:/\\é-s:^M ^ V. v -'%-ff^/-* "Aloaci Agaooig. %ihxïiï]2 of i\n £titsaim OP COMPARATIVE ZOÔLOGY, AT HARVARD COLLEGE, CAÎIBRIICE, MASS. jjounîicïi bv prîbatc siibscrfptfon, in 1861. Depositedby ALEX. AGASSIZ. No. HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS ou iCHTUYOLOoiË 0mm TOME PREMIER pive:miè:xi£: partie BAR-SLR-SEINE. — IMP. SAILLARD. HISTOIRE NATURELLE DES P "r r- r ICHTHYOLOGIE GENERALE PAR AUG. DUMERIL PROFESSEUR-ADMINISTRATEUR AU MUSÉUM d'hISTOIRE NATURELLE DE PARIS. OUVRAGE ACCOMPAGNÉ DE PLANCHES TOME PREMIER ÉLASMOBRANGHES PLAGIOSTOMES ET HOLOCÉPHALES OU CHIMÈRES. I»RE]VIIEIIE JPARTIB -t=0=B=3IÎ=0=a=3— PARIS LIBRAIRIE ENCYCLOPÉDIQUE DE RORET, RUE HAUTEFEUILLE, 12. 1865 HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS Les animaux que cet ouvrage a pour but de faire connaître forment une classe extrêmement nombreuse, très-distincte de toutes les autres par un ensemble de caractères généraux qui, énoncés dans les termes suivants, établissent les diffé- rences les plus tranchées entre les Poissons et les divers groupes de la série zoologique : Animaux vertébrés, à sang rouge, à circulation simple, mais complète; à respiration branchiale et ne respirant que par l'intermédiaire de l'eau. Les concordances de leur genre de vie aquatique avec leur structure sont rendues manifestes par les modifications Poissom. Tome 1. i 2 HISTOIRE NATURELLE que les organes du mouvemenl onl subies en raison de la nature du milieu où les Poissons ont été placés, et Tétude de leur organisation démontre qu'ils doivent occuper, parmi les animaux à vertèbres, le cinquième et dernier rang à la suite de la classe des Batraciens. Si, cependant, le type fondamental se retrouve bien dans la classe tout entière, il y subit des variations assez impor- tantes, qui ne permettent pas au naturaliste de méconnaître qu'elle renferme différents ordres plus ou moins nettement séparés, mais toujours reliés entre eux par la communauté des caractères essentiels. Ici donc, commence le travail du classificateur, hérissé de mille difficultés, tantôt basé sur la recherche des rapports naturels et des véritables affinités des Poissons entre eux, tantôt, au contraire, ayant pour point de départ un arran- gement systématique. Cuvier, dans l'histoire des progrès de richthyologie, depuis son origine jusqu'à l'époque où il pu- blia, en 1828, le premier volume de son Histoire naturelle des Poissons, a tracé un savant tableau des divers arrange- ments proposés par les zoologistes. Pendant les trente- cinq années qui ont suivi la publication du commencement de ce grand ouvrage, des tentatives ont encore été faites, et quelques-unes même ont imprimé une direction nouvelle, et féconde en progrès, à cette partie de la science. Je m'at- tacherai plus tard à compléter l'historique des efforts qui ont eu pour but le perfectionnement des classifications. Je veux, en ce moment, me borner à indiquer la marche que je compte suivre dans l'étude des Poissons. DES POISSONS. 3 La grande division de ces animaux en Cartilagineux et en Osseux étant admise, la première question est celle de la place relative à leur assigner. Il me semble évident que les Cartilagineux, dont il faut absolument séparer les Cyclo- stomes, à cause de l'imperfection de leur structure, doi- vent être rangés en tête de la classe, car les Raies et les Squa- les, comme Cuvier Ta dit {Hist. nat. Poiss., t. I, p. 568), « s'élèvent fort au-dessus du commun des Poissons, et par la complication de quelques-uns de leurs organes des sens, et par celle de leurs organes de la génération plus développés dans quelques-unes de leurs parties que ceux mêmes des oi- seaux. » Je commence donc par la sous-classe des Cartilagineux, dits Élasmobranches, c'est-à-dire des Plagiostomes ou Séla- ciens et des Chimères , en donnant sur l'organisation si remarquable de ces Poissons plus de détails que je n'en pourrai présenter quand je passerai en revue les autres di- visions de la classe. Je réserve pour plus tard l'histoire des Cyclostomes qui forment la sous-classe des Marsipobranches, à la suite des- quels il faut placer celle des Leptocardiens, dont le type est YAmphioxus. Après les Cartilagineux, vient la sous-classe des Ganoïdes, telle qu'elle a été limitée par J. Mûller; puis celle des Pois- sons osseux ou Téléostieiss. Parmi ces derniers, de grandes coupes sont à établir, d'abord pour les Lophobr anches, puis pour les Plectognathes, et enfin pour les poissons qui, clas- sés 1" en Malacoptèrygiens, soit apodes , soit jugulaires et 4 HISTOIRE NATURELLE DES POISSONS. thoraciques ou suhhrachiens , soit abdominaux, 2° en Acan- thopténjgiens, doivent subir de nombreuses subdivisions basées sur les résultats des beaux travaux de M. Âgassiz et de J. Millier, mais dont je n'ai point , en ce moment , à dis- cuter le classement définitif. CLASSE DES POISSONS Ire SOUS-CLASSE. ÉLASMOBRANCHES '". 1" ORDRE. PLAGIOSTOMES (2) ou SÉLACIENS (3). L'ordre des Plagiostomes comprend les poissons cartilagi- neux, Chondropténjgiens ou Chondrichthes (4) les plus parfaits, qui présentent un certain nombre de caractères bien tranchés qu'on peut énoncer dans les termes suivants : Squelette intérieur cartilagineux ou en partie ossitié. Squelette extérieur placoïde. Branchies fixes, s'ouvrant à l'extérieur par 5 ou, exception- (1) "EXa^t^a, lame, ppày/ta, branchies; dénomination tirée de la confor- mation des organes respiratoires, et introduite dans la nomenclature ich- thyologique par le prince Ch. Bonaparte. (2) riXàvio;, transversal, (rrôiJLa, bouche; nom proposé par mon père en 1806 {Zoologie analytique, p. 103), et universellement adopté. Les Plagio- stomes et les Cyclostomes (xûxXo;, cercle, CTT6[j.a, bouche, nom employé également par mon père dans ce même ouvrage pour les Lamproies), y forment (p. 101) les deux familles de son ordre des Trématopnés (xp9i[xa, aToç, trou, Tcvéo;, qui respire). (3) Is),ây;o (toc), mot dont l'étymologie est rreXa;, lumière, employé par Aristote pour désigner les poissons cartilagineux, et dont Cuvier a fait Sélaciens {Règne anim., 1" édit., 1817). Les faits qui ont pu motiver cette dénomination, sont discutés dans le chapitre consacré à l'étude du sens du toucher et des téguments, où je parle de la phosphorescence des Squales. (4) XôvSpo;, cartilage, et lyOù;, poisson; nom proposé par mon père dans ses cours, et plus tard dans son Ichthyologie analytique [Mém. de l'Inst.. Ac. des se, 1856, t. XXVII, p. 94). Le mot XovopàxavOâ se trouve dans Aristote comme épithète des Sélaques, livre III, chap. VI, p. 138 du t. I de redit, de Camus; mais Pline {Nafuralis historia, lib. IX, cap. XL) a le premier désigné ces poissons comme cartilaginen. C'est ce même caractère tiré du squelette qu'on a voulu exprimer en formant le mot c/iondropté- rygiens par la réunion de Xôv^o; et de TCTep^yia, nageoires. 6 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. nellement, par 6 ou 7 orifices, soit latéraux (Pleurotrêmes ou Squales), soit inférieurs (Hypotrêmes (1) ou Raies). Pas de vessie natatoire. Arc scapulaire détaché de la tête. Nageoires paires antérieures libres en avant, ou réunies aux cartilages du crâne; nageoires paires postérieures abdominales. Intestin à valvule en spirale ou enroulée sur elle-même dans le sens de la longueur du tube digestif. Femelles ovipares, à œufs revêtus d'une enveloppe cornée, ou, le plus souvent, ovo-vivipares, et fécondées au moyen d'un ac- couplement facilité par les appendices que les mâles portent au bord interne des ventrales. L'histoire zoologique proprement dite de ces poissons doit être précédée de l'étude de leur organisation et du mode sui- vant lequel leurs fonctions s'accomplissent. L'ordre à suivi'e dans cette revue anatomique et physiologique, me semble in- diqué par la nécessité de signaler d'abord les particularités de structure les plus frappantes dans la comparaison des Plagio- stomes avec les autres poissons. Or, les modifications essen- tielles et si remarquables que le squelette présente devant être placées en tête des caractères propres à cette sous-classe d'a- nimaux, c'est par l'examen des fonctions de la vie de relation qu'il convient de commencer. Il faut donc s'occuper d'abord des organes du mouvement et de la motilité, puis du système nerveux et des phénomènes de l'innervation. FONCTIONS DE LA VIE DE RELATION. I. MOTILITÉ. L'étonnante énergie des puissances musculaires des Squales, si bien construits pour l'accomplissement le plus parfait des résultats que ces organes actifs du mouvement peuvent pro- duire, place ces poissons parmi les plus infatigables et les plus rapides nageurs. Sous ce rapport, comme sous bien d'autres, ils diffèrent beaucoup des Raies. Avant de faire connaître, avec les détails qu'elles exigent, (1) Yuô, en dessous, 7i:>,sup6v, cûté, et xpfipLa, trou. Ces deux mots que mon père a imprimés seulement dans la 4« édit. de ses Elém. des se. natur., l. II, p. 189, § 993, étaient depuis longtemps mis en usage par lui dans son enseignement. (Voy. son Ichth. anulyt., p. 120 et 136.) MOTILITÉ. squelette; COLONNE VERTÉBRALE. 7 ces dissemblances importantes, il est nécessaire d'étudier les organes passifs du mouvement, c'est-à-dire la charpente in- térieure, qui fournit aux muscles les surfaces d'insertion. SQUELETTE. Quand on compare le squelette des Plagiostomes h. celui des autres poissons cartilagineux, on y constate de notables diffé- rences. Ce n'est ni la simplicité si remarquable du squelette des Leptocardicns [Aînphioxus] et des Cyclostomes, soit des Myxines, soit des Lamproies, étudiées avec soin par mon père en 1812, et depuis par Jean MûUer, ni la structure, relative- ment assez compliquée, de celui des Esturgeons. Pour se bien rendre compte de la disposition de cette char- pente intérieure chez les Plagiostomes, il convient d'examiner successivement la colonne vertébrale, le crâne, puis les mem- bres ou nageoires. I. COLONNE VERTÉBRALE. Forme générale. — Le rachis offre chez les Plagiostomes, ainsi que nous le verrons plus tard en étudiant sa structure, des dif- férences importantes, suivant les divers groupes auxquels ils appartiennent. Si donc, on le considère à un point de vue gé- néral, comme étant la tige centrale du squelette , il n'y a pas lieu de s'arrêter longtemps à le décrire dans son ensemble. Quelque modifiées que soient les pièces qui le composent, il représente toujours un axe cylindrique. En dessus, cet axe est creusé d'un canal destiné à loger la moelle épinière ; le long de la région abdominale, car, de même que chez les autres poissons, il n'y a ici ni cou ni thorax, et le long de la région caudale, il porte des apophyses transverses paires, rapprochées à leur extrémité inférieure, sous la queue, pour former un étui protecteur des gros vaisseaux. En haut et en bas, la colonne vertébrale est plus ou moins unie aux na- geoires impaires dites dorsales, anale et caudale (épiptères, hy- poptère et uroptère) et sert de support aux latérales, pectorales et abdominales (pleuropes et catopes) (1). A son extrémité antérieure, la colonne vertébrale présente (1) Ces dénominations ont été proposées par mon père. Je cherche plus loin, en parlant des nageoires, à démontrer l'utilité qu'il y aurait, en vue de la précision du langage, à se servir de ces laots simples qui indiquent pjus exactement la position des organes qu'ils servent à désigner. 8 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. chez les Plagiostomes, comme chez les Chimères, une disposi- tion remarquable des surfaces articulaires destinées à son union avec la tète. Il n'y a pas seulement ici Tamphiarthrose au moyen de laquelle est jointe, de même que chez les pois- sons osseux, l'extrémité antérieure du corps de la première vertèbre avec l'apophyse médiane, également creuse, que porte, en arrière, la région occipitale. Il y a, en outre, des connexions latérales. Celles-ci diffèrent dans les Squales ordinaires et dans les Raies, dont il faut rapprocher, sous ce rapport comme sous plusieurs autres, le singulier genre Squatme. Je mentionne, en décrivant ce genre, la conformation des surfaces articu- laires, je n'ai donc point à m'en occuper ici. Chez les premiers, voici quelle est la disposition des parties, très-bien décrite par Meckel [Anat. comp., tr. fr., t. II, p. 280) : « Il existe, de cha- que côté de la face antérieure de l'apophyse transverse de la première vertèbre, un léger enfoncement arrondi, dirigé d'a- vant en arrière, et de dedans en dehors, qui correspond à une éminence semblable saillante sur le côté de la facette articulaire moyenne de l'occiput. Ces parties sont entièrement séparées l'une de l'autre et de la facette articulaire dont il vient d'être question; elles sont retenues ensemble par des ligaments courts et raides. » Il résulte de cette union des cartilages entre eux, une fixité assez notable de la tête sur la colonne vertébrale. Chez les Raies, où la mobilité est plus grande que chez les Squales, il y a, de chaque côté de la région occipitale, un vérita- ble condyle tout-à-fait isolé de l'apophyse médiane. Il est plus large que haut, légèrement convexe en dedans, puis un peu creux en dehors, d'où résulte une légère saillie de son bord ex- terne. Dans les points correspondants, sur les apophyses trans- verses de la première vertèbre ou plutôt sur le plan anté- rieur des deux pièces qui, dans les Raies, résultent de la sou- dure de ces apophyses avec les suivantes, il y a des surfaces absolument identiques à celles du crâne , mais convexes et concaves en sens inverse (1). Ces surfaces, destinées à se mou- voir l'une sur l'autre, sont séparées par un tibro-cartilage inter- articulaire plus épais sur les bords qu'au centre, qui complète l'emboîtement des surfaces. Il est tout-à-fait comparable à ceux qu'on rencontre au milieu de plusieurs articulations des (1) Je ne trouve pas que, dans les Raies, les surfaces opposées soient l'une et l'autre fortement ronveios, commf* le dit Meckel, [Anut. cœnp., t. 11, p. 281, ti-ad. franc.). , MOTILITÉ. squelette; COLONNE VERTÉBRALE. 9 animaux vertébrés supérieurs, el chez riiomme en particulier, dans la temporo-maxillaire, la sterno-clavirulaire, etc. Un fort ligament capsulaire permettant plus de mobilité dans les Raies et les Chimères que dans les Squales, consolide, de chaque côté, cette articulation. Elle est donc beaucoup plus parfaite que ne Test celle qui, dans les poissons ordinaires, maintient les apophyses transverses de la vei'tèbre antérieure rapprochées de l'occipital. Enfin, à la partie supérieure, un ligament se porte de la colonne vertébrale à la tête ; et recouvrant l'espace vide qui les sépare chez les Raies, il protège, dans ce point, la tige médullaire; mais les Squales ne présentent pas cette la- cune : il y a contact immédiat sur la ligne médiane entre les vertèbres et le crâne. h' extrémité terminale du rachis doit à peine nous occuper ici, car l'étude de sa structure se rattache plus particulièrement à l'histoire du mode de formation de la nageoire caudale ou urop- tère. Je rappellerai les recherches dont elle a été l'objet, en par- lant de cette nageoire et en indiquant les différences qu'elle présente. Chez les poissons cartilagineux, son irrégularité per- manente est désignée par le mot hétérocercie, tandis que les poissons osseux, oi^i elle est formée de deux lobes égaux, sont dits homocerques, bien qu'il y ait, chez les uns et chez les au- tres, une singulière analogie sous ce rapport, comme je le montrerai plus loin. Nous verrons alors comment M. Vogt, par ses investigations dans le domaine de l'embryologie, et comment M. Agassiz, en dirigeant ses travaux vers la détermi- nation des poissons fossiles, ont, avec M. de Raër, appelé sur ce point l'attention des anatomistes Heckel, J. Millier, Rich. Owen, Stannius et Huxley, auxquels on doit d'intéressants dé- tails relatifs au mode de terminaison de la corde dorsale. Dans ce moment, laissant de côté ce qui concerne la na- geoire, il me suffit de faire connaître d'une façon très-sommaire les résultats auxquels M. Koelliker a été conduit récemment par une étude nouvelle de ce sujet {Ueberdes Encle der Wirbel- saille der Ganoidenundeiniger Teleostier, 1860, in-4", fig.). D'après les caractères différents que présente le mode de terminaison de la corde dorsale, l'habile professeur de Wurz- bourg propose (p. 21) de partager tous les poissons en deux grands groupes, 1° selon que l'extrémité de cette corde n'est pas entièrement ossifiée, ou, 2" au contraire, que son ossifica- tion est complète. 10 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. 1° Dans le premier, sont placés les genres Polyptère, Lépi- dostée et Amie, puis certains Malacoptérygiens (Esoce, Sau- mon, Alose, EIops et Cyprin) qui présentent quelques diffé- rences prises pour bases de subdivisions inutiles à indiquer actuellement, mais qui seront signalées dans Tétude des pois- sons osseux. 2" L'autre groupe comprend, d'une part, les Acanthoptéry- giens (probablement en totalité), et les Malacoptérygiens, moins ceux que je viens de nommer, lesquels portent, vers le bout de la colonne vertébrale, la gaîne osseuse de la portion terminale de la corde dorsale nommée urostyle par M. Huxley, puis, d'autre part, les Plagiostomes, dont le rachis se termine par un corps de vertèbre tout-à-fait simple et entièrement ossifié. Il est possible, au reste, comme l'a fait observer M. Koelliker, qu'il y ait plus tard, par suite de recherches spéciales sur et; point de Tanatomie des poissons cartilagineux, quelques sub- divisions à établir dans ce second groupe. Le mode d'unioii des vertèbres des Plagiostomes est compa- rable à celui des autres poissons. Les corps se touchent par les bords des cavités coniques dont elles sont creusées en avant et en arrière, et qui sont généralement assez profondes pour qu'un très-petit intervalle seulement en sépare les sommets. Un bourrelet fibreux à lames circulaires interposé à ces bords, clôt l'espace formé par la réunion, base à base, des cônes creux, et en augmente la capacité. Celle-ci peut être considé- rable, car Ev. Home, dans sa description du Pèlerin [An ana- tom. account of the Squalus maximus in Philosoph. Transact., 1809, p. 208), estime que l'un de ces espaces pouvait con- tenir à peu près trois pintes de liquide (mesure anglaise), c'est- à-dire un litre et demi environ. De Blainville, qui rapporte cette évaluation dans l'analyse qu'il a donnée du ti-avail de l'a- natomiste anglais [J ourn. de physique , sept. 1810), parle égale- ment dans son Mém. sur le Squale pèlerin [Ann. du Mus., t. XVIII, p. 127), d'une contenance de trois pintes et demie (1). (1) S'il s'agit ici, comme il y a lieu de le supposer, de notre ancienne mesure française, qui représente un litre et un vingtième, j'ai peine à con- cevoir comment, malgré le volume des vertèbres, l'une des cavités pour- rait renfermer plus de trois litres de liquide. En mesurant la capacité de Tune d'elles, d'après une vertèbre conservée dans les collections du Mu- séum, et qui provient de l'animal étudié par de Blainville, le bourrelet fibreux ayant, je le suppose, les dimensions qu'il a signalées, je cons- tate qu'elle peut recevoir 1 litre, 7 de liquide, quantité sensiblement ét:ale à celle dont Ev. Home fait mention. MOTILITÉ. squelette; COLONNE VERTÉBRALE. il Cette liqueur, analogue pour la consistance, à de la synovie, a été étudiée d'abord en Angleterre par W. Brande, sur la de- mande de Ev. Home, puis, plus tard, par M. Chevreul [Ann. du Mus., t. XVIII, p. 154), qui la considère comme formée, non de gélatine, mais de la matière animale du cartilage. En conséquence, dit-il, on doit la ranger dans la classe des fluides animaux qui offrent le mucus à l'état liquide, conclusion très- analogue à celle du chimiste anglais. Elle contient en outre, ajoute-t-il, une huile semblable à la substance de même nature qu'on rencontre dans les cartilages de ce Squale (1). Quant au rôle de ce liquide dans le mécanisme des mouve- ments de la colonne vertébrale, Ev. Home l'a si bien fait com- prendre dans sa leçon sur les articulations (Lect. comp. anat., 1814, 1. 1, p. 84, Lect. VI), que je dois exposer ici les conclusions auxquelles il a été amené, en étudiant, à l'état frais, les grosses vertèbres du Pèlerin. 1" Le liquide qui occupe la cavité intervertébrale dont les parois sont en partie fibreuses, les maintient dans un état de distension continue, et elle en est si complètement remplie, qu'il peut s'échapper de son intérieur sous forme de jet, le lançant à plus d'un mètre de distance , comme Clift l'a vu , au moment de la pénétration de l'instrument tranchant dans l'intérieur de cette cavité. Il contribue donc, avec les fibres ligamenteuses élastiques, à l'écartement nécessaire des ver- tèbres. 2° En raison même de son incompressibilité, il forme une sphère que déplacent les pièces osseuses, et comme les molé- cules dont elle se compose n'ont entre elles aucune cohésion, le centre du mouvement est toujours adapté aux changements de position des vertèbres; de cette façon, tout frottement se trouve évité : en d'autres termes, cette sphère liquide est leur pivot de rotation. 3" De cet ensemble d'articulations, résultent la rectitude du rachis quand il n'est soumis à aucune contraction musculaire, et son retour à la position normale dès l'instant où la puissance qui l'avait fléchi d'un côté ou de l'autre cesse d'agir. Ce n'est pas seulement chez ce gigantesque Plagiostome que ce liquide se trouve, et Ev. Home l'a signalé chez les autres poissons. Sa présence est facile à constater peu de temps après (1) J. Millier, dans ses études sur la corde dorsale (Vergleich. Anat. Myxin., etc., p. 139), n'adopte pas complètement l'opinion émise par Ev. Home sur la nature de ce liquide intervertébral. 12 ORGAMS.VriON DES FM.AGIOSTOMES. leur mort, quand on procède rapidement, à cause de l'extrême tendance à la coagulation. On ne doit pas perdre de vue non plus qu'il pénètre facilement entre les lames du fibro-cartilage après leur section. Quelques légères traces de la disposition anatomiquo dont il s'agit, se voient dans les articulations in- tervertébrales de l'homme, ainsi que des animaux terrestres, mais plus particulièrement encore (fait bizarre et difficile à expliquer) chez le lapin et chez le porc. Là, le centre du fi- bro-cartilage destiné à remplir l'espace qui sépare les surfaces planes des corps de vertèbres est mou, pulpeux et presque li- quide (1). Ce mode d'articulation si remarquable, et par la forme même des vertèbres, et par hi présence de cette sphère liquide, dont le rôle a une grande importance, est certainement, comme Ev. Home le fait observer, le plus favorable qu'il soit possible d'imaginer pour les poissons. Les mouvements de latéralité que la natation exige, se succédant ainsi sans cesse, ne produisent pas la fatigue qu'amèneraient des contractions musculaires non interrompues (12). Pour en revenir au bourrelet tlbreux intervertébral qui, chez l'individu de l'énorme espèce étudiée par de Blaiuville avait, entre les vertèbres les plus volumineuses, une épaisseur de 0"'.045 environ, et une hauteur de près de 0'".06 [loc. cit., p. 125), il est, par son adhérence intime au pourtour des ex- trémités de la pièce centrale, l'un des principaux moyens d'u- nion des vertèbres. De plus, elles portent en dessus et en des- sous, un ligament dans toute la longueur du tronc et de la queue. Cette double bande ligamenteuse^ qui revêt, l'une, le plancher du canal spinal, et l'autre, la face inférieure de l'échiné, représente tout-à-fait les ligaments vertébraux communs des autres animaux. L'union des vertèbres entre elles est assurée encore par le mode d'origine des cartilages intercruraux, par la conti- guïté des arcs vertébi-aux su})érieurs entre eux, et avec ces pièces intermédiaires, ainsi que par celle des apophyses trans- it) Riclial, fil ISOl, dans son Traité d'annt. descr., où abondent les con- sidérations piiysiologiqucs , a insisté sur l'importance de ce tissu mou relativement à la tlexibilité de la colonne vertébrale (t. I, p. 144). (2) Chez la baleine, dit encore Ev. Kome (loc. cit., p. 88), cette disposi- tion n'était pas nécessaire, leur natation s'exécutant non comme chez les poissons, par des inflexions latérales successives du tronc, mais par les mouvements de leur puissante queue horizontale. Il en est de même pour tous les Cétacés. MOTILITÉ. squelette; COLONISE VERTÉBRALE. 13 verses, réunies en bas ii leur extrémité terminale sur la li- gne médiane le long de la queue (Voy. Atlas, pi. 1, et plus loin les détails concernant la structure même de la vertèbre). Enfin, on retrouve l'analogue du ligament surépineu\ dans le cordon fibreux qui règne le long du bord supérieur du canal rachidien, et manque seulement dans les points d'où partent les rayons des nageoires impaires. Il contient, dans son épaisseur, du tissu jaune élastique, et en est même quelquefois entière- ment formé. On constate facilement cette structure dans les différents Squales, mais nulle part elle n'a pu être mieux étu- diée que sur le Pèlerin disséqué au Musée de Paris, où ce cordon ligamenteux avait près de 0"'.03 de circonférence (de Blainville, loc. cit., p. 128). Il y a un autre mode de consolidation du rachis très-remar- quable, mais je ne puis l'indiquer ici que brièvement, la dispo- sition anatomique dont il résulte devant être décrite plus tard avec détails. Il consiste dans une enveloppe du corps des vertèbres soit cartilagineuse, soit ossifiée, comme cela a lieu chez les Rhino- bates (Atlas, pi. 1, fig. 5 et 6) et chez les Raies. Cette sorte de gaîne, plus ou moins complète, est formée par la réunion, 1" sur les parties latérales, de la base des arcs supérieur et inférieur ; 2" en dessous, de prolongements de ces derniers, ou de pièces qui en sont distinctes. Après cette étude du rachis, considéré dans son ensemble, si nous cherchons quel est le notiibri' des vertèbres dont il se com- pose, nous trouvons une assez grande irrégularité. Les chiffres donnés par les anatomistes qui les ont comptées, en fournissent la preuve. Car char ias ijlancus. . . . Scyllium catiilus Squatina lœvis Ilnja oxyrhxjnchus liaja bâtis Torpédo narke [T. oculaLa) Chimœra arctica Squatina lœvis En tout. Dors. Caiid. 132 33 09 l±2 37 85 12i 41 83 110-115 25 85-90 120 25 95 97 35 (i2 500 )) )) 117 » )) Schultzc (I) Van der Hoeven(2). (1) Ueber die ersten Spuren der Knochensyst. und die Entwickel. der Wirbelsaiik in dein Thieren (Meck. Deutsches arch., 1818, t. IV, p. 370). (2) Dissert, de sceleto ftiscium, 1822, p. 30. 14 0RGAiNlSAT10^ DES PLAGIOSTOMES. En tout. Dors. Caud. 129 ol 72 36o 9o 270 loO 70 80 147 40 407 1S4 48 106 125 44 81 128 57 71 117 » )) 123 » )> 94 » 1) Petite roussette (Se. cat.). . 129 57 72 Cuvier (1). Sq. faulx [Alojjias vulpes). . Sq. nez [Lamna cornuhica) Pantoutlier [Zycjœiia tiburo] Raie blanche (Raja?). . . . Scyllium catulus ■ 125 44 81 Aug. Duméril. Lamna cornubica. . . Sguatina lœvis Raia asterias Raia hatis Pour la Squatine seulement, il y a eu parité dans la numéra- tion. Ces exemples corroborent donc l'assertion suivante de Vicq- d'Azyr : « Le nombre des vertèbres n'est pas constant, et je puis assurer, après l'avoir compté dans plusieurs cartilagi- neux de la même espèce, que je ne l'ai pas trouvé le même dans tous » (!•■'' Méîïi. pour servir à Uhist. anat. des Poiss., in Mém. sav. étr. à l'Ac. des se. pour l'année 1773, t. VII, p. 23). A peine est-il nécessaire de rappeler ici, à cette occasion, l'o- pinion singulière de Schultze [Ueber die erstenSpuren, etc., Meck. Deutsch Arch., t. IV, p. 343), que le nombre des vertè- bres de la queue, chez les animaux à température variable, aug- mente à mesure que l'animal vieillit. Chez les Raies, on les compte difficilement, comme M. van der Hoeven [De sceleto fisc, p. 32) le fait observer avec raison, à cause de l'extrême petitesse de celles qui occupent l'extrémité de la queue. Une particularité très-notable de l'organisation des Raies, consiste dans la substitution d'une tige indivise aux premiers segments de la colonne vertébrale. La longueur de cette tige est de 0"\095 dans deux Raies dont l'épine dorsale mesure chez l'une, qui est une femelle, 0'".570, et chez l'autre, de sexe mâle, 0"'.665; elle est donc égale au sixième ou au septième des di- mensions totales du rachis. Elle commence derrière le crâne, auquel elle tient par le mode d'articulation remarquable que j'ai décrit plus haut (p. 8), et dépasse un peu la ceinture scapulaire qui, suivant le degré d'ossification de ses cartilages, lui est plus ou moins adhérente au niveau du bord supérieur de la crête médiane. Cette crête, dont la saillie est plus con- sidérable en avant, constitue une lame solide dont la base (1) Ltç. anal, comp., 2* édil., t. 1, p. 232. MOTILITÉ. squelette; COLONNE VERTÉBRALE. IB élargie forme la voûte du canal rachidien. Elle représente, dans son ensemble, les arcs supérieurs des vertèbres soudées, comme la lame osseuse qui s'élève de chaque côté de la tige centrale en représente les cartilages transverses. La hauteur de cette lame latérale, qui augmente d'avant en arrière, atteint son maxi- mum au niveau du dernier arc branchial; son bord postérieur est échancré, et, de sa réunion avec l'extrémité libre du bord su- périeur, résulte un angle aigu (Atlas, pi. 1, fig. 9, k, /). Chez les Squatines, qui sont les Squales dont l'organisation se rapproche le plus de celle des Raies, il n'y a pas soudure des premières vertèbres, mais les quatre ou cinq antérieures diffèrent des mêmes pièces de la colonne vertébrale des Squa- les. En effet, leurs prolongements transversaux étant beaucoup plus considérables que dans les suivantes, cette disposition rappelle un peu l'aspect offert par la tige indivise des Raies. Cette particularité, au reste, a été signalée par Meckel [Anat. comp., tr. fr., t. II, p. 278). Pour bien apprécier les différences que présente la structure des vertèbres chez les différents Plagiostomes, il faut se rappe- ler comment est composée, dans sa plus grande perfection, une vertèbre de poisson osseux. On y trouve les pièces suivantes : 1" un corps ou centre : 2° un aîx vertébral supérieur formé de deux branches qui, se réunissant pour constituer le canal vertébral où est logée la moelle épinière, peuvent être nommées neurapophyses, comme le propose M. Rich. Owen, à qui sont empruntées les autres dénominations qui suivent. Cet arc se termine d'ordinaire en une apophyse épineuse plus ou moins longue [neurépine] ; 3" un arc vertébral inférieur composé également de deux branches nées des régions latérales et dites, pour ce moûï, par apophyses. Elles peuvent être considérées comme des apophyses trans- verses. Souvent, dans la partie antérieure du corps, jusqu'à l'origine de la queue, elles supportent par leur extrémité libre une pièce osseuse comparable à une côte. A partir de la ré-- gion anale, ces branches se rapprochent mutuellement le long de la ligne médiane et forment ainsi un canal destiné à recevoir les gros vaisseaux. De là, vient la dénomination dliœmapophîj- ses qui sert alors à les désigner. Comme les branches de l'arc supérieur, elles peuvent se terminer par une apophyse épi- neuse obliquement dirigée de haut en bas et d'avant en arrière {hémépine). Il y a donc dans cette vertèbre, comme on le voit, cinq 16 OUGAMSATIO.N DES PLAGIOSTOMES. pièces : 1° une médiane ou corps, terminée à chacune de ses ex- trémités en un cône, et présentant par conséquent la forme d'un sablier percé plus ou moins manifestement, dans le sens de son axe, d'un trou, vestige permanent du lieu où se trou- vait, dans les premiers temps de la vie, la corde dorsale autour de laquelle s'est développée la pièce centrale ; 2" quatre pro- longements pairs, deux supérieurs réunis en arc dans toute Té- tendue du rachis et formant ainsi l'étui protecteur de la tige médullaire du système nerveux cérébro-spinal; et deux infé- rieurs, dont la réunion sur la ligne médiane a lieu seulement dans la région caudale, pour protéger les vaisseaux. Quatre pièces supplémentaires s'ajoutent aux précédentes : l'apophyse épineuse supérieure et l'inférieure, puis les prolongements cos- taux. Examinons maintenant, en nous servant de ces termes de comparaison, la structure de la colonne vertébrale des Plagio- stomes, et d'abord des Squales. Ces derniers ont été étudiés, sous ce rapport, avec un grand soin par J. MûUer, dont les observations sont consignées dans son Aiiat. des Myxinoïdes (1" partie, Ostéologie et Myologie, in Mém. de l'Acad. de Berlin, 1834, p. 142 et suiv.), et par M. Agassiz, dans la lo'^ livraison de ses Rech. sur les Poiss. fossiles. C'est seulement en suivant la voie nouvelle ouverte par l'ha- bile anatomiste de Berlin, qu'on peut arriver à bien compren- dre la composition des vertèbres des Poissons cartilagineux. Treviranus ni Vicq-d'Azyr, dans le Mémoire cité plus haut, à l'occasion du nombre des pièces du rachis, ni les anatomistes qui les ont suivis, ni même Cuvier [Leç. Aiiat. comp.), n'a- vaient tixé leur attention sur la diversité et la relation mutuelle des pièces dont se compose chaque segment du rachis. Muller est également le premier qui ait comparé les vertèbres d'un nombre suffisant d'espèces bien déterminées, de manière à pou- voir présenter des considérations générales sur les ressem- blances ou les différences qu'on remarque dans le squelette des divers groupes de Plagiostomes. On comprend, par cela même, l'incertitude dans laquelle restait M. Agassiz, quand il voulait comparer les vertèbres clés Poissons cartilagineux fossiles à celles des espèces de la faune actuelle. C'est donc à l'appel fait à Muller par cet ardent paléontologiste [Notice sur les vert, des Squales vivants et fossiles, in Rech. sur les Poiss. fossiles, 1843, t. III, p. 360-369, pi. 40 B), que l'on doit les plus pré- cieuses indications sur ce sujet intéressant. MOTILITÉ. squelette; COLO^^E VERTÉBRALE. 17 Le corps ou centre, avec des dimensions variables en hauteur et en largeur, d'où résultent des différences dans sa conforma- tion générale, est toujours creusé, comme chez les autres pois- sons, de deux cavités coniques terminales ; mais il n'offre ja- mais aussi manifestement la forme de sablier. Souvent même, toute dépression circulaire sur le milieu de sa longueur man- que, et alors si les vertèbres ont une consistance osseuse et sont plus larges que longues, comme chez le Sqtiale renard, entre autres (Atlas, pi. 1, tig. 1 et 2, a), elles ressemblent un peu à une série de dames de jeu de trictrac, empilées les unes à la suite des autres. On ne trouve pas, dans l'état frais, au centre des cônes creux, l'ouverture quelquefois très-petite, mais caractéristique des poissons osseux (1), la corde dorsale se trouvant ainsi complètement détruite au niveau du corps de chaque vertèbre. Il résulte delà, suivant l'observation de J. Mûller ( Yergleich. Anat. Myx., etc., p. 139 et 240), contrairement à l'assertion de Carus, que la colonne vertébrale des Plagiostomes s'éloigne plus encore de l'état fœtal que celle des poissons osseux. Mill- ier parle également de cette interruption de la corde dorsale à la page 145. De la région supérieure du corps naissent, en laissant entre eux un certain intervalle, deux cartilages dits cruraux (Atlas, pi. 1, fig. 1-4, 7 et 8, b), parce qu'ils jouent le rôle de jambes ou de piliers de la voiîte formée par l'arc vertébral supérieur, dont ils représentent les deux moitiés latérales (2). Entre ces cartilages, d'autres s'intercalent; ils partent, k droite comme k gauche, de l'espace rempli de tissu tibro-géla- tineux qui sépare les vertèbres, et portent le nom de cartilages intercruraux (Atlas, pi. 1, fig. 1-5, c). En raison môme de leur (1) La macération seule détruit sur les squelettes préparés le tissu cen- tral moins résistant que le reste, et qui, étant plus transparent, laisse passer la lumière quand on place devant l'œil une vertèbre fraîche. Cette portion plus claire se présente sous l'apparence d'un disque de très-petit diamètre non perforé. (Atlas, pi. 1, fig. 7 et 8.) (2) C'est à J. Millier qu'appartient la détermination si précise de toutes les pièces dont une vertèbre de Plagiostome se compose; mais déjà Schultze, en 1818, sans l'avoir devancé dans l'interprétation que j'expose ici, a bien figuré ces ditférents cartilages [Ueber die ersten Spuren... Ent- wickelung der Wlrhelsaule, etc. in Meck. Deutsch. Arcli., t. IV, pi. IV, fig. 4 et ô, p. 350;; Kiihl (Beitr. zw Zuul. iind verglekh. Anat.,\?)20), a représenté tab. VI, fig. 3, 4 et 6, les cruraux, sous le nom de processus spaiosi (1), les inlercruraux, sous celui de process. obliqui (2), et les infé- rieurs, comme process. transversi sur la Squat, et sur VAcanihias. Poissons. Tome I. 2 18 ORGAMSATION DES PLAGIOSTOMES. origine, ils sont étroits ii leur base, puisqu elle correspond à l'espace intervertébral. Ils vont en sï-largissant et sont même quelquefois plus larges que les cruraux (Atlas, pi. l,fig. 1-3 et 5, c). Leur conformation dépend de celle des cartilages cruraux auxquels ils sont interposés. Ces dei-niers ont-ils la forme d'un triangle à base inférieure et à sommet dirigé en haut, les inter- cruraux représentent, en sens inverse, un triangle semblable. On comprend aisément la raison de ces analogies ; il est donc inutile d'en donner d'autres exemples. J'ajoute seulement que si les dimensions des pièces intermédiaires l'emportent, chez certains Plagiostomes, sur celles des cartilages cruraux, il n'tîu est cependant pas toujours ainsi; souvent, en effet, les cruraux sont plus volumineux. Les uns et les autres se portent vers la ligne médiane. Tantôt, il y a sur cette ligne médiane, au sommet de la voûte constituée par les arcs vertébraux, jonction des cartilages cru- raux et intercruraux d'un côté, avec les cartilages correspon- dants du côté opposé, et le canal vertébral se trouve ainsi fermé à sa région supérieure. Tantôt, au contraire, ils ne se rejoignent pas, et la réunion se fait au moyen d'une série de pièces carti- lagineuses impaires, nommées cartilages surcruraux (Atlas, pi. 1, fig. 3 et 4 d), disposées en série longitudinale. J. Millier les nomme Cartilagines intercalares seu Ossa intcrcalaria spinal ia corporum vertebrariim superiora, les distinguant ainsi des car- tilages intercruraux, Ossa intercalia crurum. Ces derniers viennent-ils se rejoindre sur la ligne médiane supérieure, les cruraux offrant moins d'élévation, il y aura au- tant de surcruraux que de cartilages intercruraux, car ils rem- plissent les espaces que ceux-ci laissent vides entre eux. Un exemple de cette première disposition se voit à la région an- térieure de la colonne vertébrale de la Squatine (Atlas, pi. 1, fig. 3, c, d). Si, au contraire, comme cela a lieu sur des points de la colonne vertébrale de ce même poisson plus éloignés de la tête, les intercruraux, pas plus que les cruraux, ne se réu- nissent en dessus, avec ceux du côté opi)osé, sur la ligne mé- diane, on compte une fois plus de surcrui-aux que d(; cartilages intercruraux (Atlas, pi. 1, lig. 4, c, d). Je n'insiste pas davantage sur ces différences, qui sont \)vu. importantes. Parmi les différents Squales dont les vertèbres ont été étu- diées et dessinées par J. Mûller, celles des genres Scyllium et Squatina, puis celles des genres à membrane nictitante {Muste- MOÏILITÉ. squelette; COLO^ISE VERTÉBRALE. 19 lus, Galeus, Carcharias, Zygœna) sont munies de ces cartilages impairs supérieurs. Pour les bien voir, il faut les chercher sur des squelettes où les cartilages sont revêtus de granulations os- seuses. Il n'y a pas à' apophyses épineuses ; seulement, et c'est ici la première indication d'une structure propre aux véritables Raies, on trouve chez la Squatine, dans une assez petite étendue, en avant de la première épiptère, puis entre celle-ci et la seconde, un certain nombre de pièces minces, obliquement dirigées en arrière. Elles ont toutes une même hauteur, qui est le double de leur largeur, et sont plus élevées que les cartilages formant la base des nageoires du dos. Il y a une représentation de ces pièces confirmative de la description de Meckel [Aïiat. comp., tr. fr., t. II, p. 272), sur la planche VII du mémoire de M. Raph. Molin {Sullo scheletro degli Squalï) in Mem. del Vlnst. Veneto, etc., t. VIII. (Voy. Atlas, pi. 1, tîg. 4, e.) Au premier abord, ces cartilages impairs semblent être, en raison de leur position et de leur forme, de véritables apophyses ; mais ils ne font point partie du rachis et ne lui sont unis que par du tissu fibreux. Leur nombre, d'ailleurs, ne dépasse pas la moitié de celui des vertèbres au-dessus desquelles ils sont placés, et le milieu du bord inférieur de chacun d'eux correspond à un espace inter- vertébral. Ce sont des pièces surajoutées, analogues aux précé- dentes, que porte, à sa région supérieure, la colonne verté- brale du Rhynchobatus lœvis, dont les cartilages intercruraux très-développés ont une forme un peu irrégulière (Atlas, pi. 1, fig. S, e). Chez les Raies, d'ailleurs, dont les genres Squatine et Rhyn- chobate se rapprochent beaucoup, particulièrement le dernier, qui est un Hypotrôme, il y a de même, 'sur la ligne médiane supérieure, des cartilages accessoires qui sont très-développés chez les Myliobates, comme Meckel l'a noté {Anat. comp., tr. fr., t. II, p. 269). A la portion inférieure du corps de la vertèbre, on voit une paire de cartilages dont la position correspond k celle des car- tilages cruraux, et qui, comme ceux-ci, ont leur racine plongée dans l'épaisseur même de la pièce centrale : ce sont les carti- lages transverses ou parapophyses (Atlas, pi. 1, fig. i à 8, f). Dirigés en bas et en dehors dans toute la l'égion antérieure, ils se rapprochent au-delà du cloaque pour constituer, par leur réunion sur la ligne médiane, le canal des gros vaisseaux, comme chez les poissons osseux (Id., fig. 7 et 8) , et devien- 20 ORGAMSATION DES PLAGIOSTOMES. lient, par cela même, de véritables hœmapopJnjses, selon Tex- pressioii de M. Rich. Owen. Ils forment k la région caudale, et cette disposition se voit par- faitement chez le Sq. renard (iig. i,/"), des apophyses qui n'ont pas partout la même longueur, et au sommet desquelles se fixe rextrémité supérieure des rayons de la nageoire. Ces derniers (tig. i, g) étant en nombre égal à celui des vertèbres, pourraient être considérés comme étant leurs apophyses épineuses; mais cependant ils ne font pas corps avec elles, puisqu'ils s'articu- lent avec la carène qui résulte de la jonction, sur la ligne mé- diane, des deux, portions latérales de chaque arc vertébral infé- rieur. Sur le squelette frais d'un Alopias de grande taille, j'ai vu cette carène creusée d'un sillon dont la profondeur et la lar- geur vont en diminuant à mesure que les rayons de la nageoire s'approchent davantage de l'extrémité de la queue etdeviennent plus minces et plus courts. Cette sorte d'articulation est con- solidée par du tissu fibreux. Je reviens plus loin, au reste, sur cette disposition anatomique, à l'occasion de l'étude des na- geoires impaires. Les cartilages costaux se présentent avec une apparence dif- férente, selon les Squales chez lesquels on les étudie. Dans le genre Alopias, par exemple, ils méritent tout-à-fait le nom de pleurapoplujses, car ih sont une dépendance de la colonne ver- tébrale, avec laquelle ils entrent en contact immédiat. A la région ventrale, appuyant leur angle le plus élevé sur le tissu tibro-cartilagineux intervertébral, ils remplissent, par leur portion supérieure, les espaces triangulaires restés libnvs entre les cartilages transverses dont la forme est précisément celle d'un triangle k sommet renversé. Ils se prolongent au- delk de ces derniers, se portent en bas et en avant, et présen- tent k leur bord inférieur, qui est horizontal et libre, un peu d'épaississement, d'où résulte, au niveau de ce bord, l'appa- rence d'une petite tigekjieu près cylindrique, parallèle k l'axe longitudinal du rachis. Celle-ci, au premier aspect, semblerait pouvoir être considérée comme constituant k elle seule la côte, mais, en réalité, on doit nommer appendice costal, la pièce car- tilagineuse tout entière que je viens de décrire, et qui offre, dans son ensemble, la forme d'un quadrilatère k côtés iné- gaux (Atlas, ])1. 1, Iig. 2, //). A la région caudale (lu., Iig. 1, //), lorsque les cartilages iransvcrses se sont allongés et réunis de manière à constituer MOTILITÉ. squelette; COLONNE VERTÉBRALE. 21 le canal des vaisseaux, la disposition n'est plus la même. Entre ces longs cartilages inférieurs, dans les intervalles étroits et triangulaires qui les séparent an moment de leur émergence du corps des vertèbres, on voit, en effet, de petites pièces car- tilagineuses triangulaires commencer au niveau des espaces intervertébraux, et se terminer promptement en une pointe di- rigée en bas. Ce sont les cartilages costaux excessivement ré- duits, en raison du développement considérable des hœmapo- physcs. Une disposition analogue à celle que présente VAlopias, mais avec des différences dans la forme et dans la longueur des car- tilages costaux, se remarque sur plusieurs Squales. Ainsi, ils sont courts et dépassent à peine les transverses [Carch arias), ou longs, soit verticaux [lU'ptandms]^ soit obliques et oflilés à leur extrémité libre [Scyiuuus; Squatina^ à la région antérieure du rachis, Id. fig. 3, h). Chez d'autres, les Roussettes en particulier, il n'y a plus cette union entre l'extrémité supérieure des cartilages costaux et les corps des vertèbres ; ils s'articulent uniquement avec le sommet du cartilage transverse ; de là, ils se dirigent en bas, mais en même temps un peu en arrière et en dehors. La forme de leur prolongement latéral, comme chez le Rhyncho- bate, par exemple (Atlas, pi. 1, fig. 5 et 6, //), et comme chez les Raies, rappelle un peu celle des côtes que portent les pois- sons osseux. Ces appendices costaux, malgré leur brièveté, représentent les rudiments d'un thorax, mais d'autant i)lus im- parfait, que le sternum manque. Après les détails qui précèdent sur les cartilages dont chaque vertèbre est composée, il importe de signaler rapidement les différences que l'on remarque chez les Raies quand on les compare aux Squales. La plus notable consiste dans cette par- ticularité que les vertèbres ne sont pas composées du même nombre de pièces aux régions antérieure et postérieure du ra- chis. En avant, à partir de la tige indivise qui commence der- rière le crâne et dépasse un peu la ceinture scapulaire, les car- tilages cruraux sont peu développés; les intercruraux, au contraire, sont très-volumineux, et se portant en haut et en dedans, ils forment l'arc vertébral supérieur. Au-delà des catopes, jusqu'à l'extrémité de la queue, il n'en est plus de même : les cartilages intercruraux, en effet, dis- paraissent, et il n'y a plus que des prolongements de la croûte calcaire des vertèbres qui, partant du corps même, représen- 22 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. tent les cartilages cruraux; ils se touchent par leurs bords et constituent ainsi de larges anneaux entre lesquels aurun inter- valle ne reste libre. Le canal vertébral est fermé en dessus par des cartilages surcruraux. A la région inférieure (il ne s'agit toujours ici que de la por- tion de répine dorsale où les vertèbres sont distinctes), les cartilages transverses se présentent avec un aspect très-diffé- rent, selon la région où on les examine. Jusqu'au commence- ment du canal sous-caudal, ils ont une forme particulière très- facile à saisir, si, à défaut d'une colonne vertébrale de Raie, on examine, en lisant la description qui suit, la tig. 6 de la pi. 1 de TAtlas. Elle montre les cartilages dont il s'agit sur le Rhynchobatus lœvis, où ils se prolongent, il est vrai, sur la face inférieure des corps de vertèbres, mais sans autre dis- semblance avec l'aspect qu'ils présentent chez les Raies propre- ment dites. Chacun de ces cartilages se dirige obliquement en avant, franchit l'espace intervertébral et empiète ainsi sur la vertèbre antérieure. Use recourbe alors assez brusquement en arrière; de là, résulte un angle saillant en avant (/"), mais ren- trant dans le sens opposé, où il se trouve en contact avec le sommet de l'angle qui le suit, tandis que lui-même se loge par son propre sommet dans l'enfoncement de l'angle précé- dent. Après le cloaque, ces cartilages sont tous dirigés ])erpendi- culairement en bas. Les douze premiers environ sont i-éunis deux à' deux : l'un devant, l'autre derrière; ils forment, en quelque sorte, six paires à droite et six à gauche, auxquelles correspondent six prolongements inférieurs et médians, consis- tant chacun en une seule pièce qui est la continuation des car- tilages antérieurs de chaque paire et se porte au-dessous du bord libre des seconds. Ces prolongements en quadrilatères constituant ainsi quelques arcs vertébraux inférieurs , perdent promptement leur régularité. Leur hauteur diminue; le canal des vaisseaux, alors, n'est plus fermé et ne tarde pas à dispa- raître, car ils se soudent sur la ligne médiane, d'où résulte un aplatissement remarquable de la région inférieure de la queue, dont les deux plans latéraux formés par la réunion des carti- lages transverses dans leur portion verticale rejoignent, à angle droit, les bords du plan sous-caudal. Par suite de cette disposition, qui est spéciale aux Raies pro- prement dites, et par suite aussi de l'ossification complète de MOTILITB, squelette; colonne VERTEBRALE. 23 toutes les pièces des vertèbres, leur queue représente une tige osseuse non arrondie, mais à trois pans. Les deux latéraux, ainsi que le bord supérieur, servent le plus habituellement de supports à des aiguillons courts et recourbés dont il est rare de ne trouver qu'une seule rangée. Enfin, une autre singularité de la structure des vertèbres des Raies, se remarque chez le Rliynclwbatus lœvis (Atlas, pi. 1, fig. 5, b). Elle consiste en ce que le cartilage crural envoie un prolongement sur la face latérale du corps de la vertèbre qu'il recouvre en partie, ne laissant à nu que le bord antérieur et le bord postérieur de ce corps, ainsi que Tcspace intervertébral. Delà, résulte Taspecttenestré de cette sorte de gaine du rachis, car il est recouvert de la môme manière à sa face inférieure (fig. 6), à cause du reploiement en dedans du cartilage trans- verse, qui va presque rejoindre le cartilage correspondant de l'autre coté. Les cartilages costaux assez forts, mais courts et à peu près cylindriques^ se dirigent obliquement vers l'extrémité postérieure. Je ne dois pas achever l'énumération des pièces dont la réu- nion constitue le canal oîi la moelle épinière est logée, sans mentionner les orifices latéraux de ce canal destinés à la sortie des nerfs rachidiens (Atlas, pi. 1, fig. 1, 2 et 5, ?', i'). Sans antici- per ici sur la description que je donne plus loin de ces nerfs et de leur mode d'émergence, il importe cependant de rappeler l'indépendance remarquable des deux racines de chaque cor- don nerveux chez les Plagiostomes. Ce n'est plus par un seul trou que le nerf abandonne l'étui protecteur de la moelle épinière, comme chez les animaux ver- tébrés supérieurs et chez le plus grand nombre des poissons osseux (excepté les genres Perça, Pleuronectes, Silurus, Cy- PRiNus, Esox et Salmo, Stannius, Handbuch der Zoot.; Zoot. der Fische, 1854, p. 140). Chacune des deux racines traverse, l'une, le cartilage crural, l'autre, l'intercrural par un orifice particulier, qui est le plus ordinairement un trou, mais quelquefois une simple échancrure marginale des cartilages. En raison de l'inégalité de niveau de ces racines, les ouver- tures des cartilages cruraux [i'), destinées aux inférieures, sont situées plus bas que celles des intercruraux (i), traversées par les supérieures. Il en résulte que, de chaque côté, au-des- sus du corps des vertèbres, le rachis porte deux rangées très- régulières de trous, placées l'une au-dessus de l'autre ; mais ils sont alternes comme les cartilages eux-mêmes. A la région cau-^ 24 ORGANISATION DES PI.AGIOSTOMES. dalfi, les nerfs, et par conséquent les trous destinés à la sortie de leurs racines, sont moins nombreux, tout eu conservant la même régularité (Atlas, pi. 1, tig. 1, 2, i'). Dans cette même région, au-dessous des coi'ps de vertèbres, il y a, de chaque côté, une rangée unique de trous ou d'échan- crures. C'est par ces oritices que sortent les artérioles émanant du tronc logé dans le canal formé par les arcs vertébraux infé- rieurs, et que pénètrent les branches destinées aux deux veines qui accompagnent l'artère (Id., fig. 1,;). Après ces détails sur la composition de la vertèbre, il im- porte d'étudier le tissu même dont elle est formée. Or, il pré- sente, suivant les genres, des dissemblances très-notables. Aussi peut-on, selon cette texture, grâce surtout aux re- cherches de J. Millier, dresser un tableau du perfectionnement progressif des pièces du rachis. I. Vertèbres cartilagineuses pendant toute la durée de la vie, sans aucune trace de tissu osseux : Eclnnorhinus, Notidanus [Hexanclms ei Heptanchus). II. Vertèbres oîi le tissu osseux forme : 1" Des couches à demi-ossifiées alternant avec des couches cartilagineuses : Squatina; 2° La partie centrale du corps enveloppée par du cartilage, et la couche mince qui limite h^s cavités coniques antérieure et postérieure du corps : Acanthias, Spinax, Centrina; 3" Un recouvrement ou une sorte d'écorce pour tous les car- tilages : Scymnus. III. Vertèbres dont le corps serait complètement osseux, si les racines des cruraux et transverses ne restaient cartilagi- neuses. Tantôt, il est lisse et dépourvu de sillons longitudi- naux : Scijllium, Carcharias, Zygœna, Mustelas, Galeus, Galeo- cerdo. Tantôt il est sillonné, sur toute sa périphérie, par de nombreuses fissures longitudinales remplies de cartilage : Lamna,Selache, Alopias, Oxijrhina? Carcharodon? Dans ce dernier groupe, où Tossification du corps de la ver- tèbre est presque complète, celle des arcs vertébraux Test beau- coup moins. Ils sont, en effet, cartilagineux, ou ne présentent de chaque côté, dans leur épaisseur, qu'un point d'ossification de volume variable (Atlas, pi. 1, tig. 2). Leurs racines restent toujours à l'état mou. Si l'on pratique une coupe verticale du corps (Atlas, pi. 1, tig. 8), on les voit se prolonger jusque vers son centre. Par suite de leur direction oblique de dehors en dedans, et de haut en bas pour celles des cartilages cruraux. MOTII.ITE. squelette; colonne VERTEBRALE. iio mais de bas en haut pour celles des transverses, elles repré- sentent assez exactement une croix de Saint-André, dont la couleur d'un blanc bleuâtre propre au tissu cartilagineux, tranche sur la teinte jaunâtre de Tos. A Taide de cette même coupe, on voit, chez le Squale renard [Alopias vulpes) par exemple, un grand nombre de rayons os- seux, séparés les uns des autres par du cartilage, et partant du centre pour gagner la circonférence. Ils résultent de la section des cloisons osseuses dont se compose le corps de la vertèbre, et entre lesquelles persiste le tissu cartilagineux. Enfin, la coupe qui offre la structure la plus remarquable h. étudier, est celle des vertèbres de rénorme Pèlerin [Selache maximà). Sur les pièces du Musée de Paris provenant du grand individu soumis aux dissections de Blainville [Ann. du Mus., t. XVIII, p. 88), on reconnaît Texactilude des descriptions don- nées par J. Millier [Vergl. Anat. (1er Mijxin., in Méni. Ac. Ber- lin, 1834, p. 131), et par M. Rich. Owen, qui y a ajouté {Lect. of comparât, anat., Fishes, p. 55) un dessin très-net. On y voit des couches osseuses cylindriques, emboîtées les unes dans les autres, interrompues au niveau des quatre grandes ouvertures par lesquelles pénètrent les racines des cartilages cruraux et transverses. Ces couches ne forment que les deux tiers de Fé- paisseur même du corps, dont le tiers externe est constitué par des lames parallèles les unes aux autres, dirigées suivant le diamètre antéro-postérieur de la vertèbre, et perpendicu- laires aux cylindres osseux. Entre ceux-ci et entre les lames longitudinales, se trouve du tissu cartilagineux, dont la des- truction, sur des vertèbres desséchées, laisse de nombreux es- paces vides plus ou moins irréguliers. Il y a peu d'exemples dans l'économie animale, M. Rich. Owen le fait observer avec raison, d'une structure semblable, où une quantité aussi petite que possible de substance calcaire soit disposée cependant d'une façon si conforme aux principes de la mécanique. Les vertèbres assez légères et à demi-ossifiées de ce grand Squale se trouvent ainsi douées de toute la force et de toute la résistance qu'exigent les vigoureuses infl(;xions dont sa colonne vertébrale est le siège pendant les efforts qu'il est obligé de faire, n'ayant pas de vessie natatoire, pour se maintenir à la sur- face de l'eau. Les mouvements du rachis, d'ailleurs, sont extrê- mement facilités, comme nous l'avons vu plus haut, par le re- marquable mode d'articulation des vertèbres entre elles (p. 10). 26 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. La description de cette volmiiiiieuse vertèbre, où se voit un mélange de la structure cylindrique et de la structure lamel- laire, ce qui est, au reste, l'arrangement le plus habituel, dé- montre qu'il ne faut pas admettre comme règle générale que toutes les vertèbres des Squales sont formées de cylindres con- centriques. Il y a môme, d'après M. Rich. Owen [Lect., etc., p. 56), une disposition remarquable, chez le Cestracionte, dont le Musée de Paris ne possède que des individus montés sur lesquels je n'ai pas pu l'étudier : ce Squale à aiguillon, si diffé- rent de tous les autres par son singulier système dentaire, a des vertèbres dépourvues de toute couche osseuse cylindrique. On n'y voit que des lames longitudinales se portant du centre à la circonférence, et qui envoient, çà et là, de petites jetées os- seuses. H. CRANE. L'extrémité céphalique des Poissons cartilagineux, et parti- culièrement des Plagiostomes, est beaucoup plus simple que celle des Poissons osseux. Nous ne trouvons plus ici, en effet, cette multiplicité de pièces dont la détermination est quelque- fois si difficile quand on veut les comparer aux os de la même région chez les animaux vertébrés supérieurs, et y chercher les analogies qui ont tant préoccupé les anatomistes. Le crâne des Plagiostomes est une sorte de boîte tout d'une pièce, plus ou moins dure, selon l'abondance ou la rareté des grains osseux répandus dans l'épaisseur de la trame cartilagi- neuse. Sa forme est variable : court et large dans les Roussettes et dans le genre Squatine, et chez certaines Raies, telles que les Torpilles, les Pastenagues, les Céphaloptèrcs, etc., il est, au contraire, prolongé en avant dans la plupart des Raies et des Squales, ou singulièrement agrandi dans le sens transversal chez les espèces auxquelles la bizarre conformation du crâne, résultant de sa double extension latérale, a valu la dénomina- tion vulgaire de Marteau. A ne considérer que l'espace destiné à loger rencéjjhale, la cavité crânienne est bien moins considérable encore qu'on ne serait tenté de le croire en voyant le volume de la tète, dû sur- tout aux saillies de sa surface externe. Cette faible capacité de la boîte du ci-âne proprement dite est, au reste, un caractère comnmn à tous les Poissons, où même elle n'est jamais entiè- rement remplie par l'épanouissement encéphalique de l'axe cérébro-spinal. MOTILITÉ. squelette; CRANE. 27 La région médiane, qui répond à la voûte du crâne, est plus ou moins relevée. On y voit une fontanelle, de dimensions va- l'iables, convertie le plus habituellement en trou sur les sque- lettes préparés, par suite de la destruction des parties molles. Après cette fontanelle, tout-k-fait en arrière, la région médiane est percée de deux petites ouvertures rapprochées Tune de raiUre, donnant accès aux cavités auditives et restant en com- munication avec l'extérieur, comme je l'indique plus loin, h. Foccasion de la structure de Forgane de Fouie. Cette même région médiane porte à sa face inférieure, qui peut être nommée région sphénoïdienne, un sillon très-pro- noncé chez cei'tains Squales, mais presque nul chez les Rous- settes et chez la Squatine : il est placé au-dessous de la fosse pituitaire ou selle turcique. Le crâne présente, de chaque côté, une fosse profonde qui loge Fœil dans sa portion antérieure, et dont la paroi interne est percée d'une ouverture par laquelle le nerf optique y pé- nètre. Cette cavité orbitaire manque presque complètement de ])aroi inférieure, à moins que, comme chez le Lamna comubica, mais surtout chez les Roussettes, il n'y ait, à droite et à gauche, une expansion latérale de la région sphénoïdienne. Elle est limitée en avant par une saillie latérale plus ou moins })roéminente, ou apophyse orbitaire antérieure, ou cartilage nasal, constituant pour l'orbite une paroi tantôt simplement ru- dimentaire {Squatina, etc.), tantôt, au contraire, plus ou moins complète (Roussettes, Squale-nez, etc.). A la base de cette apophyse, on voit la fossette olfactive. La limite postérieure de cette cavité orbitaire si imparfaite est habituellement peu prononcée. Elle consiste en un prolongement analogue au ])récédent, mais beaucoup plus court, ou apophyse orbitairepos- térieure. Ce sont ces deux apophyses qui, en se prolongeant plus ou moins, suivant les espèces du genre Zygœna, forment les branches du marteau, à l'extrémité externe desquelles se trouve Fœil. La cavité nasale est ouverte sur le bord antéi'ieur de ces branches. L'apophyse orbitaire postérieure est moins l'udimentaire chez la Squatine que chez beaucoup d'autres Pla- giostomes. J'ajoute que, chez les Raies, Fantérieure soutient le cartilage qui, se portant vers la nageoire, réunit cette der- nière, en avant des branchies, au crâne, dont elle va rejoindre, à son extrémité tout-à-fait antérieure, la pointe du prolongement rostral. L'apophyse orbitaire postérieure sépare d'une façon fort in- ZO OItGAMSATlON DES PI.AGKtSTOMES. comj)lrlc, iiiriHC (|ii;in(l cllo offre quelque développeiuent, la cavité de rorbite, d'une sorte de fosse tcmjioï'ah' où s'ouvre, derrière Tœil, Tévent qui est limité à son bord postérieur par le suspensoriuni, et le plus souvent, à ranlérieur, par un cartilage propre, dit cartilage de Tévent, parfois divisé en pièces secon- daires. En arrière, le crâne est muni des surfaces destinées à son articulation avec la colonne vertébrale, articulation que j'ai précédemment décrite, et sur laquelle, par conséquent, je n'ai point à revenir. De chaque côté de la région postérieure, une autre surface reçoit l'extrémité interne du susvcnsoriuDi dont je parle plus loin, à l'occasion des cartilages dentaires inférieurs, qui, par l'intermédiaire de cette pièce, analogue à l'os carré des oiseaux et des serjients, s'articulent avec le crâne. En avant, à la base de la proéminence rostrale et de l'apophyse orbitaire antérieure, on voit deux cavités souvent bien distinctes du crâne, comme chez le Lamna cornubica, lar- gement ouvertes à leur paroi antérieure, et n'ayant d'autre ori- fice postérieur que celui qui livre passage soit au processus olfactif quand il est long, comme chez les Raies, par exemple, soit seulement aux nerfs olfactifs eux-mêmes» si le lobule n'est séparé de l'encéphale que par un pédicule très-court. Ce sont les fosses nasales. Elles sont creusées à la base de l'apophyse orbitaire antérieure qui constitue ainsi le cartilage nasal. Dans les espèces à museau pointu, et parmi les Squales, il n'y a pas de meilleur exemple à choisir que le Lamna cornubica, la proéminence rostrale est formée par trois prolongements. Le moyen ou inférieur est une dépendance de ce qu'on pourrait nommer, dans cette capsule cartilagineuse, qui constitue le crâne, la région vomérienne. Les supérieurs proviennent des parties antérieures et latérales, c'est-à-dire de celles qui représentent la région ethnioïdo-frontale. Ces trois pièces cartilagineuses, chez le Lamna, par exemple, viennent se réunir à leur extré- mité antérieure, et constituent ainsi les trois arêtes d'une pyra- mide triangulaire, dont les faces sont formées par les parties molles. Les deux branches supérieures restent (luelquefois pa- rallèles, comme cela se voit, par exemple, chez le Pantoutlier {Zygœna tiburo), où elles viennent se fixer aux extrémités anté- rieures et latérales de la pièce médiane inférieure très-élargie en avant. Celle-ci appuie son bord antérieur sur un prolonge- ment du cartilage où est creusée la narine, lequel, en se réu- nissant à celui du côté opposé, constitue une bandelette carti- MOTILITÉ. squelette; MACHOIRES. 29 lagineuse courbe qui donne, au bord antérieur de la tète, la forme si caractéristique de cette espèce. Chez les Raies, les trois cartilages se portent plus ou moins en avant, selon la longueur du museau, qui est variable chez les différentes espèces. Distincts à leur origine, ils ne tardent pas à se rejoindre et à se confondre presque pour se terminer en une pointe plus ou moins aiguë. Relativement aux. Scies, je donne, en décrivant ces singuliers Plagiostomes, des détails sur le développement considérable de ces cartilages qui for- ment leur bec, et dont on voit une coupe sur TAtlas, pi. 7, fig. 7. Chez les Chimères, il y a également des cartilages du museau, mais avec cette différence notable, que le supérieur est unique et par conséquent médian. Il est plus fort que les deux infé- rieurs et attaché par sa base au-dessus des fosses nasales. Les inférieurs sont latéraux et ont chacun une double racine, comme on le voit sur la fig. 2 de la pi. V annexée au Mé- moire de J. Millier [Vergleich. Anat. Myxin., etc., Ost.), etc. Je dois rappeler, après ces indications sommaires sur ces car- tilages remarquables des Plagiostomes, que J. Millier, à la suite d'un examen des hypothèses émises sur leur signification réelle comme pièces du squelette, conclut qu'ils ne peuvent être com- parés qu'aux os du groin de certains Pachvdermes [lue. cit., chap. VII, p.228). Telle est la description générale du crâne des Plagiostomes; je la crois suffisante, ne pouvant pas entrer dans les détails que des indications plus spéciales exigeraient s'il fallait signa- ler toutes les différences qui se remarquent dans cette région, selon le genre ou même selon l'espèce qu'on étudie. A défaut de squelettes, on peut consulter les planches III-VIII, X et XII du Mémoire de M. Raph. Molin {Sull'schel. Sq. in Mém. Inst. Veneto, t. VIII). Elles donnent de bonnes représentations du crâne de diverses espèces. III. MACHOIRES. Les pièces du squelette qui sont en raj)port médiat avec les dents portent le nom de cartilages dentaires. Bien différents des os des mâchoires auxquels, chez les autres animaux, elles adhèrent, ces cartilages servent seulement de support aux té- guments dont elles sont une dépendance. 30 ORGAISISATION DES PLAGIOSTOMES. Rien de plus simple que Varc dentaire inférieur : il se com- pose de deux cartilages réunis sur la ligne médiane. Tantôt, comme dans les Raies, ils constituent une pièce presque trans- versale, dont la jonction disparaît complètement sous les dents qui la recouvrent. Tantôt, au contraii'C, comme chez les Squa- les, ils ont une forme plus ou moins parabolique, et sont munis ou privés de dents sur la ligne médiane, selon les genres ou môme selon les espèces. Cet arc dentaire est suspendu au crâne, de chaque côté, par un cartilage comparable, jusqu'à un certain point, à cette dépendance du temporal nommée os jugal chez les poissons osseux. On le désigne simplement par la dénomi- nation de smpensorium. Toujours unique chez les Squales, ce cartilage est, au contraire, quelquefois composé chez les Raies, suivant les groupes, de pièces placées bout à bout. Quant ;\ Varc dentaire supérieîir, résultant de la réunion de deux cartilages plus ou moins élargis, il ne peut être considéré que comme la simplification la plus absolue des pièces diverses (maxillaires, internmxillaires, palatins et ptérygoïdiens) qui, chez les animaux à squelette osseux, constituent la mâchoire supérieure. Je dois faire observer que chez les Torpilles proprement dites, il y a, de plus que chez les autres Plagiostomes, trois pe- tites pièces cartilagineuses séparées et distinctes qu'il n'est pas inadmissible de comparer aux ptérygoïdiens (i). Il résulte de la présence, chez \aNarcine brasit., de cartilages ptérygoïdiens et palatins bien distincts, et, en même temps, de ceux tout-à-fait antérieurs et dits labiaux, que les cartilages dentaires ne correspondent pas aux palatins eux-mêmes. Telle n'était cependant pas l'opinion de Cuvier [Leç. anat. comp., '2" édit., t. II, p. 667). Dans la description des arcades buccales de la Squatine, dont je donne une représentation (Atlas, pi. 6, fig. 4), il nomme, 1" palatins, les cartilages qui portent les dents sujjérieures {a) ; 2" intermaxillaires {b) et maxillaires (c), les deux cartilages antérieurs placés l'un au devant de l'autre et posés obliquement sur la face externe des cartilages dentaires, mais qui, dans le langage actuel, sont nommés labiaux supe- nVuns. Le troisième, ou labial inférieur [d] qui, par une de ses (I) Un fait qui paraît unique jusqu'à ce jour, a été constaté par M. Henle sur le squelette de la Narcine brasilieusis, où une autre paire de cartilages distincts semble pouvoir être assimilée aux palatins {i'eùcr .\arcinr, 1834, p. 10, pi. IV, flg. 2 et 3k, k). — Voyez, en outre, sur la même planche, fig. 5, t, i', i\ la représentation de cette chaîne cartilagineuse. MOTILITÉ. squelette; MACHOIRES. 31 extrémités s'articule avec le second labial supérieur ou maxil- laire proprement dit de Cuvier (c), et se fixe par son autre ex- trémité sur la face externe de la mâchoire inférieure (g), n'est, selon cet anatomiste, qu'une subdivision du maxillaire infé- rieur. Quant à la portion dentée elle n'est, d'après sa manière de voir, que la partie articulaire de la mâchoire inférieure. « Leurs palatins et leurs post-mandibulaires seuls armés de dents [R. an. 2*= édit., t. II, p. 383, Sélaciens) leur tiennent lieu de mâchoires, et les os ordinaires des mâchoires n'existent qu'en vestiges. » Kuhl [Beitr.zur Zool. und vergkich. Aiiat., 1820, l''' partie, p. 184, tab. VIII, fig. 1), en représentant la tète de la Squa- tine, admet les mêmes dénominations que Cuvier, pour les carti- lages labiaux supérieurs, qui sont également pour lui les maxil- laires et inter-maxillaires. Quant au labial inférieur, il le con- sidère, non comme une partie de la mâchoire inférieure, mais comme une pièce accessoire. J. Mûller surtout {Vcrgicich. Anat. mijxin.; Ost., etc., Mém. de Berlin, 1834, p. 208 et 221) a com- battu celte interprétation, et l'on doit admettre, en effet, que les cartilages dentaires sont les analogues : 1° les supérieurs (a), des vrais maxillaires et des intermaxillaires confondus; 2° les inférieurs (e), des portions articulaire et dentaire également confondues des branches du sous-maxillaire. Enfin, les pré- tendus cartilages intermaxillaires [b] ei maxillaires (c) dont la présence n'est pas constante ou manque chez certaines es- pèces, presque complètement, sont, comme je l'ai dit, les carti- lages labiaux supérieurs. L'inférieur consiste en cette pièce cartilagineuse [d] assimilée par Cuvier à une portion du sous- maxillaire. Notons enfin que les cartilages a cl e portent des dents sur presque toute leur longueur. IVy a^tout-à-fait lieu d'admettre ces homologies, car si l'on adoptait belles de Cuvier, il faudrait supposer, comme M. Rich. Owen le fait observer avec raison [Odontogr., t. I, p. 25) que, contrairement à ce qui a lieu chez tous les autres vertébrés, la portion post-mandibulaire ou articulaire est dentée. De plus, chez le Cestracion où les cartilages labiaux ont dis- paru, et que M. Owen a pris aussi comme exemple à opposer à l'opinion de Cuvier, je constate que sur le maxillaire inférieur, qui ressemble beaucoup par sa forme à celui des vertébrés os- seux, on peut parfaitement distinguer une portion dentaire al- longée et une autre postérieure, l'articulaire, privée de dents, réunie à la précédente sous un angle très-prononcé. 32 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. Quant aux deuls, clh's sont robjct d'une ôtudi; spéciale dans le chapitre relatif à la fonction de la digestion ; je n'ai donc point à en parler ici. IV. NAGEOIRES. I. NAGEOIRES PAIRES. A. Nageoires paires antérieures, pectorales ou pleuropes. Leur disposition est fort simple. Elle fournit même un caractère distinctif essentiel : contrairement, en effet, à ce qui a lieu chez les poissons osseux. Tare scapulaire est détaché de la tète. Celui des Raies qui a besoin d'un point d'appui solide, en raison de l'énorme développement de leurs nageoires pectora- les, s'attache à la colonne vertébrale, et forme ainsi un anneau ou une ceinture; mais, dans les Squales, cet arc est ouvert à sa partie supérieure. Squales. — Si nous étudions d'abord l'arc scapulaire chez ceux-ci, nous y trouvons : i" une portion comco«/e beaucoup plus considéraiile que la suivante, et qui s'élargit plus ou moins au-dessous de la région du cœur, pour se réunir à celle du côté opposé, de manière à constituer, par leur ensemble, un support protecteur de cet organe; 2" une portion scapulaire ou omoplate bien moins étendue ; unie à la portion coracoïde par un ligament, elle se projette en dehors, en arrière et en haut, et ne vient se mettre en contact ni avec celle de l'autre côté, ni avec la colonne vertébrale. La portion coracoïde porte en arrière une proéminence que, par analogie avec ce qui se voit chez les poissons osseux, on est en droit de considérer comme représentant le radius et le cubitus soudés l'un à l'autre. Cette proéminence supporte trois pièces unies entre elles, mais dont les limites restent généralement bien distinctes : ce sont les analogues des os du carpe (1). Le (l) Telle est la tliHormination adoptée par Cuvier (Hist. nat. des Poiss., t. I, p. 372), lorsq\i'il paile des os qui, cliez les poissons osseux, soutien- nent les rayons de la nageoire. Je la considère comme la plus exacte. Elle est acceptée par M. Ricli. Owen {Lecf. of comp. cnat. Fishes, t. II, p. 128). On doitcependant noter que Cuvicr {Leçons d'à iialumie comparée, 2' édit., t. I, p. 161) dit, en parlant de ces mêmes os, à l'occasion des poissons os- seux : « Les os du carpe, ou mieux du métacar[)e (car l'exemple des oi- seaux nous montre que le carpe et le tarse disparaissent avant le méta- carpe et le métatarse)... » C'est encore aux métacarpiens qu'il compare plus loin (p. 465) les pièces du squelette dont il s'agit ici. MOTILITÉ. squelette; NAGEOIRES. 33 plus volumineux est le médian. Ces cartilages en supportent d'autres ayant la forme de rayons et disposés en trois rangées successives d'inégale longueur. Ce sont, jusqu'à un certain point, les analogues du métacarpe et des doigts. Chacun des rayons de la rangée la plus externe se termine par trois ou quatre autres extrêmement tins, plus semblables à de la corne qu'à du cartilage; ils paraissent se perdre dans l'épaisseur des téguments de la nageoire. En continuant à chercher les analogies entre les membres antérieurs des Squales et ceux des animaux plus élevés, on pourrait peut-être, ainsi que le proposent Meckel [Tr. d'Anat. comp., trad. franc., t. II, p. 376) et M. Rich. Owcn [Lect., etc., t. II, p. 128), considérer ces prolongements d'aspect corné comme rappelant les ongles. Raies. — La structure de leurs pleuropes offre certaines dif- férences. Ainsi, la portion scapulaire prend une plus grande importance, en raison de son union, au moyen d'un cartilage sus-scapulaire., avec la colonne vertébrale, d'où résulte, ainsi que je l'ai dit plus haut, la formation d'une ceinture scapulaire complète. (Atlas, pi. 1, tig. 9, m.) Cette pièce supplémentaire qui manque chez les Rhinobates, dont le cartilage scapulaire se prolonge davantage, est distincte dans les Raies, où elle représente un quadrilatère plus long que large. Par son côté interne, elle s'appuie sur le rachis, ainsi que sur la pièce correspondante de l'autre moitié de la ceinture, et l'adhérence est consolidée par du tissu fibreux. En dehors, un ligament rattache ce cartilage au scapulaire. Je dois faire observer que si l'ossification est complète, comme il arrive souvent, on ne peut plus distinguer l'un de l'autre les cartilages scapulaire et sus-scapulaire. Ils forment ensemble une seule pièce transversale plus large au milieu qu'elle ne l'est à ses extrémités, et tout-à-fait confondue sur la ligne médiane avec le bord supérieur de la crête qui surmonte, dans toute son étendue, la portion indivise de la colonne verté- brale. A la région inférieure, les deux cartilages coracoïdes, le droit et le gauche, forment, en se confondant, une pièce ou barre transversale résistante. Les cartilages scapulaire et coracoïde s'élargissant et se di- rigeant de dedans en dehors, le premier de haut en bas et le second de bas en haut, se divisent bientôt chacun en trois bran- ches qui s'articulent entre elles par leurs extrémités. La sou- Poissons. Tome 1. 3 34 ORGANISAÏIOM DES PLAGIOSTOMES. dure complète de ces six branches externes et terminales cons- titue, en quelque sorte, le sommet d'une voûte latérale, dont les deux piliers, Tun supérieur et l'autre inférieur, trouvent, comme on le comprend par les détails qui précèdent, un point d'appui solide contre les piliers correspondants du côté opposé, puisqu'il y a jonction mutuelle de ces piliers au niveau de la ligne médiane. C'est avec le sommet de cette voûte que s'articulent les trois cartilages qui, je l'ai déjà dit en parlant des Squales, peuvent être considérés comme les analogues des os du carpe (Atlas, pi. 1, fig. 9). Ils sont ici beaucoup plus étendus en raison des grandes dimensions des nageoires dont ils supportent les nom- breux rayons. Celui du milieu [n] est le moins considérable; mais le postérieur, composé de deux pièces qui se suivent (o, p), et l'antérieur de trois pièces [q, r, s) également placées bout à bout (1), décrivent chacun une courbe à concavité interne, et se portent l'un en arrière et l'autre en avant. L'antérieur se dirige vers le cartilage médian de la tête ou cartilage rostral, dont il est séparé par un ou plusieurs carti- lages. La disposition de ces pièces, qui varie suivant les genres, amène des différences caractéristiques dans la forme du bord antérieur delà tête. Voyez, au reste, ce que je dis plus loin de la nageoire du crâne. Quant aux rayons eux-mêmes, ils sont en quantité beaucoup plus considérable que chez les Squales. Il y en a davantage dans chaque rangée, et les rangées elles-mêmes sont très-mul- tipliées, car ce n'est plus de trois seulement que chaque na- geoire se compose, mais de vingt et au-delà. Ces rayons sont fort courts, puisque dans la nageoire d'une Raie ronce^ qui mesure en travers 0'".23 depuis son angle externe jusqu'au point opposé, là où ils commencent la plupart, ils ont 0"'.013, si ce n'est ceux des rangées les plus externes qui se raccourcissent de plus en plus à mesure qu'ils s'approchent davantage du bord lilDre. Ces petites tiges cartilagineuses portent à leurs extrémités un renflement par lequel elles s'articulent bout à bout, de manière à former de longues tiges noueuses comme des joncs, et ré- gulièrement espacées. Les plus longues sont celles du milieu (1) Outre les trois cartilages principaux articulés avec la ceinture sca- pulairc, il y en a donc trois antres, ce qui porterait à six le nombre des pièces conespondanles au carpe. MOTILITÉ. squelette; iNAGEOlKES. 35 que porte le cartilage médian du carpe ; mais les antérieures d'une part, et les postérieures de l'autre, présentent une diminution graduelle d'où résulte la forme arrondie ou anguleuse de l'aile. Dès la troisième rangée, quelques rayons, ceux qui en occu- pent les extrémités, se bifurquent à leur bout externe et présen- tent ainsi une double articulation pour les rayons correspon- dants de la quatrième rangée, qui sont dédoublés dans le sens de la longueur sur toute leur étendue, et s'articulent, à la rangée suivante, uniquement avec des rayons soumis au môme dédou- blement. De plus, sur cette quatrième rangée, et en dedans de ces rayons dédoublés, c'est-à-dire plus près de l'axe transversal de la nageoire, quelques autres se bifurquent à leur tour et s'unissent à des rayons complètement dédoublés de la cinquième rangée. Cette cinquième rangée, par conséquent, en contient un plus grand nombre que la quatrième, mais moins que la sixième et que chacune des suivantes, la même disposition se présentant avec une assez grande régularité. Il résulte de là que les dernières rangées ne sont plus formées que de rayons dé- doublés beaucoup plus rapprochés entre eux que ne le sont les longues tiges les unes par rapport aux autres (1). Ces rayons sont recouverts, en dessus comme en dessous, par les muscles qui s'y insèrent. J'ai dit, en parlant du crâne (p. 27 et 28), comment l'apophyse orbitaire antérieure, qui peut être considérée comme un cartilage nasal, puisque la fosse olfactive est creusée à sa base, se porte en dehors et vient se mettre en contact avec la nageoire pecto- rale par l'intermédiaire d'un cartilage particulier, dont la forme n'est pas la même chez les différentes espèces. Cette pièce, spéciale aux poissons du groupe des Raies, a reçu le nom de cartilage de \r nageoire du crâne. C'est par suite de la présence de cette paire de cartilages, que la peau des nageoires pecto- rales se continue, sans interruption, jusqu'à la tète. (1) Le petit tableau suivant fait aisément comprendre cet arrangement. Il indique la disposition des rayons à l'extrémité de la moitié postérieure d'une nageoire pectorale chez une Raie ronce. On compte les rangées de de- dans en dehors. Rangées. Rayons dédoublés. Rayons bifurques. Rayons simples. 3» 0 " 10 31 4» 10 5 26 5» 15 3 23 6» 18 5 18 7e 23 4 li et ainsi de suite, les rayons simples Unissant par disparaître. 36 ORGANISATION DES PI.AGIOSTOMES. Chez les Torpilles, on trouve ces cartilages bien distincts, un de chaque côté, représentés par M. Henle {Ueber Narcine, t. IV, fig. 5, E, Torp. marmorata). Ils s'articulent par leur bout interne avec le cartilage nasal, puis se dirigent en dehors et un peu en arrière, pour aller rejoindre Textrémité antérieure des nageoires pectorales. De cette disposition et de la brièveté des cartilages antérieurs de la tète, résulte la forme toute spéciale du disque. Chez la Narcine brasiliensis, où les cartilages de la nageoire du crâne ont une forme toute particulière, M. Henle a constaté la présence, i\ droite comme à gauche, entre ces der- niers et la région antérieure de la tête, de deux petits cartilages supplémentaires logés dans l'épaisseur de la peau, l'interne beaucoup plus volumineux que l'externe, et situés l'un à côté de l'autre (t. IV, fig. 1, E,F,G, p. 5). Chez les Myliobates, il y a une véritable nageoire de la tête dont les rayons ne s'appuient que sur l'extrémité de la racine des pectorales. C'est elle qui forme la saillie remarquable que portent ces poissons à la région antérieure de la tête. J. Mill- ier l'a bien fait connaître le premier [Verghich. Anal. Myxin., etc., Ost., etc., p. 237-239, pi. IX, fig. 12, 13A, 13B). Les nageoires céphaliquessont tout-à-fait remarquables dans les Cephaloptères , où elles forment les prolongements en oreilles. En définitive, comme J. Mùller l'a bien établi [loc. cit.), con- trairement à l'opinion de Cuvier, les cartilages des nageoires de la tête, chez les Raies, ne sont pas les analogues des carti- lages labiaux des Squales, car ils se voient, en même temps que ces derniers, dans la Narcine brasiliensis. B. Les catopes ou nageoires paires postérieures, qui peuvent conserver, chez tous les Plagiostomes, le nom de ventrales, en raison de leur position reculée, mériteraient cependant bien mieux celui d'anales, puisqu'elles entourent le cloaque (1). Elles sont bien développées, particulièrement chez les mâles, où se voient les appendices copulateurs dont je n'ai point à m'occuper en ce moment. La ce/nfM/ï7;<'/t'/t'»»<', à laquelle cesnageoires sont suspendues, (1) Ce serait encore ici le cas d'insister sur les avantages que présente- rait l'adoption, pour ces nageoires paires inférieures, du nom plus explicite de catopes, ou pieds en dessous, et de celui de plcuroi)CS, ou pieds luiéraiix, pour les pectorales. De plus, ou désignant par ladénomination cVhypoptère la médiane inCérieuro, on éviteiait do se servir du m(it «««/e pour une na- geoire qui n'a plus de rapports avec l'anus chez les Plagiostomes, MOTILITÉ. squelette; NAGEOIRES. 37 est moins complèto chez les Squales et môme chez les Raies que la ceinture scapulaire. Comme cette dernière, elle est constituée en dessous par une barre transversale en forme de quadrilatère al- longé, composée d'abord de deux pièces latérales réunies sur la ligne médiane par une symphyse dont la trace même finit par dis- paraître. On serait tenté, ainsi que l'ont fait différents anatomistes, de les comparer aux pubis ; il semble cependant plus juste d'y voir les analogues des ischions et de considérer comme repré- sentant \es pubis, deux apophyses qui partent chacune du bord antérieur et aux extrémités de cette barre transversale. Derrière ces apophyses, sur le bord postérieur de cette même pièce, naît, de chaque côté, un autre prolongement cartilagineux qui, se dirigeant en haut et en dedans, est réuni par des ligaments à la colonne vertébrale; c'est bien là, en réalité, une sorte d'iléon qui sert à l'union peu solide du bassin au rachis. Tout à fait en dehors, entre les apophyses pubienne et iliaque, la pièce ischiatique présente, à chacune de ses extrémités, un condyle sur lequel s'articule, par une cavité de même diamètre, «un os long qui a, dit Cuvier [Leç., 2''édit., 1. 1, p. 573), laforme générale d'un fémur (1), et qui se dirige en arrière. » Cet os sup- porte quelquefois deux ou trois rayons de la nageoire. D'autres, au nombre de quinze à vingt, sont fixés au bord externe d'un se- cond os plus long que le précédent et qui ressemble un peu, selon la remarque de Cuvier [Id.], à un tibia. Il s'articule éga- lement avec la barre transversale ; il précède deux cartilages beaucoup plus courts, placés l'un à la suite de l'autre, et qu'on pourrait, en suivant la même comparaison avec le membre pos- térieur, \\omvi\QiV cartilages tarsiens. Ils servent d'appui aux cinq ou six derniers rayons. Les rayons se portent de dedans en dehors, ainsi que d'avant en arrière, et d'autant plus obliquement qu'ils occupent une situation plus reculée. Beaucoup moins nombreux que dans les nageoires pectorales, ils sont formés, dans leur moitié interne, par une longue tige, et, dans leur autre moitié, par quatre ou cinq tiges articulées bout à bout entre elles et avec la longue portion. Il n'y a point dans ces nageoires, chez les Raies, les bifurca- tions et les dédoublements que j'ai signalés en décrivant leurs pleuropes. Les rangées, chez les Squales, sont au nombre de (1) La dureté et la force de résistance de ces cartilages, imprégnés d'une quantité assez considérable de matière calcaire, justifient remploi^ quand on veut les désigner, du mot os, qui pourrait être également bien appliqué à la barre transversale des ceintures pelvienne et scapulaire. 38 ORGANISATION DES Pl.AGlOSTOMES. deux ou de ti'ois au plus. La dernière supporte, comme aux pleuropes, de petites tiges cornées très-fines. II. NAGEOIRES IMPAIRES. Ces nageoires, et je ne parle en ce moment que des dorsales ou épiptères, et de Y anale ou hypopîère, ne 'sont pas unies au squelette comme chez les poissons osseux. Il n'y a point ici les rayons ou os interépineux qui, simulant en quelque sorte des apophyses épineuses accessoires, pénètrent par une de leurs extrémités entre les véritables apophyses de ce nom, et sup- portent chacune par leur extrémité opposée Fun des rayons de la nageoire. A. Si nous étudions d'abord ces organes du mouvement chez les Squales, où ils sont beaucoup plus développés que chez les Raies, voici comment ils sont unis d'une façon médiate ;i la co- lonne vertébrale. Le plus habituellement, une membrane fibreuse, partant de la ligne médiane, est étendue jusqu'à la base des nageoires dorsales et anale, et supporte la première série des rayons dont elles se composent. C'est donc à l'aide de ce tissu fibreux qu'elles sont attachées à l'épine dorsale, mais sans contracter avec elle d'adhérence intime. Les rayons forment trois séries horizontales superposées. Leur nombre, toujours très-supérieur à celui des vertèbres aux- quelles ils correspondent, varie suivant la longueur des na- geoires. Leur hauteur n'est pas semblable dans toute l'étendue d'une même série, et sous ce rapport, elles sont toutes les trois dissemblables entre elles. Chez d'autres Squales à épiptères munies de rayons épineux dont je parle plus loin (p. 44), chez VAcanthias vulgaris en particulier, ces petites tiges cartilagineuses sont remplacées par des lames de même substance, ou par une grande pièce sur- montée de cartilages plus petits, de forme quadrilatérale. Dans la Sqiiatine vulgaire, qui manque également de nageoire anale, la base des épiptères est formée par des prolongements ana- logues à ceux qui précèdent ces nageoires, et qui, comme je l'ai déjà dit (p. 19), constituent en quelque sorte des apophyses épineuses ; mais ceux des nageoires sont plus larges et moins hauts que ces derniers. Leur extrémité supérieure supporte les petites plaques cartilagineuses disposées sur trois rangs, et te- nant lieu des rayons grêles qui constituent la charpente de ces MOTILITÉ. squelette; NAGEOIRES. 39 mêmes nageoires dans les autres Squales. Chez la Squatine, chez VAcanthias et autres Spinaciens, il y a, entre la colonne vertébrale et les nageoires, une union plus parfaite que dans les Squales ordinaires. Chez ceux-ci, en effet, leurs rayons sont maintenus contre le rachis uniquement par du tissu fibreux, tandis que les grandes pièces cartilagineuses qui viennent d'être décrites se fixent parleur base à la colonne vertébrale. La nageoire caudale ou uroptère est formée par une seule série de rayons en dessus comme en dessous de la colonne verté- brale. Ceux du lobe inférieur, égaux en nombre aux vertèbres, sont comme les apophyses épineuses des arcs inférieurs, ainsi que je Tai dit plus haut (p. 20). Dans Tautre lobe, ce sont des cartilages indépendants de Taxe central du squelette, et qu'on peut d'autant moins considé- rer comme des apophyses épineuses supérieures, que, le plus habituellement, leur nombre ne correspond pas à celui des ver- tèbres. Ces rayons, tant les inférieurs que les supérieurs, présentent entre eux, suivant les genres et même aussi suivant les espèces, des différences dont il est important de tenir compte pour les déterminations zoologiques. Ce qui frappe tout d'abord dans l'apparence générale de l'u- roptère des Plagiostomes, c'est que, comme celle des Chimères, des Sturioniens et de tous les poissons antérieurs à l'époque jurassique, elle est irrégulière. En d'autres termes, elle n'est point formée de deux moitiés parfaitement semblables, com- posées chacune au-dessus, comme au-dessous de la ligne mé- diane, d'un nombre égal de rayons offrant entre eux, quand ils occupent la môme position soit en haut, soit en bas, une si- militude parfaite de longueur et de volume. Il n'y a donc pas chez eux, à l'état adulte du moins, Vhomo- cercie longtemps considérée comme un caractère absolu des poissons osseux, mais à tort, ainsi que M. Huxley, dont je fais connaître plus loin les recherches, l'a démontré. L'irrégularité de la nageoire caudale a été nommée par opposition hétérocercie. Elle résulte du changement de direction de la portion postérieure du rachis, dont les dernières pièces diminuent de plus en plus de volume. Cette région terminale ainsi déviée et de longueur variable suivant les genres, décrit une courbe plus ou moins fermée, dont la concavité, dirigée en bas, supporte le plus grand nombre des rayons de la nageoire caudale. M. Vogt [Embryologie des Salmones, in Hist. des poiss. d'eau douce de 40 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. M. Agassiz,1842,p. 257) et ce dernier [Récit, sur les poiss. fossi- les, 1833-43, 1. 1, p. 102) ont été trop loin en considérant le bord supérieur de la colonne vertébrale, comme ne portant aucun des rayons de celte nageoire. Il est positif, selon la remarque de MûUer, que chez quelques Plagiostomes, et je citerai en particulier la Squatine comme étant à peu près homocerque, on voit des rayons s'insérer sur le bord convexe de Tare formé par le bout postérieur de l'épine dorsale. Le plus souvent, cependant, il n'y en a qu'à son extré- mité la plus reculée et en petit nombre; il est alors surmonté, dans presque toute son étendue , par un simple repli cutané mou et sans rayons, ne représentant donc pas une véritable nageoire. Celle-ci surtout, en réalité, est constituée par les rayons inférieurs et par la portion des téguments qui les re- couvre. Presque nulle chez les Raies, et médiocrement haute chez les Roussettes, oîi elle est assez allongée, mais sans lobe inférieur bien manifeste, l'uroptère offre les dimensions les plus considérables dans les Requins proprement dits. Là, par suite de la longueur des premiers rayons, il se forme, vers l'ori- gine de la nageoire, un prolongement qui, se portant en bas et un peu en arrière, devient le lobe inférieur et antérieur. II a, chez certaines espèces, une hauteur presque égale à l'étendue de la portion horizontale de la nageoire ; quelquefois même il la dépasse. Souvent, le lobe longitudinal présente une ou plusieurs échancrures. Je me borne ici à des indications très- sommaires, mais dans l'histoire de chaque genre, l'uroptère devra être décrite avec soin, en raison des caractères distinctifs qu'elle fournit. Dans ce moment, il importe surtout de cons- tater que, par sa forme, la nageoire caudale est fort différente de celle des poissons osseux de l'époque actuelle. Cependant, ces dissemblances très-manifestes ne sont pas si absolues qu'on est porté à le supposer quand on se borne à l'examen de cette portion du squelette chez les animaux adultes. Ainsi, dans l'embryon des Cyprins qu'il a soumis à son observation, M. de Baër, dont les travaux ont si bien fait connaître le mode de formation et la marche du développement des organes, a noté une déviation delapoi'lion terminale de la corde dorsale tout-à-fait comparable au changement de direc- tion du rachis qui vient de nous occuper; c'est-à-dire qu'au 5" jour de l'éclosion, il a vu l'extrémité terminale s'infléchir en haut, ce qui, dit-il, rappelle la disposition permanente chez MOTILITÉ. squelette; NAGEOIRES. 41 les cartilagineux [Untersiich. EntwickehDigsgcadi, Fische, etc., 4833, p. 86). La môme courbure de l'extrémité de la corde dor- sale a été observée par M. Vogt dans Fembryon de la Palée [Coregonuspalœa), quelques jours avant Téclosion, et en six se- maines à peu près, elle atteint sa plus grande hauteur [Embr. des Salmones, p. 256). Ce fait a été bien étudié également par Heckcl [Ueber das Wirbelsaiilen Ende bei Ganoiden iind Teleostiern in Sitzungs- berichte dermath. naturwiss. Classe Akad. Wissensch., Wien, 1850, p. 143-148). S'attachant à Texamen du mode de termi- naison de la corde dorsale, non-seulement chez les poissons os- seux de notre époque, mais chez ceux des terrains anciens, il a vu l'extrémité de cette corde se dévier. De plus, il a constaté que, parfois, elle reste nue et n'est pas protégée par du tissu osseux, dont l'absence est prouvée dans les fossiles par l'es- pace vide qu'a laissé entre les pièces solides la destruction du tissu qui, pendant la vie, n'était que cartilagineux. Ce défaut d'enveloppe osseuse du bout de la notochorde, se remarque aussi dans le petit nombre d'espèces de la faune ac- tuelle qu'on peut rapporter à l'ordre des Ganoïdes. Chez d'autres, au contraire, des pièces latérales, disposées en forme de toit, protègent cette portion terminale qui, pas plus que chez les précédents, n'est ossifiée. Les Salmonoïdes offrent cette disposition, et, par ce motif, Heckel a proposé pour les espèces oîi elle se remarque, la dénomination de Ste~ guri. Ou bien, enfin, cette extrémité est enveloppée dans la cavité de la moitié antérieure du corps de la dernière vertèbre. Sans exposer d'une façon plus complète ce travail de Heckel, je m'arrête seulement à ce fait, que l'hétérocercie n'est pas une exception, car, même chez les poissons homocerques, les rayons de l'uroptère ne sont pas disposés en deux portions égales, l'une supérieure et l'autre inférieure, à la région ex- trême de la colonne vertébrale. Cela est si vrai que, à la suite d'une description du mode de terminaison de la notochorde, où la division des poissons en trois groupes d'après ce carac- tère, est proposée, comme dans le travail de Heckel, M. Stan- nius conclut [Zootomie der Fiscfie, p. 29 et 30, in 2" édit. de Lehrbuch der vergleich. Anat.) en disant : « Beaucoup de pois- sons qui passent pour homocerques, montrent des traces évi- dentes de leur hétérocercie primitive.» Ainsi, quoique déguisée, cette disposition irrégulière persiste cependant. Chez les Sal- 42 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES, monoïdes, surtout, le fait est évident, et également chez les Epi- noches, comme Tout montré les recherches de M. Huxley, surde très-jeunes embryons et sur des animaux adultes [Quarteiiy jour- nal ofmicroscop science, 1859, t. VII, p. 33-44). La planche (III) qui accompagne son Mémoire représente quatre phases du dé- veloppement de la nageoire caudale de TEpinoche, jusqu'à rétat parfait. Il conclut d'une façon très-nette, en faisant ob- server que c'est un poisson excessivement hétcrocerque, tous les rayons principaux de la nageoire étant développés au-des- sous de la colonne vertébrale. Il l'est autant qu'un Esturgeon et plus, parmi les Plagiostomes, qu'une Roussette ou qu'une Squa- tine. En outre, celte étude le démontre, ce poisson acanthop- térygien offre, sous ce rapport, une structure semblable à celle du Saumon, c'est-à-dire d'un Malacoptérygien. Il y a cependant une différence : dans l'Epinoche adulte, la no- tochorde est entourée par une paroi ossifiée dans toute son étendue, et chez le Saumon, au contraire, elle reste toujours sans enveloppe osseuse, c'est-à-dire dans le même état que chez l'Epinoche non encore arrivé à toute sa croissance. En résumé, les recherches de M. Huxley sur ce sujet, con- firmées en partie et étendues par M. Koelliker, dans le travail que j'ai cité plus haut (p. 9), en parlant de l'extrémité termi- nale du rachis, amènent l'anatomiste anglais à cette conclu- sion : Dans l'hétérocercie des poissons osseux, il y a deux va- riétés de structure bien marquées. Dans l'une, à laquelle appartiennent les poissons qui pourraient être dits à queue gymnochorde, l'extrémité de la corde dorsale n'est pas protégée par une paroi ossifiée. Dans l'autre variété, rentrent ceux aux- quels conviendrait le nom de poissons à queue stegauoclwrde, à cause de l'enveloppe osseuse ou urostyle, qui protège la por- tion terminale de la notochorde, et qu'il considère comme re- présentant les corps de deux vertèbres. A quelque variété qu'ils appartiennent, les poissons osseux, en définitive, sont toujours hétérocerques, d'après les observa- tions de M. Huxley. Or, une contre-partie de cette proposition, et bien inatten- due, a été récemment donnée par M. Van Beneden [Bull. Acad. Bruxelles, t. XI, et Aini. se. nat., 4* série, 1861, t. XV, p. 124- 128). Cet habile naturaliste a constaté que chez le Spinax acan- tliias : « à l'époque où les nageoires du dos commencent à surgir, la corde dorsale se termine en arrière par un léger ren- flement de la plus ])arfaite symétrie. » Il n'y a pas trace d'hé- MOTILITÉ. squelette; NAGEOIRES. 43 térocercie. Ce fait jette un jour nouveau sur le peu d'impor- tance de la distinction à établir entre les poissons, selon la structure de la queue (1). Il est maintenant à peine utile de rappeler que la plus grande différence se manifeste, à Tûge adulte, dans la caudale des poissons cartilagineux et des Ganoïdes d'une part, et celle des poissons osseux de l'autre. Chez ceux-ci, le développement des cartilages de la na- geoire et l'arrangement régulier des rayons qu'ils supportent, amènent cette symétrie, que ne présente jamais la queue à lobes inégaux des autres poissons. B. Les Raies ont les nageoires impaires beaucoup moins dé- veloppées qu'elles ne le sont chez les Squales. Les dorsales des Rhinobates (véritables Rajides squaliformes), plus ou moins reculées sur la queue, ont déjà des dimensions moin- dres, et celles des Raies proprement dites, situées encore plus en arrière, sont réduites, dans certaines espèces, à un simple pli cutané ou môme manquent tout-à-fait. Leur caudale est également sans importance. On remarque néanmoins, dans la structure de ces nageoires comparées à celles des Squales, des différences assez notables pour qu'il soit nécessaire de les si- gnaler. Ainsi, sur la Raie bondée [Raja clavata){\jLXS, pi. i, fig.lO), voici quelle est la structure de la seconde épiptère semblable à la première, mais moins longue et moins élevée. Elle se com- pose de douze ou treize rayons appuyés, par leur extrémité infé- rieure, sur un support composé de six ou sept pièces cartilagi- neuses de longueur variable et articulées bout à bout. Les deux ou trois premières suivent une direction parallèle à celle de la colonne vertébrale, dont elles sont très-rapprochées, étant maintenues dans cette situation par du tissu fibreux. Leur bord supérieur supporte quatre rayons qui vont en augmen- (1) M. Van-Beneden se sert de ce fait comme argument contre l'hypothèse de M. Agassiz et de M. Vogt, que les poissons des terrains antérieurs à la période jurassique, et caractérisés par leur hétérocercie, représentent des états embryonnaires dont l'évolution aurait été achevée dans des couches plus récentes. Si, à cette forte objection tirée du fait que l'irrégularité des lobes de la caudale est un état non primitif, mais qui succède à une ho- mocercie momentanée, on ajoute que l'hétérocercie, comme je viens de l'in- diquer, est la disposition normale, surtout dans les premiers temps de la vie fœtale, des poissons osseux, on doit reconnaître, avec M. Van-Beneden, combien il est difficile de considérer les poissons des diverses périodes géologiques comme représentant les degrés successifs d'une organogénie permanente. 44 ORGA?«ISATION DES PLAGIOSTOMES. tant (le liauteui' à partir du pi-cmici'. A la siiilft do ces trois petits cartilages vient le quatrième, plus allongé, uni au pré- céd(Mit par son extrémité antérieure; sa direction n'est ])lus lout-à-fait la même : il s'écarte un peu de la colonne ver- tébrale en se portant en arrière et en haut; son bord supé- rieur est articulé avec trois rayons ou avec deux seulement, si le sixième, par exception, naît du cinquième qui, alors, est comme bifurqué. Le cinquième cartilage, de dimensions à peu près égales à celles du quatrième, lui fait suite et présente plus manifestement une direction oblique d'avant en arrière et de bas en haut; un seul rayon, le huitième, part de son bord supé- rieur. Il s'articule, en arrière, avec le sixième cartilage, deux fois aussi long, plus oblique, et surmonté de trois rayons de hauteur décroissante. Enlin le septième de ces cartilages de support à peine égal au tiers du sixième, lui succède en s'écar- tant encore davantage de la colonne vertébrale; il se termine par deux petites tiges qui complètent les treize rayons de la na- geoire. Une lame membraneuse, en forme de triangle à som- met antérieur, faisant partie de la nageoire, occupe l'écarte- ment laissé libre entre le bord supérieur de la queue, et cette longue pièce cartilagineuse à six articles qui sert de point d'appui aux rayons. Chacun de ceux-ci, à son extrémité libre, en supporte un certain nombre d'autres d'apparence cornée, d'une linesse ex- trême, dont la fig. 10 de la pi. 1 (Atlas), que je viens de citer, donne une très-bonne représentation. On ne saurait mieux les comparer qu'à des crins coniques, à extrémité terminale très- ténue; ils se prolongent dans l'épaisseur même de la peau jus- que vers le bord libre de la nageoire. C'est une structure tout- à-fait analogue à celle qui se l'emarque dans les nageoii'es paires antérieures, où, par suite de la comparaison faite pour les pleu- ropes entre leurs cartilages et les parties constituantes de la main, on a pu assimiler ces appendices aux ongles, ainsi que je l'ai dit (p. 33). Quelques Plagiostomes ont les nageoires impaires munies d'aiguillojis plus ou moins comprimés et parfois dentelés en arrière. Tels sont, parmi les Squales : 1" les genres compris dans la famille des Spinaciens lAcanthias, Spinax, Centrmc, CentropJwre et Ccntruscijlh'); 2" le genre Cestracionte, dont l'u- nique espèce de notre faune actuelle (C. Philippi) est, en raison des anomalies singulières de son système dentaire, le type d'une famille spéciale qui paraît avoir vécu en abondance dans les MOTiLiTi':. sqlelktte; >'ageoires. 45 mers auxquelles ont succédé les terrains houillers et le trias. A ces poissons, il convient d'ajouter les Chimères munies d'une épine à la première dorsale seulement (1). Le rang de ces poissons a été souvent discuté, mais on ne peut guère se refuser à reconnaître, à l'exemple de M. Agassiz et de J. Millier, leurs analogies remarquables avec les Squales. Enfin, parmi les Raies, les Pastmagues, les Myliobatcs et les Céphaloptères ont la queue armée d'un ou de plusieurs aiguil- lons de dimensions variables, plus ou moins déprimés et sou- vent dentelés sur les bords latéraux. Chez les Spinaciens, comme je l'ai dit plus haut (p. 38), les rayons des épiptères sont très-larges et se présentent sous l'ap- parence de lames cartilagineuses. C'est entre le bord antérieur de l'une de ces lames et le bord postérieur de celle qui précède que l'aiguillon est placé. La portion qui dépasse l'extrémité su- périeure des lames, et dont la longueur diffère suivant leur hauteur, reste engagée dans l'épaisseur des téguments. Sa pointe seule est libre dans une étendue variable selon les genres; ainsi, chez l'Humantin (CiOo;, pierre), comme les ont nommés Buckland et de la Bêcho, sont, avec les dents et quelques portions de chagrin, les seules pièces que la fossilisation ait conservées. Il est donc aisé de concevoir toute l'importance qu'on a dû attacher à leur étude, surtout à cause des dissemblances si frappantes que leurs débris plus ou moins entiers présentent entre eux. Aussi, M. Agassiz, dans le t. III de ses savantes Recherches sur les Poissons fossiles, a-t-il consacré 71 pages à la description de ces Ichthyodorulithes, dont les caractères lui ont permis d'établir dix-sept genres. Plu- sieurs, il est vrai, lui étaient également connus })ar des dents ou par quelques fragments du squelette, mais cependant la dé- termination du plus grand nombre et celle des diverses espèces qu'ils renferment n'ont eu pour base que les différences consta- tées sur ces armes des nageoires dorsales. (1) Il est bien vrai, comme le dit M. Agassiz, qu'on ne peut point con- fondre les épines des poissons osseux et celles des cartilagineux, en raison delà ditrérence de forme de l'extrémité inférieure. Je dois faire observer cependant que, chez VAcanthias vulgaire, Faiguilion, légèrement convexe à sa base, est reçu dans un petit enfoncement que présente le sommet des arcs supérieurs ou neurapophyses, et cette sorte d'articulation, très-im- parfaita à la vérité, est consolidée par du tissu fibreux. MOTILITÉ. squelette; STRUCTURE. 47 Les aiguillons de la queue de plusieurs Raies appartenant à des genres distincts, sont aussi des Ichthyodorulithes, mais ils n'offrent pas des caractères assez tranchés pour qu'ils aient pu fournir de bons éléments de classification. Je donne plus loin, en parlant de la manière dont les Plagio- stomes s'emparent de leur proie, au commencement de l'étude de la fonction de la digestion, des détails sur l'usage qu'ils font de leurs aiguillons pour l'attaque, comme pour la défense. Je dois maintenant compléter l'étude du squelette des Pla- giostomes par quelques indications sur la structure intime du tissu de cette charpente. M. James Stark, dont le travail peut être consulté avec fruit, a donné, en 1844, un résumé historique des diverses opinions émises sur ce sujet par les anatomistes qui l'ont précédé [O71 the exist. ofan osseous struct., etc., in Trans. R. Soc. Edinburgh, t. XV, p. 643-646). Quand on nomme la substance qui constitue cette charpente, tissu cartilagineux, on fait usage d'une expression assez vague, que J. Mûller a beaucoup mieux précisée qu'on ne l'avait fait avant lui. Il a reconnu, en effet, qu'on trouve dans le squelette de ces poissons quatre espèces différentes de cartilages [Ver- gleich. Anat. Myxin., etc., Ost. und Myol. in Abhandl. Akad. Wissensch. Berlin (1834) 1836, p. 131) (1). I. Il y a d'abord le cartilage hyalin ou transparent [hyali- nische knorpel), qui constitue les pièces non ossifiées du sque- lette des poissons osseux et toute la charpente des Esturgeons et des Chimères. On peut très-bien se représenter son appa- rence chez certains Plagiostomes, sur une coupe transversale de vertèbre comme celle du Squale renard (Atlas, pi. 1, fig. 7 et 8). C'est lui qui forme les cruraux et transverses avec leurs prolongements dans le corps vertébral plus ou moins ossifié, et qui occupe le centre des pièces du squelette. Cette sorte de croix manque chez les Roussettes, la Centrine et le Spinax. Il est le plus souvent recouvert par une couche de cartilage pavimen- teux ipflasterforînig] solide. Le crâne et la portion indivise de la colonne vertébrale consistent en un cartilage transparent que protège, en dehors et en dedans, ce cartilage solidifié. Le microscope démontre, dans le tissu hyalin, la présence de corpuscules cartilagineux tantôt rares, tantôt abondants; il ne (1) Je mentionne ici, pour mémoire seulement^ celle de ces quatre formes que J. MuUer désigne et figure pi. IX, fig. 4 et 5, sous le nom de cartilage celluleux, car elle est propre au squelette des Cyclostomei». 48 ORGAINISATIO.N DES TLAGIOSTOMES. contient pas de sels calcaires. Ce sont des cellules pourvues de noyaux et logées dans une substance qui, à cause de l'abondance de ce contenu, peut être nommée tissu intercellulaire. Ces corpuscules ou vésicules ont été, de la part de M. Valen- ciennes, l'objet d'une étude spéciale [Rech. sur lastruct. du tissu élément, des cartil. des Poiss. et des Mail, in Arclt. Mus., t. V, p. 506 et suiv.). De nombreuses ligures (pi. XXI-XXV) annexées à cet intéressant travail, montrent les différences très-notables que présentent entre elles ces vésicules, soit dans leur disposi- tion générale, soit dans leur volume ou dans leur forme. Je ne puis pas les passer ici en revue, j'en signalerai seulement deux tout-à-fâit remarquables. La première a été observée sur le cartilage d'une Leiche des mers du Nord [Scymnus[Lœmar(jus'\ boreaUs)., dont le cartilage, au milieu de vésicules peu considérables et arrondies, en renferme d'autres ovales et assez allongées pour prendre l'ap- parence de petits tubes (pi. XXIII, fig. IV et IV a). La seconde semble caractéristique du genre Cestracion, où ces vésicules ont une forme tubulaire encore plus prononcée (fig. V etVrt). L'une des conclusions les plus importantes que l'auteur de ce Mémoire tire de ses recherches, est ainsi formulée par lui : « Les vésicules ne sont pas éparpillées ii-régulièrcment. Elles sont, au contraire, réunies ou dispersées avec tant de régula- rité et de constance, que l'on peut déterminer le genre du poisson dont on a extrait le cartilage soumis à l'observa- tion. » On trouve également des indications intéressantes sur le car- tilage (\.diYi?,\Q Cataloijue du Musée du collège des chirurgiens de Londres [Eistological séries., t. I), où ]\L Queketla décrit un certain nombre de préparations microscopi({ues de cartilages de Plagiostomes (p. 97-103, Préparât., 18>21, pi. VI, fig. ojiaja bâtis). II. Cartilage pavimenteux, c'est-ii-dii'i' présciilaul i'appai'cnce de pavés ou d'une mosaïque, et inq)régné de substances cal- caires. Il ne se trouve que chez les Squales et les Raies où, chez presque tous, il revêt d'une croûte dure les cartilages transparents. Dans la Squatine, il y a alternance de superposi- tion pour les deux sortes de cartilages. Cette croûte est com- posée de la réunion de petits disques dui's, arrondis ou en forme d'hexagones, qui se détachent facilement les uns des autres. Là où les cartilages prennent le plus de solidité, comme MOTILITÉ. squelette; STRUCTURE. 49 aux mâchoires, par exemple, ces corps durs représentent des prismes ou des colonnettes rapprochées. C'est à ces cartilages que le squelette des Plagiostomes doit sa couleur blanche. III. Enfin, la dureté des vertèbres de certains Plagiostomes, laquelle est tout-à-fait analogue à celle des vertèbres de pois- sons osseux, est due h la présence d'un cartilage complètement ossitié. Les fig. 7 et 8 (pi. 1) de FAtlas montrent ce tissu qui, par son apparence, ressemble tout-à-fait à de l'os. Il en- toure les prolongements cruciformes de cartilage hyalin, et il tapisse la paroi des cùnes creux des vertèbres. La matière calcaire s'en dégage sous forme d'acide carbonique lorsqu'on le traite par un acide. C'est spécialement le noyau central de la vertèbre, chez certains Plagiostomes, chez les Raies, par exemple, qui est formé par le cartilage ossifié. Cette substance a été particuliè- rement étudiée par M. James Stark, dont les conclusions sont indiquées par le titre même de son Mémoire : On the existence of an osseous struct. in the vertebr. cohnnn of cavtilag. fishes [Trans. roy. Soc. Edinhurgh, 1844, t. XV, p. 643 etsuiv., avec tig. intercalées dans le texte). Cet anatomiste a insisté avec beaucoup de soin sur les différences que présente ce noyau, sur la disposition variable, suivant les espèces, des prolonge- ments solides qui partent du noyau pour se répandre dans le tissu cartilagineux, et sur l'arrangement par couches concen- triques chez quelques-uns, de la substance osseuse. M. Nardo {Osservaz. anat. sidrintim. strutt. délie cavtilag. Condrotterigi in Mem. Instit. Veneto di Scienze, t. II, 1845; p. 3-7 du tirage à part) a également présenté des considérations intéressantes sur les portions dures du squelette. Le microscope ne démontre dans ce tissu, aucun corpuscule osseux, pas plus que dans le cartilage pavimenteux. Au reste, les corpuscules manquent chez beaucoup de poissons ordi- naires, comme J. Miiller l'avait indiqué en 1835, mais comme M. Roellikcr l'a démontré beaucoup plus complètement en 1859, dans un Mémoire [On the différent types in the microsc. struct. skelet. oss. fish. in Proceed. R. Soc. Lond.) où se trouve consigné le résultat de l'examen du squelette d'un très-grand nombre d'espèces. Le cartilage ossifié des Plagiostomes consiste uniquement, dit-il, en des cellules de cartilage contenues dans une enveloppe ossifiée (p. 12 du tirage à part). Quant à la composition chimique du tissu cartilagineux, elle a été étudiée, en 1811, par M. Chevreul qui, à la suite du Mé- Poissons. Tome l. ^ 50 ORGAÎSISATIOIS DES PLAGIOSTOMES. moire de Blainville sur le Squale pèlerin, a exposé les résul- tats de Tanalyse k laquelle il avait soumis les cartilages de ce poisson [Anji. Mus.^ t. XVIII, p. 136-155). Parmi les détails intéressants de ce travail, je dois citer l'in- dication des différences que la matière animale des cartilages, dont il signalait les analogies avec le mucus animal, présente, quand on la compare à la gélatine (p. 153). Cette substance, postérieurement étudiée par J. Mûller, qui l'a nommée chon- drine, est un produit spécial aux cartilages, et diffère, par ses propriétés chimiques, de la gélatine que fournissent la peau, les os et plusieurs autres tissus. Elle donne, en effet, par l'addition du sulfate d'alumine, de l'alun, de l'acétate de plomb, du sulfate de fer, des précipités abondants, qui ne se forment point par le mélange de ces subs- tances avec la gélatine. Elle a été étudiée par MM. Mulder et Vogel fils, et son histoire est présentée avec détail par M. Du- mas, dans son Traité de chimie appliquée aux arts, t. VII, p. 478. Ce même chimiste a rappelé les analyses du squelette des pois- sons cartilagineux dues à M. Chevreul d'abord, puis à Mar- chand (/f/., t. VIII, p. 681). En 1854, de nouvelles analyses ont été faites par M. Frémy, qui a publié [Ann. chimie et phys.; 1855, 3^ série, t. XLIII, p. 47-107) un Mémoire très-instructif sur la composition chi- mique des os, dont un extrait se trouve dans les C. rendus 4c. 5C., 1854, t. XXXIX, p. 1056. Ainsi, une portion de squelette de Raie lui a donné : cendres, 30; phosphate de chaux, 27,7; carbonate de chaux, 4,3, avec des traces de phosphate de ma- gnésie. Pour un Squale, les cendres seules ont été recueillies ; il y en avait 62,6, et comme, probablement, l'analyse avait porté sur un cartilage transparent sans dépôt osseux, les sels calcaires ont manqué. Il en a été de même pour une Lamproie. De ces résultats et de ceux qu'il a obtenus dans ses autres analyses d'os d'animaux vertébrés, parmi lesquels se trouvent compris des poissons osseux, M. Frémy déduit cette conclu- sion : « Les os de ces derniers présentent la même composi- tion que ceux des mammifères, tandis que les os des poissons cartilagineux, qui sont très-riches en substance organique, ne contiennent qu'une faible quantité de sels calcaires. » .MOriLliÉ. SYSTÈME MUSCliLAlRE. 81 SYSTÈME MUSCULAIRE. Des différences remarquables dans le genre de vie et dans le mode de locomotion, résultent de celles que présente le sque- lette des Plagiostomes, selon le groupe auquel ils appartien- nent. Ainsi, les Raies, qui offrent une large surface, sont obligées de se servir de leurs grandes nageoires paires antérieures, dont la direction est horizontale, comme Toiseau se sert de ses ailes ,et elles ont à vaincre beaucoup de résistance pour déplacer des organes d'une étendue si considérable. Il est vrai que, par suite du mode d'insertion de ces nageoires sur le tronc, et de la multiplicité de leurs rayons cartilagineux articulés bout à bout, le poisson peut, jusqu'à un certain point, en les abais- sant et en leur faisant subir de légères inflexions partielles, diminuer sa surface, et, par cela môme, mieux profiter du mou- vement d'impulsion qu'il s'est communiqué en frappant l'eau avec ses ailes étendues. Un déplacement semblable des ventra- les se produit, et elles viennent en aide, avec plus ou moins d'eftlcacité, selon leur grandeur, aux pectorales. C'est ainsi qu'il s'élève vers la surface. Pour gagner rapidement les profondeurs où, d'ailleurs, l'en- traîne naturellement son propre poids, il plonge en prenant une position oblique. On comprend facilement, vu le peu de volume de la queue, souvent terminée en une sorte de fouet grêle et effilé, qu'elle ne peut pas avoir, à beaucoup près, et n'a pas en réalité, dans les mouvements de propulsion, la même force que chez les Squales. Le mode de locomotion des Raies est donc évidemment beaucoup plus imparfait que celui de ces derniers (1). Aussi, se (1) Je n'ai pas à comparer la natation des Raies à celle des Pleuronec- tes, qui ne peuvent pas, à aussi bon droit que les Raies , être nommés poissons plats, comme Yarrell [British ftshes, 3<= édit., t. II, p. 549) le fait observer avec raison. Les Pleuronectes nagent, il est vrai, en appuyant sur l'eau un des côtés du corps, mais ils ont des dimensions verticales considérables relativement à leur épaisseur, et c'est le contraire chez les Raies; aussi^ ne font-ils pas usage, pour la natation, de leurs pectorales, toujours si petites et quelquefois même nulles. Elle apour agent principal, comme chez les pois- sons ordinaires, la région postérieure du tronc et la queue. Seulement, ici, les mouvements qu'elle exécute cessent d'être latéraux par suite de leur 52 ORGAISlSATIOiN DES PLAGIOSTOMES. tiennent-elles de préférence dans les fonds, où elles se dépla- cent par de simples mouvements d'ondulation des pectorales. Elles voyagent, par conséquent, beaucoup moins que les Squales, qui nagent à la manière des poissons ordinaires. Con- formés de même, ils produisent sur Teau, y/dv les mouvements alternatifs de la queue, des effets absolument comparables, mais peut-être plus énergiques chez les individus où elle pré- sente beaucoup de longueur, comme chez les Ginglymostomes et le Stégostome parmi les Roussettes, ou chez le Squale à queue de renard [Alopias vulpes). Ils trouvent, en outre, pour la rapidité de leur progression au milieu du liquide, un auxi- liaire puissant dans leurs nageoires paires, proportionnellement bien développées chez un assez grand nombre d'espèces. Ce sont plus encore les pleuropes que les ventrales qui offrent de grandes dimensions, et Ton peut, sous ce rapport, citer, parmi les vrais Carchariens, les espèces dites Prioriodon lamia et Pr. glaucus. Leur corps fusiformc est admirablement construit pour la natation rapide. Sa vitesse ne saurait être mesurée comme Test celle des Cétacés que l'œil peut, en quelque sorte, suivre, puisqu'ils sont obligés de venir à la surface preifdre l'air né- cessaire à leur respiration. Il y a cependant lieu d'admettre, avec Ev. ]iome{Lect. comp. anat., t. I, p. 106), que la locomo- tion d'animaux si semblabl(^s de forme, doit s'exécuter au sein des eaux avec une rapidité égale. Or, une Baleine, et par consé- quent un Squale, dépasse aussi facilement que s'il était à l'ancre, un navire excellent voilier qui parcourt 14 milles (près de 26 kilom. par heure), le mille étant de 1852 mètres (1). La force de contractilité musculaire peut persister, chez les Squales, pendant un temps assez long, car il paraît que, sou- vent, ils suivent des navires durant de longs voyages, de même que les Scombres dits Pilotes [Naucrates ductor), dont les na- vigateurs ont si souvent parlé comme de conqiagnons tidèles position, mais devifiinent des mouvements de bas en haut el de haut en bas, dont la résultante est la propulsion en avant dans une diredion iio- rizontalc. ' (1) Je passe sous silence, parce que les bases en sont mal posées et que les résultats, par cela même, en sont erronés, un calcul de Everard Home {lue. ci/.), relatif à cette vitesse, et à la détermination du temps né- cessaire à un Stpiale pour faire le tour du globe. Ce calcul, d'ailleurs, est sans intérêt, puisqu'il a pour i)oint de départ la supposition inadmissible d'une natation non interi'ompue, l'animal ne prenant par conséquent pas de repos, et d'une rapidité de mouvements constamment égale. MOTILITE. SYSTÈME MUSCULAIRE. 53 des Requins. Cuvicr et M. Valenciennes [Hist. Poiss., t. VIII, p. 313-316) ont discuté les suppositions émises sur les pré- tendus services que la petite espèce rendrait à la grande , et je me borne à mentionner le passage où sont rassemblées les principales indications bibliographiques relatives k cette fable. En raison de la difficulté qu'elles éprouvent , par Fabsence de la vessie natatoire, à se maintenir à des hauteurs variables si elles ne font exécuter aux muscles des pectorales des con- tractions énergiques, les Raies habitent de préférence les fonds, qu'elles paraissent abandonner seulement à l'époque oîi elles doivent se reproduire. Le grand développement des muscles du tronc chez les Squales, pour lesquels ils sont d'excellents instruments de na- tation, leur rend un organe accessoire moins nécessaire qu'il ne semblerait devoir l'être pour les Raies. Par suite de cette puissance musculaire , les Squales, s'éle- vant quand ils le veulent et retournant avec la même facilité dans les abîmes qu'ils viennent de quitter, n'ont pas en général de sïa^^■ol^ nettement déterminée. Il en est cependant qui, comme les Raies, semblent habiter de préférence les profondeurs. Risso le dit dans les Comidérations placées en tcte de son Ichthijol. de Nice, 1810, p. XIV, en parlant de ces Plagiostomes d'une manière générale. François Delaroche {Observât, sur des poiss. recueillis aux Baléares, etc., in : Ann. Mus., 1809, t. XIII, p. 112) (1) voulant s'assurer de la réalité des assertions souvent émises sur le séjour de certains poissons dans des lieux très- éloignés de la surface, a constaté, durant une pêche qu'il fit près de Rarcelone, et où la distance à laquelle on descendit les filets fut mesurée par lui-même, qu'on en trouve à la pro- fondeur de 549 mètres ou 333 brasses (la brasse étant de l'".65). Les espèces prises étaient en petit nombre, parce que ces lo- calités, suivant les pêcheurs, sont à peine peuplées hors la saison d'été, et l'on était alors au commencement du prin- temps. Parmi les poissons recueillis, c'est le fait que je tiens k constater, il s'en trouvait deux du groupe des Squales. Nous manquons de renseignements précis, à leur sujet, nous savons seulement qu'ils étaient nommés par les pêcheurs Muchino et Cochino (2). (1) Un extrait de ce mémoire est inséré dans le Notiv. Bnllet. des se. Soc. philomnth. 1809, t. I, p. 349, sous ce titre : Observât, sur l'habitat, des Poiss. dans les eaux profondes. (2) .le n'ai point ici à étudier les conditions d'existence au milieu des- 54 ORGANISATION DES PI.AGIOSTOMES. On conçoit comment, avec de si frappantes dissemblances dans la conformation générale et dans le genre de vie, le système musculaire du tronc, de la queue et des nageoires paires se présente, chez les Plagiostomes, sous deux aspects très-diffé- rents. Si nous le considérons chez les Squales, où il offre beaucoup d'analogie avec celui des Poissons osseux, nous retrouvons d'abord les deux plans traversés de haut en bas par des intersec- tions aponévrotiques et qui, occupant Tune et l'autre face du tronc, ont été décrits par Cuvier chez ces derniers {Hist. Pom., 1. 1, p. 389, pi. IV), sous le nom àc grands muscles latéraux. Ca- rus les a représentés sur le Squalus glaucus [Tab. «wrtf., l""'' livr., tab. II, fig. VII, 14 et 15). Il importe cependant de noter que les intersections, parallèles chez les Squales comme chez les Poissons osseux, sont diri- gées ici obliquement d'avant en arrière dans leur portion supé- rieure, et d'arrière en avant dans la deuxième, puis reprennent dans la troisième la direction de la première, et dans la qua- trième celle de la deuxième. Il en résulte des lignes en zigzag h angles plus ou moins aigus, dont deux V de grandeur dif- férente, disposés ainsi ^, donnent une représentation assez exacte. Il y a donc là une différence avec les flexuosités à incur- vations alternes, caractéristiques des aponévroses intermuscu- laires des Poissons osseux. Ces nombreux faisceaux forment en quelque sorte deux mus- cles de chaque côté : l'un, qu'on pourrait nommer muscle dor- sal, et où l'on a cherché à retrouver les analogues de l'épineux du dos, du long dorsal et du sacro-lombaire (Cuv., Leç. anat. comp., 2'' éd., t. I, p. 306), est formé par les deux séries supérieures de faisceaux. L'autre, plus considérable, est constitué par les deux inférieures; il a été comparé, mais avec moins de jus- tesse, aux muscles grand oblique et droit de l'abdomen (Id., ici., p. 327). Chez les Raies, le muscle supérieur prend une api)arence fort quelles les poissons se trouvent dans ces profondeurs, qui ne sont certaine- ment pas les plus considérables qu'ils habitent. Elles ont été examinées avec grand soin par François Delaroche. Il a discuté, en habile physi- cien, la supposition faite par Bouguer d'une obscurité complète de la mer à 220™. 564 (G79 pieds). Là, par conséquent, les poissons seraient privés de l'exercice du sens de la vue; « mais, dit-il, cette proposition est sujette à de si grandes dillicultés, qu'il est permis de douter de sa justesse. » {Ob- servât, sur des puiss. n'cueillis aux Baléares, etc. in Ann. Mus. t. XIII, p. 118.) MOTILITÉ. SYSTÈME MUSCULAIRE. S5 différente do celle qu'il offre dans les Squales. Il s'y montre sous la forme d'un muscle longitudinal sans intersections apo- névrotiques. Sa portion antérieure, comme Garus l'a bien repré- sentée [Tab., etc., t. II, tig. IX^, fig. reproduite par M. Rich. Owen, in Lect., etc., p. 167), se porte de l'occiput à la ceinture scapulaire; sa portion postérieure s'étend depuis la ceinture jusqu'aux vertèbres du tronc et de la queue. Au côté externe de cette portion postérieure, il y a un autre grand muscle [h, fig. VIII et IX) placé en dehors de la ligne latérale qui marque la limite entre ses fibres et celles du muscle précédent. Il est bordé lui-même par un troisième muscle que traversent des intersec- tions aponévrotiques transversales, et qui, contournant le bord du tronc, vient constituer, en se réunissant sur la ligne médiane avec celui du côté opposé, la paroi musculaire de l'abdomen, oi^i il offre toutes les apparences du muscle droit. Ici encore, une comparaison a pu être faite avec les trois grands muscles des gouttières. On retrouve en effet, à la région supérieure, les analogues de l'épineux du dos qui va de l'occi- put à l'extrémité de la queue; du long dorsal étendu depuis le même point jusqu'au tiers de la queue seulement, et du sacro- lombaire, dont les insertions commencent également h la ré- gion antérieure de la colonne vertébrale, tandis que, au lieu de se porter à la face supérieure de la queue, il se fixe à sa ré- gion latérale. M. Ch. Robin l'a figuré en ce sur la figure I de la pi. 3, annexée à son Mémoire [Sur un appar. ekctr. des Raies: Ann. se. nat., 3^' série, 1847, t. VII, p. 212). De plus, il décrit, pour cette môme région, sous le nom de muscle latéral de la queue, un ensemble de faisceaux qu'il considère comme n'é- tant pas une continuation directe des muscles de l'abdomen. Ils commencent à la face postérieure d'une cloison placée entre la gaîne du sacro-lombaire et la branche ascendante de la cein- ture pelvienne et se terminent un peu avant le premiertiers de la queue. M. Ch. Robin a mieux exposé qu'on ne l'avait fait jusqu'alors la disposition des muscles de la région caudale inférieure et il a montré leur analogie avec ceux de la région supérieure [loc. cit., p. 214-218). L'un de ces muscles, véritable épineux inférieur, naît de la face inférieure des vertèbres de la région dorsale, par un tendon qui, réuni à celui du côté opposé, forme une arcade aponévrotique au-dessous de l'aorte. Il s'attache par son autre extrémité, au moyen de tendons égaux en nom- bre aux vertèbres, à leur face inférieure. 56 ORGAMSATION DES PLAGIOSTOMES. M. Robin désigne l'autre comme muscle pubio-caudal : il est formé par un ensemble de faisceaux, dont Tinsertion anté- rieure a lieu à la pièce transversale de la ceinture pelvienne. Ce muscle passe sur le côté du cloaque et en devient un cons- tricteur avec le muscle correspondant, puis il se place entre le sacro-lombaire et l'épineux inférieur et vient se fixer aux ver- tèbres sans dépasser le premier tiers de la queue. Chez les Raies, il y a, en raison du prolongement antérieur des pectorales et du museau, deux muscles destinés l'un à l'é- lever, l'autre à l'abaisser. Ils sont représentésparCarus(Ta/>,etc., t. II). L'élévateur [p, tig. IX), parti non pas seulement de la ré- gion supérieure de la cavité branchiale qu'il fortifie, à la vérité en s'y insérant, mais aussi de la ceinture scapulaire, comme il est dit par Cuv. [Leç. anat. comp. t. I, p. 319), va se perdre, sur le côté de la base du museau. L'abaisseur (w, tig. VIII, et Monro, Struct. and physwl. fish., tab. VI) consiste en un faisceau plus volumineux venant de la paroi inférieure de la chambre branchiale ; il décrit une courbe à concavité interne , passe en dehors de l'angle de la bouche et se tixe, par un long tendon, au commencement de la région rostrale. Dans les deux groupes de Plagiostomes, les couches muscu- laires destinées aux nageoires paires ne diffèrent que par leur volume et par le nombre de leurs divisions terminales, qui est égal à celui des rayons dont la nageoire se compose. L'un des plans est supérieur, par conséquent abducteur chez les Squales et élévateur chez les Raies; l'inférieur remplit un rôle absolu- ment inverse. Ici, comme on le remarque presque toujours chez les au- tres animaux , ce dernier l'emporte sur le précédent par son volume. J'ajoute, suivant l'observation très-juste de Carus, qui a représenté les muscles de la pectorale du Sq. glaucus [Tab. etc., t. II, fig. VII, 20 et 21), que les libres terminales des deux plans (22) deviennent par -leur action combinée, soit des pronateurs quand ce sont les postérieurs qui se contractent, soit des supinateurs s'il y à contraction des antérieurs seule- ment. Ces mouvements de rotation partielle de la nageoire ne sont possibles, au reste, que chez les Squales. Sur les nageoires ventrales de ces derniers, la disposition des muscles est tout-à-fait analogue à celle qui se voit aux pec- torales (23, ilg.VII). Chez les Raies, les ventrales ont pour élé- vateur et pour abaisseur, les deux plans de fibres qui en re- couvrent les faces supérieure et inférieure (i, tig. IX, q, tig. MOTIMTÉ. SYSTÈME MUSCULAIRE. 57 VIII). Ils sont, en même tcmjDs, abducteurs et antagonistes de deux muscles adducteurs à libres transversales, insérés d'une part au bord interne de ces nageoires, et de l'autre à un raphé médian (fig. VIII, r). Une disposition analogue se voit sur les Squales. Les dorsales (24 et 25, fig. VII) reçoivent sur chacune de leurs faces des faisceaux charnus. Ils sont plus simples que chez des poissons osseux, les rayons n'étant pas mus isolément comme chez ces derniers. Les nageoires du dos semblent n'avoir d'autre usage, Carlisle le fait observer avec raison [Croonian lecture on the arrange- ment and mechanic. actio7i muscles of flslt. in Philos. Tî'ans., 1806, part. I, p. 3), que d'empêcher le corps de rouler sur lui- même. On comprend, d'après cela, comment, en raison de la forme du corps des Raies, les dorsales ont pu être excessive- ment réduites dans leurs dimensions, tandis qu'elles sont bien développées chez les Squales. Je n'ai point, au reste, à rappeler ici les résultats constatés par Carlisle [id., p. 4 et S), et auparavant par Paley [Natural theology, p. 257), après la section tantôt des nageoires paires, tantôt des impaires, car ces expériences, si souvent répétées depuis, ont été faites sur des poissons osseux; mais il n'est pas douteux qu'elles devraient produire sur les Squales des effets semblables. Je me borne à une description sommaire des muscles du tronc, de la queue et des nageoires, n'ayant voulu m'arrêter qu'à l'étude des mouvements généraux. Celle du déplacement de certains organes, tels que les mâchoires ou les branchies, se rattache à l'histoire des fonctions où ces organes sont appelés à jouer un rôle. Le système musculaire des Plagiostomes est généralement pâle, quelquefois même tout-à-fait blanc. Il a cependant sur certains points, en particulier dans les couches superficielles, une couleur rouge assez intense. Elle est surtout remarquable chez notre Pastenague; c'est ce qui a sans doute motivé, comme Yarrell le fait remarquer [Hist. brit. fish.,^'' édit., t. II, p. 594), la vieille dénomination écossaise : Fire-flaire, dont le premier terme est destiné à rap- peler l'aspect du feu. La chair du Céphaloptère est, à ce qu'il paraît, d'un rouge ponceau (Risso, Ichth. de Nice, p. 18). Comme chez tous les poissons, nous trouvons des fibres gé- néralement plus courtes que dans les autres animaux vertébrés, 58 ORGANISATION DES PI.AGIOSTOMES. et elles présentent un grand nombre d'intersections aponévro- tiques sur les régions latérales, ce qui multiplie beaucoup leurs points d'attache et en augmente la puissance. Carlisle a spé- cialement appelé rattention sur celte particularité dans le Mé- moire cité (p. 9-11). Par là même, se ti-ouve accrue la rapidité si étonnante de la natation dont j'ai parlé ci-dessus (p. 52). Uinitabilité musculaire persiste pendant longtemps et d'une façon remarquable chez les Squales. Pérou [Voyage de décou- vertes aux terres australes, 1807, t. I, p. 211) en a cité un cu- rieux exemple. «Le 25 novembre, dit-il, on prit un requin long de 3'". 20. Depuis plus de dix minutes, on lui avait coupé la tête, arraché le cœur et tous les viscères, lorsque pour le laver à la pompe, on voulut le traîner à l'avant du vaisseau. L'animal qu'on tirait alors par la queue se mit h faire des efforts si vio- lents, il soulevait son tronc avec tant de vivacité, que plusieurs personnes faillirent en être renversées. » )> Dans notre paesage d'Europe à l'île de France, j'avais déjà vu dans un animal du même genre, l'irritabilité se conserver plus longtemps encore : depuis plus de 2 heures, un Squale était éventré; tous ses organes avec son cœur avaient été jetés à la mer, lorsqu'un matelot vint pour lui couper la queue ; à peine avait-il enfoncé le couteau d'un demi-pouce dans les chairs, que le poisson se contracta violemment, fit plusieurs bonds sur le navire; et cette irritabilité ne cessa que lorsque la queue eut été coupée d'un coup de hache. » A la suite des indications qui précèdent sur la disposition générale du système musculaire des Plagiostomes, je dois parler de l'usage qu'on fait de leur chair pour l'alimentation, à laquelle ils fournissent, sur presque tous les points du globe, un produit abondant (1). On recherche beaucoup plus les Raies que les Squales, car ils ont quelquefois une odeur et une saveur désagréables; c'est (1) Rien de ce qui touche l'emploi fait par Thomme des divers organes des animaux qu'il peut utiliser, ne doit être omis, car la connaissance des avantages tires des richesses de la création^ ajoute un attrait particulier à l'étude de l'histoire naturelle. Il ne faut jamais oublier, dans cette étude, la belle devise d'Et. Geoffroy Saint-Hilaire, UtilUati, que son fils Isidore a prise comme point de départ de ses remarquables travaux sur la zoologie appliquée. Il m'arrivera donc plus d'une fois, dans le cours de cet ou- vrage, de mentionner les ressources que les poissons fournissent non-seu- lement k l'alimentation, mais à Tindustrie et à la médecine. C'est ainsi, par exemple, que, pour les Plagiostomes en particulier, j'aurai encore à m'ar- rèter plus loin sur l'usage de leurs téguments et de l'huile si abondamment sécrétée par le foie. MOTILITE. SYSTEME MUSCULAIRE. EMPLOI ALIMENTAIRE. 59 ce qu'on peut dire, par exemple, de la chair des Marteaux ou Zygèiies. Aussi, arrive-t-il que, souvent, on rejette à la mer les Squales après avoir pris le foie pour en obtenir Thuile, et après leur avoir enlevé les pectorales qui sont, comme je le dis plus bas, Tobjet d'un grand commerce entre Bond^ay et la Chine, ou après les avoir dépouillés, quand la peau peut être utilisée dans l'industrie. Si, au contraire, la saveur n'en est point répu- gnante, et l'on sait combien sont variables les appréciations sur les qualités sapides des corps (1), la chair de ces poissons devient un aliment dont on fait provision sous forme de la- nières, rendues inaltérables par l'action du sel ou par la dessic- cation. Quelquefois même , la chair de diverses espèces est mangée crue et sans aucune préparation, comme on le sait par M. de Siebold, pourlesJaponais(F«î/«a Jfl;?ow/cfl, ;)istYs, p.304, articles du Cestracion et dcY Acantluas) .Viuïénorûë delà chair des Plagiostomes, comparée à celle de beaucoup d'autres pois- sons, résulte de ce qu'elle est généralement dure et un peu co- riace, et répand une assez forte odeur, à ce point même que certains Squales sont quelquefois nommés par les pêcheurs chiens puants. Elle s'attendrit et devient plus délicate quand elle a été gardée quelques jours. Il y a donc avantage à ne pas manger ces poissons immédiatement après leur sortie de l'eau. « Raiœ omnes, dit Rondelet [De piscibus, lib. XII, cap. V, p. 345), odovem ferinum et marinum quemdam fœtorem recipiunt, qui in diutius servatis fere evanescit. Quare Lutetiœ meliores sunt Raiœ quam Rhotomagi et Lugduni quam Massiliœ : longa enim vectura tenerescunt etsuaviores efjiciuntur . » Il y a loin de là cependant à la putréfaction qu'attendent les naturels de certaines îles de l'Océanie avant de manger crue, k la manière des Japonais et aussi, dit-on, des Islandais, la chair des Squales. Ils la laissent pourrir pendant deux ou trois se- maines : telle est l'assertion, dans un travail sur les îles Mar- quises [Revue coloniale, 1857-1858, p. 27 du tirage à part), d'un lieutenant de vaisseau, M. H. Jouan, à qui l'on doit diffé- rents travaux intéressants d'histoire naturelle (2). (1) Des idées superstitieuses font quelquefois rejeter la chair d'un pois- son qui, au contraire, est mangé volontiers ailleurs. P.-A. Lesson, frère du chirurgien de la Coquille,, et dont ce dernier a publié^ en 1845, un intéres- sant Voyage aux iles Mangareva (Océanie), en cite un curieux exemple. Les habitants do Mangareva, dit-il (p. 98), ont horreur de la chair du grand Diable de mer (Céphaloptère), que les naturels des îles Marquises mangent sans répugnance. (2) Je citerai, en particulier, une Monographie des poissons de mer GO ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. Les très-jeunes Raies {Rayons ou RatUlons), connues, ainsi que Belon le rapporte [De aquatililnis, lib. I, cap. VIII, p. 7), sous le nom depajiillniis (1) dans divers ports, sont recherchées, au bord de la mer, comme un mets foi't délicat, dont on varie les apprêts suivant les localités. Les fœtus de Squales qu'on trouve dans les oviductes des fe- melles qui viennent d'rtr(> péchées, sont beaucoup plus estimés pour la table que les adultes. Certaines espèces sont méprisées et livrées à très-bas prix. Telles sont, par exemple, les Tor- pilles et les Pastenagues. Parmi les véritables Raies de nos côtes, la Raie bouclée [R. clavata) et laii. bâtis, particulière- ment les femelles, sont les meilleures. Je ne m'étendrai pas davantage sur Texamen des qualités que présente la chair des divers Plagiostomes. Rondelet, Sal- viani, Belon, et, après eux, Gessner et Aldrovandi, ont donné sur ce sujet des détails dont un certain nombre se trouve con- signé, avec les observations des naturalistes qui les ont suivis, dans les articles consacrés aux espèces auxquelles ces détails se rapportent. Ce n'est pas seulement la chair des Plagiostonu^s qui sert comme aliment; aussi, me paraît-il opportun d'indiquer ici le protit considérable que les pêcheurs, sui- diverses côtes, tirent de la vente des nageoires de Squales, de Rhinobates et de Pris- tides. Elles occupent, en effet, une place extrêmement impor- tante dans l'alimentation des Chinois (!2). Je possède sur ce sujet des renseignements assez précis pour qu'il y ait intérêt i\ ne point les passer sous silence. Voici d'abord un court résumé de ceux que le docteur Buist a donnés [Procecd. \oolog. Snc, Lond., 1850, p. 100 et suiv.). AKoratchi, port de mer important pi'ès de l'embouchure de l'Indus, dans la principauté de Sindhy, il y a treize bateaux obsorvés à Clierljouiic en 18ô8 et 1SJ9 {Mém. Soc. impér. des se. nat. de Cherbourg, t. VII, IS^y). (1) Cette m('me dénomination sert à désigner sur certaines eûtes, à Mor- laix, par exemple, les Raies adultes desséchées. (2) Le Dict. du Commerce et des Marchand., publié par Guillaumin, 1839, dit, à l'article Nageoires d-i Requin : « On les recueille avec soin dans toutes les contrées maritimes et les îles, depuis la côte orientale d'Afrique jusqu'à la Nouvelle-Guinée. Dans les prix-courants de Canton, elles sont cotées aussi régulièrement que le thé et l'opium. Durant les quatre ou cinq dernières années, leur prix a été communément de 15 à 18 dollars (suivant la qualité) par pécul, ce qui équivaut à 127 à 152 francs par 100 kilo- grammes. » MOTILITÉ. SYSTÈME MUSCULAIRE. EMPLOI ALIMENTAIRE. 61 montés chacun par douze hommes, et constamment occupés à la pêche des Squales, dont 40,000 au moins sont pris tous les ans. Sur les plus grandes espèces, parmi lesquelles il cite le Mhoi\ qu'il nomme Baskinçj shark, comme ayant une longueur de 12 mètres et même de 18 mètres, on lance le harpon. Les au- tres sont prises au moyen die tilets à mailles de 0"'.15, et mesurant 6 à 800 brasses anglaises (fathoms), c'est-à-dire 11 à 1500 mè- tres environ, dimensions à peu près égales, en moyenne, aux 3/4 d'un mille marin (1389 mètres, le mille marin représentant en Angleterre comme en France, 1852 mètres). Leur largeur, ou plutôt leur hauteur, est de 1"'.80. L'un des bords porte de 2 mètres en 2 mètres des flotteurs en bois ayant un peu plus de 1 mètre de longueur. A l'autre bord, c'est-à-dire à l'inférieur, sont attachées des pierres. Le iilet est descendu à une profon- deur de 25 à 45 mètres, assez loin en mer, et n'est relevé que le lendemain du jour oî.i il a été placé. Je dois ajouter que sur les côtes de France, on prend sou- vent les requins au moyen de l'hameçon, et que pour les Raies on emploie, mais trop souvent en contravention aux rè- glements de pêche, les tilets traînants tirés par des barques, et dont les effets désastreux, déjà déplorés par Duhamel [Traité des pêches, lY part., sect. IX, chap. IV, p. 313), ont été si- gnalés, dans CCS dernières années, aux autorités compétentes par M. Coste (1). Les Squales qui font l'objet de la pêche dans les mers de l'Inde étant amenés sur le rivage, on leur coupe les nageoires dorsales, les seules dont on fasse usage (2), et on les faitsécher au soleil. La chair est coupée en longues lanières que l'on sale (1) « J'ai vu, dit-il, ces immenses filets traînants, tirés par deux tarta- nes accouplées, labourer le golfe de Foz, déraciner et engouffrer dans leur vaste poche les plantes marines auxquelles sont attachés les œufs des espèces comestibles, et broyer, sous la pression de leurs étroites mailles, tous les jeunes poissons, tous les jeunes crustacés auxquels ces plantes servaient de refuge. C'est un spectacle profondément triste que celui de voir cette œuvre de destruction consommée par les bras mêmes de ceux dont elle prépare la ruine. » (Inh'oduction, sous forme de lettre, au Min. de l'Agric. à son Voy. d'explorat. sur le littor. de la France et de l'Italie, p. XXYII, et 2e édit., p. XXIII.) Les mêmes conséquences fâcheuses de semblables procédés de pêche se produisent sur les côtes des Iles britan- niques où la diminution des Raies, et particulièrement du Thornbuch [Raia davuta), est signalée par M. J. Couch, Hist. fish. hrti. islands, t. I, p. 99). (2) Telle est l'indication fournie par M. Buist, mais, dans d'autres loca- lités, on détache aussi l'extrémité de la caudale et les nageoires paires. 62 OUGAINISATION DES PLAGIOSTOMES. pour les conserver comme denrée alimentaire; et, par l'ébul- lition, on extrait du foie Thuile qu'il contient. Le reste est abandonné ou rejeté à la mer, et d'innombrables petits Squales viennent se repaître de ces débris (1). Les nageoires achetées aux pécheurs par les Banians sont envoyées à Bombay, d"on leurs agents les expédient en Chine. Koratchi n'est pas le seul lieu de pêche qui fasse parvenir des nageoires de Squales aux comptoirs de cette ville. M. Buist, dans la note que j'analyse, donne, sur son approvisionnement, les chiffres suivants pour 1845-46. I.IEIX DE PROVENANCE. Côlc (l'Afrique Mer Rouge Côte do Malahar Golfe de Culch et côtes de la princiiiaulé de Sindhy Koratchi Côte de Konkan L'Archipel indien et les îles de l'Océanie foui'uissent aussi leur part dans les cargaisons destinées à la Chine. Il résulte d'indications qui me sont transmises par M. Nat. Rondot, ancien membre de la mission commerciale envoyée en Chine sous la direction de Lagrénée, que ces chiffres représen- tent une faible partie seulement des importations de nageoi- res dans l'empire Chinois, comme le montre le tableau ci- an nexé : KILOC. VALEUR. .V2I2 5,29.0 fr. (2) 74,fi9i 76,963 27,73 i 26,892 57,404 62,690 29,480 32,740 34,620 35,293 229,2 iO 239,877 (1) On fait un bien meilleur usage dos débris de VAcanthias, aux îles Orcadcs, où les pêcheurs le prennent en quantités innombrables. Ils s'en servent, en effetj comme engrais, après avoir enlevé les chairs pour les soumettre à la dessiccation et après avoir tiré du foie Fhuile que cet organe fournit abondamment (Low in Yarrell, Hist. biit.fish., 3« édit. t. II, p. 519). (2) Les poids sont indiqués par quintaux anglais appelés hundred- weiglits, ce qu'on écrit par abréviation cwts. Le hundredvveight équivaut à 50 kilogr. et se subdivise en 112 livres. La valeur est exprimée en rou- pies. Or, la roupie d'argent correspond assez exactement à 2 francs 50 cen- times. MOTILITÉ. SYSTÈME MUSCULAIRE. EMPLOI LIEUX D IMPORTATION. Emoui, par navires anglais. . Canton id Id. id Id. id Sliang-Haï id Id. sous tous pavillons. par navires anglais. id id id sous tous pavillons, id Id. Id. Id. Id. Id. Id. KILOG. VALEUR. 5,500 300,000 280,000 215,000 25,000 98,000 li,000 17,000 29,000 31,000 42,000 112,000 fr. 6,000 056,000 590,000 530,000 21,000 290,000 78,000 42,000 108,000 40,000 92,000 125,000 l ALLMEM'AIK E. i)'à ANNÉES 1855. 1847. 1855. 1856. 1855. 1856. 1857, ailerons blancs )) » noirs. 1858 » blancs » » noirs. 1859 » blancs )) )) noirs. En mettant, d'après le chiffre qui représente en 1847 sur ce tableau, l'importation k Canton, 650 à 700,000 kiïog. par an pour tous les ports et sous tous les pavillons (valeur de i mil- lion à 1,200,000 fr.), M. Rondot pense qu'on est encore au-des- sous de la vérité, parce que tous les navires étrangers, anglais, américains, hollandais, espagnols, français, fournissent des na- geoires à tous les ports de la Chine ouverts au commerce. Il croit même que les quantités indiquées sont bien inférieures à celle qui est consommée dans ce vaste pays, car il faut consi- dérer que nous n'avons aucune notion, dit-il dans la note ma- .nuscrite qu'il m'a remise, sur les approvisionnements fournis 'par les jonques chinoises, cochinchinoises, siamoises, etc., c'est-à-dire par les bâtiments construits à l'asiatique, dont les ailerons de requin constituent un des articles ordinaires de cargaison. La valeur des ailerons est assez variable. Ainsi, d'après le premier tableau ci-dessus, emprunté à M. Buist, 229,240 kilog. étant estimés à 239,877 fr., on a pour 100 kilog. environ lOo fr., ou à peine au-delà de 1 fr. par kilog. Ce sont presque les prix les plus bas, car précisément à cette même époque, à Canton, en 1844, et à Emoui en 184o, M. Rondot a vu vendre les sortes les plus communes de 0fr.60 à 2 fr. le kilog., et les ailerons noirs qui sont peu estimés, de 0fr.80 à lfr.70. Les ailerons de 2^ et ^^ qualités coûtaient 3fr.50 à 3fr.75, et ceux de qualité supérieure 4fr.75, 4fr.80, et même 6 fr. Il y a, par kilog., Sou 9 ailerons réduits à un état de siccité complète. Préparées pour être mangées, et les collections du Muséum renferment une de ces nageoires qui a subi la préparation en 64 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. Chine, elles sont dépouillées et représentent une touffe de fila- ments minces, flexueux, d'inégale longueur, adhérents à la base de la nageoire qui est d'un brun jaunâtre foncé, tandis qu'ils ont une teinte jaune d'or brillante; ils offrent une demi- transparence et un aspect corné. On })répa-re avec les ailerons, comme avec les nids de Salan- ganes [Hirundo esculenta), une sorte de vermicelle. On les fait cuire dans différents bouillons, ou dans de l'eau pure, mais alors il faut ajouter un "assaisonnemenl pour l'clever la saveur du mets. Cet aliment passe pour être tonique et stimulant, et peut- être même aphrodisiaque. Les Chinois font un très-grand usage, en outre des ailerons, de poissons secs et particulièrement de poissons cartilagineux. Les questions que soulève l'étude de l'alimentation par le poisson, relativement à la fécondité ou à la santé de ceux qui en font usage, offrent un grand intérêt, mais je n'ai point à m'en occuper ici (1). Je dois cependant citer un intéressant tra- vail de M. J. Davy [Some observât, un Fish in relation to diet, in : Trans. roy. Soc. Edimb., 1853, t. XX, p. 599), parce qu'il s'y trouve une indication sur la comparaison qui peut être faite, au point de vue de leur emploi alimentaire, entre les Plagios- tomes et les autres poissons. La chair de poissons de mer et d'eau douce, appartenant à 18 espèces différentes, a été soumise à la dessiccation par cet habile chimiste. Il a pu constater ainsi combien elle contient de parties solides pour 100. La proportion est bien en rap- port avec ce que l'on sait sur la digestibilité relative des di- vers poissons habituellement servis sur nos tables. Ainsi, tandis que la chair des Gades, connus sous les noms de Merlu- cius vidgaris., J^Ierlangus pollacJtius, Morritua viilgaris, et de l'Eperlan {Osmerus eperlanus], n'a donné pour 100 que 17,4 à 19,3, celle de l'une de nos anguilles ordinaires [Any. latiro- stris) a laissé 33,6, et celle du Scomber scombrus 37,9. Quant à la Rtiie bouclée, sa chair renferme autant de parties sèches, à quelques dixièmes près, que le Salmo umbla, le Fario anjen- teus, c'est-à-dire 22,2 pour 100. (1) Je les ai plusieurs fois abordées dans mes cours et particulièrement dans ceux de 18r)5 et de 18â7, dont les premières leçons ont été reproduites par le journal la Science (30 avril, — 14 juillet l&b[>] cl dans la Revue des Cours publics {2'2 février, — 29 mars 18J7). On y trouve «luelques développements sur ce sujet et sur les dilférentes applications pratiques de la science qui a pour objet l'étude des poissons. SENSIBILITÉ. SYSTÈME NERVEUX. 65 Ces chiffres indiquent également le pouvoir nutritif. Par con- séquent, sous ce rapport, la Raie est plus éloignée des poissons dont la chair est très-nourrissante que de ceux où elle Testa un plus faible degré. IL SENSIBILITÉ. Des animaux doués, comme le sont les Plagiostomes, d'une grande énergie musculaire, d'une force de vitalité remarquable et d'organes dont le jeu, en raison même de leur structure très- parfaite, est actif et régulier, devaient être et sont, en effet, pourvus d'un système nerveux bien développé. Ils ne peuvent être comparés sous ce rapport il est vrai, aux animaux verté- brés supérieurs, mais, parmi ceux dont la température est va- riable, ils occupent un rang élevé. L'étude des organes de la sensibilité comprend d'abord celle des centres nerveux, des nerfs qui en émanent, et des nerfs et ganglions qui constituent l'appareil du grand sympathique, puis des organes des sens. SYSTÈME NERVEUX. Les centres nerveux constituant l'axe cérébro-spinal, et les nerfs qui en proviennent, présentent, chez les Plagiostomes comparés aux poissons osseux, certaines particularités intéres- santes à signaler. Je ne m'arrêterai qu'à celles qui méritent de fixer plus spécialement l'attention. Ici, comme dans tous les animaux de la môme classe, l'en- céphale et la moelle épinière sont loin de remplir les cavités qui les logent, si ce n'est dans le très-jeune âge, où la dispro- portion de volume entre les centres nerveux et la capacité des enveloppes cartilagineuses est moins marquée. Un liquide de consistance gélatiniforme remplit l'intervalle que laissent entre elles les membranes d'enveloppe : d'une part, la dure-mère, plus ou moins adhérente, par sa face externe, aux pièces soli- des de l'étui cartilagineux, et, d'autre part, la membrane vas- culaire, ou pie-mère, qui est souvent tapissée par un pigment noir. C'est dans les mailles très-lâches d'un tissu conjonctif, te- nant, en quelque sorte, lieu de membrane arachnoïde, que cette substance à demi-fluide est épanchée. Jamais, au reste, la différence de dimensions entre la moelle et la cavité du rachis Poissons. Tome L S 66 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. n'est comparable à celle qui se remai-que dans la boîte encé- phalique. \S encéphale des poissons est fort simple dans son aspect gé- néral. Il se compose de lobes pairs et d'un ou deux lobes médians, placés les uns à la suite des autres. Sa comparaison, dans les Plagiostomes et les poissons osseux, ne montre pas de différences très-notables, mais la détermination précise et exac- tement comparative de ses différentes portions, chez les uns comme chez les autres, a beaucoup occupé les anatomistes. Cu- vier, avec l'admirable lucidité qu'il apportait dans l'exposé des opinions d'autrui, a fait connaître la singulière divergence des conclusions auxquelles cette étude a donné lieu [tiist. Poiss., t. I, note de la page 415-449). Celles de l'illustre ana- tomiste, contenues dans le chapitre dont il s'agit (p. 415-434), ont été elles-mêmes discutées. Laurillard et M. Fréd. Cuvier ont fait connaître en 1845 (Cuv., Leç. Anat. comp., S*" éd. t. III, p. 125-149) les recherches ultérieures sur le même sujet. Je renvoie donc à ces ouvrages pour l'historique d'une question sur laquelle je dois être bref, car l'encéphale des Plagiostomes, qui a une structure plus simple que celui des poissons osseux, devant seul m'occuper, je m'écarterais beaucoup trop de mon sujet, si je présentais ici, même sous une forme résumée, les observations concernant ces derniers (1). Le travail le plus récent sur ce point délicat d'anatomie est dû à MM. Philipeaux et Vulpian. Présenté à l'Académie en 1862, comme pièce de concours pour le grand prix des sciences physiques, prorogé à 1864, et relatif à VAnatomie comparée du système nerveux, leur mémoire, encore inédit, qu'un grand nombre de beaux dessins accompagne, a, sur la proposition de la Commission, reçu des encouragements qui les engagent à donner à leur travail une nouvelle extension [C. rendus Ac. des Se., [SQ%l.LY, p. 951). Or, ces anatomistes n'ayant pas borné leurs études au groupe des poissons osseux, mais s'étant occupés aussi, avec un grand soin, de l'encéphale des Plagiostomes, ils sont arrivés à une détermination très-nette des parties dont il se compose chez les uns et chez les autres (2). (1) Un exposé très-méthodique, avec une synonymie fort détaillée pour chacune des parties dont l'encéphale des poissons d'eau douce de notre pays se compose, aété donné en 1850 par M. Klaatsch {De cerebris piscium ostacanthorum aquas nostras incolentium, iig.). (2) Je ne parle ici que du travail cité plus haut, car ils se sont aperçus, SENSIBILITÉ. CEINTHES .NERVEUX. 67 De concert avec ces anatomistes, j'ai comparé à leurs des- sins, des cerveaux dont Texactitude est si remarquable qu'il m'a semblé utile d'en faire copier plusieurs sur la planche 2 de r Atlas. Ces dessins montrent avec netteté comment, mal- gré une uniformité absolue de composition , il y a cependant pour des organes identiques, auxquels se rapporte toujours le même chiffre sur toutes les figures, des différences assez nota- bles de formes. L'encéphale d'une Raie bouclée [R. clavata) y est vu en des- sus (fig. 1), en dessous (fig. 2) et suivant une coupe latérale (fig. 3). Celui de l'Ange [Squatina vuUjaris] est représenté en dessus (fig. 4) et en dessous (fig. 5). Les figures 6, 7 et 12 mon- trent, par leur face supérieure, l'encéphale de l'Emissole [Mus- telus vulgaris), de l'Aiguillât [Acanthias vulgaris) et d'une Tor- pille [Torpédo marmorata) . Enfin, pour permettre une compa- raison avec les poissons osseux, j'ai ajouté l'encéphale de la Brème (fig. 8 et 9) et du Congre (fig. 10 et 11), vus l'un et l'au- tre en dessus et suivant une coupe latérale. En procédant d'avant en arrière, dans l'examen des diverses régions de Vence'phale et de ses dépendances, on voit d'abord les parties qui se rapportent à l'organe de l'odorat. Les nerfs olfactifs (1, fig. 1) (1) sont, le plus souvent, très-courts chez les Plagiostomes et pénètrent dans l'appareil nasal presque aussi- tôt après leur sortie du lobule olfactifs nommé rhinencephalon par M.Rich. Ovven [Lect., etc., p. 184). Il en est de même dans un petit nombre de poissons osseux (fig. 8). Chez beaucoup d'autres, ils sontlongs (1, fig. 10 et 11) quandles lobules olfactifs d'où ils émanent restent très-rapprochés des lobes cérébraux, et sont presque sessiles. Cependant il peut arriver que, malgré cette dernière circonstance, les nerfs soient fort peu prolongés; l'Emissole, l'Acanthias fournissent des exemples d'une sem- blable disposition. Par suite de ce voisinage des lobules ol- factifs et du cerveau, il semble qu'il y ait une paire de lobes de plus que chez les autres poissons. en poursuivant leurs recherches entreprises depuis plus de dix ans, qu'ils s'étaient mépris relativement à quelques-unes des interprétations énoncées par eux dans un mémoire antérieur dont le but, avaient-ils dit, était « de montrer que l'encéphale des poissons est composé des mêmes parties que celui des animaux vertébrés supérieurs^ et que ces parties, à très-peu de différence près, sont disposées de la même façon. » (C. rendus Ac. se. 1852, t. XXXIV, p. 537.) (1) Toutes les figures de I'Atlas auxquelles je renvoie appartiennent à la pi. 2. 68 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. Le pédicule du lobule, ou processus olfactif [prolonijement rfiinencéphalique de M. Rich. Oweu), qui Tuiiit à Fencéphale, n'est pas toujours très-court. Il offre, au contraire, une grande longueur chez la Raie, la Squatine (3, fig. 1-3, 4, 5 et 12), ainsi que chez plusieurs poissons osseux (3, fig. 8 et 9). Ce processus est creusé d'une cavité qui est la continuation du ventricule latéral du cerveau. La portion antérieure de Tencéphale est constituée par les lobes cérébraux (proscncephala, Rich. Owen). Nettement sépa- rés sur la ligne médiane d'avant en arrière chez les poissons osseux (4, lig. 8 et 10), ils sont confondus, chez les Plagiosto- mes (4, fig. 1-2, 4, 5 et 6), en un seul lobe. Ses faces supérieure et inférieure présentent, d'avant en arrière, un léger sillon, qui est quelquefois la continuation d'une échancrure du bord anté- rieur (4, lig. 7). Ce cerveau proprement dit est remarquable chez les Squales et les Raies par ses grandes dimensions, d'où résulte, quand on le compare aux lobules olfactifs, une différence très-manifeste et plus considérable que chez lespoissons osseux. Les renflements latéraux plus ou moins prononcés de l'en- céphale, et d'oi!i s'échappent les processus, sont des rudi- ments de lobes olfactifs ; mais on ne peut pas les considérer comme distincts des lobes cérébraux. Ceux-ci sont creusés chacun d'une cavité peu considérable, prolongée jusqu'à l'ori- gine des processus : c'est le ventricule latéral (9, tîg. 3). En arrière du cerveau proprement dit, à la région supérieure, il y a, sur la ligne médiane, chez les poissons osseux, le cona- rium ou glande pinéale (5, fig. 8 et 10). Chez les Plagiostoraes, il n'y a, dans ce point, que les membranes encéphaliques, fer- mant, à sa partie supérieure, la cavité qui représente, d'une façon rudimentaire, le 3*^ ventricule. Ils manquent donc de glande pinéale analogue à celle des poissons osseux. Derrière la première paire de lobes de l'encéphale, et der- rière la glande pinéale, quand elle existe, au devant de la paire de lobes creux dont je vais parler, on voit très-bien sur les Plagiostomes (27, fig. 1, 3, 4, 6, 7 et 12), à droite comme à gauche, en dessus, une fine bandelette blanche, qui est la racine postérieure ou supérieure et principale du nerf optique du même côté, un peu confondue avec le pédoncule cérébral qu'elle contourne pour venir réunir ses libres à celles de la ra- cine antérieure. Les lobes au-devanl desipiels elles soûl placées et dont elles proviennent sont, conformément à la détermination d'Arsaky, SENSIBILITE. CENTRES NERVEUX. 69 de Tiedemann et de M. Serres, adoptée par MM. Philipeaux et Vulpian, les représentants à eux seuls des tubercules qua- drijumeaux de l'homme {nates et testes) , réduits ici, comme dans les oiseaux et les reptiles, au nombre de deux. Ce sont donc les tubercules bijumeaux (6, fig. 1, 3, 4, 6, 7, 8, 9, 10, 11 et 12). Sur les figures 2 et 5, où Fencéphale est représenté par sa face inférieure, on les voit à peine, et, pour éviter toute confusion, le n" 6 y manque. Ces lobes creux, comme on les nomme souvent, et constituant le mesencephalon de M. Richard Owen, ont beaucoup embarrassé les anatomistes. Cependant leur détermination est fort simple, et toute équivoque cesse quand on considère, les couches optiques d'ailleurs faisant défaut, qu'ils sont le lieu d'origine des nerfs de même nom. Aussi, à cause de l'incertitude qui peut résulter de l'emploi des mots lobes optiques, il est préférable de n'en pas faire usage. Ces organes sont creux, et leurs cavités qui communi- quent largement sur la ligne médiane , représentent V aqueduc de Sylvius fort agrandi. Leur intérieur se voit sur les coupes latérales (6, fig. 3, 9 et 11). Chez tous les Plagiostomes, ils sont complètement vides; chez les poissons osseux, au con- traire, ils contiennent de petits renflements dont je n'ai point à m'occuper. Je dois rappeler cependant que l'examen de l'encéphale des poissons osseux démontre, comme le disent MM. Philipeaux et Vulpian, et comme les figures 9 et 11 le font voir, que ces saillies intérieures qu'ils désignent sous le nom de cotylédons (20, fig. 9 et 11) sont des dépendances du cerve- let, qui, se portant en avant pour pénétrer dans l'intérieur des lobes creux, s'y contournent et y sont circonscrites, à leur base, par les bourrelets gris que Haller a nommés tori semi-circula- res {Opéra minora, t. III, p. 201 et 215). On ne doit donc pas comparer ces portions saillantes aux organes que l'on croyait, d'après de fausses analogies , pouvoir retrouver dans l'intérieur des lobes creux, quand on prenait ceux-ci pour les lobes cérébraux. Revenons maintenant à l'examen de l'encéphale vu par des- sus. Nous trouvons derrière les tubercules bijumeaux, une por- tion volumineuse qui se présente avec des aspects divers : c'est le cervelet (7 sur toutes les figures, excepté les figures 2 et 5, où il ne peut point être vu, parce que l'encéphale y est repré- senté par la face inférieure). Sous sa forme la plus simple, dans les poissons osseux (7, fig. 8 et 10), chez la Squatine (7, fig. 4), il a un aspect assez analogue h celui des tubercules qui le pré- 70 ORf.A^iiSATION DES PLAGIOSTOMES. cèdent. Sur sa ligne médiane, on voit un sillon longitudinal peu profond, et Torgane, quoique médian et impair, semble formé de deux lobes, mais cette séparation n'est que superfi- cielle. Dans d'autres (7, fig. 1, 7 et 12), il porte en outre une pe- tite scissure transversale. Court, superficiel et placé précisé- ment sur le milieu de la longueur du cervelet, ce second sillon n'a pas, chez TAcanthias (7, fig. 7), l'importance qu'il acquiert chez les Raies (7, fig. 1 et 3), oi^i il est plus antérieur, assez profond pour simuler une anfractuosité , et suivi d'un autre sillon également transversal et qui lui est analogue, mais plus superficiel. Dans sa moitié antérieure, le cervelet, de chaque côté, est un peu déprimé. Il se présente donc ici avec un aspect particulier, qui devient plus remarquable encore dans l'Emissole (7, fig. 6), où il est creusé de quatre sillons trans- versaux profonds, analogues à ceux du cervelet des oiseaux. D'autres sillons encore parcourent ses régions latérales et postérieures : dirigés d'avant en arrière, et de dehors en de- dans, ils sont parallèles, légèrement courbes et interrompus au milieu du bord terminal du lobe cérébelleux par une petite scissure longitudinale. La différence considérable de volume entre le cervelet des Plagiostomes et celui des Lamproies, qui consiste en une simple bandelette, ne confirme nullement l'hypothèse de Gall, touchant l'influence que cet organe exercerait sur la fonction de la géné- ration. Aucune espèce, en effet, comme M. Rich. Owen le fait observer {Lect. comp. anat. andpJnjs. Fish., p. 187) ne s'ac- couple avec autant d'ardeur et ne se laisse moins déranger que la Lamproie pendant la réunion des sexes, quelles que soient les causes de trouble. De plus, selon la remarque exacte de Leuret [Anat. comp. syst. nerv., t. I, p. 220), le cervelet offre une très-grande analogie d'aspect et de volume chez la Morue ordinaire et chez la Roussette; tandis qu'il y a une différence considérable dans leur mode de génération, puisque les Gades se reproduisent sans rapprochement des sexes, et par consé- quent ne présentent pas le signe principal de l'amour physique. La comparaison du cervelet des Plagiostomes, dont l'énergie musculaire, particulièrement chez les Squales, est si déve- loppée, et de celui des Lamproies, fournit un argument en fa- veur de l'opinion que cet organe tient sous sa dépendance les mouvements et leur coordination, comme M. Flourens l'a dit [Bech. expériment. sur les propriétés et les fond, du syst. ner- veux, 2*édit., p. 37-43). Telle est la conclusion que M. Rich. SENSIBILITÉ. CENTRES NERVEUX. 71 Owen [Lect., etc., p. 188) tire des observations faites sur les poissons; et en étudiant ce sujet, on ne doit pas perdre de vue les résultats des expériences de M. Flourens, consignées dans un Mémoire sur V Encéphale des poissons, 1824, inséré dans laS"" édit. de ses Rech. expériment., etc., p. 426 et suiv. Ce sa- vant physiologiste n'a jamais vu Tablation du cervelet, chez les poissons, produire des convulsions; mais toujours, dit-il, l'ani- mal parut avoir perdu l'énergie de ses mouvements. Cuvier est plus explicite encore en rendant compte de ce Mémoire dans son Analyse des trav. de l'Ac. des sciences pend. Vannée 1824 (Mém. de l'Ac. 1827, t. VII, p. CLXXVII, et An7i. se. nat., 1825, t. V, p. 227) : « Quant au tubercule impair, celui que l'on regarde unanimement comme le cervelet, il a offert des phéno- mènes h peu près semblables à ceux du cervelet des quadru- pèdes et des oiseaux. Quand on l'enlève, le poisson a peine à se tenir sur le ventre; il ne nage que d'une manière bizarre; il se roule sur son axe comme le font, en volant, les oiseaux privés de leur cervelet. » Il faut cependant noter que si certains Squa- les, comme l'Emissole (Atlas, pi. 2, fig. 6), ont le cervelet très- développé, avec des scissures transversales, d'autres, tels que la Squatine (Id., fig. 4), ont cet organe plus petit. Enfin, il ne le cède pas en dimensions chez les Raies (Id., fig. 1) dont le genre de vie est bien plus lent, à celui de la plupart des Squales, qui ont une locomotion beaucoup plus active et cou- rent sans cesse les mers. En dehors du cervelet, et de chaque cùté de la moelle al- longée, dont on voit bien la forme lorsqu'on l'examine par dessous (17, fig. 2 et 5), il y a des renflements qui sont des la- melles latérales de la moelle allongée. Particulièrement volumi- neuses chez la Raie où elles ont, en quelque sorte, l'apparence de circonvolutions (8, fig. 1), assez considérables encore chez la Squatine (8, fig. 4) et chez l'Emissole (8, fig. 6), ces lamelles sont petites, au contraire, chez l'Acanthias (8, fig. 7). Toujours, elles viennent se réunir sous le cervelet en formant, par leur jonction, un angle à sommet mousse dirigé en arrière. Ce sont les lobes respiratoires de certains auteurs. Chez aucun Plagios- tome, ils n'offrent autant de développement que chez les Tor- pilles où, s'unissant à un renflement des pneumo-gastriques, ils constituent les lobes dits électriques, destinés à fournir aux appareils de même nom les nerfs volumineux qui les animent (8, fig. 12). La face inférieure de l'encéphale est plus simple que la supé- 72 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. l'ieure. Au niveau des pédoncules des lobes cérébraux, il y a les lobes inférieurs de la moelle allongée. Ce sont deux renfle- ments symétriques (10, tig. 2, 3, 9 et 11). Ces organes ne sont pas les analogues des tubercules mamillaires, puisque ceux-ci, chez les mammifères, seuls animaux où leur présence ait été constatée, sont une dépendance de la voûte à trois piliers, dont aucune trace ne reste chez les poissons. Seraient-ils, au con- traire, comparables au petit tubercule grisâtre [tuber cinereum) et si peu volumineux qu'on voit chez les animaux supérieurs, derrière la commissure des nerfs optiques et qui est continu avec la tige pituitaire? Rien ne s'oppose absolument à cette as- similation, mais alors un organe si petit d'ordinaire prendrait ici un volume beaucoup plus considérable. Quoi qu'il en soit, ces lobes sont creux et en communication avec le 3*^ ventricule par l'intermédiaire deVi^ifundibulum. Entre les lobes inférieurs de la moelle allongée se trouvent le corps et la tige pituitaire, n" 14. L'extrémité antérieure de ce corps, nommé aussi lujpophysis, est située, comme chez tous les autres poissons, derrière la commissure des nerfs optiques. Son développement ne présente rien de particulier k noter chez les poissons osseux (14, fig. 9 et 11). Dans la Squatine (14, fig. 5) il est assez volumineux; mais chez les Raies, il est considérable (14, fig. 2 et 3), très-allongé et terminé en T à son extrémité postérieure. De chaque côté du corps pituitaire, on voit, sur les Raies (16, fig. 2), des organes abondamment pourvus de sang et qui n'of- frent pas la structure de la substance cérébrale. Ils ont reçu le nom de sacs vasculaires. Chez la Squatine (16, fig. 5) ils sont confondus en un seul, qui forme une couronne presque com- plète au-dessous des tubercules inférieurs de la moelle allon- gée, transformés eux-mêmes en une sorte de bourse vasculaire. On peut les voir, en grande partie, à la face supérieure, de chaque côté de l'extrémité postérieure du cervelet, chez l'A- canthias (16, fig. 7). La disposition relative des cavités ventriculaires est sembla- ble dans tous les poissons. On constate, il est vrai, des diffé- rences de grandeur ou de formes, mais leurs rapports mutuels servent eux-mêmes de guides pour la détermination des orga- nes au milieu desquels elles sont creusées. Sur la coupe verti- cale de l'encéphale de Raie, on les voit d'une façon très-nette. Ainsi, la plus antérieure qui occupe le centre de la première paire de lobes (9, fig. 3), est le ventriciile latéral. Celle qui SENSIBILITÉ. NERFS ENCÉPHALIQUES ET RACHIDIENS. 73 vient après ne peut être, ù cause de ses relations avec la précé- dente, et n'est autre, en effet, que le ventricule moyen ou 3** ventricule (11, fig. 3), dont le plancher est constitué par les pédoncules cérébraux, mais dont le plafond consiste seule- ment en une lame presque complètement membraneuse. Son petit canal de communication avec la tige pituitaire, dit infmi- dibulum, s'ouvre à la partie antérieure du plancher de Vaque- duc de Sylvius (13, fig. 3). Celui-ci va au 4" ventricule. Selon Tordre ordinaire, cet aqueduc passe sous les tubercules qui, simplifiés ici, deviennent, comme il a été dit précédem- ment, tubercules bijumeaux. Il débouche entre les pédoncules de cet organe sur la ligne médiane, dans le 4" ventricule (15, fig. 1, 3, 4, 6, 7, 8, 9, 10, 11 et 12). Tantôt, on ne voit au-delà du bord postérieur du cervelet, en l'examinant par dessus, qu'une petite portion de ce ventricule (15, fig. 1, 6,10,12). Tantôt, au contraire, il est apparent sur une longue étendue : Squatine (15, fig. 4), Acan- thias (15, fig. 7). Il prend un développement en rapport avec le volume du cervelet dont il est, en réalité, le ventricule. Or, chez les Raies, il en suit les replis et se prolonge loin en avant et en arrière dans son épaisseur. Cette cavité ventriculaire se continue dans le centre de la moelle presque jusqu'à son ex- trémité. Je ne m'arrêterai pas à la description des nerfs encéphaliques. Ils sont au nombre de onze paires , le nerf spinal manquant. L'origine apparente du glosso-pharyngien se confond presque avec celle du pneumo-gastrique. Le nerf hypoglosse naît très en arrière, comme chez les autres poissons. La planche 2 de I'Atlas, à laquelle j'ai sans cesse renvoyé dans les descrip- tions précédentes, donne de ces nerfs une excellente représen- tation que complète l'explication des figures. On trouve, d'ail- leurs, beaucoup de détails relatifs à ces nerfs tels qu'ils se présentent chez les Raies, sur les pi. I, XXXIV et XXXVII de Monro [Struct. and phijs. fish.). On peut aussi comparer la pi. X de Swan [Illustr. comp. anat. nerv. system). Relativement au nerï pneumo-gastrique, je dois signaler des observations faites sur sa distribution chez la Raia bâtis et la Pastenague ordinaire, par M. Béraud (C. rendus de la Soc. de biologie, mars 1849). Ce gros tronc fournit d'abord qua- tre nerfs branchiaux. Ils donnent chacun un filet qui se ra- mifie dans la membrane muqueuse du plafond de la cavité buccale, puis se divisent en deux rameaux : l'un, plus volumi- 74 ORGAIVISATION DES PLAGIOSTOMES. neux, occupe la face antérieure de la branchie; Tautre se ré- pand sur la face postérieure. Le premier, après être sorti de Forgane respiratoire, va animer la membrane muqueuse de la bouche à la région antérieure; le second, au contraire, se ter- mine dans la branchie. M. Swan [Illustr. comp. anat. nerv. syst., pi. XI) montre sur la Raie hatis, les quatre branches du pneumo-gastrique promptement bifurquées pour se rendre sur les deux parois de chacune des branchies, et, de plus, le glosso- pharyngien (n" 4) qui, après avoir fourni des filets aux parois antérieure et postérieure de la première cavité branchiale, se perd dans la membrane muqueuse de la bouche. Voyez aussi la figure 12, pi. 2 de T Atlas. Le pneumo-gastrique donne ensuite un nerf œsophagien (1, pi. IX, de Swan), qui va se répandre sur Testomac et entre en communication, au moyen de filets d'anastomose, avec le grand sympathique. Ces communications, on a lieu de s'en étonner, sont niées par M. Béraud dans le travail que je viens de citer, et dans une autre communication k la Soc. de biologie, mars 1849, sur le grand sympathique des Raies. Enfin, le pneumo-gastrique se continue par un nerf latéral logé à droite comme à gauche, dans un interstice musculeux. On a une très-bonne représentation de ce nerf latéral sur la pi. XI, n" 7 de Swan {Illustr., etc.), et un peu au-dessus de son origine, on voit (n" 6) le commencement de la branche qui va aux organes digestifs. Sur différents poissons, et en particulier sur un Squale qu'il désigne simplement sous les noms de pesce cane., M. Arm, Moreau a soumis cette branche latérale à la galvanisation (C. rend. Soc. biologie, juillet 1859). Il a constaté que, malgré l'in- fluence de cet excitant, on n'obtient pas de mouvement dans les parties auxquelles ce nerf se distribue; mais les signes de la sensibilité, c'est-à-dire les mouvements réflexes généraux se sont produits. Cette sensibilité, comme chez les animaux verté- brés supérieurs, est plus obtuse que celle des nerfs rachidiens. Je ne ])uis pas, sans m'éloigner du but que je me propose dans cette revue de l'organisation des Plagiostomes, entrer dans les détails que l'histoire des nerfs encéphaliques exige- rait si je devais la présenter ici, même sous une forme abrégée. Il faut surtout recourir, pour connaître les résultats fournis par l'étude aiiatomique et physiologique de cette portion du système nerveux, au savant Mémoire de M. Stannius [Dasperi- pherische Nerven.system der Fische, 1849, fig.). SENSIBILITÉ. >ERFS ENCÉPHALIQUES ET RACHIDIENS. 75 Les 7îerfs rachidiens, comme chez les autres animaux verté- brés, naissent de la moelle épinière par deux racines, Tune antérieure ou inférieure, l'autre postérieure ou supérieure, fournies par les cordons antérieurs et postérieurs de la moelle épinière. Elles émanent de points exactement correspon- dants de chaque côté, de sorte qu'elles constituent des paires dont le nombre est égal à celui des vertèbres. Ce n'est, au reste, que dans la région du tronc qu'il y a cette régularité. Il n'en est plus de môme à la queue, où il existe une alternance par suite de laquelle le nombre des nerfs se trouve diminué de moitié. La portion de la région caudale du rachis de VAlopias vulpes, représentée sur I'Atlas (pi. 1, fig. 1), fait très-bien comprendre le changement survenu dans le mode d'émergence des racines nerveuses, surtout quand on compare ce dessin à celui de la figure 2, montrant un segment dorsal de la même colonne vertébrale. (Voy. ce que j'ai déjà dit à ce sujet p. 23.) Il faut d'abord se rappeler que chaque racine traverse un trou particulier. Les orifices de la rangée supérieure [i') percés dans les cartilages intercruraux, comme on le voit surtout bien chez le Rhynchobatus lœvis, par exemple, fig. 5, servent aux racines supérieures ou postérieures. Ceux de la rangée placée au-des- sous, ouverts dans les cartilages cruraux (f), livrent passage aux racines inférieures ou antérieures. Or, il y a sur le tronc autant de paires de trous cruraux et de trous intercruraux que de ver- tèbres, et par conséquent égalité de nombre entre ces dernières et les paires nerveuses qui, à la région caudale, au contraire, sont de moitié moins nombreuses que les vertèbres. Une figure des vertèbres du tronc du Spinax où se voient les trous de sortie, a été donnée par M. Stannius [loc. cit., pi. IV, fig. 4). A une certaine distance de leur émergence, les racines ner- veuses se rejoignent. La postérieure porte un petit ganglion qui manque à l'antérieure. M. Robin [Appar. électr. des Raies in Ann. se. nat., 4847, 3'' série, t. VII) a figuré le mode de jonc- tion des deux racines (pi. 3, fig. 2). M. Stannius [loc. cit., 1849, tab. IV, fig. 7) l'a également bien représenté sur le Spinax niger et, de plus, sur l'Esturgeon. Quant au mode de jonction, M. Arm. Moreau a constaté (C. rend. Soc. biologie, mai 1858 et juillet 1859, \m\s Ann. se. waf.,1860, 4" série, t. XIII, p. 380), et ses préparations démon- trent la parfaite exactitude de son observation, que la réunion des racines d'un môme nerf a lieu à une distance plus ou moins considérable de leur point d'origine. Simplement acco- 76 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. lées riinc àrauti'O d'abord, elles se réunisseiil, soit par fusion, soit par anastomoses au moyeu de tilets nerveux qui, pai'tant de Tune des racines, se portent vers Tautre racine du même nerf ou d'un nei'f voisin. Les anastomoses se répétant à des intervalles plus ou moins rapprochés, les nerfs acquièrent de plus en plus les conditions de nerfs mixtes. Toute excitation d'un semblable cordon ner- veux produit les phénomènes de contractilité locale dans les muscles où il se rend, et, en outre, de contractilité générale, seule manifestation appréciable des phénomènes de sensibilité chez des animaux dont la souffrance ne peut pas être autrement exprimée. Avant cette réunion et pour quelques nerfs dans une étendue de plusieurs centimètres au-delà du point d'émergence de la colonne vertébrale, il est facile, comme M. Arm. Moreau l'a souvent observé dans ses vivisections sur des Raies, sur des Torpilles et sur le Squale-nez, de s'assurer de la façon la plus positive, que chaque racine est douée, comme chez les autres vertébrés, de propriétés physiologiques très-distinctes. Cette dissemblance dans le rôle des racines nerveuses avait été établie déjà, à l'aide de moyens mécaniques et de la galva- nisation, par M. Stannius, comme il le rappelle {Dos pcriphe- rische IS criH'mijstem der Fische, p. 114). Cependant, les expéri- mentations soit de cet habile anatomiste, soit de Wagner, qu'il cite comme mentionnées dans un ouvrage que je n'ai pas pu con- sulter, diffèrent de celles de M. Arm. Moreau, en ce qu'elles n'étaient faites que sur la portion très-courte des racines qui, chez les Squales, précède leur réunion apparente. La disposition des nerfs rachidiens destinés aux nageoires latérales est très-intéressante à étudier chez les Raies. On la voit parfaitement dans son ensemble sur la \)\. XI de Swan (//- lustr. cnmp. annt. ncrv. sijst.: R. batit^), et en partie sur sa pi. X, puis sur la pi. XXXIV de Monro [Str. and phyt^. fisli.). Cuvier et ses continuateurs [Lee. anat. comp., t. VII, p. 266- 268 et 277) ont décrit avec soin l'arrangement plexiforme de ces nerfs. En sortant de la colonne vertébrale, les 20 premières paires rachidiennes sont reçues dans les gouttières latérales du rachis (voyez plus haut, p. 15). Elles s'y réunissent en un tronc qui passe dans le trou le plus antérieur des cartilages en voûte (p. 34) auxquels la nageoire est suspendue. Ce tronc s'infléchissant en dehors et en avant, se porte le long du bord des cartilages représentés sur I'Atlas, pi. 1. fig. 9, et ser- vant de snpjjort aux rayons du tiers antérieur de la pectorale. SENSIBILITÉ. GRAND SYMPATHIQUE. 77 Il se divise alors dans le tissu musculaire en un nombre de ti- lets égal à celui des rayons. On pourrait comparer ce premier tronc, comme le fait Laurillard (Cuv., Leç.., etc., p. 267), au ra- dial, et les deux autres, dont les branches se répandent dans le reste de la nageoire, au médian et au cubital. Le médian résulte de la réunion des 4 ou 5 paires vertébrales qui suivent les 20 premières. Il sort par la même ouverture que le précédent, mais plus en arrière, pour se répandre dans la partie moyenne de l'aile, dont la postérieure est animée par les divisions très-mul- tipliées du troisième tronc ou cubital, composé des 20 paires nerveuses qui viennent après les 25 premières. Ce nerf traverse Torifice le plus reculé du cartilage en voûte de l'épaule, se place le long des cartilages postérieurs qui supportent les rayons, puis se divise en un certain nombre de filets. Dans les muscles des nageoires ventrales, la distribution des nerfs est la même que dans ceux des pectorales. Ils proviennent de 45 à 18 paires rachidiennes : les premières forment un tronc ramifié au niveau des rayons les plus antérieurs; les autres en- voient isolément des filets dans le reste de la nageoire. Les nerfs de la queue, chez les Raies, ont été l'objet d'une étude particulière de la part de M. Ch. Robin {App. electr. des Raies, in Ann. se. nai., 3*^ série, t. VII, p. 219-232, pi. 3, fig. 2). J'ai déjà signalé l'alternance d'origine des paires rachidiennes dans cette région, et par suite, la diminution de moitié du nombre de ces paires; je noterai donc simplement ici la for- mation de nerfs longitudinaux qui reçoivent des branches déta- chées des nerfs rachidiens après la réunion des deux racines, et donnent des filets musculaires et cutanés dans toute l'étendue de la queue, sans en fournir aux prétendus appareils électriques, ceux-ci étant animés par des branches sorties des nerfs rachi- diens avant qu'ils forment les cordons longitudinaux. Le système nerveux du grand syntpathique a été étudié chez un certain nombre de Plagiostomes, et l'on trouve, sur ce sujet, des indications détaillées dans les deux ouvrages de M. Stan- nh\ii[Daspenpher. Nervensyst. Fisch., p. 131 et 134, etHandbucli zooL, 2" édit., p. 143-147, § 62). Celui de la Raia bâtis a été figuré avec beaucoup de soin par M. Swan {Illustr., pi. IX). Il manque dans la cavité crânienne, et n'a été observé que dans la région ventrale, où il se présente sous la forme de ganglions disposés en double rangée, une de chaque côté de la colonne vertébrale. Ils y sont réunis les uns aux autres par des filets de substance nerveuse grisâtre. Ils accompagnent les artères du 78 0RGA>'1SAT1()IS DES PLAGIOSTOMES. tube digestif, et envoient, dans les organes auprès desquels ils sont placés, des rameaux plus ou moins nombreux.. M. R. Remak a également étudié le grand sympathique sur des Roussettes adultes et jeunes, appartenant aux espèces dites Scyllium canicula elcatulns, où il offre un développement re- marquable {Fvovw[Vs F\ eue ISotizcn, 1837, t. III, juill. -septembre. Vermischte anat. Bcobaclit. : V Leber den N. sijmp. Haifisclie, p. 153). Sur tous les nerfs spinaux, à peu île distance de leur sortie du canal vertébral, et de chaque côté, il y a des ganglions aplatis ; ils diminuent de volume à mesure qu'ils se rapprochent de la queue, et donnent des tilets à ces nerfs et à la moelle. Le plus volumineux de ces ganglions et qui est en même temps le plus antérieur, se trouve placé à côté de Toesophage, au com- mencement de restomac. Il fournit un grand nombre de ramus- cules dont plusieurs sont pourvus de renflements ganglionai- res. Les uns vont aux branchies, les autres se réunissent, en formant un ganglion grêle, u une branche stomacale assez forte du nerf vague et vont à l'estomac, au-delà duquel ils échappent aux recherches. Le sympathique semble se perdre par sa jonc- tion avec le nerf vague. En arrière, il peut être suivi plus loin, mais M. Remak n'a pas aperçu sa terminaison. Il convient de citer aussi les recherches de M. Giltay un peu antérieures aux précédentes (1834). Il a représenté la disposi- tion qu'il a trouvée chez le Sq. acanthias, sur la pi. I, tig. V, jointe à son Mémoire De nervo sympathico. Il a constaté égale- ment une communication avec le nerf vague, au moyen de deux branches partant d'un ganglion triangulaire placé au-devant de l'estomac et d'oi^i émanait, en arrière, une branche munie d'un petit renflement, au-delà duquel il l'a vu se perdre. ORGANES DES SENS. Pour conipléler l'histoire du système nerveux, il me reste à parler des organes spéciaux destinés à recevoir vX à transmettre les sensations venues du dehors, et qui mettent l'animal en rap- port avec le monde extérieur. Le sens du toucher étant le plus simple de tous, son étude doit précéder celle des autres sens. L SENS DU TOUCHER. Très-oblus, sans doute, chez le plus gi'and nombre des Pla- gioslomes, par suite de la rudesse de leurs téguments, ce sens SEISSIBILITÉ. TOUCHER. 79 n'a point de siège spécial. Certaines Roussettes, le Gynglimo- stoma cirratum, par exemple, ont la valvule nasale prolongée en un petit lobe. Les Squatines, surtout l'espèce dite Squat, aculeata, et la singulière Roussette, nommée précisément à cause de cette particularité Crossorhinus barbatus, portent, au bord antérieur de la tête, de petits lambeaux cutanés analogues à ceux de la Baudroie. Aucun de ces poissons cependant, ex- cepté le Squale à bec de scie [Pristiophorus cirratus)., n'est muni, comme divers Cyprins ou comme les Silures, des longs bar- billons qui semblent devoir être le siège de quelque sensation tactile particulière. Chez aucun, non plus, les pectorales n'ont les rayons isolés, un peu comparables à des doigts, et qui ca- ractérisent les Trigles que mon père [Zool. analyt.., 1806, p. 131) a nommés Dactyles. La peau des Plagiostomes enveloppe généralement le corps d'une manière exacte, surtout au crâne. Aussi, est-il rare qu'elle soit mobile sur les parties sous-jacentes, comme elle l'est, par exemple, chez les grenouilles. Cette mobilité, cependant, se voit chez les Torpilles, où le tissu conjonctif sous-cutané est bien plus lâche que dans les autres groupes. Chez ces dernières, elle est absolument nue, tandis que chez les autres Plagiosto- mes, elle est plus ou moins protégée par des pièces dures déve- loppées dans son épaisseur, et que je décris ci-après avec tous les détails nécessaires. Sous l'épiderme, qui est d'une épaisseur variable et ne re- couvre pas les parties saillantes de la peau, à moins qu'elles ne dépassent k peine la surface externe, il y a une couche mu- queuse supportant un pigment peu abondant. Les couleurs des Plagiostomes sont beaucoup moins variées que celles des pois- sons osseux. Jamais elles ne présentent les teintes vives et écla- tantes ou les reflets métalliques si remarquables chez ces der- niers. Le brun verdâtre ou jaunâtre constitue, d'ordinaire, le fond de leur système de coloration. Le noir, surtout, s'y montre sous l'apparence de points, de taches plus ou moins régulières ou de bandes. Le blanc se marie quelquefois aux teintes som- bres avec assez d'élégance. Ainsi, dans la famille des Rousset- tes, par exemple, on trouve plus de variété que chez les autres Squales qui, le plus souvent, sont unicolores. Certaines Raies sont également assez ornées, mais jamais la livrée des Plagios- tomes et même des espèces des mers les plus chaudes, ne peut être comparée à celle des autres poissons. De la surface du derme s'élèvent des papilles chez le Sajmnus 80 ORGAMSATION DES PLAGIOSTOMES. lichia, dans le voisinage des lèvres (Leydig, Beitr. mikr. anal. Roch. und Haie, p. 80); mais lenr présence est, chez les Séla- ciens, une particularité rare et difficile à constater. La peau est richement vasculaire, et chez la Raja clavata exa- minée peu de temps après la mort, comme j'ai eu occasion de l'observer au bord 'de la mer, on voit, à la base des boucles, par- ticulièrement des plus volumineuses, un réseau capillaire. Il y a aussi des nerfs répandus dansTépaisseur du tégument (1), mais leur étude se rattache à celle du système des canaux cutanés dits tubes muqueux, dont j'ai nuiintenant à m'occuper, et qui leur servent de supjjort. Notons d'abord que la peau des Plagiostomes, et particu- lièrement des Raies est, comme dans les autres poissons, cou- verte de mucosités qui, formant un enduit toujours renouvelé, protègent les téguments contre l'eau, dont le contact immédiat et continuel n'aurait pu manquer d'exercer une action nuisible. D'où proviennent-elles? Le célèbre anatomisti» Nicolas Stenon ayant trouvé dans la Raie, dans un Squale, jmis dans rAnguille, des pores et des méats cutanés, a soupçonné qu'il avait affaire aux sources de ce mucus (2). Cette supposition est discutée plus bas après l'étude de ces organes. En 1785, Alex. Monro a particulièrement appelé l'attention sur les canaux cutanés dont les pores sont les orifices extérieurs. Dans les planches VI et VII de son grand ouvrage [The struct. and physiol. of fishes), il a donné de belles figures de ces tubes chez la Raie. Ils forment, de môme que chez les Squales, deux groupes : 1" les uns, à plus grand diamètre et à parois plus épaisses, peuvent être considérés comme des tubes ce)tti-aux; (1) M. Brackel a conclu de ses recherches microscopiques sur la struc- ture intime de la peau, qu'elle est formée, comme chez les autres animaux vertébrés, de couches de fibres de tissu conjonctif superposées; le vo- lume de ces fibres va en diminuant, des régions profondes vers la super- ficie (De cutis orgam Plagiostomorum, 1858, p. M). (2) Observât, anat. quibus varia oris, oculurum, ..... et muci fontes de- ieguntur, etc., 1662, in-t2. A défaut de cet ouvrage, devenu raie, on peut prendre connaissance des observations de Stenon, dans Blasius, Anntome vnimalium, etc., in-4>', 1681, De cane carcharia, p. 264 Lorenzini, Osserv. int. aile Torped., 1678, était, à cet égard, du même avis que Stenon (p. 8, pi. I, fig. 1 et 2, et explication, p. 10). Rivinus (Aug. Quir.) a étudié ces pores sur le brochet, mais je n'ai pas à insister ici sur sa dissertation Oljscrvalio anatorn. circn poros in piscium cutenotandos {Actaeruditorum, 1687, p. 160), puisqu'il n'y est pas question des poissons cartilagineux. SENSIBILITÉ. SENS DU TOUCIIEK. 81 2" les autres, plus spécialement nommés tubes jniiqueux, sont moins gros, et ont des parois moins résistantes. 1" Les plus volumineux, ou tubes centraux, sont représentes par Monro, injectés avec de la cire; mais il n'est pas difficile, même sans cette préparation , de mettre à découvert leurs branches principales et les ramifications qui s'ouvrent par les pores extérieurs. Ils décrivent des dessins réguliers à la région supérieure , et particulièrement à l'inférieure où ils sont plus nombreux. Dans les Raies, ils y entourent le car- tilage médian du museau , le bord antérieur de la bouche, le bord libre des valvules nasales et forment des anses. Un de ces tubes se prolonge à la face inférieure du disque , au- dessous des pectorales, jusqu'au-delà du dernier orifice bran- chial et remonte, après s'être recourbé, pour aller gagner le bord antérieur du disque, le contourner, puis se jeter sur la région suscéphalique, où il décrit, d'avant en arrière, un trajet assez court. Les pores cutanés dépendant de ce système des tubes volu- mineux sont, non pas des ouvertures de leurs parois, mais les orifices de tubes latéraux pkis fins qui en partent comme des branches, et dont quelques-unes se voient sur les planches VI et VII de Monro déjà citées. Leur disposition dans les Squales et les Chimères, fort analo- gue, d'ailleurs, à celle qu'on voit chez les Raies, a été décrite par de Blainville [Princ. d'anat. comp., t. I, p. 157), qui com- pare, avec raison, cet ensemble de tubes à l'appareil lacunaire de la ligne latérale des poissons osseux. Cette assimilation est d'autant plus fondée, que les Squales ont une ligne latérale quelquefois bien visible, mais d'autres fois à peine apparente, et qui fait [)artie de ce système de tubes ramifiés. Chez les Raies, en raison même de leur conformation, le canal longitudinal qui fait saillie sous la peau se voit, en dessus, de chaque côté du plan musculaire médian. Les tubes présentent dans leur trajet et dans les contours de leurs flexuosités, des différences génériques ou spécifiques, et même individuelles inutiles à indiquer. Je n'insisterai pas longuement non plus sur leur structure. Je dois cependant en signaler les principales particularités que M. Leydig a plus spécialement étudiées [Beitr. mikrosk. Anat. Rochen und Haie, p. 38, § 28). Ils ont deux parois, et on les voit bien chez les Raies : l'une externe plus ferme, ana- logue, comme enveloppe protectrice, au tube calcaire du canal Poissons. Tome I. 6 82 ORGANISATION DES l'LAGIOSTOMES, latéral des poissons osseux; Tautre, interne, qui est le véri- table tube muqueux. Ce qu'il y a de plus remarquable dans l'organisation de cet appareil, c'est la richesse de son système nerveux. Les nerfs, en effet, perforant le tube d'enveloppe, pénètrent dans sa ca- vité en grand nombre, et chacun forme alors un petit renfle- ment d'où partent des iilets très-ténus. La figure 2 de la plan- che 3, jointe au texte de M. Leydig, donne, sous un assez fort grossissement, une représentation très-nette de l'arrangement en série linéaire des petites masses nerveuses et des ramus- cules qui en proviennent et se répandent à la surface du tube intérieur et dans l'épaisseur même de sa paroi. La disposition que je viens d'indiquer se voit aussi chez les Squales, et même M. Leydigl'a retrouvée, mais beaucoup plus difficilement, dans le tube de leur ligne latérale. Celui-ci, au reste, quand on l'examine dans son ensemble, offre plus de fermeté que les tubes de la tête qui en sont des ramifications ; il a l'apparence et la consistance du cartilage, quoiqu'il n'y ait pas de véritable tissu cartilagineux dans sa structure. Jamais, chez les Plagiostomes, il ne s'ossifie comme chez les poissons osseux et chez les Chimères, qui offrent cependant de si gran- des analogies, dans leur organisation, avec les Squales et les Raies. L'intérieur des tubes renferme un liquide clair, analogue, pour sa consistance, à celui du labyrinthe de l'oreille. On y trouve aussi, outre les ramifications des fibres nerveuses pri- mitives, des réseaux capillaires d'une extrême iinesse; mais jamais on n'y rencontre aucune trace d'appareil glandulaire. 2° Les tubes muqueux, ou tubes delà seconde classe, beau- coup plus nombreux que les précédents, sont Irès-rapprochés les uns des autres. Ils s'ouvrent à la surface de la peau par de très-fins orifices, moins multipliés chez les Raies que chez les Squales. Ils ont, pour siège principal, le museau, et forment dans leur ensemble, particulièrement sur cette région et sur le disque des Raies, sans en excepter les Torpédiniens, des dessins variables suivant les espèces. Aussi, leur comparai- son peut-elle quelquefois être utile pour les distinctions spé- cifiques. Sans entrer ici dans de plus longs détails, je me bornerai à indiquer, comme étant un bon spécimen, la dis- position de ces pores, telle que je l'ai étudiée sur le Lamna cornubica. A la région supérieure, ils forment deux bandes représen- SENSIBILITÉ. SENS DU TOUCHER. 83 tant un A dont la pointe est située un peu en deçà de Textré- mité du museau et dont les branches s'arrêtent au-dessus du milieu de l'œil. Chaque face latérale est percée de pores sem- blables aux précédents; ils forment une bande étroite en avant et élargie en arrière, mais plus courte que les supérieures : com- mençant au même niveau, la bande ne va pas jusqu'à l'œil. Une autre bande de pores occupe, de chaque côté, le dessous du museau, et s'arrête à la narine. Les orifices, qui ressemblent à des trous faits avec une épingle, ne présentent pas une très- grande régularité dans leur arrangement. Ils sont au nombre de 90 à 100 dans chaque bande; de sorte qu'on en peut comp- ter 600 environ sur tout le museau. Les tubes, à leur origine, sont réunis en paquet et entourés sur ce point par une enveloppe fibreuse formant capsule. De là, ils partent, comme le montrent les pi. VI et VII de Monro, en divergeant à la manière de rayons émanant d'un centre. Ils commencent chacun par une extrémité en forme de cœ- cum, le plus habituellement renflée comme une petite ampoule, dans l'intérieur de laquelle un tronc nerveux très-fin pénètre, accompagné de quelques ramifications vasculaires. Les études microscopiques de M. Leydig sur ces ampoules, lui ont permis d'y reconnaître des différences qu'il a décrites [lue. cit., p. 41- 43, § 29) et figurées pi. I, fig. 14 et pi. IL La forme extérieure peut être fort simple, comme chez la Squatine oii il y a, seule- ment à l'intérieur de l'extrémité aveugle qui n'est point renflée, des cloisons verticales dirigées de la circonférence vers le cen- tre. Chez les autres Squales et les Raies où les tubes cutanés ont été étudiés, les cloisons, au contraire, soulèvent les parois de l'ampoule et déterminent des saillies (pi. II, fig. 6, Zygœna maliens). Par suite de cette disposition, sa coupe transversale rappelle l'apparence que présente la section d'une grenade. L'arrangement des cloisons est un peu différent chez YAcanthias vulgaris (fig. 3, pi. II), Les tubes et les capsules fibreuses dans lesquelles ils pren- nent naissance, sous forme d'ampoules, se trouvent non-seu- lement chez les Raies ordinaires, mais chez les Torpilles, comme Lorenzini l'a démontré le premier (Osserv. int. aile Torp. p. 22 et 23, pi. 1, fig. 4, a et b). Cette circonstance est utile à noter, car elle monlri; que Et. Geoffroy Saint-Hilaire avait été trop loin en les assimihmt aux appareils qui' dégagent de l'électricité [Mémoire sur VAnatomie comparée des organes électriques). « Ils 84 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. sont semblables, dit-il, quant ù leur nature intime et à leur structure » {An7i. du il/ws., t. I, p. 404). Cependant, c'est une ressemblance uniquement au point de vue de Tanatomie, et non de la physiologie, que ce célèbre naturaliste signalait (/«/ie superio)\, p. 249), il a essayé de justifier cet arran- iiement au moyen de la connaissance que l'on a de leur développement. Il considère ces poissons comme une forme embryonnaire du grand type des Plagiostomes. Aussi, compare-t-il les phénomènes physiologiques ob- servés chez les Cyclostomes à ceux qui se passent chez les têtards de Ba- traciens urodèles. Ce n'est point ici le lieu de discuter cette opinion. 88 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. nulées, a i-eçu le nom de chagrin , à cause de sa ressend)lance avec certaines préparations de peanx de mammifères qui ont longtemps constitué une industrie spéciale en Turquie, dans le Maroc et à Tunis (1). Elle est recherchée dans le commerce pour le polissage du bois, de l'ivoire ou des métaux. On en monte, à cet effet, des morceaux sur des mandrins en bois cons- tituant des outils de formes variées suivant les besoins de Hn- dustrie. M. le professeur Guibourt {Hist. nat. des drogues sim- ples, A" édit. 1851, t. IV, p. 178-181) a donné une description détaillée des différentes sortes commerciales. Elles proviennent, ainsi que je m'en suis assuré dans sa riche collection, de Rous- settes [Scyllium canicnla et catulus), de Leiches [Scymnus li- chia) et du Centrophorus yranulosus. C'est à cette dernière es- pèce, qui n'est pas rare dans la Méditerranée, qu'il faut rappor- ter les peaux dites, dans le commerce, (ï Aiguillât et de Sagre. Elles sont recouvertes de tubercules réguliers presque lisses au toucher et présentant un joli aspect (Atlas, pi. 5, fig. 18). Le plus rare et le plus beau chagi'in est fourni par une Pastenague des mers de l'Inde : Hypolophiis SepJwn. C'est avec ces diffé- rentes peaux qu'on fabrique le Galuchat, désigné ainsi par le nom même de l'ouvrier qui, le premier, sut les polir et les amener à un état d'amincissement convenable pour qu'elles pussent, après avoir été teintes, le plus souvent en vert, servii- de revêtement élégant et solide h. de petits meubles, à des étuis ou à des fourreaux d'armes blanches. Partout oii les Sélaciens deviennent l'objet d'une pêche, leur peau est utilisée. Dans les îles de l'Océan pacifique, par exem- ple, comme Lesson nous l'apprend [Yoij. aut. du monde de la (1) Il ce paraît pas douteux, et telle est l'opinion admise par 31. Littré dans son dictionnaire, que le mot chagrin est tiré du turc sagri, employé dans le même sens et qui signifie croupe, la peau de cette région, chez le cheval, l'âne ou le mulet, étant la plus estimée pour la préparation dont il s'agit. On a une preuve de cette étymologie par la similitude du terme dans différentes langues où évidemment il provient de la même source. Ainsi, les Italiens ont zigrino, les allemands chagrin, les Anglais shagreen, etc. Nous conservons même le nom de sagre pour un Squale (Spinax niger), appelé sagree sur les côtes de Gènes (Lacép. Hist. Poiss., t. I, p. 274), où l'on dit sngrinà, ronger, et sagrinâsc, se ronger de colère; ce qui met sous les yeux, comme le fait observer le savant lexicographe que je viens de citer, le procédé mental qui, de chagrin, peau rude, a fait chagrin, peine morale, mot nouveau dans la langue, dit-il, et où l'on ne peut apercevoir que celui jiar lequel on désigne une peau rude et grenue, utilisée pour frotter, polir et lisser, et devenu par métaphore l'expression d'une peine qui ronge. SENSIBILITÉ. SENS DU TOLCHER. 89 Coquille, Zool., t. II, l''^' partie, p. 73), les naturels se servent pour limer les substances dures, du tégument de la Raie dite Aigle de mer. Avec celui de la Raie chinoise {Platyrhina sinen- ■sis), dit-il encore (p. 76), les Japonais fabriquent des fourreaux pour leurs cimeterres. Pendant longtemps, on a négligé de s'attacher à l'étude com- parative soit de la forme, soit de la structure des pièces solides de la peau des Plagiostomes, et de chercher si leurs différences ne pourraient pas fournir des caractères distinctifs. Et même, en 1836, dans le tome III de sc<>PiecJi. sur lesPoiss. foss., où il traite des Placoïdes, M. Agassiz ne consacre pas deux pages de la quatrième partie de ce volume, à l'histoire du chagrin, tant les matériaux lui manquaient. Depuis lors, l'attention s'est portée vers ce sujet, et il est bien plus permis aujourd'hui de se rendre compte de la valeur des dissemblances offertes par l'en- veloppe cutanée. J'ajoute que, par suite de l'étude microsco- pique de la structure des scutelles, on a pu reconnaître leurs analogies avec les dents. On trouve dans l'ouvrage de MûUer et Henle, sur les Pla- giostomes, l'indication, pour le plus grand nombre des espèces, de la forme des scutelles des Squales et de celle des épines ou boucles des Raies. J'ai soin moi-même, dans les descriptions, de la mentionner et j'en ai fait iigurer un assez grand nombre dans r Atlas. La forme des scutelles cutanées constitue souvent un bon ca- ractère, en raison de sa tixité, mais elle varie suivant les espè- ces. Quand on veut les comparer entre elles chez des individus différents, il faut les étudier c'i^ns la même région, particuliè- rement sur le dos, car elles y sont plus régulières ; les autres offrent des dissemblances suivant le lieu qu'elles occupent. La pi. 3 de l'ÂTLAS donne un exemple remarquable de ce fait : les scutelles dorsales du Ceatvaeion Philippi sont représentées de face et de profil sur les figures 11 et 12 ; les surcilières, fig. 13; celles du bout du museau, fig. 15, et, enfin, les ventrales, fig. 14. La forme la plus singulière se remarque dans l'unique espèce du genre Spinax (S. niger) (Atlas, pi. 4, fig. 13 et 14). Ce ne sont plus les plaquettes dont la peau est garnie dans les autres genres. Si l'on n'y regarde pas attentivement, il semble, au pre- mier aspect, que la peau soit, en quelque sorte, couverte de poils, à cause de la longueur, de la finesse et de la légère flexibilité de ses prolongements, qui sont très-nombreux et extrêmement rapprochés les uns des autres. 90 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. Quelquefois, ce sont des tubercules arrondis, sans aspérités: c'est ce qui se voit chez les Scicn, par exemple, dont la peau, couverte de très-fines écailles circulaires ou hexagones, est lisse. Il en est de même chez plusieurs Rltinobates sur les points qui manquent des aiguillons dont ils sont souvent munis comme les Raies. Un bon exemple de ces tubercules arrondis et disposés en pavés est fourni par le Centrophorus (jramdnsm déjà cité (Atlas, pi. 5, lig. 18). Sa peau forme un beau galu- chat. Presque toujours les scutelles présentent, en arrière, une ou trois pointes, dont la médiane est à peu près de la même longueur que les latérales ou les dépasse assez notablement (Roussettes, Atl., pi. 7, tig. 2) pour faire une saillie appré- ciable, non-seulement au toucher, mais à la vue. Quelquefois, elles prennent la forme d'une feuille plus ou moins eflilée en arrière. Telle est la disposition qui se remarque, par exemple, chez les Notidaniens, chez YAcanthias ordinaire, mais surtout chez le Centrophore dit C. squamosus (Atlas, pi. 5, tig. 11, 12 et 13). Il sei'ait trop long de décrire ici les formes variées des scu- telles, qui offrent souvent des différences très-notables dans la conformation, soit de leur partie saillante, soit de leur base. Les pi. 3, 5, 7, 10 et 12 de TAtlas en représentent un assez grand nombre, et je renvoie à la plupart de ces figures dans les pages qui suivent. Tantôt la surface de la scutelle est lisse; tantôt, et c'est le cas le plus ordinaire, elle porte une ou trois carènes longitu- dinales. Quelquefois, il y a jusqu'à cinq carènes, entre au- tres chez uneOxyrhine [0. SpaUanzanï), le Zygœna maliens et le Triœnodon obesus, où le nombre des saillies peut aller jusqu'à sept. Les dimensions des scutelles sont généralement peu considé- rables, et l'emploi de la loupe est le plus souvent nécessaire pour les bien distinguer ou pour y observer les particularités de conformation que je viens d'indiquer. Elles sont même par- fois très-petites, celles des CarcJuirieus, par exemple, ou des Scymniens; mais elles se présentent, ;i la région supérieure de quelques espèces, sous la forme de tubercules arrondis, comme chez les Rltinobates ou chezlaiîa/c [Ilypoloplnis] sephen (Atlas, pi. 7, tig. o). Leurs dimensions sont encore plus considérables sur la Pastenague ûllc; Anacanthns asperrimvs^ où elles forment des cônes à base élargie (Atlas, pi. 7, tig. G). Elles n'ont j^as SENSIBILITÉ. SENS DU TOUCHER. 91 toutes, quelle que soit Tespèce dont il ^s'agisse, une grandeur égale chez un même individu. Leur jiombre est très-considérable et n'a pas la même fixité que celui des écailles chez les poissons ordinaires où il vient souvent en aide au zoologiste pour la détermination des espè- ces. Leur disposition chez ceux-ci est assez régulière pour qu'il soit généralement facile de compter les rangées qu elles forment sur la longueur et sur la hauteur du corps, et cette numération fournit les mêmes chiffres à toutes les époques de la vie du poisson, parce que les écailles croissent avec Faninial sans changer de nombre. II n'en est pas ainsi pour les Plagiostomes, et M. Stcenstrup a publié sur ce sujet, en langue danoise, un travail dont un ex- trait, donné en 1861, par les Archives de la Bibl. îuiivers. de Ge- nève, t. XI, p. 368, a été reproduit par les Ann. des se. natur., ¥ série, t. XV, p. 368. Il a constaté, comme le dit l'extrait où je puise ces indications, que « les écailles des Placoïdes ne crois- sent point avec le poisson. Leur taille ne dépasse jamais cer- taines limites et leur existence n'est que temporaire. Elles tom- bent continuellement pour faire place à d'autres. Dans la peau des Requins, on observe une grande quantité d'ouvertures étroites distribuées entre les écailles. Ces ouvertures sont la trace d'écaillés tombées; elles conduisent dans de petites ca- vités où l'on trouve de fines aiguilles, qui sont les extrémités su- périeures des nouvelles écailles envoie déformation. Le chan- gement d'écaillés n'a lieu que d'une manière lente, mais il est certain qu'un requin renouvelle plusieurs fois son revêtement écailleuxavantd'atteindresatailledéfinitive. » Ces faits, observés en particulier chez des Centrines et des Scylliens (et qui m'ont été démontrés par M. Steenstrup lui-même, en 1862, sur des es- pèces du Musée de Paris), « révèlent une parenté frappante entre les écailles et les dents de ces poissons, organes, du reste, très- semblables par leur structure. » Aucun des Squales, proprement dits, n'a la peau lisse comme les Torpilles, les Myliobates et certaines Pastenagues. Ils ont tous des scutelles plus ou moins développées et plus ou moins âpres au toucher. C'est par exception, seulement, qu'ils sont munis de véritables aiguillons. Ainsi, il y en a de petits sur le sommet de la caudale du Pristiure (Atlas, pi. 6, fig. 10), où ils forment une sorte de scie à dents très-basses. Une autre exception est fournie par l'espèce que M. de Filippi a nommée ScyÛium acanthonotum et qui porte sur le dos deux rangées d'é- 92 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. ])iiK'S. Eniin, l'armure la plus remarquable se trouve chez le Squale bouclé [Echinorhinus spinosus), doni les téguments pres- que lisses sont parsemés, d'une farou iri'éguliri-e, d'épines sup- portées par un disque et assez semblables aux boucles des Raies (Atlas, pi. 12, fig. 16-20). Ces dernières, ainsi que lesSqualinoraies, ont la peau tantôt nue et sans scutelles soit complètement [Torpilles et Mtjlio- bates], soit dans une plus ou moins grande partie de son éten- due, tantôt, au contraire, revêtue de pièces dures qui sont lisses et arrondies, ou hexagonales, comme chez les Scies, ou bien épineuses; mais ce qui caractérise l'enveloppe tégumentaire des j)oissons de ce groupe, plus encore peut-être que sa nudité, c'est la présence presque constante d'épines ou d'aiguillons sur certaines régions du corps. Ces épines ne se retrouvent pas toujours, pendant toute la durée de la vie, dans une même espèce. Ainsi, chez certains Rhinobates [Rh. [Sijrrhina] Columnœ et Rh. [Syrr.] Rlochii), ainsi que Midler et Henle l'ont constaté, elles manquent à l'état adulte après avoir été visibles dans le jeune âge. En outre, sur les mâles, dans la famille des Raies proprement dites, des épines apparaissent, à l'époque de la re- production, au bord antérieur et vers l'angle des pectorales. Au milieu des petites épines, des aiguillons beaucoup plus gros se développent souvent. Ils forment, chez les Rhinobates, les Pastenagues et les Raies, des rangées plus ou moins ré- gulières et constantes. Ils sont surtout volumineux chez les Raies sur la tête (Atl., pi. 6, fig. 11 et 12), sur la ligne mé- diane du dos et de la queue, dont les faces latérales, dans beau- coup d'espèces, sont également épineuses. Quoique dépendant de la peau, ils contractent, avec le squelette, une adhérence que la macération ne détruit pas. Les épines les plus remarquables sont celles qui, composées d'un disque surmonté d'une pointe, ont reçu le nom de boucles [Raja cl aval a, Atlas, pi. 12, tig. l-\i),capensis. In., tig. 11 et 12, Hradiuta, Id., fig. 15). Tout ce que j'ai dit jusqu'à présent sur les scutelles et les épines se rapporte à la partie saillante au-dessus de la sur- face du corps, mais j'ai maintenant îi m'occuper de celle qui adhère à la peau. On pourrait la considérer comme étant lepied, ainsi que le fait le docteur Gr. Brackel dans sa dissertation [De cutis organo quorumdam animal. ordinisPlagiostorum disquisi- tiones microscop., Dorpat, 18o8, p. 9) où il nomme tête la par- SENSIBILITÉ. SENS DU TOUCHER. 93 lie extérieure, séparée dnpied par une ligne ou co//(^( à laquelle s'arrête le derme qui, suivant la remarque de Leydig [loc. cit.^ p. 79), ne recouvre entièrement les scutelles que dans les pre- miers temps de la vie chez les Raies; les petites épines sont en- tourées dï'pidcrme et les grandes en sont dépourvues. Le pied, ou sorte de racine, est généralement peu volu- mineux. Les boucles de VEchinorhinm (Atlas, pi. 12, llg. 16- 20) et celles de la 1\. clavata (tig. 7-10) offrent cependant, à cet égard, une exception remarquable. Chez le premier, Taiguillon est supporté par un disque peu épais, mais dont le diamètre est assez considérable. Sur un individu du Musée de Paris ayant une longueur totale de 1"'.57, les plus grands disques, et ce sont les moins nombreux, ont un diamètre de 0'".016; beaucoup d'autres n'ont qno 0"'.008 ou 0"'.010. Les plus petits ne dépas- sent pas 0'".004 à 0'".00o. L'aiguillon des disques les plus lar- ges a une hauteur de 0"'.006 à 0"'.007. Dans les autres boucles, le rapport de la longueur de l'épine à l'étendue du disque est presque le mènu>. La base des boucles de hiRaiai'glnntcria{AiL., pi. 12, lig. 13 et 14) est comme étoilée; celle de la R. clavata est épaisse et presque circulaire ; sa face supérieure est creuse, et, du centre de l'enfoncement part l'aiguillon dirigé obliquement en arrière. La face inférieure est convexe ; elle présente cinq saillies lon- gitudinales, dont les trois médianes sont les plus considéra- bles, et séparées par des sillons dans l'un desquels se voit une petite ouverture qui, située près du bord antérieur, livre pas- sade aux vaisseaux destinés au bulbe de la boucle. Dans son voisinage, il y a d'autres oritices vasculaires de diamètre bien moindre encore. Sur un individu long, depuis l'extrémité du museau juscju'à l'origine de la queue, de 0'".40, je trouve aux plus grosses boucles un diamètre longitudinal de 0'".014; un diamètre transversal de 0'". 013; une épaisseur de 0'". 007, et l'ai- guillon est long de 0"'.006. Le pied, qui acquiert ainsi, dans quelques espèces, un volume assez considérable, offre, sur toutes celles où l'on en a fait la recherche, une particularité d'organisation intéressante (1). Je veux parler d'une petite cavité dont il est creusé et qui contient la partie vivante, c'est-à-dire le bulbe, de même qu'à l'intérieur de la dent, est logée la pulpe dentaire. Dans les scutelles ordi- (1) Je dois citer ici spécialement M. Gr. Brackel qui, dans sa dissertation déjà mentionnée (De cutis orrjuno Plngiost., etc.), a conlirmc les premières observations de M. Leydig (Beilrage, etc., p. 80, § 52) et les a étendues. 94 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. iiail'os et en se servant du microscope, après les avoir usées et amincies, on voit la cavité se prolonger en des canalicules rami- fiés, qui se répandent dansla portion située au-dessus d'elle. De la cavité d'une écaille de Scijmnus lichia, sortent 16 à 20 ca- naux principaux, clairs et transparents, divisés en ramitications de plus en plus fines (Loydig, loc. cit., p. 81, pi. III, fig. 4). Les épines cutanées des Raies, celles de la il. clavata par exemple, offrent une structure tout-à-fait analogue. La cavité se prolonge un peu à l'intérieur de l'aiguillon; mais, en outre, il est parcouru par un canal, bientôt divisé e!i raniuscules, qui part du sommet de sa cavité. La hase de la boucle est traversée dans son épaisseur par deux sortes de canaux : les uns, très-fins, à parois irrégulières, s'en- trecroisent et laissent entre eux des lacunes remplies par de la matière calcaire; ils semblent pouvoir être comparés aux ca- naux médullaires des os. Les autres, moins nondjreux, à parois régulières, et dont le diamètre est, en général, plus considéra- ble, sont des canaux vasculaires. Quant aux parois de la cavité du bulbe et à l'aiguillon, leur structure n'est plus la même que celle do la base. Leur sido- staiicc, comme dans les scutelles de Scjuales, est homogène, sans canaux vasculaires, et parcourue par des canaux très-dé- liés, à parois régulières. Nés do la cavité même, ils montent en donnant des ramifications de plus en plus ténues, qui devien- nent invisibles avant d'avoir atteint la surface; ils sont tout-à- fait analogues à ceux que renferme la substance des dents. Comme l'aiguillon offre à l'extérieur l'aspect de l'émail, on est disposé à voir là un nouveau trait de ressemblance avec ces or- ganes. Une préparation de M. Brackel, représentée fig. 10, C, démonti-e que les canaux du tissu comparable à la dentine ces- sent un peu avant d'arriver à la surface, qui consiste en une couche très-mince de petites iibrilles parallèles entre elles. Celle-ci rappelle beaucoup, sous le microscope, l'apparence que présente la substance comme émaillée des dents de Plagios- tomcs, mais qui n'est que de la dentine, distincte du reste de la dent par ce fait (jue, dans la portion périphérique, son tissu est plus compacte. La pulpe de la sculelle est une petite masse, une sorte de papille formée de tissu conjonctif, d'un aspect comme muqueux ou gélatineux, d'un blanc grisâtre. Elle porte à sa surface, ainsi que M. Leydig en a, le premier, fait l'observation [loc. cit., p. 82), de petits corpuscules de matière calcaire, généralement SENSIBILITÉ. SE^S DU TOUCHER. 9o arrondis, soit isolés, soit réunis en petits amas. Ils correspon- dent tout-k-fait, dit-il, à ceux, que Czermack a décrits dans les dents de rhomme et qui fournissent les matériaux de for- mation de la substance fondamentale de la dentine ; ils sont dé- posés par les vaisseaux de la pulpe. Ceux-ci y forment des ré- seaux capillaires serrés, mais on n'y trouve pas de tibrilles nerveuses. Telles sont les particularités les plus intéressantes offertes par rétude des boucles de l'espèce nommée R. clavata. Le petit volume des scutelles des autres Plagiostomes, et particulière- ment des Squales, rend très-difficile l'examen de leur texture intime. Cependant, M. Brackel, qui a fait de cette étude l'objet de recherches toutes spéciales, a pu constater, comme M. Lcy- dig, que, dans les points essentiels du moins, la structure de ces scutelles et des aiguillons supportés par une large base, est presque identique. La conclusion à déduire de ces observations et de celles qui ont été faites sur les écailles des poissons osseux, c'est que les productions du derme chez les Ostichthes et chez les Chondrichthes sont, par leur structure, tout-à-fait comparables k la dentine; ce qui n'empêche pas, selon la juste remarque de M. Leydig, que la matière vraiment osseuse, c'est-k-dire le cément, ne puisse s'y rencontrer comme dans les dents des animaux supérieurs. On le sait par l'examen des écailles des Ganoïdes et de la ligne latérale dans un certain nombre d'espè- ces, car on y trouve les corpuscules caractéristiques du tissu osseux. Je ne parle ici que des pièces dures de la peau. En décrivant les nageoires (p. 44), j'ai insisté sur les remarquables aiguil- lons dont elles sont quelquefois nmnies. Les Squales sont-ils phophon'scents ? Telle est la question qu'il me reste à examiner. Elle se rattache k l'étude de l'enveloppe tégumentaire, car c'est de l'éclat dont parfois elle brille au milieu des eaux, que la dénomination de Sélaques a été em- pruntée par Aristote.L'étymologie de ce mot, qui vient de a^aç, lumière, semble ne devoir laisser aucun doute kcet égard. Nos célèbres ichthyologistes du xvi" siècle ont admis, sans la discu- ter et sans l'appuyer sur des preuves, cette opinion de l'anti- quité. Ainsi, Bclon se borne k rappeler l'origine de la dénomi- nation employée par le naturaliste grec {De aquatilibus, 1553, p. 58, et k la p. 52 de la Nature et diversité des Poiss. publiée un an plus tard, en 1554 : « Ari&tote a voulu appeler telles es- 96 ORGAMsATlON DES riAGlOSTOMES. pèces de poissons Sélachées, pourci' que de niiict, ils reluisent àTobscur, et bien plus au clair de la lune. « Rondelet (De ;;«- cibus, loo4, lib. XII, cap. I, p. 331) dit : « Eadem Gù.ayj, et ajÀa/wS-ri Aristoteli's appcllavit primus dr.ô lo-j Giiarj t/n-t , autore Gahno , quncl noctii cutis enrum splendcat. » Il n'y a rien de plus dans le passage où Salviani [AquatUium animaliiim hisioria, ioo4, p. 131) énumère les dénominations données aux poissons car- tilagineux. Les ouvrages des zoologistes qui ont suivi ces illus- tres maîtres fournissent peu d'indications sur ce sujet. Dans un long travail sur la phosphorescence des animaux {Animal lumi- nousncss in Todd's Cyclopœdia Anat. and Phifs., t. III, p. 198), M. le docteur Coldstream ne consacre qu'un court paragraphe aux poissons. Relativement aux Squales, il dit qu'ils sont plus fréquemment que d'autres poissons signalés comme lumineux. La lumière qu'ils répandent, ajoute-t-il, émane, dit-on, de leur région ventrale. M. Milnc Edwards [Leç. physioL, etc., t. YIII, p. 119) est disposé à croire, comme J. Macartney [Pliilns. Truns., 1810, p. 260), que les poissons ne peuvent pas être, pendant la vie, phosphorescents par eux-mêmes, et il pense que la lumière dont quelques-uns brillent, est développée par des animalcules photogènes ou par des corps étrangers adhérents à la peau. C'est cependant un fait connu des navigateurs, que les Re- quins, dans certaines régions, et particulièrement dans la mer Rouge, jettent un éclat particulier. Il en serait de même de la Chimère, selon Risso [IcJith. de Nice, p. 55). Ce n'est pas une lueur précisément comparable à celle des petits animaux invertébrés qui donnent à la mer un aspect resplendissant. Je dois signaler, en particulier, un Squale lumineux, dont il est question dans la partie descriptive, et qui a l'cru de M. F. Bennett, le nom de Squalus fuhjena [A ivhaliuij voyage round the filobc, 1840, t. II, p. 255). Son frère, M. G. Bennett, a éga- lement donné des détails sur cette espèce de Scymnus [Ciathe- rinysofanaturalistin Austral. ,'[So9, p. 66). Ilsl'ontvu émettre, par les régions inférieures, une lueur phosphorescente très- brillante, un peu verdâtre, le dessus du corps restant, au con- traire, obscur. Le mouvement semblait augmenter la lumière, et, hors de l'eau, le même effet se produisit jusqu'à la mort de l'animal, mais il diminua cependant peu à peu et cessa quelques heui'cs après la perle de la vie. Ils ont considéré ce phénomène comme le résultat d'une sécrétion cutanée. SE.NSlBlLlTli. SEMS DE l'oDOKAT. 97 II. SENS DE L'ODORAT. Les organes où siège le sens de Todoral, offrent, chez les Plagiostomes, des caractères particuliers. Notons d'abord, relativement à la situation des narines qui constituent des cavités plus ou moins considérables, qu'elles sont creusées à la région antérieure du crâne, au-dessous des carti- lages rostraux et à la base des processus orbitaires antér-ieurs (p. 27, 28 et 35). Aussi, occupent-elles la région inférieure du museau ou son bord antérieur, comme chez les Squatines ou les Zygènes. Celles des poissons ordinaires sont, au contraire, situées sur les côtés ou à la région supérieure. Dans la classe entière, aucune connuunication ne se remar- que entre elles et la bouche. Elles ne présentent, en arrière, que les ouvertures qui permettent l'entrée des vaisseaux et des nerfs olfactifs. Elles ne sont donc pas destinées à servir de lieu de passage à l'eau, dont l'entrée et la sortie doivent s'effectuer par le même orifice, qui est unique, contrairement à la dispo- sition la plus habituelle dans les poissons osseux. Il est, en général, bien limité; chez certains Plagiostomes cependant, et chez les Roussettes entre autres, il est incomplet à son bord postérieur et inférieur : une sorte de continuité s'établit ainsi entre les cavités nasales et la bouche. Les dimensions des narines sont, le plus souvent, assez con- sidérables, et dans différentes espèces, plusieurs Rhinobates particulièrement, elles ont une très-grande largeur. On tire de bons caractères distinctifs de la comparaison entre leur étendue et celle de l'espace compris entre les deux narines. La pro- fondeur de la cavité est variable; mais ordinairement elle peut recevoir de l'eau en assez grande quantité. Au-devant et au-dessous de chacun des orifices, est placée une valvule formée par un repli cutané, qui est la continuation de son bord antérieur. J. Millier [Vergl. Anat. dei'Myxin., etc., Os- ieologie, p. 235) a appelé l'attention sur le cartilage de la val- vule, analogue, jusqu'à un certain point, au cartilage de l'aile du nez des animaux vertébrés supérieurs. La valvule protège l'entrée de la narine dans presque toute sa largeur, à l'excep- tion de l'extrémité externe, où rien ne s'oppose au contact continuel de l'eau. Sur les quatre fig. de la pi. 11 de I'Atlas (Torpilles), et sur les pl. 10 et 12, où l'on voit également des mu- seaux par la face inférieure, la valvule est représentée. Elle Poissons. Tome I. 7 98 OKCANISATION DES PLAf.IOSTOMES. poi'lc un petit prolongomcnt on arrière chez deux ou trois Roussettes, ainsi que chez le Carcharien nommé Triœnodon Smithii (MûlL, Henle, Plagiost., p. 56, pi. 21). De là, et de quel- ques autres particularités de conformation, résultent des diffé- rences assez notables, mais constantes dans chaque espèce, et dont il importe de tenir compte parmi les caractères spécifiques. Tantôt, les valvules sont tout-à-fait indépendantes Tune de Tau- tre; tantôt, elles sont réunies sur la ligne médiane et confon- dues alors en une valvule unique. [Voycx-, dans l'histoire de la sous-famille des Rhinohatides, l'indication de cette différence, d'où est tirée la principale distinction cntr€ les deux genres dont le groupe se compose, et les ligures i et 2 de la pi. 10 de I'Atlas, llhiiiob. [Syniiina] Bougauivillii et lîhinob. [Rhiiwb.] Thouhii.) De plus, les Torpilles (pi. 11) et d'autres Plagiostomes semblent n'avoir qu'une seule valvule commune aux deux na- rines (voyez aussi pi. 12). Ce repli protecteur s'applique plus ou moins exactement sur la portion de l'orifice à laquelle il correspond, et peut, à la volonté de l'animal, être relevé, car on y trouve quelques fibres musculaires nées du sommet et des régions latérales de la face inférieure du museau, indiquées par Scarpa [De auditii et olfaclu, ii. 70, §11) et figurées (/rf., tab. I, fig. II, b, c et d). Outre cette valvule antérieure, il y a, sur le bord opposé de l'o- rifice nasal, un bourrelet de peau plus ou moins apparent et diversement contourné. C'est une petite valvule postérieure et supérieure, dont la forme doit être prise en considération dans l'étude zoologique des Plagiostomes. Sur plusieurs des figures que je viens de mentionner (Atlas), on voit ce rej)li nasal. La structure des narines est telle que ces organes offrent à l'action de l'eau qui les baigne, une surface beaucoup plus étendue qu'on ne le supposerait en s'en tenant à un examen su- perficiel. La peau se replie au niveau des orifices et y pénètre. Changeant bientôt d'aspect, elle tapisse d'abord l'entrée des ca- vités, puis présente, presque aussitôt après l'avoir dépassée, une disposition remarquable. Elle forme, en effet, dans le fond des narines, une double série régulière de plis verticaux très-rapprochés, les uns anté- rieurs, les autres postérieurs. Sur la ligne médiane, une cloi- son transversale à laquelle toutes les lamelles membraneuses sont insérées, sépare les deux séries (1). Les faces latérales (1) Chez les poissons osseux, où les fosses nasaW sont o\alairos; comme SENSIBILITÉ. SENS DE L ODORAT. 99 de chacun de ces liUs de premier ordre, suivant Texpression de Scarpa, en supportent elles-mêmes de plus petits ou de second ordre. Tout l'ensemble simule, jusqu'à un certain point, celui des lamelles branchiales des Plagiostomes. Aussi, Hunter, dans son Catalogue publié seulement en 1835, se pose-t-il cette question : Est-ce l'air imprégné de molécules odorantes et contenu dans l'eau, qui exerce son action sur l'organe de l'odorat? S'il en est ainsi, ajoute-t-il, il y a là quelque chose d'analogue au mode de respiration des poissons, puisque ce n'est pas l'eau, mais l'air qu'elle renferme qui agit sur les bran- chies [Descr. andillustr. Catal. Mus. Coll. Surgeons; séries comp. anat., t. III, part. I, Nero. syst. and org. of sensé, p. 88). Cette supposition, peu vraisemblable, avait donc été émise, mais sans qu'elle fût connue, bien antérieurement à Tréviranus, qui a parlé dans le même sens en 1822 [Biologie). Etienne Geoffroy Saint-Hilaire a soutenu la même hypothèse en 1825 [Struct. et usof/es de l'appar. olf. dans les Poiss. in : Ann. se. nat., t. VI, p. 332). Des vaisseaux, ainsi que les ramifications Unes et nombreu- ses des filets nerveux émanés du lobule olfactif, pénètrent ces surfaces membraneuses qui sont revêtues par un épithelium à cils vibratiles. Scarpa compare, chez le Scyllimn catulus, la cloison trans- versale qui supporte les plis olfactifs à la lame criblée de l'ethmoïde des animaux vertébrés supérieurs [De aud. et olf., p. 73, § XII). Elle est, en effet, percée de trous destinés à laisser passer les filets nerveux (tab. II, lig. VIII). Sur les bords mêmes des ouvertures, ils se divisent et traversent aussi- tôt d'autres orifices plus ténus pour arriver jusqu'aux lames membraneuses sur lesquelles ils se ramifient, ainsi que sur les lamelles secondaires. Le lobule olfactif ou rhinencephalon, selon l'expression de M. Rich. Owen, est représenté [Lect. camp. anat. fish., t. II, p. 183, fig. 55). La fig. 1, pi. 2 de I'Atlas, fait voir sa forme en croissant. Il est comme l'épanouissement du processus ol- factif. On le voit s'appliquer sur la face postérieure de la cap- c.elles des PhigioslomeSj la disposition des plis de la membrane muqueuse est semblable; mais dans les nombreuses espèces où ces cavités sont ron- des, et dans les Esturgeons, les plis partent en rayonnant d'un centre liga- menteux et plus ou moins saillant, pour aller gagner la circonférence. Scarpa a représenté ces deux formes {De auditu et olfactu, tab. I, fig. II et tab. II, fis;. II). iOO OKGAMSATION DES l'LAGIOSTOMES. suie olfactive à laquelle il fournit des filets nerveux en grand nombre. Une bonne figure de Swan [Illustr. comp. anat.,]}\.\) représente les nerfs olfactifs de la Raie bâtis. Scarpa [De ol- factu, etc., tab. I, tig. IV, d, e, e') les a montrés sur Tune des lames membraneuses de l'appareil nasal. La configuration du lobule est à peu près la même dans les ligures 6 et 7 deTÀTLAs; mais, chez beaucoup de poissons osseux, la Brème, par exemple (Atlas, fig. 8), il est sphérique. Je dois ajouter que les narines, comme celles des autres vertébrés, reçoivent quelques ramifications de la deuxième branche des nerfs de la 3'' paire. Elles président à la sensibilité générale de tout l'appareil . On les voit représentées par Scarpa (Deo//«crw,etc.,tab. I,fig. 1,21 et 22). Et. Geoffroy Saint-Hilaire [Sur l'app. olfact. Poiss., in Ann. se. natur., 1823, t. VI, p. 336) s'appuyant sur des dissections exécutées par M. Serres, a dé- crit la distribution de cette branche de la b** paire avec plus de détails que Scarpa ne Tavait fait, tout en reconnaissant Texac- titude des recherches du savant anatomiste italien. Il a, en même temps, insisté sur la participation nécessaire de ce nerf à raccomplissementde la fonction qui réclame son intégrité. Il a donc réfuté Terreur de Desmoulins disant : « Les narines des poissons ne reçoivent aucun nerf de la S*" paire » [Anat. sysî. nerv. anim. vert.., 2'' partie, p. 645). Sur la pi. X de Swan [Ulustr. comp. anat.), on en voit très-bien les hlets destinés aux fosses nasales. Quel est le rôle de ces narines si admirablement disposées pour offrir à Teau qui y pénètre sans cesse, des surfaces mem- braneuses multipliées, richement pourvues de vaisseaux et de ramifications nerveuses? Sans aucun doute, comme le prouve, par comparaison avec les autres animaux, le mode d'origine et de terminaison de leurs nerfs, elles doivent recevoir et trans- mettre à rcncéphale les sensations dues au contact des corps odorants. En présence des nombreux témoignages fournis par les ré- cits des navigateurs et des heureux résultats obtenus dans les pêches par Temploi de certains appâts, on ne i)eut nier que telle ou telle émanation attire les poissons ou, au contraire, les repousse (1). (1) Aristote, dans le cliap. YIII du livre IV de VHist. des anim., trad. de Camus, t. I, p. 2li-'il7, a donné sur ce sujet d'intéressants détails, dont plusieurs ont été contirmés par des observations ultérieures. Lacépède a été un peu trop loin lorsque, voulant démontrer la supério- SENSIBILITÉ, SENS DE L'ODORAT. 101 Des preuves à l'appui de cette assertion ont été rassemblées par Hipp. Cloquet, dans son Osphrcsiologie ou Traité des ocL, du sens et des org. f/e/'oZ/flcf., 18!21, p. 15 et 16, puis reproduites dans son article Poissons [Dict. des se. nat., t. XLII, p. 209 et 210, et tirage à part, p. 64). Il rappelle avec quel succès on se sert, dans les grandes pèches, de la résure si odorante d'œufs de maquereau et de morue, de la chair grillée ou corrompue de certains animaux, de vieux fromage ou d'autres matières plus ou moins infectes. Après cette énumération il ajoute : « On ne peut guère se refuser de croire à l'assertion de plusieurs voyageurs qui assurent que lorsque les Blancs et les Noirs se baignent ensemble dans des lieux fréquentés par les Requins, les Noirs, dont les émanations sont plus actives que celles des Blancs, sont plus exposés à la féroce avidité de ces redouta- bles tyrans des mers. » On retrouve ici l'exagération dont l'histoire des Squales est trop souvent empreinte, et dont je cite des exemples en parlant de l'avidité avec laquelle ils re- cherchent leur proie. « Nous croyons, dit Lesson [Voij. de la Coquille, Zoologie, t. II, partie I, p. 85), que le sens de l'o- dorat chez ces poissons est obtus, car ils sont aisément pris à des crocs en fer amorcés d'un morceau de lard qu'ils saisissent avec voracité et sur lequel ils se dirigent plutôt à l'aide de la vue et obliquement. ». Quoi qu'il en soit, on ne saurait méconnaître l'influence exercée sur les Plagiostomes, comme sur les autres poissons, par les substances odorantes. Agissent-elles à la manière des odeurs, ou bien au contraire, par suite de leur dissolution, se transforment-elles en substances sapides? Quelque incertitude, relativement à la solution de cette question, peut rester dans l'esprit des physiologistes. C'est ce que m.on père a cherché à démontrer dans i\\\}lém. sur l'odorat des Poiss.{Mag.encyclop., 180T, t.V,p. 99). rite de ce sens sur les autres, il s'est exprimé dans ces termes {Hist. nrit. des Poiss., t. I, p. LXVII) : « Tout le prouve, et la conformation de l'organe de ce sens, et les faits sans nombre consignés dans cette histoire, rappor- tés par plusieurs voyageurs, et qui ne laissent aucun doute sur les dis- tances immenses que franchissent les poissons attirés par les émanations odorantes de la proie qu'ils recherchent, ou repoussés par celles des ani- maux qu'ils redoutent. Le siège de l'odorat est le véritable œil des pois- sons; il les dirige au milieu des ténèbres les plus épaisses. » L'obscurité, d'ailleurs, est-elle complète dans les plus grandes profon- deurs où vivent les poissons? Il est permis d'en douter, comme je l'ai déjà dit plus haut (p. 53), à propos des stations des Plagiostomes. 102 ORGANISATION DES PLACIOSTOMES, III. SENS DU GOUT. A peine est-il nécessaire de s'arrêter ici; car on ne peut pas dire qu'il y ait véritablement, chez les poissons, un organe spé- cialement destiné h apprécier les qualités sapides des corps. Mon père, dans le Mémoire sur l'odorat des Poissons, que je viens de citer [Mag. encyclopéd., 1807, t. V, p. 99), a énuméré les motifs de cette absence du sens du goût. La bouche, sans cesse traversée par l'eau, ne pourrait que difficilement servir ii la dégustation d'aliments qui, le plus souvent à peine divisés, sont rapidement entraînés dans les voies digestives. La langue manque presque complètement chez les Plagiostomes , et la membrane qui revêt la cavité buccale, non-seulement conserve quelquefois l'apparence du tégument externe, mais, alors môme qu'elle prend celle d'une membrane muqueuse, elle manque de papilles. Les Chimères en offrent cependant quelques traces derrière leurs pièces dentaires, ainsi que les Sq. glaucus et vulpes et VOxyrh. Spallanzanii. M. Nardo considère même, chez ces derniers, comme véritable organe du goût, la portion de la membrane muqueuse du palais située immédiatement en arrière des dents et où il a trouvé assez développé l'appareil papillaire qui reçoit des tllets nerveux de la deuxième branche du nerf trijumeau [Sull' esistenx-a deW orij. del gusto in alcune specie di Canimarini Osservaz. anaioin., 1840, in Mem. Instit. Veneto di Se, etc., t. IV, 1851). IV. SENS DE LA YUE. Aucun Plagiostome n'est aveugle, comme le sont certains poissons osseux, et aucun non plus, contrairement ;\ ce qui se remarque dans quelques-uns de ces derniers, le Pomatomc télescope, par exemple, n'a des yeux énormes. La situation des yeux offre une différence très-notable sui- vant la conformation du corps. Chez les Raies, où la tête se confond avec le disque, et même chez les Pristides, les yeux occupent la région supérieure. Leur axe n'est cependant pas vertical, il est oblique de dedans en dehors, en sorte que ces poissons peuvent voir en haut et de côté. Les yeux sont pla- cés sur les faces latérales chez les Myliobatides, où la tête est dégagée du disque, et chez les Céphaloptères où ils occupent la base des prolongements antérieurs. Ceux des Squales sont également latéraux; on doit néanmoins excepter les Squatines SENSIBILITÉ. SENS DE LA VUE. 103 et la Roussette dite Crossorhinus barbatiis. Dans les Zygèiies, entiii, ils occupent chacune des exti'émitrs de la longue branche transversale de la tète. Les dimensions des yeux, sont généralement plus considéra- bles chez les Squales que chez les Raies, et en particulier que chez les Torpédiniens, où ils sont très-petits. Parmi les Squa- les, les Galéens occupent le premier rang pour la grandeur de ces organes, mais aucun ne les a plus volumineux, ni plus ar- rondis que Fespèce de cette famille nommée Loxodan macro- rhiniis, inconnue au Musée de Paris et figurée par Mûller et Henle [Plag., pi. 25). L'œil de Pénorme Squale pèlerin dissé- qué par Blainville, était extrêmement petit comparativement à la grandeur de Panimal [Ann. Mms., t. XVIII, p. 129, pi. VI, fig. 4, demi-grand, nat.j. Comme les autres poissons, les Squales n'ont pas de vérita- bles joaujozY^r^s supérieure et inférieure. Un simple repli cutané circulaire, ou le plus souvent ovalaire, selon la forme de Pou- verture de la cavité qui loge Porgane, en protège un peu le pourtour, mais sans le recouvrir. L'œil du Cestracionte est abrité par une sorte de re])ord que forme la peau de la région suscéphalique. Chez les Raies, mais il faut excepter les Myliobatides, les yeux, quoique placés à la région supérieure, étant tournés en dehors, il y a sur leur face interne qui, par suite même de cette position, devient supérieure, un prolongement de la peau. Il constitue une sorte de paupière supérieure qui ne dépasse pas Pœil, si ce n'est, par exception, dans les genres Rhinobate et Platyrhine parmi les Squatinoraics, où elle présente une petite avance médiane. Elle est, au contraire, en forme de croissant dans le Trygonorhine. Un certain nombre de Squales, cependant, est muni d'un voile vraiment protecteur. Il consiste en un repli de la peau qui, pouvant venir se placer au-devant de l'a^il, représente une sorte de paupière clignotante ou nictitante un peu analogue à celle des oiseaux, mais non transparente. Le caractère fourni par cette particularité est constant, de soi'te qu'il est utile de le prendre comme l'un des points de départ pour la division du sous-or- dre des Squales, ou Pleurotrèmes, en quatre Tribus. (Voy. en tête de la partie descriptive de ce volume le tableau synoptique de leur répartition, qui comprend 17 familles.) Ainsi, dans la deuxième Tribu , à laquelle on peut en rapporter 11 (2 à 12), cette paupière ne manque jamais; elle fait défaut, au contraire, 104 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. dans les trois autres Tribus. Tantût elle ne recouvre Tceil qu'en partie, c'est ce qui a lieu pour les Emissoles et pour les Mi- landres, oi:i elle occupe la région inférieure, derrière le bord cutané dont elle est, en quelque sorte, un repli, et où elle s'étend d'un angle de l'ouverture orbitaireà l'autre angle. Son mouvement d'élévation, peu considérable d'ailleurs, est dû à la contraction d'un muscle qui, de la région latérale du crâne, se porte d'arrière en avant et un peu de haut en bas, vers l'an- gle postérieur, et se fixe à l'extrémité de la paupière. Tantôt, au contraire, comme on le voit chez les Carcliarias, elle peut recouvrir presque complètement l'œil. Sa direction, d'ailleurs, n'est pas la même : au lieu d'être horizontale, elle occupe l'an- gle antérieur de l'œil. A son extrémité inférieure et en même temps postérieure, par suite de son obliquité, elle reçoit l'in- sertion d'un long muscle oblique de haut en bas et d'arrière en avant, destiné à la tirer en haut, et dont l'action est assurée par le passage du tendon à travers un anneau musculaire atta- ché à la face interne des téguments, un peu au-dessus de l'angle l)Ostérieur de' l'œil. Au moyen de cette poulie de renvoi, con- tractile elle-même, ce n'est plus seulement en arrière, mais vers le bord supérieur de l'œil que la paupière est entraînée. Cette remarquable disposition a été démontrée par J. Millier; après l'avoir fait connaître en 1839 [Monatsbericht der Ahad. Berlin), il en a donné plus tard une description accompagnée de figures [Untersuch. Eingciveidc l'isclw: Auat. Mij.rin., i84o, p. 12-14, tab. V, fig. i et2)(l). Il faut ajouter, comme M. Rich. Owen le fait observer [Lect., (1) Rondelet a mentionné la présence de celte membrane chez le Ga!eus canis {De pisciljvs, lib. XIII, p. 377) et chez le Galeiis {Carcharias) glau- cus (/d., p. 378); mais, s'appuyant sur l'autorité d'Aristote, cpii a dit que les poissons manquent de paupières et que les vraies paupières sont for- mées par la peau, il se refuse à désigner ainsi ce voile protecteur : Hœc uutem mcmhrana est dunlaxal, qiiam iHinius nuhem appelluri tradit, quœ inter dintic/mdum ylurimvm clest, oculos obicoendo (p. 377). Cette distinc- tion, comme nous l'avons vu, n'est pas fondée, puisque la paupière nicti- tante est un simple repli du tégument extérieur. Claude Perrault a donné sur cet organe un détail bien plus précis {Es- sais de Physique, 1080, t. III, p. 40;. Il y est question du Guleiis glaucus (dénomination d'une valeur incertaine qui ne saurait s'appliquer à l'espèce nommée ainsi par Rondelet, c'est-à-dire au Carcharias glaucus, k en juger par le dessin (pi I, fig. \), où la paupière est représentée. La disposition anatomique simple, sans poulie de renvoi, indiquée et dessinée par ce cé- lèbre anatomiste, est celle qui appartient au Galeus canis. Il a donc, le premier, signalé le muscle reloveur, mais il n'a pas vu la poulie musm- laiicdes vrais Carchariens décrite et figurée par J. Millier. SENSIBILITÉ. SENS DE LA VUE. j lOo etc., fish., p. 206), que chez les Squales \\ paupière très-mo- bile, la protection de Foeil devient plus parfaite encore par un léger abaissement de la portion supérieure du repli cutané cir- culaire du à la contraction du muscle en forme de poulie inséré à la face interne de cette portion des téguments. J. Mûller a fait connaître (irf., fig. 3) le long trajet que suit ce muscle releveur dans les Zygènes : attaché comme chez les vrais Carchariens, au crâne, il prend son insertion derrière la base du prolongement latéral, à Textrémité externe duquel l'œil est situé, contourne, en formant un arc, la base de ce prolonge- ment, puis vient ainsi se porter à sa face inférieure, qu'il longe en allant gagner la paupière nictitante. Les quatre muscles droits, qui s'insèrent à la sclérotique, ont aussi beaucoup de longueur. Les deux muscles obliques se fixent aux parois de la cavité orbitaire; mais, quoique destinés à faire exécuter à l'œil des mouvements de rotation, ils ne traversent ni l'un ni l'autre un anneau ligamenteux servant de poulie de renvoi. Parmi les parties extérieures de l'organe de la vision, et qui facilitent son jeu dans la cavité orbitaire, reste à mentionner le pédicule cartilagineux destiné à le supporter. Ici encore, revient à Cl. Perrault l'honneur d'avoir, le pre- mier, appelé l'attention des anatomistes sur une intéressante particularité : « Le poisson Ange, dit-il [Essais de Physique, i680, t. III, p. 40), a l'œil fait avec une méchanique particulière et très-propre à rendre ses mouvements extraordinai rement prompts. Elle consiste en ce que l'œil est articulé et comme posé sur un pied ou genou, qui est un long stylet qui pose par un bout sur le fond de l'orbite, et par l'autre bout, élargi et aplati, soutient le fond du globe de l'œil, qui est osseux en cet endroit et articulé avec le stylet, qui est osseux aussi. L'effet de cette articulation est que Yœ'û étant ainsi affermi, il arrive que, pour peu qu'un des muscles tire d'un côté, il y fait tourner l'œil bien plus promptemcnt à cause qu'il est posé sur le stylet qui n'obéit point, que s'il était posé sur des membranes ou sur de la graisse comme à tous les autres animaux. » Ce pédicule et les muscles de l'œil sont représentés par Perrault, pl.I, fig. IV de ses Essais; voyez aussi J. Couch [Hist. fish. hrit. islands, t. I, p. 102). Il ne manque à aucun Plagiostome. Sur une Raie bouclée de taille assez considérable, je constate très-bien la disposition que montre la préparation n° 1672 du Catal. du collège des Chirurg. à Londres [Physiolng. séries i06 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. of comparât. Anat., t. III, part. I, p. 148), faite sur une espèco du même genre et destinée à mettre en évidence le mode d'u- nion avec la sclérotique, dont la surface articulaire correspon- dante consiste en une saillie sur laquelle s'applique la base très-élargie et un peu concave du support. Les mouvements as- sez étendus de cette articulation sont facilités par une mem- brane synoviale. Le ])édicule est plus long et plus étroit dans les Squales que dans les Raies, et rextréme mobilité des yeux, résultant de cette disposition anatomique, doit être fort utile aux Requins, comme M. G. Rennett le fait observer [Note on S/un-ks, etc., capturcd in Port Jackson : Proceed. z^ool. Soc, 18o9, p. 2:2o). Ils peuvent ainsi voir autour d'eux et s'emparer plus aisément de leur proie. C'est à la base de la proéminence postérieure de la scléroti- que et en arrière, que le nerf optique la traverse pour pénétrer dans l'œil. La sclérotique a pour élément principal , du tissu cartila- gineux qui, ne recevant jamais de dépôt calcaire, est formé par le cartilage hyalin dont j'ai parlé dans la description du sque- lette (p. 47). La coque de l'œil a, par là même, une force de résistance qui, si elle est un peu moindre que chez les pois- sons où du tissu osseux donne une grande solidité à la mem- brane, est cependant suftisantc pour s'opposer aux effets nui- sibles de l'énorme pression à laquelle les animaux aquatiques sont soumis. Du tissu conjonctif forme la couche externe de la sclérotique, dont l'épaisseur varie suivant les groupes, mais, en général, n'est pas considérable, car elle a une teinte noirâtre due à ce qu'on aperçoit, à travers sa substance, la couche pig- mentale de la choroïde. Dans le Squale pèlerin, ainsi que le montre la préparation n" 1670 (p. 147 du Catal. de la Collection du collège des chi- l'urgiens, déjà cité), les bords de la sclérotique, loin d'être, comme chez d'autres Squales, amincis ou sillonnés pour rece- voir la cornée transparente, sont, au contraire, un peu épaissis et arrondis. Cette cornée présente une surface plane à cause du peu d'abondance do l'humeur aqueuse qui est i)resque sans utilité, surtout pour les espèces marines, en raison de la den- sité du milieu and)iant. Elle est une dépendance du dernu; aminci et devenu transparent, que recouvre une lame fort ténue et également translucide d'épithélium, provenant de la conjonctive. Celle-ci résulte de la modification que subit à sa face interne le repli cutané, devenu véritable membrane mu- SENSIBILITÉ. SENS DE LA VUE, 407 queuse. Elle se réfléchit sur le globe oculaire en formant, à son pourtour, un cul-de-sac peu profond. La cornée est opaque et colorée à sa circonférence externe : là, elle est munie de ramifications vasculaires et nerveuses qui ne s'étendent pas sur la portion destinée à laisser passer la lu- mière. M. Lcydigs'en est assuré [Beitr.mikrosk., etc., Rochen. und Haie, p. 20) sur la Raja bâtis et sur les Zijgœua et Scymnus de nos mers. C'est un contraste frappant avec la structure de la cornée d'un grand nombre de poissons osseux. Chez le Go- bius fluviatilis et VOrtltrayorisciis viola, il a trouvé beaucoup de fibrilles nerveuses et une vascularisation très-abondante. En dedans de la sclérotique, entre elle et la choroïde, des Plagiostomes en assez grand nombre, de même que beau- coup de poissons osseux, ont une membrane à reflet métal- lique, argentée ou dorée. En raison de son analogie avec la lame d'aspect semblable qu'on trouve dans l'œil des mammi- fères, on l'a nommée Tapis. Dès la l""" édition des Leç. anat. camp. (t. II, p. 402), Cuvicr avait appelé l'attention sur l'éclat de l'œil de la Raie, comme faisant exception à ce qui, suivant lui, était la règle, savoir : l'absence du tapis dans l'œil des oi- seaux et des poissons. « La Raie, dit-il, aie fond de l'œil d'une belle couleur d'argent, produite par la transparence de sa Ruys- chienne qui laisse voir la couleur de sa choroïde; » mais il y a là une lame distincte, que Délie Chiaje a, le premier, si- gnalée. Il a consacré à ce sujet quelque lignes seulement dans une 4* Lettre anatom,-physiol. adressée à von Olfers [Il progresso délie scienz-e lettere ed arti, nuova série, 1840, ann. IX, quaderno 49, p. 10, § II). La comparant au tapis des mammifères, il dit qu'elle a été considérée à tort comme une dé- pendance de la choroïde, et que c'est une membrane argentée particulière, en connexion avec la choroïde, mais indépen- dante de cette dernière. Il l'a vue chez la Torpille, la Raie, le Squale et la Chimère (1). La structure de ce tapis a été surtout étudiée par M. E. Brûcke, dans un travail consacré à l'examen de la membrane resplendissante de l'œil des vertébrés (i>/«//('r'.sArc/i., 1845), où il traite longuement (p. 402-406) de celle des poissons. Les Plagiostomes qui ont servi à ses recherches sont les suivants : (1) En 1836, Hassenstein, se rattachant à l'opinion de Cuvier, avait dit, dans sa dissertation : De luce ex quorumdam anhnal'mm oculis prodeunle (p. 28), qu'on ne peut pas considérer comme un véritable tapis la portion resplendissante de la choroïde des poissons. 108 ORGA>;iSAT10>' DES PLAGIOSTOMES. Scyllîum cat7dus, Charchariafi, sans désignation d'espèce, Z?/- gœnamalUms, Galcus canis, Lamnacornubica, Hexanchusgriseus, Centropliorus squamosus, Squatina vulgaris. M. Leydig [Beitr. vtikr., etc. Rock, uncl Haie, p. 22), de son côté, on 18o2, a exa- miné le tapis des espèces dites Scijninus lichia, Acantlnas vul- garis, Zygama maliens et Raja bâtis (i). L'aspect brillant de cette membrane est du, ainsi que l'obser- vation microscopique le démontre, à la présence de petites écailles un peu allongées, irrégulières, se recouvrant mutuel- lement en partie comme les tuiles d'un toit. M. Leydig les a représentées [Beitr. mikr., etc., tab. III, fig. \a). Ce sont des cellules dont le noyau est quelquefois visible. La figure 1 h en montre une avec son noyau et son contenu, qui consiste en une accumulation de petits cristaux acicu- laires représentant des bâtonnets plats. Délie Chiaje, dans le passage de sa Lettre à von Olfers, citée plus haut, propose de les nommer ophîhalmolithes [ottalmoliti). Ce sont, dit-il, de pe- tits corps triangulaires [triijoui] pointus (2), d'un aspect perlé, jetant un éclat métallique et disposés symétriquement. Aucun aiiatomiste, ajoutc-t-il, n'en a fait mention, car ils ne doivent pas être confondus avec les cristaux en aiguille [acicolari) dé- couverts par M. Ehrenberg sur la face externe de l'iris. Or, la différence supposée par Délie Chiaje n'est pas réelle, et la découverte de ces corps microscopiques est due à l'anatomiste prussien, qui les a signalés [Poggeudorffs Annal. Plujs. und Cheniie, 1833, t. XXYIII) dans un supplément à un Mémoire sur la structure et l'analyse chimique du système nerveux. Ce sup- plément a pour objet l'étude de la formation normale des cris- taux chez les animaux vivants. Dans la revue que M. Ehren- berg fait des différentes cristallisations qu'on y rencontre, il décrit celles qui donnent au péritoine de certains poissons des reflets argentins, et il leur compare, comme étant tout- à-fait analogues, mais un peu moins petits et beaucoup moins nondn'eux, ceux d'où résulte l'apparence métallique de la choroïde des poissons et de la face antérieure de l'iris (jui est le prolongement de celt(> dernière (p. 469) (3). Il y a bien, (1) Aux dinérents poissons (}ui ont été étudiés sous ce rapport, sans par- ler des poissons osseux, il faut ajouter le genre ^cjpe/(5ej-(Stannius, Uand- buch Zool., 2'= cdil., Fische, p. 170, note 14.) (2) Un an auparavant, en iS.'iO [Osserv. anat. .<;u l'occhio iimano, p. 33), il les avait décrits comme terminés par trois pointes d'inégale grandeur; mais il est probable qu'il avait été trompé par une illusion d'optique. (3) M. Ehrenberg a discuté et résolu négativement la question de savoir SE^SIBILITÉ. SEKS UE LA VUE. 109 en effet, identité entre les cristaux de la choroïde et ceux de riris (i). La membrane choroïde, proprement dite, est située à la face interne de la précédente. Elle est richement vasculaire et sup- porte du pigment, mais elle a une certaine transparence, et constitue une véritable Ruyschicniu' ou Uvéc. Les procès ciliaires vus par Cuvier chez le Milandre [Leç. anal, comp., i'" édit., t. Il, p. 399, puis, 2*^ édit., t. III, p. 416), et qui semblaient constituer une exception rare, ont été ti'ouvés, depuis cette époque, chez d'autres Plagiostomes où ils vont, comme à l'ordinaire, se fixer à la capsule du cristallin. On les voit sur les préparations n"' 1670 et 1670 A du Calai, coll. of Surg. ; séries camp, anat., t. III, part. I, p. 147). Ils ont été étu- si les cristaux dont il s'agit sont produits par la glande clioroïdienne. Il a tiré son principal argument de l'absence de ce corps glandulaire chez les reptiles, dont les yeux offrent souvent aussi une teinte argentée, et chez les mammifères dont le tapis est si remarquable. Il aurait pu ajouter que les Plagiostomes sont pri\ es de cette glande. (1) Je dois réparer ici un oubli fait par ceux qui ont étudié le tapis des poissons. Drummond, en efl'ct, qu'on n'a point cité, a vu les élé- ments dont ce tapis se compose, c'est-à-dire les cristaux aciculaires à reflet métallique {On certain appcarences observ. in tlie dissect. ofthe eyes of fishes, in : Trunsact. roy. Soc. Eclinburgh, 1815, t. VII, p. 377-383). Il les a décrits comme de petits aiguillons (spicula) aplatis, étroits et argen- tés. Les observant au microscope, dans l'eau, il fut frappé de l'agitation continuelle des corpuscules roulant sur leur axe Aussi, ne s"attacha-t-il,en quelque sorte, qu'à la description de leurs mouvements, ainsi qu'à la dé- monstration de ce fait parfaitement vrai, qu'il n'avait pas sous les yeux des animalcules. Les nombreuses et curieuses observations microscopi- ques de Robert Brown sur la singulière mobilité de molécules très-ténues provenant des corps les plus différents, quand elles sont plonzées dans l'eau, vinrent, en 1827, jeter un jour inattendu sur un phénomène vraiment étrange. Le titre même du mémoire de l'illustre botaniste, tel qu'il a été traduit dans les Ann. se. nut. t. XIV, p. .341-302, exprime l'opinion qu'il s'était formée sur ce sujet : Exposé somrn. des observ. microsc. faites dans les mois de juin, juill. et aoi'it 1827 sur les particules contenues dans le pollen des plantes et sur l'exist. gêner, de molécules actives dans les corps organi- sés et inorgan. Les recherches ultérieures ont appris que ce mouvement sans progression, et auquel le mot de titubation convient fort bien, ap- partient à toutes les particules des corps solides ou fluides insolubles très-divisés, ou aux molécules qui ont moins de 1/500 de millimètre de diamètre, quand on les examine dans un liquide. Ce phénomène purement physique, propre à tous les corps réduits à un état d'extrême division, de quelque nature qu'ils soient, et dont l'explication n'est pas trouvée, est connu maintenant sous le nom de mouvement brownien. C'est sous ce titre que Dujardin, dans son Manuel de l'Observateur an miaosc, 18i3, livre I, sert. 2«, chap. III, p. 58-60, a donné un résumé précis des remarques faites par les micrographes sur les mouvements moléculaires. 110 ORGAISISATIOIS DES PLAGIOSTOMES. diés, en particulier, sur le Scijrnnus lichia et le Zygœna mal- iens par M. Leydig, qui n'a pas trouvé de fibres musculaires dans le bourrelet choroïdien, dit corps ou anneau ciliaire. Viris offre des différences. Il n'est pas toujours argenté ou doré. Entre les fibres de son tissu se trouve un pigment d'un jaune sale chez le Trygon pastinaca, d'un noir foncé chez le Zy- gœna maliens, jaune avec de petites lignes noires chez diverses Raies, brun chez le Scymmis lichia, où cette teinte est relevée par l'éclat métallique, d'un jaune d'ocre chez les Torpilles. J'ai vérifié sur quelques espèces l'exactitude de ces indications données par M. Leydig; mais l'action de l'alcool altérant les couleurs, il est souvent difticile de déterminer la teinte que la membrane indienne devait présenter pendant la vie. Une disposition anatomique propre non-seulement aux Raies, mais aux. Pleuroncctes et aux Uranoscopes dont les yeux sont, par suite de la conformation du corps, exposés également à l'action plus ou moins directe de la lumière, consiste en un pro- lono-ement de Vins formant un opercule pupillaire, qui descend horizontalement derrière la pupille. Cette palmette, comme la nomme Blainville, a été figurée parMonro [Struct. audphysiol. fish., pi. VII, fig. 3), par Délie Chiaje [Osserv. anal, su Vocchio umano, tab. YII, fig. iO; p. 11) et par J. Couch [Ilist. fish. brit. islands, t. I, p. 81). Elle est formée par une membrane à bords dentelés. Elle est douée de contractilité et protège cer- tainement l'organe contre l'action trop vive des rayons lumi- neux. Peut-être, dit avec raison Monro, les Raies laissent-elles tomber ce voile pendant le sommeil (/S1DIUTÉ. SE^S DE LA VUE. lll j'ai déjà cité pour la grandeur de ses yeux, et d'autres). Arron- die à son bord supérieur, elle devient assez souvent anguleuse sur son autre bord. Comme exemples, je citerai la Raie bou- clée, Ic&Milandres, le Galeoœrdo, etc. Chez différents Carcha- riens, et le Thalassovhinus viilpecula, elle est perpendiculaire à l'axe du corps et ovalaire ; ou bien, enfin, elle est horizontale [Se. canicula). On ignore à quelles particularités physiologi- ques se rattachent ces différences dont l'explication se trouve, (l'ordinaire, dans les habitudes et le genre de vie des animaux, selon qu'ils sont diurnes ou nocturnes. Chez les Plagiostomes, comme chez les autres poissons, les milieux refringoits offrent les propriétés optiques les plus fa- vorables h une concentration puissante des rayons lumineux, rendue nécessaire par la densité du milieu dans lequel ils vivent. J'ai déjà parlé de l'aplatissement de la cornée transparente, par suite de la petite quantité dliumeur aqueuse. Il n'y a, en quelque sorte, pas de chambre antérieure, et la cJuwibre posté- rieure a une capacité proportionnelle au volume du cristallin qui proémine, en s'engageant dans l'ouverture pupillaire, vers la cornée avec laquelle il entre presque en contact, et s'appuie sur le corps vitré qu'il déprime un peu. Comme dans tous les poissons, cette lentille est sphérique (1). Les fibrilles qui forment les couches concentriques et dont la parfaite régularité présente, sous le microscope, le plus bel aspect, sont creuses, selon M. Koelliker [Elém. histol. hum. tr. fr., p. 688), et remplies par un liquide ; de sorte, dit-il, qu'il se- rait plus convenable de donner le nom de tubes aux éléments du cristallin. Leurs bords sont dentelés en scie et l'union de ces libres résulte de leur engrenure réciproque. Les détails les plus circonstanciés sur cette structure sont dus à M. Brewster, qui les a accompagnés de figures simples et très-claires [On the anatom. and optic. structure crystall. lenses Anirn., etc., in : Philos. Trans. roij.Soc. Lond., 1833, part. II, p. 323, pi. VIII, (1) Il n'est pas sans intérêt pour l'histoire de la science, de rappeler ici que c'est l'ctude du Squale qui a permis à Sténon de reconnaître les trois substances dont le cristallin se compose (Decnne Carcharia, in : Blasii anatome animalhim , 16S1, p. 266) : le noyau et la substance corti- cale, et le liquide qui les sépare. Je rappelle ici, mais sans m'y arrêter, parce qu'elles portent sur l'étude du cristallin de l'homme et des ani- maux aériens, les belles recherches de Morgagni {Adveraarin aiiat. Ad- vers. VI, § LXXI, et Epist. unat. quœ ad scripta pertinent Valmlvœ, Ep. XVII, § 32). 112 ORGAiSISATION DES l'LAGIOSTOMES. et 1836, part. I, p. 35, pi. IV-VI). La fig. 2 de la pi. VIll, 1833, montre les dentelures sur la Morue (1). Il les a trouvées moins prononcées chez la Raie bouclée et même excessivement petites dans une autre espèce de Raie non désignée, et chez un Squale, qu'il nomme simplement Squale aux yeux bleus. Je ne pourrais pas, sans m'éloigner du but que je me propose, présenter, même sous une forme résumée, les remarquables résultats auxquels M. Brewster a été conduit par ses études sur rarrangement mutuel des libres, qui offre une régularité parfaite, mais variable suivant les groupes, et avec des degrés de complication foi-t différents. Ainsi, pour ne parler que des Plagioslomes, il y en a, et tel est THexanche, oi!i les fibres, de même que celles de la Morue, à laquelle la pi. VIII, 1833, est consacrée, sont disposées comme les méridiens d'une sphère, car elles viennent de deux centres situés aux deux extrémités de Taxe, pour les plus su- perticiellcs, et des divers points de cet axe pour celles des couches concentriques. Cuvier [Leç. Anat. camp., 1''' édit., t. II, ]). 422) avait déjà signalé ce mode particulier de groupe- ment des fijjres; nuiis M. Brc\vster a poussé beaucoup plus loin qu'on ne l'avait fait avant lui l'examen des dissemblances caractéristiques des cristallins, suivant les espèces. Il a décrit, en outre, deux autres dispositions beaucoup plus compliquées, pour l'intelligence desquelles il est i'udispensablc de recourir aux ligures qui accompagnent son texte. Les recherches chimiques de M. Frémy, consignées dans le résumé d'un travail (\u\ lui est commun avec M. Valenciennes (C. rend. Ac. Se, 1857, t. XLIV, p. 1122 et suivantes), mon- trent que le cristallin des poissons (p. 1130) « s'éloigne entiè- rement, par sa com})Osition chimique, des cristallins apparte- nant aux autres animaux vertébrés. » Le centre, ou noyau, est formé par une matière solide, d'une transparence conq)lèle, non troublée par l'action prolongée de l'eau bouillante. Elle est insoluble dans l'eau, l'éther, l'alcool et les acides ordinaires ; ceux-ci ne la transforment pas en géla- tine. Comme l'albumine des libres du cristallin des mammifè- (1) Un calcul simple, mais trop long à reproduire, ramène à conclure que dans le cristallin d'une petite morue, composé de couciies concentri- ques comprenant chacune un même nombre de libres d'autant plus ténues qu'elles s'approchent davantage du centre, il y a cinq millions de ces fibres et soixante-deux mille cinq cents millions de dentelures. Une semblable structure, dans une lentille transparente, ne doit-elle pas, comme le dit M. Brewstcr, exciter notie etonnement et notre admiration ? SENSIBILITÉ. SENS DE LA VUE. 113 res, elle se dissout lentement dans l'acide acétique, et avec dif- ficulté dans les alcalis. Malgré des propriétés si différentes de celles de l'albumine ordinaire, elle a la môme composition et, par conséquent, elle lui est isomérique. En raison de ces dis- semblances, la matière centrale du cristallin des poissons a reçu un nom spécial : c'est la. phaconine {?ax6;, lentille). Les couches extérieures, semblables à celles des animaux vertébrés aériens, constituent Ve.xophacine; elle est formée par une albumine particulière, la metalbmnine, qui, se dissolvant en grande partie dans l'eau, ne se trouble pas par l'ébullition. L'analyse a démontré, comme pour la phaconine, son isomérie avec l'albumine ordinaire. C'est donc Vexophacine qui forme la portion périphérique du cristallin dans les quatre premières classes des animaux vertébrés on la portion centrale nommée endophacine est, contrairement à ce qui se voit chez les pois- sons, de l'albumine proprement dite, identique à celle du blanc de l'œuf ou du sérum du sang. Le cristallin est-il véritablement entouré pendant la vie par une capsule? Telle est la question que se pose M. Stannius [Ilanclbuck der Zoot. 2" édit., Fische^ p. 177) et qui n'a pas en- core, dit-il, reçu une solution satisfaisante. Cependant, M.Ley- dig, par suite de ses recherches sur le cristallin d'une jeune Torpille et d'un fœtus de Scymnus lichia long de 0"'.16, admet la présence non-seulement de la capsule, mais aussi, à sa face interne, de cellules épithéliales {Beitr., etc. Rock, und Haie, p. 25, § 17) analogues à celles qui se voient sur le même point chez l'homme (KôUiker, Elé7n. hist. hum. tr. fr., 1856, p. 687). Je n'ai point à parler duprocessus falciforme de la choroïde, qui traverse la rétine et se porte jusqu'au cristallin, dont il forme l'enveloppe dite Campanula Ilalleri. On ne trouve, en effet, rien de semblable sur les Plagiostomes. Cependant, en raison de la présence des fibres musculaires lisses découvertes dans la cam- panule, sur laquelle M. Leydig [Beilr. mikr., etc., p. 26-29, § 20) et M. W. Manz {Ueber wahrscheinlichen Accomodat.~ Apparat des Fischauges, 1857) (1) ont donné de longs détails, veut-on la considérer comme un organe propre à permettre l'accommodation de l'œil à la vision distincte, suivant la dis- tance des objets? On s'explique alors difficilement son absence chez les Plagiostomes. Il faut donc admettre, ou que ces pois- sons obtiennent le même résultat par quelque moyen qui nous (I) Voyez aussi un mémoire de Dalrymple (Mag. nat. hist. conduct. by Charlewortli, 1838, t. I, p. 136. Poissons. Tome I. 8 414 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. échappe, ou bien qu'ils sont privés du pouvoir d'adaptation, ce qui ne semble pas probable. C'est là, au reste, une des questions les plus difficiles que présente Tétudc de la vision dans la série animale (i). Vhumeur vitrte est d'une extrême limpidité pendant la vie. On en a la preuve quand on l'examine avant qu'il soit survenu aucune altération dans les liquides de l'économie. Sir John Herschell en a acquis la certitude, comme on le sait par une communication qu'il fit à l'Association britannique pour l'avan- cement des sciences, en iS3S{V Institut, 1839, u" 288, p. 230). Ayant examiné, à bord du navire qui le ramenait du cap de Bonne-Espérance, les yeux très-volumineux d'un Requin dont il n'indique pas l'espèce, et qui venait d'èire harponné, il a constaté que l'humeur vitrée n'offre un aspect comme gélati- neux que parce qu'elle est contenue dans les cellules à parois tout-à-fait transparentes de la membrane hyaloïdc destinées à s'opposer au mouvement libre du fluide. Celui-ci est un liquide aqueux et parfaitement limpide (2), Quelques mots sur la rétijie suffisent, car il n'y a dans sa structure, chez les Plagiostornes, rien qui soit notablement diffé- rent de ce que démontre l'examen de cette même membrane chez les autres poissons et même dans les divers groupes d'ani- maux vertébrés. On trouve en effet ici, dans son épaisseur, comme à l'ordinaire, plusieurs couches; pendant la vie, ainsi qu'on s'en assure par l'examen des yeux immédiatement après la mort, elles tiennent les unes aux autres de la manière la plus intime. Les particularités de structure que le microscope y fait découvrir ont été signalées par M. Leydig [Bcitr. mikr.^ etc. Roch. und Haie, p. 24, § 18, pi. III, lig. 1 d). Je me borne à cette indication, que, sur aucun Plagiostome, il n'a vu les cônes géminés (\\\\, chez les poissons osseux (Stannius, Uand- buch Zoot., 2" édit., Fische, p. 1T7), constituent, avec les tra- bécules perpendiculaires, de même que chez les autres verté- brés, la membrane de Jacob ou couche de bâtonnets. Les nerfs optiques proviennent des tubercules bijumcaux, ou lobes optiques (Voy. p. 69, et Atlas, pi. 2, fig. 2 et 5 B). (1) On en trouve une savante discussion dans le Traité de Phrjsiolugie de M. Longet (t. II, p. 5G-71), qui conclut à la nécessité de l'adaplalion dont le mécanisme, dit-il, reste encore inconnu. (2) Pour la structure intime du corps vitré, qui n'ollrc rien de spécial chez les Plagiostornes, il faut citer un travail de M. E. Briicke (Vêler den inner, Bau des Glaskœrpers in : MuUer's Arch. Anat., etc., 1843, p. 345-348). SENSIBILITÉ. SENS UE L'OUÏE. 115 Les Plagiostomes, contrairement à ce qui a lieu chez les au- tres poissons, les Ganoïdes exceptés, ont les nerfs optiques complètement entrecroisés, de sorte qu'il y a un véritable chiasnia (Atlas, pi. 2, lîg. 2, 3 et 5) formé par l'union parfaite de la substance des deux cordons nerveux, presque aussitôt après leur sortie de Tencéphale. Arrivé au niveau du globe oculaire, le nerf perfore la scléroti- que en dehors et en arrière de la saillie articulée avec l'extré- mité élargie du pédicule qui le supporte. C'est en s'épanouis- sant que le nerf forme la rétine. V. SENS DE L'OUIE. Les poissons, en raison de leur genre de vie, se distinguent des animaux aériens par une grande simplicité de l'organe de l'audition , qui est réduit à ses parties essentielles : ils n'ont que l'oreille interne, la seule nécessaire pour recevoir et trans- mettre les sons dans un milieu liquide. J. Mûller a cependant signalé, chez certains Plagiostomes {Vergleich. Anat. Myxin. : Gefass-system. Verzeichniss Pseudo- branch., p. 79), une disposition curieuse. Il semble, en effet, que les Raies et les diverses espèces des genres Scyllium, Pris- tiurus^ Mustelus, Galeus et Rhinobatus possèdent une sorte de conduit auditif, car un petit canal va de la paroi interne de l'évent, où il s'ouvre par une ouverture étroite, jusqu'à la paroi latérale du crâne. Son extrémité en cul-de-sac se met en rapport intime avec cette paroi, au-dessus de l'articulation du cartilage dit sus- pensorium, précisément dans le point correspondant au laby- rinthe. Peut-être tavorise-t-il l'audition en conduisant, jusqu'au lieu où elles peuvent le mieux être appréciées, les ondes so- nores, c'est-à-dire les vibrations de l'eau. L'oreille e&i située à la partie la plus reculée du crâne. Elle est indiquée à l'intérieur par la protubérance qui se voit de cha- que côté à la région occipitale. L'appareil se compose d'un labyrinthe membraneux entière- ment enveloppé dans un labyrinthe cartilagineux. La sépara- tion complète de l'organe de l'ouïe et de la cavité crânienne, constitue un caractère essentiellement distinctif des Plagios- tomes, car le labyrinthe membraneux des poissons osseux bai- gne en partie ou même presque en totalité dans le liquide qui entoure l'encéphale. L'enveloppe est déjà plus étendue chez les Esturgeons, où un ligament établit un cloisonnement imparfait il 6 ORGAlSISÂTlOiN DES l'LAGIOSTOMES. qui, dans les Chimères, si voisines des Squales, est ci peu près complet. Le labyrinthe cartilagineux des Plagiostomes est plus remar- quable encore par son développement. Il consiste en trois ca- naux semi-circulaires, aboutissant à un vestibule commun, et il est, par conséquent, conformé comme le labyrinthe membra- neux contenu dans son intérieur, mais ses dimensions sont un peu plus considérables que celles de ce dernier qui, retenu par quelques brides cellulcuses, flotte dans un liquide comparable à la lymphe dite de Cotugno, chez les aninuiux vertébrés aé- riens, et nommé périlijmplic. Le labyrinthe cartilagineux, outre Vouverture \ydv laquelle le nerf acoustique pénètre dans son intérieur, en présente d'au- tres. Lorsqu'on examine la petite fossette de la région supé- rieure de l'occiput, on y voit quatre ouvertures, deux de cha- que côté, placées l'une au-devant de l'autre, et de dimensions inégales. La postérieure, ou la plus considérable, qui, à l'état frais, est fermée par une mend)rane, conduit dans le vestibule cartilagineux et n'établit donc aucune communication entre le labyrinthe membraneux et l'extérieur. Tantôt ronde, comme chez les Torpilles, tantôt un peu ovalaire, elle a reçu de Scarpa, en raison même de sa forme, qui n'a pas d'importance, le nom de fenêtre ovale [De auditu, etc., p. 9, § V). Dans l'explication des planches (tab. I, fig. I, e, Raia clavata, et tab. II, fig. VI, w, Squalus [Scyliium] catulus), il la nomme simplement fenêtre du vestibule. A l'exemple de M. Rich. Owen [Lect., uic, Fish. t. II, p. 209), il est préférable de se servir de l'expression de fenêtre de la capsule. Il faut cependant reconnaître que, si l'on voulait employer une dénomination tirée de la comparaison de l'oreille des poissons avec celle des animaux vertébrés supé- rieurs, il conviendrait mieux de dire fenêtre ronde, puisque, contrairement à ce qui a lieu chez ces derniers, pour la fenêtre ovale, elle ne donne point accès dans la cavité vestibulaire proprement dite, c'est-à-dire dans le vestibule membraneux. Telle est l'opinion exprimée par Cuvier dès 1802 [Ler. d'Anat. camp., t. II, p. 460), oîi il désigne comme fenêtre ovale le petit orillce dont il est question plus loin, et qui met le labyrinthe membraneux en communication avec l'extérieur (1). Aux mo- (1) Dans ce même volume, il est vrai, p. 472. on Irouvo cncoie la déno- mination de fenêtre ovale pour Forilice du lahyrinllic eartilaginoux dont il s'agit ici; mais c'est une faute typographique, car la même dénomina- iion est ainsi appliquée à deux ouvertures toul-à-fait diflcrcntes. L'erreur SENSIBILITÉ. SENS DE l/OUÏE. 147 tifs de la détermination donnée par Cuvier, on peut joindre ceux que renferme la note annexée à la p. 492 (t. III, 2" édit.) de ses Leçons. Quoique fermée par une membrane, cette so- lution de continuité de Tenvcloppe solide n'est peut-être pas sans influence sur Tintensité des vibrations imprimées h l'or- gane (1). Vouverture antérieure de» la voi!ite du crâne se voit presque immédiatement au-devant de l'autre, de chaque côté de la fos- sette occipitale, où elle est quelquefois un peu cachée par le rebord de cette fossette. Elle établit une communication entre l'extérieur et le labyrinthe membraneux au moyen d'un canal nommé par Weber.s/»Ms audUorius. Après cequejeviens dédire de Touverture postérieure et de son analogie avec la fenêtre ronde, je n'ai pas à insister sur la comparaison à établir entre l'autre orifice et la fenêtre vestibulaire ou ovale. Quand on examine les téguments de la région sus-cépha- lique des Raies et des Squales, on y aperçoit à l'ceil nu, si le poisson est un peu volumineux, et facilement à la loupe, sur les individus de petite taille, deux pertuis au niveau de la fossette de l'occiput, placés à peu de distance l'un de l'autre. est corrigée dans la 2« édit., où le texte de la première est conservé, mais où l'orifice du labyrinthe cartilagineux est nommé fenêtre ronde. Compa- rez, en effet, dans cette 2e édition, t. III, l'avant-dernier alinéa de la page 503 aux premières lignes de la page 472 de la f^ C'est dans le sens de la 2« édit. (t. III, haut de la page 492 et page 503) que sont rédigés [Hist. des Poiss. t. I, p. 459 et p. 464; les passages relatifs à ces ouvertures. E. H. Weber {De aure et auditu, etc., pars I, De aure animal, aquat., 1820, p. 92 et suiv,, pi. IX, tig. 74, 8, Raia miraletus) leur donne la même signification que Cuvier. Au contraire, Breschet, qui a figuré la fenêtre du labyrinthe cartilagi- neux sur la R. bâtis dans ses Rech. org. de l'ouïe Poiss. {Mém. Sav. e'tr. Ac. se. 1838, t. V, pi. 12, fig. 1,/; fig. 2, i), adoptant l'opinion de Scarpa, la nomme fenêtre ovale, mais ne donne pas de dénomination particulière à l'autre orifice. J'insiste sur ce sujet à cause de la divergence d'opinion des anatomistes et parce que je considère comme étant seule exacte celle de Cuvier. (1) Des ouvertures de la voûte du crâne que la peau recouvre et « par lesquelles, comme Cuvier le dit {Fhst. Poiss., t. I, p. 462), les trémousse- ments du liquide ambiant peuvent être médiatement conduits jusqu'au la- byrinthe, » existent chez certains poissons de la famille des Silures, chez les Lépidolèpres et autres. M. Stannius {Uandbuch Znot., 2« édit., Fische, p. 170) donne des détails anatomiques et bibliographiques sur cette parti- cularité, que je me borne à signaler, comme la curieuse découverte, faite par E. H. Webcr, d'une communication établie, au moyen d'osselets, entre l'oreille et la vessie natatoire chez certains poissons (De aure et auditu, etc. Pars I, De aure animal, aquatil. 1820, p. 40 et suiv.). 118 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. Quelquefois, cependant, il y en a davantage. Ainsi, le Myliobate aigle porte, de chaque côté, trois orilices de petits embranche- ments du canal dont il est question plus bas; E. H. Weber les a représentés {De aure et auditu^ etc., tab. IX, fig. 75-79 et 86). Le nombre et l'arrangement de ces trous présentent cer- taines irrégularités : dans une espèce de la famille desPastena- gues, le Tœniura Meyeni, il y a, de chaque côté, deux orilices ; à droite, ils sont très-rapprochés Fun de l'autre; à gauche, ils sont, au contraire, séparés par un plus grand intervalle, et le plus externe est le moins apparent. Sur le Tœniura lymna., on trouve, d'un côté, deux orifices extrêmement rapprochés et presque confondus en un seul, puis un troisième situé en avant des précédents. A gauche, l'orifice est unique, et, par sa po- sition, il correspond exactement aux deux trous })ostérieurs de droite. Chez un Myliobate aigle, oi,i les trois trous sont disposés de la façon indiquée par Weber sur ses planches •.-, j'en trouve un quatrième qui forme l'extrémité d'un tube muqueux. Or, son aspect suffit pour montrer la différence qu'il y a ici, comme chez tous les Plagiostomes, entre les pores muqueux et les ouvertures du sinus auditif externe, qui sont plus pro- fonds et un peu obliques. Les dimensions relatives ne four- nissent pas un bon caractère distinctif, car les solutions de continuité du tégument, qui font partie de l'appareil de l'ouïe, sont tantôt, mais par exception, comme sur quelques Raies, plus petites que les pores muqueux, tantôt, au contraire, plus grandes. Chez la Chimère, il n'y a qu'un seul orifice médian. Si, après une incision transversale de la peau, derrière ces trous, et deux incisions latérales, on détache avec précaution le petit lambeau cutané que l'on vient de circonscrire, ou voit, en le renversant d'arrière en avant, que chaque trou est l'ori- gine d'un -petit canal membraneux. Celui-ci se dirige oblique- ment de dehors en dedans et vient, à une très-petite distance, s'accoler à celui du côté opposé; changeant alors de direction et se portant en dehors et en bas, il pénètre à travers l'orifice du crâne jusqu'au vestibule membraneux. Sa portion inférieure peut môme être considérée, ainsi que Hunter l'a fait observer, comme formée par la réunion des tubes semi-circulaires verti- caux au niveau de leur extrémité commune, au moyen de la- quelle ils s'unissent dans ce point au vestibule. Vers le milieu de son trajet, le canal reçoit les fibres terminales d'un petit muscle qui, par son extrémité supérieure et postérieure, est in- SENSIBILITÉ. SENS DE L'OUÏE. 419 séré sur la fossette occipitale, au-dessus et tout près du bord de la fenêtre du labyrinthe cartilagineux, ou fenêtre ronde ; il se dirige en avant et en dedans, avec un peu d'obliquité de haut en bas, pour se fixer dans Tangle que forme le canal au moment où il change de direction. L'intérieur des deux canaux renferme un liquide auquel du carbonate de chaux pulvérulent, qui y est tenu en suspension, donne une certaine consistance. La présence du liquide sem- ble être un obstacle à la pénétration de l'eau de mer dans l'o- reille, et, par là même, tombe une des objections de Scarpa contre la réalité de cette communication du labyrinthe mem- braneux avec l'extérieur. On en doit la découverte à J. Hunter (1). Monro en a donné une représentation exacte dans les figures 1, 2 et 3 de ses pi. VII et VIII sur la Raie bouclée. On en voit très-bien la disposition chez la Torpille (figure 72, mais parti- culièrement fig. 73 de la planche VIII annexée au Mémoire de E. H. Weber, De aure et auditu, etc.) et sur sa planche IX où est représentée la disposition des diverses parties de l'oreille de la Raie miralet et du Myliobate. Je dois mentionner aussi, comme propre à bien faire saisir la disposition du canal mem- braneux, un dessin très-amplifié donné par Breschet [Rech. org. de l'ouïe, etc., in : Mém. Sav. étr. Ac. se. 1838, t. V, pi. 10, fig. 2) ; il faut également citer ses planches 9 et 12. Scarpa a nié la réalité de la découverte de Hunter et de ses observations, ainsi que de celles de Monro [De auditu, etc., prœfatio^i^. 1 et 2, et cap. II, p. 9, notes). Nul anatomiste, au- jourd'hui, ne saurait partager l'opinion complètement erronée du professeur de Pavie, dont on doit regretter les paroles sé- vères, à l'égard de ces deux illustres anatomistes. (1) Le mémoire où ses observations sont consignées ne fut imprimé qu'en 1782 (Philosoph. Trous, roy. Soc, t. LXXII). On le trouve presque en entier in : Descr. and illuslr. Catal. Collège Surg. London, Seriex comp. anat., t. III, part. I, p. 105-108, et il est traduit d'un bout à l'autre dans les Œuvres compl. de Hunter, par Richelot, t. IV, p. 385-391 . Cependant, les préparations du célèbre anatomiste anglais, faites avant 1760, mon- trent, comme il le déclare, que, dès cette époque, il avait constaté les par- ticularités indiquées dans ce travail. Monro, qui ne connaissait pas les recherches de Hunter, et qui déjà, en 1779, avait vu la disposition dont il s'agit, s'en attribue la découverte {Striict. and physiol. fish., 1785, p. 48). Quoi qu'il en soit, comme Cuvier le fait observer {Hist. Poiss., t. I, p. 460, note), Monro a décrit mieux qu'au- cun de ses prédécesseurs et de ses successeurs l'oreille extérieure des Chondroptérygiens. 120 ORGAmSATION DES PI.AGIOSTOMES. Si, poui' les Raies, aucune incertitude n'est restée sur la présence des canauK de communication entre Textérieur et le vestibule membraneux, il n'en a pas toujours été de môme re- lativement aux Squales. Monro [Struct. and vhysiol. fish. pi. XXXVIII) a représenté avec exactitude la disposition qui se voit chez TAnge de mer [Squatina vulgaris). De même, les pores cutanés avec les canaux qui leur font suite, et dont on aperçoit la trace à travers la peau sur le même Squale, sont dessinés planche XXXIII, fig. 1 [Descr. and illustr. Catalogue, Coll. Surg., Comparât, anat., t. III, part. I, p. 189). Et cependant, Weber [De aure et auditu, etc., p. 103) dit que les canaux mem- braneux, qui vont de Textérieur au vestibule membraneux, manquent chez le Squale, auquel il donne le nom trop vague de Sq. carcharias. Peut-être ce caractère ne se rencontre-t-il pas dans toutes les espèces? Telle était l'opinion de Hunter {Org. de Vouïe chez les Poiss. in : OEuv. compl. tr. fr., t. IV, p. 388); elle semble aussi être celle de M. Rich. Owen, car, dans le court article consacré à la description de Toreille des Plagiostomes [Lect., etc., Fish., t. Il, p. 209), il ne dit rien des Squales à l'occasion de cette disposition anatomique. M. Stannius [Handbuch Zoot., Fische, 2" éd., p. 168) se borne, dans une note de la page 168, après avoir décrit les ouvertures extérieures et les canaux des Raies, à rappeler la dénégation de Weber relativement au Sq. carcharias. L'absence excep- tionnelle d'une portion de l'appareil auditif ne semble cepen- dant pas probable. D'abord, la présence des deux orifices de l'occiput est un fait presque général, comme je le constate dans la collection du Muséum, et il est facile, ainsi que je l'ai déjà dit, de les distinguer des pores cutanés. En outre, les études ultérieures des anatomistes ont démontré que l'Ange de mer n'est pas le seul Squale qui ait de petits conduits membraneux étendus des parties profondes de l'oreille à la surface externe delà tête. Th. Ruchanan a, en effet, décrit en 1825, chez le Squahis canus ou caninus [Galeus canis?), et les trous, et les petits canaux dont ils sont l'orifice extérieur [On the org. of hea- ring in the genus Sq. in : Mem. Werner. Soc. Edinb., 1832, t. VI, for the years, 1826-31, p. 145). Il en a donné une repré- sentation sur la pi. IV d'un ouvrage spécial [Physiolog. illus- trations ofthe organ of hearing, 1828). On y voit, sur ce même Sq. canus dont il a, dit-il, étudié l'oreille sur plus'de cent indi- vidus (p. 108), 1" les orifices extérieurs; 2° l'un des canaux avec sa double inflexion, dont la seconde, beaucoup plus prononcée. SENSIBILITÉ. SENS DE l'oUÏE. 121 est telle que, dans le coude qui en résulte, et qui est précisé- ment le point où s'insère rextrémité inférieure du petit muscle dont j'ai parlé plus haut, une membrane valvulaire, suivant les expressions mêmes de Buchanan, qui la nomme membrana vestibuli, est formée par le reploiement de la seconde portion du tube. La direction oblique du muscle explique comment, par sa contraction, Tanimal peut tirer en arrière la paroi pos- térieure du tube et en élargir, par conséquent, le diamètre au niveau du rétrécissement là où ce petit canal change de direc- tion pour se porter d'avant en arrière; 3° le dessin en montre l'entrée dans le labyrinthe au-devant de la fenêtre ronde fer- mée par sa membrane. Breschet [Rech. org. de l'ouïe Poiss. in Mém. Sav. ctr., 1838, t. V, p. 6oS, note 1) dit avoir « examiné l'oreille d'un grand nombre de Squales et y avoir découvert et constamment re- connu l'existence d'ouvertures de communication entre le si- nus médian et l'extérieur. » En 18o2, M. Leydig [Beitr. mikr. Anat. Roch. etc., p. 30) a également constaté la disposition anatomique dont il s'agit dans les genres Zijgœna, Hexanclnis, Spinax, Mîistelus. Je l'ai moi-même très-bien observée sur le Mustelus vulgaris. Il est donc positif, d'après ces différents témoignages, qu'il y a une analogie complète, relativement aux portions extérieures de l'appareil auditif, entre les Raies et les Squales. Si, chez quelques-uns de ces derniers, elles manquent, on doit consi- dérer leur absence comme une exception. Il ne faut pas perdre de vue d'ailleurs, selon l'observation de Buchanan {Phijsiolog. ilhistr., etc., hearing, p. 111), que les ouvertures extérieures disparaissent peut-être, car il arrive qu'elles échappent aux recherches faites sur des sujets âgés. Le labyrinthe membraneux se compose du vestibule et de trois canaux semi-circulaires qui sont en communication avec lui par cinq ouvertures (1). (1) Outre les figures de l'oreille de la Raie, citées par Cuvier [Hist. nat. Poiss., t. I, p. 458, note) et dues à Klein, à Geoffroy, à Camper (t. VI des Mém. des Snv. étrang. Ac. des se, 1774, et non VII, comme il est dit par er- reur dans cette note), à Monro, à Scarpa, à Comparetti et à Weber, figures que j'ai déjà plus d'une fois mentionnées, il faut ajouter les dessins qui accompa- gnent lo les deux mémoires de Buchanan, l'un sur l'oreille des Squales (Mem. Wern. Soc. t. VIj ; l'autre sur celle de différents animaux, mais où il est également question des Plag. (Physiolog. illustrai, of thc ovgan ofhca- ring); 20 168 liech. de Breschet, sur l'org. de l'ouïe {Mem. Sav. étr. Ac. se, 1835, t.V). 122 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. Le vestibule représente un petit sac un peu plus large h sa région inférieure qu'à la supérieure. Il est, en quelque sorte, formé de trois loges. La médiane, ou sac proprement dit^ est séparée de la postérieure seulement par une faible dépres- sion des parois; il en résulte que cette dernière, à laquelle on pourrait donner le nom de Cijsticule proposé par Breschet [Rec/i., etc., Mém. Sav. étr., t. V, p. 659, pi. 10, fig. 2), n'est qu'une appendice du sac. La loge antérieure, qui est plus dis- tincte que l'autre de la loge du milieu, peut être désignée, avec le même anatomiste, par la dénomination d'UtricuIe. Du vestibule partent les canaux semi-circulaires qui y re- viennent après avoir décrit une portion de courbe. Ils sont pro- portionnellement très-considérables dans la plupart des espè- ces, mais Buchanan a mentionné leurs grandes dimensions chez le Squalus [Scymmis] borealis en particulier, où il leur a trouvé une remarquable analogie avec ceux de Thonime [On the organ of hearing Sq. in : Memoirs Wernerian Society, t. VI, p. 459). Chez les Raies, ils peuvent être distingués en antérieur, postérieur et externe. Le dernier est plus ou moins horizontal et les deux autres sont presque verticaux. Ceux- ci se réunissent à leur extrémité supérieure en un seul canal ouvert dans le vestibule par un orifice unique ; il constitue la portion inférieure du sinus auditif ou tube membraneux qui établit, ainsi que nous venons de le voir, la communication avec l'extérieur. Le canal semi-circulaire externe se termine près de là, mais un peu au-dessous de l'orifice commun, bans ces deux points, c'est-à-dire là où s'ouvrent les extrémi- tés supérieures des trois canaux, on ne voit pas de renfle- ment. Ils en présentent un, au contraire, en forme d'ampoule, près de leur autre extrémité, laquelle pénètre isolément dans le sac, de sorte que ces ampoules sont au nombre de trois. Celles des canaux antérieur et externe sont voisines l'une de l'autre et s'ouvrent à la région antérieure et inférieure du ves- tibule près de l'utricule. Au canal postérieur, l'ampoule reste un peu plus éloignée du point d'insertion que dans les deux autres. Une très-grande analogie se remarque entre la disposition de ces canaux chez les Squales et celle que je viens d'indiquer. Weber [De aure, etc. p. 10?> et 104) a signalé certaines diffé- rences, mais la plus importante consistant, suivant lui, dans l'indépendance de l'extrémité supérieure des canaux antérieur et postérieur, n'est pas générale, et peut-être même son obser- SENSIBILITÉ. SENS DE l/OUÏE. 123 vation sur le Sq. carcharias (espèce non déterminée) n'est-elle pas exacte. La réunion de deux canaux peut lui avoir échappé, si, comme Buchanan le dit du Sq. canus ou caninus [Galeus canis?), elle est extrêmement courte [On the org. hearing Sq., etc., in : Mem. Wern. Soc, t. VI, p. IM). Le labyrinthe membraneux, dont le tissu offre une certaine résistance, et qui est baigné par la périlymphe, contient lui- même un liquide semblable au précédent, nommé endolymphe h cause de son siège dans l'intérieur. De plus, on y trouve de petits corpuscules analogues, par leur situation, aux < sselets que renferme Toreille interne des poissons osseux. En raison de leur consistance comparable à celle de l'empois, on ne peut pas les nommer Otolithes. La dé- nomination proposée par Breschet [Otoconie, de xovîa, sable) leur convient mieux. C'est en effet une poussière de carbonate de chaux suspendue dans une substance comme gélatineuse, sorte de mucus dont Barruel a trouvé 25 parties 0/q contre 75 de carbonate de chaux. La principale de ces petites masses est située dans la partie la plus inférieure et médiane du vestibule nommée spéciale- ment sac à pierres. Sa portion postérieure , qui en est quel- quefois complètement détachée et offre moins de consistance, occupe le petit renflement du sac ou cysticule.Dans l'antérieure ou utricule se trouve une masse beaucoup moins volumineuse que celle du sac. Les otoconies ont été figurées au nombre de trois sur la Raie bouclée par Scarpa [De auditu, etc., tab. I, fig. VII, a et b, c, d] et par Breschet d'après la même espèce {Rech., etc., Mem. Sav. etr., t. V, pi. 10, fig. 3) ; mais au nombre de deux seulement chez le Myliobate aigle par E. H. Weber {De aure, etc., tab. IX, fig. 82-85). De longs détails sur ces corps sablonneux , comme il les nomme, ont été donnés par Buchanan [On the org. hearinq, etc., in : Mem. Wern. Soc., t. VI, p. 167-169). L'examen microscopique des fines granulations de l'otoconie montre que ce sont de petits cristaux de forme et de grosseur diverses, non-seulement chez des espèces différentes, mais aussi chez une même espèce. M. Leydig a représenté [Beitràge mihroskop. Anat., etc., Rochen und Haie, pi. I, fig. 7, c, rf, e) les cristaux du Scymnus lichia (p. 32, § 23). Le plus ordinai- rement, ils avaient la forme de lamelles quadrangulaires; d'autres étaient en aiguilles, et quelques-uns constituaient de petits groupes de cristallisations aciculaires. La configuration 124 ORGANISATION DES PI.AGIOSTOMES. en citron n'est pas rare chez les Raies, et dans de semblables cristaux, il a vu, après la dissolution de la matière calcaire par des acides, qu'il reste une cellule avec son noyau. Ici, se retrouve donc la forme cellulaire primitive que j'ai indiquée (p. i08) pour les cristaux du tapis de la choroïde. Les portions des parois du vestibule, qui corre-spondent à ces petits amas calcaires, sont très-abondamment pourvues de filets nerveux. Comme les otolithes, les otoconies doivent donc avoir pour but de transmettre des vibrations plus intenses qu'elles ne le seraient si elles étaient simplement communiquées par les liquides de Toreille. Les nerfs acoustiques (Atlas, pi. 2, fig. 1 et 2F) naissent des parties latérales de la moelle allongée. Leur origine, chez lys Piagiostomes, au moment où ils sortent du bulbe rachidien, comme le montrent ce dessin et, sur VAcayithias vulgaris^ la ligure 1 de la planche II, annexée au mémoire de M. Stan- nius [Bas pcripher. Nervcnsyst. Fische, p. 14), est tellement rap})rochée de la deuxième branche du trijumeau, que le nerf acoustique a pu être considéré par certains anatomistes , et par Scarpa d'abord [De auilitu et olfactu, p. 19, % V), comme une simple division de la 5'' paire. E. H. Weber [De aure et auditu, p. 33-36 et p. 101) a forte- ment combattu, après Treviranus, cette supposition, encore admise par Breschet [Rech. org. de l'ouïe Poiss. in : Mém.Sav. et)'. Ac. se, t. V, p. Q6'i, pi. 10, fig. 1, et explicat. de la pi., p. 715), mais qui est maintenant rejetée (Stannius, Handbuch. Zoot., Fische, 2'' édit., p. 163, et Cuvier, Leç. Anat. comp., 2'= édit., t. III, p. 222). Quoique ce nerf semble avoir, chez certaines Raies, une branche secondaire comparée, mais à tort, au facial, destinée à l'ampoule du canal semi-circulaire posté- rieur, et dite par Weber Nervus accessorius [De aure, etc., p. 102), il n'est pas nécessaire de la considérer comme dis- tincte. Telle est l'opinion émise i)ar M. Stannius [Das peripher., etc., p. 15), très- justement, d'autant plus que ce prétendu nerf accessoire manque chez différents poissons, et parti- culièrement, selon l'indication de Weber [De aure, etc., p. 104, dernier alinéa), chez le Squale, qu'il nomme Sq. car- char i a s. La distribution des branches du nerf acoustique dans l'oreille a été étudiée et représentée sur la Raie par Monro [Struct. and pJiys. fish., pi. XXXVII) , par Scarpa [De auditu et olfactu, p."l3-15, § XIX-XXVIl, tab. I), par Weber [De aure, etc., SENSIBILITÉ. SENS DE l'OUÏE. 125 p. 101-103, pi. IX, fig. 80), et par Broschet [Rech. org. de l'ouïe, etc. Mém. Sav. étr. Ac. se, t. V, p. 662, pi. 10, fig. 1 et 2). Des détails minutieux sur cette distribution, chez le Sq. camis [Galeus canis?) et chez la Raie bouclée, sont donnés par Bu- chanan [Un the org. hearing in : Mem. Wern. Soc, t. VI, p. 159-165). Il décrit, sous le nom de sabuloiis nerve, les nerfs destinés aux points du labyrinthe où sont situés les corps sa- blonneux ou otoconies, et de sabulous plexus, les nombreuses ramifications plexiformes de ces nerfs. Ses descriptions sont accompagnées de figures (pi. I et pi. II). Je dois être très-bref sur ce sujet, car il n'y a pas, chez les Plagiostomes, de différences importantes avec ce qui se voit sur les autres poissons. Notons cependant tout d'abord que, par suite de la fermeture complète du vestibule cartilagineux, le nerf, pour parvenir jusqu'aux parois membraneuses aux- quelles il sert d'enveloppe, le traverse en se divisant en 'deux branches. L'une se dirige en avant, va se répandre sur l'utri- cule où est contenue la petite masse amylacée et sur les am- poules voisines, c'est-à-dire celles des canaux semi-circulai- res externe et antérieur. L'autre, beaucoup plus volumineuse, qui pénètre dans le cartilage par un très-grand nombre de filets, et dont la direction est inverse de celle de la précédente, envoie ses ramifications à la région inférieure du vestibule où elles sont fort abondantes et forment, dans le point sur lequel repose l'otoconie, le plexus dont j'ai parlé plus haut ; puis un petit tronc, résultant de la réunion de quelques-uns des filets de ce plexus, gagne la portion antérieure du sac dite cysticule et l'ampoule du canal semi-circulaire postérieur. Celle-ci, au contraire, reçoit directement ses filets nerveux de la petite branche dépendante de l'acoustique, comparable au facial, et considérée à tort par Weber comme un nerf auditif acces- soire, quand cette branche particulière existe. Les ampoules présentent à l'intérieur de fines cloisons incomplètes sur les- quelles se répandent les filets nerveux qui, là, comme sur les autres portions du labyrinthe membraneux, se divisent en ra- mifications d'une ténuité telle que le microscope môme ne per- met pas de constater leur mode de terminaison. M. Leydig n'y a pas vu les anses dont on a souvent parlé comme étant une des formes des derniers ramuscules microscopiques. Je ne crois pas que ces anses appartiennent aux fibres les plus extrêmes des nerfs; leur bout terminal doit presque toujours échapper à l'observation. 126 OKGANISATIO.N DES PLAGIOSTOMES. On a des preuves nombreuses du pouvoir dont sont doués les poissons d'entendre les bruits. Je me contenterai de citer ici un passage de OthonFabricius relatif aux .S^. carcharias,es- pèce indéterminée, mais qui est, peut-cire, comme on peut le supposer avec Millier et Honle {Plaaio.st.^ p. 50), la Lciche des mers du Nord {Scijnmîis burealis). Ce poisson, dit-il, a Touïe fine; car, dès qu'il entend la voix des hommes, il se montre à la surface pour les attaquer; ils évitent donc de le provo- quer à sortir des profondeurs de la mer. Si, pendant la pêche, le silence n'est pas observé, le Carchai-ias arrive et la rend infructueuse en faisant fuir les poissons [Fauna Groen- landica, 4780, p. 129). Au reste, tout en reconnaissant Fim- portance du secours que le sens de l'ouïe rend à des ani- maux appelés à vivre constamment dans l'eau, il ne faut pas perdre de vue les remarques très-justes de Cuvier sur l'im- perfection relative de ce sens chez tous les poissons. « Il est probable, dit-il, que le bruit produit en eux une sensation forte, mais qu'ils ne distinguent ni cette infinie variété de tons et de voix, ni ces articulations dont nous voyons tous les jours les quadrupèdes et les oiseaux être si vivement frappés. » {Hist.Poiss.,t. I, p. 469). A l'occasion du sens de l'ouïe, je me trouve naturellement amené à étudier la question de savoir si les Plagiostomes peu- vent, comme divers poissons osseux, faire entendre des sons (1). Aristotc [Hist. anim., lib. IV, ch. IX, tr. fr. de Camus, t. I, p. 221), après avoir fait remarquer, avec beaucoup de raison, que ces animaux « n'ayant ni poumons, ni trachée, ni pharynx [sic], n'ont point de voix, et que ceux que l'on dit en avoir ne forment autre chose que certains sons et des sifilements, » ajoute : « quelques Sélaques semblent également siffler. » (1 Des observations très-intéressantes sur les bruits que différents pois- sons produisent lorsqu'ils sont immergés ou môme quand ils sont hors de l'eau, ont été souvent faites pendant les voyages en mer. Je n'ai pas à m'arrètcr sur ce point, car c'est chez les poissons osseux que se rencon- tre presque exclusivement cette singulière faculté de déterminer dans les organes intérieurs des vibrations assez fortes pour qu'elles puissent se communiquer à l'eau, et, do proche en proche, à l'atmosphère, ou direc- tement à l'air lui-même quand ils cessent d'être plongés. Ces poissons bruyants ont été l'objet d'études et de recherches expérimentales dont j'ai présenté un exposé dans une de mes leçons au Muséum que j'ai résumée pour V Annuaire scientifique de 18(J2, publié par M. Dchérain. Cet article inséré (p. 238-251) renferme un examen des hypothèses émises sur ce sujet, avec des indications bibliographiques assez nombreuses, et divers récits des concerts étranges entendus par des navigateurs dignes de foi. NUTRITION. APPAREIL DIGESTIF. 127 Il y a très-peu d'indications à Tégard d'une production de bruits par ces derniers. Je ne trouve même à mentionner, jusqu'à ces dernières années, qu'un fait consigné dans la l'''^ édit. de VIchthyologie de Nice, publiée par Risso, qui dit (p. 17), en parlant de l'une des Raies à tète cornue de la Médi- terranée, le Cephaloptèrc M assena : « Lorsque la femelle fut jetée dans le bateau, elle y mugit d'une manière douloureuse pour avoir introduit dans ses ouïes le bout de sa queue. » En 1857, M. Mettenheimer a communiqué à J. Mûller, qui l'a insérée dans ses Archiv fur Anat., etc., de cette même an- née, p. 302, une observation qu'il eut occasion de faire sur une Piaie bouclée. Elle mérite d'être signalée. Se trouvant dans un bateau de pêche de la mer du Nord, où il voulait voir fonction- ner une drague pendant la marée, différents Pleuronectes et des R.aies volumineuses furent sortis du filet. Ces dernières étaient dans un état manifeste de fureur que les mauvais traite- ments des pêcheurs augmentèrent. Elles prenaient une position bizarre, se soutenant sur leurs nageoires pectorales et rele- vant la tête. Il y en eut qui firent alors claquer l'une contre l'autre les mâchoires; en même temps, des bruits courts, vifs, comparables au ronflement d'un homme endormi, se succé- daient avec rapidité. Ces bruissements, d'une nature parti- culière, fort pénétrants, exprimaient évidemment la colère, et, selon M. Mettenheimer, se produisaient dans les évents dont il vit, au moment oii les sons se faisaient entendre, les bords membraneux vibrer avec rapidité. Ils seraient donc le résultat du passage et de l'expulsion violente par ces ouvertures, de l'air introduit dans la bouche. De là, résulte la conséquence que les Raies semblent pouvoir être bruyantes seulement hors de l'eau. FONCTIONS DE LA VIE DE NUTRITION. I. DIGESTION. L'étude de la digestion comprend celle des organes oii elle s'accomplit et celle des divers actes successifs dont elle se compose. Cette doubla étude offre un grand intérêt chez les Plagiostomes, en raison des particularités remarquables de leur organisation. 1:28 ORGAMSATIOÎ< DES PLAGIOSTOMES. APPAREIL DIGESTIF. La cavité buccale a, pour charpente, les différents cartilages qui forment les arcs dentaires supérieur et inférieur, ainsi que le plancher de la boîte crânienne constituant le plafond de la bouche. J'ai indiqué, en décrivant l'extrémité cépha- lique du squelette, les diverses particularités de l'appareil mandibulaire (p. 29-32). L'ouverture antérieure de la gueule varie dans a sa forme, h son étendue et c sa position. a Tantôt, elle est transversale, presque rectiligne, comme on le voit chez les Raies et chez quelques Squales; tantôt, au con- traire, arrondie en courbe plus ou moins ouverte. b C'est sous cette dernière forme que l'oritice a le plus d'am- plitude : par exemple, dans les grands Carcharias [Prionodon. lamia, glaucus, leucos), le Carcharodon Rondeletii. Dans le Se- lache maxima, il est énorme, le contour de chaque mâchoire mesurant 'l'".20. Comme contraste bizarre, il suftit de rappeler ses dimensions exiguës chez certains Spinaciens, tels que l'Hu- mantin [Centrina Salviani), et chez les Raies, où la dispro- portion de cette ouverture avec leur taille parfois considérable étonne à cause du peu de volume que doivent nécessairement présenter les animaux dont elles se nourrissent. c Enfin, l'orifice buccal est presque toujours situé à la région inférieure et plus ou moins loin de l'extrémité souvent très- proéminente du museau, d'où résulte, pour les Squales, l'o- bligation de se retourner au moment de saisir la proie. C'est seulement par exception qu'il est terminal [Ulnnodon, Cestra- cion, Squatina, Cephaloptenis). Comme chez la plupart des poissons osseux, Torilice buccal est ordinairement nu. La peau, pénétrant dans la cavité de la gueule, s'applique sur les cartilages dentaires et y sert de sup- port aux dents, qui n'ont aucune relation immédiate avec le squelette. Chez beaucoup de Squales, au niveau des angles de cet orifice et le plus habituellement en haut comme en bas, le tégu- ment forme des plis labiaux résultant de la présence des carti- lages des lèvres. Ces plis sont importants à noter dans les des- criptions spécifiques, .à cause des différences qu'ils présentent. Prolongés plus ou moins vers la ligne médiane, ils n'ont l'ap- parence de lèvres, très-imparfaites il est vrai, en raison del'ab- NUTRITION. APPAREIL DIGESTIF. 12^ sence du tissu musculaire, que chez un petit nombre d'espèces dans le groupe des Leiches ou Sajjnniens. Les Squatines ont le pli labial supérieur prolongé en dehors et en arrière jusque vers la première fente branchiale sous la forme d'un lambeau droit ou ondulé, suivant les espèces. Jamais, cependant, si ce n'est chez le Squale à bec de scie, ou Priostophore, dont le mu- seau présente, vers le milieu de sa face inférieure et de chaque côté, un long barbillon, il n'y a les appendices filiformes, et quelquefois rentlés à leur extrémité, que portent les Silures, certains Cyprins, les Baudroies, les Chironectes, les Mulloïdes et les Gades. Les Plagiostomes, surtout les Raies, ont, dans l'intérieur de la bouche, des replis de la membrane muqueuse qui jouent, de même que chez les poissons osseux, le rôle de lèvres in- ternes. Le repli supérieur des Raies, destiné à s'opposer k la sortie de l'eau par l'orifice antérieur de la cavité buccale, est une sorte de voile placé derrière la mâchoire. Son bord libre, tantôt droit, tantôt cintré, présente parfois des dentelures. La membrane muqueuse forme également, chez les Squales, au niveau des dents, des replis qui recouvrent leurs rangs posté- rieurs. Souvent, à leur bord libre, il y a une sorte de feston dont les pointes viennent se loger dans les espaces que lais- sent, entre elles, les dents d'une môme rangée [Carcharias [Prionodon] leucos et d'autres). La langue manque chez les Plagiostomes, ou du moins est réduite à un très-petit volume. Il y a bien la pièce cartilagi- neuse médiane qui, placée entre les deux branches latérales de l'hyoïde, en représente le corps et peut prendre le nom de basi-hyal [Copula de Rathke in Anat. Untersuchungen Kienien^ apparat, p. 20); mais la petite pièce fixée à son bord anté- rieur dans le plus grand nombre des poissons osseux, c'est- à-dire l'os lingual, fait défaut chez les Plagiostomes, et c'est le cartilage médian lui-même qui en tient lieu. Il est un peu saillant en avant chez la Squatine, par exemple ; tandis que celui de VAcanthias vulgaris a la forme d'une bande étroite et courte, et représente une portion de courbe très-ouverte (1). (l) Il serait trop long et inutile crénumérer les différentes formes de ce cartilage, très-faciles d'ailleurs à constater sur le squelette. On peut en prendre une bonne idée sur les figures 2, 4, 6, pi. VI; fig. 3, pi. VIII; fig. 1, pi. XI et fig. 5, pi. XII, de M. Molin [Srillo scheletro degli Sqiialim Mem. Instit. Veneto, 1860, t. VIII). D'autres dessins, dus à Rathke et àLaurillard, sont cités plus loin dans l'étude des organes respiratoires. Poissons. Tome L 9 130 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. Jamais, contrairement à ce qui se voit sur certains poissons osseux, cette pièce du squelette n'est armée de dents. Telle est donc la simplification de l'organe, que, le plus souvent, il disparaît. La cavité buccale sans cesse traversée par Teau, et privée des organes papillaires qu'on trouve sur la langue et sur la paroi interne des joues et des lèvres chez les animaux aériens, ne reçoit aucun liquide comparable à la salive (1), A peine est -il nécessaire de mentionner, comme pouvant peut-être suppléer, mais bien imparfaitement, aux organes sa- livaires, les grains glanduleux du palais trouvés chez les Raies par Cuvier [Leç. Anat. conip., t. IV, l'"'' partie, p. 460). DENTS. I. Situation, mode iVinsertion et nombre. — Les Poissons se distinguent ordinairement des Reptiles, mais surtout des Mam- mifères, par le grand nombre de leurs dents, car, outre les mâchoires, souvent les différentes pièces osseuses de la gueule et de l'entrée du pharynx, ainsi que la langue elle- même, en sont couvertes. Les dents des Plagiostomes en par- ticulier sont nombreuses et redoutables, soit par leur volume, soit par leur forme. On trouve cependant entre eux et les autres poissons cette première différence remarquable, que l'entrée de l'orifice buccal est la seule région où se voient les dents. Une seconde dissemblance résulte de leur singulier mode d'insertion. Au lieu d'être, comme chez les autres animaux ver- tébrés, fortement adhérentes à des pièces osseuses, souvent creu- sées d'alvéoles destinées à en loger la racine, elles n'ont.d'autre support que la peau dont elles constituent une dépendance, et a laquelle elles sont intimement unies. La dénomination de Bermodontes, imaginée par Blainville [Prodr. nouv. distrib. syst. du règne animal , in : Nouv. Bullet. des sciences, 1816, (1) C'est à la classe des ganglions vasculaires, qu'il faut rapporter l'or- gane que Stenon, le premier, a trouvé chez la Raie sous la mâchoire inférieure et à moitié recouvert par les muscles génio-hyoïdiens {Dcmuscuiiset glan- dulis), p. 86, et que Retzius, sans connaître ce fait, asignalé plus tard chez différents Plagiostomes (Observât, in anat. Chondropt. 1819, p. 30). Ne lui trouvant pas la structure des glandes, il l'a comparé au thymus, en raison de l'abondance de ses vaisseaux et de sa position. C'est, en elfct, un gan- glion vasculaire, mais on doit, à l'exemple de Stenon, le considérer plutôt comme l'analogue du corps thyroïde. NUTRITION. APPAREIL DIGESTIF. DENTS. 131 p. 112), et opposée à celle de Gnathodontes, rappelle ce carac- tère propre aux Sélaciens. Les cartilages dentaires ne méritent donc pas précisément ce nom, appliqué dans un sens absolu, puisqu'ils n'entrent point en rapport immédiat avec les dents, mais supportent les re- plis cutanés dont elles sont une sorte de production. Elles peuvent donc, au moins celles de la première rangée, subir un certain déplacement produit par la mobilité peu marquée, sur- tout chez les Raies, mais cependant réelle, du tégument. Au reste, elles n'y sont pas très-solidement fixées. Dans les attaques rapides et soudaines du Squale , ou dans ses efforts pour retenir une proie robuste qui cherche à lui échapper, des dents apparte- nant à cette rangée antérieure doivent être brisées. Celles des rangs intérieurs sont-elles, comme le dit Lacépède [Hist. Poiss., 1. 1, p. 179) « un supplément de puissance pour le Requin? Con- courent-elles, avec celles de devant, à saisir, à retenir, à dilacérer la proie dont il veut se nourrir? » Le Squale peut-il, selon les expressions mêmes de M. Agassiz [Poiss. foss., t. III, p. 78), hérisser son formidable râtelier? Ou bien, au contraire, ne sont- elles destinées qu'à venir successivement prendre la place de celles qui tombent? Lacépède le nie. Il n'est cependant pas douteux que tel est leur rôle. Leur diminution de longueur dans les derniers rangs montre que toujours il y en a qui sont en voie de formation. Il ne semble pas admissible que l'animal puisse volontairement les redresser toutes à la fois pour mul- tiplier le nombre de ses armes. Il suffit, d'ailleurs, d'exami- ner les dents non sur le squelette, mais à l'état naturel, pour constater qu'il y a un obstacle matériel au jeu simultané des diverses pièces de cet appareil. Elles sont en effet recouvertes, comme je l'ai dit plus haut (p. 129) , par un repli de la mem- brane muqueuse souvent festonné à son bord antérieur, au niveau du deuxième rang, afin de permettre le redressement des dents qui le composent, et que viennent alors remplacer celles du troisième. J'ai été souvent frappé de cette disposi- tion anatomique , dont M. Owen , au reste , fait mention pour combattre la supposition gratuite du mouvement d'ensemble de tout l'appareil dentaire. L'arrangement des dents est presque toujours parfaitement régulier. Tantôt , mais c'est le cas le plus rare dont certaines Raies, et en particulier la bouclée, nous offrent un exemple, les dents d'un rang sont alternes avec celles du rang précédent, ce qui produit une disposition en quinconce; tantôt, au con- 132 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. traire, chaque dent du rang le plus antérieur est suivie des dents d'attente qui , destinées à venir successivement prendre sa place, sont situées les unes derrière les autres avec une exacte symétrie. Elles forment ainsi des séries longitudinales parallèles dont le nombre est variable suivant les espèces (Atlas, pi. 7, fig. 8). Sur la Raie étoilée [R. aster.), et, généra- lement, les Plagiostomes de ce groupe, toute proportion gardée, en ont plus que les Squales, je compte 80 séries à chaque mâ- choire, 52 sur celles du Snjmnus [Lœmargus] borealis, et 20 seulement chez le Scynmm Ikhia. Les Torpédiniens ont des séries peu nombreuses (Atlas, pi. 11). Les rangées sont loin d'avoir toujours une étendue égale, car elles se composent chacune d'un nombre de dents variable suivant les espèces. Ainsi, on en compte 6 ou 7 dans les diffé- rents Scymniens à la mâchoire inférieure, et jusqu'à 17 vers le milieu des mâchoires sur certaines Raies. Notons, au reste, que si les rangées médianes recouvrent presque les trois quarts de la circonférence des cartilages , il n'en est plus de même vers leurs extrémités, oî^i elles deviennent progressive- ment de plus en plus courtes. Enfin, dans le jeune âge, elles le sont plus que dans l'âge adulte. Chez les Scymnus, ces dents d'attente sont complètement renversées, ayant leur base tour- née en haut et leur pointe en sens opposé. Elles sont disposées avec une régularité parfaite, les unes au-dessus des autres, se recouvrant mutuellement dans une partie de leur hauteur, et restent appliquées contre la face postérieure de la mâchoire, qui est surmontée de dents en action formant un ou deux rangs, et dont le bord libre, qui est tranchant, occupe la position nor- male (Atlas, pi. 5, fig. 1-4) (1). Si le nombre des dents en action vient à êti'e diminué mo- mentanément, il est bientôt complété. A la dent du deuxième rang, qui a pris la place de celle du premier, qu'un accident ou sa chute naturelle a fait disparaître, succède la dent correspon- dante du troisième, et ainsi de suite. C'est au rang le plus in- férieur et dernier qu'une dent de nouvelle formation se montre. Je ne parle ici que de remplacements partiels; mais chaque rangée de dents est appelée à son tour à venir occuper la posi- (1) Je mLMitionne seulement les dents inféi'ieures des Scymniens; les su- périeures, de forme très-diflcrente (voy. la descr. de ce groupe,', offrent beaucoup moins de régularité dans leur arrangement. Chez beaucoup d'au- tres Squales, au contiaire, et chez les Raies, il y a similitude, sous ce rap- port, entre les dents de l'une et de l'autre mâchoires. NUTRITION. APPAREIL DIGESTIF. DENTS. 133 lion la plus élevée et la plus antérieure. Ainsi, des armes usées et devenues insuffisantes, sont constamment et sans interrup- tion, remplacées par des armes intactes et plus puissantes. Chez tous les Plagiostomes, la substitution de dents nou- velles à des dents anciennes s'opère non-seulement quand elles sont pointues et séparées les unes des autres, de manière ù former la herse ou la lame de scie, mais chez les Mustéliens, les Cestraciontes, les Myliobates, et dans tout le groupe des Rhines où, aplaties et rapprochées, quelquefois môme comme soudées par leurs bords, elles représentent en quelque sorte des mosaïques. Souvent, il y a, sur la ligne médiane, une rangée de dents : c'est un fait très-propre à démontrer qu elles sont absolument indépendantes des cartilages. Une autre preuve encore de leur indépendance se tire du déplacement progressif dont je viens de parler, par suite duquel chaque rangée d'attente est amenée successivement et à son tour en avant pour constituer la rangée en action. Il n'est pas produit, en effet, par un mouvement simultané des cartilages dentaires les entraînant avec eux. C'est le derme, auquel elles appartiennent réellement, qui se porte peu h peu vers le bord antérieur de la mâchoire. Hérissant a présenté des observations intéressantes sur ce sujet dans ses Recli. sur les usages du grand nombre de dents du Canis carcharias [Mem. Ac. des se. Paris [pour l'année 1749], 4753). Il les a rendues plus instructives encore par les 3 plan- ches annexées à son Mémoire, et oi^i sont figurées des irré- gularités dans la disposition des dents, résultant de la chute de quelques-unes et du déplacement de celles qui viennent s'y substituer. Ainsi, la troisième fait bien comprendre leur mode de progression, car on en voit plusieurs dans différents degrés de redressement. Si la vie de l'animal s'était prolongée davantage, cette irrégularité aurait sans doute cessé et la mâ- choire dessinée sur cette planche n'aurait plus offert le même intérêt. Comment, au reste, douter que ce ne soit là le vrai mécanisme du renouvellement des dents en action, lorsqu'on voit la cu- rieuse modification produite sur celles d'un Galeus, dont la mâ- choire inférieure, traversée en bas, près de son bord postérieur, par l'aiguillon caudal d'une Pastenague qui se brisa dans l'at- taque, avait conservé ce corps étranger pendant un temps assez long déjà quand le Squale fut pris? Un dessin de la mâchoire armée de ses dents entre lesquelles le dard proémine, est donné 134 ORGAMSATION DES PLAGIOSTOMES. par André {Descr. of teeth, etc., in Philos. Trans. roy. Soc, 1784, t. LXXIV, part. II, p. 279, pi. XIII, reproduite par M. Rich. Owen [Odontogr., Atl., pi. 28, fig. 9 et t. I, p. 39). Il fait parfaitement comprendre le résultat de cette expérience naturelle. Dans deux rangs verticaux contigus, composés, comme les autres, de cinq dents obliques à pointe dirigée en arrière, et d'une sixième, relevée et en position, on voit, sur le bord latéral correspondant de toutes les dents de ces deux ran- gées, une déformation manifeste. Elle est due à ce que, depuis le moment de la blessure, chacune de ces douze dents, qui a d'abord occupé le rang le plus inférieur, a trouvé là un obsta- cle h son développement normal par suite de la présence de Taiguillon. Toutes celles dont Tun et Tautre rang se compo- saient au moment où il a pénétré dans le cartilage dentaire, avaient donc déjà disparu les unes après les autres et avaient été successivement remplacées parles dents difformes, et même plusieurs de ces dernières étaient peut-être déjà tombées (1). Le mouvement de progression ne s'était donc produit que dans les téguments et non dans la mâchoire. Supposons qu'il en eût été autrement et que les dents eussent été déplacées avec le cartilage lui-même. Alors, ou l'aiguillon n'aurait plus été re- trouvé, sa chute ayant accompagné celle des dents entre lesquelles il avait pénétré; ou bien, moins de temps s'étant écoulé, il aurait été suivi et précédé d'un nombre variable de dents parfaitement intactes, puisque, conservant toujours la même position relativement à celles qu'il avait atteintes au mo- ment où la mâchoire fut perforée, il n'aurait pu nuire au dé- veloppement ultérieur d'aucune des pièces de l'armure den- taire. II. A l'étude du nombre des dents se rattache celle de leurs dimensions. La cavité buccale, malgré toute son ampleur, n'en peut pas contenir beaucoup sur chaque rang, s'il s'agit, par (1) Dans chaque rang vertical, il y avait 6 dents, et, sur les deux mâ- choires, 52 rangs : en tout, 312 dents. Leur formation était évidemment postérieure à la blessure, puisque toutes étaient déformées dans les deux rangs contigus à la partie inférieure desquels l'aiguillon avait péné- tré : des dents en nombre égal ayant précédé celles-là, étaient donc déjà tombées. Supposez maintenant un plus long espace de temps écoulé depuis le moment de la pénétration du dard, et cette estimation, dont le chiffre s'élève à 624, sera trop faible. Enfin^ si la vie s'était prolongée davantage, le renouvellement de l'armure dentaire aurait continué jusqu'à la mort. On comprend ainsi quelle quantité considérable de dents est mise à la dis- position d'un Plagiostome pendant toute la durée de son existence. NUTRITIOÎS. APPAREIL DIGESTIF. DENTS. 135 exemple, du Squale de nos mers dit Carcharodon Rondeletii; ses dents triangulaires et dentelées sur les bords, senties plus grandes qu'on ait jamais eu occasion de voir, jusqu'à ce jour, dans les mers de Tépoque actuelle. Leurs dimensions sont ce- pendant inférieures à celles des glossopètres (1) volumineux, des terrains anciens et qui, semblables pour la forme aux dents de notre Carcharodonte (Atlas, pi. 7, fig. 7), ne laissent aucun doute sur rexistencc de Squales énormes dans les mers dont les dépôts ont formé certaines couches de notre globe. Ainsi, Lacépède [Hist. Poiss., t. I, p. 205) a calculé, d'après une dent fossile trouvée h Dax, et conservée au Muséum, longue de 0'".082, et comparée à la plus grande dent d'un Squale de nos mers, que l'individu auquel elle avait appartenu, devait me- surer 23 mètres. Chez un Carcharodonte long de 11"\248, M. Owen [Odontography, p. 300) dit que la plus considérable a 0"'.050 do haut et 0"'.043 de large. La plus grande dent d'un Squale de la même espèce dont le Musée de Paris ne possède que les mâchoires, a 0'".045 dans un sens et 0'".033 dans l'au- tre. La taille de ce poisson devait donc être moindre. Les dents de Plagiostomes offrent cette particularité qu'il y en a de toutes les grandeurs; mais, par opposition aux précé- dentes, on ne peut pas en citer de plus petites que celles du grand Squale dit Rhinodonte.'D\s]}0&èe& régulièrement en quin- conce, sur une largeur de 0".03, elles représentent les pointes d'une très-fine carde et ont quelque ressemblance avec les dents en brosse de certains poissons osseux. On peut aisément se figurer leur extrême petitesse par ce fait que, malgré le peu de place qu'elles occupent dans la vaste gueule terminale de ce poisson, elles y sont cependantau nombre de plus de 6,000. Le gigantesque Y^èlerhv [Selache maxima), de la même fa- mille que le Carcharodonte^ mais dont la taille est beaucoup plus considérable, porte également des dents très-petites, bien moins ténues cependant que celles du Rhinodonte. Elles sont en forme de cônes hauts de 0"\006 à 0'".008 chez le seul (1) Voy,, sur Torigine de cette dénomination, Lacépède {Hist. des Poiss., 1. 1, p. 203). — On a nommé Bufonites ou crapaudines, des dents fossiles de poissons, prises pour des corps qui, disait-on, avaient été contenus dans Tintérieur du crâne des crapauds. M. Agassiz a démontré que l'on a rapproché à tort les Bufonites ordinaires, ou dents fossiles à racine creuse, à couronne distincte et qui ne proviennent point des Plagiostomes, des Bufonites à dos sillonné, ou dents aplaties à la base et non adhérentes aux mâchoires. Celles-ci, en effet, appartiennent à des genres voisins des Ces- traciontes {Poiss, foss., t. III, p. 74). 136 ORGA?(ISATIO>( DES PLAGIOSTOMES, spécimen que les collections d'Europe possèdent, et leur nom- bre est d'environ 2,700. (Atlas, pi. 3, fig. 18.) Chez ces grands Squales à dents si peu considérables [Rhin. et Selachc)^ on ne remarque en quelque sorte pas de différen- ces dans leurs dimensions, quel que soit le point où elles sont situées, non plus que chez les Roussettes, les Emissoles et les Raies proprement dites, oi^i la denture se compose toujours de petites pièces nombreuses, juxta-posées. Le plus souvent, au contraire, les dents de Squales offrent un volume différent, se- lon la place qu'elles occupent. Ainsi, au milieu de chaque rangée transversale, elles sont, d'ordinaire, plus grandes que vers les extrémités. En outre, leur volume, sur les rangées ver- ticales, subit une diminution graduelle d'avant en arrière, à mesure que la position en est plus reculée. Chez d'autres [Rh. [Syrrh.] Bougainvilh'i, Atlas, pi. 10, fig. 1), ce sont les mé- dianes qui ont le moins de longueur. Il n'est pas rare que les dents de l'une des mâchoires soient plus petites, plus grêles que celles de la mâchoire opposée. III. Relativement à la forme, il y a de nombreuses diffé- rences à indiquer. 1° C'est d'abord une singularité remarquable des Plagios- tomes qu'il y ait souvent, chez un même animal, défaut de pa- rité dans la conformation des dents suivant la place. Les dis- semblances, sous ce rapport, entre les Raies proprement dites, sont rares ou très-peu prononcées. Parmi les Squales, au contraire, elles sont fréquentes et fournissent de bons caractères génériques. Je citerai, par exemple, les Carchariens, dont les dents inférieures, grêles et étroites, s'élèvent comme des cônes minces et efiilés, plus ou moins droits ou obliques, sur une base élargie, tandis que les supérieures sont larges, triangulaires et généralement diri- gées en dehors. De plus, il n'est pas rare que les unes portent des dentelures, soit à la base, soit sur les bords, et qu'à la mâchoire opposée, elles présentent un tranchant uni. Quelquefois, ce sont les dents inférieures qui sont les plus grandes, et, en même temps, elles se distinguent des supé- rieures par une forme tout-à-fait différente. Il en est ainsi chez les Notidaniens, où des dents en crochets sont opposées aux larges dents en peigne oblique et à nombreuses dentelures du bord inférieur de la gueule (Atlas, pi. 4, fig. 1-12), et chez la plupart des Scipiniiens. A l'exception du genre Echi- norhmus, dont l'armure dentaire est semblable en haut et en NUTRITION, APPAREIL DIGESTIF. DENTS. 137 bas, ils ont des dents supérieures coniques, pointues, plus ou moins grêles, et des dents inférieures à base très-haute, sur- montée d'une portion libre, triangulaire, tantôt verticale [Scym- mis proprement dits) et lisse ou dentelée sur les bords, tantôt très-oblique, même presque horizontale et offrant ainsi un bord libre tranchant [Lœmargus] . (Atlas, pi. S, fig. 1-4.) 2° Ce n'est pas seulement quand les dents n'appartiennent point à la même mâchoire, qu'elles offrent des différences de forme; souvent, cette forme varie suivant la place qu'elles oc- cupent. Ainsi, vers les angles de la bouche, elle se moditie avec la grandeur. En outre, certains Squales, parmi lesquels je citerai le Cardtarien, type du genre PInjsodou, puis les L«w- 7iiens du genre Oxijrhine., ont les dents médianes autrement conformées que celles qui les suivent à droite et à gauche. Enfin, les plaques dentaires latérales des Myiiobates ne res- semblent ni pour la grandeur, ni pour la forme, aux plaques du rang médian. Chez le Cesiracion, par exemple, la quatrième avant-der- nière rangée, comprenant les dents les plus longues et les plus larges, qui forment la partie la plus saillante de cette sorte de coquille enroulée représentée par son singulier système dentaire, est précédée et suivie de dents d'autant plus petites que le rang dont elles font partie est plus éloigné de ces grosses dents. Il y a exception, cependant, pour les cinq rangées antérieures 011 elles gardent le même volume. De grandes dissemblances peuvent, comme on le voit, se constater sur les dents d'un même Plagiostome. 3° Il y a également des dissemblances suivant l'âge, car sou- vent, chez les Carchariens en particulier, les dents des jeunes individus ne portent pas les dentelures latérales caractéristi- ques de l'âge adulte dans certains genres et selon les sexes : ainsi, diverses Raies mâles se distinguent des femelles par les pointes de leur armure dentaire. Les faits qui précèdent suffisent pour montrer combien sera difficile, dans certains cas, la détermination de l'espèce ou du genre auquel peuvent appartenir une ou plusieurs dents iso- lées. Les difficultés sont bien plus grandes encore quand il s'agit de poissons fossiles dont on ne peut désigner que par les caractères des dents ou de l'écaillure, la véritable place dans les cadres zoologiques. M. Agassiz [Poiss. foss. t. III, p. 78 et 77) a insisté sur l'em- barras causé par ces obstacles, lui qui, mieux que tout autre 138 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. cependant, pouvait les surmonter. Aussi, comme il le dit avec raison, Thabitudo seule d'apprécier sur les Squales de Tépoque actuelle les différences offertes par le système dentaire, peut guider le naturaliste qui court risque encore de commettre cer- taines erreurs de classification. Par ces motifs, il a apporté une grande prudence et beaucoup de réserve dans les conclusions qu'il a tirées de ses études approfondies, non-seulement sur les dents fossiles, mais sur les aiguillons des nageoires ou ichthyo- dorulithes, et, particulièrement quand il cherchait à savoir si telle dent et tel aiguillon se rapportaient ou non à une seule et môme espèce. Des détails qui précèdent, résulte la preuve d'une grande variabilité dans la forme des dents des Sélaciens; mais je crois devoir ajouter encore quelques rapides indications. Une première distinction à établir est fondée sur ce fait : a que les uns, ce sont les moins nombreux, ont des dents plates ou sans pointe ni tranchant, et h que les autres ont des dents saillantes, soit tranchantes, soit pointues; c enfin, elles sont quelquefois dentelées sur les bords. a. L'exemple le plus remarquable de dents plates est fourni par les Myliobates : ce sont de grandes pièces à surface plane formant une sorte de pavé dont l'action sur les substances ali- mentaires est comparable à celle d'une meule. Des dents moins singulières dans leur apparence générale, beaucoup plus petites, mais plates et disposées connue les pier- res d'une mosaïque, sont celles de différentes Raies, des Squa- tinoraies, spécialement du lihina ancylostoma. C'est également de dents sans saillie, mais h. surface convexe, que sont armées les mâchoires des Cestracioîites. Très-rares dans notre monde actuel , puisque trois espèces au plus sont connues, ils étaient, au contraire, fort abondants aux époques paléontologiquesles plus anciennes; M. Agassiz a appelé d'une manière particulière ralLention sur ce fait curieux. Il en a eu la démonstration évidente par l'examen d'un grand nombre de dents comparables, dans leur structure, à celles des Cestra- ciontes, mais assez différentes pour qu'il ait pu, avec raison, les considérer comme types de plusieurs genres distincts (i). (l) « Quelquo opinion que Ton ait sur l'ordre de succession des ani- maux qui n'existent plus, il est un fait auquel on ne saurait avoir trop égard, quand on recherche les lois qui ont préside à la icijartition des êtres vivants à la surface du globe à différentes époques géologiques; c'est que les types de notre époque qui présentent la plus grande analogie NUTRITION. APPAREIL DIGESTIF. DENTS. 139 Les dents de nos Cestraciontes actuels, dont les différences spécifiques se tirent uniquement des caractères extérieurs, for- ment, comme chez les Mourines, des meules. Cependant, au lieu de présenter une surface plane plus ou moins large , elles constituent dans leur ensemble, à droite comme à gauche, sur Tune et sur l'autre mâchoire, un demi-cylindre composé de plusieurs rangées obliques et parallèles de dents qui, toutes, ont leur surface bombée et sont séparées par de petits enfon- cements indiquant leurs limites et faisant paraître plus sail- lantes ces sortes de côtes juxta-posées. b. Déjà, chez les Cestraciontes, commence h se montrer la forme la plus habituelle du système dentaire, je veux dire la forme pointue , car leurs dents antérieures , surtout les moins rapprochées du bord externe du demi-cylindre, portent en^ar- rière une saillie assez acérée. Un mélange de dents plates et de dents aiguës se voit souvent chez les Raies, où les plus éloignées du bord antérieur sont généralement terminées en pointe et peuvent servir, par leur direction oblique en arrière, à retenir la proie; les antérieures, au contraire, sont souvent mousses. C'est une disposition ana- logue que présentent les Mustéliens ou Squales h dents de Raie, comme on les nomme quelquefois. Parmi les dents pointues, les plus simples sont en cône de lon- gueur variable, et le plus souvent un peu aplati, sans élar- gissement k la base. Telles sont les pièces, soit de Farmure dentaire tout entière des Squatines, soit seulement de la supé- rieure chez les Centrines et les Scymniens. Ce cône eftilé et pointu ne constitue que Tune des portions de la dent à Tune ou à l'autre des deux mâchoires de certaines espèces du grand avec ceux des premiers âges de la nature, sont aussi les plus rares. Ce fait est d'autant plus frappant qu'il se reproduit dans presque toutes les clas- ses du règne animal, et souvent même plusieurs fois dans les diverses fa- milles de la même classe; mais ce n'est pas seulement le nombre des es- pèces qui va décroissant, celui des individus est aussi plus limité qu'à l'ordinaire Nous avons un autre exemple de ce fait dans le genre Cesiracion, dont il n'existe qu'une seule espèce vivante (on en distingue trois aujourd'hui), qui est l'un des Squales les plus rares que l'on con- naisse. » (Agassiz, Rech. sur les Poiss. fcss., t. III, p. 168). M. Agassiz présente des observations analogues (t. III, p. 75) à l'occasion du genre Mustelus : deux espèces seulement habitent nos mers, et il est re- présenté, comme le précédent, par de nombreux genres analogues dans toute la série des teiTains secondaires. Au contraire, les genres actuels abondants en espèces, ou n'ont pas de représentants parmi les fossiles, ou bien sont limités aux terrains tertiaires ou crétacés. 140 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. genre Carcliarias , divise'", d'après les différences de forme du système dentaire, en plusieurs sous-genres. Ainsi, chez VHypo- prion hemiodon, les dents inférieures offrent, dans leur portion adhérente, un élargissement et se terminent par une sorte de dard très-mince. Dans le Prionodon limbatus, en haut et en bas, les dents longues, étroites et acérées, sont comme un prolon- gement de la base. Celle-ci porte-t-elle, de chaque côté de la pointe médiane, une ou deux petites dentelures? On a sous les yeux alors le type des dents, soit d'Odontaspide (Atlas, pi. 7, tig. 3), qui même ne se distinguent bien que parla des dents d'Oxyrhine (Id., tig. 4), soit de Roussettes (In., fig. 1) ou de certains genres dontlenom rappelle leur analogie, sous ce rap- port, avec ces dernières. Tels sont les Scylliodontes, les Cen- troscylles, les Triccnodontes. Quelquefois, comme chez le Spinax, les dentelures ne se voient qu'à une seule mâchoire. c. Souvent les dents plates portent, ou à leur base, ou sur les bords , soit dans toute leur étendue , soit seulement dans une portion de leur longueur, des dentelures iRnlol profondes, tan- tôt peu apparentes, qui, par leur constance, fournissent d'ex- cellents caractères de genres ou d'espèces. On peut, à l'exemple de M. Agassiz, dresser un tableau des genres à dents en scie, en commençant par ceux où les créne- lures sont le plus développées : 1° Notidanus [Hexanchus et Heptanchus) ; ^"Hemipristis (genre fossile où elles manquent vers le sommet des dents) ; 3" Ga- leus; 4° Gaîeocerdo; 5° riialassorhinus; 6" Corax (genre fos- sile h dents non creuses à l'intérieur, comme celles des Galeua et Gaîeocerdo, et ii dentelures plus régulières); 7" Zygœna\ 8" Carcharias (excepté les genres Scoiiodon, Phijsodon et Aprion, à dents lisses); 9° Ghjphis; 10° Carcharodon. Les dentelures constituent un caractère curieux du système dentaire. Elles doivent avoir leur importance à cause du rôle que les dents sont appelées à remplir, comme oi-ganes de pré- hension destinés en outre, ou à couper, ou à déchirer la proie. Cependant, si on les trouve chez des Squales redoutables par leur taille, comme les Carcharodontes et certains Carchariens, tels que les Prionodontes lamia, leucos, glaucus, elles maïuiuent à d'autres Squales d'une taille semblable [Lamna cornubica , Oxîjrhina, Odontaspis) et aux grandes Leiches [Lœmargus) des mers septentrionales. IV. Structure. Les dents des Plagiostomes sont composées de deux portions : l'une offrant un aspect très-analogue à celui de MTRITION. APPAREIL DIGESTIF. DENTS. 141 rémail et qu'on pourrait, par comparaison avec les dents or- dinaires, nommer couroMW.3,- l'autre, non émaillée, base osseuse implantée dans le derme. Celle-ci n'est point une vraie racine, car elle ne contracte pas avec le cartilage dentaire l'adhérence qui, chez les autres animaux, fixe les dents au squelette, soit par enclavement dans des alvéoles, soit, comme dans la plupart des reptiles, par juxta-position avec le bord libre des os maxil- laires ou avec leur paroi interne. Tantôt cette base est simple et de même forme que la dent, ou bien rétrécie : elle constitue alors une sorte de pédicule sur- monté d'une portion aplatie (lî. Gamw/Y//, Atlas, pi. 7, fig. IS- IS) ou conique [B. chagrinea, id., tig. 9 et 10). Tantôt, au contraire, la base de la dent est profondément échancrée; mais c'est là une exception particulière aux genres Lamna et Oxy- rhina de la famille des Lamniens et aux Odoiitaspides (Id., fig. 3 et 4). La substance osseuse est plus ou moins apparente au-dessus du derme, et, souvent, on en voit une petite portion. Or, la forme que présente le bord de l'émail qui la limite étant fort constante , il est quelquefois utile, dans les descrip- tions, d'en tenir compte comme d'une particularité distinctive. Si, ne nous bornant plus aux caractères extérieurs, nous étudions la structure intime des dents de Squales, nous reconnaissons, avec le microscope, la présence de canaux dits médullaires par M. Rich. Owen [Odontogr., t. I, p. 32), et de canaux calcigères qui , sous la forme de fines ramitica- tions, sont la continuation des premiers. Faciles à distin- guer, pendant la période de développement, par la nature même de leur contenu , les deux sortes de canaux cessent plus tard d'offrir des différences, parce que les médullaires, qui avaient une vascularisation assez abondante, sont enva- his par la matière calcaire. Les principaux de ces canaux médullaires suivent une direction à peu près parallèle à l'axe longitudinal de la dent , depuis la base oi^i se trouve la petite cavité de la pulpe. C'est de là qu'ils partent, et ils donnent de nombreuses ramifications transversales. Celles-ci , mille fois anastomosées, viennent aboutir à de petits sinus communiquant les uns avec les autres. Ils forment la limite entre la dentine vasculaire et la dentine condensée simulant l'émail, ou sub- stance corticale, dans laquelle se trouve une grande quantité de tubes calcigères dont la direction est transversale, et ter- minés généralement dans des cellules situées immédiatement au-dessous de la couche la plus superficielle de la dentine 442 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. extérieure. M. Leydig [Beitr zurmikrosk. Anat., etc. p. 52) in- siste sur Fabsence de Fémail et sur Tidentité de la portion la plus externe avec la substance même du corps de la dent. Enlln, dans cette dernière on trouve de très-nombreuses rami- fications des tubes calcigères, nés des canaux principaux ré- pandus dans les couches concentriques dont sont entourés les tubes médullaires. V. Quant au mode de développement des dents, sans entrer dans des détails qui m'entraîneraient trop loin, je me bor- nerai à renvoyer aux conclusions que M. Rich. Owen a tirées de ses études sur des fœtus de Squales. Il les a nettement formulées [Odontogr., t. I, p. 36 et suiv.; C. rendus Ac. .se, 1839, t. IX, p. 784-88, et Ann. se. nat., 2*^ série, t. XII, p. 209-220, pi. 9). Elles s'appliquent d'une manière géné- rale au développement de toutes les dents, mais elles sont contraires à la théorie longtemps adoptée, surtout en France, de leur accroissement, comparé à celui des poils et des on- gles, par exsudation à la surface du bulbe, sorte de mem- brane glandulaire qui sécréterait successivement les couches dont elles se composent. Cependant, comme les recherches ul- térieures ont confirmé l'exactitude des observations du savant anatomiste anglais, on peut admettre avec lui, au moins en ce qui concerne les Squales, que les dents se développent par dépôt de sels calcaires dans des cellules, ou dans des tubes préalablement creusés dans la substance du bulbe. L'ivoire ou le corps de la dent s'ossifie donc de la même manière que l'os, avec cette différence que dans la gangue ou 7natnx qui doit devenir os, et dans celle qui se transformera en ivoire, l'ossi- fication dentaire se fait en sens inverse : dans la dent elle est centripète, tandis qu'elle est centrifuge dans le système osseux proprement dit. L'étude du système dentaire, dont les dispositions différen- tes sont en rapport avec le genre de vie des Plagiostomes, m'amène à dire quelques mots de leur mode d'alimentation. Tous ceux qui ont des dents acérées recherchent avec ar- deur les animaux souvent volumineux dont ils veulent se nour- rir, et les attaquent avec une impétuosité dont les Brochets et les Serrasalmes, entre autres, nous offrent, parmi les poissons osseux, de remarquables exemples. Je ne rappellerai pas tous les récits auxquels a donné lieu l'étonnante voracité des Squales, ces tigres des mers, pour me servir de l'expression employée par Lacépède {Uist. Poiss., Squale requin, l. I, NUTRITION. MODE D ALIMENTATION. 143 p. 173), dans un de ses tableaux les plus brillants, mais em- preint de rcxagération trop habituelle aux écrivains qui ont traité ce sujet. Voici, toutefois, des assertions positives. Chez un Squale ouvert à bord d'un navire qui se rendait à la Marti- nique, M. le docteur Guyon trouva des débris de pantalon et une paire de souliers. Outre des poules et des canards, morts dans la nuit et jetés le matin à la mer, ainsi que divers ob- jets provenant de l'équipage, un Squale, dont on fit Tautopsie sur le navire commandé par le capitai^ne Basil Hall, avait avalé la peau d'un buffle tué à bord quelques heures auparavant. Et même Brunnich [Ichth. Massiliens., 1768, p. 6) raconte, d'après deux témoins dignes de foi, dit-il, que, sur les côtes do la Méditerranée, on prit un Squale de plus de 5 mètres, dont l'estomac était rempli par deux thons et par le cadavre entier d'un homme recouvert de ses vêtements. Enfin, un exemple curieux de l'énorme capacité de ce viscère se trouve dans une note de M. G. Bennett, sur de grands Squales pris au Port-Jackson [Proceed. Zool. Soc, 1859, p. 224). On tira de l'estomac d'un Carcharias [Prionodon leucos) long de 4 mè- tres à peu près, huit gigots de mouton, la moitié d'un jambon, les quartiers postérieurs d'un porc, les membres de devant d'un chien avec la tête et le cou entouré d'une corde, 135 ki- logrammes de chair de cheval, une racle de navire et enfin un morceau de sac. « La voracité des Squales est extrême dans certains cas; dans d'autres, elle est nulle , sans qu'on puisse en donner de bonnes raisons. Nous avons vu des Requins rôder autour du vaisseau pendant des journées entières, refuser pendant long- temps la chair qu'on leur présentait, enfin, se laisser prendre et ne rien offrir dans leur tube digestif» (Quoy et Gaim., Rein, sur q.q. Poiss. de mer et sur leur distrib. geogr., 1824, p. 3). La voracité des Squales n'est pas la même dans tous les pa- rages. Ainsi, Humboldt [Voy. aux rég. équinox. du nouv. con- tin., t. IV, p. 97) dit que, à la Guayra, port voisin de Caracas, on n'a rien à craindre de ceux qui sont si fréquents dans ce port, mais que ces Requins sont dangereux et avides de sang aux îles opposées k la côte de Caracas (1). (1) Une différence également inexplicable a été observée dans les ins- tincts des Crocodiles par l'illustre voyageur. « Les Crocodiles d'une mare des Llanos, dit-il {loc. cit.), sont lâches et fuient même dans l'eau, tandis que ceux d'une autre mare attaquent avec une intrépidité extrême. » Il dit encore (loc. cit., t. VI, p. 150) : « Le Rio Uritucu est rempli d'une race de 144 OIIGAMSATION DES PLAGIOSTOMES. William Tathani raconte {The. philosoph. Maga'^-. by Alex. Tilloch, 1803, l. XVII, p. 318) rétonnement qu'il éprouva, dans le port de Charleston (Caroline du Sud), en voyant un mousse tombé à Teau pendant une manœuvre sur le mât de beaupré, ne point être attaqué, bien que dans l'endroit même de sa chute, deux ou trois Squales, quelques minutes aupara- vant, eussent été aperçus à la surface de Teau. Sa surprise fut plus grande encore de voir des enfants se baigner, sans crainte et sans danger pour eux, sur le bord de la mer, pendant que deux Squales y prenaient leurs ébats ; mais aux appréhensions de Tatham, on répondit en lui donnant l'assurance que ces poissons étaient, en quelque sorte, d'an- ciens camarades de jeu des enfants qui n'avaient rien à en re- douter, les Squales de cette localité n'étant pas voraces. Les petits baigneurs s'enfuiraient avec rapidité, lui dit-on, si, par hasard, un Requin d'espèce dangereuse, qu'ils sauraient d'ail- leurs parfaitement distinguer, venait à se montrer. Les espèces à dents plates, destinées à triturer les aliments, sont moins voraces que les autres. Elles se nourrissent surtout de Crustacés, de Zoophytcs et de Madrépores, comme on le sait par l'examen des viscères. Ainsi, pour citer un exemple auquel plusieurs autres pourraient être joints, M. Elliot (Can- tor, Cat. Malay, fishes, p. 1394) a trouvé, dans l'estomac de plu- sieurs Rhines ancylostomes^ des fragments de Crustacés en quantité prodigieuse. Ce sont ces mêmes animaux et des Mol- lusques à coquilles qui servent aussi de pâture à certaines Roussettes, au Stcfiostoma fasciatum (Elliot in : Cantor, Catal. Malay, fish., p. 1380), quoique ces Squales n'aient pas les dents plates; mais elles sont fort petites et constituent des armes peu propres à permettre l'attaque contre de grosses proies. L'énorme Pèlerin [Sdache maxima] est moins carnassier que beaucoup d'autres espèces plus petites. Ses dents étant très-courtes et faibles, il ne peut se nourrir, comme les Balei- nes proprement dites, que d'animaux peu volumineux, et, par conséquent, il ne se montre pas, à la manière des Squales à puissante armure dentaire, intrépide assaillant contre tout ce Crocodiles très-icmaïquablos |)ar leur férocité. On nous conseilla d'empê- cher nos chiens d'aller boire à la rivière, car il arrive assez souvent que les Crocodiles d'Uritucu sortent de l'eau et poursuivent les chiens jusque sur la plage. Cette intrépidité est d'autant plus frappante, qu'à six lieues do là, les Crocodiles du Rio Ti^nao sont assez timides et peu dangereux. Les mœurs des animaux varient, dans la même espèce, selon des circons- tances locales diflicilcs à approfondir. » NUTRITION. MODE DE PRÉHENSION DES ALIMENTS. 145 qui nage autour de lui. On manque de renseignements sur le Rhinodon typicus que le Musée de Paris seul possède ; mais, d'après la ténuité encore plus remarquable de ses dents, on est naturellement amené à lui supposer, comme au Pèlerin, des habitudes pacifiques. La voracité de la plupart des Squales les entraîne, presque sans discontinuité, à la poursuite de la proie. Les Raies, moins terribles dans leurs attaques, recherchent, le plus souvent, leurs victimes au fond de la mer. M. Rich. Hill, qui a publié [Aiui. and Magaz. nat. hist.^ 2" série, 1851, t. VII, p. 353 et suiv.jun travail intéressant sur différents points de l'histoire des Squales [Contribut. to the nat. hist. of the Shark]., a insisté sur la manière dont ils poursui- vent leur proie. Il a d'abord constaté, par l'abondance des jeunes individus ramenés dans les filets traînants nommés sei- nes, que plusieurs Squales habitent d'ordinaire les fonds qu'ils parcourent sans cesse pour y trouver leur nourriture, la cherchant çà et là, comme le chien de chasse qui, le museau près du sol pour mieux flairer la trace du gibier, bat le terrain en tous sens. Aussi, l'habitude de nager en troupes sur les fonds, qui semble propre au Squale bouclé {Echinorhinus spi- nosus), à la Leiche [Scymniis lichia) et aux Roussettes, a-t-elle valu plus particulièrement à ces dernières des noms vulgaires empruntés, en quelque sorte, à la nomenclature des races ca- nines. C'est ainsi que, aux dénominations de chiens tachetés, rudes, etc., sont venues s'ajouter, parmi les Anglais, celles de chiens bassets et de chiens courants. Ce genre de vie, suivant l'observation de M. Hill, est plus particulièrement propre aux espèces ovipares. Les Roussettes déposent leurs œufs là où ils peuvent, en s'accrochant par les filaments terminaux des an- gles, recevoir la lumière et l'action bienfaisante du soleil. Par conséquent, hors le temps de la ponte, elles restent dans les profondeurs, n'ayant pas besoin, comme les Squales vivipares, de séjourner près de la surface de la mer pour y chercher la chaleur dont l'action paraît nécessaire au développement des jeunes animaux contenus dans les oviductes. Les Squales offrent, dans leur mode de préhension des ali- ments., cette particularité qu'ils ne peuvent pas s'en emparer en continuant à nager sur le ventre. Tous les voyageurs qui les ont observés en mer, les ont toujours vus se retourner au mo- ment de l'attaque, la longue proéminence nasale n'apportant plus alors aucun obstacle au jeu des mâchoires. Poissons. Tome I. 10 146 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. On ne sait pas positivement s'il en est de même pour les Raies, mais on est en droit de le supposer, en raison de la con- formité de structure. Quand on ouvre l'estomac d'une Raie, on est surpris d'y trouver quelquefois des proies entières, d'une taille considérable, des poissons plats, entre autres, qui vivent comme elles dans les fonds. C'est ainsi que, dans une note à l'Histoire naturelle de l'Irlande, due à Thompson, le doc- teur Bail, cité par Yarrell [Hist. brit. fish.,'^'' édit., t. II, p. 563), parle d'une grande Plie que la poche stomacale d'une Raie de 2"'. 128 contenait. Il est difficile de comprendre comment le passage d'une si grosse proie s'effectue à travers une cavité buccale relativement si petite. Sans doute, ces poissons ont été préalablement roulés sur eux-mêmes et transformés en une sorte de cylindre ; mais les Raies exerceraient-elles sur la vic- time quelque action capable de paralyser sa force de résistance? Mon père, sans en donner une preuve positive, pensait que, peut-être, la matière rejetée par les pores cutanés, pouvait, par son contact, l'engourdir et la stupéfier (C. rendus Acacl. des sciences, 1847, t. XXIV, p. 303) (1). Les Torpilles déchargent-elles leur électricité contre les ani- maux dont elles veulent se nourrir, afin de pouvoir s'en empa- rer plus facilement? Il y a lieu de le supposer, mais on n'en a pas la certitude. Peut-être, pour ces poissons nus et, par con- séquent, mal protégés, l'appareil électrique fournit-il seule- ment un moyen de défense. Au reste, les armes défensives et offensives des autres Plagiostomes sont terribles. Ainsi, les Pristides portent un long bec en forme de scie dentelée des deux côtés; les nageoires dorsales des Spinacicns et des Ces- traciontes sont munies d'une forte épine; la queue des Paste- nagues, des Myliobates, de certains Céphaloptères, a un ou plu- sieurs dards longs et dentelés, et celle des Raies est plus ou moins hérissée de forts aiguillons (2). La queue des Squales enfin est redoutable à cause de sa puissance musculaire. Les Aiguillats [Acanthias], par exemple, commeM.Couch le rapporte [Hist. fisli. british islands, t. I, p. 51), savent adroite- ment frapper avec leurs aiguillons dorsaux, en exécutant des (1) Opinion émise à l'occasion d'une lettre du professeur Maltcucci (Id., p. 302), annonçant que l'oi'ganc de la queue des Raies, décrit par M. Robin comme organe électrique, ne produit aucun des phénomènes propres à caractériser les appareils qui dégagent de Félcctricité. (2) In supina parle rostri, alii sunt aculei acutiores, alii in os recurvi, ad capiendos vcl retincndos pisccs (Rondelet, H. oxyrh.^ De yisc, p. 347). NUTRITION. MODE DE PRÉHENSION DES ALIMENTS. 147 mouYcments rapides du tronc. Aussi, les pêcheurs doivent-ils prendre des précautions, même lorsqu'ils saisissent ces pois- sons par la tête, leur main n'étant pas à Tabri d'une attaque soudaine de l'aiguillon de la seconde dorsale. Les habitudes de combat des Pastenagues sont décrites par M. Couch dans un passage manuscrit que ne renferme pas son ouvrage récent [Hist. fishesBrit. islands), mais Yarrell le transcrit [Hist. Brit. fishes^ 3^ édit., art. Trijgon pastinaca, t. II, p. 593). Elles sembleraient indiquer, selon M. Couch, que l'animal sait combien son arme est puissante. Saisi et ef- frayé, il enroule sa queue longue, mince, flexible et semblable à un fouet, autour de l'ennemi, puis le frappe à coups re- doublés avec l'aiguillon, et les dentelures latérales qui en hérissent les bords dilacèrent les parties atteintes. A peine est-il nécessaire d'ajouter qu'il n'y a point de venin sécrété à la base de cet instrument dangereux, dont la longueur est quel- quefois de O^.SS à 0"\30 chez les grands individus. La cause des accidents graves auxquels ces blessures peuvent donner lieu, s'explique par l'acuité de l'aiguillon, qui en permet la péné- tration jusqu'au milieu des parties profondes, et par la pré- sence des dentelures latérales, produisant des plaies déchirées, douloureuses, toujours moins simples que les solutions de continuité faites par des instruments tranchants, et difficiles à guérir. Il y a loin de là aux exagérations de Pline (1), d'iE- lien (2) et d'Oppien (3). Les Raies se défendent et attaquent en exécutant une ma- nœuvre singulière que décrit Yarrell [Hist. Brit. fish., 3'' édit., t. II, p. 549), d'après Couch, en parlant de la Baie vomer; mais elle doit être habituelle à toutes les espèces de ce genre, dont l'appendice caudal est fortement épineux. L'animal replie son disque de bas en haut, et si, comme chez cette Raie, le museau est long, il vient toucher à la base de la queue, dont la portion (1) Hist. naiur., lib. îX, 72, 1, édit. de Littré, t. I, p. 385. « L'aiguillon qui arme la queue du Trygon, enfoncé dans la racine d'un arbre, le fait périr; il perce les armures comme une flèche; à la force du fer, il joint l'action du poison. » (2) De natura animalium, éd. et interpr. J. Gottl. Schneider, 1784, lib. I, cap. LVI, p, 16. Aucun remède ne peut être opposé aux blessures que fait l'aiguillon de la Pastenague marine, qui tue dès qu'il frappe. (3) Halieutiques, trad. Limes, chant 2", p. 110. « Il n'est pas de blessure qui fasse un mal plus assuré que celle de la Trigone, pas même celles de ce fer que l'art a fabriqué poui- les combats; pas même celles de ces flèches ailées que les Perses empoisonnent. » 148 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. terminale, nécessairement dirigée en haut, à cause de la posi- tion du corps, est agitée par de violentes contractions muscu- laires, et blesse tout ce qui se trouve à sa portée. Les dents, souvent si formidables, en raison des blessures qu'elles peuvent faire, ne servent cependant pas plus que les dents de beaucoup de poissons osseux, à une véritable mas- tication, si ce n'est peut-être quand elles ont, aux deux mâchoi- res, comme celles du Sq. renard [Alopiasvulpes), un bord hori- zontal tranchant, et même, sera-t-elle alors très-incomplète. Elle le deviendra bien plus encore chez les Plagiostomes qui, comme les Scymniens, ont, en bas, des dents tranchantes et, en haut, de véritables crochets. Elle sera enfin tout-à-fait impossible pour les espèces à dents acérées coniques ou triangulaires. Leur obliquité naturelle apporte à l'accomplissement de l'acte de la mastication, un obstacle qui est augmenté par le mode d'articulation des mâchoires, la supérieure étant plus avancée que l'autre. D'après cette disposition de l'appareil maxillaire et de son armure, il est permis de considérer comme exagéré ce qu'on dit d'hommes coupés en deux ou qui ont eu des mem- bres détachés du tronc (1). Telle est l'opinion de MM. Quoy et Gaimard. [Rem. sur q.q. jjoiss. de mer et sur leur distr. géogr., p. 4). Ils ajoutent, avec raison, que les dents paraissent plus spécialement destinées à déchirer, et à vaincre les efforts d'une victime encore vivante au moment où elle est engloutie. Les proies sont, souvent, avalées par portions volumineuses, et même elles pénètrent tout entières presque sans altération dans l'estomac, si elles sont peu considérables (2). Les Myliobates, les Emissoles (3), les Ceslraciontes peuvent cependant broyer des aliments durs, comme le font les Tétrao- dons, les Diodons, les Scares, les Anarrhiques, les Sparoïdes (1) Je citerai, en particulier, le récit fait par Pline des combats entre les pêcheurs d'épongés et les Squales (lib. IX, 70, 2, t. I, p. 384, éd. Littré). (2) La pèctie des Plagiostomes, quand ils sont de grande taille, et celle des gros poissons osseux ont, plus d'une fois, fourni l'occasion de trouver dans leur estomac de petites espèces qui, vivant dans les abîmes les plus profonds, écliapperaient par là même à l'étude. On doit recommander aux voyageurs de ne pas négliger, pendant les traversées, une pareille source d'enrictiissements souvent précieux pour les coUedions. (3) Et. GeolTroy Saint-Hilaire (Ann. Mus., 1811, t. XVII, p. 163), dans une note relative aux deux prétendues espèces d'Emissoles de nos mers (Must. vulg. et M. asterias Risso), a donné des détails sur le mode d'alimentation des poissons de ce groupe. Ils paraissent, comme les autres espèces à dents triturantes, se nourrir particulièrement de crabes. NUTRITION. APPAREIL DIGESTIF. PHARYNX. 149 à molaires bien développées et les poissons à grosses dents pharyngiennes. La proie, rapidement entraînée vers l'arrière-fond de la gueule et dans \e pharynx, ne se trouve pas, en général, pen- dant Tacte de la déglutition, arrêtée au-devant des poches bran- chiales, par des obstacles semblables à ceux qu'elle rencontre chez la plupart des poissons osseux, car les pièces cartilagi- neuses qui limitent les orifices internes de ces cavités ne por- tent pas d'appendices formant une sorte de barrière destinée à ne laisser passer que Teau. Le grand Squale nommé Rhinodon typiciis offre cependant une singulière exception décrite par A. Smith dans l'explica- tion de la planche XXVI [Illustr. zool. S. Afr., Pisces), oîi il a, le premier, fait connaître cette espèce, type unique, jusqu'à pré- sent, du genre. Le pharynx, dit-il, est très-vaste, et l'extré- mité interne de chaque sac branchial est obstruée par une multitude de petites saillies cartilagineuses très-rapprochées les unes des autres, dont la direction est latérale et qui sont munies chacune d'une frange membraneuse, de sorte que l'eau seule peut s'engager dans les cavités respiratoires. Une dispo- sition très-analogue a été observée par M. R. Foulis sur un Sq. pèlerin de 12'". 16, pris sur les côtes de l'Amérique du Nord [Proc. Boston Soc. nat. hist. [1851-54], 1854, p. 202 et suiv.). Quoique l'estomac du Rhinodonte fût vide et qu'on ne pût connaître les aliments qu'il recherche, on est amené à supposer que, comme le Pèlerin, il se nourrit, en raison même de l'ex- trême brièveté de ses dents, de très-petits animaux. La dé- glutition des corps qui ne doivent pas entrer dans les voies digestives est empêchée par une incurvation presque à angle droit de l'œsophage : sa région supérieure, un peu rétrécie, se dirige en bas vers la paroi abdominale. Or, ce changement brusque de direction permet à l'animal de retenir dans sa vaste gueule, pour le rejeter ensuite, tout ce qui, sans pouvoir servir à l'alimentation, y avait été introduit avec l'eau dont la plus grande partie s'écoule par les orifices latéraux du pharynx. Pour les autres Plagiostomes, dont l'alimentation se compose de proies plus volumineuses, les inconvénients qui résulte- raient, pour les branchies, du contact de corps capables d'y déterminer des lésions, sont moins à craindre, et ne sont évités que par le rapprochement des arcs branchiaux. Les cavités respiratoires se trouvent ainsi fermées au moment où les ali- ments sortent du pharynx. 180 ORGANISATION DES PLAGIOStOMES. Le dernier temps de la déglutition, car il n'y en a vraiment que deux, chez ces animaux, où le premier et le deuxième se confondent en un seul, consiste dans le passage des aliments à travers Yœsophage. Ce tube a génrralement peu de longueur, et, chez le Squale pèlerin en particulier, il est très-court. Sa couche contractile se compose de muscles à fibres striées. Sa membrane muqueuse offre, le plus souvent, des plis longitu- dinaux avec quelques plis transverses. Elle est même réticulée chez certaines Raies [R. fullonica, Linn.) et munie, au con- traire, de simples plis en long chez la R. bâtis (Retzius, Obs. anat. Chondr., p. 23). Meckel, en 1818, a constaté que chez VAcanthias ordinaire (il le rappelle dans son Anat. cojnp., trad. fr., t. VII, p. 582), la face interne de Tœsophage est hérissée de saillies fortes et résistantes, triangulaires, les unes longues et les autres plus courtes (Voyez Ev. Home, Lect. compar. Anat.., 1. 1, p. 349, pi. LXVII). L'œsophage duMyliobatis aquila a offert à Meckel une disposition analogue; il y a trouvé, lar- gement espacées, sept rangées de saillies triangulaires, imbri- quées, déprimées et molles (p. 583). Sur le Squale pèlerin, de 9'". 42, décrit par Blainville, des pa- pilles, situées à la partie antérieure, formaient une bande longue de 0'^.08, occupant presque toute la circonférence du canal. Elles étaient ramifiées, et représentaient, par leurs divisions dicho- tomiques, une « espèce d'arbre couvert d'un très-grand nom- bre d'autres papilles très-fines qui la faisaient paraître comme lanugineuse. Les plus grandes de ces papilles occupaient le milieu de la bande et pouvaient avoir 0^.10 à 0"M1 de long » {Ann. Mus., t. XVIII, p. 97, pi. 6, fig. 2, 1,1 et fig. 5, gr. nat.). Ev. Home, dans la môme espèce, les a vues et les a figurées pi. LXIX, fig. 1 a, et fig. 2, gr. nat. Par leur direction d'avant en arrière, elles s'opposent au retour, dans la bouche, des ali- ments qui viennent d'être avalés et remplissent le même rôle que les longues pointes coniques et cornées de l'œsophage de certaines tortues, dessinées par Gottwaldt [Chelonia caouana in : Benierk. iïber die Schildkrôten, pi. rf, fig. V). h''esto7nac, comme celui des autres poissons, est formé de deux portions. L'une [sac stomacal) est volumineuse et très-di- latable, puisque, chez les grands Squales, des quantités énor- mes d'aliments peuvent s'y accumuler (voyez p. 143). L'autre partie [tube ou boijau pyloriqué), de longueur variable, beau- coup plus étroite, et qui semble être destinée à ne recevoir que le chyme ou du moins que les nuitériaux déjà préparés pour NUTRITION. APPAREIL DIGESTIF. ESTOMAC. 151 la chymilication, ne suit pas le môme trajet. Elle se porte d'ar- rière en avant, et, par conséquent, en sens inverse de la por- tion cardiaque ou sac stomacal. On en voit une représentation sur la pi. LXVIII de Ev. Home [Lect.). Le sac forme quel- quefois au-dessous de l'origine de la portion récurrente, comme chez les Zygènes, une sorte de cœcum, mais toujours moins prononcé que chez les poissons osseux. La déviation du boyau pylorique n'est pas aussi brusque dans les Raies que dans les Squales, et elle ne présente pas non plus, quand on la com- pare au sac stomacal, la même différence de volume. L'estomac se distingue de l'œsophage par la cessation des fibres musculaires en anneau qui, au point où ce dernier finit, sont, chez certaines espèces, renforcées de manière à former, au niveau du cardia, une sorte de sphincter quelque- fois très-saillant; c'est ce qu'on voit, par exemple, dans le genre Zygœna. A partir de cette ouverture antérieure, il n'y a plus que des fibres longitudinales, si ce n'est k l'issue du boyau pylorique oi^i des fibres annulaires constituent un sphincter. Ces fibres contractiles sont très-différentes de celles de l'œso- phage, en ce qu'elles n'ont plus les stries caractéristiques du système musculaire de la vie animale. La membrane muqueuse de l'estomac se présente avec un as- pect différent, selon les espèces. Tantôt, et c'est le cas le plus ordinaire, elle est irrégulièrement plissée en long, mais sans dis- semblance notable dans l'une et dans l'autre portion de ce vis- cère. Chez le Lamna cornubica, on trouve, en outre, des plis transverses. Cette disposition est plus remarquable encore sur le Pèlerin, dont le sac stomacal est composé de deux portions sé- parées par un léger étranglement. La première est tapissée par une membrane muqueuse réticulée, tandis que la seconde, beaucoup plus longue, ne porte que des plis longitudinaux. Aussi, Blainville [Ann. Mus., t. XVIII, p. 98-100, pi. 6, fig. 2, B et C) les a-t-il comparées, l'une au Bonnet ou Réseau des Ru- minants, et la seconde au Feuillet. (Voy. également la pi. LXIXdeHome.)Cene sont cependant pas deux estomacs. Selon Mcckel, on devrait y voir seulement un sac stomacal un peu modifié {A7îut. comp., trad. fr., t. VII, p. 584); mais la por- tion réticulée constitue, comme il est dit dans les Leç. Anat. comp., Cuv., 2« édit., t. IV, 2" part., p. 166, une dépendance de l'œsophage. Telle est également l'opinion de J. Millier (f/w- tersuchung. die Eiîigew. Fisclie in : Anat. Myxin. II. Abschnitt; Verdaaungsorg., p. 15). Le 1" estomac, dans la description 152 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. de Blainville est, dit-il, une portion de l'œsophage, et le 2% le sac stomacal ; les 3'' et ¥ n étant, en réalité, que le boyau py- lorique. Dans l'estomac du Thalassorhimis vulpecula, Duvernoy [Leç. id., p. 163) a décrit un aspect particulier de la muqueuse qui forme de larges plis longitudinaux et arrondis, comme les circonvolutions du cerveau. Au niveau du cardia, chez le Rhi- nod. typicus, elle a des prolongements pointus dirigés en ar- rière et dont le rôle, comme le suppose A. Smith [loc. cit.), doit être d'opposer un obstacle à la sortie des petits animaux qui ont pénétré dans l'estomac. A cet orifice cardiaque, Home, pi. LXIX, et Blainville, p. 98, pi. 6, fig. 2, ont décrit et figuré, chez le Pèlerin, deux grandes valvules en triangle dirigées d'a- vant en arrière, saillantes, sur le sujet disséqué au Muséum, de près de 0'".11, et certainement destinées aussi à fermer l'ou- verture. Le boyau pylorique du même Squale, contrairement h ce qui se voit dans toutes les autres espèces, est étranglé vers son ex- trémité terminale, puis s'élargit et forme une sorte de poche ou- verte dans l'intestin oii il fait saillie (Bl., loc. cit., p. 101, pi. 6, fig. 2F; Home, loc. cit., p. 350, pi. LXIX, e). Le sphincter et la valvule pylorique sont plus ou moins pro- noncés suivant les espèces. La membrane interne de l'estomac est munie de glandes en tube extrêmement nombreuses, comparables à celles des autres animauxvertébrés, et d'oii s'écoule le suc gastrique. M. Leydig, qui a étudié ces glandules sur différents Plagios- tomes [Beitr. zurmikr. Anat., etc., Roch. undHaie), fait ob- server (p. 55) qu'il est difficile de les reconnaître quelques jours après la mort; mais sur la membrane muqueuse de poissons frais soumise à l'ébullition, qui, devenant alors gri- sâtre, prend un aspect gélatiniforme , on les distingue aisé- ment sous le microscope, par leur forme et par leur couleur blanchâtre. La portion du tube digestif dans laquelle s'ouvre le boyau pylorique est le commencement de l'intestin grêle, et précède immédiatement l'intestin valvulaire. Elle a généralement peu de longueur chez les Squales, mais en offre davantage chez quelques Raies, et en particulier chez les Myliobates. C'est dans son intérieur, et près du commencement delà valvule, que sont versés le suc pancréatique et la bile : elle représente donc le duodénum des autres animaux, et là, également, s'ou- NUTRJTION. APPAREIL DIGESTIF. CANAL INTESTINAL. 153 vre le canal intestino-vitcllaire. Comme dans les Squales, elle est un peu renflée et constitue une sorte de poche, elle a été décrite sous le nom de Bursa par Tanatomiste anglais G. Ent [Mantissa anatomica ad piscium cartilag. planor, classent spectans, in Gualt. Charleton Exercitationes, Oxf., édit. 1677, p. 84, avec fig.). De là, est provenue la dénomination de Bursa Entiana qui, évidemment, comme J. Muller Ta démontré [Ueber den glatten Hai des Aristot., 1842, p. 43 et 44, et Mém. sur les Ganoïdes et la classificat, des Poiss., trad. fr. par Vogt, Ann. se. nat., 3** série, t. IV, p. 24) ne peut être appliquée, d'après la description même de Ent, qu'à la région du tube di- gestif dont il s'agit. Il n'est pas inutile de rappeler ici cette particularité intéres- sante signalée par le célèbre anatomiste de Berlin {Ueber den glatten Hai, etc., p. 45, pi. III, fig. 3 et 4), que sur les fœtus de Squales cotylophores, c'est-à-dire à placenta bien développé, on ne trouve jamais, dans le point où le conduit vitellin va tra- verser les parois de la Bourse de Ent, le petit rentlement dit vésicule ombilicale interne, qui est caractérisque, au contraire, de l'embryon des Squales acotylédones. Un reste de la vésicule ombilicale se remarquait encore près de l'embouchure du canal pancréatique, chez une Squa- tine longue de 1"\30, étudiée par M, Leydig [Beitr. mi- krosk. Anat., etc., Rock. undHaie, p. 5o, § 37). C'était un petit sac long de 0'".013, large de 0'".004 à 0"'.006, fixé à l'intestin par un court pédicule de 0'".002 à 0'".003, et renfermant une masse granuleuse qui, par sa couleur et par son aspect, repré- sentait bien le résidu du jaune. Il a également vu sur un Spinax adulte, un vestige du conduit vitellin. De plus, il a constaté que la membrane muqueuse duodénale, chez la Torp. mar- morata, contient des glandules semblables à celles de l'esto- mac, mais plus courtes et plus grêles. La portion du tube digestif faisant suite au duodénum, est très-remarquable par l'étendue de sa membrane muqueuse : c'est Vintestin valvulaire. Claude Perrault, qui a parfaitement saisi son analogie avec l'intestin grêle proprement dit, et celle que présente avec le duodénum, la région comprise entre le pylore et la valvule, pa- raît avoir été le premier à observer la conformation singulière du vaste repli de la membrane muqueuse. Il en a donné une bonne représentation d'après le Squale renard, oh elle forme 12 tours de spire [Mém. pour servir à l'hist, nat. des Anim., 154 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. iii-fol. 1671, p. 56, planche 16, annexée au texte). Il en com- pare les cloisons transversales et incomplètes, aux marches d'un escalier tournant, sans noyau. Les recherches ultérieures des anatomistes ont appris que cette valvule existe chez un très-grand nombre de Plagiosto- mes. Elle présente des différences dans le nombre de tours de spire dont elle se compose, suivant les espèces. Par opposition à la courte valvule du Sq. renard, je citerai comme l'une des plus longues, celle du Lamna cornubica, où je compte o8 tours fort régulièrement espacés et très-peu distants les uns des autres, à l'exception des 6 derniers qui sont séparés par des intervalles inégaux, et d'autant plus considérables qu'ils se rapprochent davantage du rectum. Les Squales privés de la valvule spiroïde offrent une dispo- sition particulière. C'est encore à Cl. Perrault qu'on en doit la connaissance. Après avoir décrit la valvule spirale du Sq. renard [Essais de phys. 1680, in-12, t. III, p. 218, pi. XV, fig. 2, il dit : « En d'autres animaux, il n'y a qu'une large mem- brane enroulée comme un cornet de petit métier. Le poisson appelé Morgast, qui est le Galeus glaucus (c'est-à-dire le Car- charias [Prionodon] glaucus) l'a de cette manière. » Et il la montre dans une coupe de l'intestin, pi. XV, fig. 3. Meckel, suivant une indication de Duvernoy, aurait décrit le premier ce singulier enroulement de la membrane muqueuse intestinale chez le Zygœna. Des notions précises sur ce sujet n'ont cependant été données que par Duvernoy lui-même [Ann. se. nat., 2*-' série, 1835, t. III, p. 274, pi. 10 et 11), à la suite d'une dissection faite en com- mun avec M. Valenciennes, d'un Galéen, type du genre Thalas- sorJiinus [Th. vulpecula. Val.). Ici, contrairement à ce qui se voit chez les autres Plagiostomes, la membrane muqueuse se détache de chaque côté d'une ligne longitudinale. Elle con- stitue un repli fort étendu, à bord libre, demi-circulaire et enroulé, qui, présentant sa plus grande largeur au milieu, figure, par son enroulement, non pas précisément un cylindre, mais plutôt deux cônes adossés ]3ase à base, et formés, l'un par la moitié antérieure de la valvule, et l'autre par la moitié postérieure. Ce qui contribue à rendre tout-à-fail remarquable l'organisa- tion de cette valvule, si différente de celle en escalier tournant, c'est qu'elle renferme dans l'épaisseur de son bord libre, l'ar- tère et la veine mésentériques ; celle-ci reçoit les veines de la NUTRITION. APPAREIL DIGESTIF. CANAL INTESTINAL. 155 valvule, sorte de mésentère intérieur auquel Tartère fournit des branches. Le tronc veineux, en s'approcliant du pylore, devient de plus en plus considérable. Des fibres musculaires se dé- veloppent dans ses parois et constituent une sorte de cœur contractile (1). Le trajet du sang se trouve ainsi facilité dans la veine porte qui, hors de l'intestin, est simplement membra- neuse. Cette curieuse disposition anatomique, dont la descrip- tion a été résumée par Duvernoy dans les Leç. Anat. comp. de Cuvier, 2''édit., t. IV, 2*^ partie,- p. 401, est très-nettement représentée sur la pi. 10, fig. 2, annexée k son mémoire [Aîin. se, nat., loc. cit.). Chez les Plagiostomes îi valvule spirale, le tronc de la veine mésentérique est, comme à l'ordinaire, situé hors du tube digestif. Les genres Galeocerdo et Thalassorhinus qui font exception dans la famille de Galéens, elles Zygènes, ne sont pas les seuls Squales à valvule enroulée dans le sens de la longueur. Ceux de la famille des Carcharicns (Mûller, NacIUrag zur dcr Abhandl. iiberdie Wundernetz an dcr Lcber des Thunfisch. , in Abhandlung . der Akad. Wissensch., Berlin, 1835, p. 326) et les Triaenodon- tes présentent le même caractère anatomique signalé, pour la première fois, comme je l'ai déjà dit, par Cl. Perrault sur un Carcharias [Priunodon glaucus ou Sq. bleu). La valvule intestinale de cette même espèce a été examinée par M. Stccnstra Toussaint, qui en a fait une description détail- lée, à laquelle il a joint une planche où l'on voit la valvule en partie déroulée [Over de Danncn van eenen H ai [Sq. glaucus], in : Tijdschrift voor natuurlijke Geschiedenis en Pliysiologie, Leyde, 1843, t. X, p. 103-107, pi. III). Ses indications sont conformes à celles de Duvernoy, si ce n'est peut-être, comme j'ai pu m'en assurer sur l'intestin de ce même Squale bleu, que la valvule n'est pas aussi manifestement enroulée en cor- net à pointe antérieure ; elle offre davantage la forme d'un cy- lindre quand elle n'est pas encore déployée; lorsqu'elle est étendue, son bord libre est convexe, parce qu'elle est retenue h peu près également par ses deux extrémités. Ce sont là des (1) Ces fibres musculaires manquaient sur les parois de la veine mésen- térique d'un Squale à valvule enroulée, imparfaitement déterminé, mais différent des espèces connues, et dont les intestins, rapportés par Mcycn de son voyage autour du monde, ont été étudiés par J. MùUer {Uniersuch. die Eingeiv. Fische, II, Ahschnit : f^erdaaungsorg. , p. 17). La valvule était fendue dans le sens de la longueur près de son insertion à la paroi intes- tinale. 156 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. différences peu importantes. Il faut se rappeler, en lisant le travail de M. Steenstra Toussaint, qu'il nomme intestin grêle le boyau pylorique de Testomac, et gros intestin la portion val- vulaire. Dans tous les Squales autres que ceux qui viennent d'être nommés, et dans toutes les Raies, la valvule est en spirale; on ne sait cependant pas quelle est sa conformation dans le Loxo- dori (fam. des GaUens)^ ni dans les Odontaspidcs. Les collec- tions du Muséum ne possèdent pas d'individus de ces deux groupes conservés dans Talcool ; mais j'ai constaté sur un Ces- tracion Pliilippi dont, à ce que je sache, on n'avait pas encore fait connaître la disposition du tube digestif, que la valvule forme huit tours de spire. Quelle que soit la forme du prolongement de la membrane muqueuse, il est évident que cette modilication de la structure habituelle (1) a pour but de ralentir la marche des matières ali- mentaires dans leur trajet à travers l'intestin, et de permettre, par là même, l'absorption du chyle. Aussi, toute la portion val- vulaire est-elle abondamment pourvue devillositésqm lui don- nent l'aspect du velours. On doit à Hewson [An account of the lymphat. syst. infish: Transact. roy.Soc. Lond., 4769, t. LIX, p. 212) une indication exacte de leur structure. Ses injections sur les oiseaux, les tortues de mer et les poissons, lui ont dé- montré qu'elles consistent, contrairement à l'opinion émise par Lieberkûhn, non en des ampoules ou vésicules ovoïdes, mais en un réseau de vaisseaux chylifères. On sait maintenant cjue des veines se rencontrent aussi dans les organes d'absorp- tion. Chez une Torp. marmor., M. Leydig [Beitr. mikr. Anat., etc., p. 56) a vu les villosités de la région postérieure de l'intestin remplies par les corpuscules graisseux du chyle, qui les faisait paraître blanches, tandis qu'au commencement de la valvule, la graisse recouvrait simplement l'épi ihélium, l'absorption ne s'effectuant pas encore sur ce point. De plus, comme M. Rich. Owen le fait observer [Lcct. comp. anat. and phys. fish., p. 240), le poids des organes contenus dans la cavité abdominale, se trouve très-notablement diminué par suite du grand raccourcissement du tube digestif, qui (1) Outre les Chimères, que foute leur organisation rattache si intime- ment aux Plagiostomes, et qui forment le second ordre de la sous-classe des Elasmobranches, les Esturgeons, les Polyodons et les Polyptères ont une valvule spirale. NUTRITION. APPAREIL DIGESTIF. CANAL INTESTINAL. 187 résulte de sa structure toute spéciale. Or, il était nécessaire qu'il en fût ainsi chez des animaux appelés à déployer une ex- trême énergie musculaire pour leur progression dans Teau, et privés du puissant auxiliaire fourni à un grand nombre de poissons par la vessie natatoire. Il faut cependant noter l'excep- tion offerte par les Sturioniens et le Polyptère, qui ont cette poche hydrostatique en même temps que la valvule. Après l'intestin grêle ou valvulaire, il n'y a ni cœcum, ni côlon ; il se continue sans intermédiaire avec le rectum, der- nière portion du canal digestif, qui s'élargit d'avant en arrière et s'ouvre dans le cloaque. Sa membrane muqueuse ne porte ni villosités, ni giandulcs, et, comme celle de l'œsophage, elle est revêtue d'un épithélium pavimenteux, tandis que, dans l'intestin valvulaire, cette membrane est protégée par un épithélium à cylindres. Près de l'origine du rectum, un appendice digiti forme glan- dulaire, dont la cavité est fort étroite, s'ouvre à sa région su- périeure par un petit canal dontl'orilice est très-resserré. On en voit une représentation chez une Raie en E, en D et n" 46 sur les pi. III, XI et XVIII, pi. IX, fig. 1 et 2, de Monro [Struct. andphys. fisli.), et sur la pi. XCVII, de Ev. Home [Lectures], chez un Spinax; sur la pi. 75 de M. R, Owen [Lect., p. 291); puis chez la Squatine (Roursse Wils, Diss. de Squat., fig. 5 et 6), où l'intestin et l'appendice sont ouverts de manière à montrer leur communication. La structure de cet organe, qui ne manque jamais, a pu être bien étudiée sur le Sq. pèlerin, h cause de la taille du poisson. Ev. Home l'a figuré pi. XCVIII, i. Ses parois avaient une grande épaisseur, de sorte que sa ca- vité ne pouvait pas renfermer plus de la moitié du liquide qu'on aurait supposé devoir y être contenu, à en juger d'après le vo- lume de l'appendice. Sa substance glandulaire était comme ré- ticulée. Elle offrait également une apparence spongieuse sur le grand Squale de même espèce disséqué par Blainville. L'organe contenait, dans sa cavité intérieure, un liquide san- guinolent. Il avait une longueur de 0'".19, et une largeur de 0"'.094; ses parois, sur le point le plus épais, mesuraient 0"'.02. Il se terminait par une sorte de col long de 0'".027, du diamètre de 0"'.020 environ, recourbé d'arrière en avant, et qui débouchait dans le rectum, vers la moitié de la longueur de cet intestin [Ami. Mus., t. XVIII, p. 108). En raison de l'a- nalogie signalée par Ev. Home [Lect., t. I, p. 404) entre l'ap- pendice et les poches cœcales des oiseaux [Bursa Fabricii), il 158 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. a reçu de Rctzius [Ohfiervat. in Anat. Chondr., p. 25) la déno- niinatiou de Bursa cloacœ. C'est un véritable organe sécréteur. Monro l'a bien démon- tré par la figure 2 de sa pi. IX, et dans l'explication qu'il en a donnée. M. Leydig [Beitr. rnikrosk., RocJi., etc., p. 56, § 38) a constaté que son tissu, riche en vaisseaux sanguins, est formé, comme dans les glandes en grappe, de vésicules glanduleuses appcndues à des conduits excréteurs très-courts, et offre une apparence fort analogue à colle des glandes de Brunner, de l'intestin grêle des autres animaux; et, peut-être, en remplit-il les fonctions. Il n'est pas sans intérêt de noter, avec M. Leydig, que, chez les Chimères où l'appendice man- que, l'élément glandulaire qui en tient lieu est contenu dans l'épaisseur des parois delà première portion du rectum. Toutes les parties du tube digestif sont faiblement mainte- nues dans leurs rapports par le péritoine, que sa couleur noi- râtre, chez les Pristiums vielanost. et Spinax niger, rend très- distinct des organes qu'il recouvre. La disposition générale de cette tunique séreuse est beaucoup plus simple dans les pois- sons ordinaires et dans les Plagiostomes que chez les vertébrés supérieurs. Ses replis ne constituent que des mésentères im- parfaits (voy. Blainv. Pèlerin in : A^in. Mus., t. XVIII, p. 110); et, sur certains points, ce ne sont que des brides, ou bien même ils manquent, par exemple, au niveau de l'extrémité postérieure de l'intestin valvulaire; mais il y a un méso-rectum. On peut considérer comme un mésentère interne, puisqu'elle sert de support aux vaisseaux, la valvule enroulée qui, chez quelques Squales (p. 154), remplace la valvule en spirale. Deux faits curieux p:iraissent avoir été observés pour la pre- mière fois par M. Leydig [Beitr. mikrosk. Anat. Rock., etc., p. 57). 1" Il a vu, dans le péritoine, des fibres élastiques, et les a trouvées surtout nombreuses et fortes chez le Mustelus vul- garis, au niveau de l'estomac et dans le prolongement qui, de ce dernier organe, se porte sur la rate. 2" Il a constaté dans les mésentères de l'estomac et de l'intestin, des fibres muscu- laires non striées, et, par conséquent, de même nature que celles du tube digestif, chez VAnge, VÈmissole vulg. et nos Roussettes. Dès 1785, Monro a représenté (S//'2u7. and plujsiol. fish., etc., pi. II, n"' 22 et 23), la communication entre le péricarde et le péritoine qui est lui-même accessible au liquide ambiant. Les deux petits oriiices par lesquels celui qui est contenu dans NUTRITION. APPAREIL DIGESTIF. CANAL INTESTINAL. 159 l'enveloppe séreuse du cœur peut gagner la cavité abdominale, sont la terminaison de deux conduits très-étroits qui résultent de la bifurcation d'un court prolongement infundibuliforme du péricarde (p. 23, 4). De l'obliquité des conduits et de leur adhérence avec l'œsophage, Monro conclut qu'ils peuvent seu- lement permettre l'entrée du liquide péricardique dans le pé- ritoine. Selon Meckel, au contraire, par suite de cette communica- tion, qui manque chez les poissons osseux et les Lamproies, et qu'il regarde, avec raison, comme constante chez les Plagio- stomes, l'ayant trouvée sur onze espèces différentes, le péri- toine et le péricarde formeraient, en quelque sorte, une seule cavité. L'eau baignant le péritoine peut arriver, dit-il, jusqu'au cœur {Anat. comp., trad. fr., t. IX. p. 245). Elle pénètre, en effet, dans la cavité péritonéale par deux ouvertures situées sur les côtés du cloaque, permettant l'introduction, sans diffi- culté, d'un stylet à l'intérieur du ventre. Elles étaient connues de Rondelet (De^^isc, p. 357), et sont décrites par Monro (p. 23, 3) qui les a représentées chez les Raies cf et 9, pi. XII, L,M; pi. XIII, D,D; pi. XVIII, 29 et 30, et pi. XIX, 26. Des des- sins en sont également donnés d'après le Sq. pèlerin, par Ev. Home [Lect.], pi. XCVIII, P,P, et d'après le Spinax niger o^ et 9, par M. Rich. Owen [Lect., fish., fig.73 et 75, /, /, p. 288 et 291, mais signalées p. 231). Il y a lieu d'admettre avec Cuvier [Leç. Anat. comp., i'" édit., t. IV, p. 74) « que l'eau de mer peut, sans doute, entrer par ces orifices du péritoine et en sortir h volonté, comme l'air entre dans les cellules péritonéales des oiseaux. « Fr. Dela- roche, pendant son séjour aux îles Raléares, où il fit un grand nombre d'observations intéressantes sur les poissons, étudia chez différents Plagiostomes la disposition dont il s'agit [Nouv. Bull. Soc. se. philomath., 1808, 1. 1, p. 197). La communication de la membrane séreuse avec l'extérieur n'est pas, au reste, une exception très-rare. Elle se voit aussi sur les Chimères, les Esturgeons, les Anguilliformes, les Sal- monoïdes et les Cyclostomes (voy. Rich. Owen, loc. df.,p.289, pi. 74, /, Pétromyzon). Dans ces trois derniers groupes, les orifices du péritoine servent à la sortie soit des œufs, soit de la liqueur fécondante du mâle. Isid. Geoffroy Saint-IIilaire et M. Martin St-Ange, en décri- vant les canaux péritonéaux ouverts h l'extérieur des Croco- diliens {Ann. des Se. nat., 1828, t. XIII, p. 191 et 196, Rech. 160 ORGANISATIOÎS DES PLAGIOSTOMES, sur deux canaux^ etc.), ont fait ressortir les analogies qu'il y a, sous ce rapport, entre ces Reptiles et les Plagiostomes. Enfin, chez les femelles des animaux vertébrés supérieurs, bien qu'elles n'aient pas de semblables canaux, le péritoine, comme M. Milne Edwards le rappelle [Ler. Physiologie, t. VI, p. 6, note 1), est ouvert par suite de rindépendancc entre les ovaires et les trompes de l'utérus ou les oviductes. ORGANES ANNEXES DE l'aPPAUEIL DIGESTIF. Le foie est remarquable chez les Poissons, mais spécialement chez les Plagiostomes, par son volume souvent considérable. Le pesage de cet organe comparé à celui de tout le corps de l'a- nimal, a été fait par M. Jos. Joncs, et il a dressé un tableau dans lequel les chiffres suivants indiquent combien de fois le poids du corps représente le poids de la glande [Investigations chemic. and physiolog. Amer, vertebr., 1856, p. 113). T?'?/^on sa//iHa (femelle) 18 /d. fœtus, 16 (1) Zygœna malleus 25 /rf. 41 Lepidosteus osseus 75 /c?. 62 Le foie est donc plus lourd chez les Plagiostomes que chez les autres poissons, où son poids est plus considérable, en gé- néral, que chez les mammifères et chez les oiseaux. Le foie a une forme en rapport avec celle du corps. Ainsi, il est allongé dans les Squales et les Squatinoraies, où il at- teint presque l'extrémité postérieure de la cavité abdominale, et plus élargi, au contraire, chez les Raies proprement dites. Il est profondément divisé en deux lobes et présente, le plus ordinairement, chez ces dernières, un troisième lobe médian de dimensions variables, mais toujours moins long que les la- téraux. Des exemples de différences dans la confornuition ont été réunis dans les Leç. Anat. comp. de Cuv., t. IV, 2'' part., p. 501-503, et M. Rleeker a fait connaître la disposition de la glande chez tous les Plagiostomes de l'Inde qu'il a décrits; mais les dissemblances assez peu notables que l'on constate ne fournissent pas, contrairement à la supposition de Duvernoy [Leç. p. 503), des données importantes pour l'étude zoologique de ces animaux. (l) Le foie du grand Sq. pèlerin disséqué par Blainville, ne fut pas pesé; mais, après Favoir coupé en morceaux, on put en remplir quatre à cinq tonneaux, et son poids, approximativement cslimi' l,ni)0 kilogrammes, représentait le 1/8 environ du poids total (AJtn. Mus, t. XVIII, p. lOG). NUTRITION. ANiNEXES DE l'aPPAREIL DIGESTIF. 161 Les fonctions du foie sont multiples. Il est essentiellement un dépurateur du sang, chargé de le débarrasser des matériaux inutiles ou nuisibles même à Tentretien de la vie. Il est donc un organe accessoire de la respiration. Aux dépens du sang revenant de l'intestin par la veine-porte, il sécrète la bile né- cessaire h la digestion et forme le sucre dont la décomposition se produit pendant Taccomplissement des phénomènes respi- ratoires. De plus, il peut être considéré comme le siège de la production des corpuscules sanguins. Ici, la matière sucrée ne se trouve qu'en petite quantité; M. Cl. Bernard, cependant, a constaté sa présence, quand les poissons avaient été péchés au moment de la digestion, chez les Roussettes et chez une Raie très-fraîche [RecJi. sur une nouv. fonct. du foie, etc.. Thèse Fac. des se, 1853, p. 46 et 49). Elle n'a pas été dosée, mais la formation d'alcool par la fermenta- tion de la décoction sucrée provenant du foie, ne laisse aucun doute sur la similitude à établir, à ce point de vue particulier, entre les Plagiostomes et les autres animaux vertébrés (1). Les corpuscules et le sucre étant particulièrement abondants chez les animaux dont la température, à cause de l'activité des phénomènes respiratoires, reste invariable, on pourrait s'éton- ner de la petitesse relative de leur foie, si l'on ne se rappelait une remarque faite par M. Rathke [Mém. sur le foie et la veiner- porte des Poiss., in Archiv. filr Anat. und PhysioL, 1826, trad., Ann.sc. nat., 1826, t. IX). Cet habile anatomistc, en effet, dit [Ann., p. 165) que cette glande se montrant d'autant plus lâche et plus molle qu'elle est plus grosse, on ne voit pas que sa fonction , comme organe sécréteur, ait pris un développement proportionné à l'augmentation de son volume. Il ajoute que le produit de sécrétion est toujours d'autant moins travaillé que l'organe est plus considérable, car le perfectionnement de sa structure est en raison inverse de l'espace qu'il occupe : ce qui est bien d'accord avec cette loi énoncée par Meckel et rappelée par M. Rathke, savoir, « qu'en remontant dans l'échelle ani- male, les systèmes et les organes paraissent de plus en plus concentrés en eux-mêmes. » Une des particularités les plus intéressantes de l'histoire de (1) M. Cl. Bernard a observé, l'altération du foie amenant la destruction des cellules hépatiques ou IViliaires, que, par là même, la quantité de sucre dinninue. Chez les Raies, cette altération est beaucoup plus prompte que chez tous les autres poissons, de sorte que, pour obtenir des résultats, il faut opérer sur du tissu glandulaire encore frais. Poissons. Tome I. 11 162 ORGANISATION DES TLAGIOSTOMES. cette glande chez les poissons, et spécialement chez les Pla- giostomcs, est relative à la quantité considérable de graisse li- quide OU, pour mieux dire, àliuile qu elle contient. A chaque section du foie du Sq. pèlerin, elle coulait très-abondam- ment de la surface entamée (Blainv., Ann. Mus., t. XVIII, p. 106). On en trouve, mais beaucoup moins, dans le foie de tous les animaux. Les reptiles seuls, et surtout les Chéloniens peuvent être, jusqu'à un certain point, comparés, sous ce rap- port, aux poissons. Les Grecs savaient mettre à profit ce produit de sécrétion, car du temps d'Aristote déjà [Hist. anim., trad. de Camus, livre III, chap. XVII, t. I, p. 155), « on tirait de Fhuile du foie des Sélaques en le faisant fondre. » De nos jours, tous les peuples pêcheurs, quelque rivage qu'ils habitent, recherchent activement les Squales et les Raies dans le but de se procurer cette utile substance. Certaines espèces même, dont on ne mange pas la chair, sont cependant estimées à cause de leur huile. L'industrie, particulièrement celle du chamoisage des peaux, et la médecine, en tirent un parti très-avantageux. On l'emploie souvent avec succès dans le traitement des maladies où l'huile de foie de morue produit des effets salutaires sur la santé gé- nérale. Pour combattre à son début le rachitisme, elle semble préférable à cette dernière. Les huiles de poissons agissent sur l'ensemble de l'économie et impriment à toute la constitu- tion des modifications profondes. Aussi, la thérapeutique des maladies de l'enfance et de la jeunesse y puise-t-elle de pré- cieuses ressources contre les conséquences fâcheuses du tem- pérament lymphatique et contre les ravages des vices rachiti- que et scrofuleux. Ce n'est pas seulement à l'intérieur que les médecins en font un fréquent usage, et, en particulier, M. le docteur Collas, chirurgien de la marine, chef du service de santé des établissements français dans l'Inde, se loue beaucoup de l'emploi externe de la matière grasse, blanche, granuleuse, véritable stéarine, que l'huile de Requin laisse toujours dé- poser, même après plusieurs filtrations successives. Pour la distinguer de la stéarine ordinaire, il la nomme squalin. Or, dans les ulcérations si fréquentes chez les habitants des pays chauds, et si tenaces, l'application de cette matière, comme topique, a donné des succès qui ont dépassé toutes les espé- rances et que rhuilr de fuie de Morue ne semble pas pouvoir procurer. [Siu- remploi méd. et ehirurg. de l'huile de foie de Requin, in -.Revue coloniale, 1856, p. 266-27:2). NUTRITION. ANNEXES DE l'APPAREIL DIGESTIF. 163 C'est à la petite quantité d'iode uni à Thuile de la façon la plus intime, sous forme d'iodure de potassium, et dontrassimi- lation est plus facile et incontestablemertt plus complète, en raison môme de cette union, que sont dues, en grande partie, les modifications favorables apportées k toute Téconomie par remploi de ce médicament naturel. Des quantités semblables ou même plus fortes du même iodure , habilement associées à de rhuile végétale, n'exercent pas la môme influence, comme on s'en est assuré par des expérimentations directes. L'huile ne doit pas rester étrangère à l'action de cette substance, car elle fournit à la respiration, suivant la remarque de M. Gui- bourt [Hist. nat. des drogues simples, 4^^ édit., t. IV, p. 169), l'élément combustible sans qu'il en coûte rien à un corps amai- gri, et peut, par conséquent, contribuer pour une certaine part aux résultats obtenus; et le principe ticre et aromatique de l'huile de poisson doit produire une action particulière. Dans l'huile de foie de Raie, MM. Girardin et Preissier (C. rendus Ac. se, 1842, t. XIV, p. 618-621) ont trouvé Ogr.18 d'iodure de potassium par litre, tandis que celle du foie de Morue ne leur en a fourni que Ogr.15. A l'avantage d'une plus grande richesse en iode, il faut joindre celui d'être moins désagréable à la vue et à l'odorat. Cependant, d'après des recherches ultéi-ieures de M. Personne, signalées par M. Gui- bourt [Hist. nat. loc. cit. t. IV, p. 167), c'est l'huile de Morue qui, au contraire, contiendrait le plus d'iode; mais je crois devoir renvoyer, pour de plus amples détails, à son savant ou- vrage (p. 166-169), à la p. 618 du Suppl. de Mérat ou t. VII de son Dict. iiniv. de mat. méd. et de thérap. et à un rapport de M. Devergie sur les travaux de M. Delattre relatifs aux huiles de foies de Morue, de Raie et de Squale [Bullet. Acad. de méd., Paris, t. XXIV, p. 820, 1859-60). Il faut aussi mentionner une note de Vauquelin [Examen chimique du foie de Raie, in Ann. de Chimie, 1791, t. X, p. 193-203). De la grande abondance de l'huile contenue dans la glande hépatique, il a tiré des conséquences physiologiques très-justes touchant la relation établie chez les animaux entre les fonctions des organes respiratoires et les fonctions du foie, celles-ci prenant d'autant plus d'importance que les premières s'accomplissent avec moins de perfection. La structure intime et très-compliquée du foie des animaux vertébrés, et particulièrement de l'homme, a été l'objet d'étu- des nombreuses, mais on s'est peu occupé de celle du foie des 164 ORGANISATIOW DES PLAGIOSTOMES. poissons. Cependant, M. Lcrcboiilet, dans un travail sur la structure de cet organe [Mém. Acad. méd. de Paris, 18o3, t. XVII, p. 387 et suiv.), a présente quelques remarques sur le foie des poissons, mais ne concernant que les osseux. Je men- tionnerai néanmoins une de ses observations. Après avoir dit que les utricules biliaires ou véritables cellules sécrétoires qui, avec les réseaux capillaires sanguins afférents et efférents, consti- tuent chaque lobule, contiennent des vésicules graisseuses d'un très-faible diamètre, Tiiabile professeui- de Strasbourg ajoute (p. 472, 16") : « C'est dans le foie des poissons, seulement, que j'ai trouvé des cellules graisseuses distinctes des cellules bi- liaires; encore les vésicules graisseuses contenues dans ces cellules étaient-elles petites et peu nombreuses. » Les cellules graisseuses, dit-il encore (17"), se rencontrent aussi et en grand nombre dans le foie de fœtus de mammifères. Il con- clut ainsi (20°) : « La prédominance des cellules graisseuses dans le foie des fœtus non encore à terme et Vexistcnce de ces cellules dans le foie des poissons et dans celui des animaux sans vertèbres, me contirment dans l'opinion que ces cellules graisseuses sont le premier état des cellules biliaires. » Les observations de M. Leydig sur la texture du foie de dif- férents Plagiostomes, et plus particulièrement du M^istelus vuUjaris [Beitr. Z4ir mikr. Anat., etc., p. 59), démontrent qu'il y a une grande analogie entre ces poissons et les autres ani- maux vertébrés, relativement à la disposition des éléments dont chaque lobule est formé. La charpente de la glande con- siste en un tissu conjonctif lâche; par suite delà pénétration des vaisseaux dans son intérieur, il se divise en lobules dont chacun est circonscrit par de petites branches de la veine-porte et renferme, dans son intérieur, une radicule des veines sus- hépathiqucs. Quant au tissu conjonctif lui-même, qui constitue le parenchyme du lobule, il est comme spongieux et offre des lacunes qui contiennent les cellules hépatiques, et sont le commencement des conduits excréteurs de la bile. La vésicule biliaire est plus ou moins engagée dans la sub- stance même du foie. Elle manque rarement. Son absence a cependant été constatée chez un Pristis et chez un Zygieua (espèces non indiquées) par M. Rich. Owen (Led. comp. anal, andplnjs. fish., p. 243), (ït la bile est alors dirigée vers l'inleslin par un seul conduit hépatique, résultant de la réunion de j)lu- sieurs canaux (p. 244). Manque-t-elle au Sclachc maxima? Chez l'individu étudié par NUTRITION. ANNEXES DE I/aPPAREIL DIGESTIF. 165 Blaiiivillc et qui appartient, sans nul doute, à la même es- pèce que le grand Squale disséqué par Ev. Home, Tanatomiste français décrit comme telle une dilatation de O'^.IO à O'^.IS de diamètre, située au-dessous du duodénum, contre la paroi in- férieure duquel elle était immédiatement collée, à 2 mètres environ de la sortie des vaisseaux hépatiques du foie. Ceux- ci, qu'il nomme hépato-cystiques, étaient au nombre de huit à leur origine; mais se réunissant dans leur trajet et pénétrant obliquement à travers les parois de cette poche, ilsn y versaient leur contenu que par trois oritices. « La vésicule s'ouvrait di- rectement, et sans canal intermédiaire, par une ouverture si- tuée à sa partie gauche et supérieure, évasée en entonnoir et saillante sous forme de mamelon dans le duodénum » [Mém. sur le Sq. peler, in Ann. mus. t. XVIII, p. 407 et 108). Il n'y avait donc point, suivant ses propres expressions, de canal cholédoque. Ev. Home a vu une disposition très-analogue et l'a représen- tée [Lect. on compar. anatom., pi. LXIX), mais en a donné une autre interprétation. Il appelle simplement « dilatation dans laquelle se terminent les canaux biliaires » (tig. 1, h) ce que Blainville a décrit commme une véritable vésicule qui, on le voit parles particularités qu'il a signalées et que je viens de rappeler, offrirait de bien singulières anomalies. On peut donc admettre, à l'exemple de M. Rich. Owen [Lect. fish., p. 243, fig. 65, à la p. 240, d'après Home), que, chez le Sq. pèlerin, il n'y a pas de réservoir du fiel et que la dilatation des canaux destinés à amener la bile dans l'intestin en tient lieu. Le Pancréas se présente chez tous les Plagiostomes, avec les apparences d'une glande formée tantôt d'un seul lobe, tan- tôt de deux, et il en a la structure. Il est placé à la droite de la rate, contre l'extrémité terminale de l'estomac et le commen- cement de l'intestin ; il verse son produit dans le duodénum par un canal ouvert très-près de celui, plus long, qui amène la bile. Jamais leur intestin ne porte les petits prolongements en cœcum qui, venant déboucher à sa région antérieure, très- près de l'orifice stomacal, ont reçu le nom d'appendices pylori- ques (1). (1) Chez rEsturgeoD;, cependant, et chez le Brochet, il y a non-seule- ment ces appendices, modifiés, à la vérité, et formant un organe spongieux (Voy. Monro, Struct. and j)hys. fish.,ts.lo. IX), mais, en outre, un véritable pancréas (Alessandrini, Descr. veri pancreatis, etc., in Nov. Comment. Acad. scient. I/isf. Bononiensis,i. II, p. 335, pi. XIV, et Ann. se. nat., 1833, ^QQ ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. Il me semble peu nécessaire de m'arrêter à rindication des différences de forme et de volume que cet organe pré- sente (1), son aspect et sa couleur jaunâtre ou un peu rougea- tre permettant de le reconnaître avec facilité. Il est, au con- traire, intéressant de pouvoir signaler Fidentité parfaite de fonctions entre cette glande pancréatique et celle des autres animaux. On est en droit de conclure cette identité des faits suivants. M. Cl. Bernard a trouvé que le tissu de l'organe provenant d'animaux vertébrés quelconques, lavé au moyen de l'alcool, et traité ensuite par une solution éthérée de beurre, puis mis en contact avec de la teinture de tournesol très-concentrée, fait passer au rouge cette teinture. Avec le pancréas des poissons, le résultat est exactement le même que chez les mammifères et les oiseaux, mais il est obtenu plus len- tement. En outre, ce tissu, mis en infusion avec de l'amidon. Fa transformé en dextrine et en glucose. Enfin, au moment oi^i la putréfaction s'est manifestée dans un mélange d'eau et de pancréas qu'on y avait fait dissoudre, le chlore, comme tou- jours, l'a coloré en rouge. Les réactions sur la graisse et sur la fécule sont donc produites ici comme chez les autres verté- brés, et, à défaut d'expériences directes sur des animaux vi- vants, on a ainsi la preuve du rôle que le liquide pancréatique joue pendant la digestion intestinale des poissons. Evidem- ment, chez eux, comme chez les autres animaux, il exerce une action très-générale. Sans être exclusivement destiné à modi- fier soit les corps gras, soit les féculents, il concourt, par l'in- fluence qu'il exerce sur ces matières, à l'accomplissement des phénomènes chimiques indispensables pour amener les sub- stances alimentaires à l'état qui en permette l'assimilation. Plus t. XXIXj p. 193). Parmi les poissons osseux, diverses espèces possèdent et les appendices et l'organe dont il s'agit, sous sa forme glandulaire, mais réduit à un très-petit volume. La dissertation de M. Brookmann (De pan- create piscium, 1816), où sont consignées les recherches de M. Stannius et les siennes propres, a très-utilement fixe l'attention des anatomistes sur ce sujet. (1) Ces particularités sont mentionnées, pour diverses espèces, par Du- vernoy {Leç. Anat. camp., Cuv., 2« édit., t. IV, partie 2, p. 008 et 609). L'enveloppe péritonéale du pancréas, chez la Raie ronce, où elle forme, comme Duvernoy le fait remarquer (p. 008), un mésentère, renferme, dans son épaisseur, des fibres musculaires non striées, rouges, constituant un plan charnu qui, de la colonne vertébrale, se porte à l'estomac, em- brasse la glande et supporte les vaisseaux (Cl. Bernard, Sur le Pancréas in Suppl. C. rendus Acad. des Se, 1. 1, p. 539J. NUTRITION. ANNEXES DE l'aPPAREIL DIGESTIF. 167 les matériaux de la nutrition sont réfractaires à cette action chimique, plus le pancréas est développé (1). Il paraît activer la digestion en raison de son volume, et, par conséquent, de la plus grande abondance de sa sécrétion. Aussi, n'y a-t-il pas lieu de s'étonner, la digestion des poissons s'accoraplissant avec lenteur, que leur pancréas soit petit; et encore, importe-t-il de noter que, précisément chez les Plagio- stomes qui digèrent plus vite que les autres poissons, il est plus volumineux. Néanmoins, il est toujours assez peu consi- dérable. M. Jos. Jones l'a pesé chez deux espèces [loc, cit., p. 107) (2). Sa structure intime est semblable à celle des autres glan- des en grappe. La Rate ne manque jamais. Elle est toujours située près de l'estomac ou vers le commencement de l'intestin grêle. Sa forme et son volume varient suivant les genres. Chez les Raies, elle est, ou k peu près discoïdale, ou un peu allongée et pla- cée dans la courbure de l'estomac formée par l'inflexion de la portion pylorique sur le sac stomacal. Monro l'a représentée ainsi sur ses pi. II, 12; III, h; XVIII, 23; XIX, 19; et M. Jos.' Jones sur le Trygoîi sahina [Investigat. chem. andphijsiolog.^ p. 100, fig. 12 et 13). Elle est égalem.ent simple, mais semi- lunaire chez YAcanthias (Retzius, Obs. anat. Cliondr., p. 10). Son apparence est tout autre dans le plus grand nombre des Squales, car elle est divisée soit en deux lobes, comme chez la Squatinc (Boursse yV'ûs, De Squat, lœvi, p. 7, avec citation des anatomistes qui ont parlé de la rate de ce poisson), soit en lobes plus ou moins nombreux. Un des exemples les plus re- marquables de leur multiplicité est fourni par le Sq. [Carcha- rias) glaucus (Retzius, loc. cit. p. 7). Elle y est composée de plu- sieurs lobules arrondis : les supérieurs, disposés sur six rangs, se voient le long du dernier tiers du sac stomacal; les autres (1) Par suite d'expérimentations variées, cette explication des fonctions du pancréas a été vivement discutée en Angleterre, en Allemagne et aux Etats-Unis, mais appuyée et fortement corroborée par les recherches du professeur américain Samuel Jackson, que cite son compatriote, le profes- seur Jos. Jones, et par ce dernier (Investigat. chemic. ond physiolog. relut, io certain Amer, vertebrata, 1856, p. 105 et 109). (2) Divisant parle poids du pancréas celui du corps, il indique combien de fois ce dernier contient le poids de la glande : Trygon sabina 1071 fois. Zygœna maliens 1045 — — 1563 168 ORGANISATION DES PI.Af.IOSTOMES. sont dispersés sans ordre au niveau du pylore et s'étendent jusqu'au commencement de Fiiitestin valvulaire. Une disposi- tion analogue se remarque chez Vnc.i'aiicJius giineus (Leydig, Beitr. mikr., y). 61); chez \c Lamna cornubica, et parmi les espèces à troisième paupière, dite clignotante, chez les Carcha- rias; chez le grand Rhinodon typicus, où elle ressemble beau- coup à la rate àcVAIopiasTuIpcs (Smith, Illustr.zool. S. Africa, Expl. pi. XXVI), Ce sont là des rates ncccssuires. Dans le Sq. pèlerin disséqué par Blainville [Ann. Mus. t. XVIII, p. 104), cet organe mesurait, avec ses appendices, 0"'.5i4; il était di- visé en un très-grand nombre de mamelons arrondis, de gros- seur variable, séparés par des sillons assez profonds, ce qui lui donnait un peu l'aspect d'une grappe de raisin; mais tous étaient réunis par le parenchyme commun. La rate est parfois soudée, en quelque sorte, au pancréas {Spinax niger), mais toujours elle est fixée à l'estomac par des vaisseaux et par un ligament péritonéal. Son poids a été comparé par M. Jos. Jones [lac. cit., p. 119 et 120) à celui de la totalité du corps. D'après un assez grand nombre de pesées, la rate des poissons qu'il a étudiés [Trijgon, Zygama, Lepisosteus) a. un\)Oids, toute proportion gardée, assez analogue à celui qu'elle présente chez les mammifères, tandis qu'il est beaucoup moindre chez les oiseaux et chez les rep- tiles, La structure ressemble beaucoup à celle de la rate des autres animaux. Ainsi, on y trouve un appareil sanguin abondant, et comme dépendance de la gaîne des vaisseaux, les petits corps creux nommés coi'puscules de Malpighi, logés dans l'é- paisseur du parenchyme, qui est enveloppé par une membrane fibreuse comparée à la capsule de Glisson du foie et nommée capsule de Malpighi. Sur la rate d'un Hexanche, étudiée presque immédiatement après la mort, M. Leydig [Beitr., p. 61 et62) a trouvé les coriius- cules surtout abondants vers la surface externe de l'organe. Ils y recevaient une enveloppe provenant de la gaîne des vais- seaux sur lesquels ils étaient posés et qui constituaient les ra- dicules veineuses de la veine spléni(iue. Ces corpuscules con- tenaient, comme le lui a démontré leur examen microscopique, de gros noyaux, de petites cellules claires et une masse fine- ment ponctuée. Quant au parenchyme, il était essentiellement fornu"^ par du tissu cellulaire ou conjonctif délicat, entremêlé de fibres élasliqucs. On y voyait des amas nombreux de corpus- NUTRITION. ANNEXES DE L'aPPAREIL DIGESTIF. 469 Cilles sanguins, de noyaux clairs, soil libres, soit enveloppés par une membi-ane, de cellules arrondies renfermant une ma- tière granuleuse, et enfin de grandes vésicules où Ton rencon- trait soit une, soit plusieurs cellules analogues à celles qui restaient isolées. Dans les corpuscules de Malpighi de la rate du Scymnus li- chia, le même observateur a trouvé des vésicules graisseuses. De plus, il a vu de petits corps jaunes ou bruns, soit isolés, soit réunis, et qui lui ont paru être des corpuscules de sang modifiés. Quelles sont les fonctions de la rate? En raison de sa situa- tion auprès de Testomac et de ses liens vasculaires qui en font une dépendance de l'un des principaux troncs artériels desti- nés à l'appareil digestif et du vaste système de la veine-porte, la rate peut être, jusqu'à un certain point, considérée comme une annexe de cet appareil. Elle sert, en effet, de réservoir au sang pendant la digestion et augmente alors beaucoup de vo- lume. Les expériences de M. Goubaux, sur des chevaux et des chiens, citées par M. Longet [Traité de PItys., 2" édit., t. I, p. 986), ne laissent aucun doute sur l'ampliation très-rapide et considérable de cet organe, le pylore ayant été préalablement lié, quand de l'eau est injectée dans l'estomac. Quelle que soit l'explication qu'on cherche de ce phénomène, on ne voit pas de relation immédiate entre la fonction de la digestion et le rôle de la rate, appelée, dans cette circonstance, à remplir un emploi presque exclusivement mécanique. Elle sert alors, en effet, de diverticulum au sang qui, ne pouvant, à cause de son abondance momentanée, pénétrer en totalité dans le foie, re- flue vers la rate. Ce n'est donc là qu'une fonction secondaire. La principale est, sans doute, de fournir un produit de sécré- tion dont le rôle et la nature sont inconnus, mais qui, ne pou- vant être versé au dehors, puisqu'il n'y a point de canaux excréteurs, pénètre dans les vaisseaux sanguins et lymphati- ques par voie d'absorption. Telle est la conclusion déduite par M. Longet [loc. cit., p. 988) de l'étude de la structure de cet organe, qu'il nomme glande vasculaire sanguine et que M. Milne Edwards, dans scsLeç. dePhys. comp., t. VII, p. 233, range parmi les glandes imparfaites. C'est là, au reste, l'opi- nion prédominante aujourd'hui; et si l'on a de fortes raisons de croire qu'il est un des sièges principaux de la formation des globules blancs du sang (Edwards, id. p. 352-354), on ne peut cependant pas le considérer comme étant l'organe géné- rateur par excellence de ces corpuscules. 170 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. Je dois dire que les recherches de M. Lcydig, sur la raie des Plagioslomes, fournissent un argument contre la théorie qui attribuait au tissu splénique la fonction de détruire les cor- puscules du sang. Dans les rates accessoires du Spinax niger, il a trouvé, à la vérité, des cellules granuleuses qui lui parais- sent être le produit final de la métamorphose des corpuscules; mais elles ne sont pas exclusivement propres à cet organe, car il en a vu de semblables dans le sang veineux du foie chez le même poisson. Jamais, et c'est Tobservation importante à con- signer, il n'a constaté dans la rate des divers Sélaciens étu- diés par lui, la production de cellules contenant des globules sanguins. Le développement de ces cellules avait été d'abord considéré par M. Rolliker comme le résultat d'un phénomène physiologique ayant pour but la destruction des corpuscules et leur passage, par des modifications successives, à l'état de granulations pigmentaires. Aujourd'hui, pour cet anatomiste, éclairé par de nouvelles recherches, ces changements ne sont que la conséquence d'un état morbide. Si donc elle paraît être sans influence particulière sur les corpuscules sanguins, la rate est-elle un agent d'impulsion propre à pousser, vers les organes auxquels il est destiné, le sang contenu dans son propre tissu? D'après des expériences variées faites sur des mammifères, et dont M. Longet [Pliy- sioL, t, I, p. 987) donne le récit abrégé, on a vu sa con- tractilité se manifester sous l'influence de la strychnine ou des excitations produites par l'électricité. Cependant, les ob- servations de M. Leydig [Beitr. etc., p. 62) sur un Hexanche vivant ne sont nullement contlrmatives des précédentes, caria rate de ce Plagiostome, soumise aux irritations mécaniques, ne présentait pas le moindre phénomène de contractilité, ne de- venait même point rigide et ne subissait aucun changement de couleur. L'examen microscopique lui a, d'ailleurs, donné la preuve que, non-seulement chez ce Notidanien, mais chez la Squatine et chez les Torpilles (p. 63), il n'y a pas de fibres musculaires, soit dans l'enveloppe de l'organe, soit dans sa pulpe, abstraction faite, toutefois, de celles qui appartiennent aux vaisseaux. IL ABSORPTION. Après avoir passé en revue les différents actes dont la fonc- tion de la digestion se compose, il me reste maintenant à indi- NUTRITION. APPAREIL d'aBSORPTION. 171 quer comment les matériaux destinés à la nutrition pénètrent dans le torrent circulatoire où se jette également la lymphe. Une certaine portion des substances alimentaires, réfractaire à l'action des forces digcstives, vient, peu à peu, prendre place dans la région postérieure à l'intestin valvulaire, et compara- ble au rectum, d'où elles sont rejetées au dehors, sous forme de fœces. Les éléments nutritifs, au contraire, ne sortent que par les vaisseaux veineux et chylifères pour aller se mélan- ger plus ou moins rapidement avec le sang. Les recherches expérimentales des physiologistes ont peu h. peu agrandi le cercle de nos connaissances sur le pouvoir absorbant des vaisseaux, depuis l'époque où Aselli, en 1622, Rudbeck et Th. Bartholin, en 1651 et en 1652, fournirent les premières notions sur le système lymphatique, soit gé- néral, soit chylifère. On sait maintenant combien avaient été méconnues et la force d'absorption des veines et la part qu'elles prennent à la répartition, dans l'appareil vasculaire, des matériaux dont le jeu de la vie nécessite le renouvellement continuel. Par cela même, le champ des études qui ont pour objet l'absorption, non-seulement dans toutes les parties de l'économie, mais dans le tube alimentaire, se trouve très-élargi. Je n'ai point à aborder une question de physiologie géné- rale pour la solution de laquelle, d'ailleurs, les études sur les poissons n'ont été jusqu'ici que d'un faible secours. Elle a été traitée récemment, au reste, avec tous les détails que la science moderne comporte, par M. Milne Edwards, dans ses Lexons Phijs. et Anat. comp. t. V, p. 1-243, et t. VIL p. 161- 195. Dès 1653, Th. Bartholin signala la présence des vaisseaux lymphatiques chez un poisson dans une Dissertation [Vasa lymphat. nuper Hafniœ in animantibùs inventa et hepatis exse- qniœ) réimprimée dans le volume in-12 où il renferma, en 1670, tous ses écrits sur le système lymphatique. On y lit, à la page 88 : In orbe pisce idipsum visus sum mihi olim videre [lacteas venas). Cependant, il faut arriver jusqu'à l'année 1769 pour trouver des indications précises sur ce sujet. Cette an- née-là, Hewson {Philosnph. Trans. roy. Soc, Lond., t. LIX, p. 204) donna un mémoire (1) intitulé : A71 account of tlie lym- phat. syst. infisli. Il fut précédé, à la vérité, dans la découverte (1) Ce travail a été reproduit textuellement par Hewson, dans son livre : Expérimental Inquiries in to tfie lymphat. syst. 1774, chap. VI, p. 83-99, imprimé Fannce même de sa mort. 172 ORGAISISATION DES PLAf.IOSTOMES. de cos vaisseaux chez les poissons, par Monro, comme on doit radiiietlre d'après les assertions de ce dernier (i), qui n'avait publié, avant Timpression du travail du jeune Jinalomiste an- glais, aucun des faits observés par lui-même et exposés dans ses cours (2). Parmi les préparations que Hewson présenta à l'appui du mémoire qu'il lut devant la Société royale, se trouvait une pièce où les vaisseaux lactés de l'intestin d'une Raie étaient injectés au mercure, et les artères, ainsi que les veines, à la cire rouge et à la cire verte. C'est chez ce Plagiostome d'abord et chez la Morue, après de difficiles et inutiles recherches sur le mésentère de différentes espèces lluviatiles et marines, qu'il parvint ;\ découvrir les vaisseaux lactés et à les rendre appa- rents par le procédé anatomiqne dont Fohmann, plus tard, a obtenu les meilleurs résultats. Hewson a donné une descrip- tion des chylifères et des lymphatiques superticiels des pois- sons, mais sans l'accompagner detigures. Monro, au contraire, sur les pi. III, XVIII et XIX [Struct. and phija.fif^h.), a montré l'abondance de ces vaisseaux chez la Raie. En 1827, Fohmann fournit des détails plus précis encore d'après l'étude de différents poissons, et particulièrement de la Torpille, seule espèce dont j'aie à m'occuper ici. La fig. 1 de sa pi. VII [Das Saur/adi'rsijst. Wirbcltliiere : Fiscfte) montre la disposition des vaisseaux cfiylifrres à la face interne de la portion valvulaire de Vintestin de la Torpille marbrée. On voit, quand le mercure a pénétré dans leur intérieur, combien ils sont remarquables par leur volume et leur nombre extraor- dinaire dans cette région du tube digestif dont ils recouvrent complètement toute la paroi interne, c'est-à-dire les portions comprises entre les valvules et les deux surfaces des valvules elles-mêmes, ainsi que le bord libre de ces replis oii des vais- seaux beaucoup plus gros, renflés de distance en distance par des nodosités, forment une sorte de bourrelet. (1) State of faits conccrninrj the flrst proposai and on hjmphatic ves- sels in uvip. anim. 1770. — Hewfon a répondu à cotte réclamation, dans un Appendix reluting tothe discovery ofthe lyniphat. syst. in birds, fish., etc., imprimé p. 133-201 à la suite de son ouvrage ayant pour titre : An ex- perimcnt. inquiry into the properiies ofthe blood, 1771, in-l'i. (2) Fohmann [Das Saugadersyst. Wirhclthiere, p. 18) a exposé les prin- cipaux détails de cette discussion de priorité, en insistant sur ce fait que c'est Hcwson qui a, le premier, par son mémoire de 1769, donne des indi- cations très-précises sur le système absorbant des poissons. NUTRITION. APPAREIL d'ABSORPTION. 173 Outre ces lymphatiques, il y a, dans la même portion de Fintestin, des vaisseaux sanguins dont les troncs artériels et veineux suivent le contour de la spire et dont les ramifications revêtent les replis valvulaires et les espaces qui les séparent. Une injection heureuse des artères et des veines est représen- tée par Fohmann (pi. VII, fig. 2) sur un intestin où, dans le but de laisser voir leurs réseaux et les branches dont ils dépen- dent, il a enlevé une partie des lymphatiques remplis par le mercure. Les recherches très-multipliées de cet habile ana- tomiste lui ont donné la preuve que, contrairement à ce qui se voit chez les animaux vertébrés supérieurs, il n'y a pas indé- pendance complète entre ces deux ordres de vaisseaux, puisque le mercure, avant que les lymphatiques fussent remplis par rinjection, passait de ceux-ci dans les veines. Il fait observer que cette pénétration n'est pas le résultat d'une déchirure, car si, en pareil cas, les tissus viennent à se rompre, une extrava- sation se produit aussitôt, favorisée par le poids même du li- quide qui, alors, ne pénètre pas dans les vaisseaux. Les lymphatiques sortant du tube digestif Un-moni da^ réseaux très-serrés. Monro les a figurés sur ses pi. XVIII et XIX, mais Fohmann a fait des injections beaucoup plus riches et les a représentées sur sa pi. I, qui montre l'abdomen ouvert de la Torpille avec les organes qu'il renferme. On y voit les nom- breux vaisseaux des grande et petite courbures de l'estomac et du réseau de l'intestin valvulaire. De chacun des deux lobes du foie, ainsi que de la vésicule biliaire, partent des lympha- tiques dont la réunion forme un faisceau avec lequel se confond celui qui provient des réseaux du tube digestif. Ce faisceau complexe, puis un autre émané de la portion in- férieure de l'intestin et de Foviducte, constituent une masse de vaisseaux assez comparable au réservoir de Pecquet [Cisterna diyli) qui, située derrière l'œsophage, se divise en deux bran- ches ouvertes l'une à droite, l'autre à gauche, dans le sinus des veines-caves ou sinus de Cuvier, par plusieurs petits orifices munis de valvules disposées de façon à laisser libre le passage de la lymphe dans la veine, mais à empêcher son retour et, par conséquent, l'entrée du sang dans les lymphatiques. Cette disposition est très-nettement indiquée sur la pi. II de Fohmann où le tube digestif, ses annexes et les oviductes sont enlevés et laissent voir ce mode de terminaison. Il n'y a, chez les Raies, qu'une seule ouverture également bordée de valvules; Monro l'a montrée (pi. XIX, R). 174 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. Les vaisseaux lactés offrent une particularité curieuse, notée par M. Leydig sur la Raif bâtis [Beitr. mikrosk., etc., Rochen und Haie,\^. 68, § 44) et déjà vue précédemment chez d'autres poissons,'comme M. Stannius le rappelle [Handbuch Zoot. : Fis- che, 2'-'édit., p. 252,|§i08). Ils constituent unegaîne d\in blanc grisâtre à des vaisseaux qui, des grande et petite courbures de Testomac, se portent vers le foie. Il a constaté aussi que de rintérieur du lymphatique partent de petites brides tixées sur la tunique extérieure du vaisseau sanguin qu^il entoure, et, sans doute, destinées à maintenir ce dernier. Le sinus des veines-caves est recouvert par un grand nom- bre de lymphatiques. Outre les vaisseaux que je viens de men- tionner et qui ont été décrits avec soin par M. Ch. Robin, sous le nom de vaisseaux sous-péritonéaux {Ylnstitut, Ib^S, n" 590 et Rev. zooL, juin 1845, p. 225), il en reçoit d\autres destinés à apporter la lymphe des régions antérieures et celle des parties inférieures et latérales du tronc par des vaisseaux bien vus d'abord par Hewson surlaMorue [Experim. inqmnes hjmphat. syst., p. 86-89), mais dont M. Ch. Robin [loc. cit., p. 228-232) a fait une étude spéciale sur les Raies et sur les ' aLsI* chez la Roussette {Scyllium canicula), TAiguillat et FEmissole, et sur les Raies bouclée et bâtis, il a constate la présence de trois troncs qui reçoivent la lymphe et la versent dans le torrent de la circulation veineuse. Ils sont situes sur les parties latérales et médiane du corps. ^ ,, tt ,i 10 Deux de ces troncs sont très-analogues a ceux que M. Hyrtl a décrits dans les poissons osseux et nommés vaisseaux laté- raux iUeber die caudal und Ko7>f-Smu,s . gj viennent s'y ouvrir, antérieure vers le sinus de la \emc utvb ; , -. 2^ Un tronc ,ne7/ian:sous-aponévrotiquejnfeiieui est place da;sl interstice des muscles de l'abdomen. Il reçoit les vais- seaux sous-cutanés et commumque par son exti-emite i oste- • 'uTe au moyen d'une branche qui s'en détache de chaque côtlav 'c l'ui/et l'autre vaisseau latéral dont .^e viens de parler. SANG. 175 En avant, il se bifurque au niveau des nageoires pectorales et s'abouche ainsi en deux points correspondants du sinus mé- dian, l'un à droite et l'autre à gauche, par des ouvertures mu- nies de valvules. Avant d'y pénétrer, les divisions terminales reçoivent les lymphatiques de la tête. Tous ces vaisseaux offrent dans leur structure, chez les poissons cartilagineux, comme chez les osseux, une grande analogie avec les vaisseaux veineux les plus fins; mais avec cette différence qu'ils commencent par des réseaux. Leur sur- face interne est revêtue d'un épithélium, mais ne présente pas de valvules, à l'exception du point où ils entrent en communi- cation avec le système veineux. Dans l'iHtérieur de plusieurs vaisseaux lymphatiques, M. Ley- dig [Beitr. mikrosk., etc., Roclien und Haie, p. 69, § 44) a con- staté la présence de petits corps vasculaires tout-à-fait parti- culiers. Ce sont comme de petits boutons saillants en forme de turbans ; ils ont à l'intérieur une étroite cavité en entonnoir. Le micrographe les a représentés très-grossis sur sa pi. I, fig.ll. Leur volume est tellement peu considérable, que dans l'étendue d'une demi-ligne, on en compte environ 120. Ils appartiennent au système des capillaires sanguins, qui sont pelotonnés avec une régularité extrême et baignent ainsi dans la lymphe. Les lignes et les noyaux qu'on y voit se rapportent aux muscles lisses de ces capillaires. J'ajoute, pour terminer ce qui concerne l'histoire des vais- seaux absorbants, qu'ils sont, comme chez les autres poissons, privés de ganglions. DU SANG. Les recherches peu nombreuses auxquelles l'analyse du sang des Plagiostomes a donné lieu, et que l'on doit particulière- ment à M. Jos. Jones [Investig. chemical and pJiysiol. relat. to cert. Amer, vertebrata, chap. II, p. 6-39) qui a étudié sa composition chez des animaux de toutes les classes, ne mon- trent, quand on le compare à celui des autres poissons, que des différences sans importance. Les corpuscules du sang chez les Plagiostomes sont plus vo- lumineux que chez les poissons osseux. Bien qu'ils soient el- lipti(iues comme ceux de ces derniers, la différence entre les diamètres longitudinal et transversal (voy. les chiffres ci-après), est souvent peu considérable : aussi, leur forme semble-t-elle 176 ORGAMSATIO>i DES TLAGIOSTOMES. presque discoïdale. Cette apparence, mais un peu exagérée, a été représentée par M. Jos. Jones dans la figure 1 de ses Investig., p. 31, où il montre les corpuscules du Zijgœna mal- iens; il a trouvé la même conformation dans le sang du Caret [Chelonia imbricata) (1). M. Rich. Owen [Lect. conip. anat. fisli.) a figuré les corpuscules d'une Raie comi)arativenient à ceux des autres vertébrés, p. 18, fig. 4, //. Les corpuscules de plusieurs Plagiostomes ont été mesurés par MM. Wagner, J. Davy et Alph. Milne Edwards. Leurs mensurations ramenées aux fractions de millimètres font partie des listes données par M. Milne Edwards {Leç. Phijs. camp., t. I) d'oi!i j'extrais (p. 90) les chiffres suivants : Gr. diamètie. Pet. diamètre. Squalus {calulus?), Davy 1;>2 1/70 — acanthias, id 1/58 1/70 — (indéterminé), id 1/39 l/io — {canicula?), id 1/30 1/70 Squaliva angclux, A\\)h. M. Edw l/iO '1/63 Zygœna maliens, \d l/iS l/CG Torpcdo oculata, Davy 1/31 1/39 /îrt/a r/«f'«/a, Wagner 1,3:) i/00 — bâtis, Alph. M. Edw 1/W 1/63 Grand diamètre, maximum 1/31, minimum l/o2 (on moyenne). Petit diamètre, — 1/30, — 4/79 ( » » ) La preuve que les corpuscules du sang des poissons osseux sont plus petits est fournie par les moyennes suivantes, em- pruntées aux mêmes listes : Grand diamètre maximum l/Ol, minimum 1/110 Petit diamètre, — 1/93, — l/lo7 Hewson, dès 1773 [On the fig. and compoail. red ^articles blood, etc., in : Vhihmph. Trans., t. LXllï, part. I), avait si- gnalé (p. 308) et représenté cette dissemblance (pi. XIII, fig. X, Raie). M. J. Davy [Ann. and Magaz. nat. hist., 1846, t. XVIII, p. 57 et 58) a fait des observations confirmatives de celles de Hewson et de R. Wagner {Beitr. zurvergleicli. PInjs. Blutes, S'' livrais, p. 35-39). De plus, il a constaté chez des fa'lus d'A- (i) Il ne faut pas perdre de vue, au reste, comme M. Gulliver le fait ob- server avec raison (On the red corpusdes blood f^crf. nml %Gol. iniport. of the Nucleiis with plans slriid. form and size, c\c.,\n : l'roceed Zool. Soc. 1862, p. 99), que la déformation des corpuscules est assez rapide, et que, peu d'iicures après la mort, on eu trouve iirescpic aufriut de circulaires que d'elliptiques. SAING. 177 caïUhias et de Squatine {ici.), que le volume des corpuscules est plus considérable que chez les adultes. Leur différence de grandeur est surtout rendue manifeste par les dessins dont M. Gulliver a accompagné une récente communication sur ce sujet dont il s'occupe avec tant de per- sévérance et de succès depuis vingt-cinq ans environ {On the red corpusclcs blood Vi'rt('l)r.,elc., in : Proceed. zool. Soc, 1862, 91-103), La figure 18, qui représente les corpuscules de cinq poissons osseux, montre combien, chez le Sq. acan- thias [Ac. vulgcnis), ils remportent par leurs dimensions, môme sur ceux déjà fort gros du rhymallus vcxillifer et du Gymnotiis electriciis. Outre les corpuscules dont je viens de parler, le sang con- tient des globules blancs remplis de petites granulations sphé- riques. Ils y sont apportés de toutes les régions du corps par la lymphe, et du tube digestif par le liquide que charrient les vaisseaux chylifères. On les désigne le plus ordinairement sous les noms de globules lymphatiques et chyleux. Ils ont été étudiés avec grand soin par M. T. Whartou Jones, chez divers animaux, et en particulier chez la Raie [The blood corpusde consideredin ils diffcr. phases of dcvelopm. in the anim. séries : Philos. Trans., 1846, part. II, p. 63-66, pi. I). Il est arrivé à la conclusion que, par suite de changements successifs sur- venus dans ces globules blancs pendant la vie, ils se transfor- ment en corpuscules colorés. Ainsi, pour parler seulement de la Raie, dont il a examiné le sang très-peu de temps après la mort, il a été amené par ses observations, à la supposition suivante. Chacun de ces globules granulés deviendrait, à la suite de la disparition normale des petits corpuscules qu'il contenait d'abord en abondance et qui cachaient presque com- plètement le noyau, une cellule circulaire, nucléolée et in- colore, se présentant ensuite sous la forme ovalairc propre aux corpuscules du sang. Enfin , pour achever sa métamor- phose, elle prendrait la coloration rouge caractéristique des corpuscules. Celte théorie de leur évolution étant fondée sur l'examen du sang de tous les animaux, offre un caractère de généralité qui n'en permet pas la discussion h propos de l'étude du sang des Plagiostomes. Je me bornerai donc à dire, quelle que soit l'opinion qu'on adopte sur le rôle des globules blancs relati- vement à la formation des corpuscules rouges, que le sang des Raies contient trois sortes au moins de corps flottants : 1° les Poissons. Tome 1. 12 178 ORGANISATIO?i DES PLAGIOSTOMES. globules blancs granuleux, plus gros que les suivants et sem- blables, par leur structure comme par leur volume, aux cel- lules à granules de la rate, selon la remarque de M. Leydig [Beitr. z^ur mikrosk. Anat Rochoi, p. 69, dernier alinéa); 2" des corpuscules incolores et à noyau, plus semblables, par conséquent, aux corpuscules sanguins qu'aux globules blancs et granuleux; 3° enlin, les corpuscules colorés. Chez les poissons osseux ei chez les Sélaciens, la fibrine du sang y est en quantité variable et trop i'aiblc pour qu'il soit possible de l'évaluer d'une manière certaine. Aussi, M. Jos. Jones, sur les tables où il a mentionné la proportion de fibrine trouvée par lui dans ses analyses du sang des animaux de toutes les classes [Investiy., p. 37), n'a-t-il donné aucun chiffre pour ces deux groupes. III. CIRCULATION. Les matériaux du sang étant renouvelés par son mélange avec la lymphe et avec les produits du travail digestif, il semble convenable, quand on veut connaître son mouvement général dans l'économie, d'étudier d'abord sa marche de la périphérie au centre. Il faut, conformément à ce point de départ, et pour débuter par l'examen de la circulation veineuse, suivre le sang ramené au cœur de toutes les régions du corps par les veines, traversant en premier lieu cet agent d'impulsion, ensuite les branchies, et arrivant ainsi jusqu'aux origines de l'arbre ar- tériel. Le sang étant alors hématose, il circule en parcourant des vaisseaux d'un autre ordre qui le versent dans l'aorte et, par ses ramifications, dans tous les organes, où, après avoir joué le rôle de liquide viviliant et nutritif, il est reçu par les radicules veineuses et dirigé de nouveau vers l'appareil central. La circulation du sang veineux chargé de substan('(!s impro- pres à la vie, et dont il doit se débarrasser par son passage h travers des organes dépurateurs et l'appareil respiratoire, s'accomplit dans des vaisseaux à parois minces, munies d'un très-petit nombre de valvules et dilatées sur plusieurs points de manière à former des sinus analogues à ceux des poissons ordinaires. Le sang noir rapporté des régions situées en ar- rière du cœur y parvient seulement après avoir, presque en totalité, traversé soit les reins, soit le foie. Il y est conduit par CIRCULATION VEINEUSE. 179 des vaisseaux particuliers constituant les systèmes des veines- portes rénale et hépatique. Celui de la veine-porte rénale doit être décrit le premier. M. Jourdain, qui a publié en 1860 d'intéressantes Recherches [Thèse pour le doctorat ès-sciences, in-4''pl. elAnn. se. natuv. ¥ série, t. XII, p. 134-188 et 321-369, pi. 4-8) sur Fanatomie de cette portion de Tappareil vasculaire veineux chez les qua- tre dernières classes d'animaux vertébrés, a soumis à ses in- vestigations, parmi les poissons cartilagineux dont on s'était très-peu occupé jusqu'alors à ce point de vue, trois types [Raie, Squatine, Squale). Il a pu ainsi, non-seulement revoir ce qui avait été dit sur ce sujet par Jacobson d'abord, puis par plu- sieurs anatomistes,et il en a présenté le court historique (p. 60), mais, en outre, rendre plus précise la connaissance de la manière dont s'accomplit le passage d'une partie du sang noir à travers les organes urinaires. C'est à leur face dorsale ou supérieure que se voit la veine afférente qui y pénètre et s'y ramifie à la manière des artères. Elle provient de la bifurcation de la veine caudale à son entrée dans la cavité de l'abdomen, et reçoit, par une branche assez volumineuse, le sang des nageoires ventrales. L'aftlux du sang- est augmenté par l'arrivée de plusieurs branches émanées des parois musculaires du tronc. Néanmoins, le tiers antérieur ou même la première moitié des reins ne serait pas le siège de ce mode particulier de circulation, la veine afférente s'épuisant bien avant d'avoir parcouru toute l'étendue des glandes, si un nouveau tronc , formé par des veines pariéto-musculaires antérieures ne venait, en gagnant leur face dorsale, se porter à la rencontre du tronc de la veine afférente postérieure. Il s'y réunit, non pas immédiatement, mais par l'intermédiaire d'a- nastomoses que forment entre eux les vaisseaux veineux des régions latérales du tronc, lesquels envoient des ramuscules en avant et en arrière, vers l'une et l'autre veine afférente. Le sang arrive donc aux reins 1" par une veine dirigée d'arrière en avant, qui est la plus volumineuse; 2° par une autre dirigée, au contraire, d'avant en arrière; 3" enfin par des veines laté- rales établissant une communication entre les deux précéden- tes. Cette disposition, qui paraît être générale chez les Plagio- stomes, est très-nettement représentée par M. Jourdain [loc. cit., pi. 3, Thèse [pi. 6, t. XII, Ann. se. nat., ¥ série] tig. 2). Le sang noir, après avoir parcouru les ramitications des vei- nes qui le répandent dans le tissu glandulaire, et apporté, avec 180 ORGANISATION DES TLAGIOSTOMES. Tartère rénale, peu développée au reste, les matériaux de la sé- crétion urinaire, en se débarrassant des produits inutiles, nui- sibles même à Téconomie, dont il s'était chargé, entre dans les radicules de la veine efférente. Celles-ci occupent la face infé- rieure des reins ; quand on ouvre la cavité du ventre et qu'on écarte les organes au-dessus desquels ils sont situés, elles se montrent quelquefois en partie, sans injection préalable. Toutes ces veinules emportent donc le sang qui vient de se modifier pendant la circulation rénale et le jettent dans le tronc efférent principal ou véritable veine rénale, mais souvent dite veine cardinale postérieure. Réunie à celle du côté opposé, elle forme, tout-à-fait en arrière, une anse à concavité antérieure, et qui, de chaque côté, longe le bord interne du rein. Ce tronc se continuant en avant de la glande', est désigné alors par le nom ù.(i veine-cave postérieure, dénomination que M. Milne Edwards [Leç. Phijs. comp., t. III, p. 357) propose de remplacer par celle de veine abdominale, car, ainsi qu'il le fait remar- quer, la portion du système vasculaire dont il s'agit représente non pas la veine-cave postérieure, mais bien plutôt la veine azygos. Elle établit, en effet, dans les poissons osseux, une communication qui manque, il est vrai, chez les Plagiostomes et chez les Esturgeons, entre le sang des régions antérieures et le sang ramené des régions postérieures, par le fait même de son anastomose avec la veine jugulaire ou cardinale anté- rieure du même côté avant l'entrée de cette dernière dans le sinus veineux cardiaque ou de Cuvier. Les veines abdominales offrent presque toujours, vers leur terminaison (Monro, Stnict. and phys. fîsli., p. 17, pi. II, 24, 26, 27, 31, 32), une anastomose. Elles s'élargissent beaucoup et forment ainsi un réservoir nommé si)ius de Monro. Il se trouve également chez les Squales. M. Ch. Robin en a donné une description détaillée [Institut, 1845, t. XIII, n" 623, p. 429 el 1846, t. XIV, p. 272, C. rendus Soc. philomath.). Ses parois sont très-minces, et l'on voit à son intérieur des filaments fi- breux établissant des cloisons incomplètes, d'où résulte sa séparation en deux lobes inégaux qui communiquent entre eux et se composent de cellules de fornie et de gi-andeur varia- bles. Aussi, M. Nal. Guillot qui a étudié d'une manière parti- culière, chez les Raies, ce réservoir lacuneux, jinur me servir de ses propres expressions, a-t-il insisté sur sa division en cellules représentant, dit-il, une sorte de lacis que baigne le sang [C. rendus xic. des se, 1845, t. XXI, p. 1179). Déjà, du CIRCULATION VEINEUSE. 181 reste, en 1819, Retzius [Observât, in Anat. Cliondr.], en parlant de la dilatation de ces veines [ven. cavce abdominales) chez la R. bâtis (p. 21), mais surtout chez la R. fullonica (p. 15), et de leur communication mutuelle, les avait comparées, à cause de leur disposition celluleuse, aux poumons des grenouilles « Sacci hi spongiosi et cellulis repleti, ut inflati pulmonibiis ra- narum similes sunt » (p. 15, fig. 6, n"' 9 et 10). On ne saurait méconnaître, comme mon père Ta fait observer dans une note lue devant FAcadémie des sciences, à Foccasion du mémoire de M. Guillot (C. rendus, 1845, t. XXI, p. 1185), l'analogie que présente ce réservoir de la circulation abdomi- nale avec les sinus bien plus nombreux et plus considérables, il est vrai, des Lamproies qu il a mentionnés dans sa Dissertât, sur les Poiss. qui se rapproch. le plus des anim. sans vert.., 1812, in-4°, p. 39, et dans son Recueil de mém. de Zool. et Anat. camp., p. 144. J'ajoute, pour compléter l'histoire du système de la veine- porte rénale, que les corps surrénaux qui se voient, le long du bord interne des reins, sous forme de petits corps jaunâtres, paraissent être eux-mêmes le siège d'une circulation veineuse, semblable à celle de ces glandes. Les vaisseaux qu'ils reçoivent et ceux qui en sortent pour se jeter dans le tronc de la veine efférente, sont indiqués sur la figure 2, pi. 3 de M. Jourdain déjà citée, et la tlg. 1, montrant les reins par la face inférieure, donne une représentation des veines chargées de ramener le sang au retour de la circulation rénale. Chez les Squales, où les reins sont confondus dans leur por- tion postérieure et semblent ainsi former un organe unique divisé en avant, le système efférent offre une disposition qui est en rapport avec cette particularité : toutes les ramitications veineuses, celles de droite, comme celles de gauche, vien- nent verser leur contenu dans une veine médiane, qu'on peut nommer, avec M. Jourdain, veine cardinale commune. Elle reçoit en arrière quelques branches de la portion la plus re- culée des organes génitaux, se continue le long du bord interne de la portion libre du rein du côté droit, et devient ainsi veine cardinale droite. Au niveau du point où la masse glandulaire se sépare en deux organes distincts, une branche partant du tronc médian constitue, le long du bord interne de l'autre rein, une veine cardinale gauche moins volumineuse que la droite. L'une et l'autre, continuées comme veines abdominales jus- qu'au sinus cardiaque ou de Cuvier, présentent, avant de s'y 482 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. ouvrir, les communications et les lacunes veineuses que j'ai signalées plus haut. Outre le système de veine-porte rénale, il y a encore, pour le retour au cœur du sang qui ne suit pas cette route, c'est-à- dire du sang veineux de l'appareil digestif, le système de la veine-porte hépatique, dont les racines sont les veines de l'es- tomac, de l'intestin, du pancréas et de la rate. La mésentéri- que, comme je l'ai indiqué en parlant des Squales à valvule enroulée dans le sens de la longueur (p. 154), est contenue à l'intérieur môme de l'intestin, le long du bord libre de la valvule. Chez les autres Sélaciens, ses racines forment à la paroi interne du tube digestif, avec les artérioles correspon- dantes, les réseaux abondants déjà signalés (p. 173). Les vais- seaux veineux se réunissent peu à peu, de manière à constituer des branches volumineuses qui viennent s'ouvrir directement dans la veine-porte. Une exception, cependant, a été constatée par J. MiUler {Abhandl. Akad. Wissensch., Berlin, 1835, p. 326, dans un supplém. au mémoire publié en commun par lui et par Es- chricht : Ueber die arter. und venus. Wundenietz^ der Leber des Thunfische). Elle a été offerte par le Sq. renard [Alopias vulpes) et uniquement par cette espèce. Elle consiste en ce que sur l'estomac, il y a un grand réseau {rete mirabile] en forme de houppes constitué par une multitude de vaisseaux disposés en étoiles qui se rencontrent de tous côtés. Le sang qu'ils con- tiennent se concentre à une petite distance du foie dans la veine-porte qui, immédiatement au-dessous du point où elle pénètre dans la glande, reçoit encore le sang d'un petit réseau admirable situé à l'extrémité inférieure de l'œsophage et à l'ori- gine de l'estomac. Un autre réseau aussi volumineux que le premier, occupe les parois de l'intestin valvulaire, et y produit une sorte de renflement. Les vaisseaux qui en sortent consti- tuent la veine mésentérique. Le tronc de la veine-porte, ordinairement simple, mais double dans la Torpille, ou multiple, comme chez le Zijgœna (Meck., Anat. compar,, tr. fr., t. IX, p. 269), se partage, chez les Raies, lorsqu'il arrive à la face inférieure du foie, en trois branches de volume à peu près égal, destinées chacune à l'un des lobes de cette glande, ainsi que Monro l'a bien figuré [Struct. and physioL fishes, pi. III, c, d, c, /"). Chez presque tous les Squales, la disposition est la même, si ce n'est que, par suite de l'ab- sence ou du peu de développement du lobe médian, l'une des CIRCULATION VEINEUSE. 183 branches reste beaucoup plus petite que les deux autres. Pé- nétrant dans le parenchyme à la manière des artères, elle s'y divise et envoie des rameaux h tous les lobules. Le sang veineux, après qu'il a déposé dans le tissu sécréteur les matériau:; de la bile, est reçu par les racines des veines sus-hépatiques chargées, en outre, du sang qui a servi à la nu- trition du foie. Elles forment un tronc hépatique court, mais dilaté en un sinus (Monro, Struct. andphys. fish., p. 17, pi. II, 31) analogue à la veine-cave postérieure des animaux vertébrés supérieurs. Il verse son contenu dans le sinus de Cuvier. Chez le Lamna cormibica (1), on trouve une disposition rap- pelant, jusqu'à un certain point, celle qui caractérise le Thon et sur laquelle J. Millier a appelé l'attention dans le mémoire publié en commun avec Eschricht [Ueber die arter. und ven. Wundcrnetze cm der Leber, etc., in : Abhandl. kôn. akad. Wissenschaft., Berlin [1835], 1837, p. 21). Il est revenu sur ce sujet et avec plus de détails dans le S'' § de Gefàss-syst. in : Vergleich. Anat. Mijxin., p. 99-103, tab. V), Il y a, en effet, chez ce poisson, de singuliers amas de vais- seaux auxquels convient, comme h. d'autres agglomérations analogues, le nom de reseaux admirables, car ils résultent de l'enchevêtrement d'un nombre considérable de divisions arté- rielles et veineuses que l'on distingue à l'œil nu, sans qu'il soit nécessaire de les injecter. Ces réseaux, que J. Mûller dé- signe aussi par les dénominations de gâteaux ou de labyrinthes vasculaires, sont au nombre de deux, placés à la partie supé- rieure de la cavité abdominale, de chaque côté de la ligne médiane et très-rapprochés l'un de l'autre, de sorte que par leur face interne, ils se touchent presque. Ils s'attachent en avant à la cloison diaphragmatique, en arrière aux lobes du foie ainsi qu'aux oviductes, et par leur région supérieure à l'œ- sophage; à leurs faces inférieure et latérale, ils sont libres et recouverts seulement par le péritoine. Ils ont une longueur qui est à peu près le sixième ou le septième de celle du lobe droit du foie, et sont un peu comparables, par leur forme, à des coussins quadrangalaires, aplatis d'avant en arrière. Les vais- seaux qui les composent sont tout-îi-fait entremêlés, mais entre les artères et les veines il n'y a pas de communication. Tout le sang qui, par les artères intestinales, va au tube (1) Dans aucun des nombreux genres de Squales et de Raies étudiés par J. Millier, qui les énumère nominativement (p. 2"^ du Méra. cité), une dis- position semblable à celle que je décris ici n'a été vue. 184 ORC.AMSATION DES n.AGlOSTOMES. digestif et à ses annexes, traverse les rrsoaux avant de se rendre ;\ ces organes et presque tous les vaisseaux efférents du foie, forment la portion veineuse des réseaux avant de verser leur contenu dans la dilatation voisine de roreillctte et dite sinus de Guvier. Les artères; afférentes des réseaux sont au nombre de quatre. 1" Il y en a deux principales : ce sont les artères intestinales dont Torigine est ici bien plus antérieure que chez les autres Plagiostonies, car elles naissent, non de l'aorte, mais des ra- meaux émanés des artères qui, sorties des branchies, vont porter la vie à différents organes avant de former le tronc aor- tique ; elles marchent au-dessus du péricarde et viennent se rendre, l'une au réseau du côté droit, l'autre k celui du côté opposé. 2" En outre, il y a deux artères plus petites et acces- soires (artères thoraciques) : elles amènent aux réseaux le sang des parois latérales du corps. Les artères efférentes, destinées à conduire le sang aux or- ganes de la cavité abdominale, sortent en s'anastomosant, les unes du côté externe du réseau, les autres du côté interne. Elles forment deux troncs qui sont les véritables artères intestinales. 1" Celle du réseau droit, parvenue h la région stomacale, se divise en trois branches : l'une, pour la face inférieure de cet organe; la deuxième, pour le côté droit de l'intestin valvulaii-e ; la troisième arrive à la partie antérieure du foie, contracte là quelques nouvelles anastomoses avec le réseau et se divise en deux branches pour les deux lobes de la glande. 2'' La gauche, après sa sortie du réseau, marche au-dessus du lobe du foie de son côté, puis se bifurque pour gagner la face- supérieure de l'estomac et le côté gauche de l'intestin valvulaire. Les veines des réseaux, complètement indépendantes de celles du système de la veine-porte, particularité qui établit une différence avec ce que J. Mûller et Eschricht ont vu chez le Thon, sont les veines sus-hépatiques. En sortant du foie, elles contribuent à la formation des réseaux, puis elles les quittent pour traverser la cloison diaphragmatique et apporter leur contenu dans le sinus de Cuvier, où se rend directement, par deux veines, une petite portion du sang de la glande qui ne passe point par les réseaux (1). (1) On voit, d'aprùs les détails descriptifs qui précèdent, pourquoi J. Millier, dans les considérations générales qu'il a présentées sur les ré- seaux vasculaires admirables (rcta viirabilUi) des difl'érents animaux, a rangé ceux dont il s'agit et ceux fortanrdogues qu'il a décrits avec Eschriclit, CIRCULATION VEINEUSE. 185 Les vaisseaux qiii apportent au cœur le sang des régions an- térieurt?s, ve dilatent et l'ornient sur certains points, de véritables sinus. Monro a figuré [Stnict. andphys. fish.,\^\. II, p. 33 et 34) cet élargissement des veines jugulaires qu'on peut nommer, avec lui, interne et externe, par corapai'aison avec leur position chez les autres animaux vertébrés. Ces vaisseaux, qui reçoi- vent tout le sang revenant et des organes situés au-devant du cœur, et des nageoires pectorales, débouchent, de chaque côté, dans le sinus des veines abdominales chez les Squales, et s'ou- vrent, au contraire, directement dans le sinus cardiaque chez les Raies. Avant d'arriver dans les veines jugulaires proprement dites, le sang, au retour des régions antérieures, trouve un sinus pair et symétrique, peu distant des narines et contenu en partie dans les cavités orbitaires. M. Robin (C. rendus Ac. se, 1845, t. XXI, p. 1282) a fait connaître ces dilatations veineuses d'une manière succincte. Elles ne sont pas exclusivement propres aux Plagiostomes. Cuvier les avait signalées, presque en pas- sant, chez les poissons osseux, sous le nom de sinus de l'arrière du crâne [Hist. Poiss., t. I, p. 511, pi. VII, fig. 1, mais sans la lettre indicative mentionnée dans le texte). Du cœur et de ses dépendances. — La cavité dans laquelle vient, en déhnitive, se jeter tout le sang veineux, est le sinus cardiaque ou de Cuvier. Par sa situation chez les Plagiostomes, il contracte avec le cœur des rapports plus intimes que chez les Poissons osseux, car au lieu d'être placé hors du péricarde, il est, au contraire, logé à son intérieur. Cette enveloppe sé- reuse est fortifiée par des fibres aponévrotiques formant une clicz le Tlion, dans le groupe des réseaux les plus compliqués {Vergleich. Anat. Myxin. : Gefœsssystem, § VI, Allgemeine Ikmerkung. ueber Wun- dernetze). Ce groupe, et c'est le 4", comprend la disposition des vaisseaux qu'il indique par ces mots : Bcte mirabile Ijipolare yeminum. Le réseau est bipolaire, en effet, puisqu'il se compose de vaisseaux de deux ordres et qu'il est amphicentriquc, pour me servir d'une autre expression du même anatomiste, qui veut dire par là que le réseau est le siège d'une double circulation, celle des artères intestinales et celle des veines sus-hépatiques. De plus, ce réseau est double, puisqu'il y en a un de chaque côté de la colonne vertébrale. Le réseau que forment certains vaisseaux, en se répandant sur les or- ganes, est-il uniquement composé, soit de divisions artérielles comme ce- lui qui est fourni, par l'artère cœliaque, à l'intestin valvulaire du Squale renard, soit de radicules veineuses, ainsi que les veines sus-hépatiques et la veine-porte de ce même Squale nous en offrent des exemples, le ré- seau alors est uni-polaire. 186 ORGA? potrèmos, tandis que le Pristiophore^ si semblable aux précédentes, mais à ouvertures latérales, est un Squale ou Pleurotrème. RESPIRATION. 199 La dimensmi des fentes des branchies est assez variable suivant les groupes. Chez les Squales, comme chez les Raies, elles sont généralement courtes plutôt que longues, el Ton peut citer comme étant, sous ce rapport, les deux extrêmes les plus opposés, d'une part, les Carchariens, les Alopéciens, les Ces- traciontes, et surtout les Scymniens où elles ont une brièveté remarquable, et, d'autre part, le Rhinodonte, mais spécialement le grand Squale des mers du Nord ou Sclache. Ses énormes fentes sont étendues presque depuis la ligne médiane supé- rieure jusqu'à l'inférieure, et de là provient le nom de Pèlerin, destiné à rappeler une sorte de similitude entre ces ouvertures, en partie recouvertes chacune par son bord libre, et les collets superposés de certains vêtements. Ces fentes sont les issues par lesquelles s'échappe l'eau contenue dans les cavités branchiales. Chaque cavité, ouverte du côté de la bouche pour la péné- tration de l'eau, a trois parois : 1" Une paroi externe. Elle est latérale chez les Pleurotrè- mes, inférieure au contraire chez les Hypotrèmes, et interrom- pue dans sa continuité par la fente branchiale. Elle consiste en un muscle recouvert par le tégument commun, à fd)res diri- gées d'avant en arrière, et dont l'extrémité antérieure, comme la postérieure, se fixe à une intersection aponévrotique. Cette série de muscles peut être considérée comme faisant partie du plan musculaire décrit dans la l''' édit. des Leç. Anat. comp. de Cuvier (t. IV, p. 382) et auquel Duvernoy, dans la 2* édit. (t. VII, p. 320), adonné \e nom de muscle constricteur commun (les branchies, parce qu'il enveloppe en quelque sorte tout l'appareil branchial, à l'exception clu côté interne où a lieu la communication avec la bouche. L'action de ce vaste muscle constricteur a pour but de rétrécir les cavités respiratoires. Quelques fibres se portent sur la face profonde du repli cutané qui forme le bord antérieur libre de la fente, et, par conséquent, au moment où l'eau est chassée par la contraction musculaire, il est tiré en haut et relevé de manière à ce que le liquide puisse facilement s'écouler au dehors; mais par l'action inverse de fibres transversales sous-cutanées, il est, au contraire, ap- pliqué sur l'ouverture, quand elle doit être close (1). (1) C'est ici le cas de rappeler que l'appareil contractile est com- plété en dessous par les muscles qui, s'insérant à la branche transver- sale de la ceinture scapulaire, vont, par leur autre extrémité, s'attacher 200 ORGANISATION DES PI.AGIOSTOMES. 2" Une paroi antérieure formée par une lame de membrane muqueuse, plissée et vasculaire, adossée contre la paroi posté- rieure de la cavité qui précède. Il n'y a d'exception que pour la première cavité, dont la paroi antérieure est simple, puis- qu'elle commence la série. 3° \jne paroi postérieure consistant également en une lame membraneuse, semblable à la précédente et réunie dans toute son étendue à la paroi antérieure de la poche suivante par un plan musculaire qui leur est interposé. La paroi postérieure de la cinquième suspendue aux cartilages analogues des os pha- ryngiens, ne supporte pas de vaisseaux. Quand on com})are cet appareil à celui des poissons osseux, composé de quatre paires d'arcs branchiaux, on leur trouve, comme Duvernoy le fait observer avec raison (Cuvier, Leç. Anat. comp., 2" édit., t. VII, p. 290), une grande ressemblance, car les parois des cavités « ne sont qu'une extension d'un commencement de cloison formé par le diaphragme branchial chez les poissons osseux, entre les deux séries de lames que supporte un même arceau. » Si, pour ces derniers, on tient compte, dans la comparaison, de la i3ranchie accessoire que l'opercule porte à sa face interne et sur laquelle J. Miiller a donné d'intéressants détails [Ver- gleicJi. Anat. Mjixin. : Gefdss-syst., p. 41 et suiv.), l'analogie paraît plus frappante encore. Une formule simple proposée par M. Milne Edwards [Lee. physiol. et Anat. comp., t. II, p. 244) la fait ressortir. Chacune des séries de lames bran- chiales, ou, en d'autres termes, « chacune des demi-branchies, dit-il, y est représentée par la lettre italique h., et leur mode de groupement, pour constituer dans les deux types des bran- chies complètes, est indiqué par des accolades correspondantes à une lettre capitale B pour chacun de ces organes : soit aux pharyngiens (coraco-pharyngiens), soit aux cartilages médians, sur lesquels les arcs s'appuient en dedans et qui sont les analogues des pièces symbranchiales (coraco-symbranchiaux), soit enfin, et plus en avant encore, k l'oshyoïde lui-même (coraco-hyoïdiens). Aces muscles, destinés à agir par leur insertion antérieure sur les pièces mobiles des branchies, il faut joindre les coraco-géniens et coraco-maxillaires, car, en abaissant la mâchoire inférieure, ils exercent sur le plancher delà bouche une action qui n'est pas sans résultat sur les arcs branchiaux. M.Remak a comparé les muscles respiratoires externes des Plagiostomes à ceux des poissons osseux, p. l'J3-196 d'un mémoire ayant pour titre : Betnerk. iiher die aiisser. Alhemmuskeln dcr Fixche in : Miill. Arch. Auat., 1813. RESPIRATION. 201 Pomom ossexix.. . . B ace. B* B- B^ B^ /; rr^ iTi^b iTyi) r7^/> Plagmtomcs B' B^ ~W B' B^ « La première branchie des Plagiostomes est donc repré- sentée, chez les poissons osseux, par la branchie accessoire ou operculaire et par la première série des lamelles de la branchie pectiniforme double suspendue à Tare branchial antérieur; la seconde branchie est composée de la série postérieure des la- melles de ce même premier arc hyoïdien et de la série anté- rieure des lamelles du second arc; puis ainsi de suite, jusqu'à la dernière poche branchiale, qui n'a des lamelles qu'à sa partie antérieure. Il y a donc ici, de môme que chez les poissons à branchies libres, seulement quatre branchies complètes, c'est- à-dire doubles et une branchie simple; mais la branchie simple des Plagiostomes est la dernière de la série, tandis que chez les poissons osseux, elle est la première, c'est-à-dire la bran- chie accessoire. » Revenons maintenant à l'étude de la structure des cavités branchiales. Leur charpente solide est formée par Vappareil hyo-branchial composé de l'os hyoïde et de ses dépendances, ainsi que des arcs auxquels les branchies sont suspendues. Une description très-précise de cet appareil, tel qu'on le trouve chez les Squales, les Raies et les Chimères, a été don- née en 1832 par Rathke [Anat. philos. Untersuch. ueher den kiemen-apparat und das Zungenbein Wirbelth. p. 22-30), et résumée p. 31-32. Il l'a représenté chez le Milandre [Galeus canis], tab. II, fig. 1-3; chez YAcanthias, tab. III, fig. 3 ; chez le Rhinobate, Id.., fig. 5; chez une Torpille {Torp.marniorata), Id., fig. 6, et enfin, chez la Chimère qui offre, sous ce rap- port comme sous tant d'autres, de grandes analogies avec les Plagiostomes, tab. III, fig. 4. A ces détails anatomiques et à ces dessins, M. R. Molin en a ajouté d'autres [Sullo scheletro degli Squali in : Mcm. Inst. Veneto, t. III, 1860) pour : 1" Acaji- thias vulg., tab. VI, fig. 2, p. 17 du tirage à part; 2° Mustelus i'w/f/.,tab. VI, fig. 4, p. 36; 3" Carch. (Prionodon) Milberti, tab. VI, fig. 6, p. A^; A° Squatina vulgaris, lab. VIII, fig. 3, p. 58; o° Alopias vulpes, tab. XI, fig. 1, p. 68; 6" Scyllium catulus, tab. XII, fig. 5, p. 77. On y voit très-nettement les différences que l'appareil hyoïdien présente dans sa disposition suivant les genres ou les espèces. L'examen comparatif de cette por- tion du squelette chez les Squales, comme chez les Raies, 202 ORGANISATION DES l'I.VGlOSTOMES. permet de reconnaître que, malgré certaines différences de détails inutiles à mentionner ici, parce qu elles n'ont qu'une médiocre importance au point de vue de l'ensemble, il y a, chez les Plap;iostomes, les plus grandes analogies dans sa com- position. Celles qui peuvent être constatées, quand on compare l'ap- pareil hyo-branchial des Plagiostomes et des Chimères à celui des poissons ordinaires, ont été démontrées par Meckel d'abord [Anat. cnmp., tr. fr., t. X, p. 238-2oo, § 00-6O), et plus parti- culièrement ensuite par Rathke ihc. cit.). Diivernoy (Cuvier, Leç. Anat. comp., 2" édit., t. Yil, p. 308) rappelle les diffé- rences offertes par les Raies et qui l'avaient détourné, dans la 1''^ édit. de cet ouvrage, des assimilations que ces deux anato- mistes ont établies j»lus tard, et dont il reconnaît la justesse. Les pièces hyoïdiennes sont au nombre de trois : 1° Une pièce médiane basi-hyal ou copula, véritable corps de l'hyoïde, tout-à-fait arrondie chez les uns, plus ou moins prolongée, au contraire, chez les autres en os lingual. J'ai donné précédemment (p. 429), en parlant de la langue, des détails qui me dispensent de tout autre description. 2'' Des branches latérales, analogues des cornes antéi'ieures de l'hyoïde (Atlas, pi. 6, iig. i, /"), une de chaque côté, arti- culées avec le corps, dirigées obliquement en arrière, et plus ou moins parallèles à la mâchoire inférieure à laquelle elles sont unies par un ligament. Se recourbant en haut à leur ex- trémité externe, ces branches qui, comme chez les autres animaux vertébrés, établissent une liaison entre la tête et l'hyoïde, viennent s'articuler bout à bout avec le suspcnsorinm, représentant de l'os carré ou inter-articulaire (Atlas, id., (j), qui forme le bord postéi'ieur de la cavité do l'orbite et relie le crâne à la màclioire inférieure. Ces branches de l'hyoïde se rattachent à l'appareil respiratoire en ce que, comme les cartilages intcr-articu.laires [suspcnsoria] avec lesquels elles constituent, de chaque coté, un arc semblable à ceux des bran- chies, elles portent les rayons destinés k former la paroi anté- rieure de la première poche branchiale dont ils soutiennent la mcndirane vasculaire. En arrière, le cartilage médian, au niveau de ses angles pos- térieurs, donne des prolongements courts; quelquefois même, ils sont presque nuls. Il y a cependant toujours là un point d'articulation avec le premier arc proprement dit qui sert de support aux rayons de la paroi commune à la 1'^ et à la 2* ca- RESPIRATION . 203 vités branchiales. Cette relation avec les organes destinés à rhémalose justifie la comparaison faite par Duvernoy (Cuvier, Leç. Anat. comp., t. VII, p. 304) entre ces saillies postérieu- res du basi-hyal et les cornes ]iostérieures de Fhyoïde dites thyroïdiennes. En effet, chez les Têtards et chez les Batraciens pérennibranches, elles mettent l'hyoïde en relation avec les branchies, et chez les vertébrés pulmonés, elles vont rejoindre l'origine du conduit aérophore, comme, ici, elles sont en contact avec des cartilages qui entrent dans la composition de la char- pentedessacs vasculaires destinés à extraire, de l'eau ambiante, l'oxygène nécessaire à l'entretien de la vie. Quant aux arcs hrandiiaux proprement dits, que précède la paire de branches hyoïdiennes dont je viens de parler, ils sont ordinairement au nombre de 4, mais de o et même de 6, quand il y a, comme chez les Hexanches el les Heptanches, 6 et 7 cavités. Chacun des arcs se compose de 4 pièces. Les '2, principales ou intermédiaires ont beaucoup plus de longueur que les deux autres. Elles décrivent une courbe assez prononcée. L'inférieure ou branchiale principale, dirigée de dedans en dehors, l'emporte par son étendue sur la supérieure ou bran- chiale articulaire, qui continue la courbe de bas en haut. Elles sont unies bout à bout et maintenues en contact par des liga- ments disposés de façon à permettre, au niveau de leur jonc- tion, des mouvements en angle plus ou moins pi'ononcés, qui sont le résultat de la contraction de petits faisceaux musculaires [muscles propres des arcs branchiaux, Duvernoy, Cuv., Leç., i'' édit., t. IV, p. 381, et 2% t. VII, p. 319) « situés en tra- vers dans l'angle que forment les deux pièces de l'arc où sont creusées deux fossettes assez profondes dans lesquelles s'atta- chent les deux extrémités du muscle. » Alessandrini a donné une excellente représentation de ces deux pièces moyennes de l'arc d'après l'Hexanche (D'. TEMPÉRATURE ANIMALE. 221 TEMPERATURE ANIMALE. Conimo complément des détails que je viens de donner sur la circulation et sur la respiration des Plagiostomes, je dois mentionner ici quelques observations relatives à leur tempéra- ture propre. Le tait le plus saillant qui ait été constaté par les physiologistes lorsqu'ils ont soumis des poissons à des me- sures thermométriques, est celui dont on doit la connaissance à M. J. Davy. Cet habile naturaliste a trouvé au milieu des muscles du Scombéroïde nommé Bonite [Thynniis pclamys , et mieux, Pel.sanla) 99''F.(37",2 C.),celle du milieu étant seu- lement de 80", 5F. (26", 7 C), c'est-à-dire le remarquable excès de température de 10",5 C. [On the tempérât, some fish. (lenus Thynnus, in : Edinbui^ghnew philosoph. Journal, 1833, t. XIX, p. 325, et cxtr. Anu. se. nat., 2'' série, t. III, p. 380) (i). Aussi, en a-t-il conclu que la Bonite rentre presque, comme plusieurs autres poissons à chair rouge de la même famille, dans le groupe des animaux dits à sang chaud. Il attribue cette parti- cularité au grand développement de l'appareil nerveux des organes respiratoires, ainsi qu'au volume du cœur et à l'abon- dance du sang. Je m'abstiendrai d'examiner cette explication, car ce serait aborder la théorie même de la production de la chaleur des animaux qui, au reste, dépend de l'activité de la circulation et de la respiration. Après les Pélamides et les Bro- chets, qui sont doués aussi d'une grande énergie vitale, il faut (1) M. Davy n'a pas pu mesurer la température d'autres Scombéroïdcs, par suite de la difllculté d'avoir les animaux vivants et en bon état; mais il cite les indications fournies par des pêcheurs de Thons de la Méditerra- née. Ces hommes, auxquels leur longue pratique donne une grande expé- rience, ont presque comparé la sensation de chaleur que produit le ma- niement des viscères de ces poissons, quand on les leur enlève immédia- tement après la sortie du fdet, à l'impression résultant du contact, sur les mains, du sang qui, au moment où l'on tue un porc, s'écoule des vais- seaux de la région cervicale. Néanmoins, ces appréciations peuvent être un peu exagérées. Une observation de M. Collie, d'ailleurs, n'est pas tout- à-fait conforme à celle de M. Davy. En effet, dans l'introduction qui pré- cède la description donnée pai' MM. G. T. Lay et E. T. Bennett, des pois- sons recueillis durant le Voyage of capfain Beechey, on trouve (p. 45) les renseignements suivants sur la température d'une Bonite [Scomber pela- mijs, Linn.). Dans le ventricule cardiaque et au milieu des viscères, il y avait 300 C. (86» F), et dans une incision des muscles du dos o0o.5 et 31°. 1 (87" et 88° F), la température moyenne de la surface de l'eau étant de 27".7 (82'' F) ; la chaleur propre de ce poisson n'était donc supérieure à celle du milieu ambiant que de 3 à i". 222 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES, citer les Squales comme ayant une température propre qui dé- passe celle de l'eau. Ainsi, M. J. Davy a noté chez un Requin 'P,30. M. de Tessan [Voy. aut. du monde sur la frég. la Vé- nus : Physique, t. V, p. 157) dit que le cœur d'un Requin marquait 2° de plus que la surface de la mer (1). Deux autres observations faites le même jour durant le voyage, Teau ayant 27°, 8, ont montré que le cœur d'un Requin mâle était à 29", et celui d'une femelle à 31, offrant ainsi une différence de 1"',2 et de3%2. Eydoux et Souleyet ont également trouvé un petit excès de température chez des Requins, comparativement à l'eau d'où ils étaient tirés (2), V. SÉCRÉTIONS. La nutrition des organes n'est pas le résultat unique du pas- sage du sang à travers leur tissu. Quelques-uns, connus sous le nom de glandes, offrent une structure particulière et tirent du fluide sanguin ou forment à ses dépens des matériaux de nature diverse, qui, se combinant entre eux, constituent les produits de sécrétion. Chez les mammifères, le foie est la seule glande dont le tra- vail spécial porte sur le sang veineux et non sur le sang arté- riel qui, dans les autres organes sécréteurs, joue le rôle de fluide nutritif, mais, en même temps, destiné à se modifier, par son contact avec le parenchyme glandulaire. Dans les quatre autres classes d'animaux vertébrés, il n'en est plus de môme : outre la bile, que la glande hépatique sépare du sang veineux sorti des organes digestifs, l'urine, hu- meur purement excrémentitielle, dont l'expulsion hors de l'économie n'est précédée d'aucun emploi utile, provient en partie du sang des artères rénales, et en partie surtout de celui des veines distribuées à son intérieur à la manière d'une veine- porte. Chez ces animaux, le sang, au retour des régions posté- (1) Le cœur de deux Thons a donne à M. de Tessan {loc. cit. p. 100 et 102) une ditl'érence beaucoup moins grande que celle qui a été signalée par M. J. Davy chez la Pélamyde. Il y avait,. pourFun, "l".'! et, pour l'autre, 20.3 de plus qu'à la surface de la mer. (2) Le thermomètre était introduit dans le cloaque avant la mort. Rap- port présenté à l'Acad. des se. par Biainville suj- les résultutx scientifiques du voi/age de la Bomtk autour du monde (C. rendus Ac. se.,, 1838, t. VI, p. 445, et Ann. se. nat. 2" série, t. IX, p. 190). SÉCRÉTIONS. 223 Heures et latérales du tronc, va éprouver une première dépura- tion dans les reins avant d'aller se dépouiller complètement, dans les organes respiratoires, des principes nuisibles à l'en- tretien de la vie et dont il s'est chargé pendant qu'il parcourait les différents tissus. Le système de la veine-porte rénale (voy. p. 179) constitue donc un perfectionnement dont on peut trouver la cause, pour les oiseaux, dans l'utilité d'une dé- carbonisation aussi complète que possible du sang, en raison de leur très-grande énergie vitale, et, pour les trois autres classes de vertébrés, dans l'imperfection relative de la respi- ration. Les glandes qui versent leur produit dans le tube digestif, le foie et le pancréas, ont été précédemment étudiées (p. 160- 167), ainsi que les glandes du canal intestinal (p. 1S2 et 157). En parlant de la fonction de la reproduction, je fais connaître plus loin les organes qui fournissent le sperme et les ovules (1). Sécrétion urinaire. — Les reins sont toujours au nombre de deux, comme dans les autres animaux vertébrés. Cependant, chez certains Plagiostomes, de même que chez quelques pois- sons osseux, ils se réunissent l'un à l'autre en arrière, où ils forment une masse unique divisée antérieurement en deux por- tions parfaitement distinctes. Cette disposition est fréquente chez les Squales et plus rare chez les Raies où le rapproche- ment des deux organes par leur bord interne pourrait faire croire à une fusion qui est seulement apparente. La siluation des reins est telle qu'ils occupent la région la plus élevée du corps. Ils sont logés de chaque côté, le long de la colonne vertébrale ; une lame péritonéale, fortifiée par des fibres tendineuses, qui passe au-dessous de leur face inférieure, les sépare des autres viscères. Pour arriver jusqu'à eux, il faut écarter les organes et les vaisseaux qui les cachent presque complètement à la vue quand on ouvre la cavité abdominale, comme Monro {Struct. and phys. fisli., pi. II) l'a représenté sur une Raie femelle où l'extrémité postérieure du rein droit (14) est seule apparente. Lem- forme générale est, jusqu'à un certain point, en rapport avec celle de l'animal : ils sont un peu plus courts et plus ramassés dans les Raies que dans les Squales, quoique, en (1) Quant à la rate, aux capsules surrénales et au prétendu corps thy- roïde, si une sécrétion se fait à leur intérieur, il ne faut pas perdre de vue qu'ils diftërent beaucoup des véritables glandes, en ce qu'ils manquent de canal excréteur. 224 OUGAINISATIOIS DES PLAGIOSTOMES. raison de la position qu'ils occupent, ils soient toujours plus ou moins allongés. C'est ainsi, par exemple, que Monro les figure chez la Raie (26, pi. I, où la plupart des organes de l'abdomen sont enlevés). Ils sont plus épais et plus larges en arrière qu'en avant, et c'est par suite de cette largeur plus considérable qu'ils passent au-devant de la colonne vertébrale et se rapprochent l'un de l'autre ou même se confondent, comme je viens de le dire. Leur portion antérieure, au con- traire, reste étroite et longe la face latérale du rachis. Ils se composent de lobules plus ou moins distincts; M. Jourdain [Rech. sur la veine-porte rénale, 1860) montre (pi. 3) la sépa- ration assez nette en lobules, à la région antérieure, et, de plus, l'aspect cérébriforme que présente en dessous, chez les Raies, la portion postérieure qui offre comme des circonvolutions et des anfractuosités. Chez les Squales, au contraire, la division en lobules est beaucoup moins manifeste. Le volume des reins est généralement assez considérable. Des pesées destinées à fournir des éléments de comparaison ont été faites sans grande utilité (1). Je citerai cependant celles de M. Jos. Jones; elles lui ont donné les chiffres suivants [Investigat. clieni. and pinjsiolog. Americ. vertebrata, p. '12o) : Trijgon sabiua p 188 \ ,, , ~. '^■^ "^ ,1 Nombre de fois Zygœna maliens àib f que le poids de? reins 33o ( est compris Trijgon sabina [ïœius] 93 ) ^^■■^"'^ i« P'^id« total. La structure des reins est celle d'organes ess(>ntiellement vasculaires où se trouvent en nombre considérable les canaux sécréteurs qui, au moment de leur émergence, deviennent des conduits simplement excréteurs. Les vaisseaux au milieu desquels sont plongés ces canaux, qui en sont entourés de toute part, viennent de sources fort dif- férentes. Les uns, et ce sont les artè)-es rénales, émanent des axillaires pour la région antérieure, de l'aorte directement pour la région moyenne, et, pour la postérieure, des branches les (1) J'ai déjà eu occasion (p. 186) de faire lemaïquci- les diUiciiUés des pesées ayant pour but d'indiquer le poids compaiatil' du corps entier et de certains organes dont on cherche, par ce moyen, en le combinant avec d'autres, il est vrai, à apprécier l'importance physiologique. Tant de causes d'erreur peuvent faire varier les résultats obtenus, qu'il n'est guère per- mis d'y attacher une grande imiiortancc. SÉCRÉTIOÎSS. 225 plus reculées du tronc. Les autres constituent le système de la veine- porte rénale. (Voy. p. 179-181.) Quant aux conduits sécréteurs de l'urine, ce sont d'innom- brables canauK d'une extrême finesse. Le microscope montre, à la face interne de ces conduits urinaires, un épithélium à cils vibratiles, qui manque dans l'intérieur de la capsule des glomé- rules. M. Loydig a vu {Mikrosk. Beitr. Anat Roch. und Haie, p. 70) les mouvements se continuer le troisième jour après la mort, et a observé quelques anomalies bizarres dans les mouvements ciliaires. Ainsi, contrairement à ce que cette lon- gue persistance pouvait faire supposer, il a constaté leur ab- sence sur certains points dans des reins dont il venait de dé- tacher des fragments sur des Plagiostomes vivants. D'autres étaient privés de ces petites proéminences mobiles. Les canaux sécréteurs, pelotonnés sur eux-mêmes, forment, en s'élargissant à leur extrémité libre, des capsules pour les petites touffes de vaisseaux artériels ou corpuscules de Malpi- ghi, nommés maintenant glomérules, que M. Bowman, en com- plétant les résultats obtenus d'abord par Rathke et par J. Mill- ier [De glandidar. secernent. striict. penitiori, lib. X, p. 85 et 86, pi. XII, fig. 1 et 2), a étudiés chez les animaux vertébrés [On the struct. and use Malpigh. bodies of tlw Kidney in : Phi- losoph. Transact. roij. Soc. Lond. 1842, part. I, p. 57-80, pi. IV). De chacun des lobules dont se compose, chez les Raies, la portion antérieure des reins, sortent deux ou trois canaux uri- naires, de volume semblable, qui se réunissent et forment au- tant de petits troncs qu'il y a de lobules. Tous s'ouvrent dans le canal principal ou uretère, situé au bord interne de l'organe. A la région postérieure, un uretère moins long reçoit également, par des canalicules, le liquide sécrété. Ces deux conduits prin- cipaux se jettent dans un élargissement en forme de vessie : il y en a une de chaque côté; l'une et l'autre versent leur con- tenu dans un court urèthre unique. Ce dernier, chez les mfiles, reçoit les vaisseaux déférents et débouche dans le cloaque à sa paroi supérieure, derrière l'orifice du rectum. Les Squales présentent une semblable disposition, comme M. Steenstra Toussaint l'a indiqué [De sijst. uropoëtico Sq. glauci in : Tijd- schrift natuurlijke geschiedcuis en physiologie, 1839, t. VI, p. 201, pi. VIII QlBuUet. se. phys. et natur. en Néerlande, 1839-40, p. 316). Il y a cependant à noter que, chez certains Squales, et M. St. Toussaint l'a montré sur la figure 2 de sa planche VIII pour le Sq. glauque, le réservoir de l'urine n'est Poiasons. Tome 1. 1^ 226 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. guère qu'un urèthre élargi, incomplètement divisé en deux portions où viennent déboucher les canaux déférents et dont l'extrémité terminale fait saillie dans le cloaque sous forme de papille. Dans un assez grand nombre d'espèces, il y a, en ou- tre, deux vessies bien distinctes qui laissent écouler le liquide contenu dans leur intérieur, seulement après qu'il y a fait un certain séjour. L'urine des poissons a été comparée à celle des autres ani- maux par M. J. Davy [Tranmct. roy. Soc, Edinburgh,'18o6-o7, t. XXI, part. IV, p. 543-548. On the urinary secret, fish.). Parmi les espèces soumises à ses recherches, se trouve la Raie bâtis. Les deux petits renflements en forme de vessies d'un mâle contenaient un liquide presque sans couleur où le microscope lui fit voir de nombreux globules et quelques spermatozoïdes. Evaporé à une basse température, ce liquide laissa un résidu incolore contenant des cristaux très-déliés de chlorure de so- dium et où l'alcool et l'acide nitrique indiquèrent la présence de l'albumine et de l'urée, mais sans aucune trace d'acide urique. De cette analyse et de celle qu'il a faite de l'urine de divers Salmonoïdes et Gades, et de différents autres poissons osseux, M. Davy a tiré les conclusions suivantes : i" l'urine est sécrétée en très-petite quantité; 2" elle est habituellement liquide; 3" elle élimine de l'économie, en quantités variables, des produits azotés et particulièrement de l'urée. Chez les animaux h fonctions très-actives, comme les oiseaux, par exemple, des quantités considérables d'acide carbonique et d'azote sous diverses formes sont expulsées par les poumons et par les reins; mais on ne doit pas être surpris, selon la juste remarque de M. J. Davy, que chez les poissons, la sécrétion urinairene soit pas abondante. Leur appareil branchial élimine de l'acide carbonique en petite quantité ; les reins séparent du sang peu d'azote, et, par conséquent, la presque totalité de cet élément essentiel de la nutrition sert au développement des organes dont il produit le rapide accroissement. On comprend ainsi comment la perte de substance éprouvée par les poissons durant une longue privation d'aliments, est presque insigni- tlante, car la disparition des matériaux azotés est ;i peu près nulle. REPRODUCTION. 227 VI. REPRODUCTION. Les Plagiostomes se distinguent de presque tous les pois- sons par raccomplissemenl préliminaire d'un acte où Ton voit entrer en jeu des organes qui leur sont exclusivement propres, c'est-à-dire par le rapprochement des sexes permettant la pé- nétration de la liqueur séminale dans Fintérieur des organes de la femelle. En outre, cl comnic conséquence de la fécondation intérieure, on peut suivre, chez les espèces ovipares, les phases successives du développement des œufs jusqu'au moment de leur expulsion au dehors ; chez les ovovivipares, on voit s'ac- complir les modifications que les jeunes animaux subissent à l'intérieur des oviductes. Enfin, quand des connexions plus intimes encore s'établissent entre les fœtus et les organes où ils sont contenus, comme chez l'Emissole lisse [Mustelus lœvis), par exemple, l'observateur devient témoin de phénomènes jus- qu'à un certain point comparables à ceux qui constituent l'un des caractères de la véritalDle viviparité. Ici, comme dans le reste de la série animale, l'énergie de la fonction, ou son ralentissement et même son interruption dé- pendent des changements que les saisons amènent et dont le principal constitue l'état de rut, c'est-à-dire qu'il y a une épo- que déterminée de l'année pour le rapprochement des sexes. Elle est la seule où la fécondation soit possible, en raison des conditions particulières dans lesquelles se trouvent alors les organes génitaux. La turgescence et la vascularitô plus abondante de ces organes d'où résultent, d'une part, la forma- tion des ovules, de l'autre, la sécrétion du fluide séminal et l'apparition des spermatozoïdes, sont les indices certains de l'aptitude des animaux à propager leur race. C'est uniquement à une certaine époque de la vie que ces modifications s'opèrent. L'ignorance où l'on est, sur la du- rée de l'existence des Plagiostomes et sur le temps qui leur est nécessaire pour arriver à l'état adulte, ne permet pas de déterminer d'une façon précise, comme on peut le faire pour certains poissons d'eau douce bien étudiés sous ce rapport, l'âge où ils deviennent capables de se reproduire. Quant à l'époque de l'année où les Squales et les Raies cherchent à s'accoupler, elle est inconnue pour le plus grand nombre. On sait, il est vrai, à quel moment les jeunes ani- 228 ORGANISATION* DES PLAGIOSTOMES. maux, chez certaines espèces, sont expulsés des oviductes ou sortent des œufs pondus par les ovipares, et je donne plus loin un relevé des indications que Ton possède à cet égard, mais elles n'amènent cependant pas à la connaissance précise de la saison des amours, car on ignore la durée du développement soit dans les oviductes, soit dans les œufs depuis leur fécon- dation jusqu'à la ponte, et depuis la ponte jusqu'à l'éclosion. On ne peut donc pas, faute de ces éléments indispensables d'un calcul même approximatif, arriver, dans la recherche dont il s'agit, à des résultais comparables à ceux que fournit l'obser- vation des animaux terrestres. Il ne faut pas perdre de vue, d'ailleurs, les modiilcations que peut apporter, relativement à l'époque de l'union des sexes, la différence des latitudes sous lesquelles vit une même espèce. Ainsi, VAcanthias qui se pèche dans les mers du Nord et dans la Méditerranée, ne doit pas frayer à la même époque dans des eaux si différentes. Les organes reproducteurs internes du mille se composent de deux portions non indépendantes, mais distinctes, le tes- ticule et Yepididyme qui se continue sous forme de canal défé- rent. Ils sont situés à la région supérieure de la cavité abdominale au-devant et au-dessous des reins et très -rapprochés de la co- lonne vertébrale. Leur forme assez irrégulière est analogue à celle d'un hari- cot, à bord convexe tourné en dehors, mais leur longueur est un peu plus considérable chez les Squales que chez les Raies où ils offrent un ai)latissement qui est moins prononcé dans les Squales. Leur volume est variable suivant l'âge des individus exa- minés et suivant les saisons, car à l'époque du rut survient un accroissement de ces organes et ils subissent dans leur aspect un changement très-notable : dans leur trame blanchâ- tre et un peu molle, que MM. Vogt et Pappenheim [Anat. comp. ortj. générât. : Ann. se. nat., 4'' série, t. XII, p. iOl) nom- ment substa)ice crayeuse., et qui est presque exclusivement com- posée de libres constituantes entre lesquelles se trouvent des granulations opaques, on voit apparaître des vésicules ou des corpuscules transparents. Logées au milieu de la trame cellu- leuse et vasculaire, ces vésicules sont les l'enflements en am- poules ou en forme de cerises des conduits séminifères qui leur servent de pédoncules, comme on le voit sur la ligure 4 de la REPRODUCTION. GLANDES SPERMAGÈNES. 229 pi. III du travail de M. Bruch (Etudes appar. générât. Séla- ciens, 1860). Le contenu des ampoules terminales des canalicules sémini- fères, c'est-à-dire les spermatozoïdes et les granulations prove- nant de la destruction des cellules, ainsi que le liquide séminal dans lequel les nns et les autres flottent, sortent des ampoules par les canalicules pour se rendre dans le conduit déférent. Or, ici, se présente, dans la recherche de ces petits tubes, une très-grande difficulté sur laquelle MM. Vogt et Pappenheim [loc. cit., p. i07), et M. Bruch [loc. cit., p. 30) ont insisté avec raison. On voit, en général, sur chacune des ampoules, quand elles ne sont pas trop distendues ni trop serrées les unes contre les autres, la portion du tube qui y est immédiatement adhé- rente; mais après un très-courf trajet, ces conduits, perdus en quelque sorte dans la gangue ou parenchyme, cessent d'être visibles. C'est à l'extrémité antérieure du testicule, vers son bord in- terne, et non, comme le dit Lallemand [Obs. développ. zoosp. de la Raie : Ann. se. nat., S'' série, t. XV, p. 258, pi. iO, fig. 1), à l'extrémité opposée, qu'il faut chercher l'origine de l'épidi- dijme, où vient se verser tout le produit de la sécrétion. Quand on examine pendant la saison favorable, on trouve quelques racines de cet organe dans la région que j'indique, et M. Bruch en a donné une figure d'après la Squatine (pi. 1, fig. 1 b, F). Il a aussi montré, sur divers Plagiostomes, les différences que présente dans ses rapports avec la glande, la portion tout-à-fait antérieure du conduit nommée tête de répididyme. Ainsi, chez la Raie miralet, pi. III, fig. 1, et chez le Pristiure mélanostume, pi. II, fig. 2, elle est volumineuse et dépasse no- tablement, en avant, l'extrémité antérieure du testicule, tandis qu'elle est beaucoup moins grosse et ne se voit qu'à une petite dislance en arrière de cette extrémité, dans la Squatine (pi. I, fig. i). Le canal déférent et l'épididynie ne constituent, en réalité, qu'un seul et même organe. MM. Vogt et Pappenheim [loc. cit., p. 108-110, pi. 2, fig. 6 et 7) ont constaté le mode de formation de ce dernier par l'étude microscopique de testicules de jeunes Raies, où ils ont vu le conduit excréteur qui sort de l'extrémité antérieure de la glande spermagène et devient un véritable canal déférent, se porterjusqu'au cloaque, en décri- vant des flexuosités plus ou moins nombreuses. Il cesse d'être simple canal déférent et prend l'apparence d'épididyrae uni- 230 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. quemont parce que, sur ses parties latérales, se développent des houppes de petits canaux « qui sont évidemment, disent-ils, des boyaux terminés en cœcum et entortillés ensemble de manière à former toute une masse plus ou moins régulière, adhérente par une tige au canal déférent sinueux. » Les grappes, comme ils nomment les petits pelotons dont il s'agit, situées avec symétrie les unes vis-à-vis des autres à la région antérieure du testicule, en laissant entre elles de courts espaces oii le canal déférent n'a point de ces expansions latérales, ne se voient plus que sur l'un des cotés du canal, à partir du commencement des reins, à la face inférieure desquels les canaux déférents sont accolés. Il n'y a pas de véritables vésicules séminales, mais ces ca- naux, à leur extrémité postérieure, présentent chacun un ren- flement où la liqueur fécondante s'accumule. Vai'iables dans leur aspect et dans leur diamètre suivant leur plus ou moins de plénitude, les renflements sont tantôt rectilignes, comme chez la Squatine, tantôt, au contraire, flexueux. Cette dernière disposition est commune chez les Raies, et M. Bruch l'a mon- trée sur la R. miralet (pi. III, tig. 1). Il a représenté l'autre forme sur les deux Squatines de nos mers, d'abord pi. I, fig. 1 et 2, où l'on voit les plis transverses de la face interne de cette sorte de vésicule qui porte également des plis longitudinaux destinés, par leur effacement, à en permettre la dilatation, puis, pi. II, fig. 1. Rien n'autorise à supposer qu'une sécrétion particulière ait lieu dans ce point, mais les spermatozoïdes y deviennent plus libres. Leur isolement, beaucoup plus complet que dans tout le reste du canal déférent, doit avoir pour but de faciliter l'action fécondante du sperme qui, ainsi accumulé à l'extrémité terminale du conduit déférent, peut être lancé en plus grande quantité pendant le rapprochement des sexes. Chaque conduit s'ouvre par une pai)ille à la paroi postérieure du cloaque sans jamais se confondre avec celui du côté opposé. Les deux orifices distincts sont représentés sur la pi. I, tig. 2, de M. Bruch, où l'on voit aussi le petit organe médian qui re- çoit par deux demi-canaux ou gouttières, le liquide des canaux déférents à mesure que les papilles le laissent échapper. Cette sorte de petite ver.25G, cl 1 millimètre vaut 0,443 de ligne; J/12 de ligne égale par conséqucul 1/12 de 2""''.2d6 ou 0"'™.188 et l/2j 0""".090. (2) Une courte analyse du Mémoire de M. Hallmann a été donnée pai- MM. Vûgt et Pappcnhcim (Aun. se, nat. 4» série, t. XI, p. 341;. REPRODUCTION. SPERMATOZOÏDES. 233 Les spermatozoïdes de chaque faisceau sont tous dirigés dans le môme sens, et, comme ils sont plus gros à leur extrémité antérieure qu'à la postérieure, ils semblent plus serrés en avant qu'en arriére. Une ampoule renferme un nombre variable de fascicules, qui y présentent quelquefois une disposition ra- diée, c'est-à-dire que chacun a son extrémité la plus volumi- neuse tournée du côté de la circonférence de l'ampoule, et son autre extrémité dirigée vers le centre, comme on peut le voir sur la planche III, tlg. 7 de M. Bruch [loc. cit.), mais mieux encore sur la figure 12, pi. 10 (Lallemand, loc. cit.). Des am- poules, les fascicules passent dans les canaux séminifères; ce n'est pas avant leur arrivée dans le canal déférent qu'ils se dis- socient et que les spermatozoïdes deviennent libres et isolés. C'est alors surtout qu'on les voit animés de mouvements d'on- dulation excessivement rapides qui ont longtemps fait sup- poser que ces petits corps sont des animalcules; tandis que, en réalité, ils ne sont que des produits organiques dont on suit le développement et le perfectionnement, sans qu'on trouve en eux aucun des caractères des animaux. Ici, comme toujours, les spermatozoïdes sont indispensables pour que le sperme puisse exercer son action fécondante. S'ils manquent ou s'ils ont cessé de se mouvoir, le contact du tluidc séminal sur les ovules reste sans effet. Au bout de combien de temps les spermatozoïdes n'exécutent-ils plus de mouvements? On l'ignore. M. Lallemand, il est vrai, dit dans ses Obser- vations zoosp., etc. [loc. cit., p. 261), qu'il en a trouvé encore doués de mobilité sur des individus répandant déjà, par suite de la putréfaction, une odeur insupportable. Plus récemment, M. de Martino, de Naples, a retiré de l'épididyme de Raies et de Torpilles mortes depuis deux jours, des gouttes de sperme où les spermatozoïdes étaient presque tous vivants [Obs. sur le iU'vclopp. spermatox^. Raies et Torp. : Ann. se. nat., S'" série, t. V, p. 174). Il semble résulter de ces faits que la durée de leur vitalité serait beaucoup plus considérable que chez les poissons d'eau douce sur lesquels M. de Quatrefages a fait une série d'expériences dont il a rendu compte dans les Ann. des se. nat., 3« série, t. XIX, p. 341-369. Outre les organes générateurs internes dont il vient d'être question, les Plagiostomes mâles possèdent de remarquables organes copulateurs ou appendices externes qu'on trouve égale- ment chez les Chimères. Situés à la région interne des ventra- les, ils leur sont unis par des muscles dont les faces supérieure :234 ORGA>MSATION DES PLAGIOSTOMES. et inférieure ont pour revêtement, ainsi que les appendices eux- mêmes, le tégument des nageoires ; aussi, dans leur portion antérieure, seniltlent-ils faire parLie des ventrales ; mais leur portion postérieure est libre au-delà de ces dernières dans une étendue variable, suivant les espèces. Ils commencent immé- diatement derrière le dernier cartilage de la nageoire. A cause de cette contiguïté établie par une articulation très-mobile, les appendices peuvent être considérés, jusqu'à un certain point, comme des membres accessoires, et Cuvier et Duver- noy {Leçons d'Anaiomie comparée, V" édit., t. V, p. 117 et 2*^ édit., t. VIÏI, p. 30o) les ont désignés sous celte dénomi- nation. Leurs dimensioïîs, toujours considérables, semblent Fêtre plus encore chez les Raies que chez les Squales et les Chimères : sur une Haie bâtis, les appendices atteignent presque la moitié de la longueur de la queue. Leur forme est celle d'un cône allongé, à sommet pointu, dirigé en arrière. A leur face supérieure, mais un peu en de- dans, on voit une fente qui laisse échapper un liquide visqueux. Elle se continue avec un sillon profond, contourné de dedans en dehors, décrivant une portion de spire et bordé par des lè- vres cutanées, dont rexterne est généralement plus épaisse que l'autre. On ouvre facilement ce sillon dans la plus grande par- tie de son étendue, mais au niveau de la réunion de son tiers moyen avec son tiers postérieur, il se rétrécit beaucoup. Si, dans cette région, on veut voir son intérieur, il faut écarter violemment les cartilages qui se rapprocheift l'un de l'autre et font un peu saillie en dehors de l'ouverture; celui qui, sur ce point, forme la lèvre externe du sillon, se présente souvent avec la forme d'une lame à bord supérieur libre, convexe, tout-à- fait tranchant. Le sillon reprend ensuite sa largeur. Il reçoit et laisse écouler, comme la fente antérieure, une portion du liquide sécrété par une glande située près de la base de l'appendice, au-dessous de la peau, dans une poche nmsculeuse, à la face inférieure des nageoires ventrales. Déjà sommairement déci'ite par Cuvier [Leç. Anat. comp., 1''' édit., t. YIII, p. 119), elle a été de nouveau étudiée, en 1839, par M. J. Davy [Pliilosopli. Traits., p. 145). Plus récemment, MM. VogtetPappenheim [loc. cit., t. XII, p. 111-113) ont sou- mis à un examen détaillé cet organe sécréteur, type remarqua- ble de glande en tubes, et qu'ils nomment ijlande copulatrice, à cause du rôle que le liquide qui en découle doit jouer sans reproduction;, appendices génitaux. 235 doute pendant raccouplcment, lorsque le mfde retient fiKée contre lui la femelle. Si nous étudions maintenant la stmcture des appendices, nous voyons que leur charpente consiste en un certain nombre de cartilages fortement chargés de matières calcaires, presque aussi solides et résistants que les os, et qui, souvent, portent, à leur bord ou ù leur extrémité, des aiguillons très-acérés, comme on le voit chez le Spinaxniger (Atlas, pi. 4, fig. 13). Des surfaces articulaires permettent une certaine mobilité des pièces les unes sur les autres, et leur union mutuelle est fortifiée par des expansions libreuscs et par les muscles qui s'y insèrent. C'est à rétat sec, lorsque toutes les parties molles ont été enlevées, qu'on peut bien saisir les détails de leur composition, sur lesquels, au reste, il ne me semble pas nécessaire d'insis- ter longuement. Leur première pièce cartilagineuse est courte; elle s'articule, d'une part, avec l'extrémité postérieure du tarse, et, de l'autre, avec le bout antérieur du grand cartilage de l'appendice; h cause de ses rapports de contiguité, elle a reçu de Cuvier et Duvernoy, le nom à'astragah'. Ils désignent comme cakancum un autre cartilage qui longe le précédent; il est tranchant à son bord inférieur et offre, en arrière, une surface articulaire pour l'extrémité du grand cartilage, dit, dans la même nomen- clature, métatarsien., et qui forme, à lui seul, environ les deux tiers de la longueur de l'appendice. Il se compose, connue Duvernoy l'indique (Cuv., Lee. Ânat. comp., 2'-"édit., t. VIII, p. 306), de trois pièces plus ou moins distinctes. Au-delà du métatarsien, sont situés les cartilages postérieurs. Ici, il y a complication. L'un d'eux, qui est, en quelque sorte, la continuation du bord interne du métatarsien, se prolonge jusqu'au bout de l'appendice. On peut, avec Duvernoy, le nom- mer cartilage phaluugien. Sur le point où le métatarsien se ter- mine, la gouttière que forment les cartilages et à laquelle cor- respond le sillon extérieur, change de direction. Ce dernier se porte de dedans en dehors. Là, précisément, il est recouvert par un grand cartilage, en forme de quadrilatère, échanci'é en demi-lune à son bord antérieur dont le bord interne s'enroule autour du métatarsien, et l'externe est souvent armé de pointes ou d'aiguillons. MM. Vogt et Pappenheim [loc. cit., p. 114, pi. 3, tig. 6-8) ont donné, de toutes les pièces de l'appendice, une description plus complète que ne l'avaient fait les autres 236 ORGAMSATI0?< DES PLAGIOSTOMES. anatoniistes, mais elle manque un peu de clarté, et les ligures n'en facilitent guère rintelligence, parce que Texplication sans signes de renvoi est trop sommaire. Il ne faut pas perdre de vue, d'ailleurs, qu'il y a des différences suivant le groupe auquel ai)parlient le poisson qui sei't à rélud(! ou suivant l'espèce. Les mouvements de ces organes sont assez étendus. Il-s sont nécessaires, d'abord, pour faciliter l'accouplement, mais aussi parce que, continuant les nageoires, ils servent sans doute comme instruments de natation. Les muscles qui les meuvent sont de deux sortes : les uns, extrinsèques, sont Tabaisseur et le releveur de la ventrale, qui ne peuvent pas agir sans exer- cer sur eux, en même temps, leur action ; les autres sont des muscles intrinsèques. Il y a un adducteur qui, partant de la pièce cartilagineuse de la nageoire que l'on peut comparer au fémur, comme je l'ai précédemment indiqué (p. 37), se porte sur le calcanéum et ramène ainsi l'appendice vers la ligne médiane. L'abducteur ou extenseur, plus puissant, s'insère sur presque toute la longueur de l'organe en dehors et en ar- rière. Les organes (jcnitaux des femelles, c'est-à-dire les ovaires et les oviductes, offrent, chez les Plagiostomes et chez les Chimè- res, ainsi que chez les Esturgeons, une différence importante, quand on lescompare à ceux des autres poissons. Au lieu d'être confondus et de former, de chaque côté, un organe unique en apparence, ils sont distincts. C'est là un rapport remarquable entre ces poissons et les animaux vertébrés supérieurs. Les ovaires, comme les testicules, augmentent beaucoup de volume lorsque les œufs se développent et arrivent successive- ment à maturité. Et même, quand les femelles n'ont pas encore atteint l'époque de la vie où ils entrent en fonction ou bien durant le temps de repos qui, chaque année, précède la saison des amours et suit la ponte chez les ovipares, et l'évolution fœtale chez les autres, les ovaires offrent la [ilus fi'appante similitude avec les testicules. Tout ce que j'ai dit plus haut de la situation, de la forme, de la structure el du volume de ces derniers organes, tels qu'ils se présentent avant la sécrétion du sperme, ou après qu'elle est achevée, peut s'appliquer aux ovaires. Les lig. 1 et 2, pi. 3 (Vogt etPappenheini, loc. cit.) qui montrent les appareils générateurs dans les deux sexes, don- m'ul une très-bonne représentation de leur ressemblance. Quand \v travail de sécrétion s'opère, les différences d'abord REPRODUCTIO^^ OVAIRES ET OVIDUCTES. 237 à peine sensibles deviennent bientôt très-manifestes. Les es- paces transparents qui se voient dans le parenchyme de la glande ou stroma, et qui sont les vésicules de 6' rfla/" entourées de vaisseaux, sont alors comparables aux corpuscules ou ampoules testiculaires, mais leur aspect devient fort dissemblable dès que les ovules se développent. On peut utilement com])arer, ii cet égard, lalig. 4 de la pi. V donnée par M. Bruch [lac. cit.) à celle (fig. 4, pi. III) où il a représenté les ampoules ou vésicules terminales des tubes séminiféres. Les œufs se montrent en assez grand nombre. Chez quel- ques espèces, ils manquent dans un des ovaires, spécialement dans celui du côté gauche, et J. Miiller a reconnu que le défaut de parité des deux glandes est caractéristique des Plagiostomes vivipares. Les ovules n'acquièrent pas tous un volume semblable et même, un certain nombre ne recevant pas l'action vivitlante du sperme, reste à l'état microscopique sans subir l'évolution caractéristique des œufs fécondés. Ceux qui, au contraire, ont été soumis à son influence, grossissent et prennent la teinte jaune propre au vitellus. L'accroissement n'est pas uniforme, et les ovules, plus ou moins serrés les uns contre les autres, sont réunis en une grappe très-analogue à celle de l'ovaire des oiseaux, et en particulier des Gallinacés. Cette grappe conte- nant des ovules de grosseurs différentes est représentée chez la Raie par Monro [Stnict. and pJnjs. fish., tab. XVIII), et par Tilesius [Ueber die sogenanntcn Seemduse, pi. II et III). Sur cette pi. II et sur celle de l'anatomiste écossais, on voit, en outre, à la partie inférieure de l'oviducte, un œuf revêtu de son enveloppe cornée. Dans les ovaires d'un Acanthias vul(jaris, je trouve d(!S œufs av ec un diamètre longitudinal de 0'".045 et de 0"'.048, le trans- versal étant de 0"'.028 et0'".033. M. Bruch [loc. c/L, pi. VII, tig. 1) a montré, chez un Rhinobate halavi, des grappes où les œufs les plus considérables ont O'".02o de diamètre. Dans l'ovaire unique d'une Emissole [Muslelus lœvis) {id., pi. V, fig. i), les œufs sont beaucoup plus petits et plus nombreux, et, par suite du développement qu'ils prennent dans les ovaires, ils n"y sont jamais contenus en aussi grande quantité que chez les poissons osseux. Les conduits excréteurs des ovaires ou oviductes sont au nombre de deux; mais chez les espèces qui font des petits vi- vants et où, quelquefois, un seul ovaire est en activité à l'épo- que de la reproduction, on voit également un seul oviducte en- 238 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. Irereii fonctions. L'autre, dans ce cas, subit presque toujours le même arrêt de développement que la glande à laquelle il ap- partient. Ils présentent à considérer : 1" une portion étendue depuis leur origine jusqu à la région antérieure des reins; 2*^ la glande située à Textrémité de cette première portion et destinée à sé- créter la matière de l'enveloppe cornée de l'œuf; 3" la portion du conduit comprise entre la glande et l'orifice terminal. 1" La portion antérieure -ou pavillon est, comme chez les animaux vertébrés supérieurs, indépendante de l'ovaire. Il y a là, d'ailleurs, une disposition remarquable consistant en ce que ces organes sont réunis à leur origine dans la région anté- rieure et supérieure de l'abdomen. Ils offrent, par conséquent, une seule ouverture pour la pénétration des ceufs à leur inté- rieur. Ce pavillon unique est tiguré d'après la Raie, par Tile- sius [Ueber sogen. Seemâuse, pi. II); par M. J. Davy (Philos. Trans., 1834, pi. XXIV) d'après la Torp. oculata, et [Trans. roy. Soc. Edinb., 1861, pi. XXII, fig. 6 et 11) d'après VAcan- thias et le Se. canicula; sur la figure 2, pi. 3, p (Vogt et Pappen- heini, loc. cit.), et dans le Mémoire de M. Bruch en jj sur les figu- res 1 des planches IV [Myliobatis aquila) etV [MustelusvuUjaris], puis fig. 3 de cette même planche V [Pteroplatea altavela). Sur la figure 1, pi. V, on voit le ligament péritonéal sus- penseur derrière le foie, et attaché en avant sur la face pos- térieure de la cloison diaphragmatique. Il résulte de leur fixité, comme M. Bruch le fait observer, que les oviductes ne peuvent pas venir se porter au devant de l'ovaire pour l'em- brasser et recevoir les œufs à mesure qu'ils se détachent de la glande. MM. Vogt et Pappenheim [loc. cit., p. 118) émettent la supposition, qui semble juste, que les parties au milieu des- quelles se trouve l'orifice des oviductes, c'est-à-dire, d'un côté, le foie et l'intestin avec son mésentère, et, de l'autre, l'ovaire, forment une sorte d'entonnoir convenablement disposé pour conduire les œufs vers l'ouverture qui en occupe le fond. 2" La glande nidamenteuse, qu'on no peut bien étudier que pendant sa i)ériode d'activité, est l'analogue de celle qui, chez les oiseaux, revêt les œufs de leur coque protectrice. Elle est enveloppée par les parois de l'oviducte et formée de zones de fibres dont la direction change dans chacune de ces zones. Sa forme est un peu variable suivant les espèces. Elle est re- présentée dans le sens d'une coupe longitudinale par MM. Vogt et Pappenheim chez la Raie [loc. cit.., pi. 3, fig. 3, et avec les REPRODUCTION. OVAIRES ET OVIDUCTES. 239 détails de sa structure, pi. 3, fig. 4 et 5), puis, par M. Bruch [loc. cit., pi. V,fig. 1, g, et pi. VII, tig. 1,//, oi^i le diamètre trans- versal remi)orte sur le diamètre longitudinal). Les ligures 4-8 de la pi. IX donnent les détails microscopiques des petits tubes dont cette glande se compose et qui, s'ouvrant à sa face interne, y versent leur produit. C'est également par elle qu'est sécrété Tétui corné, d'aspect velu, de l'œuf de la Chimère. Le développement de cet organe glandulaire, comme on le com- prend, est presque nul chez les espèces vivipares, puisque les œufs n'étant point expulsés au dehors ne se revêtent pas d'un test ferme et résistant. 3° La portion terminale de Voviducte qui, chez les ovipares, est un simple canal pour le passage et la sortie des œufs, joue un rôle plus important chez les autres. Elle y devient, en ef- fet, un organe de gestation, et les fœtus y parcourent les di- verses phases de leur développement. Elle acquiert alors des dimensions en rapport avec le nombre plus ou moins considé- rable des jeunes animaux qui y sont renfermés. Enfin, elle prend, jusqu'à un certain point, les caractères d'un utérus par l'épaississement musculeux de ses parois, par sa vascularisa- tion plus abondante, qui donne un aspect tout particulier aux innombrables villosités de la face interne entre lesquelles s'interposent les prolongements vasculaires de la membrane vi- tclline des fœtus. De leur enchevêtrement résulte une sorte de placenta double, fœtal et utérin, décrit par J. Millier [Ueber den glatten H ai Arist., § X, p. 39-43), et représenté sur les trois fig. de sa pi. ÏV. Quant aux villosités de "l'utérus, elles ont été de nouveau et plus particulièrement étudiées encore par M. Bruch {loc. cit., p. 57-61) et dessinées sur les ligures 1-3 de sa pi. IX. Les deux sacs incubateurs se rapprochent l'un de l'autre, vers leur région terminale, mais restent séparés , comme l'in- dique un sillon longitudinal, correspondant à une cloison inté- rieure étendue de haut en bas dans le sens de la longueur entre ces deux poches utérines, qui viennent s'ouvrir dans le cloaque au-dessus du rectum. Leurs orifices sont plus ou moins voisins, et la pi. XIII de Monro [Structure andphys. jish.) re- présente entre eux, sur la Baie, un assez grand intervalle. Un semblable éloignement se voit chez la Pteroplatea altavela (Bruch, loc. cit., pi. VI, tig. 2); chez d'autres, au contraire, la distance est presque nulle, de sorte qu'ils semblent être con- fondus en une ouverture unique. 240 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. Pour compléter et résumer, en quelque sorte, la description que je viens de donner des organes génitau-x mâles et femelles des Plagiostomos, et dans laquelle j'ai omis, à dessein, bien des détails qui m'auraient entraîné trop loin, il me semble utile de reproduire un passage du mémoire de MM. Vogt et Pappen- heim qui contient les détails anatomiques les plus essentiels. « Les Plagiostomes, disent-ils, p. 125, se placent tout-à-fait hors ligne, et constituent un type tellement particulier qu'il est impossible de le confondre avec les autres Poissons. Tout y est différent : les testicules formés par des grappes réunies de tubes séminiieres qui se terminent en ampoules colossales, ne trouvent point leur analogue dans tout le règne animal; un épididyme largement développé n'existe pas dans les Poissons osseux; il se trouve dans les Plagiostomes. Le canal déférent, enlin, va s'ouvrir, non pas dans une papille indépendante der- rière l'anus, mais bien dans un organe analogue à un rudiment de pénis, qui se trouve attaché à la paroi postérieure du cloa- que. Les organes femelles ne sont pas moins différents; les ovaires présentent une structure vésiculeusc analogue ii celle des testicules. » A ces caractères remarquables, il faut non-seulement joindre ceux que fournit la présence des appendices générateurs des mâles, mais tenir compte de la série des phénomènes physio- logiques du développement des œufs chez les ovipares et chez ceux qui font des petits vivants. Les Plagiostomes, contrairement à la plupart des autres pois- sons, ne fécondent jamais leurs œufs au dehors; toujours il y a accouplement et fécondation intérieure. On a souvent supposé que les appendices (jénitaux des mâles sont des organes destinés à une véritaldiMutromission, comme le double pénis de certains animaux. On s'est autorisé, i)0ur défendre cette manière de voir, de l'assertion d'Aristole qui a dit [Hist. des anim., liv. V, chap. V, trad. Camus, t. I, p. 243) : « On prétend avoir vu des Sélaques liés l'un à l'autre par derrière, comme les chiens. » Rien, cependant, ne prouve qu'il en soit ainsi. Il est diflicile de comprendre comment la pénétration d'organes si disproportionnés avec! la cavité (jui devrait les recevoir, pourrait s'effectuer. Je ne m'arrêterais [las à examiner cette sujjposilioii con- tre laquelle Cuvicr s'est prononcé [Histoire nalur. Poissons, l. I, p. 536), si M. J. Davy n'était revenu en 1839 (Trans. roij. Soc. Edinburgh, p. 148) et dans un Mémoire publié en 1861, REPRODUCTION. OVAIRES ET OVIDUCTES. 241 d'après des notes antérieurement recueillies par lui [Frcifimen- tanj notes on the generativeorgans of so^ne cartilaginous Fishes, t. XXII, part. III, p. 500), sur raiiciennc opinion relative au rôle des appendices et que Blainville a soutenue dans son Mem. sur le Sq. pèlerin [Ann. Mus., 1811, t. XVIII, p. 126). M. Agassiz la défend aussi, et dit qu'ils peuvent recevoir le sperme [Proceed. Bost. Soc. nat. hist., t. VI, p. 377, 1858). Dans le rapprochement des sexes, les deux animaux s'appli- quent l'un contre l'autre ventre à ventre, de manière à ce que les deux cloaques soient en contact. Les appendices du mâle, en raison de la mobilité de leur articulation avec les cartilages de la nageoire, se portent en dedans, s'appliquent sur la base de la queue de la femelle et la maintiennent avec force par suite de l'énergique contraction de leurs adducteurs et des abais- seurs des ventrales. Il y a alors une turgescence particulière de ces organes, dont les vaisseaux forment, vers l'extrémité libre, une sorte de tissu érectile (Ch. Robin, Soc. biol. : Gaz. méd., 1849, p. 571). Leurs muscles même deviennent plus volumi- neux durant la saison des amours, comme Ev. Home le fait ob- server dans un mémoire : On the mode of breeding of ovovivip. Sliarks, in Philos. Trans., 1810, part. II, p. 206; et sur la pi. X, il montre la position et l'aspect que prennent ces orga- nes en action, qui sont alors lubrifiés par le liquide de la glande copulatrice, analogue, pour ses usages, à la prostate et aux glandes de Cowper. On ignore la durée de la réunion dos sexes et l'on ne sait pas si un seul accouplement sufiit ou s'il doit être renouvelé. Le petit pénis médian devient lui-même turgide (Home, loc. cit., pi. X). Le sperme est alors, en quehiue sorte, lancé dans le cloaque de la femelle, dont le clitoris, si l'on peut donner ce nom au corps analogue à la verge [id., pi. XI, /), prend lui- même plus do volume. Les ouvertures qui se voient à sa base, et sont les orifices des oviductes, reçoivent la liqueur fécon- dante. Sa pénétration est facilitée, comme chez les autres ani- maux, par les mouvements des spermatozoïdes et par l'agita- tion des cils de l'épithôlium vibratile. Les ovules qu'elle touche subissent l'influence mystérieuse sans laquelle la fécondation serait impossible. Ceux qui doivent donner un nouvel être parcourent les phases de développement consécutives h ce contact vivifiant. Si l'on passe rapidement en revue les phé- nomènes d'évolution, on voit qu'ils consistent en une série de modifications qui offrent cet intérêt particulier, qu'elles Poissons. Tome I. IC 242 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. ne sont pas tout-à-fait les mêmes que chez les poissons os- seux. Notons, d'abord, que le viteîln,'; primitif, comme chez les Oiseaux et les Reptiles écailleux ou proprement dits, est con- stitué presque exclusivement par les éléments destinés à for- mer la cicatricide au centre de laquelle se trouve la vésicule germinative, et c'est la cicalricule seule, on Ta appris pai- les recherches de M. Coste sur ce sujet [Hist. du développement des corps organisés, t. I, p. liO-ilo), qui, chez les animaux que je viens de nommer, se segmente, et, par conséquent, sert à la formation du germe; tandis que chez les Mammifères, les Pois- sons osseux, les Batraciens et les Invertébrés, le vitellus tout entier devient le siège de la segmentation préalable à l'appa- rition du blastoderme. Les vésicules ou cellules dont le vitellus se compose chez les Raies, contiennent, non pas des granulations moléculaires semblables à celles des oiseaux, mais de petits corps, le plus souvent quadrangulaires. « Ces corpuscules cristalloïdes, dit (p. 106) M. Coste, qui a poussé leur étude plus loin que M. de Baer ne l'avait fait, se séparent, sous l'influence de la compres- sion, en petits fragments. On dirait de petits cristaux élémen- taires qui se séparent d'un cristal plus volumineux, dont ils sont les parties intégrantes. Il est même probable que ces frag- ments se disjoignent naturellement, et que c'est ainsi qu'ils se multiplient dans les vésicules. » J. Millier, au reste, avait déjà appelé l'attention sur la forme singulière des corpuscules du vitellus des Raies [Ueber den glatten Hai Arist., p. 38). Il a noté, en outre, que chez le plus grand nombre des Squales, comme chez les Myxinoïdes, ils sont ovales et un peu aplatis (p. 37). MM. Valencicnnes et Frémy [Piecho'clws sur la composition de l'œuf dans la série des animaux, 1'''' Mém. : C. rend. Aca- dém. se, 1854, t. XXXVIII, p. 469-484) ont étudié les œufs d'un certain nombre d'espèces de Phigioslomes. Par l'examen microscopique et comparé des corpuscules du vi- tellus de ces poissons, ils ont constaté que chez les espèces ovipares (Raies et Roussettes), ils sont en tablettes plus ou moins rectangulaires très-semblables entre elles; tandis que chez les ovovivipares (Squales et Torpilles), ils sont en ta- blettes généralement ovales; mais jamais, comme Senarmont Ta positivement reconnu, ce ne sont de véritables cristaux. Leur grosseur, qui varie suivant le développement des ovu- REPRODUCTION. OEUFS. 243 les, ne dépend nullement de la taille du poisson (p. 483). Après les avoir séparés de Talbumine et de la graisse phos- pliorée avec lesquelles ils sont mélangés, MM. Valcncienncs et Frémy ont établi que ces petits corpuscules constituent un principe immédiat pur, dont la composition diffère de celle des granules du vitellus des oiseaux. Ce n'est plus, en effet, ici la vitelline de MM. Dumas et Cahours; c'est une matière particu- lière, Vichthine, qui, par ses propriétés chimiques énoncées dans le Mémoire sur la composition de Cœuf (p. 483 et 484), se distinguent nettement de la vitelline et de Falbumine. Cette ichthine ne se retrouve pas dans le vitellus des poissons osseux, qui contient deux autres principes immédiats, Vichthidine et Vichihuiiue, auxquelles est consacré un deuxième Mémoire (C. rend. Ac. se. 1854, t. XXXVIII, p. 523-533). Quant au liquide blanc et gélatineux qui est mélangé en très-petite quantité à l'ovule au moment de son entrée dans l'oviducte, mais qu'on trouve plus abondant, sans qu'il le soit jamais autant que chez les oiseaux, lorsque l'œuf est enve- loppé par son étui corné, il diffère notablement de l'albumine, en ce qu'il ne se dissout pas dans l'eau et ne se coagule pas sous l'influence de la chaleur. MM. Valenciennes et Frémy ont vu (p. 477) que cette sorte de gelée est formée par des vésicules dont les membranes élastiques contiennent un li- quide très-aqueux, présentant en dissolution des traces seu- lement d'albumine. Le jaune n'est, en réalité, qu'un élément accessoire de l'œuf des Plagiostomes, des Oiseaux et des vrais Reptiles; c'est la cicatricule, au contraire, qui en est l'élément fondamental. Les œufs se détachent des ovaires par suite de la rupture des capsules qui les renferment, à l'époque où survient la conges- tion vasculaire, dont la manifestation constitue ce que l'on nomme le rut. Le moment d'excitation des organes généra- teurs mfdes et femelles, est celui oi^i les sexes se rappro- chent. A l'instant où les œufs deviennent libres, ils pénètrent dans l'ouverture médiane des oviductes. J'ai mentionné l'espèce d'en- tonnoir que forment les organes placés autour de cette trompe unique, dont la fixité s'oppose à ce qu'elle aille au-devant des tt'ufs ; mais il est probable que la contraction des parois abdominales vient en aide à la progression des ovules vers l'o- rifice de ces conduits. Ici, se présentent des dissemblances notables chez les Pla- 244 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. giostomes, relativement aux phénomènes consécutifs à l'entrée des œufs dans les oviductes, selon que les espèces sont ovi- pares ou ovovivipares; et parmi ces dernières, il faut distinguer celles qui sont acotyk'dones de celles qui, au contraire, doivent être désignées sous la dénomination de cotylopliores, parce que des liens vasculaires s'établissent entre les œufs et les ca- vités utérines.^ On ne possède pas de renseignements de nature à permettre de ranger, sans incertitude, chaque espèce dans l'une ou dans l'autre de ces catégories. Cependant, lorsqu'on connaît le mode de parturitiun d'une espèce, on peut presque affirmer qu'il n'est pas différent chez ses congénères, et l'on est en droit de supposer une similitude parfaite, sous ce rapport, entre les divers genres d'une même famille. Voici, au reste, ce que les observations ont permis, jusqu'à ce jour, de constater. 1* Squales ovovivipares cotylophores. — Mustelus lœvis, J. Mûll., et Carchariens des sous-genres Prionodon et Scoliodon. 2" Squales et Raies vivipares acotyledones (1). — I. Squales. — 4° Sq. proprement dits, à anale, et dont la l'"'' dorsale est si- tuée entre les pectorales et les ventrales. A. Espèces à membrane nictitante et sans évents. * Carcharias [Priotiodon glaucus, Cuv. : Couch in Yarrell, Brit. fish., S'^édit., t. II, p. 484). l.es petits naissent en juin. * Zy g œna maliens, Val. (Yarrell, id., p. 488). Les petits nais- sent probablement en été, car au mois de novembre ils ont déjà une assez grande taille. — Zygœna tihiiro, Val. B. Espèces à membrane nictitante et à évents. Galeus canis, Rond. Selon Risso [Hist. nat. Eur. mérid., t. III, p. 122), il y aurait, par an, deux portées de 30 à 40 petits chacune. M. Couch (Yarrell, id., p. 492) mentionne les mois de mai et de juin. — Galeocerdo tigrinus, Miill., Henle. — Thalassorhinus vulpecula, Val., porterait, d'après Risso, en janvier et en septembre. — Mustelus vulgaris, J. Mûll. ; les pe- tits, au nombre d'une douzaine environ, naissent en novembre (Yarr.,i(/.,p. 496). (1) La plupart des espèces qui appartiennent à cette catégorie et à lasui- vante, ont été signalées par J. Mijller (Ueber den glntten liai Arist. § X, p. 47-5G et § XI, p. 56-G3). Il a joint à sa liste les notes bibliograpliiqucs les plus complètes sur les sources où il a puisé pour la dresser. Je me borne à la reproduire en y ajoutant les indications recueillies depuis la publication de ce grand travail. Je les fais précéder d'un *. REPRODUCTION. CEUFS. 245 C. Espèces sans membrane nictitanle, à évcnts. Lamna cornubica, Cuv.; 15 fœtus dans chaque poche uté- j.ine. — Oxijrhina gomjihodon, Miill., Henle. — Carcharodon Rondeletii, MiUL, Henle. — Selache maxima, Cuv. (1). — Alo- pias viilpes, Bonap. 2" Squales à anale avec une dorsale unique. Hexanchus griseus, Rafm. — Heptanchus cinereus, Rafin. 3" Squales sans anale. Acanthias vulgaris, Risso. Les petits, dit M. Couch, naissent de juin à novembre. — Spinax niger, Bonap. Cette espèce, selon Risso, fait 10-15 petits en août. — Centrina Salviani, Risso : s'accouple en février et les petits sortent trois mois après (Risso). Scymnus lichia, Bonap. La fécondation et les pontes ont lieu toute Tannée, suivant les observations de M. Pcters. Squatinavulgaris, Riniio : fait ses petits (15-20) en juin(Yar- rell, M., t. II, p. 538). II. Raies. — A. Squatinoraies. — Pristis antiquorum., Lath. — Rhinobatus [Syrrhina] Coluninœ, Bonap. B. Torpilles. — Torpédo ocidata, Belon. — T. marmorata, Rud. D'après les nombreuses observations faites par M. J. Davy [Philos. Trans., 1834, part. II, p. 537), les Torpilles por- tent pendant neuf ou douze mois, selon que les circonstances extérieures sont plus ou moins favorables au développement des jeunes animaux. C. Pastenagues. — Trygon pastinaca, Bonap. : naissance des petits à la fin de mai. D. Céphaloptères. — Ce/?/?. Giorna, Risso. L'accouplement se fait en hiver et les jeunes animaux sortent de l'utérus en septembre. — Ceratoptcva johnii, Miill., Henle. 3" Squales et Raies ovipares. — I. Squales. — A. Rousset- tes. — Scyllium canicula, Cuv. — Se. catulus, Cuv. — Se. Edwardsii, Cuv. — Pristiurus melanostomus, Bonap. — Chi- loscyllium qriseum, Miill., Henle — Ginghjmostoma cirratum, /rf.(2). (1) A l'indication fournie sur son ovoviviparitéparPennant [Brit. Zool.; fishes, édit. 1812, t. III, p. 137), on pourrait joindre celle de M. Pearson (Journ. asiat. Soc, 1835, t. IV, p. 324), quoique l'absence de détails sur les caractères laisse quelque incertitude relativement à la détermination. (2) Les œufs de cette dernière espèce, que le Muséum possède et qui sont 246 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. II. Raies. — Platyritma Sclmnleinii, MûlL, Henle (i). Raia rubus, Cuv. La ponte des œufs a lieu de mars en août. — * R. clavata, Rond. Elle dépose les siens au printemps et en été(Yarrell, loc. cit., t. II, p. o82). — * R. vomer, Fries. Pond ses œufs à la lin du ])rintemps et en (''té (YarrcU, id., t. II, p. 552, et figure). — * R. microcellata, Montagu. On Fa trouvée avec des œufs en janvier [Id.,' id., p. 569). — * R. radiata, Donovan. Les petits, pris en hiver, paraissent être tout récem- ment nés [Id., id., p. 588). * MijHobatis aqiiila, Risso. M. Jon. Couch est le premier qui ait vu un Œ'uf de cette espèce, considérée jusqu'alors comme vivipare sur Tautorité d'Aldrovandi et de Lorenzini, ainsi que J. Muller le rappelle [Ueber den glatten Hai, p. 56). L'origine de Tœuf ne pouvait être douteuse, car il renfermait un jeune animal qui, par la conformation des nageoires, appartenait au genre dont il s'agit. Ce naturaliste le reçut des côtes de Cor- nouailles où il avait été recueilli au mois d'août, et il le mon- tra en 1846, au congrès [Rritish association for the advancem. of science) réuni àSouthampton, puis donna une courte notice dans les Tvansact. de la session de ce congrès, p. 80. Il Ta décrit, depuis cette époque, avec plus de détails [llist. fish. brit. islands, t. I, p. 137). Plagiostomes ovipares. — Ils offrent une remarquable ana- logie avec les oiseaux. Les œufs reçus par les oviductes n'y pénètrent que successivement ou en très-petit nombre à la fois et descendent dans la portion antérieure de ces organes, pour passer l'un après l'autre à travers la glande chargée d'en sé- créter l'enveloppe cornée. Il est quelquefois arrivé qu'à l'ou- verture des femelles durant l'époque de la ponte, on a trouvé un Œ'uf encore à moitié engagé dans la cavité glandulaire ou l'ayant à peine franchie, et montrant par une différence d'as- pect au-dessous et dans l'intérieur de la glande, que le véri- cités par J. Miillor', sont presque régulièrement ovoïdes. Ils sont représen- tés par Carus (Tabulœ unnt., livr. III, pi. 0, lig. 8). M. Rich. Owcn (Led. coinp. anat., fish., p. 302) mentionne des œufs de forme analogue à celle des œufs de Roussettes, mais à stries transversales. Je les décris plus loin et en donne la (isurc (Atlas, pi. 8, fig. 1), ainsi que d'un singulier œuf à large bandelette disposée en spirale autour de la co- que (In, fig. 2 et 3). (l) Ce genre a été placé, par Millier et Ilcnle {Platjiost., p. 125), au nom- bre des Raies vivipares, mais peu de temps après la publication de Fou- vrage, le premier de ces zoologistes a trouvé, dans l'utérus de l'espèce ci- tée ici, un œuf à enveloppe cornée [Ueber den glniten liai, p. 62, pi. VI, ng. 2). REPROnUCTIO>\ ŒUFS. 247 table rôle de cette dernière est de le revêtir de son étui protec- teur. M. J.Da\'y a cherché h rendre sur la fig. 13 de la pi. XXII annexée k son mémoire {Fra(jmeutanj notes, etc., Transact. roy. Soc, Edimb., 1861, t. XXII, part. Ill), rapparence d'un pareil œuf provenant d'une Raie oxyriujnque , pris immé- diatement au-dessous de la glande. La moitié inférieure de la coque, la seule achevée, était, dit-il p. 503, d'un brun verdàtre, dure et résistante; la supérieure, au contraire, grisâtre et molle se laissait facilement déchirer. La coque d'un autre œuf de la même espèce, mais qui n'avait pas été pris sur le même indi- vidu, était couverte d'une matière de couleur semblable à celle de cette enveloppe, dure et tenace, paraissant être le produit sécrété tel qu'il est avant de constituer une lame cornée. La forme des œufs, c'est-à-dire de leur enveloppe dure, est tout-à-faii remarquable. Ceux des Raies connus sous le nom de Souris de mer, de Coussins de mer [Mus marinus, Pulvinar marinum des anciens), de bourses de matelots ou de bourses de sirènes, sont carrés ou en forme de parallélogramme plus long que large. Ils reçoivent aussi, dit Yarrell [Brit. fish.,S'' éd., t. II, p. 552), la dénomination de civière de Raie, à cause de leur ressemblance avec les brancards à deux porteurs. Chaque face est légèrement bombée, et les angles sont terminés par des prolongements un peu recourbés à leur extrémité libre, en forme de crochets canaliculés, dont la cavité est une continua- tion de la cavité centrale, et plus courts ou à peine aussi longs que le corps même de la coque. Le Muséum possède un certain nombre de ces œufs quadrangulairos, dont la forme offre des différences qui , sans être bien considérables, sont cependant manifestes. Ils proviennent certainement de diverses espèces; mais on manque de renseignements sur leur origine. L'enveloppe dure des œufs n'a pas la même forme chez les Roussettes. Elle représente, en effet, un parallélogramme bien plus allongé, et ses angles portent presque toujours de longs fdaments très-déliés et pelotonés sur eux-mêmes (Atlas, pi. 8, fig- 1) (-!)• (t) On peut voir des représentations d'œiifs de Raies et de Roussettes dans différents ouvrages. Je citerai particulièrement le grand travail de Tilesius {Ueher die Sogenannten Seemause, 1802, pi. IV et V), quia figuré ceux de plusieurs espèces; Yairell [Hist. brit. fislu. S" éd., t. II, p. 472 et p. 5j2, œufs incisés de façon à laisser voir les fœtus de Se. canicula elde Rain vomer). Parmi les anciens iclitliyologisles, il faut citer Rondelet [De piscibus. 248 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. Les œufs de la Roussette dite Pristiurus mclanostomui^, diffè- rent de ceux, des autres poissons du même groupe, comme le montrent les figures données par Ascanius [Icônes^ etc., pi. XXVIII) et par Yarrell [loc. cit., t. II, p. 481), en ce qu'ils sont arrondis à Tune des extrémités et portent, à Tautre, de petites cornes sans prolongomenis. Déjà, en 1763, Gunner [Dct Trun- dhiemske schhabs Slniftcr, t. II, pi. II) avait représenté, dans l'une des cavités utérines ouvertes, un de ces œufs de l'espèce qu'il nomuK'S//. catulus, nuds qui est bien le Pristiure, on le voit par la pi. I, de ce même volume, où il appelle l'attention, p. 235, sur les scutelles en dents de scie de la queue du pois- son figuré sur cette planche. L'incertitude où l'on est sur la détermination précise des espèces auxquelles appartiennent les œufs de Piaies existe pour ceux de presque toutes les Roussettes ; on ne peut ex- cepter que le Pristiure et les deux Roussettes de nos mers dont M. Couch a donné de bonnes figures [Hist. fislt. brit. isL, t. I, p. 13 et 17). Ainsi, il y a de ces cjeufs, comme je le constate sur des échantillons du Muséum, qui n'ont pas de prolongements, et il ne semble pas qu'ils aient été brisés. Peut-être proviennent-ils d'une Roussette appartenant au genre Chiloscyllium, car nous savons par J. MùUer qu'ils manquent chez le Cli. griseum [Uebcr den glattcn H ai, p. 59). Les collec- tions en renferment aussi plusieurs qui, analogues à ceux des Roussettes pour la forme, ont les faces antérieure et postérieure traversées, d'un bord à l'autre, par de petites côtes saillantes, parallèles entre elles, et décrivant chacune une portion de courbe fort ouverte. J'en compte 19 sur deux œufs sans fila- ments, longs de 0'".10, ayant 0'".04 dans leur plus grande largeur, trouvés dans la rivière le Derwent (ïasmanie), mais 28 sur d'autres à lilaments (Atlas, pi. 8, fig. 1), mesurant lib. XII^ cap. IV; p. 342, œuf et ovules de Raie, et p. 380, œuf de Se. can.); Selon (De uquaiUihus, p. C8), œuf de Scyllium : Matricula marina, vulgù Cropanlt de mer « qui est, ajoute-t-il dans La natureet diversité despois.s., p. 60, la foime en général de la matrice de touts poissons cartilagineux rendant leurs petits en vie. » — Valentin (Amphiih. zooiom., 1720, pars altéra, p. 125, pi. XXIV, a reproduit une courte description et des figures d'œufs de Raies données par F. Ruysch. En 1761, Bohadsch [De quiliuad. anim.vnirinis, cap. X, p. 145-149, pi. XI) a figuré des œufs de Raie et de Roussette. —Voyez, pour de plus amples indications bibiiograjjiiiques, le § XI, i et ii, du Mémoire de J. MiJller Vebcr den glatten liai Ariat., p. 56-63, où se trouvent des détails sur la forme et la structure des œufs de Plagiostomes ovipares. REPRODUCTION. OEUFS. 249 0"\12 en longueur, 0™.04o en travers, et d'origine inconnue, rapportés en 1841, au retour du voyage de circumnavigation de l'Astrolabe et de la Zélée. De plus, ces derniers, comparés aux précédents, présentent quelques dissemblances dans la conformation générale; ce sont évidemment des différences caractéristiques, mais j'ignore par quels animaux ils ont été pondus. M. Rich. Owen, qui mentionne des œufs ainsi plissés, les rapporte à une espèce de Squale mal déterminée , car il dit simplement large Shark [Lect. conip. anat. fish., p. 302). Je suis plutôt porté à supposer qu'ils proviennent de Rous- settes. Entin, les œufs les plus singulièrement conformés sont ceux que j'ai fait représenter sur I'Atlas, pi. 8, tig. 2, et suivant une coupe longitudinale, fig. 3, d'après des échantillons reçus d'Australie, et que l'anatomiste anglais dont je viens de citer l'opinion connaît également [ici., p. 302). Ils lui ont été en- voyés, dit-il, comme pondus par le Cestracion Philipi. Ils me paraissent trop volumineux pour avoir appartenu à ce poisson. En raison de leur grosseur, et les Roussettes, d'ailleurs, étant jusqu'à présent les seuls Squales dont l'oviparité soit bien dé- montrée, j'inclinerais à croire que ce sont des œufs de la grande et bizarre espèce dite Ci'ossorhinus barbatus. Ils sont ovoïdes, longs de0"'.13, larges de O'".0o dans le point le plus renflé. Un large repli de matière cornée, à bord libre tourné vers la grosse extrémité, haut de 0°\020 à son origine, et di- minuant insensiblement jusqu'à 0'". 015, contourne l'œuf dans toute son étendue. Il décrit six tours et demi de spire, qui lais- sent entre eux un écartement de moins en moins considérable à mesure qu'ils se rapprochent du sommet du cône. Le volume des œufs de Plagiostomes est quelquefois considé- rable, comme le prouve celui dont je viens de parler; mais il y en a de plus grands encore. Ainsi, le Musée de Paris en possède un pondu par une Raie de l'Australie, sans désignation spé- cifique, long de 0'".13, large de 0'".11, par conséquent à peu près carré, et dont les cornes les plus allongées mesurent 0'".10. Les autres sont brisées à leur extrémité, mais étaient certainement plus courtes. Un autre œuf de Raie, d'origine in- connue, est encore bien plus remarquable. Il a en longueur 0'".160, et en largeur 0'".168; les grandes cornes portent 0'". 210 et les autres O'".llo. Le plus souvent, ils sont bien plus petits. Il y en a parmi ceux de Raies qui ne mesurent que 0'".057 dans un sens, et 0'".040 dans l'autre, ou même que 250 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. 0'".050 sur 0"'.040, avec des cnrues de 0-".02r)-0'".030, et do 0"'. 020-0'". 022. La couleur de reiiveloppe dure des œufs est d'un bi'un ver- dâtre chez les Raies, et tirant sur le jaune chez les Roussettes. La surface interne est plus brillante et comme vernissée. Au reste, l'aspect de la surface extérieure n'est pas le même quand ils ont été ballottés par la mer et desséchés au soleil, comme le sont les œufs vides qu'on trouve fréquemment sur la plage, ou lorsqu'ils sont vus au sortir des poches utérines. La structure ûgIii substance mince, mais résistante, qui forme cette coque est ilbreuse. Les fibres très-fines dont elle se com- pose sont, presque toujours, disposées longitudinalement avec beaucoup de régularité. On en voit une représentation surl'AT- LAS, pi. 8, fig. 4. La figure 5 montre l'aspect singulier, offert par le tissu d'un œuf de Raie, qui forme de petites loges ex- trêmement nombreuses et tout-à-fait régulières , analogues à celles qu'on voit sur la ligure 2 de la pi. XI annexée au tra- vail de Bohadsch déjà cité [De quibuad. animal, mniinif;]. Cet œuf est vide, je ne sais par conséquent pas de quelle es- pèce il provient. Le même aspect réticulé a été signalé par M. Jon. Couch à l'occasion de l'œuf du Mijliobate aigle, fort différent de l'autre par sa forme et la longueur de ses prolon- gements [Hist. fish. brit. islands, t. I, p. 137). La figure 6 de la menu; planche 8 de notre Atlas montre la disposition comme grenue du tissu d'un autre étui corné, d'œuf deRaie appartenant à la collection du Muséum. La matière de l'enveloppe a beaucoup de ressemblance avec la corne et avec la matière dure des élytres d'insectes coléop- tères. Il était intéressant de savoir si elle ne consistait pas, comme ces étuis protecteurs des ailes molles, en chitine, sub- stance découverte par M. Aug. Odier, et qui, très-analogue au ligneux, est complètement inattaquable par la potasse causti- que. Or, les analyses qui en ont été faites démontrent que sa composition est identique à celle de la corne (1). La durée de la ponte n'est pas connue d'une manière posi- tive. Elle est sul)ordonnée, d'ailleurs, au nombre d'œufs que (1) A l'époque où MM. Valcncicnncs et Frémy publièreiU le travail sur les œufs dont j'ai parlé précédemment, p. 2i2, des analyses de cette ma- tière furent faites par M. Terreil, l'aide habile du professeur de chimie, mais non mentionnées dans leur Mémoire, parce qu'on la trouva semblable à la corne; toutefois, l'enveloppe des œufs se laisse attaquer plus difllcile- ment par les acides et par les alcalis. REPRODUCTION. OEUFS. 251 chaque femelle produit; et, sur ce point, contrairement à ce qui a lieu pour les espèces vivipares, nous sommes dans une ignorance presque absolue. Comme chez les oiseaux, les œufs sont pondus les uns après les autres, à des intervalles plus ou moins considérables, parce qu'ils doivent passer successive- ment par la glande nidamenteuse pour y recevoir leur enve- loppe cornée, et chaque cavité utérine, en arrière de cette glande, reçoit un seul œuf à la fois (1). La femelle ne s'occupe point des û3ufs après la ponte, ni, par conséquent, des jeunes animaux qui en sortent; à la vé- rité, les lieux où elle s'effectue sont instinctivement choisis comme étant les plus favorables à la protection des œufs. Ceux des Raies ne s'accrochent point ; mais les tilaments cornés et flexibles que les œufs des Roussettes portent à leurs extrémi- tés,, servent à les fixer à des productions marines animales ou végétales. Ces longs fds s'y enroulent parfois de façon à en ren- dre l'enchevêtrement presque inextricable, et de là peut résul- ter l'apparence d'une sorte de nid. C'est ce que M. J. Couch a vu, et il en décrit un avec détails [Hist. Fishes, brit. islands, p. 15). Toute la masse avait pour support principal un poly- pier tlexible {Gorgonia vcrrucnsa) dit fougère de mer. Les fila- ments de i'tt'uf en entouraient si bien les rameaux qu'ils s'é- taient mutuellement entrelacés. Au milieu des mailles du réseau, que compliquaient des branches de Sertulaires adhé- rentes au même rocher, était logé l'œuf contenant l'embryon encore imparfait. On comprenait, d'après l'arrangement des matériaux de cette enveloppe protectrice, que les zoophytes avaient pris de l'accroissement depuis l'instant où l'œuf s'y était attaché. Il servait lui-même de support à une très-petite co- quille du genre Pedeu. et à quelques Ano7uies^ ainsi qu'à des Serpules;V une de ses parois, en outre, était, en grande partie, revêtue d'une sorte d'écorce formée par un zoophyte du genre Alcyon. {Vj M. Wyman {Proceed. Dost. Soc. nat. hisl., t. VI, p. 376, 1858) suppose que la formation de l'enveloppe cornée précède l'ovulation, parce que, deux fois, dans des oviductes de Raies, il a trouvé cette enveloppe vide, et que c'est seulement après sa sortie de la glande nidamenteuse qu'elle reçoit l'œuf. Ne sont-ce pas des cas exceptionnels ou anormaux qui au- ront été vus parce naturaliste? Je dois ajouter que M. Agassiz [Id., p. 377) considère ces observations comme conrirmati\es de son opinion sur le rôle des appendices génitaux des mâles, lesquels, selon lui, sont des organes d'intromission pouvant porter le sperme jusque dans la portion des ovi- ductes antérieure à la glande. 252 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. Cctlo nidification accidentelle, qui est intéressante par elle- même, ibui'nit la preuve que l'embryon fait, dans son enve- loppe cornée, un assez long séjour, puisque les animaux ma- rins fixés à sa surface ont le temps de s'accroître avant qu'elle soit abandonnée par le jeune animal. Les œufs de Roussettes ne sont pas complètement clos. Sur Tune des faces, à la base des prolongements antérieur et pos- térieur de l'un de ses bords latéraux, on voit deux petites fentes linéaires longues de 0'". 007 surun O'ufqui, dans sa plus grande étendue, sans y comprendre les prolongements, mesure O'".0oo. Le long du bord opposé à celui où sont pratiquées ces petites ouvertures, mais sur l'autre face de l'œuf, il y a également deux solutions de continuité parfaitement identiques aux précé- cédentes par la situation et par les dimensions. Chacune des quatre petites rainures peut laisser pénétrer, dans l'intérieur de la cavité, un corps étranger très-tin. Elles sont bien appa- rentes sur l'œuf du Se. cankula, mais le sont un peu moins sur celui du Se. catulus. On les voit sur l'œuf figuré n" 1 (pi. 8 de r Atlas, a, a). Les œufs de Raies portent également quatre ouvertures, mais elles ne sont pas placées de même. On en voit une sur le bord externe de chacun des quatre prolongements de l'enve- loppe cornée (Atlas, pi. 8, fig. 7). Commençant à une certaine distance de la base de ces prolongements, elles se continuent jusque vers leur extrémité terminale. Sont-ce des oritices pour la pénétration d'une certaine quan- tité d'eau nécessaire aux fonctions des branchies transitoires? M. Rich. Owen, quia reproduit latigure donnée par Ev. Home d'un œuf de ScijUium, sans désignation spécifique [Lcct. camp, anat. ftsh., p. 302, fig. 81, où l'on voit une soie passée de de- hors en dedans à travers chacune des deux fentes d'une même face), dit positivement, comme ce dernier {On the mode of bree- dmg, etc., iu Philos. Trans., 1810, part. II, p. 211), qu'elles admettent l'eau de mer destinée à se mettre en contact avec les filaments branchiaux de l'embryon. L'opinion des anatomistes anglais est également celle de Carus [Anat. eomp., tr. fr., t. II, p. 467, § 888, pi. X, fig. XV, A) ; mais J. MùUer [Ueber dm glati., etc., p. o8) dit que ces fentes sont fermées par une fine membrane. M. J. Couch [Uùt. fixh. hril. islands, t. I, p. 15) nie la pénétration de l'eau. Elle ne pourrait que nuire, suivant lui, car l'expérience, dit-il en parlant du Se. eanicula., lui en a dé- REPRODUCTION. ŒUFS. 253 montré Faction fâcheuse, même en petite quantité, sur Fem- bryon dans les premiers temps de la vie. Il est évident qu'il reste de l'incertitude touchant la question de rintlucnce que Teau de mer pourrait exercer sur le fœtus pendant son séjour dans l'enveloppe cornée qui le protège; mais pourquoi les œufs offriraient-ils de semblables solutions de continuité, si elles n'étaient pas destinées à établir quelque relation entre leur contenu et l'extérieur? Outre les fentes dont il vient d'être question, il y en a tou- jours une autre sur l'un des bouts, celui qui est le plus large et souvent horizontal , tandis que le bord opposé est un peu concave. Cette ouverture, bien visible seulement quand l'œ^uf estvide, résulte, non d'une rupture, mais d'un écartement des deux lèvres du bord sur lequel elle se produit. Tilesius [Ueber die Sogenanntcn Secmâuse) a émis, p. 143, la supposition peu vraisemblable que le liquide entourant le fœtus peut, au mo- ment où celui-ci doit s'échapper de son enveloppe, dissoudre une sorte de colle destinée, selon lui, à fixer l'un contre l'au- tre les deux bords de la fente. On conçoit bien mieux com- ment la simple pression exercée de dedans en dehors, par le petit animal, au moment oîi il cherche à se débarrasser de son étui protecteur, peut suffire pour écarter ces bords que l'élas- ticité delà matière cornée maintient fortement rapprochées. Vicq-d'Azyr, comme Tilesius, au reste, le rappelle (p. 141), avait émis une opinion analogue à la sienne. Le célèbre ana- tomiste français s'exprime ainsi vers la tîn de son Premier Mémoire sur l'Anat. des Pois. [OEuvres., éd. Moreau de la Sar- the, t. V, p. 186) : « J'ajouterai encore que le sac épais, plat, quadrangulaire et corné, nommé Testa par Ruysch, n'est pas rompu par le fœtus, comme l'assure Rondelet, mais qu'il s'ou- vre, par une extrémité, de dedans en dehors, à peu près comme M. de Réaumur l'a observé dans les coques des chenilles. Un gluten en colle les parois, et, par l'autre extrémité, on ne pour- rait l'ouvrir sans en rompre la continuité. » Cette solution de continuité peut-elle, comme Ev. Home l'a supposé [On the mode of breeding : Philos. Trans., loc. cit.., p. 213), donner accès au liquide extérieur? Cuvier [Hist. Poiss., t. I, p. 538), fait observer qu'elle est fermée par une mem- brane. M. Rymer Jones, dans son grand article Pisces (Todd Cijclopœdia anat. and pJujs., t. III, p. 1010), dit que le mode de fermeture résulte de l'élasticité des lèvres de la fente, et ne met pas en doute que leur application exacte ne s'oppose à la 254 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. pénétration, dans la cavité, de tout corps extérieur. Telle est l'opinion de Tilesius [loc. cit., p. 143), qui considérait, je Fai déjà dit, Tunion des parois dans ce point comme absolue, puis- qu'il la supposait due à une matière particulière destinée à les coller, en quelque sorte. Tune à Fautre. Cette hypothèse est inexacte; mais il a eu tout-à-fait raison en soutenant, avec Vicq- d'Azyr, que l'ouverture n'est pas le résultat d'une déchirure. C'est également.une ouverture terminale dans le bout le plus large des œufs (Atlas, pi. 8, fig. \,b) qui, chez les Roussettes, livre passage au jeune animal. En exerçant une certaine pres- sion sur un œuf de Scyllium canicula parfaitement intact et qui a été plongé, sans aucune incision préalable dans l'alcool, j'expulse le liquide par certains points de ce bord où se pro- duit un écartcment des lèvres de la fente dont on aperçoit avec peine, à la loupe, quelques traces. L'une des ligures de la plan- che 289 de l'ouvrage de G. Edwards [Gleanings of nat. hist., part. II, ch. LXXIX, p. 169) représente un œuf de la Rous- sette dite Se. Edwardsii, s'entr'ouvrant pour laisser échapper le fœtus qui en est à moitié sorti. Un dessin analogue, mais pour un œuf de Raie, est donné par Duhamel [Pêches, sect. IX, pi. VIII, tig. 7). Après la ponte, sous l'influence vitale imprimée par la fé- condation, et grâce à l'action des agents extérieurs, le travail du développement embryonaire commence. Les œ^ufs déjà logés dans leur étui corné n'en offrent au- cune trace avant qu'ils aient quitté les oviductes. J. Miiller l'a constaté [Ueber den glatten Haï, p. 59), et M. J. Davy a insisté sur ce fait, d'après sa propre expérience, comme d'après les ob- servations de pécheurs intelligents de Malte qui, ayant ouvert, dans les circonstances que je viens d'indiquer, des centaines d'œufs, n'y ont jamais i-encontré des embryons [Fragment, notes on the (jenerat. org. some cartilag. fish. : Trnns. rog. Soc. Edinb. 1861, t. XXII, part. III, p." 504). Les jeunes animaux sortent de leur enveloppe, ou, en d'au- tres termes, par comparaison avec ce qui se passe chez les oi- seaux, leur éclosion a lieu quand ils ont acquis un développe- ment sufflsant pour pouvoir vivre d'une vie indépendante. Plagiostnmes vivipa)-es. — L'arrivée des (cufs dans les cavi- tés utérines et la succession des phénomènes accomplis pen- dant qu'ils y séjournent doivent maintenant nous occuper. Ils descendent dans cette dernière portion de l'oviducte en nombre variable, suivant les espèces et selon la taille des in- REPRODUCTION. PLAGIOSTOMES VIVIPARES. 258 dividus chez une même espèce. Ainsi, M. J. Davy n'a jamais trouvé, chez les plus petites Torpilles, moins de quatre ceufs en tout dans les deux cavités utérines, et il en a compté 17, mais pas au-delà, chez les plus volumineuses. Un exemple de la grande quantité déjeunes animaux que les cavités utérines peuvent contenir a été fourni par un Squale appartenant à une espèce impartaitcment désignée, long de 2"'. 567 et dont parle Ev. Home [On the mode of breecUng, etc., in : Philosophie. Transactions, 1810, part. II, p. 210). Du côté droit, il y avait 21 jeunes et 20 à gauche (23 mâles et 16 fe- melles), tous à peu près de même longueur, entre 0"'.223 et 0'".230. Le Milandre [Galcus canis) pond 30 jeunes et même davantage, comme Yarrell le rappelle d'après M. J. Couch. [Brit. fish. 3'' éd., t. II, p. 492). J\ai moi-môme trouvé, chez un Mustelus vulgaris, 16 jeunes, 8 dans chaque oviducte (10 fe- melles et 6 mâles), mesurant tous 0'".20 à0'".21, la mère dé- passant à peine 1 mètre. Il est rare qu'on en trouve davantage dans cette espèce ; aussi, peut-on s'étonner avec J. Millier [Ueber den glatt. H ai Arist., p. 33), que Risso [Hist. nat. Eur. méi\, t. III, p. 128) ait parlé de 40 à 60 petits pour son M. punctulatus, qui est une variété du M. lœvis. Le nombre des fœtus est souvent peu considérable, comme on en a la preuve par les fréquentes ouvertures de femelles pleines que M. J. Davy a faites et dont il a consigné les résultats dans son mémoire déjà cité [Fragment. Notes, etc. : Trans. roy. Soc. Edinb., 1861, t. XXII, p. 491-503). Si l'on examine un œuf dans les cavités utérines d'un Squale vivipare, d'un Mustelus, par exemple, on y trouve à considérer ï enveloppe extérieure, le vitellus et le blanc ou albumen. 1. Membrane enveloppante. Tantôt elle est persistante (Squa- les munis d'une anale et d'une membrane nictitante, c'est-à- dire appartenant aux grands genres Carcharias, Zygœna, Mus- telus et Galeus) ; tantôt, au contraire, elle est caduque (Squales sans anale et sans membrane nictitante, tels que les Spinaciens, les Scymniens, les Squatines, les Raies ovovivipares) ; et même, d'après la remarque de M. J. Davy [Observ. on the Torpédo in : Philosopliical Transactions, 1834, part. II, p. 534), les œufs de Torpille n'ont cette enveloppe à aucune époque de la ges- tation. La membrane extérieure comparable, jusqu'à un certain point, malgré l'extrême différence d'aspect, avec l'enveloppe 256 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. externe des œufs provenant des espèces ovipares, car, de môme que cette dernière, elle est sécrétée par la glande ni- damenteuse, est Une comme l'amnios des vertébrés supé- rieurs (1), jaunâtre, transparente. Ses dimensions sont beau- coup plus considérables que celles du vitellus auquel elle forme une enveloppe elliptique dont les deux faces appliquées Tune contre l'autre, excepté dans le point où le vitellus est situé, se séparent à mesure que le développement de l'embryon exige Tampliation de cette poche membraneuse. Elle présente sur toute sa surface des plis. (Voyez les 3 premières figures de la pi. I, annexée au mémoire de J. Millier : Ueber den (ilatt., etc.) Ils sont reçus dans les intervalles de plis semblables de la membrane interne de l'utérus. 2. Le vitellus contenu dans la poche membraneuse a une forme un peu elliptique; il est entouré par une membrane propre, dite membrane vitelline. J'ai parlé plus haut (p. 242) de la segmentation de la cicatricule du vitellus, laquelle précède le développement du germe; je n'ai donc point à y revenir ici. Quant aux rapports du vitellus avec le fœtus, je m'en occuperai en décrivant les phénomènes qui s'accomplissent chez les Squales cotylophores. 3. Le blanc de l'œuf est en petite quantité dans les œufs dont le développement ne s'effectue pas encore ou commence à peine. Cette substance présente alors de la consistance et prend, comme J. MûUer l'a bien figuré [Vebcr den glatten HaiArist., pi. III) dans VœuïdeMustelKS en particulier, une forme qui est constante : elle s'allonge à l'extrémité postérieure du vitellus, en une pointe conique à extrémité terminale tine, et dont la longueur égale celle de ce dernier. Sa quantité augmente à me- sure que le développement de l'embryon fait des progrès et elle devient plus tluidc. En même temps, elle écarte l'un de l'autre les feuillets de la membrane extérieure. Dansce liquid(» plusou moins clair et transparent, on constate, après révaporalion, une petite quantité d'albumine, 0,7 pour 100, d'après J.Mûller [loc. cit., p. 36). L'acide azotique concentré y détermine, (1) Il n'est pas nécessaire de s'arrêter à. démontrer la complète Inexacti- tude de la comparaison faite par Sténon de cette membrane et du liquide qu'elle contient avec l'amnios et le tluide amniotique (Ovu viviparontin spectantes observationes, cXc, in Bartholin Acta Hafniensia, 1673 (1675), t. I, p. 219. Aristotc, se méprenant sur la véritable signilication de ces parties, a dit (Hist. anim., tr. Camus, livre VI, chap. X, p. 319) du Chien lisse: Chaque fœtus a son chorion et ses membranes «lui l'enveloppent comme les quadrupèdes. REPRODUCTION. PLAGIOSTOMES VIVIPARES. 2o7 (J. Davy, Fragment, notes, etc., loc. cit., p. 494), la formation de petits cristaux prismatiques d'azotate d'urée. Il est parfois légèrement gélatineux; selon la remarque de Ev. Home [On tlie mode of brecdinij, etc. : Philos. Trans., 1810, part. II, p. 211-214), qui s'appuie sur les observations de Jos. Banks et particulièrement sur l'analyse chimique faite par W. Brande [Philos. Trans., loc. cit., p. 217-219, à la tin du Mé- moire de Ev. Home), ce liquide est très-analogue à la matière qui entoure les œufs de Batraciens. De môme que cette sorte de gelée, dont le rôle est à la fois de protéger les germes et de laisser pénétrer jusqu'à leurs enveloppes propres l'eau qui est indispensable au développement, il est destiné, dit Ev. Home, à permettre un contact entre les œufs et l'eau de la mer dont l'entrée dans les oviductes, ajoute-il (p. 214), est facile. De là, résulte, suivant lui, que les phénomènes produits dans les œufs de Roussettes (1) ])ar le passage qu'il regarde comme incontestable, du fluide ambiant à travers les fentes de l'étui corné, s'accompliraient, chez les ovovivipares, à l'intérieur même des poches incubatrices. (Voy. aussi Lect. comp. anat., I. III, p. 893.) Celte hypothèse de l'intervention de l'eau est-elle parfaitement exacte? On comprend qu'elle soulève les mêmes difficultés que pour les œufs des ovipares; mais les oviductes communiquant avec le cloaque par les ouvertures qui, plus tard, livreront passage aux jeunes animaux, il ne semble pas impossible que J'eau arrive jusqu'à l'intérieur de ces con- duits, de même qu'elle pénètre dans l'abdomen par les ou- vertures latérales de la région cloacale. On est d'autant plus porté à admettre cette action d'un agent extérieur, qu'il se produit, comme J. Millier l'a noté pour le Mustelus [loc. cit., p. 35), des phénomènes d'endosm.ose, l'al- bumine attirant, pendant le développement du germe, le liquide de l'utérus, qui pénètre à travers la membrane d'enve- loppe de l'anif. C'est là, au reste, un acte sur l'accomplisse- ment duquel la vie exerce une influence manifeste, car dans les œufs qui ne contiennent pas de vitellus, et, par conséquent, pas d'embryon, il ne se passe rien de semblable. Chez les espèces ovovivipares, une très-grande différence peut être remarquée suivant les rapports qui s'établissent entre l'teuf et les parois des cavités utérines. Tantôt, et c'est le cas le plus habituel, ces rapports sont pres- (1) Et dans les œufs de Raie?, puisqu'ils sont également ou\ert5. Poissons. Tome I. 17 ^58 ORGANISATIO?» DES PLAGIOSTOMES. que nuls quoique, pendant la gestation, la face interne des uté- rus soit souvent asstîz vasculaire; tantôt ils sont très-intimes. Delà, le partage naturel établi par J. Mùller, entre cesPlagio- stomes, dont les uns ont été nommés par lui acotylédones, el les autres cotylophores. J'ai donné plus haut (p. 244) la liste aussi complète que })ossible, de ces Squales; je n'ai plus main- tenant qu'à mentionner les particidarités principales constatées dans l'élude du développement des cotylophores , et spéciale- ment chez le Mustelus lœvis, si différent, par certains caractères bien tranchés, de l'autre espèce de nos mers, le M. vuhjaris, dont le vitellus ne contracte point d'adhérence avec la mem- brane interne de la poche utérine. Afin de se bien rendre compte du mode d'union du sac vilel- lin avec l'utérus, il faut étudier d'abord les rapports de ce sac lui-môme avec le fœtus. Cuvier {Hist. nat. Poiss.^ t. I, p. 540) les a nettement indiqués en disant que le vitellus a deux tuni- ques, l'une externe, qui se continue avec la peau, et une interne, très-vasculeuse, qui est une dépendance des membranes intes- tinales. Ces mêmes relations sont mentionnées par Rathke dans le § concernant le développement des Plagiostomes, qui fait partie du chapitre relatif à l'évolution embryonaire qu'il a fourni à Burdach pour sa grande Physiologie (tr. fr., t. III, p. lo4). Le cordon ombilical au moyen duquel la continuité s'établit entre le vitellus et l'embryon a été étudié d'une ma- nière spéciale. CuVicr [Hist. nat. Poiss., t. I, p. 541), en parlant du fœtus d'un Carcharias encore conservé au cabinet d'Ana- tomie du Muséum, a, le premier, mentionné la présence, sur la paroi extérieure de ce cordon, d'une quantité de ramifications vasculaires, « espèce de chevelu assez semblable à celui des ra- cines des arbres » . Plus tard, F. -S. Leuckart a vu le même aspect sur le cordon ombilical d\\n Zygiena iUiiteisucIt. ueber aûsser. Kiejnen, etc., 1836, p. 24, pi. III, tig. 1 et 2). Chez les Squales cotylophores, il y a, dans l'intérieur du conduit ombilical, trois canaux (deux à parois épaisses qui sont une artère et une veine, puis le conduit vitello-intestinal à parois plus minces). En suivant ces conduits dans rabdomen, on voit les vaisseaux plonger sous le foie : l'artère est une branche de l'intestinale et la veine se réunit à la veine-porte ; il convient de les nom- mer, avec J. Millier, vaisseaux omphalo-nu'saraïqui's [Ueber den glatt. HaiArist., p. 40, pi. V, tig. 2, /, /.]. Quant au conduit vitello-intestinal oijest contenue de la sub- stance du jaune, il provient de l'intestin valvulaire à l'extré- REPRODUCTION. PLAGIOSTOMES VIVIPARES. !2o9 mité duquel il s'insère au-dessus du conduit biliaire (/(/., pi. V, fig. 2, g). J'ai déjà dit que la membrane externe, c est-à-dire la membrane du cordon ombilical, se continue avec l'enveloppe extérieure du sac vitellin, dontla membrane interne est la con- tinuation des parois du conduit vitello-intestinal. C'est la membrane externe du vitellus qui, chez les Squales cotylophores, se modifie de la façon la plus remarquable en raison des adhérences qu'elle contracte avec la cavité utérine. Cuvier [Hist. nat. Poiss., t. I, p. 541) les a signalées chez les Requins, c'est-à-dire chez les Carcharias. Il ne croyait pas à la présence d'un placenta, mais il fut frappé de la fixité de l'union du vitellus et de la membrane interne de l'oviducte. M. Ch. Robin [Soc. biol. : Gcr.. méd., 1849, p. 2o0) a men- tionné les rapports vasculaires de l'œuf et de la cavité utérine chez VAcanthias; mais c'est en étudiant le Must. lœvis que J. Millier a bien vu et bien fait comprendre la disposition ana- tomique dont il s'agit. On trouve vraiment deux placentas. L'un, qui est le placenta fœtal, est formé par les plis nombreux de la portion du sac vi- tellin la plus éloignée de son union avec le cordon ombilical. Les plis reçoivent les ramifications des vaisseaux omphalo-mé- saraïques dont la disposition offre, chez les Squales cotylo- phores, cette différence avec ce qui se voit chez les acolylédo- nes, que, ne se bornant pas à se répandre sur la membrane interne du sac vitellin, ils la perforent, et de grosses branches entrent dans l'intérieur du vitellus. Là, des divisions et sub- divisions ont lieu; les branches, formées ainsi, se répandent à la face })rofonde de la membrane interne du sac et pénètrent dans l'intérieur des plis; mais le feuillet externe du sac reste complètement dépourvu de vascularisation. hc placenta utérin consiste en plis de la membrane interne 'de l'utérus tout-à-fait analogues à ceux des enveloppes du jaune. Ils sont aussi profonds que ces derniers, se subdivisent, comme eux, en plicatures de moins en moins considérables, et, rece- vant d'abondantes ramifications des vaisseaux des oviductes, ils constituent un renflement placentaire de mêmes dimensions que le placenta vitellin (c'est-à-dire de 0'"'. 023 à 0"'.030 environ en diamètre chez le Mustelus). Ils adhérent fortement l'un à l'autre. On peut prendre une très-bonne idée de la disposition anatomique dont il s'agit sur les figures 1-3 de la planche IV, 3 et 4 de la planche II, et 1 de la planche YI du mémoire de J. Mûller [i'eber den glatt., etc. ). J'ajoute que la fine membrane 260 ORGAMSATION DES PLAGIOSTOMES. externe de Tœuf, un peu comparable, malgré sa minceur et sa transparence, à Fenveloppe cornée des œufs pondus par les Squales ovipares, s'interpose entre les deux placentas dont elle embrasse les plicatures. Il est impossible de ne pas être frappé de Tanalogie de ces placentas et des cotylédons des Ruminants, en raison de Tem- boîtement réciproque des plis et des enfoncements du pla- centa fœtal avec les sillons et les circonvolutions du placenta utérin. On comprend cependant tout d(; suite la différence con- sidérable qui les distingue : chez les Squales, ce n'est pas l'al- lantoïde, car ils en sont privés comme tous les poissons, c'est le sac vitellin, toul-à-fait analogue à la vésicule ombilicale des mammifères, qui est le siège de cette vascularisation. Le résul- tat physiologique est un échange entre les vaisseaux de la mère et ceux du fœtus que facilite la structure de la membrane mu- queuse de l'utérus et des feuillets du sac vitellin. Ces mem- branes fines étant formées par des cellules à noyaux peuvent devenir aisément le siège d'un travail comparable à celui qui se produit chez les mammifères à travers la membrane caduque utérine où se trouvent également des cellules a noyaux. Quelques dissemblances, relativement au mode d'union delà mère avec le fœtus, signalées par J. Millier, se remarquent en- tre le Must. lœvis donl il vient d'être plus particulièrement ques- tion, et les Carcharias qui appartiennent cependant, de la fa- çon la plus manifeste, au groupe des Cotylophoi-es. Ainsi, la membrane externe du sac vitellin, au lieu d'être appliquée, dans toute son étendue, à la membrane interne de l'utérus, n'entre en contact avec elle que vers la région ter- minale du sac. Là, elles constituent chacune un renflement à plis profonds qui est le placenta, mais partout ailleurs, elles s'éloi- gnent à ce point, que la membrane externe, comme on le voit (pi. V, fig. 1 du Mém. de J. MûUer), forme, autour de l'extré- mité du cordon ombilical, un grand divcrticulum rempli d'un liquide qui se trouble par son contact avec l'alcool. La disposition des vaisseaux omphalo-mésaraïques, à l'inté- rieur du sac vitellin, n'est pas tout-à-fait la même que chez le Mufit. lœvis; mais je ne m'arrête pas à ces détails, car, au fond, il y a identité, quant aux points essentiels, en ce qui concerne l'adhérence des produits de la conception à la cavité utérine. Cette union paraît durer jusqu'au moment de la maturité du fœtus, et il naît avec le placenta et le cordon ombilical. Un jeune Must. lœvis, déjà arrivé à une grande taille pour un animal DÉVELOPPEMENT. 261 encore logé dans l'oviducte, puisqu'il mesurait 0'".i89, avait encore son placenta bien développé et le cordon ombilical très-long, comme on le voit sur la figure 1 de la planche III annexée au mémoire de J. Miiller. Les acotylédones se distinguent des cotylophores en ce que le sac vitellin ne devient pas le siège d'une abondante vascu- larisation ; par conséquent, il ne se forme ni placenta fœtal, ni placenta utérin. De plus, il y a, entre les espèces acotylédones, des différen- ces notables, relativement à la diminution de volume du vitel- lus, ou même à sa disparition complète au moment de la nais- sance. Destiné à servir à la nutrition du fœtus, il entre dans le tube digestif au moyen du canal vitello-intestinal dont j'ai parlé plus haut. Dans le point où ce canal se continue avec la région supérieure ii la portion valvulaire, un sac vitellin ou vé- sicule ombilicale interne se produit par une sorte de bourgeon- nement de l'intestin (p. 153). Son développement est en raison directe de la diminution du sac vitellin externe, dont le con- tenu rentre avec plus ou moins de rapidité dans le sac interne, et, par suite, dans l'intestin, suivant les groupes. Ainsi,-dans les Acanthias et les Scymnus, le sac extérieur a tout-à-fait dis- paru au moment de la naissance; chez d'autres, au contraire, il persiste, quoique très-diminué ;i la vérité, au-delà du terme de la vie intra-utérine. Je borne aux détails qui précèdent ce qu'il me semble né- cessaire de dire sur l'œuf et sur l'embryon, car ce n'est point ici le lieu de dérouler les phases successives par lesquelles passent les organes depuis leur première apparition jusqu'à leur entier développement. On peut d'ailleurs puiser, pour la connaissance de ce sujet, à d'excellentes sources où se trou- vent des renseignements précis et nombreux. Ainsi, M. J. Davy a étudié avec un grand soin le développe- ment des Torpilles, et les planches XXII-XXIV [Philos. Tm/?s. 1834, part. II, Observât, on the Torp., etc. p. 531-540) jettent beaucoup de clarté sur l'ordre suivant lequel les phé- nomènes se succèdent (1). Je rappellerai également les obser- vations de S. Leuckart déjà citées et contenues dans son mé- moire Untersuch. ailsser. Kiemen Roch., etc, puis celles de (1) Il faut encore citer, comme fournissant d'utiles renseignements sur ce sujet, le Mémoire de ce naturaliste, intitulé : Fragment. Noies on the generut. organs, etc. (Trans. roy. Soc. Edinb., 1861, t. XXII, p. 491-505, passim). 262 ORGANISATION DES PLÂOIOSTOMES. Ratlikc, rt'snni(''cs par lui-même dans la PlujfiioL dn Biirdach (trad. tV., t. III, p. 153-158). Il convient de mentionner, en ou- tre, les observations plus récentes, et, en grande partie, con- tirmatives des précédentes, mais plus riches encore en détails histologiques, de M. Leydig [Beitr. milirod:Anat. undEnUvic- klungsgcsch. Roch. und Uaien, p. 99-121). Elles ont porté sur des embryons à'Acanilnas longs de 0"\027 à 0"'.189, sur un embryon de Scymnus lichia et sur des fœtus d'Emissoles [Must. vulgark et M. hvvis). Je ne dois pas omettre de noter, comme condition favora- ble à raccomplissement des phénomènes de révolution em- bryonaire, que les femelles ovovivipares ne paraissent pas, en général, se tenir dans les profondeurs durant la gestation, mais restent, au contraire, là où la chaleur du soleil peut avoir quelque influence sur elles et, par suite, sur les fœtus contenus dans les oviductes, comme elle en exerce, d'une façon plus directe, sur les œufs des Roussettes lixés par leurs filaments dans des lieux convenables ou sur les œufs de Raies abandon- nés à de petites profondeurs, soit près de rochers, de bancs de polypiers ou de madrépores, soit au milieu de plantes marines. C/est à répoque où elles portent leurs petits que les Raies cornues ou Ceplialoptcrcs sont rencontrées étalant leur énorme disque à la surface de l'eau. Des considérations intéressantes sur ce sujet, où il faut faire un peu la part des hypothèses, ont été présentées par M. R. Hill, en 1851 [Cuntributions nat. hist. Sliark in : Ann. and Nag. mit. hisL, 2« série, t. VII, p. 360-362 cl 369-370). Rose avait déjà indiqué comme nécessaire l'intervention de la température du milieu ambiant, dans l'article Squale du Nouveau Diction, hist. nat., t. XXI, où il dit (p. 183) : «Les femelles mettent bas leurs petits successivement et à des épo- ques plus ou moins éloignées, selon les espèces, et, sans doute, selon la chaleur de l'eau au milieu de laquelle elles vi- vent. » Aussitôt après leur naissance, les jeunes animaux doivent, non-seulement chercher leur nourriture, mais se défendre con- tre les attaques de leurs ennemis, et ils en sont, en effet, très- capables. Ainsi, M. J. Davy [Fragment, note:^ on the générât, org. some cartilag. fish. : Trans. roy.Sof. Edinb., 1861, t. XXII, part. IIÏ, p. 499j a vu neuf fœtus longs de 0"'.60 environ, qui venaient d'être extraits, pendant une traversée, des cavités uté- rines d'un grand Requin désigné simplement sous le nom de DÉVELOPPEMENT. 263 Sq. carcharias, se moiilrer pleins de vie et chercher k mordre, quoique leurs dents fussent i\ peine développées. Il a de même constaté que des fœtus de Torpilles obéissant à l'instinct de conservation, dégageaient de l'électricité avant d'avoir été naturellement expulsés des oviductes et quand la" main allait les y chercher. Exposés à la voracité des habitants de la mer, les jeunes Pla- giostomes doivent être détruits en grande quantité. En combien de temps arrivent-ils à leur taille définitive et deviennent-ils adultes? Il est extrêmement difficile et même presque impossible de répondre à cette question.. Haller croyait que leur accroissement est indétmi, parce qu'il n'aurait pas pour limite, comme chez les autres animaux, l'ossification com- plète des cartilages [Primœ lineœ phys. Edinb., 1767, cap. XXX, p. 303, § DCCCCLV et Elcm. pinjs., t. VIII, pars se- cunda, p. 34, § XIII (1). Les grandes dimensions que certains Plagiostomes peuvent atteindre sembleraient donner quelque apparence de réalité à cette supposition. Ainsi, deux exemples remarquables de taille vraiment énorme sont à citer. Le premier est fourni par le Squale Pèlerin {Selache maxw/m), dont l'un des plus volumineux exemplaires connus, mentionné par Yarrell [Brit. fisli., S"" édit,, t. II, p. 509), n'avait pas moins de 10'".94 (36 pieds anglais). Le second exemple se trouve parmi les Raies cornues: le Diable de mer [Ceratoptera Johniï), ainsi que le prouvent les chiffres donnés par Dekay [New-York Fauna; Pisces, p. 377). Un indi- vidu de cette espèce était long, jusqu'à l'origine de la queue, de 3'".04 (10 pieds angl.), et, avec cet appendice, qui est en forme de fouet, de 4"\86 (16 pieds angl.) ; largeur, de la pointe de l'une des pectorales à la pointe de l'autre, b'".168 (17 pieds angl.). Je pourrais citer d'autres dimensions fort consi- dérables aussi, mais moindres, que présentent certaines espè- ces : Corcharodon Rondelctii; Carcharias [Prionodon] lamia, (jlaucus; Heptanchus iudicus; Raia bâtis, etc. Là, cependant, ne se trouve aucune preuve d'une croissance indéfinie. Ce sont des Plagiostomes qui offrent, comme caractère spécifi- que, une taille en quelque sorte colossale, de même que, parmi les mammifères, certains cétacés, pour ne pas sortir du groupe des animaux aquatiques, arrivent à une longueur et à un vo- (1) Cette assertion a été souvent répétée., et, en particulier, par H. Clo- quet (Dict. se. nat., t. XLIV, p. 365), mais sans preuves à l'appui. 264 ORGANISATION DES PLAGIOSTOMES. lume considérables. Pour qu'on vît, dans ce développement le résultat d'un accroissement sans bornes, il faudrait que, dans toutes les espèces, on connût des individus de dimensions très- différentes. Or, c'est ce qui n'a pas lieu parmi les Squales à aiguillons dorsaux : le Spinax, la Centrine et l'Acanthias qui ne sont pas rares, le dernier surtout, qu'on pèche en abon- dance, à certaines époques de l'année, restent toujours petits et ne dépassent jamais certaines dimensions. Ils ne croissent donc pas pendant toute la durée de la vie, car, s'il en était ainsi, on devrait en trouver parmi les plus âgés, mais c'est ce qu'on n'a jamais vu, qui dépasseraient notablement les autres. A la question du développement se rattache celle de la lon- gévité; mais on manque des éléments indispensables à la dis- cussion. Ainsi, pour ne mentionner quele principal, on ignore le temps qui s'écoule depuis la naissance jusqu'au moment où l'animal, ayant pris toute sa croissance, peut être considéré comme adulte. Ce qui complique encore le problème, c'est la possibilité pour ces animaux, comme pour tous les poissons, de se reproduire avant d'avoir atteint leur entier développe- ment. On trouve, en effet, dans les deux sexes, les organes gé- nitaux tout-à-fait aptes à la fécondation chez des individus ap- partenant à une même espèce, et dont la taille n'est pas la mémo. Ces différences, en particulier, ont été observées, j'ai déjà eu occasion de le dire (p. 000), chez les Torpilles, par M. J. Davy, qui a ouvert des femelles de diverses dimen- sions, ayant dans les cavités utérines des œufs embryonés, mais en nombre moindre chez les petits individus que chez les grands {Obscrv., etc. : Philos. Tmws., 1834, part. Il, p. 532). Nous manquons, pour les Plagiostomes et pour tous les au- tres poissons de mer, de renseignements analogues à ceux que l'on possède sur la longévité de certaines espèces des eaux douces, et dus soit au soin pris de leur attacher une marque distinctivc portant un millésime (i), soit à des observations précises (2). On peut seulement supposor quo les Squales el (1) Le fait le plus célèbre est celui qui se rapporte à un brochet péché en 1-497, dans le lac de Kaiserslautcrn^ où il avait été mis en 1230, selon rinscriplion gravée sur un anneau doré que portait ce poisson, dont la loniîueui' dépassait G mètres. M. Yalcnciennes a discuté {llist. nat.poiss.. t. XVllI, p. ;î0:.-312) rantlienlicité très-douteuse de cet exemple de lon- gévité. (2) Un Sihtrus fjlar.is a positivement vécu M ans (Cuv. Val., Hist. tiat. poiss., t. XIV, p. 339). On dit que, dans le palais de l'empereur de Chine, CLASSIFICATIONS DES POISSONS. 263 les Raies doivent, comme le plus grand nombre des poissons, vivre longtemps, de même que les autres animaux vertébrés à température variable (1). CLASSIFICATIONS. Après avoir achevé l'étude de Torganisation des Plagiosto- mes et avant de commencer Thistoire zoologique proprement dite, non-seulement des Elasmobranches, mais de la classe tout entière des Poissons, il me semble nécessaire de passer en revue, dans un ordre chronologique, les différentes classi- fications qui ont été successivement ju'oposées. Toutes les ten- tatives des zoologistes, à partir des temps les plus reculés, ayant été analysées par H. Cloquet, en 1822, dans le t. XXII du Dict. des se. nat., article Ichthnoloijie, et d'une façon plus com- plète encore, par Cuvier, en 1828, dans le t. I de \tiist. nat. des Poiss., je dois me borner à compléter, pour les trente-cinq dernières années, le travail auquel est consacrée une partie du livre I de cet ouvrage. C'est de la méthode suivie par cet illustre naturaliste qu'il faut d'abord nous occuper. « La classe des poissons, a-t-il dit, est, de toutes, celle qui offre le plus de diflicullés quand on veut la subdiviser en or- dres d'après des caractères tixes et sensibles. « Aujourd'hui encore, cette assertion de Cuvier [R. anim.^ S*" édit., 1829, t. II, p. 128) reste en partie vraie, malgré les efforts faits par lui-même et par ceux qui l'ont suivi, pour arriver à la préci- sion si désirable dans le travail du classificateur. Principale- sont conservés des Cyprins dorés ayant plus de 50 ans 7ct.,t. XVI, p. 107). H. Cloquet {Faune des méd., t. III, p. 3.00) a rapporté aussi des cas de lon- £;évité pour la Carpe ordinaire. Beaucoup d'exagérations, au reste, se sont mêlées à la vérité, relativement à ces poissons. Ainsi, je sais d'une façon positive, par l'ancien jardinier en clicf de Fontainebleau , M. Sourliet père, que toutes les carpes nourries dans le grand bassin creusé au pied du châ- teau, y ont été mises en ISHO ou 1807, après le curage exécuté pnrdes pri- sonniers de guerre. Aucun des anciens poissons, qui avaient élé vendus, n'y fut placé de nouveau, et, par conséquent, ce bassin, contrairement à ce que l'on dit souvent^ ne renferme pas de carpes vivant depuis le temps de François l^r. (I) On possède des renseignements curieux sur la longévité des Tortues et des Crocodiles. Je les ai rassemblés et discutés dans une TSoticc snr la Ménagerie des Repf. du Muséum (A^xh. du Mus., t. X, p. 447-419). 266 CLASSIFICATIONS DES POISSONS. ment préor(uipé du désir de « ne point couper les familles na- turelles, » Cuvier, dans cet ouvrage, a posé les bases do l'arrangement méthodique dont il a ensuite, dans VHist. nat. des Poiss., et avecla savante collaboration de M. Valenciennes, devenu plus tard son continuateur, offert le développement pour la plus grande partie des espèces à squelette osseux, non sans quelques modifications, il est vrai, au plan primitif. Il admet que la classe entière forme deux séries distinctes, celle des Poissons proprement dits et celle des Poissons cartila- gineux ou Chondroptéryfiiens. Parmi les Poissons osseux, il reconnaît six ordres distincts. Sa grande coupe primordiale est fondée sur la séparation, éta- blie par Artedi , entre les Acantltopterygiens qui constituent Tordre I, le plus considérable, qu'il place en tète des Pois- sons osseux, et les Malacoptérygiens. Pour le classement de ceux-ci , il fait usage des caractères tirés de la position des nageoires paires inférieures , et qui sont le point de départ du système de Linné, mais il réunit, dans un même groupe, les Jugulaires et lesThoraciques. Ses ordres II, III et IV pren- nent les dénominations do Ma!acoptcnjfiiens abdominaux, sub- bracJiiens et apodes. Les travaux de M. Agassiz et de J. Miiller, que j'expose plus loin,' ont amené à reconnaître les moditications qu'il semble convenable d'apporter à la classification des poissons osseux proposée par Cuvier. Je ne m'arrête donc pas en ce moment à en discuter les avantages et les inconvénients. Comment, cependant, ne pas signaler, au nombre de ces derniers, la difficulté pour l'étude de bien saisir la délimita- tion de chacune des familles naturelles, dont les caractères ne sont pas assez nettement formulés, ni assez précis? Cuvier, au reste, a lui-môme constaté l'embarras où peut jeter parfois l'em- ploi exclusif de la méthode naturelle. Après avoir fait observer que certains genres d'une famille conduisent insensiblement à une autre, il ajoute : c Que roslc-l-il donc aux iiaturalislcs désiroux do l'airp connaître les êtres d'après leurs véritables rapports, sinon d'avouer que les poissons aeantlioptérvgiens, qui forment les anciens genres des Per- ches, des Scièncs, des Sparcs, des Chôlodons, des Zeus et des Scom- bres, jusqucs et y compris les Cépolcs et autres poissons en forme de rubans, ne composent, malgré la quantité innombrable de leurs es- pèces, qu'une seule famille naturelle dans laquelle on peut bien si- gnaler des nuances, a))ercevoir des commencements de groupes, de cuviER, 1828. 267 légères séparations, mais où il est impossible de tracer des circon- scriptions parfaitement nettes, et qui ne rentreraient par aucun point les unes dans les autres. » {Hist. mit. Pohs., t. I, p. 5Gi.) Plus loin (p. 567), il dit : « Les Acanthoptérygiens, en réalité, ne constituent presque qu'une seule et immense famille. » L'Ordre V a pour caractère distinctif et essentiel, avec d'au- tres particularités remarquables, la structure exceptionnelle des branchies que rappelle le nom de Lophobranches. L'Ordre VI comprend des poissons à squelette plus simple, à mâchoire formée par les inter-maxillaires seuls auxquels sont soudés la- téralement les maxillaires, et à suture solide et immobile de l'arcade palatine avec le crâne : ce sont les Plectognathes. Quant à la série des Chondroptenjgiens par laquelle il ter- mine, Cuvier fait d'abord observer qu'elle « ne peut être considérée ni comme supérieure, ni comme infé- rieure à celle des poissons ordinaires, car plusieurs de ses genres se rapprochent des reptiles par la conformation de leur oreille et de leurs organes génitraux, tandis que d'autres ont une telle simplicité d'orga- nisation et que leur squelette est réduit à si peu de chose, que l'on pourrait hésiter à en faire des animaux vertébrés. C'est donc une suite en quelque sorte parallèle à la première, comme les Marsupiaux, par exemple, sont parallèles aux autres mammifères onguiculés. » La série des Chondroptérygiens comprend deux ordres : Ordre L Sturioniens et Chimères ou Cliondr. à branchies li- bres, munies d'un seul oritice externe très-ouvert, protégé par un opercule, mais sans membrane branchiostège. Ordre IL Sclaciens ou Chondr. à branchies fixes, et à orifices externes multiples, comprenant deux familles très-distinctes : — Fam. 1. Sélaciens ou Plagiostomes, c'est-à-dire à bouche transversale, à organisation très-parfaite. — Fam. 2. Cyclosto- mes ou Suceurs, à bouche annulaire et dont la structure est beaucoup plus simple que celle des précédents. Ici, dans l'établissement du dernier ordre, Cuvier, par suite de l'analogie de structure du squelette, a rapproché des pois- sons qui offrent cependant entre eux les plus notables diffé- rences. Elles sont tellement profondes que si les Plagiostomes, comme il semble convenable de le faire, sont placés à la tête de la classe des poissons, les Cyclostomes, au contraire, doi- vent occuper le dernier rang. L'imperfection de toute leur structure, étudiée par mon père {Dissert, sur les Poiss. qui se rapprochent le plus des anim. sans vertèbres, 1812), puis par 268 CLASSIFICATIONS DES POISSONS. d'autres, mais surtout par J. Mûller [Vergleich anat. Myxi- noïden), ne laisse aucun doute sur la nécessité de cette sépara- tion. Il ne faut pas perdre de vue, à Toccasion du rapprochement fait par Cuvier, ses réflexions très-jusies sur la difficulté d'ex- primer les vrais rapports des êtres entre eux dans un livre où les laits qui y sont exposés ne peuvent être placés que les uns après les autres. « C'est surtout dans la famille des Chondroplérygions, dit-il, que se montre bien la vanité de ces systèmes qui tendent à ranger les êtres sur une seule ligne. Plusieurs de ces genres, les Raies, les Squa- les, par exemple, s'élèvent fort au-dessus du commun des poissons et par la complication de quelques-uns de leurs organes des sens, et par celle de leurs organes de la génération, plus développés dans quel- ques-unes de leurs parties ([ue ceux mêmes dos oiseaux; cl d'autres genres auxquels on arrive ])ar des transitions évidentes , les Lamproies, les Ammocètes, se simplitient, au contraire, tellement que l'on s'est cru autorisé à les considérer comme un passage des poissons aux vers articulés. » « Que l'on ne s'imagine donc point que, parce que nous placerons un genre ou une famille avant une autre, nous les considérerons pré- cisément comme plus parfaits, comme supérieurs à cette autre dans le système des êtres. Celui-là seulement ])Ourrait avoir cette préten- tion, qui poursuivrait le projet chimérique de ranger les êtres sur une seule ligne, et c'est un projet auquel nous avons depuis long- temps renoncé. » [Hlsi. nat. Poiss., l. I, p. 567 et oG8.; L'Ordre des Chondi'optérygions à branchies fixes, tel qu'il a été établi par Cuvier, ne doit pas subir seulement le change- ment résultant de la séparation, en deux groupes tout-à-fait distincts, des Plagiostomes et des Cyclostomes. Une autre mo- dification considérable y a été apportée par suite des études de M. Agassi/ sur le revêtement écailleux des téguments. Elles ont amené ;i ce résultat que les Sturioniens proprement dits (Estui^geons et Polyodontes) sont venus prendre place, sans les Chimères, dans l'ordre des Ganoïdes. La classification de M. Agassiz (1), basée sur les différences que présentent des organes dont l'étude n'avait pas encore été le point de départ d'un arrangement méthodique des poissons, offre un caractère d'originalité très-frappant. Occupé de la dé- termination des débris fossiles de ces animaux, il dut s'at- (1) C'est en 1833, au commencement de la publication de ses llecherches sur les i'oiss. fossiles, que M. Agassiz a exposé ses vues. AGASsiz, 1833. 269 tacher, d'une manière toute particulière, à Texanien des écail- les, seules parties avec les os, les dents et les aiguillons des nageoires, que la fossilisation ait conservées. Or, trouvant une concordance parfaite dans la structure des pièces pro- tectrices de l'enveloppe tégumentaire provenant d'espèces soit du monde actuel, soit du monde ancien, il n'hésita pas à considérer les caractères tirés de l'écaillure comme étant d'un ordre assez élevé pour servir de fondements à une di- vision des. poissons fossiles et vivants en quatre ordres. L'im- portance que ce zoologiste a mise à faire tîgurer les uns et les autres dans les cadres de sa classification, est très-digne de remarque. C'est une heureuse innovation déjà tentée par Blain- viile pour l'ensemble du règne animal (1), et motivée sur la nécessité de tenir compte des résultats souvent très-précis dus à l'étude de la paléontologie, si l'on veut dresser un tableau complet des affinités naturelles de tous les animaux. « En omet- tant les fossiles, dit M. Agassiz, on n'arrive qu'à une exposi- tion incomplète du plan de la création des êtres organisés. » Justifiant son assertion par l'énoncé des résultats de ses re- cherches sur les ichthyolithes, il a pu esquisser, autant que le permet l'imperfection de nos connaissances sur les faunes [i) Sans admettre l'enchaînement de tous les anneaux de la série ani- male que cet anatomiste s'efforgait de faire accepter comme réel, on ne peut méconnaître qu'il fut bien inspire quand il chercha des preuves à Tappui de son opinion dans l'étude des fossiles En opposition avec Cu- vier qui disait que, sur certains points de la série, il y a des hiatus ou la- cunes qui ne sont point comblés, il soutient^ dans le travail où il a ex- primé sa dernière pensée sur ce sujet {Sur les principes de la zooclassie ou de la classif. des anim. [Introduction d'une Hist. nat. génér. des Mollus- ques restée inédite], 1817, p. 29), que « cette assertion est évidemment et indubitablement fausse. » « Et cela, ajoute-t-il, pour presque toutes les classes du même type : ainsi, par exemple^ entre les mammifères et les oi- seaux, les ornithorhynques et les échidnés; entre les oiseaux et les rep- tiles, les tortues; entre les amphibiens et les poissons, les protées et les lépidosirènes; sans parler des fossiles qui, par une singularité remarqua- ble, quoique très-naturelle^ viennent presque toujours remplir une lacune importante : le plésiosaure, entre les tortues et les crocodiles; l'ichthyo- saure, entre les reptiles et les amphibiens. » Cette manière d'envisager l'unité du règne animal est certainement très-séduisante, et l'on peut dire avec M. Flourens {Eloge hisforique de Blainville : Mém. de l'.lcad. des se, t. XXVII, 2'^ partie, p. xx) « dans un éclair de génie, il voit et re- trouve dans la nature perdue les êtres qui manquent à la nature vivante, et il intercale avec une habileté surprenante, parmi les espèces actuelles, les espèces fossiles » Néanmoins, si l'espace entre les anneaux se trouve ainsi diminué, il n'est pas efl'acé par cette interposition des animaux dé- truits. 270 CLASSIFICATIONS DES POISSONS. éteintes, la généalogie d'un assez grand nombre de familles. Ainsi, il a vu que celles des Lépidoïdes et des Célacanthes, par exemple, dont on trouve d'abondants débris dans les couches sédimentaires les plus anciennes, se sont éteintes avant les formations tertiaires. Quelques poissons d'une origine tout aussi reculée, les Céphalaspides et les Diptériens ont persisté pendant un temps beaucoup moins long, puisqu'on ne les ren- contre déjà plus dans la houille. D'autres, au contraire, contem- poraines des précédentes, se sont perpétuées jusqu'à notre épo- que, mais en perdant peu à peu de leur importance : telles sont celles des Sauroïdes et des Cestraciontes. Par opposition, il faut citer les Squales qui, fort rares dans les couches houillères où ils commencent à se montrer, le deviennent de moins en moins dans les terrains de formation plus récente, et habitent, en très-grand nombre, nos mers actuelles. Plusieurs familles, enfin, ne sont connues à l'état fossile qu'à partir de la craie ou même des terrains tertiaires; ou bien elles sont exclusivement propres à notre faune, comme les Gadoïdcs, les Hydrotamies (poiss. à br. labyrinthiformes), les Siluroïdes et les Cyclo- stomes. Voy. Agass. RecJi.jjoiss. foss., 1. 1, tableau annexé p. 170. Ces indications très-sommaires de l'association que le natu- raliste suisse a faite, dans son plan de classification, des élé- ments fournis et par la paléontologie et par la zoologie de notre monde actuel, suffisent pour montrer ce qu'il y a d'ingénieux et de vraiment instructif à envisager ainsi, dans la série des temps écoulés depuis la cré!}tion de notre globe, la classe nom- breuse des poissons. Etudions maintenant, en pesant leur valeur, les caractères sur lesquels sont basées la distinction des poissons, et, par suite, la délimitation des ordres. Les écailles, dont les différences fournissent ces caractères, ont été l'objet d'études très-attentives de la part de M. Agassiz {Ann. des se. nat., S'' série, t. XIII, p. 58, et t. XIV, p. 97), qui, pour répondre à des objections de M. Mandl, insérées dans le même recueil, t. XI, p. 337 et t. XIII, p. 6i2, a dû pousser aussi loin que possible l'examen de cette question d'anatomie, de structure. A ces travaux intéressants sont venus se joindre ceux de quelques autres naturalistes , mais particulièrement de M. Petcrs (Miiller's Archiv. fur anat., 1841, p. ccix) et de M. W. C.AYiliiamson [Pliilosoph. Tnuisact., 18ol, p. (3o3). Par Penscmble de ses recherches, le professeur de Neuchàtel a été conduit à rapporter tous les poissons à quatre types principaux AGAssiz, 1833. 271 bien délenniuûs , désignés par la dénomination de Ganoïdes, de Placoïdes, de Cténoïdes et de Cycloïdcs. Ordre 1. Ganoïdes (yâvoc, éclat). — Poissons à écailles généralement beaucoup plus épaisses que celles des autres espèces, formées de* deux substances distinctes superposées, constituant, chez le plus grand nombre , la supérieure, une couche d'émail lisse et luisante ; rinférieure, un véritable écusson osseux, remplacées quelquefois, soit comme chez les Ostraciontes, Tune par une couche épaisse de den- tine bien distincte dans sa structure, de l'os proprement dit, l'autre par une substance cornée. Ordre II. Placoïdes (it>.à|, plaque, sTSq;, forme;. — Poissons à écail- les composées presque exclusivement par de la dcntine, de forme très- variable, consistant soit, comme chez les Squales, en petites esquilles dentelées, pointillées, qui donnent à la peau une âpreté particulière et constituent un chagrin uniforme ; soit, comme chez certaines Raies, en boucles, c'est-à-dire en plaques arrondies, reposant dans la peau sur une large base fibro-cartilagineuse, incrustées de matières cal- caires, avec une sorte de boulon creux au milieu , d'où s'élève une pointe plus ou moins courbe et aiguë, qui devient quelquefois une arme défensive assez Tedoutable. Beaucoup de Raies ont seulement des paillettes épineuses ou granuleuses. Les Torpilles, plusieurs Try- gons et les Myliobates ont la peau nue. Ordre III. Cycloïdes (■/.ûxXo;, cercle, £wo;, forme). — Poissons dont les écailles portent un grand nombre de li(j7ies fines et, en général, concentriques, surtout développées à la partie antérieure, mais moins régulières au bord postérieur, et partant d'un seul point dit centre d'accroissement, qui est plus ou moins excentrique, d'où rayonnent vers les bords, à de rares exceptions près, des lignes, véritables sil- lons creusés dans l'épaisseur même de l'écaillé, variables par le nom- bre, la largeur, la profondeur et par leur direction. Ordre IV. Ctcnoïdes («-vei;, peigne, e'iSo:, forme). — Poissons dont les écailles offrent, par leurs lignes concentriques et leurs sillons, la même apparence générale que celles des Cycloïdcs, avec cette diffé- rence importante, cependant, que le bord postérieur est en forme de scie à dents de longueur variable, mais souvent invisibles à l'œil nu, disposées tantôt sur plusieurs rangs, tantôt sur un seul, et rendant Técaillure âpre au toucher. Construites d'après ces quatre formes typiques dont je viens de présenter les caractères essentiels, les écailles offrent ce- pendant des différences dans chacune des grandes divisions. Parmi les Placoïdes et les Ganoïdes, des familles, particuliè- rement pour les poissons fossiles, mais en nombre peu consi- dérable, peuvent être bien délimitées d'après l'aspect de Té- caillure. Le second de ces deux ordres, au reste, a subi des 272 CLASSIFICATIONS DES POISSOS. élimiiialiuiis considérables, et si les zoologistes sont aujour- crhui craccord pour y laisser les poissons du monde actuel connus sous les noms de Lépidostée et de Polyptère qui sont complètement revêtus d'une cuirasse émaillée, et les Sturio- niens, aucun ne maintient, dans ce groupe, les Plectogna- thes, les Macroures, le Tétragoiuire, les Siluroïdcs et les Lépi- dosiréniens (1). Il n'en est pas moins vrai, comme M. Agassiz Ta dit lui- même [Recli. sur les poiss. foss., t. II, p. 9), que « rétablisse- ment de Tordre des Ganoïdes est le pas le plus important qu'il ait fait faire à l'ichthyologie (2) ». Quant aux Placoïdcs ou Poissons cartilagineux., leur divi- sion en genres et en espèces, s'il s'agit des animaux de notre faune actuelle, peut être basée, sans parler même des diffé- rences que présentent les pièces dures du tégument, sur les particularités de toute leur organisation. Il n'en est pas ainsi pour les espèces fossiles. « L'étal de dissolution dans lequel on les trouve en rend la déloi- minalion très-diftîcilo. Non-seulement il est fort rare d'en trouver dont toutes les parties soient encore réunies ; mais, le plus souvent, il est impossible, avec les matériaux qui existent, d'acquérir la cer- titude que telles ou telles parties détachées ont appartenu à un même animal. La mobilité de leurs dents, la facilité a^ec laquelle elles se détachent, l'incohérence de leurs vertèbres, les rapports particuliers des nageoires avec le reste du squelette, cl la structure de leurs tégu- ments sont autant de causes qui contribuent à la prompte séparation de toutes ces parties après la mort de l'individu ; en sorte que l'on trouve souvent pOle-mêle, dans la même couche, des fragments de différentes espèces, sans qu'il soit possible de les réunir convenable- ment. » (.\gass., liech. sur les poiss. foss., t. III, p. vi.^ On conçoit donc, puisque la slrueiure plus ou moins cartila- gineuse de la charpente intérieure n'a pu se prêter qu'à une fossilisation très-incomplète, comment l'étude des scutelles de (1) Les Lophohrauchcs, comme .M. Hollard a cherché à le démontrer (C. rendus Ac. se , IbôO, t. XXXI, p. 564), sont-ils des Ganoïdes? Les Amies appartiennent-elles à ce groupe? Quand nous nous occuperons de l'ordre des Ganoïdes, ces questions devront être discutées. (2) Je ne doi.s pas omettre de rappeler ici que Cuvier (Oss. foss., t. V, 2« partie, p. oUT-.'iO'J) a appelé rattention sur les écailles fossilisées des pois- sons, semblables par leur aspect à celles des Lépisostécs que renferment les schistes cuivreux de la Thuringe. Il y a, dans ce passage, comme en germe, l'indication d'un groupe spécial à établir parmi les poissons. AGASsiz, 1833. 273 la peau est indispensable pour la distinction des animaux qu'il s'agit de déterminer. Il faut, d'ailleurs, joindre à cette étude celle des dents et des rayons des nageoires ou ichthyodoruli- thes, à laquelle M. Agassiz a consacré deux longs chapitres de son ouvrage (t. III, 1"^ et S*" parties, p. 1-388). Chez les Cycloïdes et les Cténoïdes, les dissemblances de récaillure ne constituent pas une ligne de séparation assez nette pour qu'ils puissent être, à bon droit et par ce seul motif, considérés comme appartenant à deux ordres dis- tincts, c'est-à-dire à deux groupes dont le rang sériai est très- élevé. Il est vrai que si M. Agassiz prend pour point de départ de sa classification, la structure des écailles, caractère, dit-il, de peu d'importance au premier abord , c'est qu'il le considère « comme le reflet extérieur de toute l'organisation » à cause « des rapports intimes qui existent entre leur structure et celle de certaines parties de la charpente osseuse; » « et le squelette, ajoute-t-il, est l'expression ai'rêlée des phénomènes de la vie qui se sont manifestés dans la formation des espèces, lorsque leur germe tendant à se développer a pris, pour la première fois, les caractères organiques qui correspondent à leur essence et qui se sont reproduits les mômes aussi longtemps qu'elles ont existé à chaque époque biologique » {Rech. sur lespoiss. foss., t. IV, p. X). Puis, plus loin, comme pour démontrer ces rap- ports entre le squelette dermique et le squelette proprement dit, il s'appuie sur des faits qui, énoncés d'une manière géné- rale, lui fournissent, en faveur de sa thèse, des arguments plus spécieux que solides. Comparant les écailles aux pièces oper- culaires, il fait observer [Id., p. XIV) « que dans les poissons à écailles lisses, ces pièces ont habituellement le bord entier, sans dentelures ni épines, comme chez tous les Cycloïdes raa- lacoptérygiens, tandis que, chez la plupart des Cténoïdes, elles sont dentelées ou épineuses au bord libre comme leurs écailles. » Après avoir rappelé que chez un très-grand nombre de Cténoïdes, différents os de la tête et ceux de l'épaule sont également dentelés , il poursuit cette comparaison , en la fai- sant porter sur la structure des nageoires, et il cite à l'appui de la corrélation qu'il cherche à prouver, la prédominance des types acanthoptérygiens dans l'ordre des Cténoïdes, avec cette particularité « que leurs rayons épineux, ordinairement plus gros et plus détachés que ceux des Cycloïdes acanthoptéry- giens, sont fréquemment dentelés ou épineux à leurs bords » Poissons. Tome I. 18 274 CLASSIFICATIONS DES POISSONS. (Jrf., p. XV). Il n'introduit donc dans son ordre desCténoïdes que des Âcanthoptérygiens ù écailles pectinées. Ce sont, à vrai dire, il le fait lui-même observer (t. Il, p. 10), presque unique- ment ceux d'Artedi, à Texclusion cependant de la grande fa- mille des Scombéroïdes. Il transporte, par conséquent, dans Tordre des Cycloïdes, les Acanthoptérygiens qui n'uni point de ces dentelures [Ici., t. IV, p. XIII). Dans ses efforts pour arriver à assigner à chaque famille son rang véritable et établir qu'il est toujours indiqué par la struc- ture môme des écailles, laquelle serait, suivant lui, un indice certain des rapports mutuels des espèces, M. Agassiz s'est peut-être laissé un pou trop préoccuper de cette structure et a, par là même, exagéré l'importance des caractères différen- tiels qu'elle fournit. Enfin, tout en insistant sur leur corrélation avec ceux que présente le squelette , a-t-il su complètement éviter le reproche fait auxclassificatcurs systématiques de ne prendre, pour point de départ de leur arrangement, l'étude comparative que d'un seul système d'organes? Je n'oserais l'affirmer. L'impossibilité, selon la remarque de J. Millier, d'attacher aux différences offertes par les écailles, la même valeur carac- téristique que celle qui leur est attribuée par M. Agassiz ; les modifications nombreuses et nécessaires apportées à l'ordre des Ganoïdes tel que ce zoologiste l'avait délimité; l'impor- tance, en réalité secondaire, de la structure de la peau des poissons cartilagineux ou PUicoïdes, dont l'organisation offre tant de particularités distinctives; l'utilité contestable, au point de vue du perfectionnement de la méthode, de divisions aussi larges que le sont celles des Cycloïdes et des Cténoïdes où ont été groupés près des neuf-dixièmes de la classe des poissons : voilà quelques-uns des motifs qui ont empêché les zoologistes d'adopter la classification dont je viens d'exposer le plan gé- néral. Et cependant quelle mine riche d'enseignements de toute nature trouve à explorer celui qui étutlie l'ouvrage où le sa- vant naturaliste a })résenté, à Toccasion des espèces fossiles, une véritable histoire naturelle des poissons! que de vues in- génieuses et justes ; quelle accumulation des nuitériaux les plus précieux rassemblés ci cooi'doniiés pendant vingt années de travail! Je me borne à une sinq)le énumération des familles (i). (1) Ordre I. — Ganoïdes, Agass. {Goniolepidoti, Agass., v^via, angulus. AGASSiz, 1833 et 4857, OKEM, 1836. 275 Quant aux divisions génériques, elles sont tro}) multipliées pour que je les reproduise ici. En 1857 (Essay on dasdficat. in : Contribut. to thenat. hist. Un. States Amer., t. I, p. 187), M. Agassiz a donné une dis- tribution méthodique générale du règne animal, où il consi- dère l'embranchement des vertébrés comme comprenant 8 classes, et où la division des poissons a été modifiée en quel- ques points : I. Myzontiens, 2 ordres : Myxinoïdes et Cyclosto- mes. — II. Poissons proprement dits, 2 ordres : Cténoïdes et Cycloïdes. — III. Ganoïdes, 3 ordres : Cœlacanthes, Acipen- sérides, Sauroïdes et peut-être Siluroïdes, Plectognathes et Lo- phobranches. — IV. Sélaciens, 3 ordres : Chimères, Galéodes et Batides. —V. Ampfiibiens. — VI. Reptiles. — VII. Oiseaux. — VIII. Mammifères. Oken, après avoir imaginé successivement, de 1811 à 1822, quatre différents modes de classification des poissons (1), en >£Tit5wTo;, sqmmatus).— Fam. 1. Lepidoides, Agass. Cktmooziry?^;, squameus), ou Lepidostei. De cette grande famille ont été séparées par M. Agassiz les trois familles 2-4 : Fam. 2. Céphalaspides, Agass. {v-s-^al-i), capiit, àank, clypeus). — Fam. 3. Acanfhodiens, Agass. (àxavbbioriç,andealus). — Fam. 4. Diptérieny, Agass.— Fam. 5. Sauroïdes, Agass. (aaùpo;, lacerta, eîoo;, species). — Fam. 6. Cœlacanthes , Agass. (xoîXo;, cavus, âxavOa, aculeus). —Fam. 7. Pycnodontes, Agass. (tiuxvo;^ creher , ooobç, dens). — Fam. 8. Siluroïdes, Cuv. — Fam. 9. Acipcnseroïdes, Bon. — Fam. 10. Lépidosiréniens, Id. — Fam. 11. Tetragonurides, Riss.— Fam. 12. Macrourides, Bon.— Fam. 13. Sclé- rodermes,C\iv.—fa.m. 14. Gymnodonies, Id.— Fam. J5. Lophohranches , Id. Ordkk II. — Placoïdes, Agass. — Fam. 1. Cestrnciontes , Agass. — Fam. 2. Hybodontes, Agass. (ufJoc, gihhus , oooùç).— Fam. 3. SquuUdes,K\ss. — Fam.4.^a/ide5.— Fam. b.Chimérides, Id. — Fam. 6. Cyclosiomes, C.Bnm. Ordke. III. — Cténoïdes, Àga.ss. (Ctenolepidoti, Agass).— Fam. 1. Per- coïdes, Cuv. — Fam. 2. Sparoides, Cuv. — Fam. 3. Sciénoïdes. — Fam. 4. CoctuïJes, Agass. (joues cuirassées, Cuv.). — Fam. 5. Gotmïdes, Agass. — Fam. 6. Teuthyes, Cuv. — Fam. 7. Aulosiomes, Cuv. — Fam. 8. Chétodontes, Cuv. — Fam. 9. Pleuronectes, Cuv. — Fam. 10. Branchies labyrinihifunnesj Cuv. (Hydrotamies, C. Dum.^ (iSwp, aqua, Tapisïov, réservoir). — Cette der- nière famille ne comprend aucune espèce fossile. Ordke IV. — Cycloïdes, Agass. {Cyclolepidoti, Agass.) — 1" Cycloïdes ncantlwplerygiens (2 dorsales, dont une épineuse et l'autre molle) : Fam. 1. Scomberoïdes, Cuv. — Fam. 2. Xiphioïdes, Agass. — Fam. 3. Sphyrénuïdes, Bon.— Fam. 4. Lairoïdes, Cuv.— Fara. 5. Blenniuides, Agass.— Fam. 6. Lo- phioides, Cuv. — 2» Cycloïdes malacoplérygiens (dorsale unique, molle) : Fam. 7. Cyprinoïdes, Agass. — Fam. 8. Cyprinodontes, Agass — Fam. 9. Esocides, Cuv. — Fam. 10. Ilaldcotdes, Agass. (Clupes et Salmones). — Fam. 11. AnguiUi formes, Agass. (1) Cuvier [Hist. nat. Poiss., t. I, p. 228-236) a résumé les idées bizarres de l'auteur de la Philosophie de la nature. 276 CLASSIFICATIONS DES POISSOISS. proposa un cinquième en 1836 (i). Les caractères sur lesquels les divisions ont été fondées ont si peu de précision et sont même si artificiels, qu'il suffit d'en donner un énoncé très- sommaire pour montrer que, dans ce nouveau système, les af- finités naturelles ne sont pas respectées plus qu'elles ne Ta- vaient été dans ses essais antérieurs (2). Les vues de Mac-Leay sur Tenchaînement mutuel des diffé- rentes divisions du règne animal émises dès 1819-21 [Hurœ entomologicœ], ont été appliquées par lui à la classification des poissons, en 1842 seulement, et j'en donne plus loin un exposé sommaire. Avant cette dernière époque cependant, en 1838, (1) Allgemeine Nuturgcschichte fiir aile Stilnde, t. VI (le 3'' du Règne ani- mal), p. 25-30. (2) I. rOIS.SONS IRRÉGULIERS. Ordre I. Poissons a nag?:oires cltankes. — Tribu I. Cartilagineux : Myxine, Petromyzon, Raie Squale, Chimère, Esturgeon. — Tribu II. Poiss. à large gueule (ou à tète volumineuse) : Lophius, Batrachus, Cottus, Ura- noscopus, Trachinus, Loricaria, Cataphractus, Doras, Platystacus, Malap- terurus, Heterobranchus, Silurus. — Tribu III. Poissons à gueule étroite (ou à petite tête) : Syngnathus, Solenostomus, Pegasus, Fistularia, Centri- scus,Mormyrus, Kurtus, Stromateus, Balistcs, Cyclopterus, Ostracion, Dio- don et Tetraodon. Ordre II. Poissons a nagkoires imparfaites. — Tribu IV. Anguilles (Pois- sons allongés, sans nageoires) : Munena, Saccopharynx, Gymnotus, Lepto- cephalus, Ammodytcs, Ophidium, Cepola, Stylephorus, Gymnetrus, Lepi- dopus, Trichiurus. — Tribu V. Lotes (Poissons-rouleaux) : Blennius, Anarrhichas, Gadiis, Macrourus, Echeneis, Pleuronectes. — Tribu VI. Go- liies : Gobius, Peiiophtlialmus, Eleotris, Chirus, Gasterosteus, Trigla, Pe- ristedion, Dactyloplerus, Scorpff'na, Sebastes. II. POISSONS RÉGULIERS. Ordre III. TiioRAciyrES. — Tribu VII. Thons (Tète étroite): Centionotus, Temnodon, Scomber, Xipliias, Vomer, Zeus, Lampris, Equula, Teuthis, Acanthurus, Monoceros, Chœtodon et genres voisins. — Tribu VIII. Do- rades (Tète lisse) : Corypha>na, XyrichthySj Brama, Labrus et genres voi- sins. M;ena, Sparus et genres voisins, Anabas,Polyacanthus,Osphromenus. — Tribu IX. Perches (Tète rude): Glyphisodon, Dascyllus, Lobotes, Pristi- poma,II;L'mulon, Eques, Scia'ua et genres voisins, Acerina, Rypticus, Poly- prion, Serrniuis, Antliias, Mesoprion, Cirrliites,Holocentrum, Perça, Labrax, Lates, Centropomus, Aspro, Lucioperca. Ordre IV. Abdominaux. — Tribu X. Carpes (Bouche ronde) : Apogon, Pomatomus, Ambassis, Ophiccphalus, Tetragonurus, Mugil, Mullus, Poly- ncmus, Cobitis, Anableps, Cyprinus. — Tribu XI. Saunions (Bouche ob- tuse) : Sternoptyx, Gasteropelecus, Serrasalmo, Myletes, Hydrocyon, Ci- tharinus, Saurus, Argentina,Salmo. — Tribu XII. Harengs (Bouche étroite): Athcrina, Engraulis, Clupea, Elops, Megaloi)S, Butyrinus, Exocœtus, Amia, Osteoglossum, Sudis. — Tribu XIU. Brochets (Bouche allongée) : Polypte- rus, Sphyrai-na, Lepidosteus, Belonc, Hemiramphus, Chauliodus. swAiNSON, 1838. 277 Swainson, dont les hypothèses sont les mômes que celles de Mac-Leay, a fait connaître son propre plan en ce qui concerne les Poissons, dans le volume CIX do l'ouvrage publié par Lardner et intitulé : Cabinet Cijciopœdia où l'Erpétologie et richthyologie, sous ce titre : The nat. hist. fish. amphib. and rept. or monocardian animais, forment 2 tomes. Ici, comme dans la méthode de Mac-Leay, nous retrouvons la supposition de la prédominance du nombre cinq dans chaque division, et celle des affinités circulaires. Ainsi, pour Swainson, il n'y a que cinq groupes principaux dans la classe. Ce sont les suivants (p. 110) : I. Acanthopténjgiens, groupe typique. — II. Malacoptenj- giens, groupe sous-typique. — III. Cartilagineux. — IV. Plec- tognathes. — V. Apodes. Ces ordres se rattachant les uns aux autres, forment un grand cercle* et, de cette façon, dit Swainson, leurs affinités se trouvent indiquées ; mais ce ne sont pas seulement les af- finités qu'il recherche, ce sont encore les analogies. Il signale d'abord celles qui se remarquent entre les poissons et les au- tres animaux vertébrés, et il en donne (p. 117) le tableau sui- vant, où les affinités sont exprimées dans les colonnes vertica- les et les analogies dans les colonnes horizontales. CerclB de la classe Cercle des Poissons. des Vertébrés. 1 Acanthoptéryges Quadrupeda 2 Malacoptéryges Aves 3 Cartilagines Reptilia 4 Plectognathes Amphibia 5 Apodes Pisces Je ne puis pas suivre ce zoologiste dans les longues explica- tions qu'il donne pour motiver ces rapprochements bizarres, qui ne méritent guère d'être pris en considération. Il faudrait également entrer dans des détails dont ce n'est point ici la place, si je voulais énumérer les ressemblances insignifiantes qu'il considère à tort comme établissant des analogies entre chacune des cinq divisions secondaires des cinq ordres primi- tifs et ces ordres eux-mêmes. En voici un exemple pour celui qu'il désigne par la déno- mination de Cartilagines : (1) Reptiles nageurs (Crocodiles et genres fossiles). (2) Caméléons. Cercle, des Reptiles. Cercle des Oiseaiu. Cercle des Mammifères. Lacertes Ophides Saures (1) Chelonides ChaemelidesC Insessores Raptores Natatores Grallatores 2) Rasores Quadrumana Fera? Cetacea Glires Ungulata 278 CLASSIFICATIONS DES POISSONS. Familles. Analogies. Ordres des Poissoas. Raidœ. Dos armé d'épines. Acanthoptéryges. Squalidœ. Dos à nageoires molles. Mnlacoptcryges. Pvlyodonidœ. Essentiellement cartilagineux. Curtdogines. Sturionidœ. Coips cuirassé , bouche très-petite. Plectognalhes. Chimeridœ. Queue très-longue. Apodes. Swainson va plus loin encore, et il croit trouver des analo- gies entre ces 5 familles et les 5 classes de l'embranchement des vertébrés (p. 154). Familles. Squalidœ. Raidœ. Chimeridœ. Sturionidœ. Pûlyonidœ. Analo;ries. Ressemblant le plus par toute leur structure aux vertébrés. Vivipares. Pectorales aliformes. Tous ovipa- res (1). Partie postérieure du corps ou la c}ueue graduellement amincies et pointues. Les plus différents entre eux dans leurs cercles respectifs. — Pas de dents. Ouvertures branchiales très-gran- des ; branchies pectinées. Cercle des Vertébrés. Quadrupeda. Aves. Reptilia. Amphihia. Pisces. Par le môme procédé, il compare, sans utilité, les 5 familles ci-dessus à colles de la classe des oiseaux (p. lo7). Les sous-familles, au nombre de 5, de Tune des familles de Tordre des Cartilagineux sont, d'après des analogies, aussi peu importantes que celles qui viennent d'être signalées, pla- cées en regard des 5 familles de cet ordre. Je ne pousserai pas plus loin l'examen de cet arrangement qui, en réalité, est essentiellement systématique, bien que l'auteur ait eu en vue la démonstration des aftinités naturelles. On ne peut méconnaître combien est forte une objection qu'il a lui-même soulevée pour la combattre, mais sans y avoir réussi (p. 111). Elle peut être formulée dans ces termes : La ressem- blance entre deux groupes que l'on suppose se représenter l'un par l'autre, est tirée d'un seul caractère ou quelquefois de deux, et presque insignifiants, comme on en a la preuve par les tableaux qui précédent, tandis que pour le reste de la struc- ture, ils sont très-différents l'un de l'autre. La classification des poissons proposée par Mac-Leay (2), (1) Il y a erreur relativement à la viviparité et à Fovoviviparité (Voy. plus haut p. 244-iG), et à l'absence de dents chez les Amphibiens. (2) On the natural arrangement of Fishes in a letter to i. MXleland [Ann. andMag. ofmt.hist., 1842, t. IX, p. 197-207). MAOLEAY, 1842. 279 n'est qu une application particulière de ses vues philosophi- ques sur la distribution naturelle du règne animal dans son ensemble (1). Le but qu'il a poursuivi, mais sans être parvenu à l'atteindre, est la démonstration de ce fait fondamental, sui- vant lui, que chaque groupe naturel d'animaux se présente toujours à l'observateur capable de reconnaître les véritables affinités et de les distinguer des simples analogies, sous la forme d'un cercle passant par quatre points disposés autour d'un cinquième, pris comme type du groupe, et qui en est le centre. Ainsi, les poissons, pour montrer une application de cette hypothèse, comprennent cinq ordres, parmi lesquels celui des Cyclostomes devient le point central, parce que, en raison même de la dégradation de leur structure organique, ils sont le véritable type de la classe des poissons, qui se com- pose des animaux vertébrés les plus imparfaits. Chacun des cinq ordres consiste en la réunion de cinq tribus, formées elles- mêmes par cinq familles, et toute famille renferme cinq genres. Ainsi se multiplient les groupes circulaires, devenant chacun le point de départ de cinq nouveaux groupes de même forme. Le lien des différents points d'un même cercle est l'affinité na- turelle des animaux dont il se compose, mais la simple ana- logie est le lien des cercles qui se touchent par leur circonfé- rence, au moyen des groupes que Mac-Leay nomme osculants. La démonstration de l'exactitude d'un tel arrangement pourra être donnée et acceptée, seulement à partir du jour où l'on parviendra à établir que cette division de cinq en cinq est constante pour tous les groupes. Jusqu'à présent, les preuves n'en ont pas été fournies, et, à vrai dire, la complication de ce système qui a pour base des appréciations d'affinités et d'analogies sur lesquelles les zoo- logistes peuvent n'être pas d'accord, ont détourné d'en faire des applications aux différentes classes du règne animal. Ces applications, du reste, sont-elles toujours possibles? La ques- tion est trop générale pour qu'il y ait lieu de la discuter ici. D'ailleurs, afin de bien juger, dans son ensemble, cette manière d'envisager la distribution des animaux et leurs rapports mu- tuels, il faudrait la comparer aux vues émises sur ce même (1) Horœ entomologkœ, 1819-21. Les cinq premiers chapitres de la part. II du tome I, le seul qui ait paru, sont consacrés à l'exposition de ses idées sur le mode de classilication qu'il considère comme le seul propre à exprimer, selon sa manière de les comprendre, d'une part, les affinités, et, de l'autre, les simples analogies des êtres organisés entre eux. 280 CLASSIFICATIONS DES POISSONS. sujet par les zoologistes qui, comme Bonnet, et après lui Blain- ville, n'ont admis qu'une série continue là où d'autres, à l'exemple de Linné, ont vu uniquement des séries divergentes dont la disposition générale, en raison des points de contact établis çà et là, et sans ordre, représente jusqu'à un certain point, celle des différents pays dont les contours sont tracés sur les cartes géographiques (i'j.Il serait également nécessaire d'examiner si les divisions dichotomiques sont aussi artifi- cielles que Mac-Leay l'a prétendu (2). Un court extrait relatif à une seule tribu de poissons osseux fait comprendre comment ce naturaliste qui , dans ses déduc- tions philosophiques, déploie des connaissances zoologiques très-étendues, conçoit les aftmités et les analogies des animaux de cette classe. Je dois indiquer, d'abord, quels sont les cinq premières grandes divisions qu'il y établit, en prenant pour type, comme je l'ai dit, l'ordre des Cyclostomes, qui est le centre, un peu excentrique, autour duquel se placent, en s'en éloignant, d'une part les Plagiostomes qui, par les Squales vivipares et le Pè- lerin, tendent, dit-il, à rattacher les poissons aux Cétacés, et, d'autre part, les poissons osseux, dont les analogies avec les Batraciens lui semblent surtout manifestes chez les Baudroies et les Mallhéos : Groupe qui s'éloigne du type [aberrant group). Ctenobranchii (branchies pectinécs) : 1 Plagiostomi. — ^Sturio7ies. — 3 Ostinopterygii, Mac-Leay (ckjtéïvoc, osseux, méçjvZ, nageoire). (1) Selon la remarque très-juste de M. Agassiz {Essay on classif. in : Contrih. nat. hist. Unit.-States, t. I, p. 216), la distinction entre les affinités et les analogies, trop souvent confondues, constitue le principal mérite des vues émises par Mac-Leay et par Swainson. Il fait^ en outre, observer avec raison (id. p. 220) que leurs efforts pour arriver à donner une bonne représentation graphique des rapports complexes des animaux entre eux, ont produit ce résultat utile, qu'ils ont amené k diminuer la confiance à l'exactitude du classement uni-sérial comme expression fidèle des affinités, et à construire des tableaux où sont indiquées, plus ou moins complète- ment, les relations multiples des groupes naturels les uns avec les autres. (2) On the dying strugjle of the dkholomous System {Philos. Mag., 1830, t. VII, p. 131-445; t. VIII, p. 53-57, 134-140, 200-207). Dans ces extraits d'une lettre écrite de la Havane, et qui ont pour objet, non-seulement la critique des opinions que Fleming a exposées dans son livre intitulé Phi- losophy uf Zoology, 1822, mais la réponse aux critiques de ce dernier, M. Mac-Leay a donné de nouveaux développements sur sa méthode; et il a présenté des observations s\ir la distinction qu'il établit entre les affi- nités et les simples analogies dans une lettre que renferme le Zoolog. journal, 1828-29, t. IV, p. 47-51. MAC-LEAY, 1842. 281 Groupe normal. AcTENOBRANCHii (brancliics non peclinées) : i Lophobranchii. — 5 Cyclostomi. Par conséquent, les familles les plus nombreuses, comme Mac-Leay le fait observer lui-même, ne représentent, en quel- que sorte, que des formes anormales; mais, dit-il, c'est la structure des animaux d'un groupe et non pas le nombre des espèces qu'il renferme, qui motive le véritable rang de ce groupe dans la nature. Les poissons osseux (Ostinopterygii) sont distribués de la manière suivante : Groupe qui s'éloigne du type. AcANTHOPTERYGii : Trlb.l Balistina {Plectocjnathi) (Fam. 1 Balistidœ, 2 Ostraciontidœ, 3 Cephalaspis'/ Agass., A Orthracjoricidœ, 5 Diodon- tidœ). — Trib. 2 Percina (Fam. 1 Chelodontidœ, 2 Percidœ, 3 Scorpe- nidœ, 4 Cirrhidœ, 5 Sparidœ). — Trib. 3 Fisltilarina, distincts des précédents par l'absence de dentelures aux pièces opcrculaircs(Fam. 1 Scombridœ, 2 Fistularidœ, 3 Gobioidœ, 4 Lophiidœ, 5 Labridœ). Groupe normal. Malacopterygii : Trib. 4 Pleuronectina, Apodes et Subbrachiens de Cuvier (Fam. i Anguillidœ ., 2 Echeneidœ, 5 Cyclopteridœ , 4 Pleu- ronectidœ, 5 Gadidœ). — Trib. S Clupeina, abdominaux (Fam. 1 Si- luridœ, 2 Cyprinidœ, 3 Esocidœ, 4 Chipeidœ, 5 Saimonidœ). Dans cette énumération, où sont compris autant de cercles qu'il y a de tribus, les affinités naturelles sont respectées, comme le démontre Tordre sériai des numéros qui précèdent chaque nom; mais les dénominations des tribus sont singuliè- rement choisies. Pourquoi adopter, entre autres, celles de Fis- tularina et de Pleuronectina qui rappellent des particula- rités tout-à-fait spéciales d'organisation, pour désigner, d'une part, avec la famille des Fistularidœ., les quatre suivantes : Scombridœ, Gobioidœ., Lophiidœ., Labridœ; et, d'autre part, avec les Pleuronectidœ, celles dites : Anguillidœ, Echeneidœ, Cyclopterida;, Gadidœ ? Chacune des 5 tribus de l'ordre des Ostinoptérygiens réunit 5 familles, dont l'une est le centre autour duquel peuvent être placées circulairement les quatre autres. Ainsi, par exemple, dans la tribu des Percina, la famille dont il est d'abord ques- tion, est la 3*^ : Scorpœnidœ composée des o genres suivants : Groupe qui s'éloigne du type. — Tête tuberculeuse ou épineuse : 1 Monocentris, Linn., i"^ dorsale remplacée par des épines libres; 2 282 CLASSIFICATIONS DES POISSONS. Trigla, Linn., deux dorsales distinctes; 3 Scorpœna, Linn., deux dorsales plus ou moins confondues. Groupe typique. — Tête sans tubercules ni épines : 4 Oreosoma, Cuv., ventrales complètes, l''*' dorsale remplacée par des cônes sail- lants; 5 Gasterosteus, Linn., ventrales réduites à une ou plusieurs épines, l""" dorsale remplacée par des éjjines libres. Le genre Scorpœna conduit par le sous-genre Sebasles à la famille des Percidœ, caractérisée par la présence de sept rayons branchios- tèges et de dents au palais, l'absence d'écaillés sur les nageoires, et par ce fait que les joues ne sont pas cuirassées. Les genres de cette famille sont ainsi nommés : Groupe qui s'éloigne du type. — Deux dorsales distinctes : 1 Perça, Linn., dorsales rapprochées, dents petites, préopercule sans dente- lures; 2 Apofjon, Lacép., dorsales séparées, quelques dents allongées; 3 Enoplosus, Cuv., dorsales rapprochées, préojterculc dentelé. Groupe typique. — Deux dorsales réunies : 4 Serranus,Cu.\., dents crochues, préopercule dentelé; S Accrina, Cuv., dents petites, non crochues, préopercule non dentelé. Par le genre Enoplosus, on gagne le genre Ephippus, de la famille des Chœtodontidœ ou Squamipennes, Cuv., qui paraît se composer de 5 genres Ainsi se poursuit, et souvent avec bonheur, renchaînement des familles; mais il est inutile de pousseï^ plus loin l'étude de ce procédé de classitkation. Les citations qui précèdent suffi- sent pour montrer le rôle exagéré que l'auteur fait jouer à la prétendue loi numérique, en vertu de laquelle le nombre 5 doit toujours se retrouver dans chaque groupe. Si Ton rejette de sa classification cette supposition inutile et en même temps inexacte, on voit qu'il a quelquefois bien mis en lumière les rapports naturels des familles ou des genres; mais son mode de classement est absolument inapplicable à la classe entière des poissons. En février 4844, M. Milne Edwards a consacré un assez long mémoire au développement de cette thèse, dont l'importance est incontestable, que le zoologiste doit prendre en grande considération les diverses phases du développement pendant l'état embryonaire , lorsqu'il veut connaître les affinités res- pectives des différents groupes du règne animal (1). Je ne puis pas le suivre sur ce terrain, puisqu'il s'agit ici d'une classification de tout l'ensemble du règne animal; je (1) Considérât, sur quelques principes relatifs à la classif. natur. des anim. et, plus particulièrement y sur la distrifjut. mélh. des laammif. : Ann. Se. nat.y 'i" série, t. I, p. 65-99, MILNE EDWARDS, 1844 et 1855. 283 dois cependant signaler le rang qui y est assigné aux poissons. Elle est basée sur le principe suivant : « Les différences zoo- logiques les plus fondamentales, c'est-ù-dipe les traits distinc- tifs des grands embranchements, se prononcent au début de la vie embryonaire [loc. cit., p. 83); ce qui signifie, en d'autres termes, qu'il y a concordance entre la marche des phéno- mènes génésiques et les divisions naturelles du règne animal. » La première grande coupe fondée sur les différences ob- servées dès que le développement du germe commence à se manifester est celle des animaux, en vertébrés, où. se montre tout d'abord le sillon rachidien médian, et en invertébrés, où nulle trace du sillon ne se manifeste. Parmi les premiers, s'établit bientôt une divergence profonde, résultant de la na- ture même du milieu ambiant. Si les phénomènes respiratoires, chez l'embryon, doivent s'accomplir par l'intermédiaire de l'eau, la membrane caractéristique de l'œuf des espèces aérien- nes, c'est-à-dire l'allantoïde, manque. De là, résulte le partage des vertébrés en deux groupes, les Anallantoïdiens et les Al- lantoïdiens. C'est particulièrement à la distribution de ceux-ci, d'après le mode d'union entre la mère et le fœtus, à l'aide des liens vasculaires, que M. Milne Edwards a consacré la seconde partie de son travail : il y a montré la possibilité, pour le clas- sificateur, de tirer un très-bon parti de l'étude du placenta. VERTÉBRÉS ANALLANTOÏDIENS. BATRACIENS. 1^'-^'^''"^^ |Anoures| \ lUrodèles! POISSONS. / / \ ^ |Pérennibr.| ,|Lepidosirenj \ y|P. osseux]/ |Cyclostomes| 1 |Ampliioxus[ J 284 CLASSIFICATIONS DES POISSONS. Le tableau qui précède n'est que la reproduction d'une partie de celui où M. Milne Edwards a fait figurer tous les verté- brés. Il a cherché, comme il le dit lui-même, « à représenter parla position relative des groupes et par les lignes qui unis- sent ceux-ci, les divers degrés d'affinité que les animaux offrent entre eux et la place qui leur appartient, à raison de la perfection plus ou moins considérable de leur organisa- tion. » Dans la 1" édit. de son Cours élément, d'hist. nat., 1855, M. Milne Edwards admet les divisions suivantes : Classe des Poissons, i*" Osseux, Ordres : Acanthoptérygiens, Abdominaux, Subbrachiens, Apodes, Lophobranches et Plectognathes. — . 2° Chondropténjgiens, Ordres : Esturgeons, Sélaciens et Cy- clostomes. L'ordre chronologique m'amène à parler maintenant de la classification exposée, en décembre 1844, par J. Miiller, à qui ses études approfondies sur l'organisation des poissons ont permis de donner, en partie, satisfaction à un vœu exprimé par Cuvier, dans ces termes : « Pour disposer avec quelque ordre les genres et les familles natu- relles qu'il est aisé de reconnaître dans celle classe d'animaux, il aurait été nécessaire de saisir un petit nombre de caractères impor- tants d'où il résultât quelques grandes divisions qui, sans rompre les rapports naturels, fussent assez précises pour ne laisser aucun doute sur la place de chaque poisson ; et c'est à quoi l'on n'est point encore parvenu d'une manière suffisamment détaillée. » {Hist. nat. des Poiss., t. I, p. 532). En vue de la détermination de ces caractères, le professeur de Berlin a exécuté une série de travaux importants, dont l'a- natomie des Myxinoïdes a été le point de départ (1). Arrivant ainsi à une connaissance plus exacte de l'organisation des poissons, il a proposé une classification essentiellement fondée sur des bases anatomiques. Il a pris h quelques-uns des ich- thyologistes qui l'ont précédé, certaines divisions naturelles, quand elles lui ont semblé, par suite des analogies de struc- ture, pouvoir être conservées, et il en a établi de nouvelles. (1) Ces travaux, pour la plupart, sont consignés dans cinq mcmoires insérés parmi ceux de FAcad. de Berlin (1834-1843), puis tirés à part. Ils ont pour titre général : Vergleicliende Anat. der Myxinoiden, der Cycloslo- mcn mit durchlobrlem Gaumen. lis traitent des os, des muscles, des or- ganes des sens, de la névrologie, du système vasculaire de la splanclmo- logie. .1.MULLER, 1844 285 Enfin, il a fait rentrer dans son cadre, à Texemple do M. Agassiz, les poissons fossiles, après s'être livré à un exa- men comparatif des espèces de noire faune, que ce dernier avait cru devoir rapporter à Tordre des Ganoïdes. Par l'as- sociation et la combinaison de ces différents éléments, J. Millier est parvenu à donner un tableau de la classe en- tière (1). Les vues qu'il a émises sur le classement des poissons, mé- ritent d'occuper une place importante dans l'histoire de la science. Moins systématique, il est vrai, que la classification de M. Agassiz, celle-ci néanmoins n'est pas complètement à l'abri des reproches faits à tout arrangement qui s'éloigne plus ou moins de la méthode naturelle. C'est, en effet, d'après un seul caractère, tiré soit de la disposition des os pharyngiens infé- rieurs, soit de la présence ou de l'absence d'un conduit aéro- phore de la vessie natatoire, que de grandes coupes ont été établies, mais sans de trop fortes atteintes portées à cette méthode. Je dois cependant faire remarquer, dès à présent, la nécessité où J. Mûller s'est trouvé, pour rester fidèle aux principes qui l'ont guidé, de séparer les Ophidiniens (voy. plus loin, p. 287, note 1) des Anguilliformes, et les Scombré- soces des Esoces proprement dits (p. 287, note 2). N'y a-t-il pas, d'ailleurs, quelque inconvénient à négliger des traits saillants de la physionomie générale de certains genres, et à les éloigner des groupes avec lesquels ils parais- sent avoir le plus d'analogie par l'ensemble de leurs caractères (1) On en trouve l'exposé dans un Mémoire où il commence par présen- ter de nombreux détails sur la structure des Ganoïdes et sur les limites à assigner à cet ordre : Ueber den Bau und die Grenzen der Ganoiden und iiber din 7iaturliche System der Fische, 1844, traduit en français par M. Vogt (Ann. des se. natur. Zool., 3^ série, t. IV, p. 5-53). Ce dernier, à la suite du Mémoire de J. Millier, a présenté Quelques ob- servations sur les caractères qui servent à la classific. des poiss. ganoïdes {Id., p. 53-68). Elles devront être examinées quand nous étudierons les poissons de ce groupe. Les vues de M. Vogt sur la classification ont été résumées par lui (p. 68) dans les termes suivants : « Tous les caractères anatomiques tirés des or- ganes delà digestion, de la respiration, de la circulation et de la généra- tion ne sont point des caractères exclusifs, d'après lesquels seuls on pour- rait délimiter des ordres et des familles. Ces caractères ont une grande valeur, mais elle n'est que secondaire, et les bases de la classification ich- thyoloqique doivent être cherchées dans des considérations d'un autre ordre de faits, dans l'embryologie comparée des poissons. » 286 iCLASSIFICATiONS DES POISSONS. extérieurs, pour les placer auprès de ceux dont ils ne se rap- prochent réellement que par une ou deux particularités anato- miques d'organes internes? Il divise la classe des Poissons en 6 sous-classes. Slbclassis I. DiPNOï, Mull. (SI;, deux, ttvôo;, respiration). Poissons ayant deux manières différentes de respirer, ou Lépidosiréniens. — Corps couvert d'écaillés; des branchies el des poumons; narines per- forées. — Ils sont considérés ici, à juste titre, comme des poissons, ainsi que M. Rich. Owen l'avait déjà proposé. Slbclassis II. Teleostei, MùU. (teXéo;, parfait, èaTsov, os). — Vérita- bles osseux à branchies libres, munis d'opercules, et dont l'artère, à sa sortie du ventricule, porte deux valvules seulement. Ordo I. Acanthopteri. — Acanthoptérygicns à os pharyngiens in- férieurs doubles ; vessie natatoire sans canal aérien, mais quelquefois elle manque; nageoires paires inférieures situées le plus ordinaire- ment au-dessous des pectorales (thoraciques) (1). La plus grande analogie se remarque entre cet ordre et le groupe des Acanthoptérygicns d'Artedi, complété par Cuvier. J. Millier en éloigne les Labroïdes, à cause de la réunion sur la ligne médiane, de leurs os pharyngiens inférieurs, particu- larité anatomique déjà indiquée par le célèbre zoologiste sué- dois [Iclith., 1738, Gênera piscium, p. 33, Gen. Labru.s), mais dont il n'avait pas été tenu compte jusqu'alors, comme d'un caractère suffisant, pour motiver cette séparation. A la famille des Gobioïdes, J. Millier rattache celle des Discoboles de Cu- vier ou desPlécopodes de mon père (Zoo/. rt»rt///^,1806,p. 109), en se fondant sur certaines considérations inutiles à mentionner à présent. Les Echénéides sont rangés dans la même famille, à la suite des précédents [Archiv Wiegm., 1843, 9'' année, t. I, p. 295 : Beitr. zur Kenntniss der natini . Vamil. Fische, 292-330). On peut, avec M. Canestrini [Ziir Kritik des Miillersclicn Syst. der Knochenfische in : Verh. der zool.-bot. Gesellseh., Wien, 1859, p. 119), faire deux objections à la composition de cet ordre. L'une est relative au déplacement des poissons nommés par J. Miillcr Phanjngoguatlies^ et j'y reviens plus loin, à l'occasion de l'ordre qu'il désigne ainsi. L'autre porte sur l'inconvénient de laisser parmi les Acanthoptèrcs des fa- (1) Il rapporte à cet ordre 15 familles : Fam. 1, Percoidei, Cuv. ; 2, Ca- taphracti, Cuv.; 3, Sparoidei, Cuv. (inclus. Mœnidei) ; 4, Sciœnoidei, Cuv.; 5, Labijrinthi formes, Cuv.; 6, Mugiloidci, Cuv.; 7, Nutuctnifhhii, Miill.; 8, Scomberoidei, Cuv. ; 9, Squnmmipenttes, Cuv. ; 10, Tœnioidei, Cuv.; 11, Go- bioidei, Mull.; 12, Blenniuidei^ Miill.; 13, Pediculad, Cuv.; li, Tcuthrjes, Cuv. ; 15, Fislulares. J. MULLER, 1844. 287 milles qui n'ont pas de rayon solide et non articulé aux ven- trales, c'est-à-dire les Tœnioïdes, les Blennoïdes, les Gobioïdes et les Fistulaires. Il semble donc convenable de les éliminer, puisque, par la structure même de leurs dorsales, ils méritent si peu la dénomination d'Acanthoptérygiens. On est, à la vé- rité, embarrassé sur le rang à leur assigner, et il n'est pas bien démontré que 31. Canestrini ait trouvé la véritable place des trois premières de ces familles en les réunissant aux Helmichthydes, aux Ophidiniens, aux Batrachoïdes et aux Pleuronectides dans l'ordre qu'il a fondé sous le nom de Haplopteri pour les pois- sons à rayons des dorsales articulés, mais non ramifiés (voyez plus loin l'analyse de sa classification d'après les rayons des nageoires). Ordo II. Anacanthini. — Malacoptérygicns semblables, par leur structure, si ce n'est celle des nageoires, aux Acanthoptérygiens; pri- vés ou munis d'une vessie natatoire sans conduit aérophore ; à na- geoires paires inférieures jugulaires ou thoraciques (une partie des subbracbiens de Cuvier) ou nulles (1). Selon les divisions proposées l)ar M. Canestrini, cet ordre devrait rentrer dans ses Haploptères. Ordo III. P/ian/?(r/ofy»fli/ii (à màcboirc pharyngienne). — Acanthop- térygiens cl Malacoptérygicns à os pharyngiens inférieurs réunis par une suture sur la ligne médiane ; à nageoires paires inférieures pec- torales ou abdominales; à vessie natatoire sans canal aérien (2). On a fait observer, avec raison, que le caractère essentiel et (1) Fam. 1, Gadoidei, Cuv. ;2, Ophidini, Mûll.; 3, Pleuronectides, Cuv. Les Ophidiniens sont écartés des Anguilles, malgré certains rapports de conformation générale, et rapprochés des Gadoïdes, quoique privés de ventrales, parce qu'ils ressemblent, par l'allongement du tronc et par leurs barbillons, aux Gades anguilliformes, tels que les Molves et les Motelles, mais surtout aux Brotules à dorsale et anale confondues avec Turoptère. Comme ceux-ci, d'ailleurs, ils ont une vessie hydrostatique complètement close. On ne saurait méconnaître également que les Ophidiniens se rap- prochent un peu de certains Blennoïdes, et, en particulier, du genre Ly- codes, Reinh. Il résulte de ces assimilations, qui paraissent pouvoir être faites sous différents rapports, entre les Ophidiniens et des poissons de di- verses familles, que le véritable rang de celle dont il s'agit ici est diflicile à déterminer, comme le reconnaissent, au reste, les zoologistes qui la lais- sent auprès des Anguilliformes;, tels que M. Kaup : Uebersicht der Aale : Einiges iiber die Unterfamilie Ophidi/iœ, in : Archio. fur Naturgesch., 1856, p. 9'-i; M. Van der Hoeven, Hand'joek dcr Dierkunde, 1859, 2^ édit., t. Il, p. 325 et Yarrell et Richardson, British flshes, 3« édit., 1859, t. I, p. 77. (2) Cet ordre comprend 4 familles ainsi groupées : Stibordo I. Pharyn- GOGNATUi ACANTHOPTERVGH. Fam. \, Labroideî Ci/cloidei, Miill.; 2, Labr. ctc- noidei, Id. ; 3, Cliromides,ld.. — Subordo II. Pharyngognathi malacopte- RYGii. Fam. 4, Scombresoces, HnW., seu Belonini, ^ona.p. 288 CLASSIFICATIONS DES POISSONS. exclusif de cet ordre n'a pas une grande importance. M. Th. Gill (voy. plus loin sa classilicat.) le néglige. De plus, on a dit que si Ton s'en tient à ce seul caractère, il n'y a pas de motifs pour ne pas placer dans cet ordre IcsPogonias (Scia^noïdes), qui ont les pharyngiens inférieurs soudés sur la ligne médiane. Chez les Chromides, d'ailleurs, la réunion des pièces osseuses du pharynx n'est pas aussi complète que chez les Labres, et, par conséquent, s'il ne fallait s'en tenir qu'à la particularité anatomique d'après laquelle l'ordre est fondé, le rapproche- ment des deux familles ne serait peut-être pas suffisamment justifié. Notons enfin que M. Cancstrini [loc. cit., p. i2o) ne trouve pas conforme aux affinités naturelles de réunir dans un même ordre, uniquement parce qu'ils ont en commun un caractère anatomique d'une importance secondaire, des Acan- thoptérygiens (Labroïdes et Chromides) d'une part, et de l'autre des Malacoptérygiens (Scombrésoces). Ces critiques ne sont pas sans valeur; néanmoins l'ordre des Pharyngognathes, sans les Scombrésoces, est admis par la plu- part des zoologistes. Ordo IV. Physostomi {■■f'jna., vessie, g-oii-o., bouche]. — Malacoptéry- giens abdominaux ou apodes, à vessie natatoire toujours munie d"uu canal aérophorc (1). Tantôt, la vessie natatoire manque dans diverses espèces qui appartiennent à des genres où, d'ordinaire, elle est bien déve- loppée, comme, par exemple, chez les Loricaires et certains Pimélodes parmi les Siluroïdes, et chez le Sciénoïde dit Um- brina albiinius; tantôt, au contraire, elle se trouve dans des espèces très-voisines de celles qui en sont privées [Scotuber pneumatoplwrus , Se. grex, etc.), ou bien elle n'existe pas chez un poisson très-peu différent d'un autre pourvu de cet organe. Il semblerait donc préférable de ne pas prendre un caractère tiré de sa conformation, comme point de dépari pour la déli- mitation d'un groupe d'ordre supérieur, d'autant plus qu'il y a dans les Physostomes de J. Millier, des poissons oîi la vessie fait défaut. Cette objection n'a cei)endant pas une très-grande portée, car tous ceux (jui sont munis de ce réservoir à air, et (1) Subordo /. Physostomi audominalks. Fam. 1, Silttroidei, Cuv.; 2, Cy- prinoidei, Agass. ; 3, Characini, Miill.; i, Cyprinodontcx, Agass.; ô, Mor- myreij Cuv.; 6, Esoccs, Miill.; 7, Gala.riœ, Miill.; 8, Salmones, Miill.; 9, Scopelini, Miill.; 10, Clupeoidri, Cuv.; 11, Helrropyr/H (Telkampf;, Miill.— SubordoII. PuYsosTOMi Ai'ODKS. Fam. l'i, Muranoidvi, Mùll.; 13, Gymno- tini, Id.; H, Symbranchii, Id. j. MiiLLER, 1844. 289 les exceptions sont peu nombreuses, ont en même temps un conduit aérophore; tandis que chez ses Acanthopt. et ses Ana- canthes à vessie natatoire, il n'y a jamais de communication avec l'extérieur. Aussi, le prince Ch. Bonaparte a-t-il pu, con- formément aux vues émises par le professeur de Berlin, for- mer, à côté de la section des Pliîjsostomi, celle des PJnjsoclysti caractérisés par l'absence du canal aérien. Ordo V. — Plectorjnathi (mâchoires fixées). — J. Muller laisse à cet ordre la dénomination proposée par Cuvier et tirée, comme il est dit dans le Règne animal, « de ce que l'os maxillaire est soudé ou at- taché fixement sur le côté de l'inter-maxillaire, qui forme seul la mâ- choire, et de ce que l'arcade palatine s'engrène par suture avec le crâne et n'a, par conséquent, aucune mobilité; » mais il fait observer que cette disposition anatomique n'est pas absolument constante et qu'elle se trouve aussi dans d'autres poissons tels que les Scrrasalmes, par exemple. Il conserve cependant cette division très-naturelle, en s'appuyant spécialement sur les particularités offertes par la structure de la peau, dont les écailles, aspérités, plaques et piquants diffèrent tout-à-fait des écailles ordinaires (1). L'ordre comprend 3 familles (2). Ordo VI. Lophobranchii. Une seule famille. SuRCLAssis III. Ganoidei (ou à aspect émaillé), Agass. Ce groupe, moditié par J. Muller, puis par d'autres zoologistes, devra être ulté- rieurement l'objet d'un examen spécial, relativement aux limites à lui assigner dans la faune du monde actuel. Ses caractères constants, d'après le professeur de Berlin, sont les suivants : Plusieurs séries de valvules à l'origine du tronc artériel; branchies libres, recouvertes par des- opercules ; nerfs optiques complètement confondus en un chiasma; nageoires paires inférieures abdominales. Il faut y ajouter, comme caractères fréquents, l'aspect émaillé des écailles et la pré- sence des fulcres aux nageoires (3). (1) Le nom dCHéférodermes employé par Blainville {Prodrome, 1816) et celui cV Echinoïdes proposé par M. Hollard (C. rendus Ac. se, 1850, t. XXXI, p. 564;, sont tirés des caractères spéciaux fournis par les téguments. (2) Fam. 1, Balislini, Cuv. ; 2, Ostrncionefi, Cuv.; 3, Gymnodonies, Cuv. (3) A roccasion des Esturgeons, qui appartiennent à la sous-classe des Ganoïdes, je crois utile de rappeler ici une vue de mon père, dont j'ai le regret de ne pas trouver une mention dans le mémoire de J. Millier. Après avoir montré combien il est peu naturel de laisser, à l'exemple d'Artedi et de Cuvier, dans un même groupe, comme cartilagineux, des poissons très-dillérents entre eux, tels que les Raies et les Squales d'une part, les Lamproies de l'autre, et, en troisième lieu, les Esturgeons, l'ana- tomistc allemand dit (p. 40 de la traduction de Vogt) : « Pallas et Agassiz ont bien séparé une famille de ces poissons, les Esturgeons, d'avec les au- tres. » Mais l'ouvrage dit Zoogrwphia îiosxo-AsiaUca, où Pallas les a ran- gés dans l'ordre des poissons à opercules et à branchies libres, qu'il nomme Branchiata, n'a été écrit qu'en 1811 et publié seulement en 1831, Poissons. Tome I. 19 290 CLASSIFICATIONS DES POISSOINS. Ordo 1. Holostei, Miill. (o>.o;, tout entier, ôatiov, os) (1). OrdoII. Chondrostei, MûU. (/>ôpo;, cartilage, ôaTsov, os) (2). Slbclassis IV. Elasmobranciui, Bonap. (branchies en lames). — Squelette cartilagineux ; organes génitaux beaucoup plus développés que ceux des autres poissons et comjjlétés par des appendices ex- ternes chez les mâles; branchies tantôt fixes, à ouvertures externes multiples (Plagiostomi), tantôt libres, à ouverture externe unique {Chi- merides). Ordo I. Playiostomi, C. Dum. (3). Ordo II. Holocephali (4). Slbclassis V. Marsipobranchii, Bonap. (branchies en forme de bourses), seu Cijdostomi, C. Dum. [Zool. anahjt., p. 101). Absence complète d'arcs branchiaux, ainsi que de mâchoires; organes sexuels très-simples, sans oviductes ni canaux spormatiqucs; 2 valvules à l'o- rigine du bulbe artériel, qui manque de couches musculaires. Ordo I. Hypcroarlii, Mull., à palais sans ouvertures. — Fam. unie. Pelromijzonini, Bonaj). Ordo II. Hypcrob-eti, Miill. (à ouvertures au palais). — Fam. unie. Myxinoidei, Mùll. SuBCLASSis VI. Leptocarmi, Miill. — VA)nphioxus, type de cette sous-classe, est si imparfaitement organisé qu'il a dû être éloigné des Cyclostomes, dont il se rapproche cependant un peu par la structure du squelette et par l'absence des mâchoires; mais il n'a point de ren- flement cardiaque; ses branchies sont dans la cavité abdominale avec un pore respiratoire ; la moelle épinière n'offre pas d'épanouissement cérébral. Il y a d'ailleurs d'autres preuves de l'infériorité de ce pois- son, fournies par la réduction du foie en un cœcum intestinal et par la manifestation du mouvement vibratile àla surface de toutes les mem- branes muqueuses. Les Leptocardiens sont donc en réalité, les ani- maux vertébrés les plus imparfaits, et ils doivent occuper le dernier rang dans la classe des poissons. M.Rich. Owen [Lectures on the comparât, anat. and physiol. vertebr. anirn.;Fishes, 1846) a adopté une classification qui est, par Tilesius; tandis que, dès 1806, mon père, dans sa Zool. nnnltjf. (p. 97), formait, sous le nom à' Eleuthéropumes (branchies libres), un ordre spécial pour les Esturgeons, les Polyodontes et les Pégases, constiluant ensemble sa ¥ famille (p. lOô). (1) Fam. 1, Lepidosicini, Miill.; 2, Polypterini, Cuv. (2) Fam. 1, Acipen.seriiii, MûU.; 2, Spatul'iriœ, Id. (3) Subordo I. Squalid.*:.— Fam. 1, Sryi/fV;, Mûll.^ Henle ; 2, Nycdtnnfes, Id. {Cdvchnriœ, Triœnudontes, Galei, SajUiûdontes, Musteli, membr. nyc- tit. gaudent); 3, Lnmnoidei, Id.; 4, Alopeciœ, Id.; 5, Cesirucionfes, Agass.; 6, Rhiiiûdvntes, MiiU., Henle; 7, Notidani, Id.; 8, Spinaces, Id. ; 9, Scymni, Id.; 10, Sqyi'tinœ, Swainson. Suijurdo U. Rajid.k. — Fam. 1, Squatinorajœ, Miill. Henle; 12, Torpedi- «es, Id.; 13, Rojœ, Miill.; 14, Trygones, MiilK Henle; Myliobatides, Id.; Cephalopterœ, Id. (4) Fam. unique, Chimœrœ, Bonap. RicH. ovE>:, 1846. k.-j.-c. mayek, 1849. 291 à quelques différences près, celle de Mùller, comme il le dit lui-même; mais (p. 47) on y remarque un changement impor- tant introduit dans la science dès 1837, par Tanatomiste an- glais. Il consiste dans la réunion, en un ordre séparé, sous le nom de i)6'/'wo;?ten, des Lamproies, des Myxines et de l'Am- phioxus. Les autres cartilagineux, nettement séparés des pré- cédents, occupent l'extrémité opposée de la série. La classe (1) est partagée en 11 ordres, quelquefois divisés en sous-ordres, et comprenant 71 familles oi^i sont rangées les espèces de la faune actuelle et les espèces fossiles. Une classification très-bizarre est celle dont M. F.-J.-C. Mayer a fait connaître le plan général en 1849, et qui a pour base les différences que présentent les membres [System des Thierreichcs oder Eintheilung der Thiere nach einen Princip., Bonn, 1849) (2). Elles lui servent pour l'établissement des di- visions principales et des divisions secondaires. En consé- quence, il partage d'abord le règne animal tout entier en 12 classes, d'après l'un des caractères les moins importants (3). (1) CL ASSIS PISCES. — Ordo I. Dermopteri. — Suhordo I. Pliaryngo- brancha, {Cirrhostomi.) — Suhordo II. Mr,rsipobranchii, {Cyclostomi) . Ordo IL Malacopteri (Physostomi, Miill.). — Subordo I. Apodes. — Suh- ordo II. Abdominales. Ordo III. Pharyngognathi (HuU.). — Subordo I. Malacopterygii. — Subordo II. Acanthopterygii. Ordo ly. Anacanthim (Mull.). — Subordo I. Apodes (Ophididœ). — Sub- ordo II. Thoracici {Gadidœ, Pleuronectidœ) . Ordo y. AcANTHOPTERi (MuU. ).—Ordo VI. Plectognathi (Cuv.). — Ordo VII. Lophorranchii. — Ordo VIII. Ganoidei pcirt. Agass. (Miill.).— Ordo IX. Protopteri. — Ordo X. Holocephali. — Ordo XI. Plagiostomi. Les familles sont distribuées comme dans la classification du professeur de Berlin. (2) Aus der Verhandlungen des naturalhisior . Vereins der Preussisch., R/ieinlande und Westphalens, 18 i9, et réuni en une brochure in-8°j avec la paginât, de ce Recueil, année VI (169-200 et 33-i2). (3) Cl. I. Cathetomelea (y.àâôTo;, ligne perpendiculaire, ^.ilo-, eo;, mem- bre), Mammalia. — Membra ad axin rectangula. — Cl. II. O.vygoniomelea (ôE'jç, aigu, yôvj, angle, etc.), Aves. — Membra ad axin acutangula. — Cl. m. Plagiumclea (nHyioç, transversal, etc.), Amphibia. — Membra ad axin horizontalia. (Où les serpents doivent-ils prendre place?) — Cl. IV. Spora- domelea (aTropâôr,;, dispersé, etc.), Pisces. — Membra dispersa. — Cl. V. Distichomelea {rAnir/oz, qui a deux rangées, etc.), Crustacea. — Membra disticha. — Cl. VI. Synectomelea fTÛvîyx'jç, proche, auprès, etc.), Inserta. — Membra conniventia. — Cl. VII. Stomntunielea (r7T0[j.a, bouche, etc.). Cephaloptera, — Membra stomatica. — Cl. VIII. Gasteromelea {yacuriç,, ven- tre, etc.), Gasieropoda. — Membra trunco confluentia. — Cl. IX. Circo- melea (xipxoç, anneau, etc.), Annukita. — Membra cyclica. — Cl. X. Ente~ 292 CLASSIFICATIONS DES POISSONS. Les poissons forment la A" classe. Elle comprend dix ordres, dont je donne, en note, Ténumération (1). Quelques explications données par l'auteur lui-même, comme une sorte de commentaire de cet arrangement artificiel, dont le caractère systématique frappe tout d'abord, sont absolument indispensables pour rintclligcnce des dénominations employées. La disposition des organes génitaux en raison des appendices des mâles, et leur relation avec les ventrale^^ motivent l'établissement du 1^'' Ordre, que tant d'autres particularités distinguent, puisqu'il com- prend les Plagiostomcs et les Chimères. L'arrangement des nageoires paires en une sorte d'appareil de suc- cion détermine la formation du S*" Ordre où, à côté des Discoboles, sont placés les Callionymcs et les Coméphores. Le développement plus ou moins marqué des pectorales de. certains poissons plus élevés dans la série, et leur mode d'articulation d'où résulte quelque aptitude à une locomotion terrestre, favorisée, chez plusieurs, par la possibilité d'un séjour hors de l'eau d'une durée va- riable, expliquent, dit l'auteur, l'établissement du 3"= Ordre. Le ¥ Ordre comprend tous les poissons volants, malgré les diffé- rences remarquables que présentent, dans le reste de leur organisation, les espèces rapprochées ici uniquement en raison du grand déve- loppement de leurs pectorales. romelea (ivtspov, intestin, etc.), Holothiiriœ, Crinodea, Ctenophora. — Membra carniculata. — CI. XI. Cercomelea (y-îpy.o;, queue, etc.), Acfinia, etc. — Membra caudalia. — Cl. XII. Periphoromelea (Treptçopoç, qu'on porte tout autour, etc.), Infusoria. — Membra pcriplierica. (1) Classis IV. Sporadomelea. Pisces. — Ordo I. Àïdopterygii (aîooîo:, organe génital, Tr-rspûyiov, aile) : Squalus , Rhinobatus, Raja, ChimaM-a. — Ordo II. Bdellopterygii (poéXXa, sangsue, etc.) : Cyclopterus, Lepado- gaster, Gobius, Callionymus, Comephorus. — Ordo III. Bœnopterygii (Paîvw, je marche^ etc.) : Chironectes, Lophius, Batrachus, Platystacus, Cataphractus, Mystes, Aspredo, Loricaria, Cottus, Scorpius, Gobio, Silurus, Malapterus, Anabas, Osphromenus, Ophicephalus. — Ordo IV. Pteroptery- gii (Tixepov, aile, etc.) : Trigla, Pterois, Exocœtus. -- Ordo V. Monopferygii ([AÔvo;, seul, etc.) : Syngnathus, Solcnostomus, Pcgasus, Hippocampus, Ba- listes, Ostracion, Diodon, Triodon, Tetrodon, Orthragoriscus, Centriscus, Anarrliichas. — Ordo VI. Anisopterygii (àviaoç, inégal, etc.) : Gadus, Blcn- nius, Plcuronoctes, Ccntronotus, Cepola, Trachinus, Uranoscopus, Lepido- pus, Lophotes.— Ordo \U. Hypopterygii (-jttô, en dessous, etc.) : Echeneis, Coryphœna, Scorpaïna, Zeus, Cha>todon, Spams, Labrus, Sciœna, Perça, Gasterosteus, Scomber, Mullus. — Ordo VIII. Ephexopterygii (é^peHy;;, en arrière, etc.) : Cobitis, Loricaria, Saimo, Fistularia, Elops, Argentina, Atherina, Mugil, Polynemus, Clupea, Cyprinus. — Ordo IX. Coluboptcrygii (y.oXù|îô:, tronqué, etc.) : Murœna, Conger, Gymnothorax, Gymnotus^ Tri- cliiurus, Ammodytes, Ophidium, Lepidosiren, Mura-nophis, Aptcrichthys, Symbranchus. — Ordo X. Cercupterygii (xspxo:, queue, etc.) : Pctromyzon, Ammocœtes, Gasterobranchus, Bdellostoma, Amphioxus. CH. BONAPARTE, 1839-1850. 293 L'absence des ventrales justifie, dit-il, et sans ajouter aucune autre explication, rétablissement du 5*^ Ordre. Il est singulier de voir figurer dans ce groupe, auprès des Lophobranches et des Plectognathes, l'A- narrhique, auquel auraient pu être ajoutés tous les autres poissons apodes des différentes familles, et l'on s'étonne que les vrais Apodes ou Anguilliformes en soient éloignés. Le Ccntrisque et leSolénostome, d'ailleurs, ne manquent pas de ventrales. On ne saurait méconnaître, en outre, l'impropriété de ce terme de Monoptérygiens qui ferait sup- poser que les poissons dont il s'agit ont une seule nageoire, comme ceux dont Bloch, dans son étrange Système posthume, édité par Schneider, a constitué son onzième ordre. M. Mayer a rassemblé dans le 6*^ Ordre les poissons à pectorales et à ventrales inégalement développées. Ce sont, d'une part, les Jugu- laires, les Pleuronectes et quelques-uns des poissons en ruban ou Tse- nioïdes. Dans une semblable classification, c'est là que les poissons volants auraient pu prendre place, puisque leurs nageoires paires ont aussi des dimensions très-inégales. Le 7^ Ordre réunit les espèces à ventrales situées au-dessous des pectorales : c'est la plus grande partie des Thoraciques de Linné, dont quelques groupes sont dispersés dans d'autres ordres. Les poissons compris dans le 8'' Ordre se distinguent des précé- dents, en ce que les ventrales et les pectorales sont placées les unes derrière les autres. Tels sont, pour M. Mayer, la plupart des abdomi- naux de Linné, dont il retranche les Silures et les Exocets, puis les Esoces qui ne sont mentionnés nulle part dans ce système. Quand les poissons n'offrent que des vestiges ou des rudiments de nageoires, ils forment le 9'= Ordre. Tels sont les Apodes de Linné, plus les Lépidosiréniens. Ces poissons, que l'auteur nomme aussi Pe- ropterycjii (aux nageoires mutilées), le conduisent aux Cyclostomes et à l'Amphioxus, qu'il groupe dans son lO*^ Ordre, et chez lesquels l'ex- trémité caudale seule sert pour faciliter la natation. Je ne m'arrêterai pas davantage à l'examen de cet arrangement sys- tématique. Aux quatre grandes divisions fondées par Linné sur l'ab- sence des ventrales ou sur leur situation relativement aux pectorales, M. Mayer, qui les a plus ou moins modifiées, n'a ajouté que des groupes artificiels : je citerai particulièrement les 3'= et 5*" Ordres. On est surpris que le savant professeur de Bonn ait attaché une si grande valeur à des caractères extérieurs d'une importance souvent secondaire et dont l'emploi exclusif comme guide pour la formation de tous les groupes rompt trop souvent les affinités naturelles. Le prince Ch. Bonaparte s'étant constamment efforcé d'amé- liorer, au fur et à mesure des progrès de la science, les clas- sifications proposées par lui, il résulte de ses révisions sou- vent répétées la nécessité de recourir toujours à ses publications les plus récentes. Or, la dernière expression de sa pensée 294 CLASSIFICATIONS DES POISSONS. se trouve dans un tableau qu'il a rédigé à Leyde en 1850 sous ce titre : Conspectus systematis ichthyologiœ. Editio refor- mata (1). Comme toutes ses classifications, celle deriiière a le défaut de pré- senter une série considérable de groupes d'importance variable, sans fournir par l'énoncé des caractères distinclifs les preuves de la justesse des divisions cl de leur nécessité. Tout en reconnaissant les inconvé- nients attachés à l'emploi de ce procédé d'exécution, en raison de son (1) Voici l'indication des publications antérieures du prince, d'après l'or- dre des dates : !•> 1839, Syslema ichthyologicnm, à la suite d'un tableau des Sélaciens, Selachorum tubuia analytica [Mém. de la Soc. des Se. nat. de Neufchàtei, t. II). A cette époque, il partageait la Classe seulement en 4 Sous-classes : I. Elasmobranchm, Sectio I, Plagiostumi : Ordo 1, Selacka (2 familles, 20 sous-familles); Ordo 2, Acanlhorhini (1 fani., 1 s.-fam.). — II. LoPHOBKANCHii, Sectio II, Syngnathi : Ordo 3, Osleodernii (i fam., 2 s.- fam.). — III. PoMATOBRANCHii, Sectio III, Plectognuthi : Ordo 4, Sclero- dermi (1 fam., 2 s.-fam.) ; Ordo 5, Gymnodontes (2 fam., 3 s.-fam.) ; Sectio IV, AJicrognathi, Ordo 6, Sturiones (2 fam., 2 s.-fam.) ; Sectio V, Tekostomi, Ordo 7, Ganoidri (5 fam., 8 s.-fam.); Ordo 8, Ctenoidei (12 fam., 27 s. -fam. ) ; Ordo 9, Cycluidei (25 fam., 50 s.-fam.) — IV. Marsipobkanchii, Sectio VI, Cyclostomi, Ordo 10, Helminthoidei (1 fam., 2 s.-fam.) : en tout, 52 familles et 117 sous-familles. 2° Un peu plus tard, vers 1842, ce sont les mêmes grandes divisions que le prince a conservées dans un écrit sans date : Prodromus sysiematis ich- thyologiœ, mais avec 53 familles et 125 sous-familles. 3° En 1842, dans le grand tableau qui accompagne le volume consacré à l'histoire des poissons {Iconografia delUi Fauna italica), aucun change- ment, en quelque sorte, n'est survenu, si ce n'est que le nombre des sous-familles est porté à 128. 4° Des différences se remarquent déjà dans Specchio générale dei sistemi erpetologico, anfibiologico cd itiiologico \u au congrès scientifique de Milan, en 1844, et imprimé dans cette ville en 18 i5, in-i». Le nombre des sous- classes et des sections y reste le même; mais, par l'addition de plusieurs ordres nouveaux, ceux-ci atteignent le nombre de 15, et les familles, plus divisées, et auprès desquelles une famille fossile vient prendre place, sont plus nombreuses : il y en a 69 comprenant 148 sous-familles. 5» Des modifications plus notables ont été apportées dans un Specchio générale del sistemn itiiologico, imprimé en tète d'un Catalogo inetodicodei pesci europei publié à Naples en 1846, in-4o. Elles sont dues à l'introduc- tion, dans cette classification générale, d'un plus grand nombre de pois- sons fossiles et de divisions principales et secondaires parmi ceux de la faune actuelle; de sorte qu'il y a, dans ce nouvel arrangement, 6 sous- classes, 9 sections, 20 ordres, 80 familles et 164 sous-familles. En compa- rant ces chiffres à ceux du Syst. ichth. de 1839, on voit combien le cadre s'est élargi ; mais je n'entre pas ici dans les détails do cette classification, puisqu'elle n'est, en (pielque sorte, que transitoire entre les premiers es- sais du prince et ceux que résume son Conspectus de 1850, présenté sous forme de tableau. CH. BONAPARTE, 1839-1850. 295 insuffisance pour ceux qui ne savent point encore et veulent appren- dre, on ne peut nier que l'ordonnance générale de ce Conspectus ne soit excellente. Elle permet de saisir d'un coup-d'œil l'ensemble des divisions de la clause des poissons, qui comprend ici, comme dans tous les autres travaux du prince sur cette matière, des sous-classes renfermant des sections divisées en ordres composés de familles, partagées elles- mêmes en sous- familles. Un bon arrangement typographique donne l'indication du nombre des espèces soit fossiles, soit vivantes, et de celles qui, parmi ces dernières, habitent la mer ou les eaux douces. Par suite de la dési- gnation abréviative des parties du monde où elles se rencontrent, on a, pour chaque sous-famille, le chiffre des espèces européennes qui, en 1830, étaient portées au nombre de 830 dont 210 lluviatiles et 640 marines, sur 6300 qu'il considérait alors, d'après les données les plus récentes de la science, comme peuplant les eaux du monde actuel. Quant aux espèces fossiles, il en compte 1200 (1). (1) GLASSIS V. PISCES. SUBCLASS. I. ELASMOBRANCHII. SECTio I. PLAGIOSTOMI : Ordo I, Selacha. 1, Rajidœ. 2, Sqiialidœ. — Ordo II, Chim.*;r.*;. 3, Chimœridœ, (27 sous-familles). SUBCLASS. II. PNEUMOBRANCHII. Sectio h. Protopteri : Ordo III, Lepidosirenes. 4, Lepidosirejiidœ. (1 sous-famille). SUBCLASS. III. EPIBRANCHII. Sectio iîï. Ganoidei : Ordo IV, Stcriones. 5, Polyodontidœ ; 6, Aci~ penseridœ. Ordo V, Lepidostei. 7, Lepidosieidœ; 8, Saurodontidœ , foss. ; 9, PycnodontidcPy foss.; 10, Cœlacanthidœ, îoss.; li, Polypteridœ; i'I, Atniidœ. (13 sous-familles). SUBCLASS. IV. POMATOBRANCHII. Sectio iv. Physostomi : Ordo VI, Cyprini. 13, Osteoglossldœ ;ii, Cha~ racinidœ; Ib, SabnonUlœ ; IG, Galaxiidœ; 17, Luciklœ; iS, Pœciliidœ ; 19, Co- bitidœ; 20, Cyprinidœ; 21, Clupeidœ; Tl, Alepis(iuridœ-/Ti,Ch(iuliodonlidœ; 24, Scopelidœ; 25, Mormyridœ. — Oîdo VII, Siluri. 26, Loricariidœ; 27, Siluridœ; 28, Amùlyopidœ. — OidoVIII, Angl'ill/E. 29, Murenidœ; 30^ Gyni- nofidœ; 31, Symbranchidœ (il sous-familles). Sectio v. Physoclysti : Ordo IX, Gadi. 32, Lepfocephnlidœ ; 33, Ain- modytidœ; 34, Opiusuridœ; .35, Macruridœ; 36, Gadidœ ; .37, lUitracliidœ ; 38, bibroniidœ. — Ordo X, Psett/E. 39, Pleuronectidœ ; 40, Suleidœ. — Ordo XI, Perc.€. 41, Chœtodoniidœ ; 42, Anahuniidœ ; 43, Jphreduderidœ ; 44, Teulhididœ; 4.5, Mœuidœ ; 46, Sparidœ ; 47, Sciœnidœ; 48, Pkrcidœ; i9, Trachinidœ; tO, Sphyrœnidœ ; bl, Afhcrinidœ: b2, Mugilidœ; 'ji , Midlidœ ; 54, Triglidœ. — Ordo XII, Ble.nmi. 55, Gobiidœ; 56, Cydopleridœ ; 57, Eche- neididœ ; 58, fUeiuitidœ; b9,CaUiu)tymidœ ; 60, Luphiidœ. — Ordo XIII, Scom- BR!. 61, Fiatulariidœ ; 62, Gasierosteidœ; 63, Tetragonuridœ ; 6'», Scom- bridœ; 65, Coryphœ7iidœ : 66, Cepolidœ; 67, Xipheidœ ^79 sous-familles). Sectio vi. Pharyngognathi t Ordo XIV, Esoces. 68, Belonidœ; 69, 296 CLASSIFICATIONS DES POISSONS. Sa classification présente un tableau exact de richlhyologic en 18jO. Les 7700 espèces qu'on y voit figurer, sinon nominativement, du moins en cliiffres, mais dont le nombre, aujourd'hui, se trouve aug- menté, rentrent dans une mujtitude de genres qui n'y sont point nommés. Ces genres appartiennent <à 185 sous-familles groupées en 82 familles comprises dans 21 ordres qui forment 10 sections et fi sous-classes. Chacune de ces catégories se distingue par une terminai- son constamment la même, à l'exception des ordres dont les noms ont une désinence variable. Sclacha, Chimerœ, Lepidosirenes, Cyrpini. Les sous-classes, au contraire, finissent toujours en hranchii : Elas- mobranchii; les sections en i : Plagioalomi; les famille en idœ : Squa- lidœ; et les sous-familles en ini : Squallni. La division la plus importante est celle que le prince a établie parmi les poissons cartilagineux, en réunissant à la tôte de la classe entière, la sous-classe des Sélaciens sous le nom (ÏElasmobranches, et en rejetant à la fin, avec la dénomination de Marsipiobranches, les Cyclostomes. De cette façon, se trouvent nettement indiquées les différences si considérables qui ne permettent point délaisser dans un même groupe les poissons les plus parfaits et ceux dont l'organisation offre une si grande simplicité qu'ils semblent conduire vers les animaux sans ver- tèbres. Pour le reste, le prince s'est conformé, sur plusieurs points impor- tants, aux vues émises, en 1844, par J. Millier; mais il emploie pour les poissons réunis par ce dernier dans la sous-classe des Teleostei, le nom de Pomatobranchii, comprenant dans les 4 sections de la sous- classe ainsi désignée, tous les Malacoptérygiens et Acanthoptérygicns, ainsi que les Pharyngognathes du naturaliste allemand, et, de plus, les Plecloa:nathcs. M. J. Van der Hoeven, avant la publicalion de la S*" édi- tion de son grand ouvrage de zoologie [Handboek der Dier- kunde, Enchiridmm zoologicum] parue en '18o9, a donné un E.xoceiidœ. — Ordo XV, Labri.70, Chromididœ; 71, Pomacentridcv ;T1, La- bridœ (7 sous-familles). Sectio VII. Plcctognathi : Ordo XVI, Gymnodontes. 73, Tetraodon- tidœ; 74, Orthragoriscida'. — Ordo XVII, Sclkrodermi. 75, Ostracionidœ ; 76, Halistidœ ; 77, Acanthodermidœ, foss. (9 sous-familles). SUBCLASS. V. LOPHOBRANCHII. Sectio viii. Svngnathi : Ordo XVIII, Osteodermi. 78, Pcgasidœ ; 79 Sijinjnathidœ (5 sous-familles). SUBCLASS. VI. MARSIPIOBRANCHII. Sectio ix. Cyclostomi : Ordo XIX, Lampetr/E. 80 Petromyzonidœ . — Ordo XX, Myxines. 81, Mijxinidœ (4 sous-familles). Sectio X. Leptocardii : Ordo XXI, Amphioxi. 82, Branchiostomidw. VAN DER HOEVEN, 1856 et 1859. 297 tableau du règne animal, qui en est, en quelque sorte, le som- maire (1). J'en extrais et donne ici sous une forme résumée, en tenant compte de quelques légères modifications apportées dans le texte même du livre, la partie du système relative aux poissons qui forment 5 sections et 11 ordres comprenant 46 familles (2). Cette classification, quoique Ircs-analogue à celle de J. Mùllcr, offre cependant deux traits distinctifs. 1" La division primordiale de la classe en deux groupes très-inégaux, à la vérité, est fondée sur les différences que présente l'organe de l'olfaction : chez les poissons les plus imparfaits fLeptocardiens et Cyclostomcs), qui constituent le pre- (1) Tnhuhi regni animalis quarn secimdum alteram Enchiridii sut zoolo- gici editionem in uuditorum usum scrivsit J. Van der Hoeven, 1856.. grand in-folio. (2) I. ORGANE DK l'OLFACTION SIMPLE. Seotio I. Derihoptervgu. — Ordo I. Leptocardii. — Fam. 1, Am- phioxini. — Ordo II. Cyclostomi. — Fam. 2, Myxinoidei ; 3, Petromy- zonini. II. ORGANE DE l'OLFACTION DOUBLE. A. Bulbe musculaire à la base de l'artère branchiale, muni de valvules nombreuses disposées en séries longitudinales. Sectio u, CEONDROPTEPtYGii. — Ordo III. Desmiobranchii (5é(7[xto;, lié, fixé, Ppâyyta, branchies), seu Plagiostomi. — Fam. 4, Batides;b, Seluchii. — Ordo IV. Eleltiierobranchii, seu Holocephali. — Fam. 6, Chimœroidei. Sectio m. Gakoz-spidoti. — Ordo V. Ciiondrostei. — Fam. 7, Stu- riones. — Ordo VI. Ganolepidoti, seu Holostei. — Fam. 8, Sauroidei. B. Bulbe artériel non musculaire, muni de deux valvules à sa base. Sectio IV. Osteopterygii.— Ordo VII. Lopiiobranchii.— Fam. 9, Lo- fhohrnnchn. — Ordo VIII. Plectognathi. — Fam. 10, Gymnodonles ; 11, Sclerodermi. — Ordo IX. Malacopterygu. — 1° Abdominaux. — Fam. i'I, Siluroidei; 13, Cyprinoidei ; 14, Cyprinodontes; 15, Characini; 16, Scope- lini; 17, Salmonacei; IS, Esocini: 19, Mormyrini; 20, Clupeacei; 21, Helero- pygii.—2° Apodes. — Fam. 22, Gymnotini ; 23, Synbranchii; 24, Mnrœnoidei ; 25, Ophidini. — .3<^ Subbrachiens. — Fam. 26, Gadoidei; 'il, Pknrunedœ. — Ordo X, AcANTHOPTERYGU. — 1" Os pharyngien inférieur impair (Pharyn- gognathes acanthoptérygiens, J. Mùll ). — Fam. 28, Chromidcs; 29, Poma- centrini; 30, Lal/voidei. — '1° Os pharyngiens inférieurs doubles et séparés (Acanthoptères, J. Miill.). — Fam. 21, Aulustomi; 32, Teulhides; o3, Hali/ju- irachii (àXç, mer, pâxpaxoi;, grenouille) seu Chironectœ; 'M, Blennoidei; 35, Gobivdci; 36, Notacanthini; 37, Tw/widei; 38, Sromberoidei ; 39, Sqiinmi- pennes; 40, Sparoidei; 41, Sciœnoidei; 42, Mugiloidei; Ao,Aspidoparvi (àTul;, bouclier, TiapEià, joue) {Cataphructi. J. Midi); 44, Percoidei; 45, Osphro- menidei, seu Lahyrinthici. C. Bulbe musculeux à la base du tronc artériel, muni de deux valvules ou de plis longitudinaux spiroïdes. Respiration simultanément pulmonaire et branchiale. Sectio v. Protopteri (Dipnoi). —Ordo XI. Protoptpri. —Fam. 46, Sirenoidei, seu Pneumoichthyi. 298 CLASSIFICATIOISS DES POISSOISS. mier groupe, les narines onl un oritice unique et médian ; chez les au- tres, réunis dans le second, les narines sont doubles. 2» Les divisions de ce dernier, au nombre de trois, onl, pour point de départ, la struc- ture du bulbe artériel ainsi que la disposition des valvules, et il com- prend 4 sections établies pour les Cartilagineux, les Ganoïdcs, les Osseux et les Protoplèros ou Lépidosirénicns. Les familles beaucoup moins nombreuses que dans la classiiicalion du prince Ch. Bonaparte, ont été soumises par M. Van der Hocvcn à de nombreuses subdivi- sions. L'ouvrage du professeur de Leydc en contient une diagnose, ainsi que de tous les genres, avec la citation d'une espèce ou de plu- sieurs, toujours accompagnée d'indications bibliographiques. Vlchtliyolofjie analijtique de mon père, parue en 18o6 [Mem. Ac. se, t. XXVII), a montré les applications qui peuvent être faites à la classe des poissons, du procédé de classification qu'il a constamment mis en usage dans ses cours et ses écrits sur ritistoire naturelle à partirde 1806, époque où il en jeta les fondements, par la publication de sa Zoologie anahjtique.. Ce procédé, pour en présenter ici brièvement une définition : « a pour point de départ la méthode naturelle, qui, seule, peut ex- primer, d'une façon plus ou moins complète, les vrais rapports des animaux entre eux, c'est-à-dire leurs affinités respectives; mais, pour arriver à saisir des analogies ou des différences suffisamment tran- chées, il faut recourir, en même temps, à l'emploi du système artifi- ciel. De cette alliance sagement combinée, et dans laquelle ce dernier ne doit jouer qu'un rôle secondaire, résultent des avantages réels pour la détermination. » [Ichth. analyt., p. 4. « C'est une marche mixte, est-il dit encore (p. 74), qui procure <à l'observateur les moyens d'ar- river facilement au nom d'un corps qu'il a sous les yeux, par le simple examen de quelques-unes de ses qualités ])rincipales, à l'aide du sys- tème. De plus, ce procédé analytique indique la place que ce corps doit occuper auprès de ceux qui lui ressemblent le plus. La marche de l'analyse exige que la comparaison soit faite par une série de ques- tions qui ne laissent de choix qu'entre deux propositions contradic- toires successivement moins importantes; aussi, l'une étant reconnue vraie ou aftirmalive, l'autre se trouve nécessairement exclue. » (Voy. eu outre, sur ce même sujet, la Préface de la Zool. analyt., p. vii-xxi, et V Entomologie analytique {Mém. ac.sc, t. XXXI), chap. lY,p. 180-193). L'utilité des tableaux dichotomiques dressés dans le but de rendre évidentes les dissemblances ou les analogies, ne me pa- raît pas discutable, pour les zoologistes qui en font usage, par exemple, dans l'élude des Reptiles, des Poissons ou des In- sectes, on prenant pour guides Y Erpétologie générale, ainsi que Ylchthyologie clïEntowologic analytiques, où ces tableaux sont très-multipliés. Souvent, pour leur construction, on se sert, en c. DiiMÉRiL, 1856. 299 vue des oppositions à établir, de caractères importants. Si ce- pendant, d'autres fois, on s'appuie sur de simples caractères extérieurs, d'un ordre secondaire, il ne faut pas attacher d'im- portance à ce petit inconvénient que présente parfois le procédé qui, comparable à un échafaudage provisoire, devient inutile et doit être laissé de côté dès que la connaissance de l'objet étudié est acquise. Mon père, s'attachant sans cesse à perfectionner la classifi- cation des poissons, lui avait fait subir les changements exigés par les progrès continuels de la science. Déjà, de 4816 à 1830, des modifications successives y avaient été apportées dans les nombreux articles consacrés à l'Ichthyologie du grand Dict. des sc.natur.y rédigés par Hipp. Cloquet, d'après les cours du Muséum et les notes manuscrites du professeur; mais c'est seulement dans VIchthyologie analytique de 1856, que se trouve complètement exposée la marche suivie pour arriver à la dis- tribution des poissons en familles naturelles (1). Un grand tableau placé en regard de la p. 92, esl un Cons- pectus dont l'étendue rend sa reproduction impossible. Je ne puis en donner qu'un extrait sommaire (2). (1) Moquin-Tandon a dit, dans V Eloge historique de C. Duméril, prononcé devant la Faculté de médecine, en parlant de Vlchth. analijt. : « Une éru- dition choisie et une très-heureuse combinaison de la méthode naturelle et du classement artificiel distinguent cet ouvrage capital de tous ceux qu'on a composés sur ce groupe d'animaux (p. 20). » (2) CLASSE DES POISSONS. I. Trous branchiaux nombreux, sans opercules : Polyolides. SOUS-CLASSE I. CHONDRICHTES ou TRÉMATOPNÉS (squelette carti- lagineux). Ordre I. Cvclostomes : 1, Fam. Endotrèmes(Amphioxiens);2;, Exotrèmes. Ordre II. Plagiostomes : 3, Hypotrèmes; 4, Pleurotrèmes. II. Trou branchial unique de chaque côté : Diclides. SOUS-CLASSE II. CHONDROSTICHTHES ou CHONDROSTÉS (squel. fibro- cartilagineux) : 5, Hypostomates; 6, Gymnognathes; 7, Ptéropodes ou Po- doptères; 8, Lopliobranches; 9, Sclérodermes. SOUS-CLASSE IlL OSTICHTHES ou ICHTHYOSTÉS (squelette osseuxj. Ordre I. Apodes ou Acatopes: lu, Ophicthes; ll,Péroptères; î2,Pantop- tères. Ordre II. Propodes ou Antéropes (jugulaires). — Tribu unique, Sté- nopes : l.'J, Gadoïdes; 14, Blennoïdes; 15, Trachinoïdes. Ordre III Hémisopodes ou Médiopes (Thoraciques). — Tribu I. Glypho- yomes : 16, Percoïdes ; 17, Anthiadides; 18^ Holocentrides; 19, Sciasnoïdes; 20, Pomacentrides. — Tribu II. Léinpomes : 'ii, Sarcodontés; 22, Gymno- dontés; 23, Ostéodontés. — Tribu III. Omulotes (corps très-mince et fort étroit sur la largeur) : 24, Pétalosomes ; 25, Leptosomes (Sous-Fam. 1, Ché- 300 CLASSIFICATIONS DES POISSONS. J'aurai, d'ailleurs, plus d'une fois à revenir, dans le cours de cet ouvrage, sur la méthode suivie dans VIchtIujologie ana- lytique (1). M. J. Richardson a fourni au t. XII de la récente édition de l'ouvrage ayant pour titre Encyclopœdia britannica, un long et très-savant article Ichthyology, renfermant (p. 226-329) un sys- tème de classification qui est très-analogue, dit-il lui-même, à celui de M. Rich. Owen. On y remarque cependant certaines modifications importantes, comme on peut en juger par la comparaison du sommaire suivant avec l'exposé de l'autre classification présenté plus haut, p. 291, note 1. Dans le résumé auquel je renvoie, j'ai omis à dessein l'in- dication des familles, parce qu'elle est beaucoup plus complète dans le travail de M. Richardson et qu'il m'a semblé préférable de les énumérer ici. Elles sont au nombre de 94 rapportées à ii ordres, dont la plupart sont divisés en sous-ordres (2). todontés; 2, Temnodontés; 3, Microdontés); 26, Hétérosoraes ou Pleuro- nectes. — Tribu IV. IdiomorpJws (formes spéciales ou certaines particula- rités de structure; : 27, Gongylosomes (Gobioïdes et Echénéides) ; 28, Atrac- tosomes (Scombéroïdcs fusiformes); 29, Lophionotes (dorsale toujours très- développée) ; 30, Hydrotamics (Pharyngiens labyrinthiformes); 31, Dactyles (Trigles); 32, Céphalotes (Cottoïdes)'. Ordre IV. Oimsthopodesou Postêropes (Abdominaux'i.— Tribu I. Gymno- pomes : 33, Cyprinoïdes; 3-4, Pogonopiiores; 35, tlupéides; 36, Opisthop- tères. — Tribu II. Lépidopomes : 37, Lépidopomes. — Tribu III. Dermop- tères : 38, Salmonoïdes; .39, Characins. — Tribu IV. Opluphores : 40, Siluroïdes; 41, Diptéronotes (Silures à dorsale double). — Tribu V. Scuto- céphales : 42, Scutocéphales.— Tribu VI. Siphonostomes : 43, Aphyostomes. (1) Je dois citer, parmi les ichthyologistes, M. Krôycr comme ayant fait un heureux emploi dans sa Faune (Danmark's Fiske, 3 vol. in-8", 1838- 1853;, de la méthode dichotomique dont j'espère pouvoir montrer les avan- tages dans le cours de cette histoire naturelle des Poissons. (2) CLASSIS PISCES. — Ordo I, Dermopteri. — Subordo I, Pharyngo- branchii, seu Cirrhoslomi : Amphioxidae. — Subordo II, Marsipobranchii : 1, Ammocœtida?; 2, Myxinida' ; 3, Petromyzontidas. — Subordo III, Apodes lemniscaii : Leptocephalidce, Bonap. Ordo II, Mai.acopteri. — Subordo I, Apodes anguiformes : Sectio A, Pha- neromycteres : 1, Synbranchida% Kaup; 2, Muraenidu', Kaup; 3, Anguil- lidas; 4, Congeridœ, Kaup. — Sectio B, Cryptomycleres : 5, Ophisuridae, Kaup. — Subordo II, Apodes arthroplerygii : Gymnotida-. — Subordo III, Abdominales : 1, Heteropygii; 2, Aphrodeirida% Bonap.; 3, Clupeida?, Va- lenc. ; 4, Salmonida», MiiU.; 5, Characinida»; 6, Scopelid;v; 7, Galaxidae; 8, HyodontidcT; 9, Clupesocidte, Miill.; 10, Erythrinida^; 11, Elopidae; 12, Mormyridu', MiiU.; 13, Cyprinodontidae, Agass.; 14, Esocidae, Mûll.; 15, Gonorhyncliida';16, Alepocephalidaî, Valenc; 17, Cyprinidac; 18, Silu- rida>, Agass.; 19, Goniodontidse. Ordo III, Ph.arvngocnatiu, Miill. — Subordo I, Malacopterygii : Scom- RICHARDSON, '1859. BLEEKER, 1859. 301 Les caractères de chacune de ces grandes divisions et de tous les genres ont été donnés par Fauteur qui, pour un cer- tain nombre de familles, a reproduit les tableaux synoptiques dressés par mon père dans son Ichthyologie de 1856. M. le docteur P. Bleeker, dont le séjour à Batavia, comme médecin des armées néerlandaises, a été utilisé de la façon la plus heureuse pour l'accroissement de nos connaissances sur la faune de l'Archipel indien, s'est plus particulièrement oc- cupé de la classe des poissons. Mettant à profit, avec une persévérance qu'on ne saurait trop admirer, les ressources que lui offraient les eaux de cet ar- chipel, il est parvenu, en un certain nombre d'années, à for- mer une collection composée de 2170 espèces (1), et il a bresocidœ, MiiU. — Subordo II, AcanUiopfcrygii : 1, Chromida?, Bonap.; 2, Cteno-labridce, Miill.; 3, Cyclo-labrida?, MûU.; 4, Ambiotocida?, Agass. Ordo IV, Anacanthim, Mùil. — Subordo I, apodes : Ophididfe. — Sub- ordo II, Thoracici : 1, Gadidœ; 2, Macrouridœ; 3, Echeneidae, Bonap.; i, Pleuronectida.'. Ordo V, AcANTHOPTKRi, Mûll. : 1, Uranoscopidœ; 'i, Percidœ ,- 3, Tlierapo- nidœ; 4, Polynemida'; 5, MuUid^; 0, Holocentrida?; 7, Sclerogeiiida; (joues cuirassées) ; 8, Sciœnidae; 9, Sparidœ; 10, Mœnidse; 11, Pseudochromidas, Mull. et Trosch.; 12, Labyrinthibranchidae ; 13, Mugilidœ; 14, AlherinidaB, Bonap.; 15, Notacanthid^, Mûll.; 16, Scomberidfe ; 17, Zeidae; 18, Chœto- dontidse, Bonap. ; 19, Tainildre ; 20, Teuthydidse, Bonap. ; 21, Aulostomidœ, Mull.; 22, Gobiida?, Cuv.; 23, Blenniidœ, Miill.; 24, Lophiidae, Cuv. Ordo VI, Plectognathi, Cuv. : 1, Balistidœ (Balistini, Monacaptliini) ; 2, Ostracionidae ; 3, Diodontidre (Diodoutini, Tctraodontini, Orthragoris- cini). Ordo VII, LoPHOBRANCHii, Cuv. : 1, Solenostomidae, Kaup; 2, Pegasidse; 3, Syngnathida\ Kaup; Bonap. (Hippocampinœ, Bonap., Syngnathinse, Kaup, Doryramphinae, Id., Nerophinse. Id. Ordo VIII, Ganoidei, Mull. : 1, Lepidosteida; ; 2, Polypteridee ; 3,, Amiidae; 4, Sturionida^. Ordo IX, Protopteri, Owen : 1, Sirenida;. Ordo X, Holocephali : Chimœridtp. Ordo XI, Plagiostomi. — Subordo I, Squali : 1, Scylllidée; 2, Carcharidas; 3, Galeids; 4, Lnmnidœ; .^, Alopccida% Mûll. et Henle; 6, Cestraciontida?; 7, RhinodontidîP, Mûll. et Henle; 8,Spinacida=, Id., Id.;9,Scymnid8e, Id.,Id.; 10, Squatina^; 11, Zygœnidaî.— Subordo II, lîniœ : 1. Pristidse; 2, Riiinoba- tidœ; 3, Torpedinida3;4, Raiidœ; 5, Trygonida?; 6, Myliobatidae; 7, Cepha- lopterida?. (1) M. Bleeker possède, en outre, 280 espèces qu'il a reçues du Japon, de la Chine, du Bengale, du cap de Bonne-Espérance et de la Tasmanie; et depuis son retour en Europe, il a pu comparer les matériaux de sa collection avec ceux de toute provenance rassemblés dans le riche musée de Leyde. En mentionnant ces détails, je ne dois pas omettre de dire combien le Muséum d'histoire naturelle de Paris doit de reconnaissance à ce généreux 302 CLASSIFICATIOAS DES POISSO^S. successivement publié plus do '-500 mémoires descriptifs, puis, en 1859, un Catalogue méthodique des espèces qu'il possède {Enumeratio specierum piscium hucusque in Archipelago indico observât arum, in-4"). C'est, en quelque sorte, le sommaire de son magnifique Atlas ichtlnjoloriique des Indes orient, néerlan- daises, accompagné d'un texte français très-détaillé, maintenant en voie de publication depuis 1862, oîi tous les poissons dé- crits sont représentés avec leurs couleurs par le procédé de la lithochromie. Le premier volume comprend les Labroïdes et les Scaroïdes; le deuxième les Siluroïdes; le troisième les Cyprins; le qua- trième sera consacré aux Anguilliformes , et ainsi seront offertes, par monographies successives, toutes les espèces indo-archipélagiques des diverses familles de la classe des poissons (1). Le catalogue dont je viens de parler est précédé d'un essai de clRssiûcMion [Systematis piscimn naluralis tentamen). Plu- sieurs des divisions proposées par Cuvier, par mon père, par J. Mûller, par le prince Ch. Bonaparte, par M. Agassiz et par d'autres, y sont en partie adoptées. Il en a lui-même établi de nouvelles et il a pu présenter un tableau complet de la classe des poissons, où il s'est attaché à suivre, autant que possible, les affinités naturelles. Il y a mentionné tous les genres, soit vivants, soit fossiles. Dan§ l'impossibilité où je me trouve de reproduire ici, dans son entier, cette énumération, je me bornerai, sans aller même au-delà des familles, à placer, en note (2), sous les yeux du collecteur qui lui a fait présent d'une série fort nombreuse d'espèces, les unes nommées et décrites par lui, les autres déjà connues. (1) Outre cet Atlas, M. Bleeker a publié en 1858 et en 1860, sous le titre suivant : Ichthgolo'jiœ archipdngi indici Prodomiis, deux volumes compre- nant la description, l'un, des Silures, et l'autre des Cyprins. Une volumineuse monographie des Poissons de la côte de Guinée, accom- pagnée de 28 planches exécutées en lithochromie et représentant beaucoup d'espèces nouvelles d'après les collections du Musée de Leyde, a été insérée par le même zoologiste en 1862 dans un Mémoire publié par la Société hollandaise des sciences naturelles à Harlem. (2) SUBCLASSIS I. DIPNOI, J. Miill. — Oudo 1. Protopteki. — Fam. 1. Sirenoidei. SUBCLASSIS II. MONOPWOI, J. Miill. — Divïsio l. DIRHINICH> THYES. — LKGIO I. CKPHALASPIDES (fossil.). — Okdo 2. Coccostei. — Fam. 2. Cephalaspidoidei. — LEGIO II. STURIONES, Bp. — Ordo A. Ciion- nROSTEi, J. Miill. — Fam. 3. Acipenseroidei; Fam. 4. Polyodontoidei. — LEGIO III. ELASMOBRANCHII, Bp. — Ordo i. Plagiostomi, Dum. - Sub- BLEEKER, 1859. 303 lecteur, la partie de la classification comprenant les premiers groupes de la classe. Ce qui frappe tout d'abord dans fétude de cette méthode, c'est le grand nombre de divisions et de subdivisions qu'elle renferme. La classe entière se partage en 2 sous-classes : I. Dipnoi ou Lépidosirènes, et II. Monopnoi. A celle-ci appar- tiennent tous les autres poissons dont les uns, et c'est presque la totalité, ont, de chaque côté, un double orifice nasal [Di- visio I. Dirhinichthyes) et les autres un seul [Divisio II. Mono- rhinichthijes ou Cyclostomes). Les premiers où les subdivisions sont très-multipliées, sont distribués, selon la nécessité des distinctions à établir, en groupes de moins en moins impor- tants, dont les noms sont empruntés à la langue latine. Jamais encore, elle n'avait fourni autant de mots aux classificateurs comme termes d'une série décroissante. On peut en juger par rénumération qui suit: 1. Ctassis;'È. Sub- classis; d.Divisio; A.Legio; li. Sublegio; (j. Séries; 7. Subseries; %.Phalanx; d. Siibphalanx ; iO. Caterva; 11. Ordo; \2. Subordo; i3.Seclio; 14. Tribus; 15. Familia; 16. Subfamilia; 17. Cohors; 18. Stirps; 19. Gemis; 20. Species. Quelques-uns des termes de cette série manquent souvent. Ainsi, la sous-légion des Gymnodontes qui appartiennent à la S" légion {Plectognathi), ne comprend qu'un seul ordre partagé en 3 familles, sans qu'il y ait lieu d'établir les subdivisions intermédiaires, soit à la ordo 1. Squalini. — Sectio I. Proktopterides. — Tribus 1. Dinotopferini. — Fam. 5. Scyllioidei; Fam. 6. Carcharioidei ; Fam. 7. Zygsenoidei; Fam. 8. Galeoidei; Fam. 9. Lamnoidei; Fam. 10. Hybodontoidei (fossil.); Fam. 11. Alopecoidei ; Fam. 12. Cestracionoidei; Fam. 13. Rhinodontoidei. Tribus 2. Mononolopterini. — Fam. 14. Notidanoidei. — Sectio II. Apro- ktopterides. — Fam. 15 Centropboroidei; Fam. 16. Scymnoidei; Fam. 17. Squatinoidei ; Fam. 18. Pristioplioroidei. — Subordo IL Rajini. — Fam. 19. Pristioidei; Fam. 20. Rhinobatidoidei; Fam. 21. Torpedinoidei; Fam 22. Trygonoidei; Fam. 23. Rajoidei; Fam. 24. Myliobatidoidei ; Fam. 25. Ce- phalopteroidei. — (Append. Ichthyodorulithes, fossil.). — Okoo 5. Holoce- PHALi. — Fam. 26. Chimaîroidei. — LEGIO IV. HAPLOPLEURIDES seu MEKOSTOMI (foss.).— Ordo6. Sai'roramphi.— Fam. 27. Sauroramphoidei. LEGIO V. PLECTOGNATHI, Cuv. - SUBLEGIO I. SCLERODERMl. — Ordo 7. Ostraciones. — Fam. 28. Ostracionoidei. — Ordo 8. Balistides.— Fam. 29. Triacanthoidei; Fam. 30, Balisteoidei.— St.'f?i,£G/0 //. GYMNO- DONTES, Cuv. — Ordo 9. Pachydontes seu Gymnognathes, Dura. — Fam. 31. Triodontoidei; Fam. 32. Physogastroidei ; Fam. 33. Orthragoris- coidei. - LEGIO VI. ELEUTHEROGNATHL — SUBLEGIO I. LOPUOBRAN- CHII seu DACTYLIODERMl — Seuies 1. HypEnosro.vi. — Ordo 10. Sole- NosTOMi. — Fam. 34. Solenostomatoidei.— Ordo 11. Syngnathi — Fam. 35. Syngnathoidei. — Séries 2. Katostomi. — Ordo 12. Pegasi. — Fam. 36. Pegasoidei. — SUBLEGIO II. CTENOBRANCHII, etc. 304 CLASSIFICATIONS DES POISSONS. Légion eirOrdrc, dïl!,sublegio, séries, subseries, phalaiix, subphatanx et caterva; soit à l'Ordre et à la Famille {subordo, sectio, tribus). D'autres fois, au contraire, ces démembrements successifs en groupes d'un rang de moins on moins élevé sont nécessaires. Le genre Perça nouseu'offrc un exemple. Voici quelle est la marche descendante ré- gulière qu'il faut suivre pour trouver sa véritable place dans la classe des Poissons : Subclassis 11. Monopnoi, Divisio l. Dirhinichthyes, Le- yioW. Eleuthero(jnathi,Suble(jio ±. Clcnobranchii, Séries "2. Lwpleuri, Subseries 2. Kanonikodermi, Phalanx2. Alethinichthyes,Subp}ial(mx 3. Neopoiesichthyes, Caterva 1. Kalapieseocephali, Ordo 24 (1). Percœ, Subordo i. Percichthyini, Sectio 1. Paristempteri, Tribus 2. Percich- thyiui. Familiale. Pcrcoid^ei, Subfamilia i. Percœformes, Genus Perça. Quant au morcellement des familles destiné à permettre l'arrange- ment le plus méthodique possible des genres, il n'est pas très-fréquent. Voici un des cas où il a été nécessaire: Familia LU. Cyprinoidei, Subfamilia 2. Cypriniformes, Cohors'2. Chcilognathi, Stirps 2. Cypri- nini, Genus Cyprinus. La seconde remarque à faire relativement à cette classification, porte sur la variété des désinences différentes qu'il est devenu indis- pensable d'employer pour les divers corps de cette sorte d'armée. Elles ont assez souvent l'inconvénient d'allonger beaucoup les noms, surtout quand la composition complexe de ces derniers en a déjà multiplié les syllabes bien au-delà du nombre permis par Linné (2), et d'en rendre la prononciation, ainsi que le souvenir plus ou moins difficiles. On peut en juger par les dénominations suivantes : Chori- sopharyngodontes, TrachycraniiclUhyini,Pseudochromidoidei. Les terminaisons variées dont il s'agit ont cependant une utilité réelle, en ce qu'elles établissent, à première vue, des distinctions entre les groupes. Après ces observations, il me reste à constater, sans pouvoir (1) Les numéros que portent les ordres et les familles se suivent depuis le commencement de la classe jusqu'à la fin, tandis que chacun des autres groupes a une série particulière de numéros pour les différentes catégories qu'il renferme. (2) 11 paraîtra un peu suranné peut-être de rappeler ici cotte loi linnécnuc (Philusuphia Ootanicn, 1755, p. 198, n" li'à) : iSominii yenerica sesquipeda- lia einmciatu diffîiilia vel nauaeabunda, fugienda sunt, ainsi expliquée par l'illustre naturaliste : Sesquipedalia mihi quœ plures quam duudecim Utteras adtniscre. Tant d'animaux inconnus du temps de Linné sont venus pren- dre place dans nos collections, que les zoologistes ont été forcément ame- nés, pour créer des noms nouveaux, à s'écarter peu à peu des règles tracées par notre illustre législateur. Néanmoins, un doit s'elforcer d'éviter, autant que possible, ces transgressions, et je me permettrai, à cette occa- sion, de rappeler que les dénominations dues à mon père, et qui, pour la plupart, sont employées dans le langage des zoologistes, ont toujours été proposées par lui avec un respect profond pour la parole du maître. CAISESTRIISI, 1859. , SOS étudier ici en détail le classement adopté par M. Bleeker, la connaissance approfondie de l'iclithyologie que ce savant natu- raliste possède, et dont il donne tant de preuves dans les ou- vrages que j'ai cités. Son Atlas restera comme la plus belle et Tune des plus utiles publications scientifiques auxquelles rhistoire naturelle des poissons ait donné lieu ii Tépoque ac- tuelle. M. J. Canestrini s'attachant surtout aux différences que pré- sentent les rayons des nageoires doi'sales des poissons os- seux, les a divisés, d'après ces différences, en 4 sous-ordres et, auprès d'eux, il laisse, sous les noms proposés par Cuvier, les Lophobranches et les Plectognathes. Voici le tableau de cette classification tel qu'il l'a donné en 1859 [Verhandl. der k.k. zool.-bot. Gesellsch., 1859, p. 27-30), dans une note ayant pour titre Ueber die StcUiing der Helmichtiujiden im Système. Il n'a rapporté à chacun de ses sous-ordres qu'un certain nom- bre^de familles comme types (1). Pour les deux premiers sous-ordres, aucune explication n'est né- cessaire. Le sous-ordrc des Dermoptèrcs ou poissons à nageoires cutanées ne comprend qu'une partie des Anguilliformes. Les Gymnotes, malgré l'analogie de leurs formes extérieures, sont séparés de ces derniers, à cause de certaines différences qu'ils offrent dans leur 'organisation, et ils entrent dans le sous-ordre V, sans que ce déplacement paraisse suffisamment justifié, puisqu'il éloigne des espèces qui ont entre elles beaucoup de rapports. Les poissons du sous-ordrc IV, Haplopteri [ànlôoc, simple, nxspôv, nageoire), ont pour caractère commun, par opposition aux Dendrop- téres, que les rayons de leur dorsale ne sont pas ramifiés. Ce sont : 1° les Helmichthcs, dont le classement naturel, d'après M. Canestrini, ne peut être dans le voisinage des Anguilliformes; 2" les Ophidi- niens que J. Millier en avait déjà, à bon droit, éloigné; 3° des Mala- coptérygiens subbrachiens de Cuvier : les Pleuroncctes; et, 4" enfin, les Tienioïdcs, les Gobioïdes, les Blennoïdes et les Batrachoïdes, qu'il ne semble pas possible, si l'on tient compte de la structure des rayons (1) Teleostei. I LoTphobranchii, Lophobranchii. — II Plecfognathi, Gym- nodontes, Sclerodermi. — III Dermopieri, Symbranchii, Muraenoidei. — IV Haplopteri, Helmichthyides, Ta;nioidei, Ophidini, Gobioidei, Blennioi- dei, Pleuronectides. — V Dendropteri, Gymuotini, Loricati, Siluroidei, Mormyrini, Cyprinoidei, Acanthopsides, Cyprinodoiites, Cliaracini, Salmo- noidei, Esocini, Scombresoces, Clupeoidei. — VI Acnntliopteri, Chromides, Pomacentrini, Labi'oidei, Teuthides, Squamipennes, Scomberoidei, Spa- roidei, Mugiloidei, Cataphracti, Sciaenoidei, MuUini, Percoidei. Poissons. Tome l. 20 306 CLASSIFICATIONS DES POISSONS. de la dorsale, de laisser, malgré raulorité de ce grand naturaliste, au nombre des vrais Acanthoptérygicns. Au sous-ordre V, celui des Dendroptères ou poissons à rayons de la dorsale ramifiés (oÉvSpov, arbre, Tr-rzpôv, nageoire), qui sont les vrais Malacoptérygiens, où il maintient les Scombrésoces, M. Canestrini rapporte les Gymnotes. A part ce rapprochement qui semble rompre les rapports naturels, aucun doute ne peut rester sur la convenance de la formation de ce sous-ordre V et du VI'', celui des Acanthoptèrcs. Ce sont les restrictions apportées au groupe des Anguilliformes, dont deux familles seulement forment le sous-ordre des Dermoptèrcs, et la réunion un peu hétérogène des familles du sous-ordre des Haplop- tères, qui constituent les modifications essentielles que M. Canestrini a fait subir à la classification des poissons, en s'appuyant sur les ca- ractères tournis par les rayons des nageoires. En 1860, M. Kner a publié les résultats d'une étude de la structure des nageoires dans les différents groupes de pois- sons [Ueber den Flossebau derFische, in : Sitzungsber. k. Akad wissensch. Wien, 1860, t. XLI, p. 807-824). Cette étude, dont les détails ne doivent pas nous occuper ici, Ta amené à pro- poser des divisions fondées sur les différences que présentent les rayons. En voici l'indication abrégée. I. TUopteri. Poissons les plus imparfaits, dont les nageoires n'ont que des rayons fibreux ou plutôt manquent de véritables rayons. II. Arthroph'ri. Poissons à nageoires soutenues par des rayons ar- ticulés, composés de nombreuses colonnettes superposées : ils corres- pondent aux Malacoptérygiens. III. Anarthropleri. Poissons à rayons simples, non formés de pièces articulées, particulièrement aux nageoires verticales, plus rarement aux nageoires paires. Quelquefois, dans la troisième division, mais beaucoup plus fréquemment dans la deuxième, les rayons sont divisés. Chez les Arthroptèrcs, le plus souvent, ils offrent des divisions et des bifurcations : ils sont comme ramifiés. En outre, les rayons simples, de même que les rayons articulés, peuvent être mous et flexibles, ou bien, au contraire, durs et épineux. Un exemple de rayons en épines parmi les Arthroptèrcs, est fourni par les Cyprins et les Silures, et un exemple de rayons mous chez les Anarthrojjtères, se trouve dans les genres Mastacemble et Batrachus. Ces derniers méritent le nom de Pscuilacanllii, parce qu'ils n'ont pas de véritables épines, tandis que ceux qui ont de vraies éi)ines(«rw/ei) non articulées ni divisées et dont l'axe est parcouru par un canal doi- vent, dit M. Kner, être nommés Accmthopteri dans le sens strict du mot. Parmi ceux-ci, qui appartiennent au groupe des Anarthroptères, il faut établir une division, suivant que les deux moitiés latérales dont KNER, 1860. GILL, 1864. 307 l'épine se compose sont symétriques [Homacanthi) ou, au contraire, présentent un défaut de symétrie {Helcracanthi). Chez les premiers, la membrane propre des rayons qui les unit entre eux s'insère exacte- ment sur leur ligne médiane, et, par conséquent, dans l'état de repos, leur pointe est portée directement en arrière. Chez les Héléracanthes, la membrane s'applique toujours au côté interne de la moitié la plus développée du piquant, et sur l'un, cette moitié est à droite, sur le suivant elle est à gauche, et ainsi de suite; il résulte de cette alterpance, facile à constater dans les Holocentres et les Myripristis en particulier, que les rayons ont leur pointe un peu déviée, le premier, le troisième, le cinquième, etc., se dirigeant dans un sens et les deuxième, quatrième, sixième, etc., dans le sens opposé. Tel est renoncé très-sommaire des différences sur lesquelles peut être basée, selon les vues émises par M. Kner, une divi- sion des poissons, d'après la structure des rayons des nageoires, M. Th. Gill [Catalogue of the fishes of the easteni coast N. Amer, from Greenland to Geoi^gia, 1861, publié parl'Acad. de Philadelphie) a proposé un système de classitlcation qui, tout en se rapprochant plus de celui de J. MûUer que de tout autre, en diffère cependant d'une façon assez notable. Il établit 4 sous-classes divisées en ordres, sous-ordres et familles. Subclassis I. TELEOSTEI, J. Miill. Ce groupe comprend le plus grand nombre des poissons actuels, si l'on y fait entrer les Lopho- branclics et les Plectognathes ; il se divise en 5 ordres : Ordo I. Teleocephali, Gill.— Subordo 1. Physoclysti {Yiona]).),Gï\\ (à vessie natat. fermée), division qui, sans les Pleuroncctes qu'on ne peut point y faire entrer, correspond presque aux Acanthopt. et aux Malacopt. jugulaires de Cuvier, et aux Acanthopteri, Anacanthini et Pharyngognathi de J. Mùller. — Subordo 2. Heterosamata, Bonap. (famille des Hétérosomes de C. Dumôril, Zool. anahjt., 1806). — Sub- ordo 3. Pliysostomi (Miill.), Gill. La modification apjtortée consiste dans la formation du groupe suivant. — Subordo 4. Eventognathi, Gill. Ce sont les Cyprinoïdcs. Le naturaliste américain attache moins d'importance à la réunion des os pharyngiens inférieurs, qui a motivé pour J. Millier la création de l'ordre des Pharyngognathes, qu'à la conformation et aux dimensions de ces mêmes os chez les Cyprinoïdes où ils sont falciformes, presque parallèles aux arcs branchiaux et ar- més, à la face interne, de la portion recourbée, de dents d'aspect va- riable suivant les genres. C'est le grand développement des mâchoires pharyngiennes ou intérieures qu'il a voulu rappeler par le nom dont il l'ait usage (^ù, bien, àv-côç, dedans, YvâOoç, mâchoire). Il a développé les motifs de cette coupe dans une note particulière [Proceed. Acad. nat. se, Philadelphia, 1861, p. 6). 308 CLASSIFICATIONS DES POISSO?(S. Ordo II. Apodes, Kaup. M. Gill, à l'exemple de M. Ricliardson, adopte les restrictions apportées à cet ordre, où il n'admet que les Anguilles proprement dites et les Congres, laissant le Gymnote et les Apodes qui s'en rapprochent dans Tordre des Téléocéphalcs. Ordo m. Lemniscati, Kaup. Comprenant uniquement les Leptocé- phales ou Helmichthydes, dont la véritable place n'est pas encore bien déterminée (voy. p. 300 et 30o, dans l'analyse des classifications de M. Ricliardson et de M, Canestrini) ; cet ordre est établi ici provi- soirement. Ordo IV. N.EMATOGNATiii, Gill (mâchoires à barbillons). Silures. Ordo V. Plectognatui, Cuv. — Ordo VI. Lopiiobranchii, Cuv. Subclassis II. GANOIDEI (Agassiz), J. Miill. Ordo 1. HoLOSTEi, J. Mûll. Ganoïdes à squelette osseux. Ordo II. Placoganoidei, Owen, ne comprenant que des espèces fos- siles, dont la tête et la partie antérieure du corps étaient enfermées dans une sorte d'armure ou de cotte de maille solide ; tandis que, sur les régions postérieures, il y avait seulement des écailles de formes et de dimensions variables. Ordo III. CiiONDROSTEi, J. Miill. Ganoïdes à squelette cartilagi- neux. Ordo IV. DiPNOi, J. Miill. Le classement des poissons de ce groupe parmi les Ganoïdes est fondé sur certaines analogies remarquables de structure avec les Polyptères. Sans affirmer que leur véritable place soit dans cette sous-classe, il les considère comme y étant appelés par leurs affinités naturelles. M. Agassiz semble avoir la même opinion. Elle devra être examinée plus tard avec tout le soin qu'elle mérite. Subclassis III. ELASMOBRANCHII, Bonap. Ordo I. Plagiostomi, C. Duméril. — Subordo i. Squali, Mûll. et Henle. — Subordo 2. Hhinœ, Gill. — Subordo 3. Pristes, Gill. — Sub- ordo i. Raiœ, Miill. etHcnlc. Ordo II. HoLOCEPiiALi, Bonap. : Chimères. Subclassis IV. DERMOPTERI, Rich. Owen. Ordo I. Hyperoartii (Bonap.), Mûll. : Petromyzontoïdes. Ordo II. Hyperotreti (Bonap.), J. Mûll. : Myxinoïdes. Ordo III. PuARYiNGOBRANCuii, J. MûU. : Branchiostomes. Les Elasmobranches qui foi'nicnt la première sous-classe des Poissons comprennent 2 ordres : I. Plagiostomes ou Sélaciens. II. Holocéphales ou Chimères. 1. SOUS-CLASSE. ÉLASMOBRANCHES. 1. ORDRE. PLAGIOSTOMES ou SÉLACIENS. DISTRIBUTION MÉTHODIQUE EN SOUS -ORDRES. TRIBUS. FAWIILLES. GENRES ET ESPÈCES. L'ordre des Plagiostomes, d'après la situation différente des ouvertures externes des branchies, peut être divisé en deux sous-ordres, celui des Squales et celui des Raies, dont les noms de Pleurotrèmes et d'HYPOTRÈMES proposés par mon père rappellent le caractère principal [voy. p. 197). La réunion de l'extrémité antérieure des nageoires pectorales avec les cartilages du museau, et, par suite, la forme généra- lement très-élargie du corps, puis la soudure de la ceinture scapulaire avec la colonne vertébrale , dont la portion anté- rieure représente une tige indivise, constituent un ensemble de caractères propres aux Piaies ou Hypotrèmes et qui les dis- tinguent des Squales. SOUS-ORDRE I. SQUALES (1) ou PLEUROTRÈMES. Caractères. — Plagiostomes à corps allongé et confondu .avec la queue ; à ouvertures des branchies latérales au nombre de 5, et par exception de 6 ou 7; tantôt munis, tantôt privés d'évents; à ceinture scapulaire incomplète, non adhérente à la colonne vertébrale; à nageoires pectorales non réunies en avant aux cartilages de la tète; à yeux presque toujours latéraux, avec ou sans membrane nictitante, entourés d'un rebord cu- tané libre simulant des sortes de paupières. (1) Dénomination employée par Pline (lib. IX, 24). Rondelet (lib. XIII, p. 373, cap. I) dit : Rectè vero Galei Squali vocantur quasi squnlidl, id est, horridè, asperique sunt enim omnes aspcra ente. Le nom de Requin, sou- vent employé « est une corruption du mot latin Requiem, qui désigne de- puis longtemps en Europe la mort ou le repos éternel et qui a dû être sou- vent, pour des passagers ciTrayés, l'expression de leur consternation, à la vue d'un énorme Squale et des victimes déchirées ou englouties par ce tyran des mers. » (Lacépède, Hist. Poiss., t. I, p. 173.) 310 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. — — co ^ ti; 1-4 es fO vt< lO <0 g a-o rt ^ d^ :s C ï ^ 3 a a 1= 6 o b- T3 ■juBnbuïui 9ti o C a> .r- "O O O- £5 g tJD CD ta employée par Aiistote et que Gaza a traduite par Canicidœ : d'oiî la dénomination de Chiens de mer appliquée maintenant, d'une ma- nière générale, et dans le langage habituel, k presque tous les Squales, à cause de leurs longues dents et de leurs dangereuses morsures si redoutées des gens de mer. Quant à ceux de ces poissons auxquels convient la dési- gnation dont le naturaliste grec a fait usage, nous les trouvons déjà indi- qués dans Belon et dans Rondelet par le nom vulgaire de Roussettes, tiré de leur couleur rousse ou jaunâtre. SCYLLIENS. GENRE SCYLLIUM. 31 : V) -T3 i-, O Xi ■5 s o G- '^ CO 1-" o 3 ci 3 O %^ ai i^ • 'O O o -*■— ' ^ Cd G 03 S =2 O >■ > en C S t. o 'O « 'en 3 rt z t/j es '7^ cr en O > i jr ^ o o ce i2 r 'Ci -o i! 'u. ■r> -c ^ = -s I ;i 72 G en 'T^ C:; -— '/? G o --; ii G U o G f» O -« 1 V3 ^ O •/î 2 1 ■u G! 03 c/3 s -î3 o Î3^ es 'g cr G 1) "S ci eu c/3 S -S 'o o s '3 1 o S 5 o s s o Gî ^ rt 3 'c !» "o '2 03 O _o S o n !ij 03 s o o o o eAl "en »* SI o -a c o c/2 "S O O) -ai 03 O O i '-C3 o ^3 'o c >-> O o N O O 'CS 'G G o en a; « c« o c o ^ o e/3 c/2 c; o 3 a aT W ^ o o <£ rt rt =2 G cr _2 r tu CL, O C o O Qj G "0^ a rB cT 03 S TS 3 en _o G <2 'Û "rt c/: o o ? fi 'o O t/3 O "3 'g G O s CJ C3 o ^3 0) ■5 "S G en ■G ■XI o e« Ç3 G G es 'en ■G O "g "S o >• ce o 1« >- S .s O -CD s G O 'ç3 tni: G G s s o o "B "E, S O) ci O Cl '^ S -^3 G! G! 5 G o C eu ec O s 3 CL, c/3 o O O G en G O s: o O G! O ■;::^ 03 ci o ai C P^ -^d e/3 *r^ o S O 2h 1 r^ cS s ;:3 X •^ o -5 S ^ S S « •'-" ^ ^ iD r^ cC '- 03 Cl C g g- cr,gj js a t/^ -^^ a CD o "S if O a^ tt ^ ?^ -^ ^ P i: i; G «N o rt Sh G 3 — te 3 „ ^^ 3 03 Ci CT' ô ^ N -G eu t- o ^ :G " "G t. ♦^ C3 r- "S -a eA! A '0:1 tn oo/. S. Afr., pi. 25, fig. 3 {Poroderma panther., Id., Proc. zool. Soc, 1837, p. 85). Se. leopardinum. Musée de Leyde. — Se. panthcr., Miill. Henle, Plagiost., p. 13. Caractères. — Pli labial inférieur très-court; narines plus loin des coins de la bouche que de l'extrémité du museau, qui est arrondi ; valvules nasales échancrées, à cirrhus prolongé au-delà du bord antérieur de la bouche; dentelures latérales des dents bien apparentes. Tei7ite générale grise; sur la tête, les régions latérales et les na- geoires, de nombreuses petites taches noires ; sur le dos, des taches plus grandes, ocellées, à bord sinueux, de forme et de grandeur va- riables, rappelant j)ar leur apparence celles de la panthère. Habitat. Cap de B.-Espér., d'où le Muséum a reçu 2 exemplaires par les soins de Delalande. La longueur du plus grand est de 0'".70. iO. SCYLLIUM VARIEGATUM, Suiith, lllust)'. ZOOl . S. Af)'., pi. 25, lig. 2 [Puroderma variegat., Id., Proc. zool. Soc, 1837, p. 85). Se. variegatum, Mull. Henle, Plagiost., p. 1 i. Caractères. — Museau et plis des coins de la bouche (1) Ilopoç, pore, ôeptià, peau, nom qui pourrait convenir à tous les Pla- giostomes. SCYLLIENS. GE^KE SCYLLILM, 9, 10, 11. 323 comme chez le Se. pantlieriniim , et cirrhiis de la valvule na- sale dépassant également le bord antérieur de la bouche, mais accompagné, au côté externe de la valvule, par un pli cutané simulant une sorte de petit cirrhus ; l"'*' dorsale commençant en arrière du bord postérieur des ventrales, qui a plus d'obliquité que dans l'espèce précédente; anale n'ayant en hauteur que le tiers delà longueur de sa propre base. Teinte générale d'un brun-gris ; sur les régions supérieure et laté- rales , de petites taches noires, nombreuses, irrégulièrement éparses, et, de chaque côté, deux stries longitudinales également noires. Habitat. Cap. de B.-Espér. Connue seulement à Londres par un uni- que spécimen qui, de la collection de A. Smith, a pris place mainte- nant au Brilish Muséum (Gray, Catal. Chondropter., p. 32). 11. ScYLLiLM LATicEPS, A. Dum. Monogr. des Scylliens, Revue deZooL, 1853, p. 84, pi. 3, fig. 2. Cephaloscyllium laticeps, Gill, Analyt. Sq. synops. {Lyceum nat. hisl., N.-York, 1861, t. VII, p. 408 et 412). Caractères. — Tête plate, volumineuse proportionnelle- ment au tronc, remarquable surtout par son élargissement en arrière; museau très-court et tout-à-fait arrondi ; narines beau- coup plus près de son extrémité que des coins de la bouche ; ventrales petites et triangulaires , à bord postérieur très-obli- que; des maculatures irrégulières, d'un brun noirâtre, sur un fond brun jaunâtre. Les formes sont lourdes et trapues. L'élargissement de la tête est surtout prononcé au niveau des angles de la mâchoire qui sont forte- ment renflés : l'espace, presque horizontal, qui, sur ce point, sépare le bord de la tête du bord inférieur de l'œil , est égal au quart de la plus grande largeur, tandis qu'il n'en est généralement que le sixième environ chez les autres Roussettes où, d'ailleurs, cette région sous- oculaire est presque verticale. Au-delà, il y a un rétrécissement un peu en avant de la première ouverture branchiale. Le bord antérieur de la bouche n'est pas atteint par les valvules, dont le prolongement cutané est court; la fente buccale est parabolique et fort grande, et les dentelures latérales des dents sont très-apparentes. Les pectorales sont grandes, quadrangulaircs, à bord postérieur rcctiligne. Les ven- trales ne sont pas réunies chez le mâle au-dessus des appendices gé- nitaux. La première dorsale, à bord postérieur droit, commence au-dessus du milieu de leur base ; la seconde, plus petite, est située juste au-dessus de l'anale, qui a moins de hauteur que le lobe infé- rieur de la caudale. 324 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. Habitai. Australie. Spécimen unique, cT, type rapporté au Muséum par M. J, Verreaux, et long de 0™.70. 12. Se. ACA^■THO!SOTUM (1), (Ic Filippi [Rev. zool., 1853, p. 169 et 286 et Mem. Acad. Torino, sér. 2, 1859, t. XVIII, p. 193, pi. sans n", fig. 2 et tirage à part, 1857, p. 9, lig. 2). Caractères. — Une double rangée d'épines sur le dos. Un de ces aiguillons, figuré isolément, aune pointe médiane s'élevant au-dessus de deux prolongements horizontaux, courts et mousses ; il est adhérent à la peau par sa base qui est pointue. Celte espèce a été vue seulement à l'état fœtal par M. de Filippi, à qui M. Denegri fils, naturaliste-préparateur à Gênes, a dit avoir ob- servé, sur le marché de cette ville, une Roussette adulte présentant le même caractère essentiel que le fœtus. II. Genre PRISTIURE, PRISTWRUS (2), Ch. Bonap. Caractères. — Sur le bord supérieur de la nageoire cau- dale, dans la première moitié de sa longueur, une petite carène supportant une double rangée d'écaillés beaucoup plus grandes que les scutelles environnantes, de forme triangulaire, à som- met très-acéré, dirigées obliquement en arrière et en dehors, portant, au bord interne de leur base, une petite dentelure ; entre ces deux rangées, se trouvent des scutelles plus petites, à trois pointes très-tines, dont la médiane dépasse en longueur les latérales (Voy. Atlas, pi. 6, fig. 10); scutelles du dos tout- à-fait semblables à celles des rangées du milieu de cette sorte de scie, mais moins volumineuses; museau allongé; narines presque également distantes de son extrémité et des coins de la bouche, à valvule nasale courte, sans cirrhus ; évcnts petits, tout-à-fait derrière les yeux. Œufs arrondis à l'une des extrémités, munis à l'autre de deux pe- tits prolongements semblables aux cornes des œufs de raie; pas de filaments de suspension (Ascanio, Icônes, pi. XXVIII, et Yarrell, 3« édit., t. II, fig. de la p. 481). (1) "Axavôri, épine, et vùjtw;, dos. (2) IlptffTi;, scie, ou TTfiÎCTTo;, dentelé, et oùpà, queue, à cause des'petites épines de la nageoire caudale. Cette dénomination remplace celle dePm- tidiirus proposée également par le prince (Selachorum tabula analytka, p. 11, in : Métn. Soc.hist. ^^a^, Neuchàtel, t. II, 1839). SCYLLTENS. GENRES PRISTIURUS ET HEMISCYLLIUM. 325 1. Pristiurus melanostomus, Bonap., Faun. ital., fig. et Cat. metod. pesciEurop.,^. 19, n" 78. '? Haae Giaele, Strôm, Phys. og œconom. beskrivelse over fogderiet S'ôndmôr, etc., Sorôe, 1762, I, p. 283. — Se. calulus, Gunner, Der Dronthcim. Gesellsch. Schrift. Ak. Dans., Copenh. 1765, t. II, p. 216, pi. 1 et 2. — Rodhaae, Ascanius, Icônes, tab. 38 (variété à anale et à caudale rouges) représentée avec un œuf. — Galeus melastomus, Rafin., Caralleri, etc., p. 13, spcc. 32, et Indice, etc., p. 46, n» 346. — Sq. ■prionuriis, Otto, Conspect., p. 5. — Se. Artedi, Risso, Hist. nat., t. III, p. 117, pi. 3, fig. 5, et signalé par lui, dès 1813, dans un Méni. à rinst., mais en 1810, Ichth. de Nice, p. 29, décrit comme 9 du Sq. catulus. — Sq.annulatus, Nilsson, Prodr. Ichth. Scand., p. 114, et Se. annulât., Id., Skandin. Fauna, Fisk., p. 713. — Scylliorhinus Delarochianus, et Se. melastomus, Blamw., F aune franc., p. 74 et 75, sp. 10 et 11. — Prist. melan., MùU. Henle, Plagiost., p. 15, pi. 7, museau et dent. — Id., Yarrell, Brit. fishes, p. 479. — Id., Hamilton, Brit. fish., part. II, p. 302, pi. 23. — M., Jon. Couch, Hist. fish. brit. islands, 1. 1, p. 18, pi. III. — Se. melastomum, Krôyer, Banmark's Fiske, t. III, p. 832, fig. — ? Se. Gunneri (Cuv.), Bonap,, Cat. pesci Eut., p. 19, n" 79. Caractères. — Plis labiaux très-courts, égaux en haut et en bas ; dents à une ou deux dentelures de chaque côté de la pointe médiane; dorsales semblables; anale égale en longueur à la distance qui la sépare des ventrales et se prolongeant presque jusqu'à l'origine de la caudale. Teinte générale d'un brun grisâtre, avec de grandes taches oblon- gues plus foncées, cerclées de blanc; bouche constamment d'un bleu noirâtre en dedans. (MÉXa;, noir, cTToiia, bouche.) — 0™.60 ou 0'".70. Habitat. Mers d'Europe, Méditerranée (Océan, mers du Nord). m. Genre HÉMISCYLLE, HEMISCYLLIUM (1), Mûll., Henle. Caractères. — Les deux dorsales à peu près égales entre elles, tout-à-fait en arrière des ventrales qui, de même que les pectorales, sont peu développées et ont leurs angles arrondis; évents au-dessous de la moitié postérieure des yeux; museau court; bouche presque transversale, fort rapprochée de son extrémité et dont le bord antérieur, au niveau des narines, est confondu avec elles; valvules nasales ne se réunissant pas sur la ligne médiane; dents à trois pointes; formes élancées. (1) "H(xt(m;, demi, et Scyllium. 326 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. La position des î'vents, la forme el la situation de la bouclic, ainsi que la continuité des narines avec sa cavité constituent les caractères essentiels de ce genre. — 11 renferme trois espèces. Tableau de la division du genre Hemiscyllium en 3 espèces. lOvalaire, unique. . 1. oculatum. P ,, , /très-courte; derrièrei hnire i anaiei jes pectorales, tachejcirculairc et 2 plus et la '^H ' petites.. .... 2. trin dale , dis-] petites 2. trispeculare. tance. . . •' considérable, demi-collier noir à points blancs 3. variolatum. 1. Hemiscyllium oculatum, Mûll. Henle, Plagiost., p. 16. Squalus oculatus, Banks, fig. iiianuscr. L'OEillé, Broussonn., Ac. des se., 1780, p. 660, nMO. — Sq. ocel- latus, Linn., Syst. nat., éd. Gmel., t. I,p. 1494, n» 21.— /rf., Lacép., Hist. Poiss., t. I, p. 2S3. — Id., Shaw, Natur. mise., pi. 161. — Se. ocellatum, Blvth, Jowr». asiat. Soc. Benyal, 1847, t. XVI, pari. 11, p.726, pi. XXV />/«,%. 2. Caractères. — Seconde dorsale très-antérieure à l'anale, dont elle est séparée par un intervalle égal environ à deux fois la longueur de sa propre base; anale très-rapprochée de la caudale; bord postérieur des dorsales un peu échancré; scu- telles angulaires à leur bord postérieur qui se réunit, on for- mant de chaque côté un angle, avec les bords de la partie libre : celle-ci représente un triangle à sommet peu acéré ; derrière la racine de chaque pectorale, une tache elliptique, i\ grand diamètre longitudinal, d'un brun-noir, entourée d'un cercle blanchâtre qui, pendant la vie, est bleu; sur le dos et sur les nageoires, des taches foncées irrégulières. Teinte générale d'un gris jaunâtre tirant sur le brun en dessus ; avec une apparence de bandes transversales i)lus foncées. Taille. Le type de Broussonnet était long de 0'".80 environ. Habitat. Australie. Le Muséum possède un individu donné par Banks à Broussonnet, et qui provient, par voie d'échange, de la Faculté de médecine de Montpellier. Il est plus petit que le type. 2. Hemiscyllium trispeculare , Richardson , Zool. voyage Erebus and Terror, pisces, p. 43, pi. 28, 1845, ei Icônes piscium, p. o, pi. 1, fig. 2, 1843. Caractères. — Position relative des nageoires a peu près semblable à ce qui se voit chez YH. oculatum, mais toutes pro- SCYLLIENS. GENRE HEMISCYLLll M, 1, 2, 3. 327 portionnollement un peu plus éloignées de rextrémilé du mu- seau ; scutelles arrondies ù leur bord postérieur, ainsi qu'à leurs angles latéraux, et tricarénées. Teinte générale jaunâtre; sur toute la longueur du corps, 42 à 14 bandes transversales brunes, la première correspondant aux pecto- rales et la seconde aux ventrales ; régions supérieure et latérales par- semées d'un grand nombre de petites taches foncées, réunies par groupes de trois ou quatre ; derrière la base de chaque pectorale, une grande tache noire parfaitement circulaire, entourée d'un cercle blan- châtre, auprès de laquelle on en voit deux autres plus petites en demi- cercle. Taille. Le plus grand des deux types de M. Richardson mesurait 22 pouces angl. (0'".SS). Habitat. Australie. Inconnu au Musée de Paris. 3. Hemiscyllium variolatum, a. Dum., Monogr. des Scylliens^ Rev. de Zool., 1853, p. 121, pi. 3, fig. 1. Parascyllium variai., Gill, Analyt. sij7iops. Squali {Lijceum nat. hist., N.-York, 1861, t. VII, p. 408 et 412, de Tiapâ, auprès, gy.vIwv. Caractères. — Seconde dorsale commençant au-dessus de la fin de la base de l'anale, qui est bien plus antérieure, et, par conséquent, beaucoup plus éloignée delà caudale que dans les deux espèces précédentes; évents très-petits; scutelles triangulaires, plus petites que celles de YH. oculatum et à pointe médiane plus acérée; mais tous les autres caractères du genre, formes également élancées. Teinte générale d'un brun jaunâtre ; depuis les yeux jusqu'à la ra- cine des pectorales, une large bande transversale, d'un brun noirâtre, occupant les régions supérieure et latérales du tronc, et semée d'un très-grand nombre de petites taches blanches plus grandes et un peu plus espacées sur les côtés qu'au milieu ; sur tout le reste du corps, de nombreuses taches blanches de grandeur inégale et disposées de manière à former, par leur réunion, de chaque côté, six arcs de cercle à convexité supérieure; sur l'extrémité de toutes les nageoires, deux taches d'un brun foncé, et une autre semblable à la base de chacune d'elles; sur la moitié postérieure de la ligne médiane du dos, quel- ques taches également noires. Taille. L'individu unique, type, mesure 0"'.36. Habitat. Australie ; donné au Muséum par M. le capitaine Bertille, 328 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÊMES OU SQUALES. IV. Genre CHILOSCYLLE, CHILOSCYLLIUM (1), MulL, Henle. Caractères. — Large repli cutané formant, au-devant de la mâchoire inférieure, une sorte de lèvre séparée de la peau de la région sous-maxillaire par un sillon transversal, qui ré- sulte de la réunion, sur la ligne médiane, des plis labiaux infé- rieurs ; museau mousse ; valvules nasales internes non confon- dues l'une avec l'autre, portant chacune un cirrhus; une petite valvule externe sous forme de bride atteignant le pli labial su- périeur; narines fendues jusqu'à la bouche qui est peu arquée et munie de dents à une ou deux dentelures de chaque côté ; évents petits, situés en arrière et un peu au-dessous des yeux, et portant, le plus souvent, à leur bord postérieur, un petit tubercule proéminent; caudale faisant, en quelque sorte, suite h l'anale, dont elle n'est séparée que par une petite échancrure ; quatrième et cinquième ouvertures branchiales presque con- fondues Tune avec l'autre. Tableau de la division du genre Chiloscyllium en 6 espèces. aj /non tubercu-Zderrière les ven-(senlement. . 1. plngiosum. _| '-rt 1 leuse ; X"^) traies (2); sur le et points na- S rt ^\ dorsalecom-'j dos, des bandes' crés 2. margaritiferum. 1S ^-i; mençant (au-dessus; dos fascié ou uni- i^ I (D 1 colore et ponctué 3. punctaium. °'«rt'* u 1 I (taches lenticulaires 4. /u6ercMk(/um. _ " o tuberculeuse; sur le mu-1 çQJ seau, des (lignes flexueuses . 5. phymatodes. \ presque au bout d'un museau très-court 6. malaiannm. 1. Chiloscyllium plagiosum, Mûll. Henle, Plag., p. 17. Ch. plagiosum, Richards., Report China, p. 191. — Id.', Cantor, Cal. Malay. fiskes, p. 137i. — Id., Blkr, Plag., p. 17, et Enumcratio, p. 20i, n" 2149. — Orectolohus ornalum, Bonap. , Se/ar/i. lab., ]). 11. Jeune âge : Bokec Sorrah , Russell, Fish. Coroni., p. 10, pi. 16. — (1) XelXo:, lèvre, et ,o6o;), proposé en 1839 par le prince Ch. Bona- parte (Selach. tab. unalyt. in : Mdm. Soc. se. tint. Seiicliatel, t. II). (2) C'est-à-dire derrière la base des ventrales. — Voyez à la fin de l'his- toire du genre Ctiiloscyllium , ce qui concerne les espèces Ch. Hasselti, Blkr, et Ch. obscurum, Gray. SCYLLIENS. GENRE CHILOSCYLLIUM, 1, 2. 329 Se. plagiosum, Bennctt, Life of Raffles, p. 694. — Se. ornatum, Gray, Hardw., lllustr., t. I, pi. 98, fig. 2. Adulte : I\a Sorrah, Russell, p. 10. Caractères. — Première dorsale commençant immédiate- ment en arrière de la base des ventrales et séparée de la se- conde par un intervalle égal à la longueur de sa propre base ; distance entre l'anale et la seconde dorsale égale à la longueur de la base de cette dernière ; pectorales allongées et tout-à-fait arrondies à leur bord postérieur; cirrhus des valvules nasales s'étendant jusqu'à la mâchoire supérieure; carène dorsale non tuberculeuse. Le système de eoloration, suivant les remarques de M. Canlor, varie avec l'âge et ne peut pas être décrit comme offrant des variétés cons- tantes. L'animal adulte vu par Russell, est inconnu au Musée de Paris : il est d'un gris jaunâtre ou cendré uniforme. On n'y possède pas non plus de nouveaux-nés ou de très-jeunes individus, qui sont tellement couverts de bandes transversales noires, que la teinte générale, beaucoup plus claire, forme elle-même : l'' des bandes étroites, parcourues chacune par une ligne brune, et 2" sur les lianes et sur les nageoires, des taches rondes à point central brun. Sur des individus moins jeunes de nos collections, se remarquent les particularités suivantes : Teinte générale d'un gris cendré ou Isa- belle, avec H-13 bandes transversales d'un brun noirâtre, larges sur le dos et plus étroites sur les flancs, à bords plus sombres et ponc- tués de noir; sur les nageoires, des taches claires et foncées. Habitat. La mer des Indes. 2. Chiloscyllium margaritiferum , Blkr, Journ. ne'erland. de ZooL, publié par la soc. roy. de zooL, Amst., 1863, t. I, livr. 10, p. 243 (2-= Notice sur la faune ichth. de l'île d'Obi, l'une desMoluques). Caractères. — Museau obtus, dont la ligne antérieure ar- rondie est comme tronquée; première dorsale commençant im- médiatement en arrière de la base des ventrales et séparée de la seconde par un intervalle un peu plus considérable que la longueur de sa propre base; distance entre Tanale et la seconde dorsale un peu moindre que la longueur de la base de cette dernière ; pectorales pas beaucoup plus longues que larges, ob- tusémentarrondies, abord postérieur fortement convexe; cirrhus des valvules nasales s'étendant un peu au-delà de leur bord ; carène dorsale non tuberculeuse; pointes latérales des dents presque nulles. 330 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. Teinte, ijènèrale brune ; dix bandes transversales noirâtres, dont les quatre premières sont au-devant de la première dorsale et trois derrière la seconde; sur le tronc et les nageoires, des gouttelettes na- crées assez nombreuses. Habitat. 1/cspèce n'a encore été vue que sur les côtes de File d'Obi. Le spécimen type était un jeune mâle de 0"'.26. 3. CniLoscYLLiuM Pu^CTATUM, Mi'ill. Henle, P/flf/., p. 18, pi. 3. Scijlliiim punclatum, Kuhl et Van-Hassclt. — Ch. (jriaeum, MulL, Henle, Playiost., p. 19, pi. A.—Ch. punct., Blkr, Plag., p. 2i2J, etEnw- meratio, p. 204, n" 21o0. Caractères. — Tiers antérieur de la base de la première dorsale situé au-dessus de la base des ventrales et cette pre- mière dorsale séparée de la seconde par un intervalle un peu plus considérable que la longueur de sa propre base; distance entre Tanale et la seconde dorsale moindre que la longueur de la base de cette dernière; pectorales presque quadrangulai- res, à angle externe h peine arrondi. MM. Millier et Henle ont décrit, comme appartenant à une espèce distincte, des Cliiloscylles rapportés de la mer des Indes au Musée de Paris par Polvd. Roux, MM. Dussumier et Bélanger, et qui, au lieu de porter des bandes transversales sur le dos et des points, ont une teinte d'un gris rougeàtre uniforme. C'est leur 67t. griseuni, Pla(j.,\>. 19, pi. 4. Cette figure faite d'après un dessin de Kubl et Van-Hasselt, est tout- à-fait inexacte, en ce qu'on y voit l'anale commencer au-dessous du tiers postérieur de la base de la 2*' dorsale. Outre le caractère tiré de la coloration, la distinction spécifique est fondée sur la position do l'anale qui, contrairement à ce qu'on voit chez \eCh. punctatum, oc- cuperait une position ])lus éloignée de la seconde dorsale dont elle serait séparée par un intervalle égal à la longueur de la base de cette dernière. Or, cette situation n'est pas constante, car, si chez deux de nos individus, cet intervalle, il est vrai, a l'étendue que je viens d'in- diquer, sur quatre autres, il est un peu moins considérable. Tous ces Chiloscylles ont, d'ailleurs, entre eux les plus grands rapports. Je considère donc, avec M. Bleeker, cette espèce comme offrant deux variétés : -1''* variété (Ch. punetatiun] : Couleur générale d'un gris brunâtre un ])eu clair, sur lequel se détachent, en dessus, huit ou neuf larges bandes transversales, d'une teinte plus sombre. Outre ces bandes, il y a de i)etits points foncés, bien visibles, à ce qu'il parait, sur le spécimen du Musée de Leyde, type du Se. punctatum, Kuhl et Van- Hasselt, mais à peine apparents sur ceux de nos collections. 2« variété {Ch. griseum) : Teinte générale d'un gris rougeàtre uni- forme ou même d'un rouge foncé, selon l'indication de Dussumier, SCYLLIENS. GENRE CHILOSCYLLIUM, 3, 4, 5. 331 pour trois individus donnés par lui. M. Bleoker dit avoir vu des points sur des individus sans bandes. La pi. i ICh. gris.) de Mùll. et Henle iPlag.) en montre un certain nombre. Habitat. Mer des Indes; mer de Chine. Le plus long a 0'". 37. 4. ClIILOSCYLLIUM TUBERCULÂTUM, 3Iull. Heille, P/rtf/., p. 19. Le Squale dentelé, L^cé\)., Hist. Poiss., t. I, p. 281, pi. XI,fig. i. — S(j. luberculatus, Bl. Schn. Syst. posth., p, 137. — Ch. luhercul., Blkr, Plag., p. 20, et Enumeratio, p. 20S, n^ 2'lSl. — Synchismus tubercul., Gill, Analyt. syjiops. Sqitali [Ann. Lyceum nat. hist., N.- York, 1861, t. VII), p. 408 et 413 (tw, avec, (iô;, fente : fentes réunies). Caractères. — Sur la ligne médiane du dos, depuis la tête jusqu'à la première dorsale, et, entre celle-ci et la seconde, une carène saillante formée par une série de tubercules réunis en groupes qui sont séparés par de petits intervalles, de sorte qu'elle semble dentelée; parallèlement à cette carène, et de chaque côté, une ligne saillante, mais composée de tubercules plus petits, étendue depuis la tête jusqu'au niveau de la se- coiide dorsale, et peu apparente chez les jeunes sujets; pecto- rales et ventrales beaucoup plus longues que larges. Teinte générale d'un gris brun<âtre,avec des taches lenticulaires d'un rouge-l)run, sur le dos, les tlancs, les dorsales et la face supérieure des nageoires paires. Habitat. Cap de B.-Espér.; mer des Indes (Blkr); merde Chine (Bi- chardson). Un échantillon unique au Musée de Paris (jeune çf) type du Sg. dentelé de Lacép., long de 0'".30, sans indication d'origine. 5. Chiloscyllium piiymatodes, Bleeker, Plagiost., p. 21, et Enumeratio, p. 204, n" 2148. Caractères. — Carène tidjerculeuse du dos semblable à celle du Ch. tub.; teinte générale d'un gris brunâtre, avec des taches lenticulaires d'un rouge-brun en dessus, disposées de manière à simuler des bandes transversales; sur le museau, des bandes flexueuses noirâtres, réticulées. Je borne à ces simples indications la diagnosc de cette espèce; ne la connaissant pas, et n'ayant pas d'individu adulte de l'espèce pré- cédente, je me trouve dans l'impossibilité d'établir une comparaison; mais je dois ajouter cependant que, outre la différence résultant de la ])résencc d'un réseau de lignes noires sur le museau, le Ch. piiyma- todes se distingue du Ch. tuberc, auquel il ressemble d'ailleurs beau- coup, comme le fait observer le naturaliste hollandais, par les na- 332 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. geoires ventrales aussi largos que longues el oblusémenl échancrécs; par la dorsale plus échancrée encore, et par la brièveté comparative du lobe inférieur de la caudale. — Habitat. Mer des Indes (Samarang). 6. CiiiLoscYLLiUM MALAiA>UM, Mûll. Heule, Plogiost., p. 20. Scyllium malaisia^ium , Lesson, Voy. aut. du monde, Expcd. Du- perrey, ZooL, t. II, V'' jjartie, p. 94, pi. VI, et Ico77ogr. R. anini., Cuv., pi. 68, fig. 1. — Scyllium Freycineti, Quoy et Gaim., Voy. aut; du monde, Exi)édit. Froycinet, ZooL, p. 192. — Ch. malayan., Blkr, Enumeratio, ]>. 204, et ïchlh. Batjaii (p. 18, tir. à part), sous le nom de Remise, malayan. Caractères. — Bouche presque au bout d'un museau très- court; angle postérieur des deux dorsales prolongé et pointu. Le système de coloration est très-analogue à celui du Scyllium ca- tulus, comme M. Lesson le fait observer, mais il y a de plus, et la planche de ce zoologiste le montre bien, de larges bandes transver- sales en dessus, plus Ibncécs que le reste du corps et sur lesquelles se voient également des taches noirâtres, de forme el de dimensions variables, qui manquent seulement aux régions inférieures. Habitat. Ile Waigiou (Océanie). Cette espèce est connue seulement par trois individus que Lesson et Garnot et MM. Quoy et Gaimard, ont rapportés au Musée de Paris, et qui sont les types Tun, le plus grand, long de l'".08, du Se. malais. , Lesson; et les deux autres beaucoup plus petits, mais tout-à-fait semblables au précédent, du Se. Freycin., Quoy, Gaim. — M. Blecker {Play., p. 19) décrit sous le nom de C}i. nasselti,unc espèce voisine du Ch. punctatum dont elle diffère, dit-il, par le vo- lume plus considérable et la largeur plus marquée de la tête, par la présence d'une dentelure latérale de chaque côté de la base des dents, et par une carène médiane du dos. Or, chez tous les exemplaires du Ch. punctatum et de sa variété [Ch. griseum), que renferment les collections du Musée de Paris, il y a, comme chez le Ch. Hass., si ce n'est chez deux de ces individus, une carène dorsale plus ou moins apparente, et leurs dents ont une dentelure latérale de chaque côté de la pointe médiane; mais chez tous, sans exception, la longueur de la tête est contenue 7 fois 1/2 ou 8 fois dans la longueur du corps, et non pas de 6 fois 1/3 à 6 fois 1/2, comme cela devrait être, selon la dia- gnose de M. Bleeker, chez les deux Roussettes que je viens de signaler si elles appartenaient à Tespècc dite Ch. Hasselti. Dans l'incertitude où je reste sur les véritables caractères de cette dernière, je n'ai pas pu la faire figurer sur le tableau synoptique. — J'éprouve le même embarras i)Our le Ch. obseuruvi, Gray, de l'archipel des Moluques, inscrit p. 35 [List of fish [chondropt.] Brit. Mus., I8.51\ mais que je ne trouve décrit nulle part. SCYLLIEISS. GEISRE GllNGLYMOSTOMA. 333 V. Genre GINGLYMOSTOME, GINGLYMOSTOMA (1), Miill., Henle. Caractères. — Un sillon profond dessinant nettement les plis des coins de la bouche en supérieurs et en inférieurs; et, à l'extrémité interne de ceux-ci, un sillon perpendiculaire plus ou moins prononcé les séparant du reste du tégument de la ré- gion sous-maxillaire, de sorte que les plis labiaux, en raison de la profondeur des sillons, ont Tapparence de charnières; museau mousse; narines allant jusqu'à la bouche qui est con- vexe et au-devant de laquelle passe un longcirrhus dépendant de la valvule nasale interne; dents très-nombreuses, formant jusqu'à dix rangées, munies de deux k quatre petites pointes de chaque côté de la médiane, qui est la plus longue, ou re- présentant, à leur bord libre, un segment de cercle dentelé; évents petits (2), ouverts directement derrière les yeux; première dorsale au-dessus des ventrales, et la seconde située en partie au-devant de l'anale et en partie sur le commence- ment de cette dernière ; caudale égale ou presque égale au tiers de la longueur totale, et, par conséquent, moins prolongée que chez le Stégostome, mais plus étendue que chez tous les autres Scylliens, qui ont également les pectorales moins développées que celles des Ginglymostomes. Tableau de la division du genre Ginglymo&toma en 3 espèces. ! pointus. . . 2. concolor[Z). arrondis. . 1. cirratum. (à bord libre, arrondi et dentelé 3. Mppellii. (1) riyy>vu[jiô;, gond de porte, charnière, etç-ioixa, bouche, à cause dessil- lons qui se voient à ses angles et à rextrémilé interne des plis labiaux : d'où il résulte que les plis simulent comme des charnières. — Le mot NeOrius, employé par M. Riippell pour désigner le même genre, signifie jeune cerf, et Âristote (livre VI, chap. X) s'en est servi en parlant de certains Squales, sans doute, dit Gesner (lib. V, p. 170, 50), en raison des taches qui rappel- lent celles du faon. Ce nom a dû être rejeté, car celui de Ginglymostome a la priorité comme dénomination générique appliquée aux Roussettes dont il s'agit ici. Latreille, d'ailleurs, en 1802, a nommé Nebria un genre d'in- sectes coléoptères carnassiers voisin des Carabes. (2) Sur un exemplaire du G. cirratum, des collections du Musée de Pa- ris, long de 2'». 15, le diamètre des évents est de O'f.Ol. (3) Près de cette espèce doit prendre place le G. fulvum, Poey, dont jo parle à la fin de l'histoire du genre. 334 l'LAGIOSiOMES PLELKOTREMES OU SQUALES. 1. GiNGLYMOsTo.MA ciRUATL'M, MûU. Hcnle, Plctgiost., p. 23. Gâta, Paira, Descr., p. 86, pi. 3i, fig. 2. — Le Barbillon, Brouss., Ac. se, 1780, p. 050, et Lacép., Poiss., t. I, p. 245. — Sq. cirralus, \Ànu., Sijst. nat., cd. Gm., t. I, p. 1492. — Sq. punclatus, Bl. Schn., Sijsi. posth., p. 434. — Se. cirrhosum, Griffith, Ctiv. An. kingd., t. X, l»l. 30 : jeune. — Sq. argus, Bancroft, Zool. Journ., V, \). 82, 1835. Caractèues. — Angles des nageoires arrondis; anale ovale; caudale à bord inférieur convexe; chaque pli labial inférieur égal à la distance qui le sépare de celui du côté opposé. Dents à pointe médiane très-saillante au-dessus des dentelures laté- rales ; scutelles en forme de triangle presque arrondi à Textré- mité postérieure, surmonté d'une carène médiane, ne donnant pas de rudesse à la peau; çà et là, quelques scutelles éparses, de même forme que les autres, mais plus grandes. Teinte générale brune en dessus et en dessous. Dans le jeune âge, des taches lenticulaires noires, éparses sur un fond jaune. Taille. Ce Ginglymostome est, avec le Stégostome et le Crossorhine, au nombre des plus grandes Roussettes. Le Muséum possède un indi- vidu long de 2'". 15 (tête et tronc, l'".50, queue, 0"\e5). Habitat. Mer des Antilles et Caycnne; Gorée: spécimen dû à Rang. 2. GiNGLYMOSTOMA coNCOLOu, Milll. Hcule, Plag., p. 22, pi. 6. Caractères. — Angles des nageoires pointus; caudale à bord inférieur non convexe; chaque pli labial inférieur à peine égal à la moitié de la distance qui le sépare de Vautre pli; dents à pointe médiane assez saillante. Pour les autres carac- tères, cette espèce est très-analogue à la précédente. Teinte générale d'un gris-brun uniforme. Habitat. Mers de l'Inde. — Espèce inconnue au Muséum. 3. GiNGLVMOSTOMA RUPPELLii, Blcekcr, Plag., p. 91, et Enume- vatio, p. 205, n" 2154. Nebrius concolor, Rûp])ell, ^eue wirbellh. Abysa., p. ()2, pi. 17, fig. 2. — Gingl. eoncolor, Cantor, Cal. malay. fishes, p. 1377, Caractères. — Contour du museau pi'esque (piadrangulaire; dents à bord libre arrondi, représentant un segment de cercle complètement dentelé à 6 ou 10 dentelures latérales, et une médiane les dépassant Ji peine, comme on le voit sur la planche citée de M. Rùppell; nageoire caudale beaucoup idus longue que chez le G. concolor, Mùll. Henle. SCYLLIE^S. GENRE GINGLYMOSTOMA, 1, 2, 3, 4. 335 Chez ce dernier, pi. 6, la queue est à peine le tiers de la longueur totale; chez le G. Ruppellii (Voy. la figure de Nebr. concolor, Rûpp.), clic en dépasse notablement le tiers. De plus, les dents du Nebrius diffèrent de celles de l'espèce précédente. Le Muséum ne possède aucun Gingl. qui puisse être rapporté à l'une ou à l'autre de ces deux espèces. Je ne m'étends donc pas davantage sur les indications données par M. Bleeker, d'après l'examen d'un individu péché dans le détroit de Singaporc. Celles que je viens de rappeler sont suffisantes pour justifier la distinction qu'il éUihlil entre le Gingl. concolor, Mùll. et Hcnlc, et celui de Riippell. Par conséquent, il convient de laissera ce dernier la dénomination de Gingl. Ruppellii, Bleeker. Habitat. Mer Rouge, détroit de Malacca et celui de Singapore. 4. GiNGLYMOSTOMA FULVUM, Poey, Poiss. de Cuba, esp. nouv. in : Memor. sobre la hist. nat. de Cuba, t. 2,1856-S8, p. 342 (1). Caractères. — « Largeur de la tête bien plus considérable que la hauteur du corps, car elle est comprise près de six fois dans la longueur totale. Toutes les nageoires ont leurs pointes arrondies. Entre la 1"^ dorsale et les ventrales, et, d'autre part, entre la 2'' dorsale et Fanale, la distance est courte ; la caudale est trois fois et demie dans la longueur totale. Le cir- rhus nasal atteint le milieu de la mâchoire supérieure. Les dents ont une pointe médiane et deux pointes beaucoup plus courtes de chaque côté. La couleur est d'un brun jaunâtre. » Cette description a été faite par M. Poey d'après une 9 longue de 0"'.839. Chez un mâle, les appendices génitaux très-courts n'arri- vaient pas jusqu'à la 1/2 du bord interne des ventrales. N. B. Il me paraît probable que la Roussette décrite par Lesson sous le nom Se. ferruglneum {Voy. aut. du monde, Exp. Duperrey, Zool., t. II, l''" partie, p. 95) et qui ne se trouvait pas dans les riches collections rapportées au Muséum à la suite de ce voyage, par Lesson et Garnot, doit être un Ginglynioslome, et peut-être même le G. cirra- lum. Je le suppose : 1" d'après les dimensions de la nageoire caudale, d'ailleurs assez élevée, qui formait le tiers environ de la longueur to- tale 0"'.378 sur 1'". 082 ; 2» à cause de l'étendue des barbillons 0"'. 030 environ ; 3° en raison de la forme mousse du museau et de la situa- tion de la bouche assez près de son extrémité ; -4° de la petitesse des évents; 5° du peu de rudesse des écailles. Enfin, nos grands individus (1) Je n'ai pas fait figurer celte espèce sur le tableau synoptique placé en tète de rhistoire du genre, parce que, ne la connaissant point, je ne puis pas la comparer avec certitude au G. concohr, qui, lui-même, manque au Muséum. 336 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. ne porlanl point de lâches, ils offrent un système de coloration au([ucl convient très-bien l'épilhètc ferrugmeum. VI. Ge^re STÉGOSTOME, STEGOSTOMA (1), MûlL, Henle. Caractères. — Tête voûtée et arrondie en avant; bouche tout-à-fait transversale et étroite; sur la mâchoire supérieure, comme sur l'inférieure, la peau forme un pli supportant les dents; entre les valvules nasales, réduites à un simple repli cu- tané terminé par un cirrhus, elle se prolonge en un bourrelet convexe en avant, concave à sa face postérieure, qui est le plus souvent couverte de scutelles et constitue une sorte d'opercule au-devant de la bouche; plis labiaux supérieurs et inférieurs courts; yeux très-petits, suivis d'évents peu considérables et verticaux; 5*^ ouverture branchiale rapprochée de la 4% avec laquelle elle semble presque se confondre; l''' dorsale sur les ventrales et les dépassant un peu en avant; la 2^ entre celles-ci et l'anale; cette dernière très-près de la caudale, re- marquable par son extrême longueur, qui égale la moitié des dimensions totales, et dont la hauteur est la même d'un bout à l'autre. 1. Stegostoma fasciatum (2), Miill. Henle, Plag., p. 25, pi. 17, museau et dent. S(jualus variiis, naribus ori proximis, fora)ninibus ponc ociilos, spi- raculis utrinque quaternis, cauda lonyifisima, Seba, Thesaur., t. III, p. lOo, pi. 3i, n" 1. Squalus capile ohtuso, cirris duobus admaxillam aupcr., dorso vario iner mi, Gronoy., Mus. ichth., t. I, p. 02, n« 136, ci ZoophyL, p. 31, n» Ul. Le tigre, Broussonnet, Ac. des se, 1780, p. 6o8. — Sq. tigrinus Linn., éd. Ginel., 1. 1, p. 1-493, n» 19; et Sq. longicaudus, 1496, n» 24. — Zébra shark, Shaw, y al. mise, pi. 434. — Sq. tigre, Lacép., Hist. Poiss.,,1. I, p. 2i!). — Id., Forstcr, Zool. ind., p. 24, pi. XIII, fig. 2.— /f/., H. Cloq., Dicl. des se. nal., t. 36, p. 353, pi. 33, fig. 2. (1) IxEYtw, je couvre, GTÔij-a, bouche, à cause du bourrelet de la lèvro supérieure. (2) Afin d'employer les mêmes dénominations que la plupart des zoolo- gistes postérieurs à Bloch, je conserve à respècc répithèle de fcsciatum, qu'ils ont adoptée à l'exemple de ce dernier, mais à latiuelle il eût été plus régulier de préférer, à cause de son droit de priorité, celle de tigri- num proposée par Broussonnet. SCYLLIENS. GENRE STEGOSTOMA. 337 Sq. fasciatiis, BL, pi. 113, copiée par Shaw, Gen. zooL, pi. 148, et dans ÏEncyclop., pi. 8, fig. 23. — Id., Bl. Schn., p. 130. Pollee makmn, Russell, Fishes Corom., pi. 18; jeune âge. Scyllium heptagonum, Rûpp., Neue loirbeUh. Abijss., p. 61 et 71, pi. 17, fig. 1. Steg. carinatum, Blylh, Joiirn. asiat. Soc. Bengal, 1847, t. XVI, part. II, p. 723, pi. XX\ bis, fig. 1 et Irt, écailles de l'une des carènes. Steg. fasciatum, Bonap., Tab. analyt. Selachorum, p. 11. — Id., Blkr, Plagiost., p. 23. — Id., Cantor, Cat. malay. fishes, p. 1378. Caractères. — Largeur de la bouche égale seulement à rintervalle des narines ; cirrhus atteignant le bord de la fente buccale; une carène au milieu du dos, étendue jusqu'à la première dorsale ; trois carènes parallèles de chaque côté : la su- périeure, qui est la plus longue, ne dépassant pas Textrémité postérieure de la seconde dorsale, et la plus inférieure, étendue depuis Torigine des ventrales jusqu'au milieu de l'espace com- pris entre ces dernières et les pectorales : d'oi^i le nom de Se. fi('ptago7iiinnpro\^osè par M. Rûppell; enfin, entre les ventrales et l'anale, de chaque côté, une petite carène; sur toutes ces crêtes, des écailles à saillie médiane assez fortement relevée, séparée de chacun des bords latéraux par un petit en-fonce- ment, en quelque sorte tricarénées, et offrant plus de volume que partout ailleurs; tous les angles des nageoires arrondis, h l'exception de l'angle postérieur de la seconde dorsale, qui est pointu; celle-ci plus petite que la première. Forme générale des Roussettes, mais un peu modifiée en raison de la brièveté du tronc et de la longueur de la queue. Système de coloration. Trois variétés qui semblent n'être que le ré- sultat de différences d'âge, comme M. Canlor le fait observer. 1™ variété. Couleur fondamentale d'un blanc jaunâtre relevé sur le dos par de larges bandes transversales noirâtres qui couvrent telle- ment la tête et les nageoires, que, sur ces régions, la teinte générale ne forme plus que des taches ovales ou circulaires {Pollee makum, Russell; pi. citées, de Seba et de Bloch, fœtus et très-jeune âge, Can- lor, loc. cit.). 2« variété. Outre les bandes, des taches noires, arrondies, sur les ré- gions brunes (âge plus avancé, Cantor). 3»^ variété. Plus de bandes, mais de nombreuses taches noires ar- rondies sur tout le corps (fig. du Se. heptagoJium Rûppell ; Se. carina- tum, Blylh. Adulte? Cantor). Le Muséum possède les 3 variétés; la 3« est propre aux individus de grande taille et la première aux plus jeunes. Taille. L'espèce peut atteindre 2'". 12 (tronc, O'n.9o; queue, 1™.17). Habitat. Mer des Indes ; côtes de Madagascar. Poissons. Tome l. 22 338 PLAGIOSTOMES PLEUHOTllEMES OU SQUALES. VIL GE^RE CROSSORHINE, CROSSORHINUS (1), MulL Henle, Plag.,\-). 24. Caractères. — Tète plate, large, garnie dans tout son pourtour, jusqu'aux ouvertures des branchies, d'appendices cutanés, les uns simples, les autres divisés en lobules; yeux en dessus, ainsi que les éventsqui sont une fois et demie aussi grands; bouche largement fendue, formant une courbe très- ouverte, plus rapprochée de la pointe du museau que chez la plupart des Squales; plis inférieurs des coins de la bouche longs et très- prononcés, atteignant presque la ligne médiane, mais séparés par un sillon vertical profond, qui se voit sur le milieu de la lèvre inférieure ; dent médiane d'en haut très-pe- tite, faisant à peine saillie, mais celle de chaque côté très- grande, et les suivantes beaucoup plus petites; la médiane d'en bas très-longue et placée entre deux dents de même di- mension, mais les suivantes beaucoup moins hautes, sembla- bles à celles de la mâchoire supérieure; les grandes dents simples et coniques, les autres, munies d'une petite dentelure de chaque côté de la base ; ouvertures branchiales proportion- nellement peu développées, égales entre elles; écailles trian- gulaires, à pointe mousse, tri-carénées. 1. Crossorhinus BARBATUS, Mùll. Henle, Plag., p. 21, pi. 5. Sq. in Valentyn, Oud en nicuw Oost-Indien, t. III, p. 330, pi. 52, A. Le Barbu, Brouss. Ac. se, 1780, p. 657. — Sq. barbatus, Linn., éd. Gmel., Syst., t. I, p. 1493, n" 18. — Wntt's shark, Pliili])p, Voy. ta Botany-Bay , p. 285, pi. 43. — Sq. appendiculatns, SIkuv, Natur. Mise, pi. 727. — Sq. barbu, Lacép., Hist. Poiss., t. I, p. 247. — Sq. barbatus cilobatus, Bl. Schn., Syi^l. poslh., \). 128, D, et p. 137, 37. — Se. lobatum, Cuv., R. an., t. II, p. 387. — Cross, barb., Richards., Re- port ichth. China, p. 1!I4. — Cross, barb., Schl., Faun.jap., p. 301. Caractères. — Corps aplati jusqu'à l'anus, c'est-à-dire dans sa première moitié, et cylindrique à partir de ce point; pecto- rales grandes, à angles arrondis; ventrales quadrangulaires; les deux dorsales à peu près égales, situées entre les ventrales et l'anale, qui est très-rapprochéc de la caudale, dont l'éten- due est à peu i)rès le sixième de la longueur totale. Teinte générale brune, pkis claire en dessous; sur le dos et les (1) Kpoffffà;, frange, piv, ptvo;, nez, à cause des barbillons. SCYLLIÈî ~ 3 f^ ^ S p ;s -Qj rt _ =^ Jl *^ f^ . "55 G o g 43 " ^ a . * '^ ^- -S « 5 c 2 s o ~ ^=^ S I -^ « 3 s c 2 5 r== s p g fe S c-^ s ' = - a- la a u a Oj ^ ID o O é- 3 rt s S ^ c5 CT( O 3 C -ce — ■d1 o eu. W -c > s ç« 3 » "5 s g a =^ — H bc _ 7^ s o J .y t3 ^ c e -s ^ -2 X o o 1^ Q- 3 3 s ^ rt Vj >-H IS Ci a 2 o c =3 !-, Q ci « — CTJ ^ o ci O P, S o. C2- C3 il 3 ;= O ■Ç S • rt s ni pa o ^ '5 o 03 bc ^ "« ^ s o <^ o 03 « 1 O >, o O "S -eu a g o co C3 3- o Vï -pi o C/-J fi 3 03 ce =3 _rt o C 03 03 a. 03 '-s;. 3 -a >< 3 ci '3 ê o ■y: .s — o . 342 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. S 3 ^ S «3 -t3 o GJ ^ — ci -o )=: r; -y: "^ c! o c^ c . =; !=i es C/3 ^ s ^ o -Jï - g .. =3 S «^ O •^ o '^ Soi - '3 ^ "^ *^ o ~j o 3 o ^ ^ "o o o S "^- '^ ^ * "^ _o 1^ -2 =3 C O « o t/i "rt ^ <» fcJD C5 ■O _^ ■^ « ^ -S ^ !T' rt _o O £3 ryo o Sa a r^ cr O o o ""^ u b/D .^ *^ cfi iH t/2 O C/2 _5 c: o p , P en ^ id oipnoq ^ tn§n; sojBJopod sop ou.unxo oi§nv -3 S CARCHARIENS. GENRE CARCHARIAS (SCOLIODON), 4, 2. 343 GROUPE I. — Pectorales à peu prés aussi larges que longues, non échanorées en arrière, à angle externe presque droit. 1. Carcharias (Scoliodon) laticaudus, Mûll. Henle,P/rt(/., p. 28, pi. 8. Caractères, — Museau allongé; distance des narines à sa pointe et aux angles de la bouche presque égale; orifice buccal aussi long que large; l'^ dorsale plus rapprochée des ven- trales que des pectorales, qui sont proportionnellement cour- tes, leur longueur dépassant h peine leur largeur, dont le bord postérieur est à peu près rectiligne et dont l'angle externe, presque droit, n'atteint pas cette dorsale qui, par son extrémité postérieure, s'étend bien au-delà de l'origine des ventrales; 2*^ dorsale très-petite, commençant avant la fin de l'anale et se prolongeant davantage en arrière; caudale large. La base de la 2" dorsale est environ le tiers de celle de l'anale, qui est égale, elle-même, à l'intervalle compris entre elle et les ventrales; la hauteur du grand lobe de la caudale, mesurée du bord supérieur à l'inférieur, représente les 2/3 de l'espace qui sépare de l'entaille du grand lobe l'angle du lobe inférieur ; extrémité de la queue large et presque aussi haute dans ce point que le lobe inférieur. Teinte générale d'un gris rougeâtre plus clair en dessous. Habitat. Mer des Indes. Cette espèce, non citée dans les catalo- gues de MM. Cantor et Bleeker, a été établie d'après des exemplaires du Musée de Paris, donnés par MM. Dussumier et Bélanger. 2. Carcharias (Scoliodon) macrgrhyinchgs, Blkr, Plagiost., p. 31, pi. I, fig. 1 [Verhand. Batav. Genotsch., t. XXIV, 1851). /(/., Id., Ennmeratio, 1859, p. 206, n» 2158, nom ind. Tjutjot-pi- sang. Caractères. — Par l'allongement du museau, qui est, il est vrai, un peu plus pointu, par la brièveté proportionnelle des pectorales à angie externe presque droit, par la forme de l'extrémité de la queue, ce Se. ressemble au précédent, mais il s'en dislingue par les caractères suivants : Formes plus élan- cées; l'*" dorsale plus reculée, et, par conséquent, plus éloi- gnée des pectorales, et à angle inférieur moins aigu ; 2^ dor- sale moins petite et dont la base égale la moitié de celle de l'anale, qui offre, elle-même, moins de longueur que chez le Se. laticaudus; aussi, l'espace compris entre elle et les ven- 344 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. traies csl-il notablement plus étendu que sa propre hase; dents inférieures plus étroites. La teinte générnlc est ^\'\n\ t^i'is venlàlio ot non roiigeàtio, coninie chez l'autre espèce. Habitat. Batavia. Inconnu au Musée de Paris; représenté dans un dessin inédit communiqué par M. Bleeker qui, tout en reconnaissant ses analocçics avec le jtrécédent, a sif:^nalé leurs dissemblances. GROUPE II. — Pectorales plus longues que larges, échancrées en arrière, à angle externe aigu et effilé. 3. Carciiarias (Scoliodoîs) Walbeehmi, Blkr, Twccdc bijdrage Ichth. fauna van Bintang, p. 9. Id., Id., Enumeratio, 1839, p. 20G, n» 21o9, noui ind. Ju-djudjoor. Caractères peu différents de ceux des deux premières es- pèces; mais celle-ci s'en distingue par les particularités sui- vantes : orifice de la bouche décrivant une courbe plus ouverte, de sorte que sa largeur est plus considérable que sa longueur; pectorales plus longues que larges, échancrées à leur bord postérieur et à angle externe aigu; 4'''' dorsale moins reculée, située à peu près entre les ventrales, qu'elle atteint à peine par son extrémité postérieure, et les pectorales qui, en arrière, dépassent son origine; caudale moins haute, non élargie à son extrémité, mais se terminant, au contraire, en -pointe effilée; ligne latérale comme ramifiée, présentant, de chaque côté, de petits prolongements. Teinte générale d'un gris bleuâtre à reflets cuivrés ; blanchâtre en dessous; dorsales bordées en avant de brun, ainsi que le bord su- périeur et le milieu du bord inférieur de la caudale. Sur un dessin inédit communiqué par M. Bleeker, je constate les dissemblances que je viens de signaler. Habitat. Bintang, Timor, etc. Inconnu au Musée de Paris. 4. Carcharias (Scoliodon) Dumerilii, Wikx, Beschr . vischftoort. Amboina, p. 70 {Acta Soc. se. Ind. neevL, t. I). W., Id., Enumeratio, 1859, p. 203, n» 2137. Caractères analogues {\ ceux du Se. Walbeehmi, mais avec les différences suivantes : museau plus long et surtout plus pointu; ouverture de la bouche aussi longue que large, for- mant une courbe plus fermée; 1'"'' dorsale un peu plus près des ventrales qu'elle n'atteint pas cependant par son extrémité CARCHARIENS. GENRE CARCHARIAS (sCOLIODON), 3, 4, 5,. 345 postérieure, que des pectorales qui ne se prolongent pas jusqu'à son origine ou l'atteignent h peine; ligne latérale non ramifiée; pectorales et ventrales bordées de blanc;!'" dorsale à bord noir. Les rapports de position de la l""" dorsale avec les nageoires paires sont la conséquence de l'allongement général du poisson : d'où ré- sulte un écarteinent plus considérable des nageoires ; la caudale est également plus longue que celle du Se. Walbeehmi et non bordée de noir comme chez ce dernier. Sur un dessin inédit communiqué par M. Blceker, on voit très-bien que ce Squale est plus élancé que tous ceux du même groupe. Habitat, .\mboine. Inconnu au Musée de Paris. 5. Carcharias (Scoliodoin) acutus, Riippell, Neue Wirbelth. Abyss., p. 65, pi. 18, fig. 4. C. [Se.) acutus, Mûll. Henle, Plag., p. 29. — /(/., Richards., Rep. ichth. China, p. 194. — Id., Cantor, Cal. rnalay. fishes, p. 1381. — Id., Blkr, Plag., p. 30, et Enumeratio, 18.^9, p. 203, n° 2136, nom ind. Tjutjot-pisa)ig. Caractères. — Museau pointu ; distance des narines k son extrémité égale aux deux tiers de celle qui les sépare des an- gles de la bouche dont la largeur et la longueur sont sembla- bles; l""" dorsale moins rapprochée des ventrales que des pec- torales, dont le bord postérieur est échancré et dont la longueur dépasse d'un tiers environ leur largeur, qui, enfin, par leur angle externe effilé et aigu, peuvent s'étendre au-delà du pre- mier tiers de sa base; celle-ci, par son extrémité postérieure, atteint ou ne dépasse que peu l'origine des ventrales; base de l'anale une fois et demie à peine aussi longue que la 2* dor- sale; intervalle entre la caudale et l'anale double de la lon- gueur de la base de cette dernière; caudale basse, à lobe supé- rieur très-obliquement coupé à son extrémité libre qui est effilée. Teinte générale d'un gris bleuâtre en dessus et blanchâtre en des- sous. Habitat. Mers des Indes, de Chine. Trois jeunes individus rapportés du Brésil, de la Guadeloupe et de la Martinique, dont le jeune âge, ainsi que la dessiccation à laquelle ils ont été soumis rend la déter- mination précise difficile, semblent appartenir à l'espèce actuelle, malgré la différence d'origine. Peut-être doivCnl-ils rentrer dans l'es- pèce nommée par M. Poey, Squalus [ScoL] poroms que je signale plus loin, mais je ne puis en avoir la certitude. 346 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. 6. Carchauias (Scoliodon) Lalaisdii, Val. MSS. Id., kl., Miill. Hcnlc, P/rtj/., p. 30. — Id., Castclnau, Pois.s. recueillis fendanll'expédit. dans rAméi'.S., ]). 100. Caractères. — Museau plus large que dans les autres es- pèces du groupe II, sa largeur, au niveau des narines, rem- portant sur sa longueur, mesurée depuis son extrémité jusqu'à l'angle externe de l'une des narines; distance de l'angle anté- rieur des yeux à l'extrémité du museau égale i\ l'espace inter- oculaire ; narines plus rapprochées du bout du museau que des angles de la bouche qui est à peu près aussi longue que large; 1''' dorsale à angle supérieur arrondi et mousse, située presque à égale distance dos ventrales et des pectorales; ces dernières à bord postérieur échancré, mais, par exception au caractère général du groupe, à angle externe mousse, plus longues que larges, et pouvant s'étendre jusqu'au niveau de la moitié de la base de la 1'''' dorsale; prolongement postérieur de la 2'' dor- sale moins considérable que chez l'espèce précédente et angle terminal de la caudale mousse ; scutelles semblables pour la forme aux scutelles de cette dernière, et cependant un peu plus fortement carénées. Le système de coloration est très-analogue à celui du Se. acutus cU de môme, le bord antérieur de la 1''' dorsale, ainsi que la caudale sont finement liserés de noir. — Habitat. Brésil : Delalande, types. 7. Carcharias (Scoliodon) terr.-e-isov.^^., Gill, Cat. jish. east. coast N. Amer., p. 59. Squalus [Carch.) terrœ-novœ , Ricbardson, Fauna bor.-americ, t. III, fish., \). 289, c\c\. synonym. Squalus punclatus, WïichiW, Trans. litt. andpliil. Soc, N.-YoVk, i'sio, l. I, p. /t83. Caractères. —Museau large, déprimé, arrondie son extré- mité; 1''' dorsale à angle supérieur terminé par un petit pro- longement un peu relevé ; un prolongement semblable, mais proportionnellement plus haut à la 2'' dorsale et à l'anale; pec- torales effilées; angle terminal de la caudale eflilé; scutelles tricuspides. Sijstème de coloration. Il n'en est rien dit par M. Ricbardson à qui j'emprunte cette description où se trouve, en outre, l'énoncé des carac- tères propres aux Carcbariens du sous-genre Scoliodon.. Habitat. Côtes de Terre-Neuve. Le type de cette espèce inconnue au Musée de Paris, mesurait 0"'.32. Elle a été dite, b. tort, Lamna terrœ- novœ par Dekay et Slorer [Synops. fish. N.-Amer. {Mem. americ. CARCHARIENS, GENRE CARCH.ARIAS (pHYSODON). 347 Acad., nouv. série, t. II, p. SOi). — Je mentionne ici, sans pouvoir lui assigner un rang précis : Sq. porosus (vulg. Ca%on de j)laya}, Poey {Poiss. de Cuba, in : Mem. sobre la Hist. nul. Cuba, t. II, p. 33!), pi. 19, fig. 11 et 12, dents); espèce à membrane nictitantc, mais sans évents, rentrant dans le genre Carcharias et que M. Poey rapporte au sous-genre Scoiiodon, auquel elle appartient par la forme de ses dents, quoique la base en soit légèrement dentelée. Le corps est svelte; le museau allongé, aigu et déprimé; ces caractères distinguent ceS^. du Se. Lalandii des Antilles. Il manque au Muséum, à moins qu'on ne rapporte à cette espèce les jeunes sujets du Brésil et des Antilles, dont j'ai parlé à l'occasion du C. [Se.) acutus (p. 345). II. Sous-Genre. PHYSODON (1), Val. Caractères. — Au milieu de la mâchoire inférieure, deux rangées parallèles de très-petites dents suivies, chacune en dehors, de deux rangées, également parallèles, de dents beau- coup plus volumineuses que celles des rangs médians et plus grosses aussi que toutes les autres, d'une forme particulière, à base renflée comme le pied cylindrique d'une quille, et dont la partie supérieure, brusquement inclinée en dehors, forme une sorte de crochet à pointe acérée ; les autres dents, ainsi que les dents de la mâchoire supérieure oi^i se remarque une rangée médiane impaire, très-analogues à celles des Scoliodontes. 1. Carcharias (Physodon) Mulleri, Val., MSS : Mûll.Henle, Plag., p. 30, pi. 19, lig. 1, dents. Triglochis Mûlleri, Gray, Cat., p. 42 (2). Caractères. — Museau pointu et allongé; distance entre l'angle de la bouche et son bord antérieur un peu moindre que celle qui sépare ce bord de la pointe du museau; bouche en forme de parabole peu ouverte et étroite, ses angles étant sé- parés l'un de l'autre par un intervalle qui dépasse à peine la longueur de son ouverture; narines un peu plus rapprochées des angles de la bouche que de l'extrémité du museau"; base de la l""" dorsale finissant juste au niveau de l'origine des ventrales; 2'' dorsale très-petite, commençant au-dessus du dernier tiers de la base de l'anale, laquelle a trois fois plus (i) fi>:) Maci.oti, Milll., Henle, /'/(/f/., p. 34. pi. 10. Caractères. — Musl-au très-long, pointu; narines plus près du bord antérieur de la bouche que du bout du museau; dents supérieures à base dentelée des deux côtés; 1"" dorsale com- (1) Cette espèce n'a pas pu prendre rang sur le tableau parce que plu- sieurs détails essentiels sont omis dans la description de Mitchill. (2) Ocjô, dessous, la base, Tiptwv, soie. CARCHARIENS. GE>iRE CARCHAKIAS (HYPOPRION), 1, 2. 351 mençant à une petite distance de rextréinité postérieure de la base des pectorales. Teinte générale d'un gris noirâtre, beaucoup plus claire en dessous. Habitat. Nouvelle-Guinée et mer des Indes, d'où l'exemplaire du Musée de Paris a été rapporté par Dussumier. — Long., 0'".HG. 2. Carcuarias (Hypoprion) hemiodon, Val., MSS, in : Mûll., Henle, Plag., p. 3o, pi. 19, fig. 2, dents. Ilypoprionodon hemiodon, Gill, Anal. Synops. Sq. {.hin. Lyc. nat. hist., N.-York, t. VII, p. 401 et 409). Caractères. — Museau plus court que dans l'autre espèce et arrondi; narines au milieu de la distance qui sépare le bout du museau du bord antérieur de la bouche; dents supérieures à base dentelée seulement en dehors, d'où le nom spécifique; l'^ dorsale commençant immédiatement au niveau de Textré- mité de la base desjpectorales. Teinte générale d'un gris noirâtre, plus claire en dessous. Habitat. Mer des Indes, Pondicbéry ; 4 individus rapportés par M. Bélanger : types. — Long, du plus grand, 0"'.3.'j. V. Sous-Genre PRIONODON (1), Mûll., Henle. Caractères. — A l'une ou à l'autre mâchoire, mais plus particulièrement à la supérieure, ou aux deux, de tines dente- lures sur la base et sur la pointe des dents qui sont droites ou obliques, en forme de triangle régulier ou irrégulier; presque toujours une dent médiane et impaire à la mâchoire infé- rieure. ~(1) Tcptœvj'scie, ootov, dent. Ce môme nom ayant été donné par Horsfield, dès 1823, à des Mamraifèi^es du groupe des Viverra, W. Cantor [Catal. Malny. ftshes , p. 1381) a proposé de le remplacer par Prionace (Ttoîwv et âxri, pointe d'une dpée). Cependant il semble préférable de ne pas intro- duire dans la nomenclature un mot nouveau et de conserver celui qui est consacré maintenant par l'usage. Il n'est pas possible, contrairement à l'opinion de M. Gill [Synops. Sq., in : Ann. Lyc. nat. hist. N.-York, 1862, t. VII, p. 401) de substituer au nom de Frionodon celui de Cynocephaliis créé par Klein, car les deux es- pèces {Sq. albus et glaucus) placées dans ce genre {Mis.sus III, p. 5) sont très-mal déterminées. Le nom de Carcharimis, Blainv. {Prodrome, 1816, in : Noiw. Bull. Soc. pliilomafli. , imW., p. 121), ne peut pas être conservé à cause du grand nombre d'espèces appartenant à des genres différents, que ce naturaliste y a rapportées. Il n'a, d'ailleurs, plus fait mention de ce groupe très-hété- rogène dans la Faune française. B\1\-S'JR-SEINE. — IMP. SAILLAHD. HISTOIRE NATURELLE P f ^ ICHTHYOLOGIE GENERALE AUG. DDMERIL PROFESSEUR-ADMINISTRATEUR AU MUSÉUM d'hISTOIRE NATURELLE DE PARIS. OUVRAGE ACCOMPAGNE DE PLANCHES TOME PREMIER ÉLASMOBRANGHES PLAGIOSTOMES ET HOLOCÉPHALES OU CHIMERES. SECONDE PARTIE '•^•sySSS^^^J'— PARiS LIBRAIRIE ENCYCLOPÉDIQUE DE RORET, RUE HAUTEFEUILLE, 12. ' 1865 CARCHARIENS. GENRE CARCHARIAS (PRIONODON), 1. 353 GROUPE I. Première dorsale située beaucoup plus près des ventrales que des pectorales (3 espèces 1-3). i. Carcharias (Prio>'odo>') glaucus, Cuv. [R. anim., 1" édit., t. II, p. 126, et 2<^ édit., t. II, p. 388). Galeus glaucus. Rond., De pisc, lib. XIII, cap. VI, p. 378, et éd. l'r., p. 296 {Du chien de mer bleu], fig. copiée : 1" par Gesner, De Mîistclis{De Galeo glauc, Rond.), De aquat.,\ïhA\, p. GOd, éd. Francf., 1620; 2" par AIdrovande, p. 39-4. — The blue shark, Watson, Philos. Transact. 11. soc.London, t. LXVIII, part. II, for 1778, p. 789, pi. XII. Sq. fossula triangulari in extremo dorso, foraniinibiis nullis ad ocu- los, Artodi, Gen. pisc, p. 69, n° 13; Sijnon., p. 98, n» 13, et éd. Wal- baum, Gen., p. 513. Sq. glaucus, Bl., pi. 86, copiée : 1" par Shaw, Gêner. Zool.,pisce$, pi. 151 ; 2« dans YEncycL, pi. 7, fig. 22. —Id., Bl. Schn., Sijst. posth., p. 131. — Id., Risso, Ichth. Nice, p. 26. Blue shark, Yarrell, Br. fishes, 3" édit. t. II, p. 482 (dents, p. 485). Sq. cœrulcus et Sq. glaucus, Blainv., Faune fr., p. 90 et 92. Carch. (Prionodon) glaucus, Miill. Hcnlo, Plag., p. 36, pi. 11. — Sq. glaucus, Bonap., Faun. icon., pi. 133, tîg. 2, et Cat. pesci curop., p. 18, n<'70. — Carch. glaucus, Guich., Eist. Chili, Cl. Gay, Zool., t. II, p. 364. — Blue shark, Coucli, Hist. fishes Br. islands, t. I, p. 28, pi. VI. Caractères. — Museau long, pointu; narines au milieu de l'intervalle qui sépare son extrémité du bord antérieur de la bouche; espace internasal égal à la distance des narines à la pointe du museau ; dents supérieures à bord interne, convexe, un peu moins fortement dentelé et dans une moins grande étendue que le bord externe qui est concave; dents inférieures moins inclinées que les supérieures vers les angles de la bou- che, plus étroites, dentelées en dehors et en dedans chez les adultes, mais uniquement sur le côté externe de la base chez les jeunes sujets; pectorales très-allongées, formant à peu près le cinquième de la longueur totale et trois fois environ aussi longues que larges , mais proportionnellement plus courtes dans le très-jeune âge ; petit lobe de la caudale n'égalant pas la moitié de l'étendue du grand lobe. Lai''" dorsale est échancréc en arrière, ainsi que l'anale, dont les dimensions sont semblables à celles de la 2« dorsale, au-dessous de laquelle elle est placée, et qui égale à peu près la moitié de la hauteur et de la longueur de la 1"'. Teinte générale d'un beau bleu foncé sur le dos et sur les nageoires, Poissons. Tome I. 23 3o4 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÉMES OU SQUALES, plus clair sur les côtc^-s cl offrant ainsi les différentes nuances de l'in- digo ; régions inférieures blanches. Habitat. Méditerranée, Océan Atlantique et Pacifique. Outre trois individus dont Torigine n'est pas indiquée, le Muséum en possède un rapporté de la Nouv.-Zélande par M. Arnoux. Il mesure 'i'^M. 2. Carchariâs (Prionodon) hirundinaceus, Val., MSS, in Mûll., Henle, Plarjiost., p. 37. Caractères très-analogues à ceux du Pr. glaucus auquel il ressemble beaucoup par son museau allongé, ses formes élan- cées, la position reculée de sa 1''" dorsale, les grandes dimen- sions de ses pectorales effilées, qui sont également trois fois plus longues que larges; enfin, par la forme des dents; mais très-distinct par l'étendue considérable du lobe inférieur de la caudale qui est étroit, se termine en pointe et dépasse notable- ment la moitié de la longueur du grand lobe (0"\36 sur 0"'.60). Nous manquons de renseignements sur le système de coloration, l'individu unique du Musée de Paris, type de cette espèce, et long de 2"\-47, étant desséché et depuis longtemps monté; mais il offre les mêmes teintes foncées que le Pr. glaucus qui, à l'état sec, est d'un gris verdâtre. — Habitat. Côtes du Brésil : Delalande. 3. Carchariâs (Prionodon) mu>'sing, Blkr, Plag., p. 32, pi. I, fig. 2 [Verhandeling. Batav. Genotsch., t. XXIV). Ici., Id., Enumeratio , 4859, p. 207, n° 2169, nom ind. Munsing Jav. (Dessin inédit communique par M. Bleekcr). Caractères. — Formes moins élancées que celles des deux précédents ; museau assez long et un peu pointu ; narines plus loin de son extrémité que du bord antérieur de la bouche ; espace internasal plus considérable que la distance des narines à la pointe du museau; dents supérieures triangulaires, obli- ques en dehors, k bords dentelés; dents inférieures plus grêles, presque droites, sans dentelures; une dent médiane en bas seulement; pectorales larges et courtes (une fois et un tiers aussi longues que larges), ne formant pas tout-à-fait le sixième de la lougucur totale, à peine échancrées en arrière, à angles arrondis; dorsales et anale peu échancrées; celte dernière presque aussi longue et aussi haute que la 2'' dorsale ; petit lobe de la caudaU,' égal au tiers de la longueur du lobe supérieur. Teinte générale : gris bleuâtre, blanchâtre en dessous. Habitat. Archipel indien. Inconnu au Musée de Paris. CARCHARIENS. GEJiRE CAKCHARIAS (PR10NODO^), 2, 3. 355 1-3 T^ ^ o t/2 ^ g -S s '^ o 3 en O O -^ë TS " « :3 '^ 'n -3 (73 ce 3 .s G S o « Pl- c L^ c/3 US _o o "cS ;_ £(12 O ^-J 3 "S .2 Li 'u s VO) Ci .— t- — CI a u t-i a> c Î5 4> ■D en _g -S o <» A 6» en a O) a *"* a a o o o tn Ci o < «J !213 a-^ 'odo?j) lamia (3), Risso, Hist. nat. Eur. mérid ., t . III, p . 119. ?6'(y. capite subdcpresso, rostro suhacuto, corpore unicolorc , pinnis pectoralibus maximis, Gronov., Zoophyl., p. 32, n" 143. (l) tço:, semblable, yofAço;, clou, oSàw, dent. (2j Jsurus oxxjrhynchus, Rafin. Caratt., p. 13, pi. XIll, lig. 1, est une des nombreuses espèces établies par ce zoologiste, qu'on ne sait où placer. Si, par l'acuité du museau et par la forme des dents, elle offre quelques rap- ports avec le C. {Pr.) oxyrh., plus même qu'elle n'en a avec le Lumna cor- nubica auquel on a voulu quelquefois la rapporter, elle s'en éloigne tout- à-fait par la forme de la queue. (3) Nom emprunté à la Mythologie, dont Risso a fait également usage CARCHARIENS. GENRE CARCHARIAS (pRIONODON), 4, 5. ?o7 ?Sq. glauque, Lacép., Hùt. Poiss., t. 1, pi. 9, fig.l (mais pas la des- cript.). — Sq. carcliarias, Risso, Ichth. Nice, p. 2o. — Carch. {Pr.) lamia, Mûller, Henle, Placj.,p. 37, pi. 12. Eulamia (Eu, bien, vraie Lamie) Icunia, Gill, Anal, synops. Sq. {Ann. Lyc. nat. hist., N.-York, t. VII, p. 401 et 410). Caractères. — Museau court et arrondi; narines situées à peu près à égale distance de son extrémité terminale et du bord antérieur de la bouche; dents supérieures triangulaires, à bord interne droit ou un peu convexe, h bord externe légèrement concave ; dentelées, ainsi que les inférieures qui sont droites, plus étroites et en forme de triangle appuyé sur une base élargie; une petite dent médiane à chaque mâchoire, dentelée en haut et sans dentelures en bas; l'" dorsale commençant im- médiatement derrière la base des pectorales, un peu plus haute que sa base n'est longue, à bord antérieur convexe , à angle supérieur arrondi et à bord postérieur presque droit avec un angle pointu; S'' dorsale beaucoup plus petite que l'autre; pec- torales deux fois au moins aussi longues que larges ; lobe su- périeur de la caudale égal au quart environ de la longueur to- tale , et double du lobe inférieur dont les dimensions sont grandes. Chez les jeunes sujets, toutes les nageoires impaires sont fortement recourbées d'avant en arrière à leur extrémité terminale. Système de coloration: — Var. I. Unicolore; d'un gris plus clair en dessous. — Var. II. L'angle externe des pectorales, surtout en dessous, et des ventrales, l'angle supérieur de la 2" dorsale, l'angle inférieur de l'anale, le sillon supérieur de la base de la queue, l'extrémité du petit lobe de la caudale portent une tache noire ; quelques traces de cette coloration se voient sur la ligne médiane, au-devant de la 2<' dor- sale, ainsi qu'à la pointe de la 1™ et du grand lobe de la caudale. ^Var. III. Inconnue au Musée de Paris, d'après un dessin inédit de Quoy et Gaimard, et d'après des indications fournies par M. Sunde- vall (MulL, Henle, Plag., p. 189) : une tache blanche à l'extrémité des pectorales, à l'angle supérieur de la 1'''^ dorsale et à l'extrémité des 2 lobes delà caudale ; une tache noire à l'angle supérieur de la 2^ comme dénomination générique pour désigner le Squale-nez {Lamna cor- nuôica, Cuv.)et qu'on trouve dans Rondelet, De pisc, lib. XIII, cap. XII, en tête de la description d'une espèce qui est le Carcharodon Rondeletii (voy. dans la tribu II, sous-tribu III, Fam. des Lumniena). Il avait été employé déjà par Pline (lib. IX, 40, 1) dans une énumération de poissons cartilagi- neux. Ce mot, qui est grec, semble venir de )>ai|j.à(:, faim dévorante, ou go- sier; c'est au dernier sens que s'attache Rondelet, à cause de la grande gueule de ces poissons. Il a été plusieurs fois appliqué à des Squales mal déterminés. 358 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. dorsale et à l'anale. Serait-ce le C. {Pi\) maou ? Voy. ce que je dis de cette espèce à la fin de l'histoire du genre CarcJiarias. Les 2 plus grandes Lamies du Muséum mesurent 2"\09 et 2™. 10. Habitat. Côte du Malabar, Bengale : Dussumicr, Houssard ; cap de B.-Espér. : Delalande; baie des Chiens marins (Australie) : Lesson et Garnot, et trois individus sans indication d'origine. 6. Carcharias (Prioînodon) leucos, Val., M S S, in : MûlL, Hcnle, Plag., p. 42. Caractères. — Tète large; tronc un peu déprimé dans sa partie antérieure, puis cylindrique; museau mousse et court, égal, dans sa portion pré-orale, aux deux tiers de la largeur de la bouche; narines de la grandeur des yeux, situées très-près du bord antérieur du museau; dents supérieures triangulaires, un peu inclinées en dehors, avec un petit angle rentrant au coté externe; les inférieures dentelées comme les supérieures, en pyramides étroites à base élargie; des deux dents mé- dianes, l'inférieure seule est dentelée; l""^ dorsale commen- çant à une très-petite distance de Textréraité delà base des pec- torales, à angles pointus, à bord antérieur non convexe, et à bord postérieur peu échancré; 2" dorsale plus antérieure que Tanale dont la base n'est située qu'en partie au-dessous de celle de la dorsale, et dont le bord postérieur est très-fortement échancré; pectorales assez allongées, mais proportionnellement plus courtes que celles du Pr. laniia., caractère qui, avec la forme de la !•''= dorsale, constitue la principale différence spécifique. Teinte générale d'un gris blanchâtre ; bord inférieur de la caudale brun. — Var. Un individu de la Trinité à angle externe des pecto- rales brun par dessous (Mus. de Paris). Habitat. Antilles. Outre les exemplaires qui en proviennent, le Mu- séum en a reçu un de l'Algérie, par les soins de M. Guichenot. Le spécimen le plus long du Muséum a 2'". 28. Cette espèce peut atteindre une grande taille, comme on le sait par une note de M. G. Bennett (Proceed. %ool. Soc, 185i), p. 223) conte- nant des détails intéressants sur deux individus pris dans la baie de Port-Jackson. L'un mesurait 3ni.748, l'autre 3n',9:j2 (12 et 13 pieds anglais), {Voy. plus haut, p. 143) (1). (1) Faute de renseignements suffisants, je ne puis que mentionner en note Curch. (Prion.) zambezensis, Peters, dont ce zoologiste qui l'a péché sur la côte de Mozambique, dit seulement ce qui suit : « C. leucœ affinis; notaeo, pinnisque infumatis; gastrcTO ex albo ilavescente; naribus in medio inter oculos et rostri apicem positis; pinnis pectoralibus latioribus, cau- dali longiore (Benc/i< Akad. Berlin, 1852, p. 276). CARCHARIENS. GENRE CARCHARIAS (pRIONODON), 6-8. 359 7. Carchârias (Prionodon) gaingeticus, Mùll., Henle, P%., p. 39, pi. 13. Caractères. — Museau très-court et mousse, ne dépassant pas, dans sa portion pré-orale, la moitié de la largeur de la bou- che ; yeux plus petits que les narines qui sont situées à mi-che- min de la pointe du museau au bord antérieur de la bouche ; dents des deux mâchoires à bords dentelés, les supérieures larges et triangulaires, presque droites; les inférieures beau- coup plus étroites, à base élargie, portant quelquefois une petite dentelure de chaque côté ; dent médiane en haut et en bas, à bords lisses ; !'''■ dorsale commençant immédiatement derrière la base des pectorales; à bord antérieur droit, à peine plus haute que sa base n'est longue, à angle supérieur non arrondi, à bord postérieur échancré; S*" dorsale juste au-dessus deTanale; lobe supérieur de la caudale plus de deux fois aussi long que l'in- férieur; pectorales grandes, une fois et demie environ aussi longues que larges. Teinte générale d'un gris-brun plus clair en dessous. Habitat. Le type, long de près de 2 mètres, du Musée de Berlin, a été péché dans le Gange à 60 lieues au-dessus de la mer. L'autre type envoyé du Bengale au Mus. de Paris par M. Bélanger, ne mesure que O^.GS. C'est également du Bengale que provient un exemplaire con- servé à Francfort (1). 8. Carchârias (Prionodon) glyphis, Miill., Henle, Plag., p. 40, pi. 14. Glyphis...., Agass., Poiss. foss., t. III, p. 243, pi. 36, fig. 10-13, dents fossiles du Gl. hastalis. Caractères très-analogues à ceux du C. [Pr.] gangetkus; ce- (1) MM. Schlegel et Temminck ont fait figurer dans la Faune du Japon, pi. CXXXIII, d'après un dessin de Biirger, un Carchârias dont ils ne con- naissent que les mâchoires. Le système dentaire, disent-ils (p. 302), est semblable à celui du Pr. gangeticus, et ils l'ont nommé Pr. japonicus. Ce Squale se distingue de l'espèce du Gange par la grandeur de ses pectora- les et surtout par l'élévation de sa l" dorsale; il n'a cependant pas les na- geoires énormes du Pr. lamia. La description forcément incomplète des naturalistes hollandais, ne per- met pas, faute des indications qui seraient nécessaires pour sa détermina- tion précise, de lui assigner un rang dans le tableau synoptique placé en tête du deuxième groupe auquel il appartient par l'insertion de la dorsale très-voisine des pectorales. 360 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. pendant le museau, quoique aussi court, est un peu moins ar- rondi et s'avance en une petite saillie à sa partie moyenne; la bouche a une largeur moindre, elle ne dépasse que d'un tiers à peu près la longueur de la portion pré-orale du museau; les pectorales ne sont qu'une fois et un tiers aussi longues que larges et ont, par conséquent, moins d'étendue que dans l'autre espèce; mais les différences se montrent surtout dans la forme des dents antérieures de la mâchoire d'en bas qui, de chaque côté de la petite dent médiane, sont plus volumineuses que les latérales et sont en forme de grattoir ovalairc. De celte conformation vient le nom spécifique Tf>-^?U, qui paraît avoir le même sens que ■^[Ixf-fiïo'j (instrument pour tailler, ciseau) ; c'est-à- dire que les bords sont tranchants seulement vers la pointe qui est élargie et représente assez bien la forme d'une lame de grattoir de bureau supportée par une i)Ortion plus longue, plus mince et un peu comprimée sur les bords. M. Agassiz traduit le mot grec p^r sacjilta; l'extrémité de la dent ressemble, en effet, un peu au fer d'une flèche. L'espèce, inconnue au Muséum, a pour type un Squale du Musée de Berlin, d'un mètre, sans indication d'origine. 9. Carcharias(Prionodon)Milberti, Val.,MSS in : Mûll., Henle, Plag., p. 38, pi. 19, tlg. 3, dents. Eulamia Milberti, Gill, Aiial. synops. Sq. [Ann. Lyc. nat. hist., N.- York, t. VII, p. 410). Caractères. — Museau arrondi et mousse, mais moins court que dans les espèces précédentes, dépassant la longueur delà fente buccale, égal à la largeur de la bouche chez le type du Musée de Paris, mais un peu inférieur chez celui du Musée de Berlin ; dimensions des yeux semblables à celles des na- rines; dents supérieures dentelées, à pointe obliquement di- rigée en dehors, les latérales formant, sur leur côté externe, un petit angle avec la base; dents inférieures également dente- lées, droites, étroites, sur une base élargie qui porte de tmes dentelures; dent médiane supérieure dentelée, tandis que l'in- férieure ne l'est pas; \'' dorsale à angle supérieur arrondi, à bord postérieur échancré, commençant immédiatement der- rière la base des pectorales dont la largeur est égale aux deux tiers de leur longeur, et dont l'angle externe est arrondi. Teinte générale d'un gris brunâtre plus clair en dessous. Habitat. L'exemplaire unique du Muséum, de O^.GS, y compris la queue longue de 0"M0, a été rapporté de New-York par le naturaliste- CARCHARIENS. GENRE CARCHARIAS (PRIONODON), 9, 10. 364 voyageur Milbert, et celui du Musée de Leyde, de la Méditerranée, par MM. Hemprich et Ehrenbcrg. 10. Garcharias (Prionodon) amboinensis, MùlL, Henle, Plag., p. 40, pi. 19, fig. 4, dents. Id., Blkr, Vijfde Bijdr. ichth. fauna Amboina, p. 53 [Nat. T. Ne- derl. Ind., t. Vl, p. 508), et Enumer., 1859, p. 206, n» 2161. Caractères assez semblables à ceux du Pr. Milberti, surtout pour la forme du museau et ses dimensions comparées h celles de la bouche, mais les dents supérieures sont ici plus forte- ment inclinées en dehors, et l'angle rentrant du bord externe est plus prononcé; les dents sont plus fortement entaillées à leur base (ces particularités sont indiquées sur le dessin de M. Bleeker, plus que sur la figure 4 de la pi. 19 de Mûll. et Henle); pectorales plus étroites vers la pointe, leur bord posté- rieur étant plus échancré; angle supérieur de la l'"'" dorsale plus pointu ; yeux plus grands que les narines. Habitat. Amboinc. Inconnu au Musée de Paris, mais un dessin inédit a été donné en communication par M. Bleeker. GROUPE III. Première dorsale située au milieu de la distance qui sé- pare les pectorales des ventrales ou un peu plus rapprocbtlie des pre- mières que des secondes (21 espèces, 11-31). L'ordre suivant lequel les nombreuses espèces de ce 3'' groupe du sous-genre Prionodon sont brièvement décrites, est fondé sur les dif- férences que le museau présente dans sa conformation. En tête, j'ai placé les espèces où il est très-court, fortement arrondi et large (H- 45) ; chez les suivantes (16-28), et par transitions presque insensibles, il devient plus ou moins long, tout en restant rond à son extrémité. Parmi celles-ci, j'ai rapproché du Pr. sorrah quelques espèces in- diennes, et j'ai inscrit, les unes à la suite des autres, les espèces amé- ricaines. Les trois dernières (29-31) ont le museau pointu. bans la composition du tableau, j'ai pris pour point de départ la comparaison des dents supérieures et inférieures, qui ne sont que ra- rement semblables, et la présence ou l'absence des dentelures sur leurs bords. Les taches ou les bandes noires constituent, à cause de leur persistance, même sur les individus dessécliés, la seule particula- rité du système de coloration dont il soit possible de tenir compte, comme fournissant des caractères distinctifs. 362 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. Sitjtoijoïiu ïnap xm; siuij(j CARCHARIENS. GENRE CARCHARIAS (PRIONODOIS), 11. 363 A. Espèces à museau très-court, large et tout-à-fait arrondi (11-15). 11. Carchariâs (Prionodon) fasciatus, Blkr, Plag., p. 37; Diagnost. beschrijvingen vischsoort. Batavia, p. 60, in : Nat. T. Nederl. Ind., t. IV, p. 510, et Enumeratio, p. 206, n° 2165. ? Sq. Cuvier., Pér. Lesueur, Journ. Acad. nat. se. Philad., t. II, p. 351. Caractères. — Museau très-court, arrondi en demi-cercle et large, sa portion pré-oculaire beaucoup moins longue que rintervalle compris entre les yeux; narines à égale distance de la partie médiane du contour de la tête et du bord antérieur de la bouche, dont la longueur est une fois et demie aussi consi- dérable que celle de la portion pré-orale du museau, qui est égale à la moitié seulement de la largeur de l'orifice buccal me- suré d'un angle à l'autre; dents semblables aux deux mâchoi- res, obliquement inclinées en dehors et formant un angle ren- trant du côté externe, à bords dentelés, mais surtout au niveau du talon de ce même côté ; l''" dorsale notablement plus rap- prochée des pectorales que des ventrales (1); 2'' dorsale au- dessus de l'anale; pectorales beaucoup plus courtes que la portion du corps qui les précède ; caudale presque égale au tiers de la longueur totale. La 1'''' dorsale est un peu plus haute que sa base n'est longue, et l'angle supérieur en est arrondi ; les pectorales à angle externe mousse, sont faiblement échancrées en arrière ; leur plus grande largeur est à la longueur dans le rapport de 9 à 14. L'angle du lobe inférieur de la caudale est aigu ; les scutelles sont très-petites, granuliformes, à une seule carène. Teinte générale d'un gris bleuâtre en dessus, relevée par de nom- breuses bandes et par des taches plus sombres, les unes allongées, les autres circulaires sur la ligne médiane ; le dessous blanchâtre. Habitat. Cette espèce, inconnue au Muséum, a été prise à Batavia; elle y est nommée Tjutjot matjan, et peut dépasser 3 mètres. Un dessin inédit a été communiqué par M. Bleeker. (1) La différence entre certaines espèces du groupe III, dont la l^e dor- sale est située comme je l'indique ici, et les espèces du groupe II, consiste en ce que jamais, contrairement à ce qui a lieu dans la plupart de ces der- nières, elle ne commence immédiatement au-delà ou même au-dessus de la base des pectorales. 364 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. 12, Carcharias (Prionodon) buachyrhynchos , Blkr, Enume- ratio, Spec. pisc. archipel, ind., p. 206, n° 2163. C. (Pr.) Henlei, Blkr (non Val.), Diagnost. beschrijvi7ig. vischsoorl.. Batavia, p. 57, in : Nat. T. ncderl. Ind., t. IV, p. S07. (Dessin inédit donné en communication par M. Bleeker.) Caractères. — Museau très-court, arrondi en demi-cercle et large, sa portion pré-oculaire beaucoup moins longue que l'intervalle compris entre les yeux; narines à égale distance du milieu du contour de la tête et du bord antérieur de la bouche dont l'ouverture a une longueur semblable à celle de la portion pré-orale du museau, qui est beaucoup plus courte que la lar- geur de cette ouverture mesurée d'un angle à l'autre; dents triangulaires, presque droites, dentelées, les supérieures plus larges que les inférieures; l"""" dorsale plus rapprochée des pectorales que des ventrales; 2" dorsale commençant à une pe- tite distance au-devant de l'anale; pectorales h peine moins longues que la partie du corps qui les précède; caudale ne représentant pas tout-à-fait le tiers de la longueur totale, angle du lobe inférieur arrondi. L'angle supérieur de la 1"''' dorsale est arrondi, son bord postérieur est entaillé, et elle est plus haute que sa base n'est longue. Les pec- torales sont échancrées et leur angle externe est aigu, leur plus grande largeur est à leur longueur dans le rapport de S à 8. Teinte générale d'un gris bleuâtre en dessus, plus claire et jaunâtre en dessous; pectorales, ventrales, V*^ dorsale et caudale 'au lobe infé- rieur surtout) noires à leur extrémité. Habitat. L'individu unique, de 1"'.714, type de cette espèce incon- nue au Muséum, a été pris à Batavia; nom ind. : Ilam. tjutjot. 13. Carcharias (Prioisodois) amblyruy^ciios, Blkr {Natuur. Tijdschr. Nederl. i«f/.,1856, t.X,p.467,et£:www('/'., p. 206, n»2160). Caractères. — Museau court, arrondi presque en demi- cercle et large, sa portion pré-oculaire beaucoup moins longue que l'intervalle compris entre les yeux; narines plus rappro- chées de la partie médiane du contour de la tète que du bord antérieur de la bouche, dont l'ouverture est plus longue que la portion pré-orale du museau qui est beaucoup plus courte que la largeur de cette ouverture mesurée d'un angle îi l'autre; dents dissemblables : les supérieures triangulaires, peu obli CARCHARIENS. GENRE CARCHARIAS (PRIONODON), 12-14. 365 ques, dentelées sur les bords, mais particulièrement au côté externe de la base; dents inférieures plus étroites et plus minces, denticulées à leur base; l''« dorsale plus rapprochée des pectorales que des ventrales; 2*^ dorsale tout-à-fait au-dessus de Fanale; pectorales considérables, presque aussi longues que la partie du corps qui les précède; caudale égale à peu près au quart de la longueur totale ; scutelles très-petites à 5 ou 7 ca- rènes. (Dessin inédit donné en communication par M. Bleeker.) La l^" dorsale est plus haute que sa base n'est longue; son angle supérieur est arrondi et son bord postérieur échancré. Les pectorales à angle externe aigu sont échancrées et leur largeur est à la longueur :: 1 : 2; l'angle du lobe inférieur de la caudale est très-aigu. Teinte générale d'un bleu cuivré en dessus, blanchâtre en dessous; pectorales noirâtres en dessous près de leur angle terminal ; les ven- trales et la caudale bordées de noirâtre. Habitat. L'individu unique, de 3^.47, type de cette espèce incon- nue au Muséum, a été pris à Solombo (Moluques). (Ikan Ijutjot). 14. Carcharias (Prionodois) melaînopterus, Quoy, Gaim., Voy. de rUranie et la Physicienne comm. Freycinet^ ZooL, p. 194, pi. 43, tig. 1, 2. ? Sq. Carch. minor, Forskael, Descr. anim. in itin. or. observ., p. 20, n" \9. — Squale requin, Lacép., Hist. Pois., non le texte, t. I, p. 1G9, mais la pi. VIII, tig. I. — Sq. ustus, C. Dum. M. S S Coll. du Mus., in : Cuv., R. an., t. II, p. 388, et Ed. illustr., pi. 114, fig. 2. Carch. 7yielanopt., Mpi^eW, JSeue Wirbelthiere Abyss.,\:>. 03. — M., Mùll., Henlc, Plag., p. 43, pi. 19, fig. 5. — Id., Schl., Fauna japon. ~Id., Richards., Report. Ichth. China, p. 194 et 317. Prionace mclan., Cant., Catal. Malay. fishes, p. 1382. — C. (Pr.) melan., Blkr, Plag., p. 33, et Enumeratio, p. 206, n» 2167. Caractères. — Museau court et arrondi, sa portion pré- oculaire beaucoup plus courte que l'espace inter-oculaire; na- rines plus rapprochées du milieu du contour du museau que du bord antérieur de la bouche, dont la longueur dépasse celle de la portion pré-orale du museau, qui est plus courte que la largeur de cette ouverture mesurée d'un angle h l'autre; toutes les dents finement dentelées, les supérieures triangulaires avec un petit talon dentelé de chaque côté de la base, aux an- térieures, mais au côté externe seulement sur les latérales, à mesure qu'elles s'inclinent en dehors; les inférieures presque droites sur une base élargie ; 1"= dorsale plus près des pecto- rales que des ventrales, commençant presque au niveau de 366 PLAGIOSTOMES PLEL'ROTKÉMES OU SQUALES. leur angle interne, deux fois et demie aussi haute que la 2* dor- sale, qui est en partie au-dessus de l'anale; pectorales échan- crées, et d'une étendue égale à celle de l'espace qui les sépare du bord antérieur des yeux; caudale formant à peu près le quart de la longueur totale, à angle du lobe inférieur un peu arrondi; scutelles petites, à 7 carènes peu saillantes. Teinte générale d'un gris jaunâtre, plus clair en dessous; pointe de toutes les nageoires d'un noir profond, qui forme un liseré sur le bord inférieur de la caudale. Habitat. Le Muséum possède les types de Ûuoy et Gaimard rap- portés par eux de la Nouv. -Guinée et des îles Vanikoro. Il s'y trouve aussi des exempl. de la côte de Coromandel et de la mer Rouge. Le plus grand mesure 1™.20. 15. Carciiauias (Prionodon) albimarginatus, Riipp, Neue Wir- belth. Abyss., p. 64, tab. 18, tig. 1. Id., MùU., Henle, Plag., p. U. Caractères. — Museau de forme très-analogue à celui du C. melanopt., mais un peu plus long et moins large à son ex- trémité : d'où résultent quelques légères différences dans les dimensions de sa portion pré-orale comparées à la longueur et à la largeur de la bouche ; dents à peu près de même forme, mais les supérieures diffèrent des inférieures en ce qu'elles ont un angle rentrant du côté externe bien prononcé, quoique M. Rûppell dise qu'il l'est moins que chez le Pr. melan.\ l""" et S'^ dorsales situées relativement aux pectorales et à l'anale comme chez ce dernier; la l""" trois fois aussi haute que la se- conde ; pectorales plus étroites, plus effilées, deux fois aussi longues que larges, égales en étendue à l'espace qui sépare leur origine du milieu de l'intervalle compris entre la narine et l'œil; caudale dans les mêmes proportions relativement au tronc, mais à lobe inférieur terminé par un angle aigu ; scu- telles très-petites, à 5 carènes, très-peu saillantes. Teinte générale d.'un gris jaunâtre, plus clair en dessous, toutes les nageoires blanciics à leur pointe; le bord supérieur des dorsales, l'in- férieur des vcalrales, de l'anale et de la caudale, et le bord interne des pectorales également blancs. Habitat. Mer Rouge; au Musée de Paris, un individu de 0"'.y-4, donné par celui de Francfort. CARCHARIENS. GENRE CAKCHARIAS (pRIOISOUO.n), 15, 16. 367 B. Espèces à museau plus ou moins long et toujours arrondi (16-28). a. Espèces indiennes (16-21). 16. Carcharias (Prionodon) Bleekeri, A. Dum. ?Sfy. Spallanzanii, Pér. et Lcsucur, Journ. Acad. nat. se. Philad., t. II, part. II, p. 351 (sans tache noire à l'angle supérieur de la l--^ dorsale). ? C. {Pr.) sorrak, Blkr, Play., p. 39 (1), et Enumeratio, p. 207, n«2171. Caractères. — Museau légèrement effilé à son extrémité an- térieure; portion pré-oculaire un peu moindre que l'espace compris entre les yeux; narines situées à égale distance du bout du museau et du bord antérieur de la bouche, dont la longueur, égale à celle de la portion pré-orale du museau chez le plus grand de nos deux exemplaires, est plus courte chez l'autre, au contraire, conformément au dessin de M. Bleeker; cette portion pré-orale est égale à la largeur de la bouche, au niveau des angles labiaux ; dents dissemblables aux deux mâ- choires : les supérieures obliques, avec un angle rentrant au côté externe; dentelées à la base et à la pointe; les inférieures moins obliques, plus étroites, également dentelées partout; l'''^ dorsale commençant à une très-petite distance au-delà de Tangle interne des pectorales ; plus de 4 fois aussi élevée que la 2" dorsale qui, située juste au-dessus de Tanale, est ter- minée, comme celte dernière, par un angle postérieur très- prolongé; pectorales de même longueur que Fespace qui s'é- tend depuis leur origine jusqu'au milieu de l'intervalle com- pris entre l'œil et la narine; caudale formant le quart de la longueur totale ou un peu moins prolongée. La 1'''^ dorsale est plus haute que longue ; son angle supérieur est ar- (1) La description de ce zoologiste faite d'après un Squale dont il pos- sède un dessin inédit qu'il m'a communiqué, convient, sous bien des rap- ports, aux types du Pr. sorrah , conservés au Musée de Paris; on y trouve cependant certaines difl'érences, et ce dessin qui indique des nageoires plus grandes, un museau plus allongé, des dents plus dissemblables aux deux mâchoires, et moins de taches noires, puisqu'il n'y en a pas à la l'e dorsale, représente si exactement deux Prion. rapportés de Pondichéry par Leschcnault, que je les considère comme les types d'une espèce non encore décrite [Pr. Bleekeri). J'aurais adopté la dénomination de C {Pr.) Spallanzanii, si la description de l'espèce australienne donnée sous ce nom par Lesueur, n'était beaucoup trop incomplète, pour qu'il soit possible de lui assigner son véritable rang. 368 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. rondi, cl son bord postérieur faiblement échancré; elle est séparée des ventrales par un intervalle un peu moindre que la longueur de sa propre base. Les pectorales sont deux fois aussi longues que larges ; effilées et à angle externe assez aigu. Le grand lobe de la caudale a deux fois autant d'étendue que rinférieur. Teinte générale d'un gris jaunâtre , plus clair en dessous ; du noir 1° à l'extrémité des pectorales, particulièrement en dessous; 2° à l'angle supérieur de la '2.'^ dorsale, mais pas à la 1" ; 3'' à l'angle du lobe inférieur de la caudale et un peu, chez le sujet de plus petite taille, à l'extrémité des ventrales et de l'anale; un liseré noirâtre peu apparent sur le bord supérieur de la caudale. Les taches noires pour- raient porter à confondre l'espèce, avec le Pr. nielanopt.; mais outre cette particularité que, chez celui-ci, l'angle supérieur de la l'"'' dor- sale est toujours noir, il y a dans leur conformation des différences notables signalées dans les descriptions. Habitat. Pondichéry; 2 exemplaires tvpes de 1"\31 et 0"'.78. 17. Carcharias (Prionodow) sorrah, Val. M.SS.,Mûll., Henle, Plag., p. 45, pi. 16. hoplacjiodon sorrah, Gill, Anal. Synops. Sq. (A7in. Lyc. nal. hist. N.-York, t. VII, p. 401 et ilO (dénomination tirée d'une similitude exceptionnelle de formes entre les dents des deux mâchoires. Caractères. — Museau arrondi, un peu allongé, sa portion pré-oculaire à peu près égale à Tintervalle compris entre les yeux; narines à peine plus rapprochées de l'extrémité du mu- seau que du bord antérieur de la bouche, dont la longueur est moindre que celle de la portion pré-orale du museau, la- quelle est plus considérable que ne l'est la largeur de Torifice buccal mesuré d'un angle à l'autre; dents des deux mâchoires un peu dissemblables, toutes obliques, mais particulièrement celles d'en haut, qui ont, au côté externe , un angle rentrant fort prononcé; toutes dentelées à leur base et à leur pointe, mais les inférieures plus courtes, plus étroites, moins obliques, à dentelures très-fines; l'*-" dorsale plus éloignée des ventrales que des pectorales, au-dessus de l'angle interne desquelles elle commence; S*" dorsale très-petite, un peu plus reculée que l'anale; pectorales d'une longueur double de leur largeur et égales à l'espace compris entre leur origine et le bord anté- rieur de l'œil, médiocrement échancrées en arrière; à angle externe pointu; caudale presque égale au tiers de la longueur totale, très-effilée à son extrémité ; petit lobe dépassant à peine le tiers de la longueur du grand lobe, à angle un peu pointu; scutelles à 5 carènes peu saillantes. CARCHARIENS. GENRE CARCHARIAS (PRIONODOIS), 17-19. 369 Teinte (jénérale d'un gris cendré, blanchâtre en dessous; extrémité du lobe inférieur de la queue noirâtre. Outre les différences du système de coloration , le museau est moins court que chez le Pr. Bleekeri. Habitat. Mers de l'Inde et Madagascar, d'où le Musée de Paris a reçu , par Quoy et Gaimard, l'un de ses 3 exemplaires long de 0™.80. 18. Carcharias (Prionodois) javanicus, Blkr, Plag. p. 38, pi. II, fig. 5, museau et dents, et Enumeratio, p. 206, n° 2166. Caractères. — Très-analogues à ceux du précédent pour la forme de la tète et les proportions de ses diverses parties (1); dents inférieures plus grêles, à pointe mince sur une base élargie qui n'est pas toujours dentelée; la 1'''^ dorsale plus re- culée que chez lePr. sorrah, et surtout que chez le Pr. Dussu- viieri, car elle est juste entre les ventrales et les pectorales qui sont plus larges que celles du premier, puisque leur largeur n'est pas contenue deux fois dans leur longueur; 2* dorsale plus longue qu'elle ne l'est chez celui-ci , tout-à-fait opposée à Tanale, et éloignée de la l''' non de six fois, mais seulement de quatre fois l'étendue de sa base; la caudale plus courte, représente environ le quart de la longueur totale ; scutelles à 3 ou 4 carènes. Par les dentelures de ses dents inférieures et par la position de son anale, à égale distance des ventrales et de la caudale, ce Pr. se dis- tingue du Pr. menisorrah. Teinte générale : un gris clair; 2*^ dors, noire dans sa 1/2 antérieure. Habitat. Batavia; nom indigène /A-a7i tjutjot; inconnu au Muséum. 19. Carcharias (PRioNODors) menisorrah, Val. MSS, in MûU., Henle, Plag., p. 46, pi. 17. C. (Pr.) menis., Blkr, Plag.,\). 35, pi. I, tig. 3, et Enumeratio, p. 207, n° 2108. — Platypodon menisorrah, G\\\,A7ial. sij7iops.Sq. {Ann. Lyc. nat. hisL N.-York, t. VII, p. 401. Caractères très-analogues à ceux du Pr. sorrah. Il s'en dis- tingue par les particularités suivantes : 1° dents inférieures lisses sur les bords, à la base et à la pointe; 2° l''*' dorsale plus reculée : commençant non pas au niveau de l'angle interne des pectorales, mais un peu au-delà et en arrière de cet angle; 3" distance des ventrales à l'anale beaucoup plus considérable, (l) Telle est l'indication donnée par M. Bleeker et dont un dessin inédit, qu'il m'a communiqué, justifie l'exactitude. Poissons. Tome I. 24 370 l'LAGlOSTOMES l'LEUROTRÉMES OU SQUALES. car elle est presque le double de l'intervalle compris entre l'a- nale et la caudale, tandis que chez le Pr. sorrah, Fanalc est, comme chez le Pr. javanicus, également éloignée des ventrales et de la caudale; 4" angle postérieur des nageoires impaires plus pointu et plus prolongé que chez les Pr. sorrah et Dussu- mieri; 5° scutelles encore plus petites que celles du sorrah., sur- montées de 5 carènes très-saillantes. Habitat. Mer des Indes, mer Rouge, Nouvelle-Hollande. Les diffé- rences que je viens de signaler sont très-évidentes sur le type unique du Musée de Paris, rapporté de la mer des Indes par Kuhl et Van- Hasselt, long de l'".'lG. 20. Carcharias (Prionodg^) Dussumieri, Val., MSS, in : Mûll., Henle, Plag., p. 47, pi. 19, fig. 8. C. (Pr.) Dussiim., Richards., Rep. iclith. Chin., p. 194. Caractères. — Proportions des différentes parties de la tête et de la bouche presque identiques à celles que signale la des- cription du Pr. sorrah; dents, comme chez ce dernier, diffé- rentes aux deux mâchoires et toutes munies de dentelures qui manquent en bas chez le Pr. menis.; cependant ici, les infé- rieures plus droites que celles du Pr. sorrah, portent des den- telures uniquement au côté externe de leur base, et les supé- rieures sont plus fortes; 1''' dorsale plus rapprochée des pectorales que chez le Pr. sorrah, commençant un peu en avant de leur angle interne; celles-ci plus courtes, égalant ii peine Fespace compris entre leur origine et le bord postérieur de Toeil; en outre, plus larges que chez les deux espèces susnommées, leurs dimensions transversales présentant non pas la 1/2 seulement, mais les 2/3 de leur longueur; et enfin, h angle externe arrondi. La hauteur de la 2« dorsale est comprise 2 fois 1/2 environ dans celle de la 1'''' de même que chez le Pr. sorrah, tandis que leur rapport est presque de 1 à -4 chez le Pr. menis. ; et, contrairement à ce qui a lieu chez ce dernier, l'anale est h égale distance de la caudale cl des ven- trales. Teinte générale d'un brun grisâtre, plus clair en dessous. Habitat. Mer des Indes et de la Chine; 3 typks au Muséum : 2 de la rade de Bombay : M. Dussumicr et Polyd. Roux, le 3'" de Pondi- chéry : M. Bélanger. Le 2", qui est le plus grand, mesure 0"'.8G. CARCHÂRIEINS. GENRE CARCHARIAS (pRIONODON), 20-22. 371 21. Carcharias (Prioinodon) tjutjot, Blkr, Plag., p. 36, pi. I, fig. 4, et Enumer., p. 207, n°2172l[/A'aw tjutjot à Batavia). Caractères. — Museau court, arrondi , mais légèrement proéminent à son extrémité; sa portion pré-oculaire plus courte que l'intervalle compris entre les yeux; narines un peu plus éloignées de la partie médiane di^ contour de la tête que du bord antérieur de la bouche, dont la longueur dépasse k peine celle de la portion pré-orale du museau, qui est plus courte que la largeur de cette ouverture mesurée d'un angle kUautre; dents supérieures obliquement inclinées en dehors et formant un angle rentrant du côté externe, k bords dentelés, mais sur- tout au niveau du talon de ce môme côté; dents inférieures plus petites, non dentelées, presque droites et étroites, kbase élargie ; l''' dorsale située k peu près k égale distance des pec- torales et des ventrales; 2'' dorsale au-dessus de l'anale; pec- torales plus courtes que la portion du corps qui les précède; caudale représentant le quart de la longueur totale ( dessin inédit donné en communication). La 1"^^ dorsale est plus haute que sa base n'est longue; elle est échancrée et son angle supérieur est un peu aigu ; les pectorales ne sont presque pas échancrées, et leur angle externe esta peine effilé; le rapport de leur largeur est :: 2 : 3; l'angle du lobe inférieur de la caudale est aigu. Teinte générale d'un gris bleuâtre, plus clair en dessous. Habitat. Les deux individus, presque de même taille (l°'.3o), types de cette espèce inconnue au Musée de Paris, ont été pris à Batavia. • b. Espèces américaines (22-27). 22. Carcharias (Prionodon) obscurus, Mûll., Henle, Plag., p. 46. Squalus obscurus, Lcsueur, Journ. Acad. 7iat. se. Philad., 1818, 1. 1, part. 2, p. 223, pi. IX. — Carch. obsc., Storer, Report, fish. Massa- chus., 4839, p. 184, et Synops. fish. N.-Amer. [Mém. Amer, acad., nouv.sér.,t. Il,p.o03). — Id.,])e\ieiy,N.-Yorkfau7i.,pisces,lSi:2,i>.3oO, pi. LXI, fig. 103 (reproduct. du texte et de la pi. dcLesueur), — Sq. obsc, Gill, Cat. fish. east. coastAmer. fromGreenlandto Georgia, p. 59. Caractères. — Dents dissemblables : les supérieures (1) (1) J'accepte ici une correction apportée au texte de Lesueur, par MM. Miill. et Henle, et justifiée par l'analogie. Ils considèrent, en effet, avec raison, comme provenant de la mâchoire supérieure la dent large, triangulaire, 372 PLAGIOSTOMES l'LELUOTRÈMES OU SQUALES. triangulaires, larges, obliques, dentelées sur les bords et à la base où se voit un angle rentrant; les inférieures beaucoup plus étroites et presque droites, dentelées à la pointe, mais non à la base. Par la forme du museau, qui est « large et arrondi, » assez prolongé, ce squale semble se rapprocher du P)\ sorrali, mais il s'en distingue, ainsi que desPr. menis. et Bussum., par ses nageoires falciforraes, trois fois environ aussi longues que larges; 'P*^ dorsale commençant derrière leur angle interne, et éloignée de la S*-" par un intervalle triple de la longueur de sa propre base; grand lobe triple du petit lobe qui est arrondi. Teinte générale sombre; une lâche blanche de chaque côté du cou. Tels sont les caractères spécifiques fournis par le texte ou par la pi. de Lesueur, qui peuvent seuls servir de guide, ce poisson de l'A- mér. du Nord étant inconnu au Muséum et dans les autres collections. 23. Carcharias (Prio>odois) Henlei, Val., Mûll., Henle,P/a^., p. 46, pi. 19, lig. 6. Caractères. — Museau arrondi et large, dont la portion pré- oculaire égale les trois quarts seulement de l'intervalle com- pris entre les yeux; narines plus rapprochées du milieu du contour de la tête que du bord antérieur de la bouche, dont la longueur est un peu moindre que celle de la portion pré-orale du museau, laquelle est semblable à la largeur de cette ouver- ture mesurée d'un angle à l'autre; 1" dorsale séparée de la i-a- cine des pectorales par un espace presque égal à la longueur de sa propre base, faiblement échancrée en arrière, à angle su- périeur arrondi ; 2" dorsale commençant au-dessus de la partie postérieure de la base de l'anale ; pectorales deux fois aussi longues que larges, à bord postérieur presque droit, à angle externe un peu arrondi ; dents dissemblables : les supérieures larges, triangulaires, peu obliques, avec un angle rentrant au côté externe à peine prononcé, dentelées partout, ainsi que les inférieures qui sont droites et plus étroites; scutelles fort pe- tites, à 3 carènes très-saillantes; peau très-rude. Teinte générale d'un grishrunàlrc ]ilus clair on dessous. Habitat. Côtes de rAinéri(jue du Sud : un individu unique, de l'".23, pris à Cayonne par M. Frère. Les deux autres, dont on trouve Tindica- lion dansTouvrage de MM. Mùller et Henle, ajiparlicnnent, non pas à oblique avec un angle rentrant sur l'un des côtes de sa base, que ce na- turaliste a rci)r('scntéc et nommée dent inférieure ; celle qui est dite par lui sus-maxillaire appartient, en réalité, à la mâchoire d'en bas. CARCHARIENS. GENRE CARCHARIAS (pRIONODON), 23, 24. 373 cette espèce, mais à la suivante, décrite en 1839, et dont ces zoolo- gistes ne paraissent jjas avoir eu connaissance. Un exemplaire de Pr. He7ilei (seu Pr. porosm?) de 1"'.37 a été vu par M. Schomburgk, à l'embouchure du Demerara {Heisen in Brit. Cuiana,^'^ partie, p. 6-41). 24. Carcharias (Prionodon) porosus (1), Ranzani, De novis spe- ciebus piscium, Dissert. piima, 1839, p. 8, tab. II, fig. 1-5. ? Carch. fissidens, Bennett, Proc.zool. soc, 1830-31, t. I, p. 148. Caractères. — Museau elliptique, avancé et long; portion pré- oculaire à peine plus longue que l'intervalle compris entre les yeux; narines un peu plus éloignées de l'extrémité antérieure du museau que du bord de la bouche, dont la longueur est moindre que celle de la portion pré-orale du museau, qui est plus étendue que n'est large l'orifice buccal mesuré d'un angle à l'autre; dents dissemblables aux deux mâchoires, fortement dentelées; les supérieures à angle externe bien prononcé, plus que chez le Pr. Henlei; les inférieures plus droites et plus étroites que celles d'en haut; l''" dorsale commençant au niveau de l'angle interne des pectorales, et séparée des ventrales par un espace h peine égal aux trois quarts de la longueur de sa propre base, peu échancrée, à angle antérieur très-arrondi ; 2" dorsale commençant au-dessus de la partie postérieure de la base de l'anale; pectorales courtes et larges, dont la longueur ne l'emporte que d'un tiers sur la largeur, à bord postérieur droit, à angle externe un peu arrondi ; caudale comprise quatre fois ou h peu près, dans la longueur totale ; scutelles petites, à 3 carènes médiocrement saillantes. Habitat. Le spécimen décrit par Ranzani avait été reçu du Brésil et mesurait l'".24. Nos deux exemplaires, longs de 0"'.42 et de 0'".45, proviennent, le premier du Brésil, et le second de Cayenne, par les soins de Poiteau. Ils sont mentionnés par MM. Miiller et Henle dans la description du C. {Pr.) Henlei; mais la comparaison avec le type véritable de cette dcrqière espèce ne permet pas la confusion. La forme du museau, des nageoires, leurs dimensions et leur situation respective démontrent que les trois individus conservés au Musée de Paris appartiennent à deux espèces distinctes. Je dois ajouter que la description du C. {Pr.) Henlei contenue dans l'ouvrage de MûU. et Henle, semble faite surtout d'après les caractères (1) Cette dénomination spécifique est tirée de la présence de petits pores sur le tronc, semblables à ceux de la tête. Je ne constate pas nettement ce caractère. 374 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. propres aux deux Squales que je rapporte au C. {Pr.) porosiia, Ranz., et, par là môme, convient mieux à la seconde espèce qu'à la première. 25. Carcharias (Prionodon) remotus, Val., MSS, coll. du Mus. Caractères. — Museau un peu allongé, assez arrondi, en forme de parabole, analogue h celui du Pr. sorrah ou du Pr. menisorrah; portion pré-oculaire égale h Tintervalle des yeux; narines situées juste entre la partie médiane du contour de la tête et le bord antérieur de la bouche qui, dans sa longueur et dans sa largeur mesurée d'un angle à Vautre, est égale à la portion pré-orale du museau; dents dissemblables aux deux mâchoires : les supérieures obliques, avec un angle rentrant au côté externe, dentelées à la base et à la pointe; les infé- rieures plus petites et plus droites, finement denticulécs; l""^ dorsale un peu plus haute qu elle n'est longue, commen- çant à une très-petite distance en arrière de l'angle interne des pectorales et séparée des ventrales par un intervalle qui dé- passe un peu la longueur de sa propre base : d'où l'épithète de remotus rappelant un caractère distinctif rare dans le S*" groupe du sous-genre Prionodon ; 2" dorsale plus haute que longue, mais plus basse que l'anale, et séparée de la première par un espace qui est à peu près le triple de l'étendue de la base de celle-ci; pectorales une fois et deux tiers aussi longues que larges; îi bord postérieur assez échancré et ii angle externe ar- rondi; caudale représentant un peu plus du cinquième des di- mensions totales, et à lobe supérieur presque double de l'in- férieur. Teinte générale d'un gris brunâtre, plus claire en dessous. Habitat. Antilles. Type unique, de l'n.SO, rapporti:' par Plée. 26. Carcharias (Prionodon) falciformis, Bibron, MSS, in :Mûll., Henle, Plag., p. 47. C. {Pr.) falcif., Guichenot, Poiss. de Cuba, p. 193, pi. V, fig. 3, in Ramon de la Sagra, Hist. île de Cuba. Caractères. — Museau rétréci vers son extrémité et assez effilé , h portion pré-ocUlaire égale à l'intervalle compris entre les yeux; narines i\ peu près au milieu de l'espace qui sépare le bout du museau et le bord antérieur de la bouche, dont la longueur est d'un quart inférieure i\ celle do la portion pré- orale; cette dernière égale à la largeur de l'orifice buccal me- CARCHARIENS. GENRE CARCHARIAS (PRIONODOls), 23-27. 375 siiré d'un angle à Taulro; dents dissemblables, les supérieures obliques, avec un angle rentrant du côté externe et un talon fortement dentelés; les inférieures en forme de pyramide étroite sur une base plus large et lisses, ou du moins, à dente- lures rares et Ji peine apparentes; 1"''' dorsale un peu plus près des pectorales que des ventrales, à bord antérieur convexe, très-obliquement dirigé en arrière et terminé par un angle fort arrondi, à bord postérieur très-échancré; 2" dorsale juste au- dessus de l'anale et très-petite; pectorales moins de deux fois aussi longues que larges, égales h l'espace qui les sépare du milieu de l'œil, à bord antérieur ou externe très-convexe et k bord opposé très-concave, tout-à-fait en forme de faulx; cau- dale comprise à peu près trois fois dans la longueur totale. Teinte générale d'un gris noirâtre, plus claire en dessous. Uahilat. Cuba. Le type du Musée de Paris, long de O^'.SS, y a été déposé par M, Ramon de la Sagra (1). 27. Carcharias {PRI0^0D0^') limbâtus. Val., MSS, in : MùlL, Henle, Plag., p. 49, pi. 19, fig. 9. Prionodon cucuri, Cast., Poiss. nouv. ou rares de l'Amer, du Sud, p. 99; (d'après Cucuri Brasilie7isibus, Margraff, in : Piso, Hist. nat. Bras., p. 164, tîg. : d'une détermination à peu près impossible). ■ Lamiopsis limbâtus, Gill, Anal, sijnops. Sq. [Aiin. Lyc. nat. hist. iV.-YoW;, t.VII, p. 410). Caractères. — Museau presque semblable à celui du Pr. falciformis pour la longueur, mais moins rétréci en avant; proportions entre les différentes parties de la tête et les dimen- sions de la bouche, comme chez cette espèce; dents supé- rieures et inférieures semblables, étroites, à peine obliques, dentelées; celles d'en bas encore un peu plus étroites, k dente- lures peu apparentes (2); situation de la l""^ dorsale k peu près (1) M. Poey {Poiss. de Cuba, in : Meni. sobra la Hist. nat., t. II, p. 335) annonce ne pas connaître cette espèce sur laquelle de l'incertitude lui reste, les dimensions du type ne dépassant pas, dit-il, celles des fœtus à terme de différentes espèces. Les caractères sont cependant bien tranchés. (2) Telle est la disposition que je constate sur le seul des deux types étudiés par M. Valenciennes, qui figure dans les collections du Muséum. Elle est tout-à-fait identique à celle que MM. Miiller et Henle ont décrite et des- sinée. Chez un individu long de Om.37, rapporté de Bahia par M. le comte de Castelnau, et qui ressemble, par tous ses autres caractères, au Pr. lim- Oa/us, les dents des deux mâchoires sont très-obliques en dehors et les su- périeures ont un angle rentrant fort pi'ononcé au côté externe. Ce Squale représenterait-il une espèce différente? 376 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈME? OL' SQIALES. la même que chez l'espèce à laquelle je compare celle-ci, mais un peu plus haute relativement ù la longueur de sa base, h bord antérieur beaucoup moins convexe et moins rejeté en ar- rière; 2'" dorsale juste au-dessus de l'anale; pectorales égales en longueur à la distance qui sépare leur origine du milieu de l'œil, k bord antérieur droit, h bord postérieur à peine échancré, mais assez effilées vers leur pointe, quoiqu'elles ne soient point en forme de faulx. Teinte générale d'un gris cendré, plus clair en dessous; caudale bordée de noir; la bordure s'élargit à l'extrémité dos lobes sujjériour et inférieur. Si le Pr. ciicuri décrit par M. de Castclnau appartient réellement à cette espèce, il faudrait ajouter, conforaiénicnt à ses in- dications, que ce Squale, à l'étal frais, est entièrement d'un gris- violet en dessus, blanc en dessous, avec la 1'"'' dorsale d'un bleu clair bordée de noir; la 2" noire à l'extrémité, et l'anale grise, égale- ment bordée de noir. Habitat. Martinique : 1" un individu type, long de Û'".7G, envoyé par Plée, et qui n'est pas le spécimen de 0.86 mesuré par MM. Muller et Henle; 2° celui de Bahia, signalé dans la note 2 de la p. 375 (I). c. Espèce canarienne. 28. Carcharias (Prionodon) odvelatus (2), Val., Jchth. dca lies Canaries, p. i03, pi. XXVI. Caractères. — Museau assez long, arrondi à son extrémité; portion pré-oculaire dépassant un peu en longueur l'intervalle compris entre les yeux; narines, contrairement à ce que repré- sente [loc. cit.) le dessin de la tète vue par dessous, situées à égale distance du milieu du contour du museau et du bord antérieur de la bouche, qui est à O'".00o près aussi longue que la portion pré-orale du museau, laquelle égale presque la lar- geur de l'orifice buccal mesuré d'un angle à l'autre; dents dissemblables : les supérieures très-dentelées, obliques en de- hors, avec un élargissement à la base, plus considérable du côté (1) M. Poey (Poiss. de Cuûa, in : Mem. sobre la Ilist. nat., Cuba, 185G- 1858) décrit (t. II, p. 331-339, n" 196-200) cinq Prionodonlcs diflcrcnts dos espèces américaines ci-dessus (22-27). Elles sont inconnues au Musée de Paris. Il les nomme : 1. Squalus tiburo (vulg. tiburon, nom employé par le peuple pour désigner tout Squale qui n'a pas reçu une dénomination particulière); 2. Sq. acronotus ; 3. Sq. pliityodon; 4. Sq. obtusus; 5. Sq. longimanus. Les dents de ces Carchariens sont représentées sur la pi, 19, jointe au texte de M. Poey, fig. 1-10. (2) M. Valenciennes n'explique pas le choix de cette épithète. CARCHARIENS. GENRE CARCHARIAS (pRIO'ODON), 28, 29. 377 externe où se voit un angle rentrant fort prononcé; les infé- rieures plus droites, sans talon et à peine dentelées; l"'*' dor- sale plus rapprochée des pectorales que des ventrales, un peu plus haute que sa base n'est longue, un peu échancrée, à angle supérieur arrondi, éloignée, par un intervalle égal à 2 fois 1/2 rétendue de sa propre base, de la 2'' dorsale qui est trois fois plus petite, et un peu moins grande que Tanale à laquelle elle est directement opposée; pectorales égales en étendue h l'espace qui sépare leur origine du milieu de l'œil, une fois plus longues que larges, à bord postérieur fortement échancré, de sorte qu'elles sont falciformes; caudale assez effdée, égale au quart des dimensions totales; le petit lobe représente presque le tiers du lobe supérieur, son angle est arrondi; scutelles petites, à 5 carènes assez saillantes. Teinte générale grise en dessus, blanchâtre en dessous. Habitat. Spécimen unique au Muséum, long de 0'".80, type; Cana- ries : Webb et Bcrtliclot. C. Espèces à museau pointu (29-31). 29. Carcharias (Prionodois) PLEUROïiENiA, Blkr, Plag., p. 40, pi. II, fig. 6, mus. et dents, et Enumcr., p. 207, n" 2170. Caractères. — Museau allongé, proéminent à son extrémité antérieure; sa portion pré-oculaire à peu près égale {\ l'inter- valle compris entre les yeux; narines un peu plus rapprochées de la partie médiane du contour de la tête que du bord anté- rieur de la bouche, dont la longueur est moindre que celle de la portion pré-orale du museau qui est plus courte que la lar- geur de cette ouverture mesurée d'un angle à l'autre ; dents su- périeures presque droites, triangulaires, à dentelures très- fines, si ce n'est sur la base qui en est dépourvue et offi-e un élargissement assez considérable ; les inférieures aussi longues, mais plus étroites, à bords lisses; l"'' dorsale plus rapprochée des pectorales que des ventrales, plus haute que sa base n'est longue, échancrée, à angle supérieur aigu; 2** dorsale tout-à- fait au-dessus de l'anale; pectoi\iles beaucoup plus courtes que la portion du corps qui les précède, médiocrement échancrées en arrière, k angle externe aigu et dont la plus grande largeur est à la longueur, presque dans le rapport de 1 à 2; caudale comprise trois fois et un tiers dans les dimensions totales; angle du lobe inférieur aigu. 378 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. Teinte générale d'un gris bleuâtre en dessus et jaunâtre en dessous; une bande longitudinale jaune, triangulaire, sur chaque flanc, aussi apparente chez les jeunes sujets que chez les adultes; commençant à la queue, elle marche en avant sous la forme d'un coin, et se termine en pointe au niveau de la 1" dorsale. Habitat. Cinq individus de cette espèce, inconnue au Musée de Paris, ont été pris à Batavia où elle est nommée Ikan tjutjot. Le plus long mesurait 1"\33. Ce Squale peut arriver à l'^fiO et au-delà. 30. Carcharias (Prionodo>) temminckii, MùlL^ Henle, Plag., p. 48, pi. 18. Lamiopm Temminehii, Gill, AnRl. synnps. Sq. {Ann. Lye. mit. hist. N.-York, t. VU, p. -401 et ilO), mais très-différent du Pr. lamia. CARACTÈnES. — Museau assez long, effilé, en pointe arrondie; yeux plus petits que les narines; dents semblables aux deux mâchoires, les supérieures seules dentelées, droites et en trian- gle allongé; les inférieures plus courtes et plus étroites, mais_ de même forme; l'" dorsale k bord postérieur droit, située au milieu de Tespace qui sépare les pectorales des ventrales; la 2'^ presque aussi haute, un peu plus longue que Tanale, l!\ dé- passant en avant et en arrière; pas de sillon caudal inférieur, le supérieur peu apparent; queue hau^ et courte, égale au quart de la longueur totale; pectorales peu développées et presque aussi larges que longues; scutelles assez grandes et à 3 carènes, dont la médiane plus allongée et saillante donne de la rudesse à la peau. Teinte générale : un gris jaunâtre, presque blanc en dessous. Habitat. La mer des Indes. Cette espèce est inconnue au Muséum. C'est par erreur que MM. Mull. et Henlc y ont signalé sa présence. 31. Carcharias (Prionodon) bor?;eensis, Blkr, Acta Soc. scient. Indo-neerl., t. V [Twalfde Bijdr. Vischf. Bonico, p. 8), et Emmcratio, p. 20G, n" 2162. Caractères. — Museau allongé, terminé on pointe et dont la longueur, au-devant de l'œil, est égale à la distance qui sépare la p'rcmière fente branchiale do ce même point; dents sembla- bles aux 2 mâchoires, à pointe oblique, les supérieures seule- ment un peu plus volumineuses et portant, du côté externe, dans l'angle rentrant et sur le talon, 2 ou 3 dentelures très- fines qui paraissent manquer en bas; l""» dorsale juste entre les pectorales et les ventrales, à bord postérieur un peu échancré; la 2"^ beaucoup plus petite, commençant au-delà de l'origine de CARCHARIENS. GENRE CARCHARIAS (PRIONODON), SCf, 31. 379 l'anale qui la dépasse un peu en hauteur et en longueur; sillon caudal bien apparent en dessus, mais nul en dessous; queue assez haute, égale au quart de la longueur totale ; pectorales à peine plus longues que larges, h angles arrondis. Teinte générale grise en dessus, presque blanche en dessous. Habitat. Bornéo; inconnu au Musée de Paris, où un dessin inédit de M. Bleelvcr a été reçu en communication. A la suite des espèces qui viennent d'être décrites, je dois en indi- quer 4 auxquelles on ne peut assigner une place précise dans le genre Carcharias, car les descriptions omettent des détails importants. I. Squalus {Carcharias) maoïc, Lesson, Voy. Duperrey, t. II, l''^' part., p. 91, pi. 1 des poiss.). Cette belle espèce, que le Muséum ne possède pas, est remarquable par la hauteur et le peu de largeur de la 1"' dor- sale, ainsi que par la situation de la S*^ tout-cà-fait en arrière de l'a- nale. Elle offre quelque analogie avec le Pr. lamia; mais le texte ne semble pas autoriser son classement dans le même sous-genre où ce- pendant MM. MùUer et Henle Font placée {Plag., p. U], car il est dit que les dents sont triangulaires et lisses. Si, au contraire, ce rapprochement est accepté, ne pourrait-on pas considérer le Carch. maou, malgré quelques différences, conmic cons- tituant la variété du Pr. lamia signalée par M. Valenciennes, d'après un dessin de MM. Quoy et Gaimard (Mull. Hcnlc, Plag.,\). 38, Remar- ques), et qui est peut-être la même que celle dont ces derniers ont parlé (p. 189) d'après Sundcvall? {Voy. plus haut, p. 357). II. Squalus cœruleus (Small blue shark), Mitchill, Trans. litt. and philos. Soc, N.-York, t. I, p. 487. — Carch. cœruL, Dekay, Faun, N.-York, Fish., p. 349, pi. Gl, fig. 200. — Sq. cœrul., Gill, Cat. fish. east. coast N.-Amer., p. 59. III. Carcharias Ativoodi, Storcr, Proceed. Boston Soc. nai. hist., 1848, t. III, p. 71. — Id. (specicsof uncertaingenus), Gill, Ca^./î.s/i. casL coast N.-Amer., p. 59. En dessus, d'un gris de plomb; corps très- court au devant des ventrales; pectorales grandes; anale derrière la ^^ dorsale; dents supérieures et inférieures grandes, triangulaires et dentelées, celles d'en bas plus petites; environ 24 dents sur chaque rangée; 9"'.12 (Storer). IV. Carcharias microps, Lowc, Proc. %ool. soc, 1840, p. 38; Trans. zool. soc, t. III, p. 18, et Proc, 1843, p. 93. Espèce des côtes de l'île de Madère trop incomplètement décrite ])0ur qu'elle puisse être placée à un rang déterminé dans le genre Prionodon, où elle devrait figurer parmi les espèces du groupe III, car M.Lowela compare, sans l'y assimiler cependant, au C. {Pr.) obscurus et au C. {Pr.) Henlei. V. Carcharias falcipinnis, Lowe , Proceed. zool. soc. 1839, p. 90; Trans., id., t. III, p. 18 et Proceed., 1843, p. 93. Aucune mention n'é- tant faite de taches noires aux nageoires, on ne s'explique pas corn- 380 T'I.AGIOSTOMES PI.EIROTRÈMES OU SQUALES. mcnl cette espèce de Fîle de Madère a pu être rapprochée i)ar M.Lowc du C. {Pr.) me tan opter us, la description très-incomplète no justifiant pas, d'ailleurs, cette assimilation. D'autres synonymies tout-à-iait douteuses, qu'il est inutile de rap- peler, sont relevées par MM. Mùll. et Henle [Plag., p. 49). m. DEUXIÈME FAMILLE. CESTRACIONTES ou MARTEAUX. CESTRACIONTES (1). Caractères. — Tète singulièrement élargie par des prolon- gements latéraux, de dimensions variables suivant les espèces et formés par les apophyses orbitaires antérieure et postérieure aplaties, réunies en une lame cartilagineuse; chacun de ces prolongements porte l'œil à son extrémité terminale et la na- rine sur son bord antérieur (2); première dorsale entre les pectorales et les ventrales; une membrane nictitante; pas d'é- vents; dents à une seule pointe; valvule de l'intestin non en spirale, mais enroulée dans le sens de sa longueur. La conformation singulière de la tête, qui établit une si grande dif- férence entre les Marteaux et les Carcharieiis, motive la réunion des premiers en une famille particulière. Elle comprend six espèces ap- partenant à un genre unique et tout-à-fait naturel. Aussi, les genres ou sous-genres P/a///.sr/!/«i».s,S\vainson(Ti>.aTÙ;, large, et scjualus), Eusphyra, Gill (su, bien [véritable], iryjpa, marteau), et Beniceps, Id. (tête en forme de rein), semblent-ils devoir être rejetés de la nomenclature. (1) Et non par Sphyrnœ. Les mots mal composés Sphyrnu, Ratio. {Indice, 1810, p. 46), et Sphyrnias, Id. {Analyse de la nat., 1810), de (jq;ypa, marteau, ont, il est vrai, le premier du moins, la priorité sur les noms de Cestro- rhimis, Blainv. (Prodr. 1816, p. 121, y.e'Txç-a, marteau pointu, plv, nez)et de Zygnma, '(,\>yj-, joug, lléau de balance, Ciiv., /}. an., V^ édit., 1817, t. II, p. 217) déjà employé, au reste, en 1775, par Fabririus qui a pris ce nom, sans motifs connus et comme au hasard, pour désigner un Lépidoptère. Quoique cette dernière dénomination se trouve déjà dans Aristote {Hist. anim., lib. H, xv et dans Rondelet, p. 389), et que, à l'exemple de ce der- nier, le plus i;rand nombre des naturalistes en aient fait usaae plutôt que de son synonyme Libella, adopté par Belon et par Salviani, le nom de Ces- tracion (xcTxpa, âxi;, pointe) imaginé par Klein, en 1742 {Missus tertius, p. 12), est la plus ancienne dénomination générique des Marteaux. Cuvier Ta détournée de son sens primitif quand il l'a appliquée, en 1817, au Sq. Philippi dit Heterodonius par Blainville dès 1816. (2) Swainson {Nat. hist. fish., etc., in : Lardner's Cabinet Cyclop., t. I, p. 133, fig. 10) a noté, avec raison, la curieuse analogie qui se remarque entre les Cestr. et les insectes diptères du genre Diopsis, Lin., qui ont les yeux placés à l'extrémité de longs pédoncules latéraux. o o g < < o CESTRACIONTES. GENRE CESTKACION. 381 o s 2 c ^ S ^ ^ ~; ^ C o « GJ g ç3 2 -a = 3 C^ "^ 'T) o g o ^ - -«-if 1 g -o 2 5=/D ^ ^ - a ;£ ix -3 7j --/î '^ ^ 3 rd ^ t^ g S I c/T a 'S 2 S :=:i -^a i3 cj C o a r-5 .^ QJ C o o 'o ^ ' <:i i-, ^ r~ o c^ „ - ô ^ cr « 3 W r- ^ C3 rH O a •-- e rt rt s jZ ^ •r' o "- •^.'2 ^ 'S .i; --0 to t« t: " c 2 i, 5, 6. 385 plus sinueux, légèrement concave au milieu, formant, au niveau de sa réunion avec les bords latéraux, un angle obtus non sail- lant, surtout à cause de l'absence d'échancrures au-devant des narines dont le sillon est plus court. Ces dissemblances bien indiquées par M. Valenciennes, nettement représentées sur la planche qui accompagne son mémoire comme sur celle de Desmarest citée plus haut, et très-manifestes chez cinq individus d'âges différents de la collection du Muséum, ne laissent aucun doute relativement à la distinction spécifique entre les C. %y- (jœna et C. tudes, que MM. Cantor et Bleckcr confondent dans leurs sy- nonymies. Système de coloratmi semblable à celui des autres espèces. Hahitat. — Le Muséum a reçu le Ce$tr. tudes de Nice, d'Algérie et de Cayenne. M. Schomburgk l'a vu à l'embouchure du Demcrara [Reisen in Brit. Guiana, 3*^ partie, p. 642 [1"'.46]). 6. Cestiucioin tiburo, Gill, Cat. fish. east. coast N.-Amer., (Zyg^na tibuuo (1), Val., Mùn. Mus., t. IX, p. 226, pi. 12, fig. 2 a eib). Tibiironis species minor, Margraff m Piso, Hist. nat. Bras., p. 181, fig. copiée par Willughbey, tab. B 9, n" 3, p. 55; par Jonston, pi. XXXIX, fig. 7, et Ruysch, id., id. Zygœnœ affinis capite triangido, Ray, Synops. pisc, p. 21, n° 8. Cestracion cordis figura, Klein, Missus, III, p. 13, tab. II, fig. 3 et 4. Sq. tiburo, Linn., Syst. nat., p. 399, n'' 6, et édit. Gmel., p. 1495. Le Pantouflier (2), Brouss. (non Pantouflier, Lacép., qui est le C. tudes), Hist. Ac. se, 1780, p. 662. Heart-headed shark, Shaw, Gêner. %ool., t. V, part. II, p. 355, pi, 154, et Natur. miscell., pi. 229. Platysqualus tib., Swaison, Nat. hist. fish., in Lardner's, Cabinet cyclop., t. II, p. 318. Sph. tib., Mûll., Henle, Plag., p. 53. Reniceps tiburo, Gill, Anal, synops. Sq. [Lyc. nat. hist. N.-Yo7'k 1861, t. VII), p. 403 et 412. ? Z. subarcuata, Storer, Proceed. Bost. Soc. nat. hist., 1848, p. 70. Caractères. — Tête en forme de fer à cheval, à bord an- Ci) Dénomination employée dans l'Amérique du Sud et empruntée aux Portugais, qui disent Tiberaon ou Tuberaon pour désigner des Requins. Elle a été appliquée à ce Squale par Margraff, qui en a donné une figure très-reconnaissabie; quant au Cucuri ex génère Tiburonum, Id., p. 164, avec figure, et au Tiburo, Rond., p. 189^ ce sont non point des C, mais des Squales incertœ sedix, dont l'histoire est remplie de détails imaginaires. (2) A cause de la ressemblance entre la tète de ce C. et le fer à cheval dit pantoufle, qui se distingue d'un fer ordinaire, en ce que son épaisseur augmente uniformément depuis la voûte jusqu'à l'extrémité des branches. Poissons. Tome 1. 25 386 PLAGIOSTOMES PLEUUOTRÈMES OU SQIALES. téricur fortement arqué dans sa région moyenne et confondu avec les bords latéraux; un peu plus longue que large et à bords postérieurs très-courts; narines beaucoup plus rappro- chées des yeux que de la ligne médiane et sans sillon. Habitat. — Côte orientale des deux Amériques. IV. TROISIÈME FAMILLE. TRIÉNODONTES. TRLENODONTES (1). Caractères. — Tète sans prolongements latéraux; 1''' dor- sale entre les pectorales et les ventrales; une membrane nicti- tante; pasd'évents; dents semblables à celles des Scylliens, c'est-à-dire à pointe médiane peu allongée, et portant, de cha- que côté de leur base, une ou deux petites dentelures; sembla- bles aux deux mâchoires, nombreuses et petites; tête plate, museau pointu ou arrondi et mousse; valvules nasales avec ou sanscirrhus; plis des coins de la bouche très-petits; queue avec ou sans sillon; nageoire caudale sans véritable lobe infé- rieur comme chez les Roussettes, ou munie de ce lobe; écailles à 3, 5 ou même 7 carènes. Genre unique.— TRIÉNODONTE, TRI^NODON, Mûll., Henle. Caractères. — Ceux de la famille. 1. Tri^nodon obesus, Miill., Henle, Plag., p. 55, pi. 20. Squalus obems, Riipp., Neue Wirbelth. Ahyss., p. Gi, pi. 18, fig. 2. Leptocharias (2) obesus, Gray, Cat. chondr. fish. brit. mus., p. 51. Caractères. — Museau court, mousse, tout-à-fait arrondi; narines juste entre le bord antérieur de la bouche, qui est plus large que longue, et Textrémité du museau, à valvule triangu- laire, petite et sans cirrhus ; au côté interne de quelques dents, une double dentelure; l''' dorsale beaucoup plus près desven- (1) Tftaiva, fourche à trois dents, trident, ôowv, dent. (2) La dénomination générique Lcptocarias {sic) de Xetctô;, mince, grêle, xàpYi, tète^ a été indiquée par M. Henle {Mag. nat. hist., nouv. série, 1838, t. II, p. 36) comme em|)loyée par Smith pour désigner une espèce non nommée; mais elle ne convient en aucune façon au Sq. obesus de Ruppell. MM. Millier et Henle (Plag.) ont supprimé ce genre pour faire rentrer l'espèce dont le caractère générique essentiel se tire de la disposition du système dentaire, dans le genre Triœnodon : c'est le Tr. Smithi. TRI^NODOMES. GE>RE TRLE^•ODO^, 1, 2. 387 traies que des pectorales; anale égale à la 2^' dorsale, qui lui est directement opposée et plus petite que la l'''; un sillon en dessus, à la racine de la queue; lobe inférieur de la caudale presque égala la moitié de la longueur du supérieur; écailles à 5 carènes à peine saillantes, de grandeur variable, dis- posées avec irrégularité (voy. plus haut, p. 90), arrondies à leur bord postérieur et comme tuberculeuses; peau pres- que lisse. Teinte générale d'un gris jaunâtre; angle supérieur des 2 dorsales et pointe des 2 lobes de la caudale d'un blanc de lait. Taille de l'individu unique du Musée de Paris, 0'".90. Habitat. — Mer Rouge. 2. Tri.î:nodon Smithii, MûlL, Henle, Plag., p. 56, pi. 21. Caractères. — Museau un peu allongé et un peu pointu; narines plus près du bord de la bouche, dont la longueur et la largeur sont égales, que de l'extrémité du museau, munies d'une valvule en forme de cirrhus; à la base des dents du mi- lieu, une seule dentelure de chaque côté et deux au côté interne de celle des dents latérales; l""" dorsale entre les pectorales et les ventrales; anale plus petite que la 2" dorsale et un peu plus reculée; pas de sillon à la racine de la queue; cau- dale à lobe inférieur très-petit , presque nul ; scutelles à 3 ca- rènes. Teinte générale d'un brun rougeâtre plus claire en dessous. Habitat. — Baie de Cabenda (Nigrilic niérid.). — hiconnu au Musée de Paris. 388 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. Deux dorsales, dont la première est située entre les pecto- rales et les ventrales; une anale; une membrane nictitante (Voy. p. 103), et des évents; la dernière ou les deux dernières ou- vertures branchiales au-dessus des pectorales. Trois familles : Galcm^, ScyUiodontes, Mustdiiens. (Voy. le tableau général, p. 310 et p. 339, la division de la Tribu II). La présence des évents, qui manquent dans la l'*^ sous-tribu, est le caractère essentiellement distinctif de la deuxième. V. PREMIÈRE FAMILLE. GALÉENS. GALEI (1). Caractères. — Tète plate; museau pointu ou mousse et ar- rondi; narines, ouvertures des yeux, fente et plis des coins de la bouche comme chez les Carchariens; évents petits, longitu- dinaux ou ronds , situés derrière les yeux; dents semblables aux deux mâchoires, excepté chez les Heînigaleus, aplaties, tranchantes, à bords lisses ou dentelés, à pointe obliquement inclinée en dehors, presque toujours munies d'un arrêt ou ta- lon au côté externe do leur base; sillon ou fossette de la queue tantôt visible, tantôt nul; nageoire anale soit un peu en avant ou en arrière, soit directement au-dessous de la S"" dorsale; lobe supérieur de la caudale avec une ou deux pe- tites entailles; valvule de Tintcstin en spirale [Galens) ou en- roulée dans le sens de la longueur [Hemigaleus, Galeocerdo, Thalassorhinus), voy. p. 154; scutelles petites, à 3 carènes peu saillantes. (î) TaXÈo:, nom propre employé par Aristote pour designer un Squale. e O — ce '-> j - o s w o H X -! GALEENS. GENRE GALEUS. o o C ti ' o ^ o S '— ' O P G ~ ^ c^ t^ o o 5- 389 ^ P 0 0 K* r-^ -3 C/5 '0 0 G-l '3 0 5- 2 13 -a r- t2 ^ ^ 2 0 JII3 0 ■Si 0 5 i3 rt *^ Bh '« . F' 0 f '« "2 >— • 0 >^ 'TU -3 c^ -5 t/3 0 0 ?^. 2 1; r^ 0 'Tl 'C rt C' -CJ -th 0 yj -T3 2- ^ 0 :3 j_3 0 C/î ;S C-' 0:1 J- G 0 '"** r- 0 4-3 4-3 0 3 53 t/3 G ^ 0 0 M ^ ;>■ ■■"^ k; •^ "p c 0 rt ^ 0 1^ 0 '' 1 > 0 CJ a 0 ^ 0 ;Z3 ^ ^ ';:i 7j 0 ^ c; -:j ■^ •S « a i s a a £- a '-^ 3 _^ t« s c ^ ë<^ 2 a -^^ "^-^ c £ § ^ o C o ^ 3 3 O) ._ .(53 -3 :ii ■= o S =^ > — - ^ Ch o S I o o o s "" i2 ^ =^ o J2 en îïO ° ^ ■■« •X. '^ 5 ^ s g -O o '_r ^ S "5 "^ g - <^ rt c s a £ -5 6J3 . ri a 390 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. 1. Galeus CAiNis, Rondelet, De jjiscibus, p. 377. ? Maltha, vcl Lamiola {Le Sorrat), Rond., Id., p. 393, mais les évents ne sont pas figur(''s, et dans la description, il est dit qu'il n'y a pas de membrane nictitante. Cajjis galeus, Salviani, Aquat. anivi. Itist., p. 130, iig. 11, copiée par Jonston Depisc, pi. VIII, fig. 4, ctRuysch, Th. «?iim., id., id., par "Willughbey, Hist.pisc, pi. B 6, tig. 1, p. 51. Galeus piscis dissectus , Ent, in Charlcton .Vanfissa anatom. [Oiio- maslicon, p. 209, avec fig. et Exercitationcs, Pisces, p. 82). ? Galeus canis, Tope shark, Pennant, Br. %ool., t. III, édil. 1812, p. 146, n" 7, pi. 18, copiée dans YEucijdop. méth., pi. 7, fig. 21, sous le nom d'Emissole. Milandre, Duhamel, PêcJtcs, part. II, sect. IX, pi. XX, fig. 1 sans évents, et fig. 2. — Id., Broussonnet, Hisl. Acad., 1780, p. 633, n"4. — Id., Lacép., Hist. Poiss., 1. 1, p. 237. — Id., Dict. se. nul., t. XXXI, pi. 29. — Sq. galeus, Linn., Syst., t. I, p. 399 et édit. Gmel., t. I, p. 1492, n" 7. — Sq. naribus ori vicinis, foramin. exiguis ad oculos, Artedi, Gênera, p. 68, n" 9, Gai. auctor.; Sijnon. p. 97. — ? Sq. gai., Bloch, pi. 118, description inexacte pour les dents. — Id., Bl. Schn., Syst. posth., p. 128. — Id., Risso, Ichlh. Nice, p. 32, n" 8. — Carch. galeus, Id., Hist. nat. Eut. mérid., t. III, p. \^2[.—Sq. galeus, Nilsson, Prodr. iclith. scandin., p. 115, et Skandin. Fauna, Fiskar, p. 714. — Id., Blainv., Faune franc., p. 85 [Galeorhinus galeus, 1816, Prodr.). Gai. canis, Bonap., Fauna, pi. 132, fig. 3, et Cat. pesci europ., p. 19, n» 74, et ^Sq. Nilssoni, Id., Id., n»73.— M., Voy. Isl. et Groen- land, Gaimard, Poiss., pi. 21 (sans texte). — /(/., Sundcvall, Skandin. Fiskar, p. 185, pi. 45. —Id. [Common Tope, Penny dog, Miller's dog), Yarr., Br. f\sh., t. II, p. 491. — Id., Or., Cat. chondr. fish., p. 52. Galeus vulgaris, Kroyer, Danemark's Fiske, t. III, p. 834, avec fig. Sq. galeus, Couch, Fish. hrit. islands, t. I, p. 'i5, pi. IX. CAHACTKitES. — Miiscau asscz long, à pointe arrondie; na- rines à très-petite valvule plus éloignées de son extrémité que du bord antérieur de la bouche ; dents à pointe très-obliquement inclinée en dehors, et portant, sur le côté CKtorne de leur base, 3, 4 et môme quelquefois, chez les sujets adultes, 5 et 6 den- telures; 2*^ dorsale de moitié plus petite que la l'% située un peu en avant de l'anale qui lui est presque égale, et plus rap- prochée delà caudale que des ventrales, dont le bord postérieur est oblique en arrière et en dedans; caudale haute au bout; angle du lobe inférieur arrondi. Teinte générale : un gris d'ardoise uniforme, plus clair en dessous. Taille de 0"'.70 à 1 mètre, mais dépassant queUiucfois l'".50. GALÉENS. GENRE GALEUS, 1, 2. GENRE HEMIGALEUS. 391 Habitai. — Mers d'Europe mérid. et sept. ; aux Musées de Paris et de Londres, des individus péchés au cap de B. -Espérance, dans la mer des Indes; sur les côtes de la Nouv. -Hollande (Mus. Par.). Le Galeus canis a trente ou quarante petits deux fois Fan. 2. Galeus japonicus, Mûll. Henle, Plag., p. 58, pi. 22. Id., Richardson, Report ichth. Chin. and Japon, p. 19i. Caractères de la tête, du museau, des dimensions des na- geoires assez analogues à ceux du G. canis, dont cette espèce diffère par les particularités suivantes : pectorales encore moins échancrées en arrière, à angle interne bien plus ar- rondi et à angle externe plus pointu; 2'' dorsale seulement un peu plus petite que la 4"'; anale plus courte et plus basse que la 2" dorsale ; distance entre le lobe inférieur de la caudale et l'entaille du lobe supérieur plus considérable que ne l'est la distance entre cette entaille et l'extrémité libre de la queue; chez le G. canis, au contraire, il y a, entre le lobe inférieur et l'entaille, un intervalle beaucoup moindre que celui qui la sé- pare de l'extrémité terminale. Système de coloration et Taille comme chez le précédent. Habitat. — Mer du Japon ; inconnu au Musée de Paris. II. Genre HÉMIGALE. HEMIGALEUS, Blkr., Plag., p. 45. Caractères. — Dents de la mâchoire supérieure oblique- ment dirigées en dehors, portant des dentelures seulement au côté externe, soit à sa base, soit sur toute sa longueur; dents médianes plus petites, effilées, non dentelées et semblables à toutes les dents de la mâchoire inférieure, qui sont à bords lisses, élargies à leur base, et se prolongent sous forme de crochets grêles, à peine obliques en dehors; pupille demi-circu- laire en haut et anguleuse en bas; évents très-petits, longitu- dinaux; queue proportionnellement peu considérable, à fos- settes à sa base ; une seule entaille au lobe supérieur de la caudale; valvule intestinale enroulée dans le sens de sa lon- gueur. La plus grande différence entre le genre nouveau et les autres genres de la famille des Galéens consiste en ce que les dents supé- rieures seules sont dentelées. Aussi, pourrait-on comparer, sous ce (1) "H[j.tffy£;, demi, moitié, et, par élision, tijai; ^aXèo;. 392 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. rapport, les Hémùjalcs aux Carcliaricns du sous-genrc Hypnprion, mais la présence dos (''vcnls les on ôloigno. Par leur conformation gé- nérale, ils s(! rapprochent surtout du genre Galeus. i. Hemigaleus microstoma, Blkr., Bijdr. Plag. ind. arch. p. 46, pi. II, fig. 9 [Verhandl. Batav. Wetetisch., t. XXIV). Cai\actères. — Musoaii assez allongé, arrondi à son extré- mité antérieure qui est très-peu saillante; bouche formant une courbe très-ouverte, dont la largeur mesurée à ses angles ne dépasse pas sa longueur; dents inférieures à peine apparentes au dehors quand les mâchoires sont rapprochées; les supé- rieures à bord interne convexe, lisse, abord externe dentelé; 1'''' dorsale à angle supérieur assez pointu et assez fortement échancrée en arrière, située exactement entre les pectorales et les ventrales; 2'' dorsale beaucoup plus petite que la l"', à angle supérieur assez aigu et dépassant un peu, en avant, l'a- nale; lobe inférieur de la caudale terminé en pointe, compris deux fois et un quart dans la longueur du lobe supérieur; pec- torales à bord postérieur très-échancré et falciformes. Teinte générale d'un gris rougeâtre en dessus, jaunâtre en dessous; 2^ dorsale noirâtre, à sommet blanc. Habitat. — Batavia. Au Muséum, cf ('t 9 donnés ])ar M. Bleeker. 2. Hemigaleus macrostoma, Blkr, Bijdr., Plag., etc., p. 46, pi. II, tig. 10 [Verhandl. Batav. Wetensch., t. XXIV). Chœnogaleus macrostoma, Gill, Anal. $ynops. Sq. [Ann. Lyc.nat. hist., N.-York, t. VII, p. 403 et 411 ; de xatvw, s'entr'ouvrir, regarder bouche béante). Caractères. — Museau assez allongé, pointu; bouche for- mant une courbe très-peu ouverte, dont la largeur, mesurée ii ses angles, n'égale que la moitié de sa longueur, qui remporte de beaucoup sur celle de la bouche de \'H. rnicr.; dents infé- rieures très-visibles au dehors, quand les mâchoires sont rap- prochées; les supérieures à bord interne droit et lisse, avec deux ou trois dentelures à la base du côté externe; 1'"'' dorsale dans le même point que chez le micr., k angle supérieur ar- rondi, presque pas échancrée en arrière; 2'" dorsale beaucoup plus petite que la l"', à angle supérieur arrondi, dépassant à peine l'anale en avant; lobe inférieur de la caudale à angle ar- rondi, compris un peu plus de deux fois et demie dans la lon- gueur du lobe supérieur. GALÉENS. GENRE HEMIGAL., 1-2. GENRE GALEOCERDO, 1-2. 393 Les pectorales peu échancrécs et à angles arrondis, sont moins ef- filées que chez le précédent, dont cette seconde espèce se distingue, de la façon la plus tranchée, par la forme du museau qui est plus pointu, par la longueur plus considérable de l'orifice buccal, par la forme des dents et par les diverses particularités de la conformation des na- geoires énoncées dans la diagnose. Teinte générale semblable à celle de 17/. micr.; nageoires en partie bordées de blanc. Habitat. — Batavia; 2 9 au Muséum données par M. Blceker. ni. Genre GALÉOCERDE. GALEOCERDO (1), Mûll., Henle, P/a^.,p. 59. Caractères. — Dents obliques en dehors et plus ou moins fine- ment dentelées des deux côtés de la pointe, avec un talon den- telé au côté externe de la base; dent médiane impaire à chaque mâchoire, un peu inclinée latéralement; pupille demi-circulaire en haut, et se prolongeant sous forme d'angle en bas ; évents égaux à peine à la moitié de l'ouverture des yeux; queue allongée, terminée en pointe, avec sillon ou fossette en dessus et en dessous, et portant, à son lobe supérieur, deux entailles, dont la postérieure très-courte se voit au niveau de l'extrémité terminale de la colonne vertébrale; scutelles moins petites sur la ligne médiane supérieure que sur les autres régions; valvule intestinale enroulée dans le sens de sa longueur. Les grandes dimensions et la forme de la queue séparent nettement ce genre de tous les autres Galéens, si ce n'est du Loxodonte qui, par l'entaille unique de la queue, par la grandeur de ses yeux à pupille ronde, par la petitesse de ses évents, par la forme pointue de son mu- seau et par l'absence de dentelures sur le bord des dents, se dislingue du Galéojcerde. 1. Galeocerdo tigrinus, Mûll., Henle, Plag., p. 59, pi. 23. ? Galeua macidatus , Ranzani, De novis sper. pisc, Diss. prima, 1839, p. 6, pi. I [Novi comment. Ac. Bonon., t. IV, 18i0, p. 08, pi. XIII), du Brésil. — Galeoc. ticjr., Bonap., Cat. pesci europ., p. 19, n° 73. — Id., Gray, Cat. chondr. fish. brit. mus., p. 54, de l'Oc. ind. Caractères. — Museau plat, mousse, arrondi et assez court; narines tout-à-fait latérales, à égale distance de son extrémité et du milieu du bord antérieur delà bouche; évents circu- (1) TixXtoc, galeus, xspSô), renard, à cause de la longueur de la queue. 394 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. laires; dent médiane des deux mâchoires lisse ii sa pointe, den- telée à sa base; la supérieure plus inclinée latéralement que l'inférieure; 4"' dorsale beaucoup plus près des pectorales que des ventrales; 2' dorsale dépassant de la moitié de la longueur de sa base Fanale; lobe inférieur de la caudale court, à peine égal au tiers de la longueur du lobe supérieur. Teinle générale d'un gris jaunâtre plus foncé sur le dos, plus clair en dessous; sur les flancs, des bandes brunes verticales, ainsi que des lâches; sur le dos et sur la queue, ces dernières plus ou moins régu- lièrement arrondies, de la même nuance; lobe supérieur de la caudale bordé de brun et portant, dans son milieu, une bande longitudinale claire, bleue pendant la vie; des bandes jaunâtres irrégulières sur les côtés du ventre ; point de taches ni de bandes sur la tête. Habitai. — ^]c^ des Indes. Des deux types, Tun appartient au Musée de Berlin et l'autre, de l'".OG (tête et tronc, 0"'.73, queue, 0'".33), à celui de Paris, où il a été rapporté de Pondichéry par Dussumier. 2. G.\LEOCERDO AKCTicus, Miill., Heulc, Plag., p. 60, pi. 24. Sqiialus arciicus, Faber, Naturg. Fische Isl, p.l7. — 7(i, Nilsson, Prodr. ichlh. Scand., p. liS, n" 3, et Skand Fauna, Fisk., p. 717. — Id., Krôyer, Danmark's Fiske, p. m3.—Boreogaleus arciicus (pôpeio;, boréal), "gui. Anal synops.Sq. [Ann. Lyc, N.-York, t. VII, p. ^t02 et 411). Caractères. — Museau tout-à-fait mousse et arrondi ; na- rines pas complètement latérales, plus près de son extrémité que du milieu du bord antérieur de la bouche ; évents longitudi- naux; dent médiane plus petite que les autres, surtout Tinfé- rieure, qui est un peu moins inclinée en dehors que la supé- rieure, Tune et l'autre dentelées; l'-'^ dorsale beaucoup plus rapprochée des pectorales que des ventrales ; 2*^ dorsale à peine antérieure à Tanale; lobe inférieur de la caudale long, égal au tiers du lobe sujjérieur. Ce dernier caractère, la forme des évents, la dentelure, sur toute sa hauteur, de la dent médiane de chaque mâchoire , sont les prin- cipales particularités qui distinguent l'espèce de la précédente. Il faut ajouter que, chez le G. arctic, les caractères génériques fournis par le système dentaire sont encore plus prononcés. Ainsi, les dents sont Irès-inclinécs en dehors ; leur bord interne fortement convexe est linement dentelé sur toute sa longueur; le bord externe non convexe, également dentelé et incliné en dehors, forme, par suite de son obliquité, un angle avec la base dont les dentelures, au nombre GALÉENS. GENRE LOXODON, 1. GENRE THALASSORHIN. 395 de 6 OU 7 et plus fortes, diminuent de longueur de dedans en de- hors (1). Teinte générale uniforme et sans taches ni bandes, grise en dessus, plus claire en dessous, d'un bleu verdâtrc pendant la vie (Fabcr). Habitat. — Mers du nord. Le Musée de Paris possède un individu d'origine inconnue rapporté par M. Jaurès, et long de l'".39. IV. Genre LOXODONTE. LOXODON (2), Miill., Henle. Caractères. — Dents semblables aux deux mâchoires, à bords obliques sans dentelures, ainsi que le talon du côté ex- terne de la base; une dent médiane et impaire en haut, et en bas; de chaque côté de la ligne médiane, une dent moins obli- que et plus basse que celles qui suivent; pupille ronde; évents circulaires, très-petits, derrière Toeil; queue longue, à fossette en dessus et en dessous ; une seule entaille au lobe supérieur. On ignore encore la forme de la valvule intestinale. L'absence de dentelures sur le bord des dents est le caractère es- sentiel du genre; voy. p. 393, ce que j'en ai déjà dit à l'occasion du genre Galeocerde. 1. LoxoDON MACRORHiNUS, Mùll., Hcule , Pltig., p. 61, pi. 2S. Caractères. — Museau long, plat, pointu; yeux grands; !'■'' dorsale exactement entre les pectorales et les ventrales; 2" dorsale juste derrière Tanale; caudale longue, à lobe infé- rieur petit, dans le rapport de 1 à 3 avec le supérieur. Teinte générale 6! nu gris-brun plus clairon dessous. Habitat. — Cette espèce n'est connue que d'après un jeune animal long de>0"'.33, d'origine inconnue et feisant partie des collections cédées par M. Lamare-Picquot au Musée de Berlin. V. Genre THALASSORHINE. THALASSORHINUS[^)Jii\. Caractères. — Dents triangulaires, sans talon, dentelées; pupille verticale et ovale; évents derrière les yeux, assez (1) Ces dents remarquables ont été représentées par Hérissant, Âc. des se, 1749, p. 138, pi. IX {Canis carchnrias); par Lacépède, Hist. Poiss., t. 1, pi. VIII, lig 4; par Blake, Dent, format, et .siruct., tab. YI, fig. 5 [Sq. car- charius) ; par Agassiz, Foiss. foss. Placoides, tab. E, fig. 5, 6 {Galeus cepe- dianus). Voy., en outre, Ricli. Owen, Odontogr., tab. 28, fig. 9 (Galeus). (2) Ao!;ô;, oblique, oSwv, dent. (3) (-)a)>aiT(Ta, mer, et pîv, nez, terminaison de nom de Squale. 396 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. grands; queue comme chez les Carcharias, avec une seule en- taille, ù fossette en dessus et en dessous ; valvule intestinale enroulée dans le sens de sa longueur. 1. Thalassorhinus vulpecula, Val.,Mull., Henle (P/«^.,p.62). ? CuTcharias Ronddelii, Risso, Ichth. Nice, p. 27, cl Hist. nat. Eur. 7nérid., t. III, p. 120. — Th. vulpec, Bonap., Cat. met. pesci europ., p. 18,11° 72. — Th.Rondeletii, Gray, Cat. chondr.fish. br.mna., p. So(l), Caractères. — Museau pointu, médiocrement long; narines situées juste entre son extrémité et la bouche ; évents de moitié plus petits que l'ouverture de l'œil; dents supérieures trian- gulaires, un peu inclinées en dehors; les inférieures plus pointues, plus linement dentelées ; 1''' dorsale à angles pointus et à bord postérieur échancré, un peu plus près des ventrales que des pectorales qui sont falciformes, étroites, trois fois aussi longues que larges, et dont l'étendue est égale au cinquième des dimensions totales ; 2'* dorsale plus petite que la première, à angle postérieur pointu et à bord postérieur droit, située juste au-dessus de l'anale qui a des dimensions semblables et dont le bord postérieur est fortement échancré avec des angles pointus; caudale assez prolongée, représentant le quart de la longueur totale, à lobe inférieur égal au tiers du supérieur. Teinte générale : un gris-bleu ardoisé ou cendré; le dessous blanc. L'animal dessiné par M. Valencicnnos, dont la description manus- crite est reproduite ici d'après MM. Muller et Henle, mesurait 2 mè- tres environ. Il avait clé pêche dans l'Océan. 2. THALASsoRHl^'us PLATYRiiYNCHUs, MulL, Hcnlc, P/(///., p. 63. ? Sqiiahi^ platyrhyufhiis, WaUmum, Schriflendcr Berlin. Gesellsch. nalnrforf.ch. Freuude, 178'»., t. V, p. 381, et t?î, Artedi Gênera piscium, éd. Walhaum, 1792, ]>. d21 (Excl. synonym. l" Canis Carchariœ aut Layniœ species, Willugh., Hist. pisc., Append., p. 5, tab. 5, tig. 1 ; 2" Galeux rostro brevi et obtuso, ore elliptico, Klein, Miss., lit, p. 11, lab. II, fig. 1 et 2. Caractères. — Museau déprimé, parabolique, plus large (1) C'est d'après celte espèce, éludiée par Duvcrnoy cl par M. Valencien- nes, que le pi-cmicr a donné des détails sur la disposition do la valvule intestinale enroulée sur ello-mème (1» Leç. unat. comp. de Cuvier, 2'^ édit., t. IV, 'i" partie, p. 165 cl iOl, où il est dit que l'espèce devait être décrite par M. Valencienncs sons le nom de Gnlens thalassinus: 2« Ann. se. nat., 2« série, t. 3, p. 274). SCYLLI0D0^TES.GE^RETHALASS0U.,i-!2.GEISKETRIAKlS,l. 397 que long; narines plus près de la bouche que de son extrémité; évents petits, derrière les yeux; dents obliques, tinement den- telées des deux cotés, à pointe acérée, les supérieures plus grosses et plus longues que les inférieures, dont les médianes sont droites ; dorsales fortement échancrées à leur bord posté- rieur, la 2" moins grande que la 1"^" et commençant plus en avant que l'anale qui est fortement échancrée; pectorales al- longées et falciformes; ventrales plus longues que larges, triangulaires ; caudale à lobe supérieur double de l'inférieur. Teinte générale grise en dessus et sur laquelle se dctachont des stries longitudinales noires et quelques maculatures. Ces caractères, donnés par Walbaum d'après un individu long de 2 mètres et d'origine inconnue, semblent bien se rapporter à une espèce du genre Thalassorhine, quoique ni la forme de la pupille, ni la pré- sence ou l'absence des sillons de la queue ne soient indiquées. VI. DEUXIÈME FAMILLE. SCYLLIODONTES. SCYLLIODONTES (1). CAnACTÈUES. — Dents de Roussettes , c'est-à-dire avec une pointe médiane et une ou deux dentelures de chaque côté de la base ; nageoires semblables pour la forme, mais non pour la position respective, à celles de quelques Scylliens, dont ils se rapprochent aussi par le peu de développement du lobe infé- rieur de l'uroptère et par l'absence de fossettes caudales ; tête plate, museau mousse, valvules nasales larges et assez longues; fente des yeux allongée ; évents d'une grandeur moyenne; scu- telles à triple carène. Ge^re unique. — TRIAKIS (2), Mûll., Henle. Caractères de la famille. 1. Triakis scyllium, MuU., Henle, Plag., p. 63, pi. 26. Caractères. — Museau mousse et arrondi ; narines moins rapprochées de son extrémité que de la bouche ; dents petites et nombreuses, à pointe médiane un peu dirigée en dehors ; l''^' dorsale un peu plus rapprochée des ventrales que des pecto- (1) IxuXia, Scylliens, o5ou;, ovto;, dent. Voy. p. 310 et 339. (2) Tpià, trois, àv.iç, pointe, à cause de la forme tricuspide des dents. 398 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. raies; 2" dorsale presque égale à la l'", et dont la base se ter- mine au-dessus du milieu de celle de l'anale; celle-ci plus pe- tite et éloignée des ventrales par un espace double de celui qui la sépare de la caudale; pectorales courtes, triangulaires, à angles arrondis; sur le dos, jusqu à la 2*^ dorsale, une trace decarène. Teinte générale d'un orangé foncé, avec des taches d'un brun noi- râtre sur le dos, et quelques-unes sur les flancs et sur la tête qui, en outre, porte des maculatures rondes, d'une couleur claire; une bande plus foncée sur les côtés. Habitat. — Mer du Japon. Au Musée de Leyde, un individu long de 0'".90 environ, type unique de respècc qui est inconnue au Musée de Paris. 2. Triakis semifasciatum, Girard, Proceed. Acad. nat. se. Philad., 1854, t. YII, p. 196. Id., Gir., Heports of explorations andsurveys from Mississipito the pacifie Océan, Zoology, 1859, t. X, Fishes, p. 362. — ? Triakis cali- fornica, Gray, Cat. Br. Mus., p. 56, d'après 3 foetus, sans descript. — Mustelus felis, Ayres, Proceed Californ. acad. nat. se, 1854, t. I, p. 17, excmpl. de l'''.239 (identique au Tr. semifasc, selon Putnam, Bullet. Mus. compar. %ool. Cambridge, [Massachusetts, 1863, p. 1-4). Caractères. — Très-analogue au Tr. sajUium dont il se dis- tingue : 1"^ par la situation de la bouche qui est plus éloignée de l'extrémité du museau, dont lalongueur pro))ortionnellecst plus considérable; 2" par la plus grande acuité des scutelles. Teinte générale d'un gris olivâtre, plus claire en dessous; des bandes transversales noires sur les régions sus-céphalique et dorsale ; sur les côtés, des taches semblables dont un certain nombre remonte entre les bandes; une seule tache noire sur la base des ventrales et des pectorales à leur face supérieure, tandis que toutes les autres na- geoires sont complètement tachetées. Habitat. — San-Francisco (Californie). Inconnu au Musée de Paris. 3. Triakis Henlei, Putnam, BuUei. Mus. compar. zool. Cam- brige {Massachusetts), 1863, p. 14. Rhinotriacis Henlei, Gill, Proceed. Acad. Philad., 1862, t. XIV, p. 486. Caractères. —Museau aplati, pointu, plus long que celui du Tr. semifasc, écailles moins fortement tri-lobées, et point de bandes ni de taches. MLSTÉLIE>S. GENRE TRIAKIS, 1-3. GENRE MUSTELUS. 399 Teinte générale d'un gris brunâtre uniforme, plus clair en dessous ; plus rouge dans le jeune âge, avec les régions inférieures blanches; dorsales et caudale toujours noires à leur sommet. Taille semblable à celle du précédent, mais formes plus élancées. Habitat. — Amer, septentr. : côtes de l'Océan pacifique. Vil. TROISIÈME FAMILLE. MUSTÉLIENS. MUSTELI (1). Caractères. — Dents semblables à celles des Raies, c'est-à- dire petites, plates, en pavé, régulièrement disposées comme les pièces d'une mosaïque; portant cependant quelquefois, mais, plus particulièrement celles des rangs postérieurs, une pointe médiane courte et une latérale encore moins saillante, d'un seul côté; évents comparativement moins étroits que dans les deux familles précédentes; ouverture de l'œil allongée ; carti- lages des lèvres bien prononcés et plis des coins de la bouche profonds, avec un petit lobe; valvules nasales formées par un repli cutané triangulaire, à sommet arrondi et dont la base oc- cupe les 3/4 environ du bord antérieur de la narine; sur l'autre (bord, un tubercule peu volumineux; carène médiane très-peu élevée, commençant derrière la tête et se prolongeant jus- qu'à la 2*^ dorsale; un sillon entre l'anale et la base de la queue où il n'y a pas de fossettes; nageoire caudale courte; scutelles triangulaires, à trois carènes ; valvule de l'intestin en spirale. Le mode d'alimentation est différent de celui des Squales à dents aiguës ; il consiste surtout en zoophytes et crustacés. Ne dépassant guère 1"'.S0; les Must. sont moins voraces que les autres Requins. Genre unique. — ÉMISSOLE (2). MUSTELUS, Cuv., II. an., i'' édit., t. II, p. 128. Caractères. — Ceux de la famille. On ne peut admettre avec certitude que 2 espèces. Leur caractère absolument distinctif est tiré de la forme des dents des rangs posté- rieurs. pas de dentelure du côté externe ... 1. vulgaris. A leur base une dentelure 2. lœvis. (1) Mot employé par Belon, De arjuatil., p. 69^ comme traduction de Ya>-£oç, chien de mer, YaXeYi étant traduit par ■mustela.'SoY- P- 310 et p. 339. (2) Galeus lœvis a nostris Emissole vocatur. Rondelet, De pisc, p. 375. Mussola, en langue sarde: le mot vient de Mustela (Littré, Dictionn.). 400 l'LAGlOSTOMES PLEUROTIŒMES OU SQUALES. 1. MusTELUS vuLGARis, Mull., Henle, P/rtr/., p. 64etl90, pi. 27, fig. 1, et Miill., Ueber den qlatten Hai des Aristoteles, 1842, p. 32, pi. III, tig. 2 (1). Atlas, pi. 3, tig. 1-3; dents. Galeus aslerias, Rondelet, De pisc, p. 376, et éd. fr., p. 29o, coiiiéc par Gcsncr, De aquat. {De rnustelis], p. G08, 6dit. dcFrancf., 1620. Mualelus lœvis, Salviani, Hist. aquat., p. 137, pi. -44, copiée par Willughbey, Hist. pisc, p. 60, pi. B 5, fig. 2; par Jonston, De pisc, 1». 26, t. VIII, fig. 6, et Ruysch, Th. anim., id., id. Galeus lœvis, Gesner, De aquat., ]>. 616, fig., éd. de Francf., 1620, copiée i)ar Aldrovande, p. 392. ? Emissole, Brouss., Acad. des se, 1780, p. 6o5, n''5.— ?S(y. émiss., Lacép., Hist. poiss., t. I, p. 242. — ^(/. mustelus, Risso, Ichth. Mce, p. 33, 9. — Must. stellaris, Id., Hist. nat. Eur. mérid., t. III, p. 126. Emissole tachetée de blanc ou Lentillat, Cuv., Pi. anim., t. II, p, 390. — M. asterias, Hipp. Cloquet, Dict. se nat., t. XIV, p. -407. Sq. hinnulus (Lentillat), Blainv., Faune fr., p. 83, pi. 20, fig. 2. — Id., Thompson, Fhs/i. Ireland, Ann. nat. hist., IS39, t. II, p. 272. — M.plebeius, Bonap., Fauna, pi. 132, fig. 1, et Cat.met. pesci europ., p. 19, n«77. M. vukjaris, Yarr. (d'après MûU.), Brit. fishes, 3>-' édit., p. 49o. Smooth Hound, Couch, Hist. fishes Br. islands, t. I, p. 47, pi. X. (1) Si je place, à la suite du nom de cliacune des deux Emiss. de nos mers, un certain nombre de synonymies, ce n'est pas que les descrip- tions des auteurs cités se rapportent, en tout point, à l'une ou à l'autre. Ainsi, le caractère essentiellement distinctif fourni par le système dentaire que J. Millier a signalé et qui empêchera toujours de les confondre, n'a- vait été indiqué, avant lui, par aucun zoologiste. Souvent, en outre, des détails nécessaires manquent. Cependant les deux planches de Rondelet (p. 375 et 376) ayant été considérées avec raison par J. Miiller, comme re- présentant les deux espèces, j'ai rangé, auprès de chacun de ces types, les descriptions selon qu'elles renvoient plus particulièrement, soit à l'une, soit à l'autre, ou bien qu'elles s'en rapprochent par quelque mention rela- tive à la forme du museau, à la position plus ou moins avancée de la pre- mière dorsale ou aux dimensions proportionnelles des pectorales. Plusieurs svnonymies sont tout-à-fait douteuses. Telles sont : Mustelus stellaris, Salviani, Hist. aquat., p. 138, pas de lîg. — Galeus stellaris seu stellafus, Jonston, De pisc, p. 26, t. VIII, fig. 8, et Ruysch, Th. anim., id., id., fort mauvaise, mais très-probablement .1/. vulgaris. — Galeus lœvis, Blasius, Anat. anitn., p. 27G. - Must. lœvis, Ray, S;/nnps. fisc, p. '22. - Galeus lœvis, Klein, Missus, III, p. 9, fig. 7, très-mauvaise. — Id., Gronovius, Mus. icfitli., t. I, p. 62, 135. — Must. denlibus obdtsis , Oth. Millier, J'rodr. zuol. danicœ, p. 38, 317. — Sq. mustelus, Bloch, Schn., Syst. posih., p. l'28. — Galeus lœvis et G. asterias, Rond , Et. Geoffroy St.-Hilaire, Note sur deux espèces d'Emissolc {Ann. du Mus., XVII, p. 160- 163). MUSTÉLIENS. GENRE MUSTELUS, 1, 2. 401 Caractères. — Dents antérieures plates; sur celles des rangs postérieurs cependant, une petite saillie médiane droite et unique ; pectorales larges, non échancrées en arrière, et dont l'angle externe s'étend au-delà de l'origine de la 1'''' dorsale, laquelle est un peu au-devant de leur bord postérieur ; ven- trales commençant plus loin que l'extrémité terminale de cette nageoire; tète plate, et, par suite, œil très-rapproché de la ré- gion sus-céphalique; espace compris entre l'angle antérieur de l'œil et le bout du museau égal à celui qui sépare l'un de l'autre les deux yeux, au niveau de cet angle antérieur. Fœtus acotylédonc, c cst-à-dire sans placenta, par suite du défaut de vascularisation de la vésicule ombilicale, et à duodénum {Bursa Entiana) muni d'un petit renflement (vésicule ombilicale interne). Ces derniers caractères et ceux que fournit le système dentaire sont les plus essentiels ; les autres n'ont qu'une importance secon- daire, parce qu'ils ne sont pas parfaitement évidents. Néanmoins, la brièveté comparative du museau chez le M. vulgaris, sa forme plus ar- rondie, la position plus élevée de l'œil et la plus grande longueur proportionnelle des pectorales, surtout celles du çf, doivent être pri- ses en considération. Il y avait eu confusion entre les deux espèces jusqu'au moment où J. Miiller a appelé l'attention sur les différences offertes par le système dentaire et par la vésicule ombilicale. Le prince Ch. Bonap. avait déjà montré, mais d'une façon insuf- fisante, que le Muslel. des auteurs comprend 2 espèces distinctes, dé- crites et figurées par lui sous les noms de M. plebeiiis et M. equestris. Système de coloration. — Var. I. Un gris blanchâtre uniforme {M. lœvis de certains zoolog.). — Var. II. Sur les côtés, de petites taches blanches {Galeus asterias, Rond., Lentillat ou Emiss. tach. de blanc). Habitat. — Méditerr., Océan, Manche; Brésil (Mus. de Paris); cap de B.-Espér, (Id.) : Quoy et Gaimard; Nouv.-Zélande (Mus. britann.). 2. MusTELUS L^Evis, Mûll., Hcule, ?la(j., p. 190, pi. 27, fig. 2, et Mùll., Ueber den glatten Hai des Aristoteles, 1842, p. 31, pi. III, tlg. 1. Atlas, pi. 3, fig. 4-6, dents. Galeus hinnulus, Belon, De aquatilibus, p. 71 et 72. — La Nissole, Id., La nat. et diversité des jwiss., p. 63. Galeus lœvis. Rondelet, De pisc., p. 37S, et éd. fr., p. 294, fig. copiée par Gesner, De aquat., p. 608, éd. Francf., 1620. ? Smooth shark, Pennant, Br. zool., Fishes, p. 151, éd. de 1812. Sq. mustelus, Linn., Syst. nat., Sq. n» 13, et éd. Gmelin, p. 1492. Sq. dentibus obtusis seii granulosis, Art., Gênera piscium, p. 66, n''2, etédit. Walbaum, p. 505. Poissons. Tome I. 26 402 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÉMES OU SQUALES. Mmtelus lœvis, Risso, Hist.nal. Eur. mérid., t. III, p. 127. M. pimclulatus, Risso (iNissole), var. à taches noires, Id., p. 128. M. vulgaris, Hipp. Cloquet, Dict. se. nat., t. XIV, p. 406. Emissole commune, Cu\., jR. an., t. II, p. 390. — M.eljllCstris,Bon^)., Faiitm, pi. 132, fig. 1, et Cat. pesci europ., p. 49, n" 70. Squalus mustelus, Blainv., Faune fr., Poiss., p. 81, ])1. 20, lig. 1. M. megalopterus, Smith, Illuslr. %ool. S. Afr., Pisces, pi. II. Caractères. — Dents antérieures presque sembablesà celles de Tespèce précédente, quoique moins lisses; mais sur les dents des rangs postérieurs, une petite saillie médiane obli- quement dirigée en dehors, et au côté externe de celle-ci, une autre pointe plus courte; pectorales plus étroites et dont Tangle externe se prolonge moins loin en arrière; origine de la 1''' dor- sale ne dépassant pas leur bord postérieur qui n'est pas échancré ; tête moins plate que dans le M. vulgaris, et, par suite, les yeux paraissent moins élevés; espace compris entre Tangle antérieur de l'œil et le bout du museau plus considérable que celui qui sépare Tun de l'autre les deux yeux au niveau de cet angle. Fœtus cotylophore , c'est-à-dire à placenta formé par Tabondante vascularisation de la vésicule ombilicale et à duodénum [Bursa En- tiana) privé du petit rentlemenl qu'on peut considérer conmie une vé- sicule ombilicale interne (voy. p.2S8-2Gl, ce qui concerne les Squales vivipares cotylophorcs). Système de coloration. Var. I. Teinte d'un gris blanchâtre uniforme ou teinté de rouge au- devant des pectorales et au-dessus des ventrales, si, comme on peut le supposer, le Must. megalopterus, Smith, du cap de B.-Espér., ne représente qu'une variété locale ; à l'extrémité de la queue, chez les jeunes individus, une petite tache noire sous forme de bordure, dis- paraissant plus tard. Var. II. Taches noires plus ou moins nombreuses sur les différentes parties du corps [M. punctulatus, Risso). La même variété rapportée par M. Smith à son M. melagopl., se trouve au Cap. Habitat. — Océan, Manche; Méditerranée; cap de B.-Esi)ér. Cette Emiss. est représentée au Musée de Paris par moins d'indi- vidus que le M. vulgaris. Le plus grand, l'".i8, vient du Cap. — A la suite des deux espèces ci-dessus, je me borne à signaler les suivantes : I. So. CAMs, Mitchill, Trans. liller. and philos. Soc. N.-York, t. I, p. -480. — M. canis, Dekay, N.-York, Fauna pisces, p. 3So, pi. Ci, tig. 209. — Id., Storer, Synops. fish. N.-Amer. [Mém. amer. Acad., nouv. série, t. II, p. rj05).— 7(L, Gill, Cat. fish. east. coast N.-Amer., p. 59. — Id., Putnam, Uullet. Mus. comp. %ool. Cambrigde {Massach.), 1863, p. 10. LAMPflENS. 403 Caractères. — Dents de M us telus dont \e bord postérieur est légère- ment relevé, de manière à produire une rudesse manifeste sous le doigt dirigé d'arrière en avant; d'un gris cendré sans taches; anale bordée de blanc, selon Mitchill^ ainsi que les dorsales, de noir, selon Dekay. il. M. MANAzo, Blkr, Nieuivô Nalexingcn Ichth. Japan, p. 126. M. vulgaris, Temm. Sclil., Fauna japon., Poiss., p. 303, pi. 13i. Cette espèce est éloignée des il/, vulgaris et lœvis, parce que, sur trois individus reçus du Japon et parfaitement identiques au M. figuré dans cette Faune, M. Bleeker a trouvé, entre les deux dorsales, une distance triple de l'espace occupé par la base de la 2*^ dorsale, tandis que cette distance est double seulement sur la planche 27 de Millier et HenlQ (Plag.), et sur la pi. 3 du mémoire de Mùller [Ueberden glatlen Hai, etc.). Des mesures comparatives prises sur les exemplaires du Musée de Paris m'ont donné des résultats variables. Ainsi, chez le ]¥. lœvis, ^ai trouvé le rapport de 2 ou 2 1/2 à 1, et chez le M. vulgaris, tantôt ce même rapport, tantôt celui de 3 à 1. Il n'y a donc là rien de bien constant. M. Bleeker ne mentionne pas d'autres particularités distinc- tives, et ne considère pas comme définitivement établie l'espèce qu'il nomme M. manazo. S»0«j$i>TBIBU III. Deux dorsales, dont la première est située entre les pecto- rales et les ventrales ; une anale ; pas de membrane nictitante; des évents ; la dernière ouverture branchiale au-devant ou au- dessus de la pectorale. 1/>/l Cinq familles : Lamniens, Oclontaspides, Alopécicns, Ccstra- ^ ' ciontes, Rliinodontes. (Voy. le tableau général, p. 310 et p. 340, la"3îvrsion de la Tribu II.) VIII. PREMIÈRE FAMILLE. LAMNIENS. LAMN.^ (1). Caractères. — Ouvertures branchiales grandes et toutes si- tuées au-devant des pectorales; évents extrêmement petits; t' dorsale et anale très-peu volumineuses, de même dimension et opposées l'une à l'autre; des fossettes caudales et une carène de chaque côté de la queue, dont la nageoire est en forme de croissant; valvule de l'intestin en spirale. Les dents varient dans les quatre genres que renferme cette famille, qui est cependant très-naturelle, en raison de la grande analogie des caractères extérieurs. (1) L'un des noms grecs de la Lamie, dit Cuvier {l\. an., V" édil., 1817, t. II, p. 126). Voy. plus haut, p. 356, note 3. ^.^ f) 404 es .g "S PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. "S _c« & ^ 5S cfi O -2^ 2-^ 3 c çà o cj ^ r3 --^ C -rt O ^c - in ??? O o 2 '^ 2 ,^ ô o o ,--> ... ^ '3 < O -■Zi ^^ 3 -; 'o s o o rt s o c c en" o o ^^ o o ;3 en o s o &i3 o 'rt G O ^ G G G O, S rt .n s en 'CK ' — ' L. -5 o 3 •- O G ci <^ — _ - CJ ^ G! O ^ fl 'o ^ G c o s -^ o G -3 o '^ -G S ^ ^ r^ ^ <^ crt C ^ ro -§ S '^ S ^ .^ Ir' O î:; ':* ?= 5 >< ,o 5 o S ^ g — o 03 -- -^ ' — ^ o i2 ■— G « en O G 3 „ o G en •-< « 'O ci o O ci ^ ^ ■ ■ ? c/) 'T3 2 'o O ^ ..'^ > '^— ^, e/D ^OJ C > S ^ '-' 'rt 'S fi '-^ S -^ S ^ ^ g i2 '^ 2 G! cy OJ C3 "3 r/i in c ^ en ^^ os -a •— — ' en « fi S en =5 !: 53 ^ 2 C '^^ ^ _ o en 0) O O 'O —' , ,^ rS en en 'O o ■^ ^ ci i: « ^ • w , — ( o C/3 tn SI C ,^ • ^H OJ ,/^ t/2 rt '3 -O H O . . -o 5> o rt K -.^ 0^ e/2 .2 i~ q:, ^ Ci ^cù e; ■^ ;i 3 « '2 .-S -^ S S ï- o ry; -5 c en ^ ^ ï:. • - O SI -J o -^ o ^ "2 *^ o 9 i« G en ''^ O « en S o LAMMENS. GENRE LAMNA. 405 Espèce unique. — Lamna cornubica (1), Cuv., R. an., l""® édit., t. II, p. 126, ou Squale-nez. Canis carcharias, Aldrov., De pisc, p. 383 et fig. Porbeagle, Borlase, Nat. hist. Corniualls, p. 263, pi. 26, fig. 4 (de porpoise ou porpus, marsouin, et beagte, chien). Beaumaris shark, Pennant, Brit. zooL, éd. 1776, t. III, p. 128, pi. il. Porbeagle et Beaumaris, éd. 1812, t. III, p. 152 et 154, pi. XX (d'après le nom de la ville de Beaumaris, île d'Anglesey, habitée par Hugues Davies, qui avait transmis à Pennant un dessin et une des- cription du Squale dont il s'agit). Touille-bœuf, Loutre ou Taupe de mer, Duhamel, Pêches, 2'' part., sect. IX, chap. V, p. 298, pi. XX, fig. 4. Le nez, Broussonnet, Acad. des se., 1780, p. 667. — ^Sq. long-nez, Lacép., Hist. poiss., t. I, p. 216, descript. très-imparf., pi. 2, fig. 3. Sq. cornubicus, Linn., éd. Gmelin,Sî/.sL nat., t. I, p. 1497, n» 23 (2). Id., Goodenough, Trans. Linn. Soc., Lond. 1797, t. III, p. 80, tab. 15. Id., Donovan, Brit. fish., t. V, pi. CVIII. Lamna cornubica, Bonap., Jconog. faim., pi. 134, fig. 2, exclus, synon., part., et Cat. pesci eiirop., p. 18, n» 63, — Id., Agass., Poiss. foss., t. III, p. 287, tab. G, fig. 3a-3d. — Sq. cornub., Ekstrôm et Sundevall, Skandin. fiskar, trad. latine, p. 67, pi. 30, excellente. Sq. monensis, Shaw, Gêner, zool., t. V, part. 2, p. 350. Le nom de Mena, que portait autrefois l'île d'Anglesey, servait sans doute aussi pour désigner le Menai qui est le bras de mer par lequel elle est sé- parée du comté de Cornovan dans le pays de Galles : telle est l'ori- gine de la dénomination employée par Shaw. Hâbrand, Sq. glaucus fossulis triangul. duobus in extr. corpore, Ascanius, Icônes rermnnatur., pi. 31, très-bonne. Sq. selanonus, 'Walker MSS. in pictur. inédit., Leach, Werner., Soc. Mem.,t. II, part. I, [1812] 1814, p. 64, pi. II, fig. 2, d'après ce dessin. Le nom spécifique est emprunté de celui du lieu oîi Walker trouva le poisson : le Loch Fyne (comté d'Argyle en Ecosse), dit par Ptolémée : Sinus selanonus (Fleming, Hist. brit. anim., p. 168 [3]). (1) Habitat in mare Cornubiara (la Cornouaiiles) alluente, dit Gmelin (Linn., Syst. nat., t. I, p. 1497), d'après Borlase. (2) Parmi les nombreux zoologistes qui ont parlé de ce requin sous le nom de Sq. cornubicus, je ne cite que ceux dont les descriptions sont ac- compagnées de figures , la synonymie offrant peu d'incertitude. (3) Fleming (toc. cit., p. 168) a décrit, d'après des documents inexacts, sous le nom de Selanonius Wulkeri, un Lamnn cornubica, dont il a fait le type d'un genre imaginaire qu'il caractérisait, à tort, par l'absence d'é- vents et d'anale. 406 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. Isurus cornuhicus, Gray, Cal. fish. hrit. Mm., Chondr., p. 58. Lamna cornub . , Schl., Faun. japon., pisccs, p. 30i. — hl., Richard- son, Report ichth. scas Chin. and Jap., p. 193. — /(/., Kroycr Dan- mark's Fiske, t. III, p. 852, avec t\g. — Id., Nilsson, Skandin. Faun. Fiskar, p. 718. Porheagle, Beaumaris shark, Yarr., Bril. fmh., ^'^ édit., t. II, p. 498. Id., Couch, Hist. fish. hrit. islands, l. I, p. 41, pi. YIII. Caractères. — Corps arrondi et volumineux à sa partie moyenne, surtout chez les femelles, assez régulièrement fusi- forme, et très-analogue à celui des Scombéroïdes; portion pré- oculaire du museau dépassant d'un tiers l'étendue de Tintervalle compris entre les yeux; narines deux fois plus près du bord antérieur de la bouche que de l'extrémité du museau, dont la portion pré-orale est égale h la longueur de la fente buccale, qui a des dimensions semblables à celles de sa largeur me- surée d'un angle à l'autre; dorsale antérieure un peu plus haute qu'elle n'est longue, plus éloignée des ventrales que des pectorales au-dessus de l'extrémité de la base desquelles elle commence; h angle supérieur arrondi, à bord postérieur presque droit, terminé par un angle court; S*" dorsale égale au sixième environ de la 1"'% située tout-à-fait au-dessus de l'a- nale, qui lui est exactement semblable pour la forme et pour la grandeur; lobe inférieur de la caudale plus court d'un tiers environ que le supérieur; pectorales deux fois aussi longues que larges; carène des côtés de la queue commençant au niveau de l'origine de la 2*^ dorsale et paraissant être, en quelque sorte, la continuation de la ligne latérale. Les évents, très-petits, sont situés derrière les yeux, au niveau de la fin du premier tiers de Tcspace compris entre le bord postérieur du cercle orbitaire cl le bord libre de la !''<■ fente branchiale, sur le trajet d'une ligne oblique de haut en bas qui, parlant de la pointe du mu- seau, parcourant sa face latérale et traversant l'œil, viendrait se ter- miner un peu au-dessus de la limite du quart supérieur du bord libre de la fente branchiale antérieure. Teinte générale d'un gris cendré noirâtre, blanche en dessous ; angle postérieur des dorsales blanchâtre. Habitat. — Mers de l'Europe, depuis le nord jusqu'à la Méditerra- née, et mer du .lapon. Les exemplaires du Musée de Paris viennent des côtes de France. M. Guichenot en a rapporté un d'Algérie. LAMNIEISS. GENRE OXYRHINE. 407 II. Genre OXYRHINE. OXYRHINA{\),Ag2iSsïz,Poiss.foss., t. m, p. 276, pi. G, fig. 2 et2a-2f/; pi. P, fig. 6. Atlas, pi. 7, fig. 4. Dents [Ox. Spallan%ani). Caractères. — Museau en forme de pyramide triangulaire comme dans le genre Lanina; évents également très-petits; na- geoires, et particulièrement la caudale, de même forme; dents à bords lisses, sans cônes pointus ou mamelons dentaires h. leur base, longues et épaisses, aplaties en avant, convexes en arrière ; les antérieures plus allongées encore que les autres, et en forme de clous, celles qui les suivent prenant déplus en plus, à me- sure qu'elles se rapprochent des coins de la bouche, une forme de triangle à bords tranchants ; base des dents plus profondé- ment échancrée que chez le Lanina, d'où résulte, entre les deux racines, un espace en forme de voûte plus ouverte en avant qu'à la face postérieure ; pas de dents médianes ; de chaque côté du petit espace resté vide, deux grandes dents, et, au-delà, des dents plus basses qui, à la mâchoire inférieure, subissent une diminution graduelle , mais la S*" dent de la mâchoire supé- rieure, beaucoup plus petite que les suivantes. L'absence do dentelures à la base des dents, même chez les sujets de grande taille, est le caractère essentiellement distinctif de ce genre comparé au genre Lamna, où ces dentelures manquent seulement dans le jeune âge ; il n'y a donc pas lieu, contrairement à l'opinion exprimée par M. Sundevall (Skandin. Fiskar, livr. G, p. 68 de la trad. latine), de réunir les deux genres. D'ailleurs, comme Ta fait observer M. Agassiz, qui s'est fondé, pour établir le genre, sur l'examen de dents fossiles tout-à-fait comparables à celles des Ox. de notre faune, et provenant de plusieurs espèces distinctes, « les dents des poissons de ce genre se font remarquer par leur forme aplatie et élancée qui, dans beaucoup de cas, suffit pour les distinguer de celles bien plus étroites des vrais Lomwa » {Poiss. foss., t. III, p. 276). Tableau de la division du genre Oxyrhine en 3 espèces. ^ i derrière la racine desleffilées et falciformes. . . i. Spallanzanii. S \ pectorales qui sont| 5 ' (courtes, non falciformes. . 3. punctatns. ^ (au milieu de l'espace qui les sépare des ventrales. 2. glaucus. (1) 0?ÙG-, pointu, aigu, ^îv, nez. 408 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. 1. OxYRHiisA sPALLANZANii (1), Bonap., Iconogv. Faun. ital., pi. 136, fig. 1, et Catal. pesc. europ., \). 17, n" 64. "? Canis carcharias, Aldrov., De pisc, lib. III, cap. XXIII, p. 388, fig. cop.par Jonston, 7)^;jisc.,lab. VI, fig. G, etRuysch, Thés., id.,id., ?/(i., Aldrov., dents, p. 382(2). Ca7ie di mare di Mcssina, Spallanz., Viagg. due Sic, t. IV, p. 323 (descript. incomplète). Oxyrhina gompJiodon, MûU. Henle, Platj., p. G8, pi. 28. Oxyrhina, Agass., Poiss. foss., t. III, p. 276, pi. G, fig. 2, 2 «-2îi??c^,Mitchill, qui est l'/tj^riow. punct. : voy. p. 330). — Ox. Dekayi, Gill, Cat. fish. east. coast N.- Am., p. 60. — Isuropsis Dek., Id., Anal, synops. Sq. (Ann. Lyc. nat. /lîs/.iV.-y., t. VII, p. 409). Caractères. — 1''® dorsale commençant, comme celle de VOx. SpalL, immédiatement derrière l'extrémité de la racine des pectorales, mais h angle supérieur arrondi et offrant une 440 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. égalité presque complète entre sa liauteur et sa longueur, de même que chez ïOx. f/lauca ; pectorales peu effilées, comme celles de ce dernier. Les dents sont petites, triangulaires, pointues, non dentelées sur les bords, et la figure donnée par M. Storer ne montre pas de sail- lies à leur base. Les trois jm'mières dents de chaque côté de la ligne médiane de la mâchoire inférieure, ajoute-l-il, sont les plus grandes. La hauteur de la F'" dorsale est de 0'".304, et sa longueur de 0"\329; les pectorales mesurent dans leur plus grande étendue 0'".506 et leur largeur est de 0"i.233. 11 y a une carène de chaque côté de la queue, dont la nageoire est en forme de croissant; le lobe supé- rieur qui mesure 0'".58, l'emporte de O^.IS environ sur le lobe infé- rieur. Ne connaissant pas respècc, je me borne à ces détails qui, en fournissant la preuve qu'elle appartient au genre O.ryrhine, démon- trent les différences sjjécifiqucs avec ses congénères. Teinta générale vcrdàlre, plus claire en dessous. M. Storer a vu un spécimen de 2"". 43. Habitat. — Assez conmiun sur les côtes de l'Amer, sept., cet Ox. peut atteindre à une taille de 2'".75, et à un poids de 130 à 180 kil. m. Gemœ CARCHARODONTE. CARCHAROnON (1), Andr. Smith. Caractères. — Beaucoup d'analogie dans Tappar-^nce gé- nérale avec les genres Lamna et Oxijrhina, mais tout-à-fait distinct par les dents qui, triangulaires et dentelées sur les bords, sont complètement droites et semblables aux deux mâchoires, avec cette seule différence que les inférieures sont plus étroites (2); pas de dents médianes; la S'' d'en haut plus courte que les autres; évents très-petits; l''^ dorsale située assez près de Textrémité de la racine des pectorales, à bord supé- rieur droit et à angle postérieur pointu; la 2<" beaucoup plus basse; lobe inférieur delà caudale égal aux deux tiers environ du grand lobe et formant, avec ce dernier, une sorte de crois- sant; scutellcs très-peu volumineuses, à trois carènes. (1) Kàpxapo:, nidc, ÔSmv, dcnt, ou mieux, dent de Carcliarias. A. Smith avait établi ce genre dans une lecture à la Société zoologiquc de Londres, (Henlc, Magaz. nat. Mit., 1838, t. II, p. 37), mais c'est seulement dans les Illustr. que la diagnose en a été donnée par ce savant zoologiste qui a si bien fait connaître la faune de l'Afrique australe, et dont la science dé- plore la perte récente. (2) Le Muséum, outre les individus entiers, possède d'énormes mâchoires dont j'ai déjà parlé (p. 135). LAMNIENS. GENRE CARCHARODONTE, 1. 411 I. Carcharodon ro?.wTi£xwv, chez Aristote, Hist. anim., livre IX, ch. XXXVII, 52, où il dit (trad. Camus) : les chiens de mer surnommés Renards... et livre VI, ch. X; mais Rafinesque a, le premier, employé, comme désignation générique, le mot Alopias, dérivé de â>,om^î, renard A cause de ce droit de priorité, MM. Millier et Henle ont dû aban- donner, quoiqu'il fût mieux construit, le mot Alopecias dont ils s'étaient d'abord servi [Mag. tint, hist., 18.'}8, t. II, p. 88). (2) La physionomie toute spéciale de ce Plagiostome ne laissant aucune incertitude sur sa détermination, et le nom de Sq. vulpes ayant presque toujours servi à le désigner, il me semble inutile d'énumérer tous les ou- vrages où il est mentionné. Je me borne à indiquer ceux qui renferment des figures ou des dénominations particulières. (3) Il donne, après une courte description, cette explication singulière du nom vulgaire du Rena,rd : Brttanni et Hispani cuerke appeltant, à caudœ {reor) longitudine et miraculo. Nom xépxo;, grœcis caudn «st Infinis. 422 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÊMES OU SQUALES, Sq. cauda longiore quamipsuin corpus, Arledi, Gênera pisc, p. 68, n" 8; Sy7i., p. 9G ; Gen., cd. Walbaum, p. 508 et Syn. cd. Schneider, p. 138,' n» 8. Sq. vulpes, Linn. cd. Gm. Syst. nal., t. I, pars III, p. liOG, n° 23. Alopias macroiirus, Raf., CaralL., p. 12, cl Indice, p. 4a, n" 328. La Faulx ou Renard{Carch. vulp.],Cu\., R. an., l'''*6d.,t.II,p.l2G. Thresher (\) or Long-tailed shark, Milcliill, Trans. litter. and phil. Soc, N.-York, 1815, t. I, p. 482. — Carcharinus vulp., Bl., Prodr., p. 121. — Sq. vulp., BL, Id., Faune fr., p. 94, pi. 14, fig. 1 . — Fox-shark, Yarrell, Bril. fish., 3^ édil., t. II, p. 512, fig. inexacte pour la posit. de la 2** dorsale. — Carch. vulpes, Dekay, Faun. N.-York, fishes, p. 348, pi. 61, fig. 199. — Alopias vulpes, Miill., Henle, Play., p. 74, pi. 35, fig. 1, dents. — Jd., Gill, Cat. fish. cast. coast N.-Amer., p. 60. Carch. vulpes, Guich., Expl.Aly., p. 124, et Hist. Chili, Cl. Gay, ZooL, l. II, p. 363. — Al. vulp. , Krôyer, Danmark'sFiske, l.U\,\i.9'2.d Cl 937. — Thrasher, Couch, Hist. fish. hrit. islands, t. I, p. 37, pi. VII. Caractères. — Tête courte, en raison de la brièveté du museau qui a la forme d'un cône très-peu prolongé; sa por- tion pré-oculaire est d'un cinquième environ plus petite que l'intervalle compris entre les yeux; narines plus éloignées de Textrémité du museau que du ])ord antérieur de la bouche; première dorsale un peu plus haute que sa base n'est longue, légèrement effilée vers son sommet, à angle supérieur arrondi, non proéminente en arrière, 7 fois plus haute que la 2*^ dor- sale, qui n'a que 0'".03 d'élévation chez un sujet de 3'". 09; anale semblable à cette dernière; grand lobe de la caudale égal à la moitié de la longueur totale; pectorales effdées, falcifor- mes, une fois plus longues que larges. Les évents sont si peu considérables, qu'il n'y a pas lieu de s'étonner de l'omission qui en était faite dans les descriptions des zoologistes, avant que MM. Miillcr et Henle eussent démontré la communication avec la cavité buccale, d'un très-petit pertuis situé directement der- rière l'œil dont il est éloigne i)ar un intervalle qui rcpréseiUe une fois et demie environ l'étendue de la t'ente oculaire. Ainsi, chez un sujet où elle mesure 0"'.035, je trouve une distance de 0"'.050. Les t'entes branchiales sont courtes : la première, à peine plus longue que la cinquième, a seulement 0™.08 chez un individu de 3'". 09. Chez ce même sujet, le grand lobe de la caudale a l'".62, c'est-à- (1) Ou bien Thrasher, o'cst-à-dire fiappeur. Au dire de Borlasc (Nat. hist. of Cormoall, p. 265), le Renard se sert de sa queue pour frapper la baleine, le moins agile et le plus volumineux de ses ennemis, lorsqu'elle vient respirer à la surface de l'eau ; et même, ajoute-t-il, d'après un té- moin oculaire, le combat peut durer plusieurs heures. N'est-ce pas là une de ces erreurs des gens de mer trop facilement admises et propagées? HÉTÉRODONTES. 423 dire plus de la moitié de toute la longueur; chez un autre, il est en- core plus considérable : 0™.83 sur l".o3; chez un 3" long de 1"M7, il a 0'".G0 ; chez un i" long de 2"'.S4, il mesure V^.Ti, et 2 mètres, chez le plus volumineux spécimen, dont la taille est de 3'".9o; le lobe infé- rieur est à peu près égal au dixième de la longueur du grand lobe; la saillie que celui-ci porte à son bord inférieur, vers son extrémité, représente tout-à-fait, par sa forme, un petit lobe, mais ses dimensions sont beaucoup moindres. Teinte cjénérale : gris bleuâtre en dessus, blanchâtre en dessous. Habitat. — Méditerranée et Océan où il est péché sur les côtes de France, d'Angleterre et d'Amérique. Le Muséum, parmi ses exem- plaires, en a un pris au cap de B.-Espér. par M. J. Verreaux. XI. QUATRIÈME FAMILLE. HÉTÉRODONTES. EETERODONTI (1). Caractères. — Tête courte, mais volumineuse, surmontée de crêtes sus-oculaires très-saillantes; bouche terminale, ou- verte à rextrémilé du museau, où sont placées les narines qui se confondent avec elle à son bord antérieur et sont munies d'une valvule enroulée en dedans; évents étroits, mais très-vi- sibles, au-dessous desyeux; dents tout-à-fait différentes de celles des autres Squales, et servant, en raison même de leur forme en pavé, non à retenir, à déchirer ou à couper une proie, mais à broyer des aliments durs; fentes des branchies petites et dont les trois premières seules sont placées au-devant des pec- torales ; un aiguillon au bord antérieur de chaque dorsale et engagé dans leur épaisseur; queue courte, à lobe supérieur séparé de l'inférieur par une échancrure semi-lunaire ; peau rude, à scutelles assez volumineuses en forme de tubercules plus saillants à la région supérieure (Atlas, pi. 3, fig. 11-15) sous le nom de Cestracion Phill. (Voy. p. 310 et p. 340, Tribu II). Cette famille, très-nombreuse dans les plus anciennes périodes géo- logiques, y était représentée par différentes espèces que M. Agassiz a rapportées, d'après le système dentaire, à des genres analogues entre eux, il est vrai, mais cependant bien distincts. De nos jours, au con- (1) Heterodontus (ÎTepo;, différent, et oSoùç, àcnl) ; denfibiis heferoclUis, [Sq. Plullipi), Blainv., 1816, Prodr. in : Noitv. Bull, des sciences, p. 121). Ce nom a la priorité sur celui de Cestracion employé par Cuvier (/{. nn., V" édit., 1817, t. II, p 129), qui l'a détourné, sans en donner le motif, de son acreption primitive, Klein (Missus III, p. 12) l'ayant appliqué, le premier, au Sq. marteau — Le mot Heterodontus ne fait pas double emploi, malgré la conformité d'étymologie, avec le mot Heterodon, Latreille (couleuvre). 424 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÊMES OU SQUALES. traire, les Hétérodontes, de même que plusieurs autres groupes ca- ractéristiques des premiers dépôts sédinientaires, sont très-rares. Elle ne renferme maintenant, ([u'un seul genre et trois espèces. Genre unique. — HÉÏÉRODONTE. HETEROBONTUS, Blaiitv. (1). Caractères. — Mâchoires pkts prolongées en avant que chez les autres Squales et moins différentes de celles des pois sons osseux, portant, Tune et l'autre, des dents semblables, dont les antérieures plus petites que les autres, dentelées à leur extrémité libre dans le jeune âge, :i pointe unique plus tard, sont tout-à-fait aplaties, mousses et circulaires chez les vieux individus; derrière ces dents, d'autres plus grandes, j\ surface plane, formant des séries hélicoïdes de bourrelets fusiformes, comme Ta dit M. Agassiz, et dont l'assemblage, suivant l'expression de Ctivier, représente certaines coquilles spirales; pli labial inférieur très-long, mais caché dans sa moitié postérieure, quand la bouche est fermée, par le lobe labial postérieur qui le recouvre en partie. Tableau de la division du genre Ilétérodonte en 3 espèces. , .. . . 1 1 V. • «•• 1 au-dessus des pec- n atteignant pas le lobe infH ^^,^^,,^ _ /_ -,. phuup^^ rieur de la caudale; v" dorsale^ ^ ^^^^'^< (en arrière 2. Quoyi. atteignant ce lobe 3. Francisi. 1. Heterodo!Stus Phillipi, Blainv., Prodr., in : Nouv. Bull, des Sciences, ■iS\G,ii.\'2\. Atlas, pi. 3, tlg. 7-15, dénis et scutelles iCeslracion Pliilt. . Port Jackson Shark, Phillipp, Voij. lo Botany-Bay , 1789, p. 283, fig. Sq. Phillipi, Lacép., Poiss.,t. \, p. 218. — Id.. Bloch, Sclui., Syst. posth., p. 13i (dents rhomboïdales et dents Iricuspidées]. Cestracion Phillipi, Cuv., li. an., A^" éd., t. II, p. 129; 2"= éd., id., p. 391, etédit. illustr. Poiss., pi. 115, lig. 3, mâchoires.— Id., Lesson, Voy. de la Coquille, cxpéd. Duperrey, t. II, l''' partie, p. 97, pi. 2, (1) Quoique le genre soit unique à Fépocpie actuelle, et représente ainsi le groupe, il est cependant nécessaire d'en donner la diagnose, celle de la famille s'appliquant, en raison de la généralité des termes dont elle se compose, k ce genre-ci autant qu'aux genres éteints qui eu diffèrent, d'une façon notable, par la conformation des dents. HÉTÉRODONTES. GENRE HETERODO>TUS, 1 . 425 Poiss. — Id., Mùll., Honle, Plag., p. 7Ci, pi. 31, d'après un dessin fait par Bùrger au Japon. —/(/., Schl., Fauna japon., pisces, p. 304.. Cestr. %ebra, Gray, Zoolog. miscelL, 1831, p. 5. —M., Ricliardson, Rep. ichlh. China, p. 193. — Eelerodontus zébra, Gray, Cat. (ish. chondr. p. 65. — Id., Blkr, Iclith. Japan, in : Verhandl. Balavian. genotsch., XXVI (Cestr. %ebra, Id., Enumerutio, p. 208, n" 2179). Les dents ont été figurées dans le Catal. du cabinet de Davila, t. I, 22; par M. Agassiz, Poiss. foss., pi. D, fig. 11-19; par M. R, Owen, Odontogr.,iA. 10, fig. 1 , et pi. 11 , fig. 2. Caractères. — Tête volumineuse, arrondie en avant, h. mu- seau mousse, courte et haute; crêtes surciliaires commençant à une petite distance au-dessus de la première fente branchiale et montant assez brusquement jusqu'au-dessus des yeux, où elles forment les bords d'une sorte de sillon sus-céphalique, puis dirigées en avant et en bas, par suite de la déclivité de la tête; pectorales d'un cinquième seulement plus longues que larges, à bord postérieur droit et à angle externe arrondi; l''' dorsale commençant juste au-dessus de l'extrémité de la base des pectorales, un peu plus haute que sa base n'est lon- gue, et ne dépassant pas beaucoup, par ses dimensions, la 2^ dorsale, dont l'origine est tout-à-fait derrière le bord postérieur des ventrales ou un peu au-delà; elle s'étend, par son angle pos- térieur, jusqu'au-dessus du milieu de l'anale; angle postérieur de celle-ci séparé de la naissance de la caudale par un inter- valle plus long que sa propre base. La tête, depuis l'extrémité du museau jusqu'à l'origine des pecto- rales, est moins longue que ces nageoires, qui cependant sont courtes. Les dents antérieures, plus petites que toutes les autres, sont poin- tues, si ce n'est tout-à-fait en avant chez les sujets âgés ; elles forment, de chaque côté de la rangée médiane, 6 rangs obliques d'avant en ar- rière, composés chacun de 12 à 14 dent^ ; ils sont suivis de 3 ran- gées offrant la même obliquité et où, suivant la grandeur des dents, leur nombre varie, mais ne descend pas au-dessous de 6 à 7 sur la mâchoire supérieure, ni de 7 ou 8 sur l'autre mâchoire; elles sont mousses, rhomboïdales, plus longues que larges, à surface convexe, et augmentent de dimensions depuis le 1'^'' rang jusqu'au S*"; derrière ces grandes dents, il y a 3 autres rangées où le nombre et le volume des pièces qui les composent, subissent une diminution graduelle. La largeur d'avant en arrière des aiguillons dorsaux , leur épais- seur et, par suite, la profondeur de leur sillon augmentent avec l'âge, mais il n'en est pas de même pour la hauteur qui, chez le plus grand de nos individus, est égale ou même un peu inférieure à celle des ai- guillons de sujets moins longs, où ils sont plus minces et plus aigus. Les scutelles ont une forme toute particulière, dont les figures 11-1 S 426 PLAGIOSTOMES PLEUROÏRÈMES OU SQUALES. (pi. 3) donnent une idée beaucoup plus nette que ne pourrait le faire une description; sur les régions inférieures, elles ressemblent à des fers de tlèche, dont la pointe médiane est dirigée en arrière ; les su- périeures, ainsi que les latérales, et les petites comme les grandes, sont cruciformes : la rudesse de la peau est duc à la saillie de l'extré- mité postérieure de la branche longitudinale de cette sorte de croix; sur les crêtes surciliaires où elles ont plus de volume, les scutelles n'offrent pas la même régularité. Sous les pectorales et à l'extrémité antérieure de la tête, elles sont presque sphériques. Syuème de coloralion. Trois exemplaires, dont l'un, dans l'alcool, rapporté du Port-du-Roi-Georges par MM. Quoy et Gaimard, et un autre péché également sur les côtes de l'Australie, sont identiques à l'indi- vidu très-exactement figuré dans la relation du voyage de Phillipp. Ils sont d'un brun jaunâtre, plus clair en dessous : le front, au-des- sus des yeux, est traversé, d'un côté à l'autre, par une bande dont la largeur égale à peu près leur diamètre, et qui se prolonge sur les faces latérales en s'élargissant; derrière elle, naît une bande mé- diane de la même nuance et de la même largeur; au niveau de l'origine de la l""*^ dorsale, elle se bifurque en envoyant en bas cha- cune de ses branches qui se divisent elles-mêmes en deux por- tions : la première passe derrière les fentes branchiales, décrit une courbe à concavité antérieure et s'efface au niveau de la base de la pectorale ; la seconde branche, dirigée en arrière, se i)rolonge sur la face supérieure des ventrales; derrière la 1"^ dorsale, la ligne brune du dos se continue, puis se divise, au niveau de la dorsale pos- térieure, en 2 branches qui en entourent la base et se réunissent au- delà pour reprendre le trajet primitif et disparaître sur le commence- ment du lobe supérieur de la caudale. Une bande latérale plus ou moins marquée s'étend depuis les ventrales jusqu'à la queue. Chez un autre spécimen, la bande du dos est beaucoup plus foncée, presque noire, et de grandes maculatures de la même teinte sombre, telles que les représente la planche citée de Lesson, se voient sur les parties latérales du corps et sur les nageoires verticales. Les individus originaires du Japon, à bandes transversales {Cestr. %ebra, Gray), semblent former une variété de climat constante, et qu'on pourrait nommer, pour cette raison, Ccslr. Phillipi,\iu\ Japo- nica, nul caractère spécifique autre que celui du systènu? de colora- tion n'ayant été assigné à cette prétendue espèce. Habitat. — Tous les exemplaires du Muséum sont originaires de l'Australie. L'espèce est abondante au Japon. Le plus grand a l'".08. 2. Heterodontus (Cestracion) Francisi, Girard, P/ocrerf.i4frtr/. nat. Se. Philad., 1854, t. VII, p. 196. Id., Id., Explorât, and surveys for a railroad route from the Mis- sissipi ta the pacif. Océan, Fishes, 4858, p. 365. HÉTÉRODOISTES. GENRE HETERODONTUS, 2, 3. 427 Caractères. — Bord postérieur des ventrales dépassant un peu l'origine de la 2'" dorsale ; anale très-reculée et atteignant, par son sommet, le lobe inférieur de la caudale qui , au lieu d'être arrondie à son extrémité, présente une petite échan- crure correspondant à l'extrémité de la colonne vertébrale; crê\es sus-oculaires beaucoup plus saillantes que chez YHet. PhilL; nageoires généralement plus grandes, quoique de même forme; dents antérieures à trois ou cinq dentelures. Teinte générale d'un gris jaunâtre en dessus, plus foncé dans le jeune âge; d'un jaune clair en dessous. Habitat. — Baie de Monlerey (Californie) : 0'".60; inconnu au Muséum. 3. Heterodontus (Cestracion) Quoyi, Fréminville, Mag. zool.^ 1840, pi. 3, et texte explicatif. Atlas, pi. 3, fig. IG et il, dents antérieures. Cestracion pantherinus, Val., Voij. de la Vénus, comm. Dupetit- Thouars, Atlas Poiss., pi. 10^ fig. 2, sans texte, 18-45. Caractères. — Tête proportionnellement moins volumineuse que celle de l'if. PhilL; museau moins déclive et moins obtus; 1" dorsale plus reculée, commençant assez notablement en ar- rière de l'extrémité de la base des pectorales, de sorte que son extrémité postérieure se prolonge plus loin au-dessus des ven- trales; 2'" dorsale également plus reculée et, par conséquent, plus éloignée du bord postérieur des ventrales; elle empiète cependant moins sur l'anale qui est aussi plus rejetée en ar- rière, sans que l'intervalle compris entre cette dernière et la caudale soit diminué ; aiguillons des dorsales plus courts; dents antérieures tricuspides, à pointe médiane plus longue que les latérales (caractère du jeune âge?). Teinte générale d'un brun roussâtre parsemé, sur les régions supé- rieures et latérales, ainsi que sur toutes les nageoires, de taches rondes et noires, rappelant tout-à-fait, par leur volume et par leur dis- position irrégulière, celles du Sajllium catuius (p. 318). Habitat. — L'exemplaire unique de cette espèce, type du Cestr. panth., Val., a été rapporté des îles Gallapagos par Léclancher, chi- rurgien de la Vénus. Il est long de O^.Uu •V28 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. XII. CINOUIKME FAMILLE. RHINODONTES. RHINODONTES (1). Caractères. — Tête large et plate, un peu en forme de coin, sans prolongement rostral ; bouche tout-à-fait terminale ; na- rines munies d'une valvule triangulaire et ouvertes sur le bord même de la bouche ; dents excessivement petites et fort nom- breuses, analogues à des pointes de cardes très-fines recour- bées en arrière, comparables aux dents en brosse de certains poissons osseux, et formant une bande âpre au toucher sur cha- cune des inâchoires où la bande est interrompue au niveau de la ligne médiane; évenls petits; les trois premières fentes branchiales plus grandes que les deux autres, sont seules placées au-devant des pectorales; 1''"' dorsale très-reculée; queue à carènes latérales et ù fossettes à sa base, en dessus comme en dessous; caudale en forme de croissant, sans en- taille à son lobe supérieur; des carènes longitudinales sur le tronc. Genre umque.— RHINODONTE. rxHINODON, A. Smith. Caractères. — Ceux de la famille. Espèce unique. — RniNonoN typicus, A. Smith, Illustrât. %ool. southAfr., pisces, pi. XXVI. /d.,Mùll., Henle, P/a.^., p. 77, pi. 35, fig. 2, donts. Caractères. — Tête un peu cunéiforme , par suite de la lar- geur de son bord libre et de son aplatissement dans la région antérieure; du milieu de sa face supérieure part un pli saillant de la peau, ou carène, prolongé jusqu'à la première dorsale, et qui rend cette portion du tronc en quelque sorte triangulaire; (1) "Pîv, nez, ôSôw, dent. — Le mot Hhineodon proposé d'abord par M. Smith et employé par M. Henle dans son Prodrome [Mag. nnt. fiist., 1838, t. II, p. 37), doit être rayé de la nomenclature, puisque A. Smith lui-même n'a pas reproduit ce nom dans ses Illustr. zool. S. Afr. Le rang à assignera cette famille ne peut pas être définitivement fixé, comme MM. Miiller et Henle le font observer, l'absence de la membrane nictitanto étant admise uniquement parce que Smith n'en dit rien. Sur notre spécimen, le seul connu, aucune constatatioa à cet égard n'est pos- sible aujourd'hui. (Voy. plus haut, p. 310 et p. 34lJ, Tribu II.) RHIMODOMES. «ENKE RHINODON. 429 dans le reste de son étendue, il esta peu près cylindrique; de chaque côté de la carène médiane, deux autres carènes com- mençant au-dessus de la première fente branchiale, très-rap- prochées Tune de l'autre à leur origine, mais bientôt écartées: la supérieure se bifurquant et se perdant après avoir dépassé la l"^" dorsale, l'inférieure confondue à sa terminaison avec la carène latérale de la queue; première dorsale commençant presque immédiatement au-devant des ventrales, qui sont fort courtes, et les dépassant à peine par son angle postérieur; 2"^ dorsale de moitié plus petite que la 1'% un peu antérieure à l'anale; pectorales égales à l'étendue de l'espace compris entre leur origine et l'angle de la bouche : longueur qui est pres- que le double de leur largeur; yeux petits, dont le diamètre est de 0"\04 environ, situés presque immédiatement derrière les angles de la bouche et séparés des évents par un intervalle de 0'".08; ceux-ci ont à peu près 0™.02 de diamètre. La bande dentaire, formée par 12 ou même iS rangées transversales de dents, a une largeur de 0"'.U3. Dans un carré de 0'".03 de côté, on trouve 17 dents sur chacune des 12 rangées ou 2U4 dents. Or, les deux bandes maxillaires formant ensemble, déduction faite des espaces médians vides, une longueur de 1 mètre (O'^Mu en haut et 0"'.oo en bas), elles comprennent 33 carrés de 0"^03 de côté, ou 33 fois 204 dents, c'est-à-dire au moins 6732. Ce chiffre est beaucoup plus consi- dérable que celui dont parlent MM. Millier et Henle, qui, comptant 12 ou 15 rangées à 2o0 dents chacune, nombre évidemment trop faible, n'arrivent ainsi qu'à 3730. Les scutelles sont extrêmement petites et presque sans aspérités, de sorte que la peau est à peu près lisse. Le système de coloration est remarquable par le grand nombre de taches et de lignes blanches dont les nageoires sont couvertes ainsi que les régions supérieure et latérales du tronc où elles forment, par leur disposition régulière, des lignes fines interrompues. Habitat. — Le seul exemplaire connu de cette espèce, et dont il est le TYPE, a été pris au cap de B.-Espér., d'oii le Muséum l'a reçu par les soins de M. J. Verreaux. Sa longueur totale est de o mètres. A. Smilh a décrit les aspérités des ouvertures buccales des bran- chies et la disposition de l'œsophage (voy. plus haut, p. 149). TRIBU III. Squales munis d'une nageoire dorsale unique, d'une anale et d'évents, avec six ou sept fentes branchiales, sans membrane niclitanle. (Voyez le tableau synoptique de la division du sous- ordre des Squales en familles, p. 310.) 430 l'LAGlOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. XIII. lAMlLLE liMyUE. NOTIDÂNIENS. NOTIDANI (i). Caractères. — Six ou sej)! paires de fentes branchiales an- térieures aux pectorales; dorsale unique, très-reculée, située entre les ventrales et l'anale; pas de membrane nictitante; évents petits, sous forme d'une fente perpendiculaire à l'axe longitudinal du corps, ouverts entre l'œil et la première fente branchiale, et plus haut que le commencement de cette ouver- ture;'pli supérieur du coin de la bouche considérable, l'infé- rieur presque nul; dents très-différentes aux deux mâchoires : 1° les inférieures remarquables par leur largeur, à bord interne lisse ou dentelé, et munies, sur le bord libre, de dentelures dont la hauteur va en diminuant du côté externe, de sorte que cha- que dent représente une lame de scie oblique ; 2" les supérieures plus étroites, plus hautes; celles qui limitent, de chaque côté, la ligne médiane, longues, pointues, à sommet dirigé en ar- rière ou en dehors et formant une sorte de bouquet de petits crocs aigus à base élargie; les -suivantes munies, de chaque côté de la base, ou seulement du côté externe, d'une ou de plu- sieurs dentelures; toujours une dent médiane en bas et quel- quefois en haut, selon les espèces; point de sillons à la queue; lobe caudal supérieur échancré vers son extrémité; l'inférieur peu considérable, pectorales courtes et larges; ligne latérale bien apparente; valvule de l'intestin en spirale. Tableau de la division de la famille des Notidaniens en 2 genres. ( six 1. Hexajichus. Fentes branchiales de chaque côté sept 2. Ih'planchus. (1) NwTiSavo; (vàixo:, dos, Savô;, sec, desséché, ou plutôt, comme ledit M. Agassiz, Nomendaio); Pinces, (Savôç, beau). On lit dans Athénée, trad. do Daléchamp, t583^ p. 220 : Aristoteles, libroquinto. De animalibus, Centrinam scribit Squali geiius esse,vamde.mque vocari etiom 'Solidnnum. Ce passage d'Aiistote ne nous est pas parvenu, et le second des deux noms qu'il ren- ferme a été appliqué par Cuvier (fi. an., 1« édit., t. II, p. 128) aux es- pèces à épiptère unique et non armée, quoiqu'il paraisse avoir servi au- trefois à désigner un Squale à dorsales épineuses. Le i\om (\e Monoplerhinus appliqué en 18IG par Blainville [l'rodr. in 70T1UAME.NS. GE>RE HEPTAÎNCHE, 1 , 2, 433 ? Sq. platycephalus, Tenore, Mem. sopra nuov. sp. di Squadro {Mem. délia Soc. Pontanania, Napoli, 1810, t. I, p. 2-41-264), 7 ou- vertures branchiales et dents d'Heptanche, mais pas d'évcnts ni d'a- nale, et tête très-large. Monopterhinus cinereus, Blainv., Prodr. [Bullet. des se, 1816, p. 121), et Faime fr., p. 8. Not. cinereus^ Cuv. R. ait., 2'' éd.^ t. II, p. 390. — Id., Bonap., Iconogr. fmm. il., pi. 137, tig. 2. — Hepl. cinereus, Id., Cat. pesci europei.\)Al, n°39.— /d.,Mull.,Henle, Pia^., p. 81, pi. 35, fig. 3, dents. Caractères. — Museau un peu pointu et allongé; narines notablement plus rapprochées de son extrémité que du bord antérieur de la bouche, dont la longueur, égale à la largeur mesurée d'un angle à Tautre, l'emporte sur l'étendue de la portion pré-orale du museau ; yeux extrêmement grands, dont les dimensions longitudinales sont les deux tiers de celles de la portion pré-oculaire; dents de la mâchoire supérieure en forme de crochets k pointe recourbée en dedans, et munie d'une petite dentelure de chaque côté de la base (pi. 4, tig. 4); pas de dent médiane (fig. 1) ; sur la mâchoire inférieure, une dent médiane pointue (tig. 2), armée à sa base, de chaque côté, d'une, deux ou trois petites dentelures; à chaque dent de cette mâchoire, la plus longue pointe de la portion dentelée, qui re- présente une sorte de peigne oblique, porte, à son bord interne, une seule dentelure (fig. 2) ou plusieurs (tig. 3), dont la supé- rieure dépasse, par sa longueur, celles au-dessus desquelles elle est placée (1). Scutelles ovalaires à leur bord postérieur, munies de 3 carènes, dont la médiane est très-saillanto, de sorte que la peau est fort rude. Teinte générale grise, plus claire en dessous. Habitat. — Le Muséum a reçu de la Méditerranée, oii il est assez rare pendant toute l'année, 3 individus de taille médiocre, un autre du cap de B.-Espérance, cl un 5'' d'origine inconnue. tionné les évents, de sorte que les différents zoologistes dont les descrip- tions ont été la simple reproduction de la sienne les ont omis. Risso, quoiqu'il eût vu le poisson, n'a pas parlé de ces ouvertures; elles ont éga- lement échappé à Tenore; elles sont cependant bien apparentes. (1) Ce sont ces dentelures internes précédant la première grande den- telure, toujours plus haute, qui établissent entre les deux genres de cette famille, la différence signalée dans la diagnose de l'un et de l'autre. Poissons. Tome I. 2S 434 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. 2. Heptanchus indicus, Miill., Henle, Plag., p. 82, pi. 32, d'après Bûrger. (Atlas, pi. i, fig. S-8, dents). Notidanus indiens, Cnv.Ji. an., 2" édit., t. II, p. 390. Heptcmchus indiens, Temm. Schl., Faun. japon., p. 303. Id., Richardson, liep. iehth. Chin., p. 195. Notid. ind., Ag., Poiss. foss., 1. 111, p. 92 et 217, tab. E, fig. 1, dents. Notorhynehus maculatus, Ayrcs, Proc. Calif., ic. «aL se, 1854, 1. 1, p. 72 (1). — Ucpt. macul., Girard, Explor. for a railroad route from Mississ. topaeif. Océan, p. 367. Caractères. — Museau court, large et arrondi; œil de gran- deur médiocre , égal au tiers de l'espace compris entre son bord antérieur et le bout du museau, dont la portion pré-orale est un peu plus courte que la bouche qui offre plus d'étendue en largeur, d'un angle à l'autre, qu'elle n'en a en longueur. A la mâchoire supérieure, une dent médiane pointue, sans dentelures latérales, suivie, de chaque côté, par une dent pres- que droite, à pointe unique avec un petit talon externe (fig. 5) ; la 2^ plus portée en dehors, et l'obliquité augmente jusqu'à la dernière; sur cette 2*^ dent, une pointe courte au côté interne de la base et deux pointes au talon; sur les suivantes (fig. 8), aug- mentation du nombre des dentelures jusqu'à la dernière, où il est de 5 en dedans et de 6 en dehors (2) . Ala mâchoire inférieure (fig. 6), une dent médiane plus considérable qu'à la supérieure, non pointue, mais à bord libre, tranchant et un peu concave, dentelée latéralement; les autres dents semblables à celles dQVHept. cmer. (fig. 7). Teinte générale grise, plus foncée sur la tête cl le dos, parsemée irrégulièrement de petites taches noires; régions inférieures plus claires, sans taches. Un spécimen de 2"'.87, pris dans la baie d'An- karoa (presqu'île de Banks), par M. Arnoux, a, non pas des taches noires, mais un grand nombre de Unes maculatures blanches sem- (1) Les caractères d'après lesquels le zoologiste américain a fondé ce genre, savoir : 1« la dissemblance des dents aux 2 mâchoires; 2° la pré- sence'des cvents, appartiennent au genre Hepfunchus; quant à l'espèce, la description semble établir une seule différence avec VHept. indiens : la queue dépasserait le tiers de la longueur totale ; mais je ferai observer que sur un grand exemplaire du Muséum, de 2"'.87, la queue mesure Q"'.'7d, c'est-à-dire presque le tiers. (2) Cette description est faite d'après un individu de très-grande taille; sur un plus jeune sujet, les dentelures sont moins nombreuses et moins prouoDcées, surtout du côté externe ou postérieur. % ^.. ^.i^''r^''é*^^^iZ^^y'^y^^'^- II', . ^ SPINACIENS. 455 blablcs^ pour la forme, à celles du jeune individu, type de Not. ind., Cuv., rapporté d'Australie par Quoy et Gaimard. TRIBU IV. Squales munis d'évents, à deux dorsales, sans anale et sans membrane nictitante; avec toutes les fentes branchiales au- devant des pectorales; à valvule de Tintestin en spirale. 4 familles rangées dans 2 Sous-Tribus qui renferment : 1° L'une, les espèces à aiguillons aux dorsales {Spinaciens). 2° L'autre, les espèces privées de ces armes [Scijmniens, Pristiofhores, Rhines ou Squatines). Voy. le tableau synopt. des familles du sous-ordre des Squales (p. 310). La division à laquelle Blainville a donné le nom de Acanthorinus {Prodr. in : Nouv. Bull. dessc.,Y>- '121), comprend, à l'exception du genre Eckinorhiiius, toutes les espèces connues alors de la tribu IV, à dorsales armées ou non d'aiguillons, ce groupe ne pouvait donc pas être conservé. En 1838, MM. Mùller et Henle d'une part, et le prince Ch. Bonaparte de l'autre, ont établi une coupe excellente, en rappor- tant les Squales qui offrent les caractères énoncés ci-dessus, à 3 fa- milles auxquelles il faut en ajouter une quatrième, celle des Pristio- phores, si remarquables par leurs analogies avec les Pristides. SOUS-TRIBU I. Dorsales épineuses. XI'V. FAMILLE UNIQUE. SPINACIENS. SPINACES. Caractères de la Tribu et un aiguillon à chaque dorsale. Tableau de la division de la famille des Spinaciens en 5 genres (1). /semblables aux deux mâchoires. à bord libre tran- I chant 1. AcÀNTHiAs. (pointues (dents ^ . de Scyllium) . . 5. Cemroscyllium. ®i .semblables aux !à bord libre tran- dents de Scyllium 2. Spinax. chant; lessupér. \ triangulaires. . . 4. Centrophore. en triangle à bords dentelés ; corps prismatique 3. Oxynote. (1) L« {enre imaginair» de Bafin. à 3 fentes branch. {Etmopterua{s\c\f 436 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. I. Genre ACANTHIAS. ACANTHIAS, Bonap. (1). Caractères. —Tête plate, à museau assez long, un peu ef- filé ou large et arrondi; évents assez grands, en demi-lune à convexité antérieure; yeux grands ou même considérables; dents pareilles, aux deux mâchoires, formant, dans leur en- semble, une ligne horizontale et tranchante par suite de l'obli- quité extrême, mais régulière, de leur pointe qui est rejetée tout-à-fait en dehors; pectorales longues et à angles arrondis; 1" dorsale entre les pectorales et les ventrales; la 2« entre celles-ci et la caudale; aiguillons dorsaux de longueur varia- ble suivant les espèces, enveloppés par la peau des nageoires dans la i/2 ou le 1/3 de leur hauteur; écailles à carène mé- diane beaucoup plus saillante dans le jeune âge que chez l'a- dulte. La bouche forme un arc de cercle très-ouvert, ou même elle est presque transversale ; elle porte, en haut comme en bas, et de cha- que côté, un cartilage labial et un pli cutané ; le pli supérieur est le plus long et le cartilage correspondant le plus volumineux. Les évents sont situés soit un peu en dessus, soit directement en arrière des yeux; au côté externe de la base des dents, un petit talon arrondi; pas de dent médiane. Yfi\ib;, colnm, i:T£pôv, ala, Agass., Nomencl.) in Caratt., p. 14, et Indice, p. 46, n» 340 (E. aculeatus), muni d'un aiguillon à chaque dorsale, doit être un Spinacien en mauvais état ou altéré par un montage défectueux. L'espèce est rapportée, comme synonymie douteuse, au Spinux niger par le prince Ch. Bonaparte [Farmo). On éprouve la même incertitude pour le Dalathis nodurnus, espèce à nageoires épineuses et sans anale, mais sans évents, d'un autre genre ima- ginaire de Rafin. ( étymologie ?) (Cora/^, p. 10, pi. XIV, S, GENRE ACANTHIAS, 1. 437 Tableau de la division du genre Acanthias en 3 espèces. ^ .moindre que l'intervalle des pecto- g c /nuls; longueur de) raies aux venir.; museau effilé. . 1. vulgaris. •S = i la 1 " dorsalej ■^igl [presque égale; museau large et ~.^A arrondi 2. Blainvillii. o tl ~J 'constants; yeux énormes; bouche noire; aiguillon de ^ la !■■"= dorsale libre dans son tiers super, seulement. 3. uyatus. 1. Acanthias VULGARIS, Riss., Hist. nat. Eur. mer., t. III, p.l31. (1) Galeus acanthias. Rondelet, De pisc, lib. XIII, cap. II, p. 373; V Aiguillai, cdil. fr., liv. XIII, chap. I, p. 292, fig. copiée par Gesner, De aquatil., p. 607, édit. \(y2Q.—Mustelus spinax, Bclon, De aquatil, p. 69 et 70, et Nat. et diversité des poiss., p. 62.— Ga/. acan th., Klein, Miss, m, p. 8, lab. I, fig. 5 et 6. Sq. acanth.,Unn., Mus. Ad. Frid., p. ^Z; Faunasuecica, p. 100, et éd. Retzius, p. 305, n" 7 ; Sijsl. nat.,i'2.' éd. t.I, p. 597, et éd. Gmel., t. I, pars III, p. 1500, n» 1 (2). — Sq. pinna anali nulla, ambitu cor- poris subrotundo, Artedi, Gênera, p. 66, n» 3; éd. Walb., p. ^^o;Spec., p. '102, n» 1 ; Sijn., p. 9-4, n" 3. — Spinax, Duhamel, Pêches, t. III, p. 299, pi. XX, tig. ^.— VÂiguillat, Brouss., Mém. Acad. des se., ilSO, p. 673.— M., Lacép., t. I, p. 270, pi. 10, tig. 2. Squalus Fernandinus, Ulloa, Molina, Hist. Chili, p. 194.— S/;m. Fernandezianus, Guich., Hist. Chil., Cl. Gay, Zool., t. II, p. 365, d'a- près un dess. inédit qui représente un Acanth. très-analogue anvulg. Sq. acanth., Bl., pi. LXXXV, cop. dans YEncijclop., pi. 5, fig. 12. Id., Bl. Schn., p. 135. — /d., Risso, Ichth. Nice, p. m.— Acanth. vulg.,\(!ii., Hist. nat. Eur. mer., t. III, p. 131. Sq. ac, Pickeddog-fish, Pennant, Brit. %ool., Fish.,éà. 1812, p. 133. — Id., Donovan, Brit. fishes, pi. LXXXII (livrée duj. âge). Spinax acanth., Cuv., R. an., r«édit., l. II, p. 129, et 2*'édit., t.II, p. 392, et pi. 115, Poiss. édit. illustr., fig. incorrecte. — Spin. {Ac.) acanth. [Spinarolo impériale), Bonap., Iconogr. Fauna it., pi. 139, fig. excellente.— ic. vulg., Id., Catal. pescieurop.,p. 15, n°4.7. Acanth., Richards., Voy. Erebus and Terror, Fish., p. 44 (côte austral.), pi. 28, fig. 1 et 2 (livrée du j. âge). (1) Relativement à cette citation et à la plupart de celles qui sont ex- traites d'ouvrages antérieurs à 1826, où Risso a fait connaître V Acanth. Blainvillii, il reste de l'incertitude sur leur concordance exacte avec tello ou telle des espèces comprises aujourd'hui dans le genre. (2) A la suite de Linné, tous les ichthyologistes du nord ont parlé du Sq. acanthias. Je renvoie, pour cette partie de la synonymie, à Faber, Nalur- geschichte fische Islands, 1829, p. 29-33, où se trouvent, avec une histoire détaillée de l'espèce, de judicieuses remarques sur les descriptions et sur les figures qui en ont été données. Voy., en outre, Krôyer, Danmark's Fiske, t. III, p. 868, fig., et Nilsson, Skandin. Faun., Fiskarna, p. 731. 438 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. Id., Mûll., Hcnle, Plag., p. 83. — Id., Temm. et Schl., Faun. japon., p. 304, pi. CXXXV, reproduction d'un dessin de Bûrger. Aiguillât commun, Guich., Explor. scient. Alg., Poiss., p. 123. Ac. vulg., Yarrell, Brit.fish., 3'' édit., t. II, p. bl8. — Id., Couch, Fish. hrit. islands, t. I, p. 49, pi. XI, adulte et jeune avec sa livrée. Caractères. — Museau allongé, effilé au-devant des yeux et, par suite, un peu pointu; distance des narines entre elles égale à Fespace qui les sépare de son extrémité; corps assez grêle et élancé; l''' dorsale commençant à une certaine dis- tance de la racine des pectorales ou même seulement au ni- veau de leur bord postérieur, et se terminant avant Torigine des ventrales dont la position est reculée, parce que l'anus s'ouvre plus loin que le milieu de la longueur totale, d'oii résulte un notable écartement entre les nageoires paires, et entre les ventrales et la première dorsale; sillon caudal en dessus. Teinte générale d'un gris brunâtre assez foncé, plus claire en des- sous et presque blanche; chez les jeunes et quelquefois chez les adultes, quoique généralement ces derniers soient unicolores, il y a des taches lenticulaires blanches disposées sur deux rangs : l'une près du milieu du dos, l'autre immédiatement au-dessous de la ligne latérale où quelques-unes sont allongées; nag. à taches noires : j. âge. Habitat. — Le Muséum possède des exemplaires de la Méditerranée, de la Manche, de l'Océan, de l'île Bourbon (Réunion) et du cap de Bonne-Espérance, d'où est venu le plus grand, qui mesure 0".72. 2. AcANTHiAS BLÂiNViLLii,Risso, Hist. nat. Eur. mérid., t. III, p. 133, pi. 3, fig. 6. ? Must. spinax, Salviani, Hist. aquat., p. 136, fig. 43, cop. par Wil- lughb., pl.B, 5, Aldrov.,p.399;et Jonst.,t.VIII, fig.S(Ruysch.,id.). Aiguillât, Atl. du Dict. se. nat., pi. 33, fig. 1. Spinax [Acanthias) Blainvillii, Bonaparte {Spinarolo comune)^ Iconogr. faun. ital., pi. 140, fig. \, très-bonne.— Id. [Id.], Blainv., Agass., Poiss. foss., t. III, p. 62, tab. B, fig. 1 excellente, l'animal en- tier; fig. 2, les aiguillons des dorsales; fig. 6, mâchoires; fig. 7, épi- nes des organes mâles. — Acanthias Blainv., Bonap., Cat. pesci eu- rop., p. 15, n" 48. — Id., Mûll. Henle, Plag., p. 84. Caractères. — Museau allongé comme celui de VAcanthias vulg., mais très-différent, en ce qu'il est large et arrondi au- devant des yeux; distance entre les narines dont la position est la même, presque double de celle qui les sépare de son extré- mité; corps assez robuste et plus trapu; l"" dorsale commen- çant près de la racine des pectorales et se terminant au niveau SPINACIENS. GENRE ACANTHIAS, 2, 3. 439 de l'origine des ventrales qui sont situées plus en avant que chez l'autre espèce, parce que l'anus s'ouvre au milieu de la longueur totale : d'oî^i résulte cette différence spécifique très- frappante, qu'il y a un écartement moindre entre les nageoires paires antérieures et les postérieures, et que l'espace qui les sépare semble presque rempli par la longueur de la première dorsale; aiguillon de cette nageoire l'égalant presque en hau- teur et généralement plus élevé que chez VAc. viilg. (1); aiguillon de la 2^ dorsale la dépassant en hauteur; à la base de la queue, en dessus et en dessous, un sillon. Teinte générale un peu moins foncée que celle de VAc. vulg.; pas de taches blanches. Habitat. — Méditerr. :Malaga, par les soins de Bâillon, Rome,Palerme ou Iviça, par ceux de Savigny, de Bibron et de François Delaroche. 3. AcANTHiAS UYATUS (2), MûlL, Heulc, Plag., p. 85- 5^. iiyatus, Rafin., Caratt., p. 13, n° 33, pi. XIV, fig. 2, et Indice, p. 45, n^SSS. S(j. [Acanthorhinus] infernus (Sq. d'enfer), Blainv., Faune franc., p. 59, pas de fig. Spinax {Spinax) uyatiis {Sagri comune), Bonap., Iconogr. faun. it., pi. 140, fig. 2. — W., ?, Id., Cat.pesci eiirop., p. 16, n« 49 (3). Caractères. — Formes générales très-analogues à celles de VAc. vulg., ^ais le museau un peu plus obtus; yeux très- grands, plus volumineux que chez les deux autres espèces, et dont le diamètre est presque égal à la distance qui les sépare soit du bout du museau, soit de la première fente branchiale ; évents situés plus haut que les yeux qui n'ont pas de sillon à leur angle postérieur; l'"'^ dorsale commençant, comme chez l'ylc.Zî/anM;., presque immédiatement derrière l'extrémité de la racine des pectorales, munie d'un aiguillon moins long et dont les 2/3 infé- (1) Ce caractère n'est pas absolument constant, mais il est positif que si l'aiguillon ofl're quelquefois chez VAc. vulgaire une hauteur presque sem- blable à celle qu'il acquiert chez VAc. bl., jamais chez ce dernier, à taille égale, il ne reste dans les petites dimensions qu'il conserve fréquemment dans l'autre espèce. D'ailleurs, toutes proportions gardées, les aiguillons de l'^c. Blainv. ne sont pas aussi robustes. (2) Rafinesque a latinisé ainsi le nom vulgaire de ce Squale à Païenne, et qui est Ujato, mais dont il ne fait pas connaître la signification. (3) Le point de doute, placé à la suite du nom de Spinax, montre que, dans son Caial. postérieur à sa Faune, le prince se rattachait à l'opinion émise par M. Agassiz {Poiss. fo.is., t. III, p. 61) et par MM. Miill. et Henle, que ce Squale ne peut pas rester dans le même genre que le Sagre, mal- gré leur caractère commun, d'avoir les aiguillons sillonnés. 440 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÉMES OU SQUALES. rieurs environ sont engagés dans Tépaisseur des téguments de cette nageoire qui est plus haute que l'aiguillon; 2"= dorsale beaucoup plus rapprochée des ventrales, puisqu'elle commence avant leur terminaison, à aiguillon presque aussi haut que celte nageoire par les téguments de laquelle il n'est recouvert que dans son tiers inférieur; sur les deux aiguillons, de chaque coté, un sillon longitudinal profond; pas de fossettes cauda- les; au grand lobe, près de son extrémité, une échancrure. Teinte générale d'un brun grisâtre, plus claire en dessous ; bouche noire à rinlérieur. Habitat. — Méditerr. : côte d'Alger, 2 exompl. adressés au Muséum par M. le docteur Bourjot. L'espèce reste petite comme les précédentes. — Acanth. Sucklii, Girard, Proceed. Acad. nat. se, Pliilad., 1834, t. VII, p. 196, elExplor. for a railroad route from Mississipi ta the pacif. Océan (fishes), 18^)8, p. 368. Id., Putnani, Bull. Mus. comp. %ool., Cambrigde, 1863, p. 1-4. Je ne puis que signaler cette espèce inconnue au Musée de Paris, et dont aucune figure n'a été donnée. Son caractère essentiel est celui- ci : bord antérieur de la !''<' dorsale presque à égale dislance de la pu- pille et du bord antérieur de la 2'' dorsale. Sur les trois espèces européennes, on ne trouve une égalité de dis- tance qu'en prenant comme point de départ pour aller soit vers la pupille, soit vers l'origine de la 2<" dorsale : 1" chez VAc. iiyatus, le bord postérieur de l'aiguillon de la i''' dorsale; 2° chez VAc. Blainv., et 3° chez VAc. vulg., le milieu de la base de celte dorsale. C'est surtout à ce dernier que VAc. Sucklii ressenïïjle, en ce que : i° son museau, qui est long et déprimé, est subconique; 2" le corps a des formes élancées; 3° les régions supérieures portent des taches d'un blanc jaunâtre qui, irrégulièrement disposées cliez l'adulte uni- que vu par M. Girard, forment des rangées longitudinales régulières chez les jeunes ou se transforment en bandes. Serait-ce la même espèce que celle qui est signalée dans les faunes américaines sous les noms suivants, et qui ne paraît pas avoir été comparée, non plus que VAc. Suckl. à notre Ac. vulgaris? : Sq. [spinax) acani/i., Richardson, Fauna boreali-amer., t. III, p. 291, simple mention sans détails descriptifs — Id., Storer, Rep. fish. Mas- sachusetts, p. 187. — Spin. ac? Dckay, Fautia N. -York.; fish., p. 357, pi. 64, fig. 210. — Spiîi. ac, Ayrcs, Enumer. fish. Brookhaven, in : Boston Journ. Soc. nat. liist., 1844, t. IV, j). 288. — Ac americanus, Storer, Sijnops. fish. N.-Amer. [Mem. Amer. Acad., non\. iérle, ISiG, t. II, p. S06). — Id., H. R. Storer, Fish. ofnov. Scotia Pr. Bost. Soc, t. III, p. 270. — Id., Th. Gill, Catal. fish. east. coast y. -Amer., 1861, p. 60. — Id., Putnam, Bull. Mus. comp. zool., 1863, p. 10. A défaut de figures, et le Muséum ne possédant aucun spécimen du Nouv. -Monde, je reste dans l'incertitude au sujet de ces Acanth. SPINACIENS. pENRE SPINAX. 441 II. Ge>re SPINAX. SPINAX (1), Bonap. Caractères. — Tète presque plate; museau allongé, à bords latéraux parallèles, un peu échancrés au niveau des yeux, ter- miné en avant par un angle obtus, dont les côtés prennent naissance au niveau de Tangle externe des narines ouvertes à rextrémité antérieure de la tête, et, par conséquent, fort éloignées de la bouche qui est en arc de cercle très-ouvert; dents supérieures semblables à celles des Scylliens et les inférieures à celles des Acanthias; évents grands, presque circulaires, situés en arrière des yeux et sur la face supérieure de la tête; l""" dorsale entre les pectorales et les ventrales; la '2" immédiatement derrière ces dernières, plus considérable que Tautre, munies, toutes les deux, d'un aiguillon creusé, de chaque côté, par un sillon profond ; scutelles d'une forme toute spéciale, constituant de véritables épines fines, à pointe très- aiguë, recourbées en arrière comme les dents d'une carde (atlas, pi. 4, fig. 14), extrêmement serrées les unes contre les autres et simulant, en quelque sorte, des poils [tuherculis cor- poris setosis, Bonap.). Les dentelures, de chaque côté de la pointe médiane des dents, sont au nombre de deux, et même de trois sur les dents latérales, particu- lièrement chez le cf. La bouche a des cartilages labiaux supérieurs et de longs plis angulaires. Les aiguillons des dorsales, par suite de la présence, sur chacune de leurs faces latérales, d'un sillon profond, semblent offrir plus d'épaisseur sur leur bord antérieur qui, selon l'expression de M. Agassiz, forme comme une sorte de quille. Les ap- pendices des çf (atlas, pi. A, fig. 13) portent deux épines fort acérées; il n'y a de sillon caudal ni en dessus, ni en dessous. Spin.ax isiGER, H. Cloquet, Dict. se. naUir. 18J8. Suppl. au 1. 1, p. 93. Atlas, pi. A, fig. 13, aiguillons des appendices génitaux, et fig. ii, épines des téguments. Galeus acanthias seu Spinax fuscus [Sagree, à Gènes), Willughbey, Eist. pisc, lib. III, sect. I, cap. X, p. S7. — M., Rav, Synops. pisc, p. 21 (2). (1) Ce mot, qui parait provenir du latin spina,se trouve dans Saiviani et dans Belon, mais Cuvier, lo premier, en a fait une dénomination gé- nérique comprenant les genres de Bonaparte, Acanthias et Spinax. (2) .Si les figures et les descriptions des ichthyologistes du xvi« siècle 442 PLAGIOSTOMES PI.EUROTRÈMES OU SQUALES. Si], spinax, Gunner, Trondhieniske Selsk. shriffler, 1703, t. II, p. 313, lab. VII, exacte (pi. VllI, des anim. marins parasites attachés aux téguments). — Id., 0. Millier^ Prodr. zool. dan., p. 37, n" 312. Sq. pinna ani carens, naribus in extremo roslro , Artedi, Gênera, p. 67, n" 4; éd. Walbaum, p. 50G;Si/?i. p. 95, n° 3. Sq. spinax, Linn., Syst. nal., I2'' édiL, t. I, p. 398, n" 3, et édil. Gmel., t. I, i)ars III, p. 1501, n° 3. Le Sagre, Brouss., Mém. Ac. des se, 1780, p. 675. — Jd., Lacép., Hist. Poiss., t. I, p. 274. — Id., Risso, Ichth. Nice, p. 41, et Hist. nat. Eut. inérid., t. III, p. 132. Ulaataske, Ascanio, Icônes, pi. XXXVII, bonne fig. où les pores cutanés de la tête sont bien indiqués. Sq. Gunneri, Reinliardl,A'. Danske Se/sAff&s, 1828, t. III, p. XVI. Sq. spinax, Nilsson, Prodr., p. 118, etSkatidin. Faun.; Fj.s7;,p. 729. Spinax niger, Sagri morelto, Bonap., Icon. faun.it., pl.lil, fig.l, et Gâtai, pesai europ., p. 16, n° 50. Acanlhidium pusillum, Lowe, Proceed. %ool. Soc, 1839, p, 91 (olim, ? Centrina nigra, Id., Id., 1833, p. 144). Sp. niger, Agass., Poiss. fnss., t. III, p. 92, tab. B, fig. 5 (dents). /(/., BIùll., Henle, Plag., p. 86. — Id., Krôyer, Danmark''s Fiske, l. III, p. 893, fig. Caractères. — Première dorsale éloignée de l'origine des ventrales par un intervalle égal seulement à la moitié de l'es- pace compris entre elles et les pectorales qui sont petites, à bords droits, et en forme de parallélogramme plus long que large; S'' dorsale plus allongée et plus haute que la 1'"% un peu échancrée à son bord postérieur, commençant derrière la ter- minaison de la base des ventrales dont la longueur, peu con- sidérable, au reste, remporte sur leur largeur; caudale très- rapprochée de l'angle postérieur de la 2" dorsale, un peu plus longue que l'espace qui la sépare de l'origine des ventrales, arrondie ci son extrémité, munie d'un très-petit lobe inférieur et légèrement échancrée vers le bout du grand lobe. Teinte générale d'un gris noirâtre qui, par exception à ce qu'on re- marque chez tous les autres Squales et chez les poissons ordinaires, est plus foncée en dessous où elle est tout-à-fait noire, de même que la ligne latérale et que l'extrémité des nageoires paires et impaires; intérieur de la bouche également noir, comme chez YAc. nyatus et chez la Roussette d'île Pristiurus melanostomus (p. 325). laissent de l'incertitude relativement aux espèces de Squales épineux qu'ils ont nommes Acanthias et Spinax, on ne peut pas douter, cependant, qu'ils n'aient eu en vue des poissons du genre Acnathias tel qu'il est com- pris aujourd'hui, et non pas le Spinax do Ray et VVilluglibey, qui, selon la remarque très-juste de Broussonnet, n'était pas connu des anciens. SPINACIENS. GENRE OXYNOTUS. 443 Habitai. — Méditerranée et mers septentrionales. Les exemplaires du Muséum ont été pris à Nice par Laurillard et par M. Coste. L'es- pèce se trouve aussi dans l'Océan, puisqu'il faut y rapporter VAcanth. pusillum, Lowe, de Madère, et c'est probablement des Canaries que provient une peau de la collection d'Adanson. On ne le trouve ni sur la côte occident, de la France, ni sur les côtes d'Angleterre. Il reste toujours très-petit, ne dépassant pas G"'. 30 à Oi^-SS. M. Ph. Poey a décrit sous le nom de Spinax Hillianus (1), d'après une femelle longue de 0'".2G9, un Squale qui offre de si grands rap- ports avec le Sp. niger, qu'il me semble difficile de ne pas la consi- dérer comme lui étant identique. III. Genre OXYNOTE. pATiVOTÎ/S (2), Rafin., JnrfzceMoZ. Sicil., p. 45, n° 336 et p. 60, if XVIII. Caractères. — Corps court, trapu, offrant son plus grand volume au niveau de la première dorsale ; prismatique et trian- gulaire; face inférieure plane et bordée, de chaque côté, par un repli cutané saillant; faces latérales formant, par leur réu- nion sur la ligne médiane du dos, une carène proéminente; tête de forme presque semblable à celle du Spinax; museau large, plat en dessus, à bord antérieur en angle très-obtus, à bords latéraux parallèles; yeux fort grands; narines presque terminales, à orifice énorme; bouche très-petite, très-fortement arquée ; dents dissemblables aux deux mâchoires : les supé- rieures coniques, les inférieures droites, triangulaires, à som- met acéré et tinement dentelées sur les bords; évents très- larges, ouverts directement derrière les yeux, munis d'une valvule ; l'" dorsale très-grande , commençant au niveau de l'origine des pectorales, mais se prolongeant au-delà de ces dernières; la S*" située juste au-dessus dos ventrales qui sont fort reculées ; l'une et l'autre à aiguillons, sans sillons latéraux et presque tout-à-fait enveloppés par les téguments; scutelles épineuses, donnant beaucoup de rudesse à la peau. Il y a, au niveau de chaque angle de la bouche, 3 cartilages : i mé- dian uni, par ses extrémités, à chacun des deux autres, ou plutôt il y en a 2 antérieurs et 1 postérieur; le pli labial de la mâchoire supé- (1) En rhonneur de M. Rich. Hill., Puiss. de Cuba (Mem. sobre la hisl. nat. Cuba, t. 2, p. 340), pi. 19, fig. 13 et 14, dents. (2) De oÇùç, aigu, vwtoç, dos; nom destiné à rappeler la forme particu- lière du corps et proposé en 1810 par Rafinesque pour la Centrine, seule espèce connue du genre; il doit, par droit de priorité, être préféré au nom générique d6 Centrina, Cuv. 1817 (R.an., l'» édit., t. II, p. 130). 444 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÉMES OU SQUALES. rieurc trôs-prolongé forme, en avant, la bordure d'une fossette prc- oralc assez profonde ; l'autre, contournant la mâchoire inférieure, vient presque se confondre avec celui du côte opposé. Il n'y a de dent médiane ni en haut, ni en bas. La caudale est haute, sans lobe inférieur, sans sillons à sa base, et sans échancrure vers son extrémité. Les fentes branchiales sont extrêmement courtes. Les scutelles consistent en de petites lames osseuses, à base large, abord antérieur mousse et arrondi, à bords postérieurs tranchants, formant, parleur réunion, une pointe; chaque côté de la base porte une épine plus courte que la médiane OxY.NOTUS CENTRiNA {'[], Rafiii., hidice itt. sicil., p. 45, n" 336. Atlas, pi. 5, tîg. 8 et 9, scutelles. Vulpecida et Vulpccula llalica, Belon, De aquatil., p. 63 et 6-i. Le Reguard d'eau des Grecs et Latins, et le Regn. d'eau d'Italie que les Vénissiens nomment Porc marin, Id., ^at. et pourtraict des poiss., p. 56 et 57, la première figure est très-mauvaise et a été cri- tiquée, avec raison, par Rondelet [De pisc, p. 386). Centrina (Porc, Humanthin, Bernadet), Rondelet, De pisc, lib. XIII, cap. XI, p. 38i, et Hist. des poiss., liv. XIII, chap. VIII, p. 301, fig. copiée par Gesner, De aqiiat., p. 610, éd. 1620; par Aldrov., De pisc, p. 401 ; par Jonston, De pisc, tab. VII^ fig. 5 (Ruysch, id.). Centrina, Salviani, Hist. pisc, p. iol, fig. 56 et 57 beaucoup meil- leures que les précédentes, cop. par ^Yillughbey, Hist. pisc, pi. B2 et B 3, p. 58; par Jonston, De pisc, tab. VII, fig. 4 (Ruysch, id.). Galeus centrina, Gesner, De aquat. (De vulpe marina], p. 1046, édit. Francf., 1020, fig., copie amplifiée du Vulpccula, Belon. Sq. pinnà ani carens, anibitu corporis triangulato, Avlcdi, Gênera, p. 67, n° 5, et éd. Walbaum, p. 506; Syn., p. 95. Sq. centrina, Linn., Sijsl. nal., 12"^ éd., t. I, p. 398, n" % et éd. Gmcl., t. I, pars III, p. 1502, Le Humantin, Brouss., Mém. Ac des se, 1780, p. 675, n" 25. Id., Lacép., Hist. poiss., t. I, p. 276, pi. 9, fig. 3. Sq. centrina, Bloch, pi. 115, cop. Encijclop., pi. 5, fig. 13, et par Shaw, Gêner, zool., t. V, part. II, p. 3i0, pi. 153. (1) KsvTfivr, (y.évtpov, aiguillon), mot employé par les Grecs. Voy. à la note de la p. 430, la citation, à l'occasion du Notidanus , d'une phrase d'A- thénée renfermant le mot dont il s'agit ici. La plupait des zoologistes ayant fait usage, à l'exemple de Rondelet et de Salviani, pour désigner cette espèce, si distincte de toutes les autres, de la dénomination de Centrina, je crois inutile de multiplier les indications bibliographiques; je me borne, par conséquent^ dans la synonymie, à mentionner les principaux ouvrages et ceux où il y a des figures. SPINACIEISS. GENRE OXYNOTUS. 445 Id., Risso, Ichth. Nice, p. 42. Cenlr. Sa/y., Id., Hist. nat. Eur. mér., t. III, p. 133. Coitr. huma7itin, H. Cloquet, Dict. se. natur., t. VII, p. 38o, pi. 31. Acanthorhinus centrina, Blainv., Faune fr., p. 61, pi. lo,tig. 1,1a. Centr. oxijnotus, Swainson, Cabinet's cyclop., Fish., t. II, p. 313. Centrina Salviani, Bonap., Iconogr. faim, it., pi. 141, tig. 2. Id.,l(i.,Cat.pesciejir.,p. 10, 51.— /c/.JIull., llenle, ?%., p. 87. Id., Guich., Explorât, scient. Alg., Poiss., p. 126.— /(/., N.Doumet, Cat. poiss. de Cette {Bev. zool., 1861, p. 303). Oxijnot. cenlr. Ç>\\\, Anal. sijn.Sq. [Ann. Lyc. N. -York, t. VII, p. 403). C.VRACTÉnES. — Museau plus épais que celui du Spinax, par suite de la forte obliquité qu il présente depuis son extrémité antérieure jusqu'à la bouche; dents de la mâchoire supérieure disposées sur trois rangs paraboliques et parallèles, qui en comprennent neuf chacun ; celles du premier rang de l'autre mâchoire, le seul relevé, sont également au nombre de 9; valvules nasales disposées de telle façon que chaque narine semble comme divisée en deux trous circulaires. La première dorsale a son bord antérieur très-prolongé et à peine plus court que la base, qui mesure 0°M3 chez le plus grand exem- plaire du Muséum, long de 0"'.81. Son aiguillon est droit, dirigé en avant et parallèle au bord postérieur de la nageoire. La seconde est moins carrée, un peu moins haute et plus petite; son aiguillon, droit comme le précédent qu'il égale presque en hauteur, est di- rigé un peu en arrière. Les pectorales, dont l'origine est à peine an- térieure à celle de la l""*^ dorsale, ont une assez grande longueur, dou- ble de leur largeur; la pointe en est effilée, mais le bord postérieur n'est pas échancré. La caudale test deux fois environ aussi étendue qu'elle est large dans son point le plus élevé. Teinte générale d'un brun foncé un peu plus clair en dessous et sur le bord des nageoires. L'espèce n'arrive jamais à une grande taille ; elle dépasse cependant celle du Spinax niger. — Habitat. — Méditerranée. Elle n'habite point les mers du nord. Une lig. donnée par Pontop- pidan, Borges, etc. (trad. angl. : The nat. hist. ofNorway, pi. 21 j, et une citation de 0. Fr. Mùller {Prodr. zool. danicœ, p. 37, n" 313), pourraient faire supposer le contraire, mais M. Krôycr {Danmark's Fiske, t. III, p. 936; fait observer que, selon toute probabilité, la figure del'ouvr. dePonlopp. a été empruntée àJonslon où, par quelque er- reur, se trouve (1"''^ édit. pi. VII) le nom de llaa Kj(vring dont il n'est pas question dans le texte de ce dernier, et employé, d'ailleurs, par l'auteur norvvégien [id., p. 115) à l'occasion d'un grand Squale qui n'a aucun rapport avec la Cenlrinc qu'il ne connaissait certai- nement pas. Quant à l'insertion de l'espèce dans le Prodr. de 0. Fr. 446 PLAGIOSTOMES PLEUROÏRÈMES OU SQUALES. Mùll., clic paraît motivée par une phrase sans importance de Strôm (P/iy.s. og œconom. beskrivehe over fogderiet, Sondmôr, t. I, p. 296) où il est dit : si ce poisson n'est pas entièrement l'abuleux il ne serait probablement autre que la Centrine. IV. Genre CENTROPHORE. CENTROPHOMS (1), Mûll., Henle. Caractères. — Tête plate, museau large et arrondi ou coni- que ; narines ouvertes assez près de son extrémité, de dimen- sions médiocres; dents dissemblables aux deux mâchoires, les supérieures presque droites et triangulaires, les inférieures à pointe médiane obliquement dirigée en dehors et constituant, dans leur ensemble, un bord tranchant, comme chez les Acan- thias, complètement horizontal et très-tinement dentelé ou lisse suivant les espèces; évents grands, munis d'une valvule, situés à la face supérieure de la tète, en arrière et un peu au- dessus des yeux qui sont très-volumineux ; l""* dorsale allongée et basse, plus rapprochée des pectorales que des ventrales, au-delà desquelles est située la 2"; Tune et l'autre à aiguillons comprimés, creusés d'un sillon, de chaque côté, près de leur bord antérieur, et plus ou moins enveloppés par la peau. Le pli labial de la mâchoire supérieure est considérable et prolongé assez loin en arrière; celui de l'autre mâchoire est court; il y a, au niveau de chaque angle de la bouche, trois cartilages semblables à ceux de l'Humantin. Les dents inférieures ont un talon arrondi au côté externe de la base qui porte un prolongement vertical dirigé en bas; pas de dent médiane. — Les fentes branchiales sont courtes. La queue manque de fossette en dessus comme en dessous, et son lobe inférieur, confondu avec le supérieur, est presque nul. Les scutelles consistent soit en granulations, soit en écailles ayant la forme de feuilles lancéolées et carénées. Tableau dô la division du genre Centrophore en 2 espèces. S (arrondies et granuleuses; bord libre des dents infé- ^1 rieures en partie dentelé 1. granulosus. a) ^'myrtiformes; pas de dentelures aux dents inférieures. 2. squumosus. (1) De y.fvxpov, aiguillon, çopôç, qui porte. On ne peut pas,àrexemplede M. Gray [Cat. cariilag. fish. Brit. Jl/ws., p. 73), designer ce genre par le mot Aianthorhinus créé par Blainville (Prodr. ; ISouv. C'.tW. ic.,18l6, p. 121), pour des espèces qui appartiennent à des genres différents. 5PINACIENS. GENRE CEISTROPHORLS, 1, 2. 447 î. Centrophorus granulosus, Mûll., Henle., Play., p. 89, pi. 33. Atlas, pi. 5, fig. 16-18, dents et scutelles Squalus granulosus, Bloch, Schn., Syst. poslh., p. 135. Acanthorinus (jran., Blainv., Prodr. : Nouv. Bull, se, 181G, p. 121. Id., Gray, Cat. chondr. fish., p. 74. ? Acantliidium calceus, Lowe, Proceed. zool. Soc, 1839, p. 92 (olim Ce7itr. Salv., in : ., Syti. Mad. fish. : Trans. zool. Soc. p. 19-4). Centroph. gran., Guïch. , Explor. scient. Alger., Poiss., p. 126. Caractères. — Museau un peu pointu; région pré-orale presque égale à l'intervalle compris entre les yeux, dont la fente offre autant de longueur environ que la portion du museau qui les précède ; narines plus rapprochées de Textrémité de la tête que de la fente buccale ; sur les dents inférieures, de très-fines dentelures; l'" dorsale commençant à une fort petite distance en arrière de Textrémilé de la racine des pectorales, dont l'angle interne, de môme que celui des ventrales, se pro- longe en une sorte d'appendice; '2." dorsale un peu au-delà des ventrales; téguments lisses, couverts d'un chagrin granuleux composé de petites scutelles tuberculeuses. De l'angle externe des narines à l'extrémité du museau, il y a seu- lement un peu plus de la moitié de la distance mesurée entre leurs orifices et le bord antérieur de la bouche, qui est en arc de cercle très-ouvert. Les dentelures du bord des dents inférieures manquent vers l'extrémité de la pointe dirigée en dehors. Le prolongement de l'angle interne des nageoires paires est plus étendu chez le cf que chez la Ç. La V dorsale, dont le bord antérieur est égal à la longueur de sa propre base, se termine en arrière par un angle aigu et effilé ; son ai- guillon ne dépasse pas la moitié de sa hauteur, mais celui de la 2» dorsale est proporlionncUcment plus haut. Les scutelles des téguments presque rondes en avant, un peu angu- leuses en arrière, sont comparables, ainsi que le disent MM. Miill. et Henle, aux coquilles du genre Pecten, par leur convexité et par leurs 9 ou 11 petits sillons, qui disparaissent avec l'âge. Teinte générale : un brun rougeâtre ; le bord des nageoires plus foncé. Habitat. — Méditerr. : 3 exemplaires de Sicile par Bibron, 1 de Nice par Laurillard, 1 d'Alg. par M. Guichenot.Le plus grand al™.18. Il y a lieu de s'étonner que le prince Ch. Bonaparte n'ait mentionné cette espèce ni dans sa Faune, ni dans son Catal. met. pesci europ. Elle manque dans le Cat. poiss. de Cette, Doumet : Rev. zooL, 1860. 448 PLAGIOSTOMES PLEUUOTKÈMES OU SQUALES. 2. Centrophorus squamosus, MùU. et Henle, Plag., p. 90, pi. 34. Atlas, pi. 5, iig. \l-\"), .sculelles et dents. UEcaiUeux, Brouss.,Mém. Ac. des se, 1780, p. (575. — M., Laccp., Hist. Poiss., t. I, p. 284. Sq. squam., Linn., Syst. nat., Gincl., t. I, pars III, p. 1302, n" 28. Id., Bloch, Schn., Syst. posth., p. loG. Id., Sliaw, Gen. zool., t. V, part. II, p. 348. Acanthorhinussq., Blainv., Prodr. : youv. Bull, se, 18IG, p. 121. Id., Gr., Cat. chondr., fish., p. 74. Lepidorhinus squamosus, Bonap., Selach. tab. analyl., p. 9. ? Id., Id., Calai, met. pesci europ., p. 10, ii" 33. Caractères. — Museau plus allongé que celui du Centr. (/ran., plus large vers son extrémité antérieure où il est arrondi; narines à peu près au milieu de la portion pré-orale du mu- seau; ouverture de la bouche plus arrondie que chez l'autre espèce ; dents inférieures non dentelées, mais du reste sem- blables, ainsi que les supérieures, à celles de ce Centr.; scu- telles en forme de feuille de myrte, parcourues, dans toute leur longueur, par une carène longitudinale, supportées par une base sur laquelle elles s'infléchissent à angle droit, et plus grandes que chez aucun autre Squale. Les pectorales ni les ventrales n'ont une prolongation à leur angle interne ; en outre, ces deux paires de nageoires sont ])lus petites que chez le Centr. gr. ; la 1™ dorsale a une base plus allongée et com- mence un peu plus près des pectorales; la 2% également plus longue, est plus rapprochée des ventrales ; les aiguillons des dorsales sont plus enveloppés par les téguments, et leur pointe seule fait saillie. Teinte générale d'un gris brunâtre uniforme. Habitat. — L'échantillon unique du Musée de Berlin est sans indi- cation d'origine, de même que le type de Broussonnet, qui était au ca- binet du roi et ne se trouve plus dans les collections du Muséum, mais dont provient peut-être la tête qu'on y conserve ; par ses dimensions, elle conviendrait bien au spécimen de 1"'. signalé dans son mémoire. ? Océan, Bonaparte. — M. Bleeker [Elfde bijdruge vischfauna Amboina, 18o'J, j). 3) a dé- crit un fœtus long de 0"'.424, sous le nom de Centropli. moluccensis ; maison l'absence d'indications sur le système dentaire et sur Técail- lure, la description très-courte, ne comprenant, d'ailleurs, qu'un petit nombre de caractères qui ne sont pas suftisamment distinctifs, je ne puis que mentionner bespcce, qui, dit-il, est différente du Centr. SPINACIEISS. GE?.\16, Skandin. faun., Fisk., p. 724. ^Sq. norwegianus, Blainv., Faune franc., p. 61. Scymnus {Se.) borealis, Mull., Henle, Plag., p. 93; excluez une partie de lasynon. qui se rapporte à l'espèce suivante. ?/(i,Bonap., Cat. pesci europ., p. 16, n" 55. — Id., Gaimard, Atlas du voy. en Islande et au Groenland, Poiss., p. 1, et pi. 22, avec quel- ques légères différences, surtout dans la coloration. Le système den- taire de la pi. 22 est celui du Se. (L.) breuipinna, mais les nageoires sont plus grandes. 2 Dalatias{Somniosus) borealis, Gr., Cat. Br.Mîis.{Chondropter.), ^.11. ?Sc. microcephalus (BL), Krôyer, Dawmarfc's Fiske, t. III, p. 914. ? Greenland shark, Couch, Hist. fish. Brit. islands, t. I, p. 57, pi. XIII, et p. 66, dents. Caractères. — Corps plus ou moins arrondi; toutes les na- geoires proportionnellement assez développées (2) ; pectorales dépassant, d'une façon notable, par leur angle externe, quand elles sont appliquées contre le tronc, le milieu de l'espace compris entre la ligne médiane du dos et celle du ventre; hauteur des lobes de la caudale assez considérable relativement à leur longueur. (1) Presque aucune des descriptions que les zoologistes ont données des Squales des mers du Nord qui, par la forme des dents et l'absence de l'a- nale, appartiennent au sous-genre Laimargue, n'est suffisante pour lever toute incertitude sur l'espèce qu'ils ont eu en vue. Plusieurs de ces des- criptions, d'ailleurs, n'ont pas été faites d'après les animaux eux-mêmes, qui sont rares dans les collections. Ainsi, s'explique la fréquence du signe? devant les citations de synonymes qui précédent l'histoire de chacune des deux espèces dont il me semble impossible de ne pas admettre la distinc- tion, quand on compare entre eux les exemplaires du Muséum, et spéciale- ment deux sujets presque de même taille (4 mètres et 4"". 12). Le type de l'une de ces espèces est le Sq. borealis de Scoresby, et le type de la2« est le Scymn. micropterus. Val. {Soninios. brevipinna, Les.). (2) Ce caractère n'a de l'importance que relativement à l'espèce suivante oîi elles sont moins considérables, car les faibles dimensions des nageoires constituent une des particularités des Scymniens. 4o6 PLAGIOSTOMES l'LELROTRÈMES OU SQUALES. Les mesures suivantes rendent évidentes les différences proportion- nelles de dimensions des nageoires : Se. (Lœni.) borenlis. Se. (Lœm.) brev. Longueur totale , 2'i\66. Longueur des Rapport à celle nageoiies. du poisson. Longueur totale, 1"'.G3. Longueur Rappoi t à i-pll des nageoires. du pi issun. 1'^ dors. . 0">.16. 10,2 2« dors. . O^.l.y. 10,9 Caudale. . 0'".30. 5,4 Pectorales. O^.U. 11,0 Ventrales.. 0"'.12. 13,0 0'°.23. : : 1 11,6 0"'.20. : : 1 13,3 O-^.SO. : : 1 • 7,4 0".15. : : 1 . 17,7 0'".20. : : 1 13,3 Les téguments recouverts de scutelles pointues sont très-rudes. Teinte (jénerale d'un brun jaunâtre plus ou moins foncé. Habitat. — Mers boréales. Le Muséum possède deux exemplaires. 2. ScYMNUS (L.^MARGUs) BREViPi>MA [Somniosus brevipinna, Lesueur, Journ. Acad.sc. nat., Philad., 1818, t. I, part, II, p. 222, pi. 8). Atlas, pi. 5, fig. 3 cl 4, dents. ^Haa-Skierdingen, Gunner, Det TrondhiemskeSelsk. skriftcr, 1763, t. II, p. 330, lab. X cl XI (l'animal vu par dessus et par dessous; dé- tails de dents; pectorales proportionnellement un peu trop grandes, mais beaucoup plus petites que chez le Se. borealis^, qui aies dorsales plus grandes et moins cfiîlées qu'elles ne le sont sur ces planches). ?Sç. microcephalus, Bl. Schn., Syst., p. 135 {capite et piîinis parvis). Se. micropterus. Val., ^"ouv. Ann. du Mus.,i. I, p. 454, pi. 20. Se. brevipinna, Dekay, Faun. N.-York {fish., p. 301), pi. 01, fig. 202, copiée de Lesueur, dont la descripl. est reproduite par Storer qui ne le connaît pas : Somn. brev.. Report on the fish. Massachusets,Y>- 189. Se. brev., Id., Sijnops. fish. N.-Amer. (Mém. Amer. Acad., nouv. série, t. II, p. 427, d'après Lesueur.) Sq. [Se.) Gunneri, Richards., Fau??. bor.-amer. [fish.), t. III, p. 313. IGreenland shark, Yarrell, Brit. fishes. S*" éd., t. II, p. 524 (très- petites nag. ; copie d'un dcss. de Hutchinson; n'a pas vu le Squale). Somn. brev., Gill, Cat. fish. east. coast N.-Amer., p. GO.— ^ Somn. microceph., Id., Id. Caractères. — Tète et corps singulièrement comprimés; les nageoires très-petites, surtout par comparaison avec le Se. [Lœm.) borealis (1); angle externe des pectorales restant, quand elles sont appliquées contre le tronc, bien au-dessous du milieu de l'espace compris entre la ligne médiane du dos et (1) Voyez le tableau comparatif des dimensions des nageoires. SCYMNIENS. GENRE SCYMNUS (L.ÎIMARGUS), 2, 3. 4o7 celle du ventre; portion oblique des dents inférieures un peu moins allongée, ne dépassant pas en dehors le^ tubercule ex- terne du sommet de la base qui est plus volumineux et plus arrondi. Ces caractères, fournis par le type de Tespèce et par un individu plus petit, suffisent pour établir les différences spécifiques. Système de coloration très-analogue à celui du Se. [Lœm.] horealis. Habitat. — Mers du iSord. M. Gaimard a rapporté un exemplaire long de 2™. 66 et le type du Sonicro/^i., Val., échoué à Eure (embouch. de la Seine) venait, selon toute probabilité, des mers boréales; il me- sure 4 mètres. Le Muséum possède, en outre, une mâchoire inférieure rapportée du cap nord de Norwège par Le François, et d'après la- quelle a été faite la figure de I'Atlas. Les dents du spécimen plus petit sont tout-à-fait semblables à celles qui sont dessinées. 3. L.-EMARGUS L.\BORDii, Quoy et Gaim., Voy. de rUranie, Ex- péd. Freycinet, 1824, ZooL, p. 197, pi. 44, tig. 1 et 2, sous les noms de Leiche Laborde, Scymnus bispinatus. . Se. ?naMriiianus, Quoy et Gaim. ,DicLc^ass./usf.?mi.,Atl., pi. 114,fig.2. Se. {Lœm.) Labordii, Mûll. Henle^ Plag-, P- 04. Dalatias (Somn.) bispinatus, Gray, Cat. chondr. fish., Brit. }his..\). 77. Caractères. — Museau allongé, à extrémité arrondie; na- rines terminales et comme divisées chacune en 2 ouvertures par la valvule nasale interne; évents un peu plus élevés que les yeux, en forme de D, à convexité tournée en avant; dents infé- rieures inclinées en dehors, mais ayant moins d'obliquité que chez les autres Laimargues; une dent médiane droite; ouver- tures branchiales très-courtes et placées comme au fond d'un sillon; l""** dorsale extraordinairement petite, située un peu en arrière de la première moitié de la longueur totale, au-devant des ventrales ; 2" dorsale commençant juste derrière l'extrémité postérieure de la base des ventrales, longue et très-basse; pec- torales arrondies, ainsi que la caudale, dont le lobe postérieur est presque nul. La longueur de la base de la f'' dorsale est de 0™.00i, sa hauteur de O-^.Ol ; la 2'^ dorsale est longue de O'".02o, très-basse !0"'.00S) : ces dimensions sont prises sur deux individus longs de O'".20o etde0"\210, dus à MM. Quoy et Gaimard. Les proportions sont les mêmes sur un sujet de 0™. 44 dont l'origine est inconnue, semblable, en tout point, aux deux autres et identique, pour le système de coloration, à celui que ces zoologistes ont représenté (pi. 4-i, fig. 1 et 2). Une forte épine se voit au côté externe des appendices du cf. 458 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. Les scutelles sont presque quadrilatères, non pointues. Teinte générale : un brun-violet foncé; bout des nag. plus clair. Habitai. — Ile Maurice : Quoy et Gaim,, cl un sujet d'orig. inconnue. 4. ScYMNUS (L-EMARGus) RosTRATus, Risso, Hist. liât. Eur. mérid., t. III, p. i3B, pi. 3, fig. 7. Se. [Lœm.) rostr., Miill. Henle, Plag., p. 05. — Dalatias {Somniosus) rostratus, Gray, Cat. chondropt. fish., Brit. Mus., p. 77. Caractères. — « Corps effilé; tète grande; museau deux fois plus prolongé que celui du Se. //c/im; bouche très-arquée; dents inférieures courbées latéralement; pectorales arrondies; 1'"'' dorsale entre elles et les ventrales; 2"^ dorsale un peu en arrière de ces dernières ; lobe supérieur de la caudale fort long et beaucoup plus développé que l'inférieur; d'un gris bleuâtre ; peau presque lisse. » Je me borne à cette simple reproduction des caractères principaux de l'espèce que Risso paraît avoir été le seul à observer, d'après un sujet unique, long seulement de 0'".031. — Le prince Ch. Bonap. [Faun. ital.) dit, à la fin de l'histoire du Se. lichia, ne l'avoir jamais vue. II. Genre ECHINORHINE. ECHINORHINUS, Blainv., Prodr. : Bull, se, 1816, p. 121. Caractères. — Tête aplatie; l''' dorsale fort reculée, située au-dessus des ventrales; la 2'= très-rapprochée de la première, placée au-dessus du milieu de Fintervalle compris entre les ventrales et la caudale qui n'a pas de lobe inférieur; évents très-petits, derrière les yeux, un peu au-delà des angles de la bouche oii se voit un profond sillon ; tout le corps parsemé d'ai- guillons pointus, supportés par une base très-élargie et circu- laire, un peu comparables aux boucles de raie; dents sembla- bles aux deux mâchoires, fort larges, à bord libre presque ho- rizontal et tranchant par suite de sa très-grande obliquité de dedans en dehors; munies, à leur base, de fortes dentelures : une au côté externe, quelquefois accompagnée d'une autre plus petite, et deux au côté interne, toutes dirigées trans- versalement, les premières en dehors et les secondes en de- (1) 'Ey-ïvo;, hérisson, plv, nez, terminaison adoptée par Blainville pour les noms de Squales. SCYMNIENS. GENRE ECHINORHINUS, 1. 459 dans (1); à la mâchoire inférieure seulement, une dent mé- diane petite, triangulaire et pointue. EcHiNORHiNus spiNosus, Blainv., Bullet. des Sciences, 1816, p. 121, et Faune fr., p. 66, pas de fig. ATLAS, pi. 12, fig. 46-20, épines. Le Bouclé, Brouss., Mém. Ac. des se., 1780, p. 672, n° 21. Sq. brucus, Bonnat., Encycl., p. H, n» 2 (épithcte, synonyme de gravis, employée, comme le rapporte Broussonnet, par les mem- bres de l'Académie des sciences qui désignèrent sous ce nom^ sans doute à cause de ses formes lourdes, le Squale dont il s'agit, qu'ils firent dessiner sur les côtes de l'Océan vers la fin du 17« siècle. Schneider, au contraire {Syst. posth. BL, p. 136), attribue cette déno- mination à Vicq-d'Azyr, MSS). Sq. spin., Linn., Syst. nat., éd. Gmel., t. I, pars III, p. ISOO, 27. Sq. bouclé, Lacép., Hist. Poiss., t. I, p. 283, pi. III, fig. 2. — Sq. spinosus, Bl. Schn., Sijst. posth., p. 136. — Id., Risso, Ichth. Nice, p. 42. — Scymmis spin., Cuv., R. an., t. II, p. 393. — Id., Risso, Hist. nat. Eut. mérid., t. III, p. 136. — Id., H. Cloq., Bict. des se. nat., t. XXV, p. 434, pi. 28, fig. 2. Echinorhinus spin., Bonap., Iconogr. faun. it., pi. 138, et Cat. met. pesciEur., p. 16, n° 57. Echin. obesus, A. Smith, Illustr. zool. S. Afr., pisces, pi. I. Echin. spinosus (spinous shark), Yarrell, Brit. fish., d*' édit., t. Il, p. 529, 2 figures, dont l'une est la copie de celle de Smith; détails de dents et de boucles. — Id., MùU. Henle,P/a(/ios/.,p.96, pi. 60, bou- cles. — Id., Strickland, On the occurrence ofSq. spin. on the coast of Yorkshire {Ann. of nat. hist., 1840, t. IV, p. 315). — Id., Cocks, An7i. nat. hist., second séries, t. V, p. 71, 1850 (plus de 2'°. 50). Id. {Spinous shark) , Hamilton, Brit. fish., part. II, p. 317, pi. 28. Id., Jon. Couch, Hist. fish. brit. islands, t. I, p. 54, pi. XII. Caractères. — Formes plus ou moins lourdes, suivant Tâge ou le sexe; tête plate; museau large et assez arrondi, dont la portion pré-oculaire est moins étendue que l'intervalle com- pris entre les yeux; narines plus éloignées du milieu du con- tour de la tète que du bord antérieur de la bouche qui est peu (1) Il résulte de cette disposition que chaque dent, et particulièrement vers le milieu des mâchoires, est plus large que haute et a deux bords à peu près parallèles, le bord adhérent à la base et le bord libre qui se re- lève cependant toujours un peu à son bout interne; les bords latéraux de cette sorte de parallélogramme sont dentelés. Le nom générique de Goniodus (fiovia, angle, ôSoù;, dent, Agassiz, Poiss. foss., t. III, p. 94) rappelle cette forme anguleuse si remarquable. 460 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. arquée et, par là même, beaucoup plus large que son ouver- ture n'est longue; pectorales de médiocre grandeur, à angles arrondis; tubercules très-irrégulièrement dispersés; le long de la ligne latérale, il y a deux rangées parallèles d'épines, très- tines, à peine visibles à l'œil nu. Les saillies du derme disposées sans ordre, sur toutes les parties du corps, consistent, soit en pointes aiguës, plus ou moins espacées et formant, çà et là, de petits groupes entre lesquels il y a des places nues; soit en tubercules volumineux entremêlés à ces épines, et offrant à considérer : 1" un disque régulièrement circulaire d'un dia- mètre de 0"'.004à 0™.010 ou même 0">.01G, quelquefois réuni à un ou deux autres disques avec lesquels il se confond; 2" un aiguillon par- tant du centre, à pointe un peu dirigée en arrière, haut de O^.OOG ou 0™.007 sur les plus grands disques et subissant une diminution de hauteur proportionnelle au rétrécissement du support. De la base de l'aiguillon, partent, en rayonnant, des stries prolongées jusqu'à la circonférence du disque où elles forment de fines dentelures donnant à ce dernier une certaine ressemblance avec une scie circulaire. Entre les boucles, la peau est complètement nue et lisse. Teijite générale d'un gris foncé, tirant sur le violet et devenant presque noire sur les sujets conservés en peau, plus claire en dessous, avec des taches noirâtres nombreuses (pi. de Ylconogr. du prince Ch. Bonaparte). Je ne retrouve point ces taches sur les exemplaires du Muséum. La description des couleurs donnée par A. Smith et dont se rapproche celle de M. Couch mentionne des teintes rougeàtrcs et un fond d'un gris clair qui, à la suite du dessèchement, sont rem- placés par une couleur plus sombre. Le Muséum ne possède pas de Squale bouclé très-gros et à formes lourdes telles que les représentent les dessins de ces deux natura- listes; mais il n'y a probablement qu'une seule espèce. Habitat. —Méditerranée, Océan, cap de B.-Espér. d'où M. J. Ver- reaux a adressé un sujet qui, par sa conformation générale et par sa couleur d'un violet foncé, ressemble tout-à-fait à un exemplaire de Nice. De deux autres conservés sans indication d'origine, et décolorés, l'un, fort ancien, est probablement le type du Bouclé de Broussonnet décrit par lui, dit-il, au cabinet du Roi. N. B. C'est dans la tribu IV que doit prendre rang le Squale dési- gné ainsi par Gronovius (M«s. ichth., t. I, p. Cl, n° 133, et Zoophyl., p. 150, n"l.jO: Sq. doitibus acutis, dorso vario iuermi, piiina ani carens. La situation de la l'"'' dorsale qui est plus reculée que les ven- trales, et la présence d'un seul lobe à la caudale établissent quelque analogie avec le genre Echinorhinus, mais les dents sont pointues et il n'y a pas de boucles, la peau est simplement rude. Malgré des données si imparfaites, Gmclin a introduit ce poisson dans \eSyst. nat., Linn. ;t. I, pars 111, p. 1303, n» 29), sous le nom de PKISTIOPHORES. GENRE PRISTIOPHORUS. 461 Sq. indiens; Lacépède {Hisl. Poiss., t. I, p. 280), en a fait le Sq. gro- novien, puis Schneider a repris la dénomination de Sq. indiens {Sijst. posth. BL, p. 137). Ils ont ainsi ajouté aux catalogues une espèce in- connue, qu'il faut mettre, ainsi que l'ont fait MM. Millier et Henle {Plag., p. 97), hors rang, à la place que j'indique ici. XVI. DEUXIÈME FAMILLE. PRISTIOPHORES. PRISTIOPHORI (1). Caractères. — Museau en forme de bec armé de dents la- térales, et très-analogue à celui des Pristides , dont il diffère cependant : 1° par sa prolongation en arrière, de chaque côté, jusqu'aux angles de la bouche; 2" par les dissemblances que les dents latérales qui commencent à se montrer dès les com- missures, offrent entre elles dans leur forme, dans leurs di- mensions et dans leur mode d'adhérence avec sa propre sub- stance, car, au lieu d'être logées dans des alvéoles, comme chez les Pristides, elles sont simplement une dépendance des téguments; 3" par la présence d'une paire de barbillons; dents un peu pointues; une carène latérale le long de la queue, dont la nageoire n'a pas de lobe inférieur. Genre unique. — PRISTIOPHORE. PRISTIOPHORUS, MûU., Henle, Plag., p. 97. Caractères. — Ceux de la famille. Pristiophorus cirratus, MuU., Henle, Plag., p. 98. Pristis cirratus, Latham, Essay on thevar.spec. of Sawfish [îrans. Linn. Soc. Lond., 179-4, t. II, p. 281, tab. XXVI, tig. 5, et lab. XXVII). kl, Bl. Schn., Syst. posth., p. 351, pi. 70, lîg. 2. Sq.anisodon, Lacép., Hist. Poiss., t. IV, p. 079 et 680. Sq. tcntaculalus, Shaw, Gêner. zooL, t. V, part. II, p. 3o9. — M., Id., Naturalist's Miscell., t. IX, pi. 630. Pristis cirr., Cuv., R. an., t. II, p. 3di.— Pristiophorus cirr.,Sch]. , Fauna japon., pisces, p. 305, pi. CXXXVII. — Id., Richards., Rep. ichth. Chin., p.317.— /f/., Blkr, Nieuiue nalez-ing. Ichth. Jap., p. 128. Caractères. — Rec très-plat et mince, muni, sur les deux exemplaires du Mus., qui sont de même taille, de seize grandes (1) TtpÎTTi;, scie, cpopôç, porteur. 462 PL.VGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. dents de chaque côté, toutes longues de 0™.010 ou O^.OIS, aplaties, très-étroites et acérées, à pointe dirigée en bas à la base du bec, et un peu en arrière dans tout le reste de son étendue, séparées par des intervalles oi!i se comptent, selon leur étendue, 3 ou 4 dents beaucoup plus petites, mais dont l'une, dans chacun de ces petits groupes, dépasse toujours les autres; et, en outre, depuis l'angle de la bouche jusqu'au niveau du bord antérieur deToeil, une vingtaine de dents : les unes très-petites, les autres un peu plus grandes, à intervalles réguliers. Le bec long de O'".2o chez un spécimen de 1"MG, a, au-devant des yeux, une largeur de O'^.OG et de 0'".01 à son extrémité libre. Les bar- billons, sur les deux sujets du Muséum, mesurent 0'".09; ils sont aplatis, étroits, presque à égale distance de la base et de la pointe, mais plus près de la base sur des exemplaires du Musée britanni- que, dont le bec est plus large (Richardson, loco citalo). Les na- rines, presque circulaires, sont percées à la base du bec, au-dessous et un peu au-devant des yeux, munies d'une valvule à leur bord anté- rieur et précédées d'une petite dent hors rang; évents grands, obli- quement dirigés de haut en bas et d'avant en arrière, très-voisins des yeux. La première dorsale un peu plus rapprochée des ventrales que des pectorales est presque aussi longue que haute, finissant au-dessus de l'origine des ventrales; la 2*^ dorsale à peine plus petite, est située juste entre la terminaison des ventrales et l'origine de la caudale, qui est égale aux deux tiers de la longueur du bec; les pectorales, à peu près aussi larges que longues, ont leurs angles arrondis. Les scutelles sont très-petites, un peu comparables pour la forme à un cœur de carte à jouer, et à bords latéraux légèrement saillants; elles ont une seule carène médiane pointue; la peau est rude. Teinte générale d'un brun violacé, et jaunâtre en dessous. Habitai. — Océanie.Le Muséum a reçu 2 beaux individusc/'et $ de l'Austr. et de la Tasmanie par les soins de M. J. Verreaux. XVn. TROISIÈME FAMILLE. RHINES ou SQUATINIENS. REIN^ (4). Caractères. — Corps déprimé et large, ainsi que la tête, dont le bord antérieur est demi-circulaire; queue arrondie (1) Rhina (de pîvr,, qui désigne dans Aristote, liv.V, chap. X, 1. 1, p.254, et liv. IX, chap. XXXVIT, 48, t. I, p. 589, éd. de Camus, le chien de mer à peau très-rude ou Lime, que Belon, Rondelet et Salviani ont, d'après Gaza, nommé Squatina) . C'est le premier nom générique de ce Squale. Il est RHINES OU SQUATINIEWS. GENRE RHINA. 463 comme chez tous les autres Squales; évents en dessus; bouche tout-à-fait terminale et au-dessous des narines dont les orifices se voient sur le bord libre du museau ; pectorales presque quadrangulaires, échancrées à leur origine et prolongées, en avant, par leur angle antérieur et interne, laissant ainsi, entre elles et le cou, de chaque côté, un espace libre où s'ouvrent les branchies ; queue à carènes latérales, sans fossettes à sa base, supportant les deux épiptères (1). Events plus grands que les yeux derrière lesquels ils sont placés. Les dents semblables aux deux mâchoires et un peu écartées entre elles, sont petites, triangulaires et non dentelées, à base un peu échancréc et surmontée d'un renflement lenticulaire, qui est comme la terminaison d'une petite saillie longitudinale de la face antérieure de la dent. Il n'y a pas de dent médiane en haut, ni en bas. Les fentes branchiales, malgré leur position latérale, ne peuvent pas être vues quand on regarde l'animal en dessus, à cause d'un pro- longement de la peau qui, après avoir formé une lèvre supérieure se continue de chaque côté de la tête, en augmente la largeur et se porte jusqu'à la racine des pectorales dont il peut même recouvrir l'angle antérieur. Il est simple ou festonné. — Les valvules nasales sont plus ou moins dentelées suivant les espèces. Les ventrales sont grandes et commencent avant la fin des pecto- rales dont le bord postérieur les recouvre un peu. Le lobe infé- rieur de la caudale est plus long que le supérieur. Genre unique.— ANGE (2). RHIN A, Klein, Miss., III, p. 12. Atlas, pi. 1, fig. 3 et 4, détails du squelette; pi. 3, fig. 5, 6 et 7, scu- telles, et pi. 6, fig, 1, mâchoires (sous le nom de Squatine). Caractères. — Ceux de la famille. plus ancien que celui de Squatina proposé par mon père en 1806 {Zool. analyl., p. 103), et i;énéralement adopté, car il est dû à Klein {Hist. pisc. natur. pronwvetidœ Missiis lit, p. 13, 1742). J'ai dû, par conséquent, me rangera l'opinion des zoologistes qui considèrent, comme imprescriptible, le droit de priorité. Les Rhines constituent un sous-ordre de l'ordre des Plagiostomes, dans le mode de distribution adopté par M. Gill [Cat. fish. east. coaitN.-Amer. from Greenland to Georgia, janvier 1861, p. 59, et Analyt. sytwps. Squali, in : Ami. Lyc. N.-York,nat. /lis/f., décembre 1861, t. VII, p. 396 et 397). (1) Ici, comme chez les Raies, se montre l'impropriété de la dénomi- nation de dorsales employée pour désigner des nageoires qui ne sont pas sur le dos et l'avantage du mot Epiptères proposé par mon père pour les nageoires impaires supérieures. Voy. p. 7, note 1, et p. 36, note 1. (2) Ce nom, qu'on trouve déjà dans Belon et dans Rondelet, s'explique 464 PLAGIOSTOiMEï» PLEUROTllÈMES OU SQUALES. Tableau de la division du genre Rhiiia en 3 espèces (1). ^ /simples; yeux petits; anglei prolongé 1. vulgaris. ^ V l externe des ventrales . .\ 5'«' court et arrondi. . 3. Dumerilii. 'frangées; yeux aussi grands que les évents; de grosses épines céphaliques et dorsales 2. aculeata. 1. Rhiîsa SQUATiNA(2),Rafin., Caratt. nuovi gêner., etc. Sicil., p. 14, n" XI et Indice ittiolog. Sicil., p. 45, n°337 (3). Atlas, pi. o, fig. S, scutelles. Squatiria, Belon, De aquat., p. 78. — L'.\ngc ou Angelot de mer, Id., ISat. et divers, des poiss., p. 69. Squatina, Rond., De pisc., lib. XII, cap. XXI, p. ^dl.—VAnge, Id., Hist. des poiss., liv. XII, chap. XX, p. 289, fig. cop. : 1« par Gcsner, De aquat., p. 899, éd. Franci'., 1620 (p. 902, tig. d'une Squat, que la dessiccation a déformée); 2° par Aldrov., De pisc., lib. III, p. 472. Squatina, Salviani, llisl.pisc., p. 152, pl.53,cop.parWillugh., i/îsL pisc, pl.D3,p.79;parJonston, Depisc, t. XI, fig. 7, p. 39 (Ruysch,zd.). Angelfish, Borlase, Hist. Cornw., p. 26o, tab. XXVI, fig. S. Sq. pinna ani carens, ore in apice capitis. Art., Gênera, p. 67, n" 6, eied. Walbaum, p. 307. Syn., p. 95 et éd. Schn., p. 138. Sq. squatina, pinna anali nullà, caudœ duabus , ore terminali, Linn., Sijst. nat., 12*= éd., p. 398, n" 4, et éd. Gmelin, p. 1303, n° 4, pinnis pectoralibus maximis anterius emarginatis. Angel shark, Pennant, Brit. %ool. {Fish.), éd. 1812, p. 130, pi. XV. Ange, Squatina, Duhamel, Pêches, sect. IX, chap. III, p. 291, pi. XIV, fig. 1-5, cf et 9 vus par dessus et par dessous et appendice génital. Sq. squat. ,Sha\\, Naturalit's miscell.,\i\. 906. Sq. squat., Bloch, pi. 116, cop. dans VEncyclop., pi. V, fig. 14. Sq. ange, Lacép., Hist. poiss., t. I, p. 293, pi. 12, fig. I, copiée par Shaw, Gêner, zool. (p. 336), pi. 155, où est également copiée la pi. 116 de Bloch. — Sq. squat., Donov., Brit. fish., t. 1, pi. XVII. par la conformation des pectorales qui rappellent un peu les ailes des anges, telles qu'on les voit représentées dans les œuvres d'art. (1) La Sqnat. angelina, Gray [Catcd. chondr. fish. hrit. Mus., p. 80), ne peut pas figurer sur ce tableau : je ne la trouve décrite nulle part. (2) Nom employé par Pline {Hist. nat., lib. IX, 40, 1, et lib. XXXII, 46, 1). C'est de ce même Squale, comme Salviani [Hist. pisc, p. 15'i) le fait ob- server avec raison, que l'iine a voulu parler quand il a dit (lib. XXXII, 5.3, 6j Rliimiquem Squutum voramus. — Dkiiur aiitein Squatina fartasse a sqvalore, hoc est, cuHs usperitate (Rond., lib. XII, cap. XXI, p. 3G7). (3) Je me borne, dans la synonymie, aux citations les plus importantes cl je signale surtout les ouvrages où l'on trouve des figures. RHINES OU SQUATINIE.NS. GENUE RHI>:A, 1, 2. 463 Squaiina lœvis, Cuv., R. an. d'^ éd., t. II, p. 131, et Sq. angélus, Id., Id., 2«6d., t. II, p. 394. Sq. lœvis, H. Cloquet, Dict.sc. nat., t. L, p. 359, pi. XXII. Angel-fish (Monk, Shark-ray, Kingston), Yarrell, Bril. fish., 3" éd., t. II, p.S3G. Squatina vnUjaris, Miill. Henle, Plag., p. 99, pi. 35, fig.4, museau. Squat, angélus, Bonâ])., Jconogr. faun. it., pi. i-43, fig. i, et Cat. pesci Europ., p. 15, n° 14. — Squat, vulg., Guichenot, Explor. se. Alg. Poiss., p. 128. — Ici., Krôyer, Danmark's Fiske, t. III, p. 935. Squatina lœvis, Wils (Henr. Boursse), Dissert. anat. cump. Monk fish, Couch, Hist. fish. Brit. islands, t. I, p. 73, pi. XVII. Caractères. — Bord antérieur de la tête tout-à-fait arrondi; yeux petits, d'un diamètre moindre que celui des évents ; val- vules nasales simples, les deux prolongements de la valvule interne ne présentant, à leur extrémité libre, qu'une très-petite bifurcation; portion moyenne de cette valvule large, avec huit ou neuf dentelures à son bord libre ; sur la tête, au-devant et en arrière des yeux, des tubercules dont le volume et la lon- gueur sont bien moins considérables que chez la Rh. aculeata. Sur la ligne médiane du dos des sujets très-jeunes, on voit, le plus souvent, une rangée de tubercules fort petits et extrêmement rappro- chés les uns des autres, qui, par cette double particularité, diffèrent complètement des tubercules volumineux, à pointe aiguë, espacés et beaucoup moins nombreux que porte la même région chez la Sq. acu- leata où ils persistent pendant toute la durée de la vie, tandis que chez une Sq. vulgaire longue de 0">.52,ces tubercules ont déjà disparu, et ils manquent absolument chez les adultes. Teinte générale: un vert grisâtre, nuancé de brun; sur les pecto- rales, des taches sombres. Habitat. — Mers d'Europe. 2. Rhina (Squatina) aculeata, C. Duméril, Mus. Paris, MSS (Cuv., R. an., 2-= édit., t. II, p. 394.) Atlas, pi. 5, fig. 7, scutelles. Squat, fimbriata, Mull. Henle, Plag., p. 101 et 192, pi. 35, museau. Squat, oculata, Bonap.,7co«. faun. it., pi. 143, fig. 2, et Cat. pesci europ., p. 15, n" 15. —'i Squat, aculeata, Id., Id., p. 15. n" 16. ^Squat. oculata, Donmet, Cat. poiss. Cette {Rev. z-ooL, 1860, p. 506). Squat, vulg., Schleg., Faim, japon, (pisces), p. 303, pi. CXXXVI. Squat, japon., Bikr [Acta Soc. ind. nederl., t. III), VierdeBijdr. ichth. Japan, p. 40. Caractères. — Bord antérieur de la tête un peu moins ar- Poisso7is. Tome I. 30 466 PLAGIOSTOMES PLEUROTRÈMES OU SQUALES. rondi que chez la Rhin, squat.; yeux beaucoup plus grands (diamètre longitudinal égal à la longueur de la fente de Tévent ou même un peu plus considérable); les deux prolongements latéraux de la valvule interne élargis, divisés en lobes secon- daires, digités eux-mêmes et formant ainsi des franges : d'oii le nom de Squatina fimbriata, Miill. Henle; lobe moyen de cette • valvule interne à peine visible; valvule externe également frangée ; rebord cutané des régions latérales de la tète festonné; sur la tète, au-devant et en arrière des yeux, des tubercules épineux plus gros et plus longs que chez les autres es- * pèces, et formant des bouquets d'épines tout-à-fait caractéris- tiques par la manière dont ils sont groupés et par l'aspect qu'ils donnent à la région sus-céphalique; sur la ligne médiane du dos, depuis la ceinture scapulaire jusqu'à lai''" dorsale, et entre celle-ci et la 't , des tubercules épineux saillants , un peu espacés entre eux, acérés dans le jeune âge et presque mousses plus tard, disposés en série longitudinale; scutelles plus pointues que chez la Rh. squat. 11 n'y a pas de différences à noter soit dans la forme, soit dans les dimensions relatives des nageoires. Teinte générale d'un brun clair ou verdâtre avec des taches noires peu volumineuses, très-nettement ocellées de blanc, disposées avec une certaine régularité sur le tronc et les nageoires, et dont les plus marquées et les plus persistantes sont placées, une sur la tête entre les yeux, une sur la base de chaque pectorale et de chaque ventrale. Cette description est faite d'après plusieurs individus : 1" le type de Squat, aculeata, Dum., envoyé de Marseille par d'Arquier, long de O^.M, à tubercules épineux très-prononcés; 2° deux grands individus: l'un d'origine inconnue (1°'.50), peut-être des côtes de l'Amérique du Nord, l'autre (1™.60) rapporté, ainsi qu'une tête isolée, d'Algérie par M. Guichenot, à franges nasales et à tubercules céphaliques et dor- saux bien développés, d'une teinte uniforme, mais portant un point blanc très-apparent sur la racine des nageoires paires et entre les yeux; 3" deux jeunes sujets de la mer des Indes (l'un de 0'".3S et l'autre de 0'".25 encore adhérent à son énorme vésicule ombilicale), dont les tubercules sont fort apparents et les taches ocellées très-ma- nifestes. Le moins petit des deux surtout, ressemble beaucoup à la Sq. oculata, Bonap. [Fauna), que je rapporterais sans hésitation à la Rhina aculeata, si le texte, d'accord avec le dessin, ne se taisait sur les épines tuberculeuses. La description de la Sq. fîmbriata faite par MM. Miill. et Henle sur de jeunes exemplaires du Musée de Berlin et sur un adulte de celui de Vienne {Ping., p. lt)2) ne laisse aucun doute sur l'identité de cette espèce avec celle dont il s'agit ici. RHINES OU SQUATIMENS. GENRE RHINA, 3. 467 Le Muséum possédant, comme je viens de le dire, des Squat, delà mer des Indes que je ne puis pas distinguer spécifiquement de la Rh. acuL, et qui sont tout-à-fait analogues à celle du Japon {Sq. vulgaris, Schl.; et Sg.;V(;jonica,Blkr), je rapporte cette dernière à notre espèce. 3. Rhina Dumerilii, Gill (Squat. Dum., Lesueur, Jour». Acarf. nat. se. Philad., 1818, t. I, part. II, p. 225, pi. X) (1). . ATLAS, pi. 5^ fig. 6, scutelles. Squat. Dumerilii, Dekay, Fauti. N.-Yorh Ifish.), p. 3G3, pi. LXII, fig. 203. — Id., Leidy, Proceed. Acad. nat. se. Philad., 1847, t. lil, p. 247, Ç. — Id., Storer, Synops. fish. y. -Amer. : in Mem. Amer. Acad., 1846, nouv. série, t. II, p. 508. Rhina Dumerilii, Gill, Cat. fish. east. coast N.-A7ner.,\). 61. Caractères. — Angle externe des pectorales et des ventrales plus arrondi et moins prolongé en dehors que chez la Sg . de nos mers; dorsales plus basses et plus longues, à angle supérieur plus arrondi; caudale k peine fourchue, son échancrure étant moins angulaire, k lobes moins prolongés et terminés par des angles plus mousses; valvules nasales simples; pas de tuber- cules sur la ligne médiane du dos (2), ceux de la tête non épi- neux; pas de points blancs sur la racine des nageoires paires, ni sur la tête, entre les yeux ; scutelles non épineuses et incom- plètement striées comme dans les autres espèces, mais k sur- face légèrement creuse et k stries fort apparentes. Teinte générale d'un gris cendré et bleuâtre en dessus, avec une nuance rougeâtrc sur la tête et les bords des nageoires paires; le dessous blanc; des taches tirant sur le rouge à la gorge, au ventre, et depuis l'anus jusqu'à l'extrémité de la queue. Habitat. — Côtes de l'Amer, sept. Au Muséum, un exempl. (1">,22) dû à Lesueur, un autre (1">.11) pris à N.-York par Milbert (3). (1) Par erreur, M. MûU. et Henle (p. 100) attribuent à Lesueur rétablis- sement d'une espèce américaine qu'il aurait nommée aculeata et à laquelle ils attribuent des caractères que notre compatriote donne comme propres à la seule espèce qu'il ait décrite {Sq. DumerUii), dédiée à mon père. (2) y en a-t-il dans le jeune âge comme chez notre Sq. ? Je l'ignore, le moins grand des exemplaires du Muséum mesurant l'n.ll. C'est uncTqui, comme un autre cf adulte, les seuls que possèdent les collections, porte de forts aiguillons sur le bord et l'angle externe des pectorales. (3) En terminant l'histoire des Squales, je mentionne le genre imaginaire à tête cornue de la Méditerr. que Rafinesque {Curait., p. 12 et Indice, p. 45, no 331) a nommé Cerictius (C. macrourus) . 468 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. SOUS-ORDRE II. RAIES ou HYPOTRÈMES (1). '' Caractères. — Plagiostomes à corps le plus souvent aplali et discoïde, mais quelquefois plus ou moins allongé comme celui des Squales; à ouvertures des branchies inférieures cons- tamment au nombre de 5; ne manquant jamais d'évents; à ceinture scapulaire complète, presque toujours unie solide- ment à la portion indivise delà colonne vertébrale; à nageoires pectorales presque toujours réunies aux cartilages des nageoires de la tête; dorsale située non sur le dos, mais sur la queue, double, ou unique ou nulle, et quelquefois réduite à un simple repli cutané; pas d'anale; queue, chez le plus grand nombre, tout-à-fait distincte du tronc et quelquefois très-courte ou très- longue, flagelliforme et armée d'un long dard à dentelures la- térales dirigées en arrière ; yeux en dessus chez la plupart, et munis ou, par exception, privés de paupière supérieure, sans membrane nictitante ; à régions dorsale et sus-caudale quel- quefois complètement nues, mais, le plus ordinairement, revê- tues soit de petites scutelles, soit de tubercules ou d'aiguil- lons (2). (1) Voyez, pour Tétymologie de ce dernier nom, p. 198, et pour la divi- sion de l'ordre des ¥lag. en 2 sous-ordres, p. 309. — Les Grecs ont de- signé les poissons que nous nommons Raies, par les mots Bâ-roç, c/*, et BaTi;, 9> le premier signifiant buisson qui produit des mûres ou Ronce [Rubus frurticosus) a été employé, avec justesse, comme dénomination d'un poisson épineux. Pline l'a traduit par Baia qu'il doit avoir tiré de ra- dius, pour exprimer la même idée que les Grecs, en faisant allusion aux rayons épineux dont les Raies sont souvent couvertes, voy. Schneider (Artedi, Synon piscium, p. 145 et 146); ou par allusion à la structure des nageoires pectorales composées d'un très-grand nombre de petites tiges cartilagineuses, qui s'éloignent, en rayonnant, de la colonne vertébrale, pour se diriger vers la circonférence du disque (voy. p. 34). Latrcille [Fam. naiur. du règne anim., p. 110) a désigné ces Plag\ps- tomes sous le nom de Platysomes {nlcLiiic,, large, et D d" i^ S -5 O c/3 O OlBSJOp 9a f tlUB.VBU8ÎUaiU9[n3S £ soiuBipuBJnosojqn tsaçîiliBS uou 'saiJtioo sn[d apsBpp •J9IUB sjuaQ o ^ e PRISTIDES. GENRE PRISTIS, 1. 473 1. Pristis antiquorum, Latham , Tram. Linn. Soc. Lond.., 1794, t. II, p. 277, pi. 26, fig. 1, la scie (1).^ ATLAS, pi. 9, fig. 1, scie. ^Sq. prist., Artedi, Gen. pisc, p. 66, Sijn., p. 93, et éd. Schn.,p.129. ^Sq. pristis, Linn., Syst. nai. , 12« éd., t. I, p. 401, n° lo.— ?/d., Id., éd. Gmelin, t. I, pars III, p. 1499, n" IS. — ?/rf., Linn., Faiin. Suœcica, éd. Retzius, p. iOl.— Pristis, Klein, Missiis, etc., III, p. 12, pi. III, fig. i et^.—LaScie,'Brousson.,Mém.Acad.dessc.,ilS0,Y>.61i. '? Pristis canaliculata, Bloch, Schn., Syst. posth., p. 331, n» 3. Pristibatis antiquor., Blainv., Faune fr., p. SO, pas de fig. —Pr. antiq., Agass., Poiss. foss., tab. H, fig. 4 (dent rostr.).— M.,Mûll.Henle, Plag., p. 106, pi. 60, bouche et origine du bec. — Id., Bonap., Cat. pesciEurop., p. 15, n" i3.—'?Id.,Schoe\)ïï,Beschreib. ein. N.-Amer. fisch. {Schrift. Berlin. Ges. natur. Freunde, 1788, t. VIlI, p. 185, 24 paires de dents) et, après lui, presque tous les zool. américains. Caractères. — Museau, proportionnellement à sa longueur, plus large que dans les autres espèces (2), muni de 16 à 20 paires de dents (3) fortes, épaisses, à bord antérieur un peu (1) On trouve dans Aristote, livre VI, chap. XII, 10, édit. de Camus, t. I, p. 353, le Pristis, nommé parmi les Cétacés qui, dit-il, sont vraiment vivi- pares. Cette confusion a longtemps persisté, et Rondelet [De pisc, lib. XVI, cap. XV, p. 487) représente, comme souffleur armé d'un bec à dentelures, un animal fabuleux. Une figure encore plus étrange a été donnée par Aldrov., Bepisc, p. 695, éd. de 1638. Belon (De aquat., p. 66) s'est borné à figurer un museau de scie sous le nom de Serra marina ou langue de serpent, l'animal, dit-il, étant inconnu. Aldrovande (De pwc, p. 693, éd. de 1638) a reproduit à peu près le dessin de Rondelet, et p. 697, les figures de Clusius qui, le premier, a montré que les animaux porteurs d'un long rostre dentelé sont des poissons et non des cétacés. L'énumération com- plète de la synonymie a été donnée par Latham et par MM. Miiller et Henle [Plag., p. 105), qui ont rapporté au Pr. antiq. beaucoup de citations que Latham a considérées, avec plus ou moins d'exactitude, comme ayant trait auP»'. pectinat. Je crois inutile de reproduire toute cette synonymie, car on ne trouve pas, dans la plupart des ouvrages cités, la preuve que les auteurs aient eu véritablement en vue la Scie ordinaire et non pas soit l'une ou l'autre des espèces sur lesquelles on a de bonnes indications seu- lement depuis 1794, par le travail de Latham, soit quelqu'une des espèces ultérieurement distinguées de celles qu'il a décrites et figurées. (2) Il n'y a que le bec du Pr. Perrotteti qui soit comparable, sous ce rapport, à celui du Pr. antiq. dont la largeur à la base est comprises fois environ dans sa longueur, sur le seul individu de petite taille que le Mu- séum possède, et sur cinq grands becs offrant, en moyenne, 1«'.21 de lon- gueur, et une largeur^ à la base, de 0n>.23. (3) Ce petit nombre de dents est un caractère commun seulement à cette Scie et à la Se. de Perr. Latham dit qu'il varie de 16 à 24, mais ce dernier chiffre est exceptionnel : de là proviennent, à ce que je crois, quelques-unes 474 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES, courbe vers son extrémité libre, et beaucoup plus mince que le postérieur qui est droit et creusé d'un sillon presque nul dans le yexme âge, mais profond dans Tàge adulte; P^ dorsale commençant presque au même niveau que les ventrales qu'elle ne dépasse pas en arrière, ayant, comme la 2% son angle anté- rieur mousse et le postérieur pointu; caudale sans lobe infé- rieur; angle externe des pectorales et des ventrales arrondi. Teinle générale d'un gris jaunâtre, sans taches. Habitat. — Océan et Méditerranée. Aucun des nombreux becs dé- posés dans les collections du Muséum, à l'excepliou de trois qui ont été envoyés du Sénégal pai- M. PcrroUct, ne i)ortc une indication d,'ori- ginc ; il en est de même pour un jeune individu entier qui mesure 0'".87 y compris le bec dont la longueur est de 0'".20. Cette propor- tion n'est pas conforme à celle que Latliam a indiquée à l'occasion d'un sujet long de iT) pieds anglais, armé d'un bec de 5 pieds, mais peut- être les proportions varient-elles avec l'âge. Bec le plus long : 1"'.35 2. PRiSTisPERROTTETi,Val.,MSS.,IVIull.,Henle. (P%.,p.i08.) ATLAS, pi. 9, fig. 2, scie. Pr. anliq., Costa, Faun. regno Napoli, Pesci, par. 3, pi. VIII et IX. Caractères. — Tête, narines, scie et dents latérales, dont elle est armée (1) presque comme chez le Pr. antiquorum; mais très-distinct de cette espèce par les particularités suivantes : l""^ dorsale plus avancée, dépassant de plus de la moitié de la longueur de sa baseTorigine des ventrales; pectorales et ven- trales non arrondies en dehors, mais larges et à angle externe presque droit; caudale à lobe inférieur court, le supérieur allongé et effilé à son extrémité libre; dents maxillaires moins nombreuses et plus grosses ; scutelles moins petites, à angle postérieur formant une pointe à peine saillante d'où résulte ce- pendant un peu plus de rudesse de la peau. Système de coloration semblable à celui du Pr. antiq. Habitat. — 2 exempl. au Musée de Paris pris dans le tleuve du Sé- négal par M. Perrottet. Le type mesure l"". 07, sur les(iuels la scie compte pour 0"'.28. L'autre a une longueur totale de 2'". 85 dont le bec, long de 0'".68, égale à peine le quart. des erreurs qui se rencontrent dans ses synonymies du Pr. antiq. auquel il a rapporté dos citations qui con\ iennent plutôt au Pr.peciinaf. ou à l'une des espèces qu'il n'a pas connues. (1) 19 paires chez le plus petit des 2 sujets du Mus.,lG chez le plus grand. PRISTIDES. GENRE PRISTIS, 2, 3. 475 3. Pristis pectinatus, Lathara, Trans.Linn.Soc.Lond., 1794, t. II, p. 278, pi. 26, fig. 2, la scie. ATLAS, pi. 9, fig. 3, scie. f Pristis, Gesn., De aquatiL,\->. 728, éd. Francf., 1620, fig. de bec à 32 dents d'un côlé et 3-4 de Tautre (1). ^Prislis, aliud rostrum colore ferrugineo, Aldrov., De'pisc.,\>. 694, éd. 1638. (A côté de cette fig. s'en trouve une autre à 22 et à 24 dents, qui rappelle beaucoup le rostre du Pr. antiq., voy. p. 473, note 3). '?Xiphias, Jonst., De pisc, tab. IV, fig. 1 (20 et 28 dents), (Ruysch, id.) cop. par Blasius, Anat. animal., pi. XLIX, fig. XIII. fVivelle ou Poisson à scie, Duhamel, Tr. pêches, t. III, sect. IX, pi. XXV, fig. 3, 4 et 5 (25 paires de dents). ? 5^. pristis, Bloch, pi. 120, bec droit à 26 paires de dents, et fœ- tus à bec recourbé où leur nombre ne peut pas être compté. Sq. scie, Lacép., Poiss., t. I, p. 286, pi. 8, fig. 4, 24 et 25 dents. Pr.pectin., Bl. Schn., Sijst. poslh., p. 351, pi. 70, fig. 1. — ?Pr. gra- nulosa, Id.,p.352. — Sq .pectin. ,Ra.mï[t., Fish . of the Gange, p. 5et361. ^Pr.pect., Risso, Hist. nat. Eur. mer., t. III, p. 141 (descript. in- suffis.; celle qu'il a donnée sous le même nom : Ichth. Nice, p. 22, l'est encore davantage). — Pr. pectin., Blainv., Faune fr., p. 51, pas de fig.— /d., Mvill. Henle, Plag., p. 109-— 7(i., Ricli. Owen, Odontogr. pi. 8, fig. 1. — Id., Bonap., Cat. pesci Eur., p. 15, n'>41. Caractères. — Nageoires très-analogues par leur forme, leur grandeur et leur position relative à celles du Pr. antiq., mais le prolongement rostral plus étroit proportionnellement à son étendue (différence particulièrement apparente sur des becs de grande dimension), toujours muni de plus de dents (25 à 30 ou même 34 paires) qui sont moins profondément cannelées en arrière, plus grêles et plus longues relativement à la largeur du rostre. Pr. pect., 25-26 paires. Pr. ant., 17-17 paires. Long, du bec 0'".75 0'".79 Larg. à la base 0".10 O'^.IS — au milieu 0'°.08 0".115 — derr. la l'^^dent. 0".055 0".075 La comparaison de deux scies beaucoup plus courtes provenant lai''" d'un Pr. pectinat., longue de 0'".21, munie de 26 paires de dents, et la 2'^' d'un Pr. antiq. de 0'".20 à 18 dents d'un côté et 19 de (1) Le signe ? qui précède la plupart des citations relatives au Pr.pectin. a pour but de montrer Tincertitude où me laissent les zoologistes auxquels je renvoie sur la véritable détermination des différentes Scies, à dents plus nombreuses que celles des Pr. antiq. et Perrotteti. 476 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. l'autre, donne des résultats tout-à-fait identiques aux précédents. J'a- joute que les nageoires dorsales du Pr. pectin. sont proportionnelle- ment un peu plus hautes, et leur base est plus allongée. Habitat. — Les becs isolés sont sans indication d'origine. Un jeune individu provient de la mer Rouge. Le Muséum a reçu d'Haïti, par les soins du D'' Alex. Ricord, un spécimen mesurant en totalité 3'". 81 et dont le bec long deO'".83, large de 0'".10 à sa base, de 0'".0G avant les dents les plus antérieures, en a 27 paires. Les collections possèdent, en outre, un sujet d'origine inconnue de 3™. 71, y compris le museau qui a 0'".9i et 27 paires de dents. M. Schomburgk [Heisen in Brit. Guiajia, 3'' partie, p. 642) qui a pris un sujet de l^.SO, dit que l'espèce se voit sur toute la côte. Selon M, Blyth, elle remonte les rivières [Journ. asiat. Soc, 1860, t. 29^ p. 36. Ces deux zoologistes ont-ils vu la même espèce? 4. Pristis megalodon, a. Dum. (1). ATLAS, pi. 9, fig. 4, scie. Caractères. — Bec étroit, à 26 paires de dents grêles, non régulièrement opposées, un peu dirigées en arrière, faiblement sillonnées à leur bord postérieur, de dimensions variables, dont les plus longues sont sensiblement égales à la largeur de l'extrémité libre du bec et dépassent la moitié de celle quïl présente dans ses 2/3 ou ses 3/4 antérieurs. Ce bec est long de 0'".643, large de 0'°.090 à sa base, de 0'".072 au milieu et de 0".0ol immédiatement en arrière de la paire de dents la plus antérieure (dimensions comparables à celles que donne la mensuration du bec du Pr. pectin.]. Les dents les plus longues ont O'^.OiG à 0'".0i9, elles sont donc presque égales à la largeur du bec à son extrémité (0,0S1); ce rapport ne se trouve chez aucune autre Scie, pas même chez le Pr. pectin. Relativement à leur longueur, elles sont, de toutes celles que l'on connaît, les plus étroites à leur base. Aucun bec n'a des dents aussi irrégulières. 5. Pristis cuspidatus, Latham, Trans. Linn. Soc. Lond., 1794, t. Il, p. 279, pi. 26, fig. 3, la scie. Atlas, pi. 9, fig. 5, .scie. Pr. cuspid., Bloch. Schn., Syst. posth., p. 331. — Id., Mùll. Henlc, Plag., p. 107. (1) Je ne connais de cette espèce qu'un bec provenant de Cayenne, déjà signalé par Mull. et Henle {Plc!g.,p- lO'J). Il offre des caractères aussi tran- chés que le bec du Pr. cuspidatus, dont on ne possède pas encore d'exem- plaire complet, mais que Latham, avec raison, a considéré comme apparte- nant à une espèce distincte. PRISTIDES. GENRE PRISTIS, 4-7. 477 Caractères. — Bec plus étroit, proportionnellement à sa longueur, que chez toutes les autres Scies et offrant une dimi- nution graduelle dans sa largeur bien moins notable ; des dents sur les quatre premiers cinquièmes seulement de sa longueur, triangulaires, en forme de lancettes tranchantes sur les deux bords, courtes et larges à leur base, qui est presque égale à la moitié de leur longueur, non régulièrement opposées, au nom- bre de 24 à 27 paires. Le Pr. semi-sagittatiis peut seul être comparé au Pr. cuspid. pour le peu de largeur du bec. Les dents sont plus courtes que chez toutes les autres espèces, excepté chez le Pr. microdon. Habitat. — Le Musée de Paris, comme la plupart des Musées d'Eu- rope, ne possède que des becs isolés et pas de sujet entier; deux sont d'origine inconnue, mais trois autres ont été rapportés de la mer des Indes par M. Dussumier. 6. Pristis microdon, Latham, Trans. Linn. Soc. LoiicL, 1794, t. II, p. 280, tab. 26, tig. 4, la scie. Pr. microdon, Bl. Schn., Syst. posih., p. 331, n" 4. — Id., Miill. Henle, Plag., p. 107. — Id., Bleeker, Verhand. Genotsch. Batav., t. XXIV, Plag., p. M, pi. IV, fig. 12, nag. caudale. Caractères. — Museau compris environ 3 fois et 1/4 dans les dimensions totales, et dont la longueur, relativement à la lar- geur, à sa partie médiane, est dans le rapport de 8 à 1 environ ; portant, de chaque côté, 18-24 dents plus courtes que la dis- tance qui les sépare, enveloppées par un repli membraneux, de sorte que leur pointe seule est saillante; première dorsale située, en grande partie, au-devant des ventrales et un peu plus grande que la 2% assez fortement échancrées. Tune et Tautre, à leur bord supérieur; pectorales et ventrales plus larges que longues; bord inférieur de la caudale égal à la moitié de la longueur du bord postérieur, tandis qu'il est compris plus de deux fois dans l'étendue du bord supérieur. L'espèce, selon M. Bleekcr, vit dans la mer et les fleuves; il a vu un spécimen de O^.SG; inconnue au Muséum. 7. Pristis semi-sagittatus, Shaw, Gêner. Zool.., t. V, part. II, p. 361. ATLAS, pi. 9, fig. 6 et 6a, scie. Yahla, RusscU, Fish. Corom., p. 8, pi. XIII, jeune. Pr. serni-sagittatiis, MuU. Henle, Plag., p. 108, pi. 60, bouche et 478 PLAGIOSTOMES HVPOTRKMES OU RAIES. origine du bec. — Id., Cantor, Catnl. malay. fishes, p. 1389. — Id., Blkr., Plag., p. o3. Caractères. — Sur le bord postérieur des dents rostrales, à une petite distance de leur base, une dentelure à pointe dirigée en arrière, et qui leur donne Tapparence de fers de tlèche divisés dans le sens de la longueur, puisque le bord antérieur est sans entaille; dents, le plus ordinairement, au nombre de 23 à 27, et plus rarement de 20, manquant à la base du rostre et non régulièrement opposées; narines étendues jus- qu'au bord externe du museau; première dorsale commençant immédiatement derrière l'extrémité de la base des ventrales; la 2'^ de même hauteur; toutes les deux échancrées à leur bord supérieur, à angle antérieur effilé, mais arrondi et à angle posté- rieur pointu; distance entre les dorsales double de celle qui sé- pare la 2'^ de la caudale dont le lobe inférieur est très-distinct ; pectorales et ventrales à angle externe aigu. Les dents sont disposées avec moins de symétrie que dans les autres espèces, à ce point qu il peut y en avoir jusqu'à 7 de plus d'un côté que de l'autre, selon la remarque de M. Cantor. Teinte générale : Un vert foncé en dessus, blanchâtre en dessous. Habitat. — Mer des Indes (Polydore Roux, MM. Dussumier et Bé- langer). Longueur totale du plus grand exempl. : O'^.OS; la scie qui aO^.27, en mesure donc le tiers, mais M. Bleeker et M. Cantor ont vu des su- jets de 0">.60, 0'».73 et l'".924 où le bec est compris, dans ces lon- gueurs, 3 fois ou 3 fois 4/S. 8. Pristis dubius, Blkr, Zevende Bijdr. ichth. faun. Bornéo [Tijdschrift Natuurh. Nedcrl. Indië, t. V, p. 459), et Plag., p. 56, pi. IV, tig. 11, la nageoire caudale. Pr.xysron (serra), Blkr, Plag., p. TiS (non Pr. zysron indiqué ])lus loin). —^Pr. dubius, ld.,Enumeratio, p. 209, n''2183. Caractères. — Bec comparable, dans sa partie anléi'ieure, à celui dnPr. pectin. h cause de la longueur des dents qui est égale à la moitié de sa largeur; mais celles de la portion posté- rieure subissent une diminution marquée, chaque moitié laté- rale du bec, dans cette région, ayant une étendue transversale double au moins de leur longueur ; celles de la base tout-à-fait courtes ; l''" dorsale commençant un peu en avant de l'extrémitc postérieure de la racine des ventrales, dont rangle externe, de môme que celui des peclorales, est arrondi ; caudale non échan- PRISTIDES. GE?(RE PRISTIS, 8, 9. 479 crée, sans trace de lobe inférieur ; bords inférieur et postérieur presque égaux et de plus d'un tiers moins longs que le supé- rieur. Ces indications sont données d'après un exemplaire d'Amboine, dont le bec, à 26 paires de dents, et long de O^.S^, forme le quart de l'étendue totale qui est de 0'".97. Ce poisson fait partie des riches présents que le Musée de Paris doit à la générosité de M. Bleeker. L'espèce vit dans la mer et dans les eaux douces. 9. Pristis Zysron, Blkr, Zesde Bijdr. ichth. faun. Bornéo [Natuurk. Tijdschrift Nederl. Indië, 1852, t. III, p. 441). Pr. zysron, Id., Enumeratio, p. 209, n°2183 {necPr.zysron[&erra.], Id., Plag., p. 55). Caractères. — Bec presque égal au quart des dimensions totales, et dont la largeur médiane est comprise de 9 à 11 fois dans sa longueur, armé, sur chaque bord, de 20 à 26 dents grêles, sans sillon en arrière ; caudale beaucoup plus longue que les pectorales et échancrée derrière son angle inférieur. Le sujet unique vu par M. Bleeker était long de 0"'.90. Il avait été pris dans l'eau douce à Bandjermassing; inconnu au Muséum. Par l'échancrure de la queue, ce Pr. ne se rapproche que des Pr. semi-sagittatus, microdon et PerroUeti, mais la forme des dents laté- rales chez les deux premières espèces, celle des pectorales et la position avancée de la !''« dorsale chez le Pr. PerroUeti, qui, d'ail- leurs, a moins de dents rostrales, ne permettent aucune confusion. iV. B. Le Muséum possède quelques individus jeunes du genre Pristis qui se distinguent : 1" des Prist. Perrott. et dubius, par la situation de leur 1'''^ dorsale directement au-dessus des ventrales; 2" des Pr. zysron et semi-sagitlatus, par la forme de leur caudale non bilobée ; 3° du Pr. microdon par les dimensions de leurs dents qui sont plus longues et cependant beaucoup plus courtes et plus régu- lières que celles du Pr. megalodon. En outre, elles sont moins al- longées que les dents du Pr. pectinatus et autrement conformées que celles du Pr. cuspidatus. Enfin, par le nombre plus considérable de leurs dents, et par la largeur nioindre du bec, les Scies dont il s'agit s'éloignent de l'espèce vulgaire {Pr. antiquorum). l. L'une d'elles adressée des Antilles par Plée, longue, en tout, de 0™.76, a le bec proportionnellement très-court (0-".17) et il est beau- coup plus étroit au bout que chez les autres Scies, car il mesure 0"'.014f derrière la première paire de ùents, et 0'-''.027 à sa base (2(3 paires de dents courtes et fines). Elle pourrait être dite Pr. acutirostris, A. Dum. IL Je propose le nom de Pristis occa (herse) pour une autre Scie 480 PLAGIOSTOMES IlYPOTRÈMES OU KAIES. d'origine inconnue, de 0'".90, dont le bec (O^.SS) représente le4/i. Sa largeur derrière la l""* paire de dents égale les 2/3 de celle qu'il offre à sa base. Il y a 2-i paires de dents assez analogues à celles du Pr. pectin. par leur forme, mais un peu obliquement dirigées en ar- rière ; tandis qu'elles restent perpendiculaires à l'axe du museau chez cette dernière où, en outre, elles sont plus longues. III. Enfin, on pourrait désigner comme Pristis leplodon, en raison de la gracilité des dents du bec, 2 jeunes individus de la mer Rouge rapportés, l'un, par M. Riippell, l'autre, par M. Botta. Chez ce dernier, long de O-^.Oi, le bec mesure 0"'.24 et a 31 paires de dents grêles, moins aplaties et beaucoup plus courtes que celles des Pr. pectin. de même taille, car, pour la plupart, elles ne dépassent pas 0"'.0()8. La largeur du bec derrière la 1'''^ paire de dents est de O-^-OlO, et de 0"'.033 à la base.— Le 2'= spécimen est un peu plus petit : 0'°.82, et le bec est presque dans les mêmes proportions (0'".22); sa largeur, derrière la paire antérieure de dents, est de 0'".018, et de O^'.OSO à la base, de sorte que le rapport entre les dimensions de ces deux régions du prolongement rostral est, en quelque sorte, identique à celui qui se remarque chez l'autre individu, mais les dents qui sont au nombre de 30 d'un côté et de 31 de l'autre, sont plus grêles et présentent plus de brièveté, ce qui peut tenir à la différence de taille des animaux : les plus longues ont 0'".006. En reprenant dans le tableau placé en tête du genre (p. 472), les caractères qui amènent à la distinction des Pr. anliquorum et pecti- natus, et qui appartiennent également aux 3 autres, on peut dresser le suivant pour les 5 espèces. Tableau supplémentaire de la division du genre Pristisen espèces (I). Bord inférieur de la antiquoi-um. caudale non echan-1 ^^ '■■ -'^^ " ' -^ cré; paires de dents, n^^^,,,,^ horizontales pectinatus. (24à30) ^ U (robustes, dirigées en arrière, occa. c (grêles; bout du^l/2 acutirostris. *^ bec plus étroit! que la base de! 1/3 à peine, leplodon. (1) Ne connaissant pas les trois dernières espèces de ce tableau à l'état adulte, je n'ai pas cru pouvoir leur faire prendre un rang définitif dans le genre. J'ai seulement voulu appeler sur elles l'attention et montrer en quoi elles dilfèrent des Pr. antiquorum, et pectinatus dont elles s'éloignent moins que des autres espèces. Je signale, en outre, mais sans pouvoir lui donner un rang spécifique, un jeune individu de l'île de la Réunion.' 11 a une long, totale de 0'".80. Le bec armé de 24 et 26 dents, assez analogues à celles du Pr. pectin., mais un peu plus courtes et plus grêles, est long de 0'a.l7 seulement. Le rap- port est donc del à 4,7 environ. Si cette brièveté relative persiste à l'état adulte, on pourrait nommer la Scie dont il s'agit Pr. brevirostris. RHAMPHOBATIDES. GEr rauseau, pàiroç, raie. RHAMPHOBATIDES. GE?sKE RHYÎSCHODATLS. 483 celle des Rhamphobatis ; dents plus larges que longues, avec un petit bourrelet médian en travers, offrant, selon qu'elles occupent les points saillants ou rentrants des mâchoires, des différences dans leur volume comparables à celles qui se re- marquent dans le genre précédent, mais moins prononcées, parce que les ondulations des mâchoires le sont beaucoup moins elles-mêmes; valvule nasale antérieure (1) semblable à celle du sous-genre Rhinobate proprement dit, en ce qu'elle ne s'étend pas jusqu'à l'angle interne de la narine; une rangée de pores, en dessous, au niveau de la ceinture scapulaire comme chez les Rhinobatides. Sous le nom de Rhynchobalis, M. R. A. Philippi (Troschel's, Archiv, 1857, p. 271) a désigne une Raie de File Juan Fernandcz dont il ne connaît que la tête, mais qu'il considère comme le type d'un nouveau genre, et il décrit longuement cette tête. Ne sachant quel rang assi- gner au poisson dont elle provient, je la mentionne ici, à cause de la similitude de nom. Espèce unique. — Rhynchobatus l^vis, M., H., Plag., p. 111. lihmobatus, Duhamel, Tr. des pêches, partie II, sect. IX, chap. III, p. 292, pi. 15, fig. 1 et 2, bonnes, mais il y a des confusions dans le texte. (Adulte, Var. I, Miill. Renie.) Raia Djiddensis, Forskal, Descr. anim. ilin., p. 18, n" 17. — M., Gmel.jLinn,, Sysl. nat., t. I, pars III, p. 1511. Raie Bokhat et Raie Rhinobate, Lacép., Hist. Poiss., t. I, p. 139 et 145, pi. 6, fig. 3 (Ad., Var. I, Miill. Renie). Rhinobatus lœvis, Bl. Schn., S^jst. posth., p. 354, pi. 71 (jeune : Var. II, Mûll. Renie). — /f/., Cuv., R. an., t. II, p. 396. WalaivahTenkee,'Russ.,Fish.Coro7n.,t. I, p. 6, pi. X (jeune, Var. II). Rhinob. bokhat, R. Cloq., Dict. se. nat., t. XLV, p. 325, pi. 19, sous le nom de Rhinob. lisse (adulte, Var. I, Miill. Renie). Rhinob. djeddensis, Rûpp., Allas, etc.(Fische), p. 54, tab. 14, fig. 1 (Var. III, Mùll. Renie; Var. Djeddensis, Cantor), Rhinob. Duhameli, Blainv., Faun. fr., p. 48, pas de fig. Rhinob. lœvis, Schl. Fauna jap., p. 306, pi. CXXXIX (âge moyen, peu différ. de la Var. II, mais pas de taches blanches latérales). (i) Il s'agit ici de la valvule fixée au bord antérieur de la narine. MM. Millier et Henle la nomment valvule supérieure, mais cette épithète ne convient que si le poisson est placé sur le dos : dans la position natu- relle cette valvule est au-devant et au-dessous de celle qui garnit le bord postérieur de l'orifice nasal. (Voy. plus haut, p. 97.) 484 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. Rhxjnchob. djeddensis, Cantor, Catal. Malaij. fishes, p. 1394. Rhynchob. lœvis, Blkr, Plag., p. 58. Caractères. — Museau long et pointu; narines très-obliques, dont Tangle interne atteint presque le bord antérieur de la bouche, et dont la longueur, dépassant d'un quart l'étendue de l'intervalle qui les sépare, est trois fois aussi considérable que l'espace compris entre leur angle externe et le bord du disque; pectorales à angle externe presque droit, à bord postérieur fortement oblique de dehors en dedans, non échancré; lobe supérieur de la caudale de 1/3 plus long que l'inférieur. La longueur du museau, depuis le milieu d'une ligne qui, passant au devant des narines, se trouve limitée par leur angle externe, est un peu plus considérable que l'espace mesuré par cette ligne, et, de- puis le bord antérieur des yeux, deux fois et demie autant que la largeur de l'intervalle qui les sépare. La l""*^ dorsale qui ne dépasse les ventrales ni en avant, ni en ar- rière, est un peu plus grande que la 2^ Il y a deux prolongements cutanés au bord postérieur de l'évent. Les scutelles très-petites, presque circulaires, ont 3 carènes non proéminentes en arrière, de sorte que la peau est lisse. Le système de coloration varie suivant l'âge. Jeunes sujets {Variété II, Mûll. Henle) : sur un fond vert olive clair jaunâtre, une petite tache brune, de chaque côté du bout du museau ; une bande de même teinte sur le bord de la paupière ; sur la racine de chaque pectorale , une grosse tache d'un brun foncé entourée de petites taches blanches; d'autres taches blanches sur le reste du corps; celles des flancs disposées quelquefois en bandes. Au Muséum, plusieurs exemplaires (côte de Malabar : Dussumier; Pondichéry : Leschenault; collection formée dans les mers des Indes par Polyd. Roux). Les taches persistent longtemps, car on les trouve très-apparentes encore sur un sujet du Malabar, long de l'».29. Si, à celles que je viens de décrire s'en joignent d'autres brunes, entourées de mouchetures blanches, on a la Variété IV, Mùll. Henle, inconnue au Muséum. M. Cantor n'en fait pas mention. C'est l'âge adulte, suivant ce dernier, que caractérise la teinte brune uniforme constituant la Variété I, Miill. Henle. Le seul spéci- men du Musée qui la présente al"'. 33. Enfin, la Variété III, Mûll. Henle [Uaia Djeddensis, Forsk.), qui semble être propre à la mer Rouge, porte un abondant semis de ta- ches blanches disposées, le long de la ligne médiane, en bandes irré- gulières. M. Botta a fait parvenir, de cette mer, 2 individus de l'".07 et de l-^.SO, RHINOBATIDES. GENRE RHINOBATUS. 485 III. TROISIÈME FAMILLE. RHINOBATIDES. RHINOBATIDES (1). Caractères. — Plagiostomes hypotrèmes très-analogues, par la conformation générale du tronc, aux Pristides et aux Rhamphobatides; à disque en partie cutané, de même que chez ces derniers, mais plus semblables encore aux Raies; différents des Rhamph. par la configuration du disque dont le contour n'est point échancré comme dans le Ramphobatis an- cylostoma, par le peu d'éloignement des pectorales et des ven- trales ; par la situation des dorsales tout-à-fait en arrière des ventrales, sur la queue ; par la forme de la caudale dépourvue de lobe inférieur, et par celle de la bouche qui est presque droite et munie de dents en pavé, toutes de même volume, à quelques rares exceptions près; évents immédiatement derrière les yeux dont le contour cutané se confond souvent avec celui de ces orifices. Les ventrales sont plus longues que larges, à angle externe arrondi, à angle postérieur pointu; les carènes latérales de la queue sont très- longues et viennent presque se réunir, en dessous, à leur terminai- son. Sous la ceinture scapulaire, il y aune ligne de pores plus ou moins longue et contournée. Valvules nasales antér. complètement séparées : Rhinobatus, ouréunies sur la ligne méd. comme celles des Trygons : Trygonorhinus, I. Genre RHINOBATE. RHINOBATUS, BlSchn., Syst. posth., p. 353. Caractères. — Museau plus ou moins pointu, à carène mé- diane saillante, de forme variable; valvule antérieure de la na- rine consistant en un petit lobe qui, de l'angle externe , se porte un peu obliquement de dehors en dedans, et d'avant en arrière, et dont la base se prolonge plus ou moins vers l'angle interne de la narine (voy. Atlas, pi. 10, tig. 1 et 2); valvule postérieure à 2 lobes : l'un externe étroit, dirigé de dehors en dedans, et l'autre plus interne, court et arrondi; évents très- rapprochés des yeux; paupière munie d'un petit prolongement (1) pivôpaxoç, mot employé par Aristote {Hist. anim., t. VI, cap. XI) pour désigner un poisson qu'il considérait comme étant le produit de l'accou- plement de la Squatine, ptvo, et de la raie, pà-roç. 486 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. médian; repli membraneux interne de la mâchoire supérieure un peu ondulé à son bord libre. Ce genre, d'après la disposition de la valvule nasale antérieure, selon qu'elle se prolonge jusqu'à l'angle interne de la narine ou ne l'at- teint pas, peut être divisé en 2 sous-genres : I, Rhinobatus {Syrrhina); II, Rhinobatus [Rhinobatus). I. Sous-Genre SYRRHINA (1), Miill., Henle, Plag., p. 113. Caractère. — Valvule nasale antérieure prolongée jusqu'à l'angle interne des narines, mais non confondue avec celle du côté opposé. Tableau de la division du sous-genre Syrrhina en 6 espèces. !, .. (longues que l'es- ?i'^îcr.i„-. pace internasal. 1. Columnœ. nnes plus< 'courtes ou pres- que égales.. . . 2. annidatus. arquée; dents média-jS''^"'^^'- ^- ^«"^"^'•- nés inférieures plus< (petites. . 6. Bougainvillii. c c 3 1 "^ 1 03 tfi -' ■ «^ c c 2 G b; o O !-! O 3 V"^ \ •> o (u a2 g 1 \court et très-large 4. brevirostris. _ _ s s •^ g c 'égales; museau arrondi 3. Blochii. i. Rhinobatus (Syrrhiisa) Columnœ, M. H. [Rh. Co/., Bonap., Iconogr. Faun. ital. (3) et Catal. pesci Europ., p. 15, n" 40). ATLAS, pi. 10, fig. 7, scutelles. Rliinobalus seu Squatino-raia, Colonna, Phytobosanos, tab. XXVII, copiée par Willughbey, Hist. pisc, pi. D, S, tig. i^ p. 79. — ?/d., (1) Ivv, avec, et plv, nez, dénomination qui a pour but de rappeler l'u- nion de la valvule nasale antérieure avec l'angle interne de la narine. A l'espèce européenne du sous-genre Syrrliina, le prince Ch. Bonap., postérieurement à la publication de Miill. et Henle, laisse le nom géné- rique de Rhinobatus , et pour les espèces rapportées par ces derniers au s.-genre Rhinobatus, il forme le genre Glaucostegus. (Voy. p. 492, note 1.) (2) La longueur du museau est mesurée à partir du milieu d'une ligne horizontale limitée par l'angle externe des narines. (3) De la synonymie de la Faun., il faut exclure des citations qui se rap- portent aux /?. granulfitus el Thouini, ou a^u Rhynch.lœvis. Ondoit, déplus, en écarter les indications tout-à-fait douteuses tirées de Belon (p. 78), RHINOBATIDES. GENRE RHINOBATUS (SYRRHINA), 1, 2. 487 Aldrov., De pisc, lib. III, cap. LXVII, p. 476-79 avec fig. cop. par Jonston, De Fisc, pi. XII, fig. 6 (Ruysch, ici.). —Ici., Ray, Synops. pisc, p. 28, — Raiarostrata, Sliaw, Naturalistes MiscelL, pi. 173. '? Leiobatus panduratus (en forme de violon), Rafin., Caratt. nuovi gêner. Sicil., p. 16, n° 39, et Indice ittiolog. sicil., p. 48, n°361. Rhinob. de la Méditerr.,Cm., R. an., t. II, p. d96.—Rhinob. (Sijrr.) Columnœ, MùW. Henle, Plag., p. 113. — kl., Gray, Cal. chondr. fish. brit. Mus., p. 94.— /rf., Costa, Faun. regno Napoli, Pesci, par. 3, pi. X. Caractères. — Disque égal au tiers de la queue, un peu plus long que large; museau médiocrement allongé, et dont rétendue, depuis le milieu d'une ligne qui, passant au-devant des narines, a, pour limites, leur angle externe, remporte un peu sur l'espace mesuré par cette ligne, dans le rapport de 8 à 7 environ; carène du museau (vue en dessus) à sillon mé- dian et à peu près sept fois aussi longue qu elle est large à sa base; valvules nasales antérieures ne se prolongeant pas, en dedans, au-delà des bords de la carène rostrale; narines à peine plus longues que Tintervalle qui les sépare et que celui qui est compris entre leur angle externe et le bord du disque; ouverture buccale presque droite; pectorales arrondies. Au bord postérieur de l'évent, 2 prolongements; à son bord in- terne, ainsi que sur le devant des yeux, des tubercules semblables à ceux de la ligne médiane du dos où ils sont éloignés les uns des au- tres et en petit nombre. On en trouve également, mais d'un volume moins considérable, dispersés au milieu de l'écaillure qui se compose de sculelles excessivement petites, à pointe à peine saillante. Teinte générale : un gris jaunâtre en dessus ; le dessous blanc. Habitat. — Méditerranée. — Un spécimen long de 0'".78 (disque 0'".28, queue 0'".S0), pris en Sicile par Bibron, dont les deux voyages dans cette île ont beaucoup contribué à l'enrichissement du Muséum. Un 2" provient de l'ancienne collection de Lisbonne. 2. Rhinobatus (Syrrhina) annulatus, a. Smith, lllustr. Zool. S. Afr., Fishes, pi. XVI. ATLAS, pi. 10, fig. 6, scutelles. Rh. (Syrr.) annulatus, Mull. Henle, Plag., p. 116. — Id., Pappe, Synops. edible fish. cape good Hope, 1853, p. 32. — Id., Gr,, Cat. de Salviani (p. 153), de Linné (Syst. nat., t. I, p. 396, mais surtout éd. Gmel., p. 1510) et de quelques autres zoologistes, car il est impossible, en l'absence de caractères précis, de savoir quelle est celle des deux espèces de la Méditerranée {Rh. Columnœ ou Rh. cemiculus) qu'ils eurent en vue. 488 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. chondr. fish. hrit. Mus., p. M. — fRh. [Sxjrr.] polyophthalmus, Blkr, NieuweNalezing. ichth. Japan, p. 129 (1). Caractères. — Disque presque aussi large que long et dé- passant à peine la moitié de retendue de la queue; museau peu allongé; mesuré depuis le milieu d'une ligne qui, tracée au-devant des narines, se trouve limitée par leur angle externe, il est, à cette ligne, dans le rapport de 10 à 7 ; carène du museau (vue en dessus) à bords droits, à sillon médian insensible- ment rétréci jusqu'à sa pointe, et 5 fois aussi longue qu'elle est large à sa base; valvule nasale antérieure prolongée presque jusque sur la ligne médiane; narines à peu près égales à l'es- pace qui les sépare, mais plus courtes que celui qui est com- pris entre leur angle externe et le bord du disque ; fente buc- cale non arquée; angle antérieur des pectorales arrondi. Au bord postérieur de Févent, 2 prolongements cutanés courts, et, à son bord interne, de petits aiguillons ainsi qu'au devant des yeux; scutelles triangulaires, à 3 carènes peu saillantes : la peau n'offre pres- que pas de rudesse. Teinte générale d'un gris jaunâtre; des taches disséminées, consis- tant chacune en deux anneaux foncés concentriques séparés par une teinte claire, qui occupe, en outre, le centre de l'anneau intérieur. Sur notre spécimen, ces taches ont presque complètement disparu, on retrouve cependant quelques traces des anneaux foncés. L'extré- mité postérieure des ventrales porte une tache violette, que M. Bleeker signale dans sa description du Rh. {Syrr.) polyophthalmus. Habitat. — Le cap de B.-Espér. ; spécimen unique au Muséum dû à M. J. Terreaux, long de i"'.05 (disque O-^-SO, queue O-^-GG). 3. Rhinobatus (Syrrhina) Blochii, Miill., Henle, Plag., p. 115, pl.36, fig. 1. ATLAS, pi. 10, fig. 3, scutelles. Id., Gray, Catal. chondr. fish. hrit. Mus., p. 9i. Caractères. — Disque aussi long que large et dépassant à peine la moitié de l'étendue de la queue ; museau court, mousse et arrondi; sa longueur, depuis le milieu d'une ligne qui, pas- sant au-devant des narines, se trouve limitée par leur angle externe, est égale à l'intervalle que cette ligne mesure; carène (1) Le Rhin. pot. ne m'est connu que par la description, mais en en com- parant les termes aux caractères de notre spécimen du Cap, cité par MM. Miill. et Henle^ je ne trouve aucune différence spécifique. RHINOBATIDES. GENRE RHINOBATUS (s\RRHI1SA), 3, 4. 489 du museau (vue en dessus) à bords légèrement courbes, à sil- lon médian très-large d'al3ord , mais plus étroit à l'extrémité antérieure de la carène dont la longueur est à peine le triple de la largeur de sa base (chez les jeunes sujets, ce rapport est de 2 à 1); valvule nasale antérieure se continuant jusque vers la ligne médiane; narines presque égales à l'espace inter- nasal, mais un peu plus courtes que l'intervalle qui sépare leur angle externe du bord du disque; pectorales arrondies. Un petit prolongement cutané au bord postérieur de Vévent qui manque d'épines chez l'adulte dont la peau est lisse, couverte de scutelles extrêmement petites, arrondies et sans saillie. 11 n'y a des tubercules que sur la ligne médiane du dos, jusqu'à la f** dorsale. Dans le jeune âge au contraire, où la queue est, proportionnellement au disque, un peu plus courte, il y a de nombreux tubercules sur les deux bords de la carène rostrale (dans son milieu ils sont disposés en cercle), en avant et en dedans des yeux, sur la ceinture scapulaire et au-devant d'elle; et les aiguillons de la ligne du dos sont beaucoup plus forts et aigus. Cette remarquable abondance d'épines se voit particulièrement bien sur un spécimen de 0™.23, rapporté par M. Ca- toire. Elles ont déjà complètement disparu sur un exemplaire de 0'".72. Teinte générale : un brun verdâtre, excepté sur trois jeunes indi- vidus pris par MM. Quoy et Gaimard : leur couleur, beaucoup plus claire, tire sur le jaunâtre ; et ils ont de petites taches blanches, rondes, disposées sans ordre, mais presque complètement effacées sur des sujets de 0'".72 et de \'^M. —Habitat. — Cap de B.^Espér. 4. Rhinobatus (Syrrhina) brevirostris, Mûll., Henle, P%., p. 114, pi. 36. Rh. (Syrr.) brevirostris, Castelnau, Explor. des parties centr. Amer. S. (Poissons), p. 100. Caractères. — Disque plus large que long et formant un peu plus du 1/3 de l'étendue totale; museau large et plus court que l'intervalle compris entre l'angle externe d'une na- rine et celui de l'autre narine; carène rostrale (vue par dessus) deux fois seulement aussi longue qu'elle est large à sa base; à sillon élargi en arrière, mais rapidement rétréci vers l'extré- mité libre ; valvule nasale antérieure prolongée en dedans jusque vers la ligne médiane ; narines de môme étendue que l'espace inter- nasal, mais moindre que celui qui les sépare du bord du disque. L'angle des pectorales est tout-à-fait arrondi. Un petit i)rolonge- 490 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. ment cutané se voit au bord postérieur de l'évent. Les scutelles sont petites et pointues; la ligne médiane, en dessus, porte, sur toute sa longueur, des tubercules plus volumineux; il y en a 5, de chaque côté, à la ceinture scapulaire ; d'autres garnissent le devant de l'œil, la crête surciliaire et le bord interne de l'évent. Teinte générale verdàtre, plus claire sur les côtés du museau; les nageoires bordées de rouge violacé. Habitat. — L'exemplaire unique du Musée de Paris dû à MM. le comte de Castelnau et E. Deville vient du Brésil, d'où l'espèce a été également rapportée à Vienne par Natterer. 11 mesure 0™.S4. 5. Rhinobatus (Syruiiina) Ba>'ksii, Miill., Henle (Ba/a ros- trata, Banks, MSS), Plag., p. 123 et 192. Caractères. — Disque plus long que large, égal aux 2/3 environ de la queue; museau assez allongé; sa longueur, de- puis le milieu d'une ligne qui, passant au-devant des narines, se trouve limitée par leur angle externe, est presque le double de rétendue de cette ligne (chez un très-jeune sujet, de 0™.20, le rapport est seulement de 4 à 3) ; carène du museau (vue en dessus) creusée d'un sillon et 5 fois aussi longue qu'elle est large à sa base; valvule nasale antérieure s'arrêtant juste au niveau de l'angle interne de la narine dont les dimensions , moindres que celles de l'espace inter-nasal, l'emportent un peu sur l'intervalle compris entre leur angle externe et le bord du disque; mâchoires arquées, mais moins que celles du Rh. {Syr.) Bougainvillii; les dents médianes inférieures plus grandes que les latérales et un peu saillantes, ainsi que les mé- dianes supérieures, mais ces dernières ne différant point, par leur volume, de celles qui les avoisinent. Les téguments d'un très-jeune sujet du Muséum portent des scu- telles fort peu volumineuses, triangulaires, à pointe assez aiguë. Chez un spécimen de 0™.76, elles sont séparées par des intervalles irrégu- liers que recouvrent des scutelles encore plus petites, triangulaires ou presque circulaires, à faible carène mousse. Sur le jeune sujet, ces dernières sont à peine visibles, même à la loupe. Il y a de petits aiguillons au-devant de l'œil, au bord interne de l'évent, et un rang dorsal médian; la ceinture scapulaire en a deux courtes rangées laté- rales, avec un aiguillon isolé plus en dehors. Teinte cjénérale : un gris bleuâtre, plus clair en dessous. Habitat. — -Australie, 2 exemplaires. Le plus petit provient de la collection de Banks que Broussonnet a donnée à la Faculté de médecine de Montpellier, qui l'a cédée au Muséum par voie d'échange. RHINOBATIDES. GENRE RHINOBATUS (SYRRHINA), 5, 6. 491 6. Rhinobatus (Syrrhina) Bougainvillii, Val., MSS, Musée de Paris, in : MûIL, Henle, Plag., p. 117. ATLAS, pi. 10, fig. 1, museau vu par dessous. Caractères. — Disque à peine plus long que large; museau assez allongé et élargi à sa base; son étendue, depuis le milieu d'une ligne qui, passant au-devant des narines, se trouve li- mitée par leur angle externe, est, à cette ligne, dans le rapport de 3 Ji 2; carène du museau (vue en dessus) à bords droits, à sillon médian insensiblement rétréci jusqu'à sa pointe et 3 fois 1/2 aussi longue qu'elle est large à sa base ; valvule nasale antér. prolongée seulement jusqu'à l'angle interne des narines qui sont égales à l'espace inter-nasal et à l'intervalle compris entre leur angle externe et le bord du disque; bouche très- arquée; en haut et en bas, sur la ligne médiane, des dents beaucoup plus petites que les autres, bordées, à la mâchoire inférieure, de chaque côté , par un groupe de dents notable- ment plus volumineuses que celles des extrémités de l'arc den- taire, disposition qui se retrouve à la mâchoire supérieure, mais moins prononcée; toutes les dents, particulièrement les postérieures, à pointe un peu mousse dirigée en arrière. Il n'y a pas de prolongements cutanés au bord postérieur de l'évent qui est sans aiguillons; on en trouve quelques-uns au-devant de l'œil et sur le dos où ils forment une rangée médiane. La peau couverte de scutelles plates et extrêmement petites est pres- que lisse. Teinte générale, en dessus et en dessous, d'un brun noirâtre. Habitat. — Le spécimen type est unique au Muséum et d'origine inconnue; il a été pris pendant l'expédition de Bougainville. C'est un (f de 0'".84 à appendices génitaux très-développés. La queue est, au disque, dans la proportion de 5 à 3. 492 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. ^ .câ e ~ s "S "S -e s s ^ â i i i O 00 n ~T ta T^ c:; :3 1 ta o ^ o S ■< ^ o ça o- ce o S ^ c "5S o S s ?£ PS _ -j H ^-^ M m ^ M cd -^ G -c> ^ s^ cd > •M < ce < s i=- fel3 5 =3 S'a o o 5 es ^1 ^ 3 c 'Ci O 2 O J. — 5 3 5 S ?. C o -r SUIoai dllODllBOq 3 OUO.IBO us g tpiiyoïaSuoi iiuoâuoiOJcIsuBs o « 3 c3 5i O! ■-■ 'tn "* "=2 3 ;« -^ 2 <^ 2 C/3 c ç^ ^ o -— > c c r/1 c ^ o ^ e rt H &- o s *j o C — ___^ 3 £ ^ S ^ o RHINOBATIDES. GE^RE RHINOBATUS (RHINOBATUS), 1, 2. 493 1. Rhinobatus (Rh^obatus) obtusus, MùlL, Henle, P/af/., p. 122, pi. 37, fig. 2. Ici, Gray, Cat. chondr. fish. brit. Mus., p. 97. —Id., Blyth, Fish. lower Bengal {Journ. asiat. soc, 1860, t. XXIX, p. 37). Caractères. — Disque plus long que large de 1/5 ou 1/6, et représentant à peu près 1/3 des dimensions totales; museau court, mousse et arrondi; sa longueur, depuis le milieu d'une ligne qui, passant au devant des narines, se trouve limitée par leur angle externe, est égale à Tintervalle que cette ligne me- sure; depuis le bord antérieur des yeux, elle est 2 fois 1/2 aussi considérable que l'espace inter-orbitaire; carène du mu- seau (vue en dessus) 3 fois plus longue qu elle n est large à sa base, rétrécie dans sa partie moyenne, à sillon très-prononcé en arrière, presque nul au milieu, mais reparaissant vers l'ex- trémité antérieure; distance entre les narines moindre que celle qui les sépare du bord du disque, mais semblable aux dimen- sions de leur ouverture. Un prolongement, ou plutôt un fort pli à la région postérieure de Té- vent. Les scutelles, en forme d'as de pique, ont une pointe assez mousse, dirigée en arrière; beaucoup sont recouvertes d'un émail semblable à celui des dents, d'où résulte un pointillé blanc qui man- que sur les régions latérales et partout dans le jeune âge. Il n'y a que des traces de tubercules sur la ligne médiane, au-devant des yeux, au bord postérieur des évents et au niveau de la ceinture scapulaire; ils sont toujours mousses. Chez les jeunes sujets, cependant, ces ré- gions ont des tubercules épineux. Teinte générale brune tirant sur le rouge violacé au bord du disque et à la région rostrale. Habitai. — Les jeunes sujets du Musée de Paris viennent de la côte de Malabar (M. Dussumier), de la mer des Indes sans autre indi- cation, et de Pondichéry (P. Roux, M. Bélanger, Leschen.); le plus long mesure 0'".91. Le spéc. du Mus. brit. a été pris au Cap: coll. A. Smith. 2. Rhinobatus (Rhinobatus) granulatus, Cuv., R. anim., 2' éd., t. II, p. 396. ^ Rhinobatus rhinobatus , Bl. Schn., Syst. poslh., p. 353 (descript. faite, en partie, d'après le Rli. ^ra?î., mais il paraît y avoir eu confusion avec le Rh. halavi et peut-être aussi avec le Rh. oblusus). — Rhin. gran. M. H., Plag., p. 117, pi. 38. — Id., Gray, Cat. chondr. fish. brit. 494 PLAGIOSTOMES IIYPOTUÉMES OU RAIES. Mus., p. 9o. — Ici., Blyth , Cai't. fish lower Beng. {Journ. asiat. soc, 4860, t. XXIX, p. 36) ; remonte pcut-ûlrc les rivières;!™. 50 àl'".80. Caractères. — Disque égal au tiers environ des dimensions totales et dont la longueur est, à sa largeur, dans le rapport de 3 à 2 ; museau très-allongé ; son étendue , depuis le milieu d'une ligne qui, passant au-devant des narines, se trouve li- mitée par leur angle externe, est le double de Tespace que cette ligne mesure; comparée à l'intervalle compris entre le milieu des crêtes surciliaires, cette étendue, à partir du bord antérieur des yeux, en est quintuple ou un peu plus ; carène rostrale (vue en dessus), à sillon médian visible chez les jeunes sujets, mais nul à un âge plus avancé, si ce n'est à la.base ; ouverture des narines égale à l'espace inter-nasal ou un peu plus courte et presque double de Tintervalle qui sépare leur angle externe du bord du disque. Il y a 2 prolongements cutanés au bord postérieur de Tévent. « La peau, dit Cuvier, loc. cit., est granulée comme du galuchat. » Les scutelles, très-petites sur les régions latérales et à peine saillantes, le deviennent davantage et prennent un plus grand volume sur la carène du museau, entre les yeux, sur le bord antérieur des nageoires im- paires et sur la région médiane, où elles occupent une largeur assez considérable. Sur ces différents points, elles se transforment en gra- nulations plus ou moins mousses, dont les plus grosses, qui consti- tuent des tubercules terminés par une lame triangulaire et pointue occupent la crête dorsale jusqu'à la première épiptère. De semblables tubercules se voient au-devant des yeux, au bord interne des évents et au niveau de la ceinture scapulaire, où ils sont disposés en bande transversale ondulée. Ils sont proportionnellement très-développés chez les jeunes sujets. Sur un exemplaire provenant de M. Jaurès, quel- ques-uns des gros tubercules du dos sont séparés par d'autres plus petits, recouverts d'émail. Teinte générale d'un gris verdâtre. Habitat. — Mer et eaux douces des Indes-or. (Côte de Malabar, bords du Gange, Pondichéry). — Le plus grand a 1™.50. 3. Rhinobatus (Rhi>odatls) armatus, Gray et Hardwick, Illustr. Ind. ZooL, pi. 99. ATLAS, pi. 10, fig. 4, scutelles. Rhin, typus, Bennctt, Life of Raffles, p. 69-4. — Rhin, armatus, M. H., Plag., p. 110. — /rf., TAkr,Plag., p. 60, et Bijdr. ichth. faun. Singapore {Natur. Tijdschr.ncderl. Ind., t. III, p. 8o). Caractères. — Disque de 1/5 environ plus long que large, RHIINOBATIDES. GENRE RHINOBATUS (RHINOBÂTUS), 3, 4. 495 et dépassant un peu le 1/3 des dimensions totales; museau al- longé et effilé vers son extrémité libre, mais large à sa base ; sa longueur, depuis le milieu d'une ligne qui, passant au-devant des narines, se trouve limitée par leur angle externe, est, à l'es- pace mesuré par cette ligne, dans le rapport de 13 h 11 ; com- parée à la région inter-oculaire, cette longueur, à partir du bord antérieur des yeux, est 4 fois aussi considérable; ca- rène du museau (vue en dessus) 9 fois plus longue qu elle n'est large à sa base, promptement rétrécie, mais subissant, dès la fin de son premier quart , un élargissement qui aug- mente jusqu'à la partie antérieure, creusée d'un sillon peu pro- fond ; narines très-grandes , sensiblement égales à l'ouverture buccale, presques triples et de l'espace inter-nasal et de l'in- tervalle qui sépare leur angle externe du bord du disque. Les sculelles en as de pique sont plus volumineuses sur la carène rostrale que sur le disque; elles sont recouvertes, en assez grand nombre, d'un émail semblable à celui des dents, de sorte que les ré- gions supérieure et latérales sont semées d'un pointillé blanc. Des tubercules plus volumineux, pointus, espacés, couverts les uns d'un émail blanc, les autres d'un émail violacé forment, le long du dos, une rangée médiane, et de chaque côté, au niveau de la ceinture scapu- laire, 2 petits groupes. Teinte gé7iérale d'un brun jaunâtre; parties latérales du museau beaucoup plus claires, comme chez plusieurs autres Rhinobatcs. Habitat. —Le type de l'espèce est indien. L'échantillon unique du Musée de Paris (0™.88) provient de l'expédition autour du monde de l'Astrolabe et de la Zélée, sans indication d'origine. 4. Rhinobatus (Rhinobâtus) cemiculus (1), Geoffroy St.-Hilaire, Descr., Egypte {Poiss. de la mer rouge), f°, p. 224 et in-8% p. 244, Atlas, pi. 27, fig. 3. ATLAS, pi. 10, fig. 3, sculelles. Rhin, cemiculus, Miill. Henle, Plag., p. 118; excl. synon. Raja rhinobatos, Shaw, Gêner, zool, p. 317, dont la description ne peut s'appliquer à aucune espèce en particulier, et dont le dessin, pi. 147, fig. 1, diffère de celui qui accompagne le texte de Geoffroy. ^ Glaucostecjus cemiculus, Bonap., Cat. pesci europ., p. 14, n» 39. Caractères. — Museau mesuré depuis le milieu d'une ligne (1) Rhinob. laboureur. Tel est le nom que l'espèce porte k Alexandrie, « à cause de l'habitude qu'elle a de fouiller avec son museau dans la vase pour y chercher sa nourriture » (Geoffr. St.-Hil.). 496 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. qui, tracée au-devant des narines, se trouve limitée par leur angle externe, plus considérable d'un tiers, ou d'un quart dans le jeune âge, que l'intervalle occupé par celte ligne; comparée à l'espace compris entre le milieu des crêtes surciliaircs, sa longueur, à partir du bord antérieur des yeux, est 3 fois 1/2 aussi considérable chez les jeunes, et 4 fois chez l'adulte ; ca- rène du museau (vue en dessus) rétrécie au milieu et portant un sillon depuis la base jusqu'à la pointe, mais peu apparent à la région moyenne , 5 à 6 fois aussi longue qu'elle est large à sa base; narines plus courtes que la bouche, mais de 1;3 en- viron plus longues que l'espace inter-nasal, et doubles de l'intervalle qui sépare leur angle externe du bord du disque, dont les diamètres longitudinal et transversal sont dans le rap- port de 4 à 3. Les sculclles en as de pique sont très-fines et régulières, mais la ligne médiane du dos porte une rangée de tubercules épineux assez gros, séparés par d'autres plus petits et plus nombreux; il y en a de chaque côté de la ceinture scapulaire, au-devant de l'œil, sur la carène rostrale et au bord postérieur de l'évent. Teinte générale d'un brun verdâtre. Habitat. — Les types déposés au Muséum par Et.-Geoffroy St.-Hi- lairc, viennent de la mer Rouge ; l'un mesure 0"".37 et l'autre 0''^42. M. A. Gaudry a rapporté 2 jeunes sujets de Chypre (0'".47 et 0™.o9j, et M. Guichenot un autre de l-^J-i, de la côte d'Alger. 5 Rhinobatus (Rhinobatus) halavi, Ruppell, Atlas Rets. N. Afr. p. 55, tab. XIV, tig. 2. Raja halavi {nom arabe), Forskiil, Descr. animal, itin. orient., p. 19, considéré par Cuvier, R. anim., t. II, p. 396, note 2, comme ne paraissant pas différer de l'espèce qu'il nomme Rhin, ordinaire. Rhin, halavi, Mull. Henle, Plag., p. 120.— /(L, Guichenot, Explor. se. Alger., Poiss., p. 129. — Ici., Gray, Cal. chondr. fish. brit. Mus., p. 95, de rOc. ind.— y Glaucostegus liai.. Bon., Cat. pesci eur., p. 14. Caractères. — Disque plus long que large de i/o environ et égal aux 2/5 de la longueur totale; museau allongé, moins cependant que celui du Rliin. granulatus et surtout plus grêle à sa base; sa longueur, depuis le milieu d'une ligne qui, passant au-devant des narines, se trouve limitée par leur angle externe, l'emporte de 1/5 seulement, et même moins chez les jeunes sujets, sur l'étendue de l'espace que cette ligne mesure ; comparée à l'intervalle compris entre le milieu des crêtes sur- ciliaircs, cette longueur, à partir du bord antérieur des yeux, RHIINOBATIUES. GENRE hHlNOBATUS (RlliNOBATUS), B-7. 497 en est le quadruple; carène du museau 7 ou 8 fois plus longue qu'elle n'est large à sa base, et très-différente de celle du Rh. gran. en ce qu'elle est rétrécie dans le milieu de son étendue oi^i manque presque complètement, en dessus, le sillon mé- dian; narines notablement plus grandes que celles de ce der- nier, et dont la longueur moindre que celle de la bouche, mais double de l'intervalle qui sépare leur angle externe du bord du disque, dépasse, d'un quart environ, l'étendue de l'espace inter-nasal; dents médianes de la mâchoire supérieure un peu plus petites que les autres. Scutelles en forme d'as de pique, à poinle dirigée en arrière et dont la base est souvent bifurquce, de même que les pointes latérales, mais plus acérées chez les jeunes sujets; épines disposées comme chez les Rh. gran., et, quelquefois, dans les régions correspondantes, des granulations semblables à celles de ce dernier. Teinte générale d'un brun grisâtre. Habitat. — Les exemplaires du Muséum proviennent presque tous de la mer Rouge par les soins de MM. BoUa et Bové. Le plus grand mesure 0'".83. M. Guichenol en a rapporté un des côtes de l'Algérie. 6. Rhiin'obatus (Rhinobatus) Philippi, Miill., Henle, P/a^., p. 119, pi. 39. CARAnTÈRES fort analogues à ceux du Rh. (jranulatus, avec les différences suivantes : carène du museau très-étroite (20 fois moins large à sa base qu'elle n'est longue); sans sillon médian et à bords parallèles; un seul petit prolongement cutané au bord postérieur de l'évent; dents moins nombreuses. Teinte générale : un brun rougeàtre ; bords du museau et de la queue plus clairs. — Habitat. — Inconnu au Muséum; décrit d'après un individu péché dans l'Océan, long de 0'".-487 et donné au Musée de Berlin parle docteur Philippi. 7. Rhinobatus (Rhinobatus) Schlegelii, MulL, Henle, Plag., p. 123, pi. 42. Wiin. Schlegelii, Richardson , Report ichth. China and Japan, p. 195. — Id., Tennn., Schl., Fauna japon, (pisces), p. 207. — Id., Blkr, Acta Soc. scient. Indo-NeerL, t. III, Vierde Bijdrage ichth. Japan, p. 41. — Id., Gray, Cat. chondr. fish. brit. Mîis., p. 97. Caractères. — Museau assez allongé et pointu, remarquable par l'absence complète de rugosités, particulièrement sur la carène, qui est grêle, élargie vers son extrémité libre, à sillon Poissons. Tome I. 32 498 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. étroit, presque nul à cause du peu de largeur de la carène dès sa base, visible cependant à la pointe du museau; espace inter- nasal égal aux 2/3 ou seulement à la 1/2 de la longueur des narines , laquelle remporte sur Télendue de l'intervalle qui sépare leur angle externe du bord du disque; 2 tubercules cutanés au bord postérieur de Tévent. Les scutellcs sont extrêmement petites; il n'y a ni tubercules, ni épines autour des yeux et sur la ceinture scapulaire; sur la ligne médiane du dos, les tubercules sont très-petits et peu apparents. Teinte (jénérale : un brun uniforme; des taches brunes chez les jeunes. Habitat. — Côtes de Nangasaki (Japon). Inconnuau Muséum. M. Blee- ker a vu des sujets de 0'".'4J i et de 0"\54-4. 8. Rhinobatus (Rhi>:ob.\tus) undulatus, Olfers, Die galtung Torpédo, p. 22. Puraque, Marggraf, Hiist. rerum natural. BrasiL, lib. IV, p. 131, fig. copiée par Willughbey, Hist. pisc, tab. D,5, tig. 2, p. 80 [Tor- pédo aviericana, Peixe viola Lusitanis], et par Jonston, De pisc, pi. XXXVI, fig. 9, p. 201, et Ruysch, Thés. De pisc, id. (1). Bhinob. eleclricus, Bloch, Sch., Syst. posth., p. 336 (2). Torpédo americana, Ray, Sy7iops. pisc., p. 29^ d'après Marggrave. Bhinohalus glaucosticlos, Olfers, Die galt. Torpédo, p. 22. ïihinoh. Marcgravii, Henle, Ueber Narcine, p. 3i. — Rhinob. un- dulatus, Mûll., Henle, Ping., p. 121, pi. 40. — Id., Castelnau, Ex- pédit. dans les parties centr. de l'Amer. S.; Poiss., p. 100. Caractères. — Disque plus long de 1/3 environ qu'il n'est large, et formant plus de la 3'' partie de l'étendue totale; mu- seau allongé, arrondi à son extrémité, un peu plus étroit et eftilé que chez le BJi. halavi, moins cependant que chez le Rh. gra- nuL, k sillon bien apparent; sa longueur, depuis le milieu d'une ligne qui, passant au-devant des narines, se trouve li- ft) Un manuscrit de la Biblioth roy. de Berlin : Liber principis ( Theatr. rerum natural. Brasitiœ) 1661-64 renferme (t. I, p. 394, Miill. Henle, ou t. II, p. 394, Olfers) une représentation de ce Rhinob. sous le nom de Pu- raque. (2) C'est par suite d'une confusion qui remonte à Marggraf, entre le poisson dont il s'agit ici et les Torpilles, que le nom de Hhinohaius elec- tricus a été introduit, mais bien à tort, dans la nomenclature, car on ne connaît aucune espèce de ce genre qui produise de l'électricité. Olfers (Die gattung Torpédo, 1831, p. 20-22) ayant donné, avec la citation des textes, des détails qui démontrent l'impropriété du nom spécifique, et M. Henle {ik-ber Narcine, 1834, p. 34) étant revenu sur cette question d'un intérêt purement histoiiquc, je me borne à renvoyer à leurs mémoires. RHINOBATIDES. GENRE RHINOBATUS (RHINOBATUS), 8-10. 499 mitée par leur angle externe, presque double de l'espace que cette ligne mesure; comparée à l'intervalle des crêtes sus- oculaires, cette longueur, à partir de leur bord antérieur, est quatre fois plus considérable ; carène rostrale (vue en dessus) rétrécie dans son milieu, 6 à 7 fois plus longue qu'elle n'est large à sa base; narines un peu plus grandes que Tespace inter- nasal et à peu près égales à celui qui les sépare du bord du disque; 2 prolongements au bord postérieur des évents. Les scutelles sont très-petites, mousses et presque circulaires, de sorte que la peau est lisse, mais la ligne médiane porte une rangée d'épines entremêlées de petits tubercules couverts d'un émail sem- blable à celui des dents; il y a des épines en dedans des yeux et des évents; sur la ceinture scapulaire elles forment, de chaque côté, un petit groupe; celles de la carène rostrale sont les plus grosses. Teinte générale : un brun verdâtre; des bandes transversales on- dulées, assez régulières sur la queue, mais disposées sans ordre sur le tronc où elles prennent, quelquefois, l'apparence de taches. Habitat. — Brésil : Delalande, MM. Cl. Gay et le comte de Castel- nau; le plus grand spécimen a0'".88 (disque 0"'. 31, queue 0™. 57). 9. RHINOBATUS (RmrsOBATus) HoRKELii, M., H., Plag.^p. 122. Id., Castelnau, Poissons de l'Amer, du Sud, p. 100. Caractères. — Disque plus long que large dans le rapport de 3 à 2 environ ; museau assez pointu, dont l'étendue, à partir du milieu d'une ligne qui, passant au-devant des narines, se trouve limitée par leur angle externe, est d'un tiers plus con- sidérable que l'intervalle mesuré par cette ligne ; comparée à l'espace compris entre le milieu des petites crêtes oculaires qui sont à peine saillantes, cette longueur, à partir du bord antérieur des yeux, est neuf fois aussi considérable; carène du museau 6 fois 1/2 aussi longue qu'elle est large à sa base , un peu rétrécie dans sa région moyenne, h sillon peu pro- fond, plus visible à la base que dans sa moitié antérieure oîi il est presque effacé ; narines égales en longueur à l'espace inter -nasal et un peu plus courtes que l'intervalle qui sé- pare leur angle externe du bord du disque (chez le type de MM. MûlL, Henle, il y a égalité de longueur) ; 2 petits pro- longements au bord postérieur des évents. Scutelles fort peu volumineuses, en forme d'as de pique à pointe dirigée en arrière et mousse, avec 2 ou 3 petites dentelures très-fines à leur extrémité antérieure, et ne donnant, en quelque sorte, aucune rudesse aux téguments. Il y a de très-petites épines sur la ligne mé- bOO PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. diane du dos, au-devant des yeux, au bord interne des évenls, et une épine isolée de chaque côté de la ceinture scapulaire. Teinte générale : un brun verdâtre. — Habitat. — Bahia: M. de Cas- telnau : long., 0'".57 (disque Û^'-S^, queue 0"'.3o;. 10. Rhinobatus (Rhinobatls)Thouim, m. H., P%.,p.l20. Atlas, pi. 10, fig. % 'îi.a, 2b, museau et dents. Raie Thouin, Laccp., Ilist. Poiss., t. I, p. 134, pi. 1, fig. 3, -4 et 5, cop. par Shaw, General Zool., t. V, part II, p. 318, pi. 147, fig. 2; considérée par Cuv. [R. anim.,i. II, p. 39G, note 2) comme une va- riété de l'espèce qu'il nomme Rhinob. ordinaire. Rhin, ligonifer, Cantor, Catal. malaij fishes, p. 1397, pi. 14. — Id., Blkr, Plag.,p. ^ôd.—?GtaucostegîisThouini,Bona\)., Cat. pescieurop., p. 14, n''37. Caractères. — Carène rostrale portant, à son extrémité an- térieure, un prolongement oblong-ovalaire, légèrement rétréci ft vers le milieu de sa longueur, et séparé du reste de la carène par un petit étranglement (1); un sillon à la base seulement de la carène qui, chez le spécimen du Musée de Paris, est, comme chez les sujets décrits par M. Gant, sous le nom de Rh. ligon., couverte, dans toute son étendue, de petits aiguil- lons; narines plus grandes que l'espace inter-nasal et que l'in- tervalle qui sépare leur angle externe du bord du disque. Les scutellcs consistent en petits tubercules à pointe acérée dirigée en arrière ; plus grosses sur la carène rostrale, devant les yeux, en dedans des évents et sur la ligne médiane du dos jusqu'à la 2'" dors. Teinte générale: un brun jaunâtre ; portions membraneuses du dis- que plus claires et blanchâtres. Habitat. — L'origine du type de Lacépède, qui provenait du Musée du Stathouder, est inconnue. Le Muséum a reçu, de la mer Rouge, par les soins d'Et. Geoffroy St.-Hilaire, un jeune individu long de 0™.39, dont le disque, y compris le prolongement rostral (O^Kll), égale presque la moitié de l'étendue totale. Il est tout-à-fait semblable au dessin donné par Lacépède. L'espèce qui vit aussi dans la mer des Indes, puisque l'identité entre elle et le Rh. ligonifer, Gant., ne sem- ble pas contestable, peut atteindre la taille de 2 mètres (Bleckcr). Le Musée de Leyde l'a reçue de Surinam? (Mull., Hcnle). N. B. Je mentionne en appendice aux Rhinobates, mais sans pou- voir leur assigner un rang précis, les espèces suivantes : (1) En le décrivant ainsi, on évite l'erreur où peut faire tomber la com- paraison soit avec un pentagone (Miill. Henle), soit avec un 8 (Cantor), car ni l'une ni l'autre de ces figures ne se retrouve exactement dans l'ap- pendice rostral. RHINOBATIDES. GENRE TRYGONORHINA. 501 I. Rhinobatus productus, Ayres (MSS), in : Girard, Proceed. acad. nat. se. Philad., 1851, t. Vil, p. 19G, el Explor. and Surveys from the Mississ. river to the pacif. Oc. (fislies), p. 370. La description très-courte ne mentionne que le système de colora- tion : « Museau d'une nuance plus claire que le reste; une bande noire le long de la ligne dorsale, avec des taches diffuses de la même • teinte sur les régions latérales et une double bande longitudinale également noire sur le museau. » Californie. II. Rhinobatus hynnicephalus , Richards., de wn;, soc de charrue, et xeça^vî, tête [Report ichth. seas Chin. and Jap., p. 193) distingué d'après des dessins inédits de Reeves et de Hardwick. Ici, encore, on n"a décrit que les couleurs : « Taches brunes fon- cées, demi-circulaires, sur un fond d'un brun jaunâtre. » m. Rhinobatus Jaram, Montrouzier [Faune de Vile Woodlark ou Moiou, publiée par V. Thiollière, Ann. Soc. impér. agric. hist. nat., Lyon, 1836, p. 220). L'éditeur fait observer avec raison, que des ta- ches bleues ocellées de blanc sur les pectorales semblent indiquer une espèce particulière. La seule qui, jusqu'à présent, ait été rapportée de l'Océanie [Rh. [Syrrhina] Baiiksii) ne présente pas les caractères signalés dans les courtes indications fournies par le missionnaire. IL Genre TRYGONORHINE. TRYGONORHINA {i),Mû\L, Henle, Plag., p. 424. Caractères. — Très-analogues à ceux du genre Rhinobate; mais valvules nasales antérieures fort différentes, par suite de leur réunion complète sur la ligne médiane, comme chez les Trygons., de sorte qu'elles sont transformées en une val- vule unique considérable, à bord postérieur légèrement con- cave, d'une étendue semblable à celle de la fente buccale dont il suit le contour, et formant, à chacune de ses extrémités, un angle arrondi; à bords latéraux un peu échancrés à leur ori- gine, mais droits dans le reste de leur longueur. La valvule nasale fi.xée dans son milieu aux parties sous-jacentes par une bride qui occupe la largeur peu considérable de l'espace in- ternasal, recouvre presque complètement les narines dont on ne voit que la portion externe sous l'apparence d'un orifice presque circu- laire bordé en bas par la portion arrondie de la valvule postérieure qui s'étend au-dessus de l'antérieure jusqu'au voisinage de l'angle in- terne. La queue, semblable à celle des Rhin., a 2 épiptères de mêmes dimensions; la 1'"'^ commence au-delà des ventrales; la caudale est sans lobe inférieur. (1) Rhinob. à narines (flv, nez) ou plutôt à valvules nasales de Trygon, 502 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. Espèce unique. — Trygonorhina fasciata, MûU., Henle, Plag., p. 124, pi. 43, d'après Raja fasciata, Banks, MSS. Caractères. — Disque d'une largeur égale ou à peine infé- rieure à sa longueur, par conséquent beaucoup plus arrondi, plus large et plus court encore que chez les Rhinobates à mu- seau peu proéminent [Rliin. brevirostiis, Rlochii, obtus2is). La longueur de la partie rostrale, depuis le milieu d'une ligne qui, passant au-devant des narines, se trouve limitée par leur angle externe, est de 1/3 moins considérable que l'intervalle mesuré par cette ligne ; comparée à l'espace qui sépare le re- bord saillant des orbites, cette longueur, au-devant des yeux, en est un peu plus du double; carène du museau (vue en des- sus) très-large en arrière; sillon fort ouvert à la base, mais bientôt rétréci, et ne représentant plus, dans son 1/3 antérieur, qu'une fente étroite. Les scutelles très-petites, un peu arrondies en arrière, sont sur- montées de trois carènes dont la n:édiane est la plus forte, mais à peine saillante, de sorte que la peau offre très-peu de rudesse. Au milieu de ces scutelles, sont disséminés, çà et là, des tubercules mousses. Sur la ligne médiane du dos, il y a une série de 16 tuber- cules à pointe peu acérée, et dont le volume augmente depuis le pre- mier jusqu'au dernier, qui est placé au-devant de la 1'"'= dorsale, et 3 ou 4 plus petits entre elle et la S''; à droite et à gauche de la ligne médiane, sur la ceinture scapulaire, 2 tubercules; un seul devant l'œil et au bord interne de Tévent. Système de coloration : sur un fond gris brunâtre, 4 bandes bleues ondulées étendues de l'un des bords du disciue à l'autre, la l''^ pas- sant sur les yeux, les 2 suivantes au-devant et au niveau de la cein- ture scapulaire, la i" vers la portion postérieure du disque, toutes bordées par une ligne foncée. Habitat. — Outre 2 exemplaires (f et 9 rapportés du port Western (Australie), par MM. Quoy et Gaimard, et qui sont des types, le Mu- séum en a reçu un 3« à jjcu près de même taille, péché en Australie par M. J. Verreaux, de 0'".80 (disque 0"'.33, queue, 0"'.47) ; large de 0'".35. TRIBU II. . BÂTIDES ou BAIES (1). CARACTÈRES. — Plagiostomes hypotrèmes , a queue de vo- lume et de longueur variables, quelquefois en forme de fouet, (1) Voyez, relativement à l'usage de ce mot, p. 470, note 1. Il a été em- ployé déjà, dans un sens plus général, par M. Agassiz pour désigner les TORPÉDINIENS. 803 et munie, près de sa base, d'un ou de plusieurs aiguillons, ou bien épineuse ou tout à fait nue , jamais confondue avec le tronc qui, par suite du grand développement des pectorales, est en forme de disque prolongé antérieurement, le plus sou- vent, par une carène rostrale ; dorsales ou épiptères toujours sur la queue, mais quelquefois nulles ou bien remplacées par un simple repli cutané, tantôt unique, tantôt double, Tun supé- rieur et Tautrc inférieur; caudale simple, non fourchue ou nulle; dents petites, soit plates, soit pointues, ou grandes, en forme de plaques; presque toujours une paupière supérieure. La Tribu II comprend 5 familles :!, Torpédiniens; 2, Raies; 3 Trygoîiea ou Pastenagues; 4, Myliobatides ou Mourines; 5, Céphaloptères ou Raies cornues. [Voy. le tableau, p. 469.) IV. PREMIÈRE FAMILLE. TORPÉDINIENS. TORPEDINES (1). Caractères. — Corps plat, discoïde, sans proéminence ros- trale, lisse, complètement nu, logeant, de chaque côté, dans l'intervalle qui sépare la tète et le bord interne des nageoires pectorales de l'appareil branchial, un organe doué de la pro- priété de produire et de dégager de l'électricité, très-abondam- ment pourvu de nerfs, consistant en un grand nombre de tubes polygones verticaux, dont les contours sont quelquefois visi- bles à travers les téguments, et divisés par de petites lames très-fines transversales et parallèles ; queue courte, fort char- nue, munie de deux carènes latérales, plus ou moins déprimée à sa base, cylindrique à son extrémité qui porte une nageoire terminale triangulaire ou arrondie; ventrales placées immédia- tement derrière les pectorales; dorsales en nombre variable (une ou deux) situées sur la queue ou manquant tout à fait; valvules nasales antérieures réunies en un lobe unique à bord postérieur libre, si ce n'est au milieu où il est fixé à la lèvre supérieure par une bride cutanée ; dents pointues ou plates ; ceinture scapulaire non soudée à la colonne vertébrale. Plagiostomes hyputrèmes. Voy., p. 275, l'analyse de sa plus récente classi- fication, où il nomme Galéodes les Pleurotrèmes. (1) Torpédo. Ce mot qui signifie engourdissement, se trouve dans Pline. Il est la traduction de vâpnvi, employé par Aristote pour le même poisson. 504 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. s o z; = 05 «o g^ o — ►S C en ^S es s I « O 3 t/2 — « g- S c/3 O o <^ s- = "3 S ?: 2 S - -x S^i 3 '^ X ■^ 7^ - a C2- Gt; c^ TJ 13 '- O 2 « • X •- Cl ^ .X; o o - — o s s ^^ -z) g a ^^ s < ~ i~ E ^ 5 fcq ^ =: p-, .ri^ ^ /3 •72 O fc/D c '-•as t. 03 I I ,, 2" s, X - s 3 Cj «^ , — rt .-, > "T; •• o o 13 O ~^^^ i" c '^ -3 c— ~ H~ ^J ^ t*j = :: - o:r « y; ^ J ^ -^ S - 3 O ^•"î ^ -3 rt — "i^ -^ f* CO c '3 0 ^ C S •5^ ni 0 r o.".s ~ ^— ■ c c! rt a. X 0 - ^ ^ = >% u .- — Q o'^ 9 0 "U i; = rt > ^^ = .--=* 'c ■* '- 3 en 'rt â; :t - 3 ■ — ■ s u a: 3 — ' c 'x; b S •- — - 5 .12 •c ce < c ^ M «30 .« C O 3 >,^.2 =^^ ^ iJ ■ ri TORPEDmiENS. GENRE TORPED 505 s -«_ -^ ^ o o "^ 3 isB S _o 1 ^ *"~^ Se G ai ai > TS-^ «3 .~ 0 C3 0 S cS • »• '^ en c L< il^ 'rt ?► 3 S 2 0 0 a ta Tj tn 1» ^- C — := S D. sjaaAg 806 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. 1, ToRPEDO ocuLATA, Beloii , De aquat., lib. I, p. 93, figure, et Nat. et Diversité des poiss., liv. I, p. 82, Trembleuse por- tant des yeux peints dessus le dos. Torpédo ocellaia, Rudolplii, Gundr. physioL, t. I^ p. 199. — Id., Olfcrs, Die gatlung Torpédo, p. 9, pi. 1. — Torp. narce, Bonap., Faun. icon. ital., et Cat. met. pesci europ., p. 44, n" 3i. — Torp. ociil., Mtill., Henle, Plag., p. 127. — Id., Gray, Cat. cliondr. fish. brit. Mus., p. 99. — Id., A. Dum., Mo7io(jr. Torpèdin. {Rev. %ool., 4852, p. 23i) (1). Caractères. — Disque presque ciî'culaire, un peu plus large que long, à bord antérieur soit presque rectiligne, soit légè- rement concave, soit entin faiblement infléchi, suivant une courbe qui se continue avec celle des bords latéraux; se pro- longeant à peine en arrière, sur l'origine des ventrales : d'où résulte, au niveau de cette origine, ainsi que du peu de largeur des ventrales en avant, un angle rentrant assez ouvert; queue presque égale au disque, et dont la portion située au-delà des ventrales est plus longue que ces nageoires; évents circulaires, à bords lisses chez l'adulte, mais munis, dans le jeune âge, de petits tentacules qui, plus tard, disparaissent. Système de coloration. — Variété I. R(''gions supérieures d"un brun rougeâtre; 1-7 taches, le plus souvent o, à centre bleu entouré par une teinte plus claire, ou non ocellées. T. ocidata, Belon, De aquat., lib. I, p. 93, fig., et Nature et diver- m site des Poiss., livre I^ p. 82; G taches * , * — Torpédo, Rondelet, De pisc., lib. XII, cap. XIX, p. 338; p. 362, taches non ocellées; cl Ilist. Poiss., liv. XII, chap. XVIII, p. 285 et 286; 5 taches '"'; fig. co- piéeparGcsner, D? a(^(Append.),p. GO, n" 29, « 5 taches ocel- lées formant un pentagone ». — Torp. maculata, kl., Id. (Supplém.), p. 6o, n" 381, « 5 taches noires non ocellées, en pentagone ». Torp. à 5 taches, Desmarest, cdit., HiU. poiss. de Lacép., pi. 8. Torp. ocellata, Olfers, Die (jailung ror/)ef/o,p.9 et 10, var. o, fig. 1, *, ,* ; fig. 2 * , ' et fig. 3 . • . — Id., Henlc, Veher Narcine, p. 30. • • • Torp. Galvan., Bushnan, Fish., p. 157, pi. XXVI (Jardine, Nal. libr., 5 taches. — Variété II. Régions supérieures de la même teinte que dans la Var. I, avec de semblahles taches ocellées ou non ocellées ; mais, en outre, sur la région dorsale, de petites taches blanchâtres éparses qui, ayant, à leur centre, un point plus clair que le pourtour, sont, en quelque sorte, ocellées (1]. Torpédo, Besler et Lochner, Rariora mus. Besleriani, tab. XVI, 5 taches noires non ocellées, outre le pointillé blanc. — Torp. variegata, Rafin., Indice (Supplem.), p. 63, n" 382. — Torp. narke, Risso, ïchth. lSice,\>. 18: 3 taches ocellées, disposées en pentagone, avec de nom- breuses petites taches blanchâtres. Torp. unimaculata, Id., /(/., ]). 19, pi. III, fig. 3, et Hi^t. nat. Eur. mér., t. III, p. 143, pi. IV, fig. 3: une seule tache bleue ocellée et de nombr. petites taches blanches, cop. in • Dict. se. naf., Poiss., pi. 21. Raia torpédo [Var. à 5 taches), Blainv., Faune franc., p. -43, pi. 10, fig. 2, et Var. unimaculala, p. 43, pi. 10, fig. 1. Torp. narce, Bonap., Iconocjr. faun. il., pi. 133, fig. 1 et 2; à 3 et à 3 taches, et Cat. met. pesci Europ., p. 14, n"34. — Torpille «3 ta- ches, et Var. àl tache, Guichenot, Explor. scient. Alg., Poiss., p. 130. — Variété III. Teinte générale brune, avec de petites taches blan- ches, mais pas de taches ocellées. Malgré l'absence de ces dernières et la persistance de traces de courtes dentelures au pourtour des évents, les individus qui offrent ce système de coloration semblent bien appartenir à l'espèce dont il s'agit ici. — Variété IV. Sur un fond marbré, des taches foncées non ocellées. liaja torp., Donovan, Brit. fish., t. III, pi. LUI, 3 taches * * Habitat. — Méditerranée; plus rare dans l'Océan. (1) On trouve des fig. se rapportant aux Var. I et II sur des vases étrus- ques. Olfers [Die g ait. Torp., pi. 3, fig. 1-6), et Blumenbach {.AblAld. natur. hist., n» 57) en ont reproduit, mais la nature n'a servi de modèle ni pour le nombre, ni pour la position respective des taches. 508 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. 2. Torpédo marmorata, Risse, Ichth. Nice, p. 20, pi. III, fig. 4, et Hist. nat. Eur. méricL, t. III, p. 143, pi. IV, fig. 9. Torp. mar-mor., Rudolphi^ Gundr. PlujsioL, 1. 1, p. 499. — Id., 01- fers. Die galt. Torp., p. H. — T. Galvanii, Bonap., Faun. iconocjr. it., pi. 153^ tig. 3, 4, 5, et Cm. mel. pesci Europ., p. 14, n" 3o. — Torp. diversicolor, J. Daw, On thc Torp. [Piiilos. Trans.], 1834, part II, p. S50. Torp. marmorata, Miill., Hcnle, P/n^., p. 128. — Id., Gray, Cal. chondr. fîsh. brit. Mus., p. 100. — Id., A. Duni., Monogr. Torp. [Rev. zooL, 1832, p. 236). ?? Lophius monopterygius, Shaw, Natur. mise, pi. 202 et 203. Les autres synonymies sont indiquées à la suite de chaque variété. Caractères. — Disque très-analogue à celui de la T. oculata, mais plus long que la queue, et un peu plus prolongé en ar- rière, de sorte que recouvrant davantage l'origine des ven- trales, l'angle rentrant qui les sépare du disque est moins con- sidérable (1); les bords de ces nageoires sont plus arrondis, surtout en arrière, et leur longueur remporte sur celle de la portion de l'appendice caudal qui les dépasse; évents à ten- tacules très-apparents à toutes les époques de la vie. Système de coloration. — Variété l. Des marbrures formées par des taches brunes; en outre, des taches blanches. Torpille, Duhamel, Traité des Pêches, t. III, sect. IX, pi. XIII ; le texte ne se rapporte à aucune espèce en particulier. — Id., Réaumur, Mém. Ac. S., 1714, éd. 4", pi. 12. — Variété II. Des marbrures comme dans la Variété I, mais pas de taches blanches. Raja torpédo, Brunnich, IclUh. massiliensis, p. 1,n*' 1. — Variété III. Sur un brun clair, des points bruns plus foncés. Narre, Turpedo, Belon, De aquat., p. 89-91, et Tremble ou Torpille, Id., Nat. et diversité des Poiss., 78-80; la fig. de l'animal vu en des- sous copiée par Gesner, lib. IV, De Torped., p. 988, éd. Francf., 1620. Torpédo [tertia species). Rondelet, Depisc, lib. XII, p. 362, piHist. poiss., liv. XII, p. 287, cop. par Gesner, De aquatil., p. 992; par Jonston, De pisc, pi. IX, fig. 6 (Ruysch, Id.]. N arcacion totus inordin . macul. vel {/««., Klein, M/.s.s., III, p. 32, n^S. (1) Olfers, en disant :corporeelliptico-rotund(ito pour cette espèce, et corp. rotundafo pour la T. ucula'n, a bien exprimé la petite différence de forme du disque. Celle que présente l'angle rentrant là où cesse la pectorale et où commence la ventrale est exactement indiquée par le prince Ch. Bona- parte (Iconogr.). J'en dirai autant pour les dimensions un peu moindres de la queue de la T. marmor. TORPÉDINIE.NS. GENRE TORPEDO, i2, 3. 509 Raie torpille, Lacép., Hist. poiss., t. I, pi. 6, fig. i très-incorrecte; le texte ne se rapporte à aucune espèce en particulier. — Torpédo, Hunter, Philos. Tram., 1773, t. LXIII, p. 481, pi. XX, et Œuvres compL, trad. Richelot, t. IV, p. 513, pi. LUI, copiée de la pi. XIX annexée au Mém. de Walsli. Philos. Trans., t. LXIII, p. 461. Torp. punclala, Rafin., Indice, p. 61, n° 31. — Variété IV . Un brun jjIus ou moins foncé, sans taches ni points. Torpédo [quarta species). Rondelet, De pisc, lib. XII, p. 363, et Hist. poiss., liv. XII, p. 287, cop. par Gesner, De aquatil., p. 992; par Jonston, De pisc, pL IX, fig. 5 (Ruysch, Id.). — ? Torpédo, Ges- ner, toc. cit., p. 993, copiée par Aldrov. sous le nom de Torp. non maculosa. De pisc, p. 418. Narcacion, lotus colore rubricœ fabrilis a cceteris differt, Klein, Missiis III, p. 32, n" 4. ? Electric ray, Pennant, Brit. z-ool. fish., t. III, p. 118, pi. XII, éd. de 1812. — Torpédo immaculata, Rafin., Indice, p. 60, n" 30. Torp. Galvani, Risso, Ichth. Nice, p. 21, n" 4, pi. III, fig. 5, et Hist. nal. Eur. mérid.,i. III, p. 144, n» 29. — /rf. [The old brit. Torp.), Yarrell, Brit. fish., 3*^ édit., t. II, p. S59. — Id., Hamilton, Brit. fish. [Naturalises libr., fish., t. III, p. 322, pi. 30. — ? Torpédo, Couch, Hist. fish. brit. islands, 1. 1, pi. XXX ; le texte, p. 119-129, se rapporte aux T. ocul. et marm. 3. ToRPEDo SINUS PERSici, Kaempfer, Amœnitat. exotic, etc., fasc. III, p. o09, avec fig. reproduite par \ alenlin, Amphith. anatom., seclio XCI, t. II, p. llo, pi. LXIX. Torp. marmor., var. s [T. sin. pers.), Olfers, Die Gatt. Torp., p. 15. Id., Henle, Ueber Narcine, p. 31.— /rf.. M., H., Placj., p. 128. T. sin. pers., A. Dum., Monogr. Torp., Rev. %ool., 1852, p. 239. Caractères. — Disque un peu plus large que long, et dont la longueur l'emporte sur celle de la queue, arrondi en avant, mais présentant, de chaque côté, un léger enfoncement au niveau de la réunion du bord antérieur avec les bords laté- raux, qui sont arrondis et recouvrent à peine le commence- ment des ventrales; celles-ci analogues pour leur conforma- tion aux ventrales de la T. oculata, plus courtes que la partie de la queue prolongée en arrière de leur extrémité postérieure, un peu étroites k leur origine, au niveau de laquelle se forme, par là même, un angle rentrant assez considérable; 1''* dorsale effilée, à extrémité libre arrondie, et offrant une hauteur double de l'espace compris entre les évents, qui portent quelques traces seulement de tentacules ; bord postérieur de la caudale SIO PLAGIOSTOMES HYPOTRÉMES OU RAIES. droit et réuni par des angles non arrondis aux bords supérieur et inférieur qui sont eux-mêmes rectilignes. Système de coloration : de petites taches blanches et brunes, pres- que complètement effacées sur le spécimen unique du Muséum. Habitat. — Mer Rouge : M. Botta. Long, totale, O^.iOS. L'espèce se distingue de toutes les autres : l"par le grand déve- loppement et la forme allongée de sa l'"'" dorsale; 2» de celles dont elle se rapproche le plus [T. marmorata et jmnthera), par la forme des ventrales, par Téloignemcnt de ses nageoires et du bord posté- rieur du disque, et enfin, à cause même de cette disposition, par la largeur moins considérable de la base de la queue. Le dessin, quoique grossier, de Kœmpfer, montre quelques analo- gies avec notre Torpille (forme du bord antérieur du disque, des ven- trales et de la caudale); les indications (ju'il donne sur la coloration, sont conformes à ce qui se voit encore chez notre spécimen. 4. ToRPEDo p.\NTHERA,Ehrenberg,MSS,Mus. Berlin, m ;01fers, J)ie Gatt. Torp. : Var. y, Torpedin. marmoratœ^ p. 15 et 16, et Henle, Ueber Narcine, p. 30. Torp.pa^ithcra^Mpp., Neue Wirbelth. Abyss. (Fische), p. 68, pi. 19, fig. ia et ib. — Id., Mûll., Henle, Play., p. 193, — Id., A. Dum., Monoyr. Torpéd. {Revue %ool., 4852, p. 239). Caractères. — Disque un peu plus large que long, dont la longueur est presque égale à celle de la queue, et très-analogue au disque de la T. marmorata ; ventrales larges, surtout à leur extrémité antérieure, d'où résulte, en partie, la largeur de la base de la queue, et constituant, ensemble, une sorte de demi- cercle ; dents de la mâchoire inférieure sur la région médiane seulement oîi elles forment, par leur réunion, une surface ar- rondie en avant, mais droite en arrière, et y occupent un espace plus petit, de moitié environ, que la portion circulaire de la mâ- choire supérieure couverte par les dents, qui sont au nombre de 40 dans le rang traversai le plus long, tandis qu'en bas, il n'y en pas au-delà de 26 sur une rangée. Ce dernier caractère établit une différence considérable avec la T. marmor.^ dont les dents couvrent une surface égale sur chaque mâ- choire, et dont les ventrales sont moins arrondies et plus allongées. Teinte yénérale : un brun clair, et de nombreuses taches blanches de grandeurs diverses; le dessous blanchâtre, à bord brun. Habitat. — Mer Rouge ; inconnue au Musée de Paris. M. W. Peters rapproche une espèce qu'il a rapportée de la côte de Mozambique {Torp. fusco-maculata {Bericht Verhandl. Akad. Berlin, TORPÉDINIENS. GENRE TORPEDO, 4-6. 511 1855, p. 466) de la Torp. panth., en raison de la conformation du disque et des nageoires, de leur situation, de la forme des dentelures du pourtour des évents, ainsi que du peu de volume et du grand nombre des dents. — Outre les différences du système dentaire. Fin- égalité de longueur des dentelures des évents et la position plus avancée de la V" dorsale dont l'extrémité antérieure est au-dessus de rouverture du cloaque, sont les différences qui distinguent la Torp. fuscomaciil. de la Torp. marmor. C'est à cette dernière qu'elle res- semble surtout par son système de coloration. Les nageoires, qui sont d'un brun foncé, ont leurs bords blanchâtres. L'une et l'autre manquant au Mus., je me borne, en l'absence de moyen de comparaison, à signaler la Torp. fusco-maculata. 5. Torpédo trepidans, Val., tiist. natur., îles Canaries., de Webb et Berthelot, Poiss., p. 101, pi. XXIII, fig. 2, 2a, 26, sous le nom de T. hebetans, Lowe (1), Trembladora. Torp. trep., A. Dum., Monoijr. Torpédin. {Rev. %ool., 18S2, p. 238. Caractères. — Disque un peu plus large que long, et dépas- sant à peine l'étendue de la queue mesurée depuis l'origine des ventrales ; arrondi en avant, recouvrant un peu, en ar- rière, l'origine assez élargie des ventrales, dont les bords sont convexes et dont la longueur est moindre que celle de la por- tion de la queue prolongée au-delà de leur extrémité posté- rieure; dentelures des évents très-apparentes ; dorsales beau- coup plus petites que celles des autres Torpilles (2). Teinte générale : un brun clair; de nombreuses taches irrégulières d'un brun noirâtre diminuant de volume en avant du disque et vers son pourtour qui est bordé de noir. Habilat. — Type unique au Mus., des Canaries : Webb et Berthelot. (1) Si l'espèce dite T.heletans, Synops. fish. Madeira (Trans. zool. Soc.^ Lond., 18i4, t. II, p. 195) est nominale, comme il y a lieu de le supposer, c'est à la T. de Nobiii qu'elle doit être rapportée, à cause de sa couleur noire pointillée de blanc et de l'absence de tentacules aux évents. (2) La figure de VIchth. des Canaries les représente plus hautes qu'elles ne le sont chez le type où, tout en tenant compte du dessèchement, elles dépassent peu la longueur de l'intervalle des évents, mais elle est exacte, en représentant, contrairement à ce que dit le texte, les ventrales comme étant contenues 5 fois 1/2 à peine dans la longueur totale, et non pas 7 fois. L'écartement entre l'extrémité des pectorales et le commencement des ventrales y est exagéré. 512 PLAGIOSTOMES HYPOTRÉMES OU RAIES. 6. ToRPEUO >'OBiLiANA, Bonap., Iconogr., faun. it., pi, 154(1), et Cat. met. pesci europ., p. 14, n" 36. Torp. Nûbiliana, Mûll., Henle, Play.., p. 128. Torp. Walshii, Thompson, Ann. and Magax:. nat. hist., 1840, l. V, p. 292. —Id., Id., Nalur. hist. Ireland, t. III, p.25G. y Torp. emarginala, M'Coy, On some rare fish coast Ireland {Ann. and Magaz. nat. hist., 1841, t. VI, p. 407, avec fig.). La position recu- lée de la l""* dorsale pourrait, seule, laisser quelque hésitation sur l'identité indiquée ici ; telle est également l'opinion de Yarrell (2). Torp. nigra, Guich., Explor. se. Algérie, Poiss., p. 131, pi. 8. Torp . N obilianu(S(i\\hv\i.lor]).),\-àYv . ,Bril. /îs/t.,3'-* éd., t. II, p.544. Id., White, Cal. brit. fish. brit. Mus., p. 435. Caractères. — Disque à bord antérieur horizontal (3), plus ou moins nettement séparé de chacun des bords latéraux par un petit enfoncement qui simule une sorte d'échancrure dans le point où l'extrémité antérieure du cartilage de la pectorale vient se réunir à la pièce transversale des cartilages cépha- liques; évents rénifornies, dont la concavité est tournée en avant, sans dentelures et beaucoup plus grands que les yeux; ventrales à peine recouvertes, à leur origine, par le bord pos- térieur du disque : d'où résulte un étranglement à l'origine de la queue; l'" dorsale double de la 2% et lobes de la caudale presque égaux entre eux; dents petites et un peu pointues. Teinte d'un violet noirâtre, avec de nombreux petits points blancs; régions inférieures blanches, à bordure sombre. Habitat. — Méditerranée, Manche et Océan. Le plus grand excmpl. du Muséum, large de 0'".G1, mesure 0'".98 (disque 0"\50, queue 0".48) ; mais l'espèce peut arriver à de plus grandes dimensions, jus- qu'à 1"'.30 et 1"'.60, et atteindre le poids de .% kilogr. , dit le prince Ch. Bonap., qui a vu, dans les oviductes, 60 petits très-développés, plus grands que ne le sont les nouveaux-nés des autres espèces. (1) Consultez, en outre, dans la Faune, la fin de l'article T. nurce. (2) 11 est probable que le peu de largeur du disque relativement à sa longueur, et la profondeur des échancrures du bord antérieur, sont une conséquence du retrait des téguments par suite de la dessiccation. (3) Un petit individu (0"'.'261) rapporté d'Algérie par M. Guichenot, et dont la taille ne dépasse guère celle de la Torpille ligurcedans \n. Faun. iiul., Ch. Bonap., a, comme cette dernière, le bord antérieur moins droit qu'il neTest dans lesexemplairesplusvolumineux, particularité dontj'aipu m'assurcr par Toxamen comparatif dcquatrefemeliesdctailledillérente, de- puis 0"'.40en longueur totale jusqu'à 0"'. 98. que le Muséum a reçues par les soinsdeM. Dufossé, prof, à l'école de médecine de Marseille, et connu par ses recherches expériment sur les bruits que les poiss. font entendre. TORPÉDINIENS. GEiSKE TORPEDO, 7. 513 7. ToRPEDO occiDENTALis, Storer, Americ.,journ. arts and scien- ces, 1843, t. XLV, p. 165, pi. III. "? Raja torpédo, Mitchill, Fish. N.York {Trans. litt. and phil. Soc, t. I, p. 476), pas de descr. — Torp. occid., Storer, Synops. fish. N.- Amer. [Mem. americ. Acad., nouv. série, t. II, p. 516. — Id., Id., Proceed. Bosl. Soc. nat. hist., t. II, p. 71 (observât, sur les effets pro- duits par les décharges électr. de cette espèce). — Id., A. Dum., Monogr. Torp. [Rev. x-ooL, 1852, i). 2i3). Narcacion occident., Gill, Cat. fish. east. coast N.-Amer., p. 61. Caractères. — Disque beaucoup plus large que long; à bord antérieur droit et même un peu concave ; à angles anté- rieurs mousses et arrondis; à angles postérieurs presque droits, et ne recouvrant pas, en arrière, les ventrales; abords latéraux rectilignes : d'où résulte une forme beaucoup moins arrondie que chez les autres ïorp. ; évents plus grands que les yeux, ovalaires, sans tentacules sur leur pourtour ; 2" dorsale à peu près égale aux 2/3 de la 1"'. Teinte générale brune, avec quelques taches presque noires; le dessous blanc. Habitat. — Côtes de TAmér. scptent. La taille peut dépasser un mètre; la plus gr. larg. 0".91. Inconnue au Muséum. II. Genre NARCINE. NARCINE{\),]ien\e,Ub.Narc.,p.M. Caractères. — Disque plus ou moins arrondi, ou elliptique ou anguleux, non échancré au milieu de son bord antérieur qui, quelquefois môme, est proéminent; spiracules finement dentelés ou bien lisses, presque toujours très-rapprochés des yeux (2); des cartilages labiaux; bouche étroite protractile, entourée par un repli circulaire de la peau, qui, remontant vers la valvule nasale, en constitue le frein ; dents disposées en quinconce, n'occupant [ias toute la lai-geur de la fente buc- cale, se recourbant, en dehors, sur le bord des mâchoires, et couvrant une surface plus ou moins étendue, de sorte qu'on voit une grande partie des dents lorsque la bouche est fermée (figures 1-4 de la planche 11 de I'Atlas); une valvule labiale interne à la mâchoire supérieure seulement ; queue égale au (1) De vàpx-/i, torpeur, engourdissement, synonyme de Torpédo. (2) Ce caractère qui établit une différence notable avec le genre Torpille manque seulement chez la Narcine Tasmaniensis. Poissons. Tome I. 33 514 rLAGlOSTOMESsHYPOTRÈMES OU RAIES. disque ou bien un peu plus longue ou plus courte; l""*" dorsale généralement plus petite que la t. Ces caractères et, particulièrement la conformation de la bouche, la disposition des dents, le peu de distance entre les évents et les yeux séparent très-nettement les Narcines des Torpilles. D'autres différences tirées de la conformation de certaines parties du squelette ont été exposées par M. Henlc [Ueher Narcme, p. 25 et 26), sous la forme d'un tableau traduit dans les Arm. des se. natur., 2«série, t. II, p. 311. Tableau de la division du genre Narcine en 8 espèces. .petite que JajPoi^tues.. . 1. brasiliensis. i 2« ; dents< , très- rapprochés ;] (plates. ... 2. nigra. Ire doïsale plus', I moins large \ que long. 3. lingula. .h- / ?» H j \plus large.. 4. californica. laussi éloignés que chez les Torpilles 5. tasmaniensis. 5j .^. , /arrondi 6. indien. ^i ' pentagonal ; 2^ dorsale à sommet| 5i (aigu ........ 7. maculata. Icirculaire ; valvule nasale dentelée 8. timlei. 1. Narciine brasiliensis, Henle, Ueber Narcine, p. 31, tab. I, fig. 1 et 2. Atlas, pi. 11, fig. 3 et 3 a, bouche, dents et narines. Raja dorso dipterijgio, cauda brevi, apice pinnato, Grono\ ., Zoopli., Fasc. I, p. 35, t. IX, fig. 3. ? Torp. ocellata, Quoy et Gaym., Voy. cxpédit. Freycinet, p. 199. Torp. brasil., Olfers, Die Gatt. Torp., p. 19, tab. II, fig. A. Torp. Bancroftii, Griffith , Cuviefs anim. Kingd. (pisces), t. X, p. 649, pi. 31 (variété III). — Narcine brasil., Mull., Henle, Plag., p. 129. — Id., Gray, Cat. chondr. fïsh., brist. Mus., p. 102. — /(/., A. Dum., Monoyr. des Torp. [Rev. zool., 1852, p. 272). Caractères. — Disque sub-ovalaire, bien que sa largeur et sa longueur soient presque égales; un peu saillant en avant, à angle des pectorales tout-à-fait arrondi; atteignant les ven- TORPÉDINIENS. GENRE NARCINE, 1, 2. 515 traies, dont l'angle externe est mousse et le bord postérieur rectiligne, et obliquement dirigé en dedans et en arrière; queue à peu près égale en longueur au disque ; dorsales à an- gle supérieur plus arrondi chez les jeunes que chez les adultes; - la !'■'= plus basse que la 2''; évents un peu plus petits que les yeux; narines courtes; valvule nasale à bord libre presque droit, avec une trace seulement de lobe médian; dents à pointe acérée, celles de l'extérieur de la bouche disposées de façon à former en dehors et au-devant de la cavité buccale, quand les mâchoires sont rapprochées l'une de l'autre, un cercle presque régulier. Système de coloration: Var. I. Régions supérieures brunes, le des- sous blanc, avec quelques taches foncées. Var. II. Taches, plus claires que le fond, sur les régions latérales. Var. III. Griffith décrit ainsi la N. qu'il a figurée sous le nom de T. Bancroftii : couleur brune avec des taches plus foncées et beaucoup de points noirs; ventre blanc; pourtour brunâtre. Selon toute probabilité, quoique le disque soit plus rond et pres- que orbiculairc, ce qui tient peut-être au jeune âge, il faut faire ren- trer dans l'espèce dont il s'agit la Torp. ocellata, Quoy et Gainr., vé- ritable Narcine, rapportée au Muséum par eux du cap de B.-Espéf . Le dessous du corps, pendant la vie^ était d'un blanc rosé et le dessus rougeâtre. On voit très-bien encore des taches livides, irrégulières, plus foncées à leur contour que portent les régions supérieures. L'a- nimal ne mesure que 0'".105 (disque 0"'.047, queue 0'".058). — Les autres individus des Antilles et du Brésil. 2. Narcine nigra, A. Dum., Monoqr. Torpédiniens {Rev. ZooL, 1852, p. 276). Atlas, pi. 11, fig. 4 et-4a, bouche, dents et narines. Caractères. — Disque ovalaire dont la longueur l'emporte peu sur la largeur, rétréci en arrière où il atteint, mais sans la recouvrir, l'origine des ventrales, qui ont leur angle externe arrondi et, en même temps, très-proéminent, de sorte que leur bord postérieur est fort oblique de dehors en dedans; queue à peine plus longue que le disque; caudale arrondie, mais offrant peu de largeur à son extrémité ; l""* dorsale nota- blement plus basse et plus large que la 2% à sommet tout-à- fait mousse; valvule nasale à lobe médian bien prononcé et assez échancrée de chaque côté de ce lobe ; narines largement ouvertes ; dents mousses , mais un peu relevées à leur centre, moins nombreuses en haut qu'en bas, et ne formant pas, dans 516 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. leur ensemble, un disque régulier quand les mâchoires sont rapprochées ; évents plus grands que les yeux. Ces derniers caractères, le peu de largeur de la caudale à son ex- trémité; la forme des ventrales et de la 1''' dorsale, celle des dents, leur volume plus considérable et leur arrangement sur les cartilages dentaires, constituent des différences importantes entre la N. nigra et la N. brasil., espèce avec laquelle elle a le plus de rapport i)Our la conformation du disque. Teinte générale: un brun noirâtre un peu moins foncé en dessous. Habitat. —Type unique au Musée de Paris, du Brésil : M. Claude Gay (0"\30 : disque O^.ii, queue, 0">.16). 3. Narciise LiNGULA (1), Richards., Report fish. seas Chin. and Japan, p. 196, d\apr. Icon., Reeves , 227, Hardwick, 72. Caractères. — Disque en forme d'ovale, à angles des pec- torales arrondis, moins large au milieu qu'en arrière; sa lar- geur est , à la longueur, dans le rapport de 6 à 7 ; et elle est égale à rétendue de la queue depuis l'anus jusqu'à l'extrémité de la caudale; queue, par conséquent, plus courte que le disque; ventrales à bord et à angles arrondis ; l'' dorsale un peu plus volumineuse que la 2*^^; évents plus grands que les yeux. Teinte générale : régions supérieures d'un brun rougeâtre avec des taches d'un brun de foie, dont les plus grandes occupent le milieu du dos et de la queue et forment des bandes courbes au niveau de l'appareil électrique et des bandes longitudinales sur les ventrales. En dessous, teinte blanche, rougeâtre sur différents points vers les bords. Longueur du dessin de Reeves, O'".32o; larg. du disque O-^.IST. 4. Narciine Califorînica, Girard, Explor. and surveys for arail roadfrom Mississ. to thepacif. Oc, 1859; F/s/tes,p.371. Torp. californ., Ayres, Californ. Acad. nat. se, 1855, t. 1, p. 70 (2). Caractères. — Disque ovalaire, plus long que la queue et plus large que long; angles des pectorales et des ventrales ar- (1) Cuiller de bois à long manche, traduction du nom chinois que porte cette Narcine sur les dessins inédits cités en tête de la description. D'autres dessins de Reeves n'^ 6 et le carton 73 de Hardwick représen- tent un poisson du même genre qui, malgré des analogies avec la N. lin- gula, relativement au système de coloration, en dirtëre par la forme, sans cependant qu'il ait paru possible à M. Richardson de le désigner par un nom spécifique parlioulicr. (2) Les dents n'occupent pas toute la longueur des mâchoires et en dé- passent le bord (caractères des Narcines). TORPÉDIISIENS. GENRE NARCINE, 3-6. 517 rondis; yeux plus petits que les évents; bouche assez grande; dents petites, très-aiguës, à base élargie; l"''" dorsale plus consi- dérable que la 2^ Teinte générale d'un brun grisâtre foncé en dessus; beaucoup de petites taches noires irrégulières; régions inférieures blanches. Habitat. —Baie de San-Francisco (Californie). Le spécimen unique décrit par M. Ayres est beaucoup plus long que les autres Torpilles, si ce n'est peut-être la Torp. Nobili. Il mesure (l'^.OSS). 5, Narciise tasmanieinsis, Richardson, Descript. Australian fish {Trans. Zool. Soc. London, 1849, t. III, p. 178, pi. XI, fig. 2, 2aet2&). Caractères. — Disque ovailaire, plus étroit en avant qu'en arrière, c'est-à-dire au niveau de la h" ouverture branchiale où sa largeur l'emporte sur sa longueur, à angle des pectorales tout-à-fait mousse; recouvrant, en arrière , l'origine des ven- trales dont les bords latéraux sont arrondis, de sorte que, vues par-dessous, ces nageoires représentent un ovale à grand dia- mètre transversal; queue plus étendue que l'intervalle qui sépare l'extrémité du museau de l'anus; 1" dorsale un peu plus considérable que la 2*= (particularité que ne montre pas la fig.) ; évents plus grands que les yeux, dont ils sont éloignés comme chez les Torpilles; valvule nasale à 3 lobes obtus; dents à pointe fine et à peine relevée. Tehite générale : un brun jaunâtre uniforme, blanche en dessous. Habitat. — Tasmanie. Inconnue au Muséum (long, totale, 0"'.33, Richards.). 6. Narcine indica, Henle, UeberNarc, p. 35, tab. II, fig. 2, 2a. Atlas, pi. 11^ fig. 1,4 a, narines, bouche et dents. N. indica, MuU., Henle, Plag., p. 130. — Id., Cantor., Catal. Malay. fish., p. 1399. — Id., A. Dum., Monogr. Torp. [Rev. %ool., 1852, p. 274). — N.microphthalma, Val., MSS., in : A. Dum., Mon. Torp. {Id., p. 273). Caractères. — Disque en forme de pentagone un peu plus large que long, légèrement convexe en avant et dont les bords latéraux antérieurs forment, de chaque côté, un angle (1), en (1) De 2 individus de la collection du Muséum, bien conservés par l'ac- tion de l'alcool et tout-à-fait semblables à la Narc. ind., représentée par Henle (tab. II, fig. 2), l'un était, pour M. Valenciennes, le type de la Nar~ 518 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. se réunissant aux bords latéraux postérieurs; ceux-ci, presque rectilignes, se dirigent obliquement en arrière et en dedans, et atteignent à peine l'origine des ventrales qui sont triangu- laires ; queue égale au disque ou un peu plus longue ; yeux beaucoup plus petits que les évents ; dorsales ii base assez allongée, mousses h leur sommet chez l'adulte, après avoir été plus effilées dans le jeune âge; caudale arrpndie; valvule na- sale à bord libre presque droit, ne présentant, au milieu, qu'une très-petite saillie, narines médiocrement grandes ; dents à très-petite pointe, formant 12 à 14 rangs au-delà du bord de la mâchoire inférieure. Système de coloration : « Régions supérieures d'un brun rougeâtre clair, avec de nombreuses taches de formes et de dimensions varia- bles, d'un brun chocolat, à contour argenté chez les jeunes » (Cantor). Habitat. — Sept individus de dimensions différentes pris à Pondi- chéry par M. Bélanger et par Leschenaull. Le plus long mesure O^.SS (disque 0™.20, queue O-^-lS). De la côte de Malabar, un exemplaire rapporté par M. Dussumier, type de N. microphthaima. Val., MSS. (Voy. p. 517, note.) 7. Narcine maculata, a. Dum., Monogr. Torpédin.,Iiev. Zool. 1852, p. 274. Atlas, pi. W, lig. 2 et 2«, narines, bouche et dents. Caractères. — Disque en forme de pentagone, à peine plus long que large, un peu proéminent en avant, â bords latéraux antérieurs réunis, par un angle non saillant, aux latéraux pos- térieurs; ces derniers, convexes en arrière, atteignant, sans la recouvrir, l'origine des ventrales qui sont triangulaires, mais dont l'angle externe est mousse ; queue dépassant la lon- gueur du disque des 2/3 environ de l'étendue de la caudale, qui ne se termine pas en pointe; yeux d'un diamètre à peu près égal à celui des évents; 2" dorsale tout-à-fait différente de la 1" en ce,qu'elle a un sommet aigu et non arrondi comme celle-ci ; valvule nasale à lobe médian assez prononcé et échan- crée de chaque côté de ce lobe; narines très-grandes; dents à cine microphthaima, MSS. J'ai signalé l'espèce dans ma Monogr. des Torp., en donnant, comme caractère distinctif, non la petitesse des yeux, car ils sont aussi peu volumineux chez les autres sujets, mais la forme plus fran- chement pentagonale du disque dont les angles semblent un peu plus ar- rondis sur des exemplaires moins bien conservés. Je rapporte aujourd'hui ces 2 Narcines à l'espèce dite N. indica. TORPÉDINIENS. GENRE NARCINE, 7, 8. 519 pointe très-acérée et ne formant que 8 à 9 rangs au-delà du bord delà mâchoire inférieure. Ce dernier caractère tiré du nombre moins considérable de dents à la mâchoire inférieure et de leur forme, ainsi que de la conformation de la seconde dorsale ; puis, la grandeur des yeux comparée à celle des évents et la large ouverture des narines; la forme de la valvule na- sale; la saillie plus considérable du disque à son bord antérieur ne permettent aucune confusion avec la N. ind. qui est celle dont la N. maculata se rapproche le plus par sa forme pentagonale. Système de coloration ïori altéré; on voit cependant encore quel- ques petites taches brunes sur un fond brunâtre plus clair. Habitat. — Le type unique de l'espèce a été rapporté de Java au Musée de Leyde qui l'a cédé, par voie d'échange, à celui de Paris. Sa longueur est de 0'".33 (disque O-^.IG, queue O"".!?). 8. Narci^'e Timlei (1), Henle, UberNarc, p. 34, pi. II, 1, la. Raja Timlei, Schn., Sijst. p.osth., Bloch, p. 359. — Torp. Timlei (species dubia), Olfers, Die gattung Torp., p. 22. — Narcine Timlei, M., H., Plag., p. 130.— Id., Gray, Cat. chondr. fish. brit. Mus., p. 402. — /(/., A. Dum., Monogr. Torp. {Rev. %ool., 1832, p. 273). — I^arc. mucrura. Val., MSS in : A. Dum., Id., p. 277. — Narc. Timlei, Blkr, Diagnost. Reschrijv. vichsoort. Ratavia {Nat. T. Ned. Ind., 1853,- t. IV, p. S12), 62; dess. inéd. en communicat. Caractères. — Disque à peu près circulaire, surtout chez les très-jeunes sujets, n'atteignant pas Forigine des ventrales qui sont triangulaires et h angle externe aigu; queue plus longue que le disque de presque toute l'étendue de la caudale, dont l'extrémité est un peu effilée; dorsales assez élevées, à base courte ; valvule nasale finement dentelée ; évents plus grands que les yeux, ovalaires et transverses. Système de coloration. Il est aussi altéré sur nos exemplaires que sur les types de la collection de Bloch, conservés au Musée de Berlin. Il reste seulement quelques traces d'une teinte brune; mais M. Blceker, d'après une $ de 0"'.3dI, décrit ainsi les couleurs : régions supé- rieures d'un brun verdâtre, les inférieures blanches ; sur le disque, derrière les yeux, sur les nageoires et sur la queue, des taches noires, les unes rondes, les autres oblongues, au nombre de 30 environ. (1) Ou PuUi Timilei. Selon ce que le missionnaire John en a écrit à Bloch, dit Schneider, c'est le nom malais d'une raie électrique tachetée, dont les décharges sont recherchées, comme moyen de guérison, parles Indiens pa- ralytiques. John ajoute que ce n'est pas sans d'heureux effets qu'ils en mangent la chair. — Olfers dit (loc. cit., p. 23) que la dénomination malaise désigne un poisson merveilleux qui frappe ou donne des secousses. 520 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. Habitat. — Les types de Bloch sont de Tranquebar. Le plus grand spécimen du Muséum f0'".230 : disque 0'".098, queue 0".132) a été adressé du Bengale par M. Bélanger. L'autre, beaucoup plus petit, de la mer des Indes, avait été considéré par M. Yalenciennes, comme le type de la Torp. macrura, MSS. J'ai signalé cette espèce dans ma Monogr. des Torpédin.; mais elle ne diffère pas delà N. Timlei. III. Genre HYPNOS. HYPNOS (1), A. Dum., Monogr. Torp. [Rev. ZooL, 1832, p. 277). Caractères. — Disque allongé , notablement plus large en avant qu'en arrière où il n'est séparé des ventrales que par un petit rétrécissement ; à bord antérieur presque droit, mais un peu échancré au milieu; queue excessivement courte, enve- loppée par les ventrales qu'elle dépasse seulement de la lon- gueur de la caudale qui a de fort petites dimensions, et munie de 2 épiptères également très peu volumineuses, surtout la pre- mière ; évents circulaires, très-rapprochés des yeux, à tenta- cules sur leur pourtour ; pas de cartilages des lèvres ; bouche grande, non protractile, à dents tricuspides occupant presque toute la longueur des mâchoires dont elles ne dépassent pas le bord. Outre la brièveté excessive de la queue, caractère essentiellement distinctif, le nouveau genre s'éloigne des autres genres à 2 dorsales : 1° des Narcines, par la non-protractilité de la bouche et par la dispo- sition des dents qui ne se voient pas quand la bouche est fermée; 2° des Torpilles par les dimensions de la l''" dorsale moindres que celles de la '2,^ et par le rapprochement des évents et des yeux. Espèce unique. — Hypnos sibnigrlm, A. Dum., Monogr. Tor- pédin. {Rev. deZool., 1852, p. 279, pi. 12). Caractères. — Bord antérieur du disque un peu échancré dans le milieu, réuni, par des angles arrondis, aux bords laté- raux qui, obliques d'avant en arrière, de dehors en dedans, rejoignent les ventrales, dont l'origine est indiquée par un simple rétrécissement et dont le bord latéral externe se conti- nue avec le postérieur , par une courbure très-prononcée au niveau de laquelle il n'y a presque pas d'élargissement. Teinte générale: un brun noirâtre foncé; le dessous lilanc bordé de brun. (1) Tiivoi;, sommeil, dénomination analogue à celles des genres voisins. TORPÉDINIENS, GENRE DISCOPYGE. 521 Habitat. — types : 2 individus semblables, de Sydney (Australie) rapportés par M. J. Vcrreaux.— Long, totale : 0"'.13o (disque O'".08o venir. 0'°.034, portion libre de la queue au-delà des ventrales 0"". 016) larg. du disque 0"\083; hauteur de la 1™ dors. O^.OIO, delà S^O-^.Olfi leur angle supérieur est arrondi, ainsi que l'angle poster, de la caudale dont la longueur est presque la même que celle de la 2'^ dorsale. IV. Genre DISCOPYGE. DISCOPYGE (1), Heckel, MSS. (Tschudi, Fauna peruana, Ichth., p. 32). Caractères. — Disque orbiculaire; ventrales réunies sur la ligne médiane et parais.sant former ainsi une sorte de disque derrière le disque des pectorales; évents très-rapprochés des yeux, à bords nus ; 2 dorsales de même grandeur (2) ; caudale ovalaire; bouche analogue à celle des Narcines; des cartilages labiaux; lèvres unies par un frein cartilagineux à la valvule nasale; dents planes, rhomboïdales, à angle postérieur aigu, dépassant, en dehors, le bord des mâchoires qui portent, l'une et l'autre, une valvule labiale interne. DiscoPYGE TscHUDii, Heckel (Tschudi, Faun. per., p. 33, pi. VI. Caractères. — Disque exactement circulaire, de même lon- gueur que la queue; dents pointues en arrière, se recouvrant un peu mutuellement; les inférieures occupant, sur la face ex- terne de la mâchoire, un espace plus allongé, mais plus étroit qu'à la mâchoire supérieure; pectorales dépassant l'origine des ventrales, dont le bord postérieur forme une courbe parallèle à celle du bord terminal du disque. Teinte générale : un brun rougeâtre moins foncé sur les bords ; le dessous blanc. Uabilal. — Excmpl. unique, 9, long en tout de 0"°. 148, large de O^^-OTB, pris dans le Heradura, entre Huacho et Chancay, province de Lima (Pérou). (1) St'axo;, disque, m^-l], podex, région postérieure, à cause de la forme discoïdale des ventrales réunies. (2)'Le dessin représente, contrairement à ce que dit le texte, la 1« dors, un peu plus petite que la 2". 522 PLAGIOSTOMES HYPOTRÉMES OU RAIES. GROUPE IL — Torpédiniens à dorsale unique. V. Genre ASTRAPE. ASTRAPE [\),M.elE.,PIag.,^A^O. ■ Caractères. — Une seule nageoire dorsale ; disque arrondi, non échancré au milieu de son bord antérieur ; museau court, sans carène ; évents à bords non dentelés, rapprochés des yeux; bouche étroite, analogue à celle des Narcines, protractile, en- tourée par un repli circulaire de la 'jcau uni à la valvule nasale par un frein cartilagineux cylindrique; dents pointues, à base quadrangulaire, n'occupant pas toute la largeur de la fente buccale, et dépassant à peine le bord des mâchoires qui. Tune et l'autre, portent une valvule labiale interne. 1. AsTRAPE CAPENSis, MûlL, Heulc, Plag., p. 130. Rajadorso monopterygio, Gronov., Zooph., fasc. I, p. 35, n° 132. Raja capensis, Gmel., Syst. nat., Linn., 1. 1, pars 111, p. 1312^ n" 19. Id., Schn., Bl., Syst. poslh., p. 360, n°A. Torp. cap., Olfers, Die Gattung Torp., p. 23, n°4. Narcine cap., Hcnle, Ueber Narcine, p. 36, n° 4, pi. III, fig. 1 et 1 a. Astr. cap., A. Dum., Monogr. Torp. {Rev. zool., 18o2, p. 280). Caractères. — Disque plus large que long, recouvrant, en partie, par son bord postérieur, les ventrales qui sont arron- dies, mais bien séparées des pectorales parce qu'elles forment une portion de courbe d'un plus petit diamètre ; valvule nasale un peu échancrée dans son milieu et, par suite, bilobée ; val- vules labiales internes légèrement festonnées, la supérieure offrant, au milieu de son bord libre, une petite avance four- chue à laquelle correspond une saillie médiane du bord libre de la valvule opposée (pi. III, fig. 1% Henle, Ueber Narcine); queue plus courte que le disque. Système de coloration. Var. I. Régions supérieures et intérieures blanches, plus ou moins marbrées d'un brun plus clair en dessous qu'en dessus : au. Muséum, 2 exempt, du Cap (Lesson cl Garnot, ex- pédit. Duperrey). — Yar. II. Un brun foncé en dessus, btanctiàtre en dessous, avec des marbrures brunes : 2 sujets dus aux mêmes voyageurs et un autre à Detatande qui en a également rapporté 3 beaucoup plus petits, dont tes couleurs sont complètement effacées. (1) àaipairr;, éclair, comme synonyme de foudre, à cause des effets pro- duits par la déctiarge de l'appareil électrique. TORPÉDINIENS. GENRE ASTRAPE, 1,2. 523 Habitat. — Cap de B.-Esp6r. Les deux individus à régions infé- rieures blanches sont presque de même taille. Le plus long a 0™.28 (disque 0".i7, queue O"".!!); larg. du disque 0'".20. 2. AsTRAPE DiPTERYGiA, Mûll., Henle, P%., p. 131. Raja dipterygia (1), Schn., BL, Syst. posth., p. 3S9. — Torp. clip- ler., Olfers, Die cjatt. Torp., p. 25, pi. II, fig. 2. — Narcine dipter., Henle, Ueber Narcine, p. 38. — Astr. dipter., Cantor, Cat. Malay. fish., p. diOl. — îd., A. Dum., Mon. Torp. {Rev. zool., 18S2, p. 281). Caractères. — Disque rond, n'atteignant pas tout-à-fait la moitié de la longueur totale, ne couvrant que très-peu les ventrales dont Fangle externe est aigu dans le jeune âge, mais obtus plus tard, selon la remarque de M. Cantor; dorsale commençant plus en arrière que leur base et située presque à égale distance des ventrales et de la caudale ; valvule labiale interne de la mâchoire inférieure différente de celle de VAstr. cap. en ce qu'elle présente une petite échancrure médiane qui correspond au prolongement de la supérieure ; queue un peu plus longue que le disque. Système de coloration : « En dessus, un vert olive foncé; une large tache blanche, de chaque côté, au bord postérieur du disque ; 1/2 an- térieure des ventrales blanchâtre ; une tache blanche vers leur extré- mité et une autre, de chaque côté de la caudale; le dessous blanc; dans le très-jeune âge, les ventrales sont vertes » (Cantor). //aèitof.— Tranquebar: type de la collect. de Bloch (Mus. de Berlin), Iongde0"'.058(disque0'°.027, queue 0'».031), large de 0"\027.Exempl. du détroit de Malacca, deO^.lGi (d. 0".077, q. 0'».087) (Cantor). — Astrape japonica, Schl., Fau7i. japon. ,Voï&s., p. 307, pi. CXL. Je ne puis que citer cette Torpille, sans en donner une description, car il en est dit seulement : « Elle est, en dessus, d'un brun rougeâtre, couleur de cuivre uniforme, et, en dessous, d'un blanchâtre marqué de taches brunes et rougeàtres;  sujets, au musée de Leyde, empail- lés. » Inconnue au Musée de Paris. M. Bleeker [Vierde Rijdr. ichth. faim. Jap., in : Act. Soc. se. ind.-neerl., t. II) signale (p. 42) l'espèce dont il a vu un spécimen de 0'^\23, mais trop altéré pour qu'il ait pu en donner une description. C'est, selon toute probabilité, à cette espèce que se rapportent les 4 indiv. du Mus. de Leyde signalés par M. etH.(P/a^., p. 130) dans (1) Mauvaise dénomination tirée de ce caractère donné par Schn. : Cauda dipterygia, c'est-à-dire, 1° dorsale unique, et 2" caudale. C'est là, au reste, le caractère du genre Astrape; mais Schneider ne connaissait que cette espèce et il avait admis la précédente seulement d'après Gronov. 524 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. l'histoire du yarcine tlmlel qui, dit M. Sclilegel, ne se trouve pas au Japon, et dont le nom, par conséquent, doit être rayé du Rep. fish. seas Chin. rmr/ /«;;., Richardson. GROUPE III. — Torpédinîens sans dorsale. VI. Genre TEMERA. TEMERA (1), Gray. Caractères. — Pas de nageoire dorsale; queue courte pro- portionnellement au disque; dents plates; disque, bouche, valvules labiales, comme dans le genre Astrape. Temera Hardwickii, Gray, Zoologie. miscelL, p. 7, et Hard- wick, lllustr. ind. ZooL, t. lî, pi. 102, fig. \aetib. Tem. Hardw., Mûll., Henle, Plag., p. 131, pi. 60, fig. 2. — Id., Cantor, Catal. Malny. fishes, p. 1402, pi. XII. — Id., BIkr, Derde Bijdr. vischfauna Singap. {Nat. Tijdschr. Nederl. ind., t. XXI), et Enumerat., p. 210, n"2193; dcss. inéd. en communicat. Caractères. — Disque presque rond, mais un peu tronqué au milieu; plus ou moins long proportionnellement à sa lar- geur suivant les individus; ventrales à angle externe presque droit et à bord latéral non arrondi, mais obliquement dirigé d'avant en arrière et de dehors en dedans; yeux presque aussi grands que les évents ; valvule nasale à bord libre non den- telé, mais un peu proéminente au milieu ; valvule labiale in- terne de la mâchoire supérieure munie d'un petit prolonge- ment médian correspondant à Tespace vide que laissent entre eux deux petites saillies semblables du repli inférieur (voy. Mull. Hrnle, Plag., pi. 60, fig. 2). Teinte générale olivâtre uniforme (Cantor), ou avec des stries noi- râtres peu marquées et irrégulières (Blkr). Variété I. Pas de taches, le bord des évents couleur de chair; iris doré. — Variété II. Grandes taches blanches irrégulières. Habitat. — Mer des Indes. Inconnue au Musée de Paris. — L'espèce reste petite: 9 deO"M03, avcc4 jeunes de 0™.028 (Cantor). (1) Du mot indien Temeree, par lequel Russe! a désigné les Torpilles dont il adonné les représentations. Olfers (loc. cit., p. 17) dit qu'il signifie qui brille, qui lance la foudre: que, d'ailleurs, il se rapproche assez du mot Timlei et sert peut-être simplement, comme celui-ci, à désigner un poisson merveilleux ou en quelque sorte fabuleux (voy. p. 519, note 1). RAIES. 525 V. DEUXIÈME FAMILLE. RAIES. RAJ/E. Caractères. — Nageoires pectorales très-grandes, prolon- gées, par leur insertion, jusqu'à la base des ventrales, quelque- fois réunies immédiatement Tune à l'autre, par leur angle anté- rieur, au-devant de la carène rostrale, mais n'atteignant presque jamais, au contraire, ^extrémité de cette carène à la- quelle chacune d'elles ne tient que par un prolongement cutané qui complète le disque, dont la forme, le plus habituellement rhomboïdale, varie suivant l'ouverture de l'angle antérieur; queue très-distincte du tronc, presque toujours moins volumi- neuse que celle des Squatinoraies, munie, de chaque côté, d'une sorte de carène molle constituée par les téguments et sup- portant, vers son extrémité libre, deux dorsales ordinairement très-petites, le plus souvent suivies d'un vestige de caudale réduite, si ce n'est chez les Platyrhines, à un simple repli cu- tané ; bouche sans cartilages labiaux, peu ample proportionnel- lement à la taille, armée de dents menues, serrées, en quin- conce, plates ou surmontées d'une pointe selon les espèces ou selon le sexe, et plus particulièrement chez les mides ; tégu- ments très-rarement nus, le plus souvent garnis d'aspérités soit partout, soit sur quelques points seulement, variables en nombre et en grosseur, entremêlés d'aiguillons quelquefois longs et très-acérés, dont le siège le plus habituel est sur la carène rostrale, devant et derrière les yeux, au bord interne des orbites, sur la ceinture scapulairc, le long de la ligne mé- diane du dos et de la queue où se voient, dans la plupart des espèces, deux rangées latérales; de forts aiguillons vers l'angle externe des pectorales des d à l'époque de l'accouplement. Parmi les Plagiostomes hypotrèmes, les espèces de la fa- mille des Raies sont les seules qui pondent des œufs. Les yeux à paupière bien développée sont très-rapprochés des évents dont les bords manquent de prolongements cutanés; les valvules na- sales réunies forment une pièce quadrangulaire, fixée par le milieu de son bord libre, et au moyen d'une bride, à la mâchoire supérieure derrière laquelle on voit, quand la bouche est ouverte, un repli de la membrane muqueuse ou valvule labiale interne à bord festonné et échancré au milieu. 826 PLAGIOSTOMES HYPOTRÉMES OU RAIES. Tableau de la division de la famille des Raies en 4 genres. des pectorales/ /n'atteignant pas le bout de lal^^'^'^^^^^*^- • ^- ^^'^• Angle antérieur^ carène rostrale; caudale, 'nulle. ... 2. Uraptera. ''n^nif ^"/. "^^ ''''(grêle, comme chez les (volumineuse à sa base; dorsales grandes . . 4. Platyrhina. I. Genre RAIE. RAJA (1), Cuv., R. an., l'"'^ éd., t. II, p. 134, et 2-^ éd., t. II. Caractères. — Nageoires pectorales n'atteignant pas le bout antérieur de la carène rostrale à laquelle elles ne sont unies en dedans et en avant que par des prolongements cu- tanés qui complètent le disque; ventrales partagées en 2 lobes inégaux, Tun interne et Tautre externe beaucoup plus étroit, mais plus épais ; queue très-peu volumineuse proportionnelle- ment au disque; nageoire caudale constante, mais souvent très-peu développée, consistant en un simple repli cutané un peu moins bas sur le bord supérieur que sur Tinférieur et presque toujours interrompue à son extrémité libre. (1) Artedi [Gênera, p. 70) a, le premier, fait usage du mot Raja, comme nom de genre, et Linné Ta employé dans la même acception ; mais sous cette dénomination, ils ont compris tout le sous-ordre des Plagiostomes hypotrèmes ou Raies, comme dans le genre Squalus; ils avaient rangé toutes les espèces du sous-ordre des Pleurotrèmes ou Squales. Après la division peu heureuse des Raies en 2 genres: Leiobatus et Da- sybatus, par Klein, d'après le caractère très-variable de la présence ou de l'absence d'aiguillons sur la queue, et comprenant des Pastenagues, des Myliobates, ainsi que des Raies proprement dites [Misstis III, p. 32-37), Blainville, en 1816 [Prodr., etc. : Nouv. Bull, des se, p. 112), et Cuvier, en 1817 [R. an.. If" édit., t. II, p. 13 i), ont restreint le genre dans de très- justes limites qu'il convient d'adopter, et si le nom de Raja n'était consa- cré par l'usage, on devrait, en raison du droit de priorité, adopter celui de Dasyhatus pris non pas dans le sens que Klein lui attribuait, mais avec la signification qui lui a été donnée par Blainville. Ces deux noms peuvent être considérés comme synonymes. KAIES. GENRE RAJA. 527 ouv.u% nii invuijoj lit ! sapnoq sucs sjuarauasx o28 PLAGIOSrOMES HYPOTREMES OU RAIES. Le prince Ch. Bonaparte a proposé une coupe qui, si elle devait s'appliquer seulement au petit nombre d'espèces qu'il a prises comme exemples et à quelques autres, serait applicable {Selachorum lab. analyt., in : Mém. Soc. se. nat., Neufchâtel, 1839, t. II) : Raja, Linn. {Dasyb., Bl.). Pector. non prolongées au-delà du mi- lieu du museau et ne se touchant pas l'une l'autre; ventrales bilobées; nageoire caudale. 1. Lœviraja, Bonap. Corps lisse ou un peu âpre; museau très-long : R. oxyrh., Linn., Salv. 2. Baja, Id. Corps lisse; museau court : R. miraletus, Linn. 3. Dasy/>ai«5, Id. Corps rude; museau court: R. clavala, Linn. 3, Bâtis, Id. Corps rude; prolongement ros- tral nul : R- radula, Delaroche. Or, le développement de cette classification présenté en 1846, dans son Cat. pesci Europ., p. 12-1-4), en démontre le peu de préci- sion à cause de la difficulté de trouver réunis , dans une même es- pèce, les deux caractères propres à chacun de ses 4 genres. On ne peut d'ailleurs pas attacher d'importance, pour les coupes génériques, à ceux qui sont tirés de l'aspect des téguments. Les différences dans la forme du museau doivent être préférées comme base d'une division naturelle. J'ai cherché à le montrer dans le tableau de la page précédente où je n'ai établi aucune division gé- nérique, car il n'en est pas une seule qui soit suffisamment précise, les Raies passant, peu à peu, et par transitions presque insensibles, d'un groupe dans un autre. GROUPE L — Des boucles ou de grosses épines éparses (.3 espèces, 1-3). 1. Raja clavata (1), Rond., Depisc, p. 353; éd. fr.,p. 279, et R. clavata altéra, Id., p. 354; éd. fr., p. 281. La Ronce. Atlas, pi. 12, fig. 7-10, boucles. R. proprie dicta, vulgo R. bouclée, Bclon, De aqualil., lib. I, p. 79, et éd. fr.^ p. 70. R. clav., Gesn., De aquat., p. 801, fig., éd. 1020, cop. par Aldrov., (1) R. clavata ab aculeorum magnitudine et similitudine cum clavis aereis sive ferreis : eadem de causa a Massilicnsibus et nusliis clavelade vocatur. A Gallis raie bouclée quia aculeos habet libularum spccie. Ab Italis perosa sive petrosa. — Les deux descriptions et les figures de Rond, ont été copiées par Gesner, De aquut'd., p. 795 et 796, éd. 1620f — Ces 2 fig. Font été aussi par Willughbey [llist. pisc, pi. D2, fig. Il et 4), qui en a donne une descript. cap. XIV, p. 74, R. clavata, Rond., et aliorum [Thorn- back), c.-à-d. dos épineux. — Klein, Missus III, p. 36, n» 6 et 7, renvoie à ce dernier. La fig. delà /{. clav. altéra a été copiée par Aldrov., De pisc, lib. III, p. 461, et Jonston, De pisc, pi. XI, fig. 3 (Ruysch, id.). RAIES. GE^RE RAJA, 1. 529 De pisc. ,\ïb. m, [y. im-, par ionsi., De aqucU., \)\.\l,ûg.^{Kuysch,id.). li. lœvis, seu Barattula, Aldrov., De pisc, lib. III, p. 450 et 4al, fig. cop. par Jonston, De pisc, pi. XII, tig. 5 (Ruysch), ici. R. aculeala, etc., et Rajœ davatœ altéra species, Arledi, Gênera, p. 71, n°2, et 3+c , et éd. Walbaum, p. 525; Spec., p. 103; Sijaon., p. 90. — kl., Linn., Fauna suecica, p. 100, n" 268, et éd. Retzius, p. 304.— R. clavata, Id., SxjsL. nat., '12'' éd., t. I, p. 397, n° 8, et éd. Gmel., t. I, pars III, p. 1510, n^ 8, et R. ruhus'i Id., p. 1507, ii« 10 (■'). R. clav. (Thornback), Pennant, Brit. %ool., t. III, p. 122, pi. XIII et XIV, éd. 1812, copiée par Shaw, Geyier. zooL, t. V, part. II, pi. 139, p. 272 (2). /{. aspera et cinerea (R. grise à peau rude), Duham., Pêches, t. III, 2« partie, sect. IX, pi. VIII, fig. 1-4, et R. bouclée, pi. IX, fig. 1-2. R. clavata, Bloch, pi. 83. — /{. rubus, Id., pi. 84 (Encycl., pi. 3, fig. 9, pi. 4, fig. 11. — R. clav., Lacép., Hist. poiss., 1. 1, p. 128. R. punctata, Hollberg, Beskrien Bohuslanske Fish. {Vettensk. och Vitt. Samhâllei Gothemburg, II, p. 25, fig.), jeune o" selon Pries. R. clavata, Risso, Ichth. Nice, p. 11, et Hist. nat. Eur. niérid., t. III, p. 146, n° 31. — Id., CuY., R. an., t. II, p. 398. — Id., Blainv., Faun. franc., Poiss., p. 33, et R. rubus, Id., Id., p. 21. R. clavata et R. pontica, Pallas, Zoogr. rosso-asiat., t. III, p. 58, pi. VIII AB. — R. pont., Rathke (d'apr. Pallas), Beilr. zur faun. Krym. {Mém. sav. étr. Ac. se. Petersbourg, 1837, t. III, p. 309, pi. IX et X). — Id., Nordniann, Fattn. pont. (voy. DemidoiT, t. III, p. 548). R. clav.. Pries, Granskning af de vid. Svenska Kust. forekomm. ar- ler Raja {Vet. akad. Ilandl.), 1839. p. 15, pi. II, fig. 1, et pi. III, fig. 1-3, dents, et fig. 7, boucles. — /(/., Pries et Ekstr., Skand. fisk., p. 154, pi. 35. — Id., Parnell, Fish. Frilh of Forth [Mem. Werner- Soc, t. VII, p. 436, pi. XLII). — /6i,MulI., Henle, Plag., p. 135. Dasybatis clav. (Arzilla ciodata), Bonap., Icon. et Cat. pesci europ., p. 12, nol2. — ?/{.rM^MS,Guich.,£a;;3^or. Se. Alger., Poiss., p. 132. — R. clav., Kroyer, Danmark's Fisk., t. III, p. 962, fig. (à la p. 1133, est cité Rajarhombus clavatus, P. Terpager). — Id., Nilsson, Skand. (1) Une grande incertitude reste sur la détermination de l'espèce nom- mée par Lacép., d'après Gmel., R. rubus, Hist. poiss., t. I, p. 79, pi. V, tig. 1-3 (peut-être est-ce H. futlon., Rond.?); par Rafîn., R. spinosa {R. rub., Linn.), Indice, p. 47, n° 3GU; par Risso, 1» Ichth. Nice, p. 7 {R. aspera, Id., M., p. 5, et Ilist. nat. Europ. mérid., t. III, p. 32, n'en est peut-être, suivant lui, que le jeune âge); 2" Hist. nat., etc., p. 147, n" 33; par Cu- vier (R. rub. Linn.), R. an., t. II, p. 398, peut-être R. aster.. Rond. (voy. p. 543). (2) Depuis Pennant, tous les zool. anglais ont mentionné le Tliornback. Je ne cite que ceux qui ont donné des fig. : Donovan, Brit. fish., t. I, pi. XXVI; Yarrell, Id., 3^ éd., t. II, p. 581; Couch,/d., t. I, p. 99, pi. XXIL Poissons. Tome I. 34 530 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. faun. Fisk.,Y>. 735 {R. rubus in suoProdr., p. 118, et noniJ. clav., qui est R. radiala). — Id., White, Cat. brit. fish. brit. Mus., p. 136. Caractères. — Disque rhomboïdal , plus large que long, à bords antérieurs légèrement ondulés; rude partout en des- sus; 2 ou 3 épines au-devant des yeux et au bord interne de révent; une rangée médiane de tubercules sur le dos et trois rangées sur la queue ; le plus souvent, des aiguillons en forme de boucles disposés sans ordre sur les régions supérieure et inférieure; museau court, à proéminence très-peu considé- rable , et qui , mesuré à partir d'une ligne menée au-devant des yeux, est égal à trois fois l'étendue de l'espace inter-ocu- laire. Lalargeur du disque est, à sa longueur, :: 3 : 2; les bords antérieurs se réunissent, par un angle arrondi, aux bords postérieurs, qui sont presque droits, si ce n'est tout-à-fait en arrière. L'espace compris entre cet angle et l'ouverture du cloaque l'emporte de 1/3 environ sur l'intervalle par lequel il est séparé de l'extrémité du museau, dont la proéminence, très-peu considérable, est égale au diamètre longi- tudinal de l'œil et au quart de l'étendue mesurée de l'extrémité anté- rieure de l'une des pectorales au point correspondant du côté op- posé. Des lignes menées du bout du museau à l'angle ext. des narines et entre leurs orifices circonscrivent un triangle équilatéral. Les dents, pointues chez le cf, sont plates chez la 9 et les jeunes cf. Il y a, dans les deux sexes et même chez de jeunes sujets, des boucles de volume variable, à base large et ronde ou ovale (voy. p. 92 et ATL., pi. 12, fig. 7-10), disposées presque sans ordre, çà et là, sur les deux faces du disque; quelquefois, il y en a sur la queue. Chez une 9 de Nice rapportée par Laurillard et dont le disque mesure, en long., O^.SS et la queue, 0'".38, on compte 76 grosses boucles (36 en dessous, 21 en dessus, 19 caudales). Elles peuvent être plus nombreuses encore, mais très-souvent, elles sont plus rares ou même quelquefois elles manquent presque complètement. Système de coloration. — Variété l. Sur un fond gris verdâtre, des taches brunes et quelques taches blanches. Variété H. Sur le même fond, de nombreuses taches foncées entre lesquelles s'interposent, sans ordre, des taches blanches irrégulières, plus grosses sur le bord postérieur des pectorales, sur leur racine et sur celle des ventrales, que partout ailleurs, et qui même, dans ce dernier point, prennent l'apparence de courtes et larges bandes on- dulées. Sur les faces latérales de la queue, elles se disposent avec assez de régularité, la traversant en dessus où elles se rétrécissent et la font paraître annelée, par suite de l'alternance des taches blanches et des intervalles foncés qui les séparent. Variétélll. Très-analogue à la première, mais sur la racine de cha- RAIES. GEN'RE RAJA, 1, 2. S31 que pectorale, une assez grande tache blanche ocellée de noir et bordée de petites taches noires. — A la fi. bouclée, comme l'aditCuv., Jî. an., !''« édit., t. II, p. 136, appartiennent les individus dorsipennes qui ont, sur le milieu du disque, une nageoire anormale. Le Muséum possède 3 de ces Raies, dont l'une, qui est montée, porte un nombre très-considérable de boucles. On en a fait, à tort, une espèce dite : R. Cuvieri, Lacép., Hist. Poiss., t. I, p. 141, pi. 7, fig. 1. — Id., Neill, Fish. Frith ofForth {Mem. Werner. Soc, 1808, t. î, p. 554. — Id., Pennant, fini. zooL, éd. 1812, fish., p. 124. C'est une monstruosité du genre Notomèle parmi les monstres dou- bles polyméliens de la classificat. de Isid. Geoffr. St.-Hilaire {Hist. anom., t. III, p. 270). Chez une R. clav., M. Eudes Deslongchamps a vu une nageoire accessoire soutenue par des rayons et placée oblique- ment sur l'aile gauche àO^.OS de la ligne médiane. La dissection lui a démontré [Mém.soc. Linn. Normandie, 1849-53, t. IX, p. 139, pi. IX, fig. let 2) qu'elle s'insérait à la pectorale sur la 1'^ des pièces qui sup- portent les rayons (atlas, pi. 1, fig. 9, o). Il a donc constaté une ano- malie du genre Mélomèle (I. Geoffr., loc. cit., p. 275), le membre sup- plémentaire s*'étant développé sur le membre normal. 2. Raja radl\ta, Donovan, iVafMr. hist. brit. fish., t. V, pi. 114. Atlas, pi. 12, fig. 15, boucles. R. fullonica, Fabr., Fauna groenland., p. 125, n° 87, R. clavata, Hollberg, Beskrien. Bohuslanske Fisk. {Vetensk. och Vitt. Samhdllet Gôthemburg, 1819-22, livrais. I, p. 29, fig. exactes), mais la descript. s'applique, en même temps, à cette espèce et à \aR. cla- vata (voy. Pries). jR. radiata (Starry Ray), Fleming, Hist. brit. anim., p. 170, n° 20. — R. full07i., Faber, Naturgesch. Fische Island's, p. 38 (excl. toute la synonymie qui est douteuse, excepté R. fullon., Fabricius; une par- tie de la description se rapporte aux jeunes delà /{. clavata. R. clavata, Nilsson, Prodr. ichth. Skand., p. 119, n" 2, e\, R. ra- diata, Id., Skand., faun., Fisk., p. 736. — R. radiata, Jenyns, Manual brit. vertebr. anim., p. 517. — Id., Storer, Rep. fish. Massach., p. 201. — Id., Fries, Granskning af de vid svenska Kust. forkomni. arter Raja [Kongl. Vetensk. acad. Handl., 1838 [1839], p. 146, pi. III, fig. 4, dents, et fig. 8, aiguillons). — Id., Sundevall in: Wright, Skandin. Fiskar, p. 100, pi. 43. — Id., Parnell, Account some neiu Scott, fish. in : Trans. roy. Soc. Edinb. 1840, part. I, p. 145, et Fish. Frith of Forth [Mem. Werner. Soc, 1839, t. VII, p. 439, pi. XLIII. — Id., M'Coy, On some new fish coast Ireland [Ann. and Mag. natur. hist., 1841, t. VI, p. 405), jeune individu un peu plus grand que le type de Donovan et presque sans épines). — Id., M. H., Plag,, p. 137. 532 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. Basxjbatù racL, Bonap., Cat. pesci europ., p. 13, n" 13. — R. rad., Gr., Cat. fish br. Mus. (Chondr.), p. 107. — Id., Krôyer,, Danmark''s Fiske, t. III, p. 938.-/(1, White, Cat. brit. fish., p. 137.— /d., Yarrell, Brit. fish., 3« éd., t. II, p. 587. —Id., Couch, Hist. fish. brit. Islands, t. I, p. 103, pi. XXIII, d'aprùs Donov.— /t/., Hamilton , Brit. fish. (Jardinc's Naturalist's /i/)mn/, t. XXXVII), part. II, p. 333, pi. 31 , fig. 1.— Id., Gill, Cat. fish. east coast N. Amer, from Greenland to Georgia, p. 61. Caractères. — Disque assez semblable pour la forme à celui des R. davata et capensis, plus large que long dans le rapport de 4 à 3; sur les régions supérieures de forts aiguillons à pointe très-acérée, à base large et étoilée, disposés sans ordre, si ce n'est sur la ligne médiane du dos et de la queue oi!i ils sont très-volumineux et forment, au nombre de 14 ou de 16, depuis la région postérieure de la tète, une rangée située entre deux séries d'épines moins saillantes, qui commencent seulement au niveau de la ceinture scapulaire. Les téguments lisses partout en dessous, et, en dessus entre les tu- bercules épineux; ceux-ci comparables, jusqu'à un certain point, à des boucles, diffèrent de celles de la R. davata, en ce que ce sont des épines très-acérées, à pointe recourbée en arrière, et dont la base a la forme non d'un boulon, mais d'un cône radié. Outre ces derniers, il y en a de plus saillants : 2 à chaque extrémité de la ceinture scapulaire, 1 ou 2 au-devant des yeux, 2 sur leur bord interne etl en dedans de l'évent. Teinte générale des régions supérieures d'un brun pâle nuancé de brun-orange; les inférieures d'un blanc uniforme. Habitat. — Mers septentrionales jusqu'au sud des îles britanniques. Le Muséum a reçu, d'Islande, 3 individus par les soins de Gaimard. Ils sont presque de la même taille; le plus grand mesure, en long, lot., O^.m (disque 0'".30, queue 0"'.26), en larg. 0"'. 42. 3. Raja eglaisteria (1), Bosc, MSS, Lacépède, Hist., Poiss.^ t. II, p.l03etl09, pi. 4, fig. 2(2). Atlas, pi. 12, fig. 13 et 14, épines. R. eglanteria, Sha\v, Gêner. %ool., t. V^ part II, p. 273, pi. 137, copiée d'après Lacép. — Raia erinaceus, Mitchill, Sillinian's Amer. (1) A cause de la multiplicité de ses épines (Rosa eglanteria, Linn.). (2) Malgré quelques difl'érences de détail portant sur la forme du mu- seau et l'arrangement des épines, on ne peut guère méconnaître l'identité de la fi. eglaut., Lcsueur, et R. églant., Bosc (m Lacép.), laissée par MM. Millier et Henle parmi les espèces douteuses. Ces zoologistes admettent qu'il y a identité entrcla R.eglant., Les., et la RAIES. GENRE RAJA, 3. 533 journ., 1825, t. IX, p. 290, pi. 0 çf, fig. copiée, ainsi que la descrip- tion, par Dckay, Fauna N.-York, Fish., p. 372, pi. 78, fig. 24G, qui re- jette, à tort, l'identité avec laR.eglanl., Lesueur, d'après Bosc^ Journ. Acad. nat. se. PhilacL, t. IV, part I, p. 103, pi. VI. R. erin. et R. egl., Storer, Synops. fish. N. Amer. {Mem. Amer. Acad., nouv. sér., t. II, p. 511 et 512, et Id., Id., Gill, Cat. fish. east coast N. Amer., p. 61. ? R. diaphanes, Mitch., Trans. litt. and philos. Soc. N. Y., t. I, p. 478. — Id., Dekay, Faim. N. Y. Fish., p. 366, pi. 67, fig. 218. —M., Storer, Sxjnops. fish. N. Amer. {Mem. Amer, acad., nouv. série, t. II, p. 510). — Id., Gill, Cat. fish. east coast N. Amer., p. 61. Caractères. — Disque plus large que long, à museau fort peu proéminent, à bords antérieurs très-ondulés, à angles ex- ternes et à bords postérieurs arrondis ; régions supérieures lisses entre les épines à base étoilée et de volume variable, qui, dispersées sur les ailes sans régularité, couvrent, au milieu du dos, un espace triangulaire à côtés égaux et dont l'angle anté- rieur se prolonge presque entre les évents, puis forment, à partir de la ceinture scapulaire, de chaque côté de la ligne mé- diane du dos et de la queue, 2 ou 3 séries parallèles. Sur un fond brun, de nombreuses petites taches rondes et noires. Les bords antérieurs du disque sont sinueux : convexes au niveau des régions latérales de la tête, puis concaves; ils se relèvent un peu au-delà. Du point où le disque offre sa plus grande largeur jusqu'à l'anus, il y a un intervalle plus considérable de 1/5 que celui qui sé- pare ce point de l'extrémité du museau dont la proéminence est pres- que nulle, de sorte que des lignes menées de son sommet à l'angle externe de chaque narine et d'un angle à l'autre, circonscrivent un triangle équilatéral. Les mâchoires sont assez arquées et les dents rhomboïdales, à angle postérieur prolongé en pointe mousse, particu- lièrement sur les rangs les plus reculés. Outre les nombreuses épines signalées dans la diagnose et remar- quables par l'irrégularité des prolongements de leur base (atlas, pi. 12, fig. 13 et li), il y en a sur la carène roslrale, au-devant et en dedans des yeux et des évents, et à chaque extrémité de la ceinture scapulaire. Chez les 2 plus petits des 3 exempl. du Muséum (cf type de Lesueur, et 9 de la collect. de Banks) la ligne médiane du dos et de la queue est nue comme sur le (f type de Mitchill. Chez le 3"^ [cfk appendices génitaux très-courts, quoiqu'il soit plus grand que les au- tres sujets de la collection), il y a une rangée médiane de tubercules peu volumineux, particulièrement sur la queue. R. radiata, Donov., mais la forme du disque n'est pas la même, et outre la multiplicité des épines dorsales chez la première, leur forme est très- différente (Atlas, pi. 12, fig. 13, 14 et 15), ainsi que leur arrangement. 534 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. Le bord antérieur des pectorales a des épines, et, sur leur portion arrondie, elles forment 2 groupes parallèles, l'un tout-à-fait mar- ginal, l'autre un peu plus interne, séparé du précédent par un petit espace lisse. Enfin, un groupe occupe le bord postérieur du disque, de chaque côté de la base de la queue, et les ventrales. Les régions in- férieures sont lisses; Mitchill signale une petite rangée d'épines en dehors des ouvertures branchiales; elle manque sur nos individus. Habitat. — \]n n. 68 (disque 0'°.3i4, queue O^.SSô), est comparée, par MM. Mûll. et Henlc, pour la brièveté du museau, aux R. radula, alra et xmdulata, et s'ils ne tenaient compte de l'ori- gine, ils la considéreraient comme étant peut-être une variété de la dernière. Inconnue au Muséum. 2. Museau formant, à partir de sa pointe jusqu'à l'angle externe des narines, un triangle isocèle à base plus courte que les autres côtés. (28 espèces, 8-3S). A. Angle antérieur du triangle, formé par le museau, droit ou un peu fermé (16 espèces, 8-23). 8. R.UA UNDULATA, Lacép., Poiss., t. IV, p. 675, pi. 14, fig. 2. ? Raia undulata, sive cinerea. Rondelet, Depisc, lib. XII, cap. VI, p. 346; Raie undée ou cendrée, Id., Hist. poiss., livre XII, chap. V, p. 273, fig. cop. par Gesner, De aquatil., p. 791, éd. Francf. •1620. Dasybatus, n«ll et 12, Klein, Missus III, p. 36 et 37. R. mosaica, Lacép., Hist. poiss., t. IV, p. 67o, pi. 16^ fig. 2, cop. par Shaw, sous le nom de R. picta (Gen. %ool., t. V, part II, p. 279, pi. 140, où est aussi copiée la fig. 2 de la pi. 14 du t. IV de Lacép. : R. undulata). — ? B. alba, Lacép., Hist. poiss., t. V, p. 663, pi. 20, fig. 1, cop. par Shaw, loc. cit., pi. 139. — ?R. fenestrata{R. scittarra). 538 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. Raiin., Indice, p. 47, n" 359, et Caratt., p. iS, n" 36. — R. undulata, Cuv.,/i.an.,t.II, p. 398,nole2, et éd. ill., pi. 118 (Poiss.), fig. 1.— R. 7nosaica,Rïss,o, Hisl. nal., t. ni,p. 134.— /d.,Blainv., Farm, franc., p. 32, pi. 4, fig. 2.— fi. undulata, MûU. Henle, Plag., p. 134. — Id., Bonap., Cat. met. pesci europ., p. 14, n° 27. Caractères. — Disque rhomboïdo-orbiculaire, plus large que long; rude au milieu, dans les deux sexes, chez les adultes; toujours, une rangée de tubercules épineux sur la ligne mé- diane du dos et de la queue dont les régions latérales sont le plus souvent nues; museau court et obtus; d'un jaune rougeâ- tre ou brun, soit uniforme, soit orné de bandes ondulées plus sombres, bordées de points blancs. La largeur du disque est, à sa longueur, :: 4 : 3 environ ; les bords antérieurs sont à peine ondulés; l'angle externe des pectorales est tout-à-fait arrondi, et éloigné de l'ouverture anale par un intervalle égal à l'espace compris entre cet angle et la pointe du museau, qui ne proémine presque pas au-devant du bord antérieur du disque. Des lignes menées de cette pointe aux angles externes des narines et d'un angle à l'autre forment un triangle à peu près équilatéral, dont la base est cependant un peu plus courte. Les dents présentent presque toutes une saillie transversale, les médianes supérieures sont un peu plus petites que les autres. Le disque tout-à-fait lisse en dessus, chez les jeunes sujets, porte des tubercules épineux sur les mêmes points que chez les adultes, dont la peau, dans les deux sexes, est âpre sur la carène du museau, sur la tête, sur le milieu du dos et quelquefois sur une portion du bord antérieur des pectorales. Il y a 2 ou 3 tubercules au-devant de l'œil et sur le bord interne des évents, cl 1 ou 2, de chaque côté, sur la ceinture scapulaire; tous ces aiguillons sont forts et robustes. Système de coloration. — Var. l. D'un jaune rougeâtre uniforme, sans aucune tache. Un spécimen adulte, de Bordeaux, au Muséum. Var. U. Sur un fond semblable, mais généralement plus sombre cependant, des bandes brunes ondulées, bordées de points blancs, dont la plus considérable commençant derrière les yeux se porte en dehors et en arrière; deux autres, de chaque côté de la ligne mé- diane, forment des cercles concentriques. A cette Var. II appartien- nent presque tous les exemplaires du Muséum. Var. III. Dessins analogues sur un fond brun. Un jeune individu semblable à la Var. II, n'en diffère que par l'ab- sence complète des points blancs. 9. Raja microcellata, Montagu, Mem. Werner. Soc, 1818 (1815), t. II, p. 430. Painted Ray,Small-eyedRay, J.Couch, ffisf.^s/i. brit. islands,t. I, RAIES. GENRE RAJA, 9, 10. 839 p. 107, pi. XXV (1). — ? R. microcell.y M'Coy, On some rare Fish coast Ireland : in Ann. and Maxj. nat. hist., 1841, t. VI, p. 407. Caractères. — Disque rhomboïdal, plus large que long, dans le rapport de 14 à 11 ; à bords antérieurs un peu ondulés, à peine saillant en avant, à angles latéraux arrondis, et très- analogue, par sa conformation générale, à celui de la R. bou- clée; yeux notablement plus petits que chez les autres Raies de même taille; dents obtusément cunéiformes, rudes au tou- cher; disque lisse en dessous, couvert, en dessus, d'aspérités, avec une rangée d'épines sur la ligne médiane, depuis la cein- ture scapulaire jusqu'à l'extrémité de la queue où elle est ac- compagnée, sur toute la longueur de cette dernière, de 2 rangs latéraux. Sur un fond gris-clair, quelques taches brunes et d'autres blanches; le long de chaque bord antérieur, 3 lignes blanches courbes, à convexité tournée en dedans et parallèles; deux bandes semblables le long de chacun des bords posté- rieurs et, enfin, une autre sur toute la longueur de la ligne médiane. Monlagu indique également la présence des bandes le long des bords du disque, mais sur un fond d'un brun pâle. Les deux, seuls in- dividus qu'il ait examinés étaient des femelles; la plus grande n'ex- cédait pas O^.SOa (disque 0"'.278, queue 0'".227). M. Couch a vu un spécimen de O^.SSi (disque 0'n.506, queue 0'".328). Peut-être, les jeunes Raies décrites par M. Couch [loc. cit., p. 108), appartenaient-elles à l'espèce dite li. undulata? Habitat. — Côtes d'Angleterre. Inconnue au Musée de Paris. 10. Raja ocellata, Mitchill, Fish. N.-York {Trans. Htt. and philos. Soc, 1815, 1. 1, p. 477, n° 2). R. Chantenaxj, Lesueur, Journ. Ac. nat. se. Philad., 1824, t. IV, part. I, p. 106, pi. V, fig. 1-4, cf et 9 . — R. ocelL, Storer, Report jish. Massac}iusetts,\).\9i , elSijnops.fish. N.-Amer.{Meni. Amer.Aead., nouv. série, t. II, p. MO, n»2). — hl, Dekay, N.-YorkFauna, Pisces, p. 369, pi. 65, fig. 212, admet l'identité avec laiî. Chant., Les. (2). (1) Montagu, M. J. Couch et peut-être M. M'Coy, s'il a décrit la même espèce, sont les seuls naturalistes qui, jusqu'à ce jour, aient vu cette Raie, moins rare cependant qu'on ne l'avait cru, dit M. Couch. Il est donc inu- tile de citer ici les différents ouvrages oîi se trouvent des extraits de la description de Montagu, si ce n'est Yarrell, Brit. fish., t. II, p. 567, à cause d'un dessin de M. Couch qui y est reproduit. (2) M. Storer indique la R. Chant., Les. (Synops., loc. cit., p. 512, n^ 7), mais il ne la connaît pas. La même distinction entre cette R. et la R. ocell.y 540 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. Caractères. — Disque rhomboïdal, plus large que long, h bords antérieurs légèrement sinueux, à museau assez pro- longé, mais mousse, mesurant, à partir d'une ligne menée au- devant des yeux, un peu plus de 2 fois l'espace qui sépare les crêtes oculaires; entre sa pointe et les narines, est cir- conscrit un triangle dont la base est égale aux 5/8 des autres côtés; régions supérieures rudes sur les bords du disque, sur le museau, la tête et le milieu du dos et des ailes ; pas de tu- bercules épineux sur la crête dorsale; régions inférieures lisses, excepté à la région rostrale. Sur un fond brun, de nom- breuses taches foncées, quelquefois entourées d'une teinte plus claire et simulant ainsi des taches ocellées; des lignes brunes foncées sur le bord postérieur des pectorales marquant la place des rayons. La largeur du disque est, à sa longueur, :: 4 : 3. Sur le seul spéci- men que le Muséum possède {(f à appendices génitaux bien déve- loppés), il y a de forts aiguillons en dedans de l'angle des pectorales et un autre groupe moins nombreux, de chaque côté, en dehors des yeux; il n'y a pas de gros tubercules autour des orbites et des évenls. La queue porte une rangée unique et médiane d'épines et de nom- breuses aspérités sur les régions latérales (les figures de Lesueur et de Dekay montrent une triple rangée). La bouche est largement fendue; les mâchoires sont peu arquées; les dents très-petites, fort nombreuses et pointues en arrière. J'en compte 80 sur chaque rangée transversale, et elles forment des ran- gées longitudinales de 42 environ , au milieu, et de 8, puis de 6 aux extrémités. Vers la région postérieure des ailes, de chaque côté, une marque blanchâtre ressemblant à une aile de papillon (Milchill). Lesueur si- gnale, sur la même région, la présence d'une tache oblongue, trans- versale, snbocellée. Il en reste quelques traces chez le spécimen unique du .^luséum rapi)Orté de l'Amer, sept, par Lesueur, et qui mesure 1">.04 (disque 0'".49, queue 0"'.53); larg. 0"'.68. 41. Raja capensis, Miill., Henle, Plag., p. loi. ATLAS, pi. 12, fig. 1 1 et 12, tuberc, epin. de la queue. Caractères. — Très-analogues à ceux de la R. davata quant à la forme générale et au peu de proéminence du museau, mais pas de boucles éparses sur le disque; régions supérieures Mitch., est faite par M. Gill [Cat. fish. east. const N. Amer., p. 61), mais il fait suivre leurs noms d'un ■*, signe qu'il emploie pour les espèces dou- teuses (Cat., etc., p. 28), RAIES. GEISRE RAJA, 11, 12. 541 rudes; sur la ligne médiane du dos, de grosses épines à pointe dirigée en arrière, comprimées et à base élargie, un peu com- parable à celle des boucles de la jR. clavata, mais non creuse, formant une rangée interrompue et se prolongeant sur la queue où elles sont en rang simple ou triple; des tubercules au-de- vant des yeux et au bord interne des évenls. Sur un fond d'un brun jaunâtre en dessus, des taches rondes foncées, disposées en lignes ondulées. Le disque dcrexemplaiie unique du Muséum, large de 0'".60 cl long dc0'".44, est rude dans toute son étendue, surtout à son pourtour, et plus particulièrement encore en avant et à la partie postérieure de la tête ; en dessous, il y a de petites épines à l'extrémité du museau et le long du bord antérieur des pectorales. Chez les o^, la rudesse est limitée à la région médiane du dos et à certains points de la surface du disque où les petites épines sont très-éloignées les unes des autres et laissent ainsi, entre elles, des espaces vides (Mùll. Henle). Parfois aussi, la face ventrale est rude, et même chez un çf, ces zoologistes y ont ob- servé quelques aiguillons à base élargie un peu semblables aux boucles de la fi. clav. La queue est rude en dessus et sur les côtés, mais lisse en dessous. Les dents sont plates chez la 9, spécimen unique au Mu- séum, et M. et H. ne parlent pas de celles de l'autre sexe. Habitat. — Cap de B.-Espér., d'où a été rapporté au Muséum l'exemplaire qui est un des types. 12. Raja ScnuLTZii, MuU., Henle, Play., p. 138 et 194, pi. 47, fig. 1 et 1 a, mâch. et dents (1). haia asterias stellata aut siellaris, Belon, De aquatil., p. 83 et8i, fig., et Raye estellée que les Grecs appellent Asterias pour ce quelle ha (1) J'ai cherché, d'après l'étude des sujets de la collection du Muséum, à rendre aussi manifestes que possible, dans les descriptions, les différences qui se remarquent entre l'espèce dont il s'agit et la suivante, avec laquelle on l'avait toujours confondue jusqu'à l'époque des études de MM. Miill. et Henle sur les Plag. Il résulte de cette confusion motivée par des analogies in- contestables, qu'on ne peut pas considérer, comme absolument exacte, la synonymie rapportée à la R. Schultz. Cependant, les dissemblances que présentent les R. aster, de Belon et de Rondelet, qui, selon toute probabi- lité, sont nos Raies n» 12 et n» 13, se retrouvant quand on compare la R. aster, pi-oprementdite à la /{. Sch., on est autorisé à prendre, comme types, les 2 espèces figurées par ces anciens naturalistes. Je dois faire observer que le prince Ch. Bonaparte {Faun. ital ) considère la figure jointe au texte de Belon comme représentant la R. macrorhyncha; mais le rapprochement proposé ici, à l'exemple de MM. Miill. et Henle, me paraît plus exact. Quant à la R. stellaris , Salviani [Hist. aquatil., p. 150, pi. 51, cop. par Jonston, pi. X, fig. 2), une identification précise n'est pas possible. S42 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. certaines taches blanches sur le dos semblables à des estoiles, Id., Nat. et diversité des poiss., p. 74 et 7S. R. asterias aspera, Rond., De pisc, p. 3u2, et édit. franc., p. 278, fig. cop. par l" Gesner, De aquatil., p. 794, édit. 1620; 2" Aldrov., De pisc., p. -438; 3» Jonst., De pisc, pi. X, fig. 7 (Ruysch, id.); 4** Willughb., Hist. pisc, pi. D3^ fig. 4. Dasybat., n" 5, d'après /î. asi. as/)., Rond., Klein, Miss. III, p. 36. R. aster., Fr. Delaroche, Poiss. Iviça [Ann. Mus., 1809, t. XIII, p. 32i, pi. 20, fig. 4. —Id., Bl., Faune fr., p. 23), d'après la précé- dente. R. punctata, Risso, IcJith. Nice, p. 42, et Hist. nat. Eur. mér., t. III, p. 153. — fR.maculata (Mont), Pappe, Synops. edible fish. Cape good hope, 1853, p. 33. — Dasybatis ast., Bonap., Cat. pesci europ., p. 13, n" 14. — Id., Id., Faun. it. Variété à grande tache ocellée sur chaque aile : R. miraletus, Donov., Rrit. fish., t. V, pi. CIII. — R. spéculum, Blainv., Faune fr., Poiss., p. 29, pi. 4, fig. 1. — R. oculata, Riss., Hist. nat. Eur. mér., t. III, p. 149. — R. bispecularis, Bennctt, Proceed. zool. Soc, 1830-31, p. 148. — Peut-être une partie de cette synonymie convient-elle à la même Var. delà /{. aster.'? Caractères. — Disque rhomboïdal, plus large que long; museau peu proéminent, dont la longueur mesurée à partir d'une ligne menée au-devant des yeux, est, à peu près, le triple de Tespace inter-oculaire ; mâchoires assez fortement arquées, portant, sur chaque rangée transversale, 40 ou 45 dents poin- tues chez le cf, mousses et à surface arrondie chez la 9 ; ré- gions supérieures semées de taches foncées, souvent entre- mêlées de taches claires, entourées de maculatures noires et offrant ainsi Tapparence d'ocelles. Le disque, dont la largeur est, à la longueur, :: 7 : 6, a les bords antérieurs un peu ondulés; l'angle externe des pectorales, tout-à-fait arrondi, est presque à la même distance de l'anus et de la pointe du museau, dont la proéminence, égale au diamètre longitudinal de l'œil, est un peu plus du 1/4 de l'espace qui sépare l'une de l'autre l'extré- mité antérieure de chaque pectorale. Des lignes menées du bout du museau à l'angle externe des narines, et d'un angle à l'autre, circonscri- vent un triangle isocèle, dont la base est, aux autres côtés, à peu près :: 5 : 7. Il n'y a pas de fixité dans les caractères tirés des téguments; plusieurs jeunes sujets sont tout-à-fait rudes en dessus, tandis que des cT et Ç ad. sont lisses, excepté sur les bords antérieurs du disque où se voient, chez les çf, les épines sexuelles des pectorales. Par une remarque sur la R. aster, de Fr. Delaroche à dents mousses {^f et 9)> et qui, à cause même de cette particularité, est une R. Sch., mais dont la peau ne porte pas d'aspérités {Plag., p. 195), RAIES. GENRE RAJA, 43. 543 Miill. et Henle donnent la preuve qu'ils avaient été trop aflîrmatifs en signalant la rudesse de la peau comme propre à la R. Sch. Le caractère vraiment essentiel de l'espèce consiste en ce que les dents sont moins nombreuses et plus volumincases que dans l'autre espèce, et, en même temps, mousses chez la 9^ tandis que celles de la R. aster, sont pointues dans les deux sexes. — Au marché de Paris, les 2 espèces sont confondues sous le nom de Raies douces, qui leur est donné pour les distinguer de la R. bouclée. 13. Raja asterias, Rond., De pisc, p. 350 (jeune). Id., Gesner, De aquatil., p. 794, éd. 1620, cop. de Rond. — Id., Aldr., Depisc, p. 497, cop. Id. — Id., Willughb., Hist. pisc, p. 73, pas de fig. — DasybatuSj n° 4, Klein, Miss. III, p. 35, pi. IV. ^R. rubus, Cuv., R. an., t. II, p. 398. (Voy., pour l'incertitude où l'on reste relativement à l'espèce ainsi nommée, p. S29, note 1). — Id., Donovan, Rrit. fish., t. I, pi. XX. R. maculata, Montagu, Encjl. fish. [Mem. Werner. soc, 1815 [1818], t. II, p. 426). — Id., Blainv., Faune fr., Poiss., p. 15, pas de fig. — Id., Parnell, Fish. Frith ofForth {Mem. Werner. Soc, 1839, t. VII, p. 434, pl.XLII). R. aster., M. H., Plag., p. 139 et 194, pi. 47, fig. 2, excl. synon. en partie. — R. macuL, Bonap., Cat. pesci europ., p. 13, n" 25, sous le nom de R. bâtis [Faun. it.). — R. macul., Couch, Eisl. fish. brit. isL, t. I, p. 104, pi. XXIV, excl. synon. en partie; (?/J. Sch. $ à dents plates, Id., p. 105, confondue avec la R. aster). Caractères. — Très-analogues à ceux de la R. Schultz., pour la forme du disque, mais à museau plus court; dents beaucoup plus nombreuses : 80 au moins sur chaque rangée transversale, pointues dans Tun et l'autre sexe et mâchoires moins arquées. Sur un fond brun jaunâtre, des taches rondes foncées, d'un diamètre petit, mais variable suivant les indivi- dus, et quelquefois entremêlées de taches claires un peu plus grosses que les autres, ou bien avec une grosse tache circulaire claire sur la base de chaque pectorale, aucune autre tache claire ne se voyant au milieu des taches brunes. Le disque, dont la largeur est, à la longueur, :: 13 : 10, aies bords antérieurs ondulés; l'angle externe des pectorales faiblement ar- rondi est un peu plus rapproché de l'anus que de l'extrémité du mu- seau, dont la proéminence, égale au diamètre longitud. de l'œil, re- présente à peu près 1/4 de l'intervalle qui sépare l'extrémité antér. de l'une des pectorales, de l'extrémité de l'autre. Des lignes menées du bout du museau à l'angle externe des narines, et d'un angle à l'autre, forment un triangle isocèle, dont la base est égale aux 4/5 de la longueur des autres côtés. Le museau, à partir d'une ligne qui o44 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. passe au-devant des yeux, représente à peine 2 fois 1/2 l'espace com- pris entre le milieu des crêtes oculaires. Le disque, en dessous et en dessus, et particulièrement sur les ailes, est presque toujours lisse, si ce n'est sur le bord antérieur, sur la tête, sur le milieu du dos et à la face inférieure du museau. Ce défaut d'aspérités, contrairement à l'assertion de MM. Muller et Ilenle, ne peut pas être donné comme ca- ractère distinctif entre celle espèce et la /^. Schultz., on en a la preuve par les détails que j'ai donnés sur cette dernière. Il y a des tubercu- les devant et derrière les yeux, le long de la crête dorsale, sur le mi- lieu de la queue où se voit quelquefois, particulièrement chez les cf, de même que chez la R. Sch., une rangée de chaque côté. 14. Raja jojema (1), Cocco, Atti dcir Acad. Gioenia Catania, 1836, t. XI, p. 8o, fig. ^ R.jojenia, Bonap., Cat. pesci eur., p. 14, n° 28 (d'après Cocco). Caractères. — Disque rhomboïdal, dont la longueur est, à la largeur, environ : : 6,5 : 8; museau court et obtus; bords anté- rieurs rectilignes, fortement rejetés en arrière et dont l'étendue, depuis l'angle externe des pectorales qui est mousse, l'emporte notablement sur celle des bords postérieurs, dans le rapport de 5 à 3; queue, depuis l'origine des ventrales, égale à la dis- tance qui sépare ce point de l'extrémité du museau; dents mousses (9) ; disque lisse en dessous et en dessus, excepté sur la pointe du museau oi^i 5 épines sont disposées en quinconce, aux bords antérieurs, en dedans des orbites, sur la ceinture scapulaire, qui porte un aiguillon à chacune de ses extrémités, sur la ligne médiane du dos, à partir de la région postérieure de la tète, et le long de la queue dont les faces latérales sont également épineuses. Teinte générale (ï un gris jaunâtre couverte de petites taches rondes et noires, au milieu desquelles il y en a de plus grandes ocellées au centre de blanc bleuâtre, disposées, avec une certaine symétrie, le long de la racine des pectorales; le dessous blanc, mais tendant au rouge vers le bord des pectorales. Habitat. — Côtes de Sicile, où elle est rare et où elle re(,'oit des pêcheurs, avec beaucoup d'autres Raies, le nom de Picara , comme, avant Cocco, l'avait fait observer Rafincsquedont le catalogue {Indice, p. 47, n" 3o7) renferme, parmi les espèces indéterminables, une Raie dile R. pigara ipigara latina), trop incomplélemcnl décrite [Caratt., p. IS, n"37) et pour qu'il soit impossible de ridenliiicr avec aucune (1) Nom latinisé de rAcadcmie Gioenia de Catane, ainsi nommée en l'hon- neur du natuialiste Jos. Gioeni, qui a fondé un Musée d'histoire natu- relle dans cette ville. RAIES. GENRE RAJA, 14, lo. 545 autre espèce, — Le spécimen de Cocco était i $ dont le disque avait O^^-Si environ de long sur O^.âS de large. — Inconnue au Musée de Paris. La forme du disque la distingue des 2 précédentes. 15. Raja Madereissis, Lowe, Synops. fish. Madeira, 'm:Trans. zool. Soc. London, 1841, t. Il, p. 195, et Proceed. zool. Soc. Lond., 1843, p. 94. /(. madcrensis, Val., Ichth. des Canaries, p. 100, pi. 23. Caractères. — Disque rhomboïdal, plus large que long, à museau peu proéminent au-devant du disque, rude dans toute son étendue; tubercules peu saillants sur la ligne médiane du dos, mais beaucoup plus volumineux sur le milieu de la queue où se voient deux séries latérales irrégulières; sur un fond gris cendré, de nombreuses petites taches blanches rondes, disposées en lignes flexueuses irrégulières; sur les dor- sales, une large bordure foncée. La largeur du disque est, à sa longueur, :: 10 : 7; l'angle externe des pectorales est bien prononcé, mais un peu arrondi et éloigné de l'ouverture anale par un intervalle à peine plus considérable que celui qui le sépare de la pointe du museau. Entre cette pointe et les na- rines, est circonscrit un triangle isocèle, à base à peine plus longue que les autres côtés. Les dents n'ont ni pointe, ni saillie transversale. Le disque est rude en dessous, surtout à la région rostrale et entre les branchies, et en dessus, dans toute son étendue, mais plus parti- culièrement sur le museau, la tête, le milieu du dos et le bord anté- rieur des pectorales. Il y a un tubercule aux bords antérieur et pos- térieur de l'œil; puis, 2 médians, l'un à la suite de l'autre, au-devant de la ceinture scapulaire et enfin, au-delà, d'autres très-petits à peine saillants sur le plus grand des 2 exemplaires du 31uséum, et un peu plus apparents sur l'autre. Dès la racine delà queue, commencent 3 séries de tubercul_es : la médiane est prolongée jusqu'à son extrémité, les latérales sont beaucoup plus courtes et irrégulières. Cette Raie qui ressemble à la Pi. undulaia \yAV la conformation du disque, par la i)roéminence presque nulle du museau, et par cette particularité de son système de coloration qu'elle porte aussi de pe- tites taches blanches, mais sans bandes brunes ondulées, en diffère par la rudesse de toute la face supérieure du disque et des régions médianes inférieures, même sur le sujet plus petit que nos Raies on- dulées^ par la forme moins arrondie de l'angle des pectorales et par le défaut de saillie transversale des dents. Il n'y a donc pas lieu de la considérer, avec Mûll. et Hcnle [l'iag., p. 194), comme identique à la li. undul. Telle est aussi l'opinion de Lowe {Proc., 1843, p. 94). Poissons. Tome I. 35 546 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. Leçfque M. Valenciennes a figuré a été rapporté des Canaries par Webb et M. Berthelot; l'autro, de Madère, par M. le comte de Castel- nau : c'est une 9 un peu plus longue : 0'".G9 (disque 0".36, queue Qo'.SS), large de0".5o. 16. Raja oxyrhyncha (1), Bloch Jchth., part. III, p. 52, pi. 80, cop. Encycl., pi. 2, fig. 7, sous le nom de V Alêne. n. oxyrh., Lacép., Hist. Poiss., 1. 1, p. 72, pi. IV, fig. 1 assez bonne; excl. 1" la synon. excepté BI., et 2« la description, qui ne se rapporte à aucune espèce en particulier. — Id., Bl., Syst. posth., éd. Schn., p. 365. — Id., Miill. Henle, Plag., p. 148, en partie; excl. la synon. excepté Bloch et Lacép. '^Dasybatis Pennanti, Bonap., Cat. pescieurop., p. 13, n" 17. Caractères. — Disque rhomboïdal, plus large que long, dans le rapport de 4 à 3; à bords antérieurs un peu ondulés, à angles externes arrondis; museau terminé en une pointe mousse, assez peu proéminent, et dont la longueur, à partir d'une ligne menée au-devant des yeux, représente 2 fois 1/3 l'espace compris entre les crêtes oculaires, et formant, avec les narines, un triangle isocèle dont la base est, aux autres côtés, : : 7 : 8 ; des épines devant et derrière les yeux, au bord interne des évents; une, à chaque extrémité de la ceinture sca- pulaire ; une rangée médiane de tubercules sur le milieu du dos et de la queue, et des rangées latérales chez de jeunes su- jets seulement. La forme du disque a beaucoup do rapports avec celle du disque de la /{. Desm., et c'est ce qui pourrait expliquer peut-être la réunion de ces deux espèces en une seule par MM. Millier et Hcnle, mais elle s'en distingue par plus de brièveté du museau (voy. les mcnsui'alions (1) Le nom de R. oxyrh. appartient, par droit de priorité, à Rondelet, mais l'usage qu'il en a fait pour deux espèces différentes l'une de l'autre en rend l'appiication dinicile si l'on veut éviter la confusion (Voy. la note annexée à l'histoire de la fi. Salviani). Dans la 12" édit. du Syst. nat., t. I, p. oOJ, où se trouve mentionnée seu- lement la pi. 52, p. 149, de Salviani, avec trois citations qui s'y rapportent bien, la fi.o.xy?7i., Linn., est évidemment la même que celle dont je donne plus loin la description sous le nom de R. Salviani. \o\\k pourquoi, con- trairement à MM. MûU. et Henle, je ne rapporte point à Linn. l'espèce à laquelle est consacré le présent article. Bloch, le premier, a donné, de celle-ci, une assez bonne représentation sous le nom de IL oxyrh. 11 est donc possible, en prenant pour type cette fig., d'attribuer k Fespcce de Bloch le nom de R. oxyrh., malgré le peu de prolongement du museau. RAIES. GEISHE RAM, 16, 17. 547 indiquées dans les diagnoses). La différence d'origine, d'ailleurs, ne semble pas permettre celte confusion. — Il faut ajouter que chez la R. ox., la distance de l'extrémité du museau à l'ouverture de la bou- che est un peu plus courte que celle qui sépare cette ouverture du bord antérieur de la barre inférieure de la ceinture scapulaire^ tandis que cette première distance est plus considérable dans la /{. Desm. L'intervalle compris entre la pointe du museau et l'ouverture de la bouche est, chez la R. ox., un peu moindre que l'écartement des deux premières fentes branchiales, à partir de leur angle interne; il y a, au contraire, égalité parfaite entre ces distances chez la R. Desm., dont les mâchoires ont une courbure moins prononcée. Quant à la forme des dents, je ne puis pas les comparer, le Muséum ne possé- dant pas des adultes des deux sexes de chaque espèce, et cepen- dant, sans m'arrêter à la forme plus pointue des dents de la Pi. ox.çf, je trouve leur base plus étroite. Par suite d'un peu d'usure des téguments, j'ignore s'ils étaient rudes sur tout le disque, mais son pourtour, et, en particulier, sa por- tion antérieure jusque derrière la tête, est couverte d'aspérités à base arrondie et non étoilée. Sur la teinte brune des régions supérieures, y avait-il, comme Bloch le représente, des taches qui, selon M. et H., seraient les unes fon- cées, les autres claires? Il m'est impossible de m'en assurer. Habitat. — Corse ((/ de O^.SS : disque 0™.29, queue O-^.SG, et de 0°'.37 de large); 2 sujets beaucoup plus jeunes pris à Messine par Bibron. 17. Raja miraletus (1), Linn., Sijst. nat., 12'^ éd., t. I, p. 396, 11° 4, et Id., éd. Giiiel., t. I, pars III, p. 1907. Lœviraja miraletus, Belon, De aquatil., p. 81 et 82, fig. (jeune à aig. dorsaux) et Nat. et diversité des Poiss., p. 71 (id.). R. oculata et lœvis, Rond., De pisc, lib. XII, p. 349 et éd. franc., p. 276, tig. copiée par Gesner, De aquatil.,\ih.l\, p. 793, éd. Francf. 1620; par Aldrov., De pisc, lib. III, p. 433; par Jonston, De pisc., lib. III, pi. X, fig. 4 (Ruysch, id.); par Willughbey, Hist.pisc., pi. C, 1, fig. 4 (par erreur, sous le nom de Pastinaca marina aidera. Rond.) et descr. p. 72, sous le titre : R. ocul. lœvis. ?/{. oculata et aspera, Rond., De pisc, lib. XII, p. 351, et édit. franc., p. 278, fig., copiée par Willughbey, Hist. pisc, pi. D 5, fig. 5, p. 73. — R. lœvis, Homelyn, Merrett, Pinax rerum natural. britann. p. 18o. — Pi. oc. lœv., et Id. aspera, Ray, Synops. pisc, p. 27, n°* 9 et 10. — R. dorso venir eque glabris, etc., Artedi, Gênera, p. 72, n° 7, et éd. Walb., p. 529, n° 7; Sijnon., p. 101. Dasybatus, xi"^ 2 et 3, Klein, Miss. III, p. 35, d'après Rond. R. mirai., Brunnich, Ichth. massil., p. 2, n^S. — Id., Bonnat., (1) A provincialibus mirallet a speculorum parvorum similitudine; ea enira voi illis spéculum parvum significat (Rond.). V 548 PLAGIOSTOMES HYPOTRÉMES OU RAIES. EncycL, p. 3, n» 4. — Id., Lacép., Poiss., t. I, p. 75. — kl., Risso, Ichlh. Nice, p. 4, n" 3; Hist.7iat.Eur. mérid., t. III, p. 149, n» 36.— R. ocuL, Id., //isi. ?iai., etc., p. 149, n° 33. R. bi-ocularis, Geoffr. Sainl-Hil., Pois.s. Egypte, pi. XXVII, lig. 2; pas de texte. — jR. oculata, Fleming, Brit. anim., p. 172, n" 26. R. mirai, Blainv., Faune franc., Poiss., p. 27, n" H, pas de fig. — Id. (Razza baraccola), Bonap., Iconogr. et Cat. pesci europ., p. 14, no31. — Id., Mull. Hcnle, Plag., p. 141. — Id. (Homelyn ray, the Home, Sand ray, Spotted ray), Yarr., Brit. fish., 3<^ édit., t. II, p. 570, fig.; excl. une partie de la synon. qui se rapporte à l'une ou à Tautre des Raies que je décris sous les noms de R. SchultX:ii, Mùll. Henle, et R.asterias, Rond. Caractères. — Museau un peu proéminent ; disque rhom- boïdal, plus large que long; lisse, excepté chez le cf où la face supérieure du museau et les bords antérieurs portent des épines et des aspérités presque nulles en dessous ; pas d'aiguil- lons sur la ligne médiane du dos, si ce n'est chez les très- jeunes individus; sur un fond d'un brun jaunâtre, de petites taches foncées, et, sur chaque aile, derrière la ceinture sca- pulaire, une assez grande tache ronde, ocellée. La largeur du disque est, à sa longueur,: : 5 : 4 environ; ses bords antérieurs sont à peine ondulés et les postérieurs un peu convexes; les angles sont mousses, à Texccption de l'antérieur, en raison de la petite proéminence du museau, dont l'extrémité libre est éloignée de l'angle externe des pectorales par un intervalle un peu plus considé- rable que celui qui sépare cet angle du cloaque. Des lignes menées du bout du museau à l'angle externe des narines et d'un angle à l'autre, circonscrivent un triangle isocèle, dont la base est, aux autres côLés, dans le rapport de 7 à 9. Les dents, plates chez les 9, sont pointues chez les cf adultes. — Les collections du Mus. possèdent une Raie cf rapportée de Nice ou de Naples par Savigny, de 0'".37 (disque 0'".17, queue 0'".20), large de 0"'.22, toul-à-fait semblable, par ses dimensions en longueur, à une R. mir. çf, avec laquelle elle a beaucoup d'analogie. Cepen- dant on est frappé de certaines dissemblances qui sont celles que le prince Ch. Bonaparte a signalées dans sa Faim., mais qu'il a surtout rendues évidentes en faisant figurer comi)arativemcnt à la R. miralet, 2 individus çf représentant, suivant lui, laiî. quadrimaculata, Risso, Hist. nat. Eur. mérid., t. 111, p. 150, n« 37 (1). (1) La synon. do la R. qwtdrimncul. est indiquée ainsi dans la Faune : R. oculuta etaspera. Rond., De pisc, iib. XII, p. .'^51, fig. copiée par dif- férents zoolog., et Dasybatus , n» 3, Klein, Miss^is, III, p. 35. — /{. mirai., Nardo, Prodr. ichth. Adriat. {Isis, 1827, t. XX, p. 476, n" 8). Au cf doit être rapporté, dit-il (p. 482), R. ocul. et asp., Rond., et, à la 9 , /?. ociU. et lœvis. RAIES. GENRE RAJA, 18. 549 Le spécimen dont je parle offre les particularités suivantes : 1° les bords antérieurs du disque sont un peu moins rejetés en dehors, et, par suite, les angles externes sont moins relevés, aussi le disque n'a- t-il pas autant de largeur relativement à sa longueur (0"\16 du bout du museau à l'anus chez les 2 sujets : 0'".215 en travers chez celui-ci, et 0"'.23o chez la R. mirai, à laquelle je le compare) ; 2» la queue, pro- portionnellement au disque, est un peu plus longue; 3^ le museau et les bords antérieurs du disque ont des scabrosités et des épines plus saillantes; 4" les appendices génitaux sont plus développés, mais peut-être le poisson a-t-il été pris pendant la saison des amours, ce qui expliquerait la plus grande rudesse des régions antérieures; S° les dents sont pointues, et mousses chez l'autre, qui, malgré l'égalité pres- que complète de taille, n'est sans doute pas encore adulte. Le système de coloration semble à peine différer. La 2« paire de taches sur le disque est une anomalie, dit le prince, contrairement à ce que croyait Risso, qui la regardait comme propre à la R. quadrinia- culata cT. Elle manque sur le spécimen dont il s'agit ici. Il n'est pas positivement démontré que les Raies nommées mirai. et quadrimaculata représentent 2 espèces distinctes. 18. Raja naevus (1), Mûll., Henle, Plag., p. 138. Atlas, pi. 12, fig. 1-3, museau et dents. R. radula (Sandy Ray, Cuckoo(2)Ray),Yarr., Bril. ftsh., t. II, p. 574, S** édit.; excl. lasynon. — Pi. mir aletus, Conch et non auctor. (Cuckoo Ray), nist. fish. hrit. islands, t. I, p. H2, pi. XXVII. — Raia? M'Coy, On some rare Fùh from coast of Ireland [Ann. and Mag. nat. hist., 1841, t. VI, p. 403). Caractères. — Disque plus large que long, à très-courte proéminence rostrale, à bords antérieurs fortement ondulés, à angle externe des pectorales arrondi ; lisse au-delà des évenîs chez le cf, rude sur toute la région supérieure chez la 9, et, sous le museau, dans les deux sexes; de chaque côté de la ligne médiane du dos qui est sans aiguillons, et h. partir de la ceinture scapulaire, une rangée d'épines continuée sur toute la longueur de la queue dont les faces latérales portent une se- conde rangée, mais dont la face supérieure est nue; à cha- que aile, une grande tache ronde consistant en lignes brunes décrivant des flexuosités irrégulières sur un fond brun jaunâ- tre clair, semblable à la teinte générale. La largeur du disque est, à sa longueur, : : 7 : 5 environ ; l'angle (1) A cause de la tache que porte chaque pectorale. (2) On n'explique pas pourquoi les pêcheurs disent Raie coucou. 550 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. externe des pectorales est séparé de l'anus par un intervalle un peu moindre que la distance comprise entre cet angle et la pointe du museau qui forme une petite proéminence égale à la moitié de l'es- pace compris entre sa pointe libre et l'extrémité antérieure de la pec- torale. Des lignes menées du bout du museau aux narines, et de l'une à l'autre, circonscrivent un triangle équilatéral. Dents très-pointues dans les deux sexes. Une 9 reçue de Toulon, par les soins de M. Kiener, est âpre au toucher dans toute l'étendue de la surface supérieure du disque, mais sans les gros tubercules épineux qui se voient dans cette même ré- gion, sur un çf de taille semblable adressé d'Abbeville par Bâil- lon, lequel est adulte, à en juger jiar le grand développement des appendices génitaux. Son disque^ d'ailleurs, est lisse au-delà des évents et ne présente des aspérités semblables à celles de la 9 que sur le museau et jusqu'à la région postérieure de la tête. A la surface inférieure, chez les deux, il n'y en a que sous le museau et un peu sur les bords, en avant. De très-gros tubercules se voient aux bords antérieur et interne de l'œil et en arrière de la tête, où ils forment une courte rangée médiane. Les grandes taches pectorales ont le diamètre d'une pièce de S francs en argent. A Vienne (Autr.), on conserve des exemplaires qui portent, en outre, d'autres taches plus petites, sur le disque. Habitat. — Méditerr. et Océan; cT de 0'». 62, et 9 deO-^.G/t; la queue représente la 1/2 de ces dimensions; append. génit. : 0'^.13. 19. Raja falsavela (1), Ch. Bonap., Iconogr. faun. Ital., pi. 448, fig. 1, et Cat. met. pesci europ., p. 14, n° 26. Atlas, pi. 12, tig. 2, 4-6, museau et dents. Caractères (2). — Disque analogue, par sa forme et par ses dimensions, h celui de laiî. nœvus, mais à bords antérieurs un peu moins ondulés; museau plus proéminent; ventrales pro- (1) Nom sous lequel cette Raie est désignée dans le marché de Rome et qui pourrait convenir à toutes les espèces dont le disque a peu de lar- geur. Se relevant aisément, en raison de sa flexibilité chez celles dites altavela, où il offre une plus grande étendue transversale, on l'a comparé à une voile. (2) Le Muséum a reçu de Nice, par les soins de M. le professeur Coste, une Raie 9 dont les analogies avec celle que le prince Ch. Bonaparte a fait figurer sous le nom de H. falsavela, sont si frappantes, surtout entre des individus de même taille, que je rapporte sans hésitation notre exem- plaire à cette /{. falsav. Je ne partage donc pas la manière de voir de MM. MûU. et Henle qui considèrent cette dernière comme identique à la Variété sans taches de leur R. nœvus [Plag., p. 194), et du prince qui mentionne la /î. nœvus, M. H., comme synonymie de la R. falsav. [Cat. pesci Europ., p. 14. u° 26). RAIES. GENRE RAJA, 19, 20. 5ol portionnellement plus courtes; 2 rangées d'épines de chaque côté du milieu de la queue dont la crête est nue ; teinte géné- rale d'un brun jaunâtre clair, uniforme, sans taches pectorales. Le caractère essentiel est la proéminence plus considérable du museau; son extrémité, au lieu d'être à peine dégagée du disque, fait une saillie égale aux 2/3 de l'espace qui sépare la pointe rostrale de l'extrémité antérieure de la pectorale ; entre cette pointe et l'angle externe des narines, est circonscrit un triangle isocèle, dont la base est d'un tiers environ plus courte que les deux autres côtés; puis, l'in- tervalle compris entre son extrémité et l'angle des pectorales comparé à celui qui sépare cet angle de l'anus, l'emporte notablement plus sur ce dernier que dans l'autre espèce. Les ventrales sont beaucoup plus courtes que chez les R. nœvus cf et 9- Habitat. — Méditerr. Le spécimen 9 unique, à peine inférieur en long, et en larg. à la R. nœvus 9 du Mus., a 0'".5G sur 0"'.34. 20. Raja Desmarestia, Lesueur, Journ. Ac. nat. Se. Philad.., 1824, t. IV, p. 100, pi. IV. M., Dekay, N.-York Faun., Fisc, p. 372. — Id., Storer, Synops. fish. N. Amer. [Mem. Amer, acad., nouv. série, t. IL p. 511). — Id., M. H., Placj., p. 154, parmi les espèces douteuses. '? R. americana, Dekay, Faun., etc., p. 368, pi. 66, fig. 215. — Id., Storer, Synops. Fish N.-Amer. {Mem. afner. Acad., nouv. série, t. II, p. 512). — Id., Gill, Cai. Fish. east. coast N.-Amer., p. 61. Caractères. — Disque rhomboïdal plus large que long, dans le rapport de 5 à 4, à bords antérieurs ondulés, à angles ex- ternes arrondis; museau un peu pointu, formant, depuis les narines, un triangle isocèle, dont la base est, aux autres côtés, : : 2 : 3 ; régions supérieures d'un brun uniforme « pres- que lisses chez le çf, excepté en avant et sur les points armés des épines caractéristiques du sexe » (Lesueur); rudes partout chez la 9 ; dans les deux sexes, un aiguillon à chaque extré- mité de la ceinture scapulaire, une rangée d'épines sur le mi- lieu du dos et trois sur la queue, où elles sont, dans chaque rang, alternativement plus grosses et plus petites. La convexité des bords antérieurs au niveau des yeux est assez pro- noncée et suivie d'une concavité peu profonde. La distance de l'angle externe de la pectorale à l'anus est un peu moindre que celle qui sé- pare cet angle de la pointe du museau, dont la proéminence, au-de- vant du disque, est le 1/.5'' environ de l'intervalle compris entre l'ex- trémité antérieure d'une pectorale et celle de l'autre nageoire. Outre les tubercules déjà mentionnés, il y en a devant et derrière 552 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. les yeux, au bord interne des évents, et sur la queue, dispersés entre les 3 rangées d'aiguillons; le museau est âpre en dessous. Dents poin- tues, dit Les., d'après le (f qui manque au Mus. Je constate qu'elles le sont aussi chez la Ç. Voy., pour plus de détails, p. 546, /{. oxyrh. Teinte générale brunâtre ; le dessous blanc, sans taches. HabiUU. — Amer. sept. ; 2 exenipl. au Muséum : l'un donné par Lesueur, l'autre, par le profess. Holbrook, de Charleston, signalés, à tort, par MM. Mûller et Ilenle, comme identiques à la Raie de la Mé- diterr. dite R. oxyrlnjncha, Linn. Le plus grand a O'^.S? (disque 0"'.32, queue O^.SS) ; les dimensions de l'autre sont un peu moindres. 21. Raja Lejiprieri, Richardson, Zool., Voyage of the Erebus and Terror (Fish., p. 34, pi. XXlïl). Caractères. — Disque rhomboïdo-ovalaire, plus large que long : : 6 : 5,5; museau formant un angle droit, qui ne fait presque pas de saillie au-devant du disque, bords antérieurs un peu ondulés; angles externes et postérieurs arrondis; ven- trales plus longues que chez la plupart des autres Raies; queue déprimée, pointue à son extrémité ; de petites épines très-rap- prochées sur le bout du museau, au-devant des yeux, sur le bord antérieur du disque, le sonmiet de la tête, la ligne mé- diane du dos et de la queue, ainsi que sur (tn petit espace de la région postérieure des pectorales ; des aiguillons au bord or- bitaire interne, en dehors des yeux près du contour des ailes, sur la ligne médiane, entre la tête et la ceinture scapulaire; à partir de la ceinture pelvienne, commence un rang d'épines prolongé sur le milieu de la queue, lesquelles s'inclinent alter- nativement Tune à droite l'autre îi gauche (1); celles des ré- gions latérales entremêlées d'épines plus petites et ne formant pas des rangées régulières. Les dents, particulièrement les supérieures, sont pointues. Teinte générale d'un gris noirâtre; du noir au bout du museau, sur ses deux laces, et, à la pointe de la queue, en dessous. Habitai. — Terre de Van-Diemen. Le type unique était 1 o^ de 0^.48; inconnue au Musée de Paris; diffère de la ï\. nasula, Banks, par la brièveté comparative du museau (Richards.). (t) M. Richards, fait observer que sur la figure jointe à son texte, cette particularité est omise. — Quant aux 2 rangs d'épines très-aiguës qui se voient de chaque côté du disque, il les mentionne comme l'un des carac- tères du çf; celui qu'il a décrit avait les append. génit. très-développés. RAIES. GENRE RAJA, 21,22. S53 22. Raja Smithii, Miill., Heiile, Plag., p. loO, pi. 49, fig. 1. Caractères. — Disque rhoraboïdal, plus large que long, à bords antérieurs faiblement ondulés, à angles latéraux mous- ses; rude, excepté au centre des pectorales; une rangée mé- diane et unique de tubercules sur le dos et la queue; museau très-peu proéminent; teinte d'un brun noirâtre en dessus, sans taches ni bandes 5 régions inférieures blanches. La largeur du disque est, à sa longueur, : : 4 4 : 1 1 ; la saillie du mu- seau est égale au tiers de Tespace qui sépare, de chaque côté, sa pointe de l'angle antérieur de la pectorale. De cette pointe à l'angle externe des pectorales, il y a une distance un peu plus considérable que celle qui est comprise entre le même angle et l'anus. Des lignes menées du bout du museau à l'angle externe des narines, et d'un an- gle à l'autre, circonscrivent un triangle isocèle, dont la base ne dé- passe que très-peu les autres côtés. Dents pointues chez le -ata, Lacép. {R. à zone brune, Noël de La Mo- rinière, MSS.), Hist. Poiss., t. V, p. 663, pi. XX, fig. 2. ?iî. /a't;w. Rond., De Pisc, lib. XII, p. 341, et/?, lize, Hist. poiss., liv. XII, p. 271, iig. cop. par Gesner, De aquatil., p. 790, cd.Francf., 4020. L'identification de cette /{. est difticile, mais il semble plus convenable delà comparer, avec le prince Ch. Bonap., à la R.marg., plutôt qu'à la Lœviraja de Salv. {R. Salv.), avec MM. Mull. et Henle. R. tnargin., Shaw, Gêner. %ool., t. V, part. II, p. 281, pi. 129, cop. de Lacép. — R. roslellata, Risso, Ichth. Nice, p. 8, tab. 1 et 2; R.margin.,ld., Hist. nat. Eiir. mérid., t. III, p. 148. — 7rf.,Yarrell, Brith. ftsh., 3"" édit., t. II, p. 3G-i. — R. rostellnta et R. margin., H. Cloquet, Dict. se. nat., t. XLIV, p. 388; lab. XX, R. marg. R. margin., Blainv., Faun. franc., p. 19, pi. 3, fig. 2. — /d., Bonap., Iconogr. faun. ital., pi. 144, et Cat. pesci europ., p. 13, n« 24. — /(/., Mùll. Henle^ Plag., p. 140. — Id., Couch, Hist. fish. brit. islands, t. I, p. 110, pi. XXVI, suppose que cette Raie, dont on ne trouve pas d'exemplaires déjà aptes à se reproduire, est le jeune âge d'une autre espèce. — Sa détermination n'olTrant pas de difficultés, je ne cite pas tous les auteurs qui en ont parlé. Caractères. — Disque rhomboïdal, plus large que long, à bords antérieurs à peine ondulés, tout-à-fait lisse en dessus, à l'exception des tubercules des yeux et des évents; rude en des- sous, à sa région antérieure; sur la queue, trois rangées d'é- pines; disque brun, bordé de noir en dessus et en dessous, et portant, à la face dorsale, une tache bleuâtre, circulaire, sur la racine de chaque pectorale, et quelques autres irrégulièrement disposées; face inférieure de la queue presque noire. Le disque, dont la largeur est, à sa longueur, : : 15 : 11, a les bords antérieurs à peine ondulés, dirigés en arrière, mais, en même temps, relevés en dehors; l'angle externe des pectorales bien prononcé est moins éloigné de l'ouverture anale que de la pointe du museau dont l'angle antérieur est aigu et bien distinct du disque. Des lignes menées de sa pointe à l'angle externe des narines et d'un angle à l'autre, forment un triangle isocèle dont la base est presque d'un tiers moins étendue que les autres côtés. Dents à pointe très-acérée dans les deux sexes. Les particularités dislinctives du système de coloration consistent dans la bordure noire du disque tranchant sur un fond jaunâtre un peu foncé, comme dans la Variété I, ou plus clair, comme dans la Var. II, et dans la présence des taches déjà signalées. RAIES. GENRE RAJA, 33, 34. 569 Habitat. — Tous les exemplaires du Muséum proviennent de la Méditerranée et sont de petite taille (le plus grand mesure O^.Si : disque O^.IS, sur une largeur de O^.Sa, queue O^.IG); mais l'espèce se trouve aussi dans l'Océan. 34. Raja Salviani, MùlL, Henle, Plag., p. 133, ex parte (1). Lœviraja, Salviani, p. 149, pi. S2. ?Bo5, Belon, De aquatil., p. 85, et Bœufviann,Nat. et divers, des poiss., p. 76. — De bove Bellonii; oxyrh. majore, Rond., Aldrov., Depisc.,^. 4S3. — Oxyrh. major, Rond., seu Lœviraja, Willughb., Hist. pisc, De cartilag. planis, p. 71, pi. C, 4, copie excell. de Salv. — iR. oxyrh. major, Ray, Sy7iops. pisc, p. 26, A3. — Lœviraja, Jonston, De pisc., pi XI, fig. 6, et Ruysch, id., id., cop. ex Salv. ?/J. oxyrh. alia. Rond., De pisc., lib. XII, cap. VII, p. 348, et p.274édit. franc.; dcscr. et fig. cop. par Gesncr, De a^ywaL, p. 792 (éd. 1620) : de alia R. oxyrh. majore; parJonst., De pisc, p. 3o, art. III, punct. VI, pi. X, fig. 8 : Oxyrh. major, (Ruysch, id.). R. varia, tuberc 10 aculeatis in med. dorsi, Artedi, Gênera, p. 72, et éd. 'Walb., p. 530, n« 8; Syn., p. 101, n« 8, et éd. Schn., p. 142. Leiobatus, ex Salv. et Will., Klein, Missus III, p. 34, n° 7. R. oxxjrh., Linn., Syst. nat., 12^ éd., t. I, p. 395, n» 3 (non R. oxyi'h., Linn. Gm. où l'adjonction d'une synonymie erronée a fait perdre à cette espèce sa valeur primitive). — Id., Brunnich, Ichth. massiliens., p. 2, n» 2, ex Salv. — Id. [Sharp-nosed Ray), Shaw, Gêner, zool, t. V, part. II, p. 270, pi. 138, ex Salv. ?jR. rostrata, Riss., Ichth. Nice, p. 7, n^ l,eiHist. nat. Eur. mér., t. III, p. 156, nMS.— jR. {Dasylatis) oxyrh., Blainx. , Faun. fr., p. 18, pi. 3, fig. 1. — Id., Naccari, Ittiol. Adriat., p. 25, sp. 111. (1) Il y a, dans la Méditerr., 2 Raies à long museau et qui, selon toute probabilité, sont les espèces nommées par Rond., R. oxyrhynclxos , p. 347, et R. oxyrh. alia seu Ox. major, vel Dos, p. 348, mais accompagnées de figures imparfaites. Salviani, au contraire, ayant donné une excellente représentation souvent copiée de celle dont le rostre est le plus considé- rable, il convient, pour ne pas laisser d'équivoque, aucune incertitude, d'ailleurs, ne restant sur la détermination spécifique, de l'appeler R. Sal- viani. Je dois cependant faire observer que MM. Mûll. et Henle, à qui j'emprunte cette dénomination, l'ont employée pour les deux espèces qu'ils ont confondues, tandis que Ch. Bonap. les a parfaitement distinguées et a joint à son texte 2 fig. très-exactes. Reprenant le nom imaginé par Rond., il l'applique à l'espèce si bien représentée par Salv., et il en fait le Lœviraja oxyrh.; pour l'autre, à museau moins long, il utilise l'épithète de macrorhyncha par laquelle Rafin. a désigné une espèce qui est peut- être la même. — A l'exemple du prince, je décris l'espèce à museau moins proéminent, comme R. macrorh., et si, contrairement à ce qu'il fait, je ne laisse pas à la Lœviraja de Salv. le nom de R. oxyrh., c'est à cause de la confusion résultant du fâcheux emploi de cette dénomination pour plu- sieurs Raies mal déterminées. 570 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. n.morula, Nardo, Prodr. ichth. Adr. [Isis, 1827, t. XX, p. 476 et 'iSS, n° 9). — Lœviraja oxyrh. (Razza monaca), Bonap., Fawi. ital., pi. lSl,fig. 1 excell., et Cat. pesai europ.,\i. 13, n» 22. Caractères. — Disque un peu plus long que large, presque lisse au milieu, à bords antérieurs fortement échancrés; mu- seau très-long, très-effilé ; mesuré à partir d'une ligne menée au-devant des yeux, il représente six fois et demie Tespace qui sépare les crêtes oculaires ; entre sa pointe et les narines, se trouve circonscrit un triangle isocèle, dont la base est égale au tiers seulement des autres cotés; régions supérieures d'un brun noirâtre, avec quelques taches blanchâtres plus ou moins apparentes {Lentilladc); de nom])rcuses vergetures noires en dessous, au niveau des pores. Chaque bord antérieur du disque fortement échancré ne forme pas une courbe régulière, car se portant en arrière à partir de son ori- gine, il change de direction au niveau du point qui correspond à l'an- gle postérieur de l'œil et se dirige alors en dehors et en arrière jusqu'à l'angle ext. de la pectorale dont la distance au cloaque est, de 1/3, moindre que celle qui le sépare du bout du museau. La proéminence rostrale au-devant du disque représente plus de 6 fois le diamètre longitud. de l'œil, et elle est presque le double de l'espace compris entre les extrémités antérieures des pectorales. Les dents ont une pointe saillante dirigée en arrière, chez 2 9? l'une d'âge moyen, l'autre jeune, et chez deux jeunes cf. La peau, lisse dans le milieu du disque, est munie, sur les autres points, de petites épines espacées, à base trilobée , qui lui donnent une certaine rudesse. En dessous, il y a des aspérités plus fines et beaucoup plus nombr. le long de la carène rostrale et à la région antérieure du disque. De petits aiguillons se voient au bord interne des yeux et des évents. De chaque côté de la queue, chez le sujet ad., règne une rangée d'aiguillons qui manquent chez les 3 autres individus plus jeunes, dont la ligne médiane supérieure est seule armée. Habitat. — Le plus grand spécimen du Muséum a 1"\08 (museau et disque 0"\G8, queue 0'".40) ; il a été rapporté de Nice, avec l'in- dividu le plus jeune, par Laurillard; le premier a dos couleurs beau- coup plus claires que les autres; 2 d'âge moyen ont été pris à Messine et sur la côte d'Algérie par Bibron et M. Guichenot. Une tête d'animal adulte due aux soins de M. le docteur Bourjot, a été envoyée d'Alger. Du trou occipital à la pointe du museau, elle a 0'".49 de longueur, et le rostre, à partir d'une ligne menée au-de- vant des yeux, est long de 0'".32. RAIES. GENRE RAJA, 35, 36. 571 35. Raja vomer (1), Fries, Granskn. af de vid Svenska kust. for- komm. arter af Fisk-Slâ'qtet Raja, iii : K. VetCMsk. Acad. HandL, Stockolm, 1838 (1839), p. 161. ?/î. acus, Lacép., Rist. iwiss., t. V, p. G65. R. chagrin., Yarr., Brit. fish., l'" éd., t. II, p. 414, excl. syn., et 3« éd., t. II, p. S48. —R. vomer, Mûll. Henle, Plag., p. 144 (2). Dasxjbatis? vom., Bonap., Cat. pescieur., p. 13, no21. R. vom., Krôyer. Danm. Fiske, t. III, p. 1011.— /c?., Malm, Beskrif- ning ôfver en for Skandin. faun. ny art Raja..., in : Ofversigt Kongl. Vetensk. Akad. Fiôrhandl., 1857, p. 193, n" 4. — R. mucronata, J. Couch, Hisl. fish. brit. islands, t. I, p. 93, pi. XIX. Caractères. — Disque un peu plus large que long, couvert partout d'aspérités, et plus rude chez la 9 que chez lecT; à bords antérieurs très-échancrés et à angle externe des pecto- rales fortement relevé ; museau long et très-effilé : mesuré à partir d'une ligne menée au-devant des yeux, il représente près de six fois Tespace compris entre les crêtes oculaires. Sur un fond brun grisâtre, des taches blanches égales à la moitié du diamètre de l'œil environ. Le disque est assez échancré en avant, et ses bords offrent, dans la direction de leurs 2/3 antérieurs, une grande ressem- blance avec ceux du disque de laiî. de Salviani; mais dans le 1/3 poster., ils sont plus relevés, et Tanglo ext. des pector. se projette moins en arrière. La distance entre cet angle et l'ouverture anale est d'un quart environ moins considérable que l'intervalle compris entre le même angle et la pointe du museau (3), qui est effilée, mais un peu moins étroite que chez la jR. Salv. Sa proéminence, au-devant du disque, quintuple au moins du diamètre longitudinal de l'œil, représente une fois et demi(ï l'étendue de l'espace compris entre l'extrémité antérieure de l'une des pectorales et celle de la pectorale du côté opposé. (1) Soc de charrue, en raison de la forme du museau. (2) Il y a confusion dans leur description avec la véritable R. Salviani (Lœviraja oxyrh., Bonap.), car ils signalent comme appartenant à la R. vomer, qui paraît propre à l'Oc. sept., des sujets de la Méditerr. conservés au Mus. de Paris, et parfaitement semblables à la R. figurée par Salv. Ainsi, se trouvent justifiés et éclaircis les doutes émis par M. Malm (lac. cit.) sur l'identité des R. vomer, Fries, et R. vomer, M. H. (3) C'est surtout entre la R. Salviani adulte et nos deux exemplaires de la/i. vomer, que la différence dont il s'agit est tranchée; le rapport, chez cette dernière, est presque de 3 à 4, tandis qu'il est à peu près :: 2 : 3 chez la grande fi. Salviani. 572 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. Des lignes menées du bout du museau à l'angle ext. des na- rines et d'un angle à l'autre forment un triangle isocèle dont les côtés sont un peu plus de 2 fois aussi longs que la base. Les dents sont très-analogues à celles de la R. Salv. Chez le cT ad., la pointe qui les surmonte est beaucoup plus longue et plus acérée que chez la 9. En est-il de même pour la R. Salviani? Le Muséum ne possède pas de cT tout-à-fait ad. de cette dernière espèce. Les téguments sont âpres sur toute la région supérieure chez la 9 ad.; chez le cf à organes génitaux très-développés , il y a, de chaque côté, en dedans de Tangie externe de la pectorale, un bouquet d'é- pines au nombre de 20 environ sur deux rangs. L'un et l'autre manquent d'aiguillons à la ceinture scapulaire, et ils n'en ont que de très-petits au bord interne des yeux et des évents. La queue du cT, complètement nue latéralement, porte, en dessus, une rangée de 9 tubercules assez volumineux, très-espaces d'abord, puis plus rapprochés, à base élargie et radiée, terminés par une petite lame verticale dont la pointe est dirigée en arrière. La queue de la 9 n'est armée d'aiguillons que sur les régions laté- rales : ils sont petits et irrégulièrement disposés. Habitai. — Les 2 individus que le Muséum possède ont été pris dans les mers du nord. Le Musée de Golhembourg, parles soins de M, Malm, a donné la 9 longue de 1"'.33 (disque 0'». 82, queue 0™.S1). Le cf rapporté par Gaimard a 0'".92 (disque 0™.50, queue 0'".42), 36. Rajanasuta, Banks, MSS [Plag., Miill., Henle, p. 150). Caractères. — Tète prolongée en un museau effilé; dents pointues (chez la 9); bords antérieurs du disque concaves et s'éloignant beaucoup d'une ligne droite menée de l'extrémité du museau à l'angle externe de l'une des pectorales; bords postérieurs convexes; queue de i/3 plus courte que le corps; régions supérieures rudes ; ventre lisse ; 5 ou 6 aiguillons près des yeux; 2 ou 3 sur la ceinture scapulaire ; sur la queue, 3 rangées, dont la médiane se prolonge sur la région posté- rieure du dos; le dessus d'un gris un peu nuageux; tète rouge; le dessous blanc. — Mer du Sud. Tels sont les seuls détails donnés sur l'espèce à laquelle je ne puis pas assigner un rang précis parmi les Raies à museau pointu, 37. Raja Cooperi, Girard, Report explorât, and surveys for a railroad from Mississ. tothepacif. Oc. [Fish.), p. 372. Caractères. — Museau et dessus de la tète couverts d'un grand nombre de petites épines crochues; queue presque cy- RAIES. GENRE URAPTERA, 4-3. ô73 lindrique, mousse et épineuse. Régions supérieures d'un brun foncé et les inférieures d'un blanc terne. De l'extrémité du museau à la base de la queue, l'°.043; long, de la queue, 0'".608 ; la plus grande largeur 1"\267 ; du bout du museau au bord de la bouche 0'".278. De la baie de Shoahvater. Telle est la reproduction des notes de M. Coopcrpar M. Girard. II. Genre URAPTÈRE. URAPTERA (1), MûlL, Henle. Caractères. — Ceux des Raies, mais la queue plus grêle, sans nageoire terminale. Tableau de la division du genre Uraptera en 3 espèces. /lisse: rangée d'épines caudales|l rangée d'aiguillons (2). 1. Agassizii. 3 1 unique ; sur le milieu du dos o") (l aiguillon unique. . . 2. binoculata. (5 i (rude; 2 rangs d'aiguillons dorsaux; 3 sur la queue . . 3. scohtna. 1. Uraptera Agassizii, MulL, Henle, Plag., p. 155, pi. 50. Urapl. Agass., Castelnau, Anim. rares ou nouv. Amer, mérid. (Poiss.),p. 400, pi. 4y, tig. 2. Caractères. — Disque rhomboïdal, d'un tiers environ plus large que long; bords antérieurs, au niveau de la première fente branchiale, changeant de direction et se dirigeant plus obliquement en dehors ; angles externes et postérieurs arron- dis ; museau pointu, dépassant un peu le disque ; distance, d'une part, entre les narines, et de l'autre, entre elles et la pointe du museau, ^ans le rapport de 5 à 9 ; portion pré-oculaire, à partir d'une ligne menée au-devant des yeux, triple environ de l'intervalle qui les sépare; fente buccale fortement arquée et dont les branches maxillaires inférieures se réunissent, en formant, surtout chez le cf, un angle obtus qui, par son som- met, se loge dans l'angle rentrant de la mâchoire opposée; dents pointues (cf et 9) ; queue un peu plus longue que le dis- que, munie de deux petites nageoires et effilée à son extrémité, dont la portion nue dès la fin de la base de la 2« dorsale, a la môme étendue que l'espace compris entre ce point et l'origine (1) ovpà, queue; àTzxépoç, qui n'a pas de nageoire. (2) Si les aiguill. dorsaux manquent, la petite saillie rostrale de VUr. Agass. peut être prise comme caractère distinctif entre cette dernière et VUr. scob. dont le museau ne proémine point au-devant du disque. 574 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈ.MES OU RAIES. de la !'■'' dorsale; disquclisse, excepté sur la ligne médiane du dos et de la queue, où se voient de petits ^aiguillons qui, de môme que ceux du pourtour des yeux, ne sont pas constants. Chez les çf, il y a des aspérités à la pointe du museau, en dessus et en dessous ctsur le bord antérieur du disque, et 2 rangées de fortes épines vers l'angle des pectorales. Teinte générale brune en dessus, ornée, chez un çf et clioz une 9, sur chaque aile, d'une tache plus foncée entourée d'un cercle clair ; M. de Cast. en a représenté un plus grand nombre ; elles ont disparu chez son spécimen; sur les régions inférieures, principalement en avant, des points noirs au niveau des pores cutanés; bouche jaune. Habitat. — Brésil. Sur -4 individus rapportés au Muséum par Dela- lande, MM. de Castelnau et Gay, il y en a 3 de taille presque identi- que (0".39 — 0'".41 de longueur totale); parmi ceux-ci, il y a 2 cT à append. génit. très-développés et à épines des ailes fort saillantes. 2. Uraptera binoculatâ, Girard, Report explor and surveTjs for a railroad from Mississ. to thc pacif. Oc. [Fish.], p. 373. Baja binocul., Gir., Proc. Ac. nat. se. Phil., 1831, t. VII, p. lOG. Caractères. — Disque subrhomboïdal, un peu plus large que long, à bords antérieurs légèrement ondulés, arrondi pos- térieurement et au niveau de ses angles externes; museau non arrondi, mais ne faisant pas saillie au-devant du disque et dont la longueur, au-devant des narines, l'emporte un peu sur l'intervalle qui les sépare; queue de mêmes dimensions que le corps, grêle et nue à son extrémité dans un espace égal aux 2/3 de la base de la 2'' dorsale; disque lisse, portant une seule épine médiane, vers l'origine du tronc; il y en a 3 autour de l'orbite et 16 sur la queue. ^ Teinte générale d'un brun olivâtre ; un large anneau subcirculaire noir à la base des pectorales entourant une grande tache ronde éga- lement noire; régions inférieures d'un blanc jaunâtre; les ventrales à bordure sombre. — Habitat. — Californie. Inconnue au Muséum. 3. Uraptera scobiina (1), Philippi , Ueber einige Chilomche Vôgel und fisclie [TroscJieTs Arch., 18o7, p. 270) : Raja scob. Caractères. — Disque rhomboïdal, à angles arrondis; mu- seau mousse ; régions supérieures âpres au toucher dans toute leur étendue; une rangée d'aiguillons de chaque côté de la (1) Lime, râpe; à cause de la rudesse des téguments. RAIES. GENRE SYMPTERYGIA. 575 ligne médiane du dos et trois sur la queue ; des aiguillons de môme volume derrière les yeux et à leur bord interne, et d'au- tres moins gros sur la périphérie du disque et à la région cau- dale entre les grosses épines; dents mousses, plus larges que longues, nombreuses et serrées. Teinte générale grise ; des taches blanches en dessus. — Habitat. — Chili ; inconnue au Muséum. m. Genre SYMPTÉRYGE. SYMPTERYGIA (1), MûlL, Henle. Caractères. — Pectorales se portant obliquement Tune vers Pautre et se réunissant au-devant de la pointe du museau, comme chez les Trygons, et formant ainsi l'angle antérieur du disque; ventrales non divisées en deux lobes; une petite na- geoire semblable à celle des Raies à l'extrémité de la queue. Ce genre ressemble beaucoup à celui des Raies par la conforma- tion générale et par celle de la (lueue munie également de 2 dorsales et d'une caudale, et dont la gracilité, relativement au corps, est la même; mais la jonction des deux pectorales en avant du disque et la forme des ventrales qui ne sont point partagées en 2 lobes, consti- tuent des caractères essentiellement dislinctifs. SYMPTERYGIA BoNAPÂRTii, MulL, Henle, P%., p. 155, pi. 50. Caractères. — Disque moins long que large, dans le rap- port de3 à 4; bords antérieurs presque droits, bords et angles postérieurs arrondis, ainsi que les angles externes; museau pointu; téguments lisses, mais un peu de rudesse en avant sur le pourtour, sur le museau, à la région sus-céphalique et sur le milieu du dos et de la queue ; de gros aiguillons devant et derrière les yeux, et d'autres formant une rangée interrompue çà et là, le long de la ligne médiane, jusqu'à Pextrémité de la queue ; régions inférieures rudes en avant ; dents plates chez la 9. Teinte générale brune; des taches rondes et foncées; régions in- férieures blanches, avec des maculalurcs sombres. Habitat. — Origine inconnue. Le seul exemplaire vu jusqu'à ce jour est une 9 de 0"'.S0 appartenant au Musée de Berlin. (1) (7w, avec, 7tTÉç;u$, aile, à cause de la réunion des pectorales en avant, ou parce que les ventrales ne sont pas divisées en 2 lobes. 576 PLAGIOSTOMES IlYPOTRÉMES OU RAIES. IV. Genre PLATYRHINE. PLi TViî/fiiVA (l),Mûll., Henle, Pkuj., p. 125. Caractères. — Pectorales se rapprochant Tune de l'autre en avant et entourant rextrémité antérieure du crâne sans la dé- passer; museau court et non saillant; queue moins grêle que celle des autres Raies, à nageoires supérieures et terminale plus volumineuses; bords du disque non ondulés; valvule nasale antérieure triangulaire et prolongée jusqu'à l'angle interne de la narine; toutes les nageoires arrondies. En plaçant ici ce genre auprès des Raies ovipares, je me conforme à l'opinion exprimée par J. Mûllcr, postérieurement à la publication de l'histoire des Plagiostomes en 1841 {Ueber den (jlatte)i Hai, 1842, p. 02, note 9, pi. VI, fig. 2, œuf, et Ueber den Bau Ganoiden, in : Wiegm. Arch., 1845, trad. \ogi:Ann. se. nal., ZooL, 3"^ série, t. IV, p. 48). L'oviparité de la Plat. Schoenleinii qu'il a constatée établit, en effet, une analogie remarquable entre les Raies proprement dites et ce Plagiostome à grosse queue et, par là même, assez semblable, ainsi que son congénère, aux Rhinobates à la suite desquels ils avaient d'abord pris rang. Si l'on vient à constater que la Trygono- rhine pond aussi des œufs, elle devra entrer dans ce groupe. Tableau de la division du genre Platyrhina en 2 espèces. 1^ •( l'espace internasal; queue plus longue que égales à! '^ ^^'^'^^ ^- ''''''''''■ (la 1/2 de cet espace ; queue et disque de même longueur 2. Schoenleinii. 1. Platyrhiina sinensis, Mûll. Henle, Plag., p. 125, pi. 44. Raie chin., Lacép., Poiss., t. I, p. 34 et 157, pi. II, lig. 2, d'apr. une peint, chin. — PJiina sin., Bloch, Schn. , Sysl. poslk., p. 352. Plat, sin., Richards., Report fish. seas Chin. and Jap., p. 190. Id., Schleg., Faun. japon. ^ p. 307, sans descript. — /(/., Blkr, Enumeratio, p. 209, n''2189. Caractères. — Disque un peu plus court que la queue, et à peine plus large que long; à bords droits dans ses 2/3 anté- rieurs, mais, dans le reste de leur étendue, arrondis, recou- vrant, en arrière, l'origine des ventrales, qui ont leur angle (1) TiXaTÙc, large, ^Iv, neii, en raison de la forme du disque. RAIES. GENRE PLATYRHIISA, 1, 2. 577 externe mousse ; museau faiblement proéminent, dont la lon- gueur, jusqu'au milieu d'une ligne menée de Tangle externe d'une narine à l'autre, est égale à l'intervalle mesuré par cette ligne, et à peu près 2 fois 1/2 aussi considérable que celui qui est compris entre les crêtes oculaires; espace inter-nasal égal à l'étendue de la narine, dont la valvule antérieure beaucoup plus grande que la postérieure, triangulaire, arrondie à son sommet, et non réunie h celle du côté opposé, recouvre pres- que complètement l'orifice au-devant duquel elle est placée. La mâchoire supérieure offre une légère concavité correspondant à une saillie médiane de l'inférieure; l'une et l'autre portent de très- petites dents à pointe mousse. Les dimensions des évents dépassent celles des yeux. Les scutelles sont extrêmement petites, un peu poin- tues en arrière ; il en résulte une certaine rudesse de la peau plus manifeste au pourtour du disque. Une série unique, sur le milieu du dos, de forts aiguillons, et double sur la queue où elle est bordée, à droite et à gauche, d'une autre série d'épines plus petites. Telle est la disposition que présente le spécimen du Mus. vu par MM. Miiller et Henle, mais qui n'est pas absolument conforme à leur dessin. De chaque côté de la ceinture scapulaire, 4 aiguillons, 2 en dehors, 2 plus en dedans, 3 au bord antérieur de l'orbite et 4 ou 5 en dedans de l'évent. Teinte générale d'un gris bleuâtre assez uniforme. Habitat. — Cochinchine (Tourane) : Eydoux. 2. Platyrhina ScHŒNLEiNii, Mûll., Heule, Plag.,^. 125, pi. 45. Caractères. — Disque à peu près de même forme que chez le précédent; museau cependant plus mousse et un peu plus court, à carène plus étroite ; narines beaucoup moins grandes : leur étendue n'est égale qu'à la 1/2 de l'espace qui les sépare ; valvules nasales antér. réunies sur la ligne médiane, et la postérieure plus prolongée que dans l'autre espèce; dents fort petites ; queue à peine aussi longue que le disque. Scutelles également très-peu volumineuses; une série d'aiguillons sur le dos et la queue; d'autres sur la ceinture scapulaire et sur la racine des pectorales; de plus petits entre ces derniers et le bord du disque formant, de chaque côté, une courte rangée presque demi- circulaire. Teinte générale : un brun verdâtre, des bandes transvers, et des taches plus foncées; le dessous porte également des taches. Habitat.— Au Mus. de Berlin, un spécimen indien de 0'".473; man- que au Musée de Paris. Poissons. Tome I. 37 578 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU KAIES. VI. TROISIÈME FAMILLE. TRYGONS. TRYGONES (4). Caractères. — Pectorales plus prolongées que chez les Raies, se réunissant au-devant de rextrémité du museau, et formant ainsi l'angle antérieur du disque, qui n'est jamais aussi proémi- nent que chez les précédentes, dont les Trygons diffèrent, en outre, par une plus grande élévation du crâne, par la confor- mation des nageoires ventrales non divisées en deux lobes, et par celle de la queue, dont le volume est toujours moindre ; elle est quelquefois très-longue, en forme de fouet; elle n'a ja- mais de carènes latérales formées par la peau ; elle ne porte que rarement soit une dorsale [Trygonopterœ], soit une caudale soutenue par des rayons cartilagineux [Urolophi), et n'est, le plus souvent, munie, tantôt sur sa face supérieure ou sur l'in- férieure, tantôt sur les deux à la fois, que d'un pli cutané; ou bien elle est tout-à-fait nue ; en outre, la queue, si ce n'est dans la s.-fam. des Urogymnes, est armée, en dessus, à une certaine distance de sa base, d'un aiguillon ou de plusieurs, à dentelures latérales aiguës et nombreuses, dont la pointe est dirigée en arrière. Les valvules nasales antérieures sont réunies et ont ainsi un bord libre commun, un peu frangé et fixé, dans son milieu, à la mâchoire supérieure, par une petite bride tégumentaire; la valvule postérieure manque ; les deux narines sont très-rapprochées Tune de l'autre par leur angle interne ; les évents sont grands et ouverts immédiatement derrière les yeux. Les dents sont en forme d'ellipse transversale; elles ont un bord tranchant ou sont un peu pointues et offrent quelquefois des inégalités de volume suivant les points qu'elles occupent, particulièrement quand les cartilages dentaires sont ondulés. Les téguments sont lisses ou munis soit de tubercules formant quelquefois, par leur réunion sur le dos, une sorte de cuirasse sem- blable à une mosaïque, soit d'aiguillons pointus; jamais d'épines chez le cT vers l'angle externe des pectorales. (1) TfuYwv, tourterelle u ab alorum expansnrum similitudine. Sunt quico- lumbam marinam appellant » Rond. De pisc, p. 332. TRYGONS (UROGYMNll. GENRE UROGYMNUS. 579 Tableau de la division de la famille des Trygons en 4 sous- familles. ® /pas d'aiguillons, avec ou sans pli cutané 1. Urogymni. nulle; quelquefois 1 ou 2 plis «, , . ., cutanés le long de la queue 2. Pastinac*. — \un ou plusieurs ai-i ° ^ guiilons; nageoire, ^ rextrémité delà caudale a rayons|^^^^ ^ ^^,,3 3. uholophi. (au-devant de l'ai- guillon 4. TRYGONOPTERiE. I. SOUS-FAMILLE. Caractères. — Pas d'aiguillon à la queue, dont les dimen- sions sont peu considérables; tantôt un très-petit pli caudal, tantôt aucune trace de pli , et jamais de nageoire à rayons. Tableau de la division de la s.-famille des Urogyrunes en 2 genres. «(à peu près aussi longue que le disque 1. Urogymnus. O!|très-courte ou presque nulle; des épines à la base. 2. Ellipesurus. I. Genre UROGYMNE. UROGYMNUS [% Mûll., Henle, Wiegman's Arch. fur naturgesch., 1837, p. 434. Caractères. — Queue analogue à celles des espèces de la famille des Pastenagues, chez lesquelles elle a une longueur médiocre, avec ou sans un petit pli cutané à sa face inférieure, mais pas de dard à dentelures latérales. Les deux espèces se distinguent, l'une ([/. asperrimus) par le pli cutané sous-caudal, l'autre ([/. africanus) par l'absence de ce pli. (1) o-jpà^ queue, et yyjjivo;, nu, à cause de l'absence d'un aiguillon dentelé. Le nom de Urogyrnnus,W. H. (primitivement, mais à tort, Gymnura Wiegm. ^rc/i., p. 400), crééen 1837 pour le R. asperr., Bl., Schn., doit, par droit de priorité, ôtrepréféréàceluide^Hflcan//ms(àvàxavOo;, qui n'a point d'épines) proposé, dans la même année, pour l'un des poissons de ce groupe, par M, Ehrenberg. M. Gray, dès 1831, ayant appliqué ce dernier à un Baliste {Thezoolog. miscellany, p. 8). (2) Nom antérieur à celui de Rachinotus, Cantor, Caial. malay. fish. (Journ: usiat. Soc. Bengal, 1850, p. 1404). 580 PLAGIOSIOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. 1, Urogymisus ASPERUiMUS, M., H., Wiegmanns Arch. 1837, p. 400 et 434(Awacani/i. asperr., Id., ?/«{/., p. 157, pi. 60). Raja asperrima, Bloch, Schn., Sijst. posth., p. 367, n° 2i. Urog.asperr., Gvny, Cat. chonclr. fish. brit. Mus., p. 115. Caractères. — Disque ovalo-rhomboïdal, presque aussi large que long, à angles ext. et post. arrondis; museau peu proémi- nent, dont la longueur, au-devant des yeux, est, à l'étendue de Tespace inter-oculaire, dans le rapport de 22 à lo; entre son extrémité et l'angle ext. des narines, se trouve circonscrit un triangle dont la base est égale à la 1/2 des deux autres côtés ; queue à peine plus longue que le disque, creusée, à sa face in- férieure, par un petit sillon qui loge un pli cutané très-peu élevé; régions supérieures couvertes, au milieu, depuis l'es- pace inter-orbitaire jusque sur la queue, dans plus du tiers de leur largeur, d'une mosaïque de tubercules à base arron- die, à surface plane et cordiforme, tous en contact les uns avec les autres, et entre lesquels s'élèvent, de distance en distance, disposés sans régularité, des aiguillons qu'on trouve également sur la première 1/2 de la région supérieure de la queue, fort acérés, à base étoilée, et dont les branches, sou- vent divisées, entourent quelques-uns des tubercules qui les environnent; dans tout le reste de son étendue, le disque est parsemé de tubercules pointus souvent aussi volumineux que les autres, mais à base circulaire ou ovale, plane et non di- visée en plusieurs racines, régions inférieures lisses. Sur un très-grand fragment de peau coupée à une petite distance en deliors de la mosaïque, on voit fort bien , surtout au pourtour, la différence remarquable entre les aiguillons qui vient d'être si- gnalée; ceux à base étoilée et divisée en branches souvent bifur- quées occupent particulièrement la ligne médiane, le bord postérieur des évenls, la région correspondant à la ceinture scapulairc et le bord externe de la mosaï([ue. Le pli cutané qu'on a comparé à une sorte d'ourlet, ne se voit plus chez un sujet desséché, le seul complet que le Muséum possède; mais le sillon de la face inférieure où il était logé est très-apparent; la queue, un peu comprimée vers le bout, se termine en une pointe ef- filée. Les cartilages dentaires sont ondulés, et à dents obtuses (9)- Teinte générale : un jaune vcrdàlre ; le dessous blanc. Habilat.—Ut'r des Indes : un spécimen sec, en très-bon état de conservation a été rapporté des Seychelles par M. Dussumier {\'".'2.l : TRYGONS (UROGYMNl). GENRE ELLIPESURUS. 581 disque 0'".64, queue un peu tronquée, 0'".57); larg. O^.Qo; armure dorsale de 0™.27 dans sa plus grande larg., 0-.22 derrière les évents, 0".20 près de la base de la queue. Le Mus. a, en outre, un fragment de peau long, du bout du museau à l'orig. de la queue, de 0".94 : l'armure dors, a, dans sa plus grande larg., 0-.55; cette peau et une autre, également mutilée, provenant d'un individu plus petit, sont sans indication d'origine. 2. Urogymnusafricaisus (iwacawt/i. afric, Mail., Henle, Wieg- manns Arch. naturgesch., 1837, p. 400, et Plag., 157). Raja africana, Bloch, Schned., Sijst. posth., p. 367, n° 23. Rachinotusafr., Cantor, Cat. malay,fish. [Jotmi.asiat.soc.Bengal, 48S0, t. XVIII, p. 1404. — /rL, Blkr, Diagn. Beschr. vischsoort. Ba- tavia, p. 64 [Nat. Tedjschr. Incl. Nederl., 1833, t. IV). Urog. afr., Gray, Cat. chondr. jish. brit. Mus., p. US. Caractères. — Disque arrondi, à angles effacés, un peu plus étroit vers la région caudale que du côté de la tête ; museau à peine proéminent; queue ne dépassant pas beaucoup le disque en longueur, sans pli cutané; revêtement épineux des tégu- ments composé, comme celui de Fespèce précédente, de tu- bercules pointus, les uns à base plane et circulaire sur le pour- tour du disque, les autres également acérés, mais à base conique et éloilée, dispersés sur la région médiane du disque et de la queue, au milieu d'une mosaïque de tubercules mousses, à surface plane et cordiforme. L'espèce étant inconnue au Mus., je me borne à ces détails, caries descriptions des zoologistes cités dans la synonymie ne prouvent pas suffisamment qu'Usaient vu un poisson réellement distinct de VUrog.^ asperr., la différence fournie par la présence ou l'absence d'un pli cutané sous-caudal reposant sur un caractère très-peu marqué. J'hé- site d'autant plus à admettre, comme se rapportant à VUr. afric, les descript. poster, à celle trop incomplète de M. et H., qu'elles sont faites d'après des sujets de lamer des Indes. Dess. commun, par M. Blkr. II. Genre ELLIPESURUS (1), Schomburgk, Fishes brit. Guiana [Naturalisfs library of Jardine, t. XL), part. II, p. 184, pi. XXIII. Caractères.— Disque ovale, queue beaucoup plus courte (1) Et non Elipesurus comme M. Schomb. l'a écrit (èXXiTtï);, qui manque de, imparfait, oùpà, queue). La queue, dit-il, est courte ou manque. S82 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. que chez les autres Trygons, sans aiguillon, et couverte à sa base de nombreuses et fortes épines saillantes. Ellipesurus spinicauda, Schomb., loc. cit. Caractères. — Couleur d'un jaune d'ocre uniforme et bril- lant, couverte d'un grand nombre de petites lignes foncées for- mant comme une sorte de réseau. Habitat. — Rio Branco, au fort St.-Joachim, où Tespcce porte le nom de Naree-naree. M. Schomb., qui ne donne pas d'autres détails, a vu un seul spécimen de 0'".45a. Inconnue au Mus. II. SOUS-FAMILLE. paste:va«,;ues. pa^tfxacje (i). Caractères. — Un ou plusieurs aiguillons ou dards sur la queue dont la longueur est quelquefois considérable, et qui, ne portant jamais de nageoire à rayons, est quelquefois complète- ment nue ou bien munie soit de deux plis cutanés, l'un en dessus, l'autre en dessous, soit d'un seul à la région inférieure. Tableau de la division de la sous-famille des Pastenagues en 4 genres. s gueur; pu caud. mfer./ ^ tj\ I .21 ! 11 i. • ,1 presque trans- ■« ^°^ lat eignant f^ versales. . . 1. Trygon. si pas; machoires\ •ô< i u \ ifortement ar- gj quées. ... 3. Hvpolophus. ta) ^ I ce 1-^ 1 double environ de la longueur; queue très-courte. . . 2. Pteroplatea. I. Genre PASTENAGUE. TRYGON, Adanson, Cours d'hist. nat., 1772, publié en 1825 par Payer, t. II, p. 170. Caractères. — Disque rhomboïdal ou plus rarement ovalo- rhomboïdal, plus ou moins rude, quelquefois couvert, au mi- (1) Rondelet dit, en parlant de la Pastenague ordinaire^ qui donne son nom à la sous-famille dont elle est l'un des types : « Pastinacam a latinis dictant puto, à caud ce colore, rotunditateque pastinacœ simili » (De pisc, p. 332). TRYG. (PASTINAC^). G. TRYGON. (s.-G. HIMANTURA). 583 lieu, d'une mosaïque de tubercules; queue au moins aussi lon- gue que le disque ou plus longue et en forme de fouet, tantôt nue, tantôt munie de deux plis cutanés ou d'un seul, jamais prolongés jusqu'à son extrémité terminale. La bouche est peu arquée; les dents sont pointues ou portent un bourrelet transversal; le repli membraneux de la mâchoire supérieure est tantôt droit, tantôt échancré au milieu ; plus en arrière, se voit un second repli profondément entaillé dans la portion médiane de son bord libre; il y a, généralement, derrière la mâchoire inférieure, des papilles en nombre variable. Tahkau de la division du genre Trygon en 4 sous -genres. /pas de plis cutanés 1- Himantura. Surla^ (dessus 2. Paratrygon. 1"^"^ (unique, en , „ , ^ (dessous 3. Hemtirygon. (pli (double, en dessus et en dessous 4. Trygon. 1. Sous-Genre. HIMANTURA, Miill., Henle (1). Caractère. —Queue tout-à-fait nue, plus longue que le dis- que, souvent en fouet. (1) lixyç, àvTo;, courroie, fouet; ôupà, queue; nom proposé comme déno- mination générique (Wiegmann's Arch. 1837, p. 400), puis abandonné. 584 PLAGIOSTOMES HYPOTRÊMES OU RAIES. s ^ ^ "« ^ -H 2 «^ •^ tH cq 6C-S « S c — XI ST3 OJ 0 S b M . *^ .61, queue Im.Si); telle serait, selon M. Cantor, la livrée des adultes; plusieurs individus jeunes, à queue anncléc de clair. Variété IL — Sur un fond gris bleuâtre, qui passe au brun, des ta- ches brunes rondes et isolées. Ce système de coloration, représenté sur un dessin inédit communiqué par M. Bleeker, est le seul qu'il signale. M. Cantor le considère comme particulier au jeune âge; mais à cette Var., on peut rapporter, outre plusieurs échantillons du Mus., le plus grand de tous. Variété III, différant de la précédente seulement par la présence d'un certain nombre de taches claires peu volumineuses, apparentes surtout vers la région postérieure du disque (âge moyen selon M, Cantor). Habitat. — Mer Rouge; côte de Malabar; Seychelles, d'où a été rapporté le plus grand individu: çf de 2"\70 (disque l^.Ol, large de l'".27, queue lm.69, un peu tronquée), l'armure granulée de la face dorsale est moins large chez les 9- Tourane (Cochinch.) : Eyd. et Souleyet ; Havre, Dorcy (Austr.) : Less. et Garnot. 2. Trygon (Himaintur.\) uarinacoïdes, Blkr, Plag., p. 72 [Vcr- hand.Batav. Genotsch., iSM, t. XXW), et NieuweBijdr.ichth. faun. Banka [Nat. Tidj. Nederl. Ind., 1852, l. III, p. 738), dess. inéd. en communicat. — Tr, acuta, Kiihl, fig. inéd. Caractères très-analogues h ceux du Tr.uarnak, mais le mu- seau plus pointu ; le disque de longueur et de largeur égales, les yeux plus petits ; les tubercules proportionnellement moins nombreux et ne formant pas une armure dorsale régulière; queue nue au-delà du dard. Teinte générale d'un brun verdàtre uniforme, sans aucune tache. Habitat. — Batavia, Samarang; Sexempl. larges de 0'".1S0 àO^.250. Inconnu au Muséum. 3. Trygon (Himantura) uindulatus, Blkr, P/ar/. p. 70 (rc?7m«rf. Batavia Genotsch., 1851, t. XXIV) [Id., Id., Achtste Bijdr. ichth. fauna Bornéo), et Enumeratio, p. 211, n" 2205. Caractères. — Disque un peu plus long que large, à angle TRYG. (PASTINAC.€). fx. TRYGON. (S,-G. HIMÂNTURA), 2-4. 587 antérieur aigu, mais à peine saillant; angles externes tout- à-fait arrondis ; bords antérieurs légèrement concaves , plus courts, dans le rapport de 9 à 11, que les postérieurs qui dé- crivent une portion de courbe extrêmement ouverte; espace inter-orbitaire un peu moindre que les 2/3 de la longueur du museau mesuré à partir d'une ligne passant au-devant des yeux; entre sa pointe et les narines, se trouve circonscrit un triangle dont la base dépasse à peine la 1/2 de la longueur des autres côtés; queue n'atteignant pas tout-à-fait 2 fois 1/2 les dimensions longitudinales du disque; granulations delà tète, ainsi que de la région médiane du corps et de la queue sem- blables i\ celles du Tr. uaniak; queue rude dans sa portion grêle; 4 à 5 papilles buccales. Système de coloration différent de celui du Tr. uarn. : les taches rondes sont remplacées par des taches irrégulières souvent en forme de bandes courtes, flexueuses et ondulées; queue annelée de clair. Outre cette différence, la Pasten. ond. se distingue de la P. uarnuk par son museau plus pointu, la largeur moindre du disque comparée à la long, et par l'étendue moins considérable de la queue; les dents sont ici plus petites et plus nombreuses. Habitat. — T:y\-)es de M. Blkr :Batavia et Samarang. Au Mus., 1 spé- cimen unique de la côte de Malabar : M. Dussumier; l^'.SS (disque 0"'.47, queue l^.Oe), largeur O^.SG; l'armure granulée du dosa 0°. 14 dans sa plus grande larg. et O^.OS au niveau de l'orig. des ventr. ; lout-à-fait conforme à un dess. inéd. communiqué par M. Bleeker. 4. Trvgois (Himantura) variegatus, M'Cleland, Calcutta Journ. nat. hisL, 1841, t. I, p. 60, pi. II, fig. 2, 2a, 2c. Tr. var., Blyth^ Joiirn. asiat. soc. Bengal, 1860, t. XXX, p. 43. Caractères. — Disque rhomboïdal, plus large que long, à bords antérieurs k peine concaves, de 1/3 plus courts que les postérieurs qui sont presque droits, à angles postérieurs et externes un peu arrondis ; museau formant un angle très-proé- minent et dont la longueur, mesurée au-devant des yeux, est comprise plus de 6 fois dans la largeur du corps; queue en- tièrement couverte de tubercules, 3 fois environ aussi longue que le disque, dont la région dorsale porte une armure de petits tubercules osseux cordiformes, avec un tubercule médian plus gros. Système de coloration : des taches irrégulières et foncées sous forme de lignes flexueuses; elles ne prédominent d'ordinaire, ni en 588 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. nombre ni en étendue, sur les espaces jilus clairs qui les séparent (contrairement au dessin de M. MXlel., selon M. Blyth). Sur la queue, des anneaux peu distincts. Habitat. — Lac salé près de Calcutta; les dimensions ne sont pas données. Inconnu au Musée de Paris. Par son système de coloration, cette Pastcn. ressemble au Tr. un- dulatus, mais la brièveté comparative des bords antérieurs du dis- que, la largeur plus considérable du corps et la plus grande longueur de la queue établissent des différences manifestes. 5. Trygon (Himantura) macrurus, Blkr, P%.,p. 74 [Verhand. Batav. Genotsch., 4851, t. XXIV), et Diagn. nie.uwevischsoort. Sumatra [Nat. Tijd. Ned. Ind., 1852, t. III, p. 607). Caractères. — Disque rhomboïdal, un peu plus large que long; angles externes non complètement arrondis; bords postérieurs légèrement convexes , les antérieurs moins longs et presque rectilignes; museau en angle droit, à peine proéminent; disque complètement nu, dans les deux sexes et à tout âge; mais sur la ligne médiane, il y a un gros tubercule arrondi, quelquefois précédé de 2 ou 3 autres moins volumineux; queue nue, plus de 3 fois aussi longue que le corps ; 2 papilles buccales. Teinte générale d'un brun verdâtre uniforme ou orné , vers la ré- gion postérieure du disque, détaches rondes jaunâtres; queue anne- lée de brun et de jaune ; dess. inéd. en communicat. Inconnu au Mus. Habitat. —Batav. Sumatra; Gexempl. o^et 9 de O^.ISO à O^.aOo. 6. Trygon (Himantura) margiinatus, Blvth, Journ. asiat. Soc, 1860, t. XXX, p. 38. Caractères. — Disque plus large que long, et dont la lon- gueur est, à celle de la queue, : : 1 : 1,5; couvert, chez les adultes, en dessus, dans toute son étendue et sur tout le bord de la face inférieure, de petits tubercules isolés, mais plus gros et moins éloignés les uns des autres dans la région moyenne que partout ailleurs, et au milieu desquels se voit, par exception, chez un spécimen, un tubercule central ar- rondi, de médiocre grosseur; un rang de tubercules plus volu- mineux et pointus, de chaque côté, à 0'".075 de la ligne mé- diane chez l'adulte; queue couverte d'épines, dont les plus volumineuses occupent la face supérieure, depuis sa base jus- qu'au dard ; rudesse du disque, en dessus comme en dessous, moins prononcée dans le jeune âge. TKYG. (PAST!!NAC.4i). G. TKYGOiN (S.-G. HIMAMURA), 0-7, 589 Teinte générale d'un brun clair légèrement lavée de noir; le des- sous d'un blanc jaunâtre, avec un large bord foncé interrompu seu- lement en avant et consistant en de grandes taches rondes, dont plusieurs restent entièrement isolées de celles qui les avoisinent; quelques-unes seulement sous les pectorales et sous la queue où, devenant de plus en plus nombreuses et rapprochées, elles forment une marbrure; la 1/2 postérieure de l'appendice caudal est très-foncée; toutes les parties sombres sont presque noires chez les jeunes sujets dont le dos porte, à partir de l'espace inter-orbitaire, 4 séries de lignes vermiculées; les deux séries externes se prolongent sur les côtés de la queue. Habitat. — Vue au marché de Calcutta où elle n'est pas rare. Cette espèce peut atteindre à une largeur de 1™.S0, avec une queue de 2 mètres et un dard deO™.!? environ. — Je place cette espèce dans le s. -genre Himantura, parce que l'absence des plis cutanés peut se conclure du silence de M. Blyth sur ce point. 7. Trygon (Himantura) walga, M., H., Plag., p. 159, pi. 51. ? Tr. sindraki (Russell, Fish. Coromand., pi. V), Cuv., R. an., t. II, p. 399, note 2 (d'après Blyth). — Tr. walga, Blkr, Plag., p. 67; dess. inéd. donné en communicat. — Id., Blyth, Journ. asiat. Soc, 1860, t. XXX, p. 40. ^Past. brevicauda, Swainson, Fish. (Lardner's, Cab. Cyclop.), t. II, p. 319. Caractères. — Disque ovalo-rhomboïdal, à peine plus long que large; angle antér. pointu, plus saillant chez la 9 que chez le cT; angles ext. tout-à-fait arrondis; bords antér. un peu con- caves et un peu plus courts que les poster, qui décrivent une courbe très-ouverte; espace inter-orbitaire égal à la 1/2 de la longueur du museau mesuré à partir d'une ligne menée au- devant des yeux ou un peu moindre ; entre sa pointe et les narines, se trouve circonscrit un triangle dont la base égale presque les 2/3 ou n'atteint pas lout-à-fait la 1/2 des autres côtés ; queue 1 fois 1/2 environ aussi longue que le disque ; sur la tête et sur la région médiane, de fines granulations plus ou moins circulaires, formant une bande qui occupe toute la largeur de la région sus-céphalique, puis se rétrécit beaucoup entre la région occipitale et la ceinture scapulaire au niveau de laquelle elle s'élargit; au-delà, elle diminue progressivement et ne forme plus qu'une bande étroite à la région poster, et sur la queue où règne, jusqu'à Tépine dentelée, une série de tubercules à pointe obliquement dirigée en arrière ; quelques 590 PLAGIOSTOMES HYPOTRÉMES OU RAIES. tubercules mousses, plus volumineux que les autres, sur le milieu de la ceinture scapulaire ; disque nu chez les jeunes. Teinte générale d'un ])run vcrdàtrc uriii'orme. Habitat. — Merdes Indes; 2 çf rapportés au Muséum, l'un parPolyd. Roux, long de C^.Sl (disque 0"'.18, queue O^'-SS), et l'autre par M. Bé- langer; chez ce dernier, dont la queue est un peu tronquée, le disque aO^'.aSo, larg.: 0".218; queue 0"'.262. 1 9 des bouches du Gange (Dussum.) et un jeune sujet (Leclancher). On en possède un de Java reçu, par échange, du Mus. de Leyde. La forme toute particulière de la cuirasse granuleuse du disque, l'acuité assez prononcée du museau et la brièveté proportionnelle de la queue, sont les caractères essentiels. 8. Trygon (Himantura) polylepis, Blkr, Plag., p. lS{Verharid. Batav. Gewoïsc/i.,1851, t. XXIV) , dess.inéd. en communicat. Caractères. — Disque ovalaire, un peu plus long que large, à angles arrondis, excepté l'antérieur, qui forme une proé- minence courte, mais très-pointue, entièrement couvert, en dessus, ainsi que la queue, de petites scutelles coniques et épi- neuses, un peu plus grandes vers la ligne médiane oîi ne se voit aucun gros tubercule ; queue sans plis cutanés, plus de deux fois aussi longue que le disque ; 5 papilles buccales. Teinte générale : un brun vcrdàtre uniforme; le dessous blanc, à l'exception du pourtour qui a une large bordure brunâtre. Habitat. — Batavia, d'après un o" large de 0'".310. Inconnu au Mus. La rudesse de toute la région supérieure (d'où est tiré le nom spécif.) et l'absence de gros tubercules sur la ligne médiane, distinguent cette espèce de ses congénères. 9. Trygg^- (Himantura) pareii, Blkr, Plag., p. 71 [Verhand. -CatoD. Gewofec/i., 1851, t.XXIV), et Zevende Bijdr. ichth.faun. Bornéo [Nat. Tijd. Nederl. Ind., 18o3, t. V, p. 461), dess. inéd. donné en communicat. Caractères. — Disque ovalo-circulaire, aussi long qu'il est large, à angles externes et à bords postérieurs tout-à-fait ar- rondis ; les antérieurs faiblement concaves près du museau qui forme un angle un peu obtus dont la proéminence n'est pas considérable ; ventrales courtes, n'atteignant pas le bord pos- térieur du disque ; sur le dos, une armure de granulations cordiformes (au milieu de laquelle il y a 1 ou 3 tubercules plus volumineux) s'étendant jusqu'à l'extrémité de la queue; celle- TRYG. (l'ASTIiNAC^). G. TRYGON. (s.-G. HIMANTURA), 8-11 591 ci a, en longueur, moins du double du disque, et ne porte au- cune trace de plis cutanés; 2 épines caudales : la postérieure plus prolongée que l'autre, au-delà desquelles elle est rude jusqu à son extrémité libre. 4 papilles buccales. Teinte générale d'un vert grisâtre uniforme. — Habitat. — Batav., mer et fleuves de Bornéo; 2 9 de O^.SSO et 0".48o ; inconnu au Mus. 10. Trygo?i (Himantura) heterurus, Blkr, Plag., p. 67 [Ver- hand. Batav. Genotsch.,l. XXIV), dess. inéd. donné encom- municat. Caractères. — Disque ovalo-rhomboïdal, plus long que large, à angles arrondis, excepté l'antérieur qui est pointu et fait, au-devant du disque, une proéminence assez notable ; museau allongé, égal au 1/3 de la plus grande largeur du corps ; queue à peine plus longue que le disque, sans vestige de plis cutanés, plus grêle au milieu qu'elle ne l'est à sa base et dans son tiers postérieur où elle est renflée et parcourue par des sillons lon- gitudinaux dont les bords la font paraître comme multicarénée; elle devient un peu grêle à son extrémité. Le disque, sur la région dorsale médiane et, en dehors, dans une certaine étendue, porte de petites granulations prolongées sur la base de la queue, dont la région supérieure est armée, au-devant de l'ai- guillon, de quelques tubercules épineux. Tei7ite générale d'un brun un peu verdàtre, sans taches. Habitat. — Batav. : sujet unique large de O'".16o. Inconnu au Mus. 11. Trygon (Himantura) dadong, Blkr, Tweedde Bijdr. icthth. faun. Bintang [Nat. Tijd. Nederl. Ind., t. X, p. 355), dess. inéd. donné en communicat. Caractères. — Disque très-analogue, par sa forme, à celui du Tr. heter., mais le museau plus court et moins aigu, contenu 3 fois 1/2 dans la largeur du disque; granulations de la région dorsale ne dépassant presque pas la ligne médiane, de chaque côté, et constituant ainsi une armure plus étroite ; queue éga- lement sans vestige de plis cutanés, et de dimensions à peu près semblables à celles du disque, munie aussi de quelques tubercules pointus h sa base, mais n'offrant pas la même gra- cilité au-delà du dard, ni le même renflement dans son 1/3 postérieur et graduellement eftilée. Teinte générale verdàtre, sans taches. Habitat. — Bintang. D'après un spéc. unique Ç, large de 0".163. 592 PLAGIOSTOMES HYPOTRÉMES OU RAIES. 12. Trygon (Himantura) hastatus, Dekay, Faun. N.-Y., Fish., p. 373, pi. 65,fig. 214, 9- ^ Raia cenlroura, Mitch., Fish. N.-York {Tra7i!> litt. and phil. Soc. iV.-y., 4813, t. I, p. 479 [(/?] ). — Tr. hastala, Storcr, Synops. (ish. N.-Amer. [Mem. Amer. Acad., nouv. série, 4846, t. Il, p. 543. — Id., Gill, Cat. fish. east. coast N.-Amer., p. 62. Caractères. — Disque quadrangulaire, presque aussi long- que large, à angles externes arrondis; museau un peu pointu et proéminent; régions supérieures lisses; à partir du milieu du disque environ, un triple rang longitudinal de petits tuber- cules : 1 médian et 2 latéraux se prolongeant sur l'origine de la queue; celle-ci plus longue que le disque. Teinte générale : un brun-olive uniforme. Habitat. — Côte orient, des Etats-Unis; taille de l"i.uO à 2'".-40. In- connue au Mus. de Paris. 13. Trygon (Himantura) strogylopterus (1), Schomburgk. Fish. brit. Guiana., part. II, p. 183, pi. XXII (Jard. Natur. librarij, t. XL). Tr. strogylopt., MûlL, Troschel, Schomb., Reisenin British Guiana {Fische), p. 642. Caractères. — Disque ovalaire, à angles arrondis, recou- vrant complètement les ventrales, et dont la largeur est, à la longueur, : : b : 6; yeux très-petits, séparés du bord antérieur par un intervalle 3 fois 1/2 aussi considérable que l'espace interoculaire ; queue, dans son intégrité, plus courte d'un tiers que le disque, extrêmement mince et eftiléc au-delii du dard et sans replis cutanés; régions supérieures rudes, ainsi que la face supérieure de la base de la queue, où se voient, sur la région médiane, 2 aiguillons plus gros que les autres et à base élargie; sur le dos, quelques traces de taches. Habitat. — Le Ruppuni, le Takuta et le Rio-Branco. Inconnu au Muséum. — Malgré certaines différences entre \a.PastC}i. d'après la- quelle leur description est faite, et le dessin de Schomb,, MM. Miill. et Troschel croient pouvoir la rapporter à celte espèce. (I) Ou plutôt strungylopterus (rrxfoyYÙXo;, arrondi, TTxepov, nageoire). TRYG. (PASTINACC) G. TRYGON. (s.-G. HIMAMTURA), 12-14. 593 44, Trygon (HiMA?iTURA) puRPUREus, A. Smith, MSS (MûlL, Heiile, P%., p. 160, pi. 52). Caractères. — Disque rhomboïdal, aussi long que large, à bords postérieurs beaucoup plus longs que les antérieurs ; angles externes arrondis; museau mousse ; queue un peu plus courte que le corps qui paraît être tout-à-fait lisse ; dents assez volumineuses. Teinte générale d'un bleu foncé tirant sur le violet, le dessous d'un bleu plus clair. — Tels sont les seuls détails donnés d'après des fig. reproduites pi. 52, Plag., Mtill. et Henle. Orig. inconnue. 14 bis. Trygon Bleekeri (1), Blyth, Cartil. fish. lower Bengal [Journ asiat. Soc. Bengal, 1860, t. XXX, p. 41). Caractères. — Museau beaucoup plus prolongé que dans les autres espèces indiennes ; queue 3 fois au moins aussi longue que le disque ; sur la région dorsale, une armure de tubercules de grosseur inégale, qui en couvre le 1/3 médian et se pro- longe sur la face supérieure de la queue jusqu'au dard et l'entoure ensuite complètement dans le reste de son étendue, ou bien laisse, par-dessous, une ligne nue chez les individus qui ont atteint plus de la moitié de leur développement. Teinte générale d'un brun foncé uniforme en dessus et en dessous, à l'exception d'un étroit espace blanc sur le milieu du ventre. Habitat. — Bengale. Disque long de 0".632, queue, 1™.821; un autre : disque O^.STO, queue l'".416. — Dans le s.-genre Himantura, il faut ranger près du Tr. uarnak dont elle se rapproche par la forme du disque, l'espèce ind. dite Tr. Ellioti, Blyth, Journ. asiat. soc, 1860, t. XXX, p. 41, à laquelle la description ne permet pas d'assigner un rang précis. Il y est fait men- tion de sujets ne dépassant pas, en long, jusqu'à la base de la queue, 0'".32, celle-ci mesurant 1"'.18. Dans le jeune âge, quelques tubercules dorsaux réunis circulaire- munt,dans un très-petit esjjace, autour d'un tubercule médian central; le cercle n'a pas plus deO^.03 de diamètre; en outre, d'autres tubercules sur la crête dorsale et se prolongeant sur la racine de la queue ; enfm, à un âge plus avancé, une armure formée par de petits tubercules et. occupant le 1/3 médian de la surface du dos. Teinte générale d'un brun olive en dessus; régions infér. blanches. (1) Cette espèce n'a pu prendre rang dans le tableau de la division du sous-genre, parce que la forme du disque n'est pas indiquée. Poissons. Tome I. 38 594 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. — M. Blyth, d'après les caractères fournis par une queue de i".21, quoique mulilce, désigne, sous le nom de Trygon atrocissimus, la Pastenague à laquelle elle a appartenu, mais qu'il ne connaît pas et qui vit probablement dans l'Océan indien. — Le sillon où le dard était logé fournit, par ses dimensions, la preuve que cette arme était beaucoup plus volumineuse, sans être plus longue que celle du Tr. margin. Les tubercules sont moins nombreux, mais plus considéra- bles, chacun consistant en une pointe acérée, qui s'élève brusque- ment du centre d'une large base; ils sont de différentes grandeurs et, çà et là, on en voit plusieurs réunis par la base ; au-delà de l'aiguillon, à la face inférieure, de petits tubercules médians (loc. cit., p. 39;. II. Sous-Genre PARATRYGON (1), A. Dum. Caractères. — Un pli cutané à la région supérieure de la queue (Voy. le tableau, p. §83). 15. Trygon (Paratrygon) aiereba (2) (Cuv., R. an., 1" édit., t. II, p. 136, note 2, et M. H., Plag., p. 160 et 196. Aiereba, in lib. principis Mauritii, Thesaur. rer. natur. Brasil. MSS, t. I^ p. 20. — Ici., Marggrave in Piso : De indice utriusque re natur. et med., p. llo, fig. cop. par Jonston, De pisc, pi. XXXVIII, fig. 6, p. 2015 (Ruysch, id.); par Willugh., De pisc., pi. C 1, fig. 2, p. 68. — Raja orbicularis, Bl., Schn., Syst. posth., p. 361, n°9. Anacanthtis, Spec.?, Cuv.^ R. an., 2<=éd., t. II, p. 400, note 5. Caractères. — Disque ovalaire, un peu plus large que long; bouche éloignée du bord antérieur du disque par un espace égal à la 1/2 de la distance qui la sépare de Textrémité des venir, et 1 fois 1/2 aussi étendu que rintervalle compris entre elle et la ceinture scapulaire; distance entre les narines ne dépassant pas le 1/3 de celle qui se mesure de la narine au bord externe du disque; yeux extraordinairement petits; leur éloignement du bord antérieur représentant 2 fois 1/2 la largeur de la région interorbitaire; queue un peu plus longue que le corps, terminée en pointe aiguë et portant, à sa région supé- rieure, au-delà du dard, un pli cutané très-bas, ne dépassant pas le 1/5" de la hauteur de la queue; nulle trace de pli cutané en dessous; tout le dos, à Texception du pourtour du disque, couvert de petites aspérités; pas de gros aiguillons. Les dents sont plates et peu nombreuses; les papilles buccales n'ont pas pu être vues ; il y a un prolongement cutané assez considé- rable au bord postérieur de l'évent. (1) Ttapa, auprès; voisin des Trygons. — (2) Aiereba Lrasiliensibus. tryg.(past.)g.tryg.(s.-g.paratuyg.et hemitr), 15-16. 595 Teinte générale brun foncé, le dessous blanc, à bords sombres. Habitat. — Brésil. Cette description a été faite d'après un unique exempl. du Musée de Munich, long de 0™. 473: disque, jusqu'à l'anus, O^.ISO; queue, à partir de ce point jusqu'au bout, O^.âSi, certaine- ment entière (Marggr. a dit ; queue double du disque); largeur O^.âOS. Inconnu au Muséum. III. Sous-Genre. HEMITRYGON (1), M. H. Mag.nat.hist., 1838, t. II, p. 90. Caractères. — Un pli cutané à la région inférieure de la queue. Tableau de la division du sous-gmre Hemitrygon en 3 espèces. ^ /sans aiguillons; milieu du dos couvert de tubercules. . . 16. Bennetti. s ) I (toute la circonférence; très-nombreux. 17. thalassia. à aiguillons sur' (la face supérieure seulement 18. Croizieri. o 16. Trygon (Hemitrygon) Bennetti, M., H., P/a^.,p. 160, pi. 53. Caractères. — Disque ovalo-rhomboïdal, un peu plus long que large, à bords antérieurs droits, notablement plus courts que les postérieurs qui sont un peu convexes, obliquement dirigés en dedans et terminés par un angle mousse; angles externes arrondis; museau pointu; région pré-oculaire l'em- portant de 1/3 sur l'intervalle qui sépare les yeux ; entre la pointe rostrale et l'angle externe des narines, est circonscrit un triangle dont la base est, aux autres côtés, : : 5 : 8; face supé- rieure du disque couverte, chez l'adulte, dans toute sa longueur, d'une large mosaïque de petits tubercules circulaires, au milieu desquels se voit, sur la ceinture scapulaire, un tubercule sphé- rique beaucoup plus volumineux, entouré de quelques-uns plus petits; il n'y a pas de gros tubercules sur la queue dont les dimensions sont triples de celles du disque (MûlL, Henle); repli cutané de sa face inférieure très-bas, commençant au- dessous de l'origine de l'aiguillon et se prolongeant, au-delà, dans une étendue à peu près égale à la longueur de ce der- nier; mâchoires fortement ondulées; proéminence médiane de l'inférieure couverte de dents beaucoup plus volumineuses que les latérales, mais semblables à celles de la concavité de la mâchoire supérieure à laquelle elle correspond et des deux convexités entre lesquelles celle-ci est placée; toutes les dents mousses, chez le cf , avec une très-petite saillie transversale. (1) "ôpLi, demi, Tfiyywv. — Voy. le tableau, p. 583. 596 PLAGIOSiOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. La longueur du disque est, à sa largeur, dans le rapport de 8 à 7 ; la dislance de la pointe du museau à l'angle externe est, à celle qui sépare cet angle du cloaque, : : 8 : 5. La plus grande largeur de l'ar- mure tuberculeuse du dos est de 0'".18; elle se rétrécit subitement au niveau de l'origine de la queue, elles granulations persistent sur ses régions supérieure et latérales. Teinte générale jaunâtre ; plus foncée sur la queue ; le dessous blanc. Habitat. — Sujet unique au Mus., sans indicat. d'orig. (cTde l'".14 : disque 0'".47, queue tronquée O'^.Ql; aiguill. de O^.iS; larg. : O^.-iS); 2 autres exempl. vus par M. H., de Chine et de l'île de la Trinidad. 17. Trygon (Hemitrygoîs) THALASSiA (1), Fab. Colonna (Columna), Physobatos, sive plant, aliq. hist.; accessit insuper piscium aliq. hist., p. lOS, pi. 28, cop. par Willughbey, Hist. pisc, pi. D5, fig. 3, p. 67 [Pastinaca marina aspera Bellonii). Pastin. mar. aspera [Iota horret aculeis, atque ad caudam prœ- sertim , permultis uncinis in gijrum dispositis scatentem, Belon, De aquat.,Y>- 9^^? cl Nat. et diversité des Poiss., p. 83. cauda asperrima, Gesner, De aquat., éd. 1620, p. 77, in ti- tulo : de Aquila, fig. cop. par Aldrov., De pisc., p. 428. Pastinacœ marinœ cauda cum duobus radiis prœdita, aspera acu- leataque (fig. où se voit, à l'orig. de la queue, une bouche armée de dents), Aldrov., De ptsc, p. 427. Dasybatus, n" 3, Klein, Missiis III, p. 35, d'apr. Colonna. Dasyatis [Dasybatis ?] pastinaca, Raûn., indice, [>. i9, n°371. (Voy. pour la différ. entre les genres Dasyatis et Uroxisjd., p. 61, n" XXIII.) ? Tr. Aldrovandi, Risso, Hist. nat. Eur. mer., t. lll, p. 160, n" 47. R. Gesneri, Cuv., R. an., 2« édit., t. II, p. 400. Tr. thalassia, Miill., Henle, Play., p. 161 et 197. — Id., Bonap., Cat. pesci europ., p. 12, n" 10. Caractères. — Disque rhomboïdal, à angles antérieur et externes non arrondis ; queue une fois et demie aussi longue que le corps, munie, à son bord inférieur, d'un pli cutané égal, environ, à la 1/2 de sa hauteur, au-dessous et un peu en arrière de l'aiguillon, mais qui, à mesure qu il s'en éloigne, se transforme en une petite carène prolongée presque jusqu'au bout de la région caudale; en dessus, derrière l'aiguillon, une très-faible trace d'une courte carène; régions supérieures géné- ralement lisses, à l'exception de la portion antérieure jusqu'aux évents dont le bord interne, ainsi que celui des yeux, porte de petits aiguillons ; d'autres, plus volumineux, à pointe dirigée en (1) Marin, mot employé par Sidonius cl synonyme de marinus. TRYG. (PASTINAC^) G.TRYGON. (S.-G. HEMITRYGON), 17-18. 597 arrière, sur la ligne médiane du dos et de la queue; sur les régions latérales et inférieure de cette dernière, des aiguillons très-nombreux, tous semblables et ne différant que par le volume, à base large, circulaire, et en forme de cône strié, à sommet acéré; sur le pli cutané, des épines plus petites à base également étoilée. Ces aiguillons ressemblent beaucoup à ceux de V Echinorhinus spi- nosus {\oy. p. 460); quelques-uns, sur le disque, un peu analogues aux boucles de la R. clavala, sont dispersés d'une façon irrégulière ; il y en a un de chaque côté de la ceinture scapulaire, quelques-uns sur le pourtour du disque en avant et en dehors; les plus gros con- sistent en un aiguillon à peu près effacé reposant sur une plaque os- seuse elliptique, à grand diamètre antéro-postérieur, lequel, chez un sujet large de 1"'.209, avait une long, de O-^-OSi. Teinte générale brune; le dessous blanc. Habitat. — Mer adrialique. — Les détails qui précèdent, à l'excep- tion des caractères fournis par la queue, sont empruntés à MM. Mùll. etHenle, qui ont vu un grand exemplaire entier à Vienne et un autre à Trieste ; l'espèce manque au Muséum où il y a 3 queues, toutes un peu tronquées : l'une, coupée à 0™.0S au-devant de la fin du sillon d'insertion du dard et dont l'extrém. est brisée, à l'^.SS; une 2*^, de l^.Sl, coupée à O^'.OS au-devant du sillon, porte 2 aiguill. de O'^.IQ ; la 3'^ beaucoup plus mutilée a 0'".92. 18. Trygon (Hemitrygon) Croizieri, Blyth, Cartil. fish. lower Beng. [Journ. asiat. soc, Bengal, 1860, t. XXX, p. 45). Caractères. — Disque de longueur et de largeur égales, à museau très-prolongé, terminé en une pointe aiguë, lisse, ayant seulement, sur la ligne médiane, une ligne de 11 tubercules qui, à partir de la région postérieure de la tête, augmentent successivement de volume, suivis de plusieurs autres, peu con- sidérables et faisant à peine saillie, k la base de la queue où commence une série de 10 aiguillons très-forts, comprimés, à pointe dirigée en arrière, simulant, en quelque sorte, les dents d'une scie et se prolongeant presque jusqu'à la base du dard qui ne porte des dentelures que dans son dernier tiers ; queue 2 fois aussi longue que le disque, comprimée, munie, dans plus de la moitié de la longueur de son bord inférieur, à partir du point correspondant à l'insertion du dard, d'une membrane dont l'étendue verticale est égale à la moitié de sa propre hauteur. Le système de coloration paraît avoir consisté en une teinte claire. 598 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. mais il est difficile à déterminer à cause de l'état de dessèchement du jeune individu type reçu au Mus. de Calcutta de la côte d'Arakan; il a O^.SSO (disque 0'°.278, queue 0'".581) et O^.âTS de largeur. Il n'est rien dit de la forme des mâchoires si remarquable chez les Hypolophes; je rapporte donc l'espèce au sous-genre Hemitnjgon. — Je signale ici une queue tronquée de Tnjgoji, cylindrique d'a- bord, puis très-comprimée, à pli cutané inférieur;, sans trace de pli supérieur, et qui, par conséquent, appartient au même groupe que le Tr. thalassia; coupée au-delà du sillon d'insertion du dard, brisée à son extrémité, longue de 0"\89 et épineuse dans toute son étendue comme celle de cette dernière, elle offre cependant des différences spécifiques, et je désigne la Pastenague dont elle provient, mais qui m'est inconnue, sous le nom de Trygo)i spinosissima. Elle est d'une teinte bien plus foncée, presque noire ; son diamètre est plus considérable; elle est plus robuste que celle de l'autre es- pèce et constitue une arme encore plus terrible, car elle porte des ai- guillons plus longs, plus pointus et à base également conique, mais plus fortement striée et plus solide ; entre les aiguillons qui sont moins nombreux que chez le Tr. th., les espaces qui les séparent ne sont pas nus comme chez ce dernier; ils sont couverts d'une multi- tude d'aiguillons à pointe beaucoup moins saillante et tous en contact mutuel par leur base qui est large et déprimée. En outre, le pli cu- tané, dont la longueur et la hauteur sont moindres que dans le Tr. thalassia, ne porte aucune épine. IV. Sous-Genre TRYGON, M. H., Mag. nat. hist., 1838, t. II, p. 90. Caractères. — Un pli cutané caudal en dessus et en des- sous (Voy. le tableau de la division du genre Trijgon en 4 sous- genres, p. 583). TRYG. (PASTINAC^) G. TRYGON. (S.-G, TRYGOW). 599 o = S 02 — S câ e •S' "s A, •S g «s •S ►^ e *<>> CO ai -^ 50 «d 06 Gi (M (M ©^ Gl a o" o -o =" s ai • 3 S • ia/D cr , S en 'aca, Cuv., U. anim., i"' éd., t. II, p. 13G, 2« éd., t. II, p. 399, et éd. ill.,pl.ll8,fig. 3, denU. PasUnaca, Tîirtur, Trygon, hodic Bruccus, P. Jove, De romanis pisc, cap. XXIX. — Pastinaca marina [P. lœvis], Belon, De aquali- libus, p. 9i, et Pastenade ou Tareronde, Id., Nat. et diversité des poiss., p. 82. Pastin., Rond., De pisc, p. 331, fig. cop. par Gesner, De aqual., éd. 1620, p. 679. Pastin., Salv., Hist. aquat., p. 144, pi. 49, cop. par Jonst., ])1. IX, fig. 7, p. 32 (Ruysch, w/.); par Willugh., pi. G 3, p. 67; dans YEncy- clop., pi. 3, fig. 8. Pastin. marina nostra, Aldrov., De pisc., \^. 424-26, fig. incorr. Pastin. mar. lœvis Bellonii, Ray, Syn. pisc, p. 2i, A '^If ire- flaire, voy. ci-dess., p. V,!).— Pastin. mar. oxyrh. Schoncvelde, Ichth., p. 58. Raja corpore glabro, aculeo longo anterius serrato in caiida apte- rygia, Artcdi, Gejiera, p. 71, n->3 et éd. Walb., p. 326; Sj/non., p. 100, et éd. Schn., p. iAO.—Leiobatus, n"«5 et 6, Klein , Miss. III, p. 33 cl 34. H. pastin., Linn., Syst. nat.,i2' éd., 1. 1, p. 396, n° 3, et éd. Gme- lin, t. I, p. 1509, n° l.—Id., 0. Mull., Prodr. zool. dan., p. 37,n°310. R. corp. glabro^ aculeo longo, anterius serr. in cauda apterygia, Gron., Mus. ichth., 1. 1, p. 64, n» 141. Pastin. (R. jaune ou Pastenade), Duhamel, Pêches, t. III, sect. IX, § 8, p. 282, pi. IX, fig. 8 exacte ; confusion, dans le texte, avec la Pteroplatea altavela. R. pastin., Bloch, Ichth., pi. 82 et Syst. posth., éd. Schn., p. 360. —R. pastin., Retzius, in Linn. F aun. suecica, p. 304.— /d., Donov., Brit. fish., t. V, pi. XCIX. — M., Shaw, Gêner, zool., t. V, p. 282.— Id., Risso, Ichth. Nice, p. 10, n» 10. — Tr. vulg., Id., Hist. nat. Eur. mér., t. III, p. 160. Dasyatis {Dasybalis ?] uj us, Raûn., Car ait., i).\G, n^iO.—Uroxis (sic) (ôupà, queue, o^ù;, pointu) ujus (Ossiuro ujo), Id., Indice, p. 48, n° 369, et p. 61, XXIII. R. pastin. (Sting-Ray), Pennant, Brit. x-ooL, Fish., éd. 1812, p. 125. Trygonobatus vulg., Blainv., Prodr. [Nouv. Bull, se, p. 112). — Trygonobatis pastin., Id., Fau7ie fr., Poiss., p. 35, pi. 6, fig. 1 et 2. Trygon lymma, Geoffr. St.-Hil. (non R. iymma, Forsk., qui est Tœniur. lymma,Mù\\., Wenlo], Descr. Egypte, Poiss. mer rouge, suite par Isid. Geoffr. St.-Hil., 2« édit., p. 219, et éd. in-8», p. 234, pi. 27, fig. 1 {Var. à taches claires). Tr. pastin., H. C\oquci, Dict. se. nat., t. XXXVIII, p. 59, pi. 25.— Id., Fleming, Brit. anim., p. 170. —R. pastin., Nilsson, Prodr. ichth. scandin.,\ip. 120.— Ir. past.,ld., Skandin. Faun.,Fisk.,p. 741. — Id., Jenyns, Brit. vert, anim., p. 518, n° 207.— 7d., Parnell, Fish. Frilhof Forth {Mem. IVern. Soc, 1839, t. VII, p. 440, pL XLIII). — TRYG. (PASTINAC^E) G. TRYGON. (S.-G. TRYGON), 19. 601 M., Bonap., Iconogr. faun. ilal., pi. 15G où se trouve confondue, dans la svn., Tr. Ihalassia. — Id., Cat. pesci eiirop., p. 12, n«7. — Id., Mull.'Henle, Plug., p. IGl. — /f/., White, Cat. brit. fish., p. 142. — Id., Kroyer, Danmark's Fiske, t. III, p. 1018, lîg. — /(/., Hamilton, Brit. fish., part. II, p. 324, pi. 31 (Jardine's Naturalist's library), t. XXXVII. — Id., Yarrell, Brit. fish., 3« éd., t. II, p. SOI. — Id., Couch, Hist. fish. brit. isL, t. I, p. 430, pi. XXXI. Caractères. — Disque presque rhomboïdal, à angle anté- rieur obtus; angles externes mousses; bords à peu près rec- tilignes, les antérieurs un peu plus longs que les postérieurs ; museau court et peu proéminent; espace inter-orbitaire égal aux 3/5 de sa longueur mesurée à partir d'une ligne menée au-devant des yeux; entre sa pointe et les narines, se trouve circonscrit un triangle dont la l3ase est égale aux 5/6 des autres côtés; queue à peine égale au disque ou aussi longue, si ce n'est chez les jeunes sujets où elle a des dinaensions propor- tionnelles plus considérables; dents du cf un peu pointues; disque et queue tout-à-fait lisses; chez Tadulte cependant, la queue porte des aspérités. Chez un très-grand sujet du cap de B.-Esp6r., où elle est, au bout, couverte de granulations, il y a, devant l'aiguillon, 3 tubercules poin- tus à base large et radiée suivis d'un 4** en forme de dard, dentelé sur les bords et situé à 0"'.04o en avant de la grande épine. Le disque est d'un quart environ plus large que long ; la distance entre le bout du museau et l'angle externe des pectorales l'emporte à peine sur l'intervalle qui sépare cet angle du cloaque. Le pli cutané caudal inférieur de la queue est bas, surtout à son origine qui est au-dessous de la racine de l'aiguillon; il prend en- suite un peu plus de hauteur, puis se perd bientôt après avoir formé une simple petite carène; le supérieur, encore plus bas et plus court, débute en arrière de la base de l'aiguillon. Celui-ci, qui commence à peu près à la fin du premier tiers de la queue, en égale environ le quart. Système de coloration. — Var. I. Teinte générale gris bleuâtre uniforme.— Variété II. Sur un fond semblable, des taches bleues et claires réunies et formant une sorte de marbrure. Le dessous du disque est blanc, entouré, chez les jeunes sujets, d'une bordure sombre. Habitat. — Médhovr. (côtes d'Italie, de Sicile et d'Algérie); Manche; Océan (îles des Glénans, côte du Finistère), 1 spécim. del™.37 (disq., 0-.76, queue, 0"'.61) larg. : O'^.ST; cap deB.-Espér., M. J. Verreaux : long. 2">.40 (disque l'".27, queue tronquée au bout, I^.IS); larg. 1"\46. 602 PLAGIOSTOMES HÏPOTRÈMES OU RAIES. 20. TuYOOn (Trygon) brucco, Bonap., Icon. faun. ital., Poiss., pi. 157, et Cat. pesci europ., p. 12, n° 8 [brucco, nom vulg.). Tr. brucco, M. H., Pla(j., p. 1G2. Caractères. — Disque analogue, pour sa forme, à celui de la Past. ordinaire, mais sans aucune saillie du museau, et, par suite, bord antérieur du disque plus convexe, représentant, jusqu'il un certain point, un arc de cercle ; queue presque deux fois aussi longue que le disque. Le sxjstème de coloraiioii, outre les caractères ci-dessus, établit une différence entre les espèces. La teinte générale est plus foncée : c'est un brun verdàtrc; le dessous est blanc, bordé d'une bande étroite cendrée qui s'efface par Faction de l'alcool. La queue, en des- sous, est d'un gris blanchâtre jusqu'à l'aiguillon et brune au-delà. Habitat. — Méditerranée; 2 exempl. au Muséum : l'un de la côte d'Alger (M. Guichenot), l'autre moins petit (0'". 43 :D. 0»M6, Q. O^.S? un peu tronquée) rapporté de Messine par Bibron. 21. Trygon (Trygon) vioLACEus, Bonap., /con./ûww.2Ïa/.,Poes5., pi. 155, et Cat. pesci europ., p. 12, n° 7. Tr. viol., MuU. Henle, Plag., p. 162 et 200. Caractères. — Disque plus convexe encore, à son bord an- térieur, que chez le Tr. brucco, et un peu plus court propor- tionnellement à la largeur; queue plus allongée que chez cette dernière, plus de 2 fois ou même près de 3 fois aussi longue que le disque; dents beaucoup plus grosses et moins nombreuses; une teinte violette en dessus et en dessous, mais plus claire à la région inférieure; 5 papilles buccales, et, derrière les dents inférieures, un repli membraneux festonné. Le prince Ch. Bonap. ne mentionne que le pli cutané inférieur de la queue, mais MM. Mûll. et Henle ont constaté, en outre, la présence du pli supérieur consistant en une simple carène courte et très-basse. Sur des exemplaires plus volumineux, des Musées de Leyde et de Berlin, ils ont trouvé les téguments un peu rudes sur la tête et sur la ligne médiane du dos et de la queue, avec des aiguillons dorsaux, tandis que, dans le jeune âge, les téguments sont lisses. Habitai. — Sicile et côte des Etats-Romains où les pêcheurs, par allusion à sa couleur violette, nomment poisson évêque cette Pasten. inconnue au Musée de Paris. TRYG. (PASÏINAC^) G. TRYGON. (S.-G. TRYGON), 20-23. 603 22. Trygo>{ (Trygon) Sayi, Les., Jonrn. Ac. nat. se, Philad., 1817, t. I, p. 42, fig., sous le nom de RajaSay. ^Myliobatis Sayi, Dekay, Faun. N.-Y, (Pisces), p. 376. — Tr. Sayi, M. H., Plag., p. 166. — Myl. Sayi, Storer, Synops. fîsh. N.-Amer. [Mem. Amer. Acad.,mm. série, 18-46, t. II, p. Mi). — TrygonSayi, Gill, Cat. fish. easl. coastN.-Amer.,\^. 62. Caractères. — Disque rhomboïdal, un peu plus large que long, à tords à peu près droits, les postérieurs plus longs que les antérieurs; angles externes presque arrondis; museau mousse, formant un angle obtus, à peine proéminent ; espace inter-orbitaire et long, du museau mesurée à partir d'une ligne menée au-devant des yeux, dans le rapport de 7 à il ; entre sa pointe et les narines, se trouve circonscrit un triangle dont la base dépasse un peu la 1/2 des autres côtés ; queue 1 fois 1/2 environ aussi longue que le corps, à pli cutané inférieur com- mençant sous la base de l'aiguillon, devenant rapidement aussi haut que la queue et baissant ensuite assez brusquement, puis se terminant en une simple carène avant le dernier 1/3 de la queue; le supérieur plus bas et plus court se montrant avant la fin du dard ; quelques aiguillons variables pour le nombre et le volume sur le milieu du dos; papilles buccales. Les régions antérieures sont un peu rudes chez les adultes où les aiguillons médians deviennent plus apparents; il y en a un de cha- que côté de la ceinture scapulaire; la queue est couverte d'aspérités à partir de l'extrémité du dard. Teinte générale : un brun olivâtre; je ne trouve aucune trace des taches bleues indiquées, non par Lesucur, mais par Mùll. Henle. Habitat.— New-York, Milbert; Martinique, Plée; Haïti, Ricord; Brésil, Castelnau. — Le plus grand exempt. : 0"".79 (disque 0">.31, Q. 0"'.48); larg. : 0".34. 23. Trygon (Trygon) Kuhlii, M., H., Plag., p. 164, pi. 51. Id., Schl., Faun. Japon, (pisces), p. 308. — Id., Blkr, Plag., p. 73. Caractères. — Disque de l/b'' plus large que long, régu- lièrement rhomboïdal, à angles latéraux et postérieurs non arrondis, à angle antérieur légèrement obtus et mousse; h bords antérieurs droits ou h peine convexes, un peu plus longs que les postérieurs qui sont tout-à-fait rectilignes; espace inter-orbitaire presque égal h la moitié du museau mesuré à 604 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. partir cFune ligne menée au-devant des yeux; entre sa pointe et les narines, se trouve circonscrit un triangle dont la base est égale environ aux 3/4 des autres côtés; la région pré-orale est contenue 5 fois 1/2 dans la largeur du disque ; queue 1 fois 2/3 aussi longue que le corps; face dorsale lisse, à l'exception de la ligne médiane où se voit une série interrompue de petits tubercules peu saillants qui manquent dans le jeune âge; repli cutané supérieur de la queue beaucoup plus court et plus bas que l'inférieur; dents du (f pointues. Teinte générale d'un brun vcrdâtre, avec de petites taches bleues entourées par un anneau noir, circulaires ou elliptiques, de dimensions variables, disposées sans ordre, et qui se décolorent ou disparaissent parle séjour dans l'alcool; queue annelée de brun et de jaunâtre. Habitat. Mer des Indes; un exemplaire d'Amboine rapporté par Hombron et .Jacquinot et qui est le plus grand de la collection, a 0"'.G6 (disque, 0'".25, queue, 0"'. 41), larg., 0™.32; un autre, de Java (Kuhl et Van Hasselt), donné parle Mus. de Leyde où se trouve un spécim. japon, d'après lequel a été fait le dessin de Mull. et Henle. Quoy et Gaimard ont pris 2 jeunes individus à Vanicoro (Océanie) et un 3"^ encore plus jeune à la Nouv. -Guinée. La forme assez exactement rhomboïdale du disque, rapproche l'es- pèce du Tr. akajei, mais clic s'en éloigne par la présence des tuber- cules médians, à partir de la ceinture scapulaire, par le peu de lon- gueur de la queue et les taches bleues du disque. 24. Trygois (Trygon) akajei [Pastin. ak., Bûrger, MSS), MûlL, Henle, Plag., p. 165, pi. 54. Tr. ak., Richards., Rep. fish. Chin., etc., p. 197. — Id., Schl., Faun. jap., Poiss., p. 308. — Id., BIkr, Vierde Bijdr. ichth. faun. Jap. [Acta Soc. se. ind.-necrl., t. II], p. 44. — [akajei, nom japon.).. Caractères. — Disque rhomboïdal, plus large que long dans le rapport de 5 à 4, à bords presque droits, à angles externes mousses, un peu plus éloignés de l'anus que de la pointe du museau qui est en angle obtus et à peine saillante ; région rostrale mesurée à partir du milieu de l'espace inter-orbitaire comprise 5 fois 1/2 dans la largeur du corps; queue pas beau- coup plus longue que le disque; téguments nus, si ce n'est dans l'espace compris entre la tète et la ceinture scapulaire où se voit, sur la ligne médiane, une courte rangée de petits tu- bercules dont le volume augmente d'avant en arrière; 3 pa- pilles buccales. TRYG. (PASTINAC.E) G. TRYGO^. (s.-G. trygon), 24-25. 605 Plis cutanés super, et infér. de la queue courts et peu élevés. Teinte générale d'un jaune orangé un peu verdâtre, à bords plus sombres; le dessous blanc, à pourtour orangé. Habitai. Japon : 6 excnipl. à Leyde et 1 dans la collcct. de M. Blkr. L'espèce devient à ce qu'il paraît très-grande ; inconnue au Mus. 25. Trygon (Trygoin) tuberculatus, Lacép., sous le nom de R. tubercuL, Hist. Poiss., t. II, p. 106, pi. IV, fig. 1 R. tiibercuL, Shaw, Gêner. zooL, t. V, part. II, p. 290, pi. 137, cop, de Lacép. Tr. gymnura {R. gymn.). Mus. de Berlin, d'après un spécim. rap- porté par Olfers, décrit et tig. par J. MùU. (Erman, Reise um die Erde, p. 25, pi. XIII). Tr. osteosticta, J. Mùll., Erm., Reise, etc., p. 25, pi. XIV. — L'i- dentité du Tr. gymji. avec la R. tuh. a été indiquée par J. Mùll., in : Neue Fisch. und iciith. Bemerk. (Faumis publié par J. Gistl, 1837, Munich, p. 40) où est reprod. la descr. du Tr. osteost. qui, plus tard, de même que le Tr. gymn. a été confondu à tort, par Mùll. Henle IPlag., p. 163), avecle Tr. Sabina, Lesueur, dont le Tr. gymn. serait, suivant eux, le jeune âge, et le Tr. osteost. l'adulte. Caractères. — Disque rhomboïdal un peu plus large que long; bords antérieurs à peine concaves, les postérieurs pres- que droits; angles externes non eftacés, mais arrondis; museau pointu; queue munie, en dessous, d'un pli cutané plus haut et plus long que le supérieur ; revêtue, dans ses 2/3 poster., de pe- tites saillies osseuses; 2 fois 1/2 environ aussi longue que le disque, dont tout le milieu de la face dorsale, à partir de la région poster, de la tête, jusqu'à la base de la queue, est cou- verte par une armure composée d'un très-grand nombre de pe- tits tubercules osseux parmi lesquels se détachent, le long de la ligne médiane, des tubercules à base élargie et presque qua- drilatérale, à pointe dirigée en arrière, disposés avec une cer- taine irrégularité, et un tubercule sur la ceinture scapulaire, de chaque côté de la ligne centrale ; 5 papilles buccales. Les mâchoires sont assez fortement arquées; les dents, qui sont plates chez un jeune (f et chez une 9 adulte, sont plus volumineuses à la mâchoire super., sur la saillie médiane et sur les latérales que sur les autres points. Teinte géîiéralehrnnG uniforme. Habitat. — Brésil, 2 sujets rapportés par Dclalande, dont le plus jeune, long de O^^.OG (disque 0'".'18, queue 0'".48), large de 0"'.21 porte, écrite de la main de J. Mùll., l'étiquette de R. osteosticta; le disque et la queue sont presque nus, à l'exception des tubercules de la 606 PLAGIOSTOMES HYPOTRÉMES OU RAIES. ligne médiane disposés, absolument comme Lacépède l'indique. Sur la Cad., longue de lm.22 (disque, O'-'.SS, queue, 0"'. 87), large deOm.-iO, l'ar- mure dorsale qui se rétrécit brusquement à une petite distance en avant de la racine des ventrales, a, partout ailleurs, une larg. de O'^.IO. 26. Trygoin (Tr\gon)imbricatus, MûlL, Henle., Plag., p. 164. llaja imbr., Sclin., Bl., Sijst. posth., p. 366. — Tr. imbr., Cantor, Cat. DiciUnjcm fish., p. l-iOT. — kl., Blylb, Journ. asiat. Soc, 1860, t. XXX, p. ^l. — '/Isacurrah Tenkee, Russel,n" IV. Caractères. — Disque un peu plus long que large, ovalaire au-delà des angles externes, qui sont tout-à-fait arrondis, ainsi que les postérieurs, à bords antérieurs légèrement concaves formant, par leur réunion en avant, un angle droit peu sail- lant, et dépassant à peine les 4/5 de la longueur des bords pos- térieurs qui suivent une courbe très-ouverte; espace inter-orbi- taire moindre que la moitié de la longueur du museau mesurée à partir d'une ligne menée au-devant des yeux; entre sa pointe et les narines, se trouve circonscrit un triangle dont la base est égale à la 1/2 des autres côtés; l'ouverture de la bouche est comprise presque 3 fois dans la portion pré-orale, qui est, elle- même, égale aux 2/7 de la largeur du corps; queue plus courte que le disque, à replis cutanés très-peu saillants, le supérieur un peu plus que l'inférieur; face dorsale presque lisse, si ce n'est sur la tête et sur la ligne médiane où se voient de petits tubercules jusqu'à la ceinture scapulaire, qui, à droite et à gauche, est couverte de tubercules semblables dont quel- ques-uns sont plus gros que les autres; de fines granulations sur la base de la queue; 2 papilles buccales. Les dents sont un peu pointues chez le çf qui ne porte pas, comme la 9, des tubercules épineux sur la queue, au-devant de Taiguillon. Teinte générale brunâtre. — Habilat. Côte de Coromandcl, Pondi- chéry (Leschenault, Dussum., Bélanger). Le moins petit a 0™.32 (dis- que, 0"M8, queue un peu tronquée, 0">. 14); larg., O^.lTo. 27. Trïgon (Trygon) zugei, Burgcr, MSS (MûlL, Henle, Plag., p. 16o, 1)1. 54, d'après Bûrg.) [r^-ugei., nom japoîuiis). Tr. Z4UJ., l\ich., Uep. fish. seas Chin. andJap., p. 197. — Id., Cantor, Cat. Malay, fisli., p. 1408. — Id., Schl., Faun. japon, [pisc], p. 309. — Id., Blkr, Plag., p. 68, q^; dessin inédit donné en communication. Caractères. — Disque un peu plus long que large, à angle antérieur fort aigu, effilé et très-saillant; angles externes tout- TRYG. (PASïINAC^E) G. TRYGON. (s.-G. TRYGON), 26-28. 607 à-fait arrondis; bords antérieurs un peu concaves, égaux en longueur aux postérieurs qui sont presque droits; espace inter- orbitaire égal au 1/3 seulement de la longueur du museau mesuré à partir d'une ligne menée au-devant des yeux; entre sa pointe et les narines, se trouve circonscrit un triangle dont la base dépasse à peine les 2/5 des autres côtés; queue à repli cutané inférieur beaucoup plus haut que le supérieur, presque 1 fois 1/2 aussi longue que le disque; corps lisse, excepté sur la ligne médiane du dos qui porte, jusqu'au bord postérieur de la ceinture scapulaire, une série de petits tubercules; d'au- tres plus forts, à pointe dirigée en arrière, sur le milieu de la queue, au-devant de l'aiguillon, avec des épines latérales chez les sujets âgés. Chez les jeunes, il n'y a aucun tubercule. Teinte générale d'un brun orangé ou légèrement verdâtre, plus foncé sur la ligne médiane; le dessous, d'un blanc rougeâtre. Habitat. Le plus grand spécimen du Musée de Paris a été pris dans la mer des Indes par M. Dussumier (disque long de O'^-Si, large de 0"'.32; queue à peine tronquée, ù"^.i%), d'autres plus jeunes, l'un de Pondichéry dû à M. Bélanger et 2 de Macao, à Eydoux et Souleyet. La forme du museau et la brièveté proportionnelle de la queue constituent les caractères distinctifs de cette espèce. 28. Trygon (Trygon) sabiina, Lesueur, Journ. Ac. nat. se, Philad., 1824, t. IV, p. 109, avec fig. Id., Mûïl Henle, Plag.,p. 163. Caractères. — Disque ovalo-rhomboïdal, à peine plus long que large, à bords antérieurs légèrement concaves, réunis par des angles tout-à-fait arrondis aux bords postérieurs qui sont plus longs et un peu convexes ; angle antérieur saillant, à peu près aussi éloigné de l'angle externe des pectorales que celui-ci l'est du cloaque; espace inter-orbitaire presque égal à la 1/2 de la longueur du museau mesurée à partir d'une ligne menée au- devant des yeux; entre sa pointe et les narines, se trouve cir- conscrit un triangle, dont les côtés ne sont pas tout-à-fait le double de la base; queue plus de 2 fois aussi longue que le corps (Lesueur); ventrales dépassant notablement le bord pos- térieur du disque; région sus-céphalique rude; sur le milieu du dos, une rangée de tubercules commençant derrière la tète, et prolongée sur la base de la queue; 5 papilles buccales. De chaque côté de la ceinture scapulaire, 2 aiguillons; queue rude, 608 PLAGIOSTOMES H\P()TRÈMES OU RAIES. au-delà des 2 plis cutanés qui sont courts cl bas Tun el l'autre. La bouche est très-fortement arquée et les dents sont volumineuses. Teinte générale : brun jaunâtre uniforme. Habitat. Nouv.-Orléans, 4 jeune sujet dû à Lesueur, un 2'= à M.Trécul, de 0"'.70 (disque, O^.SO; queue tronquée, O^.-iO), parfaite- ment semblables au dess. de Lesueur, d'après lequel les zoologistes américains ont parlé de respcce qu'ils ne connaissent pas. 29. TRYGON(TRYGOis)iiYSTRix(i),D'Orbigny, Voy.Amer.merid.., Poiss., pi. 15 sans texte et M., H., Plag., p. 167 et 197. ?/rf., Schomburgk, Fisli. Brit.-Guiana, part. II, p. 180, pL XX (Jard., Natur. libr., t. XL). ? Tr. garapa, Schomb., Id., p. 182, pi. XXI.— W., MûlL, Troscliel, Reisen in Brit.-Guiana [Fische], p. 642. — Tr. hystr., Castelnau, Anim. nouv. ou rares de VAmer. du Sud, Poiss., p. 103. Caractères. — Disque un peu plus long que large, réguliè- rement ovalaire, à angles antérieurs, externes et postérieurs ne faisant aucune saillie, son pourtour décrivant ainsi une courbe régulière qui cache presque complètement les ventrales, et portant, à son bord antér., une très-petite proéminence médiane; espace inter-orbitaire égal environ à la moitié de la longueur du museau mesuré à partir d'une ligne menée au-devant des yeux; sa portion pré-orale comprise à peine au-delà de quatre fois dans la largeur du disque ; entre son extrémité et les na- rines, se trouve circonscrit un triangle dont la base est égale aux 3/5 des autres côtés; queue à plis cutanés supérieur et in- férieur, dépassant à peine, en longueur, le disque dont la face dorsale est couverte partout de tubercules à base étoilée; sur le milieu de la région caudale, en dessus, chez les adultes, de forts aiguillons à pointe acérée, dirigée en arrière, à base large et étoilée; sur chaque face latérale, une série d'aiguillons plus volumineux chez la 9 que chez le çf dont les dents sont poin- tues ; 2 papilles buccales. Les tubercules offrent, dans leur aspect, quelque analogie avec les oursins; les stries de la base des tubercules portent chacune 2 proé- minences globuleuses, qui forment, autour de la pointe centrale sou- vent peu saillante, une réunion de petits points émaillés. Le système de coloration des exempl. du Mus. de Paris, qui ont été, avec un spécimen de celui de Leyde, les types, consiste en un violet noirâtre; on ne voit plus les taches claires représentées sur la pi. de (1) Hérisson, à cause des aspérités des téguments. TRYG. (PASTIISAC.^i) (;. TRYGO>i. (s.-G. TRYGOM), 29. 609 D'OrlMgny ; mais 2 jeunes sujets de Rio de Janeiro dus à M. le comte de Castelnau portent des taches claires bordées de noir, assez espacées, dont les plus grandes ont O^.Ol de diamètre; elles sont plus petites sur les bords. Ces individus ressemblent ainsi à un spécimen du Tœniuraniotoro signalé par MM. Mûll. et Henle (p. 198), qui hésitent à distinguer l'une de Fautre, les 2 espèces. N'ayant jamais vu de Tr. hyslr. à queue complète (le dessin de son extrémité est inexact sur la pi. de D'Orbigny), ils ne se prononcent pas sur le véritable rang générique de la Pastenague hérisson. L'un des exempl. de Rio, le seul complet, fournit la preuve, malgré une déchirure de la membrane sous-caudale, qu'elle se prolonge jus- qu'à l'extrémité de la queue. Or, s'il est exact de l'assimiler aux types du Tr. hystr., cette dernière espèce serait donc un Tteniure. Je reste cependant indécis, sur l'exactitude de la distinction à établir entre elle et celle dite motoro, puisque je n'ai sous les yeux aucun spécimen adulte à queue non mutilée de la première et que je ne puis rap- porter à la seconde que de jeunes sujets. Habitat. Lac de Maracaibo : Plée ; Ruenos-Ayres : D'Orbigny ; Rio de Janeiro : M. de Castelnau; un sujet d'origine inconnue à peine plus grand que celui de R.-Ayres, mesure 0"'.58 (disque. G'". 31; queue un peu tronquée. G'". 27); largeur, G'".3G. — Au sous-genre Trygon appartient le Tr.carnea, Ricbardson, Report fish. seas Chin. and Jap.., p. 197, décrit brièvement d'après des des- sins inédits de Reeves et de Hardwick. — Je mentionne, mais sans pouvoir la classer dans aucune des subdivisions du genre, parce que la queue est coupée à une très-petite distance de son origine, l'espèce dite Tr. pastinacoides, Rlkr, Play., p. 73 [Verhandl. Batav. Génois., t. XXIV). Disque ovalo-rhomboïdal, aussi long que large, à angles externes et postérieurs tout-à-fait arrondis ; museau formant un angle droit, à peine saillant; dos lisse, mais, sur la ligne médiane, vers sa partie antérieure, quelques tubercules osseux; d'un brun verdâtre uniforme; d'après un exempl. $ unique, dont la largeur était de G"\lo5. Sur le dess. inédit donné en communication, il y a 2 tubercules seulement : l'un des deux est globuleux et beaucoup plus gros que l'autre. Poissons Tome I. 39 610 l'LAC.lOSTOMES HYPOTRÉMES OU RAIES. o I 1 K 7^ Oh O « eu O « H Ph Cd OS u O a '3 ? "^ •^ tAl i^ t/3 5 o •- 9 V ?^ « '-« -iJ _, O rt t/3 O» s c ^ - '3 ^ ■§ 2 rt o c .. «^ ^^ 0^ ^,:= fcp 3 « — >^ 'o o ^ 4- o r/3 ^ O =3 3 es tAI ^ G ^ i "^ § 1 i: S 3 -^ r^ o U2 — *^ O t/2 :S ^ 3 . .s p J :3 3 ^ g -? o ? r/î *^ 3 'r- ©■1 _ n3 -3 & S>1 O) 3 '^ M U-.^ o c« « t« 'T3 -ts ci; c a^ o o ^ s s- C -i^ 2^,-5 ^ '« ^ fe/D G- ^ ^ ^ ^ 3 Oi S C« « m lyj >; W s r- S es O* o o 1 S 3 C3 O :n g Xi "ô O « _cc "O G « _P « c« t! ■^ S S > _2 •S •S à d « 3 ■« ^ .^ ^ !^ =3 r* s « -2 3J .«2 i" S î; .^ gn c s •-^ -^ ?= •^-^ ^ s>i c6 ■<«< yi cd ci — .S2 ^ =3 .22 O O "5 en ■5 3 s cr' 3 -a o en t_, L^ O 3 =3 3 o O ■3 I— (15 bS2 S1U9A9 sap sainoB^uax TRYGO^S (PASTINAC.*:), GEMIE PTEUOPLATEA, 1, 2. 611 1. Pteroplatea altavela (1), M., H., Plag., p. 168. Pastinaca marina altéra, Pteryplateia, Altavela, Columna, Aquat. et terr. aliquot animal. observât., -p. l\, et]). II, avec Stirpiiim hist. etc., Exypaa-nç, fig. cop. par Willughbey, Hist.pisc, pl.C, 1, fig. 3, p. 63. Aquila authoris prior, Aldrov., Depiscibus, p. 438, fig. Paslin. marina altéra, PterypUiteia, Ray, Synops. pisc, p. 24. Raja paUin. : p R. altavela, Linn., Syst. nat., 12« éd., t. I,p. 396, et éd. Gmel., t. l, pars III, p. 1509. Dasyatis (2) attavilla, Rafin., Indice ittiol. Sicil., p. 49, n" 372. Pasten. deFab. Columna, Blaiiiv., Faune fr.,Poiss., p. 37. Tryg. altavela, Bonap., Iconogr. faun. ital., et Pteroplatea alta- vela, Id., Cat.pesci europ., p. 12, n°6. Caractères. — Disque 2 fois aussi large qu'il est long, me- suré à partir de Textrémité du museau, qui fait une petite saillie, jusqu'à l'anus; angles externes droits, les postérieurs arrondis recouvrant, en partie, les ventrales; bords antérieurs à peine sinueux, les postérieurs presque rectilignes; queue munie, en dessus et en dessous, d'un petit pli cutané, contenue un peu plus de 2 fois (et non pas près de 4 fois , contrairement à ce que dit Bonap.) dans la longueur du corps qui est tout-k- fait lisse ; un petit prolongement cutané au bord postérieur de révent. Teinte générale brune, relevée, sur un jeune individu de la Méditerr . , signalé par M. Guichenot (Explor. se. Alg., Poiss., p. 137) comme une Pt. canariensis, par de petites taches foncées que MM. Mùll. Henle ont mentionnées. Les régions inférieures blanches ont une bordure sombre qui se voit bien sur le plus grand des 2 sujets du Mus. L'origine de ce dernier est inconnue. Son disque est long de 0'".27, large de 0'".54; la queue, à partir de l'insertion des ventrales, a 0".12, 2. Pteroplatea canariensis, Val., Iclitli. des îles Canaries, p. 100, pi. 23, fig. 1. Caractères. — Disque près de 2 fois 1/2 aussi large que long; bords antérieurs peu obliques en arrière; angle externe (1) Dénomination déjà employée à Naples du temps de Fab. Colonna, et qui rappelle, par une comparaison avec une voile, le grand développe- ment des nageoires. (2) Ce nom parait être une altération de Dasybatis. Ce dernier ne peut pas, malgré son antériorité sur le mot Pteroplatea, être adopté, car il s'ap- plique à un genre mal défini, qui renferme, avec l'espèce actuelle, le Trygon pastinaca, Bonap. 612 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. des pectorales arrondi ; proéminence médiane du museau pres- que nulle; queue munie d'un \)Y\ cutané très-bas, en dessus et en dessous, comprise 2 fois et 1/3 dans la long, du corps ; un tentacule aux évcnts. Teinte générale brune, irès-tbncée eu dessus et hlancliàlre en des- sous, avec quelques nuages bruns sur les bords. Habitat. — Canaries. Exenipl. unique, large de 0'".42, long de 0"'.28 (disque O'^Ad, queue O'^-O). 3. Pteroplatea Valenciennii (1), A. Dum. Caractères. — Disque presque deux fois aussi large que long ; bords antérieurs obliquement dirigés en arrière et en bas, mais un peu relevés dans leur quart postérieur où ils sont ar- rondis ; angles externes mousses; museau sans proéminence et décrivant une courbe très-ouverte, de sorte que son contour ne fait aucune saillie au-devant du disque ; queue munie, en dessus et en dessous, d'un petit pli cutané prolongé jusqu'à la pointe, comprise 2 fois 1/3 dans la longueur du corps, qui est tout-à-fait lisse; un petit tentacule aux évcnts. La largeur, proportionnellement à la longueur, plus considéra- ble (2), mais surtout la convexité plus marquée de la région anté- rieure du disque et la forme arrondie, ainsi que la position un i)eu plus reculée des angles externes, par suite de l'obliquité plus pro- noncée des bords antérieurs, constituent les particularités qui distin- guent cette espèce de la Pt. altavela. Teinte générale brune uniforme. Habitat. — Spécimen unique, jeune (f du Brés. : Dclalande. 4. Pteroplatea hirundo, Lowe, Fish. Madeira [Proc.zool Soc, Lond., 1843, p. 94). Tryg. altavela, Lowc, Supplem. Fish. Madeira {Proc. x-ool. Soc, 1839, p. 92). Caractères. — Pas de tentacules au bord postérieur des (1) .le dédie l'espèce à M. Valenciennes, qui a signalé les différences entre l'individu brésilien type et la Pter. altavela, à laquelle MM. MûU. et Henle l'avaient rapporté. (2) Du milieu du bord antér. au cloaque, il y a G"". 155, de même que chez une Pter. altavela. Or, celle-ci ne mesure, entre les angles eit. des pector., que 0"'.285, et la Pt. Val., G"'. 310. Il convient cependant de noter que les dimensions en largeur de la Pt. altav., relativement à la longueur, semblent augmenter avec l'âge. TRYGONS (PASTINAC.*). GENRE PTEROPLATEA, 3-5. 613 évents, ni de pli cutané à la face supérieure de la queue, dont la face inférieure, au contraire, porte une petite crête; disque tout-à-fait lisse en dessus. Les deux premiers caractères éloignent l'espèce des Pler. altav. canar. et Valenc, mais la rapprochent 1" de la Pter. maclura dont elle se distingue par la présence d'une petite carène cutanée le long du bord caudal inférieur, ainsi que par le défaut de rudesse des tégu- ments à l'état adulte ; 2° de la Pter. micrura, qui a la queue beaucoup ])Ius longue et sans pli cutané soit en dessus, soit en dessous. Il faut ajouter que le Pter. hir. est proportionnellcmeni plus large que la Pter. altavela et qu'elle n'a pas, comme cette dernière , les bords plus sombres, en dessous, que le reste des régions inférieures. Un type unique, $ large de 1".67; inconnue au Mus. 5. Pteroplatea micrura (1), M. H., Plag., p. 169 [Raja mi- crura, Schn., Syst. posth., Bl., p. 360). R. pœcilura, Shaw, Gêner. %ool., t. V, part. II, p. 291. — Tenkee kunsul, Russ., Fish. Corom., fig. 6. — Past. kunsua, Cuv., R. an., t II, p. 400, note 4, d'après Russ. — Tryg. pœcilurus, Bennett, Life of Raffles, p. 69-4. — Pter. a7i)iiilata, Swains.^ Nat. hist. Fish. Amph. and Hept. (Lardner's, Cabin. cyclop.), t. II, p. 319, d'apr. Russ. — Pter. micrura, Gant., Cat. Malay. flslt,., p. 1409. — Dasyatis micr., Gray, Cat. chondr. fisli. brit. Mus., p. 122. — Pter. micr., B\kr, Plag., p. 76 [Verhandl., GenotscJi. Batav., t. XXIV.— Id., Blyth, Cartilag. fish. loioer Bengal [Journ. asiat. Soc, Calcutta, 1860, t. XXIX, p. 37). Caractères. — Largeur du disque égale ou inférieure au double de sa longueur (2) ; museau court ; bord antérieur for- mant un angle très-ouvert, dont la proéminence est fort courte; angles externes et postérieurs légèrement convexes ; queue nue en dessus et en dessous, plus courte que le corps chez les très- jeunes sujets, mais égale à sa longueur chez les adultes. Pas de prolongements cutanés aux évents. Les dents sont tricuspides et à pointe médiane plus longue (1) Schneider s'est servi de cette épithète, parce qu'il a comparé à la queue beaucoup plus longue de la Pasten. ordin., celle de cette espèce, qui est cependant la Pteropl. où elle offre le moins de brièveté. (2) Les proportions exactes de la longueur et de la largeur du disque, chez la Pter. micr., pas plus que chez les autres espèces du même genre, ne peuvent être exactement indiquées, en raison de légères variations selon l'âge. La long., chez le Pt. micr., est un peu moindre que la 1/2 de la lar- geur chez les jeunes ; elle en représente les 3/4 chez ceux qui sont plus âgés, selon M. Cantor, qui en a vu un long de O-n.Ql (disque), et large de l'".21. 614 PLAf.IOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. que les latérales; Tépiue, chez les jeunes sujets, est, en partie, enveloppée dans les téguments. Teinte générale rongcâtrc on brun verdAtre , avec de nombreuses petites taches claires ; queue à anneaux noirs et blancs; dessin inéd. donné en communicat. par M. Bleeker. Habitat. — Mer des Indes; embouchure du Gange. Au Muséum, plusieurs exempt.; le plus grand mesure O^.Ti (disque O^.SDS, queue 0'".345j; largeur 0^.84. 6. Pteroplatea JAPo^'ICA, èch\., Faun.Jap., p. 309, pi. CXLI. IPter. micr., Richards., Rep. fish. seas Chin. and lap., p. 496. — Dasyatis micr., ? Var. japo?i. Gray, Cat. chondr. fisli. hrit. Mus. y p. 122, et Pter. japon., Id., MSS, Brit. Mus. Pter. micr., Var., Cauda breviore, Blkr, Plag., p. 76 {Verhandl. Genotsch. Batav., t. XXIV). — Pt. japon., Id., Vierde Bijdr. ichth. faun. Jap., p. 45 [ActaSoc. ind.-neerl., t. II), et Enumeratio, p. 270, n" 279. Caractères. — Longueur du disque comprise 1 fois 3/4 en- viron dans la largeur; bords antérieurs courbes, concaves au milieu; museau un peu saillant; bords postérieurs convexes, légèrement crénelés; pas de tentacules aux évents; corps complètement nu ; queue sans plis cutanés, plus courte que la 1/2 de la longueur du disque. Teinte générale d'un vert cuivré, ornée partout de points irrégu- liers très-nombreux et serrés^ d'un vert violacé; queue brune, annelée de blanc. Ces caractères sont donnés par M. Bleeker d'après un spécimen o^ large de 0™.27, et dont la comparaison avec une Pt. micr. de même taille lui a permis de reconnaître les différences qui l'en éloignent. Telles sont la largeur moindre du disque relativement à sa longueur, ce qui lui donne une autre apparence générale, la convexité des bords postérieurs et la petite concavité médiane de chacun des bords anté- rieurs. La queue est proportionnellement plus courte, et eniin, le système de coloration n'est pas non plus tout-à-fait semblable. Habitat. — Japon; inconnue au Muséum. 7. Pteroplatea Maclura (i) {Raja Maclura), Lesueur, Journ. Acad. nat. Se. Philad., 1817, t. I, part. I, p. 41, fig. Pastin. Maclura, Dekay, Faun. N.-York, Fish., p. 375, pi. 65, fig. 213, d'apr. Les. — Id., Linsley, Cat. fish. Connecticut (Amer. (1) En l'honneur du célèbre géologue W. Maclure. TRYG. (PASTIÎS,). G, PTER., 6, 7, ET G. HYPOLOPHUS. 615 journ. Sillimans, 1844, t. XLVII, p. 77). — Tr. MacL, Storer, Syn. fish. N.-Amer. {Mem. Americ. Acad., 1846, nouv. série, t. II, p. 513). — Id., Gill, Cat. fish. east. coast N.-Amer., p. 62. Caractères. — Disque à peine 2 fois aussi large qu'il est long; bord antérieur convexe dans sa région moyenne, au-de- vant de laquelle le museau fait une très-courte proéminence ; angles externes à sommet un peu arrondi; bords postéi-ieurs lé- gèrement convexes, à angles tout-à-fait mousses; queue trian- gulaire, plate en dessous, non annelée de brun, mais à taches foncées en dessus seulement; sans pli cutané, et ne dépassant guère le 1/3 de la longueur du disque, dont la face supérieure est lisse dans le jeune âge, mais rude chez Tadulte ; pas de tentacules aux évents. Les dents sont petites, pointues et plus nombreuses que chez plu- sieurs autres espèces, en ce qu'elles s'étendent davantage vers les an- gles de la bouche. L'intervalle qui sépare les narines est court, car la longueur de la fente nasale en esta peu près le double. Le système de coloration des exemplaires du Muséum est brun ver- dâtre uniforme. Lesueur a signalé la présence, sur la région supé- rieure, de lignes noires vermiculaires et courtes, entremêlées à des taches pâles moins petites; le dessous, ajoute-t-il, est d'un rouge clair. Habitat. — Les deux Amériques (Brésil : Delalande, et Etats-Unis). Le plus grand exemplaire adressé de N.-York, par Milbert, a une largeur de 2 mètres sur une longueur de \^.3A (disque 1 mètre, queue 0™.34). La largeur est parfois de 5 mètres et de 5"'.50 (Les.). m. Genre HYPOLOPHE. /f FPOL OP/î f/S (1),Mu11., Henle. Caractères. — Disque analogue h celui des Trygons; queue longue , à pli cutané inférieur assez haut et ne se pro- longeant point jusqu'à son extrémité; pas de pli à sa région supérieure ; bouche fortement ondulée : mâchoire inférieure saillante à sa région médiane et concave de chaque côté de cette proéminence angulaire ; à la mâchoire supérieure, des courbures en sens opposé : au milieu, un angle rentrant, et, de chaque côté, une surface convexe, de sorte que, lorsque la bouche est fermée, il y a emboîtement réciproque; dents sans pointe ni saillie transversale, disposées comme les pièces d'une mosaïque; celles du milieu de la mâchoire supérieure à (1) wo, dessous, Xôçoç, crête, à cause de la hauteur du pli cutané sous- caudal. — Voy. le tableau, p. 582. 616 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. surface convexe, beaucoup plus petites que les latérales, celles-ci planes, presque hexagonales et semblables, pour la forme, aux dents inférieures dont les dimensions n'offrent pas les mêmes inégalités, si ce n'est celles des plus externes qui ont un volume un peu moindre. La forme des mâchoires et la disposition du système dentaire, comparables à ce qui se voit chez le Rhamphobatis ancylostomus, constituent l'un des caractères essentiels du genre Hypolophe; l'autre se tire de la présence de la nageoire caudale inférieure, de sa hauteur et de sa brièveté relative, puisqu'elle ne se continue pas jusqu'à l'ex- trémité de la queue, comme chez les Tœniurcs. Hypolophus sephen (1), M., H., Play., p. 170 [Rajasephen, Forskâl, Desciipt. animal, etc., p. 17). lUija sephen, Gmel., Sijst. nat., Linn., t. I, pars III, p. lS08,n°1'l. Ici, Le Sif, Bonnat., Ë7icijcl.,p. 4.— W., Lacép., Hist. Poisa., t. I, p. 123. — Id. (Pearled Ray), Shaw, Gêner. %ool., t. V, part. Il, p. 288. Id., Bl., Syst.posth., éd. Schn., p. 304. ' Wolga Tenkee, Russell, Fish. Corom., t. I, p. 2, pi. III. ' Trygon sephen, Cuv., R. an., t. H, p. 399, note o. — Raia Sancur. Hamilt. Buclianan, Fish. Gange,]-). 2, selon Blyth , Cartilaginous fishes lower Bengal {Journ. a.wit. .so^., Calcutta, 18G0, t. XXIX, p. 37, n" 14). — Tryg. seph., Rùppell, Atlas, Reis. N.-Afr. [Fisch. roth. Meers, p. 52). — Tr. ForshdHi, Id., Id., p. 53, pi. XIII, fig. 2, consi- déré plus tard (Id., Neue Wirbelth. Abyssin., p. 69) comme le jeune du Tr. seph., avec représentation des dents [Id., pi. 19, fig. 5). Hypoloph. seph., Blkr, Plagiost., p. 77 {Verhandl. Genotsch. Ualav., t. XXIV; dcss. inédit donné en communicat. — Id., Cantor, Cat. malay. fish., p. 1411. — Id., Gray, Cat. fish. brit. Mus., p. 123. Caractères. — Disque rhomboïdal, plus large que long, h bords presque droits ou légèrement convexes, à angles ar- rondis, si ce n'est Tantérieur qui est très-obtus, mais présente une fort petite proéminence plus effacée chez l'adulte que dans le jeune âge; ventrales réunies sur la ligne médiane, à angle interne arrondi et à angle externe aigu; queue 2 fois 1/2 en- viron aussi longue que le disque, déprimée jusqu'à Taiguillon au-dessous de la base duquel commence le pli cutané qui oc- cupe un peu plus du tiers moyen de la face inférieure, et dont la hauteur, quadruple environ de celle delà queue dans sa portion médiane, est plus bas vers son origine et vers son extré- (1) Nom vulgaire en arabe. TRYGONS (PASTINAC^). GENRE HYPOLOPHUS. 617 mité terminale ; région supérieure médiane, à partir de la tête, jusque sur la queue, couverte de scutelles très-serrées, formant une mosaïque dont chaque pièce, un peu concave à son centre, porte à son bord postérieur de petites dentelures qui s'usent avec l'âge; sur le milieu de la ceinture scapulaire, 3 tubercules beaucoup plus gros que les autres, cordiformes ou presque circulaires. Ces tubercules sont placés les uns au-devant des autres; le i*"" est le plus petit, et le 2", le plus volumineux ; les pièces de l'écaillure sont d'autant jjIus fines qu'elles sont plus éloignées du centre. C'est avec la peau de VHyp. sephen que se fabrique le plus beau ga- luchat, remarquable par le volume des grains osseux (voy. La.cé\)., H ist. Poiss., 1. 1, p. 124). Voyez, en outre, ce que j'ai dit plus haut, p. 88, sur l'emploi, dans l'industrie, de la peau des Plagiostomes (1). Système de coloration. Régions supérieures d'un brun rougeâtre, excepté sur la portion couverte de scutelles qui est d'un gris plombé; régions inférieures claires; nageoire caudale foncée. Habitat. — Mer des Indes et mer Rouge. Le plus grand spécimen du Muséum mesure 1"". 343 (disque 0™.47S, queue un peu tronquée, 0™.870); larg., 0™.66. Il a été rapporté de la mer Rouge par M. Botta. (I) Leurs fli'pituilles, désignées sous la dénomination générale de peaux de chien de mer, constituent une marchandise qui, vu son usage restreint, n'est pas sans quelque importance. On trouve, en eîTet, dans le Tableau général du commerce de la France avec ses colonies et les puissances étran- gères, que pendant l'année 186.3 (page 126), il a été importé, dans notre pays, 1,627 kilog. de ces peaux fraîches ou sèches provenant de divers lieux de pèche, mais surtout du Portugal. Le kilog. qui avait été évalué, en 1826, à 15 francs, n'a maintenant, en raison sans doute d'arrivages plus considérables^ qu'une valeur de 1 fr. 50 centimes. La totalité de l'im- portation en France représente, pour 1863, une somme totale de 11,440 fr. 50 centimes. 618 PLAGIOSTOMES HYPOTRÉMES OU RAIES. X w PC H a » O O I rt O ^ O c;:^ fc/3 ^ r-. 3 O :« OJ G S !~i CL. p S O ^ — ' o eu "ï: ^'' ,r ce c CT" ;= - -^ -re cj o ^ C^ -^ C7^ "C =-.-'"■ Pî t/i '•-' es (V , , o ■'-^ î/2 rt o - o „ o <^ ;;^ r: ^ r^ — ' _ o G o ~ a. ^'î: S _, « . S 'S >^' 3 -o ^ o ::: 2 cr^ G s « = ^Si^ r- a^ « ^ 3 r-H G s- ^ ^ s ^ -s t^ ,^ ""^ <^J P o rt s rt o -S " - ^ ^ > 5 te T" g CD-^ ^ ^^ crt G — ' r i2 G ^ _c ci ::; O G i. cj> G .^-o C G O -^ ce •"- . s si "Il '^ TS G 'S^ ^ , • " ^ C o; -^ ;=-" - p c ^ o 3 > i- c3 ^ «Pcr ^ eu 3 s-?;^ 2 5^:5^ 2^ '!^ s s G^^ -^ 2 ^ o _2 t/2 • ' tr^G — , == ce 'S 2 0 i> 0 06 o •= --^ anbsiQ TRYGOiNS (pASTINAC^e). GENRE T.ÏNIURA, 1. 619 1. T^NiURA LYMMA (1), M., H., Pla(j., p. 171 et 197, pi. 55, bouche. [Raja lym.^ Fôrsk., Descr. anim., etc., p. 17, n°15.) R. hjtmna, Gmel., Syst. nat., Linn., t. I, pars III, p. ISll, n° 13. /d., LaLyimie, Bonnat., EncycL, p. 5, n"^ 14. — Id., Lacép., Hht. Poiss., t. I, p. 119, pi. A, fig. 2 et 3 d'après Commers., incorr., peut- être Tryg.pastinaca, selon Cuv., et pi. G, fig. 1, cgalem. incorr., sans aiguill _, sous le nom de B. torp. — Id., Bloch, Syst. posth., cd. Schn., p. 365. — Id., Shaw, Geti. %ool., t. V, part. II, p. 287. Tryg. lym., Cuv,, fi. an., l-'-'éd., t. II, p. 117, note 1, et2eéd., t. II, p. 400, note 2. — Id., Riippell, Atlas Reisen N.-Afr., p. 51, pi. 13, fîg. 1, etid., Neue Wirbelth. Abyssin., p. 69, pi. 19, fig. 4, les dents. Tryg. ornata, Gr. et Hardw., Illustr., t. I, pi. 99. — Tryg. Halgani, Less. et Garn., Voy. de la Coq., Duperrey, Zoo/., t. II, p. 100; Pouss., ])1. III, cop. in Iconogr. R. an., Cuv., Poiss., pi. 69, n"3. Tr. lymma, Gray, Cat. chondr. fish. brit. Mus.,p. 124. — /(Z.,Blkr, Plag., p. 78 [Verhandl. Genotsch. Batav., t. XXIV, 1851); dess. inédit donné en communicat. — Id., Cantor, Cat. malay. fish., p. 1412. Caractères. — Disque ovalaire, un peu plus long que large; angles externes tout-à-fait arrondis, les postérieurs droits, et n'atteignant pas l'extrémité des ventrales; les bords antérieurs rectilignes, formant, par leur réunion en avant, un angle très- obtus ; museau, à partir du bord antérieur des yeux, 2 fois aussi long que l'espace inter-orbitaire ; entre son extrémité et les narines, se trouve circonscrit un triangle dont la base est égale aux 2/3 des autres cotés; queue l'emportant de 1/3 en- viron sur la longueur du disque, à pli cutané supérieur pres- que nul ; l'inférieur, plus haut que la queue, se continue jusqu'à son extrémité en conservant les mômes dimensions ; bouche assez fortement arquée. Les dents de la saillie médiane inférieure sont plus volumineuses que les latérales, qui en sont séparées, de chaque côté, par un rang vertical de dents plus longues que les autres; toutes se terminent en pointe chez le çf; celles de la 9 sont transversales et ont un bord tranchant. Le disque est lisse ; il n'y a de rugosités qu'à la région sus-cépha- lique; la ligne médiane du dos porte une série de petits aiguillons à pointe peu saillante et dirigée en arrière. L'épine caudale, le plus souvent double, commence au-delà du milieu de la queue. Teinte générale d'un brun grisâtre, plus claire sur les bords du disque, relevée par des taches rondes et ovales, d'un bleu foncé, ir- (1) Nom arabe, et non pas lymna, comme on l'écrit souvent. 620 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. régulièrement disposées et plus grandes au milieu que vers la circon- férence; une raie bleue de chaque côté de la queue. Habitat. — Mer Rouge, MM. Ruppcll, Bové et Botta. Ce dernier a envoyé un (f de 0"'.G2 (disque 0"'.3(), queue un peu mutilée, 0"'.32), large de 0'".28. Chez un (f plus petit, la queue non brisée a 0"\27 et le disque 0'". 23; 2 exemplaires de la Nlle. -Irlande identiques aux précédents, types du Tryy. Ualijani, Less. et Garn. qui, dans leur texte, reconnaissent Fidcntité. 2. T.îNiuRA Meyem, m., h., Placj., p. 172, pi. o5. Caractères. — Disque presque circulaire, à peine plus large que long, à angles arrondis, ainsi que les bords; museau court et mousse, contenu S fois et un peu au-delà dans la plus grande largeur du disque, laquelle est, à la longueur de la tète, dans le rapport de 3 à 1 ; queue presque égale au disque, munie en dessous, à partir de la base de l'aiguillon, d'un pli cutané peu élevé ; le supérieur très-court, sous forme d'une simple carène visible seulement vers l'extrémité libre; bouche trans- versale, non arquée; 5 papilles buccales. Les dents, toutes de même dimension, ne sont pointues ni chez le cf , ni chez la Ç ; elles présentent une petite saillie transversale. Le disque est complètement lisse partout, sans aucun tubercule. Le dard commence un peu au-devant du milieu de la queue. Teinte générale d'un brun noirâtre, sans aucune tache ; le des- sous blanc, avec une bordure brune. Habitat. — lie Maurice (M. Dussumier; : 9 type au Muséum de 0™.i8 (disque 0'°.25, queue entière 0'".23); larg. : 0'".26; 1 (/au Mus. de Berlin. 3. T.EiNiuRA melanospilos, Blkr, Diagnost. Beschr. Vischsort. Batav. iNatur. Tijchchr.' Ncdcrl. liuL, 1853, t. V, p. 513); dessin inédit donné en communication. Caractères. — Disque presque circulaire, plus large que long, dans le rapport de 6 à 5, à bords convexes, surtout les postérieurs; à angles arrondis, l'antérieur très-obtus, ne for- mant qu'une courte proéminence à peine saillante ; museau contenu 6 fois environ dans la plus grande largeur du disque, laquelle est, à la longueur de la tête, comme 3 3/4 est à 1 ; queue un peu plus longue que le disque, munie, en dessous, à partir de la base de l'aiguillon, d'un pli cutané plus haut que la queue; bouche presque droite; 2 papilles buccales. Les dents ne sont pas pointues; le disque, entièrement couvert de TRYGONS (PAST1^AC.^::). GErSRE T^MUKA, 2-5. 621 Ircs-pctites sculcUes, est rude; sur la ligne médiane, il y a des épines coniques plus volumineuses, au nombre de SO environ, qui se prolongent sur le milieu de la queue, dont toute la surface est ru- gueuse ; le dard commence un peu au-delà de son premier tiers. Teinte générale d'un gris bleuâtre ; de nombreuses taches très- noires, rondes et ovales, de dimensions diverses. Habitat. — Batavia, cf spécim. unique de 0"'.75; inconnu au Mus. 4. T.-ENiLRA GR.\BATLS, M., H., Plag., p. 172 et 197 [Tnjg. yrab.., Geoffr. St.-Hil., Descr. Egypte; Rept. et Pom., éd. f", p.218;éd.in-8°, p. 232, pi. 25, fig. 1 et 2, queue de gr. nal.). Caractères. — Disque circulaire, dépassant un peu, en lon- gueur, la queue dont la face inférieure porte un pli cutané presque aussi haut que la queue elle-même; pas de pli supé- rieur; régions supérieures couvertes d'épines à base étoilée, plus nombreuses surtout à la région médiane et sur la queue où elles augmentent de volume. Teinte générale d'un gris rosé, plus clair sur certains points et plus foncé sur d'autres; jjas de taches; le dessous est blanc. Habitat. — Mer Rouge. L'espèce peut atteindre 2 mètres de long, totale. Chez un spécimen mesuré par Geoffroy, le disque avait un dia- mètre transversal de l'".299, et un diamètre longit. de l'='.2I7; la queue mesurait 0"'.865; inconnu au Musée de Paris. 5. T.^iNiuRA MuLLERi, Cast., Explor. Am. S., Poiss., p. 102, pi. 48, fig. 2. Caractères. — Disque un peu ovalaire, dont la plus grande largeur est égale à la longueur (0"\22); à angles arrondis, sans proéminence antérieure; queue plus courte que le disque (0"\20); régions supérieures couvertes de tubercules très-nombreux et très -rapprochés, volumineux, à base stelliforme et dont le sommet, presque mousse, est le centre vers lequel viennent converger 8 ou 10 rayons portant chacun 2 ou 3 aspérités; aussi, un petit tubercule représente-t-il, en quelque sorte, une portion de sphère à arêtes saillantes, recouverte, à sa surface , de proéminences mousses; entre ces tubercules, il y en a d'autres beaucoup plus petits; sur la queue, une rangée mé- diane d'aiguillons fort acérés et dont la base haute et robuste, mais peu élargie, n'est pas striée; sur chaque face latérale, une série moins régulière d'épines plus petites. (1) Lit, Couchette, parce que le poisson reçoit des Arabes d'Alexandrie le nom de Farch, dont la signification est la même. 622 l'I.AGIOSTOMliS IIYPOTRÉMKS OU RAIES. L'aspect des téguments rappelle celui que présente le Tryrjon hystrix, mais ici, les tubercules sont proportionnellement beaucoup plus gros et plus rapprochés entre eux, et les petites saillies intermédiaires sont bien moins nombreuses. Le mauvais état de conservation du spécimen unique type ne me permet pas de donner d'autres détails. J'ajoute cependant que la queue cesse à 0'".03 derrière la pointe du dard , et que sa face supé- rieure, dans la portion terminale, est en forme de crête surmontée d'une rangée de très-petites épines qui se prolongent sur le bout ter- minal, de sorte que, malgré sa brièveté, elle ne paraît point avoir été brisée. Le pli cutané inférieur est en partie détruit. Teinte générale : un brun clair; des taches rondes assez grandes et espacées, d'un jaune orangé cerclées de noir, dont le diamètre ne diminue pas vers les bords, ce qui distingue cette espèce du Tryg. {/Mara;ja, Schomb., chez lequel, d'ailleurs, elles sont plus volumi- neuses.— Habitai. — Cours d'eau de l'Amer, mér., dits Rios, Crixas et Araguay. 6. T>«iNiURA DuMERiLii, Cast., Explor. Am. S., Poiss., p. 101, pi. 48, tig. 1. Caractères. — Disque ovalaire, plus long que large (1), à angles tout-à-tait arrondis; museau sans proéminence mé- diane, mais plus prolongé que dans les autres espèces améri- caines, et formant une courbe plus fermée ; région pré-ocu- laire presque deiix fois et demie aussi longue que l'espace compris entre les crêtes oculaires; queue plus courte que le disque, munie, à ses régions supérieure et inférieure, d'un pli cutané qui est plus haut en dessus qu'en dessous et d'une crête médiane de gros tubercules épineux, dont quelques- uns ont une base très-élargie, puis, de chaque côté, jusqu'à la racine de l'aiguillon, d'une série de petites épines serrées et très-nombreuses; sur toute la région supérieure du disque, des tubercules à base stelliforme, peu saillants, mais à pointe acérée dirigée en arrière, dispersés au milieu d'un très-grand nombre d'aspérités; dents mousses. La forme du disque et celle des tubercules distinguent cette espèce de ses congénères. Le système de coloration consiste en un grand nombre de petites raies noires tlexueuses répandues, conmie au hasard, sur un fond brun, délimitant des espaces de forme irrégulière, et se prolongeant quelquefois en dehors de ces taches , dans une étendue variable. (1) La figure le leprésente à tort comme circulaire. TRYGONS (PASTINAC/Ej. GENRE T^EiSIURÂ, 6-10. 623 C'est vers le pourtour, surtout, que les lignes noires dirigées en sens divers cl sans ordre, sont le plus nombreuses. Il résulte de cet aspect une différence notable entre le T. Bum. et ceux de l'Amer, du S. qui ont le disque couvert de taches rondes et claires. Habitai. — Le Rio-Araguay. Le spécimen unique type (9) est long 0>n.61 (disque, O'o.SS; queue, 0'".29); larg., O^.^S. L'espèce peut at- teindre à i mètre de largeur. 7. T^NiURA Henlei, Cast., Explor. Am. S., Poiss., p. 102, pi. 48, fig. 3. Caractères (1). — Disque ovalaire, plus long que large, à angles externes tout-à-fait arrondis, mais portant, au milieu de son bord antérieur, une très-courte proéminence; queue de di- mensions égales, si ce n'est supérieures à celles du disque, armée, depuissonorigine jusqu'à la racine de Faiguillon, d'une double rangée irrégulière de très-fortes épines à base élargie et circulaire, et munie, à son bord inférieur, d'un pli cutané, qui perd de sa hauteur, ainsi que le supérieur, vers l'extrémité de la queue dont le bout, distant de la lin de l'aiguillon de 0™.045 seulement (ce dernier mesurant 0"'.067), est couvert de saillies épineuses ; sur la région supérieure du disque, des tubercules nombreux, moins gros et moins globuleux que ceux du T. Mi///., à base également stelliforme, mais composée d'un nombre moindre de rayons qui ne supportent pas autant d'aspérités. Teinte générale hrune ; des taches jaunes circulaires, assez grandes, écartées les unes des autres, et dont le volume n'est pas beaucoup moins considérable sur le pourtour que sur les régions médianes. Habitat. — Les eaux du Tocantins (Brésil) La forme des tubercules , la petite proéminence médiane du mu- seau, ainsi que la grandeur et l'éloigncment des taches entre elles, constituent les caractères essentiellement distinctifs de ce T. comparé au T. Mail, qui est moins ovalaire. La multiplicité des taches, le plus souvent cerclées de noir, du T. motoro et la diminution remar- quable de leur volume à mesure qu'elles se rapprochent du pourtour éloignent de ce dernier le T. Henlei. (1) Le très-mauvais état de conservation du spécimen unique type, qui a été fiiruré d'après un croquis fait sur les lieux, ne permet pas de donner une description complète ; mais on peut encore apprécier les différences qui distinguent Fespèce du T. Midi., auquel elle ressemble le plus par son système de coloration. (324 PLAGIOSÏOMES HYPOTKliMES OU RAIES. 8. T.-EMUUA OuBiOYi, Cast., A7iim. nouv. ou rares, Amer. S.; Poiss., p. 102, pi. 49, fig. 1. Caractères. — Disque ovalaire, à angles arrondis portant, au milieu de son bord antérieur, une très-petite proéminence; notablement plus large au milieu qu'à sa région postérieure où les pectorales ne recouvrent qu'une très-petite portion des ventrales, dont l'angle externe est aigu et se porte en dehors; régions supérieures armées partout de tubercules pointus, à base étoilée , plus tins sur le pourtour qu'à la région mé- diane et donnant, aux téguments, une extrême rudesse ; sur le milieu de la queue, une série de grosses épines à base large, terminées par une pointe acérée, obliquement dirigée en arrière, et cessant au niveau de l'origine de l'aiguillon; de chaque côté de cette rangée, une auti-e moins régulière et formée de tubercules pointus, plus petits que les précédents; sur le bout terminal delà queue, des épines. Teinte générale d'un brun obscur, avec quelques taches plus foncées sur les tlancs; le dessous delà iiueue annelé et tacheté de brun. Habitat. — Tocantins, type unique (9) en mauvais état de conser- vation : M. deCastclnau; long de0'".47 (disque, 0"'.26, queue. 0'". 21); larg.,0'".2-4. 9. T.-ENiURA MOïORO, M., H., Phig., p. 197 [Raja motoro, Nat- terer, MSS). Caractères. — Disque presque circulaire, à peine j)lus long que large, à angles antér., ext. et poster, tout-à-fait arrondis, mais présentant une très-petite saillie médiane en avant; région pré-oculaire un peu plus du double de l'espace compris entre les yeux; portion pré-orale du museau comprise 4 fois 1/2 environ dans la plus grande largeur du disque; queue de même longueur que le disque; plis cutanés prolongés jusqu'à son extrémité, le supérieur un peu plus élevé que l'autre; toute la face supérieure couverte de petits tubercules pointus, coniques et à base élargie; sur la ligne médiane de la queue, des tubercules beaucoup plus longs, acérés, et dont la base est plus large; dents pointues (c/) ; 5 papilles buccales. Entre ce Tœniura cl le Trxjy. hyslriœ, il y a, comme MM. Miill. et Ilcnle le font remarcjuer, une grande ressemblance dans la l'orme du disque. Ici, se voit le caractère générique des Ta'niures, tiré de la ÏIIVGONS (PASTlN.\C.^i) GE?«RE Ï.-E.MURA, 8-10. 625 prolongation du pli cutané inférieur de la queue jusqu'à son extrémité. Par leur forme, les tubercules cutanés se distinguent Irès-nettemcnt de ceux du Tr. hijstrix : ils sont terminés en une pointe acérée, qui est entourée d'autres pointes plus courtes. Système de coloration. Un très-grand nombre de petites taches claires, non bordées de noir, qui vont en diminuant de dimensions à mesure qu'elles se rapprochent des bords où elles sont très-serrées les unes contre les autres. La queue, brune en dessus et tachetée de clair sur les côtés, est, au-delà de l'aiguillon, annelée de brun et de jaune. Habitat.— K\o de Janeiro; deux jeunes çf (le plus grand a O^.Si : disque 0'". 17, ([ueuc 0'".17; large de 0'".17), rapportés par M. de Cas- telnau. Un exemplaire de petite taille et dont les taches sont presque effacées, de l'ancienne collection d'Ajuda. 10. T.-EMURA Magdalen.'E, Val., MSS., Coll. Mus. de Paris. Caractères. — Disque ovalaire, un peu plus long que large, à angles postérieurs arrondis, recouvrant complètement les ventrales; angle antérieur du disque formant une très-petite pointe; queue un peu plus longue que le disque, à pli cu- tané inférieur commençant au-dessous de la base de l'ai- guillon ; le supérieur plus court, prenant son origine un peu avant l'extrémité de Taiguillon; régions supérieures rudes, cou- vertes dans toute leur étendue, sur le disque et sur la queue, de très-nombreuses aspérités mousses, beaucoup plus fines au pourtour qu au milieu et entremêlées de tubercules plus gros, mais à surface arrondie ; ceux de la queue un peu pointus et particulièrement sur le bord libre du pli cutané supérieur. Les dents sont pointues (o'')- Teinte générale brune, semée d'un si grand nombre de petits points jaunes, que le fond n'apparaît que sous l'apparence de fines vermicu- lations formant le contour des mailles irrégulières et serrées d'une sorte de réseau ; le dessous blanc, à l'exception du pourtour qui porte des maculatures brunes ; face inférieure de la ([ueuc foncée. Habitat. — Type unique rapporté du Rio de la Magdelena par M. le D'" Roulin. — Long., 0'".33 (disque O'MfJ, queue 0"'.17); larg. 0"Mo. — C'est au genre Tœniura qu'appartient, selon toute probabilité, le Tryg. fluviatile du Meta (Amer, mér.) décrit par M. Roulin sous le nom de Pastin. HumboldtU{Ann. se. ?ia(.,1829, t. XVI, p. 104, pi. 3). La mutilation de la queue ne permit pas d'en signaler les caractères, à l'exception de ceux que fournit la présence d'un ou deux aiguillons dentelés et d'une série de grosses épines. « Le disque elliptique et d'un brun olivâtre assez foncé, est marqué de petites lignes noires convergentes, dont l'ensemble forme une courbe fermée, à plusieurs échancrures «. L'espèce est inconnue au Musée de Paris. Poissons. Tome l. -40 626 PLAGIOSTOMES HYPOTRÉMES OU RAIES. III. SOUS-FAMILLE. Caractères. — Trygons dont la queue porte un aiguillon dentelé et une nageoire terminale soutenue par des l'ayons. Genre UROLOPHE. UROLOPHUS, Miill., Henle. Caractères. — Disque ovalairc ou rlioniboïdal; museau tout- à-fait arrondi ou bien à angle un peu proéminent; queue courte, sans nageoire sur la queue autre que la terminale ou caudale, qui est soutenue par des rayons cartilagineux et en- toure son extrémité libre en se prolongeant plus en dessous qu'en dessus; bouche de même forme que celle des Trygons, et dents semblables aux dents de ces derniers. Tableau de la division du oenre Urolophus en 4 espèces. î „ (droits; les posiérleurs^'^^^^^'^^-^^l'- 1- "•"^-'«^• o| arrondis ;teguments< te que le d..que, de,^^^_ 2. ephippiatus. '^ 'C l (rudes; 1 gros tubercule mé- dian 3. armatus. . C ci (arrondis, de même que les bords postérieurs. ... 4. torpedlnus. 1. Urolophus cruciatus [Ttaja cruciata, Lacép., Ann. Mus. t. IV, p. 201 et 210, pi. 5o, tig. 2) (2). Tryg. cruciata, Cuv., R. au., t. il, p. 401, note 2. — Lciob. crue., Blainv., Prodr. {Nouv. Bull, se.), 1816, p. IIG. — Urolophus aurau- tiacus, Mûll. Henlc, Plag., p. 173, pi. 56. Caractères. — Disque rhomboïdal, plus large que long, à angles externes et postérieurs tout-à-fait arrondis; bords an- térieurs décrivant, ensemble, une courbe très-ouverte avec une (1) oùpà, queue, lôço;, Crète, à cause de la disposition de la caudale. — Le nom de Trygonobnius, dont M. Gray se sert pour désicner les Urolo- phes {Cat. chondr. fish. hrit. Mus., p. 125), ne peut être employé, quoiqu'il soit plus ancien, parce que Blainville {Prodr., 1816) l'a appliqué à tous les Plagiostomcs de la famille des Trygons. (2) En raison de l'identité des caractères, à l'exception de ceux qui sont tirés du système de coloration, peut-être altéré sur le sujet dessiné (pi. 56 de l'ouvrage de Miill. cl Henle) et qui doit-être celui du Musée de Berlin, je restitue à l'espèce le nom que Lacépède a proposé pour l'individu rap- porté par Péron au Musée de Paris. TRYG. (UROLOPHi). GENRE UROLOPHUS, 1, 4. 627 petite proéminence à la région médiane; queue égale au moins à la distance qui sépare sa base de la région poster, de la tête et proportionnellement plus allongée dans le jeune âge (pres- que aussi longue que le disque : pi. citée de Lacép.); ventrales arrondies, dépassant notablement les pectorales. Les téguments sont lisses; les dents, volumineuses et mousses, por- tent une petite saillie transversale. Le système de coloration du type [çf) rapporté par Péron de l'Aus- tralie^ est assez bien conservé et le dessin de Lacép., où la queue est un peu trop longue, en donne une représentation exacte. Un autre (f plus grand d'un tiers environ : O^.Sa (disque, 0^1.19, queue, 0>". 13), larg., 0"'. 22, «porte, de même que le précéd., sur un fond qui a peut- être été orangé, comme le disent MùU. et Ilenle, des bandes longitu- din. et transvers. ; il a été pris sur les côtes de la Tasmanie par M. J. Verreaux. Un sujet beaucoup plus petit : 0'n.l39 (disque 0".085, queue 0"".0S4, avec aiguill. de 0"". 017), large de 0«i.096, et péché par Quoy et Gaim. au West. Port (Australie), a de grosses taches noires irrégulières de chaque côté de la ligne médiane, avec des traces de la bande longitudin. du dos. — Je donne ces diverses dimensions pour montrer les différ. entre cet Ur. et YUr. ephippiatus, de même orig. et qui lui ressemble par le syst. de coloration, mais en diffère par la long, un peu plus considér. du tronc relativcm. à la larg., par la forme plus ovalairc du disque et par la brièveté proportionnelle de la queue. 2. Urolophus ephippiatus (1), Richardson, Ichth. Voy. Erebiis and Terror, p. 35, pi. XXIV. Caractères. — « Disque rhoraboïdo-ovalaire, un peu plus large que long, fort analogue à celui de VUr. aurant. [Ur. crucial.), mais Inoins élargi, limité, en avant, par des lignes droites et non convexes, confondues, par la courbe des angles externes, avec la région poster, du disque qui est ovalaire ; angle terminal des pectorales moins mousse que chez le précé- dent, dont il diffère, en outre, par l'absence d'une petite proé- minence rostrale » (Richards.). r Les ventrales sont arrondies cl réunies en dessous; leur bord com- mun offre, au milieu, une concavité assez prononcée; la queue, me- surée à partir de la fin de l'insertion de ces nageoires, est comprise près de 2 fois dans la longueur du disque (sur le dessin) ; dard cau- dal court et large à sa base, comme celui de ïUr. cruclatus. Système de coloration presque identique. (1) A cause de la comparaison des bandes transvers, et longitudia. avec les différ. pièces d'un harnais de cheval. 628 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. Habitat. — Storm Bay (Terre de Van Dicmcn). Le type unique est long de 0'".284 (disque^ du bout du museau à l'angle post. des pcctor., 0'".177; queue O". 107), large de 0™.202. Inconnu au Mus. de Paris. 3. Urolophus armatus, Val., MSS. (M., H., Plag., p. 174). Caractères. — Disque rhomboïdo-orbiculaire, plus large que long dans le rapport de 7 à 6; museau pointu et proémi- nent; bords antérieurs rectilignes, réunis par un angle toul-à- fait arrondi aux bords postérieurs, qui sont très-convexes et sont continués, jusqu'à la base de la queue, par le bord posté- rieur des ventrales, qu'ils ne dépassent pas en arrière; angle postérieur des pectorales mousse ; queue à peine plus courte que le disque; sur le museau, la région postérieure de la tête, le milieu du dos et de la queue, de très-petits aiguillons; un gros tubercule médian sur la ceinture scapulaire. Ces petites épines constituent, avec la j)roéminence du museau, les caractères essentiellement distinctifs de Fcspèce. Teinte générale brune; de nombreuses petites taches noires. Habitat. — Nouv.-Irlande: Less. et Garnot: trcs-jeune(;f type unique, long de O'".17o (disque 0'".090, queue O'".08o), large de 0'".108. 4. Urolophus torpedinus, M., H., Plag., p. 173, pi. 56. Paslinacamarina , ferruginea, tuberculata, torpedinis facie,^\odii\Q, Sat. hist. ofJamaica, p. 277, pi. 2i6, fig. 1. /{. jamaicensis, Cuv., d'après Sloano, /{. anim., i''^ édit., t. II, p. 400, note 2. — ïrygonobatus torpedinus, Desmarest, l'"'-" décade icIUh., p. 6, pi. i, cop. in : Atlas, Dict. class. se. nal., Poiss.^ pi. 1 16. Id., Gray, CaL. cho7idr. fish. brit. 7nus., p. 123. R. jamaicensis, Bancroft, Zool. journ., t. V, p. 83, où elle est dite à tort/J. Sloani, Cuv. — Vroloph. torp., Poev, Consp. pisc. Cub. [Méni., t. II, p. 3G0). Caractères. — Disque ovalaire, plus long que large dans le rapport de 12 à 11, à bords et à angles arrondis; ventrales dé- passant de beaucoup le pourtour, continuant la courbe des bords postérieurs et contribuant ainsi à rallongement de l'ovale; angle antérieur à peine marqué; queue plus courte que le dis- que , à aiguillon court, inséré en arrière de sa première moitié ; sur toute la région médiane du disque et de la queue, jusqu'à rextrémité de l'anale, de nombreux tubercules, de grosseur va- riable, et dont les plus volumineux sont à base t'iargic et ter- IRYG. (tRYG0N0PTER.4î) . G. TRYGONOPTERA, 4. 629 minés en-pointe, d'où résulte une rudesse qui ne fait défaut que chez les très-jeunes individus (i). Les dents du çf sont pointues, celles de la 9 presque plates; la val- vule labiale supérieure est profondément dentelée ; l'angle interne de l'évcnt ne porte pas de tentacule cutané, mais forme une petite avance dirigée en dehors. Teinte (jénérale d'un gris rougeâtre avec des taches d'un vert clair, de grandeur variable, et avec un semis général, jusqu'à l'extrémité de la queue , d'une innombrable quantité de jjctits points jaunes, dont quel- ques-uns, çà et là, sont plus gros que les autres; le dessous blanc, à l'exception du pourtour qui est finement et irrégulièrement ponctué de brun noirâtre. Habitat. — Antilles : 6 individus de différente taille, de Haïti : D"^ Alex. Ricord; un autre beaucoup plus petit, de la même île, donné par Pichon, et le spécimen de Desmarest originaire de Cuba. — Le plus grand est long de 0'».42 (disque O-^.SI, queue O™. 18], large de O^.SS. IV. SOUS-FAMILLE. TRTGOIVOPTÉRES. TSlYGOIVOPTERu^ (2). Caractères. — Trygons dont la queue porte un aiguillon et, au-devant de Taiguillon, une nageoire soutenue par des rayons. Ce groupe renferme deux genres : I. Trvgonoptera à disque rhom- boïdal de Trygon; II. Aetoplatea à disque beaucoup plus large que long et semblable à celui des Ptéroplatées^ I. Genre TRYGONOPTÈRE. TRYGONOPTERA,Mû\\.,nen[e. Caractères. — Disque de Trygon; queue courte, élargie à son extrémité libre où elle est lancéolée, et munie d'une petite nageoire à rayons épineux immédiatement au-devant de l'ai- guillon; dents pointues [cf]. 1. Trygomoptera test.\cea, m. h., Plag., p. 174, pi. 57 [Raja testacea, Banks, MSS. et dessin). Caractères. — Disque rhomboïdal; museau formant un angle mousse; angles externes arrondis; bords antérieurs (1) C'est ce qui se remarque sur le sujet décrit et figuré par Desmarest, déposé au Mus., et dont le syst. de coloration est tout-à-fait altéré. (2) De xp-jyàiv et de u-îîgov, nageoire. 630 PLAGIOSTOMES IIYPOTRÈMES OU RAIES. presque droits, les postérieurs légèrement convexes ; queue un peu plus courte que le disque, portant, à peu près sur le milieu de sa longueur, immédiatement au-devant de Taiguillon, la nageoire caractéristique de la sous-famille, et offrant, à son ex- trémité, un élargissement qui est, peut-être , formé par une na- geoire terminale. Les évents portent, à leur bord interne, ini petit prolongement. Les téguments sont lisses. Teinte générale rappelant la couleur de la brique, mais peu foncée; le dessous blanc. Habitat. — Australie; description MSS. de Banks, et dessin repro- duit par MM. MûUer et Renie. II. Genre AÉTOPLATÉE. AET0?LATEA (1), Valenc. Caractères. — Disque de Ptéroplatée, avec une dorsale au- devant de Taiguillon. Deux espèces : l'une à tentacule aux évents, l'autre sans tentacule. i. AeTOPLATEA TEMACULATA, Val., MSS. (M., H., P/fl^., p. 175). Caractères. — Disque une fois plus large que long; bords antérieurs ondulés, les postérieurs presque rectilignes ; angles externes un peu mousses, les postérieurs tout-à-fait arrondis et formant, au point de leur réunion avec la queue, une échan- crure assez profonde, dont la voûte correspond à l'origine des ventrales qui dépassent notablement, par leur extrémité libre, le disque, et ont un bord droit et des angles bien prononcés; museau obtus, à proéminence extrêmement courte; queue égale à la 1/2 delà longueur du disque, munie, en dessus, comme en dessous, d'une petite crête prolongée jusqu'à sa pointe; évents à grande valvule membraneuse insérée sur toute l'étendue du bord antérieur; à leur angle interne un tentacule cutané ; nageoire caudale très-courte, commençant un peu avant la fin des ventrales, arrondie à son extrémité. La bouche, droite à sa région moyenne, oblique en arrière dans le reste de son étendue, est, à la longueur de la portion ))ré-orale, : : 4 : 3 ; dents très-petites et pointues, n'atteignant pas les angles de la bouche; téguments tout à-fait lisses. (1) àeto;, aigle, et ■Klo.xhc, large, en raison de rélargissoment du disque, jusqu'à un certain point comparablo à Tenvergure d'un oiseau. TRYG. (TRYGONOPT.). G. AETOPI,., 4, 2. MYLIOBATIDES. 631 Tei7ite générale brune; do nombreuses petites taches jaunes; (jueue de la même couleur que le disijue et non annelée. Habitat. — Mer des Indes. 3 exenipl. au Mus. : types presque de môme taille. Longueur, O-^.IQO (disque O-^-lâG, queue O-^.OGi); largeur 0«>.2o0. 2. Aetoplatea zonura, B\k\\Plag. (Verhandl. Genootsch. Bat. Wetensch.,1. XXIV). Dess. inéd. en communication. Caractères très-analogues à ceux de Fespèce précédente, mais pas de tentacule aux évents. En outre, sur un fond verdàtre, avec de nombreuses taches rondes l)lus claires, bordées d'un pointillé noir, une multitude de points noirâtres, et la queue annelée de lirun et de blanc. Habitat. — Batavia; spécimen unique (type), $ large de O^.Tl ; in- connu au Muséum. YII. QUATRIÈME FAMILLE. MYLIOBATIDES. MYLIOBATIDES (1). Caractères. — Plagiostomes hypotrèmes dont les nageoires pectorales semblent, en perdant leurs rayons, se terminer sur les parties latérales de la tête qui, par là même, se trouve, au niveau des évents, dégagée du disque, mais dont la région antérieure est munie d'une paire de nageoires céphaliques de forme variable, soutenues par des rayons et qu'on peut consi- dérer comme une dépendance des pectorales (voy. plus haut, p. 36) (2); crâne plus bombé que chez les autres Raies; yeux et évents latéraux et pas de paupière supérieure ; bouche trans- versale, Il armure dentaire prolongée loin en arrière dans la (1) De !JLy).taç, pierre, dont on fait les meules, et {iaxlz, raie; nom tiré de la disposition du système dentaire et que mon père employait avant 1817, dans le cat. MSS. de la collect. du Mus. et dans ses cours (Cuv., /?. anim., 1'-'^ édit., t. II, p. 137). MM. Millier et Henle ont fait de ce mot Myliobaiides pour désigner la famille. — En 1816 {DulL se. Soc. philomcdh., p. 112), Blainv. avait désigné toutes les espèces de ce groupe par le nom généri- que deAètobaius (àsTÔ:, aigle, paxl;, raie). On pourrait donc, si l'usage contraire n'avait prévalu, nommer famille des Aëtobatides celle dont il est ici question. (2) Dans le tableau de la division du sous-ordre des Raies en 8 familles (p. 469), les mots: télé sans prolongements appliqués aux Trygons et aux Mijliofjutides, doivent être pris uniquement comme l'expression de ce fait, que les pectorales, par opposition à ce qui a lieu chez les Céphaloptères, ne constituent pas, de chaque côté, une proéminence en forme d'oreille. 632 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. bouche, composée de dents beaucoup plus larges que longues et plates, assemblées comme les pièces d'une mosaïque, de pro- portions différentes suivant les espèces (1); disque très-élargi; queue longue, flagelliforme; armée d'un aiguillon ou de plu- sieurs, que précède une petite nageoire. Les valvules nasales, réunies en une seule, forment un repli quadri- latère à bord libre dentelé, droit ou écliancré, et fixé à la mâchoire par une bride bil'urquée à son extrémité postérieure, et dont les bran- ches se portent vers les coins de la bouche. Le voile labial interne de la mâchoire supérieure est très-long et un peu frangé au milieu; rinférieur ne s'étend pas au-delà du bord postérieur de l'armure den- taire ; derrière, se voient des papilles. Tableau de la division de la famille des Myliobatides en 3 genres, /entier et pointu; bordldroitcommelesupérieur. 1. Myliop.atis -\ de la niùch. inférieure! ^' ' fformantune saillie qui dé- passe l'autre mâchoire. 2. Aetobatis (2) divisé par une échancrure médiane ; nag. cépha- lique occupant un plan infér. à celui du disque. 3. Riiinoptera (1) Les trois principales formes de l'appareil dentaire des Myliobatides ont été dessinées par M. Agassiz [Ucch. sur les poiss. foss., t. IH, pi. D) et décrites {id., p. 332). M. Rich. Owen a reproduit (Odontogr., pi. 25) une partie des fig. de la pi. D. Il a joint à ses propres descriptions (p. 46-i9, n» 17) des dessins de coupes vues sous le microscope (pi. 26 et 27). M. E. Harless a publié de nouvelles études sur la structure des dents de ces mêmes poissons {Uebcr den Zahnbau von Mi/liob. in : Abhandl. der math, undphys. Classe, kon. Akad. Wiss., Miinich, t8o0, t. V, p. 841-876, pi. XXIII- XXV), et il a comparé aux dents des Myliob. celles d'une Raie du Musée de Trieste, nommée Tyikeras par M. Koch, directeur de ce Musée, sur laquelle je ne possède aucun renseignement. (2) Si l'angle formé par les plaques dentaires médianes est tout-à-fait mousse, M. Agassiz conserve, pour les espèces qui offrent ce caractère, le nom de Aetobatis. La mâchoire inférieure de VAet. narinari, tyi)e de la première division, est représentée dans ses liech. sur les poiss. foss., t. lil, atL, pi. h, fig. 1 et 2. Il propose le nom de Goruobatis pour les espèces dont les plaques den- taires médianes sont en angle plus prononcé. Les 2 genres, dont les types sont, pour lui, VAet. narinari (Aétob.), et VAet. flagellum (Goniob.) cons- tituent, selon sa manière de voir, la sous-famille des Aktobatides et les genres Myliob. et Rhinopt., la sous-famille des Myliobatides [Proceed. Boston Soc. nat. hist., 1859, t. VI, p. 385). MYLIOBATIDES. GENRE MYLIOBATIS. 633 I I O I 3 Q 00 o •y: _5d O ^S 5 O *— « £1- , ^ ^.a o o CJ c5 !=1 CJ ^"* 3 g C/3 C/3 t/î O a> 3 C3 CD 't^ m -:U -3 'S fciD S o j2 ^ c ' ' S ^ « o ^ "-^ t/2 m '^ o 'S ai eu 'o O -a o =1 o c ri ..^ ^ Cfl 3 3- C o '"^ 0) c« ■^ si ri o jl ë ri tJ3 C t/3 ri t- î- x: c« 3 0 rt ^ 3^ 0 ^ O -= ::i s -2 "3 O 3nbsi(j 634 PLAGIOSTOMES IIYPOTRÈMES OU RAIES. 1, Myli(»i!Atis aquila (i), C. Dum., MSS., Mus. de Paris (Cuv. li. an., 1"' éd., t. II, p. 137, 2" éd., t. II, p. 401, et éd. ill. pi. 118, fig, 4, 5, 5a, dents etnag. caucL). Aquila marina, Bclon, De aqual., p. 9G et 97, et iVaL et Diversité Poiss., p. 85 et 8G, fig. cop. par Gesner, De aquat., p. 75, éd. 1620. Secunda Pastinacœ. species. Rond., De pisc, p. 338, et éd. fr., p. 268, fig. cop. par Gesner, De aquat., p. 76 (2). Aquila, Salviani, Ilist. aqual. anim., p. 1-47, fig. exccll. cop. par Jonston. Depisc, pi. IX, fig. 9, p. 33 (Ruysch, id.); par Willughbey, Hist. pisc, pi. C 2; p. 6-i; par Shaw, Gêner. xooL, t. V, part. II, pi. 141; dans VEncycL, pi. i, fig. 10. — Aquila, Aldrov., De pisc., p. 439, fig. méd., et p. 437, fig. imagin. cop. par Jonston, pi. XII, fig. 2 (Ruysch, id.) : monstrosi piscis volantis imago. Pastin. mar. lœvis altéra ô^yTiTspySiî;, Aquilo7ie dicta, F. Colonna, Aquat. et terr. aliquot animal., etc., Observât., p. I, et. fig. p. II. Aquila, Ray, Synops. pisc, p. 23, n» 1. — R. corp. glabro, acul. longo serrato in cauda pinnala, Artedi, Gênera, p. 72, n° 5 et éd. Walb.^p. 527; Syn., p. 100, n^S, et éd. Schn., p. 142. —Leiob. ca- pile exserto, cauda tenui et longa, etc., Klein, Miss. III, p. 33, n" 4. H. aq., Linn., Syst. nat., 12^ éd., t. I, p. 396, n^ 6, et éd. Gm., 1. 1, pars III, p. 1508. — Whip Ray, Pcnn., Brit. -.H5, queue O^'.SSOj; larg. 0'".225. 6. Myi.iodatis MiLvus, Val.,MSS. Mus. de Paris (Mùll., Henlc, P%.,p. 178). ?i1/yL oculcus, Richards., Report ichth. sccu Chin. and Jap., p. 108. MYtiOBATIDES. GEiNRE MYLIOBAÏIS, b-7. 639 MiiL milvus, Blkr^ Plag. [Verhandl. Gcnootsch. Batav., t. XXIV), p. 87. Caractères. — Disque plus long que la moitié de sa lar- geur, abords antérieurs convexes, les postérieurs échancrés et concaves ; à angles externes aigus, les postérieurs droits, ne dépassant pas la l/:2 antérieure des ventrales ; museau ova- lairc, dont la portion pré-orale est 2 fois 1/3 aussi longue que la valvule nasale et que la fente buccale ; queue quadruple au moins du disque; nageoire caudale commençant à une très-petite distance de la tin de Tinsertion des ventrales. Les dents médianes supérieures sont trois fois plus étendues en travers que d'avant en arrière. Teinte générale d'un brun verdàtre, relevée, dans les 2/3 postérieurs du disque et sur toute sa largeur, de taches rondes ou ovalaires, ver- dàtres, cerclées de brun et disposées, au-devant du plus grand dia- mètre transversal du disque, de façon à former quelques bandes in- terrompues ; le dessous blanc; queue annelée de brun et de vert. Dess. inéd. donné en communicat. par M. Bleckcr. Habitat. — Mer des Indes; plusieurs individus au Muséum. Le plus grand, rapporté par Polyd. Roux, mesure V".ido (disq. 0"\35, queue lra.145); larg. 0'".G80. 7. Myliobatis maculatus, Gr. et Hardwiciv, Illustr. ind. ZooL, t. II, pi. 101, et M. H., Plag., p. 178. Id., Richards., fiep. ichth. seas Chin. and Jap., p. 198. — Id., Gr., Cat. chondr. fish. brit. Mus., p. 129. — Id., Blkr, Plag., p. 8i [Ver- handl. Batav. Genootsch.,t. XXIV); dess. inéd. donné en communicat. Caractères. — Disque moins de 2 fois aussi long que large; pectorales falciformes, à bords antér. convexes et à angle ext. pointu; museau arrondi en avant et saillant comme chez le M. Nieuhofii ; candalc commençant immédiatement derrière la fin de l'insertion des ventr., qui sont arrondies à leur extrémité et dépassent de près de la 1/2 de leur longueur les pector., dont Tangle poster, est un peu aigu; queue plus de 3 fois aussi lon- gue que le disque ; ligne médiane couverte de petits tubercules plus abondants sur la ceinture scapulaire que partout ailleurs etqui manquent dans le jeune âge. Teinte générale d'un brun verdàtre, avec des taches rondes cl d'un bleu clair sur la portion du disque postérieure à la ceinture sca- pulaire; queue à anneaux blanchâtres et foncés. Habitat. — Mer des Indes; inconnu au Mus. de Paris. 640 PLAGlOSiOMES HYI'OTUÈMES OU UMES. 8. Mylioiîatis vlltur, m. H., Plag., p. 179. Id., Ricliards., Report, ichlh. scas Chin. and Jap., p. 198. — Id., Gray, Cat. chondr. fish. brit. Mus., p. l!2*J. Caractèues. — Museau mousse; bord postérieur des pecto- rales échaucré, angles externes très-pointus, en forme de cro- chet; dents médianes diminuant de dimension en largeur d'a- vant en arrière, ù tel point que les plus reculées deviennent presque carrées et ne dépassent pas en grandeur celles des rangs latéraux, qui sont semblables entre elles et hexagonales; base de la nageoire caudale commençant avant la fin des ven- trales; queue 3 fois aussi longue que le corps, presque fili- forme à son extrémité. La forme du disque est semblable à celle du disque du j¥. Nieuhoffi; la valvule nasale est presque aussi longue qu'elle est large à sa base. Teinte générale d'un brun grisâtre, peut-être lâcheté; bord posté- rieur du disque d'un brun foncé; queue irrégulièrement anneléc de blanc. — Habitat. — Chine; type unique au Mus. britannique. — Sous le nom de Myl. tobijei, dénomination japonaise, M. Blceker [Nieuwe Nalezing. ichth. Jap., p. 130, in : Verha7idl. Batav. Ge- nootsch., XXVI) sépare, du Myl. aq., l'espèce indiquée par M. Schl. [Faun. japon., Poiss., p. 310, pi. CXLII) comme identique à respccc des mers d'Europe. Le Mxjl. fo/^ij>t diffère de cette dernière, en ce que les dents du rang médian ont des dimensions transversales moindres, car elles sont un peu plus de 2 fois, et non pas 4 à 6 fois aussi larges que longues. La queue, en outre, a plus de longueur. Ce Myl. est in- connu au Musée de Paris. II. Genre AÉTOBATE. AETOBATIS (1), M., H. (Blainv.). Caractères. — Museau pointu; cartilage dentaire supérieur droit et revêtu de plaques dentaires transversales; l'inférieur courbe et les plaques dentaires qu'il supporte courbes elles- mêmes, dépassant en avant celles do la mâchoire opposée; val- vule nasale à bord libre prufondémi'nt échancré. (1) Ce nom ayant été employé dans un sens très-général par Blainv. (voy.lanote 1 de la p. 631, où se trouve, en outre, son ctymnlogie), on peut donner au mot Aëtobniis une siiiiiilication plus restreinte, pour éviter de faire usage d'une dénomination nouvelle, de celle de Stoasodort, par exemple, proposée par M. Cantor [Cat. malny. pah., p. lilG, de atoà, àç, arcade, à cause de la forme des rangées de plaques dentaires inférieures, et ôowv, dent). MYLIOBATIDES. GE>RE AETOBATIS, i. 641 Les plaques dentaires ne s'étendent pas sur toute la lar- geur des mâchoires, et elles ne sont point bordées ù leurs ex- trémités par des dents plus petites ; la courbe que décrivent les inférieures est plus ou moins fermée suivant les espèces : d'où la division de ces dernières en 2 genres par M. Agassiz (Voy. plus haut, p. 632). La bride ou frein de la valvule nasale ix)rte, à sa base, de petites papilles qui s'appliquent au-devant de la mâchoire supérieure. Tableau de la division du goirc Ae.lohali$ en 3 espèces. naques aen- Qu^pj.jg 1. nannan. taires infer i 'en angle à sommcul""S ^l^e large; pas de mousse; museau plus^ taches blanches. . . l. (lageLum. I ' large que long ; nomb. taches blanches. . . 3. latirostris. \. Aetobatis NARir^AUi, M. H., Pl(i(j.,\^. 179 [Raja narinari, Euphrasen, Kôn. VcUmsk. Acad. Nya HandL, Stockholm, 1790, t. XI, p. 217). Narinari BrasiJicnsibus, Marcgravc, Hisl. rer. nalural. Brasil., in : Piso, Hisl. nal. Bras., p. IT.j, 176, lig. cop. parWillughb., Hisl. pisc, pi. C, 1, fig. 5, p. GO, par Jonston, De pisc. cxoticis, pi. XXXIX, fig. 5, cap. m (Uuyscli, id.). ? R. aiglc^ Lacép. ex Commers., Hisl. Poiss., t. I, pi. 6, fig. 2, p. 112, à la tin de l'hist. génér. des U. aigles. — /î. narinari, Schn., Syst. Bl., p. 361. — Eel Tenkee, Russ., posth., Fish. Corom., t. I, n° VIII. n.gutlata, Sliaw, Gêner, zool., t. V, part. II, p. 283, pl. 142. Myl. nar., Cuv., II. an., 1^« éd., t. II, p. 138; ot 2« éd., t. II, p. 401; éd. ill., jtl. 118, fig. i a, dénis. • R. ({uinfiueaculeata, Qnoy ciGdim., Voî/. Freycin.,p. 200,pl. i3,f. 3. M^Jl.ccltenheeMvV■.yAVi>^bcUh.Abyss.,Vlsc\\.,\^.10,^^\.VJ,i.3,dents. Actob. indica, Swains., Fish., etc., t. \\, p. 321 (Lardn. ,Ca/?. Cyclop.). Myliob. narin., Bennelt, Life of Raffles, p. 60i. —/(/., Agass., Poiss. foss., t. III, pl. D, fig. 1 et 2 et 3-7. f Myliob. macroplera, MXleland, Calcutta Journ. nat. hisl., 1841, t. I, p. 60, pl. II, fig. \, a elh, (f h. vcntr. très-longues. Aëlob. narin., Gray, Cal. chondr. fish. brit. Mus., \i. 130. — W., Blkr, Plag., p. 87 [Ûatav. Verhandl. Genootsch. X\l\); dess. inéd. donné en communical. Stoasodon narin., Cantor, Cat. Malay. fish., p. 1416. Caractèiies. — Disque 2 fois aussi large que long, à bords antérieurs un peu convexes, les postérieurs concaves; angles Poissons. Tome I. '** 642 PLAGIOSTOMES IIYPOTRÈMES OU RAIES, externes pointus, les ])ostérieurs arrondis; museau à proé- minence mousse, plus large que longue d'un tiers environ, un peu moins de 2 fois aussi étendue que la valvule nasale, dont les lobules sont larges, arrondis et dentelés à leur bord libre ; plaques dentaires de la mâchoire inférieure formant une courbe très-ouverte; nageoire de la queue commençant au niveau de l'extrémité de l'insertion des ventrales dont elle n'atteint pas , en arrière , l'extrémité terminale ; queue triple ou quadruple du disque; téguments lisses. Teinte générale brune, avec de petites taches circulaires d'un blanc verdâtre, bordées de noir, régulièrement distribuées, et en nombre va- riable; régions inférieures blanches, ainsi que le dessous de la queue jusqu'à l'aiguillon ; pourtour du disque foncé. Habitat. — Brésil; mer des Indes et mer Rouge. Le Mus. possède des sujets américains et indiens. Le plus grand mesure 2'". 34 (disque O^.e?, queue 1".G7), larg. '1".06. 2. Aetobatis flagellum, m. H., Plmj., p. 180 [Raja flagelliim, Bl. Schn., Syst. posth., p. 361, pi. 73). GoniobalisflagelL, Agass., Proc.Bost.Soc. nat. hist., 18oG-59, t. VI, p. 385 (1). Aëtob. flagell., Blyth, Cartilag. fish. loiver Bengal [Journ. asial. Soc. Beng., 1800, l. XXIX, p. 37, n« 15). Caractères. — Disque 2 fois à peu près aussi large que long, de forme très-analogue à celle du précédent; plaques dentaires de la mâchoire inférieure courbées en arc plus fermé que chez VAét. narin. et représentant une série d'angles (d'où le nom de Goniobatis., Agass.), mais obtus, à sommet mousse et ar- rondi ; museau plus allongé, 2 fois et au-delà aussi long que la valv. nasale, plus pointu et plus étroit, sa largeur ne dépas- sant pas sa longueur; lobules de la face supérieure de la val- vule nasale plus étroits et terminés en pointe ; nageoire de la queue commençant non au niveau de la fin de l'insertion des ventrales, mais un peu plus en arrière, et prolongée jusqu'à leur terminaison ; queue triple au moins de la longueur du disque. Les téguments sont tout-à-fail lisses ; mais chez les grands indi- vidus, la queue est rude. (Ij Dans le mcmc genre, M. Agass. place une 2* espèce qu'il nomme Gon, meleagris, mais dont je no trouve pas de description. MYLIOBATIDES. GENRE AETOBATIS, 2, 3. 643 Teinte générnlc bronzée ou d'un violet foncé; le dessous blanc, à bordure sombre. Habitat. — Mer Rouge et Océan indien; les exempl. du Mus. ont été pris dans la mer des Indes. Le plus grand spécimen du Mus. a l^.iS (disque 0'».-40, queue l-^.OS) ; larg. d-^.GS. 3. Aetobatis LAïiROSTRis, A. Dum., Rept. et Poiss. Afr. occid. [Arch. du Muséum, l. X, p. 242, pi. XX, fig. 1). Caractères. — Museau arrondi, k peine saillant à son ex- trémité antérieure , trois fois aussi long que la valvule nasale, à partir de la racine de cette dernière, et plus large que long (mesuré en dessus) dans le rapport de 3 à 2; disque très-ana- logue, par sa forme, à celui des autres Aétob.; plaques den- taires de la mâchoire inférieure courbées en angle aussi fermé que chez VAct. flagelL, à sommet obtus; les supérieures plus larges d'un quart environ et presque horizontales. Teinte (jénérale d'un brun noirâtre relevé par des taches blanches arrondies, irrégulièrement dispersées sur toute la face supérieure du disque; plus grandes, plus espacées, et, par suite, moins nombreuses que chez V Aël. narin. où, cliez un individu de même taille ({ue le type de la nouvelle espèce, j'en compte plus de 200 et d'un diam. de 0'".00i à 0'".006, tandis que, surr.4('L latrirostr., il y en a 100 à peine, d'un diam. de 0'".008 à O-^.OOO. Habitat. — Côte du Gabon; spécim. unique dû à M. Aubry-Lecomte et long de l-^.Sl (disque G"'. 26, queue l'».G5); larg. : 0™.51. La forme du museau, comparée àcelle de VAët.flag., éloigne VAët. latirostr. de ce dernier, dont il se rapproche par la forme de ses dents, laquelle établit une dissemblance complète AyecVAëtob. narin. Voy. pour la comparaison des 3 espèces, les 3 fig. de la pi. XX de mon travail déjà cité sur les Rept. et Poiss.. Afr. occid. 644 TLAGIOSTOMES IIYPO IIŒ.MES OU HAIES. fj o c^ I ~ -z S'^"-^ o ^ ~ '^ ^ 1 "^ ^ ^, s 3 Jj ÏJ ^î' ry; O -c -y; ^-^ -x O' i- ^' ^ Ç." i^ ^ g ï; '"' JH x; 5 ^ '- -^ ts3 CJ l_J _i ^ X i:; 5 ^x ~ S ^ r* ' ^ — ' •J-1 '" JiZ ^^ O ^r' o a o ~' "^ ^ 5 c -::: '/■■--' ^ ;^ «' ■£ 2 }p c:; a •-J ^ i^ '"^ fcr^- ii t <^ w ^. ' ""^ Z2 i/; — ce -r c 2 -^^ - ^• « S ^ \n o ""^ "^ TZ' rï O ô s ry: ,^-5 J ^ S , ^^ ■r. ^ ^ '•■* — ^ O O Tt ^ -y: ir. ^T* Ô -— ■| i "S C^ ? S T^ K w w ^ — '-/: ta s C-— " O 3 t/; ^ '/T 5 S -~. -^ e ~ ■« ;:; C ~ s: G^l o t! ';G 2 -- rS' "^ r? ?Î2 ;;2 5 5^ c/2 o 3 '-/î ^ S-- rt ïT- "^ ^^ I 'S *^ — ~ — b/D • o o 3 r: ij -w ci O ^ -^ tJD C iii _o £>^ CI u ^^ 3 c3 O O »- Ci yj -3 o tS 3 O X ÎJ ._/;, 3 ^ ^ — o 3 "^ '•' C onbsiQ ,- o - -a — n c: ^ 3 O C -^ ^ ;/3 — rt s .5 ^ = 3 — :; o ;:: ■a c o 3 s o Ç* o -", o ^ ci v: o ci Lfi C, u — - o •0^ »j X c t. Cj - ii , :S c c r: ti ? = - ^ (N f^ -^ MYLIOBATIDES. GENRE RHINOPTERA, 1, 2. 645 i. Rhinoptera marginata, Cuv., /». an., 2'' éd., t. II, p. 401. Mytiobat. margin.. Et. et Isid.-Gcoff. St.-Hil., Descr. E[iypte, Rept. et Poiss., in-lbl., p. 220; in-8«, p. 236, pi. 2o, fig. 3 et 4. Rhin, margiti.. M., H., Phuj., p. 181. — Id., Bonap., Cat. pesci europ., p. Il, n" 2. Caractères. — Disque un peu plus de 2 fois aussi large que long; bords anlér. presque droits, les poster. Irès-échancrés; angles ext. et poster, pointus ; ligne anlér. du museau faible- ment concave au milieu et un peu dépassée par le bord anté- rieur arrondi des nageoires céphaliquos; plaques dentaires semblables aux 2 mâch. où elles sont sur 9 rangs; les mé- dianes 3 fois aussi larges que longues ; celles de chaque rang contigu h peine plus courtes; les plaques du rang suivant un peu plus longues que larges, et celles des 2 rangs externes en pentagones dont les deux dimensions sont égales; queue dou- ble du disque. Teinte générale- d'un vert bronzé. « Les ailes sont, en dessus, de môme que les ventrales, d'un rose assez pur vcrsleurbord» (Geolïr.). Habitat. — Méditerr., i exempl, typks rapportés d'Alexandrie par Et. Geoffroy St-Hilaire. 2. Rhinoptera Lalandii, Valenc, MSS (M.,H.,P%., p. 182). Caractères. — Disque à peu près une fois i/2 aussi large que long; bords antérieurs presque droits; les postérieurs échan- crés ; angles ext. et post. pointus ; ligne antérieure du museau à concavité médiane assez pponoujée et notablement dépassée par le bord libre et arrondi des nageoires céphaliqucs; plaques dentaires différentes aux 2 mâchoires : à la supérieure, 5 ou 7 rangs, les médianes presque 6 fois aussi larges quo longues; celles des rangs contigus, d'une largeur double de leur lon- gueur; les plaques du rang le plus externe sont pcntagonales et ont leur côté le plus long tourné en dehors;àlamrich. infér. o rangs; les médianes 4 fois seulement plus larges que longues et placées entre 2 paires de dents latérales dont la larg. est double de la longueur; queue un peu plus de 2 fois aussi longue que le disque. Sur le plus grand exempl., la mâch. super, porlf 3 rangs de dents ^l'un côté et 2 de l'autre. — Teinte générale brunâtre, i?ans taches. Habitat. — Brésil : 2 exempl. rapportés par Delalande, tvpf.s; le jl)lus grand a l^.So (d/sque 0"'.li, gueuo O"'/!»!) ; larg. 0*v T*?.- 646 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. 3. Rhinoptera BRASiLiENSis, J. Mûll., Vergleicli . Anut. Mijxw . : Ostevlog. und Mynlog. [Ahhandl. Kôn Acad. Wissensck. , Berlin (1834), 1836, p. 237, pi. IX, fig. 12, carlil. de InhUe), otMiill. Hcnle, P%.,p. 182. Myliob. Jussieui, Cuv., /}. an., t. II, p. 401, note 3. Zygobatis Juss., Agass., Poiss. foss., t. III, p. 79 et 328, pi. D, fig. 8. Caractères. — Très-analogues à ceux àuRJi.Lalandii, mais les bords antérieurs du disque plus ondulés et plus convexes au-devant de Tangle externe; plaques dentaires sur 9 rangs, un peu diiférentes aux 2 mâchoires : à la supérieure, les mé- dianes 6 fois aussi larges que longues, et celles des rangs entre lesquels elles sont placées ont une largeur triple de leur lon- gueur; sur le rang qui suit, de chaque côté, la largeur n'en est plus que le double ; au 3*^ rang, elles sont quadrangulaires ou hexagonales et k peine plus larges que longues; sur le rang le plus externe, elles sont pcntagonales et ont, comme les précé- dentes, plus de largeur que de longueur; à la mâch. infér., la différence consiste en ce que les dents médianes sont un peu plus étroites que celles qui leur sont opposées à la supérieure, et 5 fois seulement plus larges que longues; queue dépassant le double de la longueur du disque. Ce sont, très-probablcnienl, les plaques dentaires de la même es- pèce uni ont été représentées par Jussieu {Mém. Acad. se. (1721;, 1723, pi. ^fig. 12, avec cette indication, p. 73 : màch. de poiss. apportée de Chine (à la suite àcIiecJi. phys. sur les pétrifications, eic). La fig. a été reproduite par M. Agassiz {Ossem. foss., l III, pi. D, fig. 8). M. R. Owen a aussi dessiné les dents de cette espèce [Odontogr., pi. 2o, fig. 2, représentant une anomalie : 4 rangs d'un côté, 3 de l'autre). Teinte générale : un vert bronzé uniforme. Habitat. — Brésil, spécim. unique au Mus., l'un des types, rapporté par Delalandectlongde 1"'.50, disque 0"'. 49, queue l"'.01);larg. :()'". 89. 4. RuiNOPTERA Peli, Blkr, Mem. sur les Poisn. d(' la côte de. Guinée, 1862, p. 18, pi. I. Caractères. — Disque 1 fois et 2/3 aussi large que long, à bords antérieurs convexes, les postéi'ieurs concaves, à angles externes pointus; ligne antérieure du museau à peine concave au milieu, et un peu dépassée par le bord libre et arrondi des nageoires céphaliques , dont la largeur, entre les bords dLi pro- MYLIOBATIDES. GEiNRE RHINOPTERÂ, 3-5, 647 longement rostral, est presque le double de leur longueur me- surée au niveau de la racine de la valvule nasale; plaques den- taires dos 2 mâchoires disposées sur 9 rangées longitudinales; dents de la rangée médiane plus considérables : 3 l'ois environ aussi larges que longues; toutes les latérales beaucoup plus petites; queue double du disque. Teinte générale : un vert olivâtre uniforme. — Habitat. — Côte de Guinée. — Largeur du çf, type de respèce, 0"'.320. Au Mus. de Paris, un jeune sujet de Corée :M. Rang (disque long. ,0'". 116, larg-jO"". 190) queue tronquée. — Se distingue surtout par la disposition du système dentaire. 3. Rhiisoptera javaisica, M., H., Plag., p. 182, pi. 58. Rh.jav., Blkr, Plag. ( Verhandl. Batav. Genootsch., XXIV), p. 89, dess. inéd. donné en communication. Caractères. — Disque 1 fois et 2/3 environ aussi large que long; bords antérieurs à peine convexes, les postérieurs con- caves; angles externes pointus, les postérieurs arrondis; na- geoires céphaliqucs arrondies, à échancrure médiane plus pro- fonde que celle du bord antérieur de la tête, qu'elles dépassent en avant et qui ne présente, au milieu, qu'une faible sinuosité ; queue plus de 2 fois 1/2 ou 3 fois aussi longue que le disque, et dont la nageoire commence au-dessus de l'extrémité de l'in- sertion des ventrales; 7 rangées de dents aux 2 mâchoires; en haut, rang médian environ 4 fois aussi large que long; celles des rangs contigus plus étroites, leurs deux dimensions étant dans le rapport de 2 1/2 à 1 ; celles des 2 rangs extérieurs, plus petites ; à la mâchoire inférieure, les dents du milieu un peu moins largos que les dents du rang supérieur correspondant. Teinte générale d'un vert-bouteille foncé; le dessous blanc. Habitat. — Mer des Indes; 2 exemplaires à Paris, de la côte de Malabar, donnés par M. Dussumier : 1 fœtus long de 0™.70 (disque 0".17, queue 0"'.53), larg. 0™.28, et ? ad., long. l-^.GG (disque 0'".70, queue tronquée 0'".96), larg, 1"'.34. — M. Bleeker {Méin. sur les poiss. de lacôle de Guinée, 18G2, p. 19), d'après un nouvel examen des individus javanais du genre Bhinopt. faisant partie de sa collection, sépare, de Fcspècc dite Bh. javanica, une nouvelle espèce : B. affinis. Munie, comme la précédente, de 7 rangées de dents semblables aux deux mâchoires, elle s'en distingue par une étendue transversale moins considérable des dents de la rangée médiane et par la plus grande largeur de la valvule nasale 648 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. antérieure, ainsi que des nageoires céphaliques dont la forme est un peu différente, en ce qu'elles sont plus obtuses. 6. Rhinoptera QUADRiLOBA, Cuv., /{. an., s*" éd., l. II, p. 401. Raja boîiasus (Covv-7ioscd Ray, l\. h museau de vache), Mitchill, Fish. y. -York {Trans. lilt. and phil. Soc. IS.-York, ISlo, t. 1, p. 479), sans descript. — R. (juadriloba, Lesueur, Journ. Ac. nal. se. Phil., t. I, p. Ai. Rhi7i.(juadril.,l)i;ka\,Fau)i.y.-\ork[fish.],p. 37a, pi. (50, fig.217. — Id., Gill, Cal. fish. cast. coast N.-Anier., p. V)"!. Caractères. — iJisque plus large que long, dans le rapport de 3 à 1 ; bords antérieurs presque droits, les postérieurs con- caves derrière l'angle externe qui est pointu, et un peu convexes dans leur portion interne; angles poster, mousses, mais moins arrondis chez le çf que chez la 9; bord antérieur de la tète assez fortement échancré et dont les lobes sont à peinr dé- passés par les nageoires céphaliques; 7 rangées de plaques dentaires dont la médiane, qui est la plus large, oftre, dans le sens transversal, une étendue qui est, à la longueur, : : 4 : 1 ; queue très-grêle, un peu plus longue que le disque. Teinte générale: un brun olive. — Habitai. — Côte atl. des Et.- Unis où il est, dil-on, très-abondant, et atteint une grande taille. — Inconnu au Muséum. 7. Rm.NOPTERA AUSPERSA, Val., MSS(M.,H., Plag., p. 183). Caractères. — Disque à peu près 2 fois aussi large que long; bords antérieurs presque droitr., les postérieurs conca- ves; angles externes pointus, les postérieurs droits; nageoires céphaliques arrondies, ne se prolongeant pas aussi loin que le bord antérieur de la tète, qui est concave au milieu ; queue triple du disque et dont la nageoire commence à une petite distance derrière la tin de Tinserlion des ventrales; 9 rangs de dents en haut, dontle médian se compose de dents2fois'I/2 aussi larges que longues, mais plus étroites de 1/3 environ que les dents de chacune des rangées conliguës; sur le ^^ rang la- téral, elles n'ont que les 2/3 de la largeur de celles du rang en dehors duquel elles sont placées, et par conséquent ditle- rent à peine des médianes, mais elles sont le double des pla- ques du 3" rang; enfin, dans la rangée la plus extérieure, elles restent très-petites et ont la forme d'un pentagone ; 7 rangs de dents en bas dont les dimensions transversales diminuent gra- MYLIOBAT. G. RHINOPT., 6-8. CÉPHALOPTÉRES. 649 (hu'llomcnt à partir du médian; toute la i'aco supérieui'e rudo au loucher, semée d'un très-grand nombre de petites épines h. base étoilée, plus abondantes encore à la région dorsale et sur la tète que sur les ailes. Teinte générale d'un brun vcrdàtrc,un peu moins foncé eu dessous. Habitat. — Mer des Indes : 9 type unique rapportée au Muséum par M. Dussumier : l'".91 (disque 0^'.49, queue l'".i2j; iarg. 0-''.9u. La rudesse des téguments et Tétroitesse comparative des dents mé- dianes super, éloignent le Rh. adi>persa de tous ses congénères. 8. Rhinopteua VESPERTiLio, Girard, Proccrd. Acad. nat. se, Philad.,t. VIII, 1856, p. 137. /(/.,Id., Boston Journ. nat. hist., 1837, t. VI, p. 514, pi. 26. — M., Id., Report, Explor. from Missi^s. to the pacif. Oc.{Fislt.], p. 373. — Holorhinus vesp., Gill, Proc. Acad. nat. se, Pliilad., 18G2, p. 331. Caractères. — Disque 1 fois 3/4 environ aussi large que long, assez semblable à celui du Rh. javan., mais à angles externes moins pointus, et bord antérieur du museau arrondi, à peine échancré au milieu; en outre, ventrales plus largos et plus longues; queue presque double du disque. Teinte ijénérale d'un bleu pourpre ; le dessous olivâtre. Habitat. — Calii'ornie. Le spécim. unique type est long de 0"". 493 (disque, 0'». 172; queue, 0"\321) Iarg., 0". 303. inconnu au Muséum. — Je ne puis que signaler, aucune descripl. n'en ayant été donnée, l'espèce rapportée des mers antarctiques au Musée brit. et nommée Rhinopt. Stnithi, Gr. [Cat. chondr. fish. brit. Mîis., p. 132) (1). VIII. CINQUIÈME F.VMILLK. CÉPHALOPTÉRES. CEPHALOPTER/E (2). Caractères. — Sur les côtés de la tête, au niveau du bord postérieur des yeux, commencent des nageoires céphrdiques qui peuvent être considérées comme une continuation des pec- torales, et prolongées en forme d'oreilles; bord antérieur de la tète rectiligne ou concave ; yeux latéraux, séparés des évents par un intervalle; bouche transversale, en dessous ou termi- nale, occupant tout l'espace compris entre les racines des na- (1) .\joutez, à la fam. des Myliobat., Myl. Freminviltii , Lesueur, Journ. Ac. liai. sr. Philad. t. IV, part. II, p. 111, inconnu des zoolog. américains, et qui doit appartenir au genre Myliuhatis. (% xêça).-/;, tête et Trxspov, aile ou nageoire. — Voy. p. .''>G et GoO, note 2. 6oO PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. geoircs céphaliques; munie, aux 2 mâchoires, ou à l'inféricurp seulement, de dents petites, tantôt en pavés déforme variable, tantôt semblables à de petites scutelles cutanées; narines ou- vertes près des angles de la bouche; valvules nasales réunies, à bord postérieur et horizontal prolongé dans toute la largeur de la fente buccale; dorsale unique, au-dessus des ventrales; queue assez effdée, aussi longue ou plus longue que le corps, munie de tubercules dans toute sa longueur ou dans une partie seulement de son étendue, et d'un aiguillon dentelé (1). La famille comprend : 1" le genre Céphaloplère, et 2" le genre Cé- ratoptèrc distinct du premier, en ce que la bouche qui est termi- nale ne porte des dents qu'à la mâchoire inférieure, et que les na- geoires céphaliques ne sont pas contournées de même. S'il était bien prouvé que, parmi les vrais Céphaloplères, le C. Giorna et le C. Massena sont les seuls dont la queue soit armée d'une épine, je considérerais les autres espèces de ce groupe comme les types d'une 3'' division générique pour laquelle je choisirais, parmi les dif- férents noms cfe genre proposés, mais non acceptés, celui de Mobula, Rafin. Quoique insignitiant, il a l'avantage d'être resté, jusqu'ici, sans application possible. Il y aurait donc, d'une part, Cephaloi-tera Giorna et Massena à ai- guillon caudal; d'autre part, Morvlx Fabroniana, Olfersii , Kiihlii , Eregoodoo , japonica sans aiguillon. La présence des nageoires céphaliques chez les Myliobates et chez les Céphaloptères, établit une certaine analogie entre ces poissons. Ils sont cependant si différents entre eux et par la forme des nageoires céphaliques et par celle des dents, qu'ils doivent être considérés comme représentant deux familles distinctes. M. Swainson, au contraire, les rapporte à l'une des 5 sous-familles que comprend, suivant son mode de classification (voy. plus haut, p. 277), la famille des Raies. Cette sous-famille est celle des Pterocephalinœ divisée, elle-même, en rî genres : Myliobatis, Rhinoptera, Ceratoptera, Aelobatis, Pteroccphala (Cephalopt.) {Classif. fish. Nat. hisl. fish.,cic., t. II, p. 320, in:Lard- ncr's Cab. Cijclop.). (1) Giorna a décilt l'niguillon de la queue de l'espèce qui lui a été dé- diée, et Risse celui du C. Massena. Certains zoologistes qui ont vu des Cé- rafoptères intacts ont mentionné la présence de cet aiguillon. Je dois faire observer, cependant, que sur deux échantillons des C- Olfersii et Kvhlii, les seuls où une partie de la queue reste, je ne trouve ni le dard, ni la trace du lieu de son insertion. MM. Miill. et Henle qui, les premiers, ont signalé le C. Kuhlii, ni M. IMeckci', dans une description de hi morne espèce faite sur un spécimen d'Amhoine, n'ont parlé d'un aiguillon que ne représente pas tm dessin inédit du zoologiste hollandais. Il n'en est pas question non plus à propos des C. Olfersii et C. japuniai 'M. H., Piag.), ni dans le pas- sage du C'ital. de -M. Cantor, relatif au C. Eregoodoo ligure sans dard par CÉPHALOPTÈRES. GENRE CEPHALOPTERA. 651 I. Genre GÉPHALOPTÈRE. CEPHALOPTERA, C.hum.{\), niCEROBATis, Blainv. Caractères. — Bouche en dessous, à bords droits; dents aux deux mâchoires, petites, plates et en pavé, ou granuleuses et un peu pointues en arrière, de forme différente selon les es- pèces, et quelquefois chez la même, suivant la place qu'elles occupent sur les cartilages dentaires ; rayons des pectorales s'étendant jusque derrière le crâne et jusqu'à la base des na- geoires de la tête qui sont enroulées de façon que leur conca- vité est tournée en dehors; bord antérieur des pectorales droit ou convexe, le postérieur plus ou moins concave ; peau de la région dorsale presque lisse ou couverte, dans une portion de son étendue, de très-petites scutelles. Russell. Enfin, il en est de même sur les différentes plcanclies qui semblent appartenir au C. Fabroniun/t . (1) Le nom spécifiquede Raja cephalopt., Schn. (Blocli , Syst. posth., p. 365), était devenu un nom de genre pour mon père, dans ses couis, comme je le constate sur les anciennes notes MSS. de ses leçons, et avant la publi- cation de VIchthyologie de Nice, en 1810. Ayant été prié par Risso, qui le dit dans sa Préface, de revoir le manuscrit de l'ouvrage et d'en surveiller l'impression, mon père l'informa de l'établissement du genre nouveau qui fut adopté par l'auteur sous le nom de Cephaloplerus. En 1809, il est vrai. Et. Geoffr, St.-Hil. avait nommé (Ann. du Mus., t. XIII, p. 235, pi. 15) Ceplialopterus urnatus, un oiseau du groupe des Muscicapa. Par ce motif, M. Cantor [Catnl. Mrdny. /inhes, p. 1419) rejette, pour les Raies cornues, le nom dont il s'agit et lui substitue celui de Di- cerobatis (raie à deux cornes) employé en 1828, \MvB\a.m\'i\\e (Faune franc., Poiss., p. 40), et qui est une légère modification de Dicerobaius, ld.{l>rodr. noîtv.distrih. systéin. règne anim. miNoiiv. Bull des sciences, 1816, p. 112). - Or, malgré ce droit de priorité dans la classe des oiseaux, il n'y a pas absolue nécessité d'abandonner l'ancienne dénomination que Cuvier {Ji. anim., l'e éd., 1817, t. II, p. 138), sans cesser de l'attribuer à mon père, a transformée en Cepludoptera. A plus forte raison, faut-il rejeter le mot Pterocephalu proposé , en 1839, par Swainson (Fisties, in : Lardner's Cabin. Cyclop., t. II, p. 321). 652 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. o c s te ^ .— t/J £ o J i w;? ifî 3_ o _ O _« t/j !/; t; o c çr s •^-5 ■a O 3 S iC rt , , tX3 '— • Sj ^ > C C O O s u s c! o « S 'a {Raja Fabr., Lacép., Hist. nat. Poiss., t. II, p. 111, pi. 5, fig. 1 et 2) (1). ?? Eregoodoo lenkee, Russcll, Fiali. Corom., ]A. IX, N (c.-à-d. gravée par Neele). Cephaloplera..., Thompson, Proceed.xool. Soc, Lond.,183o, p. 78. C. Giorna, Id., Report meet. hrit. assoc. advancem. sciences, 1840 (1841), p. 399 et i09. ?C. Fabroniana, M'Cov, Ann. and Magax^. nat. hist., 18i7, t. XIX, p. 176, pi. XI, fig. 1 et 2. Ox llay, J. Couch, Ilist. fish. brit. islands, t. 1, p. 139, pi. XXXIII. Caractères. — Disqtie mesuré de Tangle externe d'une pec- torale à l'autre, offrant des dimensions doubles de la longueur du corps, prise du bord antérieur de la tète à Torigine de la queue ; pectorales assez concaves en arrière, un peu falciformes et tout le dis({ueplus analogue, dans sa conformation générale, aux C. Kuhlii et Olfersii qu'au C. Giorno; bord antérieur de la tète droit. Teinte générale brune en dessus, blanchâtre en dessous. Habitat. — Méditerranée, côte d'Irlande. Inconnu au Muséum. Les dessins donnéspar M.M'Coy d'après l'individu que M. Thompson avait mentionné, et par M. Couch d'après un spécimen qu'il suppose originaire de la Méditerranée, ont assez de ressemblance avec la fig. citée de Lacépède et montrent, dans la conformation du disque, des différences avec le C. Giorna, suffisantes pour motiver l'inscription, comme espèce distincte, du C. Fabr. Lacép. Aux caractères tirés de la forme et des dimensions ]>roporlion- nelles du disque, il faut joindre ceux que fournissent 1° la direction tout-à-fait hori/.ontale du bord antérieur de la tête; 2'Ma tendance plus marcpiée des nageoires céphaliques à s'enrouler en spirale, mais beaucou)) trop exagérée sur la pi. de Lacépède; 3" la couleur fran- chement brune des régions supérieures; 4° peut-être l'absence d'un aiguillon caudal. — Je ne puis rien dire du système dentaire dont il n'est pas fait mention. Ce n'est point une description que je donne ici. J'ai seulement voulu appeler l'atlention sur la présence probable dans la Médilerr., dans l'Océan et dans la Manche, d'une espèce distincte, par sa forme générale, des C. Giorna et Massena. S'il en est ainsi, le nombre des (1) Voy. p. 6oi, note I, à la suite du tableau des espèces. CÉPHALOPTÈRES. GENRE CERATOPTERA. 639 synonymies douteuses qui se rapportent à la famille des Céphaloptères encore trop imparfaitement connue, serait un peu diminué. 7. Cephaloptera JAPOMCA, M. H., Plag., p. 185, et Schlegel, Fauna japon., Poiss., p. 310. Je renvoie, pour ce qui concerne cette espèce inconnue au Mus., à ce que j'en ai dit à la p. 65^, note 2, à la suite du tableau des espèces du genre Cephaloptcrc. J'ajoute seulement que le bord interne des prolongements céphali- I ques porte, à sa face inférieure, un liseré noir. — C'est dans le genre Cephaloptera , et, selon toute probabilité, dans l'une des trois espèces de nos mers (6'. Giorna, Massena, Fabro- niana) que rentrent les espèces suivantes, mais comme il est impos- sible d'arriver à une détermination plus précise, je me borne à rap- peler ici leurs noms : 1° Sq. edentulus, Brunnich, Ichlh. massiliensis, p. 6, n° li, dont ce naturaliste n'a connu que la tête. D'après son indication, Bonnaterrc a introduit ce Chien de mer cornu dans VEncy- clop. {Ichlh., p. 13); puis Lacépède l'a rapporté à son genre imagi- naire Aodon : A cornuiHisl. Poiss., t. I, p. 300). — 2» Mobula aiiricu- lata, et Aplerurus Fahroni, Rafin. [Indice d'ilt. sicil., n^^ 367 et 370, p. 48, et Append. XXI, p. Cl; XXIV, p. 62), d'ajjrès les R. mob. et Fabr. de Lacépède, mais indéterminables. — 3'^Dicerobalus, \mhDice- robalis mobular, Blainv. {Prodr. in Nouv. Bull, se, 1816, p. 8, et Faune fraûç., Poiss.,\). -41, pas de pi.), d'après \a. Piaie cornue des Açores, Mobular des Caraïbes, delhûmmel, Hist. pêches, t. III, partie II, sect. IX, p. 293, pi. 17, inscrite par Lacép. dans son Hist. des poiss., t. I, p. 151. II. Ge^re CÉRATOPTÈRE. CERATOPTEPxA (1), MuU. Henle [PlagiosL, p. 186). Caractères. — Rouche non en dessous, mais au bout du museau ; cartilage dentaire supérieur privé de dents (2), con- cave; l'inférieur, au contraire, légèrement convexe, dépassant un peu l'autre et garni, soit dans toute sa longueur, soit dans une partie de son étendue seulement, de petites dents très- noml3reuses, offrant, en quelque sorte, l'apparence de scutel- les; rayons des pectorales ne s'étendant pas jusqu'au crâne; par là même, se trouve, de chaque côté, entre la racine de ces (1) De -/.Epaç, corne, et ic-rspàv, aile. — Voy. à une note suivante, ce qui concerne la dénomination générique de Monta proposée par Bancroft. (2) Tel est le caractère assigné à ce genre par MM. Mi^iUer et Henle, mais je dois faire observer queLesueur et Dekay, disent seulement qu'elles sont à peine visibles à la mâchoire supérieure. Je ne puis rien préciser à cet égard, le sujet unique du Muséum n'ayant pas de mâchoires. 6G0 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. nageoires et celle des nageoires céphaliqucs, un espace assez considérable sans rayons, d'où il résulte que le bord latéral du disque ne se porte pas en dehors depuis le crâne, et prend cette direction seulement au niveau des premières fentes branchia- les; nageoires céphaliques non enroulées comme celles des Céphaloptères, mais dirigées de telle façon que leur bord ex- terne est tourné en bas et Tinterne en haut (1). L'une des 2 espèces [C. vampirus) a des dents sur toute la lar- geur de la niàch. infér.; l'autre {C. Ehrenbergii) en manque de cha- que côlé, sur le 1/4 ext. de l'étendue de cette mâchoire. 1. Ceratoptera vampirus, Miill. Henle, Plag. (p. 186, pi. 59, fig. 2 : C. JoJinii], et p. 198, sous le nom de C. vamp. Ccph. vanipijnis, Mitchill, Ann. Lyc. nat. Hist., N.-\ork, 1823, t.I, p. 23, pi. II, tig. l,reprod. in:/,s/s, 1832, pi. XXVIII, tig. 4, p. 10G3; la dcscr. est résumée in : Bull. se. nul., Ferussac, I82i, t. I, p. d89. Ceph. Giorna, Lesueur, Joiirn. Acad. nal. se. Philad., 1824, t. IV, part. I, p. 415, pi. VI. Sea-Devil, Lamont, Account of a colossal lîaij, in Edinb., philosoph. Journ., 182i, t. XI; p. 413-118. Ceph. mania (2) [Mania americana), Bancroft, On Ihe sea-Devil of Jamaiea, in The x-oolog. Journ., 4828-29, t. IV, p. 44-4-4o7. C. vampirus, Dekay, Fauna ?J.-York, Pisees, p. 377, pl.G7, fig. 219. Cepli. diabolus. Val. in Cuv., R. anim. illustré, Poiss., pi. 419. ^Diaboliehthys Elliotti, Holmes, Proe. of the Elliott Soc. of nat. hist., Charleston, 48o6, p. 39. Cerat. vamp., Gill, Cat. fish. east. coast N.-Am., p. 62. Caractères. — Dents sur toute retendue de la mâchoire in- férieure, en forme de croissant, avec un prolongement plus étroit et plus court, représentant une sorte de racine; disposées (1) Chez l'individu observé par Lesueur, et dont le disque mesurait, dans sa plus grande étendue, d'avant en arrière, 2™. 35, ces appendices qui avaient une longueur de O'^.Gl et une largeur de 0"'.30, étaient flexibles et paraissaient, dit-il, reproduisant ainsi l'ancienne supposition de Lacé- pède, remplir le rôle d'organes du toucher. Il a trouvé ceux d'un fœtus ramenés, l'un et l'autre, au-devant de la bouche. (2) Nom par lequel dans les pêcheries de perles, entre Panama et Guaya- quil, on désigne un énorme poisson très-redouté des plongeurs qu'il dé- vore, dit-on, après les avoir enveloppés dans ses vastes nageoires. Des détails sur ce sujet, empruntés aux voyageuis qui ont parlé de la Mante, sont donnés par Bancroft. On se trouve ainsi amené à se demander si le passage de Pline (Nat. Ilist., lib. IX, cap. LXX) où il est question d'une espèce de nuage, semblable pour la forme aux poissons plats, qui s'épaissit au-dessus de la tête des pêcheurs d'épongés et les empêche de remonter à la surface, ne se rapporte pas aux Ccphaloptères CÉPHALOPTÈRES. GENRE CERATOPTERA, 1, 2. 661 en séries longitudinales, au nombre de 100, séparées les unes des autres par des intervalles égaux, en largeur; pectorales fal- ciformes, fortement échancrées en arrière et à angle externe pointu; mesurée à partir de cet angle jusqu'à la ligne médiane du dos, la pector. a moins d'étendue que le tronc; ventrales arrondies en arrière, non dépassées par la dorsale qui est pres- que quadrangulaire ; queue ordinairement aussi longue que le corps, y compris les prolongements céphaliques, munie de deux petits dards situés l'un au-devant de l'autre. Téguments sans grosses épines, ni gros tubercules, mais couverts sur tous les points, en dessus comme en dessous, sur les prolonge- ments céphaliques et sur la queue, de petites saillies tuberculeuses à base étoilée, qui leur donnent une assez grande rudesse. Teinte générale d'un rouge-brun ou verdâtre, avec une bordure foncée sur tout le pourtour du disque et des nageoires de la tête; les inférieures d'un blanc sale, portant, vers le bord postérieur du dis- que, des taches irrégulières, foncées. Le spécimen unique du Mus. a 1 mètre de longueur, du bord anté- rieur de la tête à l'angle poster, des pector., et l'".23 de largeur de l'angle ext. de cette nageoire jusqu'à la ligne médiane du dos; pro- long, céph. O^^.âl, et queue brisée, au-delà du dard qui manque, 0'".28. Le plus grand individu qui ait été mesuré est celui que Mit- chill a décrit : sa largeur, de l'angle externe de l'une des pectorales à l'angle opposé, était de 4'". 86-4 en mesurant à la région ventrale, et de o"^ 472 en suivant la courbure du dos. Le disque avait une lon- gueur de 3'".2Ga, du bord antérieur de la tête jusqu'à la racine de la queue, sans doute brisée, dont les dimensions étaient de l'".216; prolongements céphaliques : 0"\608. En raison de son poids énorme, il fallut, pour le tirer sur le rivage, 3 paires de bœufs, un cheval et 22 hommes. Habitai. — Jamaïque et côtes des Etats-Unis. Le spécimen du Mu- séum a été pris à New-York par Milbert. 2. Ceratoptera Ehreinbergii, m. H. [Plag., p. 187) (1). Caractères. — Dents ne couvrant pas toute l'étendue de la mâchoire inférieure, quadrangulaires, plus longues que larges, (1) L'espèce n'avait jamais été décrite avant la publication de l'ouvrage de MM. Mûller et Henle, mais il en est fait mention dans une partie restée, à ce qu'il paraît^ jusqu'à présent inédite, du giand ouvrage publié par MM. Ehrenberg et Hemprich sous le titre de Symholœ physicœ, seu icônes et descript.Manim.,elc.,etanini,everiebr. quœ ex ilinere pcr africain., etc., et ces naturalistes en ont rapporté au Mus. de Berlin un exemplaire, de taille moyenne (disque large de l"i.7S0, long de Om.73). — M. Rùppell a vu à Massua, sur les bords de la mer Rouge, un spécimen de la même espèce, comme on peut en juger par la similitude du systcmedentaire, mais beau- 662 PLAGIOSTOMES HYPOTRÈMES OU RAIES. à bord libre tourné en arrière, droit ou arrondi, ou bien échan- cré, k surface supérieure souvent un peu creuse au milieu, for- mant 200 rangées environ , très-serrées les unes contre les au- tres, et composées chacune de 7 dents; pectorales notablement plus courtes que larges; peau rude en dessus et en dessous; queue couverte de petits tubercules à base dentelée; régions supérieures verdàtrcs. Les Raies cornues ont loujours paru si rcinarqualjles, qu'il n'est pas étonnant de les trouver mentionnées ou figurées par dilTércnls zoolo- gistes ; mais, trop souvent, les caractères distinctifs des espèces sont omis. Par ce motif, il est impossible de rapporter à l'une d'elles, en particulier, les Poissons dont les noms suivent : Diabolus marinus, Nieuhof, AppencL, Willughbey, Hist. piscium, p. 5, tab. 9, fig. 3. — Sea-Divel, Petiver (.1.), Opéra Hist. natur. specLantia or Gazophyla- cium, 17G4, 1. 1, pi. Si, fig. 2 (la même que celle donnée par Will.). — Diable de mer, Lcgentil, Voy. dans la mer des Indes, 1779-81, 1. 1, p. 017, pi. 3, mauv. fig. où les prolongements sont en fer à cheval, — Pi. manalia, Lacép., Uist. Poiss., t. I, p. 160, pi. 7, fig. 2 — jR, Banksiana, Id., Id., t. II, p. Ha, pi. 5, fig. 3. — B. fimbriata, Id., /(/., t. IV, p. G77, pi. 16, fig. 3. — B. cephaloplera, Schneider, Bloch, Syst. poslh., p. 36o. C'est le même poisson dont Schneider [Leipz. Magaz. 7Air Naturkunde, etc., 1787-88, p. 83) avait décrit la tête comme appartenant à \clB. mobular. — Cepli. hypostomus, Bancroft, de la Jamaïque (Proc. zool. Soc, t830-31, p. I3i, et Zool. journ., t. V, p. 411, pi. L, Suppl.), dont la très-courte description est complè- tement insignifiante. J'en dirai autant de celle que l'on trouve dans le journal The zoo- lofjisl, t8i9, n°7i, reproduite dans les Froricp's Neue Xolizcn, 18i9, p. 328, n" 44, et concernant un poisson que M. Neuman a nommé Brachioptilon (de Ppaxîwv, bras, et Ttxi>vov, aile) Ilamiltoni. 11 ne donne sur cet animal, dont on a vu 2 exemplaires dans le golfe de Californie, mais un seul put être pris, ([ue les vagues indications qui suivent : la largeur du dos était de 5^.770; celle de la gueule, garnie de deux rangées de dents effroyables, était de 1". 039; la chair avait 0'°.912 d'épaisseur. La nageoire pectorale ressemblait à un bras. Ne sont-ce pas les nageoires de la tête qu'on aura prises pour les pectorales ? 11 fallut se servir d'un mouffie mis en mouvement par 60 hommes pour hisser à bord cet énorme poisson. 11 n'était cependant pas aussi volumineux que celui qui échappa aux pêcheurs, car le cai)it. Hamil- ton estima à 0'".G92 la largeur de ce dernier. coup plus considérable, et mesurant en travers, au-delà de 4'". 50 [Seite Wirbelthiere faim. Af>yss.; Fische der rofh. Meer., 1835, p. 71). Enfin, J. Millier (Supi)lém à son Mém. Verglcich Anat. Myxin. Ost. und Myol., in Mém. Ac. Berlin. 183i (1836), p. 311) a nomme ce Céphalapt., sans désignation spécifique, à l'occasion de l'absence, sur le sujet rapporté par BI. Elirf^nbcrg, des cartilages des valvules nasales. 1. SOUS-GLASSE. (1) ELASMOBRANCHES II. ORDRE. CHIMÈRES (-^) ou H0L0CÉPHALES(3) Les caractères des Chondrichîes ou Choiulroptérygiens (4), compris dans Tordre des Chimères ou Holocéphales, sont les suivants : Squelette cartilagineux. Branchies formant quatre poches incomplètes, dont les pa- rois ne deviennent libres qu'à leur bord externe, et dont les ouvertures profondes sont distinctes , mais s'ouvrant, au de- hors, par un seul orifice que protège un repli membraneux qui sert de support, avec un rudiment d'opercule cartilagineux, à la première demi-branchie. Pas d'évents. Pas de vessie natatoire. Arc scapulaire détaché de la tète; plenropes, ou nageoires paires antérieures, libres en avant comme chez les Squales, c'est-à-dire non réunies aux cartilages de la tête ; nageoires paires postérieures, ou catopes, abdominales. Première épiptère ou dorsale, au-dessus des pectorales et munie d'un long aiguillon. (1) Voy. plus haut, p. o, note 1, l'étyrriologie de ce mot. (2) XiiAa'.pa, chimèrCj animal monstrueux : Pectiis et ora leœ, caudam serpentis hahehaî. Ovide, Metam., lib. IX, v. 647. Linné a, le premier, fait une dénomination générique de ce mot, que l'aspect bizarre du poisson explique : « Chimaeram dixi piscem quasi mixtum ex variis animalculis. Vulgus hune piscem in littus mortuum ejectum ob- servans crédit miraculum, quod ornamenta capitis ostendat, hominibus luxuriose efficta» Mus. reg. Ad. Frid., p. S4). (3) "0),o;, tout entier, et v.io'y.lr,, tète; nom employé par J. Millier {]'er- gleich Annf. der Myx'm. Os', und Myol. in : AbhandL. KuiiAkad. WissensrJi. Berlin [183i], 1836, p. 74). (4) Voy. pour l'étymologie de ces mots et pour le sens qu'il convient d'y attacher, p. 5, note 4. 664 ORGANISATION DES HOLOCÉPHALES OU CHIMÈRES. Bouche en dessous. Lèvre super, profondément échancrée (1). Mâchoires portant, non des dents séparées, mais des pkiques dentaires: 4 en haut, formant deux paires, l'une antérieure, à bord tranchant ou terminée en pointe, Tautre postérieure, beaucoup plus grande, à saillies triturantes, opposées à des sur- faces semblables qui occupent une partie de l'étendue des pla- ques de la paire inférieure. Intestin à valvide en spirale. Milles h appendices génitaux externes, analogues à ceux des Plagiostomes, pourvus de lames épineuses situées au-devant des ventrales, et qui sortent, au moment de l'accouplement, des cavités sous-cutanées dans lesquelles elles sont cachées, ainsi que d'un prolongement sus-céphalique également épineux, et reçu, lorsqu'il s'abaisse, dans un enfoncement oî^i il est exactement emboîté; femelles fécondées au moyen d'un accou- plement, ovipares, à œufs revêtus d'une enveloppe cornée, elliptique, très-longue, bordée de lilaments soyeux. Téguments lisses, nus, quelquefois, cependant, armés d'une double rangée de petites épines sur la tète et à la région dor- sale ; à reflets argentés, munis d'un appareil trcs-développé de canaux cutanés et de pores. — Voy., pour plusieurs de ces caractères, Atlas, pi. 8, lig. 8, et pi. 13 et 14. Linné, quand il inscrivit, pour la première fois, sous le nom générique de Chimœra [Mus. reg. Ad. Frid. 17S4, p. 53), le poisson mal connu jusqu'alors, mais considéré comme un Squale [Galeus ou Centrina, voy. les synon. de la Ckbn. mons- trosa), le plaça parmi ses Chonclroptenjgii. Pour Lacépède, les Chimères forment le 4° ordre, celui des abdominaux, dans la ^^ division de la sous-classe des Poissons cartilagineux. Cette 2" division qui comprenait, en outre, lesLophies et les Balistes, devint pour mon père, en iSOQ [Zoologie analytique, p. 105), la famille des Chismopnés (y>ix-;i, fente, ttvéo;, qui res- pire). Réfornumt plus tard ce groupe, il tlt entrer, en 1856 [Ichth. analytique, m : Mcm. Ac. se, t. XXVII, p. ioo), les Chimères dans la famille des Hypostomates (v-ô, au-dessous, cTôtxa, bouche) caractérisée ainsi : « Poissons fibro-cartilagi- neux, à branchies operculées, à quatre nageoires paires, à bouche située au-dessous d'un museau avancé » et compre- nant, en outre, les genres Spatulaire, Esturgeon et Pégase. (1) Labiiim superius fîssum instar leporis (Linn., j\lus. rcg.Ad. Frid., p. 53). MOTILITÉ. SQUELETTE. 665 Dans le Règne animal de Cuvier (!'« éd., 1817, t. II, p. 139), les Chimères, placées ù la suite des Squales et des Raies, fai- saient partie de Tordre des Sélaciens ou Cliondroptérygiens à branchies fixes, mais plus lard (1829, 2« éd., t. II, p. 381), il les a rapportées à Tordre des Sturioniens ou Chondroptérygiens à branchies libres. Latreille, en 1825 [Familles natur. du règne animal, p. 111), les compi'enait,dans son énuraération,'sous le nom de Acantho- rines (àxavOa, épine, fi'v, nez), déplaçant ainsi la dénomination créée par Blainville [Prodr. classif. in : ^'o^lv. Bull. se. 1816, p. 121), pour les Spinaciens et les Scymniens, mais non adoptée. J. MuUer (premier mémoire sur les Myxinoïdes : Vergleich. Anat. Myxin., etc. Abhandl. Kôn. Akad. Wissensch., Berlin [1834], 1836, p. 73) a considéré les Chimères comme formant, parmi les cartilagineux, un ordre particulier, celui des Holoce- phala (1), qui se retrouve dans sa classification plus récente que j'ai précédemment analysée (p. 284-290). Le prince Gh. Bonaparte a d'abord, à Texemple de Latreille, employé, comme dénomination générale, le nom de Acan- thorini [Selachor. tab. anahjî. : Mém. soc. se. nat., Neufchâtel, 1839, p. 12) ; mais ensuite [Cat. pesc. europ. 1846, et Cons- jjecm System, ichth., 18o0), il a fait des Chimères, sous le nom de Holoccphala, MûlL, et de Chimene, le 2« ordre de la section des Plagiostomes dans la sous-classe des Elasmobranches. M. Vandcr Hoeven [Eandhoek der Bierkunde, 3« éd., 1859, t. II, p. 263) les range parmi les Chondroptérygiens, comme types de Tordre des ^Eleutherobranchii, Bonap. ou Holocephali et de la famille des Chimœroidei. J'ai exposé précédemment (p. 197) les motifs de la réunion . des Holocéphales et des Plagiostomes dans la sous-classe des Elasmobranches; ils sont rendus plus évidents encore, par Tétude comparée de leur organisation, dont je présente ci-après les résultats principaux sous une forme abrégée. Je n'ai donc point à revenir sur la convenance de cet arrangement métho- dique. (1) Voici sa classification de 183i : Ghonoropterygïa. Orcl. I. BraN- chiostega: I Fam. Cutaphracta {Stiiriones), II Fam. Nuda {Spatulariœ) . — Ord. II. HoLOCEPHALA, 2 genres : Chimœra, CaUurhynchus. — Ord. III. Plagiostoma : I Fam. Squali, II Fam. Rajœ. — Ord. IV. Cyclostomata : I Fam. Huperoartia, Il Fam. Hyperotreia. On a vu, plus haut, les modifications que le professeur de Berlin a ap- portées, en 1844, à son premier mode de classement. 666 ORGAMSATION DES HOLOCÉPHALES OU CHIMÈRES. La colonne- vertébrale offre une struclure beaucoup plus sim- ple que celle des Plagiostomes. Ici, en effet, comme chez les Cyclostomes, la corde dorsale est une tige indivise de substance gélatineuse et transparente, prolongée, sans interruption, dans toute la longueur du rachis (i). Elle est entourée par une enve- loppe fibreuse à fibres circulaires, que protège, dans une grande partie de son étendue, une série d^anneaux cartilagineux très- étroits et réunis par du tissu fibreux qui forme, seul, l'étui pro- tecteur à l'extrémité terminale du tronc et k la queue. Les an- neaux sont extrêmement nombreux, car sur un espace de 0'". 01, j'en compte 12 ou 14(2) : ce sont des rudiments de corps de voièbres, auxquels viennent s'ajouter des pièces cartilagi- neuses, tout à fait analogues à celles qui se voient chez les Squales et chez les Raies, mais plus imparfaites. Meckel [Anat. comp., tr. fr., t. II, p. 2o4) les a indiquées, sans donner îi la description des cartilages dont il s'agit, la précision que J. Millier y a apportée dans ses recherches sur la composition des vertèbres des Plagiostomes. J'ai présenté un résumé du travail de ce dernier (p. 16-24, Atlas, pi. 1), lequel, lorsqu'on a sous les yeux un squelette de Chimère, peut guider dans la dé- termination des parties constitutives de la colonne vertébrale des Holocéphales (3). A la région supérieure, si ce n'est tout à fait en avant, où se trouve une grande pièce non divisée décrite plus loin, on voit des carlilages triangulaires reposant, par leur base, sur 6 ou 7 anneaux, et dont le sommet est dirigé en haut: ce sont les cartilages cruraux. Ils laissent entre eux des espaces triangulaires h sommet in- férieur, que remplissent des cartilages i)itercruraux, de forme semblable à celle des précédents, mais plus considérables et placés en sens inverse; par leur sommet, ils n'atteignent pas les anneaux, et, par leur base tournée en haut, ils dépassent les (1) Nous avons vu (p. 17} qu'elle est complètement infonompue au mi- lieu du corps de chaque vertèbre chez les Plagiostomes. Des diflcrentcs comparaisons que l'on a faites entre la corde dorsale et d'autres tissus celluleux, celle qui l'assimile au corps vitré de l'œil, quoi- que ce dernier ait un peu moins de consistance, est la plus exacte. (2) Sur le squelette de Cliini. m.mslr. que j'ai sous les yeux, on voit les anneaux dans une étendue dc0".38. Kn multipliant ce nombre par 1:2, on trouve qu'il y a i'iG anneaux. (3) Voy., en outre, J. Millier Vcrgleic'n. Anat. Myxin. : Alihnndl. Kon. Akad. Wisxtmsch. Berlin (183i). 1836, pi. V, lig. 1, représentant l'extrémité aatér. de la colonne vertébr. de la Ctùm. monslr. MOTILITÉ. SQUELETTE. 667 cartilages cruraux. Subissant, h une petite distance au-dessus de ces anneaux, une légère inflexion en dedans, les deux ran- gées latérales tendent à se rapprocher, et h former ainsi le ca- nal où est logée la moelle épinière; ils ne le ferment cependant pas, et une série médiane de petits cartilages surcniraux\e complète. A la région inférieure, de chaque côté, il y a une rangée de petits cartilages transverses ou parapophyses, qui, restant d'a- bord fort éloignés les uns des autres, ne se réunissent qu à la région caudale, pour former le canal des gros vaisseaux. On ne trouve aucune trace de cartilages costaux. La région antérieure du rachis offre de l'analogie avec ce qui se voit chez les Raies ; elle consiste en une pièce indivise, où ne se distinguent plus ni anneaux, ni cartilages séparés les uns des autres, et qui, sur un squelette long, du bout du museau k l'extrémité du filament caudal, de 0'".80, a une étendue de 0"'.025 reiirésentant 1/32 des dimensions totales. Sa forme est singulière : elle ressemble un peu à nos an- ciennes selles, dont le pignon est représenté par l'apophyse antérieure, qui est large à sa base et terminée en pointe : elle est un peu moins élevée que la postérieure; celle-ci offrant, dans toute sa hauteur, une largeur assez considérable et simu- lant, en quelque sorte, le dossier de la selle, s'articule, par son bord libre, avec le cartilage qui supporte l'épine de la 1''' dor- sale. Les 2 apophyses sont séparées l'une de l'autre par le bord supérieur qui n'est point, il est vrai, aplati comme le siège du cavalier, mais, au contraire, est tranchant et concave. De ce bord et de la base des apophyses, les deux lames du cartilage représentant les pièces supérieures aux anneaux et précédem- ment décrites, descendent obliquement de dedans en dehoi's, jusque sur la tige cylindrique indivise, qui précède les ai:- neaux. A son extrémité antérieure, la pièce indivise porte d. ux sur- faces articulaires un peu concaves, une de chaque côté, qui, reçues par des saillies (rânienncs légèrement convexes, analo- gues aux condyles occipitaux des animaux supérieurs, et rete- nues par des capsules ligamenteuses, complètent, avec la surface articulaire médiane, les moyens d'union de la colonne verté- brale et du crfine. Il y a donc la plus grande similitude entre ce mode d'articulation et celui qui se voit chez les Raies, comme je l'ai fait remarquer (p. 8 et 9), en décrivant ce der- nier avec des détails qui me dispensent de m'arrêter davantage 668 ORGANISATION DES IIOLOCÉPHALES OU CHIMÈRES. surla curieuse disposition anatomique dont il s'agit, et qui établit une notable différence, quand on les compare non-seulement aux poissons osseux, mais aux Squales, où la mobilité du crâne sur le rachis, est moindre que chez les Raies et les Chi- mères Le crâne, comme celui des Plagiostomes, a une structure très-simple. C'est une boîte cartilagineuse qui offre même, entre les cavités orbitaircs, une paroi membraneuse où, sur ditférents points de son pourtour, sont percées des ouvertures pour le passage des nerfs encéphaliques. La particularité la plus intéressante qu'il présente, consiste dans la réunion intime, avec le reste du crâne, de la portion maxillaire supérieure et des cartilages qui formentle palais, ainsi que de l'apophyse descendante destinée à Tarticulation de lamâ- choire inférieure. Les Chimères, comme J. Mûller le fait ob- server avec raison [Vergleick. Anat. Mijxin, I Ost. und Myol., in. : Abhandl. Akad. Wissensch. Berlin [1834], 1836, p. 221), sont les seuls poissons où l'os carré, dont cette apophyse est évidemment l'analogue, soit confondue avec le crâne et où la mâchoire inférieure soit fixée, non à un suspeusorinm distinct du crâne, mais à une véritable apophyse crânienne correspon- dant à l'os carré (1). Sur la ligne médiane du crâne, au sommet d'une petite pro- tubérance un peu postérieure aux orbites, se voit une ouver- ture étroite qui établit, comme chez les Plagiostomes, une com- munication entre l'extérieur et le vestibule de l'oreille. Il livre, en effet, passage à un canal qui, résultant de la réunion de deux canaux venus de l'un et de l'autre vestibule, se divise de nouveau après avoir franchi l'orifice, pour aller s'ouvrir à l'ex- térieur par deux perluis visibles à la région crânienne, der- rière l'anastomose transversale des deux lignes latérales chez la Chimère, et sur le même point chez les Callorhynques. Au devant des cavités orbitaires qui sont considérables, en- tièrement ouvertes en avant, par suite de l'absence d'un bord antérieur, la région frontale supporte, chez le mâle, le petit cartilage impair caractéristic^uc du sexe; puis elle s'amincit et (1) Si l'on adopte les déterminations que Cuvier a données des os qui servent à l'unltJn du ci;ine avec la màclioirc inférieure, on peut dire, ainsi qu'il l'a fait en pailant de la Chimère {Sur la compas, de la mdch. super, des Puiss., in : Mém. Mus., t. I, p. 128), que le pédicule l'eprésente « le temporal et le jugal soudés au crâne et portant, comme à leur ordinaire, la mâchoire inférieure. » MOTILITÉ. SQUELETTE. 669 présente la forme d'une carène ou d'une sorte de toit escarpé, suivant l'expression de Meckel. A son extrémité inférieure, se trouvent les capsules nasales qui sont soudées au crâne, et elle supporte, chez les Callorhyn- ques, les cartilages comparables aux os du groin des animaux vertébrés supérieurs et qui, comme chez le cochon, la taupe, la musaraigne, constituent le prolongement rostral donl j'ai déjà parlé (p. 29), à l'occasion de celui de certains Plagiostomes. Quant à la portion cartilagineuse à laquelle sont fixées les plaques dentaires supérieures, elle n'est point, contrairement à ce que Cuvier disait [Mém. du Mus., t. I, p. 127, et Leç. Anat'. comp., 2'^ édit., t. II, p. 673), l'analogue du vomer, supposi- tion qui l'anienait à comparer les dents à celles que porte cet os, chez un grand nombre de poissons. Meckel [Anal, comp., traduction fr., t. II, p. 453) n'a pas adopté cette interprétation. J. Miiller, surtout, l'a combattue [loc. cit., p. 221), en démontrant pour les Plagiostomes (voy. plus haut, p. 30 et 31), comme pour les Chimères, que les cartilages considérés par Cuvier comme des rudiments des maxillaires et inter-maxillaires, sont simplement des cartilages labiaux. Par conséquent, c'est aux pièces dont se compose, chez les autres animaux, la mâchoire supérieure ou, en d'autres termes, aux maxillaires et inter-maxillaires, qu'il faut assimiler la portion du crâne qu'on peut ici, afin de rappeler son rôle relativement aux plaques dentaires, nommer, avec le profes- seur de Berlin, limbe alvéolaire, quoique ces dernières ne soient pas reçues dans des alvéoles. Je reviens aux cartilages labiaux, sans m'arrêter cle nouveau à discuter leur véritable signification (voy. p. 30-32), mais afin de montrer, avec J. Millier, comment le troisième, c'est-à-dire Vinférieur , chez le Callorhynque, où il constitue la pièce la plus singulière du squelette, et, en même temps, la plus anor- male, fournit une preuve convaincante du rôle tout à fait ac- cessoire de ces cartilages. Prenant ici un développement exceptionnel, le labial infé- rieur, représenté in : Vergleich. Anat. Myxin., Ost. uncl Myol. [Abhandlung. Ahad. Wissensch. Berlin [1834], 1836, pi. V, fig. 2, fl) et décrit p. 202, est, suivant l'expression de l'anato- miste allemand, placé comme une sorte de collier au-dessous du cartilage dentaire dont il égale presque les dimensions, sf- mulant ainsi, jusqu'à un certain point, une seconde mâchoire inférieure. Il est beaucoup plus développé dans ses portions 670 ORGANISATION DES HOLOCÉPHALES OU CHIMÈRES. latérales ([lu; dans la portion médiane qui, servant à son union avec celui du coté opposé, forme une bande en arc de cercle dontlebordestàpeuprès parallèle à celui des dents. Les parties latérales dépassent en arrière, par leur pointe, l'apophyse arti- culaire qui représente Fos carré. Sur le milieu de son bord supéi'ieur et externe, il reçoit l'extrémité inférieure et hori- zontale du second cartilfKje labial ou moyen, petite tige cartila- gineuse qui, se dirigeant de bas en haut, se réunit, par son bout supérieur, à la portion terminale du pi'eniier cartilage, laquelle est formée par la jonction de 2 branches. Tune verticale, Fautre, au contraire, oblique et presque transversale, articulée en avant sur une petite pièce iixée à la capsule nasale et des- tinée à servir de support, non-seulement à la racine antérieure du labial, mais aussi au cartilage du nez. Chez la Cliiin. monstr., il n'y a pas le grand cartilage labial inférieur du Callorhynque, mais on voit sur les parties latérales de la face, et contenue dans l'épaisseur des lèvres, une petite pièce que Ton doit considérer, avec Rosenthal [Ichthyotom. Taf., XXVII, fig. 2), comme un cartilage lal)ial. Il résulte des indications qui précèdent, que les cartilages des lèvres des Holocéphales , comme chez les espèces de Squales oi!i on les rencontre, car plusieurs de ces derniers, de même que les Raies en manquent, n'entrent pas dans le plan général de la structure des animaux vertébrés, et ne sont les analogues d'aucune des pièces du squelette. La preuve de cette assertion est surtout fournie par la disposition vraiment étrange du grand cartilage labial inférieur des Callorhynques. Nageoires paires. — Les pleuropes ou nageoires antérieures sont supportées, comme chez les Squales, par une ceinture cartilagineuse incomplète, dont les branches montantes, ou portions scapulaires, comparables aux omoplates, ne sont point fixées à la colonne vertébrale. Les portions coracoïdes, plus élargies encore que chez les Plagiostomes, se réunissent pour former une grande pièce obli- que, remarquable par les saillies et les enfoncements de ses surfaces antérieure et postérieure, et dont le bord externe supporte un j^etil cartilage auquel sont iixées deux autres pièces; l'une d'elles est élargie et se dirige en haut; l'autre, plus allongée, dont la direction est inverse, reçoit, par son bout inférieur, la troisième pièce beaucoup plus i)elite. Elles servent toutes les trois, mais particulièrement les deux dernières, de point d'appui aux rayons qui, disposés en une seule série, MOTILITE. SQUELETTE. 674 soutiennent par leur extrémité postérieure, les petites tiges cor- nées terminales (1). Les nageoires paires postérieures ou catopes situées, comme chez les Squales et les Raies, à la région anale, n'offrent, chez les femelles, qu'une seule différence importante à noter, quand on les compare à celles des Plagiostomes : les deux pièces laté- rales de la ceinture pelvienne, au lieu d'être confondues et de former une barre transversale, restent isolées, laissant entre elles un intervalle occupé par un ligament lâche, et sont réu- nies par une articulation moins serrée que chez les mâles, où la ceinture subit une singulière modiOcation que je décris plus loin en parlant des organes accessoires de la génération chez les mâles. Nageoires impaires. — La. première nageoire du dos, ou épip- tère, est située au-dessus des pectorales; elle est courte, et plus ou moins éloignée de la seconde. Sa hauteur diminue ra- pidement, et elle est beaucoup moins élevée en ariière qu'elle ne l'est en avant, où elle est soutenue par un aiguillon compa- rable, sous beaucoup de rapports, à celui des Squales (2), mais proportionnellement plus long et à courbure plus prononcée. Dans le jeune âge, les premiers rayons mous qu'il précède immédiatement, atteignent son extrémité ou môme la dépas- sent un peu, mais chez les sujets plus âgés, ils sont moins longs par suite de l'usure qu'ils subissent et qui se remarque également sur toutes les autres nageoires. A sa base, entaillée en arrière comme un bec de plume, l'ai- guillon reçoit le bord antérieur du grand cartilage de la dor- sale qui sert de support aux rayons. Celui-ci, par son angle inférieur élargi et creusé en mortaise transversale, s'articule avec la saillie médiane du bord postérieur de la pièce indivise du rachis et, par son angle supérieur, se prolonge en une tige conique et très-cflfilée, logée dans la cavité de l'aiguillon, qu'elle ne remplit pas d'un bout à l'autre, car cette cavité s'étend jus- qu'à la pointe. La face postérieure de l'aiguillon est plus ou moins concave, et chacun de ses bords est armé de dentelures (1) On peut déduire des rapports mutuels de ces divers segments leurs analogies avec les os du membre antérieur (p. 33-33). Il en est de même pour les pièces des nageoires ventrales et les os des membres abdominaux (p. 37). (2) Pour tout ce qui concerne la structure des épines dorsales, je renvoie à ce que j'en ai dit p. 44-47, où j'ai signalé les observations faites sur les aiguillons fossiles ou ichthyodorulithes. 672 ORGANISATIOP) DES HOLOCÉPHALES OU CHIMÈRES. à pointe acérée dirigée en arrière (1). Les faces latérales sont planes et les bords antérieurs lisses. La face antérieure, depuis la base jusqu'à la pointe, est surmontée d'une carène. . La 2*^ do)\<;ale^ de dimensions et de forme variables suivant les genres et les espèces, consiste en une série de courts rayons fixés seulement par une membrane à la région supérieure du rachis,etqui supportent, parleur extrémité supérieure, les très-nombreuses i)ctiles tiges d'apparence cornée, contenues dans l'épaisseur de la peau. hRpetiie nageoire que Ton compare quelquefois à V anale, mais qui est plutôt le petit lobe de la caudale, et cette dernière, dans ses portions supérieure et inférieure, ont une structure tout à fait analogue à celle de la '2," dorsale. Pour compléter la description sommaire que je viens de donner du squelette des Holocéphales, je dois ajouter que le tissu dont il se compose, de même que celui dé la charpente intérieure des Esturgeons, est le cartilage hyalin ou transpa- rent (voyez p. 47). Sur certains points cependant, au crâne et à la région antérieure de la colonne vertébrale, on trouve quelques traces du tissu cartilagineux dit pavimenleux (voy. p. 48), qui se trouve en si grande quantité dans le squelette des Plagiostomes. Les dents des Holocéphales sont de grandes pièces d'une forme toute particulière qui, à Texception des antérieures, ont surtout pour usage de broyer (2), et Ton en a la preuve par la nature même du contenu des voies digestivcs, où Ton trouve des débris de coquilles et d'oursins. (1) Chez Tcspèce décrite parBory St-Yinccnt [Dict. class.IHut.nnt., t. III, p. 62) sous le nom de Callorh. Milii et chez le Coll. tasmanius, Richard- son {Ausiralian fish : Trans. zonl. Soc, t. III, p. 17-4), qui me sont incon- nues, Tcpinc dorsale offrirait la singulière exception d'avoir ses bords lisses. (2) Sans analogues parmi les, formes variées du système dentaire des Squales de l'époque actuelle, les dents des Holocéphales ont pu être, jus- qu'à un certain point, comparées par M. Agassiz, à celles de configuration bizarre, d'après lesquelles il établit, dans le vaste groupe des Cestraciontes ou Hétérodontes fossiles, les genres Cochliodus, Clenodus et Ceratudus. Les Chimères elles-mêmes paraissent avoir été abondantes dans les eaux dont les sédiments ont formé les terrains jurassiques, crétacés et tertiaires. Les dents qui ont appartenu aux espèces de celte famille, offrent cependant des différences telles, qu'elles dénotent des distinctions génériques évi- dentes (Agassiz, Rec/i. sur les Poiss:. foss., t. III, p. 336-357, pi. 4-0 et iO n). Ce n'est pas au groupe des Callorhynques, mais à celui des Chimères qu'il faut rapporter la plupart des espèces éteintes. NUTRITION. DENTS. 673 Dans Tun et l'autre genre, il y a 3 paires de plaques den- taires : 2 à la mâchoire supérieure et 1 à la mâchoire opposée. La différence la plus frappante entre les dents des espèces comprises dans les deux groupes consiste en ce que les sus- maxillaires antérieures des Chimères sont dirigées verticale- ment de haut en bas, et offrent un bord inférieur horizontal tranchant, tandis que celles des Callorhynques, terminées en pointe, sont obliques de haut en bas et d'avant en arrière. Les autres plaques, dans les deux genres, sont horizontales et s'étendent loin en arrière : les supérieures garnissent le pla- fond de la bouche, et les inférieures son plancher (Atlas, pL13, fig. 1,2, 3, 4). Les antérieures, chez les Chimères, ne sont pas lisses; elles paraissent consister en une série de lames obliquement super- posées, et portent des saillies verticales formées, suivant la remarque de M. Agassiz, par des colonnes de substance très- dure, entre lesquelles sont creusés des sillons peu profonds, résultant de ce que la substance intermédiaire aux colonnettes a moins de consistance. Les stries se continuent jusqu'au bord libre qui, par suite de l'usure, est comme dentelé. A la paire des plaques dentaires inférieures, on voit, en arrière et en de- hors, quelques stries semblables et dues à la môme cause ; le bord libre des dents aux deux mâchoires est mince et tranchant, de sorte que, par leur contact mutuel, les matières alimentaires peuvent être coupées , mais elles servent aussi à broyer, car chaque plaque sous-maxillaire porte une saillie olivaire oblique, à grand diamètre, de dehors en dedans, qui correspond à la saillie des plaques supérieures. Les proéminences des plaques dentaires sont plus pronon- cées chez les Callorhynques (Atlas, pi. 13, fig. 1). Leur structure a été étudiée par M. Rich. Owen [Odotongra- phy, p. 65-68, pi. 28 et 29) et par M. Agassiz [llech.poiss.foss., t. III, p. 337-339 et 353). Je ne m'arrêterai pas à la descrip- tion des canaux médullaires et calcigères, dont j'ai déjà fait connaître (p. 141) la disposition mutuelle chez les Plagiosto- mes, parce que les différences offertes par ces éléments micros- copiques, sont plus particulièrement intéressantes à constater sur les dents des espèces fossiles. La face externe du tube digestif offre une teinte violacée ou d'un bleu noirâtre, qui se retrouve également à l'intérieur de la bouche, comme chez la Roussette dite Pristiurus melanostomus (p. 124 et 123). Il est d'une simplicité extrême, rappelant, Poissons Tome l. 43 674 ORGANISATION DES HOLOCÉPHALES OU CHIMÈRES. comme Mockel Ta fait observer, avec raison, celle de Tintestin des Lamproies. Il est presque rectiligne, si ce n'est à son ex- trémité terminale où il subit une inflexion ; sa brièveté est telle qu il dépasse de ilQ" à peine la longueur de la cavité dans laquelle il est renfermé, et où il n'est maintenu par aucun repli mésentérique. M. Costa {loc. cit., pi. II, fig. 1) donne une bonne représentation de son aspect général, qui frappe d'au- tant plus, qu'on n'y voit pas de véritable renflement stomacal. Ses parois, faiblement musculeuses, sont minces. L'aspect delà surface interne varie sur les différents points de la longueur du canal. En avant, c'est-à-dire dans l'œsophage, elle porte des plis longitudinaux très-prononcés, dont la brusque dis- parition laisse à la portion qui fait suite à l'œsophage, et où elle est couverte de tines villosités, le caractère de cavité sto- macale. Celle-ci, très-courte et bientôt rétrécie, se continue, sans véritable pylore, avec Vintestin proprement dit; on y voit un fort repli longitudinal, qui est la racine de la valvule spi- rale et qui, augmentant promptement de hauteur, s'étale, puis aussitôt contracte, au moyen d'une expansion membraneuse, une adhérence avec les 2/3 environ du pourtour de l'intestin. Ainsi se trouve formé le premier repli de la valvule, suivi de deux autres, produits par l'enroulement de la muqueuse autour du repli longitudinal, qui se continue jusqu'à l'extrémité de l'intestin valvulaire et sert d'axe à la valvule. Dans toute la portion du canal que celle-ci parcourt, les plis de la muqueuse sont transversaux ; ils deviennent ensuite obliques, et enfin prennent une direction longitudinale sur la dernière partie de l'intestin, c'est-à-dire dans le rectum, qui est plus étroit que la portion valvulaire dont il diflére, en outre, par l'absence des villosités. Les plis longitudinaux sont courts et servent de sup- port, selon la remarque de M. Leyd\g [Zur Anat. und Ilistolog. Chim. monstr.: Muller's Arch. 1851, p. 260), à des amas de glandules dont la nature morphologique est, sans nul doute, la même, dit-il, que celle de l'appareil glanduleux de l'appendice digitiforme ouvert, chez les Plagiostomes (voy. p. 157), dans le rectum, près de son origine ; ainsi, malgré l'absence de l'ap- pendice, il y a des glandes qui versent leur produit dans la portion antérieure du rectum. Ce dernier se termine entre les ventrales par un orifice cha- cal arrondi que borde un petit bourreh^t. En dehors et très- près de son pourtour, à la région postérieure, est percée, de chaque côté, comme chez les Plagiostomes (p. 159), une petite NUTRITION. APPAR. DIGEST. CANAL INTEST. ANNEXES. 675 ouverture, mais avec cette diflerence, qu'elle mène dans un enfoncement en cul-de-sac, et ne sert point à établir une com- munication entre Textérieur et la cavité abdominale. Cette dis- position que je constate sur une 9, est également indiquée par M. Costa, qui a représenté [Faun. regn. Nap., fig. 2 de la pi. II, jointe au texte relatif à la Chini.) la région cloacale, oii se voit l'entrée des deux petites cavités aveugles. En outre, et sans parler des orifices des oviductes et de celui de la glande utérine, dont je n'ai point à m'occuper en ce moment, le même naturaliste a montré [id.) un autre pertuis beaucoup plus étroit, difficile à trouver, et qui est situé a l'extrémité pos- térieure du cloaque : c'est l'ouverture extérieure de la vessie. Le foie jauiiâtre, comme celui des Plagiostomes, est égale- ment volumineux et se prolonge jusque vers l'extrémité de la cavité abdominale qu'il remplit en grande partie. Il a deux lobes complètement confondus en avant; le droit, plus allongé et plus gros que l'autre, offre une ou deux divisions secon- daires peu profondes. Vers la base de l'organe, se voit une petite vésicule du fiel dont le conduit assez prolongé verse dans l'intestin, un peu avant l'origine de la valvule en spirale, la bile mélangée au fluide pancréatique par suite de la réunion des deux conduits avant leur pénétration à travers les parois intestinales. Le pancréas qui se présente, comme celui des Squales et des Raies, sous la forme et avec la structure des glandes conglo- mérées, ainsi que M. Costa l'a bien démontré [Faun.; Chim.^ p. 17-21, pi. III), est logé dans un petit sillon de la face viscé- rale du lobe droit du foie, oii il est, en quelque sorte, soudé à la rate; il est d'un blanc jaunâtre. Outre le conduit excréteur déjà mentionné, confondu avec le canal cystique , près du point où celui-ci traverse les mem- branes intestinales, il y en a un second, ouvert isolément dans l'intestin un peu plus en arrière. La rate tranche, par sa teinte d'un brun-rouge marbré de noirâtre, sur le pancréas et sur le foie. M.Leydig signale l'as- pect que présente, peu de temps après la mort, cet organe dont les petits corpuscules .blanchâtres, dits corpuscules de Malpighi, sont visibles dans le parenchyme, par transparence au-dessous de la membrane enveloppante. Relativement aux organes de la circulation, qui offrent une grande ressemblance avec ceux des Plagiostomes, quelques particularités seulement doivent être mentionnées ici. 676 ORGANISATION DES HOLOCÉPHALES OU CHIMÈRES. Je rappellerai d'abord le petit volume du cœwr, d'où résulte une différence assez notable entre les Holocéphales d'une part, etles Squales et les Raies deFautre, mais en particulier les Torpilles qui, de tous les Sélaciens (Meckel, Anat. comp., tr. fr., t. IX, p. 200 et 201), sont les plus remarquables par les grandes di- mensions de cet organe. Duvernoy [Sur deux bulbes artér. fai- sant fond, de cœurs access., etc., in : Ann. se. nat. 2" série, t. VIII, p. 38, pi. 3, fig. 2) a appelé l'attention sur la petitesse du cœur de la Chimère. M. Costa, qui Ta figuré [Fauna, etc., pi. V, fig. 2) dans son péricarde incisé, où se remarque l'ou- verture de communication avec le péritoine (voy. plus haut, p. 158 et 186), dit, mais avec un peu d'exagération, que le cœur n'égale pas la moitié de la grosseur du cristallin du même animal (Chimer., loc. cit., p. 30). 11 faut noter encore 1" le peu de développement du bulbe ar- tériel que j'ai déjà fait remarquer (p. 190): voy. Costa, loc. cit., pi. V, fig. 2, et Duvernoy, loc. cit., pi. 3, fig. 2; 2" le petit nombre de ses valvules, puisqu'il y en a seulement six dispo- sées sur deux rangées. Enfin, j'ai donné (p. 194 et 195) sur les renflements des artères axillaires des Holocéphales, étudiées par Duvernoy, MM. J. Davy, Valentin et Leydig, des indications qui me dis- pensent d'entrer dans de nouveaux détails relatifs à ces corps, qu'il semble convenable de considérer, non comme des cœurs accessoires, mais comme des ganglions vasculaires dépendant du système nerveux du grand sympathique. En montrant les origines de l'aorte chez la Chim., M. Costa a figuré l'un de ces prétendus bulbes artériels sur l'artère qui se rend à la nageoire pectorale et représente l'axillaire (pi. V, fig. 1, i). Les branchies, libres seulement à leur extrémité extérieure, forment cependant des cavités distinctes au nombre de quatre, ouvcrteschacune dans le pharynx par un orifice particulier; mais elles arrivent à se confondre en une cavité unique, parce que la région qui livre uneissue à l'eau étant largementfendue, n'offre aucun appui aux lames branchiales. Les Holocéphales tiennent donc bien plus du type dos poissons à branchies fixes, que de celui des espèces Ji branchies libres, le défaut d'adhérence du bord terminal des parois, n'apportant aucune modification es- sentielle à la disposition si remarquable des organes respira- toires des Elasmobranches. (Voy. p. 197.) L'ouverture extérieure est protégée par un opercule en grande partie membraneux, dans l'épaisseur duquel se trouvent des CIRCULATION. RESPIRATION. ORG. DES SENS. 677 rayons cartilagineux et une petite plaque également cartilagi- neuse réunie au bord postérieur des 2" et 3" pièces latérales de l'os hyoïde. J. Mûller [loco citato, pl.V, fig. 2, n) Va. représentée chez le Callorhynque. Elle supporte en arrière 4 ou 5 rayons; d'autres sont tixés au bord postérieur de la 3^ pièce latérale de l'hyoïde : ce sont les soutiens de la lame membraneuse et vasculaire qui constitue la demi-branchie antérieure, et qui est l'analogue de la branchie accessoire ou operculaire, qu'on trouve chez un grand nombre de poissons; elle est même dé- crite sous ce nom, chez les Chimères, par Meckel [Anat. comp., tr.fr.,t.X,p.219). La paroi postérieure de la première cavité et la paroi anté- rieure de la 2'' adossées l'une à l'autre, sont fixées au 1" arc branchial; le 2'' supporte la paroi postérieure de la 2" cavité, et la paroi antérieure de la 3'' dont la paroi postérieure, ainsi que la paroi antérieure de la ¥ sont soutenues par le 3" arc bran- chial ; le ¥ manque de rayons, et, avec le cartilage pharyngien inférieur, sert de point d'attache à la membrane vasculaire qui forme la paroi postérieure de la 4'' cavité. Chacun des arcs branchiaux porte une double rangée de six petits prolongements membraneux et fermes, qui représentent les tubercules branchiaux des autres poissons. Pour ce qui concerne les organes des sens (1), et en particu- lier le sens de l'ouïe, je dois faire observer que le labyrinthe se trouve en partie seulement dans l'intérieur de la substance cartilagineuse, et en partie dans l'intérieur du crâne , comme chez les poissons osseux. De même que chez la plupart des Plagiostomes (voy. plus haut, p. 117, 118), une communication existe entre l'extérieur et le vestibule au moyen d'une double ouverture à la région supérieure et médiane de la tête (p. 668). J'appelle aussi l'attention sur le volume énorme du cristallin. Les téguments sont complètement nus, c'est-ii-dire que nulle part, il n'y a de véritables éq^illes; mais on trouve, sur différents points, des scutelles épineuses comparables à celles des Pla- giostomes. Ainsi, chezles mâles, on en voit à la face inférieure, et (1) Dans les détails que je donne sur l'organisation des Holocéphales, je laisse nécessairement des vides, par suite du défaut de matériaux pour l'étude. C'est ainsi que, relativement au système nerveux, je me borne à renvoyer aux ouvrages où il en est question, mais particulièrement aux mémoires de M. Valentin, de M. Leydig et à la Faune do M. Costa, n'ayant pas pu, jusqu'à présent, examiner, à l'état frais, l'axe cérébro-spinal de la Chimère. 678 ORGANISATION DES HOLOCÉPHALES OU CHIMÈRES. principalement à rextrémité du petit cartilage sus-céphalique mobile, sur les lames ventrales destinées à retenir la femelle pendant l'accouplement (Atlas, pi. 14, fig. 1, 1 a; 2, 2 a, 2è), et enfin, sur les appendices génitaux externes. En outre, déjeunes individus portent sur les côtés de la ré- gion sus-céphalique et de la région dorsale moyenne, des épines à base bifurquée (Atlas, pi. 14, fig. 4, 4a, Callorhyn- chus Peronii, voy. la descript. de Fespèce). Les reflets argentés des téguments qui, pendant la vie, ont, à ce qu'il paraît, un éclat magnifique, sont dus à la présence d'un pigment spécial, formé de petits cristaux microscopiques de forme un peu allongée. Sur certains points, la peau porte des taches noirâtres. L'appareil des canaux cutanés de la ligne latérale et de ses divisions offre, chez les Holocéphales, un développement con- sidérable. Voici comment ils sont disposés chez la Chimère. La ligne latérale se prolonge très-loin en arrière, jusque sur le filament caudal. Elle ne donne pas de ramifications, si ce n'est à son extrémité antérieure , sur la tète, où elle a une disposition très-régulière. Derrière le bord postérieur de l'œil, elle se bifurque : 1° La branche supérieure se portant d'abord en haut et un peu en avant, fournit un rameau transversal bientôt réuni à celui du côté opposé; du milieu de cette anastomose, part un court ramuscule dirigé en arrière. La branche supérieure, au-delà de cette division anastomotique, continue son trajet, passe au- dessus de l'œil, se prolonge jusqu'à la pointe du museau, et s'avance un peu sur la face rostrale inférieure, où elle se con- fond avec la branche parallèle, en formant une anse à convexité tournée en arrière. 2" La branche terminale inférieure de la ligne latérale con- tourne l'œil en dessous, et fournit 3 ramifications : La 1""^ s'abouche avec l'anse déjà mentionnée ; La 2^ se partage en 2 branches qui, à la face infér. du museau, se réunissent avec les divisions semblables du côté opposé, en deux anses parallèles, assez distantes l'une de l'autre et à con- ' vexité antérieure. L'anse moyenne est réunie à celle qui la précède, par une branche médiane impaire; La S*" ramification court et se divise sur les faces latérales de la tête, derrière les yeux (Atlas, pi. 13, fig. 3 et 4). Voyez aussi comme représentation assez exacte de la marche des divisions ORGANES DES SENS. TÉGUMENTS. 679 de la ligne latérale, la figure de la faune du prince Ch. Bona- parte et la pi. I [Chim.) de celle de M. Costa. La disposition des rameaux céphaliques de la ligne latérale est très-analogue, chez les Callorhynques, à celle que je viens de décrire. Tout cet appareil est formé, non par des tubes complets, mais par un ensemble de demi-canaux offrant une certaine résistance, et faisant saillie sous la peau, à la surface de la- quelle ils s'ouvrent par des orifices arrondis, assez rapprochés les uns des autres, et qui correspondent à des élargissements des demi-canaux dont la rigidité est due à ce qu'ils ont pour appuis solides, des portions d'anneaux comparables à ceux de la trachée-artère. M. Costa les a représentés [loc^ cit., 1852, pi. V, fig. 4 et 5). M. Leydig avait déjà donné sur ce sujet de plus longs détails accompagnés de dessins [Ziir Anat. und. His- tol. Chim.monstr., in. : Mùller's Arcliiv fur Anat.^PhysoL.eic, 1851, p. 251, pi. X, fig. 9). Les demi-anneaux, trôs-rapprochés entre eux et plus larges au fond du demi-tube,- deviennent plus grêles vers leur termi- naison, où ils se divisent et se subdivisent en petites branches, à extrémités arrondies. Ce sont des portions osseuses avec de petites cavités comparables aux corpuscules osseux, ce qui établit, comme je l'ai précédemment indiqué (p. 82), une res- semblance avec les poissons ordinaires. Outre les organes demi-tubulaircs dont il vienL d'être ques- tion, et qui sont les analogues, non-seulement des tubes cen- traux des Plagiostomes, avec des différences inutiles h rappeler (voy. p. 82), mais aussi du canal de la ligne latérale des pois- sons osseux, il y a les tubes improprement nommés tubes rnu- queux, puisque ce ne sont pas eux qui fournissent le mucus protecteur de l'enveloppe tégumentaire contre l'action de l'eau (voy. p. 85). On ne les trouve qu'à la région rostrale, oi^i ils s'ouvrent entre les ramifications de l'extrémité antérieure du canal laté- ral. Leurs ampoules d'origine sont enfermées au milieu d'un liquide transparent, dans une capsule particulière, de texture fibreuse, située au milieu de la portion conique du museau, dont la saillie est probablement due à la présence de cette capsule. Les tubes et leurs renflements ampullaires offrent une assez grande ressemblance, dans leur forme et dansleur disposition, avec ceux des Squales et des Raies (p. 83), pour qu'il soit inu- 680 ORGANISATION DES HOLOCÉPHALES OU CHIMÈRES. tile de s'arrêter à les décrire. Je me borne seulement à rappeler ce fait constaté chez les Chimères comme chez lesPlagiostomes, que l'ampoule qui se continue en un tube à oritice cutané, reçoit des libres nerveuses. De ce fait, ainsi que de la présence d'une capsule contenant un liquide, sorte de périlymphc, où baignent les ampoules distendues elles-mêmes par un fluide analogue à Tendolymphe, M, Leydig {/oc. cit., p. 256) tire la conclusion que les tubes et leurs renflements d'origine, sont comparables aux canaux semi-circulaires de l'oreille, et que, dans son ensemble, tout l'appareil, composé de 300 ampoules environ, pourrait être considéré comme un organe de sens spécial. Nous retrouvons ici, par conséquent, les suppositions auxquelles a donné lieu l'étude, chez les Squales et chez les Raies, des mêmes tubes improprement nommés tubes muqueux, et que j'ai exposées et discutées plus haut (p. 85 et 86). Relativement à la fonction de la reproduction, j'ai peu de chose à ajouter à ce qui a été dit précédemment à l'occasion des Plagiostomes ovipares, car il existe entre les organes gé- nitaux internes de ces derniers et ceux des Holocéphales, de très-grandes analogies. Je dois cependant mentionner la présence de deuyi glandes particulières, mais en renvoyant pour les détails, au mémoire où M. Leydig les a décrites: Zur Anat. und. histolog. Chim. monstr. (Muller's Arch. 1851, p. 265 et 268). L'une, très-petite, est située sur le trajet du canal déférent commun, résultant de la réunion des deux canaux déférents, qui sont la continuation des épididyraes, et y verse un produit particulier. Elle offre cette singularité qu'elle a, dans sa partie moyenne, une belle teinte verte, tandis qu'elle est blanchâtre dans ses portions supérieure et inférieure. L'autre glande, qui constitue un appareil glandulaire acces- soire des organes génitaux femelles, est située entre le rectum et les oviductes, et s'ouvre dans le cloaque, derrière l'orifice intestinal. Il y a, entre les Holocéphales et les Plagiostomes, de remar- quables différences dans la structure de l'enveloppe cornée des œufs et dans la disposition des organes accessoires des niides destinés à faciliter le rapprochement des sexes. Ainsi, pour parler d'abord de ces organes, la structure des appendices génitaux annexés aux ventrales, n'est pas la même que chez les Squales cl les Raies. REPRODUCTION. APPENDICES GÉNITAUX. 681 Ceux des Callorhynques en particulier, à en juger d'après le seul adulte o^ conservé au musée de Paris, consistent en des prolongements cutanés, enroulés de manière à former une paire de cylindres creux et irréguliers que soutiennent des cartilages flexibles. Les parties molles, au contraire, ne se voient dans les ap- pendices des Chimères que sur les points oî^i ils sont épineux, et ce sont elles qui forment des gouttières contournées, un peu analogues aux canaux plus compliqués des Sélaciens. Ces organes ont 0'".07 de longueur chez un individu mesu- rant 0'".48, de l'extrémité du museau, jusqu'à l'origine du fila- ment caudal. Ils sont grêles, et leur structure est simple. Chaque appendice est composé de trois tiges, si ce n'est chez l'espèce dite Chim. Colliei où il n'y en a que deux, réunies à leur base, dans un court espace, mais ensuite séparées et dis- tinctes. La médiane, saillante en dedans, est reçue dans la gouttière dont est creusée la tige interne qui est plus grêle que les deux autres; mais par sa face externe toute couverte d'épines et un peu creuse, cette tige médiane s'applique sur le bord également épineux de la tige externe. Celle-ci est ren- flée à son extrémité, qui est toute couverte d'épines, ainsi que la face supérieure de la tige médiane. Au devant du bord ext. de la base des ventr., il y a, de chaque côté, chez les cf, une fente longitudinale un peu oblique de dedans en dehors, longue de 0'".017 sur un Callorh. an- tard, dont la ventrale mesure, d'avant en arrière, dans sa plus grande étendue, 0'".08. Au fond de l'ouverture, on trouve une plaque épineuse qu'on peut faire sortir en partie, de la cavité qui la renferme. Quand, par la dissection, on a mis à nu la plaque et la pièce de la ceinture pelvienne où elle est logéo, et qui, correspondant ii l'ischion, forme, chez les Raies, p:-,:' sa soudure, sur la ligne médiane, avec celle du coté opposé, la barre transversale (p. 37), on constate la transformation cu- rieuse que cette pièce a subie. Non-seulement, elle a contracté une adhérence solide avec celle du côté opposé, mais elle a changé de forme, ainsi qu'on peut le voir par la comparaison des figures 1, 2 et 3 de la pi. 14. Elle s'allonge considérablement, s'élargit, se creuse et se transforme ainsi en un cuilleron, dont la longueur est de 0'".04, la largeur, à sa base, de 0'".035, mais de 0'".020 seule- ment à son sommet, et la profondeur de 0'".012. A l'extrémité antérieure de la cavité qui est obliquement 682 ORGANISATION DES HOLOCÉPHALES OU CHIMÈRES. dirigée on dehors, est fixé, par une articulation à surfaces étendues, un cartilage long de 0'".035, recourbé, à convexité tournée en dehors; épais et étroit d'abord, il s'étale bientôt en forme de lame transversale, large de0"\012, à contours arron- dis. La face ventrale de la lame est couverte de 90 à 100 épines larges, convexes, disposées avec régularité, toutes dirigées en avant, et terminées chacune par 3 ou 5 dentelures, dont la mé- diane est la plus longue (Atlas, pi. 14, tig. 2a). A sa face supérieure, adhèrent deux cartilages mous, en- roulés sur eux-mêmes, contre lesquels la pièce mobile s'ap- plique lorsqu'elle rentre dans la cavité qui est tapissée par une membrane fibreuse et sans doute lubrifiée par une sécrétion particulière. Pendant le rapprochement des sexes, l'appendice singulier dont il s'agit, et qui est si bien armé pour rendre solide le contact des deux animaux, peut être sorti de sa loge protec- trice par la contraction de fibres musculaires, insérées sur sa face ventrale, au niveau et en arrière de son articulation. En outre, les cf ont un organe accessoire qui leur est égale- ment tout à fait spécial. Il consiste en un cartilage sus-cepJia- lique, situé dans un enfoncement que présente la ligne mé- diane du crâne au devant des yeux (Atlas, pi. 14, fig. 1 a). Long de 0'". 021 (1), large de 0'". 012 à son extrémité anté- rieure, et de 0"'.008 à l'extrémité opposée, il fait à peine saillie au-dessus de la surface du crâne; quand on le fait mouvoir sur l'articulation qui l'unit, en arrière, au bord postérieur de la petite cavité dans laquelle il est reçu, on voit qu'il est muni, en dessous et à son bout libre, de fortes épines très-acérées ii pointe recourbée en arrière. Le fond de la cavité est lisse, mais son bord antérieur avec lequel le bout du cartilage n'entre point en contact, porte un bouquet d'épines plus robustes encore que les précédentes, et à pointe également dirigée en arrière. Les appendices ventraux antérieurs et les sus-céphaliques du cf^ sont plus simples chez la Chimère [Ch. monsir.), voy. I'Atlas, pi. 14, fig. 1 et 1 a. La femelle des Holocéphales n'a point d'organes externes, mais dans la saison de l'accouplement, l'orifice des oviducles et le cloaque subissent des modifications qui ont été décrites chez la Chimère par M. Costa (p. 23, pi. II, fig. 2). (1) Le Callorh. sur lequel je prends cette mesure est le même que celui dont il vient d'être question. REPRODUCTION. (EUFS. 683 Elles sont ducs à une turgescence vasculaire, produisant le gonflement des orifices des oviductes qui font un peu saillie au dehors (pi. XX du Voy. en Islande et au Groenland, par Gaimard), et entrent mieux' en contact alors avec les papilles génitales du mâle. L'afflux plus abondant du sang produit aussi une sorte de prolapsus du iDOut de Tinteslin (1). Les œufs des Holocéphales ont un aspect tout à fait étrange, en raison de leur forme ovalaire très-allongée, et du revête- ment soyeux de leurs bords. J'en ai fait représenter un aux 2/3 de la grandeur naturelle sur la pi. 8 de I'Atlas, fig. 8. Les dimensions en sont considérables, car ce dernier a une lon- gueur de 0'".27 ou de 0"\2i, si Ton ne compte pas le filament terminal, sur une largeur de 0'".065 au niveau de la plus grande étendue transversale. Le prolongement effilé qu'il porte à l'une de ses extrémités, ou les deux petits crochets qui se voient au bout opposé, doivent être, on n'en saurait douter, des organes de suspension analogues à ceux dont les œufs de Roussette sont munis. Le contact de l'eau est, à ce qu'il paraît, indispensable au développement de l'embryon, puisque vers les extrémités, sur les deux faces, mais en sens opposé, on trouve, comme le montre lafig.9 de I'Atlas, des fentes étroites, comparables à celles qui se remarquent sur l'étui des œufs de Sélaciens (p. 2o2). Elles sont également indiquées sur l'œuf dont J. Mûller a donné la figure {Ueber den glatten Haie Aristoteles, 1842, pi. VI, Akad. Wis- sensch. Berlin) (2). (1) C'est la proéminence au dehors de l'intestin ou do l'un des ovi- ductes, que la planche de la Faune d'Italie de Ch. Bonap. représente. (2) J. Millier signale cet œuf comme étant celui d'une Chimère ou d'un Callorhynque. Je n'ai pas de renseignements plus positifs sur l'œuf des collections du Muséum que notre Atlas représente, mais la comparaison des deux figures démontre qu'ils proviennent d'animaux appartenant à des espèces différentes. I. SOUS-CLASSE. ÉLASMOBRANCHES '" II. ORDRE. CHIMÈRES ou H0L0CÉPHALES(2 DISTRIBUTION MÉTHODIQUE EN GENRES ET ESPÈCES. L'ordre des Holocéphales ne comprend qu'une seule fa- mille, celle des Chimérides, composée d'un très-petit nombre d'espèces qui forment deux groupes génériques très-distincts : 1" Le genre Chimère, sans cartilages rostraux et à proémi- nence du museau conique, et simplement cutané; 2° Le genre Callorhynque, dont le museau porte un prolon- gement médian, soutenu par des cartilages latéraux, et auquel est suspendu un lambeau cutané transversal et aplati. I. Genre CHIMÈRE. CHIM^RA, Unn., Muséum régis Adolph. Frid., t. I, p. 53. Caractères. — Corps nu, allongé et comprimé; museau, le plus souvent, conique et relevé, sans cartilages rostraux ; pla- ques dentaires antérieures de la mâchoire supérieure, striées, à bord dentelé presque verticales, venant se mettre en contact avec le bord libre des plaques dentaires inférieures, où. se voient des stries latérales (3) ; pectorales et ventrales très-dé- fi) Relativement au rang assigné à ces cartilagineux dans la classe des Poissons, je renvoie à l'examen que j'ai fait plus liaut (p. GGl) des divers essais de classification auxquels ils ont été soumis par les zoologistes. (2) Voyez pour l'origine de ces noms, p. (363, notes 2 et 3. (3) L'aspect que les dents présentent est bien indiqué dans la plirase suivante de Linné, où elles sont comparées à celles des rongeurs : « Dentés incisorcs duo (prœter molarem in supcriori maxilla) lati, striati, tam in superioii (juam iu inferiori maxilla, ut in gliribus dispositi » (Mus. reg. Ad. Frid., p. 53). GENRE CHIM^RA. 685 veloppées; 2*^ dorsale commençant plus ou moins près de Textrémité de la 4'% beaucoup plus longue, et se terminant au niveau d'une petite échancrure, qui la sépare de la portion supérieure de la caudale (1), dont la portion inférieure forme d'abord, si ce n'est chez une espèce, un petit lobe court (2), à peine distinct de la portion suivante, puis diminue peu à peu de hauteur, et s'étend jusqu'à l'origine du filament caudal, ou presque jusqu'à l'extrémité de la queue s'il n'y a point de filament; appendice céphalique du cf terminé par un bouquet de petites épines autrement disposées, et moins nombreuses que chez les Callorhynques. (Atlas, pi. 13, fig. 3 et 4 et pi. 14, lig. 1 et la.) La ligne latérale, divisée à son extrémité antérieure en ra- mifications, dont j'ai fait connaître précédemment le trajet (p. 678), prolongée jusqu'à l'extrémité de la queue, se dévie au niveau de l'origine de la caudale, et elle se porte sur la région inférieure, où elle se continue en restant très-près de la nageoire. Tableau de la division du genre Chimœra en 3 espèces. . /presque continue avec la 1'^, ià bord droit 1 monstrosa. éloignée et à bord ondulé. . 3 Colliei. ^ (une crête qui se continue de chaque côté de la ligne médiane du dos 2 cristata. (1) En me servant de ce terme, j'accepte la détermination de Cuvier complétée, il est vrai, par le prince Ch. Bonaparte et par d'autres zoolo- gistes qui considèrent, avec raison, la caudale comme formée non pas seulement d'une portion inférieure à la queue, mais aussi d'une portion supérieure. Il ne faut donc pas dire avec Linné {Mus. reg. Ad. Frid., p. 5-4) ■qui donnait le nom d'anale à toute la nageoire infei'ieure, qu'il n'y a pas de caudale proprement dite, ni qu'il y a 3 dorsales; mais en réduisant à 2 le nombre de ces dernières, conformément aux vues de Schneider (Bloch, Syst. posth., p. 349) et de Cuvier (R. an., t. II, p. 38^2), il est indispensable d'ajouter que la 2^ cesse au-dessus de l'origine de la nageoire inférieure, là où commence la portion supérieure de la caudale. (2) Il n'y a aucun motif de considérer, avec le prince Ch. Bonaparte, ce petit lobe beaucoup plus développé chez les Callorhynques, comme une anale distincte de la caudale qui, composée ainsi, dans sa portion infé- rieure, d'un petit lobe antérieur suivi d'un autre lobe bien plus allongé, ressemble, suivant la remarque de Cuvier, à la caudale des Squales. 68G HOLOCÉPHALES OU CHIMÈRES. 1. ChiM/Eua mo>-strosa, Linn., 1754, Mus. régis Ad.-Frid., 1. 1, p. 53, pi. XXV; 1758, Syst.nat., éd. 10% t. I,p. 236; 1761, Faun. suecica.ed. 2% p. 294, et cd. Retz., p. 308; Syst. nat., cd. Gmel., t. I, pars III, p. 1488. Simia marina, Gesn., De aquat., p. 877 (éd. 1620) (1), cop. par Aldrov., De pisc, p. 403, fig. très-incorrecle cop. par Jonston, De pisc, pi. VII, fig. 6. Galei genus, Clusius (Ch. de l'Ecluse) Exoticorum libri decem, 1G03, cap. XX, p. 13G, et fig. incorrecte, p. 137, copiée, ainsi que la descript., par Willuglib., avec des additions, Hist. pisc, p. 37, sous ce litre : Galeus acanlliins Clusii cxoticus qui tamen ad hoc fjenus propriè non perlinet, et pi. B9, fig. 6, puis par Jonst., De pisc, pi. XLV, fig. 2 (considérée par Klein, Missus, III, p. 9, mais à tort, comme la représentation d'un poisson factice, c'est-à-dire qui aurait été soumis à une de ces déformations artificielles dont les prétendus Basilics fabriqués avec des Raies nous donnent un exemple). Cenlrina prior authoris et Centr. vera Casteletti altéra aulhoris, Aldrov., De pisc, 2 fig., p. 402 et 403. Galeus acanlh. Clusii exot., Ray, Syn. pisc, p. 23, n" 13. Gui Haae (Sq. doré), Pontoppidan, ISorges, etc. (traduct. angl., Hist. Norway, t. H, p. lli, pi. 21), fig. très-incorrecte. ? Vulpccula, Strom, Phys. og œconom. hcskriv. overfogder. Sônd- môr, p. 289 (17G2). Chim. monstr., Gunner, Det Trondhiemske Gelskabs Skrifter, t. II, 1763, p. 270, pi. V et VI, a^ cop. par Yarrell, Brit. fish.,\. II, p. 464 et 467. Chim. argentea, Ascan., Icônes rerum nalur., pi. XV. Chim. moustr., 0. Mûller, Prodr. zool. dan., 1776, p. 38, n" 320. — Id., B\.,Poiss., l\^ partie, p. 69, pi. 124, 9 cop. dans l'EncycL, pi. 8, fig. 23. — Id., Id., Syst. posth., éd. Schn.,p.349.— 7d. [Chim. orrctique), hacép., Hist. nat. Poiss., t. I, p. 392, pi. 19, fig. i, 9, cop. par Couch, Hist. fîsh. brit. islands, t. I, pi. XXXIV, Chim. borealiSj Shaw, Gen. zooL, t. V, part. II, p. 363, pi. 137, (f. Chim. monstr., Donovan, Nat. hist. brit. fish., pi. CXI, 9 à taches circulaires noires sur les nageoires. — Id., Risso, Ichth. Nice, p. 33, et Hisl. nat. Eur. mérid., t. III, p. 168 {Chim. mediterranca). Chimeria, Ratin., Analyse de la nature, 1813, p. 92. Chim. monstr. (Northern Chim.), Pennant, Brit. %ool.; fish., éd. 1812, t. III, p. 139. (1) Une figure imaginaire a été donnée par Gesn., p. 878, d'après Cardan, et cop. par Aldrov., p. iOO, sous le nom de Simia marinO' alia, Serpeus in- diens Curduni, et par Jonston, pi. 7, fig. 7 : Sim. 7nar. danica (Ruyscli, id.). Notez que le Sim. mar. de Belon (De aquat., p. 65, sans fig.) parait être le Sq. dit Alopias vidpes (voy. plus haut, p. 421). GENRE CHIM^RA, 1. 687 Chim. nionstrosa,Cn\., R. an., t. 11^ p. 382 (cdit. illustr., Poiss., pi. 113, fig. 2, sous le nom de Ch. monsir., représente un Callorh. antarct. ci saiBJO]oaj GENRE CALLORHYNCHUS, 1. 693 1. Câllorhynchus antarcticls, Cuv., Piègne animal, l'* éd., t. II, p. 140; S*" éd., t. II, p. 382, et Iconographie, Poiss., pi. 67, fig. 3, 9, et 3fl, tête de o". Atlas, pi. 13, fig. 1, la, J b, 2, pi. 14, fig. 2, 2«, 2/j. Peje gallo (poiss. coq). Demoiselle, Eléphant, Frezier, Relat. du voy. de la mer du Sud aux côtes du Chili et du Pérou, fait de 1712 à 1714; 171G, p. HO, pi. XVII, fig. 2 médiocre. Acipenser proboscidc elephanlino, Klein, Miss., III, p. IG, n" 10. CallorhyncJius, Gronovius, 175i, Mus. ichth., t. I, p. 59, pi. IV, et 1703, Zoophylacium, Fasc. I, p. 31, n» 141, pi. IV, fig. 1 et 2. Chim. callorli., Linn., Syst. nat., 10^ éd., p. 236; 12» éd., t. I, p. 402, et éd. Gmel., t. I, pars, III, p. 1489. — Id. (Roi des harengs du Sud), Bonnaterre, Encyclop., p. 14. (La Chim. monstrosa y est nommée Roi des harengs du Nord, p. 13, et pi. 8, fig. 2o.) Chim. antarct., Lacép., Hist. poiss., t. I, p. 400, pi. 12, fig. 2 mé- diocre. Chim. australis, Shaw, Gêner, zool., t. V, part. II, p. 368, pi. 158 et 158*, cop. de Gronovius. Chim. callorh., Molina, Sagcjio storia natur. Chili, 2* éd., p. 194 (Chalhua Aciahual ou poisson-coq, dans la langue des Araucans). Callorh. antarcticus, Chim. australis et Chim. antarct., Swainson, Fish., t. I, p. 125, fig., et t. II, p. 323, in : Lardner's, Cabin. Cyclop. Callorh. antarct., Guichenot, Pisces, in : Cl. Gay, Hist. de Chile, Zoolog., t. II, p. 358. Caractères. — Pector. atteignant les venir.; 1''^ dorsale com- mençant un peu plus loin que la findeTinsertion des premières, un peu au-delà de Torifice branchial, et la S*" dorsale, avant rextrémité de la base des ventrales; aiguillon dorsal long 2 fois à peine comme Fintervalle qui sépare sa base du bord posté- rieur de l'œil, libre, sur toute son étendue, dans ses 3/4 anté- rieurs, dentelé en arrière jusqu'à la pointe; lambeau cutané du museau ovalaire, à bords arrondis, deux fois aussi large que long; région dorsale lisse, sans épines. Teinte générale sombre, à reflets argentés ; sur la ligne médiane su- périeure, une bande d'un brun foncé interrompue par les nageoires. Habitat. — Les exempt, du Mus. sont sans indication d'origine; ils sont tous adultes cT et 9. Je trouve les dimensions suivantes sur une 9 conservée dans l'alcool. Du bout du museau à la 1'''' dorsale Oin-lSl Long, de la \" dors, à sa base O^.ITO De la fin de la base de la l^e dors, à la S»^. . , . O^-OGO Long, de la 2« dors, à sa base 0'".185 De la fin de la :2« dors, à l'extrém. de la queue. 0'».300 Longueur totale. . . . Oin-SSÔ 694 HOLOCÉPHALES OU CHIMÈRES. 2. Calloriiynchl's Pero.mi, A. Dum. [Callorh. antarcticus, Atlas du Dict. de Levrault, Poiss, pi. 15, fig. 1) (1). Atlas, pi. Il, fig. A el Au, épines. Caractères. — Pectorales commençant juste au-dessous de l'origine de la l'"'' dorsale et atteignant les ventrales ; 2" dorsale commençant plus loin que la fin de la base des ventrales ; ai- guillon de la dorsale libre sur toute son étendue dans ses 3/4 antérieurs, à bords postérieurs dentelés jusqu'à la pointe; lambeau cutané du museau ovalaire, deux fois aussi large que long (2); de chaque côté de la région sus-céphalique el de la ligne médiane du dos, entre la l''" et la 2*" dorsale, ainsi que de la queue entre la fin de la 2'- dorsale et l'origine du lobe supé- rieur de la caudale, une rangée d'épines dont la pointe seule fait saillie, mais qui ont une base bifurquée et presque hori- zontalement logée dans l'épaisseur du tégument. Ce dernier caractère est-il propre exclusivement à l'espèce actuelle ou bien se renconlre-t-il, mais pendant les premiers temps de la vie seulement, chez toutes les espèces? Je l'ignore, ne connaissant les deux autres Call. que le Muséum possède [C. antarcl. et caycnsh) qu'à l'étal adulte. Peut-être, cependant, l'armure singulière que constituent les épines ost-clle conservée durant toute la vie, comme l'est celle du Scyllium acanthonotiim, Filippi (p. 324), tout aussi étrange parmi les Roussettes que l'est le Call. Pcronii dans la fa- mille des Holocéphales. Outre le caractère tiré des épines dorsales, il se dislingue du C. antarcticus par la position de ses dorsales rclativcmeni aux na- geoires paires antérieures el postérieures, el du C. capensis par la forme du lambeau cutané du museau. Système de coloration el Habitat. — Un très-jeune sujet rapporté par Pérou de son voyage aux Terres australes, est tout-à-fait déco- loré; il ne mesure que 0".16. Un autre individu, pris à Valparaiso, a été déposé au Muséum par M. Busseuil, à la suite de l'expédition autour du monde, de la Thétis et de VEspérance (182-4-20), sous le commandement de Bougainville. Il est le moins petit : (1) Bory St-Vincent considérait, comme distinclodu Calhrh. antarcticus, l'espèce figurée dans l'Atlas. Il fondait cette diflerence sur la présence des épines, mais il n'a donné ni nom spécifique, ni diagnose [Dict. class. Ilist. nid., t. III, p. 62). (2) C'est par conséquent au lobe cutané du Call. anfarcf. que celui-ci ressemble, mais la différence de position des dorsales relativement aux pectorales et aux ventrale? établit une distinction très-manifeste. GENRE CALLORHYNCHUS, 2, 3. 695 Du bout du rnuseau à la U« dorsale O^^-OGS Long, de la l'e dorsale à sa base 0">.028 De la fin de la base de la 1" dors, à la2« dors.. 0"-.038 Long, de la 2^ dorsale à sa base O'u.O-lO De la fin de la "1^ dors, à l'extrém. de la queue. . 0".103 0'».274 Il a conservé ses reflets argentés qui cachent, en partie, la teinte brunâtre générale, et sur lesquels tranclient des taches foncées : l'une à la région supérieure de la tête, une autre entre les deux dorsales, et une troisième au-devant du lobe caudal supérieur ; les nageoires sont foncées. Un 3*^ spécimen de0".26, dont la protubérance nasale est détruite en partie, mais qui, par tous ses caractères, se rapporte à la même espèce, fait partie des collections offertes par M. Arnoux, chirurgien à bord de la corvette le Rhin. Il a été péché, selon toute probabilité, dans les mers du Sud. Deux autres exemplaires de Pata- gonie, donnés par M. Dupuis, ont O^.Sa et 0'".13. 3. Callorhynchus capensis, a. Dum. Atlas^ pi. 13, fig. b et 5a. Caractères, — Pector, atteignant les venir.; 1" dorsale com- mençant plus en avant que la fin de l'insertion des premières, et que l'extrémilé postérieure de rorifice branchial ; origine de la 2* dorsale plus reculée que la terminaison de la base des ven- trales ; aiguillon plus de deux fois aussi long que l'intervalle qui le sépare du bord postérieur de l'orbite, libre sur toute son étendue dans ses 3/4 postérieurs, dentelé en arrière jusqu'à la pointe ; lambeau cutané du museau, trois fois aussi long que large, à bords latéraux et postérieur rectilignes; région dorsale sans épines. La différence dans la forme du lambeau rostral suffirait seule pour distinguer l'espèce de la première, mais il faut noter, en outre, que chez le Call. capensis, la l''<^ dorsale est située plus en avant, comme on le voit, si l'on abaisse une ligne verticale descendant du pied de l'aiguillon à la région inférieure, car, au lieu de tomber plus loin que la fin de l'insertion des pectorales et que l'extrémité de la fente branchiale, elle atteint, dans son passage, et l'ouverture des branchies et la base des pectorales; de plus, la ^^ dorsale est séparée de la 1"^ par un plus grand intervalle, puisqu'elle n'est pas, comme chez l'autre espèce, opposée, mais, au contraire, postérieure à la base des ventrales ; les pectorales sont moins larges, leur plus grand diamètre transversal étant compris juste 2 fois dans la plus grande longueur de leur bord externe mesuré là où commencent les rayons cornés de la 696 HOLOCÉPHALES OU CHIMÈRES. nageoire, tandis qu'il n'y est pas compris 2 fois chez le Call. ant.; l'aiguillon dorsal est proportionnellement plus long et plus épais. Le système de coloration n'est pas absolument le même : toute la teinte générale est plus claire et tire un peu sur le jaunâtre; il y a, sur le milieu du dos, une bande sombre, interrompue par les na- geoires qui sont un peu foncées. Habitat. — Les 3 types 9 adultes sur lesquels l'espèce est établie et qui sont conservés dans l'alcool, ont été rapportés du cap de B.- Espér. au Muséum, par M. Lamare-Picquot. Ils sont presque de la même taille. Sur l'un des trois : Du bout du museau à la l'^ dorsale 0".130 Long de la 1" dors, à sa base 0">.'2iO De la fin de la base de la If» dors, à la 2^ 0".Oat Long, de la 2" dors, à sa base 0"'.170 De la fin de la 2<= dors, à l'extrémité de la queue un peu tronquée 0™.293 Longueur totale. . . . O^.SST 4. Callorhyischus ïasma?ités et de Ciirtilagtiwux à branchies fixes, qui peuvent être égalem. applicpiées aux Cyclostomes, 197. —Situation, id. — Fentes branch.; leur situât. (Hypotremes et Pknrotreincs)., id.:, — leur nombre, 198; — leurs dimens.^ 199. — Cavités branch ; leurs parois, id. — Comparais, des br. des Plag. et de celles des Poiss. oss., :200. — Struct. des cavités, :201. — Appar. hyo-branchial, pièces hyoïdiennes, :202;— arcs branch., 203.— Cartil. extér. aux br. (eûtes sternales'? et vertébrales), 2()o. — Membr. muq. des parois antér. et poster, des poches branch., 200; — ses plis longitudin. et trausvers., id. — Evaluation approxim. de l'étendue de la surface respi- ratoire, 207. — Plan muscul. des cloisons, ou diaphragme branch., td.— Appar. vascul. des br. : vaiss. atfér. et effér. ou artères épibranchiales, 208; — vaiss. capill., 209. — Events; — leur rôle, 210. — Ils manquent chez certains Plag. pleurolrèmes, mais ne font jamais défaut chez les hypotremes, id. — Situât., td.; — dimens., id ; — forme, 211. — Val- vule, id. — Branchie de l'évent, id.; —son appar. vascul., 212; — motifs qui doivent porter à la considérer comme une br. access. et non comme une pseudo-br., 213. — Mécanisme de la respirât.^ 2U. — Rôle des évents, id. — Persist. de la vie hors de l'eau, 213. — Branchies transitoires, id. — Q.q. indicat. relatives à l'historique de leur découverte, id. — Liste des Plag. qui ont ces org. et de ceux où ils manquent, 217. —Situât. 1» au bord des cloisons branch., 218; — 2» au bord des évents, id. — Nombre, id. — Long., 219. — Forme, id. — Struct., id. — Fond., 220. Température animaie. — Quelques observations sur ce sujet, 221. V. Sécrétions, 222.— Presque toutes les glandes ont été étudiées précé- demment dans l'examen des div. fonct. 223. — Sécrétion urinaire. Reins : nombre, id. ; — situât., id. ; — forme, id. ; — vol., 22i. — Struct. (vaiss., id. ; — canaux urin. ou conduits sécréteurs, 22o; — uretères, id.) — Vessie et urèthre, id. — Urine, 226. Fonction de la (Jénékation. — Reproduction, 227.— Signes du rut dans les 2 sexes, id — Difficulté de déterminer d'une man. précise, pour chaque espèce, l'époque où il se manifeste, id. — Org reproducteurs internes duQ^ (testicule, épididymc et canal déférent) : situât., forme, 228 ; — vol. ; il varie suiv. l'âge et suiv. les saisons, id. -Ampoules des canalicules séminif. et canalicules eux-mêmes, id. — Epididyme et canal déférent, 229 ; — rentlem. terminaux en forme de vésicules séminales, 230; — leur terminais, sur une sorte de petite verge, id. Sperme, 230. — Spermatozoïdes : forme, dimens., 231 ; — mode dedéve- lopp., 232; — durée de leur niutilité, 233. Organes copulateurs ou appendices ext ; situât., dimens., 233. — forme; sillon longitudinal, 234; — glande annexée ou copulatrice, id. — Struct. des app. : cartilages, 235; — muscles, 230. Organes reproducteurs de la O (ovaires et oviductes). — Leur indépen- dance mutuelle, 230.- Ovaires. Ils ollrent dans leur sit , leur forme, leur vol. et leur struct., hors le temps du rut, une grande analogie avec les tes- ticules, id. - Vésicules de Graaf et ovules ; nombre et vol. de ces derniers, 237. — Oviductes; q.q. fois un seul fonctionne, id.; — portion antér. de l'ovid. et pavillon, 238; — glande destinée à sécréter l'enveloppe dure des œufs (glande nidamenteuse), id ; — portion de l'ovid. poster, à la glande et qui, chez les espèces vivip , prend les caract. d'une poche utérine, 239. Fécondation des œufs. Elle a tou.jours lieu càl'intér. des org. de la 9. au moyen de l'accoupl. des sexes, 2iO. — Rôle des app. génit. du cT dans l'ac- coupl., id. — Fécondât., 2il. — Phénomènes de développera. — Vitellus ; Cicalricule: sa segmentationj 2i3. — Composit. du Vit.; ses corpuscules : Poissons. ïouic l. ^^ 706 TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES.' leur forme, id. ; — leur composit. chim. : ichthyne, 243; — blanc de l'œuf; sa composit., id. — Chute des ovules, id. ; — leur arrivée dans les ovid., id. DifFérence à établir entre les Plag. ovip. et les ovovivip., 2U. — Enumér. des espèces dont le mode de parturition est connu, 1" Sq. vivip. cotylo- phores, id. — 2° Sq. et R. vivip. acotylédones, id. — 3" Sq. et R. ovip., 2i5. Plag. ovip. Marche des œufs dans les ovid. ; leur passage à travers la glande nidament. qui sécrète l'enveloppe cornée, 2i0; — forme de cette enveloppe chez les Raies, 247,— chez les Roussettes, id. ; —son vol., 249 ;— sa couleur, 230; — sa struct., id.; — sa com{)Os. chim., id. — Ponte, id. — Protection que la 9 recherche instinctivement pour les œufs au moment de la ponte; sorte de nidification natur. pour les œufs de Roussettes, 251. — Fentes et ouvertures natur. des œufs, 2o2 [.Atlas, pi. 8). Le développ. du germe a lieu seulem. après la ponte, 2o4, — et c'est quand il est achevé que le fœtus quitte son enveloppe protectrice, id. Plag. ovovivip. Arrivée des œufs dans les cavités utérines, 2o4; — leur nombre, 2o;>.— Difiër. parties dont l'œuf se compose 'membr. enveloppante, jaune ou vitell. et blanc ou albumen) : 1" Membr. extér. enveloppante, com- parable, jusqu'à un cert. point, à l'étui corné des œufs, pondus par les es- pèces ovip. Chez les uns, elle manque ou bien elle est caduque avant la fin du ciévelopp. ; chez d'autres, elle est persist. jusqu'au moment de la naiss., id. ; — sa descript.,«d. — 2°Vitellus, 236. — 3" Blanc de l'œuf ou albumen, «rf.; — son rôle, 237. — Différ. cpii s'établiss. dans l©s rapports entre les œufs des ovovivip. et les cavités utér., suiv. qu'ils provienn. d'espèces cotylophores ou d'espèces acotylédones, id. — Etude de ces rapports chez les cotyloph. (Carcharias et Musiclus lœvis). Rapports avec le fœtus du sac vitelK et du cord. ombilical, qui se compose des vaiss. omphalo-mésaraïque et du con- duit vitello-intestin., 238. — Mode d'union du sac vitell. avec la cavité utérine, 239. — Placenta fœtal, id. — Placenta utér., id. — Différ. entre le Plac. fœtal des Sq. ovovivip. cotyloph. et celui des Mammifères, 260. — Phénom. physiolog. dont ces Plac. sont le siège, id. — Il y a quelques différ. entre le Mustellus lœvis et les Carcharias, id — Persist. de l'union placent, jusqu'au moment de la naiss., id. — Différ. offertes par les œufs des espèces acotylédones comparés <à ceux des cotylophores, 261, — et différ. que les premiers présent, entre eux suiv. les groupes auxquels ils appartienn., id. — Indicat. bibliograph. relatives aux phénomènes du développ. des divers org. de l'embryon, id. — Influence que la station des 9 '^ers la surf, de l'eau, pendant la période de la gestat., semble devoir exercer sur les jeunes anim. contenus dans les ovid., 262. — Premiers actes de la vie extra-uté- rine, id. — Quelle est la durée de la croissance? Exemples de très-grandes tailles, 263. — Longévité, 264. Classifications, 263. — Cuvier, 1828 et 1829, 263. — Agassiz, 1833, 268, et 1837, 273. - Oken, 1836, id. — Swainson, 1838, 276. — Mac-Leay, 1842^ 279. — Milne Edwards, 1814 et 1833, 282. — J. Mùller, 1834 et l&il, 284 et 365. — R. Owen, 1846, 290. •- F.-J.-C. Maver, 1849, 291. — Ch. Bonaparte, 1839-1830, 293. — Van der Hoeven, 1836 et 1839, 296. — C. Duméril, 1836, 298. — Richardson, 1839, 300. — Bleeker, 1839, 301. — Canestrini, 1839, 303. — Kner, 1860, 306. - Gill, 1861, 307, I. SOUS-CLASSE, ELASMOBRANCHES. I. ORDRE, Plagiostomes ou Sélaciens. Distrib. méthod. en Sous- Ordres, Tribus, Familles, Genres et Espèces, 309. Sous-OnORE I. Squales ou Pleurotrèmes, 309. Tableau de leur divis. en 4 Tribus et en 17 Familles, 310. Tribu I, 311. — l. Famille unique, Scylliens ou Roussettes, 312. — Tabl. de sa divis. en 7 genres, 313 {/itlas, fig. 1 et 2, dents et scutelles). I. Genre Scyllinm (Roussette), 312. — Tabl. de la divis. du genre en 12 es- pèces, 314. — 1. Sc.ctmicula/Mi^. — 2. Se. catulus,'i\Q. — 3. èc. mnculatum, 319. — 4. Se. Edwardsii^ id. — 3. Se. Burgeri, 320. —6. Se. cajiet>se, id. — 7. Se. biviiim, 'kMî\ . — 8. Se. afrienmim, id. — 9. Se. paxtlierinum, 322. — iO. Se. varicgalum, îrf.- 11. Se. laticeps, 323. — 12. Se. acanthonolum, 324. II. Genre PrisUurus, 324.— P. melanostomus, 323 {Allas, pi. 6, fig. 10). TABIE MÉTHODIQUE DES MÀTÏÉftES, 707 III. Genre HemiicyUmm, 325. — Tabl. de sa division en 3 espèces, 326. I. H. oculatwn, id. — 2. H. Uispeculare, id. — 3. IL variokttum, 327. IV. Genre Chiloscijllium, 328. — Tabl. de sa division en 6 espèces, id. 1. Ch. flagiosum, id. — 2. Ch. margaritifenùn, 329. — 3. Ch. puncki- ium, 330. — 4. Ch. tnberculatum, 331. — o. Ch. phymatodes. id. — 6. Ch. mulaiaman, 332. — Ch. HasselH, id. — Ch. obscurum, id,. V. Genre Ginglymostoma, 333. — Tabl. de sa divis. en 3 espèces, id. 1. G. cirratum, 33i. — 2. G. concolor, id. — 3. G. iiùppeîÙï. — i. G. fulvum, 333. — ? G. ferrugineum, id. VI. Genre SIegostoma, 336. - 1. St. fasciatum. id. VII. Genre Crossorhinus, 338.-1. C. barbatus' id., et 398.-6'. tentacuL, 398. Roussettes de genre indéterminé : 1° Se. chilense; 2" Rouss. panthère, id.; 3" .Se. albo mucuUdum, id. : 1» R. isubelle, Id. ; 5" Sq. pointillé, id. Tribu II, 310. — Sous-Tribu î. — IH. Première famille, Curchariens. Genre unique, Carchanus (Requin), 311. — Tableau de sa division en 3 sous-genres, id. I. S.-genre ScoUodon. Tabl. de sa divis. en 7 esp. 342. Gkol'pe I. Pect. à peu près aussi larges que longues, non échancrées en arr., à angle ext. presque droit. — 1. Carch. {Se.) laticaudus, 343. — 2. C. (Se.) macrorhynchos, id. GnouPK II. Pect. plus longues que larges, échancrées en arr., à angle ext. aigu et effilé. — 3. C. ISc.) Walbeehini, Mi. - i. C. (Se.) Dumerilii, id. — 5. C. {Se.) cieutu.s, 3io. — 6. C. (Se.) Lalandii, 346. — 7. C. (Se.) Terrœ-Xovœ, id. II. S.-genre Physodon. I . C. [Ph.) Mulleri, 347. III. S.-genre Aprionodon. Tabl. de sa divis. en 3 espèces, 348. — 1. C. (Apr.) ùrevipinna, id. — 2. C. (Apr.) isodon, 349. — 3. C. {Apr.) aeiitidens, id. — 4. (esp. supplém.) C. {Apr.)punetatus, 3o0. IV. S.-genre Hypoprion, 350. — 1. C. (//.) Macloti, id. — 2. C. (ff.) hemio- don, 3ol. V. S.-genre Prionodon, 351. — Tabl. de sa divis. en 3 groupes, 352. Groupe I. l""e Dors, beaucoup plus près des Vcntr. que des Pect. Tabl. de sa divis. en 3 esp. (1-3), id. 1. C. {Pr.) glaucus, 353. —2. C. {Pr.) hirundinaeeiis, 334. — C. (Pr.) munsing, id. Groupe II. If" Dors, située beaucoup plus près des Pect. que des Ventr. ou même commençant immediatem. derr. la base des premières. Tabl. de sa divis «en 7 esp. (4-11), 355. 4. C. {Pr.) oxyr/.ynchus, 356. — 3. C. (Pr.) lamia, id. — 6. C. {Pr.) leiteos, 338. — 7. C. (Pr.) gangetieus, 359. — 8. C (Pr.) glyphis, id. — 9. C. (Pr.) Milberli, 360. — 10. C. {Pr.) amboinensis, 361. Groupe III. l'e Dors, située au milieu de ladist. qui sépare les Pect. des Ventr. ou un peu plus rapprochée des premières que des secondes. Tabl. de sa divis. en 21 esp. (11-31;, 361. A Esp. àmusmu très-court, large et tout à fait arrondi (11-15). 11. C. (Pr.) fasciatus, 303.— 12. C.(Pr.) brachyrhynchos, 364. — 13.6'. (Pr.) amblyrhynchos, id. — 14. C. (Pr.) melanoplerus, 363. — 13. C. (Pr.) ulhimarginutus, 366. B Es\). à museau ylns ou moins long et toujours arrondi (16-28). a Esp. ind. (16-21) : 16. C. (Pr.) Rlcekeri. 367. — 17. C. (Pr.) sorrah, 368. — 18. C. (Pr.) javanicus, 369. — 19. C. {Pr.) menisorrah, id. — 20. C. (Pr.) Dussumieri, 370. — 21. C. (Pr.) ijntjot, 371. b Esp. amer. (22-27) : 22. C. (Pr.) ohsc.nrus, 371. — 23. (1. (Pr.) Henlei, 372. — 24. C. (Pr.) porosus, 373. — 25. (Pr.) remotus, 374. —26. C. (Pr.) falciforniis, id. — 27. C. (Pr.) limbatus, 375. c Esp. canarienne : 28. C. (Pr.) obcelatus, 376. C Esp. à mu.'^eau pointu (29-31) : 29. C. (Pr.) pleurotœ.iia, 377. — 30. C. (Pr.) Temminckii, 378. — 31. C. (Pr.) /jorneensis,'ôlH. Esp. du genre Carcharias imparfaitem. connues : 1. Sq. (C.) maou, 379. — 2. Se. cœruleus, id. — 3. Carch. Atwoodi, id. — 4. C. mici-ups, id. — 5. C. falcipinnis, id. 708 TABLE MÉTIIOUIQLE IIES MATIERES. III. Deuxième famille, Cestraciontes ou Marteaux, 380 et 698. — Genre Cestracion, 381. Tabl. de sa divis. en (i esp., id. 1. Cesir. zygœm, 382. — 2. C. Leeuwenii, 383. — 3. C- mokarran, id. — i. C. IHochit, id. — S. C. tudes, 38 i. — G. C. tiburo, 38o. IV. Troisième famille, rr/Vj'/iodonffi-, 38U. Genre unique. Triœnodon, id. 1. r. olje.s7is, id. — 2. ï'. S)nitltii, 387. Sous-Tribu II. V. Première famille, GaU'ens. 388. Tabl. de sa divis. en 5 genres, 389. I. Genre G'ikus (Milandrc), 389. 1. G. cams/A90. - 2. G. japonicus, 391. II. Genre Ihinigdkm, 391. 1. //.//tiVroo/owc',392. — 2. H. mncroslonia, id. III. Genre Gnlcucerdu. 393. 1. G tifirinus, id. —G. arcticus, 3di. IV. Genre Loxudon, 393. 1. L. mar.rorhinus, id. V. Genre Thalasiorhinus, id. 1. T. vidpeciUfi, 39(i. — 2. J. ylatyrhyn- citus, id. VI. Deuxième famille, .ÇcyH(Of/o?i/es, 397. Genre unique, Triakis, id. 1. T. scyllium, id. — 2 T. setiufasdatum, 398. — 3. T. Henlei, id. VII. Troisième famille, Musteliens, 399. Genre unique, Musielus (Emis- sole), id. Tabl. de sa divis. cm 2 esp., id. 1. A/. viUgaris, iOO. — 2. y17. /œws, -iOl (.l/ki-, pi. 3, lig. 1-G;. Sous-Tribu IIÎ. VIII. Première famille, i,«WtH(e/i5, 403. Tableau de sa division en i genres, I. Genre Laoma (Lamie ou Touille), -iOi. — L. curnubica, 40o. II. Genre Oxyrhina, 407. Tabl de sa divis. en 3 espèces, id. \. 0. Spnl- kmzanri, 408 (AtL, pi. 7, lig. 4), — 2. 0. glaiica, 409. — 3, O. punctata, id. III. Genre Carcharodun, 410. C. liondeleiii, 411 {.itlns, pi. 7, fjg. 7). lY. Genre Selache (Pèlerin), 412. .S. vtaximus, 413 (Atl., pi. 3, lig. 18). IX. Deuxième famille, Odontaspides,-i\(î. Genre unique, Odontaspis, 417. Tabl. de sa divis. en 3 espèces, id. \. 0. (aurtis,id. (.itl., pi. 7, lig. 3). — 2. 0. fcrux, 418. — 3. U. aniericatius, 419. X.. Troisième famille, Alupéciens, 420. Genre unique, Alupias (Renard), 421. Alopias l'M/pw, ià. XI. Quatrième famille, Hétêrodonles, 423 et 098. Genre Heterodbntits, 424. Tabl. de sa divis. en 3 espèces, id. [Atl., pi. 3, tig. 7-17). — 1. //. Phi- iippi, 42 i et 099- 2. H. Francni, 426 et 699.-3. H. Qmyi, 427 et 699. XII. Cinquième famille, lihinudontcs, 428. Genre unique, Rhinodon : Rh. typieus, id. Tribu ÏII, 129. XIII. Famille unique, \o/«/a'HV/i.f, 430. Tabl. de sadi\is. en 2 genres, /d. î. Genre //ea.aHc/iMs, 431. //. grixeus (le griset), id. II. Genre Heplanrhus, 432. Tabl. de sa divis. en 2 espèces, id. I. H.cinerms (le perlon-, id. —'2. H.iadicus, iU [Atlas, pi. 4, lig. 1-10). TrïBU IV, .133. — Sous-Tribu I : Dorsales cpineuses. XIV. Famille unique, Spinanens, id. Tabl. de sa divis. en 5 genres, id. î. Genre Arantluas (Aiguillât), 436. Tabl. de sa divis. en 3 espèces, 437. 1 Ac. vuU/uris, /d. — 2. Ac. lUainvillii, 438. — 3. .\c.i(yatus,\\<,{). — Ac.SuckUi, ■iiO. — Ac. americanus, 4i0. Vov-, en outre, p. 699 et 700. II. Genre Spinnx (Sagre), iil. Spinax niger, id. {Adas, pi. 4, lîg. 13 et 14). III. Genre O.njnotas (Huniaiilin), Halin., 4i3. Ox ce/ifriiia,-i4i[Atl., pi. ;>, (ig. 8-9). ' .... "iV. Genre Ceniruphorus, 44(i. Tableau de sa division en 2 espèces, id. 1. C.grunidosus,-iil. — 2. C. squamosus, -ilH [Atl., [)1.3, (ig. 11-18). V. Genre Ci'ulroscyUium, 4i9. (.'. Fuhricii, id. 'Atl., pi. h, fig. 10). Sous-Tribu lî. Bhrs'iU.s S'ins aiguillon. XV. Première famille, Scymnicns , 130 Tableau de sa division en 2 genres, id. . . „., I. Genre Scyr.inus (Leielie), id. Tabl. de sa divis. en 2 sous-genres, 4ol.— 1. S.-genre Scymmis, id. Tabl. de sa divis. en 2 espèces, 432. 1. Se. [Se.) licliia, id. — 2. Se. ,Sc.] brasiliensis, 153. — II. S.-genre Lœmargus, iixi. TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. 709 Tabl. (le sa divis. en 4 espèces, id. \. Se. (Lœm.) borealis^ ioo. — 2. Se. (Lœm.) hrevipinna, ioG. — 3. Se. [Lfpm) Labordii, 457. — Se. {Lœm.) ros- frntus, 158 {AlUi.-;, pi. 5, fig. 1-4). II. Genre Eehinorhmus , id. ILch. smnosns (le Bouclé), 459 [Atl, pi. l2, fig. lG-20). X\Tl. Deu.xième famille, Pristlophores, 4(!1. Genre Fi'istiophorus, id. Pr. cirratus, id. X.VII. Troisième famille, Rhines ou Squatiniens, 462 et 698.. Genre nhina (Ange , i(i;5. T;il)l. de sa divis. en .3 espèces, 464. 1. Hh. squntinn, id. — 2. /{/(. acideala, 465. — 3. lili. Dumerilii, 467 {Atl., pi. 5, fig. 5-7). Sous-Ordre II. Raies ou Hypotrémes, 468. Tabl. de leur divis. en 2 Tribus et en 8 familles^, 469, et pour une ex- plication relative aux fam. 7 et 8,631, note 2, et 650. Tribu I. Galéobatides ou Squatixoraiks, 470. I. Première famille, Pristides ou Sctes, id. Genre unique, Prisfis, 471. Tabl. de sa divis. en 9 espèces, 472. 1. Pr. anfiquorum, 473. — 2. Pr. Per- ratieti, 474. — 3. Pr. peclinatus, 475. — 4. Pr. megalodon, 476. — 5. Pr. cuspidalus, id. — 6. Pr. microdon, 477. — 7. Pr. semi-sagittatm, id. — 8. Pr. diibius, 478. — 9. Pr. Zysrun, 479 — Espèces supplémentaires, dont la détermination laisse quelque incertitude : Pr. aeulirostris, id.; Pr. oecn, id.; Pr. leptodon, 480. Tabl. synoptique, id. {Ailns, pi. 9). II. Deuxième famille, /?/!rtm;i/!o/yrt//c/e.?, 481. I. Genre [{h/iiitjihulKiiis, id. lih. (mcijlostumus, 482 et 698. II. Genre Rhynclwbalus, id. Rh. lœvis, 483. III. Troisième famille, Rhimbatide.'!, 485 {Allas, pi. 10). I. QanvG Rhinubatus. Sa divis. en 2 sous-genres, 485. I. Sous-wnre Sijrrhina, 486. Tabl. de sa divis. en 6 espèces, id. 1. M. {Syr.) Columnœ, id. — 2. Rli. (Syr.) annulaius, 487. — 3. Rh.. {Syr.) Bloeliii, 488. —4. Rh. {Syr.) brevirostris, 489. — .5. Rh. {Syr.) lianksii, 490. — 6. Rh. {Syr.) Bougainviltii, 491. II. Sous-genre Rhinohatus. Tabl. de sa divis. en 10 espèces, 492. 1. Rh. (Rh.) obtiisus, 493. — 2. Rh. (Rk.) granulatus, id. — 3. Rh. {Rh.j armiiius, 494 -- 4. Rh. («/!.) eemicidus, 495. - 5. Rh. [Rh.) hnlnvi, 496. — 6. Rh. [Rh.) Philippi, 497. — 7. Rh. {Rh.) Schlegelii, id. — 8. Rh. (Rh.) undulatus, 498. — 9. Rh. Horkelii, 499 — 10. Rh. {Rh.) Thovini, 500. Espèces supplémentaires et, jusqu'à présent, mal déterminées : Rh. pro- duetiis, Rh. hi/nnicrphalus, Rh. Jaram, 501. II. Genre JrygunorJima, id. Tr. fiiscicto, .502. Tribu Iï. Batidks ou Raies, 502. IV. Première famille, Turpédiniens,:i03. Tabl. do sa divis. en 3 groupes et en 6 genres, 504. Groipe I. Torpédinien.. 603. — 23. Tr. (Tr.) KuhUi, id. — 24. Tr. (Tr.) nkajci.CM. — 25. Tr. (fr.) tuberculatus. 605.— 2(). Tr. (Tr.) imbricatus. 606. — 27. Tr. (Tr.) ziiqei, ^V/l- 28. Tr. (fr.) sab/n':, 607. — 29. Tr. (Tr.) hystrivJiOH. — Tr. pnst/naroides, 609. II. Genre Plerojil/itea, 610. Tabl. de sa divis. en 7 espèces, id. 1. Pf. (illarplii, (ill. — 2. Pt. canoriensis, id. — 3. PL Valencicnnii, 612. — 4. Pt. hinoidij, id. — 5. Pt. micrura, 613. — 6. Pt. juponica, 614. — T. Pt. Maclurti, id. m. Genre Hypolophus, 615. — //. sepken, 616 [Atl., pi. 7, fig. S"). TABLE MÉTHODIQUE DES MATIÈRES. 711 IV. Genre Tamnira, 618. Tabl. de sa divis. en 10 espèces, id. i. T. lijmma, Glfl. — 2. T. Mcyeni, fôO. — 3. T. melanospilos , id. — A. T. grabatua, 621. — 5. T. Miilien, id. — 6. T. Dimerûit, 622. — 7. T. Henlei, 623. — 8 T. Orhignyi, 624. — 9. T. motoro, id. — 10. T. Magdalenœ, 625. 3" Sous-Famille, Urolophi, 626. Genre Urolophus, id. Tai)lcau de sa division en 4 espèces, id. i. U. crucitdus, id. — 2. U. ephippiaius, 627. — 3. U. armalus, 628, — 4. U. torpedinus, id. IV« Sous-Famille, Trygonopter^*:, 629. I. Genre Tri/gonoptera, id. — Tr. testacea, id. II. Genre Aeioplatea, 630, — l.A. tentacidata, id. — 2. A. zomra, 631, VII. Quatrième Famille, MxjUohatides ou Mourines, 631, Tableau de sa division en 3 genres, 632. I. Genre MyUohatis, 633. Tabl. de sa divis. en 7 espèces, id. I. Myl. aquiln, 634 — 2. Myl. Bonoparti,62,o. — 3. Myl. vesperiilio, 636. — 4. Myl. bispinosus, 637, — 5. Myl. Nieiihoffii, 638, — 6. Myl. milvus, id. — 7. Myl. m'iculntus, 639. — 8. Mtjl. vulhir, 640. II. Genre Aetobatis, 640. Tabl. de sa divis. en 3 espèces, 641. ï. A. narinari, 641. —± A. flagellum, 642. — 3. ^. latirostris, 643. II. Genre Rhinoptera, 644. — Tabl. de sa divis. en 7 espèces, id. , 1. Hhin. margiiiata, 64a. —2. Rhin. Lalandii,id. —3. Rhin, brasiliensis 646. — 4. Rhin. Peli, id. — 5. Rhin, javanica, 647. — 6. Rhin, quadriloha, 648. — 7. Rhin, adspersa, id. -- 8. Rhin, vespertilio, 649. — fl/im, Stnithii, id. VIII. Cinquième famille, Cephalopterœ ou Raies cornues, 649. Sa division en 2 genres, 630 (Atlas, pi. 6, fig. 1-9). I. Genre Cephaloptera, 631. Tabl. de sa divis. en 3 espèces, 652. I. Ceph. Giorna, 633. — 2. Ceph. Massenn, 654. — 3. Ceph. Kuhlii, id. — 4, Ceph. eregoodoo, 633. — 5. Ceph. Olfersii, 637. 6. Ceph. Fabroniana, 658. — 7. Cejj/i. japomca, 659. II. Genre Cerutopiera, 659, 1. Cfr. vampirus, 660. — 2. Cer. Ehrenbergii, 661, Espèces mal déterminées, 662. I. SOUS-CLASSE. ELASMOBRANCHES. II. Ordre. Holocéphales ou Chimères, 663, Caractères, id. (Atlas, pi. 13 et 14). Leur classification : Linné, 664; Lacépède, id.; C. Duméril, id.; Cuvier, 665; Latreille, id.; J. Muller, id.; Ch. Bonaparte, id.; Van der Hoeven, id. Exposé des particularités les plus notables de leur organisation : Colonne vertébr., 666; — crâne, 668; — mâchoires, 669; — cartilages labiaux, id.; — nageoires paires, 670 ; — nag. impaires et aiguill. de la Ire dors., 671 ; — structure du tissu du squelette, 672. Dents ou plaques dentaires, 672; tube digestif, 673; — ses organes an- nexes, 675; — organes de la circulation, id.; — org. de la respiration, branchies, 676; — organe de l'ouïe, 677, de la vue, id. ; — téguments, canaux cutanés, id.; organes de la reproduction, 680; appendices géni- taux externes des (f: les^uns annexés aux ventrales, comme ceux des Pla- giost., id.; les autres placés au-devant de ces nag., 681; cartilage sus-cé- phalique épineux des (f, 682; œufs, 683. I. SOUS-CLASSE. ELASMOBRANCHES. II. Ordre. Holocéphales ou Chimères. Distribut, méthod, en genres et en espèces, 684. I, Genre Chimœra, 684. Tabl. de sa divis. en 3 espèces, 685. Ch. monstros(i,QS6. — 2. Ch. cri.stnia, 688. — 3. Ch. Colliei, 689. II. Genre Callorhynchus, 690. Tabl. de sa divis. en 5 espèces, 692.— 1. C. antarriicus, 693. — 2. C Pcronii, 694. — 3. C. capcnsis, 693. — 4. C. tasmriniiis, 696. — 3. C. Smifhii, 697. Additions et corrections, 698. — Table méthodique, 702. — Table alpha- bétique, 712. FIN DE LA TABLE MÉTHODIQUE. TABLE ALPHABÉTIQUE. (tbredonensis Hieropt. (Raja). . 701 Acanthias 435,136,(399 flCo«//i«fl,s- Galeus iil,6Hfi Acanthidium U2 açunthvnutnm Sryll. . . . 311,3:21 Acanthorini 6(m Acanthorinus 13d, 10:2 acronut us Vr'ww 376 acideatn Rhiiia. . . . 161, 16,"), 166 — Raja. -m acidentus Etmopl. 'Spin.). . . 136 acMsRaja.. . . • ri71 acuta Tryg. ri86, Myliob. . . . 637 ûCM/»deHi- Aprion 318,319 acutirostris Pristis. . . . 179, . M) acutusS'Co] 3i:2, 3ij ods/ipoo- Rhinnpt 61i, 6i93 /;««C)'(///) Narcine . . . . 511,51.5 lUinksicna Cephalopt ()(i2 Hnnksii Syrrh 486,190 linrattidu'\\\\']?i 529 barbnius. barbu, Crossorli. 338,698 barbillon Gingl 3;U Basilic (Raie) 686 baskiiiir Sliark (Sclachp\. . . 113 JiMlide.N -275,1(59,502 /,«/*,v Raja . .5-27,528,513,563,567 Boaumaris Shark, Lamna cor- nub 105 TABLE ALPHABÉTIQUE. Tagos. Benneti, Hemitryg riOîi Bernadet, Oxynote iii hinorulata Uropt TiT.S, 57-4 hi-ocularis Raja oiS hispecubtris Ici 5il2 hispinntus Scymn i.i7 bispinosus Myliob (133, ()37 ftjy/M?/; Scvll 311,321 BlriinvillnAcanih. i37, i38,(j99, "OO blanc Squale ill blanche Raie. TifU — et lisse. Ici o63 Bleekcri Vrion. 362, 3(17, Tryg. o03 /?/or/i»/ Costracion. .... 381, 3H3 — Hhinol). .i8(),.iS8 Bokliat Raie (Rhynchob.) . . . 483 Huniipartii Sympter\ g. . . . r>7o — Myliobat. . 633, 63 i, 035, 638 boiiasrts Cephalnpt 618 boreuiis, Cliim 686 — Scymn -loi, l.Ti Boreogalèiis 391 horncensis Prion 362,378 Bos (Raja) 569 Bouclé... le, Ecliinorh 1.59 bouclée... la Raie 529,513 liuugainviUii Syrrh. . . . 186,191 bovine Myl 635 Brachiop'tilon (Cephalopt.?) . 662 bruchyrliyrichos Prion. . . .362,361 bramante Lrrviraja 701 brn siiiensis Hicymn 452,1.53 — Narc 511 — Raja 527,537 — Rhinopt 611,610 hrevkauda Tryg. .589 brevipinna Aprionodon .318 — Scymn 15 i, 156 breinrostris Prist 180 — Rhinob 480,189 briiccoTrya 599,602 Bruccus "(Id.) 600 brucits Sq. (Ecliin.) 159 Mr^eri Scyll 311,320 rwruleus Cnrrh 353,379 Cagncto Ccstr., Zygaena. . . . 382 (•«/'■■É'n.îAcantliidium (Centroph.?) 446 rolifornicu Triakis? 398 - Squat. (Rhina) 701, NaiT. 511,510 Callorliynchus.(009,73,77,79,8i,90) canalkuiutfi Pristis 173 canarien SIS Vicro\i\. . . . (>10, (ill Canicula 31.5,316 rnnicula Scyll. 217,215,311,315, 317 r«»?i5 Gai. 211. 390, Sq. . . . 102 capense Scyll. ..... 311,320 rapensis Carchai^odon 111 — Astrape 522 — Raja .527, .>40 — Callorb 692,(595 Carcliaria.s 311 713 Page?, cflrc/ianas Sq. (Scymn.). . . . 455 — canis (Galocerdo) 395 Carchariens 310,.310 Carcharinus 351 Carcharodon 101,110 Cardant Serp. indicus (Chim.). ()86 cnnnntumSlegoiii. 337 rnrnca. Tryg (i09 Catulus . ". 315 catidus Sq. Se (217,15), 311,315,316 — Gai. Id 316 — Pristiurus 325 ceinirulus Rhinob 192,195 Centrina, 113, — prior, Chim.. (J86 cenirina Oxynolus . . . . 111,699 Centi'ophorus 135,116 Centroscyllium 435,119 ceniruuru Raja (Tryg. ?). . . . .592 Cepedianus Galeus (Galeocerdo) . 395 Cephaloptera .... 650,051,662 Céphaloptères 169,503,619 Cephaloscyllium 311,323 Ceratoptera 650,059 Cercus (Aiopias) 421 Cerictius 167 Cestracion fZvg.l 381 — (Heter.). 310,310,123,501,098 Cestraciontes 310,310,380 Cestrorhinus 380 Cetorhinus 412,414 Cha-nogaleus 392 chfigrinea Raja. 527,554, 558,500,571 chanienay Raja .5.39 chardon Raie 554 c.'i(7e)(Ae Scyll 339 chilensis Raja 553 Chiloscvlliina^ 311 Chiloscyllium 313,328 Chima^fa 084, Chimeria. ... 686 Chimères 003,084 rliiiiensis Raja 505, 576 Chismopnés 004 Chondrichthes .5,299 Chondroptérygiens. . . 5,207,283 nlinris Sq 2*6 rinerea Raja 5;'i7 c/M('retv.<; Gai. (Scyll.)317,Hept.245,132 cin((-taches Torp 507 cnrid(iris]{a.ia. 527,536 (vr)7//tmj Gingl. . . . 215,333,334 r/r/rt/i's Pristiopli. 401 cirrhosurn Gingl .334 ciavaln Raja. 240. 527, 528, 531,. 532 ('lusit Galeus acanth. (Chim.) . . 080 Co//(n Chim 681,685,689 CVi^umnœ Syrrh 245,486 conco/or Gingl 333,334 Cooperi Raja 572 coucou Raie 549 cornubicn L;imn 245,405 Cornuda (Cestr. mokarran).. . 383 cornue Raie 659, 662 714 TARLE ALPHABETIQUE. Papps. cm^o/«Cliim 083,088 Croizieri Hemitr uiKi, ."j97 Crossorhinoidae 'M\ Crossorhinus 313,338,098 cruciatus \jro\o\)\-\ 0:20 cucuri Prion 373 cuspidahts Pristis. . . i~'2, i70, 479 Cuvieri Raja 331 Cuvier Sq. (Prion.?) 3()3 Cynooephalus (Prionorlon). . . 331 dadong Tryg 381,391 Dalatias (Spinacien] 430 — (Scvmn. ?), (45-2, 33 33, 37, 39) Dasyatis 390,011,013,014 Dasvbatis 390 Dasybatus (328, 32, 34, 37, 42. 43), 390 Dekayi Oxyrh '. , 409 Delarochianus Pristiur 323 demoiselle Callorh 093 dentelé Sq., Ciiiloscyll 331 Dermodontes 130 Desm«re.s7/a Raja. • . 327,347,331 Desmobranchii 297 Diabolichthys 000 Diaboius mnrinus 0()2 diaphanes Raja 333 Dicerobatis, i)icerobatus (031,53, 39) dipterygia Astrape 523 Dipturus (Raja) 303 Discopyge 504,521 diversicolor Torp 508 djeddensis Rliynchob 483 douce Raie 543 dubius Prist -472, 478, 479 Z>i.7ir/mdé Rhynchob .483 DimieriliiSco] r342,44) — Rhina (404, 07). — T;¥- niura (018,22) Dussumieri Vvion 302,370 Ecailleux (1') Centroph 448 ecfiniR/w5 Leiodon (Scymn.?). . 430 Echinorhinus 450,438 eden/t^/^fi' Sq. (Cephalopt.). . . 039 Eo'wardsii ScyW. . . 243,314,319 eel tenkee Aetôb 041 eglantcria ^nja.. . . . .327,332,334 Èhrenhergii Ceratopt. . . 000,001 Eiasmobranchcs. 5, 197,290,295,309 e/ef /r/rt/s Rhinob 498 éléphant Callorh 093 elephas Selache 414 Eleuthcrobranchii (i03 Ëllioti Tryg 593 Ellipe.surùs 379,381 emarqinata Torp 312 Emissole. 399 Entoxychirus (Spinac). . . . 099 e;5/ii;pp?fl/w,/■?«? Centroscyll 449 Fabroni Apter. (Cephalopf.). . 039 Fabroniana id. . . . 030,051,058 f a le i f un ni s Vv'wïi 302,374 fnkipinnis Carch 379 [insuvela Raja 527,550 fasciata Trygonorh 502 fasciation Slesost 330 f(i scia fus Prion 302,303 Faulx la..., Alopias 422 /e/ù Miist. (Triakis) 398 fenestratd Raja 537 Ferrifindinus kcs.ïiih 437 ferox Odont 417 et 418 ferriiginea Pastin. (Uroloph.).. 028 ['rrrugineum Scyll. (Gingl.?). . 333 fiDibriutuWWms^. 405,406 pssidens Prion 373 flngellum Acioh . . . 041,642,043 flossudd Raja 560 F(jr.s7.-o^« Trve:. (Hvpoloph.). . 616 Francisi n^ier . .... . 426,699 FreminvilUi Myl 649 Freyriiieti Scyh. (Chiloscyll.).. 332 fidgens Scymn 453 /■«//ù/î/cfl Raja. .. (527,31,34,60) fnlvum Ç,mg\ 333,333 fiisco-macukifa Torp 310 fuscus Spinax 441 Gafmardt Raja 527,563 Galéens 310,340,388,389 Gaiéobatides 409,470 Galeocerdo 389,393 Galéodc.s 275 Galeorhinus (Gai. et Odont.) 390,418 Galeus 389 — (Chim.) 086 galonné le... Scvll 322 Galvanii Torp. ! . . 507,308,509 gnitgeiicus Prion 333,339 gmapa Tryg 008,022 Gatte, Scvmnus lichia 452 Gen-ardi Tryg 583 Oesnert Tryg 596 Ginglymostoma 313,333 GinglvmostomatoidaR 311 Giorn'a Ceph. 245(632, 55, 57,58, 60) glnciaUs Scvmn 453 .9/awca Oxyrh 407,409 Glaucostegus (Rhinob.). 495,490,300 glaucosi iclos kh'xnoh 498 r//awr;/.ç Prion 244,352,333 glg phi s Vrïon 333,339 .^o/«;(/iorfon Oxyrh 243.408 Goniobatis. 032,042 Goniodus (Echinorh.). ... 459 gra/jatus Tivniura 618,021 grande Roussette 313 TABLE ALPHABETIQUE. Pages, grandes taches, Rouss. à. .. . 316 granuldus Rhinob. . . . 492,493 fjranulosa Raja o(iO f/raiiidusus Centropli. . . 446,447 Grecnland Shark, Scymn. boréal 455 Grisct (le) Hexanchus 431 griseum Chiloscyll .... 245,330 gr iseiis {C&rch.) Oùont,. . . 419 «/nscKJ Hexanchus 245,431 Gronovien Sq. (Scymn.). . . . 461 Gunneri Scyll. (Pristiur.), . . 325 — Sq. (Spin.; 4i2 — Scymn 456 Gunne7-i(ini(s Selache 412 (7m//mM (Raja), Aetob 641 Gymnura «579 gymnura Tryg 605 Gyropleurodus (Heter.) .... 699 Hàlœiuriis (Scvli.) 320 halavi Rhinob 492,496 Hulgnni Taîniura 619 HaniiltoKi Cephalopt.? .... 662 HardirirJxu Temeia 524 HasscUi Chiloscyll 332 hastnta, liaslatus Tryg. . . 384, 592 hebelans Torp ■ • 511 Hemigalens 389,391 hemiodon Hypopr 351 Hemiscyl!iina3 311 Hemiscyllium 313,325 Hemitrygon 583,595 Henlei Prion. . . . (302,64,72,73) — Triakis 398 — Tœniura 618,623 heptagonurn Stegost . . . 337,339 Heptànchus 430,432 Heptranchias 432 Heterodontes 340,423,698 Heterodontus 424 heieriirus Tryg 584, .591 Hexanchus. ". 430,431 Hieroptera 'Raja) 701 Hillifimts Spin 443 Himantura 583,584 hinmdus Must 400,401 hiriindinaceus Vvlon. . . . 352,351- /uVwrt^Z/. Pteiopl. . . . ()IO,(il2,(;l3 Holocéphales 663,665,68i Holorhinus (Rhinoptera). . . 649 Homiamis Selache 413 Horkelii Rhinob 492,499 horned Ray, Cephaloptera. . . 653 Humantin 4-44,445 Uumholdiii Ta'niura 625 Hydroiagus(Chim.) 689 hynnicepludus Rhinob 501 Hypnos 504,520 Hypolophus 582,614 Hypoprion 341,350 hyposticla Propteryg. (Raja). 562,701 Hypostomates 299,664 hypostomus Cephalopt 662 715 Pages. Hvpotrèmes 198,308,468 hystrix Tœniura. . 599, 608, 624, 625 imbricatus Tryg 599,606 immaculata, torp 509 i'/(rf;c« Narcine 514,517 — Aetob 641 indiens Hept 432,434 — Sq. (Echin.?) 461 in fernus kc^inth 439 intermedia Raja 527,561 isabelle Rouss 339 isodon Aprion 3-48,349 Isogomphodon (Carch.). . . . 3.56 Isoplagiodon (Id.) 368 Isurop'sis (Oxyrh.) 409 Isurus (Carch.) 356 Isurus l'Lamna) 406 itnlica Vidpeculn (Oxyn.).. . . 444 jamaicensis Uroloph 628 japonica Rhina. ... . 465,467 — Astrape 523 — Pleropl 610,614 — Cephalopt 652,6.59 japonicus Prion., 359. — Galeus. 391 jaram Rhinob 501 javanica Rhinopt 644,647 javnnicKs Vrion. . ... 362,369 .lo/rnii Ceratopt 245,660 jojenia Raja 527, 3i4 juif (poisson), Cestr 382 Jussieui Rhinopt 646 kenojd Raja 527,553,3^)6 KuhliiTYyg 599,603 — Cephalopt. 650,652,654,656 kunsufi Pferopl 613 Laburdii Scymn 454,437 Laemargus 451,454 Lœviraja 528,569 lœvis Must 244,399,401 — Rhina 463 — Rhynchob 483 — Raja. . . . 329,ri47,563,368 — Tryg 600 Lalandii Scoliod 342,346 — Rhinopt 644,643 Ifimin Prion 217,35.5,356 Lamia 411 Lamiola (Galeus?) 390 Lamiopsis (Prion.) 375,378 Lamna 404,405.408 Lamniens 310,340403 langue de serpent, Pristis. . . 473 liiticuudus Scoliod 342,343 /rt/îceî)s Scyll 314,323 — ■ Cestr 384 latirostris keioh 641,642 Leeiiwenii Cestr 381,383 Leiche. 450 Leiobatus, Raja 526,369 Tryg 600 — Uroloph 626 , Leiobatus, Myl 634 716 TABLE ALPHABÉTIQUE Pâtre Leiodon (Scymn.) i:in Lempripri Raja .")^7,.")."):î Lontillade, RajaSalviani. . . . .'iTO Lontillat, Must ioo leopardinnm Scyll. ..... ',Vli (Centroph. 480 Lepidorhinu Lp[)t()carias. . . leptodon Pi-istis leticus Prion .'{.")."), li'iS Libella ;5.S(),;}S2 lichia Scymn ^I7,:2i."), ir):2 li rfoni fer Rhinoh oflO iima Raja .'io;^ Ihubatus Prion 'Mti^'M'i linguhi Narcine ril4,."i!(i lintea Raja .'):27,."),"i7 m tara Us Sq.. .i(IS /o?;f//(/.ç Crossorh ,'{;{,s loiir/iciiudus Stegost • ,'i;{(i longinifinus Piion ;{7(i loutre, Lamna cornub i(l."i Loxodon ;!Kn,a!);i i?yOTmnTryg.etTa?niura ()()(),()! S, (îl!» macer Polyprosopiis iKi Macloli Hvpopr .'i.'id 7J/rtc/(/iY< Pteropl ()l(),(ili macrochis Sq. (Odont,) il!) macrnptrrri il\\. [kelah.].. . . (iil marrorhinns Loxod 3!».') machrorhynchii Raja. . ;)^7^56(),r)()!) microrhiinclios Scol. . . . 3i:2,3i3 mncrostoma Hemifral 39:2 macroxirus \\n\). -4:22.— Cerietiu.s. 407 mncrura Nareine. 519 mncrurus Tryg 584,588 maculafa Nafcine 514,518 — Raja 54-2, 5i3 inaculdtum ScyW. . ■ . . 314,31!» mnculalus Galèus (Galcocerdo?) 3!)3 — Notorh. (Hept ) 43 i — Myl (>33,()3!» W7derws!;>- Raja 527,545 Mngdnlenœ Tœniura. . . . (il8,()25 W7jor Catui., Scyll 317 — rulgnris Cat., Scyll. . . 317 — Sairiani, 1d., Id . . . . 317 mnlniaunm Chiloscyll. . . 328,332 mallcus Cestr. .... 21 7, 2 i4, 382 Maltha (Gai.?) 3!)0 mnnaiia Raja (Ccpliatopt.). . . ()(i2 tnnrmzo Hnst 403 Manta, Cephalopt (i.5!),(i(i0 Maou Cai'ch 358,37!) nKirgnritifiriim Chilosr . 328,32!) iniirginiita Raja .527, .5()8 — Rliino|)t (iii,()i5 margiiinliis Tryg. . . 58i, 588,.5!)i. iM/irgr/ivii Rliinoh i!)8 marina Serra, Piist 473 — Simia (Cliim.). ()8() — f'//c>-a Pasl. (Pteropl.- . 011 ~ o./'î/r/i//i/(Past. CTrvg.). . (iOO Pagof. marmoraia Torp. 217,245,505,508 iitnrinuratum'ic\\\\y\m 698 iiiarorcima Raja 527,55!) marteau... le 381,382 Tl/c/sicna Cephal. . 650,652,654,658 mauritianus Scymn 457 maxitna Selacbe., 217,245,412,413 niedUerranca Cbim 686 Mrerdcru'oortii Raja. . . . 527,555 7jifgal()i!on Prist. . . . 472,476,479 7iiegaloptents }i\ust 402 me.lanopterus Prion. . . . 302, 365 mclanospilos Ta'niura. . . 618, 620 mcl/niustoiniis Pristiurus. . 245,325 nielaslo)»us Id 325 ■rnelcigris Goniobat. (Aetob.). . 642 menisurrali Prion 302,309 i1,V/y(?«! Tirniura 018,020 mirrurdlala Raja. . . 240,527,538 iincrocpphalus Scymn 455 mirrodon Prist. . . 472,477,479 inicrophth/dma Nareine . . , 517 viicrops Carch 379 rnkroplerus Scymn. . . . 455,457 niirrusfoina Hemigal 392 mirrura Pteropl.. . . 610,613,01 1 Milandre 389,390 i1/»76cr/; Prion.. 3.5.5,360 MiUi Callorh 696 milrm My\ 633,036,638 minor Catul., Scyll 315 — Sq. Carcb." (Prion.?). . . 305 î^i'r/'ifc/Hs Raja.. . 527,5i2,5i-7,5i!) Mobula, Cephalopt 050 Mobular Id 659,062 moliarj-aii Cestr 381,383 rnolucrensis Centropb 4iH nioiiensis Sq. (Lamna 405 Monge Nolid. Hex.) 43| Monopterbinus (Notid.) . . 430,431 Dionopterygins Lophius(Torp.?) 508 munsirofta Cbim 685,686 mookarab tenkee, Myl 03,s niorutn Raja 57fl inuscica Ici 53s moforo Ta'niura . . . 618, 023, 62^. Mourine 03i inucosi.tsima Raja 50" imtcronata Id 57 1 MUlleri Pbvsod 3t7 — Tteniura. . . . (118,621. 02;{ munsinq Prion. .... 352, 35}, Miisteli'ens. . . . 310.310,388,39» jMustelus 3!)<) Mvliobiitides i.()9. 503,631 Myliol.atis. 0;!2, 03;^ (iaTM.v Raja, 527,519, 55() Narcacion 504,500,50;) r.arce Torp 507 Nareine 504,51;} Narcobatus 504 narinari kc\n\) 011 TABLE ALPHABETlQLiE PasTP nasuta Raja Tio^, o7"2 Nebrius (Ginglym). . . . :{33,;«i New british Torpédo 'Mi Nez... le, Lamna cornub. . . id.'i niceensis Svmn . . i'rl Nieuhufti}i\y[. . . 633,636,G38,(;i(l niger Spinax iil /u'5>-« Ccntrina (Spin.), . . 217, i 1:2 — Torp ni-2 — Narcine u14,u1.j Nissole, Must iOl Ncbiliuivi Torp 503,512 noctula Myl 634,635 «oc/«r«jg .591 Orhif/rif/i Ta'niura (il8,()2i- Orectolobus iCliiloscyll.) . . . 328 ornata Tœnmm.. . . . . . 619 ornutus Orectol. (Chiloscyll.; . 328 osteostictri Tryg. . , ()05 Ox ray, Cephtàlopt 6;>8 Oxynotus 435,443,699 Oxyrhina 404,407 oxyrhynclta Raja. 527,546, 557,. 569 570, 57 1 — — minor.. . . .566 — — alia. . . 566,569 — — major. . . . .569 oxyrhuHchos — 566 oxyrhynehus Prion. . . . 35.5, .356 paintedRay, /î. mîcrorsi,''. . . 538 jwneZ'(rfl//(.s Leioljat. (Syrrli.).. 487 inuitltira Torp. ..... 505,510 panthère Roussette 339 pantherimim Scyll. . . . 314,322 ])anilierinus Ccstr. (Hetorod ) 427^699 ni Pages. pantouflier.. . le, Cestr. . 384,385 Parascylliinaî 311,327 Parascyllium 327 Paratrvgon 583,594 pareil tryg 584,590 Pastenade 600 Pastenagues 503,582 vnstmuca Tryg. 245 (596, 99), 600, 619 Pastinacœ 579,582 Pastinaehus 585 priatinacnides Tryg 609 pecUnatus Prist. . 472,475,476,480 peje gallo, poiss. coq, Callorh. 693 Pèlerin, Sélache 412,414 PeU Rhinopt 614,646 l'ennanti Raja 5-46 peregrinus Selache 413 Perlon .. le, Hept 432 Pcronii Ca.\lovh 692,694 Perrotteli Prist. (472, 73, 74, 75, 479) petite Roussette '. 316,317 petites taches, Rouss. à.. . . 315 PliUippmclGr 424,699 — var. japonica 426 — Rhinob . 492,497 phynatodes ChWoscyn. . . 328,331 Physodon 341,347 picta Raja 537 pictiim Scyll 320 piscis vaccu.^ Hexanchus . . . 431 Plagiostomes. 5 (290, 95, 99) , 301 , 309 plagiosum Chiloscyll 328 platijcephalus Sq. "(Hept.) . . . 433 piatijodon Prion .376 Platypodon (Prion.) 369 Platyrhina. ..... 562,570 platyrhynchus Thalassorhinus. 396 Platysqualus, Cestr 385 Platysomes.. . 468 plebcius Must 401 pleiirofœnia Prion 362,377 Pleurotrèmes 198,308, i68 j)ffc//Mra Raja (Pteropl.). . . . 613 pointillé Sq., Scyll 339 pollee makum, Stegosl . . . 337 Polvciides 299 puli/U'ins Tryg 584,590 /Jiilyuplilh.nlmus Syrrli 488 Polyprosopus 116 poiùica Raja 529 porbeagle, Lamna cornub . . 405 porc .. le, Oxyn 444 Poroderma 322 porosus Scol 345,3-47 — Prion 362,373 Prionace (Prionodon) 351 Prionodon 341,351 priu/iiirus Sq. (Pristiurus). . . 325 Piistibatis 473 Pristides 469,470 Pristidurus 324 Pristiophores .... 310,435,461 ?18 TABLE ALPHABÉTIQUE Pristiophoius.. 4GI Pristis. ....... 461,471.-17-2 Pristiurus 6i'à,3ii productus Rhiiiob 501 Proptcrygia r><):2 Pteiocepliala fôO^fâl Pterocephalina (joO Pleroplatea :j8:>.89 .v/«c?(i(i- Platyrh 576 sinfjuliiris Sq. (Scymn.?)., 453,454 sini/s pi^r.sici loi'p . , . . 505,509 Smithii Triam 387 — Carcliarod 411 — Raja 527,553 — Rh'inopt 6iO S tmjfhi i CMoih 692,697 Soraniosus. . . 454,455,456,457 .S'>nv//i Prion 362,367,368 Sorrat le... (Galeus?) 390 Sp!iiUin:anii Prion 367 — Oxyrii. 407,408 ,^p«j-C'p/(a,9î/.^Etmopt.(Scy m.?) 436,432 spéculum Raja 5^i2 Splivrna, Sphvrnias 38l> Spliyrn:P. . ." 380 Spinaciens 310,435 Spina:\' 435, 411 spiudx Sq. ....,.., . ii'2 s/iiuiciiuda Ellipesurus 582 spinosa Raja , . , . 529 sjjinosissima Tryg.. 598 s pinos us Echin 439 TABLE ALPHABETIQUES. Pagfis. Sqaalus 3il,699 5f/Mamo5Ms Centroph. . . -i46, 4W squaiina Rhina iBi Squatiniens -iCrl Squatino-rajge WJ Squatinoraies i"<> Stegostoma 313, 3,'J() Stegostomatina; 311 5'2{) Sucklii Acanth . W0,(J99 Sympterygia 3:26, 575 Synchismus (Chiloscyll.)-. • • 331 Svrrhina iSO Tœniura 58:2, (ils Tareronde, Tryg. pastinaca. . 600 tasmaniensis l^arclne. . . 514,517 tasmanius Callorh 692,696 Taupe de mer, Lamna cornub. 405 taurus Odontasp 417 Temera 504, 524 Temrainckii Vv'iow 362,378 tenkee kunsul, Pteropl. . . . 613 tentaculutu ke'Lo\>\ 630 tentdculnius Sq., Pristioph. . . 461 — Crossorh 698 tsrrœ-novœ Scol 342, 3i6 iestacea Trygonopt 629 Tetroras 198 thalassia Tryg. . 593, 396, 398, 601 ihalassinus Ga.\. (Thalassorhin.) 396 Thalassorhinus 389,395 thornback, Raja clavata- . . . 329 J/jo«mi Rhinob 492,300 tiburo Sq., Prion 376 — Cestr -217,381,383 tigrée Rouss 317 tigrinus, Sq. tigre, Stegost. . . 336 — Galeocerdo 2-44,393 timlei Narcine 514,319 tire (la). Raja bâtis 564 tjutjotVvxou 362,371 tobijei Myl 640 Torpédiiiiens 469,303 tor pedinus \jio\o\:)\\. . . . 626,628 Torpédo 504 Torpille 304 iorqiintu.t Scymn 453 Touille-bœuf, Lamna cornub. ■ 405 Trématopnés 197,299 Trembladora, Torp 311 trembleuse Torp. ....... 5(J6 trepidans Torp 303,511 Trisenodoû 386 719 Pages. Trifenodontes 310,340,386 Triakis 397 Triglochis 347,417 Trikcras 632 trispeculare llemiscyll 326 Tropidodus (Heterod.) 699 Trvgon 582,598 TrVgones 469,303,578 Trygonobatus 600,626,628 Trygonoptera 629 Trygonopteras. ..... 379,629 Trygonorhina 485,501 Tsctindii Discopyge 521 tiiherculnta Raja 560 — Pastin. (Uroloph.).. . . 628 ^K&CTTu/«t«m Chiloscyll. . 328,331 tubcr culntus trx^ou. , . . 399,605 /'(des Cestr. . .' . . . . 381,384 Turtur, Tryg. 600 /(//Jicws Rhinodon 428 lijpus Rhinoh 494 uarnnroides Tryg 584, 386 î/arH^/À; Tryg. . . 584,383,387,593 W7M.îmÊÉM^& ^5t^::ï^^.*W>^ ^rf^- -'^ • '1^: '■. .'WP\ 'j^\$^' -^*'W''k ' W^'4 -i, / :>..i ^.-^ -i "\^^>î-<-:^'^ ^;l>5!^-'l h:^^