés verticalement avec son fond dirigé en haut (4) ; enfin, le conduit formé par le col de cette poche et par l’extrémité de l’ovi- ducle se fixe à la face supérieure du plastron sternal , au pourtour d’une ouverture creusée dans le segment qui porte les pâtes ambulatoires de la troisième paire. Les ovules paraissent se former dans les parois des ovaires , et lorsque ces organes en sont remplis ils acquièrent une grosseur considérable et deviennent comme bosselés ; leurs parois deviennent en même temps minces et presque transparentes. La disposition de l’appareil femelle de la génération est essentiellement la même chez tous les autres Dé- capodes Brachyures ; mais , chez les Décapodes Ano- moures et Macroures , il n’existe point de poche co- (1) n. 12, fig. 12, d. (2) PI. 12, %• 12, h. (3) PI. 12, fig. 12, e. (4) PI. 12, fig. 12,/. 172 HISTOIRE WATURELLE pulatrice , et on remarque plus de différence entre les ovaires et les oviductes , qui , en général , nous ont paru plus longs et plus étroits. Chez ces Crustacés , les vulves , au lieu d’étre creusées dans le plastron sternal, occupent l’article basilaire des pâtes de la troisième paire (i). Chez la plupart des Crustacés inférieurs , la dis- position des parties intérieures de cet appareil est encore plus simple ; les ovaires forment de chaque côté de l’intestiu deux masses d’apparence spongieuse , dont l’extrémité postérieure aboutit aux vulves; quel- quefois cependant ces organes ressemblent presque à des glandes conglomérées , et sont très-distinctes des oviductes. Enfin, c’est ordinairement sur le dernier anneau thoracique que sont pratiquées les ouvertures extérieures de la génération. Les parties accessoires de l’appareil femelle varient davantage et sont plus compliquées que celles des mâles ; ce sont tantôt les membres abdominaux qui sont modifiés dans leur structure pour former des points d’attache aux œufs , tantôt des appendices des membres thoraciques qui servent au même usage , ou qui , en se réunissant , constituent une espèce de poche ovifère; enfin, d’autres fois encore il existe, suspendus aux vulves, des tubes semi-cornés ou des espèces de poches membraneuses qui renferment éga- lement les œufs et que la femelle traîne avec elle. La première de ces dispositions est propre à tous les Déca- podes , la seconde existe chez les Edriophthalmes , et la troisième chez la plupart des Crustacés auxquels (I) PI. 21, fig. 8 et 18. DES CnUSTACÉS. lyS on donne ordinairement les noms d Entomostracés , de Lernées , etc. Chez un grand nombre de Crustacés, les différences sexuelles ne consistent pas seulement dans le mode de conformation de l’appareil générateur et de ses an- nexes, et on peut souvent distinguer les mâles des fe- melles par d’autres particularités d’organisation. Chez les Décapodes Brachyures, par exemple, l’ahdomen est toujours étroit chez le mâle, tandis que chez la fe- melle il est très-large, et recouvre en général presque tout le plastron sternal dont la forme est en rapport avec ces différences. Chez les Cyclopes, les males sont beaucoup plus petits que les femelles, et ont leurs an- tennes et quelquefois leurs pâtes d’une forme parti- culière. Enfin , chez les Bopyres et les Jones , les diffé- rences sexuelles sont si grandes, quau premier abord on serait porté à regarder le mâle et la femelle comme appartenant à des genres distincts. Il y a lieu de croire que chez la plupart des Crustacés parasites il y a ordinairement moins de ressemblance entre les deux sexes que chez les Crustacés qui mènent une vie er- rante, et c’est peut-être pour cette raison que les mâles de beaucoup de ces petits animaux sont encore inconnus (i). A une époque déterminée de l’année qui varie sui- vant les espèces, les sexes se rapprochent et les œufs sont fécondés. Le mécanisme, à l’aideduquel lanature assure le contact de la liqueur spermatique du mâle avec les germes fournis par la femelle, est tres-facile à comprendre chez les Décapodes Brachyures. Chez (l) Voyez Mémoire sur le Nicothoéj p^ii' Audouin el l’-d- "Wards. ( .4itnales drs Selences naturelles , t. Xï- ) 174 HISTOIRE NATURELLE ces Crustacés il y a une véritable copulation ; les ver- ges du mâle pénètrent dans les poches copulatrices si- tuées au-dessus des vulves de la femelle , et y déposent la liqueur spermatique , qui est ainsi tenue en réserve de manière à pouvoir être versée sur les œufs au fur et à mesure de leur passage au dehors. Afin de nous assurer si les choses se passaient réelle- ment ainsi, nous avons, conjointement avec M. Au- douin , injecté des liquides colorés dans les vulves d’un Maïa femelle, et nous avons vu l’injection pénétrer directement dans la poche copulatrice. J’ai observé aussi qu’à l’époque de la ponte, ces poches sont dé- tendues par un liquide opaque et laiteux, tandis que pendant le reste de l’année elles sont vides et con- tractées. Enfin, dans une de mes excursions zoologiques sur les côtes delà Bretagne, j’ai trouvé un Tourteau femelle qui venait d’être fécondée, et chez laquelle l’extrémité des verges du mâle s’étaient rompues après la cojmlation, comme cela a lieu chez beaucoup d’in- sectes; ces organes étaient restés enfoncés dans la poche copulatrice. Chez les Décapodes Bi’achyures la fécondation des œufs doit donc s’opérer de la même manière que dans les Insectes, chez lesquels M. Audouin a fait depuis long-temps des observations analogues, et dans les Mollusques Gastéropodes, chez lesquelles la vésicule à long col remplit, d’après les observations récentes du docteur Prévost , les fonctions d’une poche copula- trice. Mais chez les Décapodes Macroures, et chez les autres Crustacés où il n’existe pas de réservoir sem- blable pour laliqueur spermatique, lafécondation des œufs est moins facile à comprendre. On admet géné- ralement que chez tous ces animaux il y a une véri- DES CRUSTACÉS. 1^5 table copulation , et que par conséquent la liqueur fécondante est introduite dans l’intérieur de 1 appa- reil générateur de la famille. Or, s’il en était ainsi, il serait difficile de comprendre comment les œufs qui remplissent tout l’oraire, et dont les premiers sont pondus long-temps avant que les derniers ne soient développés, recevraient le contact de cette liqueur, condition qui est nécessaire à leur fécondation; mais il n’y a pas , que je sache, d’observation directe qui prouve l’existence d’une copulation semblable , et 1 ab- sence d’une poche copulatrice nous porte a penser que chez ces animaux les œufs ne sont fécondés par le mâle qu’au fur et à mesure de leur ponte, comme cela a lieu chez les Grenouilles , ou bien après qu ils sont tous sortis du corps de la mère , et cju’ils sont suspen- dus aux appendices de son abdomen ou renfermés entre les lames ovifères de son thorax. Quoi qu’il en soit, c’est, comme nous l’avons déjà dit, dans les parois de l’ovaire que les ovules se for- ment d’abord, et, lorsqu’ils sont parvenus à une cer- taine grosseur, ils se détachent et tombent dans la cavité de cet organe pour être ensuite expulsés au de- hors. La manière dont ce phénomène a lieu a été ob- servée avec beaucoup de soin chez l’Ecrevisse lluvia- tile , par un naturaliste habilè , M. Eathke , a qui l’on doit aussi des recherches pleines d’intérêt sur le déve- loppement de l’embryon des Crustacés. L’œuf de l’Écrevisse Iluviatile, dit M. Rathke (i), se présente d’abord sous la forme d’une vésicule tran- sparente, à parois memliraneuses très-minces, plutôt (i) Uiitersuchungen uler die Bilduiig uiid eulwicheltieg der Pluss- hrebscn , in-folio ; Leipzig , iSag. Ij6 HISTOinE NATURELLE lenticulaire que spliérique, et remplie d’un liquide aqueux. Plus tard il se forme autour de cette vésicule une seconde tunique beaucoup plus ténue, c[ui est la meïnbrane du jaune, et entre ces deux enveloppes il se dépose un liquide transparent , qui bientôt devient blanchâtre , opaque et visqueux ; c’est le premier rudi- ment du jaune; et, en même temps que sa masse augmente, on aperçoit dans son intérieur une grande quantité de globules très-petits et blancs comme la neige. La vésicule intérieure, que l’auteur nomme vésicule de PurMnje^ reste transparente et s’accroît à peine, de sorte quelle est d’autant plus petite, rela- tivement à la membrane du jaune , que le développe- ment de l’œuf est plus avancé. Elle occupe d’abord le centre de la vésicule externe ; mais plus tard elle s’ap- proche de plus en plus de l’un des côtés de cette der- nière, et finit par la toucher presque dans un point de sa circonférence, tandis que du côté opposé elle en est séparée par un espace très-considérable. Lorsque l’œuf existe depuis six mois, le liquide contenu dans la vésicule extérieure , ou la membrane du jaune, prend une couleur Isabelle, s’épaissit, et présente un plus grand nombre de globules. Plus tard, sa couleur devient d’un jaune orangé, et finit par passer au brun foncé. Pendant qu’il éprouve ces changemens , il s’en opère d’autres dans sa consistance, car le nombre de globules qu’il tient en suspension augmente au point de le transformer en une masse visqueuse. Les derniers changemens qui ont lieu dans l’œuf pendant son séjour dans l’ovaire sont les plus impor- tuns, et consistent d’une part dans la disparition de la vésicule de Purkinje, et de l’autre dans l’apparition DES CHUSTACÉS. du germe. Ces deux phénomènes paraissent avoir lieu à peu près simultanément, et il serait possible que le germe fût produit par répancheraonl du liquide con- tenu dans la vésicule interne ; il se présente d’abord sous la forme d’un léger nuage blanchâtre, répandu sur une partie de la surface du jaune. Peu à peu il se transforme en une tache blanche, opaque, et s’étend de manière à occuper cà peu près la sixième partie de la superficie du jaune : ses limites ne sont pas bien tranchées , et , lorsqu’on détache la membrane qui le recouvre , on voit qu’il a beaucoup d’analogie avec du blanc d’œuf coagulé. Enfin , le tégument externe de l’œuf, ou la membrane du jaune, n’a que peu d’é- paisseur; mais le jaune lui-même prend un grand dé- veloppement. Après être parvenu dans la cavité de l’ovaire , l’œuf se dirige peu à peu vers l’orifice externe de l’un des oviductes , dont les parois sécrètent , à l’époque du printemps, un liquide albumineux assez épais qui entoure cet œuf, et qui, en seconcrétant après la ponte, constitue une deuxième enveloppe extérieure. Lorsque les œufs sont pondus , on y distingue les parties suivantes : i”. Le jaune ou vitellus , qui forme la majeure par- tie de la masse de l’œuf (i); sa couleur est noirâtre, et il se compose de globules gélatineux de diverses gran- deurs, agglutinés entre eux. 2”. Le germe lors de la ponte de l’œuf; la tache que nous y avons vue aupa- ravant, et qui constituait le germe, a tout-à-fait dis- paru ; mais la surface du jaune , au lieu d’être unifor- (2) PI. l-i, iig. I, n. CRüSTACj's , I TOMT. I. 12 HISTOIRE XATUREÈLE 1^78 inément colorée en noir, présente maintenant un aspect marbré, dépendant de la présence d’une cou- che blanchâtre qui est répandue sur elle, et qui n’est autre chose qu’une transformation de ce même germe. 3". La membrane du jaune{i), qui enveloppe le jaune ainsi que le germe , et y adhère de toutes parts. Elle est parfaitement transparente , très-mince , mais pré- sente assez de consistance. 4'’- he chorion {'i) , tuni- que qui enveloppe la membrane du jaune, et est transparente comme elle, mais beaucou|i plus épaisse. 5“, Le blanc (3) , liquide transparent et aqueux qui remplit l’espace que laissent entre eux la membrane du jaune et le derme. Il est peu abondant , et diminue progressivement , de manière que les deux membra- nes dont nous venons de parler finissent par se tou- cher. 6“. La membrane externe (4), qui enveloppe le derme, et qui sert à fixer les œufs aux fausses pâtes abdominales de la mère. Elle est peu épaisse, et sa surface est inégale. Afin de rendre plus méthodique la description des phénomènes nombreux et variés que l’œuf de l’Ecre- visse présente pendant son développement , M. Rathke y distingue cinq périodes. La première est celle com- prise entre la ponte de l’œuf et l’apparition des pre- mières traces d’organes spéciaux. Avant l’apparition de l’embryon, on observe à la surface de l’œuf plusieurs changemens très-remarqua- bles. Le premier de ces phénomènes consiste dans la (I) PI. 14, fig. i,y. (3) PI. i4, fig. I, h. (3) PI. i4, lig, I, C. (4) PI. 14. lig. I, «• DES CBUSTACÉS. 1^9 form.ition d’un grand nombre de taches de couleur grise blancliâtre et isolées entre elles, qui apparais- sent sur la surface du jaune (i) ; elles sont formées par la substance du germe, qui était d’abord répandue en une couche uniforme ; peu à peu elles deviennent blanches comme la craie, et présentent chacune un point central obscur, ce qui leur donne l’aspect d’au- tant d’anneaux irrégulièrement dentelés sur les bords. Après avoir persisté dans cet état pendant quelque temps , les taches dont nous venons de parler de- viennent uniformément blanches , et diminuent en grandeur et en nombre , puis disparaissent complè- tement. En même temps la membrane du germe se répand presque uniformément sur la surface du jaune, et l’enveloppe comme un nuage léger, qui s’épaissit dans un point de la superficie de l’œuf, et finit par s’y rassembler en entier, de manière à y former de nou- veau une tache blanche, pendant (jue le reste de la surface du jaune rejn end sa couleur noire uniforme. La tache du germe, ou blasloderute , diminue da- bord d’étendue, et se colore uniformément en blanc; mais bientôt elle commence à s’accroître en largeur par l’addition d’une substance plasticjue formée par le jaune, elle devient en même temps elliptique , et l’on voit apparaître dans son milieu un petit sillon en forme de fer à cheval. Peu à peu, et quelquefois dans l’espace de peu de jours, ce sillon augmente beaucoup de longueur, et les extrémités se réunissent de manière à former une ellipse. Bientôt après le cen- tre de ce sillon annulaire s’enfonce , devient de plus (!) PI. i4, ('S- l8o HISTOIRE NATURELLE en plus profond, et prend la forme d’un petit sac, dont les parois sont assez épaisses , et dont le fond est beaucoup plus large (jue l’ouverture (i). Pendant cjue ce petit sac se forme , la tache du germe s’accroît beaucoup par l’addition sur ses bords d’une substance plasti(£ue , et devient cordiforme. Lorscjue l’œuf a subi ces diverses modifications , on commence à y voir paraître les premiers rudimeus d’organes ; ils prennent naissance du fond du sac ou de la portion du blastoderme qui l’entoure, et plus particulièrement de celles qui constituent la tache grise cordiforme dont nous venons de parler. Pour éviter les circonlocutions, M. Rathke appelle cette partie du blastoderme, portion centrale; il donne le nom de partie corticale à la portion externe du blasto- derme qui en constitue la circonférence , et qui est plus ou moins complètement transparente : enfin , il ajipelle ligne médiane de l’œuf celle qui correspond au grand diamètre de l’ouverture du sac. Peu à peu l’ouverture du sac s’agrandit beaucoup , et , dans le point où elle présente le moins de largeur , le fond de sa cavité se rapproche de la surface , de manière à se confondre peu à peu avec les parties voi- sines du blastoderme, tandis que le reste du pourtour de cette ouverture persiste , etjjrésente l’aspect d’uu pli semi-lunaire , dont les extrémités s’écartent de plus en plus entre elles. Lorsque le sac a subi ces modifica- tions , et que le fond de sa cavité s’est avancé vers la superficie de l’œuf, on y voit apparaître une petite éminence en forme de mamelon , dont le sommet pré- (i) PI. i4, tig. 3 et 6. DES CRUSTACÉS. loi sente une petite dépression. Ce tubercule est en partie recouvert par la portion persistante du rebord du sac, et n’est autre chose que le rudiment de la portion pos- térieure du corps ( i). Dans la moitié antérieure de la portion médiane du blastoderme , et dans le point où existait la partie du rebord du sac que nous avons vu disparaître plus haut, il se forme en même temps deux petites lanières qui sont situées de chaque côté de la ligne médiane, et laissent entre elles un interv.alle assez considérable; elles se dirigent obliquement eu avant et en dehors , et constituent les premiers vestiges des mandibules (s) . Quelque temps avant l’apparition de ces organes , il se forme un peu plus en avant deux autres paires de la- nières semblables, qui représentent les rudimens des antennes. Enfin , en même temps , on voit se dévelop- per un petit point qui représente le labre , et qui oc- cupe le milieu de l’espace qui existe entre les deux antennes antérieures (3). A cette époque, M. Rathke n’a pu découvrir au- cune trace de tissus nerveux ou vasculaire ; mais le blastoderme a pris tant d’accroissement, qu’il entoure le quart de la siuface du jaune. Au commencement de la seconde période , qui s é- tend depuis la première apparition d organes spéciaux jusqu’à la formation du cœur, la portion moyenne du blastoderme s’épaissit et s’étend au point de recouvrir environ la huitième partie de la surface du jaune 5 mais la portion corticale s’accroît encore plus rapide- (1) PI. 14 ■ fis- 3, 4 et 12, n. pj) PI. l4> fis- 4 et 12, m. (3) PI. 14, fis- 4 et 12, l. i82 HISTOIRE NATURELLE ment. Quelque temps avant la fin de cette période , elle recouvre toute la surface du jaune, et paraît se confondre avec elle dans le point opposé à celui occujié parla portion centrale. 11 en résulte que le blastoderme constitue alors autour du jaune une enveloppe com- plète, mais elle est si ténue et si transparente, que l’on a de la peine à la découvrir. Nous avons dé jà vu qu’il se forme à la partie externe et antérieure de la portion centrale du blastoderme trois paires de lanières séparées par un espace assez considérable. Celles qui constituent la paire anté- rieure, et qui représentent les antennes internes, sont d’abord peu distinctes , très-petites , et confon- dues dans tonte leur longueur avec la surface du blas- toderme, dont ils paraissent être un épaississement. A mesure que ces lanières s’accroissent , leur contour devient plus distinct, et elles prennent peu à peu la forme de demi-cylindres ; leur extrémité externe , en se développant , se sépare complètement de la surface du blastoderme, et enfin, vers le commencement de la période suivante , elle se fend et devient bifide (i). Les lanières de la deuxième paire , ou les antennes externes , présentent la même forme que les internes, et se développent d’une manière semblable , mais plus rapidement; et lorsque ces quatre appendices se sont séparées du blastoderme, au lieu de se diriger trans- versalement, ils se portent obliquement en dehors et en avant. Les lanières de la' troisième paire, ou les mandi- bules , sont d’abord courbées , dirigées un peu en (I) PI. i4i tîg. 5 et i5. DES CUUSTACÉS. «83 arrière , et plus petites que les antennes ; elles se di- visent bientôt comme celles-ci , mais moins profondé- ment, et leurs deux moitiés se développent inégale- ment. Le labre apparaît d’abord sous la forme d’une verrue extrêmement petite , située dans le milieu de l’espace que laissent entre elles les deux antennes antérieures , mais bientôt il se dirige en arrière, et vient se placer entre les antennes postérieures. Dans le principe , on voit autour de sa base un enfoncement annulaire assez profond, dont la moitié antérieure est promptement remplie par une substance albumineuse. Bientôt après , une substance plastique se dépose aussi clans la moitié postérieure de ce sillon ; mais il y reste tou- jours sur la ligne médiane une petite cavité qui se creuse de plus en plus, et qui est le premier ludi- ment de l’ouverture qui, plus tard, constitue la bouche (i). Après que les antennes antérieures se sont mon- trées , on voit apparaître au devant d’elles les rudi- mens des jewx; ils se présentent d’abord sous la forme de deux petits renflemens qui s allongent , s ar- rondissent à l’extrémité , et ressemblent , après quel- que temps , à de petites massues étroites (a). Us se séparent du blastoderme , comme l’ont fait les an- tennes , et , <à la fin de cette période , leur extrémité externe devient tout-à-fait libre , et est séparée de la partie basilaire par une légère incision transversale. Cette portion externe représente l’œil , et 1 interne constitue son pédoncule. l84 IlISTOIfiE NATUBELEE Nous avons VU ci-dessus qu’il se formait, au fond du sac du Mastoderme , un petit lutercule dont la partie postérieure est recouverte par un sillon trans- versal que forme le bord postérieur de l’ouverture de ce sac^i). Ce tubcrculG cihdoïîiificil dirige en avant, et prend la forme d’une lame plus longue que large , dont l’extrémité antérieure est libre et arrondie, tan- dis que l’extrémité postérieure reste unie à la portion moyenne du blastoderme. Elle s’avance jusqu’auprès du labre et grossit beaucoup; sa face externe, en rap- port avec la membrane du jaune , est convexe ; tandis que la face supérieure, qui est en contact avec le blastoderme, est concave. Enfin, le petit enfonce- ment qui représente Vanus , et qui occupe l’extrémité de cette lame , se creuse rapidement , et finit par s’ou- vrir dans la cavité de l’intestin qui occupe l’intérieur de cette portion du corps (2). 11 est à remarquer qu’à cette époque l’ouverture anale occupe la face infé- rieure ou externe de l’abdomen , tandis que plus tard il doit occuper la face opposée. Lorsque l’appendice caudal dont nous venons de parler est parvenu à ce degré de développement , les mâchoires proprement dites et les pates-mâchoires commencent à se former. Dans l’Écrevisse adulte , ces organes sont au nombre de cinq paires, mais ici on n’en voit d’abord que trois paires qui se montrent sous la forme de petites lanières placées de chaque côté de la ligne médiane , dirigées transversalement en dehors, et semblables à ce qu’étaient d’abord les (i) PI. 14, (ig. 3 et 7. (a) PI. 14, %. 5, 8, 9, 12, i3, 24, i5 et 18, a. DES CRUSTACES. l85 mandibules et les antennes. Peu de temps après la formation de ces trois paires d’appendices, les mâ- choires de la quatrième paire, ou secondes pates-mâ- choires , commencent à se montrer dans le point tie courbure qui sépare la partie antérieure du corps de la portion postérieure, qui est formée par le tubercule abdominal. Les mâchoires de la cinquième paire, ou pates-mâchoires externes, apparaissent vers la même époque; mais, au lieu d’être situées, comme les or- ganes précédons , sur la portion de l’embryon qui fait suite au blastoderme, elles occupent la face supé- rieure du tubercule abdominal; la forme de ces mâ- choires est exactement semblable à celle des autres(i). Lorsque les mâchoires ont commencé à se dévelop- per de la sorte , la base du prolongement abdominal se porte en arrière et se redresse de manière à se placer sur le même plan que le reste du blastoderme , tandis que la portion postérieure de ce prolongement reste couchée au-dessous, dans la position que nous lui avons déjà assignée. 11 en résulte que toutes les mâ- choires se trouvent alors sur le même plan , et que la courbure du corps est placée en arrière de celles de la cinquième paire (2). A mesure que ces divers organes masticateurs se développent , leur forme change considérablement : au lieu d’être semblables entre elles, comme dans les premiers temps, ils deviennent de plus en plus diflé- rens entre eux et leur grandeur relative change très- promptement ; elles deviennent d’autant plus grosses qu’elles sont plus postérieures. (1) Pl. 14, fig. 17- (2) PI. 14, fig. 18. inSTOIHE NATÜRELEE Vers lepocjue de l’apparition des mâchoires de la cinquième paire ou pieds-mâchoires externes, on voit apparaître les premières traces de pâtes ambulatoi- res (i). Les antérieures naissent les premières, et les postérieures les dernières. De même que tous les au- tres membres dont nous avons déjà parlé , elles se pré- sentent d’abord sous la forme de petites lanières, et naissent dans le point où nous avons vu se former les deux dernières paires de mâchoires , c’esL-à-dire à la lace supérieure du prolongement caudal , là où il se courbe en avant pour devenir inférieur et laiie suite au reste du corps. Aussi, à mesure que les diilérentes paires de pâtes ambulatoires se for- ment , cette courbure s’avance-t-elle vers la partie pos- térieure de 1 œuf où se trouve le tubercule abdominal; on voit en même temps la portion réfléchie de ce prolongement s accroître beaucoup, et présenter à son extrémité les rudimens de la nageoii'e caudale; sa face inférieure, qui deviendra supérieure lorsque l’abdo- men se redressera , oll're en même temps les traces des six anneaux transversaux qui la composent (2). Quant au repli transversal que nous avons vu re- couvrir la base du prolongement caudal , il s’amincit de plus en plus et finit par disparaître; mais, vers le milieu Je cette période, il se montre de nouveau, augmente beaucoup de volume, et constitue le rudi- ment des pièces latérales de la carapace. En même temps la portion périphérique du blastoderme , située entre les yeux, s’épaissit aussi et forme une lame triangulaire qui constitue la portion anté- (1) PI. 14, fig. ly. (2) PI. 14, fig. 20 et 21. DES CRU STAGES. l8y rieiire de la carapace et représente le rostre (i). Pendant la durée de cette époque, on voit appa- raître les premières traces du canal intestinal. Mais, afin de pouvoir exposer avec plus de clarté la manière dont cet appareil se développe , nous n’en parlerons que lorsque nous pourrons le suivre sous toutes ses phases. Le cœur commence aussi à se former à la (in de celte époque. 11 naît à la partie dorsale du corps , à pende distance du ])oint où le tliorax et l’abdomen se réu- nissent, et p.araît produit jjarla portion ])rofondc du blastoderme ('2). A l’aide d’un bon microscope , on dis- liniïue dans cette partie du blastoderme deux feuiliets distincts, mais très-intimement unis entre eux ; l’ex- terne, très- ténu, transparent, est semblable à l’épi- derme des animaux vertébrés; l’interne, au contraire, pulpeux , épais et granuleux vers la fin de cette épo- que ; et ce dernier présente , sur la ligne médiane dorsale, un épaississement dont le milieu se creuse d’une petite cavité , qui est le premier rudiment du cœur. Cet organe ressemble alors à une petite vessie plus longue que large, obtuse en arrière , pointue eu avant , et aplatie de haut en bas. Les premiers rudimens des vaisseaux sanguins se montrent à la meme époque, et apparaissent sous la forme de canaux creusés dans ce feuillet interne delà portion tlu blastoderme qui représente la carapace ; l’un d’eux se porte de la partie postérieure du cœur en bas , vers la paroi inférieure du corps ; un autre , de l’extrémité antérieure de cet organe, va se perdre près (i) fl. 14. lig. 19, 20, ai, etc. (a) Pt. 14. fig' 10, c. niSTOIHE NATURELLE du sommet de la tête, cestl’artère ophtalmique. Enfin, à quelque distance de ce vaisseau, et de chaque côté du cœur, on voit une autre artère qui se dirige en avant et se termine en cul-de-sac vers le milieu de la cara- pace ; ce sont les arteres antennaires. Ces divers vais- seaux naissent si près du cœur, qu^on pourrait croire qu’ils n’en sont que les prolongemens ; mais 1\I. Rathke professe l’opinion contraire. Quoi qu’il en soit , ils restent pendant long-temps très-simples , et acquièrent un développement considérable avant que de présen- ter aucune ramificatiou. Presque aussitôt après sa formation le cœur commence à battre avec vivacité; mais il ne renferme encore qu’un liquide aqueux dans lequel on ne voit aucune trace de globules. M. Rathke n’a pu se former que des idées assez im- parfaites relativement au dévelopjiement du système nerveux , a cause de la situation profonde de la chaîne ganglionaire. Voici ce qu’il a observé à cet égard : à la face supérieure de la portion du blastoderme qu’il appelle lame ventrale^ et que nous avons déjà vu donner naissance aux membres, il se forme un renfle- ment longitudinal , de chaque côté duquel se trouve une série de petits tnbercules qui représentent les muscles des membres , tandis que dans son milieu il règne une espèce de gouttière longitudinale (i) ; c’est sur la portion moyenne de ce renflement , qui n’est autre chose que le canal sternal décrit par M. Au- douin et moi , que se forme le cordon nerveux thora- cique. Cette partie du système ganglionaire se com- pose d’abord de onze paires de petits points, qui se distinguent par leur couleur blanchâtre , et qui sont (i) PI. I), fig. 0. DES CRUSTACÉS. 189 situés en séries les uns au devant des autres. Ces taclies paraissent être réunies par paires; mais elles sont cependant assez éloignées entre elles. La première paire correspond aux mandibules , les cinq suivantes aux mâchoires , et les cinq dernières aux pâtes ambu- latoires. Au devant de cette double chaîne, on distin- gue les cordons œsophagiens et des ganglions céphali- ques; mais, à cette époque, ils sont encorepeudistincts. Quant à la portion abdominale du système nerveux , l’auteur n’a pu rien découvrir relativement à son mode de développement. La troisième période que M. Rathke distingue dans le développement de l’œuf s’étend depuis la formation du cœur jusqu’à l’apparition des organes qu’il ap- pelle glandes salivaires. Pendant sa dui'ée, on voit la pièce abdominale du blastoderme s’agrandir beau- coup et prendre peu à peu la forme d’un segment de sphère. Les yeux grossissent beaucoup sans présenter aucun changement remarquable ; les antennes externes s’allongent; la petite fissure qui existait à leur extré- mité devient plus profonde , de façon que ces organes se terminent par deux appendices flabellifonnes ; en- fin , elles présentent deux lignes transversales qui les divisent en trois «articles placés bout à bout ; les an- tennes externes croissent plus rapidement et devien- nent beaucoup plus longues que les internes. Quant aux cbangemens que subissent le labre, les mandi- bules , les mâchoires et les pâtes , il serait trop long de les exposer ici. L’ahdomen grossit beaucoup, prend une forme conique, et présente à la face supérieure six bandes transversales semblables à celles que nous avons déjà vues se former à sa face inférieure; enfin , vers le milieu de cette période , il se développe à ciia- '9® HISTDini: NATURELLE cun «le ces anneaux, excepté au premier et au dernier, deux petits proiongemens styliformes qui sont les ru- ilnnens, défaussés pâtes abdominales (f). Un des phénomènes les plus importans dont nous avons a parler maintenant est le développement des Lranchies «pii avaient déjà commencé à paraître avant la lormalion du cœur. Ces organes consistent d’abord en un certain nombre de proiongemens en forme de platpes triangulaires , fixées par leur bout au-dessus des trois paires de pâtes antérieures; ceux apparte- nant aux pates-machoires paraissent les premiers, et le dévCiOppement de tous a lieu par le sommet , de manière que bientôt ils s’allongent beaucoup. Vers le milieu de cette période , on remarque , sur chacune de ces espèces de lambeaux , une fente qui pénètre de leur bord extérieur jusqu’auprès de leur base, et qui les divise en «leux moitiés inégales ; la plus petite «le ces deux portions est cylintlrique et dirigée en «lehors ; l’autre , au contraire , a la forme d’une feuille trian'ni- Jaire. bientôt après il se forme , sur le cylindre dont nous venons de parler, deux rangées de stries simples et arrondies , qui constituent plus tard les filamens branchiaux. Peu de temps après la formation de ces branchies, et vers la fin de la période précédente , il se développe au bout externe de chacune des pâtes des quatre premiers pieds deux tubercules qui s’allon- gent et prennent la forme de stylets lisses et arrondis ; mais , à la fin de eette période , leur surface devient inégale et se couvre d’une multitude de petites ver- rues qui se transforment plus tard en filamens , car ces organes sont aussi des branches. Cl) PI. «4, fio.. cti, îT rt DES CRUSTACÉS. '9‘ A la base Je la pale Je la cinquième paire il ne se forme qu’un seul de ces organes qui se développe vers la même époque; la pale-mâchoire exlerne en présente aussi un seul , et i! en naît deux au-dessus des pates-mâcboires externes , comme sur les pâtes dont nous venons de parler. Dans le principe ils sont tous appliqués contre la face inférieure de l’embryon; mais bientôt ils se redressent et se rendent sous la ca- rapace , de façon qu’à la fin de cette période on ne les aperçoit plus à l’extérieur (i). Nous avons déjà dit que la portion périphérique du blastoderme qui recouvre toute la partie supé- rieure du jaune , et qui est destinée à former la carapace, présente d’abord un épaississement de chaque côté , près de la lame ventrale ; ces deux épaississemens , qui ne sont autre chose que le rudi- ment des portions latérales de la carapace, s’étendent beaucoup pendant cette période , de façon que leur extrémité antérieure se montre en avant, près des yeux, tandis que la postérieure se juolonge au-dessus de la base dos dernières pales , et va sc joindre à celui du côté opposé. Dans le point où ces pièces latérales de la carapace passent au-dessus de la lame ventrale, il existe un sillon qui est d’abord très-petit, mais qui acquiert bientôt une largeur considérable. L’un des bords de cette gouttière longitudinale se soude à l’épaississement ou pièce latérale dont nous venons de ‘parler, tandis que l’autre se confond avec la portion de la membrane dublastoderme située vis-à-vis d’elle , il en résulte de chaque côté de l’embryon une cavité (I) PI, l4, lig- 22, h. HISTOIRE naturelle 192 fermée par en haut et ouverte par en bas dans le sens de sa longueur, qui devient de plus eu plus profonde et plus étroite. Sa paroi externe est formée par la por- tion latérale de la carapace, et c’est dans son inté- rieur que viennent se placer les branchies. Suivons maintenant le développement de l’intestin dont les premières traces se montrent à l’époque où les antennes et les autres appendices ont commencé à SC former. On voit alors une membrane extrêmement mince et gélatineuse apparaître sur la face interne de la portion moyenne du blastoderme, entre elle et le jaune (1). Bientôt cette production nouvelle s’accroît beaucoup et prend une consistance assez considéra- ble ; elle s’épaissit surtout dans deux points peu éloi- gnés l’un de l’autre, c’est-à-dire vis-à-vis de l’enfonce- ment situé à la lèvre (ou la bouche ) , et du tubercule caudal. On voit ensuite se former dans chacun de ces points un renflement qui est diiigé en dehors, sc creuse d’une cavité, se rétrécit et sc transforme en un petit canal perpendiculaire. L’un de ces petits canaux est l’origine de l’estomac et de l’œsophage; l’autre, le rudiment de l’intestin, et c’est dans leur cavité que s’ouvrent la bouche et l’anus (2). Quant au reste de la membrane, dont nous avons parlé ci-dessuS , il gran- dit beaucoup, et constitue une espèce de calotte qui entoure le jaune et qui présente dans son fond deux espèces d’entonnoirs, lesquels s’ouvrent dans l’esto- mac et l’intestin. Enfin , cette membrane s’étend au point d’envelopper le jaune de toutes parts , et de (I) PI. j/j. fig. 5, d. (••*) PI. 14, lig. <), h, d. DES CRUSTACÉS. 1 03 former une tunique qui l’entoure et qui est recouverte elle-même par le blastoderme. Vers la fin delà troisième période , lorsque le sac dont nous venons de parler s’est lormé , il se déve- loppe sur la ligne médiane de l’embryon une feuille mince et falciforme, qui occupe la face interne de la portion dorsale du blastoderme , et s’étend dans toute sa moitié antérieure. L’extrémité la plus large de cette feuille est fixée à la face antérieure de 1 estomac , qui, à cette époque , a déjà acquis un développement plus considérable ; son extrémité opposée se perd vers le sommet de la tête de l’embryon. A mesure qu elle s ac- croît , son bord concave presse de plus en plus sur le sac , et y détermine la formation d un repli , dans le- quel elle s’enfonce. Quelque temps avant le commencement de la troi- sième période , il se forme un repli semblable de cha- que côté du sac , de façon que cette membrane vési- culaire présente alors trois replis , un antérieur sur la ligne médiane, et deux latéraux ; ses parois s épais- sissent aussi beaucoup, etle volume du jaune diminue considérablement. La petite cavité perpendiculaire qui est située à la partie inférieure et antérieure de ce sac , et qui con- stitue le rudiment de l’estomac , s’allonge beaucoup vers la fin de la seconde période , et se recourbe en- suite en arrière , de manière à prendre la forme dun crochet. A mesure que ce viscère grandit, la membrane fiilciforme dont il vient d’être question , et dont 1 ex- trémité inférieure y est fixée , l’entraîne en haut et en arrière , et le fait pénétrer entre les deux lèvres du repli antérieur du sac. La forme de la cavité stoma- CRUSTACFS, TOME I. histoire katuhelle calé éprouvé et» même temps des modifications assez grandes. L’autre cylindre que nous avons vu se former en ar- rière de l’estomac pour constituer l’intestin s’accroît en même temps , et la portion du sac situé entre son extrémité antérieure et l’estomac se rétrécit beaucoup, tTe façon à rapprocher les deux moitiés du tube di- gestif. Peu après la première apparition du cœur, le foie commence à se former. Dans le point où l’intestin se joint au sac, on voit deux petits épaississemens qui prennent bientôt la forme d’appendices , dont la sur- face se couvre de petits renflemens véruqueux. Le nombre et le volume de ces élévations augmentent de plus en plus , et elles constituent les lobules et les vais- seaux borgnes du foie. Enfin , dans la quatrième pé- riode , ces organes prennent une couleur jaunâtre , et deviennent irrégulièrement triangulaires. Pendant la troisième période de l’incubation, le système nerveux éprouve des modifications très-remar- quables ; les douze ganglions post-œsophagiens qui correspondent aux mandibules , aux mâchoires et aux pates-mâcboires, se rapprochent les uns des autres par paires , jusqu’à ce que ceux des deux côtés se soient confondus entre eux(i); il en résulte qu’alors la chaîne eanglionaire est unique dans la partie cor- respondante à ces organes , tandis qu’elle est encore double dans la portion qui répond aux pâtes thoraci- ques. On voit en même temps le canal sternal se for- mer et venir pour ainsi dire engaîner le système nerveux. (l) PI. lO, flÿ. DES CRUSTACÉS. IQB A la fin (le cette troisième période , les rudimens des organes (jue M. Rathke appelle glandes salivaires, commencent à se montrer ; elles naissent sur les côtés du sac du jaune , et ont la forme de petites feuilles, en contact avec la carapace par leur face externe. La quatrième période du développement de 1 œuf date de l’apparition de ces organes, et continue jus- qu’à ce que la jeune Écrevisse soit sortie de ses mem- branes. Pendant ce laps de temps, l’estomac s accroît beaucoup plus que tous les autres organes , et il finit par occuper la majeure partie de la cavité viscérale. C’est surtout dans sa moitié antérieure que ce dévelop- pement a lieu ; et , en même temps que la paroi su- périeure se rapproche de la carapace , le jaune est en partie absorbé. La membrane qui unit 1 extrémité pylorique de l’estomac à l’intestin se raccourcit beau- coup, s’épaissit, et acquiert la même conformation que l’intestin lui-même. Enfin , à cette époque , le sac du jaune ne communique plus avec le commencement de l’intestin que par un ])etit trou, qui persiste jus- eju’à la fin de la vie fœtale ; mais ce sac est encore si gros qu’il environne l’estomac , et le cache pour ainsi dire dans un de ses replis. Pendant la durée de la période dont nous parlons, la forme des diverses parties extérieures de 1 Écre- visse se rapproche de plus en plus de celle qu on leur voit lorsqu’elles sont arrivées a 1 état parlait. Si l’on compare les phénomènes dont nous venons de présenter l’esquisse avec ce qui se passe pendant le développement de l’œuf des Arachnides , on y verra la plus grande analogie ; les lois générales qui prési- dent à la formation de tous ces animaux paraissent même ne pasdifi'érer essentiellement de celles qui ré- 196 HISTOIRE NATURELLE gissent le développement de l’embryon d.ins les ovi- pares vertébrés ; mais , chez les animaux articulés, le vitellus occupe la partie supérieure ou dorsale du corps, tandis que chez les animaux vertébrés cette poche communique avec l’intestin par la face infé- rieure ou ventrale du corps. Du reste , cette différence serait seulement apparente si les Crustacés, les Arach- nides et les autres animaux analogues avaient réel- lement une position renversée , ainsi que le pense M. Ampère (1)^ car alors ce que l’on nomme ordinai- rement la face dorsale de leur corps correspondrait à la face ventrale de celui des animaux supérieurs. Les jeunes Crustacés, au moment de leur sortie de l’œuf, ressemblent souvent presque entièrement, sauf le volume , à ce qu’ils deviendront par les progrès de l’âge; mais d’autres fois ils diffèrent alors tellement des adultes, qu’on pourrait les croire appartenir à une autre race , et que pour arriver à l’état parfait ils doivent subir de véritables métamorphoses. 'Tantôt ces différences portent sur une partie du corps , tan- tôt sur une autre ; par les progrès de l’âge on voit les mêmes organes prendre chez les uns un développement extraordinaire, tandis que chez d’autres ces mêmes par- ties , tout en grandissant , deviennent plus petites proportionnellement aux organes voisins; et, ce qu’il y a de plus singulier, c’est que la nature de ces chan- gemens varie non-seulement d’une famille à une autre, mais quelquefois aussi entre les genres les plus voisins. (i) Voyez à ce sujet un mémoire de ce savant, intitulé : Considérations philosophiques sur la détermination du système solide et du système nerveux des animaux articulés. Annales des sciences na- turelles, t. lï, p. 2fl5. DES CRUSTACÉS. 1 97 Au premier abord, ces diverses modifications ne paraissent dépendre d’aucune tendance constante de l’organisme , et l’on pourrait croire que le développe- ment de chacun de ces animaux se fait d’après des lois différentes; mais il n’en est pas ainsi, car, en étudiant avec attention ces changemens , on voit qu’ils peuvent se classer tous de manière à satisfaire l’esprit , et se rapporter, malgré leur diversité , à un petit nombre de principes régulateurs, principes qui, du reste, se révèlent aussi dans les espèces de métamorphoses dont nous venons d’être témoin chez l’embryon de ces ani- maux. Les changemens que les jeunes Crustacés éprouvent après leur sortie de l’œuf peuvent être considérés comme étant le complément des métamorphoses de l’embryon ; tantôt ces métamorphoses ont lieu presque entièrement avant que le jaune ait quitté les mem- branes de l’œuf ; mais d’autres fois il naît en quelque sorte avant terme , et continue encore apres sa nais- sance à présenter des changemens de structure analo- gues à ceux que les premiers éprouvent pendant leur vie embryonnaire. Ces modifications sont de deux ordres (i) : les unes consistent dans l’apparition d un ou de plusieurs an- neaux du corps et des membres qui en dépendent ; les autres dans des changemens qui s’opèrent dans la forme et les proportions de parties qui existent déjà à l’époque de la naissance , et qui persistent pendant toute la durée de la vie , ou disparaissent plus ou moins complètement. (i) Voyez mon Mémoire sur les changemens de iorine que les Crustacés éprouvent dans leur jeune Annales des sciences natu- relles, t- XXX). lyS HISTOIRE NATURELtE Les Décapodes paraissent tous naître avec la série complète de leurs anneaux et de leurs membres; Il en est de même pour certains Edriophthalmes ; les Am- phitoés et les Phronimcs , par exemple ; mais d’autres animaux du même groupe ne présentent à la sortie de l’œuf que six paires de pâtes ambulatoires , au lieu de sept; c’est le cas pour les Cymothés, les Anilocres, etc. Dans le groupe des Entomastracés , les jeunes sont bien moins avancés dans leur développement ; en gé- néral, on n’y distingue encore que les membres cé- phaliques , et, sous ce rapport , ils ressemblent à l’em- bryon de l’Écrevisse vers le commencement de la seconde période d’incubation ; les anneaux tboraciques et abdominaux , ainsi que les membres qui en dé- pendent, n’apparaissent que successivement, et ce n’est qu’après avoir changé de peau une ou plusieurs fois que ces animaux parviennent à l’état parfait. Les changemens de forme que les jeunes Crusta- cés éprouvent dans les parties déjà existantes lors de la naissance, varient suivant les espèces, mais ont cela de commun qu’elles tendent presque toujours à éloigner de plus en plus l’animal du type normal du groupe auquel il appartient , et à l’individualiser da- vantage: aussi, au moment de la naissance , ces ani- maux se ressemblent-ils bien plus entre eux qu’à l’âge adulte, et en général plus ils présentent d’ano- malies étant à l’état parfait , plus ils éprouvent de modifications pendant les premiers temps de leur vie. Dans le groupe des Décapodes Macroures ces chan- gemens de forme ne paraissent être que très-légers ; ils ne consistent guères que dans un développement proportionnel plus rapide de l’abdomen , et dans l’augmentation des différences qui existent déjà dans DES CRUSTACÉS. *99 la forme des diverses pâtes. Chez les Brachyures, l’abdomen est au contraire plus développé , propor- tionnellement, au moment de la naissance que chez 1 a- dulte , et ne diffère pas sensiblement dans les deux sexes ; l’article basilaire des antennes externes est en- core libre, comme chez les autres Crustacés , et lefrout ne se soude à l’anneau antennulaire de façon à recou- vrir l’anneau ophthalmique que par les progrès de l’âge (i). Dans la division des Édriopbthalmes, la tête , qui se compose d’autant d’anneaux que le thorax , mais dont toutes les pièces sont soudées en une seule, est beau- coup plus grosse chez les jeunes que chez les adultes ; l’abdomen présente fréquemment des dillerences aii.r- logues, et lorsque chez l’adulte l’une des paires de pâtes offre quelque particularité de structure, cette anomalie n’existe pas encore chez le jeune, ou du moins n’est encore que peu apparente . Chez les Copépodes , etc. , les métamorphoses sont bien plus complètes; les jeunes sont en général presque sphériques, et ressemblent beaucoup a l’em- bryon des Crustacés supérieurs dont les membres de la portion céphalique du corps seraient très développés etles autres encore nuis (a). La plupart de ces petits imimaux ont alors entre eux la plus (I) Suivant M. Thompson, les Décapodes ^ tables métamorphoses , car ce naturaliste regarde anima sous le nom de Zoé comme étant le jeune du Cra e nccp» nos côtes. Mais cette opinion n’est pas étayee d observa ' précises pour entraîner la conviction. (Voyez larice Dictionnaire classique d'histoire naturelle. ) . fa) Voyez L. Jurine, Hist. des Monocles. Nordmann, Mihogra- phische Beitrcege znr naturgeschichte der wirbellosen t icre. wei es hclft, etc. 200 HISTOIilE NATUrîELLi; grande analogie , et c’est en vieillissant qu’ils se mo- difient, comme nous le verrons en traitant des Gyclo- pes , des Argules , etc. itnfin , dans le groupe des Crustacés siphonostomes, et surtout chez les Lernées , ces changcmens sont por- tés au plus haut degré, et dépendent non-seulement du développement monstrueux de certaines parties du corps , mais aussi de l’atrophie d’autres organes devenus inutiles à cause du mode d’existence de ces parasytes. Les observations intéressantes de M. JVord- mann nous fourniront plus d’un exemple de ces méta- morphoses, lorsque nous reviendrons sur ce sujet en faisant l’histoire des Crustacés suceurs. Ces changcmens de forme ne sont pas les seuls que les Crustacés subissent pendant les premiers temps de leur vie. D’après les recherches de M. Rathke , on voit que lors de la naissance les organes de la géné- ration ne sont pas encore formes chez l’Écrevisse, et que les ganglions nerveux correspondans aux anneaux qui portent les mandibules , les mâchoires et les pates- machoires , sont encore distinctes, tandis que plus tard ils se reunissent en une seule masse médullaire. La charpente corneo-calcaire de l’estomac, qui n’existe gueres que chez les Décapodes , ne se formera aussi que très-tard ; enfin, cest seulement lorsque la jeune Ecrevisse a environ un pouce de long que les ouver- tures externes de la génération se montrent. HISTOIRE NATURELLE DES CRUSTACÉS. DEUXIÈME PARTIE. CIiASSU’ICATIOKT ET BESCRIPTIOBiT DES CRUSTACÉS. CHAPITRE PREMIER. DE LA CLASSIFICATION GÉNÉRALE DES CRUSTACÉS. § P'. Des divers systèmes et méthodes employés jusqu’à ce jour pour la classification des Crustacés. Les rapports intimes qui lient entre eux la plupart ries Crustacés n’échappèrent jioint au génie d’Aristote, et c’est aux écrits de ce grand naturaliste qu’il faut re- monter pour trouver les premières notions sur la clas- sification de ces animaux. 11 les réunit sous le nom de Malacostracés (twv fj.aW/.otyrpxy-oi-j ) , et les plaça dans la grande division des animaux exsangues , qui correspond à [leu près à celle des animaux sans ver- 202 HISTOIRE NATURELLE tèbres des zoologistes modernes ; mais il ne reconnut pas les liens étroits qui unissent ces êtres aux Insectes, aux Arachnides , etc. , et il les rangea entre ses Mol- lusques et ses Testacés. Cette classification fut adoptée par les successeurs d Aristote ; on la retrouve dans les ouvrages de Gesner, d’Aldrovande, de Ruisch , etc., et elle ne fut complète- ment rejetée que lorsque Linné eut fait prévaloir son nouveau Système de, la nature. Prenant pour guide les formes extérieures des Crustacés, plutôt que leur organiSiition intérieure ou leur manière de vivre, il évita, il est vrai, le défaut dans lequel était tombé Aristote; il ne les rangea plus au milieu des Mollus- ques , et il les rapprocha des autres animaux articulés ; mais, en opérant cette réforme, il dépassa le point auquel il aurait dû s’arrêter, car il confondit ensem- ble les Crustacés, les Araignées, et les Insectes aptères. Quant aux genres établis par le zoologiste suédois pour recevoir les Crustacés , ils furent au nombre de trois , et décélèrent le tact admirable que possédait ce savant observateur. En effet, deux de ces groupes, auxquels il donna les noms de Cancer et (ÏOniscus,^ correspondent a peu près a deux des grandes divisions les plus naturelles que l’on puisse établir parmi les Crustacés connus du temps de Linné ; savoir ; les Podophthalmes , les Edriopbthalmes ; et son troi- sième genre, celui des Monocles, se compose essen- tiellement des espèces réunies par la plupart des auteurs les plus récens sous le nom collectif d’Ento- mostracés. F abricius adopta en partie la marche suivie par Linné; il continua à regarder les Crustacés comme des crustacés. étant des Insectes ; mais, ayant pris pour base de la classification de ces animaux la structure de 1 appareil buccal, il changea la place c[ue son maître avait assi- gné à ces animaux. Dans sa première classification (i), ies Monocles et les Cloportes forment avec des Ne- vroptères , des Hyménoptères et d’autres Insectes , la chsse AesSynistala , et les Scorpions, réunis au genre Cancer de Linné, composent celle des ^gonata. Cetle modification ne présentait aucun avantage, mais Fa- bricius commença dès lors à distinguer dansles Ciabes de Linné plusieurs genres qui sont autant de divisions naturelles. Dans sa seconde méthode (/a) , ce naturaliste retira les Scorpions de la classe des Agonates, et y plaça les Monocles , ainsi que les genres nouveaux Lunule et Gymothoé. Ce changement rendait le groupe bien plus naturel , et , pour qu’il correspondît a la classe des Crustacés, telle qu’on l’admet aujourdhui, il au- rait fallu seulement y joindre les Cloportes que Fa- bricius rangeait alors avec les Jules et les Scolopen- dres dans sa classe des Mitosata. Enfin , dans une troisième méthode de classification, publiée en 1798 (i) , ce savant entomologiste divise les Insectes en treize classes , dont trois comprennent les Crustacés, et ne renferment ni Insectes , ni Myriapo- des, ni Arachnides. Le tableau suivant en donnera une idée ex<‘icte. (l) Systema enlomologiœ , (12) ErUomotogia systematica II. ( 179^' ) (3) Supplcmentum entomologiœ systematicev. Hafnlce ^ ^79”‘ ^^4 HISTOIBE NATURELLE A. Insectes pourvus de mâchoires. B. Ayant deux mâchoires. I". classe. JS/eut/ierata.) Comprenant 2”. classe. Ulonata. 1 Iss Coléoptères, 3”. classe. Srnistata. 1 Orthoptères, /o 1 A 7 I JNevropteres, 4”. classe. Odonata. \ et les 5°. classe. Pietata. j Hyménoptères. BB. Ayant plusieurs mâchoires. I Correspondant 6”. classe. Mûosata, J à la classe des I Myriapodes. classe. Unognata. l , Comprenant ^ j les Arachnides. 8'. classe. Po^gonata. j 9'. classe. Kleistasnata.i Comprenant -, _ - \ les Ijrustaces, 10. Classe. J5;xoc/^7^a^a. | AA. Insectes dépourvus de mâchoires. Il”, classe. Gloss ata. 12”. classe. Rlijngota i3”. classe. Antliata. Comprenant les Lépidoptères, les He'miptères , et les Diptères, La classe des Poljrgonata., ayant pour caractère plusieurs mâchoires placées en dedans de la lèvre, renfermait les genres Ligia, Idotéa, Cymothoa et Monoculus . La division des Kleistagnatha était carac- térisée de la manière suivante : plusieurs mâchoires situées en dehors de la lèvre et fermant la bouche; DES CRUSTACÉS. 2o5 elle contenait les Crabes à courte queue, les Limu- les, etc. , dont Fabricius formait quatorze genres, sa- voir : les genres Cancer, Calappa , Leucosia , Par- thenope , Inachus , Ocjpoda , Dromia , Dorjpe , Orithyia , Portunus , Matuta , Ifippa , Sjmètiies et Limidus. Enfin, les Exochnata avaient pour carac- tère l’existence de plusieurs niâclioires en dehors de la lèvre, et recouvertes par des palpes ; on y trouvait les genres Albwiea, Scjllarus, Palinurus , Palœmon, Alpheus , Aslacus , Periœus , Crangon , Pagurus , Galathca, Squilla, Posjdon ei Gammarus. Quelque temps avant la publication du dernier ou- vrage de Fabricius , M. Latrcille commença une révo- lution importante dans les classifications entomologi- ques. Ce savant eut l’heureuse idée d’appliquer à la zoologie les principes que le célèbre Bernard de Jus- sieu avait employés avec tant de succès pour la distri- bution méthodique des plantes, et de ranger les In- sectes d’après leiu’s rapports naturels. Les méthodes dont les naturalistes se sont servies pour classer les divers objets qui font le sujet de leurs études ont été fondées tantôt sur les modifications que présente un seul organe, considéré dans toute la série de ces êtres; tantôt, au contraire, sur l’ensemble de tous les caractères tirés de leur mode d’orrranisation , tant extérieurs qu’intérieurs. Les premières, qu’on nomme méthodes artificielles, sont, en général, d’une application très-facile dans la pratique; mais elles éloignent souvent les animaux qui ont entre eux la plus grande analogie de structure et de mœurs , et elles ne font rien connaître de ces êtres que les modifi- cations des organes d’où l’on tire leurs caractères dis- tinctifs, Les secondes , ou méthodes naturelles , étant ao(î HISTOIRE naturelle au contraire fondées sur l’ensemble des caractères tirés de l’organisation , il est évident que tous les animaux rassemblés daus une même division doivent se ressem- bler au moins sous les rapports les plus importans, et (fue , si les classiücations de ce genre ollrent quelque- fois des dillicultés pratiques, ces inconvéniens sont bien contre-balancés par l’avantage immense de nous faire connaître, par la seule place que l’animal oc- cupe, tous les points les plus importans de son liis- toire, considérée sous le rapport de l’anatomie, de la physiologie et de la zoologie. En suivmit une méthode artificielle , on n’arrive qu’à la connaissance du nom de l’animal que l’on veut classer , tandis que les mé- thodes naturelles nous enseignent en même temps sa nature, si l’on peut s’exprimer ainsi, et nous le font réellement connaître. Aussi , les méthodes artificielles sont-elles généralement abandonnées de nos jours , et en entomologie , de même que dans toutes les autres branches de l’histoire naturelle, emploie-t-on unique- ment les classifications naturelles. Les classifications de Linné et de Fabricius sont, comme on a pu le voir, complètement artificielles et les premiers essais d’une classification naturelle en entomologie datent de 1 796, époque à laquelle M. La- treille publia, à Brives, son premier ouvrage, inti- tulé : Précü des caractères génériques des Insectes. Ce savant y range les Crustacés parmi les Insectes aptères , et ne sépare pas les Aselles , les Cyames et les Cloportes des Myriapodes ; mais il place tous les autres animaux de ce groupe naturel dans deux classes, les Entoraostracés et les Crustacés, divisions qui sont encore adoptées par plusieurs zoologistes. En 1798, M. Cuvier s’occupa du même sujet , et il DES CRUSTACES. 207 introduisit dans cette partie de la zoologie , comme dans toutes les autres Lranclies de la même science , des modifications importantes. Il laissa encore les Crustacés parmi les Insectes , mais il les réunit en un seul groupe (i). Peu de temjis après, M. Cuvier sentit la nécessité de séparer complètement les Crustacés des Insectes ; Brisson (2) etLefrancqde Berkley(3) avaient déjà pro- posé de suivre cette marclie ; mais leurs classifications, n’étant pas fondées sur des caractères d’organisation as- sez importans, n’entraînèrent pas l’assentiment des na- turalistes, et c’est seulement depuis la publication des travaux anatomiques de M. Cuvier que cette division a été établie sur des bases solides. Dans le premier vo- lume des Leçons d’anatomie comparée de ce savant, rédigées par M. Duméril (3) , la classe des Crustacés est définie de la manière suivante : « Animaux inver- tébrés, ayant des vaisseaux sanguins, une moelle épi- nière noueuse et des membres articulés , » taudis que les Insectes sont dépourvus de vaisseaux sanguins. Les progrès de la science ont fait rentrer dans le groupe naturel des Crustacés ainsi circonscrits , les Aselles, les Cloportes et les Cymotboés que M. Cuvier laissa parmi les Insectes, et ont nécessité l’emploi de quelques autres caractères, pour distinguer ces ani- maux des Araignées qui ont aussi des vaisseaux san- (l) Voyez T’ablcau élémentaire de l’histoire naturelle des animaux, (a) Le ilègne animal divisé en IX classes. Un vol. in-4°- j Paris, 1756. ^ (3) Cité par Latreille dans son Histoire naturelle des Crustacés et des Insectes, t. V, page )i. (3) Leçons d'anatomie comparée , t. 1, talilcau septième; Paris, an Vin. 208 HISTOIRE NATURELLE guins ; mais néanmoins on doit considérer les modi- fications projiosées par M. Cuvier comme un pas immense vers le perfectionnement de cette partie de nos classifications naturelles. Presc[ue tous les naturalistes qui depuis lors se sont occupés de la distribution méthodique des animaux articulés , ont sanctionné la séparation des Insectes et des Crustacés , et ont reconnu en même temps les liens étroits qui unissent entre eux ces divers animaux ; aussi s’accorde- t-on assez généralement à en former une classe distincte. Nous devons dire cependant que M. de Blainville ne partage pas cette manière de voir, car il divise les animaux articulés qu’il nomme Entomo- zortûeA , d’après la structure ouïe nombre de leurs pieds , en huit classes , dont trois sont formées par les Crustacés (i). En i8o I, Lamarck (2) fit faire quelques progrès nou- veaux à cette branche des classifications zoologiques ; car il caractérisa les Crustacés de manière à les distin- guer des Arachnides aussi bien que des Insectes. D’après lui, ce sont des animaux ayant « le corps et les membres articulés , la peau crustacée qui tombe et se renouvelle à certaines époques; un cerveau et des nerfs ; des branchies pour la respiration ; un cœur musculaire et des vaisseaux pour la circulation . Quant aux limites assignées à ce groupe naturel par ce savant , ainsi que par les auteurs plus récens , nous aurons l’occasion d’en parler bientôt ; mais nous de- vons maintenant voir quelles sont les modifications (1) Voyez les tableaux joints au premier volume des Principes d'anatomie comparée, par M. de Blainville. (2) Système des animaux sans vcitèbres ,\t. i^3. DES CRUSTACÉS. QOg successives apportées dans la distribution de ces ani- maux entre eux. Lamarck rangea les Crustacés de la manière sui- vante. A. Crustacés pediocles. Deux yeux distincts élevés sur des pédicules mobiles. B. F'. section. ( Cancri brachyuri. ) Corps court , ayant une queue nue , sans feuillets , sans appendices latéraux, et appliquée sur l’abdomen. Genres. Crabe , Calappe , Ocypode , Grapse, Dorippe, Fortune, Podoph- thalme , Matute , Porcellane , Leu- cosie , Maïa , Arctopsis. BB. 2°. section. {Cancri maerouri.) Corps oblong, ayant une queue allongée , garnie d’appendices , de feuillets ou de crochets. Genres. Albunée , Hippe , Ranine , Scyl- lare , Ecrevisse , Pagure , Galathée , Palinure , Crangon , Palémon, Squille, Branchiopode. AA. Crustacés sessiliocles. Deux yeux distincts ou réunis en un seul , mais constamment fixes et sesslles. D, i'®. section. Corps couvert de pièces crustacées nombreuses, soit transversales, soit longitudi- nales. Genres. Crevette, Aselle, Chevrolle, Cya- me , Ligie , Cloporte , Forbicine , Cy- clope. DD. 2”. section. Corps couvert par un bouclier crustacé d’une seide pièce ou de deux pièces. Genres. Polyph'eme , Limule , Daphnie Amymone, Céphalocle. CRUSTACÉS , tome T. l4 atio HISTOIRE NATURELLE Vers la même époque, M Latreille fit fie nouveaux changemens fians la distribution méthodique des Crustacés (3) ; il continua à laisser parmi les Insectes les espèces dont se compose aujourd’hui l’ordre des Crustacés Isopodes ; mais il fit une chose importante pour la science en établissant parmi ses Malacostra- cés et ses Entomostracés des ordres et des familles dont plusieurs sont très-naturelles. Voici le tableau de cette seconde méthode de M. La- treille . A. i'“. sous-classe. Entomostracés : mandibules nues ou milles J bouche forme'e au plus de deux rangées d’autres pièces ; antennes et pâtes à forme branchiale ; tarses sans onglet corné au bout ; test cljpéacé univalve ou bi- valve , ou segmens annulaires du coi-ps cornés ou mem- braneux ; yeux sessiles , souvent même réunis en un. B. Test univalve ou bivalve. ( i’’”. section. Operculés.) G. Test univalve (Clypéacés). i". ordre. Xyhosures. { Genre Limule. ) 2'. ordre. Pneumonures. (G. Calige Binocle, Ozole. ) 3'. ordre. Phyllopodes. ( Genre Apus.) CG. Test bivalve. { Ostracrodes. ) 4“. ordre. Ostrachodes. (Genres Lyncè, Cypris, Daphnie, Cythérée.) BB. Corps annelé dans toute sa longueur. ( 2'. sect. N ues.) 5“. ordre. Pseudopodes. ( G. Cyclope , Ar- gulc. ) 6®. ordre, Céphalotes, ( G. Polypheme , Zoé , Branchiopode. ) (3) Histoire naturelle des Crustacés et des Insectes, t. V, p- i83 ÜLinMi^e f.ûs uit suite aux Œuvres de lîud'on, édition de Sonnini; • 21 I DES CRUSTACÉS. AA.. 2'. sous-classe. Malocostracés : mandibules palpigers , plusieurs rangs de pièces en forme de palpes ou de mâ- choires articulées à la bouche ; 4 antennes , point bran- chiales ; 10 à i4 pâtes uniquement propres au mouve- ment ; tarses ayant un onglet corné au bout ; test ou segmens annulaires du corps calcaires ; yeux souvent pédoncules et toujours au nombre de deux. D. Test confondu avec le corselet j branchies cachées ; dix pâtes. i®". ordre. Décapodes. I section. Brachyures. famille. Cancérides. X Platymatiens. + Littoraux. (Genres Calappe, Hèpate, Dromie, Crabe.) -f-h Pclagieus. ( G. Matute , Portune, Podophthahne.) XX V'gdans. (Genres PorceZ/rtne, Ocypode , Grapse , Pinno- tlihrc. ) 2*. famille. Oxyrynrjues. ( Genres Orithie , Ranine , Dorippe, Coryste, Leuco- sie, Macropodc, Ma'ia.) 2'. section. Macroures. 3®. famille. Paguriens. ( Genres Pagure, Albunée , Hippc. ) 4‘. famille. Langoustines. ^GenresScyPare, Langouste, Galathée. ) 5°. famille. Homardiens. (Genres Écrevisse, Alphée , Penéc, Palèmon, Crangon.) '4' 212 HISTOIRE NATURELLE 2®. ordre. Brakchiogastres. i'®. famille. Squilliaires. ( Genres Squille, Mysis. ) 2“. famille. Crevettines. { Genres Phronime , Che- vrette, Talitre, Chevrolle, Cyame. ) En 1806, M. Dinnéril donna, dans sa Zoologie analytique,, une nouvelle dislribution systématique de la classe des Crustacés, dont il exclut les Cloportes, etc. En voici le résumé. A. Crustacés mis ou à disque de corne, (r''. ordre Ewtomo- STRACÉS.) B. Un test. G. Test en forme de bouclier. r®, fam. Aspidiotes onClypéacés. (Genres Lîmule, Calige , Bi- nocle, Ozole,Apus.) CG. Test en forme de valves. 2®. fam. Ostracins ou Bitesta- cés. ( Genres : Lyncé, Daphnie, Cypris , Cythérée. ) BB. Point de test. 3®. fam. Gymnonectes , ou Dénudés. (Genres Argule , Cyclope, Polyph'eme, Zoe, Bran- chipe.) AA. Crustacés à croûte calcaire. { 2®. ordre. Astacoïdes. ) D. Tête unie au corcelet. E. Queue courte. F, Corps plus large que long. DES CRUSTACÉS. 2l3 4®. fam. Carcinoïdes ou Cancé- rlformes. (Genres Calappe , Hépate , Dromie , Crabe , Matute , Fortune , Podophthalme , Porcellane, Ocypode, Grapse , Pinnothere, ) FF. Corselet plus long que large. 5®. fam. Oxyrhynques ou Mucronés. {Genres Maîa, Leucosie , Dorippe, Orylhie, Ra- niiie. ) EE . Queue longue enpvoporllon du corps. 6®. fam. Macroures ou Longi- caudes. (Genres Pagure , Alhunie, flippe , Scyllarc , Pali- nure , Galathée , Ecre- visse, Penée, Palémon, Crangon.) DD' Tète se’parée du corselet. ■J®, fam. Arthocéphales ouCapités. (Genres Squille , Mysis , Phronime, Talitrc, Cre- vette. ) La classification adoptée parM. Latreille dans son Généra Crustaceorum et Insectorum, publie en 1 8o'^ , e t danssesConsidérations générales sur les Crustacés^ etc. (iSio), ne diffère f(ue pende celle exposée par ce savant dans son Histoire naturelle des Crustacés et des Insec- tes ; il est par conséquent inutilede nous y arrêter ici. 2.1^. HISTOIRE NATURELEE Il en est encore de même de la méthode présentée par M. Leach , dans \ Encyclopédie d’Édimbourg : seule- ment, aulieude placer les Myriapodes avec les Insectes, il en fait des Crustacés ; il change aussi les noms de quel- ques-unes des divisions de M. Latreille , et établit plusieurs genres nouveaux ; dans la famille des Cancé- rides, par exemple , il en ajoute huit aux genres déj.à admis, etles désigne par les noms de Lupa, Caremus^ Portumnus , Xanlho, Atelecyclus, Uca, Gonoplax et Gecai'cinus ; il augmente la famille des Oxyrhynques des genres Me galop a , Hyas , Eurynoma, B las tus , Pisa et Leplopodia ; et place dans celle des Astaciens les senr RS Blippoly te , Gebia , Callianassa , Mysis , Pandalus et Alhanas. Les Squilliaires sont pour M. Leach des Macroures, et il divise ses Gasteroures en cinq familles , les Gnathonii , formées par le genre Gnathia^ qui est plus généralement connu sous le nom A’Ajiceus : les Gamniarini ^ comprenant les genres Phronima, Talitms , Gammarus, Orchestia, Dexa- mine, Leucothoé, Melita, 3Iœra, Amphithoeet Phe- rusa ; les Corophionii , formées par les genres Coro- phia, PodoceruselJassa: \es Caprellini^ comprenant les genres Caprella, Cyamus et Proto; enfin les Apseudii qui correspondent à un nouveau genre éta- bli pour recevoir un Crustacé singulier et mal connu , décrit par Montagu. Dans un appendice (i)à ce tra- vail, M. Leach modifie cette classification ; il sépare les Myriapodes proprement dits des Crustacés, et place les familles des Asellides et des Oniscides dans (ï) A Tnhular view of lhe externat characters of four classes of animnls wbich Linneus urranired under Insecia, etc. ; by W. K. Leucli. ( Transactions of the Linnean Society of London, vol. XI; i8i5.) DES CRUSTACÉS. 2i5 la division des Gastemri. Enfin, dans une troisième méthode (i), publiée par ce savant en i8i5, il s éloi- gne encore davantage de la classification de M. La- treille ; car, au lieu de diviser les Décapodes Brachyures en deux familles d’après la forme de leur test , il les range d’après le nombre des segmens mobiles de leur abdomen , en trois groupes , qu’il regarde comme étant très-naturels , mais qui , ainsi que nous le ver- rons par la suite , sont loin d offrir cet avantage. Vers la même époque, M. Ris.so apporta quelques cbangemens dans l’arrangement des diverses familles établies parM.Latrcilledansla classe des Crustacés (a), et M. de Blainvüle proposa de ranger ces animaux en trois groupes : les Décapodes, les Hétéropodes et les Tétradécapodes (a) ; la première de ces divisions com- prend les Décapodes des autres auteurs , plus les Li- mules ; les Hétéropodes sont les Squilles, les Entômos- tracés , etc. ; enfin les Tétradécapodes corrc.spondent à peu près aux Gastéruri de M. Leach. Bientôt après la publication des travaux dont nous venons de parler, M. Latreille s’occupa de nouveau de la classification naturelle des Crustacés, et y fit faire encore cjuelques progrès. Dans le troisième vo- lume du Règne animal de M. Cuvier , ce savant as- signe au groupe des Crustacés les mêmes limites que M. Leacb , et, sans attacher à la distinction des Mala- costracés et des Entomostracés une importance que /’i) Histoire naturelle des Crustacés des environs de Nice , par M. Risso. 1816. , (2) Essai sur une nouvelle classification des ammaui , par 1 . Blainville. ( Bulletin des Sciences , par la Société philomatique de Paris, 181G; et Principes d'anatomie comparée , t. 1; Paris, loaa.) 2(6 HISTOUIE naturelle ces divisions ne méritent pas, il établit dans cette classe cinrr ordres qui pour la plupart se subdivisent à leur tour en plusieurs familles et tribus. Voici en peu de mots les principales dispositions de cette mé- thode. CLASSE DES CRUSTACÉS. ORDRE. Décapodes. Un palpe aux mandibules , yeux mobiles, tête confondue avec le tronc ; branchies pyramidales, feuilletées ou en plumes, situées à la base extérieure des pieds-màchoires et des pieds proprement dits, et caehés sous les bords latéraux du test. FAMILLE. BrACHYURES. i‘'“. section. Nageurs. Genres. Fortune, Podophthalme , Matute, Orythie. 2'. section. Arqués. Genres. Crabes, Hépate. 3'. section. Quadrilatères. Genres. Palgusie, Grapse, Ocypode, Gonoplace, Gecarcin, PotamophLle , Eriphie. 4. section. Orhiculaires. Genres. Pinnothère, Atétécycle, Thia, Goryate , Leucosie, Ixa, IVIictyre. 5«. section. Triangulaires. Genres. Inachus, Lithode, Macropode, Pactole, Docléo, Mithrax, Parthenope. 6°. section, Cryptopodes . Genres. Migrane , OEthre. PES CRUSTACÉS. aiy 7®. section. Notopodes. Genres, Dromie, Dorippe, Homole, Ranine. 3®' FAMILLE. MacROURES. i®®. section. Anomaux. Genres. Albune'e, Hippe, Remipède, Pagure, Porcellane, Galathée. 2®, section. Homards. Genres. Scyllare, Langouste, Ecrevisse, Thalassino. 3®. section. Salicoques. Genres. Processe , Penée , Alphée , Crangon , Pandale , Palémon, Pasiphe'e. 4®. section. Schizopodes. Genres. Mysis , Nebalie. ^2®, ORDRE. StOMAPODES. Un palpe aux mandibules ; des yeux mobiles ; tète distincte du tronc, divise'e en deux parties, dont l’ante'rieure porte les antennes et les yeux ; branchies en forme de panaches suspen- dues sons la queue , etc. Genres, Squille, Erichthe. 3®. ORDRE. AmPIIIPODES. Un palpe aux mandibules ; yeux immobiles ; tète distincte du tronc et d’une seule pièce ; branchies vésiculeuses situées à la face intérieure des pieds, etc. Genres. Phronime , Crevette , Talitre , Corophie. 4®. ORPRE. IsOPODES. Mandibules sans palpe ; bouche composée de plusieurs mâchoii’cs, dont les deux inférieures imitent , soit deux petits pieds réunis à leur base , soit une lèvre avec deux palpes ; bran- chies ordinairement situées sous l’abdomen ; tous les pieds simples et locomotiles ou préhensiles. 2i8 HISTOIRE NATDREIiLE i"'®. section. Cystibr anches. Genres. Leptomère , Proton , Ghevrolle, Cyame. 2“. section. Phytibranches. Genres. Typhis , Ancée , Pranize , Apseude , Joue. 3®. section. Pierygibranches. Genres. Cymothoé , Sphérome , idotee ; Aselle , Llgie, Philoscie, Cloporte, Porcellion , Armadille, Bopyre. 5“. ORDRE. BrANCHIOPODES. Point de palpe aux mandibules lorsque celles-ci existent ; bouche tantôt en forme de bec , tantôt composée de plusieurs nairhoires , mais dont les deux inférieures n’ont pas l’appa- rence d’une lèvre aux deux palpes ; pieds en forme de na- geoires avecles branchies attachées à une partie d’entre eux; etc. section. Pœcilops. Genres. Limule , Calige , Argule , Cécrops , Dichclestion. 2“. section. Phyllopes. Genres. Apus , Branchipe , Eulimène. 3. section. Lophyropes. Genres. Cythérée , Cypris , Daphnie , Lynée , Cyclope, Polyphème, Zoé. Cette classification, qui repose sur des bases bien plus solides rjue la plupart des autres méthodes , fut adoptée avec quelques changemens par M. Lamark (i), et a reçu de nouveaux perfectionnemens dans les écrits plus récens de M. Latreille.Dansl’un des articles du Dictionnaire d’ Histoire naturelle , ce zoologiste (l) Histoire naturelle des animaux sans vertèbres ^ t. V. des crustacés. 219 établit , sous le nom de Læmipodes , un sixième ordre pourrevoirlesisopodes Gystibranches, et dans son ou- vrage sur les Familles naturelles du règne animal, il modifia encore davantage la classification des Crus- tacés en général, comme on pourra en juger par le ta- bleau suivant ; A. Bouche composée d’un labre , d’une languette , de deux mandibules et de quatre mâchoires. ( ]\îii.xillosa> ) B. Huit paires de pieds au plus places entre la tete et l’abdomen, en comprenant les pates-niachoircs.(Pûui' cip'edes.) yeux portés sur un pédoncule inobde, (^Di- nocles. ) D. Branchies en forme de languettes pyramidales, situées près la base des pieds et cachées sous les côtés du thoracido, qui se prolonge de l’extrémité antérieure de la tête jusqu’à 1 ori- gine de l’abdomen , etc. i"’’. ordre. Décapodes. DD. Branchies en forme de houppes ou de pana- ches suspendus sous l’abdomen , etc. , etc. 2'. ordre. Stomapodes. CC. Yeuxsessiles et immobiles. E. Deux veux ; corps annelé dans toute sa lonuueur , tête distincte , etc. F. Tête confondue avec le segment qui porte les secondes patcs-machoires ; point d’appendices abdominaux nota- Lies , etc. 3*^- ortlre. Læmipodes. U20 HISTOIRE ^AÏÜRELEE FF. Tête séparée du segment qui porte les secondes pates-mâchoires , etc. ; mandibules palpigères ; des corps vésiculeux à la base des pieds. 4“. ordre. Amphipodes. FFF. Tête séparée du segment qui porte les secondes pates-mâchoires , etc. ; mandibules dénuées de palpes ; point de corps vésiculeux à la base des pâtes; appendices inférieures du post-abdo- men lamellaires ou vésiculeux. 5®. ordre. Isopodes. EE. Un seul œil; tête confondue avec le tho- rax , etc. 6°. ordre. Lophyropodes. BB, Onze paires de pieds entre l’appareil buccal et l’o- rigne de l’abdomen , ou le point où sont placés les œufs {Multipedes), 7®. ordre. Phïllopodes. AA. Bouche entourée de 2Meds ou ayant la forme d’un siphon. ( Edentata. ) G. Point de siphon. 8®. ordre. Xyphosures, GG. Un siphon. 9®. ordre. Siphonostomes. En 1823, M. Desniarest publia aussi un ouvrage sur les Crustacés, et bien qu’il appréciât à leur juste valeur plusieurs des défauts delà méthode de M. Leach, il crut devoir l’adopter, afin de mettre son traité en DES CRUSTACÉS. 22 1 harmonie avec le dictionnaire dont il l’a extrait. Il fit à cette classification rjuelques modifications nécessitées par les progrès de la science , mais elles ne sont pas assez importantes pour nous arrêter ici. A l’occasion d’un travail sur les Amphipodes , pré- senté à l’Académie des sciences en mars i83o (i) , nous nous sommes occupés également de la classification des Crustacés, et, tout en adoptant la plupart des di- visions établies par M.Latreille, nous avons cru devoir y porter quelques changemens. Cette méthode nou- velle est fondée sur l’ensemble des modifications que nous offre l’organisation de ces animaux, et diffère de celle de M.Latreille, non-seulement par le nombre des ordres dans lesquels les divers Crustacés sont rangés, mais aussi par les limites assignées .à plusieurs de ces divisions. On pourra en juger par le résumé suivant : A. Bouche dèpouivue d’ organes spèciaux de mastication. Ordre des Xyphosures. llûucbe entourée do pâtes ambulatoires, dont les bases renl- plissent l’office de mandibules ; corps formé de deicc portions distinctes , Tune céphalo-thoracique portant la bouche , etc. , 1 autre abdominale garnie en dessous d’une se'rie de pâtes la- mclleusos et branchiales. Ordre des Siphojvostomes. Bouche en forme de suçoir , et entourée de membres pré- hensiles qui sont suivis dun certain nombre de pâtes lamel- leiises. (») Ce travail a été imprimé en partie dans le tome V des Mé- moires clc^ la Sodé'.e d histoire naturelle de Paris, dont la publication a été empccliée par des cmliarras de librairie. Il eu a paru un extrait dans les Annales des sciences nninrelles , t. XX ; mars i33o. 222 HISTOIRE NATURELLE ]?. Bouche armée d'organes spéciaux de mastication, savoir d’une paire de mandibules et d’une ouplusieurs paires de mâchoires. Ordre des Ostrapodes, Corps sans divisions annulaires distinctes et renfermé en en- tier sous un grand bouclier doi-sal ayant la forme d’une coquille bivalve; pâtes thoraciques cornées , non branchiales , verglfor- mes et au nombre de quatre paires au plus. Ordre des Gladocères. Corps divisé en un certain nombre d’anneaux bien distincts ; pâtes thoraciquesaplatiesjlamelleuses, membraneuses en totalité ou en partie , paraissant servir à la respiration, (pâtes branchiales) et au nombre de cinq paires ; point de pâtes abdominales ; tète distincte du reste du corps , qui est divisé en huit segmens et renfermé dans un test bivalve. Ordre des Piiyllopodes. Corps articulé ; pâtes thoraciques branchiales au nombre de huit paires, et souvent suivies de plusieurs paires de pâtes abdominales ; tête distincte du reste du corps, et donnant en général naissance à une carapace qui recouvre l’animal en tota- lité ou en partie ; thorax et abdomen formés par une série de quatorze anneaux ou plus. Ordre des Cofépodes, Pâtes thoraciques vergifoi’mes , cornées et ne jiaraissaut en aucune façon propres à remplir les fonctions de blanchies ; point de branchies proprement dites , de vésicules bran- chiales , ou de fausses pâtes abdominales branchiales ; yeux immobiles et non pcdonculés ; thorax complètement à décou- vert , di\ isé en plusieurs .segmens et portant cinq paires de pâtes en général natatoires etliiramées. Abdomen composé de DES CRUSTACÉS. 223 deux segmeiis au moins et terminé par une nageoire caudale, mais ne portant jamais de fausses pâtes. Ordre des Læmipodes. Pâtes thoraciques, vergiformes et non branchiales ; point de branchies proprement dites; palpes des moinlires thora- ciques transformés en vésicules branchiales ; jeux sessiles ; thorax à découvert et divisé en six seginens ; abdomen rudi- mentaire ayant la forme d’un petit tubercule sans appendices distincts. Ordre des Isopodes. Pâtes thoraciques , vergiformes et non branchiales, en gé- néral point de branchies proprement dites ; fausses pâtes ab- dominales ; les cinq premières paires homomorphes et bran- chiales ; yeux sessdes ; thorax à découvert et divisé ordinaire- ment en sept anneaux ; abdomen bien développé. Ordre des Amphipodes. Pâtes thoraciques , vergiformes et non branchiales ; poiirt de branchies proprement dltes;palpes dos membres thoraciques vésiculaires et bi’anchiaux ; mémbres abdominaux des cinq pre- mières paires hétéroinorphes, locomoteurs et non branchiales; yeux sessiles; thorax à découvert et ordinairement divisé en sept segmens ; abdomen bien développé. Ordre des Stomapodes. Pâtes thoraciques, vergiformes, et ordinairement au nombre de sept à huit paires ; en général des branchies proprement dites; rameuses et extérieures, ou des palpes thoraciques branchiales, yeux pédoncules et mobiles ; thorax caché en totalité ou en partie sous un grand bouclier céphalique ou carapace. Ordre des Décapodes. Des branchies proprement dites et non ramenées , fixées 3^4 HISTOIRE NATURELLE aux flancs thoraciques et renfermées dans des cavités respira- toires spéciales ; pâtes thoraciques , vergiformes et en général au nombre de cinq paires; carapace recouvrant la tête et la to- talité ou la majeure partie du thorax ; yeux pédonculés et mobiles. Dans la seconde édition du Règne animal de M. Cuvier, publiée peu de temps après la lecture du tra- vail dont il vient d’étre question , M. Latreille modifia la classification qu’il avait employée dans la première édition de cet ouvrage, de manière à la rapprocher davantage de celle proposée dans ses Familles natu- relles. Enfin , peu de temps avant sa mort , ce savant et habile entomologiste s’est encore occupé du même sujet , et a introduit dans sa méthode de classifications plusieurs modifications qui la rapprochent beaucoup de celle déjà proposée par nous (i). En effet, il a admis dans la classe des Crustacés douze ordres, savoir : i“. les Décapodes, 2". les Stomapodes, 3o' les Lœmipodes, 4“- les Amphipodes, f)®. les Isopo* des, 6“. les Dicladopes, les Lophyropes, 8», lesOs- trapodes,9MesPhyllopoJes, loMesTrilohites, i iMeS Xyphosures, et 12°. les Siphonostomes. Les Dicla- dopes correspondent à peu près à notre ordre des Copépodes. On remarque aussi , dans la dernière classification de ce grand entomologiste, plusieurs modifications dans les coupes secondaires et dans la manière de dis- tribuer les genres ; mais ces détails, dont nous aurons (j) Voyez Cours 183t. d' Entomologie^ pav M, Latreille; iii-8, Paris, DES CRUSTACÉS. 225 l’occasion clc parler parla suite , sont inutiles à indi- quer ici. D’après ce coup d’œil sur les principales méthodes employées pour la classification des Crustacés, on voit que certaines divisions n’ont subi que peu de chan- gemens , et qu’une fois établies elles ont été adoptées par tous les entomologistes ; ce sont les groupes dont les caractères sont les plus tranchés et la composition la plus naturelle; mais d’autres n’ont pas joui de la même stabilité, et en voyant chaque auteur y porter quelques modifications on doit en conclure qu’elles sont peu naturelles , et ne répondent pas aux besoins de la science. On peut donc s’attendre à voir cette partie des classifications varier encore avant que d’être établie sur des bases solides. La découverte des nouveaux types d’organisation, et l’investigation plus approfondie de la structure de certaines espèces déjà connues, peuvent également amener des modifications dans la distribution méthodique des Crustacés. Ces motifs nous ont effectivement engagés à en propo- ser ; mais dans la révision que nous avons été con- duits à faire de la classification de ces animaux , nous avons toujours cherché à être autant que possi- ble sobre d’innovations, car l’instabilité des systèmes est um obstacle puissant aux progrès de la science. L’anatomie nous a constamment servi de guide dans ce travail , et nous avons cherché autant que possible à prendre l’oiganisation intérieure aussi bien qu’exté- rieure des Crustacés comme base de la division de ces animaux , en ordres , en familles et en genres. CRUSTACÉS i5 1 TOME I. 226 HISTOIRE NATURELLE / § II. Des limites naturelles et de la classe des Crustacés. Dans la classification naturelle du règne animal, on a cherché, avons-nous dit, à représenter par des di- visions et des subdivisions successives les dilFérences plus ou moins nombreuses et plus ou moins importan- tes que nous présente Torganisation des animaux et à distribuer ces êtres de telle sorte, que ceux dont se compose chaque groupe se ressemblent entre eux d’autant plus que ce groupe lui-même est d’un rang moins élevé dans la hiérarchie méthodologique. Sou- ventles coupesà établir sont clairement indiquées par la nature ; cela a lieu , lorsque les modifications de structures qui les motivent se sont opérées brusque- I ment ; mais quand la transition d’un mode d’organi- sation à un autre s’est fait par degrés presque insen- sibles, et a lieu en même temps par plusieurs séries différentes de modifications successives , il en est tout autrement ; les types des divers groupes naturels peuvent être encore faciles à distinguer, mais il peut régner une grande diversité d’opinion sur les limites qu’il convient de leur assigner. On peut alors suivre, dans la distribution méthodique des animaux , deux marches très-différentes, qui cha- cune ont leurs avantages et leurs inconvéniens : on peut, en prenant pour guide le principe de la subor- dination des caractères , si bien développé par un de nos plus grands naturalistes , établir les divisions suc- cessives, d’abord sur les modifications que présen- tent les grands appareils de l’organisation, puis sur les différences qui existent entre des parties dont le DES CRUSTACÉS. 22J rôle est ordinairement d’une importance plus minime; ou bien on peut chercher à ranger ces êtres en autant de groupes qu’il y a de séries bien reconnaissables , formées par la dégradation ou la simplification de plus en plus grande de chac[ue type d’organisation. Les limites à assigner à la classe des Crustacés va- rient suivant que l’on adopte l’une ou l’autre de ces méthodes. En su ivant la première, que l’onpourrait ap- peler une méthode naturelle physiologique^ il ne faudra grouper autour des Crabes et des Ecrevisses, qui peu- vent être considérés comme le type de ce groupe , que les êtres ayant une structure intérieure essentiel- ement semblable à la leur, et il faudra rejeter dans une classe inférieure, dans la division des zoophytes, par exemple, tous les animaux qui n’ont point, comme les premiers , un cœur , des branchies , un système ganglionnaire longitudinal bien distinct , etc. En adoptant la seconde méthode , c[ui nous paraît être éminemment zoologique , ou ne s’arrêtera pas à ces dilférences de structure , et on rattachera au groupe des Crustacés tous les animaux dont l’organisation gé- nérale, bien quelle soit moins compliquée, se lie à celle des types de la classe, et dont la conformation rappelle les états transitoires par lesquels les êtres les plus parfaits de la série ont passé pendant la durée de leur vie embryonnaire. Au premier abord on pourrait croire cette marche contraire aux principes fondamentaux des métho- des naturelles, et l’on pourrait s’étonner de voir rassemblés dans une même classe des animaux qui respirent par des branchies, et d’autres qui n’ont pour l’exercice de cette fonction importante aucun organe spécial et sont réduits à respirer par la peau ; des êtres i5. H I s T O ( R r .V A T i; R K L r, r ([ui ont un ccpur et un systèuic vésiculaire Irès-cnm- plicpié, et d’autres (jui ii’ont point de vaisseaux dis- tincts, etc. ; niaisces diflicul tés disparaissent lorsqu’on voit comment ces organes, si importanschezlesanimaux supérieurs, sont modifiés avant que de disparaître com- plètement chez les êtres moins parfaits; avant que d’être éliminés ces parties deviennent peu à peu ru- dimentaires , et dès lors leur perte est peu sentie , et n’entraîne aucun changement essentiel dans l’ensemble de 1’ organisation. Des branchies , par exemple, devien- nent rudimentaires et disparaissent pour être rem- jdacées par les tégumens communs chez des Crustacés, presque entièrement semblables, du reste, à d’autres espèces qui sont pouvues de ces organes três-dévelop- pés, et cela, sans que les autres grands appareils aient subi aucune modification notable. Les vaisseaux san- guinscessent d’avoir des parois distinctes, et ne consis- tent plusquedans de simples lacunes, chez des Crusta- cés^ qu’il est impossible d’éloigner des autres animaux de la même classe, ayant un système vasculaire bien complet, et le cœur devient rudimen t.iire et paraît même di.spa paître complètement sans que, dans les autres parties du corps , rien ne révèle son absence. 11 en résulte que non-seulement la méthode , que nous avons appelée zoologique ^ ne mérite pas les re- proches qu’on pourrait lui adresser ; mais que , dans la pratique, la méthode physiologique est réellement impraticable et se trouve violée même dans les classi- fications dont elle forme la base. Ces motifs nous ont conduits à placer dans la classe des Crustacés, non-seulement les animaux articulés, à pieds articulés , ayant une circulation complète et des branchies , caractère que l’on assigne généralement DES CRUSTACÉS. 229 à cette division , mais aussi tous ceux qui, étant for- més d’après le même plan général, sont plus ou moins imparfaits , et en quelque sorte dégradés. Le groupe formé par ces êtres sera plus difficile à bien défi- nir ; mais au moins il ne sera pas limité arbitraire- ment. Plusieurs de ces animaux sont d’une structure très- simple ; les uns ont encore des membres articulés plus ou moins rudimentaires, et le corps divisé en anneaux bien dictincts ; mais il en est dont les mem- bres se déforment tellement, qu’on ne peut rjue diffici- lement les reconnaître, et dont la peau conserve partout la même texture; il paraîtrait aussi que, dans cette famille, le cœur disparaît également, et que le système nerveux devient rudimentaire ou nul ; aussi, dans une méthode physiologique, telle que celle de M. Cu- vier, prendront-ils place parmi les zoopbytes; mais, du reste, il s ne ressemblent en ri en à des animaux rayon- nés, et desliens si étroitsles unissent aux Crustacés infé- rieurs, qu’on ne peut les en distinguer que par des li- mites purement conventionnelles. Pour nous, les Lernées et les Condrocantbes seront donc des Crustacés aussi bien que les Argules et les Cypris; et en effet, c’est par des nuancespresque insen- sibles que la nature a établi le passage entre ces para- sytes et d’autres animaux , que tous les naturalistes s’accordent à ranger dans cette classe; dans le jeune âge , il est même difficile de distinguer les Lernéens des Cyclopes et de quelques autres Crustacés, car c’est en vieillissant seulement que leurs formes exté- rieures deviennent essentiellement differentes. M. Des- marest avait d et se faisant tou- jours à l’aide de branchies ou de la peau ; la cit cula- tion , en général bien distincte ; presque toujours un cœur aortique et des vaisseaux sanguins propres , les sexes séparés. ^ III. De la division de la classse des Crustacés en légions et en ordres . Les difiérences les plus grandes qui se remarquent lorsqu’on compare entre eux les divers Crustacés , dé- pendent des modifications de leur appareil digestif , de leur a])pareil respiratoire, deleurs organes locomo- teurs , et du degré plus ou moins avancé de leur dé veloppement au moment de leur naissance. Dans l’immense majorité des cas, plusieurs des membres de la portion antérieure du corps sont a ec tés d’une manière spéciale à la fonction de la préhen- sion des alimens , et constituent soit des mâchoires ou lilSlOlliK XATUr.LLliE des mandibules , soit des organes de succion , tandis que la locomotion est confiée à d’autres instrumens. Mais il est des Crustacés dans l’organisation desquels la nature n a pas encore introduit une pareille division de travail , et dont les organes masticateurs sont les mêmes que les organes de la locomotion. Ces dei’niers, dont on a formé l’ordre des Xyphosu- REs, dilïerent aussi des Crustacés ordinaires par plu- sieurs particularités de leur organisation, c[ue nous indiquerons ailleurs, et ils doivent évidemment former un gioupe bien distinct. Un anatomiste distingué, M. Strauss, a même proposé de les séparer des Crus- tacés afin de les réunir au x Arachnides ; mais cette opinion ne nous paraît pas devoir être adoptée. La longue série des Crustacés,pourvusd’un appareil spécial pour la préhension des alimens, se divise d’a- bord en deux groupes naturels , les maxillés et les suceurs , suivant cjue leur boucbe est organisée pour la mastication , et que leurs alimens consistent en sub- stances solides , ou bien que cette ouverture se pro- longe en un suçoir disposé de façon à ne donner passage qu’à des licjuides. La légion peu nombreuse des Crustacés suceurs , c[ui se compose jJresque uniquement d’animaux pa- rasytes, peut être subdivisée en trois ordres : les Aranêiformes , dont les pâtes sont longues, vergi- formes et ambulatoires , les Siphonostomes dont le corps est pourvu de membres articulés bien distincts, mais non de pâtes ambulatoires , et les Lernéens dont les membres sont rudimentaires ou tellement déformés, qu’on ne peut que difficilement les reconnaître. La grande division des Crustacés maxillés, déjà établie par M. Latreille,sc compose d’élcmens moins DKS CKtSTACliS. 233 homogènes. On y trouve d'abord plusieurs séries d’a- nimaux qui tiennent aux Siphonostomes par des liens plus ou moins étroits, et qui conduisent vers les | groupes formés par les espèces dont la structure est la \ plus compliquée. L’une de ces séries se compose des Crustacés maxil- laires’abranches ou Entomostracés, chez lesquels il n’existe point de branchies proprement dites , ni d’organe modifié de façon à paraître en tenir lieu; chez lesquels les pâtes sont vergiformes, mais essen- tiellement natatoires , et les yeux sessiles à cornée simple et ordinairement réunis en une seule masse oculaire , et chez lesquels la naissance a en général lieu long- temps avant que l’animal ait acquis les formes et les organes qu’il aura à l’âge adulte. Elle se compose de deux ordres , peu nombreux en es- pèces ; celle des Üstrapodes, dont le corps ne pré- sente pas de divisions annulaires bien distinctes, et se trouve renfermé en entier sous un grand boucâer dorsal ayant la forme d’une coquille bivalve et dont les membres sont en très-petit nombre ; et celui des CopÉPODES, dont le corps est divise en un certain nombre d^anneîiux bien flislincts, et ne présente ni carapace, ni enveloppe valvulaire, et dont les mem- bres sont en nombre assez considérable. Une série à peu près parallèle à celle des Enlomos- tracés, ainsi circonscrite, se compose des. animaux de la même classe, qui, également privés de branchies proprement dites, ont les pâtes thoraciques lamel- leuses, membraneuses et conlormées de façon à pouvoir servir évidemment d’organes respiratoires. Nous y conservons le nom de Brancuiopodes, déjà employé par Latreille, pour une division renlerniant la plupart HISTOIRE NATURELLE 234 de ces animaux , qui , du reste , doivent constituer deux ordres distincts ; celui des Cladocères, qui cor- respond à peu près à la première division des Ento- mostracés (les Ostrapodes), et se distingue par le petit nombre des pâtes thoraciques et par l’existence d’une carapace ayant la forme d’une coquille bivalve ; et celui des Phyllopodes, qui conduit évidemment vers les Crustacés su])érieurs , et se distingue des précé- dens par un nombre plus considérable de pâtes tho- raciques , par l’absence d’un test bivalve et par plu- sieurs autres caractères plus ou moins importuns. Une troisième série , qui semble aussi se lier par son extrémité inférieure à la grande division des Crus- tacés suceurs , mais dont le sommet s’élève davantage dans la série des Crustacés , est celui des Edriophthal- MEs. De même que dans les légions précédentes, les branchies proprement dites manquent , sinon tou- jours, du moins dans l’immense m.ajorité des cas, et sont remplacées par d’autres appendices modifiés dans leur structure, de telle sorte qu’ils peuvent évidem- mentservirà la respiration ; mais quelles quesoientles parties destinées à remplacer ainsi les branchies , la tige des membres thoraciques prend ici la forme d’une pâte ambulatoire ; les yeux sont en même temps ses- siles , et il n’existe jamais de carapace quelconque. Les Edriophthalmes forment trois ordres j savoir : les Læmipodes , les Isopodes et les Amphipodes. Dans l’ordre des Læmipodes, l’abdomen n’existe qu’à l’état de vestige, et c’est le palpe des membres thora- ciques qui devient vésiculaire pour servir à la res- piration. Dans l’ordre des Isopodes, l’abdomen est au contraire bien développé , et ce sont les membres de cette por- DES CRUSTACÉS. a35 tion du corps qui se modifient de façon à pouvoir remplir les fonctions de branchies. Dans l’ordre des Amphipodes, l’abdomen se déve- loppe encore davantage et sert à la locomotion , tandis que la respiration s’ell'ectue à l’aide des palpes thora- ciques devenues vésiculaires. Enfin , la dernière série , celle des Podophthal- MiENS,se compose de tous les Crustacés supérieurs, dont la plupart sont pourvus de branchies propre- ment dites , dont les yeux sont pédonculés et mobiles, dont les pâtes thoraciques sont toujours vergifornies , et en général en partie ambulatoires et eu partie pré- hensiles, et dont le thorax est recouvert par une ca- rapace. Celte division se compose de deux ordres ; Les Stomapodes, chez lesquels les branchies, n’ayant pas encore acquis toute l’importance qu’ elles auront parla suite, sont encore extérieures et manquent quel- quefois, et chez lesquels l’appareil buccal ne se compose en général que de trois paires de membres ; Les Décapodes, dont les branchies sont fixées sur les côtés du thorax et renfermées dans des cavités respira- toires spéciales, et dont l’appareil buccal se compose de six paires de membres , de façon que le nombre des pâtes thoraciques se trouve réduit à cinq paires. Quant aux Trtlobites, ils prennent évidemment place auprès des Edriophthalmes ; mais jusqu a ce qu’on connaisse le mode de conlorraation de leurs membres , ou ne pourra leur assigner une place défi- nitive dans la classification naturelle des Crustacés. Le tableau synoptique suivant présente 1 ensemble de la classification dont nous venons d indiquer les principales bases. 236 HISTOIRE NATURELLE CLASSE DES CRUSTACÉS. SOUS -CLASSE DES CRUSTACÉS MAXILLÉS, LÉGION DES PODOPHTHALMIENS. Ordre des Décapodes. Ordre des Stomapodes. LÉGION DES ÉDRIOPHTHALMES Ordre des Amphipodes. Ordre des Isopodes. Ordre des Læmipodes. Légion des Rranchiopodes. Ordre des Ostrapodes. Ordre des Phyllopodes. Légion des Entomostracés. Ordre des Copépodes. Ordre des Cladocères. LÉGION DES TRILOBITES. SOUS-CLASSE DES CRUSTACÉS SUCEURS. LÉGION DES PARASYTES MARCHEURS. Ordre des Aranéiformes. LÉGION DES PARASYTES NAGEURS. Ordre des Siphonostomes. Ordre des Lernéens. SOUS-CLASSE DES CRUSTACÉS XYPHOSURIENS. Ordre des Xyphosures. CHAPITRE II. CONSIDÉRATIOMS GÉNÉRALES SUR l’ ORGANISATION ET LA CLAS- SIFICATION DES FODOPHTHALMIENS , DES DÉCAPODES ET [DES BRACHYUaES. SOUS-CLASSE DES CRUSTACÉS MAXILLÉS. PKEMIÈRE LÉGION. PODOPHTHAI.MZENS. Les Crustacés dont se compose la grande division des Podophthalmiens ont entre eux des rapports si multipliés , que , dans une méthode naturelle , on ne peut se refuser de les réunir dans un meme groupe. Ils sont également faciles à distinguer des autres ani- maux de cette classe, et cependant presque aucun des caractères qui leur sont propres ne peut être assigné d’une manière absolue à toute la légion , car ils peuvent tour à tour manquer. Cette division correspond à peu près à l’ordre des Crustacés Pédioclcs , proposé par Lamark ( i ) , et à la légion des Malacostracés Podophthalmes , établie plus récemment par M. Leach (a) ; mais elle repose sur des (l) Système des nnimaux sans vertèbres-, 1802. (2} Article Crustacés , Encyc. Brit, Supplem. HISTOIRE NATURELLE 238 hases difierentes et ne peut conserver les limites que ces auteurs y avaient assignées. Le trait le plus remarquable de l’organisation des Podoplithalmiens consiste dans la disposition de leur appareil respiratoire. Dans les autres Crustacés, c’est l’enveloppe générale du corps, ou bien une portion des membres thoraciques ou abdominaux qui servent à la respiration; mais ici cette fonction importante est presque toujours confiée à des organes spéciaux qui ne sont pas de simples modifications de quel- ques-uns des appendices ordinaires des membres. L’existence de hranchies proprement dites est un des caractères les plus importuns de ce groupe natu- rel ; mais chez quelque.s-uns des derniers Podophthal- miens, ces organes deviennent rudimentaires et même disparaissent complètement, et sont remplacés par l’enveloppe tégumentairegénérale (i). D’un autre coté, on connaît des Crustacés qui sont pourvus d'organes analogues et qui évidemment n’appartiennent pas à ce groupe (2). Un autre caractère qui ne manque chez aucun Po- dophthalmien , mais qui n’a pas la même importance physiologique , nous est fourni par l’anneau ophthal- mique de la tête , qui est toujours pourvu d’une paire de membres mobiles à l’extrémité desquels se trouvent les yeux (3) . Du reste, ces Crustacés ne sont pas les seuls (1) Exemples : Genres Cynthia, Mysis et Phyllosome. (2) Les femelles des Jones portent , fixés aux membres abdomi- naux des branchies rameuses trés-développées ; ce sont les seuls Crustacés actuellement connus qui , sans appartenir au groupe na- turel des Podoplithalmiens sont pourvues de branchies proprement dites , et encore ces organes n' existent-ils pas dans les deux sexes ; les mâles en sont privés. (3) PI. I, lig. 9, et PI. 3^ fig. I. DES CRÜSTACÉS. 289 qui aient des yeux pédonculés et mobiles ; les Néba- lies, qui appartiennent indubitablement à un autre iiroupe, en sont également pourvus. L’appareil buccal des Podophtbalmiens est disposé pour la mastication, et se compose toujours d’un labre peu développé, d’une paire de mandibules et au moins d’une paire de mâcboires. Les mâchoires de la seconde paire, à moins d’être rudimentaires, entrent aussi dans la composition de l’appareil masticateur et il en est presque toujours de même pour les membres post-buc- caux de la quatrième paire ; mais ces organes ne sont jamais élargis et réunis de manière à constituer une es- pèce de lèvre inférieure ou d’opercule buccal , ainsi que cela se voit chez les Édriophtlialmes ; enlîu,dans la plupart descas, les membres des deux paires suivantes sont également transformés en pâtes - mâcboires, et quelquefois même le nombre de ces organes est encore plus considérable , car dans certaines espèces on peut regarder comme tels tous membres thoraciques, à l’exception de ceux des trois deruieres paires. (Lx. : Squilles. ) Les membres thoraciques aliectés à la locomotion sont presque toujours au nombres de cinq ou de six paires; leur tige est toujours vergiforme,etconstitue une pâte grêle, allongée et ordinairement ambulatoire, qui porte quelquefois en même temps un fouet ou bien un palpe, mais ne présente presque jamais en même temps deux espèces d’appendices. Ce mode de confor- mation des organes locomoteurs sépare nettement les Podophtljalmiens de tous les Crustacés dont les pâtes thoraciques sont lamelleuses, comme les Nébaües , dont il a été question ci-dessus, mais se retrouve dans plusieurs autres divisions de la même classe. HISTOIRi; NATURELLE 240 Enfin les animaux de celte légion peuvent , au pie- mier coup d’œil_, être distingués de presque tous les autres Crustacés par l’existence d’un grand bouclier céphalique qui occupelaf'acedorsaledu corps, et s’étend plus ou moins loin au-dessus du thorax. Certains Branchiopodes ont aussi une carapace semblable ; mais ils difîèrent alors des Podophthalmiens par quelques- uns des caractères , d’une importance encore plus grande, déjà signalée. Si l’on prend pour base de la classification des Crus- tacés l’ensemble de leur organisation , ainsi c[ue nous avons clierché à le faire , on devra donc caractériser de la manière suivante la légion des Podophthal- miens. Bouche armée de viandihules et de mâchoires pro- pres à la mastication ; en général des Branchies pro- prement dites ; yeux pédoncules et mobiles ; pâtes thoraciques oergiforrnes ; une carapace. Les Padophthalmiens forment , comme nous l’avons déjà dit, deux ordres, savoir : les Décapodes et les Sto- mapodes. Cette division est généralement adoptée ; mais la plupart des auteurs l’établissent sur le nom- bre des membres thoraciques qui constituent l’appa- reil locomoteur, tandis que, suivant nous, c’est dans la disposition de l’appareil respiratoire qu’il faut en chercher les principales bases (i). (I) Voyez Mémoires sur une nouvelle disposition de l’appareil bran chiai chet les Crustacés. ( Anu. des sc. nat. , t. XIX. ) DES CRUSTACES. 2,41 l”’’. ORDRE. DÉCAPODES. L’ordre des Décapodes, établi par M. Latreille pour recevoir la plupart des espèces du grand genre Cancer de Linné, renferme tous les Crustacés qui viennent se grouper immédiatement autour des Crabes et des Écre- visses ; c’est la division la plus nombreuse en espèces , et une de celles dont les limites sont les plus tranebées et la composition la plus homogène. Il comprend tous les Crustacés dont l’organisation est laplus compliquée, et dont les facultés paraissent être les plus parfaites; aussi est-ce indubitablement en tête de la série qu’il doit prendre place. LesCrustacés del’ordre des Décapodes se ressemblent tous par la forme générale de leur corps ; les divers an- neaux de la tête et du thorax sont en général complè- tement soudés entre eux , et ils sont toujours cachés sous un énorme carapace que nous avons démontrée ailleurs être formée par le développement extrême de l’arceau dorsal du troisième ou du quatrième anneau céph.alique. 11 résultede cette disposition, que la tête des Décapodes n’est pas distincte du thorax , et qu’en dessus , tout le corps , à l’exception de l’abdomen , pa- raît formé d’une seule jrièce ; mais lorsqu’on l’examine en dessous , on y reconnaît toujours un certain nombre de divisions annulaires. Quant à l’abdomen, sa forme varie beaucoup. Les jeux des Décapodes sont portés sur des pédoncules mobiles et recouverts d’une cornée réticulée. Les antennes sont toujours au nombre de quatre; elles ont en général ha forme de petites tiges CRUSTACÉS, TOME I. 16 24a HISTOIP. K NATURELLE articulées et s’insèrent entre les jeux et la houclie (i) h’ appareil buccal est extrêmement compliqué, et, à une ou deux exceptions près , se compose d’un labre, d’une languette et de six p.aires de membres , savoir : une paire de mandibules , deux paires demâchoires et trois pairesdepates-mâchoires. Lelabre se confond en général avec la partie voisine du test, et les mandibules portent presque toujours une tigepalpiforme (a) ; mais ce der- nier caractère n’est pas invariable , comme Fabricius et la plupart des autres entomologistes paraissent le pen- ser(3). Les mâchoires de la première paire se composent de plusieurs petites lames cornées, dont le bord in- terne est épineux ou garni de poils (4). Celles de la se- conde paire présenten t toujours au coté ex terne un grand appendice lamelleux cj^ui se loge dans le canal efiérent de la cavité branchiale , et qui est destiné à expulser l’eau qui a servi à la respiration (5). Tous les Décapodes présentent cette disposition ; mais on ne l’a encore rencontrée chez aucun autre Crustacés, et cela se com- prend facilement , car elle tient essentiellement à la structure particulière de l’appareil respiratoire des Crabes , des Ecrevisses , etc. Les pates-mâchoires de la première paire (6) sont également presque toujours lamelleuses; mais, au lieu d’avoir en dehors une grande valvule , elles portent un palpe et souvent un appen- dice flabelliforme , ou vésiculeux. Les pates-mâchoires (0 Pt- 3, fig. a, ji PI. 23, fig. î, 2, etc. (2) PI. 3, %. i3. (3) Je me suis assuré que, chez les Crangons, les mandibule.? ne portent point de tige palpiforme. PI. 25, fig. i5. (4) PI. 3, iig. 12. (5) PI. 3, fig. jij et PI. lo, fig. i. ((!) PI. .3, llg. in. UES CRUSTACÉS. tle la seconde paire { i) ne sont , au contraire , presque ja- mais lamelleuses, et se composent ordinairement d’une tige formée de plusieurs articles, d’un palpe et d’un louet. Enfin, les pates-mâclioires de la troisième et dernière paire recouvrent toute la bouclie (a) ; leur por- tion interne , ou tige , présente une série d’articles dont le nombre est ordinairement de six , et dont le second et le troisième sont souvent très - élargis ; le palpe est presque toujours assez développé ; enfin , il existe en général un fouet fixé à la base de ces membres, qui, dans un très-petit nombre de cas, n’appartiennent plus à l’appareil buccal, mais ont la forme des pâtes ambulatoires (3). Les cinq paires de membres qui font suite aux organes masticateurs sont beaucoup plus développés que ceux-ci, et constituent les pales pro- prement dites , qu’on désigne aussi sous le nom de pâ- tes thoraciques ou ambulatoires. Dans unpetit nombre de ces Décapodes , ces membres présentent un palpe trés-développé , et paraissent par conséquent bira- més ; mais dans l’immense majorité de ces animaux , les pâtes sont complètement dépjourvues de cet appen- dice , et ne se composent que d'une tige plus ou moins cylindrique formée ordinairement de six articles, que l’on désigne souvent par les noms ; i“. de hanche^ 2°. de trochanter , 3°. de cuisse ou de bras , de jambe ou de carpe ^ 5“. de métatarse et 6”. de tarse ou de doigts (4). En général , les pâtes de la première paire sont terminées par une main composée des deux (0 PI. 3, fig. g. (2) PI. 3, tig. 2, h et 8; PI. 21, %. 2; PI. 3,3, %. 2 Ct j, Otc. (3) Dan.s les genre.s Sergeste et Aeètc, par exemple. '4) PI* 3, lig. i. 6, ^44 HISTOIRl; NATURKLLK ilerniei’s articles disposés en manière de pince \ il en est quelquefois de même pour une ou deux des pâtes suivantes ; mais en général les membres thoraciques des quatre dernières paires ne servent qu’eà la locomo- tion et se terminent par une espèced’ongle pointu. La disposition et la forme des membres abdominaux va- rient trop pour que nous en parlions ici , mais nous rappellerons que chez les femelles ces organes servent ordinairement à retenir les œufs. L organisation intérieure des Décapodes est aussi caractéristique que la structure de leurs parties exté- rieures. Le tube digestif présente toujours à sa partie antérieure un estomac très-développé, dont les parois sont soutenues par une sorte de charpente cartila- gineuse ou osseuse, et armées de dents (i). Les orga- nes hépatiques forment, de chaque côté de l’in- testin , une masse volumineuse composée d’une infi- nité de petits cæcums qui s’insèrent sur les rameaux du conduit biliaire (2). Le cœur, presque quadrilatère, occupe la partie moyenne du thorax, et donne nais- sance à six artères principales d’où sortent tous les vaisseaux qui portent le sangdans les diverses parties du corps (3). La respiration s’effectue au moyen d’un cer- tain nombre de branchies, dont les lamelles ou les fila- mens sont toujours simples, et ces organes s’insèrent à la paroi interne d’une cavité spéciale située de chaque côté du thorax, et formée parle prolongement de la carapace au-dessus des flancs (4). Les organes de la génération (O PI. 4, fig. I, 6 , etc. (2) PI. 4, %. 2 et 5. (3) P). 5, fig. 1, et PI. 7, tig. i. (4) PI. 10 , , fig. I, 2 et S. B£S GUbSï'AOKS. 245 cojnnmniquent toujours au cleliors par deux ouver- tures ; chez la femelle, les vulves occupent toujours rantépénul tiéme anneau thoracique et sont si tuées tan- tôt sur le sternum, tantôt sur le premier article des pâtes correspondantes (i) , tandis que, chez le mâle, les organes externes delà génération sont situés de la même manière sur le dernier anneau du thorax (2). En- fin , nous ajouterons encore que, chez presque tous les Décapodes, il existe dans l’extérieur du thorax un nombre considérable de lames apodémiennes qui forment de chaque côté une double rangée de cellules, disposition qui est particulière à ces Crustacés (3). Voici, du reste, le résumé des caractères les plus saillans qui distinguent les Décapodes non-seulement des Stomapodes, mais aussi de tous les autres Crus- tacés. C, Ayant des branchies proprement dites , et non ra- meuses^ fixées sur les côtés du thorax et renfermées dans une caoité ; La tète soudée au thorax et re- couverte par une carapace qui s’étend jusqu’il l’ab- domen ; les YEUX pédonculès et mobiles ; les paies ambulatoires ou préhensiles et presque toujours au nombre de einq paires. La plupart des classificateurs divisent les Crustacés Décapodes en deux sections, suivant que l’abdomen, qu’ils nomment communément la ejueue, est grand ou petit. En effet, il existe parmi ces animaux deux (1) PI. 3, %. 'i, /, et PI. 9.1, (Ig. 8 et 18. (2) PI. 18, fig. 6, et l’t. 23, lig. 3, c. (.3) PI. 1, iig. f), 10, n ; PI. 3, fig. 3, et PP aS, lig. 3. ^4^ HISTOIRE NATURELLE groupes ])aifuiteiiient naturels (£ui ont les Crabes et les Écievisses pour types; niais il est d’autres Déca- podes qui ne paraissent appartenir ni à l’une, ni k 1 autie de ces sections ; ils établissent le passage entre les Brachyures et les Macroures , et ne peuvent être rangés parmi eux sans violer l’esprit de toute mé- thode naturelle ; aussi avons-nous cru nécessaire d’en former un groupe distinct (i), pour lequel nous avons proposé le nom dAnomoure. Cette innovation ne nous parait offrir aucun inconvénient, et nous per- met de rendre les deux autres groupes du même ordre parlaitement homogènes. L’organisation inté- rieure des Décapodes fournit les principales bases de ces divisions; mais les caractères suivans suffiront pour faire reconnaître les espèces qui se rapportent à chacune d’elles. (l) Vo3'ez Considérations sur l’organisaliou et la classification des Crustacés Décapodes. ( Ann. des sc. nat. , t. XXV, p. 398. ) DliS CRUSTACES. ■47 Abdomen ti'ès- ■peu développé , Ineservantpves (pue jamais à la natation , ne portant jamais (le fausses pâtes oi'.DKE natatoires , et / ne se terminant DES / presque jamais \ par une nageoi- UÉCAl'ODES. \ i-e en forme d'é- Iveiitail. B. Abdomen reploy(j' sous le corps et n’ayant j.amais de traces d’appen- dices à l’avant-dernier segment; plastron sternal assez large entre toutes les pâtes , et jamais li- néaire ; vulves .situées y bkachïckeS' toujours sur le plastron! [sternal. Une selle tnrci-\ que postérieure soutenue I Ipar un apodème médian | qui correspond a une suture longitudinaledu ) sternum. B. Abdomen tantôt re-’ Iployé sous le corps, tan- Itôt étendu, et portant Ipresque toujours sur l'a- Ivant- dernier segment jdes appendices assez dé- Ivelojipés on à l'état de 'vestiges ; plastron sternal en général linéaire entre les trois dernières pâtes, et élargi en avant; vulves occupant ordinairement la base des pâtes ; en gé- néral point de selle tur- cique postérieure , ni d’a- podeme médian. ANOMOCRES. •’i A. Abdomen trés-développé[, en géné-^ ral plus long que la portion céphalo tho- racique du corps , étendu en arrière , ser- vant à la natation , portant toujours en dessous des fausses pâtes lamêlUuses , I et à son extrémité une nageoire en forme I d’éventail. j MACROURES. sectiod; des décapodes BRACHTITBSS. Les Crabes et tous les autres Décapodes qui rentrent dans la section des Brachyures présentent dans leur organisation extérieure des particularités très-remar- quables. La Cfl/a/iuce qui recouvre la portion céphalo- ^4^ ilISlÜlli): NATÜlitl.LE thoracique de leur corps cache aussi la majeure partie de leur abdomen, et présente en général une forme carrée, ovalaire ou circulaire ; le diamètre transversal de ce bouclier dorsal est presque toujours égal ou su- périeur à son diamètre antéro-postérieur, et il s’étend plus ou moins de chaque côté au-dessus des [pâtes. On y distingue une face supérieure dont les contours sont ordinairement bien marqués et une portion infé- rieure. La partie antérieure du bord de la face supé- rieure de la carapace comprise entre les deux yeux , porte le nom de front ou de rostre, suivant qu’elle est tronquée ouprolongéeen forme de bec (i); le bord pos- térieur est celui qui correspond à l’origine de l’abdo- men et se trouve placé entre les pâtes postérieures; enfin les bords latéraux s’étendent de ce dernier à l’an- gle externe des orbites , et se composent souvent de deux portions qui ont des directions différentes et que nous désignerons sous lesnoms de bord latéro-anté- rieui, etde bordlatero-posterieur(2). Laface supérieure de la carapace est ordinairement divisée par des sil- lons qui correspondent pour la plupart à des insertions musculaires, et qui circonscrivent des régions sur les- quelles M. Desmarest ale premier fixé l’attention des zoologistes (3) , et dont la considération ne peut être négligé sans inconvénient. Quatre de ces régions occu- pent la ligne médiane de la carapace (4) ; la plus anté- (i) PI. i4 iis, %. 1, 2, 3, etc. — r, rostre; — /, front. (a) PI. i4 bis , fig. I, 2, etc : a, Lord anterieur de la carapace ; — l.a, bord latéro-antérieiir ; — / , bord latéral ; — l.p , bord iatéro-postérieur ; — ^ , bord postérieur. (3) Voyez Hist. nat. des CrusLacès fossiles^ p. -jS. (4) iM- i'\ bis,, fil,". J, 3, cto : — s, rcgioi! stomacale ; — DES CUUS'l'ACÉS. lérieure, qui a reçu le nom de région slomacalo, parce qu’elle comprend la portion du lest située au-dessus de l’estomac, âiit suite au front et présente toujours imo étendue assez considéralde ; la seconde rej^ion médiane est beaucoup plus petite et se prolonge ])resque tou- jours en pointe antérieurement , tandis qu’en arrière, et sur les côtés, elle se termine par des bords droits ; une erreur anatomique lui a fait donner le nom de l é- gion génitale (i)- La région cordiale, qui succède à la génitale, correspond au cœur, et a en général une forme hexagonale assez régulière; la ligne transversale qui la sépare de la région génitale, et les deux lignes longitudinales formées par les bords latéraux de ces deux régions, sont souvent plus marquées que tous les autres sillong analogues , et ont quelque ressemblance avec un H qui serait gravé sur le milieu de la cara- pace. Enfin, la quatrième et dernière région médiane est située entre la cordiale et le bord postérieur de la carapace; elle est souvent à peu près quadrilatère, mais souvent aussi elle ne se distingue ([u’a peine ; M. Desmarest l’appelle région hépatique postérieure ; mais, afin delà mieux distinguer des autres régions hépa- tiques , nous préférons la désigner sous le nom de ré- gion intestin ale. Les portions latérales de la face supé- région génitale ; — c , i-égion cordiale ; — / , région intestinale ; — A, A. régions liépatiques ; — A. 6, régions hraucliiales. (i) D’après la ligure que M. Desmarest a donné de l’intérieur d’un Carcin Ménade, on croirait que les organes intérieurs de la génération sont circonscrits dans l’espace coricspomlant à la région qui en porte le nom , et c’est probablement d’après cela que ce na- turaliste Va désignée de la sorte ; mais cette ligure est très-inexacte, et les testicules, aussi bleu que les ovaires, s’étendent ]>icn au delà, comuio ou peut s’eu couvaiiicrc iwr l’iuspcctiou de uos plau- clies 5ct ! !. Heure cleJa carapace sont composées chacune de deux régions souvent très-difficiles à distinguer et dont les hmites sont en général un peu arbitraires ; l’une, an- térieure , est placée sur les côtés de la région stomacale, et recouvre la majeure partie du foie et des organes intérieurs de la génération : c’est la régioji hépatique; l’autre, située en arrière de la première et sur les côtés des régions cordiale et intestinale correspond à la voûte (le la cavité respiratoire, et est appelée région hranchiale . Le front se prolonge au-dessus de l’anneau epi perte les yeux. Dans le jeune âge, cet anneau reste à découvert antérieurement, et les yeux ne sont pas logés dans des cavités orbitaires complètes ; mais, plus lard, la partie inférieure du front se réunit, sur la ligne médiane, a un prolongement de l’arceau inférieur du second anneau , de façon à entourer complètement le segment oculaire cjuon n’aperçoit plus qu’à l’inté- rieur de la carapace (i) ; il arrive aussi que l’angle ex- terne du front s’unit, soit à l’article basilaire des an- tennes extérieures, soit a un prolongementdela portion latérale et inférieure de la carapace , et il se forme ainsi une cavité dans laquelle les yeux s’insèrent et peuvent en général se reployer plus ou moins complètement. Mais, nous le répétons, cette disposition n’existe pas encore aux premières époques de la vie, et, en cela les jeunes Braebyures se rapprochent , comme nous le verrons ailleurs , des Macroures adultes. Chez tous les Crustacés de cette section , les an- termes de ta première paire sont placées sur les côtés (I) PI. 14 bis, üg. 4 DES CUUSTACES. 2;)I clclalipiemédiane(i); elles sont très-coiiileset peuvent sereploycr dans la cavité qui loge leur article basi- laire ; CCS cavités , rjue nous appelons Jbssetles anteri- n aires , sont placées entre les orbites avec lesquelles elles communiquent quelquefois , et sont séparées entre elles par un prolongement inter- antennaire qui naît de l’arceau qui porte ces appendices et se soudent au front commenous v enons de le dire. Le premier arti- cle de ces antennes est toujours renflé et ]dus ou moins globuleux , tandis c£ue les deux suivans sont courts , grêles et cylindriques ; enfin, à l’extrémité de ce jietit pédoncule, se trouvent deux ligelles annelées très-cour- tes et dont l’une est ciliée. Les antennes de la seconde pairc(p) s’insèrent constamment en dehors, etun peuau- dessousdespreinières; elles n’acquièrent également que peu de développement, et présentent, dans les difïérens groupes de Brachyures, des variations assez grandes : à leur base, on voit toujours un petit tubercule circulaire c[ui constitue l’enveloppe de l’oi’gane spécial de l’au- clition^ et qui est situé au devant de la bouche; les trois et quatre premiers articles des antennes consti- tuent un pédoncule qui supporte une tige terminale ; enfin il arrive souvent que la première de ces pièces soit plus ou moins entièrement soudée aux parties voisi- nes de la carapace, et alors on pourrait facilement croire ejue les antennes extérieures s’insèrent au de- vant des internes ; car, en effet, leur portion mobile naît alors en avant de ces organes. En arrière des fossettes antennaires, on voit une surface ])Iane, plus ou moins étendue, qui rcprésentele (:) PI. 3, lig. 2 et 7. (2) PI. 3, (ig. 2, cl; PI. 1^, lig. 2, b, etc. 25.1 ursroiiic NAruni:LL,£ troisième niineau cépliiilic£ue et qui porte le nom d. e- pistome (i). L’espace occupé par l’épistomc, les fos- settes antennaires et la base des antennes externes constitue ce que nous appelons la région anlennaire ; ses proportions varient, et on peut tirer parti de ces dif- férences pour la classification de ces animaux . Les par- ties latérales et inférieures de la carapace , que nous appellerons régions ptérjgostomieimes (a) , sont tou- jours dirigées plus ou moins obliijuement en dehors et en haut, et sur la lignemédiane elles laissent entre elles un espace vide qui est occupé par l’appareil masticateur et que nous désignerons sous le nom de cadre buccal (3) ; tantôt ce cadre buccal a la forme d un quadrilatère assez régulier, tantôt il est triangulaire, et c’est tou- jours à sa partie antérieure que viennent se terminer les conduits efferens des cavités branchiales. Enfin, le bord postérieur et interne de ces régions ptéry- gostomiennes supplique exactement contre la voûte des flancs immédiatement au-dessus de l’insertion des pâtes ; quelrjuefois ces parties ne laissent entre elles aucun intervalle ; mais , en général , on remarque de chaque côté de la bouche et en avant des pâtes antérieures une lacune qui communique dans’ la ca- vité branchiale (4), et il arrive quelquefois qu’un pro- longement de la earapace entoure cette ouverture de façon à la transformer en un véritable trou à travers lequel l’eau nécessaire à la respiration pénètre jus- qu’aux branchies (5). (i) Pi. 3, fig'. 2, e. (‘.I) PI. 3, lig. 2, g. (3) PI. 20, iig. 2. PI. 3. lig'. •.!. (à) Pi. au, fig. 13. « DES CRUSTACÉS. 253 En arrière , le cadre Luccal est borné par le plas- tron sternal dont nous parlerons plus en détail par la suite; et, dans l’espace ainsi circonscrit, se trou- vent entassés les uns sur les autres les six paires de membres qui sont spécialement aflectés à l’appareil digestif. Celle qui s’insère le plus en arrière, et qui est par conséquent la dernière de la série, recouvre toutes les autres ; aussi en parlerons-nous d’abord. Ces or- ganes, qui sont ordinairement désignés sous le nom de troisièmes pales -mâchoires ovl pates-mâchoires ex- ternes ^ sont très-larges , et constituent deux espèces d’opercules qui ferment le cadre buccal à peu près comme les battans d’une por te ( i ) . Ils s’ânsèren t touj ours assez loin de la ligne médiane par leur angle posté- rieur et extérieur ; leur article basilaire envoie ordi- nairement en dehors un prolongement qui sert de valvule à l’ouverture allèrent de la cavité branchiale , et qui porte un long appendice flabclliformc , ainsi qu’une petite branchic rudimentaire cachée, comme le fouet, dans la cavité respiratoire; enlinilnaît encore de cet article basilaire un palpe et une série d’arti- cles que représentent la tige ou pâte proprement dite des membres thoraciques. Les deux premiers articles de cette tige sont lanielleux , articulés à la suite l’un de l’autre, et très-développés; ils constituent la ma- jeure partie de lapate-mâchoire, et portent à leur ex- trémité une petite tigelle formée presque toujours ])ar les trois derniers articles de ces organes , qui sont grêles et cylindriques ; quant au palpe , il ne manque presque jamais, et consiste en une longue tige qui se place au côté externe du deuxième et du troisième ar- (!) VI. (ipr, 3. h, et fig. 8, eic, ‘■*•^4 HISTOIRE naturelle licles de la pate-mâchoire, et. qui porte à son extrémité un petit appendice annelé , et reployé sous le troi- sième article dont il vient d’étre question. En écartant les pates-mâchoires externes on aper- çoit au-dessous d elles les deux autres paires de pates- mitchoires , les deux paires de mâchoires proprement dites , les mandibules et la bouche. Ea structuic des pates-mnchoires de la seconde paire (i) est à peu près la même que celle des pates- mâchoires externes, si ce n’est que leur branche in- terne est grêle et cylindrique dans toute sa longueur, au lieu d’étre large etlamelleuse. On y distinauc éo-a- lement une série de six articles dont le premier porte , du coté externe, un fouet et un palpe semi-corné et semblable à celui des pates-mâchoires externes; les deux articles suivans sont vergiformes et dirigés en avant; les trois derniers, aussi larges que les précé- deus , mais Ires-courts , se recourbent en dedans et en arrière ; enfin il est à noter que la dernière de ces pièces est toujours très-petite. Les pates-mâchoires antérieures (3), (|ui sont ca- chées par celles dont nous venons 'de parler, ont beaucoup moins de consistance quelles , et sont moins distinctement articulées ; elles portent encore un long appendice flabelliforme et un palpe qui ressemble beaucoup à celui des pates-mâchoires de la seconde paire ; mais la tige ou portion interne de ces mem- bres est réduite à un gros tubercule supportant une seule pièce ovalaire, en dehors de laquelle on voit s’avancer un prolongement lamelleux et semi-membra- (I) PI. 3, fig. 9. (5) PI.. 3, fig. 10. DES CRUSTACES. o.r)r) neux , qui naît entre la [jiècc ovalaire dont nous ve- nons de parler et le palpe , et qui sert à diriger au de- hors l’eau expulsée de la cavité branchiale. Après avoir enlevé ces derniers organes , on décou- vre les mâchoires externes (i), dont la consistance est toujours semi-cornée; à leur coté externe, il existe, comme nous l’avons déjà dit, une grande lame valvulaire , qui est l’analogue du fouet , et qui sert au mécanisme de la respiration ; cette lame est irrégulièrement ovalaire et toujours tronquée à sa partie postérieure. La poHÉon de ces organes , que représente la tige , est réduite à deux ou trois petites lames qui recouvrent une portion de la bouche ; et , entre elle et le fouet, on distingue un petit appendice qui peutêtre considérécommelereprésentaut dupalpe. 'Les pates-mâchoires antérieures , ou de la première paire (2), sont très-petites et en majeure partie cachées parles externes; comme elles, ces organes sontlamel- leux et appliqués sur les mandibules , mais on ne leur voit pas d’appendice valvulaire. Leur bord interne est garni de poils et d’épines, et ils paraissent devoir ser- vir principalement â retenir les alimens pendant qu’ils sont broyés par les mandibules. L’ouverture buccale elle-même occupe en général le milieu de l’espace entouré par le cadre buccal ; à son bord antérieur on aperçoit le labre, qui a la forme d’un tubercule semi-membraneux; son bord postérieur est garni d’un repli lamelleux et bilobé que l’on ap- pelle languette , et sur ses cotés sont placés les man- dibules. (I) PI. 3, fig. 11. (a) PI. 3, (ig. la. HISTOIRE NATURELLE 0,5 G Ces derniers organes se composent de deux parties distinctes, un corps et une tige palpifonnc (i). Le corps do la mandibule paraîll’onnéparrunion intimedes trois ])remiers articles du membre, et présente des traces as- sez visibles de ces soudures transversales; il s’articule îîvec le tronc par sa face supérieure, et ressemble un peu par sa forme à une pyramide à trois faces, très-irrégu- lière, qui serait placée transversalement avec sons om- met en dehors et sa base en dedans ; cette dernière partie de la mandibule est très-grosse et d’une tex- ture extrêmement compacte; elle s’applique contre la mandibule du coté opposé, et sert à la mastication; aussi son bord intérieur est-il en général tranchant. L’appendice palpiforme des mandibules s inséré a la partie antérieure et interne de leur corps; il a la forme d’une petite tige composée de trois articles mobiles, dont le premier est extrêmement petit ; il se dirige en dedans, puis en arrière, en suivant le contour du corps de la mandibule. En arrière de l’appareil buccal on aperçoit à la face inférieure du corps des Bracliyures un grand plastron sternal {q.) qui est formé parla soudure de l’arceau in- férieur des divers anneaux thoraciques du tronc. Ce plastron , sur les côtés duquel s’insèrent les pâtes , s’étend jusqu’à l’origine de l’abdomen , et présente en général la forme d’un ovale tronqué et même échancré postérieurement. Sa largeur est toujours assez consi- dérable, et il ne devient nulle part linéaire. On y dis- tingue toujours quatre sutures transversales qui indi- quent le point d’union des cinq derniers anneaux du (i) PI. 3. fig. i3. (s) PI, 3, tig. J, et tiS' i- DES CRUSTACÉS, 267 thorax , et sur la ligne médiane il règne presque tou- jours aussi une soudure longiludinale qui occupe les deux ou trois derniers anneaux, et correspond à l’origine de l’apodèmc médian du sternum dont il sera question plus tard. La ])artie médiane du plastron sternal est plus ou moins concave, et forme souvent une espèce de gouttière longitudinale très-large qui loge l’ahdo- men. Entre les pâtes de la troisième paire , on y dis- tingue toujours , chez la femelle , deux petits trous qui sont situés à quelque distance de la ligne médiane et qui sont les ouvertures de l’appareil de la généra- tion. Enfin, chez quelques Brachyures, les ouver- tures qui donnent passage aux organes mâles sont également creusées sur le plastron lui- même , près de la hase des pâtes de la cinquième paire, et chez quelques autres où les verges sortent comme d’ordi- naire à travers l’article basilaire de ces pâtes , il existe de chaque côté du plastron un petit canal transversal destiné à loger ces organes. Les membres qui font suite à l’appareil buccal, et qui constituent les pâtes proprement dites, sont toujours au nombre de cinq paires , et ne présentent jamais ni palpe ni fouet. Ils sont dirigés transversale- ment en dehors ; ceux de la première paire sont tou- jours préhensiles et terminés par une main didactyle bien formée ; en général les pâtes des quatre paires suivantes sont toutes simplement ambulatoires ou na- tatoires ; elles ne sont jamais didactyles ; celles de la dernière paire sont toujours assez développées. L’abdomen est très - peu développé ; sa largeur est tout au plus égale à environ les trois quarts de celle de la carapace (le rostre excepté) ; son épaisseur n’est égale qu’au cinquième ou même au dixième de CRUSTACÉS, TOME I. Ij, HISTOIRE NATURELLE 2 58 celle du thorax , aussi est-il presque lamelleux , et est- il toujours reployé sous le plastron sternal (i). Il se compose essentiellement de sept anneaux , mais sou- vent un certain nombre d’entre eux s’unissent plus ou moins intimement, et alors cette partie du corps ne présente plus que cinq, quatre ou même trois pièces Lien distinctes ; ce nombre varie suivant les sexes et les genres, et, dans plusieurs cas , on voit qu’il diffère, meme dans les espèces les plus voisines (2), En géné- ral , l’abdomen est beaucouji plus laree chez les femelles que chez les mâles ; chez les premières il est ordinairement de forme ovalaire et chez les der- niers plus ou moins triangulaire. Les membres qui s’y insèrent sont également peu développés ; l’avant- dernier anneau n’en porte jamais, même à l’état de vestiges, et chez le mâle on n’en voit que sur les deux premiers segmens (3). Ces organes ont toujours la forme de stylets simples et plus ou moins aigus (4) ; ceux de la première paire sont plus grands que ceux de la se- conde , et présentent en général ime gouttière desti- née à recevoir ces derniers ; enfin, leur base est en rap- port avec les verges , et ils paraissent servir unique- ment à la copulation. Chez les femelles il existe , au contraire, toujours quatre paires de membres abdo- minaux insérés aux quatre segmens qui suivent le pre- mier anneau (5) ; ces organes se composent chacun d’une tige longue, grêle et articulée, et d’un appendice flabelli- forme à peu près de même longueur qui naît du côté ex- (1) PI. 3, fig. 2, 5 et 0. (2) Dans le gera e Doclce , par exemple . (3) PI. 3, fig. 6. (4) PI. 3, lig. i5 et 16. (5) PI. 3, %. 5 et 14. BES CRUSTACÉS. 9.69 terne de l’article basilaire de la tige ; l’une et l’autre de ces espèces de branches sont garnies de poils , et leur usage est de maintenir les œufs sous l’abdomen ; jamais ces membres n’ont la forme de fausses pâtes natatoires. A l’intérieur, le système tégumentaire des Bra- chyures présente aussi plusieurs particularités qu’il est essentiel de noter. La voûte des flancs est toujours dirigée très-obliquement en haut et en dedans , de manière à former avec le plastron sternal un angle qui n’excède guères 45 degrés (i). Les cellules situées au- dessous sont dirigées transversalement-, les deux ran- gées qu’elles forment sont superposées ^ et leur ouver- ture, qui donne insertion à la pâte correspondante, est dirigée en dehors. La cavité viscérale, que les flancs et leurs cellules laissent entre eux, est toujours bornée en arrière par une selle turcique sur laquelle s’insère l’abdomen , et cette espèce de voûte est soutenue par un apodème médian. Enfin, il n’existe jamais de canal sternal proprement dit. La centralisation du système nerveux ganglionnaire des Brachyures est porté très-loin; ce système consiste toujours en deux masses médullaires seulement, l’une céphalique, et l’autre thoracique (2). Ce dernier, qui se compose de tous les ganglions thoraciques , présente tantôt la forme d’un anneau, tantôt celui d’un disque solide , et tient au premier par le collier œsophagien ; enfin, la portion abdominale de cet appa- reil n’est représentée que par un nerf impair qui naît, comme tous ceux du thorax , du centre médullaire (:) PI. U, fig. 9, 10, et PI. 3, fig. 3. (2) PI. TI, fig 5. '7- 26o HISTOIBE NATüRELLE dont nous venons de parler, et qui n’olïre aucune trace de renflemens ganglionnaires. L appareil digestif de ces Décapodes ne présente aucune particularité très-remarquable : nous rappelle- rons seulement que les appendices cœcales qui nais- sent derrière le pylore sont longs et filiformes , que 1 appendice situe entre 1 intestin grêle et le gros in- testin naît a peu de distance de l’estomac (i), et que les deux foies sont souvent réunis par un lobe médian (a). Le cœur est presque quadrilatère ; et l’artère ab- dominale, qui naît à l’origine de la sternale, est ex- trêmement grêle (3). Le système des sinus veineux , si- tués près de la base des pâtes, est très-développé ; et, sur la ligne médiane du corps, il n’existe pas de réser- voirs semblables (4). Les branchies ont toujours la forme des pyramides llxees jiar leur base , et composées d'une double série delamelles empiléesles unes sur les autres (5). On n’en compte jamais plus de neuf de chaque côté du corps, et quelquefois il n’en existe que sept ; une ou deux des premières , fixées aux pates-màchoires externes , sont toujours rudimentaireset cachées sousles autres(6) ; mais les cinq ou sept dernières sont très-développées, couchées sur la voûte des flancs , et constamment in- sérées sur une même ligne; les trois, quatre ou cinq premiers naissent de l’articulation des membres cor- (1) PI. 1, (2) PL 4, fig. 5. (3) PL 5, fig. I. (4) PL 6, fig. 2 et 4. (5f PI. 10, fig. 2 et 8. (6) PL 3, fig. 8 et g, DES CRUSTACES. 261 respondans ; savoir : un au-dessus de la pate-mâchoire de la seconde paire , deux au-dessus de la pate-mâ- choire externe , et deux au-dessus de la pâte thoraci- que de la première paire. Les deux dernières branchies naissent au contraire d’une ouverture pratiquée dans la voûte des flancs (i) et correspondent ordinairement aux pâtes de la seconde et de la troisième paire ; quelquefois il n’existe pas de hranchie au-dessus de la troisième paire de pâtes ; enfin les deux derniers anneaux du thorax n’en portent jamais. Le fouet, qui naît de la pate-mâchoire externe, et celui de la seconde pate-mâchoire passent entre ces organes et la voûte des flancs, et l’appendice analogue, appartenant à la pate-mâchoire de la première paire, se recourbe sur la face supérieure et externe des branchies ; mais jamais ces derniers organes ne sont séparés entre eux par des fouets. Enfin, la cavité respira- toire n’est ouverte qu’à sa partie antérieure ; et la partie latérale de la cara])ace vient s’appliquer exac- tement contre le bord inférieur de la voûte des flancs; aussi l’eau ne parvient-elle aux branchies que par une ouverture spéciale qui se voit en général au devant de la hase des pâtes de la première paire , mais qui est quelquefois remplacé par un canal qui s’ouvre dans le cadre buccal à côté du conduit efférent du même appareil. L’appareil de la génération présente , chez les fe- melles , une disposition particulière qui est très-re- marquable,et qui consiste dans l’existence d’une grande poche copulatrice placée près de l’ouverture de chacun des oviductes. Ces poches reçoivent les verges du mâle (1) PI. 3, fig. 3. V HISTOIRE NATURELLE pendant la copulation, et servent évidemment comme des réservoirs pour la liqueur destinée à féconder les œufs à fur et à mesure de leur passage vers le dehors. Les vulves, comme nous l’avons déjà dit, occupent toujours le plastron sternal; elles sont situées sur l’anneau qui porte les pâtes de la troisième paire, et sont cachées par 1 abdomen. Les organes de la géné- ration du mâle viennent en général" aboutir à une ou- verture creusée dans 1 article basilaire des pâtes de la cinquième paire; mais dans la famille des Catomètopes, les verges sortent presque toujours par des trous pra- tiqués sur le plastron sternal lui-même. La section des Brachyures comprend un très-grand nombre de Crustacés sur la classification desquels les auteurs ne sont pas d’accord. MM. Leach et Desma- rest les ont rangé d’après le nombre des pièces dis- tinctes dont 1 abdomen se compose , soit chez le mâle, soit chez la femelle. Cette méthode est très-simple et d’une application extrêmement facile ; mais elle a le grand inconvénient d’être tout-à-fait artificielle et d’é- loigner souvent les Brachyures qui ont entre eux le plus ti analogie ; il est des cas où, d’après ce système, des espèces appartenant à un même genre naturel se- raient dispersées dans des familles differentes ; nous ne pouvons par conséquent l’adopter, M. Latreille a eu recours à deux méthodes principa- les pour la distribution des Brachyures ; l’une fondée sur la forme générale du corps et la disposition des pâtes, l’autre basée sur ces mêmes considérations, ainsi que sur la forme de la bouche et quelques autres caractères. Dans la première de ces classifications , ce célèbre entomologiste divise les Brachyures en sept familles ; savoir : les Nageurs , les ylrqués , les Quadri- DES CaUSTACÉS. 26.5 latères, les Orbiculaires , les Triangulaires, les Crypto- podes et les Natopodes ; et, dans la seconde , il réunit les Nageurs aux Arqués , et modifie un peu la compo- sition de ces groupes , ainsi que de celui des Orbicu ] aires. Cette dernière classification m’a paru bien plus naturelle que toutes celles qu’on avait proposées jus- qu’alors ; mais une étude approfondie de la structure des divers Bracbyures et de la valeur des caractères employés pour leur distribution méthodique , m a con- duit à en modifier quelques points, et à diviser la sec- tion des Bracbyures seulement en quatre grandes fa- milles f£u’on peut distinguer à l’aide des caractères suivans : FAMILLE DES OXYRHINQUES. Orifices génitaux du mâle creusés dans l’article ba- silaire des pâtes postérieures et ne se continuant pas avec un canal transversal du sternum. — Canal affé- rent de la cavité branchiale s’ouvrant en arrière des régions ptérygostomiennes. — Branchies au nom- bre de neuf et remplissant presque entièrement la cavité respiratoire. — Cadre buccal à peu près qua- drilatère , très -large en avant et très -éloigné du front. — Bégion antennaire occupant un espace pres- que aussi long que le cadre buccal. — Épistome très- grand, presque carré. — Carapace rétrécie anté- rieurement; régions branchiales très -développées et occupant presque toute la partie latérale du thorax ; régions hépatbiques rudimentaires; front avancé et formant en général un rostre très-saillant ; orbites di- riiïées au dehors. — Abdomen du mâle occupant tout O ^^4 MISTOIJiE NATURELLE l’espace compris entre la base des pâtes postérieures. — Quatrième article des pâtes - mâchoires externes s’insérant le plus ordinairement à l’angle interne de l’article précédent. FAMILLE DES CYCLOMÈTOPES. Orifices génitaux du mâle, canaux ajfférens des cavités respiratoires , et branchies disposées de même que dans la famille précédente. — Cm/, e buccal très- large en avant et fort éloigné du front. - Bégion antennaire n’occupant pas un espace moitié aussi long que le cadre buccal. — Épistome très-court, beau- coup plus large que long, et n’atteignant pas à beau- coup prés le niveau du bord inférieur des orbites. — Carapace très-large et régulièrement arquée anté- rieurement, rétrécie postérieurement ; régions hépa- tiques tres-developpées et occupant presque toujours au moins la moitié de la portion latérale du test ; front transversal en général peu ou point rabattu ; orbites dirigées obliquement en haut et en Abdomen du male occupant tout l’espace compris entre la base des pâtes postérieures. — Quatrième article des pafeA- rnachoires externes s’insérant toujours à l’angle interne de 1 article précédent. FAMIILE DES CATOMÈTOPES. Orifices génitaux du mâle placés presque toujours sur le plastron sternal lui -même, ou se continuant avec une gouttière transversale creusée dans le plastron et renfermant les verges. — Canaux ajférens des cavi- tés branchiales et cm/re buccal disposés comme dans la DES CRL’STACES. 205 famille précédente. — Branchies souvent moins nom- breuses que dans les familles précédentes, et n’occupant en général qu’une petite portion de la cavité respira- toire. — Jiégion antennaire n’ayant en général guères plus du tiers ou du quart de la longueur du cadre buccal. — Épistome très-court, presque linéaire et at- teignant presque toujours le niveau du bord orbitaire inférieur, avec lequel il semble se continuer. — Cara- pace en général quadrilatère ou ovoïde ; régions hépa- tiques rudimentaires; régions branchiales très-déve- loppées ; front transversal et ordinairement rabattu ; orbites dirigés en avant ou obliquement en bas. — Ab- domen du mâle souvent beaucoup moins large que l’epace compris entre la base des pâtes postérieures. — Quatrième article des pâtes - mâchoires externes s’insérant presque toujours au milieu ou vers l’angle externe du précédent. FAMILLE DES OXY6TOMES. Orifices génitaux du mâle occupant l’article basi- lairedes pâtes postérieures et ne se continuant pas avec une gouttière sternale. — Cadre buccal triangulaire très -étroit en avant et arrivant en général jusqu’au- près du front. — Canaux affèrens de la respira- tion s’ouvrant ordinairement au devant de la bouche à côté des canaux efïérens. — Branchies souvent moins nombreuses que dans les deux premières fa- milles , mais disposées de meme. — Région anten- naire d’une petitesse extrême. — Épistome pres- que toujours rudimentaire. — Carapace en général orbiculaire ou arquée en avant; front peu ou point saillant. 266 HISTOIRE NATURELLE CHAPITRE III. FAnEII.I.E SES OXYRHINQUES. Le nom’d’Oxyrhinque a été donné par M. Latreille à une grande division de Brachjures renfermant les Mïiïa , nos Oxystomes et plusieurs de nos Anoraou- res (i); mais comme la classification dans laquelle on 1 employait a été abandonnée depuis long-temps, même par son auteur, nous avons pensé qu’il n’y aurait au- cun inconvénient à l’appliquer à la famille dont nous faisons ici l’histoire, et en agissant de la sorte nous avons été dispensés de charger d’un nom nouveau la nomenclature zoologique qui déjà est si vaste. C’est dans ce groupe naturel que le système uerveHar présente le degré de centralisation le plus grand que nous ayons rencontré parmi les Crustacés, et c’est principalement pour cette raison que nous le plaçons àla tête de la série formée par ces animaux. En effet, les divers ganglions médullaires du thorax ne constituent plus ici qu’une seule masse solide en forme de disque (2), tandis que chez les autres Décapodes, dont on connaît l’anatomie intérieure, ces mêmes ganglions restent toujours plus ou moins distincts et ne se réunissent que de manière à former un anneau circulaire. Chez plusieurs Oxyrhinques nous avons aussi remarqué que les deux moitiés du foie, au lieu d’être complètement (1) Hist. nat. des Criislncès et des Insectes , faisant suite à l’édition du Buftbn de Soiinini. Paris, an IX. (2) PI. 9, fig. 5. DES CRUSTACÉS. aÔ^ séparées comme chez les autres Décapodes , sont réu- nies sur la ligne médiane par un lobe impair (i) ; ce viscère est assez développé et s’étend sur une grande partie delà voûte de la cavité branchiale. Lenombre des hranchies est toujours de neuf de chaque côté du tho- rax; sept de ces organes, dont le dernier est inséré au-dessus de la troisième pâte, sont très-développés et couchés sur la voûte des flancs , tandis que les deux autres se trouvent réduits à l’état rudimentaire et sont cachés à la hase des premiers. Enfin , la voûte de la cat’lté respiratoire est peu élevée, et, dans toute son étendue, presqu’en contact avec la face supérieure des hranchies. Du reste, l’organisation intérieure des Oxy- rinques ne nous a offert rien de particulier. 11 n’en est pas de même de l’organisation extérieure de ces animaux. La forme générale de leur corps se rapproche en général de celle d’un triangle dont la base serait arrondie et tournée en arrière. L,n carapace est presque toujours très-inégale et hérissée d épines ou de poils, et notablement plus long que large; les lé- gions (a), à l’exceptiondes hépatiques, sont ordinaire- ment assez distinctes; la stomacale est presque tou- jours plus longue que large, bien quelle occupe toute la largeur de la partie post-orbitaire de la carapace, et elle n’est jamais divisée en deux , sur la ligne médiane , par un prolongement presque linéairede larégiongé- nitale, comme cela se voit chez la plupart des Cyclo- métopes et des Gatomètopes. Cette dernière région est en général peu développée, et confondue plus ou moins (1) PI. 4, %• 5. (2) PI. 3, üg. I, et PI. fig. I et 2. 268 histoire natureele complètement avec la stomacale, ou bien tronquée en avant. Les régions hépatiques , comme nous l’avons déjà dit, sont rudimentaires et peu distinctes; mais les branchiales sont très- développées et s’étendent au delà du niveau du bord antérieur du plastron sternal ; elles sont bombées , et c’est toujours vers leur milieJ que la caparace présente le plus de larifeur. Quant aux régions cordiale et intestinale, elles n’ollrent rien de particulier. Le front est toujours assez étroit, et en général il s avance de façon à constituer un rostre très-saillant. Les orbites sont dirigées plus ou moins obliquement en dehors, et souvent elles sont si petites et si peu en rapport avec la longueur des tiges oculaires, cpie ces organes ne peuvent s’y reployer ; d’autres fois la portion post-foraminaire de ces cavités est assez pro- fonde et s étend comme d’ordinaire assez loin en dehors pour que les yeux puissent s’y cacher en entier. Les flratennei de la première paire n’oflrent rien de particu- lier quant à leur forme; mais leur tige mobile est assez développée; elles se reploient presque toujourslongitu- dinalement , et sont logées dans des fossettes également longitudinales et complètement séparées des cavités orbitaires(i). Chez presque tous ces Bracbyures le pre- mier article des antennes externes est extrêmement développé et complètement soudé au front et aux parties voisines des régions ptérygostomiennes ; il constitue une portion considérable de la paroi in- férieure de l’orbite (2), et présente àsabaseune ou- verture circulaire qui est remplie par un disque cal- caire appartenant à l’appareil auditif; les deux arti- (OPl. 3, %. a,/. (3) PI. 3, fig. 2, U. DES CRUSTACÉS. 269 des suivans sont en général parfaitement libres, et supportent une tige terminale qui est assez longue. Uépistome est en général presque carré; la région an- tetmaire^ comme nous l’avons déjà dit, est très- développée, et le bord du cadre buccal qmXaiievmïne postérieurement est presque droit et très - saillant. Les régions ptérjgostoiniennes sont au contraire peu étendues, et sont en général assez nettement divisées en deux portions ; l’une correspondante au canal effé- rent de la cavité respiratoire , et l’autre située au devant et en dehors de la première (i) ; enfin la ligne courbe, qui indique le point de soudure de la pièce dorsale de la carapace avec les pinces latérales , se termine vers la base de la troisième pâte, hes pâtes -mâchoires ex- ternes ne dépassent jamais le bord antérieur du cadre buccal (2) ; leur premier article est grand et sert de val- vule pour clore l’ouverture qui se voit immédiatement au devant des pâtes antérieures et qui conduit dans la cavité branchiale (3) ; il supporte à son extrémité in- terne un palpe et une tige don t les deux premiers articles sonttrès-largesctrecouvrcnt lereste de l’appareil buc- cal , et dont les trois dernières pinces le sont beaucoup moins (4) ; quant à la forme générale de ces espèces d’o- percules, elle varie, mais n’est jamais triangulaire. Les pates-mdchoires de la seconde paire ne présentent rien de remarquable ; le premier article du palpe de celles des troisièmes est toujours plus long que lalame cornée (i) PI. 3j, fig. a. (a) PI. i5, fig, 2, 10, 12, i4, 1(5. (3) Pi. 3, fig. 2, », et fig. 8, O. (4) PI. 3, fig. 8 ! c, t/, deuxième et troisième articles formant 1 opercule buccal; — e , f, g-, trois derniers articles formant un appendice palpiforme. 270 mSTOTRK NATURELLE qui représente la portion externe de la tige (i). Les autres appendices de la bouche n’offrent rien de par- ticulier. En général le plastron sternal (2) est presque circulaire, et l’espace qui sépare les pâtes postérieures est jjeu considérable. L’apodème médian du thorax n’occupe ordinairement que le dernier anneau , la selle turcique postérieure (3) est peu élevée et les apo- dèmes sternaux , qui séparent les cellules correspon- dans aux pates-mâchoires externes et aux pâtes thora- ciques des trois premières paires, sont loin de s’étendre jusqu auprès de la ligne médiane du corps. \j.es pâtes de la première paire sont en général à peu près de même grandeur des deux côtés du corps , mais offrent des dimensions très-différentes , suivant les espèces et les sexes. Les pâtes suivantes sont souvent d’une lon- gueur démesurée, et sont presque toujours grêles et cylindriques ; cette disposition est même portée si loin chez quelques Oxyrhinques, qu’elle leur a fait donner le nom à’ Araignées de mer. Les pâtes des deux ou trois dernières paires sont quelquefois pres- que subchéliformes ; jamais ces organes ne prennent la forme de rames natatoires, et en général ceux des trois dernières paires diminuent graduellement de longueur. Enfin, c’est toujours dans l’article basi- laire des pâtes postérieures que sont pratiqués les trous qui livrent passage aux verges, lesquelles se trouvent immédiatement en rapport avec les mem- bres abdominaux, et ne sont jamais logés dans un (1) PI. 3, tlg. 10. (2) PI. 3, lig. 2 et 4 = 7 ) suture correspondante à Vapodème mé- dian du sternum. (3) PI. 3, fig. 3, c. DES CRUSTACÉS. CS^t canal transversal du sternum. La disjiosilion del’rtô- domen varie beaucoup ; tantôt ony voit, danslesdeux sexes , sept pièces distinctes ; tantôt celui des femelles n’en présente que six, cinq ou même quatre, tandis que celui des mâles reste composé de sept anneaux séparés; enfin, d’autres fois encore on ne compte cliez ces derniers que six segmens (i). Il est aussi à noter que cliez les mâles l’espace compris entre les pâtes posté- rieures est entièrement recouvert par l’abdomen. Quant aux appendices de cette partie du corps, ils ne présentent rien de particulier cbez les femelles , et chez le mâle , ceux de la première paire sont en géné- ral grêles, styliformes , tronqués au bout, presque droits et assez longs , tandis c[ue ceux de la seconde paire sont rudimentaires (2). Les Oxyrhinques paraissent être tous des Crustacés essentiellement maritimes; on n’en connaît pas qui vivent dans l’eau douce , ou qui fréquentent les rivages de la mer; tous habitent à des profondeurs considé- rables, et on se les procure en général à l’aide des filets traînans , dont les pêcheurs se servent pour pren- dre diverses espèces de gros poissons. Malgré la lon- gueur souvent excessive de leurs pâtes , leurs mou- vemens sont en général lents, et lorsqu’on les retire de l’eau ils ne tardent pas à périr; on n’en connaît aucun qui soit nageur. Jusqu’ici nous ne connaissons aucun Crustacé fos- sile que l’on puisse regarder, avec quelque certi- tude comme appartenant à la famille des Oxyrhinques. M. Desmarets rapporte , il est vrai, au genre Inachus, (1) PI. i5, üg. 3, 8 et i3. (2) PI. 3, fig. 6, i5 et iG. 272 HISTOIRE NATURELLE une espece de Brachyure dont le gisement n’est pas connu; mais des raisons, que nous exposerons plus loin , nous portent à rejeter cette détermination. La famille des Oxyrliinques renferme un nombre très - considérable de genres, et on peut la diviser en trois tribus caractérisés de la manière suivante. I. TRIBU DES MACnOPODIENS. Pâtes greles et très - longues ; celles de la seconde ou ti oisième paire toujours beaucoup plus longues que les pâtes anteiieures, et plus de deux fois aussi longues que la por- tion post-frontale de la carapace. 2. TRIBU DES MAÏENS. PatesAe, grandeur médiocre ; celles de la seconde et de la troi- sième paire n’ayant jamais deux fois la longueur de la poi’tion post-frontale de la carapace (ordinairement moins d’une fois et demie cette longueur) ; celles de la première paire souvent plus longues et plus grosses que les suivantes , mais n’ayant jamais plus de deux fois la longueur de la portion post-fron- tale de la carapace. Article basilaire des antennes externes très - développé , constituant la majeure partie de la paroi inférieure de 1 orbite , et allant toujours se souder avec le front au devant du canthus intei-nc des yeux. 3. TRIBU DES PARTH^NOPIENS. Pales des quatre dernières paires beaucoup plus courtes que les pâtes antérieures ; celles de la deuxième paire ayant en général moins d’une fois et demie la longueur de la por- tion post-frontale de la carapace ; celles de la première paire au contraire très-grosses, et ayant chez le mâle, sinon dans les deux sexes, deux ou trois fois cette longueur. Article basi- laire des antennes externes presque toujours peu développé. DES CRUSTACÉS. 2^3 point soudé au front , et ne contribuant que peu ou point à constituer la paroi inférieure de l’orbite. PREMIÈRE TRIBU. MACROPODIENS. Les Crustacés de cette tribu (i) qui correspond à peu près au genre Macrope , tel que M. Latreille l’avait d’abord établi {Hist, nat. des Crustacés , etc., t. VI, p. io8), sont remarquables par la longueur démesu- rée de leurs pâtes ; aussi les désigne-t-on souvent par le nom vulgaire à! Araignées de mer. La forme de leur carapace varie, mais en général elle est trian- gulaire, et en quelque sorte rejetée en avant; très- souvent elle ne s’étend pas sur le dernier anneau tho- racique. Les pâtes antérieures sont courtes et presque toujours très -grêles ; celles des paires suivantes sont toujours plus ou moins filiformes ; la longueur de celles de la seconde paire égale quelquefois neuf ou dix fois la longueur de la portion post-frontale de la carapace, et excède toujours de beaucoup le double de cette dernière mesure ; en général les pâtes suivantes sont également très-longues. Presque toujours l’article ba- silaire des antennes externes constitue la majeure par- tie’de la paroi inférieure de l’orbite , et va se souder au front (2). Enfin, chez la plupart des Macropodiens, le troisième article des pates-mâchoires externes (3) est ovalaire ou triangulaire , plus long que large, et ne (1) Exemple PI. i5, fig. i5, et PI. i^his, %• 3. (2) PI. i5, fig. 14 et 16. (3) PI. i5, fig. 14 et 16. CRUSTACÉS, TOME I. l8 inSTOIP.E NATURELLE 274 porte pas l’article suivant à son angle antérieur et in- terne , comme chez les autres Oxyrhinques. Ces Crustacés vivent ordinairement à d’assez gran- des profondeurs dans la mer, et s’y cachent parmi les algues; on en trouve souvent sur les bancs d’huîtres. Leur démarche et lente est paraît mal assurée. La fai- blesse de leurs pinces doit les rendre peu redoutables aux autres animaux marins, et il nous paraît probable qu’ils vivent principalement d’Annelides, de Planaires et de petits Mollusques. A l’aide des caractères comparatifs présentés dans le tableau suivant , on pourra facilement distinguer entre eux les divers genres qui, dans l’état actuel de la science, composent la tribu des Macropodiens. TARLEAU p. 274. TABLEAU SYNOPTIQUE DES PRINCIPAUX CARACTÈRES GÉNÉRIQUES DES MACROPODIENS. Troisième article Ides patcs-niàchoires Icxtcrnes ovalaire ou jtriançulaire , etpor- Itant 1 article suivant à son sommet ou à son angle externe. TRIBU des MtCROPODlKISS. Yeux non rétraC' Itiles, et ne pouvant I pas , en général , se' reployer en arrière. Troisième article i des pâtes -mâchoires 1 externes à peu près 1 ovalaire , et plus\ Id’une fois et demie laussi longue que llarge. [ Tige mobile des antennes externesi insérée au devant du niveau des yeux , > donf le pédoncule est très-court. ) Tige mobile des antennes externes 1 insérée en arrière du niveau des yeux , I qui sont portés sur des pédoncules grêles j et extrêmement longs. J Pâtes de la seconde paire notablement plus courtes que les | ^suivantes. J Pâtes de la se conde paire nota- blement plus lon- gues que toutes les autres. Genres. Stésorïsqoe. Laxreillie. Camposcie. Rostre extrêmement long , et recou- vrant l’insertion de la tige mobile des! antermes externes , qui a lieu assez loin! LePtopodie. Troisième article Re® Putes-mâchoires \au devant des yeux ; pédoncules oculaires triangulaire , forte- ) courts. externes presque ment tronqué en avant guère plus long que large , et portant 1 article sui- vant à son angle externe. Rostre médiocrement long , et laissant! là découvert, de chaque côté, le point d'insertion de la tige mobile des antennes j externes. (Tarse des pâtes des deux der- inières paires presque falciforme. ) Acuée Yeux parfaitement rétractiles, pouvant se P oyer en arriéré , et se loger c P «nire eux- ivant- cavités orbitaires. (Tarses des guatre dernières paires de pieds styliformes et sem «artie nost-fi-'ontale dernier article cylindrique ; pâtes de la secon e paire trois fois aussi longues qu p p de la carapace.) |lsACHUE. Troisième article Ides pates-mâchoires lexteriies presque I carré, à peu près I aussi large que long, [ et donnant iiiser- I tion à l'article sui- v.ant par son angle interne. Yeux non rétractiles et peu saillans j carapace triangulaire. I Pâtes des quatre dernières paires (ili-'| formes, cylindriques, et sans élargisse- 5 Amathie. \ ment vers le bout. Pâtes des quatre dernières paires com- 1 ! primées, ayant leur dernier article élargi IEorypode. I en dessous, et presque subehéliformes. j 1 Pâtes de la seconde paire ayant plus del six fois la longueur de la portion post- VEceeie. frontale de la carapace. J Pâtes de la seconde paire, ayant envi- Y ron trois fois la longueur de la portion Dociée. \ post-frontale de la carapace. T Crustacés, tome i. I V« •tiÈïSSÆ: 1 k •.V^r » • ^7’ nûtityiM' rJOÎhl »rî %>!• ^ • V ; ùüij 911 iit ,wi:lî " liiifi aft . -n / •♦K ', Ijrï'j'iûv ii'> •’ .'i— ♦ *.n4f5J..ô ■4 ^ _ y .3ioinr/it) S " - ■■ 1 •,. • 5}-,‘<>;jA.;)l]c!y, WiTT--3f . .i- ' :rr/-v-i; :,T-:-T :^U'7/ ■- ■■'I P . ii- '*'■■’ 7* .**Jï.!-i-'J rî»h"*CtJ .Ï ■.■•r4'sï.-- , •f L'x; • lto»j '•.. ».' C -f 'T^spir- di. . \ •U.' - f î - V * ; ’• i‘ . ' • ‘ '» .- ' jK>a f II- ■ ■MT+i/i; . / ^H'SirûOJàtfTlIvff irîl»7T I I .*1’ . ^ • . .r i:tÀ, i . ,j.*p - 4 r DES CRUSTACÉS. I. GESRE LEPTOPODIE. — Leplopodia (i). Ce genre, établi par M. Leach aux dépens des Inachus de Fabricus et des Macropes de B'I. Latreille, est très-remar- quable par la forme générale du corps et par la longueur excessive des pâtes ; il présente d’une manière exagérée tous les caractères distinctifs de la famille et de la tribu aux- quelles il appartient. La carapace est à peu près triangu- laire, et ne recouvr'e pas le dernier anneau du thorax ; le rostre est stylifonne et d’une longueur démesurée (PI. i5, fig. ; ies j'eux sont gros et non rétractiles; les an- tennes internes , en se reployant, suivent exactement la direction longitudinale du corps. Le premier article des antennes externes est très-long, et complètement con- fondu avec les parties voisines du test ; le second s’in- sère assez loin au devant des orbites et au-dessous du rostre. L’ èpistome ( c ) est beaucoup plus long que large. Le troisième article des pates-mâchoires {b) est presque triangulaire , et porte à son angle externe l’article suivant , qui est assez développé. Le plastron sternal est aussi long que large, mais ti’ès-rétréci entre les premières pâtes ] ces organes sont très-gréles et extrêmement longs , mais cepen- dant moins que toutes les pâtes suivantes; la longueur de celles de la seconde paire égale neuf ou dix fois la longueur de la portion post-frontale de la carapace. Enfin , ï abdo- men se compose dans les deux sexes de six articles , dont le premier , très-développé et aussi long que large , occupe la face dorsale du corps , et dont la dernière est formée par la (i) Inachus. Fabr. Supjj. Eut. Syst. , p. 35g. Cancer. Herbst, t.3, 3p. partie , p. ay. Maîa. Bosc, t. i, p. 253. Macrope. Latr. Hist. liât, des Crust. , t. 6, p. io8. Stènorynque. LauiE. Hist. des an. sans vert-, t. 5, p- 236. Leptojmdia. Leach. Zool. mise. t. 2:- — Say, Acad. dePliilad., t.i, p 4^5; — Desm.,p. i55. Latr- fieg- Anim.2«. éd., t. 4, p, 64. ifi. i 276 HISTOIRE NATURELLE soudure du dixième et du septième anneau abdominal. Le genre Leptopodie paraît appartenii- en propre au JVou- veau-Monde. 1. LEfTOPODiE SAGITTAIRE. — Lcptopodiu sagiUaria (i). Epines du bord terminal du troisième article des huit dernières pâtes très-courtes ; pédoncules oculaires parfai- tement cylindriques . Rostre presque deux fois aussi long que la portion post-frontale de la carapace {PI. i5, fîg. i4 )j entier, styllforme et armé de chaque côté d’une série de pointes ; une épine à la face inférieure de l’article basilaire des antennes ex- ternes, près de l’insertion des yeux, et une de chaque côté de la carapace à quelque distance en arrière des orbites ; pâtes ai’mées d’épines, surtout sur le troisième article; mains finement gra- nulées. Longueur totale du corps (y compris le rostre) deux à trois pouces. Habite le golfe du Mexique et la mer des Antilles. ( Col. du Muséum. ) 2. Leptopodie a éperons. — Leptopodia calcarata (2). Troisième article des huit dernières pâtes arme a son extrémité de trois épines, dont la médiane, grosse et obtuse, est moitié aussi longue que l’article suivant; pé- doncules oculaires présentant au devant de la cornée une légère éminence spiniforme. Habite la baie de Charlestown. (1) laachus sagiUarias. Fabr. Supp. ent. syst. , p. ôSg. Cancer seticornis. H«rb. 3, PI. 55, fig. 2; Leptopodia sagiUaria. Leach. Zool. mis. t. 2, PI. 67; — Latr. Encyc. , PI. 299, fig. i. ( d’après Leach.). — Desm. , PI. 16, fig. 2- — Guérin. Iconog. Cr., pl. ii, fig. 4. (2) Say. Journ. de Philad, , t. i, p. 455. DES CRUSTACES. 277 II. GENRE hkTKE\U.m. — Latreilüa (i). M. Roux, de Marseille, a fait connaître , sous le nom de Latreillic, un Crustacé très-remarquable qui se trouve dans la Méditerranée , et qui ressemble assez, par la forme générale du corps, à une Leptopodie qui serait privée de son rostre, et qui sei’ait munie de pédoncules oculaires d’une longueur extrême. La carapace est triangulaire , tronquée en avant , et ne recouvre pas le dernier anneau du thorax ; 1 épistome est beaucoup plus long que large ; le second et le troisième articles des pâtes - mâchoires externes sont très - étroits ; les pâtes sont filiformes et extrêmement longues; enfin, \ahdomen de la femelle ne se compose que de cinq arti- cles, mais on y distingue les sutures, des deux autres ; quant à l’abdomen du mâle on ne connaît pas sa structure. 1. LATREiELiE ÉLÉGANTE. — LatreilHa clcgaiis Caparace glabre, lisse, front armé en dessus de deux grandes cornes divergentes et d’une épine dirigée en avan entre les antennes ; pâtes des quatre dernières ayant le troi- sième article épineux, l’avant- dernier article un peu dilaté en dessous , vers son extrémité , et le tarse très-court ; abdomen armé de six épines , dont deux situées sur la ligne médiane , et quatre près des bords ; longueur environ im pouce ; couleur jaunâtre, une des bandes rouges sur les jambes. Habite les côtes de Sicile. Nous sommes portés à croire que c’esi qu’il faudrait placer le Maïa seticornis est à côté de ce Crustacé fisdeBosc; cet animal, (1) Latreillia. Roux, Crust., 5«. livraison. (2) Roux, Crust., pl. ri. ^■yS HISTOIRE NATURELLE qu’on dit habiter aussi la Méditerranée , n’est connu que par une figure de Slabber {Obs. Micros, tab. i8, fig 2) , reproduite par Herbet { pl. i5, %• 9 1 ), par Bosc (t. 1 , pl. 7 , fig. 2 ) , et parM. Latreille [Encj. pl. 281, fig. 5 ); Herbst le confond avec la Leptopodie sagittaire; et, en effet, il est représente' avec un rostre stylifornie très -allongé; mais ce prolongement ne paraît être qu’une espèce de soie , et pourrait bien ne pas faire réellement partie de l’animal. III. GENRE STÉJNORYNQUE. — Slenorynchus {i). Ce genre, dont l’établissement est dû à M. Latreille, a changé plusieurs fois de nom, parce que ceux de Macrope et de Macropode, qu’on luiavait d’abord donnés, étaient déjà employés pour désigner d’autres animaux. Les Macropodiens, dont ilse compose, ontla carapace (Pl. i4 bis, fig. 3) triangu- laire, très-retirée en avant, et ne se prolongeant pas au-dessus du dernier anneau thoracique. Le rostre est avancé, bifide et aigu ; les orbites sont circulaires, et les yeux, assez saillans , ne sont nullement rétractiles. Les antennes internes se reploient longitudinalement, et les fossettes qui les logent ne sont pas complètement séparées entre elles. Le premier article des an- tennes externes , confondu avec les parties voisines, est très- étroit ; le second s’insère sur les côtés du rostre ; et le troi- sième est beaucoup plus long que le second, h’épistome est plus long que large , et les régions ptérygostomiennes rudi- mentaires ; le cadre buccal est également beaucoup plus long que large ; les pates-mâchoîres externes sont étroites ; leur troisième article est ovalaire , et le quatrième est assez (1) Cancerhin. ; — Pennant. — Herb. ; Innchiis Fahr. ; MaïnBosc ; Macropus Latr. Hist. nat- des Crust. , t. 6 , pag. 108 ; Macropodia Leacli Edimb. Eiicyc. , t. 7, p. SyS , etc.; — Desm. , p. 154. — Risso, Hist. nat. de l’Europe merid. , t. 5, p. 27. Stènorynque , Lamk. Hist- des an. sans vert., t. 5, p. 236; — Latr. R. An., 2». éd., t. 4> p- 64. DES GHUSTACÉS. 279 long. Le plastron sternal est étroit entre les pâtes anté- rieures , mais devient ensuite très-large , et présente sur la ligne médiane une suture qui en occupe le dernier segment. Les pâtes de la première paire sont plus courtes , mais beau- coup plus grosses que les suivantes ; la main qui les termine est renflée, et les doigts un peu courbés en dedans. Les pâtes des quatre dernières paires sont filiformes et extrême- ment longues j la longueur de celles de la seconde paire égale cinq ou six fois la largeur de la carapace ; les autres devien- nent progressivement plus courtes; leur pénultième article est un peu dilaté vers le bout, et le dernier est styliforme et un peu recourbé. Enfin, Vabdornen est compose dans les deux sexes de six articles , dont le dernier est formé par la soudure du sixième et du septième anneau. On n’a encore trouvé de Sténorynques que dans la Mé- diterranée et les autres mers d’Europe. Tous sont de très- petite taille. I. sïénorykque faucheur. — Stenorynclms phalan- giuni (i). Rostre n atteignant pas à beaucoup près V extrémité du pédoncule des antennes externes-, épistome armé de chaque côté d’une seule petite épine située près de l or- gane auditif; région stomacale armée de trois pointes , dont les deux antérieures sont très-écartées entre elles ; une épine sur la région cordiale , deux sur chaque région branchiale , etc. ; troisième article des pâtes - mâchoires externes sans dentelures notables sur le bord externe. Très-commun sur les côtes de la Manche et de 1 Océan. ( G. M. ) (l) Cancer phalangium, Penn. , t. /( , pi- 9, fig- '7 i rosiratus , Lin. Fanna Suecica , n». 2037; — Hevh., pL lô, tig- 90. Inachus phatangium. Fabr. snp., p. 358: Macropus phalangium. Latr. Hist. nal. des Crust. t. 6, p. 110. Macropodia phalangium. Leach, Zool. mis. , t. 3 , p. 18: et Malac, pl. 28 , hg. 6 ; — Latr. Itricyc. , pl. 278 , 28o HISTOIliE NATURELLE 2. STÉNORYKQUE iQyvTim. ■— Stenorynchus égyptius (i). Rostre n' atteignant pas tout-à-fait l’extrémité du pé- doncule des antennes externes; épislome armé de chaque côté de deux épines placées l'une au devant de l’autre. La forme générale du corps est Leaucoup plus allongée que dans l’espèce précédente ; les deux tubei-cules antérieurs de la ré- gion stomachale se touchent presque , et le bord externe du troisième article des pâtes - mâchoires externes est armé de deux ou trois épines. Habite les cotes de l’Egypte et de la Sicile. ( G. M. ) 3. STÉNORYNQUE LONGiROSTRE. — Stenoiyiichus longi- rostris (2). Rostre dépassant de beaucoup le pédoncule des an- tennes externes. Habite la Manche et la Méditerranée. ( G. M. ) Le CANCER DODEcos de Linné [Syst. nat. XII. 2.p. io46, n“. 38 ) appartient probablement à ce genre ; mais il serait diflîcile de déterminer à quelle espèce il faudrait la rapporter , Fabricus le regarde comme étant sou I. longirostris. L’araignée de mer de Rondelet (Poissons, t. II, p. ^it) est aussi une Sténorynque. Kg. 2 ( copiée d’après Pennant ), etpl. 298 , fig. 6 (d’après Leach); — Desm., pl. 23, fig. 3. — Guérin. Iconogr. Crust. , pl. 21, fig. 2. (1) Stenorynchus phalangium, Andouin. Explic. des planches du grand ouvrage sur l’Égypte ; Savigny, loc. cit. pl. 6 , fig. 6, (2) Inachus longirostris. Fabr. sup. p. 358; Macropus longirostris. Latr. Hist. nat. des Crust., t. 8, p. no; — Macropodia tenuirostris. Leach, Malac, pl. 23, fig. i — 5 ; — Latr. Encyc. pl. 298, fig. j — 5 (d’après Leach) — Desm., p. l54 ; M. longirostris, flisso. Hist. nat. de l’Europe raérid., t. 5, p. 27. — Blainville, Faune française, pl. 8,fig. 1. DES CRUSTACES. 281 IV. GEHRE AGHÉE. — Achcsus (i). M. Leach a désigné sous ce nom de petits Macropodiens qui ressemblent beaucoup aux Sténorynques et aux Ina- chus , mais qui se distinguent de tous les autres genres de cette famille par la forme des pâtes postérieures et par quel- ques autres caractères ; \a. carapace de ces Crustacés, comme celle de la plupart des Macropodiens , ne s’étend pas sur le dernier segment du thorax ; elle est à peu près triangulaire et renflée sur les réglons branchiales. Le rostre est presque nul ; les yeux non rétractiles et portés sur des pédoncules assez longs ; le premier article des antennes externes est soudé au front et s’avance au delà du niveau du canthus interne des yeux ; l’insertion du second article se fait sur les côtes du rostre et reste complètement à découvert en dessus, h’épistonie est à peu près carré; le troisième article des pâtes - mâchoires externes est plus long que large et presque triangulaire ; il donne attache à l’article suivant près de son angle anté- rieur et externe. Le plastroti sternal se rétrécit brusque- ment entre les pâtes antériçures, qui sontgrcles et courtes; celles des quatre paires suivantes sont filiformes ; les secondes ont à peu près deux fois et un quart la longueur de la por- tion post-frontale] de la carapace, et se terminent par un article styliforme et tout-à-fait droit; les pâtes suivantes sont beaucoup moins longues, et l’article terminal des quatre dernières est grand , comprimé et falciforme. Enfin 1 ab- domen esX composé de six articles dans les deux sexes. Les Achées n’ont encore été rencontrées que dans la Manche. I. AcnÉE DE Crancu. — Achevas cranchii {2). Eoslre formé de deux petites dents triangulaires , et no dé- ( 1 ) Lcach , Malac , iG'. liv. — Desin. , P’ i53. — Latr. ü. anim, a*, éd. , t. 4, p. 64. (2) Leacli, Malac , p. aa C — ; Desm. , P' i54. IIISXOIIIE NATURELLE passant pas le second article des antennes externes ; une épine sur la face anterieure des pédoncules oculaires; régions génitale et cordiale élevées en forme de tubercides ; pâtes garnies de quelffues poils très-longs , et crochues. Longueur 6 à 8 lignes. Couleur hrime. Habite la baie de Falmoullh en Angleterre , et l’embouchm-e de la Eance , près Saint-Malo. Vit parmi les Algues et les Huîtres. y. GEJVRE CAMPOSCIE. ■ — Camposcia (i). Dans le genre Camposcie, que M. Latreille a adopté d’a- près M. Leach, la carapace (PI. i5, fig. i5) est bombée et presque pyriforme, mais tronquée en avant ; le rostre est rudijnentaire et dépasse à peine le canthus interne des orbites. Les sont portéssur des pédoncules assez longs, recour- bés en avant et très-gros à leur base ; ils peuvent se replier en arrière, mais ils ne sont pas rétractiles, car il n’existe pas de cavité orbitaire post-foraminaire pour les loger; seulement leur extrémité est alors protégée par une épine de la partie latiVale de la carapace. Les antennes internes se reploient un peu obliquement en avant (fig, i6) ; les fos- settes qui les logent présentent cela de particulier quelles ne sont pas séparées comme d’ordinaire par une cloison longitu- dinale et ne forment qu’une seule cavité quadrilatère. Le preznier article des antennes externes est long et mince ; il se prolonge presque aussi loin que le rostre, et porte, à son extrémité, une tige mobile qui est par conséquent complète- ment à découvert, h’épistonie est à peu près cari é , et les pâtes -mâchoires externes sont très -allongées et ne closent qu’imparfaitement la bouche. Les pâtes sont grêles et assez longues ; chez la femelle les premières sont les plus courtes et ne sont pas plus fortes que les suivantes ; celles de la troi- (i) Lati'. R, anim. a', éd., t. 4t p. Go. des crustacés. 283 sième , de la quatrième et de la cinquième paire sont un peu plus longues et se terminent aussi par un ongle cylindrique légèrement recourbé en bas. On ne connaît pas leur forme chez le mâle , et on ignore également la disposition de 1 ab- domen de ces Crustacés. Ils habitent les mers de l’Asie. I. CAMPosciE RÉTUsE. — Cauiposcici retusa (i). (PI. i5, fig. i5, i6. ) Corps couvert de poils laineux , qui sont les pltislongs et les plus abondans sur les pâtes. Carapace environ une fois et demie aussi longue que large , bombée et présentant des réglons assez distinctes; rostre très-large, tronque et terminé par deux pe- tits tubercules qui dépassent à peine rextrémité de l’article ba- siliaire des antennes externes. Une dent assez forte sur la partie latérale de la carapace , à quelque di.stance en arrière des yeux. Pâtes de la première paire cylindriques et terminées par une pince faible , légèrement recourbée en dedans , dentelée sur les bords, et points creusés en gouttière. Pâtes de la troi- sième paire à peu près deux fois aussi longues que le corps. Couleur brune jaunâtre. Patrie inconnue. VI. GENRE EURYPODE. — Eurypodiiis (2). Ce genre, nouvellement fondé par M. Guérin, établit, sous quelques rapports, un passage entre les Macropodiens dont il a déjà été question et certains Maïens, tels que le Ilalime Oreillard, etc. ; en effet, il se rapproche un peu de ces der- niers par la forme des pâtes , et ressemble aux précédens par la longueur de ces organes et par la disposition des yeux. La ceirapaca est triangulaire, deux fois aussi longue que large, ar- (1) Camposcia retusa. Latr. R. Auliu. a', éd. , t. /(.j P’ Guérin. Iconog. Gr. pl. 9, %. 1. t, . . (2) Guérin , Mém. du Muséum , t. 16 , p- 34^ ! — Latr. R. Amm, 2'. éd. , t. 4. P' 583. 284 HISTOIRE NATURELLE rondie posterieurement , étroite en avant , bombée et inégale en dessus; le rostre est formé de deux cornes longues et horizontales ; les yeux sont portés sur des pédoncules de longueur médiocre et non rétractiles; la disposition des an- tennes internes et externes est à peu près la même que dans les genres Sténorynques , Inachus, etc.; ïépistome et plus large que long; le troisième article des pâtes -mâchoires externes est presque carré , aussi large que long , et pro- fondément échancré à son antérieur et interne, pour donner insertion à l’article suivant. Les pâtes antérieures sont de la longueur du corps chez le mâle et beaucoup plus courtes chez la femelle ; elles sont peu renflées et les doigts sont légère- ment recourbés en dedans. Les pâtes suivantes sont très- longues; leur troisième article est cylindrique, mais le cin- quième est comprimé et dilaté inférieurement ; sa plus grande largeur se trouve au delà du milieu ; le doigt est grand , re- courbe, très -aigu et susceptible de se reployer contre le bord inférieur de l’article précédent, en manière de pince subehéliforme ; enfin , la longueur des pâtes de la seconde paire égale presque deux fois et demie celle de la portion post-frontale de la carapace, et les suivantes diminuent suc- cessivement de longueur, mais très-peu. abdomen se com- pose dans les deux sexes de sept articles. Ce genre appartient à la mer des Indes. I. Eurypode de Latreille. — Erypodius Latreillia (i). Carapace velue , bosselée , tuberculeuse en dessus ; quelques épines sur scs bords latéraux ; cornes du rostre légèrement con- vergentes ; second article des antennes externes grêle , cylin- di’ique et à peu près de même longueim que le troisième ; pâtes velues, surtout en dessous. Longueur, trois pouces. Habite les îles Malouines. ( C. M. ) ( I) Guérin, Mém. du Muséum, t. l6, PI. 14, et Iconog. Cr , PI. ii.Hg. I. DES CRDSTACÉS. 285 Vil. GENRE AMATHIE. — Amathia [\). Le genre Amatliie de M. Roux a quelques l’apports avec les Péricères de M. La treille; leur aspect est le meme; mais leurs antennes externes ne présentent pas la disposi- tion particulière qu’on remarque chez ces derniers, et l’espace que les oi’hites laissent entre eux n’est guères plus large que la hase du rostre , tandis que chez les Péricères elle a plus du double. La carapace des Amathies a la forme d’un triangle allongé et à base arrondie ; sa face supérieure et ses bords sont hérissés d’énormes épines ; le rostre , qui se termine par deux grandes cornes divergentes, est presque aussi long que la portion post - orbitaire de la carapaee. Les yeux sont petits et en partie protégés par une épine qui occupe leur canthus externe, mais, de même que dans les genres pi’écédens , ils ne sont pas rétractiles et restent toujours saillans. Les antennes externes ne présentent rien de remarquable; l’article basilaire des externes est long, très-étroit et soudé au front; la tige s’insère sous le rostre, à quelque distance au-devant du niveau des yeux, . elle est très - grêle , et ses deux premiers articles sont d’égale longueur. Vépistonie est grand et à peu près aussi long que large ; le troisième article des pates-rnâchoircs externes est dilaté en dehors et tronqué à ses deux angles internes. Les pâtes de la première paire sont plus courtes que les suivantes ; elles sont filiformes chez la femelle et un peu renflées chez le mâle. Les pâtes suivantes sont longues et filiformes ; celles de la seconde paire ont plus de trois fois la longueur de la portion post-orbitaire de la carapace (l’épine posté- rieure non comprise) ; les autres sont beaucoup plus courtes ; enfin leur article terminal est long , aigu et sans épines ni ( 1) Roux, Crust. de la Méditer., 5'. livi'- HISTOIRE NATURELLE a 86 dents à sa face inférieure, h' abdomen se compose de sept articles dans les deux sexes. Amatrie de Risso. — Amathia Rissoana (i). Carapace hérisse'e de treize e'nornes épines , dont trois s’élè- vent de la région stomacale , une de la cordiale, et les autres occupent le bord de ce bouclier , savoir : une sm' la région in- testinale , trois de chaque côté sur la région branchiale et une sur chaque région hépatique; une petite épine devant les yeux et une plus forte aux angles antérieurs du cadre huccal. Pâ- tes couvertes ( comme la carapace ) d’une sorte de duvet. Lon- gueur environ deux pouces ; couleur jaunâtre avec deux taches, rouge sur le front. Habite la rade de Toulon. ( C. M. ) VIII. GENRE INACHUS. — Inachus (2). Le genre Inachus, tel que Fabricius l’avait établi , com- prenait presque tous les Oxyrhinques , les Parthénopiens ex- ceptés ; mais aujourd’hui il a des limites bien plus restreintes et ne renferme plus qu’un petit nombre de Macropodiens. La carapace de ces animaux est presque triangulaire , pas beaucoup plus longue que large, et fortement bosselée en dessus. Le rostre est très-court ; la disposition des yeux est differente de ce que nous avons vu jusqu'ici , car les pédon- cules de ces organes peuvent se reployer en arrière , et se lo- ger dans une cavité orbitaire peu profonde , il est vrai , mais bien distincte. Les antennes internes ne présentent (1) Roux, Crust. de la Méditer. , PI. 3. (2) Cancer. Peuii. Herb., etc. Inachus. Fabr. Supp. p. 355; — Maia. Lamk. Syst. des an. sans vert. , p. i54; — Macrope. Latr. Hist. des Crust., t. 6, p. log: Inachus. Leach, Edimb. Encyc. , t. 7 , p. 43i , etc. ; — Latr. R. Aniru. , t. 3 , p. ai et a", édit., t. 4, /). 63,etc. ; — Desm. , p. ; — Roux, Crust. delà Méd..; Doclca Risso, Hist. nat. de l'Europe IMcrid. t. 5, p. a8. DES CRUSTACÉS. 987 rien de remarquable ; le premier article des externes va se souder au front au devant du canthus interne des yeux , et le second article s’avance sur les côtés du rostre. \i’èpistome est un peu plus large que long j le troisième article des pâtes -mâchoires est au contraire beaucoup plus long que large ; il a à peu près la forme d’un triangle dont la base serait tournée en avant, et donne attache à l’article suivant près de son angle antérieur et externe. Le plastron sternal se rétrécit assez brusquement entre |les pâtes de la première paire, et sa longueur n’égale pas tout-à- fait sa plus grande largeur. Les pâtes de la première’ paire sont très-petites chez la femelle ; chez le mâle elles sont assez grosses et ont quelquefois jusqu’à trois fois la lon- gueur du corps ; les pinces sont toujours pointues et re- courbées en dedans. Les pâtes suivantes sont cylindriques , grêles et plus ou moins filiformes ; celles de la seconde paire , toujours plus longues que les antérieures , ont trois ou quatre fois la longueur de la portion post-frontale de la carapace ; les autres diminuent successivement de longueur, et toutes se terminent par un article cylindrique très-long , pointu et peu ou point courbé. V! abdomen ne se compose que de six articles distincts. Les Inachus sont des Crustacés de petite taille qui habi- tent nos côtes et se tiennent ordinairement dans des eaux assez profondes ; on en trouve souvent sur les bancs d’huîtres situés dans des lieux abrités. Ils ont tout le corps couvert de duvet et de poils auxquels s’attachent sou vent des éponges et des corallines ; leur couleur est bru- nâtre. 288 HISTOIRE NATUREELE A. Espece ayant la région stomacale garnie de cinq épines ou tubercules , dont une médiane et postérieure tres-forte, et quatre petites placées antérieurement sur une ligne transversale. I. Inachus scorpion. — Inachus scorpio (i). Rostre large , très-conrt et profondément échancré au mi- lieu ; carapace armée de quatre épines aiguës , une sur la ré- gion stomacale , une sur la cordiale et une sur les branchiales; un tubercule situé de chaque côté , un peu au devant de ces der- nières épines : une forte épine entre les fossettes antennaires , et une série de.petites pointes sur l’article basilaire des antennes ex- ternes. Point de disques calcaires sur le sternum du mâle ; les pâtes antérieures de ceux-ci sont fort renflées, et deux fois aussi longues que la portion post-frontale du thorax , mais ne dépassent que de peu l’antépénultième article des pâtes de la seconde paire. Abdomen du mâle presque aussi large que long. Habite les côtes de la Manche et de l’Océan. ( C. M. ) AA. Espece dont la région stomacale est armée seule- ment de trois ou quatre pointes disposées en triangle. B. Pâtes antérieures du mâle ne dépassant pas l’avant- dernier article des pâtes de la seconde paire. 2. Inachus dorinque. — Inachus dorynçhus (2). Rostre avancé, hastiforme, divisé par une fissure, mais sans échancrure au bout et se terminant en pointe ^ cara- (1) Cancer seorpio , Fabr. Ent. syst. t. 2, p. 462. Cancer dor- seltensis. Penn. t. 4. P- 9- A. %■ 18. — Inachus scorpio . Fabr. Supp. P- 358; Macropus scorpio, Latr. Hist. nat. desCrust. t. 6, p. 109. Inachus dorsetlensis , Leach , Malac. PI. 22 , fig. i — G ; — Latr. Encyc. méth. , PI. 281, fig. 3 (copiée d’après Pennant ) , et PI. 3oo , fig. I — 6 (copiée d'après Leacli) ; scorpio, Desm.,Pl. 24, fig- i- (2) Leach, Malac., PI. 22, fig. 7-8; — Latr., Eiicyc, , PL 3o, p. ;-8. (copié d'après Leach) ; Desm. , PI, 24, fig- 2. pace garnie de tubercules disposés comme les épines de l’Ina- chus scorpion , si ce n’est qu’on n’en compte que trois sur la région stomacale , et qu’il en existe deux petites près du bord postérieim de la carapace ; pâtes antérieures du mâle courtes , la longueur de la mam étant moins grande que la longueur de de la carapace. Femelle inconnue. Habite les côtes de l’Angleterre. 3. Inachus thoracique, — Inachus thoracicus (i). Rostre court et échancrê ,• région stomacale armée de quatre pointes , savoir : une de chaque côté et deux sur la ligne médiane , dont la postérieure très - grande ; une épine sur la légion cordiale, et une de chaque côté sm' les régions bran- chiales ; enfin , deux près du bord postérieiu' de la carapace. Sternum du mâle , garni en avant de deux plaques calcaires ovalaires réunies par une pièce médiane. Pâtes antérieures du mâle grandes, surtout chez l’adulte, mais la longueur de la main ne dépasse pas la largeur de la carapace. Abdomen du male aussi large que long. Longueur du corps un pouce. Habite les côtes de la Méditerranée , et se tient au milieu des algues et des fucus. La femelle pond en avril des œufs rouges qu’elle porte sous l’abdomen jusqu’en juillet. BB. Pâtes antérieures du mâle dépassant t avant-der- nier article des pâtes de la seconde paire. 4- Inachus LEPTORiNQUE. — Inachus leptorinchus (2). Rostre étroit et échancré ; carapace armée comme celle de 1 Inachus dorynque , si ce n’est qu’il n’y a point de tubercules près de sou bord postérieur. Pâtes antérieures du mâle cybn- ( t ) Roux , Ciust, de la Méditer. PI. 26 et 27 — Guérin , Iconog. Grust. , PI. 1#, fig. 2. (2) Leach, Malac. , PI. 22. B Desra.. p. 162. CRUSTACÉS , TOME I, '9 2go HISTOIRE HATURELLE driques et très-longues ; la longueiu- de la main e'gale presque à une fois et demie la longueur de la carapace ; sternum du mâle garni en avant d’une petite plaque calcaire, de forme ovalaire ; abdomen du mâle beaucoup plus long que laige. Femelle inconnue. Grandeur environ un pouce. Habite les côtes ouest de l’Angleterre. Le Catîcro BRAciiicHELO coNGEîfER, figuré par Aldrovande, p. io\ , appartient évidemment au genre Inachus , mais ne peut être déterminé spécifiquement. Il en est de même du Cakcre a court bras de Rondelet (liv. i8, cbap. 20, p. io8) et de la Doclea FabRICIAKA de M. Risso ( Ilist. nat. de VEur. mérid. . t. 5, p. 28 ) , que cet auteur avait d’abord décrit sous le nom de Macropus paruirostris ( Crust. de JSice, p. 89, et Blalnville , Faune française , PI. 8, fig. 2), et à llquclle il rapporte les figures précitées d’ Aldrovande et de Rondelet. IX. GENRE ÉGÉRIE. — {1). Les Macropodiens, dont on a formé les genres Leptope et Égérie, composent un petit groupe facile à distinguer de tous les précédons par la longueur excessive des pâtes et par la forme presque globulaire de la carapace, qui est bosselée en dessus et se prolonge eu un rostre court, étroit et di- rigé très - obliquement en haut et en avant. Les pédoncules oculaires sont très-courts et les orbites presque circulaires; les antennes internes sont dirigées longitudinalement, et l’article basilaire des antennes externes , qui est étroit et se termine presque en pointe, s’avance beaucoup au delà du (i) Cancer. Huinpli. Amlioiii. —hinchns. Fabr. Supp. p- 358.— Macvoÿm. Lalr. Ilist. lUlt. îles Crust., X.'SX.— Eÿcria. Latr. Euoyc. atlas. — Leacli , Sîool. mis. , t. \\.—Lcptopas . Lamk. Hist. des Amm. sans vert. , t. V, p. a35. Egcria eiLeplopus. Desm , p. i56 et u». lihimu. Latr. 11. Anim. ur. cd. t. IV , p. «I- DES CRÜSTACÉS. 291 canthus interne des yeux, h’épistonie est peu développé et le troisième article des pates-wâchoires externes à peu près carré et légèrement dilaté à son angle antérieur et externe. Le plastron sternal est presque circulaire. Les pâtes sont toutes lilil'ormes chez le mâle aussi bien que chez la femelle ; celles de la première paire ne présentent rien de remarquable; elles n’ont pas plus d’une fois et demie la longueur de la portion post-frontale de la carapace ; celle de la seconde paire, quisontles plus longues de toutes, ontau contraire plus de dix fois et celles de la dernière paire plus de six fois cette même longueur. Enfin, Validomenue présente chez les femelles que cinq articles distincts ; les trois anneaux qui précèdent ce dernier étant soudés entre eux. Ces Crustacés habitent les mers d’Asie. A. Especes dont le troisième article des pales-mâchoires externes est profondément échancré à son angle an- térieur et externe (i). I. Egérie arachnoïde. — Egeria arachnoides (2). Rostre extrêmement court ( moins long que large ). Carapace année en dessus de longues épines , dont cinq sur la région stomacale , une sur la cordiale, une sur l’intestinale , et deux ou trois sur la branchiale ; rostre avancé et terminé par deux petites cornes; bords latéraux de la carapace armés de deux à trois épines. Orbites avec trois fisstu-es eu dessus et une en dessous. Pâtes antérieures , filiformes dans les deux sexes ; celles des quatre dernières paires également filiformes et années d’une petite épine à l’extrémité du troisième article. ( I Cette division correspond au genre Leptope de Latrcille. (2) Cancer arachnoides. Kunipli. Pl.VlIl, llg-4î C./o/iirTîCj.Lin.Miis. Lud- Ulr. p. 44fi; — lanchtis toagipes. Falu'. .Supp- p. 358; — Macro- pus toagipes. Latr. Hist. nat. des Crust., t. VI, p. i;:; Cgeria arach- noïdes. Latr. Encyc. , PI. agi, fig. i (copiée d’après Ruinph). Leptopus toagipes. Lanik. lILst. des Anini. sans vert , t- V, p. 235. — Latr. R. Anini., 2'. cd. , t. IV , p. 62. '9’ HISTOIRE NATURELLE 292 Corps couvert d’un duvet brunâtre; longueur, environ un pouce. Habite la côte de Coromandel, (C. M. ) 2. Égérie de Herbst." — JSgei'ia Herbstii {t). Rostre tr'es-dèveloppé ( environ trois fois aussi long que ar^e). Du reste, semblable à l’espèce précédente avec la- quelle on l’avait jusqu’ici confondue. Habite les mers d’Asie. ( C. M. ) AA. Especes dont le troisième article des pâtes -mâchoires externes n’est pas échancré à son aiigle antérieur et interne (2). 6. Egérie indienne. — Egeria indica ( 3 ). Cette espèce paraît être si voisine de la précédente , que , si M. Eeach n’avait pas dit expressément que le second article de la tige interne des pates-màchoires externes (c’est-a-dire le troisième article de ces membres) , est droit sur le bord interne et proéminent à son angle externe , nous aurions été porté à la regarder comme ne devant pas en être distnguée. Habite l’Océan indien. X. GENRE DOGLÉE. — Doclea {4)- Les Doclées ont la plus grande analogie avec les Egéries, et établissent le passage entre ces Macropodiens et les Li. binies qui appartiennent à la tribu suivante. (I) C.lougipes Herbst. Hb 16, fig. ;)3 — longipes. Latr. Coll, du Mus. — Guérin. Icor.og. Cr. PI. 10, fig- 3. (9.) Cette division correspond au genre Egeria de IVÇ Leacli. (3) Egeria indica. Lcacii , Zool. mis., t. II , PI. ^3 ; Desin., PI. 2(), lig. 2. (-}) Infichus. Fabr. Supp., p 355; Mdia. Latis Hist. nat. des Giust., DES CRUSTACES. 293 Chez ces Crustacés la carapace est presque globuleuse , velue et plus ou moins hérissée d’épines ; \c front est relevé , et les bords latéraux de la carapace, au lieu de venir joindre les orbites , se dirigent vers le bord antérieur du cadre buccal ; le rostre est court et très - étroit ; les orbites sont dirigées obliquement en avant , et ils logent en entier les yeux qui sont très-petits , et ne présentent aucune trace d’épine à l’an- gle antérieur de leur bord supérieur , caractère qui les rend faciles à distinguer des Libinies. L'article basilaire des an- tennes externes avance beaucoup au delà du canthus interne des yeux, et se termine presque en pointe sous le front auquel il est intimement uni; le second article de ces antennes est court et placé près du bord du rostre ; enfin le troisième et le quatrième sont très-petits. L’épistome est très-peu déve- loppé et beaucoup plus large que long. Le troisième article des pates-mâchoires externes est à peu près carré , légèrement dilaté en dehors , et assez profondément écliancré à l’angle in- terne et antérieur ; le plastron sternal est presque circulaire ; les pâtes antérieures sont faibles et très-petites ; elles n’ont guères plus d’une fois et demie la longueur de la carapace , et la main est presque cylindrique. Les pâtes suivantes sont au contraire très-longues , sans égaler toutefois celles des Egé- ries ; elles sont grêles et cylindriques ; l’article qui les ter- mine est long et styliforme ; enfin, celles de la seconde paire ont deux à trois fois la longueur de la portion post-frontale de la carapace , et les suivantes diminuent progi'essivement. Quant à ï abdomen , sa disposition varie : tantôt il ne pré- sente chez la femelle que cinq articles distincts , tantôt on y compte sept segmens comme chez le mâle. Les Doclées sont des Crustacés de moyenne taille ; toutes les espèces connues habitent les mers des Indes. t.VI. Doclea. Leach , Zool. Miscel , t. II , p. 4li — Desin. , p. i56 . Libinia. Latr. R. Anim., a*, éd. , t. IV . p- • 294 HISTOIRE NATURELLE I. Doclée brebis. — D. ovis (i). Point d’épine médiane sur le. bord postérieur de la ca- rapace. Une .série de petites pointes sur la ligne médiane de la région stomacale ; rostre creusé en dessus d’un léger sillon longitudinal, et bifurqué au bout. Bords latéro-antérieurs de la carapace armés de quatre dents spiniformes , médiocrement saillantes, dont la dernière n’est pas plus grosse que les autres, et occupe, ainsi que la pénultième, la région branchiale. Les pâtes delà première paire sont un peu plus grosses tpe les secondes, et celles-ci ont presque deux fois et demie la longueur de la por- tion post-frontale de la carapace. L’abdomen de la femelle se com2)ose de sept articles parfaitement distincts , dont le second est surmonté d’un gros tubercule médian ; enfin tout le corps , les mains etles doigts exceptés , est recouvert d’un, duvetlaineux, très-long, très-serré et brunâtre. Longueur, environ deux pouces. Habite les mers de l’Inde. ( G. M. ) 2. Doclée hybride. — D. hybrida (2). Bord postérieur de la carapace armé sur la ligne mé- diane d'une petite épine; bords latvro-anterieurs de la ca- rapace armés de quatre épines, courtes, dont la postérieure n'est pas plus grande que les autres; pâtes de la seconde paire moins de deux fois aussi longues que la carapace. Rostre plus court que dans l’espèce précédente ; quelques pe- tites pointes sur la ligne médiane des régions génitale , cor- diale et intestinale, aussi bien que sur la stomacale. Abdomen de la femelle formé seulement de cinq pièces distinctes (les qua- r ième , cinquième et sixième segmens étant soudés entre eux ) , (1) Cancer avis. Herb., t. I, p. 210, PI. l3, tig- 82 ; Inachnsovis. Fabr. Supp., p. 355. Mata ovh. Bosc , t. I, p- 256; — Latr. Hist. nat. des Crust., t. VI, p. 100. (2; Inachiis hybridus. Fabr. Supp., p. 355. Maîa hybrida. Bosc , 1. 1, p. 256; - Latr. Hist. nat. des Crust., ti- VI, p. 9S) DES CRUSTACÉS. SgS et 116 portant pas de tubercule notable au milieu du second an- neau. Plastron sternal du mâle armé de deux epines entre les pâtes de la deuxième paire. Longueur, deux à trois pouces ; corps couvert de poils courts et très-serrés , à peu près de meme couleur cpie dans l’espèce précédente, mais d’un aspect beau- coup moins laineux j mains et tarses nus. Habite la côte de Coromandel. (C. M.) 3. Doclée de Risso. — D. RissoJid (i). Bord postérieur de la carapace armé d'une petite épine médiane j bords laléro -antérieurs armés de trois petites dents, dont la postérieure n'est pas plus longue que les autres } pâtes de la seconde paire trois j'ois aussi longues que la carapace. Corps pubcsceiit et brunâtre. Patrie inconnue. 4. Doclée hérissée. — D. muricata (2). Bord postérieur de la caparace armé d’une grande épine médiane; bords latéro-antérieurs armés de quatre épines, dont ta postérieure est beaucoup plus grande que les autres. Quelques pointes sur la ligne médiane do la carapace et sur les réglons branchiales. Du reste, semblable à la Doclée bÿ- bridc, mais beaucoup plus petite. Habite les Indes orientales. ( C. M. ) 2*. Tribu. MAIENS. Cette tribu se compose de Crustacés dont la cara- pace, presque toujours très-épineuse, est, à quelques (1) Cancer araneus . Hevb., PI. i3 , lig. 8li Doctea Bissonii. Leach, Zool- mis. t. 11, PI. 74. (2) Cancer muricatus. Herb. , t I , p. 2II, Pt. i4) hg- 83 ; Inachus muricatus, Fabr. Supp. p. 355; Alaia muricata. Bosc, t. 1, p. 255. 2y6 HISTOIRE IfATÜRELLE exceptions près, beaucoup pluslongue que large, et plus ou moins triangulaire (PI. i5, fig. i, 6, 9, 1 1, etc.). Le rostre c&l en général formé de deux cornes allongées. Le premier article des antennes internes est peu dé- veloppé ; celui des antennes externes , au contraire, est extrêmement grand , et soudé avec les parties voisines de manière à se confondre presque avec elles ; son bord externe constitue toujours une portion considérable de la paroi inferieure de l’orbite , et son extrémité anté- rieure s’unit au front au devant du niveau du cantbus interne des yeux ( PI. 3 , fig. a , è , et PI. i5 , fig. 2’, 7, 12). Quant à la tige mobile de ces antennes elle est toujours assez longue. En général , l’eÿwtome est notablement plus large que long, tandis que le cadre buccal est plus long que large. Le troisième article des pntes-mdchoires externes est aussi lai’ge que long, plus ou moins dilaté du côté externe, et tronqué ou écban- cré à son angle antérieur et interne , par lequel il s’ar- ticule avec le quatrième article qui est très-petit (PI. 3, fig. 8, etc.). Les pâtes antérieures de la femelle ne sont en général guères plus grosses ni plus longues que les suivantes ; quelquefois elles sont plus courtes: il en est de même chez quelques mâles; mais en gé- néral chez ces derniers elles sont plus longues et beau- coup plus grosses que celles de la seconde paire ; leur longueur égale quelquefois deux fois celle de la cara- pace, et elles se dirigent obliquement en avant et en dehors ; la main n’est jamais triangulaire , et le doigt immobile de la pince n’est pas incliné en bas de manière à former un angle notable avec le bord inférieur de la main. Les pâtes suivantes sont en général de longueur médiocre; celles de la seconde paire ont le plus sou- vent une fois et demie la longueur de la portion post- i'.T «f ** ;;.;v^t : V . x . .tîiMi}/*? nijK » M3ar,ilriè -.fr' *%iDc' ' ^ *. - ,Vt . iîfüvc n«> u'JV'^Wu >; \ *? * .;,• *' Î-. vi«0=.ii-'js^-'. -T" • ■'•' ". ‘ ^'' ‘ J., a .^rtsT.-'I i =",:;æ . ,i4„ ../,•. ^.,v^»i.._^r;''-^ ; '■ '‘i, | ‘ 1->l tu'}'- »U-s'iif^«0i oi -Hl'.' "« ■■'■'î’i'’' 1,4, a.. . ; • ' «iV ^ , !i(;;r -■■ j.^r H. if -, -k'n;' \ ♦ ^-jî i • «•.♦: n.o > . .. , ' •ï»*îuf»|2^‘flT:r52;a - ' > . - • ■ .’^‘‘ -1 ■ ' .nr.. ^ ^ fv^ <>» Miîij ,fv>^'w4‘ ' ■ ^ ' t 'O-, i •■« ,.'''V’'> wiir.;;:.- i - ' , ■ I ■" " '■ '4; ■• f-: ■■,' taiit ■■}". W U. •jl Miü >r>;£nl ,tU3fe fO ■ î * ..£ .V ,, (. I - ** ♦ ♦ 'SK ■ - -/Ulv .f' * * -1 :•}■ -î t •: ' " r " ^'1 • . - » !!/>•> e^Ji; icv.otiW V '■ .U'îilT ■ 'JIIP •'^' - < > F . » V r* [i«*fi6<ï • ! •• * TRIBU DES MAIEJYS. tableau SïNOPTIQUE oes pb,;,cipaux cabactères GENERIQUES DES MAIENS. P- 297 Espèces dont les yeux peuvent se reployer en arrière et se cacher dans une fossette orbi- taire post-foraini-| naire plus ou moins complète. (Ma-ïens crypoph- THALMES. ) Ro**'® fort pe-, tres.pf-__-. tit, «‘^“•étroit et guères plus latff loua Rostre échancré à son extrémité seulement. Carapace I bombée et relevée en avant ; pinces médiocres et fermant! Limsir.. 1 complètement. ) SK S lies externes ^ couvert). Rostre divisé jusqu’à sa base en deux cornes lamelleuses ; j carapace pas notablement relevée en avant ; pinces assez ( fortes et laissant entre elles un vide lorsqu’elles sont fer- / IlERBsiit “‘ées. 1 tnces OU du Tige mobile des 'niucissa®”*"' /antennes externes /bo /insérée sous le/ bR B„„ h. w KRr “ 'SiU' 1 , ou a peiB® \ pointues s’a- pas nota-\ oot creusées Ital cliné Tige mobile des Orbites presque circulaires, profon- antennes externes Ides et sans hiatus à leur partie infé- insérée sous le ros- ! ricure. tre , et en grande j partie cachée par I Orbites très-incomplètes : leur paroi lui. inférieure presque nulle ou iiiterrom- \ pue par un large hiatus. Naxie. ChoriSB longeant antérieii- | niques, rement sons la coup ( Tige mobile des [forme Aune forte | Rostre ttè»,,.; de/ Snes\ antennes externes l épine ou d’une js'insérant au ni- |très-grosse dent jveau du rostre, ou même plus en de- hors , de façon à être à découvert dès son origine. / Bord orbitaire ( Cornes du rostre supérieur se pro- i très-longues et co- PlSE. Cornes du ros- |que larges. tronquéesaubout. (“Lissa. Bord orbitaire supérieur voûté en avant, et ne for- mant sur les côtés du rostre ni épine ni dent. Deuxième arti- cle des antennes | externes aplati etjHïADE. I dilaté du côté ex-^ I terne. fronurètlargf/® . et profondément creusées en cuillère. ( Rostre court ; ileîrom. Deuxième arti-1 cle des antennes | externes cylindri- que. PaeamiiH*! t Tige mobile des antennes pointues. antennes externes à découvert. ) externes in® ® dans le canthus interne de l'orbite, et à découvert. Pinces MithraX. Mai A. Rostre p, presque perpendiculaire, reployé en bas, et formant avec du corps un. angle Orbites bien formées, pédoncules | oculaires de longueur ordinaire. ^ - tmmf Orbites très-incomplètes en dessous ; ( pédoncules oculaires très-longs. J CRiocAf Rostre presque vertical ; pédoncules oculaires de 1°“" î gueur ordinaire. ^ Yeux très-s ■], s , dépassant de beaucoup les bords de l’orbite- j Article basilaire des antennes externes extrêmement large en avant C le A serond R msorant l.eancoup plus près de Va fossette antennairo que de l'or- 5 I bite; rostre très-grand y ’ euetor- j ^ Rostre horizontal ; pédoncules oculaires d’une longueur | g.j,^j,Qg Pericè I Pâtes des quatre dernières paires cy- } ,, I Imdrique ; rostre très-étroit. ^ f Menati Espèces dont les yeux sont peu ou point mobiles, et ne pouvant se re- ployer en arrière ; point de portion post - foraminaire de l’orbite. (Maïebs phane- ROPHTHAIMES. ) Pâtes des qna-| Itre dernières pai- Avant -dernier 1 article des pâtes des quatre derniè- res paires tronqué 1 en dessous , pré; de son extrémité mais ne portant! pas de tubercule vestige d’uii doigt H A Yeuxpeusaillans, ne dépassant qu’à bitaire. peine le bord or- / ,'^''Utle basilaire antennes ex- étroit en ternes avant Tige mobile des antennes externes . - - .1 insérée eu dehors/ comprimées et 1 jjj,mobile du niveau du bord( ®**vgies en des- \ du rostre, et à dé- Rostre très- ^ Avant-dernier couvert. 1 large. article des pâtes des quatre derniè- res paires tronqué en dessous, près du bout, et portant un tubercule den- té , vestige d’un doigt immobile, contre lequel le tarse vient se re-/ plier- Acantho] Pâtes cvlindriqne® sans crête en j i dessus: cJlles fllTde paires ne portant au bm “ pstio-e 1 Evialtr i favant-dernier article qu T^t ge/ de tubercule ( rostre tres-etroit , au 1 tracTde portion post-forammaire j Tige mobile des antennes externes insérée sous le ( de l’orbitaire ) rostre et en gran- de partie cachée par lui. Pâtes “'^Yo^neitudinale. Rostre trés- amelleuselon|it , large. Des pédoncules toramuiair» de ^ ' oculaires un peu mobiles. dessus d’une crête \ LeüCIPp^. CRUSTACÉS, tome 1. # DES CRUSTACÉS. agj frontale de la carapace, et jamais elles n’ont plus de deux fois cette longueur ; celles de la troisième paire n’ont presque jamais plus d’une fois et quart la lon^ giieur de la portion post-frontale de la carapace, et les pâtes suivantes se raccourcissent successivement. Enfin , Yabdomen se compose ordinairement de sept articles distincts dans l’un et l’autre sexe , mais quel- quefois ce nombre varie dans les différentes espèces d’un même ffenre. Nous croyons devoir admettre dans celte tribu 20 divisions génériques , fondées sur les modifications diverses de l’ensemble de l’organisation , mais pou- vant être distinguées à l’aide des caractères indiqués dans le tableau ci-joint. 298 HISTOIRE HATUREiLE I. GEKRE LTBINIE. — Lihinia (i). Le gem'e Libinie a les plus grands rappoi’ts avec les Do- clécs et les Pises, entre lesquelles il établit un passage près- que insensible. En effet , la forme générale du corps des Libinies se l’approche beaucoup de celle des Doclées; de même que cbez ces animaux , la carapace est très-bombée en dessus, en giâiéral presque circulaire, et sa portion or- bito-frontalc est placée sensiblement au-dessus du niveau de ses bords latéraux qui se prolongent vers la bouche plutôt que vers le canthus externe des yeux. Quelquefois la carapace se retient davantage dans sa moitié antérieure , s’allonge un peu , et ressemble assez à. celle de certaines Pises (PI. i4 ôis , lig. 2 ). Le roslre est petit , étroit et échancré au milieu; le front, mesuré entre les orbites , est beaucoup plus étroit que l’extrémité antérieure du cadre buccal ; l’angle antérieur du bord orbitaire supérieur est saillant , mais ne dépasse ja- mais l’article basilaire des antennes externes ; les orbites sont presque circulaires et dirigées très-obliquement en avant et en dehors ; leur angle externe est formé par une grosse dent comprimée qui est séparée du reste des parois de cette cavité par deux fissures , l’une supérieure très-étroite , et une infé- rieure plus ou moins ouverte. La région stomacale de la cara- pace est peu développée , mais les régions branchiales le sont beaucoup, et leur bord latéral , qui est armé d'épines et très- coui’be, se dirige vers l’angle antérieur de la bouche. Lesj'eux sont petits et très-courts ; l’article basilaire des antennes exter- nes est court, mais très-développé, et présen te toujours en avant assez de largeur , disposition qui se rencontre chez les Pises, tandis que chez les Doclées le contraire se remarque ; le second article de ces antennes est gros , court , cylindrique et inséré (i) Libinia. Leach,Zool. mis. t. II ; — Say, Journ. of Philad. t. I, p. — Desm p. 161. — Latr. R. Anim. a'.'éd. t. IV , p. 61. DES CRUSTACÉS. 209 sur les côtés du rostre à distance à peu près égale de l’orbite et de la fossette antennaire ; le troisième article est un peu plus petit que le second , et le quatrième est très-grêle et très-court. \Icpistome est très-petit , et toute la région an- tennaire n’a guères plus de la moitié de la longueur du cadre buccal. Les pates-mâclioires externes ont la meme forme que chez les Fiscs; il en est de même pour le plas- tron sternal. Les pâtes antérieures sont beaucoup plus longues que chez les Doclées, mais moins développées que chez les Fiscs ; elles sont toujours à peu près de la grosseur de celles de la seconde paire , et , en général , sont beaucoup moins longues , même chez les mâles ; la main est à peu près cylindrique et peu renQée ; eulin les pinces sont arrondies ou tranchantes et finement den- telées , et elles se joignent dans presque toute leur lon- gueur, disposition qui est rare chez les Fiscs. Les pâtes sui- vantes ressemblent beaucoup à celles des Fiscs , seulement leur dernier article est plus long et n’est jamais armé en dessous d’épines cornées comme chez la plupart de ces der- nières; leur longueur diminue progressivement, et celles de la seconde paire n’ont au plus qu’environ une fois et demie la longueur de la portion post-frontale de la carapace ; en générai, elles sont beaucoup plus courtes, et ce caractère suffirait à lui seul pour faire distinguer les Libinies des Do- clées. Enfin , \ abdomen se compose de sept articles dans les deux sexes. Le genre Libinie paraît appartenir en propre aux mers d’Amérique. 3oo HISTOIRE HA.ÏURELI.E § I. Espects ayant V angle antérieur et externe de t ar- ticle basilaire des antennes externes obtus, et ne se pro- longeant pas au delà du niveau de t interne; la fente du bord orbitaire inférieur tr'es-étroite. I. Libirie CANNELÉE. —L. canaliculata (i). Pâtes de la seconde paire une fois et demie aussi lon- gues que la carapace , et un peu moins longues que les pâtes anterieures du mdle. Portion post-orbitaire de la cara- pace circulaire , hérissée en dessus d’un assez grand nombre de petits tubercules spini formes, et bordée latéralement par SIX ou sept épines assez fortes ; une épine médiane très-courte sur la région intestinale; une dépression en forme de losange au milieu du front ; pâtes antérieures légèrement granuleuses ; corps couvert de poils courts et très-serrés. Longueur, en\'ii-on deux pouces et demi. ( C. M. ) Habite les côtes des Etats-Unis ; les pêcheurs prennent sou- vent de ces Crustacés dans leurs filets, mais on ne les mange pas. 2. Libinie douteuse. — L. dubia. Pâtes de la seconde paire seulement une fois et quart aussi longues que la carapace , mais cependant beaucoup plus longues que celles de la première paire. Cette espèce ressemble beaucoup à la précédente, et il ne serait pas impossible qu’elle n’en fût que le jeime; cependant la carapace est beau- coup plus pyi’iforme et moins épineuse en dessus (PI. il^bis, fig. a). Tout le corps est couvert d’un duvet brunâtre , et la longueur de la carapace est d’environ dix-huit lignes. Ce Crustacé se trouve sur les côtes des États-Unis. ( C. M. ) (i) Say, Journ. of'Philad. t. I, PI. 4. fig- !■ DES CRUSTACÉS, 3oi § 2. Especes ayant V angle antérieur et externe de t article basilaire des antennes externes spiniforme , et se pro- longeant beaucoup au delà du niveau de l’angle in- terne,-Jente du bord orbitaire inférieur tres-large, 3. LiBiniE ÉriHEusE. — L. spinosa (i). Carapace presque circulaire et hérissée d’une trentaine de grosses épines , dont cinq sur la région stomacale ( trois sur la ligne médiane , et deux sur les côtes ) , trois sur la région cor- diale , une sur la région intestinale , deux sur chaque région hépatique, trois sm’ le bord de la région branchiale , et les au- tres sur la face supérieure de ces mêmes régions. Une épine médiane sur les deux premiers seginens de l’abdomen du mâle ; pâtes de la seconde paire ayant une fois et quart la longueur de la caparaee , et notablement plus longues que celles de la première paire , même chez le mâle. Corps couvert en entier d’un duvet court et brunâtre. Longueur, environ quatre pouces. Habite les côtes du Brésil. ( G, M. ) La Libinie échanceée ( L. emarginaia Leach. Zool. mis. t. 2, PI. io8, et Desm. p. 162) paraît être très-voisin de la L. cannelée, et n’en est peut-être que la femelle ; mais la des- cription que M. Leach en a donnée est trop succincte pour que nous puissions avoir une opinion arrêtée à cet égard, ou indi- quer des caractères propres à distinguer l’espèce en question des précédentes. IL GENRE HERBSTIE. — Herbstia (2). Nou.s dédions à l’infatigable Herbst cette petite division générique, fondée pour recevoir quelques Crustacés qui (i) L. spinosa. Édwards , Guérin, Icoii. Cr. PI. 9, lig. 3. (li) Cancer, Herbst. — Innchns Fabr. ; Maïa. Latr. Hist. nat. des Crust. ; Milhvnx. Risso, Hist nat. de l’Eur. mérid. , t. V. HISTOIRE JIATUREELE 3oa tiennent pour ainsi dire le milieu entre les Libinies , les Pises et les Mithrax triangulaires. Ces Crustacés ont la ca- rapace ( PI. i4 triangulaire que celle des Li- binies; la région stomacale est presque aussi développée que les régions branchiales. Le rostre est petit , guères plus long que large , et formé de deux cornes aplaties , pointues et diver- gentes , dont la base occupe presque toute la largeur du front. Les orbites sont ox alaires et dirigées obliquement en avant, en dehors et en haut; leur bord supérieur présente deux petites fissures , et se termine antérieurement par une petite épine moins saillante que celle située au-dessous et appartenant à l’article basilau-e des antennes externes ; leur bord inférieur est complet et ne présente qu’une petite fissure. Les yeux sont gros et rétractiles. La disposition de la région anten- naire , des antennes externes, des pates-mdchoires , du plastron sternal et des pâtes, est essentiellement la meme que dans le genre Pise. Il est seulement à noter que les tarses des quatre dernières pâtes ne présentent que quelques pe- tites épines cornées placées irrégulièrement. IIerbstie noueuse. — IJ. condyliata ( i). Carapace ( PI . iu's, fig. 6 ) environ un quart plus longue que largo , arrondie en arrière, rétrécie en avant et hérissée eudessus d’mi assez grand nombre d’épines obtuses et peu saillantes ; son bord latéro-antérieur armé de quatre a six épines pointues ; son bord postérieur surmonté d’une petite crete transversale formée par quatre à cinq épines. Article basdaire des antennes exter- nes étroit antérieurement et armé en dehors de deux épines ; deuxième article un peu renflé en avant et guères plus long que le troisième article. Régions ptérygostomiennes très-épmeusesg (I) C. Cmulylialus. Herb. PI. i8, fig. 99 A ; -Inachus couJyliaUa. Fab. Supp. ,p. 35Ü; Mata condyliata, Latr. Hist. nat. des trust, t. \’I , p. 95 ; — Itisso , CrusK de Nice, p. 42 ; Mithrax UerbiU , Kisso , Hist liât, de 1 Eur. niérid. t. V, p- iS. DES CRÜSTACÉS. 3oïî Pâtes do la première paire dji mâle atteignant quelcpiefois pres- que deux fois la longueur de la carapace ; bras et carpe tres- épineux; mains renflées, tuberoiileuses en dessus ; pmees dente- lées et légèrement creusées en gouttière vers le bout. Pâtes de la seconde paire une fois et demie aussi longues que la portion post-orbitaire delà caparace; de même que les suivantes, grêles, cylindriques , armées d’une épine médiocre à l'extrémité du troi- sième article , et pourvues de quelques pointes cornées à la face inférieure du tarse. Corps couvert d’un duvet rare et lin. Lon- gueur, environ deux pouces ; couleur rougeâtre. Habite la Méditerranée. { C. M. ) III. GENEE PISE. — Pisa (l). Le genre Pise, établi par M. Lcach, se compose d’un certain nombre de Maïens remarquables par leur forme triangulaire et par la longueur de leur rostre (PI. i4 bis,ï\g. i). Chez tous ces Crustacés la carapace, serétrccit graduellement dans ses trois quarts antérieurs , et ses bords latéro-antérieurs se prolongent obliquement en ligne presque droite jusqu’à une petite distance de son bord postéi'ieur; ses bords latéro- postérieurssont dirigés presque transversalement, et sa surface est très-bombée ; enfin scs régions sont en général assez dis- tinctes, la stomacale surtout est très-dé veloppée. Le front est plus large que le cadre buccal , et armé de quatre cornes dirigées en avant, dont les deux externes occupent l’extrémité antérieure du bord orbitaire supérieur et les deux moyennes forment le rostre, qui est toujours au moins une fois et demie aussi long que large. Les yeux sont portés sur des pédon- (4) Cancer. Penn, Herb., etc. ; Inachits. Fabr. Siip. ; Mrda. llo.se, t. i; — Latr. lli.st. iiat. des Cnist. t.Vl; — llis.so, Cru.st. de Nice; Blaslus, /’/sK.Leacb, Ediiiib. Evicyc. t. VIX; — Fisn, Leach, Liun. Trans. , t. II, — Uesm., p. 1.45 ; — Latr. il. Aidm. 2‘'. éd.,t. ÏV, p.58: Pisa, MUhra.v etlnnchus. Ilisso, HLst. liât, de l'Europe mérid. t. V, p. u(i. HISTOIRE NATURELLE 3o4 cules très-courts et se reploient en arrière dans les orbites , qui sont ovalaires et dirigées directement en dehors et en bas ; le bord supérieur de ces cavités présente deux fentes , séparées entre elles par une dent triangulaire, et leur angle externe est situé plutôt au-dessous qu’au-dessus du bord latéral de la carapace qui vient s’y terminer. En dessous , le bord orbitaire est interrompu par une large échancrure. Les antennes internes ne présentent rien de remarquable. L’ar- ticle basilaire des antennes externes est beaucoup plus long que large ; il n’cst que peu rétréci en avant , et dépasse le niveau du canthus interne des yeux , mais est complètement caché en dessus par le prolongement spiniforme du bord orbitaire supérieur; le second article de ces appendices est grêle et cylindrique , et s’insère à distance à peu près égale de la fossette antennaire et de l’orbite , un peu en dehors du niveau du bord externe ilu rostre, de façon à se montrer entre ce prolongement et les cornes latérales du front ; le troisième article est petit et cylindrique ; enfin , le quatrième est assez long. La réa^ion antennaire est à peu près de la gran- deur du cadre buccal , et Vépistome est grand et presque carré. Le second article des pates-mdchoires externes se prolonge du côté interne beaucoup au devant du niveau de son angle externe , et le troisième article , notablement plus long que large et fortement dilaté en dehors, est profon- dément échancré à son angle antérieur et interne. Le plas- tron sternal est plus long que large. Chez la femelle les pâtes antérieures sont en général à peu près de même longueur que celles de la seconde paire ; mais chez le mâle elles sont notablement plus longues et plus grosses ; la main est renflée , et les doigts tranchans et finement dentelés dans leur moi- tié terminale. Les pâtes suivantes sont cylindriques et de lon- gueur médiocre ; celles de la seconde paire ne sont pas beau- coup plus longues que la portion post-frontale delà carapace; la longueur des autres pâtes diminue successivement , et chez presque tous ces Crustacés leur dernier article ( PI. i5, %. 5) est garni en dessous de petites pointes cornées, qui sont pla- DES CBUSTACÉS. 3o5 cées tres-régiilièremcnt sur une ou deux lignes longitudi- nales , comme les dents d’un peigne. Enfin , V abdomen se compose de sept articles distincts, et tout le corps des Pises est ordinairement couvert de poils ; souvent ces poils sont recourbes au bout et accrochent les coi’ps qu’ils touchent • aussi n’est-il pas rare de voir ces animaux couverts d’herbes marines, d’éponges, etc. Les Pises appartiennent presque toutes aux mers d’Europe, et vivent en général dans des eaux assez profondes; on en prend souvent dans les filets traînans des pêcheurs et à mer basse, lors des marées très-fortes , on en trouve cachées sous des pierres , mais on ne les emploie pas comme aliment. A.. Jsisjyeces dont les pâtes des fj^xtcttï*e devmeves pâmes sont dépourvues de dents spiniformes sur le bord supérieur des troisième et quatrième articles, et dont V angle antérieur du bord orbitaire supérieur forme une grosse dent spiniforme qui se prolonge beau- coup au delà de l article basilaire des antennes externes. a. Espèces dont la portion postérieure de la ca- rapace est régulièrement arrondie, et les régions intestinale et cordiale peu saillantes et à peine distinctes. I. PisE TÉTRAODOif. ■ — P. tetraodoji (i). Carapace d un quart jdus long que large ( PI. bis , fig. i), légèrement bosselée en dessus , à régions peu distinctes ; scs bords latéraux un peu arrondis et armés de quatre épines (i) C. héracléotique. Rondelet, t. 2, p. 4o3 ; — Aldrov , i85. C. pagiirus fcm. Jonstoii Exs. PI, 5, lig. i3. Cancer tetraodon, Penn. t. 4, PI. 8, lig. i5. C. prœf/o, Herb. PI. 4^,tig.2, Mainte, traodon elM. prœdo. Bosc. 1. 1 , p. 254 et 256 ; Hiatus tetraodon. Leach. Edimb. Encyc. t. y , p. 43 1 : Pisa tetraodon. Lcach, Malac. PI. 20. Desm. PI. 22,iig. i. — Latv. Encyc. t. 10, p. 142; Main hir- tkorne. Blainvillc , Faune , PI. 9. _ Rijso , Crusl. de «ice, p. 46, cnnsTACÉs , tome t. 20 3o6 HISTOIRE NATURELLE assez fortes ; savoir : une sur la région hépticpie et trois , dont la postérieure n’est pas plus grande que les autres , sur la région branchiale ; une petite pointe sur la région intestinale et quel- ques petits tubercules sur la stomacale. Rostre tm peu incliné et foi-mé par des cornes assez grosses , dont la longueur égale à peu près la largeur du front , et dont l’extrémité est fortement cour- bée en dehors ; épines de l’angle orbitaire antérieur très- grandes et divergeant obliquement en dehors. Troisième et quatrième articles des pâtes antérieures tuberculeux; mains renflées et pinces arrondies en dessus ; tarse des pâtes sui- vantes armé en dessous d’une rangée de dents spiniformes assez grosses. Corps presque entièrement couvert d’ime espèce de duvet et de quelques poils crochus; longueur, 2 ou 3 pou- ces ; couleur brunâtre. ( C. M. ) Très-commun sur les côtes de la France et de l’Angleterre. 3. PtsB coHALLiN. — P. CQrallma (i). Carapace presque deux J'ois aussi longue que large, a peine bosselée en dessus; régions peu distinctes; bords laté- raux armés sur la région branchiale de deu.x ou trois épines semblables entre elles, et sur la région hépatique d’une petite pointe plus ou moins distincte. Une petite épine sur la région intestinale; rostre horizontal formé de deux cornes styliformes très grêles, contiguës jusque vers leur extrémité, presque droites, et dont la longueur excède de beaucoup la largeur du front; épines des angles orbitaires antérieures, grandes et dirigées en avant. Pâtes presque entièrement lisses ; pinces arrondies en dessus; tarses armés en dessous de petites dents jrointues et de poils raides. Corps parsemé de touffes de pods assez longs et renflés vers le bout ; longueur, environ 1 5 ligues ; couleur rouge. Habite les côtes de la Provence. ( C. M. ) (I) Maïa cornlliiia. Ri.sso, Ci’ust. de Nice, p. /(S , PI. i , fig. 6. Jnachus comlliniis. lîisso , Hi.st. nat. de l’Europe mérid. t. 5, p. u6. «ES CRDSTACÉS. 3o7 aa. Especes dont la portion postérieure de la carapace est triangulaire, et les régions intestinale et cor- diale extrêmement saillantes. PisE DE Gibbs. — Gïbsii (i). Région intestinale surmontée d’un gros tubercule obtus et arrondi. Carapace une fols et demie aussi longue que lart-e ayant i peu près la forme d.’un losange dont le triangle In- térieur serait trois fois aussi grand que le postérieur. lien-ions stomacale , brauchiale , cordiale et intestinale très-rentléL et séparées par des dépressions profondes ; rostre un peu plus long que le front n’est large , notablement incliné et formé de deux cornes styliformes presque droites et contiguës jus- qu’auprès de leur sommet; dents de l’angle orbitaire anté- terieur médiocres et dirigées en avant; bords latéro-anté- rieurs de la carapace, peu ou point épineux, et se terminant par une grosse dent spiuiforme dirigée en dehors; bords laté- raux postérieurs s’étendant du sommet de ces épines latérales au sommet de la région intestinale, en décrivant une courbure dont la convexité est tournée en avant. Second article des antennes externes assez gros, environ une fois et demie aussi long que le suivant , et notablement plus court que la fossette antennaire. Plastron sternal brusquement rétréci entre les ptes de la première paire , qui sont légèrement tuberculeuses sur les troisième et quatrième articles. IVIains comprimées, mais assez ortes; doigts mobiles aplatis en dessus et triangulaires. Pâtes de la seconde paire beaucoup plus longues que les suivantes; leur troisième article point noduleux et leurs tarses armés en dessous de quelques pointes. Corps entièrement couvert il) C tinculeatus. Moutagu, Lin. Trans, t. ii, PI. i. fe. 3. ■r/jrt Gtbsii. Leach. Malar Pl , t\ ^ ’ P n, n 19; — Desm. p. 146; _ Latr. tncyc. PI.Soi, fag, 1 (copiée d'après Leacli }. 2G. 3o8 nisToinE naturelle de poils claviformes ; couleur rouge brunâtre ; longueur, en- viron 2 pouces. Habile les côtes de l’Angleterre, et de la France. (C. M. ) PisE ARMÉE. — P, armata (i). Région intestinale se prolongeant en une grosse épine ires -aiguë; épines latérales egalement longues et aiguës; cornes du rostre séparées jusqu’à leur base par une fente assez large , plus divergentes et plus longues que dans l’espèce pré- cédente; second article des antennes externes très-grêle, en- viron deux fois aussi long que le suivant , et notablement plus long que la fossette antennaire. Du reste , semblable à la Pise de Gibbs. Habite les côtes de la Provence et de l’Italie. (C. M. ) B. Espèces dont les pâtes des quatre dernières paires sont armées de dents spinijbrmes sur le bord su- périeur de leur troisième article , et dont V épine ter- minale de V article basilaire des antennes externes n’est point dépassé par V angle du bord orbitaire supérieur. 5. Pise styx. — P. styx (2). La forme générale de ce petit Crustacé ne diffère cpie peu de celle de la Pise télraodon, seulement la carapace est plus allon- gée , plus fortement bosselée , et ses bords latéro-antérieurs , au (1) Cancer longirostris. llerb. PI. 16, fig. 92 ; Inaclms opelio. Fabr. Sup. p. 356 ; Ma'ia rostrata. Bosc. t. 1 , p. 255. Maïa armata. Latr. Hist. nat. des Crust. t. 6, p. 98 ; — Risso, Crust. de Nice, p. 47; armata. Latr. Encyc. t. 10 , p. i43 : — Risso, Hist. nat. de l'Europe mérid. t. 5, p. 24. Inachus musiviis. Otto. Mém. del'Acad. de Bonn, t. 14, PI. 20, fig. 12 et 12. Maïa goutteux. JHainsMe, Faune. PI. 10, lig. I. (Le genre Arctopsis , deLamarck ( syst. p. i55 ) parait avoir été fondé d’après un individu de cette espèce qui portait des corps étrangers attachés au rostre. ) (2) Ginccr Hecb. PL 58, fig. 6; Pisa styx. Latr. Encyc., t. 10, p, i4i. DES CnUSTACES. 3o9 lieu d’être armés de grosses épines , ne présentent cpie quelques pointes à peine saillantes ; enfin le Lord orbitaire supérieur ne présente qu’une fissure très-étroite. Les dents splniformes, dont sont armées les pâtes de la seconde paire , sont aiguës et as- sez nombreuses ; sur les pâtes suivantes elles deviennent plus courtes et plus rares. Longueur, environ dix lignes j couleur jaune roussâtre. Habite l’Ile-de-France. ( G, M. ) La PisA NODiPEs de M. Leach ( ZooL mis. , t. II, PI. ^8 ) \ paraît être très-voisine de P. armée , et peut-être ne devrait pas en être séparée; d’après M. Leach, elle se distinguerait de la Pise de Gibles, en ce que le rostre est horizontal et le troisième article des pâtes noduleux à son extrémité. Sa patrie est inconnue. Le Cancer mirticornis de Herbst (i) appartient également au genre Pise ; la forme de sa carapace est la même que dans la Pise coralline, mais scs pâtes sont épineuses , comme dans la Pise styx , dont elle se distingue facilement par la longueur de son rostre. Cette espèce, d’après Herbst, habite les Indes orientales, et, d’après M. Rlsso, la Mediterranée. Le Cancer pujone du même auteur (Herbst, PI. 58, fig. 5) me paraît aussi appartenir à ce genre ; il ressemble à la Pise • eoraUlne, seulement sa carapace est plus renflée sur les côtés et plus épineuse en dessus ; les cornes du rostre sont plus divergentes et la région intestinale se prolonge en forme de tubercule au-dessus de l’abdomen. Il habite les Indes orien- tales. Quant à la PisE de Duméril (2) , elle n’est pas décrite avec (1) Herb . PI. 5y , tig. 5. luachus herticorne. Risso. Hist. nat. de l'Europe mérid. t. V, p. 26. (2) Risso. Hist. nat. de l’Europe mérid. t. V, p. 23. Maîa Dume- riti. Risso. Crust. de Nice , p. 43. HISTOIRE NATURELLE 3io assez de détail pour que nous puissions avoir à son égard une opinion arrêtée. IV. GENRE i.ISSA. — (l). Le genre Lissa de M. Leach a la plus grande ressem- blance avec le genre Pise du même auteur, et n’aurait peut- être pas dû en être séparé. Les caractères distinctifs des Lissas consistent dans la disposition du rostre , qui est formé par deux cornes lamelleuses, tronquées antérieurement, et même plus lai'ges en avant qu’à leur base, et dans l’absence d’épines sous les tarses. Du reste, ces Crustacés diffèrent à peine des Pises. On n’en connaît encore qu’une seule espèce. 10. Lissa goutteuse. — L. chiragra (2). Carapace presque hexagonale , environ un quart plus longue que large, rétrécie en avant, très -fortement bosselée et no- duleuse en dessus ; rostre très-large et armé en avant de deux dents duagées en dehors; angle antérieur du bord orbitaire su- périeur , se prolongeant en avant sous la forme d’mi gros tu- bcicule arrondi; deuxième article des antennes externes grêle , cylindrique , et deux fois aussi long que le troisième ; pâtes de la première paire petites et tuberculeuses; celles de la seconde paiie moins longues que la carapace et fortement nodulenses comme les suivantes. Tronc înerme. Pâtes garnies de ar MM. Quoi et Gaimard à la Nouvelle-Zélande. (C.M.) Nous sommes jrortés à croire que le Cancer ursus de Herbst ( PI. 14, fig. 86 ) , et le Cancer pipa du même auteur ( Seba, t. 111, PI. 18, fig. 7, et Hei'b. PL 17; fig. 97 ), piourraient bien appartenir au genre Paramilhrax ; ce sont évidemment des Maïens voisins do ceux dont nous venons do piarler, mais ils sont trop imparfaitement connus pour que nous puissions nous prononcer avec quelque certitude à leur égard. X. GENRE MA.IA. — Maïa (1). Le genre Maïa , établi par Lamarck pour recevoir les Inachus et les Parthenopes de Fabrinus , c’est-à-dire tous les Oxirhnyques proprement dits , n’a été consei’vé qu’en res- treignant singulièrement ses limites, et ne renferme plus aujourd’hui qu’un très-pietit nombre d’espèces qui viennent (i) Cancur lAn. llerb- ; Lmc/z/is. Fabr. ; Maïa, Liimk. Syst. des A. sans verteb. t. V., p. iS-j; — Latr. Hist. nat. des Crust. t. VI, p. 87, etc., etc. — LcacU. lidimb. Encyc. 7, p. a/jy, et;;., etc.: — üesm. pi. 143. S'îG HISTÜIKE NAÏURELIiE se grouper autour du Maïa Scpiiuado de nos côtes. La ca- rapace de ces Crustacés ( PI. 3 , fig. i ) , est d’environ un quart plus long que large et assez fortement rétrécie en avant ; sa face supérieure est liérissi'e d’une infinité de tul)erculcs ou d’épines , et ses régions sont peu distinctes; le rostre. est lioi'izontal et formé de deux cornes divergentes ; le bord latéro-antérieur de la carapace est armé de fortes épines et SC continue sans eliangenient de direction brusque avec le liord latéro-postérieur ; les orbites sont ovalaires , assez pro- fondes , et leur bord supérieur, élevé et arrondi en avant , est divisé en arrière jxir deux fissures. Les antennes internes ne présentent rien de remarquable ; mais la portion du front qui sépare leurs fossettes, se prolonge à une forte épine courbe, cpii se dirige eu bas (PI. 3, fig. 3). Le premier article des antennes externes ( fig. 1, d.) est très-grand , et constitue plus de la moitié de la paroi inlérieure de l’orbite qu’il ne dépasse que peu antérieurement ; son extiximité est armée de deux grosses é’pines et porte farticle suivant à sou bord supérieur et externe , de sorte que la tige mobile de ces appendices naît dans le canthus interne des yeux. L’épistome est plus large que long ; il en est de même pour le cadre buc- cal. Le second article des patcs-indclioires externes se pro- longe assez loin , du côté interne , au devant du niveau de son articulation avec la pièce suivante , et celle-ci, notablement plus large que longue , est dilatée en dehors et fortement tronquée à ses deux angles internes (PI. 3, %. 8). Le jdaslron sternal est presque circulaire , et sa suture médiane , quoi- que assez longue, n’occupe que le dernier anneau thoracique, (fig. 14 } hes, pâtes de la première paire ne sont guères plus grosses que les autres ; elles sont assez grêles', à peu près cy- lindriques, et terminées par une pince dont les doigts, pres- que stylilbrmes, ne sont jamais creusés en cuillère ni dilatés vers le bout, et ne présentent que peu ou point de dente- lui ■es. La longueur des pâtes de la seconde paire ne dépasse guères une fois et demi la largeur de la carapace, et les pâtes suivantes deviennent suecessivement plus courtes ; l’article qui DES CKESÏACÉS. les termine est styllforme, et ne présente ni épines ni dente- lures à son bord inférieur. Enfin {'abdomen se compose dans les deux sexes deseptarticlesdistincts. (fig-^) A-,fig. 5etfig.6.) Le genre Maïa paraît être propre aux mei-s d’Eui-ope , et se compose des Décapodes les plus grands que nous ayons sur nos côtes. I. Maïa sQuiNADE. — M. squinado (i). Carapace couverte d’épines aigues, assez bomhee , et fortement rétrécie en avant. Angle antérieur du bord orbitaire supérieur trés-arrondi ; deux épines sur la moitié postérieure de ce même bord, savoir : une très-grosse et reconrbee en haut , et mie petite située derrière la précédente ; bords latéro-aiitéricurs de la carapace armés de cinq ou si.x épines très-grosses et très- aiffuës , dont la première constitue l’angle orbitaire externe. Face inférieure du front armée de cinq gi’osscs épines, dont une médiane inter- antennaire, recourbée en avant, et deux placées de chaque côté et appartenant a 1 article basilaire des antennes externes ; second article de ces antennes cylindrique et de même longueur que le troisième. Pâtes antérieures du mêle un peu plus fortes que celles de la seconde paire, et armée d’épines sur les troisième et quatrième articles. Corps couvert de poils crochus; longueur, 4 ou 5 pouces; couleur rougeâtre. Habite la Manche , l’Océan et la Méditerranée. ( G. M. ) On prend ce Crustacé dans les filets trainans , et les pécheurs le mangent, mais sa chair est peu estimée. Les anciens le regar- daient comme doué de raison et le représentaient suspendu au cou de la Diane d’Éphèse , comme un emblème de la sagesse. On le voit aussi figuré sur quelques-unes de leurs médailles. {l) Cancer i^a/norfo. Rond. liv. i8, p. 4o>- renetorum. Aldrov p. 182, i83 ; Cancer maïa. Seba , t. III, PL i®, fig- 2 et 3 ; Cancer sqmnado.Vievh..V\. 56; C. Spinosus ,'Penu. Brit. Zool. t. IV, PI 8 lig- l4’ — /«ocAms corrtutm Fabr. suppL p. 356. Maïa squinado. Latr.’Hist.nat. desCrust.t. VI, p-qS; Encyc. PL 2771 hg- iet2(dV 328 lllSTÜinii NATUKIiLLE 2. MAÏA VEERUQUEUX. —M. vemicosa (i). ( Planche 3 , fig. i — i^. ) Carapace à peine bombée , couverte de petits tubercules arrondis et armés de quelques petites épines sur la ligne médiane. CeCte espece, qui a été confondue avec la précédente par presque tous les naturalistes, et qui en est effectivement très-voisine , m’a paru devoir en être distinguée à cause de l’absence d’épines sur la face supérieure de' la carapace , de la forme plus ovalaire et beaucoup moins bombée de ce bouclier céphalo-thoracique, et de la petitesse des pâtes antérieures qui, chez le male , sont plus grêles que celles de la seconde paire. La longueur de ce Maïa est de 2 à 3 pouces , et sous tous les au- tres rapports il ressemble au Squinade. Habite la Méditer ranée. (G. M. ) Il serait possible que le Maïa crépu de M. Risso [Hist. nat. de tEur. mérid , t. V, p. 23 ) ne fut autre que le M. verruqueux , mais les caractères que cet auteur y assigne ne sont pas suflîsans pour résoudre la question. Si le Maïa Rosselii ( Audouin, Crust. de l'Egypte , par M. Savigny , PI. 6, fig. 5) appartient réellemeutà ce genre, il se distinguera facilement des précédons par l’existence de deux grandes cornes sur la partie antérieure de la région sto- macale , mais nous avons quelques doutes à cet égard. La description que Bosc a donnée de Maïa erixacea ( t. , près Seba), etc. ; — Lnach. Malac. PI. i8: — Desm. PI. ai ; — Ris.so, Hist. nat. de l'Europe mérid. t. V, p. a3, (l) C. mdia. Beloii; — Cancer sqtiinadu. Ilcrb. t. I, PI. l5, iig ; 84 et 85; Milia squinado. Bosc. t. I, PI. 7, 8;-. j? _ A.udouiu , Crust. de l’Égypte, par M. Savigny, PI. 6, fig. 4. ULS CRUSTACES. 3a() p. 253 , PI. 8 , lig. 1 ) est si incomplète , et la figure f[ui l’ac- compagne si mauvaise, qu’il est impossible de déterminer si ce Crustacé doit se rapporter à l’une des especes précédentes ou en être distingué. XI. GENRE MICIPPE. — Micippo (i). Le genre établi par M. Leach , sous le nom de Micippe , est très-remarquable par Ja disposition singulière du rostre. La portion post-frontale de la carapace de ces Crustacés est presque quadrilatère , légèrement bombée , arrondie en arrière, et à peine rétrécie antérieurement; son bord fronto- orbitaire est droit et très-large , et ses bords latéraux sont armés d’épines. Le rostre est lamelleux et dirigé verticale- ment en bas de façon à former un angle droit avec l’axe du corps et avec l’épistome. Les orbites sont placés au-dessus et sur les côtés du rostre , et on remarque à leur bord supé- rieur une fente profonde; les pédoncules oculaires sont ré- tractiles, assez longs, rétréciesau milieu et se prolongent jusqu’à l’extrémité de la cornée. La tige des antennes internes , en se reployant, reste verticale au lieu de devenir horizontale comme chez presque tous les autres Crustacés brachyures. L’article basilaire des antennes externes est très-grand et plus large en avant qu’en arrière ; le second article de ces appendices s’insère contre le bord du rostre à une assez grande distance de l’orbite. Le troisième article des pates- inâchoires externes est extrêmement dilaté du côté externe , et très-profondément échancré dans le point où il s’articule avec la ])ièce suivante. Le plastron sternal est à peu près circulaire. Les pales sont cylindriques et de longueur mé- diocre ; celles de la première paire ne sont guères plus gros- ses ni plus longues que les suivantes , même chez le mâle , et (i) Cancer. Lin. âliis. Lud. ülr. p. — Fal)'.'. Eut. Syst. t. II, p. .■jtio;' — Mnïa. Viosc. t. I ; — Latr. ilist. iiat des Cru.st. t. VI , p. loj ; — Alicipiin. î.each. Zool. mis. t. III; — Desra. p. ijH ; — Lalr. !leg. Aiiim a', éd., t. IV, p, ,â<). HISTOIKE NATURELLE 33o les pinces sont effilées vers le bout, tranchant, et pas sensible- ment creusées sur leur face préhensile. Les pâtes de la se- conde paire ont à peu près une fois et demie la longueur de la portion post-frontale de la carapace, et les tarses ne sont pas donteb's en dessous. Enfin \abdomen se compose de sept articles distincts dans les deux sexes. Les Micippes appartiennent à l’Océan indien. y I- Micippe a Crête. — M. cristata (i). Carapace hérissée en dessus d’un grand nombre d’épi- nes longues et aiguës , dont deux sont placées sur le fi-ont et deux autres occupant le milieu du bord postérieur ; bords laté- raux du rostre armés de 4 ou 5 dents ; angle antérieur du bord orbitaire supérieur armé d’une foi’te épine ; bords supérieurs de l’orbite et bords latéraux de la carapace garnis de longues épines très-aiguës. Article basilaire des antennes exteraes beau- coup plus long que large. Pâtes couvertes de petites granula- tions ; longueur, 2 à 3 pouces ; couleur blanchâtre. Habite lescôtes de Java. ( G. M.) 2. Micippe piiilyre, — M. philyra {2). Carapace couverte de tubercules granuleux , mais non epineuse en dessus. Rostre terminé par 4 dents dont les 2 externes crochues et dirigées en dehors ; angle antérieur du bord orbitaire supérieur arrondi , non spiniforme ; bords laté- raux de la carapace armés de quelques épines courtes et peu acérées. Article basilaire des antennes externes beaucoup plus ' (i) Cancer spinosus. Rumph, PI. 8, fig. i. Cancer crislatus. Linn. Mus. Lud. Ulr. p. 443- Cancer hitobus. Herb, PI. l8, lig. 98. Maïa cristata. Latr. Encyc. PI. 28, fig. i. (d'après Runiph ) ; Micippa cristata. Leach. Zool. mis. t. III, PI. 128; — Desm. p. 149- (2) Cancer philyra. Herb. t. III, PI. 58, fig. 4 ; — Micippaphi- lyra. Leach ; — Desm. PI. 22 , fig. 2 ; — Guérin. Icon. Cr. PI. ibis, fig. 1. DES CRUSTACÉS. 33l large que long. Pâtes peu ou point granuleuses ; longueur , environ 2 pouces. Couleur jaunâtre. Habite l’Occau indien et les côl^s de rilc-de-Ii rance. (C. M.) D’après la description que Linncc a donnée de son Cakcer CORNATES {Mus. Lud. UL, p. 445) , cc CrusUcé me paraît devoir appartenir an genre Micippe , et avoir beaucoup d ana- logie avec la 31. Cristata ; car le rostre est recourbé en bas entre les yeux et le front , est armé de chaque côté d’une forte épine. Cette espèce, qu’il ne faut confondre ni avec le C. cor- 7infu.5' de Fabricius , niar^eclcC. coi'uudo àe Herbst, habite l’Océan indien. XII. GENRE CIUOCAllIN. — Criocarcinus (i). M. Guérin a désigné sous ce nom dans la collection du Mu- séum un Crustacé très-singulier qui avait déjà été figuré par Ilei-bst, mais qui était très-imparfaitement connu, et qui a beaucoup d’analogie avec les Micippes, soit par la forme gé- nérale du corps , soit par la disposition du front, (.e qui caractérise principalement ce nouveau genre , est la disposi- tion des orbites et des yeux. Les cavités ocbitaircs ont pies- que la forme d’un tube dirigé eu dehors , long et tronqué à son extrémité ; mais elles n’engaînent pas les yeux comme chci les Péricères, car l’anneau ophthalraique s’avance jus- qu’auprès de leur extrémité , et le pédoncule oculaire , qui est long , grêle et semblable à celui des Maïas , s’y in- sère de façon à être complètement à découvert et à pouvoir se reploycr en arrière, et à s’appliquer dans toute sa lon- gueur contre le bord extérieur de l’article basilaire des an- tennes externes , position dans laquelle il est caché sous les épines post-orbitaires de la carapace. (i) Guérin. Gollection du Muséum. 333 inSTOIRE NATUKEELE I. CniocARciN A SOURCILS. 6’. supercUio SUS (i). Carapace bombée, inégale, et à Lords latéro - antérieurs presque parallèles. Rostre vertical et armé de deux cornes recourbées en dehors j bord orbitaire supérieur lamelleux ex- trêmement saillant et armé de trois fortes épines ; trois ou quatre fortes épines sur les bords latéro-antéricm-s de la cara- pace , deux sur la région stomacale , et une sur la région intes- tinale ; longueur , dix-huit lignes. Patrie inconnue. ( C. M. ) XIII. GENEE PARAMICIPPE. — Paramicippa. Par leur aspect général, ces Crustacés ressemblent beau- coup aux Micippes; comme elles, ils ont la carapace à peu près aussi large que longue , le rostre reployé en bas , et les bords latéro -antérieurs armés de dents. La dis- position des antennes externes est aussi à peu près la meme que chez les Micippes , seulement leur second arti- cle, qui est placé sur le même niveau que la face supéi ieure du front , est aplati , élargi , très-court et triangulaii e ou cordiforme; mais celle de&ycux est très-différente , car ces organes ne peuvent se reployer en arrière , et il n’existe pas de cavité orbitaire post-foraminaire ; leur pédoncule dé- passe de beaucoup les bords de l’orbite , et présente la même disposition que chez les Criocarcins , si ce n’est qu’ils sont im- mobiles. La forme des pâtes -mâchoires externes est la même que chez les Pises; mais Vépistome est extrêmement court. Les pâtes sont courtes ; celles de la seconde paire ne sont guères plus longues que la portion post - fron- tale de la carapace j et les suivantes se raccourcissent pro- gressivement ; enfin Y abdomen de la femelle se compose de sept articles distincts. Nous n’avons pas eu l’occasion d’observer des individus de l’autre sexe. (i) Sel)u. t. Ilï , tab. i8 , 1 1. -- C. supcrciliosus- Hei'b. PI. bg. 89. C ’n'ocarcinus superdlioms. Guérin. Coll, du Mus- nES CRUSTACÉS. 333 I. Paramicippe tuberculeux. — P. tubcrculosa. Pales des quatre dernières paires cylindriques et épi- neuses en dessus. Carapace légèrement bombée, à réglons peu distinctes , et couverte de petits tubercules arrondis ou pointus. Rostre formé de deux cornes aplaties et reployées eu bas vers la moitié de leur longueur ; bords latéro-antérieurs de la carapace armés de six ou sept dents à bords granuleux. Pédoncules oculaires élargis à leur base , rétrécis vers le bout , et dépassant l’orbite dans une étendue à peu près égale à la largeiu" de la base du rostre. Article basilaire des antennes externes peu élargi en avant ; le second article de ces appendices inséré entre le bord du rostre et le canthus interne de l’œil, tout près de l’orbite; troisième article grele, cylindrique, et plus long que le second. Troisième article des patos-màchoires externes très-dUaté vers l’angle antérieur et externe. Quelques pods sur les pâtes , et même sur la carapace. Couleur brunâtre. Patrie inconnue. (C, M.) 2. Paeamicippe platipède. — P. platipes (i). Pâtes des quatre dernières paires déprimées et lisses en dessus. Carapace légèrement tuberculeuse en dessus; rostre lortement inlléclii et terminé par deux dents triangulaires; bords latéraux granuleux; troisième article des pates-mâchoires externes peu ou point élargi vers l’angle antérieur et externe. Longuem environ un pouce. Habite la mer Rouge. Le Cancer thalia de Herbst ( PI. 58 , lig. 3 ) , parait ap- partenir aussi à ce genre. (i) Micippe platipes. Ruppcll. Cnist. de la mer Rouge , PJ. i, fig. 4. ITîSTOIRK NATURELLK ?>u XIV. GENKE PÉRICÈRE. — Pericera (i). Les Péricères ressemblent beaucoup par leur forme géné- rale aux Pises, mais s’en distinguent par divers caractères, et surtout par la disposition des orbites. Leur carapace ( PI. \^bis . fig. 5 ), très-allongée et plus ou moins ti-ian- gulaire, est un peu bombée et inégale en dessus. Le rostre est horizontal et formé par deux grandes cornes coniques , acérées et ordinairement divergentes. Le front est très-large et occupe à peu près deux fois autant d’espace que la base du rostre. Les orbites sont circulaires , très-petits et extrê- mement profonds; ils sont dirigés directement en dehors, et remplis en entier par les pédoncules oculaires , qui y sont renfermés comme dans une gaine, les dépassent à peine, et ne peuvent se reployer ni en avant ni en arrière { fig. 4- ) ! leur bord supérieur est très-avancé et présente une fissure. L’article basilaire des antennes externes est extrêmement grand , et présente à peu près les mêmes dispositions que chez les Micippes ; car il est beaucoup plus large en avant qu’en arrière , et se termine par un bord transvei-sal très- étendu , qui se soude au front sur les côtés du rostre ; la po- sition de la tige mobile des antennes externes varie un peu , tantôt elle s’insère sous le rostre , tantôt un peu en dehors du bord latéral de ce prolongement , mais toujours très- près de la fossette antennaire et très-loin de l’orbite. La dis- position des pates-mâchoires externes , ainsi que celle du plastron sternal, des pâtes et de V abdomen , est à peu près la même que chez les Pises. (l) Cancer. Herl). Mina. 15o.se, t. 1; — Latr. Hist. liai. îles Grust. t. yi ; — Pisa. Latr. Encyc. t. X; — Pericera. Latr. K. Anim. 2». éd, , t. IV , P 58. DES cntlSTACÉS. 335 A. Especes dont les angles antérieurs dit bord orbitaire supérieur se prolongent en une forte épine qui dépasse de beaucoup l’article basilaire des antennes externes. 1. pÉRicÈRE coRMUE. — P. comiita Cornes du rostre styli formes, tr'es-dioergentes , et égales en longueur àlalargeui-dn fi'ont. ( PI. i4 Ws , fig. 5.) Carapace illégale et sans épines notables à sa face supérieure, mais armée sur les bords d’une ceinture d’épines grosses , très-longues et aiguës, dont une est placée sur les régions bépatiijues , trois sur lesbrancbiales, et une, impaire, sur la région intestinale. Article basilaire des antennes externes armé en avant d’une petite épine cfui ne dépasse pas le front ; deuxième article cylindrique grêle, allongé et inséré sous le rostre ; troisième article n’ayant pas la moitié de la longueur du second. Pâtes antérieures cylindri- ques , de la grandeur ou un peu plus fortes et plus grosses que les suivantes; bras épineux; pinces très-gréles. Pâtes suivantes médiocres, celles de la seconde paire n’ayant pas une fois et demie la longueur de la portion post-frontale de la carapace. Corps couvert d’un duvet brunâtre. Longueur , 3 à 4 pouces. Habite les mers des Antilles. (C, M. ) 2. Péricère cornigère. — P. cornigera {2). Cornes du rostre styliforines , parallèles et contiguës dans toute leur longueur. Carapace couverte sur les bords , comme en dessus , de tubercules plus ou moins pointus , ren- (1) Ilorned Crab. Griflilh Hughes. Hist. n.at. of barbados , IM. a.5, fig. 3. Congrejo corniUo. Parra. Dcscripcion de differentes piezas de Historia natural, PI. 5o, tig. 3 Cancer cornudo. Hevh. PI. 5g, ilg. 6: Ma'ia taunis. Laiiik. Hist. des Anini. sans vert. , t. V, p. 3.42. (2) Pisn cornigera. Latr. Kncyc.,t. X, p. i4'- HISTOIRE NATURELLE 336 fle'e et arrondie en arrière. Dents de l’angle antérieur du bord orbitaire supérieur, petites, pointues et recourbées en haut. Ar- ticle basilaire des antennes externes amié d’une épine termi- nale ; deuxième article élargi vers le bout et guères plus long fpiele troisième. Pâtes garnies de tubercules ou d’épines sur leur troisième article. Celles delà seconde paire, chez le mâle, une fois et demie aussi longues que les suivantes, mais n’ayant cependant qu’une fois et demie la longueur de la portion post- frontale de la carapace. Tarses gai'nis en dessous de pointes cornées. Longueur, environ 2 pouces. Habite l’Océan indien. ( C. M. ) E. Especes dont la dent terminale de l’article basi- laire des antennes externes dépasse de beaucoup l’angle antérieur du bord orbitaire supérieur. 3. Prricère a trois épines. — P, trispinosa (i). Portion postérieure de la carapace triangidaire , et armée de trois fortes épines , dont deux latérales et une médiane dirigée en arriére. La forme générale de ce Crus- tacé dillère peu de celle de la Pise armée , seidcmcnt les bos- selures de la carapace sont moins élevées, le front est plus large et le rostre plus court, les angles antérieur et extérieur des or- bites sont très-obtus ; la tige mobile des antennes externes s’insère Immédiatement au-dessous du bord latéral du rostre ; enfin les pâtes de la seconde paire sont de la longueur de la j)ortion post-frontale de la carapace seulement , et leur troi- sième article est un peu noduleux vers le bout. Longueur, en- viron I pouce et demi ; corps couvert d’un duvet jaunâtre très- court. Ilaltite les Antilles. (C. M.) (1) Pisa trispinosa. Latr. Eiicyc. t. X, p. 142. Pericera trispinosa. EcUv. Guérin, Icon. Cr. PI. 8, lig. 3. np.s GTt USTAC l's. 4- PÉEinKiiE BICORNE. — P.biconia (tj. Carapace arrondie posléricurement et sans épine mé- diane au-dessus de l'insertion de ï abdomen; cornes du rostre très- divergentes. Carapace couverte de tubercules ar~ ï ondis , armée d une petite épine transversale sur chaque ré- gion branchiale , mais du reste peu ou point épineuse ; bord supérieur de 1 orbite a angles peu saUlans et marqué de 2 fissu- res, lige mobile des antennes externes insérée entre le bord du lostre et la dent terminale de l’article basilaire de ces appen- dices ; son premier article élargi et presque aussi long que le second. Pâtes a peu près comme dans l’espèce précédente. Longueur, environ i pouce ; couleur jaunâtre ; légèrement pu- bescent. Habite les Antilles. ( G. M. ) XV, GENRE STÉNOCINOPS. — Sténocinops (2). Ces Crustacés sont très-voisins des Péricères; leur forme générale est à peu près la même , et ils n’eu diffèrent guères que par la disposition des yeux. La carapace est étroite , très-inégale et garnie en arrière d’un grand prolongement triangulaire qui recouvre l’insertion de l’abdomen ; le rostre est forme de deux cornes styliformes et divergentes ; le bord supéi leur de 1 orbite est ai'mé d’une corne analogue à celles du rostre , mais dirigée plus obliquement. Les tiges oculaires sont minces , immobiles et extrêmement saillantes ; leur longueur égale la moitié de la plus plus grande lar- geui du corps ; les antennes internes ne présentent l’ien de lemarquablc; le premier article des externes est beau- coup plus long que large, le second est grêle et s’insère sous (1) Pisa licornnta. Latr. Encyc. t. X, p. i4i. (2) Cancer. Heib., ; Sténocinops. Latr. R. Auim., 2' ëd. , t- IV, p. êg. CRUSTACÉS, TOAIE I. 22 histoire Naturelle 338 le rostre un peu au devant du niveau des yeux , et à une dis- tance à peu près égale des orbites et des fossettes antennaires. AJèpislome estpresque carré, et le troisième article des pates- màchoires externes extrêmement dilaté vers l’angle externe et antérieur; en dedans et en avant il présente une échan- crure étroite et profonde, hes peites sont greles et cylindi i- ques; chez la femelle, celles delà première paire ne sont cuères plusgrossesque les autres et sont beaucoup plus cour- tes que les secondes ; la longueur de celle-ci dépasse un peu celle de la carapace (le rostre compris ) , et les suivantes de- viennent progressivement pins courtes ; l’article qui les tei-- mine est acéré et recourbé. Enfin Y abdomen de la femelle n’est composé que de cinq articles, les trois anneaux qui précédent le dernier étant soudés entre eux ; quant à celui du mâle , nous n’en connaissons pas la disposition. 1. Stenocekops cervicobne. — S. cen^icornis {i ]• Carapace bosselée et garnie de tubercules ; cornes du rostre et du bord orbitaire supérieur grêles , tres-longues et à peu près égales entre elles ; deux grosses élévations coniques sur les côtés de chaque région hépatique ; antennes externes moins longues que le rostre f pinces ftnement dentées et un peu courbées en de- dans; pâtes lisses ; longueur, l ou 3 pouces. Habite rtle-de-Frauce. { C. M. ) XVI. G^EWRE MEj^^ÆTIlIE. — JkfenŒtkius (2). Les^ Crustacés de cette petite division générique ont le port des Pisés, et établissent le passage enti-e ces animaux et les Ilalimes. Leur carapace , environ une fois et demie aussi longue que large , est extrêmement rétrécie antcrieu- (i; Cancer cctvicornis. Hcrb. PI. 58, fig. 2. Stcnocinops cervicor- nis. Latr. Cuériu Icon. Cr- PI- 8 bis , üg. 3; (li) Pisa. Liitr. lincyc. t. X, p. iSg. DES CfttSTACES. 339 rement , et a la forme d’un triangle allongé et arrondi à sa base. Le rostre (PI. i5,fig. 12) est formé par un grandstylet pointu , qui est placé sur la ligne médiane du corps , et oc cupe environ le tiers de la longueur totale de la carapace. Les angles antérieursdes sont surmontés d'une grande dent pointue et horizontale qui se dirige en avant ; les bords de ces cavités ne présentent pas de fissures et entourent exacte- ment la base du pédoncule oculaire qui est court et peu mobile, l^a disposition des (miennes externes , des pates- mdchoires externes , et des pales thoraciques , est la même que dans les Pises , seulement il existe à la face inférieure des tasses deux rangées de pointes coi'nées. \I abdomen du mâle se compose de sept articles distincts ; mais chez la femelle on n’en compte que cinq, dont l’avant-dernier est formé par la soudure de trois anneaux. ( PI, 16, fig. i3. ) I. Mencetiue licokhe. — M. monoceros (1). Face supérieure de la carapace bossele'e, mais presque horizon- tale ; 3 petits tubercules disposés en triangle sur la région sto- macale et I sur chaque région branchiale; Lords latéro-autérieurs divisés en trois dents irrégulières, triangulaires et peu saillantes; troisième article de toutes les pâtes armé de quelques épines; celles de la deuxième paire beaucoup plus longues que les sui- vantes. Longueur, environ 10 lignés ; rostres garnis de poils, cou- leur brunâtre. Habite les côtes de l’Ile-de-Fiance , la mer Rouge et l’Océan indien. ( G. M. ) Le PtsE ESPADON de M. Latreille [P. xyphias , Eneje. t. X, p. i4o) paraît être très-voisin de l’espèce précédente. Il en est probablement de même de I’Ikaciius anoustatus de Fabricius ( Suppl. Ent. Sept. p. 357 ). (i) Pisa monoceros. Latr. Encyc. t X, p. 'Sp. Inachus arnbicus, Ruppell. Cmst. de la mer Rouge, P). 5,tig 4- a a 34o IFISTOIP.E NATURELLE XVII. GENRE HALIME. — Halimus (i). Les Halinies établissent le passage entre les Eurypodes , les Pises, les Menœthies et les Acanthonyx. Ils ne s’éloignent guères des premiers que par la longueur beaucoup moins grande de leurs pâtes, par la forme du troisième article des pates-mâchoires , etc. ; ils ressemblent aux Pises par la forme générale de leurs corps , et la disposition de leurs yeux les rapproche des Menœthies et des Acanthonyx. Ces Crustacés ont la carapace ( toujours le rostre com- pris ) environ une fois et demie aussi longue que large , et bombée en dessus. Le rostre est avancé et formé de deux gi-andes cornes divergentes ; le bord orbitaire supérieur est saillant , et les bords latéro-antérieurs de la carapace sont presque toujours droits et portent des épines très-fortes. Les yeux ne sont pas rétractiles , et dépassent notablement les bords de l’orbite, qui se prolonge en arrière avec un sillon qui en représente la portion post-foraminaire. Le pre- mier article des antennes externes et très-long , di'oit et à peu près de même largeur à son extrémité qu’à sa base ; l’insertion de la tige mobile de ces appendices n’est pas recouverte par le rostre. Uépistome est très-grand et à peu près carré. Le troisième article des pates-mâchoires est fortement dilaté en dehors. Les régions ptéry gostomiennes très-petites. Lestâtes antérieures grêles], et de longueur mé- diocre chez le mâle aussi bien que chez la femelle. Les pâtes suivantes sont longues , grêles et comprimées ; leur avant- dernier article est élargi en dessous et tronqué en manière de pince subchelifbrme , à peu près comme chez les Euri- podes J enfin l’abdomen du mâle se compose de sept seg- (i) Cancer, Herbst. — Maia. Bosc. — HaVmiiSf Latr. Fam. nat. p. aja, etReg. Anim. a', éd. t. IV, p. 6o. DES CKUSTACÉS. 34^ mens chez le mâle et de cinq seulement chez la femelle adulte. Ces Crustacés habitent l’Océan indien. I. Halime BELIER. — H. avies (i). Bord postérieur de la carapace armé sur la li/rne mé- diane d'une forte épine dirigée en arriére', une petite épine placée en arrière de l’ orbite et suivie d’un prolongement lamel- leux armé de deux grosses épines ; 3 grosses épines dirigées en dehors sur chaque région branchiale ; 5 petites pointes sur la ré- gion stomacale, i sur la génitale et une grosse épine sur l’intes- tinale immédiatement en avant de la postérieure déjà mention- née. Pâtes peu élargies en dessus et portant une multitude de petites pointes sur la portion tronquée du bord inférieur de leur avant-dernier article. Taille, i pouce. Habite l’Océan indien. ( C. M. ) 3. IIalime oreillard. — - II. auritus (2). Point d’épine notable sur le bord postérieur de la cara- pace, ni sur la région intestinale. On. retrouve du reste les me- mes épines que dans l’espèce précédente, seulement elles sont beaucoup plus petites, et les deux qui occupent le bord de la région hépatique ne se confondent jias à Icui- base de manière à former un petit prolongejneut îanielleux. Pâtes des 4 derniè- res paires beaucoup plus comprimées que dans l’espèce précé- dente et garnies de longs poils. Longueur, environ 2 pouces et demi. Habite l’Océan indien. (C. M.) (i) Latr. Coll, du Mus. — Guérin. Iconog. Cr. PI. 9, lig 2. (a) Pisa niirita. Latr. Eucyc. t. X, [i. i jo. 3^2 HISTOIRE NATÜKELEE XVIII. GEKRE ACAINTHONYX. — Acanthonyx {i]. LesAcanthonyx ont avec les Halimes beaucoup plus derap. port qu’on ne le croit généralement ; car c’est à tort que M. La- treille leur assigne pour caractère des yeux rétractiles ; à cet égard, ils ne diffèrent pas des Halimes, et ils s’en rapprochent aussi par la disposition presque subcheliforme de leurs pâtes. La carapace de ces Crustacés (PI. i5, fig. 6), est aussi allongée que celles des Halimes, mais elle est moins bombée et bien moins épineuse. Le rostre est horizontal et formé de deux cornes aplaties et divergentes ; les orbites sont circulaires et occupées en entier par la base du pédon- cule oculaire qui les dépasse d’une manière très-notable ( fig. 7 ). La disposition des antennes, de Yépistoine et des pates-mdchoires est à peu près la même que chez les Ha- limes; enfin les pales sont courtes , assez grosses ; et celles des quatre dernières paires sont très-comprimées ; leur cin- quième article est élargi en dessous, échancré près du bout , et armé d’une dent pilifère contre laquelle le doigt vient se replier en manière de pince ; celles de la seconde paire présentent cette disposition particulière d’une manière en- core plus marquée que les postérieures. 3. Acanthohyx lunule.. — A. lunulatus {i). (PI. i5 , lig. 6-8. ) Point d’épines à l’angle orbitaire externe ^ bords laté- raux de la carapace armés de trois dents, dont l’anté- rieure est recourbée en avant. Carapace légèrement convexe et presqu’une fols et demie aussi longue que large; rostre ter- (1) Maïa. Risso- — Libinia. Desm — Acanthonyx, Latr. R. Anim. 28. éd. t. IV , p. 58. (2) Main fartflta. Risso , Crust. de Nice , PI. i , fig. 4 ! — Acantho- nyx lunulatns. Latr. Reg. Anim. a', éd. , t. IV , p. 58 ; — Guérin, Icon. Cr. PI. 8, fig. i. des crustacés. 343 miné par deux cornes séparées par une échancrure semi-circu- laire ; angle antérieur des orbites surmonté d une dent assez forte’ et dirigée en avant; les deux dents postérieures du bord latéral de la carapace petites, arrondies et obtuses. Pâtes anté- rieures du mâle beaucoup plus grosses , mais pas plus lonpes que les suivantes ; quatrième article de celles-ci arrondi en dessus; leur cinquième article garni de poils sur la portion tronquée de son bord inférieur, et les tarses armés en dessous de deux rangées de pointes. Abdomen du mâle compose de six articles , le quatrième et le cinquième anneaux étant soudes entre eux. Longueur, 8 lignes; corps lisse, avec quelques fais- ceaux de poils sur le front, etc. ; couleur vert foncé, passant au jaune par l’action de l’alcool. . . , , ■ 1 Habite les côtes de la Provence et la baie do JNaples, ou il se trouve dans les fentes des rochers tapissés d’algues. 4. Acanthonyx de petiver. — A. petweril (1). Point Æ épines à l’angle externe des orbites^ bords la- téraux de la carapace armés de trois dents, dont l’ante- rieure tr'es-grande, aplatie et arrondie, n’est pas recourbee en avant , et dont les deux postérieures sont Ires-pelUes et obtuses. Cette espèce ressemble du reste à la précédente, seulement la carapace est moins convexe , les dents des angles orbitaires airtérieurs sont plus fortes et plus élevées ; les pâtes antérieures sont un peu plus fortes, et lem- quatrième article est caréné en dessus. Lougueiu-, 8 lignes. Habite les Antilles. 5. Acahthomyx dentée. — A. dentatus. Une dent spiniforme à l’angle externe des orbites Bords latéraux de la carapace armés de deux dents ties (i) Cancer muricalus compressum PI. 20, fig. 8. .Petiver. Petrogvaphia americana, ^44 lUS l OJK E N AT U BELLE grandes, aplaties, triangulaires et pointues. Pâtes des quatre dernières paires en carène sur le bord supérieur. Abdomen du male formé de sept articles distincts; du reste, semblable aux especes précédentes. Habite le cap de Bonne-Espérance. (G. M. ) XIX. genre ÉPIALTE.-^;;m//„,. Les Crustacés dont nous formons le genre Épialte , éta- blissent a quelques égards le passage entre les Hoclées et les Acanthonyx, mais se rapproehent bien plus de ces clern,eres.Leurc«r.a;Tace (PI. ,5,fig. „) est presque cireu- laiie ou plutôt hexagonale , guères plus longue que large, reguherement bombée et lisse en dessus. Le rostre est étroit , triangulaire, et peu ou point divisé; les bords latéro- anteneurs de la carapaee sont très -courts, et forment avec les bords latéraux un angle très-ouvert. Les j-eux sont extrêmement courts et ne dépassent pas notable- ment l orbite, qui est circulaire et à bords entiers ; cepen- dant ils paraissent susceptibles de s’y recourber un peu en arriéré. La région antennaire est très-petite : la tige mo- bile des antennes externes s’insère sous le rostre, assez loin au devant de l’orbite, et l’article basilaire de ces appendices , qui latéralement ne se distingue pas des parties voisines U teste , est presque triangulaire et très-étroit à son ex- tremue; il paraît foi-mer la totalité de la paroi orbitaire inferieure; le second article de ces antennes est un peu élargi et presque deux fois aussi long que le troisième. L’é- pistomeest petit et carré; pates-mdchoires externes sont grandes, et leur troisième article est presque carré; il n est pas sensiblement élargi en dehors , et seulement un peu echancre a son angle antérieur et interne , dans le point où Il se joint al article suivant. Le plastron sternale^ à peu près circulaire, et sa suture médiane anticipe sur l’avant-der- nier segment. Les pâtes antérieures sont assez fortes et les pinces Icgercment creusées en cuillère. Les pâtes suivantes UES CRUSTACES, 345 sont cylindriques , et on remarque au bord inférieur de leur avant-dernier article , un petit tubercule setifère plus ou moins saillant ; mais leur dernier article , qui est garni en dessous de deux rangées de petites épines , est peu flexible , de façon que ces organes ne peuvent agir qu’en manière de pince ; ce tubercule ne devient bien apparent qu’aux pâtes postérieures. Les pâtes de la seconde paire sont beaucoup plus longues que toutes les autres. Enfin , le nombre des ar- ticles de Yabdomen varie chez le mâle de six à sept. Ces Crustacés habitent les côtes du Chili. 3. Epialte BiTUBERCui.É. — JS. bituberculatus. Rostre entier, deux angles saillans de chaque côté de la carapace et deux tubercules sur la région stomacale. Dans cette petite espèce , dont la longueur n’est que de trois ou quatre lignes, les pâtes sont courtes, l’abdomen du mâle com- posé seulement de six articles, et la couleur générale d’un brun jaunâtre. Habite les côtes du Chili. ( C. M.) 3. Epialte deîïté. — JS. dentatus. Rostre bifide ^ une petite dent au devant de chaque or- bite, et trois dents spiniformes de chaque côté de la cara- pace sur son bord latéro-antérieiir ; carapace tres-bonibée. Pâtes longues, ayant sur le bord inférieur du métatarse im pe- tit tubercule pilifère et le tarse garni en dessus de deiux ran- gées de petites épines. Abdomen du mâle composé de 7 an- neaux distincts. Longueur, 3 à 4 pouces. Habite les côtes du Chili, (C. M.) XX. GENRE LEÜCIPPE. — Lcucippa (i). Les Lcucippes ont beaucoup d’analogie avec les Acantho- (i) Leudppn. Lihv. Anu. de la Soc entomologique, t- HI. HISTOIRE NATURELLE 3|6 nyx, et ellesétablissentsous quelques rapports un passage entre les Maïens et les Parthc'nopiens. La forme de leur carapace est assez semblable à celledes Eurynomes, seulement, aulieu d’être inégale et hérissée de tubercules comme chez ces Crus- tacés, sa surlace est parfaitement lisse (PI. i5, fig. 9) ; sa lon- gueur n’excède que de peu sa largeur, sa portion antérieure est à peu près triangulaire , et ses bords latéro-antérieurs avancés et tranchans. he rostre est horizontal, avancé, très- large, etformé de deux cornes lamelleuses. Les orbites sont in- complets, et l’œil ne peut pas s'y cacher en entier; le bord supéi'ieur de ces cavités est droit , et va rejoindre la base de la première dent du bord latéro-antérieur de la carapace, de fa- çon à former une échancrure triangulaire ; le bord externe de l’article basilaire des antennes externes constitue la portion interne de leur paroi inférieure ; mais en arrière et en bas elles ne sont limitées par rien , et on pourrait dire avec raison qu’il n’existe pas de portion post-foraminaire de l’orbite (fig. 10). hesyeux sont petits et portéssur un pédoneule très- court ; lorsqu’ils se reploient en arrière, ils ne dépassent que de peu la ligne transversale, et ils s’appliquent sur l’angle du bord latéro-antérieur de la carapace. Le premier ar- ticle des antennes externes est étroit dans toute sa lon- gueur ; le second et le troisième sont complètement ca- chés sous le rostre , et ce dernier est presque deux fois aussi long que celui qui le précède. Uépislome n’est pas très-développé , et les pates-mâchoires externes ont leur troisième article très-dilaté en dehors , et légèrement tron- qué à son angle antérieur et interne. Les pâtes sont courtes , comprimées, et suianontées dans presque toute leur lon- gueur d’une crête tranchante. Enfin, ï abdomen des femelles est composé de sept articles , et couvre tout le plastron ster- nal ; quant à celui du mâle , on ne le connaît pas. Ce genre appartient à l’Océan Pacifique. DES CRUSTACES, Uy I. Leucifpe pantagoke. — L. pentagona (i). (Pl i5, fig. 9-10.) Rostre arrondi en avant et divisé par une fissure étroite ; bords latéro antérieurs de la carapace tranchans et découpés en trois grandes dents , dont l’antérieure constitue l’angle orbitane externe ; article basilaire des antennes externes armé en dehors d’une crête longitudinale très-saillante ; région ptérygostomienne garnie d’une série do dentelures ; pinces , petites et dentées ; pâtes des quati'e dernières paires pubcsceules en dessous. Lon- gueur, 4 ligues; couleur gris pâle; mâle inconnu. Habite les côtes du Chili. (G. M.) TRIBU DES PARTHENOPIENS. Ce groupe naturel correspond à peu près au genre Parthenope, tel que Fabrici us l’avait créé, et éta- blit le passage entre les Maïens et les Cyclomê- topes. La carapace de ces Crustacés est ordinaire- ment triangulaire, et guères plus longue que large; en général, ses bords latéro - postérieurs sont presque transversaux , et les latéro-autérieurs suivent la meme direction que les bords du rostre ; mais quelquefois les parties latérales de la carapace sont arrondies ; sa surface est presc[ue toujours bosselée et tuberculeuse. Le rostre est en général petit et entier, ou seulement écliancré au bout; les jeux sont presque toujours parfaitcmentrétractiles ; l’article basilaire des antennes externes présentequelquefoisla même disposition que chez les Maïens ; mais, dans la grande majorité des (0 Ann. de la Soc. Entom. , t. 3, pl- 34^ llISroll’vE NAÏUUELLE cas , il en est tout autrement : cet article est petit , et ne se soude pas aux parties voisines du test ; son tord externe ne concourt pas à former la paroi orbitaire inférieure, et son extrémité n’atteint pas le front; enfin, la tige mobile de ces antennes est courte, et prend naissance dans un hiatus de l’angle orbitaire interne. Uépistonie est beaucoup plus large que long, et la forme des pates-mâcboires externes est à peu près la même que chez les Maïens. Les pâtes an- térieures sont très-développées, et s’écartent presqu’à angle droit du corps; chez le mâle elles sont toujours plus de deux fois aussi longues que la portion post- frontale de la carapace , et quelquefois elles ont quatre fois cette longueur ; la main est presque toujours trian- gulaire , et la pince brusquement recourbée en bas , de façon que son axe forme un angle très-marqué avec celui de la main. Les pâtes suivantes sont au contraire courtes; en général, celles de la seconde paire ont moins d’une fois et demie la longueur de la portion post-frontale de la carapace, et les autres diminuent progressivement. Enfin , Vabdomen présente encore des différences assez grandes dans le nombre des ar- ticles distincts que l’on compte chez le mâle, tandis que chez la femelle leur nombre est toujours de sept. Les Partlienopiens habitent des parages très-variés; on en trouve dans la Manche , dans la Méditerranée , dans l’Océan indien, etc. On ne sait que peu de choses sur leurs mœurs. Cette tribu se compose de cinq genres pouvant être distingués par les caractères indiqués dans le ta- bleau ci-joint. n ra G H K- 2 O. 29 • CJ’:? O 3 O H f 3 o-SU-B-ê « 3 S S-c s-l-l» K 5 "*0 (i 2 s - “ g-o.ir| I “iScS’g “ £|.- i r ‘ 3 rt. s 0> 3 e* ' I tr (A <-^ rt “^S l^S. S* 2 52 niSTOIRE NATCREtr.E M. Risso a donné dernièrement le nom d’EuRYwOME ecus- sONNÉ { Higt. nat, de FEur. inérid. t. V, p. 21) à un Crustacé de la Sléditerranée , rjui parait avoir beaucoup de rapport avec l’espèce que nous venons de décrire ; mais il ne Ta pas fait con- iiaiti’e avec assez de détails pour que nous jmissions le rapporter avec certitude à ce genre , ou le distinguer de l’Eurynome ru- gueux. m. GEKRE LAMBRE. — Lambrus (i). Les Parthénopiens , dont M. Leach a formé le genre Lam- Irre , sont remarquables par la longueur excessive de leurs pâtes antérieures et par la forme de leur carapace ; elle est en général à peu près aussi longue que large , arrondie sur les côtés , et rétrécie en avant ,• les régions branchiales sont très-développées , renflées et séparées de la portion moyenne de la carapace par un sillon profond ; la région stomacale au contraire est très-étroite ; enfin la face supérieure et les bords du test sont toujours plus ou moins tubercu- leux ou épineux. Le rostre est petit , mais assez avancé. Ijesyeux sont parfaitement rétractiles , et les orbites presque circulaires ; les parois de ces cavités présentent une fissure sur leur supérieur et un hiatus large et profond au-dessous du cantbus interne de l’œil. Les antennes internes se re- ploient obliquement , et les fossettes qui les logent se con tinuent en général sans interruption avec les orbites , car l’espace qui sépare du front l’angle interne du Imrd orbi- taire inférieur est loin d’êti'e remplie par le pédoncule des antennes externes» Le premier article de ces appendices est extrêmement petit et guères plus long que large ; le second est plus allongé /mais il n’atteint presque jamais le front , et s avance entre l’article basilaire de l’antenne interne et le bord interne de la paroi inférieui;e de l’orbite; enfin le (1) Cancer- Ilerb. etc. Parlhenope. Fabr. Supp. p. 352. il/nia. Boso. etc. Lambrus» Leach. — Desni. p. 58; Parthenope. Latr. Reg. Aniïn. 2". é(l. t. IV, p. .56. DKS CRUSTACÉS. 353 troisième article naît dans l’hiatus qui occupe l’angle in- terne de cette cavité , et le quatrième ou filet terminal est très-court. L’épistome est peu développé, et beaucoup plus large que long ; les régions ptérigostomiennes sont petites et presque triangulaires. Les pates-mâchoires externes ne présentent rien de remarquable ; le plastron sternal est beaucoup plus long que large. Les pâtes de la première paire sont au moins deux fois et demie aussi longues que la portion post-frontale de la carapace , et souvent elles ont plus de deux fois cette longueur ; elles s’étendent à angle droit de chaque côté du corps, ne diffèrent pas sensiblement entre elles et sont toujours plus ou moins triangulaires ; enfin , la pince qui les termine , est petite et brusquement recourbée en bas et en dedans , de manière à former un angle avec le reste de la main . Les pâtes suivantes sont courtes et grêles ; leur longueur diminue progressivement , et celles de la seconde paire ne sont jamais plus de moitié aussi longues que les premières. V abdomen de la femelle ne présente rien de re- marquable , mais quelquefois on n’y compte que six articles au lieu de sept ; chez le mâle , les troisième , quatrième et cinquième anneaux sont plus ou moins intimement soudés entre eux , de façon que cette partie du corps ne se compose que de cinq articles distincts ; quelquefois il n’en existe même que quatre. Les Lambres habitent la Méditerranée et l’Océan indien ; ils vivent parmi les rochers à d’assez grandes profondeurs } on ne sait rien de précis sur leurs mœurs. CRUSTACÉS, . TOME I. ad 354 histoire naturelle § A. Especes dont la carapace est à peu près aussi longue que large. a. Carapace rugueuse, couverte en dessus de- pines ou de tubercules, a*. Pâtes des quatre derni'eres paires , ayant le troisième article armé cT é- pines. i. Lambre longimake. — h. longimanus (i). Rostre extrêmement petit, à peine saillant , horizontal et formé de trois dents. Carapace presque circulaire , garnie en dessus d’épines simples et de tubercules ; bords latéraux ar- més d’épines très-longues et légèrement rameuses ; mains triangulaires , presqqe lisses sw la face supérieure , garnies d’é- pines rameuses sur le bord supérieur , et de grosses dents poin- tues, çt à bords dentelés sur le bord externe. Queb[ues épines très-courtes sur les bords supérieurs et inférieurs du troisième article des pâtes des 4 dernières paires. Longueur , environ I pouce. Habite Pondichéry, Amboine, etc. (C. M. ) 3. Lambre répugnant. — Z. contrarias (2). Rostre grand, très- avancé, fortement incliné et dentelé sur les bords. Carapace très-rétrécie antérieurement et cou- verte de petites épines ; bords latéraux armés de dents courtes (1) C. mncrochclos. Seba. t. III , pl. 19, lig. 8 , 9 et lo. — Rumph. PI. 8, fi". 2; Cancer longinianns femiiia. Lin. Mus. Lud. Ulr. p. bf\\ ; Herb. Pl. 19, fig. io5 (copiée d'après Ruinpb). Parthenope longimana. Fabr. Supp. p. 353. Lambras longimanus. Leaoh. Linn. Trans. t. II, p. 3io; — Desm. p. 85. (2) C. contmrhis. Herb. PL bo, fig. 3. Parthenope spinimana. Lamk. Hist. des an. sans vert. t. V, p. 289. Lambrns spinimanns. Desm. PL 3, fig. I. c f. U ST A et s. iJ5è et compi’imées. Pâtes antérieures longues et grosses ; les épi- nes de sa face supérieure et de ses bords supérieur et externe grosses, courtes et à peine rameuses ; face intérieure de la main garnie de tubercules simples qui se continuent jusque sur l’ex- trémité des doigts. Troisième article des pâtes des 4 dernières paires , armé de quelques épines courtes et disposées irrégu- lièrement. Longueur , environ a pouces. Patrie inconnue. (C. M. ) a”. Pâtes des quatre dernières paires sans Opines. 3, Lambre front-anguleux. — Z. angulifrons (i). Face supérieure des mains tr'es-épiueuse. Carapace cou- verte do tubercules arrondis; front triangulaire, horizontal et creusé eu dessus eu une gouttière longitudinale ; pâtes anté- rieures dentées sur les bords externes et supérieurs , lisses en dessous et eu dedans ; bords de la carapace et pâtes de la cinquième paire garnis de poils ; deuxième et troisième articles de fabdomen carénés. Longueur, près d’un pouce. Habite le golfe de Kaples et les côtes de la Sicile. (G. M ) 4. Lambre pélagique. — L, Pelagicus (2). Face supérieure des mains lisse. Carapace couverte de tubercules arrondis ; rostre triangulaire et très-large ; troisième article des pâtes antérieures verniqucux, ainsi que les bords supérieur et externe des mains. Longueur, environ 10 lignes. Habite la mer Ronge. (i) C. nuicrocfielos alius. Aklrov. de Crusr. p. aoSP ; Paythenope augnUfrons. Latr. Ency. inétli. t. X,p. lü. Lnmbrus monlgrnndis. Koux , PI. 23, hg. I, 6. (■2) Piuppell. Crust. de la mer Rouge. Pt. 4> 23, 356 HISTOIRE NATURELLE a. a. Carapace presque entièrement lisse en dessus. 5. Lambre Massena. — Z. massena (i). Carapace presque lisse , à peine tuberculeuse en dessus , et dente'e sur les bords latéraux ; rostre presque horizontal , large , triangulaire , entier sur les bords , et creusé en gouttière supé • lieurement ; pâtes antérieures inégales , de longueur médiocre ; l’une d’elles très-renflée vers le bout; mains quadrangulaires , plus ou moins dentelées sur les bords , et à peu près lisses sur leurs diverses faces ; quelques épines sur le troisième article des pâtes. Abdomen du mâle composé seulement de quatre articles distincts; femelle inconnue. Longueur, environ un pouce; couleur, rouge-brun. Habite les rochers volcaniques des côtes de la Sicile. § B. Especes dont la carapace est beaucoup plus large que longue. b. Face supérieure des mains hérissée d’épines plus ou moins rameuses, et leurs bords supé- rieur et interne armés d’epines semblables en- tre-elles et ni comprimées ni réunies en crête. 6. Lambre hérissonne. — L. echinatus (a). Pâtes des quatre dernïcres paires hérissées d’épines sur les troisième , quatrième et cinquième articles. Rostre triangu- laire légèrement denté sur les bords ; front déprimé sur la ligne médiane. Carapace divisée en trois portions très-bombées , couverte de tubercules déprimés et étoilés, et armée sur les (0 Roux, Crust. de la Médit PI. aS, fig. 7, (2) Cancer echinatus. Herb. t. 1 PI. 19, fig. 108, lOÇ) -. Parthenope girajfa. Fabr. Supp. p. 352; Màia echinatus et Mata giraffa. Bosc. t. i , p. aSo ; Lambrus giraffa. Desm. p. 85. Lambrus tomentosus, Lam. Collect. du muséum. DES CEUSTACÉS. 35^ côtés d’épines rameuses. Pâtes de la première paire au moins trois fois et demie aussi longues que la portion pqgt-frontale de la carapace, triangulaires, garnies de tubercules à leur face inférieure , et armées en dessus d’épines rameuses. Corps cou- vert d’un duvet brunâtre. Longueur, i8 lignes. Habite la côte de Pondichéry. (C. M. ) 7. Lambre de la Méditerranée. — L. mediterraneus ( i). Pâtes des quatre der-nieres paires garnies d’épines sur les bords supérieur et inférieur du troisième article. Carapace rugueuse, comme cariée et garnie de tubercules et d’épines simples; rostre très-petit et denté sur les côtés. Mains trian- gulaires et renflées vers le bout; leur bord supérieur, leur bord externe et leur face supériem-e armés d’épines dont plu- sieurs sont légèrement rameuses , et leur face inférieure cou- verte de petits tubercules granulés qui cessent à l’origine des doigts. Couleur rougeâtre. Longueur, près de 1 pouces. Habite les eaux de Toulon et de JNice, parmi les rochers coralligènes. b.b. Face supérieure des mains plus ou moins lisse , et ne portant jamais d’épines rameuses; leurs bords supérieur et externe armés de dents comprimées et disposées de manière à former une crête. 8. Lambre scie. — L. serratus (2). Bords latéro-postérieurs de la carapace armés d'une série de trois petites épines semblables entre elles. Cara- pace déprimée et rugueuse; bords latéro-antériem’s ai'més de (\) Cancer macrochelos . Herb. t. I, Pb ^9> bg. 10^?; Bnry- nome Aldrovandi . Ri.sso, Hist. nat. de l'Eiir. inéri. t. V, p. 22. Lam- brus Mediterraneus. Houx. Crust. de la Médit. PI. 1. (2) C. macrochelos. Seba, t. III, PI. ao, fig- 12. C. longimanus mas. Linn. Mus. Lud. Lit. p. 4'ii- HISTOIRE NATüREliLE 358 huit à neuf dents triangulaires , dont la dernière est dirigée en dehors el,extrèmeinenl longue; rostre triangulaire, dépriiim aü milieu et à bords entiers. Mains granuleuses sur le bord inférieur et lissés sur leurs trois faces. Longuem-, près d’un pouce. Habite l’Océan indien. { G. M. ) g. Lambre saisisseur. — L. prcnsor (i). Bords latéro-postérieurs de la caràpace armés de deux petites épines et d’une üvisihme épine extréjnenient grande , semblable à celle qui termine le bord latéro-anté- rieiir. Carapace déprimée et rugueuse , dentée en avant ; mains dentées sut les bords et légèi-emeut épineuses à leur face supë- rieiu-e. Habite les Indes orientales. 8. Lambre caréxé. — L. carenatus. Bords latéro-postérieurs de la carapace armés de chaque côté de deux petites dents et d’une dent triangu- laire très-forte , et semblable à celle qui termine le bord latéro-antéricur. Face supérieure des mains lisses et bor- dée par des dents qui ne laissent entre elles aucun inter- valle. Carapace très-inégale , élevée en carène sm- les régions branchiales et armée de trois dents en forme de crête sur la ligne médiane ; rostre large, triangulaire et non dentelé ; bords latéro-antérieurs finement dentelés. Troisième article des 4 dernières paires de pâtes épineux. Longueur , 8 lignes. Habile la eâte de Pondichéry. (C M.) Si le Lambbe lar. {Parthenope lar. Fabr. Supp. p. 354) appartient réellement à la tribu des Parthénopiens, il paraît de- (l) Cancer preusnr. Hei'b. t. 11, PI. 4i, üg 3 et 23. 30 partie, p. 33. Partenope ravina, Fabr. Supp- p- 353* DES CRUSTACÉS. JO? voir se ranger parmi les Lambres, et il se distinguerait facile- ment de mutes les autres espèces par ses pinces qui sont tout-a- fait lisses. Il habite la mer des Indes. 1 Le Cancer longimanus miwor, de Rmnph { Amb. PI. 8 , % 3, reproduite par Herbst, pl. 19, H’ >«S), est évidem- ment une espèce de Lambre , distincte de toutes lespreoeden tes. Linné l’a confondu avec le Lambre longimane. dont il dit- fère , entre autres caractères , par la disposition des mains , qu sont garnies de tubercules arrondis au lieu de grosses dents pointues. Le Cancer macrocuelus albicans d’Aldrovande (Pl. 2o3), est encore mi Lambre, mais il est trop mal dessiné pour être reconnaissable IV. GENRE PARTHÉNOPE. - Parthenope (1). Le genre Parthenope , tel que les auteurs modernes l’ont limité , ne renferme qu’une seule espèce , et ne diffère que très-peu des Lambres. Ce qui l’en distingue principalement est la disposition des a,ite,mcs externes , dont 1 article basi- laire ne se soude pas aux parties voisines , mais atteint presqu’au front , et dont le second article , plus de moitié plus court que le premier , se loge dans l’iiiatus de 1 angle orbitaire inférieur ; la petitesse de cet hiatus qui fait coin- muniquer l’orbite avec la fossette antennaire; la forme ré- gulièrement triangulaire de la carapace et l’existence de sept articles distincts dans l’abdomen des deux sexes. [l) Cancer. Parthenope. Fabr. Suppl- p. .Ma* Latr' t. -Latr. Hist. liât, dos Cvust-, t. VI. P- 87 * Reg. Auim. éd. t. III, p. a3 ; Encyc. t. X, p. H. Qesin. p. 143. 36o HISTOIRE «ATUREELE I. Parthénope HORRIBLE P, hotrida (i). Carapace pentagonale beaucoup plus large que longue, ho- rizontale , fortement bosselée , et tuberculeuse en dessus ; rostre court, triangulaire, et armé en dessous d’une forte dent inter- antennaire; orbites circulaires, avec une fissure sur le bord supérieur j bords latéro-antérieurs de la carapace très-obliques et armés d’épines; pâtes antérieures très-grandes, de grosseur inégale, et couvertes de gros tubercules spinifères; pinces moins comprimées et moins infléchies que chez les Lambres. Pâtes des quatre paires suivantes hérissées, jusqu’à l’origine du tarse , d épines aiguës et très-grandes , formant une rangée en dessus et deux en dessous. Longueur, 2 ou 3 pouces ; couleur grisâtre j test ayant 1 aspect d^une pien’e caiTiée, Habite Focean Indien et Atlantique. (G. M. ) GENKE CRYPTOPODIE. — Ctyptopodia (2). Ce genre singulier établit, sous quelques rapports , le pas- sage des Lambres aux OEthres ; en effet , la forme de ses pâtes est la meme que chez les premiers, et la carapace présente, comme chez les derniers , des expansions latérales qui s’éten- dent au-dessus de ces organes et les cachent. Aussi Fabricius (l) Cancer sphiosus vel Rotshrahhe. Rutnph, PI. p; Scba t. III PI. 22, fig. 3 et 3 ; Lazy Crab. Griffeth Hughes , Nat. Hist. of Bar- bades, PI. 3.3, fig. 1. Cancer horridus. Linn. Musc. Lud. Ulr. p. 44^ î Herb. PI. 14, fig. 88. Parthenope horrida, Fabr. Supp, p. 353 ; Jdaïa horrida. Bosc, t- I,p. a5i ; Parthenope horrida, Fatr. Encyc. t. X, p. 14 ; PI. 279. fig. 3 ( d’.aprés Seba), et PI. 280, fig. 2 (d’après Rumpb); — Leach, Zool. Mis. t. Il, PI. 98 ; — Desm. PI. 20, fig. 1. — Guérin, Icon. Cr. PI. 7, fig. 2. (a) Cancer. Herb. : Parthenope. Fabr. Suppl, p. 352; Calappa. Bosc , 1. 1, p. i83 ; ilfa'ia. Bosc, t. I , p. 25o ; — Latr. Hist. nat. des Crust. t. VI, p. io4: OEthra, Latr. Reg. Anim. t. III, p. 20. '■ Lamk. Hist. des Anim. sans vert., t. V, p. afij; — Desm. , p. 110. I DÈS CUÜSTACÉS. 36t plaçait-il ces Crustacés parmi ses Parthénopes ; Lamarck en a fait des OEthres , et Bosc, par un double emploi, les a rangés en même temps parmi les Calappes et parmi les Maïas. La carapace est légèrement bombée et a la forme d’un triangle tiès-large, très-court et à base arrondie; elle est presque deux fois aussi large que longue , mais cette grande largeur ne dépend pas de celle du corps lui-meme ; elle est due à l’existence d’un prolongement lamelleux qui en- toure les trois quarts postérieurs du bouclier dorsal ; en arrière ce prolongement s’étend très-loin au delà de l’in- sertion de l’abdomen ; mais c’est surtout sur les parties la- térales qu’il est considérable , car il y forme de chaque côté une énorme voûte qui cache complètement les pâtes des quatre dernières paires. Le rostre est triangulaire, hori- zontal et assez avancé. Les yeux sont tres-petits et complè- tement rétractiles- Les antennes internes ont la meme forme que chez les OEthres ; leur premier article est qua- drilatère et plan, et leur tige se reploie presque longi- tudinalement. Le premier ai'ticle des antennes externes est très-petit ; le second est un peu plus long et atteint jus- qu’au front; le troisième est logé presqu’en entier dans la fente qui existe entre le Iront et l’angle interne du bord orbitaire inférieur ; enfin la tige terminale, qui naît ainsi du canthus interne des yeux , est extrêmement courte. épis- tome est un peu plus large que long ; le second article des pates-mâchoires externes se termine antérieurement par un bord presque droit; et le troisième, qui est carré, pré- sente en avant une échancrure qui occupe plutôt son bord interne que son angle interne et antérieur , et qui donne in- sertion à l’article suivant. Le plastron sternal est beaueoup plus long que large. Les pâtes de la première paire sont très-grandes et à peu près prismatiques; leur direction et leur forme sont presque les mêmes que chez les Lambres. Les pâtes des quatre dernières paires sont tres-petites et presque de même longueur ; elles dépassent à peine la voûte HISTOIRE NATURELLE 36a qui les recouvre ; enfin ï abdomen se compose chez la fe- melle de sept articles ; noüs ne connaissons pas sa disposi- tion chez le mâle. I. Cryptopodie voûtée. — C. fornicata (i). Carapace lisse en dessus et dentelée sur les bords; rostre entier, aussi long que large ; pâtes antérieures environ une fois et demie aussi longues que la carapace ; leur troisième article très-dilaté postérieurement et armé d’épines sur le bord auté- riem- ; mains armées en dessus d’une forte rangée d’épines. Pâtes des quatre dernières paires garnies en dessus et en dessous d’une crête dentelée presque tout le long de leur troisième article. Habite l’Océan indien. (C. M. ) Les zoologistes ont mentionné plusieurs autres Crustacés qui appartiennent évidemment à la femille des Oxyrhinques , mais qui ne nous sont pas assez bien connus pour que nous puissions leur assigner une place précise. De ce nombre sont : I’Iwachus AN’GUSTATUS de Fabricius ( Suppl. Ent. Syst. , p. 867 ) , qui , par sa forme générale , se rapproche beaucoup de la Ménœthle licorne, mais qui s’en distingue par ses pâtes épineuses; risACiius KASUTus du même auteur { op. cit, , p. 307 ) qui est un Maïen des mers de la Norwége , et qui pourrait bien n’être qu’un jeune Pise ; et le Cancer cuieragonus de Tilésius ( Méin. de l’Acad. de Pétersboui^, t. V, PI. 7, lig. i ) , dont on devra probablement former un genre distinct. (l) Cancer foriiicatus. Fabr. Ent. Syst. t. II, p. 453; — Herb PI. l3, lig. 79-80 : Parthenope fornicata. Fabr. Suppl, p. 35'2: Ca lappa albicans. Bosc , t- L P- l85 ; Maiia fornicata. Bosc, t. I p. aSo: — Latr. Hist. nat. des Crust. t. VI, p. 104. OEihra for nicata. Lamk. Hist. des An, sans vert. t. VI , p. 265; — Desm. p. 110. DES CRUSTACÉS. 363 CHAPITRE IV. FAMlX-IiE DES CYCEOMÉTOPES. La l'amille des Cyclômétopes corres])ond a peu près à la section des Arqués telle que M. Latreille lavait établie dans ses Familles naturelles ; vains les limites de cecroupe ne sontpas tout-à-fait les mêmes ; et, afin de ne pas aujimenter la confusion qui règne déjà dans la science , nous n avons pas cru devoir y conserver le même nom. Les Crustacés qui s’y rapportent nous paraissent occuper un degré moins élevé dans 1 échelle des êtres que les Oxirhynques , car la centralisation de leur système nerveux ganglionnaire est porté moins loin, et la disposition de cet appareil se rapproche davan- tage de ce qui existe chez les Macroures et chez l’em- bryon des Crustacés en général. En elFet, les divers ganglions thoraciques, au lieu dêtre soudés en une seuie masse solide, comme cirez le Maïa, ne forment plus qu’une sorte d’anneau ciixulaire dont il est sou- vent facile de distinguer les élémens constituans. Ici les deux moitiés An foie restent distincts et il n’existe pas à ce viscère de lobe médiane; il s étend beaucoup en longueur, et recouvre une grande partie de la voûte de la cavité branchiale, mais ne se prolonge pas autant vers l’ab Jomen que dans la famille précédente. La disposition de l’appareil respiratoire est la meme que chez les Oxirhynques; on compte toujours de chaque côté sept branchies thoraciques et deux maxil- HISTOIRE HATUREIEE 364 laires réduites à l’état rudimentaire. Enfin, le système générateur ne s’éloigne, sous aucun rapport impor- tant, de ce qui existe chez ces derniers Crustacés. La carapace est presque toujours beaucoup plus large que longue; quelquefois elle est à peu près cir- culaire ( 0 , mais en général elle est beaucoup plus large en avant qu’en arrière, régulièrement arquée dans la moitié antérieure de son contour, et fortement tron- quée de chaque côté dans sa portion postérieure (u). La région stomacale est de grandeur médiocre, et en arriére elle est ordinairement divisée en deux parties latérales par un prolongement jiresque linéai re de la région géni- tale, qui s’avance très-loin vers le front. Les régions hépatiques sont au contraire très-développées et s’éten- dent au loin de chaque côté delà stomacale ; elles occu- pent presque toujours au moins la moitié de la portion latérale de la carapace, etne sont pas dépassées parles régions branchiales, dont la grandeur est médiocre. Le front est transversal et ne s’avance jamais en forme de rostre; en général il est assez large, lamellcux et horizontal. Les bords latéro-antérieurs de la carapace se dirigent très-obliquement en dehors et en arrière, de manière à former avec le front un arc de cercle, et en général ils sont minces et tranchans. Les bords latéro-postérieurs de la carapace forment presque tou- jours un angle bien marqué avec le bord latéro-anté- rieur et avec lebord postérieur, et il en résulte que la forme générale du bouclier céphalo-thoracique peut, le plus ordinairement, être rapportée à un hexagone dont la moitié antérieure serait arrondie, et dont le (0 PI. l4 his , fig. 7, et PI. 17, flg. 7. (2) PI. 16, ftg. 1, (i, 9, 16, et PI. 17 , fig, 1 et i3. BES CRUSTACÉS, 365 diamètre transversal excéderait en longueur le diamètre antéro-postérieur .Les orbites sont profondes et dirigées en avant et en haut, leur bord supérieur étant presque toujours moins saillant que Tinférieur. l^e&jreux sont toujours parfaitement mobiles et se reploient en ar- rière dans une portion post-foraminaire de 1 orbite qui est assez profonde. Les antennes internes sont toujours logées dans des fossettes creusées sous le front{i); leurarticlebasilaire s’étend presque toujours au moins autant en largeur qu en longueur ou en hau- teur, et ne se montre pas sur les côtés du front, mais reste toujours bien visible au-dessous de son bord in- férieur ; enfin , leur tige mobile est toute aussi longue que chez les Oxirbynques. La disposition des an- tennes externes varie; leur article basilaire sépare toujours la fossette antennaire de 1 orbite, mais quel- quefois reste complètement libre, tandis que d autres fois il se soude au front, h’épistoine, comme nous 1 avons déjà dit, est très-étroit; l’espace qu’il occupe conjointe- ment avec les fossettes anlennaires (ou région anten- naire) n’a pas plus de la moitié de la longueur du cadre buccal , et son bord antérieur n’atteint pas, àbeaucoup près, leniveaudubord orbitaire inférieur .Lecm^re b c- ca/ est au moins aussi large en avant qu en arriéré, et est complètement fermé par les pates-mâcboires exter- nes, qui ne dépassent pas notablement son bord an- térieur. Les ri''gio7is ptérjgostomiennes de la carapace sont très-développées ; il n’y a point de division bien distincte entre la portion qui correspond au conduit afférent de la cavité respiratoire et celle qui est située (OPl. i6, fig. 10, II, i5, etc. Hl Slot RE N A TE K Et LE 3G6 en avant et en dehovs d’elle, ainsi que cela se remarque chez la plupart des. Oxirlivnques , et la ligne courbe , qui résulte de la suture des pièces épémériennes et ter- gales de ce bouclier, se prolonge jusqu’au-dessus de la cinquième pâte au lieu de s’arrêter près de la troisième. Les pates-mâchoires externes ( i) présentent en général la même disposition et la même forme que chez les Maïens et les Partbénopiens ; le bord interne de leur portion valvulaire est droit et vient se joindre à celui du côté opposé; entin, leur troisième article se termine en général par un bord droi t , et donne attache à l’article suivant parsonangleinterne, qui esttronquéou écban- cré; mais quelquefois il se prolonge un peu au devant du point d’insertion du quatrième article. Les autres pièces de la bouche ressemblent aussi à celles desOxirbjnques. Le plastron sternal varie dans sa forme et dans ses dimensions; la suture, qui correspond à son apodème médiane, occupe au moins les deux derniers anneaux du thorax , et s’étend souvent sur trois ou quatre de ces segmcns ; la selle turcique postérieure est gr.ande et élevée ; enfin les apodèmes sternales qui séparent les cellules correspondantes aux pates-mâchoires externes et aux pâtes thoraciques s’avancent au point d’arriver presque sur la ligne médiane du corps. Les pat.es de la première paire sont très- développées ; elles sont toujours beaucoup plus grosses que les suivantes, et en général plus longues qu’elles ; presque toujours elles ont au moins une lois et demie la longueur de la portion post-frontale de la carapace. Celles de la se- conde paire ont depuis une fois jusqu’à deux fois et (I)P1. i6, fig. 3,4, 17, et Pt. 17, fig. 3, fi, 12 et 9- DES CRUSTACÉS. 36y quart de la longueur de la carapace, et les suivantes sont en général plus courtes; l’article basilaire des postérieures est toujours percé chez le mâle pour livrer passage aux verges. Enfin, \ abdomen se com- pose ordinairement de sept articles distincts caez la femelle, et seulement de cinq chez le mâle, mais quelquefois on y compte aussi sept pièces chez ces derniers. Quant aux appendices de cette partie du corps, ils ne dilfèrent guères de ce que nous avons vu dans la famille précédente. Les mœurs des Cyclométopes varient beaucoup. Les uns sont essentiellement nageurs et se rencon- trent en pleine mer; d’autres vivent près des côtes, mais ne sortent jamais de l’eau ; et d’autres encore vivent presque autant a 1 air, sur le rivage, que dans l’eau, et se cachent habituellement sous les pierres; enfin , il en est aussi qui se creusent dans le sable une retraite souterraine. On en connaît un assez grand nombre d’espèces fossiles. Cette famille renferme deux tribus naturelles qu on peut distinguer de la manière suivante : 1. TRIBU DES CANCÉRIEKS. Pâtes postérieures semblables aux précédentes , terminées par un article styliforme , et par conséquent non natatoires. 2. TRIBU DES PORTUWENS. Pâtes postérieures plus élargies que les précédentes , tei - minées par un article lamelleux et cilié sur les bords , et par conséquent natatoires. 368 HISTOIRE NATUREEtl PREMIÈRE TRIBU. CANCÉRIENS. Carapace (PI. i4 Us, fig. lo, et PI. i6, fig. i, 6 et 9) en général assez fortement bombée en dessus (d avant en arrière, sinon dans tous les sens), élevée et arrondie sur les bords ; sa face supérieure ne for- mant qu’un angle peu aigu en se réunissant avec sa portion inférieure et latérale. Plastron sternal pres- que toujours au moins aussi long que large; der- nier segment thoracique beaucoup plus petit que les précédens, et séparé d’eux par une suture presque droite et transversale; anneau thoracique correspondant aux pâtes antérieures très-développé ; voûte des flancs très-oblique; selle turcique posté- rieure très -large. Pâtes antérieures ordinairement très-grosses, renflées, et assez longues; les suivantes courtes et ambulatoires; celles de la seconde paire ayant en général moins d’une fois et demie la lon- gueur de la carapace. Enfin, le troisième article des pâtes - mâchoires externes ordinairement presque quadrilatère, et peu ou point tronqué à son angle interne et postérieur. Cette tribu , qui est tres-nombreuse , peut se subdi- viser en trois groupes naturels ayant pour type les OEthres , les Crabes et les Eriphies , et caractérisés de la manière suivante : I. CAÎfCÉRIENS CRYPTOPODEs. Bord externe des re'gions branchiales se prolongeant de ma- niéré a former de chaque côté du corps une espèce de bouclier * t i:,. « r- ; ' •i TRIBU DES CANCÉRIENS. TABLEAU SYNOPTIQUE DES PRINCipAt^^ CARACrÈRES GÉNéRiqueS DES CAî^^ÉRiens. page 369. Genr 5 I. Gakcériens cryptopodes. Bords latéraux et postérieurs de la carapace se prolon^®' horizontale.) au-dessus des pâtes des quatre dernières paires , de f*?®® a les cacher presque entièrement. ( Carapace ovalaire et | oEthres. ( Xiqe mobile des antennes internes naissant de 1 angle interne de 1 orbite, dontelleirest.se- par «en. Premier article I^des antennes ex- ternes en général très -grand, tou- id, et se ioi-\ frètes § 2. Cancériens arqués. Point de prolongement de la cara- pace recouvrant les pâtes des quatre J tableraent, s’appli- I dernières paires. Carapace beaucoup'\ quant exactement Iplus large que longue , arquée en contre le bord an- ' avant et tronquée en arrière; bord térieur du cadre Ifronto-orbitaire étroit. buccal. Troisième arti- cle des pates-mâ- choires externes portant l’article suivant à son an- gle interne, ne le/ ne de cette cavité\ quement î dépassant pas no-^un hiatus qui est antérieur externes parée . 7 «u tro^'^-- j-' Bord inférieur ( ^«.xternes de l’orbite ne se Ks se thoires joignant pas au / transversal entier, front, et laissaut/en deliois^i^^^j^j.^ fosset- .. .V.. ....... sous l’aiigle inter-/ moins rempli par la por- tion basilaire de l’antenne externe. tes anteniiaires au moins aussi larges que longue®' ; Espace prélabial , -‘.- ^“■‘‘““dutesî jours au luoius bm,! «“tw k deux ou trois fois ' et aussi ’ second, ce se joi-.n, - gnant au front; (la lblp« "°ta- Jrnilieu , tige mobile de ces . appendices très- courte, et s’insé- rant dans l'iiiatns de l’angle interne de l’orbite.) Carapace très- élevée vers ’e nii- 1 lieu, foi’t^'aent] bombée dau® tous, les sens, P'®, '«'ge et en général pres- que ovoide- Pâtes courtes, comprimées, etj garnies en dessus d’une crête élevée | ou d'une série d’épines j tarse très-l Crabe. Pinces point cre u- sées eu cuillère. 1 court. 1 Carapace P«U ou j point élevee - , Pî>e plane traiis jlement , pea ooni- I bée d'a vaut eujj. 9 riére et forteHejjj, [ tronquée de dja- • ' dans s^ moitié ou sui'Hets 1 I postérieur. (Ei»tej \ médiocres. ) Pâtes assez longues et cylindriques j pas notablement comprimées, et nel présentant en dessus ni crête ni/CARPiLiE. épines ; tarse grêle et allongé. | Pinces creusées en cuillère; pâtes en général courtes. jzozYME. Point d’iiiatus au-dessous de 1 an- \ gle externe de l’orbite. Bords latéro-j 1 antérieurs de la carapace se proion- ) Xanthe. ) géant presqu’au niveau de la région | cordiale. ' Pinces tranchan- tes ou arrondies et jamais creusées en cuillère. Un hiatus au-dessous de l'angle externe de l’orbite. Bords latéro- antéricurs de la carapace très-courts. Pinces élargies vers le bout, arrondies et profondé- ment creusées en cuillère. (Carapace peu élargie, et à bords latéro-antérieurs assez courts.) Panopé. Chlorode. lT4"’r^ï par deux crêtes tranchantes et obliques , qui cir- 1 r iH 1 de la respiration assez profonde , laquelle se continue en arriéré avecj Qzie. •-aare Jjuccjjj fc' ’ Se termine antérieurement à une échancrure bord dul Premier article des antennes exter- i / nés petit ou médiocre, et ne se joignant pas au front ; le second article presque aussi long que le premier, et occupant presque toute son extrémité anté-| rieure. Second av ---tirt romme le pre^J? des antennes externes logé dans la fossette autennaire j Pseüdocahcin et atteignant à peine le front. i> 1 intérieur du troisième article des pates-machoires externes intetj Bord /“terieui_^_ „^,t;nrre : carapace tres-bombee. ) Second article j et dépassant antennes externes logé dans le canthus orbitaire interne, , des antennes externes médiocre ; atticle longitttdinal®“>®«e7,';‘„;t Pa par une échancrure étroite et profonde. ( Premier I PlLDMKE. Lagostome. a-, ai-, "'Hii Etise. ■ ) Bord inférieur de l’orbHe f .3° W f,ont,.de façon a exclure celle orbites et l’article basilaire de 1 antenne externe très-conrt ; forme generale a peu près toi de façon à exclure ^ i Pinces profondément creusées en cuillère. Pinces obtuses ou pointues et jamais creusées en ) _ cuillère. ^ PlATÏCAB internes transversales ; espace compris entre les Troisième article des pates-màchoires externes ^^msertion à 1 article suivant par son bord interne, se p . ^mjinalémeBt devant de a' ’ • - ’• ■ . A peu P*®® votanie cliez les Xanthes ; antennes internes se reployant lo n. le i.. — - Rbppe ( Orbites et antennes externes disposées presque aussi longue que large. ) ® front ; la lui, et s’avançant notablement sur l’épistome. ' carapace fortement tronquée en arrière et | Périmèle. S 3. Cakce'hiems quadrilatères. Bord orbitaire inférieur se joignant au froir maniéré à séparer complètement les fossettes j Front rab- “ peu près sur la même ligne que le front. 1 Eriphie Poiutdeprolongementchypéiformelarjtenjjaires des orbites, et à exclure de e®® “®™mres cavités la portion basilaire de l’antenne { .o 1 ■ bord orbitaire sur les côtés delà carapace; celle-ci I externe. ( Front horiïonta , “e dépa.ss.i terminée antérieurement par un bord fronto-orbitaire très-large et étroit , saut que de peu le niveau de l’épistome. j Trapézie. peu ou point arqué sur les côtes , a Ïieine tronqué en arriére et pas très- arge. Bord orbitaire inférieur ne se joignant pas au front , et laissant à l’angle interne de l’orbite un hiatus qui est remp liparl’aiitemie enter ne. ; c», ••“Pace presque circulaire.) I Mélie. Crustacés, tome i. DES CRUSTACÉS. qui recouvre les pales et les cache en grande partie ; ovalaii’e. 369 carapace 2. CAiyCÉRIEIis ARQUÉS. Point de prolongement elypéiforme sur les côtés de la cara- pace ; qui est beaucoup plus large que longue , arquée en avant et fortement tronquée de chaque côté dans sa portion posté- rieure. 3. CANCÉRIEWS QUADRILATÈRES. Point de prolongement elypéiforme sur les côtés de la cara- pace, celle-ci terminée antérieurement par un bord fronto- orbitaire très-large et droit, peu ou point arquée sur les côtés, et à peine tronquée en arrière. On trouvera dans le tableau ci-joint l’indication des caractères comparatifs les plus propres à faciliter la détermination des genres nombreux dont cette tribu se compose. I. CANCÉRIENS CRYPTOPODES. Celte première division de la tribu des Cancériens ne se compose que d’un seul genre, celui des OEthres , qui à son tour est formé d’une espèce unique. Dans la classification de M. Latreille, ces Crustacés for- ment , avec les Calappes , la famille des Gryptopodes ; mais le seul caractère important qu’ils aient en com- mun avec ces derniers, est l’existence de prolonge- mens lamelleux sur les côtés de la carapace, disposi- tion qui se retrouve aussi chez certains Leuosiens , tandis que tout le reste de leur organisation les rap- proche des Crabes. CRU.STACÉS , TOÎIE I. 24 370 inSTOIRE NATUREI4LE Genre OEÏHRE. — OEthra{i). Ce petit groupe générique a de grandes affinités avec le genre Cryptopodie de la famille des Oxirhynques , et établit le passage entre ces Crustacés et les autres Cancériens , en même temps qu’il se rapproche des Calappes , dont la place naturelle est dans la famille des Oxistomes. Toute la surface du coips des OEthresest raboteuse et paraitcomme cariée. La carapace est d’un tiers plus large que longue , et a la forme d’un ovale assez régulier ; elle est fortement bosselée en dessus, et ses bords latéraux sont dentelés et recourbés un peu en haut. Le. front est entier et un plus saillant au milieu que sur les côtés; on y distingue les traces d’une fissure mé- diane. Les yeux sont très-petits et les orbites presque cir- culaires ; leur bord supérieur présente deux petites fissures , et le bord inferieur est séparé du front par un hiatus très- large. Les fossettes anlennaires sont presque carrées, et l’ar- ticle basilaire des antennes internes les remplit presqu’en entier ; enfin la tige mobile de ces appendices esv extrêmement petite et se replie longitudinalement en avant. L’article basi- laire des antennes externes est très-grand, et s’avance jusqu'au bord inférieur du front, de façon à remplir l’hiatus qui sans cela ferait communiquer l'orbite avec la fossette an- tennaire ; son extrémité antérieure est étroite, et se trouve sur le niveau du bord orbitaire inférieur ; le second article des antennes externes est très-petit ; il occupe le canthus interne des yeux et supporte une tigelle rudimentaire et très-difficile à distinguer. Les pâtes - mâchoires externes closent complètement le cadre buccal ; le bord interne de leur second et troisième articles est droit ; cette dernière pièce est fortement tronquée à son angle postérieur et interne, et cache presqu’en tièrement la tigelle palpiforme qui naît sous son angle antérieur et interne. Le plastron sternal est beau- ( I ) Cancer. Linn. Herl). etc. — OEthra. Leach ; — Lamk. Hist. des An. sans vert. t. V, p. 6^4. — Latr. Reg. Anim. éd. t. IVI , p. 24 ; — Dc.sm. p. iio. coup plus long que large, et les pales antérieures ont environ une lois et quart la longueur île la portion post-frontale de la carapace ; leur forme est à peu près la même que chez les Parthénopes , seulement leur face supérieure et interne est légèrement concave, de manière à pouvoir s’appliquer exacte- ment contre la portion inférieure et antérieure du tronc. Les pâtes de la seconde paire sont beaucoup plus courtes que la portion post-frontale de la carapace, et les suivantes diminuent successivement de longueur; toutes sont sur- montées il’une crête tranchante et inégale, et leur tarsç est court et stj lifornie. Enfin , Viibclomcn se compose de sept articles chez la femelle et de cinq seulement chez le mâle. J^cs üEthres habitent l’Océan indien et les mers cl Afri- que; nous ne savons rien sur leurs mœurs, I. OEture rude. — OE. scruposa (i). Région stomacale renflée et creusée en avant d’une gouttière longitudmale qui se prolonge jusqu’au front; dix à douze den- telures , en forme de plis, de chaque côté do la carapace; bord inférieur des pâtes de la première paire aimé de dents splni- formes, plus distinctes que celles qu’on voit aux pâtes sui- vantes. Longueur, 2 à 3 pouces; couleur grisâtre. ( C. M. ) Habite les eaux de file de-Erauce et de l’archipel Indien. 2. CANCÉRIENS ARQUÉS. Dans cette division de la tribu des Maïens , carac- térisée, comme nous l’avons déjà dit, par la forme gé- nérale de la carapace, les pâtes antérieures sont en général de longueur médiocre, mais remarquables par leur grosseur et par la forme renflée de la main ; enfin le second arficle des pates-mdchoires externes se ter- (i) Cnneer sc'i H/iosas- Linn. Mus. Lud- Llr. p. 45d>' Cancci' poly~ nome, llerb. t. lit, PL 53, lig. 4 et 5 : OEthra cleprcssa. t.amk. llist. des Anini .sans vert. t. V, p. ^65; — Desin. p. iio, PI. 10, tig, :>. 3j2 histoire N a T DR El le mine antérieui'ement par un bord droit ou presque droit, et l’article suivant est tronqué ou cchancré à son angle antérieur interne , de façon à laisser à dé- couvert la tigelle palpiforme qui s’y insère. La couleur de ces Crustacés varie beaucoup^ mais presque tou- jours ils ont les pinces noires. Ce groupe est très-nombreux, et peut se subdiviser en genres dont la détermination sera facile à l’aid&des caractères indiqués dans le tableau placé ci-dessus { voyez page dôg ). I. GENRE CPvABE. — Cancer (i). Le genre Crabe renfermait jadis tous les Décapodes Brachyures , mais on en a successivement resserré les limites , et afin de faciliter l’étude de ces animaux , nous avons été conduits à pousser plus loin cette réforme. Le groupe auquel nous conservons ce nom se compose d’un assez grand nombre d’espèces faciles à reconnaître à leur forme gt nérale et à la disposition de leurs pâtes. La carapace {V\. i6, fig. i) de ces animaux est très-large (pres- que toujours au moins une fois et demie aussi large que lon- gue) , assez régulièrement ovalaire et très-convexe en dessus ; ses bords antérieurs et latéraux forment une ligne courbetrès- régulière, qui de chaque côté se recourbe en ai'rière et en de- dans, de façon à déex-ire plus que la moitié d’une ellipse dont le contour semble se continuer sur la partie posté- rieure des régions branchiales pour aller gagner le niveau de la région intestinale. Le front est large , très incliné et peu saillant ; toujours il est divisé sur la ligne médiane par une fissui-eou une petite échancrure , et souvent il paraît quadri- lobé à cause de la saillie que forme sa partie moyenne , ainsi que les angles externes. Les bords latéro-anti rieurs de la cara- (l) Cancer. Linn. — F.ibr. — Latr. — Desm. — Carpilius; Leacli. Ruppell. op. cit. DES CRUSTACÉS. 3^3 pace sont très-longs et en général tranchans ; ils se dirigent presque directement en dehors , puis se recourbent en arrière, et enfin reviennent en dedans vers leur extrémité postérieure; les bords latéro-postérieurs sont très-courts et forment avec le bord postérieur un angle très-ouvert ; en général ils sont un peu concaves. Les diverses régions de la carapace sont ordinairement peu distinctes. Les orbites sont pi'esque circulaires : on n’y distingue pas d’angle externe , mais la por- tiomexterne de leur contour paraît comme froncé par 1 exis- tence de trois fissures linéaires et presque parallèles , dont deux sont placées en haut et une au-dessous du niveau du bord latéral de la carapace ; enfin au-dessous de leur angle in- terne , les parois de ces cavités sont interrompues par un i hiatus que remplit l’antenne externe. La région antennaire est lariîe, mais très-courte; ]es fossettes antennaires sont transversales, et lepistome presque linéaire (PI. i6, fig- a). L’article basilaire des antennes externes est presque droit et ne touche au bord inférieur du front que par son angle antérieur et interne ; la tige mobile de ces appendices est extrêmement courte , et s’insère dans l’hiatus du bord or- bitaire , de façon à pouvoir se reployer dans 1 orbite. Le troisième article des pates-nidchotres externes ( fig. 3 ) est plus large que long , et presque carre , son angle an- térieur et interne est à peine tronqué , et son bord anté- rieur est entier. Le plastron sternal est presqu’une fois et, demie aussi long que large , et ses bords latéraux sont pi'cs- que droits ; le sillon qui loge l’abdomen du mâle est très- profond , et les sutures qui séparent les derniers anneaux thoraciques sont presque transversales, hesjxiies antéi’ieures sont grosses, courtes et disposées de façon a pouvoir s ap- pliquer exactement contre les régions ptérygostomiennes ; la main présente en dessus une crête plus ou moins tran- chante , et les pinces sont cannelées en dehors et en dessus , armées dans toute leur longueur de dents comprimées et tran- chantes, et pointues à leur extrémité. Les pâtes suivantes sont très-courtes, très-comprimées, et garnies en dessus d une crête ^74 HISTOIKE naturelle tranchante ou d’une rane;ée de fortes épines qui s’étend jusqu’à l’insertion du tarse, lequel est court, renflé et armé d’un petit ongle corné. Enfin \ abdomen ne présente rien de parti- culier, si ce n’est que chez le mâle les appendices de la première paire sont très-longs et filiformes à leur extrémité, et que l’on n’y distingue ordinairement que cinq articles. La plupart des espèces de ce genre habitent l’Océan indien, et il n’est pas rare d’en trouver à l’état fossile. § A. Especes dont la carapace est lisse, sans bosselures ni sillons distincts. I. Lhabe BosÉ. — Cancer roseus [t). fl' Carapace à bords mousses, ouoïde, une fois et deux lier.s ans.si large que longue ; très-homhce et piquetée partout ; ni repli ni tubercule à l’extrémité de ses bords latéro-anté- rieurs. Crêtes des pâtes très-élevées, tranchantes et inégales; une crete au bord inférieur de leur pénultième article. Longueur, environ i8 lignes; couleur rougeâtre, avec les pinces noires. Habite la mer Rouge. (C. M.) 2. Grade TflÈs-EHTiER. — C. integcrrirnus [i). Carapace entourée en avant et sur les côtés d’un rebord mince et tranchant, ovoïde comme chez le précédent, mais ayant sur les régions branchiales un repli courbe qui se continue avec les bords latéro-antérieurs ; un peu piquetée antérieurement ; pâtes comme dans f espèce précédente ; une crête sur le bord inférieur de t avant-dernier article des postérieures. Ce Crustacé se distingue de tous les autres Crabes par la disposition des régions ptérygostomiennes , qui, au heu d’être conve.Tcs , sont ici concaves d’ arriére en avant, et présentent ainsi une large gouttière transversale dans laquelle vient se replier la main. Longueur, environ a pouces. Habite l’océan Indien. (C. M.) (I) Cr.rpilhis roscus. Rupijell.op. cit. p. i3, PI. 3, fig. 3 C. orieii- Lalis'i Herl). P!. 20, lig. 117. (a; Liimk. Ilist, des Au. sans vert. t. V, p 2^3. 3. Crabe marginal. — C. marginatus (i). Carapace à limbe latéro- antérieur lamelleux et tran- chant , ovoïde , sans repli ni tubercule à l'extrémité du bord latéro-antérieur une crête au bord inférieur des pâtes des quatre dernières paires. Longueur, environ lo li- gnes. Carapace marron avec une bordure blanchâtre; pâtes couleur de chair; pinces noires. Habite la mer Rouge. 4. Crabe ocyroé. ■ — C. ocyroc (2). Carapace à limbe latéro-antérieur lamelleux et tran- chant, ovoïde, mais moins large que dans les espèces pré- cédentes et un peu bosselée; une ou deux fissures au bord latéro-antérieur qui se terminent par une petite dent arrondie ; crête des pales élevée ; point de crête au bord inférieur de leur pénultième article. Longueur, environ 2 pouces; couleur blanchâtre, avec une multitude de petites tachesjaunes. Habite les mers d’Asie. (C. M.) B. Espèces ayant la carapace lisse ou à peine granu- leuse , mais bosselée et creusée de sillons, b. Régions plérygostomiennes légèrement convexes. 6. Crabe lobé. — C. lobalus. Bords latéro-antérieurs de la carapace J'ormant une crête horizontale , tranchante , et divisée seulement en quatre lobes séparés par des sdlons linéaires. Carapace ovoïde, fortement bosselée en dessus, excepté dans son tiers (I) Carpilius marginatus. Ruppell. op. cit. p. i5, PI. 3. fig. 4- (3) Herbst, t. 111, PI. 5/;, fig- 2- •^7^ histoire N a T C R E L 1 E postérieur, qui est très- rétréci. Mains presque lisses, garnies en dessus d’une crête tranchante très-élevée et de quelques lignes saillantes sur la face externe , pinces très-pointues et cannelées en dehors; pâtes suivantes courtes, comprimées, lisses, et garnies en dessus d’une crête tranchante. Longueur, environ 9 lignes. Habite les Antilles. (G. M. ) I ■ ivJ 7- Crabe mameloxnê. — C. Mamillaïus. Bords latèro-anténeurs de la carapace découpés en six dents, arrondis et obtus. Carapace ovoïde, entièrement couverte de bosselures élevées, lisses, très- nombreuses ; front et orbites beaucoup plus élevés que la terminaison des bords latéro-antériem's de la carapace ; pâtes toutes couvertes de bosselures; bord supérieur des mains presque tranchant. Longueur, 2 pouces. Habite l’Australasie. (C. M.) b. b. Une grande cavité ovalaire sur chaque région ptérygostomienne. (Disposition dont nous ne connaissons pas d’autre exemple chez les Crustacés. ) 8. Crabe sculpté. — C. sculptas (i). ■ Carapace ovalaire, bombée, fortement bosselée, et garnie en dessus de quelques granulations miliaires. Front formé de quatre lobes arrondis , dont les deux médians sont inclinés et très-avancés. Hords latéro -antérieurs ti’ès -courbes , granuleux, ne présentant ni dents ni lobes bien distincts , et se prolon- geant jusqu’au niveau du milieu de la région cordiale ; bords latéro-postérieurs très-concaves ; mains surmontées d’une crête (1) C. esculptus. Herb. t. I, p. 265, PI. 21, fig. 121. Savigny Egypt. Hist. nat. t. II, Cr. PI. 6, fig, 3. DES CRUSTACES. ^77 U-iaugiilaire contournée sur elle-même , et d’un aspect ver- moulu en dehors ; pinces granuleuses sillonnées en dehors et légèrement creusées sur leur hord préhensile. Pâtes des quatre dernières paires comprimées, surmontées d’une petite crête , et garnies en dehors de beaucoup de tubercules arrondis ou pointus. Face inférieure du coi’ps granuleux. Longueur, 2 ou 3 pouces ; couleur blanchâtre ; quelques poils sur les pâtes. ' Habite la mer Rouge. (C. M.) G. Especes dont la carapace est bosselée et couverte de granulations, mais non épineuse. C. Un bord lamclleux et tranchant autour de la moitié antérieure de la carapace. 9. Crabe bordé. — C. lirnbatus (1). (PI. 16, iig. i\.) Carapace ovoïde, bosselée, et couverte de petites granula tions miliaires j front peu saillant et a peine sinueux j bord la- téro-antérleiir de la carapace garni d’une crête horizontale , très-sallante , mince, tranchante, divi.sée par deux ou trois tissures, et se continuant jusqu’au niveau du milieu de la région cordiale ; bords latéro-postérieurs courts et concaves. Pâtes an- térieures granuleuses en dehors ; doigts courts et pointus ; le supérieur garni de trois crêtes tranchantes. Pâtes des quatre dernières paires lisses et surmontées d’une crête tranchante qui s’étend jusqu’à l’origine du tarse. Longueur, environ un pouce ; couleur jaune. Habite l’océan Indien et la mer Rouge. ( C. M. ) (i) Xantho graniitosiis- Riippel!. Ci’ust. PI- 5, fig. 3. ( Ce nom spé- cifique étant un double e mploi , nous avons préféré celui sous le- quel nous avions depuis longtemps désigné cc Crustacé dans la col- lection du Muséum. ) IIISTÜIKE t»\ïUl\ ELLE c. c. Point de rebord lamelleux et tranchant autour de la moitié antérieure de la carapace. 10. Crabe de Savigny. — C. Savignii (i). Carapace très -bombée, d’un aspect comme fram- broisé , et bien moins élargie que dans les espèces inécé- dentes. Les granulations dont elle est couverte sont entassées les unes sur les autres , et subdivisées en une foule de points arrondis. Ses bords latéro-antérieurs sont granuleux et pas distinctement divisés en lobes ou dents, et ses bords latéro- postérieurs sont très-concaves. Les pâtes sont courtes et toutes couvertes de granulations. Longueur, environ lo lignes, cou- leur rougeâtre avec des taches brunes et blanches; pinces brunes. Habite la mer Rouge et l’océan Indien. (G. M. ) II. Crabe graveleux. — C. calculosus. S y Carapace peu bombée et garnie de granulations assez grosses , peu saillantes , et non réunies en groupe , peu bosselée ; bords latéro-antérieurs obscurément diuisés en quatre lobes un peu arrondis. Pâtes courtes; les antérieures gianulcuses et sans crête; les autres comprimées et surmqptées d’une crête dentelée. Longueur , 6 ligues. Habite la IVouvelle-Holloude. (C. M. ) 12. Crabe spimimane. — C. spinimanus. j-. î Carapace peu bombée , médiocrement granuleuse , pres- ' que circulaire , tronquée en arrière et bosselée ; bords la- téro-antérieurs armés de quatre dents triangulaires , entre (I) Cancer. Savigny, Egypt. Hist. iiat. t. II. Crust. PI. 6, fig. 2. C. granulatus. Audouiii , Explic. des PI. de Savigny. DES CRUSTACÉS. 3^9 lesquelles on remarque des séries de petites especes. Mains suruionlées d’une crête élevée formée par cinq^ grosses dents ; pâtes suivantes épineuses. Longueur , environ xm pouce et demi ; couleur Llanchàtre avec les pinces brunes. Pati’ie inconnue. (G. M.) §. D. Especes dont la carapace est couverte cC épines, i3. Crabe acanthe. — C. acanthus. i- Cai’apace ovalaire , très-élargic , fortement bosselée et cou- verte d’épines ; front peu incliné et divisé en cpiatre dents ; Ijords latéro-antérieurs fortement courbés , se prolongeant jus- qu’au niveau du milieu de la région cordiale et armés de cimj à six dents, hérissés d’épines; bords latéro-postéi'ieurs très-con- caves. Pâtes couxertes d’épines; celles de la première paire ne présentent pas en dessus de crête élevée. Corps finement granulé en dessous, couvei’t en dessus de poils raides. Longueur, environ un pouce. Patrie inconnue. ( G. M. ) Le Cancer pitho de Herbst (PI. 5i , bg. 2) me paraît de- voir se rapporter à la subdivision A de ce genre ; mais cepen- dant la longueur de ses pâtes le rappi-oche des Carpllies. Le Cancer spectabilis, du même auteur (PI. 87, Cg. 5), y ap- partient pi-obablement aussi. Enfin , c’est dans la division C que devrait prendre place le Cancer meli.ssa de Herbst ( PI. 5 1, lig- i)) ‘î™ ne paraît pas devoir être confondu avec le C. sculpté, comme cet auteur semble le penser. On connaît plusieurs Crustacés fossiles qui paraissent égale- ment appartenir à ce genre. De ce nombre sont le Crabe de Bosc , décrit par M. Desinarest (Crust. foss. p. g4> PC 8, HISTOIRE NATURELLE 38o fig. 3 et 4 ) , et trouvé dans un banc de calcaire grossier à Vé- rone ; sa forme générale le rapproche du Crabe ocjtob , mais il se distingue de toutes les especes vivantes par la forme de son front, etc.: le Crabe de Leach , du même auteur (p. g5 , PI. 8 , fig. 5 et fi) , qui se rencontre dans les argiles plastiques de nie Shepy : le Crabe pointillé, Desm. ( Rnorr et Walcli, Monum, du déluge , t. I , Pl. i6 A, fig. 2 et 3 ; — Desm. op. cit. Pl. '7, f;g. S el4), qui provient des environs de Viceuce : le Crabe QUADRiLOBÉ (Desmarest, Pl. 8 , fig. i et 2 } , très- commun dans les dépôts coquilliers des environs de Dax ; une espece inédite de la collection de M. Deshajcs, remarquable par les bosselures de sa carapace , mais dont ce naturaliste Ignore le gisement , etc Nous sommes portés à considé- rer le Crabe aux grosses PINCES , Desm. (llhuiuph, Pl. Go, 3; — Desm. Pl fig i et 2 ), comme se rajjportant au genre Carpilie plutôt qu’à la division des Crabes proprement dits. II. GENEE CARPILIE. — Carpillus (i). Le genre Carpilie , établi par M. Leach , a les rapports les plus intimes avec le genre Crabe. La forme générale du corps (Pl. 16, fig. g) est absolument la même que chez la plupart de ces Crustacés ; la carapace est ovoïde très-bombée ; ses bords latéro-aiitérieurs sont obtus et terminés en arrière par une espèce de tubercule arrondi. Les pâtes sont plus longues que chez la plupart des Crabes, et ne sont ni comprimées ni garnies en dessus d’une crête ; leur dernier article est grêle , très- allongé et styliforme; les mains sont plus renflées et d’iné- gale grosseur, et les doigts, plus gros, plus arrondis, sans cannelures , et obtus au bout , sont armés (au moins d’un coté ) de deux ou trois gros tubercules arrondis seulement. (i) Cancer. Liiin. Fabr. Latr. Desm. etc. Carpilius. Leach (Desiii- P- *c4 ). — Ruppell. op. cit. nES CRDSTACÉS, 38 1 Il est aussi à noter que l’article basilaire des antennes ex- ternes (PL i6, fig. 10 ) est plus long, plus oblique et en contact avec le front dans le tiers de sa longueur , et que le bord antérieur du troisième article des pâtes-mâchoires externe est très-oblique. § A. Especes dont la carapace est parfaitement lisse en dessus, ne présentant pas de sillons , et n’étant point dioisée en lobes. 1. Garpilie corallijî. — C. corallinus (i). Front étroit {sa largeur d excédant pas la longueur de l'espace compris entre le plastron, sternal et le bohl antéiicur des fossettes antennaires) , et dioisé en quatre lobes, dont les deux latéraux sont arrondis et séparés des médians par une échancrure profonde , et dont les deux médians sont à peine distincts l’ un de l’autre et très- avan- cés-, un petit tubercule saillantàraugleexternederorbite jbords latéro- antérieurs arrondis , obtus , non carénés , et terminés par un gros tubercule arrondi situé au niveau de l’augle rentrant du bord latéral de la région cordiale. Cloison inter-antcunaire tres- large ; article basilaire des antennes externes très-oblique ; épistome lisse ; bord antérieur du cadre buccal à peine saillant et sans tubercule à ses extrémités ; bord antérieur du troisième article des pates-màchoires externes très-oblique , et son bord postérieur presque droit. Pâtes antennes très-grosses, renflées, et n’ajaut pas deux fois la longueur de la carapace. Pâtes de la seconde paire un peu plus courtes que celles de la troisième paire, lisses et arrondies; leur troisième article dépassant de beaucoup le bord latéi'al de la carapace ( tandis que dans les es- (i) C. Jlortdus. Rumph, PI. 8, C.flosailoms. Seba , t. III, PI. 19 , fig. 2 et 5 ? f’. cornlliutis. Fabr. Eut. Syst. t. II , p. 445 ; — Herb. PI. 5, fig. /|o; — C. adspersus. Herb. PI. ai, lig. 119? C. mnculnliis. Latr. Hist, des Cnist, t. VI ; — Desra. p. in'[. •^8a HISTOIRE haturelle pùccs suivantes 11 ne le dépasse qu’à peine ) . Tarses cylindriques et plus longs que l’article qui les précède. Longueur , 4 à 5 pouces ; couleur rouge jaunâtre avec des vergettures jaunes ; pinces et ongles bruns. Habite les Antilles. ( G. M. ) ?.. Girvile maculé. — C. rnaculatus (i). Front tr'es-lfirge {aa largeur excédant notablement la longueur de l'eupace compris entre le bord antérieur du front et le plastron sternal), et formé de quatre lobes , dont les deuxlateraiix sont arrondis et séparés des médians par une échancrure profonde, Epistome divisé transversalement par un sillon très- profond. l)u reste, semblable au précédent. Longueur, environ? pouces: couleur jaune pâle, avec quelques grosses taches circulaires d’un rouge intense sur la carapace. Habite l’océan Indien. { G M.) 3. Garpilie convexe. — C. convexus (?). ( PI. i6, fig. 9 et lo. ) Front assez large et formé de quatre lobes , dont les deux latéraux sont presque droits et les deux médians presque confondus et peu saillans. Garapace beaucoup plus convexe que dans le G. corallin; région hépatique et portion antérieure de la région stomacale piquetées. Du reste , ne diffère pas notablement de la précédente. Longueur, ? à 3 pouces ; couleur jaune, avec un grand nombre de taches irrégulières de couleur orange. Habite la mer Rouge. (G. M.) (1) C. rttber. Runiph , PI. lO, lig, j ; C. sexatUis. Seba, t. III, Pt. 19, fig. 8. C. macitiaUts. Lion. Mus. Lud. UI. p. 4^3; — Fabr. Ent. Syst. t. II, p. 447 ; — Herb. Pt, 6, lig. 4i, PI. 21, %- J 18 , et Pt. 60, fig. 2 ; — Lutr. Hist- des Crust. t. V ; — Desm p lo j. (2) Cancer convexus. Forskal Pescript. Aniiu. p. 88 ; Carpitius coHre.rMs.Kuppcll. Crust. de i Kgypte, PI. 3, fig. 2. BES CRUSTACES. § li. Especes dont la carapace est lisse en dessus , mais divisée en lobes par de petits sillons linéaires. 4- Garpilie veineux. — C. venosus. Cette petite espèce établit le passage entre les précédentes et dlvei's Crabes dont la carapace est fortement bosselée. Les bords latéro- antérieurs de la carapace sont divisés par des replis en quatre lobes larges, arrondis et peu saillans; la région stomacale est divisée en cinq bandes longitudinales par des sdlons, et les hépatiques en trois portions 2n'innipales jaar deux sillons obliques qui partent des deux dernières échan- crures du bord latéro-antéricur. EnOn , dans sa moitié posté- rieure , la carapace est lisse. Les pâtes sont un peu comprimées. Longueur, six lignes. Habite?. (G. M.) Le Cancer marmarinus de Herbst (PI. 6o, lîg. i), et le Cancer PETRACA, du même auteur (PI. 5i, lîg. 4), ajipartiennent évidemment à cette division générique ; le premier a beaucoiijp d’analogie avec le Garpilie corallin, le second avec le C. convexe. III. GENEE ZOZYME. — Zozyrnus (i). Cette petite division générique , extrêmement voisine des deux précédentes, ne s’en distingue guères que parla Ibrmedes pinces , dont l’extrémité est élargie et profondément creusée en cuillère , disposition qui doit influer sur la manière de vi- vre de ces animaux. Elle tend aussi à établirle passage entre le genre Crabe et le genre Xanthe, car nous ne trouvons aucun (i) 6'nacer. Linn. Fabr. Latr. Desin. Zozymus. Leacli (Desm. p. 104.) mSTOIIîE NATTIREEtE 384 caractère bien précis pour en séparer quelques espèces, dont la forme générale est un peu moins ovalaire que chez les Crabes , et dont les bords latéro-postérieurs de la carapace sont presque aussi longs que les bords latéro- antérieurs , qui eux-mêmes deviennent fortement dentelés. § A. JEspeces ayant la carapace lisse et sans bosselures notables. 1. ZoZYME TRÈS-LARGE. Z . latissimUS (l). Carapace ovoïde extrêmement large , assez bombée ; son bord latéro-antérieur très-long , et bordé d’une crête lame’leuse et entière qui ne se termine point par un tubercule , mais se recourbe brusquement sur la région branchiale. Lobes médians du front courbes et très-avancés; pâtes antérieures fortes; pinces sans crête ni cannelures sur leur face externe ; une crête élevée tant sur le bord supérieur que sur le bord inférieur des huit dernières pâtes. Longueur, 3 pouces; couleur rou- geâtre. Habite la Nouvelle-Hollande. ( C. M. ) 5 B. Especes dont la carapace est granuleuse , mais sans bosselures. b* ZozYME PUBESCEKT. — Z . pubesccns. Carapace régulièrement ovoïde, bombée , très-large , et cou- verte de petites granulations pointues. Fi’ont très-étroit, in- cliné; bords latéro-antérieurs très-courbes, épais, granuleux, sans crête ni dentelures, et se prolongeant jusqu’au niveau de la région cordiale. Pâtes des quatre dernières paires arrondies dans leur moitié externe , mais ayant le troisième article com- (I) C. let’is latipes? Seba , t. IH, PI, ig, £ig. 6, a. nES CRÜSTACÉS. d85 primé et tranchant. Longueur, envh'on lo lignes; corps garni d’un duvet ti’ès-fin ; coulem- blanchâtre. Habite l’ile-de-rrance. (G. M.) § B. Especes dont la carapace est granuleuse et bosselée. 3. ZoZYME TOMENTEUX. Z . tOVientOSUS. (/■ Carapace ovoïde , très-large , très-bombée , fortement bosselée en dessus et divisée par un grand nombre de sil- lons linéaires ; région génitale divisée en trois portions par des sillons nombreux. Ses bords latéro-antcrieurs gra- nuleux et divisés par quatre fissures qui se prolongent en forme de sillons sur la région ptérygostomienne , laquelle n’est point granuleuse ; ses bords latéro-postérieurs concaves et très- courts. Pâtes courtes et couvertes de granulations ; corps cou- vert d’un duvet noirâtre. Longueur, environ 8 lignes. Habite l’océan Indien. (G. M. ) 4. ZozYME RIDÉ. — Z. rugatus (i). Gette petite espèce , dont je n’ai observé qu’un individu mu- tilé, ressemble beaucoup à la précédente, mais les granulations de la carapace sont plus fines et plus serrées , et la région géni- tale n’est pas divisée ; les bords latéro-antérieurs de la carapace sont divisés en quatre lobes arrondis et bien distincts ; peu ou point de duvet; pinces lisses. Longueur, 4 lignes. Habite? (G. M.) $ D. Espèces ayant la carapace fortement bosselée, mais non granuleuse. y 5. ZoZYME BRONZÉ. Z. ÆueUS (l). Garapace médiocrement large, convexe, très-inégale, forte- (1) Cancer cochlearis ? Herb. t. II, p. 266, PI. 21, fig. laS. Can- cer rugatus . Latr. Collect. du Muséum* (3) C. incompnrahilis- Seba , t. III, PI19, fig* 1® G. ceneus. Linn. CRUSTACÉS, TOME I. 25 HlSTOiaE NATURELLE 38G menl bosselée , et presque tuberculeuse à sa partie postérieure ; front peu avancé et indistinctement divisé eu quatre lobes; bords laléro-autérieurs de la carapace ne se prolongeant pas au delà du niveau de la région génitale, et armés de quatre dents très-larges , comprimées et réunies en manière de crête. Pâtes antérieures tuberculeuses en dehors ; les suivantes creu- sées de sillons siu’ leur face externe. Longueur, 2 à 3 pouces ; couleur jaune , avec des taches rougeâtres. Habite l’océan Indien. (C. M.) IV. Genre LAGOSTOME. — Lagostoma (1). Les Cancériens , dont se compose ce genre , ressemblent beaucoup à certains Zozymes ; niais ce qui les en distingue , ainsi que de tous les autres Crustacés de la même tribu , est l’existence d’une échancrui'c large et profonde vere le milieu du bord antérieur du troisième article des pates-mâchoires externes (PI. j6 , fig. 4)- Leur carapace est un peu ovoïde et bombée dans tous les sens ; le front est incliné et les bords la téro-antérieurs très -recourbés en arrière. L’ai’ticle basilaire des antennes internes est remarquablement saillant , et l’article basilaire des antennes externes n’arrive pas tout-à-fait jus- qu’au front. Les pâtes antérieures sont comprimées, iné- gales , et leui-s pinces sont creusées en cuillère ; enfin , les pâtes suivantes sont courtes , comprimées et épineuses en dessus. Nous ne connaissons encore qu’une seule espèce ayant ce mode d’organisation. O Mus. Lud. Ulr. p. 451; C. Jloridus.M.eth. t I, p. i32, PI. 3, fig. 39, PI. 21, fig. 120 ; C. amphitrite. Herb. t. HI , PI. 53, fig. l; C. Jloridus et C. æneiis. Fubr. Suppl, p. 388 (et 335. C. ceneiis. Latr. Hist. des Cru.st. t. V , p. 3-5 ; — Lamk. Hist. des An. sans vert. , t. V, p. 271 ; — t>esm, p. 104 ; — Quoy et Gaimard. Voyage de fUranie, PI. yd) hg- i. {1) Cancer. Fabr. Suppl, p. 3.34. DES CnUSTACÉS. 387 Lagostome perlée. — L. perlata (i). Carapace ovalaire, très-bomhéc , et couverte de gros tuber- cules pisiformes; lobes médians du front petits, saillans et arrondis; bords latéro-anléricurs de la carapace garnis d’une douzaine de tubercules dentiformes , et se prolongeant juscpi’an niveau de la partie postérieure de la région cordiale. Pâtes antérieures tuberculeuses ; les .suivantes garnies en dessus de poils assez longs , et hérissées d’épines , excepté sur le tarse , qui ne présente point de dentelures notables. Face inférieure du corps lisse. Longueur, environ i5 lignes; couleur brunâtre . Habite l’océan Atlantique , et paraît se rencontrer quelque- fois sur les côtes de la Bretagne. ( C. M. ) V. Genre XANTHE. — Xdntho (■2). Le genre Xanthe , établi par M. Leach pour recev'oir quelques Crustacés de nos côtes , a les l'apports les plus intimes avec les genres Crabe et Zozyme , surtout lorsqu on étend ses limites comme nous avons été oblige de le faire , afin ne pas multiplier outre mesure les divisions génériques. Presque tous les points de l’organisation extérieure de ces divers cancérieus sont les mêmes ; mais cependant les Xanthes sont faciles à distinguer, et ont pour la plupart un aspect particulier qui les fait reconnaître au premier coup d’œil. Leur carapace est encore très-large, niais n’est ja- mais régulièrement ovoïde, et n’est que peu ou point bomliée ; sa surface est en général tout-à-fait horizontale transversa- lement , et n’est courbée dans le sens de sa longueur que dans sa portion antérieure. Le front est ordinairement (1) Cancer perlalus. Hevb. t. I ,-p. < fig- 12= : C. daira. Herb. t. III, PI. ?3, fig. 2. C. vaimosus. Fabr. Suppl, p. 338. (2) Cancer. Linn. Fabr. etc. — Aoudic. Leach. Malac. — Desm. p. lO/f. HISTOIRE NATURELLE 388 avancé , lamelleux et presque horizontal ; une fissure étroite la divise en deux lobes dont le bord est plus ou moins échancré au milieu. Les orbites ne présentent rien de remarquable , et ressemblent à eelles des Crabes et des Zozymes; les bords latéro-antérieurs de la carapace se prolongent en général bien moins en arrière que dans les genres précédons , et n’arrivent ordinairement qu’au niveau dû milieu de la région génitale , de façon que la portion anté- rieure de la carapace n’est guères plus étendue que la portion postérieure ; les bords latéro-postérieurs sont presque tou- jours longs, droits, et dirigés beaucoup moins oblique- ment en dedans que dans les genres précédons. Les fos- settes antennaires sont étroites, transversales et séparées par une cloison mince. L’article basilaire des antennes externes est placé comme chez les Zozymes , mais est en général plus court. Les pâtes - mâchoires externes ne présentent rien de particulier. Le plastron sternal est ovalaire. Les pâtes antérieures sont fortes et en général inégales chez le mâle; les pinces sont tantôt pointues, tantôt arrondies , mais jamais creusées en cuillère comme chez les Zozymes; de même que dans tous les genres pré- cédens , elles sont noires ou brun foncé. Les pâtes suivantes sont médiocres , plus ou moins comprimées , et terminées par un tarse très-court et armé d’un petit ongle corné. Uab- domen présente sept segmens chez la femelle et en général cinq chez le mâle. Ce genre , assez nombreux en espèces , est répandu dans toutes les mers , et se trouve aussi à l’état fossile. DES CRUSTACÉS, 889 § A. Especes dont la carapace est granuleuse ou tubercu- leuse en dessus. a. Pâtes des quatre dernières paires ni épineuses ni dentées. a*. Carapace couverte de granulations arron- dies et isolées. 1. Xantde très-poilu. — X. hirtissimus (i). Carapace granuleuse et très-fortement bosselée dans toute son étendue (la région cordiale et la portion postérieure des régions branchiales bosselées et sillonnées comme les par- ties antérieures de la carapace), forme générale presque ovoïde ( se rapprochant beaucoup de celle du Zozyme tomeii- teux ). Bords latéro-antérieurs de la carapace très -courbes et divisés en quatre lobes obtus. Bords latéro-postérieurs très - concaves. Régions ptérygostoiniennes granuleuses et creusées de petits sillons qui se continuent avec les échan- crures des bords latéro-antériem-s. Pâtes médiocres et compri- mées. Corps entièrement couvert de petits poils raides. Lon- gueur, environ 7 lignes. Habite la mer Rouge. (C. M. ) 1. Xahthe a poiMTS ROUGES. — Z. rufopujictatus. [ Carapace granuleuse et bosselée partout, comme dans l’espèce précédente , mais beaucoup moins ovoïde; sillons de la carapace très-profonds, très-larges et lisses; bords la- téro-antérieurs divisés en cinq dents grosses et arrondies ; bords latéro-postérieurs presque di'oits. Réglons ptérygosto- miennes granuleuses , mais sans sdlons notables j pâtes extrê- mement noduleuses et granuleuses. Blanc , avec des taches rouges. Longueur, près d’un pouce. Habite l’Ile-de-France. (C. M. ) (1) Ruppell, op. cit. p. 21, PI, fig. 8. HIST01K£ NATUHKliLE 3c)o 3. Xahïue piquant. — X asper (i). Carapace granuleuse et bosselée partout (comme dans les espèces precedentes ) , mais beaucoup moins large ; ses bords latéro-antérieurs très-courts et divisés en quatre dents hérissées à leur extrémité d’une série et épines acérées. Pâtes antérieures comprimées et garnies de plusieurs rangées de tubercules grimuleux; les suivantes lisses. Lon- gueur, 4 à 5 lignes. Habite la mer Rouge. 4. Xanthe setigeb, — X. setiger. Carapace très- granuleuse partout et fortement bosselée en avant , mais sans bosselures ni sillons notables sur la région cordiale et la portion correspondante des régions branchiales ; moins ovoïde que chez le X. très-poilu. Bords latéro-antérieurs très-courbes et divisés en quatre lobes à peine distincts; bords latéro-postérieurs concaves ; régions ptérygosto- miemies comme dans le X. très-poilu ; pâtes antérieures assez grosses et très-granuleuses ; pinces pointues , tranchantes et cannelées en dehors; corps couvert de poils. Longueur, en- viron 9 lignes. Habite les Antilles. (G. M.) 5. Xanthe raboteux. — X. scaber [i). Carapace comme dans l’espece précédente , mais moins large, étayant ses bords latéro-postérieurs droits. Mains plus grosses, et pinces sans cannelures distinctes ; du reste ne différant qu’à peine du X. setiger. Longueur, environ 10 lignes. Habite les îles de la Sonde. (GM.) (1) Ruppell. op. cit. PI. 5 , fig. 6. (2) Cancer scaber, Fabr, Suppb p. 336. 6. Xanthe de Lamarck. — -3^- I^cimarckii. Carapace presque lisse dans sa moitié postérieure , et un peu plus large que dans l’espèce précédente. Dents latéro- antérieures plus pointues ; mains très-granuleuses et creusées en dehors de deux sillons longitudinaux très-profonds. Longueur, 4 lignes. Habite l’Ile-de-France. (C. M. ) Carapace couverte de petits tubercules soudes entre eux par doubles rangées , et ayant l'aspect ver- moulu, q. Xauthe vermoulu. — iX., vermiculatus (i). Carapace à peine bombée , fortement bosselée , et présentant sur chaque bosselure un grand nombre de tubercules i-éunis entre eux , de manière à former des ligues élevées et découpées de chaque côté, qui s’unissent à leur tour et donnent à la ca- rapace l’aspect d’une substance vermoulue. Bords latéro-anté- rieurs divisés en quatre lobes à dents triangulaires dont les bords sont dentelés ; bords latéro-postérleurs concaves. Le front très-mcllné; une échancrure étroite et profonde vers le milieu du bord antérieur du troisième article des pate.s-macboires ex- ternes. Pâtes comme vcrmoidues en dessus et en dehors ; celles de la première paire médiocres et arrondies en dessus ; pinces sdlonnées; pâtes des quatre dernières paires à bord supérieur tranchant et poilu. Longueur, environ deux pou- ces. Couleur blanchâtre. Habite? (C. M. ) (i) Cancer vermiculatus. Lamarck, Hist. des An. s. vert- t. V, p. uqi. 392 HIST O I li E NATURELLE a.a. Pâtes des quatre dernieres paires ni épineuses ni dentées. [Carapace tuberculeuse.) 7. Xanthe de Reynaud. — X. Reynaudii. Carapace à régiotis bien distinctes et bosselées , tuber- culeuse dans toute son etendue , peu convexe , fortement tronque'e en arrière et couverte de tubercules peu saillans. Front divise' en deux lobes sinueux et tronqués ; bords latéro- antérieurs ne dépassant que de peu le niveau de la région sto- macale , et armés de quatre grosses dents triangulaires et tu- berculeuses ; bords latéro-postérieurs un peu concaves et très- longs ; pâtes antérieures renflées et couvertes en dedans comme en dehors do gros tubercules ari'ondis ; pinces pointues ; pâtes suivantes, grêles, assez longues, et portant sur le bord supérieur de leur troisième article mie série de six à sept grosses dents. Face inférieure du corps granuleuse. Longueur , environ 3 pouces et demi ; couleur rouge mêlé de jaune et de blanc. Habite l’océan Indien. ( G. M. ) 8. Xanthe de Péron. — • X. Peronii. Carapace à régions peu distinctes , et peu ou point tu- berculeuse dans sa moitié postérieure. Forme générale à peu près de même que dans l’espèce précédente. Pâtes anté- rieures grosses et couvertes en dehors de tubercules pointus ; celles des quatre dernières paires hérissées d’épines. Longueur, environ 4 lignes. Habite la Nouvelle-Hollande. (G. M. ) DES crustacés. 393 S B. Espèces dont la carapace n’est couverte 7ii de granu- lations ni de tubercules. b. Mains et pâtes des quatre dernieres paires dé- pourvues de crête tranchante sur leur bord su- périeur. b*. Carapace bosselée dans toute son étendue et piquetée (ses bords latéro-antérieurs fortement dentés). 8. Xanthe imprimé. — X. impressus (i). Carapace à peine bombée et couverte de bosselures dont la surface est inégale et piepetée ; front peu incliné et divisé en quatre lobes arrondis, dont les deux médians sont grands et saillans, et les deux latéraux très-petits. Bords latéro-antérieurs prenant naissance beaucoup au-dessous du niveau de 1 orbite , ne se prolongeant pas au delà du niveau du milieu de la région génitale , et divisés en quatre gros lobes arrondis. Pâtes anté- rieures courtes , gi'osses et piquetées ; un gros tubercule bilobe sur le bord interne du carpe ; «nains ne présentant 111 tiibercu es ni épines ; pinces pointues et arrondies au bout ; pâtes des quatre dernières paires arrondies en dessus. Longueur, 2 ou 3 pouces; couleur jaune lavé de rouge. Habite rile-de-France. ( G. M. ) Zi**. Carapace bosselée antérieurement , mais plane dans sa moitié postérieure (ses bords latéro-ante- rieurs fortement dentes ). g. Xanthe livide. — X. lividus (2). Face supérieure de la carapace notablement bombée ,• bord inférieur du hiatus de l’angle interne de l’orbite s’a- (1) Cancer impress tes. Lamk. op. cit- t. V, p. 272. (2) Cancer liridus. Lamk. op, cit. t. X, p. 273. HISTOIRE NATtRELLE 3y4 vançant jusqu’au niveau du quatrième article de l'an- tenne externe. Bords latéro-antérieurs de la carapace divises en quati’e dents ; pâtes antérieures médiocres j main arrondie en dessus ; bord supérieur des pâtes des quatre dernières paires arrondi, garai d’un gi-and nombre de petits tubercules, et très- poilu. Longueur, environ 3 pouces; couleur jaune-rougedtre. Habite les mers de l’Ue-de-France. (G. M. ) lo. Xanthe floribe X. floridus (i). Face supérieure de la carapace horizontale transver- salement et à peine courbée d avant en arrière ^ bords la- tero -antérieurs armés de quatre gros tubercules denti- f ormes et presque triangulaires; pinces arrondies et ne présentant aucune trace de cannelures. Carapace large et assez fortement bosselée dans toute sa moitié antérieure ; front légèrement incliné, peu saillant et presque droit; bords latéro- antérieurs courbes , et atteignant presque le niveau du bord antérieur de la région eordiale. Pâtes antérieures renflées et très-grosses : les suivantes courtes , arrondies et garnies de poils sur le bord supérieur de leiu- troisième article. Longueur, environ a pouces ; couleur brun rougeâtre , avec les pinces noires. Très-commun sm- nos côtes. (G. M.) II. Xanthe hivuleux. — X. rivulosus (2). Cette espèce est extrêmement voisine de la précédente , mais s’en distingue en ce que les pinces sont cannelées en dessus (1) Montagti, Limi. Trans. t. IX. PI. 2 , tig. 11 Xantho Jlorida. Leach. Malac. PI. ii; — üesm. PI. 8, flg. 2. Nous ne voyons aucune raison valable pour distinguer de cette espèce le Cancer paressa d'Olivi ( üool. adriat- Pi. 2 , fig. 3 : Xantho paressa. Leach , Desm. p. io5 ). (2) Risso, Crust. de Nice, p.-i4i Savigny, Egyp. Cr. PI. 5, lig. 8. C. hyUrophilius. PI. 21, üg. '124? DES CttUSïACÉS. 395 et en dehors ; les bosselures de la carapace sont moins élevées ; le front est plus saillant et plus horwoutal; le» bords latéro- antérieurs de la carapace dépassent à peine le niveau do la partie postérieure de la région stomacale , et les pâtes des quatre der- nières paires sont garnies de poils dans toute la longueur de leur bord supérieur. Longueur, 1 è a pouces; couleur jaunâtre maculé de rouge, et avec les pinces brunes. Habite la Méditerranée et nos côtes de l’ouest. (G. M. ) 13, Xaktiie parvule. — X. parvulns (i). Espèce très-voisine des deux précédentes , mais dont les bords latéro-anlérieurs de la carapace sont minces , tran- chans et dioisés en quatre lobes tronqués et dentif ormes , et dont la face supérieure de la carapace est simplement ridee et non bosselée en avant. La main du côté droit est beaucoup plus large que l’autre, et on remarque à la base de son doigt mobile une dent tuberculeuse extrêmement forte. Longueur , 4 lignes ; couleur brunâtre. Habite les Antilles et le Brésil, (G. M. ) i3. Xanthe pieds velus. — X. hirtipes (3). Espèce très-variée du Xantbe rivuleux , mais ayant la ca- rapace un peu plus bombée , le front marqué (tun léger sillon transversal , et la face externe des mains garnie de plusieurs rangées de petits tubercules perlés. Longueur, environ 5 lignes. Habite la mer Rouge. (G. M.) (1) Caneer parviUus. Fabr, Ent. Syst. t- U, p- 40* (2) Cancer hirtipes. Latr. Coll, du Mus. - Savigny, Egypte , PI. 6, tig. if b*'**. Carapace sans bosselures notables, même à sa partie antérieure. b Bords latéro - anterieurs minces et proj^on- dément découpés. • CRÉNELÉ. — X, crenatus. Carapace très-élargie et lisse ; front divisé en deux lobes la- mellem tres-larges , tronqués , et à bords presque droits ; bords latéro-antérieurs divisés en trois lobes minces et presque carrés, suivies d une quatiàeme dent triangulaire j pâtes antérieures tres-inégales et médiocres ; pinces un peu comprimées et cour- bées en dedans et au bas ; pâtes suivantes à peu près comme dans les espèces précédentes, mais plus grêles. Longueur, 1 0 lignes. Habite les côtes du Pérou. (C. M. ) Bords latéro -antérieurs épais et entiers, ou ne présentant que deux ou trois tubercules à peine saillans. i5. Xanthe de Gaudichaud. — X. Gaudichaudii. Front peu avance, très-étroit, et profondément divisé en quatre lobes arrondis et très-saillans . Forme générale , très-semblable à celle du Xanthe floride, Longueur, environ 2 pouces. Habite le Chili. (C. M. ) , (J i6. Xanthe ponctué. — X. punctatus. Front peu avancé , large, sinueux , divisé obscurément en quatre lobes arrondis et peu saillans j carapace ovoïde, peu large, divisée sur la région hépatique par deux sillons qui DES CRUSTACÉS. 397 se continuent avec des échancrures des bords latéro-antérieurs ; mains amples et lisses. Longueur, i pouce. Habite l’Ile-de-France. (G. M.) 1^. Xanthe plan. — X. planas. Front tres-avanck , droit, horizontal , et divisé en deux lobes par une petite fissure médiane ,• carapace plane en dessus sans régions distinctes; bords latéro-antérieurs épais, obtus , très-courbes , se prolongeant jusqu’au niveau du milieu de la région génitale , et présentant en arrière deux tubercules arrondis dont l’antérieur à peme distinct. Pâtes a peu près comme dans le X. floride, seulement il y existe une dent à l’extrémité du bord supérieur du troisième article. Longueur, I pouce et demi ; couleur jaunâtre. ^ Habite les côtes du Chili. (G. M.) i8. Xanthe front rond. — X. rotundifrons. Front extrêmement avancé , semi-circulaire , sans fis- sure médiane et inclinée ; carapace ovoïde , presque plane ; bords latéro-aiilérleurs épais, obtus, entiers, tres-coiu"bes , et se prolongeant jusqu’au niveau de la région coi'diale ; pales comme chez le X. floride. Longueur , environ lo lignes. Habite ? ( G. M. ) bb. Mains et pâtes des quatre dernières paires garnies en dessus d’une crête longitudinale. ig. Xanthe incisé. — X, incisas. ' Face externe des mains garnie de plusieurs rangées horizontales de petits tubercules; carapace très-large, peu bombée , fortement bosselée , et présentant sur les réglons sto- macale et hépatique plusieurs petites crêtes transversales ; front à peine incliné et divisé en quatre lobes arrondis , dont les deux externes très-petits ; bords latéro-antérieurs de la ca- HISTOIRE NATURELLE 39^ rapace divisés en quatre dents , dont les deux premières arron- dies et comprimées , et les deux dernières triangulaires et carénées en dessus. Pâtes antérieures granuleuses. Longueur, environ i ponce; quelques poils sur la carapace et sur les pâtes. Habile l’Australasie. (G. M.) ao. Xahthe a huit dints. — X. octodentatus (1). Face externe des mains ne présentant pas de petits tu- bercules disposés par rangées horizontales ; bords latéro- antérieurs de la carapace armés de dents très -fortes et séparées entre elles par des échancrures très-profondes ; carapace légèrement bombée , assez fortement bosselée près du bord antérieur et lisse dans sa partie postérieure ; front à peine saillant et divisé en deux lobes ; pâtes antérieures médiocres ; carpe garni en dedans de deux gros tubercules ; pinces légère- ment cannelées ; pâtes suivantes très.comprbnées et bordées de poils. Longueur, a pouces et demi. Habite (G. M. ) 21. Xantbe rayonné. — X. radiatus (2). Face externe de la main granuleuse , mais ne présen- tant pas de rangées de tubercules ; bords latéro-antérieurs de la carapace comme festonnés, armés de trois ou quatre petites dents pointues réunies entre elles par une crête mince ; face supérieure de la carapace presque plane , lisse , à régions assez distinctes et légèrement bosselée en avant ; ses bords latéro-postérieurs droits ; front presque droit divisé par (i) C. marhms lœvis, Rumph. PI, 5, fig — C. Jloriâus ? Lati'. Encyc. PI. 283, fîg. a. ( JVÏiil copiée d'après Rumpli. )t^’nKcer Goérin , Icon.Cr.,Pl. 3, fig- i- fa) C. clodone'i Herhst , t. HI, p. 37, Pi. Sa, fig. 5. * DES CRUSTACÉS. .^99 une fissure médiane à peine visible ; pâtes antérieures assez grosses ; carpe armé en dedans de deux tubercules pointus ; main bordée en dessous comme en dessus d une crete tran* chante ; pales suivantes très-comprimées. Longueur , environ 4 lignes. Habite l’Ile-de-France. (G. M.) Plusieurs Crustacés, qui ne nous sont connus cpie d après les figures que Herbst en a donné, et qui nous paraissent dis- tincts des précédons, devront probablement prendre également place dans le genre Xanthe. De ce nombre sont : Le G. ACASTE ( PI. 54 , fig. 4) > 1® carapace paraît être lisse et les mains armées en dessus d’une crete tranchante. Le G. CLYMÈNE (PI. 53 , fig. 6) , qui ressemble beaucoup an Xanthe rivuleux. Le G. MÉTIS (PI. 54, fig- 3), dont la carapace, fortement bosselée en avant , est beaucoup plus étroite et le front plus avance que chez les autres Xanthes. Le Cancer mErcenaria , décrit parM. Say {Journ. of the Acad, of Philad. , t. I , p. 448 ) , paraît être aussi un Xante. Le front de ce Cancérien est divisé par une fissuie médiocre et légèrement sinueuse ; les bords latéro-antérieurs de la carapace sont divisés par des sinus en quatre dents obtuses, réticulées au bout et à peine saillantes ; enfin , ses pâtes sont très-poilues. On l’emploie comme aliment à Charlestown. VI. Genre CHLOHODE, — - Chlocodius (i). Les Crustacés dont nous formons ce groupe ont une très-grande analogie avec les Xanthes ; mais ils ont la c I § B. ÆJ^pèces ayant la carapace peu bosselée , si ce n’est tout-à-fait PII avant , et les mains dépourvues de tu- hercules. 3. CttLoaODE LOifGiMAH^E. — C. loiigimanus. Troisième article des pales des quatre dernières paires armé d'épines sur le bord supérieur ; carapace aplatie, un peu bosselée en avant , unie à sa partie postérieure et à régions peu marquées; front très-large, presque horizontal, épais, creusé en avant d’un sillon transversal et divisé en deux lobes tronqués; bords latéro-antcrieurs à peine courbés, ne dépas- sant pas le niveau du milieu de la région génitale , et divisés en cinq dents pointues, dont la première constitue l’angle orbitaire externe Une échancrure arrondie au milieu du bord anterieur du troisième article des pates-mâcboires externes. Pâtes anté- rieures {du mâle) grêles et exirêmement longues; leur troi- sième article plus long que la carapace , et armé sur le bord antérieur de quatre épines mousses; une épine sur le car|ie; mains très-longues et s’élargissant vers le bout ; pâtes suivantes courtes, arrondies et couvertes de poils dans leur moitié ex- terne. Longueur , environ 6 lignes. Habite les côtes de Portorico. ( C. M. ) 4. Chloeode HAiN. — C. niger (1). Troisième article des pâtes des quatre dernières paires non épineux; pâtes antérieures très -longues , leur troi- sième article dépassant de beaucoup les bords de la cara- pace ; carapace presque plane en dessus, à régions peu distinctes ; front très-large et presque droit ; bords latéro-autérieurs armés de quatre dents , à peuie eourbés , et se dirigeant presque di- (I) loger. Forsk. op. cit. p. 89; Chhrodins niger. Kuppell, op. cit. p. 20, pi. 4i %■ 7- «RrST.ACÉS , TOME I. î>,6 /fo'j lIlSTOrRi; NATÜliELtE rectement en arrière , le grand diamètre latéral de la carapace n’étant guères plus long quele bord fronto-orbitaire. Pâtes lisses. Longueur, environ 4 lignes ; couleur de la carapace, noirâtre; pinces noires avec une bordur e blanche à leur extrémité. Habite la mer Rouge. 5. Chlobode laboubée. — C. exaratus. Troisième article des pâtes non épineux ; celles de la première paire courtes , leur troisième article dépassant à peine les bords de la carapace ; carapace à peine bombée et tr'es-inégale dans sa moitié antérieure bords latéro- antérieurs armés de quatre dents triangulaires , courbes et obliques ; front étroit et formé de deux lobes mbices et tron- qués , le bord fronto-orbitaire n’occupant qu’environ la moitié du diamètre transversal de la carapace, Pales courtes j celles de la première paire grosses , renflées et lisses. Longueur, environ 6 lignes ; couleur jamie rougeâtre, avec les pinces noires. Habite les cotes de l’Inde. (C. M. ) 6. Cni.ORODE SANGUINE, — C. satiguitieus. Mêmes caractères que pour l’espèce précédente , si ce n’est que les bords latéro-antérieurs de la carapace sont armés de six ou sept dents. Longueur, environ 4 lignes; couleur blanchâtre mêlée de rouge . Habite les mers de l’Ile-de-France. (C. M.) y, Chuopode ecdore. — C. eudorus (i). Ne diffère guères de l’espèce pi'écédente que par des bosse- lures plus élevées et plus nombreuses , et par la forme du front , dont les lobes moyens sont étroits et profondément échancrés , de façon à présenter chacun deux petites dents arrondies. Habite la Nouvelle-Zélande, (C. M. ) (i) ('aitccy eiutorn. lîerli, t. III, PI. 5l, lig. 3. nl;s C fi t: STACJ-S. 4o3 ,« VII. Geivke PxVNOPÉ. — Panopeiis (il. Dans ce petit groupe , qui semble concluu’e vers le genre Carcin , la carapace est bien moins ovalaire, même que clans les genres Xanthe et Chlorocle ; les bords latéro-anté- rienrs sont minces, dentelés, peu courbés, et ne se prolon- gent que peu en arrière ; les bords latéro-postérieurs sont au contraire très-longs et forment avec le bord postérieur un angle presque choit. Ces Cancériens se distinguent aussi de tous les précédens , par l’existence d’un hiatus au boi'd inférieur de l’orbite , au-dessous de l’angle extei'ne de cette cavité. Du reste , les Panopés ressemblent Iteaucoup aux Xanthes. Ges Crustacés appartiennent à l’Amérique. § A. Bord latéro- antérieur de la carapace atteignant le niveau du bord antérieur de la région génitale. i. Panopé de Hekbst. — P. [Terbstii (2). Carapace à peine bombée et légèrement bosselée en avant; front comme dans le Xanthe rivuleux. Une petite dent à l’angle orbitaire externe au-dessus de l’hiatus ; bords latéro-antérieurs armés en outre de quatre dents triangulaires, comprimés et saillans ; un petit tubercule au-dessous delà base delà première. Pâtes antérieures grosses et renflées; un petit tubercule pointu au bord interne du carpe ; pinces courtes , fortes et arrondies ; pâtes suivantes assez minces, lisses, et de longueur médiocre; enfui le second segment de l’abdomen du mâle à peu près de même longueur que les deux segmens qui 1 avoisinent. Lon- (1) Cancer. Herbst. Say. (2) Cancer panope. Herb. PI, 54, fig- ^ ' — Say. loc, cit. Pl. 4 , fig. 3. 26. HISTOIRE WATÜRELEK 4o4 gueur, environ ■>, pouces ; couleur jaunâtre mêlée de vert , avec les pinces noires. Habite les côtes de l’Amérique septentrionale. (C. Î\I. ) § B. Bords latér O- antérieurs de la carapace ne dépassant gu'eres le niveau du milieu de la région stomacale. 2. Panope vaseux. — P. limosus (i). Cette espèce est très-voisine de la précédente , mais sa eara- pace est beaucoup plus large , et ses bords latéro antérleurs sont dirigés moins obliquement en arrière. Enfin , l’épine placée sur la région ptérjgostoinienue est rudimentaire , et chez le mâle le deuxième segment de l’abdomen est beaucoup moins long que les deux seginens qui l’avoisinent , et ses bords latéraux sont droits- Longueur, environ 2 pouces. Habite les côtes de l’Amérique septentrionale. (C. M. ) Le Cancer trispinosus de Herbst (PI. S’], fig. 4) "le paraît devoir être rapporté à cette division générique. Le Cancer ochtodes du même auteur (PI. 8, lig. 54) pourrait bien y appartenir aussi. VIII. Genre OZIE. — Ozius. Ces Cancériens ont , de même que les précêdens , les plus grands rapports avec les Xanthes ; en général , cepen- dant, leur carapace est moins large et les bords latéro-an- téi’ieurs moins courbes, ne se prolongent pas aussi loin en arrière, et n’attaquent que le niveau du milieu de la ré- gion gc'nitale ; la carapace n’est bosselée qu’à sa partie an- térieure, et ses bords latéro- postérieurs sont ordinairement (i) Cancer limosa. Say. loc. cit. p. ^/|6. BES CRUSTACES. 4o5 un peu convexes ; mais ce qui caractérisé surtout les Ozies , est la disposition de l’espace compris enlre le bord antérieur du cadre buccal et la bouche elle-même ; dans tous les Can- cérieus dont nous nous sommes occupés jusqii’ici , cette espece pré! abiiile est lisse (Pi. i6 , lig- lo), et le canal elFérent de la cavité branchiale ne s’y distingue pas , tandis que chez les Ozies il existe de chaque côté de l’espace pré- labiale , une gouttière profonde qui fait suite à ce canal , et dont le bord interne est très-saillant, et vient se réunir au bord antérieur du cadre buccal. ( oj'e-z PI. i6 , flg. ni) La disposition des antennes . des orbites , des pates-mâ- choires et des pâtes , est à peu près la même que chez les Xanthes. Enfin, dans l’abdomen du mâle ainsi que dans celui de la femelle, les sept anneaux restent parfaitement dis- tincts et nese soudentpas entre eux, comme cela a lieu pour trois de ces segmens chez la plupart des Cancériens déjà décri t-s. § A. Especes ayant les bords latéro-antérieurs de la cara- pace armés de cinq ou six dents aiguës. I. OzlE TUUEKCULEüX. O. tubcrCulosUS . Carapace peu convexe , bosselée et granuleuse à sa partie antérieure ; front armé de cjuatre dents arrondies ; orbites diri- gées très-obliquement eu haut; bords latéro-antérieurs de la carapace ne dépassant pas le niveau du milieu de la région génitale; bords latéro-postérieurs convexes; article basilaii e des antennes externes très-oblique ; leur tige mobile rudimentaire , et l’hiatus qui la renferme très-étroit. Régions pterygosto- miennes granuleuses ; troisième article des patc.s • mâchoires externes échancré a son bord antérieur. Pâtes antérieures trè.s- fortes, renflées et granuleuses; les suivantes courtes, cylin- driques et légèrement granulées. Longueur, environ i pouces ; coideur brunâtre. Paraît habiter l’océan Indien. (C. M- ) 4o6 H I s T O 1 K E N A T U R £ E L E 5 B. Especes ayant les bords latéro-antérieurs de la cara- pace divisés en quatre ou cinq lobes plus ou moins dcntif ormes , mais toujours larges et obtus, b. Front ne présentant pus eu avant un sillon trans- versal. b*. Front presque droit , légèrement sinueux. a. OziE TRONQUÉ. — O. truncatus. Carapace peu élargie, presque plane en dessus, et légère- ment bossele'e en avant; front très-large; orbites sans fissures distinctes ; bords latéro-antérieurs courts. Régions ptérygosto- miennes , antennes externes, et pates-mâchoires externes à peu près comme dans l’espèce précédente (PI. i é, fig- > > ) j pâtes moins fortes. Longueur, un pouce et demi ; couleur bru- nâtre. Habite l’Australasie. (C. M. ) b'*. Front armé de quatre tubercules arrondis {les angles internes du bord orbitaire supérieur non compris. ) 3. OziE MOUCHETÉ. — O. guttatus. Carapace ovalaire , à peine bombée , lisse en dessus ; front presque droit ; orbites avec une tissure en dessus et une petite dent à l’angle externe ; bords latéro-antérieurs à peine décou- pés; du Teste, à peu près comme les espèces précédentes. Lon- gueur, 2 pouces ; couleur jaunâtre piquetée de rouge. Habite la Nouvelle-Hollande. ( C. M. ) bb. Front creusé en avant d’un sillon transversal. 54- OziE FRONTAL O. froutalis. Carapace ovalaire , très-élargie , presque entièrement plane en dessus , un peu rugueuse à sa partie antérieure ; front Di:s ckxjstacés. 4‘^'“ cannelé et obscurément divisé en quatre dents. Orbites sans dent à l’angle externe; bords latéro-anlérieurs longs, très- courbes, et divisés en quatre lobes fort larges, tronqués et à peine saillaiis. Article basilaire des antennes externes droit et très-petit; point d’échancrure au bord antérieur du troisième article des pates-màchoires externes. Pâtes antérieures tres- inégales, fortes et lisses; les suivantes petites et arrondies. Longueur, environ un pouce; couleur brun jaunâtre , avec les pinces d’un brun noirâtre. Habite la côte de Tranquebar. ; (j. M. ) IX. GEmiEPSEUDOCARCm. — Pseiidocarcinus (i;. La forme générale des Pseudocarcins est la môme que celle de plusieurs Xanthes ; la carapace (PI. bis, fig. lo) est légèrement bombée et un peu bosselée près i\n front qui est presque horizontal ; les bords latéro-anterietirs sont mé- diocrement courbés et armés de dents plus ou moins saillantes ; enfin la portion postérieure de la carapace est à peu près de même étendue que l’antérieure , et ses bords latéraux sont droits et dirigés très-obliquement en arrière. La pi incipale différence qui distingue ces Crustacés des genres precedens , consiste dans la disposition des antennes externes ( ooyez PI. i6 , fig. 12 ) , dont l’article basilaire est très-petit, dont le second” article atteint à peine le front , et dont le troi- sième , qui est logé dans l’hiatus orbitaire , ne le remplit pas , de sorte que la fossette anteniiaire n’est pas complète- ment séparée de Y orbite; enfin la tige terminale de ces ap- pendices, au lieu d’être très-courte , est plus de deux fois aussi longue que .son pédoncule. L’espace prélabial n’est pas canaliculé comme chez les Ozies, et les pâtes -mâ- choires externes ne présentent rien de particulier. Les pâtes de la première paire sont remarquables par leur gros- seur , chez le mâle surtout; elles ont à peu près la meme .(1) CaiLcer. Fabr. — Herbst, — Lamarck. etc UISÏ01HJÏ NATURELLE forme que chez les Carpilies , mais sont encore plus fortes ; les pinces sont également arrondies et obtuses au bout , inégales et armées de gros tubercules arrondis, lesquels, d’un coté (en général le droit ) , ne sont qu’en très-petit nombre et d’un volume remarquable; les pâtes suivantes sont assez longues et ressemblent beaucoup à celles des Xanthes de la section A . si ce n est qu'elles sont p'us étroites , et que leur dei uier ai'ticle est plus long. L’abdomen du mâle est divisé en sept articles bien distincts. { Foyez PI. i4, fig. i3. ) Ce genre appartient à l’Océan indien. A. Lspeces ayant les bonis latéraux de la carapace armés de quatre ou cinq dents. a. l'ace supérieure de la carapace bosselée antérieur renient» I. PsEUDOCARCIN DE RuMPH. P. RumpllÜ {l). Bords latéro-antérieurs de la carapace armés de quatre dents triangulaires profondément découpées ( l’angle orbi- taire externe non compris); face supérieure de la carapace lé- gèrement bosselée , presque entièrement lisse, à régions peu distinctes , et présentant près du front quatre tubercules raa- millaires. Front profondément divisé en deux dents arrondies et saillantes, en dehors desquelles on remarque de chaque côté deux petits tubercules ; orbites marquées d’une fissure au bord supérieur et présentant deux tubercules arrondis à leur angle externe. Pâtes auterieures extrêmement grosses, ren- flées et lisses ; le hias court, le carpe très-développé et pres- que globuleux ; enfin la main ayant à peu près la longueur du diamètre transversal de la carapace ; les pâtes suivantes de (0 Cance, Rumphii. Fabr. Suppl, p. 335 ; _ Herb. t. III, PI. 49, des crustacés. 4og longueur médiocre , arrondies et poilues vers le bout. Lon- gueur, 2 à 3 ])ouces. Habite la mer des Indes.. (G. M. ) 2. PsEUuocARüiw DE Bellahgek. — P- PellangerU. Bords latéro-antérieurs de la carapace armés de quatre dents à peine découpées et ayant la forme de lobes tron- qués (PI 14 bis, lig. 10). Les tubercules de l’angle orbi- taire externe sont moins gros et moins saillans que dans l’espece précédente, et la tige terminale des antennes externes est plus longue; du reste , ses caractères sont les mêmes. Longueur, 2 pouces; couleur de la cara^iace , brunâtre mêlée de jaune; pâtes jaunâtres et pinces noires. Habite la mer des Indes. (G. M. ) aa. Carapace lisse , sans bosselures notables à sa partie antérieure. 3. PsEUDOGARCIN OCELLÉ. P . OCellatUS. Gette espèce est très-voisine du P. de Rumph , mais le front est plus saillant et divisé en deux lobes tronqués assex larges ; la disposition des bords latéi'O-antérieius de la cara- pace est la même que dans le P. do Bcllanger. Longueur, en- viron 3 pouces ; couleur de la carapace , jaunâtre , avec une multitude do tacbes circulaires rouges ; pinces noires ; pâtes dos quatre dernières paires ornées de bander rouges et jaunes. Patrie Inconnue. ( G. M. ) § B. Especes ayant les bords latéro-antérieurs de la ca- rapace ai’inés de neuf ou dix dents spiniformes. 4. PsEUDOCAKCIK GÉANT. P- (0' Carapace légèrement bombée et renflée sur les cotés ; front (1) Cancer gigas, Lamk, Hist des An- sans vert. t. V, p* 3^2. HISTOIRE .lATUREELE 4lO armé de quatre grosses dents pointues , près de la base des- quelles on distingue sur la région stomacale autant de tuber- cules arrondis ; bords latéro-autérleurs obscurément divisés en quatre lobes , armés chacun de deux ou ti-ois dents spini- formes; orbites divisées par quatre fissures comme chez les Xanthes ; pâtes antérieures très - grosses ; bord postérieur du bras épineux ; carpe armé en dedans de deux dents ; mains comme dans les espèces précédentes ; pâtes des cpatre dernières paires arrondies, armées d’épines sur le Lord supé- rieur du troisième article , et recouvertes d’un duvet épais sur les articles suivans. Longueur, environ j pommes ; couleur jaunafre marbrée de rouge ; pinces noires. Habite les mers de la Nouvelle-Hollande. ( G. M. ) X. Genre ÉTISE. — Etisus (i). Ce petit groupe établit le passage entre les Xanthes et les Platycarcips. La carapace des Etiscs est moins ovalaire et moins large que chez la plupart des Cancériens arqués. Le front est large , lamelleux et divisé sur la ligne médiane par une fissure comme chez les Xanthes ; mais les deux lobes , larges et tronqués , qui en forment la partie princi- pale , sont séparés par une échancrure profonde de l’angle antérieur et supérieur de l’orbite , qui est arrondi et sail- lant ; les bords latéro-antérieurs de la carapace sont for- tement dentés. Les antennes internes se rcploient presque longitudinalement , et l’article basilaire des antennes ex- ternes qui est très-grand , se réunit au front , et présente du côté externe un prolongement qui remplit l’hiatus de l’angle orbitaire interne ; enfin la tige mobile de ces antennes, qui est très-courte, s’insère complètement hors de ce hiatus, au-des- sous du front et plus près de la fossette antennaire que de l’oi’bite. Les pâtes- mâchoires externes ne présentent rien de (l) Cancer. Herbst. DKS eut STAGES. 4' ' remarquable ; les pâtes de la première paire sont assez grosses , et les pinces , très-éiargies au bout et arrondies , sont profondément creusées en cuillère. A. Carapace à peine bosselée en dessus. 3. Etise denté. — dentaliis (i). Carapace bombée et à régions distinctes ; front avancé et formé de deux grands lobes aplatis et tronqués , en dehors des- quels est un gros tubercule arrondi qui occupe l’angle orbitaire interne. Orbites armées de (|unLi-o dents, savoir : une en dessus, une à l’angle externe et deux en dessous. Bords latéro-antérieui s assez fortement courbés , atteignant le niveau de la région cor- diale, et obscurément divisés eu quatre lobes garnis chacmi d’une forte dent arrondie et recourbée en avant; les deux lobes moyens présentent en outre doux ou trois dents plus pe- tites , de façon que leur nombre total est au moins de huit de chaque côté. Fossettes antennaires plus larges que longues; article basilaire des antennes externes n’envoyant qu’un prolon- gement très-étroit dans l’iiiatus orbitaire ; pâtes antérieures mé- diocres ; mains un peu comprimées ; pâtes des quatre dernières paires hérissées en dessus d’épines. Longueiu-, 3 ou 4 pouces; couleur rougeâtre. Habite l’archipel Indien. ( C. M.) B. Carapace couverte de bosselures séparées entré elles par des sillons profonds. \ I 4. Etise bosselé. — E. anaglyptus. Carapace à peine bombée et n’étant pas une fois et demie aussi large que longue ; front et orbites à peu près comme dans l’espèce précédente ; bords latéro-antérieurs peu courbes , à peu .;i) Cancer dentatus. Herb. t. I, p. 186, PI- 11 > hg. 66. 4'^ UISÏOIBE NATURELLE près de meme longueur que les latéro-postérîeurs , et armés de quatre grosses dents triangidaires et saillantes (l’angle orbitaire externe non compris ). Antennes comme dans TE. denté ; pâtes antérieures fortes et garnies de tubercules j celles des quatre dernières paires comme chez 1 E. denté , seulement garnies de jdus de poils. Longueur, environ un pouce et demi; couleur blanchâtre ? Habite FAustralasie. (G. M. ) Le Crustacé ligure par M. Savigny ( Egypte, PL 5 , fig. 7 ) , et rapporté avec doute parM. Audouiu au G. in.equalis d’Oli- vier [Eticyc., t. VI, p. 166), parait très voisin de l’Etisc bosselé, et devra probablement être rangé dans le même genre ; il s en distingue par l’absence d’épines sur les huit der- nières pâtes. Habite les côtes d’Afrique. M. Savigny a figuré (PL 5, lig. 6) un autre Gaucérien qui se distingue facilement de l’espèce précédente par l’existence de petits tubercules granuleux sur toute la surlàce de la carapace, ainsi que sur les pâtes antérieures. Le Cancer ei.ectra , de Herbst (PL 5i , 11g. 6 ) , me paraît se rapporter aussi à ce genre ; il se distingue facilement des espèces précédentes par la disposition du front. XI. Genre PLATYCARCIN. Platycarcinus (i). Ce genre , de même que les deux précédens , est ex- trêmement voisin des Crabes et des Xanthes, aussi ont-ils été pendant long-temps tons réunis en une seule division gé- nérique. En ell’et , la forme générale des Platycarcins ne difiert que peu de celle des Xanthes ; la carapace est un peu bombée et très-élargie ; le/êo/iiest étroit, presque bori- (i) Cancer. Linn. Fahr. Latr. Leacli. Desm. etc- Tourteau. Latr. Film- liât. p. 2701 Cintycarcinus Latr. Collect. du .Muséum. PES CRUSTACÉS. 4'^ zoiital et divisé en plusieurs dents , dont une occupe la ligne nii'diane. Les bords latéro-antérieurs de la carapace sont divisés par des fissures en un grand nombre de lobes den- tiformcs ; leur extrémité postérieure atteint le niveau du bord antérieur de la région cordiale , et se continue avec une ligne éicx'ée qui surmonte le bord latéro-postérieur. Les antennes internes ( uoj es l’I. i6, %■ '5), au lieu de se reployer obliquement en dehors , se dirigent presque direc- tement en avant. Les antennes externes sont disposées à peu près comme dans le genre précédent , leur article ba- silaire est très-développé , et se loge en partie dans l’espace qui existe entre l’angle interne du bord orbitaire inferieur et le front ; mais le second article de ces appendices , au lieu de naître près du bord externe du premier dans le canthus orbitaire interne, s’insère à peu de distance de la fossette antenuairc , complètement hors de 1 orbite ; du reste , il est petit , cylindrique , et ne présente rien de re- marquable. La disposition des pièces de la bouche , des pâtes et de l’abdomen , est à peu près la même que dans les Xanthes. A. Especes ayant Vangle orbitaire externe beaucoup ynoitis aoancè cpie la portion ooisine du bord laterO“~ antérieur de la carapace. I . Platycaecin pagure. — P. pagurus (i). Carapace plus d’une fois et demie aussi large que longue , à réglons peu distinctes, légèrement bombée et très-finement granulée on dessus. Front très-étroit , peu saillant, et garni de (i) Cnneer mænns Rond. t. It,p '^0®* Linn. Syst. liât. ; — Mus. Adolph. Fred. t. I, p 85. — Sixpp- p 334, etc..- — Penn. t. IV, PI. 3, lig-. n. fimbrialus. Olivi , ZooS. adr. C. pagurus. Herb. t. I, JM. g, fig. 5(). — Lcacli . Malac. PI. lo; Desm. p. io3, 1^1.8, fig. i 4> ( HlSTOIlîE NATUP, ELLE cinq dents arrondies, dont les externes constituent l’angle orbi- taire supérieur et interne. Orbite pi-ésentant deux fissures à son bord supérieur, et ni dent ni tubercule à son angle externe. Bords latéro-antérieiirs se dirigeant d’abord en dehors et en avant , puis se recourbant en arrière , se continuant presque sans interruption avec les bords latéro-postérieurs , minces et divisés en neuf lobes légèrement dentiformes , très-larges , à peine sad- lans et s(‘parés par des plis ; un lobule semblalde, niais arrondi, à la partie antérieure du bord latéro-postérienr ; fossettes an- tennaires beaucoup plus longues que larges ; un tubercule tres- saillant à l’extrémité de l’article basilaire des antennes externes en dehors du point d’insertion de l’article suivant; pâtes anté- rieures fortes , arrondies , et ne présentant ni épines ni dents ; pinces pointues, garnies de dents arrondies; pâtes suivantes un peu comprimées et irrégulièrement anguleuses ; un sillon profond de chaque côté du tarse. Longueur, 5 à 6 pouces; couleur rouge- brun en dessus, blanchâtre en dessous, et avec les pinces noires ; des faisceaux de poils bruns , raides et courts sur les pâtes des quatre dernières paires. Ce Crustacé, qui est très-commun sur nos côtes , et qui pèse quelquefois plus de cinq livres, est très-estimé comme aliment, On le connaît vulgairement sous les noms de Tourteau , de Poupart, de Hoiwet , etc. (C. M.) B. Especes ayant V angle orbitaire externe plus avancé que la portion voisine du bord latéro-antérieur de la carapace. 3. Platycabcin amosé. — P. irroratus (i). Carapace légèrement convexe , finement chagrinée en dessus et presque une fois et demie aussi large que longue ; front plus large et armé de dents moins saillantes que dans l’espèce pré- (l) Cancer irroratus, Say. op* cit. p. 5(), PI. 4, tig- 2. Cancer amee. liens. Herh. t. III, PI. 49, bg- DF.S CHL-STACrS. céclcnle ; bord latéro-antérieur se portant île suite en dehors et en arrière , décrivant une courbure assez forte , et armé de neuf dents plus ou moins distinctes, tronquées, peu saillantes et granulées J une dixième dent plus petite au commencement du bord latéro postérieur. Pâtes antérieures comprimées et de gran- deur médiocre ; carpe armé en dedans d’une forte dent ; mains élevées et garnies en dehors de quatre ou cinq lignes longitu- dinales et élevées ; pâtes suivantes comprimées et dépourvues de dents ou épines. Longueur, environ 3 pouces; couleur rou- geâtre , des poils assez longs sur les bords des pâtes. Habite les cotes de l’Amérique du Nord. (G. M.) Xll. Genre PILUMNE. Pilumnus (i). Ce genre est extrêmement rapproche des Xanthes et des Pseudocarcins ; le seul caractère bien précis que len dis- tingue réside dans la disposition des antennes externes ; mais l’aspect général de ces animaux offre aussi quelque chose de particulier et ne permet pas de les confondre avec ceux dont nous venons de faire l’histoire. La carapace des Pilumnes est toujours assez elevée, lé- gèrement bombée et sans bosselures ou lignes de démarca- tion bien notables entre ses diverses régions; son diamètre antéro-postérieur égale en longueur les trois quarts de son diamètre transversal ; le contour de sa moitié anté- rieure est assez régulièrement arqué et se joint aux bords latéro-postérieui's vers le niveau du bord postérieur de la région stomacale ; enfin , les régions branchiales sont très- développées , et on remarque entre elles et les régions hé- patiques une petite rainure courbe dont la convexité est dirigée en avant , disposition qui est directement contraire à ce qui se voit chez la plupart des Cancerlens. hc front , (i) Linn. Penn. Herb etc. Pilumnus . Leacli, Trans. I-tiim. Soc. t. XI , p. biitr. r.ncye. t. X , p. m j > P- ' " ■ 4 • H I s r O I a K îf A T tr K E L J, e est lanielleux , assez avancé et peu incliné. Les orbites sont en général plus ou moins dentelées, et les boi-ds latéro-an- térieurs de la carapace sont courts et armés d’épines aiguës. L article basilaire des antennes e.xlenies n’atteint pas lOut- à fait le front, et n’est guères plus large à son extré- mité que le second ai'ticle, qui est presque aussi long que le premier , dépasse le front, et n’est pas encaissé dans l’hia- tus orbitaire , mais complètement mobile (PI. i6,fig. i4); le troisième article est egalement assez long et la tige terminale est très-allongée , elle atteint en général le mi- lieu du bord -antérieur de la carapace. U espace prèla- bial est presque toujours légèrement canaliculé ; mais les crêtes qu’on y remarque sont bien moins saillantes que chez les Ozies. Les pat.es - mâchoires externes ne pré- sentent rien de remarquable ; les pâtes antérieures sont fortes , renflées, assez longues et un peu inégales ; celles des paires suivantes sont médiocres et arrondies ; les secondes sont en générai un peu moins longues que les troi- sièmes, et celles-ci n’ont guères plus d’une fois et demie la longueur de la carapace; quelquefois ce sont les pâtes de la quatrième paire qui sont les plus longues. Enfin \'ab- domen se compose de sept articles distincts clans les deux sexes. Nous ajouterons encore que, dans toutes les espèces connues , les cjuatre dernières paires de pâtes et la partie antérieure de la carapace, sinon toute sa surface, sont poilues. Ce genre est un des groupes les plus naturels, et cepen- dant il est répandu dans presejue toutes les mers. § A. Especes ayant les bords latéro- antérieurs de la cara- pace sans épines. I. PiLüMWE FKAacÉE P. fimbriatus. Carapace peu bombée et a régions plus distinctes que dans les espèces suivantes, à peine poilue en dessus, mais garnie tout autour d’une bordure de poils longs et soyeux. Pâtes ÏJF.S CRUSTACÉS. 417 g.Arnies de longs poils , mais sur leurs bords seulement. Bord orbitaire inférieur faiblement échancré en dehors ; troisième article des pates-màcholres externes à peine tronqué. Lon- gueur, 5 lignes. Cette espèce se rapproche beaucoup des Xanthes, Rapporté de la Nouvelle-Hollande par MM. Quoy et Gai- mard. (C. M.) § B. Especes ayant les bords latéro-antérieurs de la ca- rapace épineux. b. Bord orbitaire supérieur dépourvu dé épines. b*. Bords latéro-antérieurs de la carapace armés de quatre épines placées sur la même ligne [l'angle orbitaire externe non compris). I. PlLUMKE HÉRISSÉ. — P. hirtcllus (l). Carapace lisse; front légèrement dentelé sur le bord, divisé par une fissure médiane très-profonde et assez large; bords orbitaires marqués d’une petite fissure en dessus, et armés en dessous d’épines ; bords laféro - antérieurs armés de quatre épines acérées assez fortes et dirigées en avant (celle de l’angle orbitaire externe non compris); une petite épine sur la région ptérygostomienne près de l’angle orbitaire externe. Pâtes anté- rieures fortes , renflées et très-hiégales ; mains légèrement tu- berculeuses en dessus et en dehors, mais ne présentant point d’épines acérées. Longueur, environ 10 lignes ; un peu de duvet sur les réglons hépatiques, et quelques poils assez longs sur les huit dernières pâtes. Couleur brun rougeâtre mélé de jaune; pinces brunes. Habite les mers d’Europe. (C. M.) (0 Cancer hirtellus. Penn. t. IV, PI- 6- bg- >5; — Hetb. t. I, PI, 7, fig. 5i ; Pilumnus hirlellus. Leach. Malac. PI. la; — Desm p. III, PI. Il, fig. I ! — Latr. Encyc. t. X, p. laS. CRUSTACÉS, TOME I. ?, histoire naturelle 4.8 b**. Bords latéro-antèrieurs armés seulement de trois épines placées sur la même ligne. ( L’angle orbi- taire non compris. ) b ’ Face externe de la main la plus grosse granuleuse ou tuberculeuse , mais ne pré- sentant pas des rangées horizontales d’é- pines. 3. Pilumne chauve-souris. — P. uespertilio (i). Bords latéro-antèrieurs de la carapace armés de trois grosses épines placées sur la même ligne , et présentant au devant d’elles une quatrième épine plus petite qui est située plus bas et appartient à la région ptér^gostomienne; bord inférieur des mains lisse. Troisième article des pates- niâcholres externes profondément échancrc à son angle anté- rieur et interne. Corps entièrement couvert de longs poils bruns et d’un aspect laineux ; du reste , tres-seinblable a 1 es- pèce précédente. Habite les Indes orientales. (C. M. ) 4. PiLUMHE DUVETÉ. — P. tomeutosus (2). Ne diffère guères de la précédente, si ce n est pari existence de granulations sur toute la partie inférieure de la main, et par la nature des poils fjui constitue une sorte de duvet très-court ; le corps est d’une couleur brun noirâtre , et les pinces sont noirâtres. Habite la Nouvelle-Hollande. ( C. M. ) 5. PiLUMNE DE Quoi. — P. Quoii. Épines latérales de la carapace et front comme dans l’espèce (1) C. vespertilin. Fabr. Supp P- 338; Pititmnus vespertilio. Lesch, Trans. Linn. Soc. t. XI- — Desm. , p im; — Latr. Encyc. t X , p. laS. (2) Latr. Encyc. t X, p. ia->-. nES CKUSTACKS. 4 '9 pi écédenle ; troisième article des pates-màchoires externes sim- plement tronqué à son angle antérieur et interne , et non échan- cré comme dans les espèces piéccdentes ; pâtes antci'ieures très-fortes ; carpe et mains armés en dessus d’épines assez o-rosses; toute la face supérieure de l’animal couverte de poils roux, courts, très-raides et espacés. Longueur, environ un pouce. Trouvé à Rio-Janeiro, par MM. Quoi et Gàimard. (G. M.) 6. PiLUMNÈ de Pénoiî. — P. Peronii. Point d’épine située au-dessous et en aoant des trois épines du bord latéro-antérieiir de la carapace , qui sont tres-petites ; carapace assez bombée et presque lisse ; très-peu de duvet. Longueur, 4 lignes. Mers d’Asie. (G. M. ) b*'^++. Face externe de la main la plus grosse armée de plusieurs rangées horizontales d’épines. 6. PiLUMKE DE Foeskal. — P- ForskalU (i). Carapace couverte de poils très -longs, gros, durs et insérés loin les uns des autres ; assez bombée et un peu granuleuse en dessus ; du reste, ressemblant beaucoup ait P. hérissé. Habite l’Égypte. (G. M.) J. PiLUMNE laineux. — P, lanatus (i). Carapace et pâtes couvertes d’un duvet fin , serré et très- court; carapace peu ou point granuleuse; épines latérales assez fortes. Longueur, 4 lignes. Habite l’Australasie. (G. M.) (1) Cancer incaniis. Forsl. p. 92. (2) Latr. Encyc. t. X, p. 125. 420 histoire naturelle hh. Bord orbitaire supérieur armé Æépiivcs. 8. PiLUMHE A PIQUANS. — P. aculeatus (i). Carapace armée en dessus de deux petites épines très- acérées sur chaque région hépatique , près du bord latéro- antéricur, qui est lui-même armé de trois épines placées sur la même ligne , et d’une quatrième placée plus bas sur la région ptérygostomienne , près de l’angle orbitaire externe. Habite l’Amérique septentrionale. (G. M. } 9. PiLUMNE SPINIFÈRE. — P. spinijèr (3). Point cl épines sur la j'ace supérieure de la carapace ; celles des bords latéro-antérieurs fortes et tres-aiguës ; pâtes an- térieures très-épineuses; les suivantes beaucoup plus longues et plus grêles que dans toutes les espèces précédentes; poils longs , fins et rares. Longueur, environ un pouce. Habite la Méditerranée. (C. M.) Le Pilumniis oilosus , de M. Risso { Ilist. nat. de 1 Europe mérid. t. V, p. 10), paraît avoir les bords latéraux de la cara- pace armés de cinq dents bifides ou trifîdes , ce qui ne se voit chez aucun autre Pilumne. XIU. GENRE RUPPELLIE. —Riippellia (3). Un Crustacé nouvellement décrit par le savant natura- liste*voyageur M. Ruppell , est le type de ce petit groupe (1) Cancer aculeatus. Say, loc. cit. p. 449. Pilumnus aculeatus. Edw. Guérin, Icon. Cr. PL 3 , fig. 92. (2) Cancer ve/ii. Rond. t. II , P- 4o8 ; Savigny, Egyp. PL 5, fig- 4- (3) Cancer. Ruppell , Crust- de la mer Rouge. DES C BEST A CE S. 4il qui conduit des Ozies aux Eri plues. La forme de la cara- pace se rapproche beaucoup de celle des X.anthes et d Ozies ; le bouclier dorsal est un peu courbé et environ une fois et demie aussi large que long. "Le front est beaucoup plus large que le cadre buccal ; mais il n’occupe pas avec les orbites la moitié du diamètre transversal de la carapace. Les bords latéro - antérieurs de la carapace sont moins longs que ses bords latéro-postérieurs avec lesquels ils se continuent sans former d’angle notable ; ils se termi- nent vers le niveau du milieu de la région génitale et sont armés de dents larges et peu saillantes. Les orbites sont presque circulaires et sont dirigées en haut et en avant ; leur bord inférieur vient se réunir à i’augle externe du front , de façon à ne laisser dans ce point qu’une simple fissure et non un espace assez considérable comme dans tous les Cancériens dont il a déjà été question. Il ré- sulte de cette disposition que les antennes externes sont complètement exclus des orbites ; leur article basilaire , grand et placé obliquement , arrive cependant à très- peu de distance du cantbus interne des yeux ; il sc soude au front par son bord supérieur qui est très-large, etijui jmrte vers son milieu la tige mobile de ces appendices , qui est d’une petitesse extrême. Les antennes internes se reploient directement en dehors comme chez les Xantbes, etc. L espace prélabial est canaliculé comme chez les Ozies , et le troi- sième article des pates-uiàchoires laisse , entre son bord an- térieur qui est Irès-obliiiue et le bord du cadre buccal , un espace qui correspond à 1 extrémité du canal efférent de 1 ap- pareil respiratoire. Du reste, ces Cancériens ne diffèrent pas notablement des Xantbes et des Ozies. I. RuPrELLIE OPINIATRE. — ü- tCliaX (l). Bord supérieur de P orbite marqué de deux fissures (l) Cancer tenax. Ruppcll , op. cit. PL a, fig- I HISTOIRE NATURELLE 423 séparées par une petite dent; une lissvu-e à son angle externe et deux dents à son Lord inférieur. Carapace bosselée et légè- rement granuleuse en avant , lisse et légèrement bombée en arrière. Front armé de six dents arrondies et à peu près équi- distantes , dont les externes sont moins saillantes que les autres et occupent l’angle du bord orbitaire supérieur. Bords latéro- antérieurs de la carapace armés de 4 ou 5 dents aplaties , très- larges et à peine saillantes. Bord antérieur du troisième article des pâtes -mâchoires externes échaneré au milieu. Pâtes antérieures grosses , arrondies et très-inégales dans les deux sexes ; mains granuleuses; pinces comme chez les Carpüies. Longueur, en- viron 2 pouces. Habite la mer Rouge. (G. M. ) 3. Ruppeilie pates-annelées. — /?. annulipes. Point de fissures ni de dents aux bords orbitaires su- périeur et inférieur. Front tr'es-incliné , moins profondé- ment denté que dans l’espèce précédente. , et creusé d’im petit sillon transversal ; une petite crête horizontale sur les dents des bords latero-antéricurs de la carapace; pâtes anté- rieures lisses. Longueur, 10 lignes; couleur blanchâtre, avec des bandes rosées sur les pâtes. Patrie inconnue. ( C. M. ) 3. Ruppei.lie visEux. — /{. vinosa Point de fissures ni de dents aux bords orbitaires supé- rieur et inférieur. Front trcs-large , horizontal et entier; carapace sans bosselures, plane transversalement et un peu granuleuse; ses bords latéro-antéricurs découpés en cinq dents, lamelleiix , dont le premier, formant l’angle externe de l’orbite , est peu saillant. Patrie inconnue. ( C. M. ) Peut-être faudi’ait-il rapporter aussi à ce genre le Cancer calypso de Herbst (PI. 52, %. 4)- DES CB ü ST ACES. 4'a3 XIV GENRE PIRIMÈLE.— /'iz-ime/a (i). La forme générale des Pirimèles ne diffère que peu de celle de plusieurs Gancériens ; mais sous les autres rapports elle s’en éloigne beaucoup. La carapace est régulièrement arquée dans sa moitié antérieure et fortement tronquée de chaque côté de sa moitié postérieure ; elle est un peu plus large que longue , bombée et fortement bosselee ; le front est étroit et armé de trois dents pointues ; les bords latéro-antérieurs se dirigent très-obliquement en arrière et en dehors , et sont armés de quatre fortes dents compri- mées et triangulaires. Les orbiies présentent deux dents et deux üssures en dessus , une dent aiguë à 1 angle ex- terne et une quatrième à l’angle interne et inférieui , les antennes internes se reploient longitudinalement comme chez les Platycarcins. Les antennes externes sont très-longues ; mais leur premier article , qui est logé dans un hiatus de 1 an- gle orbitaire, est très-court et ne se prolonge pas à beaucoup près aussi loin que l’article basilaire de l’antenne interne, la tige mobile de ces appendices naît par conséquent dans le can- thus orbitaire interne comme chez les Xantes , etc. hespates- viâchoires externes , au lieu de s’emboîter dans le cadre buc- cal comme dans tous les genres précédons , s’avancent sur épistome, et au lieu déporter l’article suivant cà l’angle an- térieur et intérieur de leur troisième article , elles y donnent insertion vers le tiers antérieur du bord interne de cet article. Le plastron sternal présente la même disposition que chez les Crabes , etc. ; sa longueur n’excède sa largeur que de moitié , et sa suture médiane occupe ses trois derniers se^mens. Les pâtes antérieures sont petites et comprimées; les suivantes ne présentent rien de remarquable. Enfin 1 ab- domen du mâle ne se compose que de ciuq articles. (I) Cancer. Montugu , Trans. Linu- Soc. t. IX ■ Pin mela.hench. Malac. — Desra. p. io5. — Latr. lleg. Anim a®, edit. t. IV, p. sa. 4^4 HISTOIRE NATURELLE t Ce genre ne rentérme encore qu’une seule espèce qui ap- partient aux mei’s d’Europe. I. PiRiMÈLE denticulée. — P. deJiHculata (i). Carapace lisse , mais fortement bosselée sur les régions sto- macale, génitale et branchiale, concave sur les régions hé- patiques ; bords latéro-antérieurs minces , et ne dépassant pas le niveau du milieu de la région génitale. Mains garnies d’une petite crête en dessus, et d’une ou deux lignes cai-énées sur leur face externe. Longueur , environ 6 lignes. Couleur verdâtre. Habite les côtes de la Manche , de la Vendée , etc. (G. M.) 3. CANGÉRIENS QUADRILATÈRES. Le petit groupe des Cancériens quadrilatères éta- blit le passage entre les précédens et divers Crustacés de la famille des Caloinétopes , aussi les genres dont il se compose ont-ils été placés par M. L .treille, tan- tôt dans la section des Arqués , tantôt dans celles des Qundrilatères,c\\x\, dans sa méthode, correspond à peu près à notre famille des Catométopes. Ainsi que nous l’avons déjà dit (p. 869), il se distingue des Cancériens arqués par la forme générale du corps ; le bordfronto- orbitaire de la carapace est ici très-large, ses bords latéraux sont peu courbés ou même presque droits, et sa portion postérieure n’est que peu rétrécie; il en résulte que ce bouclier cépbalo-thoracicfue n’est pas régulièrement arqué en avant, ni fortement tronqué en arrière, comme chez les Crabes , les Xantbes, etc.; mais se rapproche par sa forme d’un Quadrilatère (1) Cancer denliculaltis . Montagu , Trans. Liiin. Soc. vol. IX, Pt. '2, tig. 2. ; Pirimeln denticulata. Leach , Malac. Pt. 3; — Desm. p. 106, PI. 9, lig. i; Latr. Eiicyc., t. X p. l38, DES CRUSTACÉS, 4-''^ équilnléral ; quelquefois il est même plus long que large. Du reste, la structure de ces Crustacés ne pré- sente rien de remarquable ; par la disposition des an- tennes les uns se rapprocbent des Ruppellies , les au- tres des Pilumnes. Pour les distinguer entre eux il suffit d’avoir égard aux caractères indic[ués dans le ta- bleau placé ci-dessus (p. 869). 1. GENRE ERIPHIE. — Eriphia (i). Les Eriphies se rapprochent beaucoup des Ruppellies ; mais ils tendent, par la forme générale de leur corps, à établir le passage vers les Tlielphuses. Leur carapace (PI. 16 , fig. 1 6 ) est bien moins élargie et plus quadrilatère que chez les autres Cancériens ; sa longueur dépasse de beaucoup les deux tiers de sa largeur , son bord tronto-orbitaire occupe plus de la moitié et quelquefois même plus des trois quarts de sa largeur, et ses bords latéro-antérieurs, dirigés presque directement en arrière , ne décrivent qu’une faible cour- bure et ne se prolongent que peu. Les orbites sont con- formés comme dans le genre Ruppcllic ; mais 1 espace qui sépai e leur bords de l’article basilaire des aiiteitiies eoLternes est très-considérable (PI. 16, fig. 17); cet article est peu déve- loppé, et n’occupe pas le quart de l’espace compris entre la fossette antennaire et le canthus interne des yeux ; au con- traire, la tige mobile des antennes externes est beaucoup plus développée que chez les Ruppellies , et s’insère à peu de distance de la fossette antennaire. Du reste , les Eriphies ne dilïèrcnt pas essentiellement de ces derniers Cancériens. (i) Cancer. Fabr. Herb. etc. Eriphia. Latr. Iteg. Anim. 1". édit t. III, P- 18, etc. — Desm. p. ni. 426 HISTOIRE NATURELLE 5 A. Especes ayant les mains tuberculeuses, a. Front armé d’épines. I. Eripiiie FRONT ÉPINEUX. — E. spiiiifroiis (1). Carapace à régions peu distinctes , garnie en avant de quel- ques petites lignes transversales de dentelures. Front divisé en quatre lobes hérissés d’épines ; bords orbitaires épineux; bords latéro-antérleurs de la carapace armés d’une série de cinq ou six dents, dont les trois ou quatre antérieui-es sont grosses et dentelées sur le bord. Mains couvertes en dessus et en dehors de gros tubercules arrondis; pinces à dentelures tranchantes. Longueur, 2 à 3 pouces ; couleur verdâtre ou d’un rouge vineux très-foncé. Habite toutes nos mers. (G. M.) aa. Front dépourvu d’épines. 1. Ebiphie gonagre. — E. gonagra (3). (PI. 16, fig.16 et 17. ) Carapace à l'égions bien distinctes , inégale et armée de tu- bercules pointus en avant ; le bord fronto-orbi taire occupant plus des trois quarts de son diamètre transversal. Front divisé en quatre lobes , dont les deux médians sont avancés et tronqués ; deux fissures sur le bord supérieur de l’orbite, et ime dent aiiruë à son anffle externe ; bords latéro-antérieurs armés de cinq ou six dents spiniformes ; pâtes antérieures garnies de tu- bercules arrondis et déprimés. Longueur, environ i pouce ; couleur jaunâtre mêlée do rouge et de violet , pinces brunâtres. Habite les côtes de l’Amérique du Sud. (C. M. ) (1) Cancer spUlij vous. Hcrb- Pi- U. fig. 65 — Fabr. Suppl, p. — Eriphia spinifrons ■ — Saviguy, Egypte, Cr. PI- 4» hg. 7 — Desm. PI. 14, lig. I. (2) Cancer gonagra. Fabr. Suppl, p, SSy. DES CRESTACES. 4'a7 § B. Especes ayant les tnains lisses , non tuberculeuses. 3. Eripdie mains lisses. — leevimana (i). Cette espèce ressemble beaucoup à l’Eripbie front épineux ; mais la carapace est moins élargie ; le front est plus Incliné et armé d’épines moins longues; les bords latéro-antérieurs sc diligent presque directement en avant, et ne présentent qu’une sene de cinq ou six petits tubercules pointus et isolés ; enlln , il n’ existe à la face supérieure et externe clos pâtes anterieures ni épines ni tubercules. Habite l’Ile-de-France. (C. M.) L’Eiupdie , iigurée par M. Savigny {Egyp. , PI- 5, %. i ) , et rapportée avec doute par M. Audouin à l’Eripbie front epi- lieux , me parait être une espèce distincte. JÆrxphie prismatique de M. Risso ( natiir. de l hur, mérid. , t. Y, p. 351 n’a pas été décrite avec assez de détails pour que l’on puisse la rapporter avec certitude à ce genre. D’après M. Risso , cette espèce aurait pour caractères : front armé de huit dents ; bords latéraux armés de quatre épines ; mains prismatiques. Le Cancer euryhome de Herbst (t. III, PI. Sa , lig. 7 ) me paraît être aussi une Eripliie. II. GENRE TRAPÉZIE. — Trapezia (2). M. Latreillea établi dernièrement le genre Trapézie pour recevoir qucl([ues petits Crustacés , qui ressemblent, sous beaucoup de rapports, aux Eriphies, mais qui conduisent en même temps vers les Grapses. Leur corps est déprimé. (1) Latr. Coll, du Mus. — Guérin- Iconog. Cr. PI. 3, lig i. (2) Latr. Fam. nat. p. 269 , Encycl. t. X, p. 695, etc. 4^^ HISTOIUE NATURELLE la carapace à peu près aussi longue que large , presque carre'e, à peine bombe'e, et sans régions distinctes; son bord fronto-orbitaire occupe presque toute sa largeur; ses bords latcro-antérieurs sont courts, piesque droits et dirigés directement en arrière ; enfin les latéro-postérieurs sont obliques et très-longs. La disposition des jeux et des antennes est à peu près la même que chez les Eriphies ; mais dans quelques espèces de Trapézies , les pates-md- choires ressemblent un peu à celles des Grapses , car le bord interne de leurs second et troisième articles,’ au lieu de suivre une ligne droite , forme un angle rentrant , de façon que ces organes ne ferment pas complètement la bouche , et laissent entre eux un espace vide ayant la forme d un losange ; d’auti'es fois les pates-mâchoires ne présentent rien de particulier , et l’iusertion du quatrième article a lieu toujours , comme dans la plupart des genres precedens , par l’angle du troisième article. Les pales antérieures sont très-longues et fortes , le bras dépasse de beaucoup la cara- pace , et son bord antérieur est comprimé et dentelé ; la main est plus longue qu’elle , et les pinces sont pointues ; les pâtes suivantes sont de longueur médiocre et arrondies. Enfin l’abdomen du mâle présente en général ( sinon tou-' jours ) seulement cinq articles. Les Trapézies sont tous de petite taille, et habitent les mers des pays chauds. A. Jdjsp'eces ayant la carapace arniee de chaejue cote d'une dent située à quehiue distance derrière celle qui constitue l'angle orbitaire externe, a. Pates-mâchoires externes fermant complètement la bouche. I. Trapézie front denté. — X, dentifrons (i). Carapace aussi longue que large ; front armé de quatre deuts (i) Latr. Eutyc. t. X, p. 696. séparées par des fissures; les deux médianes courtes et poin- tues, les externes larges et tronquées; orbites dirigées très- obliqi’.enrent en ai-rière ; pinces garnies de grosses dents et se joignant dans toute leur longueur. Longueur-, environ 5 lignes; couleur jaune rougeâtre uni; pinces noirâtres. Habite l’Australasie. (C. M.) aa. Pates-mâchoires externes laissant entre elles un espace vide en forme de losange. 2. Trapézie i-erhugineuse. . — T. ferruginea (i). Cette espèce ressemble beaucoup à la précédente; le front est inégalement dentelé; on y distingue eu général six petites dents arrondies ; le liord antérieur des bras est fortement dilaté et dentelé; les pinces sont faiblement dentées et ne se joignent pas dans toute leur longueur. On remarque quelques poils sur le bord supérieur des pâtes. Enfin, l’abdomen du mâle ne parait composé que de cinq articles distincts. Longueur, environ 1 0 lignes ; couleur jaune ferrugineux. Habite la mer Rouge. § JJ. Especes dont la carapace ne présente point de dent en arriéré de l’angle orbitaire externe. 3. TaApiziEDiGtxAiRE. — T. digitatis. Front armé au milieu de doux petites dents pointues , et finement dentelé en dehors; mains comprimées, à bords tran- chans, pinces courtes. Très-petite; carapace d’un brun noi- râtre , et pâtes d’uu brun jaunâtre. Habite la mer Rouge. ( C. M. ) (I) Trapezia cymodoce. Audouin, Savigny, op cit PI. 5, fig. 2 ; — T. ferruginea. Latr. Encyc. t. X, p. IfISTOIRF NATURELLE 43o La Trapézie rletik de M. Riippeil (i) a la plus grande ana- Jogle avec la T, ferrugineuse; elle iic paraît en dllférer que par la forme un peu plus orbiculaire de la carapace, et peut-être ne devrait être considérée que cumine une variété de cette espèce. Le Cawcer oymodocé de Herbst (t. III, PL 5i, lig. 5)appar- tient aussi à ce genre, et paraît avoir beaucoup d’analogie avec la Trapézie front denté ; mais si la figure que Herbst en a donnée est exacte , elle s'en distinguerait par sa carapace qui est beaucoup plus large. La Teapézie cymodocé de M. Guérin (Voyez la Coquille, Crust. PI. I, fig, 4) ne peut, par la meme raison, être con- fondue avec le Cancer cymodocé de Herbst. Elle ressemble beaucoup à la T. front denté et à la T. ferrugineuse ; cepen- dant sou front est seulement sinueux et non garni de dents, ses pâtes -mâchoires externes ne laissent pas entre elles un espace vide en forme de losange; l’abdomen du mâle paraît composé de six articles , etc. Le Cancer rufopun’ctatus de Herbst {2) est bien certaine- ment une Trapézie , et se reconnaîtra à la grande longueur des pâtes antérieures et aux six dents pointues dont son front est armé. M. Latreille rajiporte aussi à ce genre le Cancer glaberimus de Herbst (PI. 20, fig, 11 5), mais nous sommes portés à croire que ce petit Crustacé appartient plutôt au genre Grapse ; sa forme générale est à peu près la même que celle du G-, mi- niitus. (l) Trnpezia cœriilca. Ruppell, op. cit. PI. 5, fig. (^) C. liufo-piinctnliis. llerb. PI. 47, fig. 6; 7'rapesia Rufo~puno* tala. Latr. Encyc. t. X, p. 6g5. DES CRUSTACÉS. 43. III. GENEE MEIjIE. Melid (l). Ce petit groupe générique , étaljli dernièrement par M. Latreille , est assez voisin des Püumnes , mais a aussi de l’analogie avec les Grapses. La carapace des Mélies (PJ. .8, fig. 8. ) est légèrement bombée et presque carrée ; le bord fi'onto-orbitaire en occupe presque toute la largeur, et les bords latéraux sont peu coui-bes. Le front est large et légère- ment incliné ; les orbites sont dirigées obli.juement en dehors et ne présentent à leur bord supérieur qu’une petite fissure à peine visible. Les antennes internes se i-eploient presque transvensaleraent , ( fig. g. ) et l’article basilaire des antennes externes vient se terminer dans l’hiatus qui existe entre le front et le bord orbitaire inféi'ieur ; le deuxième article de ces appendices est complètement libre et dépasse un peu le front. Les, pates-mâchoires externes etle plasti'onslei'nal ne présentent rien de remarquable. Les /tato antérieures chez la femelle sont plus grêles et plus courtes que les suivantes , qui a leur tour sont beaucoup moins longues que celles de la troisième paire ; les pâtes de la quatrième paire sont les plus longues de toutes, et ont plus de deux fois la lon- gueur de la carapace ; toutes sont cylindriques. Quant à leur disposition chez le mâle , nous ne la connaissons pas , n’ayant pas eu l’occasion d’observer d’individu de ce sexe. I. Mélie damier. — M. trcsselata (a). (PI. i8, 11g. 8 etg. ) Carapace unie et lisse en dessus j front divisé eu deux lobes tronqués; une petite dent occupant l'angle externe do l’or- (1) En classant les Crustacés de la colle, tioii du Muséum , j’avai.s donné à ce genre le nom de Lylie , et la planche ou j'ai représenté le Crustacé qui en iorme le type était gravée lorsque j’ai appris de M. Latreille que lui-même avait déjà fondé cette division sous le nom de Mélie , que dès lors je me suis empressé d’.idoptcr. (2) Grapsus tresselntus. Latreille , Eneve. i'I. 3o5, lig-. 2. Lyhta HISTOinE NATURELLE bile et une seconde située sur le bord latéral , vers le niveau du Ijord postérieur do la région stomacale. Longueur, environ 5 lignes ; coideiu' blanchâtre avec des lignes rouges ; quelques poils sur les pâtes. Habite l’Ile-de-France. (C. M. ) II. TRIBU DES PORTÜNIENS. Cette tribu correspond à peu près au genre Fortune, tel que Fabrictus l’avait d’abord établi, et renferme la plupart des Crustacés que M. Latreille a rangés dans sa division des Brachjiires nageurs. L’analogie la plus étroite unit ces animaux aux Cancériens, dont ils ne se distinguent guères que par la conformation particulière de leurs pâtes postérieures; caractère qui a beaucoup d’importance, puisqu’il influe sur la ma- nière de vivre, mais qui se retrouve d’ime manière plus ou moins marquée dans des espèces appartenant à la plupart des autres groupes naturels de la section ées Brachyures. La forme générale des Portuiiiens est ordinaire- ment peu différente de celle de la plupart des Can- cériens; mais la carapace est toujours très-peu éle- vée, et ellea quelquefois la forme d’un losange (PI. 17, fig. I ). Les orbites sont dirigées en haut et en avant; les antennes internes se reploient transversalement ou du moins très-obliquement en dehors ( fig. 1 1 ) , et l’article basilaire des antennes externes est logé en partie dans un hiatus de l’angle orbitaire interne; le troisième article des pâtes -mâchoires externes est tou- tresselata. Edw. Collection du Miiaeum et Atlas de cet ouvrage , PI. 18, iig. 8 ( ^ oyez la note de la page précédente. Mclia trcssclnla. Lalr. Encyl, t X, p. -joS. m tableau ûes principaux caractères génériques des portuniens. page 433 TRIBÜ ots PORTÜINIEiNS. Tarse des P*!'î*p(;alés'oculaires courts.) lancéolée. (Carapace presque aussi longue antérieures ; Genres. que large, front avancé, cinq dents latéro- 1 Tarse des P' lates Pédoncules ocu- llaires très-courts, linsérés loin l’un de V' autre, sur la mè- 1 me ligne que les antennes internes. Tige mobile des antennes externes Sutur ■' ( composée de trois articles pédonculai- du si: . res (le premier article de ces appen- ''“m n’oc-l dices étant mobile et de même forme que les suivans, et inséré au-dessous des lyeux et des antennes internes au bord 'inférieur d’un grand hiatus, par le- quel l’orbite communique arec la fos .mens Mlatf® des rieutes ^‘■«-“nté- Idans Pâtes des deuxième, troisième et' quatrième paires point natatoires, le tarse qui les termine étant étroit , sur- tout celui des pâtes de la quatrième paire. Pâtes des deuxième, troisième etl quatrième paires natatoires , les tarses | PLATÏOMIQOE. et logC' s dans des que i^f^rpinrS\zÏY‘^'Ï7 „oins ovalaire. J^rVr dc'lacarap“c«’ , “ne ri’cii quatre) existe sette aiitennaire. Carapace presque cir- qui les termine étant a toutes tres-j culairc). ^arge et lancéolé. ) Tige mobile des antennes externes composée seulement de deux articles pe- donculaires, et insérée sur la même ligne que les yeux et les antennes in- ternes : leur article basilaire étant soudé au front et séparant complètement ; l’orbite de la fossette antennaire. (Tarse des pâtes des deuxième, troisième et \ quatrième paires styliforme.) du stern ®“®diane punt les I àe nTanière à occuper l’angle nicrç der- Tige tnobile de» antennes externes insérée sur le bord de 1 article basilaire, ud manière à occuper l’angle interne de l’orbite, et à pouvoir se leployer îiicrs bg. "X). Piatyonichus depurator. Latr, Encyc. t. X, p. i5i . DES CKUSTACÉS. 437 aa. Tarses des pales postérieures ovalaires et obtus au bout. Peatyokiqüe ocellé. — P. ocellatus (i). Carapace presque circulaire , beaucoup plus large que longue ; dents frontales et latéro-antérieures très-grandes. Pâtes anté- rieures grandes , le bras dépassant de beaucoup la carapace ; carpe bidenté. Longueur, environ 3 pouces. J B. Especes ayant les dents frontales paires {n’en ayant, par conséquent, point sur la ligne mé- diane ) , et deux fissures au bord orbitaire supé- rieur. Platyoniqüe BirusTULÉ. — P. bipustulatus. (PL 17, fig. 7-10.) Carapace presque circulaire , bombée et très-finement gra- nulée ; front très-reculé et armé de quatre petites dents : dents des bords latéro-antérieurs arquées et très-grandes. Une dent plus ou moins saillante vers le milieu du bord orbitaire supé- rieur. Pâtes antérieures médioeres et à peu près de même forme que chez le P. latipède. Tarse des pâtes de la seconde paire lamelleux, lancéolé et un peu falciforme ebez le mâle. Ceux des deux paires de pâtes suivantes lamelleux, mais de plus en plus étroits. Tarses des pâtes postériemes ovalaires. Ab- domen du mâle composé de sept seguiens distincts. Longueur, de 3 à 5 pouces. Habite l’océan Indien. (C. M.) (i) Cancer ocellatus. Herb. PI. 49, fig. — Porlimus pictus. Say, Acad.de Philad. t. I, PI. i, lig. C\. Platyonichus ocellatus. Latr. Encyc. t, XVI , p. iSs- 438 HISTOIRE NATURELLE S G. Especes ayant le front avancé en manière de museau triangulaire et simplement ondulé sur ses bords. Platyonique muselier. — P. nasutus (i). Carapace bombée au mibeu et inégale ; une fissure au bord orbitaire supérieur ; serres petites ; tarse des pâtes postérieures presque elliptique et accumulé ; très-petit. Habite les côtes de l’Océan et de la Méditerranée. M. Leach a donné le nom de P. monodon (Lin. Trans. t. XI, p. 3i4) à une espèce qui diilère de toutes les précé- dentes par l’existence d’une seule dent de chaque côté de la carapace. III. GENRE POLYBIE. — Polybius (2). Le genre Polybie de M. Leach a les rapports les plus intimes avec celui des Platyoniques , dont il ne diffère guères que par la forme des pales , qui toutes sont évidem- ment natatoires ; celles de la deuxième , de la troisième et de la quati'ième paires sont ti-ès-aplatics et terminées par un article lamelleux ti'ès-large et lancéolé , qui a partout la même forme. Les pâtes postérieures ont la même forme que chez le Platyonique bipustulé , si ce n’est que leur troisième ar- ticle est extrêmement court et presque globulaire. Le pla- stron sternal est plus large, surtout postérieurement, que (1) Plalfouichns nasutus. Jjiitr. Eiicyo, t. X , p. i5l. — Portuuus bi- guliaïus. Risso, Crust. de Nice , l'I. i, fig. i. (2) Polybius. Leach, Malac. — Deani. p. 100. — Reg. aiiim. 2'. éd., t IV, p. 3l. Platyonichus. Latr. Encyc. t. X, p. l52. des crustacés. 4-^9 dans le genre précédent , mais présente la même disposition quant à sa suture médiane. \] abdomen du male se compose comme d’ordinaire de cinq articles. PoLYBiE DE Hewslow. — P- HeiislowU (O- Corps très-comprimé. Carapace orbiculaire , parfaitement lisse et plane en dessus. Front armé de cinq dents triangulaires peu saillantes , surtout les externes , qui occupent les angles or- bitaires internes ; deux fissures au bord orbitaire supérieur ; dents des bords latéro- anterieurs très-larges, mais à peine saillantes. Longueur, environ 9. pouces; couleur brune. Habite la Manche , et paraît se tenir toujours à uuo distance considérable delà côte. ( C. M. ) IV. GENRE FORTUNE. — Portunus (9). Le genre Fortune a été établi par le célébré entomo- logiste Fabricius , mais avec des limites bien plus étendues que celles qu’on y assigne généralement aujourd’hui. 11 établit le passage entre les Carcins d’une part , et les Flatyoniques et les Lupées de l’autre. La carapace des Fortunes est à peu près de la même forme que celle des Carcins ; elle est plus large que longue , mais son dia- mètre longitudinal est au moins égal aux deux tiers de son diamètre transversal ; le contour de sa portion antérieure est ordinairement plus courbe que chez les Carcins ; le bord frouto-orbitaire n’occupe guèixis plus de la moitié du diamètre transversal de la carapace , et le front, qui est étroit , s’avance toujours beaucoup au delà de 1 insertion des antennes externes , et dépasse notablement le niveau du bord inférieur de l’orbite et de l’angle externe de cette M (I) Potybius Jlenslowii. Leach, Malac. PI. 9 B ( reproduite par De.smarest, PI. 7, f'n- ’)• , r. 1 (_■}.) Cnnecr. Linn. l’urtunus. Faliv. Suppl, p. G3. — Latr. Encydop. t. X , etc. — Leach, Malac. — De.sm. p- 91- 44o UISTOIKE K AT t, liEtL£ cavité. Le bord latéro-an teneur de la carapace est mince et armé de quatre pu cinq grosses dents ; les orbites sont ovalaires, hes, fossettes antennaires (PI. 17 , fig. 1 1 ) sont placées sur le meme niveau que les yeux , transversales et séparées entre elles par une cloison dont le bord ne sc prolonge jamais en forme d’épine. L’article basilaire des antennes externes est peu développé, mais il sépare complètement la fossette antennaire de l’orbite et va se souder au front ; la tige mobile qui succède à cet article paraît naître de fangle interne de l’orbite. La structure de la bouche ne présente rien de remarquable, seulement il est à noter que le troisième article des pates-tndchoircs ex- tevnes est au moins aussi large que long , et que son angle antérieur et interne est fortement tronqué. Le pla- stron sternal est beaucoup plus long que large et forte- ment rétréci en arrière ; sa suture médiane ne s’étend que sur les deux derniers anneaux. Les pâtes de la première paire sont de grandeur médiocre , et en général l’une est plus forte que 1 autre j le bras ne dépassé que de très-peu le bord latéral de la carapace et n’est pas toujours armé d’épines comme chez les Lupées j le carpe présente toujours du côté interne un grand prolongement spiniforme, et la main , dont la longueur n égale jamais celle du diamètre antéro-postéiieur de la carapace, est ordinairement courbée un peu en dedans, de manière à pouvoir s’appliquer exactement contre la por- tion antei’ieure et inférieure du corps. Les pâtes des trois paires suivantes ont à peu près la même longueur j mais ce- pendant ce sont toujours celles de la troisième ou de la quatrième paire qui sont les plus longues , et les secondes sont plus courtes que les antérieures ; leur dernier article est styliforme et cannelé. Les pâtes de la cinquième paire sont au contraire très-élargies vers le bout ; leur troisième article est a peu près de même forme qu’aux pâtes précé- dentes , et leur dernier article est lamelleux , et ovalaire ou lancéolé. Quant à X abdomen , il ne présente rien de particu- lier J sa disposition est à peu près la même que dans les DES -CnUSTACÉS. 44‘ genres précédens , seulement , chez la femelle , il est moins large , et chez le mâle il est toujours triangulaire. 1.CS Fortunes sont des Crustacés essentiellement aqua- tiques, et ils nagent avec beaucoup de facilité, mais on ne les rencontre pas en haute mer comme les Lupées. Ils habitent assez près du rivage , et dans les grandes marées on en trouve souvent cachés sous des pierres , dans les pe- tites flaques d’eau que la mer laisse en se retirant D autres espèees se tiennent à des profondeurs plus considéi'ables , sur les bancs d’huîtres , etc. ; jamais on ne les voit courir sur la plage comme les Carcins, et lorsqu’on les retire de l’eau ils périssent dans l’espace de quelques heures. Ils sont très- carnassiers, et se nourrissent en grande partie aux dépens des cadavres des divers animaux qu’ils trouvent dans la mer. Plusieurs espèces sont comestibles ; enfin toutes , à 1 ex- ception d’une seule , habitent nos eôtes. § A. Especes ayant le front armé de dents bien dis- tinctes. a. Front armé au moins de dix dents ou épines. I. Porïüke étrille. — P. puher (i). Carapace très-velue. Front très-large , armé de deux dents médianes assez fortes , suivies de chaque côté de deux ou trois petites dents, et d’un lobe saillant, dont le bord est dentelé. Orbites finement dentelées. Dents des bords latci-o-antérieurs fortes, saillantes, et semblables entre elles. Pâtes antérieures médiocres et couvertes , ainsi que les suivantes , d’un duvet très-serré, interrompu par des lignes élevées longitudinales, (l) Cancer velutinus. Penn. Prit. /îool. t. IV, PI. 4i — Hevb. tab. lig. 49 ( eopié d’après Pennant ). Cancer puher. Linn. Syst. nat. t. V, p. 0978. Portumis puher. i'upp. , p. 365. — Leach Malac. PI. 6, — Dc.sm. PI. G, lig-, 5. — Blaiiiville , Faune française. HISTOIRE NATURELLE 442 qui sont granuleuses sur les mains et lisses sur les pâtes pos- térieures. Longueur, environ 2 pouces et demi. Très -commun sur nos cotes , où on le connaît sous les noms de Crabe à laine. Crabe espagnol, etc. aa. Front armé seulement de trois ou. de cinq dents, aa Carapace ridée, inégale, un peu granuleuse et couverte de poils, 2. Fortune plissé. — P. plicatus (i). Front relevé et armé de trois fortes dents triangulaires en dehors desquelles se voit do chaque côté une petite dent placée au-dessus de l’angle orbitaire interne. Orbites dirigées oblique- ment en avant et en haut. Bords latéro-postéricurs de la ca- rapace un peu concaves , mais dirigés prescpe directement en arrière; fissure du bord orbitaire inférieur très-large. Lon- gueur, environ 18 lignes; couleur rougeâtre. Habite nos côtes. (G. M. ) aa** . Carapace presque unie et dépourvue de poils. 3. Fortune marbré. — P. marmoreus (2). Dernier article des pâtes postérieures se terminant en pointe. Carapace légèrement granuleuse et moins rétrécie jios- (1) Cancer depurator var. Penn.mt, Br. Zool. t IV, Bl. 4) figôA. Portunus plicatus. Risso, Crast. de Nice ; P. depurator. Leach, Malac. PI. g. fig. i. — Latr- Encyc. t. X, p. igS. Le Portunus li- vidus de M. Leach (Malac PL y, fig. a ) , ne par.aît qu’une va- riété de 1 e.spèce précédente. (3) Cancer depurator? Pcnriant , op. cit t. IV, PL 2, fig. 6. Por- iimus marmoreus. Leach, Malac. PI. 8 ( reproduite dans 1 Encyc. p.3o4). DES CRUSTACÉS. 44^ térleurement que dans l’espèce précédente. Front étroit et armé de trois petites dents obtuses. Habite nos côtes. ( C, M. ) 4. PoRTUBE HOLSATIEK. P- holsatUS (l). Dernier article des pâtes postérieures arrondi au bout. Carapace plus rétrécie postérieurement et plus déprimée que dans l’espèce précédente , à laquelle , du reste , celle-ci ressem- ble extrêmement. Habite nos côtes. ( G. M. ) § B. Especes ayant le front entier ou divisé seulement en lobes arrondis. b. Bords latéro-antérieiirs de la carapace armés de cinq dents. b’’. Front divisé en trois lobes dont la médiane plus avancée que les latérales. 5. Fortune ripé. — P. corrugatus (3). Carapace bombée et couverte de lignes transversales granuleuses donnant insertion à des poils. Front très- ayancé et divisé en trois lobes finement crénelés sur les bords. Dents des bords latéro - antérieurs très-aiguës et à peu près égales. Pâtes antérieures courtes et comme squammeuses. Mains armées d’une épine placée au-dessus de l’insertion du pouce , et se continuant en arrière sur une ligne saillante gra- uvdée. Longueur, environ 2 pouces; couleur rougeâtre. Habite nos côtes; très-commun dans la Méditerranée. (C.M ) (1) Portunns liotsatns. Fabv. Suppl. P- 36G. P. lit’idus. Leach , Malac. PI. 9. fig. 3 et 4 (2) Cancer currngeUas. Pennant, ïii'it./ool. t. IV, PI. , fig. 9* — llerb. PI. lig. 5o. Portnnus corrugalns. ïjcacli, Malac. PI. fig. 1 et a. — P puber , Blainville , Faune. Cr. PI. , fig. i. 6, POBTUNE NAIN. — P. pilSÜllS (l). Carapace tres-bombée et bosselée , mais dépourvue de, poils ; front très-avancé ; dernier article des pâtes postérieures lancéolé. Longueur, environ 4 lignes. Habite la Manche. ( C. M. ) b**. Front entier ou divisé seulement en deux lobes symétriques. 7. Fortune de rondelet. — P. Rondeletii (3). Pâtes de la seconde paire moins longues que celles de la premih'e paire et presque aussi longues que celles de la troisième j! aire. Carapace granuleuse et un peu ridée; front très-régnlièrement arrondi ; avant-dernière dent latérale beaucoup plus petite que les autres. 8. Fortune a longues pâtes. — P. longipes (3). Pâtes de la seconde ptaire plus longues que celles de la première paire et notablement plus courtes que celles de la troisième paire. Carapace assez bombée ; front large , saillant et entier ou légèrement quadrilobé. Bords latéro- antérieurs courts; leur avant-dernière dent à peu près de même grosseur que les autres. Bords latéro- postérieurs très- (i) Porlumts pusilus. Leach , Malac. PI. g, fig. 5 à 8. — Latr. Encyc. t. X, p. iga. (a) Porlumts Jloiutcletii, llisso, Hist nat. des Cr. de Nice , PI. i , fig. 3. P. areitalus. Leacli , Malac. PI. fjg. 5 et 6, et P. margi- italus. Ejusd. ilid. lig. 3 et 4' — Pondelctü, Latr. Encyc. t. X, p. 192. (3) P. lougipes. llisso, op. cit. PI. i, fig. 5. — Latc. Encyc. t. X, p. iga. P. infrnclHs. Otto, Méra. de l'Acad. de bonn , t. XIV, PI. 20, fig. 1. DES CRUSTACÉS. 44^ longs et presque droits. Pâtes très-grêles et tres-longues ; tarse des pâtes postérieures lancéolé et trss-aigu. Longueur, environ un pouce. Habite la Méditerranée. (C. M.) hb. Bords latéro-antérieurs de la carapace armés seule- ment de quatre dents. 9. Fortune front entier.— jP. integrifrons (i). Carapace peu élevée, inégale et pubescente. Front tres-large et arqué. Dents latéro-antérieures peu saillantes et larges. Pâtes antérieures inégales , assez grandes ; mains armées d’un grand nombre de petites granulations spinifornies disposées en petites lignes transversales. Longueur, environ 2 pouces. Habite l’océan Indien. ( C. M. ) V. GENRE LUPÉE. — Z/zjoeÆ Leach (2). La plupart des Lupées sont remarquables par l’aplatisse- ment et la grande étendue transversale de leur carapace (PI. 17, fig. 1 ). En général le diamètre transversal de ce bouclier dorsal a plus du double de sa longueur. Le front est presque toujours étroit et beaucoup moins saillant que le bord inférieur ou l’angle externe de l’orbite ; les bords latéro-antérieurs de la carapace sont au contraire très- longs et forment en général , avec le bord antérieur , un segment de cercle très-régulier et très-ouvert ; chacun d’eux est armé de neuf dents plus ou moins saillantes et spini- (1) Latreille , Encyc. t. X, p. iga. Cancer navigator V Herb. t. II , p. i55, PI. 37, fig.7. (•i) Port U nus Fab. — Bosc. Hist. nat. des Crust. t. I, p. 20g. — batr. HLst. nat. des Crust. et des Insectes , t. YI ; Encycl. Méthod. t. X, etc. — Lam. Hist. nat. des Anim. sans vert, t. V. Lupea. Leacli. Edirib. Encyc. art. Crustaceology, v. 7, p. 3go, etc. — Desni. Considérations sur les Crust. p. 97. — L-at. Régne animal , a*, édit. t. IV, p. 33. i 446 HISTOini; N'TUREtLE l'ormes, et tlans l’état actuel de la science , ce caraetere , d’une importance tout-à-l’ait secontlaire , suffit pour distin- guer les Lu])ées de tous les autres Portuniens. Enfin , la dernière de ces épines est en général beaucoup plus grandes que toutes les autres et se porte directement en dehors ; mais quelquefois elle ne diffère pas de celle qui la précède. Les orbites sont ovalaires et dirigées obliquement en avant et en haut ; leur paroi inférieure n’arrive pas jus- qu’au front, et il existe au canthus intei-ne une large écliancrure que remplit l’article basilaire de l’antenne externe (PL 17, fig. 2. ) ; au bord supérieur de ces cavités on re- marque deux fissures. Les fossettes qui logent les antennes internes sont peu profondes et à peine recouvertes par le front ; la lame verticale qui les sépare entre elles est armée d’une pointe spiniforme qui se prolonge souvent au devant du bord antéi'ieur de la carapace; en dehors ces cavités sont complètement séparées des orbites , et la tige des an- tenhes qui s’y insèrent est assez courte pour s’y reployer en entier. L’article basilaire des antennes externes se soude au bord inférieur de l’angle supérieur et externe du front ; il a peu de largeur et donne insertion par l’extrémité de son bord intei'ue à la tige mobile formée par des articles suivaiis, de façon que cette tige, dont la longueur est con- sidérable , pai’aît naître du canthus interne de l’œil, et que rien ne s’oppose à ce qu’elle se l'eploie eu dehors pour se cacher dans la cavité orbitaire. \2èpistonic est extrêmement étroit, et le cadre buccal est à peu près carrée , mais en gé- néral plus large en avant qu’en arrière. Le troisième article des pates-mdchoires externes (PI. 17, fig. 3) est assez forte- ment tronqué en avant et en dedans. Le plastron sternal est presque toujours assez Ixnnbé longitudinalement, très- large et à peine resserré postérieurement ; sa suture médiane en occupe les trois derniers segmens ( fig. 4 )• Les pâtes de la première paire sont très-grandes ; on y observe toujours un certain nombre d’épines, et les doigts sont allong s et pas notablement courbés en dedans. Les pâtes des trois DES crustacés. 447 paires suivantes sont beaucoup moins longues et ont toutes à peu près la incnie grandeur ; tantôt 1 article {jui les ter- mine est grêle, arrondi, stylilorme et en general canelé, d’autres fois il est aplati , lainelleux et natatoire ; dans le premier cas, ces pâtes paraissent destinées spéciale- ment à la marche , tandis que dans le second leur dis- position est plus favorable à la natation Les pâtes de la cinquième sont très-tortes et constituent , par 1 élaigisseraent de leurs deux derniers articles , des rames puissantes ; le troi- sième article qui entre dans leur composition ( ou la cuisse ) , est en général gros , mais très-court , et ne présente presque jamais d’épines comme chez les ïhalainites ; enfin, le dernier article est toujours ovalaire. Chez la femelle , \' abdomen ne présente rien de remarquable , seulement sa longueur est très- considérable ; chez le mâle sa structure est la meme que dans les genres précédens ; on n’y voit que cinq pinces distinctes, le troisième, le quatrième et le cinquième anneaux étant soudés entre eux , les trois pi-emiei-s segmens sont toujours très-larges ; mais au niveau du quatrième il y a un rétrécissement brusque , et les trois derniers sont plus ou moins étroits. Les Lupées sont des Crustacés esscntiellementPélagiens et se rencontrent souvent en ^deinc mer. Plusieurs voyageurs en ont vu au milieu de l’océan , n’ayant pour lieu de repos que des fucus flottans. La facilité avec laquelle ils nagent est extrême î et, d’apres les observations de Bosc , il paraïUait même qu’ils ont la faculté de se soutenir à la surface de l’eau , dans un état stationnaire et sans exécuter aucun mou- vement apparent. Ce genre peut se diviser en trois petits groupes secon- daires faciles à distinguer par les caractères suivans : 448 HISTOIRE NATURELIE AA. Espèces ayant le corps très-e'pais et bombé en dessus ; les pâtes de la première paire grosses et peu allongées ; la main notablement moins longue que la carapace. Lupées convexes. 5 A. Espèces ayant le corps très- comprimé ; les pâtes de la première paii e très-allongées ; les mains presque tou- jours plus longues tpie la carapace. C. Tarse des pâtes des deuxième , troisième et qua- trième paires aplati , lamelleux, et de forme presque lancéolée. Lupées nageuses. B. Tarse des pâtes des deuxième, troisième et qua- trième paires étroit et styliforme. Lupées marcheuses. i''. Sous-genre. Lupées CONVEXES. Les Lupées de cette subdivision diffèrent des suivans par la convexité de leur carapace et la brièveté de leurs pâtes anté- rieures , caractère qui les rapprochent des Fortunes ; aussi est-ce dans ce dernier genre qu’on les a rangés jusqu’ici ; mais c est avec les Lupées qu elles ont réellement le plus d’analogie. Ce sous-genre ne renferme encore qu’une seule espèce. I. Lupéede teanquebar. — L. tranquebarica (i). La carapace est unie en dessus et assez régulièrement bom- bée ; son diamètre antéro-postérieur égale les deux tiers de son (l) Portimus tranqueharicus Fab. Suppl, p. 366. — Latr. Hist. nat. des Crust. et Ins. t. VI, p. i6 ; Encyc. Métliod. t. X, p. 191 5 Cancer olimceus Hevb. tab. 38, f- 3. Cancer serratu? Forsk. Anim. Kgyp. p. go. Portnnns serratns, Ruppell, op. rit. PI. R, fig. i- DES CRUSTACÉS. 449 diamètre transversal. Le front est saillant, et armé de six dents triangulaires, larges et courtes ; les bords latéro- antérieurs sont beaucoup moins droits que chez les autres Lupées , et se pro- longeant plus loin en aiTÎère. Les neuf dents dont chacun d’eux est garni sont spiniformes , aiguës , dirigées un peu en avant et semblables entre elles. Les pâtes de la première paire ne sont pas très-longues, mais elles sont très-grosses; on compte trois épines sur le bord interne du bras, deux sur son bord externe , trois sur le carpe, et trois sur la main , qui est renflée et un peu courbée en dedans. Les pâtes des trois paires suivantes sont aplaties , mais leur dernier article est épais et plutôt styliforme que lancéolé. La Lupée de Tranquebar est la plus grande espèce de Por- tunien connue , elle atteint 6 à 8 pouces de long ; sa couleur est d’un vert grisâtre et elle habite les mers de l’Asie. ( G. M. ) 2'. Sous-genre. Lupées mageuses. Dans cette subdivision du genre Lupée , le corps est en gé- néral très-déprimé; la carapace, plus de deux fois aussi large que longue , est régulièrement arquée en avant ; le front est aussi presque toujours moins saillant que le bord inférieur , ou l’angle extérieur des orbites et les mains beaucoup plus longues que la carapace ; enfin, le dernier article des pâtes de la se- conde , de la troisième et de la quatrième paire est aplati , la- melleux et de forme presque lancéolée ; aussi ces membres sont- ils disposés d’une manière beaucoup plus favorable à la natation que dans le sous-genre précédent. CRUSTACÉS, TOME I, 29 .^5o HISTOIRE NATÜREELE § A. Especes ayant la derniere épine latérale an moins deux fois aussi grosse que les précédentes et le front peu saillant. a. Dents médianes du front moins saillantes que les mitoyennes , et quelquefois à peine visibles. a'. Bord supérieur de l'orbite armé dune épine. 2. Lupée pélaoiemne. — L. pelagica (i). Carapace un peu plus de deux fois aussi large que longue , légèrement convexe , toute couverte de petites granulations , et représentant dans sa portion antérieure un segment de cercle très-régulier. Front armé de six petites dents, et dépassé de Leaucoup par l’épine inter-antennaire. IJents des bords latéro- antérieurs triangulaires, courtes et pointues, excepté la der- nière qui est deux fois aussi grande que les précédentes , large a sa base et dirigée directement en dehors. Pâtes antérieures tres-grandes j trois fortes épines siii' le bord antérieur du bas , deux sur le carpe, et trois sur la main, qui est presque prisma- tique, garnie do plusieurs crêtes longitudinales, et plus d’une fois et demie aussi longue que la carapace. Pâtes des trois paires suivantes très-longues (en général leur troisième article dépasse de beaucoup 1 angle latéral de la carapace) , aplaties , ciliées en dessus et un peu silioiinées. Troisième article des pâtes posté- rieures presque globuleux. Congneur , 3 à 4- pouces j l'ouleur vert grisàti-e avec des taches jaune.s. Habite la mer Rouge et tout l’océan Indien. (C M.) (l) Cancer pelagicns. Linn, Mus. Lud. Ulr. p. — ForskaI Descrip. Aiiim. etc. p. 8q. — Cancer reüculatus Herb. PI. 5o, et Cancer cedo nulti. Hcrb PI. 39. t^ortunus pelagicns . Fabr. Suppl, p. 36y Latr. Hist. nat. des Cr. t. VI, p. 16 ( Encyc. t. X, p. 188 etc.). Savigiiy, Egyp.Cr PI. 3, fig. i. Lupa pelagica. Eeacli, Edinb. Eiicyc. art. Crustaceology. — Desm. p, 98, PI. 8 , %. a. DES CRUSTACES. a"*. Bord supérieur de V orbite sans prolongement spini- J'ornie. 3. Lupée SANGUINOLENTE. — L . sangidnoleiita [i). Point d’épine à l’ extrémité du bord postérieur du bras. Carapace plus large et moins granuleuse que dans l’espèce pré- cédente ; front très-reculé et armé de six dents , dont les quatre médianes sont spiniformes et les externes obtuses. Dernière dent latérale encore plus grande que dans la L. pélagique , mais de même forme. Pâtes antérieures beaucoup plus courtes; mains n’ayant pas une fois et demie la longueur de la carapace , et ne portant que deux épines. Troisième article des pâtes sui- vantes n’atteignant pas l’extrémité de l’angle latéral do la cara- pace ; du reste, très-semblable à l’espèce précédente. Lon- gueur, environ 2 pouces ; carapace portant en arrière trois grandes taches circulaires d’un rouge vif. ' Habite l’océan Indien. (C. M. ) 4. Lupée dicantue. — L. dicanlha (2). % Une épine tr'es-aigué à L’ c.Tlrémité du bord postérieur du *■ bras. Carapace plus de doux fois aussi large que longue, et marquée de (juelques ligues granuleuses transversales ; front disposé comme dans l’espèce précédente, si ce n’est que les quatre dents mitoyennes sont souvent rudimentaires. Dernière (!) Cancci saiigiiinoleulus. Herb.st. vol. 1, p. 161, tab. 8, fig. .'>6, 5^. Cancer pelagictts. var. Fab. Mant. Ins. t. I, p. 3i8, etc. — Linn. , Syst. liât. Ed. (riiielin Portnnus snnguiiioteiiliis. Fabr. Suppl. Eut. n Syst. p. 3CSi. — Eatr. Encyc. Métliod. t. X, p. 190. (2) Crabe de l'Océan. Degeer, Mctii- pour servir à fliist. des In- sectes, t. \’I1, tab. 26, lig. 8-11. Portuims pelag/cus. Bosc , Ilist. nat. des Crust. t. l , p. 220, tab. 5 , Hg' Portunus hastnUts. Fab. Suppl. Entom. Syst. p. 867. -. Latr. Hist. liât. desCr. t. VI, p. 18. Portunus dicnnthus. Eat. Encyc. t. .X, p. 190, Lapa hnstnta. Say. Acad, de Pliiladelpbie, vol. î, p. 6~>. 29. HISTOIRE NATURELLE 452 dent latérale moins grosse cpie dans les espèces précédentes, et un peu recourbées en avant. Pâtes antérieures grosses , mais ne différant guères de celles de la L. sanguinolente que par le caractère déjà indiqué. Abdomen du male très-large à sa base, mais devenant tout à coup, à partir du quatrième anneau, presque linéaii’e , de façon à l’essembler un peu à la lettre j, renversée. Longueur, environ 4 pouces. Habite les côtes de l’Amérique. (CM.) aa. Dents médianes du front petites, mais beaucoup plus saillantes que les deux mitoyennes. 5. Lupée crible. — L. crihraria (1). (PI. i8, fig. I.) Carapace très-aplatie , parfaitement lisse, et à peu près de même forme que chez la L. sanguinolente ; front très-reculé ; épine inter - antennaire courte ; fissiues orbitaires très-pro- fondes; dents latérales à peu près connue dans l’espèce précé- dente ; abdomen ayant la forme ordinaùe. Longueur, 3 pouces ; couleur fauve, avec une nndtitude de taches blanchâtres. Habite les côtes du Brésil. ( C. M. ) $ B. Especes ayant la dernière épine du bord latéro-an- térieur de la carapace guères plus gi'ande que les autres. b. Bord externe du bras dépourvu (d épines. 6. Lupée spinimane. — L. spinimana (2). Carapace guères plus d’une fois et demie aussi large que longue , un peu bombée et très-inégale ; front saillant et armé (1) Porlimus cnhrarius. Lamarck , op. cit. t. V, p. aSy. (2) Portunus pelagicus . bat. , üenera, Crust. et lus. t- I. Portai, us spinimamis. Latr. , Encyc. t. X, p. 188. Lupa spinlmaua. I.each, — Desm. , p. y8. DES CB ÜSTACÊS. 453 de huit dents dont les ijuatre médianes sont les plus saillantes ; dents des bords latéro-autérieurs spiniformes et dirigées un peu en avant ; pâtes antérieures armées à peu près comme dans l’espèce précédente ; un grand nombre de tubercules granuleux et de côtes longitudinales arrondies sur les mains ; pâtes sui- vantes très-comprimées. Longueur, 3 à 4 pouces. Habite les côtes du Brésil. ( G. M. ) bb. Bord extérieur des bras armé d! épines. 7. Lepée fromt lobé. — L. lobifrons. Carapace aplatie comme dans la Lupée crible , mais plus car- rée ; front avancé , divisé en quatre lobes arrondis et armé d’une petite dent au-dessus de l’angle orbitaire interne ; dents des bords latéro-antérieurs petites; pâtes antérieures très-pe- tites ; mains renflées et moins longues que la carapace. Lon- gueur, I pouce. Habite les Indes orientales. (G. M. ) 3“. Sous-genre. Lupées maecheuses. Les Lupées marcheuses ont beaucoup d’analogie avec les Thalamites hexagonales ; leur carapace est en général presque hexagonale ; son bord fronto-orbitaire forme un angle assez marqué avec les bords latéro-antérieurs , tandis que dans le groupe précédent la portion antérieure de la carapace représente ordinairement un segment de cercle ; la longueiu' de ce bou- clier est aussi plus considérable comparativement à la gran- deur totale du corps. 454 H 1 s T O I 1! F. N A r U H £ L li E § A. Especes ayant la cle.rniere dent du bord latéro-an~ térieur de la carapace semblable aux autres, a. Dents des bords latéro- antérieurs alternativement grosses et petites. 8. Lupée rouge. — L. rubra (i). Carapace une fois et demie aussi large cpie longue ; front très-avancé , fort large , et divisé en huit dents , dont les quatre moyennes sont très-longues et séparées des autres par une échancrure profonde ; hoid inférieur et angle externe des or- bites moins avancés que le front ; bords latéro-antérieurs de la ca- rapace courts et armés de cinqgrosses dents spiniformcs séparées entre elles par quatre petites; pâtes antérieures de grandeur médiocre ; ejuatre ou cinq grosses épines sm- le bord antérieur du bras et quatre sur la partie supérieure de la main ; troisième article des pâtes postérieures portant une épine a l’extrémité de son bord inférieur. Longueur , environ i pouces ; couleur générale rougeâtre , extrémité des pinces noire. Habite les côtes du Brésil. (G. M. ) aa. Dents des bords latéro-anterieurs de la carapace sem- blables entre elles. g. Lupée grahuleuse. — L . granulata. Carapace inégale et granuleuse ; front avancé et divisé en cinq dents, ou plutôt lobes. Des épines sur le bord postérieur du bras aussi bien que sur son bord antérieur ; deux épines et plusieurs crêtes longitudinales et granideuses sur la main. Longueur, environ un pouce. Habite nie de France. (G. M.) (i) Cin apoa. Marggraf, Hist. rerum nat. Bras. p. i83 ( copiée par Jon.stoii Exsang. tab. g, !•!)> et Ruyscli , That. Anim. lib. 4, tab. g, lig. 8). Poriunus rubei'. Lamarck, op. cit. t. V, p. 260. DES C8USTACÉS. 455 § B. Especes ayant la derni'ere dent du bord latéro-anlé- rieurde la carapace au moins deux fois aussi grande que les précédentes. b. Dents médianes du front beaucoup plus saillantes que les latérales. ;o. Lupée de Séba. — L. Sebce (1). Carapace à peine bombée j front armé de six dents , en ge- neral toutes aiguës et très-grandes. Dents des bords latéro-an- térieurs très-pointues et un peu recourbées en avant; la der- nière environ deux fois aussi longue tjue les autres , mais pi-o- porlionnellement plus mince ; pales antérieures longues et e'pi- neuses. Troisième article des pâtes postérieures comme dans la L. rouge ; même taille. Habite les côtes du Brésil. (G. M. ) bb. Dents médianes du front moins saillantes que les autres. bb'. Mains grosses , de forme ordinaire , et moins lon- gues que le diamètre transversal de la carapace- II. Lupée hastée. — L. hastata (2). Bord supérieur de V orbite sans dent médiane. Carapace inégale et pubescente. Front armé de six dents , dont les deux médianes sont pointues et plus petites que les autres; point d’épine inter-antennaire au-dessous du fj ont ; huit pre- mières dents latérales petites et triangulaires ; la neuvième (1) Cancer marinis scutiformis. Seba , Mus. t. 111, Pb 20, lig. <) (reproduite dans l’Encyc. PI. 272, üg. 6 , sous le nom de Poriunus sangtiînolcntus. par Latreille) (2) Cancer ha status. Linn. C. pela feus 9 Herb, t. 1, PI- 8, hg. po. Portunus hastatus. Latr. Encyc. t. X , P- 189. — Dict. class. d’hist. natur. atlas. Lupa Dufourii. Desm. p. yy. — Latr- Reg. Amm. éd. t. IV, p. 34. 456 HISTOIRE NATURELLE très-longue, étroite, spinlforme, etmi peu recourbée en avant. Pâtes antérieures grandes ; quatre petites dents aiguës siu- le bord antérieur du bras, une épine terminale sur son bord pos- térieur, deux sur le ce;p„, et deux sur la main. Longueur, en- viron deux pouces. Habite la Méditerranée. (C. M.) 12. Lupée gladiateur. — Z, gladialor (i). Bord-supérieur de V orbite armé d! une dentpointueplacée entre deux Jissures ; carapace un peu bosselée et pubescente, mais peu ou point granuleuse. Front très-relevé et armé de six petites dents triangulaires , pointues et tontes dirigées en avant. Orbites presque circulaires et dirigées en haut. Dernière épine latérale trcs-longue , mais étroite ; pâtes antérieures médiocres ; quatre ou cinq épines sur le bord antérieur du bras , deux en dehors , deux sur le carpe , et deux sur la main , laquelle est garnie de plusieurs lignes longitudinales élevées. Couleur rou- geâtre; longueur, environ 2 pouces. Habite l’océan Indien. ( C. M. ) bb**. Mains Jîliformes et dune longueur extrême ( ayant presque une fois et demie le diamètre transversal de la carapace). i3. Lupée temaille. — L, forceps (2). Carapace très-aplatie et très-i’étrécie postérieurement ; front très-reculé; orbites dirigées très-obliquement en haut. Dent latérale presque aussi longue que l’espace occupé par les huit premières dents. Pâtes antérieures très -grêles, et environ {l) PoHunus gladiator . Fabr. Suppl. — Latr. Encyc. Mëtli.t. XVI, p. 189, etc. Cancer meriestko, Herb. PI. 55, tig. 3. (2) Porlunus forceps. Fabr. Suppl, p. 368. — Herb. PI. 12, lig. I. — Latr. Encyc. Métb. t. X, p. 190, etc. Lapa forceps. Leach. Zool. Mis. 1. 1, PI. 54.— Desm.p. 99. — Latr. Reg. An. 2» .'édit. t. IV,p.34. DES CfiüSTACÉS. 457 quatre fois aussi longues que la carapace ; les suivantes longues et grêles. |Longueur, environ un pouce. Habite les iintilles. ( G. M. ) Il nous paraît probable que le PoiiTUMUs ponticus ( i ) et le PoRTUKUS HASTATUS (3) de Fabricius appartiennent à cette subdivision du genre Lupe'e. Le P. DEFENSOR du même auteur (Suppl, p. 867 ), le P. ar- MiGER (Suppl, p. 368) , et le P. «as*oïbiîs (Suppl. 368) , sont aussi des Lupées , ctM. Say a donné le nom de Lupamacii- lata à une espèce nouvelle- du même genre ( op. cit. p. 445 )■ Enfin le Crustacé fossil figuré par Davilla ( Catal. t. III , PI. 3 , fig. 6 ) , et désigné par M. Démarest sous le uom do poRTusus LEUcoDoTî ( Cr. Foss. p. 86, PI. 6, fig. 1 , 3 ) , a de l’analogie avec la Lupée Tranquebar. VI. GENRE THALAMITE. — Thalamita (3). Les Thalamites de M. Latreille constituent le type d un groupe générique parfaitement naturel et facile a distin- guer , qui se lie d’une manière intime aux Portunes et aux Lupées. Chez beaucoup de ces Crustacés , la forme de la carapace est tout-à-fait caractéristique ; mais, chez d’autres, elle se rapproche graduellement de celle propre aux Lupées ; en effet, tantôt ce bouclier dorsal a la forme d’un carré allongé, son diamètre transversal est presque le double de sa longueur, et son bord fronto-orbitairc forme avec les bords latéro-antérieurs un angle presque droit ; d’autres fois elle est presque hexagonale , ses six bords forment entre eux des angles à peu près égaux, et sa largeur n’excède que d’envi- ron moitié sa longueur (PI. 17, fig. i3). hefront esttoujours (i) Fabr. Suppl, p. 368 ; Herb.st , PI. 55, fig, 5. (a) Fabr. Suppl, p. 367; Herbst, PI. 55, fig. i. (i) Portuiius. Fabr. Suppl Latr. Encyc. t. X, etc. Thalamita,. Latr. Reg. Anim. a“. éd. t. IV, p. 33. 456 HISTOIRE NATURELLE tres-lai’ge , saillant et au moins aussi avancé que le bord infé- rieur et l’angle externe de l’orbite, disposition qui ne se voit presque jamais chez les bupées. Les bords latéro-antérieurs de la carapace sont plusou moins obliques, mais forment toujours avec le bord fronto-orbitaire un angle très-prononcé ; on y compte de4à 'j dents, dont ladernièrc n’est jamais notablement plus grande que les autres. Les yeux sont gros et courts ; les orbites sont ovalaires et complètement séparées des fos- settes antennaires ; leur bord supérieur présente deux pe- tites fissures , et leur angle est souvent presque aussi éloiiiné de la ligne médiane que l’angle qui termine en arriére le bord latcro-anterieur. Les antennes internes se reploient complè- tement dans leurs fossettes, et la cloison inter-antennaire est peu saillante. L’article basilaire des antennes externes est en général très-large (PL i^, fig. i4) ; il est toujours soudé au front dans toute l’étendue de son bord antérieur , et présente en dehors une saillie plus ou moins considérable qui sépare l’orbite du point d’articulation de la tige mobile de ces appendices; celle-ci est très-longue et s’insère quel- quefois fort loin de la cai ité orbitaire. L’épistome est bien dis- tinct et en forme de losange. Le cadre buccal est très-large et les pates-mâchoires externes sont déposées à peu près comme chez les Fortunes ; le plastron sternal est très-large et sa suture médiane s’étend sur ses trois derniers anneaux. Les pâtes antérieures sont très-grandes et ne peuvent se cacher sous la portion antérieure du corps, comme cela se voit chez les Fortunes et les Platyoniques ; leur troisième article est épineux en avant et dépasse de beaucoup la carapace; enfin la main est en génc'ral hérissée d’un nombre considé- rable de dents , et sa longueur égale au moins celle de la carapace. Les pâtes des trois paires suivantes sont beau- coup moins longues, et se raccourcissent successivement; leur tarse est en général styliforme. Celle de la cinquième paire sont comme d’ordinaire les plus courtes de toutes ; leur .troisième article est cependant assez allongé, et on trouve à l’extrémité de son bord inférieur une épine assez DES CKUSTACÉS, 4^9 forte (disposition qui n’existe jamais chez les Portunesou les Platyoniques , et qui est extrêmement rare chez les Lupées) ; vers le bout, ces pâtes deviennent très-larges et leur tarse est ovalaire. L’abdomen ne présente rien de remarquable. Les Thalamites sont pour la plupart des Crustacés de moyenne taille ; elles habitent le voisinage des tropiques dans les deux continens. On peut les répartir en deux grou- pes d’après les caractères suivans : § 1 . Bord fronlo-orhiiaire n’occupant pas plus des deux tiers de la largeur de la carapace , et formaal un angle assez ouvert avec les bords latcro-antérieurs qui sont armés de six ou sept dents. Thalamites hexagonales. §2. 5or(i//-0«t0-o/-(i/'tzzi>e occupant presque toute la largeur de la carapace , et formant un angle presque droit avec les bords latéro‘antérieurs , qui ne sont armés que de quatre à cinq dents. Thalamites quadrilatèues. i**', Sous-g'enre. Thalamites quadrilatères. Dans ce groupe , qui correspond au genre Thalamite , tel que M. Latreille l’avait établi, les orbites oecupent presque les angles de la carapace , et les deux portions rpii constituent le bord latéral de ce bouclier, sont presque confondues. J A. Especes ayant le front entier ou divisé en lobes, mais point denté. I. Thalamite admète. — T. admete (i). Carapace presque plane en dessus ; bordfronto-orbitaire Cancer ndmele. Hcrb. PI. 67, üg- i- Portu, ms admete. Latr. Nouv. Dict. d’hist. nat.t. XXVIII, P- 44- P- admete et P. poissoni. J 4^0 HISTOIRE naturelle occupant presque toute la largeur de la carapace , presque droit et divisé en quatre lobes. Bord latéro-antérieur de la carapace presque droitet armé dequatre dents tr'es-aîguës, dont la qiénultieme est beaucoup plus petite que les autres. Bord inferieur, do l’orbite dentelé mais ne présentantpas de dent spmiforme. Article basilaire des antennes externes garni d’une petite crête dentelée qui dépasse les lobes moyens du front ; trois épines fortes et obtuses sur le bord antérieur du bras • six épines disposées alternativement , et sur doux rangées, sur la face supérieiu-e delà main, qui est'gramileuse en dehors. Pâtes suivantes courtes et grêles ; une série de petites dents spini- formes sur l’avant-dernier article de celles de la cinquième paire, dont le tarse est ovalaire, mais porte à son extrémité un petit ongle conique et pointu. Longueur, environ i pouce. Habite l’océan Indien et la mer Rouge ( G. M. ) 2. Thalamite de Chaptal.— T. Chaptalii{ï). Carapace comme dans V espèce précédente ; front égale- ment large, mais plus avancé et à peine divisé ; dents du bord latéro-antérieur larges , obtuses , presque carrées et semblables entre elles. Point de grosses épines sur la main. Longueur, environ i pouce. Habite la mer Rouge. 3. Thalamite camarde. — T. sima. Carapace très-bombée ; son bord fronto-orbitaire nota- blement plus court que son diamètre transversal ; fr-ont avancé au milieu, mais à peine lobe ; bords latéro-antérieurs assez obliques et armés de dents trés-aiguës , dont la dernière est plus grosse que les autres. Point d’épines sur le bord inférieur de Audouin, Égypte, Crust. de M. Savigny, PI. 4, tig. 3 et 4. Thalumila admets. Latr. Reg. Anim. a», éd. t. IV, p. 33. (1) Portunus Chaptalii. Aud. Crust. de M. Sayignv, Égypte, PI. 4, %. 1. ° ’ DES CR.USTACÉS. 4^1 l’ avant-dernier article des pâtes postérieures. Longueur , envi- ron 8 lignes. Habite la côte de Coromandel. (C. M.) § B. Especes dont le front est armé de dents profondément découpées et aplaties. 4. Thalamite creiîelée — T. crenata (t). Cinq dents spin formes et à peu près égales au bord la- téro-antjrieur de la carapace, dont la forme générale se rap- proche beaucoup de celle de la Thalamite admète ; les six dents mitoyennes du front à peu près de même grandeur et beaucoup moins grosses (pre les externes qui occupent l’angle interne de l’orbite. Pâtes de même forme que chez la T. admète; point d’épines sur le bord inférieur de l’avant-dernier article de celles de la cinquième paire. Longueur, 18 lignes à 2 pouces. Habite les mers d’Asie. (G. M.) 5. Thalamite payMifE. — T. prymna (2). Dents du bord latéro-antérienr de la carapace très, inégales (la troisième peu saillante, et la quatrième rudimen- taire). Front divisé comme dans la T. crenclée, si ce n’est que les dents externes sont pointues et peu développées , et que leg précédentes sont beaucoup plus petites que les mitoyennes. Une petite épine au côté interne du bord orbitaire inférieur. Du reste^ très-semblable à l’espèce précédente. Longueur, environ i pouce. Habite l’Australasie. ( C. M. ) § 2. Sous-genre des Thalamites hexagonales. Les Thalamites hexagonales ont en général la carapace plus large , et le front beaucoup plus étroit que dans le sous-genre (!) Portiimis crcealus. Latr. Collcct. du Mus. Thnlamita admetc, Guérin, Icoii. Cr. PI. 1 , fig. 4. (3) Cancer prjmua. Herb. Pj. 5, hg- a. Portunus prymna. Latr. Nouv. Dict. d’flist. nat. t. XXYIII, P' 4h 4(>'2 HISTOIRE NATÜBEELE précétleiit ; aussi los orbites sont-ils loin des angles externes do ce bouclier dorsal, et les bords latéro-antérieurs sont très-obli- ques , disposition qui rapproche ces Crustacés de certaines Lu- pées. Enfin le front est toujours armé de huit dents , et la pièce basilaire des antennes est en général assez étroite. § A. Especes ayant le bord latéro-antérieur de la cara- pace armé de six dents. a. La dernihre dent latérale à peu près de même gran- deur que les précédentes. a*. Pâtes antérieures armées Æ épines, mais du reste .sans granulations élevées. I. Thalamite crucifêee. — T. crucifera {i). Pâtes des deuxieme, troisième et quatrième paires tr'es-aplaties et sillonnées sur les trois derniers articles. Carapace lisse ou à peine ridée, et plus de deux fois aussi lon- gue que son bord fronto- orbitaire. Front profondément échan- cré et armé de huit dents grandes et obtuses. Dents latérales de la carapace courtes , larges et comme tronquées ; la première (celle cjui constitue l’angle orbitaire externe), échancrée au bout , de façon à paraître bifide. Mains à peu près de la lon- gueur de la carapace , et armées en dessus de quatre grosses épines ; pinces profondément cannelées et armées de grosses dents comprimées. Tarse des trois paires de pâtes suivantes étroit et lancéolé. Point d’élévation sur la ligne médiane des deux derniers articles des pâtes postérieures. Longueur, 3 à 4 pouces ; couleur rougeâtre avec des taches et bandes jaunes , dont les médianes représentent une croix. Habite l’océan Indien. ( C. M. ) (i) Po-tuitus crucifer. Fabr. Suppl- p. 3(>4î — Herb. PI. 38, fig. i Cancer sexdentatus S ibid. Pb ç, lig* fia. Portunus crucifer. Latr. Hist. nat. des Cr. t. VI, p. 3.j; — Encyc. t. X, p. igi, etc. nES cutis T ACES. 463 1. Tiialamitf, ankelée. — T. amiulata (i). Pales des deuxieme , troisietne et qualneme paires cy- lindriques , marquées de quelques ligues longitudina- les, et terminées par un article spiniforme. Carapace à peu près comme dans l’espèce précédente, niais plus lisse; les dents latérales sont spiniforraes et toutes de même Grandeur , excepté la dernière c[ui est plus petite que les autres. Pinces armées de dents tuberculeuses. Longueur , environ 2 pouces. Habite l’océan Indien et la mer Rouge (C. M). a”. Pâtes antérieures présentant entre les épines dont elles sont armées , un grand nombre de tubercules ou de granulations élevées. 3. Ïhalamite nageuse. — T. natator {1). ( PI. l'j , fig. 1 3 et 1 4- ) Face supérieure de la carapace garnie dun assez grand nombre de lignes transversales , saillantes et granu- leuses ; dents des bords laléro-antéricurs très-larges; les deux premières obtuses , courtes et beaucoup plus étroites que les autres , qui sont tronquées et spiniformes à leur angle antérieur. Haliite l’Océan indien. { C. M. ) 4. Tiiai.amite tronquée. — Z’, truncata (3). Face supérieure de la carapace lisse , sans lignes sail- lantes et légèrement bombée ; son bord fi-ontu-orbitaire éga- (1) Cancer sexdentatus. ï’orsk. Portunus annidatus. Fubr. Suppl. P .304. — Herb. PI. 49, dg- 5. — Latr. Hist. iiat. des Crust. t.VI, p. i5. (2) Cancer natator. Herb. PI. 40 , dg- I. — Porliuius sangiiinotentiis, lîosc, Crust. t. I, p- 218. (3) Povlunus tntnccUui. Fahr. Suppl p. 305 — Lair. Hist nut. des Cr. t. VI, p. lO. IIISTOIKE NATURELLE 464 lant presque son diamètre transversal. Front armé de huit dents rudimentaires , et constituant les angles de quatre lobes tronqués. Dents du bord latéro-antérieur de la cai'apace larges, tronque'es, et si courtes, quelles ont plutôt la forme de crénelures que de dents ordinaires. Longueur, environ 2 pouces. Habite l’océan Indien (G. M. ) aa. La derniers dent latérale plus grosse et beaucoup plus saillante que les autres. 5. Thalamite callianasse. — T, callianassa (\). Carapace fortement ridée en dessus et très-large. Front étroit et armé de huit dents petites, aiguës, et également espa- cées. Bords latéro-antérieurs , courts , et armés de dents étroites et pointues. Pâtes antérieures granuleuses et hérissées d’épines courtes. Longueur , environ un pouce. Habite l’océan Indien, ( G. M. ) § B. Mspeces ayant le bord latéro-antérieur de la cara- pace armé de sept dents , dont deux rudimentaires. 6. Thalamite a doigts rouges. — T, erytho-dactyla (2). Carapace a peine ridée en dessus et trés-aplatie ; dents frontales longues et aiguës ; bords latéro-antérieurs armés de cinq grosses dents spiniformes et semblables entre elles , et de deux dents rudimentaires cachées dans les échancrures que les pi-emiéres grosses dents laissent entre elles. Ni granulations ni tubercules entre les dents spiniformes dont la main est ar- mée. Longuem- , deux pouces et demi. Habite l’Australasie. ( G. M. ) La Cancer feriatus de Linné ( Mus. Lud. Ulr., page 43; ), (i) Cancer callianassa. Herb. t. III, PI. Sj, fig. 7. (a) Portuuus eryllio-darlyhis. Lamk, op. rit. l. V, p. aây. nEs cnüSTACÉs. appai’lenaut probablement à cette division du genre Thalamite, et paraît se rapprocher de la T. à doigts rouges, Le PoRTUNüs VARIEGATUS de Fabriciiis (Suppl p. 364) évidemment une espèce très-varice de la T. callianasse. Le PoRTUîfUSHOLOSERicEL’S du même auteur (Suppl, p, 365) est très-voisine de la précédente. Enfin, le PoRTUNUs Lucifer deFabricius (Suppl, p. 364), me semble devoir être aussi un Thalamite ; mais les caractères que ce naturaliste y assigne ne sutfisent pas pour nous le faire distinguer des espèces précédentes. GEMHE. PODOPHTHALME. — Podophthalmus (i). De tous les Poi-tuniens les Podophthalmcs sont ceux dont l’aspect est le plus remarquable et les caractères distinctifs les plus faciles à saisir ; la longueur démesurée de leurs pé- doncules oculaires , qui sont très-courts chez les autres Bra- chyures nageurs , suffit pour les f'aii’e reconnaître au pi-emier abord. Aussi ce petit groupe , établi par Lamarck , est-il un des premiers démembremens qu’on ait fait du genre Portune de Fabricius, et c’est à cause du grand développement des tiges que portent les yeux qu’il a reçu le nom de Podoph- thalme. La carapace de ces Crustacés a la forme d’un quadrilatère très-allongé , dont les deux côtés latéraux seraient forte- ment tronqués ; son diamètre antéro-postérieur n’égale pas la moitié de son diamètre transversal , et son boi-d anté- rieur, qui est presque droit, a environ quatre fois la lon- (1) Fortunus. Fabr. , Suppl. Elitoin. Syst. p. — Podophthalmus. Lam., Hist. des An. sans vert. t. V, p. 255. — Latr. Hist. nat. de.s Ciust. et Ins. t. VI, p. 53; Encyclopédie, luéthod. Insectes, t. X, p. i66. Règne animal, a', éd. t. IV, p. 33 Leaoh, Zoologists miscellany, vol. II. — Pesm. Con.sidérations sur le.s Crustacés p. gy, etc. crlstacés, tomi; i. 3o HISTOIRE NATURELLE 466 gueuT du bord postérieur. Leyro?!? ou espace compris entre les deux yeux est linéaire (PI, i7,lig. 5), et de chaque côté le bord antérieur de la carapace est creusé dans toute sa longueur d’une gouttière profonde et très -longue , qui constitue les orbites ; enfin , l’angle externe de ces cavités oculaires sépare le bord antérieur de la carapace de son bord latéral , dont la direction , très-oblique , est la même dans toute sa longueur. Les yeux (PI. 17, fîg- i5) , des Podophthalmes , comme nous l’avons déjà dit , sont portés sur des pédoncules minces et d’une longueur extrême ; ces tiges osseuses s’insèrent près de la ligne médiane du front , et portent à leur extrémité la seconde pièce oculaire , tandis que chex les Ocypodes où les yeux sont également très-grands c’est du développement de cette seconde pièce et non de la première, que leur longueur dépend. Le bulbe oculaire n’est pas très-grand et atteint l’extrémité latérale de la carapace. Les antennes internes sont situées au-dessous de l’origine des yeux , disposition qui ne se rencontre chez aucun autre Portunien , et leur tige ne peut pas se reployer dans la cavité qui les loge. Les an- tennes externes se trouvent également au-dessous des yeux ; elles sont placées entre les fossettes antennaires et les or- bites, au côté externe des premières , et leur article basilaire se soude avec les bords de ces deux cavités , de manière à compléter leurs parois et à les séparer enti'e elles ; la tige mobile qui termine ces antennes est formée de deux petits articles pédonculaircs et d’un filet multiarticulé, grêle et assez court. Le cadre buccal est extrêmement large , et n’est sé- paré des fossettes antennaires que par un bord très-mince ; son bord antérieur est environ deux fois aussi long que ses bords latéraux, et ceux-ci se portent obliquement en arrière et en dedans. Les pales-mâchoires externes laissent entre elles un espace assez considérable, et leur troisième arti- cle est à peu près aussi large que long(fig. 6, a); mais il est tellement tronqué en avant et en dedans , que sa forme a été comparée à celle d’une hache dont l’cxtivraité du bord tran- DES CRUSTACÉS. chant donnerait insertion aux articles suivans qui sont très- grands. Les patas de la première paire sont grandes et se ter- minent par une main presepe droite ; lorsqu’ellessont reployées elles dépassent encore de beaucoup les boi'ds de la carapace. Les pâtes suivantes sont beaucoup moins grandes que les antérieures , et celles de la troisième paire sont plus longues que les autres ; l’article qui termine les secondes , les troi- sièmes et les quatrièmes , est styliforme et un peu aplati ; enfin , les pâtes de la cinquième paire sont très-élargies et en forme de rames natatoires. abdomen ne présente rien de remarquable chez les femelles ; mais chez le mâle il est trian- gulaire et se compose seulement de cinq pièces mobiles. On ne sait rien sur les moeurs de ces Crustacés. La seule espèce vivante que l’on connaisse habite les mers tropicales. I. PoDOPHTHALME VIGIL. P. oigU (l). Ce Crustacé a la carapace presque lisse et armée de chaque côté d’une forte épine qui est dirigée transversalement e)r dehors, et occupe l’angle externe de l’orbite; en arrière de cette dent, on en voit une autre beaucoup plus petite, mais dans le reste de son étendue le bord latéral n’est fpie granulé. Les antennes externes sont beaucoup moins longues que les internes. Les pâtes de la première paire sont hérissées d’un assez gi’and nombre d’épines ; on en voit trois sur le boid antérieur du bras , et deux du côté externe du même article ; deux sur le carpe, et deux sur la main. Les pâtes des trois paires suivantes ont le tarse cannelé. Le cinquième article de* (i) Portunus vigil. Fabr. Suppl. Entom. Syst. p. 363, n”. 1. — Poclophlhalmus spinosus. Lam., Syst. des Aiiim. sans vert. p. iSe ; Hist des An. sans vert. t. V, p. 157. — Latr., Gen. Crust. et lus. t. I, tab. I et 2 , fig. I. Ilist. iiat. des Crust. et lus. t. AI , p. 54, 16. 46. Reg. Anim. t. IV, p. 33. Eiicyc. niètli. PI. 3o8, lig. i. — Desmarest , op. cit. Pi. 6, fig. i. — Podophthalmus vigH. Leacu, Zoologist niiscellany , vol. Il, tab. 1 18. — Guérin , Icouograpibie du règne animal Cru.st. PI. i, lig. 3- 468 iiistoihe p»ATtiHrti,E des gküstacés. pâtes postci’ieures est grand et très -élargi postérieurement; enlin , le dernier article est ovalaire et cilié sur les bords. Longneur, 2 à 4 pouces. Habite l’océan Indien. (C. M.) Parmi les Crustacés fossiles que M. Desmarest a fait con- naître, il en est un (i) qui appartient évidemment au genre Podophtlialme, et qui parait dilférer principalement du Po- dophthalme vigil par l’absence des épines aiguës qui, chez ce dernier, terminent les angles latéraux de la carapace ; mais , comme on ne connaît que le moule intérieur de cet animal, il est bien possible que ce caractère ii’existe pas réellement. On ignore le gisement de ce fossil. (I) Podophthalmus de Francii. Desmarest, Histoire naturelle des . Crustacés fossiles, p. 88, PI. 5, tig. 6-8.