ee ‘ WU ti D PAEME fl ane Fe CANTANTES ROTH à CRC f Arte at È HE à RECHNEN ( Ci reR REX ar se RUE ENT sant : Va "1 re LEE BCE ER RER LES RUN ‘ DRE LHIRI LAUCA La LU NT : HAE ‘ AE ane EN } : DONNE] an» (NME MIE RE HSEN \ H + ‘ fe " D must RASE RNA EE RE ER HUE ASTRA SNEEN ae FRERES ARENA RE LL AE Hi RE EAP HEE Rate ARE LENS A NAS û ER ! TC) AYEHTENS 4 SMS RETRO NUE AIO RARE #4 se ne pe va SR Neon x ELU es! HAE SMRENEE ! RC TEER ex ‘ are. SN RS * à à ee ÿ LATE L ë DATES E ‘4 os RU ERA : ARMES | RE DoE HIdUR à rer ' RAIN HAUT # EST TE ou e toyie : : RUES RS RULES : MANQUE dr ARS Tant A7 RAA 1 PSE one Carine ANS É RUN SH RS ELE Dee : x [APe Û TER Hat ren î on ‘ : np : ' A Re : ; E NE PREUIAN # ) SRÈTRLE 3 } ARR REUNN RUE RENE € à HR ER HEURE b . ! 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"# KR] » DICHESIEQIE Ut ü 1e DCNLIUCPE DE ELECERES das Baie MARIE ÿï MU : : ï EN MEN EN ROUE GAux à Shin de | $ ‘ ARTE APAAENAS te , LR HE ou ï 1! 1] Fu rate RSA EU) ; COR ANR ATEN 4 jh U 14 EE FH ANNE EX LIBRIS William Healey Dall Division of Mollusks Sectional Library ES 22 llncerson ce/h. Divisic of Mollusks Sectionc. CS MA ST O TRE NATURELLE D U SE NE G A L. CON ENT LL A6 LS Avec la Relation abrégée d’un Voyage fait en ce pays, pendant les années 1749, 50, 51,52 & 53. Par M. ADANSON, Correfpondant de l'Académie Royale des Sciences. Ouvrage orné de Figures. Mediis in finibus orbis , Sol ubi : Chez CLauoe-Jean-Barriste BaAucuE , Quai des Auguftins, à l’image Sainte Genevieve, & à Sant Jean dans le Deferr, Mo DIGG VALLE Avec Approbation & Privilége du Roi. ss - F 4 LR 2. 2 4 . : s L . | ; ” ll . . Fe a Ÿ ss dT | à L 2: Ë a 181 ñ RATE À 7 PL e— L , . “ ‘218: AUTRE S-TH'A UT ET TRÉS-PUISSANT SEIGNEUR LOUIS DE NOAILLES, DUC D'AYEN, Chevalier des Ordres du Ror, Lieutenant-Général des Armées de Sa MA3ESTÉ , Capitaine de la premiere Compagnie de fes Gardes , Gouverneur du Rouflillon , Capitaine & Gouverneur de Saint-Germain-en-Laye , &c. VC] ONSEIGNEUR, Le goût que vous avez pour les Sciences me dé- terrine à vous offrir cette partie de l'Hifloire Na- turelle du Sénégal, Elle renferme un grand nombre ij EP ET KR d'obfervations nouvelles & intéreffantes fur les Coquil- lages , avec une relation des différens voyages que J'ai faits dans l'intérieur du pays. Je n'ai rien négligé pour donner tous les agrémens & la perfeétion convenables aux fujets que Je traite dans cet ouvrage, & votre approbation peut feule men affurer le fucces. Vous m'avez permis de le faire paroître fous vos aufpices : j'ai fenti toute l'importance de cette grace. Heureux fr j'ai réuffi à le rendre digne de vous être préfente ! Plus heureux encore fe vous daignez lhonorer de votre proteéhion. Je fuis avec un profond refpe& , MONSEIGNEUR, Votre très humble, & très= obüiflant ferviteur , ADANSON. EXTRAIT DESREGISTRES de l'Académie Royale des Scrences. Du 4 Décembre 1756. Effieurs pe Reaumur & DE Jussieu le cadet ; qui avoient été nommés pour examiner un Ouvrage de M. Abanson, Correfpondant de l’Académie , intitulé : Æliftoire naturelle des Coquil- lages du Sénégal , précèdée d'une courte Relation d'un Voyage fait en ce pays pendant les années 1749 , 1750,1751,1752, 1753, &c. en ayant fait leur rapport , l’Académie a jugé que les vues ingénieufes de l’Auteur, fon exactitude dans les defcriptions, & fa fagacité dans les obfervations , donnoient lieu de croire que fes travaux feroient reçus favorablement du Public, & étoient dignes de lapprobation de l'Académie. En foi de quoi j'ai figné le préfent cere tificat. À Paris, le 4 Décembre 1756. GRANDIEAN DE FOUCHY.: Sec. perpétuel de t’ Acad. Royale des Sciences. PRIT I LE GE D'U:R OT OUTIS, PAR LA GRACE DE DIEU, Ro DE FRANCE ET DE NAVARRE: À nos à amés & féaux Confeillers, les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel , Grand-Confeil, Preyvôt de Paris, Baiïllits, Séné- chaux, leurs Lieutenans Civils & autres nos Jufticiers qu'il appartiendra , SALUT : Nos amés LES MEMBRES DE L'ACADEM:E ROYALE DEs SCIENCES de notre bonne Ville de Paris, Nous ont fait expofer qu'ils auroient befoin de nos Eettres de Privilège pour l’impreflion de leurs Ouvrages. À CEs CAUSES, voulant favorablement traiter les Expofans , Nous leur avons permis & permettons par ces Préfentes, de faire imprimer par tel Imprimeur qu’ils voudront choifir, toutes les recherches ou ohfervations journa- ligres, ou relations annuelles de tout ce qui a été fait dans les affemblées de ladite Aca= mie Royale des Sciences, les Ouvrages , Mémoires , ou Traités de chacun des Parti“ culiers qui la compofent , & généralement tout ce que ladite Académie voudra faire paroitre , après avoir fait examiner lefdits Ouvrages, & jugé qu'ils font dignes de l’im- preflion , en tel volume, forme, marge, caractere, conjointement ou féparément, & autant de fois que bon leur femblera, & de les faire vendre & débiter par tout notre Royaume pendant le tems de vingt années confécutives , à compter du jour de la date des Préfentes; fans toutefois qu'à l’occafion des Ouvrages ci-deflus fpécifiés, ils puiffent en imprimer d’autres qui ne foient pas de ladite Académie : Faifons défenfes à tous Imprimeurs, Libraires & autres perfonnes, de quelque qualité & condition qu’elles foient , d’en introduire d'impreflion étrangere dans aucun lieu de notre obéiffance ; comme aufli d'imprimer ou faire imprimer , vendre, faire vendre, débiter ni contre- faire lefdits Ouvrages, ni d’en faire aucune traduction ou extrait , fous quelque prétexte que ce puifle être, fans la permifhion exprefle & par écrit des Expofans, ou de ceux ui auront droit de lui, à peine de confifcation des Exemplaires contrefaits , de trois mille livres d'amende contre chacun des contrevenans, dont un tiers à Nous, un tiers à l'Hôtel-Dieu de Paris, & l’autre tiers auxdits Expofans, ou à celui qui aura droit d'eux, & de tous dépens, dommages & intérêts ; à la charge que ces Préfentes feront enregiftrées tout au long fur le Regiftre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris, dans trois mois de la date d’icelles ; que l'impreffion defdits Ouvrages fera faite dans notre Royaume & non ailleurs, en bon papier, & beaux caracteres , con formément aux Réglemens de la Librairie ; qu'avant de les expofer en vente, les manufcrits ou imprimés qui auront fervis de copie à l’impreflion defdits Ouvrages , feront remis dans le même état où l’Approbation y aura été donnée , ès mains de notre très-cher & féal Chevalier , le Sieur D'AGUESsEAU , Commandeur de nos Ordres, Chancelier de France; & qu'il en fera enfuite remis deux exemplaires de chacun dans notre Bibliothèque publique , un dans celle de notre Château du Louvre, un dans celle de notredit très-cher & féal Chevalier le Sieur DaGuErssEau , Chancelier de France ; le tout à pie de nullité des préfentes ; du contenu defquelles vous mandons & en- oignons de faire jouir ledit Expofant & fes ayans caufes , pleinement & paifñblement, fans fouftrir qu'il leur foit fait aucun trouble où empêchement: Voulons que la copie des préfentes, qui fera imprimée tout au long au commencement ou à la fin defdits Ouvrages, foit tenue pour duement fignifiée, & qu'aux copies collationnées par l’un de s amés & féaux Confeillers-Secrétaires, foi foit ajoutée comme à l'original ; com- mandons au premier notre Huiflier ou Sergent fur ce requis , de faire pour l'exécution d'icelles tous actes requis & néceflaires , fans demander autre permiflion , & nonobftant clameur de Haro, Charte Normande & Lettres à ce contraires. Car tel eft notre plaifir. DonNË à Paris le dix-neuviéme du mois de Mars, l'an de grace mil fept cent cin= quante , & de notre Régne le quarante-deuxiéme. Par le Roi en fon CODE * Regiftré fur Le Regifire 12 de la Chambre Royale & Syndicale des Libraires 6 Impri- meurs de Paris, N°. 430. fol. 309. conformément au Réglement de 1723 , qui fait deé- fenfes à toutes perfonnes de quelque qualité qu’elles foient , autres que les Libraires & Imprimeurs, de vendre, débiter & faire afficher aucuns Livres pour les vendre en leurs noms, foit qu'ils s’en difent les Auteurs ou autrement ; & à la charge de fournir à la fufdite Chambre huit Exemplaires prefcrits par l'article 108 du même Reglement, À Paris le $ Décembre 1750, fn | LE GRAS, Syndic Ce ee anienrane nee an EEE FAT E Sr A “CORR I1GER, Dans le Voyage. Page 18, ligne 18 , femé , lifez femée. 6, ligne 23, pain de finge, life pain de finge: ë ligne 1,en marge, 1748 , lifex 1749. 111, ligne 17 , fur les côtes, /ifez fur les côtés. 129, ligne 1$, qui ne cefla, /ifex qui ne ceflerent, 13$,/igne 3, ouaniear, lifez ouaniar. 061, ligne 2, oublians, /ifez oubliant, ligne 14, barbes, lifez Arabes. 163, ligne 25, j'entendis, /ifez j'entendois; 166, ligne 26, cracrelats , /ifez cacrelats. 170, ligne 31, rempli, liféz remplis. 177 , ligne 31, obligé de refter, /ifez obligé d'y refter. 179, ligne 25, à dix lieues du cap Verd, /fez à dix lieues des ifles du cap Verd: 181,/igne 9, après avoir pañlé toutes , /ifez après avoir pañle par toutes. 183, ligne 11, fous le noms, /ifez fous le nom. Dans la Préface, &c. Page xx, ligne 16, auxquelles elles font communes , if. auxquelles ils font communs, xxiv , ligne 11, fes cornes une longueur, /ifez fes cornes ont une longueur. lxxij, Ixxiij, Ixxiv, Ixxv € fuiv. Koman, life; Kaman. Dans l’Hifloire des Coquillages. Page 3, ligne 23, applati en deflus, /ifez applati en deflous. 6, ligne 9,au deflus de la tête, Lifez au deflous de la tête. ligne 17, une fois plus longue , /ifez une fois plus longues. 11, ligne 36, celli-ci, lifez celle-ci. 23, ligne 29, ordinairement comme avec les yeux, /i/ez ordinairement aves les yeux. Gs, ligne 4, Ærythræa, lifez Erythræa. 71, ligne 36, il ne s'étend, /rfez il ne l’étend. 3, ligne 2$ , fanguinis maculis , fe? fanguineis maculis. 87, ligne 4, quadratæ notatæ, life; quadratæ notæ. 88, ligne 13 ,roftro purparafcente, lifez roftro purpurafcente. 259, ligne 9, eit fermé, lifez eft formé. 262 , ligne 38 , comme on le voit dans, life? comme dans. 174, ligne 18 , qui partent d’une centre, lifez qui partent d’un centre; 177, ligne 14, entouré d’une ou deux, /i/ez entouré d’un ou deux. 182, ligne 7, fes turbercules, /ifez {es tubercules. 184, ligne 17, de douze petits fillons , /ifez de plufeurs petits fillons. 202, ligne 30, aufh obtus qui puifle l'être , Zifez aufh obtus qu'il puifle l'être, 208 , ligne 35 , que la demie de, /ifez que la moitié de. 216, ligne 37, chamis afpera, lifez chama afpera, 227, ligne 35-36, quænum, lifez quarum. 245, ligne 27, par un nombre, life par un grand nombre. 264, ligne 12, la plus grande a un tuyau, /ifez la plus grande eft un tuyañ, | AVERTISSEMENT # Carte qu'on a mife à la vêre de cet Ouvrage, a &é exécutée par les foins de M. Buacue, dont le merite & les talens font affez connus par fes ouvrages. Elle net que le précis, & , pour ain dire, lextrait” d'une Carte beaucoup plus grande & très-detaillée , que l'Auteur fe propo/e de publier dans le volume qui traitera de lHiftoire Phyfique du Senégal. Il rendra compte dans ce volume , des additions & changemens que l’on pourra remarquer & des moyens qu'il a pris pour rendre cette Carte plus parfaite que celles qui ont paru jufqu'icr. VOYAGE ME: | a More de Paris DU SENEGAL Corrigcé, el Augmente de plusieurs détails par M M'Adanson correspondant de l'Acad'R* des Se. Dressée et execulée par les soins de Philippe Buache 1766 Lieucs marines de France. 20 30 mr ues communes de France Marais Groumel autrement appele Lac Kudi, Ke qui asrèche pendant l'haÿer, er est ensemence se ET act > DUR on Déélar Je Expire pv Bours4 Offoror RCde Autrefnis tres puissant “ > AFTER : «dué de pres de 100 quarréek entre Le Fleuve Niger et colué déGrambie Les Pro d'Oualo, de KayordaBhol, de Sin # p 174 autres qui en nf Résidènce du : dependoient Bougba Onolof ï ont formé sutant den Royagmes: K depuis us Lire Goelire ve som À v LT. ë Kassox R” ut decarer Rois, ne févalant plis BC fa Ru comp franc#/ Segadoa Care recomoure Le Boux i ONDOT « a MT de Kasson Care du Farun de Bondow que nes pren " : | «2 F ® 5 ‘ane ART) 35 R‘'Bour# +” at 7 AKA/N 4 JAKA Rep CP j } 4 LL Mundingues : Em AN Dee Le Gambi di A ar Les Anglais bic dique ‘OvozLx Ra Rue Kg LEmpire au: ARENA j oKaonkad * æ, que lon sait être fort étendu se trs & Demeure © ; À Fatetenda ve dau celte parte. On ne le conne À due Ve An pas ares pour en fixer les Limites JFonARee a - È Cest de ce pas que milieu mr" J amenent à Galam ct à Gambie lee + Meridien 1 Esclwes Danbarar + Vie “à | . [Toswanr Rme Kaxronr | Royaume Premier FE Biam mansate roi M Grve|morten 1705. | 4 *d pe re. CO ARC pe > des Bas, Vo Lle Kagnai ee: je T :s Pdhiokun | LG Gamber : Tà j 14 Grimes NS m ; “. > ul Care P _ Fr , Us , 7e 4 Ca Dos 4 (Ce dEss # 4 Alura@ Éj ES 5 loni ugnestr, À u 4 g et bleues qui É + $ ; «o decvurre L phur dess ler | P_4-RIUI E MALus Û DE LA Zarx pre Havre GuiInee gr 1 1 29 Ex 2 7 |# ee rire 1 PRE ——, 3} s F Re —— 3 Longitudes prises du Premier : Méridien de TI de Fer. Laurent Srufri W VOYAGE AU. SENÉEGAI. 1 L eft peu de perfonnes au monde qui ne PE naiflent avec une inclination qui fe déve- : loppe & fe fortifie avec l’âge. A quelque * deitination que nous préparent la naiflance ou l’éducation, le goût dominant prévaut toujours , & c'elt lui qui décide ordinairement du genre d’occu- pations que nous devons fuivre. Un goût particulier pour l'étude de la phyfique & de l’hiftoire naturelle, qui fe déclara en moi de bonne heure, mefitconnoître que l’état eccléfiaftique auquel n’avoient deftiné mes parens , ne convenoit pas à mes inclinations ; & j'aban- donnaï un bénéfice dont j'étois déja pourvû , pour me livrer uniquement à l'étude de la Nature. La botanique fut la partie à laquelle je m’attachai la premiere , comme une des plus intéreflantes, tant par fon utilité que par l’agréable variété qu’elle offre. La facilité que je trouvai dans les leçons publiques de s VOYAGE M de Juflieu au Jardin du Roi, m’y attiroit fouvent; & mon afliduité avec ce goût décidé pour cette {cien- ce, me firent bientôt connoître d'eux. C’eft fous ces deux grands maîtres ,auxquels je ne puis trop marquer ici ma reconnoiflance , que je comimençai à entrer dans cette valte carriere que je cours aujourd’hui. L’efprit d’obfervation & cette fagacité qui eft particuliere à M. Bernard de Juflieu , & qu'il fçait fi bien infpirer, &, pour ainfi dire, naturalifer dans tous ceux qu'un goût femblable rapproche de lui, prirent facilement chez moi, & m’entrainerent infenfiblement de l’étude des plantes à celle des minéraux, de ceux-ci aux ani- maux , jufqu’aux infeétes même & aux coquillages , enfin dans toutes les parties de l’hiftoire naturelle. Dès-lors le cabinet du Roi, celui de M. de Reau- mur, & celui de M5 de Juflieu me furent ouverts ; je puifai à un fonds de connoiflances qui me mettoit en état de faire utilement des obfervations de toute efpe- ce: un peu d’'aftronomie même ne me parut pas inu- tile à mon objet, & j'en appris, autant qu'il étoit néceffaire , fous M. le Monnier. | Ce ne fut qu'après avoir travaillé pendant plus de fix ans fous les yeux de ces illuftres Académiciens, que je déclarai le deflein que j'avoisconçu depuislong- tems de voyager. Leurs obfervations fur les différen- tes branches de l’hiftoire naturelle de la France , laif- ioient peu de chofes à defirer; je penfai donc que rien ne me feroit plus utile que d'employer ma jeunefle à faire un voyage dans quelque pays éloigné, & peu fréquenté, perfuadé que jen rapporterois beaucoup de connoiffances nouvelles pour l'Europe. Je fçavois DE AU SÉNÉGAL. 3 que l'Afrique équinoxiale n’avoit été vifitée par aucun naturalifte, & que par conféquent j'aurois un valte champ d’obfervations à moiflonner. Ce nétoit pas peu entreprendre , fans doute , que de vouloir exécuter à moi feul un ouvrage qui exige ordinairement les travaux d’un botanifle, d’un phy- ficien , d’un anatomifte & d’un deflinateur. Cette con- fidération ne m’effraya pas néanmoins, & je fis con- noître mes intentions à feu mon pere, qui me préfenta au commencement de l’année 1748 , à M. David, chevalier de l’ordre de S. Michel & directeur de la Compagnie des Indes, dontilétoit fort connu. M. Da- vid toujours attentif à ce qui peut être utile au com- merce, goûta fort mon deflein , & me témoigna beau- Coup de joie d’une entreprife qui pouvoit étre aufli avantageufe à la phyfique qu'au commerce de fa cé- lèbre Compagnie : il m’obtint une place dans lescomp- toirs de la Conceflion du Sénégal, avec mon pañlage fur le premier bâtiment qui partiroit aufli-tôt après la publication dela paix. Je fus ravi de trouver ainfi l’ac- complifflement de mes defleins, & je partis de Paris le 20 décembre de la même année , pour me rendre au port de l'Orient où fe font les embarquemens de la Compagnie. L'hiver faifoit encore fentir fes rigueurs lorfque je n'embarquai le 3 mars de l’année 1749, fur le vaifleau le Chevalier Marin, commandé par M. Daprès de Mannevillette. Nous mîmes à la voile fur les dix heures du matin, & fortimes du port accompagnés de deux petits bâtimens deftinés à faire route avec nous. Les vents de N-E. nous porterent bientôt en pleine A i CRC ISEEE DEQTES 1748. 20 Décemb, L’Auteur part de Paris, a 1749. 3 Mars. Embarque- quement à l'Oriente LS ie T 1749 Mars. Marfouins. Vont à la rencontre du vent. Mauvais tems fous le Caÿ Fi- auterre, 4 VOYAGE mer. Elle écoit belle, tranquille, & nous offroit tous les jours un fpectacle charmant. Des milliers de mar- fouins qui fe jouoient autour de notre vaifleau , fem- bloient nous féliciter de notre heureufe navigation : ils s’'élevoient comme en fautant au-deflus de l’eau , de façon qu’on les voyoit en entier ; puis fe courbant en arc, ils fe plongeoïent avec une agilité furprenante, & reparoifloient enfuite , imitant aflez par ces mouve- mens les ondulations de la mer. C’étoit un plaifir de les voir tantôt avancer de front rangés fur une même ligne , tantôt fe croifer les uns les autres comme pour fe difputer l'approche du bâtiment ; enfin on ne fe lafloit point d'admirer leurs différens jeux, tant ils étoient variés & divertiflans. On dit que ces poiflons vont toujours à la rericontre du vent, & les marins augurent par leur marche , de celui qu'il doit faire. Si cela n’eft pas vrai dans toutes les rencontres, ce le fut du moins dans celle-ci. En effet nous ne jouîmes pas long-tems de cette agréable tranquillité. Elle fut bientôtinterrompue par des vents contraires, qui foufHèrent du S-E. avec une telle violence , que la mer devint fort groffe en peu de tems, Les bateaux qui étoient à notre fuite ne pouvant y tenir, furent difperfés, & nous les perdimes de vüe jufqu’au jour de notre arrivée au Sénégal. Cependant les vents acqueroient de nouvelles forces, & la mer s’enfloit de plus en plus. Nous fûmes obligés de met. tre à la cape, & nous efluyâmes en cet état toute la tourmente d’une mer orageufe. Enfin après avoir lutté pendant vingt-un jours contre les mauvais tems, nous doublâmes heureufement le cap Finifterre , qui nous avoit donné tant de mal. A U. SÉN É GA L. 5 À peine avions-nous atteint la latitude de 36 degrés, que nous commençämes à trouver la mer plus belle. Un vent frais de N-N-E. nous faifoit faire tranquillement de belles journées. Nous goû- tions après un tems orageux & fombre, la douceur d’un beau climat, lorfque nous eûmes connoïffance de terre le 6 d'avril. C'étoit Le Pic de Ténerif qui fe pré- fentoit à nous fous la forme d’une pyramide, ou , lus exactement , d’un cône furbaiflé, dont les côtés étoient hériflés de plufieurs pointes. Quoique, fui- vant notre eftime, nous en fuflions éloignés de plus de quatorze lieues dans le N-E. , il nous paroïloit élevé fous un angle de plus de $ degrés. A cette dif tance, il avoit plus l'air d'un nuage que d’une mon- tagne, par fa couleur blanche ; il ny avoit que fa ftabilité qui pût la faire reconnoître. On la voyoit tan- tôt au-deflus, tantôt au-deflous des nuages, felon que ceux-ci étoient plus ou moins éloignés de nous. Plus nous en approchions en la tenant toujours au fud- oueft, plus elle fembloit fe mettre au niveau des mon- tagnes voifines ; de forte qu’à quatre lieues de diftance ilne fut plus poffible de la diftinguer d'avec elles. Dans cette polition l’ifle Ténérif ne nous offroit à la vüe qu'un amas de montagnes, fi ferrées & fi rapprochées , qu'on n’en diflinguoit que les pointes. La connoiflance que nous avions prife de l’ifle Té- nérif, fuivant Pufage pratiqué par les bâtimens qui voyagent fur la côte d'Afrique , fuit pour nous guider dans la route que nous avions à faire jufquesau Sénégal ; & nous l’aurions pourfuivie , fi les circonf- tances préfentes l’euflent permis, Mais l'eau & les vi- 6 Avril. Vüe du Pie de Ténérif, Onfe décide à faire une re- lîche, 6 VO Y AGE 19. vres avoient été confommés pour la plus grande par tie pendant le rerardement occafionné par les contre- tems que nous avions cfluyés fous le cap Finifterre, & le peu qui reftoit ne fufhfoit pas pour achever notre voyage ; il falloitnécefairement faire une relâche pour prendre de nouvelles provilions. Se trouvant fi proche de terre, c’eüt été une imprudence que d’en manquer Foccafion : on fit donc voile deflus jufqu’à la nuit, pendant laquelle on mit en panne. Mouiageau Le lendemain on reconnut le port de Sainte-croix, or qui cft à left de l’ifle, & l’on y mouilla par querante- cinq brafles à trois encablures de terre. Ce port peu différent d’une rade foraine, parce qu'il efttrès-ouvert, feroit aflez bon , fi l’ancrage y étoit afluré : mais fon fond qui eft de rochés très-efcarpées, eft fujet à laifler glifler les ancres, & à couper les cables ; d’ailleurs il eft foit fain. Toute la journée fut employée à af fourcher le navire, & à le bien aflurer fur fes ancres. On s’amufa aufli à la pêche du maquereau. Ce poiflon, prefque le feul qu’on trouvat alors en cet endroit, y étoit fi abondant qu’il fembloïit que tous ceux de la mer voifine s’y étoient rendus. On n’avoit qu’à jetter la ligne, lon étoit für d’en retirer un poiflon , fou vent même fans le fecours de l’amorce. Pêche ad Les gens du pays en font la pêche d’une maniere fé bien plus avantageufe. Dès que la nuit eft venue , & par une mer tranquille , ils s’'arment de flambeaux, & fe difperfent avec leurs canots dans toute la rade, à uné licue à la ronde: Arrivés dans les quartiers qui leur paroïflent les plus poiffonneux , ils s’arrèrent te- nant leur flambeau au-deffus de l’eau , de maniere qu’il A U {StÉINIÉ GA L. 7 é les éclaire fans les éblouir ; & dès qu'ils voient le poiffon fe jouant fur l’eau, raffemblé autour de la lu miere , ils donnent un coup de filet, qu’ils vuident aufli-tôt dans leur canot : ils vont ainfi toujours pè- chans jufqu’à ce que leur provifion foit faite. Tant que la pêche duroit , on ne voyoit à chaque inftant que des canots chargés, qui venoient à bord du navire pour vendre leur poïflon ; & on lavoir à très-bon compte. Le maquereau des Canaries n’eft as de même efpèce que celui qu’on voit fur les côtes de l'Europe ; il eft moins large , & plus petit, quoi- que fort allongé : fa peau eft d’un bleu foncé fur le dos, argentée {ous le ventre, & agréablement mar- brée. Sa chair eft blanche & ferme, un peu féche à la vérité; mais, quoiqu’inférieure à celle du maque- reau d'Europe, elle ne laïfle pas d’être d’un bon goût. Le jour fuivant nous eûmes la liberté de defcendre à terre. La mer étoit fort tranquille dans la rade ; mais c'étoit toute autre chofe fur le rivage: elle s déployoit d’une maniere qui auroit intimidé les plus hardis. Comme il eft tout couvert de galets, qui for- ment un bord très-efcarpé, & que la mer entraîne & rapporte fucceflivement , l’attérage eft fort difficile. On eft obligé de profiter de la lame qui porte à terre, & d’avoir attention que le canot ne tourne point, & qu'il ne foit pas rapporté à la mer: c’eft à quoi veillent plufieurs matelots qui attendent fur le rivage. Dès de voient arriver la lame, ils fe mettent à la mer, aififfent le canot , lenlèvent avec le monde qui eft dedans , & le portent à terre ayec autant de force que d'adreffe, 8 VO VA GE 1749. Lorfqu'on eft à terre, on trouve à cent pas du ri- VID Be la ville de Sainte-croix , fituée à l’eft de l’ifle, Saime-croix. Comme le port auquel elle a donné fon nom. Cette ville n’eft ni fortifiée, ni fermée de murailles. Elle eft bâtie fur une plaine affez élevée au-deflus de la mer, & qui fe termine en une langue de terre fort balle, blanche & fabloneufe , d'environ une lieue de lon- gueur vers le fud. Sa longueur eft de quatre cens toi- les, fur une largeur moitié moindre. Ses maifons font au nombre de trois cens, bâties en pierre & à trois étages. Elle peut contenir environ trois mille habi- tans, tous Efpagnols , qui, par leurs mœurs & leur façon de vivre, différent peu de ceux d'Europe. Anse A trois lieues à Poueft de cette ville, en fuivant les gorges des montagnes, qui élèvent infenfiblement le trrein , on trouve celle de Laguna qui eft la capitale de l'ifle. Elle eft affife au pied du Pic, dont j'ai déja Monugnes parlé. Cette montagne, qui porte le nom de Pic de STEEL Ténérif, eft par le 28e degré 12 min. de latitude fep- tentrionale , & par le 18° degré ÿ2 min. de longi- tude , à loccidentde Paris. Sa hauteur que nous avons trouvée de plus de deux mille toifes, c’'eft-à-dire , de près d’une lieue perpendiculaire, doit la faire regarder comme une des plus hautes montagnes de l'Univers. On dit que fon fommet eft couvert de neige pendant toute l’année, & qu'il jette quelquefois des matieres enflammées, fans faire beaucoup de bruit. Elle tient à peu près le milieu de l’'ifle, & cft environnée d'un grand nombre de montagnes qui n’ont guères moins de demi-lieue de hauteur perpendiculaire. Au pied de ges montagnes on voit des ravines femblables à des précipices AU SÉNÉGAL. 9 précipices affreux , qui ont fouvent plus de cent pieds de largeur fur deux cens de profondeur. Ils font creu- {és par des torrens qui sy engoufrent pendant les orages, & qui en fe retirant les laiflent à {ec. Le terrein de cette ifle eft rougeâtre, peu profond & léger , mais d’une grande fertilité. Dans les gorges des montagnes qui font au nord & à l’eit de la ville, on trouve les plus belles forêts d’orangers, de citro- niers ,de cedrats , & de limoniers de toutes les efpeces. Les grenadiers & les figuiers croiflent par-tout à plai- fir. Aux plus excellens fruits de Europe, les habitans de Ténérif joignent ceux de l'Afrique, comme les ba- naniers , les papayers & les ananas , qu’ils cultivent dans leurs jardins. Les caroubiers , les melons de toute efpece , & fur-tout les melons-d’eau , occupent les terres les plus ingrates. Les vallées qui forment leurs campagnes portent les plus beaux blés du monde , au milieu defquels s’élevent par intervalles des bouquets de fang-dragon(r), qui par leur hauteur & leur for- me, imitent aflez le port majeftueux du latanier (2). Les montagnes font mifes en vignobles , qui ont acquis une grande célébrité par Les excellens vins qu'ils rapportent, & que l’on connoît fous les noms de vin de Canarie & de vin de Malvoifie. Le premier eft tiré d'un gros raifin, qui donne un vin fort & capiteux : c'eit le vin d'ordinaire. On fait l’autre avec un petit raifin, dont le grain eft rond & fort doux : aufli la liqueur qui en provient a-t-elle une faveur agréable & : 0. plus douce , qui lui donne une grande fupériorité fur (1) Draco arbor. Clufi. (2) Efpece de palmier dont les feuilles s'ouvrent en éventail. B Qualité de fon-terreins b Ses vigno les, CRETE SE PSE DES PRESS D'ERRERR RER 1749. Avril, 10 VOO\Y'A'GNE le premier. On attribue d’ordinaire la qualité de ces vins au climat & à la nature du terroir ; mais Je crois que la culture & la façon quon donne aux vignes, y a pour le moins une aufli grande part. Voici ce que jai vû pratiquer aux environs de Sainte-croix. On fait choix des collines qui font à une expofition avanta- eufe du midi, négligeant toutes les autres : on en cultive la partie la plus bafle , jufqu’à la hauteur de deux cens pieds au plus. Sur tout le terrein deftiné aux vignes, on élève de petits murs à hauteur d'appui, à la diftance de quatre à cinq pieds Les uns au-defflus des autres. Ces murs fervent à plufieurs fins; car premie- rement , en arrètant les terres, ils empêchent les vignes d’être déchauflées ; en fecond lieu , ils retiennent les eaux des pluies , qui fans cela auroïent coulé fur la terre fans la pénétrer ; enfin , ils augmentent de beau- coup la réflexion des rayons du foleil , & procurent aux feps une plus grande chaleur. Ileft vrai que comme ces murs font faits de pierres feches, c’eft-à-dire, fym- métriquement arrangées fans mortier ni torchis, il s'en écroule quelquefois dans les grofles pluies ; mais le mal eft bientôt réparé : on peut même le prévenir , en fai- fant régner au-deffus du mur le plus élevé, un cordon de grofles pierres un peu incliné, pour rompre la force des eaux & les détourner. 11 me femble que cette pra- tique pourroit être fuivie en Italie, & même en Pro- vence, dans le Languedoc, & dans les autres provin- ces méridionales de la France, par des particuliers qui poflédent des terreins montueux dont ils ne fçavent que faire. Par ce moyen ils mettroient en culture bien des collines, que leur rapidité a fait négliger , & ils À Ur NriTOrTA E. IT en retireroient de grands avantages , fur-tout fi elles font dans une bonne expofition. Le revers de ces montagnes, le côté qui regarde le nord , eft aride & inculte. Il ne préfente à la vüe qu'un amphithéatre de rochers nuds , d’un gris d'ardoife, & taillés en parallelipipèdes verticaux , de fix à huit pieds de hauteur fur trois à quatre de largeur , dont les an- gles font fort tranchans: on diroit autant de précipices élevés les uns au-deflus des autres. Lorfqu’on eit par- venu au fommet, on eft ravi tout d’un coup par un point de vûe qui n’eft borné que par l’horifon de la mer : on fe trouve bien au-deflus des nuages , au tra- vers defquels on apperçoit, à douze lieues dans le fud , la Canarie & les ifles voifines. On eft aufli étonné de ce qu’au lieu de marcher fur de la terre , on ne trouve fous fes pieds que des cendres, des ponces & des pier- res brülées , dont on rencontre encore en defcendant des morceaux difperfés Çà & là, mais dont la plus grande partie a été entraînée au pied des montagnes, & même jufques au bord de la mer. Dans les endroits où la terre étoit ouverte, je voyois au-deflous des ponces, une pierre en groiles mäfles , de couleur d’ardoife, & pareille aux rochers découverts que j'avois remarqués fur la croupe des montagnes. Cette pierre a une reflemblance fi parfaite avec les pierres fondues par le feu des volcans, & la comparaifon que j’en ai faite avec les laves que M° de Jufieu ont reçu non-feulement des volcans d'Italie, mais même de celui de l’ifle Bourbon & de plufieurs autres ; établit cette reflemblance de maniere que je ne crois pas qu’on puifle ni qu'on doive lui donner nn | B i] Vüe fur fe fommet des se montagnes. Nature des pierres, ARRETE F7 4 9. vrik, Sources d’eau, STroupeaux. 12 VOYAGE autre nom. J’ai obfervé la même chofe dans les ravi- nes , & dansla carriere qu’on a creufée aux environs de Sainte-croix : on y trouve la même pierre au-deflous d'un lit fort irrégulier de pierres brûlées. On la coupe par quartiers pour lufage des bâtimens. L’infpedion extérieure & intérieure de ces montagnes , les laves dont elles font entierement formées, & toutes les pierres brülées qui font répandues jufques dans le lit de la mer, ne me laïflent aucun lieu de douter que cha- cune des montagnes qui compofent l’ifle Ténérif, ne doive fon origine à un volcan particulier , qui seit éteint après lavoir travaillée intérieurement , comme Veft encore aujourd’hui le Pic, cette énorme monta gne dont le feu fe manifefte de tems en tems. Il n’y a point de riviere dans cette ifle à caufe de fon peu d’étendue. Les habitans y fuppléent par des canaux creufés dans des troncs d'arbres, qui commu niquent à des fources forties à mi-côte des montagnes: de-là l’eau eft portée dans la ville, qui en eft diftante d’une demi-lieue. Comme cette eau eft aflez dure & crue , ils font dans l’'ufage de la filtrer au travers d’une pierre qui eft fort commune dans leurs carrieres. C’eft une efpece de lave couleur de fuye, qui tient le milieu entre la denfité de la lave grife, & la porofité de la ponce. L’heureufe température de Ténérif, & la bonté des pâturages , contribuent beaucoup à l’excellence des beftiaux qu’on y nourrit. On y voit de beaux trou- peaux de bœufs, & des chevreaux d’un goût exquis : les moutons font moins communs. On y élève des volailles de toute efpece ; mais le gibier, fur-tout en ALISON EG: A L, 13 oifeaux, y eft fort rare. J'ai remarqué que le ferin qui . devient tout blanc en France, eft à Ténérif d’un gris prefqu’aufli foncé que celui de la linotte. Ce change- ment de couleur provient vraifemblablement de la froidure de notre climat. La paflion que j'avois pour herborifer me fit regret- ter que la faifon füt fi peu avancée. La plüpart des lantes particulieres à ce pays, étoient encore cachées dans le fein de la terre : néanmoins mes recherches ne furent pas tout-à-fait infructueufes. Je trouvai encore fur le bord de la mer deux efpeces de glacées(1), au- trement appellées ficoides ; le jafminoides (2) laifloit pendre du haut des précipices & des ravines, fes bran- ches chargées de fruit en maturité ; & le glayeul de Provence (3) ornoit les vallées & les prairies de fes fleurs. Je m’apperçus en courant les montagnes , que les plantes qui leur étoient particulieres, affectoient une certaine hauteur. Le Kleinia (4), par exemple, & quelques plantes nouvelles , que je me propofe de faire connoître , en occupent conftamment la partie infe- tieure, celle où fe font communément les plantations pag. 322.pl.13.figre k | Aizoon foliis cuneiformi-ovatis , floribus feffilibus. Linn, Hort. Upf. pag. 117. 1132 j Ficoides noftras, kali folio, flore albo. Tournef. Mem. Acad, 17054 Ficoidea procumbens, portulacæ folio. Nifff Mem. Acad. 1711, ; Pag. 241. Mefembryantheumm foliis alternis, teretiufculis obtufis, ciliaris, Linn. Hort. Upf. pag. 129. (2) Jafminoides Africanum , jafmini aculeati foliis, & facie. Niff. Mer Acad, 1711. p. 320. pl. 12. fig. 1. (3) Gladiolus utrinque floridus, flore rubro. C. B. p. 41. (4) Kleinia foliis lanceolatis planis , caule Jævi, ventricofo. Linr, Hort. Cliff: p. 395. ee | 1749 Avril. Serin de cou- leur grite. Plantes de Ténérif, 14 VONT AGE 1749. de vignes. Dans la partie moyenne, on ne voyoit que le titimale arbrifleau (1 ) ;enfin , leurs fommets étoient couverts de forèts d’euphorbe (2), dont les tiges de douze à quinze pieds de hauteur , m'avoient paru d’en- bas, comme une verte peloufe d’une herbe très-fine. L’euforbe & le titimale étoient pour lors en fleurs, & environnés de plufieurs efpeces de liferons, qui fer- pentoient autour de leurs tiges. Je ne trouvai dans mes promenades qu’une efpece de coquille terreftre , dont on verra la defcription & la figure dans P'Hiftoire des Coquillages, qui fuit cette relation (3). Beauté di Je ne me laflois point d'admirer la beauté de ce is pays. La douceur d'un climat où il ne gêle jamais, la fituation avantageufe de l’ifle , la variété de fes pro- dudtions, tout cela avoit pour moi des attraits infinis ; & jy eufle refté plus long-tems fi les circonftances l'euffent permis. Mais Ja faion s'avançoit, nos provi- fions d’eau & de vivres étoient faites , il falloit nous rendre au lieu de notre deftination. 1$. Nous levâmes l'ancre le 15 avril, &nous quittâmes rer de ifle T'énérif après huit jours de relâche. Les vents ali- fes de N-E. aflez modérés pour ne pas trop élever la mer , nous permirent de voguer tranquillement juf- ques fous les tropiques. Là les jours clairs & fereins, & les grandes chaleurs nous firent connoître que nous avions changé pour la troifiéme fois de climat: l'hiver, le printems, l'été & la canicule; nous avions éprouvé (1) Tithymalus dendroides linariæ foliis ex infula Canarina. Pluk. Phyr. tab. 319. fie. $. Aer (2) Euphotbia aculeata nuda fubquinquangularis , aculeis geminatis. Linn. Hort. Cliff pag. 196. (3) Limaçons univalves. Genre $. pianc. 1. fig. 2. Poucher. AU SÉNÉGAL. 1s toutes ces faifons en moins de fix femaines. La mer qui, dans ces parages , paroït comme en feu , Lorf- qu’elle eft agitée pendant la nuit, marquoit notre route par un fillon de lumiere que le vaifleau laïfloit derriere lui. Ce phénomene, dont le détail fe trouvera dans un autre ouvrage, me parut aflez intéreffant, & je pañlai plufieurs nuits à le confidérer , & à en recher- cher la caufe. Nous continuâmes notre route avec la même faveur du ciel jufqu’au 25 avril, où l’on fe trouva à la vûe de la côte du Sénégal. C’étoit une terre bafle, fablo- neufe & très-blanche , qu'on avoit aflez de peine à diftinguer , quoique le tems füt bien clair, & qu’on n’en fût éloigné que de trois à quatre lieues : cepen- dant on reconnut à une touffe d’arbres mafquée en partie par les dunes de fables , que l’on étoit par le travers du bois de Griel , c’eft-à-dire , à deux lieues au nord de l’ifle du Sénégal. Peu de tems après on ap- perçut au-deflus du bâtiment un oifeau qui paroiïfloic fatigué & cherchoit à fe repofer ; en eflec il s'arrêta fur une manœuvre, d’où on le fit defcendre d’un coup de fufil. Cet oifeau étoit d’une beauté trop finguliere pour que je n’en fafle pas une légère defcription. C’é- toit une efpece de geai (1), auquel il reflembloit fort par la groffeur du corps, & par la figure du bec & des pieds ; mais il en différoit à quelques autres écards. Il étoit d'un bleu pâle fous le ventre, & fauve fur le dos. Sa queue qui avoit pour ornement deux plumes de la longueur du refte de fon corps, étoit relevée, auffi-bien que fes aîles , par l'éclat d’un bleu célefe le (1) Garrulus argentoratenfis. Wilug. ornith. pag. 89. tab, 10. SERRE EEE DEN 1749. Avril. Mer luinis neule, OX Vèôe de la côte du Séné- gal, Oïfeau de pañlage, Mouillage to] dans.la rade. Canot verfe, Barre, ce que c'eit, 16 VOUOIN A CE plus beau qu’on puifle imaginer. J'ai eu fouvent occa- fion de voir ce geai dans les terres du Sénégal ; mais comme j'ai reconnu depuis que c’étoit un oifeau de affage, qui vient habiter pendant quelques mois de l'été dans les pays méridionaux de l'Europe , & qui retourne pafler le refte de l’année au Sénégal , je ne veux pas laifler ignorer qu’il a été rencontré quelque- fois en mer dans le tems de fon paflage. Le même jour on arriva devant l’habitation du Sé- négal. Après avoir fait les fignaux ordinaires , & falué le fort de plufieurs coups de canon, on alla mouiller trois lieues au-deflus , à l’embouchure du fleuve Ni- ger , par les neuf brafles, fur un fond de vafe & de bonne tenuë. Quoique l’on füt à une demi-lieue de la barre, la mer étoit très-forte, & les vents du large y excitoient des houles furieufes, qui caufoient au vaif- {eau un tangage infuportable. Le canot qu’on avoit mis à la mer, fit capot fous une lame, & nous fümes témoin d’un malheur qui n’eft que trop ordinaire dans la navigation. Comme il tourna fens deflus deflous, les matelots qui étoient dedans , tomberent à la mer, & lun d’eux difparut & fut perdu fans reflource. Nous ne reflâmes pas long-tems dans cette rade, un bateau envoyé de lifle du Sénégal , vint nous prendre pour nous faire pafler la barre , & nous entrer dans le fleuve. On entend par le nom de barre l'effet que produi- fent plufieurs lames, qui en pañlant fur un haut fond , s’enflent & s'élèvent en une nappe d’eau de dix à douze pieds de hauteur, & retombent enfuite en fe brifant. La premiere lame n’a pas plutôt eu fon effet, qu’elle eft fuivie par une feconde, & celle-ci par unetroïfiéme. Elles AU SÉNÉGAL. i7 Ps 2 Elles commencent à fe faire fentir à cent & quelque- 1740. fois à cent cinquante toifes de la côte, & font autant re à craindre pour les plus gros que pour les plus petits bâtimens. Un canot rifque d’y être fubmergé, & un navire y feroit bientôt mis en pieces. Cette barre s’e- tend fur toute la côte du Sénégal ; du moins y a-tl fort peu d’endroits qui n’y foïent fujets. C’étoit un pareil écueil qu’il falloit franchir pour entrer dans le flluve , dont l'embouchure étoit mafquée par un banc de fable fur lequel les lames brifoient. Heureufement nous artivions dans la faifon où la mer eft plus trai- table , & la barre moins rude ; & nous étions conduits par des nègres, tous gens de bonne volonté , & tel- lement familiarifés avec la barre qu’il eft rare d’y voir arriver des accidens. Les bateaux de barre font des petits bâtimens pon- , Bateaux de tés , de cinquante à foixante tonneaux, & quelquefois *: davantage. On les envoie ordinairement fur leur left ; alors ils ne tirent guères plus de quatre à cinq pieds d’eau. Le foin en eft totalement confié aux nègres , & il ne faut pas vouloir les contrarier ou leur donner des confeils. Lorfqu’on eft fur la barre chacun garde un profond filence , pour ne point interrompre le com- mandement: les uns fe cachent , foit par timidité, foit crainte d’être mouillés; les autres plus aguerris , -ref- tent fur le pont pour confidérer l’eflet des lames. Comme obfervateur, je ne pouvois me difpenfer de garder ce dernier pofle ,aufli fus-je bien mouillé. Nous Pirsa:te demeurâmes plus d’un demi-quart-d’heure fur ce dan- gereux pañlage , tantôt élevés par des lames qui flé- chifloient fous nous, tantôt batus par d’autres qui fe C 18 VOOR CA GE 1749. brifoient contre Îles flancs du bâtiment, & finifloient en le couvrant d’une nappe d’eau. Une lame nous fou- levoit, puis nous laifloit à {ec : une autre venoit nous Re po 5 : relever , & étroit bientôt fuivie par d’autres fembla- bles. Après toutes ces alternatives, nous nous vimes enfin hors de tous dangers. C’eft un ufage qu'on fafle après ce pañlage quelque générofité aux nègres de barre : chacun des paflagers s’en acquitta noblement, & ils furent tous fort contens. ur de Dès que nous fümes entrés dans le fleuve , nous Niger à fon : embouchure, NOUS trouvames dans un canal fort tranquille , d’une largeur de plus de trois cens toifes, c’'eft-à-dire , quatre ou cinq fois plus grande que celle de la Seine au Pont- Royal. Sa direction fuit aflez exactement le nord & le fud , parallèlement à la côte, dans une étendue de trois lieues, depuis fon embouchure jufqu’à l’ifle du Séné- . A # ’ 0] La gal. Le terrein des deux côtés n’eft qu’une plaine de fable mouvant, d’une grande blancheur , femé çà & Là de petites dunes que le vent éleve & déplace aufli faci- F Pointe de Jement. Le bord occidental forme une langue de terre arbarie, : r fort bafle, qui fépare le fleuve de la mer, & dont la plus grande largeur n'a pas cent cinquante toifes : c’eft > à 1 à ce qu'on appelle la Pointe de Barbarie. Le bord orien- ral eft plus élevé; mais tous deux font également ari- des & ftériles, & ne produifent que quelques plantes aflez bafles. On ne commence à trouver des arbres que deux lieues au-deffus, vers l’iflet aux Anglois ; encore ne fonte que des manpgliers : c’eft prefque le feul ar- bre qu’on rencontre jufqu’à l’ifle du Sénéval. Débarque- Cetteiflecftà trois lieues de l'embouchure du fleuve, ment à : lie à ° " . . du sen. & à deux tiers de lieue de l’iflet aux Anglois. C’eft Le o AU SÉNÉGAL. 19 chef-lieu de la Conceflion du Sénégal ; & le Direteur 1740 général y fait fa réfidence. Nous arrivâmes à l’entréede la nuit au port oriental du fort , où nous débarquâmes. Aufli-tôr que j'eus mis pied à terre, je me rendis chez Aceueil gra M. de la Brue, qui étoit directeur général. Il me fit r@teur géne- l'accueil du monde le plus gracieux. Les lettres de re- commandation que je lui remis de la part de M. David, fon oncle, directeur de la compagnie des Indes, qui vouloit bien s’'intérefler pour moi , eurent leur elec au-delà même de ce que jen pouvois attendre dans un pays rempli de difficultés. Enfin il me promit'de me feconder en toutes les ocçafions , & il le fit avec un zèle & des bontés dont les fciences lui font redeva- bles, fi j'ai fait quelque chofe pour elles. L’exécution fuivit de près les promelfles : j'eus la liberté de m’étendre dans le pays, de lexaminer, d’en reconnoître les produétions ; & pour m’en donner les moyens, M. de la Brue me procura un canot, des noirs , un interprète , enfin toutes les facilités que la compagnie des Indes fpécifia au Confeil fupérieur , dans une lettre où elle lui faifoit connoître fes in- tentions. Arrivé dans un pays fi différent à tous égards de Defriprion celui d’où je fortois, & me trouvant, pour ainfi dire, re Le. dans un nouveau monde, tout ce que Je voyois fixoit mon attention, parce que tout m’initruifoit. Ciel , climat, habitans, animaux, terres, végétaux, tout étroit nouveau pour moi ; je n’étois accoutumé à aucun des objets qui fe préfentoient. De quelque côté que je tournafle mes regards, je ne voyoïs que des plaines fabloneufes , brûlées par les ardeurs du foleil le plus Ci 20 VOYAGE 1749. Violent. L’ifle mème fur laquelle je me trouvois, n'é- ie toit qu'un banc de fable de 1150 toifes de longueur, fur 150 ou 200 toifes au plus de largeur, & prefque Largeur du de niveau avec les eaux du fleuve. Elle le partageoït tite, En deux bras , dont l’un à lorient avoit environ 300 toifes , & l’autre à l’occident avoit près de 200 toifes de largeur , fur une profondeur confidérable. acts du Malgré fa ftérilité, cette ifle étoit habitée par plus de trois mille nègres, attirés par lesbienfaits desblancs au fervice defquels la plûpart font fort attachés. Ils y D mont bâti leurs maifons, ou autrement leurs cafes , qui occupent plus de la moitié du terrein. Ce font des ef- peces de colombiers ou deglacieres , dont les mursfont de rofeaux bien joints les uns aux autres, & foutenus par des poteaux plantés en terre. Ces poteaux ou pi- quets s’élevent à la hauteur de cinq à fix pieds, & fupportent une couverture ronde de paille, de même hauteur, & terminée en pointe. Chaque cafe n’a que le rez-de-chauflée, & porte depuis dix jufqu’à quinze pieds de diamètre. Il »y a pour touteouverture qu'une {eule porte quarrée , encore eft-elle fort bafle , & fou- vent avec un feuil élevé d’un bon pied au-deflus de terre ; deforte que pour y entrer il faut incliner le corps en levant fort haut la jambe, ce qui fait prendre Leur is. une attitude aufi ridicule que gênante. Un ou deux lits donnent fouvent à coucher à toute une famille, y compris les domeftiques, qui font pêle-mèle & côte à côte de leurs maîtres & des enfans de la maifon. Ces lits confiftent en une claie pofée fur des traverfes , fou- tenues par de petites fourches, à un pied au-deflus de terre, Une natte qu’ils étendent deflus , leur tient lieu Ces 2 7 ALUAS-ÉINLÉ- CA L. 21 de paillaffe , de matelas, & pour l'ordinaire de draps & 1-97 de couverture; pour des oreillers, ils n’en connoïffene point. Leurs meubles ne les embarraflent pas beau- Hiés "0 0 coup : ils fe bornent à quelques pots de terre, qu’on appelle canaris , à des calebafles, des fébilles & autres utenfiles femblables. Toutes Les cafes d’un même particulier font fermées Tapade , ce d'une muraille ou palifläde de rofeaux d’environ fix °°° ieds de hauteur : on donne à ces fortes de murs le nom de tapade. Quoique les nègres gardent peu de fymmétrie dans la pofition de leurs maifons, les fran- çois de l’ifle du Sénégal les ont accoutumés à obferver une certaine régularité & une uniformité dans la gran- deur des tapades , qu’ils ont reglées de maniere qu’elles forment une petite ville, percée de plufieurs rues bien alignées & fort droites. Elles ne font point pavées, & heureufement elles n’en ont pas befoin, car on fe- ee es roit fort embarrailé de trouver la moindre pierre à plus de trente lieues à la ronde. Les habitans tirent même un parti plus avantageux de leur terrein fablo- neux : comme il eft fort profond & très-meuble , il leur fert de fige; c’eft leur fopha, leur canapé, leur lit de repos. Il à encore quelques autres bonnes qua- lités ; c'eft que les chütes n’y font point dangereufes, & qu'il eft toujours d’une grande propreté, même après les plus grandes pluies, parce qu'il imbibe l’eau a lement, & qu’il ne faut qu'une heure de beau tems pour Le fécher. Au refte , cette ville ou village, comme on voudra la nommer, eft la plus belle, la plus gran- de, & la plus réguliere de toutes les villes du pays: on y compte, comme je l'ai déja dit, plus de trois 22 VOYAGE és 749. mille habitans : elle a plus d’un quart de lieue de AL longueur , fur une largeur égale à celle de l’ifle, dont elle occupe le centre, aflez également diftribuée aux deux côtés du fort qui la commande. De ds On peut dire que les nègres du Sénégal font les omMmeSse . CNE \ plus beaux hommes de [a Nigritie. Leur taille eft pour l'ordinaire au-deffus de la médiocre, bien prife, & fans défaut. Il eft inoui qu’on en voie de boiteux, de boflus, de noués, à moins que ce ne foit par acci- dent. Ils font forts, robuftes, & d’un tempérament propre à la fatigue. Leurs cheveux font noirs, frifés, cotoneux & d’une finefle extrême. Ils ont les yeux noirs & bien fendus, peu de barbe, les traits du vifage aflez agréables, & la peau du plus beau noir. Leur habillement ordinaire confifte en un petit morceau de voile qui leur pafle entre les cuifles, & dont les deux bouts relevés en haut & pliflés, forment une efpece de caleçon qui fe ferme avec un cordon par devant : c'eft ainfi qu'ils couvrent leur nudité. Ils ont aufli une pagne , c’eft-à-dire , une piece de toile de coton, de la figure d’une grande ferviette, qu’ils paflent négligem- ment fur l’une des deux épaules, en laïffant flotter un bout fur leurs genoux. joue Les femmes font à peu près de la taille des hom- mes , également bienfaites. Leur peau eft d’une finefle & d’une douceur extrême. Elles ont les yeux noirs, bien fendus ; la bouche & les lèvres petites, & les traits du vifage bien proportionnés. Il s’en trouve plu- fieurs d’une beauté parfaite. Elles ont beaucoup de vivacité, & fur-tout un air aifé de liberté qui fait Leur hbi- plaifir, Elles fe fervent , pour fe couvrir , de deux lement. Leur habil- lement. A. UË S'ÉN É G'A L. 23 pagnes , dont lune qui fait le tour de leur ceinture, defcend jufqu'aux genoux, & tient lieu de jupon ; Avril. l’autre leur couvre les deux épaules , & quelquefois la tête. Cet habillement eft aflez modefte pour un pays fi chaud; mais elles fe contentent pour l'ordinaire de la pagne qui leur couvre les reins, & quittent l’autre pour peu qu’elle les incommode.On juge bien qu’elles ne font pas long-tems à s’habiller , ou à fe deshabiller, & que leur toilette eft bientôt faite. Comme l'ifle du Sénégal eft de la dépendance du Carattere des royaume d'Oualo, les nègres qu’on y voit, fur-tout né. _ les libres , font de cette nation. Ils font, généralement parlant, d’un naturel doux, fociable & obligeant. Ceux que la Compagnie entretenoit à mon fervice, étoient Oualofes, comme ils fe difent, ou par corrup- tion Yolofes. J'employai les premiers mois de mon arrivée, non- L'Auteurap. feulement à étudier les mœurs & le caraétere des ha- Pinteurtan bitans, mais encore à apprendre la langue oualofe , qui ; eft la plus répandue dans le pays : car je n'ignorois as qu’elle me feroit d’une grande utilité, & même d'une néceflité indifpenfable, pour les recherches que je me propofois., Dans certe vüe je les fréquentois, & me trouvois avec eux le plus fouvent qu'il m'étoit poñlible. Enfin quand je me crus affez inftruit de leurs ufages, familiarilé avec leurs manieres, & en état de fçavoir comment je me comporterois dans une terre qui faifoit depuis long-tems Pobjet de mes plus ar- dens defirs , je penfai à me répandre de côté & d’autre, Les fables mouvans de l'ifle du Sénégal, des chien 1e de Sur, dens, des mangliers & quelques liferons ne fufifoient LE —— 1749 Avr, 10 Mai. Promenade far cette ifle, 24 TOM ACGE pas pour occuper bien long-tems un naturalifte, Je ne pouvois trouver de quoi m'in{truire qu’en traver- fant le fleuve pour vifiter le continent. J'y paflois dans mon canot le plus fouvent qu'il m'étoit poflible, fouvent même plufieurs jours de fuite. L’ifle de Sor eft la premiere terre qui fe préfente au bord oriental du fleuve, & qui fait face à l’ifle du Sénégal. Elle a plus d’une lieue de longueur, & eft partagée par de petites rivieres qu'on nomme marigots. Ses fables qui ne dif. ferent en rien de ceux de l’ifle du Sénégal, font d’une fertilité inconcevable. Ils forment dans fon milieu plufieurs collines d’une pente fort douce , & couvertes de gomimiers blancs, de gommiers rouges(r}),& d’au- tres arbres tous épineux , & d’un accès très-difficile. Je defcendis pour la premiere fois fur cette ifle le 10 de maï accompagné de mon interprète & des deux nègres qui avoient conduit mon canot. Elle eft bor- dée d’un bois très-épais , au travers duquel on trouve, avec bien de la peine, un fentier par où il faut né- ceflairement pafler pour pénétrer dans fon intérieur. Ce feroit un petit mal, fi lon n’étoit pas continuelle- ment arrèté par les épines qui s'accrochent aux ha- bits, & déchirent les jambes: pour moi j'en étois quitte pour quelques morceaux de ma vefte ou de ma che- mife , feuls vêtemens qu’on puifle fouffrir dans un pays fi chaud , où la chemife feule gène encore beau- coup ; mais mes nègres avec toute leur fouplefle, y * . O laifloient fouvent quelques lambeaux de leur peau , (3) Efpeces d’acacies fur lefquelles on recueille les deux fortes de gom- mes, la blanche & la rouge, connues autrefois fous le nom de gomme Arabique, & anjourd'hui fous celui de gomme du Sénégal. fans AU'SÉNÉEG A LI. 25 fans parler des épines qui leur entroient dans les pieds ; car la plûpart ne font pas ufage des fandales. N’eft-il pas étonnant que depuis plus de trente ans que les ha- bitans de cette ifle ont commerce avec ceux de l’ifle du Sénégal , ils ne fe foient pas donné la peine de s’ou- vrir un chemin praticable ? Y a-t-il rien qui prouve mieux la parefle & la négligence des nègres ? Leur grand chemin , la grande route de cette ïfle , eft un fentier , qui mème ne mérite pas ce nom , puifque fou- vent on eft obligé de fe mettre ventre à terre pour y pañler. Malgré ces difficultés je me tirai d’em- barras. Mes nègres m’apprirent qu'il y avoit du gibier dans cet endroit. J’avois mon fufil ; ils portoient aufli cha- cun le leur. J’y chaflai quelques heures, fans me re- buter des courbettes qu’il falloit faire à chaque inftant fous les épines. Des perdrix & quelques lievres que je tuai, me dédommagerent de mes fatigues. Le lievre de ce pays n’eft pas tout-à-fait celui de France : il eft un peu moins gros, & tient pour la couleur du lievre & du lapin. Il femble que fa chair blanche le rappro- che davantage du lapin ; mais il ne terre point. Sa chair eft d’une délicatefle & d’un goût exquis. On ne peut pas dire la même chofe de celle de la perdrix : elle eft d'une dureté qui la fait méprifer. Je ne fçai même fi on ne doit pas lui donner plutôt le nom de gelinote, car elle en a la groffeur & à peu près les cou- leurs. Deux forts ergots qu’elle porte derriere les pieds , la diftinguent fuffifamment des autres efpeces de ce genre. Content de ma challe, je pourfuivis jufqu'au village Lievres! Perdrix, Paflage de deux man- gots. Chaleur ex- cetlive des fa- bles, 26 VOYAGE deSor qui donne fon nom à cette ifle. Pour y arriver, il me fallut pafler deux marigots : ce font des rivieres, dont tout le pays elt tellement coupé, qu’on ne peut faire deux pas fans trouver fon chemin barré. Javois un expédient lorfqu’elles n’étoient pas trop profon- des ; c'étoit de me faire porter par mes nègres. Je m’en fervis en cette occafion : Pun d’eux me prêta fes épau- les, & comme fes habits ne l’embarrafloient pas, il fut bientôt dans l’eau jufqu’à la poitrine , & me pafla dans un inftant, & comme en courant , le premier marigot qui avoit plus de largeur que la Seine au Pont-Royal. Voilà quelle fut ma monture (qu’on me pañle ce ter- me } : C’eft la plus füre pour ces fortes de trajets, parce que ces gens-là font accoutumés à cheminer dans ces plaines d’eau , comme dans celles de terre, & qu'ils en connoïflent toutes les routes : aufli je n’en avois point d'autre lorfqu'il s’'agifloit de traverfer une riviere ou un étang de moyenne profondeur ; je ne le répe- terai plus. Mes pieds, malgré mon attention, avoient trempé dans l'eau ; maisils ne furent pas long-tems à fe fécher. J'avois à marcher fur des fables qu’on auroit tort d’ap- peller autrement que des fables brülans , puifqu’on y éprouvoit dans les tems les plus ordinaires, une cha- leur de 60 degrés & même davantage , comme je l'ai reconnu depuis , par des obfervations que j'ai fuivies fcrupuleufement au thermometre de M. de Reaumur. On peut faire l’effai de fe procurer une pareille chaleur aux pieds, dans un tems où celle de Pair libre fera de 22 degrés à l'ombre, comme il étoit alors fur l’ifle du Sénégal le 10 mai, dans un jour des plus froids de AUUt S É N'É G'A L, 27 l'hiver du pays : on jugera facilement quelle doit être 5,49. la fenfibilité d’un Européen tranfporté d’un climar "#: tempéré, au climat le plus chaud de l'Univers. Mes Herr decer- {ouliers s'y racornifloient , fe coupoient , puis tom- Ps boient en poudre : les pieds même de mes nègres cre- vañloient ; & la feule réflexion de la chaleur du fable ine faifoit lever toute la peau du vifage, & m’y cau- foit une cuiflon qui duroit quelquefois cinq ou fix jours. Tels étoient les effets les plus ordinaires de la grande chaleur que javois à éprouver quand je me promenois dans les terres du Sénégal : effets qui aug- mentoient à proportion que la chaleur au lieu de 22 degrés , montoit au 34€ à l'ombre, c’eft-à-dire , dans Pair le plus froid. A ces incommodités, il faut joindre Incommodi. celle du fable mouvant, qui, outre qu'il fatigue beau- ue coup parce qu’on y enfonce jufqu’à la cheville du pied , remplit les fouliers d’un poids tout-à-fait gê- nant. Ce fut alors que je reconnus l'utilité de cette peau épaifle de plus d’un travers de doigt , que la na- ture a placée fous les pieds des nègres, qui , en leur fer- vant de défenfe contre la dureté des corps étrangers, les difpenfe de l'ufage des fouliers. Je m'accoutumois cependant peu à peu à ces genres de fatigues; car il n’eft rien dont on ne vienne à bout avec de la bonne volonté , & ce point ne me manquoit pas. Après les alternatives d’un pañlage au travers des Réception de bois d’épines , des rivieres, & des fables ardens , j'ar- leGouverneur rivai, chaffant & herborifant , au village de Sor. Jy de trouvai le Gouverneur que les nègres connoïflent {ous le nom de Borom-dek , c'eft-à-dire, Maître du village. Cécoit un vénérable vieillard d’environ cin- D i RRROPENTENEE LS 1749. Ma, « 1 ] 4 Jalutces ne- CTCSe L Leur refpett pour les fra- &OISe 28 VOYAGE quante ans, qui avoit la barbe blanche & les cheveux gris. Quand je dis un vieillard de cinquante ans , c’eft qu'il eft de fair que les nègres du Sénégal font réelle- ment vieux dès l’âge de quarante-cinq ans & fouvent plutôt : & je me fouviens d’avoir entendu dire plu- fieurs fois, à des françois anciens habitans du Séné- gal, qu’ils avoient remarqué que la vie des nègres de ce pays ne pafloit guères foixante ans ; remarque qui s'accorde parfaitement avec les obfervations dont j'ai tâché de m’aflurer pendant mon féjour au Sénégal. Mais pour revenir au maître du village de Sor, c'étoit un grand homme, de bonne mine, qui portoit fur fa phyfionomie un caractere de douceur & de grande bonté : il s’appelloit Baba-fec. Il étoit aflis fur le fable à l’ombre d’un jujubier (1) planté devant fa cafe, où il fumoit & converfoit avec quelques amis. Aufli-tôt qu'il m'apperçut, il fe leva, me préfenta trois fois la main , puis la porta tantôt à fon front, tantôt à la poitrine , me demandant à chaque fois en fa langue, comment je me portois. Jen fis autant de mon côté en même tems, parce que je compris bien que c’étoit la façon de faluer ufitée dans le pays. Il ne m'ôta point fon bonnet, car il n’en portoit pas; pour moi je fuivis la coutume des françois, qui eft de ne fe pas décou- vrir devant les gens de fa couleur. 11 me fit apporter enfuite une natte fur laquelle je m'aflis ; & il fe mit fur un des coins, fans qu’il me fût poflible de Île faire approcher du milieu. C’eft une marque de refpect qu'ils portent aux françois , qu'ils regardent comme des (1) Jujuba aculeata, nervofs foliis infrà fericeis flavis. Burm. Thez. Zeyl. p. 131. tab, Gr. AU SÉNÉGAL. 29 grand - gents , Ceft-à-dire, comme des feigneurs bien au-deflus d'eux. En effet, ils n’ont pas tout-à-fait tort; & il faut , autant que l’on peut, les entretenir dans cette efpece de foumiflion : aufli ne le preflai-je pas beaucoup. Deux de fes femmes, car la polygamie eft établie dans ce pays, vinrent un moment après avec fes enfans, me faire compliment, & n'apporte- rent quelques jattes pleines de lait, des œufs & des poules. Je bus un peu de lait & les remerciai du refte. Leur diner ne devoït pas tarder, & Baba-fec comp- toit fur moi. En attendant la curiofité me porta à viliter le village. Les cafes n’y étoient ni fi grandes ni {1 belles que celles que j'avois vues dans l’ifle du Sé- népal. La couverture defcendoïit dans quelques-unes prefque jufqu’à terre, & étoit relevée fur le devant de la porte de quelques piquets , pour y former une efpece d’auvent où l’on étoit à couvert des rayons du {oleil. Dans d’autres , les murailles éroient enduites d'un torchis de terre grafle, pétrie avec de la boufe de vache , qui exhaloit une aflez mauvaile odeur. Dans celles-ci on avoit pratiqué deux ouvertures oppofées , dont chacune n’étoit qu’un œil de bœuf d’un pied & demi de diametre, percé dans le mur à la hauteur de deux pieds. J’avois trouvé les portes quarrées de l’ifle du Sénégal fort gênantes , je trouvai celles-ci bien autrement ridicules, quand il fallut faire toucher mes genoux au menton pour y entrer. L'intérieur de ces cafes reflembloit en tout à celles que j’avois vues au Sénégal. Les rues étoient aufli peu régulieres que les cales, & fort étroites, Malgré le peu de fyimmétrie Maions ou cafes de Sur, Nudité des enfans, 30 VOYAGE qu’obfervent les architectes de ces maifons, les villages ne laïflent pas d’être agréables , parce qu’ils font plan- tés Çà & là d'arbres, qui en procurant de la fraîcheur, recréent la vûe par une verdure continuelle. Les enfans de l’un & de l’autre fexe , même ceux qui avoient déja neuf ou dix ans , âge auquel com- mencent à fe déclarer les fignes de puberté , étoient réellement nuds. Les filles avoient pour ornement autour des reins quelques ceintures de verroteries, ou à leur défaut, de vertebres de requien (1), ou de quel- ques coquillages enfilés comme des grains de chape- lets. On s'imaginera peut-être que ces enfans dans cet état de nudité, devoient fe déconcerter à la vûe d’un étranger : point du tout; on a beau les approcher, & même leur faire des niches, on ne les voit point affeéter aucun air voluptueux de liberté; & fans paroître hon- teux , ils n’ont rien que d’aifé & de naturel dans leur contenance. On fera fans doute également furpris d’en- tendre dire que les enfans qui avoient à peine fix mois commençoient à marcher abandonnés à eux-mêmes. C’étoit un plaifir de voir ces foibles créatures fe trai- ner , au foleil fur le fable, à quatre pattes comme des petits finges , & de les entendre avec un air de con- tentement , marmotter déja quelques mots entre leurs dents. Les femmes avoient routes autour du corps une demi-pagne qui leur fervoit de jupe ; du refte elles étoient nues de la ceinture en haut. Comme elles font pour l'ordinaire fort bienfaites , elles ont tou- jours fort bon air dans ce deshabillé, fur-tout quand (1) Poiffon vorace, du genre des chiens de mer. Les jeunes requiens font un mêts fort goûté des nègres. AU SÉNÉGAL. 31 on eft fait à leur couleur : ceux qui n’y font pas ac- coutumés , doivent fe contenter de regarder leur taille, qui eft ce qu’elles ont de plus beau. De quelque côté que je tournafle les yeux dans ce riant féjour, tout ce que j'y voyoismeretraçoit l’image la plus parfaite de la pure nature : une agréable foli- tude qui n'’étoit bornée de tous côtés que par la vûe d'un payfage charmant ; la fituation champêtre des cafes au milieu des arbres, l’oifiveté & la mollefe des nègres couchés à l’ombre de leurs feuillages, la fim- plicité de leur habillement & de leurs mœurs, tout cela me rappelloit l’idée des premiers hommes, il me {embloit voir le monde à fa naïflance. Mon efprit s’occupoit agréablement de ces penfees, lorfqu’on vint m’avertir que le Gouverneurdu village m’attendoit pour diner. Je retournai fur mes pas, guidé par mes nègres dans ce labyrinthe de cafes, où je me ferois perdu facilement. Je le retrouvai dans l'endroit où je l'avois laiflé, avec fes enfans & quel- ques amis. Ils étoient aflis les jambes croifées fur le fable , autour d’une grande jatte de bois pleine de coufcous : c’eft une bouillie épaifle & grenue, faite de deux efpeces de mil. Il me fit afleoir auprès de lui, & commença à manger en portant fa main dans le plat, & prenant une petite poignée de coufcous , qu’il roula avec les doigts, faute de cuillier & de fourchette, dont l’ufage n’eft pas encore venu jufques chez eux. Il m'invita enfuite à en faire autant. Je ne me fis pas prier , & je fuivis fon exemple ; car je ne m’écartois jamais de ce principe, que rien n’eft plus capable de gagner la confiance & l'amitié des étrangers chez lef- Diner avec le Gouver- neur de Sor, Les femmes ne mangent point avec leurs maris, 32 VOYAGE quels on fe trouve, que de fe conformer à leur ma niere de vivre & à leurs ufages ; & jem’en fuis toujours bien trouvé. Le coufcous étoit au requien : ils le trou- verent excellent ; & une des meilleures preuves c’eft que le plat fut bien nettoyé. Pour moi j'en jugeai moins favorablement. Mais les goûts font difiérens, & il n’eft pas permis d’en difputer. Rien à mon fens weft plus infipide que cette forte de mêts, & la ma niere de le manger n’eft guères moins dégoûtante. Je m'y fis pourtant , & le trouvai aflez bon par la fuite. Ce feul fervice compofa tout notre feftin. Le repas fini ,une jeune efclave, dans fon habit de nature , nous préfenta tour à tour une jatte pleine d’eau dans laquelle chacun but, après quoi on s’y lava la main qui avoit fait office de cuillier. C’eft toujours la droite : la gauche eft deftinée à des ufages qui ne font pas compatibles avec la propreté. Ces pratiques font, comme la polygamie, une fuite des préceptes de la religion Mahométane qu’ils ont embraflée, & dontils n’admettent que les principes qui font les plus con- formes à leurs ufages & à leur maniere aifée de vivre. J'avois été fort furpris de ne voir aucune des femmes de mon hôte manger avec lui; mais j'appris que c’étoit la coutume dans le pays, & qu'aucune femme n’avoit jamais eu cet avantage , parce qu'ils font perfuadés , en bons mahométans, qu’il n’y a point de paradis pour elles. Ainfi elles mangerent après nous, & de la même façon, c’eft-à-dire, fans table, fans affiettes, ni nappe, ni cuilliers , ni fourchettes, ni couteaux , ni ferviettes, Pour remercier mon hôte de fes bonnes façons, je lui AU SÉNÉGAL. 32 lui fs préfent de quelques pattes de fer (1), & je diftri- buai des verroteries à fes femmes & à {es enfans. Il voulut me retenir à un bal quialloit commencer ; mais je le priai de remettre la partie à un autre tems, parce que le jour commençoit à baïfler. Nous nous quittä- mes ainfi fort contens l’un de l’autre. Les guiriots(2) en reconnoïflance de la générofité dont j'avois ufé à leur égard, n'accompagnerent jufques à plus de deux cens pas , jouans du tambour , au fon duquel toute la jeunefle danfoit en cadence, pour me témoigner fa joie. Enfin je les perdis de vüe, & me hâtai de retour- ner à l’ifle du Sénégal. Je ne fus pas médiocrement fatisfait de ma premiere réception chez le feigneur de Sor. Elle m’apprit qu’il y avoit beaucoup à rabattre de ce que j'avois 1 par- tout , & de ce que j'avois entendu dire du caractere fauvage des Africains ; & je crus que cela ne devoit point regarder ceux du Sénégal. Il n’en falloit pas da- vantage pour m'encourager à me répandre de plus en plus parmi eux ; & je fus ravi d'apprendre quelque tems après, qu'il devoit partir dans le courant du mois fuivant, un bateau pour traiter des bœufs à l’efcale des Maringoins. Un Employé de la Compagnie char- gé de cette traite, m’engagea à faire le voyage avec lui. Nous nous embarquâmes le 16 juin de grand matin fur le Niger. Nous le fuivimes en montant, & quand nous fümes à la pointe de l’ifle Bifèche, nous commençâmes à perdre de vue l'ifle du Sénégal, qui (1) La parte de fer eft la douziéme partie d’une barre de neuf pieds de long : elle fert de monnoie dans le pays. (2) C'eft le nom que les nègres donnent aux muficiens & aux tambours du pays. E CE 17 4 Je Mai, 16 Juin. Voyage à l'ef cale des Ma- ringoins. Manoliers , arbres fort fnouliers, 34 VOYAGE en eft diftante d'environ une lieue. Nous avions l'ifle Bifèche fur notre droite , & l’ifleau Bois fur la gauche. Toutes deux étoient Hüsdues de mangliers qui don- noient à notre navigation tout l'agrément d’une pro menade dans une belle & large avenue d’arbres. Les manoliers (1 )ont quelque chofe de trop fingulier pour les paller fous filence. Ces arbres, dont les plus grands n’ont communèment que cinquante pieds de hauteur, ne croïflent que dans l’eau , & fur le bord des rivieres où l’eau dela mer remonte dan fois par jour. Ils confer- venttoute l’année la fraîcheur de leurs feuilles , comme prefque tous les autres arbres de ce pays : mais ce qui les rend plus remarquables, ce font de longues racines qui fortent de leurs branches les plus balles. & tom- bent dehauten bas pour s'approcher du fond del eau & pénétrer dans Ja terre. Elles reflemblent alors à autant d’arcades de cinq à dix pieds de hauteur, qui fervent à fupporter le corps de Parbre, & à livahess même de jour en jour dans le lit du faute, Ces arcades font fi {errées & fi entrelacées les unes dans les autres, qu’elles font commeune terrafle naturelle & à jour , dlovée fur Peau avec tant de folidité, qu'on pourroit y marcher, fi les branches trop fÉuenies de feuilles n’y mettoient empèchement. Nous fimes ainfi trois lieues dans les mangliers , après quoi , depuis le marigot de Kiala, jufqu’à celui de To: à quatre lieues & demi de lifle du Sé- négal , nous ne vimes fur les deux bords du fleuve que dés joncs ou rofeaux de dix à quinze pieds de (1) Mangles aquatica , foliis fubrotundis & punétatis. Plum. gen. Fas. 134 A SÉNÉEG ÀL. 35 hauteur(1). Torkhod eft un village fitué à la gauche du Niger, fur une colline de fable rouge , au pied de laquelle pañle le marigot qui porte fon nom. C’eft le feul village que nous ayons pû voir dans notre route depuis l’ifle du Sénégal. Les mangliers nous avoient Ôté la vûe des autres qui font répandus dans les terres bafles que le Niger inonde. La fituation avantageufe de Torkhod , la couleur rouge de fa colline, la beauté des arbres dont elle eft couverte, & la prairie fur la- quelle il domine, préfentent une perfpeétive fort riante. Des pêcheurs de l’endroit nous apporterent des ma- choirans (2), des anguilles & d’autres poiflons qu’ils avoient pêches dans leur petite riviere. Nous en ache- times plus de cinq douzaines, qui ne nous revinrent pas à trois deniers la piece ; puis nous continuâmes notre route, rencontrant encore quelques mangliers {ur la rive droîte du fleuve, jufqu’à une lieue près d’un village appellé Maka , où ces arbres fe terminoient. Nous arrivâmes le même jour avant la nuit à lef- cale des Maringoins , lieu où devoit fe faire la traite. Il en eft de cette efcale, qui eft la premiere qu’on trouve en remontant le Niger, comme du tropique pour les navigateurs en mer; les françois qui y pañlent pour la premiere fois , s’obligent à faire une gracieu- feté aux laptots (3): je leur fis donc délivrer la grati- (1) Gramen dactylon bicorne tomentofum maximum , fpicis numero- fiMimis. S/oan. Jam. vol. 1. tab. 15. Nhamdia brafilienfibus, bagre do Rio luzitanis. Marcgr. p. 149. (2) Myitus cirrhis fex longiflimis, pinnà dorfi fecundà triangulari. Gronov. Muf. Ichth. p. 35. n. 84. (3) On appelle de ce nom les nègres qui font au fervice de la Coim- pagnie. Eï Perfpectis s du village de Torkhod. Arrivée à let cale des Ma- TINGOINS« Maringoins e‘pece de cou- ins, Troupeaux des maures, 36 VOYAGE fication ordinaire. L’efcale des Maringoins n’eft éloi- née que de treize lieues françoifes au nord ; nord-eft de l’ifle du Sénégal. C’eft une plaine de fort bonne ter- re, qui s'étend des deux côtés du fleuve jufqu’au vil- lage de Maka que nous venions de quitter , & qui dans certe longueur de plus de fept lieues , forme des vaftes rairies , dans lefquelles les habitans élevent beaucoup de beftiaux. On a donné le nom de marigot des Ma- ringoins à une petite riviere qui vient de la mer fe joindre au Niger un peu au-deflous de l'efcale, parce qu’elle cft pleine de rofeaux extrêmement hauts & fort épais , qui fervent de retraite à une efpece de cou- fins qu'on appelle maringoins. I] y à des tems où ces petits animaux fortent de ces endroits inaccefibles, en fi grande abondance que l'air en eft obfcurci. On a bien de la peine à s’en garantir, parce que leur aiguil- lon pénétre au travers des étofles les plus ferrées ; & leur piquûre devient infupportable par la prodigieufe quantité de ces petits infectes dont on eft affulli en mème tems , & qui mettent en un moment le corps comme en feu. C’eft une des plus grandes incommo- dités qu'on ait à fouflrir dans tous les lieux aqua- tiques. Les maures nous attendoient à deux cens pas du bord feptentrional du fleuve , où ils étoient campés. On ne voyoit dans toute la campagne que des trou- peaux nombreux de bœufs , de moutons , de cabrits & de chameaux, qui païfloient en toute liberté. Le lendemain je defcendis à terre, pour voir de près les bœufs qui n’avoient paru différens de ceux d'Europe: ils étoient la plüpart beaucoup plus gros, & plus A U* S'É.N É G'A L. 37 hauts fur jambes : ils fe faifoient remarquer par une loupe de chair qui s'élevoit de plus d’un pied fur le garrot entre les deux épaules. Ce morceau eft un man- ger délicieux. Les moutons, ou, pour parler plus correctement , les beliers, car on n’eft point dans l’u- fage de les couper, font aufli d’une efpece bien diftin- guée. Ils n’ont du belier de France que la tète & la queue ; du refte , pour la grandeur & le poil, ils tien- nent davantage du bouc, qui lui-même n'a rien de remarquable. Tous deux ont la chair extrêmement délicate, mais fouvent trop parfumée. Il femble que la laine eût été incommode au mouton dans un pays déja trop chaud ; la nature la changée en un poil me- diocrement long & aflez rare. En traverfant ces vaftes troupeaux, je me trouvai infenfiblement approcher de ladouar : c’eft Le nom qu’on donne à un amas de tentes où fe logent les mau- res. Ces tentes font toutes rondes en cône, & d’une groffe étofle de poil de chevre & de chameau , aflez ferrée pour être impénétrable à la pluie. Elles étoient placées les unes auprès des autres en forme de cercle, loutenues chacune par une perche qui s’élevoit au mi- lieu, & arrètées dans leur circonférence avec des lon- ges de peau de bœuf, attachées à des piquets environ un pied au-deflus de terre. L'intérieur étoit tapiilé tout autour de plufieurs rangs de nattes , aflermies d'un côté par la tente, & de l’autre par leurs meubles, ui fe bornent à quelques outres où font renfermées leurs hardes , leur lait , leur beurre, enfin leurs pro- vifions de bouche , & à quelques moitiés de calebaes qui leur fervent de pots & de vales, Pos rs | . 1749 Juin, Leurstentes, Portrait des imaurefles, Pertrait des Maures. Leur habil- Jement. Leurfrugalité. 38 VOYAGE Pendant que les hommes gardoïent les beftiaux, les femmes, renfermées fous leurs tentes, s’occupoient à battre le beurre, à filer , à prendre foin de leurs en- fans, & des autres ouvrages domeftiques. Elles ont le teint olivâtre , les traits du vifage réguliers, les yeux grands & pleins de feu , les cheveux fort longs & nat- tés, pendans à quelques-unes , & relevés à d’autres. Elles me parurent aufli avoir la taille bien faite, quoi- que petite , & fur-rout beaucoup plus de réferve que les nègreffes. Les hommes ne font guères moins grands que les nègres; mais ils en different par leur couleur qui eit rouge ou rouge brun; par leurs cheveux qui {ont médiocrement longs, crêpus & plus épais ; & fur-tout par les mufcles qui marquent davantage fous leur peau : ils ont aufli le vifage plus maigre , plus décharné , & la peau du corps moins tendue. Leur habillement & celui de leurs femmes confifte en une longue chemife de toile noire , & une pagne dont les femmes fe couvrent la tête & les épaules, & que les hommes roulent tantôt autour de leurs corps comme une ceinture, tantôt autour de la tête pour imiter le turban. Cette pagne n’eft pas toujours de coton & de couleur noire; il y a beaucoup d’hommes qui la por- tent de laine blanche, fouvent bordée de rouge. Jai parlé ci-devant d’un repas que je fis avec des nègres ; mais ceux des maures ne leur cédent en rien pour la frugalité. Le lait de chameau, de vache, de chevre & de brebis, avec le mil, fait leur nourriture ordinaire; & fouvent la gomme feule avec le lait leur tient lieu de tout autre mèts & de boiflon. Il n’y avoit pas encore deux mois que j'étois au Sé- AU: SÉANYÉGA L, 39 népal, & javois déja eu occafion de voir & de con- noître par moi-même , autant qu'il mÉtoit néceflaire pour le tems préfent, de routes les nations qui l’ha- bitent , les deux les plus éloignées par leurs mœurs & la maniere de vivre, celle des maures & celle des nè- res. J'avois remarqué dans les uns & dans les autres un fond d'humanité & un caractere fociable qui me donnoit de grandes efperances pour la fürete que je devois trouver parmi eux, & pour la réuflite des con- noifflances que je voulois prendre de leur pays. Le jour fuivant je parcourus, herborifant & chaf- fant , les brillantes campagnes qui font fur la rive op- pofée du fleuve. Elles éroient alors toutes couvertes de la groffe efpece de mil appellée gurarnatt (1), qui approchoit fort de fa maturité, & dont les nègres avoient enveloppé les épis avec leurs propres feuilles , pour les mettre à l’abri des attaques des moïneaux qui y font ordinairement de grands ravages. Ce n’étoit pas une petite befogne que de marcher dans la plaine au.travers de ces mils, dont les cannes fort grofles & affez ferrées , avoient huit bons pieds de hauteur. La chaleur étoit étouffante, parce que le vent ne fe fai- foit pas fentir dans ces grandes herbes, & que le {0 leil peu éloigné du zénith dardoïit fes rayons prefque à plomb. Mes nègres pour fe diftraire de la longueur de la route, & pour fe défaltérer , arrachoïent de tems en tems des cannes entieres de ce mil, & en fucçoient la moëlle après l'avoir dépouillée de fon écorce. Ils m'en préfenterent quelques morceaux ainfi préparés , (x) Milium arundinaceum , fubrotundo femine forgo nominatum. €. B. Pin. 16. RSR TETE 1749. Juin, 1749. Juin. Village ap- pellé Depleur. Jardins des nègres. Frayeur des enfans à la vûe d'un bianc. 49 | VOYAGE que je goûtai, & que je trouvai fi doux & d’une eau fi fucrée que je fuivis bientôt leur exemple. Je ne doute nullement que ces cannes de mil, traitées com me les cannes à fucre , ne fourniflent également une liqueur propre à faire du fucre. Enfin ,après avoir cheminé pendant une demi-heure fans voir autre chofe que des herbes autour de moi, je ie trouvai au pied d’une petite dune fur laquelle étoit bâti un village que les nègres appellent Depleur. Je lavois examiné étant fur le bord du fleuve, d’où il paroifloit fous un point de vüe charmant. Le pied de la colline qui étoit toute de fable pur & rougeûtre, ne montroit par-tout que des jardins. On y voyoit alors des giromons, cette efpece de potirons particu- liers aux pays chauds, qui ne cédent point à ceux des pays froids pour la grofleur , & dont le goût fucré a quelque chofe de plus fin & de plus délicat. Les deux efpeces d’ofeille de Guinée (1), la verte & la rouge, arbrifleaux de quatre à cinq pieds de hauteur, & qui ne reflemblent à la nôtre que par le goût , y croifloient à merveille. Le tabac & des haricots de coute efpece couvroient le refte du terrein. De ces jardins je paflai dans le village fans vouloir n'y arrêter, parce qu'il ne me paroïfloit pas différent des autres. Comme il eft peu fréquenté par les fran- çois, à caufe de fon éloignement du fleuve, tous les petits enfans qui n’avoient pas encore vü de blancs, effrayés en me voyant, fuyoïent chacun de leur côté, cherchant un afyle entre les jambes de leurs meres, & jettoient des cris qui m'étonnerent peu, parce que (1) Ketmia Indica, goffypii folio, acetofx fapore. Plum. Car. p. 2. j'en AU SÉNÉG AL, A j'en découvris bientôt la caufe. Cependant je m'éloi- gnois peu à peu pour éviter le tintamarre épouvan- table que ma préfence avoit occafionné , lorfqu’une femme qui m'avoit apperçu cucillant quelques fruits dans les jardins, crut me faire plaifir en m'en appor- tant d’une efpece qui eft fort eftimée dans le pays. En même tems elle me conduifit au milieu du village à l'arbre d’où elle venoit de les cueillir. Il étoit fort gros, quoique peu élevé : fes branches fouples & pen- dantes , & {es longues épines ,me le firent reconnoître pour l’agialid de Profper Alpin (1): chez les nègres il. eft connu fous lenom de foumpe. M’étant arrête pour le confidérer, je fus bientôt environné d’une troupe d’enfans des deux fexes. attirés par la curiofité. Les uns, foit par refpect, foit par crainte , fe tenoïent à Vécart ; les autres {e familiarifoient aflez pour appro- cher de moi, me demandant des verroteries : ce font, comine je l'ai dit ailleurs, les marchandifes & les or- nemens du pays. La plüpart n’avoient jamais vû de blanc de fi près ; les uns touchoiïent mes habits & mon linge ; d’autres prenoïent mon chapeau , & mes che- veux que je portois en bourfe, ne pouvant s’imaginer qu'ils euffent pü croître de la longueur dont ils me les voyoient fur les oreilles ; d’autres enfin tâtoient ma bourfe , me demandant du tabac dont ils la croyoient remplie, à caufe de la refflemblance qu’elle avoit avec une efpece de petit fac de cuir quarré , dans lequel ils font accoutumés de porter leur tabac fur l’eftomac : mais quelle fut leur furprife, lorfqu'ils me virent Oter ma bourfe , & mes cheveux me tomber jufqu’à la (3) Agihalid. P. Alp. Æayp. vol. 1. p. 20, r Scène fingu- liere arrivée à l’'Auteur, Loue > 072%. | 1749 Juin, Piantes des environs de Fefcale aux Waringoins. A2 VONT AAIGME ceinture. La liberté que je leur laïffai d’examiner l’un & l’autre les défabufa bientôt, & fur le prétendu ufage de cette bourfe, & fur mes cheveux , dont la longueur ne leur parut plus douteufe dès qu’ils les virent réel- lement attachés à ma tête. La fcène finguliere que je venois d’efluyer , fans m'y ètre attendu , me fit faire plufieurs réflexions au {ortir de là. Il me revint dans l’idée que la couleur blanche fi oppofée à la noirceur des Africains ,étoit la premiere chofe qui avoit frappé les enfans : ces pau- vres petites créatures étoient alors dans le même cas que nos enfans , loriqu'ils voient pour la premiere fois un nègre. Je me tappellai encore que la feconde particularité qui avoit étonné les autres, étoit la longueur & l’épaifleur de mes cheveux , par rapport aux leurs qui femblent une laine très-fine & frifée ; & en dernier lieu la pefanteur & la gène de mon habil- lement, qui cependant ne confiftoit qu’en une fimple vefte de toile de coton fort légere. L’on ceflera d’être furpris de ce que les uns me demandoient des marchan- difes, & les autres du tabac, lorfqu’on fçaura que les nègres , de tout âge , de tout fexe & de toute condi- tion , fe font accoutumés à demander aux blancs juf- qu'aux plus petites bagatelles, lorfqu’ils ne peuvent pas les efcamoter. On a bien raifon de dire que ce font les quêteurs & les voleurs les plus adroïts qu'il y ait au monde. Au lieu de fuivre le chemin que j'avois pris au tra- vers des champs ennuyeux de mil pour me rendre à Depleur , je retournai par la prairie qui eft au-deflus, Je n’y vis pour tous arbres que quelques gommiers, AU SÉNÉGAL. 23 une quantité prodigieufe de tamaris femblables à ce- lui de Narbonne , le fesban (1) arbrifleau , & une grande efpece de fenfitive épineufe, que les nègres ap- ellent guérackiao, C'eft-à-dire, bon-jour , parce que, difent-ils, lorfqu’on la touche ou qu’on lui parle de près, elle incline aufli-tôc fes feuilles pour fouhaiter un bon jour, & témoigner qu’elle eft fenfible à la politeffe qu’on lui fait. Parmi Les herbes dont la prai- rie eft couverte , on remarque le jufftæa(2) , la perfi- caire (3), une aline (4), plufieurs efpeces de #0llugo, beaucoup de gramens, le coldenia (5), & une petite fenfitive rampante & fans épines, qui eft infiniment plus délicate & plus fenfible que toutes les efpeces que je connois. Je ne négligeai pas de vifiter aufli, les jours fui- vans, les villages & les campagnes voifines , où je trouvai abondamment une efpece d’arbrifleau incon- nu jufqu’ici aux Botanifles, & que les maures nom- ment guerzim. Je découvris encore un grand nombre d’autres plantes nouvelles qu’il feroit inutile de nom- mer ici, & dont je donnerai les defcriptions & les figures dans un ouvrage particulier. Il y a dans ces quartiers beaucoup de fangliers , mais il ne me fut pas pofible d’en joindre un feul. Je tuai plufieurs de ces oifeaux que les françois appellent (1) Sesban. P. Alp. Ægypt. vol. 2. p. 12. te) Jufliæa ereéta , oribus tetrapetalis oétandris feflilibus. Linn, FI. eyl. 170. (3) Perficaria maderafpatana , longiore folio hirfuto. Pluk. Phycosr. fab. 210. fig. 7. (4) Alfine lotoides ficula. Bocc. rar. pl. 21. (5) Coldenia. Linn. F, Zeyl, 69, Fi Oïleaux ap= | pellés gros- yeux. 17 49. Juin. Chaffe inter- rompue par les criards, 44 VIOMVAAICUE gros-yeux. Ils les ont en effet d’une grandeur qui n’a aucune proportion avec celle de la tête. La forme de leur corps , & celle des pieds qui font divifés en trois doigts , les rapprochent fort de loutarde. Ils ont la rofleur de la poule , & le plumage d’un gris cendré mêlé de blanc. Leur chair eft tendre & peut fe manger. Ma chafle ne pouvoit manquer d’être fort abondante dans la prairie, car le gibier de toute efpece y eft ex- trémement commun : mais elle étoit interrompue à chaque inftant par les cris aigus & importuns d’une efpece d’oifeaux appellés wert-uett par les nègres, & criards ou pialards par Les françois , parce que dès qu’ils voient un homme, ils fe mettent à crier à route force & à voltiger autour de lui , comme pour avertir les autres oifeaux, qui, dès qu'ils les entendent , pren- nent leur vol pour s'échapper. Ces oifeaux font le fléau des chaffeurs : ils font fürs par-tout où ils en ren- contrent , de trouver la place vuide de gibier peu de tems après qu'ils y font arrivés. Ceux-ci me mirent dans une impatience qui leur coûta cher ; comme ils vont toujours deux à deux, j'en tuai plufieurs paires, . parmi lefquelles il s’en trouva de deux efpeces. Toutes deux ne furpañloient guères la grofleur du pigeon; mais elles étoient haut montées fur jambes, & avoiene le vol aflez long. La couleur de l’une de ces deux ef- peces , étoit un gris cendré qui fe répandoit fur le dos & les aîles, tout le refte de fon corps étoit blanc. L’au- tre efpece avoit les aîles & une partie de la queue noires , & fes épaules étoient armées d’une petite corne noire, affez longue, de la forme & de la dureté d’un ergot, qui lui fervoit d'arme offenfive & défenfive pour fe battre contre les autres oifeaux. ARC HÉRNEGRA L. 45 es Nous étions au huitième jour de notre voyage, 1749. lorfque la traite finit, & que nous penfâmes à retour ner à l’ifle du Sénégal. Les maures qui ne s’étoient Retour il'ife rendus à cette efcale que pour y vendre leurs bef CFE tiaux , ayant confommé les fourages des environs, s’'étoient difpofés à aller camper dans un autre en- droit, & même à fe retirer vers des montagnes fort éloignées dans le nord du fleuve, pour en éviter les inondations que les premieres pluies de juin avoient depuis peu annoncées. Leurs tentes étoient déja pliées; Dette ils les avoient mifes avec leurs meubles & utenfiles, mare dans des facs de cuir pañlé fort proprement. Le tout étoit chargé fur des chameaux & fur des bœufs, qui portoient leurs maifons, leurs meubles, leurs femmes & leurs enfans. Telle eft la vie des maures:ils ne font jamais fixes dans un lieu : leurs troupeaux qui font toutes leurs richefles, les obligent de changer de quar- tiers , felon que les faifons & les pâturages le de- mandent. Peu de tems après mon retour à l’ifle du Sénégal, il fe préfenta une occafion d'aller à Podor , comptoir de la Compagnie , diftant de foixante lieues ou envi- ron de cette ile, fur le fleuve Niger. Le bâtiment de- voit aller & revenir fans s'arrêter : néanmoins je m’y embarquai. Mes nègres ne fe firent pas prier pour me fuivre , & fe rangerent avec l'équipage. On fit voile RE le 30 juin , en remontant le fleuve à peu près de l’oueft ge à Poder. à l’eft. Les vents furent fi favorables, qu’on arriva en trois jours à Podor. Une navigation fi précipitée ne Nine me permettant pas de defcendre à terre , j'en profitai ours du No pour relever le cours du fleuve, J'obfervois les diffé- (ee) 46 VOYAGE nine | rs. rentes largeurs de {on lit, celle des embouchures des rivieres qu’il reçoit , l'angle que celles-ci forment en y entrant, la rencontre des ifles, & leur longueur ; je fondois aufli fa profondeur ; enfin je ne négligeois rien de ce qui pouvoit donner à mes obfervations une plus grande exactitude , me fervant de la bouflole pour marquer les changemens de direction dans fon cours, mefurant de tems en tems fa vitefle, ou celle du bâti- ment ; & ajoûtant quelquefois à ces deux moyens Peflime de la grandeur des diftances, dont j'avois une pratique aufli heureufe qu’on la puifle defirer. Excepté quelques platons femés çà & là dans le lit du Niger, & que l’on évite quand les vents ne font pas tout-à- fait contraires, on eft für de le trouver navigable par- tout. Quoiqu'il fût alors dans fa plus grande dé- crûe , il avoit depuis vingt jufqu’à trente pieds & davantage de profondeur. L’eau de la mer , qui y re- monte année commune jufqu’au deflus du marigot des Maringoins , à quinze lieues environ de fon embou- chure, avoit gagné cette année jufqu’au défert, c’eft- à-dire , à plus de trente lieues. C’eft à peu près le terme où s'arrêtent les eaux falées ; mais le flux & le reflux Lisa de la mer fe fait fentir beaucoup plus haut ; il parvient à Podor jufqu’au deflus de Podor, où il fe rend fenfible par le gonflement des eaux douces du fleuve, qui éprouvent les mêmes alternatives, mais en des tems moins égaux. La plus grande hauteur du flux que jai mefure fur le bord de la mer, vis-à-vis l’ifle du Sénégal , n’eft que de deux pieds & demi dans les grandes marées des “69 équinoxes. Il paroît donc que le Niger depuis Podor jenes € côte. jufqu’à la mer, c'efl-à-dire , fur foixante lieues de A pl À DE S'EXN H G'A L,. 47 cours, n'a guères plus de deux pieds & demi de pente; deforte qu'on peut croire que toute cette étendue de pays fait, à l’exception des dunes qui y font répan- dues çà & là, une plaine bafle au-delà de Pimagina- tion, & d’un niveau tel que s’il arrivoit que la mer fe gonflât également par-tout de vingt à trente pieds, elle feroit totalement couverte de fes eaux. Le fort de Podor eft bâti fur Le bord méridional du Niger, dans un lieu autrefois couvert de bois ; mais la quantité que les françois en ont coupé depuis plus de dix ans qu'ils s’y font établis ,a reculé la forêt d’une petite demi-lieue. On y voit des tamariniers de la plus belle taille , des gommiers rouges, & plufieurs autres efpeces d’acacies épineufes, dont le bois extrèmement dur, imite par la couleur & la beauté de fes veines , ceux que nous employons dans la marqueterie. Le bois-bouton , efpece différente de celle qui croît en Amérique, y eft fort commun. La facilité avec la- quelle fon bois fe laïfle travailler , & fa belle couleur jaune , le font préférer à tous les autres dans les ou- vrages de ménuiferie. Il eft connu chez les nègres fous le nom de khof]. Le terrein gras & argilleux de ce pays favorife beaucoup les travaux du jardinage. Aufli les françois cultivent-ils ayec un grand avantage plu- fleurs variétés d’oranges , de citrons , de limons ; la figue , la grenade, la goyave, & beaucoup d’autres fruits excellens, comme l'ananas , la papaÿe , & le pignon(r), efpece de cachiment qui peut pafler pour (1) Anona maxima, foliis latis fplendentibus, fruétu maximo viridi conoide, tuberculis feu fpinulis innocentibus afpero. S/oan. Jam. vol. 1. tab, 225. fig. 1. 1746. Juillet, net Le) Fort de Po: dors Bois de ca pa} 36 Fertilité dé fon terrein, a 1749. Juillet, Remarque fur les cha- leurs. Force furpre- nante de l’au- truche, 48 VO LACGLE un des meilleurs fruits des pays chauds. Tous les 1é- gumes d'Europe y réuffiflent en perfection. Ils recucil- lent fans peine les racines de batates, qui multiplient confidérablement dans les champs humides & maré- cageux où ils en ont une fois planté : cette racine leur tient lieu de châtaignes & de marons, dont les meilleurs lui cèdent en bonté & en délicatefle. Les au- tres fruits par leur acidité , leur fourniflent des fucs plus convenables à des habitans de pays chauds. Pendant le peu de jours que je reftai à Podor, le thermometre me donna 1 degré de chaleur de plus que je n’avois eu fur l’ifle du Sénégal avant mon dé- part : il marquoit depuis 30 jufqu’à 31 degrés. Le $ juillet, il étoit encore à 30 degrés à fept heures du {oir , après le coucher du foleil, dans lexpofition la plus froide de Pair libre au nord déclinant à Peft. Le même jour deux autruches qu’on élevoit depuis rès de deux ans dans ce comptoir , me donnerent un fpectacle qui eft trop rare pour ne pas mériter d’être rapporté. Ces oïfeaux gigantefques, que je n’avois apperçus qu’en paflant dans les campagnes brülées & fabloneufes de la gauche du Niger, je les vis Rà tout à mon aife. Quoique jeunes encore , elles égaloïent à très-peu près la taille des plus groffes. Elles étoient fi privées , que deux petits noirs monterent enfemble la plus grande des deux : celle-ci n’eut pas plutôt fenti ce poids qu’elle fe mit à courir de toutes fes forces, & leur fit faire plufieurs fois le tour du village, fans qu’il füt poflible de larrèter autrement qu’en lui barrant le pañlage. Cet exercice me plût tant, que je voulus le faire répéter ; & pour effayer leurs forces, je fis monter un AU SÉNÉGAL. 49 un nègre de taille fur la plus petite, & deux au- tres fur la plus grofle. Cette charge ne parut pas difproportionnée à leur vigueur : d'abord elles trot- terent un petit galop des plus ferré ; enfuite lorfqu’on les eut un peu excité , elles étendirent leurs aîles comme pour prendre le vent , & s’abandonnerent à une telle vitefle qu’elles fembloient perdre terre. 11 n’eft fans doute perfonne qui n'ait vü courir une per- drix, & qui ne fçache qu’il n’y a pas d'homme capa- ble de la fuivre à la courfe; & on penfe bien que fi elle avoit le pas beaucoup plus grand, fa vitefle feroit confidérablement augmentée. L’autruche , qui marche comme Ja perdrix, a ces deux avantages ; & je fuis perfuadé que celles-ci euflent laïflé bien- loin der- riere elles Les plus fiers chevaux anglois qu’on eût mis à leurs troufles. Il eft vrai qu’elles ne fourniroient pas une courfe aufli longue qu’eux ; mais, à coup für, elles pourroïent l’exécuter plus promptement. J'ai été témoin plufieurs fois de ce fpectacle, qui doit donner une idée de la force prodigieufe de l’autruche, & faire connoître de quel ufage elle pourroit être , filon trou- voit moyen de la maïîtrifer & de l’inftruire comme on drefle le cheval. | Jemployai encore moins de tems à defcendre à l'ifle du Sénégal, que je n’en avois mis à monter à Podor. Les vents de N-E. , les courans du fleuve dont les eaux avoient groffi confidérablement par les pluies, furent fi favorables qu’on en profita pour faire de grandes journées , fans qu’il me fût poflible de def- cendre à terre, ni de m'arrèter. Je ne me repentis ce- pendant pas d’avoir fait ce premier voyage : il me fit Départ de Podor, CFE NON CE ATLE A SO VOYAGE 1740. connoître tous les avantages que je pourrois tirer d’un AE e fecond & même d’un troifiéme. Favois compté , en hordente Ni- relevant le plan du Niger , neuf ou dix villages fur fa né rive feptentrionale, & quarante-fept fur la rive mé- ridionale. Un fleuve de deux à trois cens toiles de largeur, bordé par-tout d'arbres de différentes efpeces, dont les feuilles font entretenues dans un verd tou- jours naïflant ; les troupeaux nombreux d’élephans que j'avois vüû fe promener fur fes bords , les chevaux marins, les crocodiles, une infinité d’autres animaux aufli finguliers, & un plus grand nombre encore d’oi- {eaux remarquables par l'éclat & la diverfité de leurs couleurs ; tout cela me promettoit une matiere bien ample à des obfervations nouvelles & intéreffantes. ann Rendu à Pifle du Sénégal le 1 5 juillet, je m’apper- du Sénégal. çus de l’effet des pluies qui tomboient abondamment depuis quelques jours. L’accroïflement du fleuve fut 1 prompt, que lon vit le 19 le retour des eaux douces à fon embouchure, où deux jours auparavant on avoit Phare vü l’eau falée de la mer. Ce terme fert de regle pour le partage de l’année en deux faifons, qui diflerent peu l’une de l’autre. La premiere eft celle où il ne pleut jamais, & où les eaux du Niger font gâtées par celles de la mer : elle commence en décembre & finit en juin ou juillet. La feconde eft celle où l’on eft fujet aux pluies, & où les eaux du fleuve font douces. Les pluies durent rarement plus de trois mois ; elles com mencent à la fin de juin & finiflent avec le mois de feptembre. Je ne vois pas pourquoi nos anciens voyageurs ont appellé du nom d'été , la faifon féche des pays de la A SNLÉ/G'A L. SI zone torride , & de celui d'hiver la faifon pluvieufe, fi le nom d’été convient à la faifon la plus chaude, & celui d’hiver à la faifon la plus froide : or il eft cer- tain, & je l'ai reconnu par des obfervations faites au thermometre pendant cinq années , que les plus gran- des chaleurs arrivent conftamment dans la faïfon plu- vieufe qu'ils ont qualifiée du nom d'hiver. Les fran- çois du Sénégal, qui fe font apperçus de l'erreur dans laquelle étoient tombés les voyageurs , ont voulu la corriger modeftement , en changeant le terme d’été en celui de baffe-faifon , C'eft-à-dire, celle où les eaux du Niger font balles; & ils ont donné le nom de haute- faifon à celle de l’hiver des anciens, parce qu’alors les eaux du Niger font fort hautes. Sans examiner quelle a pû être la fource de cette erreur, qui a été aveuglé- ment embraflée par la plüpart des phyficiens de nas jours, & qui en fe répandant jufques dans les meilleurs ouvrages , influe depuis long-tems fur bien des con- noïffances phyfiques , & en particulier fur les con- noiflances météorologiques , aujourd’hui fi embrouil- lées ; je dois me borner à dire ici que cette faufle dé- nomination exige une {évere correction. J'appellerai donc, avec les françois qui habitent le Sénégal , ba/ffe- Jaifon celle de la fécherelfle, & haute-faifon celle des pluies : ou encore, pour me conformer aux noms re- çus dans toute l’Europe, & pour être entendu de tout le monde, je défignerai la premiere par le nom d'été, & la derniere par celui d'hiver ; enforte que l'hiver & Pété fe trouveront arriver au Sénégal à peu près com- me ils arrivent en France. Ces deux faifons font, comme Je lai dit, les feules qu’on y éprouve : on ny Gi Li. er ee is | 1749. Juillet, 52 VO Y AIGIE PRET | 1749 Connoît ni printems ni automne. Quand je parle d’hi- Mk ver il ne faut pas s’imaginer qu’on voie des glaces, des neiges, ou de la grêle : ce font de ces chofes qu’on ne connoît pas au Sénégal, & dont il n’eft même pas poffible de faire naitre la moïndre idée aux naturels du pays, de quelque comparaïfon que l’on fe ferve. L'hier du L'hiver du Sénégal eft feulement un tems moins chaud Sénégal plus chaud que lé que le refte de l’année , quoiqu'il foit toujours plus : de la Fran- æ. 7 chaud que les grands étés de France, dans lefquels il eft aflez rare qu’on voie tomber des neiges ou de la grêle. Je reviens aux eaux du Niger dont j'ai parlé , & qui ont donné lieu à cette petite digreflion. Elles font fa- lées pendant la moitié de l’année vers l’ifle du Séné- gal Comme le pays eft fort bas, qu'on n’y voit ni rochers ni aucune forte de pierres, mais feulement des fables mouvans, il ne s’y trouve pour la même raifon Fes ee anenne fource d’eau : on eft obligé de creufer alors ” des puits, qui à la vérité ne donnent pas beaucoup de peine , car on trouve l’eau à trois & quatre pieds, & fouvent à deux pieds de profondeur ; mais elle eft tou- jours faumâtre, c'eft-à-dire , qu’elle conferve un petit goût de fel communiqué aux terres par la proximité de la mer. 8 Aox. Le 8 août nous étions à ce jour où le foleil paflant Paffage du fo. « + Je ; . A LR . del au zenrh, à Midi perpendiculairement fur nos têtes, réunifloit ombre de nos corps fous nos pieds. C’étoit pour la {econde fois que je voyois ce phénomene depuis mon arrivée au Sénégal : il m'avoit paru pour la premiere fois le quatrième jour du mois de mai; & Je devois le revoir toutes les années à peu près en pareils tems. La A Uù S'ÉN É'G'A L. 53 chaleur qu'il occafionnoit à fon retour du tropique du cancer vers l’équateur , étoir beaucoup plus grande que celle que fon premier paflage avoit excitée : car le thermometre marquoît pour les nuits du mois de mai 22 degrés, & 26 à 28 pour le jour ; au lieu que les nuits d'août donnoient 26 d. & les jours 32 d. Le 9 août & les jours fuivans, je me promenai aux environs de l’ifle du Sénégal, & je retournai à l’ifle de D 1749. Août. Chaleurs de cette faifon. Sor, dont j'ai déja parlé. L’ufage des canots européens me paroiflant trop incommode à caufe de leur pefan- teur, pour traver{er journellement le fleuve, je jugeai à propos de me fervir par la fuite d’une.efpece de ca: not nègre, que les françois appellent pirogue. Ces pe- tits bâtimens font faits tout d’une piece, & d’un tronc d'arbre creufe & fort leger. Ils ont depuis dix jufqu’à trente pieds de longueur, fur un à deux pieds de lar- geur & de profondeur, & font terminés en pointe par les deux bouts. Le mien étoit des plus grands. Lorf- que jy fus entré, mes deux nègres fe placerent aux deux extrémités, l’un à la poupe & l’autre à la proue. Pour moi je me mis au milieu, où je n’avois d’autre fige qu’un barreau de traverfe , dont les deux bouts fichés dans les flancs de la pirogue, fervoient aufli x les tenir écartés toujours à la même diftance. Mes nè- grès avoient chacun une pagaie à la main: ce font de petites palettes de bois, faites en croiffant, & atta- chées au bout d’un bâton dont ils fe fervent pour ramer. Celui qui étoir à la proue fe tenoit debout ; & plongeoit fa pagaïe dans l’eau en la pouffant der- riere lui, pendant que l’autre aflis gouvernoit avec La fienne, Quand nous fümes arrivés à l’autre bord du Canots nè- gres, 17 49% Août, Arbres d’un2 grofeur _€x- traordinaire, s4 VO: V'AIGE fleuve, ils tirerent la pirogue à terre : c’eft Le feul moyen que les gens du pays aient pour mettre ces petits bâtimens en {üreté contre les vagues qui les au- roient bientôt remplies , lorfqu'’ils ne peuvent pas les mouiller aflez loin du rivage. Cette manœuvre ne dura pas long-tems, & je por- tai mes pas au village de Sor. J'y fus très-bien ac- cueilli, comme à l'ordinaire , & je demandai qu'on m'indiquât les endroits les plus propres pour la chalfe ; car dès ce jour j'avois congédié mon interprète, parce que javois une teinture fufhfante de la langue du pays , pour comprendre tout ce que les nègres me difoient, & pour leur expliquer mes penfées. On me mena dans un quartier d’où je vis partir un troupeau de gazelles ; mais je ne penfai plus à chafler dès que jeus apperçu un arbre dont la grofleur prodigieufe attira toute mon attention, C’étoit un calcbaflier , autrement appellé pain-de-finge(r), que les oualofes nomment gout dans leur langue. Sa hauteur n’avoit rien d’extraordinaire, elle étoit de foixante pieds en- viron : mais fon tronc étoit d’une groffeur déinefurée ; jen fis treize fois le tour en étendant les bras autant qu'il m'éroit poflible ; & pour une plus grande exac- titude , je mefurai enfuite avec une ficelle fa circonfe- rence, que je trouvai de foixante-cinq pieds : fon dia- metre avoit par conféquent près de vingt-deux pieds, Je ne crois pas qu’on ait jamais rien vû de pareil dans aucune autre partie du monde; & je fuis perfuadé que fi nos anciens voyageurs avoient eu connoïffance de cet arbre, ils n’auroient pas manqué d'y ajouter bien (1) Bahobab, P, A{p. vol. 1. pag. 37. À U1 S' ÉiN É G'A L. 55 du merveilleux. Il eft aufli fort étonnant que cet ar- 7, bre ait été totalement oublié par ceux qui nous ont Avi: donné l’hiftoire du Sénégal, d'autant mieux qu'il ny en a guères de plus communs dans le pays. Du tronc tel que je viens de le décrire , de vingt-deux pieds de diametre, fur huit à douze pieds de hauteur, partoient plufieurs branches , dont quelques-unes s’étendoient horizontalement, & touchoient la terre par leurs ex- trémités : c'écoient les plus grandes ; elles avoient de- puis quarante-cinq jufqu’à cinquante-cinq pieds de lon- gueur. Chacune de ces branches auroit fait un des arbres monftrueux de l’Europe : enfin tout l’enfemble de ce pain-de-finge paroïfloit moins former un feul arbre qu'une forêt. Ce ne fut pas tout : le nègre qui me fervoit de guide me conduifit à un fecond qui avoit foixante-trois pieds de circonférence , c’eft-à- dire , vingt-un pieds de diametre , & dont une racine, qui avoit été pour la plus grande partie découverte ar les eaux d’une riviere voifine, portoit cent & dix pieds de longueur , fans compter la partie qui reftoit cachée fous les eaux de cette riviere, & que je ne pus faire découvrir. Le même nègre m'en mOntra un troi- fiéme qui n'étoit pas fort loin de-lx, & m'ajouta que fans fortir de cette ifle, jen pourrois voir un grand nombre d’autres qui ne leur étoient pas beaucoup in- férieurs pour la taille. Ma furprife cefla dès-lors, & fatisfait d’en avoir vû trois, je me difpofai à chafler. Un vent d’eft qui s’éleva tout à coup, avec une im- L'Auteur fur- / / É : : / : pris par un pétuofité telle qu'il fembloit devoir déraciner & en- violent lever tous les arbres, m’empêcha d'aller plus loin. Ces coups de vent font les avant-coureurs ordinaires de la 1749. Août, 56 VOYAGE pluie dans ces pays; & celui-ci amenoit avec lui une épaifle nuée qui crèva aufli-tôt. Le village étoit loin, & l’on ne pouvoit efpérer de le regagner. Mes nègres ne voyant aucun abri pour eux, quitterent leurs pagnes & fe jetrerent à la nage dans une petite riviere qui palloit auprès de cet endroit. C’eft leur coutume, lorf- qu'ils font furpris par un orage, de fe plonger dans l’eau , plutôt que de s’expofer à être mouillés par celle de la pluie, dont ils craignent les mauvais effets. Pour moi qui n’eus ni Le tems ni la volonté de les fuivre, je me retirai fous le plus gros des pains-de-finge que je venois de voir, comptant m'y trouver à Couvert com- me fous le toît d’une maïfon. Il fembloit que le ciel fondoit en eau , tant la pluie étoit forte : chaque goutte qui tomboit s’étendoit fur la terre de toute la largeur de la main. Je ne foufris rien de fa premiere impétuofité ; mais quelques minutes après, lorfque Parbre eut été bien abreuvé , je fus inondé par l’eau qui ruifleloit de fes branches , & leurs finuofités firent comme autant de lits, d’où fe précipitoient des tor- rens, qui réunis dans la vafte furface du tronc, en cou- loient comme un fleuve. On s’imagine bien que je m’aurois pas eu beau jeu en reftant fous le pain-de-finge ; je n’en éloignai bien vite, & me mis en pleine cam- pagne , où je ne jouai guères plus beau rôle : j'efluyai là tout l’efort du grain, qui dura une bonne heure; & je fçus à mon retour dans l’ifle du Sénégal , qu'il y étoit tombé deux pouces trois lignes d’eau. Les eaux du Niger parvenues à leur plus haut point d’accroiflement , inondoient tous les environs de l’ifle du Sénégal , & les rendoient impraticables. Force de renoncer AU SÉNÉGAL. s7 renoncer entierement à routes fortes de promenades, je ne voyois qu’un moyen de pouvoir employer le long intervalle de tems que devoit durer linondation ; c’étoit de pañler dans un pays qui en fût à l'abri. Un bâtiment partoit pour Gorée, petite ifle diftante d’en- viron trente-cinq lieues marines au fud-fud-oueft de l'ifle du Sénégal, & fort proche du cap Verd. Je crus ne pouvoir mieux faire que de profiter d’une commo- dité qui fe préfentoit fi à propos, & je m'y embarquai. On mit en mer le 27 août par des vents d’oueft peu favorables; mais un grain (1) amené pendant une nuit par un vent d’eft furieux , nous poufla fi vivement qu’il nous fit faire à ec, c’eft-à-dire, à mâts & à cor- des fans le fecours d’aucunes voiles, plus de chemin que nous n’en avions fait depuis fept jours que nous étions en route. On vit pendant ce grain une lumiere que les marins connoiflent fous le nom de feu S. Elme: elle ferpenta pendant près d’une minute au haut du mât , & à l’extrêmite de la girouette , où elle fe difipa. Les matelots la regarderent comme un heureux pré- fage qui leur annonçoit la fin de la tempête, & ils ne furent pas trompés dans leurs efpérances : le vent s’ap- paifa bientôt après, & rendit à la mer fa premiere tran- quillite. Le 4 feptembre au point du jour , nous nous trou- vames par le travers du cap Verd: c'étoit un nouveau pectacle pour moi, qui, depuis quatre mois que j'étois arrivé au Sénégal, avois perdu l'habitude de voir des (1) On appelle de ce nom tous les coups de vents orageux qui font ac- compagnés de pluie, de tonnerre & d’éclairs; & l’on fe fert du terme de grain-fec pour défigner ceux qui font fans pluie. ETES) 27: Embarq te- ment pour l'ile de Go rec, 4 Septembre, /üe du cap Verd. : Loris ee D ii 1749. Septembre. On mouille à l'ile de Go- rec, Defcription de ceite ifle. 13 Voyage le vf € vdi Portu- 58 VOYAGE coteaux & fur-cout des pierres. Nous découvrimes peu de tems après les ifles de la Magdeleine, & dans la matinée l’on mouilla dans l’anfe de Gorée. Une langue de terre bañle, & une petite montagne très- sr sée , font toute cette ifle d’un fixiéme des lieue de longueur. Malgré fon peu détendue, {à fituation la rend aflez agréable : du côté du fud on y jouit d’une vüe qui nelt bornée que par l'horizon de la mer , & du côté du nord on découvre au loin le cap Voih ous les autres caps & avances des terres ce Quoiqu’elle foit dans la zone torride, on ne laiïfle pas dy refpirer preïque toute l’année un air frais & tem- pére : cela vient de l'égalité des jours & des nuits, de ce qu’elle eft continuellement rafraîchie par es vents qui foufflent fucceflivement des terres & de la mer, M. de Saint- Jean , qui en eft dire@eur , la em- bellie de plufieurs beaux bâtimens : il l’a fortifiée & la fortifie encore tous les jours : entre fes mains elle eft devenue une place imprenable. Par fes foins on y? découvert plufieurs fources d’eau ; les jardins ont été is de beaux arbres fruitiers ; on y recueille les plus excellens légumes : enfin, en lui procurant tous ces avantages , il en a fait d’une petite ifle féche & fte- ile , un féjour für & charmant. Je lui avois été déja een par M. de la Brue, fon frere , directeur général de la Conceflion, & je ne pouvois manquer 4 trouver auprès de lui toutes fortes de facilités. Les rochers dont l’ifle de Gorée eft environnée, pro- duifent une infinité de coquillages & de poiflons ne qui moccuperent pendant quelques jours, après quoi je m'embarquai le 13 du même mois, fur un petit AU SÉANTEIGXLA E. s9 bâtiment qui alloit faire une traite de bœufs & de mil à Portudal. Cette efcale que les nègres appellent du nom de Suli, n’eft éloignée que de neuf lieues au fud de l’ifle de Gorée. La barre qui y regne, nous obligea de mouiller ie bâtiment à une demi-lieue de terre, pour ne pas l’expofer aux lames. Une pr'ogue m'y mena fans aucun accident. Je me trouvai dans une terre fabloneufe , mais d’une fertilité inconcevable & toute couverte de bois. Le greia(1), une efpece de polygala à femence d'érable, le rebreup(2), & le dem- boutonn (3), faifoient des taillis au-deflus defquels Les monbins, appellés /ob dans le langage du pays, éle- voient leurs têtes chargées de fruits. Les feuilles de cet arbre lui donnent aflez l'air du frefne ; mais il fe fait bientôt reconnoître par fes fruits qui font femblables par leur grofleur , leur forme & leur couleur, à nos prunes de fainte-catherine : ils étoient murs pour lors; & jen mangeai quelques-uns , auxquels je trouvai un goût aigrelet, aromatique & fort agréable. Je vis auffi dans ces quartiers plufieurs fromagers épineux (5); connus par les nègres fous le nom de benten , & beau- coup d’autres grands arbres. Les nègres avoient COUPÉ ce bois en plufieurs endroits pour y faire des champs de petit mil : il écoit alors près de fa maturité. Tout ce beau pays étoit habité par des oïfeaux en- core plus beaux. Le geai, dont j'ai parlé ailleurs(6), y étoit par troupes : l'éclat de fes couleurs azurées vû ( 1: 2. 3.) Efpeces d'arbres inconnus en Europe. (4) Monbin arbor foliis fraxini , fructu luteo racemofo. Plum. gen. Pa. 44: (5) Ceyba viticis folio, caudice aculeato. Plum. gen. pag. 42. (6) Page 15. : H 1} 1749. Septembre: Bois dupays Beauté des olleaux. 1749: Septembre, Mort d’une négrefle, 60 VTONTAAAIGPE à côté de la vive couleur de feu des moineaux appellés cardinaux , dont toutes les campagnes étoient alors couvertes , faifoit un coup d'œil admirable. Ce fut dans cet endroit que je trouvai la feule efpece de lima- çon(1) terreftre que j'aie obfervé dans Le pays. Il étoit fort commun dans une prairie découverte , remplie de jones, & d’ambrofie-maritime ; j'en vis même plufieurs vivans au pied des arbres voifins, où ils étoient à l'ombre. C’eft une chofe digne de remar- que, & qui fans doute paroîtra furprenante, que dans une fi vafte étendue de pays bien boïfé , on ne ren- contre qu’une efpece de limaçon terreftre, pendant qu’on en voit tant d’efpeces dans Les pays tempérés. Les françois n'ont point établi de comptoir à Por- tudal , & lorfqu’ils y vont en traite, ils defcendent chez ’Alker, ou le Gouverneur du village, qui pof- fede un grand nombre de cales. I] n’en avoit deftiné une dans laquelle je logeois. Une nuit que je dormois d'un profond fommeil, je fus réveillé par un cri hor- rible qui mit tout le village en rumeur. Je m'infor- mai auffi-tôt de ce que c’étoit ; & l’on me dit que l’on pleuroit la mort d’une jeune fille, qui avoit été mor- due à quatre lieues de 1à par un ferpent, dont le venin Pavoit fait périr en moins de deux heures ; & que fon corps venoit d'être tran{porté à fa cafe. Le premier cri avoit été jetté , fuivant la coutume, par une des parentes de la défunte , devant la porte de fa cafe, qui étoit fort proche de la mienne. A ce fignal toutes les femmes du village fortirent en pouflant de femblables 1) Voyez l'Hiftoire naturelle des Coquillages Univalves, genre $. le limaçon , planc. 1. fie. 1. Kambeul. AU: SÉ'N'ÉG A L. 61 cris, & fe raflemblerent autour du lieu d’où étoit parti le premier cri. A les voir & à les entendre, on les eût pris toutes pour des parentes de la défunte , tant elles paroïfloient pénétrées de douleur, & affurément c'en eût été une démonftration des plus authentiques , fi elle füt partie du fond du cœur : mais elle n’en avoit que l’apparence ; ce n’étoit qu'un pur eflet de l’ufage établi dans le pays. Ce tintamarre épouvantable dura quelques heures , c’eft-à-dire , jufqu’au point du jour. Alors les parens entrant dans la cafe de la defunte, lui prirent la main, & lui firent plufieurs queftions qui furent fuivies de bien des offres de fervices : voyant qu’elle ne leur répondoit point, ils fe retirerent en difant : hélas ! elle eft morte. Ses amis en firent autant, puis l’on porta le corps en terre, & l’on mit à fes côtés deux potsdeterre , dont Fun étoit plein d’eau & l’autre plein de coufcous: c’étoit fans doute pour lui fervir de nourriture , fuppolé qu'il lui prit encore envie de boire ou de manger. Les funérailles achevées, les cris, les hurlemens & les pleurs ceflerent. Le deuil finit auffi : Pon ne penfa plus qu’à faire feftin en l'honneur du mort, & l’on fit dès le foir du mème jour un fol- gar , C'eflà-dire un bal, qui fut continué pendant trois nuits : voici comme il fe paña. Toute la jeunefle du village s’étoit raflemblée dans une grande place, au milieu de laquelle on avoit al- luméun grand feu. Les fpedtateurs formoient un quarré long aux deux extrémités duquel les danfeurs étoient rangés fur deux lignes oppolées , les hommes d’un côté & les femmes de l’autre. Deux tambours qui {e tenoient fur les côtés, pour régler la danfe, n’eurent 1749 Septembre. Cérér one es funérail- les. Bal donné à cette occa= fion. ne 1749: Septembre. 62 VFO'NYTAICGAE pas plutôt battu la marche, que les acteurs com- mencerent une chanfon dont le refrain fut repeté par tous les fpectateurs. En même tems un danfeur fe détachant de chaque ligne, s’avança en danfant vis-à- vis de celui qu’il lui plut de l'autre ligne, à la diftance de deux ou trois pieds, & fe recula en cadence jufqu’àa ce que le fon du tambour les avertit de fe rapprocher & de fe joindre en fe frappant les cuifles les unes contre les autres, c’'eft-à-dire , l’homme contre une femme, & la femme contre un homme :ils {e retirerent enfuite, & recommencerent bientôt les mêmes fingeries, en diverfifiant leurs danfes autant de fois que le tambour donna le fignal , & enfin ils retournerent à leur place. Les autres danfeurs en firent autant chacun à leur tour, mais fans fe repeter ; puis les deux lignes s’ap- procherent enfemble jouant aufli leur rôle. Ces geltes {ont aflez immodeftes, comme l’on voit; mais les au- tres mouvemens qu'on mapperçoit guères, fi Pon n’y eft pas fai , le font encore bien davantage. Les nègres ne font point un pas pour danfer que chaque membre de leur corps , chaque articulation, la tête même ne marquent tous en même tems un mouvement difié- rent, & toujours en obfervant la cadence, quelque précipitée qu’elle foit. C’eft dans la juftefle de ce nom- bre infini de mouvemens que confifte principalement l’art de la danfe des nègres : il faut être né avec une fouplefle femblable à la leur, pour pouvoir les imiter. Cet exercice tout violent qu'il étoit, dura une bonne partie de la nuit, pendant laquelle on vuida plufieurs pots d’une bière très-forte qu'ils font avec ie mil. Ils recommencerent les deux nuits fuivantes, & le troi- fiéme jour les divertiflemens ceflerent. Un Européen AUS S'ÉANI ÉG7A L. 63 auroit potté le deuil pendant quelques mois PAT or cain profite de ces accidens pour {e réjouir : tels font Sheet les ufages bizarres des différentes nations ; ce qui fait naître la joie chez les unes eft un fujer de triftefle chez les autres. J'avois defcendu facilement à terre en arrivant à Palfagé de le Portudal , parce que la mer étoit traitable ; mais on HA en ce fut fort embarraflé quand il fallut s’en retourner à bord du bateau : elle étoit extrêmement grofle, & les lames qui brifoient fur la barre la rendoient auffi dan- gereufe que difhcile. Nous nous y rifquâmes cepen- dant dans une grande pirogue, Employé de traite, moi, & quelques paflagers qui fe difpofoient à jetter avec des moitiés de calebaffes l’eau quientreroit dedans. La pirogue étoit ainfi chargée, lorfqu’une lame qui vint à terre, l’emporta à l’aide des bras de quatre nè- gres, tous habiles nageurs , qui en avoient la con- duite : ils la pouflerent de toutes leurs forces, & fau- terent dedans à mefure que l'endroit où ils devoient ramer entroit dans l’eau. Nous nous trouvâmes bien- tôt dans les plus grofles lames , dont quelques-unes qui s’élevoient comme de longues collines, fe bri- ferent contre la pirogue , & la remplirent d'eau en nous inondant. Nous travaillâmes tous à la vuider fans perdre courage , & nous avions aflez d’affaires , pendant que les rameurs étoient attentifs à forcer de rames, pour éviter adroitement les lames lorfqu’elles approchoient. Tantôt la pirogue s’élevoit par une ex- trèmité fur le dos d’une lame , pendant que l’autre extrèmité sy plongeoit : tantôt elle fe trouvoit fup- portée & comme fufpendue par ces mêmes extrémités 1749: septembre, 26. Promenade eux tfles de la Macdeleine g : 64 VOYAGE fur les pointes de deux lames différentes : quelquefois elle n’étoit foutenue que par fon milieu fur Le fommet d’une lame, de maniere que fes deux bouts reftoient en l'air comme en équilibre. Ce fut en cette maniere qu’expofés à tous momens au péril évident d’être fub- imcrgés , nous franchimes cette barre , avec un bon- heur inoui, & que nous arrivâmes à bord du bateau, qui nous remit à l’ifle de Gorée le 24 feptembre à l'entrée de la nuit. Deux jours après, M. de Saint-Jean voulut me donner la fatisfaction d'aller aux ifles de la Magde- leine , qui en font éloignées d’une bonne lieue. Il fit équiper un bateau dans lequel je m’embarquai avec lui & quelques officiers de fon département. De ces deux ifles il n’y en a qu’une de praticable ; l’autre n’eft qu’un rocher nud & efcarpé, fort élevé au-deflus des eaux , & tout blanc par les ordures que les plongeons , les goëlans , les fous & d’autres oïfeaux de mer y ont faites en sy repofant. L’ifle principale de la Magdeleine, quoique petite, pourroit être habitée, fi elle avoic un port ; mais on ne peut l’aborder que par une petite anfe toute femée de rochers fur lefquels la mer eft ra- rement tranquille. Cette anfe fait une efpece de cul- de-fac ou de long canal, qui aboutit à un baflin na- turel de figure ovale , creufé dans le roc, de douze vieds de profondeur fur douze toifes de longueur, & de la plus belle eau , où l’on peut fe baigner en füreté. Du refte cette ifle n’eft qu'une montagne prefque ronde, & femblable à celle de Gorée:elle a aufli deux petites fources d’eau qui tariflent pendant l’hiver : la vûe y eft également belle & fort étendue, & l'air ex- trèmement AU SÉNÉGAL. 65 trèmement frais; mais il n’y auroit aucune fatisfaction de s’y arrêter pour ce feul avantage. Ses rochers fer- vent de retraite à un nombre infini de pigeons ramiers naturels au pays, & qui ne différent de ceux d'Europe qu’en ce qu'ils font d’une délicatefle & d’un goût plus exquis. J'ai dit ailleurs que les nègres font négligens & parefleux à l’excès : en voici une nouvelle preuve. M. de Saint-Jean avoit fait planter fur cette ifle des batates, afin d'engager les nègres du voifinage qui y viennent fréquemment, à en continuer la culture & à les multiplier , pour les vendre enfuite à la Compa- gnie : ils y étoient venus en effec quelques jours avant nous , & avoient enlevé les batates , fans fe donner la peine d’en repiquer les branches, que nous trouvames hors de terre & defléchées par les ardeurs du foleil. Les plantes les plus remarquables de cette ifle, étoient les mêmes que javois obfervées à Gorée. Dans le bas on voyoit plufieurs efpeces nouvelles de /per- macoce , & un helanthemoides, que les françois appel- lent falade-de-matelots, parce qu’ils en mangent les feuilles comme le pourpier , dont elles ont le goût. Plus haut fe trouvoient les corchorus(1), & plufieurs liferons à feuilles découpées. Le fommet de ia mon- tagne étoit rempli d’un grand nombre d’arbrifleaux , tels que Les ricins , les rapia (2), & les cafles puantes, parmi lefquels croiffoient abondamment le dracuncu- lus (3) , l'ornithogalum à fleurs vertes, & une fort (1) Corchorus five melochia. J. B. 1. 982. (2) Tapia arborea triphylla. Plum. gen. pag. 22. (3) Arum polyphyllum ceylanicum; caule fcabro, viridi diluto, m2- culis albicantibus notato. Comm, Hort. amfl, vol. 1. tab. 52. Parefle des neprese Plantes de cet. eifle, 1749. Septembre, Vieillefle des aibres appel- les pains-de- 2 Ofobre. Départ de {;orée pour ‘+ Re ile du 5é- népal. 66 VO AGE jolie efpece d’amarante (4) : enfin l’orceille couvroit les rochers les plus expolés. Il y avoit aufli quelques pains-de-finge de cinq à fix pieds de diametre : ils por- toient tous des noms d’Européens, dont les caracteres étoient gravés profondément dans leurs écorces. Nous ne voulümes pas contrevenir à la coutume; chacun fit fa marque fur ces arbres. Pour moi je me contentai de renouveller deux de ces noms qui étoient aflez anciens pour en mériter la peine : l’un datoit du quinzième & Pautre du feiziéme fiécle. Ces caracteres avoient en- viron fix pouces de longueur , mais ils n’occupoient en largeur qu’une très-petite partie de la bee du tronc, d’où je jugeai qu’ils n'avoient pas été gra- vés dans la jeunefle de ces arbres. Au refte, ces infcrip- tions fufhfent, ce me femble, pour déterminer à peu rès à quel âge peuvent arriver les pains-de-finge ; car fi l’on fuppole que ceux dont il eit queftion ont été ravés dans leurs premiers ans , & qu'ils aient groffi de fix pieds dans l’efpace de deux fiécles, on peur cal- culer combien il leur faudroit de fiècles pour parvenir à vingt-cinq pieds, qui eft le dernier terme de leur groffeur. Après avoir refle trois jours à herborifer agréable- ment fur lifle de la Magdeleine , & à obferver les beaux coquillages qu’elle produit , nous nous rendi- mes à Gorée, d’où je partis le 2 oétobre pour l’ifle du Sénégal. Les vents contraires de N-E. me retinrent dix jours en mer, qui m’auroient infiniment ennuyé s'ils ne n'euflent procuré une obfervation intéreffante. (1) Amaranthus verticiilatus minor, Bengalenfis ferpylli foliis incani:. Pluk. Phycogr. tab. 10. fig. 3. AU: SÉN ÉG À L. 67 Le 6 du même mois à fix heures & demie du foir, nous étions à cinquante lieues environ de la côte, lorf que quatre hirondelles vinrent chercher gite fur le bâtiment , & {e repoferent côte à côte fur les échelons des haubans. Je les pris facilement toutes quatre, & les reconnus pour être Les vraies hirondelles d'Europe. Cette heureufe rencontre me confirma dans le foup- çon que j'avois formé , que ces oïfeaux pafloient les mers pour gagner les pays de la zone torride, dès que lhiver approchoit:en effet j'ai remarqué depuis, qu'on ne les voit que pendant cette faifon au Sénégal , avec les cailles, les bergeronettes, les écoufles & quelques autres oifeaux de pañlage qui toutes les années s’y ren- dent lorfque le froid les chafle des pays tempérés de l'Europe. Un fait qui n’eft pas moins digne de remar- que, c’eft que les hirondelles ne nichent pas au Sénégal comme en Europe : elles couchent toutes les nuits deux à deux , ou folitairement , dans le fable fur le bord de la mer, où elles habitent plus volontiers que dans le cœur des terres. Je fus encore diftraït de la longueur de cette tra- | verfée par les divertiflemens que me donnoient les poiflons volans. C’étoit alors leur faifon : la mer en étoit, pour ainfi dire , couverte. Leur grofleur eft égale à celle du goujon ou du merlan. Ils ont deux nageoires prefqu’aufli longues que tout le corps, & qui leur fer- vent-d’aîles pour voler au-deflus de l’eau. Les dorades & les bonites font d’autres poiflons qui en font très- friands : ils leur faifoient alors la chafle, & l’on voyoit à chaque inftant de petites nuées de poiflons volans, qui s'élevoient au-deflus de l’eau pour éviter ces cruels I ij CRDP ERENIE TELE 1749. Oûtobre. Hirondelles de pañlage, Pciflons vo ans, Éd 7 1749. Oét obre. 12: Arrivée à l'ifle li Séncpal, A S2zond voya- p ai odor, 68 VOYAGE ennemis , & couper en même tems leur route. Comme ils ne fe foutiennent en l'air qu’autant que leurs aîles font humides , leur volée étoit courte, & beaucoup de ceux qui s’étoient élevés par-deflus le navire y re- tomberent : nous en fimes une capture très-abondante fans autre artifice. J'en mangeai quelques-uns que je trouvai très-délicats & de bon goût. Lorfque j'arrivai à l’ifle du Sénégal le 12 octobre, les arbres, Les campagnes, & les prairies fe reflentoient également de la vigueur de la faifon que les pluies avoient amenée : on ne voyoit qu’une verdure agréa- ble qui avoit fuccédée à une fécherefle affreufe. Les pluies avoient ceflé : les eaux du Niger qui commen çoient à décroître , devoient rendre la route de Podor plus praticable. Je ne pouvoïis faifir un tems plus fa- vorable à mes recherches fur les bords du fleuve : je penfai donc à faire une feconde fois ce voyage. Je fçavois bien que les vents qui ne font pas ordinaire- ment bons dans cette faifon , me feroient faire de pe- tites journées. J'en augurois avantageufement pour les travaux que je me propofois ; & je m’embarquai le 23 du même mois. C’eft l'ordinaire que les bâtimens qui fe difhofent à faire ce voyage , fe fourniflent de bois vis-à-vis la pointe de Pifle Bifèche, dans une ifle qui a retenu depuis le nom de Pifle au Bois, à une pe- tite lieue de celle du Sénégal. On s’y arrêta dans un fort joli quartier , où le bateau entra facilement au nilieu des mangliers, & fe trouva fous un couvert de verdure très-agréable. Pendant que lon fit la provi- fon , je defcendis fur cette ifle dont le terrein inondé wetoit qu'un marais & un bourbier continuel. Je {en- AUX S'ÉQN ÉIGUA L. 69 tois de tous côtés une odeur gracieufe , dont je ne de- vinai la caufe que lorfqu’en pénétrant dans le bois, j'arrivai , ayant de l’eau jufqu’à mi-jambe, dans un lieu que je vis tout couvert d’une efpece de boulette diffe- rente de celle d'Egypte. Elle étoit alors en fleurs, & répandoit une odeur extrèmement flatteufe. Depuis cet endroit jufqu’au village de Maka , les 1749. O&obre. Difficultés à remonter le deux bords du Niger font tellement couverts de man- Migerpendan: gliers , qu’il eft impoflible aux gens de pied d’y mar- cher. Comme les vents nous manquoient, les laptots furent obligés de haler le bâtiment à la cordelle ,ayant de l’eau jufqu’à la ceinture, & quelquefois davantage. Les premieres journées furent de cinq ou fix lieues , jufqu’à ce qu’on eût gagné l’efcale des Maringoins , parce que le fleuve court prefque nord & fud jui- ques-là , & que les vents ne furent pas tout-à-fait con- traires : mais depuis cet endroit jufqu’à Podor, fa di- rection change de l’oueft à l’eft, & l’on eut bien de la eine à faire trois lieues par jour. Tantôt cétoit un platon (1) qui nous arrètoit : tantôt les arbres qui bor- dent le fleuve empèchoient de haler à la cordelle ; & lon pañloit une bonne partie du jour à touer le bâti- ment (2). Ces difficultés me donnoient le tems & les moyens de prendre connoiïflance du pays. Je defcen- dois à terre matin & foir : je pénétrois les bois ; je tra- verfois les marais & les campagnes , herborifant & chaffant : jamais je ne retournois les mains vuides ; ici c'étoit une plante, un infeéte qui n''arrêtoit ; là c'étoit (1) Banc de fable élevé fur Le fond de l'eau. (2) C’eft tirer le bâtiment par le moyen d'un cordage que lon attache à un arbre, ou à un ancre qu'on laifle tomber au fond de l’eau. ce mois. 70 VOYAGE TE un quadrupède fin gulier , un oïfeau paré des plus vi- ves couleurs : tout ce qui fe préfentoit étoit un objet nouveau. Nombre pre Un peu au-deflus de l'efcale aux Maringoins, je crocodiles. COMmmençai à voir des crocodiles : quand je dis que je commençai à en voir, j'entends par centaines ; car vers l'ile du Sénégal on en trouve bien quelques-uns. Mais il femble que cet endroit foit leur rendez-vous , & même des plus gros : jy en ai vû qui avoient depuis quinze jufqu’à dix-huit pieds de longueur, & j'ignore qu'il en exifte de plus grands. Il y en avoit plus de deux cens qui paroifloient en même tems au-deflus de Peau , lorfque le bateau pafla dans ces quartiers. Ils eurent peur & plongerent aufli-tôt ; maisilsreparurent bientôt après pour reprendre haleine ; car ces animaux ne peuvent demeurer que quelques minutes fous l’eau fans refpirer. Lorfqu’ils furnagent , il n’y a que la par- tic fupérieure de leur tête & une petite partie du dos qui s’éleve au-deflus de l’eau : ils ne reflemblent alors à rien moins qu’à des animaux vivans : on les pren- droit pour des troncs d’arbres flottans. Dans cette atti- tude qui leur laifle l’ufage des veux , ils voient tout ce qui fe pafle fur lun & l’autre bord du fleuve , & dès qu’ils apperçoivent quelque animal qui vient pour y boire, ils plongent , vont promptement à lui en nageant entre deux eaux , l’attrapent par les jambes, & l’entraînent en pleine eau pour le dévorer après lavoir noyé. he On n’avoit pas encore fait vingt-cinq lieues le 30 près de Ga Oétobre. Je vis le matin une fort belle plaine fur la dor f gauche du Niger, vis-à-vis le village de Gandor ; jy AU SÉNÉG AL. 71 defcendis , mais j'eus bientôt lieu de m'en repentir. 1740. Après avoir marché pendant une heure , je trouvai FANS mon chemin barré par le marigot d'Ouafoul , quiétoit alors confidérable. Le fleuve fait un coude un peu au- deflus de cet endroit. Le bâtiment trouvant là le vent favorable , avoit gagné plus d’une lieue d'avance fur moi, & on ne penfoit guères à m’attendre, ignorant l'embarras où j'étois. Il falloit cependant le rejoindre. Je n’avois pris qu'un nègre Banbara qui s'étoit offert pour m'accompagner ;car on ne fçauroit croire quelles peines j'avois de me faire fuivre par ceux qui avoient une fois courus avec moi : ils connoifloient trop bien les dangers auxquels je nexpofois , & ils ne trou- voient pas aflez de plaïlir à partager les fatigues de mes promenades. Je fis avec mon Banbara une grande demi-lieue dans un marais formé par l'épanchement des eaux du marigot fur ces terres bafles, dont je ne me tirois qu'avec peine , ayant de l’eau jufqu'’aux genoux , & 8 rencontrant à chaque pas des ferpens de la grande Serpens d'une : à . … grofleur ex- taille, fur-tout de ceux qui ont le corps extraordinai- tem. rement gros eu égard à fa longueur. Je les évitois d’auffi loin que je les appercevois ; mais mon nègre me raflura en me difant qu'ils n’étoient pas malfaifans. J'en tirai un, à bout portant , qui avoit près d’un pied de diametre fur huit & demi de longueur. Il le char- gea fur {es épaules comptant en faire bonne chere avec {es camarades. Lorfque j'eus avancé encore quelques pas vers le lit L'Auteur ar . TCIC par us du marigot, j'entrai quoïqu’habillé dans l’eau jufqu’à margor. la ceinture, Je n’eus garae d’aller plus loin : jaurois RE en | 174 9. D Otobre. X1 îe paie fur les épaules de fon nègre , au rifque de fa vie 72 VOTASCE trouvé quelque trou qui n’auroit fort embarraffé. J’en- voyai mon nègre fonder le terrein, & pendant ce tems-là je montai fur un arbre, pour m’éloigner des ferpens & de l’eau qui commençoit à me fatiguer. Après avoir fondé trois endroits différens , il jugea qu’il pourroit me pafler dans celui où l’eau ne lui ve- noit que jufqu'aux narines en s’élevant fur la pointe des pieds. Il étoit grand, & avoit fix pieds & quel- ques lignes de hauteur. Je montai fur fes épaules por- tnt mon fufil , quelques oifeaux , & un paquet de plantes. Il fut bientôt dans l’eau jufqu’au col, & ce ne fut pas fans peur de ma part que je me fentis plon- ger en blemens jufqu’à la ceinture : je m’abandon- nai alors à fa fage conduite, ou plutôt à ma bonne fortune, & je le laiffai aller comme il voulut : il pañlà avec une conftance étonnante, & fans perdre tête, le milieu du marigot, en avalant trois fois de fuite de l'eau qui le priva pendant quelque tems de la refpira- tion. Echappé à ce pas dangereux, je vis flotter une plante d’une grande beauté : c’étoit un cadelart (1) à feuilles foyeuies & argentées. J’oubliai tout en ce mo- ment, & quoique mon Banbara eût encore de l’eau jufqu’au menton, je me rifquai à arracher cette belle plante. Je fortis ainfi fort heureufement du marigot d'Ouafoul , qui avoit alors près de 120 toifes de lar- geur , C’eft-à-dire , environ deux fois celle de la Seine au Pont-royal, & je rejoignis mon bateau avant midi. Le foir même, dans l'incertitude où j’étois fi je trou- verois la route praticable fur le bord du fleuve qui m’a- voit tant expolé toute la matinée, je defcendis fur le {1} Cadelari. Hort, Mal. part. 10. pag. 155. tab. 78, bord ALLUME SLÉIN ÉEGTA L. 73 bord oppolé , où je ne fus guères plus heureux. Je rencontrois de tems en tems des forèts de rofeaux de dix à douze pieds de hauteur, qui mettoient ma pa- tience à l’épreuve, quand il les falloit traverfer. Il ny avoit aucun fentier, & fouvent ils étoient fi épais qu’ils fe touchoient du haut & du bas, de maniere à me pri- ver entierement de la vûe du ciel & de la terre. Les jours fuivans fe pañlerent plus agréablement : en arriva dans le quartier où les hippopotames, autre- ment appellés chevaux marins, font fort communs. Cet animal , le plus grand des amphibies , ne fe trouve que dans Peau douce des rivieres de Afrique ; & une chofe digne de remarque, c’eft que l’on n’en a encore obfervé que dans cette partie du monde, à laquelle il femble être particulierement attaché. On lui donne communément la figure d’un bœuf : c’eft à la vérité l'animal auquet il reflemble davantage ; mais il a les jambes plus courtes, & la tète d’une groffeur déme- furée. Quant à la grandeur , le cheval marin peut prendre le pas après l'éléphant & le rhinoceros. Ses mâchoires font armées de quatre défenfes avec lef- quelles il détache les racines des arbres qui lui fervent de nourriture. I] ne peut refter long-tems fous l’eau fans refpirer : c’eft ce qui l’oblige de porter de tems en tems la tête au-deflus de fa furface, comme fait le cro- codile. Il hennit d’une maniere peu différente du che- val, mais avec une fi grande force qu'on l'entend dif- tinétement d’un bon quart de lieue. On voit dans ces mêmes quartiers, avec le cheval marin , une feconde efpece de crocodile, qui ne cède point à l’autre pour la groffeur, On le diftingue par fa sat k 1740 Ottobre. Forêts de ro- {eaux impratis cables. Hippopota- mes ou che- vaux marins Seconde ef- pece de cro: codile, 74 V'O-Y':A GE PREPIS RTE 1739 couleur noire, & par fes mâchoires qui font beaucoup °ébr. plus allongées. Il eft encore plus carnaflier : on le dit même fort avide de chair humaine. Beatéda Ni Le bateau côtoyoit tantôt l’une tantôt l’autre rive A du fleuve. Par-tout elles étoient bordées d’arbuftes, communément de faules ou de fesbans , couverts de liferons ou d’apocins de plufieurs efpeces, qui après avoir ferpenté autour de leurs branches , laifloient pendre leurs jets chargés de fleurs de différentes cou- leurs. Au pied de ces arbriffeaux flottoit la perficaire aufli en fleur. Je navigeoïs ainfi dans une prairie flot- tante, où paifloit une multitude de fauterelles, dont la couleur verte bigarrée d’un beau rouge de feu , fai- foit un effet admirable. Plus loin les palmiers éle- voient leurs têtes au-deflus des femeliers (1 )& des aca- cies , dont tout le refte du terrein étoit couvert. Enfin rien ne manquoit à la beauté de la perfpeive dont mes yeux furent recréés dans un efpace de plus de quinze lieues , depuis Le défert jufqu’au village de Bo- kol. Ce feroit la riviere du monde la plus agréable, f: Von n’avoit à craindre à tous momens les crocodiles, & quelquefois même les chevaux marins dont elle eft remplie. Lg nes Le palmier, dont je viens de parler, eft celui que Tr, les nègres connoiflent fous le nom de ronn (2). qu'il a plû aux françois de changer en celui de rondier. Il porte un tronc fort gros & fort droit , femblable à une colomne de cinquante à foixante pieds de hauteur , de l'extrèmité de laquelle fort un faifceau de feuilles, (1) Efpece de bauhinia non décrite. (2) Carim-pana. Hort. Malab. vol. x. pag. 11. tab, 9, AUDI SÉNÉGAL, 7$ qui, en s'écartant , forment une tête ronde. Chaque feuille repréfente un éventail de cinq à fix pieds d'ou- verture , porté fur une queue de même longueur. De ces arbres les uns donnent des fleurs mâles, qui font ftériles : Les autres qu’on appelle femelles, fe chargent de fruits qui fe fuccèdent fans interruption pendant prefque toute l’année. On m’en apporta plufieurs de la groffeur d’un melon ordinaire , mais un peu plus ronds. Ils étoient enveloppés d’une peau coriace, épaifle comme un fort parchemin, qui recouvroit une chair jaunâtre , remplie de filamens attachés à trois gros noyaux qui en occupoient le milieu. Les nègres aiment beaucoup ce fruit: lorfqu’il a été cuit fous les cendres, il a un peu du goût du coin : fon odeur elt aflez forte , mais agréable. . Le faule du Niger eft difiérent de celui d'Europe. Il a les tiges & la foibleffle de l’ofier , mais fes feuilles {ont très-courtes & arrondies par les extrèmités. Chez les nègres il porte le nom de kelelé, C’eft un arbre des plus honorés dans le pays; fes jeunes branches pañlent entre les mains des dames, qui en font des cure-dents. Au défaut de ceux-ci, qui laïffent un peu d’amertume dans la bouche, on emploie les branches de quelques autres arbres de bonne odeur. Ces différentes efpeces de cure-dents s'appellent du nom de fokiou. Lesélephans, dont je voyois tous les jours un grand nombre fe répandre fur les bords du fleuve, ne m’é- tonnoient plus. Le $ novembte comme je me prome- nois dans les boïs qui font vis-à-vis le village de Da- gana , j'apperçus quantité de leurs traces fort fraîches. Je les fuivis conflamment pendant près de deux lieues; K 1} Oobre: Saule, s Novembre, Promenade aux environs de Dagana, 1749. Novembre, Elephans. Singes verds, Sangliers, 76 VON YAÏGE & enfin je découvris cinq de ces animaux, dont trois {e vautroient couchés dans leur fouil à la maniere des cochons, & le quatriéme étoit debout avec fon petit, mangeant lesextrémités des branches d’une acacie qu'il venoit de rompre. Je jugeai par comparaïfon de la hauteur de l'arbre contre lequel étoit cet élephant, qu’il avoit au moins onze ou douze pieds, depuis la plante des pieds jufqu’à la croupe. Ses défenfes for- toient de la longueur de près de trois pieds. Quoique ma préfence ne les eût pas émus, je penfai qu'il étoit à propos de me retirer. En pourfuivant ma route, je rencontrai des impreflions bien marquées de leurs pas que je mefurai : ils avoient près d’un pied & demi de diametre. Leur fiente qui refflembloit à celle du cheval, formoit des boules de fept à huit pouces d’épaifleur. Je vifitai le lendemain avec un plaifir infini les belles campagnes qui font en deçà de Bokol. Je pafai d’a- bord fous des arbres remplis de finges verds, dont les gambades étoient fort divertiflantes. Je me trouvai enfuite dans une plaine très-abondante en gibier, & où je fis une chafle merveïlleufe. De là j'entrai dans un petit bofquet planté auprès d'un marais qui attiroit des compagnies de pintades. Pendant que j'étois aux aguets dans cet endroit, j'apperçus un de ces énormes fangliers particuliers à l'Afrique , & dont je ne fçache pas qu'aucun naturalifte ait encore parlé. Il venoit tête baiflée fur moi, & m’auroit infailliblement atteint fi je ne l’eufle, pour ainfi dire , averti de détourner fes pas, par quelque bruit que je fis en le couchant en joue. Il étoit noir comme les fangliers d'Europe , mais d'une taille infiniment plus haute. Il avoit quatre A Ur SÉN É GC A L. 77 grandes défenfes , dont les deux fupérieures étoient recourbées en demi-cercle vers le front, où elles imi- toient les cornes que portent d’autres animaux. Plus 'approchois de Podor , plus j'étois expole , parce que les bords du Niger font plus déferts, fur- tout celui qui regarde le feptentrion. Cependant ni les dangers que je courois de la part des bêtes feroces, ni les fatigues de la chaffe dans des bois bien défendus par leurs épines , ni les chaleurs étouflantes du vent d’eft , qui m'obligeoïient d’aller à chaque inftant aux eaux du fleuve pour y éteindre ma foif ardente; tout cela ne m'’effrayoit point , rien n’étoit capable d’ab- battre mon courage : une fanté merveilleufe me fou- tenoit contre tant de peines, de périls , & de fatigues auxquelles beaucoup auroient fuccombés. Le 7 novembre il m’arriva une aventure encore plus critique & plus cfrayante que celles que Javois éprouvées jufqu’alors. Comme je me promenois alter- nativement tantôt fur lun, tantôt fur l’autre bord du fleuve , je paflai ce jour-là fur le bord feptentrional, Je marchoïs en chaflant dans une terre déferte , qui mavoit jamais été défrichée , toute couverte de bois aufli anciens que le pays, & dont l’épaifleur feule, indépendamment des bêtes féroces qui s’y retirent, auroit dû nvinfpirer de la frayeur. Malgré les dangers & les incommodités inféparables de cette chafle, ma curiofité me portoit à pénétrer dans les lieux les plus épais de ces bois ; les animaux , Les plantes & les oi- feaux que je rencontroiïs à chaque pas ny invitoient, Le nègre que J'avois pris pour m'accompagner ne me fuivoit que de fort loin. Il étoit midi; & je finiflois à 1749. Novembre, Dangers & fatigues du voyage de Podor, Avanture cri. tique, D es | 1749. Novembre. Rencontre d'un tigre, 78 VOYAGE peine de recharger mon fufil après avoir tué deux tou- cans , lorfque je vis un tigre à mes côtés. Il ne m’avoit pas encore apperçu : un arbre fe trouvoit entre lui & moi ; & il marchoit fort lentement la tête panchée vers la terre. Je gliflai promptement une balle dans mon fufil , pour le coucher en joue derriere l'arbre, & jarmai ma main gauche d’un couteau. À ces mouve- mens le tigre fe retourna fierement de mon côté & me lança des regards terribles. Quoique je n’en fufle pas éloigné de douze pieds, la prudence ne vouloit pas que je lui tirafle mon coup, parce que j'étois feul, & qu'il y avoit beaucoup à rifquer pour moi, fi je ne leus pas étendu mort fur la place. Je pris le parti qui me parut le plus fage dans une pareille rencontre : c'étoit de le tenir toujours couché en joue , un genouil plié pour plus de füreté, & de frapper la terre de lau- tre pied fans me déranger , afin de le déterminer à prendre fon chemin. Il le fit à linftant en débutant par un faut tel que je n’en ai jamais vü de femblable, & me délivra ainfi de l'embarras où m’avoit jetté fa préfence importune. Dès ce moment je quittai le bois pour me rappro- cher du bord du fleuve , où mon nègre ne me rejoi- gnit qu’une heure après. Nous attendimes fort long- tems le bateau fans en avoir de nouvelles; nous allà- . mes même quelque peu au-devant, mais toujours inutilement. Nous lavions laiffé plus de deux lieues derriere nous, & il n’y avoit aucune apparence qu'il dût arriver avant le coucher du foleil. Ïl étoit quatre heures du foir ; & depuis fix heures du matin que je fatiguois , je navois rien pris que de l’eau , dont je À UISTÉANMÉCGTA L. 79 büvois une grande abondance pour tempérer les cha- leurs que me faifoit efluyer le foleil le plus ardent. . Preffé par la faim aufli-bien que mon nègre , je me dé- terminai à faire le dîner du fauvage. Rien ny man- qua. J’avois tué, chemin faifant, plus de gibier que quatre hommes afflamés n’en auroient pü manger. Mon nègre ne fut pas embarraflé pour le faire rôtir ; il frotta enfemble deux bâtons qui prirent feu à Pinftant ; il ft auffi une broche de bois, qu’il garnit avec un tou- can , deux perdrix & deux pintades. Quand ce diner, encore plus frugal & de moindre appareil que celui des nègres, fut fini; je crus ne pouvoir rien faire de plus avantageux pour moi & pour tous les françois qui viendroïent par la fuite fe promener dans ce dan- gereux endroit, que d’y mettre le feu, comme le pra- tiquent les nègres. Pendant deux heures que je reftai à , je le fomentai , & j'y fournis des matieres fuffi- fantes pour embrâfer plufieurs lieues de ce vafte dé- fert , qui s’étend depuis le village appellé Mlounn- mangas jufqu’à Podor , dans une efpace de plus de vingt lieues, & qui n’eft fréquenté que rarement par les maures, qui y campent dans quelques endroits où ils ont mis le feu. À fept heures du foir le bateau tant defiré & fi long-tems attendu , arriva : je m°y embar- quai avec une grande fatisfation à la lueur du feu que javoïs allumé; & j'appris huit jours après qu’il brû- loit encore , & qu’il avoit découvert plufieurs lieues de pays. On arriva le 8 à Lamnaï. Cette petite ifle, qu’on peut nommer à bon droit l’ifle aux oifeaux , eft fort baffle , & n’a pas deux cens toifes de longueur. Ses ar- ESA ENRE 1749. PS 1° Novembre. Diner ce ; l’Auteur au milieu des bois, I! y met le feu en {e retirant. Nombre pro- digieux d'oi- feaux fur l'ifle de Lamnai, 1749. Novembre, Stratiote , plante du Nil. 80 V'OY'AGE bres étoient couverts d’une multitude fi prodigieufe de cormorans & de hérons de toutes les efpeces , que les laptots qui entrerent dans un ruifleau , dont elle étoit alors traverfée , remplirent en moins de demi- heure un canot, tant des jeunes qui furent pris à la main ou abattus à coups de bâtons , que des vieux dont chaque coup de fufil faifoit comber plufieurs douzai- nes. Ces oifeaux fentent un goût d'huile & de poiffon qui ne plaît pas à tout le monde. Je trouvai dans cette ifle une plante que je n’avois pas encore vû : c'étoit le ftratiote, connu fous le nom de ftratiote d'Egypte; cette plante merveilleufe qu’on dit fe promener fur les eaux du Nil , cherchant fa nour- riture à la maniere des animaux. C’eft affurément bien mal à propos qu'on a fait ce petit conte, ou qu'on a interprèté dans ce fens les defcriptions , peut-être trop Tâches , que les voyageurs en ont donné. Le ftratiote du Niger eft le même que celui du Nil, dont on voit la figure dans Profper Alpin(1),& dans le.Jardin de Malabar (2); & il porte des racines fi bien piquées en terre , que l’on a aflez de peine à l'arracher. Ce qui a fans doute induit en erreur , c’eft que cette plante produit des petits bouquets de feuilles fort écartés les uns des autres , & portés fur une tige, qui, après avoir flotté fur l’eau , va fe perdre infenfiblement dans la terre, à peu près comme font dans ce pays-ci les po- tamogetons , les zymphordes , & les feuilles mêmes du nenufar. La proximité où j'étois de Podor, que l’on décou- (1) Hay alem el maovi, id ef, ftratiotes. Profp. Alp. Æzyp. v. 21. p.51. \ (2) Kodda-pail. Hort. Mal. vol, 11. pag. 33. tab. 63. i VroOIL ALUX SÉN EG A L. 8; vroit au loin par-deflus des terres fort baîles , me faifoit foupirer avec d'autant plus d’ardeur après le moment où je devois y débarquer , que le bateau faifoit à peine trois ou quatre lieues par jour. Enfin cet heureux in{- tant arriva le 10 de novembre , & mit fin le dix- neuviéme jour à ce voyage long difficile, & d'autant plus pénible que je l’avois fait dans Le mois où fe font fentir les plus grandes chaleurs de l'année. Le ther- mometre que je ne pouvois expofer fürement que dans la chambre du bateau, y marquoit fur le midi depuis 40 jufqu’à 45 degrés. Elle étoit fi pénétrée de lPardeur du foleil , que la nuit même elle confervoit encore 30 à 32 degrés de chaleur: c'étoit une vraie étuve, ou même une fournaife ardente, dans laquelle diftilloit goute à goute le bray & le goudron, que les chaleurs liquéfioient au point de lui permettre de pafler par toutes les jointures du bâtiment. Enfin les chaleurs que j'ai fouffertes dans ce rude voyage, étoient telles que je ne crois pas qu’on en puille éprouver ailleurs de plus grandes ; & je ne fuis nullement furpris que la plûpart des françois qui font près de deux mois à faire le voyage de Galam en juillet & août, y arrivent rarement fans être attaqués de quelque fievre ardente, Aufi ceux qu'une longue expérience ou une parfaite connoïflance du pays ont rendu plus prudens » partent dès le mois de juin, aufli-tôt que les eaux font aflez . hautes ; alors ils ont beaucoup moins à craindre & à fouflrir de l'intempérie de La faifon pluvieufe & des chaleurs qui augmentent continuellement depuis le mois de juin jufqu’en novembre : ils n’y réfifteroient çertainement point en partant en fepcembre & o&tobre, L = —__—_—_—_— 1749. Novembre, 10. Arrivée à Po: aor, Chaleur ex- ceflive dans les bateaux, ŒTETIE TSI TIELEMES 1746. Novembre. À beilles très- : commodes, 82 VON A GE Une autre incommodité du voyage de Podor ou de Galam, pendant le mois d’otobre, ce font les ma- ringoins & les abeilles. J’ai dit ailleurs combien les premiers font importuns : les abeilles le font encore davantage. Tous les jours vers le midi, j'étois für d’être accueilli par un , deux , & quelquefois plufieurs effains. qui venoient fe rendre dans la chambre du bateau, attirés peut-être par l’odeur pénétrante & réfineufe du goudron: elles m'obligeoïient de quitter le bateau , & de chercher à terre la tranquillité. La même chofe m’arriva à Podor en novembre & décembre. Il y a apparence que c’eft pendant ces trois mois que les effains fortent des vieilles ruches pour en former de nouvelles : on en trouve alors affez fouvent des monceaux confidérables. Je vis un jour un toit de cafe , dont la furface de feize pieds quarrés, étoit re- couverte d’une couche de plus de quatre travers de doigt , d’abeilles qui s'y étoient ainfi entaflées. C’eft une preuve non équivoque de la prodigieufe quantité qu'il y a de ces infectes dans Le pays. Ils fe logent par- tout; mais communément dans les troncs d'arbres que la vicilleffe a creufés. Cette année ils avoient fait trois ruches dans notre habitation de Podor : l’une entre les volets & la fenêtre d’une chambre au premier étage ; lautre au rez de chauflée , dans une petite armoire pleine de ferrailles dont on ouvroit tous les jours un battant, & qui étoit placée au fond d’un magafin fort obfcur ; la troifiéme étoit fufpendue au plancher d'un autre magafin , fur le coin même de la porte. On réu lit difficilement à chaffer ces petits animaux , même pendant la nuit, & par le moyen du feu : ils fçavenct AU SÉNÉGAL. 83 trouver dans les ténèbres ceux qui les inquiétent, & 1749. ils les puniflent par des piquüres très-douloureufes. REX Ces abeiïlles ne different de celles d'Europe que par ou de la petitefle. Leur miel a cela de fingulier , qu'il ne Lope prend jamais de confifance comme le nôtre :il eft tou- jours liquide & femblable à un fyrop de couleur bru- ne. On peut dire qu’il eft infiniment fupérieur pour la délicatefle & le goût au meilleur miel qu’on re- cueille dans les provinces méridionales de la France. Le terrein de Podor me parut alors bien différent Le < de ce que je l’avois vû dans mon premier voyage. Au lieu d’une plaine féche & ftérile, je vis une campagne agréable , entrecoupée de marais dans lefquels le ris croifloit naturellement, & fans avoir été femé. Le ter- rein plus élevé étoit couvert de mil: lindigo & le co- ton y étaloient la plus belle verdure. Prefque toutes les plantes aquatiques des pays chauds paflerent en revûe fous mes yeux : j'obfervai là le meniante(1), deux efpeces de pontederia (2) , les juffiæa (3) , les lemma , & le pongati (4) du Jardin de Malabar. Jy trouvai aufli plufieurs efpeces d'alifma , de liferons, de nénuphar, Putriculaire , l’hottonia (5), les adha- roda , un grand nombre de fouchets & d’autres plantes Ja plüpart inconnues. | Je ne bornai pas ma curiofité aux campagnes voi- ne ne dr gu eress (1) Nymphæa Indica minor lævis. Rumph. Herb. Amb. vol. 6. pag. 167. tab. 72. fig. 3. (2) Pontederia floribus umbellatis. Linn. FI. Zeyl. 129. (3) Nouvelles efpeces. (4) Pongaui. Hort. Mal. vol. 11. pag. 47. tab. 24. (5) Hoitonia flore folitario, ex foliorum alis proveniente. Burm. Th. Zeyl pag. 121. tab. 55- fig. 1 Li 84 VOYAGE RES fines ; elle sétendit encore juiques dans les bois & les PP marigots qui font répandus à deux lieues à la ronde. J'y trouvai aufli beaucoup d'arbres nouveaux , & des oifeaux d'une grande beauté. Mais parmi les chofes fingulieres que j'obfervai , rien ne me frappa plus que certaines éminences de terre, que leur hauteur & leur régularité me firent prendrede loin pour unaflemblage de cafes de nègres, & même pour un village confidé- rable. Ce n'étoit cependant que les nids de certains petits infectes. Ces nids font des pyramides rondes de huit à dix pieds de hauteur, fur à peu près autant de bafe , dont la furface eft unie, & d’une terre grafle extrêmement dure & bien maçonnée. L'intérieur eft un labyrinthe de petites galeries entrelacées les unes dans les autres : elles répondent à une petite ouver- ture qui donne entrée & fortie aux infectes qui l’ha- bitent. On les appelle vagvague : peut-être font-ce les mèmes que l’on nomme poux de bois & fourmis blan- ches en Amérique & dans Les Indes orientales. Ils ont la figure des fourmis ordinaires, mais leurs membres {ont moins diftingués. Leur corps qui eft d’un blanc fale , eft auffi plus mol , plus rempli, & comme hui- leux. Ces animaux multiplient prodigieufement , & quand ils travaillent à fe loger , ils attaquent d’abord quelque tronc d'arbre mort , qu’ils ont bientôt rongé & détruit. Obfereion Dans mes deux voyages j'avois levé avec foin la Peu, Carte du Niger depuis fon embouchure jufques à Po- dor : il ne me reftoit plus qu’à connoître la latitude de ce lieu. La différence que je trouvois entre mon plan & celui que donnent les cartes anciennes & mo- ATONLSTÉINNE C'A L. 85 dernes , me fit foupçonner que cette latitude mavoit pas été bien déterminée , s'il étoit vrai qu'on y eût jamais travaillé. Pour m'en aflurer , je fixai avec les précautions requifes un gnomon de 8 pieds 1 pouce 1 ligne de hauteur, au-deflus d’une plate-forme ré- duite à un niveau aflez exact. J'y obfervai, pendant le mois de novembre & une partie de celui de décembre, différens points d’ombre du foleil , qui me donnerent, par le calcul , fa hauteur ; d’où je conclus la latitude de Podor de 16 d. 44 m. : boréale , conformément au réfultat que je communiquai pour lors à M. le Monnier, qui voulut bien en faire part à l’Académie des Sciences(1). Cette obfervation étoit de quelque importance , puifqu’elle corrige une erreur de plus de 15 minutes dont toutes les cartes font Podor trop fep- tentrional ; & qu’elle diminue de beaucoup la lon- gueur du cours du fleuve, dont même la plüpart des directions données jufqu’à préfent étoient faufles. Ainfi outre l’avantage que je retirai de mon fecond voyage de Podor , en prenant des connoïflances de l’hiftoire naturelle du pays ; il me procura encore celui de vé- rifier & de corriger un point de géographie eflentiel pour le cours du Niger ,dont nous ne connoïffons bien encore qu'une petite partie. En defcendant ce fleuve , les vents d’eft me furent auffi favorables qu’ils m'avoient été contrairesen mon- tant. Je partis de Podor Le 17 décembre, & j'arrivai le 21 à l'ifle du Sénégal ; deforte que je ne fus que cinq jours dans mon retour , au lieu que j'en avois (1) Cette obfervation a été imprimée dans le 2° volume des Mémoires préfentés à l'Académie par divers Sçavans, p. 6os. SET PRES ET 17 49: Décembre, 17. Retour de Podor à l'ifs du Sénégal, = | 1750. 31 Janvier. Second voya- ge à Gorée. ro Février, Voyage de Gambie, On mouil- le vis-à-vis le comptoir d'Albréda. Poiflons du fleuve de Ganb'e., 86 VIOL YAANGPE, employé dix-neuf à monter à Podor. Les eaux en baïflant avoient laïflé fur les bords du fleuve un limon dont les nègres fçavent profiter aufli-tôt qu'elles fe font retirées. Ils avoient femé par-tout le gros mil, le tabac , & des haricots de plufieurs efpeces. Je ne reftai pas long-tems à l’ifle du Sénégal : j'en partis le 1 1 janvier de l’année fuivante pour retourner une feconde fois à l’ifle de Gorée, où j'arrivai le 15. De-Rà je devois faire le voyage de Gambie avec M5 de la Brue & de Saint-Jean , directeurs , Fun de la con- ceflion du Sénégal , & l’autre de l’ifle de Gorée. Ils alloient rétablir le comptoir françois d’Albréda, fi- tué fur ce fleuve à fix ou fept lieues de fon em- bouchure , & diftant d’environ cinquante lieues de lifle de Gorée. Trois bâtimens mirent enfemble à la voile le 10 février, & entrerent le 20 dans le fleuve Gambie. Son embouchure ne commence , à propre- ment parler, qu’à la pointe de Bar , quoïque fon lit {oit prolongé aflez avant dans la mer, par des bancs de fable ou des hauts-fonds qui fe trouvent entre l’ifle aux Oifeaux & le cap Saïnte-marie. Ce cap eft une terre haute qu’on laïfle fur la droite. Depuis la pointe de Bar jufqu’au comptoir d’Albréda le fleuve a une largeur aflez inégale d’une lieue dans quelques en- droits, & d’un peu davantage dans d’autres. Ses bords font aflez élevés, & garnis des deux côtés de grands arbres qui indiquent aflez la bonté du terrein. L'on mouilla vis-à-vis le comptoir, & l’on refta quelques jours en rade fans defcendre à terre. On y fie bonne chere, en maigre fur-tout. Les nègres nous ap- portoient quantité d’excellens poiffons, des rayes, des AU SÉNÉGAL. 87 foles , des vieilles monftrueufes , & beaucoup d’huîtres d'arbres (1) qui font très-abondantes dans ce fleuve. Elles ont tout ce qui leur faut pour y vivre. Les man- gliers dont tous fes bords font bien fournis, leur pré- tent leurs racines pour sy attacher , & l’eau de la mer n’y perd jamais fa falure. Ce qu'il y à de fingulier, c’eft que par-tout ailleurs on détache les huîtres des rochers , au lieu que à on les cueïlle fur les arbres. Lorfque la mer a baiïflé, elle les laïfle à découvert, & on les voit pendantes à leurs racines : c’eft ce qui a fait dire à quelques voyageurs qui en ont vüs de fembla- bles en Amérique, qu’elles perchoïent fur les arbres. Les nègres n’ont pas tant de peine qu’on penferoit bien , à les cueillir : ils ne font que couper la branche où elles font attachées. Une feule en porte quelque- fois plus de deux cens, & fielle a plufieurs rameaux, elle fait un bouquet d’huîtres qu'un homme auroit bien de la peine à porter. La coquille de ces huîtres differe de celles d'Europe, en ce qu’elle eft plus lon- gue , plus étroite & moins épaifle ; du refte la délica- telle & le bon goût de leur chair ne permettent pas aux connoifleurs d’y appercevoir aucune différence. Ce fut dans ce voyage que je commençai à con- noître par moi-même les défordres que caufent les fauterelles , ce fléau fi redouté dans ces brûlans cli- mats. Le troifième jour après notrearrivée, nousétions encore en rade : il s’éleva au-deflus de nous, vers les huit heures du matin, un nuage épais qui obfcurcit Pair en nous privant des rayons du foleil. Chacun fut (1) Voyez l’'Hiftoire naturelle des Coquillages bivalves. Genre 1. l’Hut. crée ; planc. 14. fig. 1 | 1750. Février. Huitres d’ar- res, Nuage de fau- terelles, 17/50. Février. Peuples qui mangent jauterelles, les 88 VOYAGE étonné d'un changement fi fubit dans l'air , qui eft ra- rement chargé de nuages dans cette faifon ; mais on reconnut bientôt que la caufe en étoit dûe à un nuage de fauterelles. IL étoit élevé d'environ vingt ou trente toifes au-deflus de la terre , & couvroit un efpace de lufieurs lieues de pays, où il répandoït comme une pluie de fauterelles qui y paifloient en fe repofant, puis reprenoiïent leur vol. Ce nuage étoit apporté par un vent d’eft affez fort : il fut toute la matinée à pañler fur les environs , & on jugea que le même vent les précipita dans la mer. Elles porterent la défolation par-tout où elles paflerent : après avoir confommé les herbages , les fruits, & les feuilles des arbres , elles attaquerent jufques à leurs bourgeons & leurs écorces: les rofeaux mêmes des couvertures des cafes, tout fecs qu'ils étoient, ne furent point épargnés : enfin elles cauferent tous les ravages qu'on peut attendre d’un animal aufli vorace. J'en pris un grand nombre que l’on voit encore dans mon cabinet : elles étoient en- tierement brunes, de la groffeur & longueur du doigt, & armées de deux mâchoires dentées comme une fcie & capables d’une grande force. Elles avoient des aîles beaucoup plus longues que celles de toutes les faute- relles que je connois : c'étoit fans doute à leur gran- deur qu’elles devoient cette facilité à voler & à fe foutenir dans l'air. On ne fe perfuaderoit pas facilement qu’un infecte hideux comme left la fauterelle, pût fervir de nourri- ture à l’homme. Ceft cependant un fait certain que plufieurs nations de ce pays la mangent. Elles donnent même différentes façons à ce mêts fingulier. Les unes le AU SÉNÉGAL. 89 les pilent & en font une bouillie avec le lait ; les autres les font rôtir fimplement fur les charbons , & les trou- vent excellentes. On ne peut guères difputer fur les goûts ; mais j'aurois laïflé volontiers aux nègres de Gambie tous les nuages de fauterelles pour le plus miférable de leurs poiffons. Une chofe qui m'a toujours étonné, C’eft la promp- titude prodigieufe avec laquelle la féve des arbres ré- pare dans ce pays-là les pertes qu’ils ont faites : & je ai jamais été plus furpris que lorfque defcendant à cerre quatre jours après ce terrible pailage de faute- relles , je vis les arbres couverts de nouvelles feuilles, & ils ne paroifloient pas avoir beaucoup fouflert. Les herbes porterent un peu plus long-tems les ere de la défolation ; mais peu de jours fufhrent pour faire oublier tout le mal que les fauterelles avoient fait. Les peuples qui habitent le pays de Gambie font Mandingues ou Sofés, pour m’exprimer comme eux. Ils ne vivent & ne s’habillent pas différemment des autres noirs ; mais leurs cafes font mieux bâties : peut- être doivent-ils le goût de leur architeéture aux Por- tugais qui sy font établis autrefois. Leurs murailles font de terre grafle bien pétrie, fort liante, & qui prend en féchant beaucoup de folidité. Le dôme qui les couvre eft de paille, & defcend jufques à un autre petit mur de hauteur d'appui, qui fait autour de la cafe une petite galerie où l’on eft à couvert des rayons du foleil. Le feu avoit pris au village peu de tems avant mon arrivée : les murs des cafes qui avoient réliftés , étoient en partie d’un beau rouge, & en par- tie vitrifiés par la violence du feu : ils fembloient de M es 1760; Février, Activité de |3 fève dans les plantes, Nation des Mandingues Leurs cafes, n 1750. Février, Hirondelles & Europe, Cabinet d'ob- fervauions, Sins Fertilité du pPayss 9° VOYAGE loin avoir été enduits d’une couche d’émail très- luifant. La cafe où je logeoïis étoit vafte & commode, mais auf fombre qu’un foûterrein, même en plein midi, parce qu'elle n’avoit d'autres ouvertures que deux por- tes percées à fes extrémités. Je dois faire obferver ici, de crainte de l'oublier, qu’un grand nombre de nos hirondelles d'Europe venoient sy rendre tousles foirs, & y pañloient la nuit perchées fur les chevrons de la couverture : car, comme je l'ai fait remarquer ailleurs , elles ne nichent pas dans ces pays, elles n’y font qu’hi- verner. Mon objet en me rendant à Gambie étant d’y faire les obfervations d’hiftoire naturelle , il me falloit né- ceflairement un endroit aflez éclairé pour travailler ; mais toutes les cafes du village étoient trop fombres. Jimaginai de profiter d’un tamarinier qui fe trouvoit au milieu du jardin attenant à ma cafe, & planté de beaux orangers , de citroniers , de papayers & d’autres arbres fruitiers. Je fis faire une enceinte de paille fous fon épais feuillage, qui me procuroit avec une ombre & une fraîcheur agréable , le tendre ramagedes oifeaux. C’étoit un vrai cabinet de naturalifte , & je doute qu’on en ait encore vû de fi champêtre. Quant à moi, fa mé- moire m’eft infiniment chere par les connoiffances qu’il m'a procurées d’une multitude de plantes nouvelles & fort curieufes que produit ce pays, fans contredit un des plus beaux de l'Afrique. Les terres y font grafles , profondes , d’une reffource & d’une fécondité étonnante : elles produifent d’elles- mêmes & prefque fans culture tout ce qui eft néceflaire AUER SÉNÉGAL. 91 à la vie, grains, fruits, légumes & racines. Dans les lieux les plus élevés & un peu fecs , on voit Pacajou , des papayers de deux efpeces , des goyaviers , des orangers & des citroniers d’une grande beauté : j'en ai mefuré quelques-uns qui avoient plus de vingt-cinq pieds de hauteur, & un pied & demi de diametre au tronc. Les racines de maniok, d’igname, & de batate multiplient confidérablement dans les lieux décou- verts. Les terres noires & humides font occupées par des forêts de bananiers au pied defquels croiïflent le poivre & le gingembre. Tout y vient en perfection & d’une excellente qualité. On y fait aufli beaucoup de vin de palmier délicieux. Le poivre de cet endroit n’eft pas le même que celui de l’Inde. C’eft une baye ronde, de la grofleur d’un grain de chenevis , qui acquiert par la maturité une couleur rouge , & une faveur aflez douce. Elle con- tient une femence de la forme & groffeur de la graine du chou, aflez dure, & d’un goût de poivre aro- matique qui pique agréablement la langue. Ce fruit naît par petites grappes fur un arbrifleau de trois à quatre pieds de hauteur , dont les branches fouples & déliées font garnies de feuilles ovales, pointues par les extrèmités , aflez grafles, & femblables à celles du troëne. Le ris eft prefque le feul grain qui foit cultivé à Gambie dans les terres inondées par les pluies de la haute-faifon. Les nègres coupent toutes ces terres par de petites levées qui retiennent les eaux de maniere que leur ris eft toujours baigné. On avoit fait la récolte bien long-tems ayant mon arrivée , & les rifières ne M à PRET TRS DE LS 0: Février, Poivre. Culture du fiSe THEY 02 VOYAGE 750. faifoient, en février, que des marais deflèchés où croif- FR lent quelques herbes fauvages. Tous les foirs on y Mouchesi- VOyoit voler de tous côtés des petites mouches luifan- has tes, qui, par-tout où elles pafloient, faifoient briller une lumiere femblable à celle des étoiles courantes. Je ny promenai plufieurs fois dès l’entrée de la nuit, & je m'apperçus qu’elles fortoient des crevafles for- mées dans cette terre marécageufe defléchée , où elles avoient pratiquées leurs retraites. Je remarquai encore que celles qui étoient aîlées éclairoient aufli-bien que celles qui ne Pétoient pas: chofe qui ne fe voit point en France , où les premieres n’ont pas cet avantage. En- fin elles ne prenoient leur effor que pendant trois ou quatre heures au plus, après quoi elles rentroient dans leurs trous. J'en recueillis un grand nombre, que je confervai quelques jours dans de petites phioles où elles donnerent de la lumiere tant qu’elles vécurent; mais elle s’afoiblifloit à proportion que l’infeéte appro- choit de fa fin. C’eft improprement qu’on a nommé ce petit infecte ver-luifant où mouche-à-feu , puifqu’il n’eft ni mouche ni ver. C’eft un fcarabé de la petite taille , brun de fa couleur , & dont le corps applati eft écailleux comme dans tous les autres fcarabés. Ses aîles font recouvertes de deux fourreaux aufli écail- leux , quoiqu’aflez mols. La lumiere dont il eft pourvä, n’eft logée que dans les trois derniers anneaux de fon corps; encore faut-il qu’il leur imprime quelque mou- vement , pour l’obliger à fe montrer au dehors. sde Ga En séloignant du fleuve on trouve une terre dan ri fablon rouge, gras , extrêmement fin , & d’une ferti- lité inconcevable, Cela paroît par les arbres dont elle AU SÉNÉGAL. 93 eft chargée. Ici ce font des bofquets impénétrables , non par les épines , qui y font aflez rares , mais par leur épailleur : jy ai rencontré quelques plants de vigne fauvage femblable à celle de l'Europe. Là ce font des bois de haute futaie, courbés fous Le poids des ciffus(1), qu’on appelleroit lianes en Amérique , à caufe de la maniere dont elles s’y attachent en montant puis en defcendant , s’entrelaçant les unes dans les autres , & paroiflant tirer en bas & aflujettir leurs branches, comme font les manœuvres d’un vaifleau à l'égard de fes vergues & de fes mâts. Ce fut dans ces belles cam- pagnes que je vis ces arbres prodigieux en grofleur & en grandeur , les ceybas(2) du P. Plumier , autrement les polons ou fromagers, que les nègres du Sénégal appellent benten, comme je l'ai dit ailleurs. Le benten furpañle en hauteur tous les autres arbres du Sénégal , comme le pain-de-finge, dit calebafier, les furpañle par fà groffeur. Il y en a de cent dix & même de cent vingt pieds de hauteur , dont le tronc de huit à dix pieds au plus de diametre , & extrème- ment droit , a cinquante ou foixante pieds & fouvent davantage de longueur, entre les racines & les bran- ches. Les canelures ou efpeces d’aîlerons qui naïflent quelquefois dans toute la longueur de ce tronc , ne diminuent rien de la beauté qu’il doit à la blancheur de fon écorce, & à la hardielle avec laquelle il porte fa tète bien pommée & arrondie. C’eft de cet arbre que les nègres font leurs pirogues en creufant fon tronc, (1) Cereo affinis fcandens planta aphylla; caule rotundo, articulato, glabro, fucculento; faturatè viridi. Sloan. Jam. vol. 2. tab. 124. fio. 3.& à. (2) Ceyba viticis folio caudice glabro. Plum. gen. pag. 42. CS D (En) T'7AStO; Févner, Benten arbre d'une grande hauteur, On en fait des piroguess 1750, Février, Farobier, Figuier ex= £saordinaire, 94 VON A GIE dont le boïs eft très-mol , liant & extrêmement léger, Ceux de Gambie ayant à leur difpofition les plus gros bentens , font aufli les plus grandes pirogues : ils en ont de quarante à cinquante pieds de long, fur quatre à cinq pieds de largeur & un peu moins de profondeur. Le farobier eft un autre grand arbre , aufli commun ue le benten, mais d’un ufage tout différent à caufe de la dureté & de la pefanteur de fon bois. Ses fruits font fort recherchés par les nègres. Ce font des goulfes femblables à celles du haricot , mais de plus d’un pied de longueur, qui renferment des femences noires, ap- laties , femblables à de grofles lentilles , & envelop- pées d’une chair jaune farineufe. Ils mangent cette chair , qui fouvent leur tient lieu de toute autre nour- riture , fur-tout quand ils voyagent. Elle eft fort bon- ne, nourriflante, & d’un goût de pain-d’épice fucré & très-agréable. À l'extrémité orientale du village d’Albreda je trou- vai un figuier fauvage d’une figure & d’une groffeur extraordinaire. Il n’étoit pas fort haut ; mais fon tronc qui avoit environ dix pieds de diametre, étoit coupé de tant de canelures, qu'il fembloit compofé de plu- fieurs arbres joints les uns aux autres par leurs troncs, dont la plüpart s’étendoient davantage vers les raci- nes, où ils formoient des efpeces d’archoutans. Le même tronc dont la hauteur ne pañloit pas quinze pieds, fe divifoit en plufieurs branches fort grofles & bien garnies de feuilles, qui rendoïent cet arbre fort agréable , & capable de faire un très-bel ombrage. Les habitans du lieu en avoient profité pour faire un cal- Gad : : an dé, c’eft-à-dire, une falle de converfation. Cette faile que c'eit. À Uù S ÉN' ÉG7A L. 95 confiftoit en un plancher élevé de deux à trois pieds au-deflus de terre, & compofé de plufieurs fourches plantées les unes à côté des autres, fur lefquelles por- toient des traverfes : on avoit recouvert le tout avec des claies fort ferrées , & quelques nattes par-deflus. C'étoit-là le lieu où fe tenoient les affemblées ; les fainéans y alloient fumer & converfer ; on y voyoit des curieux de nouvelles ; en un mot, c’étoit-là que fe traitoient toutes les affaires du village. I n’eft pas étonnant, fans doute , que dans un pays humide on voie des grenouilles : cependant je devois naturellementen être furpris, n’enayant encore trouvé dans aucun de mes voyages. Depuis Podor jufqu’à Gambie, qui en comprenant l’ifle du Sénégal , celle de Gorée , Portudal & plufieurs autres lieux où j'avois été , renferment un efpace de plus de cent cinquante lieues qui m'étoit aflez connu ,je n’avois encore vü que des crapaux. Ce fut dans un puits creufé au bout occi- dental du village d’Albréda que je découvris les pre- mieres grenouilles : fes bords élevés de fix pieds & coupés verticalement , les empèchoient de fortir. Je n’en vis que dans ce puits, mais elles y étoient en fi grande quantité, que quand elles s’élevoient au-deffus de l’eau , elles en cachoïent totalement la furface, fe tenant toutes en recouvrement les unes au-deflus des autres, à peu près comme font pofées les tuiles qui couvrent nos maifons. Leur corps plus petit & plus ramaflé que celui des grenouilles de France, & leur couleur verte, tigrée de plufieurs taches noires jettées agréablement , me la firent regarder comme une efhece bien diftinguée, 1760. Février, Grenouilles, 96 PO T'AIGIE st 1750 La botanique & toutes les autres parties de Phiftoire Fire haturelle avoient beaucoup profitées entre mes mains dans ce fertile pays, & je me ferois enrichi d’un nom- bre d’obfervations encore plus confidérable , s’il m’eût été permis d’y faire un plus long féjour ; mais les cir- conftances & les embarras d’un comptoir qu'il falloit ve Mas établir , m’empêcherent dy refler. Je m'embarquai le Gambiealile 12 Mars pour retourner à Gorée, avec le directeur de deGok cette ifle , & celui du Sénégal qui avoient donnés tous leurs foins pour que rien ne me manquât pendant que J'étois à Gambie, Balcines La traverfée fut longue , & nous eûmes tout le loïfir monfuets. Je confidérer de fort près deux baleines que nous avions déja vûes dans notre premier voyage. Elles nous fuivirent plus long-tems dans celui-ci, & nous eûmes le plaifir de voir les jeux & la marche majef- tueufe de ces monitres, dont la compagnie ne nous amufoit qu'autant qu'ils napprochoïent pas trop le vaifleau. J’eftimai leur longueur d’environ cinquante- cinq ou foixante pieds : la partie de leur dos qui for- toit coujours hors de l’eau , avoit bien douze pieds de longueur fur quatre à cinq de largeur, indépendam- ment de la tête , qui s’élevoit quelquefois pour refpirer fans faire d'autre bruit que celui du cheval Lorfquil foufle en bûvant. Ils ne rejettoient point l'eau par les nafeaux comme font tous les foufHeurs, qui font auffi fort communs dans les mers des tropiques : enfin je mapperçus aucune apparence de nageôire fur leur dos. C’eft fans doute à une baleine de cette efpece qu'avoit appartenu autrefois une vertebre de quatorze pouces de diametre fur huit de hauteur , que j’eus occalion de voir AU SÉNÉGAL. 07 voir depuis fur le rivage, avec quelques côtes de plus de dix pieds de longueur. On fera peut-être furpris de ce que je parle des baleines n’en ayant rien de plus précis à dire : cependant comme elles fe trouvent dans un pays où les nègres n’ont ni envie ni habitude de leur faire la chafle, & comme il n’y à pas d’apparence qu’on y en voie jamais de plus près ni plus commode- ment que j'ai vû celles-ci, je devois faire part ici de mes remarques, pour faire connoître de quelle gran- deur font les baleines de la zone torride, fuppofé qu'’el- les foient diftinguées de celles de la zone glaciale. Nous avions pendant le jour les divertiflemens des baleines, & ceux de la mer pendant la nuit. Dès que le foleil en fe plongeant fous l'horizon , avoit ramené les ténèbres, la mer nous prêtoit aufli-tôt fa lumiere. La proue du navire, en faifant bouillonner fes eaux, fembloit les mettre en feu : nous voguions ainfi dans un cercle lumineux qui nous environnoïit comme une gloire d'une grande largeur, d'où s’échappoit dans le fillage un long trait de lumiere, qui nous fuivit juf- qu’à lifle de Gorée , où nous débarquâmes le 23 du à , même mois. Au lieu de retourner auffi-tôt à life du Sénégal, je voulus refter à Gorée pour y achever les obfervations fur les plantes , & particulierement fur les coquillages & d’autres corps marins, qui m’avoient échappés dans imes deux premiers voyages. C’étoit alors la faifon des poifions, du moins des poiflons de moyenne taille. La mer en paroïfloit remplie : lorfqu’ils étoient pourfuivis par les gros, on les voyoit par bancs s'approcher de serre, & fouvent y échouer, J'ai vû de ces bancs de N Mer extrc- mement lumi- neule, Le 23 ,arri- vée à l'ile de Gorée, Bancs de poiflons. Pêche ex- traorcinaire, 08 VOYAGE plus de cinquante toiles en quarré , où les poiffons éroient fi ferrés qu’ils rouloient les uns au-deflus des autres fans pouvoir nager. Aufli-tôt que les nègres ont apperçu un banc femblable auprès de terre, ils fe jet- tent à l’eau, portans d’une main un panier pour faire la pêche, & nageans de l’autre. C’eit une chofe des plus plaifante que de les voir dans cette attitude gê- nante, pénétrer tour à tour au milieu de ces four- millères, plonger fimplement Îeur panier , puis le relever, & s'en retourner chez eux chargés de poif- {ons. J'ai été témoin oculaire d’une pêche extraordinaire qui fut faite dans le même mois, fur le rivage de Ben, à une lieue de l’ifle de Gorée, par les gens de l’équi- page d’un vaifleau de la Compagnie, mouillé dans la rade. Ils n’avoient qu’une fenne d'environ foixante brafles(r), qu’ils jetterent à tout hazard à la mer ; car ils n’eurent pas le bonheur de rencontrer un bane de poiflons : cependant ils firent une pêche fi abondante, que le rivage fut couvert dans toute l'étendue de la ienne , par les poiflons qu’elle y amena, quoique bien maltraitée. J'en comptai une partie, qui me fit juger que le nombre total étoit de plus de fix mille, dont les moindres égaloient la groffeur d’une belle carpe. On y voyoit des fardes , des vieilles, des argentines, des mulets ou cabots de deux efpeces, des lunes , des carengues , & d’autres poiflons peu connus. Les nè- gres du village voifin en prirent chacun leur charge, & les matelots du navire en remplirent leur chaloupe à couler bas, abandonnant le refte fur Le rivage. Dans (1) Mefure marine de cinq pieds, À U SÉNÉGAL. 99 mamie toute autre pays une pèche femblableauroit fans doute 350. pañlée pour miraculeufe. Ve Il y a dans l’ifle de Gorée, comme je lai déja dit, 1niète fre une terre balle que l’on nomme Savane. y logeoïs ais va” dans une cafe de paille, conftruite à la maniere des va: nègres : elle étoit neuve quand j'y entrai ; mais en moins d’un mois elle fut toute à jour. J’en recherchai la caufe que je découvris bientôt. Tout ce terrein étoit rempli d’une efpece de fourmi blanche , ou de vagva- gue, diflérente de celle dont j'ai parlé ailleurs. Celle-ci au lieu d'élever des pyramides, refte enfoncée dans la cerre, & ne fe déclare que par des petites galeries cy- lindriques de la groffeur d’une plume d'oye , qu'elle éleve fur tous les corps qu’elle veut attaquer. Ces ga- leries font toutes de terre cimentée avec une délica- tele infinie. Les vagvagues s’en fervent comme de chemins couverts pour travailler fans être vues; & on peutcompter que de telle nature quefoit ce à quoielles s’attachent, cuirs, étoffes , toiles, livres, bois, tout eft bientôt rongé & confommé. J'en eus été quitte à grand marché ,fielles n’euflent attaqué que les rofeaux de ma cafe ; mais elles me percerent une malle qui étoit élevée fur des tretaux un pied au-deflus de terre, & rongerent la plüpart de mes livres. Mon lit même n’é- toit pas épargné, & quoique j'eus foin tous les foirs d’abattre les galeries , elles étoient fouvent élevées au milieu de la nuit jufqu’à mon chevet, & gagnoient jufques dans mon lit, où les vagvagues après avoir découpé mes draps & mes matelas, en venoient à ma peau qu’elles mordoient cruellement. On me difpen- {era de parler ici des enflures & des vives douleurs qui N i Obfervations fur la lumiere de la mer, 100 VOYAGE accompagnerent le poifon de ces morfures. Ces in- feétes, dont la groffeur ne pañle guères celle des gran- des fourmis d'Europe , font d’une conftitution telle que ni l’eau douce , ni l’eau falée de la mer, ni le vi- naiore, ni les autres liqueurs fortes, dont j'ai plufieurs fois inondé le fol de ma chambre, n’ont pû les faire périr ; & quelques moyens que j'aie tenté pour en éteindre la race , il ne m’a jamais été pofible dy réuflir. Les torts infinis & les ravages que font ces animaux demanderoient qu’on cherchât quelque voie füre de les exterminer : on a propolé l’arfenic comme un fe- cret infaillible ; mais il ne feroit pas prudent d’en con- feiller lufage, & encore moins de le pratiquer: le feu, s’il n’étoit pas fujet à des défaitres plus dangereux que ceux que caufent les vagvagues, feroit l’expédient le moins difpendieux & le plus efficace; car on voit ra- rement ces infectes dans les lieux où il a paflé vivement. Si j'ai beaucoup fouflert de l’incommodité des vag- vagues, il faut convenir aufli qu'ils ont contribué à un grand nombre d’obfervations ,& à me faire répéter cent fois des expériences que je n’aurois peut-être faites que rarement. Ma chambre étoit remplie de baquets pleins d’eau de mer, où j'avois continuellement des poiflons vivans qui rendoient pendant la nuit une lu- miere femblable à celle des phofphores. Les bocaux remplis de coquillages, les poiflons mêmes qui étoient étendus morts fur ma table, en donnoient aufli de leur côté. Toutes ces lumieres réunies enfemble , & réfléchies fur différentes parties de ma chambre, la faifoient paroître enflammée ; & j'avouerai qu’elle me parut telle la premiere fois que j'apperçus cet étrange AU SÉNÉG;A LC. tot phénomène, & qu'il me fit Pimpreflion qu'il eft or- dinaire à tout homme d’éprouver en pareil accident. Les vagvagues en me réveillant en furfaut, renouvel- lerent ma premiere frayeur beaucoup plus fouvent que je ne laurois d’abord fouhaité ; mais ma crainte {e diffipa peu à peu par l’habitude, & j’eus beaucoup de plaifir dans la fuite à confidérer ce fpectacle fingulier. Ce qu'il avoit de plus charmant , c’'eft que chaque poiflon rendoit fa forme fenfible par la lumiere qui en {ortoit : il en étoit de même des coquillages & de tous les corps marins que j'avois chez moi: les baquets eux- mêmes fembloient des fournaifes ardentes. Ce n’eft pas tout : chaque jour le fpectacle étoit nouveau , & la décoration changeoit, parce que chaque jour j'avois de nouveaux poiflons & de nouveaux coquillages à obferver : tantôt c’étoit une farde , une carengue ; tan- tÔt une pourpre, un pucelage ; tantôt c’étoit un po- lype, un crabe ou une étoile de mer qui faifoit voir fes rayons lumineux au milieu des ténèbres : enfin je diftinguois parfaitement la forme de tous ces animaux divers , par Les traits de lumiere qui partoient de cha- cune de leurs parties ; & mille pofitions différentes que je pouvois leur donner , me permettolent de varier à l'infini cette décoration lumineufe. Lorfque les vagvagues me forçoient de quitter cette brillante demeure, & de chercher de la tranquillité au dehors, la mer courroucée me préfentoit en grand le même phénomène. Ses montagnes d’eau fembloient fe métamorphofer en montagnes de feu, & offroient à mes yeux un fpectacle merveilleux , & plus capable d’exciter l'admiration que la crainte, à ceux même qui auroient été expofés à fa fureur. .Poiflons lu mineur, Accident fine gulier, 102 VC YiAIGHE Quoique la mer fût violemment agitée aux envi- rons de Pifle de Gorée , à caufe de l’équinoxe du prin- rems où nous étions alors, je ne laiflois pas de la pañler fouvent dans un petit canot, pour gagner la grande cerre. Un jour que j'allois au cap Bernard , il m’arriva un accident qui penfa me coûter la vie. Ce cap n’eft éloigné de Gorée que d’un tiers de lieue: c’étoit pour . la premiere fois que je me difpofois à y defcendre. De loin il me paroifloit faire une anfe femblable à un petit port , & je comptois y aborder aifément : mais à mefure que j'approchois du rivage jy trouvois plus de difficulté : la mer brifoit par-tout avec force, & je ne voyois aucun endroit für pour débarquer. Cependant les vagues entraînoïent toujours mon canot vers la terre, & je me vis tout à coup enveloppé d’une lame qui l'emporta fur un rocher où il verfa en fe brifant. Tout le bonheur que j'eus dans ce bouleverfement, où je ne perdis point la tête , fut que le canot en tour- nant, s’arrèta fur ce rocher , où il fut foutenu comme une voûte de deflous laquelle mes deux nègres s’échap- perent. Je n’attendis pas qu’une autre lame vint le re- lever & peut-être me couvrir, comme cela feroit in- failliblement arrivé : je profitai de la légereté de mes jambes pour gagner le haut du rivage, où jen fus quitte pour me {cher en me promenant au foleil. Jufques-à nulle difficulté n’avoit été capable de m’arrèter ; cependant cette cataîtrophe, indépendam- ment des douleurs que me caufoit la mer toutes les fois que je m'y embarquois , me fit faire de férieufes réflexions fur les rifques que je courois en paflant tous les jours de Gorée au continent dans un fi petit vaifleau, AU SÉNÉGAL. 103 M. de Saint-Jean , directeur de cette ïlle, qui avoit pour moi toutes fortes d’attentions,& même plus que je n’en avois moi-même, voulant m'épargner les périls auxquels je n'expolois fi évidemment , propofa au maître de Ben, petit village du continent à une lieue dans le nord de Gorée, de me recevoir chez lui, & de me procurer toutes füretés pour les promenades que je ferois fur fes terres & par-tout où je pourrois m’éten- dre. Ce feigneur nègre , qui étoit extrêmement aflec- tionné pour les françois, fut au comble de fà joie de pouvoir en poñlèder un chez lui pendant quelques fe- maines. Je trouvai le 24 avril en arrivant dans fon village , une cafe commode qu'il avoit fait bâtir nou- vellement dans fa tapade pour fon ufage. Elle étoit environnée de plufieurs cours & jardins, où il n’avoit encore préparé un petit cabinet bien éclairé , & dans une fituation telle que je l’avois defirée pour la com- modité de mes obfervations. Rien ne favorifoit da- vantage mes intentions que la pofition avantageufe de ce village. D’un côté la mer me fournifloit tout ce que je pouvois fouhaiter en poiflons & en coquillages : d’un autre côté j'avois les plaines, une forêt confidé- rable, & à deux lieues de là les montagnes du cap Verd. Dans tous ces endroits je devois trouver de quoi me fatisfaire tant en plantes qu’en animaux de toute efpece. Ce pays eft entierement fabloneux , comme les en- virons de l'ifle du Sénégal ; mais il forme une plaine beaucoup plus élevée. Il produit avec les mêmes plan- tes, un grand nombre d’autres qui lui font particu- leres : on y voit aufli beaucoup de bois d’épines,, tels 24: L'Auteur va demeurer dansé village 5 de Be: 1 , | à \ milieu des nè- ( Tes p'e 104 VON ANCTE 1752. que les acacies, & des pains-de-finge. En allant de Ben au Cap Verd, je rencontrai fur ma route , à peu près à monttrueux” moitié chemin , deux de ces derniers arbres encore plus gros que ceux que j'avois admiré aux environs de l’ifle du Sénégal. Je mefurai leurs troncs avec une ficelle, & je trouvai à l’un foixante & feize pieds, & à l’autre foixante & dix-fept pieds de circonférence , c'eft-à-dire, plus de vingt-cinq pieds de diametre. Ceft ce que j'ai vû de plus merveilleux en ce genre; & fi Afrique en montrant l’autruche & l’élephant seit acquife la jufte réputation d’avoir enfanté les géans des animaux , on peut dire qu’elle ne s’eft point démentie à l'égard des végétaux, en tirant de fon fein les pains-de-finge , qui furpañlent infiniment tous les arbres exiftans aujour- d’hui, du moins dans les pays connus, & qui font vraifemblablement les arbres les plus anciens du globe terreftre. Nés d'une Aux branches de ces arbres etoient fufpendus des “aordinaire, nids qui d’étonnoient pas moins par leur grandeur. Ils avoient au moins trois pieds de longueur , & reflem- bloient à de grands paniers ovales , ouverts par en bas, & tiflus confufément de branches d’arbres aflez grofles. Je n’eus pas la fatisfaction de voir les oïfeaux qui les avoient conftruits ; mais les habitans du voifinage m'aflurerent qu'ils avoient aflez la figure de cette ef- pece d’aigle qu’ils appellent ntann. A juger de la gran- deur de ces oïfeaux par celle de leurs nids, elle ne devoit pas être beaucoup inférieure à celle de l'au- truche. Teneindes La vûe de la double montagne du cap Verd étoit dre le feul moyen que j'ayois pour diriger mes pas dans cette AU SANIE G'A L. to$ cette vafte plaine ; car les fables y éroient tellement agités & tranfportés d’un lieu à autre par les vents, qu'il métoit pas poflible d'y appercevoir ni fentier ni aucune trace marquée : les éminences même que je ren- controis quelquefois, au lieu de me guider, ne fer- voient qu'à m'égarer moi & mes nègres , à caufe de leur grande unitormité. Elles portoient pour toute verdure des arbrifleaux connus dans l’Inde fous le nom de bois de renette(1). Je marchois aufli quelquefois dans des champs très-vafles, femés naturellement d’une efpece de bafilic particuliere au pays. Ce qui me parut digne de remarque, c’eft que par-tout où il croifloit, il évoit fort épais, & qu'on y voyoit rarement d’autres plantes de telle efpece qu’elles fuflent , pas même dans les endroits les plus clair-femés ,comime fi fa proximité leur eût été funefte. Ce bafilic eft ligneux & vivace: il forme un arbrifleau de deux pieds de hauteur, dont les tiges & les feuilles font d’un verd rougeâtre , & répandent une odeur de citron extrêmement gra- cieufe. Les fables quoique mobiles & déplacés à chaque inftant , produifoient encore beaucoup d’autres petites plantes, & fur-tout des chiendents qui en couvroïent prefque toute la furface. Mes promenades les plus ordinaires étoient dans la forèt de Krampfane, que j'appellois auffi la forèt des palmiers , parce qu’en effet on y voit peu d’autres arbres. Elle commence à une petite demi-lieue du vil- lage de Ben, & s'étend jufques à deux lieues dans left vers Le nord , en faifant un demi-cercle , & paflant à (3) Dodonæa.' Linn. Hort. Cliff. 148. | Staphylodendrum foliis lauri anguftis. Plum. Cat. pas. 18. Log à 7 ] 1750. Avril. Forêt de pa!s M ES, Dattiers, 106 VOYAGE un quart de lieue d’un village ruiné , appellé Mao, & fitué fur le rivage à une lieue & demi de Ben. Sa largeur eft par-tout d'environ un quart de lieue, Son terrein eft bas, & creufé dans certains endroits comme un canal, qui paroît avoir été autrefois finon un baffin inondé par les eaux de la mer, du moïns un lit de ri- vicre d’eau falée, qui en fe defléchant a laïflé un fable noir & limoneux , dans lequel les eaux de la pluie prennent un goût de fel qui les empêche d’être pota- bles. J’oferois mème aflurer que ce canal faifoit autre- fois partie du marigot de Kann , dont il eft plus qu’évi- dent que la communication a été interceptée par une jettée de fables, que les vents ont amenés auprès de fon embouchure. Du côté de Ben jufqu’aux deux tiers de fa longueur, cette forêt eft toute en palmiers-dattiers , à l'entrée defquels s’éleve un petit bofquet de palmiftes : dans l'autre tiers on ne voit que de ces derniers: Le dattier de ce pays eft fauvage , & vient fans culture. Les nè- gres Serères du royaume de Kaïor, qui comprend le cap Verd , l’appellent kionkomm ; & ceux du pays d'Oualo vers l'ifle du Sénégal, lui donnent le nom de for-for. Il s'éleve rarement au-deflus de vingt à trente pieds : {on tronc eft rond & droit, de couleur tannée, & de fix pouces au plus de diametre. De fon fommet il fort une gerbe de feuilles de huit à neuf pieds de longueur , qui s'étendent en rond comme un parafol, & fe courbent un peu vers la terre. Le pied de cet arbre produit un nombre infini de tiges femblables à celle du milieu , mais qui s’élevent rarement à la hauteur de quatre ou cinq pieds. Ces tiges groffffent confidéra- A U SÉNÉGAL. 107 blement cet arbre, & même au point que par-tout où il { feme naturellement en forêts , on a bien de la peine à s'ouvrir un pañlage au travers des épines qui terminent fes feuilles. Ses fruits font plus courts que ceux du dattier cultivé ; mais leur chair eft plus épaifle. Ils font d'un goût fucré, très-agréable, & infiniment au-deflus de celui des meilleures dattes du Levant ; peut-être parce qu’elles mûriflent mieux fur l'arbre. Le palmifte eft de tous les palmiers (1) du pays, celui qui s’éleve le plus. On en voit de foixante à quatre-vingt pieds de tige, fans aucune branche. Son tronc eft noir extérieurement , également gros dans route fa longueur , & du diametre d’un à deux pieds. Sa tête fe charge de feuilles à peu près comme le dat- tier. Il porte des fruits ronds de la grofleur d’une petite noix, & recouverts d’une chair jaunâtre dont on fait lhuile de palme. Les nègres lui donnent le nom de tr. C’eft de ces deux arbres qu’on tire le vin de palme, Cette liqueur reflemble parfaitement au petit lait par fa couleur. Il y a plufieurs manieres de la tirer : voici comment les nègres pratiquent la premiere , & comme je l'ai fouvent pratiquée, à leur exemple, à l'égard du dattier dans la forêt de Krampsane. On coupe une tige à quelques pouces au-deflous de la couronne, dont on ne laifle que quelques feuilles : on les couche par-deflus Pinaifion, & on les y aflujettit avec une cheville qui {e fiche dans l'arbre. L’extrèmité de ces feuilles fe replie enfuite dans une calebafe , ou dans un petit pot de terre rond , d’étroite ouverture , qui fe trouve ainfi fuf- (1) Palma altiMima, non fpinofa, fruétu pruniformi minore , racemofo fparfo. Sloan, Jam. ol. 1. cab. 21$ Oi Palmilte: Vin de palmes Premiere ma- niere de le ti- rer. 108 . VOYAGE 1750. pendu fans pouvoir quitter les feuilles ni tomber. Par Mr | moyen la féve qui fort de la tige coupée, coule le long des feuilles , & va {e rendre dans le pot où elle s’'amafle. Secondem- La feconde maniere de tirer le vin de palme fe ré host duit à faire un trou rond au-deflous de la tête de l’ar- bre , au lieu de la couper, & à y introduire quelques feuilles pliées , qui fervent de goutiere ou de canal, pour conduire la liqueur dans le pot qui y eft attaché, Ces deux pratiques font faciles à exécuter à l'égard du dattier, dont on n’attaque que les tiges qui n’ont pas plus de cinq pieds de hauteur. Mais lorfqu'il s’agit de tirer le vin d’un arbre très-haut , comme du pal- mifte, on a beaucoup plus de peine. Les nègres ont un expédient merveilleux pour y monter. Ils fe fer- vent d’une fangle d’écorce de bauhinia , ou de feuilles de palmier amorties au foleil, battues & treflées , de crois travers de doigt de largeur. L'un des bouts eft percé d’un œillet, dans lequel entre un bâtonnet atta- ché en travers à l’autre bout , pour faire l'office de bouton. Cette fangle ne doit être ni trop fouple, ni trop roide : il Jui faut un reffort fufhifant pour lempé- cher de trop plier. Elle fait comme un cercle de deux pieds & demi de diametre, qui lorfqu’il eft tendu par le corps de l’homme & celui de l'arbre , devient un ovale qui laïfle environ un pied & demi de diftance Maniere €ntre les deux. Avec cette ceinture, ils fe lient pour a are Ain! dire à l'arbre , & montent en s'aidant d’abord des ulesabres, pieds, puis des genoux & des mains, jufqu’à ce que la partie de la fangle qui appuie fur Parbre, fe trouve au- deflous de celle qui en foutenant leurs reins ou leurs AT SN OA L. 10 cuilles , leur fert de fiége : alors ils fe rapprochent de l'arbre , pour relever en haut la partie oppofée, qui bientôt après fe trouve encore abaïflée au-deffous de celle des reins, qui ont été élevés par le travail des pieds & des genoux. La fangle ne peut glifler, parce qu’elle eft toujours bien tendue entre homme & le tronc, qui d’ailleurs eft très-rude. De cette façon ils parviennent bientôt au fommet de l'arbre. Là ils safe {eoient fur leur fangle , & jouiflans de la liberté de leurs bras , ils coupent les régimes de fruits qu'ils ont jugés mûrs, ils les attachent avec les calebafles pleines de vin, & les defcendent en bas par le moyen d’une corde : car ils n’oublient jamais en montant de porter avec eux en bandoulière tout ce qui leur eft néceflaire pour ce travail ; une corde , un couteau , & des cale- bafles vuides pour remplacer celles qu’ils ont retirées pleines de liqueur. Lorfqu’ils veulent defcendre de ces arbres , ils font le contraire de ce qu’ils avoient fait pour y monter ; C’eft-à-dire, qu’ils abaïflent de tems en tems la fangle au lieu de la relever. Leur prompti- tude & leur aflurance dans ce métier fatiguant , fait aflez connoître quelle doit être leur foupleffe, & com- bien ils font adroits ; car on ne dit pas qu’il leur foit jamais arrivé d'accident , & ils n’ont à craindre que de la part de la fangle qui pourroit fe rompre. Il faut que cette efpece de vendange coûte peu de peine aux nègres, puifque leur vin eft à fi bon marché qu’on en a fur les lieux plus de quarante pintes pour dix fols, & fouvent pour la moitié de ce prix. Elle ne fe fait pas toute dans le même tems, comme l’on fait celle du raïfin dans les pays tempérés, Les arbres ne 110 VO Y À GE sm 5750. fourniflent chaque jour qu’une petite quantité de ce Avi vin, & on eft obligé de le confommer prefqu’aufli-tôt, parce qu'il s'aigrit en peu de tems. Les nègres ne le boivent que vingt-quatre heures après qu’il eft tire, c’eft-à-dire , lorfqu’il a aflez fermenté pour piquer Quatés de agréablement le palais. Il eft potable jufqu’au troi- ce vin, fiéme jour ; mais alors il porte à la tête, & {on ivrefle eft très-dangereufe. Paflé ce tems il fe tourne en mau- vais vinaigre, qui contracte bientôt une odeur infup- ortable. Pour moi, & il en fera de même de toutes Le perfonnes qui cherchent plutôt la délicatelle que la force dans le vin , j'ai toujours remarqué qu'il étoit délicieux dans fa nouveauté ; & que plus il étoit frais, plus il avoit de bonté : j'en ai bû cent fois dans les calebafles encore attachées aux arbres, jamais je ne l'ai trouvé meilleur que dans les premiers inftans : il a alors toutes les bonnes qualités qu’on ne peut efpérer de lui trouver douze heures après. Il a une faveur douce, fucrée autant qu’il faut, fouvent relevée d’une légere pointe de verdeur qui flatte le goût très-agréa- blement. Enfin le feul défaut qu’on doive reprocher à cette liqueur, c’eft qu’elle ne puifle fe garder pour être tranfportée dans nos climats, où l’on en feroit plus de cas que dans celui où on la recueille. J’avoue- rai cependant que ce vin , tout flatteur qu'il eft, n’a pas les bonnes qualités de celui d'Europe. En tel état u’on le boive, doux ou acide , il a toujours quelque chofe de corrofif; du moins j'ai eu lieu de le juger tel, après en avoir ufé pour unique boiïflon pendant les quinze jours que je reftai à Ben ; car dans fon état de douceur il n’eft pas dangereux , quelque quantité qu’on À U"SÉ N'É°G'A L. {IE en boive : peut-être aufli fa qualité corrofive n'étoit- elle plus fenfible , parce que je n’étois accoutumé à aucune forte de vin. Parmi cette multitude prefqu’infinie de palmiers ui remplifloient la forêt de Krampsane, je voyois par intervalles beaucoup d'arbres & de plantes rares. Deux efpeces de rabernæmontana {e faifoient remarquer par la beauté de leur feuillage d’un verd gai & luftré : une efpece nouvelle de bignonta fe diftinguoit auffi par la grandeur de fes fleurs , & par la fingularité de fes fruits, qui pendoient comme de gros concombres au bout de {es branches. Auprès du village de Mbao je trouvai le poivrier d'Ethiopie, cet arbre aromatique auquel Les françois établis au Sénégal donnent le nom de mani- guette. Vers l'extrémité de la forêt, je vis plufieurs ef- peces d’anones ou de corofoliers, dont les plus grandes étoient dans les bois, les moyennes fur les côtes, & les plus petites dans les plaines expofées au foleil ; la plüpart chargées d’excellens fruits. En fuivant la côte maritime depuis Mbao jufqu’à Rufisk, qui eft un vil- lage confidérable à deux lieues & demie de à, je mar- chois fur des fables tout couverts de fophora(1), & de l’aloë de Guinée(2) ,dont les nègres des environs font de très-bons cordages qui fe corrompent difficilement dans l’eau. On compte de lifle de Gorée à Rufisk trois lieues en ligne directe. J’avois déja fait ce voyage par mer. L’attérage y eft fort difficile, fur-tout dans Les tems où (1) Sophora tomentofa foliis fubrotundis. Linn. FL. Zeyl. 163, (2) Aloe Guineenfis, radice geniculatà, foliis è viridi & atro undularim variegatis. Comm. Hort. Arnfl, vol. 1. pag. 39. tab. 20. Plantes de la forêt de Krampsane, 112 VOYAGE TS | [ze la mer eft agitée, parce que la côte eft baffle & toute Aile femée de pointes de rochers. Lorfqu’on eft mouillé vis-à-vis ce village , on jouit d’un point de vûe fort agréable : fa ficuation fur une colline plantée d’arbres, le petit ruifleau dont les eaux falées ferpentent fur la droite pour en former une prefqu’ifle, la forêt tou- jours verte qui s'éleve par derriere en amphithéatre, forme fur le tout un payfage raviflant & qu’on ren- contreroit difhcilement aïlleurs. Les nègres de ce lieu me parurent fort laborieux. Les uns étoient alors oc- cupés à battre les feuilles de l’aloë de Guinée, pour en féparer la filafle ; les autres la tordoient & en prépa- roient des lignes de pêche & des nafles : d’autres enfin faifoient des arcs & des fléches pour la chafle. Après avoir vifité toutes les maifons de Rufisk, je fus fort . furpris d’entrer comme dans un fecond village : c'étoit un aflemblage de cafes un peu moins grandes , cou- vertes de fable & femblables à autant de maufolées élevés fur les corps de leurs morts qui y étoient en- terres, fuivant l’ufage érabli chez tous les peuples de la nation Serère. | CAM. Il ne m’étoit pas encore arrivé d’être attaqué par les aiqué parun nègres jufqu’au 4 de Mai, où côtoyant la mer pour me FX rendre de Rufisk à Ben, qui en elt éloigné de plus de trois lieues , je fus pourfuivi par un nègre Serère , qui fortant du bois voifin, lançoit fes fléches empoifon- nées fur moi & fur le nègre qui m'accompagnoit. Ja- vois plus de deux cens pas d'avance fur lui, & d’ail- leurs j'étois bon marcheur, & accoutumé à ces fables fatiguans où l’on enfonce fouvent jufqu’à mi-jambe. Je continuai donc ma route en doublant le pas, fans perdre AU SÉNÉGAL. 113 perdre haleine , & fans paroître ému des démonftra- tions menaçantes par lefquelles il efpéroit m'arrêter en n'intimidant ; car j'avois encore une reflource dans mon fufil, fuppofé qu'il fût venu à la portée du coup. Mais après s'être bien fatigué tantôt à courir fur moi, tantôt à me décocher fes fléches, mon brave ennemi, voyant qu’il avoit perdu fes peines, & que je m’éloi- gnois de plus en plus de lui, jugea à propos de rentrer dans fa forêt. C’étoit fans doute quelqu'un de ces Se- rères fauvages réunis en une petite république à dix lieues de Là , qui étoit forti de fon pays pour exercer le brigandage. 11 n’y avoit que mon fufil qui pût le tenter , & s’il eût été plus adroit & plus rufé , il ne m'auroit certainement pas épargné pour s’en rendre maître. Cette maniere d'attaquer eft aflez ordinaire à une race de maures appellés Aÿounas , qui ne font d’au- tre métier que de fe mettre en embufcade derriere un arbre, pour tirer un coup de fufil ou une fléche à un homme dont ils veulent avoir les armes. Un pareil accident m'étoit arrivé dans mon fecond voyage de Podor : mais le maure que je découvris, regarda plus d’une fois avant de n'attaquer ; & il fut bien décon- certé , quand il vit que j'étois en garde, & que je le couchois en joue. Quand je fus hors de crainte de la part du fauvage Serère, J'eus tout le plaifir de la promenade fur une côte extrêmement blanche , où la mer jettoit à chaque inftant des coquillages fans nombre. Je vis A deux efpeces de celui qu’on appelle conque perfique (x) : (1) Voyez l'Hiftoire naturelle des Coquillages Univalves. Genre 8. L'Yet, planc, 3. fis. 1.6 2. } 4 Coquillages de la côte de Mbuo. Plantes qu'on y trouve, Challe du lèvre à la fa gaaie. Pr à 114 AVEON YAAIGE à ceftla plus grande coquille de la côte. L'animal qu'elle contient pele quelquefois cinq ou fix livres. Les nègres le boucanent & le confervent pour les tems de fa- mine , où ils ont recours à fa chair, qui eft aflez fade & coriace , mais cependant d’une grande reflource dans un preflant befoin. Les vis (1), les tonnes (2), & un grand nombre de bivalves , en particulier celle que l’on nomme la concha mucronata (3), y étoient aufli en abondance. Toutes les fois que je me rendois à la forêt de Krampsane je prenois des routes différentes & détour nées. Tantôt c’étoit du côté de la mer que je portois mes pas, & je trouvois le /partium (4), & le kermia à feuilles de tilleul, fur les bords du marigot de Kann; le ximenta (5), le rémbot , le fagara & quelques acacies fur les collines. Tantôt je traverfois des campagnes fertiles, remplies d’anones de la petite efpece , & de plufieurs lianes à citron, appellées roll par les nègres. Leur fruit a beaucoup de rapport avec celui du man- guier de Pinde, & il a la figure & le goût du citron. Le gibier ne manquoit pas dans ces quartiers: il yavoit beaucoup de gazelles , & de cette petite efpece de bi- ches (6) qui ont à peine la grandeur du lièvre. Ceux-ci partoient, pour ainfi dire, de deflous les pieds : il ar- riva deux fois à un nègre de ma fuite de lancer fur eux (5) Poyez l'Hift. nat. des Coquill. Univalves. Gen. 9. pl. 4. fig. $. Faval. (2) Thid. Coquillages Operculés. Gen. 2. planc. 7. fig. $. Téfan. (3) Jbid. Coquillages Bivalves. Gen. 6. planc. 18. fi. 2. Koman. (4) Spartium fcandens, citri foliis, floribus albis, ad nodos confertime nafcentibus. Plum, cat. Pr 1G. (5) Ximenia aculeata , flore villofo , fruétu luteo. Pl. gen. pas. 6. (6) Cervus juvencus, perpulillus Guineenfis. Seba , vol. 1.p.70. tab. 43. £ 2 2 JE le 20 0 3e A Ur SÉN ÉG7A L. 11e CODEN fà faguaïe , deux fois le coup porta; & il m’affura que 1750. Le Mai, jamais il ne faifoit autrement la chafle à cet animal. La faguaïe eft une efpece de lance de fept à huit pieds de longueur , terminée par un fer femblable à celui d’une pique. C’eft l'arme la plus familiere aux nègres : ils la jettent à la main. Celui-ci la dardoit avec beaucoup de force & de juftefle : il me donna aufli quelques le- cons de cet exercice qui me plaifoit beaucoup. Mon travail étoit partagé entre les plantes , les ani- Coquillages maux, les coquillages, & ceux-ci feuls n’occupoient de autant que tout le refte. Je profitois de l'avantage que J'avois d’être dans un pays où ils abondent. Les rochers du cap Bernard & du cap Manuel qui font vis-à-vis l’ifle de Gorée, m'en fournirent un grand nombre de très-beaux , tels que les rouleaux , les pourpres, les plus grandes efpeces d’étoiles de mer ; & plufieurs poiflons mols, comme les lièvres de mer, les féches & les polypes. Dans les fables de lanfe de Ben, je trouvois quelques vis & des holotu- ries. Quelquefoïs jentrois dans l’eau de la mer juf- qu'aux genoux, pour tirer du fable les coquillages qui sy cachent , comme les nérites & les cames, pendant que les nègres faifoient plus loin la pêche aux poiflons. Ils font accoutumés dans cet endroit à leur faire la chafle à la faguaïe , en entrant dans l’eau jui- qu’à la ceinture, & fouvent davantage. Lorfqu’ils ap- a perçoivent le thon, le capitaine, le furmulet , où h guae. quelque gros poiflon femblable, ils lui lancent la fa- guaie avec une adreffe merveilleufe, & manquent ra- rement leur coup. Cette baye leur fournit encore beaucoup de moyens poiflons qu’ils pêchent au filer, Pi Le lon & le loup mar- chent de com- paonie, 116 VOYAGE Is les ouvrent en deux, & les étendent au foleil pour les faire fêcher , & les vendre aux maures , qui leur apportent en échange le mil qui manque chez eux. Css poiflons me procurerent une obfervation qui ne fe feroit peut-être pas préfentée ailleurs. Comme les nègres les mettent fécher fur le comble de leurs cafes & fur les tapades , leur vûe & leur odeur attirent fouvent dans le village les lions, les tigres & les loups qui rodent fans cefle aux environs : malheur alors aux enfans , aux hommes même qui fe trouvent dehors. Il arriva une nuit à un lion & un Foup d’entrer de com- pagnie jufques dans la cour de la cafe où j'étois cou- ché : ils s’élevèrent tour à tour en pofant leurs pieds de devant fur le comble, comme il me fut facile de les entendre , & ils emporterent leur provifion. On saf- fura le lendemain par les impreflions de leurs pieds bien marquées dans le fable, qu’ils étoient venus en- femble , & on reconnut l’endroit d’où ils avoiene enlevé deux poiflons : fans doute que chacun avoit pris le fien. Ce vol étoit modefte pour deux animaux aufli carnaîliers , mais leur choix n'étoit pas tombé fur les plus petits. Jignore qu’on ait encore fait cette re- marque, que le loup fraye avec le lion : cependant ce fait n’eft pas un cas extraordinaire ; on en à des preuves journalieres dans ces quartiers ; on ÿ entend prefque tous les foirs le loup mugir à côté du lion. J'ai été témoin cent fois de la même chofe dans tous mes voyages fur le Niger, & je fçai à n’en pouvoir dou- ter, que le loup fe trouve fouvent avec le lion, fans avoir rien à craindre de fa part. Ce n’eft pas que la taille du loup d'Afrique, qui eft beaucoup fupérieure À U:S'ÉINÉ GA L. 117 à celle du loup d'Europe, fafle quelque impteflion fur le lion ; c'eft feulement parce que fa chair ne le tente en aucune maniere : & ce qui me confirme dans cette opinion, c’eft que je n'ai jamais vü que les deux lions qu’on élevoit au milieu du village du Sénégal , ayent attaqué Les chiens qu’on leur expofoit ou qu'ils ren- controient lorfqu’ils s’étoient déchainés ; au lieu qu’ils tomboient fur le premier cheval ou fur le premier enfant qui fe trouvoit dans leur chemin. Quelques jours après cette vifite du lion avec le loup , on eut celle d’une tigrefle qui vint dans la même cafe avec fon petit, & enleva pareillement deux poif- fons. Je ne veux que ces deux événemens pour preu- ves de la parefle & de l'indifférence des nègres, fur les torts que leur font ces animaux , & fur les dangers auxquels ils font eux-mêmes continuellement expo- fés. Quand on leur demande pourquoi ils ne fe don- nent pas la peine de leur faire la chafle, ou de retirer leur poiflon , du moins pendant la nuit : ils fe conter tent de répondre, qu’il faut que tout le monde vive, & que ce feroit une plus grande fujétion pour eux de renfermer tous les foirs ce poiflon , que de le pêcher. Il eft vrai que la pêche eft dans cet endroit d’une facilité qu'on ne peut exprimer. Leurs terres {ont en friche prefque par-tout , foit parce que les fables font trop ingrats, ou qu’étant ac- coutumes au métier de pêcheurs qui leur coûte moins de peine, ils Les négligent & fe repofent fur les mau- res du foin de leur fournir leur néceffaire. Ceux-ci y étoient alors, & avoient amené leurs bagages & leurs denrées, non fur des bœufs & des chameaux, comme Hardieffe du tigre. Indi%érence des nègres, 118 L'IVSO VA Ce. 1550. je les avois vû au nord du Niger, mais feulement fur an des ânes, dont ils étoient très-bien fournis. J’eus de la Maures. peine à reconnoître cet animal , tant il étoit beau & bien vêtu en comparaifon de ceux de l’Europe , qui je crois feroient de même , fi Le travail & la maniere dont on les charge ne contribuoient beaucoup à les défi- gurer. Leur poil étoit d’un gris de fouris fort beau & bien luitré , fur lequel la bande noire qui s'étend le long de leur dos , & croife enfuite fur leurs épaules, faïloit un joli eflet. Ces ânes font un peu plus grands que les nôtres , mais ils ont aufli quelque chofe dans la tête qui les diftingue du cheval , fur-tout du cheval barbe, qui eft comme eux naturel au pays, mais tou- jours plus haut de taille. Cane des Il m’étoit déja arrivé de demeurer quelques jours au si: milieu des nègres ; mais je n’avois jamais refté fi long- tems chez eux , feul & éloigné du commerce des gens de ma nation. Ce fut-là que j’eus lieu de connoître à fond leur caractere , leurs mœurs , leur maniere de vivre, & leurs ufages : jy fus même témoin de la cé- rémonie d’un mariage ; mais cela m'éloigneroit trop de mon fujet : je me bornerai à dire ici qu’ils font en gé- néral très-humains & hofpitaliers. 1° Juin. Le 9 mai je retournai de Ben à Gorée , d’où je partis y Go % Je 10 du mois fuivant pour me rendre à l’ifle du Séné- pRc'ardement gal. Jarrivai le 16 à la barre, au pied de laquelle je _ * fus obligé d'attendre les vents pendant quatre jours. On peut juger de quelle tranquillité j'ai dû jouir dans un petit bateau balancé en tout fens par des lames continuelles. J'eus là tout le loifir de confidérer l'effet farprenant de ces lames de la barre, & de promener pers mA A UE SÉN É GA L. 119 ma vûe de toutes parts, fans appercevoir autre chofe que des fables éblouiflans d’un côté, & la plaine li- quide de l’autre. Il eft vrai que quelquefois ce fpectacle uniforme éroit varié par la vûe des pirogues des nègres pêcheurs , qui bravoient la barre pour venir à bord apporter du poiflon. Quoique Ja mer foit très-grofle à la côte, la rade ne laifle pas d’être poiflonneufe. Nos matelots y faifoient une pêche abondante à La ligne, far-tout d’une efpece de vieille qui y eft fort com- mune. Ce poiflon a une avidité extraordinaire pour mordre à l’hameçon ; & dès qu'il eft pris, c’eft un plai- fir de voir les élans & les se qu'il fait pour fe de- livrer : cela va même au point qu'il renverfe fon efto- mac, que l’on voit fortir par la bouche fous la forme d'une veflie de carpe : ces eflorts font encore accom- pagnés d’un bruit fourd & très-fort , qu’il rend comme en grondant , & qui lui a valu le nom de grondn , fous lequel on le connoît fur cette côte. Un vent d’oueit , en me tirant de ce diforacieux féjour, me fit pañler la barre & me remit à l'ifle du Sénégal le 20 du mois de juin. J’avois grand befoin de me repofer des fatigues de tous mes voyages fur la mer , qui n'avoit plus incommodé que n’auroit fait une longue maladie. Chacun fçait que le mal de mer eft une efpece d’abattement ou de défaillance , qui caufe des naufées & des vomiflemens plus ou moins fréquens, felon la diverfité des tempéramens qui font expolés fur cet élement. Il y a des gens qui n'ont ja- mais connu ce mal :il y en a d’autres qui n’en reflentent les effets que pendant les premiers jours, & qui en font quittes pour quelques étourdiflemens : dans d’autres ES PHEL ETIENNE 17 $0. Juine du Sénegal, Mal de mer, ce que c’eft, 120 VOYAGE ce mal ne paroît que lorfque la mer eft fort agitée, &e que le mouvement du vaifleau eft très-violent : d’au- tres enfin, & j'étois de ce petitnombre, en font incom- modés pendant tout le tems qu’ils y reftent ; dans les plus courts voyages , même de deux heures, comme dans les plus longs ; dans les calmes, comme dans les gros tems. Les cempéramens forts & les tempéramens foibles en font également attaqués : il n’y a que telle ou telle conflitution ou difpofition de tempérament , celle des enfans, par exemple, des perfonnes affoiblies par les maladies, & de quelques autres en fanté qui en foit exempte. On ne connoît pas encore pourquoi de ces dernieres les unes font fujettes à ce mal, pen- dant que les autres lui échappent. L’utilité générale qui refulteroit de cette connoïffance, qui pourroit paller pour une vraie découverte dans un fiécle aufli éclairé que celui-ci, mériteroit l'attention des Méde- cins (1) qui ont occafion de voyager fur mer, ou qui (1) En faveur des Médecins qui voudroient s'attacher à découvrir la caufe de ce mal, je joindrai ici quelques autres remarques que j'ai faites. 1°, Ceux qui, comme moi , furent conftamment malades, en s’embar- quant pour la premiere fois fur un moyen vaiffeau du port de $00 ton- neaux, ne fentirent les premiers étourdiffemens ou le mal de rère qu'au bout de quatre heures; le vomiffement ne prit qu’à la fepriéme heure, & continua pendant les deux mois que dura le voyage. 2°. Lorfque je ne reftois pas aflez lonz-tems en mer pour donner lieu au vomiffement, il me prenoit une ou deux heures après que j'étois defcendu à terre, foit que j'eufle mangé, foit que je n’euffe pas mangé en débarquant. 3°. Il eft très- rare que le mal de mer donne la fièvre ; il dérange feulement l’eftomac, fans ôter l'appétit. 4°. J'ai remarqué qu'il échappoit beaucoup plus de femmes que d'hommes à ce mal; & plus de ceux qui ont la vüe baffle & courte, que de ceux qui l'ont forte & longue. 5°. Enfin j'ai obfervé que ceux qui ont été le plus incommodés par la mer, fe portent toujours in- finiment mieux fur terre, que ceux qui fe font le mieux porté & qui ont paru les plus vigoureux en mer. font AU SÉNÉGAL, €27 font à portée de faire ces expériences. La caufe de ce mal uné fois connue, on pourroit trouver quelque für préfervatif, qui rendroit cet élement praticable à des gens, qui, faits pour les voyages & avec la meilleure volonté du monde , fouvent n’en font détournés que par ce feul obftacle. Ce mal qu’on ne plaint pas aflez, m’avoit ruiné & dérangé l’eftomac au point qu’arrivé fur l’ifle du Sé- négal , je ne vis d'autre moyen de rétablir ma fanté altérée , que de rn°y fixer , renonçant à toute efpece de voyage fur mer, & prenant une ferme réfolution de n’y remettre le pied que pour faire mon retour en France. J'avois lieu d’être content d’ailleurs des voya- ges que je venois de terminer fi avantageufement pour Fhiftoire naturelle dans les contrées méridionales de la Conceflion ; & les environs de Fifle du Sénégal & du Niger , devoient me fournir beaucoup d’oblerva- tions de phyfique & d’hiftoire naturelle , qui n’avoient échappées. J’y reftai donc encore quelques années, pendant lefquelles outre ces obfervations , le tems me permit de lever quelques cartes topographiques que Javois projettées , pour me guider dans mes petits voyages. Dans la fuite de cette relation, je ne citerai plus que ce que ces promenades des environs de l'ifle du Sénégal m'ont offert de plus remarquable. Il y avoit long-tems que je defirois vifiter le village de Kionk, qui eft dans l’ifle au Bois, à une lieue au nord de l’ifle du Sénégal. Je m'y rendis le 4 feptembre avec une chaloupe : maïs je ne fus pas heureux dans mon retour ; car lorfque je fus en pleine eau, il s’éleva un vent furieux de l’eft : c'étoit un avertiflement de Q L'Auteur re nonce aux voyages par MEF, Projet d'une carte des en- virons de l'ile du Sénégal, 4 Septembre Il eft furpris par un grain au milieu du fleuve, 17-50: Septembre, 122 VOY AGE chercher la terre, pour éviter l'orage qui menaçoit. En eflet , à peine étois-je par le travers de la pointe de l’ifle au Bois qu’il crêva. Comme je ne pouvois me rallier à la terre quelque diligence que je fille, & que le danger étoit preflant , je gagnai aufli-tôt Le platon qui joint cette pointe à l'ile du Sénégal. L'exemple d’une pirogue , dont les nègres , furpris comme moi par l'orage , s'étoient mis dans l’eau jufqu’à la cein- ture fur ce même platon, pour la retenir contre lechoc des lames dont elle avoit d’abord été comblée , fut fuivi par les fix nègres de ma chaloupe & par dix au- tres pañlagers hommes ou femmes , qui fe jetterent auffi à l’eau. Ils fe diftribuerent tout autour de la cha- loupe, & la foutinrent contre l'effort du vent & des vagues. C’étoit le moyen le plus für d'empêcher qu’elle ne füt fubmergée , ou entraînée fur le rivage où elle fe feroit infailliblement brifée ; deux écueils également à craindre dans cet endroit , où la largeur du Niger con- fidérablement augmentée par la réunion de fes deux bras , forme une efpece de lac dont l'étendue donne beaucoup de prife au vent, qui y excite fouvent de vraies tempêtes. Cet orage en méritoit bien le nom par les éclairs & le tonnerre dont la pluie & le vent étoient accompagnés. L’attention des nègres qui fou- levoient ma chaloupe , n’empècha pas qu’elle ne fic un pied & demi d’eau , tant par celle qui tomboit du ciel, que par les vagues qui la couvroient quelquefois fous la forme d’une nappe, dont j'étois aufli enve- loppé. Je fus encore plus lavé & comme leflivé par Veau de la pluie , à caufe de la violence avec laquelle le vent la lançoit. Sa continuité m’ôtoit la liberté de AU SÉNÉGAL. 123 la refpiration , quoique je me fufle mis à couvert fous 1750. le manteau du patron. Ses redoublemens entraïnoient A quelquefois mes nègres avec la chaloupe au point que Javois tout à craindre pour eux & pour moi. Ils ne lâcherent cependant pas pied, leur courage les foutint pendant plus de deux heures, & nous fauva. | Ce grain qui avoit commence à trois heures du foir, Th ne devint intéreflant pour moi que fur la fin. Le vent Den L en ceflant vers les cinq heures , me permit de faire porter fur la pointe feptentrionale de l’ifle du Sénégal. C’étoit la terre la plus proche, & je m’empreflois d’ débarquer pour me tirer au plus vite de l’eau dont la chaloupe étoit encore demi-pleine , malgré les foins que fe donnoient les dix pañlagers pour la vuider de celle que les lames y apportoient à chaque inftant. Pendant que nous avancions à force de rames, il parut un phénomene que je n’avois pas encore vüû de fi près, & dont j'ignore que perfonne ait jamais parlé. C’étoit une efpece de trombe femblable à une colomne de fumée qui tournoit fur elle-même. Cette colomne avoit dix à douze pieds de largeur , fur environ deux cens cinquante de hauteur :elle étoit appuyée fur l'eau par fa bafe, & le vent d’eff la portoit vers nous. Aufli- tôt que les nègres l’eurent apperçue, ils forcerent de rames pour l’éviter. Ils connoïfloient mieux que moi le danger auquel nous aurions tous été expofés, fi ce tourbillon eût pañlé fur nous; car ils fçavoient que fon eflet Le plus ordinaire eft d’étouffer par fa chaleur ceux qui en font enveloppés, & quelquefois d’enflammer leurs maifons de paille , & ils avoient plufieurs exem- ples de gens à qui un femblable accident avoit coûté Qi SREDÉE SEE EEE 124 VOYAGE 1550, Ja vie. Ils furent affez heureux pour la laïfler à plus de Sembre, Qix-huit toifes derriere la chaloupe, & fe féliciterent d’avoir échappé fi à propos à ce torrent de feu, que la lumiere du jour ne laïfloit voir que comme une épaile fumée. Sa chaleur à cette diftance de plus de cent pieds étoit très-vive, & telle qu’elle tira de la fumée de mes habits tout mouillés, quoiqu’elle n’eût pas le tems de les fécher. L’air libre avoit alors 25 degrés de cha- leur, & je penfe que la colomne de fumée devoit en avoir au moins 50 pour rendre fenfible l'humidité qu’elle attiroit. Elle nous laifla aufli une odeur très- forte, plus nitreufe que fulfureufe, qui nous infecta long-tems, & dont la premiere impreflion fe fit fentir par un léger picorement dans le nez. Cette impreflion occafionna dans quelques-uns l’éternûment ,& en moi une pefanteur & une difficulté dans la refpiration. ., Ce fut dans le mois de mars de l’année 1751 que je js. commençai à lever le plan des environs de Fifle du aourdel'ile Sénégal. Le 8 je partis dans ma pirogue, avec mes 7" deux cubalots ( c’eft le nom qu’on donne aux nègres écheurs ) dans le deflein de faire par eau le tour de l'ifle de Sor , dont je connoiflois aflez l’intérieur. Je remontai le Niger en rangeant toute la terre de cette fle jufqu’à fa pointe boréale , pour entrer dans le ma- rigot de Kantaï qui en baigne le bord oriental, & pour L. Margot de en tracer le cours. Quand Ty fus entré, je crus me poilomeux, trouver plutôt dans un vivier que dans une riviere de quinze à vingt toifes de large, tant elle étoit poiffon- neufe. C'étoit un charme de naviger fur cette riviere, dont l’eau claire & unie comme une glace, étoit bor- dée de mangliers fort hauts, qui procurent une ver- A DOS. FINI ÉGIA L. 125 dure & une fraîcheur raviflante dans l’efpace de plus d’une lieue. Les poiffons y fautoient de tous côtés; mais ce qu'il y avoit de plus fingulier, c’'eft que par- tout où nous pafions , il en entroit continuellement dans la pirogue. Les plus gros, comme les meilleurs fauteurs , pafloient par-deflus ; mais prefque tous les moyens y retomboient. Les mouvemens qu’ils fai- foient en pirouettant , ne me paroïflant pas naturels ni faits à plaifir, je les examinai pour en découvrir la caufe : ils avoient reçu la plüpart quelques coups de dents, qui me firent connoître qu'ils avoient été pour- fuivis par les plus gros , qui leur faifoient la chaffe. Pendant deux heures que je fus à parcourir ce mari- got, je comptai deux cens trente poiffons appellés car- pets(1), qui fe trouverent pris fans autre artifice. C'é- toit une pèche honnète pour mes nègres. Comme ils étoient cubalots , c’eft-à-dire, pêcheurs de leur métier, ils n’en furent pas fort furpris ; & me dirent que quand ils faifoient la pêche aux gros poiflons avec la ligne ou la varre, ils laïfloient aller leur pirogue au courant de ces petites rivieres, & comptoient fouvent davan- tage fur les petits poiflons qui fe prenoient d’eux- mêmes , que fur le hazard des gros. Jamais les cormorans , les plongeons , les faucons- pêcheurs n’avoient eu plus beau jeu :auffi les mangliers de cette riviere en étoient tout couverts. Le faucon- écheur , que les oualofes appellent du nom de ngutar- Er , & les françois de celui de zanette , eft un oïifeau de la grandeur d’une oye, & dont le plumage eft brun, à l’exception de la tête , du col, de la poitrine & de la (1) Efpece de vieille femblable à la carpe, mais plus courte, Oifeau ap- ellé faucon- pêcheur. 126 VOYAGE 1752. queue qui font d’un très-beau blanc. Il a le bec très- fort & crochu comme celui de l'aigle, & des ferres aigues , courbées en demi-cercle, dont il fe fert admi- rablement bien pour la pêche. Il fe tient ordinaire- ment fur les arbres au-deflus de l’eau , & quand il voit un poiflon approcher de fa furface, il fond deflus, & lenleve avec {es ferres. J’en tuai un qui me fit repar- der d’un fort mauvais œil par mes nègres , parce que cet aifeau eft craint & refpedté chez eux : ils portent même la fuperflition au point de le mettre au nombre de leurs marabous , c’eft-à-dire , de leurs prêtres, qu'ils regardent comme des gens facrés & divins. Ils s’appai- ferent cependant dès qu'ils virent que je leur avois procuré un poiflon de plus de quatre livres, que ce prétendu marabou avoit porté fur le rivage pour en faire curée. 2 Avril Üne aventure à peu près femblable m’arriva le 22 . Fu fe d'avril au village de Sor. J'étois afis fur une natte au éunevipe milieu d’une cour , avec le gouverneur du village & route fa famille. Une vipere de l'efpece malfaifante, après avoir fait le tour de la compagnie, s’'approcha de moi. Cette familiarité ne me plaifoit guère; & pour éviter les accidens, je m’avifai de la tuer d’un coup de baguette que je tenoïs à la main. Toute la compagnie fe leva aufli-tôt, en jettant les hauts cris, comme fi j'eus fait un ineurtre : chacun s’eloigna de moi, & prit la fuite: l'endroit fut bientôt défert. Comme la chofe . devenoit férieufe , & que le bruit s’en répandoit dans cout le village ; je profitai de cet inftant où j'étois feu, pour mettre la vipere dans mon mouchoir, & la cacher ! . dans la poche de ma vefte. C’étoitle moyen dem’affurer A D AS ÉINMÉ GTA L: 127 cet animal, qu'il étoit fi difficile de fe procurer dans ce pays ; & en même tems de calmer tous les efprits en le leur ôtant de la vüe. Je n’étois pas trop en füreté dans ce lieu, & l’on ny auroit fait un mauvais parti; mais le maître du village, homme de bon fens, chez qui tout cela sétoit pailé, réfléchit qu’il étoit de fon honneur & de fon intérèt de faire cefler le tumulte & d’écouffer le bruit: autorité que lui donnoit fa place, fon caractere de marabou , & la maniere dont il sy prit, lui en aflurerent la réuflite. Voilà un trait qui fait voir combien les nègres font zélés obfervateurs de leur religion & des fuperftitions qui y font atta- chées. Ils ne regardent pas les ferpens comme leurs fetiches ou leurs divinités, ils les refpectent cependant aflez pour ne les pas tuer :ils Les laïflent croître & mul- tiplier dans leurs cafes, quoique fouvent ces animaux. mangent leurs poulets, & ofent coucher , pour ainfi dire , avec eux. Il eft vrai qu’il eft rare qu’ils fafent du mal à perfonne ; il faut qu'ils foient attaqués ou blef- fés, ou qu’on leur marche fur le corps, pour les obli- ger à donner un coup de dent. Le 7 de mai je defcendis le Niger pour vifiter le marigot de Del, qui n’eft pas fort éloigné de fon em- bouchure. Le vent étoit favorable ; & mes nègres pour s’éviter la peine de pagayer ou de ramer, mirent à la voile. On peut croire que celle d’une petite pirogue de trente pieds de long , ne doit pas être bien grande : aufli ne furent-ils pas beaucoup embarraflés pour la trouver. L'un d'eux planta une perche de dix pieds fur l'avant , & la croifant en haut avec un petit bâton, y étendit la pagne dont il écoit vêtu. Ces pagnes font RES TUAITERTENCLTONS LT SÈTÉ Avril Les nèe font fort { perflieux, 7 Mai, Promenacte dans le mari got de Del, Son entree ail fermée par unc barre, Banc de co- quilles, 128 VuONY AIG E d'un ufage merveilleux : leur forme eft telle que fon peut dans l’occafion en faire une voile, un drap, une couverture , Un manteau , une jupe ou une ceinture. Je ne puis mieux comparer la figure qu'avoit cette voile, qu’à celle d’une baniere , dont les deux bouts d’en-bas furent attachés aux côtés de la pirogue. Le nègre qui étoit derriere à la poupe, gouvernoit avec fa pagaïe , pendant que l’autre dirigeoit la voile & la tournoit au vent. Avec ce foible fecours, je fis près de deux lieues en moins d’une heure de tems, & j'arrivai à l’entrée du marigot de Del. A l'endroit où il fe dé- bouche dans le Niger , il eft fermé par une barre de fable fur laquelle les vagues du fleuve brifent quel- quefois aflez dans les vents de nord-oueit, pour en empêcher l'entrée aux grandes pirogues. Mes gens pri rent fi bien leur tems, qu’ils franchirent la difficulté, & après m'avoir fait parcourir le marigot dans tous {es détours , ils me conduifirent au village de Del, qui étoit bâti fur l’extrêmité d’un banc de coquilles. Ce banc s’étendoit de près d’une lieue dans le nord ; & il me parut remarquable en ce qu’il étoit entierement découvert à fleur de terre, & que toutes les coquilles étoient d’une même efpece d’huîtres, qui avoient vécu autrefois fur les mangliers des marigots voifins, de la même maniere que celles que j'avois obfervées dans le fleuve Gambie. La mer avoit amené dans le Niger une quantité prodigieufe de poumons marins & de vélettes , que jeus tout le loïfir à mon retour de voir flotter fur fes eaux. Les premiers de ces animaux fe connoiflent dans le pays fous le nom de bonnets-flamans , & les derniers AU SÉNÉGAL. 129 derniers fous celui de galères(r). Rien ne reffemble davantage à une veflie remplie d'air, & peinte d’un beau rouge , que le corps de la galère. On à peine à diftinguer autre chofe qu'une frange fur le dos, & huit filets fous le ventre , qui defcendent en bas comme pour fervir de left à la veflie , qui fe foutient toute hors de l’eau, & eft portée au gré des vents. Cet ani- mal tout informe qu’il eft,& prefque fans aucun mou- vement fenfible, eft cauftique au point que lorfqu’on le touche , ilcaufe une douleur femblable à celle d’une brûlure. J'en pris un dans la main pour en faire le- preuve , & je le retins jufqu’à ce que fon eflet com- mençât à fe faire fentir : il fe déclara à l'extérieur par une petite rougeur , fuivie d’un picotement & d’une inflammation qui ne cefla qu’au bout de quatre heures. La douleur fe communiquoit à toutes les parties dé- licates du corps ,comme à celles du vifage, & fur-tout aux paupieres, par un attouchement même très-léger de la main enflammée. Les cbfervations que je fuivois depuis quelques an- nées fur les chaleurs du pays , avec une attention & des vues particulieres , me paroïfloient aflez impor- tantes pour que je les étendifle de maniere à les rendre fufceptibles de comparaifon. Jimaginai d’obferver dans les jours les plus chauds de l’année , les degrés que marquoit le thermometre de M. de Réaumur Étant expofé à l'air libre, & ceux qu’un fecond inftru- ment femblable marqueroit pendant le même temis dans le fable de la campagne expofé au foleil. M. An- (1) Urtica marina foluta purpurea, oblonga, cirhis longiffimis. Sloan. Jar. vol. 1. pag, 7. tab. 4. fig. $. R CSATGE , "LEE UNRS AA Mai. Galère, ef pece de ver marin, Précautions pour obferver les chaleurs, 4 Juillet. Chaleur éron- nante du fa- ble, 130 BUOPT- AGE driot qui, aûüx connoiffances de la phyfique dans fef- uelles il eft fort verfé , joint lefprit d’obfervations w’il exécute avec beaucoup de précifion , m'a été d’un grand fecours dans celles-ci; & il a bien voulu par- tager mes peines dans toutes les autres, où j’avois be- foin de quelqu'un qui fit dans un endroit des expé- riences correfpondantes à celles que je faifois dans un autre. C’étoit un tribut réciproque que nous rendions à l’amitié qui nous unifloit fi intimement l’un à l’autre depuis notre jeunefle. Je choilis le quatrième jour de juillet pour faire une de ces obfervations intéreflantes fur lifle du Sénégal. Le foleil n’étoit alors éloigné de notre zénith que de 7 degrés vers le nord , enforte qu'il pouvoit être re- ardé comme vertical vers le milieu du jour. La Savane qui s'étend à loueft du fort Saint-Louis, comme une grande plaine au niveau de la mer voifine, & expofée aux vents de tous les côtés, fur-tout à celui de l’oueft qui fouffoit ce jour-là, me fournit la place la plus convenable que je pouvois defirer , parce qu’elle eft fans abri. Un monticule de fable élevé de quatre pieds, qui fe trouvoit fort à propos au milieu de cette plai- ne, me fervit pour y préfenter au foleil un thermo- metre très-exact, dont j'enfonçai feulement la boule dans le fable. Je le pofai dans cet endroit vers les dix heures du matin, & il y refta jufqu’à trois heures du {oir. Pendant tout ce tems j'obfervois les degrés d’af- cenfion de la liqueur du thermometre de cinq en cinq minutes. M. Andriot en tenoit regiftre, placé fous un petit angard de paille où je me retirois de tems en tems à couvert des rayons du foleil , qui me caufoit quel AU SÉNÉGAL. 135 quefois des étourdiffemens très-marqués. Il reftoit dans cet endroit pour veiller à cet inftrument, & y obfer- ver, pendant que j'allois au fort confulter un autre thermometre que je tenois continuellement fufpendu à l’air libre à l'ombre, & à dix-huit pieds au-deflus de la terre , pour éviter les reflets de chaleur qu’elle eft fujette à renvoyer. Celui-ci marquoit pour la chaleur de l'air libre, dans lexpofition la plus froide de l’ifle, 30 degrés , pendant que l’autre donnoit pour la cha- leur du fable 60 d. :. Trois œufs de poule que jy —— 17 Sie Juillet, Les œufs de poule y font avois enfoncé & laiflé pendant trois heures, dans le cuis. deflein de m’aflurer de l'effet que cette chaleur pouvoit produire fur eux , ne furent pas durcis, maïs le blanc avoit pris légerement autour de la coque, &ils étoient aflez cuits pour être mangés : ils furent de notre dîner, & nous les trouvâmes fort bons. IL y a tout lieu de croire que fi la longueur du tube de ce thermometre eût donné plus de champ à la liqueur , elle eût monté beaucoup plus haut que 60 d. : ; comme je n'en fuis apperçu depuis en répétant ces obfervations avec d’au- tres thermometres d’une graduation portée jufqu'à Veau bouillante. Je ne m’étendrai pas davantage ici fur ces fortes d'expériences ; il me fuffira pour le pré- {ent de les avoir indiquées , me réfervant d'entrer dans un plus grand détail dans le Traité de mes Obferva- tions phyfiques. Pendant la nuit du 9 feptembre il s'éleya un vent 9 Septembre. furieux de left , qui amena une pluie très-forte , ac- 1x. compagnée d’éclairs fi prompts & fi vifs que leur lu- rage vio- miere ne paroïfloit pas interrompue. Deux tonnerres Efers duton- A » . : zomberent en même tems dans deux endroits différens R ij 1CITÉe 132 VO T'ATCGNE 175 de l'ile du Sénégal, Pun fur un mât de bateau, & Sepembre foutre fur le bâtiment de lhôpital , à deux cens toifes de diftance l’un de l’autre fur le même bord du Nivger. Celui qui tomba fur l’hôpital ne fit autre chofe que chiffonner & brifer deux girouettes pofées fur un même pavillon, lever quelques ardoifes de la couver- ture , fendre plufieurs chevrons de la charpente , & caler trois carreaux du plancher, fur la chaux duquel il 'amortit, fans blefler aucun des malades qui fe trou- voient à côté. Il fe pafla quelque chofe de plus remar- quable à l'égard du mât de bateau qui avoit environ quarante pieds de haut. Il étoit goudronné aflez exac- tement par-tout. Le tonnerre le fillona à deux pouces de profondeur , mais inégalement, dans toute fa lon- gueur , fans toucher aux ferremens, aux manœuvres, aux cordages , ni aux pommes de racage goudronnées dont il étoit environné , & il termina fon effet au collet , où un large prélat de toile épaifle & bien gou- dronnée l’entouroit, fur le pont du bateau. Il femble ue la réfine ait rompu là tous fes efforts, & Paie obligé de s’écarter. On fçait que ces bâtimens font gou- dronnés par-tout les dehors , enforte qu’on peut re- garder leur furface extérieure comme une couche con- Etes fem. tinue de réfine. Un nègre à qui on en avoit confié la papesacex garde pendant cette nuit là, étant couché dans la sé, chambre de l'arriere , reçut une commotion fubite, dont il reflentoit encore des impreflions très-fortes le lendemain dans toutes les parties de fon corps. Je laifle actuellement aux phyficiens curieux de ces fortes de phénomènes , à juger fi l’on peut trouver une plus grande analogie entre les effet ordinaires que l'on re- AT SÉNÉ G'A L. 133 connoît dans l'électricité, & ceux que préfenta le ton- nerre dans cette occafion. Les eaux furent fi abondantes pendant ce grain, & fe précipiterent avec une telle force, qu’elles détache- rent, à quatre ou cinq lieues de là, une petite langue de terre qui flotta comme une ifle au gré des eaux. On la vit le matin, femblable à une autre Délos, entrat- née par le courant du Niger, prendre fa route vers l'Océan. Son agréable verdure, & la difpofition avan- tagcufe des arbres dont elle étoit couverte, lui don- noient Pair d’une ifle enchantée , qui en fit defirer la pofleflion à l'ile du Sénégal. Un canot fut envoyé aufli-tôt : il rejoignit cette ifle, fit pafler plufieurs cor- des dans fon bois, & la força, malgré fa réfiftance, à {e joindre aux fables de celle du Sénégal. Tout le vil- lage fut attiré par la nouveauté de ce fpectacle : jamais on n’avoit vü une ifle fi riante: chacun s’emprefloit d’y entrer ; mais on fe défioit de fes racines , que l’on pre- noit pour autant de ferpens. Je la mefurai & ne lui trouvai que quatre toifes de diametre:elle étoit ronde, & ne portoit qu’une efpece d’arbrifleau épineux de dix pieds de haut, que les nègres appellent du nom de billeur(x). Ses racines extrêmement ferrées & entre- laffées les unes dans les autres, ne retenoient que peu de terre grafle que l’eau n'avoit pû délayer. C’eft du bois de cette plante, infiniment plus léger que le liège, que fe fervent les habitans du pays pour leurs pêches ou quand ils veulent saider à traverfer à la nage le fleuve , dans les endroits où il a trop de lar- geur. (1) Efpece nouvelle de fesban. Le cs -— À EE VTC ES Septembre, Ie flottante fur le Niver, 134 VOYAGE üzsu Ils font tous excellens nageurs : on en a journelle. re ment des marques ; mais il n’eft rien qui le prouve da- pré date. vantage que la hardiefle avec laquelle ils s’expofent Fe rgus aux James de la barre. J'étois le 2ÿ du même mois fur le bord de la mer, occupé à obferver la hauteur des marées de l’équinoxe, lorfqu’un navire françois arriva vis-à-vis le fort du Sénégal. Son canot s’approcha juf- qu'aux premieres lames, où la barre commence à fe faire fentir: là il attendit que lon vint prendre langue & chercher les nouvelles qu'il apportoit. Le nègre ui avoit coutume de faire ce métier , fe mit à l’eau pour les aller prendre au travers des lames qui bri- {oient alors plus qu’à l’ordinaire, parce que les marées étoient plus fortes. A voir l’état effrayant des lames qui s’élevoient de plus de dix pieds de hauteur , & retomboient comme autant de nappes d’eau, avec un bruit & une pefanteur énorme, on n’auroit jamais cru qu'il eût pu les vaincre : cependant il les pañla toutes en fe faifant porter fur le dos des unes, plongeant fous les autres dans lefquelles il paroïfloit enféveli, & re- gagna fort heureufement la terre avec les paquets dont on lavoit chargé. Ce n’eft pas toujours la mer qu’on a le plus à craindre dans ce pañlage : il court fur cette barre des requiens fi forts & fi terribles , qu'ils empor- tent quelquefois le plongeur, Ce fut fans doute un accident pareil qui fit difparoître dans ce même mois un nègre, dont on n’entendit jamais parler depuis. Pofoner-” Le lendemain on pêcha dans les eaux douces du Lai à fleuve un poiflon qui a peu de rapport avec ceux qu’on connoît jufqu’à préfent. Son corps eftrond, fans écail- les & gliffant comme celui de l’anguille, mais beau AU SÉNÉGAL. ‘145 coup plus épais par rapport à fa longueur. Il à aufti quelques barbillons à la bouche. Les nègres le nom- ment ouaniear , & les françois trembleur , à caufe dela propriété qu’il a de caufer , non un engourdifflement comme la torpille , mais un tremblement très-dou- loureux dans les membres de ceux qui le touchent. Son effet qui ne na pas paru différer {enfiblement de la commotion électrique de l'expérience de Leyde, que j'avois déja éprouvée plufieurs fois, fe commu- nique de même par le fimple attouchement , avec un bâton ou une verge de fer decinq ou fix pieds de long, de maniere qu’on laïfle tomber dans le moment tout ce qu'on tenoit à la main. J'ai fait plufieurs fois cette expérience , & celle de manger de la chair de ce poif- fon , qui quoique d’un aflez bon goût , n’étoit pas d'un ufage également fain pour tout le monde. / L'ifle du Sénégal n’eft, comme je lai dit plufieurs fois, qu’une efpece de banc de fable à découvert , qui ne produit que peu d'herbes infufhifantes & peu pro- pres à fournir à la nourriture des troupeaux de la Com- pagnie. C’eft ce qui a obligé de choilir un lieu où ces troupeaux puflent trouver & les pâturages & la füreté contre les pillages des maures & des nègres. On a ren- contré une partie de ces avantages fur une ifle aflez grande, qu’on appelle l’ifle de Griel , & qui eft à deux lieues dans le nord de celle du Sénégal. La facilité qu'on a de s'y tranfporter par une petite riviere de même nom , & tout le bien que j'avois entendu dire de cet endroit, m’engagerent à y faire un voyage de quelques jours. Je partis pour m'y rendre le 2 d’otto- bre , par ce même çanal qui eft parallèle au bras prin- Ce po | 1 Gr d $S Is Septembre, 2 Oftobre. V oyage à l'ile de Griel, 136 VOYACE aa TI cipal du Niger, & qui n’eft féparé de la mer dans toute "fa longueur que par une langue de fable de cent toifes Péiems, au plus de largeur. Il étoit tout couvert de pélicans ou grands-goliers , qui fe promenoient gravement comme des cignes fur fes eaux. Ce font fans contredit, après l’autruche, les plus grands oifeaux du pays. Jen tuai un dont les aîles mefurées d’une extrémité à l'autre avoient plus de dix pieds d'ouverture. La lon- gueur de fon bec étoit de plus d’un pied & demi, & le fac qui y eft attache en deflous contenoit près de vingt- deux pintes d’eau. L’ufage de ce fac n’eft uniquement que pour la pêche : c’eit comme une efpece d’épervier que la nature a donné à cet oifeau , pour lui faciliter les moyens de pourvoir à fes grands befoins. Elle ne pouvoit le placer dans un animal qui fçût mieux s’en {ervir, & on peut dire qu’il entend la pêche dans la Leurmanter Perfection. Ces oifeaux nagent ordinairement par com- “peche. pagnie fur les hauts fonds, & forment un grand cercle qu'ils refferrent en fe rapprochant peu à peu pour ra- mener le poiflon , que le mouvement de leurs pieds contient dans ce petit efpace : quand ils le voient aflez raflemble , ils plongent dans l'eau leur bec ouvert, & le referment avec une vitefle comparable à celle d’un pêcheur qui jette & retire aufli-tôt fon épervier. Pour verfer l’eau dont leur fac eft rempli , ils ne font que pancher leur bec de côté en l’entrouvrant légerement, elle s'échappe aufli-tôt & laïfle à fec les poiflons, qu'ils vont manger paifiblement à terre. Poinrdevue Quand on eft à un quart de lieue de l’ifle de Griel, eu % on croit voir une belle avenue d'arbres qui fe préfente fur le côté ; leur fymmétrie feroit même penfer qu'ils ont AU SÉNÉGAL. 137 ont été plantés à deflein pour former à cet endroit un point de vûe charmant : ce ne font cependant que des pains-de-finge femés par les mains de la nature, & ils fe font reconnoître facilement par leur forme & leur groffeur. Excepté ces arbres qui font en grande quan- cité fur cette pointe, & un bouquet de mangliers, on n'en voit guères d’autres fur cette ifle. La prairie fe trouve de ce même côté , fur un fable rouge un peu élevé, où font femés çà & là quelques arbrifleaux, & fur-tout des titimales , dont la blancheur fort agréa- blement par le vif coloris des fleurs de la fuperbe (1) qui les couronne. Le refte du terrein eft une plaine baffe & unie, dont la plus grande partie eft cachée fous les eaux pendant la faifon pluvieufe : elle fe dé- couvre en hiver en les raflemblant dans un petit ruif- feau qui femble en former une petite ifle dans la grande ifle de Griel, Cette partie balance les bonnes qualités de l’autre , car elle ne produit que deux fortes de plan- tes (2) dont il ne paroît pas que les beftiaux foient fort friands. Après avoir pailé le ruifleau qui fépare la petite ifle de la grande ifle de Griel , on trouve vers le nord le village de Dounn fur un fable rougeâtre un peu plus élevé, & d’une fertilité étonnante. En avançant plus loin , toujours vers le nord , on arrive au village de Nguiàgo, d’où on apperçoit fur la droite à une lieue de diftance celui de T'orkrod , qui en eft féparé par un marais de toute cette étendue. Comme ce marais eft (1) Nouvelle efpece de methonica. (2} La crifte marine ou falicor ; & la creffa de Linnæus. Srec. Plan, Pas" 223 » Les sc," | 1797 Oftobre, Village de Dounn, De Nguiso, 138 VOYAGE izsr, rempli d'eau & de joncs, on y trouve beaucoup d’oi- Otobre. feaux aquatiques , tels que les courlis, les bécafles , les Nombre pro- : £ digienx d'i- farcelles & les canettes. Ces dernieres fur-tout , qui es car font une petite efpece de canard peu différente de la | farcelle d'Europe, s'y rendent quelquefois en fi grande quantité qu’elles couvrent de grands efpaces de ter- rein : on ne les voit alors que par milliers ; & on les tue, pour ainfi dire , de même. 11 n’eft pas rare d’en voir coucher une trentaine d’un coup de fufil , & fou- vent même le double. Il eft vrai que c’eft aux nègres que font réfervés ces beaux coups. Outre qu'ils font bons tireurs, qu’ils ne fe fervent que de ces gros & grands fufils appellés boucaniers ,& qu’ils ne couchent ces oifeaux qu’au raz de terre & dans de vaftes plaines, ils ont encore un autre avantage fur les Européens : ils peuvent approcher le gibier à la faveur de la cou- leur de leur corps, qui étant noir depuis la tête juf- qu'aux pieds, fe confond avec la verdure de la cam- pagne ; au lieu que la blancheur du vifage d’un Euro- péen , le moindre bout de manchette ou de col blanc {ont apperçus de fort loin par le gibier ; le plus petit mouvement l’épouvante & le fait partir ayant même qu’on foit à fa portée. Li des ni- Les nègres de ce quartier font obligés de coucher ges Gil Lhôrs fur des lits aflez hauts , pour être à l’abri des mouftiques & des maringoins qui y font très-communs, fur-tout dans ce mois. Ces lits ont communément cinq à fix pieds en quarré:ils confiftent en une double claie fort épaille , portée fur quatre poteaux élevés de huit à neuf pieds au-deffus de terre. On monte à cetre efpece de plateforme par des échelons liés à deux des poteaux AU SÉNÉGAL: 139 à plomb les uns au-deflus des autres. Cette fituation 7; 7su n’eft guères avantageufe , & on a bien de la peine à 9% gagner le haut, parce que la plüpart des échelons fe {ont dérangés à force de monter , & l’on glifle fouvent du côté où ils penchent; les nègres y montent cepen- dant avec aflez de facilité. L’heure du coucher du fo- leil qui eft le fignal de la fortie des maringoins, left aufli pour les nègres qui fe rendent fur la plateforme. Ils y foupent, ils y fument en faifant la converfation qui dure une bonne partie de la nuit, après quoi ils dorment jufqu’au jour ainfi expofés au bel air. Je n'a- vois pas pris la précaution d'apporter un pavillon avec moi, enforte que je couchai avec eux & comme eux, c’eft-à-dire, prefque nud , la grande chaleur ne permet- tant pas de fouffrir aucun vêtement. Les coufins étoient à la vérité moins incommodes dans cet endroit que dans les lieux couverts ; mais ils fucçoient encore beau- coup de mon fang, & j'avois tous les matins le vifage couvert de boutons. Cela ne m'empêcha pas néan- moins d'y pafler des nuits fort agréables. Indépendamment des fables , des dialogues, & des Beauté au ciel contes amufans & pleins de faillies que les nègres fai- ie ju {oient tour à tour , fuivant la coutume établie chez eux ; J'étois enchanté de lafpect éclatant d’un ciel tou- jours ferein , où les étoiles brilloient avec une grande vivacité. Elevé fur cette plateforme , comme fur un petit obfervatoire à découvert de tous côtés, il m’étoit facile de les fuivre dans leur commune révolution d’orient en occident. Souvent je ne perdois de vüe le bord fupérieur du difque du foleil & les grandes étoi- les , que lorfqu’elles fe plongeoïient fous l’horifonde la S 4 DRRRPITET PAÈTENSRER 140 VOVTAGE 1751. mer; & il n’étoit pas rare d’y fuivre quelques étoiles Otobre. bien au-deflous de la moyenne grandeur , quoique l’on lon ne püt les appercevoir que vers le 3° ou 4° degré de leur hauteur fur lhorifon après leur lever, à caufe des vapeurs qui font plus abondantes fur les terres. Connoïflance Les nègres me nommoient aufli un grand nombre nes fr d'étoiles qui compofent les principales conftellations les aitres, q P P P , comme celles du Lion , du Scorpion , de Aigle , de Pegafe, d'Orion, Sirius, Procyon, l'épi de la Vierge, Canopus , avec la plüpart des planétes qu’ils connoif- foient aflez bien. Ils diftinguoient même jufqu’à la fcintillation des étoiles qui commençoit alors à deve- nir fenfible. Pour des gens dont les connoïflances font très-bornées , il eft étonnant qu’ils raifonnent auflt pertinemment fur les aftres ; & il n’eft pas douteux qu'avec des inftrumens & de la volonté , ils devien- droient d’excellens aftronomes, habitans un climat où Pair eft extrêmement ferein prefque toute l’année, & où vivant dehors, ils ont toutes les commodités pof- fibles pour examiner à chaque inftant ce qui fe pale dans le ciel. fncendiesor. Quelques jours après que je fus de retour à l’ifle du re dans Sénégal, le feu prit au quartier du nord du village. Je nègres, aile à penfer quels progrès il devoit faire dans des cafes de paille extrèmement proches les unes des au- tres & defléchées par les ardeurs du foleil , étant animé par un vent aflez fort de nord-eft. Les marabous eurent beau monter fur le fommet des cafes enflammées, cra- cher fur le feu en marmottant leurs prieres, y jettant même leurs gris-gris , & faifant mille momeries auffi ridicules , aucune des cafes où ils ayvoient monté ne ASUP S ÉINTÉG A L. 141 fut épargnée ; & le feu n’arrêta fa fureur que lorfque les habitans, fentans l’inutilité de ces enchantemens fuperflitieux, eurent mis tous leurs foins à jetter de l'eau & des fables pour l’éteindre. Dès le lendemain on travailla à réparer fes ravages : on rebâtit de nou- velles cafes fur le même terrein , & au bout de quel- ques jours on oublia tous les torts qu’il avoit faits. Les accidens du feu font fi ordinaires dans ce pays, que j'ai vû des années où il ne fe pañloit pas un mois, & quel- quefois huit ou quinze jours , fans qu’il prit dans quelque cafe : ils font mème fi terribles que dans l’ef- ace de cinq ans , deux fois la moitié du village du Sénégal fut incendiée & confumée en moins de vingt- quatre heures dans une étendue de près de quatre cens toifes. On ignore fouvent la caufe de ces incendies , parce qu'ils prennent communément dans le jour & pendant les plus grandes ardeurs du foleil ; & les nè- gres y font fi accoutumés, qu'ils y perdent peu de monde & peu d’eflets, s’y attendant continuellement fans trop les craindre. L’ifle de Sor eft partagée en deux parties inégales ar un petit marigot dont l'embouchure eft vis-à-vis le fort de l’ifle du Sénégal. J'y entrai pour la premiere fois dans ma pirogue le 8 décembre. Ce marigot eft fi étroit que les branches des mangliers qui font des deux côtés fe croifent à leurs cimes, & font comme un ber- ceau ou une allée couverte de près d’un quart de lieue de longueur. Je payai un peu chérement le fervice que ces arbres me rendoient en me défendant des ar- deurs du foleil ; car je fus en un moment aflailli par TANT Oétobre. 8 Décembre, Promenade dans le mari- got des cro- codiles, Fort incom- ode par les une multitude prodigieufe de maringoins & de grofles Kb. le) aringpo LAS Te Décembre, Fréquenté par des oi- {eaux d’une grande beau- La [Ce Manpliers confiderables. 142 VONT ANG E mouches (1), dont les piquûres fe font fentir auffi vivement que celles des mouches à miel. Mes nègres qui étoient nuds, furent bien autrement incommodés que moi : leur corps en étoit tellement couvert que ces infectes fe touchoïent & faifoient plufieurs rangs les uns fur les autres. Je crois qu’on n’a jamais rien vû de pareil, & que toutes ces piquüres leur tirerent au- tant de fang qu’auroit pû faire une faignée copieufe. IL falloit que ce canal für comme le grand chemin où les maringoins fe rendent du fond du bois, qui femble être le magafin général du pays, pour fortir enfemble par nuées , & fe répandre enfuite dans les villages & par tous les lieux habités par les hommes ou les animaux, A cette incommodité près ce feroit la plus jolie promenade du monde que ce marigot , qui na que deux à quatre toifes de large, fur autant & quelque- fois davantage de profondeur. Il eft fréquenté par un grand nombre d’oïfeaux tous plus beaux les uns que les autres, & fur-tout par plufieurs efpeces de martins- pêcheurs, dont le plumage eft peint agréablement des couleurs les plus variées & les plus vives. On y entend auffi un ramage continuel répété par les échos fonores qui fe redoublent plufieurs fois, à caufe de la multi- plicité des troncs d’arbres dont il eft bordé. Ses deux extrémités font barrées par un platon ou banc de fable qui n’en permet l’entrée qu'aux pirogues : cependant en prenant l'heure des marées , on pourroït y faire pafler par le marigot de Kantaï des chaloupes, qui fe- roient des abatis confidérables de bois de mangliers, (1) Tabanus. Le taon,. À Uïù S'É.N' ÉG'A L. 143 si dont la plüpart ont douze à quinze pouces de diame- 5,57 tre, & feroïent d’un ufage merveilleux pour la char- Pierre. pente des maifons. Celui de ces platons qui fe trouve au bout oriental du marigot, eft d’un fable vafeux qui découvre à mer bafle. Quand jy pañhai, une demi- douzaine de crocodiles y étoient étendus au foleil, immobiles & femblables à autant de pieces de bois couchées par terre. Toutes les fois que les nègres ap- prochent de cet endroit, ils font fürs d’y trouver de ces animaux ; & c’eft de-là qu’ils ont donné à ce ruifleau le nom de marigot des Dra/iks , qui en leur langue fignifie marigot des Crocodiles. | Je débouchai par la droite de ce platon dans le ma- AE" a rigot de Kantaï , où les nègres étoient alors beaucoup occupés à la pêche du lamantin. Ce poiflon dont tous les voyageurs n’ont pas manqué de parler, qu’ils ont même décrit fans le bien connoître, & qui probable- ment a donné lieu à la fable des firènes , mérite un aflez long détail pour que je fois difpenfé d’en dire davantage dans cette courte relation. Il ne fe paile pas d'année que les nègres habitans de ces quartiers , & qui s’en réfervent la pêche exclufivement à tous les autres, n’en prennent une demi-douzaine , dont ils vendent la plus grande partie au fort du Sénégal. Cette pêche ne {e fait qu’en décembre & janvier qui font les mois les plus favorables. La chair du lamantin eft un manger excellent : elle eft blanche comme celle du veau ou du cochon, & fa faveur tient de toutes les deux ; mais rarement eft-elle aufli tendre. En remontant le Niger au fortir des marigots de 7m Or : e déploie ans Kantaï & de Guiara, je vis le long de la côte de Bar- le Niger. 1e 144 VOOTYV' AG FE 1751. barie toutes les ravines que la mer avoit creufées la Décembre. weille en fe déployant vivement fur fes fables. Elle étoit encore aflez grofle alors pour épancher fes eaux dans le fleuve. Ce qu'il y a de remarquable dans cet effet des groffes mers, c’eft qu'il s’eft déclaré plufieurs années de fuite pendant le folftice d’hiver, & non dans les équinoxes , comme fi les marées euflent été plus fortes dans ces tems-là que dans ceux-ci. Crépufuls Quelque diligence que je fis, je ne pus rejoindre la JF fours. pointe de l’ifle du Sénégal qu’à fix heures du foir, & quand j'arrivai au fort il étoit déja nuit : car dans ces pays où les nuits font prefque toujours égales aux jours, le crépufcule eft très-court , & il ne fe pafle pas un quart-d’heure entre le coucher du foleil & les téne- bres ; enforte que dès qu’il eft à 10 ou 1 $ degrés fous l'horifon , elles fe répandent aufli-tôt fur la furface de la terre, & il y fait aufi noir qu’à minuit. Satisfait de ce que navoit appris une navigation non interrompue pendant plufieurs mois de fuite dans toutes les petites rivieres des environs de l’ifle de Sor, je ne voulus pas manquer l’occafion de voir le travail des labours qui devoient fe faire au commencement du mois de juin de l’année fuivante dans cette ifle. [usa Tous les habitans du village s'étoient rendus le 8 de + Ra grand matin à la campagne, à la fuite du Seigneur , en res lulile chantant & danfant comme dans un jour de fête : les uns portoient leurs tambours & leurs flutes ; les autres n’avoient pour tout inftrument qu’une petite bèche faite en croiflant , emmanchée avec un baton courbé ar le milieu & aflez long pour qu'ils ne fuflent pas obligés de fe baïffer en travaillant. Après avoir dan{é quelques 0 : : AUXSÉNÉ G A L. 145 quelques momens fur le lieu même, ceux-ci fans in- cerrompre la cadence , fe mirent à labourer la terreavec leur bêche , pour arracher les mauvaifes herbes. Pen- dant ce travail ils imicoient fi bien par leurs mouve- 1782. Juin. mens & leurs chants le fon & la mefure des inftru- mens , que l’on eût dir que tous ces laboureurs n’étoient que des chanteurs & des danfeurs. C’étoit un plaifir de voir comment ces gens fe démenoient, & toutes les contorfions qu'ils fe donnoient avec un air de conten- tement, felon que le fon des tambours étoit plus ou: moins vif & précipité , &.que les guiriots donnoient plus de feu à leurs chanfons. Ils ne devoïent quitter le travail qu’à la nuit; & deux jours après ils dévoient faire un fecond labour , qui confifte à creufer avec la inême bêche quelques trous, dans lefquels ils jettent une. petite pincée de mil, qu’ils recouvrent aufli-tôt de terre en la ramenant par-deflus avec le gros‘doigt du pied. Cette façon faite , ils fe repofent de tout le refte fur les pluies, & ils font difpenfés de tout travail jufqu’à la récolte. Leurs lougans, c’eft ainfi qu’on ap- pelle les campagnes labourées , font ordinairement fermées par une haie vive d’épines, ou d’une efpece de titimale qui ne vient jamais ni fort grand ni fort gros. Son écorce eft d’une blancheur qui le fait remarquer q quer” fur tous les autres arbres. Il croît fort vite , comme tous les bois mols ; & lorfqu'on Le coupe il répand une grande quantité de liqueur blanche & épaifle comme du lait, qui coule par ruifleaux. | Quand ces laboureurs furent bien en train de tra- vailler , je les quittai pour faire un tour en chaflant Semailless Titimale, Oïfeaux de l'ifle de Sor. juiqu’au village de Sor-ngufànn , qui eft à une petite 146 VOYAGE 5752. demi-lieue de Sor ou de Sor-baba. Je tuai des colibris, 4 des piverds, des perdrix, des alouettes & quelques oyes. Il eft ordinaire à ces troïs derniers oifeaux de percher fur les arbres ; chofe qui ne leur arrive guères Oye en France. L’oye de ce pays, que les nègres appellent hit , n'a rien qui flatte dans la couleur de fon plu- mage ; mais on remarque fur fa tête une bofle aflez grofle , couronnée de plufieurs caroncules qui lui fer- vent d'ornement, Ses épaules à l'endroit où fe fait l’in- flexion de l’aîle , font aufli armées d’une corne fem- blable à une épine , de près d’un pouce de longueur. Elle s’en fert fort adroïitement contre les oïfeaux de proye qui voudroient l’attaquer. Ma chafle fut augmentée de beaucoup par une dé- couverte que je fis en côtoyant le marigot voilin de Sor-baba. Des traces fraîchement imprimées fur le fable, & que je reconnus facilement pour être du cro- codile , piquerent ma curiofité : je voulois , en les fui- vant , aller à la rencontre de cet animal ; mais après lavoir cherché vainement, j'arrivai à un endroit dif tant de cent cinquante pas du marigot , où le fable paroifloit avoir été gratté. Mes nègres jugerent que ce pourroit être le lieu où ce crocodile venoit de faire Ponte ducro- {a ponte , & ils ne fe tromperent pas ; après avoir CAMES creufé environ un demi-pied, ils trouverent une tren- taine d'œufs , qu’ils emporterent comptant en. faire grand-chere: Ils n’étoient guères plus gros que des œufs d’oye, & répandoient une petite odeur de mufc qui auroit fans doute beaucoup plû aux perfonnes qui aiment cette odeur. I y avoit plus de trois ans que j'étois dans le pays A U* SÉ N É G'A L. 147 fans avoir encore pû contenter l’envie que j'avois de voir le quartier de la Chaux. C'eft un lieu auquel on a donné ce nom à caufe de la chaux qu’on y fait avec des coquilles qui y font en grande abondance. Comme il eft fur le bord d’une petite riviere qui communique avec le Niger, on y va facilement par eau en partant’ de l’ifle du Sénégal. Je ny rendis le 20 du mois d'août fur un bateau qui alloit prendre de la chaux. Il y a dans ce canton , comme dans les plus beaux pays du monde , de grandes plaines, d’agréables vallées , d’ex- cellens pâturages en tout tems pour le gros & le menu 17000 Juix. 20 Août. Voyage au marigot de la Chaux. bétail, & des petites rivieres dont les bords font cou- : verts de mangliers & d’autres arbres toujours verds. La principale de ces rivieres porte le nom de marigot de la Chaux. Elle eft grande & fort poiflonneufe : elle abonde fur-tout en grofles anguïlles, en carpets & en machoirans. Ce dernier poiflon eft fort bon & extrè- mement gras : mais il faut s’en méfier lorfqu’il eft en- core en vie; car il eft armé fur les deux nageoires des côtés, & fur celle du dos, d’un dard extrêmement pointu avec lequel il porte des coups dangereux à ceux qui fe mettent en devoir de le prendre. Les blef- fures en font venimeufes & fe guériflent difficilement. En mettant pied à terre fur le bord méridional de ce marigot, je me trouvai fur un banc de coquilles, dans lequel on avoit creufé un grand nombre de fours à chaux aflez près du rivage. Quoique dépourvu de terre, ce banc étoit couvert d’un bois très-épais : on y voyoit même quelques pains-de-finge de plus de trois pieds de diametre. Jé le fuivis en marchant toujours fur les coquilles jufqu’au village appellé Montel , qui . Ti Po fon: ap- pellé machot- tan, Banc de co- quilles, 148 | VOONT AIG E eft à plus de demi-lieue de là vers le midi, & je re- tournai par un autre chemin afin d'en reconnoître la largeur. Entre plufieurs chofes qui me firent plaïfir dans cette promenade , celle qui m’en procura davan- Chaffe au crocodile, tage, fut de voir la maniere dont un de mes nègres ua un crocodile de fept pieds de long. Il lavoit ap- erçu endormi dans les brouflailles au pied d’un arbre, fur Le bord d’une riviere. H s’en approcha affez douce- ment pour ne le pas éveiller, & lui porta fort adroite- ment un coup de couteau dans le côté du col , au dé- faut des os de la tête & des écailles, & le perça, à peu . de chofe près, de paït en part. L’animal bleffé à mort, fe repliant fur lui-même quoiqu’avec peine ; frappa les jambes du nègre d’un coup de fa queue , qui fut fi violent qu’il le renverfa par terre. Celui-ci fans lâcher orife , fe releva dans l’inftant, & afin de mavoir rien à craindre de la gueule meurtriere du crocodile, il len- : veloppa d’une pagne , pendant que fon camarade lui PP pagne , q Sa char fe mange. retenoit la queue : je lui montai aufli fur le corps pour Vafujétir. Alors le nègre retira fon couteau , & lui coupa la tère qu’il fépara du tronc. Cette expédition fut terminée en fort peu de tems. Ils firent tout leur poflible pour trainer le corps du crocodile jufqu'au bateau ; car il étoit trop pefant pour être porté : mais voyant leurs efforts inutiles, ils l’embarquerent dans un canot pour le remettre à bord. Cette action de bravoure mérita à mon nègre les éloges de tous les laptots du bateau , & des habitans du voifinage, qui connoïfloient depuis long-tems fon adrefle dans la chafle du crocodile. On fit honneur à fon gibier, dont on mangea dès le foir même plufieurs tronçons. Sa A Ù SÉNÉGAL. 149 chair dont je goûtai aufli quelques morceaux , ne me parut pas avoir une odeur de mufc aufli forte que l’on dit qu’elle a d'ordinaire, & je la trouvai fort man- geable. SPRL IREEERENNES 157150 Août, * Le jour fuivant je me promenaï de l’autre côté du . marigot de la Chaux, & je ne fus pas peu furpris d’y trouver un grand nombre de collines de fable rouge de plus de trente pieds de hauteur. Les néous(1), les déthars (2) & plufieurs autres arbres fruitiers don- .noient des marques aflurées de la fertilité de ce terrein… Je voyois à chaque pas fur les arbrifleaux des camé- ons, qui, lorfqu’on les touchoit , changeoïent en ”. noir leur couleur verte. Ils avoient alors beau jeu à faire la chafle aux fauterelles dont la terre étoit, pour ainfi dire, couverte; & ce feroit une erreur de croire que cet animal ne mange point ; fa maigreut ne doit pas nous en impofer. Tous ceux que je trouvai avoient leftomac rempli de papillons & fur-tout de fauterel- les, qui témoignoient qu’ils n’avoient pas obfervé un jeûne aufli rigoureux que le penfoit autrefois le vul- gaire: mais ce n’eft pas la feule erreur dont il ait befoin d'être défabufe. Pour revenir au banc de coquilles d’huîtres qui cou- vrént les campagnes de la Chaux dans une étendue de plus de demi-lieue, les nègres ont aufi leurs préjugés. Les uns racontent que ce banc eft l'ouvrage des finges du tems paflé ; & que ces animaux plus fréquens alors dans ces quartiers qu'ils n’y font aujourd’hui, man- gerent ces huîtres : les autres veulent que ce foient les dépouilles de celles que leurs peres ont boucanées, (1) (2) Nouvelles efpeces d’arbres non décrits. Caméleons, Sentimensdes nègres fur la formation des bancs de co- quilles. 150 «4 AVOOEVANGE TJ P c’eft-à-dire , féchées à la fumée , comme ils faïfoient en- core eux-mêmes il ny à pas longues années, lorfque les mangliers de cette riviere leur en fournifloient , comme font aujourd’hui ceux du fleuve Gambie. Les . françois qui ont examiné ces bancs , & qui ont entendu Retour à lifle cu Sénégal. raifonner les nègres fur leur formation, font aufli de ce dernier fentiment. Mais quand on leur accorderoit ces deux points, ils feront toujours embarraflés d’ex- pliquer comment ces coquilles ont pû s'arranger aufli regulierement qu'on les trouve, & fans aucun mê-. lange. D'ailleurs la quantité d’huîtres qu’on peut bou- caner & écailler en un jour eft fi petite en comparai- fon de l’amas immenfe des coquilles en queftion , & fuppoferoit pour la formation de ce banc un fi grand nombre de fiécles , que la chofe perd par la fupputa- tion toute vraifemblance. Sans avoir recours à des preuves aufli douteufes , pour expliquer comment fe {ont formés ces amas & quelques autres femblables , il fufht de confidérer ce qui fe pafle dans le fleuve de Gambie , où les huîtres qui y multiplient confidéra- blement fur les racines des mangliers, ont formées par leurs dépôts, dans plufieurs endroits de fon lit, des bancs de coquilles fort élevés : & l’on fera bien fondé à croire que ces endroits ont été autrefois des lits de rivieres où les huîtres vivoient aufli fur Les mangliers ; que ces lits ont changé fucceflivement de place , & que la mer en baiflant a laiffe ces bancs à découverts & aflez de niveau à huit ou dix pieds au-deflus de fa furface. Le 23 je retournai à l’ifle du Sénégal dans ma pi- rogue. Quoiqu’elle fût volage , & peu ferme fur. fon afliette , j'aimai mieux m'en fervir que d'attendre la À US: SÉN'ÉIGYA L. 151 commodité du bateau qui m'avoit amené. Mes nègres nagérent à l’envi l’un de l'autre , & me firent pañler en moins de deux heures les deux lieues & demi qu'il y a de la Chaux à l’ifle du Sénégal. Malgré les grofles vagues & un grain de vent que nous eûmes à la bande de left en fortant du marigot , nous ne reçûmes aucun coup de lame , & nous ne prîmes pas une feule goute d’eau , parce que nous étions à l'abri fous les mangliers. Le vent s'éroit calmé tout-à-fait, & il ny avoit plus que quelques vagues encore allez grofles , lorfqu’une pirogue fe mit à l’eau pour traverfer le fleuve. Elle étoit petite, & portoit trois hommes , dont deux pa- gayoient : dans cet exercice ils faifoient une efpece de mufique avec un refrain que j'entendois d’aflez loin, & qui n'étoit pas défagréable. Le nègre qui gouver- noit avec fa pagaye pour éviter les lames , fe trouva apparemment en défaut ; ou bien celui qui étoit occu pé vers le milieu à vuider l’eau qui entroit dedans, pen- cha trop d'un côté & fit perdre fon équilibre à la pi= rogue ; elle verfa & eux avec elle. Quoiqu’ils fuffenc fort habiles, ils eurent toutes les peines du monde à la remettre fur Peau ; à la fin cependant à force de la _poufler & de fe la renvoyer les uns aux autres par les extrémités, en reftant toujours à la nage, ils la vui- derent & remonterent dedans les uns après les autres. Dans toute autre circonftance on fe feroit diverti à voir leurs manœuvres, la force & ladrefle qu'ils mirent en ufage pour fe tirer de ce danger, & l’on peut dire qu'ils réuflirent parfaitement bien. Cet accident n’eft pas rare; mais comme ils font tous excellens nageurs, il eft inoui qu'ils y périflent. | Pirogue ver= te. Re Re SITES 17 52 Août. Serpentaéant, 152 AVOO Y'A GE Vers le milieu du mois fuivant on me fit préfent d’un jeune ferpent de l’efpece du ferpent géant. Ce préfent me fit plaifir, parce que c’étoit le premier de cette efpece que j'eufle vû : j'en conferve encore au- jourd’hui la dépouille en entier dans mon cabinet. Il venoit d’ètre pris dans le marigot même de l’ifle du Sénégal, & il étoit très-vivant. Il avoit trois pieds & un peu plus de longueur. Le fond de fa couleur étoit un jaune livide, coupé par une large bande noirâtre qui regnoit tout le long du dos, & fur laquelle étoient {emées quelques taches jaunâtres affez irrégulieres. Un luftre répandu fur tout fon corps, le faifoit briller comme s'il eût été verniflé. Sa tête n’etoit ni platte ni triangulaire, comme celle de la vipere, mais arrondie & un peu allongée. Ce ferpent tout petit qu’il étoit, fufhfoit pour me le faire diftinguer de toutes les autres efpeces ; mais ce n’étoit qu'une foible image des gros dont jamais je ne me ferois forme une idée jufte, fi peu de tems après on ne m’en eût apporté en difèren- tes fois deux médiocres, dont le plus grand avoit vingt-deux pieds & quelques pouces de Long fur huit pouces de large. Un cendré noir lavé de quelques lignes jaunes peu apparentes, étoit la couleur domi- . nante de fa peau , qui étant étendue avoit vingt-cinq à vingt-fix pouces de largeur : elle me fut laiflée toute entiere avec un tronçon de chair, dont le refte devoit faire le repas du chafleur & de tout fon village pen- dant plufieurs jours. La tête qui y tenoit encore, Éga- loit en grandeur celle d'un crocodile de cinq à fix pieds : fes dents étoient longues de plus d’un demi- , pouce, fortes & aïgues ; & l’ouverture de fa gueule auroit A U'SS ÉNFÉ"G À L. 153 auroit été plus que fuffifante pour avaler en entier un lievre & même un chien allez gros , fans avoir beloin de le mâcher. La vûe de ces deux ferpens, qui de l’aveu de mes nègres & de tous ceux qui en avoïent beaucoup vû, m’étoient que des médiocres, ne me permirent plus de douter de la vérité de ce que j'en avois entendu dire mille fois dans le pays, &'que j'avois mis au nombre des fables. Les nègres mêmes auxquelsj'étois redevable de ceux-ci , m'aflurerent que je n’avois rien vû de fin- gulier en ce genre , & qu'il n’étoit pas rare d’en trou- ver ; à quelques lieues dans left de Pifle du Sénégal , dont la grandeur égaloit celle d’un mât ordinaire de bateau. Des gens du Biflao difent en avoir vû dans leur pays qui auroient furpaflé de beaucoup ces pieces de bois. Il ne fut pas difficile de juger par la compa- raïfon de leurs récits avec les ferpens que j'avois fous les yeux , que la taille des plus grands de cette efpece appréciée à fa jufte valeur, devoit être de quarante à cinquante pieds pour la longueur, & d’un pied à un pied & demi pour la largeur. La maniere dont cet animal fait la chafñle n’eft pas moins finguliere que fon énorme grofleur. Il fe tient dans les lieux humides & proche des eaux. Sa queue eft repliée fur elle-même en deux-ou trois tours de cercle, qui renferment un efpace rond de cinq à fix pieds de diametre, au-deflus duquel s’éleve fi tête avec une partie de fon corps. Dans cette attitude & comme immobile, il porte fes regards tout autour de lui, & quand il apperçoit un animal à fa portée, il sélance far lui par le moyen des circonvolutions de fa queue V 1752 Septembre. Taille desplus grands, Maniere dont ils chaflent. L'rernes 5 e: se 0 | FAN Septembre. Leur uulité. 154 TV OMNT AGLE qui font l'effet d’un puiflant reflort. Si l'animal qu’il a atteint à belles dents eft trop gros pour pouvoir être avalé en fon entier , comme feroit un bœuf, une gazelle ou le grand belier d'Afrique , après lui avoir donné quelques coups de fes dents meurtrieres , il l’é- crafe & lui brife les os, foit en le ferrant de quelques nœuds, foit en Le preflant fimplement du poids de tout fon corps qu'il fait glifler pefamment deflus : il le re- tourne enfuite dans fa gueule pour le couvrir d’une bave écumeufe, qui lui facilite le moyen de lavaler fans le mâcher. Il a cela de commun avec bien d’autres ferpens & des lézards qui ne mâchent jamais ce qu'ils mangent , mais lavalent en entier. Ce monftre tout terrible qu’il eft par fa grandeur & fa force, ne fait pas tant de ravages que l’on pourroit l'imaginer. Sa grofléur qui le décele facilement par- tout où il eft, fait la füreté des animaux moins forts ue lui. Son corps roulé en fpirale fur lui-même, pa- roit de fort loin comme la mardelle d’un puits ; & c’eft un indice fuMifant aux voyageurs & aux beftiaux mêmes pour détourner leur route. On n'entend pas dire qu’il attaque les hommes, du moins les exemples de ceux qui fe font laiflés prendre font aflez rares. D'ailleurs la chaflé aux grands animaux ; tels que le cheval , le bœuf, le cerf, & autres quadrupedes fem- blables qui trouvent leur falut dans leurs jambes, ne le flatte pas beaucoup , {oït parce qu’elle lui donne trop de peine , qu’elle n’eft pas fi aflurée , ou qu'elle: n’eft pas tout-à-fait de fon goût. Il mange plus volon- tiers d’autres ferpens plus petits que lui, des lézards, des crapauds fur-rour & des fauterelles, qui ne fem- À U S'ÉANYÉOG"A L. rss blent naître par nuages dans ce pays que pour affouvir fa faim infatiable. On peut dire enfin à l'avantage de ces animaux , qu'ils font plus de bien que de mal, puifqu’ils purgent les terres où ils fe trouvent d’une multitude innombrable d’infeétes & de reptiles très- incommodes , qui feroient déferter les habitans des pays les plus fertiles où ils fe font établis ; & que les nègres ont intérêt de les laifler vivre en paix. Mais je reprends le fil de ma narration. La néceflité où je me trouvois de retourner dix fois dans les mê- mes endroits & en différentes faifons, me donna oc- cafion le 12 du mois d’oétobre de découvrir une chofe que jétois bien éloigné de penfer. En traverfant au moins pour la vingtiéme fois lifle au Bois pour ga- gner le village de Kionk, j'apperçus plufieurs petits poiflons dans des marais formés par l’eau des pluies. Ils étoient tous d’une même efpece , & le rouge vif dont ils étoient colorés me les fit reconnoître pour des rougets de la petite efpece. Les pluies avoient ceflé, & l'eau qui commençoit à tarir dans ces baflins , ne leur promettoit pas une longue vie. Ils devoient mou- tir bientôt , comme je le vis deux jours après que le terrein fut defléché. L’efpece devoit , ce femble, être perdue fans reffource pour ces endroïits : point du tout, Pannée fuivante il en reparut de femblables à ceux-ci, -& à ceux des années précédentes. Voilà un fait qui eft d'autant plus digne de remarque, qu’on ne voit pas É7N2 Septembre. 12 O&tobre. Promenece à l'ifle au Bois. Rougets. par quel moyen ces poiflons ont'pû être amenés dans. ces endroits: car d’un côté ces baflins, quoïqu’enfon- / cés, n’ont aucune communication avec les eaux du Niger qui en eft éloigné d’environ trois cens toiles ; Vi 17512) Octobre. Arrivé au vil- lage deKionk. Incommodi- té des marin- goins, 156 VO: Y A"G E7 d’ailleurs Pefpece de ces poiflons eft étrangere à ce même fleuve , enforte qu’on ne peut pas croire que les oifeaux aquatiques en ayent apporté les œufs. On ne dira pas, fans doute, que les rougets dépofent tous les ans leurs œufs dans le fond de ces baflins où ils fe con- fervent pendant neuf mois de fécherefle jufqu’au re- tour des pluies, puifque la même difficulté fubfifteroit toujours à l’épard de l'origine des premiers. IL feroit pour le moins aufli abfurde d'imaginer que leurs fe- mences ont été enlevées dans d’autres lieux avec des vapeurs, qui ,en retombant, les ont difperfées çà & là dans différens baflins. Je ne m’arrêtai dans ces marais que le tems qu’il fal- loit pour les traverfer , parce qu'il étoit fort tard. Je palai enfuite dans une belle campagne où au milieu d'une quantité prodigieufe de plantes peu connues, le narcifle en cloche (1) fe diflinguoit autant par fon odeur gracieufe que par la blancheur de fes fleurs. J’ar- rivai à Kionk à l'entrée de la nuit, que les maringoins me firent pafler fort défagréablement. Malgré toutes les précautions que le gouverneur du village avoit pris pour me garantir de leurs pourfuites, en me lo- geant dans une de fes cafes , nouvellement recrépie d’un torchis de boufe de vache, & où il faifoit entre- tenir une épaifle fumée , il en entroit encore affez pour me défefperer. Ces infeétes incommodes , & encore. plus la mauvaife odeur du crépi, & la fumée infuppor- table à tout autre qu'à des nègres , me forcerent de déloger. Je courus tout le village de cafe en cafe cher- (1) Narciflus Ceylanicus, flore albo hexagono odorato. Comm. Horr, ÆAmfl, vol. 1. pag. 75. tab. 39, À UM S'ÉLN É'G' À L. 157 chant un meilleur gîte. Par-tout où J'entrois je voyois les lits bien remplis : peres, meres, enfans, hommes, femmes, filles & garçons, tous étoient pêle-mêle cou- chés côte à côte, quelquefois cinq ou fix & même jufqu’à huit fur un même lit, vêtus comme quand ils fortirent du ventre de leur mere. Mais ce qui me y AE Oûobre, Les nègres couchent pê- le-mêle, frappoit le plus , c’étoit la tranquillité avec laquelle ils dormoient au milieu d’une fumée fi épaiñle qu’elle fembloit devoir les fuffoquer. Enfin après bien des tours, il ne me refta plus qu’un parti, qui fut de me coucher dehors fur un couple de nattes étendues entre deux feux , où les maringoins me firent encore acheter bien cher quelques momens de repos. . Dès que le jour , que j'attendoiïs avec impatience , commença à paroître , le maître du village voulut me donner le plaifir de la promenade ; il me conduifit dans fes jardins. Tous les environs en étoient fort agréables : ce qui n’étoit pas en labours, formoit de vafles prairies , femées çà & là de bouquets de man- gliers & de pains-de-finge , qui faifoient un payfage charmant. Le petit mil dont les nègres fe nourriflent, & qu’ils nomment en leur langue dougoup-nioul (1), montroit alors fes épis dorés. Ils étoient proches de leur maturité, & attiroient une multitude infinie d’oi- feaux qui y failoient des ravages confidérables. Pour 8 les épouvanter les habitans avoient croifés leurs lou- gans d’un grand nombre de fils auxquels étoient fuf- : pendus des coquillages , des os & d’autres corps fem blables capables de faire du bruit en fe choquant les uns contre les autres. Quatre cordes qui devoient faire (1) Panicum Indicum , fpicà Jongiffimä. C, B. Pin. pag, 27. Champ de pe- tit mil, Induftrie des nègres pour écarter les oi- eaux, BMETE 4,71 GS ÉD BESS LES LR Oobre. Nuées de moineaux. Champs d'in- digo , de ta- bac, &ce 158 VOYAGE jouer le tout, répondoient aux quatre coins du champ, où autant de femmes ou d’enfans perchés fur des an- gards ou plateformes couvertes , de fept à huit pieds de hauteur , faifoient la garde , & mettoient le tout en mouvement en tirant chacun leur corde, aufli-tôt qu'ils voyoient approcher les oifeaux. Ils joignoiïent encore à ce bruit celui de leurs voix & le claquement de leurs mains. Cet exercice devoit continuer jufqu’à ce que le mil fût en état d’être coupé : cependant mal- gré tous leurs foins, il fe faifojt toujours du pillage, & leur vigilance étoit fouvent trompée. Les petits bengalis, les moineaux noirs & rouges, & d’autres oïfeaux fort jolis qui changent de couleur une fois l'année , & que nous nommons fénépalis, sy ren- doient tous les matins par troupes : mais le fléau le plus terrible étoit une groffe efpece de moineaux jaunes & noirs ; ils venoient par nuages fondre comme une rêle fur les moiflons , & quand ils avoient porté la défolation dans un quartier , ils pafloïent dans un au- tre. Pour peu qu’ils y demeuraflent, & fouvent même avant que les nègres euflent eu le tems de faire jouer leurs épouvantails, ces moineaux avoient déja caufé des défordres irréparables. J'ai là je ne fçai dans quelle relation , que les Egyptiens n’ont pas recours à d’autre artifice ; mais il faut ou qu’ils fement davantage de grains , ou que les moïineaux deftructeurs foient en moindre grande quantité chez eux, puifqu’on n’en- tend pas dire qu’ils y occafionnent des famines aufli fréquemment que chez nos nègres. : Auprès de ces champs de mil il y avoit des lougans de coton, d'indigo , de tabac , de melons-d’eau , d’ha- AU S\É.N' ÉG/A L. 159 ricots & d’autres légumes. Chacun d'eux étoit fermé d'une haie d’épines, fur laquelle ferpentoit une efpece de concombre fauvage, connue dans le pays fous le nom de moï-mot (1). Cette plante étoit chargée de pe- à 17 0 O&obre. Moï-moiï ef ece de con- tits fruits d’un beau rouge de corail , dans leur parfaite combre tu- maturité , & dont quelques-uns même avoient été attaqués par les ferpens, les lézards & les oifeaux. Mes gens qui les apperçurent , en cueillirent plufieurs qu’ils me préfenterent après en avoir goûté. Ce fruit m’étoit fort connu depuis long-tems : j'en avois vû fouvent ufer aux gens du pays, & moi-même j'en avois mangé plufieurs fois fans conféquence jufqu'à une douzaine, pour me défaltérer dans Les grandes chaleurs ; jamais je n’en avois été incommodé. Je m'avifai ce jour-là d’en manger une plus grande quantité : je dînai vers le midi d'un grand appétit, & je foupai de même fans avoir aucun preflentiment de ce qui devoit m’arriver. Ce ne fut que vers les neuf heures du foir que ce fruit commença à faire fon eflet : je fus furpris fubitement p d’un fuffoquement , &enfuite tourmenté auffi violem- ment que par lémétique le plus puiflant que j’eufle encore éprouvé ; ce qui dura pendant près de huit . heures. Un de mes nègres âgé de vingt ans, & qui avoit mangé de ce fruit beaucoup plus que moi , fut attaqué de même vers le minuit; mais il n’en fut pas quitte à fi bon marché. Cet émétique agit fur lui pen- dant plus de vingt-quatre heures , avec une force qui ne lui permit pas de fe reconnoître pendant tout ce tems, & penfa lui coûter la vie. Quand on auroit fait (1) Bryonia folio angulofo acuto glabro. Burm. Thef. Zeyl, pag. 48. tab. 19. fig. 3. Y CHAE Effets tetri bles de cette lante, Fête du T:- baské. Bal général. 160 VOYAGE une femblable expérience à deflein , je ne crois pas qu’on eût pû en efpérer un fuccès plus favorable : & ce qu'il y eut de plus remarquable dans celle-ci, c’eft que chacun fut incommodé à proportion de la quan- tité qu'il avoit mangé de ce fruit ; qu'il n’agit en au- cune maniere fur celui qui s’en étoit tenu à une dou- zaine , & que le plus incommodé fe trouva deux jours après aufli bien portant que s’il n’eût jamais été tour- menté de cet émétique. Il n’ennuyoit de tant fouffrir à Kionk : je retournai à l’ifle du Sénégal , où j'arrivai aflez à tems pour aflifter à la fète du Tabaské. Les mahométans de la fecte de Sina-Ali ont inftitué cette fête en mémoire de la naïf- fance de ce Prophète; & elle tombe tous les ans vers le milieu de la lune d’octobre : cette année on la célé- bra le 18. Tout ce jour fe pafla dans les feftins & les réjouiflances , où l’on ne penfa à rien moins qu’au Saint dont on honoroit la fête, & il finit par un bal général dans la favane qui fait face au fort, où fe rendirent des gens de tout fexe & de tout âge. Le bal fut ouvert à quatre heures du foir par des danfes au fon des tam- bours, des flutes, & des voix des muficiennes. La jeu- nefle dans fes plus beaux atours, montra tout ce qu’elle {çavoit faire en ce genre. Quand on eut bien fatigué pendant deux heures à danfer fuivant le goût du pays, c'efl-à-dire , dans les poftures & les mouvemens les plus indécens & les plus oppofés à l’idée que nous nous fommes formée de la modeftie & de la pudeur, la fcène changea. On fit place aux gens de diftintion & aux feigneurs : on ouvrit un grand cercle , où ils entrerent montés fur leurs chevaux parés magnifique- ment; A UËS É'N É G A L. 161 ment. Rien n'étoit plus divertiflant que de voir ces fuperbes courfiers , oublians pour ce moment leur ar- deur , fe conformer au deflein de la fête : ils levoient leurs pieds, & en frappoient la terre légerement & en cadence : tous les mouvemens de leur corps s’accor- doient avec une juftefle admirable au {on des inftru- mens ; enfin rien ne reflembloit davantage à une danfe bien conduite & bien mefurée que leurs geftes. II fem- bloit que la fête étoit pour eux, tant ils paroifloient y prendre de part, & tant ils étoient fenfibles aux applaudiflemens. Je ne crois pas qu’on puifle donner un fpectacle plus brillant que celui d’un cheval dreffé dans cet exercice , & {ur-tout d’un cheval de la beauté & de la finefle de nos barbes du Sénégal. Les cavaliers eux-mêmes n’ajoutoient pas peu d'agrément à tous ces jeux : ils guidoient leurs chevaux & leur faifoient imi- ter tout ce qu'ils vouloient repréfenter , en feignant par leurs geftes & leurs attitudes , tantôt un combat, tantôt une lutte, une chafle ou une danfe. Les fpecta- teurs épris d’une merveilleufe admiration, ne virent approcher la nuit qu’à regret : elle vint trop tôt pour eux, & mit fin à ces divers amufemens qui ne refpi- roient que la joie, le badinage & le plaifir. Un voyage par terre de l’ifle du Sénégal à la Chaux devoit me donner de nouvelles connoiïflances d’un canton qui m'avoit paru fi beau. Je l’entrepris le 4 de novembre : ma pirogue mme fit faire cinq quarts de lieue par eau jufqu’au port de Galel, où je pris terre pour me rendre au village du même nom, à cinq cens toifes environ du rivage. On y arrive au travers des fables découverts, fur lefquels foufHoit ce jour-là un vent h 74 a, FRERES PAS NZ A 1762. Cétobre. Où danfen! les chevaux. 4 Novembre. Voyage par terre à la Chaux. RD TES 1752. Novembre. Vent d’eft brûlant, Difficulté de voyager pen- dant ces vents, 162 MOONT ASC E d’eft des plus chauds qu’on eût encore fenti dans la faifon : mais les chaleurs que je fouffris en les traver- fant n'étoient rien en comparaifon de celles qui m’at- tendoient {ur le chemin de la Chaux. FPavois une bonne lieue à faire pour my rendre. Je fis route d’abord dans une plaine fabloneufe & difh- cile, où entrautres arbres épineux & qui fe plaifenc dans les terres les plus arides , je rencontrai celui que les oualofes appellent niotoutt : il porte beaucoup de cette gomme réfine connue fous le nom de édellium , & fes branches fervent de fokiou , c’eft-à-dire, de cure- dent aux femmes du pays. Quoique le foleil ne fût pas encore au milieu de fa carriere ,ilavoit déja mis les fables en feu : mes fouliers furent bientôt fendus & brûlés par leur ardeur. Dans tout autre tems j'auroiïs arrofé ces fables brûlans de mes fueurs ; mais le vent d’eft étoit de fa nature fi ec, que malgré la grande chaleur de l'air & du foleil , la peau étoit defléchée avant que la fueur eût le tems de fe déclarer au dehors. Des picotemens cuifans fe répandoient fur tout le corps ; & fouvent le fang s’ouvroit , au travers des pores de la peau , un pañlage que la fueur n’avoit pû y trouver. La couleur noire de mes nègres s’étoit chan- gée en un rouge cuivré : une foif ardente, compagne inféparable de la grande fécherefle, leur faifoit montrer la langue pour refpirer plus facilement : elle me pref- {oit bien autant qu'eux ; & je puis dire que ce n’eft pas le moindre tourment dans des plaines arides où l’on ne trouve pas une feule goute d’eau. C’eût été, fans doute , une grande confolation pour nous, altérés comme nous l'étions, & prefque rôtis par le foleil : maïs AU SÉNÉGAL. 163 les habitans de ce pays n’ont pas lufage, comme dans bien d’autres pays beaucoup moins chauds , d’entrete- nir des réfervoirs d’eau fur toutes les routes pour le {oulagement des voyageurs. Après une heure de marche dans ces fables au foleil le plus ardent, j'entrai dans une prairie aufli féche , & toute remplie de joncs épais , de trois à quatre pieds de hauteur, qui mettoient ma patience à l’épreuve. Le peu d’eau que j'y trouvai étoit faumtre , croupie & gâtée par les crabes. Jamais je navois tant vû de ces animaux , que j'en découvris dans ce quartier-là. Les uns étoient rouges, d’autres étoient cendrés tirans fur le noir, avec des mordans fi prodigieux , qu’ils au- roient pû facilement m’embrafler la jambe fans la fer- rer. Enfin cette forêt de joncs continuels, car ce fut uniquement ce que je trouvai dans l’efpace d’une demni- . lieue, me conduifit jufqu’au banc de la Chaux. Sade É / . ; + étois aflez fatioue r me repofer : , J’étois aflez fat gué pour me repofer : je m'y arrêtai quelque tems , & je dinai fous les arbres, avec quel- ques provifions & un melon-d’eau que j'avois pris à Galel. L’ufage de ce fruit eft extrêmement fain, fur- tout après le repas, & j'en ai mangé fouvent pour mon deflert plus de cinq à fix livres fans en être incommodé ni furchargé , quoique j'eufle déja bien dîné. Etant aflis fous ces arbres, j'entendis les perruches & les perroquets fur ma tête, & je voyois tomber à mes pieds les grai- nes d’acacies & de gommiers qu'ils épluchoiïent en mangeant. Cependant mes nègres que les chaleurs du foleil & du fable avoient beaucoup incommodés , fe frotterent le front avec des crapaux vivans , dont ils trouverent encore quelques-uns fous les brouffailles : X i] CPTPRRCSES GENS LIVES AE Novembre, Crabes dont les mordans font mont trueux. Diner fous es arbres. Les crapaux font un reme- de pour la mi- graine, CARE "| 1 - » No; embre, Oiïfeaux de la prairie de la Chaux, Les règres brûlent tèrres, leurs 164 VOYAGE c'eft aflez leur coutume lorfquls font travaillés de la migraine, & ils en furent foulagés. Je n’en fouffrois guères moins qu'eux, & j'aurois fuivi volontiers leur exemple ; mais le défaut d'habitude & une certaine répugnance prefqu’invincible, que je crois naturelle à routes les perfonnes qui ne font pas accoutumées à manier ces fortes d'animaux , m’empècherent d’avoir recours à ce remede tout innocent & falutaire qu'il eft. La route que javois tenue en allant à la Chaux fut auf celle que je pris à mon retour, car il n’y en avoit point d’autre. Je tuai dans la prairie un flamanc (1) & une outarde d’une autre efpece que celle d'Europe. Elle en differe par la couleur du plumage , qui eft gé- néralement d’un gris cendré : fon col ceft aufli beau- coup plus long ; & elle porte, comme l’alouette , une cfpece de houpe fur le derriere de la tête. Les françois du pays lui ont donné le nom d’autruche volante. Ce . n'eft pas ici le lieu d’examiner fi ce nom lui convient ; mais on peut dire que cet oïfeau reflemble à lautruche à bien des égards. Il évoit fort tard quand je pañlai à la vûe de Galel; & les nègres avoient mis le feu aux herbes & aux brouffailles de la campagne , autant pour la rendre pra- ticable, que pour la mettre en état d’être enfemencée Pannée fuivante. Aïnfi la chaleur du feu fuccéda cette nuit à celle du foleil : je marchaï à fa lueur jufqu’au port où je m’embarquai pour l’ifle du Sénégal. Jy ar- rivai fi las & fi fatigué, aufli-bien que mes nègres, que je ne crois pas avoir jamais eu plus befoin de repos. Dans ce voyage & dans tous ceux que je faifois (1) Phœnicopterus Bahamenfis. Caresbi, vol. 1. tab. 73 & 74. A US Ê NÉ GA L. 165 depuis le mois de juin, j'avois pour objet principal de prendre connoifflance des plantations d'indigo. J'étois curieux de fçavoir la quantité & la qualité de celui que les nègres cultivent aux environs de lille du Séné- gal, parce que mon deflein étoit de réitérer quelques épreuves dont j'avois fait part dans fon tems à M" de la compagnie des Indes. Les nègres ne font pas beau- Ë ; É coup de façons pour tirer la teinture de cette plante. Ils fe contentent d’en cueillir les feuilles en tel tems de l'année que ce foit, de les piler dans un mortier pour les réduire en pâte, & d’en faire des pains qu'ils confervent au fec. Quand ils veulent s’en fervir, ils les font difloudre dans une efpece de leflive faite avec les cendres d’une plante grafle qui croît dans leurs prairies, & qu’ils nomment rhéme(r). Cette diflolution prend une teinte d’indigo, dans laquelle ils trempent leurs toiles à froid , autant de fois qu’ils jugent la chofe né- ceflaire pour leur donner une couleur plus ou moins foncée. Je ne fçai quelle fympathie ont les cacrelats avec lindigo , mais toutes Les fois qu’il n’arrivoit de laïfler pendant la nuit quelque botte de cette plante dans ma chambre, jétois für d’en trouver le lendemain plu- fieurs centaines qui s’y étoient logés: il fembloit même que tous s’y étoient raflemblés. Ces infectes font aufi incommodes qu’ils font communs fur l’ifle du Sénégal. Quoiqu’ils aient à peine la groffeur du doigt, ils font des ravages incroyables. Ils rongent les linges , les draps, les bois, les papiers , les livres, enfin tout ce qui fe trouve expofé à leurs dents:ils attaquent même (+) Portulaca marina latifolia, flore fuave rubenti. Plum, Car, pag. 6. LS 22 Novembre, Maniere dont ils préparent 1 l'indigo. Cacrelats, Incommodité de ces infec- tes, a | ————_—_—— 1752. Novembre. Puces du fa- ble, ‘ 166 VON AGE l’aloë dont l’amertume écarte tous les autres infectes, Ils font encore fort défagréables par l’odeur infeéte qui fort de leur corps, & ce font les ennemis les plus ter- ribles de ceux chez qui ils fe font logés ; car ils ne for- tent que la nuit, & voltigent de tous côtés dans les chambres où ils font un bruit pareil à celui que l’on entendroit dans une voliere bien garnie d’oifeaux. En- fin le cacrelat multiplie fi prodigieufement , que ce {eroit un animal pernicieux , dangereux même, sil mavoit un grand nombre d’ennemis. Ceux qu'il a le plus à craindre font l’araignée & le fourd : c’'eft une efpece de lézard que l’on dit veni- meux ; il en eft aufli friand que l’araignée. Tous deux fe logent comme lui dans les chambres, pour lui faire une guerre continuelle qui aflure la tranquillité des habitans chez lefquels ils fe font une fois établis. Le hériflon lui fait aufli la chafle. Celui du Sénégal ne differe de celui d'Europe que par la groffeur. Il pafle, comme lui, quelque tems de la bafle-faifon , c’eft-à- dire, de la faifon froide & fèche , dans une efpece de fommeil léthargique , pendant lequel il s’abftient de nourriture , & fort rarement pour la prendre : mais aufi fçaitl pendant les nuits d'été réparer le tems perdu. J'en ai élevé un pendant plus de trois ans dans ma chambre , où il me rendoit de grands fervices en me délivrant des araignées, des cracrelats, des fourds, des fourmis & autres animaux dont elle étoit infectée. Le hériffon eft un manger très-délicat & d'un grand goût , fur-tout lorfqu’on le prend vers le tems où il commence à entrer dans fon fommeil léthargique. Une autre incommodité fur-tout pendant l'hiver AUS ÉINMÉICGNA L: 167 PRES ou la bafle-faifon, ce font les puces du fable. On les 1732. appelle ainfi, parce qu’elles fe logent dans les fables SAGIÈES des cafes habitées. Ils en font f1 remplis , que dès qu'on y a mis le pied , il en eft aufli-tôt couvert ; & leur petitefle eft telle que ce n’eft que par leur grand nombre qu’on peut les appercevoir. Leurs piquüres ne font pas bien vives : cependant lorfqw’elles font aflez multipliées , elles font l’eflet d’un picotement ou d’une démangeaifon qui n’eft guères fupportable. Ce que cet infecte a de plus fingulier , cet qu'il ne faute & ne monte jamais plus haut que trois à quatre pouces, en- forte que toutes les fois que l’on à l'attention de fe tenir un demi-pied au-deflus de terre , on eit für de avoir rien à craindre de fa part. Je crois que c’eft ici le lieu , puifque je fuis fur l’ar- Avanragesds ticle du Sénégal , de parler aufli de quelques-uns de fes c. ei avantages. Quoique les chaleurs de fon climat foient exceflives, & même telles que l'hiver y eft beaucoup plus chaud que l’été de la France , elles font cependant lupportables. On s’y accoutume peu à peu, parce que ss chaleurs l'air eft rafraichi tous les jours par des vents qui vien- mi ds nent fucceflivement de la mer & des terres. On peut aufli fe procurer de la fraicheur , ou en s’expofant au vent ,ou en fe mettant à l’ombre dans Les maifons lorf. qu’elles font bien percées & que les fenêtres font gar- nies de chaflis de toile bien claire. C’eft à ces chaleurs qu’on ef en partie redevable de _ Ses fables la fertilité des terres. Les fables de cette ifle font au- met "#7 jourd’hui des jardins d’un grand rapport. Indépen- damment des légumes & des fruits du pays, tels que Pofeille de Guinée, la batate , l'ananas, l'orange , la 168 VOYACE 752. BOyave & quelques autres , on y cultive pendant l’hi- ‘ver la plüpart des herbages & des légumes de l'Europe. Le figuier , le grenadier & la vigne fe chargent tous les ans d’excellens fruits. Avec un peu de travail & de {oins, il n’y a guères de fruits ni de graines qu’on n’y recueillit en très-grande abondance, on en retireroit tout ce qu'on voudroit , & généralement tout ce qui eft nécefaire à la vie. Enfin le terrein de l’ifle du Séné- gal, tout fabloneux qu’il eft, produit avec tant de facilité, que beaucoup de plantes portent plufieurs fois l'année. C’eft ce que j'ai éprouvé par moi-même dans un jardin que je deftinois à ces expériences; & chofe qui paroîtra fans doute furprenante, c’eft que j'ai femé cels & tels légumes dont j'ai fait plus de douze récoltes dans la même année ; mais jen renvoie le détail curieux à un autre ouvrage. Abondance IL n’y à peut-être pas de pays au monde où les vo- ss vohile. Jailles foient plus communes. On y éleve des cogs- d'inde, des pintades, des oyes, des canards & une pro- digieufe quantité de poules. Les pigeons y font d’une délicatefle achevée. Les cochons y multiplient beau- Du poiffon. Coup. La pêche n’y eft pas moins abondante, & le Ni- ger eft fi poiflonneux que j'ai vû des tems où l’on pre- noit les carpets à la main. Ce fleuve fournit avec le lamantin , des capitaines , des mulets ou cabots , des furmulets, des foles , des raies, des racaos & d’autres poiflons excellens : on y prend aufli beaucoup de cre- vettes , d'hommars & de crabes d’une grande bonté. La plüpart de ces poiflons viennent de la ner, & l’on prétend que pris dans ce fleuve ils font meilleurs, parce que le mélange de l’eau douce avec celle de la leur AU SÉNÉG A L. 169 leur donne plus de délicatelle. À tous ces agrémens on peut ajouter encore le plaifr de la chaîle : on trouve fur cette ifle des petites poules-d’eau , des bécailes de plufieurs efpeces , des alouettes ; des grives, des per- drix de mer, & des lavandieres jaunes, ou pour dire quelque chofe de mieux , les ortolans du pays: ce font des petits pelotons de graifle d’un goût excellent. La feule chofe qui manque à l’ifle du Sénégal , ce ES TREETIEPN TEEN font les promenades : elle eft , dit-on, trop bornée, &: trop à découvert. On pourra, fans doute, y faire des avenues, des allées couvertes & s’y procurer de Pom- bre, quand on voudra y planter des pains-de-finge & d’autres arbres qui {e plaifent dans les fables noyés : mais à quoi bon prèter ainfi une retraite aux marin- goins , voifins encore plus incommodes que les cha- leurs? De quelle utilité feroient ces avenues dans un ays où la promenade n'eit de faifon qu'après le cou- ‘cher du foleil ? Doit-on les regretter quand on a des jardins où une verdure toujours naïflante & non inter- rompue préfente chaque jour denouvelles décorations, où un grand nombre de fleurs aufi agréables par leur odeur que par la variété de leurs couleurs , croiflent prefque fans foins & fans culture? On y voit des bali- lics de toutes les grandeurs & de toutes les couleurs, les tubéreufes , les narcifles à cloche, les lis-afphodeles, parmi lefquels la belle-de-nuit , l'œillet-d’inde , les amarantes & le grenadier en fleur font un très-bel effer, Les lézards bleus & dorés, les papillons & d’autres in- ‘fectes tous également beaux ;{e plaifent à y venir mê- langer leurs différentes couleurs, & diverfifient agréa- blement luniformité qui eft ordinaire à la plâpart des jardins, AE à | Agrémens des arclins. 170 VO Y'AïG É Lo CT DT 1752 Javois levé les plans de Pifle au Boïs , de celle de cab ee Griel , de la Chaux, de l’ifle de Sor, de Bokos & de virons de l'if- le du Sénégal plufieurs autres ; & il ne me reftoit plus qu’à y joindre FES celui de la pointe de Barbarie & des falines, pour avoir une carte complette des environs de l’ifle du Sénégal, depuis le village de Mouitt à lembouchure du Niger, juiqu’à celui de Torkhod à fepr lieues de diftance dans le nord. L’envie que j'avois que rien ne manquât à cet ouvrage déja fi avancé , & qui m’avoit tant coûté de peines & de voyages dans des fables brûlans , me fit mm CNCOre entreprendre celui des falines. Je m'embarquai 27 55. le 15 de juin 1753, dans un bateau qui alloït y faire voye ax a traite du fel. Comme il étoit bien équipé & que ‘isa le vent fut favorable, on eut bientôt pañlé lifle aux Anglois, qui n’eft qu'un morceau de terre noyée, de cent toifes de diametre , couverte de rofeaux & de manpgliers prefqu’impénétrables. On paña aufli promp- tement l’ifle de Bokos, & quand on fut par le travers de la pointe méridionale du marigot de Del , je mis pied à terre pour toifer les environs, pendant que le bateau continuoit à route pour fe rendre au lieu du mouillage. Pete frpens En marchant dans les fables de cette pointe, je ren- mms CONtrOIS fi fouvent des ferpens , qu’ils fembloient naï- tre fous mes pas: heureufement ils n’étoient ni grands ni venimeux ; à péine avoient-ils la grofleur du petit doigt , enforte que leurs morfures ne pouvoient être dangereufes. Ces fables me conduifirent aux falines que je trouvai à deux tiers de lieue du marigot. Ce Bains ce: font des efpeces de marais de deux à trois cens toiles ©" de longueur fur un tiers de largeur, rempli d’une A U* SÉ N É G AL. 197 eau falée & extrêmement âcre. Cette eau el fi chargée de fel qu’elle en rend le tiers de fon volume & même davantage; & en fe criftallifant elle couvre leur fond d'une croûte épaifle & fort dure. Les nègres entrent jufqu’aux genoux & fouvent davantage dans cette eau , que les ardeurs du foleil rendent comme bouil- - lante. Ils font armés de pieux d’un bois fort dur , avec lefquels ils caflent le {el , qu'ils portent enfuite {ur le bord du fleuve , où les françois le traitent avec eux. Ce {el eft communément d’une blancheur éblouiffante ; il y en a aufli d’incarnat : mais de telle couleur qu'il foic, il a toujours une âcreté & une amertume défagréable: c’elt cette qualité corrolive qui le rend peu propre aux falaifons des viandes & du poiflon. On pourroit croire que ces marais falans ont quel- que communication avec la mer : je Pavois foupçonné de même avant de m'être tranfporté fur les lieux ; mais Jen ai reconnu ce jour-là Pimpoflibilite. Ils font fépa- rés da Niger par une terre de plus de cinq cens toiles, où il s’éleve une chaîne de dunes , au pied defquelles fes eaux, & celles de la mer même la plus courroucée, “arrivent jamais. Le nivellement que j'ai tiré Le même jour de tout ce terrein , na aufli fait connoître que le fond de ces marais eft au-deflus de la furface des eaux du fleuve ; d’où je conclus qu'il faut chercher ailleurs que dans la communication actuelle des eaux de Ja mer , la caufe & l’origine du fel qu’on retire tous les ans en fi grande abondance de ces falines. N'ont aucue ne communi- cation avec |z mer, L'Auteurs'en aflure par un nivellement. Lorfque j'eus examiné les falines & fini tous mes nivellemens , je me rendis à l’efcale , dite l’efcale du Piquet ,où devoir fe faire la traite, & vis-à-vis laquelle Y ij 172 VOYAGE 1753. le bateau étoit mouillé. L’employé de’traite avoir déja fait élever une tente fur le rivage, & coriftruire les cabanes de feuillées {ous lefquelles nous devions coucher. Le feigneur nègre, maître des falines appellé autrement Korom-affou où Kram-affou , averti de fon Portrait du arrivée , vint lui rendre vifite. C’étoit un homme qui Do paroïfloit avoir environ quarante ans : il étoit grand & bien fait. Sa couleur n’étoit pas d’un noir bien fon- cé, mais teinte d’un peu de rouge. Il avoit Pair noble quoïqu l ne fût pas beau, l’efprit vif, les manieres ai- fées , le ton de voix dous & agréable : il s’expliquoit bi & parloit gravement. Après une demi-heure de converfation, quand ce feisneur fut convenu de tout avec l'employé pour la traite, il nous conduifit à un quart de lieue de là au village de Guébenn dont il Maniere dont Étoit gouverneur. Il nous y reçut fort civilement, & Leo A même avec une politefle que l’on n’auroit pas cru de- voir rencontrer dans un homme de fa couleur. Une collation de lait doux, de vin de palme, des prunes d’icaque, appellées ourar , & d’autres fruits du pays nous attendoit. Il avoit fait raflembler toute la jeu- nefle du village pour nous donner un bal ; & elle nous accompagna en danfant au fon des voix & des inftru- imens jufqu’ à l’efcale, où l’on continua la danfe & les jeux juiqu à la nuit. ne danfe eft la paflion favorite des nègres, & l’on voit au milieu de ces bals jufqu’aux en NE qui peuvent à peine fe foutenir ;on diroit qu'ils font nés en danfant, à voir la juftefle avec Haquelle ils marquent la otre dans tous leurs mouvemens. Les mêmes amufemens recommencerent tous les foirs des jours fuivans : enfin ce galant homme fit tout fon pof À US ÉINYÉ GA. LE. 173 fible pour nous procurer quelques divertiflemens ; & ce metoit pas une petite confolation pour nous dans un quartier fi défert & fi dépeuplé. Le lendemain j'allai reconnoitre les énvirons de Mouitt, qui eft à deux tiers de lieue dans le fud de l’efcale du Piquet. C’eft un village aflez grand & fort commerçant , fitué avantageufement fur une colline bien plantée de pains-de-finge & de figuiers fauvages d’une grande hauteur : ces derniers arbres ont beau- coup de rapport avec le fycomore des anciens. En che- min faifant je pañlai par un grand nombre de petites falines remplies d’un {el fort rouge & infiniment plus âcre & plus corrofif que celui des grandes falines de Guébenn. Je rencontrai aufli des renards , des gazelles, & les veftiges des fangliers & des loups fraîchement imprimés fur le fable : mais la chafle de ces animaux qui m'étoient aflez connus, ne me tenta pas tant que celle de certains oifeaux noirs que j'apperçus à lorient du village. Ils étoient fi femblables aux coqs-d’inde -pour la grofleur & le plumage, qu’on s’y feroit faci- lement trompé. J'en tuai deux d’un même coup, l’un mâle , & l’autre femelle. Tous deux portoient fur la tête une efpece de cafque noir & creux, de même grandeur & de même figure que celui du cafoar : ils avoient fur le col une longue plaque femblable à un vélin très-luifant , qui étoit rouge dans le mâle & bleu dans la femelle. Cet oifeau pourroit bien être la galli- nache des portugais, ou celui que les françois des ifles _de l'Amérique appellent marchan ; il fe nomme guinar chez les nègres. Les habitans de ce quartier le regardent comme un marabou , c'eft-à-dire , comme un animal 1753: Juin, Vill ige de Mouitt, Oïfeaux fa créss TO 7 | 17 5 3e Juin, Foudenn ar- bnileau ufité pour , tendre les ongles, Relevement de la côte de Barbarie. 174 VOYAGE facré, peut-être parce qu'il vit communément des pe tits ferpens qui font fi communs dans le voifinage, & pour lefquels tous les nègres ont une vénération {u- perftitieule. Ils ne pouvoient fouffrir que je facrifiafle aufli hardiment leurs marabous à mes plaifirs; & ils me regardoient comme un forcier lorfque je les tuois du premier coup; car ils s’imaginoient que ces oifeaux étoient invulnerables. Leur fuperftition alla même au point que chacun d'eux me prédit que je mourrois in- talliblement dans la journée, pour avoir commis un {1 grand crime. Cette action ne m'avoit pas mis en bonne réputation dans l'efprit des habitans de Mouitt : j'en fus quitte cependant pour me promener plus loin. Je dirigeai imes pas vers le village de Guioel & de Guében, où je trouvai quelques-uns de cesarbrifleaux que l’on nomme foudenn dans le pays : c’eft une efpece d’alkanna (1) dont les feuilles fervent aux maurefles & aux nègrelles pour procurer fans douleur à leurs ongles un beau co- loris rouge, qui fe foutient jufqu’à leur entiere répro- duétion. De là je continuai ma route jufqu’au village de Del ; puis je revins à l’efcale. Les bords du Niger étoient alors couverts dans cer endroit d’une efpece de petits poiflons à peine aufli gros que la moitié d’un tuyau de plume d’oye : ils étoient d’une blancheur & d'une tran{parence femblable à celle d’un criftal : une ligne argentée, fort étroite, s'étendoit fur chacun de leurs côtés. Après avoir paflé trois jours aux falines deGueébenn, (1) Liguftrum Ægypuium , el:hanne vel tamar-endi. P. Aip. Ægyps Pas. 23. A U1S É NÉ G'A L. 175 RER LEA j'en partis le 18 au foir. Je retournai à l'ifle du Sénégal 7 :,:3 en faifant route fur la pointe de Barbarie, afin de pou voir la placer fur ma carte. Je fis près de trois lieues à pied, en côtoyant {es fables dans tous leurs détours, depuis la barre fur la rive occidentale du Niger juf- qu'au village de Gueutt, qui répond au milieu de l’ifle du Sénégal. Ma pirogue me fuivoit terre à terre, & la rangeoit le plus près qu’il étoit poflible, afin d’être prête à me prendre quand mon chemin fe trouvoit barré par un ruifleau , ou par quelques-uns de ces bou- quets épais de tamaris & de fanar qui croiflent à & là fur le rivage. Dans toute cette route je ne vis autre chofe que des crabes jaunes, dont la terre étoit fi cou- verte , que je parcourois quelquefois des plaines de plus de cinquante toifes fans en pouvoir découvrir lefpace d'un pied. Le liferon maritime (1) étaloit fur ces fa- bles , avec fon agréable verdure , la pourpre de fes fleurs, qui fortoit admirablement bien fur leur blan- _cheur , & faifoit une broderie merveilleufe. On n’y Plantes qui s’y voyoit pour tous arbrifleaux que quelques tamaris, Le beidel-offar (2) , le paretuvier (3), le fanar (4), le /par- tium ($), le conocarpus (6) ; mais beaucoup de lobe- lia (7) & d’icaque(8). Ce dernier donne retraite à une efpece de fourmis rouges qui fe logent dans fes bran- Fourmi rou. ges (1) Convolvulus marinus catharticus, folio rotundo, flore purpureo. Plum. Plant. de l Amérig. pag. 89. planc. 104. (2) Beidel-offar. P. Alp. Æsyp. pag. 85. (3) (4) Arbres qui n’ont pas encore été décrits. (5) Spartium fcandens, citrei foliis, Aoribus albis, ad nodos confertim nafcentibus. Plum. cat. pag. 19. (6) Conocarpus Linn. Hort. Cliff. pag. 48$. (7) Lobelia frutefcens portulacæ folio. Plum. gen. pag, 23. (8) caco frutu ex albo rubefcente. Plum. gen. pag. 43. 176 VOYAGE ns “5753. ches:elles y forment, avec fes feuilles, une efpece de un nid, d’où elles fe jettent fur les perfonnes qui ont l'im- prudence d'approcher pour en cueillir les fruits, & les mordent cruellement. Je ne pouvois manquer d’être _attaqué par ces infectes, ayant à traverfer beaucoup de ces bois. Leur piquüre avoit quelque chofe de fi veni- meux , que mon vifage & mes mains furent couverts d’ampoules femblables à des brülures , dont la douleur ne put être appailée que par une grofle pluie que j'ef- fuyai à l'entrée de la nuit. Elle fut accompagnée de tonnerre & d’eclairs, à la lueur defquels je traverfai le fleuve pour me rendre à l'ifle du Sénégal. L'Aueur fon Dès que j'y fus arrivé, je ne fongeai plus qu’à re- rare, tourner en France. Il ÿ avoit plus de quatre ans que j'en étois abfent, & pendant ce tems j’avois eu occafion de faire une fuite d’obfervations aufli nombreufe que lon pouvoit raifonnablement efpérer dans la concef- fion du Sénégal : du moins s'il en reftoit encore quel- ques-unes à faire , c'étoit tout au plus celles qui ne {ont fimplement que curieufes , qui échappent pour l'ordinaire aux yeux Îles plus clairvoyans, ou qui de- mandent un trop long féjour pour être terminées. Ces confidérations fuffirent pour me déterminer : il devoit arriver plufieurs bâtimens dans Le courant du mois; je me difpofai à en profiter. Quoique j'eufle envoyé tous les ans en France un grand nombre d'animaux , des oïifeaux , des poiflons, des infectes , des herbiers , des graines de plantes & d’autres productions du pays, à M" de Réaumur & de Juflieu , à mefure que ces chofes s’étoient préfentées ; je fçavois qu’il manquoïit encore bien des chofes, fur- : | tout A DAS ÉANLEG A L. 17 4 tout beaucoup d'arbres & arbrifleaux qui n’avoient ja- mais paru en Europe , pas même dans les jardins du Roi. Inftruit de la protection finguliere dont Sa Ma- jefté daigne favorifer la botanique ; excité de plus par les ordres de M5 Le duc d’Ayen, qui me parvenoiïent par les lettres de M. B. de Juflieu , je crus qu’il étoit de mon honneur , en qualité de naturalifte & de bota- nifte, de ne pas retourner en France fans apporter avec moi les plantes les plus remarquables que produit le climat brûlant du Sénégal , pour les joindre à celles que Sa Majefté a fait raffembler des deux hémifpheres, & qu’elle entretient avec autant de magnificence que de goût dans fes fuperbes ferres de Trianon , de Choili & de Paris. À cet effet je réfolus d'aller encore urie fois à Po- dor. Je partis le 10 de juillet avec des vents favorables. Depuis que j'étois dans le pays je n’avois vû que deux plantes de l'Europe, fçavoir Le tamaris & le pourpier ; & ce voyage que je faifois pour la troifiéme fois, me donna lieu de remarquer que de tous les arbres qui couvrent prefque fans interruption les bords du Niger, _ il nyen a pas un huitiéme qui ne foient des bois épi- neux très-durs, & fur-tout des acacies , d'autant plus grands & moins épais qu'ils font. plus éloignés de la côte maritime. Mais ce qui me frappa davantage dans ma route , ce fut une chafle aux finges, que je fis à fix lieues en deçà de Podor, fur les terres qui font au fud de Donaï , autrement appellée l'ifle du Coq, & qui fut d'autant plus finguliere, que je ne crois pas qu’on en ait fait de plus abondante. Le bateau ayant été obligé de refter une matinée, je mis pied à terre pou 72. 16 Juillet Troifiéme voyage à Po D dor, Chafle aux ll res verds. finges vera BA SATTRINTHET CRETA chafler. Ce lieu étoit fort boite, & rempli de finges L' 78, Juiller, 2 Août. frappé » de 4 co Jeil, d'un 10- 178 VOYAGE verds , que je n’apperçus que par les branches qu'ils cafloient au haut des arbres, d’où elles tomboient fur moi ; car ils étoient d’ailleurs fort filentieux , & fi lé- gers dan$ leurs gambades qu’il eût été difficile de les entendre. Je n’allai pas plus loin , & jen tuai d’abord un , deux & même trois , fans que les autres pa- ruffent bien effrayés ; cependant lorfque la plüpart {e fentirent bleflés , ils commencerent à fe mettre à Vabri , les uns en fe cachant derriere les groffes bran- ches, les autres en defcendant à terre; d’autres enfin, & c'étoit le plus grand nombre , s’'élançoient de la pointe d’un arbre fur la cime d’un autre. Rien n’étoit plus divertiflant , lorfqu’ils fautoient plufieurs enfem- ble fur Ja même branche, que de la voir plier, & laïfler tomber les derniers tandis que les premiers gagnoiïent pays, & que les autres reftoient encore fufpendus en Pair. Pendant ce petit manége je continuois toujours à tirer deflus, & j'en tuai jufqu’au nombre de vingt-trois en moins d’une heure, & dans un efpace de vingt toi- {es , fans qu'aucun d’eux eût jetté un feul cri, quoiqu'ils fe fuflent plufieurs fois raflemblés par compagnies , en fourcillant, grinçant des dents, & faifant mine de vouloir m’attaquer. Mes premiers foins en arrivant à Podor avoient été de raflembler le plus de plantes qu’il étoit poflible , pour le jardin du Roi; & je fus Peu heureux d’avoir recueilli & mis dans deux grandes caïfles trois cens pieds d'arbres différens avant de quitter ce comptoir : Aie. oft'CAT pendant les dernieres courfes que je fis à mon re- tour le 2 du mois d'août, aux environs de Bokol, je AU SÉNÉGAL. 179 fus frappé d’un coup de foleil , accompagné d’une fié- vre ardente, de l’efpece de celles qui enlevent la plû- part des Européens en moins de deux jours. Ce fut ainfi que ce voyage me fut plus funefte que quatre an- nées de fatigues, pendant lefquelles je mavois pas cfluyé la moindre maladie. Quoique j'eufle refté les trois premiers Jours fans aucun fecours ,avant d'arriver à l’ifle du Sénégal , je foutins la force de la maladie endant un mois ; & après une rechüte qui navoit mis à deux doigts de ma perte , je me trouvai enfin hors d'affaire. Ma jeunefle , jointe à une conftitution qui n’avoit été altérée par aucune débauche , & encore plus les foins généreux du plus tendre des amis(r), me fau- verent la vie. De tous les vaifleaux venus à la côte, il n’en reftoit plus qu’un , par lequel je devois retourner en France. Je n’y embarquai convalefcent , après avoir pañle la barre pour la fixiéme fois, & je partis de la rade du Sénégal le 6 de feptembre. Les vents contraires qui regnent dans cette faifon, ne nous promettoient pas une courte navigation: comme ils foufHoient du nord & du nord-eft, ils ne nous permirent pas de nous élever vers le nord : nous fâmes obligés de porter tou- jours à l’oueft. En faifant cette route nous trouvâmes, à dix lieues du cap Verd , une mer fort blanche : nous filâmes cent brafles & davantage de fonde fans trou- ver le fond ; après quoi la mer reprenant fa couleur ordinaire ,nous crûmes avoir paflé fur un haut-fond de fable blanc , que les cartes hollandoifes font de quatre- vingt brafles. (1) M, Andriot que j'ai déja cité à la page 129-130. PART EEE A ï ; Juilier. 6 Septembre I s'embarq 16 pour retou nerenFrance 189 VOOMAT A NET 1753 Lorfque nous nous trouvämes à deux cens lieues ae des côtes ,entre le 17° & le 18° degré de latitude, nous is cames eûmes le commencement d’un calme qui dura près de quinze jours, avec des chaleurs étouffantes. Il fut fi profond que le bâtiment ne parut pas avoir changé de place, quoique les courans l’euflent porté beaucoup dans Le fud. C’étoit le lieu du monde le plus favorable pour trouver l’eau de la mer dans toute fa falure, puif- qu’on étoit aflez éloigné des terres pour ne pas crain- dre que l’eau douce des fleuves sy für communiquée : j'en remplis donc une bouteille, que je fcellai hermé- tiquement dans le deflein d’en faire Panalyfe à mon retour en France. Rien de plus ennuyeux que la tranquillité d'un vaifleau furpris par les calmes; & rien de plus défefpe rant que de fe trouver en pleine mer, fur-tout lorfque les vivres commencerit à manquer. On profita de ce contre-tems pour prendre du poiffon ; & l’on n’avoit pas tout-à-fait tort : les modiques provifions qu’on avoit embarquées au Sénégal étoient confommées ; nous étions déja réduits à la viande falée, & nous avions tout l'air de refter encore long-tems en mer. its Les requiens . les bonites, les grandes-orcilles & les dorades étoient alors en abondance. Ces trois derniers poiflons ne vivent que de poiflons-volans: ils en fonc même avides à un tel point , que fi l’on en contrefait un en couvrant l’hameçon d’un peu de linge , accom- pagné de deux plumes blanches, & qu’on le fafle trai- ner au bout d’une vergue ou à larriere du navire, ils s'y laiflent tromper & le fafiffent fans balancer. Nous n'employämes pas d'autre moyen : il réuffit fi bien À U° S'ÉN É G'A L. 18r qu'on en prit une quantité prodigieufe, dont on fala une partie pour le befoin. La bonite & la grande-oreille font des thons de la moyenne efpece ; ils en ont tout le coût. La dorade leur cède quelque chofe à cet égard ; mais elle l'emporte de beaucoup pour la beaute : c’eft fans contredit le plus beau poiflon de la mer. La cou leur dominante de fon corps n’eit qu’un bleu noir, qui lorfqu’il eft dans Veau , paroît comme un azur écla- tant, qui, après avoir paflé toutes les nuances du verd & du violet, vient fe perdre dans le brillant de Por répandu fur fes côtés, pour lui faire la plus riche parure que lon puifle imaginer. A ce premier calme fuccéderent plufieurs autres, dont les moindres furent de trois à huit jours : ils ne nous quitterent que lorfque nous eûmes pallé le 30€ degré de latitude. Là ils furent remplacés par des vents de fud-oueft ; à la faveur defquels nous cherchâmes les ifles des Afores les plus voifines. C’étoit le parti le plus fage, dans la pofition où nous nous trouvions, manquant de bifcuit & d’eau , & ayant la plus grande partie de l'équipage hors de fervice. Peu de jours après on découvrit une terre fort haute & embrumée , qu’on reconnut pour l’ifle du Pic, & à côté celle de Fayal. On porta fur celle-ci à toutes voi- les, & lon entra le 20 d'octobre dans fon port de l’eft. On y mouilla d’abord par quinze brafles , & enfuite par neuf brafles, fur un fond de fable noir attirable par laimant, & de peu de tenue. Ce port eft Le feul qu'il y ait dans l’ifle de Fayal ; & quoiqu'il femble à Pabri de deux grandes montagnes, il et expofé aux vents de nord-elt & de fud-eft qui y rendent la mer très-rude, o DRRESRA PEREZ SES 17160, Septembre. Calmes fuc- ceflifs, 20 OGtobre, Relâche à l'ile de Fayal, 182 VOYAGE 233. fur-tout en automne, & font chafler les navires lorf- NE qu'ils ne font pas bien afourchés fur trois & même quatre ancres. Il eft à couvert des vents d’oueft par l'ile même, dans laquelle il eft creufé comme en un demi-cercle de quatre cens toiles d'ouverture fur trois cens d’enfoncement. L’ifle du Pic qui eft à deux petites de lieues à loppofite, le défend aufi des vents généraux Fayal. de left ; mais elle lui en procure de bien plus dange- reux : elle refléchit & rabat fur lui les ventsdefud-oueft & de nord-oueft qui viennent la rencontrer : elle arrête auffi les nuages , qui y caufent des vents très-variables, C'eft une remarque que j'ai faite pendant mon féjour, & dont les habitans de Fayal m'ont affuré avoir une Jongue expérience , que toutes les fois que le Pic eft obfcurci par quelquebrouillard , il occafionne du vent; aufli le regardent-ils comme leur plus fidéle anémof.. cope(r), Il y a apparence que cette montagne fait leflec d’un corps non éledtrilé qui attire les nuages ; d’où il arrive que l'air qui l’environne étant preflé iné- galement de tous côtes, eft forcé de prendre un cours irrégulier. | ie du Pi. Le Pic des Afores n’a guères plus de demi-lieue de . hauteur perpendiculaire : regardé du côté de Fayal, il a la forme d’un cône tronqué, furmonté par un mam- melon pointu , qui fe trouve par le 38° d. 35 m. de latitude feptentrionale , & par le 3°, d. de longitude occidentale, C’eft la feule montagne qu’il y ait dans l’'ifle de même nom, que l’on peut regarder comme le vignoble de celle de Fayal. Elle en dépend, & tous les habitans de ce lieu y ont leurs maifons de cam= (1) Inftrument qui fert à faire connoître de quel côté les vents foufflenr, AU SÉNÉGAL. 183 pagne , leurs fermes & leurs vignes, qu'ils s'appliquent à faire valoir, Ils y vont tous les ans faire leurs ven- danges, & deux efpeces de vins blancs femblables à ceux des Canaries, mais d’une qualité inférieure. Leur malvoilie eft moins liquoreufe ; & le vin fec, ou le vin de table , eft d’une force qui tient de l’eau-de-vie, & qui porte bientôt à la rète. Aufli-tôt que leurs vins font faits, ils les font pailer en feptembre & octobre dans leurs caves de Fayal, d’où on les porte enfuite au Bréfil & dans quelques autres parties du monde, fous le noms de vins de Fayal , quoique cette ifle n’en produife point, & que tous viennent du crû de Pifle du Pic. Si le port de Fayal n’étoit pas expofé à des bouraf- ques de vent aufli fréquentes , ce feroit un des plus jolis ports du monde, par le point de vüe charmant fous _ lequel cette ifle fe préfente. Le féjour que nous y fimes avant de defcendre à terre, me donna tout le loifir de la confidérer. Elle paroît comme une montagne creu- fée en demi-cercle, & partagée en quatre ou cinq fom- mets couverts d'arbres, & qui defcendent jufques à la mer par une pente aflez douce. Au pied de cette mon- tagne eft la ville, qui fait le tour du port : elle eft en- vironnée d’un grand nombre de jardins , difpofés les uns au-deffus des autres en une efpece d’am phitheatre, dont lirrégularité même offre aux yeux la perfpective la plus riante. L’attérage eft femblable à celui de Sainte- croix de l’ifle Ténérif, avec cette différence que le ri- . vage eft moins efcarpé, & couvert d’un fable ou gra- vier noirâtre aflez fin, {ur lequel on defcend plus tran- quillement... | 17 5 3- Oitobre, Perfpeüire de Fay al 17519 O&obre. Ville de Fayal. ‘Température de l'air, Qualités du terrein. 184 VEO:Y: AGE Il y a une efpece de fort prefqu’au milieu du fond du port, dont les murs font baignés par les eaux de la mer. La ville vient après, & fait la même figure que le port. Elle eft gouvernée par un Capitan mor(1), & très-peuplée. Ses habitans font au nombre de cin mille , tous portugais, la pläpart eccléfiaftiques, reli- gieux ou religieufes : jamais on n’a tant vû de couvens dans une feule ville. Les églifes y font fort belles & bien entretenues. On y voit aufli beaucoup de beaux bâtimens , entr'autres la maifon des Jéfuites, qui font les feigneurs temporels de l’ifle. Les maifons bour- geoiïles font fort propres, toutes boifées & parquetées, d’où lon peut juger que le bois n’y manque pas. L'ifle de Fayal eft fous un beau ciel : l'air y eftbon, & conferve pendant l'hiver une température fufffante pour qu’on n'ait pas befoin de feu : aufli on ne sy chaufe point, & l’on ne voit aucune cheminée dans les maifons. Pendant l’été elle eft rafraîchie continuel- lement par les vents, parce qu’étant au milieu de la mer, elle peut en jouir de quelque côté qu’ils vien- nent; & ils rendent la chaleur du jour fupportable. Le terrein n’y eft pas moins admirable que la tem- érature de l'air. Comme il eft rouge & pierreux, & par-là femblable à celui de l'ifle du Pic, il feroit aufli fort propre à produire de bons vins; mais il eft tro borné, & l’on fe contente d’y cultiver les chofes les plus néceflaires. L’humidité de fes montagnes entre- (1) Voici les titres du Gouverneur, tels qu'il me les donna par écrit: SE" Jeronimo de Brum da Silveira Porras Fidalso da Cafa de jua Mage ” Cavaleiro Porfeffo na Ordem de Xyf” Capitas® Maior da Capitania das Tlhas dos Affores Fayal e Pico. tient AU SÉNÉGAL. 185 tient fà fertilité. Leurs crètes font couvertes de très beaux arbres, de noyers, de châtaigniers ,de peupliers blancs, & fur-tout d’arboufiers qui ne quittent jamais leur verdure. C’eft la prodigieufe quantité que lon trouve de ces derniers dans cette ifle, qui lui a fait don- ner le nom de Fayal , nom fous lequel les portugais connoiflent l’arboufier. La féve de cette terre eft mer- veilleufe & travaille continuellement :elle ne fe repofe jamais, & produit toutes fortes de biens. Sur les col- Jines ombragées on cultive plufieurs racines, comme Ja batate & la colocafe, qui fervent de nourriture aux domeltiques. Les campagnes reflemblent à autant de jardins féparés les uns des autres par des murailles de pierre féche de hauteur d’appui : elles font deftinées aux bleds ; mais celui qu’on y recueille fuffit à peine our la nourriture des habitans; on y fupplée par le mais , le fupin, la gefle & quelques autres légumes qui réufliflent mieux fur les coteaux. : On a encore de grandes reflources dans les jardins, où l’on cultive un grand nombre de fruits, les oran- _ gers & les cicroniers de toutes les efpeces, des poiriers, des pommiers , le figuier , le grenadier , la vigne & lolivier ,avec beaucoup d’herbages. Les pafteques, les melons, les giromons , les calebafles fucrées (1) & plu- fieurs autres fruits de terre y font comme naturels. Il ne dépendroit que des habitans de donner plus d’ordre à leurs jardins, & de les orner un peu mieux ; car les fleurs ne leur manquent pas. Ils ont, pour les bordu- res , beaucoup d'oignons à fleur , le thim , la lavande, (1) Cucurbita oblonga, flore albo, folio molli. C. B. Pin. Morif. hift. fer es rab, 5, fig. 34 A a Jardins, Oitobre. 1743: ? TFroupeaux, n ue four- 166 VOMSME E la fauge , le romarin, le bafilic & les plantes aroma- tiques. L’œillet, la giroflée, la balfamine, le jafmin, le balifier(1), les lis-afphodèles(2), les narcifles & la tubéreufe étoient en fleur au commencement du mois de novembre. Dans le même tems les lupins(1) ,dont on avoit femé les collines , étoient fortis de terre; & ils devoient vraifemblablement fleurir au mois de jan- vier fuivant. On ne peut guères trouver ailleurs une plus grande abondance de troupeaux. Il y a des bœufs excellens, des moutons, des cabrits & des cochons: on y nourrit des volailles de toute efpece. Le poiffon n’y eft pas fort commun , & l’on eft borné à celui de la mer : on y péchoit alors beaucoup de petites foles & de carlets que l’on prenoit facilement à la ligne. Jai remarqué une certaine conformité entre cette ifle & celle de Té- nérif, en ce qu’elle a peu de gibier & peu d’oifeaux. Dans plufieurs promenades que ÿy ai faites à deux lieues à la ronde, je n’ai rencontré que peu de lièvres, & quelques cailles répandues dans les campagnes. Il eft vrai qu’il ne manquoit pas de merles fur le fommet des montagnes : j'en vis même un grand nombre dont le plumage noir étoit agréablement taché de blanc : ils étoient par compagnies fur les arboufiers, dont ils mangeoïent les fruits en jafant continuellement. : Quoique l'automne foit une faïifon très-agréable dans les ifles Afores , néanmoins le ciel commençoit à fe brouiller & à menacer des pluies. L’ifle de Fayal eft (1) Cannacorus ampliffimo folio , flore rutilo. Jn/ff. pag. 367. (2) Lilio-afphodelus puniceus. Cluf: hifl. 1. pag. 137. (3) Lupinus albus. Park. Morif. Hifl. feët. 2. cab. 7. fig. 3. AU SÉNÉGAL. 187 encore plus pluvieufe que les autres, fans doute à caufe du Pic & de fes propres montagnes qui détermi- nent les nuages à s’y arrèter. De-là naiflent un grand nombre de fources , qui fe déclarent par-tout, même dans plufieurs quartiers de la ville , où on les ramafle dans des citernesbien pavées. L’eau de ces fources, quoi- que d’une grande pureté, eft pefante & extrèmement cruë : elle m’a même paru minérale & ferrugineule. Ea montagne la plus élevée de cette ifle, fe trouve à peu près vers fon centre à deux lieues & demie de la ville. Elle vomifloit autrefois des flammes avec des matieres embrafées , & caufoit des tremblemens de cerre aflez fréquens. L’éruption qui fe déclara en 1672 fut la derniere : elle laifla à la bouche du volcan un grand baflin, qui , au rapport des habitans, a la figure d'un parallelogramme , ceint d’un mur très-éleve, & fi régulier qu’on le prendroit pour un travail de Part, fi Von ne fçavoit parfaitement qu'il doit fon origine aux feux foûterrains. Les eaux des pluies ont depuis rempli ce baflin ,& en ont formé une efpece de lac, ou pour mieux dire , un réfervoir de la plus belle eau, qui fait aujourd’hui l’étonnement & l’admiration des infulaires. C’eft, fans doute, par le moyen de ce vol- can ou de plufieurs enfemble , que s’eft élevé tout le terrein de cette ifle, qui n’a pour toutes pierres que différentes efpeces de laves, avec lefquelles on trouve des pierres brûlées & des ponces. Le grain de ces laves eft beaucoup plus gros que celui des pierres de l’ifle de Ténérif, dont jai parlé au commencement de cette relation(r). (1) Voyez la page 12, Aa i] ASSET ETES L'ifledeFayal eft l'ouvrage des volcans. 188 VACENT AN E 1753. Cette relâche, quoiqu’un peu longue, me fit beau- coup de plaifir. Outre les connoïflances qu’elle me donna d’un pays que je voyois pour la premiere fois, elle me repofa des fatigues du voyage, & me mit en état de fupporter celui que j'allois faire de-làen France. La lenteur ordinaire aux portugais, & les difficultés que nous eümes de la part de la mer à embarquer l’eau, le bois, Le bifcuit, les farines, les bœufs, les volailles & autres provifions , ne nous permirent de fortir du FNovembre. port de Fayal que le 8 de novembre. Nous eùmes des vents de fud-oueft qui nous firent bientôt perdrede vûe les Afores. Je profitai de leur tranquillité pour pren- dre une feconde bouteille d’eau de mer à trois cens lieues des côtes de France : c’étoit tout ce qu'il n'en falloit pour en faire la comparaïifon avec celle dont j'a- vois eu foin de me pourvoir dans les mers du Sénégal. Notre navigation du Sénégal à Fayal avoit été fore ennuyeufe, mais fa fin fut des plus périlleufe. A peine Tempére de AVIONS-nous fait cinquante lieues en quittant les Afo- ere res, qu'un vent furieux de fud-eft s’empara de la mer, & nous fit éprouver le commencement d’une tempête qui dura deux mois. Nous fûmes obligés de mettre à la cape, & d’efluyer en cet état tous fes caprices. On conçoit aflez ce que c’eft que la pofition d’un fragile bâtiment expole à être le jouet d’une mer courroucée ; tantôt élevé fur une montagne d’eau , & tantôt plongé dans les abyfmes ; battu en flanc par une lame, appe- fanti par l’autre , qui en tombant deflus , femble dévoir le brifer en mille morceaux. On peut encore fe figurer l'inquiétude du voyageur qui foupire après un repos qu'il ne peut trouver ; l'embarras d’un pilote dont Pare AU SÉNÉGAL. 189 devient inutile, & qui cherche vainement fa route dans le ciel au milieu des brouillards & des flots qui femblent conjurés contre lui; enfin l’état du matelot le plus aguerri, qui voit difparoître un vaifleau à fes côtés : Quel fujet de méfiance pour eux! Telle fut notre pofition pendant les deux mois les plus courts de Pannée. Ce fut en cet état que nous errâmes tant dans l'Océan que dans la Manche où les courans nous porterent , & où nous étions obligés chaque jour de fuir la terre que nous cherchions fur une côte remplie d’écueils ; lorfqu’une bonace , dont nous fçûmes profiter , nous permit de fortir de ce canal & de chercher un afyle dans le port de Breft : car la force de la tempête avoit mis nos voiles en pieces, brifé nos manœuvres, le corps même du vaifleau étoit bien maltraité , les vivres manquoient, & l’on ne pouvoit {e rendre en cer état au port de l'Orient, qui étoit Le lieu de la deftination, quand mème on auroit eu les vents les plus favorables. Quand nous fûmes par le travers de l’ifle d'Oueffant, nous embarquâmes un pilote côtier, qui nous fit entrer dans le port de Breit le 4 de janvier 1754. On peut juger de l’état où je me trouvois en arrivant dans cette ville après quatre mois du voyage le plus rude, & que javois enrrepris convalefcent d’une maladie , dont le fouvenir me devint encore plus amer lorfque je vis La plüpart des plantes qui en avoient été la caufe, per- dues par les rigueurs de la faifon. Pendant que notre vailleau fe radouboit & fe ragréoit pour fe rendre au port de l'Orient , je pañlai un mois à Breft pour rétablir ma fanté chancelante , & me difpoler au voyage de CE en EE 1753: Décembre, Fauffe route dans la Mar= che. Le A $ 4- 4 Janvier, Reliche au port de Breft, 199 VrONN AIGTE PES 1754 Paris, que je fis dans les neiges & les grandes gêlées de "7" février, qui, comme l’on fçait, furent très-violentes, fur-tout dans la Bretagne. Les plantes qui me reftoient Re périrent par Les grands froids, qui me furent utiles en gélée. cela feul, qu’ils me firent connoître que l’eau de mer, même la plus falée comme celle du Sénégal , eft fuf- ceptible de gêlée. Les deux bouteilles que j'en empor- cois bien enveloppées dans du foin, furent caffées par la glace qui sy forma, & qui fut trouvée douce, __ comme je l’obfervai avec M" de Jufieu , à mon arri- tes vée à Paris le 18 de février , après plus de cinq années Paris. d’abfence. FIN. HISTOIRE DES COQUILLAGES 4 LA] 11] SE SNS 2) HS AC hr ee AU SA otre PE | KES An SP HERO K SR RIRE DR A IR EEE PRÉFACE. LE RSQU’aA mon retour du Sénégal je travaillai à donner un certain ordre aux obfervations que j'avois faites pendant mon voyage, je ne comptois pas devoir commencer par l’hiftoire des Coquillages , & mon projet étoit de donner en un corps d'ouvrage complet tout ce qui regarde les autres parties de l’'hii toire naturelle de ce pays ; j'avois même déja entamé Vhiftoire phyfique : mais comme le nombre confidé- rable des matériaux que j'ai recueillis, & qui renferme des détails très-intéreffans & acquis par des recherches fort pénibles, fe feroit trouvé refferré dans des bornes trop étroites ; jai crû qu’il feroit à propos de donner à cet ouvrage un peu plus d’extenfion, de le diftribuer en plufieurs parties, & de commencer par une de celles qui font d’un goût plus général : mon choix eft donc tombé fur les Coquillages. Une autre raïfon nva fait donner la préférence à cette partie; c’eft qu’elle man- quoit à l’hiftoire naturelle, n’ayant point encore été travaillée par l'examen des animaux, & j'ofe dire que la plüpart des fujets qui y font traités feront exacte- ment neufs pour mes lecteurs ; ils pourront, fi Pon veut, pañler pour autant de nouvelles découvertes. Le fiècle dans lequel nous vivons , en a produit a i 00:0:09 iv PR E FAC E. lui feul, en hiftoire naturelle, plus que tous ceux qui Pont précédé : on a vû naître la théorie des plantes & celle des infectes , on a vü des corps pierreux autrefois mis au nombre des végétaux, fe métamorphofer en animaux , & des animaux fe reproduire par une fimple divifion des parties de leur corps ; enfin on a vü fous le microfcope des molécules auparavant inanimées , fe développer, prendre du mouvement, la vie même, & pañler fucceflivement par ces trois manieres d’exif- tence : on n’a été témoin de ces découvertes que de- puis que M5 de Tournefort, de Reaumur , de Juflieu, Trembley, de Buffon & Necdham ont paru. Les autres parties de l’hiftoire naturelle ont été travaillées par beaucoup d’autres perfonnages illuftres ; mais il fem- ble qu’on ait entierement perdu de vüe les Coquil- lages : d'où vient cette efpece de préférence ? Les découvertes en hiftoire naturelle, comme dans les autres fciences , n’ont été faites que pas à pas. Les premiers obfervateurs n’ont d’abord apperçu que ce qu'il y avoit de plus frappant dans les parties exté- rieures des corps foumis à leurs recherches; ceux qui les ont fuivis ont remarqués quelques particularités de plus ; d’autres enfin , venus après ceux-ci, ont ajouté à l'examen des parties extérieures, ce qu'il y avoit de plus fecret & de plus caché dans l’intérieur de ces mêmes corps. Tel a été le progrès de nos con- noiffances en hiftoire naturelle. Mais il s’en faut bien que toutes fes parties ayent marché d’un pas égal à leur perfetion. Celles qui montroient quelque appa- rence d’utilité ont été cultivées les premieres; on s’eft enfuite attaché à celles qui offroient quelques fingu- PRÉFACE. > larités , ou qui flattoient agréablement les fens : ceft ainfi que les coquillages ont fixé à leur tour l’atten- tion des naturaliftes, par la beauté & l’agréable va- riété de leurs couleurs. Mais cette même beauté qui a fait jetter les yeux fur les coquillages , eft devenue un puiflant obftacle aux progrès de cette fcience. La coquille feule dépo- fitaire de cette riche parure , a fait méprifer animal auquel elle fervoit de couverture , & eft devenue feule l'objet de l'admiration de quelques naturaliftes. Epris, comme les curieux , de la beauté frappante de fes couleurs, ils n'ont pas jugé que l’habitant fût digne de leurs recherches, & la difhiculté de fe le procurer à chaque inftant , n'a pas peu contribué à augmenter leur dédain. Ils fe font donc bornés à l’examen des coquilles, ils n’en ont confidéré que la forme, celle de fon ouverture , ou le nombre de fes pieces ; c’eft d'elle feule qu'ils ont voulu tirer leurs caraéteres pri- mitifs & diftinétifs : de-à cette foule de fyftêmes auffi peu fatisfaifans les uns que les autres. D’autres natu- raliftes ont à la vérité décrit quelques animaux ; il y en a même qui ont indiqué en gros & d’une maniere aflez vague la méthode qu’il failoit fuivre dans l’exa- men des coquillages; mais aucun ne s’eft propofé de former une hiftoire fuivie & complette de ceux qui habitent les terres & les côtes maritimes de l’Europe, & perfonne depuis eux n’a tenté de l’exécuter. Enfin, on peut dire en général que jufqu’aujourd’hui lon n’a confidéré les coquillages que par leur habillement , leur enveloppe extérieure , la coquille, & non par les animaux qui les habitent. v} PRÉFACE. Le voyage que je viens de faire en Afrique, entr'au- tres obfervations nouvelles qu’il m'a procuré , m'a fourni nombre de remarques curieufes fur les coquil- lages. On verra par la fuite que je préfente, que la mer du Sénégal eft aufli fertile qu’aucuneautre mer des eh chauds ; qu’elle produit comme celle des Indes , es belles Cames, les Pourpres , les Rouleaux, & fur- tout les rares variétés qui portent lesnomsd’Amiraux, Vice-Amiraux, &c. fi eftimées des curieux, avec plu- fieurs autres efpeces, qui, quoique moins apparentes par la vivacité & la diftribution de leurs couleurs, fe- ront fans doute regardées à caufe de la fingularité de leur forme, & à caufe de leur nouveauté : cependant comme un feul pays ne peut avoir l'avantage de pro- duire tous les coquillages, on ne fera pas plus étonné de voir que cet ouvrage ne parle point de certaines efpeces qui fe trouvent dans les cabinets , que d’y en voir d’autres qui ne fe rencontrent nulle part. Faurois defiré, pour le rendre plus complet, pouvoir y join- dre les coquillages qui naïflent fur les côtes maritimes de la France, tant dans l'Océan que dans la Méditer- ranée ; mais ni le tems ni les circonftances ne me Pont encore permis. Un ouvrage qui donneroit une hiftoire générale & détaillée des corps marins, & qui préfen- teroit par ordre & fous un point de vâe raifonné ces différens objets , mériteroit fans doute l'attention du public. IL feroit à fouhaiter que quelqu'un au fait de ces fortes d’obfervations , & protégé, füt envoyé fur ces côtes, pour nous en faire connoître les co- quillages par des defleins exads & par des defcrip- tions faites fuivant les principes que j'établis ; hé! PRÉFACE. vij combien d’obfervations n’y a-t-il pas à faire fur cette matiere encore neuve, feule capable d'occuper un homme pendant plufieurs années , & digne autant qu'aucune autre des recherches des naturaliftes. Si le projet que je propofe étoit mis en exécution , on ver- roit cette partie jufqu'ici népligée, avancer en peu de tems beaucoup plus que les autres, & il refteroit peu de chofes à faire pour rendre ce traité aufli complet qu'on peut le defirer. Je ne dirai pas avec quelques Auteurs modernes , que je nai employé à cet ouvrage que des momens perdus ; ils n’ont traité cette matiere que comme un jeu, parce qu'ils l’ont travaillée fans foin & fans peine: en effec ils n'ont examiné que les coquilles , qui ne leur fournifloient aucun caractere certain ; de-là ils ont conclu que cette étude ne devoit être qu'une efpece de divertiffement femblable à celui que prenoïent au- trefois Scipion & Lælius , tous deux Romains, l’un rand général & l'autre homme fort.éloquent , lorf- qu'ils ramafloient des coquilles pour fe délafler de leurs occupations férieufes. Je conviendrai avec eux qu’une heure d'examen fur les coquilles de leur cabinet, a fuffi pour les ranger fuivant l’ordre qu’ils nous ont donné ; mais font-ils parvenus au but qu’ils {e pro- pofoient , celui de nous faire connoître les coquilles qui ont le plus de rapports & de refflemblances? Non fans doute , & il me fera facile de faire voir qu’au contraire ils n’ont fait qu'augmenter le defordre & la confufion qui regnoient déja dans cette partie, & que s'ils nous ont ouvert un chemin, c’étoit celui qui de- voit nous égarer : car fi nous jettons les yeux fur leurs vi PRÉFACE: arrangemens ou leurs méthodes , nous y verrons par- tout les genres confondus , des coquilles terreltres mêlées indiftintement avec des coquilles marines, & réciproquement celles-ci avec des terreftres , des oper- culées avec des coquilles fimples, & fouvent même des portions de bivalves avec des univalves ; nous verrons des variétés fans nombre , des variétés d'âge & de exe, {e métamorphofer & prendre le nom d’ef- peces. Tels font les défauts communs à prefque tous les Auteurs : c’eft ainfi que la plüpart ont placé les Li- maçons terreftres, coquillages fans opercule, avec des Sabots, coquillages marins operculés ; les Rubans, au- tres coquillages terreftres , avec les Vis, & fouvent des Foffiles marins avec des coquillages d’eau douce. Ces exemples que lon multiplieroit trop, fi on vou- loit Les citer tous, & dont l'erreur faute aux yeux des connoïfleurs , prouvent aflez le peu de folidité & l'infuMifance des méthodes tirées des coquilles. En eflet tant que l’on ne confidérera que la forme des coquilles, ce vuide fquelette , cette fêche dé- pouille , feul objet que nous préfentent les cabinets, quand on ne les regardera que par un côté , que par une partie, l’ouverture par exemple , on fera toujours fujet à marier enfemble des coquilles fort différentes, comme font celles qui n’ont point d’opercule , avec celles qui en font pourvues. Ce défaut naît de la dif. ficulté quil y a de trouver les coquilles avec cet oper- cule lorfqu’on ne les pêche pas immédiatement dans la mer, & de ce qu’on le rencontre rarement dans les collections des cabinets , chofe cependant d’une plus grande importance qu’on ne fe l’eft imaginé jufqu'ici, pour PRÉFACE. x pour la diftindtion des coquillages. Une autre diffi- culté qui empêche que l’on puile ranger les coquilles par leur figure feulement , & fur-tout par le contour de leur bouche ou de leur ouverture, c’eft qu'il y en a qui ont une forme particuliere dans leur jeunefle , & une autre dans leur vieillefle ; celles font la pläpart des Pourpres , dont la bouche ou l'ouverture a la Iè- vre tranchante , mince & fans dent pendant leur jeu- nefle, au lieu que dans leur vicilleile elle eft épaifle , dentée, & bordée d’un large bourrelet ; fouvent cette même lèvre s'épaiflit de maniere qu’elle ferme pref- qu’entierement l’ouverture, ne lui laiffant qu’une ef- pece de fente aflez étroite; les difiérens fexes éprou- vent aufli des variétés à peu près femblables. Qu'arri- vera-t-il donc de là ? C’eft que de deux coquilles de même efpece , dont l’une fera jeune fans bourrelet , & l’autre vieille avec un large bourrelet, on mettra la premiere dans le genre des Buccins, & l’autre dans celui des Pourpres ; il en fera de même à l'égard des différences occafionnées par la différence du fexe ; me- prifes dans lefquelles font tombés tous ceux qui n’ont confulté dans les Coquillages que leurs coquilles, & non les animaux «qu’elles renferment : enfin , excepté la divifion générale & ancienne des coquilles en Uni- valves, Bivalves & Multivalves, ils ont mis cette fcience dans une confufion, dont il ne feroit pas poffible de la tirer , fans la connoiffence des animaux auxquels elles appartiennent. Il y avoit donc dans les Coquillages quelque chofe de plus à confidérer que leurs coquilles ; l'animal qui Les habite devoit nous guider dans nos arrangemens b * PRÉFACE. méthodiques , lui feul devoit nous fervir de regle, puifqu'il en eft la principale partie , celle qui donne à cette efpece de fquelette extérieur , la forme, la grandeur , la dureté, les couleurs, enfin tous les acci- dens que nous y admirons. Si nous examinons atten- tivement ce peuple nouveau & entierement oublié, fi nous confidérons en particulier chacun des êtres qui le compofent, nous découvrirons dans leurs mœurs, dans leurs actions, dans leurs mouvemens & dans leur maniere de vivre , une infinité de chofes très- curieufes , des faits intéreflans & capables de fixer l’at- tention d’un obfervateur avide & intelligent ; nous appercevrons dans la ftruéture de leur corps un grand nombre de parties auffi fingulieres par leur forme que par leurs ufages : en entrant enfuite dans les détails , nous conviendrons que cette matiere demandoit à être traitée férieufement & non comme un jeu , étant auffi remplie d’épines & de difhicultés qu'aucune autre partie de l’hiftoire naturelle. C’eft d’après cet examen & ces réflexions, que j'ai cru devoir travailler cet ouvrage fur un plan tout différent de celui qu'ont fuivi les anciens & les mo- dernes. J'ai déja dit que leurs méthodes, bien loin de donner aucune lumiere fur la connoiïffance des Coquil- lages , tendoient au contraire à nous écarter de la vraie route qu'il faut fuivre pour l’acquerir ; & l’on verra par l’expofé que je vais faire de mon plan, que je ne dois rien aux uns & aux autres, puifque je n’ai pas emprunté la moindre de leurs idées. D'abord je me déclare aflez ennemi des fyftèmes , & Je connois trop leurs défauts pour en admettre DR ÉFAUCE. À aucun , même dans cette partie où, ouvrant une car riere nouvelle aux amateurs de l’hiftoire naturelle, il me feroit auffi libre que facile d’en établir. C’eft un principe duquel je ne m’écarterai point dans les autres parties de l’hifloire naturelle du Sénégal que j'aurai à traiter après celle-ci. Je me contenterai de rappro- cher les objets fuivant le plus grand nombre des de- grés de leurs rapports & de leurs reflemblances : les defcriptions qui ferviront à établir cette refflemblance, feront aufli les preuves les plus folides fur lefquelles {feront appuyées les raifons que j'aurai eu de les rap- procher. Ces objets ainfi réunis , formeront plufieurs petites familles que je réunirai encore enfemble, afin d’en faire un tout dont les parties foient unies & liées intimement. Je ne promets cependant pas que lon trouvera par-tout cette liaifon ; c’eft un avantage qu’on ne peut raifonnablement efpérer que dans ces ouvrages univerfels qui raflemblent tous les objets connus , & non dans ceux qui, comme celui-ci, n’of- frent que les objets particuliers à un pays:je conviens, au contraire , que tous ceux dont je traiterai ne for- meront pas une fuite complette, & ce nétoit point mon but ; maïs du moins ne ferons-nous point obligés d'admettre des liaifons forcées , auxquelles la nature ne fe prète point, telles que celles que l’on voit dans tous les fyftèmes : Les corps que nous aurons réunis , ne pourront être féparés ou mariés d’une maniere auffi bizarre , que par ignorance , ou dans des méthodes auffi mal concertées. Si jufqu’à préfent l’on avoit tra- vaillé à découvrir dans les corps leurs rapports, à en faire de petites familles bien caraétérifées , ce que quel- bi] xij PRÉFACE. ques-uns appellent des familles naturelles, Phiftoire ce la nature feroit aujourd’hui moins embrouillée , Eeaucoup plus avancée, & l’on feroit moins embar- saflé fur la place que doivent occuper tant d’êtres ifolés que l’on ne fçait où rapporter, faute d'en avoir fait des defcriptions entieres & d’exactes comparaifons. Cet ouvrage fera donc moins une méthode ou un {yflême , qu'une nouvelle maniere de confidérer les Coquillages : il ny fera plus queftion de Pancienne divifion en Univalves , Bivalves & Multivalves. Jai apperçu quelque chofe de plus dans les Coquillages : jai reconnu que les animaux de ceux que lon a ap- pellés jufqu’ici Univalves , avoient un grand nombre de rapports généraux , une reflemblance générale ; mais J'ai trouvé dans leurs coquilles mêrnes de quoi divifer cette famille en deux : quelques-unes d'elles ont une petite piece qui fert à les boucher comme un couvercle, que j'appelle à caufe de cela lopercule , & qui caraétérife la famille des Operculées que jétablis, celle qui fuivra immédiatement la famille des Uni- valves proprement dites. J'ai été obligé d’en agir de même à l'égard du terme de Bivalves, ne pouvant ladopter dans le même fens que l’ont pris les moder- nes, parce que dans la famille des Bivalves dont les animaux ont les mêmes rapports généraux , il y en a dont les coquilles ont plus de deux pieces, c’eft-à-dire, ne peuvent plus être appellées correétement Bivalves: j'ai divifé cette famille en deux, laifant à la premiere, à celle dont la coquille n’a que deux pieces, le nom de Bivalve , & donnant à l’autre qui porte plufieurs pieces , celui de Multivalve. Après avoir employé le PRÉFACE. xiij terme de Bivalves, dont les modernes fe fervoient pour défigner indifféremment ces deux familles , les Bivalves & les Multivalves, il m’a fallu faire un terme qui revint à celui de Concha d’Ariftote, de Pline & des anciens : J'ai Cru que celui de Conque pourroit rendre ce terme , en lui confervant toute fa force & fon éten- due, c’eft-à-dire , en lui laïffant comprendre les Mul- tivalves avec les Bivalves : par-là j'ai évité toutes les idées & les dénominations faufles qu’occafionnoient le terme de Bivalve lorfqu'il tomboit fur un coquillage de plus de deux pieces, comme fur une Pholade, & celui de Multivalve qui pouvoit s'appliquer égale- ment à certaines efpeces de vers à pinceaux, tels que les Glands-de-mer, les Conques Anatiferes , &c. qui font exclus de cette famille par le terme Concha des anciens, Nos Coquillages feront donc diftingués en Lima- çons & en Conques. Les Limaçons feront divifés en Univalves & en Operculés , & les Conques en Bival- ves & en Multivalves. Voilà nos quatre familles gé- nérales , qui feront encore elles-mêmes fous-divifées en plufieurs autres familles fubalternes. Pafons actuel- lement à la maniere dont chacune de ces parties fera traitée. Les caracteres dont je me fervirai pour diftinguer les familles fubalternes, feront pris de la pofition des yeux dans les Limaçons, & de la figure des trachées dans les Conques ; les autres parties feront employées pour caraëtérifer les genres, & la coquille me guidera pour l'ordinaire dans la diflindion des efpeces & des variétés. J'avertis ici que j'aurois pü prendre les ca- xiv PREÉTACE, racteres des familles fubalternes de toute autre partie que de la fituation des yeux : j'ai préféré celle-ci, parce que , quoique fujette à varier, elle eft encore plus conftante que les autres , qu’elle eft facile à apperce- voir, & qu’elle s’oppofe moins à la réunion des Co- quillages qui ont entr'eux le plus d’analogie. = Dans un art nouveau, & il en eft de même d’une fcience tirée du fein de l'oubli, combien ne rencontre- t-on pas de difficultés quand il s’agit de fe faire en- tendre ? combien de termes ne faut-il pas inventer ? J'ai fenti ces difficultés fur-tout quand il a été quef- tion de trouver des termes pour défigner des parties qui n’ont pas été beaucoup obfervées, & elles fe font réfentées d'autant plus fouvent, que notre langue à été abandonnée , fur cette matiere , par les langues an- ciennes , qui n’en ont que peu ou point du tout traité. Je donnerai ci-après dans un article féparé , les défini- tions avec l'explication & lPufage de ces parties , afin de n’être pas obligé de les répeter à chaque defcrip- tion , & je rendrai raifon , par-tout où il fera néceflaire, des noms dont j'aurai été obligé de me fervir. À l'égard des noms que j'aflignerai aux efpeces de Coquillages inconnues ou anonymes, voici la règle que je me fuis prefcrite : je donnerai d'abord un nom fimple & unique à un genre , ou , ce qui revient au même , à la premiere efpece d'un genre ; & lorfqu'il y aura plufieurs efpeces , j'ajouterai à ce nom généri- que , un nom fpécifique , particulier & propre à cha- cune des efpeces fuivantes. En cela je ne dérogerai point à la coutume reçue chez prefque toutes les na- tions Européennes , de donner aux peres de famille PRÉFACE. XV un nom que leurs enfans prennent auffi , pour faire connoître qu'ils defcendent de telle ou telle fa- mille; mais en ajoutant à ce nom de famille un nom de terre ou de pofleflion , ou tout autre nom arbi- traire , pour He les enfans les uns des autres: c’eft ainfi que Martin, par exemple, ayant quatre en- fans, appelle Pun Martin du moulin , l’autre Martin du foffé , le troifième Martin de l'étang , & le qua- triéme Martin de la fauflaie; & il auroit trouvé deux cens noms pareils , s’il eut eu deux cens enfans. Je me conformerai à cet ufage d'autant plus volontiers qu'il s'accorde avec le génie de toutes les langues connues , & qu’il ne peut caufer aucun embarras lorfqu’on veut réunir ou divifer deux ou plufieurs genres diflérens, Prenons pour exemple quelque genre de plante con- nue, comme l’oranger. Un Auteur qui, à l'exemple de M. Linnæus , rangera fous le même genre l’oran- ger , le citronier , le limonier, &c. nommera la pre- miere efpece Oranger fimplement, la feconde Oranger- citronier , & la troifiéme Oranger-limonier ; un autre Botanifte qui regardera ces trois efpeces comme trois genres différens , appellera lun Oranger , l’autre Li- monier , le troifiéme Citronier , & ainfi de fuite : par- Rà on évitera toute confufion, & chacun aura la liberté de réunir ou divifer les genres & les efpeces fuivant fes idées , fans être obligé de forger à chaque inftant de nouveaux noms auxquels ne peuvent fuppléer les phrafes des nomenclateurs , ou de changer les noms réels & primitifs de chaque chofe. Rien de plus préjudiciable à nos connoiffanc:s que ces changemens de noms : nous devons conferver les XV) PRÉFACE. anciens, fur-tout ceux qui paroiflent fort bons, & qui ont été adoptés par les maitres de l’art. Ceux qui étu- dient la Botanique & qui ont fait quelques progrès dans cette fcience , ne fçavent que trop quel embarras caufent aujourd’hui ces termes nouveaux qu’on a voulu fubftituer aux anciens , peut-être autant pour faire oublier leurs auteurs refpectables , que pour ré- duire cette fcience à une nomenclature dont tous les termes exprimaflent quelque caraétere de chaque plan- te. Ce projet, beau dans la fpéculation, nuifible dans la pratique, impofible dans l'exécution, opérera fans doute un jour un avantage ,en ce qu’il nous fera fentir la néceflité de recourir aux termes des anciens ; il nous fera lire leurs ouvrages, & nous y verrons avec étonnement quel abus quelques modernes en ont fait, en employant, fans choix & fans réferve , des noms confacrés pour exprimer des chofes fort connues , que les nouveaux noms rendent aujourd’hui comme étran- geres aux gens même les plus confommés dans cette fcience. L'expérience nous apprend que la plüpart des noms fignificatifs qu’on a voulu donner à diférens ob- jets d’hiftoire naturelle, font devenus faux à mefure qu’on a découvert des qualités, des propriétés nou- velles ou contraires à celles qui avoient fait donner ces noms ; il faut donc, pour fe mettre à l'abri des contradictions , éviter les termes figurés, & même faire enforte qu’on ne puifle les rapporter à quelque étymologie, afin que ceux qui ont la fureur des éty- mologies ne foient pas tentés de leur attribuer une idée faufle. Il en doit être des noms comme des coups des jeux e PRÉFACE. KVij de hazard, qui n’ont, pour l'ordinaire , aucune liai_ fon entr'eux : ils feront d'autant meilleurs qu'ils fe- ront moins fignificatifs , moins relatifs à d’autres noms, où à des chofes connues ; parce que l’idée ne fe fixant qu’à un feul objet , le failit beaucoup plus nettement que lorfqu’elle fe lie avec d’autres objets ui y ont du rapport. Ils doivent être courts & dans le goût de la langue dans laquelle on écrit. C’eft aufli la méthode que j'ai fuivie : Jai tâché de n’en prendre que de doux , & fur-tout de Les faire les plus courts qu’il a été poflible , en fuivant les règles des termi- naïfons françoifes & le génie de notre langue. 11 n’eft pas douteux que la plüpart de ces noms nouveaux paroîtront d’abord mal fonans , durs & fouvent inin- telligibles; que ceux même qui feront goûtés par tels & tels connoifleurs , feront rejettés par d’autres per- fonnes aufli judicieufes. Tel eft le fort des nouveaux termes , & je m’attends que ceux-ci l'éprouveront : ce- pendant ces noms deviendront par l’ufage aufi fami- liers & auf fignificatifs que les anciens , & je fuis per- fuadé que fi l’on fait attention aux avantages qui en doivent réfulter , on me paflera facilement ceux même qui pourroient paroître négligés. Le dernier abus que l’on doit éviter dans les noms, C'eft leur double emploi ; & l’on ne fçauroit trop blà- mer ceux qui tranfportent à des chofes inconnues des noms déja donnés à d’autres objets, défaut qui fe rencontre dans tous les ouvrages faits avec précipita- tion , fans foin, & fur-tout dans ceux des jeunes Au- teurs qui ont négligé la leture des anciens. Cet article, un des plus importans dans l’hiftoire naturelle, mérite € xvii) PRÉFACE. qu'on y fafle attention fi l’on veut avoir quelque cer- titude dans cette fcience ; & il feroit à fouhaiter que les naturaliftes qui nous ont précédés, n’euflent pasem- pruntés tant de termes d’arts & de fciences pour nom- mer les objets qu'ils ont décrits : un coup d’œil jetté fur les Dictionnaires les eût empêché d’en faire ufage , en leur apprenant qu'ils avoient déja été employés avant eux pour défigner des chofes d’une nature fort difiérente : c’eft le moyen dont je me fuis fervi, & que je puis indiquer comme le plus für pour éviter cet abus qui n’eft aujourd’hui que trop multiplié. Je fup- primerai donc, en nommant les Coquillages, tous les termes qui ont double emploi , parce qu'ils mettent par-tout de la confufion : tels font les noms de guerre qui font propres à des animaux très-connus, comme le tigre, la taupe, la bécafle , la perdrix , la tortue, la chenille, &c. tels font ceux qui ne conviennent qu'aux végétaux , comme la figue , la poire , la chi- corée , la laitue, le radis, la pelure d'oignon, &c. tels font encore les termes d’arts & de fciences, comme le treillis, le rateau, le télefcope , la géographie & tant d'autres. J'agirai de même à l’égard des noms adjedtifs, tels que la tuilée, la chambrée, la tanée, &c. je leur fabftituerai un terme neuf, qui n’aura eu juf- qu'ici aucune fignification. On fent aflez de quelle utilité il feroit que les prin- cipes que je propofe fur Pufage & l’impofition des noms, fuflent mis en exécution de concert par tous les naturaliftes, tant pour abréger la nomenclature, que pour foulager la mémoire. Quelles obligations naurlons-nous pas aux anciens s'ils ayoient entamé PR ÉEFACE. XIX ce travail ? que de peines épargnées à nous & à nos defcendans, s'ils avoient enrichi l’hiftoire naturelle de tant de noms dont la poftérité fera redevable à notre fiécle, & auxquels nous regrettons avec raifon que nos prédécefleurs nayent pas travaillé ? Ces noms appropriés à chaque objet, le défigneroient fans doute plus promptement & plus fürement qu'aucune def- cription , comme nous fçavons par expérience que le nom d’une perfonne connue nous la remet mieux dans la mémoire que tous les fignalemens & les def- criptions que l’art ou léloquence du difcours pour- roient nous en faire. J'ai fuivi l’ordre qui nva paru le plus naturel pour les defcriptions, je veux dire qu’au lieu de faire une hifloire de mes obfervations fur chaque Coquillage , j'ai divifé ma defcription en deux parties, dont la pre- miere regarde la coquille, & la feconde Panimal , en les diftinguant par un titre que J'ai porté en marge: jai diftingué pareillement les autres articles que j'ai eu à traiter , tels que la tête, la bouche, les yeux, &c. deforte qu’en regardant à la marge on voit par les ti- tres particuliers ce dont il eft queftion dans chaque article. Cette diftribution m'a paru d’autant plus com- mode, qu’elle donne beaucoup plus d'ordre aux ma- tieres, qu’elle épargne bien des répétitions inutiles & ennuyeufes au lecteur impatient de s'inftruire , & qu’elle Le difpenfe de lire une defcription entiere pour un feul objet qu’il lui importe de connoître. Elle aen- coreunavantage, en ce qu’elle permet de voir d’un cou d'œil les différences ou les reflemblances de plufieurs objets, & de faire la comparaifon de certaines.parties ci Le FOR É, FACE d’un Coquillage avec les parties femblables d’un autre Coquillage ; moyen , comme l’on fçait, le plus pro- pre pour donner de la netteté & de la précifion à nos connoiffances. Je n’afligne point de caraétere particulier à chaque genre que J'établis , parce que ces caracteres particu- liers qui font arbitraires, varient quelquefois & de- viennent fouvent faux ou équivoques lorfqu’on vient à trouver de nouvelles efpeces : j'y fupplée par une exacte & entiere defcription ; elle tient lieu des meil- leures caracteres , puifqu’elle les rafflemble tous , ceux qui font arbitraires aufli-bien que ceux qui font réels. Les caracteres qui font décrits dans une premiere ef pece ou dans une divifion de genre , ne font point ré- pétés dans les fuivantes auxquelles elles font com- munes ; je me contente, pour éviter les répétitions , de faire remarquer les chofes qui leur font partieu- lieres, & qui peuvent en même tems les caractérifer &c les diftinguer des autres efpeces. J'ajoute encore à la fin de chaque feétion quelques remarques dans lef- quelles je fais une récapitulation , où explique ce que les Coquillages qu’elle renferme ont de commun, en quoi ils différent de ceux des autres familles , & par-tout où cela fe peut faire , emploie les compa- raifons & les rapports prochains par lefquels deux fa- milles peuvent fe rapprocher , pour lier plus intime- ment, comme Je l'ai déja dit, toutes les parties de cet ouvrage. Une autre attention à laquelle j'ai crû ne devoir pas manquer, C’eft de donner à mes defcriptions toute l'extenfion dont elles étoient fufceptibles, afin de ne PRÉFACE. xx) rien laïffer defirer de ce qui peut intérefler. Elles feront même aflez détaillées pour que l’on ‘puifle comparer enfemble toutes les parties de nos Coquillages , ju- ger de celles qui embraflent le plus grand nombre de rapports , pour enfuite , fans autre examen, en faire diférens arrangemens ou des fyftèmes ; & il me femble déja voir tous ces gens dont la fcience confifte dans les combinaifons des méthodes , tous ces retourneurs de {yftèmes ( qu’on me pañle ce terme), travailler à don- ner une autre forme à ma diftribution , l'adapter à leurs idées , & la préfentér enfuite comme quelque chofe de neuf, en y ajoutant un petit nombre d’ob- fervations. Mais pour leur éviter cette peine, je join- drai à ce traité une table de ces principales combinai- fons , par laquelle ils verront combien il eft facile d'imaginer des arrangemens méthodiques , des fyfte- mes , quand on poflede bien fa matiere & quand on eft bon obfervateur ; ils verront encore par cette table que les fyftèmes en hiftoire naturelle fe prêtent à tout, qu'ils font inépuifables , & que les Coquillages feuls fourniroient par la combinaïfon de dix parties différentes , plus de cent fyftêmes femblables à ceux que l’on fait tous les jours , tant fur les plantes que fur les animaux & les autres parties de l’hiftoire naturelle. Rien de fi fréquent aujourd’hui que ces fortes de produtions fur des fujets rebattus , & rien de fi rare que d’en trouver quelqu’une dont l’Auteur puifle fe glorifier d’avoir appris quelque chofe au public. J'en donne pour exemple la plûpart des ouvrages fyftèma- tiques de Botanique qui ont paru depuis M. de Tour- xxij PRÉFACE. nefort ; que nous ont-ils appris de plus que ceux de ce grand homme? Le voici; c’eft que l’on peut imaginer tous les jours de nouveaux fyftèmes fans perfectionner davantage une fcience. Ce que je dis de la Botanique doit s'appliquer également aux autres parties de lhif- toire naturelle. Plus nous voudrons imaginer ou com- biner de fyftèmes , plus nous répandrons de ténèbres & d’obfcurité dans nos connoïlfances.. Fuyons donc ces froides & vaines répétitions qui n’offrent au public ue ce qu'il a déja vü fous mille formes : multiplions les obfervations, & non les fyftêmes & les livres, ui, à la confufion de l’hiftoire naturelle, ne font au- jourd’hui qu’embrouiller la matiere au lieu d’inftruire. La table dont je viens de parler, eft celle que j'ai fait précéder immédiatement l’hiftoire des Coquilla- es : c’eft comme un extrait des obfervations les plus eflentielles qui font répandues dans le corps des def- criptions. Je appelle table des rapports, parce qu’en effet elle raflemble dans autant de colonnes diftin- guées, toutes les parties femblables des Coquillages ui ont le même rapport ou la même particularité , la même reflemblance qui eft indiquée à la tête de cha- cune de ces colonnes. Elle nous tiendra lieu des fyftè- mes & des méthodes des Auteurs , que j'aurois rap- porté par ordre, fi elles en euflent valu la peine : mais elles font fi mal concertées, & fabriquées d’après des parties de coquilles & des coquilles fi peu obfervées, fi légerement examinées, que , pour peu que l’on ait de connoiflance dans cette matiere ; on eft tenté de croire que leurs Auteurs en ont voulu faire un badi- nage. On trouvera dans cette table, des obfervations PRÉFACE. xxiij fur les coquilles , rectifiées & redreflées par l'examen des animaux qui les habitent ; on y verra une fuite de combinaifons ou de rapports, qui mettra les lecteurs au fait d’une maniere plus füre & plus inftructive que tous les fyflêmes, & qui ne Les forcera point à des arrangemens bizarres, parce que ces combinaifons ne font point faites contre nature ni au hazard , mais feu- lement par la réunion des Coquillages qui fe rappro- chent naturellement; on y verra comment les Co- quillages d'une famille fe joignent à ceux d’une autre famille | comment ils fe rapprochent & s’uniffent par certaines parties pendant qu'ils s’éloignent par d’au- tres : cet ouvrage qui m'a coûté beaucoup de peine, en épargnera beaucoup à ceux qui travailleront après moi fur la même matiere. Il n’eft pas néceflaire de donner des exemples de lutilité que retireront de cette table les perfonnes qui, fans avoir acquis une connoiffance fuffifante des animaux des Coquillages , voudront ranger les co- quilles de leur cabinet ; elle eft déterminée par fa clarté , fa fimplicité , & par la liberté que chacun aura de choïfir dans les rapports celui qui lui plaira le plus pour fes arrangemens : mais je dois faire part d’une remarque que j'ai fouvent eu occafion de faire, c'eft que de tous les rapports que l’on obferve dans les coquilles , il n’y en a point de plus général , de plus conftant & de moins fautif, que celui qui fe tire de l’échancrure ou du canal fupérieur de leur ouver- ture, dans celles qui ont ce canal ; & de la figure de ouverture même, dans celles qui n’ont ni canal ni échancrure, Xx1Y PRÉFACE. La mefure dont je me fers dans les dimenfions des Coquillages eff le pied de roi de Paris. Je ne donne en pieds, pouces & lignes que les grandeurs abfolues & réelles des coquilles & des animaux en entier ; car pour ce qui eft des proportions de chacune de leurs parties , je crois qu'il eft plus für de décrire leur gran- deur relative, je veux dire, la grandeur relative d’une partie proportionnellement à la grandeur d’une autre partie : ainfi au lieu de dire la tête de tel Coquillage a un pouce de longueur, fes cornes ont un pouce de longueur , je dis que fes cornes une longueur égale à celle de la tête; & je fuis cette règle d'autant plus volontiers , que les grandeurs abfolues des parties molles ou dures des Coquillages changent avec l'âge dans leur accroïffement , au lieu que les grandeurs relatives {ont aflez conftantes, Jaurois defiré pouvoir fupprimer les citations des phrafes latines que je mets à la tète de chaque defcrip- tion , & n'en tenir aux numeros des Auteurs qui ont donné des figures ; mais comme ces phrafes tiennent fouvent lieu de tout autre fynonyme & de figure, & que d’ailleurs les naturaliftes paroiflent les demander, je les rapporte avec les fynonymes , fuivant la date de leur ancienneté, dans le même ordre que celui que jai fuivi dans la table chronologique des Auteurs que je cite dans le cours de l'ouvrage, c'eft-à-dire , en commençant par les plus anciens & finiflant par les plus modernes. 11 n’eft prefque perfonne qui ne convienne de l’uti- lité des figures , du moins des bonnes figures : ce font des tableaux fidéles qui nous préfentenr à chaque inftant PRÉ MACE. XXV inftant des objets que fouvent l’on ne peut efpérer de voir en nature : elles font d’une néceflité indif- penfable | fur-tout lorfqu’il eft queftion de faire connoître des animaux qui ne font pas encore connus, ou des objets qui ont peu de rapport avec ceux que nous connoiflons ; c’eft pour cela que j'ai accompagné mes defcriptions des figures de toutes les efpeces de Coquillages que j'ai obfervés au Sénéoal. ILs’en trouve à la vérité beaucoup qui ont été déja gravées dans quelques ouvrages modernes ; mais comme le plan de mon ouvrage diflere du leur en cela qu’il préfente les animaux qui habitent chaque coquille , je n’ai pû me difpenfer de figurer toutes celles qui appartiennent à chaque animal d’un même genre ; d’ailleurs elles font travaillées avec une exactitude qu’on aura peine à trouver dans les anciennes. Mlle Reboul qui les a def- finé & gravé, mérite bien que je lui rende cette juitice ; mais ce coup d’eflai qui n’eft pas indigne d’une main de maître , parle aflez en fa faveur: les dix-neuf plan- ches qui accompagnent cet ouvrage mettront les con- noifleurs à portée de juger de la perfection que l’on doit attendre d’une main fi habile. Pour donner plus de netteté à ces figures, j'ai fup- primé les ombres qui auroient pû faire perdre de vûe certaines parties des animaux qui font plus impor- tantes à mon objet : en cela j'ai voulu beaucoup moins accorder à la févérité des règles ordinaires du deflein , qu’à l’'ufage des naturaliftes qui fuppofent que leurs objets font détachés de tous les corps voifins, & fi proches de l’œil ou éclairés fi également de tous côtés, qu'ils ne peuvent jetter aucune ombre. J'ai fixé une d XXV] PIRE APCE. oures , diminuant grandeur raifonnable à ces mêmes fig les plus grandes , donnant les moyennes telles qu’elles font, & grofliflant les plus petites après les avoir re- réfenté dans leur grandeur naturelle. J'ai foin d’a- vertir dans les defcriptions de celles qui font dans ce cas. J'ai évité fcrupuleufement ces fituations contre na- ture , que quelques Auteurs ont donné à leurs co- quilles , en les figurant la pointe en haut, fituations aufli bizarres que celles qui repréfenteroient les hom- mes la tête en bas & les pieds en haut. On en fentira tout le ridicule quand on verra les animaux traîner leurs coquilles : aufli ai-je eu foin de les préfenter dans la pofition qu’ils affe@ent, foit en marchant, {oit en {e fixant , l'ouverture de la coquille toujours placée dans fon vrai fens, & non dans le fens con- traire , défaut auquel on remédie facilement aujour- d’hui en gravant au miroir. Un autre défaut que j'ai évité, c’eft de donner des figures de coquilles impar- faites , roulées, ou ufées fur la meule, à la lime, &c. On ne fçauroit trop exhorter ceux qui en feront figu- rer par la fuite, de fe difpenfer de repréfenter celles qui auront été limées : elles prennent par-là des figures qui n’exiftent point dans la nature, & qui deviennent peu intéreflantes & encore moins in{tructives. Comme une feule fituation de la coquille ne fut pas pour en préfenter toutes les faces, j'ai été obligé de figurer deux fois la même, du moins dans les Li- maçons, afin d’en faire paroître en même tems le dos & le devant ou l'ouverture; & dans la premiere efpece de chaque genre où j'ai aufli figuré l'animal , je lai PRÉFACE. xxvij donné fous trois afpects différens pour mettre en évi- dence toutes les parties de Pun & de l'autre. Il feroit fort inutile de faire repréfenter , comme l'ont quelquefois demandé certaines perfonnes peu au fait de la maniere d’obferver & encore moins de l’ana- tomie des Coquillages, l'animal tiré entierement de fa coquille : cette opération qui lui coûteroit toujours la vie à caufe de fa mollefle & de la difficulté qu'il y a de le détacher fans le mettre en pieces, fe borne- roit à nous faire voir une mafle de chaïr tournée en fpirale , ou de toute autre forme, dont la coquille nous donne un modele bien plus parfait. Il men eft pas de même des autres parties qu'il nous importe de connoître; leur figure n’eft point empreinte fur la coquille, on ne peut les bien voir que quand lanimal les fait fortir, que quand il fe croit dans une fécurité qui lui permet de les développer , de les étendre , & de les expofer au dehors; c’eft dans cet état que je Les ai fait repréfenter dans tous les détails que m'a permis un examen attentif & répété plufieurs fois. J'ai borné le nombre de mes Coquillages à 185 ef- peces, qui étant doubles & fouvent triples , comme on vient de le faire obferver , font plus de 400 figures: les defcriptions fuppléent aux variétés ; car on ne finiroit jamais fi l’on vouloit repréfenter toutes celles qu'éprouvent leurs coquilles , tant dans la forme à différens âges, que dans Les couleurs : on en verra la preuve dans les citations que je fais des Pucelages , des Rouleaux, &c. Ces 185 efpeces font numerotées par genres , & comme la premiere efpece de chaque genre exige des détails tant fur la forme des coquilles que di XxviI] PRÉFACE. fur celle de leurs animaux , je me fuis fervi des lettres de l'alphabet pour défigner des parties femblables : c’eft ainfi que le T défigne toujours la tête des Lima- çons, B la bouche, C les cornes, & ainfi des autres arties. Tel eft l’ordre dans lequel feront traitées toutes les matieres de cet ouvrage , qui fera fuivi d’une table alphabétique des noms françois, latins, grecs & étran- gers qui y font répandus. Je ne dois pas laifler ignorer les facilités que m'ont procurées pour l’exécution de cet ouvrage, les per- onnes diftinguées qui ont bien voulu faire la dépenfe des planches qui accompagnent. Le public leur doit beaucoup pour l'intérêt qu’elles prennent à l’avance- ment des fciences. Pour moi pénétré des obligations que je leur ai, je ne puis que me plaindre de la loi qui m'eft impofee de taire des noms aufli illuftres que chers à la Littérature, ER x … FETES BR :$ NZ NZ Q AE Q NE ONE Ÿ ô 7 0.7 N © 4 ) DÉFINITIONS DES PARTIES DES COQUILLAGES, Et explication de quelques termes dont on s’eft fervi dans le cours de cet Ouvrage. ’EnTENDS par le mot de Coquillage, un animal dont le corps eft mol, fans aucune articulation fenfible ; & recouvert , en tout ou en partie , d’une croûte pierreufe appellée Coquille, à laquelle 1l eft attaché étroitement par un ou plufeurs mufcles. Quoique tous les Coquillages ayent une reffemblance gé- nérale, 1l y a cependant de grandes différences, tant dans la foure, que dans le nombre des parties qui compofent lAni- mal ou fa Coquille. Je vais en faire le détail en les rappor- tant à ces deux chefs: je ferai remarquer en même tems ce que les obfervations m'ont appris fur leurs ufages ; & comme la Coquille eft la premiere chofe qui fe préfente à la vûüe lorfqu'on rencontre un Coquillage, c’eft par elle que je vais commencer. PARTIES DE LA COQUILLE. La Coquille eft cette croûte pierreufe qui recouvre le corps de l’animal en tout ou en partie. On peut la regarder comme le vrai os des Coquillages, puifqu’elle en fait les fonctions en fervant de bafe ou d'appui aux mufcles qui ÿ font attachés. Cet os differe des os des animaux Qua- drupedes | Oifeaux, Poiflons , Reptiles, &c. en ce qu’au lieu d'être recouvert par les "chair , il leur fert d’enve- loppe : 11 differe encore des os des Cruflacés & des Infectes, parce qu’au lieu d’avoir ; comme eux, une grande quantité Coquillage, Coquille, Univalvez Operculée. Bivalre. Muluvalve. Limaçons. Conques. XXX DÉFINITIONS DES PARTIES de mufcles répandus fur toute leur furface interne, 1l n’en a qu'un très-petit nombre. Sa fubfance elt pierreufe, d’une nature femblable à celle de la craie : il fait etlervefcence & fe diflout, comme elle, en touchant les efprits acides. Je diftingue quatre fortes de coquilles, fçavoir: 10, Celles qui confiitent en une feule piece, & que l’on nomme Urivalves : telles font celles des planches 1,2, 3, 4e + 20. Celles qui font compoñées de deux pieces inépales en grandeur, fort diflemblables, & le plus fouvent de nature différente ; dont l’une eft plate & fert d’opercule ou de cou- vercle à l’autre piece, qui eft toujours tournée en fpirale : je les appelle, à caufe de cela, Coquilles Operculées ; celles de la planche 6° jufqu’à la 13° font de ce nombre. 3°. Celles dont les deux pieces, que l’on nomme Battans, font toujours de même nature, à peu près égales, du moins en grandeur, & fans aucun replis fenfibles ou diftingués que l’on puifle regarder comme des fpires : on appelle ces Co- quilles Pivalves ; on les voit de fuite depuis la planche r4e jufqu'a la 18e. 4°. Enfin celles qui font formées par l’afflemblage de plu- fieurs pieces ordinairement inégales, & que l’on nomme par cette raifon Coquilles Multivalves: la planche 19° en donne plufieurs de cette efpece. Les Coquillages dont la coquille confifte en une feule piece de telle figure qu’elle foit, ou en deux pieces dont l’une eft tournée en fpirale, s'appellent du nom commun & général de Limaçons : ceux au contraire dont la coquille a deux pieces ou davantage, mais qui ne font pas fenfiblement tournées en fpirale, s'appellent du nom général de Corgues. Ainfi l’on voit qu’en confidérant les Coquillages fuivant la diftinction que je viens de faire de leurs quatre différentes fortes de coquilles, il doit y avoir néceffairement, 1°. Des Limaçons Univalves & Operculés, 2°. Des Conques Bivalves & Multivalves. DES COQUILLAGES, XXX] Les parties principales qui ont rapport à ces quatre fortes de Coquilles font au nombre de dix, fçavoir : 10, Les Spires. 6°. Les attachesdes Mufcles, 20, Le Sommet. 7°. La Charniere. 3°. L’Ouverture, 8°. Le Ligament. 4°. L’Opercule. 9°, Le Périofte. s°, Les Battans. 10% La Nacre. J’appelle du nom de es les tours & les circonvolutions que fait une coquille en fe repliant fur elle-même. Ces fpires font de figure plus ou moins conique, & communes à tous les Limaçons excepté au Sormet { 1. gen. 1. pl. 1.) & aux Lépas ( 1-11. gen. 7. pl. 2.). Mais leur difpofition n’eft pas la même dans tous: elle varie fuivant les différens plans fur lefquels elles tournent, & elles peuvent tourner fur quatre plans différens, qui font; 1°. le plan horizontal ; 20. le plan cylindrique ou étendu fur un cylindre; 3°. le plan conique; 4°. enfin le plan ovoide. De ces quatre difpofitions des $pires naïflent quatre figures différentes de Coquilles. 1°. Lorfque les fpires tournent autour d’un point fuppofé infiniment petit, & fur un plan horizontal en s'appliquant immédiatement les unes fur les autres, elles doivent nécef- fairement former une figure plane & femblable à un difque ; on peut appeller ces coquilles Diféoïdes : & comme les {pi- res font coniques , c’eft-a-dire, qu’elles vont en groffiffant du centre à l’extrèmité fur un des points de la circonfe- rence , il doit arriver que le centre de ce difque foit ou en- foncé d’un côté & applati de l’autre, ou enfoncé des deux côtés , foit inégalement, foit également. La coquille du Co- ret (gen. 3. pl. 1. ) eft dans ce dernier cas, & c’eft la feule de celles que j'ai obfervées au Sénégal, qui ait lafigure difcoïde. 2°. S1 les fpires tournent autour d’un cylindre, foit qu’el- les foient écartées, foit qu’elles foient rapprochées de ma- niere à fe toucher, elles formerontune coquille cylindrique, en fuppofant que le corps des fpires foit lui-même cylin- drique, ou qu’étant conique, l’extrèmité amincie s’écarte du cylindre d’une quantité pareille à celle de fon amincifle- ment, Car fi les fpires étoient coniques & fort renflécs, il SPIRE. Coquille difcoide, Coquilie cylindriques Coquille turbinée. xxxij DÉFINITIONS DES PARTIES en réfulteroit une coquille conique , mais tronquée au lieu d’être pointue à l’une de fes extrênutés, c’eft-à-dire, dont la figure tiendroit le milieu entre le cône & le cylindre. Je ne connois encore qu'une coquille dont on puifle dire qu’elle prend la figure cylindrique, c’eft celie du Vermet(1.p£. 11.); mais fes {pires font ordinairement évidées ou fort écartées les unes des autres, & toujours collées contre différens corps qui les empêchent de prendre une certaine régularité. 3°. Si les fpires fe courbent en montant de bas en haut ou en defcendant de haut en bas autour d’un cône, elles donneront une coquille conique, que l’on appellera autre- ment turbinée (1), & elles montreront au centre de leurs révolutions un creux ou un ombilic, comme dans les ef- peces 3, 4, 5 & 6, du genre du Sabot (pl. 12.), dans les quatre efpeces de Nartice( pl. 13.),& dans quelques autres. La même forme de coquille proviendra de la révolution d'une fpire conique autour d’un axe cylindrique fuppofé aflez fin pour ne pas empêcher que les fpires fe touchent ; alors elles ne laifleront appercevoir entr’elles aucun creux, (1) Ine faut pas confondre ici les coquilles srbinées avec les coquilles que Ron- delet appelle Turbo, quoiqu'elles ne foient pas réellement turbinées , mais ovoïdes, comme il en avertit lui-même en parlant d'une efpece de Pourpre. » Nunc dicemus » non de spouñédtei , fed de spouSois ipfis , id eff, non de turbinatis, [ed de turbinibus, » qui in longiorem 6 acutiorem verticem deficiunt quäm turbinata & cochleæ.» Lib. 2. Teflac. cap. 16. pag. 88. edit. lat. » Effigitur turbo qui ex amplo & lato paulatim in mucronem definit, ut de Bucr » cina fcripfit Ovidius. Cava Buccina fumitur ill: Tortilis in latum quæ turbine crefcit ab imo. » Hujus figuræ eft turbo luforius, Quem pueri magno in gyro vacua atria cireum Intenti ludo exercent , » Ut ait Virgilius. » Ab hujus figure fimilitudine, dicuntur turbinata oftracodermorum genera..…. ’Alig » teflé continua inclufa quidem, nec ull& ex parte confpetta , dempto capite, ut Buc- » cina, Purpuræ , Cochleæ, denique turbinata omnia, quæ capitis operculum habent. Jbid. cap. 1. pag. 62 € 63. Il femble par ce dernier paflage que l’Auteur entre en contradiétion avec lui-même, en rappellant aux turbinées la Pourpre & le Buccin, tandis que dans le premier paf- fage que j'ai cité, il les en exclut manifeftement en n’y admettant que les Zimacons operculés, qu'il appelle Cochleæ. Mais il s'explique plus clairement quatre lignes plus bas ,en difant:» Qua (turbirata) teflam habent unicam totam continuam , arque in » anfraë&lus contortam, dempto capite, quod operculo tegitur. Atque hoc quidem tur- » binatis proprium eft, quo à reliquis fecernantur. » D'où l’on voit qu’il donne le nom de turbinées aux coquilles dont la tête ou la bafe eft applatie ou tronquée, & qui ont un opercule , cochleæ dempto capite , quod operculo tegitur, caraéteres communs aux genres du Sabot, de la Toupie, de la Natice & de la Nérite, aucune DES COQUILLAGES. RXxiIÿ aucune efpece d’ombilic. Cette figure eft la plus ordinaire aux turbinées : on en voit des exemples dans le genre de la Toupie ( efpeces 1,2,3, 4, pl. 12.), dans celui du Sabot (efbeces1,2,4,5,9,10.), dans celui de la Nérite( efpeces 1-5. pl 13.), & dans beaucoup d’autres. 4°. Enfin lorfque les {pires tourneront fur un axe ovoide, ou, ce qui revient au même, fi les fpires étant coniques , fort renflées, & arrondies à l’extrêmité la plus srofle, tour- nent autour d’un axe cylindrique fuppoié extrêmement fin, elles formeront une coquille oyoide, qui dans le premier cas fera percée d’un ombilic, comme dans l’efpece de Pourpre que j'appelle Labarin ( 2. pl. 7. ) : dans le fecond cas cette coquille ovoide n’aura aucune apparence d’ombilic, comme dans le Bulin ( gen. 2. pl. 1.), ou dans le Kambeul( gen. $. 1. pl. 1. ). Cette derniere forme eft la plus commune dans les ZLimagçons, foit Univalves, foit Operculés. Aucune de ces quatre efpeces de fpires n’a lieu dans les Conques. Dans l'explication que je viens de donner des différentes formes que prennent les coquilles fuivant la figure & la dif- potion de leurs fpires, je me fuis borné à ces quatre prin- cipales qui font les plus ordinaires, parce qu'on y peut rapporter facilement toutes celles qui font intermédiaires, & qui font, pour ainfi dire, les nuances par lefquelles elles fe lient & s’uniflent les unes aux autres. C’eft ainfi, par exem- ple, que la coquille du Pouchet( r. gez. $. pl. 1. tient d’un côté aux coquilles difcoides, comme à celle du Coret( gen. 3. pl 1. ), par fa forme applatie, & de l’autre aux surbinées ou aux oyordes fans ombilic, par fon fommet renflé & éminent fur l’une de fes faces. Il en fera de même des autres coquilles douteufes, on les rapportera aux deux figures principales , dont elles paroïtront participer davantage. IL faut obferver que le nom fubftantif de fpire, que j’em- ploie comme terme générique , pour exprimer indiflérem- ment les quatre fortes de circonvolutions qu’une coquille peut faire fur elle-même, a été employé quelquefois fous le nom de yolure ou de fpirale comme fubftantif, ou même de celui d'hélice, fur-tout lorfqu'il étoit queflion de celles qui ournent fur un cylindre, Mais ces trois derniers termes fonc (2 Coquille ovoiïde, 1€. Remar- ques at, Remar- ques Nombre des fpires, Vare avec J'APCe Le) Peut fervir à déterminer le ICXC, Leurs di- menfions, xxxiy DÉFINITIONS DES PARTIES Er peu d'ufage dans les ouvrages qui traitent des Coquillages , que j'ai crû devoir conferver celui de {pire qui a été reçu le plus anciennement chez les Latins, pour exprimer toutes fortes d’enroulemens en ligne fpirale. Je compte le nombre des {pires en partant du haut de la coquille & defcendant vers le fommet, de forte que la pre- micre eft celle qui forme fon ouverture; c’eft ordinairement la plus grande de toutes : la derniere termine l’extrêmité op- poiée ou le fommet ; elle eft toujours la plus petite, C’eft ainfi que la coquille du Kambeul ( 1. gen. s. pl. 1.) a dix fpires, depuis fon extrêmité fupérieure ou depuis fon ou- verture G, jufqu’à la pointe du fommet S:il en eft de même de toutes les autres coquilles. Le nombre des fpires & leur figure varie dans la même ef- pece, par l’âge & par le fexe. Les jeunes coquilles en ont ordinairement moins que les vieilles : la raifon en eft toute fimple. L’accroiflement de la coquille fe fait par l’ouverture qui s'étend de jour en jour, & fe colle fur les anciennes {pires en tournant avec elles : il doit donc arriver que celles- ci, qui font les plus bafles, fubfiftant toujours , augmentent en nombre à mefure que l'animal, croiffant en âge, ‘en forme de nouvelles. Il y a des coquilles qui, quoique de même âge, n’ont pas toujours un pareil nombre de fpires. Cette difté- rence provient quelquefois de maladie, ou de la mauvaife conftitution de l’animal; mais c’eft pour l'ordinaire un effet du fexe dans les Coquillages où 11 cft difinoué. C’eft ainf que dans le genre des Pourpres, dans celui du Buccin, & dans quelques autres, il eft ordinaire aux mâles d’avoir °les {pires plus nombreufes , plus allongées, moins renflées, & la coquille plus petite que celle des femelles. Cette obier- vation que je n'ai pas négligée par-tout où j'ai trouvé occa- fon de la faire, n’eit pas de petite conféquence pour déter- miner & fixer bien des variétés qu’on regarde fouvent comme de vraies efpeces, quoiqu'’elles ne diflerent entr'elles que par l’âge ou par lefexe. . La largeur des fpires fe prend dans le fens où elles tour- nent, en les confidérant comme ne faifant enfemble qu’un corps continu qui détermine la largeur de la coquille ; & leur longueur ou leur hauteur fe prend felon celui où elles DES COQUILLAGES. KXXV s'appliquent par les côtés les unes fur les auttes. Ainfi dans la coquille du Kambeul (1. gen. 5. pl. 1.)3. 3. marque la largeur de la troifiéme fpire, & vz. marque fa longueur. Îl eft ordinaire aux fpires des Limaçons de tourner ce droite à gauche en defcendant de l’ouverture au fommet; cependant il y en a quelques-uns dont les fpires vont au contraire de gauche à droite: c’eft ce que quelques modernes appellent mal-à-propos des coquilles uniques. On les défi- gneroit plus exactement par le nom de Coquilles tournées ou roulées de gauche à droite; & même pour abréger, on pourroit les appeller Coguilles gauches & les autres Co- quilles dextres. Elles font fort rares, & je n’en ai obfervé que deux au Sénégal , qui font le Bulin & le Coret ( ge. 2. 6 3.pl r. } Quand je dis que les fpires d’une coquille font tournées de droite à gauche ou au contraire, je veux dire de la droite de l’animal à fa gauche; non pas en le regardant en face, comme l’entendent quelques perfonnes, mais en fe fuppo- fant à fa place dans fa coquille, comme nous nous fuppo- ons à la place d’une perfonne, lorfque la regardant en face nous jugeons que fa main droite n’eft pas fa gauche, quoique dans fa fituation refpective elle foit réellement oppofée à notre gauche. Le Sommet eft cette partie qui fait ordinairement la pointe & toujours le fond même de la coquille. Il ne fe trouve pas dans tous les Zimacons ,| par exemple dans le Sormet (1. gen 1.pl. 1. ), & dans l’efpece de Lépas que j’appelle Kalifon ( 11. pl. 2.); & il n’a pas toujours la même forme dans toutes les coquilles où il fe rencontre. Dans les unes il rentre entierement en dedans , & laifle à fa place un creux femblable à un ombilic, comme dans le Goflon ( 2. gen. 1. pl x.s.). Dans les autres, 1l rentre en partie au de- dans, & forme une cavité au milieu de laquelle paroît fon extrèmité arrondie comme un bouton: c’eit ce qui arrive à la coquille du Yet ( 1.p£. 3.s. ). Dans d’autres il eft applat ou fi peu enfoncé, qu’il paroït former une furface plane & fans bouton, comme dans le Coret (gen. 3. pl. 1. v.), le Bobi & le Duchon efpeces de Porcelaine ( 4 & $. zen. 10. pl. 4. ), & dans la plüpart des cfpeces de Pucelage ( ger. rr, A « 11 Droite &: gauche d'une Coquille, Commenten les peut dce- terminer, 2° SOMMET. Des Lima- ÇONS$e Kxxvj DÉFINITIONS DES PARTIES pl $.). Dans d’autres enfin il fait une éminence plus ou moins élevée, quelquefois percée ( Dafan, Gival. 6 & 7. gen a. pl 2.), quelquefois femblable à un bouton fans fp1- tes (Libot, Liri , &ec. 1. 2. 3. 4. 5.8. 9. 6 10. gen. 7.pli2:), mais le plus fouvent tourné en fpirale : ces dermeres l’ont ordinairement aflez confidérable, parce qu’il eft compofé de la réunion de toutes les fpires, excepté de la premiere qui fait l'ouverture. Son Bouton. L’extrêmité du fomimet peut s’appeller le bouton ou la pointe du fommet;& l’extrêmité oppofée, celle où fe trouve l'ouverture, fe nommera, fi l’on veut, le haut ou la bafe de la coquille. Celle-c1 fe porte ordinairement en haut, ou au moins en avant, lorfque l’animal marche. Ses dimen- La longueur du fommet fe compte depuis l’extrêmité in- Ha férieure de la premiere fpire, ou de l’ouverture, jufqu’à fon bouton, parallélement à la longueur de la coquille: ainfi r. S. ft la longueur du fommet de la coquille du Kambeul (1. gen. $. pi 1.). Sa largeur fe prend de même fur le point r. a fon origine, mais en traverfant la coquille. C’eft fur ces deux fens que je détermine la longueur & la largeur des coquilles de toutes les efpeces de Limaçons. Je compare ordinairement la longueur du fommet refpec- tivement à fa largeur, & à la longueur de la premiere fpire, ou , ce qui revient au même, à celle de l’ouverture qu’elle forme , parce qu’elles déterminent enfemble les proportions des autres parties de la coquille ; par-là j'évite beaucoup de | détails. En des Dans les Conques le fommet fait , comme dans les Lima " gons, le fond de la coquille. Il eft quelquefois peu apparent, comme effacé ou rentré dans la coquille, comme dans l’'Huître (G. r. pl. 14. S.), la Pholade & le Taret ( pl. 19. G.1 6 2.$.): mais pour l’ordi- aaire 1l forme au dehors deux éminences, fort petites dans les unes ( Telline, p£. 18. gen. 5. S.), médiocres dans d’au- tres ( Came, p£. 16. gen. 4. S.) , & fort confidérables dans quelques autres (Fagan & Muflole, pl. 18. gen. G.efp.s & 9.). Ces éminences paroiïffent même quelquefois tournées en fpirale, mais les fpires ne font ni difinguées parfaitementau dehors, ni marquées profondément au dedans comme dans les Limaçons. DES COQUILLAGES. XXXVIj Dans les coquilles où le fommet n’eft pas apparent au de- hors, c’eft Le lieu de la charniere qui détermine le point où il devoit fe trouver naturellement; fouvent même il eft rem- placé par un repli que les bords font en dedans de la co- quille au-deflus de la charniere, ou au-deflous du ligament. Je prends la longueur de la coquille des Cozques en par- tant du fommet à l’extrêmité oppofée: leur largeur fe prend fur une ligne qui coupe la premiere en angle droit : c’eft ainfi que dans la coquille de la Telline ( p£. 18. gen. $. ) s M. dérermine fa longueur, & Tr 6. montre fa largeur; d’où Jon voit que cette coquille & la plüpart de celles des Con- ques ont beaucoup plus de largeur que de longueur. La fitua- tion naturelle à ces coquilles pendant que l’animal marche, ou qu'il fe tient en repos, c’eft d’avoir un des bouts de leur largeur élevé en haut, à peu près dans la pofition où je Les ai fait repréfenter depuis la planche 14 jufqu’à la r9c. Au lieu du terme de bouche qu’on emploie ordinairement pour défigner l’ouverture par laquelle l’animal fort de fa coquille, je me fers de celui d'ouverture, afin d’éviter la confufion que pourroit occafionner le terme de bouche qui conviendroit également & à la coquille & à la bouche de l'animal. L'ouverture des coquilles des Zimagons eft toujours for- mée par la largeur de l’extrêmité de la premiere fpire ; elle en eft comme la coupe, dont elle imite parfaitement la figure. Elle fe trouve tantôt à leur droite, tantôt à leur gauche, fe- Ton que les fpires tournent de l’un ou de l’autre fens. Ainf comme les fpires tournent plus communément de droite à gauche que du fens contraire, il y aura beaucoup plus d’ou- vertures à droite qu’à gauche. Ces dernieres font appellées ouvertures uniques, comme j’ai dit plus haut qu’on appelloit leurs coquilles ; mais on feroit mieux de les nommer ouver- tures gauches, & d’appeller les autres ouvertures droites. Dans ce fens la coquille du Bulin & celle du Coret ( gen. 2. & 3. pl. 1.) nous montrent deux ouvertures gauches; & toutes les autres coquilles des Zimacons, fi l’on en excepte celles du Sormet & des Lépas qui n’ont pas de {pires , ont l’ouver- ture droite. Je dis que l'ouverture eft parallèle à la longueur de la 8: 7. OUYERTU: RE, Gauche, Droite: Parallèle. Oblique, Sa figure, Ronde, Demironde. Ovale & al- longée. Ses deux le- vres, xxxvij DÉFINITIONS DES PARTIES coquille, lorfque fon plan, ou la coupe de l’extrèmité de la premiere fpire qui la forme, fuit la même direction que le grand axe ou la ligne qui pañleroit par le centre de la coquille d’une extrêmité à l’autre, comme dans le Goflon ( 2. gen. 1. pl 1.), le Girol( 6. gen. 10. pl. 4. ), toutes les efpeces de Pucelage ( gen. sr. pl. s.) & quelques efpeces de Rouleau. (gen. 1. pl. 6. ). Elle eft au contraire oblique, lorfqw’elle eft inclinée fur un plan qui s’écarte de la direction de ce même axe de la coquille : telle eft celle de la plüpart des Pourpres (gen. 2. pl. 7. 8. 6 9.),des genres de la Toupie, du Sabot (gen. 6. & 8.pl. 12.), de la Natice, de la Nérite ( gezz. 7.8.6 9. pl 13.) & de beaucoup d’autres. : Toutes les figures dont l'ouverture de la coquille des Zi- maçons eft fufceptible, fe réduifent à quatre principales aux- quelles on peut rapporter facilement les figures intermé- diaires qui tiennent un peu des unes & des autres. Elle eft ronde ou orbiculaire dans les unes, comme dans les genres du Bulin (2. pl. 1. ), du Cerite (ge. 4. pl. ro. ), du Vermet (gen. s.pl. x1.),& du Sabot( gez 8. pl. 12.( ; demi-ronde ou taillée en demi-lune dans d’autres, comme dans la Natice & la Nérite ( gen. 7.6 9. pl13. ). Dans d’autreselle eft ovale ou elliptique, comme dans quelques Lépas ( gez. 7. pl. 2. 1. Li- bot, 6. Dafan, 7. Gival, &c. ),& quelques Pourpres( gen. 2. pl. 7.3. Pakel, 2r. Jatou, p£. 9. &c.): & fouvent certe ellipfe eft retrécie vers fon milieu de maniere qu’elle repréfente un trou de ferrure, ou, plusexaétement, cette figure que les géometres appellent caffinoïde, comme on en voit un exemple dans le Goflon ( 2. gen. 5.pl. 1. ) Enfin elle reflemble dans d’autres à une longue fente ou à une ellip{e allongée & reflerrée, comme dans toutes les efpeces de Pucelage ( ge. 11. pl. $.), quelques Porcelaines (4. Bobi, $. Duchon. ges. 10.pl. 4. ), la plüpart des Rouleaux( gen. r. pl.6.),& quelques Pourpres(29 Sta- ron, 34 Farois, 35. Genot. pl. 9. ). Les bords de l'ouverture fe divifent naturellement en deux parties, fouvent égales, quelquefois inégales, dont l’une qui eft à droite ( D. Goflon 2. gen. 1.pl. 1.) s'appelle lèvre droite, & l’autre qui eft à gauche c. fe nomme lèvre gauche. Le genre du Lépas ( pl. 2.), & celui du Vermet( p£. r1.), font les feuls des Zimacons dans lefquels on ne peut faire cette DES COQUILLAGES. XXxIX diftinétion, parce que les bords de leur ouverture font circu- laires, de même figure & de même épaifleur dans leur con- tour. Dans les autres genres les deux lèvres font toujours dif. femblables à plufeurs égards. La lèvre droite ne change jamais de figure dans bien des efpeces, elle eft toujours mince & tranchante ( Kambeul 1. gen. $. Yet, gen. 8. pl. 3, &c. ), ou épaifle ( Piétin, ge. 4. pl. 1.); dans d’autres, elle fe replie à un certain âge & fuivant certaines circonftances ( Pouchet 2. gez. $. pl. 1.), ou bien elle prend un bourrelet au dehors(Vojet 12, Jabik 13.p2.8.), ou des dents au dedans ( Barnet 1. ge. 3. pl. 10. ). Lorfque la coquille vient à augmenter le nombre de fes {pires, après que la lèvre droite a pris un bourrelet extérieur ,ce bourrelet refte dans l'endroit où 1l s’eft formé : c’eft pour cette raifon que l’on voit tant de coquilles qui ont fouvent un bourrelet (Saburon 8. pl. 7.),& quelquefois plufeurs ( Vojet 12, Ja- bik 13. pL. 8.) répandus fans ordre fur leurs fpires. Je ferai remarquer que je n’ai encore apperçu cette efpece de bour- relet que dans les Zimaçons operculées , & 11 differe trop des futures élevées fur certaines coquilles caflées, comme celle que l’on voit fur le dos de la coquille du Salar ( 8. p£.6. ) ou du Téfan( 5. pl. 7. ), pour qu’on puifle les confondre. La lèvre gauche differe effentiellement de la lèvre droite en ce que, dans les coquilles à ouverture droite, elle eft tou- jours fermée en tout ou en partie par la convexité d’une por- tion de la premiere ou de la feconde fpire. Lorfque les fpires font tournées horizontalement, ou roulées de maniere qu’el- les s’enveloppent & fe recouvrent entierement ou prefqu’en entier les unes & les autres, c’eft le côté de la premiere fpire qui fait toute la lèvre gauche ; il eft pour lors arrondi, & formé par une ligne droite ( Rouleau, gez. 1. pl. G. ), ou convexe ({ Goflon 2, gen. 1.pl. 1.), Pucelage ( gen. 11.pl. $.). Quand les fpires ne fe recouvrent que de moitié ou envi- ron, c’eft la feconde fpire qui forme la moitié inférieure de la lèvre gauche ; celle-ci eft alors arrondie & convexe dans cette partie ( Kambeul r. gen. 5. pl. 1. ), & droite ou creufe dans l’autre ( Minjac 6. p£. 7. ). Lorfque les fpires ne s’appli- quent que par le côté de maniere qu’elles ne fe coupent en aucune façon ni les unes n1 les autres, comme dans le Ver- Lèvre droite, Lévre gauche, Son canal. papérieut, Inférieur. xl DÉFINITIONS DES PARTIES met ( pl. 11. ), il n’y a aucune diftinétion entre la lèvre gau- che & la lèvre droite ; parce que , comme je lai dit ci- deflus , les bords font pariaitement femblables dans leur contour. Ce n’eft qu’à côté de cette lèvre qu’on apperçoïit l’ombilic dont j'ai parlé plus haut (pag. xxxij. ): 11 femble qu’il en dépend du moins en quelque c'ofe, puifqu'il ne fe trouve que dans les coquilles dont la lèvre gauche eft fort petite ou formée par une très-petite portion de la feconde fpire, & qu’il eft d'autant plus grand que la lèvre gauche eft plus petite, comme 1l eft facile de le voir dans le genre du Sabot (pl. 12.), & dans celui de la Natice ( pl. 13. ). Ce que je viens de dire de la lèvre droite des Zimaçons qui ont l’ouverture à droite, doit s'appliquer à la lèvre gau- che de ceux dont l’ouverture eft à gauche, comme à celle du Bulin, & à celle du Coret ( gen. 2. & 3.pl. 1.). La plüpart des Zimasçons , fur-tout ceux dont l’animal eft analogue aux Pourpres, ont une efpece de gouriere ou de canal ( D. Yet. gen. 8. pl. 3.) creufé dans l'extrémité fupc- rieure de l’ouverture : quelquefois ils en ont un femblable pratiqué dans l’extrêmité oppofée ( E. Yet. gen. 8. p!.3.). Je nomme le premier canal fupérieur , & le dernier canal 1n- Jérieur. Al s’en trouve auñli quelques-uns qui ont à côté du canal fupérieur un autre canal creufé au haut de la lèvre droite, comme l’on en voit un en F dans la coquille de l’ef- pece de Pourpre que j'appelle Kalan (30. p/. 9.). C'eft la feule des coquilles du Sénégal où j'aie obfervé cette particularité, & je fçai qu’elle eft commune à plufeurs autres efpeces de Pourpres à peu près femblables, qui fe trouvent dans la Méditerranée. Le canal fupérieur eft ou fort court ( D. Sakem 1. pl.7.), ou fort allongé ( C. Bolin 20. p/. 8. ) ; quelquefois évaié (Nivar 31. pl. 9. ), retréci (Cofar 22. pl.9 ), ou fermé com: me un tuyau ( Jatou 21. p/. 9. ); quelquefois fans échancrure (Vojer 12. pl. 8. ), & quelquefois profondément échancré (Fafin 7. pl. 7.). e canal inférieur eft toujours fort court & plus petit que le canal fupérieur ; quelquefois échancré , mais ordinai- sement fans échancrure, : Tl DES COQUILLAGES, x Il n’y a rien de particulier dans l’ouverture de la coquille des Conques : ce n’eft qu’une longue fente (A. M. F.T.B. Huître. pl. 14 ) formée par l'éloignement des battans , & d'autant plus grande qu’ils s'écartent en s’ouvrant davantage. Il y en a cependant quelques-unes dont les battans étant fer- més, ont quelques autres ouvertures naturelles. La Mufole (p£. 18. )en a une fur le devant de fa coquille à l’oppofé du fommet ; les Solens , la Pholade & le Tarer ( p£. 19.) en ont deux, dont chacune eft placée aux extrêmités de leur largeur. L'Opercule ne fe trouve, comme je l’ai dit ci-devant, que dans les Limaçons que j'appelle Operculés. C’eft une petite piece cartilagineufe ou pierreufe, de figure variable, mais toujours plate, & fort petite eu égard au corps des fpires de la coquille. Il eft toujours attaché en deflus du pied de l’animal. Dans les uns, on le voit à fon extrêmité poftérieure, de forte qu’il s'éloigne confidérablement de la coquille quand l'animal l’é- tend pour marcher (Jamar, p£. 6. O.): dans d’autres il eft placé vers le milieu de la longueur du pied (Sakem , p/. 7.O.): dans d’autres enfin 1l eft fixé à fa racine, de maniere qu’il joue par une efpece de charniere fur le bord de la lèvre gauche de l’ouverture, comme dans le genre de la Nérite ( p/. 13.). El imite parfaitement en cela le fecond battant des Coquil- lages Bivalves. Il y a une particularité remarquable dans les opercules qui ne font pas attachés immédiatement à la racine du pied, comme on les voit dans les Nérites; c’eft que lorfque le pied de l’animal, celui de la Pourpre par exemple, vient à fortir de fa coquille, l’opercule demi-rond qui fe trouvoit préfen- ter fa pointe fupérieure à l’extrêmité fupérieure de l’ouver- ture lorfqu’il la bouchoit, la préfente au contraire à fon ex- trèmité inférieure, ce qui ne s’opere que par un retourne- ment entier de cette partie. On obferve ce retournement de l’opercule d’une maniere aflez fenfible non-feulement dans la Pourpre, mais même dans le Rouleau, dans le Buccin & dans plufieurs autres Zimaçons operculés , lorfqw'on voit at- tentivement l’animal fortir de fa coquille, ou y rentrer plu- fieurs fois de fuite. f Ouverture des Conquese 4 OPERCULFY Son attaches Sa fubitan- CC» à Sa figure, Son ufage. 1! differe de l'opercule des Limaçons ter- reitres, fxij DÉFINITIONS DES PARTIES Je n’ai obfervé d’opercule pierreux que dans le genre de la Nérite (pl. 13.) & dans la 4e efpece de Natice que j'ap- pelle Gochet ( pi. 13.). Dans tous les autres Coquiilages operculés il eft cartilagineux, épais dans les uns ( Sakem pl. 7. Bolin p£. 8. &c.), & fort mince dans les autres ( Buc- cin , Cerite, pl. 10.). Sa furface extérieure eft toujours fil. lonée de plufñeurs lignes concentriques & paralleles à fes bords. Quant à fa figure elle eft ronde ou orbiculaire dans quel- ques Limaçons ( Cerite, pl. 10. Vermet, pi. 11.), demi-- ronde ( Pourpre, pl. 7. Natice, Nerite, p£. 13.), ovale ou. elliptique dans d’autres (Rouleau, p£. 6.). On croit commu-- nément qu'il fert toujours à fermer exactement la coquil- le, & même à fervir de couverture & de défenfe à l’animal contre l’attaque des corps étrangers : cela eft vrai dans celles où il prend la forme de l’ouverture , comme dans les ouver-- tures rondes, demi-rondes ou ovales de la Cérite( p£. 10.),, de la Nérite (p2. 13.), & du Jatou ( p£. 9.). Mais à l’égard des coquilles dont l’ouverture eft fort allongée, & de figure différente de cet opercule, je ne vois pas de quel ufage 1l peut être aux animaux qu’elles renferment, car il ne bouche {ouvent pas la cinquiéme partie de l'ouverture. C’eft ce que j'ai obfervé dans les Rouleaux & dans quelques efpeces de: Pourpre. L'opercule des Limaçons operculés differe de celui des Li- maçons wrivalyes & terreftres, en ce que l'animal le prend dès fa naiffance, & en même tems que fa coquille, comme le remarque fort bien Ariftote (1), & après lui le Doéteur Rondelet (2); au lieu que celui des Limaçons terreftres fe forme tous les ans une ou plufeurs fois, & cela dans les tems où ces animaux veulent fe mettre à l’abri de la féche- refle occañonnée par les chaleurs ou les froids exceffifs. IL confifte en une bave vifqueufe, fortie du corps de l’animal,, & durcie en une croûte blanche aflez épaifle, mais peu fo- (2) Hiff. anim. lib. 4. cap. 4 6 15. (2) Operculum utrique huic generi ( Purpuræ 6 Buccino } adhæret nativum, a cæteris ommbus turbimatis.... Operculum etiam jam inde ab ortu omnia gerunt ( de Turbinatis loquitur). Statim ab ipfà procreatione turbinatis operculum inefle dicit, ad difcimen Cochlearum, quæ ipfæ fibi ex glutinofo humore, five ex muco fuo oper= gulum conficiunt, Rondel, Teftac, lib, 2, cap. 3. pag. 70 DES COQUILLAGES, xlii; j Jide, plutôt coriace que cartilagineufe, de fubffance crétacée qui fait eflervefcence avec les efprits acides. Cette croûte ne tient jamais au corps de l’animal, & elle differe encore des vrais opercules en ce que fa furface extérieure ne montre au- cuns fillons concentriques. Tous les opercules pierreux font de nature crétacée & fe diflolvent avec effervefcence, comme les coquilles, dans les efprits acides : mais les opercules cartilagineux réfiftent à deur action. Ceux-ci portent avec eux une efpece d'onétuo- fité ou de graifle, qui, lorfqu’on les brüle fur des charbons, répand une odeur forte, quelquefois aflez gracicufe | mais pour l'ordinaire infupportable. On difoit autrefois que leur fumée étoit un remede fouverain pour les vapeurs & l’épi- lepfe : telle eft la vertu qu’on attribuoit fur-tout à celui d’une efpece de Pourpre que j'appelle Kalan ( p£. 3. ), & que Rondelet (1) croit être le Cozchylium des anciens ; mais on en fait peu d’ufage aujourd’hui. Leterme de Partans a été confacré pour défigner les deux pieces des Conques Pivalves, fans doute parce qu’elles font a peu près égales entr'elles, ou de forme aflez femblable, comme font ordinairement les battans d’une porte. On peut dire qu’elles different des deux pieces des Limaçons Oper- culés, ordinairement par leur nature, & toujours par leur forme : car dans celles même dont l’opercule eft pierreux, cet opercule a toujours une forme applatie, du moins n’en a-t-on pas encore vû qui fut turbiné, c’eft-à-dire, tourné en plufieurs fpires creufées en dedans ; & routes ont toujoursle corps de leur coquille compofé de plufeurs volutes d’une grandeur démefurée eu égard à celle de cet opercule. Les Bi- valves au contraire ont, comime je viens de le dire, deux pieces à peu près de même forme, de même grandeur, & conftamment de même nature. D. G. 2. 1. pl. 16. mon- trent les deux battans de la coquille d’une Came. On voit dans la furface interne de ces battans, plufeurs Remarque, 6 BATTANS: 6 ÂTTACHES taches enfoncées qui font connoître le lieu où les mufcles 554 Musa du corps de l'animal leur étoient unis : c’eft ce que j'appelle ezrs. les attaches. Elles prennent la même forme que les mufcles (1) Teflac. lib. 2. cap. 15. pas. 86 & 87. fi La CHARNIE- RE. Des Lima- çons. Des Con- QUES» g° LiGAMENT. Sa fituation. 9°. PÉRIOSTE, xiv DÉFINITIONS DES PARTIES dont je parlerai ci-près (1); & c’eft pour cette raifon que dans mes defcriptions je ne diflingue point cet article de ce- lui des mufcies, pour éviter les répétitions. Il n'eft pas ordinaire de trouver une charniere dans la coquille des Limaçons operculés, on en voit cependant une apparence dans celle de la Nérite : il y a quelquetois à à fon opercule C.( p£. 13. Dunar. ) deux dents g. r. qui s’engraî- nent avec deux dents pareilles de la lèvre inférieure de la coquille. La charniere des Conques fe trouve toujours placée pro- che des fommets & même au-deflous d'eux. Les dents qui læ forment {ont quelquefois en petit nombre, comme dans les Tellines ( pZ 18. C. ); quelquefois elles font nombreufes , comme dans le Fagan, la Muflole, &c. (pl. 18. ). Elles fervent a affermir les battans, ‘& à les contenir toujours dans la même place. Toutes les coquilles des Conques ont un Ligament qui les unit enfemble proche des fommets & de la “charniere. Ce ligament les afermit, & les fait ouvrir par fon reflort qui a. quelque chofe de fpongieux. Il eft différent dans diverfes efpeces de Coquillages. Ceux. dont la charniere n’eft point dentée l'ont en dedans, ou dans. l’'épaifleur du talon ou des bords de la coquille, comme dans l’Huître, le Jambonneau, &c. (pl. 14. & 15. L.) ;1l eft au contraire placé au dehors des coquilles dont la char- niere eft dentée, parce que s’il étoft placé en dedans il cou- ne les dents de la charniere, & rendroit leur ufage inu- tile:les Cames & les Pétoncles CpL. 16. & 18.) font dans ce cas. Ces derniers font ordinairement fecs & caffans lorfqu'ils pañlent quelque tems hors de l’eau ; mais dans l’eau 1ls s’a- molliflent comme un cuir fort, de forte qu'ils fe courbent &z fe redreflent fans fe cafler dans le tems de l’accourciflement & du relichement des mufcles qui attachent intérieurement V'animak à fa coquille. S1 l’on regarde les coquilles comme les os des Coquilla- ges, on doit regarder la membrane qui enveloppe la plüpart Comme leur périofte. En efter elle en fait l'office, puifqu’elle contribue à leur confervation & à leur accroiffement, Ce (7) Page lv, & Ivi. DES COQUILLAGES. ie périofte ne recouvre jamais leur furface interne, mais feule- ment l’externe, tant dans les Zimaçons que dans les Con ques, quoique quelquetois il fe replie un peu fur leurs bords, comme il ariive au Jambonneau ( pi. 15. R.). Dans les unes il eft fort mince, comme dans les Vis ( p. 4.) & les Pholades (p£ 19.) ; dans d’autres il eft fort épais, comme dans le Ni- var (pé. 9.) & la Muflole ( p. 18.); dans d’autres enfin il eft fi délié qu’il paroît ne pas exifter, ou mème il n’exifle pas, comme dans les Porcelaines & les Tellines (pl 4.6 10. ). Je ne diftingue la Nacre comme partie de la coquille que pour faire connoître par ce titre quelles font celles qui en portent, celles qui n’en portent pas, & enfin celles dont la fubflance tient le milieu entre la nacre & la nature ordi- naire des coquilles. PATES ILE L'ANIMAL, Mox deffein n’eft point de parler ici des parties intérieures qui regardent l’anatomic des Coquillages. Ce fujet a été traité allez amplement par plufieurs Aureurs célebres , tels que Harder (1), Heyde(2), Lifter (3), Swammerdam (4),Mr:. Mery (5), de Tournefort (6) & Duverney(7); d’ailleurs la ftructure de ces parties, leurs fonctions, leurs ufages, &c. font pour la plûpart fi difficiles à déterminer , fur-tout dans les Bivalves, que les Auteurs que je viens de citer ne fe font prefque jamais accordées dans les noms & les ufages qu'ils leur ont attribué; le petit nombre même qu'ils en ont dé- terminé fouire encore des dificultés, & laifle bien des chofes a defirer. Je me borne donc aux feules parties extérieures, à celles Re Examen Anatomicum Cochleæ terreflris demiportæ. (2) Anatome Mytuli. (3) Exercitatio Anatomica, prima de Cochleis terreftribus & Limacibus: ÆExercitatio Anatomica altera de Buccinis fluviatilibus & marinis.. (4) Biblia Nature. $) Moule d’Etang. Mém. de Académie, année 1710. a (7) Leurs manuferits font dans les regiftres de l’Académie. On fçait que M. Du: verney avoit travaillé avec un foin particulier l'anatomie des Coquillages : il feroit à fouhaiter que fes ouvrages fur cette matiere fuflent rendus publics, nous y trouve- rions fans doute beaucoup d'éclairciflemens & d’obfervations neuves qui feroient éga- lement honneur à la nation & à la mémoire de ce célebre Anatomiite.- HEURE La Nacre. TETE 29 CoORNES. Leur nom- bre. Leur fitua- tion, Leur ftruc- ture. xlvj DÉFINITIONS DES PARTIES que la vûe & le toucher font appercevoir & reconnoître fa- cilement fans le fecours du fcalpel anatomique: j'en diftingue vingt, qui font : 19. La Tête. x20. Les Trachées, 20. Les Cornes,. 13. Les Ouies. 3°. Les Yeux. ” 54 L'Anus 4°. La Bouche. aço. Le Cœur. s°. Les Mâchoires, 16°, Les Mufcles. G°. Les Dents. 17°. Le Sexe & les Par< 7°. La Trompe, ties de la généra= 8°, Le Col. tion. o°. Le Corps. 180, Les Œufs. ao°. Le Pied. 19°, Les Filets, zic. Le Manteau. 200. Les Fils. La T'éte eft une efpece d’éminence ronde & charnue, qui fe préfente à la partie antérieure & fupérieure du corps des Limagçons (T. Coret, planc. 1. ). Swammerdam y a {çu trouver un cerveau , qu'il dit être mobile & capable de fe porter de devant en arriere : 11 eft compofé de deux parties olobuleufes, féparées l’une de l’autre , à peu près comme dans le cerveau humain. Dans les Conques telles que l’Huître ( p£. 14.), la Came (pl 16.),&c. je n’ai encore rien apperçu, non plus que les obfervateurs , que l’on puiffe regarder comme la tête, à moins qu’on ne veuille donner ce nom à une petite éminence ronde qui eft au-deflous de la bouche; en ce cas on feroit en droit de dire que les Congues ont la tête dans la partie inférieure de leur corps, au contraire des Zimaçons. Les Cornes ne fe trouvent que dans les Zimacons,encore quelques-uns d'eux en font-ils dépourvus, comme le Sor- met (pl 1.), & le Mouret ( p£. 2. ). Ceux qui en portent n’en ont jamais moins de deux, & jamais plus de quatre, Elles font toujours placées fur les côtés de la tête ou à fon origine ( Coret , pl. 1. ), ou à fon extrèmité { Porcelaine, pl. 4. ). Elles varient auffi par leur ftructure interne. Dans le genre du Limaçon terrefire | comme dans le Kambeul ( pi. 1.), | | DES COQUILLAGES. xlvij ce font des efpeces de tuyaux creux CC. D D. qui ont la faculté de fe replier & de rentrer en eux-mêmes , par le moyen d’un mufcle qui en tire l’extrêmité jufques dans l’intérieur de la tête. Ce mufcle eft le nerf optique lui-même, fuivant Swammerdam. Dans tous les autres Limaçons elles paroiflent compofées de fibres longitudinales, tantôt à un, tantôt à deux plans in- ternes & externes, entrecoupées de quelques anneaux ou mufcles annulaires , tels qu’on les voit aflez bien expri- més dans le Foffar ( pl. 13.). C’eft par le jeu de ces fibres que les cornes s’allongent ou fe raccourciflent au gré de Panimal : mais elles ne rentrent jamais ni au dedans d’elles- mêmes, n1 dans la tête, elles reftent au dchors confervant la plus grande partie de leur longueur. Tous les Auteurs modernes, fi l’on en excepte Swammer- dam (1), ont penfé, fur la parole de Pline (2), que les Li- maçons fe fervoient de leurs cornes comme de guides pour fonder & râter le terrein où ils avoient à marcher; mais on ne voit rien dans leur mouvement qui prouve une pareille attention dans ces animaux. Il femble même qu’elles leur font auffi inutiles que les cornes fuperflues ou embarraflantes de certains Infectes ; du moins leur ufage n’eft-1l pas appa- rent. On fçait feulement qu’elles ont le fentiment très-fin, & plus délicat que les autres parties de leur corps. On n’apperçoit des Yeux que dans les Zimagçons ; mais tous n’en ont pas, comme l’on peut voir dans le Sormet( pZ. 1.), & dans le Mouret ( pl. 2.) Leur fituation n’eft pas non plus la même dans tous : quelques-uns les portent à leur fommet ( Kambeul , Ormier ,p£. 1.6 2. Y Y.), d’autres vers leur mi- lieu ( Sakem p£. 7. Ÿ Y.), & d’autres à leur origine ( Libot, pl. 2. Y Y.) Ils font conflamment au nombre de deux. Swammerdam qui a examiné ceux du Limaçon terreftre, dit qu'ils ont la figure d’un bulbe, d’un oignon arrondi dans fa partie fupérieure, & applati du côté oppofé. Il n’y a ap- (1) Perperam autem fomniarunt quidam, quod Cochlea fuis corniculis, ut cæcus baculo fuo utatur, ad viam nimirum quam reptare debent invetigandam , aut ad ex- plorandum tactuque dignofcendum, an dura fint obje&a vel mollia. Bibl. nat. vol. 2.. Pag- 158. | (2) Cochleis oculorum vicem cornicula bina prætentatu replent. Æf. Mund, lib, xx, Cap. 37. Leurufage. 0 YEU x. Leur fitua tion. Leur nom- bre. Leur ftruc= ture, “19 Bou CHE des Limaçons. Ses Lèvres. Bouch e des Conques. xlvij DÉFINITIONS DES PARTIES perçu qu’une feule tunique qu’il appelle l’uvée; elle en re- couvre la furface interne, Il à encore diftingué dans fon in- térieur les trois humeurs, l’aqueufe, la cryftalline & la vitrée. Maloré ce grand appareil, cet animal & tous les Limaçons, excepté le Pucelage, ont le fens de la vüe fi obtus, qu'il ne paroït pas qu’ils faflent de leurs yeux le même ufage qu’en font les autres animaux. J'ai remarqué qu’en général ils étoient recouverts par la peau commune qui enveloppe les cornes & la tête; & c’eft vraifemblablement fon épaifleur & fon opacité qui les émoufle & les rend inutiles. La Bouche eft fort petite dans les Limaçons, & placée au-deffous de la tête (Corer, p£. 1. B.) ou à fon extrèêmité antérieure ( Libot , planc. 2. B.). Elle paroît comme un petit fillon dont la forme varie fuivant les efpeces : dans les unes il eft longitudinal ou parallele à la longueur de la tête (Popel, pl. ro. B. ); dans les autres il eft en partie longitu- dinal, en partie tranfverfal ( Bulin, pl. 1. B.). On peut ap- peller du nom de lèvres les bords de la bouche qui forment ce fillon : elles font ordinairement fort petites. La bouche des Conques eft incomparablement plus grande que celle des Zimagçons. Elle fe trouve placée dans la partie la plus bañle de la coquille vers le côté gauche de fa char- niere. Tout ce que l’on y peut diftinguer, ce font quatre ef- peces de lèvres femblables à autant de feuillets charnus, ex- trèmement minces, qui bordent une ouverture qui aboutit à l'eflomac par un éfophage fort court. Ces lèvres font divi- fées par le haut, & réunies quelquefois par en bas: elles s’agitent continuellement lorfque l'animal ouvre fa coquille, & obligent par ce mouvement l’eau de pafler dans l’ouver- ture qui lui fert de bouche. Leur tiflu paroît confifter en un nombre infini de fibres tranfverfales extrêmement ferrées. On ne trouve point de Méchoires dans les Conques. La plûpart des Limaçons en ont deux verticales , c’eft-i-dire, pofées l’une au-deflus de l’autre , à la maniere des Quadru- pèdes : tel eft le Limaçon terrefire que j'appelle Kambeul {p£. 1.). Les autres n’en ont aucune , comme la Gondole (pl 1.); ou bien ils ont en leur place une trompe qui fort au dehors, comme l’Yet ( p£. 3.) Los La DES COQUILLAGES. xlix La méchoire fupérieure eft communément d’une fubftance cartilagineufe, mais ferme, analogue à celle de la corne, & de couleur d’écaille, c’eft-à-dire, brune tirant fur le rouge. Sa forme varie fuivant les efpeces : dans les unes elle repré- fente un croiffant ou un fer à cheval ( Kambeul , gen, 5. pl. 5. J.) ; dans d’autres elle reflemble à un offeler triangulaire ou conique dont la pointe regarde en bas ( Libot , gen. 7. pt. 2.R.). Cette mâchoire ne paroïît pas avoir de mouvement, La mächoire inférieure confifte en une efpece de mem- brane cartilagineufe, fort fimple, qui tapifle le palais inférieur de la bouche. Cette membrane ett fufceptible de deux mou- vemens, dont l’un tend à la gonfler & à lavancer fur les bords de la bouche fous la figure d’une boule coupée en deflus d’un petit fillon, comme j'ai fait repréfenter celle du Limaçon en x (pl. 1.); par l’autre mouvement elle rentre au dedans en formant des replis femblables à ceux d’une bourfe qui fe ferme. Au milieu du fillon & des plis, on ap- perçoit un petit trou qui répond immédiatement à l’éfophage: c'eft par ce trou que les alimens doivent pafler pour fe ren- dre dans l’eftomac. Je n’ai encore apperçu des Dents que dans la bouche des Limaçons, & tous les obfervateurs en ont cherché inutile- ment, ainfi que des mâchoires , dans celle des Conques. Dans les Limaçons qui ont la mâchoire fupérieure, c’eft la mâchoire même, qui, quoiqu’immobile, fait la fonétion de dent; foit qu’elle foit fimple & fans aucune divifion comme celle du Lépas (gen. 7. pi. 2. R.), foit qu'elle foit relevée comme celle du Limaçon terreftre (gen 5.p1. 1. J.) de cinq à fix canelures qui débordent comme autant de dents. Les dents de la mâchoire inférieure font infiniment petites, prefqu’imperceptibles à la vûe, quoique le toucher les fafle quelquefois fentir. Regardées au microfcope, elles reffem- blent à autant de petits offelets cartilagineux, très-durs, dont la pointe fe recourbe vers l’eflomac, comme ceux de la lan- gue du Lion ou du Chat. Elles font ordinairement fort nom- breufes & diftribuées en plufeurs rangs fur la mâchoire, dont elles recouvrent entierement la furface antérieure. Vers le tiers de la longueur de cette mâchoire, on décou- vre à fa partie poftérieure, & à l'entrée de l'éfophage, une & Supérieure, Inférieure; 6?, DENTS. De la mài- choire fupé- rieures De la mi- choire infe- rieure. Langue. #0 TROMPE. Ï DÉFINITIONS DES PARTIES petite caroncule blanche, conique, & noire à fon extrémité qui pena en bas : c’eft la langue de l'animal. Quant à la maniere dont 1l fe fert de fes mâchoires, de fes dents & de {a langue, voici ce que j'ai obfervé. Lorfqu'il veut manger quelque corps folide, comme font les feuilles d’une plante, 1l préfente fa mâchoire inférieure fur les bords de la bouche fous la forme d’une boule coupée en deflus d’un petit fillon, comme l’on voit celle du Limaçon ( ». pl. 1.) ou celle du Lépas ( ». pZ. 2. ); 1l élargit enfuite ce fillon en avançant encore la mâchoire & lui faiant faire le cuilleron, puis 1l la referme en pinçant & attirant à lui une portion de la feuille qu’il brife en la preffant contre la mâchoire fupé- rieure ( J. pl. 2.),ce qui fe fait avec un bruit aflez fenfible, & fort femblable à celui qu’on entend lorfque le ver à foie mange. Le morceau ainf détaché de la feuille & finement broyé , entre par l’ouverture de la mâchoire inférieure dans Téfophage, &'va de là fe porter dans l’eflomac pour fervir de nourriture à l’animal. La caroncule que j'ai dit fe trouver a l'entrée de l’éfophage, & qui reflemble à une petite langue pendante en bas, fert fans doute à empêcher le retour des alimens, & à les précipiter dans l’eftomac. Telle eft la méchanique du mouvement des mächoires dans les Limaçons qui en font pourvus. Elle eft à peu près la même dans tous, & ne diflere pas fenfiblement dans les différentes efpeces. Dans les Limagons dont la bouche eft dépourvue de mâ- choires, on voit à leur place une efpece de Z'rompe ou de tuyau cylindrique, qui eft d’une grande longueur dans cer- taines efpeces, & beaucoup moindre dans d’autres. Cette trompe eft charnue , d’une fubftance mufculeufe, peu épaiffe & fort fouple. On peut la regarder comme un éfophage allongé, qui a la faculté de fortir du corps & d’y rentrer comme dans un fourreau. Son extrêmité eft percée d’un trou rond , bordé tout autour d’une membrane cartilagi- neufe , affez mince, femblable aux mâchoires inférieures dont j'ai parlé ci-deflus, & dentée de même. Il n’y à que les Limaçons carnaciers qui foient pourvus de ces fortes de trompes:ils s’en fervent comme de tarriere pour percer les coquilles des autres Coquillages dont ils DES COQUILLAGES. i fuccent la chair. Les alimens n’ont pas d’autre entrée dans le corps de l’animal que l'ouverture de l'extrêmité de cette trompe, On en voit différentes formes à la lettre L. des plan- ches 3,4 & 10. ; Tous les Limaçons ont une efpece de Co1 plus ou moins long , qui fupporte la tête & l’éloigne du refte du corps, comme l’on voit dans le Coret & le Limaçon ( p£. 1. ). Il n'y a rien de femblable dans les Corques. Le Corps ou le tronc des Coquillages prend la forme de fa coquille dont 1l remplit toute la capacité, de forte que quand elle eft fpirale , comme font la plüpart des Zima- gons, 1l eft parcillement tourné en fpirale ; lorfque la co- quille n’a point de fpires ou de volutes fenfibles, le corps n’eft point contourné : tel eft celui de quelques Lépas & de toutes les Conques. Rien ne reflemble mieux à un Pied que ce gros mufcle qui s’étend fous le col & une partie de la poitrine des Limaçons. El eft applati en deffous, & formé par l’aflemblage d’un grand nombre de forts mufcles, qui font placés en long dans quel- ques-uns & en travers dans d’autres. Sa figure n’eft pas conf. tante : elle dépend des différens mouvemens que fe donne l'animal auquel 1l tient lieu de Pied. Quand il veut marcher, il donne à ce pied un mouvement d’ondulation femblable à celui des flots de la mer, & qui le tranfporte en le faifant, pour ainfi dire, glifer d’un lieu à l'autre : c’eft le mouvement progreffif ordinaire à la plüpart des Limaçons dont le pied eft uni dans fa furface inférieure. Ceux qui, comme le Piétin ( gen. 4. pl. 1.P.K.), l'ont di- vifé en deux parties à peu près égales, s’en fervent d’une maniere toute difiérente : lorfqu’ils veulent avancer , ils ap- puient fortement fur le bord antérieur de ce pied ; c’eft le point fixe vers lequel tout le refte du pied, qui eft dans le relâchement, eft amené : au contraire lorfqu'ils veulent re- culer , ils fe cramponnent fur fon bord poftérieur, & alors le devant qui eft dans linaétion eft obligé de fe rapprocher vers cette partie où le point d'appui fe trouve dans ce tems-la. Le Pied n’a ni la même forme n1 le même ufage dans les Conques , du moins ne peut-il ramper. Il eft quelquefois cy- Hindrique, comme dans la Pholade, le Solen ( p/. 19.), &c. 8 1] 10°. Prep. Des Lima- çons, ques. tij DÉFINITIONS DES PARTIES & communément applati fur les côtés & fort tranchant ( Ca- me, pl. 16 & 17. Telline & Pétoncle, pL. 18.) ;il fert aux unes de point d'appui pour fe poufler & s’avancer, & aux autres de reflort pour fauter avec force, comme il arrive aux Tel- lines. Il y a aufli quelques genres dans lefquels il manque abfolument : telle eft l'Huître ( p£. 14.) mit J’appelle du nom de Manteau cette membrane mufcu- MANTEAU. jeufe, ordinairement aflez mince, qui recouvre & tapife les parois intérieures de la coquille. Sa figure n’eft pas la même dans tous les Coquillages, & dans le même animal elle varie d’un inftant à l’autre , felon la différence des mouvemens Des Lima- qu’il fe donne. Dans quelques Limaçons | comme dans le Lich Kambeul ( ges. $. planc.1. M. ), cette membrane forme le collier en environnant le col de l’animal : dans d’autres, tels que la Porcelaine ( p£. 4. M. N.), le Pucelage( p£. 5. M.), le Mantelet( p£. $. M. N. ), elle forme le manteau en enve- loppant & recouvrant non-feulement le dedans , mais même le dehors de la coquille. Des Con Dans les Conques cette membrane fort rarement hors de Lo la coquille, mais elle enveloppe tout le corps de l'animal, foit en fe divifant en deux, comme dans l’Huître ( p/. 14. B. T.F. M. A. }), foit en faifant une efpece de fac ouvert par les deux bouts, comme dans le Solen ( p£.19.M.N.), la Pho- lade ( pl. 19. M. }, &c C’eft à caufe de l’inconflance & de l’irrégularité que j'ai remarqué dans la forme que prend cette membrane dans divers Coquillages, que j'ai crû devoir changer fon nom de Collier en celui ce Manteau. Ce terme ne défignant qu’une enveloppe en général , pourra convenir à tous les Coquil- lages qui ont une enveloppe femblable , quelque figure qu’elle puifle prendre. Son wage. Le principal ufage du manteau dans les Coquillages, eft d'empêcher que l’eau n’entre dans la coquille contre la vo- lonté de l’animal , ou de la retenir à fon gré. Dans les Con- ques, par exemple, où il n’eft pas d’une piece, mais divifé en deux lobes, lorfque la coquille s'ouvre, les deux lobes s'appliquent exactement l’un contre l’autre de maniere que Veau du dehors ne peut y entrer, ni celle du dedans en fortir fans la participation de l'animal, DES COQUILLAGES. lij Le manteau porte une ou deux ouvertures qu’on peut appeller Z'rachées , à caufe de leur ufage, & dont la fituation varie fuivant les diflérens Coquillages. Dans les Limacons il n’y a qu'une trachée dont l’ouver- ture fe trouve fur les bords du manteau , comme dans le Li- maçon ( pl. 1. À. ); ou bien elle forme un long canal ou tuyau qui fort-de la coquille , comme dans les Pourpres pl 7:kK.). Elle eft placée à droite, vers le dos de l’animal, dans tous les Limaçons, excepté dans ceux qui ont leur coquille tour née à gauche, comme le Bulin & le Coret( p£. 1. ): ceux-là l'ont à gauche. xt On apperçoit encore aflez fouvent une feconde ouverture un peu plus petite que la trachée, & placée ordinairement un peu au-deflous où par derriara elle: r’eft celle où fe trouve Vanus : elles font féparées l’une de l’autre par une cloifon médiocrement épaifle qui leur ôte toute communication. Dans les Conques le manteau fait quelquefois deux ou- vertures pareilles, comme dans le Jataron ( p£. 15. T. A.), & quelquefois 1l laïfle fortir hors de la coquille deux tuyaux inégaux ( Pétoncle, pl. 18. T. A.), dont le plus grand eft ordi- nairement le plus proche du ventre de l’animal, & le plus peut eft placé derriere ou vers le dos de fa coquille. Ces deux tuyaux communiquent ordinairement enfemble & font par conféquent deux trachées : je nommerai celle qui eft la plus proche du ventre de l'animal la Trachée antérieure ou fu- périeure, & celle du dos la Trachée poftérieute ou inférieure. L’ufage de ces trachées n'eff pas équivoque lorfqu’on les obferve pendant quelques heures. On voit que celle des Zi- maçons afpire l'air ou l’eau , qui eft enfuite rejettée dehors(r }. La trachée antérieure des Conqgues attire pareillement l’eau, & la trachée poftérieure la renvoie : il leur arrive cependant quelquefois de la rendre par la même trachée qui l’a reçue. (:) In hoc labio five limbo bini ad dextram hiatus confpiciuntur, alter excernendis fœcibus dicatus ; alter attrahendo & emittendo aëri inferviens, Swammerd. (de Cochlei Vinearum , five operculari. ) Bibl. nat. vol. 2. pag. 99. À Hujus igitur cartilaginis ufus eft, ad aquam aéremve aquatum recipiendam , ejicien- damque ad branchiarum officium ...... Hic itaque tubulus trachexæ five foraminis branchialis..,... ufum praftat. Lifler. (de Purpurà, Buccino marino craflo , rufef- cente , fliato & undato. } Exercir, anat, alt, pag. 74. re TRACHÉES, Des Limae çons, Des Com ques. Leur ufage, 13% QOuiezs. Des Lima- çons. Des Con- ques, uw DÉFINITIONS DES PARTIES L'eau ainfi attirée va fe rendre aux ouies (1 ), & fertfeulemenr, dans les Limagons, à procurer à l’animal l'air qui lui eft né- ceffaire : mais ie les Conques elle a un ufage de plus; elle fert encore de véhicule au limon qui doit faire leur nourri- ture, & qu’elles ne peuvent prendre que par la trachée an- térieure, n'ayant, comme je lai déja dit, ni col, ni tête, n1 bouche allongée qu’elles puiffent porter au dehors comme font tous les £imacons. à On apperçoit fur le dos des Limaçons ,au-deflous du man- tcau vers l’origine de la trachée, quatre petites Quïes noi- râtres , deftinées à féparer l'air qui eft contenu dans l’eau, & à le tranfmettre à l’aorte qui vient fe joindre à elles pref- que à fa fortie du cœur (2). | Ces Ouies font beaucoup plus grandes & placées diffé- remment dans lee langues. Klles euiveloppent & recouvrent entierement le pied ou le ventre de l’animal , fur les côtés duquel elles font attachées deux à deux vers le dos de la co- quille, dont elles égalent à peu près la longueur. Par leur fubftance elles reflemblent à quatre feuillets membraneux extrêmement minces, taillés en demu-lune, & formés par un tiflu de petits tuyaux tranfverfaux , difpofés comme des tuyaux d’orgues, fort ferrés & unis étroitement les uns aux autres. On voit fur le dos de chacun de ces feuillets un rang de petits trous ovales, par lefquels l’eau entre dans les tuyaux & les fait gonfler. J’ai remarqué qu’en les foufflant par ces trous, on les fait gonfler facilement. Ces tuyaux font quel- quefois coupés par d’autres tuyaux longitudinaux un peu plus gros & aflez écartés, qui paroïflent autant de fibres def- tinées à afiermir leur affemblage. Je n’ai point fait figurer ces parties, parce qu'il eft rare qu'elles fe préfentent aux obfervateurs qui ne cherchent point l’anatomie des Coquillages, quoiqu'il foit toujours fa- cile de les découvrir fans le fecours du fcalpel, (1) Athæc ( Trachea ).... non branchiarum vicem explet, ut voluit Columna , fed ad ipfas branchias aquam ducit reducitque. Ejufd. ibid. pag. 75. (2) Etenim ad fundum hujus duétüs extemporanei ( Tracheæ fcilicet ), intrà cavi- tatem dorfalem binæ branchiæ nigricantes pofitæ funt, ad has verd ( quod in cotto animali clarè videre poteris) reétà fertur arteria aorta, è corde exiens. Præter branchias autem illas exiguas nigricantes , aliæ amplifimæ branchiæ & mi- nùs nigricantes fecundum membranam dorfalem protenduntur , illefque parvas qua ampleétuntur, Jéid, DES COQUILLAGES. tv Pour trouver l’Anus dans les Limaçons il ne faut que chercher l’ouverture qui touche immédiatement la trachée. On apperçoit un peu au-deflous de fes bords, l’extrêmité de l'intettin qui vient s’y décharger. C’eit l'anus ( Limaçon, pl. 1. A. ) qui eft, comme la trachée, aflez éloigné de la bou- che par laquelle les Limagçons prennent leurs alimens. Dans les Conques l'Anus fe trouve pareillement dans la trachée poftérieure ( Jambonneau, p£. 15. a. ) qui eft analo- gue à l’ouverture des Limagçons, dont je viens de parler. Il reflemble à l’anus des Limaçons en ce qu’il touche prefque la trachée antérieure : mais 1l en diflere en même tems en ce qu’il eft auf proche qu'il puifle l'être de l’ouverture par la- quelle l’animal reçoit la nourriture qui doit être portée à fa bouche ; de forte que comme la trachée poflérieure pompe quelquefois l’eau, & par conféquent les alimens, on pour- roit dire avec aflez de fondement que ces animaux prennent leur nourriture & rendent leurs excrémens par le même canal, Les Excrémens font différens dans les différens Coquilla- ges ; parmi les Limagçons on en voit de vermiculés ou de con- tournés comme des petits tourillons de corde ou de fil:tels font ceux du Bulin, du Coret & du Kambeul ( pz. 1 ):les au- tres les rendent en petits grains, comme on l’obferve dans la Toupie ( p£. 12. ) & la plüpart des Conques. Quoique le Cœur foit réputé comme une partie interne, je crois cependant qu’il eft à propos de faire remarquer qu'il eft toujours placé vers la furface du corps des Zimaçons, dans le fond de la cavité que forme le manteau. On letrouve à droite dans le Bulin & le Coret( p£. 1.), par une fuite né- ceflaire du contour de leur corps de gauche à droite, au con- traire des autres Limaçons qui l’ont à gauche, Il a un mou- vement très-fenfible, par lequel il monte & defcend alterna- tivement. Il n’eft pas auffi facile d’appercevoir le cœur des Conques; il eft caché dans l’intérieur de leur corps fous le ventricule, Willis aflure avoir apperçu dans celui de l’Huître le mou- vement de fyftole & celui de diaftole. Les Limaçons dont la coquille n’a qu’une feule piece, comme font les Uuivalyes des planches 1,2,3,4&5, 14° ANUS. Des Lima- çons. Des Cor- ques. Excrémens, Le Corur. Des Lima- çons. Des Con- ques. 167, Musczes, lvi DÉFINITIONS DES PARTIES Des Lima n’ont qu'un feul Mufcle qui attache leur corps à la coquille, ves, Des Lima- çons Opercu- lés. Des Con- ques, Leur ufage, 17°. SEXE. cons Unival- par une petite partie du dos & à peu près vers le milieu de fa longueur. Ce mufcle forme un large tendon , femblable à un ruban fort mince, qui fe divife un peu au-deflus de fon infertion en deux ou trois rubans principaux. Chacun de ces rubans fe fubdivife en plufeurs autres rubans plus petits, qui fe difperfent & fe difiribuent dans toutes les parties du corps. Les Limacons Operculés qui ont deux pieces à la coquille, ont deux mufcles diftingués , dont le premier qui les unit à la coquille reflemble à celui des Uriva!ves: l’autre qui tient a l’opercule eff ordinairement rond & fort large, mais peu épais. Les Coquillages que j'ai fait repréfenter depuis la G® jufqu’à la 13° planche font de ce nombre. Parmi les Corques il y en a qui, comme l’Huître, n’ont qu'un mufcle qui leur traverfe précifément le milieu du corps, pour s'attacher au milieu des battans de la coquille: on voit les impreflions de ces attaches en EE. planche 14. D’autres en ont deux, telles que les Cames ( ». 16 Ee.), les Tellines ( pi 18. Ee. ) & plufieurs autres. Ils traverfent ordinairement les deux extrèmités de leur corps pour l’atta- cher aux extrèmités de la coquille. Il y en a qui en ont trois ou quatre, ou même davantage, comme les Jambonneaux ( pl. 15.E.e.7.1.). Ces mufcles font tantôt ronds, comme dans le Solen, (pl. 19.), tantôt ovales (Ee }, ou de toute autre figure, ordi- nairement très-épais, & d’autant plus longs que les coquilles qu’ils attachent ont plus de concavité ou de profondeur. Ils font compofés de fibres droites & verticales, comme il paroïît quand on les fait bouillir : dans l'endroit où ils s’uniflent à la coquille, ils acquierent fouventune dureté femblable à celle de la pierre. Leur ufage eft d’écarter les battans, ou de les rapprocher, pour ouvrir ou fermer la coquilie, au gré & fuivant les be- foins de l’animal. Après fa mort, ces mufcles fe relâchent de maniere que les battans reftent continuellement ouverts ou écartés l’un de l’autre. : I n’y a peut-être pas d’endroit par où les Coquillages foient plus bizarres & en mème tems plus admirables que | par DES COQUILLAGES. Ivij par le Sèxe : dans les uns il eft diftingué ; on voit des indi- vidus mâles & des individus femelles, comme dans l’Yer (p£ 3.), la Pourpre ( p£. 7.),la Toupie (p£.12.),&c. Dans les autres le fexe eft réuni : ceux- c1 font appellés herma- phrodites. | On peut diftinguer trois fortes d’hermaphrodifme dans les Coquillages : 1°. Celui auquel on n’apperçoit aucune des parties de la génération, foit mâles, foit femelles; & qui fans aucune efpece d’accouplement, engendre fon femblable : il eft particulier aux Cozques. 29. Celui qui réuniffant en lui les deux efpeces de parties fexuelles, ne peut fe fuffire à lui-même , mais a befoin du concours de deux individus qui fe fécondent réciproquement & en même tems, l’un fervant de mâle à l’autre, pendant qu’il fait à fon égard les fonctions de femelle. Cet herma- phrodifime fe voit dans le Limaçon ( pl. 1.) & dans quelques autres , dont l’accouplement fe fait en élevant leur col en face l’un de l’autre, & l'approchant réciproquement par le côté. 3°. Celui qui poffédant les deux efpeces de parties gén1- tales a befoin de la jonction de deux individus, mais qui ne peuvent fe féconder en même tems à caufe de l'éloignement de leurs organes. Cetre fituation défavantageufe les oblige de monter les uns fur les autres pendant l’accouplement. Tel eft l’hermaphrodifme du Bulin & du Coret ( pl. 1. ):fi un individu fait à l’égard de l’autre la fonction de mâle, ce mâle ne peut être fécondé en même tems par fa femelle, quoi- qu'hermaphrodite; il ne le peut être que par un troifiéme in- dividu qui fe met fur lui vers le côté en qualité de mâle. C’ef pour cette raifon que l’on voit fouvent un grand nombre de ces animaux accouplés en chapelet les uns à la queue des autres. Le feul avantage que cette efpece d’hermaphrodites ait fur les Limaçons dont le fexe eft partagé, c’eft de pouvoir féconder comme mâles un fecond individu, & être fécondés en même tems comme femelles par un troifiéme individu. * [ne manqueroit plus aux Coquillages, pour réunir toutes les efpeces d’hermaphrodifmes, que de pouvoir s’accoupler à eux-mêmes, & être en même tems le pere & la mere du même animal. La chofe n’eft pas impoffible, puifque pluficurs font l Hermaphro- difme de trois elpeces, lvij DÉFINITIONS DES PARTIES pourvûs des deux organes néceflaires ; & peut-être quelque obfervateur Y découvrira-t-il un jour certe forte de généra- tion, qui ne doit pas nous paroître plus étrange que celle des Conques, des Polypes & de tant d’autres animaux fem- blables qui {e reproduifent fans accouplement fenfible , & fans aucun des organes requis dans les autres animaux pour opérer la génération: Siwattondes Dans les Limasons dont le-fexe eft partagé, l’ouverture de parties de la [organe eft placée fur la droite de l’animal. générations Les parties mafculines & les parties féminines font unies enfemble, & ont beaucoup de chofes communes entr’elles, dans les hermaphrodites de la feconde efpece : elles n’ont qu’une ouverture commune qui fe trouve fur le côté droit à l’origine des cornes. Dans les hermaphrodites de la troifié éme efpece, chaque organe a fon ouverture difhinguée, l’une à l’origine des cor- nes, & l’autre beaucoup au-deffous ; ; toutes deux du côté gauche dans les Limaçons dont le corps tourne en defcen- dant de gauche à droite comme le Bulin & le Coret (p/. 1. DA & au contraire du côté droit dans ceux où il tourne de droite à gauche, comme je l’ai obfervé dans quelques Coquillages d’eau douce (1 1) qui fe trouvent aux environs de Paris dans la petite riviere des Gobelins. ‘ Les Coquillages d'fferent encore beaucoup dans la ma- niere de faire leurs petits : les uns font Vivipares, comme la plüpart des Conques, & quelques Limaçcons tels que l’Yet ( pl. 3. ): les autres font Ovipares. Parmi les Ovipares, il y en a dont les œufs font recouverts d’une croûte à la maniere des œufs des Oifeaux & des Rep- ules: tel eft Le genre du Limaçon terreftre (p£.r. Kambeul. O.). Il y ena d autres dont les œufs font environnés d’une ef- pece de gêlée qui les unit les uns avec les autres à peu près comme les œufs des grenouilles ou de certains poiflons : tels font ceux du Bulin & du Coret( p£. 1.). Dans d’autres, comme dans les Pourpres ( pl. 7. ), 1 œufs font des efpe- geo ŒÆ vu Frs. (1) Buccinum fubflavum, pellucidum, fex orbium, claviculà admodum tenui , pro- duétiore Anglicum. Liff. hifi. Conchyl. tab. 123. fig. 21. & tab. 124. fig. 24. Buccinum fubflavum , PE g quatuor orbium , ore amplifimo, mucrone acuto, Eyufd, tab, 123. fig. 22 DES/COQUILLAGES. lix ces de facs membraneux, ovoides ou fphériques , quelque- fois folitaires , & ordinairement réunis en une mafñle que l’on appelle en latin Favago (1), parce que leur aflemblage imite en quelque forte celui des cellules d’une ruche à miel. Chacun de ces facs contient plufieurs petits qui en fortent dans leur maturité, quoiqu’Ariftote (2), Rondelet & leurs feétateurs ayent dit le contraire, dans la perfuañon où ils étoient que tous les Coquillages devoient leur origine uni- quement au limon & à la pourriture. Le nombre des petits eft très-confidérable dans les Coz- ques ,1l va jufqu’à plufieurs milliers: 1l eft beaucoup moindre dans les Limaçons Operculés, & encore moindre dans la plüpart des Urivalves. Les petits des Coquillages Vivipares font revêtus de leur coquille en fortant, & même bien avant de fortir du ventre de la mere. On voit pareillement la coquille déja formée à ceux des Ovipares avant qu'ils fe foient débarraflés de la gêlée qui les enveloppoit. Dans les Coquillages qui font deftinés à changer de place, la coquille eft fort nette au dehors ; au lieu que dans ceux qui, comme les Huïîtres, doivent refter fixés pendant toute leur vie, elle eft d’abord couverte d’une matiere mucilagi- neufe capable de la coller aux difiérens corps auxquels 1ls peuvent toucher. C’eft par ce moyen que fe fait la premiere adhéfion ; elle fe fortifie enfuite par les fucs pierreux qui fer- vent à l’accroiflement de la coquille. Indépendamment des parties dont je viens de parler, & qui ont des ufages affez connus, 1l s’en trouve quelques autres auxquelles on ne peut affigner aucun ufage, & qui paroïflent n'être qu’un ornement: tels font les Filets que l’on voit au pied de lOrmier & du Lépas ( planc. 2. F. G.), du Sabot ( pl. 12.F.), & ceux qui bordent le manteau de PHuître ( p£ 14. FF.), ou du Jambonneau (pl. 15. T. t. ). (1) Purpuræ verno tempore eumdem in locum fefe colligentes, condunt quam favaginem (usxlemper ) nominant , quæ veluti favus eft apum, verüm non ità elepans, fed quafñ ex putaminibus cicerorum alborum multa inter fe compofita, ftruem unam fuà cohæfione coagmentatam. Arift. kiff. anim. lib. $. cap. 15. (2) Nullum is (Ovis) patet foramen, neque ex üts nafcuntur Purpuræ. Sed cum Purpuræ, tum etiam reliqua teflis inclufa à limo ferè & materià putrefcente oriuntur. Ejufi. ibid, hi Nombre des petits. 19°. FILETS. Fizs, Ix DÉFINITIONS DES PARTIES, &c. Us font à peu près de même nature que les cornes de la plüpart des Zimasons, c'eft-à-dire, qu’ils font peu fufceptibles de contraction ou de dilatation , & formés de plufeurs rangs de fibres longitudinales & de fibres tran{verfales. Il y en a quelques-uns, par exemple ceux de l’Huïitre, qui étant cou- pés s’agitent pendant fort long-tems : 1is n’ont aucun mou- vement progrefif, mais ils remuent fi conftamment dans la même place, que la vüe en eft fatiguée 1 ). Les Conques font quelquefois aflujetties au fond des eaux par diférens Fils, qui font ou diflingués, comme dans le Jam- bonneau ( gen. 3. pl. 15.F.), ou réunis en un nerf, comme dans la Muflole ( planc. 18. ). Ces fils partent de l’origine du pied de l'animal. Ils font d’une nature analogue à celle des cheveux, ou des fibres nerveufes des Quadrupèdes. Les Co- quillages qui ont de ces fils, reflent toujours fixés dans le même lieu; & lorfqu’on coupe leurs fils, 1ls ne tardent pas à en pofer d’autres avecleur pied qui leur fert de conducteur. C'eft par fon moyen qu'ils fe fixent de nouveau aux corps immobiles qu’ils rencontrent, comme je l’ai obfervé dans le Lulat, efpece de Jambonneau dont je parlerai ci-après dans l'Hiftoire des Coquillages (2). (1) Cette remarque paroït avoir été faite par Leuvenhoek, (2) Voyez la page 210. CRAN NEA S S NZ & é ee kk , FE & DR Z & . Lit Re Ê k + Le = — — fe | | | | | | DES RAPPORTS OU | DES COMBINAISONS, Autrement appellées [yflêmes, ou arrangemens méthodiques, que l’on peut faire fur les Coquillages. A ANT il y a de manière de confiderer les Coquillages, autant on peut faire de méthodes ou de fyftèmes fur cette partie de l'Hiftoire Naturelle. On peut, comme je l'ai fair, d’abord les divifez en deux familles principales; favoir, les Limaçons & les CoNQUEs; & enfuite les regarder fous deux points de vue généraux, quant à l'Animal & quant à fa Coquille. Entrons dans le détail, RAPPORTS PAR LA COQUILLE. LIMAÇONS. Dans la Coquille des Limaçons, je diftingue & parties principales, qui font, 19. Les Spires. 42. L'Opercule. 2°. Le Sommet. 5°. La Nacre. 3°. L'Ouverture. 6°. Le Périofte. C'eft de ces 6 parties que je vais tirer les arrangemens fuivans Ixij T'ADLEITE S RAPPORTS nus Les fpires peuvent être confiderées, 1°. par leur nombre, 2°. par SPIRES. [eur figure, 3°. par leur fituation. | 1. 2°, Limacons qui n'ont pas de Jpires. UNIVALVES. Sormet. pl. 1. Libot, Liri. Soron. Gadin. Mouret, Dafan. Gival, Sulin. Garnot. Jenac. Kalifon. pl 2. OPERCULÉS. ©. Limacons dont les fpires for- ment un ombilic au haut, c'eft a- dire, à la bafe de la Coquille. UNIVALVES. o. OPERCULÉS. Labarin, pl. 7. Téfan. Cofar. Bofon. Vañlet. Fujet. Lonier. | Livon. | Dalat. | Foffar. Natice. | Fabel. \ Gochet, pl. 9. Pl 12. pl. 13. Limacons dont les fpires for- ment un ombrlic au fommet de la Coquille, UNIVALVES. | UNIVALVES. pl 1. Goflon. pl. 1. | OPERCULÉS. Os Limacons dont les [pires ne forment pas d'ombilic , ni au fommet, ni à la bafe de la Coquille. Bulin. Coret. Pietin. Kambeul, Pouchet, Ormier. pl. 2. Sigaret. Yet. Philin. Miran, Rafel. Nifat. Arvan. Faval. Porcelaine. Narel. Egouen. Bobi. Duchon. Girol. Agaron. Majet. Lupon. Bitou. Potan. Falier. Simeri. Stipon. rl. Pl. 4. HAS: OPERCULÉS. Jamar. pl,6. Melar. Tilin. Mafan. Coupet. Chotin. Loman, Salar, Sakem. pl. 7. Pakel. Sadot. Minjac, Fafin. Saburon. Covet pl.8. Miga. Totombo Vojet. Jabik. Samier. Solat. Bivet. Giton, Lipin, Sirat. Bolin. Jatou. Lofet. Suga. Taton. Goufol, Bigni. Siger. Staron. Kalan, Nivar. Blatin, pl. 9. Barnet, pl, 10. Jol. k Nifot. Rac. Funon, Soni. Dip. . Popel. Cerite, Goumier, Chadet. Degon. Ligar. Mefal. Vermet. pl.11. Lifpe. Dofan. Daun. Mafier. Jelin. Marnat. pl.12. Daki. Rüifet. Ofilin. Retan. Sari. Kachin. Gor. Dunar. pl. 13. Tadin. Fi Lagar. Set. Küifet, DES COOUTELES* DES: ANTMAU X. fxcij QUE RER FREE 1€ rc. / Limacons dont les [pires tournent en defcendant De gauche à droite, ou au Ë à : : contraire, en montant de droite | De droite à gauche , ou au contraire, en montant de gauche à gauche. a droite, On les appelle Bouches a On les appelle Bouches à droite, gauche. UNivALvEs. OPERCULÉS, | UNiIvALvESs. OPERCULÉS. Pub. se o Goflon. pl. 1.|Jamar. pl. 6. Jaton. pl. 9. Vermet. pl.12. €Coret: : Pietin. Melar. Cofar. Lifpe. Limaçon. Tilin. Lofet. Dofan. Coret. Mafan. Suga. Datin. 6 SA Coupet. Taton. Mafier, se P Chotin. Goufol, Jelin. Loman. Bigni. Marnat pl. 12 D Pl3:| Salar. Siger. Bofon Di n. tar : j 1 Sakem, pl7. Staron, Dir Miran. pl.4. | Pakel. nu Rifet. SE Sadot. Se Ofilin. Nifat. Minjac, RE Retan. Arvan, Téfan F. Ds Vañet, Faval. EEE aroIse Fujer. Porcelaine. Saburon: Genot. Sari. Narel. Barnet. pl i +. pl.10. Lonier, a Mo pl 8. Jol. © Livon. obi. To onbo Nifot Dalat. Girol. Voie : Rac. Kachin, Agaron. HUE Funon. Gor. Rae Ph 5| Samier, nn Foffar. pl. 13. ES Cola: P ce Natice. ou. Bivet. opele Fanel Potan. Crion. Cenie. Gochet, Falier. Lipin, Goumier, Dire Simeri, GE Chadet. Tadin. Bolin. Due Alu, HESrs Selot. Mel. Kifet, biv TABLE DES RAPPORTS S 2e Je confidere le fommet quant à fa grandeur comparée à celle de SOMMET+ l'ouverture de la Coquille. 1°. Il peut manquer ou n'être pas fen- fible. 2°. Il peut être plus court que l'ouverture. 3°. Il peut être égal à elle. 4°. Enfin il peut la furpaller en longueur. Le 2%. Limaçons dans lefquels Le fom- Limaçons dont le fommet eft plus court que l'ouverture, met nef pas fenfible. LR CE RS à < L1,.lBuhn. pli. Yet. pl. 3{Jamar. pl.6. Vojet. pl, 8. Marnat. pl. 12. on || ietin, Philin. Mar Jabik. Ofilin. Pret. Pouchet. Narel. pl. 4. Dr | Samier. Retan. Bobi. pl.4.Ï][Libot, pl. 2. EL Coupes D sed , Duchon. Liri. gouen. RE a offar. pl. 13. Majet pl. 5. || Soron. Bobi. CHE un Natice. Lupon. Gadin. Duchon. a Bols Fanel. Bitou. Mouret. Girol. ere ol. Gochet. Dafan. Agaron. Sakem. pl.7.Jatou. pl. 9. Dunar. Res Gival. Potan. pl. | Labarin. Cofar. Tadin. QPERCERENE ee ES P à Pakel. Tafon. Lagar. O- Garnot, CS Sadot, Goufol, Selot. Jenac. Stipon. Téfan. Bigni. Kifet, Kalifon. Minjac. Siger. Ormier. Fafin. Staron, Sigarer. Saburon. are ivar. Genot. ee ee 2 2 D 3% M 40° Limacons dans lefquels le fom- : 1 p Lim G PT " met eff égal à l'ouverture. acons dont le fommet cf plus long que l'ouverture, Univazves. Orrrcusis. || UNIVALVES. OP EUR Guituis. é Covet pl. 8, || Kambeul. pl.1{Miga. pl. 8. Barnet. pl. 10. Vermet. pl.11: . Miran. pl. 4. Totombo. Jol. Lifpe. ; Rafel. Giton. Nifot. Dofan. Kachin, Hs N'ät Lofet. pl. 9. Rac, Datin. Ava res Funon, Mañier, Faval. Ces Sont. Jelin. Farois, Dip. Bofon. pl. 12. UE Daki Cerite. Rifet. Goumier. Vallet Chadet. Fujet. d Degon. Sari. Ligar. Lonier, Gor. À D ES RE PR GREC CSSS de SE Rens a | On | DES ACOQUIELESMDES ,LIM,ACONS. Ixv On peut obferver trois chofes dans l'ouverture; 1°. fa forme; 2°. fon Se vd canal; 3°. fes lèvres ou fes bords. HT 10, Figure de l'ouverture. | Limacons has | dont l'ouverture] dont l’ouverturs ef exaltement ge en demi-lu- ro7 nde. Den ES. UNIVALVES. Coret. pl. 1. Pouchet. OPERCULÉS. Popel. pl. 10. | OPERCULES. Cerite. Foffar. pl. 13. Goumier. Natice. Chadet. Fanel. Degon. Gochet. Ligar. Dunat. Meñal. Tadin. Vermet pl. 11. Lagar. Lifpe. elot. Dofan. Kifet, Datin. Mañer. Jelin. Bofon. pl, 12. Daki. Rifet. Ofilin. Retan. Vafet. Fujet. Sari. Lonier. Livon. Dalat. Kachin. Gor. Limacons à ouverture elliptique ou ovale. UNIVALVES. ÿ OPERCULES. Sormet. pl 1. Sakem. pi7 Bulin. | Labarin. Kambeul. Pakel. : Sadot. He BE | Tefan. Soron. Minjac. Gadin. Fatin. Monrèts Saburon. Dafan. Covet. pl. 8. Gival. Miga. Sulin. Totombo, Garnot. Vojet, Jenac. Jabik. Kalifon. Solat. Ormier. Bivet. Sigaret. Re Yet. AGO lea Philn. 7 7°] Sirat. Miran. pl. 4. UNE Ratel. RE LE Nifat. Cofar. Arvan. Lo : uga. nn Taon. Bigni. Silus. Barnet. pl. 10. Jol. Nifot. Rac. Funon. Soni. Dip. Marnat. pl. 12. Limaçons à ouverture allongée. OPERCULES. pl.8. pl. 9. UNIVALVES. Goflon. pl 1. Pietin. Narel. pl. 4. Porcelaine. Egouen. Bobi. Duchon. Girol. Agaron. Samier. Goufol, Siger. _ Kalan. Nivar. Blatin. Farois. Genot, Majet. pls. Lupon. Bitou. Potan. Falier. Simeri. Stipon. Jamar, Melar, Tilin, Mafan. Coupet. Chotin, Loman. Salar. pl. 6. Ixvj Limacons dont l'ouverture n'a point de canal ni en haut ni en bas. UNIVALVES. | OPERCULÉS.| UNIVALVES. | OPERCULÉS. Sormet. pl x. |Ligar. pl. 10.! Miran. pl. 4.}Sadot. pl.7. Gofon. Mefal. Rafel. Fafñin. Bulin. Vermet.pl, 11. Nifat. Saburon. Coret. Lifpe. { Arvan. Covet. pl. 8. Pietin. Dofins Faval. Et Kambeul. Mañier. Porcelaine. Bivet. Pouchet. Jelin. Narel. Giton. à A 4 RS PT: Mn pla. grise Jatou. pl. 9. s ofon. A Lofet, Soron. Daki. “his Suga Gadin. Rifet. Potan. Go! Mouret. Ofilin. Falier. Bioni. ‘ Dafan. Retan. Simeri. cer, Gival, Vañlet. Stipon. Staron. Sulin. Fujet, Kalan. Garnot. Sari. Nivar. Jenac. Lonier. Blatin. Kalifon. Livon. Silus. Ormier. Dalat. if Sigaret. Kachin. re Fa Ë Sont. Gor. D: 1P> Foffar. pl. 13. Natice. Fabel. 3 Gochet, Dunar. Tadin. Selot. Lagar. Kifet, 20, Canal de l'ouverture. oo mm Limaçons dont l'ouverture a Limacons dont l'ouverture a un canal, ou une échancrure en] un canal affez grand en haut, TABLE DES RAPPORTS 2 forme de canal, au haut feulement.| & un plus petit en bas. UNIVALVES. | Yet. rl 3. Philin. Bobi. pl. 4. | Duchon. ! Majer. Lise Lupon. dos Bitou, OPERCULES. rl. 6 Jamar. Melan, Tilin, Mafan.' Coupet. Chotin. Loman. Salar. Sakem. pl 7. Labarin. Pakel. Tefan. Minjac. Miga. 1, 8. Tone Vojet. Jabik. Samier. Lipin. Sirat. Bolin. Cofar. Tafon. Farois. Genot. pl. 9. Barnet. pl, 10. Jol. Rifet, Rae. Funon. Popel. Cerite. Goumier. Chadet. Degon. D'ES COQUILLES. DES LIMACONS. Ixvij 3°. Lèvres ou bords de l'ouverture. Limaçons dont l'ouverture a les bords aigus ou tranchans , fans bourrelet. UNIVALVES. OPERCULÉS. Sormet. pl. 1e] Jamar. p1.6. Popel. pl. 10. Goilon. Melar. Cerite. Bulin. Tilin. Goumier, Coret, Mafan. Chadet. Pietin. Coupet, Degon. Kambeul. Chotin. Ligar. Libor, pl 2. Loman. Méfal. Liri. Salar. Vermet.p/.11. Soron. Sakem. pl. 7. Lifpe. Gadin. Labarin. Dofan. Mouret, Pakel. Daun. Dafan. Sadot. Mafier, Gival, Téfan. Jelin. ne . Res . olat. p£.0. Bofon. ESC Bivet. Daki. Kalifon. Giton. Rifet. eo Lipin. Ofilin. 05e Cofar. pl. 9. Retan. Yet. pl. 3. | Lofet, Vaflet, Philin. Suga. Fujet. Miran, pl. 4. | Tafon. Sari. Rafel. Goufol. Lonier. Nifat. Bigni. Dalat. Arvan, Nivar. Kachin, Faval. Blatin, Ger. P : no Silus. Foffar. pl, 13. per PES] Farois, Nue Nivar, Fabel. Gochet, Dunar. Tadin. Selot. Lagar. Kiet. Limacons dont l'ouverture a les bords arrondis ou obtus, fans bourrelet au de- hors. UNIVALVES. Majet. pl. 4. Lupon. Bitou. Simeri. pl. $. Stipon. OPERCULÉS. Siger. pl. 9. Staron. Kalan. Barnet. pl.10. Jol. Nifot Rac. Funon, Soni, Dip. Limacons dont l'ouverture a or- dinairement un bourrelet au de- hors de La lèvre droite ; du moins dans leur vieilleffe. UNIVALVES. OPERCULÉS. Pouchet. pl, 1] Fafin. pl. 7. Porcelaine. pl. 4. Saburon. Narel. Covet. pl.8. Egouen, Miga. Bobi. Totombo. Duchon, Voijet, Girol. Jabik. Agaron. Samier, Sirat. Bolin. Jatou. pl.9. ii Ixviij HONDA ES RAT PORTES ! 47. À è nfidéré } & nt à f: MES ee peut être confidéré quant à fa fubftance quant à fa Limacons qui n'ont pas ç q F d'opercule. Sormet. pl. 1. Miran. pl.4. Goflon. Rafel. Bulin. Nifat. Coret. Arvan. Pietin. Faval. Kambeul. Porcelaine. Pouchet. Narel. Libot. p/.2, Egouen. JR ad >obi. SAN : Girol. Gadin. Agaron. Mouret, Majet. plis. Dafan. Lupon. Gival. Bitou. Sulin. Potan. Garnot, Falier. . Jenac. Simeri. Kalifon. Stipon. Ormier. Sigaret. Yet. VAL À Philin, " mms Limacons qui ont un opercule de corne. 10, Subftance de l’opercule. PA Abe Se Eee Limacons dont l’opercule eft pierreux. Jamar. pl. 6. Jatou. pl.9. Vermet.pl.11. [| Gochet. p/.13. Melar. Cofar. Lupe. Dunar. Tilin. Lofet. Dofan. .T'adin. Mafan. Suga. Datin. Selot. Coupet. Taton. Mafier. Lagar. Choun. Goufol, Jelin. Kiet. Loman. Bigni. Marrat pl. 12. Salar. Siger. Boom: Sakem. pi.7. Staron. Daki. Labarin. Kalan. Rifet. Pakel. Dire Ofilin. Sadot. Blatin. Retan. Téfan Sims, Valfet. Minjac. Farois. Fujet, Fafin. Génot, Sari. Saburon. Barnet. p£. 10. Lonier., CS. Jol. Livon. CON Nifot. Dalat. Miga. ee T b Rac. Kachin.. otombo à rs Funon. Gor. Vojet. Soni Jabik. Dio. Fofar. pl 13. Samier. p pe I Natice. Solat. Abe Fanel. f Cerite. Bivet. à : Eté: Goumier. . Chadet. Lipin. Dec Sirat. epon.- Bolin. a 25 IXIX DIE COQUMALLES DES /LIMACÇONS. o à » n 2°, Figure de l’opercuie. Limacons dont l'opercule eft fort alonge. Limacons dont l'opercule ef? er demi-lune. Limacons dont l'opércule ef? Limaçons dont l’opercule efl elliptique ou oval. exafement rond. Popel. pl. 10. Ofilin. pl. 124] Sakem. p. 7. |Sadot. pl.7.Jatou. pl.9.lJamar. p1.6. Cerite. Retan. Labarin. Téfan. Cotar. *? Melar. Goumier, Vaffet. Pakel. Minjac. Lofet. Tilin. Chadet. Fujet. Di 1 Fafn. Suga. Mañan. Degon. Sari. IPe pl 10. | Sburon. Taton. Coupet. Ligar. Lonier. Marnat, Pl 12. Cove L8 Goufol. Chotin. Mefal. Livon. Bofon. : PR 9 Bigni. Loman Dal Daki SE + d Vermet. plir. Halat. ee Totombo, a Salar. Lifpe. Kachix, Rifet. Voijet. Staron. Samier, pl.8. Dofan. Gor. Foflar. pl. 13. Jabik. FL Kalan. pl. 9. Datin. Natice. Solat. AE Farois. Mañier, Fabel. Bivet. Silus. Genot. klin. Gochet. Giton. Barnet. pl. 10. Dunar. Lipin. Jol. Tadin, Sirat. Nifot. Selot. Bolin, Rac. Lagar, Funon, Kifet, Soni, Îxx DAANIL EE D'E S KA P PORTES de Parmi les Coquilles des Limaçons il y en a qui font nacrées, & NACRE. d'autres qui ne le font pas. Linaçons dont la Coquille 17. 2. ÆEÎJ? nacrée au dedans. N'eff nacrée, ni au dedans ni au dehors. UNnivazves.| OPERCULÉS. || UNIVALVES. OPERCULÉS. Ormier. pl. 2. Ofilin. pl12|Sormet. pl.t. | Jamar. pl.6. Jaton. pl.g. Vermet.pl. 1. Retan. Goflon. Melar. Cofar. side Lifpe. Vaflet. Bulin. Tilin. Lofet. Dofan. Fujet. Coret. Mafan, Suga. Datin. Sari. Piétin. Coupet, Tafon. Mafñer. Lonier. Kambeul, ee Goufol, Jelin. Livon. Pouchet. oman. Bigni. M L, 12. Dalat. Libot. pl 2. Salar. Siger. Bofon, Ve Kachin. Liri. Sakem. pl. 7. Staron. Daki. Gor. Soron. Labarin. Eee Rüfet. Gadin. Pakel. IVALe Mourets Sadot. Blatin, BAIE Dafan. Téfan. Silus. Fbel er Minjace Farois. PI La | Sulin. Fafin. Genot. 15 ter ‘Garnot. Saburon. Barnet. pl 10. Tadin, Jenac. Core. pl. 8. Jol. Selot. .Kalifon. Miga. Nifot. Lavan, | Sigaret. Totombo. Rac. Kifet, Yet. plz. | Vojet. Funon. Philin. Jabik. des : Samier. 1Pe Müiran. plalc ce Solat. Popel. rs Bivet. Cerite. Pre Giton. Goumier, Faval. Lipin, Chadet. Porcelaine Sirat, Ds Na S Bolin. Ligar. pie Mefal. Egouen. Bobi. Duchon. Girol. Agaron. Majget. pl. Lupon. Bitou. Potan. Falier. Simeri. Stipon, DES COONMIELES DES: LIMACONS. Le Périofte recouvre la coquille de certains Limaçons; il ÿ en à d’au- tres qui n’en ont point. On peut le confidérer par fon épaitleur. Îxx) 6° PERIOSTE, PE RE 2 A PAT Limaçons dont la Coquille #9 o Ef? recouverte d'un periofle épais. :°, Me : N'a point de périofle fenfible Eft recouverte d'un périofte alex fin. Uxivazves. | OPERCULÉS.|| Univazves. | OPERCULÉS. OPERCULES. Sormet. pl. 1] Téfan. pl.7.|lBulin. p/. 1. Sakem. Jamar. pl. 6. Vojet. pl. 8. Goflon. Minjac. Coret. Labarin, Melar. Jabik. Pietin. Solat, pl. 8. Kambeul. Pakel. Tiln. Samier. Libot. pl. 2.| Bivet. Pouchet. Sadot, Matan. Nivar, pl.9. Soron. Giton, Lin, pl Fafin, | Coupet. Gadin. Lipin, Garnot. Saburon. Chotin. Mouret, Sirat. Jenac. Coret.. pl. 8. PL Dafan, Bolin. ° Miga. Jalar, Gival. Jatou. pl. 0. pl # | Totombo. Sulin, Cofar, Nifat. Tafon. pl.o. Kalifon. Lofet. Arvan, Goufol, Ormier, Suga. Faval. Bigni. Sigaret. Blatin, Siger. Yet. : pl 3:|Silus Staron. Philin. Farois, Kalan. Porcelaine. pl. 4.] Genot. Barnet. pl. 10. Narel. Nifot. pl. 10. Jol. Egouen. Race Popel, Bobi. Fanon, Cérite. Duchon. Soni. Goumier. Girol. Dip. Chadet. Agaron. Ligar. Degon. Majet. pl. 5.] Mefal. Marnat. pl. 12. Lupon. Vermet. pl.11. Bofon. Bitou. Lifpe. Daki. Potan. Dofan. Rifer. Falier. Datin. Natice, pl. 13. Simeri. Mañier. Fanel. Stipon. Jelin, Gochet, Ofilin. pl. 12 Dunar. Retan. Selot. Vaflet, Logar. Fujet, Kilet, Sari. Lonier, Livon. Dalar. Kachin, Gor. Foffar. pi. 13 oo 1° BaTTANs. 122 OARRRPRE LAS AA SI TPE 1e Ixx1] ANA LIEN DES" ROA PDP ORITS CONQUES. La Coquille des ConQuEs eft compolée de 7 parties principales, feavoir , 1°. Les Pattans: 2°. Les Sommets. 30. [4 Charntere. 4°. Le Ligament. s°. Les Attaches. Gt, Ua Nacre, 7°. Le Périofte, Ces 7 parties fourniffent les arrangemens fuivans, Les Battans peuvent être confidérés en eux-mêmes, quant à leur figure ; ou relativement les uns aux autres, pat rapport à leur grandeur. 1°. 2: Conques dont les battans font parfaitement égaux Dont les battans font inégaux | Et ferment |Et laiffent quel- Et ferment exaétement. | Et laiffent quelques ouvertures. exatement. | ques ouvertures. "1 | RES RES OR Bivazves. | Mucrivaives. | BivAaLves. À MULTIVALVES: BivALVES. BivALves. Lulat. plis. Ropan. pl. 19. Lifor. pl 17. Julan. pl 194! Gafar. pl. 14. Chanon. pl. 15. Aber. Fatan. Tugon. Garin. Eflan. Dortel. Calcinelle. Taret. Vetan. Fonet, Vagan. Bajet. Apan. Gatan. us Jéfon. Mofat. pl. 18. Fes Clonille, pl.16. Koman. L : j Ajar. Movin. ataron. pl 15: . Codok. Fagan. RE T Cotan. Robet. “Mucrivarves. | MULTIvAzvES. Dofin, Anadara. ©. (A Gordet. Tagal. pl. 19. Pitar. Golar. Felan. Molan. Poron. pl. 17. Pirel. Lunot. Pegon. £unet. Tofar. Jouret. Mutel. Pamet. pl. 18 Gafet. Nufar. Tivel. Matadoa. Jagon. Jabet. Vovan. EE DES :COQUÉLLESIDESICGONQUES. \ On peut confidérer les fommets par rapport à leur grandeur, & la fituation qu'ils ont fur un des côtés des battans. Fe gt à Conques dont les fommets ne | AND des font pas fenfibles. extrémités des battans. mec RREEE CE RESTE BivaLves. | Murrivacves. BivALves. ©. Jalan. pl. 19. | Gafar. pl. 14. lugon. À Garin. laret. | Vetan. Ropan. { Bajet. | Rojel. | Garon. Satal. Jataron. pl. 15. Lulat, Aber. Do:el. Fonet. Apan. Jéfon. MULTIVALVES. ©: 2° Conques dont les fommets font Au-deffous du milieu des bat- LINS, BivaLves. Chanon.pl.15. Cleniile. pl.16. Ajar. Codok. Gordet. Pitar. Pirel. Lunot. Pegon. Sunet. Tofar. Jouret. Lifor. Fatan. Calcinelle. Vagal. Gatan. Mutel, Pamet. Gatet. Nufar. Matadoà. Fagan. Robet. Anadara, Jabet. Muflole. MULTIVALVES. Oo, pl. 17. pl. 18. Au milieu des battans. BiVALVES. Effan. pl. 15. Cotan. pl. 16. Dofin. Felan. Poron. Mofat. Koman. Jagon. Movin, Vovan. MULTIVALVESe (A pl ty. Tivel. pl, 18. Ixxui a 2°, SOMMETS: Au-deffus du milieu des bat- tans, BivALVvESs. Tagal. pl. 19. Golar. Molan. EE MULTIVALVES. o. Ixxiv o CHARNIE- RE. ÉASBALE D?ES R AID P O'RTS Comme la charniere fe trouve placée, pour ordinaire , de la mème + 7 B . n n ne l MENT: maniere que les fommets, étant diftribuée également fur leurs côtés, nous ne parlerons point de fa fituation , mais feulement du nombre & de la figure de fes dents & de fes cavités. N Æft prefqu'in- fenfible, ou fans À dents, & quel- À auefois avecune À capité, BivaLves. £ Bajet, : Rojel, j Lulat. | Aber. 1 Dotel. à Fonet, Apan. ! Elan. Mutel. pZ. 17. Pl 1s. MULTIVALVES. Ropan. pl, 19: Conaues dont la charniere o 3e À depuis deux jufqn'à fix dents 0 2. A une, deux, ou trois dents\., 3 ; b e * iinévale / que baît. arrondies, aff INESAlLES ; dans chaque battant, 4. A plus de dix dents parfaite- ment fembla- o À une ou deux | dents, fort rap- prochées AN égales | & au-\& qui font les unes comme de bles, dans cha- | forme de lan- tant de cavi-|Jonps filets, les autres arron- tés dans chaque y: té. CU TUE ies | avec autant de cavités battanr. femblables placées entr’elles. Bivarves. |. Bivarves. À Muirivaives. Guron. p£. 14. Satal. Jataron. pl, 15, Clonifle. p/,16. Ajar. Codok,. Cotan, Dofin. Gordet. Pitar. Felan. Poron. pl, 17. Pirel. : Lunot. Pégon. L Sunet, Tofar. Jouret, Lifor. Fatan. Calcinelle, Vagal. Gatan. Pamet, pl. 18. Gafet. Nufar. Tivel. Matadoa, Chanon. p.15. Jéfon. l Mofat. Koman. Jagon. Movin, MUITIVALVES. O, que battant, 6 dautant de Ca- vités propres & les recevoir. BivALVES. Fagcan, pl. 1. Robet. Anadara. Jabet. Muñole. Vovan. MULFIVALVES. oO. louettes aflèz longues, ow en cuilleron , € fans cavités en- s tr’elles. BivaALves. o. MULTIVALVES. Tagal. pl 19. Golar. Molan. Julan. Tugon. Taret. DES GOQULLÉESPDES CONQUES. Ixxv Le ligament differe dans lés Conques, autant pat fa forme que par an: {a fituation : dans les unes il eft à peu près rond, & placé en dedans LIGAMENT. ou en dehors de la coquille, au-deflus ou au-deffous des fommets: dans les autres il'eft allongé & placé de l’une de ces quatre manieres à l'égard des fommets. D RE Conques dont le lisarrent 19: 20: see Ejt allonge, & placé au- deffus-des fommets, en dehors. EJE arrondi, € placé autour ou au milieu des fommets, Eft placé entre les fommets, & autour des fommets, en dedans. en dehors. BivaLves. MULTIVALVES, BivaLves. MULTIVALES. BIVALVES. MULTIVALVES Gafet. Nufar. Tivel. Poron. pl. 17. Pirel. Gafar. pl. 14. A © [Lulat. plats, D Fagan. pl.18. Julan. pl. 19 ï Garin. Aber. Robet. Tugon. Vetan. Dotel. Anadara, Taret. | Bajet. Fonet, Jiber. Ropan, Rojel. j Apan. Muflole, Guron. Chanon. Vovan, Satal. Jéfon. Jataron. pl, 15. Clonifle. pl,16. Eflan. Ajar. Lifor., pl17. Codok, Fatan. Abe Cotan. Calcinelle. on , itar. Pamet. pl. 18. 4e Matadoa. Lunot. Pegon, Sunet. Tofar. Jouret. Vagal. Git Mutel. Mofat. pl. 18. Koman. Jagon. NES Tagal. pl. 19. Golar. Molan, Ixxv) (J 5 ÂTTACHES. DAABILE DES R'AP P ORTS Autant il y a de mufcles qui attachent le corps des Conques à leur coquille, autant il y a , dans les battans, de taches qui défignent le lieu \ % # 2 ES Là de) à où ils étoient fixés. Ces mufcles, & par conféquent leurs attaches, va- . . LL . * rient par la figure, la grandeur & le nombre. Nous ne les examinerons ici que par le nombre. 1° Une attache. | BivaLves. Gafar. pl, 14. Garin. Vetan. Bajet. Rojel. Guron. Satal, “hanon. pz. 15. Effan Conques gui portent dans chaque battant MULTIVALVES. Julan. ‘ugon. © Taret. Ropan. pl 19. o 2 Deux attaches. o Quatre attaches. a ——— DT VAN OV Es. Bivazves. | MUrrivaLves. Jataron. pl.15. Pamet, pl 18.1 Lulat. pl. 15. à Jé{on. Gafet. ÂAber. Honille:pf 16: Nufar. Dotel. na pis Tivel. Fonet. Codbk, Matadoa. Apan. Cotan. Mofat. DES Koman. Gordet. Jagon. Pitar. Movin. Felan. Fagan. Robet. Poron. pl. 17. Anadara. Pirel. Jabet. Lunot. Muflole. Pegon. Vovan. Sunet. Te. Tagal. pl. 19. Jouret. Golar. LE Molan. Fatan. Calcinelle. Vagal. Gatan. Mutel. es MULTIVALVES. O. DES :COQUILLES:DES CONQUES, Ixxv1) Dans les coquilles des Conques, comme dans celles des Limaçons, il y en a qui font nacrées, d’autres qui ne le font pas, & d'autres dont la fubitance tient le milieu entre la nacre & la nature ordinaire aux coquilles. 1° Eft nacrée au moins en de- Œans, BiVALVES. Lulat. pl 15. Aber. Dorel. Fonet. Apan. Chanon. Mutel. pl. 17. MULTIVALVES. [en Tire un peu fur la nacre en dedans. BIVALVES. Gafar. pl. 14. Garin. Vetan. Baet. Rojel. Guron. Satal. Effan. pl1s. MULTIVALVES, 0. 6° NACRE, Conques dont la coquille. 50 0 N'eft nacrée ni au dedans ni au dehors. Br VAL V ES. MULTIVALYES. Jataron. p/. 15. Pamet. p/. 18. Julan. pl. 19.1 Jéfon. Gate. Tugon. Clonife. p/.16- Nufar. | Faret. Ajar. Tivel. Ropan. Codok. Matadoa, Cotan. Mofar. Dofin. Koman. Csrdéts Jagon. Pitars Movin. Felan. Fagan. Robet. Poron. pl. 17: Anadara. Pirel. Jabet. Lunot. Muflole, péeans Vovan. Tofr, Tagal. pl 19. Jouret. Golar. RS Molan, Fatan. « Calcinelle, Vagal, Gatan. Ixxvi) TD a PÉRIOSTE. 1° N'a point de périofte fenfible, BIVALVES. | Jataron. Dites Taret. pl. 19.| Gafar. pl. 14. Los pl. 19. MULTIVALVES, Conques dont la c:quil'e 59 Eft enveloppée d’un périofle af fin. BivALVES. | MUrrivaLves. Clonifle. p.16] Ropans Garin. Re Ajar. En Codok. Re Cotan. ojel. Dofin. Guron. Gordet. Satal. Pegon. pl. 17. Chanon. pl.ts. Sunet. Efan. Tofar. Jéfon. Jouret. Pitar. pl 16. Lifor. Felan. Fatan. P 1 NOTE et Calcinelle. Piel. PEER Vagal. Lunot. Gatan. Mutel. eo M Pamet. pl. 18. | PT P Molan. pl. 19. Nufar. Tivel. Ÿ Matadoa. Mofat. pl. 19. Koman. Jagon. Moyin. HNANB'L EN, DES" ReA P:P‘O:RARSS Le] . Ps 7 Le périofte peut ètre confidéré dans les Conques, comme dans les * Limaçons , par rapport à fon épailleur. 3° EÎt recouverte d'un periofte épais. BivaALves. MULTIVALVES, Lulat, pl rs. O. Aber. Dotel. Fonet. Apan. Anadara.p/.18. Jabet. Muflole. Tagal. pl. 19. Golar. mn D ESSAÆNEMAAUX, DES "'ETMACONS. Ixxix R A PROS PAR: LAN LMA I. LIMAÇONS. On peut confidérer l’Animal des LimAçows par $ de fes parties prin- cipales, qui font, 1°. Les Cornes. 4°. La Trachée. 2 Des YEUX, 2. Le. Pied, 3°. La Bouche. De ces parties naiflent les arrangements fuivans. Les Cornes peuvent êge confidérées, 19. par leur nombre, 2°. par 1°. leur figure, 30. par leur fituarion fur la tête de l'animal. Corwes: 1. Nombre des cornes. Limacons qui Limacons qui k à n'ont point d: Limacons qui ont deux cornes, ont quatre cornes. L cornes. UNIvVALVES. | UNIVALVES. OPP'ER C U L'É S. UNIVALVES. Sormet. pl. 1. | Bulin. pl. | Jamar. pl. 6. Jatou. pl.g. Vermet.pl.tr. Kambeul. pl r. Goflon. CAE Melar. Cofar. Lipe. Pouchet. 1CC1I)e . nm £ fan, à Mouret. pl. 2.| ;; l Tilin. Lofer. SE Ormier. pl, 2. at Libor. PF 2e | Mafan Suga. Datin. Kalifon. Liri. É ® 0 xs RE Coupet. Taton, Mañer, Gadin. Chotin, Goufol, Jelin. OPERCULÉS. OPERCULÉS. sore cr es Marnat pl. 12. | Ofilin. pz 12. oO. Gival. Sisre So: Boon. Retan, Sulin. Sakem. pl.7. Kobn Daki. Vallet, Sa Labarin. N: an, Rifet. | Fujet. enac. ee IVars = ñ Kalilon. Pakel. Blatin Foffar. pl. 132 Sari. Va. pl. Sadot. Silus Natice. Lonier. Philin. Téfan Faro; Fabel, Livon. Miran. pl. 4. | Minjac. as Cochet. Dalat. Se Fafn. SGLE Kachin. Feel Saburon. Barnet. pl. 10, Gor. Faval. Covet pl. 8. Jol. Dunar. pl, 15. Porcelaine. Mica Nifot. Tadin Narel. D‘? Rac. ét Egouen, Totombo IF Selot. Bobi. Vojet, CS Lagar, Duchon. Jabik. QBIe Kilet, Girol. Sner Dip. Agaron. ee L Popel. Majer. pis. B: É Cerite. Lupone Fa Goumier Bitou. Giton, ë Potan, Lipin. Chadet. Falier, - Devon, £ . Sirat D Simeti. B lin Licar Stipon, olin. (LES Fo | Mefal. EE Lxxx AROMBPLE (D ES KA P P'OTRITS 2°, Figure des cornes. 0 n à AN 1, ? g a ge A Ç ; 1 Limaçons dont les cornes font coniques ou cylindriques , Sans renflement à leur origine. Avec un renflement à leur origine. rm nn mens ! UNIVALVES. | OPERCULÉS. UNIVALVES. OPERCULÉS. {Bulin. pli. Vermetpl.11. Foflar. pl. 13. Porcelaine. pl. 4! Jamar. pl. 6, Jatou pl. 9 | Coret. Lifpe. Natice. Narel. Melar. : | Pictin. Dofan. Fanel. Egouen. Tilin. See Kambeul. Datin. Gochet. Bobi. Mafan. Se IPouchet. Maier. Dunar, Duchon. Coupet. Ton Libot. pl2. Jelin. Tadin. he: Chotin. Got à Liri. Marnat. pl. 12. Selot. BAoDe Loman. Bicni. 1 Soron. Bofon. Lagar. Majet. pl.s. | Salar. Siger. | Gadin. Daki. Kiïet, Lupon. Sakem. pl. 7. Staron. i Mouret. Rifet. Bitou. Labarin, Kalan, Dafan. Ofilin. Potan. Pakel. Nivar. Gival. Retan. Falier. Sadot. Blain. Sulin. Vañlet. Simeri. Tefan. Silus. Garnot. Fujet. Stipon. Minjac. Farois. Jenac. Sari. Fafin. Genot. Kaliion. Lonier. Saburon. Barnet. p/. 10 A 1 Livon. Een QYet. PL3 lou Covet. pl. 8. Jol. { Philin. AA Miga Nifot . Kachin, Any, 4 | Miran. pl.4 |Gor Totombo. Rac. Rafel. j Vojet. - Funon. Mifat. Jabik. Soni. | Arvan. Samier. Dip. 1 Faval. Solat. Popel. Bivet. Cerite. Giton. Goumier. Lipin. Chadet. Sirat. Degon. Bolin, Ligar. Mefal, RE PDT 2 IR D EE DER GEO 3°. Situation DES ANIMAUX DES LIMACÇONS. {xx xÿ PS 3°. Situation des cornes. Limaçons dont les cornes font placées A la racine de la tête. EEE nt UNIVALVES. OPERCULÉS. Bulin. pl.1.|Jamar. pl. 6. Marnat. pl. 12. Coret. Melar. Bofon. Pietin. Tilin. ne : Mafan. ifet. ES pe Coupet. Ofilin. Sans. Chotin. Retan. CAT Loman. Vallet. Mouret. Salar. Fujer. Dafan. Popel. pl. 10. Sani. Gival. Cerite. Lonier. Sulin. Goumier. Livon. Garnot. Chadet. Dalat. Jenac. Degon. Sas Kalifon. Vermet pl. 11, 7" Ormier. Lifpe. Foflar. pl. 13. Yet. pl. 3. Dofan. Natice. Philin, Datin. Fanel. Mañer. Gochet. Jelin, Dunar. Tadin. Selot. Lagar. Kifet, A l'extrémité de La tête. UNIVALVES. ’ouchet. Miran, pl. 4. Rate]. in Nitat. Arvan, Faval. Porcelaine, Narel. Egouen. Bobi. Duchon. Girol. Agaron. Maget. pl s. Lupon, Bitou. votan. Falier. simeri, Dtipon. OPERCULES. Kambeul. pl. 1.| Sakem. pl. 7. Jatou. Labarin. Cofar. Pakel. Lofet. Sadot. Suga. Tefan. Taton. Minjac. Goutol. Fafn. Bigni. Saburon. Siger. Staron. Mo pl. 8. Kalan, Totombo. Nivar, Voijet. Blain. Jabik. Silus. Samier. Farois. Sos. Genot. Bivet. Barnet. Giton. Jol. Lipin. Nifot. Sirat. Rac. Bolin. Funon, Soni. Dip. pl. 9. pl. 10. Ixxxij T'AIBIL E) D ES :R'A PPO'RTS Je confidere les yeux des Limaçons par rapport à leur fituation à l'égard de la rère & des cornes. Limaçons qui n'ont point d'yeux. À UNIVALVES. OPERCULÉS. E à ] | Sormet. pl. 1. | O. Gofon. j Ë k Mouret, pl. 2.{ ë Kalifon. | o Limacons qui ont deux yeux] À placés fur la tête, à l’origine des À cornes, fur leur côté externe. UNIVALVES. | OPERCULÉS. À Libot. pl. 2.) Baraet. pl. 10. 9 Liri. Jol. { Soron. Nifot. À Gadin. Rac. i Mouret. Funon. Dafan. Soni. Gival. Dip. ï se Vermet. pl. 11. ÿ Wrarnot, Lifpe. | Jenac. Dofan. Kalifon. Datin. À Miran. pl. 4. Mañer. 1 Ratel. Jelin. À Nifat. Marnat pl. 12 ! Arvan. Ho: i Faval, Daki. Rifet. Foffar. p2. 15 Natice. Fanel. Gochet, Limaçons qui ont deux yeux placés fur Lx tête à la racine des cornes, fur leur côté interne. o Limaçons qui ont deux yeux placés fur la tête, derriere les cornes, vers leur côté externe. Limaçcons qui ont deux jeux placés in pen au-deffus de la ractie des cornes , far leur côté externe RTE UNIVALVES. Porcelaine. pl. 4. Narel. 5 0 Egouen. Bobi. Duchon. Girol. Agaron. Majet.” pl. s. Lupon. Bitou. Potan. Falier. Simeri. Süpon. OPERCULÉS. Barnet. pl. 10. Jol. Nilot. Rac. Funon, Sont. Dip. Limacons qui ont deux yeux »lacés vers Le milieu des cornes pl le milieu di 5 {fur leur côté externe. UNIVALVES. o. OPrRCULÉES. Jamar. pl.6. Jatou. pl. 9. Melar. Cofar. Tihn. Lofet. Mafan. Suga. Coupet. Taton. Chotin. Goufol, Loman, Bigni. Salar. Siger. Sakem. pl7. Sraron. Libarin, Kalan. Pakel. Nivar. Sadot. Blatin. Tefan. Silus. Minjac. Farois. Fafin. Genot. Saburon. Popel. pl. 10. Cover. pl.8. Cerite. | Miga. Goumier. Toxombo. Chader. / ojet. PS Nat. Dégon. Samier. Solat. Bivet. Giton. Lipin. Sirat. Bolin. UNivaLves. | OPERCULÉS. } UNIVALVES. | OPERCULÉS. Bulin. pl. 1. De Yet. pl 3. je Coret. Philin. | Pietin. ë a ne 6. 7 Limaçons qui ont deux yeux placés au fommet des cor- nes. UNIVALVES. Kambeul. p£.1. Pouchet. Ormier. pl, 2. OPERCULÉS. Oflin. Retan. Vaflet, Fujet. Sari. Lonier. Livon. Dalat. Kachin. Gor. Dunar. pl. 13. Tadin. Selot. Lagar. Kifet. pl. 12. I EE PE EL 2 NN NEO DIE RDC RL RC D DES ANIMAUX DES LIMAGÇONS. [xxii) La bouche des Limaçons eft garnie de deux mächoires fans trompe , 3". ou bien elle a une trompe fans mächoires. Boucue: Limaçons dont la bouche a Te 2°. deux mächoires fans trompe. une trompe fans mächoires. UNIVALVES. OPERCULÉS. UNIVALVES. OPERCULÉS. Sormet. pl. 1.} Marnat. pl. 12. Foflar. pl. 13. |} Yet. pl. 3.|Jamar. p/.6.Barnet. p£. 10. Goflon. Be aie Philin. Melar. Jol. Bulin. aki. abel. ; Tin. Nifot. Coret. Rifet. Gochet, #4 Ph4 Mafan. Rac. Piéuin. Tilin. Duanar, Nifae. Coupet. Funon, Kambeul, Retan. Tadin. PR Chotin. Soni. Pouchet. Vailet. Selot. avi ’ Loman. Dip. Libot, pl, 2. | FUEt Lagan. Porcelaine. | 2er. RES Liri. qe Kifet, Nage. Sakem. pl. 7. Cerite- Soron. FE Egouen. Labarin. Goumier. CR SH Bobi. Pakel. Chadet. Mouret, Ka ee Duchon. Sadot, Degon. Dafan. Ga ins Cïrol. Téfan. Vermet. pl 11. Gival, Of Agaron. Minjac. Lifpe. Sulin. ni Fafin. Dofan. Garnot. eee ES Saburon, Datin. | Jenac. Bio, Vojet. pl, 8. Mañier, Kalifon, Potan. Jabik. Jelin, Falier. Samier. Simeri. Solat. Stipon. Bivet. Lipin, Sirat, Bolin, Jatou. pl. 9» Cofar. Lofet, Suga. T'aton. Goufol, Bigni. Siger. Staron. Nivar. Blatin. Silus. Farois. Genot. Zlij Lxxxiv DAAUBILME" DES": RPA' PP 'O'RSTES 6 . , : Je ne confidere dans la trachée des Limaçons que fa figure. Elle eft RACHÉE, caractérifée dans les différens genres : elle reflemble à un trou rond dans les uns, & à un long tuyau dans d’autres. Limaçons dont la trachée forme Ve Un trou fimple qui fe trouve fur l'un des côtés Un long tuyau, qui fort vers le dos de . de l'animal. l'animal. rl oo UNivaLves. OPERCULÉS. Univauves. | OPERCULÉS. Sormet. pl. 1.| Vermet.pl. 11. Foffar. pi. 13.} 1 Yer. pl.3. Jamar. pl.6. Jatou. p/.9 Gofion. Lifpe. Narice. | hilin. | Melan. Fe Bulin. Dofen. Fabel. : : Tilin, ofet. Coret. Dain, Gochet. pes pl. 4 Mafan. Suga. Pietin. Mafñer. Dunar, Nifar. Coupet. Taion. Kambeul. Jelin. Tadin. he Chotin. * Goufol. Pouchet. Marnat. p/.12. Selot. Ru Loman. IE Libot. pl. 2. | Bofon. Lagar. Dércdlames Nil Salar. Siger. Liri. Daki. Kier. Narel. Sakem. pl. 7. Staron. Soron. Rifet. Egouen. Labarin. Kalan, Gadin. Ofilin. Bobi. Pakel, Nivar. Mouret, Retan. Duchon. Tefan. Blatin, Dafan. Vañlet. Girol. Minjac. Silus, Gival, Fujet. Agaron. Fafin. ea Sulin. Sari. VE n Saburon. enot. Garnot. Lonier. reel P*5* | Coret. pl. 8. Barnet. pl. 10. Jenac. Livon. Eros Miga. Jol. Kalifon. Dalat, Dot Totombo. Rifet. Ormier, Kachin. Pal Vojet. Rac. Gor. Ce Jabik. Funon. Stipon. Samier. Soni. Solat. Di Bivet Popel. Giton. Cérite Lipin. Goumier. Gt Chader. Bolin. Degon. _ DES ANIMAUX DES LIMAGÇONS. Ixxxv Les Limaçons ont ordinairement le pied coupé de quelques fillons. 5°. Les uns en ont pluleurs répandus fur toute fa furface fupérieure & infé- à rieure ; les autres n’en ont qu'un qui parcourt le milieu de fa lonyueur en deffus ; d’autres enfin en ont un qui le traverfe à fa partie antérieure : je ne parlerai ici que de ce dernier. no Dee Limacons qui n’ont point de fillon tranfver[al Limacons qui ont un fillon tranfverfal à la à la partie antérieure du pied. Partie antérieure de leur pied. ne A: UNIVALVES. OPERCULÉS. UNIVALVES. OPERCULÉS. Sormet. pl. 1. | Vermet.pl.11. Foffar. p/. 13.1 À Miran. pl.4. |Jamar. pl. 6. Jatou. pl. Goflon. Lipe. Natice. Rafel. Melar. Cofar. Coret. Dofan. Fanel. Nifat. Tilin, Lofet. Pietin. Jatin. Gochet, Arvan. Mafan. Suga. Kambeul, Mañier. Danar. Faval. Coupet. Tafon. Pouchet. Ofilin. pl. 12. Tadin. Porcelaine. Chotin. Goufol, Libot. pl. 2. | Retan. Lagar. Narel. Loman. Bigni. Lin. Vaffet. Selot. Egouen. Sala Siger. Soron. Fujet. Kifet, Bobi. Sakem. pl.7. Staron. Gadin. Sari. Duchon. Mbarns Kalar. Mouret, Lonier, Majet. pl. s. Pakel. Nivar. Dafan. Livon. Lupon. Sadot, Blatin. Gival. Dalat. Bitou. Téfan Silus. Sulin. Kachin, Potan. Minjac. Farois. Garnot. Gor. Falier. an. Genot. Jenac. Simeri. Saburon. Des pl. 10. Kalifon. Stipon, + nl 9 JO: Ormier. É Mi. gs Nifot. Sigaret. Totombo Rac. Yet. pl. Vojet. Funon. Philin, Jabik. Soni. Samier. Dip. Solat. Popel. Ever Cerite. Cor Goumier. Lipin. Chadet. Sirat. Degon. Bolin, Marnat. pl, 12. Bofon. Daki. Rüifer, Ixxxv) TABLE: DES :R À P P OR TS quatre, fçavoir : 1° MANTEAU. .1°. Le Manteau. 2°, Les Trachces. CONQUES. Les principales parties de l'Animal des Coxques font au nombre de 3 4° . Le Pied. . Les Fils. Le manteau peut être confidéré quant à fa figure. 1% Eft divifé tout autour en deux lobes. MULTIVALVES. © BIVALVES. Gafar. pl. 14. Garin. Vetan,. Bajet. Rojel. Conques dont le manteau 29, EJt divife d'un côté feulement en deux lobes. BrvaALves. Lulat. pl. 15. Pamet. pl. 18. Aber. Dotel. Fonet. Apan. Cloniffe. pl. 16. Ajar. Codok. Cotan. Dofin. Gordet. Pitar. Felan. Gafet. Nufar. Matadoi. Mofat. Koman. Jagon. Movin. Poron. Pirel. Lunot, Pegon. Sunet. Tofar. Jouret, Lifor. Fatan. Calcinelle, Vagal. Gatan. Pl 17e MULTIVALVES, Co o 42e Forme un fac ouvert feulement dans les deux extrémités oppofées. BivALVES. MULTIVALVES. Jataron. pl. 15.1 Julan. pl. 19. Bert ugon. Ga PH 19: Taret. olar Molan Ropan. DES ANIMAUX DES CONQUES. Ixxxvij On peut confidérer les Trachées par leur nombre & leur figure. 1°, TRACHÉES. 1% 2% 3° 4°. | Conques NÉE Conques qui Conques qui ont deux trachées Conques qui ont deux trachées | n'ont qu’une 3 : 1 R Fracite de pa- FU deux re en forme deruyaus féparés rfowe de tuyaux roit comme une | Chées en manie- € diflingués. réunis, re d'ouverture. ouverture. ——————_——— BivALvEs. BivaLves. BivaLves. | Murrivarves. BivaLves. | Murrivarves. | ST Te Taret. pl. 19. Jul TM Gafar. 1, 14. | Jataron. pl. 15. Clonifle. pl.16: p Tagal. rte 19. Julan. pl, 19. ER k £ Lulat. cs ; Ajar. Ropan. Golar. Tugon, Vetan. Aber. Codok. Molan. Bajet. Dotel. Cotan. Rojel. Fonet. Dofin. Apan. Gordet. Pitar. FE nm lPelans MULTIVALVES o, Poron. pl. 17. Pirel. Lunot. Pegon. Sunet. Tofar. Jouret. Lifor. Fatan. Calcinelle, Vagal. Gatan. Pamet. p2. 18. Gafet. Nufar. Tivel. Matadoa. Mofat. Koman, Jagon. Movin. MULTIVALVES, ©. Exxxvij P1ED. T'ANBALAE: D'E S KR APR O R:TS4 Il y a des Conques qui n’ont pas de pied, il y en a d’autres qui en font pourvues. Parmi les dernieres, les unes le laiffent appercevoir de rems en &cc. tems au dehors, & les autres le tiennent toujours caché. 2°, 5e Co € . ee. cu Conques dont le pied ne paroit Conques dont le pied paroit pied pas au dehors. au dehors. BIVALVES. | BIVALVES. | Mucrivarves. BIivVvALVES. Galar. pl. 14. a pl. 19.|Julan. pl. 19. |Jataron. pl. 15. Poron. pl. 17. Pamet. pl. 18. Garin. Golar. Tugon. Lulat. irel. Gafet. Ve:an. Molan. Taret. Aber. Lunot. Nufar. Bajet, Ropan. Dorel. Pegon. Tivel. Ro; el. Fonet. Sunet. Matadoa. Apan. Tofar. Mofat. S Jouret. Koman. MULTIVALY Re -pl.16. Lifor. Pi Caubts Fatan. Movin. CE Calcinelle. Dofin. Vagal. | Gordet. Gatan. Pitar. Felan. MuLTIVALVES. o. 4°. Les Fils (1) dont il eft ici queftion, font ceux par RP CN a certaines Fics. Conques s’attachent à différens corps fixés au fond des eaux. n°, | Conques qui s'attachent par des fils. PS MULTIVALVYES, BIivALVES. Lulat, plis. Aber. FA Î Dotel. | Fonet. Apan. Chanon. Effan. Jéfon. Muflole, pl.18. Oo, o Conques qui n’ont point de fils pour fe fixer. a ——_———— B'I VA LV Es: { MULTIVALVES. Gafar. pl. 14. Poron. pl. 17. Pamet. p.18. Julan. pl. 19. Garin. Pirel, ‘ Gafet. ; Tugon. Vetan. Lunot, Nufar. Taret. Bajet. Pégon. Tivel. Ropan. Rojel. Suvet. Matadoa. Guron. Tofar. Mofat. Satal. Jouret. Koman. Jataron. Lifor. Jagon. Cloniffe. pl.16. Fatan. Movin. Ajar. Calcinelle. Tagal. pl. 19. Codok. Vagal. Golar. Cotan. Gatan. Molan. Dofn. Gordet. Pitar. Felan. (1) Voyez ce que j'entends par ce terme, dans mes Définitions, page Ix. Fin de la Table des Rapports. Ixxxix «e) KA k SK € ; *% 5. ro 1 RP TS / A EE | a $ A ES Eu t US. KR es Pas un A Ps PAR PR DS PUIS Pa Ps D Ps Pa PS) CAPCADD é) # j 6e © * * # ++ * * 9:0 EAN x 00:09: > TABLE CHRONOLOGIQUE D'ES* AUTEURS Dont il eft fait mention dans cet Ouvrage. Aifor. hifl. Anim. Ariftotelis opera omnia quæ extant græcè & lari- nè, &c. Authore Guillelmo Duval, &c. Lutetix Parifiorum, 1619. in-fol. 2 vol. Plin. hifl. Mund. C. Plinii fecundi hiftorie Mundi, libri 37. à Sigif- mundo Gelenio Caftigati, &c. cm notis Pintiani, Scahigeri, &e. Lugduni , 1582. in-fol. 1553 Belon. Aquat. Petri Bellonii Cenomani de Aquatilibus, libri duo, &c. Parifis, 1553. in-12. formà oblongä, cum fig. ligneis averlo af- peétu, raris bonis. — 54 Rondel. Pife. pars 2. edit. lat. Guillelmi Rondeletii Doétoris Medici, &c. pars fecunda de Pifcibus, &c. Lugduni, 154 in-fol. chartà parvä, fig. lign. averfo afpectu, raris bonis. —$ 8 Rondel. Poiff. part. 2. édit. franç. La fecende partie de l’hiftoire entiere des Poiffons, compofée premierement en latin par Maître Guillaume Rondelet, &c. maintenant traduite en françois, &c. à Lyon, 1558. in fol. petit pap. fig. en bois , peu fidéles, & à contre-fens. —— Boffuet. Aquat. pars alt. Francifci Bofueri Surregiani Doctoris Medici, de Naturâ aquatilium Carmen , in alteram partem univerfe Guil- lelmi Rondeletii, &c. hiftorix quam de Aquaulibus fcripft, &c. Lugduni , 1558. in-4°. chartà parvä. fig, lign. averfo afpeëtu, raris bonis. —— Gefn. Aquat. Conradi Gefneri, Medici Tigurini, hiftoriæ Animalium liber IV. qui eft de Pifcium & Aquatilium Animantium naturâ. Ti- guri, 1558. in-fol. cum fig. ligneis, raris bonis , & averfo afpectu. — 6$ Math. Petri Andreæ Mathioli, Senenfis Medici, Commentarii in fex libros Pedacii Diofcoridis. Venetiis ex officinà Valgrifianä , 1565. in-fol. fig. ligneis, nonnullis bonis, & averfo afpectu. — 99 Imper. Hiftoria Naturale di Ferrante Imperato Neapolitano. Neapoli , 1599. Venetiis, 1672. in-fol. Coloniæ, 1695. in-4°. fig. ligneis, raris bonis. 1616 Colum, Aquat. Aquatilium & terreftrium aliquot Animalium, aliarum- nl xC TABLE CHRONOLOGIQUE que Naturalium rerum obfervationes, Fabio Columnä Autore. Ro- mæ, 1616, in-4°. chartà parvä, cm figuris æneis optimis, reéto afpectu. 1616 Colum. Purp. Fabii Columnæ Lyncei Purpura. Romæ, 1616. fig. æneis opumis, recto afpectu. — 42 Aldroy. Exang. Ulyflis Aldrovandïi , Patrici Bononienfis, de Exanguibus hbri 4, &c. Bononiæ , 1642. in-fot. fig. lign. averfo afpectu , ranis bonis. — 49 Jonfl. Exang. Hiftoriæ Naturalis de Exanguibus, libri 4, cùm æneis figuris , à Joanne Jonftono Medicinæ Doétore. Francofurti, 1649. Amiteledami, 1667 & 1716. in-fol. figuris æneis , averfo afpectu peflimis. — 67 Du Lerr. hift. des Antill. Hiftoire générale des Antilles , &c. Tom. 2. contenant l’Hiftoire Naturelle, &c. Par le R. P. du Tertre , de l'Or- dre des FF. Prècheurs, &c. À Paris, 1667. in-4°. figures en cuivre, la plüpart affez bonnes. — 78 Lifé. Anim. Angl. Maruni Lifter, &c. Hiftoriæ Animalium Angliæ , tres Tractatus, unus de Araneis, alter de Cochleis tûm terreftribus, tùm Auviaulibus , tertius de Cochleis marinis ,&c.Londini, 1678.in-4°. chartä parvä , fig. æneis bonis. — 79 Harder. Exam. Joh. Jacobi Harderi, Bafñl. M. D. &c. Examen Anato- micum Cochlex terreftris domiportæ. Bafileæ, 1675. in-12. broch. cüm fig. æneis bonis. — 81 Bonan. Recr. Recreatio mentis & oculi in obfervatione Animalium Tefta- ceorum , &c. à PP. Philippo Bonanni, Soc. Jefu. Romæ, 1681. in-4%. Italicè ; cûm fig. æneis, averfo afpeétu , cæterà bonis. Eadem Latinè. Romæ, 1684. in-4°. — S4 Heyde Anar. Anatome Mytuli, Belgicè Moffel, &c. Autore Antonio de Heyde, M. D. Amftelodami, 1684. in-12. charta parva, fig. æneis, fub bonis. — 85 Lift. Hifl. Conchyl. Martini Lifter Hiftoria, fivè Synopfis methodica Con- chyliorum , &c. Londini, 1685. in-fol. fig. æneis optimis. — 94 Lifler. Exerc. I. Martini Lifter Exercitatio Anatomica , in quâ de Coch- leis maximè Terreftribus & Limacibus agitur, &c. Londini, 1694. in-8. fig. æneis bonis. —9$ Lifler. Exerc. al. Martini Lifter Exercitatio Anatomica altera, in quâ maximè agitur de Buccinis Auviauilibus, & marinis, &c. Londini, 169$. in-8. fig. æneis bonis. fizco Mém. de l Acad. Mém. de l’Académie Royale des Sciences. A Paris, 1712 in-4°. fig. en cuivre affez bonnes. : 170$ Rumph. Muf. D'Amboinfche Rariteit Kamer, &c. Georgius Everhardus Rumphius. T'Amfterdam , 1705. in-fol. fig. æneis bonis plerifque. — 09 Muf. Kirk. Mufæum Kirkerianum, fivè Mufæum à P. Athanaño Kirkero, * in Collegio Romano, Soc. Jefu, jam pridem incœptum, nuper refti- tutum , autum, defcriptum & iconibus illuftratum ; à Philippo Bo- DES AUTEURS. xcj nanni, Soc. Jefu. Romæ, 1709.in-fol. fig. æneis, averfo afpedtu , cæterüm bonis. 1709 Petiv. Gazoph. Gazophylacium Naturx & Artis, à Jacobo Petiv. Pars 12. Londini, 1709. Pars 22. 1711. in-fol. chartâ parvä , fig. æneis, plerifque bonis. — 14 Barrel. Icon. Plantæ per Galliam , Hifpaniam & Italiam obfervatx, &c. à R. P. Jacobo Barreliero ; quibus acceflit Specimen Infeétorum quo- rumdam marinorum : curà Antonii de Juflieu, Med. & Bot. Profeff. Parifiis, 1714. in-fol. chart parvä, fig. æneis bonis. — 15 Vallifn. Raccolr. Raccolta di varj Trattati del Sigñor Vallifnieri, &c. In Venezia, 1715. in-4°. fig. æneis , fub bonis. — 17 Tonrnef. Voyag. Relation d'un Voyage du Levant, fait par ordre du Roi, &c. par M. Pitton de Tournefort, &c. À Paris, 1717. 2 vol. in-4°. fig. en cuivre, parfaites. — 22 Lang. Meth. Caroli Langii Methodus nova & facilis Teftacea marina, in fuas debitas clafles, genera & fpecies diftribuendi. Lucernæ, 1722. in-40. chartà parvä. —2$ Sloan. Jam. À Voyage to the Iflands Madera, Barbadoes , Nieves, S. Chriftophers , and Jamaica ; With the Natural Hiftori , &c. Bi Sir Hims Sloane , Bart. London , 1725. in-fol. 2 vol. chartä parvä. fig. æneis , rard fidelibus. — 33 Sell. Tered. Godofredi Sellii Hütotia Naturalis Teredinis feu Xylophagi marini. Trajeci ad Rhenum, 1733.1in-4°. fig. æneis, vix bonis. —— RoufJet Obf: Obfervations fur l’origine, la conftitution & la nature des Vers de mer, qui percent les vaiffeaux , les piliers, les jertées, & les eftacades. Par M. Roufler, Membre de la Société Royale des Sciences de Berlin. À la Haye, 1733. in-8°. broch. 31 pages, avec fig. peu exactes. — 34 Seb. Thef. Locupletiflimi rerum Naturalium Thefauri accurata defcriptio, & iconibus artificiofiflimi , expreflio , &c. Ex toto rerrarum orbe collegit, digeffit, defcripfir & depingendum curavit , Albertus Seba, &c. Amftelzdami, 1734. in-fol. 2 vol. chartä magnâ, cùm fig. æneis bonis. % — 37 Swammerd. Bibl. Joannis Swammerdamii Amftelædamenfis, Biblia Na- turæ ; fivè hiftoria Infeétorum, in claffes certas redaéta , &c. Leydx, 1737. in-fol. 2 vol. fig. æneis, plerifque bonis. — 39 Planc. Conch. Jani Planci Ariminenfis , de Conchis minüs notisliber, &c. Venetiis, 1739. in-4°. fig. æneis, plerifque bonis. — 42 Hifl. Conchyl. L'hiftoire Naturelle éclaircie dans deux de fes parties prin- cipales , la Lithologie & la Conchyliologie , &c. Par M*#*, A Paris, 1742. in-fol. pet. pap. fig. en cuivre, parfaites. — Gualt. Ind. Gualtieri Nicolai Index teftarum Conchyliorum , &c. Flo- rentiæ , 1742. in-fol. chartà imperiali ; fig. æneis, vuled bonis. — 46 Linn. Faun. Suec. Caroli Linnæi, Med. & Bot. Prof. Upfal. &c. Fauna Suecica , fiftens Animalia Sueciæ regni : Quadrupedia , Aves, Am- m1 i] xcij TABLE CHRONOLOGIQUE, &c. phibia , Pifces, Infecta, Vermes ; diftributa per claffes & ordines ; genera & fpecies , &c. Srockolmiæ , 1746. in-8®, fig. nonnullis æneis, vix bonis. 1748 Linn. Syft. Nat. edir. 6. Caroli Linnæi Archiatr. Reg. Med. & Bot. Prof. Upfal. Syftema naturæ, fiftens regna tria naturæ, in clafles & or- dines, genera & fpecies redacta , tabulifque æneis illuftrata. Editio fexta. Stockolmiæ , fig. æneis nonnullis, peflimis. — $3 Klein. Tent. Jacobi Theodori Klein, Tentamen methodi Oftracologicæ, fivè Difpofitio naturalis Cochlidum & Concharum, &c. Lugduni- Batavorum , 1753. in-4°. fig. æneis , vulod pefñlimis. Mém. préfentés à l Acad. Mémoires de Mathématique & de Phyfique, préfentés à l’Académie Royale des Sciences par divers Sçavans, &c. A Paris, in-4°. fig. en cuivre, fort bonnes. (Es ERA TTSIE ER RRSE RE REIFTE N lg PA Ê ab À ‘ MIDI NEC) Se Doisetue à 0 AN O0 AN 0 IN 0 AN 9 ZN 0 ZINC 0 ZA 0 RÉ SÉS IST IS ETS SEE T MERE RQ SN I] DIVISION GENERALE D'E:GET:200 UÙ V R AGE; F A M I L L E I. LT M'A CONS. S E QI O N° EX LIMAÇONS UNIVALPVES. GENRE I. Efp. 1. Libot. (pl 2.) . Lire LC) Ejp. 1. Sormer 4. Gadin. Étmrl s. Mouret. GENRE Il. 6. 2e . Gival. Le Buzin. Bulinus. FA rs GENRE-ITI 9. Garnot. Le Core. Coretus, “5 RE G'EINR EMI, Le P pra: GENRE VII a tree L'ORMIER. Haliotis. GYEENERUE AV: 1. Ormier. Ls Limaçon. Cochlea. 1. Kambeul. 2. Pouchet, 2. Sigaret. GENRE "APPLE GENRE V£L L'Yar: a (p£ 3.) Le Lxras. Lepas, £pl, 2.) ; Philim, CV DIVISION GÉNÉRALE GENRE IX. Efp. 6. Girol. La Vis. Terebra. ( pl. 4) 7. Agaron. Efp. 1. Miran. GENRE XL: 2. Rafel. 3. Nifar. Le Pucxrace. Cyprea. (pl 5.) 4. Arvan. 1. Majet. s- Faval. 2. Lupon. 3. Bitou. GENRE X. GENRE XIL La PorceLAINE. Porcellana. 1. Porcelaine. Le Manrerer. Peribolus. 2. Narel. I. Potan. 3. Egouen. 2. Falier. 4. Bobi. 3. Simeri. s- Duchon. 4. Suipon. SÉCGTUON:IT LIMAÇONS OPERCULÉS. GENRE ,L Efp. 12. Vojet. Le Roureau. Serombus. ( pl. 6.) 13. Jabik. Æfp. 1. Jamar. 14. Samier. 2. Melar. 15. Solar. 3. Tilin. ps 16. Bivet. 4. Mafan. 17. Giton. s: Couper. 18. Lipin. 6. Chotin. 19. Sirat, 7. Loman. 20. Bolin. 8. Salar. 21. Jatou, (pl. 9.) > 22, 00, GENRE IL Rd 7 La Pourpre. Purpura. (pl. 7.) 24. Suga. 1. Sakem. 25. Tafon. 2. Labarin. 26. Goufol. 3. Pakel. 27. Bigni. 4. Sadot. 28. Siger. s. Téfan. 29. Staron. 6. Minjac. 30. Kalan. 7, Fan. 31. Nivar. 8. Saburon. 32. Blatin. 9. Covet. (pl. 8.) 33. Silus. 10. Miga. 34. Farois. 31, Totombo. 35. Genort. DE CET OUVRAGE. XCY GENRE. Ji. Efp. 2. Bofon. Le Buccin. Buccinum. (pl. 10.) 3° pan Efp. 1. Barnet. ASS 2. Jol. GENRE VII. À APE Le Sasor. Turbo. A a 1. Ofilin. ARE 2. Retan 6. Soni. . k Di 3. Vañer. pur 4. Fujet. GENRE IV. HE Le Cerire. Cerithium. 6. Lonier. 1. Popel. 7. Livon. 2. Cerite. 8. Dalat. 3. Goumier. 9. Kachin. 4. Chader. 19. Gor. s RÉ GENRE VIII. . Ligar. 7. Mefal. LA Narice. Natica (pl.13.) GENRE V. hs Le VERMET. Wermetus. (pl. 11.) Fe DE 1. Vermet. ” Ce 2. Lifpe. E ° 3. Dofan. GENRE TX. 4: Datin. La Nerirs. Nerita. i Mafier. 1. Dunar. 6. Jelin. 2 Tadin. GEUN'R Er vil 3. Lagar. La Tourie. Trochus. (pl. 12.) 4. Selor. 1. Marnat. s- Kifet. FA MIEL E-"FT CON QUES SEC THON. I. CONQUESÏBIVALLES. GE NIRE=E Efp. 3. Véran. . Bajet. L'Huîrre. Offreum. (pl 14.) s. Rojel. Efps. Gafar. 6. Guron. 2. Garin. 7. Satal. + xco DIVISION GÉNÉRALE, &c. GENRE PL L: Jararon. Jararonus.( pl. 15.) GREUNIR E- III. Le JAMBoONNEAU. Perna. Efp. 1. Lulat. . Aber. . Dotel. . Fonet. . Apan. . Chanon. Effan. . Jefon. GE N'R EI. LA CAME. Chama. (pl. 16.) . Cloniffe. . Ajar. . Codok. . Coran. . Dofin. . Gordet. . Pitar, . Felan. . Poron. Gplizd . Pirel. 11. Lunot. 12. Pégon. 13. Sunet, 14. Tofar. 1$. Jouret. 16. Lifor. b CR Qua L: Li O LL ON tn R VU OR Ejp: 17 18 19 20 ." Fatan. . Calcinelle, . Vagal. . Gatan. Zi. Mutel. GENRE V. La Teruine. Tellina. (pl. 18.) I 2 . Pamet. . Gafet. 3. Nufar. 4. Tivel. $. Matadoa. 4 Le So GO © NN Gin BR » BR . Vovan. GEN RENE LE PEroncze. Peëlunculus, : 1e . Kaman. . Jagon. . Movin. Mofat. Fagan. . Robet. . Anadara. . Jabet. . Muflole. GENRE VIl. LEN. Solen. (pl. 19.) 1. Tagal. 2 . Golar. 3. Molan. SE CTIO.N. ILE. CONQUES MULTIVALVES, GENRE. LE LA Puorane. Pholaf. (pl. 19.) Efp. 1. Julan. 2. Tugon. GENRE" IL Le Tarer. Teredo. (pl. 19.) Efp. 1. Taret. 2: Ropan, COQUILLAGES 0 19 L 2 2 SES k < ge + SA ‘ : es L Ne CRC TS A T2 COQUILLAGES. : FAMILLE PREMIERE. DES LIMACONS. 1] Usou’ici l’on à connu fous le nom de Limaçons, les coquillages dont l'animal à une coquille tan- tôt d’une, tantôt de deux pieces, une tête, une bouche, un corps, un anus, un pied ; & le plus fouvent des cornes, des yeux & un manteau. Ceux dont il eft queftion dans cette famille ont le plus grand nom- bre de ces parties ; & c'eft pour cela que nous leur avons con- . fervé le nom de Limaçons. Cette famille feia divifée en deux fections : [a premiere contiendra les Limaçons dont la coquille eft d’une piece, & que l’on appelle Univalves : la feconde renfermera ceux dont la coquille eft de deux pieces, & que je nomme Oper: çulés. A 2 COQUIBLAGES SR Ep ep mp mage me SECTION PREMIERE. DES LIMAÇONS UNIVALVES. Es Limaçons Univalves dont je vais traiter dans cette. premiere feétion, forment douze genres, qui, confidérés à railon de la pofition de leurs yeux, pourroient être réunis en cinq petites familles fubalternes, fçavoir: & x qui n’ont ni ni 1°. Ceux qui n'ont ni yeux ni lp, Gonnotr. cornes. 20, Ceux qui ont deux fe & LE Buuix. Genre 2: Genre 1. & les yeux placés à leur racine & + LE CoREr. -+ - - 3. {ur leur côté interne. Le PierIN. - + - 4 o, Ceux qui ont quatre cor- 3 4 % Le Limaçon. = - 5, L'OnmIEr, - - - G. 4°, Ceux qui ont deux cornes, | [y 7 & les yeux placés à leur racine & { pr. © : _ _ $ fur leur côté externe, ou par der-\ Tr, Vis. = 9 riere. | nes, dont les deux extérieures portent les yeux fur leur fommet. 5°. Ceux qui ont deux cornes, : La PORCELAINE. - - 10, & les yeux pofés un peu au-deflus { T2 PoceLace. - - 11 e n A . e de leur racine, & fur leur côtél 1 M Re ne externe. GENR E:H LA GONDOLE. Cymbium. L'Ordre que je me fuis propofé de fuivre en parlant des co-. quillages, exige que je commence d’abord par ceux qui font le moins compofés, tant dans la forme de l’animal que dans celle de fa coquille, Si l’on examine le coquillage qu’on ap- pelle Gondole, on ne fera aucune difficulté de lui donner la premiere place, & dele faire marcher à la tête des Univalves, UNIVALVES. 3 à caufe de la fimplicité de fa ftructure. On n’en connoît que deux efpeces fur la côte du Sénégal. at LE SOR-M'E T4 EL:r. Rien ne reflemble davantage à un ongle que la coquille du Sormet repréfentée aux lettres K.C. D. Elle eft ovale, extré- mement mince, & fort petite eu égard au corps de l’aniimal, dont elle recouvre à peine la moitié, étant attachée fur fa partie poftérieure en D. Au dehors D. K. elle eft convexe, polie & luifante; mais lorfqu’on l’a détachée, & qu’on la re- garde en dedans, on voit qu’elle eft concave & aflez tranfpa- rente. Ses bords C.C. font repliés en dedans, & forment une efpece de bourrelet qui regne tout autour, excepté dans fon extrémité antérieure : celle-ci eft arrondie & un peu plus large que l’extrêmité poftérieure, qui paroît comme coupée & for- mée par une ligne droite. Sa longueur d’une extrêmité à l’au- tre eft d'environ cinq lignes, & fa largeur de trois. On ne diftingue dans l’animal de cette premiere efpece, aucune partie qui ait rapport à ce que l’on appelle tête, cor- nes, yeux, manteau, dans les autres limaçons. Tout fon corps T.E. D. n’eft, à proprement parler, qu’un morceau de chair mufculeux, affez ferme, & coupé en un demi-cylindre arrondi a fes deux extrêmités. Il eft convexe en deflus E, applati en deflus P, & creufé fur les côtés par deux fillons très-profonds, qui s'étendent dans toute fa longueur qui ne pañle guères dix lignes. Sa largeur eft égale par-tout, d'environ trois lignes. A l’extrêmité antérieure du corps on apperçoit un grand. trou rond B, percé dans le milieu de fon épaifleur. C’eft la bouche de l’animal ; mais il n’eft pas poflible d'y trouver au- cune mâchoire, ni les dents. On voit encore fur le côté droit du corps, fort proche de fon extrêmité poftérieure, une ouverture ronde À qui donne une entrée libre à la refpiration, & laiffe une fortie aux excré- mens: c’eft l’anus. Depuis cette ouverture latérale jufqu’à l’extrêmité où eft placée la bouche, le deffous du corps de l’animal P lui fert de pied pour fe traîner. Ce pied n’eft diftingué du refte du corps que par les deux fillons latéraux dont j'ai parle ci-deflus, À ij COQUILLF, ANIMAL Corps Bouche. Anus, Pied, Couleur. COQUILLE. Ouverture. Gouleur. ÀNIMAL. Corps. 4 COQUILLAGES La couleur de l’animal eft d’un blanc fale; & fa coquille tire un peu fur la couleur ce corne. Je ne connois aucun Auteur qui ait parlé de cette efpece de Gondo!e. Je l’ai trouvée pendant le mois de juin fur les bords du Niger près de fon embouchure:elle vit dans l’eau de la mer, enfoncée d’un à deux pouces dans les fables. SUL EVEOS SOIN, (PL 2 Concha utroque latere fe colligens. Colum. Aquar. pag. 67 € Go. Cochlea Siracufana, intüs livida, extrà calthea. Bon. recr. p. 112. claff: 3. AU. 3e Concha utroque latere fe colligens, Fabii Columnæ, umbilicata , ex fufco maculata, labro finuolo. Liff. hife. Conchyl. ou RÉ NCRTET Cochlea Siracufana, intüs livida extra calthea. Muf: Kirk. pag, 450. n. 3. Veneroides Baden minor; marmotrata. Petiv. Gazoph. Cat. vol. 3. 585: ab. ço. fig. 13. 6 D, Perfica minor. Barrel. Ie. p. 133.1ab. 1322. fig. 3 Nux marina lævis, umbilicata, ex albo & fufco Tucid variegata. Gualr. Ind. Pre & 71 Pas Ets Je Balla umbilico fimplici; profundo : ex fufco maculata; utroque latere fe colligens ; Fabni Columnæ. Klein. rent. pag. 82. fe 1.7, $. La coquille du Goffon a la forme d’un ovoide arrondi aux extrémités, & de dix lignes de longueur fur une largeur une fois moindre. Elle eft médiocrement épaie, & compofée de quelques tours de fpirale qui vont de droite à gauche, & dont on ne peut diftinguer le nombre, parce que le fommet au lieu de fortir dehors, rentre en dedans, pour former un petit om- bilic à l’endroit S qu'il devroit occuper. L'ouverture qui fe trouve placée à droite des fpires ,eft une ellipfe fort irréguliere, plus large en haut qu’en bas, retrécie dans fon milieu , & d’une longueur égale a celle de la coquille. Sa lèvre droite D eft épaite & tranchante fur les bords : la lèvre gauche fe replie comme une lame affez mince fur la convexité de la premiere fpirale. Sa couleur eft grife ou cendrée, & quelquefois fauve ou rougeître ; drdinairement marquée de petites ondes, & fou- vent traverfée par deux bandes plus foncées. Le corps de l’animal eft beaucoup moins allongé que dans la PEER efpece : il eft recouvert prefqu’en entier par la coquille UNIVALVES. $ Son pied eft extrêmement épais & fi renflé qu’il bouche, comme un gros mufcle, ouverture de la coquille, ne pou- vant entrer dedans. Certe efpece eft plus commune que la premiere ; on la voit pendant toute l’année dans les mêmes endroits. | Le coquillage que M. Plancus a figuré avec fon animal, dans fon Traité des Coquillages peu connus du port de Ri- mini(r),approche beaucoup de cette efpece. GENRE. IL LE BUÜULIN. Pulinus. Pl. JE donne le nom de Bulin à un petit coquillage d’eau douce, qui vit communément fur la lentille de marais, & fur lelem- ma, dans les marais & les étangs de Podor. Cette dénomina- tion m'a paru lui convenir, parce que l’animal pendant fa vie nage prefque continuellement à fleur d’eau, & qu'après fa mort fa coquille flotte comme une petite bulle d’air tranfpa- rente. Je n'ai obfervé qu’une efpece de ce genre, & elle n’eit figurée ni décrite nulle part. Sa coquille eft une des plus petites que je connoifle, ayant peine une ligne & un tiers de longueur, fur une largeur pref- qu'une fois moindre, c’eft-à-dire, d'environ trois quarts de ligne. La lettre E la repréfente dans fa grandeur naturelle; & elle eft srofie au microfcope aux lettres J. L. Q. Elle eft ovoide, arrondie dans fon contour, obtufe à fa bafe, pointue au fom- met, & tournée en quatre ou Cinq fpirales qui vont en defcen- dant fort obliquement de gauche à droite. Les fpires font fi renflées, qu'aux endroits de leur jonétion elles paroiffent laiffer un profond fillon entr’elles. Un grand nombre de rides très- fines & fort ferrées, s'étendent de longueur fur toute la fur- face de cette coquille, qui eff luifante, extrêmement mince & tranfparente. . Son ouverture O fe trouve à gauche, comme dans les co- quilles qu’on appelle uniques ou à bouches rétournées. Elle repréfente uneellipfe verticale, obtufe dans fa partie fupérieure, & aiguë dans l’inférieure. Son grand diametre furpafle une fois le petit diametre, & égale la longueur du fommet. Ses bords (1) Nux marina, Lepus marinus & Amygdala marina dita. Planci de Conchis Mmiuus notis. pag. 22, tab, $. fig. 9 6 10. Pied, Coquizzr;, Spires, Ouverture. Couleur. ANIMALe Tête, Bouche. Mächoues. Cornes, Yeux, Pied. Manteau. Couleur, Obferva- tion, 6 COQUILLAGES font fimples, tranchans, & interrompus à la rencontre de 14 premiere fpire qui forme la partie inférieure de l’ouverture. Cette coquilleeft de couleur fauve, quelquefois pointillée de noir vers l'ouverture. On voit à la lettre T la tête de l’animal : elle eft demi- cylindrique, convexe en deflus, applatie en deflous, & bor- dée tout autour d'une large membrane, qui eft légerement échancrée à fon extrèmité. Au-deflus de la tête, vers fon extrêmité antérieure, eft placée l'ouverture de la bouche B, qui par la réunion des lè- vres , repréfente un-marteau à deux têtes. Le fond de la bouche ef rempli par deux mâchoires, qui ne différent pas fenfiblement de celle du Limaçon, ( PL 1.1. n. J. N.) dont la grandeur m'a permis de faire un détail plus circonftancié. Au milieu de la tête font placées deux cornes CC. une fois plus longue qu’elle. Elles font aflez exactement cylin- driques, capables de peu de contraction , & portent à leur origine & par derriere, un appendice membraneux G,en forme de croiffant, dont la convexité eft tournée vers la co quille. Les deux petits points noirs qui font les yeux YY, re placés dans l’angle intérieur que forment les cornes en for- tant de la tête. Le pied P eft de figure elliptique, obtus à fon extrèêmité antérieure, & pointu à l’extrèmité Oppofée. Son grand dia- metre eft triple du petit diametre, & prefqu’égal à la longueur de la coquille: dans fa plus g grande largeur il eft un peu ù plus étroit que la tête. Le manteau eft une membrane aflez fine qui tapifle tout l'intérieur de la coquille, fans fortir au-delà des bords de fon ouverture. Là elle fe replie fur la gauche de l’animal pour former un petit trou rond auquel répond l'anus. Les excré- mens font ronds & vermiculés. Tout le corps de l’animal eft d’un gris cendré. Cet animal a cela de fingulier, qu 1 nage prefque conti- nuellement à fleur d’eau, le pied retourne en deflus, & la coquille pendante en bas. Pour prendre cette attitude , il monte fur la premiere herbe qu'il rencontre, & quand il ef UNIVALV:ES. 7 arrivé à la hauteur de l’eau, il glifle fon pied au-deflus de fa furface en retournant en même tems fon corps. Alors {à co- quille qui pend en bas lui fert de left, & fon pied qui fait au-deflus comme une goute de cire fur laquelle l’eau n’a point de prife, fert à le faire avancer par fes ondulations, & à le promener par-tout en nageant fur le dos. On le trouve ra- rement dans une autre pofition, & c’eft pour cela que la fur- face de l’eau en paroîït fouvent toute couverte. J'ai vü exé- cuter la même manœuvre, mais moins fréquemment, au petit coquillage de même genre qui fe trouve aux environs de Pa- ris, & que l’on nomme communément la Membraneufe (1 }. Ce petitcoquillage ne fe voit que depuis le mois de feptem- bre jufqu’a celui de janvier, dans les marécages formés par l’eau des pluies qui tombenten juin, juillet, août & feorembre. Ces marais font defléchés pendant cinq à fix mois, & pour ainfi dire, brûlés par le foleil le plus cuifant : les coquillages difpa- roiflent alors; on ne trouve fur la terre que des coquilles abandonnées par leurs animaux que la fécherefle à fait périr. Cependant on en voit reparoître de femblables tous les ans pendant la faifon pluvieufe : j'ai même remarqué que plus l’année étoit chaude, plus ils étoient abondans; & à un tel point qu’un coup de main en enlevoit plufieurs milliers. Com- ment expliquer cette merveilleufe réproduétion ? Comment des œufs aufli délicats & aufi petits que ceux que doivent produire ces petits animaux, peuvent-ils refter dans un ter- rein auffi aride fans fe deffécher entierement ? Comment ces animaux eux-mêmes, s’il eft vrai qu'ils fe cachent dans le fein de la terre, peuvent-ils réfifler pendant cinq à fix mois aux ardeurs du foleil ? G'ENuR ENILI, LE CORE.T. Corerus'"PL.r, LE Coret ef un coquillage d’eau douce, qui fe trouve auffi fréquemment que le Bulin dans les lieux marécageux de Po- dor:on pourroit même le regarder comme une efpece de Bu- lin ,en ne confidérant que certaines parties qui leur {ont com- (1) Buccinum fluviatile, à dextrà finiftrorsüm tortile , triymque orbium five neri- todes, Liff, hifl, Conchyl. tab, 134. fig. 34. COQUILLE. Spires, Ouverture. Couleur. € COQUILLAGES munes ; cependant l’animal examiné en détail fera voir des différences notables, qui jointes à la forme finguliere de fa coquille, m'ont déterminé à en faire un genre diftingué. J’en ai rencontré un grand nombre d’efpeces dans les pe- tites rivicres des environs de Paris; mais celle que je vais dé- crire eft différente & particuliere aux pays fitués entre les tropiques. Il n’en eft fait mention ni dans les auteurs ni dans les livres des voyageurs ; elle eft aufi peu connuë dans les cabinets : fa petiteñle l’a fait fans doute négliger comme la précédente. On peut regarder fa coquille comme un difque également applati fur chacune de fes faces, & d’une ligne & demie au plus de diametre. La lettre E. la donne dans fa grandeur na- turelle, & elle eft confidérablement groffie aux lettres R.V. X. Malgré fa petitefle on diftingue facilement les quatre tours de fpirale dont elle eft formée. Les fpires font arrondies, ren- flées dans leur contour, & laiflent entr’elles un fillon circulaire également creufé fur les deux faces de la coquille : mais la maniere dont elles font tournées verticalement fur elles-mêmes empêche que l’on voie clairement l’extrêmité V, qui devroir faire le fommet. Cette extrémité eft engagée au centre de leurs révolutions, & ne s’éleve pas plus fur une face que fur l’autre, de forte qu'il paroît aflez douteux de quel côte eft l'ouverture, à gauche ou à droite de la coquille: il n’y a que l’obliquité de cette même ouverture qui pule faire connoître quel eft le deflus de la coquille, & quel eft fon deflous. L’obliquité de l'ouverture O qui eft coupée de droite à gau- che en defcendant, ayant déterminé la face la plus large de la coquille pour fon deflus, on s’apperçoit queles fpires tour- nent de droite à gauche, en regardant le plan de la coquille comme horizontal, & conféquemment l’ouverturé eft à fa gauche, ce qui la range avec les Uniques, comme le Bulin. Cette ouverture eft ronde à peu de chofe près, & fes bords font fimples & fort tranchans : ils font interrompus fur la droite par la rondeur de la premiere fpire, qui vient fe confondre avec eux. La délicatefle de cette coquille & fon peu d’épaiffeur la rendent un peu tranfparente. Au dehors elle eft polie, ui- fante, & de couleur fauve. + a UNIVALVES. 0 La tête T t.de l’animal eft cylindrique, très-étroite dans fa Axrm au partie fupérieure ; mais fort étendue fur les côtés, & prolongée en une membrane qui lui fait un large empattement. Cet em- pattement prend fucceffivement diférentes formes, qui ren- dent quelquefois la tête obtufe & arrondie T, & quelquefois échancrée t. à fon extrémité. Comme il eft placé aux côtés de la tère, & qu'il eft plus fufceptible de relâchement, lorfqu'il fe porte en avant il fait.une échancrure à fon milieu ; & cette échancrure difparoît lorfque ce même empattement fe con- tracte & eft tiré en arriere. La bouche B eft placée au-deflous de la tête à peu près dans fon milieu. Les lèvres, lorfqu’elle eft fermée, lui font prendre la figure d’un Tr dont la tête feroit courbée en arc. En s’ouvrant elle laïfle appercevoir par intervalles les mâchoires. qu’elle renferme. La mâchoire fupérieure eft faite en croiffant, & fa con- vexité qui eft life, regarde en bas : elle paroît immobile, L’in- férieure au contraire reflemble à un tuyau cylindrique ou à une trompe dont l’extrêmité eft percée, arrondie & armée ce plufeurs rangs de dents, que je ne puis mieux comparer qu'a celles d’une érrille : elle fe porte facilement jufqu’au bord des lèvres. Les cornes C. C. fortent au nombre de deux, de la bafe de la tête aux côtés de laquelle elles font attachées, & la fur- pañlent une fois en longueur. Elles font fines, délices, fem- blables à des aiguilles fort pointues, & ont une grande fa- cilité à fe courber & à fe mouvoir en tous fens. Les yeux Ÿ. Y. femblables à deux petits points noirs, font comme enchaffés à la racinedes cornes, fur leur côté intérieur. Le pied P à une longueur prefqu’égale au diametre de la coquille. Il repréfente une ellipfe allongée & un peu moins large que la tête ,au-devant de laquelle 1l s'étend de maniere à la cacher entierement lorfqu’il marche. Ses deux extiémi- tés font également obtufes, & fon grand diametre furpalle fouvent près de deux fois Le petit. Pendant que l’animal marche, une grande partie de fon corps paroît hors de la coquille, fous la forme d’un long col, à peu près cylindrique, dont la longueur, y comprife celle de la tête, excéde deux fois fa largeur. B Tête, Bouche, Mächoires. Cornes. Col, Manteau. Coueur, 10 COQUILLAGES Au travers de ce col qui eft afez tranfparent, on apperçoit facilement ie cœur, & l’on en diftingue très-bien les batte- mens. Îl eft place à fa droite; particularité qui mérite d’au- tant plus d’être remarquée, que cette partie afecte toujours la gauche dans le plus grand nombre des Limaçons. Dans cette même fituation de l’animal , on voit le manteau. comme une légere membrane qui tap:fle les parcis intérieu- res de la coquille jufqu’aux bords de.fon ouverture, dont il lui arrive rarement de s’écarter pour s'étendre au dehors. Il forme du côté gauche, en rapprochant de tems en tems fes borcs, une double ouverture, dont la plus élevée donne paf re \ fage à l'air, & l’autre iux excrémens. Ceux-c1 font vermicu- lés, & tournés en demi-cercle. Cet animal eft, comme le précédent, hermaphrodite de l'efpece de ceux qui demandent la jonction de deux indivi- dus, mais qui ne fe fécondent pas réciproquement nien même tems. Îl ne jouit pas plus de ce privilége que ceux dans lef- quels le fexe eft partagé :1l eft vrai qu'il a un avantage de plus qu'eux, c’eit qu'il peut féconder un individu tandis qu'il eft fécondé par un troifiéme, & celui-ci par un quatrié- me, & ainfi de fuite; de forte qu’on les voit fouvent réunis plufieurs enfemble comme des grains de chapeler. El jette un fray femblable à un gâteau rond , infiniment petit & gelatineux, qui contient environ cent œufs ronds & appla- tis,de même fubftance, à l’extrêmité defquels on apperçoit le germe, comme un petit point opaque. Cette gêlée & les œufs font de couleur de fuye ou d’un brun rougeñtie, & tranfparens. Dans quelques-uns j'ai vü fortir du côté gauche, entre le col & le manteau , une efpece d’oreillette triangulaire & charnue qui fe montroit quelquefois au dehors; dans d’autres il ne fe manifeftoit rien de femblable. Peut-être l’analogie me fera-t-elle connoître un jour l’ufage de cette partie vüe dans un animal de même genre & plus grand que celui-ci. Ce petit animal eft tout noir ou du moins d’un brun noir. Sa coquille qui eft tranfparente & fauve lorfqu'’elle eft vuide, paroït noire quand il la remplit. ns Le, AN UNIVALVES. Li GENRE IV. LECPIETIN. Pedpes Pl. ON appellera, fi l’on veut, avec moi du nom de Pietin un nouveau genre de coquillage marin, que j'aitrouvé en grande quantité autour de l’ifle de Gorée. Je le nomme ainf à caufe de la maniere finguliere dont il marche avec les deux talons dont fon pied femble être formé, comme on le verra ci-après dans la defcription de cette parte. Pour découvrir ce petit coquiHage, il faut le chercher dans les cavités des rochers que l’on nomme mâchefer dans Le pays. C’eft là, & fur-tout dans ceux qui font expofés aux grands coups de mer, qu’il fe tient caché. Sa coquille n’eft figurée nulle part (1) : elle fe rencontre dans peu de cabinets, & je ne l’ai vüe que dans ceux où je l’ai envoyée. Elle eft fort dure & épaifle, comme la plüpart des coquilles marines. Sa forme repréfente un ovoide arrondi dans fon contour, obtus à fa bafe, & pointu au fommet. Elle n’a que trois lignes de longueur, & deux lignes un quart de largeur, c’eft-à-dire, que fa longueur excède fa largeur à peine d’une moitié. La figure E la repréfente dans fa grandeur natu- relle, qui eft groffie de beaucoup dans les figures GS N. On y compte fix tours de fpirale qui defcendent de droite à gauche, au contraire de celles du Bulin & du Coret; & je fuis bien-aife d’avertir que tous les coquillages qui fuivent celui-ci ont leurs fpires tournées de même. Elles font peu renflées, & par conféquent peu diftinétes ou fort étroitement liées les unes aux autres. La premiere fpire, celle où ef l’ou- verture, a une telle difproportion avec les autres, qu’elle les efface toutes : celles-ci font à fon égard, ce qu’eft un mamme- lon pointu fur un tetton bien rond. Vingt-cinq fillons aflez légers, font difiribués aflez csale- ment {ur toute la furface extérieure de la premiere fhire; ils la fuivent dans fa longueur, & par-là coupent la coquille tranfverfalement, mais dans une direction oblique. C5 vingt- cinq fillons fereduifent à huit dans la feconde fpire, à trois daus {1) Je ne fçai fi l’on pourroit y rapporter celli-ci de Lifter : Cochlea compreffa fufca fafciata, brevior, finu longo ad roftrum notabili, Zift:r, ÆHift. Conchyl, tab. 577. fig. 32, Bi Coquiirr. (Ouverture. Couleur. Bouche. Cotriss, 12 COOUTÉLAGES la troifiéme, & diminuent ainf infenfiblement jufqu’à la pointe du fommet où elles difparoïffent. L'ouverture eft des plus fingulieres. On peut Ïa regarder comme une ellipfe dont le contour eft très-irrégulier. Son grand diametre eft double du petit : il eft paiallele au grand diametre de la coquille, & un peu plus long que le fommet. L'irrégularité qu’on obferve dans fon contour vient ées dents qui en bouchent une bonne partie: on en diftingue deux mé- diocres à fa droite & autant à fa gauche, vers le milieu de fa longueur, & une cinquiéme infiniment plus groffe que les au- tres : celle-ci eft placée à l’extrêmité inférieure de l'ouverture, & s’éleve jufqu’au ders de fa longueur commetne languette qui la divile obliquement en deux parties inégales. Toutes ces dents font dans l'intérieur de l’ouverture: je parlerai de leur ufage ci-après. : La lèvre droite de l'ouverture eft fimple & fort tranchante: la gauche au contraire eft arrondie, & recouverte d’une large bande, luifante & d’un beau pot. Quelques-unes de ces coquilles font d’un fauve clair, & d’autres font d’un blanc fale. La lèvre gauche de l’ouverture eft communément aflez bianche. L'animal qui habite cette coquille eft fort petit en compa- raifon d'elle. Sarète T forme un croiffant qui a une fois plus de largeur que de longueur. Elle eft arronuie à fon extrêmité qui eff échancrée, Au milieu de fa longueur & en deflous eft placée la bou- che B, dont l’ouverture eft formée par ceux lignes hor zon- tales jointes par une ligne verticale. Sa fituation lui donne la figure d’une n couchée fur le côté. | Le jeu des lèvres qui forment cette bouche, ne confifte que dans un mouvement latéral qui les éloigne & les rapproche alternativement de la ligne verticale. Les dents font femblables à celles du Coret(r). Les cornes C. C. font aflez épaifles & cylindriques, c’eft-1- dire , égales en groffeur depuis leur racine jufqu’à leur extré- mité. Elles ont moitié plus de longueur que la tête, du milieu de laquelle elles fortent. Dans leur ftuation naturelle elles (1) Voyez la page 9. UNIVALVES. 13 fe portent verticalement en haut, au contraire de ce que l’on voit dans la plûpart des coquillages qui les portent ou en devant ou fur les côtés. .… Ses yeux font petits, ovales Y Ÿ , une fois plus longs que larges, & placés entre les cornes & la tête, de maniere que leur grand diametre eft parallele à fa longueur. Le pied P.J.K. de cet animal eft ce qu'il a de plus fingulier. Sa forme eft elliptique, arrondie aux extrèmités. Il a deux fois plus de longueur que de largeur, & 1l eft preiqu’une fois plus court que la coquille. Mais ce qui le rend remarquable, c’eft qu’il paroît compofe de deux talons femblables P. K. po- {és à chacune de fes extrèmités. Ces talons laiflent entr’eux un efpace vuide & creuié profondément J, qui donne à ce pied la forme d’un pié-bor, auquel on peut très-bien le com- parer. : Quant à la maniere dont 1l fait agir ce pied, voici ce que j'ai obfervé pluficeurs fois. Lorfqu’il veut marcher, il s’atermit fur le talon poflérieur K, & porte le talon antérieur P en avant & aufli loin que le peut permettre la partie creufe J, qui eft fufcepuble d’un relâchement confidérable : il rapproche en- fuite le talon poftérieur K de maniere qu'il touche l’anté- rieur P, & fait avancer tout fon corps d’un efpace é2al à celui qui les tenoit féparés. Ce premier pas fait, il en recommence un fecond , en prenant pour point d’appui le talon poftérieur pendant que lantérieur avance, & fafant réciproquement _fervir celui-c1 de point d’appui au talon poflérieur pour Le ra- mener à lui. On peut croire que ce mouvement exécuté avec une certaine vitefle doit accélerer confidérablement fa mar- che; au Mi y a-t1l peu de grands coquillages , que celui-ci, tout peut qu’il eft, ne devance de beaucoup, quand il veut fe don- ner la peine de marcher. C’eft de la fingularité de cette dé- marche que j'ai emprunté le nom de Piétin que je donne à ce coquillage. On ne viit pas d’abord quel peut être l’ufage de la grande dent qui eft en bas de l’ouverture de la coquille, & lon ne s’imagineroit guères qu’elle fert à tenir écartés les deux talons dont je viens de parler. Cependant c’eft un fait qui devient hors de doute lorfqu’on obferve l’animal entrer & fortir plu- feurs fois de fa coquille: alors on voit fes deux talons fe re- Yeux, Pied, Manteau. Couleur. 14 COOUILEACES tourner de côté, & pañler l’un à droite & l’autre à gauche de la dent, qui étant prolongée jufques dans l’intérieur de la co- quille, comme je n'en fuis affuré en la coupant en deux, les tient toujours éloignés l’un de l’autre, à quelque profondeur | qu'ils la pénétrent. Le manteau eft une membrane épaifle qui fe répand dans l'intérieur de la coquille, jufques aux bords de fon ouverture, & laifle à droite un petit trou rond auquel répond l'anus. Le corps du Piétin eft d’un blanc fale ; mais fes yeux & fes cornes urent fur le noir. Go NUR Er W, LE LIMAÇON. Cochlea. ON connoît parfaitement le Limaçon, & il y en a detant d’efpeces dans tous les jardins & dans les campagnes, qu’il n’eft prefque perfonne qui n’en ait v l'animal vivant. Il n°y en a qu’une efpece au Sénégal ; mais elle eft beaucoup plus grande que toutes celles que nous connoïffons en Europe, & elle furpañle plus d’une fois celle que nous appellons à Paris le Vigneron, en latin Pomatia. Je ne l’ai trouvée que dans un feul endroit, où elle étoit à la vérité fort commune, fur- tout pendant le mois de feptembre. C’étoit dans une prairie affez aride, éloignée d’une petite demi-lieue de la mer, derriere le village de Portudal, que les nègres appellent autrement Sali, a neuf lieues environ dans Le fud de l’ifle de Gorée. 1. EEK ANMB-EEUML: wPlire Buccinum exoticum variegatum lævius swpérodye. Colum. Aquat, pag. 16 & 18. Buccinum majus feptem fpirarum ex rufo radiatum. Lifler. ifl. Conchyt, tab. 9. fig. 4. Buccinum idem minus radiatum. Æjufd. ibid. ab. 10. fig. s. Buccinum radiatum, medio primo orbe leviter acuto. Ejufd. ibid. cab. 11; ge. 6. : Cochlea ftriétior, latis fafciis rufefcentibus per longum ductis diftin&ta, columellà albâ. Æjufd. ibid. tab. 575$. fis. 33. Cochlea oblonga, exotica, lævis. Periv. Gazoph. voi. 1. car. 145. tab. 44. HE Te Buccin d’une fort belle couleur d’agathe bariolée de rouge & de couleur UNIVALVES. is fauve , avec une bouche fort évafée & route unie. Æij2. Conch. p. 170. planc. 13. fig. E. Buccinum fluviaule majus, æve, labio interno repando, ex carneo, ful- vo, albido, & purpurafcente colore fafciatum, aliquando lineis in- terfectis punétatum , nebulatum, & marmoris inftar lucidè & ele- ganter variegatum. Gualr. Ind. pag. & tab. 6. fig. C. Buccinum Auviaule , idem minus, candidum, & in prima & in fecundä fpirâ lineâ fubrubrä circumdatum. Æjufd. ibid. fig. D. Tuba phonurgica torofa : ex rufo radiata ,"Lifteri. Klein, rent. pag. 34. pec.zs 15 ; Tuba phonurgica fpiris planis : fafciata : perlonga, lata, ex rubro fafciata, columelle albâ, Lifteri. Ejufd. ibid. fpec. 2.n. 1.e. La coquille du Kambeul parvenu à fon dernier période d’accroiflement, a trois pouces & demi de longueur & un pouce & demi de largeur , c’eft-à-dire , que fa longueur fur- pañle une fois, & même davantage, fa largeur. C'eft une ef pece d’ovoide obtus & arrondi à fon extrémité fupérieure, & pointu au fommet. Elle eft mince, légere, fragile, & com- pofée de dix fhires, lies, unies, peu renflées , bien diftin- guées les unes des autres, & qui tournent en defcendant de droite à gauche. Son ouverture G qui eft à droite, forme une ellipfe arron- die en haut, pointuë par en bas, & près de moitié plus courte que le fommet. La lèvre droite eft mince, aiguë, tranchante fur les bords, & fe replie un peu à fon extrêmité fupérieure fur la lèvre gauche qui eft arrondie & fermée prefqu’entie- rement par la feconde fpire. Sa furface extérieure eft recouverte d’un périofte membra- neux & extrémement mince, qui n'empêche pas de voir fes couleurs. Les jeunes font d’un fond blanc ou agathe, marbré de plufeurs bandes longitudinales, ondées, d’un brun très- foncé , qui devient fauve dans les moyennes, & qui difparoît entierement dans les vieilles ; celles-ci font d’un blanc fale qui tire fur l’agathe vers le fommet. Je connois deux variétés de cette coquille ; l’une une fois plus petite que l’autre, & beaucoup plus allongée propor- tionnellement à fa largeur : les bandes qui la colorent font auf moins ferrées, mais plus foncées. La coquille que Lifier a figurée à la planche 10, fe. $, de fon Hiftoire Conchylio- logique, eft une jeune de cette variété ; celle qu’il a donnée à CoQuILLE. Spires. Ouverture, Périofte, + Couleur. Variétés, 16 COOUTLLAGES la planche 9, fz£. 4, en eft une grande, ainfi que celles de Ia planche 6 » JL. C & D. de Gualtieri. .. L'autre variété eft celle que j'ai décrite, & dont je me fuis contenté de figurer une A et La figure 7 de la planche 44 de Petiver, & la J1g. 6 de la p!. 11 de Lifter, donnent une jeune coquille de cette variété ; Columna, pag. 16 ; l’'Hiftoire de la Conchyoliologie, pl. 13, fig. E ; & Lifler , ph S70s Jig. 33, en repréfentent üne de moyenne grandeur. Maigré les variétés auxquelles font fujettes ces coquilles, tant dans leur grandeur que dans les Poe de leurs parues, elles n’ont toutes qu'un même nombre de fpires, qui augmente avec l’âge depuis trois jufqu’à dix. Aximar. La tête T de l'animal que renferme cette coquille, a la Tête. forme d’une demie fphere, convexe en deflus, applatie en deflous , & arrondie à fon extrêmite. Elle a une fois plus de largeur que de longueur, & ne paroît pas diftinguée du col qui fort d’une longueur deale à a celle de a moitié de la quille. Tous deux font ridés comme le refte du corps, relevés de petits grains femblables à autant de petites ve- ruës, qui en rendent la furface rude & âpre au toucher. Cornes. De l'extrémité de la tête fortent quatre cornes, dont deux plus grandes C. C. font placées en deflus & fur fes côtés, & les deux autres plus petites D. D. font entre celles-ci fort proches de Ia bouche. Toutes font cylindriques , terminées par un bouton, & elles ont cela de particulier qu’elles font creufes en dedans , & femblables à un tuyau dans lequel pale un nerf qui vient s'attacher à leur extrémité. Ce nerf fert à les replier au-dedans d’elles-mèmes comme dans un fourreau, & à les rentrer entierement dans la tête, au gré de l'animal: particularité que je n’ai encore remarquée que dans le genre du Limaçon. Les deux grandes cornes C. C. font e] environ deux fois plus longues que les peutes D. D. Yeux. Les yeux font deux petits points noirs peu faillans, placés au fommet des deux grandes cornes en Y Y, Bouche. La bouche B eft marquée par un peut fillon en forme d’v erec, aflez difficile à diftinguer au milieu de la tète qu’elle fait paroître comme échancrée. Mächoires. Lorfqu’on prefle la tête, ou que l’animal veut manger, on voit Lortir deux mâchoires, dont la fupérieure J. 1. rs ente UNIVALVES. _ fente un croiffant ou un fer à cheval cartilagineux, élevé de cinq à fix groffes canelures qui débordent en bas & font l’of- fice d'autant de dents. La mâchoire inférieure ne confifte que dans le palais infé- rieur de la bouche, qui eft tapiflé d’une membrane coriace, mais extrêmement mince, blanche & tranfparente, fur la- quelle font diftribuées longitudinalement fur deux censrangs environ vingt mille dents, femblables à autant de crochets courbés en arriere. Ces crochets font f petits qu’on a peine a les fentir au toucher ; on ne les difiingue parfaitement qu’au microfcope. On a figuré en r. cette ” membrane telle qu’elle fe préfente fur les bords de la bouche, quand l’animal fe difpofe à manger ; & elle eft développée à la lettre N. pour faire voir le nombre & la difpoñition de fes dents. Le manteau eft une membrane charnue & épaifle M , atta- chée comme une efpece de collier à la racine du col de l’ani- mal. Elle tapiffe les parois intérieures de fa coquille, au bord defquelles elle forme un bourrelet arrondi, qui ne fort point au dehors. Elle eft percée fur la droite de l” animal d’un trou ordinairement rond A, qui donne pañlage à l'air & aux ex- crémens. Ceux-ci font cordés en petits tourillons. Le pied P à la forme d’une ellipfe fort alongée, dont la longueur eft triple de fa largeur, & égale à la Tongueur de la coquille. Il eft convexe & fort ridé en deffus , applati en deflous y pointu à fon extrêmité poftérieure , & obtus à l’ex- trémité antérieure, qui cache ordinairement le deflous de la tête en s’avançant jufques fur la bouche. On fçait que le Limaçon eft hermaphrodite, & que cha- que individu reunit en lui les deux fexes. Il peut en faire ufage en même tems; mais il ne peut fe pañer du concours d’un autre individu pour opérer la fécondation. L'ouverture tant de la partie mâle que de la partie femelle, ne fe trouve que difficilement : il faut la chercher entre les deux cornes qui font fur la droite de l’animal. Ceux que je trouvai en feptembre à Portudal ayant été gardés quelques jours, mirent bas plufieurs œufs de trois lignes de long, fur deux lignes & davantage de largeur. Ces œufs étoient Couverts d’une croute aflez dure & j jaunâtre, On en voit un de grandeur naturelle à la lettre ©. : Manteau. Pied, Sexe. Couleur. Obferyva- tion, COQUILLE. Spires, Ouverture, 18 COQOUILEAGES La couleur de l’animal eft cendrée en deflus, & blanchâtre en deflous. Cette efpece de Limaçon eft appellée par les nègres du nom de Kambeul, que je lu: ai confervé. Il y a apparence qu'elle PE l'hiver ou la faifon féche dans un profond affoup: fe- sent, comme font les Limaçons de l'Europe: car j'en trou- vai plufeurs qui s’étoient à demi enteriés, dès le mois de feprembre, au pied des arbres & dans les b. ouflailles les plus épaifles. Quelques-uns avoient même déja fermés très-exacte- ment l’ouverture de leur coquille avec un couvercle de ma- tiere blanchâtre & plätreufe , pour fe garantir contre les longues féchereffes un devoient continuer depuis le mois d'octobre jufqu’à celui de juin de l’année fuivante. Ce cou- vercle fermente, comme la coquille, avec 1 ’eau-forte. 2,2 RE PAO MC ET Je donne le nom de Pouchet à une feconde efpece de Li- maçon terreftre , que j'ai trouvée abondamment fur Le fom- met des montagnes de l’ifle Ténérif, l’une des Canaries, à plus de cinq cens toifes de hauteur. Turbo variegatus. Liff. kif. Conchyl. tab. 74. fig. + Serpentulus < otre labiato acutangulo , edentulo : ferpentulus varius ; qui turbo variegatus ; Lifteri. Klein. enr. -p-9-fpec. 1. nr: 6. tab, 1. fe. 18. Sa coquille eft médiocrement épaifle, & fi applatie, que fe largeur, qui eft communément de neuf lignes, eft double de fa longueur. Elle n’a que cinq fpires peu renflées , mais bien diftinguées, & coupées tranfverfalement par un grand : nombre de canelures fort ferrées & courbées en arc. Son fom- met eft convexe & fort obtus. L'ouverture eft prefque ronde, une fois moindre que la largeur de la coquille, applatie comme elle, & tournée en- tierement fur la face oppofée au fommer. La lèvre droite qui en environne les trois quarts, eft fort large , tranchante, & repliée horizontalement au de 1ors. Lorfque le plis de cette lèvre eft enlevé par accident, de deflus le milieu dela coquille vers l'angle de la lèvre gauche, on découvre en cet endroit un ombilic très-profond qu’elle cachoit entierement à la vüe. UNIVALVES. ts Sa couleur eft olivâtre ou cendrée pendant que l'animal vit; mais lorfqu’elle a refté quelque tems à Pair après la mort de l’animal, elle rougit, & blanchit peu après. GENRE V L LORMIER. Halioris. 1..L, OR MIER, PL z. Acrks dypie, Caexdrlo os quibufdam. Ariftor. hiff. Anim. lib, 4. Caps 4e Patella altera major. Belon. Aquat. Uib. 1. pag. 395. Auris marina. Rondel. Pie. pars 24. edit. lat. pag. $. L'Oreille marine. Rondel. Poiff. part. 2. édit. franç. pag. 3. Auris marina. Boffuer. Aquat. pars alt. pag. 6. Patella major Bellonii. Gefn. Aquat. pag. 808. Auris marina feu Patella fera Rondeletit. Ejufd. pag. 807. —— Aldrov. Exang, pag. $$0 & S$1. fig. 1. ad 9. Otion fivè Auricula alia. Ejufd. pag. $$1. Patellæ ferxæ fivè Aures marinæ. Jonf. Exang. tab. 17. fig. 46 5. Auris marina, Rellonio Patella major. Bon. recr.p. 9r. claff: 1.n.106 55. Auris marina quibufdam. Lifl. hi. Anim. pag. 167. tab. 3. fig. 16. Auris marina major, latior, plurimis foraminibus , eorumve veftigiis ad 40 circiter confpicua, claviculâ elatâ , ex Anglià. Ejufd. hift. Conchy1. tab. G11. fig. 2. Auris marina minor, densè ftriata , ex margine interna; ex Africà. Ejufd. ibid, tab. G12. fie. 3. Auris marina afpera, claviculà latà, compreffà , item limbo valdè lato infignita. Ejufd. ibid. fig. 4. Auris marina ingens, profunda, fulcata. Ejufd. ibid. tab. 613. fig. s. Auris marina lævis , è flavo viridefcens, columellà planâ, & paulatim cavatä. Ejufd. ibid, tab. 614. fig. 6. Auris marina. Rumph. Muf. pag. 121. tab. 40. fig. G. H. Auris marina , Bellonio patella major. Muf: Kirk. pag. 436. n. 10 & 11. Auris marina ftriata & rugofa. Lang. meth. pas. $ 5. Auris marina margaritifera, feptem foraminibus. Hiff. Conchyl. p. 142% planc. 7. fig. A. | Oreille de mer, percée de trous, nacrée en dedans , ayant plufieurs fe- mences de perles dans fon milieu, entr'autresune perle ronde & belle qui fe diftingue des autres. Eju/d. ibid. p. 245. Auris marina fex foraminibus. Eju/d. ibid. pag. 242. fie. B. Oreille de mer plus petite de moitié, plus belle, & remarquable par là beauté de fon orient, la rondeur & l’uni de fes bords, & la belle mar- brure verte & blanche de fa robe ; elle eft percée de fix trous à l'ordi- naire. Ejufd. ibid. pag. 245. - Ci Couleur. COQUILLE. Spires, 20 COOUILDTAGES Oreille bigarrée de taches rouges, fur un fond blanc; fes rides font très- Laillantes anfi vue fon œil, avec des bords inégaux & déchiquetés. F jufa. bi. fig. D Oreille qui n'eft différence de la premiere marquée À, que parce qu'elle n'a point de perles, qu’elle n’a que fix trous, & que fon épiderme ôte, elle montre une robe bariolée de ee & de grandes taches brunes. Ejufd. ibid. fig. F. Auris marina leviter “a ex flavo viridifcens rondeletii. Gualt. Ind. pag. & tab. 69. Jig. À Auris marina maxima profondè fulcata , ue & extrà argenteo cæruleo colore nitens Bonanni. Eyufd. ibid, fig. Auris marina leviter ftriata , lucidè albida, ue fexdecim foramini- bus diftinéta. Ejufd. ibid. fig. € Auris marina, ftriis lexuofis & fulcatis, fufca, inrüs ex cæruleo argentea, Bonañni. Ejufd. ibid. fig. E.L. M. Haliotis ftriata rugofa. Linn Faun. Suec. pag. 379. n. 1326. Auris marina. Eyufd. fyft. nat. ed, 6. pag. 74. n. 232. Auris lævis : latior; cretata; granulata ; Rumphii. Kein.tent. p.19. fpec. x. n. 2. tab. 7. fig. 113. Auris ftriata : tenuis ; lata ; leviter ftriata; Rumphii. Ejufd. ibid. fpec. 2.n. x. Les François Pappellen:, Ormier, Oreille marine, ou Oreille de mer. Les Anglois, Mother of Pearl. Lang. Les Allemands, Meer Chreen. Lang. Les Malais , Telinga maloli ou Bia facatsjo. Rumph. Les Amboinois, Hovilei. Rumph. La figure de la coquille de l’'Ormier lui à fait donner le nom d’Oreille , parce qu’en effet elle repréfente aflez bien oreille de l’homme. Si on la confidere au dehors dans la fitua- tion naturelle de l’animal lorfqu” il marche elle paroïtcomme un baflin ovai renverfé, c’ett-à-dire, dont la convex té cit tournée en deflus. Alors on apperçoit vers fon extrêmité poftérieure & un peu fur la droite, trois tours de fpirale aflez élevés pour former en cet endroit une efpece de mammelon à trois étages. On voit encore un rang de trous ronds, dif- pofés fur une ligne courbe, parallele à la longueur de la co- quille, & à une diftance à peu près égale de fon bord droit & du milieu de fa largeur. Cerre rangée de trous, qui font au nombre de fept, fe termine au milieu de fa longueur; mais elle eft continuée par un grand nombre de tubercules ou de mammelons qui fuivent fes bords & ne finiflent qu'avec UNIVALVES. 21 le premier tour de fpirale. Ces mammelons font comme les veitiges des trous : j'en ai compté près de cinquante. Le refte de la furface extér eure de la coquille eft cupé par un nombre infini de fillons creufés légerement & fort proches les uns des autres. Ils ont tous leur origine au fom- met, & vont en prenant la courbure d’un demi-cercle , fe répandre fur toutes les parties du bord droit de la coquille, où ils fe perdent. uant à fa furface intérieure , elle eft d’une nacre du polile plus beau & le plus luifant. Les trois tours de fpirale qui {ont en relief au dehors de la coquille, paroïffent ici en creux. Le bord des trous n’eft pas non plus tranchant en dedans comme il left au dehors. : Cette coquille eft aflez épaifle, & l’on en trouve de dif- férentes grandeurs. Les plus grandes que j'aie vû avoient quatre pouces & davantage de longueur, deux pouces un quart de largeur, & environ un pouce de profondeur. L'ouverture eft ovale ou elliptique, à peu près de la forme & de la grandeur de la coquille. Sa lèvre droite eft courbée en arc, m nce dans les jeunes, épaifle dans les vieilles, & tran- chante fur les bords: la lèvre gauche au contraire eft épaifle, repliée comme un large bourrelet au dedans de la coquille, & nacrée comme elle. S1 l’on met cette coquille au nombre de celles qui font tournées en fpirale , comme on ne peuts’en difpenfer , fon ouverture fe trouvera placée À la droite de tout le corps des fpires ; & les fpires elles-mêmes prifes du bord droit de l’ouverture, tourneront par derriere l’animal en def- cendant de fa droite vers fa gauche. Le fond de la couleur de la coquille eft rouge de chair au dehors, quelquefois fans mêlange , & fouvent narbré de blanc. L’efpace que les trous laffent entr'eux eft rempli par une petite bande blanche qui va fe perdre dans le bord vi- fin. Au dedans elle eft recouverte d’une nacre éclatante, dont la couleur pañle alternativement du blanc au verd, & du verd au violet, fuivant les différens afpects fous lefquels elle fe préfente. On remarque une fi grande variété dans la forme & la couleur de la coquille de l’'Ormier, qu'il n’eft pas étonnant que les Auteurs en ayent fait trois ou quatre efpeces diffé- Ouverture; Couleur, Variétés, Obferva- tion, ANIMAL. Tête. Bouche. Cornes. 22 COQUILLAGES rentes. Il y en a d’ovales alongées, & de courtes. Les jeunes font plus applaties & ont moins de trous & de fillons que les vieilles. Dans celles-ci on compte fept trous & cent cinquante fillons; les jeunes, au contraire, n’ont que trois ou quatre trous & cinquante ou foixante fillons. Ce n’eft que dans les jeunes qu’on peut juger de leur couleur; car il eft rare que les vieilles ne foient couvertes d’un limon gras & verdâtre,ou enveloppées d’une croute pierreufe qui les défigure: 1l faut les en dépouiller pour découvrir leur couleur naturelle, qui eft, comme je l’ai dit, un fond rouge marbré de blanc. Il y a encore quelques différences dans l’intérieur des unes & des autres. Dans les vieilles la nacre forme des ondes aflez inégales, qui vont aboutir au creux du fommet ou de la vo- lute ; on y trouve auf fort fouvent de petites perles : au lieu que fa furface eft égale & umie dans les jeunes. Il n’eft pas facile d'expliquer comment fe forment les trous de la coquille de l’'Ormier ; mais on remarque très-bien qu’à mefure que la coquille s’agrandit, il fe fait fur fes bords un nouveau trou, dont le commencement n’eft d’abord qu’une échancrure. Cette échancrure augmente peu après, & devient un trou rond , qui eft porté infenfiblement vers le milieu de la coquille par les additions continuelles qui fe font à fes bords, & fe ferme enfuite à fon tour , comme ceux qui l'ont précédés. La tête T de l’'Ormier eft groffe, cylindrique, d’une lar- geur égale à fa longueur, applatie à fon extrêmité, & comme tranchée obliquement en deflous. On y voit l’ouverture de la bouche B, femblable à un petit fillon qui fe trouve vertical lorfque la tête s’étend, & qui de- vient parallele à fa longueur lorfqu’elle fe courbe en deffous. Quatre cornes de figure & de longueur différentes prennent naiflance de l’origine de la tête. Les deux plus grandes C. C. font de figure conique, un peu applaties, quatre à cinq fois plus longues que larges, & un peu plus longues que la tête. Les deux autres D. D. font une fois plus courtes , taillées en prifme à trois angles, dont la longueur eft double de la laroeur. Par leur fituation elles fe trouvent du éôté extérieur des plus longues cornes C. C.ä une fort petite diftance elles. Elles font libres & dépagées de tous côtés , excepté à leur UNAHVALVES. 23 bafe, où une membrane N.añez légere, fortample, & comme déchirée fur fes bords, vient les joindre avec la tête, Les yeux Ÿ. Ÿ. ne femblent être que deux petits points noirs. Îls font portés comme ceux du Limaçon , fur le fommet des cornes extérieures & prifmatiques D. D. Le manteau n’eit pas une partie bien apparente dans cet animal. Ce n’eft qu’une membrane aflez mince M M, qui s’é- tend fur toute la furface intérieure de la coquille, & paroît rarement hors de fes bords. On ne la foupçonneroit pas en ne regardant que le dos de l’animal, fi les deux extrèmités antérieures, celle de la droite & celle de la gauche qui fe ter- minent en pointe vers l’origine du col, ne fe montroient fous la forme de deux languettes triangulaires , tantôt par le fe- cond, tantôt par le troifiéme trou le plus proche du bord de la coquille par où on les voit fortir L. Je ne connois pas de coquillage dont le pied foit mieux orné que celui de l’Ormier. Il eft extrêmement gros, comme dans la plûpart de ceux dont la coquille eft fort évafée; & il déborde confidérablement la fienne quand il marche. Vü en deflous P. il repréfente uneellipfe dont l’extrêmité antérieure ou la plus proche de la tête, eft coupée au milieu de fa lar- geur par une crenelure triangulaire afez profonde. En deflus il eft convexe, & orné, à quelques lignes de fes bords, de deux franges ,ou, pour mieux dire, de deux fraifes F.G. qui en font le tour. Ces deux fraifes font bien diftinguées l’une de l’autre dans leur partie poftérieure & fur les côtés, jufqu’à la racine de la tête, oùelles fe réeunifflent en une membrane N. déchirée & frangée fur les bords, qui la recouvre ordinaire- ment comme avec les yeux & les cornes, de maniere qu'il eft rare qu’elle paroiffe auffi clairement que j'ai été obligé de la repréfenter dans la figure, pour mettre au jour ces difié- rentes parties dont la fingularité méritoit quelques détails. Chaque fraife et formée d’une membrane aflez épaitle, qui prend naïffance de la fubftance même du pied. Ses bords font découpés profondément d'environ quarante canelures fiaurées - en croïflant. Du fond de chaque croiffant il fort un filet fem- blable à une foye très-déliée, qui a le double de leur lon- gueur. Leurs cornes font aufi terminées par un filet; mais il eft rameux & fubdivi'é en plufeurs branches, La difpofition Manteau, ricd, Couleur, Oblferva- tion, 24 COQUILLAGES de ces deux fraifes en falbalas, & la quantité prodigieufe de filets dont elles font bordées, font un très-bel eñet & font une riche parure fur le pied de cette efpece d’Ormier. Li y a peu de coquillages dont fan mai foit auffi varié pour la couleur. Sa tête eft d’un cendré-noir, traverfé par un grand nombre de petites raies blanches. Les ‘colomnes ou les prif- mes qui portent les yeux, & la membrane ou la coëtle qui re- couvre la tête, font d’un verd-pâle. Le blanc fait la couleur du dos de l'animal, & du deflous de fon pied. Son manteau eft auffi blanc, avec un bordé de verd. La partie fupérieure du pied & fes ‘deux franges en falbalas, font bigarrées de ta- ches blanches , mêiées avec de petites raies noirâtres. Tous les rochers de la côte du Sénégal nourriflent une quantité prodigieufe de ce coquillage. JeTai comparé à ceux qui naiflent fur les côtes de la France, & je n’ai trouvé au- cune diflérence ni dans les coquilles, ni dans l'animal qu’elles renferment. Le goût eft auffi le même, & les nègres qui ha- bitent les bords de la mer, le mangent comme font” les françois de nos côtes. Voila des coquillages femblables qui habitent des climats bien diflérens pour la température. Je les ai ob- fervés aux 1fles Canaries & aux Afores : on les a vûs dans la Suède: ils fe trouvent donc fur toutes les côtes depuis la ligne jufqu’au foixante-neuviéme degré de latitude , & peut-être au-delà. Cela ne doit-il pas faire foupçonner qu'il regne une température à peu près égale dans les mers les plus oppofées ? Cette température pourroit peut-être {e trouver à une cer- taine profondeur qu'il feroit à propos que ceux qui habitent les côtes vouluffent fe donner la peine d’obferver. 2 LENS HIGrALRIENT.N D/V2; La coquille que j'ai fait repréfenter à la figure 2. appar- tent vrafemblablement à un animal bien diférent de celui de lOrmier: mais comme je ne l’ai point vûü, je ne puis rien en dire. Je rapproche feulement fa coquille de la fienne ,com- me ont fait plufieurs Auteurs modernes; & je les fuis d'autant. plus volontiers, que je n’en ai obfervé aucune à laquelle elle reffemble davantage , quoiqu elle en nn encore à bien des égards, ” Cochlea ! UNIVALVES. be Cochlea depreffa, ore admodum expanfo, leviter ftriata. Lif. kif, Con. cab. $70. fig. 21. Patella a Rumph. Muf. pag. 123. tab. 40. fig. R. — Muf. Kirk. pag. 475$. num. 404. Auris ire non perforata. Periy. Gazoph. vol. 1. cat. $87. tab. 12. fig. Oreille mer qui n'a point de trous & qui n'eft Poe nacrée, avec une volute en ER détachée de fon bord. Hifi. Conchyl. pag. 242. pl 7. fig. C Auris marina D LS carens , fpirà internà admodüm à circuitu dif- tinétà, & nullo modo intüs fplendida. Ejufd. ibid. Auris marina magis depreffa, ore magis expanfo , minutiflimè ftriata’, fed nullis foraminibus diftinéta , ‘candidiffima. Gualr. Ind. pas, tab. 69. dite. F. Catinus lactis. Klein. Tent. pag. 19. tab. 7. fig. 114, Cidaris ore admodum expanfo ; deprefla ; leviter ftriata Lifteri. Ejufd. pag. 21. fpec. 1. Sa coquille n’eft ni nacrée ni percée comme celle de 'Or- Coeur. mier ; mais fon ouverture eft prefqu’aufli évafée, quoique Ouvertures moins allongée. Sa lèvre gauche a un bori beaucoup plus large & moins épais, & l’on apperçoit quelquefois à fon ori- gine un petit ombilic. Elle eft formée de quatre tours de fpirale mieux marqués. … Spires. Ces fpires font entourées d’un grand nombre de canelures très-fines & fort ferrées, que d’autres canelures prefqu’infen- fibles coupent à angles droits. Sa couleur eft quelquefois blanche, & quelquefois fauve Couleur. tant en dehors qu’en dedans. Lorfqu’ elle eft fauve , elle cit traverfée par cinq ou fix bandes moins foncées. J'ai trouvé cette efpecc aflez fréquemment dans les fables de l'embouchure du Niger. GENRE VIE EF-EEP AS. . Lepas: LEpes, en orec, fisnifie une Ecaille. Ariftote & les Grecs de fon tems ont donné ce nom au coquillage dont il eft queflion, autant à caufe de fa forme, que parce que les rochers fur lefquels il s’attache en grande quantité, paroiflent écailleux ou couverts d’écailles, Ce nom eft aujourd’hui fi en ufage 26 COODILEAGES en France ,que je ne crois pas qu’on veuille lui fubfhituer ce- lui de Parella. Cefynonyme inconnu dans l’ancienne latinité, & imaginé par les traducteurs modernes d’Arittote, ne répond aucunement au terme de Lépas. 11 préfente même une idée qui ne lui convient point; car Patel{a traduit en françois, fignifie un petit plat: or il y a peu de Lépas dont la coquille an cette figure : la plüpart s’en éloignent même aflez, les unes étant percées, les autres écailleufes, ou faites en ba- teau , &c.; & il n’eft pas naturel à un plat d’être percé, d’être écailleux ou chambré comme un bateau. Ces raïfons, indé- pendamment de l’autorité d’Arifote, font je crois fuffifantes pour juftifier le choix que j'ai fait du nom donné par cet au- teur, le plus ancien que nous connoiffions parmi les natu- ralifles. Le genre du Lépas renferme des animaux fi bizarres & fi peu conftans, tant dans leur figure que dans leur coquille, que l’on ne pourroit jamais le fixer, fi l’on n’avoit égard à l’enfemble de leurs rapports, & fi je le rapproche de l’Or- mier, c’eft moins parce qu'il lui reflemble à certains égards, que parce qu'il n’y a point de coquillage avec lequelil con- vienne davantage. L'animal du Lépas a tantôt deux yeux & deux cornes, & tantôt il en manque; tantôt fes yeux font placés au côté intérieur des cornes, tantôt ils fe trouvent par derriere elles. Sa coquille eft fouvent entiere, fouvent percée, chambrée ou écailleufe. Ces quatre différences tirées de la forme des coquilles, me ferviront pour divifer ce genre en quatre fections qui ren- fermeront, La premiere , les Lépas à coquille fimple & entiere, tels que font les efpeces 1,2, 3, 4 & 5. La feconde, les Lépas à coquille percée en deflus, tels que les efpeces 6 & 7. La troifiéme, les Lépas à coquille chambrée, comme les efpeces 8,9 & 10. La quatriéme, les Lépas à coquille écailleufe ou formée de plufñeurs écailles, comme l’efpece r1. UNIVALVES. à. 10. LÉPAS A COQUILLE SIMPLE ET ENTIÈRE. 1 LE LIBOT.-Ph 2: Lepas fivè Patella quarta. Adroy. Exang. pag. 545 & 546. Patella Aldrovandi. Jonft. Exang. tab. 16. Parella alba, paucis & valdè eminentibus ftriis ftellata Barbadenfis, Lift, hift. Conchyl. tab. $ 32. fig. 11° Patella fubfufca, exiguis tuberculis fecundüm ftrias exafperata. Ejufd. ibid. tab. 536. fig. 15. | Patella nigra , magna, tenuiter admodüm ftriata, Africana. Ejufd. ibid, tab. $37.fig. 16. Patella miniata, oblonga, densè ftriata. Ejufd. ibid, tab, 538. fig. 21. Patella nigra, magna, tenuiter admodüm ftriata. Muf. Kirk. p.437. n. 25. Patella capenfis, verruculis radiata. Periv. Gazoph. vol. 1.cat. 417.rab.85. fig. 11. Patella major, tenuis, compreffa, ftriata, cinerea maculis crebris è rubro fufcis variegata, vertice albo. Sloan. Jam. v. 2. rab. 140. fig. 16 & 17. Patella limbo integro, vertice acuto, margine inæquali, ftriis radiata, ci- nerea; lineâ citrinà circumdata , intüs candida. Gualr, Ind. pag. & tab, 8. dcr. J. Patella integra , ftriata : papillaris, feu Patella fubfufca, exiguis tuberculis fecundüm ftrias rugofas afpera ; Lifteri. Klein. Tenr. pag. 115. fpec. 1. num. 13, Patella integra, ftriata : nigra , magna, tenuiter admodüm & rugosè ftria- ta, vertice acuto integro, Lifteri. Ejufd. ibid. n. 14. Patella integra , ftriata : oblonga, miniata, irregulariter & rugose ftriata. ÆEjufd. ibid. n. 18. La coquille du Libot repréfente une efpece de baffin à peu près conique, dont la cavité, dans la fituation naturelle à l’animal , eft tournée en bas vers la terre. Les bords de cette cavité peuvent être regardés comme la fetion ou la bafe de ce cône, dont le contour eft une ellipfe beaucoup moins ouverte du côté où eft la tête de l'animal que de celui qui lui eft oppofé. Cette ellipfe détermine la gure & la grandeur de l’ouverture, qui eft égale à la bafe de la coquille:elle a environ un tiers plus de longueur que de largeur. Le fommet du cône n’eft pas exa@tement placé dans fon milieu , mais à peu près au tiers de fa longueur en approchant de la tête de l’animal. Il eft arrondi, & fe trouve dans la D :i; CoqQuisiee, Ouvertures, Sonune:. Couleur. Vanéetés, 28 COQUILLAGES partie la plus élevée de la coquille, dont la hauteur varie {elon les différens âges: dans les plus grandes, cette hauteur eft communément une fois moindre que leur longueur. La furface extérieure de la coquille eft ornée de diverfes canelures qui partent du fommet, & vont fe rendre aux bords qui font ailez inégalement dentelés. Jai compté cent de ces canelures, dont cinquante font alternativement moins fail- lantes : on voit encore quelquefois fur les côtés de celles-ci deux autres canelures femblables à deux petits filets peu fen- fibles. La furface intérieure eft unie, luifante, & d’une nacre de couleur bleue tirant fur le noir. Le cendré noir eft la cou- leur qui s’étend fur le refte de la coquille. On remarque une fi grande variété dans les différentes co- quilles de cette premiere efpece de Lépas, qu’il eft rare d’en rencontrer deux pareilles; & l’on feroit tenté d’en faire au- tant d’efpeces diflinguées, fi l’animal qu’elles renferment n’e- toit parfaitement femblable dans toutes. Elles différent par la couleur, par la forme, par les canelures & par les dents du contour. Les unes font blanches, les autres font grifes, d’autres font cendrées ou noirâtres : dans quelques-unes on voit quelques canelures fauves où rougeûtres: dans d’autres il n’y a que le fommet de blanc; c’ef l'ordinaire des vieilles coquilles que le frottement a ufées dans cer endroit. La forme conoïde des unes eft extrêmement applatie; elle eft au con- traire aflez relevée dans d’autres. Les canelures font beaucoup plus marquées dans les premieres, & ordinairement en plus petit nombre : il y a telles coquilles qui n’en ont que cin- quante, la plûüpart hériflées de petites pointes; j’en ai vü qui n’en avoient que vingt-cinq. Les mêmes ont auf les dents du contour plus grandes, & l’on en trouve plufeurs dans lefquelles elles font aflez profondes pour leur donner la forme d’une étoile tantôt à cinq, tantôt à fept rayons : celles qui ont cette fingularité font appellées Æ/frolepas. Après avoir obfervé un grand nombre de ces coquilles, J'ai reconnu que ces variétés provenoient non-feulement de leur âge, mais encore de la différence des lieux où elles fe trouvoient. J’ai remarqué qu’en général les jeunes étoient . . , mp D , < plus applaties & moins épaifles, qu’elles avoient beaucoup UNIVALVES. 29 moins de canelures, qué ces canelures érotent pres & rudes au toucher, que leurs bords étoient dentelés ou crenelés plus profondément, & que fouvent ces dentelures devoient leur naiffance aux irrégularités des rochers fur lefquels l'animal avoit long-tems refté attaché. Dans les vieilles au contraire, comme dans celle que j'ai décrite , les coquilles font plus élevées & plus épaifles, les canelures font affez liffes & plus nombreufes, & leurs bords ne laiflent voir aucune de ces ca- nelures que le frottement avec le tems ont eHacées. Mais dans toutes ces coquilles , foit jeunes, foit vieilles, j'ai re- connu un caractere aflez conftant ; c’eft dans le fommet, qui eft toujours aflez obtus, & place à peu près au tiers de leur longueur du côté de la rèête de l’animal. Quoique l’animal ne forte pas autant hors de la coquille qu’il paroît dans la fioure, jai crû devoir le préfenter de cette façon , afin de mettre en vüe les parties les plus remarquables. Sa tête T eft cylindrique, de moitié moins large que lon- gue, & tronquée obliquement en deflous à fon extrémité. C’ett là que fe trouve la bouche B, qui, lorfqu'’elle eft fer- mée, imite aflez bien par le plis de fes lèvres latigure d’unr, dont [a rête feroit formée par une ligne courbe. Lorfque ces lèvres viennent à s’écarter , l’ouverture de la bouche paroît comme un trou oval, au fond duquel on voit le jeu des mà- choires & des dents. J’ai fait repréfenter toutes ces parties féparément & un peu plus grandes que le naturel, fur le coin de la planche. La lettre O montre la bouche ouverte & vüûe en face avec les deux mâchoires ; on voit ces deux mâchoires de côté à la lettre J, & les lettres R. L. les font voir détachées l’une de l’autre. La mâchoire fupérieure R. eft un offelet triangulaire, de la nature de la corne, noir & pointu à fon extrêmité qui pend en bas. Cet offelet ceft fixé au palais fupérieur de la bouche, de maniere qu’on ne lui apperçoit aucun mouvement. . La mâchoire inférieure, au contraire , eft une efpece de trompe ou de tuyau cylindrique L. dont le bout eft arme d’une plaque cartilagineufe fort fouple, & route hériflée de petites dents difpofées fur une dixaine de rangs, & recourbées en arriere comme celles du Kambeul. Le microfcope m'en a fait découvrir plus de deux cens. On voitcette mâchoire en face ANIMAL:; Tête, Bouche; Michoiress Cornes. Yeux. Manteau, 30 CHOUILTAGCES en ». étendue de côté en L d. & fe rencontrant avec Ia mi- choire fupérieure en J. Des côtés de la tête & de fon origine partent deux cornes coniques C. C. qui lorfqu’elles font bien étendues, la fur- pañlent de moitie. Elles fortent rarement hors de la coquille. A la racine des cornes on diftingue deux yeux Y. Y. pla- cés fur leur côté extérieur. Ils paroïffent comme deux petits points noirs, qui ne faillent point au dehors, & qui font re- couverts de la peau qui enveloppe les cornes. Après la tête & les parties que je viens de décrire , celle qui fe fait le plus remarquer dans cet animal, c’eft le manteau qui déborde la coquille tout autour. Il eft armé de trois rangs de filets F. F. charnus, en forme de foyes, mais un peu ap- plats: ceux qui font placés fur le bord font un peu plus longs que les autres. J’en ai compté près de deux cens fur chaque rang , de forte que le total monte à fix cens ou environ. Leur nombre & leur difpofition font une frange fort agréable & d’une grande délicatefle. À deux ou trois lignes au-deflus de cette frange, on apper- çoit encore, fur le même manteau, une efpece de couronne ou de cordon qui règne tout autour G.G. Cette couronne eft formée par un rang de petites languettes quarrées , applaties, & inégalement dentelées fur leurs bords : elle ne fort pref- que jamais de deflous la coquille, & reffemble à une légere dentelle. Le pied cft encore une des parties extérieures du Lépas, U n’eft jamais expofe à la vüe pendant que l’animal marche ou qu'il eft appliqué aux rochers ; mais lorfqu’on le détache, il paroït comme un gros plafiron P. coupé en deflous en un oval, qui couvre prefque tout le corps, & dont le grand dia- metre furpañle prefqu’une fois Le petit diametre. Comme il eft fufceptible de contraction & de dilatation en tout fens, fa furface eft affez inégale & creufee d’un grand nombre de fillons dont la fituation & la forme varient comme fes mou- vemens. Lorfqu’il eft bien tendu , on y remarque facilement certains points qui tantôt s’élevent comme de petits globules, tantôt s’abaïffent ou fe creufent en demi-fphere pour former autant de ventoufes ou de fuçoirs qui fervent à le fixer. Ses bords font tranchans, légerement ondés, & creufés en deflus par un petit filon qui en fait le tour, UNAVALVYVES gr C'eft par le moyen de ce pied que l’animal marche en fe trainant , & gliant, pour ainfi dire, d’un leu à un autre, Son mouvement progrefif eft extrêmement lent, & il change rarement de place. Lorfqu'il eft fixé dans un endroit, tout fon mouvement fe réduit à élever fa coquille à deux ou trois lignes de diftance de la pierre à laquelle fon pied eft appli- qué, & il la rabaifle avec une grande vitefle auflitôt que quelque corps étranger vient à le toucher. Dans cer état il uent extrêmement à la pierre, non-feulement par la vifcofité de fon pied, mais encore par le nombre infini de ventoufes dontil eft couvert, de maniere qu'il faut employer une grande force pour l’en détacher. Lorfqu’on releve le manteau de cet animal on apperçoit le cœur, dont les battemens font très-fenfibles. Il fe trouve fur la gauche, fort proche du col, dans le finus que fait le manteau à fa jonction avec le deflus du pied. On découvre encore par le même artifice, du côté droir, deux ouvertures rondes ou deux conduits en forme detuyaux, dont le plus grand & le moins élevé eft l'anus. L'autre qui eft placé un peu plus haut & en devant, laïfle forur les par- ties de la génération. La partie mâle, dans ceux où j'ai eu oc- cafion de la voir, étoit d’un rouge pale. Dans le finus du man- teau avec la partie fupérieure du pied, on voit encore à l’œil nud douze petits trous femblables à autant de points difpofés tout autour du corps à des diftances à peu près égales. S'il y avoit quelqu’analogie entre les infectes & les coquillages, on pourroit dire que ces douze points font autant de ftigmates qui fervent au Lépas pour la refpiration : mais c’eft ce que lobfervation ne m’a pas encore appris, & qui ne paroît pas vraïemblable, ce coquiilage étant pourvu comme les autres, d’une ouverture pratiquée dans le manteau, ouverture qui fert . en même tems de pañlage à la refpiration & aux excrémens. La couleur de cet animal n’eft pas bien conftante. Elle eft blanc fale dans quelques-uns, les jeunes fur-tout. Les vieux n’ont cette couleur que vers le deflous du pied, du refte 1ls font d’un bleu qui tire fur le noir. Les moyens font d’un gris cendré. Ce coquillage eft fort commun fur les rochers du cap Verd, de l'ile de Gorée, & de celles de la Magdclaine. Les Cœur, Ant, Parties de la généra- tion. Couleur, COQUILLE. Périofte. Sommet, Couleur. ANIMAL. Tête. Pied. Manteau, Couleur. CoQuiILLe. 32 CODUILEAGES naturels du pays le mangent. Les plus grands que j'y ai ob- fervés avoient près de quatre pouces de longueur à leur co- quille , fur trois de largeur : j'en conferve une temblable dans mon cabinet. SINDPE" LE TRMPE SE On trouve dans les mêmes lieux, mais plus rarement, une feconde efpece de Lépas, qui n’a été figurée nulle part que je fçache. Sa coquille eft de même forme que la précédente, maïs d'une nature en quelque forte diflérente : car au lieu d'être, comme elle , d’une matiere pierreufe , elle n’eft guères plus que cartilagineufe, mais fans aucune flexibilité. Elle eft ex- trêmement mince , tranfparente, & recouverte d’un périofte membraneux, au- -deffous duquel on n’apperçoit aucune ap- parence de canelures. Ses bords font entiers. Elle n'a que qua- tre lignes de longueur fur trois de laroeur. Son fommet eft placé, comme dans la premiere efpece, vers le tiers de fa longueur, mais dans un fens contraire, c'eft- à-dire, proche de la queue ou de la partie pofiérieure de l'ani- mal. Ce fommet faitune efpece de crochet recourbé en arriere, Cette coquille emprunte fa couleur de rouilie du périofte qui l'enveloppe. Sa tête & fes cornes font plus longues que dans la premiere efpece. Son pied eft auffi fort long & déborde tant foit peu le der- riere de la coquille lorfque Tanimal marche, On ne voit aucun cordon autour de fon manteau, mais feulement un rang de trente filets fourchus quien compofent la frange. Tout fon corps cft d’un jaune fale : du refte 1l reflemble aflez au précédent. 3 LE SORON. PL 2, Patella alba , compreffa, lævis. Liff. hif. Conchyl. rab. $45. fiv. Calyptra quæ Patella alba compreffa lævis; Lifteri. Klein. Tenr. Le 118. Jpec. 5. tab. 8. fig. 8. La coquille du Soron eft fort épaille, & moins allongée que Îles précédentes : celle que ja obfervé n'a guères que quatre ! UNIVALVES. 7 quatre lignes de diametre. Sa bafe ou la feétion du cône dont elle a la figure, eft ronde où formée par une ligne circulaire, Sa furface intérieure & extérieure font très-polies, ce qui leur donne un œil luifant : celle-ci eft creufée de fept à huit fillons circulaires, qui ont pour centre le fommet dont ils font aflez éloignés. Le fommet eft émouflé , arrondi, & placé fort proche du bord poftérieur de la coquille: il eft une fois moins élevé qu'elle n’eft large. Sa couleur eft d’un blanc de neige, La crête de l’animal eft fort courte & confidérablement ap- platie: elle a un peu plus de largeur que de longueur, & une légere membrane à De extrêémité que les cornes atteignent à peine. . Les yeux font placés fur la partie poflérieure des cornes, dont la tranfparence qui les laifle voir par devant, les fait pa- roître comme placés fur leur côté intérieur, de maniere qu’on s’y tromperoit facilement fi on ne les regardoit de plufieurs fens difiérens. Son pied eft aflez exactement rond, je veux dire qu'il a autant de largeur que de longueur. Le manteau qui recouvre tout fon corps, eft fi court qu’on en voit à peine les bords. Au lieu d’une frange de filets 1ls montrent une rangée de petits points élevés, qu'on ne diftin- gue facilement qu'avec le fecours du verre lenticulaire. Sa couleur eft d’un blanc fale. : Ce coquillage eft extrêmement rare fur la côte du Sénégal. 4 LÉ GADIN. PL 2. Patella limbo integro, ftriis majoribus & fafciis alternatim & gradatim fignata , conica , fubviridi colore depicta. Gualt. Ind. pag. &! tab. 9. lice. iC£ Toute la différence que j’ai obfervée entre cette quatriéme efpece & celle que je viens de décrire, confifte dans la forme de la coquille, qui eft auf fort épaifle , mais plus réguliere- ment conique. Son fommet eft plus relevé, & placé très-exaétement, du moins dans le plus grand nombre, au centre d’où partent Sommet, Couleur, ANIMALs Tête. Yeux: Pied, Manteau, Couleuvre CoQuiLLe, Somme: Couleur, Couleur, ANIMAL, 32 COQUILLAGES environ cent rayons à peu près cgaux. Ces rayons font fem- blables à de petites côtes peu élevées & arrondies, qui vont aboutir aux bords de la coquille, dont le contour eft cir- culaire indépendamment des enfoncemens & autres irrégu- larités auxquelles 1ls font fujets. Cette coquille, fraîchement tirée de la mer, eft terreufe & comme rouillée ; mais lorfqu’on l’a un peu lavée elle de- vient extrémement Dlanétie. J'ai trouvé fur les rochers de l’ifle de Gorée & du cap Ma- nuel une grande quantité de ce coquillage, dont les plus . grands avoient dix lignes de diametre & moitié moins de profondeur du fommet à la bafe. Ils étoient fort abondans {ur-tout depuis le mois de janvier jufqu’au mois de mai. Le: Or HERIE EE PERS Parella nigricans minor, capillaceis ftriis infignita ; Africana. Liff. kiff. Conchyl. tab. 537. fig. 17: Patella ftriis nigris donata, ipfo vertice albo, nigräque fere lineä cinéto. Ejufa. ibid, tab. 549. fp22, È Patella integra ftriata : minor capiliaceis ftriis pectinata, ex Africà ; Lifteri. Klein. Tent. pag. 115. fpec. 1. n. 15. tab. 8. fig. x. L'ouverture de la coquille du Mouret eft elliprique, comme “e. dans la premiere efpece. Ses bords font entiers. Elle à environ un pouce de longueur: fa largeur eft un tiers moindre, & un peu plus g grande que fa profondeur. Le fommer eft élevé & placé vers fon centre, en s’appro- chant cependant un peu de fa partie pofiérieure. Deux cens canelures extrêmement fines & fort ferrées partent de ce fom- met, & fe répandent comme autant de rayons fur toute la furface extérieure de la coquille. Sa couleur eft ordinairement grife au dehors, ou cendrée tirant un peu fur le verd. Lorfqu’elle a été roulée fur le ri- vage fon fommet devient blanchâtre, & fes canelures font brunes, fur un fond quelquefois blanchâtre & quelquefois vineux, fouvent coupé par trois ou quatre bandes brunes, circulaires & concentriques au fommet., Au dedans elle eft d'un poli très-brillant , brune fur fes bords, & blanchtre dans le fond. Je ne connois point d’efpece de Lépas dont la figure du UNIVALVES. » hs corps s'éloigne davantage de fes congénères que ne fait celle- ci. Ses yeux & fes cornes font fi petits, que l’on peut dire qu’elle n’a ni les uns ni les autres. hi os Sa tête eft faite en demi-lune, & coupée vers le milieu par une large crénelure qui femble la divifer en deux parties égales. “ Le cordon que j'ai remarqué fur le manteau de la premiere efpece, manque dans celle-c1; & fes bords au licu d’être fran- gés , font légerement crénelés. Dans le finus qu’il fait avec le deflus du pied, on ne trouve point les douze ftigmates dont j'ai parlé; on voit feulement fur la droite une petite mem- brane quarrée qui eft dans une agitation continuelle: c’eft le tuyau de la refpiration. of Son pied n’a point non plus ce fillon circulaire de la pre- micre efpece. Le fond de la couleur de tout fon corps eff un gris-cendré, fur lequel font répandues un grand nombre de petites taches d'un aflez beau jaune. Cette efpece eft fort commune fur les rochers de l’ifle de Gorée. 1° 2°. LÉPAS A COQUILLE PERCÉE EN DESSUS. Gu9L Æa' D} Ar$r AN: Pl: 2 Lepas Agria, fivè Patella Sylveftris. Colum. Aquat. pag: 11 6 12. Patella Cypria diéta. Bonan. recr. pag. 90.'claff: 1. n.3. Patella leviter ftriata, intüs viridis, extrà ex fufco rufefcens; Africana, Liff. hift. ConchyL. tab. 28. fig. 4. & 529. Patella Cypria dicta. Muf. Kirk. pag. 455. n. 3. Patella capenfis, comprefla, orificio magno. Per. Gazoph. vol. 1.cat. 484. tab. 3. fig. 1x. Patella capenfis foraminofa. ÆEjufd. vol. 2. cat. 41C. tab. 8$. fig. 8. Lepas oblonga, vertice perforato. Tournef. Voyag. vol. 1. pag. 249. Lépas tout uni, quoique rayé de lignes brunes; 1l eft percé dans fon fom- met. Hift. Conchyl. pag. 240. pl. 6. fig. C. Patella vertifice perforato , oblonga, ftriata , nonnullis aliis lineis in gi- rum gradatim difpoftis circumdata, bafi intüs dentata , fubalbida. Gualr. Ind. pag. & tab. 9. lt. N. Patella vertice perforato, ftriata , aliquando rugofa, vel ex plumbeo vel fubnigro radiata, un lineä aliquando duabus circumdata. Ejufd. ibid, ue PO, R:SNT, E ï Cornes, Tête. Manteau, Pied. Couleur, CCRQUILLE, Sommet, Manteau, 6 COQUILLAGES 2 Patella inteora , ftriata : Cypria, ftriis craffis ; ftrigibus profundis, baf el- liptica; extüs lutea , intus alba; Bonanni. Klein. Tent. pag. 114. Jpec. 1. n. 2. Il y à peu d’efpeces plus communes que celle-ci, fur-tout vers la partie méridionale de l'ifle de Gorée. Sa coquille eft conique à bafe elliptique. Elle à environ un tiers de pouce de longueur, un quart moins de largeur, & une fo s moinside profondeur. Elle eft fort épaïfle, & percée au fommet d’un trou elliptique qui à à peu près la cinquiéme partie de fa longueur. Ce trou ne fe trouve pas tout-à-fait à fon milieu , mais un peu plus proche de la tête. Ses deux ex- trèmités font arrondies & un peu plus larges que fon milieu, ce qui lui donne aflez l’air d’un trou Ce ierrure. À l'extérieur elle eft prefque toujours recouverte d’une croute marneufe, blanchätre, au-deflous de laquelle on voit cinquante canelüres aflez foibles, dont vingt-cinq font alter- nativement moins faillantes. Ces canelures partent du fom- met, & vont fe terminer aux bords de la coquille, qui font prefqu” entiers ou dentelés très-légerement. Le-fond de fa couleur eft d’un blanc verdâtre au dedans. Au dehors il eft tantôt blanc, tantôt gris, tantôt rouge, fur- tout dans les jeunes. Mais comme les vieilles font ordinaire- ment.enveloppées d’une croute blanchätre , elles paroiflens toujours blanches ,& il eft rare qu’on leur trouve une autre couleur lorfqu’on îles: dépouille : on:voit cependant un peu de rouge autour du fommet de quelques-unes. "Le pied de l'animal a une particularité que je n’ai pas ob- | fervée dans les aùtres efpeces de ce genre. Ses bords & ceux du fillon qui regne tout autour, font ornés d’un rang de filets fort petits & très-ferrés. Ea frange qui borde le manteau n’efl formée que par un rang de filets rameux qui ont depuis trois jufqu’à cinq pointes. Le cordon fe trouve aufli au-deflus de la frange ; mais il ref femble à un bourrelet fans dentelle. Les deux extrémités antérieures du manteau pañlent par- deffus le col de l’animal pour border l'ouverture qui eft per- cée au fommet de la coquille. Ils y forment, fans fortir au dehors, une efpece de tuyau par lequel on voit quelquefois l’eau fortir avec les excrémens. UNE VALVES, . Au milieu de la longueur du corps, dans le finus que fair le manteau avec le pied, on apperçoit deux ftigmates qui font percées l’un à droite & l’autre à gauche. Au-devant de chacune de ces ouvertures on voit fortir un petit corps charnu, fait en languerte triangulaire, dont le limbe extérieur eft foutenu par ua offelet blanc, femblable à une aiguille applatie. Cette languette, qui repréfente aïlez bien un petit étendart dont l’oflelet fait Le bâton, eft traverfée par un grand nombre de fibres qui en rendent le tiflu fort agréable. Je ne connois pas parfaitement l’ufage de ces deux parties dont la ftruéture eft aflez finguliere, À l'égard de la couleur de cet animal, elle ne differe en rien de celle de la premiere efpece , non plus que la figure de fes autres parties, OUI ENG TN ANT PP On donne ordinairement le nom de Treillis à la coquille de cette efpece, à caufe du réfeau que forment fes canelures, Mais comme cette particularité lui eft commune avec beau- coup d’autres coquilles, pour éviter toute confufion, j'ai mieux aimé lui donner le nom de Gival, qui par lui-même n’a au- cune fignification. Patella reticulata, quafi retis foramina oftendens conftanti proportione à circumferentia ad centrum diminuta, luteo colore, aut cinereo. Bon. recr. pag. 90. claff. 1. n. 6. Patella cancellata ; Jamaicenfis. Lif£. hifl. Conchyl. tab. 527. fig. 1. Parella cancellata, densè admodüm ftriata ; Barbadenfis. Eju/d. cab. 27. fige2. Patella reticulata, quafi retis foramina oftendens, conftanti proportione à circumferentià ad centrum diminuta, luteo colore , aut cinereo. Muf. Kirk. pag. 435.n. 6. Patella Barbadenfis cancellata. Petiv. Gazoph. vol, 2. cat. $80. tab. 801 fig. 11. Patella ftriata, vertice mucronato perforato. Lang. meth. pag. 3. Lépas à ftries partant de fon œil, traverfées par d’autres ftries, ce qui forme un réfeau; fa couleur eft commune & fon œil trouc. Æift. Conchyl. pag. 240. pl. G. fig. J. Patellaintegra, reticulata feu clathrata, lutea vel cinerea ; Bonanni. K/ein, Tent. pag. 116. fpec. 2. n. 1. Patella integra, reticulata feu clathrata; clathri denfioris eadem cum præ- cedenti; Lifteri, Ejufd. ibid. n, 2, tab. 8. fig. 3. Couleur, 38 COQUILLAGES Coquuzr. La coquille du Gival eft de même forme que la précédente, mais moins épaille, & crénelée un peu plus fenfiblement fur Sommet. les bords. Elle eft per cée au fommet d’un trou oval beaucoup plus petir, & qui a à peine la huitiéme partie de fa longueur. De ce fommet partent quarante canelures rondes & allez grofles, qui vont fe rendre fur les bords de la coquille. Quinze à vingt autres canelures un peu moins élevées, traverfent celles-ci en décrivant autant d’ellipfes dont le fommet eft le centre. Le croifement de ces canelures laifle un grand nombre de petits efpaces quarrés qui forment un réfeau admirable, & dont les mailles augmentent à mefure qu’elles approchent des bords.de la coquille. Les plus grandes coquilles que j'ai obfervées ont un pouce & demi de longaeur, & une fois moins de hauteur : leur lar- geur eft de moitié moindre. Couleur. Leur couleur foufre de grandes variétés :1] y en a de blan- châtres, de grifes & de brunes; j'en ai même une petite qui eft bleuñtre. Les brunes font communément tigrées de blanc. Les blanches ont quelquefois des taches rouges répandues çà & là fans ordre ; mais il eft plus ordinaire de leur voir fept larges bandes d’un 'gris-cendré, qui s'étendent comme autant de rayons du fommet aux bords de la coquille, où elles ont plus de largeur qu’à leur origine. Animaz Le manteau de l’animaln’eft point frangé, mais feulement Manteau Lordé d’un rang de trente petits tubercules , qui ont l’appe- rence d'autant de points blancs. Pied. La même uniformité règne encore dans fon pied, qui a un pareil nombre de points élevés fur fon limbe: du refte l’ani- mal reflemble en tout à celui de la premiere cfpece. Couleur. La couleur de tout fon corps eft d’un blanc pâle. Ceite efpece eft aflez rare : je lai trouvée en mai à l’ifle de Gorée. 3°. LÉPAS A COQUILLE CHAMBRÉE. 8. LE. SU LIN: Ph: Patclia lævis, densè maculata, admodüm compreffa. Lift. hifl. Conchyl, tab. S4$. fig. 34 — Rumph, Muf, pag. 123. art. 6. tab. 40. fig. O. UNIVALVES. 39 Patella [ndica lingualis, roftro internè ad dextrum. Petiv. Gazov. vol, 2. cat, 270. tab. 53. fig. 8. Peut Lépas de forme longue, tout brun & raboteux; il n’a de fingulier que d'être chambré & d’avoir l'œil fait en bec, placé à l'une de fes extrèmités. Hifl. Conchyl. pag. 241. pl. 6. fig. N. (Coquille frufte. ) Patella ftruéturà peculiari donata, fatis deprefla, cavitatem cblongam efformans & in angalum acutum definens, ubi fuperinduéta lamina ufque ad medium ejufdem cavitatis finum quemdam depreffum conitituit, lævis fragilis, pellucida, candidiflima , Petro Michelio Crepidula dicta, ex Infula Ilvæ. Gualt. Ind. pag. Ge Lab. C9. fig. H. Cochlearia pennata, feu pennarum gallinacearum more pidta, Rumphit. Klein. Tent. pag, 118. fpec. 1. Cochlearia, Patella lævis, densè maculata, admodüm compreffa ; Lifteri, Eju/d. pag. 119. fpec. 4. La coquille du Sulin eft une efpece de bain elliptique, renverfé & fort applati. Elle a un pouce un tiers de longueur, un quart moins de largeur , & preique trois fois moins de pro- fondeur. Son épaifleur eft afez confidérable ; ; & elle ef polic & unie au dedans & au dehors. Son fommet ne fe trouve pas placé fur fa furface, mais fur fon bord poftérieur, où il fe termine en un bec légerement recourbé vers le côté droit. Sa bafe cit elliptique & ondée affez irrégulierement fur fes bords qui font fort tranchans. Intérieurement elle eft cham- brée ou divifée par une cloifon qui s'étend parallèlement à fa bafe. Cette cloifon n’occupe & ne couvre que la moitié poftérieure de a coquille, & fon bord antérieur eft terminé par une ligne tantôt droite, & rantôt courbe ou creufée en portion de cercle : elle eft extrêmement dure, quoiqu’aflez mince, & ne prend pas naïflance immédiatement aux bords de la coquil! e, mais un peu au-deflus, de maniere que le pied de l'animal la recouvre entierement pendant qu’il marche. Sa couleur eft aflez variable: elle eff tantôt brune & tantôt roue, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur. Quelquefois elle eft verte avec des petits points bruns. Le plus grand nombre ef à fond blanc au dehors, parfemé de longues taches d’un brun rougeâtre ; au dedans ce fond eft blanc ou couleur de chair, fans aucun mélange. La tête & les cornes de l’animal font parfaitement fem- blabies à celles de la premiere efpece ; mais fes yeux au lieu CoQuILLE Sommet, Cloifon, Coulew, ARrTMAT Yeux, “< Afanteau, Pied, Cou'eur. COQUILLE. 40 CUOUILLAGES d’être placés à la racine des cornes, fe trouvent un peu au- deflus. Son manteau eft bordé de vingt-cinq crénelures découpées en maniere de croiffant, du milieu defquelles on voit s “éle- ver un petit point blanc. On trouve fur la droite de l’animal, dans le finus que Fa le manteau à fa jonétion avec le pied ,un petit corps blanc, femblable à une languette miangulaire qui eft ordinairement recourbée en bas. Son pied eft elliptique ; mais fa partie fupérieure fe ter- mine en deux oreillettes triangulaires, qui s'étendent fur les côtes pendant qu’il marche. En deffous, ce pied eff traverfé par plufieurs fillons qui le font paroître ridé. La plus grande partie du corps de l’animal eft logée dans la cloïfon de la coquille. I] a les cornes jaunes & les yeux noirs. Son pied eft d’un blanc fale en deflous, & marqueté d’un grand nombre de petits points noirs. Le refte de fon corps eft d’un cendré qui üre fur le noir. Les rochers de l’ifle de Gorée fourniffent beaucoup de ce coquillage. Il femble qu'il fe plaît davantage dans les lieux où la mer vient battre avec plus de violence ; &'je ne con- nois pas d’'efpece qui foit plus difficile à détacher des pier- res. Il y adhere avec tant de force, qu’on en enleve fouvent des éclats avec l’animal. 9 LE GARNOT. PL 1 Si je ne confultois que la figure de la coquille de cette efpece, je l’appellerois la Vacerle, qu’elle repréfente parfai- tement bien; mais comme l’on peut trouver par la fuite d’au- tres coquilles de même figure & auxquelles ce nom convien- dra également, j'ai préferé de lui donner le nom de Garnot. Sa coquille a beaucoup de rapport avec la précédente ; elle en differe cependant a bien des égards. Elle eff fi mince qu’on voit le jour au travers. Sa longueur pañle rarement dix lignes; & fa largeur eft un quart moindre, & égale à fa profondeur. Îl femble que la fioure de cette coquille a été forcée parune comprefon faite für fes côtés. Lorfqu’on la retourne fur le dos elle a forme d’une nacelle ou d’un petit canot, De à 4 UNIVALVES, 41 la clofon, qui s'étend à peine jufqu’à fon milieu & qui eft très-enfoncée , fait comme une efpece de banc ou de cabane ménagee à fon extrêmité. À l'extérieur elle eft ordinairement recouverte d’un pé- riofte brun , membraneux & très-fin, qui s’enleve facile- ment. Lorfqu’on à dépouillé la coquille de cette enveloppe, on voit que fa couleur eft brune dans les unes, & blanche dans d’autres, avec deux rayes brunes, qui prenant leur origine au fommet, en parcourent la longueur pour fe terminer au bord oppolé. - L'animal ne difiere du précédent qu’en ce que fes parties font beaucoup plus ramaflées & moins étendues. Les crénelures du manteau font découpées moins pro- fondément. Les oreillettes latérales du pied deviennent peu fenfibles & comme obliterées. J'ai trouvé cette efpece avec la précédente, mais plus ra- rement, Elle fe plaît davantage dans les fables, où elle s’at- tache aux coquillages qui y reftent cachés. 10. LuE- JE NA, Pr 2: Cloifon, Périofte. Couleur, ANIMAL. Manteau, Pied. La coquille du Jenac eft chambrée comme les deux pré- Coquirrr. cédentes, & elle differe de la premiere, appellée Sulin, en ce qu’elle eft ronde & infiniment plus applatie. Son diametre n’excède pas cinq à fix lignes, & furpañle quatre à cinq fois fa profondeur. Elle eft fort mince, & cachée au dehoïs fous un périofte compofé de plufeurs lames en recouvrement les unes fur les autres, qui la rendent affez rude au toucher. Par tous ces endroits elle reflemble fort à une coquille que j'ai trouvée dans le corps d’une efpece de lièvre-de-mer com- mune au Sénégal. La cloifon qui partage fon intérieur ne s'étend pas juf- qu'au tiers de fa longueur. Cette coquille eft fort blanche, fur-rout dans fa furface intérieure qui eft du plus beau poli. Pé riofte 4 Cloifon, Couleur, . Les cornes de l’animal font ornées vers leur extrêmité, Anrmar d’un petit nombre de tubercules blancs qui les font paroître chagrinées, F. Corness Pied, Manteau. Couleur, CoQuILLE. Ecailles, Couleur. ÀANIMAL. Tête. €ornes, 42 CODUTLE AGES Son pied eft exactement arrondi, & l’on n’y voit aucune apparence d’oreillettes : 11 eft chagriné en deflus, Le manteau eft auf chagriné , & bordé feulement à fa gauche, vers le derriere de la tête, de huit filets cylindri- ques aflez longs. La couleur de tout fon corps eft d’un blanc de neige ; il n’y a que les yeux de noirs. ette efpece n’eft figurée nulle part, non plus que la pré- cédente, & elle eft extrêmement rare: je l’ai trouvée fur les rochers expofés de l’ifle de Gorée. 4% LÉPAS AMCOQUILLE ÉCAILLEUSE. na Ea tk A IL SION: apr. Je n’ai obfervé qu’une efpece des Lépas qui ont plufieurs écailles à leur coquille. Elle fe trouve fréquemment fur les rochers de la pointe méridionale de l’ifle de Gorée. Inferti marini analoghi alle Patelle , o cimici delli Agrumi. Falli mi raccolt. pag. 147. tab. 16. fig. 2. Sacoquille a La forme d’un demi-ovoide convexe par-deflus, plat en deflous & obtus à fes extrêmités. Elle a trois lignes de longueur, & une fois moins de largeur. Les huit écailles dont elle eft compofée font fort courtes, environ deux fois plus larges que longues, & pofées en re- couvrement les unes fur les autres de devant en arriere. Elles font toutes relevées dans le milieu d’une petite côte aflez ai- guë, & chagrinées fort délicatement fur toute leur furface, La couleur de cette coquille eft rougeñtre pendant que lanimal eft vivant : après fa mort, elle devient grife ou cendrée. L'animal du Kalifon ne differe pas moins que fa coquille de toutes les autres efpeces de Lépas que j'ai décrites. Sa tête a la figure d’un croifflant ou d’une demi-lune : elle eft arrondie à fon extrémité , & étroitement unie à la co- quille, dont elle ne peut guères s’écarter pour fe montrer au dehors. -10ll -On ne voit pas la moindre apparence des cornes ni des yeux. UNIVALVES. ga Son pied eft elliptique, obtus aux extrémités, une fois plus long que large, & étroitement attaché à la coquille qu’il ne déborde jamais. Le manteau reflemble à une peau charnue, aflez épaifle, appliquée & comme collée fur toute la furface interne de la coquille. Il la déborde un peu au dehors pour lenvironner d'un bourrelet qui aflermit fes huit écailles. Lorfqu'on examine ce bourreler avec le verre lenticulaire, on découvre fur fes bords dix-huit petits boutons chargés d’un faifceau de poil. Ces faifceaux font placés au céfaut des écailles, dans l’endroit où elles s’uniflent avec le bour- relet ; de maniere qu’il y en a neuf fur la droite & autant fur la gauche. J'ai compté environ vingt poils fur chacun. L'ufage de ces faifceaux m’eft entierement inconnu. Le corps de l’animal eft d’une couleur de chair très- agréable. La flructure affez curieufe de cet animal auroit exigé quel- ques détails dans les figures ; mais comme fa petitefle ne m’a pas permis de l’examiner à fond, je me fuis contenté de le repréfenter de grandeur naturelle, avec fes huit écailles fé- parées l’une de l’autre, & de faire remarquer ce que les ob- fervations m'ont appris ,en attendant que je puifle examiner ceux des côtes de France ou de l’Amérique, dont la gran- deur eft beaucoup plus avantageufe. Vallifniert, dans l'endroit où je l’ai cité, appelle ce co- quillage Punaife de mer, en le comparant à la Gallinfete des orangers, Coccus, qu’il appelle la Punaife des orangers: mais on voit aflez combien eft grande la diflance qui fe trouve entre ces deux animaux. Petiver donne le nom d’Ofcabrion à une efpece beaucoup plus grande qu'il avoit reçu de la Caroline: Ofcabrion Carolinum perelegans. Gazoph. vol 1. cat. 528. cab. x. fiv. 3. GENRE VIII. L'Y E T. Yetus. LEs anciens ont connu fous le nom latin de Concha Per- Jica, un coquillage qu’ils recevoient fréquemment du golfe Perfique. Quelques modernes lui ont confervé ce nom, que F 1 Pied, Manteau, Couleur, Remarque. 44 COGUTLLAGES les françois ont rendu dans leur langue par celui de Conque Perfique. Mais il nous vient tant de coquilles & tant d’autres raretés de ce golfe, que ce feroitembrouiller nosidées que de leur donner à chacune en particulier ce feul nom de Perfique ou Perfienne , qui leur convient également à toutes. C’eft. pour ne pas tomber dans ce défaut que j'ai confervé à la premiere efpece de ce genre le nom d’Yer, fous lequel il eft connu chez les nègres voifins du cap Verd. Ce coquillage a beaucoup embarraflé les modernes dans leurs combinaifons mérhodiques, & ils n’ont pû jufqu’à pré- fent ranger fa coquille , faute d’en avoir vû l'animal. La côte du Sénégal m'a fourni les moyens de l’examiner : elle en nourrit une prodigieufe quantité, fur-tout dans la partie fa- blonneufe qui s'étend depu.s le village de Rufisk jufqu’à celui de Ben. La tous les ans les grofles mers du mois d'avril en rejettent un fi grand nombre que le rivage en paroît quel- quefois tout couvert : on y en trouve de deux efpeces, de toutes les grandeurs. ANR. PL €Concha maxima exotica wirudys candida. Colum. Aquat. pag. 68. 6 Go. €oncha wesrd»s alrera lutea minor. Æjufd. ibid. Concha natatilis wesrèdy minima Perficæ diétæ recentiorum congener, Ejufd. Purp. pag. 28 & 30. Concha Perfica major. A{drov. exang. p. 660. Concha Perfica minor. Æjufd. ibid. €oncha Perfica major & minor. Jonfl. exang. Üib. 4. tab, 17. Cochlea à littore Iberico, colore varia. Bonan.recr. pag. 113. claff: 3. n.6. Buccinum Perficum majus, claviculà pulvinata papillatum. Lift. hiff. Conchyl. tab. 794. fig. 1. Buccinum Perficum parvum, ex rufo nebulatum claviculà obtusà. Ejufd. tab. 595. fig. 2. Buccinum Perficum ex rufo nebulatum , claviculà profunde fulcatà, ejuf- que margine acuta. Æjufd. tab. 796. fig. 3. Buccinum Perficum fubrufum , maximè ventricofum claviculà clavari, Ejufd. tab. 802. fig. 8. Cochlea à littore Iberico , colore varia. Muf. Kirk. pag. 450. n. 6. Cochlea longa pyriformis major, intorta, cylindroidea, umbonata lævis, ore ampliore. Lang. meth. pag. 21. La Tonne ou petire Conque fphérique. Hiff. Conchyl. pag. 304. pl. 20. fig. GC. | Cochlea longa pyriformis intorta integra, maxima, umbonata , lxvis, UNIVALVES. ps infigniter ventricofa , fubalbida, nonnullis Cocklea Latina dicta, Gual. Ind. pag. & tab. 17. litt. A. À. Cochlea longa , pyriformis, intorta, cylindroidea , umbonata, umbone finuofo , lævis, fufca , maculis , nigricantibus aliquando donata. Ejufd. pag. & tab. 29. lite. À. Cymbium mamillare : pro turbine mamillam exferens : Ibericum, coloris © mod albidi, modb lividi, mod carnei vel figulini, maculis nigris; Bonanni. Klein. Tent. pag. 8x. fpec. 2. n. 2. tab. $. fig. 97. Cymbium auritum , labio concavo, inftar auris in duas extremitates acutas terminante , altero latere voluto; turbine infrà bafim ; quod Bucci- num Perficum ex rufo nebulatum, claviculà profundè fulcatà, ejuf- que margine acutà ; Lifteri. Æjufd. ibid. fpec. 3. n. 2. Cymbium auritum, aliud parvum 3 claviculà obtufa, labio crafiore; Lifteri. Ejufd. ibid. fpec. 3. n. 3. La coquille de l’Yet eft une des plus grandes que j’ai ob- fervées fur la côte du Sénégal. Elle a neuf à dix pouces de longueur , fur fept à huit de largeur, & une fois moins de profondeur de deflus en deffous. On peut la regarder comme une portion d’ovoide obtus D. S. coupé par la moitié dans fon grand diametre, & dont la longueur furpafle la largeur d'environ une quatriéme partie. Ses extrêmités font arron- cies ou fort obtufes, & fon épaifleur n’eft pas fort confi- dérable. | Elle eft life au dehors, & formée de trois fpires qui tour- nent de droite à gauche & horizontalement fur elles-mêmes. La premiere de ces fpires compofe elle feule prefque toute la coquille. Les deux autres fpires forment un fommet arrondi S. & caché dans la cavité que forme en basla premiere fpire. Les bords de cette cavité font extrêmement aigus & rentrent en dedans par une furface très-oblique qui fe termine à la racine du fommet. L'ouverture de cette coquille eft des plus évafées que l’on connoifle. C’eft une ellipfe obtufe à fes extrêmités, qui font terminées par une échancrure confidérable creufée dans la coquille. L’échancrure d’en haut D. refflemble à une créne- lure en demi-lune , plus large que profonde : & celle d’en bas E. forme un canal plus long ou plus profond qu'il n’eft Jarge. La longueur de cette ouverture eft double de fa lar- geur; elle eff égale & prefque parallele à celle de la coquille. COQUILLE, Spires, Sommer, Ouverture, Couleur. e Variétés. ANIMAL. Tête. Cornes. 46 . COQUILLAGES Sa largeur eft auffi prefqu’égale à ni fienne dans fa moitié fupérieure. La lèvre droite eft Hénin ee mince & tranchante, fans bordure. La gauche au contraire cit renflée & arrondie dans le bas, fimple dans le haut, quoiqu’ épaifle & obtufe : elle eft ornée un peu au- deffus de fon milieu de quatre dents qui tour- nent en fpirale, & dont la fuperieure eft trop rentrée en de- dans de la coquille pour être facilement apperçue: elle laïffe voir encore au dehors une large trace ridée, qui s'étend de- : puis ces dents jufqu’à l'échancrure fupérieure, qu’elle va gagner en ferpentant fur le dos de la coquille. La furface intérieure de cette coquille eft blanche, & du poli le plus brillant: à l’extérieur elle eft fauve, quelquefois marbrée de taches blanches, Les varictés qu’on obferve dans les différens individus de cette coquille, dépendent de leur âge. Les jeunes font ordi- nairement un peu plus longues : leur largeur eft de moitié moindre que leur longueur : leur fommet eft applati. Celui des moyennes eft arrondi; mais l'intervalle qui les fépare de- puis le tranchant dela premiere fpire eft creufé ôbliquement: telle eft celle que j'ai figurée aux lettres D. E. S. Dans les vieilles, au contraire, le fommet eft applati ou bien il rentre un peu en dedans, &r efpace qui fépare les fpires eft applati ou horizontal. On ne voit communément que trois ou quatre dents à la lèvre gauche de l'ouverture; j'ai cependant une ee nu de ces “coquilles qui fait exception à cette regle; elle en a cinq très-bien diftinguées, & que l’on voit facile- ment au dehors. La tête de l’animal eft extrêmement grande, faite en demi- lune T. & de moitié aufi large que fa coquille. Elle eft plane en deffous, convexe par deflus, & tranchante fur fes bords. Ses cornes C. C. ont la forme de deux languettes trian- gulaires, applaties, trois fois plus longues que larges, & trois fois plus courtes que la tête. Elles y font attachées en deflus à une diftance aflez grande & à peu près égale de fon extré- mité & de fes côtés. Les veux Y. Y. font placés à peu près au milieu de la lon- œueur de la tête, vers le côté extérieur des cornes; mais ils {ont éloignés derriere elles d’une diftance égale à leur largeur, UNIVALVES. ”. Ils font médiocrement grands, noirs , arrondis , & Iéoere- ment élevés. On reconnoît facilement la bouche B. par un long tuyau ou trompe L. qui en fort très-fouvent. Cerre trompe eft cy- lindrique, d’une longueur égale à celle de la tête. Son extre- mité eft percée, & garnie de petites dents en forme de cro- chets. Elle fert à cet animal pour percer les autres coquillages & en fucer la chair qui lui fert de nourriture, Son manteau recouvre les parois intérieures de la coquille fans fortir au dehors. À fon extrêmité antérieure il fe replie pour former un tuyau K. K. de la longueur de la tête, fur laquelle il pañle entre les cornes. Ce tuyau eft cylindrique, fort épais, & coupé par devant dans toute fa longueur. Il porte à fes côtés une membrane épaifle, charnuë , & quar- rée N. N. qui s’étend fur toute fa longueur. Dans la feconde figure on a repréfenté ce tuyau couché fur la gauche, pour le faire paroître avec fes deux lobes ou membranes. Ce tuyau donne paffage à l’air & aux excrémens. Le pied P. du Yèt eft la partie la plus confidérable de fon corps. Il eft fi monftrueux que la coquille en couvre à peine la quatriéme partie quand il veut y rentrer. Alors il fe replie .en deux dans toute fa longueur & forme un long canal G. G. dans fon milieu. Lorfqu’il eft étendu pour marcher, il prend la figure d’une ellipfe, obrufe aux extrêmités, & qui s’avance aflez pour cacher toute la tête en deffous, comme on le voit dans la premiere figure. Il a alors une fois plus de largeur & moitié plus de longueur que la coquille. Son grand dia- metre furpaile auffi d’un tiers le petit. Son épaifleur eft confidérable , fur-tout dans la partie pofté- rieure qui déborde la coquille. Il eft relevé en cet endroit d’une vive-arrête qui eft fillonée & comme coupée de rides très-profondes. Dans les nouveaux nés ce pied fe loge en entier dans la coquille. Tout le corps de cet animal eft d’un brun tirant fur le noir. Ses yeux font noirs ; & l’on voit un cercle blanc à l’extrêmité du tuyau que forme le manteau. Quoiqu'il ne me foit pas arrivé de furprendre l’Yèt en ac- couplement , on peut préfumer qu'il eft hermaphrodite, parce que j'ai trouvé des petits vivans dans le corps de ia piüpart, Bouche, Manteau, Pied, Couleur, Obferr2- tion, 48 COOUILIE LEE S fur-cout pendant les mois d'avril & de mai. L’analogie qui eft entre ce coquillage & quelques autres qui font des her- maphrodites de cette efpece, pourroitencore confirmer mon opinion. Mais ce que je pus afirmer avec plus de cerutude, c’eft qu’il eft vivipare , & que es petits en naïflaut portent des coquilles qui ont déja un pouce de longueur, & de même grandeur que celle qu1 eft figurée à la lettre À. Je n’en at trouvé que quatre ou cinq dans chaque animal ; & peut-être . les févre-t-1l pendant les piemiers mois. Ce qui me donne lieu de le penfer, c’eft que j'en ai vû plufieurs qui portoient leurs cinq petits dans le plis de leur pied ; cependant ceux-ci avoient. déja un pouce & demi de longueur à la coquille. Voilà des enfans d’une taille prodigieufe pour un coquil- lage, & on peut croire que les peres & meres qui leur ont donné naïffance doivent être d’une grofeur confidérable: auf en voit-on qui pefent fept à huit livres. Leur chair, fur-tout celle du picd , eft coriace & d’une grande dureté : elle eft néan+ moins d’une grande 1eflource aux habitans de la côte, qui, dans les tems de famine, les boucanent ou les font fécher au foleil pour s’en nourrir & fuppléer à la difette, ou pour les aller vendre avec leur poiflon aux gens qui demeurent dans l’intérieur des terres. Ceux-c1 le font cuire avec de l’eau de ris ou de mil pour l’amollir, & le mangent avec plarfr. x LE PHILIN. PL 3. Cette feconde efpece d’Yèt que j'appelle Philin, eft plus rare que la premiere, & fe voit plus volontiers vers l’embou- chure du Niger que fur les côtes du cap verd : je l’ai obfer- vée pendant le mois de février. Concha natatilis wesrudye altera. Colum. Aquat. pag. 18 & 30. Concha naratilis sresrdys aliera magna. Ejufd. ibid. Cochlea Indiæ orientalis ex infulis Philippinis, trecenis libris ponderans, Bonan. recr. pag. 112. claff. 3.n.2. 7 Buccinum Perficuin , fabfufcum , maximum , anguftum , claviculà exca- vata , cujufque margo admodum acuta eft, ex infulis Philippinis. Liff. hift. Conchyl. tab. 800. fig. 7. Cochlea Indiæ orientalis ex infulis Philippinis, trecenis libris ponderans. Muf. Kirk. pag. 449. n. 2. Cochlea longa pyriformis major ,intorta, cylindroidea, umbonate levis. Lang. meth. pag. 25. | Cochlea UNIVALVES. Fr Cochlea longa pyriformis , intorta, cylindroidea , ftriata ftriis aliquantu- lum undatis, umbonata ; in bafi margine acuto donata, fubalbida, lineis & maculis rufis raris undatim depiéta. Gual. Ind. pas. 6 tab. 39. litt. B. Cymbium umbilicatum ; Concha nautiloides altera magna , Fabii Co- lumnæ. Klein. tent. pag. 80. fpec. 1. nr 1. Cymbium mamillare : prd turbine mamillam exferens; Philippinum ; ab infulis Philippinis, Bonanni. Ejufd. ibid. fpec. 2. n. 1. | £a coquille du Philin eft mince, beaucoup moins épaifle & plus longue que celle de l’Yèr. J’en ai vü dont la longueur étoit d’un pied & davantage, & furpafloit une fois la largeur. Son ouverture eft plus étroite & moins évalée; elle a deux fois plus de longueur que de largeur. Son échancrure fupé- rieure & l’inférieure font plus profondes. Les variétés que l’âge produit dans cette coquille, fuivent tout le contra re de ce que j'ai fait obferver dans la premiere efpece. Les petites font à proportion plus courtes que les grandes ; car leur longueur n’eft pas double de leur largeur: elles n’ont que deux dents à la lèvre gauche; leur fommet eft arrondi & élevé, quoique peu faillant au-delà de l’extrê- mité de la coquille ; & l’intervalle qui fépare les fpires eft applati & peu creufé. Dans les vieilles on voit trois ou quatre dents extrêmement grandes fur la lèvre gauche; & l’inter- valle des fpires eft creufé fort obliquement. La couleur des jeunes eft brune au dedans, agathe-clair au dehors. Les grandes font par-tout de couleur de chair. L'animal eft moins grand que celui de la premiere efpece. Son pied n’eft guères plus long n1 plus large que la co- quille. Sa couleur eft blanchître. La chair de cette efpece n’eft d'aucun ufage. Les maures fe fervent de fa coquille pour puifer de l’eau, CENT NT He DK, L A VIS. Terebra. Quoique parmi les coquillages qui portent le nom de Vis, 1l s’en trouve plufeurs efpeces dont la coquille s'éloigne de Ja forme de la Vis, étant beaucoup moins allongée ; nous G CoQuicicr, Ouverture. Varictés, Couleur. ANIMAL Pied, Couleur, COQUILLE. Spires. Périolte. Ouverture, Variétés so COQUILLAGES leur conferverons néanmoins ce nom à caufe de Ia parfaite reflemblance des animaux que renferment les unes & les autres. j: LE MIR AN, PL 7% Buccinum brevi roftrum , ex toto læve, claviculatum. Lif£. hift. ConchyL. tab. 977. fig. 33. Pfeudo ftrombus nodofus inter fpiras; Lifteri. Klein. tent. p, 35. fpec. 1. Lab. 7. fig. 121. La coquille du Miran eft ovoide, arrondie & obtufe dans fon extrémité fupérieure, & terminée en une pointe très- fine à fon fommet. Sa longueur eft d’environ treize lignes, & furpañle une fois & un tiers fa largeur, qui n’eft que de cinq lignes & demie. Elle eft médiocrement épaifle , & formée de dix fpires qui tournent en defcendant peu obliquement de droite à gauche, & dont la largeur diminue à mefure qu’elles approchent du fo : met, oùelles fe terminent par un point prefqu’impercep- tible. Ces fpires font un peu renflées & bien dift nguées par un léger fillon qui les fépare. Les deux premieres. ou les plus proches de l'ouverture, font lifles & unies ; mais les huit autres jufqu’au fommet, font relevées chacune de plu- fieurs petites côtes paralleles à la longueur de la coquille. Au refte elle eft d’un poli & d’un luftre qui n’eft point terns par le périofte fubul qui la recouvre. Son ouverture eft une ellipfe irréguliere, pointue par le bas, & arrondie par le haut, où elle fe termine en un canal profondément échancré dans la coquille. La longueur de cette ouverture eft double de fa largeur. Elle eft une fois & un quart plus courte que le fommet de la coquille, & à peu près parallele à fa longueur. La lèvre droite de l’ouverture eft fimple, courbée en por- tion de cercle, tranchante & fans bordure. La lèvre gauche eft auffi courbée en deux fens différens, mais arrondie , & garnie par le haut de deux plis affez gros, dont l’inférieur fait le tour de l’échancrure de l’ouverture. La feule variété que l’on obferve dans cette coquille, con- fie dans la proportion de fes parties, dont la largeur com- parée à leur longueur eft plus grande dans les jeunes que dans les vieilles, UNIVALVES. di Leur couleur, dans tous les âges, eft ou blanche ou agathe, fans aucun mêlange. La tête de l'animal que contient cette coquille, a la forme d’un croiffant, dont la convexité T. eft bordée d’une mem- brane très-fine. Elle eft arrondie & convexe en deflus, & plate en deffous : fa largeur eft double de fa longueur. Deux cornes C. C. cylindriques, & terminées en pointe, prennent leur origine de fon fommer & fur fes côtés qui les tiennent fort éloignées l’une de l’autre. Leur longueur eft double de celle de la tête. Leur furface eft polie & luifante. Les yeux font deux petits points noirs Y. Y. peu apparens, & placés fur le cô:é extérieur des cornes à leur origine, La bouche B. eft une fente aflez longue, parallele à la lon- oueur de la tête, & fituée au-deffous d’elle dans fon milieu. Lorfqu’elle s'ouvre on apperçoit le mouvement de la mà- choire inférieure qui porte de bas en haut. Quoique je n’aie point vù fortir de langue à cet animal , l’analogie me fait penfer qu’il doit en avoir une femblable à celle de PYèt(1), & du genre de la Porcelaine qui fuit celui-c1(2). Le pied P. P. forme une ellipfe très-ouverte ou obtufe à fes extrêmités. Sa longueur eft prefque double de fa largeur, & un tiers plus courte que la coquille. A fon extrèmité anté- tieure 1l eft traverfé par un profond fillon S. & prolongé fur fes côtés en deux oreillettes triangulaires D. D. qui n’ont que la fixiéme partie de fa longueur. Le manteau eft une membrane épaifle qui tapiffe l’intérieur de la coquille fans déborder au dehors. Elle fe plie feule- ment en un tuyau cylindrique K. K. qui a le quart de la lon- gueur de la coquille. Ce tuyau fort par le canal ou l’échan- crure de l'ouverture de la coquille, & fe rejette fur le côté gauche de l’animal. Le deffous de fon corps eft d’un blanc pâle; & le deffus eft d’un bianc-d’eau marqueté de petits points ou de lignes noirûtres. Ce coquillage ne vit que dans les fables. Je l’ai trouvé fré- quemment fur la côte maritime de Ben, pendant le mois de mars. (1) Voyez la page 47, (2) Pag. 58. Le G 1} Couleur, ANIMAL; Tête, Cornes. Yeux, Bouche, Pied; Manteau, Couleur, COQUILLE. Spires. Ouverture, ÀÂNIMAI. ANIMAL. CoQuILLE, 2 COQUILTAGES 2... MNPMReANENESI APT 2, Buccinum brevi roftrum claviculà renui & produéti Iæve, lacinià quâdarxæ ad imum queraque orbem eleganter ftriara diftinétum. Lift. hifi. Conchyl. tab. 977. fig. 34. Turbo apertus canaliculatus oblique incurvatus ftriatus. Lang. meth. pag. 46. La Pfeudo-ftrombus carminatus ad imum quemque ordinem, ibidemque ele- ganter ftriatuss Lifteri. Klein. tent. pag. 35. fpec. x. La coquille du Rafel a la même forme & la même cou- leur que celle de la premiere efpece; mais elle eft plus épaifle & plus allongée. Elle a un pouce & demi de longueur, & une fois & demi moins de largeur. Ses {pires font au nombre de onze, prefque applaties , ren- flées feulement dans leur partie inférieure, dans l’endroit où ebes fe joignent les unes aux autres. Elles font toutes cou- pées par fept ou huit petits fillons qui en font le tour paral- lèlement à leur longueur. Ces fillons font croifés par d’autres fillons plus petits, qui les coupent à angles droits en fuivant la longueur de la coquille. Les deux premieres fpires d’en haut {ont ordinairement lifles, unies, & fans aucun de ces fillons dans les vieilles coquilles. L'ouverture eft une fois & demi plus courte que le fom- met. Sa lèvre gauche eit relevée de quatre ou cinq plis, dont le plus élevé eft le plus confidérable. L'animal eft parfaitement femblable à celui de la premiere efpece. On trouve ce coquillage dans les mêmes endroits, mais moins fréquemment, 3 «D ENTER TEPL + Buccinum roftratum, interfe@is lineis fafciatum. Lifler. hift. Conchyt. tab. 514 fig. 7: L'animal du Nifat reffemble à celui des deux efpeces pré- cédentes, à cela près que fon pied eft auffi long & un peu plus large que la coquille, & que le tuyau de fon manteau fort beaucoup moins au dehors. Sa coquille eft auffi ovoide, mais pointue à fes deux extré- mités. Elle a près de deux pouces de longueur, & une fois &c deux tiers moins de largeur, UNIVALVES. 3 On y compte onze fpires applaties comme dans la feconde efpece, mais lifles , unies, & renflées plus fenfiblement par le bas. L'ouverture eft une ellipfe pointue par les deux extrèmi- tés, dont la fupérieure forme, par le prolongement de la co- quille, un canal aflez long. La longueur de cette ouverture eft prefque triple de fa largeur : elle égale la longueur du fommet. Un ou deux plis aflez gros & arrondis, s’élevent dans la partie fupérieure de la lèvre gauche. ë La couleur de cetre coquille eft un fond blanc, tigré d’un rand nombre de taches quarrées, qui font jaunes dans les vieilles & brunes dans les jeunes. Ces taches font difpofées régulierement fur plufeurs lignes qui s'étendent d’un bout à l’autre de la coquille en fuivant le contour de fes fpires. Cette efpece fe trouve avec les deux premieres, mais plus rarement. 4 L'ARVAN. PL4. Buccinam dentatum, claviculà longiffimà, ftriis densè radiatum. Lift. hif£. Conchyl. tab. 837. fig. 64. Strombusdecimus chalybæus. Rumph, muf. pag. 160. art. ro. tab. 30. fig. J. Unicornu Indicum minus, orbibus ffriatis. Periv. Gazoph. vol. 1.cat, 161. . tab. 7$. fig. 6. Turbo apertus, canaliculatus, rectiroftrus ftriatus. Lang. meth. pag. 45. Strombus acularis; afper : chalybea ; fpiris fulcatis, ex cæruleo chalybæis, aliquandè albis nigredine afperfa; Rumphii. Klein. tent. pag. 17. fpec. 1. B.'n. 1. b. Strombus acularis; afper : fiphunculus, fuper fpiris convexis perpendicu- lariter densè ftriatus; Lifteri. ÆEjufd. pag. 28. ibid. B. n. 6. Ïl n’y a pas de coquillage plus commun fur la côte fablon- neufe du cap Verd que cette quatriéme efpece de Vis. Sa coquille a plus exactement la forme de vis que les pré- cédentes. On peut la regarder comme un cône arrondi à fa bafe, & quis’allonge & diminue également jufqu’au fommet, où 1l fe termine en une pointe très-fine. La longueur des plus grandes ne pañle pas treize lignes : elle eft quadruple de leur largeur qui n’a que trois lignes un quart. Elle eft compofée de douze ou treize fpires exactement . ou fans renflement, de manicre qu’elles ne paroïflent ifinguées que par un petit fillon qui les fépare les unes des Spires, Ouverture, Couleur s COQUILLE» Spires Ouverture. Couleur. s4 COSUILLAGES autres. Ces fpires font toutes coupées par un grand nombre de fillons fort légers, qui fuivent la longueur de la coquille: ce font autant de termes ou de marques de fn accroiflement. L'ouverture eft à peu près femblable à celle de la premiere efpece, mais deux fois & demi plus courte que le fommer. L'échancrure fupérieure eft large & peu profonde. Sa lèvre gauche n’a qu’un pli fort léger. Le fond de la couleur de cette coquille eft un blanc fale, qui devient agathe dans la moitié fupérieure de chaquefpire, SG eUVE HAN AR 7.2 La côte du cap Verd fournit encore une cinquiéme efpece de Vis, plus grande que la précédente & de même forme, que j'appelle du nom de Faval. Turbo nitidus, & eburneus, in quo fpirarum commifluræ vix dignofcun- tur, maculis rufs notatus. Bon. recr. pag. 126. claf]. 3. n. 107. Buccinuim dentatum claviculä longiffimi , ftriatum & latis maculis ex rufo aigricantibus radiatum. Lifl. hift. Conchyl. tab. 841. fig. 69. Buccinum dentatum , claviculä longiffimä læve , binis fafciis ex maculis quadratis magnis, fufco rufefcentibus depiétum. Ejufd. tab, 842. fe. 7°: n° Buccinum dentatum , læve , claviculà longiflimä , ex flavo nebulatum, Ejufd. tab. 843. fig. 71. | — Ejufdem , tab. 845. fig. 73. Buccinum brevi roftrum, claviculatum, ftriatum , maculatum , orbibus quaf duplicatis diftintum. Æju/d. tab. 979. fig. 36. Strombus fecundus. Rumph. muf. pag. 100. art. 2. tab. 30. lirt. B. Turbo nitidus, & eburneus, in quo fpirarum commiffuræ vix dignofcun- tur, maculis rufis notatus. Muf. Kirk. pag. 455. n. 107. Turbo apertus latus lævis, Lang. meth. pag. 45. Turbo apertus canaliculatus, obliquè incurvatus Iævis. Ejufd. pag. 46. Vis. Hiff. Conchyl. pag. 276. planc. 14..letr. S. & X. Turbo apertus latus, candidus, maculis rufis densè depiétus , viginti fpiris finitus; Rumphii. Gualr. fnd. pag. & tab. 56. lirt. B. Turbo apertus, fulcatus , fafcià elatà fpiras ambiente circumdatus , ex candido & fubrofeo colore undatim variegatus; Bonanni. Eyufd. pag. & tab. $7. lire. M. Turbo apertus, fulcatus, minutiffimè per longitudinem flriatus, aliquande cancellatus , livido vel plumbeo colore obfeuretus, in fpirarum com- miffuris fafciâ candidà , aliquando parvis punétis; rufis feriatim dif- pofitis notata circumdatus; Rumphui. Ejufd. ibid. lit. N. 0. Strombus acularis; lævis, feu fubula; toroceras, fulcatus, maculis latis ex UNIVALVES. ës rufo nigricantibus radiofis; Lifteri. K/ein.rent.p. 27. fbec. 1. 4. n. 4. Strombus acularis ; levis , feu fubula; marmoratus ; nitidus longus ; acu- tus; juncturis fpirarum , vix dignofcendis, maculis Ruñs; Bonanni, Ejufd. ibid. n. 6. | Strombus acularis : lævis, feu fubula; duplicatus in orbibus maculatis per longum ftriatus; Lifteri. Eyufd. pag. 28.n.7. 0 ee. Strombus acularis; lævis, feu fubula ; alternas fpiras latiores & ftrictiores ex flavo nebulatas exhibens; Lifteri. Ejufd. ibid. n. 8, - La coquille du Faval à trois pouces & demi de longueur Coquirie, & cinq fois moins de largeur. On y compte dix-huit à vingt fpires applaties, & qui ne font diftinguées les unes des autres que par un léger renfle- ment que l’on voit dans leur partie inférieure. Outre les fil- Lons longitudinaux, chaque fpire eft comme partagée en deux portions inégales ou en deux fpires, par un fillon afez pro- fond qui la fuit en tournant comme elle. La portion fupé- ricure de la fpire divifée par ce fillon, eft ordinairement du double plus petite que l’autre. Dans quelques coquilles ce fillon eft prefqu’infenfible , comme dans la figure 70 de la planche 842 de Lifter. L'ouverture eft à peine deux fois plus courte que le fom- met dans les jeunes, & trois fois plus courte dans les vieilles. L'échancrure fupérieure ef étroite & profonde. La lèvre gau- che eft relevée de deux plis remarquables. La couleur de certe coquille lui donne une grande fupé- riorité fur les autres Vis. Elle eft quelquefois blanche & quel- quefois agathe, agréablement mouchetée de taches brunes ou rougeñtres, ordinairement quarrées, & difpofées fur deux ou trois lignes qui tournent avec les fpires, GENRE X: LA PORCELAINE. Porcellana. ON 2 donné anciennement le nom de Porcelaine à plufieurs efpeces de coquillages dont la forme approchoit beaucoup de celle des Pucelages. Une reflemblance même trop grande qu’on a crû trouver entre les uns & les autres, les a fait con- fondre par quelques modernes fous le nom commun de Por- Spires, Ouverture. Couleur. COQUILLE, 56 COQUILLAGES celaines, Cependant comme la comparaifon feule des co- quilles ne fufit pas pour déterminer ces rapports, & que l'examen des animaux qu’elles renferment nous fait voir des différences qui les difhinguent aflez les uns des autres, j'ai crû devoir conferver à ces deux genres le privilége qu’ils avoient autrefois de porter chacun leur nom. Je laifle au pre mier le nom de Pucelage quine convient qu’à lui, & je rends à celui-c1 celui de Porcelaine qu’il s’eft acquis , foit par la beauté du poli de fa coquille, fuivant Belon (f, foit par fa forme finguliere, fuivant le rapport de Columna (2). LAS PO RCE LA TINIEPL5a La Porcelaine. Du Tert, hifi. des Antill. pag. 1240. . Turbo brafilienfis teftà valdè lævi, caftanei coloris. Bonan. recr. p. 160. num. 326. Buccinum muficum fubrufum , maculis albis diftinétum ; Barbadenfe. Lif{. hifl. Conchyl. tab.:818. fig. 29. Buccinum muficun: fublividum , densè radiatum fivè ex fufco undatum, Ejufa. ibid. fig. 30. Buccinum mufcum undatum & maculatum. Ejufd. ibid. fig. 31 € 32. Cochlea longa, pyriformis intorta, & fulcata, utroque labio dentata, aut rugofo fimbriata , lævis, carneo colore fplendens. Guale. Ind. pag. & tab. 218. litt. L. Coñus bafeos lævis, brafilienfis Iævis ; labio paululüm exferto, coloris caftanei; Bonanni. Klein. tent. pag. 70. fpec. 1, n. 39. Cucumis undulatus & maculatus ; Lifteri. Ejufd. pag. 78. fpec. 1. tab. $. Jig. 92. che fubrufus , maculis albis; Lifteri. Ejud. ibid. fpec. 2. 6, Cucumis obfcurè nebulatus; Lifteri. Ejufd. ibid, fpec. $. Semicaflis lævis : ex fufco undata; Lifteri. Ejufd. pag. 95. fpec. 2. n. 12. La coquille de la Porcelaine eft médiocrement épaifle, du plus beau poli, & d’un luifant que rien ne peut furpañler. C’eft une efpece d’ovoide arrondi, dont l’extrêmité fupé- (2) Purpurarum teftas Ita Porcellanas vocant, quo etiam nomine Conchylii genus omne intelligunt : undè nos quoque detortà ad vafa appellatione Porcellanica vafa nuncupamus. Vocem quoque hanc agnofcimus in globulis, quibus noftræ mulierculæ fuas preces nuncupare folent : Parenoftres de Porcelaine vocant, qui ex teftis majorum Purpurarum aut Muricum conficiuntur. Belon. Aquat. pag. 420. (2) Hujus generis ( dè Cypræis feu Conchis Venereis intelligit } aliæ candidiores atque minores , nec denticulato hiatu, fed alterà parte tanthm paucis ftriis afpero, quæ alias teftæ foramen fuerunt, & linguæ canalis ; has Porcellanas appellant, quia in fe porcellii modo conglobantur. Colum. Aquat. pag. 67. ricure UNIVALVES. rieure eft obtufe, & le fommet forme une pointe affez moule. Sa longueur eft d'environ feize lignes, & fa largeur de neuf lignes , enforte que fon grand diametre eft prefque doubie du petit. ; Elle eft compofée de fix tours de fpirales qui vont en def- cendant peu obliquement de droite à gauche. La premiere fpire, celle qui fait l'ouverture, eft arrondie & très-grande. Sa longueur eft triple de celle des cinq autres tours pris en- femble, qui font le fommet. Ceux-ci font peu renflés & peu diftingués les uns des autres : ils fe terminent en une pointe affez large & arrondie. L'ouverture à la figure d’une ellipfe irréguliere, aiguë dans fes deux extrêmités, & dont la longueur eft quadruple de fa largeur. Elle fe termine dans fa partie fupérieure en un canal aflez large, formé par l’enfoncement de la lèvre droite, qui n’eft nullement échancrée. Son grand diametre eft incliné obliquement fur celui de la coquille, & prefque trois fois aufli long que le fommet. a lèvre droite de l’ouverture eft fort épaifle, & bordée d’un cordon qui s’éleve au dehors comme un ourlet. Ce cor- don, ce bourrelet fait tout Le tour du canal fupérieur de l’ou- verture, &il vient, en fe repliant fur la lèvre gauche, y for- mer une longue dent qui rentre dans l’intérieur de la coquille. C’eft par ce bourrelet de la lèvre droite qu’on diftingue les coquilles des Porcelrines d’avec celles des Pucelages qui n’en ont pas la moindre apparence. Au refte le bord intérieur de cette même lèvre a de plus une douzaine de petites dents dif- tribuées dans toute fa longueur: ces dents font fi petites dans quelques-unes, qu’on à de la peine à les diftinguer. La lèvre gauche eft renflée, arrondie, & garnie de quatre grandes dents depuis fa partie fupérieure jufqu’à fon milieu. Cette coquille n’eft fujette à varier que dans la couleur, qui eft roufsâtre dans les unes, châtain dans d’autres, ou d’un agathe-clair , tigré de petites taches blanches répandues çà & là fans ordre, & traverfé par trois larges bandes fauves ou d’un brun rougeître. Elle eft toujours d’un beau poli, parce qu’elle n’a point de périofte ni intérieurement ni extérieu- rement. 57 Spires, Sommet, Ouverture, Couleur, Périofte. Ête, La tête T de l’animal de la Porcelaine eft cylindrique, lé- A nee H ne Üornes, Yeux. Douche, Manteau. Pied, 58 COOUILEAG ES. gerement applatie, de longueur & de largeur à peu près égales. Son extrémité forme une échancrure allez étro te, des “deux côtés ce laquelle partent deux cornes C. C. coniques, fort minces, & d’une longueur qui furpañle peu la fienne. Ces cor- nes font peu éloignées l'une de l’autre, parce que la tête a peu de largeur. Un peu au-deflus de leur origine vers la qua- trieme partie de leur longueur, on voit un renflement fem- blable à une petite colomne cylindrique qui feroit adoflée fur leur côté extérieur. C’eft fur l’extrèmité fupérieure de ces renflemens ou de ces deux colomnes que font portés les yeux Y. Y. Îls font aflez gros, arrondis , & s’élevent comme deux petits points noirs. La bouche eft placée au-deflous de Ja tête , vers le milieu de fa longueur. Elle y fait une légere é éminence , percée d’un trou rond B , d’où fort une langue ou trompe L. une fois plus longue que la tête. Cette trompe eft blanche, dentée & per- cée à fon extrêmité de même que celle de l’ Yèr, & elle lui fert aux mêmes ufages. Le manteau eft une membrane fort mince, luifante, ex- trèmement unie, & entiere fans découpures. Dans les coquil- jages que nous avons examinés jufqu’ici, cette membrane ne rapilfe que les parois intérieures de la coquille , fans fortir au dehors : mais dans la Porcelaine elle s'étend à droite & à gau- che fur le dos de la coquille , de maniere qu’elle y forme deux pans M. N. qui recouvrent près de la moitié de fa furface ex- rérieure. Ces deux pans ne font pas égaux : celui de la gau- che N. eft plus ample & s'étend davantage que celui M. de la droite. La membrane du manteau fe replie encore à fon extrêmité antérieure & fur le col de l'animal , pour q former un tuyau K. cylindrique, un peu plus long que la tête, & qui fort par le canal de la coquille. El fe place quelquefois entre les cornes, & quelquefois il fe rejerte fur Le côté gauche, comme on le voit dans la figure. Le pied P. forme une ellipfe arrondie à fes extrémités, & une fois plus longue que large. El elt grand & furpañle de près a ane troifiéme partie la longueur & la largeur de la coquille. s bords font entiers, quoique légerement ondés. En deffous il eft coupé par deux profonds fillons, dont lun $,. eff plus UNIVALVES. so grand & le traverfe à fon extrêmité antérie ure: l’autre filion V. eft plus petit, mais plus profond , & creufé un peu devant fon milieu & parallèlement à fa longueur. Le fond de la couleur de l’animal eft couleur de chair, bi- garé de quelques petits points blancs. On trouve ce coquillage affez abondamment fur les rochers de l’ifle de Gorée ; mais particulierement pendant le mois d'avril, & dans les lieux où la mer bat avec une grande vio- lence. 2 ASE ON AE LP: La feconde efpece de Porcelaine que j'appelle du nom de Narel, ne differe de la premiere que par fa coquille. Elle à à peine un pouce de longueur, & une fois moins de largeur. Sa furface extérieure eft relevée de quinze cane- lures ou petites côtes paralleles à fa longueur, & qui ne pa- roiflent que dans la partie inférieure des fpires, dans l'endroit où leur renflement eft plus confidérable. Son ouverture eft beaucoup moins évafée que dans la pré- cédente : elle a une longueur quintuple de fa largeur. Sa couleur eft quelquefois blanche fans mêlange, quel- quefois veinée d’un grand nombre de lignes grifes , ondées en zigzag parallèlement à fa longueur. Elle fe trouve avec la précédente, quoique plus rarement, x L'E G OU EN PTE Cochlea longa pyriformis vuloaris, lævis, labio interno dentato, fim- briata, candida. Guakr. Ind. pag. & tab. 25. lire. B. La coquille de l’Egouen n’a que neuf lignes de longueur. Sa largeur eft de moitié moindre. Son fommet eft cinq fois plus court que l'ouverture , & compofé de fix fpires applaties & beaucoup moins diftinéctes que les précédentes. Il diflere encore du leur en ce qu’il eft fort pointu. L'ouverture reflemble à celle du Narel; mais elle eft plus droite, & parallele à la longueur de la coquille. Sa lèvre droite n’eit point dentée; & les dents de la lèvre gauche fe rapprochent un peu plus de fon extrèmité fupé- rieure, & font plus ferrées que dans les deux efpeces qui précèdent. H ji Couleur, CoqQuiLir, Ouverture. Couleur. CoqQuizer. Sommet. Ouverture. Couleur. ANIMAL. Manteau, COQUILLE. Spires, Sommet. Ouverture, Go COQUILLAGES Le fond de fa couleur eft ordinairement blanc ou agathe clair, & quelquefois d’une très-belle couleur de chair. Elle eft fort commune autour de l’ifle de Gorée. L'LÉE VOS LE Venere alba fafciculis tranfverfis aureis vittata. Bonan. recr. pag. 144. claff: 3. n. 238. Buccinum Perficum parvum, fafcuis rufis densè depiétum. Lif?. hiff. Conch. tab. 803. fig. 9. Buccinum Perficum parvum, maculis rufis densè depiétum. Æju/d. ibid. Te 10. 5 alba fafciculis tranfverfis aureis vittata. Muf. Kirk. P.463.n.138. Perficula lineis croceis circumdata. Periv. Gaxoph. vol. 1. car, 308. tab. 8. fig. 10. Perficula guttulis croceis lineata. Ejufd. ibid. cat. 309. tab. 8. fig. 2. Porcellana Erythræam referens major. Barrel. Icon. pag. 133. tab. 1322. 7e es longa, pyriformis , intorta & fulcata ,‘umbone quafi compla- nato , labio externo leviter fimbriato, candida , aliquando carnec colore nebulata, lineis croceis densè circumdata. Gual. Ind. pag. & tab. 18. lire. B. Cochlea longa , pyriformis, intorta, & fulcata, fublivida, punétis cro- ceis, vel rufis densè confperfa. Ejufd. ibid. lire. C. D. E. L'animal de cette quatriéme efpece de Porcelaine 4 le man- teau un peu plus ample que les précédentes ; il recouvre les trois quarts de la coquille. , Son tuyau en fort auffi très-peu & eft plus court que la tête, Sa coquille eft un ovoide obtus aux deux extrêmités. Son grand diametre a un pouce au plus de longueur, & furpafle de moitié le petit diametre. Elle n’a que quatre tours de fpirale, dont le premier fait toute la coquille. Les trois autres font peu apparens, & for- ment un fommet ordinairement applati,& quelquefois creufé comme un petit nombril. L'ouverture eft courbée en forme de croiffant égal à la lon- gueur de lacoquille, à laquelle elle eft parallele. Elle reflem- ble à une longue fente qui à cinq fois plus de longueur que de largeur. Sa partie fupérieure forme un canal étroit & pro- fondément échancré. On voit encore dans fa partie inférieure UNIVALVES. Gt üne efpece de canal, mais infiniment plus peut & femblable à un léger fillon. La lèvre droite eft bordée au dedans & dans toute fa lon- gueur de douze à quinze dents fort petites & peu fenfbles dans la plüpart. Huit dents un peu plus grandes s'étendent depuis la par- tie fupérieure de la lèvre gauche, jufques un peu ar-leflous du milieu de fa longueur. La couleur varie beaucoup dans les coquilles de cette ef- pece. Les unes font blanches , les autres {ont tigrées de pe- tites taches rouges. D’autres font rayées de quinze à vingt lignes très-étroites , qui les traverfent circulairement : ces lignes font jaunes dans les unes & rouges dans les autres. Elle fe voit fréquemment fur les côtes du cap Verd, & dans les rochers de l’ifle de Gorée. HUbE. DU CHONRP RE Cette efpece fe rencontre auffi dans les rochers de l’ifle de Gorée, mais beaucoup plus rarement. L'animal reflemble au précédent. Sa coquille n’a que fix lignes de longueur , & moitié moins de largeur. Le fommet eft applati comme dans l’efpece qui précede. L'ouverture eft prefque droite , & fi étroite qu’elle a fix fois plus de longueur que de largeur. La lèvre droite, au lieu d’être arrondie au dehors comme dans les précédentes, forme deux efpeces de bourrelets ap- platis & diflingués par deux fillons affez profonds. Elle eft bordée intérieurement de vingt petites dents répandues fur toute fa longueur. Dix dents un peu plus grandes pgarniflent la moitié fupérieure de la lèvre gauche. La couleur de cettecoquille eft un fond blanc, coupé tranf- verfalement par un nombreinfini de petites rayes gris-de-lin. ERL'E NC ROLS Pre. Je rapporte au genre de la Porcelaine cette fixiéme efpecc & la fuivante, auxquelles on a donné le nom d’Olives à caufe de la figure de leur coquille. J’en ai vû les animaux, mais letems ne m'a point permis de les examiner: je fçai feu Couleur, COQUILLE. Sommet, Ouverture, Couleur, CoQUILLE. 6z COQUILLAGES lement qu’ils ne diflérent pas fenfiblement de ceux des ef. peces de Porcelaines que je viens de décrire; & c’eft ce qui m'a déterminé à les mettre à leur fuite, Rhombus ex toto albidus feu leucophæus, unicà ftriâ acutâ circumdatus. Lifi. hift. Conchyl. tab. 717. fig. x. Rhombus parvus, majufculis maculis diftinétus, & labro & columellä ex violà purpurafcentibus. Ejufd. tab. 7211. fig. G. Rhombus parvus anguftior , densè maculatus , labro tantum interno levi- ter purpurafcente. Ejufd. ibid. fig. 7. Rhombus nebulatus & fafciatus columellà fubcrocei , claviculä fulcari. Ejufd. tab. 728. fig. 16. Rhombus undatus, fffuri intimä violaceä , claviculà comprefsi. Ejufd, tab. 731. fig. 20. Rhombus crafioribus undis exaratus, claviculâ obtusi fulcatà, Ejufd. tab. 734. fig. 23. - Rhombus denlis undis depiétus , claviculà obtusâ fulcatä. Ejufd. ibid. PARTS Br nonus. Rumph. Muf. pag. 110. art. 9. tab. 39. fig. 7. Olive blanche & agréablement marbrée de taches brunes. Hifl. Conchy£. pag. 286. planc. 16. fig. Q. | Olive blanche avec deux bandes dans fes extrèmités, formées par des lettres brunes, où l’on lit diftinétement deux B & un D ; appellce Litterata. Ejufd. ibid. fig. R. Cochlea cylindroidea, lævis, vel fubrufa, vel leucophæa, vel albida, ma- culis fubpurpureis diftinéta. Gualr Ind. pag. & tab. 13. litt. C. D. Cochlea cylindroidea, lineis fufcis, luteis, & fubcæruleis undatim exa- rata, labro interno rugofo, & rofeo. Fjufd, ibid. lite. G. Cochlea cylindroidea, albida, obfcurè ex luteo punétata. Eyfd. ibid, Licie H, JL, Cochlea cylindroidea, candida, lineis fufcis , & lividis undatim depicta. Ejufd. ibid. lite. M. N. OO. PP. Cochlea cylindroidea, albida, ex fufco undatim lineata, & fafciata, nonnullis maculis nigricantibus rard notata. Ejufd. pag. & tab. 24, lire, D. Cochlea cylindroidea, ex luteo, livido, & fubcæruleo variegata & faf- ciata. Ejufd. ibid. lite. F. Cochlea cylindroidea, ex luteo viridefcen$, tribus fafciis fufcis nigrican< ubus cinéta. Eju/d. ibid. lite. L. Cochlea cylindroidea , ex fufco viridi , albo, & fubluteo undatim pi“, ex nigro fafciata, intüs candida; Ramphii. Eyufd. ibid. lire. N. La coquille du Girol eft extrêmement épufle, cylindrique, arrondie par le haut, & pointue à fon extrémité inférieure, UNIVALVES. 6 c'eftà-dire, au fommer. Elle à près d’un pouce de longueur & moitié moins de largeur. Les fept tours de fpirale qui la compofent, font applaties & fort ferrées, mais diftinguées les unes des autres par un fillon profond qui fai paroître leurs bords aigus & tranchans. L'ouverture eft trois fois plus longue que le fommet. Sa longueur eft quintuple de fa largeur, & prefque parallele à la longueur de la coquille. Elle eft très-aigué en bas, fans canal , & plus large en haut où elle eft coupée d’une large crénelure. La lèvre droite eft aiguë quoique fort épaifle. Elie paroît d’abord fans bordure, mais lorfqu’on la regarde au dehors, on apperçoit comme une lame de plus d’une ligne de lar- geur, qui s’éleve fur fa furface extérieure où elle forme une efpece de pl. La lèvre gauche eft arrondie, & laifle voir vers le haut quatre à cinq lames peu élevées, dont les bords forment au- tant de replis ou de petites côtes faillantes & un peu écar- tées, au-deflous defquelles on voit huit à feize dents aflez lon- gues & fort étroites, qui vont jufqu’en bas de l’ouverture. La couleur de cette coquille eft peu conftante. J'en ai de blanches, de jaunes, de jaunes-livides , de jaunes-verd , & même de verdatres fans aucun mêlange. J’en ai auffi qui, fur ces différens fonds, font tachées, tigrées, marbrées ou cou- vertes de zigzags qui s'étendent tantôt fur leur longueur, tantôt fur leur largeur. Ces taches, ces points, ces bandes & ces lignes font cendrés, noirs ou bleuätres dans les unes ; bruns, rougeñtres ou pourpres dans les autres: enfin leur mê- lange eft f varié, que ce feroit perdre fon tems que de faire l’'énumeration Ge toutes celles qui ont été décrites ou figu- rées par les auteurs. Je me fuis contenté de citer une vingtaine des principales variétés, auxquelles on peut rapporter toutes les autres, dont plus de deux cens font parvenues à ma con- noïffance. Leur intérieur eft auffi blanc, jaune , violet, ou pourpre foncé. Je n’ai vû ce coquillage que dans les fables de l’embou- chure du Niger : il y eft fort commun, & toujours enfoncé à quelques pouces de profondeur. Spires, Ouverture, Couleur. 64 COQUILLAGES 7 LARAGON. PL4, Turbo braflienfs, lævi & nitid fuperficie, acutus binis zonis muftelinis _ tranfverfim duétis fuprà colorem cinereum cum albo mixtum. Bon. recr. pag, 165$. claff. 3. n. 369. Rhombus parvus, tenuis, riétu patente , ipsà columella fufcä, claviculà produétiore acutà. Lift. hift. Conchyl. pag. 7219. fig. 17. Turbo brafilienfis, lævi & nitidà fuperficie, acutus binis zonis muftelinis cranfverfim duétis fuprà colorem cinereum cum albo mixtum. Muf. Kirk. pag. 470. n. 363. Cylindrus brafilienfis albus fafciatus. Periv. Gazoph. vol. 1. cat. 578, tab. 59. fige 8. Cylindrus Maderafpatanus, minor albus, ore patulo. Ej4fd. ibid. cat. 242. tab. Go. fig. 3. Strombus labro exteriore craflo & veluti pulvinato. Barrel. Ic. pag. 132. tab. 1322. fig. 17. | Cochlea cylindroidea , mucronata , lævis. Lang. meth. pag. 17. Terebellurn fafciatum zonis muftelinis fuper albo ; Bonanni, Klein. tent. pag. 38. fpec. 7. 2) Dactylus teffellatus; Lifteri. Ejufd. pag, 77. fpec. 10. Daétylus jafpidifans. Ejufd. pag. 78. fpec. 18. CoqQuiLre. Ouverture. €ouleur, Cette efpece fe trouve, moins fréquemment, avec la pré- cédente, à laquelle elle reflemble afez. Sa coquille eft beaucoup moins épaifle; elle a environ quinze lignes de longueur, & une fois & demi moins de largeur. , L'ouverture eft auffi plus évafée, à peine deux fois plus longue que le fommet. Sa longueur eft feulement triple de fa largeur. | La lèvre droite eft un peu plus aiguë & beaucoup plus mince que dans la précédente. La lèvre gauche eft unie & fans dents ; & les quatre ou cinq plis de fa partie fupérieure font fort rapprochés, & forment un cordon aflez relevé. Cette coquille varie beaucoup dans fes couleurs. Son fond eft blanc ou gris, quelquefois fans mélange, & quelquefois coupé par une ou deux bandes jaunes ou de couleur agathe, marbrées de brun. Son intérieur eft ordinairement brun , comme les plis de la lèvre gauche; & quelquefois ce brug üre fur le violet. | dé ASE GENRE UNIVALVES. 6 GE-N RE, XI. LE PUCELAGE. Cypraa. CE coquillage a été appellé par les Anciens des noms de Concha V’enerea & d Ærythræa, que les François ont rendu par ceux de Conque de Vénus ou Pucelage. Ce dernier à prévalu autant à caufe de fa briéveté , que parce qu'il exprime afez bien la figure de fa coquille (1). C’eft pour les mêmes raifons que je lui ai conferve ce nom, fans le confondre avec celui de la Porcelaine, comme j'en ai averti ci-deflus (2). Je n’en connois que trois efpeces fur les côtes du Sénégal. AL 1 HE MIA JE Tin Pis: Concha lævigatoria Nrervyasyp diéta. Colum. Aqua. pag. 67 & 69. Concha Veneris magna gibbofior, latior, multè majoribus maculis nigri- cantibus donata à Madagafcar. Lif£. hit. Conchyl. tab. 682. fig. 29. Concha Veneris ex viridi fufcefcens, lata, valdè gibbofa, maculis fufcis latis depicta; Jamaicenfis. Ejujd. tab. 687. fig. 34. Concha Veneris magna crafla, lata, ventre & ipsa rima nigricante, dorfo magnis maculis reticulatim depiéto ; ex infulà Mauriui. Æyufd. tab. 703. fig. 52. Veneris concha Indica media, alba polita, nigro maculata. Periv, Gazoph. vol. 2. cat. 273. tab. 96. fig. 7. Veneris concha Indica media , maculata, coftis & ventre latis nigrican- tibus. Eyufd. ibid. cat. 274. tab. 96. fig. 8. Erythræa lituris punétulifque maculofa, lineä anguftiore dorfum percur- rente. Barrel. Ic. pag. 133.tab. 1321. fig. 23. Erythræa maculofa, major, lineà anguftà fuprà dorfum ferpente. Fufu. ibid, tab. 1322. fig. 24. Porcellana fimbriata, bafi lata, in dorfo magnis maculis ex fufco fulvi- dis, & nigricantibus nebulata; lateribus colore livido lucido, veluti in ÂAchate eleganter diftinétis. Gualt. Ind. pag. & tab. 15. lire. S. T. Sa coquille À. repréfente une portion d’ovoide qui feroit Coquiscr. coupé par la moitié dans fa longueur. On juge bien par-là (2) Concha Venerea fic difta , % Afy rb peogto movesnein mas tosivey. 73 re peraiù ae nav ourel: #94 79 tvd'orép® o1A0TyTI , TA hrex , Quia partem fœmineam quodam modo repræfentat : externè quidem per labiorum fiffuram , internè verd propter cavitatem uterum mentientem....... Sunto igitur diétæ Porcellanæ (id eft Vencreæ ) 2] 7110 pags ro yuyaixeioy uidoïey ouoisrile , Ob aliquami cum pudendo muliebri fimilitudinera Aldrov. Exang. pag. 552. {2) Voyez la page 56, Sommet. Ouverture, Couleur, 66 COQUILLAGES qu’elle a deux faces; l’une plane, qui eft le devant ou le def- fous ; & l’autre convexe, qui eft le dos. Son épaifleur eft aflez confidérable. Quoiqu’elle ne paroïfle pas tournée en fpirale, elle eft ce- pendant compofée de cinq tours qui vont horizontalement de droite à gauche. Le premier tour eft prefque le feul qui {oit fenfible à caufe de fon volume:1l forme, pour ainf dire, lui feul toute la coquille, & efface les quatre autres, qui font un bouton ou un fommet, à peine apparent, à fon ex- trêmité inferieure. L'ouverture eft une fente égale à la longueur de la co- quille, & placée à peu près dans fon milieu, cependant un peu plus proche du côté droit que du côté gauche. Elle n’eft pas tout-à-fait droite, mais elle fe courbe un peu vers fes ex- trêmités, en confervant un parallélifme aflez exact avec l’axe de la coquille. Dans l’endroit où elle eft plus large, elle à à peine la dixiéme partie de fa longueur. Ses deux extrémités forment un canal profondément échancré dans la premiere fpire. La lèvre droite eft de moitié moins large que la gauche, &: quoiqu’elle paroïfle tournée comme elle en fpirale, elle ne l’eft pas néanmoins: elle eft feulement repliée ou ramenée en dedans, où elle forme une grande cavité. Ses bords font obtus, très-épais, fans bourrelet, & relevés d’un bout à l’autre de trente-trois dents tranfverfales aflez longues & à peu près égales. à Ea lèvre gauche eft convexe & renflée au dedans de la coquille, où elle tourne en fpirale. Elle fait une cavité no- table dans fa partie fupérieure. Ses bords ne portent que trente-une dents un peu plus longues & moins épaifles que celles de la lèvre gauche. Le plan formé par la largeur de ces deux lèvres n’eft pas exa@ement horizontal : il rentre tant foit peu en dedans de la coquille. : Les plus grandes que j'ai obfervées avoient environ trois pouces un quart de longueur, & une fois moins de profon- deur. Leur largeur étoit moindre d’un tiers. Leur couleur étoit agathe dans quelques-unes, brûlée dans d’autres, mais beaucoup plus claire en deflous , & marquée fur le dos de UNI VALVES. 6} grandes taches brunes. Ces taches étoient quelquefois féparées dans les dernieres par une ligne qui s’étendoit d’un bout à l’autre de la coquille vers fon milieu. Les dents de l’ouver- ture étoient ordinairement blanchâtres, & la fente étroit quel- quefois noire, mais plus fouvent d’un brun-clair. Toute leur {urface étoit d’un beau poli. : Il y a peu de coquilles dont les variétés foient mieux ca- raétérifées dans la même efpece. J’en fait figurer, dans leur grandeur naturelle , fix des plus remarquables, dont je vais décrire les différences en rapportant à chacune les citations des Auteurs qui les ont figurées. Celle que repréfente la lettre D. a une fois plus de Ion- ueur que de largeur. La lèvre droite de l'ouverture eft une fois plus étroite que la lèvre gauche, & garnie de vingt-trois dents, tandis que celle-ci n’en a que vingr-une. Le plan formé par ces deux lèvres eft arrondi ou convexe. Elle eft blanchâtre en deflous, & gris-de-fouris fur le dos, qui eft fouvent traverfé par deux bandes étroites moins fon- cées. Ses extrèmités font rougeñtres & marquées ce deux points noirs. Venerea in mari Siculo , & Tarentino frequens , ubi vuled vocatur Por- celetta. Bon. recr. pag. 145. claff. 3.n. 251. Concha Venerea lævis, ex fufco rufefcens, bifafciatia ad claviculam tri- bus aut pluribus maculis nigricantibus depiéta, item ad cervicem binis tantüm. Lift. hifl. ConchyL. tab. 671. fig. 17. Concha Veneris crafla, fufca, & claviculâ & linguæ canali croceis, item utrinque binis maculis nigricantibus notata ; infulæ Afcenfonis. Ejufd. tab. 673. fig. 19. Porcelaine appellée la Souris, dont la couleur tire fur le gris, avec des points noirs à chaque extrèmité, imitant les yeux de cet animal. Hiff. Conchyl. pag. 310. pl. 21. lier. C. Porcellana vulgaris, lævis, lucida, duabus maculis nigris in utroque ca- pite infigniter notata, ventre albido, aliquando croceo. Gualt. Ind. pag. & tab, 13. lite. E. Porcellana vulgaris, lævis, fufca, lucida, duabus fafciis albidis in dorfo, & duabus maculis nigris in capite donata. Ejufd. ibid. litre. J. On voit à la lettre E. une autre variété fort mince & lé- gere : elle a moitié plus de longueur que de largeur. La lèvre droite de l’ouverture eft deux fois plus étroite que la gauche & bordée de dix-fept dents fort courtes & arrondies. La lèvre Li Varieres, 58 C'ONONU I L'LAIGES gauche n’en a que treize femblables, dont on ne voit bien que celles des extrèmirés ; celles du milieu font à peine fenfibles. Le plan de ces deux lèvres eft convexe. Les {pires du fommet {ont aflez apparentes. Elleeftgrie, avec trois bandes brunes, qui manquent dans quelques-unes. Concha Venerea exigua , ferè plumbei coloris, aut leviter purpurafcens; ex infulà Mauricui. Life. hifl. Conchyl. tab. 656. fig. 1. Concha Veneris fubflava 1psà rimä purpurafcente , tribus fafciis circum- data, leviore tefta , è Madagafcar. Eyjufd. ibid. tab. 66. fig. 9 Concha Vans fufca, valdè levis, duabus fafciis albidis exornara; . badenfis. Ejufd. tabs 667. fig. 11. Concha Veneris parva fubcinerea, ventre candido , unicà fafcià fufci, laïque circumdata, dorfo paululum gibbofo, admodüm levis. Ejufd. tab. GGS. fig. 13. La variété de la lettre F. refflemble à la précédente. Elle eft feulement un peu plus épaille & un peu plus grande. Son fommet ne paroît pas au dehors. La lèvre droite de l’ouver. ture eft une fois plus étroite que la gauche: elle a feize dents courtes, mais grofles. La gauche en à un pareil nombre. Elle ef blanchâtre en deflous , & brune en deflus, avec des taches blanches, coupées par une ligne de même couleur qui la parcourt dans fa longueur, Concha Veneris parva purpurafcens, exiguis ÉRbES albis densè depicta: Lift. hifl. Conchyl. tab. 694. Je. Al. Éddcta Veneris parva tenuis rimä candidà, dorfo fufco maculis albis re- ticulatim depiéto. Ejufd. tab. 301. fie. 49. Concha Veneris tenuis, lateribus nigricantibus , dorfo maculis albis dif- tinéto ; ex infulà Mauriti. Eju/d. ibid, tab. 704. fig. s 3. Porcellana Variolx diéta. Rumph. Muf. pag. 115. art. 13. tab. 38. fio. O Concha Veneris minor maculata & oculata. Periy. Gazop L. vol. 1. cal 5008 tab. 9. fig. Concha Veneris Cr ee Ejufd. vol. 2. car, 275. tab. 96. fig. 9. La quatriéme variété figurée à la lettre G. eft infiniment plus épaifle & plus pefante que toutes celles dont j'ai parlé jufqu'ici. Elle eft auffi moins allongée & plus applatie: Sa longueur furpafle à peine d’un tiers fa largeur. La lèvre droite eft prefqu’auffi large que la gauche. Elles ont chacune quinze dents fort longues & femblables à celles de la lettre À. & UNIVALVES. 69 leur plan eft prefqu’applati. Le fommet ne fe voit pas au dehors. Sa couleur eft blanche en deflous, & brune fur le dos, dont le milieu eft picoté d’un grand nombre de petites taches blanches qui y font une efpece de réfeau. Ses extrèmités font marquées d’une grande tache blanche. Venerea teftudinis inftar gibbofa, dorfo rufo albis ftellulis notabili. Box. recri pag. 147: claÿe 3°. 18. Concha Veneris eraffa ventre lato, rimâ albidà , lateribus nioric ss dorfo fummo albis maculis depicto ; ex infulà Mauritir. Lift. hift. Conchyl. tab. 702. fig. 50. Porcellanx fpecies 62. Rumph. Muf: pas 7. 114. tab. 38, fig. F. Porcellana fimbriata, lævis , dorfo fubflavo, aie punétis minimis fignato; Prnbus fufco colore latè obfcuraris ; 5 rima albidà, capi- tibus aliquantulam tuberofis. Gualr. Ind. pas. & tab. +5. lite, J.O. Porcellana in utroque latere fimbriata, crafla, ventre laro , rimà albidà, lateribus nigricantibus ; dorfo fummo sis maculis piéto, vel etiam fafcia favidà diftinéto; Lifteri & Rumphui. Klein. tent. pag. 89+ Jpec. 4: ne 1e La lettre H. montre une cinquiéme variété fort petite, & de même forme que celle de la lettre D. Elle a une fois plus de longueur que de largeur. L'ouverture eft prefque droite, & garnie de dix-neuf dents à fa lèvre droite, & de feize feu- lement à fa gauche. Ces dents font aflez longues. Le fommer eft cache au dedans. Le fond de fa couleur eft blanc, traverfé fur le dos de trois bandes brunes, qui lui ont fait donner improprement le nom de petit Afñe. Venerea laëtea tribus fafciolis oftrinis fegmentata, quas aureæ lacinix exornant. Bonan. recr. pag. 144. cl 21230 Concha Veneris parva, candida, tribus latis fafciis higricantibus depiéta ; exinfulis Maldivis. Liff. hifl. Conchyl. tab. 666. ie. 10, Porcellana Afelli. Rumph. Muf. pag. 118. art. 12. tab. 39. fis. M. Venerea laétea tribus fafciolis oftrinis fegmentata , quas aurex laciniæ exornant. Muf. Kirk. pag. 464. n. 235. Veneris concha Indica minor trifafciata. Periv. Gazoph. vol. 1. cat. 190. tab. 97. fig. 11. Erythræa minor variegata & fafciata. Barrel. Ic. p. 133. cab. 1326. fig.27. Porcelaine appellée le petit Afne, à caufe de trois barres noires qui fe voient fur fa robe blanche. Hifi. Conchyl. pag. 311.pl 23. fi T:. Porcellana fimbriata , lævis, minor, de wibus Pre fafciis nigrican- 70 COQUILLAGES tibus, vel ex fufco rufefcentibus cincta. Gualr. Ind. pag. € tab. 15. lit. M. Porcellana brevis fivè elatior vel gibba, Afelli ; triplici zonâ nigrâ tranfver- fali perdorfum album; Rumphii. Klein. rent. pag. 86. fpec. 2. n. 10: On voit encore une fixiéme variété à la lettre J. Elle aun certain rapport avec celle de la lettre F; on n’y voit aucune apparence de fommet; mais les dents de l’ouverture font très- longues & des plus faillantes. Ces dents font au nombre de feize fur la lèvre droite, & l’on n’en compte que treize fur la lèvre gauche. Sa couleur eft un fauve foncé dans quelques-unes & clair dans d’autres, au milieu duquel un nombre infini de petits points blancs forment un efpace blanc, agréablement bigaré de plufeurs taches fauves & rondes de médiocre grandeur. Dans quelques-unes les taches blanches font moins fenfi- bles, & l’on ne voit que les points fauves qui fe répandent avec aflez d'ordre fur tout le dos de la coquille. Venerea ftellata fpeciofiflima , moneta infularum Philippinarum, dorfo partim violaceo partim livido , intus ftellulis laéteis & aureis deco- rato. Bon. recr. pag. 144. claff. 3. n. 247. Concha Veneris parva ventre & lateribus flavefcentibus, ipfo linguæ ca- nali leviter purpurafcente , dorfo maculato avis & innumeris punc- turis candidis; ex Maldivis. Liff, hifl. Conchyl. tab. Go, fig. 38. Venerea ftellata fpeciofifima , moneta infularum Philippinarum, dorfo parum violaceo , partim livido, intùs ftellulis laéteis & aureis de- corato. Muf. Kirk. pag. 464. n. 246. Veneris concha Indica minor, maculata, rimà crocei. Periv. Gazoph, vol. 2. cat. 281. tab. 97. fis17. Porcellana fimbriata , lævis, fubfulva, albis maculis depiéta, rimä fub- crocea ; ventre & lateribus albidis, purpurafcentibus maculis fignata. Gualc. Ind. pag. 6 rab. 15. lite. G. Porcellana in utroque latere fimbriata : ftellata, thoracica ; ftellulis rubigi- nofis in dorfo albido diftinéta, lateribus ex fufco caftaneis; Rumphii & Bonanni. Ken. tent. pag. 85. fpec. 4. n. 4. Porcellana in utroque latere fmbriata : falita : ventre & lateribus flavef- centibus; Lifteri. Ejufd. ibid. pag, 90. n. 13. C. Je pourrois citer un plus grand nombre de variétés aufli remarquables que celles que je viens de décrire, & que j'ai toutes examinées avec foin: mais ce petit nombre fufht pour faire connoître de quelles fortes de changemens cette efpece de coquille eft fufceptible, tant pour la forme, que pour le UNIVALVES. 7 nombre des dents & les couleurs, dont la feule énumération grofiroit inutilement ce volume. L'animal qui habite cette coquille ef le même dans toutes les variétés qui me font tombées fous les mains. Sa rêre T. eft cylindrique, d’une longueur égale à fa Iar- geur, & échancrée à fon extrèmité , au-deffous de laquelle on voit une petite éminence arrondie & coupée par un petit fillon B. tracé dans toute fa longueur. Ce fillon eft l’ouver- ture de la bouche. De l’extrèmité de la rête fortent deux cornes C. C. qui étant pofées fur fes côtés, laifent entr'elles une échancrure creufée en demi-cercle, Elles font de figure conique, très- allongées, déliées, & terminées par une pointe très-ine. Leur longueur eft égale à la troifiéme partie de la longueur de la coquille. Un peu au-deffus de leur bafe & à peu près à la cinquiéme partie de leur longueur , on voit un renflement aflez confi- dérable fur leur côté extérieur. C’eft précifément au haur de ce renflement que fe trouvent les yeux Y. Y. Ils font un peu faillans. Avec le fecours du verre lenticulaire, on y diftingue une petite prunelle ronde & blanche, autour de laquelle s'étend l'iris d’un diametre fix fois plus grand & de couleur noire. C’eft prefque le feul coquillage auquel j'aie pù appet- cevoir auffi clairement l'iris diftingué de la prunelle : c’eft au prefque le feul dont on puifle dire qu'il fait ufage de cet organe, & il en a le fentiment aflez fin. Le manteau du Pucelage eit encore plus remarquable que fes yeux. Il refflemble à celui de la Porcelaine(r}en ce qu'il fort au dehors de fa coquille; mais il en differe en ce qu'il l’enveloppe en entier de maniere qu’elle difparoît entiere- ment à la vüe. On peut dire qu’il forme alors un vrai manteau, dont le pan M. de la gauche eft plus ample que celui de la droite, & le recouvre en partie. Lorfque l'animal rentre dans fa coquille, ce manteau rentre très-promprement avec lui: mais il n’en eft pas de même lorfqu'il veut le faire fortir ; 4l ne s'étend que fort lentement & comme en tâtonnant; il lui faut un tems raifonnable pour s’en envelopner entierement. Dans cet état on prendroit le Pucelage plutôt pour un animal (1) Voyez la page 58. Ye 1XS eant. Couleur. Remarque. 72 COQUILLAGES entierement mol & charnu tel que les lièvres-de-mer, que pour un animal à coquille. Son manteau a encore une particularité moins fenfible. Sa partie antérieure, celle qui eft placée fur fon col , eft re- pliée pour former un tuyau K. qui fe loge dans l’échancrure fupérieur e de la coquille. Ce tuyau ne fort point de la coquil- le ; il ne pañle pas fes bords. Le pied P. reflemble à une langue triangulaire aflez mince ; obtufe à fa partie antérieure, & terminée en pointe à l’extrè- inité oppofée. Il égale la coquille en longueur & en largeur. Un large & profond fillon $. le traverfe dans fon extrèmité la plus proche de la tête. On apperçoit auffi fur fa furface inférieure un grand nombre de perits fillons inégaux , Creu- {és légerement fuivant fa longueur. Tout le corps de l’animal eft d’une feule couleur: c’eft un cendré noir, qui eft un peu plus foncé dans Les cornes. Ce coquillage eft fort commun fur la côte maritime du Sénépal, & fur-tout dans les rochers de l’ifle de Gorée. Je l'ai obfervé auf, mais moins fréquemment, auxifles Cana- ries & aux Afores. On voit, en comparant le genre du Pucelage avec celui de la Porcelaine, qu'il y a un rapport infini entre l’un & l’autre. On voit que la coquille de la Porcelaine a d’abord un fommet aflez confidérable & l’ouverture fort évafée dans les trois premieres efpeces, & que cette ouverture & le fom- met diminuent peu à peu, & le retréciffent infenfiblement dans les efpeces 4 & 5, pour fe rapprocher de la forme du Pucelage, auquel elle fe réunit par la cinquième variété H, de la premiere efpece. En examinant la figure de l’animal, on remarque que le manteau ne couvre qu’une partie de la coquille de la Por- celaine dans les premieres efpeces ; qu'il angmente peu à peu dans les autres, de maniere qu’il vient à égaler celui du Pu- celage. Les cornes, la tête, les yeux, le picd , &c. difiérent au fort peu ; & quoique je "n’aie point apperçu de langue ou de trompe dans cette premiere efpece de Pucelage , Où j jene Va pos figurée, celle que j'ai obfervée dans les autres ne me laie aucun lieu de douter qu’elle n’en foit pourvue aufii- bien qu’elles. Ces deux genres rentrent donc l’un dans l’autre par UNIVALVES. 73 par des degrés prefqu’infenfibles. Il n’y a de diférence conf. tante entr'eux que celle que j'ai remarquée dans le uyau au manteau, qui ne déborde jamais la coquille dans le Pucelage, au lieu qu'il paroît toujours au dehors dans la Porcelaine. C'eft fur ce caractere que je me fuis fondé pour en faire deux genres diftingués. bb LE LAND ON DTs. Porcellana vulgaris oblonga, candida. Gualt. Ind. pag. & tab. 13. lite. C. La feconde efpece de Pucelage, à laquelle je donne le nom de Lupon, reflemble entierement à la premiere quant à l’ani- mal, à l’exception de fa couleur qui eft fort blanche. Sa coquille eft médiocrement épaifle, longue de fix lignes Coquircr. au plus, & de moitié moins large. Elle repréfente un ovoide aflez exactement arrondi, de maniere que fa profondeur eft à peu près égale à fa largeur. On compte trois tours de fpirales à fon fommet, qui eft fort applati & peu apparent. L'ouverture differe de celle de la premiere efpece, en ce qu’elle eft prefque droite & fans détours. La lèvre droite eft de moitié plus étroite que la gauche, & bordée de vingt-neuf dents fort courtes & petites. On dif- tingue à peine les traces de cinq à fix dents femblables vers le milieu de la lèvre gauche. Ces deux lèvres forment une furface très-convexe & arrondie. La couleur de cette coquille eft d’un blanc fale. Elle eft fort rare aux environs du cap Bernard proche de l'ile de Gorée. DÉBIT OU, Ve Cette efpece que les nègres nomment Pirou, difiere fi peu de celle qu’on appellé Pou-de-mer fur les côtes de France, que je ferois tenté de la regarder comme variété de la même efpece. Car quoique celle du Sénégal foit d’une blancheur comparable à celle du lait ou de la neige, elle a la forme & le nombre des canelures de celle d'Europe ; & je ne crois pas que la couleur gris-de-lin & les raches brunes qu’on remarque fouvent fur le Pou-de-mer, ni que fa taille qui eft prefqu’une K Sommet. Ouverture, Couleur. Sommet, Ouverture, Couleur, 74 CODUILRDAGCES fois plus grande, foient feules fuflifantes pour Le diflinguer du Bitou du Sénégal. Concha Veneris ftriata, cui fummo dorfo finuato fufcæ maculæ ; Jamai- cenfis & Barbadenfis. Lift. Rif. Conchyl. tab. 706. fig. 56. Concha Veneris exigua, ftriata, leviter admodüm rufefcens, cui fumnio dorfo integto maculæ rufefcentes; Anglica. ÆEjufd. ibid. rab. 707. Jg+ 57- Porcellana Pediculus. Rumph. Muf. pag. 118. art. 15. tab, 39. fie. P. Erythræa omnium minima rugofa & friata. Barrel. Ic. pag. 133. tab. 1326. fig. 28. Porcelaine appellée le Pou-de-mer , rayée & tachetée. Hiff. Conch. p. 310. plaie fie, L. Porcellana vulgaris, ftriis æqualibus circnmdata, dorfo paululum finuato & lineato, bafñ plana, candida. Guair. Ind. pag. & tab. 14. lite. O. Porcellana vulgaris, parva, globofa, ftriara, candida, doro finuato. Ejuf®, ibid. lite. P, Porcellana fimbriata, ftriata, parva purpurafcens, dorfo finuato, ex fufco maculato. Ejufd. pag. & tab. 15. lit. P. Porcellana fimbriata , minor , amethyftino colore fignata , & tribus fufcis maculis in medio dorfi infeéta. Ejujd. ikid. ir. R, La coquille du Bitou n’a guères plus de quatre lignes de longueur fur trois de largeur, & à peu près autant de pro- fondeur : elle eft arrondie comme un petit œuf. [n’y paroît point de fommet : on ne découvre à l'extérieur d'autre tour de fpirale que celui qui forme toute la coquille, & qui renferme les deux autres & les cache dans fon in- térieur. Son ouverture eft prefque droite & beaucoup plus large que dans les deux efpeces qui précèdent. Elle à environ fix fois plus de longueur que de largeur dans l’endroit où elle eft plus évafée. La lèvre droite eft une fois moins large que la gauche. Elles font relevées toutes deux de plufeurs canelures dont le nombre varie depuis quinze jufqu’à trente. Ces canelures font à peu près égales & font le tour de la coquille en s’éten- dant tranfverfalement. Un léger fillon les coupe toutes en deux parties égales en paffant par le milieu du dos. Le plan formé par les deux lèvres eft fort convexe. Sa couleur eft ordinairement d’un beau blanc de neige, & quelquefois couleur de chair extrêmement päle, Celle UNIVALVES. , d'Europe eft communément gris-de-lin , & marquée fur le dos de trois taches brunes , qui fouvent font divilées par la moitié. Quelques-unes, tant de celles que j’ai obfervées au Sénégal Varieres, que de celles qui vivent fur nos côtes de l'Océan , n’ont point de fillon ou d’enfoncement au milieu du dos ; & l’on voit quelquefois dans les unes & les autres, fur le bord extérieur de la lèvre droite de leur ouverture, un léger renflement qui imite le bourrelet. Le petit animal qui habite cette coquille eft peu différent Aximaz des précédens. Ses cornes & fon pied font proportionnel- lement beaucoup plus longs. Celui-ci furpañle de moitié la longueur de la coquille. Le manteau eft d’un blanc prefqu’auffi clair que celui de Manteas, la coquille qu’il recouvre en entier. Comme il eft fort min- ce, & qu'il s'applique exactement fur fes canelures, elles le font paroître couvert de petites éminences ou detubercules, quoiqu'il foit parfaitement life. On trouve ce petit coquillage affez fréquemment fur les rochers de l’ifle de Gorée & du cap Manuel. CPANIR UE, AI LE LE MANTELET. Peribolus, JL LE oenre de coquillage auquel je donne le nom de Man- telet à caufe de la figure de fon manteau, eît le dernier des Univalves que j'ai obfervés au Sénégal ; & 1l a beaucoup de rapport avec le Pucelage & la Porcelaine, comme on le verra par fa defcription. LE DOTAN. PL. Rhombus tenuis ex fufco fafciatus , ore interno ex violà purpurafcente. Lif£. hifl. Conchyl. tab. 741. fig. 37. Rhombus proximè fuperiori fimilis , at prætereà vermiculatim depictus. Ejufd. ibid. pag. 742, fig. 38. Rhombus tenuis ex rufo maculatus. Eyufd. ibid. tab. 748. fig. 42. Rhombus tenuis ex fufco nebulatus fafciatufque. Eyufil. ibid. fig. 43. Rhombus parvus tenuis, fubpurpureus, maculis fufcis fafciatim depitus. Ejufd. ibid. tab. 749. fig. 44. Rhombus parvus tenuis, fubfufcus , bifafciatus. Ejufa. ibid. fig. 45, K ij COQUILLE, Ouverture. Varietés, £oulewr 76 COQUIELAGES Ficus patva ; vel fubpurpurea maculis fufcis; vel fubfufca, bifafciata per ftrias ; Lifteri. Klein, tent. pag. 79. fpec. 7. La coquille du Potan eft fans contredit la plus mince & la plus fragile de toutes celles qui fe trouvent dans les mers. Elle à la forme d’un cylindre obtus à fes deux extrémités, dont l’inférieure porte un petit fommet qui y fait une pointe très-courte. Les plus grandes ont communément un pouce & demi de longueur , & moitié moins de largeur. Elles font formées de fept tours de fpirale qui tournent prefqu’horizontalement de droite à gauche. Le premier de ces tours efface prefque tous les autres, qui font très-diftinéts quoique peu renflés, & qui forment enfemble un fommet quatorze ou quinze fois plus court que lui. Son ouverture repréfente une ellipfe irréguliere, aiguë par le bas, obtufe & fort large par le haut, où, fans être fen- fiblement échancrée, elle forme un canal creufé en portion de cylindre. Son grand diametre eft triple du petit, & prefqu’égal à la longueur de toute la coquille, à laquelle il eft exacte- ment parallele. La lèvre droite de cette ouverture eft extrêmement mince, aiguë & fans bordure, & auf fimple qu’on puifle l’imaginer. La lèvre gauche eft renflée, arrondie, & relevée un peu au- defus de fon milieu d’une efpece de veine aflez grofe, idée, & qui va fe terminer en montant obliquement à l’extrêémité du canal de l’ouverture. Cette coquille dans fon état naturel n’eft jamais couverte d'aucun épiderme ou périofte ; elle eft toujours du poli le plus beau & le plus luifant, mais fans tranfparence. Elle varie peu pour la forme; j'en ai cependant une dont l’ouver- ture s'étend jufqu'au bout inférieur de la coquille, où les fept tours de fpirale fe réduifent à cinq, & forment un fom- met applati & même tant foit peu enfoncé..Les jeunes font un peu plus courtes que les vieilles proportionnellement à leur largeur. | Sa couleur eft moins conflante que fa forme: danses plus petites c’eft un violet, femblable à la fleur des prunes noires, qui s'étend au dedans comme au dehors. Cette couleur de- vient, dans les moyennes, un gris-de-lin fort fale, & coupé tranfverfalement par deux bandes agatlies. Enfin les plus UNIVALVES. 54 grandes font à fond blanc, avec quatre à cinq rangs tranf- verfes de petits points fauv es; ou bien elles font d’un brun clair, marbré de quelques taches blanches, fouvent difri- bues fur trois ou quatre bandes qui les traverfent dans leur largeur. La tête T. de l'animal qui habite cette coquille, eft cylin- drique , & un peu applatie. Sa longueur eft à peu près égale à fa largeur. Elle porte à fon extrêmité, qui eft un peu échancrée, & fur fes côtés, deux cornes C. C. fort longues & très- délices, qui la furpaltent une fois en longueur. Elles font peu éloignées l’une de l’autre à leur origine, & deux fois plus courtes que la coquille. Les yeux font placés un peu au-deflus de la racine des cor- nes, & fur leur côté extérieur YŸ. Y. mais moins haut que dans le Pucelage & la Porcelaine. Ce font deux petits points noirs qui ont peu de faillie au dehors. Au-deffous de la tête, vers le milieu de fa longueur, la bou- che paroît comme une petite ouverture ovale B. Je n’y ai point apperçu de mächoires, & il y a apparence qu’elle ren- ferme une trompe, comme la Porcelaine. Le manteau M. N, de cet animal, quoique plus petit que celui de la Porcelaine & du Pucelage, pufqu'il recouvre à peine la quatriéme partie de la furfice extérieure de fa co- quille , n’eft pas moins admirable. Il eff tout parfemé au de- hors d'un grand nombre de petits filets charnus, cylindriques, obtus à leur extrèmité, & qui ont deux fois plus de longueur que de largeur. Ces flets font mobiles & s “élevent pe ndant que l'animal eft fous l’eau ; mais quand l’eau vient à les quit- ter, ils s’affaiflent & reffemblent à autant de peti ites verrues arrondies. C’eft à caufe de cet ornement que j'ai donné à ce genre de coquillage le nom de Manteiet. L’extrêmité antérieure du manteau forme de plus un tuyau K. cylindrique, auffi orné de filets; mais il eft fi court qu'il déborde à peine le canal de la coquille. Le pied eft extrêmement grand. Il repréfente une langue triangulaire P. P. obtufe à fon extrémité antérieure, où elle eft traverfée par un profond fillon S. L’extrémité oppofée fe termine en pointe plus ou moins aiguë, fuivant là volonté AÂAKIMALS Tête. Cornes, Yeux, Bouche, Manteau, Pied. Couleur. CoQuILLE. Spires. Ouverture. €ouleur. ANIMAL. Manteau, Pied. Cou'eur. 78 COUUITLLAGES de l'animal. Sa longueur elt triple de fa largeur, & furpafle de moitié celle de la coquille, dont 1l égale la largeur. Son corps eft d’un violet obfcur & foncé, qui %e rappro+ che beaucoup du noir. Ce coquillage n’eft pas bien commun fur cette côte. Il vit fur les rochers de la partie méridionale de lifle de Gorée; mais 1l eft rare qu’on trouve fa coquille parfaitement en- tiere, même fur l’animal vivant. ODA RER Mr Porcellana vulgaris. Barrel. Ic. pag. 133. pag. 1322. fig. 30. J'ai trouvé dans le même endroit cette feconde efpece de Mantelet que j’: ‘appelle Falicr. Sa coquille n’a que cinq lignes de Tongueur, & fix tours de fpirale, dont les cinq dernieres font renflées, mais fi étroi- tement unies qu’on a de la peine à les diflinguer les unes des autres. Elles forment un fommet arrondi, quatre à huit fois plus court que la premiere fpire. La lèvre gauche de l'ouverture a vers fon extrèmité fupé- rieure quatre longues dents femblables à autant de plis qui rentrent dans l’intérieur de la coquille. Du refte celle-ci ref- femble parfaitement à la précédente, à cela près qu’elle eft tranfparente, Sa couleur eft blanche, agathe ou jaune, fans mélange, dans quelques individus; & dans d’autres elle eft marquée de deux bandes fauves ou brunes qui fuivent le contour de la premiere fpire. Le fommet eft quelquefois environné d’une pareille bande. Le manteau de l’animal eft auf couvert de filets, mais 1ls font coniques & feulement de moitié plus longs que larges; il a auf un tuyau qui diflere de celui de la premiere efpece en ce qu'il eft dépourvu de filets, & qu’il fort de la coquille, comme dans la Porcelaine, & d'une longueur égale à celle des cornes. Son pied eft de moitié plus large que la coquille. Le corps des plus jeunes eft blanc pâle, taché de petits points jaunes & rouges, qui dans les adultes deviennent fau- ves ou bruns. Comme Îeur coquille eft fort mince & tran£ UNIVALVES. 5 parente, ces taches paroiflent lui appartenir auffi-bien qu’à l'animal; mais Lorfque celui-ci en eft détaché & féparé , elle n’a d'autre couleur que celle que j’ai fait obferver dans ma defcription. 3, LE STME R Le $. Concha Veneris exigua alba, verè cylindracea. Liff. h!ff. Conchyl. tab. 314. fig. 7o. 12. Cette troifiéme efpece ne différe de la feconde que par la Forme & la couleur de fa coquille. Elle eft plus étroite fur une largeur pareille. Elle eft aufi plus épaiffe, moins fragile & fans tranfparence. L'ouverture a cinq à fix fois plus de longueur que de lar- pueur. Sa lèvre droite, fans être bordée , a une épaifleur qui la rend obtufe. Elle fe fait remarquer par une légere cour- bure qui femble la plier dans fon milieu & la rentrer un peu en dedans. Le fond de fa couleur eft ordinairement blanc, & quel- quefois agathe, ou brun, traverfé par deux bandes fauves, comme dans la feconde efpece. C’eft de cette efpece de coquille que les riègres fe font des bracelets, des colliers & d’autres ornemens femblables, en les enfilant dans leur longueur, comme les Européens enfi- lent des grains de verroteries. Elle fe trouve abondamment fur toutes les côtes du Sénégal qui font bordées de rochers. LOMÉLSTIP ON, PE On trouve encore cette efpece autour de l'ifle de Gorée. Sa coquille n’a jamais plus de deux lignes & demie de lon- gueur : fa largeur eft moindre de moitié, Son ouverture eft femblable à celle de la troifiéme efpece; mais la lèvre droite eft bordée de quinze à dix-huit dents peu fenfibles. La lèvre gauche a huit ou dix dents répandues dans toute fa longueur, dont les deux ou trois premieres d’en haut font plus grandes que les autres. Sa couleur eft ordinairement d’un blanc de lait fans mê- ange : quelquefois elle eft coupée par une large bande fauve qui tourne avec la premiere fpire. CoQuiire. Ouverture, Couleur, CoquiLlie, Ouverture, Couleur, ï. Gondole, Bulin. Coret. Piétin. Limaçon. Ormier, Lépas. 80 COQUILLAGES Cette efpece paroïît {e rapprocher des efpeces trois & quatre (1) du genre de la Poicelaine. REMARQUES Sur Les LimAcçons UNiIvaLzves. J'Ai râché de faire voir dans cette premiere fection les rap- ports qui fe trouvent entre les Coquillages qui y font traites, en rapprochant ceux qui ont entr'eux le plus de reffemblan- ce, & en les réuniflant en cinq petites familles ; mais on peut les confidérer encore fous plufeurs autres points de vüe: on peut les regarder comme formant deux familles diftinguées, dont la premiere raflemble les fept premiers genres, ceux qui font les plus fimples, tant dans la figure de la coquille que dans celle de l’ animal, tels que la Gondole, le Bulin, le Coret, le Pictin, le Limaçon, l’'Ormier & le Lépas. On a vü r°. que “oit que leur coquille für faite En bain, ou roulée en fpirale, foit que les {pires fuffent tournées à droite ou à gauche, leur ouverture n'a point de canal à a aucune de fes extrémités. 20, Que leur animal n’a point de langue qui forte hors de la host mais feulement deux mâchoires. o, Que l'ouverture de l’anus & de la refpiration ne fe trouve que fur les côtés de l’animal, foit à fa droite, foit à fa gauche, excepté dans la premiere efpece d’Ormier & dans les Pefpeces fix & fept du Lépas, qui l'ont vers le milieu du dos. 49, Enfin, que ces animaux fe nourriffent plus volontiers de végétaux que de la chair des animaux. Malgré cette reflemblance générale que l’on trouve entre ces fept premiers Genres, on ne voit pas beaucoup de liaifon entreux par les rapports Particuliers des autres parties ; & fi l’on en excepte celui du Coret & celui du Bulin qui ren- trent l’un dans l’autre, les autres font très-diftingués & 1€- parés par des intervalles qui laïflent defirer encore beaucoup de Genres qui vraifemblablement {e rencontreront dans d’au- tres pays. (x) Voyez la page 59. On UNIVALVES. 8r On apperçoit une plus grande liaifon entre les cinq genres qui fu:vent, fçavoir, l’Yer, la Vis, la Porcelaine, le Pucelage & le Mantelet, Ils femblent même fe rapprocher infenfible- ment de la feconde fection des Coquillages Operculés, comme on le verra en comparant les généralités fuivantes avec celles qui font communes aux Operculés. 1°. Leur coquille a toujours au moins un canal à fon ouverture, 2°, L'animal a dans tous une trompe qui fort ordinaire- ment de la bouche. ®, L'ouverture de l’anus, & celle de la refpiration ou la trachée, n’eft jamais fur le côté ; elle fe montre par un tuyau qui pañle par-deflus le col, derriere la tête de l'animal. 4°, Leur pied eft toujours traverfé à l’extrêmité antérieure par un profond fillon. s°. Enfin, ils font communément carnaciers, & vivent plus volontiers des fubftances animales que des fubftances végé- tales. Ce font eux qui percent les autres coquilles, & fouvent celles de leurs femblables, pour fe nourrir de la chair des animaux qu’elles contiennent, LT Yet. Vis. Porcelaine, Pucelage, Mantelet, 82 COAUTLL AGE S E CE ONSEE DES LIMACÇONS. OPERCULES N confidérant les Limaçons Operculés , comme nous [D avons confidérés les Limaçons Univalves de la premiere fection, par la fituation de leurs yeux, on peut réunir les neuf genres que contient celle-ci, en trois petites familles, fçavoir : ro, Ceux qui ont deux cornes, } [+ Roureau. Genre tr: avec un renflement, & qui Por-Ë LA PourrRE. tent les yeux ordinairement au-> Lx Ruccin, - - - 3. deflus de leur racine, & à leur\ Lz: Centre, - _ 2 ARE = Es À côté externe. 20, Ceux quiont deuxcornes,- y. po l fans renflement, & les yeux pla- | ; 2 ; n «6 LA TOUPIE. - = - 6. cés à leur racine & furleur côté( FE, No externe. ‘ F” 30. Ceux qui ont quatre COr-? p: Sipom. + > - nes, dont les deux extérieures portent les yeux fur leur fommer. La NERITE. - - - ©, GŒÆMNERAE TI. LE ROULE AU. Srombus. CE coquillage a été des mieux partagé pour les noms; & il auroit été à fouhaiter que ceux qui fe font empreflés de lui en donner, en euflent fait un choix plus heureux. S'ils avoient moins confulté la fioure variable de fa coquille, ils n’auroient peut-être pas qualifié du nom de genre, un grand nombre d’efpeces qu’ils ont défignées par les noms de Volutes, Lozan- ges, Cornets, Cylindres, Pyramides, &c. fuivant les difié- rentes formes fous lefquelles elles fe prélentoient. L'ancien nom de Rouleau, qui convient aflez à ce genre exprime fort OPERCULÉS. s. > bien cette particularité qui eft commune à toutes fes efpeces d’avoir les fpires plates & comme roulées les unes fur Les autres; & c’eft par ce même nom que je Le défigneral. FR SA MIA REP 6. Cylindrus lividus, binis fafciis albis cindus , notulis cruentatis & 11 girum difpoftis teffellatus, bafi alba & fanguineis maculis #qualiter diftributis notatà. Bon. recr. pag. 165. claff. 3. n. 361. Cylindrus candidus ut nix tranfverfas ftrigulas habens, notafque aureas finè ullo ordine difpofitas oftentans. Ejufd. ibid. n. 364. Rhombus cylindro pyramidalis, magnus, lineis interfectis, ex rufo albo- que circèm pictus, claviculà planä. Lift. hifl. Conchyl. tab. 7632. fig. 11. & 766. fig. 15. Rhombus cylindro pyramidalis fübrufus , lineis & albo nigroque pulchrè Fois claviculà acutà. Ejufd. ibid. tab. 767. fig. 16. & 776. g. 22. Rhombus fubluteus cylindro pyramidalis, lineis quibufdam punétatis & fafciis undatis depictus. Æjufd. ibid. tab. 780. fig. 27. Rhombus major cylindro pyramidalis, undatim fecundüum longitudinem depitus, claviculà comprefsà ; Jamaicenfis. Ejufd. ibid. tab. 781. fig. 28. Voluta fafciata. Rumph. Muf. pag. 106. art. 17. tab. 33. fig. X. — Éjufd. pag. 107. art. 14. pag. 33. fig. G. G. — Ejufd. pag. 108. tab. 34. fig. E. G. Cylindrus lividus, binis fafcuis albis cinétus, notulis cruentatis & in girum difpofitis teffellatus, bafi albà & fanguinis maculis æqualiter diftributis notatâ. Muf. Kirk pag. 471. n. 367. Cylindrus candidus ut nix, tranfverfas ftrigulas habens, notafque aureas finè ullo ordine difpofitas oftentans. Æjufd. ibid. n. 364. Petit Cornet ponctué de brun fur un fond blanc, avec deux fafcies d’un jaune pâle. Hifl. Conchyl. pag. 281. pl. 15. fig. J. Autre Cornet plus gros, entouré d’une feule zone blanche bariolée de brun , ainfi que le haut de la tère, qui eft toute marbrée ; le fond de la robe eft ponctué, & d’un jaune tirant fur le verd. Ejufü. ibid. __ fe K. Cochlea conoidea, umbonata, nonnihil ftriata , colore luteo obfcuro fe- cundum longitudinem undatim depiéta , feu radiata, ex albo faf- ciata. Gualr. Ind. pag. & tab. 20. lite. M. Cochlea conoidea, umbonata, albida, ex fufco fafciata, roftro latè nigri- cante, & ftriato. Eyufd. ibid. litt. N. Cochlea conoidea , umbonara, lævis, ex albido viridifcens, fafciata faf- ciis candidis, iphfque punctis rufis macularis. Æju/. ibid. lire. Q. Cochlea conoïdea, aliquantulum mucronata, lævis candida, maculis ru- biginofis densè notata, punctata & fafciata. Ejufd. pag. 6 tab. 11. dit. D. En] COQUILLE. Spires. Sommet. (Duverture. 84 COUUILbAGES Cochlea conoidea, maxima , umbonata, in acumen obtufum ftriatum definens, rubiginofo colore diverfimodè notata, in medio fafciâ candidä circumdata , umbone ex albido & fufco radiatim maculato, Ejufd. ibid. lite. E. Cochlea conoidea , bafi leviter umbonata, candida , fulvis maculis & punétis veluti fafciis diverfimodè variegata. Ejufd. ibid. lite. F. Cochlea conoïdea levirer umbonara , Candida , parvis fubrorundis ma- culis helvaceis , nullo fervato ordine punétata. Fjufd. ibid. lite. G. Cochlea conoidea , levier umbonata, lævis, candidiflima , lineis latis croceis interfeétis circumfcripta, ip{o roftro purpurafcente. Æjufd. ibid, litt. H, Cochlea conoïidea , umbonata, lævis, albida, colore fufco vel rubiginofo densè obfcurata. Æjufd. ibid. lit. IN. Cochlea conoidea, lævis, candida, ex piceo atro fanguineo colore nebu- lata, & maculara. Ejufd. ibid. lire. P. Cochlea Conaides umbonate, candidiflima, maculis nigricantibus raris circumferipra, & duabus fafciis vix confpicuis croceis circumdara. Ejufd. pag Gtab, 22. lite. Fe Cochlea conoidea, leviter umbonata, densè maculata, fublutea, vel ex luteo viridifcens, vel ex fufco lei , fafcia fabalbidé cincta , lineis,numeris , vel charaderibus quibufdam ignotis defcripta , & fignata. Ejufi. ibid. lit, M. La coquille de cette premiere efpece de Rouleau que j’ap- pelle Jamar , eft fort épaifle & de figure à peu près conique. Sa longueur dans les plus grandes lt de fix à fept pouces, & furpañle fa largeur des deux tiers. Elle eft formée de douze fpires qui fe roulent horizonta- lement les unes fur les autres, en tournant de droite à gau- che. La premiere de ces fpires fait elle feule prefque tout le volume de la coquille, & fe replie en angle droit vers fa partie inférieure, pour former un plan prefqu'horizontal & creufé légerement dans fon milieu. Ce retour ou ce repli de la premiere fpire en deflous, fe joint aux onze autres fpires qui font auffi applaties, prefqu” horizontales & un peu en- foncées dans leur milieu : il figure avec elles une efpece de fommet conique, mais fort applati, environ quatre fois plus large que long, & terminé à fon centre par une pointe très- fine. Ce fommet eft comme la bafe du cône que forme la partie fupérieure de la coquille ; il n’a que la huitiéme partie de fa longueur. L'ouverture reffemble à une fente longue & droite, de moitié plus large dans fa partie fupéricure que dans l infé- DID NR CUIDSE"S, 8s rieure. Sa longueur eft déterminée par celle de Ia premiere {pire , enforte qu’elle eft fept fois plus longue que le fommer, Elle eft oblique à l’axe de la coquille, & a fix fois moins de largeur que de longueur. Son extrêmité fupérieure fait par fon enfoncement un canal demi-cylindrique fans échancrure; . mais l’extrêmité inférieure eft profondément échancrée. La lèvre droite eft aiguë & fort tranchante fur les bords: la gauche eft renflée, arrondie & très-fimple. Ün périofte membraneux , épais & roufsâtre enveloppe toute la furface extérieure de cette coquille, & la rend brute: mais lorfqu'’il eft enlevé, on y découvre un poli & une va- riété de couleurs admirables. C'eft dans les coquilles de ce genre qu’on trouve les plus belles couleurs ; & f1 cette efpece ne fournit pas les plus ri- ches , elle donne du moins le plus grand nombre de variétés. Le fond de fa couleur eft blanc, ou jaune, ou rouge, ou brun. Chacun de ces fonds eft ou taché de points fans ordre, ou marbré, ou entouré de bandes ou de lignes ponétuées. De-là ce nombre infini de variétés fi recherchées par Les curieux, qui leur ont donnés diflérens noms. Lorfque le fond de ces coquilles eft fimplement taché fans ordre, on leur donne le nom de Zïgre. Cylindrus Indicus, & rard repertus , colore conchyliato, qui candidis noris pañlim cælatur aureà lineolâ circumdatis, in bafi perfeétè compla- natus. Bonan. recr. pag. 128. claff. 3. n. 113. Cylindroides jafpidem Siculum reprefentans maltiplici colorum mifturi, Ejufd. ibid. pag. 129. n. 133. Voluta Marmorata. Rumph. Muf. pag. 104. tab. 32. n.7. Cylindrus Indicus, & rard repertus , colore conchyliato , qui candidis notis paflim cælatur aurei lineolà circumdatis, in bafi perfeéte com- planatus. Muf. Kirk. pag. 157. n. 123. Cylindroides jafpidem Siculum repræfentans maltiplici colorum mifturä. Ejufd. ibid. n. 133. Cornet rare, appellé le Tigre jaune, par rapport à fes taches blanches fur un fond jaune. Hifl. Conchyl. pag. 281. pl. 15. fig. M. Cornet vrai Tigre dont le fond eft rouge tacheté de blanc, celui des Tigres ordinaires eft brun. Eyjufd. ibid. fig. O. Cochlea conoïdea, umbonata, tenuiter ftriata bal aliquantulum nodosi, candida , colore ex piceo nigro, vel ex pullo luteo rericulata. Guaër, ‘Ind. pag. & tab. 22. litr. D. Périoite, Couleur, Variétés, Ï, LEVRIGRE, 86 COQUILLAGES s. Ces taches viennent-elles à fe réunir pour former plufieurs ee SPEC- lignes de petits points di: és trois par crois, par deux ou trois i larges bances irrégulieres; on nomme alors ces coquilles Les dpeitres, fuivantié temoignage de l’Auteur de la Conchylio- logie françoife ; car le € oucuu oye :rorum de Rumpbhe, pl. 32, lettre S , eit une efpece très-uiiiérente de la variété dont 1l s’agit. Cylindrus fatis elegans colore albo, cyaneo, diluto , tyrio, & caftanco coloratus. Bonan. recr. pay. 128. claf]: 3. n. 130. Rhombus cylindro pyramidalis ex rufo nebulatus, & hic & illic aliquot lineis interpunétaus defcriptus. Lifé, hifl. Conchyl. tab, 772. fig. 18, Cr 77e JB 74 — Rumph. Muf. pag. 107. tab. 34. fig. M. Cylindrus fatis elegans colore albo , cyaneo , diluto, tyrio & caftaneo co- loratus. Muf. Kirk. pag. 157. n. 130. Cornet peu commun, appellé les Speétres, à caufe de quelques figures bizarres dont il eft chargé ; ces figures font rougeâtres fur un fond blanc, & forment deux grandes fafcies, avec trois rangs de points entre chacune d'elles. Hijé. Conchyl. paz. 180. pl. 15. fix, C. Conus bafeos lævis ; nebulata , ex rufo pañlim lineaum punétata; Lifteri. Klein. tent. pag. 68. fpec. 1. n. 20. ‘ 3- Si les bandes qu divifent les lignes ponétuées prennent une Le Pare. forme réguliere, on leur donne alors le nom de Para. Cylinder antonomafticè Pardus vocatus ob maculas, teffellulis fanguineis ejufdem ferè magnitudinis, omnibus fpatio æquali inter fe diftan- ubus ornatus, fuprà lateum colorem , quem prætereà tres aureæ zonæ circumfepiunt. Bonan. recr. pag. 165. claf]. 3.n. 363. 4. Si ces mêmes bandes font marquées de taches faites en L’Aire De croiflant, ou ponctuées dans leur milieu, repréfentant un œil PAPILLON. avec fa prunelle, on leur donne lenom d’ Aile de Papiiion. Cornet uès-rare, appellé l Aile de Papillon ; certains yeux & des taches faites en croiffant que l’on remarque dans les trois rangs de bande- lettres qui l'entourent, reffemblent aflez à celles des aîles de papillon; le fond du Corner eft fauve , & il n y a de blanc que les efpaces entre les taches brunes des cercles & des fafcies. Hifi, Conch;l. pag. 2824 ph'as Trr 1: Lorfque les lignes ponctuées font féparées folitairement La GUIXÉE. ou deux à deux, par d’autres lignes formées par de grandes OPÉRCULES 87 taches quarrées & rapprochées pareillement deux à deux, on nomme alors ces coquilles Guinée ou Spécularion. Trochus niloticus maculofus. 4/drov. exang. pag. 352. Cylindrus vefte quafi byflinà teétus ; in qua quadratæ notatæ fanguineæ, punéta crocea, & lineolæ rufæ, vel fulvæ opus quai acu piétum efformant. Bonan. recr. pag. 129. n. 132. Cornet de la grande taille, tout entouré de lignes ponétuces & de petites fafcies chargées de différentes taches brunes & violettes, fur un fond blanc; il approche affez de celui qu’on appelle la Guinée ou la Spé- culation. Hifi. Conchyl. pag. 281. pl. 15. fig. Q. Cochlea conoidea, maxima, bafi planâ, candidiffima , lineis interruptis fignata, maculis & notulis fufcis punétata , fafciata & notata ; ali- quando fublivido colore leviter nebulata, intüs albida. Gualr. Tnd. pag. & tab. 12. litr. B. Cochlea conoidea, aliquantulum umbonata, candida , ex rufo nebulata & fafciata, & hinc, &illinc lineis interruptis, & notulis fignara, & diftincta. Éjuf. ibid. lier. C. Cochlea conoïdea candidifima, notulis rufis, interdüm nigris afperfa. Ejufd. ibid. lit, E. Conus bafeos lævis ; byfMina; in quâ quadratæ notæ fanguineæ ; punéta crocea ; & lineolx rufæ, vel fulvæ ; opus quafi acu piétum efformant; Bonanni. Klein. rent. pag. 67. fpec. 1. n. 10. L. Lorfque les lignes à grandes taches quarrées, & celles à d petits points fe fuccédent alternativement les unes aux au- Re is tres, on appelle ces coquilles J'innes de Beurre:telle eft celle que j'ai figurée à la planche 6, n°. 7. Cochlea marina altera. Belon. aquat. pag. 429. Cochlea cylindroides. Rondel. pife. pars. 2. edit. lat. pag. 99. Coquille de Limaçon faite en pyramide. Rondel. poif]. parc. 2. édit, franç, ag, G6$. ed Boffuet. aquat. pars. alt. rag. $3. Cochlea cylindroides ; Rondeletu. Gefn. aquat. pag. 286. Cochlea cylindroides ; Prior. Aldrov. exang. pag. 399. Cochlea cylindroides; Prior. Jonfl. exang. pag. 36. tab. 11. Rhombus cylindro-pyramidalis ; lineis punétatis velut quibufdam caraéte- . ribus ignotis confpiciendus. Lifl. hift. Conchyl. tab. 773. fig. v9. Voluta Meta Butyri. Rumph. Muf. pag. 102. art. 2. tab, 31. fig. C. Voluta Meta Butyri. Hiff. Conchyl. pag. 178. Cornet Tinne de Beurre. ÆEyufd, ibid. Cochlea conoïidea, ex fubrufo pallida, lineis ex albo , nigroque inter- rupuis fignata. Gualt. Ind. pag. & tab. 22. litt. G. Cochlea conoidea, fubrufa, lineis ex rubro obfcuro , alboque interrupris circumdata, & punétata, Ejufd, ibid, lit, H. Te LA Musi- QUE. Remarque, 83 CODDILLIACES Cochlea conoidea, leviter umbonata, candidiflima , aliquando fublivida ; punétis, & lineis rufis diftinéta. Æjufd. ibid. lire. L. Conus bafcos lævis; meta Butyri; fpiris in bafi diviis, planis, ex nigro flammeis, medio mucrone brevi, acuto; ventre butyraceo, per fe- ries micarum nigticantium inæqualium quai fafciatus; Rumphui. Klein. tent. pag. 64. fpec. 1. n. 1. Lorfque les points quarrés font égaux, & qu’ils forment des lignes égales qui imitent les notes du plein-chant ou de la mufique, on les appelle Mufique. Cylindrus niridus, & perfectè lxvigatus, notis aureis & rufs auétus, or= dine arufciofo diftributis. Bon. recr. pag. 128. claff: 3. n.131. Rhombus cylindro pyramidalis albus, lineis latis croceis interfeétis cit- cumferiptus, ipfo roftro purparafcente. Lifl. hif. Conchyl. tab. 767. fig. 17. & tab. 770. | Rhombus maximus cylindro pyramidalis albus, quadratis maculis nigri- cantibus circumfcriprus, in medio tamen duæ plagulæ luteæ conf- piciuntur. ÆEjufd. ibid, tab. 774. fig. 20. Voluta Mufcalis. Rumph. Muf. pag. 102. art. 3. tab. 31. fig. D. Cylindrus nitidus & perfeétè lævigatus, notis aureis & rufis auctus, oï- dine artificiofo diftributis. Muf. Kirk. pag. 157. n. 131. Cochlea conoïdea, umbone fais complanato , apice tranfverfim ftriato , magna , ponderofa fubalbida, notulis helvaceis, vel rufis per feriem difpofitis, densè circumfcripta. Gualt. Ind. pag. & tab. 21. lire. B. Cochlea conoidea bai complanata, lævis, candida, quadratis maculis ni- © gricantibus , aliquando rubefcentibus, ceu lineis interfectis per {e- riem elegantifimè circumfcripta. Ejufd. ibid, lit. O. Quelquefois ces coquilles font naturellement blanches; fouvent elles le deviennent lorfqu’en roulant fur le rivage de la mer, leurs couleurs, qui ne font que fuperfcielles, ont été enlevées. On en voit beaucoup dans les cabinets, qui n’ont acquis cette blancheur qu'après avoir été ufées fur la meule, & polies enfuite, Trochus niloticus albus. A/drov. exang. pag. 362. Rhombus cylindro-pyramidalis, lævis, albidus , claviculà acuta. Zif£. hif£. Conchyl. tab. 753. fig. 1. Rhombus cylindro-pyramidalis, leucophæus, ipfo roftro violaceo. Eju/d. ibid. tab. 754. fig. 2. Cochlea conoidea , mucronata, lævis, albida , apice aliquantum ftriato, Gualr. Ind. pag. & tab. 10. lit. B, Je ferai obferver en finiffant l’énumeration des variétés de OPERCULÉS. So de cette coquille, qu’elle eft défigurée dans pluficurs Auteurs, qui en ont repréfenté les unes avec le fommetufé, & les au- tres avec la lèvre droite de l’ouverture pareillement ufée. Ces deux défauts, fur-tout le dernier, font ordinaires à Gualtieri ; & peut-être le retrouverions-nous dans les autres Auteurs, s'ils avoient mis, comme lui, en vüe cette partie de l’ouver- ture des coquilles dont nous venons de parler. Ainfi l’on ne fera point furpris que dans mes citations j'aie rapporté à la mème efpece deux fortes de coquilles, dont l’une a la lèvre droite aiguë & le fommet pointu, & dont l’autre a le fommet plat & ulé, & la même lèvre épaile. La tête de l’animal renfermé dans cette coquille eft petite, cylindrique, de longueur & de largeur égales, & tronquée obliquement en deflous à fon extrèmité F. Elle fait corps avec le col, qui fort quelquefois du double de fa longueur hors de la coquille. Des deux côtés de la tère & de fon origine partent deux cornes cylindriques, terminées par une pointe très-courte C.C. Elles ont quatre fois plus de longueur que de largeur, & fur- pañlent une fois la longueur de la tête. Les veux font deux petits points noirs Ÿ.Y. placés au côté extérieur des cornes, fort proche de leur extrèmité, vers la fixiéme partie de leur longueur. Ils ne faillent point au de- hors, & femblent furmontés par la pointe des cornes, qui forme un petit cône obtus, de longueur & de largeur égales. La bouche eft un petit trou rond, ouvert au mulieu d’une large foffette B. creufée fous l’extrêmité de la tête. Cette Fof- fete fait, comme dans la Sangfuë, l’office d’une ventoufe ou d’un fuçoir par lequel la tête s'attache facilement aux corps qu’elle touche. L'animal a befoin de ce fecours pour faciliter {a progreflion & le tranfport de fa coquille, qui eft d’une pe- fanteur & d’un volume peu proportionnés à la petitefle de fon corps. Son manteau tapifle feulement les parois intérieures de la coquille, & fort par-deflus fon col fous la forme d’un tuyau cylindrique K, dont la longueur égale la cinquiéme partie de la coquille & furpafñle un peu celle des cornes. Ce tuyau eft fendu par devant dans toute fa longueur: il fe rejette com- munément fur la gauche de l'animal. M ANIMAIL. Tête, Cornes, Yeux, Bouche, Manteau. 4 e Opercule. Couleur, 99 COQUILLAGES. Le pied P. eft elliptique, obtus & arrondi à fes extrémités. Sa longueur eft triple de fa largeur, & égale aux deux tiers de la coquille. Il eft une fois pl lus étroit qu'elle. Un profond filon S. le traverfe à fon extrémité antérieure, & le refte de fa furface eft ridé & comme filloné dans toute fa longueur par un grand nombre de petites raies fort inégales. À l'extrémité poftérieure du pied, on apperçoit. un petit opercule O. qui lui eft atraché en deffus par la moitié a’en- bas feulement; l’autre moitié reftant libre & détachée. C’eft une lame de corne fort mince, de figure elliptique, deux fois plus longue que large, & cinq fois plus courte que lou- verture de la coquille. Sa furface extérieure ef coupée par huit peus fillons courbés en arcs, dont les cornes regardent le fommet de la coquille. L’ufage ordinaire des opercules eft de couvrir l’animal lorf- qu'il eft entré dans fa coquille, & de la boucher exactement; mais 1l faut croire que la nature a eu d’autres vües en en don- nant à celui-ci un fi petit qu'il peut à peine couvrir la cin- quiéme partie de l’ouverture de la fienne : il s'applique tou- ours dans l’angle inférieur de cette même ouverture. Le pied de cet animal eft couleur de chair, mais un peu fale. Sa tête & le tuyau du manteau font noirâtres en deflus & blanc-fale en deffous. L’opercule eft brun. Ce coquillage eft fort commun fur la côte du Sénégal, fur- tout les variétés appellées les Spectres, la Guinée, & R Tinne de Beurre. On en voit quelques-unes fur la pointe méridio- nale de l’ifle de Gorée; mais elles font communes au-delà de l’expreffion dans cette traînée de roches que fait le cap Ber- nard en avançant dans l’anfe de Ben, à une lieue de l’ifle de Gorée, LE MÉEAR PL Rhombus cylindro pyramida ais, fois capillaceis punétatifque circum- fcriptus, claviculà inteorâ. Li. hifl. Conchyl. tab. 755. fig. 7. Rhombus cylindro pyramidalis , ex rufo nebulatus, ftriis capillaceis do- natus, claviculà fulcatà. Ejufd. ibid. tab. 760. fig. 6. Voluta Tigerina. Rumph. Muf. pag. 103. art. $.tab. 31. fig. F. Cylindrus Moluccenfis, craflus, carneus, fafciis capillaceis fufcis. Petiv. Gazoph. vol. 2. cat. 245. tab, 98. fig. 9. Rhombus de -fpoliatus leviter. Hifi. ie pag. 283. tab. 16. Es Ce Rouleau qui par fon fond couleur de chair, approche de la couleur d'une Se OPERCULÉS. de Ecorchée dont il a pris le nom. Ce fond eft traverfé de grandes taches btunes, & rayé par-tout légerement. Ejufd. ibid. pag. 28. Cochlea longa pyriformis intorta, integra, bafi fulcara, ftruis minimis donata , ex albido purpurafcens; colore helvaceo, feu rufo nebulata. Gualt. Ind. pag. & taë. 26. lite. D. l | | Conus Voluta Tygerina; bafeos muricatæ anguftioris; fpiris fulcatis; ven ce longo, fubuiliter ftriato, nubeculis caftaneis, fæpè nigricantibus, faper albo & rubenti; Rumphu. K£ein. tent. pag. 71.fpec. 1.n. 2. Cette feconde efpece de Rouleau que j'appelle Mélar, fe plaît auffi fur les rochers du cap Bernard. L'animal ne differe du précédent qu’en ce que fon pied Aximar. eft auffi long que fa coquille. Sa coquille a une fois plus de longueur que de largeur, Coqururr. & fon grand diametre eft de deux pouces & demi. Elle n’a que dix fpires parfaitement femblables à celles de Spires. la premiere efpece ; mais elles font traverfées par un grand nombre de peuts filets très-ferrés. On compte depuis quatre- vingt jufqu'à cent de ces filets dans la premiere fpire. Le Sommer. fommet a deux fois plus de largeur que de longueur. La longueur de fon ouverture eft feptuple de fa plus grande Ouverture. largeur. Cette coquille eft quelquefois d’un beau blanc, & fouvent Couleur. couleur de chair, marbrée de grandes taches brunes non 1n- terrompues dans quelques-unes, & divifées en trois bandes dans d’autres. C’eft de-là qu’elle a pris fon nom d’Ecorchée, - nom fous lequel elle eft connue dans la plüpart des cabinets. MALE CON ENN Pré Cylindroides colore fulvo dilucido tinétus, & fquamis fanguineis deco- ratus. Bonan. recr. pag. 128. claff. 3. n. 136. Cylindrus alius laéteo colore circum tectus, fuperficie prope bafim in pin- nulas definente candidä , intus autem violaceâ. Ejufd. ibid. p. 165. nm, 36$. Rhombus cylindro pyramidali fimilis pauld coloratior, riétuque ferè toto violaceo ; ex infulà Mauritii. Lift. hifl. Conchyl tab. 758. fig. 3. Rhombus parvus cylindro pyramidalis, ex rufo minutiflimis maculis re- ticulatus & fafciatus. Ejufd. ibid. tab. 788. fis. 41. Cylindroides colore fulvo dilucido tin&us & fquamis fanguineis deco- ratus. Muf. Kirk. pag. 457. n. 136. Cylindras alius lacteo colore cireum teétus, fuperficie prope bafim in pin- oulas definente candida, intüs autem violacei. Eufd. p. 471. n. 365. M ïj CoOoQuUILÉE. S ir2s Sominet Khuyorture. Couleur ANIMAL. Pied, Opercule. G2 BOOUILLAGES van duabus zonis reticulatis variegata. Hifi. Conchyl. pag. 178. tab, 15. fig. P. Joli Cornet blanc, avec deux zones formant des réfeaux jaunes. Eju/d. ibid. pag. 281. Conus bafcos lævis; {piris bafeos toroïdibus, ore extremo violaceo; Lifteri. K/ein. rent. pag. 65. fpec. 1. n. 4. b. Conus fafciata pennata; coloris fulvi dilucidi, fuper fafciis ; maculis cruentis, velut fquamis decorata ; Bonanni. Ejufd, pag. 67. fpec. 1. ñn. 10. Conus fubrufa fafciata, zonis angultis ex albo & nigro teffellatis. Ejufa. pag. 69. fpec, 30: La coquille du Tilin a deux pouces de longueur, & une largeur prefqu’une fois moindre. Ses dix fpires font un peu renflées & arrondies. Les neuf d'en bas portent fur leur convexité pre petits filets qui tournent avec elles. Par leur réunion elles forment un fom- met un peu convexe, aflez élevé, une fois plus large que long, & trois fois plus court que la premiere fpire. Celle-ci eft life, unie, & s’arrondit un peu en fe repliant en bas fur le fommer. L'ouverture n’a que cinq fois plus de longueur que de largeur : elle eft affez étroite & aiguë dans fon extrémité in- férieure. Le fond de la couleur ce cette coquille eft brun, jaune ou blanc. Celles qui font brunes foufirent rarement le mélange des autres couleurs. Les jaunes ou les blanches font entou- rées de deux bandes formées par un réfeau dont les filets font bruns, ou rouges, ou noirûtres , les mailles reftant jau- nes ou blanches, comme le fond fur lequel ce réfeau et étendu. Ces deux bandes ne fe voient jamais fur le fommer, mais feulement fur la premiere fpire ; la plus large en occupe la partie inférieure, & la plus étroite tourne vers fon milieu. J'ai remarqué que le fond blanc ou jaune des jeunes bru- niten vieilliffant, & qu’il eft plus ordinaire aux jeunes qu'aux vieilles d'être violettes dans l'intérieur. Le pied de l’animal eft femblable à celui de la premiere efpece ; mais 1l eft près de deux fois plus étroit que fa co- quille, & coupé en deflous par douze fillons qui s'étendent fur toute fa longueur. Son opercule eft trois fois plus long que large, & trois fois plus court que l'ouverture de la coquille. OPERCULÉS. 03 Sa tête & fon pied font noirâtres en deflus & en deflous, & tachés d’un grand nombre de petites lignes cendrées d’iné- gales grandeur : fon pied eft encore bordé au-devant d’une bande couleur de rofe. Ses cornes & fon tuyau font couleur de chair pâle, & traverfés par de petites raies brunes. On trouve ce coquillage très-abondamment au cap Ber- nard , au cap Manuel & aux Ifles de la Magdelaine. POP MAFAN.- PL. J'ai rencontré, mais plus rarement, dans les mêmes en- droits cette quatriéme efpece, à laquelle j’aurois confervé fon nom d’Amiral , fi ce nom n’eût appartenu depuis long- tems à une efpece de Papillon dont la chenille vit fur l’or- tie (x). Rhombus Indicus albus, fafciis avis & mæandris. Periv, Gazoph. vol. 1. CAS Part, fi 11, Voluta Archithalaffus fecundus. Hiff. ConchyL. pag. 279. tab. 15. fio. H. Cornet Vice-Amiral , dont les fafcies marbrées de taches blanches fur un fond jaune, forment un très- beau compartiment; ces fafcies imitent les derolles des vaiffeaux ; fa tère eft très-bien marbrée & forr élevce” pour un Cornet. ÆEjufd. ibid. pag. 281. Voluta Archithalaffus primus. Ejufd. ibid. pag. 279. fie. NN. Cornet Grand-Amiral , qui ne differe du Vice-Amiral que par une ligne ponétuce , qui fe trouve au milieu de la grande fafcie jaune. Le com- partiment de la robe & de la tête de PAmiral eft infiniment au- deffus de celui du Vice-Amiral; c’eft une coquille des plus rares. Ejufd. ibid. pag. 281. Cochlea conoidea, zlbida, colore luteo radiata, vel nebulata, & quaf fafciata, punétara, obfcurè ftriata ; apice ftriis bullatis exafperaro, Gualt. Ind. pag. & tab. 20. lire. F. Cochlea conoïdea , mucronata, lævis, crocea , tribus fafciis candidis, no- tulis rubris nigricantibus undatim depictis elegantiflimè circumdara. Ejufa. ibid, lite, G. Cochlea conoidea, mucronata, lævis, colore luteo, vel ex luteo rufef- cente depicta , duabus fafciis candidis cincta. Eyufd. ibid. lice. J. L'animal refflemble à celui de Ia troifiéme efpece, à la cou- leur près, qui eft très-blanche. Sa coquille a une fois & un peu plus de longueur que de 2 largeur: la plus grande que j'aie trouve eft d’un pouce & demi, (1) Voyez le Fauna Suecica de Linnæus, N°, 777. Couleur, ANIMALs COQUILLE, Spires. Sommet, Ouverture, Couleur. 94 POOUTILETACES On y compte onze fpires légerement renflées, & entourées de fillons affez profonds , qu1 font au nombre de vingt dans la premiere fpire, & fort écartés les uns des autres. Certe fpire eft prefque plate, & forme un angle aflez aigu en fe repliant dans fa partie inférieure. Elle a près de quatre fois plus de longueur que le fommet: celui-ci a une fois plus de largeur que de longueur. L'ouverture reflemble à la précédente, mais elle n’a que quatre fois plus de longueur que de largeur. C’eft cette efpece qui fournit les Amiraux, les Vice-Ami- raux, & les coquilles les plus eftimées, tant pour la forme, que pour la richefñle & la netteté des couleurs. Leur fond eft toujours d’un très-beau blanc, coupé par des marbrures d’un beau jaune doré, divifées en deux ou trois bandes. Lorfque ces bandes font fimples , elles forment les Vice-Amiraux; lorfque les deux d’en-haut font partagées par une ligne ponc- tuée, elles donnent cette belle variété qu’on appelle Amiral ou Grand-Amiral, & leur réunion produit l’'Extr Amiral. ss LE COUPET. PL 6. 2 Cylindrus Indicus, niveo candore teêtus, & quadratis netulis piceis ità teffellatus, ut ex ebeno, & ebore compofitus videatur. Bon. recr. pag. 128. claff. 3. n. 122. Cylindrus candidus fafciculis piceis fegmentatus. Ejufd. ibid, pag. 129. n. 138. Rhombus , ’ À D - sy fans crénelures, & marques de dix ou douze rides inégales. ÂANIMAL CoQuiLLr, Spires. Ourver: UE, Fa ioite. Couleur. COQUILLE, Spires, uverture. Couleur, ÉOQUILLE. 122 COQUILLAGES Le périofte qui recouvre cette coquille n’eft point velu. Sa couleur eit fauve, quelquefois entourée de deux bandes brunes ou violettes. A LE SAA NI D ENRS AP7 8, Buccin fingulier par fes ftries aurores, interrompues par de groffes tu- bercules blanches; fa bouche eft garnie de dents, dont la lèvre forme un réph. Hif. Conchyl. pag. 269. pl. 12. fig. K. Cette efnece fe trouve fur la pointe feptentrionale de l’ifle de Gorée, mais aflez rarement. Sa coquille eft beaucoup plus épaifle & plus dure que les deux precédentes, de figure à peu près triangulaire , mais al- longée, & pointue aux deux extrémités. Sa longueur eft dou- ble de fa largeur qui n’a qu’un pouce ou peu davantage. Les fept fpires qui la compofent font peu renflées & peu difHinguées. Sa furface extérieure eft route raboteufe par vingt grofles canelures longitudinales, & par un grand nombre d’autres qui les traverfent en angles droits, & laiflent un petit bouton au point de leur réunion. La premiere fpire a de plus un gros bourrelet élevé à côté de la lèvre gauche de l’ou- verture, & qui s'étend jufques fur la feconde fpire. L'ouverture diflere des deux précédentes en ce qu’elle eft beaucoup plus étroite, & qu’elle a deux fois plus de lon- gueur que de largeur. Son canal inférieur eft court, fortétroir & fans échancrure. La lèvre droite eft applatie en devant fur le bourrelet, qui n’eft point creux: elle eft bordée intérieurement de cinq à fix dents extrêmement groffes. La lèvre gauche n’a que douze ou quinze rides. À fon ex- trêmité fupérieure on apperçoit un petit ombilic femblable à un long fillon, formé par le bourrelet qui y eft applique. Le contour de l’ouverture eft couleur de chair; le rette de la coquille eft blanc, & quelquefois auffi couleur de chair. is. L'ELO D LÉ MMAPRS. La coquille de cette cfpece que j'appelle du nom de So- lat, reffemble à celle de la premiere efpece, tant par fa figure que par fon épaifleur. Elle eft longue d’un pouce, & moins large des deux tiers. OPERCULÉS. hi Ses fept fpires font applaties, bien diftinguées, & éragées, parce qu’elles fe replient prefqu’en angle droit un peu au- deflous de leur milieu. Leur furface eft relevée de plufieurs côtes longirudinales, aflez écartées, & traverfées par plufieurs filets prefqu’infenfibles, qui laiffent un petit tubercule coni- que à l'endroit où elles les touchent. Ces tubercules font dif- pofés fur fix à fept rangs tranfverfaux dans la premiere fpire, {ur deux ou trois dans la feconde, & fur un feul dans les au- tres, de maniere que ceux du rang inférieur, qui fe trouve fur l'angle faillant formé par le pli des fpires, font beaucoup plus grands que les autres, & paroïflent autant de petites épines. Son ouverture repréfente une demi-lune , mais elle eff tronquée par le bas & fans canal. La lèvre droite eft aiguë, tranchante, fans bourrelet, life au dedans, & marquée fur fes bords d’un nombre de petites crénelures pareil à celui des rangs de pointes qui font fur la premiere fpire. Elle s’évafe de maniere qu’elle femble fortir un peu en dehors. La lèvre gauche eft life, arrondie, recouverte d’une lame mince & luifante, & relevée d’un bourrelet ridé, qui, pre- nant origine au milieu de fa longueur, va tournant en demi- cercle fe terminer au canal fupérieur de l’ouverture , & forme à moitié chemin un ombilic oval & peu profond. Le fond de fa couleur eft gris, ou blanc, ou agathe, coupé par une bande fauve, & marqué de quelques taches brunes, jettées çà & 1à fur l’angle faillant des fpires. Elle eft brune au dedans. Elle eft extrêmement commune autour des rochers du cap Bernard. 16 0 BE BENIE LME. Buccinum majus canaliculatum , roftratum , ore labiofo, craflum ftriis, & plicaturis, feu coftulis eminentibus rugofum , elegantiflimè can- cellatum, & exafperatum, candidum aliquando ex fufco lineatum. Gualr, Ind. pag. & rab. 48. fig. B. 6 C. Case pi Ouvettur?, Couleur, La coquille du Bivet reffemble beaucoup à la précédente, CoQuitir mais elle a un pouce un quart de longueur, & moitié moins de largeur. Qi Spiress Ouverture, Couleur, COQUILLE. Spiress Sommet. Ouverture. Couleur. 124 COQUILLAGES Ses fpires ne font point étagées, mais renflées & arrondies, Leurs côtes font plus relevées, rarement armées de pointes, & coupées par des filets plus fenfibles. Ces filets font au nombre de douze à vingt-quatre dans la premiere fpire, & de quatre à huit feulement dans les autres. L'ouverture eft pointue en bas comme en haut, & un tiers plus longue que le fommet. La lèvre droite eft creufée fur les bords de douze petits fillons, après lefquels s'étendent jufqu’au dedans de la co- quille un pareil nombre de dents ou de filets qui font l’al- ternative avec eux. La lèvre gauche n’a point de lame fur fa furface, & elle porte, depuis fon milieu jufqu’à fon extrémité fupérieure, trois grofles dents qui tournent en dedans: l’autre moitié ef occupée par les rides ou filets de la premiere fpire. Le bour- relet commence à paroître un peu au-deflus de fon milieu. Cette coquille eft blanche ou grife, environnée de deux ou trois bandes brunes qui tournent avec les fpires. Elle fe voit en grande quantité avec la précédente. 17 LE GITON. PL8. Celle-ci fe trouve aufli fréquemment autour de l'ifle de Gorée & du cap Bernard. Sa coquille n’a que dix lignes de longueur. Elle eft fort pointue aux extrêmités, & prefqu’une fois plus longue que large. os huit fpires font relevées de côtes applaties, qui for- ment une efpece de treillis avec les petits filets qui les cou- pent à angles âroits. On compte douze ou quinze de ces filets dans la premiere fpire , fix dans la feconde, & beaucoup moins dans les autres. Son fommet eft un quart plus long que large, & un quart plus long que l’ouverture. Le canal fupérieur de l’ouverture eft deux ou trois fois plus court qu’elle. La lèvre gauche eft life, fans dents, recouverte d’une pe- tite lame luifante, peu élevée. Son bourrelet fe trouve place avec l’ombilic, fort proche de l’extrêmité fupérieure. Cette coquille cit blanche ou fauve, fans aucun mélange, OPERCULÉS. de TRULNE “LE PIN. .Phes: La figure de la coquille du Lipin s'éloigne un peu des trois Coquizrr. précédentes, en ce que fon extrêmité fupérieure s’amincit davantage que le fommet, & la fait paroître plus allongée. Les plus grandes que j'ai obfervées ont prefque un pouce & demi de longueur, & une fois moins de largeur. Elles portent neuf fpires prefque applaties, mais bien dif- Spires, tinguées & relevées par un rang de boutons arrondis & aflez gros, qui fait le tour des fpires. Dans la premiere ce rang de boutons eft placé vers fa partie inférieure , au lieu que dans les autres il femble couronner leur extrêmité fupérieure. Leur furface eft encore relevée d’un grand nombre de petits filets fort ferrés, qui fuivent auffi le contour des fpires. On en compte trente dans la premiere, douze dans la feconde, & beaucoup moins dans les autres. Le fommet eft un peu plus long que large, & un quart Sommer, plus court que l’ouverture. Celle-ci eft elliptique , pointue aux deux extrêmités, de Ouverure, moitié plus longue que large, & terminée en haut par un canal prefqu’égal à fa longueur , & légerement courbé vers le dos de la coquille. Ce canal eft conique, prefqu’une fois plus long que large à fon origine, & ouvert d’une fente aflez étroite, & qui égale la cinquiéme partie de fon contour. Son bord droit eft tranchant , l’autre eft arrondi. A l’extrêmité inférieure de l’ouverture on apperçoit un petit canal fort aigu, fans échancrure , & accompagné d’une petite dent en filer à l’origine de la lèvre gauche. Elle eft arrondie, fans bourrelet & fans ombilic. La couleur de cette coquille ef fauve, & quelquefois blan- che avec des marbrures brunes. Elle n’eft pas rare dans les rochers du cap de Dakar. Couleur, 4. POURPRES A CANAL FRÉS-LONG, OU DO NSTR AE PAR Murex Luzonis, plicis elatis nigris rugofis. Petiv. Gazoph. vol. 2. cat. 148. tab. 99, fig. 13. La coquille du Sirat diffère de toutes les efpeces de Pour- Coquiure. spires, Sommet, Ouverture. 126 COQUILLAGES pres décrites jufqu’ici, par la longueur du canal quitermine fon extrêmité fupérieure. Elle à environ deux pouces & demi de longueur. Elle eft compoñée de huit fpires renflées , arrondies, & relevées de neuf groffes côtes rondes & prefque paralleles à {a longueur, cependant un peu inclinées de droite à gauche. Trois de ces côtes font un peu plus grofles que les autres qu’elles féparent en trois paires. Elles font comme formées par un repli, & armées chacune d’un nombre d’épines égal a celui des fpires, de forte qu’il ne s’en trouve qu’un rang fur chaque fpire. Les épines de la premiere font beaucoup plus grandes que les autres, longues d’environ cinq lignes, & placées vers fa partie inférieure ; dans les autres fpires elles fe trouvent à peu près vers le milieu de leur longueur. Elles font toutes un peu courbées en bas, & coupées d’un pro- fond fillon dans toute leur longueur fur le côté convexe. Outre ces côtes longitudinales, la furface de la coquille eft encore ornée d’un grand nombre de petits filets qui tour- nent avec les fpires. Le fommer eft auffi long que large, & prefqu’une fois plus court que l'ouverture avec fon canal. Celle-ci reflemble à la précédente, à cela près qu’elle eft moins aiguë dans le bas ; mais fon canal fupérieur la furpafle d’une quatrième partie en longueur. Ce canal eft conique, applati de devant en arriere, où il fe recourbe léserement, & une fois plus Tong qu'il n’eft large à fon origine. Il porte quelquefois trois ou quatre épines femblables à celles des fpires, mais plus petites, Sa fente eft fort étroite : elle égale à peine la fixiéme partie de fon contour ; & fes bords font ranchans. La lèvre droite eft tranchante & légerement ondée fur les bords, relevée en dedans d’environ quinze filets fort courts, & bordée au dehors d’une des neuf côtes longitudinales, qui, outre la groffe épine que j'ai dit qu’elle porte en bas, à encore une petite crête dans fa partie fupérieure. La lèvre gauche eft arrondie, recouverte en bas d’une pe- ute lame mince, luifante, & accompagnée fur les côtés du canal, d’un bourrelet droit, demi-cylindrique & aflez con- fidérable. OPERCULÉS. 127 Cette coquille eft blanche ou fauve, avec quelques ban- des brunes. Elle eft fujette à quelques variétés par rapport au nombre & à la forme des piquans. Le bourrelet même de la lèvre droite , dont l’intérieur eft plein dans les vieilles, fe trouve vuide & creux dans les jeunes. Celles-ci ont ordinairement moins de piquans, parce qu’elles ont moins de fpires ; & le canal de l’ouverture eft un peu moins long , par comparai- fon avec le fommet. L'animal differe peu des précédens. Son manteau eft feu- lement orné d’un petit filet fur la droite, & fon tuyau plus allongé ; 1l égale la moitié de la longueur de la coquille, & {ort peu hors de fon canal. Son opercule eft prefque rond. J'ai rencontré rarement cette efpece aux ifles de la Mag- delaine, mais abondamment à l'ifle Ténérif des Canaries. A LE SBOLIN, 225, Purpura major pelagia exotica corniculata. Colum. aquat. pag. 6o & 62. Purpura Africana cæteris ventricofior & mucronibus aduncis munita, parte interna rofeo fulgens colore, externà vero, vel albo unicolor, vel favo, tyrio, ac luteo multicolor. Bonan. recr, pag. 153. claff: 3. num. 283. Buccinum ampullaceum roftratum , majus, muricibus longiflimis inftruc- tum ad fenos pares in inñimo orbe primo. Lifler. hifl. ConchyL tab. 901. fig. 21. Hauftellum longiroftram fpinofum; ventre & roftro rugofis; fpinis raris aduncis & magnis; trocho obtufo. Rumph. Muf. pag. 86. tab. 16. fer 4e Purpura Africana cæteris ventricofior & mucronibus aduncis munita, parte internà rofco fulgens colore, externà ver , vel albo unicolor, vel flavo., tyrio, ac luteo multicolor, Muf. Kirk. pag. 468. n. 284. Purpura reétiroftra, umbonata & muricata, acumine canaliculi tantillim extrorfum inclinata. Lang. meth. pag. 25. Purpura rectiroftra , major , aculeis longis, validis & incurvis armata, albida , aliquando rufefcens. Gualt. Ind. pag. & tab. 30. fig. D. Hauftellum muricatum feu dentatum ; longiroftrum fpinofum; ventre & roftro rugofis ; fpinis raris aduncis & magnis, trocho obtufo ; Rum- phiü. Klein. tent. pag. 63. fpec. 2. n. 3. L'animal du Bolin reflemble parfaitement à celui du Sirat, à cela près que fon manteau eft bordé de deux longs filets fur la droite, & fort étendu fur la gauche, Couleur, Variétés, ÂNIMAL, Opercule, ANIMAL; COQUILLE. Spires. Sommet. Ouverture. Couleur. Remarque, 128 COQUILLAGES Sa coquille approche auffi beaucoup de la fienne. Elle eft un peu plus épale, & repiéfente aflez bien une maflue ou un fufeau à têre courte & ronde. Sa longueur eft de quatre à huit pouces, & double de fa largeur. Elle eft compofée de huit à neuf fpires renflées, arrondies, bien diftinguées , & relevées de fix à fept grofles côtes à peu près égales, comme repliées de droite à gauche, & oblique- ment Couchées fur fa longueur. Ces côtes font traverfees , comme toute la coquille, par un grand nombre de filets, & armées feulement fur la premiere fpire, de quatorze dents difpofées fur deux rangs qui tournent vers fon milieu. Ces dents ont depuis un demi-pouce jufqu’à un pouce de lon- aueur dans les coquilles de quatre pouces, & dans celles de huit elles ont un à deux pouces. Elles font courbées fur le côté, de maniere qu’elles remontent un peu en haut en di- vergeant, & toutes creufées d’un profond fillon fur leur con- vexité. Le fommet eft une fois plus large que long, & prefqu’une fois plus court que l’ouverture fans fon canal. L'ouverture eit un tiers plus courte que fon canal, qui eff à peu près cylindrique, & trois fois plus long que large à fa naifance. Il porte communément quinze à dix-huit épines horizontales, aflez droites, & une ou deux fois plus petites que celles des fpires. La lèvre droite reflemble à celle du Sirat, mais elle n’a point de crête dans fa partie fupéricure. La lèvre gauche fe fait remarquer par la figure & la gran- deur de la plaque luifante qui la recouvre. Cette plaque fe releve & fe préfente vis-a-vis louverture comme une lame aflez mince, ondée dans fon milieu, & une fois plus longue que large. ; Cette coquille eft blanche, ou jaune, ou fauve au dehors, & couleur de rofe au dedans. Elle eft aflez commune aux ifles de la Magdelaine. Il ne faut pas confondre cette coquille avec celle de la Mé- diterranée que Rondelet a décrite (1), & que les Vénitiens appellent Ovnella, & les Génois Roncera. Elle en approche beaucoup, à la vérité, & même aflez pour qu’on ne puñfle la (1) Hifoire des Poïffons , feconde partie, édition françoïie, page 45. difinguer OPERCULÉS. ee diftinguer au premier abord, commeil eft arrivé à la plûüpart des Auteurs qui n’en ont fait qu'uneefpece, Cependant lorfqu’on l’examine de près, on voit qu’elle en difiere à plufeurs égards. 1°. Ses côtes font peu élevées & prefqu’infenfibles. 20, Outre les deux rangs d’épines de la premiere fpire, elle a encore un rang qui tourne fur les autres. 3°. Ces épines font plus cour- tes & moins courbes. 4°. Le fommet eft moins renflé, de moitié feulement plus large que long, & de moitié plus court que l’ouverture. $0. Celle-ci eft aufli longue que fon canal. 6°. La lèvre droite n’a point de bourrelet, & elle porte trente petits filets fur fon bord interne. 7°, Enfin, la lèvre gauche a huit ou dix petites dents fur fa partie fupérieure, & fa plaque eft moins large & prefque droite, s>. POURPRES A CANAL LONG , ET FERMÉ COMME UN TUYAU, 21. LE JATOU,. PL. Voici une efpece des plus communes autour de F'ifle de Gorée, & des plus rares dans les cabinets. Je ne lai vû figu- rée nulle part. Sa coquille eft très-épaifle, de figure triangulaire , & poin- tue aux deux extrêmités. Elle a un pouce & demi de lon- gueur, & une fois moins de largeur. Elle eft compofée de huit fpires convexes , comme étagées & relevées de trois grofles côtes longitudinales, dont l’une ett placée fur le milieu de fon dos, & les deux autres fur les côtés de l'ouverture. Ces côtes font aïlées & tranchantes fur la premiere fpire, arrondies fur les autres , & féparées par un gros bouton qui s’éleve dans l’efpace qu'elles laiflent en- tr'elles fur chaque fpire. Le fommet eft aufi long que large, & de moitie plus court que l’ouverture, y compris fon canal. L'ouverture eft fort petite eu égard au volume de la co- quille. Elle repréfente une ellipfe très-réguliere, dont le grand diametre eft de moitié moindre que le petit, & un uers plus court que fon canal. Celui-ci a la figure d’un tuyau applati de devant en arriere , fermé exactement dans toute fa longueur, auffi long que large à fon origine, qui ef aîlée. Coquicir, Ua Donner. Ouveiture. Couleur, Remarque, ÂANIMAL. Pied. Opercule. 130 COQUILLAGES Il fe termine par une petite pointe recourbée légerement fur le dos de la coquille. Il n’y a pas la moindre apparence de canal inférieur. La lèvre droite eft bordée au dehors d’un gros bourrelet: elle préfente en devant fon bord qui eft aigu, tranchant, & découpé en fix à huit petites dents plates, arrondies à leur extrêmité, & d’autant plus grandes qu’elles approchent da- vantage du canal. La lèvre gauche eft ronde ou convexe, life, unie, & re- couverte d’une lame très-courte. Le bourrelet qui accom- pagne le tuyau du canal, imite parfaitement le tuyau, étant cylindrique , creux intérieurement, & percé à fon extrêémi- te. Il eft formé par la réunion des deux aîles, celle du dos & celle de la gauche de l'ouverture. Il eft rare que cette coquille forte de la mer avec une cer- taine propreté. Elle eft toujours couverte d’une mucofité verte, ou d’un tartre gris, & fouvent de petits coquillages qu'il eft difcile d’en détacher. Nettoyée de ces corps étran- gers, elle montre un fond blanc quelquefois fans mêlange, quelquefois marbré de brun, & le plus fouvent d’un brur- brülé, qui remplit l’efpace abandonné par les trois côtes aîlées. Lorfque cette coquille eft fort jeune, qu’elle ne pañle pas srois lignes, elle a une figure toute différente de celle que je viens de décrire. Elle n’eft ni triangulaire ni aîlée ; fa forme eft à peu près conique; & elle n’a guères plus de longueur que de largeur. Ses fpires font au nombre de cinq feulement, relevées au milieu par une vive-arrête qui tourne avec elles, & marquées de fix petits filets qui y laiflent une petite pointe. La lèvre droite de fon ouverture n’eft point dentée, & fon canal qui eft une fois plus court qu’elle, n’eft pas encore entierement fermé. Sa couleur eft grife ou blanc-fale. Telle eft celle que j'ai fait figurer à la lettre A. dans la planche 9. L'animal du Jatou eft parfaitement blanc ; il n’a que les yeux de noirs. Son pied n’a en deffous que quelques petits fillons paral- leles à fa longueur. Son opercule eft elliptique , auffi grand que l'ouverture de la coquille, de moitié plus long que large, & relevé au dehors de neuf petites nervures courbées en arc. OPERCULÉS. 7 Son manteau & fes autres parties reflemblent entierement + celles de la premiere efpece. 6°, POURPRES À CANAL MÉDIOCRE , FORT RESSERRÉ , ET PRESQUE FERMÉ. 22 LE COFAR. PL 0. Buccinum roftratum. Lift. hif. Conchyl. tab. 944. Murex coftofus, quinquangularis ; Rumphii. K/ein. tent. p. 102. fpec. 2. Cette efpece de Pourpre eft une des plus grandes que j'aie obfervées au Sénégal. Elle fe trouve communément aux ifles de la Magdelaine. Sa coquille eft extrêmement épaifle ; de figure ovoide, Coquir. terminée en pointe aux deux extrémités , longue d'environ huit pouces, & moins large d’un tiers. Elle eft compofée de neuf à dix fpires convexes, arrons Spires. dies, bien diftinguées, & relevées de fept à neuf grofles côtes qui s'étendent fur toute fa longueur. Dans les deux pre- mieres fpires ces côtes font garnies de pointes médiocres, à peu près égales, & qui paroiffent formées par un repli. On compte fix ou huit de ces pointes dans la premiere fpire, & deux feulement dans la feconde: dans les autres elles fe mé- tamorphofent en un bouton aflez gros. Les côtes font encore toutes traverfées par un grand nombre de petits filets déli- catement chagrinés, qui couvrent aufli toute la furface de la coquille en tournant avec les fpires. Le fommet eft un peu plus long que l'ouverture, fans Sommet. fon canal. Celle-ci eft médiocrement grande, & prefque ronde, un Ouverture. peu aiguë & reflerrée aux extrêmités. À celle d'en haut elle forme un canal prefque droit ou peu recourbé en arriere, une fois plus court qu’elle, & dont les bords minces & tran- chans, font fi rapprochés qu'ils ne laiffent qu’une fente fort étroite. Son extrêmité inférieure a auffi un petit canal fans échancrure, & formé en partie par une petite côte qui s’éleve fur l’origine de la lèvre gauche. Cette lèvre porte à fon extrêmité fupérieure un bourrelct R 1j Couleur, COQUILLE. Spires. Soinmet. Luüiverture. ‘auteur, COQUILLE, Spires. 132 CHO'QIU ILE À G ES. plein, qui laïfle à fon origine un grand ombilic rond & très- profond. La lèvre droite eft épaifle, fans bourrelet, tranchante, & légerement ondée fur les bords, & marquée au dedans d’un nombre de fillons égal à celui des pointes que portent les côtes de la premiere fpire. Sa couleur eft fauve, ou d’un brun très-foncé & tirant fur le noir, 2 LOU LO SET Hi. La coquille du Lofet n’a que fix lignes de longueur fur une largeur une fois & demie moindre. | Ses fpires font au nombre de huit, peu renflées, & chagri- nées de tubercules médiocres, applatis, fort ferrés, fe tou- chans les uns les autres, & diflribués fur douze à quinze rangs dans fa premiere fpire, fur cinq dans la feconde, & en moin- dre quantité dans les autres. Son fommet eft un tiers plus long que large, & auffi long que l’ouverture avec fon canal. Celle-ci refflemble à la précédente, à cela près qu’elle ef de moitié plus longue que large, & qu’elle n’a point de ca- nal ni de côte à fon extrémité inférieure fur la lèvre gauche. Cette lèvre eft recouverte d’une lame courte & mince, qui fe redreffe & préfente en devant fes bords qui font tran- chans, La lèvre droite eft découpée de dix ou douze dents fur fes bords, & relevée de quatre ou cinq intérieurement. Le brun foncé fait toute fa couleur. On la trouve communément fur les rochers de l’ifle de Gorée. ral ES UUG A PP 07 Cette efpece fe voit fréquemment avec la précédente, à laquelle elle refflemble infiniment. Sa coquille eft plus petite, n’ayant que cinq lignes de lon- gueur. Elle n’a que huit ou douze rangs de tubercules dans fa premiere fpire, & trois ou quatre feulement dans la feconde. Es font plus petits, plus renflés, arrondis, & fort écartés les uns des autres. OMERCULÉS. +$ Le fommet eft de moitié plus long que large, & un peu plus long que l’ouverture. La lèvre droite de l’ouverture n’eft bordée que de fix à huit dents, & la lame de la lèvre gauche ne fe releve pas fenfiblement. Le fond de fa couleur eft blanc, & les tubercules font bruns. 9. POURPRES A CANAL ÉVASÉ. 2 De TT AFONS Ps. Buccinum dentatum, admodum craflum, fufcum, leviter & densè ftria- tum, ventricofum. Liff. hifl. Conchyl. tab. 831. fig. $5. Buccinum breviroftrum , admodum craffum , fufcum , tenuiter ftriatum ; è finu Mexicano juxtà Campèche. Ejufd. tab. 963. fig. 16. Lagena ore femilunato, craffa, fufca , tenuiter friata ; Lifteri. Klein. renr, pag. $0. fpec. 1. n. 4. La coquille du Tafon eft obtufe & arrondie à fon extrè- mité fupérieure, longue d'environ un pouce & demi, & une fois moins large. On y compte neuf fpires qui font quelquefois léserement renflées , & quelquefois applaties, (excepté la premiere qui eft toujours fort renflée ) & peu diftinguées les unes des autres. Leur furface extérieure eft coupée par un nombre prodigieux de fillons creufés légerement & qui tournent avec elles. Le fommet eft un peu plus long que large, & fort peu plus court que l’ouverture. Celle-ci eit elliprique, obtufe à fon extrémité fupérieure, aiguë à l’inférieure, & une fois plus longue que large. Son canal fupérieur eft fort court, très-évafe, & coupé en haut d’une échancrure qui a autant de largeur que de profondeur. Elle a encore dans fon angle inférieur un canal non échan- cré, & formé par la rencontre de quelques filets élevés fur les deux lèvres. La lèvre droite eft découpée fur fes bords de vingt à vingt- deux petites dents rapprochées deux à deux, & ornée au dedans d’un pareil nombre de filets, dont les inférieurs font un peu plus gros que les autres. Sommet, Ouverture, Couleur, CoqQuiiter, Spires, Sommet, Ouverture, Périofte. Couleur. Remarque. ÂANIMAL. Opercule, COQUILLE, Spires, Ouverture. LT 134 CO QUILEÈMCES La lèvre gauche a quelquefois une petite plaque relevée de quinze à vingt rides, dont les deux d’en bas font un peu plus groffes que les autres : quelquefois elle eft life, unie, fans plaque, mais toujours avec un filét dans fon extrêmité inférieure. Elle à un bourrelet qui n’eft guères fenfible que lorfqu'’elle porte la petite lame ridée. Elle eft couverte d’un périofte mince & verdâtre, qui lui laiffe toujours un peu de fa couleur. Son fond eft cendré ti- rant fur le noir, quelquefois traverfé par un grand nombre de peuits fillons blancs. La différence qu’on remarque dans la figure des fpires & de la lèvre gauche de l'ouverture de cette coquille , caraéte- rife le fexe de l’animal qu’elle renferme. Le mâle a fa coquille plus étroite, plus allongée, à fpires applaties, & la lèvre gauche de l'ouverture fans lame & fans rides. L'animal ne differe de celui de la premiere efpece que par fon opercule qui eft parfaitement elliptique , life & uni au dehors, fans rides & fans fillons , une fois plus long que large, & de moitié feulement plus court que l’ouverture de la co- quille. J’ai obfervé cette efpece non-feulement à l’ifle de Gorée, mais même à celle de Ténérif des Canaries, où elle eft égale- ment commune dans les rochers les plus battus par les vagues. 26: LME DCNONDESTORE VERT 7; L'animal du Goufol reflemble parfaitement au précédenr. Sa coquille eft médiocrement épaifle, longue d’environ neuf lignes : elle furpañle une fois & un peu davantage fa largeur. Ses huit {pires font toutes applaties, peu diftinguées, lifles & unies, fans canelures. Son ouverture eft deux fois plus longue que large, & fans çanal fenfble à l’extrêmité inférieure. Le canal fupérieur eft plus court & plus évafé que le précédent, & échancré de même. La lèvre droite eft mince, tranchante, fans dents. La gau- che porte dans fa moitié fupérieure une petite plaque lui- fante , garnie de cinq groffes dents qui tournent dans l’inté- rieur de la coquille. OPERCULÉS. 138 Elle eft de couleur agathe-clair, & recouverte d’un périofte mince & fauve. | On ne la trouve que rarement autour de l’'ifle de Gorée, 27. LE BR IGN KE CP& ‘9: Buccinum Barbadenfe. Lifl. hifl. Conchyl. tab. 8217. fig. 49.4. & tab. 964. eo | | Buccinum parvum , pruniforme , acuminatum, leve , ex carneo & albide obfcurè punétatum. Gualt. Ind. pag. & tab. 43. fig. B. Lagena ore longo angufto , Phrygiè piéta & dentata; Eifteri. Klein, tenr. pag. 50. Jpec. 2. n. 4. Couleur, Périolte. La coquille du Bigni n’a que fix lignes de longueur , fur Coquiuis, une largeur une fois moindre. Ses fpires font un peu renflées. Son ouverture eft fort évafée, une fois feulement plus longue que large. La lèvre droite eft médiocrement épaifle, garnie au de- dans de douze ou quinze dents fort petites. La lèvre gauche eft fimple, arrondie, fans plaque, fans dents & fans bourrelet. Sa couleur varie à l'infini. Son fond eft ordinairement blanc, & tout couvert de petites lignes longitudinales , on- dées, qui font brunes dans quelques-unes & fauves dans d’au- tres : quelquefois il eft marbré de rouge-brun & de jaune, ou coupé par une petite bande blanche, ponétuée de brun ou de rouge-brun, qui tourne fur les fpires. Au dedans elle eft parfaitement blanche. Elle fe trouve en grande quantité dans les rochers de l’ifle de Gorée. 20 ENS LOVE "R: PL 5. Buccinum dentatum , parvum, riétu angufto , læve, exiguis pun@uris fafciatim depiétum. Lift. hit. Conchyl. tab. 825. fig. 45. Buccinum dentatum, parvum , roftratum , ampullaceum , læve, fubcro- ceum, punéturis albis densè depiétum. Eyufd. ibid. fis. 46. Buccinum dentatum rufum , exiguis maculis albis depiétum , riétu fub- purpureo. Eju/d. tab. 8216. fig. 48 & 49. & tab. 827. fig. 49. c. Buccinum parvum, pruniforme , acuminatum , læve , ex albo & nigro varicoatum. Gualt. Ind. pag. & tab. 43. fig. C. Buccinum patvum, pruniforme , acuminatum, læve, album, dentatum , punduris rubris depiétum. Ejufd. ibid. fig. E. | Buccinum parvum, pruniforme , canaliculatum , lxve, colore muftelino, carneo & albido variegatum. Ejujd. ibid. fig. G. Spires, Ouverture, Couleur, COQUILLE. Spires. Sommet. Ouverture. Couleur. Remarque. ANIMAL. Yeux. Opercule. 136 COQUILLAGES Puccinum parvum, pruniforme , canaliculatum , læve, ex rubro, & albido depiétum, & punétatum. Ejufd. ibid. fig. H. RES Lagera ore longo, anoufto , rufa, exiguis maculis albis, rictu fubpur- pureo; Lifter1. Klein. tent. pag. 50. fpec. 2. n. 2. Ce coquillage fe voit très-fréquemment avec le précédent, dont il ne difiere que parce que fa coquille eft plus épaifle, moins arrondie à l'extrémité fupérieure, & que fa longueur n'eft pas tout-à-fait double de fa largeur. Ses fpires font ( excepté la premiere ) applaties, peu diftin- guées les unes des autres, & coupées par un grand nombre de fillons prefqu’imperceptibles qui tournent avec elles. Le fommet forme un cône raccourci, dont la longueur eft égale à fa largeur , & de moitié plus courte que lou- verture. Celle-ci eft fort étroite, un peu courbée en arc dans fon milieu, & quatre fois plus longue que large. La lèvre droite eft très-épaifle & arrondie fur les bords. Elle eft renflée confidérablement vers fon milieu , & ornée en dedans de quinze dents à peu près égales & affez grandes. La lèvre droite porte dans fa moitie fupérieure feptà huit dents femblables, mais plus petites. Le périofte qui la recouvre eft fort mince & cendré. Au- deflous elle eft quelquefois blanche , marbrée de jaune ou de brun : quelquefois elle eft entierement brune. Cette coquille ne prend de l’épaifleur & des dents aux deux lèvres de l’ouverture , que lorfqu’elle eft parvenue à fon dernier période d’accroiflement ; de forte qu'avant ce tems elle refflemble beaucoup à l’efpece qui précéde : on la diftingue cependant par fon ouverture, qui a encore alors deux fois plus de longueur que de largeur, & par fes fpires qui font toujours applaties & fillonnées. L'animal difére de tous ceux décrits jufqu’ici, par la po- fition de fes yeux, qui fe trouvent placés beaucoup au-deflous du milieu de la longueur des cornes. Son opercule eft infiniment petit : il n’a pas plus d’une ligne de longueur : 1l eft extrèmement mince, tranfparent, fauve , elliptique , obtus à fes extrémités , de moitié plus long que large, & trois fois plus court que l’ouverture de la coquille. 29; OPERCULES, POLE STARON P£.5, 137 Buccinum dentatum parvum riétu compreflo five angufto variegatum , ftriis valdè exafperatum ; Jamaicenfe. Lifé. hifl. Conchyl. tab. 814. Jig. 43. Buccinulum dentatum Jamaicenfe, ftriis fafciatis maculatum. Periv. _Gaÿoph. vol. 1. cat. 573. tab. 9: fig. 4. n L Buccinum parvum , pruniforme, canaliculatum , riétu compreflo , ftriis exafperatum , candidum , ex fufco maculatum , labio externo den- tato. Gualr. Ird. pag. & tab. 43. fig. L. Oliva variegata; ritu compreflo; Lifteri. K/ein, rent. pag. 83. fpec. 4. Toute la différence qu’on remarque entre cette efpece & Coquur, la précédente, confifte en ce que fa coquille eft plus épaiffe, qu’elle a huit lignes de longueur , que fon fommet eft un peu plus large que long, & qu'’enfin elle eft quelquefois en- terement blanche, & marbrée de taches d’un bleu d’ardoife. Elle multiplie beaucoup moins dans les mêmes endroits. 20. LE /R A LAN "PL "5: Nopiex Grxcis, Purpura Latinis, Roncera Genuenfibus, Ogniella Ro- manis. Belon. aquat. pag. 420. | Murex Marmoreus. Rondel. pifc. pars fecunda , edit. lat. pag. 76. Conchylium. Ejufd. ibid. pag. 83. Operculum Conchylii. Ejufd. ibid. pag. 86. Murex Marbrin. Ejufd. édit. franç. part. 2. pag. 48. Conchylium. Eyufd. ibid. pag. $4. Couvercle du Conchylium. Ejufd. ibid. pag. $5. Murex marmoreus, Rondeletii. Boffüer. aquat. pars alt. pag. 35. Conchylium Rondelerii. Ejufd. pag. 42. Operculum Conchylii, Rondeleti. ÆEjufd. pag. 43. Conchylium Rondeletii. Ge/n. aquat. pag. 340. Operculum Conchylii, Rondeletii. Ejufd. pag. 341. Murex marmoreus, Rondeletii. Ejufd. pag. 690. Murex Stromboides, five Rhomboidesbilinguis. Colum.aquat. p.60 661, Murex marmoreus, Rondeletii. Aldroy. exang. pag. 334. Conchylium Rondelerii, cum fuis Operculis. Ejufd. ibid. pag. 346. Murex marmoreus, Rondeletii. Jonfl. exang. pag. 34. tab. 11. Conchylium Rondeletii. Ejufd. ibid. pag. 35. Murex incds rubefcens, extüs marmoreus, fanguineis & rubiginofis ma- culis contetus, corrice tuberofo & afpero; oris labro admodum tumefcente ,undofis finubus arcuato, & mucronis circumvolutiones ferè otaliter obtegente. Bonan, recr. pag. 155. claf]. 3. & 300. UOQUILLE. 138 COQUILLAGES Buccinum bilingue majus tenue, ex rufo nebulatum muricatum ; Jamai- cenfe. Lift. hifl. Conchyl. tab. 8Co. fig. 17. Buccinunr bilingue grave, labro craflo fivè pulvinato , maculatum & fus & muricibus exafperatum. Æjufd. tab. 861. fig. 18. Buccinum ampullaceum ; ; grandè variegatum, clavicalà extremo plana, leviterque muricata. Ejufd. tab. 882. fis. 4 Alata lentiginofa , malaicenfibus Bia Taijlala diéta Lo muf.pag. 111. art. 10. tab. 37. fig. /Q. Murex intüs rubeféens ,extüs marmoreus, fanguineis & rabiginofis ma- culs conteétus ; cortice tuberofo & afpero ; oris labro admodüm tumefcente, undofis finubus arcuato, & mucronis circumvolutiones ferè toraliter obtegente. Muf. Kirk. pag. 469. n. 300. Murex dorfo rugofo & wibus verrucarum ordinibus exafperato. Barrel. Ic. pag. 132. tab. 1323. fig. G. Murex ftriatus rugofus & AE aure ad tertiam fpiram ufquè elon- gatà , & cum à appendice {ficuri fpius auricula cuti ) ità fpiris adhæ® rente muaità muricatus. Lang. meth. pag. 27: Rocher garni de rides & de tubercules par étages. Sa lèvre fort en forme d aîle ; fa couleur à fond blanc eft mêlée de quelques taches brunes. Hife. Conchyt. pag. 294. pl 18. fig. C Murex ftriatus, rugofus , papillofus, & cree , €X his & terreo colore depictus. Guai. Ind. pag. € tab. 32. fig. A. Leatigo multicolor ; fuper albo colore LS cinereo, diftinétus ; Rum- phii. Klein. rent. pag. 100. fpec. 1. Lentigo tenuis; ex rufo nebulata; fer, Ejufd. ib. fpec. 2. tab. 6. fig. 107. Lentigo gravis, labro craflo, feu pulvinato; Lifteri. Ejufd. ibid. fpec. :. Belon a appellé ce coquillage des noms de Purpura, Ror- cera , Ogniella, &c. Rondelet ui a donné celui de € onch; - Liu, prétendant que c’étoit le Conchylium de Diofcoride & des Anciens , & 1l a tranfporté les noms de Roncera & d'Ogniella à une autre efpece de Pourpre à a long canal, qui approche beaucoup de celle que j'ai décrite fous le nom de Bolin(r). La difficulté que les Modernes ont trouvé à con- cilier ces deux Auteurs, & à certifier la connoiïffance du vrai Conchylium des Anciens, leur a fait fans doute abandonner ce nom, que nous ne voyons nulle part depuis Rondelet. Ce font les mêmes raifons qui n'ont déterminé à à donner à ce coquillage le nom de Kalan. Sa coquille eft des plus épaifles & des plus pefantes. Elle 4 environ huit à neuf pouces de longueur, & moitié moins de largeur. (1) Voyez la page 118, OPERCULÉS. “o Les onze fpires qui la compofent font applaties & même un peu creufées dans leur milieu, & forment une efpece de pli en débordant les unes fur les autres. Elles font mar quées en bas-de quatre ou cinq fillons peu apparens , & d’un rang de boutons ou de gros tubercules obtus & à arrondis. Ces tu- bercules font placés dans la partie inférieure de la premiere fpire , au lieu que dans les dix autres ils couronnent leur partie fupérieure ; ils paroïflent en creux dans l’intérieur de la coquille. La premiere fpire eft encore ondée ou marquée de plufeurs plis fort inégaux , & quelquefois de deux à quatre rangs de pareils ubercules. Le fommet eft de moitié plus large que long, & une fois & un quart plus court que la premiere fpire. L'ouverture forme une efpece de parallélogramme fort retréci en dedans, dont la longueur eft quadruple de fa lar- geur, & triple de la longueur du fommet. Elle fe termine en haut par un canal cylindrique médiocrement long, fans échancrure , aigu à droite, arrondi à gauche, & recourbé tantôt fur la droite en dedans , tantôt fur a gauche en dehors. Cette ouverture paroît fort évafée au dehors, parce que la lèvre droite s'étend confidérablement. Celle-ci eft très- épaifle , obtufe fur fes bords , quoique fans bourrelet, & pliée vers le haut pour former un fecond canal ou une gou- tiere F, fort courte & demi-cylindrique. Elle defcend en bas fur la feconde fpire, & quelquefois jufques fur la troifiéme qu’elle femble couper en deux parties. La lèvre gauche eft droite, c’eft-i-dire qu’elle n’eft nul- lement creutée en arc vers fon milieu, particularité que je n’ai remarquée dans aucune des Pourpres décrites jufqu’ici. Elle eft obtufe , arrondie, & recouverte d’une grande lame du poli le plus parfait. Lor fqu” on tire fraîchement cette coquille de Ia mer, elle eft enveloppée d'un périofte roux & aflez mince, qui étant enlevé, laiffe voir fon fond fauve, fur lequel font ‘répandues quelques marbrures blanches ondées. On découvre encore dans quelques-unes une bande d’une très-belle carnation, qui s'étend fur les tubercules. Intérieurement elle eft blan- che, mais les bords des deux lèvres fe teignent e une couleur ij Sommet, Ouveiturs, Périofte. Couleurs Varictées, A XIMAL. Opercule. 149 CODUILLAGES cuivrée dès qu’elle a refté quelque-tems expofée fur le rivage après la mort de l’animal. Cette coquille ne prend de l’épaifleur & de l'étendue à la lèvre droire, que lorfqu’elle a atteint une longueur d environ trois pouces; Mais toutes celles qui font parvenues à cette grandeur n'ont pas pour cela cette lèvre épaïfle. Il y en a qui, comme les jeunes, l’ont extrêémement mince, tranchan- te, fort reflerrée, fans évafement & fans canal, ce qui leur donne un air tout diflérent ë& capable d’en impofer aux ob- fervateurs qui n’ont point vü les animaux des unes & des autres. C’eft ainfi que le Doéteur Rondelet à regardé fon € onchylium comme une efpece différente de fon Murex mar- moreus : telle ef encore l’erreur du fçavant Lifter, qui n’a pas même foupçonné que le Buccin de la planche 882 de fa Conchyliologie, pût fe rapprocher de ceux qu'il a figurés aux planches 860 & 861 du même ouvrage. Il y a aufi de ces coquilles qui, comme je l’ai dit , n’ont qu'un rang de tubercules fur la premiere fpire, & d'autres qui en ont deux, trois & même quatre. Ces tubercules font ordinairement arrondis; on en voit cependant quelques-unes qui les ont pointus, mais toujours aflez courts. Ces petites différences qui ne font dûes qu’à l’âge ou à des accidens, ne doivent point nous faire multiplier cette efpece mal-propoë. L'animal reffemble beaucoup à celui de la premiere efpece ; ; mais fes yeux paroïflent placés un peu au-deflus du milieu de la longueur des cornes. L'opercule cf fixé fur l’extrèmité poflérieure de fon pied , &c il n’y tient que par la quatriéme partie de fa longueur, & par un de fes bords, celui qui eft convexe. Il eft elliptique, arrondi à à l’extrêmité “fupérieure qui eft plus épaifle, pointu à l'extrémité oppofée, trois à quatre fois plus long que ‘large 5 se noirâtre , poli fur fa furface extérieure, P& un peu courbé de gauche à droite en defcendant. Lorfque le piéd de l'animal fort de La coquille, il fe retourne de maniere que la pointe de l’opercule qui fe trouvoit en bas pendant qu’il y étoit renfermé, regarde en haut, & qu’au contraire fa ron- deur qui étoit en haut defcend en.bas. J'ai trouvé cette efpece communément dans les rochers de la pointe feptentrionale de l’ifle de Gorée & de Rufisk. Elle OPERCULÉS. tu rend une liqueur qui pourroit fervir à teindre, Comme celle de la plüpart des Pourpres. Suivant le témoignage de Rondeler (1) « c’eft de ce co- » quillage que les Anciens tirotent ce couvercle ( opercule ) » appellé ôyvË£ par Diofcoride, en latin Urguis, par Serapion » Aihfar-atheb où Athfar-athaib , c'eft-à-dire | Ongle aro- » matique, à caufe de fa figure : car il reflemble à l’ongle d’un » oifeau de proie, & tient contre la chair par le bout qui eft » le plus épais... Diofcoride en reconnoît deux efpeces: » l’une que l’on tire de la Mer-rouge, & qui eft blanche & » & grafle; c’eft la plus eftimée : l'autre eft noirâtre & plus » petite; elle vient de Babylone... Les couvercles ronds >» des Pourpres, s'appellent du nom de Blarta Byzantia ou » Blattion Byzantium; mais les Apothicaires appellent au- » jourd’hui indifféremment Plartas Byzantias les couvercles » du Conchylium & ceux des Pourpres(2).... Ils ont tous » à peu près les mêmes vertus, quoique de forme difiérente. » Lorfqu’on les brûle ils répandent une odeur femblable à » celle du Cafloreum , & leur fumée eft d’un grand fecours » pour les vapeurs & contre l’épilepfe. Pris en décoction ils » font laxatifs. » Voilà ce que dit Rondelet de l’opercule de coquillage. Aujourd’hui on en fait peu d’ufage; il eft feulement recher- che, comme les coquilles, pour l’ornement des cabinets. Fe LE. NIV A R,, «Pi: Cochlea furvam Æthiopis pellem colore fimulans, binis fafciis cincta ‘ inæqualibus , ore valdé angufto , quamvis in longum produéto. Bon. recr. pag. 165. claff. 3. n. 357. — Muf. Kirk. pag. 472. n. 350. Buccin de couleur fauve, rayé fur toute fa fuperfcie ; les fept étages de fa clavicule qui font applatis, le rendent extrèmement rare. Hifl. Conchyl. pag. 168. planc. 12. fig. A. " Fufus brevis Æthiops à colore ; binis fafciis inæqualibus cinétus; Bonanni. Klein. tent. pag. 6x. fpec. 2. n. 21. g. L'animal du Nivar reflemble parfaitement à celui de la douziéme efpece. (1) Seconde partie de l’Hiftoire- entiere des Poiffons , liv. 2. chap. 10. pag. ÿs. 2) Pourpre appelée à Gênes Roncera, à Venife Ognella , en Languedoc Burezs Ejufd, ibid. chap. 1, pag. 44. Remarque, ANIMAR COQUILLE. Spires, Sommet. Ouverture, Périofte, Couleur. CoQUILLE. Spires, r42 COQUILLAGES Sa coquille eft médiocrement épaifle, fort allongée, & pointue aux deux extrèmités. Elle a cinq à fix pouces de lon- gueur, & une fois & un tiers moins de largeur. Ses onze {pires font renflées confidérablement, & repliées en angle droit vers le milieu , excepté la premiere, dans la- quelle ce repli ne fe voit que vers {on extrêmité inférieure : il les fait paroître comme éragées, & 1l forme tantôt un angle aigu, tantôt un angle obtus, ouvent garni d’un rang de tu- bercules arrondis. Leur furface eft encore ornée d'un grand nombre de petits fillons qui tournent avec elles. Le fommet eft un peu plus long que large, & de moitié plus court que la premiere fpire. L'ouverture eft elliptique, aiguë aux deux extrèmités, & deux fois plus longue que large. Elle fe confond avec fon canal fupérieur, qui eft ouvert en demi-cylindre, & à bords tranchans. La lèvre droite eft aiguë, tranchante , mince & relevée en dedans de quinze à vingt filets qui tournent avec la premiere fpire. La lèvre gauche eft creufée en arc vers fon milieu, recou- verte d'une plaque luifante, polie , fort petite, & prefque fans bourrelet, Le périofte qui la recouvre reflemble à un drap brun, te- nace , très-épais & velouté. Le fond de fa couleur eft brun, quelquefois violet, tanné ou couleur de fuie, coupé par une bandelette blanche, di- viféc inégalement en deux par un filet brun. Cette bandelette commence un peu au-deflous du milieu de la premiere fpire, & tourne fur la partie fupérieure des autres. Ce coquillage fe trouve affez fréquemment dans les rochers des ifles de Gorée & de la Magdelaine. 32 LE BL ATAIN. PL 0. Cette efpece fe voit abondamment avec la précédente, à laquelle elle reflemble aflez, à la peutefle près. Sa coquille a rarement plus de fept lignes de longueur. Sa largeur eft une fois moindre. Êlle n’a que huit fpires qui font peu renflées, fort ferrées, & chagrinées par un grand nombre de tu ubercules allez gros, OPERCUL'ÉS 143 écartes & difpoiés fur pluie urs rangs qui tournent avec elles. On en compte cinq à tix fur la premiere fpire, deux fur la feconde, & un feul fur les autres. Le fommet égale en longueur la premiere fpire. La longueur de l'ouverture n’eft pas tout-à-fait triple de fa largeur. La lèvre droite eft mince & fans dents dans quelques-unes, dans d’autres elle eft fort épaifle, ornée au dedans de cinq dents aflez grofles, & arrondies. Le fond de fa couleur eft un pourpre foncé, tirant fur le violet ou fur le noir. Dans quelques-unes la premiere fpire eft entourée de deux petites lignes blanchâtres peu fenfbles. Elle n’a point de périofte apparent, non plus que les cfpeces qui la fuivent, MIE LS: ILE TS) 9) Buccinum. Liff. hift, Conchyl. tab. 925. fig. 18.6 7e, 958. fig. inferior. 2 La coquille du Silus differe de la précédente en ce que fa longueur eft de neuf lignes, qu’elle paffe une fois & un quart fa largeur , & quefes pires font couvertes de tubercules : ap- platis ; très-fer rés, & divifés en treillis par des fillons qui font au nombre de dix à quinze dans la premiere pire, de huit à dix dans la feconde, & de cinq dans la troifiéme. Son fommet eft un peu plus long que la premiere fpire. La lèvre droite de l'ouverture ef médiocrement épaifle dans la plüpart, tranchante fur les bords, & garnie au dedans de dix à douze petites dents en filets. Elle eft d’un brun-fale, coupé par une petite bande blanc- fale qui tourne fur le milieu des fpires. On la trouve abondamment dans les rochers de l’ifle de Gorée. ja DIE A RO LS: PI. 9. . Turbo tuberofus quafi fubtili, & candidä telà Ollandicä induétus , in mulriplices plicaturas, & pulvillos corrugatä. Bonan. recr. pag. 122, clalf 3079. Buccinum roftratum parvum, aliquibus binis tenuiter , valdè acutis firiis circumdatum. Lift. hiff, Conchyl. tab. 5214. fig. 16. Turbo tuberofus quai fubuili, & candidä telä Ollandicä indudtus, in multiplices plicatutas, & pulvillos corrugatä. Muf. Kirk, pag. 454 num. 79. Sommet, Ouverture, Couleur, Périofte, CoQuILLE, Sommet. Ouverture, Couleur, COQuILLE. Spires. Sommet. Ouverture. Couleur. i44 JDOUTILELACES Oxyrynchus Indicus, orbibus nodofis & catenatis. Periv. Gazoph. vol. 2. cat. 250. tab. 56. fig. 6. Fufus brevis, lævis fafciatus, binis tenuiter & valdè acutis ftriis circum- datus ; Lifteri. K/ein. tent. pag. 60. fpec. 2. n. 1. f. Fufus brevis ftriatus, acutus, inter fpiras plicatas granulato filo conftric- tus; Bonanni. Æjufd. pag. 61. fpec. 2. n. 2. e. La forme allongée de la coquille du Farois l’a fait mettre au rang de celles qu’on appelle Fufeau. Elle à deux pouces de longueur fur une largeur près de deux fois moindre. Les onze fpires dont elle eft compofée font fort ferrées, peu diftinguées, & creufées ou comme enfoncées dans leur milieu , au contraire de la plüpart des coquillages qui les ont ordinairement renflées. Elles font légerement fillonnées dans leur contour, & bordées à chaque extrémité d’un rang de petits boutons fort ferrés : ceux du rang fupérieur font com- munément pointus , & beaucoup plus gros que ceux du rang inférieur. La premiere fpire n’eft creufée que beaucoup au- deflous de fon milieu; & au dedans elle eft environnée de huit à quinze canelures médiocres & ridées. Le fommet eft prefqu’une fois plus long que large, & fort peu plus long que la premiere fpire, La lèvre droite de l’ouverture eft toujours mince, fans dents, & échancrée en angle aigu dans l'endroit où la pre- miere {pire eft enfoncée. La lèvre gauche a vers fon extrêmité fupérieure un petit bourrelet, accompagné d’un ombilic femblable à un petit fillon. Sa couleur eft grife ou brune, & quelquefois fauve. Le . périofle qui refle communément attaché dans la partie con- Variétés. ÂANIMAL. cave des fpixes, la rend brune ou noirûâtre dans ces en- droits. Le nombre & la forme des boutons ou tubercules des fpires caufent quelques légeres variétés dans cette coquille. {ll yen a, & ce font ordinairement les plus petites & les” moins allongées, qui ont le rang inférieur des boutons des fpires plus applati & moins relevé que le rang de la fpire fui- vante. On voit le contraire dans les autres. L'animal reffemble à celui de la trentiéme efpece, par la fituation de fes yeux, & par la longaeur de fon opercule , qui DÉERCULES . qui cependant n’eft ni auffi grand ni courbé en portion de cercle. Ce coquillage fe plaît dans les rochers de l’ifle de Gorée. 85 LE GE N OT. Pis, Cette derniere efpece de Pourpre fe rapproche beaucoup du genre des Rouleaux par la figure de l’animal, de fon oper- cule, & de fa coquille. Celle-ci reprélente un ovoide prefqu’également pointu à fes extrêmités, long d’un pouce & demi & deux fois moins large. Elle n’a que dix fpires qui font creufées, & entourées de deux rangs de boutons , Comme l’efpece précédente; mais la premiere fpire eft chagrinée ou couverte de petits bou- tons égaux, difpofés en treillis, & qui paroïffent formés par une vingtaine de canelures tranfverfales , coupées à angles droits par d’autres canelures paralleles à la longueur de la coquille. Le fommet eft de moitié plus long que large, & un tiers plus court que la premiere fpire. L'ouverture reflemble parfaitement à celle des Rouleaux, Elle repréfente une longue fente, de largeur à peu près égale par-tout, aiguë dans fon extrêmité inférieure , & cinq fois plus longue qu’elle n’eft large. : La lèvre droite ne diflere point de la précédente. La lèvre gauche eft droite comme dans la trentiéme ef. pece. Elle eft recouverte d’une petite lame luifante, & n’a pas de bourrelet fenfible, mais feulement un léger fillon qui tient lieu d’ombilic à fon extrêmité fupérieure. Elle eft couleur de chair dans la premiere fpire, & grife dans les autres. Je n’ai vû cette coquille figurée nulle part. Elle ef fort rare dans les rochers des ifles de la Magdelaine, & encore plus dans les cabinets, és ét FPT ae. CoQuizzr, Spires, Semmet, Ouverture. Couleur, COQUILLE Spires, Sommet, Ouverture. 146 CHOLOIUVIÉ E A'G:ECS GENRE IIT LE BUCCI N. Puccinum. Pour ne point m'écarter de l’application que les Anciens ont faite du nom générique de Buccin(r)à plufieurs efpeces de coquillages Operculés, qui ont une grande affinité avec les Pourpres; j'ai crû devoir tranfporter ce nom à ceux dont je vais parler, comme ayant avec le Buccin beaucoup plus de rapport que tous les autres coquillages qui font parvenus à ma Connoïffance. 1 LE BAR'NE T. P2Z ro. Buccinum Barbadenfe. Liff. hifi. Conchyl. tab. 919. fig. 24. —— Ejufd. tab. $85. fig. inferior. Epidromus oculatus. K£ein. rent. pag. 53. rec. 7. La coquille du Barnet ef petite, épaifle, & figurée comme un ovoide obtus à fon extrêémité fupérieure, & fort pointu au fommet. Elle ne pañle guères fix lignes en longueur: fa lar- geur eft une fois & un tiers moindre. On la voit dans fa gran- Y a deur naturelle à la lettre E, & elle eft groffie de beaucoup dans les trois figures voifnes. Les onze fpires qui la compofent font liffes, polies, ap- platies, (excepté la premiere ) fort ferrées , & peu diftinguées les unes d’avec les autres. Le fommet à moitié plus de longueur que de largeur, & moitié plus de longueur que la premiere fpire. L'ouverture eft elliptique, aiguë par le bas, où elle forme un canal étroit avec une légere échancrure, arrondie par le (x) Buccinis ( x2p0Ë) & Purpuris ( rop@ipois ) favificare in more eft. Æ4rifl. hift. Anim. lib. $. cap. 15. pag. 843. D. Buccinis modus idem gignendi, qui Purpuris , tempufque idem eft : operculum item oris idem tam huic utrique generi adhæret nativum, quäm cæteris turbinatis omnibus. Pafcuntur quoque exertà linguà quæ fub operculo latet. /bid. pag. 844. D. Promufcidas item gerunt ( turbinata } modo mufcarum : quod quidem membrum linguæ efigiem præ fe fert. Habent hoc idem & Purpuræ & Buccina firmum & to- rofum. Ejufd. ibid. lib. 4. cap. 4. pag. 880. À. Concharum ad purpuras & conchylia, eadem quidem eft materia, fed diftat tem- peramento. Duo funt genera, buccinum, minore conchà , ad fimilitudirem ejus buc- cini quo fonus editur, undè & caufa nomini , rotunditate oris in margine incifà : alte- rum purpura vocatur, Cuniculatim procurrente roftro, & cuniculi latere introrsus tubulato , quà proferatur lingua, &e, Plin. hifl. lib. 9. cap. 36. pag. 166. OPERCULEÉS. kr haut, & une fois & demie plus longue que large. Son extré. mité fupérieure forme un canal court, eévalé & coupé fur le dos de la coquille par une échancrure qui a un peu plus de profondeur que de largeur. La lèvre droite eft obtufe, & fort épaifle , quoique fans bordure, peu évafée, prefque droite, & garnie intérieure- ment de huit petites dents arrondies. La lèvre gauche eft arrondie, courbée au milieu en por- tion de cercle, couverte d’une petite plaque luifante, unie, fans bourreler, & comme légerement ridée au dehors vers fon extrèêmité fupérieure. Toute fa furface extérieure eft recouverte d’un périofte membraneux, roufsètre, fi mince & fi tranfparent qu’on voit parfaitement fes couleurs au travers. Son fond eft blanc, fauve, ou brun, fans aucun mêlange dans quelques-unes ; mais il éft ordinaire à la plûpart d’êrre brunes , rachetées de petits points ronds & blancs, difpoés régulierement en quinconge; ou bien d’être blanches, vei- nées ou couvertes d’un réfeau brun-rougeître. L'âge & le fexe du Barnet caufent quelques variétés dans la forme de fa coquille. Jai remarque que les plus jeunes ont proportionnellement moins de longueur, moins dépail- feur, & moins de fpires; que l’extrêmité fupérieure eft moins obtufe, le canal de l’ouverture plus allongé, prefque fans échancrure ; enfin qu’elles ont la lèvre droite fort mince, tranchante & fans dents. Quelques-unes des vieilles ont auf la plüpart de ces caracteres, ce font les femelles. Mais il y a une autre particularité qui eft commune à prefque toutes les vieilles coquilles , foit mâles, foit femelles : c’eft que lorf- qu’elles ont atteint le nombre d’onze fpires, clles fe caffent par l’extrêmité du fommet, de maniere qu'il ne refte que les quatre à cinq fpires d’en haut ou de fa bafe. J’en ai fait repréfenter une dans cet état, ( figure B. L. K.S.G.P. O.) Ce n’eft pas ici le lieu d'examiner par quels moyens l’animal exé- cute cette féparation dans une coquille aufli dure & aufli épaifle que l’ett celle-ci dans fa vieilleffe : 1l fufit de fçavoir que les fix fpires du fommet fe détachent, dans la ua nde partie, aufli-tôt après qu’elles font parvenues à leur dernier période de grandeur, & qu’il y en a fort peu dans lefquelles la féparation prévienne ce terme, Tij Périofte, Couleur. Variétés. Femarque. àKIiMALe. Tète. Yeux, 148 COQUILLAGES Cette propriéte de caffer fa coquille à un certain âge & dans certaines circonfiances , n’eft pas bornée à ce feul co- quillage : on l’a obfervée dans uneefpece de Limaçon terreftre du Languedoc, dont Lifter a donné la figure (1) dans fa Con- chyliologic; & l’on verra qu’elle leur eft commune avec un autre coquillage marin que je décrirai ci-après (2). C'’eft autour de cette coquille, fur-tout de la variété dont la couleur eft blanche veinée de brun, que fe forme une pe- tite efpece de millepore à mammelons, dont je parlerai dans Fhätoire des Vers & autres corps marins obfervés au Sénégal. Ceite millepore la défigure tellement qu’on ne peut en recon- noître la forme & les contours qu’en la dépoullant entiere- ment. Comme elle eft ordinairement habitée par un petit crabe de l’efpece de ceux que l’on appelle So/dar ou Bernard L’Hermite , cet animal en prolonge l’ouverture en fpirale, à peu près comme auroit fait Ie Limaçon vivant, dans toute ’épaifleur de la millepore, qui eft de près d’une ligne. Certe coquille ainfi incruflée &c recouverte de la millepore, em- prunte la figure d’un ovoide obtus à fes extrêmités, long de quatre à fix lignes, fur trois à quatre lignes de largeur. Sa cou- leur eft noiratre au dehors; mais lorfqu’elle a roulé quelque- tems fur le rivage , fes mammelons en s’ufant, prennent une couleur blanche femblable à celle qui regne dans fon inté- rieur. Lifler a figuré une de ces coquilles dans ce dernier état au bas de la planche 585 de fa Conchyliologie. L'animal du Barnet a la tête petite, cylindrique, de lon- gueur & de largeur à peu près égales, & légerement échan- crée à fon extrémité 7. Les cornes C. C. font prefque cylindriques , obtufes au fommet, & de moitié plus longues que la tête, fur les côtés de laquelie elles font placées vers fon extrémité antérieure. Elles ont quatre à cinq fois plus de longueur que de largeur, & font renflées médiocrement à leur origine. Les yeux font deux petits points noirs peu faillans, placés à la racine même des cornes, fur le renflement qui ef à leur côté extérieur YŸ. Y. {1) Buccinum album, claviculà produétiore , ferè abruptà ; Galliæ Narbonenfis, Lift. kiff. Conchyl. tab. 17. fig. 12. (2) Coquillages Operculés , Genre 4 Le Popel, pag. 153. ph 10. fig. 4. OPERCULÉS. 149 La bouche paroît comme un petit trou rond B, percé au- deflous de la tête vers le milieu de fa longueur, d’où fort continuellement une trompe cylindrique L, de longueur prefqu’égale à celle des cornes, & qui paroît divifée à fon ex- rèmité en deux petites lèvres, au milieu defquelles on ap- perçoit une petite ouverture ronde. Le manteau eft une membrane fort mince, qui s'étend fur la furface intérieure de la coquille, & fe replie en un tuyau cylindrique K, qui fort d’une longueur égale à la cinquiéme partie de la coquille par fon échancrure, en fe couchant un peu fur la gauche. Le pied P. eft petit, de figure elliptique, arrondi à fon ex- trémité antérieure, qui eft traverfée par un fillon profond S, accompagné d’un autre fillon fort court & longitudinal G. L'autre extrèmité eft pointue. Sa longueur eft quadruple de fa largeur, & une fois moindre que celle de la coquiile. À la racine du pied, vers le milieu de fa longueur , eft at- taché un opercule cartilagineux O , defigure elbptique, près de deux fois plus long que large, & environ quatre fois plus court que la coquille. Tout le corps de l’animal, vü en deflus, eft d’un blanc- pâle, tacheté de petits points ellipriques & rougeñtres : re- gardé en deflous, il paroït d’un blanc-fale fans aucune tache. Ses cornes font rougeûtres au milieu, & cendrées ou blanc- fale aux extrémités. Je n’ai pas obfervé de coquillage auffi abondant que l’eft celui-ci dans la pointe méridionale de l’ifle de Gorée. On voit par cette defcription que le genre du Buccin ne diflere de la Pourpre que par la figure des cornes, par la fitua- tion des yeux qui font à leur bafe, & par la langue ou trompe qui fort continueilement de fa bouche. 2 ALIEN TO LP T0; Je ne trouve prefque d’autre différence entre cette efpece & la précédente que dans la grandeur de fa coquille : elle n’excéde jamais la longueur de trois lignes; elle n’a que fept fpires qui ne fe caflent jamais, & dont la pointe eft plus moufle. Son fommet n’a guères plus de longueur que de largeur. Elle eft blanche, gris-de-lin , couleur de chair, fauve ou brune; Eouclie, Manteau, Pied, Opercule, Couleur, Remarque, Coquir1r, Spires, Sommet. Couleur: ANIMAL. Pied. CoquiLer. Spires. Ouverture, Couleur. Périofte. Variétés. COQUILLE. Spires. Couleur. CoqQuiLcr. Spires. Ouverture, 150 COQUILÉAGES d’ailleurs elle lui reflemble parfaitement, & fe trouve dans les mêmes endroits. On ne peut cependant pas dire que ce foit la même efpece que la précédente dans un âge moins avancé; car, comme Von a vû, les jeunes & les femelles ont la lèvredroite de l’ou- verture fort mince, au lieu queles individus de celles-ci l’ont également épaifle. M ALUE. NF SO 4H. PL ue L'animal du Nifot ne differe de celui de la premiere efpece qu’en ce que fon pied a quatre fois plus de longueur que de largeur. Sa coquille reflemble auffi à la fienne quant à la figure; mais elle n’a que quatre lignes de longueur, & huit fpires chagrinées, ou couvertes de petits tubercules fort ferrés & féparés par des fillons qui forment une efpece de treillis. L'ouverture a deux fois plus de longueur que de largeur. Elle n’a d'autre couleur que le gris-de-lin, ou une belle carnation , fans être recouverte d’un périofte. La lèvre droite de l’ouverture éprouve les mêmes variétés de fexe & d'âge que la premiere efpece. On la trouve avec elle, mais moins fréquemment. 4: LINE OUR A Ce P7 T0: Celle-ci eft encore plus rare que la précédente, dont elle ne paroît qu’une variété, qui a les fpires un peu renflées, avec quelques canelures paralleles à la longueur de fa co quille, & fans tubercules. Sa couleur eft brune. Hs eLEN FEU NIO'N VPEUTE. La coquille du Funon a cinq lignes de longueur & près de deux fois moins de largeur. Ses dix fpires font un peu renflées & canelées en longueur. La lèvre droite de l’ouverture eft marquée au fond de dix lonos filets. La lèvre gauche montre, vers fon milieu, trois groffes dents qui la caradtérifent & la diflinguent des quatre pre- micres efpeces. ; OPERCULÉS. sr Sa couleur eft fauve ou brune. Elle eft peu commune dans les rochers de Rufisk. LES ON T PI, 20 La coquille du Soni ne pañle guères deux lignes en Îon- gueur. Elle eft formée de huit fpires, fur le milieu defquelles tournent deux petits filets chagrinés ou couverts de tuber- cules. Lc fommet eft une fois plus long que large, & une fois plus long que la premiere fpire. L'ouverture repréfente une demi-lune , arrondie aux extré- mités, à peine de moitié plus longue que large, & fans canal à l'extrémité inférieure. La lèvre droite porte deux groffes dents au milieu de fa longueur. La lèvre gauche ef life, fans plaque & fans dents. Le fond de fa couleur eft blanc, prefque toujours coupé par la couleur brune ou rouge des deux filets chagrinés qui tournent fur les fpires, & la rendent fort agréable. Elle fe voit aflez fréquemment dans les rochers de l’ifle de Gorée. UMR ID UP etre: J'ai obfervé cette derniere efpece de Buccin dans les ro- chers de l’ifle de Gorée & du cap Manuel, où elle eft fort commune. Sa coquille a jufqu’à cinq lignes de longueur , & deux fois moins de largeur. Ses dix fpires font bien renflées, arrondies, & chagrinées de petits tubercules, comme dans la troifiéme efpece, mais mieux diftingués. La premiere fpire a dix à quinze rangs de ces tubercules!, la feconde en a cinq, la troifiéme quatre, & les autres beaucoup moins. L'ouverture reflemble à la précédente. Ses deux lèvres font fans dents, & la gauche eft recouverte d’une peute plaque mince & luifante. Elle eft ordinairement d’un blanc-de-neige fans mélange ; elle porte cependant quelquefois du rouge fur fes tubercules. Couleur, CoqQuirzr, ’ Spires, Sommet, Ouverture, Couleur. CoQuiLLe, Spires, Ouverture, Coulet À NIMA Lo Pied, Opercule. COQUILLE, ppirese 12 COOUILEACES L'animal ne diflere des précédens que par fon pied, dont la longueur furpafle à peine du double fa largeur ; & par fon opercule qui eft taillé en demi-lune, & de moitié feulement plus long que large. G ENRE SET. LE CERITE. Céxthiur. F'Abius Columna s’eft fervi (1) du mot grec latinifé Ceri- thium , pour défigner une efpece du genre des coquillages que je vais décrire fous le nom commun de Cérite. TAN IE PRONP EL." P/, ro; Buccinum fufcum, ftriatum , & muricatum; Africanum. Lift. hifl, Conch. tab, 121. fig. 17.2? Buccinum fufcum, nodofisftriis diftinétum. Ejufd. ab. 122. fig. 18 & 19. Buccinum fufeum, primis orbibus muricatum , cæterum ftriis nodofis exafperatum. Ejufd. ibid, fig. 20. Vrai Clocher Chinois formant plufieurs étages, fa couleur d’un brun-fali regne par-tout ; fa bouche recourbée eft à remarquer. Hifl, Conchyl. pag. 276. planc. 14. fig. F. | Turbo apertus, canaliculatus , obliquè incurvatus, ftriatus, minutiffimis papillis undequaque exafperatus, albidus. Gualc. Ind. pag. & tab. $7. fig. C Tympanotonos fluviatilis nodosè ftriatus, oris labio effufo; Lifteri. Klein. tent. pag. 30. fpec. 1. n. 4. tab. 2. fig. 40. Tympanotonos Auviatilis fimilis minor; Lifteri. Fjufd. ibid. n. . Tympanotonos fluviatilis, in primis orbibus muricatus; cæterum nodo- fus in ftrüis ; Lifteri. Æjufd. ibid. n. 6. La coquille du Popel a la forme d’une pyramide, ou d’un cône renverfé & fort allongé, dont la partie fupérieure eft obtufe, arrondie, & va toujours en diminuant jufqu’à fa par- tie inférieure qui fe termine en une pointe très-fine. Sa lon- gueur eft d'environ trois pouces, & prefque triple de fa largeur. Elle eft fort épaifle, & compofée de feize fpires applaties & fi ferrées qu’on a beaucoup de peine à les diflinguer les unes des autres. Chacune d’elles eft entourée d'environ cinq cordons inégaux: celui du milieu eft garni de boflettes con1- (1) Aquati, & terreftr, obferv, pag. 57. ques DPERCULÉS. sé ques & pointues; les autres font formés de petits tubercules arrondis, qui les font paroître comme chagrinés , où même comme des tourillons de cordes bien torfes. Le fommet eft une fois 8 demi plus long que large, & près de trois fois plus long que la premiere fpire. L'ouverture eft petite eu 1 égard au volume de la coquille, une fois plus étroite qu’elle, & prefque quarrée ou irrégu- lierement arrondie. Elle a deux canaux, dont un en bas très- petit, étroit, & formé par un enfoncement de la lèvre droite; l’autre eft en haut fur la gauche, fort court, évalé, & lége- rement recourbé en dehors, fans échancrure. La lèvre droite eft agué, tranchante, épaifle, & irrégu- licrement ondée & crénelée fur fes bords. Dans fa partie Tu périeure elle forme une efpece d’auvent qui s’avance confi- dérablement fur l'ouverture. La lèvre gauche eft arrondie, luifante , unie, creufée en arc, & comme repliée au dehors. Le périofte eft d’un brun-fali dans les jeunes , noirâtre dans les vieilles , médiocrement épais, & fi adhérent à la co- quille, qu'on ne voit guères d'autre couleur fur fa furface extérieure. Au dedans elle eft blanc-fale dans les j jeunes , & d’un brun de cailé-clair dans les vieilles. Lorfqu on veut la dépouiller entierement de fon périofte, opération qui ne réuflit que très-difiicilement, on ne trouve au-deffous qu'un blanc fade & peu agréable. On remarque que les petites coquilles font à proportion moins longues que les grandes, qu’elles ont moins de fpires, & les épines moins apparentes où même infenfibies dans la plüpart : la lèvre droite de l’ouverture et auf moins ondéc & plus mince. Ileft ordinaire aux vieilles de caffer les neuf fpires du fom- met, comme je lai fait obferver dans le Buccin Barnet(1), de maniere qu 1l n’en refte que les fept premieres , telles “qu'on les voit à la figure B. K. S. P. O. Les dernieres foires blanchiflent avant que de fe caffer, parce qu’elles fe “épouul- lent d’abord du périofte brun, & ‘des canelures ou cordons qui les recouvroient. Quel quefois ces mêmes coquilies font relevées d’une , de deux, & même de trois bourrelets lon- (1) Voyez la page 147, & la fig. 1. de la planc, 10. V Sommet, Ouverture, Périofte. Couleur. Variétss, Remarque. ANIMAL ‘Fête. Cornes, Yeux, Bouche, Manteau, Pied, Operçule, Couleur, rS4 COQUILLAGES gitudinaux diftribués fans ordre fur chacune des trois pre- mieres fpires. La tête de l'animal eft cylindrique T, allongée, tronquée en deflous à {on extrêmité , & ornée fur les cotés d’un bour- relet qui porte une petite frange femblable à une crête. De fon origine partent deux longues cornes C. C. termi- nées en pointe, & renflées confidérablement un peu au-deffous de leur milieu, jufqu’a leur racine. Au fommet du renflement des cornes, & fur leur côté ex- rieur, font placés les yeux Y Y, femblables à deux petits points noirs qui ne faillent point au dehors. La bouche forme un petit fillon placé de longueur au- deflous de la tête à fon extrêmité B. La membrane du manteau eft épaifle, & tapifle les parois intérieures de la coquille. Son extrèmité fupérieure fe replie en un tuyau K , cylindrique, aflez court, & couronné de dix petites languettes triangulaires. Ce tuyau fort rarement de la coquille. Le pied eft petit, prefque rond ou de figure orbiculaire P, de moitié plus étroit que la coquille, bordé à fon extrêmité antérieure ou du côté de la tête, par un fillon tranfverfalS, & marqué en deflous de plufieurs petits fillons paralleles à fa longueur. Il fe prolonge par-deflus en un mufcle cylindrique , qui porte à {on extrêmité un opercule exaétement orbiculaire , cartilagineux, fort mince, brun tranfparent, & marqué de cinq fllons circulaires concentriques. Comme cet opercule eft beaucoup plus petit que l’ouverture de la coquille, il rentre confidérablement en dedans lorfque l'animal s’y renferme. La tête, les cornes & le deflus du pied de cet animal font d'un cendré-noirâtre, mêlé d’un peu de blanc. Le deflous de fon pied eft blanc ; & fon manteau eft blanchâtre, tacheté de plufieurs petits points noirâtres. Ce coquillage eft des plus communs dans toutes les ri- vieres bourbeufes, où l’eau falée de la mer remonte, & fur- tout à l'extrémité feptentrionale de l'ile du Sénégal. Il fe traine dans la vafe entre les gramen & les mangliers, où il fe nourrit de fcolopendres & d’autres vermifleaux marins, Je OPERCULÉS. É DL ECCERITTIE Pltro, Buccinum tuberofum Cerithium parvum. Colum. aquat. pag. $ 3 & 57. Turbo tuberofus & afper , in quo nafcitur cancellus. Æ/droy. exang. pag. 353 6 3$4 Turbo inarmoreus, miris circumvolutionum anfraétibus cochleatus , in mari rubro vivens, & in monte Etrufco, quem dicunt Peglia, fub glebis inventus. Bonan. recr. pag. 121. claff. 3. n, 67. —— Muf. Kirk. pag. 463.1 67. Lift. hifl. Conchyl. tab. 102$. fig. 87.? Strombus angulofus. Rumph. muf. pag. 10%. art. 15. tab. 30. fig. O. Turbo apertus canaliculatus, obliquè incurvatus ftriatus, ore fimbriato & crifpato. Lang. meth. pag. 46. Turbo apertus canaliculatus, obliquè incurvatus , ftriis crafis, & papillis acutis fignatus, & validè muricatus, fubalbidus, maculis, & punctis piceis aliquando afperfus. Gualr. Ind. pag. & tab. $7. fig. B. Turbo apertus, canaliculatus, obliquè incurvatus , ftriis circumdatus , & papillis eminentibus, raris in unaquaque fpirà difpoñitis diftinctus, albidus. Ejufd. ibid, fig. G. Turbo apertus, acuminatus, mucrone gradatim produéto , & acutiflimè muricato, in fpirarum commiffuris papillis minoribus circumdato, candidus. Ejufd. pag. & tab. 56. fig. E.( Idem minor.) Vertagus labio plicatus : major ; fpiris angulolis & muricatis ; cretatus ; labio oris obliquo , & quafi incurvè plicato; Rumphu. Ken. tenr. Pag. 31. /fpec. $. a. La coquille de cette efpece n’a guères que deux pouces de longueur, & une fois moins de largeur. n n'y compte que douze fpires, renflées dans leur mi- lieu, qui eft garni d’un rang de boffettes aflez grofes, élevées fur une côte parallele à fa longueur. Le reite de leur furface et entouré de dix à douze petits filers peu élevés. La feconde fpire porte quelquefois un gros bourrelet fur la gauche. La longueur du fommet furpañle prefqu’une fois fa largeur, & la premiere fpire. L'ouverture elt exactement ronde, & paroît beaucoup plus évafée que la précédente, parce qu’elle fe porte prefqu’en- tierement hors de la coquille, fur fa droite. Son canal infé- rieur eft creufé en demi-cylindre, recouvert en partie par une côte affez groffe, élevée fur la bafe de la lèvre gauche. Le canal fupérieur eft reflerré, & de moitié plus profond que large. La lèvre droite n’eft pas fenfblement prolongée dans fa Vi CoQuirre. Spirese Sommet, Ouverture, Couleur. Varités, COQUILLE, 156 COQUILLAGES patie fupérieure , & elle ne forme pas l’auvent comme dans la premiere efpece. La lèvre gauche n’eft pas non plus repliée comme la fien- ne ; elle eft recouverte feulement par une lame courte, mais épaifle, & relevée en bas d’un filer aflez gros qui tourne en dedans de la coquille. Sa couleur eit blanche, fans mêlange dans les jeunes, & léocrement tachée de brun dans les vieilles. Je n'ai remarqué dans cette coquille qu’une légere variété, qui confifte en ce que les boflettes des fpires font quelquefois afez longues & pointues : cela fe rencontre ordinairement Li les jeunes; & c’ett vraifemblablementle frottement qui les ufe & les arrondit dans les vieilles. Cette efpece vit auf dans la vale; mais on ne la voit qu’en petite quantité dans le fleuve Gambie, vis-à-vis le comptoir d’Albreda. se A EG OUEN TIMEMR ERP /NTO, Turbo tuberofus& oblongus. Aldrov. exang. pag. 353 & 354. fig. 3. Turbo innumeris penè coloribus fimul. miftis in cute externa piétus ; afper, & luto fub quo ftabulatur deformis : in parte interoä ur plu timum albus, circà oris aperturam violaceus & nitidus. Bonan. recr. pag. 123. claff. 321110 02e Buccinum uns claviculatum , ftriis muricatis circumdatum ; . è mari Mediterraneo. Lift. hift. Conchyl. tab. 1019. fig. 82. Buccinum recurviroftrum. Æyufd. tab. 1021. fig. 85. Turbo innumeris pene coloribus fimul miftis in cute externâ pidtus, af- per, & luto fub quo ftbulatur deformis : in parte interna ut pluri- müm albus, circà oris aperturam violaceus, & nitidus. Muf. Kirk. pag. 454. n. 82. Turbo apertus canaliculatus , obliquè incurvatus, ftriatus & papiilofus. Lang. meth. pag. 46. Turbo apertus, canaliculatus, retiroftrus, muricatus, papillofus, ex albido fufcus , & maculis nigricantibus afperfus. Gualr. ‘Ina, p. Sr. 56. fig. L: Tympanotonos pelagius ; loricatus , recurvirofter, turgidulus; labic oris femilunato crifpo; Lifteri. Klr. tent. pag. 30. fpec. 2. 1. 3. Tympanotonos pelagius; undatus, rugosè ; labo rotundo , effufo ; ore longo angufto; Lifteri. Ejufd. ibid. LATE Oxyftrombus levis: ; multicolor, exacte conicus, ore patulo canaliculato; labio plicato; foris afper; in maximis fpiris denticulatus, & luto, fub quo ftabulatur , deformis; intûs albus, circà oris aperturam vio- laceus & nitidus; Bonanni. ne Passg3. fpec. 1. 1.108 La coquille de cette efpece differe de la précédente, en OPERCULÉS. 157 ce qu'elle eft un peu moins épaifle, longue d'environ deux pouces & demi , & une fois & demie moins large. Ses {pires font au nombre de quatorze , moins renflées, avec des boffettes plus petites. Le bourrelet de la feconde fpire eft peu fenfible. L'ouverture ne s'étend prefque pas fur le côté de la co- quille : elle eft un peu plus longue que large. Sa lèvre droite eft peu épaifle, & la plaque de la gauche eft plus étendue & moins épaiile. Lorfqu’on a dépouillé cette coquille d’une légere croute verte qui l’enveloppe pendant qu'elle eft dans la mer, elle aroît brune au dehors ou cendrée, marbrée de blanc. Au dedans elle eft blanchôtre, tachée d’un violet obfcur fur la lèvre droite. J'ai trouvé cette efpece dans les endroits vafeux de l’ifle Ténérif & de celle de Fayal. À LE CHADÉT. PL ro. Buccinum recurviroftrum, claviculatum ftriatum & afperum ; Jamaicenfe & Barbadenfe. Lift. hift. Conchyl. tab. 1018. fie. 80 & 87. Buccinulum recurviroitrum , nigram, ftriatum & afperum minimum, Sloan. Jam. vol. 2. pag. 231. Turbo apertus, canaliculatus, obliquè incurvatus, ftriatus, papillis ma- joribus, & minoribus exafperatus , fubalbidus , punctis fulvis ali- quando notatus. Gualt. Ind. pag. & tab. $6. fig. N. Tympanotonos pelagius; minor, ore contraéto; Lifteri. K/ein. rent. p. 30. Re Zune 2, 2 Vertagus bifalcatus, fafciatus & afper ; Liftert. Ejufd. pag. 31. fpec. 4. b, Le Chadet fe rencontre quelquefois dans le fleuve Gambie. Sa coquille ne difiere de la précédente qu’en ce qu’elle a rarement un pouce de longueur, que fes douze fpires font fort plates, & entourées d'environ douze filets finement cha- grines, dont trois font un peu plus apparens que les autres. Le canal fupérieur de fon ouverture paroît un peu courbé fur le côté gauche. Sa couleur eft brune, ou noirâtre tirant fur le violet, ou blanche entourée de plufeurs lignes de points bruns fort ferrés. Les jeunes coquilles n’ont que trois rangs de filets fur Spires. Ouverture, Couleur, Coauitzr, Spires. Ouverture. Couleur, Variétés, CoquiLLe. Spires. Sommet. Ouverture. Couleur. COQUILLE. 158 COOUILIAGES chaque fpire; & j'en ai une autre variété fur laquelle tous les fiiets paroiïflent comme effacés fans le fecours d'aucun frottement. eus soi. E + D'ÉIGON. (PL ro: Turbo zpertus, acuminatus ftriatus, rugofus, papillofus, afper, ex livido- albicans. Gualt. Ind. jag. & tab. 56. fig. F. La coquille du Dégon reffemble afez à la précédente ; mais elle n’a guères que fept lignes de longueur; fa largeur eft une fois moindre. Elle porte dix fpires entourées de trois rangs de petits tu- bercules inégaux & peu feriés. La longueur de fon fommet furpafñle une fois celle de la premiere {pire, & de moitié feulement fa largeur. Le canal fupérieur de fon ouverture eft fort court & fans courbure. Le fond de fa couleur eft quelquefois brun, mais ordinai- rement blanc. Les tubercules font toujours bruns. On la trouve fréquemment aux environs du cap Verd, 6, L'EUET-GAR: P/ 10. Je dois avertir que les deux efpeces de coquillages qui fui- vent ne font pas de même genre que les cinq qui les précé- dent. Ce qui m’a déterminé à les rapporter ici, c’eft la forme allongée de leur coquille , & non celle de l’animal, que j'ai vüû à la vérité, mais fans avoir le tems de l’examiner. Toutes deux vivent enfoncées dans les fables de l’anfe de Ben , à une lieue dans le nord de l'ifle de Goréc. Zérmyt five Buccinum pexpénere parvum. Colum. aquat. pag. 53 & 55. Turbo tuba diétus elegans, 16 & aliquando 20 fpiris finitus, mucrone mir proportione valde acuminato, eburneï coloris, & cochleatis crifpis corrugatus; Perfici maris. Bonan. recr. p. 127. claff: 3.n. 1164 —— Muf. Kirk. pag. 456. n. 116. Turbo integer, vulgaris ftriatus. Lang. meth. pag. 47. Turbo integer, vulgaris, maximus, denfifimè ftriatus, 30 circiter fpiris elongatus, fufcus. Gualt. Ind. pag. & tab. $8. fig. À. Strombus cochloides, fpiris torofis , ftriatis , cæniyé ; Fabii Columnæ, Klein, tent. pag. 29. fpec. 2. B. 2. f. La coquille du Ligar a quatre pouces de longueur & trois fois moins de largeur, OMERCULES. 159 » . e , F , ; Elle eft formée de vingt fpires renflées, arrondies, bien _—. diftinguées, & environnées de fept ou huit canelures médio- cres & égales. Le fommet eft deux fois & demi plus long que large, & Sommet, quatre à cinq fois plus long que la premiere fpire. L'ouverture eft exactement ronde ou orbiculaire, & en- one. tourée aux deux tiers feulement par une lèvre circulaire affez mince , aiguë & tranchante fur les bords. L'autre tiers eft fermé par la convexité de la feconde fpire qui fe trouve {ur fa gauche. Le fond de fa couleur eft blanc, agréablement marbré de Couleur, grandes taches brunes. Elle n’a point de périofle fenfible, Périofe, non plus que la fuivante. PANNE NE S AL. Pro, Turbo Iævis teftæ, in mati Adriatico frequens, fubtiliffimis crenis crif patus, colore lapidis Tiburtini, tribus fuprà decem orbibus, licet mole parvus , extenfus. Bonan. recr. pag. 116. claff: 3. n. 23. Turbo alter mole major decem tantüm orbibus finitus, valdè tumefcen- übus, omnind lævigatis, colore marmoreo fubalbido , & aliquan- tulum vetuftate flavefcente. Ejufd. ibid, n. 24. œ—— Muf. Kirk. pag. 451. n. 23 6 24. Cochlea albida , ad imum quemque orbem unà vel alterä ftriâ majufcul, Lift. hifl. Conchyl. tab. Sox. fig. 56. Turbo integer vulgaris lævis. Lang. meth. pag. 47. Strombus cochloides , fpiris torofis ftriatis; Tiburtinus, fubtiliMfimis cre- nis crifpatus, colore lapidis Tiburtini , ex mari Adriatico ; Bonanni. K/:in. tent. pag. 29. fpec. 2. B. n. 2. a. Strombus cochloïdes, fpiris torofis ftriatis; carminatus, albidus, ad imum quemque orbem unà vel alterà ftrià majufculà; ore rotundo, parum ad finiftram labiato ; Lifteri. Ejufd. ibid. b. La coquille du Mefal reffemble infiniment à la précédente; Coquirrr, mais elle n’a guères plus de deux pouces & demi de longueur. Ses dix-fept à dix-huit fpires font aufli entourées de cinqa Spires. fx canelures, mais fi fines qu’elles femblent autant de filets fort écartés les uns des autres. Le dernier ou les deux d’en bas font fouvent un peu plus gros que les autres. Le fommet ne furpañle que trois fois la longueur dela pre-. Sommet. miere fpire. L'ouverture n’eft pas tout-à-fait ronde, mais un peu allon- Ouverture, Couleut, 160 COQUILLAGES gée. Sa lèvre gauche paroît repliée comme une petite plaque {ur la feconde fpire. Le fond de {a couleur ef quelquefois blanc , mais ordi- aairement d’un agathe fort clair, GENRE VV. LE VERMET. fermerus, À Ne confidérer que la forme de la coquille du Vermer, on la prendroit moins pour la loge d’un Limaçon , que pour celle d'un Pinceau de mer. On feroit encore m ‘ins porté à croire qu’elle eft pourvue d’un opercule: c’eft cependant ce que nous apprend l’infpeétion de l’animal qui l’habite. Car quoiqu’elle foit courbée ou toruiilée à la maniere des Pinceaux de mer, ou même entrelacée & attachée , comme eux, à différens corps qui lui fervent de point d'appui; quoiqu ’elle ait la for- me cylindrique des tuyaux de Scolopenäres, l'animal qu’elle renferme eft fort différent des leurs. Il feroit donc aufñli in- jufle que peu conforme à la connoïffance que nous avons aujourd’hui de ce coquillage, de le regarder comme un Pin- ceau de mer(r),ou de le ranger dans a famille des Polypes à tuyaux (2), ou dans celle des Coquillages Multivalves (3) comme ont fait plufieurs Auteurs. On en jugera facilement par les defcriptions fuivantes. ps VREMRNNIME AT) SRLUNX, Tubali alii in quibus vermes delitefcunt. A/drov. exang. pag. 561. Penicillus alius. Jonfl. exang. tab. 17. Tubuli vermiculares , faxis adhærentes, cxterorumque oftreerum teftis adnati, SR & innumeris penè modis circumAexi, ut plurimam foli, figurà rotundà & levigata. Bonan. recr. pag. 92, Glallite nm. 20.4. D. — Muf. Kirk. PAag+ 437 n. 20. A, TE. Phallus teftaceus marinus è vermium genere. Lifl. hifl. Conchyl. tab. 548. fig. 3. Rumph. Muf. pag. 126. tab. 41. fig. 1. 2. 4. (1) Carol Langn Methodus Teftaceorum. C/aff. 1. fe&. 2. Penicilla. ne. Jacobi Theodori Klein Defcriptiones Tobulorum marinorum, &C. Gedani. 731. 4°. fig. Tubuli marini. ve) Hifloire naturelle éclaircie dans la Conchyliologie , &c. Troifiéme claffe des Coguilles Maltivalves , feconde Famille, Vermiffleaux de mer. Monceau OPERCULÉS:. tGr Monceau de Vermiffeaux gris-blanc , tortillés & enlacés de manieres. Hif. Conchyl. pag. 352. pl. 19. fig. B. Vermifleau folitaire de couleur fauve , dont les replis finguliers vont fe terminer à une pointe blanche fort aiguc. Eyufd. ibid. fig. J. Tubulus marinus irregulariter intortus, vermicularis , rufefcens, ftriatus, five cancellarus ; os habet rotundum, & quo magis ab eo tubus re- cedit, anguftior evadit, donec in turbinem acutiflimum definat. Gualt. Ind. pag. & tab. 10. fig. Q. Tubulus marinus irregulariter intortus, vermicularis, leviter ftriatus, 8: in turbinem obtufionem definens , fubalbidus. Eju/d. ibid. fig. . Dentalium teftà cylindraceë inæquali Hexuosa contorta, Linn, Faun. Suec. pag. 380. n. 132.2 différentes La coquille du Vermet fe trouve rarement feule : elle fe lie avec d’autres de la même efpece, & s’enlace de maniere qu’elle forme des mañles pierreufes confidérables. Ces mafles n’ont communément qu’un à deux pouces d’épaifleur, mais leur largeur n’eft point déterminée; elles s'étendent de plu- feurs toifes fur Les rochers auxquels elles font attachées. J’en ai vû qui étoient couverts d’une croute femblable & conti- nué de plus de vingt pieds quarrés. C’eft particulierement dans les baffins où l’eau de la mer eft tranquille que l’on trouve cette efpece, & fur-tout dans ceux qui font creufés naturellement dans le roc,comme on en voit aux ifles de Gorée & de la Magdelaine. Chaque coquille confidérée folitairement, repréfente une efpece de cylindre de cinq à fix pouces au plus de longueur, dont le diametre qui a uneligne & demie à deux lignes de lar- geur en haut, diminue infenfiblement jufqu’au fommet où elle fe termine en une pointe très-fine. Elle n’eft jamais droite, mais pliée & tournée inégalement en plufieurs fpires, dont le nombre varie depuis cinq jufqu’à douze & peut-être davantage. Les fpires vont toujours de droite à gauche, & font ordinairement évuidées par-tout, ( 122, G.G.) quelquefois elles font rapprochées & fe touchent toutes, ( 4. H. H. )comme dans les coquilles turbinées, en faiffant au milieu un ombilic qui fert d’axe ou de centre au- tour duquel elles font leurs révolutions pour former un cône renverfé. C’eft par ces fpires qu’elle adhere à différens corps; mais fon extrêmité fupérieure eft dégagée & libre de tous côtés, de la longueur d’un pouce ou environ : elle s’éleve CA Coquiri: Spires. Périofte. Ouverture, Couleur, ANIMAL Tête, Ccrnes, Yeux, Bouche, 162 C O!Q U LE: LA G ÉiS verticalement à l’horizon , quoique quelquefois elle y foit un peu inclinée. | ; Son épaifleur n’eft pas bien confidérable, mais fa dureté furpañle celle de la plüpart des coquilles. Elle eft canelée dans toute fa longueur , ou relevée de fix à douze perits filets ridés pour l'ordinaire , ou chagrinés. AN Le périofte qui l'enveloppe , ne fe voit qu'avec peine à caufe de fon extrême finefle. L'ouverture eft ronde ou orbiculaire , d’un diametre égal à celui de la coquille, fort mince & tranchante fur fes bords, & élevée d’un pouce au-deflus des fpires. | La couleur de cette coquille pendant que l'animal vit, ef au dehors d’un brun foncé, qui après fa mort devient cen- dré. Au dedans elle eft violette. La tête de l’animal regardée par le dos T, paroît avoir une fois plus de largeur que de longueur depuis les yeux: lorf- qu’on la regarde par deflous B, fa longueur depuis le pied, paroît égaler fa largeur. Elle eft cylindrique , un peu appla- tie, & tronquée à fon extrémité. De fes côtés partent deux petites cornes C. C. femblables à deux languettes triangulaires, applaties, dont la longueur furpañle à peine la largeur , & dont le mouvement eft peu fenfible. Les yeux Ÿ. Y. font placés à leur racine & fur leur côté extérieur. Îls reflemblent à deux petits points noirs qui ne faillent point au dehors. L'ouverture de [a bouche eft un petit fillon longitudinal B, par lequel on voit fortir prefque continuellement une petite trompe de la longueur des cornes, cylindrique, un peu ren- flée à fon extrèmité qui n’eft point percée, mais garnie de plufeurs rangs tranfverfaux de dents coniques & courbées en crochets. Le pied eft cylindrique, une fois plus Iong que la tête, & placé au-deflous d'elle. Dans fa fituation naturelle il la pañle & déborde beaucoup au-devant d’elle, comme on le voit en P:on l’a couché fenfiblement fur le côté en p, afin de le rendre plus apparent. Ce pied ne fert point à l’animal pour marcher, comme on le voit dans les autres Limaçons, étant fixé continuellement dans le même lieu. OPERCULÉS. ”. De fon origine , de l'endroit où 1l fe joint à la tête, on voit fortir du même point deux filets cylindriques F. F. qui s'étendent d’une longueur égale à la fienne. Ils font un peu plus minces & deux fois plus longs que les cornes, & n’ont guères plus de mouvement qu’elles. _A fon extrêmité eft attaché un opercule O , de figure or- biculaire, cartilagineux, extrêmement mince, & marqué fur fa furface de deux petits fillons circulaires concentriques. Il eft une fois plus petit que le diametre de la coquille, & rentre de plus de deux pouces dans fon intérieur, lorfqu’on inquiéte l'animal ou qu’on le touche. Le manteau eft une membrane fort courte qui tapiffe les parois intérieures de la coquille, en formant une efpece de collier autour du corps de l'animal. Quoiqu’elle ne forte pas ordinairement au dehors, on l’a fait paroître en M, afin de mettre en vüe l’ouverture À. par laquelle l'animal infpire l'air, & rend fes excrémens, qui femblent des petits grains ovoides, fort allongés & grouppés enfemble par plufieurs pa- quers. Cette ouverture qui eft auffi l'anus, fe trouve toujours fur la droite. La diftance qu’il y a du manteau à la tête, eft de près d’un pouce, & double de la longueur du pied. Dans cer efpace le corps de l'animal paroît comme un long col cylindrique, fur le dos duquel s’éleve un bourrelet femblable à une plaque triangulaire, applatie, aflez large fur le devant, & fort poin- tue par derriere. Ce bourrelet, cette plaque s'étend fur toute fa longueur, aufli-bien que deux petits cordons qu’on ap- perçoit fur fes côtés. Je n'ai jamais vü cet animal en accouplement, & pro- bablement 1l en eft difpenfé, comme bien d’autres coquil- lages, ne pouvant tranfporter fa coquille, ni en fare fortir fon corps de plus d’un pouce, pour communiquer avec fes voifins. Il eft cendré tirant fur le noir, depuis la tête, qui eff mou- chetée de petits points jaunes, jufqu’au manteau ; depuis le manteau ju'qu'au milieu du corps 1l eft blanc-fale , & noi- râtre à l’extrémité inférieure. fl X i Manteau, Anus, Col. Sexe. Couleur. CoQuizzr. Spires. Ouverture. Couleur. CoQuizze. 164 COQUILLAGES 2, LE LCTS PE CPL. Tr. Tubuli alii parvi in quibus vermes delitefcunr. AZdroy. exang. pag. $62. fig. Juperior. Tubuli alii parvi. Jonfi. exang. tab. 17. ; Tubuli vermiculares femper quafi vifcerum maffam conftituentes , ut plurimum colore fufco , rerreo, & livido ; fub luro fcopulis immo- biliter adhærefcentes, teftä minuuflimis ftruis afpera. Bonan. recr. pag. 93. claff. 1. n. 20.G. — Muf. Kirk. pag. 437. n. 20. G. Tubuli marini irregulariter intorti, vermiculares, fimul uniti in conge- riem tantæ molis, ut fæpe tripalmarem diametrum habear, & 23-li- bras pondere æquer. Gualr. Ind. pag. & tab. 10. fig. T. La coquille du Lifpe, fur une longueur égale à Ia précé- dente, a tout au plus une ligne de diametre, & fouvent beau- coup moins. Elle n’eft tournée en fpirale que dans fa partie inférieure qui fait deux ou trois tours au plus. Sa furface n’eft point canelée, mais légerement ridée en travers, & fon ou- verture ne déborde que de quelques lignes au-deffus dés corps qui lui fervent d'appui. Sa couleur eft jaunâtre. Elle eft auffi commune que la premiere autour de l’ifle de Gorée ; mais on ne la trouve qu’entre les rochers fur le quels la mer bat avec violence. Les mafles qu’elle forme font fort compactes, d'environ un à deux pieds de diametre, & de cinq à fix pouces d’épaifleur. LE DOFÉSN FLlar Cette efpece s’atrache par monceaux ronds d’environ un pied de diametre, fur les coquillages & fur les morceaux de bois que le hazard à fixés au fond fablonneux & coquillier de la rade de l’ifle de Gorée. La longueur de fa coquille eft de huit à neuf pouces, & -fa largeur de trois à quatre lignes. Elle eft contournée plus Spires. Ouverture. irréguliérement que la premiere efpece, & fait un peu moins de foires, qui vont auffi de droite à gauche. Sa furface eft relevée de cmquante petits filets longitudinaux , fort ferrés, & traverfés par d’autres filets femblables , qui forment un treillis extrêmement fin. Son ouverture ne s’éleve pas d’un demi-pouce au-deffus des fpires. Elle s'incline toujours un peu fur le côté. OPERCULÉS. 7 Elle eft jaune au dehors, & de couleur de corne au de- dans. Les cornes de l’animal ont deux fois plus de longueur que de largeur. Son pied paroît comme plié en deux à fon extrèmité. C’eft dans ce pli qu’eft placé l’opercule, qui eft fi petit qu'on a de la peine à le diftinguer fans le fecours du verre lenticulaire. Il n’a guères plus d’un huitiéme de ligne de diametre. Le manteau eft bordé tout autour de douze petits tuber- cules jaunes. La tête, les cornes, le pied & le manteau font bruns, poin- tillés de jaune & de rouge: le refte du corps eft blanc-de-corne dans fa moitié fupérieure, & blanc-de-lait taché de brun dans l’autre moitie, AOLSE : D AT I-N.: PLiix La coquille de cette efpece vit folitairement ; & fans fe joindre à d’autres coquilles de même efpece. On la trouve auffi, mais plus rarement, fur les rochers de l’ifle de Gorée, & quelquefois fur les coquillages, Elle n’a que deux pouces de longueur, & deux lignes de diametre. Elle eft tournée , comme les autres, de droite à gauche en trois fpires beaucoup plus rapprochées ( 18. 4.}, & fouvent roulées fur elles-mêmes de maniere qu’elles en- ferment le fommet à leur centre, ce qui lui donne la forme ‘d'un cor ( fe. B. ) dont le deflus & le deflous font applatis comme un difque. Sa furface eft ordinairement life, quelque- fois relevée de cinq à fix filets qui parcourent fa longueur. Son ouverture déborde rarement les fpires. Elle eft jaunâtre, cendrée , ou d’un brun obfcur. Le pied de l'animal eft parfemé de quelques petits tuber- cules jaunes. Son opercule eft placé fur fon extrêmité qui eft plate : 1l n’a qu’un fixiéme de ligne de diametre. Ïl reflemble à la premiere efpece quant à la couleur de fon corps, à cela près que l’extrêmité inférieure eft blanchtre. SOLE M A SLE R. Pr.rr, Tabali ali in quibus vermes delitefcunc. Aldroy. exang. pag. $C. fig. inferior? Couleur, ANIMAL Cornes, Pied, Manteau, Couleur, CoQuiLLe. Spires, Ouverture, Couleur, ANIMAL. Pied, Opercule, Couleur, COQUILLE. Spires. Ouverture, Couleur. CoQuILLr. Spires. 166 COQUILLAGES Rumph. muf. pap. 116. tab. 41. dr. L. Tubaulus biftorcæ formis. Lang. meth. pag. Vermilleau des mieux contournés, de Ts de chair en quelques en- droits, & blanc dans le refte. Hifi. Conchyl. pag. 352. pl. 29. fig. H. Cette efpece eft la plus grande des Vermets que j'ai ob- fervés fur la côte du Sénégal. Elle eft auf extrèmement rare; je ne l’ai trouvée qu'aux environs du cap Verd, où elle vit folitairement. Sa coquille eft fort épaifle, longue d’un pied , large de huit a neuf lignes , marquée de vingt Canelures longitudinales ex- trêmement fines, & tournée fur elle-même en trois {pires aflez irrégulieres, dont celles du fommet fe trouvent au-deflous des autres. Son ouverture ne s’éleve pas au-deflus des fpires. Elle eft grife, fauve, ou couleur de chair au dehors, & couleur de corne au dedans. DLL NÉE DOTE, Le tems & l’occafion ne m'ont pas permis d'obferver fcru- uleufement l’animal du Jélin que je mets à la fuite de ce genre ; mais il m'a paru avoir beaucoup plus de rapport avec lui, qu'avec aucun autre coquillage. Sa coquille ne s’eft préfentée à moi que deux fois, autour du cap Manuel , & elle ne fe trouve dans aucun cabinet que je fçache. C’eft une des plus fingulieres qu'on ait peut-être vû dans le genre du Vermer. Elle ne paroît d’abord que com me un boya au inégal, replié irrégulierement fur lui-même, long de huit à neuf pouces, & large de fix à neuf lignes: mais lorfqu’on l’examine attentivement , on voit qu ‘elle af- fecte de prendre une forme triangulaire, Chofe qu’on obferve dans les deux exemplaires que J'en ai, & qui ne difiérent qu'en ce que l’un préfente à droite ce que l’autre porte à gauche. La face R, qu’on peut regarder comme da face antérieure, eft verticale , formée de deux tours de fpirales peu inégaux, à peu près triangulaires, & rapprochés côte à côte. Elle ei ren- flée vers le milieu à l ‘endroit de leur réunion, & un peu plus avancée que fur les côtés qui déclinent en s ’approchant de la face poftérieure. Celle-ci eft en partie verticale, formée par le OBE RÉEULÉ S. 167 dos des deux tours de fpirale de la face antérieure; & en partie horizontale, formée par un troifiéme tour de foi ale qui fait un cercle horizontal en communiquant avec eux, & laifle un petit cul-de-fac au milieu de fon ombilic. La face infé- rieure eft plate & horizontale , réglée par le deflous de Ia troifiéme fpire. Cette coquille eft blanchâtre, peu épaïfle, très-fragile, & d’une grande légereté ; qui provient de ce que fa furface ex- téricure eft toute piquée de petits trous. Ces trous ne péné- trent pas tout-à-fait jufqu’à fa furface intérieure, qui eft lifle & d’un beau poli: 1ls font entremèlés de petits tubercules qui en certains endroits paroiflent enfermés dans un réfeau extrêmement fin. Les mailles de ce réfeau font hexagones, fort régulieres , & coupées par trois filets, qui en fe cr. >ifant à leur milieu, vont fe rendre à chacun de leurs angles. Le morceau détaché que l’on voit en Z ,en montre le tiflu tel qu’il paroît groffi par le fecours du verre Jenticulaire. À la beauté & à la régularité du réfeau qui recouvre cette coquille, on la prendroit au premier coup d'œil pour un Madrépore des mieux ouvragés. Mais ce qui la rend encore plus finguliere, ce font deux ouvertures Q.. O..en forme de tuyaux d'inégale grandeur , qui s’élevent parallélement l’un à l’autre. La groffeur & la longueur de ces tuyaux varie depuis deux jufqu'à à quatre li- gnes ; de forte que lorfque le tuyau le plus grand a quatre lignes, l’autre n’en a que deux. Au-deffous de ces deux ou- vertures , à l’extrêmité oppofée des fpires, on voit encore en X, X. deux ouvertures à peu près femblables , par lefquelles la coquille étoit foiblement attachée aux rochers & dans les fables, GicdEo Nik E ::Viol. LB A:TiO-UPRIE Zrochus. La figure qui eft ordinaire à la coquille des efpeces de ce genre, lui a mérité le nom de Toupie, que Rondelet (1) lui à donné le premier. La côte du Sénégal ne m’en a fourni que quatre efpeces que je vais décrire. (1) Hoc Turbinum genus à fimilitudine inftrumenti quo lufitant pueri , Trochos appellamus. Teflac, edit. lat, pag. 92. Couleur. Ouvertures, COQUILLE, Spires. Sommet. Ouverture. Périofte. Couleur; Variétés, 168 COQUILLAGES LL LE MARNAT. P4 12. Cochlea fublivida, nigris lineis undatis diftinéta, lineis interdum nigrio- ribus & multo pal Barbadenfis & Jamaicenfis. Lif£. hift. Conch. tab, 583. fig. 3 M ne lævis, ex albido, rubro, & fubviridi per feriem lineata. Gualt. Ind. pag. & tab. 63. “fig. IN.? Saccus ore integro , fublividus, lineis nigris, undatis, diftinétus; Liftert. Klein, cent. pag. 43. fpec. 2. n. 2. La coquille du Marnat a la forme d’un ovoide obtus, & comme coupé obliquement à fa partie fupérieure, & terminé brufquement en une pointe très-fine à l’extrêmité oppoñée. Sa longueur ne pafñle pas fept à huit lignes , & fa largeur eft d'environ cinq lignes, c’eft-à-dire, moindre de moitié. Elle eft très- -épaife, & formée de fix {pires applaties, peu renflées , peu diftinguées, & dont la furface eft bien luifante & d’un beau poli. Les deux premieres font d’une grandeur démefurée à l'égard des autres qu’elles eflacent prefqu’en- tierement. Le fommet eft prefqu’aufñ long que large, & un peu plus court que la premiere fpire. L'ouverture eft prefque ronde, & comme couchée ou in- clinée fur le dos de la coquille. La lèvre droite entoure circulairement plus des deux tiers de fa circonférence, qu’elle rend aiguë & d’un tranchant extrêmement fin. La lèvre gauche préfente une furface plane, dont le bord eftaflez droit &c un peu tranchant au dedans de la coquille. Le périofle qui l'enveloppe eft membraneux, fort mince, & peu fenfible. Le fond de fa couleur au dedans eft brun-café ; ; au dehors c’eft un gris-plombé, quelquefois rougeñtre, tout moucheté de petits points blancs difpofés fur plufeurs lignes, qui,au lieu de tourner avec les fpires, les coupent obliquement. On n’obferve d’autres variétés dans la forme & la couleur de cette coquille, que celles que l’âge y occafonne. Les pe- tites font plus courtes & plus larges à proportion que les grandes ; elles ont auffi moins de fpires, & font prefqu'en- tierement cendrées, Je OPE RCULEÉS. 69 Je tiens de M. Bernard de Juffieu une coquille qu’on ne peut nier être de la même efpece. Ce célebre Académicien l’a reçue autrefois , & encore tout récemment, des côtes de la Chine & de Bengale. Elle ne differe de la nôtre, que parce que fon fond plombé eft coupé par huit ou dix bandes blan- ches, fouvent ondées, qui tiennent lieu des lignes pondtuées qu’on obferve dans celle du Sénégal. Voilà un exemple des variétés que deux climats fort éloignés, mais peu difiérens, peuvent caufer dans la couleur d’une même efpece de co- quille. Quand l’animal fort de fa coquille, fa tête paroît comme Arimac, un petit cylindre tronqué à fon extrèmité T , & renflé à fa Tr. bafe par une efpece d’anneau ou de bourrelet, dont la lar- geur égale fa longueur. Des deux côtés de la tête & de fon origine, partent deux Cornes. cornes C. C. coniques, fort épaifles, doubles de fa longueur, & qui paroïflent divifées en deflus par un fillon qui en par- court la longueur. Les yeux font deux petits points noirs Y. Y.quine fail- Yeux, lent point au-deflus de la furface des cornes, à la racine def- quelles ils font enchaflés fur leur côté externe. Au-deflous de l’extrêmité tronquée de la tête, on apper- Bouche, Çoit deux lèvres ovales, pendantes & laterales , au nulieu defquelles on diftingue un petit fillon longitudinal B, tra- verié par un autre fillon placé un peu au-deflus, & dont le concours lui donne la forme d’un T à tête courbe. C’eft pro- prement l’ouverture de la bouche, au fond de laquelle fe trouvent deux mâchoires, dont l’inférieure eft garnie de vingt- quatre dents, qui, par le moyen du microfcope, paroïflent difpofées en long fur deux rangs fort ferrés. Le pied P de l’animal eft petit, elliptique, obtusafesdeux Pied. extrèmités, ou prefque rond, & prefqu’une fois plus court. que la coquille. Sa furface inférieure eft marquée de deux fillons, dont le premier G plus léger , le coupe longitudina- lement dans fon milieu ; l'autre plus profond, borde fon ex- trêmité antérieure. En deflus du pied , vers le milieu de fa longueur, eft atta- Opercule. ché un opercule O cartilagineux, fort mince, taillé en demi- June, poli & luifant en deflus, & marqué gén de plu- Àfanteau. Sexe. {ouieur, 170 CID'O'U'T L'En GENS fieurs lignes courbes qui ont pour centre commun un point p'acé vers fon angle fupérieur. On l’a figuré féparément en o. La membrane qui forme le manteau eft fort mince, & ta- pife les parois intérieures de la coquille. Elle laife fur le col de l’animal, & un peu vers le côté gauche, une ouverture par laquelle il jette fes excrémens. Par cette même ouverture il fait fortir une petite lan- guette V charnue, triangulaire, applatie, trois fois plus lon- gue que large, que quelques Auteurs ont prife pour la partie añectée aux mâles. Pour moi, je n’ai point eu occafon de vérifier fi cet animal étoit hermaphrodite, c’eft-a-dire, fi chaque individu réunifloit les deux fexes, ou s'ils étoient partagés entre différens individus, car il arrive rarement qu’on les trouve en copulation ; mais je puis dire que j'ai obfervé cette artie dans tous ceux qui m'ont pañlé par les mains. Quoi qu'il en foit, cette languette porte fur fon cûté extérieur un offelet pointu, fragile & blanchâtre, qui lui fert comme de foutien dans toute fa longueur. M. B. de Jufieu m’a fait voir, depuis mon retour en France, les deux fexes bien diftingués dans un coquillage de l'Océan, appellé Vignot ou Bigourneau (1), qui a un rapport très- prochain avec le Marnat du Sénégal, quoiqu'il n’ait pas com- me lui de languette fur le côté. Cela me fait foupçonner que loffelet dont cette languette eft armée , eft une efpece d’ai- guillon dont les femelles feroient pourvues auffi-bien que les mâles, pour fe réveiller & s’exciter mutuellement dans le tems de la copulation, comme il arrive aux Limaçons de jardin. Le corps du Marnat eft d’un blanc-fale ,traverfé en deflus par un grand nombre de petites lignes noirâtres. Ce coquillage eft extrêmement commun à la pointe mé- ridionale de l’ifle de Gorée. Il cherche les rochers découverts, & feulement ceux où la mer vient battre avec violence; car lorfqu’elle abandonne entierement & qu’il {ent un peu trop de fécherefle , il pourvoit à fa confervation en quittant le rocher & fe laiffant tomber à la mer; puis 11 remonte de nouveau jufqu’à la hauteur où elle cefle de fe déployer. Il (1) Cocklea marina, quæ Batavis Aie Kruyk vocatur. Swammerd, Bibl, nat. vol, 1. pag. 180. tab, 9. fig. 14-20. a recouts au même artifice lorfqu’on le touche du bout du doigt, ou qu’on veut l’inquiéter. 251 LE, BrOnS. ON; PL 2 Buccinum fublividum , ftriis nodofis & interdum muricatis exafperatum. Lift, hifi. Conchyl. tab. 30. fig. 218. Cochlea rufefcens ftriis nodofis exafperata; Jamaicenfis. Æjufd. tab. $ 84. fig. 41 Cochlea Jamaicenfis verruculata. Petiv. Gazoph. vol. 2. cat. $64. tab. 70. fig. 11. Buccinum parvum , integrum, ore obliquo, mucrone gradatim acumi- nato, umbilicatum, gdenfe granulatum, ex fubalbido, & livido co- lore depiétum. Gualt. Ind. pag. & tab. 45. fig. E. Cochlea marina terreftriformis, ftriis nodofis elegantiflime exafperata , pallidè rufefcens. Ejufd. pag. & tab. $4. fig. H. Saccus ore integro : rufefcens, ftriata , nodofa , granulata; Lifteri. K/ein. tent. pag. 43. Jpec. 2. n 4. Saccus ore circum circa fimbriaco, fublivida, terreftris , ftriis nodofis, & interdum muricatis ; Lifteri. Ejufd. ibid. fpec. 3. n. 2. Le Bofon fe voit auffi autour de l’ifle de Gorée, mais beau- coup plus rarement. Sa coquille a dix lignes de longueur , deux tiers moins de largeur, & huit fpires aflez renflées, arrondies, & dont la grandeur diminue proportionnellement. Elles font groffiere- ment chagrinées par des petits boutons égaux, & rangés fur plufieurs lignes qui tournent avec elles. On en compte dix rangs fur la premiere fpire , cinq fur la feconde, quatre fur la troifieme , & beaucoup moins fur les autres. La longueur du fommet furpañle un peu celle de la pre- miere fpire. La lèvre droite de l’ouverture eft un peu ondée fur les bords. La gauche eft étroite, un peu arrondie, & lafle un petit ombilic à côté d’elle. ; Cette coquille eft grife ou plombée. Ses boutons font or- dinairement blancs auffi-bien que le contour de l'ouverture, dont le fond tire fur le roux. RAIN D. ANRT Bi re. Coquizer, Spires. Sommet. Ouverture, Couleur. La coquille du Daki n’a guères plus de deux lignes de Coevritr, longueur, fur une largeur prefqu’une fois moindre, Elle eff Y ï 172 COQUILLAGES Spiee, peu épaifle, compofée de fept fpires applaties & lifles, qui diminuent à peu près également. Sommet, Son fommet eft de moitié plus long que large, & une fois plus long que la premiere fpire. Euverture. La lèvre droite de l’ouverture eft fimple, unie & tran- chante. La gauche s’arrondit un peu en fe repliant fur la fe- conde fpire ; eile laifle à fon extrêmité fupérieure un petit ombilic femblable à un leger fillon. Couleur. Le fond de fa couleur eft brun, fauve, ou gris. Animarz. La tête de l'animal ne porte point de bourrelet à fon ori- Tr. oine:elleeft cylindrique, & fi grofle, qu’elle égale prefque la largeur du pied. Cornes, Ses cornes font cylindriques, fort allongées, & très-dé- liées. ji Pied. Son pied eft une fois plus long que large, une fois plus étroit que la coquille, & pointu à fon extrêmité poftérieure. Le fillon qui le coupe en-deflous, ne s’étend que jufqu’à fon milieu. Couleur. Son corps eft noirâtre en deflus, & blanchâtre en-deffous. Un petit filet jaune parcourt toute la longueur de fes cornes, dont la couleur eft blanchätre. J'utrouvécommunément cecoquillage attaché aux plantes marines qui croiflent fur les rochers de la pointe auftrale de l'ile de Gorée, GOLEUR TE LE PL 'rz. Coquiuze, Cette efpece ne differe de la précédente, qu’en ce qu’elle eft plas rare, que fa coquille eft cendrée, tirant fur le noir, infiniment plus mince, & toujours plus petite, n'ayant pas deux lignes de longueur, & que fes {pires font renflées & arrondies. GENRE" VIE LA NATICE HWarica Natice, en latin Vatica, eft un nom abandonné que les Anciens donnoient autrefois à un genre de coquillage aflez femblable à la Nérite. Celui dont je vais parler, y a tant de rapport, qu’on ne peut lui refufer ce nom. OPERCULÉS. te RMÉVEUF OS SA R ‘Pr. La coquille du Foffar n’a suères plus de deux lignes ou CoQuirzs, q g 9 deux lignes & demie de diametre. On la voir dans fa gran- deur naturelle en À, & elle eit groffie confidérablement dans Jes trois figures ifines. Elle ef prefque ronde, fort mince, fans périoïte, tranfparente, & un peu plus large que longue. Ses fpires font au nombre de cinq, arroncies, fort ren- flées, & bien détachées, mais fi peu proportionnées , que la premiere efface par fon volume, toutes les autres. “Elles font toutes entourées d’un grand nombre de filets fort fer- rés, dont on compte une trentaine da ans la premicre fpire, & douze à quinze dans la feconde : la premiere a, outre ces filets, quatre à cinq grofles côtes fort aigues & tranchantes, qui manquent dans quelques individus. Le fommet eft pointu ; fort petit, une à deux fois plus long que large, & une à deux fois plus court que la premiere fpire. L'ouverture eft grande, & taillée en demi-lune : elle s’é- tend & fe porte prefqu’ entierement hors de la coquille, fur fa droite. Les bords de la 1èvre droite font minces, tranchans, & marqués de quelques ondes, qui répondent” aux cinq côtes élevées fur la furface extérieure de la premiere fpire. La lèvre gauche eft plate, unie, formée par une ligne droite, & comme repliée fur la feconde fpire , où elle laïfle un peu au-deflous du milieu de fa longueur , un ombilic aflez grand, & femblable à un trou rond, deux fois plus court qu'elle. Je n'ai vü d’autre couleur que la blanche fur cette co- quille. La tête de l'animal eft petite, cylindrique, de moitié plus longue que large , & léperement échancrée à fon extrêmi- té T, d’où part un petit fillon qui en parcourt la longueur en-deflus. A fon origine & fur fes côtés, font placées deux cornes C.C. épailles, deux fois plus longues qu’elle, & terminées en pointe. Elles portent chacune à leur racine, fur leur côté interne, un lobe, ou appendice charnu & quarré L, auf Périofte, Spires. Sommet, Ouverture, Couleur, ANTMAL Tête, Cornes, Yeux. Bouche. Manteau. Pied, Opercule. Couleur. 174 COQ U'I EL A GES long que la moitié de la tête, fur laquelle il flotte librement. Elles {ont encore coupées vers le dos, & fuivant leur lon- gueur , par un fillon que traverfent ua nombre infini d’an- neaux. Ceux-c1 font fans doute les mufcles annulaires atta- chés à la fibre longitudinale qui forme le fillon. Les yeux font deux petits points noirs Ya YŸ. placés à l’ori- oine des cornes, fur leur côté extérieur, prefque derriere elles. A l'extrémité de la tête en-deflous, on voit un petit fillon longitudinal B, qui eft l'ouverture de la bouche. Le manteau confilte en une fimple membrane, fort mince, qui tapifle les parois intérieurs de la coquille. Le pied P eft fort petit, prefque rond, applati en deffous, convexe en deflus, & une fois plus court que la coquille. L'opercule O a un peu moins de grandeur que louver- ture : il a, comme elle, la figure d’une demi-lune. Il eft fauve , cartilagineux, extrêmement mince, & marqué en deflus de plufieurs fillons qui partent d’une centre commun placé vers fon angle fupérieur. Tout le corps de cet animal eft blanc comme fa coquille ; il n’a de noir que les yeux. enbAe N'RGE TIGE: Pl Cochlea umbilicata, cùm operculo fuo. Rondel, Pife. pars 2. edit. lac, pag. 10$. Coquille ayant un trou comme un nombril, avec fon couvercle. Ejufd. édir. franç. pag. 70. Cochlea umbilicata, cm operculo fuo. Boffuer. aquat. pars ak. p. 5 3. Gefn. aquat, pag. 286. Aldrov. exang. pag. 397. Cochlea maris Mediterranei non rara, perlata dicenda à colore unionis, fub cortice veluti ovi ftruthio-cameli cælato. Bonan. recr, pag. 133. claff. 3. n. 168. Cochlea teftà crafsà & ponderosä, colore carneo maculis rufis, & cafta- neis invicem alternatis vittata. Ejufd. ibid. n. 169. Cochlea umbilicata, inftar globi perfectè circinata & lævis, colore ony- chino. Ejufd. ibid, pag. 141. n. 225. Cochlea alia fimilis figurà, lævis & nitida ; afperfa coloribus fubviridi , rufo & croceo veluti aquà multà dilutis; orbium commifluris à fafciolâ albâ claviculatim intortà indicatis ; bafi veluti fcapi orbes fulcientis in centro confpicua. Ejufd. ibid. n. 1216. OPERCULÉS. ne Cochlea fublivida, ore fufco ad bafim cujufque orbis velut funiculo de- piéta , Anglica. Lif£. hifl. Conchyl. tab. 568. fig. 19. Cochlea maris Mediterranet non rara, perlata dicenda à colore unionis, fub cortice veluu ovi fruthio-cameli cælato. Muf: Kirk. pag. 459. num. 163. Cochlei reftà crafsà & ponderosä , colore carneo, maculis rufis, & cafta- neis invicem alternatis vittata. Ejufd. ibid. n. 169. Cochlea umbilicata , inftar globi perfeétè circinata, & lævis, celore ony- chino. Ejufd. ibid. pag. 462. n. 225. Cochlea alia fimilis figurà, lævis & nitida; afperfa coloribus fubviridi, rufo & croceo veluti aquä multi dilutis; orbium commiffuris À faf- ciolà albâ claviculatim intortà indicatis; bafi veluri fcapi orbes ful- cientis in centro confpicua. Eyufd. ibid. n. 226. Cochlea marina terreftriformis lævis. Lang. meth. pag. $2. Cochlea umbilicata foramine fpirarum femicirculari, umbilicali vero fimplici, lævis. Ejufd. pag. 54. Platyftoma ore fimplici : fafciatum , ponderofum, carneum , rufis & cafta- neis maculis alternantibus fafciatum ; Bonanni. Klein. tent. pag. 13. JPecs ren. Ai: Platyftoma ore fimbriato : onychinum ; Bonanni. Æjufd. ibid. pag. 15. REC V2 REA, Platyftoma ore fimbriato : variegatum; coloribus fubviridi, rufo & cro- ceo, dilutis, commiffuris à fafciolà albä claviculatim intortà , in umbilico fultis. ÆEyufd, ibid. n. $ Platyftoma ore fimbriato : fublividum ; ore fufco; ad hafim cujufque or- bis velut funiculo conftriétum; Lifteri. Eyufd. ibid. n. 6. La coquille de la Natice eft arrondie, femblable à celle du Limaçon de nos jardins, appellé la f’ignerone; mais elle eft un peu plus épaifle, longue de feize lignes, & un fixiéme moins large. On n’y compte que fept fpires rentflées, ar- rondies, & d’un beau poli. Le fommet forme un cône furbaiflé, peu pointu à fon extrêmité, une fois plus large que long, & prefqu’une fois plus court que l’ouverture. Celle-ci a la lèvre droite, fimple & unie. Sa lèvre gauche n’eft repliée que dans le bas, en une lame peu épaifle, qui occupe à peu près le tiers de fa longueur. L’ombilic fe trouve exactement vers fon milieu : il eft deux fois plus court qu’elle, & porte vers le dos, un renflement demi-cylindrique, qui imite parfaitement un axe, autour duquel les fpires feroient leurs circonvolutions. Cet axe n’occupe que la moitié de l’ombilic dans les jeunes coquilles, CoQuiztr, Spires. Sommet, Ouverture, Périofte, Couleur. 176 COQUILEAGES au lieu qu'il le bouche prefqu’en entier dans les vieilles, Le périofte qui les enveloppe eft fauve & très-mince. Le fond de leur couleur eft blanc, rayé longitudinale- ment de lignes fauves qui recouvrent preiqu ‘entierement fa furface. La premiere fpire eft encore entourée de quatre bandes, dont la premiere qui borde l’ombilic, eft brune & fort large ; les deux autres qui fuivent font étroites & blan- ches ; & la quatriéme qui eff placée dans fa partie inférieure, eft blanche, marbrée de brun. Les autres fpires, auffi-bien que les jeunes coquilles, n'ont que cetre derniere bande. La couleur du dedans eft jaunâtre. Cette efpece vit parmi les Algues marines dans les fables de l’anfe de Ben, où elle rampe à la profondeur de deux pouces ou environ. Elle ne diffère peut- être que par l’éloi- gnement du climat, de celle de nos côtes, qui m'a été com- muniquée par M. B. de Juffieu, qui l’a ‘obfervée dans les fables des environs de Dieppe. 34, LE /F ANIEÉ, MPRUTS Cochlea limacis nomine communiter appellata à formâ , quà terreftribus Himacibus omnimodè aflimiatur; colore tinéta rufo , & nitido, ce- reis punctis afperfa, & maculis notata, ex porraceo albefcentibus. Bonan. recr. pag. 141. claff. Fete 24e Cochlea Siracufani littoris, aureà cute tecta, quam color fulvus punétatim fignat, & veluti velo gl aftino fuper indie, Ejujd. ibid. n. 128. Cochlea claviculâ comprefsa, punétis rufis dense depicta. Lif£. hift. Conch, tab. $64 fig. 11. Cochlea limacis nomine communiter appellata à formâ , quâ terreftribus limacibus omnimodè aflimilatur ; colore tinéta rufo, & nitido , cereis punétis afperfa, & maculis notara, ex porraceo albefcentibus. Muf. Kirk. pag. 462, n. 124. Cochlea Siracufani littoris , aureâ cute teéta , quam color fulvus PA fignat, & veluri velo “elaftino fuper induta. Ejufd. ibid. n. 228 Cochlea D licate Parité fpirarum femicirculari , umbilicali ver in principio duplici lævis. Lang. meth. pag. Cochlea marina umbilicata, cinerea, punétis obfcurè rufis afperfa, fafciis interruptis ejufdem , fi magis intenfi coloiis circumdata. Gualr, Ind. pag. Ë tab, 67. 1210 À. Cochlea marina umbilicata, lævis, RES rufis denfiffimè afperfa, & circumfcripta. Ejufd. ibid. fig. S Platyftoma ore fimplici, punétatum ; ee fulvo fuper cute aurei ; Bonanni. Klein. tent. pag. 15. fpec. 1.n. 11. Platyftoma OPERCULÉS. de Platyftoma ore fimbriato ; punétatum ; colore rufo fuper albo; Liferi. Ejufd. ibid. fpec. 1. n. 3. Cette efpece fe trouve avec la précédente, dont elle dif- fere en ce que fa coquille eft un peu moins allongée, & que fes fpires font applaties en deflous, & comme etagées. Le fommet eft aufi plus applati, deux fois plus large que long, & deux fois plus court que l’ouverture. La lèvre droite de l’ouverture n’eft repliée que dans la quatriéme partie de fa longueur vers l’angle inférieur. L’om- bilic eft très-grand , feulement une fois plus court qu’elle, & marqué d’un axe peu confidérable. Le fond de fa couleur eft blanc, marqueté agréablement de petits points bruns aflez ferrés : la premiere fpire eft quel- quefois entourée d’une ou deux, & même trois rangs de taches brunes aflez grandes. L'intérieur eft gris de lin, ou d'un beau violer. PPLÉE GOCILET PA 13. Cochlea marina , apice brevi umbilico fimplici. Lifler. hiff. Conchyl. tab. 567. fig. 17. Cochlea marina umbilicata , lævis albida, lineis rufis angulos acutos effor- mantibus densè fignata. Gualt. Ind. pag. & tab. 67. fig. M. Platyftoma ore fimplici; undatum ; lineis rufis; Lifteri. Kein. cent. p. 14. VAS AE ANR La coquille de cette efpece eft encore plus belle & plus épaiffe que les deux précédentes, & auffi commune qu’elles dans l’anfe de Ben. Elle n’a que fix fpires qui font un peu ap- platies fur les côtés & en deflous. La lèvre gauche de l'ouverture fe replie dans fa moitié inférieure, & forme un peu au deflus du milieu de fa lon- gueur, un ombilic rond, fans axe, & trois fois plus court qu’elle. | Elle eft d’un beau blanc de lait au dedans, & ornée au dehors d’un grand nombre de lignes longitudinales brunes, tirant fur le rouge, & ondées en zigzags, qui font un très- bel effet. On voit auffi quelquefois des points de la même couleur fur la partie inférieure des fpires. L'animal que contient cette coquille eft blanc , & m'a paru femblable à cel 11 de la premiere efpece. Su COQUILLE, Spires. Sommet, Ouverture, Couleur, CoOQuILLE; Spirese Ouverture. Couleur, ANIMAL: Opercule. COQUILLE. 178 COQUE IA GES les circonftances peu favorables où j’obfervai ces trois der nieres efpeces ne me permirent pas de décrire leurs diffé- rences fpécifiques, je ne puis en dire davantage. Son opercule au lieu d’être cartilagineux, eft pierreux, ou d’une matiere parfaitement femblable à celle de la co- quille , d’un blanc auffi beau, & marqué de plufieurs fillons concentriques à fon angle fupérieur. CENTRE V PEL LE S AB OT. ‘Turbo. Tai dit ci-devant que le nom de Toupie avoit été donné à un coquillage à caufe de la figure de fa coquille : c’eft en- core à la figure de la fienne que celui-ci doit fon nom de Sabot. En effet elle l’imite aflez bien , étant faite en cône renverfé , avec cette différence que fa bafe ou fa partie fupé- rieure n’eft pas coupée fur un plan horizontal, mais fort oblique, s L:0 SEL EE N::-PLitez. Nerita frequens in Adriatico, extrinfecus alba, lineis & teffellulis fan- dice Indicä formatis notata, intrinfecus colore margaritarum at- gentea. Bonan. recr. pag. 139. claf]. 3. n. 201. Trochus lævis, ex nigro feriatim densè maculatus; maris Mediterranei.. Liff. hifi. Conchyl. tab. Ga. fig. 33. TFrochus valdè fimilis, præter quàäm quod orbium pars inferior fit paulu- Idm finuofa. Ejufd. ibid. fie. 34. Trochus lævis, fafciis catenatis ex nigro albidoque, ceu vermiculato quo: dam opere depiétus. Ejufd. ibid. tab. 643. fig. 35. Nerita frequens in Adriatico, extrinfecus alba, lineis & teffellulis fan- dice Indicà formatis notata , intrinfecus colore margaritarum ar- gentea. Muf. Kirk. pag. 462. n. 201. Cochlea Trochitormis ftriata. Lang. meth. pag. $o: Cochlea Trochiformis, lævis, albida, maculis interruptis , per feriem difpofitis, pullis, aliquando rufis fignata, & ceu vermiculato quo- dam opere depiéta , intus argentea. Gualt. Ind. pag. & tab. 63. fs: D. FC Trocho-cochlea integra : Iævis, maculis nigris per feries piéta; Lifteri. Klein. tent. pag. 42. fpec. x. n. Y. tab. 2. fig. 53 & 54. Trocho-cochlea integra : fafciis catenatis, ex nigro albidoque, feu ver- miculato opere pia ; Lifteri. Ejufd. ibid. n. 2. Cette premiere efpece que j'ai obfervée fréquemment dans OPERCULÉS. a les rochers de l’ifle de Gorée, & dans ceux de l’ifle Ténérif, l’une des Canaries, a une coquille fort épaifle, longue d’en- viron un pouce, & un fixiéme moins large. Elle eit formée de fept fpires, lies, unies, peu renflées , mais aflez bien difinguées les unes des autres. Son fommet eft conique , médiocrement pointu, auffi long que large, & de moitié plus court que ouverture. Celle-c1 eft exaétement ronde , coupée obliquement fur un plan incliné de quarante-cinq degrés à l’axe de la coquille, & environnée à droite d’une lèvrehifle, aigue & tranchante, quoiqu'épaifle, & Comme doublée intérieurement. La lèvre gauche eft prefque verticale, & marquée en haut d’une petite éminence femblable à une dent fort moufle. Le périofte eft fi peu fenfible, qu’il femble ne pas exifer. On obferve peu de variétés dans la forme de cette co- quille, mais beaucoup dans fes couleurs. Il y en a dont Je fond eft gris, ou noir, ou cendré ; quelquefois fans mêlange, & fouvent avec des petits points blancs, ou couleur de rofe. On en voit d’autres dont le fond eft verdâtre, ou d’un blanc de corne veiné de petites lignes brunes fort ferrées, & coupé Par trois ou quatre bandes blanches tachées de rouge. Il eft rare “qu’on lés trouve entierement recouvertes de leur croûte extérieure : elle ne refte ordinairement que fur les deux premieres fpires, & elt enlevée dans les autres, {oit par le frottement, foit par quelqu’autre caufe, qui fem- ble agir moins fréquemment fur celles qu’on trouve aux Canaries, que fur celles du Sénégal. Cette premiere croûte dont les dernieres fpires fe trouvent dépouillées, laïfle voir la couleur orangée de la feconde croûte; & lorfque celle-c1 eft encore enlevée, on apperçoit la troifiéme & derniere couche, d’une nacre d’abord violette, enfuite gris de lin ou couleur de rofe, & enfin argentée. Cette derniere couche eft la plus épaifle ; elle femble former la plus confidérable partie de la coquille, du moins en tapiflet’elle tout l’inté- rieur jufqu’aux bords de la lèvre droite, qui eft entourée de la croûte noire qui enveloppe toute la furface extérieure de la coquille. Un fi beau logement ne pouvoit être rempli par un ani- mal plus richement paré, Sa tête T eft Gone P un tiers 1 Spires, Sommet, à! Ouverture, Périoite. Couleur, ANIMAI:. Tête. Cornes, Yeux. Bouche. . Manteau, Pied, 180 C:9"Q U LE LA GES plus large que longue, tronquée obliquement en deffous à {on extrèmité, & bordée tout autour d'environ deux cens petits filets cylindriques, peu fufceptibles de mouvement. Elle eft encore ornée en deflus d’une petite membrane aflez mince qui en recouvre la moitié poftérieure ; en la traver- fant, pour fe joindre à la racine des Cornes. Les cornes C. C. fortent des deux côtés de la tête vers fon origine. Elles font fort minces & fi longues, qu’elles égalent la moitié de la longueur de la coquille. Les petits filets fans nombre qui les couvrent d’un bout à l’autre, les font paroître comme velues. Il femble qu’elles aident l’ani- mal à marcher, du moins il les pofe fouvent à terre. Deux petites colomnes placées fur le côté extérieur des cornes, mais bien diflinguées d’elles , font furmontées par deux points noirs YŸ.Y. peu faillans, qui font les yeux. « La bouche B fe reconnoît à une peutefente percée de lon-- oueur , au deflous de la tête, vers le milieu de fon extrêmité tronquée, dont les bords paroiflent léserement ondés, ou découpés de plufieurs crênelures. La membrane du manteau eft mince & crênelée inégale- ment dans fon contour. Elle tapifle Les parois intérieurs de la coquille, & laifle fur la gauche de l’animal, une petite ouverture femblable à un canal par où les excrémens trou- vent une iffue. C'eft encore par cette ouverture du manteau que fort fur la gauche, une efpece de languette V triangulaire, applatie, trois fois plus longue que large, & tout-à-fait femblable à celle que l’on voit dans le genre des Toupies (1). Elle eft foutenue parcillement par un offeler qui regne le long de fon côté extérieur. Nous voici à la partie la plus remarquable de l'animal, à fon pied. Il eft petit P, de forme elliptique, obtus à fes deux extrèmités, une fois plus long que large, & une fois plus court que la coquille. Tout fon contour eft bordé de plus de fix cens filets, femblables à ceux de la tête & des cornes. En deflous 1l eft traverfé par un grand nombre de petits fillons, dont la plus grande partie eff coupée par un filon plus confidérable G, qui s'étend de long depuis fæ (1) Voyez la page 169: M O PER CUILES. 18r partie antérieure jufqu’à fon milieu. Sa furface fupérieure eft relevée d’un grand nombre de petits tubercules ; & ac- compapnée des deux côtés de deux membranes, qui prennent chacune leur origine des colomnes qui portent les yeux. La membrane qui eft à la droite du Pied, va fe terminer, à l’opercule, auprès duquel elle eit ornée de trois longues cornes F.F, de la longueur & figure des cornes de la tête, velues comme elles, & accompagnées chacune, à leur ori- gine , de deux petits tubercules blanchâtres. L'autre membrane, celle qui eft fur la gauche, porte dans fa moitié poftérieure, trois cornes femblables J'; & dans fa moitié antérieure, elle eft bordée de vingt-quatre filets dif- pofés fur deux rangs. L’opercule O eft extrêmement mince, tranfparent, & d’une rondeur parfaite. On voit fur fa furface, douze petits fillons concentriques creufés fort légerement. Il eft attaché au deflus du pied, vers fon extrêmité poftérieure. Tour le corps de cet animal eft noirâtre, marqué en deflus d'un nombre infini de petits points blanchâtres. D LEUR PPTIAIN Pr: Trochus variegatus ore dentato, fafciis nodofis circumdatus. Lift: hifi. Conchyl. tab. 645. fig. 37. 3 Cochlea Trochiformis, bafi umbilicata, & infigniter dentata, & rugofa, in dorfo minutifimis globulis per feriem difpofitis undequaque circumdata; quorum una linea purpureum colorem oftentat ; in al- terà line globulus unus eft nigerrimus, alter candidiflimus, & fic alrernatim iftæ lineæ ad apicem ufque mucronis elegantiflime pro- cedunt. Gualt. Ind. pag. & tab. 63. fig. B. Trocho-cochlea integra : variegata, ore dentato, fafciis granulatis ; Lifteri. Klein. rent, pag. 42. fpec. 1. n. 3. La coquille du Rétan a la même forme & la même gran. deur que la précédente, mais elle eft un peu plus épaifle. Ses fpires font moins renflées, peu diftinguées, & chagri- nées de boutons à peu près égaux, & rangés fur plufeurs lignes qui tournent avec elles. El y a vingt de ces rangs dans la premiere fpire, fix dans la feconde, & cinq feulement dans la troifiéme. Le fommet eft un peu plus court que l'ouverture, & de moitié plus large que long. Opercule, Couleur, Coquicres Spires, Sommets 182 CO D U'ILRAGES Ouverture. La lèvre gauche de l’ouverture à une groffe & longue dent cylindrique, vers le haut; & la droite porte au dedans comme une feconde lame féparée de celle du dehors par un profond fillon, & relevée de dix canelures qui tournent en entrant au dedans. Couleur, Elle eft nacrée fort blanche au dedans, & couleur de chair au dehors. Ses turbercules font alternativement verdâtres & couleur de chair. Je l'ai trouvée fort rarement aux environs du cap Manuel, 2 ABiEncN ASS STENT: Plurs. Uimbilicus varius. Rondel. pifc. pars alt. edit. lat. pag. 104. Umbilic. Rondel. poiff. part. 1. édir. franç. pag. 70. Umbilicus varius, Rondeletii. Boffuet. aquat. pars alt. pag. $3. — Gefn. squat. pag. 187. —— Aldrov. exang. pag. 398. Trochus dentatus, ruber, nigris punéturis feriatim diftinétus. Lifl. hift. Conchyl. tab. 637. fig. 25. Trochus primus five maculofus. Rumph. muf. p.74. art. 1. tab. 21. fig. 1. Trochus fafciis verrucofis à rubro albo nigro, &c. Petiv. Gazoph. vol. 1. cat. 316. tab. 14. fig. 10. Trochus ore angufto & horizontaliter compreflo ftriatus rugofus & um bilicatus. Lang. meth. pag. 49. Sabot appellé le Bouton de camifole à qui il reffemble affez ; ce font de petites cordelettes d’un beau rouge mêlé de points noirs; il a un ombilic, à côté duquel eft une lèvre très-épaifle, & une bouche dé- chirée , avec des dents. Hift. Conchyl. p. 263. pl. 11. fig. L. Q. Trochus globofus thoracis interioris, pelle equina, ore dentato. Ejufa. ibid. pag. 260. Trochus ore ampliore, & fubrotundo , umbilicatus, papillis nigris, albi- dis , & rubris per feriem difpofitis fignatus. Gualr. Ind. pag. 6 tab. 61, AH mé cible integra : rubra dentata, nigris punéturis ; Lifteri. K/ein. tent, pag. 42. fpec. 1.1. 4. Coeur. Cette efpece , que l’on appelle communément le Bouton de camifole, fe trouve abondamment dans les rochers de la pointe méridionale de l’ifle de Gorée. Sa coquille eft médio: crement épaifle, longue de fept à huit lignes, un peu plus large, & applatie dans fa partie fupérieure. Spires. Ses fpires font tantôt renflées, tantôt applaties, mais tou- jours chagrinées de petits boutons ronds, égaux, & difirie OPÆRCULÉS 183 bués fur plufieurs rangs qui tournent avec elles. Ces rangs de boutons varient de douze à vingt-quatre dans la premiere fpire ; de fix à huit dans la feconde, & diminuent par deorés dans les autres. Le fommet eft une fois plus large que long, & fort peu plus long que l'ouverture. Celle-ci eft légerement ridée, ou marquée tout autour d'environ quinze petites canelures. On voit au centre des fpires, un ombilic arrondi & très-profond. Sa couleur eft fujerte à beaucoup de variétés. Quand elle fort de la mer, elle eft ordinairement d’un cendré-noir , qui, avec le tems, pañle au gris, & enfuite à une belle carnation: cette derniere couleur fe fortifie & fe change en une couleur de rofe aflez vive, fur-tout lorfque la coquille demeure long- tems {ur le rivage. Dans ces diflérens états on remarque que les unes font coupées longitudinalement par cinq ou fix bandes blanchäâtres : les autres font marbrées également de rouge & de blanc, ou de blanc-verdâtre : d’autres enfin {ur un fond couleur de rofe, font tachées de plufieurs points noirs, ou d’un brun-noir, rangés fur quatre ou cinq lignes qui tournent fur la premiere fpire. L'animal difere de celui de la premiere efpece, en ce que les deux membranes du deflus du pied font bordées d’un feul rang'de filets, d'autant plus longs, qu’ils font plus pro- ches de l’opercule. Les trois cornes latérales du pied {ont ornées à leur origine, de trois filets inégaux terminés en maflue , & blanchîtres. de odnÉvyE DNTJNENT. PJ. 12. Umbilicus parvus. Rondel. pif. pars alt. edit. lat. pag. 104. Umbilic. Rondel. poiff: part. 1. édit. franc. pag. 70. Umbilicus parvus, Rondeletii. Boffuec. aguat. pars alt, pag. 53. —— Gefn. aquat. pag. 287. —— Aldrov. exang. pag. 398. Trochilus unidens ftriatus, claviculà tenui acutä. Lifler. if. Conchyi. tab. 6$4. fig. $4. Frocho-cochlea integra : unidens ; Trochilus ftriatus, claviculà tenui, acutà; Lifteri. K/ein. tent. pag. 42. fpec. 1. n. 6. La coquille du Fujet à beaucoup de rapport avec la pré- cédente ; mais elle n’a jamais que quatre lignes de longueur, Sommet, Ouverture, Couleurs ÂANIMAL. Pied, Coquirre. Spires. Ouverture, Couleur. CoqQuILLE. Spires. Sommet. Ouverture. Couleur. ÂANIMAL Cornes, Pied. COQUILLE. Spires, 184 COQUILLAGES & fix fpires bien renflées, arrondies, & comme étagées. Les rangs de tubercules dont elle eft chagrinée, font au nom- bre de quinze dans la premiere fpire, & de fix dans la fe- conde. La lèvre éroite de l’ouverture eft bordée de fix petites dents. La lèvre gauche n’en a qu’une fort srofle à fon extré- ‘mité fupérieure : elle eft échancrée à fon extrêmité infé- rieure, de maniere que l’ombilic communique avec l’inté- rieur de la coquille. Sa couleur eft d’un rouge de corail brut, marqué de plu- fieurs points blancs, difpofés fur une ligne qui environne la premiere fpire. Je l'ai trouvé en petite quantité aux ifles de la Magde laine, 5. L'ÉUS AR D -PA US La coquille du Sari n’a guère plus de deux lignes de longueur. Ses fix fpires font peu renflées, & environnées de douze petits fillons. On en compte douze dans la premiere, cinq à fix dans la feconde, & quatre dans la troifiéme, Son fommet eft auffi long que large, & un peu plus long que l’ouverturé. Son ouverture & fes lèvres font parfaitement femblables a celles de la premiere efpece. Elle n’a pas non plus d’om- bilic, du moins 1l n’y eft pas marqué d’une maniere bien fenfible. | Le fond de fa couleur eft cendré-noir, ou gris, ou brun, ou verd, ou rouge, pointillé, ou marbré de blanc. L'animal a les cornes auffi longues que fa coquille, auffi- bien que fon pied, qui a près de deux fois plus de longueur que de largeur. Ce coquillage eft des plus communs fur les rochers de Ia pointe auftrale de l’ifle de Gorée. 6, LE L'OUN D'ENRMPE 72. L'animal de cette efpece reflemble tellement à celui qui précede, que je n’aurois fait aucune dificulté de confondre leurs coquilles & de les réunir enfemble, fi celle-ci n'eut gté percée d’un ombilic aflez profond , & fi fes {pires n’euf- fent OPERCULÉS. 18s fent été tantôt arrondies, & tantôt applaties ; d'ailleurs elle a l'ouverture & les fillons des fpires parfaitement femblables. Sa longueur eft d'environ fix lignes, & prefqu’une fois moin. dre que fa largeur lorfque fes fpires font applaties. Sa couleureft crife ou brune, marbrée detaches blanchâtres. Elle fe trouve en grande quantité au cap de Dakar, va CRE INARONN. "PT 12, Le Burgaus. Du Tert. hifl. des Antill. pag. 239. Cochlea umbilicata diéta, ab aliquibus verd Tigris nominata ; in extimi parte colore eburneo teéta, fuprà quem atræ maculæ miro quodam ordine funt difpofitæ ; lapideo verd cortice de nudata argenteum mar: garitarum candorem cftentans. In Malabarico finu inventa. Bonan. recr. pag. 117. claff. 3.n. 19 & 30. — Muf. Kirk. pag. 451. Trochus maximus lævis, ex nigro maculatus; Barbadenfis. Lifler. hifi. Conchyl. tab. 640. fig. 30. Trochus Barbadenfis magnus, ex albo nigroque variegatus. Petiv. Gazoph. vol. 2. cat. 584. tab. 70. fig. 9. Cochlea umbilicata , foramine fpirarum femi-circulari , umbilicali verd in principio duplici, lævis. Lang. meth. pag. 54. Sabot ombiliqué ; fa robe eft à fond blanc racheté de noir, ce qui la fait nommer la Pie. Hi. Conchyl. pag. 263. pl. 14. fig. G. Trochus Pica. Ejufd. ibid. pag. 160. Cochlea marina terreftriformis , lævis candida, vel argentea, nigerrimis maculis, aut lineis intensè, & diverfimodè variegata, & fignara. Gualt. Ind. pag. 64. tab. 68. fig. B. Tigris Malabarica ; Bonanni. K{ein. tent. pag. 4x. fpec. :. Tigris Barbadenfis , Trochoides; Lifteri. Æyufd. ibid. fpec. 2. tab. 2. fis. $2. Le Livon eft fort commun aux ifles de la Magdelaine. Sa coquille eft des plus épaifles, longue d’environ quatre pou- ces, & un peu moins large. Elle n’a que fix fpires peu ren- flées, liffes & fans fillons. Le fommer eft prefqu’une fois plus large que long, & auffi long que l’ouverture. Celle-ci eft femblable à celle de la premiere efpece ; mais fa lèvre gauche eft arrondie & creufée en portion de cercle, comme la lèvre droite, qui eft obtufe & arrondie. Son ombilic pénetre prefque jufqu’au fond du fommet, & eft orné dans fa partie antérieure, d’une grofe dent fem- blable à un tubercule arrondi. A3 Couleur; COQUILLE: Spirese Sommet. Ouverture. Couleur, CoQuILLE. Spires. Sommet. Ouverture, Couleur, 186 CO0"Q UIL LGES Le fond de fa couleur eft noir, marbré, & comme lar- moyé d’un grand nombre de taches blanches obliques, qui lui font donner quelquefois le nom de ’euve , ou celui de Pres Gil -E NA L'AMe Dlirs. Umbilicus. Rondel. pift. pars alt. edit. la. pag. 104. Coquille de Limaçon nommée Umbilicus. Rondel. poiff. part. 2. édit, franç. pag. 69. Umbilicus Rondeletii. Boffuet. aquat. pars alt. pag. $3. — Gefn. aquat. pag. 287. —— Aldrov. exang. pag. 398. Cochlea umbilicara Perlata, quinque orbium anfraëtibus claufa ; ex mari Luzitanico. Bonan. recr. pag. 133. claff. 3. n. 170. Trochus umbilicatus, edentulus, ftriatus, undatim ex fufco radiatus. Liff. hift. Conchyl. tab. 640. fig. 29. Trochus planior, undatim ex rubro latè radiatus; Anglicus. Ejufd. ibid. tab. Gat. fig. 32. | Cochlea umbilicata Perlata, quinque orbium anfraétibus claufa ; ex mari Luzitanico. Muf. Kirk. pag. 459. n. 170. Cochlea Trochiformis ftriata & umbilicata. Lang. meth. pag. sx. Trocho-cochlea undata & umbilicata plana; ex rubro undatim latè radiata ; Lifteri. Klein. tent. pag. 42. fpec. 2. n. x. J'ai obfervé cette efpece aux ifles Canaries & au cap de Dakar. Sa coquille eft médiocrement épaifle, fort applatie, longue de fept ou huit lignes, & plus large de moitié. Ses fept fpires font renflées, arrondies, comme étagées, & relevées d’un rang de boflettes qui borde leur partie infé- rieure. On voit encore dans quelques-unes, dans les jeunes fur-tout , un grand nombre de petits filets qui les envi- ronnent. Le fommet reflemble au précédent dans les vieilles ; mais dans les jeunes, il eft plus court que l’ouvercure, & près de deux fois plus large que long. L'ouverture ne difiere de la précédente, qu’en ce que fon ombilic n’a point de dents, & que fa lèvre droite eft tran- chante. Son fond eft cendré ou couleur de chair, coupé Iongi- tudinalement par quelques marbrures brunes ou violettes, ne OPERCULÉS, DPINE 1 K À CH I N°1 12, Trochus. Rumph. ruf. pag. 74. tab. 21. fig. 6. 9. & 10. Trochus ore angufto , & horizontaliter compreflo, ftriatus, rugofus, pa- pillofus vel tuberofus. Lang. meth. pag. 48. Trochus ore angufto , & horizontaliter compreflo , margine dentato, pa- pillis inæqualibus refertus & circumdatus , aliquando ftriatus, terreo colore obfcurus. Gualt. Ind. pag. & tab. Go. fig. 4. 187 La coquille du Kachin, a huit lignes de longueur & un peu plus de largeur : elle eft coupée prefqu'horizontale- ment dans fon extrèmité fupérieure. Ses fpires font peu ren- flées, & relevées de deux rangs de tubercules qui tournent avec elles : le rang d’en bas eft du double plus gros que l’autre. La feconde fpire eft remarquable, en ce que à fon origine, proche de l’ouverture, elle eft repliée & tranchante en vive- arrête fur laquelle tourne le premier rang de tubercules. Le fommet eft prefqu’une fois plus large que long, & égal à l’ouverture. L'ouverture n’a point d’ombilic. Le fond de fa couleur eft blanc, marbré de taches vertes, brunes & fauves. Je n’ai trouvé cette efpece qu'aux environs du cap Verd. LOS EPAG OUR EMP Tr Trochus parvus, bafi nodosä, reliquum muricatus; Barbadenfis. Lif£. ifl. Conchyl. tab. 646. fig. 39. Trochus afper : muricatus; nodofus in bafi , cæterum muricatus; Lifteri. Klein. rent. pag. 24. fpec. 2. n. 1. Cette efpece fe voit avec la précédente, à laquelle elle reflemble aflez, par la coupe prefqu’horizontale de la bafe de fa coquille. Elle a près d’un pouce de longueur. Ses fpires font exactement plates & couronnées dans leur partie fupérieure, d’un rang de pointes aflez fortes qui la rendent épineufe comme la molette d’un éperon. Eiles font encore entourées de trois ou quatre rangs de petits tuber- cules traverfés par des rides peu fenfibles. Le fommet eft prefque de moitié plus long que l'ouverture. Le fond de fa couleur eft cendré, ou blanc-fale, avec une grande tache rougeâtre autour de la lèvre gauche, dans l’en- droit où devroit fe trouver l’ombilic, . a 1} Coque, Spires, Sommet. Ouverture. Couleur. Coquizzr. Spiress Sommet. Couleur. COQUILLE. Spires. 188 COQUILLAGES GENRE EX. LA NÉRITE Verita. J E range le genre de la Mérite à la fin des coquillages Opercu-- lés, & le rapproche plus que toutautre des Bivalves, parce que c'eft celui qui a le plus de rapport avec eux. En ettet, fi l’on confidere la forme applatie de fa coquille, le raccourcifle- ment & la petitefle de fon fommet, l’évafement de fon ou- verture, l’épaifleur & la nature pierreufe de fon opercule, fes efpeces de gonds, & les crênelures de la lèvre gauche de la coquille dans lefquelles 1l joue comme un battant dans fon pivot, à la maniere des battans des coquilles Bivalves; on verra qu'elle leur reflemble à bien des égards. Il eft vrai que le battant fupérieur dont l’opercule fait la fonction , n’eft pas proportionné à la grandeur de la coquille qu’on pourroit comparer au battant inférieur des Bivalves, & que fa forme n’eft pas concave, mais feulement applatie. L’ani- mal lui-même ef fort diflérent de celui des Bivalves : & c’eft par ces endroits que je me crois aflez fondé à laïffer ce co- quillage parmi les Operculés, mais parmi les Operculés qui touchent, pour ainfi dire, aux Bivalves. : LE D'UN AR Pl rz Nerita nigricans levirer fulcatus, claviculà parüm comprefsi, multis & exiguis dentibus ad labrum , admodüm paucis brevibus & acutis ad EE sellam Lifl. hif. Conchyl. tab. 596. fig. 6 Nerita profundè ftriis craffis, & latis diftinéta, utrinquè infgniter den- tata, ex atro colore rufefcens , intus candida. Gualr. Ind. pag. & : tab, 66. fig. S Nerita exiguus niger lævis, aut certè levirer admodum fulcatus utrinquè déntatus ; Africanus. Ejufd. ibid, tab. 597. fig. 10: Le Dunar fe voit très-abondamment autour des rochers de Fifle de Gorée. Sa coquille a un pouce environ de largeur, & moitié moins de longueur. Elle à beaucoup d’ épaiffeur, & la forme d’un ovoïde très-obtus aux deux extrémités. On y compte trois fpires, dont la premiere eft renflée & arrondie ; les deux autres font très-pctites, & forment un OPERCULÉS. 189 fommet rond fort obtus, deux fois plus large que long, & deux à trois fois plus court que l’ouverture. Sa furface ex- térieure eft recouverte d’un périofte médiocrement épais, au-deflous duquel on apperçoit vingt-cinq à trente fillons aflez legers qui tournent fur la premiere fpire. L'ouverture repréfente une demi-lune qui s'étend hors de la coquille fur fa droite. Elle eft environnée jufqu’aux deux tiers de fa circonférence, par la lèvre droite qui ef fort aiguë, tranchante, quoique très-épaifle, & garnie intérieu- rement un peu au deflous du bord de quinze à feize dents longues & fort ferrées, dont les deux plus bafles font plus grofles, arrondies comme deux boutons aflez écartés, La lèvre gauche eft formée par l’applatiflement de la fe: conde fpire , qui eft recouverte d’une large plaque luifante & legerement chagrinée. Elle porte deux petites dents au milieu de fa longueur. Sa couleur eft un noir très-foncé au dehors, qui tire fur la couleur de la poix, & un blanc aflez clair au dedans. La tête de l’animal eft fort applatie, faite en demi-lune, & un peu échancrée à fon extrémité T. Ses cornes C. €. font cylindriques, fort minces, pointues aux deux extrêmités, & une fois plus longue que la tête aux deux côtés de laquelleelles font placées fur fa bafe. Elles paroiffent coupées dans toute leur longueur, de vingt-quatre fillons peu fenfbles. Les yeux font deux petits points noirs Ÿ. Y. placés au fommet d’une colomne pyramidale à trois angles, quatre fois plus courte que les cornes, & placée à leur côté extérieur. Au deflous de la tête vers le milieu de fa longueur , on voit l’ouverture de la bouche, qui eft ronde B, & environnée d’une lèvre circulaire fort épaifle, pliée & comme ridée. La membrane qui forme le manteau de l’animal, couvre entierement l’intérieur de fa coquille. Elle eft fort mince, & léserement crênelée fur fes bords qui font tachés de vingt petits points blancs fur un fond noir. Le pied P eft prefque rond, applati en deflous, convexe en deflus, un tiers plus long que large, & de moitié plus court que la coquille. II eft coupé en delfous de plufieurs pe- us fillons circulaires, Sommet, Périofte, Ouverture, Couleur; ANITMAL, Tête. Cornes, Yeux, Bouche: Manteau, Pied, Opercule. Couleur. 199 COQUILLAGES L’opercule eft un offelet pierreux , fait en demi-lune , d’une épaifleur & d’une dureté aflez grandes. Sa furface ex- térieure O eft toute chagrinée, & fon bord inférieur eft re- levé de deux grandes dents g. r. vers le milieu de fa longueur. Il ef Life dans fa furface interne J. C’eft par le moyen de ces dents qu'il eft attaché au deflus du pied & même à la lèvre gauche de la coquille, dont 1l ne s’écarte jimais , mais fur laquelle 1l fe rabat en s’ouvrant à peu près comme le cou- vercle d’une tabatiere à charniere , ou, pour mieux dire, comme les battans des coquilles Bivalves auxquelles j'ai comparé cette coquille. La maniere dont cet opercule eft uni au pied, differe de la plûpart des autres Operculés, en ce qu’au lieu d’être at- taché à fon extrêmité, comme dans le Rouleau (r),ou à fon milieu comme dans la Toupie (2), 1l ef fixé dans le finus que fait la racine du pied en fe confondant avec le man- teau. Îl à à très-peu près la même fituation dans le genre de la Natice. Tout le corps de cet animal eft blanc-fale en deflous , & noirâtre en deflus, à l'exception du manteau qui eft moins foncé, & taché fur les bords, comme je l’ai déja dit, d’une vingtaine de petits points blancs. 2. 0 L'EST AUD IN PTE Nerita magis afpera, & lamellis femilunaribus albis, & nigris alternatim diftributis teffellata. Bonan. recr. pag. 141. claff. 3. n. 220. Nerita profundis & latis fulcis ftriifque aded paucis, & altis diftinétus, variegatus, utrinquè dentatus. Life, ifl. Conchyl. tab. 599. fig. 15. Nerita magis afpera, & lamellis femilunaribus albis, & nigris alternatim diftribuus reffellata. Auf. Kirk. pag. 462. n. 120. Nerita Jamaicenfis ex albo nigroque teflulata. Petiv. Gazoph. vol. 1. cat, S81. tab, 13. fig. 12. Nerita ftriata. Lang. meth. pag. $ 3. Nerita, ftriata, candida, punctis vel lineis nigris imbricatim difpofitis variegata. Gualr. Ind. pag. & tab. 6G. lit. À. À. Platyftoma , ore fimplici; fafciatum ; pennatum , afperulum , pennulis albis fuper nigro pluries fafciatum integrum; Bonanni. Kéein. tent, Fag. 13% Jpec, Le RME, (1) Genre 1. pag. 90. planc. 6. fig. 1. O. (2) Genre 6. pas. 169. planc. 12. fig. 1.18 OME R CULÉS. ” Dontoftoma, dentibus utrinquè; ad columellam & ad labium, fulcatum ; inter latos fulcos ftriatum , & variegatum ; Lifteri, Ejufd. ibid. p. 17, Jpec. 2, no 24; La coquille du Tadin differe de celle de la précédente, en ce qu'elle eft plus petite, n’ayant que neuf lignes au plus de longueur. Sa premiere fpire eft relevée de quinze cane- lures aflez grofles, à peu près égales, ordinairement liffes, & quelquefois chagrinées. Sa furface extérieure eft toute tachée de petits points blancs & quarrés, féparés par autant de points noirs de même figure & de même grandeur , répandus fur les canelures. Lorfqu’elle a été roulée quelque tems fur le rivage , elle perd entiere- ment fes couleurs avec fes canelures, & devient entierement jaune. Elle eft affez commune dans les ifles de la Magdelaine, AU L ELA GAR PL 13 Nerita profundis, & latis ftriis fulcata, utrinque dentata , ex albido ni- groque catenatim depicta. Gualt. Ind. pag, & rab. 66. lier, P. La coquille de celle-ci eft auffi grande que celle de la premiere efpece , & fe trouve affez rarement entre le cap Manuel & le cap Verd. Son fommet au lieu d’être applatui, eft pointu & formé de trois fpires également renflées. Il n’a qu'une fois plus de largeur que de longueur. Les trente fillons de la premiere fpire font plus profonds que ceux de la premiere efpece; & fa lèvre gauche eft ridée de plufieurs plis au lieu d’être cha- grinée. Sa couleur eft d’un brun-noir , quelquefois fans taches, & quelquefois marbré d’un blanc-fale. AUDE SEL OT PL 1x Nerita cujus veftem formant frequentes, & fpifi funiculi favidi ex co- lore purpureo adjeéto magis vifbiles, & maculis atris notabiles, Bonan. recr. pag. 141. claff. 3. n. 217. — Muf. Kirk. pag. 462. n. 217. Nérite canelée, & jolie par fa couleur mêlée de blanc, de couleur de rofe, & de noir. Hif. Conchyl. pag. 259. pl, 10. fig. Q. Coquizze, Spires, Couleur, CoqQuiire, Sommet, Spires, Couleur, 192 COQUILLAGES Nerita ftriata. Lang. meth. pag. $ 3. (IL confond cette efpece avec la pré- cédente. ) Platyftoma ore fimplici : fulcatum ; & punétatum ; maculis atris, fuper funiculis avidis ex colore purpureo, Bonanni. Klein, tent. pag. 14. Jpec. x, nr. 3.4 Coquuzr. La coquille du Selot à tout-i-fait la forme de la précé- dente ; mais elle n’a que neuf lignes de longueur : elle eff beaucoup mains épaifle, & relevée de quinze grofles cane- Spies. lures qui tournent fur la premiere fpire. Ouverture. La lèvre droite de l’ouverture n’a que dix dents ; & la lèvre gauche eft life fur fa furface, & bordée de trois grofles dents échancrées & comme partagées en deux à leur ex- trémité. Couleur. Trois couleurs différentes , le rouge, le noir & le blan- châtre, font également répandues {ur toute fa furface ex- rérieure, où elles s'étendent par marbrures ondées. ss: LE KISE T. PE 5x3. Cette derniere efpece de Nérite fe trouve, avec la précé- dente, autour des 1fles de la Magdelaine , mais en petite quantité. COQUILLE. Sa coquille n’a que fix lignes de longueur. Spires. Ses {pires font au nombre de trois, & fi applaties que le fommer qu’elles forment ne s’éleve pas au dehors. La pre- miere fait voir vingt canelures aflez larges , mais fort ap- platies. | Ouverture. Les deux lèvres de l’ouverture font Lifles & dépourvues de dents. Opercul. Son opercule eft life & uni par-deflus: 1l porte à fon ex- trêmité fupérieure deux dents aflez grofles, mais courbées & beaucoup plus rapprochées que dans la premiere efpece. Couleur. Sa couleur eft noire au dehors, blanche au dedans, & jau- natre ou livide fur la lèvre gauche. “E Mg REMARQUES OPERCULÉS. 193 RARE A DER 2 CR TT ON CRE EE BD 2e mes eme REMARQUES Sur LES LimaAçons OPERCULÉS, Par la maniere dont j'ai rangé les Limaçons Operculés, on voit que jai d'abord commencé par ceux qui ont l’opercule le plus perit, c’eft-à-dire, par ceux qui fe rapprochent davan- rage des Univalves, & qu’au contraire j'ai fini par ceux dont l'opercule eft le plus grand par rapport à la coquille, c’eft- a-dire, par ceux qui ont le plus d’afhnité avec les coquillages Bivalves. Cette fection pourroit être encore divifée en deux familles, fçavoir: Premierement, celle dont les animaux ont la trachée faite en canal ou tuyau, tels que font le Rouleau, la Pourpre, le Buccin & le Cérite. On pourroit l’appeller la famille des Pourpres, à laquelle on voit que, fans avoir égard à l’oper- cule, les cinq derniers genres des Univalves, l’Yet, la Vis, la Porcelaine, le Pucelage & le Mantelet, fe joindroient natu- rellement. Tous les caracteres que j'ai dit être communs à ceux-ci, le font auffi aux Operculés dont il eft queftion ; 1l n’y a que l’opercule qui les diftingue. La feconde famille des Limaçons Opercules feroit com- pofée des cinq genres reftans, fçavoir, le Vermet, la Toupie, le Sabot, la Nartice & la Nérite, dont la trachée eft fort cour- te, & ne forme point de tuyau fenfble, ou du moins pro- longé au dehors, Voici les caracteres qui leur font communs. 10, Leur coquille eft toujours tournée en fpirale, & fans aucune apparence d’échancrure ou de canal à l'ouverture. 20. L'animal a deux mâchoires à la bouche, fans aucune apparence de trompe. 3°. La trachée & l'ouverture de l’anus fe trouvent placées conftamment fur la droite de l’animal. 4°. Enfin ces animaux fe nourriflent communément de fubftances végétales, Il fuit de-là qu’il y a beaucoup de rapport entre ces ani- maux & les fept premiers genres des Limaçons Univalves ; qu'ils n’en différent, pour ainf dire, que par Re de LÉ Rouleau, Pourpre, Buccin. Cérite, I }, Vermet. Toupie. Sabot. Natice. Nénite, Vu GO QU 1 LL ES, &c la coquille ; & qu’enfin il y a un peu plus de liaifon entr'eux, quoiqu'il y en ait beaucoup moins qu'entre les genres de la famille que j'appelle des Pourpres, qui fe fuccédent les unes aux autres, prefque fans interruption. Quoiqu'en prenant ma divifion de la poñtion des yeux, j'aie été obligé dans cette feétion de féparer le genre du Sabot de celui de la Toupie, & celui de la Natice du genre de la Nérite, j'ai crü devoir les rapprocher dans les planches de mes defleins, à caufe de la reflemblance qui fe trouve entre leurs coquilles. RÉEL SR QI AU &.% GES FR i | et É: “ di 2 EN 5 ke, 4 AR FX 4 25 QU 2 v | rss We] \e> À, Êé ie mans 24 Le #5, D ju LR y hi 1 + PAZ] HE À = __* ie ar La ie FAMILLE FÉEcon DA D'ESAC ON QUES: 1 Etre famille raffemble, comme je l’ai dit ail- leuxs(r), les Coquillages qui ont une coquille compofée au moins de deux pieces, peu diflérentes lune de Pautre. L'examen de leur animal eft beau coup D difficile que celui des Limaçons, parce que les battans de leur coquille ne s’entr’ouvrent que légere- ment, & ne laïflent voir qu'un petit nombre de parties, qui à la vérité fortent aflez au dehors dans quelques-uns, mais qui ne fe montrent jamais dans d’autres. Ces animaux ont auffi une ftructure particuliere : on ne leur voit ni tête, ni cornes, ni mâchoires, ni dents; mais feulement un man- eau, des trachées, des ouies , une bouche, un anus & quel- quefois un pied : on les a connu de tout tems fous le nom de Conques (2). En confidérant les Conques par leur coquille, on pourra les divifer en deux fections, dont la premiere contiendra les Coquillages qui n’ont que deux pieces, & que l’on nomme Bivalves,; l’autre renfermera ceux qui ont plus de deux pieces, & que l’on nomme Multivalves. (1) Poyez les définitions des parties des Coquillages , &c. pag. 2 & 3. (2) Nunc fpeciatim de OR loquamur , quibus tefta de eft > quæque dua- bus teftis conftant,utrifque concavis. Hoc genus dibueg , vocat Arifloteles , To d'uciv éspaxers mers hdper , quod geminà teftä continetur Mae convertit Gaz, ficut podieo univalve : Spy enim valvæ funt, eas Cicero Conchas latinè dixit. Pinna enim, (fic græcè dicitur) duabus grandibus patula Conchis, cm parvà fquillà quafi fcietatem coit cibi comparandi. Rondel, pifc. pars ale. edit. lat. Lib. 1. cap. 17. p. 19. bij 199 PO ON IL LLA.G'E S ag me Eng ne eo je eng es me pee fe SECTION PREMIERE. DESLECONQUES BIFALPES. Es Coquillages Bivalves paroiffent former trois familles diftinguées par rapport à la figure de leur manteau. Dans la premiere on voit ceux qui 4 9 A ont les deux lobes du manteau féparése L'Huîrre. Genre 1. dans tout leur contour: telle ef LE JATARON. + 2. deux lobes du manteau forment trois Er JAMBONNEAU. 3. La feconde réunit ceux dont ont ouvertures fans aucuntuyau:tels font , , L ë D Ln Ris rangent al La Came. - = 4 ont les deux lobes du manteau for-f Ti Taie. - ment trois ouvertures , dont deux Le SourDON = "6 prennent la figure d’un tuyau #fezÀ Le SoLen, - - 7 long : tels font Ge EN RE. E L'HUITRE. Offreurm. EX parlant de la Nérite j'ai dit que c’étoit le Coquillage qui approchoit davantage des Bivalves, & il me femble que l’Huître eft celui des Bivalves qui s'éloigne le moins des Operculés. 1x De GAS-AUN LUZ L'Huïître d'arbre. Du Tert. hiff. nat. des Antill. vol. 2. pag. 137. Oftreum radicum fivè lignorum , Malaicenfibus Ziram befaar vel Tirarr akkar diéta. Rumph. muf: pag. 154. art. *. tab. 46. fig. o. Oftreum roftratum complanatum , lamellis diverfimodè finuofis com- pactum , rugofum , ex albido viridefcens. Gualt. Ind. pag. 6 rab. 102. lit, D. Oftreum longum radicum feu lignorum : Tiram Befoar, Tiram Accar; Rumphu. Klein. tent. pag. 122. fpec. 1. tab. 8, fig. 17. BAAV/AÏLVE S. Le; Il y a plufeurs efpeces d'Huîtres au Sénégal; mais on n’en Voit point de plus commune que celle que l’on fert fur les tables, & que je nomme Gafar. Sa coquille a ordinairement trois pouces de longueur fur une largeur une fois moindre; & 1l n’eft pas rare d’en voir qui ont fix pouces, ou même davantage. Elle eft affez mince, & repréfente un quarré long, fort applati, obtus à fon ex- trèmité fupérieure, & qui diminue en une pointe arrondie vers la charniere. Sa forme eft toujours extrêmement irré- guliere par les plis & les contours qu’elle prend, de ma- niere qu'il eft fort difficile, ou même prefqu'impoñfible, d’em trouver deux femblables. Sa furface extérieure eft rude & comme raboteufe par les lames dont elle eft formée, & qui débordent fenfiblement les unes au deflus des autres ; l’in- térieure au contraire eft luifante & d’un beau poli. On voir quelquefois {ur la premiere un périofte livide & fort mince. Le battant fupérieur G eft mince, applati, & rarement creufe, mais toujours inégal & ondé comme le battant infé- rieur auquel 1l fe joint parfaitement. Celui-ci D eft toujours creux, mais peu profond, plus grand & plus épais que le premier. Il porte à fon extrêmité poftérieure, celle où eft la charniere , une efpece de talon ou de fommet $S formé par fes bords qui fe replient en de- dans : ce repli fait un creux plus ou moins grand dans dif. férentes coquilles. Sur la furface applatie de ce repli, on apperçoit un leger enfoncement dans lequel eft logé le ligament à reflort L, qui fert à joindre fortement les deux coquilles & à les écarter l’une de l’autre. C’eft une matiere coriace, verdâtre, tirant fur le noir, fort applatie, fpongieufe vers le milieu, & capable de faire le reflort pendant qu’elle eft humectée dans l’eau , mais qui eft d’une grande fragilité quand 1l vient à fe deflécher. Ce ligament n'entre point dans la cavité de la co- quille ; 1l eft renfermé dans le talon , fans cependant s’érendre jufqu’à fa pointe, où 1l laïfle un petit vuide, afin que les battans puiflent s’ouvrir librement : il ne paroît pas au dehors. On ne voit ni dans l’un n1 dans l’autre battant, aucune dent qui puifle faire l’office de charniere, & ils n’ont aucune apparence d’être contournés en fpirale, Cocuizre, Périofte, Battans. Somme, Ligamert. Charniere. Mufcle. Couleur, Varictés. ÂANIMAL. Manteau, Mufcle, Ouies, 198 POOUÛULLLAGES La marque qui défigne l'endroit où le mufcle les atta- choit au corps, eft d’un violet foncé & rembruni E. Cette tache fe trouve placée aflez exaétement au milieu de la lon- gueur de chaque battant, & une fois plus proche du bord droit que du bord gauc he du battant fupérieur. L’extérieur de ces coquilles eft quelquefois gris & quel- pos violet, ou verd bordé de blanc. Leur intérieur eft violet borde de blanc, ou d’un blanc nacré bordé de violet. J'ai dit ci-deflus que cette coquille offroit tant de variétés dans fa forme plus ou moins applatie, plus où moins ondée, qu’il n’étoit pas pofhible d’en dire autre chofe que des géné- ralités. Cependant elle eft diftinguée des quatre autres efpeces qui fe trouvent au Sénégal, 10. par fa forme oblongue, 20. par fon peu d’ épaifeur ; 5 pe. enfin parce que, quoique fes bords foient ondés, jamais 1ls ne le font en Z19Za85. Lorfque la coquille de l'animal s’entrouve légerement pe humer l’eau de la mer, & pourvoir par ce moyen à {a fubfflance, on apperçoit le manteau qui s'étend fur fes bords fans fortir au dehors. Il paroït comme une membrane fort mince, divifée en deux parties ou en deux lobes fort diftingues, “dont chacun tapifle les parois intérieures de cha- que battant de la coquille. Chaque lobe confidéré féparé- ment, paroît orné d’un rang de filets fimples aflez longs &e égaux F, M. A. difiribués également autour de fes bords au nombre de cent ou environ. Outre cette frange on apper- çoit à une petite diftance des bords du manteau , une efpece de membrane femblable à un bourrelet fillonné qui le fuit dans fon coutour, & qui eft relevé de cent petits tubercules arrondis T. Il ne faut pas s’attendre à voir d’autres parties dans l’Huître vivante, tant qu'on ne la regarde que dans la fituation qui lui eft naturelle. Mais fi l’on vient à féparer les deux écailles l’une de l’autre, on apperçoit d’abord le fort mufcle qui les attachoit au corps de l’animal : en relevant enfuite le lobe fupérieur du manteau, on découvre quatre feuillets mem- braneux qui font les ouies: chacune de ces ouies eft traverfée par cinquante ftries fort déliées, qui font autant de tuyaux capillaires ouverts dans leur extrémité poftérieure. Elles s'étendent fur le devant du corps de l’animal, depuis la HIVALVES. . partie M, où les deux lobes font réunis, jufqu’au point B où eft le D coment de la bouche. Ce. ci forme une verture aflez grande, bordée de quatre grandes lèvres aflez PLU aux ouies, mais fix à huit fois plus courtes. Der- riere les ouies on trouve une grofle partie charnue blanchâtre & cylindrique qui tourne fur le mufcle : ce n’eft autre chofe qu'un eftomac ou fac inteftinal, femblable au pied, qui en fait La fonction dans les Conques & les Limaçons, mais qui, dans l'Huître , ne paroît pas fufceptible de contraétion m1 de dilatation. Ce fac inteflinal , Ou ce pied, ne s’avance ja- mais fur les bords de la coquille ; il refte caché fous les ouies dans le fond de la cavité M. A. qu’elles ferment entierement fur le devant de l’animal , en fe joignant les unes aux autres par leur dos. Enfin fur le dos du mufcle on voit encore le canal des inteflins qui a une décharge en À. La trachée ou l'ouverture M. A. pat laquelle l’animal re- çoit l’eau pour en tirer l'air qui lui eft néceflaire, commu- nique avec l’anus, & nullement avec l'ouverture antérieu- re M. F.T.B. qui doit pourvoir à {a fubfiftance. Quelques Auteurs modernes ont afluré que l’on avoit dif- tngué les Huîtres mâles d’avec les femelles : cependant 1l eft certain que la plûpart de ces animaux qui vivent éloignés les uns des autres, & dans l’impuiflance de fe joindre par la copulation, engendrent leurs femblables ; d’où l’on peut conclure qu'ils n'ont befoin d'aucun fexe pour fe repro- duire, ou que chaque individu les réunit tous deux. Tout le corps de l’animal eft d’un blanc-fale : les bords de fon manteau font noirûtres. Il eft parüculier aux Huïtres du Sénégal de ne s'attacher qu'aux racines des arbres, & rarement à d'autres qu’à celles des mangliers. On les y “trouve raflemblées par paquets & fans aucun ordre , fouvent collées & appliquées les unes fur les autres, mais feulement par l’écaille inférieure : car quoique fouvent il croifle d’autres Huîtres fur la piece fu- périeure, elle n’eft jamais fixe comme l’autre; elle conferve toujours la facilité de s’ouvrir & de fe fermer à la volonté de lPanimal. Malgré le peu d’ordre qui régne dans leur po- fiion, on remarque cependant que le talon ou le côté de la Bouche, Pied, Anus. Trachée, Couleur. Obferva- tion, CoqQuiLer. Sommet. Couleur. 2e OC S'OUITTME.ES charniere eft ordinairement tourné en bas, & que l'extrémité oppofée, ou la plus large, regarde en haut, à peu près comme je l’ai fait repréfenter à la fig. 1. c'eft apparemment la fituation la plus commode à l'animal pour fe procurer la nourriture. Cette Huïrre eft grafle, tendre , fort délicate, & on peut la comparer, pour le goût, aux meilleures Huîtres de l’Eu- rope. On dit que l’on en trouvoit encore 1l n’y a pas dix ans fur les mangliers du Niger, près de l’ifle du Sénégal; mais aujourd’hui l’on n’en voit plus que dans le fleuve de Gambie, & dans les rivieres du Biffao, où rien au monde n’eft plus commun, | LE G'ARNENRAP ra Oftrea arborea dorfo uncato; Jamaicenfis. Lift. kiff. Conchyl. tab. 197. ie 32 Spondylus variegatus, ftriatus, margine digitato. Eju/d. ibid. tab. 210. APTE nn Barbadenfis parvus alrè fulcatus? Periv. Gazoph. vol. 1. cat. sx. tab, 24. fig. 12. Oftrea minor fulcata, oblonga , gibbofa, ambitu ferrato ? Sloan. Jam. vol. 2. pag. 262. tab. 241. fig. 20 & 21. Oftreum ftrudurà peculiari depreflum, incurvum, tuberculofum, finuo- fum, peripheriä denticulatä, feu plhicaturis anguftioribus circumdatà, candidum. Gualr. Ind. pag. & tab. 104. lite. F, Chamætrachæa phieata, quæ fpondylus variegatus, ftriatus; margine di- gitato; Lifteri. K/ein. cent. pag. 150. fpec. 1. n. 9. Cette efpece differe très-peu de la précédente. Je ne l’ai vû s'attacher qu’aux pierres & aux rochers fixes, fur-tout dans les lieux expofés aux courans de la mer, comme autour de l’ifle de Gorée & de celles de la Magdelaine. TUE Sa coquille eft prefque triangulaire , applatie, longue d’un pouce & demi, & un cinquiéme moins large , mais toujours pointue vers le talon ou le fommet. Elle eft plus épaifle que celle de la premiere efpece, & relevée vers fon extrêmité, de cinq ou fix canelures triangulaires qui font l'alternative avec autant de dents en zigzags dont elle eft bordée. Sa couleur eft d’un rouge fort rembruni au dehors , & d’un verd-fale au dedans. Se 8. LE BIVALVES. ne ZPLE VÉTAN. PL: La coquille du Vétan a la forme allongée comme la pre micre efpece ; mais elle eft beaucoup plus renflée ou moins ap- platie, d’une épaifleur & d’une dureté confidérables. Elleatrois pouces & demi de longueur, & un tiers moins de largeur & de profondeur. Ses deux extrêmités qui font également larges, & fes quatre côtés un peu applatis, lui donnent la forme d'un cube allongé, ou d’un parallelipipede irrégulier, Sa furface extérieure eft fort inégale, & relevée en deflus & en deflous, vers l’extrêmité oppofée à la charniere, d’une dixaine de grofles canelures triangulaires , ondées & comme tuilées. Le battant fupérieur, au lieu d’être applati comme dans la premiere efpece, eft affez creux fans cependant faire la poche auprès du talon. Quoique beaucoup moins épais que Le battant inférieur, il n’eft guères moins renflé que lui. Ses bords vers l’extrêmité fupérieure , font marqués de dix grofles dents triangulaires ou pliées en zigzags, qui s’emboëtent exac- tement dans un pareil nombre de crènelures creufées dans les bords du battant inférieur. Ces dix dents font l’alterna- tive avec les dix canelures dont j'ai parlé plus haut. La couleur de cette coquille eft incarnate au dehors, & d’un blanc-nacré au dedans, qui laïfle voir une petite bande rouge vers les bords. L'endroit où étoient attachés les deux mufcles, montre une très-grande tache jaunâtre ou livide, qui occupe le milieu de la longueur & de la largeur de la coquille. On la trouve fixée par fon battant inférieur, fur les ro- chers desifles de la Magdelaine, & fur toutes fortes de pierres immobiles. ARLES A JE À, + PL) IA. Oftreum plicatum majus. Rumph. muf: pag. 156. art. $. tab. 47. fig. C. 6 pag. 157. art. 9. fig. G. Oftreum ftriatum ftriis peculiaribus. Lang. meth. pag. 82. | Oftreum plicatum majus, reftà crafsà, plicis laciniaris, feu clavatim mu- ricatus; mufcofa & falfilaginofa, intüs alba, limbo nigro; Rumphit, Klein. tent. pag. 125$. fpec. o. n. 3. À Oftreum plicatum, quod mater perlarum fpuria, coloris pulli;; teftà tenu; circa limbum per plicas muricatà ; Rumphii. Eyufd. ibid. n. 6. C CoQUILLE, Sommet, Baittans, Couleur, COQUILLE, Sommet. Battans, À NIMAL. Manteau, ÜOQUILLE. Sommet. Battans. Couleur. 202 CRONOQ'UMELILA GES J'ai encore obfervé cette quatriéme efpece autour des ifles de la Magdelaine, où elle n’eft pas fort commune : elle s’at- tache aufli aux rochers par le battant inférieur. Sa coquille eft prefqu’aufi épaifle que celle qui précede, mais fort applatie, & prefque ronde : fouvent même fa lar- geur qui eft de trois pouces, excéde d’une quatriéme partie fa longueur prife du fommet à l’extrêmité oppofée. Une quin- zaine de grofles canelures triangulaires , & garnies ordinai- rement de pointes applaties en forme de crête, fouvent ra- meufes, prennent naïflance du fommet qui eft pointu , & vont fe répandre, comme autant de rayons , fur fa circon- férence. Il n’y a de différence entre le battant fupérieur & Vinfé- rieur, qu’en ce que le premier ne fait point de creux inté- rieurement vers le fommet : d’ailleurs ils ont la même épaif- feur, & chacun quinze dents triangulaires en zigzags, qui font l’alternative avec les quinze canelures. Au dehors cette coquille eft couleur de rofe; elle eft blan- che au dedans, & bordée d’un pourpre très-foncé. La tache livide qui défigne le lieu de l’attache du mufcle, eft placée beaucoup au deffus du milieu de la longueur des battans, & vers leur droite. se LE ER GR E ie Pr, ire L'animal du Rojel a fon manteau bordé de deux cens filets, dont cent font alternativement une fois plus courts. Sa coquille eft ronde, de deux pouces de diametre, fi mince & fi applatie, qu’elle n’a pas trois lignes de profondeur. Sa furface eft affez unie. Le fommet ne s’avance point hors des bords de la coquille: il eft auf obtus qui puifle l’être. Le battant inférieur eft prefqu’aufi applati que le fupé- rieur ; & il n’y a aucun enfoncement , mi dans l’un ni dans l'autre, vers le fommet. La couleur de l’animal & celle de l’intérieur de fa co- quille, eft d’un blanc-fale : à l'extérieur elle eft d’un rouge fort rembruni. On a vû que la premiere efpece d'Huître ne s’atrache qu'aux bois & aux arbres. Toutes les autres préferent les BIVALVES. ne pierres pour s’y fixer , & il y a apparence que toutes fortes de pierres leur conviennent également. Celle-ci a été trou- vée fur un teflon de bouteille caflée, qui fut pêchée à la fonde à neuf brafles de profondeur dans l’anfe de l’ifle de Gorée. Le battant inférieur de fa coquille s’étoit entierement appliqué & étendu fur la furface un peu concave du verre. Gé. L'ECGUMIRIOUNaNPL 14. Je ne doute nullement que les deux efpeces de coquilles dont je vais parler, ne foient fort difiérentes du genre des Huîtres. Ce font celles auxquelles les Anciens ont donné Le nom de Spondyle, & que les Grecs de nos jours appellent Gaiderope , à caufe de leur reflemblance avec la corne du ied de l’âne qu’ils nomment Guideron. Leur coquille imite fi bien celle de quelques Huîtres, que plufieurs des Auteurs modernes les ont rangés indifféremment parmi elles. C’eft auffi à caufe de leur figure que je les rapporte ici, n'ayant point vü l'animal qui les habite. Spondylus ferè ruber muricatus. Lift. hifl. Conchyl. tab. 106. fig. 40. Rumph. muf. pag. 160. art. 16. tab. 48. fig. 1. La coquille du Guron a autant d’épaiffeur que celle de la troifiéme efpece d'Huître. Elle eft médiocrement applatie, longue de quatre pouces, & un quart moins large. Toute fa furface extérieure eft hériflée de pointes applaues en forme de crêtes aflez longues , plus larges à l'extrémité qu’à leur origine, & un peu inclinées fur le devant. Son fommer eft fort large & comme tronque. Le battant fupérieur eft un peu plus applati que l’inférieur. Tous deux ont une cavité médiocre dans leur talon au def- fous de la charniere, & leurs bords font relevés en dedans de cent à cent cinquante petits filets d’inégale grandeur. Ce qui diftingue principalement la coquille du Spondyle de celle des Huïîtres, c’eft que celle-ci n’a point de charniere, comine je l'ai dit c:-deflus, au lieu que le Spondyle en a une , & même beaucoup plus groffe que dans aucun co- quillage connu. Dans le battant inférieur elie confifie en deux gros boutons arrondis, entre lefquels eft placé le ligament: 4 côté de chaque bouton on voit un trou de même grandeur. Cet CoQuirrr. Sommet. Battans. Charniere. Lisament. Mufcle, Couleur, CAQUILLE. Battans. Couleur. Remarque. 204 GOQUILLAGES Le battant fupérieur a un pareil nombre de trous & de boutons, qui font difpofés de maniere que les deux trous voifins de ia charniere reçoivent les deux boutons corref- pondans du battant inférieur, pendant que les deux trous de celui-ci emboëtent les boutons plus éloignés du premier. Le ligament eft une piece coriace, noire, ronde, de la groffeur des boutons de la charniere, & qui fort d’un trou creufé dans fon milieu entre les deux boutons du battant inférieur, & entre les deux cavités du battant fupérieur. Il ne paroît pas au dehors de la coquille lorfqu’elle eft fermée. Il n’y a dans le milieu de cette coquille, comme dans celle de l'Huître, qu’une grande tache ronde qui défigne le lieu du mufcle; mais cette tache fe trouve fort proche du bord gauche, c’eft-à-dire, dans un fens contraire à la place qu’il occupe dans le genre des Huîtres. Elle eft de belle couleur de feu au dehors, & blanche au dedans, avec un bord auffi couleur de feu. Cette efpece vit {ur les rochers qui bordent les ifles de la Magdelaine. ÿ. LE SATAL PE 14 Le Saral fe voit auffi, mais fort rarement, dans les ro- chers de l’ifle principale de la Magdelaine. Sa coquille eft la plus épaifle & la plus pefante de toutes celles que j'ai obfervées à la côte du Sénégal. Elle eft afiez exactement ronde, & femblable à une boule de quatre pou- ces & demi de diametre. Sa furface elt raboteufe, mais fans pointes, & toute piquée d’une infinité de petits trous qui ne pénetrent pas jufqu’a la furface interne qui eft life & ole. Elle differe de la précédente en ce qu’elle a plus d’épaif- feur, & que le battant fupérieur eft auffi creux que l’infé- rieur. Le fond de fa couleur au dehors eft un rouge de fang qui la pénetre à plus de deux lignes d’épaiffeur ; au dedans elle eft blanche & bordée de la même couleur. De toutes les efpeces d’'Huîtres que j'ai décrites, il n’y a que la prenuere qui foit mangeable , celle qui naît fur les arbres. Îl femble que les pierres fur lefquelles croifent les autres, dans les courans ou dans les lieux de la mer éloi- BIVALVES. 7 gnés du limon , leur ôtent la bonne qualité que les autres lui doivent : die font dures, coriaces, & même défagréables au goût, & l’on n’en fait pour cette raifon aucun ufage, $ GE:N° RAI. LE JATARON. Jataronus. PL r5, Tappelle du nom de Jataron le genre de coquille que Ron- delet a appellé Coquille ridée. Celle du Sénégal s’attache, comme celle de la Méditerranée, aux rochers” expofés aux courans de la mer, fur lefquelselle fe groupe en affez grande quantité. Elle y tient avec une telle force , qu’on a bien de la peine à l’en détacher fans la brifer en morceaux. On en voit beaucoup autour de lifle de Gorée, de celles de la Magdelaine & du cap Verd, fur-tout en Avril, où la vio- lence des marées les déracine du fond de la mer. Je n’en ai découvert qu’une feule efpece. Concha rugata. Rondel. teflac. edir, lat. lib. 1. cap. 15. La Coquille ridée. Ejufd. édit. franç. cap. 21. Concha rugata, Rondeleti. Boffuer. aquar. pars alt. pag. 19. Gefn. aquat. pag. 316. — Aldroy. exang. pag. 458. Spondylus Barbadenfis & Me Liff. hift. Conch. tab. 112. fig. 47, Ejufd. tab. 213. fig. 48. — Ejufd. tab. 215. fig. so. Barbadenfis & Jamaicenfis. & fig. $r. — Ejufd. tab. 216. & 217. fig. 52. & 53. Spondylus ininor, fubruber , tenuis, imbricatus, apice diftorto, cavitate interiore auriculam referens. Sloan. Jam. vo. 2. ÉGh 245, fig. 4. $e 6. & 7. Concha Gryphoides, globofa, ftriis fquamofis exafperata, fufca. Gualr. Ind. pag. & tab. 1ox. dir. C. Concha Gryphoides fubrotunda, laminis, & tuberculis diverfimodè exaf- perata, & ftriata, terreo colore abus Ejufd. ibid. lit. D. Concha Gryphoides, rugofa finuofa , afpera, candida. Ejufd. ibid, lite, E. Globus circinatus; Liften. K/ein. tent. pag. 173. fpec. ©. n. 2. Globus undatus : Lifteri. Ejufd. ibid, n. 3. tab. 12. fig. 81. Globus ferratus; Lifteri. Ejufd. ibid. n. 4. Globus circinatus & undatus; Lifteri. Ejufa. ibid. n. $. La coquille du Jataron eft prefque ronde, médiocrement applatie , du diametre de deux pouces au plus, & d’une CoQuiLcre, Sommet, Battans. Charniere. Ligament. Mufcles. CNE OUEUTe ANIMAL. Manteau, 206 C'O:Q:U IILILAIGES grande épaifleur. Sa furface extérieure eft groffierement ridée par des fillons qui la coupent fort irrégulierement , tant en long qu'en travers, & quelquefois relevée comme par écailles. intérieurement elle eft life, unie, luifante, & bordée fur chaque battant, de cent vingt peuts filets fort ferrés & d’inégale grandeur. Le fommet $ eft aflez éminent au dehors, & paroît former un tour de fpirale beaucoup plus fenfible dans le battantinfé- rieur D qui eft ordinairement plus épais, un peu plus grand & plus creux que Le fupérieur G. La charniere du battant inférieur confifte en une grofle dent C, arrondie & relevée verticalement, dont le dos eft fillonné de dix À douze canelures inégales, Le battant fupérieur eft creufé d’un trou canelé & fi lonné comme la dent du battant inférieur qui s’y engraine exactement. Entre la charniere & le talon du fommet de chaque bat- tant, s'étend un ligament rouffâtre, aflez court & étroit L.L. qui les lie enfemble, & paroît fort peu au dehors. Les battans de cette coquille font liés enfemble par deux grands mufcles, dont on voit les impreffions fur leurs côtés, de maniere que celle de la droite ou de derriere e. e. eft placée un pee au deffous du milieu de leur longueur, & celle de la gauche, ou de devant E. E. un peu au deffus. Au dehors cette coquille montre une belle couleur de rofe ou de chair : au dedans elle eft quelquefois blanche, quelquefois purpurine ou violette. La fituation naturelle à cette coquille, eft d’avoir le fom- met en bas, & l’extrèmité oppofée relevée en haut. Dans cet état, & ‘pendant que les battans viennent à s’écarter l’un ae l'autre, on découvre le manteau de l’animal femblable aux côtés d’un fac bien tendu, membraneux & fort épais, dont le contour eft relevé d’un nombre infini de petits tuber- cules jaunes M. M. difpofés fur cinq rangs fort ferrés. Ce fac enveloppe tout le corps de P animal , & ne s'étend pas jufqu’aux bords de la coquille : il eit percé de trois ou- vertures inégales, dont l’une B qui eft fur le devant de l’a- nimal, laife pañler fon pied, & les deux autres T. À. qui font les tr achées, fe trouvent fur fon dos. BIVALVES. > La trachée inférieure À eft elliptique, deux fois plus lon- gue que large. Son ufage eft de donner iflue aux excrémens ; & rejetter l’eau que l’autre trachée T a pompée. Celle-ci et ronde , & une fois plus petite que la premiere. La troifiéme ouverture B eft une fente fort étroite, qui s’étend depuis le fommet de la coquille jufques vers le mi- lieu de fa longueur. Elle laiffe fortir afez rarement le pied P, qui paroït ordinairement fous la forme d’une hache faite en demi-lune. Il a une fois moins de longueur que la coquille, & porte fur le devant vers fon milieu, un petit lobe charnu, à peu près quarré p. Les parties intérieures renfermées dans le fac que forme le manteau , {ont aflez femblables à celles de l’'Huître ; mais au lieu d'un feul mufcle qui attache les coquilles, on en voit deux affez grands, dont j'ai parlé ci-deflus. Le corps de l’animal eft blanc : il n’y a de jaune que les petits tubercules élevés fur le contour du manteau. On ne fait aucun ufage de fa chair. CAN RENDENT LE JAMBONNEAU. Perna. ON à donné le nom de Jambonneau à ce genre de coquillage autant à caufe de la forme de fa coquille, qu’à caufe de la randeur qu’elle a dans certaines efpeces. Elle eft dans toutes fe mince, légere, allongée, & compofée de deux battans parfaitement égaux. HUE ULiA Ti PA 6. Mufculus tenuis, lævis fubpurpurens. Liff. hifl. Conch. tab. 356. fig. 155. Idem , Jamaicenfis. ÆEjufd. tab. 359. fig. 198. Mufculus vulgaris major; Malaicenfibus 4/ffeng. Rumph, muf. pag. 151. art. 1. tab. 46. fig. B. Mytulus Anatarius; Malaicenfibus 4/üffèng Bebec, Amboinenfibus Thul, Hitoenfibus Lular. Ejufd. ibid. art. 2. fig. C. Mufculus Bahamenfis ferè radiatus. Periv. Gazoph. vol, 1. cat. 5888. tab. 73. fig. 11. Concha longa, lara, & quafñi gibbofa. Lang. meth. pag. 74.( Cet Auteur confond mali propos les Arches-de.Noé 77 & 78 de Bonanni, avec la Moule B. de la planche 46 de Rumphe. } Trachces, ternes, Couleur, COQUILLE. Périofte. Sominet. Battans. Charniere. 208 COQUILLAGES Mufculus vulgaris major; Rumphii. Sloan. Jam. pag. 263. Mufculus Papuanus cute luridà. Hif£, Conchyl, pag. 317. pl. 25. fis. C. Moule de la terre des Papous, dont la couleur eft fauve ordinairement; celle-ci qui eft découverte, expofe aux yeux les plus belles couleurs d’agache, de violer & de couleur de rofe. Cette Moule eft boflue dans fa fuperficie, & cette boffe occafionne deux avances à l’endroit de la charniere. Ejufd. ibid. pag. 330. Mufculus acutus vulgaris, Mal. Afuffeng; circà cardines gibbus, tandem lottoides, major ; Rumphii. K/ein. rent. pag. 127. fpec. 1. a. Mufculus acutus vulgaris, minor; Rumphii. Æju/d, ibid. b. Mufculus acutus tenuis , lævis fubpurpureus ; Lifteri. Ejufe. ibid. p. 128. Jfpec. s. tab. 9. fig. 25. Pholas Arenx, quæ Mytulus Anatarius. Afuffleng Bebec; Armboin. Jhul, Lulat ; articulum digiti lengus, 1 = latus; eftodiuntur , ut anatibus in efcam cedant;, Rumphui. Ey. ibid. p. 166. fpec. 4. n.2.tab. 11. fi9, 67. La coquille du Lulat a près de trois pouces de longueur, &c une fois un quart moins de largeur. Elle eft ovoide , ex- trêmement renflée & comme boflue , de maniere que fa pro- fondeur furpafle un peu fa largeur. Ses deux extrêmités font arrondies comme fes côtés ; mais fon dos s’étend vers le mi- lieu de fa longueur, en une aïle aflez grande L, qui s’arron- dit en portion de cercle. Exterieurement elle eft recouverte d’un périofte épais, lé- gerement ridé, caffant, & d’une matiere approchante de celle de la corne, qui fe replie en dedans de la largeur d’une li- gne R.7. tout autour de fes bords, excepté dans la partie L. 8, où fe trouve le ligament. Le fommet S eft peu élevé ; il paroît former un demi-tour de fpirale dans chacun des battans, proche de l’extrêmité du- quel il eft placé. Ceux-ci font parfaitement femblables. On n’y diflingue point de charniere, mais feulement un fillon léser & fort long, qui fe termine dans chacun par une dent prefqu’infenfible. Le ligament qui unit les deux battans, eft prefqu’auñi long que la demie de la coquille. Il s'étend fur fon dos en com- mençant au fommet S, & va fe terminer en L un peu au deffous de fon aîle. Il eft noirâtre , applati, d’une épaifieur égale à celle de la coquille à laquelle 1l s’unit fans fortir au dehors ,oùil paroît peu, & fans rentrer en dedans, quoiqu'il s'enchffe dans les deux fillons de la charniere, On BIVALVES. 209 > = | On voit dans chaque battant, quatre petites taches, qui | font connoître qu’ils étoient attachés au corps de l'animal | par quatre petits mufcles, dont les deux plus grands E. e. fe trouvent vers leur extrèmité fupérieure , & les deux plus petits J. 7. font dans l’extrêmité oppofée. Il régne encore tout autour des battans, une petite ligne R qui les fuit exac- tement à une ligne de leurs bords : elle marque le lieu où les deux lobes du manteau leur étoient attachés. Le périofte qui enveloppe cette coquille, lui communique Couleur, fa couleur brune ; mais lorfqu’on l’a dépouillée, on y décou- vre quatre couleurs, le blanc, le violet, le rofé & le pour- pre, qui tiennent chacun leur place fans fe mêlanger. Inté- rieurement elle préfente une nacre à fond blanc, mêlé de violet, qui prend, fuivant les inclinaifons qu’on lui donne, diverfes nuances de jaune & de verd. La coquille du Lulat eff ordinairement fixée, le fommet Avinmai. en bas & l’extrêmité oppolée en haut. Ses deux battans ne s’entr'ouvrent que très-peu, mais cependant aflez pour laifer voir fon manteau. C’eft une membrane fort mince, entiere Manteau. & d’une feule piece le long du dos A. a. L.S. de l'animal, mais partagée fur le devant T. r. F. P. dans toute fa longueur en deux lobes, qui font divifés chacun fur leurs bords, en deux feuillets très-courts, dont l’extérieur eft uni à la co- quille, fort proche de fes bords. Le feuillet intérieur porte depuis l’extrêmité fupérieure de la coquille jufqu’à la qua- triéme partie de fa longueur, une frange T.£. compofée de quinze filets cylindriques, fort courts, mobiles, & difpofés fur un feul rang. Les trachées font au nombre de deux. La plus grande, ou l’antérieure T. r. eft formée par l'éloignement des lobes du manteau dans fa partie frangée. C’eft par elle que l’eau entre dans le corps de l’animal pour fournir à fa nourriture : elle .eft trois fois plus courte que la coquille. La trachée poftérieure À. a. eft percée fur le dos de l’ani- mal, dans l'endroit où le manteau eft d’une feule piece. Elle repréfente une ellipie deux fois plus lonoue que large, & quatre fois plus courte que la c-quille. Cetre ouverture re- çoit l'eau qui doit pafler par-derriere les oui?s, pour leur porter l’air nécefaire à l’animal. Elle ne nine point | | Trachées, Pied, Fils. Couleur. CoquiLir. 210 C O.Q.U I. L ÆYA GYE;S avec l’autre trachée, mais feuiement avec l'anus que l’on apperçoit dans fon angle inférieur a ; & l’on voit vers fon milieu, une partie du grand mufcle fupérieur qui attache les deux battans. Le pied du Lulat eft-petit & fait en demi-lune p. lorfqu'il ne s’en fert point ; mais lorfqu’il veut en faire ufage, foit pour fonder le terrein, foit pour y fixer les fils qui doivent attacher fa coquille, il l’étrécit en l’allongeant fous la forme d’un poinçon un peu courbe P ; alors fa longueur eft égale à celle de fes fils, & furpañle trois ou quatre fois fa plus grande largeur. Cet animal refte toujours en place & fixé aux rochers par une centaine de fils F qu’il y attache par le moyen de fon pied. C’eft au deflous de ce pied & de fon origine, que par- tent ces fils. Lis font d’abord réunis comme un nerf, puis ils s’écartent au dehors, comme autant de cheveux tendus avec des directions diflérentes, & dont la longueur égale la largeur de la coquille. Îl m'a paru que la Moule de mer des côtes de Norman- die, au lieu d’avoir la filiere au deflous du pied comme celle du Sénégal, l’avoit au contraire placée en deflus. Le manteau du Lulat eft brun-café fur les bords; le refe de fon corps üre fur le blanc-pâle. Ce coquillage eft affez commun dans les rochers des 1fles de la Magdelaine & du cap Manuel, où il eft expofé à la fu- reur des Hlots qui viennent s’y brifer avec violence. 2 AE AIDE Re PITTS: Mufculus purpureus crafsè ftriatus. Lift. hifl. ConchylL. tab. 356 n. 193. Mufculus parvus fubfufcus, capillaceis ftriis donatus. Eju/fd. ibid. n. 194. Mufculus cæruleus in infimä parce ftriatus, admodüm rarus. Hift. Conch. pag. 327. pl. 215./fig. H. Petite Moule d’une rareté infinie, par rapport à fa couleur parfaite de bleu-célefte ; on pourroit la dire unique : il paroît dans le bas quel-. ques raies jaunes par étages. Ejufd. ibid. Mufculus acutus purpureus, crafsè ftriatus, pinnæ fimilis; Lifteri. K/ein, rent. pag. 128. fpec. 4. tab. 9. fig. 24. Cetre feconde efpece de Jambonneau fe trouve fréquem- ment autour des rochers de l’ifle de Gorée. Sa coquille eft fort petite, & n’a jamais plus de quatorze BAIAV-2ASL' V. ES. > Z2ITI1 lignes de longueur fur une largeur une fois moindre, Eije eft, comme celle qui précéde, extrêmement renflée, & fou- vent de maniere que fa profondeur furpañle de beaucoup {a largeur. Son fommet eft pointu : intérieurement 1l femble re- plie légerement auprès de la charniere, où il forme une petite poche, Chaque battant porte environ cinquante canelures mar- quées profondément non-feulement fur la furface, mais en- core fur le périofte. Elles s’érendent de longueur depuis le fommet jufqu’à l’extrêmité oppofée. Leurs bords font ornés tout autour d’un nombre de petites dents pareil à celui des canelures extérieures. Au-deflus du repli interne du fommet dans chaque bat- tant, la charniere paroît formée de quatre dents prefqu’im- perceptibles. Lorfqu’on enleve l’épiderme fauve de la coquille, elle pa- roît au dehors d’un violet ou d’un ponçot éclatant: quelque- fois ces deux couleurs font agréablement mêlangées de brun & de verd. Le blanc eft ordinairement la couleur qui regne au dedans; quelquefois il fe confond avec un violet obfcur. LE DIO T EL; PL rs. Mufculus parvus , latus, tenuiter ftriatus, ex fufco purpurafcens ; Jamai- cenfis. Lif£. hif. Conchyl. tab. 366. fig. 106. Mufculus Gula foricis. Hiff. Conchyl. pag. 226. pl. 25. fig. K. Petite moule nommée la Gueule de fouris, par rapport à fa forme poin- tue & à fa couleur grife, tachetée de violet ; les bords de fes deux pieces font de couleur de rofe. Æjufd. ibid. Mufculus polyleptoginglymus, qui mufculus parvus, latus, tenuiter ftria- tus, ex fufco purpurafcens ; Lifteri. Klein. rent. pag. 168. Jpec. 5. (Erravit Autor quoad cardinem; non enim polyleproginglymus. ) La forme applatie de la coquille du Dotel , fon peu d’é- paiffeur, fa légereté, fa fragilité, & fes cent canelures pref- qu’infenfibles la diftinguent aflez de la précédente. Elle n’a guère qu’un pouce & demi de longueur. Intérieurement chaque battant eft borié de cent petites dents. Leur fommet n’elt pas replié au dedans, & ne forme par conféquent aucune poche. On a bien de la peine à décou- vrir à la loupe une ou deux petites dents qui font à la char- jicre, D d i; Sommet. Battans. Charnicre, Couleur. Coqu'Lirr. Battans. Sominet. Charnñcre. Périofte. Couleur, LOQUILLEe Périofte. Charniere. Couleur, 212 C-O'"Q'U I L ESA GES Le périofle de cette coquille lui donne une couleur noire. Il eft beaucoup plus fin, moins écailieux & plus fouple que dans les deux efpeces qu1 précèdent ; & pour cette raifon, plus difficile à détacher. [Il couvre une nacre très-belle , & d’une blanchcur qui furpañie infiniment celle de l’intérieur. Il n’y a point de coquiilage plus répandu fur les rochers de toute la côte. On le trouve auffi par paquets fur les huîtres attachées aux mangliers du fleuve Gambie. Les matelots Eu- ropéens lui donnent le nom de Moucle, & le mangent, à l’imitation des nègres, après l'avoir pafñlé au feu. 4 ÉMEN F'ONNIEND, DE ie Mufculus major latiffimus , ex caftaneo purpurafcens. Lift. hifl. Conchyt. tab. 364. fig. 203. Mytulas faxatilis. Rumph. muf. pag. 151, art. 3. tab. 46. fig. D. Mytulus anguftus feu gibbofus. Lang. meth. pag. 74. Mufculus variegata. Hifl. Conchyl. pag. 326. pl. 25. fig. Q. Moule magellanique , bariolée de brun fur un fond agathe; la marbrure eft fort différente des autres. Ejufd. ibid. Mufculus acutus, faxatilis, auriformis, parvus, extus granulatus, margine pilofo , ex virore fplendens; ex faxis pendulus : anatibus expetitus; Rumphi. Klein. tent. pag. 127. fpec. 2. Mufculus acutus, qui mufculus major, latiflimus , ex caftaneo purpuraf- cens; Lifteri. Ejufd. ibid. pag. 128. fpec. 10. J'ai obfervé afez rarement cette quatriéme efpece vers le cap de Dakar. Sa coquille eft encore plus 2pplatie que la précédente, longue de deux pouces & demi, fur une largeur une fois moindre & doubie de fa profondeur. Elle eft lie, unie, fans aucunes dents fur fes bords, & fans canelures fur fa furface, qui eft recouverte d’un périofte très-épais & luftré. Sa charniere eft garnie de deux ou trois dents qu’on dif- tingue facilement à la vüe. La couleur du périofte eft fauve, quelquefois mêlée de verd. Celle de la coquille eft d’une belle couleur de rofe au dehors : la nacre regne dans fon intérieur. se, LA PANNE EL. ES. Cetre efpece de Jambonneau eft la plus grande de celles que j'ai obfervées au Sénégal, BV.AÏD VES, .. L'animal ne differe des précédens qu’en ce que fon man- teau a environ trente crénelures fort larges au lieu de filets, Sa coquille a fept pouces de longueur, 8 deux tiers moins de largeur : elle eft fi applatie que fa largeur furpañle plus d’une fois fon épaifleur. Sa forme imite aflez celle d’un jam- bon, ayant le dos prefque droit, l’extrêmité fupérieure fort large & arrondie, & le ventre un peu concave vers le fom- met, qui diminue infenfiblement en pointe pour former une efpece de manche. Sa fubitance eft fort mince, aufi fragile que du verre, & aflez femblable à celle de la corne, dont elle emprunte la couleur & la tranfparence. Intérieurement elle eft polie & luifante, mais au dehors fa furface eft hériflée vers l'extrémité d’un grand nombre de pointes pliées en cornets ou en tuyaux cylindriques fort min« ces, de même nature que la coquille, longs de quatre à cinq lignes & relevés en angle de quarante-cinq degrés. Ces pointes en tuyaux doivent leur origine aux crénelures du manteau de lanimal ; & quoiqu’elles paroïflent fans ordre, on diftin- que cependant fur le refte de la coquille les veftiges des pre- mieres qui ont été ufées ou brifées : on voit qu’elles étoient difpofées fur quinze ou vingt rangs parallèles à la longueur de la coquille. Le ligament qui attache les deux battans, s'étend depuis le fommet juiqu’ aux trois quarts de leur Longueur vers l’extré- mité fupérieure. On ne diftingue aucune dent à la charniere. Les nègres font la pêche de ce coquillage autour des caps Bernard & Dakar, où il fe trouve en grande quantité à trois braffes de profondeur. Sa chair eft très-bonne, fur-tout lorf- qu’elle eft cuite & apprêtée; elle ef fort goûrée des euro- péens & des naturels du pays. 6 LÉ CHANO'N. PL 15: Concha Aliformis, magis ventricofz, propè cardinem pulvinata, fubrufa, intüs tota argentea. Gualr. Ind. pag. & tab. 94. lt. B. Je n’ai point vû l'animal du Chanon : il eft fort commun autour du cap Manuel & du cap Verd ; & autant que je m'en fouviens, 1l s'attache avec des fils aux plantes marines. Sa coquille eft longue d’environ trois pouces, & compg- € ANIMAL. CoQuILLE, Sommet, Ligamenr, Charnieres OQUILLE» Battans. Sommet. Ligament, Charniere. Mufcle. Cou'eur. CoqQuirzer. 214 C'O:Q U' IL LYA'GIE S fée de deux battans très-inégaux, dont l’un eft toujours plus petit que l’autre ; d’où je la juge appartenir à un genre de coquillage fort difiérent de celui du Jambonneau. Elle eft peu épaule, plate, arrondie, & porte à fes côtés deux efpeces d’aîles qui augmentent fa largeur de maniere qu’elle furpañle une fois & davantage fa longueur. Ce font ces aïîles qui lui ont fait donner les noms d’Aï{ée, d'OU'ftau ou d’ Hirondelle. L’aïle gauche ef toujours arrondie, & beaucoup plus courte que celle de la droite, qui fe termine en pointe. Le battant fupérieur elt moins concave, beaucoup plus étroit dans fon milieu, & un peu plus large dans fes aîles ou à fes extrêmités que le battant inférieur. Son fommet eft renflé comme un léger bouton, & placé à la quatriéme partie de fa largeur vers la gauche. Le ligament eft noir & fort mince: 4! paroît un peu au de- hors, & s'étend depuis la pointe gauche ce la coquille, juf- qu’au milieu de fa longueur, Sa charniere montre dans le battant inférieur une petite dent longue, avec un long fillon qui regne au-deflous du ligament, Dans l’autre on voit une cavité qui reçoit la dent, & un petit filer qui engraîne dans la rainure du premier. Il ne paroïît qu’une attache de mufcle dans le milieu de chaque battant. La furface extérieure de cette coquille eft life, unie, quel- quefois jaunâtre & quelquefois brune. Une nacre fort belle & luifante recouvre fa furface interne, qui eft fouvent rem- plie de ces yeux de perles que les Jouailliers appellent loupes de perles. AULIE SISTANN PL. 16. La feptiéme figure repréfente dans fa grandeur naturelle une petite efpece de Peigne, la feule que j'aie rencontré fur la côte du Sénégal. La figure arrondie & applatie de fa coquille, avec deux petites aîles ou oreilles à peu près égales, & l'inégalité de fes deux battans, font voir qu’elle approche infiniment de l’ef pece qui la précéde. Elle a tout au plus deux lignes & demie de longueur & un peu moins de largeur. Elle eft fi mince qu’elle eft tranfparente comme un talc. Sa furface eft lifle & polie , excepté dans les deux oreilles , qui ont quatre ou BIVALVES. . cinq canelutes relevées de quelques petits piquans, qu'on ne découvre que par le moyen du verre lenticulaire. Ses deux battans font médiocrement convexes, mais l’in- férieur beaucoup plus que le fupérieur. Sa charniere n’a qu’une cavité qui reçoit Le ligament fans le laïfler paroître au dehors. Le fond de fa couleur eft un blanc fur lequel s'étend un réfeau jaunâtre ou rougeñtre, mais prefqu'’infenfble par fa grande délicatefle. SALE TES ON. PL 1. Le coquillage que je joins ici, me paroïît appartenir à un genre encore diflérent de celui du Jambonneau , & de celui des efpeces 6. & 7. que je viens de décrire. On le trouve com- munément autour des rochers de l’ifle de Gorée, attaché par des foies fort courtes à la vérité , mais de la même maniere que les Jambonneaux, dont il ne s’éloigne pas beaucoup. Peétunculus ex latere produétior fubfufcus. Ejufd. ibid. fig. 185. Concha longa incurvata, ftriata , rugofa rugis imbricatis, & undatim productis, profundè fulcaris, albida. Gualt. Ind. pag. & tab. 90, Jig. F. fecunda. Anomalo cardia effufa, quæ Peétunculus obliquè in latum expanfus, an- guftior maculatus; Lifteri Klein. tent. pag. 144. fpec. 1. n. 34. Anomalo cardia effufa , quæ Peétunculus fubfufeus ex latere productus & pedi humano inferiori fimilis ; Lifteri. Ejufd. ibid. n. 35. Pectunculus anguftior maculatus. Lif£. hiff. Conchyl. tab. 347. fig. 184. Battans. Charniere. Ligament. Couleur, La coquille du Jéfon repréfente un ovoide fort obtus aux Coquize, extrèmités, dont l’inférieure eft prefque droite & un peu moindre que la fupérieure qui eft arrondie. Elle a un pouce & demi de longueur, & une fois moins de largeur & de pro- fondeur. Elle eft aflez épaifle, & relevée au dehors fur chaque battant de quinze canelures longitudinales, fort grofles, ar- rondies , & Comme compofées de plufieurs petites lames ou écailles difpofées par ondes en recouvrement les unes fur les autres. L'intérieur eft life & uni; mais les canelures qui au dehors font en relief, paroïflent ici en creux. Les deux battans font parfaitement égaux, & portent vers V’angle poftérieur de leur extrêmité inférieure , deux petits fommets recourbés un peu en devant, & qui fe touchent par Battans, Sommet, Ligament. Charniere, Mufcles. Couleur. 216 C O:QU'TIL NA GIE $ les côtés. On voit un peu au-devant d’eux un petit enfon- cement en forme de cœur. Le ligament paroît un peu au dehors, & prend fon origine au fommet, au-deflus duquel 1i s'étend d’une longueur égale la quatriéme partie de la coquille. La charniere dans le battant droit confifte en deux dents, dont l’une, celle d’en haut, eft longuette, & l’autre arrondie. Dans le battant gauche il n’y a qu’une longue dent, avec une cavité qui reçoit la petite dent de l’autre battant. Deux taches qu’on voit dans chaque batrant, marquent les lieux où étotent fixés deux mufcles de moyenne grandeur, Cette coquille recouverte de fon périofte paroït brune ou cerreufe ; mais Lorfqu’il eft enlevé, on découvre fur fa furface externe une belle couleur de rofe ou de feu : intérieurement elle eft fort blanche, avec une bande brune vers fon extrè- mité fupérieure. G'EN R Er, LA GC: AM Es: Ghama: LEs coquillages que les Anciens ont appellés du nom de Cames font aflez faciles à reconnoître par leurs figures &. leurs defcriptions. [ls en_ont fait plufieurs genres à raifon de la forme plus ou moins allongée de leur coquille, & de la rudeffe ou du poli de leur furface. Mais je crois que fans avoir égard à ce dernier point, on peut les divifer en ron- des, en ovales régulieres, & en ovales irrégulieres: j'entends par ces dernieres celles dont un des bords de la coquille eft ondé ou comme replié. Les premieres font les vraies Ca- mes; on appelle les fecondes Palourdes , & Lavignons les troifiémes. Toutes ont les deux pieces égales & parfaitement femblables : il y en a de minces & d’épaïiles , de renflées & de plates, de rudes & de lifles indiftinctement dans chacune des trois formes fous lefquelles je les confidere. 11 eft com- mun à toutes de, vivre enfoncées de quelques pouces dans les fables, & elles s’y enfoncent d'autant plus que leurs trachées ont plus de longueur. FL A TIC L'OINIES SIE: "PIUrc, Xaun mega Græcis, Chamis afpera Lauinis. Belon. aquat. pag. 406. Indes BIVALVES. és nés Græcis ac Latinis, Cloniffa Maliliæ, Genux #r/lla, Hifpanis 4r- milla. Ejufd. ibid. pag. 407. Conchula rugata. Rondel. teflac. edit. lat. lib. x. cap. 26. pag. 25. Petite coquille ridée. Ejufd. édit. franç. teflac. liv. 1. ch. 22. pag. 19. Conchula rugata, Rondeletii. Boffuer. aquat. pars alt. pag. 10. Gefn. aquat. pag. 316. — Aldroy. exang. pag. 459. Chama Peloris, Belloni. Ejufd. pag. 476. Concha rugata, vulgi Pavarazzo. Æjufd. ibid. Chama afpera, Bellonii. Eju/d. ibid. Concha rugata alia Bellonii. Ejufd. pag. 477. Chama afpera, Bellonii. Jonfl. exang. tab. 14. Concha rugata albo colore teéta, quam fubminius, citreus, puniceus , & palearis color diftinguunt: pulchriores deferuntur à Luzitanico mari. Bonan. recr. p. 108. claff. 2. n. 75. Concha rugata alia, fulcis magis profundè excavata, luteo colore, in mari Mediterraneo abundè generata. Æjufd. ibid. n. 76. Pectunculus maculatus, crebrioribus fafciis donatus ; Jamaicenfis. Liffer. hifl. Conchyl. tab. 178. fig. 115. Pectunculus omnium craflifimus, fafciis ex latere bullatis donatus; An- glicus & ex mari Mediterraneo. Ejufd. tab. 284. fig. 122. Pectunculus variegatus; Jamaicenfis. Ejufd. tab. 285. fig. 123. Chama Wyfs-fchulp diéta. Rumph. muf. pag. 16o. tab. 48. fig. S. Concha rugata albo colore tecta, quam fubminius, citreus, puniceus & palearis color diftinguunt : pulchriores deferuntur à Luzitanico mari. Mu. Kirk. pag. 445. n. 72. : Ù Concha rugata alia , fulcis magis profundè excavata, luteo colore ; in mart Mediterraneo abundè generata. Ejufd. ibid. n. 73. Concha Tellina dita. Ejufd. pag. 447. n. 102. : Chama cornubienfis & maris Mediterranei. Petiy, Gazoph. vol. 2. cat. o. tab..93. fe. 17. ; Concha vaivis æqualibus inæquilatera, mediocriter ve! leviter umbonata, & reëtà incurvata, fubrotunda, faftigiata, rugofa. Lang. meth.p. 69. Cochlea cordiformis æquilatera umbone cardinum unito, rugofa. Ey. ibid, Chama inæquilatera tranfverfim ftriata. Ejufd. pag. 70. Tellina frequentiffima, & gratiflimi faporis, pulchrè variegata lineis ju- giter in fe reflexis, feu rugofis, Ariminenfibus Paveraccia diéta. Planc. Conch, pag. 31. Concha marina valvis æqualibus æquilatera, notabilirer umbonata, 6c obliquè incurvata, fubrotunda vulgaris, ftriis circularibus profundis, elatis, bullatis exafperata, & circumdata, craffa, fubaibida. Guakr, Ind. pag. & tab. 35. litt. H. Concha marina valvis æqualibus inæquilatera , notabiliter umbonata , & obliquè incurvata, fubrotunda, vel triangalaris vulgaris, ftriata aut pugis latis craflis, & in unà extremitate rotundioribus , & crafliori- Ee CoQuILLE. Battans. Sommet, Ligament, 218 COOUILIMCES bus veluti flo ad alterum latus appenfis; ponderofa, candida, norte nullis maculis plambeis, & lineis rufis rard nebulata, & fignata. Ejufd. pag. & tab. 85. lict. À. Cricomphalos Luzitanica ; albo cortice teéta; quam fubminius, C1CTEUS » purpureus & palearis color diftinguunt, Bonanni. Ken. cent. p.146. Jpec. 2, Cricomphalos qui Petunculuscraffiffimus, fafciis ex latere bullatis; Lifteri. Ejufd. pag. 147. fpec. 8. Cricomphalos crebris fafciis , Jamaicenfis ; Lifteri. Ejufd. ibid. fpec. 11. Quadrans plicata. Ejufd. pag. 155. fpec. s. Les Marfeillois l’appellent Clonifle. Belon. Rondel. Les V’énitiens, Biverone, Piverone, ou Piperone. id. Les Génois, Arfelle. Zid. Les Riminiens, les Ravenois € les Anconois , autrefois Pove- razos. Bel. aujourd’hui Paveraccia. Planc. Les Efpagnols, Armilla. Bel. Les Sénégalois, Boukch. La coquille de la Clonifle eff épaifle, prefque ronde, large d'environ deux pouces, & un peu moins longue. Elle eft convexe, fort renflée & d’une profondeur prefqu’une fois moindre que fa longueur. Sa furface eft relevée d’une qua- rantaine de canelures tranfverfales | demi-circulaires & ri- dées, qui s’effacent & difparoiflent à mefure qu’elles appro- chent du fommet : là elles femblent quelquefois travertées par d’autres canelures longitudinales prefqu'infenfibles. Les deux battans font exactement femblables, aflez tran- chans, mais épais fur leurs bords, qui font marqués intérieu- rement d’une centaine de dents infiniment petites. Ils portent chacun, un peu au-deflous du milieu de leur largeur, un fommet S peu élevé, tourné en bas en volute, & qu1 touche prefque fon voifin par les côtés. Au-deflous de ce fommet on voit une petite cavité Q applatie, en forme de cœur , ronde dans les coquilles plus renflées, une fois plus longue que large dans celles qui font plus applaties, & tou- jours couverte de rides. Le ligament L qui joint les battans, fort entierement au dehors, où 1l paroît convexe. Il eft deux fois plus court que la largeur de la coquille, & placé au-deflus du fommet auquel il vient fe terminer, Îl femble qu’il quitte plus faci- HIVALVES, bis lement le battant droit que le gauche. Ces deux battans font applatis & comme creufés obliquement autour de lui. Deux grofles dents C à peu près triangulaires, obtufes & fort proches l’une de l’autre, forment la charniere du bat- tant droit D. Elles ont deux cavités fur leurs côtés & une troifiéme entr’elles, qui reçoivent les trois dents cç. du battant auche G. Sur la furface interne de chaque battant, on voit vers fes extrémités les attaches de deux gros mufcles ronds, dont le fupérieur E eft fort peu plus grand que l’inférieur e. Le trait R marque le lieu où les 1obes du manteau étoient atta- chés aux mêmes battans. Le périofte, s’il y en a un fur la furface externe, n’eft pas fenfible. Cette coquille eft quelquefois blanche au dehors comme au dedans ; mais pour l’ordinaire fa furface extérieure eft de couleur de chair ou jaunâtre, quelquefois coupée dans fa lon- gueur par trois bandes fauves, ou couverte de petites mar- brures très-fines, en zigzags bruns ou fauves, ou gris-de-lin. Les variétés que l’on obferve dans cette coquille font fi confidérables, que je n’aurois ofé entreprendre de les fixer, fi je n’en eufle obfervé plufieurs fois les animaux qui fe font trouvés parfaitement femblables dans toutes. Ces variétés confiftent non-feulement dans {a forme, mais encore dans le nombre de fes canelures. Les unes approchent de la figure ronde, & d’autres de la forme triangulaire: dans les premieres le fommet s’applatit, & 1l devient pointu dans les dernieres. Il y en a de plus renflées & de moins renflées. Leur profon- deur furpafñle quelquefois, mais elle n’eft jamais moindre que la moitié de leur longueur ; leur fommet eft toujours placé au-deffous du milieu de leur largeur. A l’écard des canelures les jeunes coquilles les ont ordi- nairement lifles, & beaucoup moins nombreufes que les vieil- les:1l s’en trouve même dans lefquelles on n’en compte que fept ou huit au lieu de quarante. Dans quelques-unes ces ca- nelures fe terminent par une petite pointe autour de la cavité qui paroît auprès du livcament ; comme dans la Came que l'Auteur françois de la Conchyliologie a figurée à la lettre B de la planche 24°, & que je n’ai pas citée à Fu de l'étrange eu] Charniere, Mufcless Périofte. Couleurs Variétéss ANIMAL, Manteau, Trachées, 226 COQUIELAGES courbure que prend cette coquille, qui d’ailleurs ne differe as fenfiblement de la nôtre. Le célebre M. B. de Juffieu, que j'ai cité tant de fois à l’occafñion des facilités qu’il m’a procuré de comparer les coquilles du Sénégal à celles qui font dans fon riche cabinet avec les notes des différens pays d’où il les a reçu, a eu la complaifance de me communiquer le Pareraccia de Rimini, que le fçavant M. Janus Plancus lui avoit envoyé tout récem- ment, La comparaifon que j'en ai faite m’a confirmé dans le foupçon où j'étois que la Clonifle de Belon & de Rondelet pourroit bien être la Came obfervée au Sénégal ; & elle ne ne m'a pas permis de trouver aucune diflérence notable entre ces deux coquilles. La Cloniffe de Rimini étoit de celles que j'ai dit approcher de la figure triangulaire, qui font moins renflées, dont les canelures font lifles, au nombre de qua- rante ou environ , & à fond blanc, marbré de zigzags bruns ou gris-de-lin. Ce feroit une erreur que de croire avec les Anciens (1) & quelques Modernes, que la Came a toujours fa coquille ou- verte ou béante. L'animal qui l’habite l’ouvre & la ferme à fon gré, comme font toutes les autres Bivalves dont les bat- tans ferment exactement. Lorfqu'’elle eft entr’ouverte, on ap- perçoit fon manteau comme une membrane fort mince, divifée dans toute fa longueur en deux lobes égaux, qui re- couvrent chacun les parois intérieures de chaque battant. Leurs bords M font légerement ondés ou crénelés, & s’éten- dent fur ceux de la coquille fans fortir au dehors. De l’extrêmité fupérieure du manteau fortent deux tra- chées T. A. en forme de tuyaux charnus & cylindriques, dont la longueur égale la fixiéme partie de celle de la co- uille. Ces tuyaux font aufi éloignés du fommet de la co- quille que du milieu de fa circonférence, & joints enfemble (1) Nunc inquiramus quid fit Chamis proprium , quo à Conchis, quibus in multis fimiles funt, diftinguantur. Athenœus, #4 dt zu pumpovive lov à pios iv Emidyulaus , xo4 ous «ras dvouasur Tu nova mapa ro mexgmuevæ. Id eft, Chamarum meminit Jon Chius in Epidemiis quæ fortafis ya à Græcis nominatæ funt, 455 7 xeyyxtves , 14 eft ; ab Hiando. Id etymum fecuti quidam Hiatulas Latinè appellant. Sed.... tutis effe puto Græcä appellatione uti, Plini exemplo , à quo Chamæ nominantur, & Chamæ-pelorides, & Chamæ-trachææ , atque aliæ ejufdem generis. Chamæ igitur ei concharum generi fubfint, hoc tamen à cæteris conchis diftabunt, quod femper hiant, & teftas apertas habent, Rondel, ref, lib, 14 cap, 8, pag. 10, prefque jufqu’au milieu de leur longueur, par une membrane frifée en forme de crête. Ils font quelquefois inégaux & quel- quefois d’égale grandeur, felon qu’il plaît à l’animal d’allon- ger & de groflir davantage l’un ou l’autre. Cependant j'ai remarqué que dans les adultes le tuyau poftérieur A eff le plus grand: fa longueur furpañle de moitié fa largeur, & d’un uers l’autre tuyau T. Il eft couronné à fon extrèêmité d’une membrane fort mince & tranfparente, de l’origine de laquelle fortent environ quarante petits filets cylindriques, tronqués à leur extrémité. Ces filets font une fois plus longs que la membrane, & difpofés fur un feul rang qui regne tout au- tour d’elle en dehors. Le tuyau antérieur T n’a pas plus de longueur que de lar- geur. Son extrêmité ne porte point de membrane : elle eft feulement couronnée d'environ foixante filets femblables , dont trente font alternativement plus courts. Tous ces filets, tant dans l’un que dans l’autre tuyau, font mobiles, & jouent felon la volonté de l'animal, fans doute pour déterminer cer- tains corps à enfiler leur canal avec l’eau qu’ils y font entrer. Le tuyau poftérieur A rend les excrémens avec l’eau que l'autre tuyau antérieur T a pompée. Le pied prend autant de formes différentes qu'il plaît à l'animal ; mais lorfqu'il fe tient tranquille ,1l paroît ordinai- rement fous la forme d’un croiflant P, dont la largeur eft prefque égale à celle de la coquille. L'animal s’en fert non pour marcher en rampant, mais pour poufler en avant fon corps avec fa coquille. La couleur du corps de la Cloniffe eff blanchâtre : la frange de fes tuyaux , & l’efpece de crête qui les unit enfemble font rougeitres. Ce coquillage eff fort commun fur toute la côte du cap Verd. Il fe tent enfoncé dans les fables dans la fituation où je l’a fait repréfenter , fes deux tuyaux reftans toujours au- deflus pour communiquer avec l’eau. Les nègres lui donnent le nom de Boukch, & en mangent la chair cuite fous les cen- dres : elle eft fort bonne, faine & très-délicate, fl Pied, Couleur, CoqQuILLE. Sommetse Ligament. Charniere. Battans, Couleur, 222 COQUILLAGES ä LA ARS PL 16. Concha Nux maris dicta, Tarentino in mari & alibi frequens, ftriis valdè fpifMis & rotundatis, colore albo fulvis vel rufis maculis notato. Bon. récr. pags LIDSNPIAIT: Ut sa —— Muf. Kirk. pag. 446.1 Concha cordiformis 2 ren cardinum unito ftriata. Lang, meth. pag. 60. Concha cordiformis æquilatera, umbone cardinum unito, parva, ftriata, fubalbida, fulvis lineis maculata, & circumdata. Gualr. Ind, pag. & Chb Vars Littos. Concha cordiformis æquilatera , umbone cardinum unito, ftriata, ftriis crafioribus candida, maculis & lineis fulvis referta, & renal, Ejufd. ibid. lit. L. Concha cordiformis inæquilatera, ftriis craflis elatis, raris lineis tranf- verfim fignatis diflinéta, colore rubisinofo depidta. Ejufd. pag. & tab, 83. ur. D. A ne confidérer que l’épaifeur, la forme renflée & les ca- nelures longitudinales de la coquille de l’Ajar, on la pren- droit moins pour une Came que pour un Petoncle: mais on eft bientôt détrompé lorfqu’on a vû l’animal > qui ne differe point de celui de la premiere efpece. Elle n’a qu’un pouce de largeur, fur une longueur un peu moindre & qui ne fur- pañle guère fa profondeur. Elle porte fur chaque battant vingt-cinq à vingt-fix grofles canelures quarrées, quelquefois Lifles & quelquefois légerement ridées , qui au lieu de la tra- verfer s'étendent de longueur. Le ligament & les fommets font aflez femblables à ceux de la Clonife ; mais la petite cavité en forme de cœur n’eft pas fenfiblement creufée. La charniere n’a qu’une dent dans le battant droit, & deux dans le gauche. Chaque battant eft creufé intérieurement autour de fes bords de vingt-cinq ou vingt-fix canaux, terminés par autant de crénulures profondes qui répondent aux vingt-fix cane- lures élevées fur fa furface extérieure. Ces petits canaux s’é- tendent jufqu’à deux lignes ou deux lignes & demie au de- dans de la coquille. Intérieurement elle eft blanche fur les bords, & tire un peu fur le rouge vers le milieu. Extérieurement fon fond eft BD V AËLV E 8 4 brun tirant fur le rouge, & mêié de quelques lignes blanches. On la trouve communément dans les fables de l’embou- chure du Niger, pendant le mois de mai. CE LC O D'OR OP, 6, Concha parum excavata, & quafi perfectè circino rotundata; in utrique parte albefcens, in externa minuuflimis ftrigibus à centro ad margi- nem produétis, aliis lineolis in tranfverfum incifis corrugata ; ab Oceano occidentali in lucem edita, mirum naturæ aruficium often- dens. Bonan. recr. pag. 108. claff. 2. n. Go. — Muf. Kirk, pag. 445. n. 70. Pectunculus magnus, planus, orbicularis , ferè rubefcens, capillaribus ftriis quafi cancellatis confpicuus ; Barbadenfis & Jamaicenfis. Lift. hift. Conchyl. tab. 337. fig. 174. Chama lutaria, feu Coaxans, Malaicenfibus Bia Codock. Rumph. muf. pag. 138. art. 2. tab. 42. fig. H. (fig. E. forte eadem?) Chama reticulata. Hift. Conchyl. pag. 3210. pl. 14. fis. E. Came dont le fommet eft plus élevé que les autres, & les ftries moins profondes; toute fa robe forme un vrai réfeau blanc. Eju/d. ibid, Pag. 324. Concha marina, valvis æqualibus æquilatera , mediocriter, vel leviter umbonata, & obliquè incurvata, fubrotunda, complanata, ftriis can- cellatis elegantiflimè fignata, candida. Gualt. Ind. pag. € tab. 77. fig. A. (Les proportions que l’Auteur donne à cette coquille dans fa 3e. figure , pêchent en ce qu’elle a beaucoup trop de protondeur. ) Chamelæa lævis, fivè circinis umbratilibus, tactu leviffimis : quæ Chama lutaria , fivè Coaxans, Bia Cadock, à plaufu fonoro ita dicta, fubro- tunda, palmaris, lævis, lutofi coloris; in quà later nonnunquam la- pillus rotundus, argenteus, aliquaudo tuberculofus, Rumphii. K/ein. tent. pag. 153. fpec. 3. n. 2. Tellina granulata, magna, plana, orbicularis, ferè rubefcens, capillari- bus ftriis quafi cancellata & afpera, Jamaicenfis; Lifteri. Ejufdem , pag. 160. fpec. 4. Le Codok fe voit aflez rarement entre le cap Manuel & le cap Verd. Sa coquille eft plus mince & plus applatie que les précé- dentes, large de plus de deux pouces, un peu moins longue, & une fois & demie moins profonde. Un réfeau afez fin, formé par environ cent canelures longitudinales & autant de tran{verfales plus petites, qui les coupent à angles droits, couvre toute fa furface extérieure. Les mailles de ce réfeau font d'autant plus grandes & mieux marquées, qu’elles ap- CoqQuiLer, Sommets. Charniere. Couleur. ANIMAL. Trachées. COQUILLE. Sommets. Couleur. 224 CPO'DiIRLIMA GE prochent davantage des bords de la coquille, qui font unis, fans dents, & fans crénelures au dedans. Les fommets qui fe touchent à peu de chofe près comme les précédens, font placés prefqu’au milieu de la largeur de la coquille, & accompagnés au-deflous d’une cavité en forme de cœur , très- profonde, mais fort petite. La charniere a trois dents dans le battant droit, & deux dans le gauche. Cetre coquille eft d’un beau blanc au dehors, jaune-fouffrée au dedans , avec un bord couleur de chair auprès de la char- niere. s LE COTAN. Prec. Peétunculus undatim depiétus. Lif£. hifl. Conchyl. tab. 162. fig. 98. Pectunculus dense fafciatus, ex rubro variegatus, & undatus ; ex infulà Garnfey. Æjufd. tab. 291. fêg. 127. Chama éoiaubienta laine. undis rubris. Petiv. Gazoph. vol. 2. car. 65. tab, 3. fig. 15. Concha marina valvis æqualibus, æquilatera , notabiliter umbonata, & obliquè incurvata, fubrotunda , vulgaris, ftriis denfiffimis & pro- fundis tranfverfim ftriata, & exafperata, candida , leviter ex fufca variegata & radiata. Guair, Ind, pag. & tab. 75. lier. F. Concha marina valvis æ+qualibus , æquilatera , notabiliter umbonata, & oblique incurvata, fubrotunda, vulesristranfverfim ftriata, csalbida & fufco fignata, & lineara. Ejufd. ibid. lice. G. Cricomphalos, ex rubro undata fuper circulis denfis; Lifteri, Klein. tenc. pag. 147, Jpec. 13, L'animal du Cotan a les deux trachées ou tuyaux du man- teau joints enfemble dans toute leur longueur. Ils font par- faitement égaux, & deux fois plus longs que large. Du refte l'animal ne diflere point de celui de la premiere efpece. Sa coquille à la forme de celle qui précède , mais elle a ra- rement deux pouces de largeur. Sa furface n'eft pas non plus en réfeau ; elle porte feulement quatre- -vingt-dix à cent petites canelures tranfverfales & arrondies, Les fommets font placés exactement au milieu de fa lar- geur, & un peu écartés l’un de l’autre. La cavité en forme de cœur eft auf très-profonde, aflez grande & prefque ronde. Je ne connois guère d'éfpeces” de coquillages dans lef- quelles les mêmes couleurs prennent autant de formes & de nuançes différentes. Leur fond eft toujours blanc, mêlé de taches BIVALVES. ee taches fauves ou couleur de chair, qui s'étendent tantôt par marbrures, tantôt en zigzags, quelquefois par bandes lonpi- tudinales, quelquefois de ces deux manieres, & fouvent de toutes les trois enfemble. On voit quelquefois un peu de violet fur fa furface interne. On la trouve communément dans les fables de l’ifle de Gorée. ss LE DOSIN. PL 16. Petturculus ex infulà Mauritii. Liff. hifl. Conchyl. tab. 261. fig 97. Pectunculus albidus, densè fafciatus, latiflimus, admodüm planus ; Ja- maicenfis. Æjufd. tab. 288. fig. 124. Concha marina, valvis æqualibus, æquilatera, mediocriter vel leviter umbonata, & obliquè incurvata, fubrotunda, ftriis profundis tranf- verfis, umbonem versüs decrefcentibus, elegantiflimè undiquè cincta, albida. Gualt. Ind. pag. & tab. 76. lice. F. Cricomphalos Mauritanica, rotunda, alba; Lifteri. Klein. tent. pag. 146. Jpees rs. Cricomphalos latifima albida, densè circinata , admodüm plane; Lifteri. Ejufd. pag. 147. fpec. 14. La coquille du Dofn ne differe de celle qui précède, que parce qu’elle eft un peu moins épafle, plus légere, que fa furface eft d’un poli luifant & éclatant, relevée de foixante canelures un peu plus larges, applaties; & en ce que la fof- fette en forme de cœur qui paroît au-deflous des fommets, eft moins enfoncée , & polie fans rides. Les battans font arrondis fur leurs bords : ils portent cha- cun quatre dents à la charniere. Elle eft d’une blancheur parfaite au dedans & au dehors. On la voit affez abondamment fur la côte de Portudal. CLÉ SG OMR DE FT PL TE Petunculus ex toto albidus, pauld planior; Jamaicenfis. Lif£. kiff. Conchyl. ab, 2730 hpelCo, Pectanculus profundior , ad afterum humerum finu longiufculo ; Jamai- cenfis. Ejufd, tab. 274. fig. 110. J’ai trouvé cette efpece autour de l'ile de Gorée & du cap Manuel. CoQuiLrr, Battans. Charniere, Couleur, Sa coquille reffemble affez à la précédente par fa lésereté, Goquire. fa blancheur & fon beau poli: mais elle n’a guère plus d’un FF 226 COQUILLAGES pouce de largeur. On compte fur fa furface plus de cent Sommet, trente Canelures extrêmement fines ; & fon fommet qui eft placé beaucoup au-deflous de fon milieu, s’avance oblique- ment en pointe, caractere que nous n’avons point obfervé dans toutes les efpeces qui la précèdent: d’ailleurs la cavité en forme de cœur eft plus profonde & ridée. Charniere, Chaque battant porte trois dents à la charniere. 7e AB ll ANR DIRE, Chama inæquilatera, lævis, craffa fubalbida. Gualt. Ind, pag. & tab. 85: lice. B. Celle-ci eft la plus commune & la plus recherchée par les gens du pays, qui en eftiment beaucoup la chair. Elle eft éga- lement répandue fur toute la côte fablonneufe depuis le cap Verd jufqu’au fleuve Gambie. Sa coquille eit fort épafle & extrêmement renflée, fur- tout dans les vieilles, qui ne portent guères que deux pouces & quelques lignes de largeur, & un pouce trois quarts de lon- ogueur, fur une profondeur un quart moindre: les jeunes au contraire font plus applaties & fort minces. Leur furface ex- terne eft aflez lifle & unie vers le fommet, mais relevée de plufieurs grofles rides vers les bords qui font aigus. Elles ne portent, non plus que toutes les autres efpeces qui fuivent, aucune impreffion en forme de cœur au-deflous des fom- mets. Sommes. Ceux-ci font obtus, arrondis, contigus l’un à l’autre, & placés vers le bas de la coquille au tiers de fa largeur. Charniere. La charniere porte quatre dents à chaque battant. Périoite. Cette coquille eft recouverte extérieurement d’un pér'ofte livide ou blanc-fale & très-fin, qui s’enleve facilement, & laife voir au-deflous fa couleur blanche. Avimar. L'animal diflere un peu des précédens. Ses tuyaux reffem- Trachées. blent à ceux de la quatriéme efpece ; mais fon manteau qui Maneat {rt un peu au dehors de la coquille, porte fur les bords de chaque lobe une membrane circulaire fort courte, découpée de cinquante crénelures quarrées, terminées chacune par cinq petits filets charnus & mobiles. Les nègres appellent ce coquillage du nom de Boukch ou Bouikch, comme la premiere efpece, CoQuiLLe. Couleur, BIVALVES. és; SOLE PEL AN PLU. La coquille du Félan eft extrèmement mince & tranfpa- rente, d’une rondeur aflez exacte, du diametre d’un pouce & demi, & une fois moins profonde. Sa furface extérieure ne porte aucunes canelures, mais feulement quelques rides très- fines & aflez égales, par-deflus lefquelles on voit par inter- valles un périofte fort mince. Son fommet fe trouve précifément au milieu de fa lar- geur. Il eft affez pointu, mais peu éminent. Il n’y a que deux petites dents triangulaires à chaque bat- tant pour former la charmiere. Celles qui font recouvertes de leur périofte paroiffent fauves-clair; les autres font d’une grande blancheur. On les rencontre aflez rarement autour du cap Manuel. « MALE PORON. PA 7 Je n’ai jamais trouvé cette efpece plus grande qu’on la voit figurée à la planche 17; & elle ne diflere de la précédente qu’en ce qu’elle n’a que deux lignes au plus de diametre. Elle eft blanchâtre & quelquefois violette, au moins vers la charmiere. On la voit abondamment dans les finuofités des rochers remplies de fable. 10. LE PDII R'ENL: Prrrr. Celle-ci eft affez rare dans les fables de l’ifle de Gorée. Sa coquille eft fort mince & fragile, mais fans tranfpa- rence , large d’un pouce au plus, fur une longueur un peu moindre, & double de fa profondeur. Elle eft ornée exté- rieurement de près de cent canelures longitudinales extrème- ment fines, qui font traverfées par quelques rides avec lef- quelles elles femblent faire un réfeau très-délicat. Le fommet eft fort obtus, & placé beaucoup au-deflous du milieu de fa largeur. Sa couleur eft blanc-fale. LL CON TS PEvT7 Mufeulus ftriatus , ftriis tranfverfis, & longitudinalibus cancellatus, quæ- num nonnullæ latere elongato crafliores funt, rufus. Gualt. Ind, pag. & tab. 90. lice. B. Ffij CoQuiLLr. Périofte. Sommet, Charniere. Couleur, CoOQUILLE. Couleur. COQUILLE: Sommet. Couleur. COQUILLE. Sommet. Ligament. Chaïniere. Couleur. ANIMAL. Trachées, Manteau. À NIMAL. Trachées, CoQuiLLe. Ligament, Sommet, 228 COQUILENCGIES La coquille du Lunot eft fort mince, de figure ovoide, obtufe aux extrémités, large d’un pouce & demi au plus, fur une longueur moindre de moitié & prefque double de fa profondeur. Sa furface extérieure eft couverte d’un réfeau extrêmement fin, formé par cent canelures longitudinales & autant de tranfverfales d’une délicateñle infinie. Le fommer eft fort petit, & placé vers fon extrêmité infe- rieure à la quatriéme partie de fa longueur. Le ligament eft à peine une fois plus court que la largeur de la coquille; & la charniere contitte, dans chaque battant, en trois petites dents égales & fort rapprochées. Le fond de la couleur de cette coquilie eft blanc ou couleur de chair , agréablement marbré de brun, fur-tout vers les extrémités. L'animal qu’elle renferme a les tuyaux des trachées auf longs que la moitié de la largeur de la coquille , écartés l’un, de l’autre vers l’extrêmité, & couronnés chacun de vingt filets. Le manteau porte fur chaque lobe une double membrane, comme la feptiéme efpece ; mais elle n’eft n1 crénelée ni bor- dce de filets. Les nègres pêchent une grande quantité de ce petit coquil- lage dans les fables de Ben: c’eft le plus délicat de tous ceux qui fe mangent fur la côte; ils le paflent légerement au feu ou fur les cendres chaudes. 12 LE PÉGON. P4 17. L'animal du Pégon reflemble aflez au précédent; mais fes tuyaux font quatre ou cinq fois plus courts que la largeur de la coquilie. Sa coquille eft médiocrement épaifle, d’une grande dureté; un peu plus applatie que la précédente, longue de près de deux pouces, fur une largeur de moitié moindre, & double de fa profondeur. Elle eft marquée fur tout fa furface ex- tésieure de quarante à cinquante canelures tranfverfales, ap- platies, d’un beau poli & trés-luifantes. Les bords des batrans font épais & arrondis. Le ligament eft prefque trois fois plus court que fa largeur, & le fommet eft placé un peu au-deflous de fon mulieu. BL V AL V.ES. 229 Sa charniere confifte en trois petites dents fort rappro- chées dans le battant droit, & en deux feulement dans le battant gauche. Sa couleur eft violette en dedans, rougeñtre au dehors, & parfemée de quelques taches brunes, diftribuées fur quatre ou cinq lignes qui s'étendent comme autant de rayons du fommet vers les bords. J'ai trouvé ce coquillage avec le précédent, mais beau- coup plus rarement. LE SUNE TT. Plrr Tellina latior , fafciarà & undara que pidurà confpicua; Indiæ orien- talis. Lilt. hifl. Conchyl. tab. 378. fig. 221. Téllina lata, lævis radiata, Indiæ dicie Ejufd. tab. 379. fig. 222. Tellina fafciara anguftior , incüs lutefcens, extrà radiata. Ejufd. tab. 404. fig. 248. Cricomphalos litterata, quæ Tellina fafciata anguftior , intüs lutefcens; Lifteri. Klein. tent. pag. 147. fpec. 23. Tellina circinata #yfpagos five litterata , crafla, oblonga undulis fufcis; Lifteri. Ejufd. pag. 157. fpec. 2. n. 3. Tellina circinata tylpeges five litterata, Xulanenfis , plana ; fuper circulis acurè undofa; Lifteri. Ejufd. ibid, nr. 4. tab. 11. fig. $9. La coquille du Sunet eft auf épaifle , mais plus petite, lus < ue & moins allongée à proportion que celle qui précede. Elle n’a pas un pouce un quart de largeur. Sa lon- gueur eft moindre d’un tiers feuleme nt. Sa furface, au lieu de canelures, eft marquée de vingt-cinq à trente fillons tranf- verfaux & très-profonds. Les bords de chaque battant font marqués intérieurement de cent petites dents fort ferrées. Les dents de la charniere font au nombre de trois, aflez écartées. Sa couleur eft violette au dedans, blanchätre au dehors, & marbrée très-agréablement de bandelettes rougcatres CrOI- fes en zigzags. On la voit peu fréquemment dans les fables du cap Ber- nard. A CDNEN ET OS ANR PE 7: Tellina Latini littoris, & Luzitanici maris apud Maderam , in ambitu ferrata, propter figuram à cæteris diverfa, minutiflimis ftrigis ru- gofa, & laéteo colore. Bonan. recr. pag. 104. claff 2. n.45.3 Charnieres Couleur, COQUILLEI Battans. Charnierez Couleur, CoQuILLE, Sommet, Couleur. CoQuILLE. Sommet. Couleur. 230 CODUIIEM CES Tellina patva ex rufo maculata, paululum cava, ftriis fafciatis valdè exaf- perata. Lift. hifl. Conchyl. tab. 396. fig. 143. Cricomphalos quæ Tellina parva, ex rufo maculata, paululum cava; ftriis fafciatis valdè afpera; Lifteri. K£ein. cent. pag. 147. fpec. 9. Chamelæa, circinata, fivè concentricè fulcata, Luzitanica, ferè rotunda, in ambitu ferrata, coloris late ; Bonanni. Ejufd. p. 152. fpec. 1.n.9.? Le Tofar fe trouve aufi rarement aux ifles de la Magde- laine. Sa coquille reflemble aux deux précédentes par fa du- reté, fon poli & fon épaifleur. Elle en difere, parce qu’elle eft prefque ronde ou triangulaire, large d’un pouce, & fort peu moins longue. Sa furface extérieure eft relevée de trente pe- tites canelures tranfverfales. Ses bords font ronds, lifles & fans dents. Le fommet eft fort éminent, & placé en bas au tiers de fa largeur. Elle eft ordinairement blanche, & quelquefois couleur de chair , ou gris-de-lin fans aucun mêlange : quelquefois elle eft rougeñtre , avec quelques taches blanches, difpofées fur dix ou douze rayons, qui partant du fommet comme centre, vont fe terminer à la circonférence. 16. L'EROJIOLNU RS ENT, P7. 17; Peétunculus maculatus, Jamaicenfis. Liff, if. Conchyl. tab. 170. n. 106. Chama inæquilatera, lævis , albida , maculis quadratis obfeurè fulvidis ceffellatim fignata, punétata, & radiata. Gualr. Ind. pag. & tab. 86. licr. J. Chamelæa lævis, fivè circinis umbratilibus, lad@us læviffimis, maculata; Jamaicenfis, maculis inftar nubecularum difperfis; Lifteri. K/ein. tent. pag. 155$. Jpec. 3. n. 16. Cette efpece ne differe des trois qui précèdent, que parce que fa coquille eft plus épaïfle, fans dents & fans canelures, mais d’un beau poli. Elle a deux pouces & demi de largeur & un tiers moins de longueur. Son fommet eft fort applati, & placé en bas vers la qua- triéme partie de fa largeur. On apperçoit au-defflous comme une lésere imprefion en forme de cœur , au milieu de la- quelle les bords des battans font légerement ondés. Au dedans cette coquille eft fort blanche, & fauve ow gris-de-lin au dehors, avec des marbrures ou des taches quar- BIVALVES. de rées brunes, quelquefois difpofées en deux rayons qui partent du fommet comme centre. On la rencontre afez rarement dans les fables du cap de Dakar & de Rufisk. “0 LUE LES: OK PL 17, Celle-ci fe trouve encore dans les mêmes endroits, mais fur-tout dans l’anfe de Ben. Elle eft de celles qu’on appelle Lavignons, qui fe diftinguent des autres Cames, parce que les deux tuyaux du manteau font prefqu’auffi longs que leur coquille, & que leurs battans ne ferment jamais exaétement. Sa coquille eft ovoide, obtufe aux deux extrêmités, mé- diocrement renflée, large de deux pouces fur une longueur de moitié moindre, qui furpañle de moitié fa profondeur. Elle eft extrêmement mince, très-fragile, luifante & unie. Ses deux battans font égaux, mais ils ne s'appliquent jamais exactement par en haut, & laïflent une ouverture par laquelle les trachées doivent pañler : leurs bords font minces & tran- chans au-delà de l’expreffion. Les fommets font obtus, un peu écartés l’un de l’autre, & fort peu au-deflous du milieu de la longueur de la coquille. Il n’y a point de cavité en forme de cœur. Les dents de la charniere font au nombre de trois dans chaque battant, toutes en lames fort minces, dont les deux laterales font fort éloignées , & laïflent entr’elles une cavité remplie par le ligament, qui eft prefque rond & ne paroît que fort peu au dehors entre les fommets. La couleur de cette coquille eft violette au dedans & grife ou agathe au dehors, avec cinq ou dix raies tantôt blanches & tantôt fauves, qui comme autant de rayons, partent du fommet pour fe rendre à la circonférence. Ie EMEA SIMEANNNeP7 ET Voici la plus grande de toutes les Cames que j'ai obfervées au Sénégal. Sa coquille fe trouve abondamment dans les mois de mars, avril & mai, fur le rivage fabloneux qui s’étend de- puis le village de Ben jufqu’à celui de Rufisk. Elle a près de fix pouces de largeur fur une longueur un quart moindre, & double de fa profondeur. Elle eff tranfparente, prefqu’auifi AN1MAL, Trachées, CoQuILLE, Battans: Sommets, Charniere, Couleur, COQUILLE, Sormmets. Charniere. Ligament. Couleur, CoQUILLE. Sommet, Charniere. Couleur. 232 COQUILLAGES mince que la précédente, & marquée vers le fommet d’une vingtaine de canelures tranfverfales, rondes & fort écartées, qui dégénerent vers les bords en des rides fort irrégulieres. Les fommets fe touchent. Entre les dents de la charniere on voit une grande cavité, à peu près égale dans chacun des battans, qui ne ferment pas exactement. C’eft dans cette cavité que fe trouve logé le ligament, qui eft prefque rond, comme dans l’efpece pré- cédente. Elle eft d’un blanc-de-neise au dedans & au dehors. HU L AU C A L'CHNMEL LE, Pa. Piperata Chama Latinis, Venetis Beveraza, vel Biveronus , vel Peveraza; Chalene vel Chalcene, Chalcinella vel Chalcera Anconitanis & Ra- vennatibus. Belon. aquat. pag. 404. Piperata Chama, à genere lævium; Bellonit. Gefn. aquat. pag. 323. Chama Piperata; Bellonu. A/drov. exang. pag. 471. Tellina vilior, complanata, fubrotunda, teftà ex albo violaceä, fafciati & fragili; ex Cefenarico portu. Planc. Conch. pag. 32, La coquille de la Calcinelle a environ un pouce & demi de largeur, & moitié moins de longueur. Elle eft fort mince & beaucoup plus applatie que toutes celles qui précèdent; car fa longueur furpañle plus de deux fois fa profondeur. Son fommet eft peu fenfible, La charniere & le ligament reffemblent à ceux des deux efpeces qui précèdent. Pendant que l’animal eft vivant, fa coquille eft bleuâtre ou d’un blanc-violer, qui devient blanc-de-neise lorfqu’elle a refté, après fa mort, ou dans le limon, ou expofée fur le rivage. Ce coquillage fe plaît dans les fables vafeux du Niger. 1 AD ENV IANGRALSS PI de, Tellina è Madagafcar. Liff. hifl. Conchyl. tab. 386. fir. 133. Tellina maxima laufima , fubrubra radiata, ad alrerum latus finuofa, Ejufd. tab. 387. fig. 234. Tellina fubalbida præcedenti perfimilis. Ejufd. tab. 388. fig. 235. Tellina lævis, albida, rotunda. S/oan. Jam. vol. 1. pag. 264. Chama inæquilatera, tranfverfim ftriata, feu lineata, altero latere finuofo, ex candido & rofeo pallidè fafciata. Gualr. Ind, pag. & tab, 86. lirr. D, | Tellina BIVALVES. 233 Tellina circinata, #yexges, rudis; fine infcriptione ; quæ Tellina maxima, laciflima , fubrubra circinata ( non radiata }) ad alterum latus finuofa; Lafteri. Klein. rent. pag. 157. fpec. 1. n. 12. Tellina circinara , éyexges | rudis ; fine infcripuione , fubalbida ; Lifteri. Ejufd. ibid. n. 13. Tellina circinata &yexges , rudis; fine infcriptione ; quæ Tellina à Madae gafcar; Lifteri. Ejufd. ibid. n. 14. Le Vagal fe trouve en grande quantité fur Le rivage fablo- neux de Mbao. Sa coquille, qui ne difiere de la précédente que parce qu’elle eft un peu plus épaifle, encore plus applatie & très- dure, a jufqu’à trois pouces de largeur. Sa longueur eft moin- dre de moitié, & quelquefois de plus des deux tiers, fur-tout dans les jeunes; de forte qu’elle a des proportions diférentes dans les petites & dans les grandes : celles-ci paroïfent arron- dies. Sa furface extérieure eft life, mais marquée fur les bords de quelques groffes rides tranfverfales. Les battans forment à l’extrèmité fu périeure une efpece de pli un peu courbé fur le côté, & qui ne joint pas exactement. Le fommet eft petit & comme recourbé en haut du côté du ligament, au contraire des autres Cames qui l’ont tourné en bas. Dans les vieilles coquilles il occupe à peu près le milieu de leur largeur ; dans les jeunes qui font plus allon- gées, il eft un peu au-deflus. La charniere a deux petites dents dans le battant droit, & trois dans le battant gauche. Le ligament eft trois fois plus court que la largeur des bat- tans. Il eft convexe, placé au-deflus du fommet, & apparent autant au dehors qu’au dedans de la coquille. Sa couleur eft un blanc qui tire fur l’agathe, & traverfé de quelques bandes qui font jaunâtres dans les jeunes , & gris-violet dans les vieilles. 20: MINE CG AIM AUN Pur. Chama lutefcens, ex rubro radiata. Liff. hiff. Conchyl. tab. 417. fig. 261.2 La coquille du Gatan a un pouce & demi de largeur & moitié moins de longueur. Elle eft relevée extérieurement de vinot à vingt-cinq canelures tranfverfales , médiocres & ar- rondies, Cg CoQuiLir, Battans, Sommet: Charniere, Ligament: Couleurs Coquirrr, Battans, Couleur. COQUILLE. Sommet. L'sament. Cherniere. Couleur, 234 COQUILEZRCGES Ses battans ne forment point de plis comme dans l’efpece qui précède ; mais fon fommet, fon ligament & fa charniere n’en different aucunement. Elle eft intérieurement & extérieurement d’une belle cou- leur de chair, qui fe change en violet autour du fommer. Je ne l’ai trouvée qu’une fois autour de l’ifle du Sénégal. 2NRE E- MU TEL PES La coquille du Mutel appartient plutôt aux Moules d’étang qu'aux Cames. Elle m’a été appportée de l’intérieur des terres du Sénégal , où l’on m’a afluré qu’elle avoitété pêchée dansles lacs d’eau douce. Sa forme ne me laïfle aucun lieu de douter: que ce ne foit une efpece de Moule analogue à celle de nos rivieres d’eau douce. Elle a près de cinq pouces de largeur fur deux de longueur , & un de profondeur. Elle eft life, traveriée feulement par quelques rides, obtufe aux deux extrémités, mais plus large à celle d’en haut H qu’à celle d’en bas B, qui, comme l’on voit, a été figurée dans une firua- tion renveriée. Son fommet eft peu apparent, & placé vers l'extrémité inférieure à la quatriéme partie de fa largeur. Le ligament eft convexe , & s'étend depuis le fommet jufqu’à la quatriéme partie de la largeur des battans, vers leur extrèmité fupérieure. ; La charniere n’a aucunes dents, mais feulement quelques afpérités peu fenfibles. La couleur de cette coquille eft fauve au dehors : au dedans elle monire une belle nacre, qui prend, fuivant les diverfes inclinaifons, différentes nuances de verd, de brun, de jaune & de violer. GENRE, V.: EL A TELLINE. Zellina. IL y à fi peu de différence entre les Tellines & les Cames, que l’on ne s’écarteroit pas beaucoup de la vérité en réu- niflant les unes avec les autres ; mais ce feroit une erreur très-groflicre que de les confondre avec les Moules, comme BIVALVES. ue ont fait quelques Auteurs anciens (1), & après eux plu- fieurs Modernes (2). On appelle les Tellines de ce nom : parce que, dit Ariftore (3), elles parviennent en peu de tems au dernier période de leur grandeur. Les deux pieces de leur coquille font parfaitement égales. De LE, ORAN EE To DT 18. Tellina craffa, admodum leviter ftriata, intüs violacea; Africana. Zif?. hifl. Conchyl. tah. 375. fig. 216. Tellina ftriata, cuneiformis, crafla, densè ftriata ; ambitu ferrato ; intüs violacea ; Lifteri. Klein. tent. pag. 160. fpec. 10. tab. 11. fig. 61. La coquille du Pamet approche de la figure d’un triangle dont les côtés font fort inégaux. Elle eit folide, épaiñle, comme coupée obliquement, & comme applatie à fon ex- trèmité inférieure, & arrondie à l’extrêémité oppofée. Sa lar- geur eft de quatorze lignes fur une longueur moindre de moitié, & double de fa profondeur. Sa furface extérieure eft luifante, d’un très-beau poli, & ornée fur chaque battant de quatre-vingt fillons longitudinaux & fort légers, qui, partant du fommet, vont fe rendre fur tous les points de leur circonférence. Ces fillons font d’autant plus fenfibles qu’ils approchent de l’extrêmité inférieure de la coquille : là ils femblent coupés & traverfés par une vingtaine de cane- lures qui les font paroître chagrinés. Les battans font exactement égaux, obtus & arrondis fur leurs bords, qui font finement découpés de quatre-vingt dents triangulaires, à peu près égales , & femblables à celles d’une (1) De Tellinis diverfas invenio opiniones. Etenim Athenæus eamdem cm Lati- norum Mytulo (fic enim pro wish legit Hermolaus ) efle opinatur, Mytulumque & Tellinam , de quibus nos capitibus feparatis loquimur, invicem confundit. A/drov. exang. page 17. ré) Les trois termes de Mufeulus feu Mutilus, Mytulus, & Tellina fe confondent aifément & fignifient tous trois le même genre de Coquillages qui eft appellé Moules. On peut cependant dire que chacun de ces mots défigne une efpece très-diftinéle par fa figure & par fon caraétere ; mais c’eft toujours la même famille, & c’eft mal-à-propos que Lifter fépare la Telline d'avec la Moule, c’eft le même genre dont la Telline eft une efpece différente. Aiff. de la Conchyl. pag. 328. (3) Tellinæ à crefcendi celeritate nomen habere videntur ô# Téyise y Vorrar HAUT , quia ocyflimè perficiuntur, quod Aritoteles ( Lib. 3. hift. Anim.) prætereà Peétunculis ac Purpuris etiam commune efle ait, anno enim magnitudinem totam implent. 4/drov, SANG: Pap S17e Gg i COQUILLTs Battans, Sommets, Ligament, Charniere, Air S1LHCICSe Périofte. Couleur, ANIMAL. Manteau. Trachées, Le] 56 COQUILLAGES {cie. Ces dents font plus marquées au dedans qu’au dehors, où elles difparoïflent quelquefois. Les fommets S font fort petits, triangulaires, pointus, peu éminens, peu fenfiblement tournés en fhirale, fort proches l’un de l’autre, & placés à la troifiéme partie de la largeur de la coquille vers fon extrémité inférieure. Lc ligament que nous avons vi jufqu'ici placé au-deflue du fommet dans les coquilles à pieces égales, fe trouve dans “ Tellines inégalement diftribué au-deifus & au-deflous de lui. Au-deflus du fommet il eft extrêmement étroit & aflez court /:au-deflous il eft épais, preique rond, & remplit, fans fortir au dehors, une petite cavité L, formée par une échan- crure faite dans Chaque battant. Cerre échancrure, fi l’on veut fe donner la peine de l’examiner, paroïtra répondre parfai- tement à l’enfoncement en cœur que j'ai fait obferver dans les premieres efpeces de Cames. La charniere confifte, dans chaque battant, en trois petites dents triangulaires, fort ra pprochées, & placées au dedans des fommets. Les attaches des mufcles font au nombre de deux dans cha- que battant, aflez petites, & placées vers leurs extrêmités. Celui d'en haut E eft elliptique, & un peu plus grand que linférieur e, qui eft prefque rond ou orbiculaire. La ligne R qui repréfente aflez bien la lettre A > marque l'endroit où cha- que lobe du manteau étoit attaché à la coquille. On n’apperçoit aucune apparence de périofte fur Ia fur- face de cette coquille, qui eft par-tout d’un poli très-beau & très-luifant. Elle eft blanche, ou jaunâtre, ou gris-de-lin, ta- chée quelquefois de violet ou de rouge au dedans, & marquée ordinairement au dehors de deux larges bandes : trianpulaires d’un brun violet, dont l’une couvre toute fon extrémité in- férieure dans l'endroit qui eft applati : l’autre bande qui eft plus large, s'étend fur l’extrêmité oppoñée. L'animal que recouvre cette coquille ne l’ouvre que très- peu , comme les Cames. Son manteau eft divifé pareillement dans toute fa longueur en deux lobes, dont chacun tapifle intérieurement chaque battant, & s étend un peu au dehors fous la forme d’une membrane fi imple & très-mince M. Les trachées fortent de l’extrêmité fupérieure du manteau BIVALVES. _. {ous la forme de deux tuyaux auffi fimples & fort courts, rap- prochés l’un de l’autre vers leur origine. Celui qui eft le plus proche de la charniere, ou le poftérieur À, eft pour l’ordinaire plus petit quel’antérieur T. Le pied P eft placé à peu près au milieu de la longueur de Ia coquille. Il a la forme d’un foc de charrue, ou d’une lame de couteau recourbée en haut à fon extrèmité. Son ufage eft le même que dans les Cames, à cela près que la Telline faute quelquefois par fon moyen, c’eft-i-dire, que le mouvement que le pied imprime à fa coquille eft fort prompt, & fait l’ef- fer d’un reflort qui fe débande fubitement, & la lance aflez loin. La couleur de fa chair eft blanche. Rien de plus commun que ce coquillage fur la côte fa- bloneufe du Sénégal, fur-rout vers l'embouchure du Niger, où les nègres vont le chercher fur les bords du rivage après que la mer s’eft retirée. Ils le trouvent facilement en levant une couche de fable d’un pouce d’épaiffeur. C’eft alors qu’on voit les Tellines fauter de tous côtés & faire des efforts pour regagner l’eau qui les a abandonné. On les fait cuire pour les manger. On croit qu’elles ont la propriété de rendre le ventre libre, 2 DIE MGNAPE ET PI TS. > Tellina frequentiflima in littore Anti, Aavo diluto tinéta fimul & furvo, vel cianeo, terreoque : nonnullæ melino, vel citreo colore circum- tectæ, innumeræ nivis albedinem puriffimum referunt ; aliquæ ex Oceano occidentali delatæ valdè pellucidæ. Bonan. recr. pag. 104. claff. 2. n. 47. — Muf. Kirk. pag, 443. n. 46. Tellina inæquilatera, lævis, ex fufco, & fubalbido radiata, intus purpu- rafcens. Gualt. Ind. pag. & tab. 88. lire, O. Tellina inæquilatera , lævis margine interno minutiflimè dentato, ex al- bido , & violaceo fafciata, & ex fulvido maculata, & radiata. Eju/d. ibid. litr. Q. Cette feconde efpece de Telline n’eft pas fort commune : elle fe trouve auffi vers l'embouchure du Niger. Sa coquille ne differe de celle qui précède qu’en ce qu’elle n’eft point fillonnée au dehors, qu’elle ne forme point une large furface à fon extrémité inférieure, & qu’elle cft plus applatie, ayant Pied, Couleur, COQUILEEs CoQuiLLe. Battans. Sommet. 258 COQUILLAGES près de deux fois plus de longueur que de profondeur : fa longueur n’eft que de fix lignes & fa largeur de dix ; du refte elle lui reflemble parfaitement. SMILE. NULS AR. PL 18, Tellina maris Italici, intrinfecus colore fulvo cum terreo porraceoque mixto , intrinfecüs verd , ut plurimum cianeo, interdüm cum laéteo confufo. Bonan. recr. pag. 304. claff. 2. n. 37. — Muf. Kirk. pag. 443. n. 36. Tellina umbone omnium acutiflima; teftà coloribus diverfis quaf teffel- lato opere decorata , admodum tenui, Bonan. recr. pag. 104. claff. 2. num. 38 —— Muf. Kirk. pag. 443. n. 37. Tellina purpurafcers, margine finuofa ; Jamaicenfis. Lifl. hift. Conchy1. tab. 316. fig. 218 & 219. Tellina inæquilatera ftriata. Lang. meth. pag. 72. Tellina inæquilatera , altero latere truncato, & ftriato, margine interno dentato, candida intüs purpurafcens. Gualt. Ind. pag. & tab. 89. UT DX Tellinà itriata, teftä pulchrâ, foris albâ, planä, fubtiliffimä, ftriatà ; Bo- nanni. Klein. tent. pag. 150. fpec. 3. Tellina ftriata, umbone omnium acutiflimo , tefta, quæ celoribus diver- fis, quañ opere teffellato decoratur, admodum tenu ; Bonanni. Ejufd. ibid, fpec. $. Tellina ftriata , purpurafcens, margine finuofa, Jamaicenfis ; Lifteri. Ejufd. pag. 160. fpec. 11. La coquille du Nufar eft beaucoup moins longue que les deux précédentes, & par-là elle approche plus de la forme triangulaire, Elle n’a que neuf lignes de largeur & fept de lon- gueur, fur une profondeur une fois moindre. Son extrêmité inférieure forme une furface très-large, & plus applatie que celle de la premiere efpece. Extérieurement elle eft marquée de foixante fillons longitudinaux, qui difierent de ceux de la premiere efpece en ce qu'ils font plus profonds, & piqués d’un nombre infini de petits points allongés & tranfverfaux. Ces points qui font prefqu’infenfibles à la vüe, fe découvrent facilement par le moyen du verre lenticulaire de trois à quatre lignes de foyer. Le bord de chaque battant n’a que foixante petites dents. Le fommer eft placé fort peu au-deffous du milieu de leur argeur, DEVANT VES. . On compte à la charniere de chaque battant cinq dents > Charnicre, dont trois plus petites font rapprochées vers le fommer, les deux autres en font aflez écartées. L'intérieur de cette coquille eft d’un violet foncé appro- Couteur, chant du noir. Dix à douze bandes violettes qui partent du fommet, s'étendent au dehors comme autant de faifceaux jufques à fa circonférence. On la trouve en petite quantité dans les fables du cap Manuel. MODE CT LV EL... PL 18 Pectunculus triquetrus, albus , intüs ex violà purpurafcens ; Africanus. Lif£. hift. Conchyl. tab. 152. fig. 86. Chamelæa lævis, fivè circinis umbratuihibus, ta@tu læviffimis : Africana 3 tiquetra ; alba ; intus ex violà purpurafcens ; Lifteri. K/ein. rent. pag. 154. Jpec. 3. nr 13. Le Tivel fe voit très-fréquemment vers l'embouchure du Nicer. Sa coquille repréfente un triangle à côtés prefqu'égaux: Coquizzr. ceux qui regardent les fommets font applatis, & non pas tran- chans comme celui de devant. Elle a quatorze lignes de lar- geur, prefqu’autant de longueur & une fois moins de pro- fondeur. Sa furface eft life & fans fillons. Les bords de fes battans font aigus, minces & tranchans. Battans. Les fommets font aflez éminens, un peu écartés l’un de Sommet, l'autre, & placés exactement au milieu de la largeur de la coquille. La charniere reffemble à celle de l’efpece précédente, Charnisre, Intérieurement cette coquille eft violette ou blanche : ex+ Couleur, térieurement elle eft grife, marquée pour l'ordinaire de trois taches violettes vers fa partie inférieure. SRE M.A TA DOA» PE 18. Chama circinata; Malaicenfibus Bia marta doa. Rumph. muf. pag, 139. art. $. & pag. 140. art. 13. tab. 43. fig. À. & O. Chama inæquilatera, tranfverfim ftriata. Lang. meth. pag. 70. Chamelxa circinata, fivè concentrice fulcata Ria matta doa ; ferè elliptica, plana, micis fubviridibus, vel fuliginofis, fivè nigricantibus confu- fis albo mixtis, cireà cardines per duas aperturas, velut oculus:aquam projiciens in apprehenfuros; Kumphii. Xein. tent. pag. 152. fpec, 1. num, 6, COQUILLE. Sommet. Couleur. 240 COQUILLAGES Cette efpece eft fort rare : on l’obferve encore vers l’em- bouchure du Niger. Sa coquille eft triangulaire, femblable à la précédente , mais moins large & moins applatie fur les côtés qui regardent le fommet. Elle a un pouce & demi de FE Ce qui la diftingue de toutes les autres Tellines, ce font quarante à quarante-cinq petites canelures tranfver- fales qui font répandues fur toute fa furface parallèlement à fa largeur. ; Son fommet n’eft pas placé exaétement au milieu de fa largeur , mais un peu au-deflous. Sa couleur eft blanche , & quelquefois jaune, tant au de- dans qu’au dehors, fur-tout vers le fommert. GENRE VI. LE PÉTONCLE. Pectunculus. CE qu’on appelle aujourd’hui Pétoncle ou Sourdon étoit connu par Rondelet fous le nom de Coquille ftriée ou épi- neufe(r}),& cet Auteur embarraflé par les diférens noms de Pe'gne & de Pétoncle (2) des Traducteurs d’Ariftote, donnoit ce dernier à une petite efpece de Peigne{3). Mais Lifter & les autres modernes, pour éviter la difculté, ont fuivis Belon contemporain de Rondelet, & ont donné le nom de Pétoncle (1) Concha ftriata quæ communi nomine à noftris Coguille vocatur , ab Italis Capa tonda, à rotunditate, peétinum modo in ambitu ferrata. Rondel. reflac. Lib, 1. p. 21e cap. 19. . Concha echinata ab afperitate dia, peétinis fimilis, teftis admodum concavis ; ftriatis ,in ambitu incifis. Ejufd. ibid. pag. 22. cap. 20. (2) Quod Grxcis Kreis vocatur, à Gaza modo Petten , modo Pe&tunculus con- vertitur, ut ubi Ariftoteles ait: #/ d'iFépay ra puis tstv avamlvya, oiov où xlevts. Gaza fic, . Bivalvis generis pars clufilis eft ut Peétunculi. Et pauld poit : ëre ra per xuvyrix® cures ésiv oioy o xleis. Item alia fe movent ut Peétines. Sed hxc varietas ambiguitatem parit: funt enim Pedtines & ab his diverfi Peétunculi à Latinis di@i. Plenius manifeftè Pe&tun- culos à Peétinibus disjungens videtur Peétunculos pro Tellinis ufurpafle ; ut Hermo- laus annotavit. De ahis PeGunculis infrà dicemus. Æyufd. ibid. pag. 15. cap. 14. (3) Carne & fapore à Peunculis non differant ( Pe&tines) , fed figurà ; Pe&tunculi enim rotundines funt , & alterà tanthm parte auniti. Ejufd. ibid. pag. 18. cap. 15. In finu Aquitanico frequenter capiuntur exigui Pe@ines qui vulgd Petoncles vo cantur. Capiuntur etiam in Normanniâ, vocanturque Aannons, Romx Gongole, quaft conchulx ; funt enim femper parvi præfertim in Mediterraneo mari, in Aquitanico lit- tore majores, Ali Coguilles de Saint Jacques appellant, quemadmodum fuperiores, Peétunculi reftè dici poffe mihi videntur, Peftin.uus enim figurà fimiles funt. Æyufd. ibid. pag. 18, cap. 16, x BIVALVES. s4r à un coquillage fort différent du Peigne (4), tant par l'animal que par la charmiere, & la forme renflée de fa coquille, PULCE. MO FAT. PL 13: Pectunculus orbicularis, ex altero latere prælongis, latifque dentibué confpicuus. Lift. hifl. Conchyl. tab. 330. fig. 167. Pectunculus Borneocus , ftriis altè incifis. Periv. Gazoph. vol, ». cat, o. tab. 54. fig. 5? ; Jfocardia ftriata, quæ Peétunculus orbicularis, quaf duplicatus, ex altero latere prælongis, latifque dentibus confpicuus; Lifteri. K/ein. renr. pag. 140. fpec. 1. n. 4. K. : Quelque commun que foit Ie Mofat dans les fables voifins de l'embouchure du Niger, je n’ai pas connoiffance qu’on en fafle aucun ufage. Sa coquille eft affez exactement ronde , médiocrement Coquirr. épaifle, d’un pouce & demi de diametre, & de moitié moins profonde. Elle eft relevée de vingt-fix groffes canelures lifes & arrondies , qui s'étendent de longueur fur toute fa furface extérieure. Les bords des batrans font marqués intérieurement d’un pareil nombre de groffes dents, dont les fept premieres 4, a, a,a,a,a,a,de l’extrèmité fupérieure, font divifées comme les dents d’une fcie par de profondes échancrures ; elles ne joignent pas parfaitement enfemble lorfque la coquille eft fermée : les autres font peu apparentes au dehors, fort écartées les unes des autres, & féparées au dedans par un petit canal qui va fe perdre dans les fommets. Ceux-ci font ronds S , aflez grands, tournés légerement & horizontalement en fpirale, & placés au milieu de la largeur de chaque battant, fort proches l’un de l’autre. Le ligament eft coriace, brun, étroit, aflez court, convexe, (4) Kris Græcis, Pe@unculus Latinis, Peroncles Gallis quibufdam, Æannons Ro- thomagenfibus & Parifienfibus , aliis Sanéti Jacobi Conchylia. Peétunculos Parifienfes & Rothomagenfes Petoncles vel Hannons appellare confueverunt- À Peétinibus hoc diffident, quod parvi fint, &c utrinque Concham, Chamæ modo, tumidam ac conca- am habeant ; ffriis reétis afberam. Sed à Chamis tracheis hoc etiam difcrepant, quod Chamzx tranfverfas lineas, Peétines autem labra in gyrum crenata oftendant.….. Cibis plurimum expetuntur. Quamobrem eos inter alimenta recenfuerunt Medici. Subal- bida carne conftant, euftui pergratà , quam Græcum vuleus crudam etiam edit. Belon, #jual, page 410 & 411, Hh Battanss Sommetsa Ligament. Charniere, Mufcles. Périoite. Couleur, Remarque, A NIiM AL. Manteau. Trachées, 242 COQUILLAGES luifant, & fort entierement hors de la coquille, au-deflus du fommet où il eft placé en L. La charnicre et trés-longue, & forme une ligne droite qui furpañle un peu la largeur de la coquille. Elle eft compofée dans chaque battant de cinq dents, dont quatre font raflem- blées par paires & fort écartées les unes des autres. Il yen à une paire vers leur milieu €, fous les fommets $ : elle eft longue & pointue. L'autre paire eft placée en haut #, dans le battant droit D, & en bas b dans le battant gauche G:elle eft fort large & obtufe, aufi-bien que la cinquiéme dent qui fe trouve au contraire en bas z dans le battant droit, & en haut & dans le battant gauche. Toutes s’engraïnent parfaite- ment, & font un peu plus grandes dans le battant gauche que dans le battant droit. Chaque battant porte intérieurement, près des extrémités de la charniere, deux taches qui défignent le lieu où étoient fixés les mufcles. Celle d’en haut e eft elliprique & plus pe- tite que celle d’en bas E qui eft prefque ronde. La lettre R marque le lieu de l’attache du manteau. Cette coquille ne paroît pas couverte d’un périofie fenfible. Le btanc eff fa couleur ordinaire; on voit cependant quel- quefois un peu de rouge à fes fommets & à fon extrèêmité {upérieure. Le Pétoncle de la côre de Bretagne & de Normandie, dont a parlé Belon que j'ai cité ci-deflus, fous le nom de Pétoncle ou de Hannons, reflemble beaucoup au Mofat du Sénéoal ; mais il en differe en ce que fa coquille eft moins épaifle, que fes canelures font traverfées par nombre de petits filets qui lui donnent beaucoup d’âpreté, & en ce que fes bords ne font pas fi fenfiblement dentés à fon extrèmité fupérieure. La fituation naturelle à l'animal plongé dans les fables, eft à peu près celle qu’on lui voit dans la figure. Alors il écarte médiocrement les deux battans de fa coquille, & montre les bords de fon manteau, qui font fimples M & léverement on- dés. Ce manteau eft ouvert dans l’efpace compris entre les trachées & la partie poftérieure du pied ; du refle il ef tout d’une piece aux extrèmités. Deux trachées en forme de tuyaux T. A. fortent de l’ex- trêmité fupérieure, à une diftance à peu près égale du fommet BE V'ANL VI ESS. 24 & du point qui lui eft oppofe. Ils font fort courts, d'une ligne & demie au plus de longueur. Celui T qui eft le plus éloigné du fommet, eft le plus grand, & accompagné {ur fon côté antérieur d’une efpece de frange F de dix à douze filets. Tous deux font couronnés de trente filets diftribués fur deux rangs. Les filets du rang extérieur font coniques & plus srands que les autres. Le pied P eft d’une grandeur médiocre. Il fort du milieu de la Le dont il égale quelquefois la longueur, en pre- nant la forme d’une lame de couteau recourbée en deffus, Tout le corps de cer animal eft blanchâtre, taché de quel- ques points jaunes fur la couronne des trachées, & quelque- fois fur les filets mêmes. D ULNE LC K AM A NP, 78. Concha exotica, margine in mucronem emifla quæ aygapone sd dry appel- lari poteft. Col. purp. pag. 16 E 27. — Lift, hifl. Conchyl. tab. 317. fig. 164. Concha venerea duplex. Rumph. muf: pag. 160. art. 16. tab. 48. fig. G. Concha Peétiniformis æquilatera, à cardine ad oram magis contracta, fus ftriatis & extima or laciniatâ. Lang. meth. pag. 63. Concha exotica margine in mucronem emiflo , intüs fiftulofa, tota can- dida & tenuis; F. Columnæ. Hiff. Conchyl. pag. 333. pl. 16. fig. À. Cœur-de-bœuf, appellé chez les Auteurs Concha exorica ; il eftroutblanc, avec dix canaux triangulaires creux & faillans fur fa robe, lefquels ne communiquent point en dedans. Cette coquille eft extrémement mince & tranfparente. Ejufd. ibid. pag. 334 & 335. Concha cordiformis æquilatera, umbone cardinum unito. Gualt. Ind. pag. & tab. 72. litt. D. Ifocardia ftriata : quæ Concha venerea duplex : rard integra & utraque valva congruens. Tefta eburnea tranfparens fuper fuperficie rugofa plicas concavo convexas in inurices acuros protendit. Conjunctio fit per Ginglymum totius lateris ; Rumphii. Klein. cent. pag. 135. fpecs Fitiz. Il eft auffi rare de trouver cette feconde efpece de Péroncle avec l’animal vivant, qu'il et commun de voir fa coquille femée çà & là fur Le rivage fabloneux de la côte du Sénégal; parce que reltant à une grande profondeur, les eaux cela mer ne peuvent entraîner dans leur plus grande agitation que les coquilles vuides & légeres, dont l’aniina! a péri, foit par vieil- lefle, foit parce que quelque poiffon en a fait LE Le foit 1] Pied, Couleur, CoquiLree. Battans, 244 CO QOUILDACES par quelqu’autre caufe étrangere. Les deux battans de la co- quille font par la même raifon ordinairement dépareillés & difficiles à recouvrer : de-là vient que fort peu de cabinets poñlédenr cette belle coquille en entier. Dans un nombre pref- qu’infini que j'ai eflayé moi-même fur le rivage, ou que j'ai fait recueillir de celles que la mer avoit récemment rejettées, il m'a été prefqu'impoñlble d’aflortir parfaitement les deux pieces qui appartenoïent à la même coquille. Cette coquille eft extrêmement mince, & par-là tranfpa- rente & fragile, fur-tout dans les jeunes ; mais elle s’épaiflit dans les viclles & acquiert de l’opacité & de la folidité, J’en ai une qui porte quatre pouces & demi de largeur, fur près de quatre pouces de longueur & autant de profondeur. Elle feroit exaétement ronde ou fphérique, fi fa largeur ne fur- pañloit d’une cinquiéme partie fes deux autres dimenfons qui font égales. Chacun des battans a par conféquent la forme d’une demi- fphère creufée au dedans. Ce qui fait leur beauté & leur or- nement au dehors, ce font dix-huit canelures fort larges, ar- rondies, qui partant du fommet, vont fe rendre fur tous les points de leur circonférence. Onze de ces canelures, celles qui font les plus bafles, font relevées chacune d’une côte triangulaire , fort tranchante, de trois lignes de hauteur, & creufée au dedans comme un canal. Les fepr autres de l’ex- trèmité fupérieure, font relevées d’une petite crête, & fe terminent fur les bords en autant de petites dents qui laiflent entr'elles un jour affez grand après que la coquille eft fermée. Toutes font fort écartées & laiflent entr’elles autant d’efpa- ces en forme de fillons applatis : mais ce qui ne fçauroit trop fe remarquer, c’eft que les cinq premiers fillons qui féparent ces canelures à côtes de l’extrêmite fupérieure, font fauves au lieu d’être blancs comme les côtes & le refte de la coquille. Dans le battant droit on obferve un fillon de plus, c’eft-à- dire, fix fillons de cette mème couleur. On voit au dedans de chaque battant vingt-deux fillons rt larges, qui s'étendent depuis leurs bords jufqu’au fond de leurs fommets. Onze de ces fillons font alternativement moins profonds que les autres, & répondent à ceux qui fé- parent au dehors les canelures : ils s’y rapportent même avec üne telle exactitude, que l’on remarque que Îles cinq ou fix qui répondent aux cinq ou fix fillons fauves du dehors, font plus profonds & plus luifans que les autres, & même coupés _ & terminés brufquement à leur extrèmité avant que d'arriver au fommet. Par la comparaifon que j'ai faite des côtes des jeunes coquilles avec celles des vieilles, 1l m’a paru que la cavité des premieres étoit plus grande proportionnellement, & que celle des dernieres commençoit à fe boucher à leur extrémité vers les bords intérieurs de la coquille. Les fommets, le ligament & les taches des mufcles font affez femblables à ceux de la premiere efpece. La charniere furpañle de beaucoup la largeur de la moitié de la coquille : une des dents de la paire du milieu eft extrè- mement longue & pointue dans le battant gauche, La couleur de cette coquille eft d’un beau blanc au dedans & au dehors, excepté dans l'intervalle qui fépare les cinq ou fix premieres canelures à côtes placées vers l’extrêmité fu- périeure de chaque battant: ans ces endroits elle ef fauve. 2 HE JAGO.N. .PL'18 Peétunculus parvus albidus. Lifl. hifl. Conchyl. tab. 311. fig. 147. Actinobolus qui Peétunculus parvus, albidus; Lifteri. K/ein. tenr. p. 148. fpec. s. La coquille du Jagon reffemble davantage à une Came qu’à un Pétoncle, par fa forme exactement ronde & applatie. Elle eft médiocrement épaifle, du diametre de neuf lignes , une fois moins profonde, & relevée extérieurement de vingt-fix à trente petites canelures longitudinales , arrondies, fouvent traverfées par un nombre de petits filets. Ses bords font liffes au dedans, joignans aflez exaétement ; & fa charniere ne dif- fere de la précédente qu’en ce qu’elle eft courbée en portion de cercle , & que fes dents font fort courtes. Ses fommets font renflés & pointus. Elle eft par-tout d’un blanc parfait. On la trouve communément autour de l'ile de Gorée & du cap Manuel, 2 Sonimets, Charniere, Couleur. Coquicrs, Charniere, Sommets, Couleur: COQUILEE. Battans. Sommet. Charniere. Couleur. COQUILLE. 246 C'O'O'U FER @ES 4 LE MON IN PL 18. Le Movin fe voit aufi dans les mêmes endroits. Sa coquille fe diftingue facilement des autres Pétoncles, parce que fa longueur qui eft de feize lignes ou environ, fur- pañle un peu fa largeur. Sa profondeur eft ce moitié moindre que cette derniere dimenfon. Les quarante fillons longitu- dinaux qui s'étendent fur fa furface extérieure, font fi fins & fi peu marqués qu’elle paroîït life & d’un beau poli. Les battans font marques intérieurement fur leurs bords d’un pareil nombre de fillons aflez l:ngs & profonds : 1ls ne joignent pas parfaitement vers l’extiêmité fupérieure. Le fommet eft rond & peu renflé. La charniere eft courbée comme la précédente, & au moins une fois plus courte que la largeur des battans. Sa couleur eft au dehors d’un fauve-clair, qui au dedans tire un peu fur la couleur de chair. s CE CT FUAIGEAINS Ph, Peétunculus gravis, rard & minüs profundè fulcatus, ex fufco viridefcens, articulationibus laminatis; Jamaicenfis. Lift. hift. Conchyl. tab. 238. 19. 72 Bucardium albidum & canaliculatum. Hifl. Conchyl. pag. 332. pl. 26. fig. K. Petit Cœur-de-bœuf, dont les deux becs fe contournent d’une façon fin- guliere, & font fort féparés l’un de l’autre, tout fon corps eft canelé & fa couleur eft d'un blanc-fale. Jhid. pag. 335. Concha Rhomboidalis, ftriis latifimis complanatis & raris divifa, craffa, ponderofa, candidiffima. Gualr. Ind, pag. & tab. 87. let. D. Anomalocardia effufa, quæ Peétunculus gravis, rard vel minüs profundè fulcatus, ex fufco viridefcens , articulationibus laminauis ; Lifter1. Klein, tent. pag. 143, fpec. 14 n 16. Ce coquillage & ceux qui fuivent appartiennent à un genre bien difingué du Pétoncle, mais dont 1l ne m'a pas été per- mis de décrire l’animal : tels font les Cœurs & les Arches- de-noé. Le caractere de leur coquille confifle à avoir les fom- mets fort éminens, le ligament très-large, placé au dehors de la coquille, & enfin la charniere fort longue & compofce d'un grand nombre de petites dents toutes à peu près égales. La coquille du Fagan a la forme d’un cœur, dont elle a BIVALVES. äy pris fon nom: c’eft une des plus épaifles que je connoiffe, Elle a le poids, la dureté, & intérieurement la blancheur & le poli du marbre. Sa profondeur eft d’un quart moindre que fa longueur , qui dans les vieilles eft égale à fa largeur, & un peu plus petite dans les jeunes. La plus grande que j'aie ob- fervé porte trois pouces & demi de longueur & de largeur, un peu moins de profondeur & plus de fix lignes d’épaifleur. Sa furface extérieure eft relevée de douze canelures longitu- dinales, lifles & arrondies, dont il y en a fept fort grofles & plus fenfbles. Chaque battant eft marqué intérieurement d’onze canelures Fort larges, qui regnent tout autour de fes bords dans une bande d'environ huit lignes de largeur. Le bord qui forme la charniere s’avance confidérablement au dedans de chaque battant, où 1l fait une efpece de talon au-deffous duquel refte une grande cavité. Aux deux côtés paroiflent les impreffions des mufcles; elles font fort grandes & à peu près quarrées : celle d’en-haut furpañle un peu l’inférieure. Les fommets font à peu près coniques, très-allongés , & roulés en un feul tour de fpirale qui incline un peu en bas. Ils font placés un peu au-deffous du milieu de la largeur des battans, & féparés l’un de l’autre par un petit efpace oblique- ment applati. La charniere eft droite ou reétiligne , égale à la moitié de la largeur de la coquille. Elle confifie en une rangée de qua- rante dents femblables à autant de lames à peu près égales & pofées parallèlement fur les bords de chaque battant. Ces dents s’engraînent fort exactement les unes dans les autres, & rendent la fermeture de cette coquille extrêmement fûre & folide. Le ligament n’eft pas proportionné à la force de la char- mere. C’eft une membrane noire, coriace, aflez mince, qui s'étend fur toute la portion de la coquille qui eft applatie entre les deux fommets. Elle y eft fortement attachée par le moyen des fillons qui y font profondément gravés, & qui par leurs contours repréfentent plufieurs figures rhomboï- dales. Il ne paroît pas qu’elle foit d’une grande force, car elle s’écaille aufi-tôt que l’eau l’a abandonnée. Il femble que fon principal ufage eft de fervir de couverture à la charniere Battans, Mufcles, Sommets, Charniere, Ligament, Variétés. Périofte. Couleur, COQUILLE. Battans, Sommets. Charniere. Cou'eur. 243 C O0 U LL LM GÆS & de la garantir de l'approche des corps étrangers tels que les fables & autres chofes femblables qui pourroient en em- barrafler le jeu. Je n’ai obfervé dans cette coquille d’autres variétés que dans fa forme plus ou moins allongée. Lorfqu’elle eft couverte de fon périofte elle eft brune & uelquefois mêlée de verd ; mais le périofte enlevé, on voit que la blancheur de fa furface extérieure imite, comme l’in- térieure , celle du marbre blanc le mieux poli. Les nègres qui aiment beaucoup ce coquillage, en pêchent une grande quantité dans les fables vafeux de l'embouchure du Niger, où 1l eft fort abondant. 6 LE R ON PSC PE. 13. On trouve dans le même endroit une autre efpece de Cœur qui approche beaucoup de ceux qu’on appelle vulgairement Arche-de-noé, parce que la figure de chaque battant imite celle d’une nacelle. Sa coquille repréfente un ovoïde arrondi aux extrêmités, qui a dix lignes de largeur, huit de longueur , & prefqu’au- tant de profondeur : elle eft peu épaifle, marquée au dehors de vingt-fix petites canelures longitudinales , arrondies, or- dinairement lifles & unies, mais quelquefois ridées en travers. Chaque battant eft bordé au dedans d’un pareil nombre de canelures fort courtes, qui ne pañlent pas une bande d’une ligne de largeur, & marquée de cinquante-deux fillons très- légers qui s'étendent des bords jufqu’aux fommets. Ceux-c1 font fort courts, & placés au tiers de leur largeur vers l’ex- trèmité inférieure. La charniere égale les deux tiers de la largeur de Ia co- quille : on n’y compte que trente-cinq dents qui reflemblent plutôr à des dents de fcie qu’à de petites lames, parce qu’elles font fort étroites & pointues. Cette coquille eft blanche & rire quelquefois fur le rouge, 7. L'AIN A D'AR À. PL 18. Concha rorvremloyiyyauues. Col. purp. pag. 120 & 21. cap. 11. Concha frequentiflimèe vifa in littore Centum cellarum, & aliis adjaceg- uibus Etruriæ : parte convexà flriis excavata ; ex albo fulohurea im uny BIVALVES. 249 fe uno latere, & ex eodem aliquantulum nigricans; ubi teftæ conjun- guntur denticulis frequentibus in linea recta difpofitis ornata. Bonan, recr. pag. 108. claff. 1. n. 73. pu Muf. Kirk. pag. 445. n. 73. Concha Indica non difimilis à fuperiori , nifi folo labro in alteri parte magis extenfo, ut plurimum alba, interdüm ex albo nigrefcens. Bonan. recr. pag. 108. claff. 2. n. 74. — Muf, Kirk. pag. 445$. n. 74. Pectunculus albus, craflus, profundè fulcatus, edulis concha Jamaicenfis. Lift. hift. Conchyl. tab. 236. fig. 70. Pecten Virgineus, Malaicenfibus Bia Anadara, Rumph. muf. pag. 142: art. 8. tab. 44. fig. J. Concha rhomboïdalis ftriata , parüm vel mediocriter tanttm elongata; infigniter ventricofa, in extimä internà ora notabiliter crenata , um- bone cardinis tantillüm tantüm diducto. Lang. meth. pag. 71. Petunculus major, Polyginglymus hirfutus. S/oan. Jam. vol. 2. tab. 241. fig xA LS ENG. Concha rhomboidalis, ftriata ftriis craflis rotundis, candida. Gualr. Ind. pag. & tab. 87. litt. B. Concha rhomboïdalis, ftriis latis notata , candida, & veluti cuticulà qui- dam rufà veftita. Ejufd. ibid. lier. C. Anomalocardia effufa, quæ Pecten virgineus , à menftruo quod, virgi- num inftar ftillat; Bia Anadara,; teftà crafla, dentata, latere altero effufo ; fine ginglymo ; mediante membrana juncta; ftriis planis & latis, fulcis anguftis, coloris pallidè albi ; falflagine obduéta ; Rum- ph. Klein. tent. pag. 141. fpec. 1. Anomalocardia effufa, quæ Concha moxwvnemloyiyynoues ; Fabii Columnæ, Fute pas. tdsem t'a, Anomalocardia effufa, quæ Concha rowxeroyiyyaumes alia ferè femicireu< laris, alba, crafla, profundè fulcata , edulis, margine 1rregulariter undofo ; Lifteri. Ejufä. ibid. n. $. c. Mara Bonanni , alba; interdüm nigrefcens, ÆEjufd. pag, 171. Jpec. 2. tab. 11. fig. 73. La coquille de l’Anadara differe de la précédente en ce qu’elle a près de deux pouces de largeur & moitié moins de longueur. Ses extrémités font quelquefois arrondies, quel- quefois coupées ou tronquées obliquement avec une petite crénelure. Elle a environ trente-cinq canelures longitudinales qui paroiflent quelquefois divifées en deux par la moitié, & traverfées par un grand nombre de petits filets extrêmement fins. Ces canelures font tantôt rondes, tantôt applaties. Les battans font ornés intérieurement fur les bords d’un pareil nombre de fillons & de çanelures, M us i COGUILLEs Battans. 250 COQUILLAGES on voit comme les vefñiges d’un grand nombre de fillons très- fins qui s'étendent jufqu’au fommet. Charniere, La charniere eft compofée de cinquante-fix à foixante dents dans chaque battant. Périofte. Le périofte qui recouvre cette coquille eft brun , aflez épais, & très-velu. Couleur, La blancheur eft fa couleur tant au dedans qu’au dehors. Elle fe voit aflez rarement dans les fables de l’embou- chure du Niger. SO E CA BE Te Pen J'ai obfervé affez fouvent la coquille du Jabet entre les rochers de l’ifle de Gorée. Elle eft infiniment petite n’ayant jamais plus de quatre à cinq lignes de longueur, fur trois de largeur & autant de profondeur. Ses extrèmités font tron- quées obliquement. Sa furface extérieure eft recouverte d’un périofte très-fin & blanchâtre , qui ne devient fenfible que fur les bords de chaque battant par l’épaifleur &e la noirceur qu'il y prend. Deflous ce périofte elle paroît ornée de qua- rante à cinquante canelures longitudinales très-fines , avec lefquelles vingt autres canelures tranfverfales également fines, forment un réfeau ou un treillis d’une grande délicatefle. Battans. Les battans ne font ni canelés fur leurs bords ni fillonnés intérieurement , & 1ls joignent exactement par-tout. Sommets. Les fommets fe touchent prefque, & ne laiflent entr'eux qu’un fort petit efpace applati. Charniere. Sa Charniere porte vingt à vingt-cinq dents dans chaque battant. Couleur, Sa couleur eft un blanc-fale, accompagné quelquefois de roux vers les fommers. 9 LA MUSSOLE. PI 18. Bänavs Græcis; Glans Latinis, Calognone vulgo Greco , Mouffolo Venerie, Belon. aquat. pag. 396. Concha rhomboides. Rondel. teflac. lib. 1. pag. 27. cap. 18. Coquille nommée Muflole. Ejufd. édit. franç. pag. 10. ch. 14. Concha rhomboides, Rondeletir. Boffuet. aquat. pars alt. pag. 20, =— Gefn. aquat. pag. 317. — Aldroy. exang. pas. 459. Balanus, Belloni. Eju/d. pag. 460, COQuILLE, Périofte. BIVALVES, Mufculi, Matthioli. Ejufd. pag. 513. Concha naviculam exprimens, Rhomboides à nonnullis dicta, Mufculus ftriatus à Matthiolo , ab aliis Mitulus. Bon. recr. pag. 103. claÿ]. 2, num. 32. — Muf. Kirk. pag. 442. n. 31. Balanus Bellonii tenuiter ftriatus, Jamaicenfis. Lifl. hifl, Conchyl. tab. 67: Jig. 207. Mufculus Matthioli feu Mufculus ftriatus fafciis undatis fubfufcis de- pictus, Barbadenfis. Ejufd. tab. 368. fig. 208. Pecten faxatilis, Malaicenfibus Bia batu. Rumph. muf. pag. 143, art. 10. re 144. tab. 44. fig. LG P, Concha rhomboidalis ftriata, parüm vel mediocriter tantüm elongata, infigniter ventricofa , rugofa , umbone cardinis notabiliter diducto. Lang. meth. pag. 71. Concha Pectiniformis inxquilateta, triangularis ex uno latere notabiliter elongara. Ejufd. pag. 72. ( Malè fociata cûm figurâ 105. Mufxi Kirkeriani. ) Bucardium cordiforme, Arca Noëmi. Hifl. Conchyl. pag. 333. pl. 16. fig. G. Ârche-de-Noé, qui préfente une efpece de cœur oblong dans la partie de fa carène ; fa charniere eft à dents fines comme une lime, & les ftries qu'on voit fur fa robe, forment un ouvrage chagriné de cou- leur brune fur un fond blanc; plus elles s’approchent de fa carène, plus elles font creufes. Ejufd. pag. 335. Concha rhomboidalis fabrotunda, dorfo fatis lato , & expanfo, umbonis cardine depreflo , & infigniter diduéto; oris rimà notabiliter hiante, ftriata ftriis aliquando tranfverfis, aliquandd circularibus ; vel un- datis , ex atro-fufco fubalbida. Gualt. Ind. pag. & tab. 87. litre. F. Concha rhomboïdalis parva, ftriata ftriis granulatis, & in marginis extre- mitate aliquantulum emiflis, & fubuliflimo byffo donaris, fufca. Ejufd. ibid. lite. G. Concha rhomboidalis elongata, naviculam exprimens diverfimodè, den- fiMimè ftriata, & cancellata, ex albido fulvida; maculis fufcis cir- cumdata, punétata & notata. Eju/d. ibid. lice. H. Concha rhomboidalis eadem cum fuperiori , fed ftriata ftriis infigniter craffis, raris, & fubrotundis. Ejufd. ibid. lite. J. Mufculus Polyleptoginglymus , Arca Nox, quæ Concha rhomboïdalis ; naviculam exprimens; Bonanni. K/ein. rent. pag. 167. fpec. 1. Mufculus Polyleptoginglymus , qui Balanus Bellonii tenuiter friatus ; Lifteri. Ejufd. pag. 168. fpec. 2. tab. 11. fig. 69 & 70. Mactra Rumphiana; coloris obfcuri, longior. Ej:fd. pas. 171. ffec. +. Les Vénitiens l’appellent Mouffolo ou Mufolo. Belon. Rond. Les Grecs en langage vulgaire, Calognone où Caälagnone. Belon. Rond, 2SE li COQUILLE. Périofte. Battans. Sommets. Charniere. Variétés, Couleur, ÀANIMAL:. Nerf, 252 COQUILLAGES Voici la coquille qu’on appelle communément l’Arche- de-IVoé à caufe de fa figure. Elle à à peu près la forme de la précédente, près de quatre pouces de largeur, & une fois moins de longueur & de profondeur. Sa furface extérieure eft couverte d’un périoffe fort mince, qui en tombant laïfle autour des bords de chaque battant un amas de poils très- épais & fort difficiles à arracher. Lorfque ce périofte eft en- levé, on la voit ornée de cinquante ou foixante petites ca- nelures longitudinales , fouvent divifées en deux, & ridées tranfverfalement. Ces canelures deviennent infenfibles en approchant du fommet. Les bords des battans font intérieurement unis & fans ca- nelures, comme dans l’efpece qui précède; mais ils ne fer- ment jamais exactement, & laiflent en devant, vers le milieu de leur longueur , une ouverture fouvent très-crande , dont l'entrée eft cachée par cet amas de poils du périofte dont j'ai parle. Les fommets font pointus , aflez grands , & fort écartés l’un de l’autre. L’efpace qu’ils laiffent entr'eux eft auffi fort large , & plat fans inclinaifon. La charniere eff prefqu’égale à la largeur des battans, & compofée de quatre-vingt à cent-dix dents infiniment petites. On obferve plufeurs variétés dans la forme de cette co- quille. Il y en a qui n’ont qu’un pouce de largeur , fur une longueur moindre de moitié , fouvent égale à leur profon- deur , & quelquefois un peu plus grande. D’autres font plus ou moins orandes, & une fois plus larges que longues; mais elles ont toutes au moins quatre-vingt dents à la charniere. Leur couleur eft blanche au dehors, avec des bandes tranf- verfales rougeñtres qui ferpentent différemment en zigzags: intérieurement elles font blanches, quelquefois tachées de brun tirant fur le rouge. On les trouve en grande quantité entre les rochers de l’ifle de Gorée. En cueillant ce coquillage je me fuis apperçu que l'animal tenoit aux rochers par une efpece de nerf qui pañloit au tra- vers de l'ouverture que j'ai dit que les battans de la coquille Raifloient entr'eux. Ce nerf paroïfloit partir du pied de l’ani- mal , comme celui des Jambonneaux ; maisil ne s’'épanouifloit BIVALYES . pas en un grand nombre de fils comme le leur. Il étoit fort applau, & d’une dureté femblable à celle de la corne, dans l'endroit où 1l étoit attaché aux rochers; il s’amollifloit en- fuite peu à peu en approchant du corps. Bonanni a fait la même remarque (1) à l’égard de la Muflole qu’il a obfervée dans la Méditerranée. Ce nerf fort à peine de la longueur de deux lignes hors de la coquille. TO CL NEO A IN PI T9: Chama nigra quæ fortè antiquorum Glycimeris. Belon. aqguat. pag. 409, Concha nigra. Rondel. reflac. lib. 1. cap. 32. pag. 31. Coquille noire. Ejufd. édit. franç. ch. 17. pag. 22 6 23. Concha nigra, Rondeletii. Boffuer. aquat. pars alt. pag. 24. Chama (feu potius Concha, ut Rondeletio placet) nigra, Bellonii. Gefrr. aquat. pag. 324. Chama nigra, fivè Glycimeris, Bellonii. A/droy. exang. pag, 471. Concha nigra, Rondeletii. Æjufd. pag. 461. Concha denticulata, marmoreà fubftantia , intüs candida , foris maculis fulvis ferpentibus mirificè exornata ; Ulyfliponenfis. Bonan. recr. pag. 107. claff. 1. n. 6o. Ead. Muf. Kirk. pag. 444. n. 59. Concha pariter dentata, colore candido , quem linex fubflavæ undas maris referentes bellè diftinguunt ; UlyfMponenfis. Ejufd. ibid. num. 61. & Muf: Kirk. pag. 445. num. 6o. Concha UlyMponenfis littoris, nunquâm aliundè adme allata, aurei co- loris præftantiflimi , circa cardinem candidis notis ità difpofitis fignata, ut fi binæ valvæ conjungantur, formetur quaf ftella fex ra- dios habens. ÆEyufd. ibid. n. 62. & Muf. Kirk. n. 61. Peétunculus magnus veluti htterulis quibufdam rufis eleganter exaratus. Lift. hifi. Conchyl. tab. 246. fig. 80. Chama Glycimeris Bellonii, quæ Peétunculus ingens variegatus ex rufo; ex infulä Garnfey. Ejufd. tab. 247. fig. 82. Chama litterata rotunda. Rumph. muf: pag. 139. art. 7. tab. 43. fig. C.? Concha craffa lævis. Lang. meth. pag. 61. Concha craffa, lævis, fubalbida, luteis maculis radiata, fignata, fafciata, & virgulata, intus maculà fufcà obfcurata. Gualr. Ind. pag. & tab. 72. lit. G. (1) In profundo mari fub cœno ftabulatur , in parte inferiori navis carinæ fimili aditus atet , quo animal veluti planta faxis adhæret... .. Caro enim in teftà inclufa paulatim in callofam fubftantiam degenerat, eo duriorem , qu magis faxo propinquam. Luto tartaroque circumteQus terreo eft colore, aut ubi explicatur fubalbus apparet, cafta- neis notis maculatus. Habet latera fulcis ftriata, & minüs profundis é quo magis ad punétum concurfüs five centrum accedunt. Plana eft pars fuperior ,ubi binæ valvæ mi- nutatim denticulatæ uniuntur, lineifque fignatur ità difpofitis, ut lancearum acuminata alterum alteri fuper impoñitum effingant, Bonan, recr. pag. 103. claf], 2, n, 32: Coouizse. Battans. Sommets, 254 COQUILLAGES Concha craffa, ponderofa, hirfuta, & ferico villofo indumento fuliginofi coloris veltita. Æjufd. pag. & tab. 73. lire. À. Concha valvis æqualibus inæquilatera, notabiliter umbonata, & reétà in- curvata, fubrotunda, vulgaris, gradatim ftriata, & albido & fufco fafciatim colorata. Ejufd. pag. & tab, 82. lice. C. Concha valvis æ+qualibus inæquilatera, notabiliter umbonata, & reétà in- curvata, fubrotunda, vulgaris, ftriis minutiffimis fignata, ex albido, & cæruleo fafciata. Ejufd. ibid. lice. D. Concha valvis æqualibus inæquilatera , notabiliter umbonata, & recti in- curvata, fubrotunda, vulgaris, crafla, fubalbida, ftriis, & apice nigris notata. Ejufd. ibid. litt. E. Lfocardia ftriata : quæ ftella ; intüs per limbum denticulata, foris circi- nata; in limbo ftriata, circa cardinem conferti vertices colore albo ftellam magnam oftendunt; Bonanni. Klein. rent. pag. 139. fpec. 1. num. 3. Le Hocardia lævis : Bucardia ; quæ Concha marmorata , fulvis ferpentibus, craffa, candida, intüs denticulata; Bonanni. Ejufd. pag. 140. fpec. 2. num, 1. f Chamelæa circinara , fivè concentricè fulcata ; quæ Chama litterata, ro- tunda umbone cardinum protenfo ; æqualiter expanfa ; plana ; te- nuis, fuper circinis nigris undis infcripta; Rumphui. Ejufd. p. 151. REC MRE 2 Chamelæa circinata , fivè concentricè fulcata, quæ Chama Glycimeris Bellonii, ingens variegata ex rufo ; Lifteri. Ejufd. pag. 1$ 2. fpec. 1. num. 13. Chamelæa lævis, fivè circinis umbratilibus , tactu lævifimis : flamme); intus dentata, candida, lineis undofis, fubflavis bellè infcripta ; Bo- nanni. Ejufd. pag. 153. fpec. 3. n. 9. Si cette efpece ne fe range pas naturellement avec les cinq qui la précèdent, du moins on ne peut nier qu’elle en ap- proche beaucoup. Sa coquille eft exaétement ronde , très- épaifle, du diametre de deux à trois pouces, & une fois moins profonde. Extérieurement elle eft luifante & polie, quoique canelée longitudinalement & tranfverfalement en un treillis fort régulier, mais qui n’eft fenfible qu’en faifant ufage de la loupe de trois lignes de foyer. Intérieurement les bords de fes battans font marqués cha- cun de quarante à quarante-cinq petites dents fort courtes & arrondies, qui fe prolongent par derriere en deux petites canelures auffi fort courtes. Îls joignent parfaitement par-tout. Les deux becs des fommets fe touchent l’un l’autre, & font placés au milieu de leur largeur. Ils font arrondis , peu BIVALVES. de éminens , courbés légerement en bas, & ne laiflent entr'eux qu’un petit efpace applati & comme creufé, fur lequel eit appliqué extérieurement un ligament arrondi, aflez épais , & trois fois plus court que la coquille. Sa charniere n’eft pas tout-à-fait rectiligne, comme dans les cinq efpeces qui précèdent , mais courbée légerement en arc, & ornée dans chaque battant de dix-huit à vingt petites dents arrondies, un peu élevées, à peu près égales, & difpofées fur une même ligne. Le fond de fa couleur varie beaucoup extérieurement : tantôt il eft blanc, tantôt couleur de chair ou fauve. J’en ai de celles-ci dont le fommet eft blanc en forme d'étoile, comme la variété dont parle Bonanni que j'ai cité, pendant que le refte de leur furface eft traverfé par trois ou quatre larges bandes circulaires d’un fauve très-foncé. Les fonds blancs ou incarnats font traverfés par un grand nombre de petites lignes rougeñtres, pliées en zigzags d’une maniere bizarre , mais _ fort agréable. Sa furface intérieure eft blanche, quelquefois tachée de fauve vers le milieu, & autour des attaches des mufcles. J’ai trouvé fréquemment ce coquillage dans les fables de l'ile de Gorée & du cap Verd. GENRE VII. L E::$:.0. LE. N: Soer SoOlen eft un mot grec qui exprime un Canal, un tuyau. Ce nom & ceux de Donax, Aulos, Onyx, Daétylus qui figni- fient une canne de rofeau, une flûte, un ongle, un doigt, ont été donnés par les Anciens, comme celui de Coutelier par quelques François, au coquillage dont je parle, à caufe de la figure de fa coquille. Elle eft fort allongée, toujours ouverte & arrondie aux deux extrêmités, & formée de deux pieces égales qui repréfentent aflez bien un tuyau un peu applau, BALLEUNT AG Al, Pk 19 Tellina alia in mari Brafilienfi frequens digitalem crafitiem & Jongit- dinem æquans ubique candida, Bonan. recr, p. 163. claff. 3.n. 353. Ligament. Charriere, Couleur, COQUILLE. Périofte, Mufcles. Battans. Sommets. Ligament. Charniere, Couleur. ÂANIMAL, Manteau. Trachées. 256 COQUILLAGES Chama anguftior , ex alter parte finuofa ; Barbadenfis. Lif£. hifl. Conchy1. tab. 421. fig. 265. Concha longa uniforis , anguftior , ex alter parte finuofa ; Lifteri. K/ein. tent. pag. 167. Jpec 9. tab. 11, fig. 68. a. b. La coquille du Tagal eft médiocrement épaifle, large de près de trois pouces, fur une longueur deux fois moindre & prefque double de fa profondeur. Extérieurement elle ef re- couverte d’un périofte groffier de couleur cendrée, qui étant enlevé, laiffe voir quelques rides tranfverfales. Intérieurement elle eft life & marquée dans chaque battant de deux taches, dont la fupérieure e cft prefque ronde, & plus petite que l'inférieure E qui eft allongée & fort étroite: ces taches dé- fignent à l'ordinaire le lieu où étoient attachés les mufcles. Les bords des battans font fort tranchans. Îls joignent par- faitement par-tout, excepté aux deux extrémités de la co- quille qui reftent toujours ouvertes. Les fommets font infiniment petits S, & placés un peu au-deflus du milieu de la largeur des battans. Immédiatement au-deflus des fommets la coquille fe replie légerement au dehors H. C’eft fur ce repli qu’eit attaché le ligament. L. Il reflemble à un cuir noirâtre , convexe , aflez long , d’une grande dureté, & qui fort entierement hors de la coquille. Au dedans du fommet de chaque battant, on voit deux dents aflez longues, étroites, fort rapprochées, & à peu près égales C. €. qui forment la charniere. La couleur de cette coquille eft blanche au dedans & au dehors. Le manteau de l'animal au lieu d’être divifé en deux lobes, comme dans les fix genres qui précèdent, forme une efpece de tuyau ou de fac membraneux, fort mince & ouvert à fes deux extrémités, On le voit en M. M. lorfque les battans viennent à s'ouvrir. Il eft prefque cylindrique, égal à la lar- rs de la coquille, & couvre totalement les autres parties e fon corps. De l’extrêmité fupérieure de ce manteau fortent deux tra- chées T. A. fous la forme de deux tuyaux aflez longs, mais fi bien adoffés l’un à l’autre qu'ils femblent n’en faire qu’un. Us font cylindriques, cependant un peu plus gros à leur ori- gine qu’à leur extrèmité, dont le contour eft crênelé de uit BIV AL V Es. 257 huit à vingt dents. Le tuyau poñlérieur À eft un peu plus petit que l’antérieur T. L’extrèmité inférieure du manteau N s’érend un peu hors de la coquille. C’eft par ce bout que fort le pied P de l’ani- mal. Il eft cylindrique & ordinairement rentlé vers fon ex- trêmité : 1l facilite à l'animal le moyen de monter ou de def- cendre dans fon trou. La couleur de fon corps eft blanche. Ce coquillage eft fort commun dans le limon noir & fa- bloneux du Niger, fur-rout auprès des mangliers de l’extrè- mité feptentrionale de l'ifle du Sénégal. 11 y eft enfonce à trois ou quatre pouces de profondeur , dans une fituation ver- ticale femblable à celle que je lui ai donnée dans la figure r. & confervant toujours une Communication avec l’eau par un trou qui laifle pañler continuellement fes trachées. Quoi- qu'il paroifle devoir fe fixer pour toujours dans le lieu où 1} a une fois creufé fon trou , il arrive cependant qu’il change quelquefois de place, fur-tout lorfqu'il eft inquiété. On peut voir dans les Mémoires de l’Académie des Sciences (r ) la defcripuon que M. de Reaumur a donnée de celui des côtes du Poitou, & les remarques curieufes qu’il a faites fur le mouvement progreffif de cet animal. Les nègres du Sénégal ne font aucun ufage de ce coquil- lage, parce qu’ils ne manquent pas d’autres poiflons qui font infiniment meilleurs. 2 D'EAG OL ANR. P/NTro. Chama nigra. Rondel. teflac. lib. 1. pag. 14. cap. 13. Coquille nommée Chama nigra. Ejufd. édit. franç. pag. 8. chap. 10. Chama nigra, Rondelerui. BofJuet. aquar. pars alt. pag. 9. — Geéfn. aquat. pag. 323. — Aldrov. exang. pag. 471. — Jonfi. exang. tab. 13. pag. 44. | Concha à Rondeletio longa dicta; valdè pulchra vifu, colore albo circa cardinem diftinéto fafciis rofeis, quibus binæ notæ candidæ radio- rum inftar ab eodem czrdine extenfæ fuperimponuntur ; ruvas, quibus in gyrum crifpatur, aliæ minutiores it tranfversè difcin- dunt, ut dupliciter corticofa videatur. Bonan. recr. paz. 108 & 109, élaff 21e. (2) Année 1712. pag. 116 6 fuis, 0 : KE Pied, Couleur, Remarque. CoQuiLee. Couleur, COQUILLE. Sommets, Couleur, ï, Huitre, 258 COBUILDIAGES Chama nigra Rondeletii, quæ Chama angulta, fubrubra, obliqué ftriata, duobus radiis medio dorfo infignita, è mari Mediterraneo. Lift. hif. Conchyl. tab. 416. fig. 260. Tellina violacea. Rumph. muf. pag. 147. art. 4. tab. 4$. fig. E.? Concha foleniformis, rugofa, lineis hinc inde decuflauis fignata , fubro- fea , duobus candidis radiis in medio diftinéta. Gualr. Ind. pag. & tab, 91. lite, C. Concha longa biforis , quæ Tellina violacea Rumphii ; tefta tenuiflima, quinque pollices longa, unum lata, vaginæ initar ; in utroque ex- tremo patula, violacea virgis albis; in arenà perpendiculariter hæx- rens. K/ein. tent. pag. 164. fpec. 1. Concha longa uniforis, quæ Chama nigra Rondeletii, ex mari Mediter- raneo , feu Chama angufta fubrubra, obliquè ftriata, duobus radiis medio dorfo infignita ; Lifteri. Ejufd. pag. 167. fpec. 7. J'ai obfervé cette efpece dans les fables de l'embouchure du Niger. Sa coquille n’a que deux pouces un quart de lar- geur, & une fois & demie moins de longueur. Elle eft mar- quée intérieurement de quinze fillons longitudinaux tirés obliquement. Sa couleur eft par-tout d’un beau rouge, fur lequel on voit quelquefois deux ou quatre petites bandes blanchâtres qui, partant du fommet, en parcourent obliquement la lon- gueur. 3,6 L'EtoM OLA N.#P/ ro. La coquille du Molan fe voit auffi dans les fables de l’em- bouchure du Niger. Elle eft des plus minces & des plus fra- giles, large d’un pouce & demi, deux fois moins lonoue, fort applatie, extrêmement luifante & tranfparente. Ses fommets font placés au tiers de la largeur de chaque battant , vers fon extrêmité fupérieure. Elle eft d’un blanc qui tire fur la couleur de Ia corne. REMARQUES Sur LES ConNqQues BivaALrves. Par les defcriptions que je viens de faire des Conques de cette premiere fetion, on voit 1°. que l’Huïître s'éloigne un peu des autres Conques par fes trachées qui ne paroïffeni BIVALVES. n pas au dehors & qui ne font pas faites en tuyau, & parce qu’elle n’a pas de pied, ou qu'il n’eft pas vifible. 20, Le Jararon & le Jambonneau fe rapprochent afez de l’Huître par la figure de leurs trachées ; mais ils ont un pied apparent au dehors ; & le dernier a de plus des fils pour s’at- tacher & fe fixer aux corps étrangers. 3°. Les autres Conques qui les fuivent, telles que les Ca- mes, les Tellines, les Pétoncles & les Solens, fe reflemblent en ce qu’elles ont routes un pied apparent, avec des trachées en tuyaux ; & il s’en trouve entr'elles qui ontune très-grande affinité : les Cames , par exemple , femblent fe joindre aux T'ellines par la Calcinelle, qui a le ligament de la coquille en dedans & un peu apparent au dehors par un trou ouvert entre les deux fommets, & par la derniere Telline Aatadoa, dont le ligament eft placé de même, mais un peu au-deflous des fommets. Il y a quelques-uns de ces coquillages qui vivent attachés aux rochers, aux plantes ou à d’autres corps folides du fond de la mer, tels que les Huftres, le Jataron & le Jambonneau: d’autres vivent enfoncés dans le limon dont ils ne fortent ja- mais d'eux-mêmes, comme le Solen : d’autres enfin vivent fur les fables ou enfoncés légerement dans les fables, fur lef- quels & dans lefquels 1ls marchent, changeant continuelle- ment de place; telles font les Cames , les Tellines & les Pé- toncles. Kk ij LAN PA Jataron. Jambonneau, EU, Came, Felline. Pétoncie, Solen. COQUILLE. 260 COQUILLAGES Éd ee em SECTION Il. DES CONQUES MULTIVALPES. Es Coquillages Multivalves forment deux petites fa- milles qui renferment : La premiere , ceux dont aucune des pieces de la coquille ne prend la La PHoLape. Genre 1. forme d’un tuyau: tels que La feconde, ceux dont une des pie- ces de la coquille prend la forme d’un LT tuyau quienveloppeentierementtou-( ““Æ “ET. = tes les autres pieces : comme GENRE" E E A PHOLADE. Pholas. JE n’ai obfervé que deux efpeces de Pholades fur la côte du Sénégal : toutes deux vivent dans le limon un peu durci de l'embouchure du Niger. rs COLE ON D'LA IN. PL so. EE Z: è Concha longa quarta. Aldrov. exang. pag. 455. Balanus Pholas Græcis diétus ex littore Anconitano & Narbonenfi. Bonan. recr. pars 1. pag. 30.2? & Muf. Kirk. pag. 412. fig. À. Pholas parvus afper ; Anglicus. Lif£. hiff. Conchyl. tab. 435. fig. 278.2 Pholas latus; Anglicus. Periv. Gazoph. vol. 2. cat. 75. tab. 79. fig. 11. Pholas teftâ tenuiflimä, ftriis minoribus cancellatis fignata , candida. Gualt. Ind. pag. & tab. 105. dirt. E. Pholas faxorum ; Narbonenfis, medium palmum longa, fefqui digitum lata ; vertice quañ bifido; intus alba, foris cinerea, reticulata, cor- rugata, eà patte quâ faxum penetrat afperior ; Bonanni. K/ein. tenr. pag. 165./fpec. 1. n. 4 Pholas faxorum : quæ Pholas parvus afper ; Lifteri. Ejufd. ibid. n. 10. La coquille du Julan eft compofée de cinq pieces fort iné- MUOILTIVALVES. 265 gales & affez minces, dont les deux principales 1. 2. font les battans, comme dans les Bivalves, & forment un corps de coquille à peu près cylindrique, dont la largeur qui eft d’un pouce au plus, furpañle de moitié fa longueur & fa profon- deur. Ses deux extrêmités ne ferment jamais exactement ; la fupérieure eft arrondie , mais linférieure eft échancrée fur le devant de maniere qu’elle paroïît fe terminer en pointe en deflous vers le dos. Chaque battant & la coquille même vüe de côté, repré- fente un rhombe ou un parallelogramme dont les quatre cô- tés J. M. KR. N. font inépaux. Leur furface extérieure pa:oît coupée par un profond filon ou canal S. J. qui part du fom- met & les partage en deux parties à peu près égales, De ces deux moitiés celle quieft en bas J.M. R. $. eft relevée d’une vingtaine de petites canelures dentées ,qui en fe croifant , imi- tent fort les dents d’une lime : la moitié fupérieure J, N.S. eft marquée feulement de quelques canelures légeres & lies, paralleles à fa largeur. Intérieurement chaque battant efl Life, on y voit en relief le canal qui eft en creux au dehors. Une légere éminence rondes, placée au tiers de la largeur de chaque battant vers fon extrêmité inférieure, tient lieu de fommet. Il fe recourbe au dedans de la coquille, & eft recou- vert au dehors par un pli demi-orbiculaire R que fait chaque battant à cet endroit. Les deux autres pieces de la coquille défignées par les chiffres 3 & 4, & que j'appelle les palettes, font à peu près égales, mais prefque trois fois plus courtes que les bartans, & infiniment plus minces & d’une grande fragilité. Elles font prefque triangulaires, faites à peu près comme les bat- tans de certaines Cames, un peu concaves d’un côté & con- vexes de l’autre, & s’aspliquent chacune fur le fommet & fur le repli extérieur R de chaque battant. La cinquiéme piece que je nomme la lame, que l’on voit au n°, 5. eft prefqu’une fois plus longue que les palettes , mais beaucoup plus étroite. Elle reflemble à une petite lame platte, extrêmement mince, arrondie à fon extrêmité fupé- rieure, & pointue par l’inférieure qui s’applique bour à bout des palettes le long du dos des deux battans, par le moyen d’une membrane très-fine. Pattane, Sommet, Palettes, Lame; 262 COQUILLAGES Ligamenr, Le ligament eff une matiere charnue à peine mufculeufe, qui s'étend fur le fommer des deux battans au dehors & entre les palettes & la lame qui le recouvrent. Il lie fi foiblement toutes les cinq pieces de cette coquille, qu’elles fe féparent dès que l'animal vient à mourir. Charniere. La charniere confifte en une longue dent un peu cour- be C. C. qui part de la cavité que forme le fommet au dedans de chaque battant. Mufcles, Il n’y a dans l’intérieur de chaque battant qu’une feule tache E, qui défigne le lieu où étoit attaché le mufcle. Cette tache eft elliptique, de médiocre grandeur, & placée un peu au-deffus du mulieu de leur largeur. Couleur. Le blanc eft la feule couleur qu’on obferve dans cette co- Périofe. quille, lorfqu'’on l’a dépouillée d’un périofte jaunâtre aflez mince, qui {emble l’envelopper entierement comme un fac ouvert feulement à fes extrêmités. Aximar. L'animal qui habite cette coquille a un manteau membra- Manteau. neux aflez épais M, femblable à un tuyau ouvert feulement aux deux extrêmités, comme celui du Solen. Trachées. [1 fort de l’extrémité fupérieure de ce manteau, une tra- chée femblable à un tuyau cylindrique fort long, qui vü de côté paroît fort fimple : mais lorfqu’on le regarde en deflus, on voit qu'il eft divifé en deux tuyaux dont l’antérieur T eft plus grand que celui qui eft derriere À. Ils font légerement dentelés fur leurs bords. Leur longueur n’eft pas conftante ; quelquefois elle eft plus grande, quelquefois elle eft plus courte que la coquille, felon que l’animal eft plus ou moins enfoncé dans fon trou. Pied, Le pied P fort de l'ouverture inférieure M du manteau, Il eft extrêmement court, long de trois lignes au plus, & paroît fous la forme d’un cône renverfé, fouvent un peu ap- plati ou comprimé fur les côtés. Son ufage n’eft pas de donner à l’animal le moyen de fortir de fon trou ; car dès qu’il a une fois creufé fa demeure, 1l y refte, fans avoir d’autre com- munication avec l’eau que par une petite ouverture qui laifle fortir les trachées:il ne lui fert pas non plus à creufer le li- mon pour agrandir fon logement à mefure que fon corps prend de l’accroiflement. Les deux battans font pour cer effet l'office d’une lime ou d’une rape qui le mine peu à peu par MULTIVALVYES. fon mouvement continuel, & en détache des parcelles extré- _ mement fines. Ce coquillage fe trouve enfoncé de deux à trois pouces dans le limon du marigot de la Chaux, à peu près comme celui des côtes de Poitou dont M. de Reaumur a donné l’hif- toire. L’excellente difertation que cet 1lluftre Académicien a inférée dans les Mémoires de l’Académie (1), apprendra ce qui regarde la maniere de vivre de cet animal, qui ne differe pas eflentiellement de celui que j'ai obfervé au Sénégal. 2 RES I ULGIONN Me PZ, (ro. La coquille du Tugon eft prefque ronde, obtufe aux deux extrêmités, peu épañle, mais d’une aflez grande folidité. Sa largeur eft d’un pouce un quart: elle furpañle à peine d’un tiers fa longueur & fa profondeur. La furface extérieure de chaque battant eft couverte de quarante canelures longitudinales, croifées par autant de ca- nelures ou de rides tranfverfales extrêmement fines, qui y forment un réfeau très-délicat. Les fommets {ont peu fenfiblement recourbés en dedans, La dent de la charniere eft grofle, ronde, aflez courte, & creufée en cuilleron. Sa couleur eft blanche, comme dans la premiere efpece. On la trouve abondamment auprès de l'embouchure du Niger. GENRE IL. LE TARET. Zeredo, Si nous ne confidérions le Taret que par la figure trom- peufe de fa coquille, ce ne feroit point ici fa place, & il ref- teroit encore dans la clafle des coquillages que la plûpart des méthodes & des fyftêmes regardent comme douteux & im- poffibles à ranger ; du moins feroit-il encore confondu avec tout ce qu’on appelle Vers à tuyaux (2). Mais comme nous nous fommes fait une loi de regarder l'animal ou la partie (1) Année 1712. pag. 126. & fuiv. (2) Mafluet, Recherches intéreflantes fur la formation, &c. de diverfes efpeces de Vers à tuyau. Roufler, Obfervations fur l'origine, &c. des Vers de mer, Linnei [yft. Nat. Dentalium ; animal nercis. Coquizre. Battans, Sommets, Charniere, Couleur, Coquirre. Tuyau. Battans. 264 COQUILLMAcC ES vivante, comme la partie eflentieile du coquillage, c’eft par cet endroit que nous Croyons aevoir le ranger para les Con- ques. Ce fera ians doute la premiere fois qu'i fe fera trouvé fi proche v'elies, méme dans les arrangemens méthodiques, eLE TARE TL PL 0. Cette premiere efpece eft fort commune dans les racines des manguers qui bordent le fleuve Niger & celui de Gambie, Elle les perce vert caiement , quelquefois à deux ou trois pieds, mais pour l’o:dinaire à fix pouces au-deflus de terre, rarement au-Jeflous. Sa coquille eft compofée de cinq pieces fort inégales, dont la principale & la plus grande à un tuyau à peu près cylin- dr.que V.F, $. qui enveloppe & cache toutes les autres. Ce tuyau eft percé aux deux extrémités V & F,de maniere que l’ouvertureinférieure F qui ettronde ou orbiculaire,a deux ou trois fois plus de grandeur que la fupérieure V : celle-ci eft el- hprique & retrécie au milieu par deux côtes qui faillent au de- dans. La largeur du tuyau varie depuis trois jufqu’à fix lignes, & eft ordinairement un peu moindre en haut qu’en bas: fa longueur eft environ vingt fois plus grande. Il a peu d’épaif- feur, fur-tout vers la partie d’en bas, mais1l eft d’une grande dureté. Sa furface extérieure eft ordinairement life, parce qu’elle eft féparée du bois par une efpece de tuyau femblable extrêmement mince & fort luifant, que l'animal a d’abord collé contre le bois. Quelquefois ce premier tuyau n’eft point déraché n1 diftingué de celui qui enveloppe immédiatement le corps de l’animal ; alors fa {urface extéiieure porte les im- preflions des fibres du bois fur lequel il a été appliqué. La fituation que j'ai obfervée à ce tuyau eit verticale dans les pieces de bois qui font verticales, & prefque horizontale dans celles qui font couchées horizontalement: mais il y eft inféré de maniere que, quoique fouvent un peu tortueux, fon ex- trèmité fupérieure V fort toujours un peu au dehors & com- munique avec l’eau, pendant que l’extrêmité inférieure F refle cachée dans le cœur du bois. Celle-ci fe bouche entie- rement par une fubflance pierreufe, & femblable à celle de ja coquille, dans les Tarets qui ont acquis leur jufte grandeur. Les quatre autres pieces de coquille font placées aux extrê- mutés MULTIVALVES. 26 mités de ce tuyau. Lorfqu’on l’ouvre ou qu’on le cafe avec précaution, on voit à fon extrèmité inférieure deux petites pieces de coquille P. J. N.S. R. extrêmement minces, aflez égales, & qui reflemblent parfaitement aux deux battans de la Pholade & des Conques Bivalves. Ces battans ont chacun la forme d’une portion de fphère creufe au dedans & pointue vers l’extrêmité. [ls ne joignent jamais bien enfemble , & laiflent une ouverture aflez grande fur chacun de leurs côtés. Leur furface extérieure eft convexe, & hériflée dans fa lon- gueur de vingt-cinq rangs de petites dents taillées en lozange ou aflez femblables à celles d’une lime. C’eft par leur moyen que l’animal doit percer, dans le bois, la cavité hémifphé- rique Z. B.F. Au dedans 1ls font lifles & relevés feulement d’une apo- phyfe ftyloide r. 2. aflez mince, qui fervoit à les attacher au corps de Panimal. Vers l’extrêmité inférieure de chaque battant on remarque Sommes, une lépere éminence S qui tient lieu de fommet. Elle eft échancrée en deflous, & porte au dedans deux petites dents D coniques, pointues , aflez dures, qui fe croifent, la droite qui eft la plus grande paffant fur la gauche. Ces deux dents pourroient être regardées comme la charniere des battans 3 Chamiere, mais on en découvre encore deux autres au deflous, qui font aflez longues C.C. recourbées en demi-cercle , & femblables à celles de la Pholade, dans laquelle elles font la fonction de charniere, quoiqu’elles ne fe touchent jamais. On trouve à l'extrémité fupérieure du tuyau les deux der- Palettes, nieres pieces de coquille 3. 4. qui reflemblent à deux petites palettes aflez épaifles , applaties, quelquefois un peu creufes au dedans, léserement échancrées ou arrondies à leur extré- mité , & portées fur un pédicule cylindrique égal à leur lon- gueur. Ces palettes font attachées au mufcle fupérieur du manteau , dont je parlerai ci-après. Elles s’écartent lorfque Vanimal fort fes deux trachées, mais lorfqu’il les rentre dans fa coquille, elles fe rapprochent, & les couvrent en fe jo1- gnant aflez exactement pour leur ôter route communication avec l’eau du dehors. La feule partie que l'animal fait fortir de fa coquille, font Aximac. deux trachées en forme de tuyaux T. A. RES à ceux Trachées. Manteau. Mufcles. Corps. Eftomac. Couleur. 266 CO QUILLAGES des Conques Bivalves. Ces tuyaux font cylindriques, fort courts, réunis l’un à l’autre à leur origine, & fortent à peine d’une ligne, c’eft-à-dire , de toute leur longueur, hors de la coquille. Celui qui eft en bas ou fur le devant T , eft un peu plus grand que l’autre, & bordé de trois rangs de filets, qui tous iont au nombre de quarante. Le premier rang, celui qui eft placé en dedans, eft compofé de neuf filets une fois plus lonos que les autres. Le tuyau fupérieur A eft fimple & fans bordure: il fert à rendre les excrémens de lanimal, & l’eau que le tuyau frangé T reçoit à tems à peu près égaux. Lorique l’on cafle la coquille du Taret, on voit que les deux tuyaux T. A. viennent fe rendre, à une diftance deux ou trois fois aufi grande que leur longueur, au manteau L. M. O. avec lequel 1is font corps. Ce manteau eft une efpece de tuyau membraneux fort mince, qui enveloppe, comme l’on a vü dans le Solen, les parties extérieures du corps de l’animal. Il n’eft attaché que vers les deux extrêmités de la coquille par deux membranes mufculeufes, dont la fupérieure L. eft cir- culaire, un peu plus épaifle & plus étroite que l’inférieureN, qui reffemble à une petite plaque orbiculaire & qui tient lieu du ligament des Conques Bivalves. Ces mufcles empêchent qu’il ne puifle fe mouvoir de haut en bas ou de bas en haut dans la coquille, où 1l eft fixé à demeure. Dans toute la longueur comprife entre ces deux mufcles le manteau eft détaché & comme flottant dans le tube de la coquille. Cette étendue peut être regardée comme le corps de l’animal, dont la moitié fupérieure L. M. eft plus mince, flafque, grifâtre ou cendrée dans certains endroits : l’autre moitié M. O. eft renflée, blanchâtre & arrondie. La tranfparence du manteau laifle diftinguer quelques par- ties intérieures du corps, telles que l’eftomac o. E. & le tube inteflinal E. 4. Celui-ci eft ouvert en a , & fe décharge dans la trachée poftérieure A. On voit encore fortir par l’ouverture inférieure du man- teau & des battans , une petite partie charnue, arrondie P, qui eft analogue au pied de la Pholade & des autres Conques. Ce pied eft vifqueux, fort mol, & de couleur cendrée. . La Re de la coquille & de l'animal eft ordinairement anche, MULTIVALVES. 267 Le coquillage dont je viens de parler eft une efpece de ceux 5 : L qui rongent les bois des vaifleaux, & qui font tant de ra- vages dans les ports de mer & dans les digues. Il ne perce point le bois pour fe nourrir, comme l’ont prétendu tous les Auteurs qui en ont fait l’hiftoire, mais feulement pour fe q > P loger, comme je l’ai prouve dans une differtation lüe l’année ; me J derniere dans les Aflemblées de l’Académie, La maniere même dont cet animal perce les bois paroît moins un eflet de fon entendement, que d’une méchanique dépendante d’un 2 mouvement naturel occafonné par l'entrée & la fortie de l’eau qui doit fournir à fa nourriture. On peut voir le Mé- moire (1) où j'ai expliqué cette méchanique , & difcuté les divers fentimens des Auteurs fur les mœurs, la généra- 2 tion, la maniere de vivre & de travailler du Taret de l’Eu- rope, en le comparant à celui que jai obfervé au Sénégal. 2 LE, R O PrANN, PT 119. Pholas lignorum. Rumph. muf. pag. 152. art. 7. tab. 46. fig. H.? Pholas minor, atro rubens ftriatus. Sloan. Jam. vol, 1. rab. 241. fig. 24 6 23.2 Pholas lignorum : Rumphiana; longa ; acutè elliptica ; fragilis ; verticali foramine rotundo; coloris cinerei; in palis putridis vivens. Klein. tent. pag, 165. fpec.2.n.1. La coquille du Ropan que j'ai rapporté au Taret, appar- tient à un genre diférent. Elle a beaucoup plus de rapport avec ce qu’on appelle Dail ou Datte. Elle eft compofée de trois pieces, dont l’une eft un tuyau conique, fort mince, qui refte attaché aux corps pierreux dans lefquels elle eft enchañée. Ce tuyau eft percé, comme celui du Taret, de deux trous, dont le fupérieur eft beaucoup plus petit que l’inférieur. Il enveloppe entierement les deux autres pieces de coquille qui font les battans. = Ces battans repréfentent un ovoide long d’un pouce ou environ, deux fois moins large, & beaucoup plus gros à fon extrèmité inférieure qu’à la fupérieure. Ils font égaux, fort minces, fans charniere ni fommets apparens, & terminés de (1) Mémoires de Mathématique & de Phyfique, préfentés à l'Académie par divers Sçavans , tome troifiéme, Es LI ïj Remarque, CoqQuiLer. Tuyau, Battans. Charniere, Sommetse Couleur. Remarque. 263 COSQU.TL LAAiG ES maniere qu’étant fermés, ce qu'ils font très-exactement, les deux dents fe croifent & s’embraflent. Leur furface eft life, quelquefois fauve ou brune, mais ordinairement blanchître. Ce coquillage ne fe trouve que dans les amas de Balanus, autrement appellés Glands-de-mer, dont il perce la coquille pour fe loger. Il ne s’y enfonce jamais plus qu’il n’a de lon- gueur, laiflant toujours fortir les deux pointes de fes battans pour communiquer avec l’eau. Il enduit le trou qu’il a creu- {é, d’une coquille aflez mince en forme de tuyau, femblable à celui du Taret, mais qui tient à ceux des Balanus de maniere qu’on ne peut l'en détacher. Il eft fort commun autour de l'ile de Gorée & du cap Verd. REMARQUES Sur ces ConquEes MuLTivALves. LEs deux genres de cette fection, la Pholade & le Taret, 1e rapprochent beaucoup l’un de l’autre par le nombre & l’ufage des pieces de leur coquille, & quoique diftingués par-là des Bivalves, ils tiennent cependant à eux, fur-tout au Solen, 1°. par la figure des battans de la coquille qui font béans ou qui laiflent une ouverture à leurs extrêmités ; 20. par le manteau de l'animal qui eft tout d’une piece & femblable . a un fac ouvert aux deux bouts; 30. enfin parce qu’ils vivent toujours enfoncés dans quelques corps folides où 1ls paflent ordinairement toute leur vie fans fortir. REMARQUES Sur LES COQUILLAGES EN GÉNÉRAE. À Près avoir indiqué les rapports de chaque genre de Co- quillage dans chaque famille, je dois en finiffant cette der- niere partie, faire remarquer la liaifon qui fe trouve entre ces familles. Voici quel eft le point de vûe général fous lequel j’ai fait d'abord confidérer les Coquillages. Quant à leur coquille : MULTIVALVES. 269 elle les recouvre en tout ou en partie: elle eft compofée d’une ou de deux pieces qui font de nature & de forme très- différentes, ou à peu prés femblables ; ou bien elle confifte en plufieurs pieces. Quant aux animaux renfermés dans ces coquilles, les uns ont une tête, une bouche, des mâchoires, dès dents, des cornes, des yeux, un col, un manteau, un pied, des trachées, des ouiïes, un anus, & un corps: d’autres ont toutes ces par- ties excepté les yeux, les cornes & le manteau : d’autres en- fin n’ont que le manteau, les trachées, les ouies, la bouche, l'anus & quelquefois le pied. De K les deux divifions générales des Coquillages en Li- maçons & en Conques : de là la fous-divifion des Limaçons en Univalves & en Operculés; & celle des Conques en Bi- valves & en Multivalves. J'ai fait voir dans les deux premieres de ces fubdivifons, que les Porcelaines & les Pucelages tenoient aux Pourpres & aux Rouleaux par la figure de l’animal , ce qui fait la réunion des Coquillages Univalves avec les Operculés. Dans la feconde & la troifñiéme on a vü que la Nérite tenoit aux Bivalves par la figure & la liaifon des deux pieces de fa co- quille ; d’où il eft évident que ces deux familles s’uniffent naturellement, quoique moins intimement que les autres. Enfin , on a vû dans la troifiéme & la quatriéme que la Pho- lade joignoit étroitement les Multivalves aux Bivalves, au- tant par la figure du manteau de l’animal , que par les deux ouvertures que fa coquille laifle aux deux extrêmités. Telle eft la liaifon que j'ai apperçue dans toutes les parties de cet ouvrage, liaifon dont la réalité a été aflez prouvée par les détails; tel eft aufi l’ordre fuivant lequel j'ai crû de- voir traiter les Coquillages que j'ai obfervés au Sénégal , afin d’en rendre la connoïfflance d'autant plus facile que j'ai fent1 de difficultés en les comparant les uns aux autres, & en les préfentant fous les différentes faces fous lefquelles ils peu- vent être confidérés par les perfonnes qui cultivent cette partie de l’hiftoire Naturelle. FIN. EP LTISEN H A B ET EU ETES IQUE Ye EC'RRECUTETENES TABLE ALPAÂABETIQŒURE Des Matieres contenues dans ce Volume. Les premiers chiffres indiquent la page , & le dernier les planches. A. Aux > 210. ÆAäinobolus , 24$e Agaron , 64. Ailée, 214. Ajar , 222. Alata, 138. Alie-Kruyk, 170. Anadara , 248. Anomalocardia, 215. 246. 249. Apan, 212. Arche-de-Noé, 251,252, Arcularia , 117. Armilla , 217. 218. Arfella, 217. Arvan, 53. Aftrolepas , 28. Atfar-Athaib , 141. Atfar-Atheb, 141. Auris Bahamica, 25. marina , 19. 25e Be Baux > 201. Bahuyos ; 250. Balanus , 250. 251. 2608 Barnet, 146. Bernard-l'Hermite , 148. Beveraza, 232. Bia Codock, 223. Bia culit Bawang, 108, Bia matta doa, 239. Bia minjac, 110. Bia facatsjo, 29. Bigni, 135. Bigourneau , 170. Bitou , 73. Biverone , 218. Biveronus, 232. Bivet, 123. Blatin, 142. Blatta Bixantia, 1414 #4. &4. 10. Blattion Bizantium, 141. Bobi, 60. Bolin, 227. Bofon, 171. Boukch, 218. 22r. Brocard de foie, 98. Brunette , 97. Bucardium , 246. Buccin, 14.82.99. 122. 141. 146.193. Buccina, 107. 118. Buccinulum , 157. Buccinum , 118. 143. 146. Alabaftrite, 118. ampullaceum, 110. 127.138. Anglicum, 114. Barbadenfe, 135.146. bilingue, 138. ————— brevirofirum, $0. $4. 103< 104. 105. 106. 107. I114e TI7e 133 Condor, 114. dentatum, 53. 54133: 135« 137. exoticum ; 14. fluviatile, 7. 1$e ——— fufcum , 152. Madrafpatanum , 104. = majus , 14. 10$. 108. 118 121, 123e minus , 14. muficum , 56. Pparvum,112.114117.13$e 136.137. 171. Perficum , 44. 48. 60. radiatum , 14. ——— recurviroffrum, 156. 157e Rondeletii, 118. ————— roffratum , 52. 118. 121, 131. 143. —— fublividum, 171. tuberofum, 155. villofum, 118, Bulin , 2. s. 80. Bulinus, $. 4- 8. 12. 4 A 10. 1 & 2e DES MATIERES. ns Bulla , 4: Pl, Burez, 141. Burgaus, 185. C, Ci 251. Calcinelle, 232. 259. 17. Calognone , 250. Calyptra. 32. Came, 196. 216. 223. 259 16. Caffis, 112. 117. Catinus, 25. Cerite, 82. 152. 155« 10. Cerithium, 152. 10. Chadet, 157. 10. Chama, 223. 226. 230. 232.233.239. 256. 16. — afpera , 216. 217. Chamatrachea , 200. Chama Cornubienfis , 217. 224. Chamelæa , 223. 230. 239. 254 Chama glycimaris , 253. — nigra , 253. 257. 258. — peloris, 217. — Wifs-[chulp, 217 Chanon, 213. 15. Chotin , 95. 6. Cidaris , 25. Clocher chinois, 152. Cloniffz, 217. Clonile, 216. 218. 16. Cochlea, 14. 97. 107. 109. 110.112 1. 141. 159. 174. 175: 176. canaliculata, 100. 108. 110. caffidiformis, 110. 112. =———— cinerea , 10$e compreffa , 11. conoidea , 83. 84. 85.87. 93. cylindroidea , 62. 64. 98. cylindroïdes , 87. 96. depreffa , 25. Jamaicenfis, 171. Indie , 48. longa, 44. 48. 49. 56. 59. 60. 91.95.97. 98. marina , 87. 171. 17$. 176. 177. 185.217. 223. 224. 2250 nivea, 109. 110. oblonga, 14. pennata , 108. Cochlearia , 39. Cochlea rufefcens, 171, rugofz , 109. Siracufana , 4: Concha ffriata, 110. PI, ftriétior , 14. fublivida, 168. 175. trochiformis | 168. 178. 181, 186. umbilicata , 174. 175. 176. 185. 186. Codok , 223 16. Cœur de bœuf, 246 Cofar, 131. 9, Concha, 4. 217. 222. 223. 243. 246. 248. 249. 251. 253. 254. 256. 257. 258. aliformis, 213. gryphoides , 205. lævigatoria, 65. longz , 207. 215. 260. Maxima , 44. natatilis , 48. pra 0 ys » 44e Perfica, 44. rugata , 205. 217. Venerea, 65. 67. 68. Veneris ,65.68. 69.70.74. 79: Conchula, 217. Conchylium , 137. 138. Conque fphérique , 108. Conus , 56. 86. 87. 88.91. 92.95% Coquillages, 114. Coquille, 174. 186. 257. Coquille de Limaçon , 87. ridée , 205. 217. — de faint Jacques, 240. Cor de mer, 118. Coret, 2. 7. 80. 1, Coretus , 7. Cornet, 83. 85. 86. 87. 92. 94. de mer, 112. Grand-Amiral, 93. Vice-Amiral , 95. Cotan, 224. 16. Coupet , 94. 6, Couvercle du Conchylium, 137+ — du Cor, 118. Covet, 114. 8. Cricomphalos,218.224.22$.229.230. Cucumis , 56. Cylinder , 62. 86. Cylindroides, 8$. 95. Cylindrus, 83.85. 86.87. 88, 90.91» 95: 96. Brafilienfis , 64. Indicus , 94. — Madrafpatanus, 64. — Moluccenfis, 97. [TITI 272 TABLE: ALPHABETIQUE Cymbium, 2° —— auritum ; AS ——— JNAMIlATE, 454 49: ——— mbilicatum ; 49. D. Days , 64 Daki, 171. Dalar, 186. Dafan, 35. Datin, DE Degon, 158. Dentalium , 161. Dip, 151. Dofan, 164. Dolium , 108. Dontoftoma, 191: Di à à Dotel ,211. Drap d'or, 97. Drap orangé , 97, Duchon , 61. Dunar , 188. Ecouen > 59° Epidromus, 146. Erythræa, 65. 69. 74. Eflan, 214. EE 5.240: Falier, 78. Fanel, 176. Farois , 143, Fafin, 114, Fatan, 231. Faval, 54. Felan, 227, Fonet ,212. Foflar, 173. Fujet, 183. Funon, 150. Fufus, 141, 144. Gain s 33° Gafet, 237. Galea, 104. 108, Garin, 200. Garnot, 40, E. F. G. PIAT. Gafar, 196. Gatan, 233. Genot, 145. Géographie, 98. Cire, Br. d Giton , 124. Gival, 37. Glans, 250. Globus , 20$e Gochet, 177. Golar, 257. Gondole, 2. 80. Gongole , 240. Gor , 187. Gordet, 225. Goflon , 4. Goumier, 156. Goufol, 134. Guron , 203. H. HA siioris, 19. 20. Hannons, 240. 241, Hauftellum , 127. Hirondelle , 214. Hovilei, 20. Huitre , 196. 258, L Ja 250. Jabik, 121. Jagon , 245. Jamar, 83. Jambonneau, 196. 207. 259. Jataron, 196. 205. 159. Jataronus , 205. Jatou , 129. Jelin, 166, Jenac, 41. Jefon , 215. Jol, 149. Jouret, 230. Ifocardia , 241, 243. 264. Julan , 260. K. K ati > 107» Kalan, 137. Kalfon, 42. Kaman, 243. Kambeul, 14 PI, 14. 2. 18. Kifer. DES MATIÈRES. Kiet, 192: PIS. Kris , 240. . L. En Abr » 103. Te Lagar, 191. 13. Lagena, 133. 135.136. Lentigo, 138. Lépas, 25. 27130837: 00 2 Lepas, 25. 2. Lepas agria, 35+ Asmas Ki » 19 Libot, 2. Ligar, 168: 10. Limaçon, 2. 14. 80, 1. — ridé , 109. Lipin, 125. 8. Lin, 32. 2e Lifor, 231. 17. Lifpe , 164. Il. Livon, 185. 12. Loman, 96. 6. Lonier, 184: T2, Lofet, 132. 9. Lulat, 207. 15. Lunot. 227. Pirée Lupon, 73- 5 M. Li 5 249. 2514 Mafan , 93. 6. Majet , 65. s: Mamma , 10$. Mantelet ; 2. 75. 814 s: Marnat , 168. 12. Mañier, 165. xs. Matadoa , 239. 259. 18. Meer Chreen , 20. Melar, 90. 6. Mefal, 159. 10. Miga, 116. 8. Minjac, 109. Pa Miran, 50. 4. Mofat , 241. 18. Molan, 258. 19. Mother of Pearl, 20. Moule , 208. 210. 211, 212 Mouret, 34. 2 Mouflole, 250. 251. Movin, 246. 18. Murex, 99. 118. 137. 1384 — Me 191 — luxonis , 121. 1244 mn MAIDTIN, 137, Murex marmoreus , 137. — fhriatus, 138. ftromboides, 137. Mufeuli, 251. Mujfculus , 207. 208. 210. 211, 212; 227. 235426 t, Mufica, 94. F1 Eh Muflole 250. 2514 Muflolo, 251. Mutel , 234. Mutilus , 235. Mytulus , 235. Nacre ; 40e Narel, 59. Natica, 172. Natice, 82. 172. 174. 193. N, Nerita, 178. 188. 190. 191. 192: Nerite, 82. 188. 191. 193. Nifat, 52. Niot, 150. Nivar, 141. Nubecula , 98. Nufar, 238. Nux marina, 4. $. ©: Ocex , 128. Ogniella, 137. 138. 141e Oïfeau , 214. Oliva , 137. Olive, 62. Ongle aromatique, 141: Orvë, 141. Operculum Buccini, 118. Conchylii, 137e ——— Purpuræ, 118. Oreille de mer, 19. 20. 254 — marine, 19. 20. Ormier, 2. 19. 20. 80. Ofcabrion , 43. Ofilin , 178. Offrez, 200. Oftreum , 196. 200. 201. Otion fivè Auricula , 194 Oxyrinchus, 144: Oxyftrombus , 156. Pare, 10%. Pamet, 235. P, Mm PL. Parella, 25. 26. 27.: 32. 33. 35° 36 PL 37+ 38. 39. altera, 19. —— Cypria, 35. Patelle feræ, 19. Paveraccia, 218. 220. Pelten , 240. 249. 251. Pettlunculus, 215.217. 224. 225. 230. 239. 240. 241.245. 246. 249.253: Pedipes , 11. 1e Pegon , 228. 17. PV TT > 217: Penicillus , 160. Perdix, 108. Perdix, 108. Peribolus , 7$e s- Perna , 207. 15- Perfica, 4. Perficula, 60. Pétoncle , 196. 240. 239. 18. Peverura 232+ Phallus, 160. Philin, 43. 3 Pholade , 260. 19. Pholas, 208. 260. 267. 19. Pie, 185. 186. Piétin, 2. 11. 80. ï. Piperata, 232. rs 218. Pirel, 22 17. Pitar, 226. 16. Pivérone $ 218. Platyffoma . 175. 176. 177. 190. 192. Pomatia, 14. Popel, 152. 10. Porcelaine, 2. 55.56.67. 69.74.81. 4 «67:68. 69. (4: Porcellana , 55. 60. Gs 79 73: 74: Poron, 227. 7, TpOupe, 137» Potan, 7s. 5- 1 Pouchet, 18. Pourpre, 8 82. 99. 193- Poverazos, 218. Pfeudo-flrombus , 50. 52. Pucelage, 2. 65. 81. 5: Purpura, 99. 137. 138 7. ————— Afiicana , 127. —— 11J0T, 127. ———— réitiroftra ; 127+ ‘ Q Uadrans, 118, Q. Pre R. Rx, 150. 10. Rafel, 52. 4 Retan, 181. 12: Rhombus, 62. 64. 75. 83. 86. 88. 90. 91. 93: 94. 96. 7. Tulipa, 96. Rifet, 172. 12. Robet, 248. 18. Rocher, 99. 112. 138. Rojel, 202. 14. Roncera, 128. 137. 138. 141. Ropan, 267. 19. Rouleau, 82. 96. 98. 193. 6. S: Sao, 82. 178. 185. 193 17 Saburon , 112, Te Saccus, 168. MAT. l Sadot , 106. Gé Sakem, 100. À es Sakeum, 103. Salar, 97. 6. Zanriyi, 158, Samier , 122. 8. Sari, 184. 12, Satal, 204. 14. Selot s 10e 13. Semicaffis, 56. 108. Serpentulus , 18. Sigaret , 24. 2. Siger, 135. 9. Silus, 143. g Simeri, 79. Fa Sirat,.125. 8. Solat, 122. S Soldat ; 148 : Solen, 255. 19. Solen, 255. 196. 259. F9 Soni, 155, 4 10, Sormet , 3. Le Soron , 32 2 Sourdon , 196. Spondylus, 200. 203, 205 Staron , 137, 9. Stipon, 79. Se Strombus , 64. 82. 158. 6. lue 353-5420 angulofus, 155. ——— cochloïdes ; a59ù ————— decimus, $3.- fecundus ; $4x DES MATIERES. 27; a", 132$ EN Turbo nitidus, $4: Pi, Sn? . 2 —— tuberofus, 143. 155. 156. Sunet 229 17. —— variegalus , 18. i Tympanotonos, 152 156, 157% Le ea Adin, 188. 19. La Êe s Uuvire 182. 183. Tagal Aie 19. Umbilicus , 186. ET _. ee D ES UILS 18 Taret, 260. 263. 264. 19. parvus , 183. Telinga maloli, 20. —— varius, 182, TENR,229.229 290, 232233.234. : PU + __. 235-237.238.255.258. 18. 2 Telline, 196. 234.259. 18. rceus , 108. 121. Terebellum , 64. Terebra , 49. 4. Ve Teredo , 263. 19. V ere : Tertia Nuutili fpecies, 109. ne 232e : . ie m7. et, 102. 2, . sh Ê Venerea , 6e. 67. 69. 70. Tin 91 à 6. Veneris Concha, 65. 69. 7o. , . ù à i 2 ra Venervides, 4. per 739 110 : Vermet, 82. 160. 193. 11; Tofar . F0 É 17. Vermetus, 160. 11. ns S. Vermifleau , 161. 166, ? Le re É e en a Veuve ; 186. Trockilus , 183. Net be 5 Trocho-cochlea , 178. 181. 182. 183. NE . 4e 175. 186. JS » 1 , Trochus ,87. 88. 167. 178. 181. 182. se 81. de 185. 187. 12. MR . . Tuba phonurgica, 15. Voluta , 53. 4 ST: 88. 90. 92, 94. Tubuli, 160. 164. 165. De ; + ba ne gi 93. _ vermiculares | 164, an, 253 Tubulus , 161. 166. x Tugon, 263. 19. , Tubhpe , 97. | . Turbo 100. 114.118. 156.158. 159. X 4 Thaxéie ; 216. 178. 12 =— apertus ; $2 534 S4 155. ve 156. 157. 158. | —— Brafilienfis , 56. 64. Va. 2. 43. 44. 81. 3. —— levis, 95. Fetus, 43. Fe a JNATMOTCUS , 155: Ein de La Table des Matieres, ER Gv Lx Limaçon Cochlea 1 Kambeul K 0 (oi EN SZ DS 72 J Giv. Lx Li Pedipes { 3310 FS Mas + 2} )) R AL TA Reboul . del.et. Se. G VII. LE LEPAS.Lepas. | mp mn CPE LE 2% Reboul Gvir. Le LEPAS. Lepas. y : } \W ab ét 1 Es PR LE me es | 0e A 4 ’ Dé Dessine durare dap. aal par 1 Th Reboul S Th boul. CV. LE YET. Vètus. 2. Philin sb 2. Phil. Cix LA NIS. Terebra = y 9. L'«aiL.. | G.x. La PoRCELAINE. Porcellana. | 2 Porc laure tt, 1 1h Reboul. G.x. LA PorcELAINE. Porcellana. 2 Porcadaine : 2. Narel . 5. Grrol D PES RUE EVE CET TU PRES Dessus elarace dy. Hate pare IL. Ti Reborn. 4 1 AMaret \ {| 2, l'aller à. Lautpar JLTh Rtonl. (MN NEUTAU TE L | he " dat ES Gxr Le Pucerace. Cypræa. k f 1 Alaret 2'Z upon L Gxu.Le MANTELET, Peribolus. | 1 Potan \ { | | [l | | | | | ” p | e 7 4 2, falier À Jpon Î | 14) AR à LS | de P TS! ER RE LEE = EN # Desert a gt ae dep nat par JL Th Re Zoul. 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