^k--'<&<- Xv« W^M i'W i^^ jm. HISTOIRE NATURELLE, GÉNÉRALE ET PARTICULIÈRE, AVEC LA DESCRIPTION DU CABINET DU ROL Tome Qinn:(ieme\ Digitized by the Internet Archive in 2011 Iittp://www.arcliive.org/details/liistoirenaturell002buff HISTOIRE NATURELLE DES OISEAUX. Tome Second. A PARIS, DE L^IMPRIMERÏE ROYALE. M. DCCLXX. naiiMi ■■ 11. I ■ ■■■■■! ■■■■■■■■■ ■! 1 111 TABLE De ce qui eft contenu dans ce Volume. / / E Faucon . ....... page i Oifeût/x étrangers qui ont rapport au Gerfaut & aux Faucons ... 31 Le Hobreau 43^ La Cre(ferelle ........... 48, Le Rochier , . . 56 L'Emérillon 55' Les Pie - grièches , 67^ La Pte-grièche grîfe . 70 La Pïe-grïèche roujfe 7 8i L'Ecorcheur .... 8 li Oifeaux étrangers qui ont rapport à la Pie-grièche grife & à l'Écor- cheur, . • . . , . . , .. , , , ., 8fe ^ L Le Fingah., .', ^& IL Rcuge-qiime , , . 8^ m. Langraien iT' Tcha-chert . ... 89 I V". Bécardes 91 V. Bécardes à ventre jaune ^ .... 9:^ VI. Le Vanga ou Bê carde à ventre blanc .,.,.,■ 93 VU. Le Schet~bé . 94- V\\\, Le Tcha-chert-bé , .... ... 95 JX. Le Gonolek 96 X. Le Calï-Calkit/ le Bruia, . , 97 XI. La Pie-griêche huppée, . . ^ Jbid, Les Oïjeaux de proie noâurnes, pp he Duc OLi gmnd Duc . . ,- . 121. X^ Hïhou ou 7?/(9yf /; Z)//r . V . i j j Z'^ ScOpS ou /7^/// i)//6' .... 151 La Hulotte ........... 158 Le Chat-huant .....*.•• 163 L' Enraie ou /^ Frefaie . . * . 168 Xv ; en Latin mo-; deme, Falco; en Italien, Falcotie ; en Efpagnoi , ■Halkon ; en Allemand, Falck; enPolonois, Sokol ^ en Anglois , Falcon, — Fako apud Fmnicwn , Sui- dam & récent iores. Gefner. Jcon, Avî. pag, ti 04 i— Fûucofi. Bclon , Hijf. nai. des^ Oifeaux , pa^e Î15. — Falcc, Aldrov. Avi. rom^ J , pag, ^2^, — AcàpucY fufcus. Frifch , planche LXXIV, avec une figure coloriée. ^ — Accipiier fujcus oris penmrum rufefcentibus ndricihus fufcis fujco faiurativre iranf- perjîm flriatis Falco , le Faucon, Briflbng ÇYnith, tome l , page ^ 2 / , Qifcaux f Tom^ IL .^ A ^ 'Hlflolre Naturelle Naturelle (b) , on fer oit porté à croîr^ qu'il y a dans l'erpèce du Faucon autant ^de variéte's que dans celles du pigeon , de la poule ou -des autres oifeanx do- su eiliquies : cependant rien n'efl: moins vrai ; l'homme n'a point influé fur h (h) M. Brlffon compte treize variétés dans .C€tte première efpèce, favoir ; ie faucon-fors, le faucon-Iiagard ou bolTu , ie faucoii à tête blanche, îe faucon blanc, le faucon noir , ie faucon tacheté, ]e faucon brun , ie faucon rouge des Indes , le faucoa d'Italie , îe faucon d'IUande & ie facre ; <& en même temps il compte douze autres efpèces ou variétés de faucons , différentes de la première ^ favoir ; 4e faucon gentii , ie fauccn-péierin , dont le faucon de Barbarie & ie faucon de Tartarie font àts> variétés ; ie faucon à collier, le faucon de roche ou rochier ; ie faucon de montagne ou mon- tagner, dont ie faucon de montagne cendré ell une variété ; ie faucon de la baie de Hudfon , le faucon-étoiié, le faucon- huppé à^s, Indes, ie faucon Ât?. Antilles , & ie faucon-pêcheur de la Caroline. M» Linnsus comprend fous l'indication génériquie idu faucon, vingt-iîx' efpèces différentes; mais il eit vrai qu'il confond feus ce même nom , comme il fait en tout y- les efpèçes ébignées , auffi - \ÀtVL sue les erpèce'lç rbinnesy ear'çin trouve dans cette iiik de fa-jcoris , les argics',^ les '|)ygargU€s, -les orfraies , \t^ crefferelles , les-bufesV &c. Au moins la iifLe de M.-Briiron, quoique' -d'un tiers trop jîotîibreufe , Ç-^i faite avec plus de drcop/ped-ioii ^ à& difcernemenî. (h Faucon: 51 nature de ces animaux ; queîqu*utiles aux plaifirs , quelqu'agréables qu'ils foierit pour ie fade des Princes chaf- fèurs, jamais on n'a pu en élever, en multiplier l'efpèce : on dompte à la vérité , ie naturel féroce de ces oifeaux , par la farce de l'art & des privations (c): ( c) Pour drefler îe faucon, l'on commence par l'armer d'entraves , appelées jeis , au bout defqueHes on met un anneau, fur lequel eft écrit le nom du maître ; on y ajoute àt^ fonnettes qui fervent à indiquer ie lieu où il eft lorfqu'ii s'é- carte de la chalfe ; on le porte continueliemene fur le poing ; on l'oblige de veiller : s'il eft mé- chant & qu'il cherche à fe défendre, on lui plonge îa tête dans l'eau ; enfin on le contraint par k faim & par la laffitude à fe laiffer. couvrir la tête d'un chaperon qui lui enveloppe les yeux ; cet exercice dure fouvent tr@is jours & trois nuits de fuite : il efl rare qu'au bout de ce temps , \t% befoins qui le tourmentent & la privation de ia lumière ne lui faflent pas perdre toute idée de liberté : on juge qu'il a oublié fa fierté riatureHca .lorfqu'ii fe laifîe aifément couvrir la tête , & que découvert il faifit le pât ou la viande qu'on a foin de lui préfenter de temps en temps ; h répétition. de ces leçons en aÏÏure peu à peu le fuccès : les befoins étant le principe de la dépendance , oii cherche à les augmenter en lui nétoyanî l'efiomaG par des cures ; ce font de petites pe'otles de fikffe qu'on lui fait avaler , & qui augmentent fon ap- pétit j on le fatisfait après l'avoir excite , & \% Ait .^ 'Hiflolre Natiireïle DU ieur fait acheter leur vie par des mouvemens qu'on ieur comfnande ; chaque morceau de ieur fubriilance ne ieur eit accordé que pour un fèrvice rendu : on ies attache , on ies garotte , on ies affuble , on ies prive même de ia iumière & de toute nourriture , pour îes rendre pius dépendans , pius do- ciles , & ajouter à leur vivacité naturelle l'impétuoiité du befoin (d) ; mais iis reconnoiffance attache l'oifeau à celui même qui l'a tourmenté. Encyclopédie , à l'anick de la fau.-. connerit. (d) Lorfque les premières îeçons ont réuffi , & que roifeau montre de ia docilité j on le porte fur îe gazon dans un jardin , là on le découvre, & avec l'aide de la viande , on le fait fauîer de lur- 3-nême fur le poing ; quand il efl afTuré à cet exercice , on juge qu'il efl: temps de lui donner 3e vif, & de lui faire connoître le leurre ; c'elî une repréfentation de proie, un affembiage de pieds '£•<: d'ailes , dont les fauconniers fe fervent pour ré- damer les oifeaux , & fur lequel on attache leur \iande; il ed important qu'ils foientnon-feuîemenc accoutumés , mais affriandés à ce leurre ; dès que l'oifeau a fondu deffus & qu'il a pris feulement tine beccade, quelques fauconniers font dans Tufage de retirer le leurre , mais par cette méthode on court rifque de rebuter l'oifeau; il efl pius fur, îorfqu il a fait ce qu'on attend de lui , de le paître l|9U£-à-faîî, ^ ce doit être la récompenfe de i^ du Fdiïcoth 5^ fervent p:ir nécefîné , par habitude & fhn^ attachement ; ils demeurent captifs, fans devenir donielliques; l'individu feul ell efciave , l'eipèce eil: toujours libre , docilité ; îe îcnrre efl l'appât qui doit le fure re- venir iorlliu'il fera élevé dans fes airs, m.Tis i( ne feroit pas iiiffifant fans la voix du fauconnier qui i avertit de fe tourner de ce côté-là; i! faut que ces leçons foient foiivent répétées I! faut cher- cher à bien connoître le caradèrc lie loiitau , parler fouvcnt à celui qui paroît moins attentif à la voix, laiffer jeûner ceiui qui revietu moins avi- dement au leurre ; laiffcr auiTi \ eiiier plus îoni^- temps celui qui n'efh pas afTez famiiier ; couvrit: fouvenr du chaperon celui qui craint ce genre d'alîujctliifement : icrfque la fimiliariîé & la docilité de I oifeau font fufnfammcni confirmées dans un jardin , on le porte en pleine campagne , m^ais tou- jours attaché à la iiiière, qui ei^ une ficelle longue d'une dixaine de toifes ; on le découvre , <& en l'appelant à quc!(}ucs pas de diHance, oh lui montre le leurre; iorfqu'il fond deiTus , on fe fert de fa viande & on lui en iaiiîe prendre bonne gorge j pour continuer de i'aiTurer, le lendemain on la lui montre d'un peu plus loin , & il parvient ç.x\Ç\i\ à fondi'e defïïis du bout de la i7iicre , c'eft aîcrs qu'ii fiut faire connoître & manier pluiieurs ï^Sn à l'cifeau le gîbier auquel on le defîine; on en conferve de prÏN'és pour cet ufage , cela s'appeî's dorr-er l'fjcnp ,- c'eft la dernière leçon , mais elle doit fe répéter jufqu'à ce qu'on foit parfaitement aiTuré de i'oifeau : alors on le met hors de fiiière , & on le vole pour iors. Encydijénie , an, de la fmcomerie. A ii) 6 Hlfloire 'Natnrdle toujours également éloignée de Tempire de i'homme : ce n'efl niêiiie qu'avec des peines infinies qu'on en fait quel- ques-uns prifonniers , & rien n'ell plus, difficile que d'étudier leurs mœurs dans, î'état de nature ; comme ils habitent les. rochers les pius efcarpés àQ^:> plus hautes, montagnes , qu'ils s'approchent très- rarement de terre , qu'ils voient d'une hauteur & d'une ra]:>idiié ians égale ; on ne peut avoir que peu de faits fur ieurs habitudes naturelles : en a feule- ment remarqué qu'ils choififfent toujours pour élever leurs petits , les rochers ex- poles au midi ; qu'ils le placent dans les trous & les ûnfraéîures les plus inaccef^ iibles ; qu'ils font ordinairement quatre ceufs , dans les derniers mois de l'hiver, qu'ils ne couvent pas long-temps , car îes petits font adultes vers le 15 de Mai ; qu'ils changent de couleur fai- vant le fexe , l'âge & la mue ; que les femelles font confidérablement plus groiTes que les mâles ; que tous deux jettent des cris perçans , défagréables & prefque continuels , dans le temps qu'ils chafTent leurs petits pour les dépaïfer 3 {lu FaucofU 7j ce qui Te fait , comme chez ïes aigles ^ par .la dure nécelîité qui rompt les liens dès ftiniilies & de toute Ibciété ,- dès qu'ii n'y a pas afîez pour partager^ ou qu'il y a impofTibiiité de trouver aiïez de vivres pour rubfiHer enfemble dans les mêmes terres. Le faucon ed peut-être l'oifeau dont le courage efl le plus franc , le plus grand , relativement à fes forces : il fond làns détour & perpendiculairement fur fa proie ; au lieu que l'autour & ia plupart des autres arrivent de côté : aufîi prend- on l'autour avec ^qs filets dans iefqueis le faucon ne s'empêtre jamais ; il tombe à plomb fur l'oifeau vi(flim-e , expole au milieu de l'enceinte des filets , le tue , le mange {\aX le liett s'il efl gros , ou l'emporte s'il n'efl pas trop lourd , en fe relevant à plom.b :: s'il y a quelque faifinderie dans fou voifinage , il choifn cette. proie de pré- férence ; on le voit tout-à-coup fondre fur un troupeau de faiians comimic s'il tomboit à^s nues , parce qu'il arrive de {\ haut, <& en fi peu de temps, que fou apparition eil toujours im.prévuç &> A iiij^ 8 Hifloire Naturelle fouvent inopinée : on le voit fréquem- ment attaquer le milan , foit pour exercer fon courage , foit pour lui en- lever une proie ; mais il iui fiit plutôt la honte que la guerre • il le traite comme m lâche , le chafTe , le frappe avec dédain , & ne le met point à mort , parce que le milan fe défend mal , & <]ue probablement fa chair répugne au faucon encore plus que fa lâcheté ne iui àé'^l'ûu Les gens qui habitent dans le voi- fmage de nos grandes montagnes, en Dauphiné, Bugey, Auvergne & aux pieds des Alpes , peuvent s'adurer de îous ces faits ( e ), On a envoyé de Genève à la fauconnerie du Roi, des |eunes faucons pris dans les monta crues voifines au mois d'avril , & qui pa- roiffenî avoir acquis toutes les di- menfions de leur taille & toutes leurs forces avant le mois de juin. Lorfqu'ils font jeunes ; on les iippdk faucon-fors, (e) Nom. Ils m'ont été rendus par cîes témoins oculaires, & partrcufîèrcment par M. Hébert, que j'ai déjà cité plus d'une fois , & qui a chafTé pendanî gincj ans dans les monragnes du Buge)^, du Faucon, 9 comme Ton dit harengs - fors , parce qu'ils Ibnt alors plus bruns que dans les années iuivantes "" ('^''^y(\ planche I de ce volume ) ; &i l on iippclle les vieux inucons , hagards , qui ont beaucoup plus de blanc que les jeunes (fj, voyer planche II de ce volume ^; le faucon qui eil reprélènté dans cette dernière planche nous paroît être de la féconde année , ayant encore un aiïez grand nombre de taches brunes fur la poitrine & fur le venire ; car à la troifième année ces taches diminuent, & la quan- tité du blanc fur le plumage augmente, comme on le peut voir dans le ftucou reprélènté \ dans laquelle on a gravé, par erreur , le nom de lanière au lieu de tiercelet de faucon de la troficnu année, Comm.e ces oifeaux cherchent par- tout les rochers les plus hauts, & que * Voycj^ les planches enhimïnécs, n.° 470, ( f) JMotn. Puifque le faucon- fors & le faucon- Iiagar ou bofTu ne font que Je nntme faucon, jeune & vieux , on ne doit pas en faire des variétés dajis lefpèce, ^ Voyei les planches enluminées, n,° 4-21. A ¥ fîo HïJIoh'e Naîiirelle îa plupart des îies ne font que des groupes & des pointes de montagnes ; M y en a beaucoup à Rhodes, en Chy- pre , à Maïte , &. dans ies autres îles de la Méditerranée , auffi-bien qu'aux Or- cades & en Ifîande ; mais on peut croire que fuivant les différens clim.ats , ils paroifTent fubir des variétés différentes , dont il e(l néceffaire que nous fafllons quelque mention. Le faucon qui efl naturel en France eft gros comme une pouie : ii a dix- huit pouces de longueur , depuis le bout du bec jufqu'à celui de ia queue ^ êc autant jufqu'à celui des pieds : la queue a un peu plus de cinq pouces de longueur, & il a près de trois pieds & demi de vol ou d'envergure : Çqs ailes , iorfqu'elies font pliées , s'étendent prefque jufqu'au bout de la queue ; je ne dirai rien des couleurs, parce qu'elles changent aux différentes mues, à mefure que i'oifeau avance en âge , & que d'ailleurs elles font fidèlement repré- fentées par les trois planches enluminées que nous venons de citer ci - deffus^ J'obferverai feulement que la couleur fe du Faucon, tt plus ordinaire des pieds du faucon , eft verçjâtre , & que quand il s'en trouve qui oni les pieds &: -la membrane du bec jaune *, les Fa.uconniers les appel- lent faucon bec jaune , & les regardent comme les plus laids & ies moins nobles-- de tous les fiîucons ; en forte qu'iis ies rejettent de l'écoie de ia fiuconnerie : j'obierverai encore qu'ils fe (ervent àw tiercelet de faucon , c'eft - à - dire , àxL mâle , lequel ell: d'un tiers plus petit que la femelle , pour voler ies p-^rdrix ^^ pies , geais , merles &: autres oi féaux de cette elpèce ; au lieu qu'on emploie îa femelle au voi du lièvre , du milan , de la grue & des autres grands oileaux. Il paroît que cette efpèce de faucon ^ qui eil affez commune en France ,. fe trouve aufîi en Allemno-ne, M. FriCch (g) a donné ia ngure coloriée d'un . * Voyez celui qui efî repréferité às.n^^^^ flmchr- •^nluminée , n.° 4-50. ( g ) N:ita, Voler ce que M. FriilH dit de cet oifeau , qu'il appelle \''em£?ni ries canards ou ïaïuov/r- d'un ù^-un noir, il a été pourvu par h Nature de longues ailes- & de plumes ferrées les unes fur les amres , , . . ^. , ^ Ceti des oifeaux-. ds- pmia i'un àesi ■ A. -4 fi2 Hïfloire Naturelle faucon -fors à pieds & à membrane Jiî bec jaune , fous le nom de emen-Jlojfet ou fchwart';^- bmvne hûhigt , & il" s'efl trompé en iui donnant le nom d'autour hrim ; car il diltère de l'auiour par la grandeur & par le naturel. II paroît qu'on trouve aufD en Allemagne , & queiquefois en France ^ une eipèce différente de celle-ci , qui e(t le faucoa pattu à tête blanche , que M. Frifch appelle mal - à - propos vautour, ce Ce D3 vautour à pieds velus ou à culotte >3 de plume , eft , dit - il , de tous les 33 oileaux de proie diurnes à bec crochu ^ 33 le feui qui ait {\qs plumes julqu'à ia D3 partie inférieure des pieds , auxquels D> elles s'appliquent exadlement : l'aigle 33 des rochers a aufîi des plumes fem- 33 blables ^ mais qui ne vont que juf= D3 qu'à la moitié des pieds : les oifeaux D3 de proie nodlurnes , comme les 33 chouettes , en ont jufqu'aux ongles , 33 mais ces plumes font une efpèce de 23 duvet : ce vautour pourfuit toute forte plus vigoureux, il poUrfuit de préférence les ca- nards , fes poules d eau & autres oilbaux d'eau. Jii Faucon. I 3' de proie , ^ on ne le trouve Jamais ec auprès des cadavres (h) , y> c'eil parce que ce n'efl: pas un vautour , mais un fliucon , qu'il ne fê nourrit pas de cadavres ; & ce faucon a paru à quelques-uns de nos Naturaiifles allez femblable à notre faucon de France ("i/, pour n'en faire qu^une variété : s'il ne differoit en effet de notre faucon que par la blancheur de la tête, tout le reite e(t affez femblable pour qu'on ne dût ie confidérer que comme variété ; mais le caraélère des pieds couverts déplumes jufqu'aux ongles, me p.iroit être fpé- cifique , ou tout au moins l'indice d'une variété confiante, & qui fait race à part dans i'efpèce du fiucon. Une ieconde variété ejfl îe faucon Blanc , qui fe trouve en Rullie, & peut- être dans fes autres pays du Nord ; ii Y^J Vr'ifch , p Fane fie L^XV ; avec me figure ^coloriée, — Le Faucon à tête blanche. Briffon , tome I, page J 2j ; & tome VI , Jvpplément , page: S. 2. , flanche I, (î) Voyez rOrnithoîogîe de M^ Briflbn^ ; î. 4. Hîflolre . Naturelle y en a de tout - à - £iît blancs & fàns taches, k l'exception de l'extrémité des- grandes plumes des ailes qui font: noi- râtres : il y en a d'autres de cette eipèce, qui font aufîi tous bfancs, à i'exception.^ de quelques taches brunes lur le dos é£ fur les ailes , & de quelques raies brunes fur la queue (k) r- comme ce faucon blanc eii de la même grandeur que notre faucon , & qu'il n'en diffère que par la blancheur, qui efl la couleur que \ts oifeaux , comme les autres animaux , prennent affez généralement dans les pays du Nord ^ on peut pré- fumer avec fbndement que ce n'efl qu'une variété de i'efpèce commune,- produite par l'influence du climat : ce- pendant il paroît qu'en îjfîande, il y a aullj des faucons de la même couleur: que les nôtres , mais qui font un peu pius gros , & qui ont les ailes & la queue plus longues ; com.me ils refTem- bient prefqu'en tout à notre faucon, &: qu'ils n'en diffèrent que par. ces XégtïS caraélères 5 on ne doit pas les féparer de i'efpèce commune. îl en efî^ (k) Briflbîi, îomtl imge ^.z6o_ {lu Faucotù 'î 5' tle même de celui qu'on appelle y^z/rt?/?- gentil , que prefque tous les Naturalises ont donné comme diftérent du faucon commun, tandis qu« c'ell le même, & que le nom de gent.ïl ne leur efl ap- pliqué que lorsqu'ils font bien élevés ,. bien faits & d'une jolie figure ; aufîi nos anciens Auteurs de fiuconnerie , ne comptoient que deux e(|:>èces principales de fuicon , le faucon- oentii ou faucon de notre pays , & le faucon-pélerin ou étranger, & res^ardoient tous les autres comme de fimpies variétés de l'une ou de l'autre de ces deux cipèces. li arrive en effet quelques faucons des pays étrangers , qui ne font que fe montrer fans s'arrêter , & qu'on prend au paffage i il en vient fur - tout du côté du midi, que Ton prend à Malte , & qui font beaucoup plus noirs que nos faucons d'Europe; on en a pris même quelquefois de cette elpèce en France ; & celui dont nous donnons la figure enluminée * , a été pris en Brie : . c'efl par cette raifon que nous avons qïVl pouvoir i'appeler faucon pûjfager ^ il, ^ yojeiis^ planches enlumn^ess ^- n.° ^éc^» Il6 Hljîolre Naturelle paroît que ce faucon noir pnfle en Aliemagne comme en France , car c'efk îe même que M. Frifch a donné, fous ie nom de falco fufcus , fauccn brun (planche LXXXIII ), ôl qu'il voyage beaucoup plus loin ; car c'eil: encore ie même faucon que M. Edwards a décrit & repréfènté , tome I , page ^ , fous le nom de faucon noir de la baie de Hudfon , ôl qui en effet iui avoit été envoyé de ce climat. J'obferverai à ce fujet , que le faucon paflager ou pè- lerin , décrit par M . Brifibn , page J41, n'efl: point du tout un faucon étranger ni paflager , & que c'eil abfolument le même q e notre faucon-hagard * , en forte que i'efpèce du faucon commun ou pafîàger, ne nous efl: connue jufqu'à préfent que par le faucon d'Ifîande, qui n'efl qu'une variété de I'efpèce com- mune, & par le fiucon noir d'Afrique, qui en difîère afîez , far - tout par la couleur , pour pouvoir être regardé comme formant une efpèce différente. On pouri-oit peut-être rapporter à * Vo)'ez celui qui eii repréfenlé ^ planche cnh^ '{Jii Faucon, 17, cette efpèce le faucon Tunifieii ou Pumcieii dont parle Beloii ( l) , « & qu'il dit être ww peu plus petit que ce le faucon-pélerin , qui a la tête pfus cç grofîe & ronde , &: qui reflemble oç par ia grandeur & ïe plumage au ce lanier w ; peut-être aufTi le faucon de Tartarie (in) , qui au contraire , eft un peu plus grand que le faucon-péferin , ai que Belon dit en différer encore, en ce que le deflus de lès ailes eft roux , & que Tes doigts lont plus alon gés. En radenibiant &. reflerrant les difïe- rens ol^jcts que nous venons de pré- fenter en détail , il paroît i .° qu'il n'y a en France qu'une leuie efpèce de fau- con bien connue , pour y fûre fon aire dans nos provinces monîagneufes,; que cette même eipèce fe trouve en Suiffe, en Allemagne , en Pologne & jul qu'en ïilande vers îe Nord, en Italie (n) ^ en Efpagne & dans les îles de ia Mé- diterranée, & peut-être jufqu'en Egypte (1) Befon , Hijl. nat. ces Oifeaux , fagt 1 1 y^ (m) Ibidem, page 116, (ttj Aldrov. Avji tonu I, pdg» f ^/^ fî§' Hijlolre NdUirelle (o) vers îe midi; 2." que ic faucon Mane n'eft dans cette même efpèce , qu'une variété produite par l'influence du climat du nord; 3,.° que îe faucon-geinii n'efl: pas d'une efpèce différente de notre faucon commun (p); 4.° que ie faucon- pèlerin ou paflager eil d'une efpèce différente ^ qu'on doit rep-arder comme Étrangère , & qui peut - être renferme quelques variétés , telles que ie faucon de Barbarie, ie faucon Tunifien, &c.... (0) Profper Aipin, /Eg}ft, tome 1, page 200, ( p ) Nota, Jean àt Tranchières , qui efl l'un des pîus anciens êi peut-être le meilleur de nos Auteurs fur h fauconnerie, ne compte que fept cfpèces d'oifeaux auxquels ii donne le nom de faucon , fâvoir ; le faucon-gentil, ie faucon-péierin ^ ie faucon-tartaret , ie gerfaut , le facre , ie ianier & ie faucon tunifien ou tunicien : en retranchant de cette iifte le gerfaut, ie facre &. ie ianier, qui ne font pas proprement des faucons, il ne refis que ie faucon-gentil & ie faucon-pélerin ,'~dont ie rartarst & ie tunifien font deux variétés. Cet Auteur ne connoifToit donc qu'une fsuie efpèce de faucon naturelle en France , qu'il indique fous ie Bom àcfauccn-gentit, & cela prouve encore ce que j'ai avancé , que le faucon - gentil & ie faucon commun, ne font tous deux qu'une feule & même gfpècee. (h Fdiicoiù r^ Il n'y a donc, quoiqu'en dilent îes No- lîieiichueurs , que deux efpèces réelles de iàucons en Europe,» dont h première efl: naturelle à notre climat , & fe mul- tiplie chez nous , &: l'autre qui ne fiiit qu'y pafier , &; qu'on doit regarder comme étrangère : en rappelant donc à l'examen la lifte la plus nombreuie de nos Nomenclateurs , au fujet des faucons, & fuivant article par article celle de M. BrifTon , nous trouverons 1 .^ que le £uicon-fors n'eft que ie jeune de Teipèce commune ; 2.° que le fau- con - hagard n'en efl que le vieux ; 3 .° que ie faucon à tête blanche & à pieds pattus , eft une variété ou race conftante dans cette même e(pèce ; 4.° fous le nom de faucon - blanc , M. BrifTon indique deux différentes efpèces d'oifeaux, & peut-être trois, car le premier & le troifïème pourroient être , abiolument parlant , des faucons qui auroient fubi ia variété commune, aux oiieaux du nord , qui eft le blanc ; mais pour ie fécond , dont M . Briffon ne paroît parler que d'après M. Frifch 5. dont il cite ia planche LXXX , ce n'eft 2 0 Htjlolre 'NaîureUe ^ certainement pas un fliucon , mais un oiieau dé rapine , commun en France ^ auquel on donne le nom de harpaye r 5.*^ que îe faucon noir efi: ie véritable fitiicon-pélerin ou paffagcr , qu'on doit regarder comme étranger ; 6° que ie £aucon lâcheté , n'efi que le jeune de ce même fèiucon étranger ; 7.° que ie faucon brun eft moins un faucon qu'un bufard : M. Frifch eft ie feul qui en ait donné la repréfentation (q) -, & cet Auteur nous dit que cet oiieau attrape quelquefois en Volant les pigeons (au^ va2;es; que fon vol eft très- haut, & qu'on le tire rarement , mais que néan- moins il guette les oi féaux aquatiques , fur les étj^ngs & dans les au tes lieux rnarécao-eux : ces indices réunis , nous piorîem à croire , que ce faucon brun de M. Eriffon n'ed vraifemblablement qu'une variété dans i'efpèce à^s bulards, quoiqu'il n'ait pas la queue aulll longue que les autres bufards; 8.'' que le fuicon rouge n'eil qu'une variété dans notre efpèce commune du faucon , que Belon dit, avec quelques anciens Fauconniers, (rj Frifch, tome I, planche LXXVI*^ {lu Fûucoiî, ^ i\ fe trouver dans les lieux marécageitx qu'il .fréquente de préférence; p."" que le fiucon rouge des In-des , eft un oi- feau étranger , dont nous parlerons dans la fuite ; i o.° que le fiucon d'Italie , dont M. Briiïbn ne parle que d'après Jonflon , peut encore être , fins fcru- pule , regardé comme une variété de l'elpèce commune de notre faucon des Alpes ; I i,° que le faucon d'illande eft , comme nous l'avons dit , une autre variété de i'efpèce commune , dont il ne diffère que par un peu plus de grandeur; 12.*" que le facre n'effc point , comme le dit M. Briffbn , une variété du fuicon , mais une efpèce différente qu'il faut confidérer à part; 13.** que le faucon - gendi n'eft point une efpèce différente de celle de notre fîiucon commun , & que ce n'eft que le faucon- fors de cette efpèce coin- anune , que M. BrifTon a décrit fous ie nom de faucon-gentil ; mais dans un temps de mue, différent de celui qu'il a décrit fous le fimple nom de faucon; 14.° que ie faucon appelé pékrïn par M. Bfiflbn, n'efl que notre même 2. 1 HiJIoke Naturelle faucon commun , devenu par l'âgé faucon-hagard *, & que par conféquent ce n'efl qu'une variété de i'âge , & non pas une diverfité d'efpèce ; 15.° que ie faucon de Barbarie n'efl qu'une va- riété dans i'eipèce du faucon étranger , que nous avons noiumé faucon paffager ^ iC."" qu'il en eil de même du faucon de Tartarie ; i yJ" que ie faucon à coiiier n'efl point un faucon , mais un oifeau d'un tout autre genre , auquel nous avons donné ie nom de foubufe / I 8.° que le faucon de roche n'eil point encore un faucon , puifqu'il approche beaucoup pius du hobreau & de la crefTerelie ; & que par conféquent c'eft un oifeau qu'il fiut confidérer à part ; i^° que le faucon de montagne n'efl qu'une variété du rochier ; 20.'' que le faucon de montagne cendré n'efl qu'une variété de l'efpèce commune du faucon ; :2î,° que ie faucon de ia baie de Hud- fon efi un oiieau étranger, d'une eiJDèce * Vêyei les planches enluminées, n." 421. ^ Voyez celui qui efl repréfenté ^ pknche cniu- Viiii/e ^ n/ 4.(55. du Faucon, 2r différente de celle d'Europe, Se dont nous. parlerons dans l'article fuivanr ; 2Z.'' que ie £iucon étoHé cfl un oifeau d'un autre genre que ie fJuicon ; 23 .° que le £uicon huppé des Indes , le fliucoii des Antilles , le faucon -pêcheur des Antilles, & le £iucon - pêcheur de la Caroline , font encore des oifeaux étrangers dont if fera fait mention dans la iuite. On peut voir par cette longue ^numération , qu'en féparant même les oifeaux étrangers , & qui ne font pas preciiément des faucons ; & en ôrant encore le faucon pattu , qui n'eft peut- être qu'une variété ou une efpèce très- yoifine de celle du faucon commun , il y en a dix-neuf que nous réduifons à quatre efpèces ; fivoir , le fmcon commun , le faucon paffager , le facre ScÂe bufard, dont il n'y en a plus que deux qui foient en effet des faucons. Après cette réduction faite de tous ies prétendus faucons , aux deux ef- pèces du faucon commun ou o-entif & ^ du faucon pa%er ou pèlerin ; VOICI les difféfeaçe§ que noâ anciens 54 HiJIoire Naturelle Fauconniers trouvoient dans lexir nature & mettoiem dans ieur éducation. Le faucon-gentil mue dès îe mois de mars, & même plus tôt ; ie faucon - pèlerin ne mue qu'au mois d'août: il eil pius plein fur les épaules, & il a les yeux plus grands , pius enfoncés , le bec plus gros, les pieds plus longs & mieux fendus que ie fiucon- gentil (r): ceux qu'on prend au nid s'appellent faucons- niais ; lorfqu'ils font pris trop jeunes , ils font fouvent criards & difficiles à élever ; il ne faut donc pas les dénicher avant qu'ils foient un peu grands, ou il l'on eil obligé de les ôter de leur nid , il ne faut point les manier , mais les mettre dans un nid le plus fem- blabk au leur qu'on pourra , & les nourrir de chair d'ours ^ qui eft une ■viande aiïez commune dans les mon- tagnes où l'on prend ces oifeaux , 6c su défaut de cette nourriture on leur (rj Fauconnerie d'Arteîoucfie , imprimée à la fuite de k Vénerie de du Fouiiioux, & des Fau- conneries de Jean de Franchières & de Guillaume Jardif. Paris > 161^^ page Sp* donnera. du Faucon. "2 ? donnera de la chair de poulet : fi l'on ne prend pas ces précautions, les ailes ne leur croi fient pas (fj, ôl leurs jambes fe cafient ou le déboîtent aifément : les faucons - fors , qui font les jeunes, & qui ont été pris en fepiembre, odobrc & novembre, font les meilleurs &: les plus ailes à élever: ceux qui ont été pris plus tard en hiver ou au printemps fuivant, & qui par ccnféquent ont neuf ou dix mois d'âge, font déjà trop ac- coutumés à leur liberté pour fubir aifé- ment la fervitude , 6i demeurer en cap» tivité ftns regret , & l'on neil jamais fur de leur obéifi"ance &. de leur fidélité dans le fervice : ils trompent fou vent -leur maître, & quittent iorfqu'il s'y attend le moins. On prend tous les ans les faucons-péierins au mois de fep- tembre, à leur pafTage dans les îles, •ou fur les falaifes de la mer. Ils font de leur naturel prompts , propres à tout ffj Recueil de tous les oifeaux de proie qui fervent à la fauconnerie , par G. B. imprimé à îa fuite des Fauconneries citées dans la note p?é» cédente , page / / ^ , per/o, Oifeaux, Terne JL B %6 'Hiflolrè mtiirellè faire, dociles & fort aifés à inllruîre (t): on peut ies faire voler pendant tout ie -mois de mai & celui de juin , " parce qu'ils font tardifs à muer; mais auflî dès que ia mue commence, ils ie dé- pouiilent en peu de temps. Les lieux où Ton prend le pius de faucons-péierins , ïfont non- feulement ies côtes de Bar- barie, mais toutes ies îles de ia Médi- terranée, & particulièrement celle de Candie, d'où nous venoient autrefois Jes meilleurs faucons. Comme ies Arts n'appartiennent point ài'Hiftoire Naturelle, nous n'en- trerons point ici dans ies détails de i'art de la fauconnerie ; on les trouvera dans î'Encyciopédie fu), dont nous avons déjà emprunté deux notes, ce \Jn bon 13 faucon, dit M. ie Roi, auteur de 'ft) Fauconnerie de Jean de Yï2^nQh\hts,vûge 2^ fu) Voyez cet article Faucomiârk , au fujet de S éducation à^s faucons, de Tes maladies & des foins propres à les .prévenir, ou àtî remèdes né- ceffaires pour les guérir. Pat M, le Roy , Lien-, ynam es Chafss lU Sa Majejîe\ à Vcrfaillis^ ^// Faucon: ^7^ fartîcîe Fauconnerie , doit avoir la tête ce ronde, le bec court & gros , le cou ce fort long, la poitrin£ nerveufè, les «: mahutes larges, les cuifTes longues, ce les jambes courtes , la main large , ce îes doigts déliés , alongés & nerveux ce aux articles , les ongles fermes & re- ce courbés , les ailes longues ; les fignes œ de force &: de courage, font les ce mêmes pour le gerfaut & pour le ce tiercelet , qui e(t le mâle dans toutes ce îes efpèces d'oifeaux de proie , &: ee qu'on appelle ainfi, parce qu'il eft ce d'un tiers plu5 petit que la femelle ; ce une marque de bonté moins équi- ce voque dans un oiieau, eft de chevau- ce cher contre le vent, c'eft-à-dire , de ce fe roidir contre , & fê tenir ferme fur ie poing lorfqu'on l'y expofe : le pennage d'un faucon doit être brun &. tout d'une pièce , c'eft-à-dire , de même couleur ; la bonne couleur des ce mains efl: de vert-d'eau; ceux dont ce les mains & le bec font jaunes , ceux ce dont le plumage eft femé de taches, c< font moins eftimés que les autres; ^ Bij ;2,S Hipoke Naturelle >3 on fait cas des faucons noirs, mais >> quel que foit leur plumage , ce font 39 toujours les plus forts en courage j> qui font les meilleurs .... Il y a » des faucons lâches & parefleux, il ?5 y en a d'autres fi fiers , qu'ils s'irri- 35 tent contre tous les moyens de les 3> apprivoifer ; il faut abandonner les uns & les autres , &:c w. M. Forget, Capitaine du vol a Verfailles , a bien voulu me commu- niquer la notice fufvante. ce II n'y a , dit-il , de diiTérence efîèn- 35 tielle entre les faucons de difiérens 35 pays , que par la grofîeur ; ceux qui 35 viennent du Nord, font ordinaire- 35 ment plus grands que ceux des mon- 35 tagnes des Aipes & des Pyrénées ; 3> ceux-ci fe prennent, mais dans leurs 35 nids , les autres fe prennent au paffage, 33 dans tous les pays ; ils paffent en oc- 35 tobre & en novembre , & repafTent 35 en. février & mars L'âge ôqs 53 faucons le âé^igno, très- diflindement 33 ia féconde année, c'eil- à-dire, à la n. l'/.L^nu/, 23 LE FAUCON SORT, l,]I. PI. R.pqi/. 2$. LE FAUCON HAGARD. du Faucon, 2p première mue, mais dans ia fuite les ce coiinoidiînces deviennent bien plus ce diiriciies ; indépendaiijment dits chan- « gemens de couleur, on peut les dif- ce tinguer jufqu'à la troiliènie mue , ce c'eli-à-dire, par la couleur des pieds « & celie de la membrane du bec :>^. 4> I Bïij "30 'Hjloke Naturelle mSEAUX ÉTRANGERS Qjù ont rapport au Gerfaut & aux Faucons,. JLi E faucon dlfîande, que nous avons- dit être une variété dans i'efpèce de îîotre faucon commun, ôi qui n'ea diffère en effet, qu'en ce qu'il efl un peu plus grand &: plus fort, IL Le faitcon noir* qui fe prend au paiîage à Malte, en France, en Alle- magne,, dont nous avons parlé, & que mr Frifch (a) & Edwards (b) ont indiqué & décrit, qui nous paroit être d'une efpèce étrangère & différente de celle de notre faucon commun ; fob- ièrverai que ia defcripuon qu'en donne * Voyei les planches enluminées, n.° 4^9.^ (a) FriCch , tome 1, -planche DCXXlll, [h} Edwards, toms î ^ jmge ^ , planche IV^i^ (^es Olfeûux étrangers', 'J t] ]Vï. Edwards eft exadle, mais que M. J'rifch n'eft pas fondé à prononcer que ce faucon doit être fîuis doute ie plus fort des oiieaux'de proie de ià grandeur, parce que près de i'extré-^ miré du bec fupérieur, ii y a une e(- pèce de dent triangulaire ou de pointe tranchante , & que les jambes font garnies de plus grands doigts & ongles- qu'aux autres faucons; car en corn-- parant les doigts & le's ongles de ce faucon noir, que nous avons en na- ture, avec ceux de notre faucon, nous n'avons pas trouvé qu'il y eût de diffé- rence, ni pour la grandeur, ni pour la force de ces parties ; & en comparant de même le bec de ce faucon noir avec îe bec de nos faucons , nous avons trouvé que dans la plupart de ceux-ci il y avbit une pareille dent- trianguiaircy "vers l'extrémité de la mandibule fupé-- rieure; en forte qu'il ne diffère point à ces deux égards du faucon commun , comme M. Frifch femble l'infinuer ; au refte, le faucon tacheté dont AL^ JEdwards i^iixi^ h d^fcription & la B iii| 32 Hifioke Naturelle figure (c), & qu'il dit être du^ même ciiniaî que ie faucon noir, c'eil- à-dire, des terres de ia baie de Hudfon, ne nous paroît être en eilet que ie finicon- îors ou jeune de cette même eipece, & par coniéquenî ce n'cil qu'une va- YÏéié produite dans ies couleurs par la différence de l'âge, & non pas une Yariété réelle ou varie'té de race dans cette eipèce. On nous a aiTuré que" la plupart de ces faucons noirs arrivent du coté du mj!di ; cependant nous en avons vu un qui avoit été pris fur ies côtes de i'Amiérique feptentrionale, près du banc de Terre-neuve; & com.me M. Edwards dit qu'il fe trouve auiîi dans les terres voiiïnes de h baie de rJudion , on peut croire que feipèce eft fort répandue, & qu'elle fréquente également les climats chauds, tempérés ou fi'oids. Nous obierverons que cet oifèau que nous avons eu en nature, avoit hs pieds d'un bleu bien décidé, & que ceux que l'on trouve repréientés (c) Edwards , ims I , pûge ^ , planche III* 'cles Oifedux étrangers', ^ ^ dans les planches enluminées de M/^ Edwards <& Frilch, avoient les pieds jaunes; cependant il n'ell pas douteux que ce ne foient les mêmes oileaux: nous avons déjà reconnu en examinant ies balbuzards, qu'il y en avoit à pieds bleus, & d'autres à pieds jaunes ; ce caracftère eft donc beaucoup moins fixe qu'on ne l'imaginoit: A en eil: de la couleur àti pieds à peu près comme de celle du plumage ; elle varie fouvent avec \^'^g^^ ou par d'autres circonf- tances. III. L'o I s E AU qu'on peut appeler ïe faucon rouge des Indes orientales , très^ bien décrit par Aldrovande (d), & à peu près dans les termes fuivans. La femelle qui elt d'un tiers plus grofîè que le mâle, a le delTus delà têtelarfye & prefque plat : la couleur de la tête , du cou , de tout le dos & du defTus des ailes, efl: d'un cendré tirant fur ie brun; le bec eft très-gros , quoique (â) Fako mleus indicus. P^àxoy, Avu pag? Ç^ 'Hïphe 'Naturelle !e crochet en foit afTez petit :, îa bafè du bec eil jaune, & le relie jufqu'au crochet eil de couleur cendrée ; -ia pu- pille des yeux efl très-noire , l'iris brunCj ia poitrine entière, la partie Tupérieure du delTous des ailes , le ventre , le crou- pion & les cuiiïes, font d'un orangé prefque rouge : il y a cependant au~ defTus de la poitrine fous le menton, une tache longue de couleur cendrée , & quelque petite tache de cette même couleur fur la poitrine-: la queue eft rayée de bandes en demi-cercle , aïter-^ nativement brunes & cendrées ; les, jambes & les pieds font jaunes, & les. ons:îes noirs. Dans le mâle , toutes les parties rouges font plus rouges, oc. toutes les parties cendrées font plus brunes ; ie h^Q eft plus bleu , & \q% pieds font plus jaunes. Ces faucons, ajoute Aldrovande, avoient été envoyés des Indes orientales au grand Duc Fer- dinand-, qui les fit- deffiner vivans (e)^ (t) Rouge faucon eft fôuvent trouvé es iieujji pkins & en migrais : il efl hardi ; mais difficile à. gouverner. FmcQnmrk d^Jaxdif^ fremUn parm ^ tJes Oifeûiix étrangers. 3 5 • Nous devons obierver ici que Tardif^, Albert &: Creicent (g) , ont parlé du faucon rouge comme d'une elpèce ou d'une variété qu'on Gonnoiiïbit en Eu-- rope, & qui Te trouve dans les pays de plaines &: de marécages; mais ce faucon rouge n'eft pas aflez bien dé- crit , pour qu'on puiiïe dire fi c'eft le même que le faucon rouge des Indes,, qui pourroit bien voyager & venir eiî^ Europe comme le fuicon paflager.. I V. L'^O I s E A U indiqué par Willuf-^ ghby (h) i fous la dénomination de falco indiens cirratus, qui efl plus gros^ que le faucon, & prelque égai à l'au- tour, qui a fur la tête une huppe dans l'extrémité ie divife en deux parties qui pendent fur ie cou. Cet oifeau efï noir fur toutes les parties fupérie tires de lai i^ete & du corps; mais fur La poitriRe &: (f) Albert, vtrjo 2j, cap. xm. (g) Peir. Crefcmîius, lib. X , cap* \Y^ 2 6 Hijtolre Ndtm-elk ie ventre, fon plumage eft traveife de lignes noires &l blanches alTernativement: ies plumes de ia queue font auffi rayées de lignes aîtcrnativement noires & ceii- | drées ; les pieds font couverts de piumes juiqu'à i'origine des doigts; l'iris des yeux, la peau qui couvre la bafe du hec , & ies pieds font Jaunes ; ie bec eil d'un bieu noirâtre, & ies ongles font d'un beau noir. Au refie, ii paroît par ie te'moignage des Voyageurs , que ie genre des fau- cons ed i\m des plus univerfeilement répandus ; nous avons dit qu'on en trouve par-tout en Europe, du Nord au Midi, qu'on en prend en quantité dans ies îles de ia Méditerranée, qu'iis font communs fur la côte de Barbarie» M. Siiaw (ï) , dont j'ai trouvé ies re- lations preique toujours fidèles, dit qu^au royautne de Tunis, ii y a des faucons & des éperviers en afiez grande ^ abondance, & que ia cFiaiTe à i'oifeau eft un des pius grands piaifirs éts Arabes & d^s gens un peu au-defîus du commun : on ies trouve encore piiîs OJ Voyage de M. Sliaw^ tom h vagi ^S^^^ clés O if eaux éîrûtigcrs. 37 fréquemment au Mogol (k) & en Pcrlè fl), où Ton prétend que l'ait de (k) On fe fert du fiuccai au Mogo!, pour la chafîe du daim gazelles contrefaites Rempaillées) , fur le nez defquelles ils donnent toujours à manger à ces faucons, & jamais ailleurs^ après qu'ils les ont ainfî élevés, ils les mènent à îa campagne ; & lorfqu'iis ont découvert une gazelle, ils lâchent deux de qç.s oifeaux , dont l'un va fondre fur le nez de la gazelle , & lui donne en arrière à^s coups de pieds: la gazelle s'arrête & fe fecoue pour s'en délivrer) l'oifeau bat àti ailes pour fe retenir , ce qui empêche encore îa gazelle de bieri courir, &: même de voir devant elle ; enân, lorf- qu'avec bien de la peine elle s'en efl; défaite , l'autre faucon qui efl en l'air prend la place de celui qui eft à bas , lequel fe relève pour fuccéder à fon com- pagnon quand il fera tombé ; & de cette forte ils retardent tellement la courfe de la gazelle , que \t^ chiens ont le temps de l'attraper. Il y a d'autant plus de plaifir à ces chaffes ;, que k pays eâ plat & découvert , y ayant fort peu de bois. Relation é Thsmot^ toms lU j>age 2,00» tytf V"jage: di 3 s Hijlo\re'Iage z.CS^.. 4o HîJIoire Naturelle il y en a dans ie Groenland (q), 'dans les parties montagneules de l'Amérique lep- tentrîonaie & méridionaie Cr), Sl jufque dans les îles de la nier du Sud ff), ( q) On trouve dans le Groenland àt% faucons blancs & gris, en très - grand nombre, & plus qu'en autre lieu du monde. On portoit ancienne- ment de ces oifeaux pour grande rareté aux rois de Danemarck , à caufe de leur bonté mer- veilieufe, & les rois de Danemarck en faifoienC àts préfens aux rois & princes leurs voiflns oa amis , parce que {a chafTc de l'oifeau n'eft du tous point en ufage dans le Danemarck , non plus qu'aux autres endroits du Septentrion. Recueil des Voyages du Nord, tome I , j>age pp. (r ) On a envoyé plufieurs &: diverfes fortes de faucons de la neuve Efpagne & du Pérou aux feignturs d'Efpagne , d'autant qu'on en fait grande ertime. Il y a même des hérons & des aigles de diverfes fortes, & il n'y a point de doute que ct^ efpèces d'oifeaux , &: autres femblables , n'y aient paUé bien plus tôt que les lions & les tigres, ////- loïn naturelle des Indis cccidemales , par Acofta , page T p S' — Nota, L'oifeau que les Mexicains appeloient HotU , bdrqué par Fernandès , paroît être le même que te faucon noir dont nous avons parlé. {/) Hidoire 6es Navigations aux terres Auft traies ; lonu lU , .^agt /j?/. '^les Oipûiix eîfwîgers* 41; V. L'o 1 s E A u appelé t^nûs par les Nègres du Sénégal ,••& qui nous a été donné par M. Adanlon, (uns le nom de faucon-pêcheur *, il rcilemble prefque en tout à notre faucon par ies couleurs du plumage; il efl néanmoins un peu plus petit, & il a fur la tête de longues plumes eminentes qui le ra- battent en arrière «Se qui forment une efpèce de hupj^^e , par laquelle 011 pourra toujours diilinguer cet oifeau des autres du mém.e genre : il a nulli ie bec jaune , moins courbé & plus gros que le fiiucon ; il en diffère encore eu ce que les deux mandibules ont ôqs dentelures trèi-fenfibles ; & Ton nature! eii aufîi difierent ; car il pêche plutôt qu'il ne chafle : je crois que c'efi à cette efpèce qu'on doit rapporter l'oi- leaù duquel Dampier (t) fait mention fous ce même nom à^ faiiCGn-pêcheur : ce il reflembie, dit-il, à nos plus petits * Voyelles planches enluminées , n.° 478. (î) Nouveau ^^oyage autour du monde ^ pa^ Guillaume Dampier , tome JII, ^age j i é\ 4 2 Htjlolre Naîiireïïe , &ù >3 faucons pour la couleur &: L\ figure: 35 il a le bec & ies ergots faits tout de 3> même; il fe perche fur ies troncs 33 des arbres & fur les branches sèches 3) qui donnent fur l'eau dans les criques, 35 les rivières ou au bord de fa mer; » & dès que ces oifeaux voient quel- 33 ques petits poiffons auprès d'eux, ils 33 volent à fleur d'eau , ies enfilent avec >5 leurs griffes , & s'élèvent aufli-îôt en 35 l'air , fans toucher l'eau de leur^ ailes 53 : il ajoute ce qu'ils n'avalent pas 3D le poiffon tout entier, comme font 33 les autres oifeaux qui en vivent , mais 33 qu'ils le déchirent avec leur beC; & ie mangent par morceaux ^>^ '4Ï ^LE HOBR^AV(a). Voye:^ planche JII de ce volume, JLj E Hobreau efl; bien plus pçiît que îe faucon, & en diffère aufîi par les habitudes naturelles : le faucon eft plus fier, plus vif & plus courageux; il at- taque des oiieaux beaucoup plus gros que lui. Le hobreau efl: plus lâche de fon naturel ; car à moins qu'il ne foit drefîé, il ne prend que les alouettes &, les cailles ; mais il fait compenfcr ce défaut de courage & d'ardeur par fou * Voye-i_ les planches enluminées ^ n.^* 43 i îf 432," (a)Y.r\ Angîois, rJohly; en Italien, Bncdlo» — Hobreau. Btlon , Hijloire naturelle des Oifeauv^ page it8. — Subbvteo, Aîdrov. Avi. tome \^ page 373 ...... Falco arborarius. Aidrov. Avi». tome ï , pag, 492. — Hobreau, Albin, loine 1 , ■page 7, pi. VI, avec une figure coloriée. — Litho": falco five czfalus , Rochier , cx.fahn. Y n(aç,4^- I.E BTOBREAXJ ^du Hôlreau: ' ^^y^ c'efi: encore une raifon de plus pour ne le pas réparer de l'efpèce commune. Au refte , îe hobreau fe porte fur le poing, découvert & fans chaperon , conime i'émérillon , l'épervier Sl l'autour , & l'on en faifoit autrefois un grand ufage pour la chaffè des perdrix & des c.a lies. 4 s Hlflolre Ndturdk L A CRESSEREj..LE (a) VoyeT^ la planche I V de ce volume, J_jA CrefTerelIe * efi i'oifeau de proie le plus commun dans la plupart de nos provinces * Voyei hs planches ■.nhimlnées, n.°^ 4.01 £7*4.71, (a) En Grec, K£V>f/f ou 'K.iyy^iç', Cenchris feu miliaria dichuY hac avis , ait Gefnerus , quoi pundis nigrïi^^ vvJii amulis injigms fît : en Latin , Tinnunaut s ; en Italien, Cambello , Tiv.incuk , Tin- tarello , Gavinelh; en Efpagnol , Cerràcalo ou Xcmicalo ; en AilcrKani , Roeihel weih ou Wamen- waehcr , qnod aJa'i extendat ( ait Schwenckfeid ) ven- tile ù;;^ injtar vamlalr.i quod vannum nominaut ; en pGîciiois, Pujiolka; en ngfois, lùjlril ou KefrnU J\o-:c. Ce pourroii êrr-^ r ce mot An^ois Kejirel , qu'eu dérivé le nom C ?/ que les Bourguignons donnent à cet oiTeau ^n. EcolTe , Sianchel oxx Stmnel ou Stonegall ; on ùi aulfi appeié en vieux François , & encore sdaellement dans quel(|ues provinces de France, Ce/cerelle, Quircerelle , £cre- celle. Saierne dit quVjn t'appelle en ioiogne, Meiy à Châions- fur - Âlarne, E.abû.iUet ; en Provence Maiier ; en Touraîne , Pitrlcu ; à Saumur , Pitri en Beauce ^de la Cnfferelïe» 4p* provinces de France, & fur -tout en Bourgogne : il n'y a point d'ancien château ou de tour abandonnée qu'elle ne fréquente & qu efie n'habite ; c'efl fur-tout le matin & le foir qu'on la voit voler autour de ces vieux bâtîmens , & on l'entend encore plus fouvent qu'on ne îa voit ; elle a un cri précipité pH. , pCi ,pti ou pu, prï, prï , qu'elle ne cefle de répéter en volant , & qui effraie tous les petits oifeaux fur iefquels eîle fond comme une flèche, & qu'elle faifit avec fes ferres ; fi par halard elle les manque du premier coup , elle les en Beauce , Preneur de muhts , b'c . . . . CrefTereiJe ou Cercerelle. Beion , Hipire naturelle des Oifeaux, page I 14. — Tinnuncuhs feu Cenchvïs. Aidrov'. AvL tom. I, pag. 556. — Crecerdie. Albin, tome I , page 8, -planche VU, avec une figure coloriée , qui eft ceile de ia femelle Co^ de Windhover, Albin, tome III , planche v, avec une figure co= ■ionée, qui eft celle du m^\^.— Tmnunculus verys. Frifcb, plmche LXXXlv, avec une fiaure coloriée, qui eft celle du mafe falco ?ufus. Frifch ' pknche LXXXVlïI , avec une figure coloriée , cmi cfi celle de îa femdle. — La CrefTereiie. Briffon OrnlihoL tome I , page 393. — Kcflrii Britifch Zoology, planche A S , ûg. 1 , The mnk , Th& feniale , fig. 2 , ces deux figures font coloriées. O'^eauxi Tomç IL C 50^ Hïfloire Ndîiirelle pourfuît fans crainte du danger jufque dans les maifons ; j'ai vu pius d'une fois mes gens prendre une crefTe relie & ie petit oifeau qu'elle pouriliivoit , en fermant la fenêtre d'une chambre ou la porte d'une galerie, qui étoient éloignées de plus de cent toifes des vieilles tours d'où eiie étoit partie : lorfqu'elle a faifi & emporté i'oifeau , elle le tue & ie plume très - proprement avant de ie. manger : elle ne prend pas tant de psine pour les fouris <& les mulots ; elle avale les plus petits tout entiers, & dé- pèce les autres. Toutes les parties molles du corps de la fouris fe digèrent dans reftom.ac de cet oifèau ; mais ïa peau fe roule & formée une petite pelote , qu'il rend par le bec , & non par le bas; car fes excrémens font prefque li- quides & blanchâtres : en mettant ces pelotes qu elle vomit , dans l'eau chaude, pour les ramollir & les étendre , on re- trouve !b peau entière de la fouris comme fi on l'eût écorchée. Les ducs j les chouettes , les bufes , & peut-être beau- coup d'oifeaux de proie 3 rendent de pareilles pelotes dans iefquelleSj o\\v^% Je la Crefferelk: 5'fl la peau roulée , il fe trouve quelquefois des portions les plus dures des os ; il eii eft de même des oifêaux pêcheurs ; les arêtes & ies écailles des poifTons fe roulent dans ieur eftomac , & ils les rejettent par le bec. La creflerelle efl: un aflez bel oifeau ; elle a i'œil vif & ia vue très-perçante , îe voi aifé & foutenu: elle efl: diligente ôi courageufe : elle approche par le naturel , des oilèaux nobles & géné- reux ; on peut même la drefîer, comme ies émériilons , pour la fauconnerie. La femelle efl plus grande que le mâle , & elle en diffère en ce qu'elle a la tête rouffe , le defTus du dos , des ailes & de la queue rayé de bandes tranfver- files brunes ; & qu'en même temps toutes les plumes de ia queue font d'un brun roux plus ou moins foncé ; au lieu que dans le mâle , ia tête & ia queue font grifes , & que ies parties fupérieures du dos & des ailes font d'un roux vineux , fenié de quelques petites taches noires ; on peut voir les diffé- rences du mâle & de ia femelle danf Ci; y 2 Hîjloire Naturelle les planches enluminées que nous ayons citées. Nous ne pouvons nous difpenfêr d'obferv^er que quelques - uns de nos Nomendateurs modernes (bj, ont ap- pelé épervier des akuettes , la crefTerelie fenieile, &: qu'ils en ont fait une efpèce particulière & différente de celle de ia creiîereiie. Quoique cet oifeau fréquente habi- tueliement ies vieux bâtimens , ii y niche pkîs rarement que dans les bois ; & iorfqu'il ne dépole pas fès œufs dans des trous de murailles ou d'arbres ereux , ii fait une efpèce de nid très- négligé , compofé de bûchettes & de racines, & aflez fembiabie à celui des geais , fur les arbres les plus élevés des forêts : quelquefois ii occupe aufîî les nids que ies corneilles ont aban- donnés; ii pond plus fouvent cinq œufs que quatre, & quelquefoij iix & même iêpt , dont les ^Jeux bouts font teints d'une couleur rougeâtre ou jau-- mire , affez femblable à celle de fon (h) BrilTon, tome î, jmge //^e de ta Cre (fer elle* j j^ pîuiriage. Ses petits , dans le premier âge , ne font couverts que d'un duvet blanc ; d'abord il les nourrit avec des in levées , & en fuite il leur apporte d^s mulots en quantité qu'il aperçoit iur terre du plus haut des airs où il tourne lentement, & demeure fouvent ftation- naire pour épier Ion gibier fur lequel il fond en un inftont : il enlève quel- quefois une perdri.K rouge beaucoup plus pefante que lui ; fouvent aufli if prend des pigeons qui s'écanent de leur compagnie; mais fa proie la plus or- dinaire après les mulots & les reptiles, font les moineaux , les pinçons & les autres petits oifeaux : comme il produit en plus grand nombre que ia plupart ôts autres oifeaux de proie , l'efpèce eil plus nombreufe & plus répandue ; on ia trouve dans toute l'Europe , depuis la Suède Ce) jufqu'en Italie de en E (pagne ^^J; on la retrouve même dans les pays tempérés de l'Amérique (c) Linn. Faun. Suec. n,° 6y» (d) AIdroY, AvU tom. I ; pag. 3 5 tf , C iij [54 Hïjloire Naturelle feptentrionaîe ( e ) '- plufieurs de ces oifeaux reftent pendant toute l'année dans nos provinces de France ; cepen- dant j'ai remarqué qu'il y en a voit beau- coup moins en hiver qu'en été , ce qui me fait croire que plufieurs quittent ie pays , pour ailer paffer ailleurs la înauvaifè fàifon» J'ai fait élever plufieurs de ces oi- feaux dans de grandes volières ; iis font ^ comme je l'ai dit , d'un très-beau blanc pendant le premier mois de leur vie ,. après quoi les plumes du dos deviennent roufTâtres & brunes en peu de jours : ils font robuites <& aifés à nourrir ; ils mangent la viande crue qu'on leur pré- fente , à quinze jours ou trois femaines d'âore ; ils connoiffent bientôt la perfonne qui les foigne , & s'apprivoifent a(îez pour ne jamais l'oifenfer : ils font en- tendre leur voix de très-bonne heure ^ %L quoiqu'ehfermés , ils répètent le même cri qu'ils font en liberté : j'en ai vu s'échapper & revenir d'eux-mêmes à la (§) Hans Sloane ^ Jama'ic, pag. ^94.^ P/.nrp,u^c.S4. LA CRESSERELLE . de la Crefferelké 5 j Irolièré, après un jour ou deux d'ab- {^ncç^ , & peut-être d'abUinence forcée. Je ne connois pomt de variétés dans cette efpèce que quelques individus qui ont ia tête & ïes deux plumes du milieu de ia queue grifes , tels qu'ils nous font repréfentés par M. Friich (planche LXXXYj; mais M. Saierne fait men- tion d'une crefTerelIe jaune qui le trouve en Sologne , & dont les œufs font de cette même couleur jaune, ce Cette creflereile , dit-il , eft rare , & quel- ce quefois elfe fe bat généreufement es centre îe jean-ie-blanc , qui , quoi- ce que plus fort , eft fou vent obligé de ce lui céder: on les a vus, ajoute-t-il , ce s'accrocher enfembîe en i'air y & ce tomber de la forte par terre comme ce une motte ou une pierre : >5 ce fiit me paroît bien ftiipedl; car i'oifeau jean= le-blancefl non-feuiement très-iiipérieur à la creflereiîe par la force ; mais il a îe vol & toutes les allures fi différentes^ qu'ils ne doivent guère fe rencontrer* mj 5*^ Hifîolre Natunlk * LE ROC HIER (a). Xj 'ois EAU qu'on a nommé fmîfen de roche ou rochïer ^ n'efi pas fi gros que ia creflerelle , & me paroît fort fem- hlable à l'émériiion , dont on fe (èrt dans la fîiuconnerie ; il fait , diient îes Auteurs, ia retraite & Ton nid dans les rochers. M. Frilch eiî le feul avant nous qui ait donné une bonne indi- cation de. cet difeau , & Ton peut com- parer dans Ton ouvrage , ia iigure du * Voyci ks planches enluminées , n,* 447. (a) Litho-fakus, Gefncr , Avi. pag. 75, — Falco Ir.pidayhis. Aidi'ov. AvLxom. I , parj. 499, " — Dendro-fako five ftmr-uy„ Éniériilon, FriCch , •planche LXXXVlI, avec une figure coloriée. — Le faucon de roche ou Rochier. BrifTon , Ormthoh tome I, paj/e ^49. JW'W. Il me paroît qu'on doit rapporter à cette efpèce le faucon de mon- tagne cendré; BrifTon, tome], pa^e ^JS' ^^ \& Fafccnis momani fecundum genus d'AIdrovande , Avi. tom. ï , pag. 79 ; & que ces Auteurs ont fait un double emploi en féparant ces deux efpèceî d'oileaux. 'du Rochier. 57^ rochier , 'planche lxxxvii , avec fa nôtre , & aufîi avec les crefTerelIes mâle & femeile , qui , tomes trois font afîez bien rendues ; leurs rapports de reiïem- blance & de différence , font encore mieux exprimés dans nos planches en- luminées ; en confidérant attentivement la forme & ies caradères de cet oifeau , & en les comparant avec la forme & les caradères de i'efpèce d'émériilon , dont on fe fert dans la fauconnerie * , nous fommes très - portés à croire que le rochier & cet émérillon font de la même efpèce , ou du moins d'une efpèce encore plus voifme i'une de l'autre , que de celle de ia crefferelle. On verra dans l'article fuivant , qu'il y a deux efpèccs d'émérillons , dont la première approche beaucoup de celle du rochier , & la féconde de celle de la crefTerelle : comme tous ces oifeaux font à peu prèis de la même taille, du même naturel, & qu'ils va- rient autant & plus par le fexe & par l'âge, que par la différence des efpèces^ * Yo)'ti h planches tnluminécs, n.° 4^8. Cy 13 8 Hîflohe Naturelle, érC il eft très -difficile de les bien recoii- noître, & ce n'eft qu'à force de corn- paraifons faites d'après nature, que nous iommes parvenus à ies dilUnguer ki uns des autres. 'f9 ^L'EMERIl.LON(a), Voyei planch V de ce volume. X-i 'oiseau dont il eft ici qiienîon ;. n'efl point i'émériilon des Naturaiilies ,. mais i'émériilon des Fauconniers ^ qui n'a été indiqué ni bien décrit par aucun de nos Nomenclateurs ; cependant c'eft le véritable émériKon dont on fe fsrt: tous les jours dans la fauconnerie , & que l'on dreffe au vol pour la chafTe ; cet oiieau e(t , à l'exception des pie- -grièches , le plus petit de tous les oifeaux de proie , n'étant que de la grandeur .* Voyei ks plancher enluminées , n° ^6'>à,- (a) En Grec ,- A'/cuAii)»', quoi onmi tempors appareat ; en Latin , /Efalo , en Italien , Smerh ^ ou Smeriglio ; en Allemand , JVIyrle oa Smyrlm ,» en Pologn€, Orjemlik ; en Angiois , Alerlin ; sx\ ÉœfTe on appelle le naâie, Jach; en vieux François^ JLoy^tte : en quelques provinces de France , Polft- lier , Preneur de Paffe ou Pafferets, — The MerUïï^- Brkifch Zoology, pi, j^ i a» -=~ Frifch ^ wmt /j^ ^6o Hîjlohe NatmeUe d'une groiï'e grive , néanmoins on doit ie regarder comme un oifeau noble, & qui tient de plus près qu'un autre à l'eipèce du fliucon ; il en a le plu- mage (b ), la forme & l'attitude; il a ïe même naturel , la même docifité , & tout autant d'ardeur & de courage : on peut en faire un bon oifeau de chafîè pour les alouettes, les cailles, & même îes perdrix qu'il prend & traiifj)orte , quoique beaucoup plus pelantes que iui ; fouvent il les tue d'un feul coup, en les frappant de l'ellom^ac, fur la tête ou fur le cou. Cette petite efpèce, fî voifîne d'aîi- îeurs de celle du faucon par ie courage & le naturel ( c) , reflemble néanmoins plus au hobreau par la figure, & encore plus au rochier ; on le diftinguera ce- pendant du hobreau , en ce qu'if a les (h) Nota, If reffembfe en effet par les nuances & la diftribution des couleurs au faucorr-fors, (cj Plufîeurs Auteurs ayant fait fa remarque cfe îa conformité de I émérifion avec Je faucon, font appelé /^f"//' faucon , filo, parinis merlinus, Schwenck- leld, Avi.Sil. pag. ^49. — FakoneIkst'Rz&ç» Auifl^ mih nat» FoU pag. 3 5^. 2e ÏÉmertllofl: ^€t\ aîles beaucoup plus courtes , <5c qu'elles ne siétendent pas à beaucoup près (uf- qu'à l'extrémitié de la queue, au liea que celles du hobreau s'étendent ua peu au-delà de cette extrémité ; mais, .comme nous l'avons déjà fait fentir dans l'article précédent , Tes reiïembiances avec le rochier font fi grandes, tant pour ia groiïeur & la longueur du corps, ia forme du bec, des pieds & des ferres^ les couleurs du plumage , la diftribution des taches , &c ...... . . qu'on feroit très -bien fondé à regarder ie rochier comme une variété de rémérilion, ou du moins comme une efpèce fi voifine, qu'on doit fufpendre fon jugement fur la diverfité de ces deux elpèces : aiî refte , i'émériflon s'éloigne de l'efpèce du faucon & de celle de tous les autres oifêaux de proie , par un attribut qui k rapproche de la clafTe commune des autres oi féaux ; c'efl que le jn aie & ia femelle font dans l'émérillon de la même grandeur, au lieu que dans tous les aiures oiièaux de proie , le mâle eft bien plus petit que la femelle : cette fingularité ne tient donc point à leur manière de vivre^. '6i Hiphe NaînreUe ni à rien de tout ce qui diftingue îes oifeaux de proie des autres oifeaux ; elle iêmbieroit d^abord appartenir à ia gran- deur , parce que dans ies pie-grièches y qui font encore plus petites que ies émé- riilons , le mâle & la femeile font aufîi de la même grofîeur ; tandis que dans ies aigles , ies vautours ^ ies gerfauts , les autours , ies faucons & ies éperviers , ie mâle eft d'un tiers ou d'un quart plus petit que la femelle. Après avoir ré— fîéciii fur cette fingularité ^ & reconnu qu'elle ne pouvoit pas dépendre des caufes généraies , j'ai reclierché s'il n'y en avoit pas de particulières auxquelles on pût attribuer cet effet ; & j'ai trouvé €n comparant les paffages de ceux qui ont diiTéqué des oifeaux de proie, qu'il y a dans la plupart des femelles un: double cœcum aiïez gros & aifez étendu f tandis que dans les mâies il n'y a qu'un tœciim , & quelquefois point du tout i cette différence de la conformation in- térieure , qui fe trouve toujours en plus dans les femelles que dans ies mâles ^ peut être la vraie caufe phyfique de leur =iixcès €n grandeur, Je iaiffe aux gea^ "^àe ÏÉmérûlohl- :>, La relTemblance du cri de cet éme'- rillon du P. du Tertre (e), avec le cri de notre crefTerelIe eft encore un autre indice du voifinage de ces efpèces ; & il me paroît qu'on peut conclure afTez pofitivementque tous cesoifeauîi donnés par ies Naturaiifles , fous les noms d'é-* mêrîllon cF Europe , émérïllon de la Caroline ou de Cayenne , Se êmérillon de Saint^ Domingue ou des Antilles, ne font qu'une- varie'té dans i'efpèce de la crefferelie à laquelle on pourroit donner le nom de gry gry pour la diftinguer de la cr efle-^ relie commune. ( d) Hifî. nat. des Antilles, par le Pèie é$ ^Tertre, tome II , pages 2j^ îr ^j^. (e) l^ota. Le cri de ia crefFereile eu prï pn, ce qui ap}-»roche beaucoup de giy gry, qui ed ie nome qu on doniie aux Antiiies à cet oifeau à caufe de foiî cri. TL T^' pa,/. oh' l'emerii.liox LES . PÏE-GRIECHES. i v-rf ES oileaux, quoique petits, quoi^ que délicats de corps <& de membres, , doivent néanmoins par ieur courage , I par leur large bec , fort & crochu ; & j par leur appétit pour la chair , être mis i au rang des oileaux de proie , même I des plus fiers & des plus fanguinaires ; I on eft toujours étonné de voir i'intré- 1 pidité avec laquelle une petite pie- j grièche combat contre les pies , les I corneilles , les crefîerelles , tous oileaux I beaucoup plus grands & plus forts I qu'elle; non- feulement eHe combat pour j ic défendre , mais fouvent elle attaque ^ i & toujours avec avantage , fur - tout I lorfque le couple fe réunit pour éloigner i de leurs petits les oifeaux de rapine ; elles n'attendent pas qu'ils approchent ^ H fuffit qu'ils pafTent à leur portée, pour qu'elles aillent au-devant ; elles les atta« ^uent à grande cris ^ ieur font df3 éB Hipoke Naturelle bleffures crudies , & les ' chaJfTent iti tant de fureur , qu'ils fuient fouvni iàns ofer revenir ; cl dans ce coiT^at inégal contre d'auffi grands ennéiis, \\ eit rare de ïes voir fuccomber fouJa force , ou fe iaifier emporter ; ii arik feulement qu'elles tombent quelque jis avec i'oifeau contre iequei elles (è iat accrochées avec tant d'acharnement, cie ie combat ne finit que par ia chute^ ia mort de tous deux ; auffi les oife^x de proie les plus braves les refpec^eii; ies milans, (es bufes , îes corbeaux jj- roillènt les craindre & les fuir plujt que les chercher ; rien dans la Natip ne peint mieux ia puiffance & les drcf du courage, que de voir ce petit cL feau qui n'efl guère pius gros qu'us alouette, voier de pair avec ies épervie L îes faucons & tous les autres tyrans \ i'air, fans fes redouter ; & chafler da: îeur domaine, fans craindre à'^w et puni ; car quoique les pie-grîèches nourriiïent communément d'infet^e^ elles aiment la chair de préférence : ell< pourfuivent au vol tous les petits o féaux ; oaea a YU prendre desperdreai] 'iJes Pk-gnèches, 6^^ de Jeunes fevreaux ; les grives , les îrles , &:.Ies autres oifeaux pris au lacet au piège , deviennent leur proie I:i ^ ordinaire ; elles les fairifTent avec \, ongles , leur crèvent la tête avec le c , leur ferrent & déchiquètent le [« , & après les avoir e'trangle's ou j-és , elles les plument pour les manger, l dépecer à leur aile , & en emporter jns leur nid les débris en lambeaux. j Le genre de ces oifeaux eft compofe [m affez grand nombre d'efpèces ; Liis nous pouvons réduire à trois prin^ .:)ales c£ux de notre climat, Ja pre^ ère efl celle de la pie-grièche grife , (econde celle de la pie-grièche roufTe , la troifième celle de la pie-grièche ap- lée vulgairement Vécorcheur. Chacune \ ces trois efpèces mérite une defcrip- n particulière , & contient quelques riétés que nous allons indiquer» y^ 'Hfloke Naturelle L A PIE^GRIÈCHE GRISE fa^ Voye^ la planche VI de ce voh urne. ETTE Pie-grièche grife * eft très commune dans nos provinces de Frana (û) En Grec moderne, KcMug/it^v ; en Latin Lanius ; en Italien , Gaia fperviera , Falcontlk Orejh , Caflrica, Ver/a, Srragaiiina, J^aganoia en Sa\'oie , A'Iontagafe , Arneat ; en Bourgogne Foiichari ou Bouchari , mot qui vient de l'Angloi Butchev , Buîchery , qu'on prononce en Franco Boutchtr , Boutcheryy Boucher , Boucherie ; en AHl mand, Thom-Iùef^er y Thorn - Tracer ; Walut - ht Warkengel; Nun-maerder, Nun-îoeder; en Polonoi d'Zieri(ba, Sirokos , Wîekfiy ; en Suède, Wa\ fogeî ; enAnglois, Butcher-bird , Adder-bird, Aiù "togafer — Lanius Cimreus. Gefner, Avi. pag. 57J Curn icône maris, — Collurio. Aldrov^ Avi, tom. I pag. 389. Cum icône fmnincz, — Grande Vit grièchc, Beion , Hifl* nat. des Oifeaux , page i 2 6^ fg, page 127, — Caflrica palumbina. Olina pag. 4-1 , avec une figure. — Grand Écorcheu cendré. Aîbin , loim 11 ^ page f , avec une fîguri coloriée, planche Xlll. — Lanius médius feu fecundus Pica medicz inagniiudinis^ Frirch , tab. L X» Icont; maris & faiminœ, ^ y<^'^ l^s ]}lamhes enluminées t n.® ^^^,f ^de la Pie-grièclie gnfe, y t] i5t paroît être naturelle à notre climnt, car elle y pafTe l'hiver & ne le quitte sn aucun temps ; elle habite les bois & les montagnes en été , ^ vient dans les plaines & près des habitations en hiver ; elle fait Ton nid fur les arbres [es plus élevés des bois ou des terres n montagnes ; ce nid eft compolé au iehors de moufTe blanche entreîafTée 3'herbes longues, & au dedans il eft mx\ doublé & tapiiïe de laine ; ordi- lairenient il eft appuyé fur une branche double & triple fourche ; la femelle :[ui ne diffère pas du mâle par la grof- ,eur , mais feulement par la teinte des :ouleurs plus claires que celles du mâle , ond ordinairement cinq ou fix & quel^ (uefois fept , ou même huit œufs Tos comme ceux d'une grive ; elle ourrit fes petits de chenilles & d'autres ilêcles dans les premiers jours , & bien- 5t elle leur fait manger de petits mor- eaux de viande que leur père leur pporte avec un foin y(ri les y! anches enluminées, n.^ 477» fg^ii'^ t » (e) Nota, C'eft à cette efpèce qu'on doit auffi rapporter 1 oi'eau des Inàcs orientales , que les Anglois qui fréquentent les côres de Bengale ont appelé Dial-hird ( l'horloge ou ie cadran ) , & qui a été indiqué par Albin , tome II! , page 8 , avec àçi> figures coloriées du maie ( yl, XVIlJ , & de ia femelie { pL XVI II): <« cette pie grièche, dit-il , ert grande à peu près comme notre pie-grièche (t grife , avec ie bec noir , les coins de la bouche « jaunes, l'iris àt^ yeux de la même couleur, les •: jambes & les pieds hruns: le mâle a la tête, le «. cou , le dos , le croupion , les couvertures du cette ef[:)èce commune. 2'" V'iy£i ks planches enluminks, n,° ^^Ja p iç 7'8 fliflolre NaîîireJle LA ' ■ PIE-€RIECHE ROUSSE (a). V>ETTE Pie-grièche roiifTe* efl un peu plus petite que la grifc, & trèi- aiiée à reconnoure par îe roux qu'elle a fur îa tête , qui eil quelquefois rouge & ordinairement d'un roux vif; on peut aufïi remarquer qu'elle a ies yeux d'un gris biitn châtre ou jaunâtre; au lieu que ia pie-giièche griie ies a bruns ; elie a aufîi ie bec & ies jambes plus noires : ie naturel de cette pie-grièche roulTe cil à très -peu près le même que celui (a) Coïkr'tonls primum geniis. AfJrov. AvL tom. I, |>ag. 389. Cnm icône maris, — Ecorcheur à tête ronge. Albin, tome 11, pn^e 1 o ; avec une fi^^ure coloriée du vcv^^t, planche XVI ... , Pctii Ecorcheur femeiie, pUyic^t XV, — Pic a minima ; Lanius tninor feu lerïiwi, \-i'vx\\, mh. LXI, avec des figures coloriées du mâle & de k femelle. — Ampcîis dorfo grifeo macula, ad oculos longirudiriali (fœmina). Lirin. Faun. Suec. tab. 2 , t\.° \ 80. — Lanius ruj'us. La Pie-grièche rouiTe, BrifTon , icme U , page i ^j. * Voyei^ les planches enluminées, n.^ 9, figure 2 3 Je mâle ,• i^ rJ^ 31, figure i , ia femelle^ '^e kl Pie-gmche rciifc, jc^ de la pie-grièche grile : toutes deux font aufli hardies, aufii méchantes l'une que i'autre; mais ce qui prouve que ce font néanmoins deux elpèces ditîérentes , c'eft que la première i^ile au pays toute i'année ; au lieu que celle-ci ie quitie en automne , & ne revient qu'au pria- temps ; la famille qui ne fe lepare pas a ia fonie du nid , & qui demeure tou- jours rafîêmbfce, part vers le commen- cement de fepîembre, lans ie réunir avec d'autres familles , & l^ns faire de iongs vols: ces cifeaux ne vont que d'arbre en arbre, &. ne voient pas de fuite, même dans le temps de leur dé- part ; ils relient pendant l'été dans nos campagnes, &. font leur nid fur quel- que arbre touîtii ; au lieu que îa pic- grièche grife habite les bois dans cette même (iiifon , & ne vient guère dans nos plaines que quand ia pie-grièche rouffe ell partie : on prétend aulli que de toutes les pie-grîèches celle- ci eil îa meilleure, ou, fi Ton veut, ia feule qui ioit bonne à manger (bj, /g) Lanius 'tninor rutihs ad clbum r:pnor reljqu's^ dduaius Ù' Jalubrif, Sch, Thinoirop . SU pag. 292, D iiij $0 Hi foire Naîiirtlle, à" cl Le mâle & la femelle font à très- • peu près de la même groiîèu/ ; mais iis diffèrent par les couleurs affez pour paroître des oifeaux de différente ef- pèce : nous renvoyons fur ceia aux planches enluminées que nous venons de citer, & qu'il iulïîra de compare* pour le reconnoître; nous obferverons Seulement au fujet de celte efpèce & de la fuivante, appele'e Vécorcheur , que ces oifeaux font leur nid avec beaucoup d'art & de propreté, à peu près avec les mêmes matériaux qu'emploie la pie- grièche grife ; la mouffe & la laine y font fi bien entrelaiTces avec les petites^ racines fouples , les herbes fines & longues , les branches pliantes des petits arbulles, que cet ouvrage paroît avoir été tiiui : ils produifent ordinairement cinq ou fîx œufs, & quelquefois da- vantage ; &L ces œufs dont le fond efl de couleur blanchâtre, font en tout ou en partie tachés de brun ou de fauve, 8i L' ECO RC HEUR (a). Voye^ la planche Vil de ce vclume. E Ij'É c O r c h e u r eft 1111 peu pîuà petit que la pie-griècLe roufle , & lui reffemble afTez par les habitudes natu- relles, comme elfe il arrive au prin- temps , fait Ton nid far des arbres ou même dans des buifTons en pleine cam- pagne & non }3as dans les bois , part * Voye^^ ks planches enluminées, n.° 3 \, figure J/ (a) Petite Pie - griècfie , Pie - efirrayère / Pie»" ancrouelie. Be'on, HijL nat. des Oïjeaux, page i 28} &• P.'Ytrùiîs d'O'îJeaux , page zi , rcdo , avec figure» — CcMurionis prjpï teriium genus, Aidrov. Avï, tôîM. I , pag. 390» Cum icône MeruliZ con^ gêner alia. Idem, tom. II, pag. 625. Cum aherâ icône. — Ampelis dorfo grifeo tnaculà ad oculos lon-r gimdinali, Linnseus , Faiin, Suec. n.^ 180. Cum fcone maris non accunudi Nota. M. Linnseus sc\k. trompé en prenant i'efpèce précédente & celle - ci peur la femelle & le mâle de la même efpèceo —^ Petit Écorcheur» Aibin , tome II , page i 158, de VÉcorchur. ^^ planches enluminées pour en juger par îa comparaiibn. Au relie , ces deux efpèccs de pie- grièches avec ieurs variétés , nichent dans nos climats , &. ie trouvent en Suède comme en France; en ibne qu'elles ont pu pafler. d'un contineuî à l'autre ; il ell donc \ préiumer que les clpèces étrangères de ce mime genre^ & qui ont des couleurs rouifes, ne font que des vartttcs de i'écorcheur, d'au- tant qu'ayant i'ulage de pafier tous les ans d'un climat à i'auire , elles OJit pu le naturalifer dans des climats éloignés, encore plus ailément que la pie-grièche qui reile conilamment dans notre pays. Rien ne prouve mieux le palTage de ces oileaux cie notre pays dans des climats plus chauds, pour y pafTer i'hiver, que de ies retrouver au Sénégal ; la pie- grièche roulTe ^, nous a été envoyée par M. Adanfon, & c'eil abfoiument ,îe même oileau que notre pie-grièche roufle d'Europe; il y en a une autre'* qui nous a été également envoyée du * Voye^ les planches enluminer, n.° ^77 > fgi*rt z, ^ IhïcUm , n.^ 479. D vj 84 Hifîolre Naturelle Sénégal, & qui doit n'être regardée que comme une fimple vari^'té dans l'eipèce, puilqu'elie ne diffère des autres que par ia couleur de la tête qu'elle .a noire, & par un peu plus de longueur de queue, ce qui ne fait pas à beau- coup près une affez grande différence pour en former une cfpèce diftinde & réparée. Il en efl de même de i'oifeau que nous avons sppeîé V écorcheur'^ des Phï^ lipp'in&s ( c) , & encore de celle que nous avons appelée pie-grièche ds la ■* Voj-eiks planchs e7ilunùnées, n.° ^J^, figure i , (c) ïi nous paroît que cet oifeau eft le même que ceiui que M. Edv/ards a donné fous le nom iiQ pie-grièche rouge ou rdUjfe huppée, « Cet oifenu , * dit-il, s'appelie Carach, dans ie pays de Bcht 3> ^ale , & diffère de nos pie-grièclies par une fnippe qu'il porte fur la tête » ; mais cette différence efî ijien légère, car cette huppe n'en eft pas une-, c'ed feulement une difpoiltion de plumes qui pa- roiir*:nt hériiTée^ comme celles du geai lorfqu'il efl en ccîcre, &: que M. Edwards avoue lui même qu'il n'a vue que dans i'oifeau mort.- en forte qu'on ne p«4it pas afTurer fi ces plumes n'avoient pas été redrefTëes par quelque froifiemcnt avant ou après ia mort de i'oifeau , ce qui efi bien différent jd'une huppe naturdle. La preuve de ce que je %ism àt dire^ ç'eft.^u'oa voit une ferobiafck . ^r>.IL. PLpn.piig. 84, jl'ecorcheur. de ï Êcorcheur* ■ 8' 5' ' 'Ilouifiane ^, qui nous ont été envoyées de. ces deux climats fi éloignés l'un ce rentre, & qui néanmoins le reflemblent aflez* pour ne paroîire que le même oileau , & qui dans ^e réel ne font eniemble qu'une variété de notre écor- cheur, à la femelle duquel cette varié le relîembie preiqu'en- tout. huppç fur la tête de la pie-griècf.e Manche &-noire de Surinam, dent ie même. M. Edwards a donné la figure dans ia première partie de ics Glanures * ; or nous avons cette efpèce au Cabinet du Roi , & ii crt certain qu'elle n'a jx)int de huppe; dès - loKS nous ne pouvons nous empêcher de prérumer que cette apparence de huppe, ou plutôt de plumes FiërilTées fur la tête, qui fe trouve dam ces deux pie-grièches de M. Edwards, ne foi t une difpo-; fitlon acciJente'le ou momentanée, & qui proba- Mement ne fe manifef-le que. quand loifeau ell en colère ; ainfi nous perUflons à croije que cette pie^ grièche de Bengale n'eft qu'une variété de i'efpèce de la pie- grièche roufîe ou de l'écorcheur d'Europe, * Glanures -d'Edwards, partie I, page j y, pi. CCXXVIi . ? Vû^c:^ les pknches enluminées ^n° -^<)j..= . 8^ Hifloire Naturelle OISEAUX ÉTRANGERS Qjn ont rapport à la PiE-GRÎÈCHE grife & à ÏÉcorcheu R, I. LE F I N G A H. J_j 'oiseau des Indes orientales , appeié à Bengale Fïngah , dont M. Edwards a donné la deicripiion fous ie nom dQ pie-grieche des Indes, à queue fourchue , qui efl: certainement une ei- pèce difrérente de toutes !es autres pie- ; grièches. Voici ia traduction de ce que dit M, Edwards à ce iujet : la forme du bec, les niouflaches ou poils, qui en furmontent la bafe , ia force des jambes m.'ont déterminé à donner à cet oifeau le nom de pk-grièche , quoique fà queue foit fiite tout autrement que celle dts pie-grièches dont les piumes du milieu roai les plus ioiigues j au iieu des Oifeaux e [rangers > 87 C[iie dans ceile-ci elîes font beaucoup plus courtes que les plumes extérieures ; €11 forte que ia queue paroîc fourchue c'efl-à-dire, vide au milieu vers ion extrémité : il a ie bec épais & fort , voûte en arc y a peu près comme celu! de i'épervier, plus long à proportion de fa groiïeur , âc moins crochu , avec des narines affez grandes ; la bafe de la mandibule fupérieure eft environnée de poils roides La tête entière , le cou, ie dos & les couvertures des ailes font d'un noir brillant , avec un reflet de bleu, de pourpre 6c de vert, &: qui fe décide ou varie fuivanî l'incidence de la lumière La poitrine efl: d'une couleur cendrée, fombre & noi- râtre : tout le ventre , les jambes & les couvertures du defTous de la queue font blanches ; les jambes , les pieds & ies ongles font d'un brun noirâtre : je doutois, ajoute M. Edwards, fi je de- vois ranger cet oifeau avec les pie-= grièches ou avec les pies ; car il me paroiiToit égaicment voifin de chacun de ces deux genres , & je penfe que ïous deux pourroient nQïi fûre qu'un? &8' MïJIofre Naîùrelle^ les pies convenant en beaucoupr de choies avec ics pie-grièches ; quoique perfonne en Angleterre ne Tait remar- qué , il paroît qu'en France on y a fait attention , & qu'on a obfervé cette conformité de nature dans ces deux oiieaux , puilqu'on les a tous deux appelés pies (a) . (a) Edwards, Ifijl. -nat. pf hirds , îum. II; pL plus longue ; mais d'ailleurs elles leur refTemblent pii;s qu'à tout ' autre oileuu. Au reite, l'une nous paroit être le maie &: l'autre la femelle de h nièine efpèce, fur laquelle nous ob- ferverons qu'il le trouve encore d'autres '^ l^oj'c'^/csfkvic/its ailuminéts, n.'^'^jo^. ÎT' 377» ^'1 Mîjîotre Naturelle' efpèces fembiabies par la grofTeur- ^^ bec dans ce même ciimat de Cayenne & dans d'autres climats très-éloignés,, comme on va le voir dans les articies divans. v; B ÉC A RD E A. VENTRE JAUNE.^' L'oiseau envoyé de Cayenne, fous le nom de Pie-grièche jaune , qaï par fon long h&c nous paroît être d'une efpèce afTez voifine de la précédente, & que, par cette raifon , nous avons appelé la bécarde à ventre jaum, car elles ne diffèrent guère que par les couleurs : ïes planches enluminées fufïiront pour îes faire reconnoître & diftinguer aifé- ment l'une de l'autre. ^^VoyeiJes planches enluminéts ^ n,® 295, des Oîjeaux étrangers* c^^ VI. 'Le VANGA ou BÉCARDE 1 V ENTRE BLANC. * L'oiseau envoyé de Madagnfcnr wr M. Pgivre, Tous le nom de Vanga, k qui, quoique différent par i'efpèce le -nos pie-grièches & -de nos écor- ^eurs , peut - êîie même étant d'un utre genre, a néanmoins pius de rap^ •ort avec ces oifeaux qu'avec aucun utre ; c'eft pour cette raiion que nous vivons nommé fur ies pianqhes eniu- linées , pk-grU'che ou écotcheur de Mû- 'iigafcar. Mais on pourroit à plus julîe. tre le rapporter au g€nre des bécarde^ ont nous venons de parler , oc i'ap.^ eier bccardt a ventre blanc. Vp^^ih j^Ianches cnîunibm, n,^ a a Sa ^4 Hijîone Nature JJe VIL LE SCHET^BÉ^ L'oiseau envové de Madnaafca par M. Poivre, fous le nom de Schet-bé êi dont i'efpèce nous paroît fi voiiin de la précédente , qu'on pourroit ie regarder toutes deux comme ncn fi^J iarit qu'une, n {e climat de Cayeno n'étoit pas aiifîl éloigné qu'il efl d ceiui de Madagafcar. Nous avons a peié cet oife-àupie-griêche rouffe de Adû dagafcar^ p?:r la mêm.e rai (on que nov avons appelé ie précédent pïe-grïèch jaune de Cayenne; & il fiiut avouer qi: cette pie-grièche rouiîe de Madagafca approche un peu plus que celle c Cayenne de nos pie - gricches d'Eu rope , parce C{u'eile a le bec plus cour ÔL par conléquent différent de ceiui c nos pie-grièches d'Europe ; au reft< ces deux efpeces étrangères font pii voifuies l'une de l'autre, que de n< pie-gnèches d'Europe. ? VO'^l l<:s planches enluminées ^ n,* s p 8, fgure {Je s Oîjeaux étrangers. 95 VI I î. LE TCHA-CHERT-BÉ^ L'OïSEAU envoyé de Madagafcar par M. Poivre, fous le wom de Tcha- chert-bé , & que nous avons noiiiiiié au bas de nos planches enluminées , gronde pic-griècke verdâtre , âc qui ne nous paroît êu'e qu'une elpèce ircs-voinne, ou même une variété d'âae ou de fexe îdans l'elpèce précédente, dont elle ne idiiîère guère que parce qu'elle a le bec iun peu plus court ôi moins crochu, [& les couleurs un peu diiïercmment jclillribuées. Au relie, ces cinq oifeaux létrangers & à gros bec ; favoir , la pie- igrièche grife (k la pie-grièche jaune de jCayenne, la pie-grièche roufTe, i'é- |:orcheur & ia pie-grièche verdâtre de iMadagafcar, pourroient hÏQn faire un oetit genre à part auquel nous avons itJonné le nom de bécardes, à caufe de c^a grandeur & de ia groiieur de leur bec, parce que dans le réel, tous ces * Voytj^ ks flanches enluminées^ n,^ 3 74., '«p6 Wtjîolre "Naturelle oifeaux diffèrent aflez des pie-grièchi pour devoir en être leparés. | I X. LE GONOLEK^ L'oiseau qui nous a été envo -du Sénégai par M, Adanfon fous aïoni de Pie-gneche rouge du Sénégc .& que les Nègres, dit -il, appelle :g07\okk, c'efi-à-dire, mangeurd'inied' •C'eit un oiieau remarquable par \ couleurs vives dont il eft peint ; il < à très-peu près de la même grande^ que ia ple-grièche d'Europe, & nV ,diffère, pour ainfi dire, que par ] couleurs, qui néanmoins fuivent da: ieur diitribution à peu près le mên ordre que furla pie-grièche grife d'Ei rope ; mais comme les couleurs en.ellt mêmes, font très- différentes, nous ave cru devoir regarder cet oifeau comr étant d'une eij:)èce différente. ^ Vo^c-^ ks planches enluminées, n,* y6. iks O if eaux étrangers, 07; X. ^LeCALI-GALICetleBRUIA^ L'oiseau envoyé de Madagafcar par M. Poivre , tant ^e mâfe que îa femelle , le premier fous le nom de Cali-calic , Se ie fécond fous celui dé Bruîa, que l'on peut rapporter au genre de notre écorcheur d'Europe, à caufe de fi petiteffe ; mais qui du refte en diffère affez pour être regarde' comme un oifeau d'efpèce différente. il F XL \ î> PIE-GRIÈCHE HUPPÉE. \ L'oiseau envoyé du Canada fous [îe nom de Pîe-grièche huppée , & qui [porte en effet, fur le fommet de îa tête lune huppe molie & de plumes îon-- [guettes qui retombent en arrière ; mais jqui du refte eft une vraie pie-grièche * Veyti les planches enluminées, n.° ^pp, fier, ^ k mfile ; & fig. 2 , la femelle, 'a* » ^ Voyei les planches enluminées y n,° 4.7^, Çia, 2 Oifeaux , Tome IL £ 5 8 Eïpoire Naturelle, &ç, . & alTez femblabîe à notre pie-grièche roufle par ia dirporïtion des couleurs, pour qu'on puiOe ia regarder comme une eipèce voifine , qui n'&n diffère guère que par les caradères de cette huppe & du bec qui cft un peu plus groso 99 L ES OISEAUX DE PROIE * NOCTURNES. 1-jES yeux de ces oifeaux font dune fenfibilité fi grande, qu'ils paroi/rent être; cblouis par la clarté du jour , & entièrement otruiqués par \qs rayons du foleil : ii leur faut une lumière plus douce , telle que celle de i'aurore naif^ iante ou du crëpulcule tombant ; c'efl alors qu'ils fortent de leurs retraites pour chaffer , ou plutôt pour chercher leur proie , & ils Ibnt cette quête avec grand avantage ; car ils trouvent dans ce temps les autres oifeaux & les petits animaux endormis , ou prêts à l'être : les nuits où la lune brille font pour eux \qs beaux jours , les jours de plaifir , \qs jours d'abondance , pendant lefquels ils chaflênt plufieurs heures de fuite , & Çq pourvoient d'amples provifions : le^ Ei; 'îoo Hîjlolre NatiireHe nuits où h lune fait défaut font beau-- coup moins heureufcs ; iîs n'ont guère qu'une heure le foir & une heure le matin pour chercher leur rubfiPiance ; car il ne faut pas croire que la vue de ces oifeaux qui s'exerce fi parfaitement à une foibie lumière , puifie fe palTer de toute lumière , & qu'elle perce en effet dans l'obfcuriîé la plus profonde; dès que la nuit elî bien ciofe , ils ceffent de voir, &l ne diffèrent pas à cet égard des autres animaux , tels que les lièvres , ks loups, les cerfs, qui fortent le foir des bois pour repaître ou chafler pen- dant la nuit : feulement ces animaux voient encore mieux le jour que la nuit ; au lieu que la vue des oifeaux nodurnes ell fï fort olfufquée pendant îe jour, qu'ils font obligés de fe tenir dans le même lieu fans bouger , & que quand on les force à en lorrîr,. ils ne peuvent faire que de très-petites courfcs , des vols courts & îents , de peur de fe heurter ; les autres oifèaux qui s'aperçoivent de leur crainte ou de la gêne de leur fituation, viennent à lenvi les infulter ; les mézangcs , les Jes O'ifedux de proie noélurnes, i o i pinçons , les rouge-gorges , les meries , les geais ,^ les grives, à^c. arrivem à h. file : { oiieau de nuit perché fur une branche , immobile , étonné , entend ieurs'mouvemens-, ieur> cris c{ui redou- blent (ans cefTe , parce •qu'ii n'y répond que par des geiies bas, en tournant la têre , Tes yeux &: Ibil corps d'un air ridicule ; il fe laijfîe même aflailiir & frapper , fluis fe défendre ; \^^^ plus petits , les plus foibies eîe Tes ennemis lont les pkîs ardens à le tourmenter y les plus opiniâtres à le huer : c'efl (ur cette efpèce de jeu de moquerie ou ci'aniipathie naturelle , qu'ed fondé le petit art de la pipée ; i[ fjffit de jMacer * un oifeau nodurne, ou même ^^n cou- I trefiire la voix , pour fiire arriver les -oifeaux à l'endroit^ où Ion a tendu \^i^ giuaux Y^^/^- ii^ fiLit s'y prendre une heure avant la ïin du jour, pour que (n) Nvd. Cette efpèce de chafTe étoit connue dë5 Ancien^; car kn'àoic l'indique cbirement duns Jes t"i-tne.î fuivans; Die co.teyct aviculœ vmnes noc-^ tuani circumvolant , qwd mïrari vocmur , advoîantef- que yacuivum. Qiia proprer ea cnnfmuîâ auicularwn gênera àr v<2ria muita capiunt, Hïih anim. ilb. ftCj :. ii; Ï0 2 Hî flaire 'Nûîureik cette chaiïe foit heiireufe ; car fi l'on attend plus tard , c^i m cm es petits oi- féaux qui viennent pendant ie jour pro- voquer Foifeau de nuit, avec autant d'au- dace que d'opiniâtreté , îe fuient & le redoutent éh% que l'obfcurité lui permet de fe mettre en mouvement, & de dé- ployer fes ficuités. Tout cela doit néanmoins s'entendre avec certaines reflridions qu'il efl bon d'indiquer , i ." toutes ies efpèces de hiboux & de chouettes , ne font pas également ofFufquées par la iumière du jour ; ie grand duc voit affez clair pour voier & fuir à d'af ez o-randes diflances en plein jour ; îa chevêciie , ou la plus petite cfpè'ce de chouettes chaffe, pour- iliit & prend des petits oi féaux long- temps avant îe coucher & après le lever du foieil. Les Voyap-eurs nous affurenf que le grand duc ou hibou de {'Amé- rique feptentrionale (b) , prend ies ge- linottes blanches en plein jour, & même lorfque ia neige en augmente encore ia iumière ; Belon dit très-bien dans fon' (h) Voyage de ia baie de Hudfon , tome -/^ Jes Oifeàux Je proie îioâunies. ï o 3 vieux langage (c), que quiconque prendra ^arde à la vue de (es oifcaux , ne lu trou- vera pas fi unhé cille qu'on la crie ; 2/' if paroîî^que le hibou commun ou moyeii duc voit plus mal que le fcops ou peut duc, & que c'elt ^ie tôus les hiboux celui qui eft le plus offufqué par la lu- mière du jour, comme le font aufli le chat-huant, l'effraie & la hdiotte; car on voit les oiltauK s'attrouper également pour (es infulter à la pipée ; mais avant de donner les faits qui ont rapport à chaque eipèce en pariiculier, ii faut eii préleiuer les difiindions générales. On peut diviicr en deux genres prin- :ipaux les oiicaux de proie nodurnes , le gcrire du hibou [ci. C'ci! en efFit avec cette reihidioq (ju'on blt^enîendi'e ee qu-é difent à cet égird ia plupart: les Ecrivains, & entr'autres Schwenckfeld! Nodu \erjricd:i(fimè vidcntcs ^ dïu cacmiaitcs, Theriotrop, fi/, pag. 308. E ii ij J04 Hîfwîre Naturelle f©rme d'oreilles , droites de chaque côte de la tête (d) , tandis que les chouettes ont la tête arrondie fans aigrettes (Si liins aucunes plumes proéminentes ^^^Z nous Téduifons à trois' ics efpèces contenues dans le genre du hibou. Ces trois éfpèces font I." le duc oii grand duc , 2." le hibou ou moyen duc, 3." le fcops ou peiiî duc ; mais nous ne pouvons ré- duire à moins de cinq tes efpèces du genre de la chouette , & ces eijjèces iont, i.*" la hulotte ou huette , 2.° le chat- huant, 3.'' i'eîîniie eu freffaie , 4.° la chouette ou grande chevêche , 5.° la chevêche ou petite chouette ; ces huit efpèces (e trouvent toutes en (d) Nortu Ces oifcaux peuvent remuer Si faire baiifcr ou élever ces aigrettes de piumes à voionté. f e J II parott que Pline avoit remarqué cette différence générique , iorfqu'il dit : Pennaroriun ani- n^ûiîum buhcni tnmùm iT olô pluma relut aui-er, Lib. Xf, cap. 47. Et aiiieurs: Oiis hùone niinûr eÛ ,- mx^uîs m"J7>' , auriluis p'unuis ernimmibus , unde & nanun illi ; quidam hiiinè aficncm vocant. Lie. X , cap. 23. I^ota. Qu'il y a trois efpèces de hiboux tjui ont en efîet Cxti aigrettes de plumes , & qus ces trois efpèces font ie grand àwc , bubo ; le moyen duc, otus ; &. le petit duc^ afio , eue Pline con- fond avec ypfm des Oïfedtix de proie noâiinies, v&f Europe & même en France ; queîques- unes ont des variétés qui paroifi'ent dé- pendre de la différence des climats ; d'autres ont des repréfentans dans le nouveau continent ; la plupart des hi- boux & des chouettes» de l'Amérique ne diffèrent pas afîez de celles de l'Eu-* rope , pour qu'on ne puifle leur iup-. pofer une même origine. Aridote £iit mention de douze ef^ pèces d'oileaux (jui voient dans l'obf^ curité , & volent pendant la nuit ; ôc comme dans ces douze efpèces il com-. prend l'orfraie & le tette - chèvre ou crapaud volant^ fous les noms à^ phinis: & d'cegoti/ûs ; & trois autres fous les, noms de capriceps ,. de chalcis ôl de^ iharadrios , qui font du nombre des. oifeaux pêcheurs &. habitans des marais, ou des rives des eaux & des torrens ; \\ paroît qu'il a réduit à (ept efpèces tous. les hiboux & toutes les chouettes qui étoiem connus en Grèce de fon temps;, ie hibou ou moyen duc qu'il appelle: O^itç, otus , précède & conduit, dit-il 5; ks cailles ^ lorf oi féaux , i'inftincfl des migrations , qur fuppofe ce tableau pour le déterminer à fiire de grands voyages ; quoi qu'il en foJt , il paroît qu'en général nos hiboux . & nos chouettes font allez fédentaircs : on m'en a apporté de prefque toutes les efpèces , non-leulement en été , au printemps , en automne , mais mêjne dans les temps les plus rigoureux de l'hiver ; il n'y a que le fcops ou petit duc qui ne fe trouve pas dans cette laiion ; 6c j'ai été en eftet informé que cette petiie efpèce de hibou part en automne , & arrive au printemps ; ainfi ce feroît plutôt au petit duc qu'au moyen duc qu'on pourroit attribuer h fonction de conduire les caiiles ; mais encore une fois ce faitn'efi: pas prouvé ,' & de même je ne fais pas fiir quoi peut être fondé un autre fait avancé par. I' des Oifedîix de proie noâurnes. i oc^ Pjl Ariftote , qui dît que le chat - huant \\ ( glaux , noâua f feion (on interprète i Gaza) fh)f fè cache pendant quelques jours de fuite ; car on m'en a apporté ,j dans fâ pius mauvaiie faifon de l'année, tj qu'on avoit pris dans Ies.bois ; & fi i'oii ■ prétendoit que le mot glaux , noâva ^ indique ici l'efTraie , ie fait feroit encore moins vrai ; car à l'exception des foirées très-fbmbres & pluvieaies , on Fentend tous les jours de l'année fouffler & crier à l'heure du crépulcufe. Les douze oifeaux de nuit , indiqués t 2. y par Ariflote , font : byas , otos , fcêps^. 4- 5 6 7 phinis , œgotilas , eleos > vyâïcorax s- s 9 I o II œgoiios , glaux , charadrios ,- chaicis 3.. 1 2 tegocephalos , traduits en latin par Théo- 'dore Gaza. I 25 4- nfio , offifraga ,. ca-^ ) 8 9 '> ulula f noâudg, (h) Paucis qiiihfiîam diebus (glaux) noâua lalSS-^ i^ï^, H'iff, anitn. iib, VIII, cap, 16^ ï ï o Hijloïre Naturelle I o I r 12 charàdrius , chalcls , capriceps ; j'ai cni) devoir interpréter cii François les neuf premiers comme il fuit : Le duc ou grand duc, le hibou ou moyen duc, ie petit duc , Vorfraie , ie mr^ - f^^vr^ ou crapaud volant , r effraie 6 7 8 ou frejfaîe , la ^z.'/c;/r^ , la chouette ou 9 grande chevêche, le chat- huant. Tous les Naturaliftes & les Litté- rateurs conviendront aifément avec moi, I.** que le byas des Grecs, bubo des Latins , efl notre duc ou grand duc ; z° que Votes des Grecs, otus des La-- tins , efl notre hibou ou moyen duc ; 3.*' que lefcops des Grecs, ûjio des La- tins , efl notre petit duc ; 4.° que le phinis des Grecs , ojjïfraga des Latins , cft notre orfraie ou grand aigle de mer ; s".° que Vœgotilas des Grecs , caprimutgus des Latins, e(t notre tette- chèvre ou^ crapaud volant; 6.*' que Veleos des Grecs, ' aluco des Latins , efl notre effraie ou éefaie; mais ils me deiuattderQat eu des Oifeaux de p foie îwétunies. m même temps par quelle raifon je pre'-- ,tcnds que le glmix ell notre chat-huant, jfe nyârcorax noire hulotte , & Vcegolios notre chouette ou grande chevêche ; tandis 'que tous les. Interprètes &. tous jks Naturaliftes qui m'oi^t précédé ont attribué le nom cegolios à ia hulotte, &: qu'ils font forcés d'avouer qu'ils ne fàvent à quel oifeau rapporter celui de Tiydicorax , non plus qu'e ceux du cha- radrïos , du chalds ôl du capriceps , & qu'on ignore abfolument quels p.euvent être les oifeaux défignés par ces noms; 6ç enfin ils me reprocheront que c'efl jnal-à-propos que je tranfporte aujour- d'hui le nom de glaux au chat-huant 3 tandis qu'il appartient de . tout temps , c'eil-à-dire, du confentement de tous ceux qui m'ont précédé , à la chouette ou grande chevêche , & même à ia petite chouette ou chevêche proprement dite, comme à la grande. Je vais leur expofer les raifons que m'ont déterminé, & je les crois aflez fondées pour les (atisfaire , & pour cclaircir l'obfcurité qui réfulte de leurs douie§ & dekurs feufles jinerprétatigns. I ï 2 Hifloire Naturelle De tous les oileaux de nuit dont nous avons fiiit i'éniimération, le chat- huant eft le feui cjui ait les yeux bleuâtres , & la hulotte la {q\\\q qui les ait noirâtres ;. tous les autres ont l'iris des yeux d'un jaune coufeiir d'or , ou du moins cou- ieur de fafran. Or les Grecs dont j'ai fouvent admiré la juflefTe de difcerne^. inent & la précifion des idées, par les; noms qu'ils ont im pôles aux objets de- là Nature, & qui font toujours relatifs,! à leurs caraélères diflindli^s & frappans^^ n'âuroient eu aucune railoa de donner le nom glmix (glaucus) vert de mer o^x. bleuâtre , à ceux de ces oileaux quÉ n'ont rien de bleuâtre, & dont les yeuje: font noirs ou orangés ou jaunes ; & ili^ auront avec fondement impofé ce non^ à i'efpèce de ces oileaux , qui parmi toutes les autres , efl: la feule en effet, qui ait les yeux de cette couleur bleu- âtre ; de même ils n'âuroient pas appelé vyélhordx , c'eft-à-dire , corbeau de nuit,, des oifèaux qui ayant les yeux jaunes; ou bleus, & le plumage blanc ou o-ris n'ont aucun rapport au corbenu, & ilâ auront doiané avec juftc raiibn ce noia des Oîfeûiix dcprcie ncâurncs, i i 3 à la hulotte , qui eft la feuie de tous ces oiicaux nodunics, qui ait {es yeux noirs t< le j)îuinnge aulli prefque noir, &i qui de plus approche du corbeau plus qu'aucun autre par la grcfleur. . II y a encore une raifon de conve- nance qui ajoute à la vi'aifenibfance de mon interprétation , c'ed que (e nyc- ticorax chez les Grecs, 6i même chez les Hébreux , étoit un oifeau commua & connu , puiiqu'ils en empruntoicnt des comparaîions (ficut nyâicorax in demi' cilioj; il ne faut pas s'imaginer, comme I le croient ia plupart de ces Liitérateurs, ■ que ce fût un oiieau fi foiitaire & fi rare , qu'on ne puiffe aiijourd'hui en retrouver l'efpèce : la hulotte eft par- I tout allez commune; c'eil cîe toutes les chouettes la plus grofie, la plus noire & la plus femblabie au corbeau : toutes les autres efpèces en font abfolument différentes; je crois donc que cette ob- lervation , tirée de la chofe même, doit avoir plus de poids que l'autorité de ces . Commentateurs, qui ne connoifFent pas aiïez la Nature , pour en bien inter- préter i'hiltoire. T ï 4 Hijloire Naturelle \ Or le glûux étant le chat-huant, ou fi l'on veut , la chouetie aux yeux bleuâtres , & le nyâicorax étant la hu- iotte ou chouette aux yeux noirs , Vœ- golios ne peut être autre que la chouette aux yeux jaunes; ceci iiiéfite encore quelque dircuflion. Théodore Gaza traduit le mot nyc- îhorax , d'abord par cicumû , enfùite par ulula, <& enfin par cicunla ; cette dernière interprétation n'éil vraifernbla- hX^m^m qu'une fîiute à^s Copiées , qui de cicuma ont fait ckunia ; car Feftus avant Gaza , avoiî également traduit vyâicQTûx par clcurna , & îfidore p.ar ce- cuma , &. quelques autres par cecuû : cqH même à ces noms qu'on pourroit rap- porter l'étymoiogie des mots ^neta en italien 5 chomîte en françois: fi Gaza eût fait attention aux caraclères du nyâkorax, ï\ s'en i^roit tenu à la ieconde inîeq:!ré- taiion ulula , & i\ n'eût pas fait double emploi de ce terme , car il eût alors tra- duit œgolïos par cicuma; il me paron donc par cet examen coiuparé de ces difFérens objets & par ces raiibns critiques , que le ghmx Q^ le chat-huaat ^ ie nyâicorax (bs Oifedux (k proie noâiirncs. 1 1 5 hulotte ; eSc Xcs^olïos • la chouette ou 'grande chevêche. : li reile le chnmdiios , le chalcïs ai le capriceps. Gaza ne leur donne peint de noms latins particiiiiors; c^ fe contente de copier le mot grec, .& de les indi- quer par charadrius, cJialâs Si. capriceps: comme ces oifeaux Ibnt d'un genre différent de ceux dont nous traitons , (Se que tous trois paroiffcnt être des oifeaux de marais , & hai:»itant le bord des eaux , nous n'en ferons pas ici plus ampie mention ; nous nous réfervons dVii parier lorlqu'ii fera queftion des oiicaux pêcheurs, parmi lefquds ii y a , comme dans les oifeaux de proie , des efpèces qui ne voient pas bien pendant le jour, & qui ne pèchent que dans le temps où les hiboux & les chouettes chafîent, c'efc-à-dire, iorfque la lumière du jour ne les oiïiifque plus : en nous renfer- mant donc d:vns le fujet que nous trai- tons, & ne confidu-ant à préfent que les oifeaux àa genre des hiboux ôl des chouettes , je crois avoir donné la iufte interprétation à^i mots grecs qui les xiéfio-nent tous ; ii n'y a que la feule I I 6 Hiflou-e Naturelle chevêche ou petite chouette dont je rw trouve pas le nom dans cette lanouei Ariiîote n'en fliit aucune menticn nuile part , & ii y -a grande appi-tence qu'il n'a pas diilingué cette petite efpèce de* chouette de ceile àxijcops , ou petit duc^ parce qu'elles fe reilembient en effèi par la orandeur , ia forme , la couleujr des yeux, & qu'elles ne diftèrent efTeul tieiiemem que par la petite plume pro-»- e'minente que ie Icops porte de chaque côté de ia tête, & dont la chevêche ou petite chouette e(i dénuée : mais toutes ces diiicrences particulières feront ex- • poites plus au long dans les articles, lui vans. Aidrovande remarcjue avec raifon , i que la plupart des erreurs en Hiiloire^l Naturelle, font venues de la conflifioii i des noms, & que dans celle des oifèaux | nccflurnes , on trouve Tobicurité & les ( ténèbres de la nuit ; je crois que ce que \ nous venons de dire pourra les diOlper \ en grande partie : nous ajouterons, poiir^: achever d'éclaircir cette matière, quei- ' ques autres remarques ; le nom iile , eule en Allemand ; owl , houkî en Angloisj iles Oîfeaux de proie noâurnes. i 1 7 huette , hulotte en François , vient du Latin ulula , ôc celui-ci vient du cri de ::es oîfeaux nocflurnes de la grande ef- pcce; il elt très-vraiiemblable , comme ,e dit M. Frilch , qu'on n'a d'abord nomme ainfi que îes grandes efpèces de chouettes , mais que fes petites leur rciiemblant par la forme & par le na- turel, on leur a donné le même nom , qui dès- lors elt devenu un nom général 6c commun à tous ces oi féaux ; de - là h confufion à laquelle on n'a qu'impar- iaucment remédié, en ajoutant à ce nom oc aérai une épi th été priie du lieu de leur dcineurc ou de leur forme particulière , ou de leurs difîérens cris ; par exemple, /?£/// - eule en Allemand , chouette des rochers , qui ell notre chouette ou grande chevêche ; kirc/i - eule en Alle- mand , churchowl en Angîois , chouette des églifês ou des clochers en François, qui eil notre eiïraie , qu'on a aufîi 2i^' pelé fclikyer-eule , chouette voilée , perl- eule , chouette perlée ou marquée de petites taches rondes ; orh-eule en Alle- mand, horn-oivl en Anglois, chouette ou jîibou à oreilles en François, qui eft •f 'î I 8 Hîfloire Ndîurelle notre hîP:>ou ou moyen duc ; knapp-euh, chouette qui fait avec Ton bec le bruit qu-e l'on fait en cafiant une noifette , ce qui ne'anmoins ne peut défïgner aucune elpèce particulière , puifque toutes les grofles eipèces de hiboux & de chouettes font ce même bruit avec leur bec ; le nom biibo , que les Latins ont donné à îa plus grande efpèce de hibou , c'efl^ à-dire au grand duc , vient du rapport d-e ion cri avec le m.ugilTementdu bœuf; & les Allemands ont défigné le nom de i'animal par le cri même , ulu ( oukoiij, , puhu ( pouhou ). Les trois efpèces de hiboux & les i cinq el]:)èces de chouettes que nous? venons d'indiquer par, des dénomina-?) lions precilès, & par des caradères aufîî: précis , x:ompo{ent le genre entier é^si oifeaux de proie nocturnes ; ils diiîerent; des oifeaux de proie diurnes, i .° Par le fens de la vue , qui eft excellent dansj ceux - ci , <& qui paroît fort obtus dans ceux-là , parce qu'il eft trop fenfible & trop afteété de i'éciat de la lumière ; on voit leur pupille , qui eft très-large , (è ï'étrécir au grand jour d'une manière !^ lies Oïfeaux 4e proie noâurnes. i rp différente de celle des chats ; \\ pupille dcsoiieaux de nuit reile toujours rondç en le rétréciflant conceatriquemcnt ; au lieu que celle des chats devient perpeii- diculaireinent étroite & longue. 2." Par le lens de l'ouïe , il paroît que ces oi- leaux de proie nodurnes ont ce iens fupérieur à tous les autres oileaux , & }xut - être même à tous les atiimaux • car ils ont^ toute proportion gardée, les conques des oreilles bien plus o-rande$ qu'aucun des animaux ; il y a auUl plus d'appareil & de mouvement dans cet organe, qu'ils font maîtres de fermer & d'ouvrir à volonté, ce qui n'efl donné à aucun animal. 3 ." Par je bec dont Li bafe n'eft pas comme dai^s les oifeaux de proie diurnes , couverte d'une peau iifTe & nue, mais efl au contraire gari^ie de plumes tournées en devant; & de plus ils ont le bec court & mobile dans fes deux parties comme le h^c des per= roquets (h), & c'efl par la facilité de ces (h) Utrumquerojhwnfve mmdihulcz amlcz wolUes fim ; infigiufque fuperioYi mufculi ah utraque pane dati qui luiid renvveant adducamque ad hferius rcfmm re^ Mus adduaormi aluy in uno laterc ai? occipiie v^rMu^ I 2 b H ijloire Naturelle , &c. deux mouvemens, qu'ils font fi fouvent craquer leur bec, &: qu'ils peuvent auiîî l'ouvrir aitez pour prendre de très gros morceaux que leur gofier auiîi ample , aufîi large que l'ouverture de ieur bec , ieur permet d'avaler tout entiers. 4.'' Par les ierres dont ils ont un doigt antérieur de mobile , & qu'ils peuvent à volonté retourner en arrière , ce qui leur donne plus de fermeté & de facilité qu'aux autres pour fe tenir perchés fur un feul pied. 5.° Par leur vol qui fe fait en culbutant lorfqu'iis fortent de ieur trou , & toujours de travers & fans aucun' bruit , comme fi le vent les emportoit : ce font-ià les différences générales entre ces oi féaux de proie noâ:urnes , & les oiieaux de proie diurnes , qui , comme l'on voit, n'ont pour ainfi dire rien de fembiable que leurs armes , rien de com- mun que leur appétit pour ia chair & leur goût pour ia rapine. tinàimsa expanfione in palato définît. Klein , de Avih» LE DUC *Z£ DUC (a) o u GRAND DUC, Voye^ planche viii de ce volume, jLi ES Poètes ont dédié l'Aigïe à Ju-J piter, & ie JDuc à Junon ; c'efl ea f^ Voyei les planches enluminées, n,°*4,35 ^ 38^^ (a) En Grec, Bvctç ; en Latin, Buh; en EP ^agnol; Bu/io; en Portugais, Afoc/io ; en ïtaîien; Duco , Dugo ; en Savoyard , Cnaferon ; en AHe- tnsind, Uhu, Hiihu, Schuffur , Bhu, Becghu, Huhuy^ ^Jiuh , Huo , Puhi ; en Poionois, Puhaci, ^owa.' îe^na; en Suédois, Vf; en Anglois, Great hornowi, JEagk-owh — On l'appelle aufîi en François , Grand ■ Hibou cornu ; en quelques endroits de l'Italie , Bar^^. hagiani ; en quelques endroits de. la France , Bar^, ia'ian; & en Provence, Petuve, — Buho. Gefner;' Avium, pag. 233. — Aldrov. Avi, tom, I, pag4 502. — Grand duc. Belon. J^iji. nat, des Oifeaux^ page 135. — Grand chat - huant. Albin, tome 11 ^ page /, planche IX , avec une figure colorîéef — r: Bubo noâua maxima, Frifch , planche XCIII ,. avec une figure coloriée. — Le Grand duc, BrllFoi^ ■Ornirh. tome ï , page 4.77, Oifeau?if Tçms JL^ JE ;i 2 2 HiPûîre Nûtwelle efTct l'aigle de la nuit , & le roi Je cett^ tribu d'oileaux , qui craignent la lumière du jour , 6c ne volent que quand elle s'éteint : le duc paroît être au premier coup d'oeil aulîi gros, aufîi fort que ï'aigle commun , cependant il ed réel- iement plus petit, Ôt [es proportions de fon corps font toutes ditlérentes ^ il a ïes jambes, le corps & la queue plus courtes que l'aigle , la tête beaucoup pîus grande , les ailes bien moins lon- gues , rétendue du vol ou l'envergura n'étant que d'environ cinq pieds : on diftingue aifém^ent le duc à la grofTe figure, à fon énorme tête, aux larges & profondes cavernes de fes oreilles, aux deux aigrettes qui furmontent ft tête , & qui font élevées de plus de deux pouces & demi; à fon bec court, noir & crochu ; à fes grands yeux fixes & tranfparens ; à fes larges prunelles noires & environnées d'un cercle de couleur orangée ; à fa face entourée de poils, ou plutôt de pentes plumes blan-^ ches & décompoiées qui aboutiOent à. une circonférence d'autres petiiCo piume^ ftiféesj à fes ongles noirs /très- fon|j| in Duc Giï grand Duc. i z^ ,èi. très-crochus ; à Ton cou très -court, à Ton plumage d'un roux brun taché de noir & de jaune fiir le dos j & de jaune fur le ventre ^ marqué de taches noires . & traverfé de quelques bandes brunes mêlées allez confufément ; à lès pieds couverts d'un duvet épais &. de plumes rouiTâtres jufqu'aux ongles (b); ^nfiïi à Ton cri effrayant (c) hû'ihôu, (h) Nota, La femcîfe ne diffère du mâîe,^ ^ t^tVi ce que les plumes fur le corps , les ailes & I la queue , font d'une couleur plus f ombre. i (c) Voici ce que rapporte M . Frifch au fujet j des différens cris du Puhii, Schuffut , ou Grand I Vue , qu'il a long - ternps gardé vivant : lorfqu'iï avoit faim, dit cet Auteur, il formoit un (on i allez fcmbiable à celui qui exprime fon nom (en I Aiiemand, Puhu) Pi7«/^£?«; ïorfqu'il entendoit îoufe ou cracher un vieillard , il commençoit très-hauÊ £c très-fort, à peu-près du ton d'un payfan ivre qui éclate en riant , & il faifoit durer Ton cri Oiihou ou Pouhou, autant qu'il pou voit être de temps fans reprendre haleine ; il m'a paru , ajout-e M. Frirch , que cela arrivoit lorfqu'iï étoit en i amour , & qu'il prenoit ce bruit qu'un homme fait en touflant , pour le cri de fa femelle : mais quand il crie par angoiffe ou de peur, c'eft tirs : cri très-défagréable > très -fort &. cependant alTez ' femblable à celui des oifeaux de proie diurnes, -: Traduit de l'Allemand de Frifch , article du Buh§ i m Grand Duc* Iwuliûu , houhôu , pouhôu , qu'il {'?àt y H teniir dans le filence de la nuit, lorfque tous les autres animaux fe taifent; 6c c'efl alors qu'il les éveille , les' inquiète , ies pourfuit & les enlève , ou les met à mort pour les de'pecer & les emporter dans les cavernes qui lui fervent de retraite; auffi n'habite -t-il que les ro- .chers ou les vieilles tours abandonne'es <& fituées au-deffus des montagnes : iî defcend rarement dans les plaines, ^ aie le perche pas volontiers fur les arbres , mais fur les égliies écartées peions hibou aigle (grand duc); fa tête eft aufii :>» grofTe que ceiie d'un chat ie bec efl noir^ » ia mandibule Tupérieure en eft crochue & fur- » paflè la mandibule inférieure comnfe dans les 3> aigles ; il eft recouvert d'une peau dans laquelle 5» font placées les narines , &. qui eft recouverte à 3> la bafe par de^ plumes grifes qui environnent le 3> htç; les yeux font grands, & l'iris en eft brillante 3> & couleur d'or Les }jlun:cs qui compofent- 3) /(fj cornes , p'ennent leur naij/ance immédiateme-nt S) au'deffiis du bec , où elles font mélangées d'un 3J peu de blanc; mais à mefure qu'elles s'élèvent 2> au-deflus de la tête, elles deviennent dun rouge» » brun & fe terminent par du noir au dehors ; >j le deffus de la tête , du cou , du dos , àts ailes 5> & de la queue, font d'un brun obfcur, taché 3> & entre - mêlé aiïez confufément de petites lignes 5> tranfverfales rougeâtres & cendrées. . » , . le haut s> de la gorge, fous ie htc, t?i blanc ; un peu plus •» bas , jaune-orangé , taché de noir ; le bas de la- 9> poitrine, le ventre, les jambes & le delTous de: » la queue efi blanc ou d'un gris-paie , alTez régu- » lièrement traverlë de barres brunes ; ie dedans ■ 3> d&s ailes eft varié & coloré de la même façon , s> les pieds font couverts , jufqu'aux ongles , de 3> plumes d'un gris-blanc , & les ongles font d'une ?> couleur de corne brune & foncée : j'ai deffiné j ^ ajoute M» Edwards^ çcî oiCeau vivant à l^nàx^^. 'du Duc ou grand Duc. r 3 31 îurope ; car la différence la plus re- inarquable qu'il y ait entre le duc commun & ie duc de la baie de I ludion (Se de Virginie, c'cfl: que les aigrcucs partent du bec au lieu de partir des oreilles. Or on peut voir de même dans les figures des trois ducs, données' par Aldrovande, c[u'il n'y a que le premier, c'eft-à- dire , le duc commun dont les aigrettes partent des oreilles ^ & que dans les autres , qui néanmoins font des variétés qui fe trouvent en Italie , les plumes des aigrettes ne partent pas des oreilles, mais de la bafe du où il étoit venu de Virginie : j'en ai chez moi « ia dépouiJ^r) DUC 135' LE HIBOU (a) ou MOYEN DU C^, Voyei la flanche ix de ce yolume<, !■ ! JLi E Hibou , Otus ou moyen Duc , ! a , comme le grand duc , ies oreiiles ^ * Voyei les planches enluminées, n.°' z^if 473 » (a) En Grec , D^'jtç ; en Latin , Afio ou Otus; ' en Italien , Gufo , Barhagianni ; en Efpagnoî ,' j Mochuelo ; en Allemand, Orheule ou Rmtieule i Ohrreuti^, Kauiijem ; en Polonois , Cluk - noaiy ou. Sowa-urfaîa; en Suédois,, Hern-ugJa; en Angloisj^ Hom-owl ; on l'appelle en quelques endroits, Chm- huant cornu ; en Bourgogne , Chov.e Comerote ; en î Gafcogne , Ducquet , c'eft-à-dire , Petit Duc ; en i Sologne , Chat-huant de bruyères , parce qu'il fe I tient dans les landes & bruyères; en Anjou & en j "Bretagne, Chouant ; & dans quelques autres endroiiS i Clouc'.et , à caufe de Ton cri clôû , clôûd. — Afw» Gefner, Avi. pag. 223.... Oius. Idem , pag. 6 3 ^i — Moyen Duc ou Hibou cornu. Beîon, Hifl. nait 'des Oijeaux , page 137. — Grand Duc. Albin, i^me 1 f page â , plmck X ^ ayeç une figuie r:^3^ Hijhlre Isciturée &rt ouvertes, & furmontées d'une a!^ grette compofée de fix plumes tournées en avant (b); mais ces aigrettes font plus courtes que cdfes du grand duc ^ & n'ont guère plus d'un pouce de lon- gueur, eiles paroillent proportionnées à là taiîle, car il ne pèfe qu'environ ^\^ onces , 6c n'efi: pas plus gros qu'une r* corneille ; ii forme donc une efpèce | évidemment différente de ceiie du grand duc, qui e(t gros comme une oie, & de celie du Scops ou petit duc , qui îî'efi: pas plus grand qu'un merle , & qui n'a au-deiïus des oreilles que des aigrettes très-courtes. Je fais cette re- i^arque , parce qu'il y a des Naturaliftes^ qui n'ont regardé le moyen & le petit eoîoriée. — ' N^diia m'imr mrnta, Scops. Frifch ;- -planche X c I X , a^'ec une figure coloriée. — Le- moyen Duc ouïe Hibou. BrilTon , Ornithologie,.- tome r, page 4,80. — The long Eand owL Lej Hibou à longues oreilles. Britifch Zoology , FlJ (h) Notdo Aldrovandle dit avoir obfervé quel c-naque plume auricukire qui compofe l'aigretre j.| peut ie mouvoir féparément , & que la peau qurî pecou'/ra la cavité ues oreilles naît dç la partie iiy ff rieure la pias yoJHnf df rgep5 "du Hthoîi ou nwyen Duc. 1 3 7 Juc , que comme de fimples varie'tés- d'une feule & même efiDèce : le moyen: duc a environ un pied de longueur de eorps, depuis îe bout du bec jufqu'aux ongles, trois pieds de vol ou d'enver- gure , & cinq ou fix pouces de ion^ gLieur de queue; il a le defTus delà îéic, du cou , du dos de des ailes raye's de gris , de roux.&: de brun; la poitrine & le ventre font roux, avec des bandes brunes irregulières & étroites ; le h^c eHi court &: noirâtre , les yeux font d'un beau jaune, les pieds font couverts de plumes roufTes jufqu'à l'origine des ongles, qui font afTez grands & d'un? i)run noirâtre ; on peut oblerver de plus- qu'il a la langue charnue & un peu fourchue, les ongles très-aigus & très- îranchans, le doigt extérieur mobile, & pouvant fe tourner en arrière , i'ef- tomac afîez ample , la véficule du fiel très-grande , les boyaux longs d'en- jjViron vingt pouces , les deux cœcum de Meux pouces & demi de profondeur, idc plus gros à proportion que dans les jautres oiieaux de proie. L'efpèce en effc fiCOiiimuae & beaucoup plus noinbreufe ï 3 8 Hiflolre Naturelle «dans nos dunats (c), que celle du gmnd duc , qu'on n'y rencontre que rareiiienc en hivet; au lieu que le moyen duc y refle toute l'année, & ^le trouve^ même plus airément en hiver qu'eiiii été : il habite ordinairement dans les» anciens bâdmens ruinés , dans les ca-.- vernes des rochers (d), dans le creux: des vieux arbres , dans les forêts en i montagnes, & ne defcend guère dans. les plaines; îorfque d'autres oi féaux l'at- taquent , il fe fert très - bien , & des griffes & du bec ; il fe retourne auilî fur le dos , pour fe deTendre , quand il efl afîàiiii par un ennemi trop fort. i Il par oit que cet oifeau , qui elli commun dans nos provinces d'Europe,!, le trouve auiîi en A fie ; car Belon dit en avoir rencontré un dans les plaines de Ciiicie. (c) Nota, II efl plus commun en France & en îtaiie qu'en Analeterre. On le trouve très - fré- quemment en Bourgogne, en Champagne, eiî Sologne & dans ies montagnes de l'Auvergne. (dj Sîn il Gufù ntlk grotte, per îe bûche degJl alhcri , mUantrlngUe o crtpature di mûri e tetti dt café dijabitate , ne dirupi e luoghi ère mi, Oiina. UccelUr, fog. 5 6. iu Hîhoti OU moyen Duc. r jp' II y a dans cette efpcce pîuricurs variétés dont la première le trouve en Italie, (k a été indiquée par Aidro- ;:vande; ce hibou d'Italie ell plus gros [que le. hibou commun, *Sw en diffère auïîi par les couleurs : voyez & com- parez les dcfcripiions qu'il a laites de Tun & de 1 autre, (e) . Ces oileaux fe donnent rarement îa peine de faire un nid , ou (e l'épargnent 1 en entier : car tous ies œufs & ies [ petits qu'on m'a apportés , ont toujours été trouvés dans des nids étrangers , fouvent dans des nids de pies , qui , ' comme i'on fait , abandonnent chaque i année leur nid , pour en fiire un nou- veau ; quelquefois dans des nids de butes , mais jamais on n'a pu me trouver un nid conftruit par un hibou : ils pondent ordinairement quatre ou cinq œufs , & leurs petits qui font blancs en naiflant, prennent des cou- leurs au bout de quinze jours. Comme ce hibou n'efl pas fort fenfible au froid , qu'il pafTe l'hiver dans notre pays , & qu'on le trouve (e) Aldroy, AvU tom, I, pag. 519, I lï^o Hïfmlre Naturelle en Suède comme en France 0, iî pu palier d'un continent à l'autre; par oit qu'on le retrouve en Canada de- dans plufieurs autres endroits de l'Amé- rique feptentrionale Cg); ii fe pourroit même que le hibou de la Caroline décrit (f) Strix capite aurlio , pènjiisfex* Linn. Faun^, 'Suec. n.° 4,7. . (g ) Nota, i.° C'eft au hibou commun ou'"*' îïioyen duc qu'il faut appliquer le pafTage fuivant. « On entend durant ia nuit, prefque dans toutes 5> nos îles , une forte de chat- huant qu'on appelle' » canot , qui jette un cri lugubre , comme quF » crieroit au canot, ce qui lui a fait porter ce » nom ; ces oifeaux ne font pas plus gros que des' 2» tourterelles , mais ils font tout femblables en leur 2> plumage aux hiboux que nous voyons commu- 3» nément en France ; ils ont deux ou trois petites- 2J plumés aux deux côtés de la tête , qui femblenr » être des oreilles : ils fe rafîemblent quelquefois » fept ou huit de ces oifeaux au-deffus àçs toits j- ou ils ne ceiïènî de crier pendant toute la nuit »,' jShta, %.° Par ia comparaifon de la grandeur de cg' hibou avec une tourterelle, il femlieroit que c'efi îe fcops ou petit duc; mais s'il a, comme le dit l'Auteur , plufieurs plumes éminentes aux côtés de h. tête, ce ne peut être qu'une variété de i'efpèce du moyen duc. Ce même Auteur ajoute que le chat-huant Canadien n'a de différence du François, qu'une petite fraife blanche autour du cou & un cri particulier. Hifloire de la nmvelk France }'ar; Çharkvoix y tmi lU , V^i^k^ï I2u Hihou ou moyen Duc, 1 4T1 ïp^r Catefby (h), & celui de l'Ame- iique méridionale , indiqué par le Père j Feuillée fi) , ne fuflent que des variétés de notre hibou, produiies par la diffé- rence des climats, d'autant qu'ils font à très-peu près de la mçme grandeur, &: qu'ils ne diffèrent que par les nuances ôi la diflribution des couleurs. On fe fert du hibou & du chat- huant (k)i pour attirer les oifeaux à la (h) Voyez la defcriptîon & la figure coloriée de cet oifeau dans l'Hiltoice Natureile de la Caroline^; :ar C:ilQ\hY , pi^ge j, planche VII. (ï) Buho ocro-cinereus peéîore nmcnhfo, Feuillée l Ohfir. Phyfi(]. pag. j^, avec une figure, jyotû. Il :')aroît qu'on peut rapporter à ce hibou de l'Amé- !-iqus méridionale, indiqué par le Père Feuillée,' relui dont Ferjriandès fait mention fous le nom de Tccohlt, qui fe trouve au Mexique & à la nouvelle L'>»?.gne ; mais ceci n'eft qu'une vraifemblanca "ondée fur les rapports de grandeur &: de climat,' :ar Fernandss n'a donné non - feulement aucune fif^ure des oifeaux dont il parle, mais même aucune dcfcription afi!ez détaillée pour qu'on puifTe le re^ connoître. 'k) h Gkfo ah'dmeme Barlagtdmï ucceUacdo^not^ ■j ïn forma di civetta (chat-huant) grofo quantê' •m gaÙina, con le penne dal lato del capo che pmoit :/.;; comcine, di color gialb. mejlicafù con profilnturéL di :icro, Cou ^uejio Jucçella a anlmali grojjt çotne c0f^ I 14^ Hijlohe Nûîurelk pipée, & l'on a remarqué que les gros oiieaux viennent plus volontiers à la voix du hibou , qui eit une efpèce de cri plaintif ou de géniifTenient grave & alongé côîvl, clôûd, qu'il ne' cefTe de jépéter pendant la nuit, & que les petits oiiëaux viennent en plus grand noPxibre à celle du chat- huant qui efl une voix Jiaute, une efpèce d'appel hohô , hohô : îous deux font pendant le jour des geftes ridicules & bouffons en préfence des îiommes & d^s autres oifeaux. Arifloie n'attribue c&ixc efpèce de talent ou de propriété qu'au hibou ou moyen duc, ctus ; Pline la donne au fcops , & ap- pelle ces gefles bizarres , motus fatyricos; mais ce Icops de Pline elt le même oifèau que Voîos d'Arijflote ; car les La- îins çonfondoient lous le même nom icops, Yotos & le y?^';?^ des Grecs, ie moyen duc & le petit duc qu'ils réu- jiiil oient fous une feule efpèce , & fous le même nom , en le contentant d'aver-î- tir qu'il exiiloit néanmoins des grands £cops & dt$ petits.. cornachk e nihlii con h cîveita a uçcdkîti d^ognl^ ^m» plina, Uceller* fog, ^6,, <^// Hîlon où moycli Duc. 143^ C'eiT: en cfîet au hiboni , otus , ou moyen duc, qu'il finit principalement appliquer ce que difent les Anciens de ces geftes bouffons & inouvemcns faty- riques ; ôl comme de très-habiies Phy- ficiens'ôc Naturaliftes ont prétendu que ce n'étoit point au hibdu, mais à un autre oiieau d'un genre tout différent, qu'on appelle la demoifelle de JSumidïe , qu'il faut rapporter ces pajfîages des Anciens, nous ne pouvons nous dii^ penfer de difcuter ici cette queftion, & de relever cette erreur. , Ce lont M/' les Anatomifîes de l'Académie des Sciences, qui dans la d^Ç- cription qu'ils nous ont donnée de la jdemoifelle de Numidie , ont voulu établir pette opinion ôl s'exprimer dans les ;ermes ùiivans. ce L'oileau (difent-iis) que nous décrivons efl appelé demoï- ce ^elle de Numïdie , parce qu'il vient de ce cette province d'Afrique , & qu'il a o reiïembie au hibou , & il y a appn- 53 rence que cette relTeinblance ne con- 33 fide que dans ces oreiiles : toutes les » demoilelles de Nun:iidie que nous >5 ayons diiréquées , avoieiit aux côtés ^3 des oreiiles , ces plumes qui ont 33 donné le nom à i'otus des Anciens... :>3 Leur plumage étoiî d'un gris-cendré, :>3 tel qu'ii eil décrit par Alexandre Myndien àansïotus :>3. Comparons maintenant ce qu'Ariflote dit de Votus, avec ce qu'en difeiit ici iM./^ de i' Académie : otus noéluœ fimilis eft , plnnulis circiter aurts eminentlbus prœditus, unde nomen accepït , quafi aurïtum dïcas ; nomulli eum ululam oppeîlant , alii afio- neriîe B.latero h'ic ejî , é^ hallucinator if flanîpes ^ faltantes enbn imîtatur, Capitur intentas in altero aucupe, altero cîrcumeunîe ut noâuM. Uotus , c'ell:-à-dire ie hibou ou moyen duc eil femblable au noflua , c'eft-à-dire au chat-huant ; ils font en effet femblables , foit par la grandeur , foit par le plumage , foit par toutes les habitudes naturelles : tous deux ils font oifeaux de nuit, tous deux du même genre & d'une efpècç très-Yoifme^ au (la Hthoîi on moyen Duc. T 4.7 lieu que ia deinoilcHe de Numidic elt iix fois plus grolle & plus grande , d'une forme toute dliicrcnte , îk. d'un genre rrcs-éioigné , &: qu'elle n'efl point dij nombre des oifeaux de nuit ; ïotus ne diffère , pour aiafi dire , à\\ noélua , que par les aigrettes de plumes qu'il porte fur ia tête auprès des oreilles , & c'efl pour dillinguer l'une de l'autre, qu'A riftote dit , pumul^s dr citer auresi eminetitïbus prœditus , imde nomen accepit^ qiiafi auritum dicas. Ce iont des petites plumes, pinnulœ , qui s'élèvent droites & en ai2:rettes auprès des oreilles , circïter aures eminentilnis , & non pas de longues plumes qui ie rabattent & qui pendent de chaque côté de ia tête , comme dans la demoi(elle de Numidie ; ce n'efl donc pas de cet oileau , qui n'a point d'aigrettes ^ plumes releve'es & en forme d'oreilles ,' qu'a été tiré îe nom. de otus » quafi aurïtus ; c'efl au contraire du hibou qu'on pourroiî appeler noâua aurita , que vient évidemment ce nom , & ce qui achève de le démontrer , c'eil ce qui fuit immédiatement dans Ariflote, nonnullï eum (otum) ululam appellant , cdïï [148' 'HiJIohe Naturelle ûfionem. C'eft donc un oifeau du genre des hiboux & des chouettes, puiTque quelques-uns lui donnoient ces noms j ce n'eli donc point la demoifelle de Numidie aufïï difFérente de tous ces pifeaux , qu'un dindon peut l'être d'un épervler. Rien, à mon avis, n'eft donc plus mal fondé , que tous ces prétendus rapports que l'on a voulu établir entre Voîus des Anciens , &: i'oifeau appelé demoifelle de Nu?nidïe , & l'on voit bien que tout cela ne porte que fur les gedes & les mouvemens ridicules que fe donne la demoifelle de Numidie ; elle a en effet ces geftes bien fupé- rieurement au hibou , mais cela n'em- pêche pas que celui-ci, aufîî-bieii que la plupart des oifeaux de nuit , ne foit hlatero , bavard ou criard ( l); ' hallucmator , fe contrefaifant ; planipes > bouffon. Ce n'efl encore qu'au hibou (l) M. Frifcïi , en parlant de ce hibou, dit quefon cri eft très-frécjuent & fort, qu'ii reffemble aux huées des enfans iorfquils pourfuivent quel- qu'un dont ils fe moquent; que cependant ce cri. cft commun à plufieurs efpèces de chouettes. VoviT Frifch , à l'article des Oifeaux nodurnes. du Hïhou ou moyen Duc, i ^cji qu'on peut attribuer de le iaiiïer prendre ttuûi aîfëment que les autres chouettes ,» comme le dit Aridote, &c. Je pourrois ui'ctendre encore pius fur cette criti- que,, en expolant & comparant ce que dit Pline à ce fujet ; mais en voilà plus? qu'il n'en faut pour mettre la chofe hors de doute , ù. pour afTurer que Yotos^ des Grecs n'a jamais pu défigner la demoiielle de Nimiidie , & ne peut, s'appliquer qu'à i'oifeau de nuit , auquel nous donnons le nom de /iii?au ou moyeri duc : j'obTerverai feulement que tous- ces m ou ve mens bouffons ou fatyrïques attribue's au hibou par les Anciens, ap- partiennent aufli à preique tous les oi- féaux de nuit (m) , Sl que dans le fait ils fe' réduiient à une contenance étonnée , à de fréquens tournemens de cou , à des înouvemens de tête , en haut ^ en ba^ ('mj Tous les hiboux peuvent tourner leur tête- Comme i'oifeau appelé to7-coL Si quelque chofe d'ex- traordinaire arrive , ils ouvrent de grands yeux ; dreflent leurs plumes & paroiiïent une fois plus gros; ils étendent auiTi les ailes, fe baifTent ou s'ac-*; GroupifTcnt , mais ils fe relèvent promptement ; comme étonnés ; ils font craquer deux ou treiç iLis kur bec. Mm ^ iùldmh G ilj ! ï 5 o Hijloîre Naturelle, &c. & de tous côtés , à des craqueniens de bec , à des trépidations de jambes , & des mouvemens de pieds dont ils por- tent un doigt , tantôt jen arrière , & tantôt en avant , & qu'on peut aifément remarquer tout cela en gardant quel- ques-uns de ces oileaux en captivité ; mais j'obferverai encore qu'il faut les prendre très-jeunes loriqu'on veut les nourrir : les autres re fuient toute la nourriture qu'on leur préfente dès qu'ils font enfermés. JP/JX. . r^.ur. ,Scy LE HIBOU ^, MOYEl^ DXTC = ï 5 r L£ SCOFSfaJ o u PETIT 'duc, Voye:^ la planche X de ce volume. * V OICI la troifième & dernière efpèce du genre des Hiboux ^ c'ed-à-dire, des ^ V^^y^Z ^-^ planches enluminées, n.°43(5o (a) En Grec, 2>c fig- ^* On voit , au premier coup d'œil , que ce ne doit pas être le m.eme oifeau , puifque la figure repré- fentée dans la planche B 4 ,, fg> ^ , ell d'un;, tiers plus petite que celle qui eft repréfentée dans la flanche ^ ^ , &: que le moyen duc qui ef&; repréfenté dans la -planche B ^ , fig- i > n'eft pas. plus grand que le petit duc, B 4, fg- 2. : or îe moyen duc ayant , comme le dit Willulghby, quatorze pouces & derr>i ; Ç\ le petit duc en avoit treize &: demi, comme le dit l'Auteur de la Zoo- logie Britannique , pourquoi ne pas appuyer -fur ce. fait & relever l'erreur de ceux qui ne lut donnent que fept pouces î ou bien dire qu'en An- gleterre les petits ducs font plus gros qu'ailleurs ^. du Scops ou petit Duc> ï j ^\ ctevëes aii-defilis deja tête , &: elle cfl: r>ilee à dillinguer des deux autres, d'a- bord par la petitefîè même du corps de l'oileau , qui n'efi; pas plus gros f[u'un merle, }'ci ks 'planches enlumine es , n,® 4.4. (a) En Grec , l^vK-nKû^.z, ; ^" Latin , Ululn ; & auiïï en Italien ielon Gelner \ Alocho cl quei- quefois Luckaro îéon Wà^os-àuàty en Portugal.;, Conifa; en Gitalogne, Xura, Kuta ; en AHerriand, Huhu ; en Polonois, Ldok , Sowka , Puj^ïh; en An'-jfois , H'.nvlet ; on i'appelle en Bourgoo'ne Chouc , ce qui eft un augmentatif de Ch.ueite. Salerne dit qu'on Tappelie en Champagne le Trtmhkiir , parce que cet oifeau crie comme en friîTonnant & trcm- blant de froid. Ulula. Gefner, Avï. pag! 772, — Aidrov. Avi. tom. I , pag. 538. — Ulula La." finis. Ray, Sj'n. Avi, p-g. xù , n.'' 4-. « Ulula Gefntri , idem , ibidem , n° 5 . — Ulula Al- drovandi. Wiliuigh. Cntiîh, pag. 68. — Hibou fans cornes ou Chat-huanî. Beion , Hi(î. fiar. dts Oifenuxt page 159..... Hibou , Chat-huant , appelé auiTi '^Dame, Imm. Portraits d'Oiieaux , page 26 A» l'holà. Cette dér.om.ination Dame vient probable- ment de ce que cet oifeau a ia face enxiroiir.c'e ^\\w collier & d'une eîpèce de chaperoii allez fem-, blabie à ceux que portant les femmes pour ie j»3uvrir la tête j mais on peut dire la même c'):vJ\.^ ^e la Hulotte^ ï 5p cO: îa plus grande Je toutes ies chouettes | QÏie a près de quirr/e pouces de ton- gueur, depuis ie bout du bec à l'ex- tre'miîé des onole^ ; eiie a la tête très- groiïe , bien arrondie & lans aigrettes , ia face enfoncée & comme encavée dans fi plume , les yeux aufli enfoncés 6c environnés de plumes grifâtres & dé- compolées , l'iris des yeux noirâtre ou plutôt d'un brun foncé , ou couleur de noifett^ obfcur, le bec d'un blanc- jaunatre ou vcrdâtre , le deffus du corps couleur de gris -de -fer foncé, marqué de taches noires & de taches blanchâtres ; ïe defibus du corps blanc , croifé de bandes noires traniverfafes & longitu- dinales ; ia queue d'un peu plus de Ùk de l'effraie &. du chat -huant. — Vlula. Aldrov, Ai'i, tom. I , pag. 538' Ahico , idem ,• tom, I, pag. 5 54-. — Chouette noire Albin, îome 111 , page ^ , planche VIII , avec une figure mal coloriée. Nota. Albin me pxroît avoir fiùt une faute , en diiant dans fa defcription , que cet oifeau a l'iris àes yeux jaune, à moins qu'il n'appelle jaune le brun couleur de noifette, coui-ur où il entre en effet un peu de jaune obfcur. — No^lua wajoY. Frifch , planche XCIV , avec une ff^ure bien coloriée. — La Hulotte, BrifTon, OmiihoL îome i^ page <^oj. [f6o HifLoire Naturelle pouces , les ailes s'éiendent un peu au- delà de Ton extrémité, l'étendue du vo! de trois pieds , les jambes couvertes juf- qu'à l'origine des doigts , de plumes Blanches tachetées de points. noirs (b); ces caradères font plus que fuffifans pour faire diilinguer la hulotte de toutes les autres chouettes ; elle vole légère- îuent & fins faire de bruit avec fes ailes, &: toujours de côté comme toutes les autres chouettes; c^eit fon cri (c) y hofi ou ou oïl ou OU- oïl , qui reffemble afiez au hurlement du loup , qui lui a fait donner par les Latins le nom à' ulula ^ qui vient à'ululare , heurier ou crier comme le loup , & c'efl par cette même (b) On peut encore ajouter à ces caradères un figne diftindif, c'eft que la piume ia plus exté- rieure de i'aiie t{\. plus courte de deux ou trois pouces que la féconde , qui eft elle - même pius courte d'un pouce que ia troiiîème , <& que ies plus longues de toutes font îa quatrième & ia cin- quième, au lieu que dans l'effraie la féconde & ia-^ îroifième font les plus longues, & l'extérieure neil: pius courte que d un ckmi-pouce» (c) Cet oifeau pouiïe la nuit, fur- tout quand i?' gèle, une voix terrible , qui fait peur aux femirj^ ê^. aux eiïfanSj-Salerne^ S^^^^/ic/. page 5.3 j 'de la Hulotte, 'i6t âwJogle que les Allemands i'appelienî hû h il ou plutôt lidu Jidu (d). La hulotLe ie tient pendant l'été dans les bcis , toujours dans des arbres- creux ; quelquefois elle s'approche en> hiver de n-os habitations , elle chafTe & prend les petits oifeaux , & pius encore" \^% mulots &: {es campagnols ; elle ies- avale tout entiers , & en rend aufli par le bec les peaux roulées en pelotons :; lorfque la chaife de la campagne ne- iui_ produit rien , elfe vient dans les granges pour y chercher àts fouris & At^ rats : elle retourne au bois de aranâ matin à l'heure de la rentrée des lièvres , & elle fe fourre dans les taillis les plus^ (â) Nota. C'ed d'après Gefner que Je dis ici qua îes Allemands appellent cette chouette , hû hû /, cependant c'ed ie grand duc auquel appartient ce nom : il dit aufTi qu'ils l'appellent id Se eu/. JVU Frifch ne lui donne que le nom générique eu/e ,. & dit que les autres furnoms qu'oii lui donne em Allemand font fans fondement , comme celui de /inapp euk , par exemple, qui exprime le craque- ment que cet oifeau fait avec fon bec, mais que toutes les efpcces de chouettes font également j. & nacht eut qui fignine chouette de nuit , puilque toutes les chouettes font égaiemenî. des. oileaux d^ aui,^^ 1 62 Hifîoîre Naturelle, &c. épais , ou fur {es arbres les plus Feuilles, & y pafTe tout le jour , iàns chano-er de lieu : clans la mauvaile iaifon , elle demeure dans des arbres creux pendant le jour, & n'en Ibrt qu'à la nuit; ces habitudes lui font communes avec le hibou ou jiioyen duc, auffj-bien que celle de pondre leurs œufs dans éç.% nids étrangers , fur-tout dans ceux des bufes , des crefTerelics , des corneilles <5c àts pies ; elle fait ordinairement quatre œufs d'un gris file , de forme arrondie , & à peu près aulli gros que ceux d'une petite poule. 1^3 L E ""CHAT-HUANTfa). Voye:^ la planche XI de ce volume. /il près ia hulotte , qui efl la plus grande de toutes les chouettes , & qui a les yeux noirâtres , fe trouvent le Chat - huant qui ies a bleuâtres , & * Voye?^ ks planches enluminées, n.° 437, (a) En Grec , Tkoj^ ; en Latin , Noélua ; en Catalogne, Cahtca ; en Allemand, MikhfangeY , Kinder, Alekker, Stock-euk ; en Anglnis, Common Irown-owl ow. Leech-owl — Strix. Gefner , Avi ^ pag. 738. — Aldrov. Avi , tom. I , pag. 561* —-Chouette. Albin , tome l, page 1 o, j^Ianche IX , avec une figure mal coloriée. — Noélua majou Frifch , planche XCVI , avec une figure coloriée du mâle; ir planche xcv, avec une fi^rure coloriée de la femelle. — Le Chat-huant. Briilbn , Omiîh» tome I, page 500. — The tawny owL Britifch Zoo!og)r, ph B j. Nota. Que faute d'exaditude, i'Auteur de la Zoologie Britannique a marqué du même numéro B S' c^eux planches différentes , & que l'une de ces planches repréfente ie hibou 012 moyen duc , & l'autre le chaî- huant dont ii cil ici ^uertionj 'i 64 Hîfiolre Naturelle ï' Effraie qui les a jaunes : tous deux?- font à peu près de la même grandeur; ils ont environ douze à treize pouces de iongueur, dépuis le bout du bec juf- qu*à i'exirémJîé des pieds, ainfi ils n'ont guère que deux pouces de moins que- ia hulotte , mais ris paroifîent fenfibie- jTient moins gros à proportion. On re- eonnoîtra le cliat-huant d'abord à Tes yeux bleuâtres, & enfuite à la beauté &t à la variété diftincfle de Ton plumage (b); Sl enfin à Ton cri Iw/id j hohô , ho ho ho ho ^ par lequel il fembie huer , hôler ou* appeler à haute voix. Gefner, Aidrovande , & plufieurs- autres Naturalilles après eux, ont em- ployé ie mot Jïrîx , pour défigner cette- efpèce , mais je crois qu'ils fè font •f rompes, & c|ue c'ell à l'effraie qu'il faut (h) Voyez-en îa ciefcription très-détaillée & très- "cxade dans J'Ornithoiogie deM.Briffon, tome I ,■ •page y o o i^ Julvantts : ii fiiffit de dire ici que les- eoufeurs du chat- huant font bien plus ciaires que: eeiles de la hulotte ; ie mâle chat - huant eft à ia- %-érité plus brun que la femelle , mais il n'a que ' très-peu de noir en comparaifon de ia hulotte qur de toutes les cliouettes eft ia plus grande & la piii|- àii Chaî-hiianî. \6f îe rapporter : jlnx , pri.*» dans cette ac^ ,cepîion, c'eft-à-dire, comme nom d'urjL oifeau de nuit, eft un mot plutôt latin que grec; Ovide nous en donne l'e'ty- inologie , & indique aiïez clairement quei eft l'oiieau nocturne auquel ii ap- partient, par ie paflage fuivant : Strh wn grande caput, flanUs oculi , roflra apta rapînm Canines permis, iinguibus hamiis inejl, Efl illis ftrigibiis nomen , Sed iiominis hujus Caufa qiiod horrenda ftridere noéîe foîent. La tête groiïe , les yeux fixes , îe bec propre à ia rapine , les ongles en hameçon, font des caraâières corn- jiiuns à tous ces oifeaux ; mais la blan- cheur du plumage , canïtks permis ^ appartient plus à i'eftraie qu'à aucuii autre ; & ce cjui détermine fur cela mon ientiment, c'efl que le mot Jlrîdor^ qui figniiîe en latin un craquement , un grincement, un bruit délagréablement entrecoupé & femblable à celui d'une fcÏQ, eil précifément îe cri ^r^^ grei ude i'e&aie i au iieu que le qù du 1 66 . HiJIoke Ndturelk chat- huant eil plutôt une voix haute, un hôlement qu'un grincement. On ne trouve guère ies chat-hûnns ailleurs que dans ies bois ; en Bourgogne ils font bien pius communs que ies hulottes , ils le tiennent dans âts arbres creux , & l'on m'en a apporté quel- ques - uns dans le temps le plus ri- goureux de l'hiver , ce qui me fait preTumer qu'ils reftent toujours dans le pays , & qu'ils ne s'approchent que ra- rem.ent de nos habitations. M. Frifch donne le chat-huant comme une varie'té de i'efpèce de la hulotte , & prend en- core pour une féconde variété de cette îTiêmie efpèce le mâle du chat- huant: fà planche cotée XCI V, efl: la hulotte ; ia flanche XCV, ia femeile du chat-huant; & la planche XCVI le chat-huant mâle : îiinfi au lieu de trois variétés qu'il in- dique , ce font deux efpèces différentes, ou û l'on vouioit que ie chat-huant ne fût qu'une variété de i'eipèce de ia hulotte , il faudroit pouvoir nier ies différences confiantes & les raracflères , î qui ies diftinguent l'un de l'autre , & qui nae paroiflent aflez fenfibks & aflez TLxi.p^u/.j^r/^. I.E CHAT-HTJANT du CJmî'huaut. i 6"^ iiîuîiipîiés pour conftitutr deux efpèces dillincî^es & féparées. Comme le chat -huant fe trouve en Suède & dans les autres terres du Nord (c) , il a pu pafîer d'un continent è l'autre ; aufii le retrouve - t - on en Amérique jufque dans les pays chauds. Il y a au cabinet de M. Mauduyt , un chat-huant qui lui a été envoyé de Saint-Domingue, qui ne nous paroît être qu'une variété de i'eipèce d'Eu- rope , dont il ne diffère que par l'uni- formité des couleurs fur la poitrine &: fur le ventre qui font roufies & prefque fans taches , & encore par les couleurs plus fojicées é&^ parties fupérieures du corps. (c) Sirîx capite lûtvï , corpore ferrugineo , renùg^ lernâ longhre. Linn. Fami> 6mc. n.° 55, l'm 'Hijloke Naturelle TEFFRAIE OU %A PRES AIE fa) Voye^ la planche xii de ce volume. Is 'effraie qu'on appelle corn miiné- nient ia chouette des clochers , effraie en eifet par les foufflcmens., chë , chêi , chëfi f * Voyei^ks ■planches enluminées , n.®^ 474- & 44. o'^ '(a) En Grec, 'E\ïoç ; en Latin, AJuco \ €iî 'Allemand & en Flamand, Kirch-euk, ce qui fignifie Chouette des égUfes ; SchkyeY-euk , Chouette voilée, parce qu elle femble avoir la tête encapuchonnée j Perl-euk , parce que Ton plumage eft parfemé de taches rondes comme des perles ou des gouttes de liqueur ; en Anglois., Whlte-owl , Chouette blanche. î^ota, Salerne dit qu'on l'appelle dans i'Orléanois, ia Sologne , &c Fréfaie; en Poitou, Fréfaie ; en Gafcogne, Brefague ou Irtfaço; dans ie Vendômois , Chouart, — Effraie ou Frefaïe, Selon , Hifl, nat, des Oijeaux, page 14.2 Petit Chat-huant plombé. Idem, Portraits d'oifeaux^ '^agt 2. 6^1 B' ^oint II paroît gue Beîon confond ^ à quelques . '^e rEfmte Oti ia Frcfale. i 6^^, fhêû , chièû , i€S cris» acres &: lugubres grei , gré , créi , & fa voix entrecoupée qu'elle fî>it ibuvent retentir dans ic fi- lence de la nuit ; elle eft , pour ainfi dire, domellique , &. habite au inilieu des villes les mieux peuplées ; les tours , ies clochers , les toits des égiifes & des autres bâtimens élevés lui fervent de retraite pendant le jour , & qWq en fort à l'heure du crépufcule ; Ton louffle^ ment qu'elle réitère fans cefîe , reflem- ble à celui d'un homme cjui d; rt la bouche ouverte ; elle pouffe aufTi en volant autres : j'ai vu plu- fieurs fois en effet , d'autres effraies arriver au fbufïîement de l'effraie pri- ipnnière , le pofer au - deffus de la volière, y fliire le même foufflement , à. s'y lailFer prendre au filet. Je n'ai jamais entendu leur cri acre (Jîrïdor) , crèi , giei dans les volières ; elles ne poufTent ce cri qu'en volant & îorf- fîju'eiles font en pleine liberté ; la fe- îneiie eft un peu plus grofTe que le Biâle , & a les couleurs plus claires & plus difi:in<*les ; c'efl: de tous les oifsaux jioETTE efpèce, qui eft la Chouette, proprement dite, & qu'on peut appeler ia chouette des rochers on la grande che- yêche , eft affez commune, mais elie n'approche pas auiîi fouvent de nos ^ Voyei ks planches enlumineis, nJ^ 43 S. y^ï^ Fn Grec, A'iyooMoç-^ en Latin, Cicuma'j fen Allemand, Stein-kmi, ou Stein-tuk ; en Poionois, Sowa ; en Angloîs, Gfeat Bnnvn owL — Notflua quant Jaxatikm Heîve'.'ti eogmtninant, Noétua faxa' ri/is. Gefner, Au/,- pag. 622. AUrov, Ai^i tome I, pag. 545. — Grsnde Chevêche. Btion, Hifhiye vaturelk des Oifcaux , page 140 ..... . Chevêche. griraaut ; Machette, Idenu Portraits d'oifeaux , pagt 2. y. A> Grande Chouette brune. Albm , tcmu III, •page ^, planche VII, avec une figure mal coloriée, Ululû -flamineata, A1.'/-7 jaune ians oreilles ou Stein* eule. Chouette ou Souette. Frifch , planche XCVIIL , avec une bonne figure coloriée. — La grande ghouçiîÇ; Briflbn ^ Omithol, tome I , page %i\^ ^de h Chou e île, &c. lyy ïiaBkations que i'eîTfafe ; elle fe tient plus volontiers dans ies carrières , dan^ ies -rochers , dans ies bâiimens ruinés Si. éloignés des lieux habités : il femblG qu'elle prétère les pays de nuontagnes, & qu'elle cherche les précipices escarpés & les endroits Iblitaires ; cependant on ne la trouve pas dans les bois , & elle ne le loge pas dans des arbres creux (^i^Js. on la diilinoruera ailément de la hulotte êc du chat-huant par la couleur des yeux qui font d'un très-beau jaune, au lieu que ceux d^ la hulotte font d'un brun prefque noir, & ceux du cha^ huant d'une couleur bleuâtre ; on la diliinguera plus difficilement de l'effraie , parce que toutes deux ont l'iris des yeux ■ jaunes, environnés de même d'un grand cercle de petites plumes blanches : que' toutes deux ont du jaune fous le ventre ^ ÔL qu'elles fom à peu près de la m.ême: fl;J Nolîs laifTeroïis ( ctit M. Frifc?ï ) a cette- Chouette fon narn difliî>dif Stcineuk , parce que je ne i'ai jamais trouvée dans des arhrcs creux ^^ Tna's feuifincnt dans des batimens en ruines eu d'H! ^ HTiO-ns abandonnés depuis longtemps, Si d^ns lâiù ' jpcehars. Frîjch , arucle des Oifcûux n^clumes^ ^TjS 'HïjÎGtre Naturelle - grandeur ; mais ia chouette des rocf.ers- ed en général plus brune, marquée de taches pius grandes & longues comme de pedîes fiammes ; au lieu que les taches de l'effraie, lorfqu'elle en a, ne font, pour ainfi dire, que des points ou des gouttes , & c'eit par cette raifoiî qu'on a appelé l'effraie noâua guttaîa ^ Ci la chouette des rochers dont il eft ici quefiion, noâua flamme at a; elle a au (îi- les pieds bien pius garnis de plumes , ÔL le bec tout brun ; tandis que celui de l'effraie ell blanchâtre, & n'a de brun qu'à ion extrémité. Au rePœ , la^ femelle, dans cette efpèce , a les cou- leurs pius claires , & les taches plus petites que le mâle, comme nous l'a- vons auiîi remarqué fur la femelle diï ehat- huant. Belon dit que cette efpèce s'appelle ïa grande chevêche; ce nom n'eil. pas impropre, car cet oifeau reffemble affcz par fon plumage & par fes pieds bien garnis de duvet, à la petite chevêche: que nous appelons fimplement chevêche;- il paroît être aufîi du même naturel , ne fe temnt tous deux que ciaa§ ks roçh^rs^ lie la Chouette , &c. 17^ îes earrièies, & très-peu dans les bois : ces deux efpèces ont auffi un nom pac^ lîculier , kaut-^ ou kautT^-kïn en Alle- mand , qui répond au nom particulier, chevêche en François. M. Salerne dit que la chouette du pays d'Orléans eft certainement Ja grande chevêche de Beion ; qu'en Sologne on l'appelle r/z^- yêche , &: plus communément chavoche ou caboche; que les Laboureurs font grand cas de cet oiieau, en ce qu'ii- détruit quantité de mulots ; que dans k mois d'avril on l'entend crier jour & nuit goût , mais d'un ton adez doux^ ëé. que quand il doit pleuvoir , ellç' change de cri, & Temblc dire goyonj qu'elle ne fait point de nid , ne pon^< que trois œufs toiu blancs , parfiitemeiit ronds , & gros comme ceux d'un pigeon ,ramier ; il dit auffi qu'elle loge dans d^s^ arbres creux, &: qu'Olina fe trompe' lourdement quand il avance qu'elfe couve les deux derniers mois de l'hiver v ce- pendant ce dernier fiit n'eil pas éloigné- du vrai^ non- feulement cette chouette 5. Biais même toutes les autres pondent: au^ (ïSô Hiflolre Naturelle par confequent dans ce même temp? , é< à l'égard de ia demeure habituelie de la chouette ou grande chevêche dojit 51 eft ici quedion , nous avons obiervé qu'elle ne la prend, pas dans des arbres creux, comme i'aiTiue M. Saleme , mais dans des trous de rochers & dans les carrières , habitude qui lui eft eom- îiiune avec îa petite chevêche dont nous allons parler dans l'article fuivant; elle eft aufti confidérablement plus petite que la hulotte, & même plus petite que k chat-huant , n'ayant guère que onze pouces de longueur depuis le bout du bec juiqu'aux ongles. 11 paroît que cette grande chevêche quiert aflez commune en Europe , fur- tout dans les pays de montagnes , fe re- trouve en Amérique dans celle du Chily, & que i'efpèce indiquée par le Père^ Teuiliée, fous le nom. àQchevêche-Iap'infc}, êi à laquelle il a donné ce furnom de fc) Efpèce de chevcche-iapin ou ulula cmicuînria. Peiiiifée , Journal des Ohfervations yhyfiquts , page <6z. — La chouette de Coquimbo. '^Y'dTon^Orniih. tome ï, pîîge 525, où l'on peut en voir fa dtrcrip- tion aufli ijiçn 4ue dans î ouvrage du P. Feuiiléc, ''de h Chouette , &c, \ 8 îl }apin , parce qu'il l'a nrouvée dans un trou fait dans la terre ; que cette efpèce , dis- je , n'eft qu'une variété de noire grande chevêche ou chouette des rochers d'Europe, car eile eft de la même grandeur & n'en diffère que par la dif- tribution des couleurs , ce qui- n'eft pas fuffifant pour en faire une efpèce dif- tinde & féparée. Si cet oifeau creufoit lui-même fon irou , comme le Père Feuiilée paroit le croire , ce feroit une raifon pour le juger d'une autre efpèce que notre chevêche (d) , & même que (d) Nota, I .° Le P. du Tertre , en parlant (îe i'oifeau no & m'éverifa par ("on cri hêmë, ëdwe ; comme je prêtois l'oreille à certc voix qui me parut d'abord d'autant plus finguiière quelle étoit tout près de moi , j'entendis un de mes gens, qui étoit couché dans la chambre au-dedus de la mienne, ouvrir fa fenêtre, &: trompé par la reffemblance du fon bien articulé edric , répondre à roife^U; qui eÇt-tn là-bas, je yit m'appelle vas Eàme, je 771' appelle Pierres Ce domeftique croyoit , en effet , que c'étoit un homme qui en appeloit un autre, tant la voix de ia chevêche refTemble à là \oix humaine & articur^ ^iltin<^çment ce mot. Iî26 HiJIoire Naturelle . écartées des iieux peuplés , dans fe carrières , dans les ruines des anciens édifices abandonnés ; eile ne s'établit pas dans ies arbres creux , & reflembie par toutes ces habitudes à ia grande chevêche ; elle n'eft pas abfolument oi- feau de nuit , elle voit pendant le jour beaucoup mieux que les autres oifeaux Boclurnes, & iouvent elle s'exerce à ïa chafle ûqs hirondelles & des autres petits oifeaux , quoiqu'affez infruclueu- fement ; car ii eil rare qu'elle en prenne ; elle réuffit mieux avec les fouris & ks petits mulots qu'elle ne peut avaler entiers & qu'elle déchire avec le bec & les ongles ; elle plume auffi très- proprement les oifeaux avant de les manger ; au lieu que ies hiboux , la hulotte & les autres chouettes les avalent avec la plume qu'elles vomiUent eniuite , iàns pouvoir la digérer ; die pond cinq œufs qui font tachetés de blanc & de jaunâtre , & £iit fon nid prefqu'à crud dans des trous de rochers ou de vieilles murailles. M. Frifch dit que comme' eette petite chouette cherche la folitude j quelle habite çommunéjîicm ks églifes^ ^de la Chevêche, &c> i 87 les voûtes, les cimeticres.où Ton conf^ truit des tombeaux , queiques-uns l'ont nommée oïfeau d'églife ou de cadavrCf hircken-odcr , leich enhuhu , &. que^ comme on a reiTiarqué auiîi qu'elie voltigeoit quelquefois autour des mailbns où il y avoit des mourans Le peuple fuperflitieux , l'a appelée oïfeais de mort ou de cadavre, s'rmnginant qu'elle préfageoit la mort des malades. Al. Frifch n'a pas fait attention que e'eft à i^effraie, & non pas à la che- vêche qu'appartiennent toutes ces im- putations, car cette petite chouette eil très-rare en comparaiion de l'effraie; elle ne fè tient pas comme ceile-ci dans Jes clochers , dans les toits des égiifès ; ; elle n'a pas le foufHement lugubre ^ ni le cri acre & effrayant de l'autre, > la î ^ ) eperyier des moineaux \ ' longueur de fes ailes & de fà queue luî donne l'air d'un épervier ; mais la forme de fa tête & de lès pieds démontre qu'il touche de plus près au genre des chouettes ; cependant il vole , chafîe & prend fa proie en pein jour , comme les autres oifeaux de proie diurnes ; fon fç) The Luth Hawk-owL Edwards , Hif}, oj Birds , tom. II, pag. 62, planche LXIl, ayei? Une benne figure coloriée. ' ^des Oijeaux étrangers, &€, i^f •î>ec ell: femblable à ctiui de répervier , mais fans angles fur les côtés ; il efl luifant & de couieur orangée, couvert prefqu'en entier de poils , ou plutôt de petites plumes décompofées & grifes , comme dans la plupart des efpèces de choueues ; i'iris des yeux efl de la même couieur que celle du bec, c'eft-à-dire, orangée ; ils font entourés de blanc , ombragés d'un peu de brun moucheté de petites taches longuettes & de couleur obfcure , un cercie noir environne cet efpace blanchâtre , & s'étend autour de ia face jufqu'auprès des oreilles ; au- delà de ce cercie noir fe trouve encore un peu de blanc ; ie fommct de la tête efl d'un brun foncé , marqueté de petites taches blanches & rondes ; le tour du cou & les plumes, jufqu'au milieu du dos , font d'un brun obfcur & bordées de blanc ; les ailes font brunes & élé= gamment tachées de blanc , !es piumes fcapulaires font rayées iranfverfalement de bîanc «& de brun ; les trois piumes ies plus voifmes du corps ne font pas tachées , mais feulement bordées de blanc; la partie inférieure du dos, I§ 'Ip6 HîPoire Naturelle croupion & ies couvertures du deflîïJ de la queue font d'un brun foncé , avec des raies tranfverfaies d'un brun plus léger ; la partie inférieure de ia gorge, ia poitrine, le ventre, les côtés, les jambes , ia couvertfire du deiTous de la queue & ies petites couvertures du defious des ailes Ibnt blanches , avec des raies tranlveriaies brunes ; ies o-randes font d'un cendré obfcur , avec des ta^ ches blanches fur les deux bords ; la première des grandes plumes de l'aile eft toute brune , fans tache ni bordure blanche , & il n'y a rien de femblable aux autres plumes de l'aiie , comme on peut aufîi le remarquer dans les autres chouettes; les plumes delà queue font au nombre de douze , d'une cou- leur cendrée en defTous , d'un brun obfcur en deiïus avec des raies tranf- verfaies étroites & blanches ; les jambes & les pieds font couverts de plumes fines , douces & blanches comme celles du ventre , traverfées de lignes brunes plus étroites &: plus courtes; les ongles font crochus , aigus & d'un brun foncé. Uu autre individu de ia même eipèe^ Aes 01 [eaux êtKcingers, &c. i<^j èioM un peu plus gros , ^ avoit les couleurs plus claires , ce qui fait pré- fumer que celui qu'on vient de décrire efl ie maie, & ce iecond-ci la femelle : tous deux ont été apportés de la baie de Hudfpn en Angleterre , par M. Light, à M. Edwards. I ï L LE HARFANG\ Uo î s E A u qui fe trouve dans ies terres feptentrionaies des deux contînens^ que nous appellerons Harfang, du nom liarfaong (d) , qu'il porte en Suède , y?. nat, edit. X Noâuafcandmv& ma: blanc comme neige ; fa têie n'efl pas DD fï groffe, à proportion, que celle des 33 autres chouettes ; (es ailes , forfqu'elles 33 font pliées, ont liize pouces ( Anglois) , 3> depuis l'épaule jufqu'à l'extrémité de 5> la plus longue plume , ce qui peut 5> faire juger de fà grandeur : on dis >3 que c'eft un oifeau diurne, & qu'il >? prend en plein jour les perdrix blan- y> ches dans les terres de la baie de S3 Hudfon (e), où il demeure pendant ( e) Nota. Que ces perdrix blanches des terres du nord de l'Amérique ne font pas ds5 perdrix ^. piais des gélinotte^s des Û if eaux étrangers, &c. 'l^^ toute l'année ; Ton bec efl crochu et comme celui d'un épervier , n'ayant et: point d'angles fur les côtés ; il ell ce noir & percé de larges ouvertures ou c< narines , il efl de plus prefqu'entière- c< nient couvert de plumes roides , fem- ce blables à des poiis plantés dans ia ce h:i{ç. du htQ , & fe letournant en ce dehors ; la pupiifé des yeux ell en- c< vironnée d ua€ iris briilaiit^ & jaune , <.< k tête auffi-bien que le corps, les ce ailes & la queue font d'un bianc pur ; es ie defTus de la tête efl feulement ce marqué de petites taches brunes , ia « partie fupérieure du dos eft rayée cî tranPv^erfaîement de quelques lignes c€ brunes , lés côtés fous les ailes font <.< auffi rayés de même , mais par des c< lignes plus étroites & plus claires ; les ce grandes plumes des ailes font tachées c^ de brun fur les bords extérieurs , il ce y a aulîi des taches brunes fiir les ce couvertures des ailes , mais leurs cou- ce vertures en deflous font purement ce blanches , le bas du dos «Se ie croupion ce font blancs & iàns taches \ les jambes ce & ks pieds fom couverts de plumes c^^ l iiij :2oo Hiflolre Ndîurelfe 5> blanches, les ongles font longs, fbrts^ >3 d'une couleur noire & très-aigus : j'ai » eu un autre individu de cetie efpèce , 35 ajoute M. Edwards, qui ne diiîéroit » de celui-ci qu'en ce qu^il a voit des 35 taches plus fréquentes & d'une cou- leur plus foncée :>:> (f). Cet oifeau qui eft commun dans les terres de la baie de Hudfon, eft apparemment confiné dans les pays du Nord, car il efl très- rare eu Penfiivanie , dans le nouveau continent; & en Europe, on ne le trouve plus en- deçà de la Suède & du pays de Dantzick ; il efl prefque biauc & fans taches dans les montagnes de Lapponie. M. Klein dit que cet oifeau qu'on appelle hûrfang en Suède , fe nomme weijfebunle fchliclete-eule en Aiîe- magne; qu'il a eu à Dantzick le mâle êc la femelle vivans , pendant plufieurs mois (g), en 1747. M. Ellis rapporte //; Edwards , HiJÎ. of Birds , tom. 1 1 , pag. 6 [ , -planche LX I ^ avec une bonne figure coloriée. (g) — Ulula alla maculls tenei coloris. Hûrfang; Suec. WeifTehunte Schlidete-euîe. Ejuftnodl avetn anno 17 f 7, j j^i^r if^J^^am inter curioja jocktath aes Oifeatix étrangers, é"c. .2 o Sj que le grand hibou tianc fans oreilles ( c'efl - a - dire , cette grande chouette tianche ) , aboncie auili - bien que le hibou couronné ( c'eft- à-dire, le grand duc ) , dans les terres qui avoifinent la baie de Hudfon : il e(t, dit cet Auteur, d'un blanc ebiouilTant, & i'on a peine à ie dillinguer de la neige ; il y paroît pendant toute l'année , il vole louvent en plein jour, & donne la chaffe aux perdix blanches (h): on voit par tous ces témoignages , que ie harfling , qui éft fans comparaifon la plus grande de toutes les chouettes , le trouve afiez communément dans les terres fepten- trionales des deux continéns (ij; mais Gûar repofuî. Pondus aguahat j» 4"^ -pojîià marem if ^xminam vivos ohtinui, pojî menjcs fex famina mornia , marem Hhenate donavu Eadtm apud Edwdrdum , t, II, p. 6\, Ab iinco rojiri cid exitumcmdx i ~- uln avec une aifez bonne figure. — Albin, tome 111 , page j ^, planché XXXI, avec une figure coforiée. (h) Hahîtahunt ihi flruthme^. Ifaïe, cap. XI II, "V . 2.1, — Filîa p.'^puii mei crudelis qunfi (Iruthio in deferio. Jérém. Thnn. cap. IV, V. \.l—lMdum ^uafi firuthionum, Mich, ca£, I ^ y, <^» 1 de TAuîrir^he. 2 r f tloii toute apparence , une viande com- mune , au moins parmi le peuple puifque le Légiflateur des Juifs la leur interdit comme une nourriture im- monde (cj: enfin, il en eft queftioa dans Hérodote, le plus ancien des Hil- toriens profanes {rlj, & dans les Écrits fcj Leulric.cRp.XI, y. iC.^Deufem. cap, XIV, y. I 5, * fr/J Nota. Hérodote, fi l'on en croit M. de Saarne fOmnnoL.g/e, page y.;), parle de troii fortes dautruches; le ihouihos aquatujue ou marin, qui eft ie poilTon piat nomvni plye : K a:érien , ^^xl eft notre meneau, t^ le terreitre (kamgaios), qui eft notre autruche. De ces trois efpèces , la dernière eft la leule dont jaie trouvé l'indicaticn dans Hérodote (Jn Mdpomene verjus finem ) . encore ne puis - ic être de lavis de M. Salerne fur la manière d'en- îendreleyWo:; katagaios qui, félon moi, doit être ici traduit par autruche fe creufant des trous dafts la terre, non que j'admette de telles autruches, mais parce qu Hérodote parle en cet endroit des produc- tions fingulieres & propres à une certaine réajon de \ Afrique, & non de celles qui fui étoient" com- munes avec d autres contrées ( Hcz Junt iWic fera tr item^ ciu Soit que cette gouttière fût formée par îa jonclion des deux iigamens , foit que G. Warren fe foit mépris, en prenant pour la verge ce noyau cartilagineux de la féconde poche dti redum, qui efl en effet fendu, commue je i'ai re- marqué pkis haut ; foit que la ftrucltire &L la forme de cette partie foit fujette à (h) Partie II , page ///. (i) Tranfadions Phiiofophiques, »/ SPi-t micle V* ^ 3 ^ Hifloire Naturelle ' varier en diftérens fujets : il paroîî que cette verge efl adhérente par fa bafe à ce noyaux cartilagineux , d'où fe repliant en deffous , elle paiTe par la petiie po-^ che , & fort par Ton orifice externe , qui eil Vimùs, & qui étant bordé d'un ïepii membraneux , forme à cett« partie " Vîi £\ux prépuce 5 que le _ Douleur Browne a pris fans doute pour un pré- puce véritable , car il eil le leui qui eu- donne un à f autruche f/ij. ïî y a quatre mufcies qui appartien- nent à Yûîws & à la verge, Si de- là réiiîlte entre ces parties , une corref- pondance de mouvement, en vertu dé laquelle lorfque l'animai fiente , la verge fort de piufieurs pouces ("IJ» Les tefiicules font de différentes groffeurs en différens fujets , & varient- à cet égard dans la proportion- de qua- rante-huit à un 5 fans doute félon l'âge ,* îa faifon , ie genre de m.aladie qui a {ÂJ Coî!e<^ions Phiiofophiques, w." /, art» VU/» (l) Nota. Warren' a appris ce fait de ceux qui- éîoient chargés du foin de plufîeurs autruches en' Angleterre. Voj.>, Tranf, Phihf, i\,^ 3-94^. de F Autruche, 2 7 y j^récéâé la mort, &c. lis varient auffi ipour la conirguradon extérieure, mais laftrudure interne efi toujours fa même- leur place eft fur les reins, un peu plus a gauche qu'à droite; G. Warren croit avojr aperçu des véficules léminales. \ Les femelles ont auffi des te/licu[es • car je pcnfe qu'on doit nommer ainfî tes corps glanduleux, de quatre lianes ie diamètre -fur dk-huit de longueur que l'on trouve dans fes femeiies au^ Jeflus de l'ovaire, adhérans à i'aorte ^ k h vefrie-cave, & qu'on ne peut voir pris pour des glandes furrénales, {ue par ia prévention reTuItante de quel' [ue fyftème adopté précédemment. Les anepctières femelles ont aufTi des tef, cules fembfablesà ceux des mâles /m), < il y a lieu de croira , que ies outardes ?mdles en ont pareillement , & que fi •I/' ies Anatomifles de i'Académîe ans leurs .nombreufes difTeaions , ont ru n'avoir jamais rencontré que des W Hiftoîre deTAcadémie des Sciences , ^mk '2^9 Hijîohe Naturelle iHâles (n), c'ell: qu'ils ne vouioîent point reconnoître comme femelle , un animal à qui ils voyoient des tefticuies. Or , îout le monde fait que i'oûtarde eft parmi les oifeaux d'Europe, celui qui a le pius de rapport avec i'autruche, & que la canepetière n'eft qu'une petite outarde , en forte que tout ce que j'ai dit dans le traité de ia génération lur les tefticules des femelles des qua- drupèdes , s'applique ici de foi-même à toute cette claiTe d' oifeaux , & trouvera peut-être dans ia fuite des applications encore pius étendues. Au-defTous de ces deux corps glan- duleux , efl: placé i'ovaire , adhérant aufîi aux gros vaiffeaux ianguins ; on le trouve ofdinaîrement garni d'œufs de différentes grofTeurs, renfermés dans leur calice comme un petit gland l'eft ëans ie fien , & attachés à i'ovaire par ieurs pédicules; M. Perrault en a vu qui étoient gros comme des pois , d'autres (n) Mémoires pour fervir à i'Hiftoire àç$ Aiii* mauX;, l'artk U, page i oSf p. de l'Autruche^. 2 ? p^ comme des noix, un feul comme les deux poings (0), Cet ovaire eft unique , comme dans preique tous les oilèaux , &: c ell: , pour îe dire en pafîànt, un préjugé de plus contre l'idée de ceux qui veuîent que içs deux corps glanduleux qui fe trou- Vent dans toutes les femelles é^s qua- drupèdes , repréientent cet ovaire, qui cft une partie fimple (p) , au lieu d'a- vouer qu'ils repréientent en effet les teiticules , qui font au nombre des (0) Mémoires pour fervir à i'Hif!oire à.t% Ani- maux, j)anic il, [iage i j S, (p) Nora. Le bécharu eft le feul oifeau dans lequel M." les Anatomifles de l'Académie aient ^■u trouver d^ux ovaires ; mais ces prétendus ovaires "•sîoient, félon eux, deux corps glanduleux d'une ubflance dure & folide , dont l'un (e'efl le gauche) e divifoit en pluileurs grains de groiïeurs inégales; -nais fans m'arrêter à la difTérente flruclure de ces ■eux corps , & en tirer des conféquences contre 'identité de leurs fondions , je remarquerai feule- nent que c'efl une obfervation unique & dont on :e doit rien conclure jufqu'à ce qu'elle ait été con- irmée; d'ailleurs, j'aperçois dans cette obfervation Tîême une tendance à l'unité , puifque Xoi'Idv.élus , jui efl certainement une dépendance de l'ovaire g :toit unique. 'Z^o Hïjloh'ê NaîureÏÏe parties doubles , dans ies mâles des ci (eaux comme dans les quadrupèdes. L'entonnoir de Voviduâus s'ouvre au»deflous de i ovaire , & jette à droite .& à gauche , deux appendices mem- braneufes, en forme d'aileron , leC < queiles ont du rapport à ceiles qui (è trouvent à l'extrémité de ia trompe dans les animaux terreilres (^q). Les œufs qui fè détachent de i'ovaire , font reçus dans cet entonnoir, ôl conduits le iong de Voviduâus dans la dernière poche in- teflinale , où ce canai débouche par un orifice de quatre iignes de diamètre, mais qui paroît capable d'une diiatatioa proportionnée au voiume des œufs., étant piifîé ou ridé dans toute fa cir- conférence ; lintérieur de Voviduâus étoit auiîi ridé , ou plutôt feuiiieté , comme le troifième & ie quatrième ventricule des ruminans (r). Enfin ia féconde & dernière poche ïnteftinaie dont je viens de parler, a ^ (q) Mémoires pour fcrvir à l'Hifloire àes Ani^ | inaux , jyartie II, page i ^ dt. \ (y) Ihïdwi^ Pge.i37i ^ aufli de l'Autruche, '2.±i • *■ auiïi dans la fenieile Ton noyau carti» iagineux, comme dans le mâle; & ce ' noyau , qui fort quelquefois de plus d'un demi-pouce hors de Vairus, aune petite appendice de la longueur de trois lignes, mince & recourbée, que M/^ les Anatomiftes de TAcadémie regardent comme un clitoris (f), avec d'autant plus de fondement, que les deux mêmes mufcles qui s'insèrent à la baie de la ver^e dans les mâles, s'insèrent à la ba(è de cette appendice dansies femelles. Je ne m'arrêterai point à décrire en détail les organes de la refpiration, vu qu'ils relTemblent prefque entièrement à ce qu'on voit dans tous les oiieaux , étant compofés de deux poumons de lume à écrire , comme dans la plupart {\çs quadrupèdes (c). Je ne dirai qu'un mot fur les orgnnes de la circulation , c'eft que le cœur efl prefque rond , au lieu que les oifcàuk l'ont ordinairement plus alongé. A Ttgard des fens externes , j'ai déjà parlé de la langue, de roreilic & de la forme extérieure de l'oeil, j'ajou- terai feulement ici, que (a ftrulus petite que ceux de grandeur médiocre, tels que le cochon , me 11, page ^ / / . ^(m) Janne^uin étant au Sénégal, mit dans f^ de l'Aumiche. 2 5 i| ne couvent point outijue très -peu leurs œufs , il s'en fk\ut beaucoup qu'elles les ♦abandonnent: au contraire, elles veil- lent alîidûment à leur confervation, & ne les perdent guère de vue; c'efl de- là qu'on a pris occalion de dire qu'elles les couv oient des yeux , à la lettre : & Diodcre rapporte une façon de prendre ces animaux , fondée fur leur grand aitachement pour leur couvée ; c'ell de planter en terre , aux environs du nid ëi. à une jufle hauteur , des pieux armés de pointes bien acérées , dans lefquelles la mère s'enferre d'elle-même lorfqu'eije revient avec empreifement fe pofer fur fes œufs Cn). Quoique le climat de la France foit beaucoup moins -chaud que celui de la Barbarie, on a vu des autruches pondre à la ménagerie de Verfiilles; mais M/^ de l'Académie ont tenté inutilement de faire éciore ces œufs par une incubation caffette deux œufs d'Autmctie tien enveloppés d'ë- toupes j quelque temps après il trouva que i'iin de ces œufs étoit prêt d eclore, Vr^yei Hijîoire ^if- vérale des voyages , tome ll'^fage ^j S» L v; a 5 2 Hïjloke Naturelle artificielle , foit en employant h chaleur du foieii , ou celle d'un feu gradué & îîîénagé svec art : ils n'ont jamais pu parvenir à découvrir dans les uns ni dans les antres ^ auci;^ne organiintion commencée , ni même aucune dilpoii- tion apparente à ia génération é^un nouvel être ; k jaune ôk ie blanc de celui qui avoit été expoie au feu , s'étoient un peu épaiflis , ceiui qui avoit été mis .\x foîeil , avoit contradé une très-mauvaiie odeur ; & aucun ne préientoit fa irioindre apparence d'un fœtus ébauché ^o), en forte que cette incubation philolophiquc n'eut aucun fuccès. M. de Reaumur n'cxiftoit pas encore. Ces œufs font très-durs, très-pefans â: très -gros: mais on fe les repréfente quelquefois encore plus gros qu'ils ne font en effet, en prenant d^s œufs de crocodiles pour des œufs d'autruche (o); on a dit qu'ils étoient comme ia lête (o) Mémoires pour fervir à i'Hifloire des Ani- maux, far tic /y, -page i ^S, (j>J Bdon , HiJL na» des Oifiatt^, page 23^, de F Autruche, 253 d\ui enfiint (q), qu'ils* pou voient con- tenir jufqu'à une pinte de liqueur (r), qu'ils pelbicnt quinze livres (f), & qu'une autruche en pondoit cinquante dans une année (t) ; Eilen a dit jufqu'à quatre-vingts ; mais la plupart de ces faits me paroiflent évide mmeni exagérés ; car I ° comment (e peut-il faire qu'un oeuf dont la coque ne pèfe pas plus d'une livre, & qui contient au plus une pinte de liqueur , Toit du poids total de quinze livres ! il faudroit pour cela que le bkinc &. le jaune de cet œuf, fût fept fois plus àQn.ÇQ que l'eau, trois fois plus que le marbre, & à peu-près autant que l'étain , ce qui eft dur à fuppolèr. zJ" En admettant avec Wiiiulghby-j que l'autruche pond dans une année cinquante œufs , pe(ànt quinze livres chacun , il s'enfuivroit que le poids totaî {(f) y^'{[{\i\^hYt Ornlthoîflgia , pag. 105. (r) Beion , Hift, nat, des Oifeaux , fwge 235. (f) Léon- r Africain, Defcripthn iumes rouges, vertes, bitues cSc jaunes, comme Cardan fembie Tavoir cru , par une méprife bien dé- placée dans un ouvrage yiù/ la fuhîilïté* Redi a reconnu ])ar de nombreufcs obfervations , que prefque tous les oi- féaux étoient fujcis à avoir de la vermine dans leurs plumes , 6c même de piu- licurs efpcces ; «Se que la plupart iwoient leurs inledes particuliers qui ne fe rcn- controient point ailleurs, mais il n'en a jamais trouvé en aucune fciifon dans les autrucfccs , quoiqu'il ait fait fes ob- fervations fur douze de ces animaux j dont quclques«uns étoient récemment arrivés de Barbarie (a). D'un autre côié Valiifnieri qui en a difléqué deux, n'a trouvé dans leur intérieur ni iombrils , ni vers, ni infedcs quelconques (b); il lemble qu'aucun (lj Mémoires pour fervir à i'Hiftolre des Anï» maux , jyartk II, page / i ^ i (a) Coliedion Acad. tonie 1 de /'Hiftoii'e natu- relle, page ^6^f» (b) (Euvres de Valliûiieri, tome I, page 2^^» 2 5 8 HîjMre Naturelle de ces animaux . n'ait d'appétit pour îa' ehair de l'autruche , qu'ils l'évitent nîêir.e & la craignent , &. que cette chair ait quelque qualité contraire à leur multi- plication , à moins qu'on ne veuille attribuer cet cifet, du moins pour l'in- térieur , à la force de 1 eilomac ôl de tous les organes digeftifs, car l'autruche a une grande réputation à cet égard, il y a bien des gens encore qui croient qu'elle digère le t^ï , comme la voraille' commune digère les grains d'orge ;■ quelques Auteurs ont même avancé qu'elle digéroit le fer rouge (c); mais on îne diiDenfera , fans doute , de réfuter férieiifement cette dernière aflertion ; ce fera bien aflez de déterminer d'après les- faits , dans quel fens on peut dire que Faatruche digère le fer à froid. Il eft certain que ces animaux vivent principalement de mxatières végétales , qu'ils ont le géfier muni de mufcies très-forts, comme tous les granivores (d), (c) iMarmoi , D.j'cri^nion de l'Afilcjuc , tome I , ' page 6 s.. ( d) Nota, Quoijue i'autruchis foit omnivore dam le tait , ii Itmbie nàmmoms qu'on dois ia de l'Autruche, ^59 & qu'ils avaient fort fotivent du fèr ^e), au cuivre, des pierres, du verre, du }3ois ÔL tout ce qui fe pré fente ; je ne nier^ois pas même qu'ils n'avalafîent queIc[uefois du fer rouge , pourvu que ce fut en petite quantité , 6l je ne penfî pas avec cela que ce fat impunément: ii paroît qu'ils avalent tout ce qu'ils trouvent , jufqu'à ce que leurs grands eiiomacs foient entièrement })Ieins, 6c que ie befoin de les iefter par un vo- lume fufiifant de matière, eil l'une dts principales caufes de ieur voracité. Dans îes fujets difTéqués par \^'^arren ^J'J ëc par Ramby /gj^ les ventricules étoienî ranger pamHes grani\'ores, puifque dans Tes ciéferts elle vit de daites k autres fruits ou matières vécé- taies, 6c que dans les ménageries on !a r.ourrit de ces mcincs matières: d'ailleurs, Sîrabon nous dit, Iih. VI , que loi'fque les chaiTeurs veulent i'attircj* dans ie piège qu'ils lui ont préparé, ils iui pré- Tentent du grain pour appât, (e) Je dis fort foiivent , car Albert afTure très- pofitivement qu'il n'a jamais pu faire avaier du fer à plufieurs autruches, quoiqu'eiies dévorafrent avi- dement des os fort dur.'^ & même des pierres. Voj'e-^^ Cejner , de h\\hv.s , pig. /-f^, C* (f) Tranfadions Phiîofophiviue^ , w/j»^^» (g) Ibïim.iL' s^6. 2 6o Hijhke Naturelle teilement reiiipiis &l diftendus, que fa première idée qui vint à ces deux Ana- tomiftes , fut de douter que ces auiiuaux eufîènt jamais pu digérer une tefie fur- charge de nourriture. Ramby ajoute que les matières contenues dans ces ventri- cules paroiiToient n'avoir fubi c|u'une légère aïteration. Yaliiinîeri trouva auiîî ie premier ventricule entièrement plein d'herbes , de fruits , de légumes , de noix , de cordes , de pierres , de verre , de cuivre jaune & rouge , de fer , d'e- tain, de plomb & de bois; il y en avoit emr 'autres un morceau, à. c'étoit le dernier avalé , puifqu'ii étoit tout au- deifus, lequel ne y)eroit pas loin d'une livre (hj. M/^ de l'Académie afiurent que les ventricules des huit autruches qu'ils ont obfervées, fe font toujours trouvés remplis de foin , d'herbes , d'orge, de {è^es^ d'os, de monnoies, de cuivre & de cailloux > dont quelques- uns avoient la grofieur d'un œuf (i); i'autruche emafie donc les matières dans (h) Opère di Vallïjnkri , tome î , page 24.0. (i) Mémoires pour fervir à l'Hifloire àçi Anî^ î«aux, partie îlf page 2 2p> de ï Autruche, 261 * fes eflomacs à niiloiî de leur capacité, & par la néceilité de les remplir; «Se comme elle digère avec fliciiité ôc promp- titude, il eil ailé de comprendre pour- quoi elle eil inlatiible. Mais quelque inlatiabîe qu'elle ibit, on me demandera toujours , non pas pourquoi elle conlomme tant de nour- riture, mais pourquoi elle arale des matières qui ne peuvent point la nourrir, & qui peuvent même lui faire beaucoup tk mai; je répondrai que c'eil: parce qu'elle efi: privée du fens du goût, & cela eil d'autant plus vraiiemblable, que -iii langue étant bien examinée par d'ha- ! biles Anatomldes, leur a paru dépourvue I de toutes ces papilles ienfibles & ner-* j veufes , dans leiqueiles on croit avec ï aHez de fondement que réfide la fen- fuian du goût //;/ .- je croirois même ; qu'elle auroit le iens de l'odorat fort i obtus , car ce iens efl celui qui fcrt le plus aux animaux pour le diicerne- iment de leur nourriture; & l'autruche la il peu de ce diicernement, qu'elle avale non-ieulementle ter, les cailloux 5 j C/iJ Vaiiirnieri, :ome 1 , page 2fp, '%()% PAflone NûturcUe îe Yerre, mais même le cuivre qiù a une Çi mauvaile odeur , & que Yallif- nieri en a vu une qui étoit mort€ pour avoir dévoré une grande quantité de chaux vive (l): les gallinacés & autres granivores , (|ui n'ont pas les organes du goût fort ienfibies , avalent bien de petiies pierres qu'ils prenneiit apparem- ment pour de petites graines , loriqu'elles font mêlées enfembie; mais fj on leur préfente pour toute nourriture un nom- bre connu de ces petites pierres , ils mourront de faim , fans en avaler une feule (m); à plus forte raifon ne tou- eheroient-iis point à la chaux vive : &' l'on peut conclure de-là , ce me femblé,' que l'autruche eO: un des oifeaux dont ks fens du goût , de l'odorat , & même celui du toucher dans les parties internes de la bouche , font les plus émoufTés & les plus obtus ; en quoi il \ faut convenir qu'elle s'éloigne beaucoup ^e la nature des quadrupèdes. (I) Vallifnieri, tome 1 , page -2^/« (m) Colîedion Académi(jue , tome I de /'Hifloîr^ < fimxïé.\c, page ^^^t de f Autruche. z6y AJais enfin que deviennent les CabC^ tances dures, refradajfes & nuifibles, que lautruchç avale lans choix & dans ia feule intention de fe remplir! que deviennent lur-tout fe cuivre, le verre, Je fer ! fur cela les avis font partages^ âc chacun çjte des ftits à l'appui"^ de fon opinion. M. Perrault ayant trouvé foixanre & dix doubles dans reiioniac ,-d'un de ces animaux , remarqua qu'ils étoient la plupart ufés & confumés prelque aux trois quarts ; mais ii jugea que c etoit plutôt par lewr frottement piutuel & celui des cailloux, que par i'adion d'aucun acide, vu que quel- ques-uns de ces doubles qui étoient boflus , fe trouvèrent fort ufés du côté convexe , qui étoit aufli le plus expoie aux frottemens, & nullem.ent endoiii^ înagésdu côté concave ; d'où il conclut que dans les oifeaux , ia diffolution de ia nourriture ne fe fiit pas feulement par des efprits iiibtils & pénétrans, mais encore par l'adion organique du ven- tricule qui comprime & bat inceffam- ment les alimens avec les corps durs gue ces mêmes animaux ont i'inflinv't 2. 64 Hijloire 'Naturelle d'avaîer; & comme toutes les matières contenues dans cet edomac e'toient teintes en vert ; il conclut encore que ia difTolution du cuivre s'y éroit fliiie, non par un diil'olvant particulier, ni par voie de digefiion , mais de la même manière qu'elle Te feroit fi l'on broyoit ce méral avec des herbes , ou avec quel- que liqueur acide ou falée : il ajoute que le cuivre, bien loin de fe tourner en nourriture dans i'eflomac de i'au- truche , y agiffoit au contraire comme poilon, & que toutes celles qui en avaloient beaucoup mouroient bien-tôt après (n), Vallilnieri penfe au contraire que rautmche digère ou diiTout les corps durs, principalement par i'adion du diffolvant de i'edomac , lans exclure celle à^s chocs & frottemens qui peu- vent aider à cette adïion principale ; voici les preuves : i.° Les morceaux de bois, de fer ou de verre qui ont réjourné queîq?je temps dans les ventricules de l'autruche, (n) Mémoires pour fervir à fHifioire des Ani- maux, ^rtie il, pcgt j 2p, ne ^e T Autruche. 26 ^^ ne font pomt lifles & tuifans comine ils devroient l'être , s'ils cufTent été ufés par le frottement ; mais ils lont raboteux, fiilonnés , criblés comme ils doivent i'être , en ruppofant qu'ils aient été rongés par un difToIvant aélif : 2,.° Ce diffolvant réduit les corps ies plus durs , de même que les herbes, îes grains & les os, en molécules im- palpables qu'on peut apercevoir au microfcope Sl même à i'œii nu : 3 .° II a trouvé dans un eftom-ac d'autruche un clou implanté dans l'une de fès parois , & qui traverfoit cet el- tomac de façon que les parois oppofées 'lie pouvoient s'approcher ni par confé- quent comprimer les matières contenues, autant qu'elles îe font d'ordinaire ; ce- pendant les alimens étoient aulîi - bien difTous dans ce ventricule , que dans un autre qui n'étoit traverfé d'aucun clou , ce qui prouve au moins f|ue îa digeftion ne fe fait pas dans l'autruche uniquement par trituration : 4.° II a vu un dés à coudre , de cuivre , trouvé dans i'eftomac d'un chapon , lequel n'étoit rongé que dans OifeauXf Toms Jl, M 7.(iG Hijloire NatureUe ie feul endroit par où il touchoît atl gefier, & qui par conlëquerit étoit ie moins expoié aux chocs dei autres corps durs ; preuve que la diflolution des métaux , dans l eitomac des chapons , fe fait plutôt par l'aCiion d'un diiToIvant, quel qu'ii roit , que par celie dç.s chocs i & des trottemens , c\ cette conlequence ^ s'étend aflez natuxeliement aux autm-]v ches : 5/ Il a ^-u une pièce de monnoic rongée il profondément , que Ion poids étoit réduit à trois grains : 6. Les glandes du premier eflomac dccnent , étant pre (Tees , une Liqueur vifqaeute , jaunâtre , inilpide , ô: qui néanmoins imprime très -prom.p rement fur ie fer . une tache oblcure : 7.' En5n , i"ac1:iyité de ces fîics , la force à^i mufdes du géîîer , & ia couleur noire qui teint les excréiriens des autruches qui ont avalé du fer , comme eïïe teint ceux des perfonnes cr^ f:nt uilge des martiaux & les ài^,^ gèrent bien , venant à i'appui d^s ^^J^J precédens . autoriient VaiLlhieri à con-^ jectiiTcr. n:n pas tout -à- fait, que les^ / "de TAutntcIie. 16 j autruches digcrcnt le fer & s'en nour- îifl'ent, comme divers iniedes ou reptiles le nourrilTent de terre & de pierres j mais que les pierres , les métaux & fur- tout le fer , diflous par ie fuc des glandes, fervent à tempérer comme ablbrbans , les fermens trop acflifs de i'eftomac , qu'ils peuvent le m.êler à la nourriture commue eicmens utiles , i'afiailonner , augmenter la force des folides, & d'au- tant plus que le fer entre , comme on fait, dans la compolîtion des erres vivans ; <5i: que lorfqu'ii eft luftiiâmment atténue' par des acides convenables, il le voîa- tiiife & acquiert une tendance à végéter, pour ainfi dire , & à prendre des formes analogues à celles des plantes , comme on le voit dans i "arbre de mars foj; ôc ceil en effet le feui (ens raifonnable dans lequel on puiile dire que l'autruche fo) Mémoires de i'Académie des Sciences, années j yo j, T /O 6 iT fuivanies. — Vaiiilnieri , tome I , rr-ge z^2. ; & ii confirme encore Ion fentimenC par les obfervations de Santorini fur des pièces de monnoie & des clous trouvés dans i'eftomac d'une autruche qu'il avoir dilléquée à Venife , & par le* expérience; de i' Académie (M Cimaito , fur la digçi-, tion àç^ Oiieaux, ^6% Hîflehe Natureik digère le fer , & quand elle auroit Tef^ îoinac affez fort pour le diaérer véri- .îablement , ce n'elt que par une erreur bien ridicule qu'on auroit pu attribuer à ce géfier, comme on a fait, la qualité d'un remède & la vertu d'aider la di- gellion , puil qu'on ne peut nier qu'il ne foit par lui-même un morceau tout- à-fait indigefte : mais telle ejfl: la nature de refprit bum.ain ; lorfqu'ii efl une fois frappé de quelque objet rare & fingulier, il fe plaît à le rendre plus fniguiier encore , en lui attribuant des propriétés chimériques & fouvent ab- furdes : c'efi: ainfi qu'on a prétendu que ies pierres les plus tranfparentes qu'oa. trouve dans les ventricules de l'autruche, avoient aufli la vertu , étant portées aa cou, de faire faire de bonnes digeftions; que la tunique intérieure de fon géfier avoit celle de ranimer lui tempérament afFoibli & d'infpirer de l'amour ; fon foie j celle de guérir le mal caduc ; (on fang , celle de rétablir la vue ; la coque de les œufs réduite en poudre , celle de foulager les douleurs de la goutte & de ia gravelle , &c, Yallifnieri a eu. - i'€ T'Autniclïei 16 (.y «ccafion de conflatcr par Tes expériencesp? 3a raniTeté de la plupart de ces prétendues- vertus; & les expériences lont d'autaat plus décifives, qu'il les a faites fur les perfonnes les plus crédules & les plus- prévenues (p)» L'autruche efl un j^ifeau propre & particulier à l'Afrique, aux îles voifines de ce continent (q) , & à la partie de i'Afie qui confine à l'Afrique ; ceS' régions qui font le pays natal du cha-- meau , du rhinocéros, de l'éléphant & de plufieurs autres grands animaux 5 dévoient être auffi la patrie de l'autru- ehe 5 qui ed l'éléphant des oifeaux ; elles font très-fréquentes dans les mon= tao-nes fituées au fud-oueft d'Alexandrie, fuis-ant le dodeur Pokoke. Un Mif- iionnaire dit qu'on en trouve à Goa ^ mais beaucoup moins qu'en A rabie (r);: (p) Valiifnien, tome I, y agi 2 j y, (q) Le vorou-patra de Madagafcar eft uns cTpèce d'autruche qui le retire dans les lieux déferts & pond àt% œufs d une finaulière grolTeur. Hifîoire. générale dt s vo^'agcs , tome VIII, page 6o6y citant? Flaccour. . /V Voyage du Fr. Philippe, Carme-déchaufle^- }>agt ij8, M ii; %jo Tfijlohe T^aUireUe Philoflrate prétend même qu'ApoîîonîuS' en trouva jufqu'au de-là du Gange (J) , mais c'étoit fans doute dans un temps où ce pays étoit moins peuplé qu'au- jourd'hui: les Voyageurs modernes n'en ont point aperçu dans ce même pays ^ finon celles qu'on y avoit menées d'ail- leurs (t), & tous conviennent qu'elles ne s'écartent guère au-delà du trente- cinquième degré de latitude , de part & d'autre de U Ligne ; & comme l'au- truche ne vole point , elle eft dans le cas de tous les quadrupèdes àfi parties méridionales de l'ancien continent, c'eft- à-dire , qu'elle n'a pu palTer dans le nouveau; aufli n'en a- 1- on point trouvé en Amérique, quoiqu'on ait donné Ton rem au touyou , qui iui reflemble en effet , en ce qu'il ne vole point . IV, (y) Apicius , Hb, VI , cap, I, - ^74 Hifloue Naturelle que d'une feule viande , comme fàlfans^, cochons, poulets , & l'autruche étoit du nombre (a), mais apprêtée fans doute à la manière d'Apicius : encore aujour~ d'hui les habitans de la Lybie, de la Numidie, &c. en nourrirent de privées, dont ils mangent la chair & vendent les plumes (bj; cependant les chiens ni les chats ne voulurent pas même fentir la chair d'une autruche que Vallifliieri avoit difTéquée , quoique cette chair fût encore fraîche & vermeille , à la vérité l'autruche étoit d'une très-grande mai- greur ( c); de plus ^ elle pou voit être vieille ^ & Léon-i' Africain qui en avoit goûté fur les lieux , nous apprend qu'oa ne mangeoit guère que les jeunes, & même après les avoir engraiffées (dj; le Rabin , David Kimbi , ajoute qu'on préféroit les femelles (e), & peut-être en (a) Lamp. in vita HeliogahaVu (b) Beîon , Hiiï, nai^ des Oifeam , page 2 5 7; — Marmol, Defaiption de l'Afrique ^ tome lilg p^.ge 25. (c) Opère di V&llïjnïeri, tom. î, pag»2 5J« (d) Defcription de i'Africjue, Rv» IX^ (ej Gçfser , de Ambus , page 7^ i » ^ile ïAumiche. 275 eut- on fait un mets paffiible en les fou- metiant à la calhaiion. Cadainofto & quelques autres Voya- geurs difent avoir goûté des œufs d'au- truche , & ne les avoir point trouvés mauvais; de Brue &: le Maire afTurent: que dans un feul de fes œufs, il y a de quoi nourrir huit hommes (f); d'au- tres qu'il pèfe autant que trente œufs de poule fg), mais il y a bien loin de-là à quinze livres. On fait avec la coque de ces œufs , des efpèces de coupes qui durciffent avec le temps, & refTemblent en quel- que forte à de l'ivoire. Lorfque les Arabes ont tué une au- truche , ils lui ouvrent la gorge , font une ligature au-defTous du trou , & la prenant enfuite à trois ou quatre , ils la iecouent & la reflafTcnt , comm.e on reffafîeroit une outre pour la rincer ; après quoi la ligature étant défaite , il fort par le trou fait à la gorge , une quantité confidérable de mantèque en (f) Voyage au Sénégal , &;c. page i c^. (g) Koibe , Defcriftbn du cap de BcrMe-eJ^érance^ M vj 276 Hîjïom Naîurelk confiftaiice d'huile figée ; on en tire quelquefois jufqu'à vingt livres d'une lèufe autruche , cette mantèque n'eft autre chofe que le fang de l'animai mêlé , non avec la cha'r , comme on i a dit , puifqu'on ne lui en trou voit point fur le ventre & la poitrine , où en effet il n'y en a jamais ; mais avec cette graifîè , qui dans les autruches grafîès , forme , comme nous avons dit , une couche épaiffe de piufieurs pouces fur ^ ies inteftins : les habitans du pays pré- tendent que !a mantèque efï un très- bon manger , mais qu'elle donne le cours de ventre (h). Les Ethiopiens écorchent les au- truches & vendent leurs peaux aux Marchands d'Alexandrie ; le cuir en efl très-épais (i), & les Arabes s'enfaifoient autrefois des efpèces de foubrevelles ^ qui leur tenoient lieu de cuira ffe&: de {hj Voyage de Thévcnot, tor^e 1 , page j t ^î (i) Nota, Schwenckfeid prétend que ce cuir épais eft fait pour garantir {'autruche contre la ri- gueur du froid ; il n'a pas pris garde qu'elle n'ha-' Htoit que les pays chauds, F^^-,. AviariUffi Silffiie - 'de FAuînicIiè. zjy Î30ucîier (k). Belon a vu une grande quantité de ces peaux toutes emplumées dans les boutiques d'Alexandrie (l) , les longues plumes blanches de îa queue ÔL des ailes ont été recherchées dans tous les temps ; l€$ Anciens les em- ployoient comme ornement & comme diilindion militaire , & elles avoienî fuccédé aux plumes de cygne ; car les oileaux ont toujours été en pofTeffioii de fournir aux peuples policés , comme^ aux peuples fauvages , une partie de {eur parure. Aidrovande nous apprend qu'on voit encore à Rome deux ftatues anciennes ,. l'une de Minerve & l'autre de Pyrrhus, dont le cafque efl orné de.^ plumes d'autruche (m)j c'eft apparem-- raent de ces mêmes plumes qu'étoit compofé le pennache des foldats Ro- mains, dont parle Polybe (n), & qui conliftoit en trois plumes noires oa rouges d'environ une coudée de haut i -. {k) PqIIux y apud. Gefmrum , de ÂNibus , /;^^5 .. (l) "èéon.Obfem fol. <)C, (m) AIdroVo Je Avibus , tom. I , pag> 5 9 éj ^ 2.78 Hiflolre Naturelle c'eft précifément la longueur des grandel plumes d'autruche. En Turquie , au- jourd'hui , un Janifîaire (0) qui s'eft fignalé par quelques faits d'armes (p), a le droit d'en décorer Ton turban , & la Sultane, dans le féraii, projetant de plus douces vidoires , ies admet dans (a parure avec complaifance. Au royaume de Congo , on mêle ces plumes avec celles du paon , pour en faire des en- lèignes de guerre (q) , & les Dames d'Angleterre & d'Italie s'en font des cfpèces d'éventails (r) ; on fait affez quelle prodigieufe confommation il s'en fait en Europe pour ies chapeaux , les cafques , îes habillemens de théâtre , les ameuble- mens , ies dais, les cérémonies funèbres, & même pour la parure des femmes ; & il faut avouer qu'elles font un boa effet , foit par leurs couleurs naturelles ou artificielles , foit par leur mouvement (0) Belon, Ohferp , , . . fol. <)6, (p) Aldrov. de Avihus , tom. I, pag. 59^.' (q) Hiftoire générale des Voyages , îome V, page j 6, (r) Aldrov, îiUJupra* — Wilîulghby, 'page /p j, "de TAutfîiche: ij(^ ëoux & ondoyant : mais il efl bon de fa voir que les plumes dont on fait le plus de cas , font celles qui s'arrachent à i'animai vivant , & on les reconnoît en ce que leur tuyau étant preffé dans les doigts , donne un fuc fanguinolent ; celles au contraire qui ont été arrachées après ia mort , font sèches , légères & fbrt fu jettes aux vers (f)» Les autruches, quoique habitantes du défert , ne font pas aufïï fauvages qu'on I'im=agineroit : tous ies Voyageurs s'accordent à dire qu'elles s'apprivoifent facilement , fur -tout iorfqu'elies font jeunes. Les habitans de Dara, ceux de Lybie , &c. en nourriffent des trou- peaux (t), dont ils tirent fans doute ces plumes de première qualité , qui ne fè prennent que fur ies autruches vi- vantes ; elles s'apprivoifent même fans qu'on y mette de foin , & par la feule habitude de voir des hommes & d'eii ff) Hiftoire générale àts Voyages , tome II; fage 6^2. (t) Marmol, Dtjcr'iptm de l'Afrique, tome ^^^^ page 1 1_. xWo Hîph-e Naturelle recevoir ia nourriture & de bons traite- temens. Brue en ayant acheté deux à Serinpate fur la côte d'Afrique , les trouva tout apprivoifées loriqu'il arriva au fort Saint- Louis (u).- On fait plus que de les apprivoifer, on en a dompté quelques-unes au point de îes monter comme on monte un cheval ; & ce n'eit pas une invention îiiodemej car le tyran Firmius qui régnoit en Egypte fur ia fin du troifième fiè= cle , le faifoit porter, dit -on, par de grandes autruches (x). Moore , Anglois,- dit avoir vu, à Joar en Afrique, un bomme voyageant fur une autruche (y), Vailithieri parie d'un jeune homme qui s'étoit fait voir à Venife monté fur une: autruche , Sl iui faiiant faire des efpèces- de voites devant ie menu peupie (■^); (u) Hiftoire générale àt^ Voyages, tome 11» page 608, (x) Firmius imper at or reâus eftingentihus Strmhio^: nibus. Textor. apud Gefneriim , ;'^^. /7/, (y) Hiftoire générale Q&s Voyages, tome 111^ fage S^. (l) Valiifnieri , wins 1 , page_ 2 jj 3 - de fAuînicJie. 2 S r ^n^n M. Adanfoiî a vu au comptoir de Podor, deux autruches encore jeunes, dont la plus forte couroit plus vue que le meilleur coureur Anglois, quoiqu'elle eût deux Nègres fur ion dos (a); tout (a) <« Deux autruche? qu'on élevoit depuis près de deux ans au comptoir de Podor, fur le Niger, u quoique jeunes encore , égaloient , à très-peu prèy, « k groffcur des plus groffes de celles que je n'avois 'c aperçues qu'en paiïant dans les campagnes brûlées « & fablonneuds de la gauche du Niger : ceiles-ci « Gtoient fî privées , que deux petits Noirs monté- « rent enfembie la plus grande des deux ; celle-ci <« n'eut pas plutôt fenti ce poids , qu'elle fe mit à « courir de toutes fes forces & leur fît faire plu- « fieurs fois le tour du village, fans qu'il fût poHible « de l'arrêter autrement qu'en lui barrant le paf- « fage. . . . Pour cllayer la force de CGi animaux , " je fis monter un Nègre de taille fur la plus petite , « & deux autres fur la plus groffe : cette charge «^- ne parut pas difproportionnée à leur vigueur ; « d^abord elles trottèrent un petit galop des plus « ferrés; enfuite, lorfqu'on les eût un peu excitées « elles étendirent leurs ailes comme pour prendre « ie vent, 6c s'abandonnèrent à une telle vîteffe, « qu'elles fembloient perdre terre, . , . Je fuis per- « fuadé qu'elles auroient laiffé bien loin derrière « elles les plus fiers chevaux Anglois. . = , Il eft vrai « qu'elles ne fourniroicnt pas une courfe aulTi longue « qu'eux ; mais à coup fur elles pourroient l'exé- « cuter plus promptement. J'ai é'é plufieurs fois ^ témoin de ce fpedacle, qui doit donner une ïàée « âe la force prodigieufe de i'autruche, & feire h '2^2 riïfloke Naturelle Cela prouve que ces animaux, Huis cire nbfolunicnt fiiroucfics , font nc-anmoins (l'une nature rciive, ôl f|ue ff on ])eut les apprivoifcr jufqu'à fc laifler mener en troupeaux, revenir uu bercail & même à f oufTrir qu\jn lesmojKe, il efl difficile <^ peut-être impofrible de les réduire à obéir à. la main du cavalier, à feniir Tes de- mandes , cojnprendrc Tes v(;lonics dx. s'y foumctire : nous voyons par la re- !ai!(»yn même de M. Adanfon , cjue l'autruche de Podor ne s'élciigi'ia j>as beaucoup, mais fju'ciîe fit plufieurs fois le tour de la bourgade , & qu'on ne ])Ut l'arrêter qu'en lui barrant le pafîage; docile à uji ccriain point \><\v ftiij>i';iié , elle parok ijitraitaljlc par fon naturel ; &. il fiut bien f{ue cela f /it , puifque l'Arabe qui a dompté le clievai & fub- jugué le chameau , n'a pu encore mai- trilér entièrement l'autruche: cej)end?iju jufque-Ià on ne pourra firer parti de fa viieffe (3f de fa force , car la f ;rce d'un y> conurnire fie quel ufa^ve fille pourrr^ît ixxn U on >»,troLiv(jit moyen de la m/itrifer 8i de l'inOniirC comme on dttiït un cheval ", Vcy^l^t au Séiu'^nl ,^ \k FAutrQche. 1S3' clonicfli(|UC iiulocilc, il- tourne prcUjuc ((nijouis coiuic Ion nuiinc. Au relie , (|uoiquc les nutnichcs courent plus \ iie (jue le cliewil , e'efl: cependant avec le elieval (ju'on les court cS: qu'on le> preiul , mais (n\ voit bien <|u'il y iàut un peu cl'inJullric ; celle des Aralie.s conlilie à les (uivrc à vue, (ans les trop prcller , c^ fur-tout \\ les in(|uieter afle/ jnnn" les eiupêeluT (le prendre de la nourriture , inai.s point allez j)our les deierininer à s'cchapper |>ar \\\\<-ne droite, t^ ciif elles décrivent ])rel(jue toujours dans lein* eourle un ccrele jilus ou moins étendu; les Arahes peuxeiti donc diriger leur niarelu- fur un cercle concentricjue , intérieur, j)ar conic-qiient ])lus eiroit , c;, '2.% 6 Hijloire 'NaînreÏÏê c'eft qu'elle les relève iors même qu'elle va contre le vent, quoique dans ce cas elles ne puifîent être qu'un obilacle : ia vîtefle d'un animal n'efl que l'effet de la force employée contre fa pefanteur ; &: comme l'autruche eit en même-temps très-pe(ante & très-vite à la courfe, il s'enfuit qu'elle doit avoir beaucoup de force : cependant malgré (à force , elle conferve les mœurs des granivores : eiie n'attaque point les animaux plus foibles , rarement même fe met-eile en défenie contre ceux qui l'attaquent ; bordée fur lout le corps d'un cuir épais & dur, pourvue d'un large Jfernum qui lui tient îicu de cuiraffe , munie d'une féconde cuirafî'e d'infenfibiiité , elle s'aperçoit à peine des petites atteintes du dehors , <& elle fait fe iouilraire aux grands dangers par la raj:)ïd!té de fa fuite ; fl quelque- fois elfe fe défend , c'eft avec le bec , avec les piquans de fes aiies ( g ), & fur-tout avec les pieds. Thévenot en a vu une qui d'un coup de pied renverfà j.m chien ('h). Belon dit dans fon vieux • (g) Albert, de Animal, apitd Gefn, pag. 74a. (■'0 Voyages de ThçvcnoE , loms I, j^age j i ^^ 'ie ï Auiriiche: 1S7 îangnge , qu'elle pourroit ainfi ruer par tene un homme qui fuiroit devant elle fij; mais qu'elle jeue , en fuyant , des pierres à ceux qui la pouriuivent f/(J, j'en doute beaucoup , ôl d'auiant plus que la vîtefîè de fa courfe en avant feroit autant de retranché fur celle des pierres qu'elle lanceroit en arrière , & que ces deux vîtefîes oppofées étant à peu près égales, puifqu'elies ont toutes deux pour principe le mouvement des pieds , elles fe détruiroient nécefîaire- ment : d'ailleurs ce fait avancé par Pline , & répété par beaucoup d'autres, ne me pnroît point avoir été confirmé par aucun Moderne digne de foi , & i'on fait que Pline avoit beaucoup plus de génie que de critique. Léon-I' Africain a dit que l'autruche étoit privée du fens de l'ouïe f/J; ce- pendant nous avons vu plus haut qu'elle fîj Belon , ////?. fiaf, des Oifeaux , page 255. (k) Ungula , lis .^ bijulca , conipreherJendîs lap'ulibus utiles , quos in fugâ contra fequemes ingermît J_ib^ X , cap. I , (IJ Dejcripno Afriea ^ iib. ÎX, ^3 3 Hijîoh'ê Naturelle ■ paroifloit avoir tous les organes doù dépendent les fcnfations de ce genre , Touverture des c;rci!lcs efl même fort grande, ôc n'eft point ombragée parles plumes ; ainfi il efl: probable ou qu'elle n'cfl: fourde qu'en certaines circonftances, comme le tétras, c'eft-à-dire dans la faifon de l'amour, ou qu'on a imputé quelquefois à furdité ce qui n'étoit que l'effet de la ilupidité. | C'eft aufTi dans la même faifon, ièïon toute apparence , qu'elle fait en- tendre fa voix ; elle la fait rarement entendre , car très - peu de perfonnes en ont parlé ; les Écrivains facrés com- j parent l'on cri à un gémiffement (^m/, f & on prétend même que fon nom hé- breu jacnah eft formé à^ianah , qui fignifie hurler. Le docfleur Browne dit que ce cri reffemble à la voix d'un cnfmt enroué , & qu'il efl plus trifl:e encore (nj; comment donc avec cela ne paroîtroit - il pas lugubre & même . À, (m) Michée, cap, I, Ludum quafi SiruthiomiiTU S (n) CoIIedions Philofophiques , »/ /, ariïch terrible , i>i.xr.^u7ç.2SS. l'ax^truche de l'Autruche. i^^ terrible, (èlon rexpreiîlbn de M. Sandys, à des Voyageurs qui ne s'enfoncent qu*avec inquiétude dans l'iinmenfité de ces déferts, & pour qui tout être animé, fans en excepter l'homme , efl: un objet à craindre & une rencontre dangereufè i O'ifeaux, Tome IL N apo H'tjïaire Naturelle LE TOUYOUfaJ. X-i*AuTRUCHE de rAméiîque mé- ridionale , appelée aufïi autruche d'Oc- e'ident , autruche de Alagellan & de la Guyane , n'eft point une autruche : je crois que le Maire eft ie premier Voya^ feur qui , trompé par quelques traits e reiïemblance avec l'autruche d'Afri-^ que , lui ait appliqué ce nom (b)» Klein qui a bien vu que i'efpèce étoit diffé- rente , s'ell: contenté de l'appeler au- truche bâtarde (c), M. Barrère la nomme tantôt un héron (d) , tantôt une grue (a) Touyoïi on Touyouyoïi. --— Struthm Euf, Nieremberg, jyagc -2/7; la figure, pagt 218, fous le nom Z^/«^?^. — -Nhaiiduguam. Marcgrave , Tiifl, nat, Braf, pag. 190; & Pifon , page 8^ , avec une figure. — Autruche de Guiaae, Definar- chais, tome lîJ , page ^2^* (h) Voyez Tes Navigations Auflrales, pagi i2pl dans le Jonmaîre dun,^ 22, (c) Avium, Hift,^2ig, !7«' (d) Orukhohgia , pag. é/, I du Touyoti, "2p I ferrlvore (e), tantôt un émeu à long cou (f); d'autres ont cru beaucoup mieux lairc en lui appliquant d'après des rapports , à la vérité mieux ll\ilis , cette dénomi- nation conipofée , cafoar gris a bec dau^ îruche ; Moehring (g) & M. BrifTon (hf lui donnent le nom latin de rhea, auquel le dernier ajoute le nom Américain de îouyou , formé de celui de touyouyou qu'il porte communément dans la Guyane (i); d'autres Sauvages lui ont donné d'autres noms , y ardu , yandu , andu & nandu- guacu , au Brefii (k); fallian, dans l'île de Maragnan (l);furl, au Chili (m), &c. voilà bien des noms pour un oifeau il (e) France Équinoxiaïe, page t^J* (î) Oraithologia , pag, 64., (g) Meth. Avi. Ctn» 65, (h) Brifïbn> tomt V, page S» (i) Barrère, France É'iuinoxiaîe » page ijj»! (k) Nieremberg, pnge 2 i j; lA^rcgtViC , page J^o; Pifuii, pdge 8^; de Lact, &e. (l) Hiftoire générale des Voyages, tdint XIV9 page ^ té» {mj Ukrembarg , page 2 1 ;^, Ni) 2p2 Hîflûire jNûturelle nouvellemeat coiinu ; pour moi f adop- terai volontiers ceiui de toiiyou que iui 3 donné ^ ou plutôt que lui a coiifervc M. Briiïbn, & je préférerai, fans héfiter, ce nom barbare , qui vraifèmblablement a quelque rapport à la voix ou au cri de l'oifeau , je le préférerai y dis-je , aux dénominations Iciemifiques , qui trop fouvent ne foat propres qu'à donner de fau (Te s idées, éc aux noms nouveaux qui n'indiquent aucun caractère, aucun attribut eflèntiel de l'être auquel on les .applique. M. Briflon paroît croire qu'Aldro- Vîinde a vpvilu défigner le touyou fous îe nom iïavis eme (n) , &. il efl: très- vrai qu'au tome 111 de l'Ornithologie de ce dernier , page / -f / , ii fe trouve une pianche qui repréfente le îou) ou & le cafoar, d'après les deux planches de Nieremberg, page 2 i S ; 6^ qu'au delTus de la planche d'Afdrovande eil écrit eu gros caradère , AVIS EME , de même que la figure du touyou , dans Nie- femberg, porte en tête le nom à'émeu; (n) Briffons towt V de fan Ornithofogîe ç 'pagi 8* du Tovjou, I93 ïliaîs îî eft vîfibïe que ces deux titres ont été ajoutés par ies Graveurs ou les Imprimeurs , peu inftruits de l'intention des Auteurs , car Aldrovande ne dit pas un mot du touyou, Nieremberg n'en parle que fous les noms d'yardou , de furi & (ï autruche d'Occident ; & tous deux , dans leur defcr^ption , appliquent les noms à^eme &. à'àneu au feui cafoar de Java; en forte que pour prévenir la confufion des noms , l'eme d'AIdro- Yande & l'émeu de Nieremberg , ne doivent plus déforinais reparoitre dans ia lifie des dénominations du touyou. Marcgrave dit que les Portugais i'ap- pelent fw^ dans kur langue (oj; mais les Portugais qui avoient beaucoup de relations dans les Indes orientales , con-^ îioifToient i'émeu de Java , êi ils ont donné Ton nom au touyou d'Améri- que, qui lui reffembicit plus qu'àêucim autre oifeau , de même que nous avons donné ie nom d'autruche à ce même touyou; & il doit demeurer pour ccnf- tant que le nom d'émeu efl propre au cafoar des Indes orientales , & ne (oJ rvlarcgrave, HiJÎ* nat, BraJ, pag. 190. N iij 2^4' Hiflotre "N mur elle convient ni au touyou ni à aucmi autre oifeau d'Amérique. En détaillant les difFérens noms du touyou , j'ai indiqué en partie ies diffé- rentes contrées où ii fè trouve ; c'eft un oifèau propre à l'Amérique méri- dionale , mais qui n'eft pas également répandu dans toutes les provinces de ce continent. Marcgrave nous apprend qu'il efl rare d'en voir aux environs de Fernambouc , il ne l'efl pas moins aii Pérou & le long des côtes les plus fré- quentées, mais il efl: plus commun dans îa Guyane (p), dans les capitaineries de Sérégippe & de Rio-grande (q) , dans les provinces intérieures du Brefil (r) ^ au Chili (f) , dans les vaftes forêt^ qui font au nord de l'embouchure de la Piata (t) , dans les favanes immenfe^ (p) Barrei-e, France Équinox'mk , page 153. (q) JVÎarcgrave, Hiji. nat, BraJîL pag. 190. ■ (r) Hiiîoire générale des Voyages, totmXlV t page 2çp. (f) Hiftoire des Incas, tomt II, page zj^ if Juîvantes» ( t ) Wafer , Nouveaux Voyages de Dawpier; tome V, page 30 S. fin Touyou\ 'ipj tj\iî s'étendent au fud Je cette rivière (u) & dans toute la terre Magellanique^A*^^ jufqu'au port Defiré , & même jufqu'à la côte qui borde le détroit de Ma- gellan (y ) : autrefois il y avoit des cantons dans le Paraguai qui en étoient remplis , fur-tout les campagnes arrofces par i'Uraguai ; mais à mefure que les hommes s'y font multiplie's , ils en ont tué un grand nombre , & le refle s'efl éloigné (:^J: le capitaine Vood aiïure que bien qu'ils abondent fur la côte feptentrionale du détroit de Magellan, on n'en voit point du tout fur la côte méridionale /^^^; & quoique Coréal dife qu'il en a aperçu dans les îles de la îjier du fud (b), ce détroit paroît être fu) Wafer , Nouveaux Voyages it Dampun tome V, page 68. (x) Ibidem f tome IV, page 69 j 6i tome V, page 181. (y) ll'ifîem, page 19a, (1) Hiftoire du Paraguai du P. Charîevoîx; tome 1 , page ^i ; îr tome H , page J jz. (a) Suite des Voyages de Dampier, tome V» fage ip2. (b) Voyages de Cor cal ^ tome II , page 20 S, N iiij zc^6 Hiflotre Naturelle îa borne du climat qui convient au touyou , comme le cap de Bonne- cfpérance eft la borne du climat qui convient aux autruches ; & ces ries de la mer du fud , où Coréai dit avoir vu des touyous , feront apparemment quelques-unes de celles qui avoilinent ies côtes orientales de l'Amérique au- delà du détroit : il paroît de plus , que îe touyou qui fe plaît comme Tautruche, fous la zone torride , s'habitue plus fa- cilement à des pays moins chauds , puifque la pointe de l'Amérique méri- dionale , qui eft terminée par le détroit de Magellan , s'approche bien plus du pôle que le cap de Bonne-efpérance ou qu'aucun autre climat habité vo- lontairement par les autruches ; mais , comme félon toutes les relations , le touyou n'a pas plus que l'autruche la puiffance de voler , qu'il eft , comme elle , un oifeau tout-à-fiiit terreftre , & que l'Amérique méridionale eft féparée de l'ancien continent , par des mers immeniès ; il s'enfuit qu'on ne doit pas plus trouver de touyous dans ce con- tinent , qu'on ne trouve d'autruches ea du Tony ou: ^97 Amérique , 6: cela eft en effet conforme au témoignage de tous ies Voyageurs. Le touyou, (ans être tout- à- fait aufîî gros que i'autruche , eft le plus gros oiieau du nouveau monde , les vieux ont julqu'à fix pieds de haut (c); & ^'^afer qui a melliré la cuifîe d'un des plus grands, l'a trouvée preiquc égale à Qtïï& d'un homme (d) ; il a le long cou, la petite tête & le bec aplati de l'au- truche (e) , mais pour tout le rede , il a plus de rapport avec le calbar: je trouve même dans l'hifloire du Brefil, par M. Tabbé Prévôt (f), mais point ailleurs , i'inçlication d'une efpèce de (c) Bsrrèrc, Frame JÉqumxîak , page i ]3*- (d) Suite des Voyages de Dampier , tome M^, page ^08, (t) Nofa. On voit dans la figure de Nieremberg,' page 2. 1 8, une efpèce de calotte fur le fommet de- la tête , qui a du rapport à la plaque dure & cal- ieufe que i'autruche a au même endro/t, félon le Dcfteur Browne (Voyez \ Hïjloire de l'Autmiht\\ maiî il n'cll queflion de cette calotte rii dans la Description de Nieremberg, ni dans aucune autre. (f) Hiftoire ^éuérale des Voyages, tome XIV^ Nv 2^S Hiftoke Naturelle corne que cet oifeau a fur le Bec, & qui , fi elle exiftoit en effet , feroit un trait de refTemblance de plus avec le cafbar. Son corps eft de forme ovoïde, & paroît prefque entièrement rond , iorf- qu'il eft revêtu de toutes fes plumas : i^s ailes font très-courtes & inutiles pour le vol , quoiqu'on prétende qu'elles ne foient pas inutiles pour la courfe ; ii a fur le dos & aux environs du croupion , de iongucs plumes qui lui tombent en arrière & recouvrent l'anus , il n'a point d'autre queue ; tout ce plumage eft gris fur le dos & blanc fur le ventre : c'efî un eifeau très-haut monté , ayant trois doigts à chaque pied , & tous trois en avant, car on ne doit pas regarder comme un doigt , ce tubercule calleux & arrondi qu'il a eh arrière, & fur îeqùd le pied fe jcpofe comme fur une efpèce de talon ; on attribue à cette conformation la difïicuké qu'il a de fe tenir fur un terrdn giiffant, & d'y marcher fans tomber ; en récompenfè , il court très-légèrement en pleine cam- pagne , élevant tantôt une aile , tantôt i!u Toupu» ^pp une autre , mais avec u!titude de mou- ches , de fcarabées & d'autres infèd:es dont les petits fe nourriffent ; lorfque Je premier efl confomrné , le couveur entame le fécond & s'en fèrt au même ufàge (m): il efl certain que tout cela a pu arriver naturellement; il a pu fe faire c[ue des œufs inféconds fc foient caffés par accident , qu'ils aient attiré des infedes , lefqucîs aient fervi de (m) Niercmbcrg, Hifl* vatt Pere^r. pàg. a 17» "30 2 Hïjloïre Naîitrelle pâture aux jeunes touyous ; il n'y a que l'intention du père qui foit fuf- | pede ici , car ce font toujours ces in- tentions qu'on prête afTez légèrement aux bêtes , qui font le roman de i' His- toire Naturelle. A l'égard de ce mâle qui fe charge , dit-on , de couver à l'exclufion des fe- melles ; je ferois fort porté à douter du fài, & comme peu avéré, & comme contraire à l'ordre de la Nature : mais ce n'efl pas affez d'indiquer une erreur, il faut , autant qu'on peut , en découvrir les caufes , qui remontent quelquefois jufqu'à la vérité ; je croirois donc vo- iontiers que celle-ci e(t fondée fur ce qu'on aura trouvé à quelques coyveufès des tefticules , & peut - être une appa- rence de verge comme on en voit à l'au- truche femelle , & qu'on fè fera cru en droit d'en conclure que c'étoit autant de mâles. Wafer dit avoir aperçu dans une terre déferte, a-u nord de la Plata, vers îe trente - quatrième degré de latitude méridionale , une quantité d'œufs de touyou dans le fable où, félon lui, ces du - Touyou. 303 ©îiêaux les îaifTent coincer (n); fi ce fîût eft vrai , fes détails que donne Nie- remberg fur l'incubation de ces mêmes ceufs , ne peuvent l'être que dans un climat moins chaud & pius voifm du pôle ; en efîèt , ies Hollandois trouvè- rent aux environs du port Defiré , qui eft au quarante- (eptiè me degré de lati- tude, un touyou qui couvoit & qu'ifs firent envoier , ils comptèrent dix-neuf ceufs dans ie nid (0) ; c'eft ainfi que les autruches ne couvent point , ou pres- que point leurs œufs fous ia zone torride, & qu'elles ies couvent au cap de Bonne- éfpérance où la chaleur du climat ne icroit pas fufïifantc pour ies fiire éciore. Lorfque ies jeunes touyous viennent de naître, ils font familiers & fui vent la première perfonne qu'ils renGonrent(^/?^/ lîiûis en vieiliifTam ils acquièrent de l'ex- {n) Tome IV àc la fuite des Voyages de Dampîei', page j 08. (0) Voyages des HoUandois aux Indes orientales, tome II , -page i y. (p) « J'ai été fuivi , moi - même , dit Wafer, par plufieurs des ces jeunes autruch&s ( il appelle « aifjji les touyous ) , qui font fort fimpies & inno- « cernes ». Voyages de Dainjncr fWme lV,pag^ ^ 0^8* 304 Hifloke Naturelle périence & deviennent faiivages (q): il paroît qu'en général leur chair efl un aflez bon manger (r), non cependant celle des vieux qui ell: dure & de mauvais goût (f); on pourroit perfectionnée cette viande en élevant des troupeaux de jeunes touyous, ce qui feroit êicile y vu les grandes diipofiîions qu'ils ont i s'apprivoifer, les engraiiTant & employant tous les moyens qui nous ont réufîi à regard des dindons , qur viennent éga- iement ùqs climats chauds &l tempérés du continent de l'Amérique. Leurs plumes ne font pas, à beau- coup près , aufîi belles que celles de i'autruche (t); Coréal dit même qu'elles Be peuvent fervir à rien (u) ; il ieroit à ('^«^^ « If y a un très- grand nombre d'autruches ■n dans cette île du port Defiré, lefquelies font fort farouches », Vqyagi des Hollandois aux liuks orkn- taks , tome II , pagt 1 y. — « Je vis au port Defîré » trois autruches, fans pou\'oir les approcher aflez a> pour les tirer : àk^ qu'elles m'aperçurent , elles s'enfuirent », Navlgaiion aux tares Aufirahs , pages' -2 0 27. frj Marcgrave , ////?» naf, Brajtl. pag. 190» f/J Wafer, uhi fupra. (t) Hift. des ÏBcas, tome 11, pag't 2jé. (u) Voyages de Çoréai ^ tome 11^ i^cgê zoSt du Touyoïf. 3 o ^ defircr qu*au lieu de nous parler de feur peu de valeur , les Voyageurs nous eufTent donné une idée juite de kur ftruéture : on a trop écrit de l'aui ruche , & pas afTez du touyou; pour faire i'Iiif^ toire de la première, la plus grande diffi- culté a été de raflembler tous les faits , de comparer tous les expofés , de dif^ cuter toutes les opinions , de faifir ia vérité égarée dans le labyrinthe des avis divers ou noyée dans l'abondance des paroles : mais pour parier du touyou , nous avon» été fouvent obligés de de- viner ce qui eft , d'après ce qui doit être ; de commenter un mot échappé par hafard, d'interpréter jufqu'au filence ; au déiriut du vrai , de nous contenter du vraifemblabîe , en un mot de nous lé foudre à douter de la plus grande partie des faits principaux , & à ignorer prefque tout le refle , jufqu'à ce que les obfervations futures nous mettent en état de remplir les lacunes cjue , faute de mémoires luffifans, nous laiffons aujour- d'hui dans fon hiftoire. 30(5 Hîflùlre Naturelle LE CASOARfaJ. JLi E S Hollandois font les premiers qui ont fait voir cet oifeau à l'Europe, ils le rapportèrent de l'île de Java , en I 597, à leur retour du premier voyage qu'ils avoient fait aux Indes orientales fhj; les habitans du pays l'appellent Eme , dont nous avons fait emeu : ceux qui l'ont apporté lui ont auiîi donné le nom de caffmvare (c ), que nous pro- nonçons cafoar , & que j'ai adopté, (a) CaCoar, Aux îndes, Eme on Emeu ; en Euj^ope, Çrjhar on Cûfowar.r — 'Emeu. Àm, Cluju ,^ Exot, iib. V, pacf. 97, avec une allez bonne figure, J>age p 8, — Cafoar. Mémoires pour fervir à i'Hif^ toire àts Animaux , ■partie II , page t JJ, plancht LVl, avec une aflez bonne figure. Gafowary, Albin , tome II ^ y âge ^ ç, planche LX , avec une mauvaife figure. — Cajuariits. Frifch , planche CV, avec une figure coîoriée. — Cafoar. Brifîbn, Oraith, tome V, page 10, planche l, figure 2. {èj Hirtoire générale des Voyages, mne VIII, pûge j 12, — Clufius, Exot'ic. Iib. V, cap. Iil, pag. 97, edit, fol, \6o'^, ex Off. Plantin, (c) Bontius, — rrifch, adTahuîam, pag. 105, duCaJoar, 307 parce qu^il n'a jamais été appliqué à aucun autre cifeau ; au lieu que celui d'emeu a été applique , quoique inai- à- propos, au touyou , comme nous Tavons vu ci-deffus dans l'hifloire de cet oifeau. Le calbar, fans être aufîj grand ni même auffi gros qi'e l'autruche , pnroît plus mafTif aux yeux , parce qu'avec, un corps d'un volume prelque égal, îl a fe cou &: les pieds moins longs & beaucoup plu« gros à propornon, & îa partie du corps plus renflée, ce qui iu| donne un air plus lourd. Celui qui a été décrit par M." de l'Académie des Sciences , avoit cinq pieds & demi , du bout du bec au bout des ongles (d); celui que Ciufms a obfervé étoit d un quart plus petit (e)» Houtraan lui donne une grofTeur double de celle du cygne (f)> & d'autres (d) Mémoires pour ferv'îr à l'Hiftoire ét% kvX' m?i\i-x , partie II, pagt i S7» (e) Ibidem, — & Clufius , uhifupra, (f) Voyage d'Houtman dans le Recueil des Voj'ages d€ la Cowpaguie HoilaJ}dt;>ife aux Indes Orim- taUs t année ^ )^ù» 3o8 Hïjlohe Naîwelk Ho! andois celle d'un mouton : cett^ ■variété de mefures , loin de nuire à la' yériîé , eft au contraire la ieufe chofe qui puifîè nous donner une connoiA fance approchée de h. véritable grandeur du cafoar; car ia taille d'un feul indi- ■widu n'efl point ia grandeur de i'efpèce, & Ton ne peut fe former une idée jufte de ccHe-ci , qu'en fa confidérant comme une quantité variable entre certaines li- mites ; d'où il fuit qu'un Naturalise qui auroit comparé avec une bonne critique , toutes les dimenfions & les defcriptions des Obfervateurs , auroit des notions plus exaéles & plus fûres de lefpèce, que chacun de ces Obfer- vateurs qui n'auroiî connu que l'individu qu'il aura mefuré & décrit. Le trait le plus remarquable dans îa ligure du cafoar , efl cette efpèce de cafque conique, noir par- devant, jaune dans tout le relie , qui s'élève fur le front , depuis la bafe du bec jufqu'au milieu du fominet de la tête , & quel- quefois au-delà : ce cafque efl formé par le renflement éç.% os du crâne eii cet endroit , & il eil recouvert d'une c'u Cnfoar, 50^ enveloppe dure, compoiee de plufieurs couches concentriques , & analogues à la liibftance de la corne de bœuf; fâ forme totale efi: à peu près celle d*uri cône tronqué , qui a trois pouces de haut, un pouce de diamètre à 1' balè & trois lignes à Ion fommet. Clufius penfoit que ce cafque tomboit tous les ans avec les plumes , lorlque l'oilèau étoit en mue ^^; mais M/^ de l'Aca- de'mie des Sciences ont remarqué avec raifbn , que c'étoit tout au plus Tcnve- loppe extérieure qui pouvwt tomber ainli , & non le noyau intérieur , qui , comme nous l'avons dit , fait partie des os du crâne , & même ils ajoutent qu'on ne s'eft point aperçu de ia chute de cette enveloppe à la ménagerie de Ver- failles pendant les quatre années que Je cafoar qu'ils décri voient y a voit paf- fées ( h) : néanmoins il peut le faire qu'elle tombe «n efîêt , mais en détail , & par une efpèce d'exfoliation fuccef- five, comme le bec de pluûeurs oiièaux , (g) Clufius, Exotic, îM/upra, pag. 98. (h) Mémoires pour fervir à l'Hiftoire des Aiw- maux , panii II , ya£e i âi* 3 I o Hiflolre Naturelle & que cette particularité ait échappé aux Gardes de la ménagerie. L'iris des yeux eft d un jaune de topafe , & ia cornée fingulièrement petite, relativement au globe de i'œil (i), ce qui donne à l'animal un regard égale- ment farouche & extraordinaire ; la pau- pière inférieure eft la plus grande, & celle du dcflus eft garnie dans (a partie moyenne d'un rang de petits poils noirs, lequel s'arrondit au - deftus de l'œil en manière d^ourcil & forme au cafoar (k) une forte de phyfionomie que la grande ouverture du bec achève de rendre menaçante ; les orifices extérieurs à^s narines font fort près de la pointe du bec fupérieur. Dans ie bec , il faut diftinguer la charpente du tégument qui la recouvre : cette charpente confifte en trois pièces très-folides, deux defquelles forment le (i) Le gbbe de l'œil avojt Un pouce & demi de diamètre; ie crillallin, quatre lignes , & ia cornée trois lignes (txÀQmtni, AÎlémoires your feruir à l'Hif. tô^rcdes Aalmaux , -çdiïiiQ il , page 1^7. . (kj Ibidem t page-i6ij . {lu Cafoar, 3 i i potinour , & le troilitme l'arête fupé- rieure qui cfl beaucoup plus relevée que dans Tauiruche ; toutes les trois fout re- couvertes par une membrane qui remplit les entre- deux. Les mandibules fupérîeure & infe^ rîeure du bec ont leurs bords un peu echancrés vers le bout , <5c paroifTent avoir chacune trois pointes, La tête & le haut du cou n'ont que quelques petites plumes , ou plutôt quel- ques poils noirs & clair- femés; en forte que dans ces endroits la peau paroît à découvert ; elle eft de différentes cou*- ieurs , bleue fur les côtés , d'un violet ardoifé fous la gorge, rouge par- derrière en plufieurs places, mais principalement vers le milieu ; & ces places rouges font uzi peu plus relevées que le relte , par des efpèccs de rides ou de hachures obliques dont le cou eft fillonné : mais il faut avouer qu'il y a variété dans \% dilpofition de ces couleurs. Les trous des oreilles étoîent fort grands dans le cafoar décrit par M/* de 3 ï 2 Hijlolre Naturelle r Académie ( l), fort petits dms celui décrit par Clufius (mj, mais découverts dans tous deux, & environnés comme les paupières, de petits poils noirs. Vers le milieu de la partie antérieure du cou, à l'endroit où commencent les grandes plumes, naiflent deux barbillons rouges & bleus, arrondis par le bout, que Bontius met dans la figure immé- diateinent au-deflus du bec , comme dans îes poules. Frifch en a repréfenté quatre, deux plus longs fur les côtés du cou , & deux en devant, plus petits & plus courts ; le cafque paroît auffi plus large dans fa figure , & approche de la forme d un turban fn). Il y a au cabinet dti Roi une tête qui paroît être celle d^uii cafoar , & qui porte un tubercule diffé- rent du tubercule du cafoar ordinaire ; c*eft au temps &: à l'obfervation à nous apprendre fi ces variétés &l celles que {IJ Mémoires pour fervir à THiftoire des Ani- maux^ partie II, page i6i, (m) Clufius, Exotic, lib, V, cap, ni , pag. 9B. (n) Frifch, page loj^ / nous Ju Cajçau 3^3 BOUS rt marquerons clans la flûte , font conilantes ou non ; fi quelques - unes ne viendroient pas du peu d'exacftitude des Dedinateurs , ou fi elles ne tien- droient pas à la difFe'rence du fexe ou à quelqu'autre circonftance. Frilch pré- tend avoir reconnu dans deux cafoars empaillés , des variétés qui diflinguoient le mâle de la femelle ; mais il ne dit pas quelles font ces différences. Le cafoar a les ailes encore plus petites que l'autruche , & tout aufîi inutiles pour le vol ; elles font armées de piquans & même en plus grand nombre que celles de l'autruche. Clufius en a trouvé quatre à chaque aiie ; M/* de l'Académie cinq, & on en compte fèpt bien diftindes dans la Jîg, de Frifch , pL I 0 j; ce font comme des tuyaux de plumes qui paroifîènt rouges à leur extrémité , & font creux dans toute leur longueur ; ils contiennent dans leur ca- vité une efpèce de moelle femblable è celle des plumes iiaiffanies des autres ^ oifeaux : celui du milieu a près d'un pied de longueur &: environ trois lianes de diamètre, c'eft le plus long de tous^ Oifeaux, Tome IL O '3 14 Hijlohe Natmelle ics latéraux vont en décroifîlint de part ^ d'autre comme les doigts de ia main <5ç à peu près dans le mêwie ordre, S^yammerdanl s'en fervoit en guiie dç chalumeau pour fouffier des parties très- délicates , comme les trachées des in- fec^tes , &c. (o). On a dit que ces ailes a voient été données au cafbar pour i'aider à aller plus vite fp); d'autres qu'il pou voit s'en fervir pour frapper, comme avec des houdlnes (q); mais perfbnne ne dit avoir vu quel ufage il en fait réellement : le cafoar a encore cela de commun avec i'autruche , qu'il n'a qu'une feule efpèce de plumes fur tout îe corps , aux aiîes , autour du crou- pion 5 &c. mais ia plupart de ces plumer font doubles , chaque tuyau donnant ordinairement nailTance à deux tiges plus ou moins longues & fouvent iné- gales entr'eilcs ; elles ne font pas d'unq (o) Colie^. Acad. étrangère , lome 11 de /'Hif-n toire Naturelle , jwge zij. (p) Gufiusi Exoiic, iib. V, cap. llî; pag. 98c (q) Mémoires pour fervir à i'Hiftoire des Ani- maux, i>ûme U , fage 160, du Ccifoaf* 3 T j" llmc^ure uniforme oians toute leur lon- gueur , les tiges font plates , noires & luifantes , diviiees par nœuds en defTous, & chaque nœud produit une barbe ou un filet , avec cette différence que depuis la racine au milieu de la tige , ces filets font plus courts , pius fouples , plus bran c h us , &. pour ainfi dire duvetés, & d une couleur de gris-tanné ; au lieu que depuis le milieu de la même tige à fon extrémité , ils font plus longs , plus durs & de couleur noire ; & comme ces derniers recouvrent les autres ôi. font les lèuls qui paroiflent , le cafoar , vu de quelque diftance , fèmble être uii animal velu , & du même poil que l'ours ou le fangiier : les plumes les plus courtes font au cou , les plus longues autour du croupion , & les moyennes dans Tefpace intermédiaire ; celles du croupion ont jufqu'à quatorze pouces , & retombent fur la partie poftérieure du corps , elles tiennent lieu de la queue qui manque abfoiument (^r), II y a , comme à l'autruche , un (y) Mémoires pour fervir à l'Hiftoire des Ani- jnaux, }mrtie U, }mge ijS» o \) I î6 HiJIotre Naturelle efpace calleux & nu fur \g Jlernum, a l'endroit où porte le poids du corps lorfque i'oifeau eil couciié ; & cette partie efl: plus faiiiante & plus relevée dans Je caioar que dans Tautruche (fj. Les cuifics & les jambes font revêtues de plumes prefque jufqu'auprès du genou , ôi. ces plumes tiroient au gris de cendre dans le fujet obièrvé par Clufius ; les pieds , qui font très-gros- ÔL très-nerveux , ont trois doigts & non pas quatre comme le dit Bontius , tous trois dirigés en avant ; les Hoiîandois racontent que le cafoar le fert de fès pieds pour ia défenfe , ruant & frap^ pant par-derrière comme un cheval (t), félon les uns; & félon les autres, s'é- lançant en avant contre celui qui l'atta- que & le renverfant avec les pieds , dont îl lui frappe rudement la poitrine (u), Clufius qui en a vu un vivant dans les jardins du comte de Solms à ia. {/) Voyages de la Compagnie HoIIandoifei tome VU , page ^^p^ (t) Hiftoire généraie à.t^ Voyages^ tomi Vlîll fa^e 112, (uj Ibidem» 'Un Cajoar^ 5 \ f li aye , dit qu'il ne fe fert point de foil bec pour fe défendre , mais qu'ii fe porte obiiquenîent fiir Ton adverlaircy ÔL qu'ii le frappe en ruant ; il ajoute que ie même cojute de Sohus lui montra un arbre gros comme la cuifle que cet oifeau avoit fort maltraité , & emièrc- jnent écorchë avec (es pieds & fes on- gles ( X ): ii eft vrai qu'on n'a pas re- marqué à la ménagerie de Verfaiiies 5 que îes cafoars qu'on y a gardés fuilent fi méchans &: fi forts; mais peut-être etoient-ils plus apprivoifés que celui de Ciufius : d'aiiieurs ils vivoient dans l'a- bondance & dans une pius étroite cnpîi- TÎté , toutes circonftances qui adouciiTenl à la iongue les mœurs des animaux qui ne font pas abiolument féroces, énervent ieur courage , abâtardilTent leur naturel & les rendent méconnoiffables au travers des habitudes nouvellement acquifes. Les ongles du cafoar font très-durs ^ noirs au dehors & blancs en dedans ('y)<,- Linnœus dit qu'il frappe avec fongle {xj CIu^us, Exoiic. lib. V, cap. III. {yj Mém. pour fovir à l'Hifîoire des Aniraau>^' O iij 3 î 8 Hîjloîre Naturelle du milieu qui eft le plus grand f-^) ; ce- pendant les defcriptions & ies figures de M/' de l'Académie & de M. Brifibn, repréfentent i'ongle du doigt intérieur comme ie plus grand , & il i'efl en effet (a): Son allure efi: bizarre ; il fenibîe qu'il rue du derrière , faifant en même temps un demi-faut en avant ('bj; mais îualgré ia mauvaife grâce de (ïi démar- che , on prétend qu'il court plus vite que ie nicilieur coureur (c); ia Yii^û'e ed teliem.ent l'attribut des oil'eaux, que les plus pefans de cette famille font encoi'e plus légers à ia courfe que les plus légers d'entre les animaux terreflres. Le cafoar a ia langue dentelée fiir îes bords , & fi courte , qu'on a dit de iui, comm.e du coq de bruyère, qu'il ( 1.) G en. 2i6, edito x, Vngne inurmcdlo majore {trit. (a) Mémcires pour fervir à l'Hifloire des Ani- maux, parue II, j^age //^.-— • Ornithoiogie de Briiîcn , tome V, page i i . (h ) Vcyage des Hollandob; ioms VU, ^-a^t du QjfcûK 5 I p ft*en avoit point : ctllc qu'a obfèrvée M. Perrault avoit feuicnient un pouce de long & huit lignes de large (d); ii avuie tout ce ciu'on lui jette , c'eit-a- dire , tout corps dont le volume cfl: proportionné à l'ouverture de Ton bec. Frifch ne voit avec raifon , dans cette habitude, qu\m trait de conformité avec ks gallinacés , qui avalent leurs aiimens tout entiers & Ihns les brifer dans leur bec (e); mais les Hoiiandois qui paroif- iènt avoir voulu rendre plus intérefÏÏuiie i'hiftoire de cet oileau , dé]h, fî finguiier, en y ajoutant du merveilleux , n'ont pas manqué de dire , comme on i'a dit de i'autruche , qu'il avaloit non- feulement les pierres , ie fer , les glaçons , &c. irais encore des charbons ardens, & fans même en paroître incommodé Z'f). On dit aufli qu'il rend îrès-promp- tement ce qu'il a pris (g), & quelquefois (li) Mémoires pour fervir à i'Hiflcirc des Ani- maux , partie II , fhige t 6y. (e) Frifcn , -pagt & figure j oj» ( f) Hiftoire générale its Voyages, t07ne VIIlj^ page 112. . (g) Voy, des Hoiiandois, mic VU P'^g^ Si^^ Oiiij \^i6 Hifîoîre Naturdk des pommes de ia groiïeur du poing auffi entières qu'il les avoit avalées (h); Sl en effet , le tube inteftinal eft fi court que les alimens doivent palTer très-vîtc ; ÔL ceux cjui par leur dureté font ca- pables de quelque réfiftance , doivent éprouver peu d'altération dans un û petit trajet , fur-tout lorfque les fondions de fedoinac font dérangées par quelque maladie : on a afliiré à Clufius , que dans ce cas il rendoit quelquefois les ceiifs de poule dont il étoit fort friand , tels qu'il les avoit pris, c'ell - à - dire , Bien entiers avec la coque , & que les ïivaiant une féconde fois , il les digéroit Lien (^ij: le fonds de ia nourriture de ce même cafoar , qui étoit celui du- comte de Solms , c'étoit du pain blanc coupé par gros morceaux , ce qui prouve qu'il e(t frugivore , ou plutôt il eft om- nivore , puifqu'il dévore en effet tout, ce qu'on lui préfente , & que s'il a le jabot & le double eftomac des animaux qui vivent de matières végétales ('kjj, (h) Hift. gén. des Voyages , /. VlU^-p. 112. (i) Ciufms, Exotic, iib. V, cap, ni , pag. 99. (h) Mifin. pour feryir à l'Hiftoire des Animaux^ '^11 Cujoar. '5'2'r. lï a les courts inteftinij des animaux car^ naf fiers : le tube inteilinal de celui qui a été difTéqué par M/' de l'Académie, avoit quatre pieds huit pouces de long & deux pouces de diamètre dans toute fon étendue : ie cœciim étoit double & n'avoit pas pius d'une ligne de diamètre fur trois , quatre — Clufius, Exoiic* iib. V, cap. ni , pag, 991,,) (t) Hiftoire générale des Voyages,, toms VUJj. ■326 Hifloire Naturelle occupées par des peuples moins policés^ &: par conféquent moins defiruâeurSr Il eil remarquable que le calbar, l'au- truche & le touyou , les trois plus gros oifeaux que l'on connoifie , ibnt tous trois attachés au climat de la zone tor- ride, qu'ils lemblent s'être partagée entre eux , ÔL où ils fe maintiennent chacun dans leur terrein , fans le mêler ni le ilirmarchèr ; tous trois véritablement terrefrres , incapables de voler , mais courant d'une très-grande vîteffe ; tous trois avalent à peu près tout ce qu'on ieur jette , grains , herbes , chairs , os , pierres, cailloux, fer, glaçons, &c. tous trois ont le cou plus ou moins long, les pieds hauts & très- forts, moins de doigts que la plupart des oifeaux , (k l'autruche encore moins que les àcu% autres ; tous trois n'ont de plumes que d'une feule forte , différentes des plumes des autres oifeaux , & différentes dans chacune de ces trois efpèces ; tous trois n'en ont point du tout fur la tête ql le haut du cou , manquent de queue pro- prement dite , & n'ont que des ailes iinparf liies ; gsrrâes ds qiîe^ues tuyaux du Ciifoûr. 327 làns aucunes barbes, comme nous avons remarqué que ies quadrupèdes des pays chauds avcieni moins de poii que ceux des régions du Nord; tous trois, en un mot , paroiiïent être la produdion naturel!c & propre de la zone torride : mais malgré tant de rapports, ces trois efpèces font différenciées par des carac- tères trop frappans pour qu'on puifïe les confondre : l'autruche le diflingue du caibar 6c du touyou par la grandeur, par Tes pieds de chameau & par la nature de fes plumes ; elle diffère du cafoar , en particulier , par la nudité de fes cuifîès & de fes fîancs , par la longueur & îa capacité de fes inteftins, & parce qu'elie n'a point de véficule du fiel ; & ie cafoar diiïere du touyou & de l'autruche par fes cuiiïes couvertes de plumes , prefque jufqu'au tarfe, par les barbillons rouges qui lui tombent fur le cou , & par le cafque qu'il a fur la tête. Mais j'aperçois encore dans ce dernier caradère dillinétif , une analogie avec ies deux autres efpèces ; car ce cafque n'eft autre chofe , comme on fait , qu'iuî 3 2 8 Hljfolre JNaiureJle , &c. . renflement des os du crâne , lequel efl recouvert d'une enveloppe de corne ; & nous avons vu dans i'hiftoire de l'au- truche & du touyou , que la partie fu- périeure du crâne de ces deux animaux ëtoit pareillement munie d'une plaque dure & calicufe. 3P-9 LE DRONTE(a).- V-/ N regarde communément la légè- reté comme un attribut 'propre aux oi- feaux, mais fi l'on voufoit en faire le caradère effentiel de cette clafFe , le D route n'auroit aucun titre pour y être admis , car loin d'annoncer ia légèreté par Tes proportions ou par fes mouve- mens , il paroît fait exprès pour nous donner l'idée du plus lourd des êtres organifés ; repréfentez - vous un corps maffif & prefque cubique , à peine fou- tenu fur deux piliers très- gros & très- courts , furmonté d'une tête fi extraor- dinaire qu'on la prendroit pour la fan- taifie d'un Peintre de grotefques; cette ûiQ portée fur un cou renforcé & (a) Dronte efl: le nom que lui donnent les habîrans de i1!e M aurice & des lieux voifîns : les Portugais l'ont appelle Dodo ; les Hollandois, Dod - aens & Walgh-vngel. — Dronte aliis , Dodaerîs. Bontius ,. Jndes Orientales , page 30. — Gallinacms gallus pi^: regrinus. Clufius, Exoik, iib. V, pag. pp, Edward%, 330 Hijlohe 'Naturelle goillreiîx , confifte prcfque toute entitTS dans un bec énorme où font deux gros yeux noirs entourés d'un cercle blanc ^ & dont l'ouverture des mandibules le prolonge bien au-delà des yeux , & preA que julqu'aux oreiiles : ces deux man- dibuies concaves dans ie miiieu de leur iongueur , renflées par les deux bouts & recourbées à la pointe en iens con- traire , refTembient à deux cuillers poin- tues 3 qui s'appliquent l'une à l'autre fa convexité en dehors : de tout cela ii j'éluite une phyrionomie flupide &: vo- race , & qui, pour comble de difformité, efl accompagnée d'un bord dé plumés, icquel fuivant le contour de la bafe du bec s'avance en pointe fur le front, puis s^arrondit autour de la face en manière de capuchon, d'où lui eil venu le nom de cygne encapuchonné (cycnus cucullatus), La groffeur qui, dans les animaux, fuppole la force , ne produit ici ({ue la pelanteur , l'autruche , le touyou , le cafoar , ne font pas plus en état de voler que le dronte , mais du moins ils font trèj-yîtçs à la courfe > au lieu aux Cyrnc^ , apparemment parce qu iis y avorent aperçu des drontes qL*!s prirent pour des cygnes. 3 3^ Hlfîoîre Naturelle ôifeau de dégoût , autant à caufe de fîï figure rebutante que du mauvais goût de fa chair ; cet oifeau bizarre cft très- gros , & n'efl furpaiïe à cet égard , que par les trois précédens , car il furpaiTe Je cygne & ie dindon. M. BrifTon donne pour un de Tes caradères , d'avoir la partie inférieure des jambes dénuée de plumes ; ce- pendant \^ planche CCXCIV d'Edwards îe repréfente avec des plumes , non- feulement jufqu'au bas de la jambe , mais encore jufqu'au - delTous de fon articulation avec le tarfe ; le h^c fu- périeur efl: noirâtre dans toute fou étendue , excepté fur la courbure de fon crochet où il y a une tache rouge ;■ ïes ouvertures des narines font à peu près dans fà partie moyenne, tout pro- che de deux replis tranlverfaux qui s'é-* ièvent en cet endroit iur fa furface. Les plumes du dronte font en gé- néral fort douces, k gris efl leur couleur dominante , mais plus foncé fur toute îa partie fupérieure & au bas des jambesy & plus clair fur l'eftomac , le ventre & tout Iç deiîgus du corps ;^ il y a du liii D route, 3 3 31 Jaune & du blanc dan^ les plumes des iiiles & dans celles de la queue , qui paroiflent tri fées , & font en fort peut nombre. Clufius n'en compte que quatre ou cinq. Les pieds & les doigts font jaunes , J&: les ongles noirs ; chaque pied a quatre doigts , dont trois dirigés en avant & le quatrième en arrière ; c'eft celui - ci qui a l'ongle le plus long (c). Quelques-uns ont prétendu que îe dronte avoit ordinairement dans i'eilomac une pierre auffi groiTe que le poing (d) , ôi à laquelle on n'a pas manqué d'at- tribuer la même origine & les mêmes vertus qu'aux bézoards ; mais Clufms qui a vu deux de ces pierres de forme & de grandeur difféi entes (^ejj penfe que i'oifeau les avoit avalées comme font les granivores , & qu'elles ne s'étoient point formées dans fon eitomac. ^c^ Voyez Clufius, Exoric. pzg, 100. — Edwards^ fyirre CCXCIV, (d) Voyage àt% HoIIandois aux Indes Orientales ^ tomt II y page 21^. (0 Ciufîus^ ubi Juprat^ 3 34 HifiOÎre 'NatureÏÏe Le cîronie paroît propre & pnrtîcuîîer %u% îles de France & de Bourbon, & probable ment aux terres de ce continent qui en font ies moins éloignées ; mais je ne iàche pas qu'aucun Voyageur ait dit l'avoir vu ailleurs que dans ces deux îles. Quelques Hoîlandois î'ont nommé dodûrfs ou dodaers ; les Portugais & ies Angiois , dodo ; dronte ell Ton noin original , je veux dire celui fous lequel ii eït connu dans le lieu de Ton origine ; & c'ed par cette raifon que j'ai cru devoir ie lui conferver , & parce qu'or- dinairement ies noms impofcs par \^s peuples fimpies ont rapport aux pro- priétés de ia chofe nommée : on lui a encore appliqué les dénominations de cygne a capuchon ff), à' autruche encapu- chonnée (g) , de coq étranger (h) , de Waigh-vogel ; ôc M. Moehring , qui n'a trouvé aucun de ces noms à ion goûî, a imaginé celui de ruphus , que (f) Nieremberg , H'ijl. mr, maxime ycrep-in^^ * pag/232. (g) Linnaeus, Gen, 86, fper, ^» (h) Ciufius, ExQîlc. pag.jioos (Ju Drontc', -^-i^^ M. Briiïon a adopté^ pour Ton nom latin , coniine s'il y avoit quelque avan- tage à donner au même arwmal un nom dilférent dans chaque langue , (5c comme ii l'effet de cette multiiude de fynonymes n'étoit pas d'embarraiïer la Icience & de jeter de la confufion dans les choies: ne multiplions pas ies êtres, difoient autrefois les Philofophes; mais aujourd'hui on doit dire & répeter fans ceffe aux Naturalises, ne multipliez pas. ifis noms Huis néceiLté. 4m 5 3 5 Hijhire Natiirdle LE SOLITAIRE ET ' . L'OISE A U DE NA ZAR E. J_jE Solitaire dont parlent Léguât (a), ^ Carré (b J, & i'oifeau de Nazareth dont parle Ft. Gauche ("^J^ paroiiTent avoir beaucoup de rapports avec le dronte , mais ils en diffèrent aufli en plu fleurs points ; & j'ai cru devoir rap- porter ce qu'en difent ces Voyageurs 3 parce que fi ces trois noms iiedéfignent qu'une feule & unique e(pèce, les re- lations diverfès ne pourront qu'en com- piéter fhiiloire ; & fi au contraire ils dé- iignent trois efpèces différentes , ce que j'ai à dire pourra être regardé comme un ' faj Voyage en deux îîes défertes des Indes Orientales j tame I , pages p 8 — 102, (h) Voyage de Carré , cité dans VHiJîoire géné- rale des Voyages , tome IX, page 3. (c) Defcription de l'île de Madagafcar, commencement 45 que je n . . ... . i.uTu^ .^..v. ^-juie ^d'e-» criîs fur des oilevîux plus géaéralemenî; & plus ancienneiTieaf connue. On parle de l'autruche depuis trente iîècles, ôl l'on ignore aujourd'hui combien elle pond d'oeufs , & combien elie elt de temps à les couver. L'oiieau de nazareth , appelé fans doute ainfi par corruption , pour avoir été trouvé dans l'île de Nazare ^kj, a été obfervé par Fr. Gauche dans i'iie Mau- rice , aujourd'hui i'île Françoiiê ; c'eil lin très-gros oifeau , ck pius gros qu'un cygne; au lieu de plumes ii a tout ie corps couvert d'un duvet noir ; & ce- pendant ii n'eft pas abfoiument fans plumes, car ii en a de noires aux ailes ce de frifées far le croupion , qui lui tien- nent lieu de queue ; iï a ie bec gros , recourbé un peu par-defîous, ies jambes ( c'eft- à-dire les pieds ) hautes &: cou- veries d'écaiiles , trois doigts à chaque f /i J L'île de Nazare eft plus haute que Vih Maurice à 1 7 degrés de latitude fud. Voyeila Def- cription de Madagafcar , i^ar Fr* Caucàe .^ page jjo ir Juïv^ '54^ HiJJoke Naturelle pied , ie cri de l'oiicn , & fa chair ert inédiocrement bonne. La fèmelie ne pond qu'un œuf, & cet œuf tÇi blanc & gros comme un pain d'un ibu; on trouve ordinairement à coié une pierre bianche , de la groi^ feur d'un œuf de pouîe , ôc peut-être cette pierre fait - elle ici ie même effet que ces œufs de craie blanche que ies Fermières ont coutume de mettre dans îe nid où elles veulent firre pondre leurs poules : celle de Nazare pond à terre- dans les forêts j fur de petits tas d'herbes ÔL de feuilles qu'elle a formés ; fi on tue le petit , on trouve une pierre griie dans fon ge'fier; la figure de cet oifeau, eil-il dit dans une note (1)^ fe trouve dans ie Journal de la ficonde Navigation des Hollandais aux Indes crîentales , & ils l'appellent oifeau de Naufée : cqs dernières paroles femblent décider la qu^ilion de l'identité de i'efpèce entr« ie dronte & l'oiieau de Nazare , &: la prouveroient en effet, fi leurs delcripdons (l) Voyez la Defcripîron de Madagafcaiî, par Fr. Gauche , j^age i j à ix fuiy^- i^e pfeTemoient des «différences effen- ticHes , notamment dans le nombre des doigts ; mais fans entrer dans cette dil- Giîfiion particulière , & fans prétendre réfoudre un problème où ii n'y a pas encore afiez de données ; je me con- tenterai d'indiquer ici les rapports & ies diftérences qui réfultent de ia com- parai fon des trois defcriptions. Je vois d'abord en comparant ces trois oiieaux à k fois , qu'ils appartien- nent au même climat & prefque aux mêfoes contrées ; car ie dronte habite i'îie de Bourbon <& i'île Françoife , à laquelle il fembie avoir donné fon nom d'île au cygne, comme je l'ai remarqué plus haut ; ie folitaire habitoit l'île Ro- drigue dans le temps qu'elle étoit entiè- rement déferte , & on l'a vu dans i'île Bourbon ; i'oifeau de Nazare fe trouve dans i'îie de Nazare , d'où ii a tiré fon nom & dans l'île Françoife (m); or ces quatre îles font voi fines les unes des autres , & il eft à remarquer qu'aucun de ces oifeaux n'a été aperçu dans le continent. (m) Voytz ci-deiTus i'Iiiftoirc l& ces oifeauxj "^^S Hîfîoke Naturelle Ils fè reiTemblent auffi tous trois plirâ ou moins par la groffeiir , par i'im- puiiTance de voler , par la forme des aiies , de la queue & du corps entier ; <5c on leur a trouvé à tous une ou piu- iieurs pierres dans !e gëiier , cq c|uï les fuppole tous trois granivores ; outre ■cela iis ont tous trois une allure fort iente, car, quoique Léguât ne dife rien de celle du folitaire , on peut juger par la figure qu'il donne de la femelle (n), que c'eit un oifeau très-pefant. Comparant enfuite ces mêmes oKeaux pris deux à deux , je vois que !e plu- . mage du dronte fè rapproche de celui du folitaire pour ia couleur , & de celui de i'oiieau de Nazare pour ia qualité de la plume qui n'efi: que du duvet ; & que ces deux derniers oifeaux convien- nent encore en ce qu' ils ne pondent & ne couvent qu'un œuf. Je vois de plus qu'on a appliqué au dronte & à i'oiieau de Nazare ie même nom d'oiieau de dégoût. Voilà les rapports y 6l voici les diffé- rences : {fij Voyage de Léguât , tome J, fage jx Sy du Sofitûire , &c, 349 le foli taire a les plymes de îa cuidc arrondies par le bout en coquilles , -ce qui iuppoie de véritables plumes comme en ont ordinairement les oi féaux, & non du duvet comme en ont le dronte & l'oiieau de Nazare. La femelle du folifaire a dç:ux touffes de plumes blanches lur la poitrine ;- on ne dit rien de pareil de ia femelle des deux autres. Le dronte a les plumes qui bordent îa baie du bec diipoiées en manière de capuchon , & cette difpoiition efl fi fi-appante , qu'on en a fait le trait ca- rac^tcfril.uquig de fa dénomination ( cycnus cucullatiis ) ; de plus , il a les yeux dans ie bec, ce qui n'eil pas moins frappant; & i'oii peut croire que Léguât n'a rien vu de pareil dans ie folitaire , puifqu'il le contente de dire de cet oifeau qu'il avcit tant obfervé, que fa tête étoit fins crêie &: fans huppe; & Gauche ne ^^x rien du tout de celle de l'oiieau de Nazare. Les deux derniers font haut montés , au lieu que le dronte a les pieds très- gros & très-courts. Celui- ci j & ie folitaire qu'on dit avoir 5^0 Hi foire Naturelle à peu près les pieds du dindon , ont quatre doigts , (5c Toifeau de Nazare n'en a que trois , félon le témoignage de Gauche. Le foiitaire a un battement d'ailes très-remarquable , & qui n'a point été remarqué dans les deux autres. Enfin il paroi t que la chair des fo- îitaires , & lur-tout des jeunes, eft excellente ; que celle de l'oifeau de Na- zare efl: médiocre , & celle du drorue mauvaifc. Si cette comparai Ton qui a été faite avec la plus grande exaélitude, ne nous met pas en état de prendre un parti fur la queftion propofée , c'efl: parce que les obfer valions ne font ni affèz multi- pliées ni afiez fûres ; il feroit donc à defirer que les Voyageurs , ôl fur- tout les Naturalises , qui fe trouveront à portée , examinaifent ces trois oifèaux , & qu'ils en fiiïent une defcription exaéle, qifi porteroit principalement : Sur la fonne de la tête & du bec : Sur la qualité des plumes : Sur la forijie (Se les dimenfions û^^ pieds i €/// Solhdire, &a 35Ï! "Sur k nombre des.cioims : Sur les difîérences qui ie trouvent entre le mâle .& la fenielle : Entre les poufîins *Sc les adultes-: Sur leur façon de marcher oc de courir : En ajoutant, autant qu'il feroit po(^ iible , ce que l'on fait dans ie pays fur ieur génération , c'e(t-à-dire , lur leur manière de le rappeler, de s'accoupler, de faire ieur nid & de couver: Sur le nombre , la forme , la couleur, ie poids & le volume de leurs cjcufs : Sur le temps de l'incubation : Sur leur manière d'élever leurs petits : Sur la façon dont ils le nourrilîènt eux-mêmes : Enfin fur la forme & les dimenfîons de leur edomaç , de leurs inteftins