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Les progrès des connoiïssances hu-. maines n'ont jamais suivi une marche régulière. On a remarqué, dans toutes les époques , qu'une branche étoit plus cultivée qu'une autre, sans qu’on püût assigner des causes à la préférence qu'on lui accordoit. Des circonstances presque toujours inconnues aux per- sonnes même sur lesquelles elles agis- sent, donnent aux études une direction particulière , aux travaux un mode déterminant, qui se fait sentir pendant une suite d'années , après lesquelles Crustacés. T 2 INTRODUCTION. d’autres causes, du même genre, amè- nent à un nouvel ordre d'idées domi- nantes, et obligent les savans à porter leurs méditations sur des objets jus- qu’alors dédaignés. Cette observation s'applique à l’His- toire Naturelle encore plus qu'aux au- tres sciences. On a vu, malgré les ra- pides progrès qu'elle a faits depuis un siècle, quelques-unes de ses parties res- ter en arrière des autres, être négli- gées à un point inconcevable , sans qu'on puisse dire pourquoi, car plu- sieurs, parmi ces derniers, avoient un degré d'utilité plus réel , un but d'étude plus intéressant que d’autres jouissant de la faveur académique. _ Parmi les classes ainsi injustement délaissées, se présente celle des crus- tacés, de ces animaux analogues aux crabes etaux écrevisses, dont beaucoup fournissent un aliment agréable, ou sont pourvus d’une organisation remar- | 142 + D” 8] REX ë ge ee INTRODUCTION: se] quable. On ne l'a que fort peu observée jusqu’à présent , et la France ne pos- sède aucun ouvrage propre à la faire connoître comme elle le mérite. Les Grecs appeloient les crustacés Mananostoamer, et les Latins Crustacea ; c'est-à-dire couverts d'une croûte dure ; mais non pierreuse, comme celle des coquillages. Aristote leur a consacré un chapitre entier, où 1l les considère sous tous les rapports, et où 1l décrit les espèces les plus connues de son temps. Athé- née et Hypocrate les mentionnent dans leurs ouvrages, à raison de leur usage dans les alimens et en médecine. Pline en a également parlé ; mais 1} s'étend cependant moins à leur égard qu'Aristote. On les trouve encore rap- pelés, par occasion, dans quelques au- tres auteurs anciens. Tous ces auteurs, soit grecs, soit la- tins, ont considéré les crustacés comme 4 INTRODUCTION. faisant partie de la classe des poissons , ou mieux, Comme une classe à part, intermédiaire entre les poissons et les coquillages. Les premiers Naturalistes modernes qui ont écrit sur les crustacés, tels que Rondelet, Bélon , Gesner, Aldro- vande , Jonston, en firent également une classe particulière, immédiatement placée après les poissons ou les mollus- ques. Mais lorsque Linnæus voulut faire la grande réforme, qu'on lui doit, dans toutes les parties de l'Histoire Natu- relle , 1} trouva que les crustacés a yant des antennes, des pattes articulées en charnière , et une enveloppe crustacée, devoient être placés parmi les insectes, et en conséquence 1l les mit , sans con- sidérer leur organisation intérieure , dans la classe des insectes sans ailes, ou aptères. Non seulemeni 1l a commis celte erreur, qui, quoique conséquente INTRODUCTION. 5 à ses principes, auroit dû être évitée par lui, mais, encore, 1l n'a pas porté sur les crustacés toute l'attention inves- tisatrice dont 1l étoit pourvu. Il n’a cherché ni à étudier les caractères d’a- près lesquels on pouvoit les diviser en plusieurs £enres, nià débrouiller lechaos de leurs espèces. Il s'est contenté de les diviser en deux grandes sections , c'est à-dire en CRUSTACÉS BRACHYURES, queue courte , et en CRUSTACÉS MA- CROURES, queue longue, et de décrire les espèces les plus saillantes , celles dont la synonymie n’étoit point dou- teuse. Enfin, ce grand Naturaliste a été si fort au-dessous de {lui-même dans ses travaux sur les crustacés, qu'il a oublié presque toutes les petites es- pèces, si communes en Suède comme par-tout ailleurs; espèces que Muller a fait connoiître depuis sous le nom gé- néral d'insectes testacés, ou entomos- tracés. (] INTRODUCTION. Depuis la premuère édition du $ys- tema Naturæ de Tannæus , jusqu'à l'ap- parition du Système entomologique de Joh. Chri. Fabricius, ona fait connoitre, par descriptions et gravures, beaucoup d'espèces de crustacés ; mais, à l'excep- tion de l'ouvrage de Muller, cité plus haut, 1l n’a rien été imprimé qu’on puisse dire avoir amélioré les principes de la science. Quelques auteurs ont bien distingué les crabes des écrevisses , mais sans s'appuyer de raisons suffisam- ment valables. C'est donc à Fabricius, à ce célèbre entomologiste , qui a fait faire des pro- grès si rapides à l'étude des insectes, que l'on doit la première amélioration qui ait été tentée dans la classification des crustacés. Comme élève de Linnæus , et par- tant du principe, alors généralement reconnu , que les crustacés étoient des insectes , il les soumit à la méthode INTRODUCTION. 7 qu'il a créée. En conséquence , il ana- lysa leur bouche, leurs instrumens du manger , pour se servir de ses expres- sions, et le résultat de son examen le porta à en faire une classe particulière, qu'il appela agonata , et dont le carac- tère fut, en langue systématique , Os maxtillis palpisque quatuor aut sex, mazxill@ inferiore nulla. T1 plaça cette classe entre les synistata, qui com- prennojent les ichneumon, les guêpes, les abeilles, etc. , et les unogata, qui comprenoient les libellules , les arai- gnées, etc. Fabricius rapporta à cette classe le genre du scorpion, et 1l divisa les can- cer de Linnæus, c'est-à-dire tous les crustacés connus , aux entomostracés de Muller près, en cinq genres, savoir : Les Crabes, Cancer ; dont le carac- tère fut quatre palpes (1) couvrant la (1) Les palpes sont, dans Fabricius, ce è INTRODUCTION. bouche, et quatre antennes filiformes, dont les postérieures ont la dernière articulation divisée en deux. Ce sont les crabes et les cancres des auteurs français. Les Pagures, Pagurus ; dont le ca- ractère fut quatre antennes pédoncu- lées , inégales, les antérieures sétacées, les postérieures fliformes , avec la der- mère articulation bifñde. Ce sont les bernard l'hermite des auteurs français. Les Scyllares , Scyllarus ; dont le caractère fut deux antennes filiformes, dont la dernière articulation est bifide ; deux écailles à deux articulations , en place des antennes postérieures. La squille large des Francais. que Geoffroy appelle les antennules, c’est- à-dire, ces organes alongés , articulés, qui se voient à côté de Ja bouche. INTRODUCTION. 9 Les écrevisses , Astacus ; dont le ca- ‘ractère fut quatre antennes pédoncu- lées, les antérieures alongées, sétacées, les postérieures divisées en deux. Ce sont les homars , les écrevisses des Français. Les Crevettes, Gammarus ; dont le caractère fut quatre antennes simples , sessiles, les antérieures courtes , eten alènes, les postérieures sétacées. Ce sont les crevettes des Français. Quant aux autres crustacés, aux en- tomostracés de Muller, Fabricius les réunit tous sous le nom générique de Monoculus, ainsi que Linnæus l’avoit fait, et les plaça au commencement de la classe des synistates , à côté des clo- portes , et leur donna pour caractère quatre palpes, dont les antérieures sont filiformes , et des antennes souvent ra- meuses. 10 INTRODUCTION. Fabricius conserva cet ordre de choses dans son Species et son Mantissa ensectorum ; mais 1l fit quelques chan- gemens dans l'édition suivante, inti- tulée, Entomologia systematica. Là , on ne voit plus les scorpions avec les crustacés; mais on y trouve les monocles, et trois genres de plus, savoir : Hippa , dont le caractère est deux antennes pédonculées , sétacées , cou- vertes de poils ; Limulus , dont le caractère est qua- tre palpes de chaque côté ; les trois postérieurs armés de pinces ; les man- dibules armées également de pinces , et les antennes nulles ; Cymothoa , dont le caractère est : bouche sans palpes et sans mandi- bules ; quatre antennes égales et ses- siles. | INTRODUCTION. x Dans toutes ces éditions, Fabricius avoit réuni, aux espèces Gont 1l avoit d'abord étudié le caractère, toutes les nouvelles espèces dont 1l s'étoit procuré la vue, et ce, sur leur apparence gé- nérale , leur faces, comme disent les Naturalistes, sans s'assurer, par l’ana- tomie de leur bouche , si réellement ils appartenoient aux genres parmi les- quels il les plaçoit. D'un autre côté, le nombre des espèces, sur-tout dans les genres crabe et écrevisse, étoit devenu si nombreux , qu'elles exigeoient de nouvelles coupures pour pouvoir être étudiées avec facilité. Ces considérations déterminèrent Fabricius , que domine le seul desir de voir se perfectionner la science, qu'il cultive avec tant de succès , à publier, dans un supplément qu'il vient de faire paroître , un très-grand travail de son élève et ami Daldorf ; travail qui change entièrement de face ce qui 12 INTRODUCTION. avoit été fait jusqu'à présent sur les crustacés. Le travarl de Daldorf , adopté par Fabricius, est d’une grande importance, et peut même être regardé comme fondamental. On en auroit donné 1ic1 la traduction entière, si les bornes de l'ouvrage l’avoient permis. On se con- iente en conséquence, de donner une traduction des caractères génériques abrégés, tels que Fabricius les a fat imprimer à la tête de chaque genre. D'abord , 1l faut savoir que l’ancienne classe agonata a été supprimée , et rem- placée par trois autres, qui portent de nouveaux noms. La première classe, la neuvième du Système Entomologique, K LELSsT AG- NATHA , Contient quatorze genres. Ses caractères sont plusieurs mâchoires extérieures à la lèvre, et couvrant la bouche. INTRODUCTION. 15 Crabe , Cancer. Quatre antennes presque égales ; les intérieures compli- quées, rapprochées , repliées dans une fossette creusée au bord de la tête; les extérieures sétacées , insérées sur une saillie du bord du front. Calappe, Calappa. Quatre antennes presque égales ; les extérieures sétacées, insérées dans une fossette sous l’œ1l; les intérieures à quatre articulations anten- nuliformes ; le dernier article bifide. Ocypode , Ocypoda. Deux antennes très-courtes, sétacées, insérées dans une excision à la base des yeux. Leucosie , Leucosia. Deux antennes antennuliformes, à quatre articulations, se logeant dans une fossette proémi- nente du front. Parthenope, Parthenope. Quatre an- tennes presque égales ; les extérieures sétacées , insérées dans une excision Crustacés. 2 14 INTRODUCTION. sous les yeux ; les intérieures antennu- liformes , compliquées, se cachant dans une fossette latérale et inférieure du rostre. Inachus , Inachus. Quatre antennes égales ; les extérieures sétacées , insé- rées dans une denture du rostre ; les intérieures antennuliformes | compri- mées, en pinces, se repliant dans une fossette latérale et inférieure du rostre. Dromie , Dromia. La partie ex- térieure des mâchoires extérieures en forme de fouet; quatre antennes, les intermédiaires antennuliformes; la pre- mière articulation anguleuse, ayant un canal qui recoit les autres. Dorippe, Dorippe. Les mâchoires secondaires ayant leur partie exté- rieure , osseuse à son extrémité, placée entre les antennes. Quatre antennes; les extérieures sétacées , insérées sur INTRODUCTION. 15 une fossette des intérieures, qui sont antennuliformes. Orithie, Orithia. Les mâchoires ex- térieures a yant une découpure latérale , lancéolée, aiguë et courte. Quatre an- tennes inégales ; les intérieures plus longues , antennuliformes. Portune , Portunus. Tes mächoires extérieures ayant une découpure laté- rale en forme de fouet. Quatre antennes inégales ; les extérieures plus longues, sétacées ; les intérieures antennuli- formes. Matute, Matuta. Deux antennes courtes , antennuliformes , recourbées dans la fossette des yeux , à quatre articulations ; la quatrième plus courte, recourbée, en alène , bifide. Hippe, Hippa. Quatre antennes pé- donculées , inégales ; les intérieures ‘plus courtes , bifides ; les divisions 16 INTRODUCTION. sétacées , ciliées des deux côtés , insé- rées entre les pédoncules des yeux ; les extérieures épaisses , filiformes , contournées sur elles-mêmes , ciliées des deux côtés , cachées sous la mâ- choire extérieure. Symethis, Symethis. Deux antennes très-courtes à quatre articulations, re- courbées dans une fossette du rostre. Limule , Limulus. Quatre anten- nules de chaque côté ; les trois posté- rieures en pinces. Les antennes nulles. Classe seconde, la dixième du Sys- téme Entomologique. ExocxnATA. Plusieurs mâchoires extérieures à la lèvre , couvrant les antennules. Albunée, Albunea. Quatre anten- nes inégales , pédonculées ; les inté- rieures très - longues , sétacées , inté- rieurement ciliées sur deux rangs ; le INTRODUCTION. 17 pédoncule excavé en dessous ; les ex- térieures très-courtes , épaisses, com- primées , ciliées des deux côtés ; le pédoncule bifide. Scyllare, Scyllarus. Quatre antennes inégales ; les intérieures un peu lon- gues , filiformes ; la dernière articula- tion bifide ; les extérieures élargies , applaties, épineuses et ciliées. Palinure , Palinurus. Quatre anten- nesinésales, pédonculées; le pédoncule à articulation simple; les intérieures a , » , plus courtes , sétacées , bifides , sans épines ; les extérieures très - longues , sétacées, épineuses. Palæmon, Palæmon. Quatre anten- nes inégales , pédonculées ; les supé- rieures plus courtes, bifides, sétacées, la découpure intermédiaire plus courte; les inférieures très-longues , sétacées , simples. se 18 INTRODUCTION. Alphée, 4A/phœus. Quatre antennes pédonculées, inégales , sétacées ; les intérieures courtes, bifides ; les exté- rieures plus longues, simples ; la pre- mière articulation du pédoncule portant une écaille à sa base. Écrevisse, Astacus. Quatre antennes pédonculées , inégales , sétacées ; Les in- térieures plus courtes, bifides; les ex- térieures simples ; la première articu- lation des pédoncules épineuse à son extrémité, Péné, Penaeus. Quatre antennes inégales , sétacées , pédonculées , insé- rées les unes sur les autres ; les supé- rieures plus courtes, bifides ; les infé- rieures très-longues , simples ; la pre- mière articulation du pédoncule avec une écaille bifide , la découpure exté- rieure épineuse. Crangon, Crangon. Les antennules Ed INTRODUCTION: 19 extérieures épaisses, ciliées , bifides ; la découpure extérieure plus courte , en forme d'éventail. Quatre antennes pé- donculées , inégales ; les intérieures plus courtes, bifides ; les extérieures très-longues , sétacées ; le pédoncule appuyé contre une écaille cihiée. Pagure, Pagurus. Quatre antennes pédoncuülées ; les intérieures filiformes, le dermer article bifide, le pédoncule à une seule articulation et épineux ; les extérieures sétacées. Galathée, Galathea. Quatre anten- nes inégales , pédonculées ; Îles inté- rieures courtes, filiformes, à trois arti- culations, dont la dernière est bifide ; la découpure inférieure sétacée, à beau- coup d’articulations ; la supérieure en faulx ; les extérieures sétacées à pédon- eule simple. Squille, Squrlla, Quatre antennes 20 INTRODUCTION: presque égales, pédonculées ; les inté+ rieures plus longues, bifides ; Les exté: rieures simples, à pédoncule bifide. Posydon , Posydon. Les antennules extérieures foliacées, onguiculées à leur extrémité. Quatre antennules sétacées , à pédoncule simple. Les intérieures plus courtes, bifides. Crevette, Gammarus. Quatre an- tennes très-simples , pédonculées ; les antérieures courtes, subulées ; les pos- térieures séfacées. Classe troisième, la huitième du Sys- tème Entomologique. PoLziIGoNATA. Plusieurs mâchoires entre les lèvres. Cloporte , Onrscus. Deux antennules de chaque côté attachées à la lèvre ; deux antennes filiformes. Ligie, Lioia. Point d'antennules z [e eux antennes sétacées. INTRODUCTION. 21 Tdoté, Idotea. Quatre antennules ; quatre antennes sétacées ; les inférieures plus longues. Cymothe , Cymothoa. Deux anten- nules sétacées ; quatre antennes égales, sétacées. Monocle , Monoculus. Quatre an- tennules de chaque côté ; dont les ar- ticulations décroissent insensiblement ; les antennes très-courtes. Dans l'intervalle qui s’est écoulé en- tre la troisième et la cinquième édi- tion de l'Entomologie de Fabricius , J.F. W. Herbst publia une Histoire Naturelle des Crabes, en allemand, avec un très-grand nombre de figures. Cet ouvrage n’est qu’une compilation ; mais 1l présente l'ensemble le plus complet qu'on possède encore sur les crustacés , et 1l, paroît aussi bien fait 22 INTRODUCTION. qu’on a droit de l’exiger; mais on ne le cite ici que pour observer qu'il a conservé le genre de Linnæus dans son intéorité; que , comme Gmelin, dans son édition du Système de la Nature, 1l s’est contenté de former des divisions avec les genres de Fabricius , tels qu'ils étoient avant le travail perfectionné dont 1l vient d'être question. On auroit dû parler , 1l y a déjà long- temps, de l'ouvrage de Muiler, attendu que sa date est antérieure à la dernière édition de Fabricius ; mais la nature presque microscopique des animaux dont il parle , détermine à les placer à la fin de la classe des crustacés , et on n'a pas voulu interrompre l'exposi- tion des travaux faits sur les grandes espèces. Plusieurs des entomostracés de Mul- ler ont été connus avant lui sous diffé- rens noms ; On en trouve de décrits par Joblot , Baker , FKrisch , Réaumur , INTRODUCTION. 23 Degeer , Ledermuller et Geoffroy ; mais c'est ce dernier, qui, le premier, les caractérisa d'une manière précise, sous les noms génériques de Monocles et de Binocles, genres réunis par Lan- næus, et qui forment les deux grandes divisions de Muller. Les entomostracés ont une organisa- tion propre, comme on le verra par la suite, que Muller compare, savoir, pour les amymones et les nauplies , à celle des patelles ; pour les argules et les limules , aux écrevisses ; pour les polyphèmes et les cyclops, aux crabes; pour les calliges , aux lernées ; et enfin, pour les cythérées, les cyprides, les l'yn- cées, et les daphnies, aux coquillages bivalves. Ces rapprochemens sont cer- tanement frappans au premier coup- d'œil ; mais 1ls ne soutiennent pas un examen approfondi : aussi Muller ne les donne-t-1l que pour ce qu'ils va- lent. 24 INTRODUCTION. Les caractères génériques des ento- mostracés sont très-simples. Première classe. Les monocles ; qui n'ont qu'un œil. Première division. Les monocles uni- valves, c’est-à-dire qui ont leur dos couvert d’un bouclier d’une seule pièce. Amymone, Amymone. Quatre pieds. Nauplie, Nauplius. Six pieds. Deuxième division. Les monocles bivalves, c'est-à-dire qui oni leur dos couvert d’un bouclier de deux pièces. Cypride , Cypris. Quatre pieds. Cythère, Cythere. Huit pieds. Daphnie , Daphnia. Huit à douze pieds. Troisième division. Les monocles crustacés , C'est-à-dire qui ont leur dos INTRODUCTION. 25 couvert d’un bouclier de plusieurs pièces. Cyclops, Cyclops. Huit pieds et deux antennes. Polyphème, Polyphemus. Huit pieds et point d'antennes. Deuxième classe. Les binocles; ceux qui ont deux yeux. Première division. Les binocles uni- valves, c’est-à-dire dont le dos est cou- vert d’un bouclier d'une seule pièce. Argule , Argulus. Les yeux infé- rieurs. Calige, Caligus. Les yeux margi- naux. Limule, Limulus. Les yeux supé- rIEUTS. Deuxième division. Les binocles bi- valves, c'est-à-dire dont le dos est cou- vert d'un bouclier de deux pièces. Crustacés. 3 20 INTRODUCTION. Lyncée , Lynceus. Les yeux laté- Faux. Muller considéroit aussi les animaux qui composent les genres dont on vient de lire l’énumération, comme des in- sectes. Cuvier, dans les tableaux qui sont à la suite de ses leçons d'anatomie com- parée , a , le premier, réformé l'erreur introduite par Linnæus dans la classi- fication des crustacés. Ce savant ana- tomiste, ayant reconnu que les crus- tacés respiroient uniquement par des branchies , en a formé une classe par- ticulière, qu'il a placée entre les vers et les insectes. IL les divise en deux grandes sections , les monocles , qui comprennent cinq genres , et les écre- visses, qui en renferment sept. Com- me 1l na pas encore publié le texte qui doit servir d'appui à ces ta- bleaux, on ne peut pas entrer ici dans INTRODUCTION. 27 de plus grands développemens à leur égard. Lamarck, saisissant l’appercu de Cu- vier, lui a donné de grands dévelop- pemens dans son ouvrage sur ses ani- maux invertébrés. Là, 1l a aussi fait une classe particulière des crustacés, classe qu'il a placée entre les mollus- ques et les arachnides , autre classe qui lui est due, et qui lie fort bien les crustacés aux insectes. L'organisation, dit donc Lamarck, étant , de toutes les considérations, la plus essentielle pour guider dans une distribution méthodique et naturelle des animaux, ainsi que pour déter- miner, parmi eux, les véritables rap- ports, 1l en résulte que les crustacés respirant uniquement par des bran- chies , à la manière des mollusques, et ayant comme eux un Cœur mus- culaire , doivent être placés immédia- tement après eux. 20 INTRODUCTION. Outre la considération du cœur des crustacés, des branches dont 1ls sont munis pour leur respiration, et de leur défaut de stigmats , et par conséquent de trachées , ils ont encore la faculté de s’accoupler et d'engendrer plusieurs fois pendant leur vie, ce qu'ils ont de commun avec les mollusques, et ce qui les distingue fortement des insectes qui ne jouissent nullement de cet avantage. D'autre part, les animaux qui ter- minent la classe des mollusques, les balanites et les anatifs, ont des tenta- cules articulés | et semblent vérita- blement former le passage des mollus- ques aux crustacés d'une manière re- marquable. Un autre rapport qui rapproche en- core les crustacés des mollusques peut être emprunté de la considération des yeux. En effet, on sait que dans beau- coup de mollusques les yeux sont élevés sur des pédicules mobiles, et qu'ils sont INTRODUCTION. 20) situés, soit à l'extrémité de ces pédicu-. les , soit au-dessous de cette extrémité. On retrouve exactement la même chose. dans beaucoup de crustacés, avec cette différence que, dans ceux-ci, les pédi- cules ayant une peau dure et crustacée ne peuvent pas être aussi contractiles. Ils le sont effectivement un peu moins, et ne servent pas davantage. On va donner l'exposé du travail de Lamarck; mais auparavant 1l convient d'observer que , quoique la manière d'être des crustacés, et les faits ana- tomiques qu'ils présentent , engagent ici à adopter l'opinion de Cuvier et de Lamarck , et qu'on soit déterminé à en faire une classe particulière, il est en- core permis de penser que cette opéra- tion est peut-être prématurée. Latreille,, dans les préliminaires d’un savant ira- vail sur les crustacés, préliminaire dont il a permis de faire usage 1c1, remarque que la squulle mante et la creveite des 39 {INTRODUCTION ruisseaux sont certainement des crus- tacés , et que, cependant l'organe qu’on suppose étre leur cœur ne diffère pres- qu'en rien du vaisseau ordinaire que Yon voit dans les insectes; organe se dilatant, se contractant sans cesse, et auquel on refuse la fonction du cœur. Il ajoute que Cuvier a disséqué, en sa présence, la squille mante, et s'est con- vaincu de ce fait, relativement à ce crustacé. Quant à la crevette des ruis- seaux, 1l n'y a pas besoin de dissec- tion pour s'assurer que le vaisseau en question occupe toute la longueur du corps, et qu'il jouit d'un mouvement de systole et de diastole. Il suffit de regarder un de ces animaux, vivant, à travers le jour. Sa demi-transparence permet de voir ée qui se passe dans son COTPS. | Mais 1l faut laisser à Cuvier, et aux autres anatomistes de sa force, le soin de multplier les observations pour INTRODUCTION. 51 éclairer cette partie encore obscure de l'Histoire Naturelle : 1l faut revenir à l'exposition du système de Lamarck sur les crustacés. Ce savant Naturaliste divise les crus- tacés en deux grandes sections. Les crustacés pédiocles et les crustacés ses- siliocles, C'est-à-dire, ceux qui ont les yeux distincts, élevés sur des pédicules mobiles, et ceux qui ont les yeux dis- tincts ou réunis, mais constamment fixées et immobiles, Ces deux divisions sont fort natu- relles, et satisfont l'esprit lorsqu'on ne considère que l’ensemble de la classe ; mais quand on entre dans le détail de l'étude des genres, et encore plus dans celle des espèces, on est souvent em- barrassé par les nombreuses anomalies qui se présentent, et on est déterminé à croire qu'il est possible de trouver des moyens de division sujets à moins d'inconvéniens. 22 INTRODUCTION. Pour mettre le lecteur à portée d'ap- précier le travail de Lamarck, on ne peut mieux faire que de donner ici le développement de ses genres. CRUSTACÉS PÉDIOCLES. 1. Crustacés à corps court, ayant une queue nue, sans feuillets, sans crochets , sans appendices latéraux, et appliquée contre le dessous de l’abdomen. Cancri brachyuri de Linnæus. À. Crustacés dont le corps est arrondi ou obtus antérieurement. Crabe , Cancer. Quatre antennes courtes, inégales; les deux intérieures coudées ou phées, à dernier article bifide ; les deux extérieures sétacées. Corps court, plus large antérieure- ment, ou dans la partie moyenne , que postérieurement. Dix pattes onguicu- lées; les deux antérieures terminées en pointes. Cancer pagurus. Fab. INTRODUCTION. 33 Calappe, Calappa. Quatre antennes, comme celles des crabes. Corps court, plus large postérieurement , et ayant ses bords latéraux postérieurs très- dilatés, tranchans et saillans en demi- voute. Dix pattes onguiculées, se re- tirant , dans le repos, sous les cavités du côté du corps; les deux antérieures terminées en pinces , et ayant les mains comprimées, eten crête. Calappa gra- nulata. Fab. Ocypode, Ocypoda. Quatre anten- nes très-courtes et inégales. Pédicules des yeux alongés, insérés chacun dans l'angle latéral du chaperon, et occu- pant le reste de la longueur du bord antérieur. Corps presque carré, à cha- peron étroit, rabattu en devant. Dix pattes onguiculées; les deux antérieures terminées en pinces. Ocypoda ceratoph- thalma. Fab. Grapse, Grapsus. Quatre antennes 34 .INTRODUCTION. courtes, articulées , cachées sous le cha- peron. Les yeux aux angles du chape- ron, et à pédicules courts. Corps dé- primé , presque carré , à chaperon transversal , rabattu en devant. Dix pattes onguiculées ; les deux anté- rieures terminées en pinces. Cancer grapsus. Fab. Doripe, Doripe. Quatre antennes ; les intérieures palpiformes , les exté- rieures sétacées. Corps déprimé, cor- diforme, plus large postérieurement , rétréci, mais tronqué dans sa partie antérieure. Dix pattes onguiculées; les deux antérieures terminées en pinces ; les quatre posiérieures dorsales et pre- nantes. Cancer granulatus. Fab. Porture, Portunus. Quatre antennes inégales , petites, articulées ; les exté- rieures sétacées et plus longues. Corps Jarge , court, déprimé, denté sur les bords, et rétréci postérieurement. Dix INTRODUCTION. 35 pattes, dont les deux postérieures sont terminées par une lameapplatieetovale. Portunus depurator. ab. Podophitalme ; Podophtalmus. Qua- tre antennes articulées , inégales; les extérieures sétacées , plus petites; pé- dicules des yeux très -rapprochés à leur insertion, et aussi longs que le bord antérieur. Corps large, court, déprimé, anguleux et pointu latéralement. Dix pattes ; les deux antérieures terminées en pinces ; les deux postérieures ter- minées par une lame ovale. Une espèce de ce genre est au Mu- séum National. Matute, Matuta. Quatre antennes ; deux intérieures quadriarticulées , à dernier article bifide : deux extérieures plus courtes, et peu apparentes. Corps court, déprimé , plus large antérieu- rement, ou dans sa partie moyenne. Dix pattes; les deux antérieures ter- 36 ENTRODUCTION. minces en pinces ; toutes les autres ter- minées par une lame plate et ovale. Matuta victor. Fab. B. Crustacés à corps rétrécr et avancé en pointe antérieurement. Maja, Maja. Quatre antennes; les intérieures palpiformes; les extérieures sétacées. Corpsovale, conique, pluslarge postérieurement, rétréci en pointe dans sa partie antérieure; dix pattes, toutes onouiculées ; les deux antérieures ter- minées en pinces. Cancer Eriocheles, Oliv. Ency. Herbst. Canc. Tab. 15. Jig. 67. pour LOUE quiont les bras courts. Cancer langimana. Rumph. Herbst. Canc. Tab. 19. fig. 105 pour ceux qui ont les bras longs. C. Crustacés à corps suborbiculaire. Porcellane, Porcellana. Quatre an- tennes inégales ; les deux extérieures cs 0 L4 ? 2 , très-Jongues, sétacées, multiarticulées, INTRODUCTION. 37 et insérées derrière les yeux. Corps suborbiculaire, à queue repliée en des- sous. Dix pattes onguiculées : les deux antérieures terminées en pinces; les deux postérieures très-pelites. Cancer platycheles. Olhiv. Ency. Herbst. Canc. Tab 2. fig. 26. Leucosie, Leucosia. Deux ou quatre antennes, petites, quadriarticulées, in- sérées entre les yeux. Corps subor- biculaire, plus ou moins convexe, quel- quefois renflé, à queue nue, repliéeen dessous. Dix pattes , toutes onguicu- lées; les deux antérieures terminées en pinces. Leucosta craniolaris. Fab. Arctopsis, Arctopsis. Six antennes droites, très-longues, simples, garnies de poils verticillés. Corps ovale-coni- que, pointu antérieurement. Dix pattes onguiculées ; les deux antérieures ter- minées en pinces. Crustacés, I, 4 38 INTRODUCTION. 4‘ 2.° Crustacés à corps oblong , ayant une queue , alongée, garnie d’appendices, ou de feuillets , ou de crochets. Cancri macrourt. Linnæus. Albunée, A/bunea. Quatre antennes inégales, ciliées; lesintérieures très-lon- gues, sétacées , simples. Corps oblons ; queue presque nue. Dix pattes , dont les deux antérieures sont terminées en pinces. A/bunea dentata. Fab. Hippe, Hippa. Quatre antennes iné- gales, ciliées. Les intérieures plus cour- tes’et bifides ; corps oblong ; queue munie d'appendices latéraux à son or1- gine. Dix pattes, toutes dépourvues de pinces. Hippa adactyla. Fab. Ranine , Ranina. Quatre antennes courtes ; les deux intérieures à dernier article bifide. Corps oblong, cimér- forme , tronqué antérieurement; queue petite, ciliée sur les bords, Dix pattes; INTRODUCTION. 39 les deux antérieures terminées en pin- ces ; les quatre postérieures terminées en nageoires. Cancer raninus. Rum- phius. Herbst. Tab. 22. fio. 1. Scyllare , Scyllarus. Deux antennes filiformes , articulées, bifides au som- met. Deux feuillets en crètes, dentés, cihés, articulés inférieurement, tenant lieu d'antennes extérieures. Corcelet, grand ; large queue ; garnie d’écailles natatoires. Dix pattes antérieures, non chélifères. Scyllarus antarticus. Fab. Écrevisse, Astacus. Quatre antennes inégales, les intérieures plus courtes, multiarticulées, divisées en deux pres- que jusqu à la base. Corps oblong sub- cylindrique , terminée antérieurement par une pointe courte, saillante entre les yeux ; queue grande , garme d'é- cailles natatoires. Dix pattes, dont les antérieures sont terminées en pinces. Astacus fluviatilis. Wab, 40 INTRODUCTION. Pagure | Pagurus. Quatre antennes inésales ; les intérieures courtes, bifides au sommet ; les extérieures longues et sétacées. Corps oblong. Queue molle ou non crustacée , ayant des crochets à son extrémité. Dix pattes; les deux antérieures munies de pinces. Pagurus bernardus. Fab. Galathée, Galathea. Quatre anten- ues inégales ; les deux intérieures fort courtes , triarticulées, à dermier article bifide. Les extérieures longues et sé- tacées. Corps oblong ; queue grande, garnie d'écailles natatoires. Dix pattes ; les antérieures terminées en pinces. Galathea strigosa. Fab. Palinure, Palinurus. Quatre anten- nes inégales ; les intérieures plus cour- tes, mutiques, bifides au sommet; les extérieures très-longues, sétacées et his- pides. Corps et queue des écrevisses. Dix paties, toutes onguiculées , dé- INTRODUCTION. 41 pourvues de pinces, et ayant des brosses ou faisceaux de poils à leur extrémité. Palinurus homarus. Fab. Crangon, Crangon. Quatre antennes; deux antérieures courtes et bifñdes ; deux extérieures fort longues, sétacées, munies chacune à leur base d’une écaille oblongue, ciliée. Corps et queue des écrevisses. Dix pattes onguiculées, les antérieures terminées en pinces. Cran- gon vulgaris. Fab. Palæmon, Palæmon, Quatre anten- nes ; les intérieures plus courtes et tri- fides ; les extérieures fort longues et sétacées. Corps subcylindrique , ter- miné antérieurement par une pointe très-saillante , dentée en scie; queue des écrevisses; pattes onguiculées ; les antérieures terminées en pinces. Palæ- mon carcinus. Fab. Squille , Squilla. Quatre antennes presque égales ; les intérieures un peu ., 42 INTRODUCTION: plus longues et trifides; les extérieures plus courtes, accompagnées d'un feuillet oblong. Corcelet court ; queue fort lon- gue, s'élargissant vers son extrémité ; garnie d'écailles et de branchies dé- couvertes. Quatorze pattes ; les anté-- rieures , terminées par une pièce en scie ou en peigne d'un côté. Squrlla mantis. Kab. Branchiopode, Branchiopoda. Qua- ire antennes simples, sétacées, inégales. Corps oblong , dépourvu de pattes , mais ayant de chaque côté une ou plu- sieurs rangées de branches oblongues, cihées, natatoires, qui en tiennent lieu. Queue nue, articulée, longue, fourchue à l'extrémité. Gammarus stagnalis. Fab. CRUSTACÉS SESSILIOCLES. Crustacés à corps couvert de pièces crusta- cées , nombreuses, soit transverses , soit longitudinales. Crevette, Gammarus. Quatre an- INTRODUCTION. 43 tennes simples , inégales, sétacées , ar- ticulées, disposées sur deux rangs. Deux yeux distincts et sessiles. Corps alongé, couverts de pièces crustacées, transver- ses. Des appendices bifides sur les côtés de la queue, et à son extrémité. Des pattes articulées et onguiculées. Gam- marus pulex. Fab. Aselle, 4sellus. Quatre antennes sé- tacées, simples, inégales, disposées sur le même rang. Deux ou quatre anten- nules. Corps oblong, recouvert de plu- sieurs pièces crustacées , transverses , et terminé par une queue large, mu- ne de deux appendices bifides. Qua- torze pattes. Cymothoa entomon Fab. Chevrolle , Caprella. Quatre anten- nes inégales. Corps linéaire avec des renflemens irréguliers, articulé, à seg- mens plus longs que larges. Queue nulle ou très - courte , et dépourvue d'écailles ou d’appendices quelconques. 44 INTTODUCTION Pattes articulées, disposées par paires et irrégulièrement distantes. Cancer linearis. Linnœus. Cloporte, Oniscus. Deux ‘antennes sétacées , coudées, ayant Cinq où six arücles, plusieurs paires de mächoi- res. Corpsovale, recouvertde plusieurs pièces crustacées transverses , subim- briquées. Deux appendices courts et très - simples à l'extrémité du corps. Quatorze pattes. Oniscus asellus. Fab. Forbicine, F orbicind. Deux antennes longues et sétacées. Bouche munie de mandibules, de deux mâchoires et de quatre antennules inégales. Corps alon- sé , couvert d'écailles. Trois filets sétacés à la queue. Lepisma sacha- rina. Fab, Cyame, Cyamus. Quatre antennes inégales; les deux antérieures plus lon- gues, sétacées. Un suçoir simple, ré- INTRODUCTION. 45 tractile: sortant d’une fente courte, si- tuée sous la tête. Deux antennules in- sérées à la base de la bouche. Deux yeux. Corps ovale, déprimé à six seg- mens pédifères. Six paires de pattes: chaque patte terminée par un crochet. Pyonogonum ceti. Fab. Ligie , Ligra. Deux antennes séta- cées, ayant plus de dix articles. Corps ovale, sabmarginé, recouvert de pièces crustacées, transverses. Les appendices de la queue courts et bifides. Ligra oceanica. Fab. Cyclops, Cyclops. Deux ou quatre antennes simples , sétifères. Un seul œil! apparent. Corps alongé, atténué vers son extrémité postérieure , et couvert de pièces crusiacées transverses ; queue fourchue ou terminée par deux pointes sétacées. Monoculus minutus. Fab. Poliphème, Po/yphemus. Point d'an- 46 INTRODUCTION. tennes ; deux antennules biarticulées et chélifères. Deux yeux écartés. Corps couvert par un large bouclier crusta- cé, divisé en deux pièces inégales par une suture transverse, et terminé par une queue subulée. Cinq paires de pattes. Limulus polyphemus. Fab. Limule , Limulus. Deux antennes simples. Deux yeux distincts. Corps couvert par un bouclier crustacé d'une seule ou de deux pièces. Monoculus apus. Fab. : Daphnie, Daphnia. Deux antennes rameuses, sétifères. Un seul oœ1l appa- rent. Corps ovale, convexe , couvert par un bouclier crustacé , formé de deux pièces réunies longitudinalement. Monoculus pulex. Fab. Amymone , Amymona. Deux an- tennes simples, sétifères. Un seul œil apparent. Corps ovale , convexe, cou- INTRODUCTION. 47 vert par un bouclier crustacé d’une seule pièce, Monoculus satyrus. Fab. Céphalocle , Cephaloculus. Point d'antennes. Deux antennules longues, fourchues. Un grand œil globuleux, saillant antérieurement, et imitant une tête. Monoculus oculus. Fab. Les animaux de tous les genres dont on vient de voir les caractères, vivent habituellement dans l’eau, ou du moins peuvent y vivre, excepté deux; le clo- porte et la forbicine, qui y périssent, par une immersion de quelques instans. Ils ont donc une organisation différente, aussi ne leur trouve-t-on point de bran- chies ; ainsi ils doivent être reportés dans la classe des insectes. En consé- quence on n’en parlera pas 1c1. On l’a déjà dit, et on le répète, le travail de Lamarck améliore beau- coup l'état de la science, mais 1l est susceptible de quelques légères modi- 40 INTRODUCTION. fications , qui, du moins on le présume, peuvent conduire à une perfection en- core plus grande. Il est employé comme fondamental dans le cours de cet ou- vrage , Ce qui prouve mieux qu'un long discours tout le cas qu’on en fait. Le savant auteur du Précis des ca- ractères des génériques des insectes, l'estimable Latreille, regardant, avec tous les Naturalistes, les crustacés com- me faisant partie de son domaine, les a aussi analysés, etil l'a fait avec la sa- gacité qui lui est propre. On ne par- lera pas de son premier travail, de celui consigné dans l'ouvrage qui vient d'être cité; 11 n'étoit qu'un apperçu: mais an donnera en entier celui qu'il a ré- digé pour une nouvelle édition, etdont il a permis de faire usage ici. Le louer seroit superflu , puisque le lecteur est mis à portée d'apprécier toutson mérite. ES EE A EE TR de don a INSECTES Définition. Animal sans vertèbres , dont Le corps et Les pattes sont ar- ticules. ORDRE PREMIER. CRUSTACÉS. Définition. Corps enveloppé d'une substance crustacée et calcaire, sans ailes, formé d'une pièce très-crande, et de quelques autres plus petites, ou d’une suite d’anneaux presque égaux 3 respirant par des branchies distinctes ; mandibules portant (presque toujours } un palpe. Plusieurs palpes maxillaires, ou plusieurs mâchoires. Deux yeux, (excepté le seul genre Bopyre) des antennes ( quatre ou deux) et des pattes — Crustacés. I, 5 bo INTRODUCTION. nombreuses (dix- quatorze) propres uniquement au mouvement. (1) (r) On connoît si peu l’organisation inté- rieure des insectes, sur-tout leur principe de vitalité , il est même si difficile d’en faire une bonne étude , que je regarde la formation des classes qu’on vient de faire dans cette série d'animaux, les crustacés et les arachnides ; comme prématurée. La squille mante , la crevette des ruisseaux, sont certainement des crustacés, et, cepen- dant l’organe qu’on suppose être les cœurs, ne diffère presque en rien, dans ces ani- maux, du vaisseau ordinaire que l’on voit chez les insectes, organe se contractant et se dilatant sans cesse, et auquel on refuse la fonction du cœur. Le citoyen Cuvier a disséqué , en ma présence , la: squille mante, et s’est ainsi convaincu de ce fait relativement à ce crustacé. Quant à la cre- veite des ruisseaux, l’observation est aussi trés-aisée à faire , sans la moindre dissec- tion. Il suffit d'exposer cet animal à la Iu- mière, pour appercevoir la forme du vais- seau qui occupe presque toute La longueur INTRODUCTION. 5x SECTION PREMIÈRE. Les crustacés proprement dits. Mandibules portant un palpe très- apparent. Plusieurs autres espèces de palpes formant la bouche, et distincts. Observations accessoires. Quatre an- tennes ; yeux pédonculés et mobiles dans un grand nombre; premier anneau du corps, souvent très-grand. du dos. On en voit un semblable dans les cloportes en enlevant doucement le 5."°€ an- neau, où son mouvement est plus sensible. Je me bornerai donc à établir ici des ordres ; et comme les crustacés me pa- roissent les mieux organisés , je com- mencerai par eux. Cette raison me dé- termine à renvoyer l’ordre des arachnides après les insectes, proprement dits, immé- diatement avant l’ordre des entomostracés. Ces derniers animaux ont une conformation qui les rapproche certainement des vers. Le 52 INTRODUCTION. A. Premier segment du corps fort grand , et dans lequel la tête et le cor- celet sont réunis ; yeux pédonculés et mobiles. Les crustacés pédiocles du citoyen Lamarck. a. Dix pattes. Premier segment du corps ou carapace occupant plus du tiers de la longueur totale ; branchies cachées sous ses côtés. caractère essentiel des insectes consiste dans la présence des pattes ; or, la plupart des entomostracés n’en ont réellement pas. Elles pe sauroient leur servir à marcher. Ce sont plutôt des branchies. Les Zimules , les ca- liges , qui en ont de véritables, ont même en- core de ces pattes branchiales. Leurs préten- dues antennes sont aussi souvent des vérita= bles branchies. Les crustacés, les insectes proprement dits , les arachnides ont leurs pattes terminées par une pointe dure et cor- née, par un ongle ou deux, que l’on ne voit pas dans les entomostracés. Les ÿeux dont les crustacés sont si bien pourvus , commen- {NTRODUCTION. 53 Queue toujours plus courte que le reste du corps , terminée par une seule pièce , n'ayant pas de chaque côté d'appendices foliacés , géminés et ar- ticulés. Observations accessoires. Corps dont la coupe est figurée en grand segment de cercle , dont l'angle de la pointe seroit {ronqué, où carré, ou presque en cœur; quelquefois ové ou triangu- laire; antennes du milieu repliées sur elles-mêmes, et cachées. memes cent 1ci à disparoïitre. Les organes de la gé- nération du mâle sont situés , dans plusieurs de ces animaux, aux parties que l’on appelle antennes , de même que dans les palpes des araignées, ce qui dénote le voisinage des uns et des autres. Les caractères que j’assigne aux crustacés sont un peu longs , parce que j'ai voulu faire sentir la distinction qui existe entre ces intectes et les autres, notamment Îles entomostracés, avec lesquels on aurait pu les confondre. . # 54 INTRODUCTION. * Diamètre antérieur et transver- sal de la carapace surpassant, ou égalant du moins , le diamètre longitudinal ; coupe en grand segment de cercie , ironqué à son angle , ou presque en cœur, ou carré, ou rond; milieu du bord antérieur ne formant point de bec. Observations accessoires. Antennes du milieu toujours repliées sur elles- mêmes, et cachées. Bras toujours ter- minés par une main à deux doigts. O. Carapace plus large que longue , figurée en grand. segment de cercle , dont la pointe est tronquée, ou presque demi- circulaire , en cœur , ni carrée, m ronde; yeux toujours situés vers le milieu du bord antérieur. — Point de pattes aux nageoires , ou terminées par une pièce large, appla- ue, foliacée. Genre premier. Crabe, Cancer. Cara- pace plane, sans dilatation aux angles INTRODUCTION. 55 postérieurs ; pièces extérieures fer- mant la bouche ( palpes ) a yant le deu- xième article de la tige interne, ou le plus grand, arrondi à son extrémité ; mains ne formant pas de crète; pattes postérieures point repliées sur le dos. Exemple du genre. Cancer pagu- rus. Fab. Genre II. Dromie, Dromia. Cara- pace sans dilatation aux angles posté- rieurs , très- bombée ; pièces exté- rieures fermant la bouche ( palpes ) ayant le deuxième article de la tige interne , ou le plus grand , arrondi à son extrémité ; mains ne formant point de crête ; pattes postérieures repliées sur le dos. * Corps très-velu. Exemple du genre. Dromia Rum- phu. Fab: Genre III. Hépate, Hepatus. Cara- 56 INTRODUCTION. pace sans dilatation aux angles posté- rieurs ; pièces extérieures fermant la bouche, ayant le deuxième arücle de la tige interne pointu; mains figurées en crête. Exemple du genre. Calappa angus- tata. Fab. Genre IV. Calappe, Calappa. Cara- pace dilatée aux angles postérieurs ; pièces extérieures fermant la bouche, ayant le deuxième article de la tige interne arrondi à son extrémité ; mains très -comprimées , hautes, et figurées en crête Exemple du genre. Calappa granu- lata. Fab. — — Des pattes en nageoires , ou terminées par une pièce large, applate, foliacée. Genre V. Portune , Portunus. Les INTRODUCTION. br seules pattes postérieures en nageoires ; pièces extérieures fermant la bouche, ayant le deuxième article de la tige in- terne arrondi à son extrémité. Exemple du genre. Portunus depu- rator. Fab. Genre VI. Matute , Matuta. Les huit dernières pattes postérieures en nageoi- res ; pièces extérieures fermant la bou- che, ayant le deuxième article de la tige interne pointu. Remarque. Antennes latérales très- petites. Exemple du genre. Matuta victor. Fab. OO. Carapace presque en cœur, ou carrée, ou ronde. Genre VII. Ocypode, Ocypoda. Ua- rapace presque en cœur, ou rhomboï- dale ; yeux portés sur un long pédon- 58 INTRODUCTION. cule, qui s'étend le long d'une grande partie du bord antérieur; aucune des pattes en nageoires. 1.° Carapace bombée, en cœur; ex- trémité des yeux n’atteignant pas les angles latéraux. (LES TourLo Uu- ROUS.) Exemple du genre et de la division. Cancer cordatus. Herbst. 2.° Carapace plane , ou peu bombée, rhomboïdale ; extrémité des yeux attel- gnant les angles latéraux. Exemple du genre et de la division. Cancer vocans. Fab. — Ocypoda cera- tophtalma. Fab. Genre VIII. Podophtalme, Podoph- talmus. Carapace rhomboïdale. Pé- doncule des yeux très- longs ; pattes postérieures en nageoires. Exemple du genre. Podophtalmus Spinosus. Lamarck. INTRODUCTION. 59 Genre IX. Grapse, Grapsus. Cara- pace carrée, déprimée; yeux insérés aux angles latéraux; les quatre anten- nes sétacés, dans l'entre-deux; pattes postérieures, n'étant pas considérable- ment plus petites que les précédentes. Exemple du genre. Cancer ruri- cola. Fab. Genre X. Porcellane , Porcellana. Carapace carrée, déprimée ; yeux in- sérés près des angles latéraux ; deux antennes situées derrière les yeux et très-longues ; pièces extérieures , for- mant la bouche , saillantes et velues ; pattes postérieures beaucoup plus pe- tites que les précédentes. Exemple du genre. Cancer platy- cheles. Oliv. Cancer minutus. Kab. Genre XT. Pinnothère ,Pinnotheres. Carapace orbiculaire, où carrée à angles arrondis; yeux situés entre les angles 60 INTRODUCTION. se latéraux et le milieu du bord antérieur; les quatre antennes insérées dans l’entre- deux. Deuxième article de la tige in- terne des pièces extérieures fermant la bouche, grand et couché sur le premier, qui est demi- circulaire, et commun aux deux tiges internes. Remarque. Animal parasite, vivant dans les coquilles bivalves. Exemple du genre. Cancer pi- sum. Fab. ** Diamètre antérieur et transversal de la carapace, n’égalant pas celui de la longueur ; coupe ovée, ou triangu- ré, 4,40 Observations accessoires. Antennes du milieu souvent saillantes, du moins en partie. Genre XII. Doripe, Doripe. Cara- pace ovoide , déprimée , tronquée et rétrécie à sa partie antérieure. Aucune INTRODUCTION. 6r des pattes en nageoires ; les quatre pos- térieures recourbées sur le dos. Arti- cles de la tige interne des pièces ex- térieures, fermant la bouche, alongés. Exemple du genre Dorippe qua- dridens. Fab. Genre XIII. Leucosie, Leucosia. Ca- parace ovée ou arrondie , renflée en pointe à son extrémité antérieure ; yeux très-petits ; antennes point ou peu appa- rentes. Aucune des pattes en nageoires : pièces extérieures fermant la bouche , crustacées, avancées ; le deuxième arti- cle de la tige interne allant en pointe. Remarque. Bras longs. Exemple du genre. Leucosia cranio- laris. Fab. Genre XIV. Maïa, Maja. Carapace presque triangulaire ; la pointe en de- vant; antennes intermédiaires cachées, du moins en partie, dans une fossette ; Crustacés, I, 6 62 INTRODUCTION. yeux peu saillans et iogés. Aucune des pattes en nageoires. Deuxième article de la tige interne des pièces exiérieures qui ferment la bouche , arrondi ou ob- tus à son extrémité ; les suivans re- pliés en dedans, et petits. Remarque. Corps très-inégal ou fort rude , couvert de tubercules , ou orné de pointes ; extrémité antérieure ayant souvent de fortes dents. 1.° Bras très-orands, dont la lon- sueur est double de celle du corps, faisant avec lui un angle droit ; les mains s'appliquant , dans toute leur longueur, contre le restant du bras; les Parthenopes de Fab. Exemple du genre et de la division. Parthenope longimana. Fab. 2.0 Bras grands, mais dont la lon- gueur n’est pas double de celle du corps, avancés ; les Inachus de Fab. INTRODUCTION. 63 Exemple du genre et de la division. Inachus araneus. Fab. Genre XF. Macrope, Macropus. Carapace triangulaire ; la pointe en devant, et formant un bec plus ou moins long, souvent très-pointu, et en alène ; yeux saillans et découverts ; antennes intermédiaires découvertes , courtes et bifides ( comme celle des crabes )}. Aucune des pattes en na- geoires. Pieces extérieures fermant la bouche, à tiges alongées; l'interne ayant Je deuxième article terminé en pointe ; les suivans presque aussi longs que les précédens. Remarque. Pattes excessivement lon- gues et très-menues ; corps inégal. Exemple du genre. Inachus phalan- gium. Fab. Genre XVI. Onithye, Orithya. Ca- rapace arrondie postérieurement , un 64 INTRODUCTION. peu rétrécie en bec tronqué , à sa partie antérieure; yeux saillans; pattes pos- térieures en nageoires. Premiers articles de la tige interne des pièces extérieures qui ferment la bouche, alongés ; le deuxième en pointe. Remarque. Corps tuberculé et garni de pointes. Exemple du genre. Orithya mam- millaris. Kab. Genre XVII. Syméthis, Symethis. Je ne le connois point. Fabricius lui donne pour caractères, de n'avoir, à ce qu'il paroît, que deux antennes , les intermé- diaires probablement ; elles sont très- courtes , quadriarticulées , et logées exactement, chacune entre deux val- vules du bec, qui sont bifides dans leur longueur. Ce Naturaliste ne dit pas quelle est la forme de la carapace. Les bras ont leurs mains terminées par INTRODUCTION. 65 deux doigts ; les autres pattes finissent en pointe cornée et en faux. Exemple du genre. Symethis vario- losa. Fab. Genre XVIII. Coryste, Corystes. Carapace ovale, en pointe en devant ; antennes latérales, ou extérieures, rap- prochées au-dessous des yeux, avancées de la [longueur du corps; les intermé- diaires reçues, du moins en partie, dans une fossette. Aucune des pattes en na- geoires ; bras terminés par une main à deux doigts ; pattes postérieures re- jetées en arrière ; pièces extérieures fermant la bouche, à tiges alongées ; le deuxième article de l’interne fort long, et en pointe au sommet. Exemple du genre. Albunea den- tata. Fab. Genre XIX. Albunée , 4/bunea. Carapace triangulaire et dont la base 66 INTRODUCTION. est en devant; quatre antennes en des- sous des yeux, sur une même ligne ; bras grands, terminés par une main très-comprimée, et n'ayant qu'un seul doigt en faux ; les autres pattes ter- minées en nageoires, placées, par paire, les unes sur les autres; queue étendue ; ges des pièces extérieures qui ferment la bouche, alongées, étroites; le deuxiè- me article de la tige interne, pointu. Exemple du genre. Albunea dorsi- pes. Fab. + f Dernier article de la queue, accompagné , à sa base , de chaque côté d’un appendice foliacé, géminé, articulé. * Appendices étroits, écartés ou la- téraux, petits, et ne se réunissant pas avec le dernier anneau de la queue, ou le termimal, pour former à son ex- trémité une autre queue foliacée, en éventail, et connivente. INTRODUCTION. 07 Genre XX. Pagure, Pagurus. Corps mou; quatre antennes saillantes ; les latérales longues, composées de beau- coup d'articles; les intermédiaires cour- tes, à pédoncule de quelques articles alongés, terminées par deux filets très- courts; yeux à pédoncule cylindrique ; bras terminés par des mains ayant deux doigts. Aucun des autres en na- geolres. Exemple du genre. Pagurus ber- nardus. Fab. Genre XXI. Émérite, Emerita. Ca- rapace ovale , tronquée aux deux bouts; quatre antennes saillantes , plumeuses ; les intermédiaires pédonculées et bifi- des ; yeux à pédoncule cylindrique ; . bras et pattes terminées par une pièce ovale; point de doigts ni d'ongles. Hzppa emeritus. Fab. Remarque. Gronovius avoit fait, le 68 INTRODUCTION. premier , de ce crabe un nouveau genre, sous le nom d'Emerita. Pourquoi Fa- bricius l’a-t-1l changé? Genre XXII. Posydon, Posydon. Quatre antennes, à pédoncule simple ; celles du milieu plus courtes, et à deux filets; palpes extérieurs, foliacés, ou articulés à leur extrémité ; pédicule des yeux en forme d'écaille ; les mains des quatre pattes antérieures sans pouce mobile. * * Appendices, qui accompagnent le dernier anneau de la queue , se réu- nissant , et connmivant avec lui pour former une autre queue commune, en éventail ; queue de la longueur du corps, ou plus. O. Antennes intermédiaures, cour bées, a pédoncule de trois articles , alongées, terminées par deuxfilets très- petits; (queue assez plane.) Genre XXIII. Scyllare, Seyllarus. INTRODUCTION. 69 Carapace en carré long; antennes la- térales formées d’une ou plusieurs écail- les, en forme de crête; point de mains aux pattes antérieures; toutes les pattes terminées en pointes ; yeux vers les an- gles latéraux. Remarque. Queue à feuillets, dont une moitié est crustacée, l'autre quasi membraneuse. Exemple du genre. Scyllarus arc- tus. Fab. Genre XXIV. Langouste, Palinurus. Carapace cylindrique , alongée ; an- tennes latérales, sétacées, longues, épi- neuses ; point de mains aux pattes an- térieures ; toutes les pattes terminées par une espèce de brosse ; yeux vers le milieu, Remarque. Queue à feuillets à demi- crustacés, et à demi-membraneux. Exemple du genre. Palinurus homa- rus, Fab. 70 INTRODUCTION. Genre XXV. Galathée, Galathea. Carapace ovoide ; antennes latérales , longues , sétacées ; bras terminés par une main à deux doigts ; les autres pattes finissant en pointe, ou crochues ; yeux vers le milieu du bord intérieur de la carapace. Remarque. Un bec applati, court, denté sur ses côtés. Exemple du genre. Galathea stri- gosa. Fab. O O. Antennes intermédiaires , à pédoncule court, terminées par un, deux, ou trois filets sétacés, aussi ou plus longs que le pédoncule ; queue plus longue que la carapace. Genre XXVI. Écrevisse , Astacus. Carapace presque ovoide, ou quasi cy- lindrique ; antennes extérieures lon- gues ; articles du pédoncale ayant des angles aigus en leurs bords, comme 4 INTRODUCTION. 7È épineux; point d’écaille latérale remar- quable ; antennesintermédiaires placées presque sur la même ligne que les in- termédiares, courtes, bifides ; les six ou quatre premières paires de pattes terminées par des mains à deux doigts; bras grands ; palpes extérieurs peu avancés. Remarque. Un bec applati. Exemple du genre. Astacus fluvia- tilis, Fab. Genre XXVII. Alphée , Alpheus. Corps arqué, comprimé ; antennes la- térales , sétacées , longues, accompa- gnées d'une écaille sans épine ; inter- médiaires insérées plus haut , plus courtes, à deux filets ; les quatre pattes antérieures terminées par des mans à deux doigts ; les mains des bras plus grandes ; palpes extérieurs longs et avancés. 72 INTRODUCTION. Remarque. Un bec subulé. Je ne rapporte ces caractères que d'après Fa- bricius. Exemple du genre. A/pheus ava- rus. Fab. Genre XXVIII. Pénée , Penaeus. Corps comprimé , arqué ; antennes ex- térieures placées au-dessous des inter- médiaires, très-longues; pédoncule ac- compagné d’une écaille bifide et épi- neuse ; antennes intermédiaires plus courtes, à deux filets ; les premières pattes terminées par des mains; palpes extérieurs longs et avancés. Remarque. Bec avancé, comprimé, et denté, lorsqu'il l'est, aux bords su- périeur etinférieur , ou à l’un des deux. Ce genre est très-voisin de celui dont nous donnerons les caractères sous le nom de Palæmon. Je ne l'ai point vu. I! me paroit que les quatre ou six pre- mières pattes antérieuressont terminées : INTRODUCTION. 73 par des mains filiformes , et à deux doigts ; que, de même que dans les palæmons, les bras ne sont pas les plus longs. Exemple du genre. Penaeus mono- don. Fab. Genre XXIX. Palæmon, Palæmon. Corps ärqué , comprimé ; antennes ex- térieures insérées presque sous les yeux, sétacées , longues, accompagnées d’une écaille plus ou moins grande ; antennes intermédiures insérées un peu au-des- sus des précédentes, à trois filets ; les trois ou quatre paires de pattes anté- rieures terminées par des mains à deux doigts ; les bras souvent plus petits ; palpes extérieurs longs, avancés. Remarque. Bec comprimé , ensi- forme , denté souvent aux bords supé- rieurs et inférieurs ; dernier article de la queue, ou celui du milieu, pointu. Crustacés, I. 7 74 INTRODUCTION. Exemp. du genre. Palæmon squilla. Fab. Genre X XX. Crangon , Crangon. Corps comprimé, arqué ; antennes ex- térieures longues , avec une grande écaille à leur base ; intermédiaires cour- tes, à deux filets; yeux très-rappro- chés sous un bec; paties antérieures, ou bras , terminées par une main n'ayant qu'un seul ongle mobile , sans autre doigt ; les autres pattes simples; pal- pes extérieurs avancés. Remarque. Queue terminée en pointe au milieu. Exemple du genre. Crangon vulya- ris. Fab. b. Plus de dix pattes; premier seg- ment du corps ou carapace, n'occupant pas plus du tiers de la longueur du corps, ou même moins ; branchies ex- térieures. INTRODUCTION. 75 Genre XXXI. Squille, Squilla. An- tennes extérieures simples , accompa- gnées d’une écaille ; les intermédiaires pédonculées, à trois filets ; yeux sail- lans ; quarorze pattes ; les huit anté- -rieures insérées à la poitrine, et ter- minées par un ongle crochu; les pre- mières plus grandes ; ongles fortement denté en dessous ; les six autres paires de pattes natatoires, et sans ongle, in- sérées sous les anneaux qui suivent la carapace. Remarque. Corps alongé , presque cylindrique ; feuillets de la queue épi- neux. Exemple du genre. Squilla mantrs. Fab. Remarque. Rapportez à cette divi- sion le cancer pedatus d'Othon Fa- bricius, Fauna Groenlandica, n.° 225. Je crois que ce crustacé doit faire un 70 INTRODUCTION. nouveau genre , que je CaraCiériserai ainsi : Mysis , Mysis. Corps comprimé ; quatre antennes ; deux simples et deux bifides ; une écaille foliacée accompa- gant les extérieures ; quatorze pattes terminées par un ongle; les antérieures, ou bras, très-courts, ayant une main avec un ongle, denté inférieurement ; les autres pattes placées au mihieu de deux rangs de branchies ; queue à feuil- lets épineux. Le cancer oculatus du même Natu- _ralste, se rapproche aussi beaucoup du cancer pedatus ; il manqueroit seule- ment de bras. Son cancer bipes , paroït faire le pas- sage des crustacés précédens avec ceux qui suivent. Ses yeux sont sessiles, mais mobiles et globuleux ; la carapace fait , avec le bec qu’elle a à sa partie antérieure, presque la moitié de la lon- gueur du corps. Ce bec est court, pres- INTRODUCTION. 77 que conique , convexe en dessus, en voûte en dessous, et d’où sortent deux antennes courtes , triarticulées , termi- nées par une soie. Au devant de sa poi- trine est attachée une paire de pattes, presque de la longueur de la carapace, sétacées , de quatre articles ; sous le milieu de la poitrine sont trois autres paires ; mais très-courtes , et paroïssant ne servir qu'à retenir les œufs. On voit ensuite cinq paires de branchies diri- gées en arrière , insensiblement plus Jongues , biarticulées et bifides, que Fabricus appelle pieds. La queue est formée de six articles , dont les trois dermiers sont trois fois plus longs que les premiers; elle a, de chaque côté, à son extrémité, un style simple, biar- üculé, sétacé au bout. B. Premier segment du corps point, ou à peine plus grand que les au- tres ; tête distincie ; yeux sessiles, peu LE) 70 INTRODUCTION. ou point saillans ; corps formé d'une suite d'articles presque égaux. Les crus- tacés sessiliocles du citoyen Lamarck. a. Une queue ; des branchies en des- sous , et des pointes articulées au bout. Genre XXXII. Talitre, Talitrus. Quatre antennes simples; les intermé- diaires supérieures, et plus courtes que le pédoncule des latérales etinférieures; dix à quatorze pattes, Exemple du genre. Gammarus lo- custa. Fab. — Oniscus gammarellus. Pallas. Genre XXXTIII. Crevette, Gamma- rus. Quatre antennes; les latérales ou antérieures ayant un petit filet ; les in- termédiaires, supérieures, et plus lon- gues que le pédoncule des précédentes ; quatorze pattes ; les quatre antérieures terminées par des mains. ENTER OTIEU C T'T'ON: 79 Exemple du genre. Gammarus pu- lex. Fab. Remarque. Othon Fabricius décrit plusieurs crustacés qui doivent se rap- porter probablement à quelqu'un de ces deux genres. Je pense qu'il faut placer dans le premier ses onzscus ser- ratus , cicada, medusarum ; dans le second , ses oniscus arenarlus , stræ- mianus, abyssinus. b. Point de queue, de branchies ex térieures, n1 de pointes articulées à la partie postérieure du corps. Remarque. Corps de sept anneaux ; dix à douze pattes terminées par un crochet. Genre XXXIV. Iaparis , Liparis. Corps filiforme, long ; pattes alongées. (Ovaires placés sous le troisième et quatrième anneau. } Exemp. du genre. Squrlla lobata.Kab. GO INTRODUCTION. Genre XX XV. Cyame, Cyamus. Corps large , court ; pattes courtes ; quatre fausses pattes vers les anneaux du milieu, Exemple du genre. Oniscus ceti. Lin. SECTION SECONDEÆF. Les crustacés improprement dits. Mandibules sans palpe apparent : bouche n'en ayant au plus qu'une ou deux paires de distincts. Observations accessoires Quatre ou deux antennes simples ; yeux sessiles, souvent peu sensibles ou presque nuls: corps formé d'une suite d'articulations sans différence de grandeur extraordi- naire; quatorze pattes. A, Quatre antennes, où point du tout ; des pièces membraneuses , fo- liacées , insérées vers l'extrémité du corps ; et dont la direction est dans INTRODUCTION: GI le sens de la longueur. (Palpes dis- tincts dans plusieurs. ) a Des antennes et des yeux distincts ; pattes très-apparentes. f Les dernières paires de pattes moins alongées, et dépassant sensible- ment les côtés du corps, droites, et pre- nant leur naissance à peu de distance descôtés; antennes de longueur inégale. Genre XX XVI. Tdotée, Idotea. Corps alongé ; quatre antennes distinctes ; point de styles, ou pointes, articulés et bifides à la partie postérieure du corps qui a des lames foliacées et lon- gitudinales en dessous. Exemple du genre. Oniscus mar i- nus, Entomon Jan. Genre XXXVII. Aselle, Asellus. Corps alongé ; quatre antennes distinc- tes; des styles, ou pointes , articulés 82 INTRODUCTION. et bifides à la partie postérieure du Corps. Exemple du genre. Oniscus aqua- ticus. Lin. Genre XX XVIII. Sphérome, $phæ- roma. Corps ovale , se mettant en boule; quatre antennes distinctes; point de styles à l'extrémité postérieure du corps ; une pièce ou lame large, de chaque côté, au dernier anneau. Exemple du genre. Oniscus globa- tor. Pallas. + f Pattes courtes, paroissant naïître près du milieu de la partie inférieure du corps, s'appliquant contre une partie dirigée obliquement , et qui tient Lieu de hanche ; antennes de longueur égale. Genre XXXIX. Cymothoa , Cymo- thoa. Corps crustacé , convexe, tron- qué ou très-obtus postérieurement; des INTRODUCTION. 83 yeux distincts; pattes terminées par un ongle très-fort. Exemple du genre. Cymothoa asilus. Fab. b. Point d'antennes ni d’yeux dis- tincts ; pattes excessivement courtes. Genre XL. Bopyre, Bopyrus. Corps applati , légèrement crustacé , ové ; pointe oblique ; pattes excessivement petites , recoquillées , insérées aux bords des anneaux ; animal parasite, vivant sous une loupe qu’il forme à la parie latérale et antérieure du palæ- mon squilla. (Mémoires de | Académie des Sciences de Paris, année 1772.) B. Deux antennes; des feuillets trans- versaux à la base de la queue, en dessous. (Palpes nuls ou difficiles à dis- tinguer. ) Genre XLI. TLigie , Ligra. Corps oblong, plat; quatre antennes ; les 04 INTRODUCTION. extérieures plus longues , et dont la dernière pièce est composée d’un grand uombre de petits articles; des styles saillans à l'extrémité postérieure du. Corps. Exemple du genre. Eroia oceanic«a. Fab. Te ORDRE.IT. ENTOMOSTRACÉS. Définition. Corps caché , du moins en partie, sous une pièce clypéacée, ou renfermé entre deux valves, sem- blables à celles d’une coquille bivalve, ou formé d'une suite d'anneaux , dont le premier est beaucoup plus grand ; en- veloppe membraneuse, ou plutôt co- riacée ou cornée, que calcaire; bouche souvent peu distincte, sans palpes sen- sibles: (deux mandibules et deux mû- choires au plus); quatre, deux ou point INTRODUCTION. 62 d'antennes, ressemblant souvent, ainsi que tous les pieds, ou quelques-uns, à des branches ou à des pièces propres uniquement à la natation (un ou deux yeux très-petits, souvent peu distincts). Remarque. Les pattes des insectes des ordres précédens sont terminées , ou par une pointe dure, écailleuse ou cornée , d’une consistance différente de la patte, ou par un ou deux petits crochets, également écailleux, et ar- ticulés avec la patte, ce qui ne s'ob- serve pas dans les entomostracés. SECTION PREMIÈRE. Les entomostraces hours Pattes ou du moins la majeure partie servant à marcher ; corps clypéacé ; bouclier adhérent sur toute sa surface intérieure. Genre XLII, Limule, Limulus. Crustacés. I, 8 86 INTRODUCTION. Deux boucliers dorsaux ; point d’än- tennes sensibles ; deux mandibules coudées, terminées par deux pinces ; cinq paires de pattes terminées, les unes en pointes, les autres par deux tenailles ; une autre paire à appendices foliacés ; deux yeux dorsaux ; une queue dure et pointue, ensiforme. Exemple da genre. Limulus gigas. Fab. Remarque. Gronovius avoit, le pre- mier , établi ce genre sous 1,2 nom de bar e. Genre XLITI. Calige, Caligus. Deux boucliers dorsaux ; ps antennes très-sensibles ; bouche peu distincte ; huit à dix pattes ; les postérieures avec deux appendices branchiales; deux yeux marginaux ; deux filets ou tuyaux for- mant la queue. Exemple du genre. Caligus curtus, Caligus productus. Muller. INTRODUCTION. 07 Remarque. Ces deux entomostracés diffèrent l'un de l'autre par des carac- tères essentiels, et on devroit peut-être en faire deux genres. Genre XLIV. Binocle , Binoculus. Un seul bouclier dorsal ; corps hémis- phérique ; deux antennes petites; une espèce de bec; six pattes; deux yeux latéraux ; queue formée d'anneaux, terminée par des appendices barbus. Exemple du genre. Brnoculus,n.° 2. Geoffroi. Histoire des Insectes des en- virons de Paris. Tom 2. pag. 660, ponte 3. SECTION SECONDE Les entomostracés branchipèdes. (Schæffer.) Pattes ne servant point à marcher ; bouclier ou valves, dans ceux qui en 06 INTRODUCTION. sont pourvus, n'adhérant pas au corps par toute sa surface intérieure. À. Un bouclier ou deux valves en forme de coquille , couvrant ou ren- fermant le corps. Genre XLV. Apus, Apus. Un bou- clier ; deux antennes ; deux mandi- bules et deux mächoires ; des pattes nombreuses et foliacées ; queue annel- lée , terminées par deux filets. Exemple du genre. Limulus apus. Fab. Remarque. Les am ymones de Muller qui sont monocles, qui ont deux an- tennes et quatre pattes. ( Monoculus satyrus. ab.) Ses nauplies, qui ont deux ou quatre pattes de plus, { Mono- culus saltatorius, Fab.) ne sont, sui- vant le cit. Jurine, que des larves de cyclope. (Voyez ce genre plus bas.) INTRODUCTION. 6g Genre XLVI. Lyncé , Lynceus. Test bivalve, échancré près du bout antérieur qui repr ésente un bec; anten- nes en pinceau ; pattes de même, et au nombre de huit; deux yeux. Exemple du genre. Monoculus bra- chiurus. Fab. Genre XLVII. Daphnie, Daphnia. Test bivalve ; une tête apparente ; avec deux bras; huit à dix pattes ; un seul œil, une queue. Exemple du genre. Monoculus læ- vis. Fab. Genre XLVITII. Cypnis, Cypris. Test bivalve ; tête cachée; deux an- tennes en pinceaux; quatre pattes; un seul œil, une queue. Exemple du genre. Monoculus con- chaceus. Kab. Genre XLIX. Cythère, Cytherea. 99 INTRODUCTION. T'est bivalve ; tête cachée ; deux anten- nes simplement pileuses ; huit pattes. Exemple du genre. Monoculus vi- ridis. Fab. B. Point de bouclier ou de valves; premier anneau du corps simplement plus grand, se repliant sur les côtés. Genre L. Polyphème, Polyphemus. Un œil en forme de tête; une espèce de corcelet ; deux rameaux ou bras dichotomes ; une queue. Exemple du genre. Polyphemus ocu- lus. Muller. Genre LI. Cyclope, Cyclops. Corps alongé, diminuant insensiblement pour former une queue; deux à quatre an- tennes ; six à dix paties soyeuses ; un seul oil. Exemple du genre. Monoculus qua- dricornis. Fab, INTRODUCTION: CL: Genre LIT. Branchiopode, Branchio- poda. Corps alongé, filiforme, dont la moitié postérieure forme une queue, terminée par deux filets ; une tête ; deux antennes capillaires ; deux yeux pé- donculés; deux avancemens, en forme de mandibules à la bouche; onze paires de pattes foliacées, branchiales ; dou- zième article ayant des ovaires ou des crochets, suivant les sexes. Exemple du genre. Branchiopoda stagnalrs. Larmarck. Cancer stagnalis. Lan. ES D ES On trouve des crustacés décrits et figurés dans un grand nombre d'auteurs depuis Rondelet, le premier des mo- dernes, jusqu'à Herbst, qui, comme on l'a déjà dit, vient de donner un ouvrage sur les crustacés avec beau- coup -de figures coloriées. Les princi- 92 YNTRODUCTION. paux de ces auteurs sont : Aldrovande, $vwrammerdam , Rumphius , Séba , Jonston, Margrave, Pison, Kempfer, Sloanne, Brown , Catesby , Petiver, Gronovius, Knorr, Barelier, Baster, Klein , Plancus, Pennant , Roesel , Degeer , Muller , Linnæus, et Fabri- cius. On doit aussi citer Sachs, qui a Jublié, en 1665, un ouvrage latin de 900 pages , intitulé, Gammarologia, où ïl trarie des crustacéssous tous les rapports, comme on en pouvoit traiter à cette époque, c'est-à-dire, que son ouvrage est une indigeste compilation de tout ce qui a été écrit par les anciens et les modernes sur les crustacés. Actuellement que l'histoire de Îa science des crustacés a été parcourue, 1l convient de passer aux élémens de la science même. Les crustacés sont des animaux dont le corps et les membres sont articulés qui ont pour peau une croûte calcaire, INTRODUCTION. 93 qui se renouvelle tous les ans, un cer- veau et des nerfs, des branchies pour la respiration, un cœur musculaire et des vaisseaux pour la circulation, et enfin, qui engendrent plusieurs fois dans leur vie. Ils diffèrent des poissons et des mol- lusques avec lesquels ils vivent, parce qu'ils ont des membres articulés. Ils diffèrent des insectes avec lesquels 1ls ont les plus grands rapports d’organt- sation extérieure, parce qu'ils ont des branchies. | Leur corps se divise en tronc et en extrémité, comme celui de la plupart des autres animaux. Chez fort peu, la tête est distincte du corcelet, etelle ne se remarque que par la place des or- ganes qui lui sont propres, tels que la bouche, les yeux et les antennes avec leurs accompagnemens. Lesantennes varientennombre, mais Ja irès-grande majorité en a quatre, de 04 INTRODUCTION. sorte que cette quantitéest généralement regardée comme caractère de la classe, L'orgamisation de ces antennes est diffé- rente, sous quelques rapports, des mé- mes parties chez les insectes. Presque toujours elles sont divisées en deux par- tes ; l’une, composée d'articles longs et gros, c'est celle qui est la plus voisine de la base; l’autre, formée d’une im- mense quantité d'articles très-étroits , arrondis, allant en diminuant de oros- seur, C'est celle qui la termine. Aucune autre classe dans la nature n'a les organes de la manducation si compliqués. La bouche est toujours accompagnée d'un formidable appareil d'instrumens propres à briser, à retenir la proie. Le nombre des parties qui la composent varient dans chaque genre. Aussi , est-ce d’après ces organes que Fabricius a établi ses caractères géné- riques et que Latreille a coordonné les siens. Leur étude est aujourd'hui indis- INTRODUCTION. 99 pensable à ceux qui veulent apprendre connoître les crustacés. C'est sur eux que reposent , on peut le dire sans exasération, les fondemens de la science qui les a pour objet. Pour en donner une idée précise, on va décrire toutes ces parties d'après Olivier. (1) Voyez pl. 1, où on a figuré en haut célles du portune dépurateur , et en bas , celle de l’écrevisse de rivière pour faire sentir leur différence de forme. Les antennules sont au nombre de huit. Deux (aa) ont leur attache à la partie latérale des mandibules ; deux (66) à la lèvre inférieure ; et quatre (cc dd) un peu au-dessous de la bouche. Les deux premières , guère plus Jonoues que les mandibules, sont fili- (1) Mémoire sur les parties de la bouche des insectes. Journal de Physique, juin 1788. go INTRODUCTION. formes, velues et composées de deux : articles bien distincts, dont Le premier est plus court que le second, et celui-cx est terminé en pointe. Elles ont leur attache à la partie latérale externe des mandibules. Les secondes, plus longues. que les premières , sont composées de deux, articles, dont le premier, alongé, égal, prismatique, et le second plus mince, sétacé et recourbé : elles ont leur attache à la base externe de la lèvre inférieure. Les troisièmes, immédiatement au- dessous de celles-ci, sont bifides, ou composées de deux pièces, dont l’ex- térieure, semblable à l’antennule pré- cédente , est seulement un peu plus grosse ; l'intérieure (}h) est composée de cinq articles, dont le premier est court et très-large, le second alongé et prismatique ; les trois derniers sont presque égaux, courts et velus. Les quatrièmes , insérées au devant { | | INTRODUCTION. 97 des pattes, sont bifides ; la pièce exté- rieure est semblable à oi de la pré- cédente ; elle est seulement un peu plus grosse ; l'intérieure (zz) est composée de six articles, dont le premier est large et très-court ; le second alongé et prismatique ; le troisième large, applati, et presque rond ; les deux suivans courts et égaux ; le dernier terminé en pointe. La lèvre inférieure (eeee ) est double et divisée en quatre parties appliquées sur quatre autres presque semblables , dont la moitié d'un côté, et la moitié de l'autre ; ces pièces sont membra- reuses , ciliées en leurs bords; on en voit deux (ffff) de chaque côté, qui sont très-minces, fortement ciliées, et qui ressemblent aux mâchoires de la plupart des insectes; elles sont appli- quées contre les mandibules (gx). Par la réunion de ces pièces cihiées, la bouche se trouve exactement fermée. Grustacés, I, 9 98 INTRODUCTION. Peut-être font-elles aussi l'office de mä- choires. Les mandibules (22) sont très-fortes et très-dures, d’une consistance pres- que osseuse, convexe d’un côté, con- cave , ou en forme de cuiller, et à bords tranchans de l’autre. Ces man- dibules se meuvent latéralement, ainsi que celles de tous les msectes. Le corcelet est la partie qui varie le plus dans les crustacés. Il est oval ou carré , Ou trapizoide et applati dans les premiers genres ; globuleux , inéoal , dans les suivans. Ensuite 1l devient cylindrique , même linéaire, et applati sur les côtés. On ne peut en- trer 1c1 dans tous les détails relatifs à cette diversité de formes. On les trou- vera à la tête de chaque genre. Tous les crustacés ont une queue; mais, quoiqu'elle varie moins que le corcelet , :l wen-est pas plus facile de la caractériser généralement. Les INTRODUCTION. 99 genres qui composoient la division des brachyures de Linnæus ont une queue plate , simple , presque trian- gulaire , composée ordinairement de sept articulations, qui s'emboitent dans une dépression du ventre. Les genres qui composoient la division des ma- croures, du même auteur , en ont une, composée de même nombre d’articula- tions ; mais ici elles sont bombées, et terminées par cinq lames natatoires qui ne se voient pas dans les pre- nuères, et elles ne peuvent que se re- courber sous elles-mêmes. La leucosie na que deux articulations, mais c’est un fait isolé. Dans tous, la queue des femelles est garnie de filets pro- pres à recevoir les œufs à leur issue du Corps. Les pattes, dans les crustacés, sont, en général, au nombre de dix, com- posées, chacune de cinq à six articu- lations inégales , dont la dernière est, 100 INTRODUCTION. au moins à quelques paires, terminée en pointe. En général, la première paire est plus grosse que les autres , et ter- minée par une pièce plus large et plus grosse encore que les autres; on l’ap- pelle main. Le côté intérieur, de cette main, a une exCision, ou s'amincit subi- tement pour donner place à une partie que l’on appelle le doigt , laquelle est articulée et jouit d'un mouvement Îa- téral d'ouverture et de fermeture sur l'autre côté. La réunion de ces parties constitue la pince, dont la forme, la grandeur et les accompagnemens va- rient , non seulement selon les genres, mais encore selon les espèces. Toutes les parties qu'on vient de passer si rapidement en revue, seront détaillées et caractérisées d’une ma- nière convenable à la tête de chaque genre. L'anatomie des crustacés a été tentée dès le temps du renouvellement des INTRODUCTION. IOI sciences en Europe ; cependant elle est encore très -imparfaitement connue. Roesel est celui qui a fourni Les meil- leurs matériaux à cet égard ; mais ses connaissances, bornées dans cette partie, ne lui ont pas permis de donner à ses excellentes figures tout le développe- ment que comportoit le sujet. C'est cependant lui qu'on est obligé de consulter toutes les fois qu'on veut parler des organes de la respiration, de la digestion et de la génération de ces animaux , Cuvier n'ayant en- core publié, de ses travaux sur le même objet, que ce qui concerne les organes du mouvement et des sen-. sations. Le système musculaire des crustacés se borne aux mouvemens de la queue, des pattes, des organes de là mandu- cation , et de quelques autres parties moinsimportantes; car dans cet ordre 1} n'y a pont de muscles pour mouvoir 102 INTRODUCTION. la tête sur Le corcelet, puisque ces deux pièces sont soudées ensemble. | On va, d'après Cuvier, passer en revue les muscles de ces différentes parties dans le genre de l’écrevisse, qui tient le milieu dans la série naturelle des crustacés, c'est-à-dire , qui est à égale distance des crabes et des cy- clopes. Dans les écrevisses, donc, la queue est formée de six segmens principaux et terminée par cinq lames. Les ses- mens varient un peu pour la forme ; ils sont convexes en dessus et se re- couvrent les uns et les autres comme des tuiles. En dessous, 1ls sont plus étroits et réuuis par une membrane lâche, qui leur permet un grand mou- vement. Iis portent là, dans l'angle de réunion de leur portion inférieure avec la dorsale, des espèces denageoires crus- tacées, bordées de cils, et formées de plusieurs arliculations ; on les nomme INTRODUCTION. 104 fausses pattes, ou pattes natatoires. Elles se meuvent de devant en arrière et un peu de dehors en dedans, à l’aide de petits muscles contenus dans l'inté- rieur de chaque articulations, mais, qui ne diffèrent pas assez de ceux des vraies pattes pour devoir les décrire en particulier. Les cinq lames qui terminent la queue, sont deux paires et une impaire ; celle du milieu est articulée directe- ment avec le dernier segment. C'est sous cette lame que se trouve l’ouver- ture de l'anus. Dans quelques espèces, elle est comme brisée dans son mi- lieu, et susceptible d’un petit mouve- ment. Les deux lames latérales sont supportées par une pièce commune qui s'articule avec le dernier segment de Ja queue. La lame la plus externe est smpleetciliée, commecelle du milieu, à son extrémité ; mais l’externe est 104 INTRODUCTION. comme articulée vers son tiers infé- rieur, ou plutôt formée de deux pièces, dont la première recouvre par son ex- trémité, qui est dentée, la petite qui la suit, dont le bord est garni de cils très-serrés. Les muscles qui meuvent cette queue ont une conformation très-singulière ; ils forment deux masses distinguées l'une de l’autre par le canal intestinal: La masse dorsale est plus menue et moins composée. On y remarque trois sortes de fibres. Les premières cons- tituent un muscle qui s'attache dans la partie dorsale du corcelet vers son quart postérieur. Il se dirige ensuite obliquement de devant en arrière, et de dedans en dehors, vers les parties latérales du premier segment de la queue où 1l s'insère. Lorsque le muscle d'un côté agit séparément , il porte Ja queue à droite ou à gauche. Lors- INTRODUCTION. 105 que tous deux agissent ensemble, ils, doivent la redresser quand elle est flé- chie, et la maintenir droite. La seconde et la troisième séries des fibres musculaires s'étendent sur toute Ja longueur du dos en deux lignes pa- rallèles, très-contigués. Elles viennent des parties latérales et supérieures de la cloison du corcelet sur laquelle s’ap- pliquent les branchies. Elles s’atta- chent là par divers digitations. Arri- vées sur le premier anneau de la queue, on remarque à la surface une petite intersection, et l’on voit qu'un petit trousseau de fibres se contourne pour s'insérer à ce premier anneau, et ainsi de suite pour chacun de ceux qui sui- vent. Cette disposition donne à la bande interne une apparence de corde tordue. La portion externe de la masse dor- sale est formée de fibres distinctes et longitudinales. La masse ventrale des muscles de la 106 INTRODUCTION. queue est beaucoup plus épaisse et plus compliquée que celle du dos. Pour se faire une idée précise de sa compo- sition, on la décrira comme vue sous trois faces. Le muscle ventral de la queue, vu par le dos, prend naissance dans intérieur du thorax , au-dessous de la partie osseuse , grillagée, qui ren- ferme les muscles des hanches; ce mus- cle est alors partagé en droite et gauche; chacun d'eux est formé de trois lar- : ges digitations. Arrivés sur le pre- mier segment de l'abdomen, les fibres longitudinales plongent sous d’autres, qui sont contournées , et qui les em- brassent. Le reste du muscle, sur toute la longueur de la queue , est aussi for- imé de deux séries de fibres convexes et courbées parallèlement les unes à côté des autres, séparées de droite à gaucbe par une gouttière dans laquelle est logée le canal intestinal. INTRODUCTION. 107 Le muscie ventral de la queue, vu par-dessous même , présente trois or- dres de fibres bien marquées. La pre- mière série est produite par la face inférieure des digitations qui s'insèrent sur les grillages osseux du thorax. La seconde série est formée de fibres obli- ques qui sont la continuation des pre- mières, et qui s'étendent de la ligne moyenne dans laquelle est situé Le cor- don médullaire des nerfs, jusque sur les parties latérales des auneaux dans l'angle qui résulte de Ja réunion de la portion dorsale avec la venirale. Il y à deux forts trousseaux de fibres pour chacun des angles des anneaux, depuis le premier jusqu'au sixième. Enfin, la troisième série est produite par des trousseaux impaires de fibres transver- ses qui décrivent des arcs dont la con- vexité est inférieure. Ces cerceaux mus- culeux , applatis , correspondent à l'ex- trémité de chacun des anneaux, et 108 INTRODUCTION. paroissent former autant de poulies dé- rivatoires pour les fibres obliques dont on vient de parler. Enfin, le muscle ventral de la queue, coupé longitudinalement dans sa partie moyenne, ressemble à une corde dont les spires seroient peu obliques. Les fibres qui correspondent aux trous- seaux transverses, sont distinctes et plus étroites. De cette singulière complication ,: il résulte que ce muscle isolé de toutes ses adhérences , ressemble à une tresse “très-serrée, dont chacun des fils, au heu d'agir dans la direction longitu- dinale, se meut obliquement dans le canal: formé par les fibres voisines. Chacune des articulations des pattes a deux muscles, un extenseur et un flé- chisseur. L’extenseur de la hanche est situé dans l’intérieur du corcelet, sur la pièce cornée qui soutient les branchies, un INTRODUCTION. 109 peu en devant de la branche, qu'il üre en avant. Le fléchisseur de la hanche est aussi attaché sur la pièce cornée qui soutient les branchies; mas 1l est placé en ar- rière et produit le mouvement con- traire du précédent. L'extenseur de la cuisse est plus fort que le fléchisseur ; 1l est attaché dans l'intérieur de la hanche, à sa portion antérieure, et s’insère à l'éminence su- périeure de l'articulation de la cuisse. I] est plutôt abaisseur. Le fléchisseur de la cuisse, où mieux le releveur , est plus court que le pré- cédent. fl occupe la partie postérieure interne de la cuisse , et s'insère à léminence inférieure de l'articulation. L'extenseur de la jambe est situé dans l'intérieur de la cuisse, dont il occupe toute la largeur. IL s’insère au bord externe de l'articulation de la jambe. Crustacés. I. 10 110 INTRODUCTION. Le fléchisseur de la jambe est moins fort que son extenseur. Il est couché sous lui, et s'insère au bord interne de l'articulation. L'extenseur de la première pièce du tarse s'attache intérieurement à tout le bord supérieur de la jambe, et s'in- sère à l'éminence la plus élevée de l’ar- üiculation de la quatrième pièce. Le fléchisseur de la première pièce est attaché aussi dans l'intérieur de la jambe, mais à son bord inférieur ; et il s'insère à l'éminence la plus basse de l'articulation. L’extenseur de la serre et son flé- chisseur occupent et partagent l'inté- rieur de la quatrième pièce. Leur place détermine leurs fonctions. L’extenseur du pouce est un très- petit muscle qui occupe la partie supé- rieure de la pince. Le fléchisseur du pouce s'attache à tout le reste de la pince. II a un fort INTRODUCTION. T1. tendon , osseux, intermédiaire, plat et oblons. Il est très-volumineux. Les crustacés qui ressemblent tant aux insectes par leurs organes du mou- vement, quoiqu'ils en diffèrent beau- coup par ceux de la respiration, ont aussi un systême nerveux semblable à celui des. insectes, au moins quant aux parties essentielles. Danslesécrevisses, la partie moyenne de ce systême est un cordon noueux qui se prolonge d'une extrémité du corps à l'autre. Dans les crabes , 1l y a au mi- lieu du corps un cercle médullaire d'où les nerfs du corps partent comme des rayons. Dans ces divers animaux le cerveau est placé à l'extrémité antérieure du museau, et par conséquent assez loin de la bouche, qui s'ouvre sous le cor- celet. C'est ce qui fait que les cordons du collier de l'œsophage sont plus alon- gés que dans d'autres. T12 ENT O-D'U C TTOMN. Le cerveau de l'écrevisse est une masse plus large que longue, dont la face supérieure est assez distinctement divisée en quatre lobes arrondis. Les lobes moyens produisent de leur bord antérieur chacun un nerf, qui est l'opti- que. Ce nerfse rend directement dans le tubercule mobile qui porte l'œil, et il s'y dilate ei s'y divise en une multitude de filets qui forment un pinceau, et aboutissent à tous les petits turbercules de l'ail. De la face inférieure du cerveau naissent quatre autres nerfs qui vont aux quatre antennes, et qui donnent quelques filets aux parties voisines. Les cordons qui forment le collier naissent du bord postérieur du cerveau. Ils don- nent chacun, vers le milieu de leur longueur, un gros nerf qui va aux man- dibules et à leurs muscles; 1ls se réu- missent sous l'estomac en un ganglion oblong qui fournit des nerfs aux di- INTRODUCTION. 119 verses paires de mâchoires. À partir de cet endroit, les deux cordons restent rapprochés dans toute la longueur du corcelet ; et y forment cinq ganglions successifs, placés entre les articulations des cinq paires de pattes. Chaque patte reçoit un nerf du ganglion qui lui cor- respond, et ce nerf pénètre jusqu'à son extrémité ; c’est celui de la serre qui est le plus gros. Les cordons médullaires, arrivés dans la queue, s y unissent si intimement , qu'il n'est plus possible de les distinguer. [ls y forment six gau- glions, dont les cinq premiers fournis- sent chacun deux paires de nerfs. Le dernier en produit quatre, qui se dis- tribuent, en rayons, aux nageoires écailleuses qui terminent la queue. Le pagure, dont la queue n'est pas recouverte d'écalles articulées, paroïit avoir beaucoup moins de ganglions que l'écrevisse : on ne lui en voit que cinq. Dans les squilles il y a dix ganglions CRE] 114 INTRODUCTION. sans compter le cerveau. Celui qui est à la réunion des deux cordons qui ont formé le collier, donne des rameaux aux deux serres et aux trois paires de pattes qui les suivent immédiatement, et, qui, dans ces animaux, sont presque ran- gées sur une même ligne transversale : aussi ce ganglion est-1l le plus long de tous. Chacune des trois paires sui- vantes a son ganglion particulier. Il y en a ensuite six dans la longueur de la queue qui distribuent leurs filets aux muscles épais de cette partie. Le cer- veau donne immédiatement quatre troncs de chaque côté , savoir : l’op- tique ; ceux des deux antennes et le cordon qui forme le collier. Comme les antennes sont placées ici plus en arrière que le cerveau, leurs nerfs se dirigent en arrière pour s’y rendre. Dans les crabes , le cerveau ressem- ble à celui de l’écrevisse par sa forme et sa situation. IL fournit aussi des nerfs INTRODUCTION. 119 analogues , mais qui se dirigent plus sur les côtés, à cause de la situation des yeux et des antennes. Les cordons mé- dullaires qui forment le collier donnent aussi, chacun, un nerf aux mâchoires, mais les cordons se prolongent beau- coup plus en arrière que dans les écre- visses, sans se réunir : ils ne le font que dans le milieu du thorax , et là, commence une masse médullaire, figu- rée en anneau ovale, évidée dans son milieu, et huit fois plus grande que le cerveau. C'est du pourtour de cet an- neau que naissent les nerfs qui vont aux diverses parties ; 1] fournit six nerfs de chaque côté pour les mâchoires et les cinq pattes, et il y en a un on- zième, ouimpaire, qui vientde la partie postérieure , et se rend dans la queue. Il représente, pour ainsi dire, le cor- don noueux ordinaire; mais ses gan- glions, s'il en a, ne sont point visibles. Dans les cloportes , les deux cor- 116 INTRODUCTION. dons qui composent la partie moyenne du système nerveux, ne sont pas en- tèrement rapprochés. On les distingue bien dans toute leur étendue. Il y a neuf ganglions, sans compter le cer- veau; mais les deux premiers et les deux derniers sont si rapprochés, qu'on pourroit les réduire à sept. Dans les monocles, le cerveau est un petit globe presque transparent , situé sous l’intervalledes yeux. Lecordon mé- dullaire est double, et a un renflement à chacune des nombreuses articulations du corps ; mais le tout est si mince et si transparent, qu'on à peine à s assurer de sa véritable nature. Le nerf optique, des crustacés, tra- verse le tubercule sur lequel leurs yeux sont placés; et, arrivé au centre de leur convexité , 1i forme un petit bouton, d'où partent , ‘en tout sens, des filets très-fins, qui rencontrent, à quelque distance, la membrane choroiïde, qui INTRODUCTION. 117 est à peu près concentrique à la cor- née, et qui enveloppe cette brosse sphé- rique de l'extrémité du nerf, comme le feroit un capuchon. Toute la dis- tance entre cette choroïde et la cornée , est occupée, comme dans les insectes, par des filets blanchätres, serrés, qui serendent perpendiculairement de l’une _à l'autre, et dont l'extrémité qui tou- che à la cornée, est également enduite d'un vernis noir. Ces filets sont la continuation de ceux qu'a produits le bouton qui termine le nerf optique, et qui ont percé la cho- roide. Actuellement il faut passer à la des- cription des viscères , et quitter le mé- thodique Cuvier, pour l'obscur Roesel. Lorsqu'onenlève la croûte qui couvre Ja poitrine d'une écrevisse , on voit de chaque côté, derrière les cavités qui contiennent, dans le temps du change- ment de peau, les pierres d'écrevisses 116 INTRODUCTION. et dans d’autres temps, une matière verdâtre ; plus bas est l'ouverture des ouies , fermée de plusieurs feuil- lets, au milieu desquels est un tuber- cule qui semble étre leur point central de mouvement. Cette ouverture com- munique avec les branchies, qui sont composées par des lames brunes, fran- gées , courbées en dessus , et qui res- semblent à des feuilles. Il est presque impossible de les compter. Elles sont accompagnées de filets membraneux, et plumeux , et de poils noirs et frisés. Elles embrassent les deux côtés du corps, comme on le peut voir dans les écrevisses cuites , où ces parties sont coriaces et sans goût , de sorte qu'on ne les mange point. L'estomac est placé dans la tête même. Il est composé de fortes membranes , et contient trois dents écalleuses, à pointes. Ces trois dents ont une position telle, qu'elles peuvent se réunir exactement, etbroyer INTRODUCTION. 119 toutes les matières soumises à leur ac- tion. Deux sont plus grandes que la troisième , qui n’a que trois tubercules, tandis que les autres en ont cinq. Ces dents, 1l faut le remarquer , n’ont au- cun rapport avec les deux qui se trou- vent à l'entrée de la bouche. En des- cendant vers le milieu du corps, on voit les testicules , au nombre de trois , deux en devant, et un, plus gros, en arrière. Entre ces testicules et l'ori- gme de la queue se trouve le cœur, d'une couleur blanchätre, d’une forme approchant de la pentagone , duquel sortent quatre vaisseaux , trois en avant, etun en arrière. Le vaisseau du milieu, des premiers, porte le sang à la tête; les deux autres vont aux côtés; et le dernier à la queue. Derrière, et sur les côtés du cœur, se voient des vaisseaux blancs , qui ressemblent à un gros ff, occupant un assez grand espace daus le corps de l'écrevisse ; mais ne se mon- 20 INTRODUCTION. irant pas, dans tous les temps, d’une méme épaisseur. Ces vaisseaux ont avec les testicules une liaison qui ne permet pas de douter qu’ils ne soient les vais-. seaux séminaux du mäle. Dans la fe- melle, cette même partie est remplie par les ovaires , qui , lorsqu'elle est gonflée par les œufs , occupent encore un plus grand espace aux dépens des branchies. Mais il faut revenir à l'estomac, immédiatement sous lequel est l'ou- verture de la bouche. À sa partie pos- térieure latérale sont deux globules , dont on ne peut deviner l'emploi, et à sa partie supérieure s'en voit un autre, qui est la vésicule du fiel. C'est entre ces trois globules que l'estomac se dé- charge dans l'intestin , vaisseau droit, cartilagineux ,qui va se perdre à l’ex- trémité de la queue, c'est-à-dire, à l’a- nus. Âveccetintestin marche une veine, et, comme on l'a déjà observé , un FINDER O D U CTION I2E . filet nerveux, parsemé de ganglions. Quoiqu'on ait dit que les testicules étoient au nombre de trois, ce n’est qu'en apparence. Il ny en a ja- mais qu'un , mais divisé en trois par- ties. Sa couleur est jaunâtre , sa sur- face raboteuse , et son intérieur glan- . duleux. Les deux vaisseaux sperma- k tiques prennent leur origine au-dessous des deux petits lobes , à la partie supé- rieure du grand. Ces vaisseaux sont très-minces et très-délicats à leur ori- gine; mais 1ls augmentent bientôt en grosseur et en force. Au temps de l’ac- couplement ils sont plus gonflés, parce qu'ils sont alors remplis de semence, substance blanche et dure. Ils sont. si entortillés, qu'on ne peut que difcile- ment les étendre ; mais on ne se ha- sarde pas en disant qu'ils ont plus de deux décimètres de longueur. Ces vais- . seaux vont aboutir à la racine des deux pattes postérieures , à de gros tuber- Crustecés, I, IL F22 INTRODUCTION. cules, qui sont les organes extérieurs de la génération des mâles. On peut aisément s'assurer de ce fait en pres- sant une écrevisse dont les vaisseaux sont remplis de semence, elle ne tarde pas à sortir par les trous qui sont à ces tubercules. Les écrevisses femelles ont, à l’en- droit même où est placé le tubercule du mâle, un corps presque pareil, qui n'est autre chose que l'ovaire , d’où par- tent deux gros canaux, qui vont direc- tement aboutir à la première articula- tion des pieds du milieu. Cet ovaire, qu'on trouve en tout temps dans les fe- melles (mais remarquable par sa gros- seur , seulement lorsqu'il est rempli d'œufs), paroît, comme le testicule du mâle, composé de trois parties ; deux en haut , égales, géminées, et une en bas, plus grande. Cet ovaire renferme tou- jours trois espèces d'œufs, ou mieux des œulfsde trois grandeursdifférentes. Ceux INTRODUCTION. 123 quisont les plus avancés, sont plus grands et bruns. Ceux qui doivent être pondus l'année suivante , sont peu différens en grosseur, mais Jaunes. Les autres ont une couleur blanchâtre , plus ou moins intense , selon leur âge. Roesel observe que les premières pontes sont toujours extrémement peu abondantes, qu'elles ne sont composées que de quatre à cinq œufs. L'œuf , en sortant de l'ovaire, est attaché à un fil, et reste un instant pendant en dehors ; mais la femelle, en courbant fortement sa queue , le re, et l'attache à un de ces petits filets membraneux dont elle est garnie. L'é- crevisse salt eusuite le faire passer d'un filet à un autre, au moyen de ses pattes, et cela de manière qu'ils sont égale- ment distribués sur tous. Ces œufs sont attachés par la seule slutinosité de leur fil, mais leur attache est forufiée par 124 INTRODUCTION. les poils dont les filets sont garnis , et autour desquels 1l est entortllé. Lorsqu'on examine un œuf au mi- croscope , on voit qu'il est entouré , outre sa propre peau, d'une seconde en- veloppe, dont la partie supérieure est le fil dont on vient de parler. Il se trouve donc dans un sac. On peut voir dans Roesel , pi. 58, 59 et 60, les .développemens de toutes ces parties. Ces planches ont été copiées par Herbst, pl. 46. Un des faits les plus étonnans que nous fassent voir les crustacés, c'est que quand leurs pinces ou leurs pattes sont rompues par quelque accident, comme cela leur arrive souvent , il leur en pousse de nouvelles, au même endroit. {l'est même des espèces qui tiennent st peu à leurs membres, qu'il suffit de les toucher, de les mettre près du feu, enfin, de leur faire craindre un danger, INTRODUCTION. 125 pour les déterminer à les abandonner en partie, ou en totalité. Le fait est si généralement connu , que personne ne s'est avisé de le révoquer en doute. Les anciens , du moins Aristote et Pline , en parlent ; mais ce n’est que dans ces derniers temps qu’on en a cher- ché l'explication. Réaumur, à qui les scienses natu- relles doivent de si nombreuses décou- vertes , est le premier qui ait tenté des expériences directes, pour s'assurer des moyens que la nature emploie pour la reproduction des pattes des crustacés. Ce célèbre physicien coupa donc des jambes à des crabes , à des écrevisses, et les mit dans ces bateaux couverts qui communiquent avec l’eau dans une portion de leur étendue , et qui sont destinés à conserver le poisson en vie. Au bout de quelques mois, il vit de nouvelles jambes qui étoient venues à la place des anciennes , et qui , à la 126 INTRODUCTION. grandeur près , leur étoient parfaite- ment semblables. Le temps nécessaire pour la repro- duction des nouvelles jambes n’a rien de fixe; c'est un des endroits par les- quels cette régénération diffère de la génération ordinaire ; elles croissent d'autant plus vîte , que la saison est plus chaude , et que l'animal est mieux nourri. Diverses circonstan- ces rendent encore cette reproduction plus prompte ou plus tardive. Une des plus essentielles est l'endroit où la jambe a été cassée. Le point de réu- nion de la seconde articulation avec la troisième , est le lieu ou elles se cassent le plus aisément, et où la reproduction se fait le plus facilement. Là, il y a plusieurs sutures qui semblent distinc- tes des articulations , du moins qui n'ont point de mouvemens. C'est dans ces sutures, sur-tout dans celle du nulieu, que la jambe se casse. IL est même plu- INTRODUCTION. 127 sieurs espèces de crustacés, qui, lors- qu'on les blesse à quelques autres par- ties de leur pattes, cassent eux-mêmes le restant à cette suture pour faciliter la réparation de leur perte. Il n'y a pas de pareilles sutures au- près des autres articulations, aussi , si on coupe la jambe ailleurs , elle s’y re- produit moins vite. Mais ce qui mérite d'être remarqué, c'est qu'il ne renait à chaque jambe que précisément ce qu'il faut pour la compléter. Si c'est pendant l'été que l'on a cassé les pattes d’un crabe où d'une écrevisse , et qu'un jonr ou deux après on observe les changemens qui sont arrivés , on voit une espèce de membrane un peu rougeâtre, qui recouvre les chairs qui sont immédiatement au bout de l’en- droit coupé. Sa surface est assez plane, comme le seroit celle d’un linge étendu au bout d’un tuyeau cylindrique : aussi le bout de la jambe ressemble-t-1l alors 120 INTRODUCTION. à celui d'un tuyau d'écaille. Quatre à cinq jours après la même membrane prend une surface un peu convexe, sem- blable à celle d'un segment de sphère, et après quelques autres jours , cette figure sphérique se change en une co- nique, c'est-à-dire, que la membrane dont 1l est question s'alonge de façon, que son milieu s'étend plus que tout autre endroit de sa surface et elle forme un petit carré, qui n'a pourtant pour basequ’une partie de lacirconférence de l'endroit où la jambe a été cassée. Il semble que le milieu et les contours du milieu ont été seuls poussés en haut. Souvent alors ce petit cône a environ deux millimètres de hauteur. Sa base reste toujours la même, mais sa hau- teur augmente dans [a suite. Après dix jours elle a environ cinq millimètres. La couleur de la membrane qui le forme devient blanche, et ce qu'il y avoit de rouge à l'extrémité se détache. INTRODUCTION. 229 On ne doit pas se représenter ce cône comme creux à l'intérieur. La membrane qui en fait la surface ex- térieure sert à envelopper des chairs, elle tient lieu de matrice. A mesure que ce fœtus de jambe croit, la mem- brane qui l'enveloppe s'étend. Comme elle est assez épaisse , ce n'est qu'après l'avoir coupée qu'on observe qu'elle renferme une petite jambe semblable à celle qu'on a enlevée ; car , lors- qu'on la regarde extérieurement , ce que l’on apperçoit, ne semble qu'une excroissance de chair, de figure eonmi- que. Quelque témps aprèscette époque, c'est-à-dire, au bout de douze à quinze jours, cette figure change un peu, ce petit cône se recourbe vers la tête de l'animal, Ensuite, le même corps charnu se recourbe davantage; le coude qu'il formoit augmente, 1l prend une figure assez semblable à celle d'une jambe morte. Cette même partie, 130 INTRODUCTION. toujours incapable d'aucune action , acquiert jusqu'à sept où huit milli- mètres dans trente à quarante jours ; mais, comme la membrane qui la cou- vre, en s'étendant devient plus mince, et qu'en même temps toutes les par- ües de la jambe deviennent plus mar- quées, en regardant de près, on peut alors distinguer que ce n'est pas une simple carnosité. On démêle quelques jointures , la première sur-toutest sen- sible, On apperçoit aussi une ligne qui fait la séparation des deux pinces dont les bouts forment le sommet du cône ou de la petite carnosité. La jambe alors est prête à éclore, s'il est permis de se servir de cette expression. À force de s'être étendue, {a membrane qui l'enveloppe , se dé- chire ; la jambe dépouillée de ce four- reau , qui, après avoir servi à la con- server, ne sert plus qu'à l'embarrasser, paroît au Jour. Elle est encore molle; INTRODUCTION. 131 mais, peu de jours après , elle se trouve revêtue d'une écaille aussi dure que celle de l’ancienne jambe, I] ne lui manque que la grandeur et la gros- seur , et elle les acquiert avec le temps. Elle est, pour ainsi dire, en âge de croître dans le temps que l'autre jambe semble n’y être plus, c'est-à-dire qu'elle s’'augmente plus rapidement, à cha- que changement de peau , tant qu’elle n'est pas arrivée à la même grosseur, mais quand elle est à ce point, elle suit, dans ses accroissemens postérieurs , po- sitivement la même progression que l'autre. Les petites jambes repoussent comme les grandes, mais plus lentement. I] en est de même des parties saillantes qui se trouvent souvent sur les pattes ou sur les côtés du corps ; 1l en est en- core de même des antennes ou des por- tions d'antennes , des antennules, des mächoires, etc. 1232 INTRODUCTION. Réaumur cherche à expliquer les causes de cette reproduction des parties des crustacés. Il se demande si, à la base de chaque jambe, il ÿ a une pro- vision de jambes nouvelles , comme dans les enfans il y a une dent sous la dent de lait qui doit tomber un jour ? Si un crustacé peut réparer la perte de ses jambes d’une manière indéfinie , ou, si, après quelques reproductions, il en est incapable ? Ce même Naturaliste a voulu sa- voir si en coupant la queue d’une écrevisse, 1l en renaitroit une autre ; mais ses expériences l'ont convaincu que la mort étoit toujours la suite plus ou moins prompte de cette opération. Badier, dans un mémoire sur la re- production des pattes de crabes, inséré dans le Journal de Physique, en 1778 , nous apprend que, lorsqu'un crabe de terre des Antilles a perdu une de ses pinces , et 1l est. du nombre de ceux INTRODUCTION. 139 qui les perdent le plus facilement, 1l se cache dans son terrier , en ferme l'ouverture avec des feuilles, et n’en sort plus que son membre ne soit re- poussé. Il assure n’en avoir jamais ren- contré de mutilés. Il n’en est pas de même des espèces aquatiques , qui, quoique sans pinces, vont et viennent, comme à l'ordinaire. Tous les crustacés proprement dits, sont daus le cas de ceux sur lesquels Réaumur a fait ses expériences. IL est probable même que les entomostracés de Muller , ou les sessihiocles de La-. marck, jouissent aussi d'une semblable prérogative ; mais leur petitesse n’a pas permus de les soumettre aux mêmes essais. Un autre phénomène que présente les crustacés est celui de leur change- ment de peau ou d'écaille. Les crustacés qui vivent plusieurs années, et qui grossissent pendant toute Crustacés. I. 12 134 INTRODUCTION. leur vie , sont cependant enveloppés , comme on l'a déjà dit , d'une croûte solide, incapable de se distendre sans se rompre, par conséquent dans le cas de mettre un obstacle imsurmontable à leur accroissement , si la nature n’y avoit pourvu par un moyen, qui, sil est moins surprenant que celui de la reproduction des pattes , n'en est pas moins digne des méditations du scrutateur de la nature ; c'est par le dépouillement complet et instan- tané de leur robe de l’année précé- dente. Le test des crustacés est toujours composé de plusieurs pièces , qui va- rient en nombre et en forme, selon les genres. Quelquefois 1l est uni, mais le plus souvent il est chargé de grains, de tubercules , d'épines, de trous, de stries , de figures, et de directions fort variables; de poils de difiérentes - matures, etc. Sa couleur varie beaucoup INTRODUCTION. 135 dans les animaux en vie ; mais lors- qu'ils sont morts , sur - tout lors- qu'ils ont été cuits, cette couleur se change en rouge dans la très-grande majorité. Ce fait très - remarquable, ne s'explique pas d’une manière sa- tisfaisante ; mais il est presque ca- ractéristique pour les animaux de cette classe. Quand on expose des morceaux de test des crustacés au feu , une partié brûle avec flamme, en donnant une odeur animale , semblable à celle de la corne dans les mêmes circonstances, mais elle est modifiée d’une manière particulière. Le reste est une véritable chaux , dont les molécules ont rare- ment de la cohérence entre elles, parce que la partie animale brülée étoit plus abondante que la partie calcaire. Lorsqu'à la fin du printemps, la chaleur commence à se faire sentir dans le fond des eaux , lorsque la naissance 130 INTRODUCTION. d’une multitude d'animaux a fourni aux crustacés une proie facile à se procurer, qu'ilsont cru, proportionnellement à l’a- bondance de leur nourriture, 1ls se trou- vent trop à l’étroit dans leur ancienne enveloppe. Alors il se forme, entre leur test et leur chair, un intervalle vide qui augmente de manière que, si, à cette époque, on presse leur test, ons'apper- çoit qu'il cède sous le doigt. Peu après on trouve les crustacés avec une peau molle, et souvent dans leurs environs une dépouille , que l’on peut présumer être les restes de leur test. Ces faits ont été connus de tout temps, sur- tout relativement aux écrevisses ; mais c'est à Réaumur que l'on doit de les avoir constatés par des expériences di- rectes. Ce physicien a mis des écrevisses dans des boîtes , percées de trous , et posées dans la rivière , et dans des bocaux placés dans son cabinet, à l'é- INTRODUCTION. 137 poque de l'année où elles devoient changer de peau , c'est-à-dire en prai- rial ; et 1l a vü que quelques heures avant que ce crustacé se dépouillât de sa peau , 1l se frottoit les pattes les unes contre les autres, et sans changer de place; qu'il les remuoit aussi sé- parément , qu'il se renversoit sur le dos , replioit sa queue, l'étendoit en- suite, agiloit ses antennes, etc. Tous ces mouvemens tendent à donner à chacune de ses parties un peu de jeu dans leur fourreau. Après ces préparatifs , l'écrevisse gonfle son corps plus qu'à l'ordinare , alors le premier des segmens de sa queue paroît plus écarté de son corcelet. La membrane qui les unit se brise, son * nouveau corps paroît. Il se distingue de la vieille écaille , parce qu'il est d’un brun foncé , tandis qu’elle est d’un brun verdâtre. Les écrevisses ne travaillent point à 138 INTRODUCTION. se débarrasser de leur écaille inmédia+ tement après que la rupture précédente a été faite , elles restent quelques temps en repos ; elles recommencent ensuite à agiter leurs jambes , et toutes leurs autres parties. Enfin, l'instant étant ar- rivé où elles croient pouvoir se tirer d'un habit incommode , elles gonflent et elles soulèvent plus qu'à l'ordinaire les parties recouvertes par le corcelet, qui s'élève, s'éloigne de l'origine des jambes, et se décolle. La membrane qui le’ tenoit tout le long des bords du ventre, se brise, il ne reste attaché que vers la bouche; on voit déborder tout autour , la partie du corps qui en étoit recouverte auparavant. Depuis ce moment, jusqu'à ce que l’écrevisse soit entièrement nue, il ne s’est passé, dans la rivière, qu'un demi- quart-d'heure. Dans la chambre cette opération a été plus longue. Le corcelet étant soulevé à un cer- INTRODUCTION. 139 ‘point, on voit son bord s'éloigner de la prenuère pare de pattes ; l’écrevisse alors tire sa tête en arrière ; elle dégage ses yeux de leurs étuis; elle dégage en méme-temps un peu toutes les autres parties du devant de la tête. Les jam- bes elles-mêmes sont un peu retirées en arrière ; elles suivent le corps, car iln'y en a qu'une paire d’articulée par- delà le corcelet. Enfin, à diverses au- tres reprises, elle se gonfle, elle retire son corps en arrière; elle dépouille , ou une des grosses jambes, ou toutes les jambes d’un côté , ou une partie de celles d'un côté; quelquefois celles des deux côtés se dégagent en même temps, car ceci ne se passe pas d’une manière un1- forme dans toutes les écrevisses ; elles ne trouvent pas toutes une égale facilité à reurer les jambes semblablement placées : 1l y en a quelquefois de si difficiles à amener , de si serrées dans leur gaine , qu'elles y restent, et se rom- . 140 INTRODUCTION. pent. Tout ce travail est furieusement rude pour l'animal; Réaumur en a vu souvent mourir dans l'opération, et sur- tout des jeunes. Les mouvemens qu'el- les se donnent dans cet état, sont aussi différens que les individus. IL en est qui se contentent de remuer doucement leurs jambes, d'autres qui les frottent très-rudement. Il en est qui se mettent sur le côté ; et celles-là se tirent plus promptement d’affaires ; d'autre sur le ventre ; enfin d’autres sur le dos, et ce sont ces dermères à qu1il arrive le plus souvent de périr. Enfin , quand les jambes sont déga- gées, l’écrevisse retire de dessous son corcelet sa tête, et les autres parties qu'il couvroit ; elle se donne aussitôt un mouvement en avant ; elle étend brusquement sa queue , et la retire aussitôt ; par ce dernier mouvement elle abandonne tout son ancien étui. Après cette action de vigueur, elle INTRODUCTION. 141 tombe dans une grande foiblesse ; tou- tes ses jambes sont si molles, que, mises à l'air, elles se plient, sur-tout aux endroits des articulations , comme un papier mouillé. Si pourtant on prend l'écrevisseimmédiatement après qu'elle est sortie, on sent son corps beaucoup plus dur qu'il n’est naturellement; mais cette dureté ne ressemble pas à celle de l’écaille, c'est la masse entière des chairs qu'on sent dure. L'état convulsif des muscles est peut-être la cause de cette solidité remarquable. Au reste, quand le corcelet est une fois soulevé, et que les écrevisses ont commencé à dégager leurs pattes, rien n'est capable de les arrêter. Réaumur en a souvent retiré de l’eau dans cet état, dans l'intention de les conserver à moitié dépouillées, et elles achevoient, malgré lui, de muer entre ses mains. Lorsqu'on jette les yeux sur la dé- pouille d'une écrevisse, on la pren- 142 INTRODUCTION. droit pour une autre écrevisse. [] ne lui manque rien à l'extérieur. Lorsqu'on l'examine plus en détail, on est sur- pris du nombre des pièces de ce sque- lette. Le cartilage qui se voit dans l'intérieur de la patte , lorsqu'on la mange , sy trouve. Chaque poil est une gaine qui recouvroit un poil in- térieur. Certainement, 1l est difficile de con- cevoir comment toutes ces parties se détachent. Comment elles peuvent se décoller et se désemboiter. La nature a des expédiens qu'il n'est pas toujours donné à l'homme d’appercevoir. Réau- mur a remarqué une eau glaireuse qui humecte l'intervaile de l’ancienne à la nouvelle écaille, et qui doit concourir à facihter leur séparation. Il reste cependant à voir comment ces parties se sont déscagées. Il n'est pas difficile de se rendre raison de la sortie des antennes, mais 1l n’en est pas INTRODUCTION. 143 de même pour les jambes qui sont plus grosses que le trou par où elles doi- vent sortir. Il faut appeler l'observation à son aide. Réaumur a remarqué que, dans l'opération de la sortie des pièces, les articulations inférieures se séparent en deux dans leur longueur; que ces parties, qui paroissent d’une seule pièce quand l'écrevisse est vivante , sont réellement composées de deux pièces réunies par une membrane, et exacte- ment jointes l'une contre l'autre. Mais on a laissé l'écrevisse couverte d'une membrane molle, au lieu d’une écaille dure. Elle ne reste pas long- temps dans cet état. Réaumur a vu la nouvelle écaille prendre quelquefois la dureté de l'ancienne en vingt - quatre heures ; pour l'ordinaire ce n'est ce- pendant qu'après deux à trois jours. Le peu de temps que cette écaille met à se durcir est encore une des singu- larités qu'offre l'écrevisse. 144 INTRODUCTION. Les écrevisses prêtes à muer ont tou- jours deux pierres, connues sous le nom d'yeux d'écrevisses, qui sont placées aux côtés de l'estomac , mais qui ne se voient plus à celles qui ont mué, et doni l'écaille a pris toute la dureté qui lui est naturelle ; les deux pierres ont alors disparu. Les opinions des auteurs sur l'usage de ces pierres dans l'écre- visse ont été fort variées. Geoffroy, qui les a trouvées enveloppées dans le nouvel estomac, où 1l dit qu'elles di- minuent insensiblement jusqu'à leur en- tière destruction, a cru que ces pierres, ainsi que la membrane du vieil estomac serveut de nourriture à l'animal pen- dant la maladie que lui cause sa mue ; car, dans le temps de cette mue l’écre- visse est très-foible, et paroït malade. Mais Réaumur a été d’un tout autre sentiment; ayant observé que, si, un jour après la mue, on ouvre une écrevisse, on trouve les pierres plus petiies qu'on ‘INTRODUCTION. 145 ne l’auroit cru, et que si on ouvre l’é- crevisse quand son éciulle a pris toute sa dureté , les deux pierres ne se re- trouvent plus ; 1l en a conclu que l'une augmente aux dépens des autres, c'est- à-dire que ces pierres sont dissoutes, et que leur suc pierreux est ensuite porté et déposé dans les interstices que lussent entre elles les fibres dont la _ peau molle est composée. Il n’y a plus de doute aujourd'hui que l'opinion de Réaumur ne soit vraie. Ce moyen, employé par la nature pour consolider promptement l'enveloppe d'un animal mu et exposé à un grand nombre de dangers, est très-digne de remarque. Le même Réaumur a mesuré des écrevisses avant et après la mue, et 1} a acquis la preuve qu’elles avoient aus- menté d'environ un cinquième dans tous les: sens. Il en conclut cependant que ces antnaux croissent avec Jen teur, et ses calculs se trouvent concorder Crustacés. I. 13 140 INTRODUCTION. avec l'observation des pêcheurs, qui ont remarqué qu'une écrevisse de sept à huit ans est à peine marchande. La plupart des crustacés , même ceux qui habitent perpétuellement les eaux , peuvent vivre plus ou mois long-temps dans l'air. On peut, pour tous, prolonger ce temps, en les met- tant dans un lieu humide , ou entre des végétaux frais. Il est toujours nuisible, lorsqu'on veut les conserver en vie , dans des baquets, de les couvrir d'eau, parce qu’ils consomment une si grande quantité d'air, qu'ils ne tardent pas à en épuiser l'eau non renouvelée, et à mourir d’asphyxie. Il faut, dans ce cas, {eur en donner seulement une quantité suffisante pour que leurs pattes y plongent, car alors elles peuvent res- pirer immédiatement de fair, et l’eau ne sert qu'à tenir leurs organes dans l'humidité convenable. Les mœurs des crustacés varient INTRODUCTION. 147 sans doute autant que les espèces ; mais leurs différences ne sont sensibles, pour l'homme , que dans les masses appelées genres. On les fera connoitre autant que possible , dans les généralités qui précèderont chacun de ces genres. On se contentera , en conséquence, de dire ici, que la plus grande partie vi dans les eaux de la mer , et le reste dans les eaux douces, ou sur la terres que dans chacune de ces divisions, 1l en est qui se cachent dans les trous des rochers, d’autres sous les pierres, d’au- tres dans des trous qu'ils se creusent dans le sable, d’autres dans la boue , etc. IL en est qui sont obligés de s'emparer des coquilles univalves vides , pour y placer la partie postérieure de leur corps qui n'est point crustacée. Il en est qui, sans des motifs aussi détermi- mans, sont dans l'habitude de se retirer dans les coquilles des bivalves, et de vivre en bonne intelligence avec les 146 INTRODUCTION. mollusques acéphales qui les habitent. Leurs allures ne varient pas moins ; les uns vont devant eux , comme la plupart des animaux ; mais le plus grand nombre marchent de côté ou à reculons. Il y en a beaucoup qui na- gent , et parmi eux, les uns nagent sur le ventre , les autres sur le côté , les autres sur le dos ; ils suivent , dans cette opération, des directions aussi va- riées que ceux qui marchent. La nourriture des crustacés est géné- ralement animale: on en cite qui man- gent aussi des herbes et des fruits; mais cela a besoin d’être constaté d'une ma- ère positive. Les animaux morts et les animaux vivans deviennent évale- ment et indifféremment leur proie. Is s'entre-mangent même entre eux, COm- me 1l a déjà été remarqué. Les crustacés aquatiques se trou- vent dans toutes les latitudes, mais ce nest qu'entre les tropiques qu'on en INTRODUCTION. 14Q voit de vivans habituellement sur Ja terre. On en trouve assez souvent de fos- siles en Europe , dont on a pu assi- gner le genre, mais non encore dé- terminer les espèces. On ne les a pas assez étudiés jusqu’à présent pour qu'il soit possible d'entrer dans de plus grands détails à leur égard. On rapporte que sur les côtes des iles de l'Amérique, où les crabes sont très-mulupliés, ils se livrent, pendant le temps de leurs amours, de cruels combats, dont le résultat est souvent la mort de beaucoup d'individus, et tou- jours la perte d’une grande quantité de leurs membres. IL ne paroït pas que les crustacés d'Europe se mettent dans ce cas; mais aussi leur petit nombre, et la chasse continuelle qu’on leur fait, ne permet pas d'observer aussi facile- ment leurs mœurs que dans les pays chauds, où on dit qu'ils sont d’une 150 INTRODUCTION. grandeur si démesurée , qu'ils atta- quent les hommes, et en ont mangé plusieurs, entre autres le fameux navi- gateur François Drack, qui, quoique armé, ne put éviter ce sort. On pense bien qu’il est difficile de fixer d'une manière positive la durée de la vie des crustacés ; mais l'opinion générale est qu'ils vivent très - long- temps. Pline rapporte que de son temps, on croyoit que les crabes pou- voient vivre plus long-temps que les hommes. Si on applique aux écrevisses les calculs de Buffon, sur le rapport du temps de la vie au temps de la croissance, on peut aussi leur donner un siècle d'existence ; car on en cite qui croissoient même à plus de vingt ans d'âge constaté. Au reste, 1l est très- rare que les crustacés puissent acquérir le privilége de mourir de vieillesse , car leurs ennemis sont si nombreux , ils sont exposés à tant d’accidens , le INTRODUCTION. 151 ÿy changement de peau est pour eux une crise si dangereuse, qu’il n’est pas pro- bable qu'ils échappent constamment à ces causes de destruction. L'observation prouve qu'il ya toujours, dans les ani- maux, un rapport entre la longueur de leur vie, et leurs moyens de reproduc- tion. Or, les crabes vivant long-temps, et faisant beaucoup de petits, l’équili- bre seroit rompu, si des causes étran- gères n'en détruisoient la plus grande parte. C'est principalement dans les pre- miers Jours, dans les premiers mois, dans les premières années de leur exis- tence, que les grandes espèces de crus- tacés sont exposés à tous les effets de ces causes. Alors la plupart des pois- sons, et autres habitans de la mer, les oiseaux d’eau , etc. , en font une énorme consommation ; jusqu'aux animaux les plus mous, aux actinies , par exemple, 152 INTRODUCTION. vivent à leurs dépens, lorsqu'elles les sai- sissent dans ce premier âge. [! est vrai qu'elles sont aussi elles-mêmes la proie de crustacés , ainsi que bien d'autres vers marins ; mais leur multiplication est encore plus facile que la leur, et souvent le déchirement d’une actimie par un crustacé, donne lieu à fa nais- sance d'une douzaine d’autres, ainsi qu'on la vu dans l'histoire de ce ver radiaire. À ces causes de destructionon ne doit pas ajouter celle qu'occasionne la voracité de l'homme. Ce qu'il prend de crustacés dans la mer est trop peu de chose pour être compté , il n'y a que ce qu'il prend dans les petites ri- wières qui puisse donner lieu à une dimi- nution sensible. L'ous les peuples du monde mangent des crustacés ; mais les habitans des bords de la mer principalement , en font une grande consommation. Dans INTRODUCTION. 153 certains pays, comme à la nouvelle Hollande, 1ls font la base de la nour- riture des indigènes. Toutes les espèces ne sont pas également bonnes, quel- ques-unes même sont dangereuses , soit parce que leurs œufs purgent , soit parce qu'ils sont imprégnés de parti- cules empoisonnées. On croit commu nément dans les Antilles, que les cra- bes qui y sont vénéneux , ont mangé du fruit du mancellinier, hrppomane mancinella , Linn. Mais Jacquin a remarqué que ces animaux n'attaquent jamais ce fruit, et on a déjà vu qu'ils ne mangent que des substances anima- les. Quelqu'un a prétendu que les crabes, autour de Saint - Domingue, devoient leur qualité délétère quelquefois aux filons de cuivre sous-marins sur lesquels ils vivoient ; ce fait a besoin d’être mieux constaté. La chair des crustacés passe pour être, en général , d’une dif- ficile digestion, mais elle n'en est pas 154 INTRODUCTION. moins recherchée par beaucoup de monde. Les écrevisses sur-tout, parois- sent sur les tables les plus délicates. La manière la plus commune d'apprêter les grandes espèces marines, telles que celles qu’on appelle crabes , homards, etc., consiste à les faire cuire simple- ment dans l'eau de mer. On les mange en les irempant , à mesure qu'on les épluche, dans une sauce d'huile et de vinaigre. Les crevettes et autres petits crustacés ont leur assaisonnement en- core plus simple, puisqu'il ne s'agit que de les faire cuire dans la même eau où on a introduit quelques pincées de poi- vre, Ou autres épiceries. La petitesse de ces espèces, et le peu d'épaisseur de leur test permet de les manger en en- tier. Elles sont fort recherchées de plu- sieurs personnes. Mais c’est sur les écrevisses de ri- vières que l'art du cuisinier s'est le plus exercé. Comme ces animaux ont INTRODUCTION: 155 une saveur particulière, et fort agréa- ble, non seulement ont les mange en- uères, mais ont les emploie encore pilées, pour donner du goût à d’autres mets. Le mode le plus commun de les apprêter est de les faire cuire dans du vin blanc, que l'on a fortement assai- sonné avec du sel du poivre, du thym et du laurier. Comme la chair des crustacés se corrompt très-rapidement , et que dans cet état elle a une odeur et une saveur, qui lui sont propres, et qui sont extré- mement désagréables, tous les peuples, et sur-tout les Européens, s'accordent à ne pas manger ceux qui sont trouvés morts. Presque par-tout on les fait cuire lorsqu'ils sont encore vivans, et de plus , on les fait cuire lentement, ce qui prolonge long-temps leur affreux supplice. On est obligé à cette barba- rie, parce qu'on a remarqué que lors- qu'on met les crustacés , du moins les 150 INTRODUCTION. grandes espèces, dans l'eau déjà bouil- lante , la première impression de cha- leur qu'ils éprouvent , les engagent à abandonner leurs pattes , et qu'on veut, ordinairement, qu'elles ne soient pas séparées de leur corps lorsqu'on les sert sur [a table. La médecine faisoit autrefois un grand usage des crustacés ; mais, depuis que les lumières de la chimie ont éclairé cette science ; on a reconnu que toutes leurs propriétés se rédui- soient à celles de la terre calcaire. Les écrevisses passent cependant en- core pour dépurantes, diurétiques et pectorales , et sont quelquefois em- ployées dans les maladies de l£ peau, les embarras des reins , l'asthme, la phthisie, etc. On conserve assez bien la char de pattes et de la queue des grands crus- tacés en usage dans les aliimens , de la méme mamère qu'on conserve le thon, INTRODUCTION. 157 c’est-à-dire en la marinant, et la met- tant dans de l'huile, ou de la graisse de bonne qualité. Les crustacés se prennent de diffé- rentes manières , selon les espèces et les pays. Les grands, en général, se prennent à la main, à la retraite de la marée , dans les parcs à poissons, que l'on établit sur les côtes, dans les trous où 1l reste peu d'eau, etc. On les prend aussi , sur-tout à l'embouchure des petites rivières , en mettant , à la marée montante , au fond de l’eau , un filet plat, attaché à un cercle, au milieu du- quel est fortement fixé un morceau de viande. Les crabes , «et en général tous les crustacés, qui apperçoivent ou sen- +ent cette viande, accourent pour la manger, et lorsqu'il y en a quelques- uns occupés de cette opération, on re- tire Le cercle, qui doit être attaché par trois cordes à un long bâton , et on enlève tout ce qui est dessus. On em- Crustacés. I, 14 128 INTRODUCTION. ploie le même moyen pour les écre- visses de rivières , ainsi qu'il sera dit à leur article. La préparation des grands crustacés pour les collections d'Histoire Natu- relle, paroîtextrémement facile , puis qu'il semble qu'il ne s'agit que de les laisser dessécher à l'air ; mais elle de- inande cependant des PIÉARRONS sans lesquelles on ne peut pas espérer un succès complet. Les crustacés se dessèchent en effet suffisamment bien par leur simple ex- position à l'air ; mais d'abord , lorsque le temps est chaud et humide, ils se corrompent rapidement, ils noircissent, toutes les articulations se désunissent, etils ne reste plus qu'un amas informe de pièces séparées dont on peut diffi- cilement tirer parti. Lorsque cet in- convément n'a pas lieu, 1l s'introduit dans le corps de l'animal des larves de dermestes, d'anthrennes, de silphes, et INTRODUCTION. 199 de beaucoup d’autres insectes, qui per- cent souvent les membranes des arti- culations, et produisent des effets , sinon aussi nuisibles , que ceux produits par la corruption , au moins bons à éviter. D'un autre côté, les crustacés dessé- chés deviennent très-friables , leurs an- tennes, leurs pattes , se brisent au plus petit attouchement ; ils ne peuvent donc être transportés, dans cet état, sans ris- quer de perdre les parties les plus 1m- portantes à conserver. Le moyen que Bosc a employé avan- tageusement pour prévenir ces 1ncon- véuiens consiste à envelopper chaque crabe, lorsqu'il est encore en vie, d'un morceau de toile, et à le mettre dans l'esprit-de-vin foible où lon a fait dis- soudre beaucoup de savon, où ils restent jusqu'à leur arrivée à leur destination. Là, ou les tire du baril , on les lave, on étend leurs pattes , leurs antennes, etc., on les laisse sécher à l'ombre, et 160 INTRODUCTION. on les place à demeure , soit dans des tiroirs semblables à ceux où l’on con- serve les insectes , soit dans des tableaux fermés de verre. Ilest d'observation que ces crustacés, ainsi envoyés dans l’esprit-de-vin, ne sont plus attaqués par les insectes des- tructeurs, et que leur chair en se des- séchant contre les articulations, les con- solide au pont desirable. Ajoutez à cela que leurs couleurs sont générale- ment moins altérées. À l'égard des petits crustacés , 1l n’y a d'autre moyen de les conserver que de les laisser dans l’esprit-de-vin. La mollesse de leur corps ou la flexibilité de leur test est tel, qu'on ne peut plus les reconnoitre après leur dessica- hon. = A AE D AP TD M + AP DE D SP D AP A I TS DES 'CHUSTACES: CRABE, C4nNcER, Linnœus. Quatre antennes courtes et inégales ; les deux antérieures coudées ou pliées, à der- nier article bifide ; les deux extérieures sétacées. Corps court , plus large anté- rieurement , ou dans sa partie moyenne , que postérieurement. Dix pattes ongui- culées ; les deux antérieures terminées en pinces. Linvzus , comme on l'a dit dans les généralités de la classe, avoit , sous le nom de crabe, fait un seul genre de tous les crustacés. Beaucoup de Na- turalistes l'ont imité ; mais Fabriaus, dès les premières éditions de son En- tomologie systématique, avoit divisé ce genre en plusieurs autres, dont l’un avoit toujours conservé le nom de Lin- næus. Fabricius s'en est tenu aux résultats 162 HISTOIRE NATURELLE de son premier travail, dans les diffé- rentes éditions qu'il a faites de son ou- vrage ; 1l s'est contenté de joindre suc- cessivement les espèces nouvelles, qui lui étoient communiquées, à celles qu'il avoit précédemment décrites ; Mais, dans le supplément qu'il a donné en dernier lieu, en 1798, il a fait une refonte générale des crustacés, dans faquelle il a, d’après les observations de Daldorf, subdivisé son genre crabe, proprement dit, en onze nouveaux geures , dont le premier seul a con- üuué de porter le nom de Linnæus. Ti sembloit, qu'après des coupures aussi nombreuses, le genre crabe n'é- toit plus susceptible de fournir de nou- velles subdivisions ; cependant La- imarck , par un examen plus appro- fondi, a encore trouvé des caractères suffisans pour former trois genres aux dépens de celui de Fabricius, et on a dù les adopter comme très - fon- dés. DES CRABES. .!. ‘163 Ainsi donc les crabes, dont 1l est question ici, ne comprennent que ceux de la première division du supplément de Fabricius. Les deux autres divi- sions sont comprises dans les genres ocypode , et grapse du Naturaliste français. Les crabes, proprement dits, vivent tous dans la mer, et leur lustoire est fortimparfaitement connue, ou mieux, a élé confondue avec celles des espèces des autres genres qui portoient ci- devant leur nom. Quoi qu'il en soit, ils ont tous les yeux placés de chaque côté de la tête, à peu de distance l'un de l’autre, dans une cavité qui s'y trouve. Chaque œ1l est couvert d’une peau ou cornée à re- zeau, semblable à celle des yeux de presque tous les insectes ; il est placé sur une espèce de pied ou pédicule épais, cylindrique, écailleux , qui a un rétrécissement au milieu, et qui est mobile à sa base; en sorte que l'an- 104 HISTOIRE NATURELLE mal peut remuer ses yeux de tous côtés , et les retirer même un peu dans la tête en racourcissant le mus- cle destiné à leur donner le mouve- ment. Il n’y a point de distinction sen- sible entre la tête et le corcelet ; ce- pendant, en dessous du corps, 1l y a une espèce de séparation, qui se di- vise comme en deux portions, dont J'antérieure peut être regardée comme la tête. Cette partie antérieure est gar- nie , en dessous, de pièces mobiles , dont il y en a deux plus grandes et plus longues que les autres , assez semblables à celles des écrevisses. Ces pièces, qui sont applaties et de substance écailleuse , sont divisés en cinq parties articulées ensemble , et garnies, plus ou moins, de poils. Cha- que pièce est accompagnée, à sa base extérieure, d’un filet conique, divisé en trois parties, dont les deux pre- muières sont grosses , et la dernière très- DES CRABES. 165 petite, et subdivisé en un grand nom- bre d'articulations. Ce sont les pièces extérieures des organes de la manduca- tion, qui, comme on l'a vu, sont les mandibules , les antennulles et les ma- choires. Les antennes, à peine visibles, sont à filets coniques, et divisées en plu- sieurs articulations dont celle de la base est beaucoup plus grosse que les autres ; elles sont placées entre les yeux, sous bord recourbé de la tête. Le dessous du corps est divisé trans- versalement en cinq bandes écailleuses , dont les bords extérieurs sont arron- dis, et qui ont, au milieu, une grande cavité triangulaire, profonde , dans laquelle la queue est engagée de façon , qu'étant en repos , elle en occupe toute la capacité , et qu'elle est de niveau avec les bords. Cette queue est, dans le mâle, de f- gure triangulaire et courbée en dessous, divisée transversalement en sept par- 166 HISTOIRE NATURELLE ties, par des incisions peu profondes, et dont les deux plus proches du corps sont très-étroites. En dessus , du côté qui est en vue, quand on regarde le crabe en dessous, la queue est lisse, plate, écailleuse, bordée de poils et mobile sur sa base. En écartant la queue du corps, on voit que sa surface inférieure est éga- lement plate et très-mince des deux côtés; mais tout le long du milieu, il y a une élévation cylindrique en forme de boyau, qui renferme l'intes- tin et qui a son extrémité ou l'anus tout près du bout de la queue. À l'origine du dessous de la queue: du mâle, on voit deux tubercules écail- leux un peu applatis et mobiles à leur base, garni au bout d'une brosse de poils, roides et attachés à un anneau en forme de cerceau également écaul- leux, et comme voûté, par l'ouverture duquel l'intestin passe du corps pour se rendre dans la queue. Ces deux tiges DES CRABES. 107 sont les organes de la génération du mâle. On voit encore divers tubercules moux et écailleux dans cet endroit, et plus bas deux autres parties écail- leuses, courbées, divisées en articula- tions mobiles, dont l'usage est inconnu. IL est très - aisé de distinguer le crabe mâle de la femelle par la seule inspection de la queue , dont la figure diffère dans les deux sexes. La queue du mäle, comme on vient de le dire, est triangulaire; mais la queue de la femelle est presque cir- culaire , ou seulement un peu plus large que longue et terminée par une petite plaque arrondie , écailleuse comme tout le reste. Cette queue plate et mince,-qui est courbée en dessous, est divisée, s sans Compter la peute plaque qui la termine, en six parties par des incisions peu pr alone ; et elle est bordée, tout autour, d’une frange de poils courts, très-serrés : Les deux premiers anneaux, ou ceux qui 168 HISTOIRE NATURELLE qui sont près du corps, sont beaucoup plus étroits que les autres. Pour voir la surface inférieure de la queue, il faut la soulever , et alors on observe d’abord, sur le dessous du corcelet, deux enfoncemens placés sur Ja troisième plaque, et dans chacun desquels il yaun petit tubercule co nique, qui sont les deux ouvertures par lesquelles l’insecte est fécondé dans l'accouplement. Sur le dessous de Ja queue même , on voit d'abord le boyau : ou l'intestin relevé qui se trouve placé dans son milieu et percé à son extré- mité. De chaque côté de l'intestin , il y a quatre paires de filets mobiles , composés de deux parties, dont l’ex- térieure est en forme de lame applatie, qui diminue toujours de largeur jusqu'à l'extrémité, qui est en pointe mousse. Elle est garnie , sur les deux côtés, d'une épaisse frange de poils bruns. La partie intérieure est un long filet cyhndrique, divisé en deux pièces arr DES CRABES. 169 ticulées ensemble, dont la première, plus grosse, est droite et cylindrique, et l'autre , qui fait un angle avec elle, est en filet conique, courbé , et garni d'aigrettes de poils. Le principal usage de ces huit paires de filets est de servir d'attache aux œufs, comme dans tous les crustacés proprement dits. Les deux pinces antérieures sont faites sur le même modèle que dans les écrevisses , c'est-à-dire composées de cinq parties articulées ensemble, dont les deux premières sont’courtes , la troisième et la quatrième plus grosses, angulaires, plus ou moins tuberculeuses : et la cinquième, qui est la serre, ou la main, grosse, ovale , et terminée par deux doists , souvent dentés, dont un seul est mobile. Les huit autres pattes sont divisées chacune en six parties, dont les deux premières sont courtes , el les autres beaucoup plus longues. La troisième partie, qui est la cuisse, est plate et large ; Crustacés. I. SU 170 HISTOIRE NATURELLE les deux suivantes, qui, ensemble font la jambe, et dont la séparation est en ligne oblique, sont souvent garnies de longs poils et de petites épines. Enfin la dernière , qui est le tarse, est de figure conique, un peu courbé , et ter- miné en pointe déliée. Elle est presque toujours velue ou épineuse. Toutes ces pattes sont attachées au corcelet , fort près les unes des autres. Les crabes, ainsi qu'on l'a déjà ob- servé, vivent tous dans la mer. Ils se tiennent de préférence sur les côtes où il y a des rochers, entre les fentes des- quels ils se cachent , pour se mettre à l'abri du mouvement des vagues et de la recherche de leurs ennemis. Lorsque la mer monte ils s'approchent ordinai- rement du rivage pour s'emparer des débris des animaux marins que la vague pousse contre les rochers, et quirevien- nent blessés ou tués. C'est principale- ment pendant la nuit qu'ilsse hasardent le plus dans cette recherche. Commeils DES CRABES. F7 ne peuvent pas nager, et que leur mar- che est lente, ils se voient souvent ex- posés à rester à sec dans les basses eaux. Alors, lorsqu'ils ne trouvent point de trou où ils puissent se réfugier , ils se contractent , se blottissent dans un coin, et attendent le retour de la marée pour regagner la grande mer. C’est prin- cipalement ceux qui sont ainsi délaissés par les eaux que les pêcheurs ramassent, car 1ls mordent peu aux appäis, et sont rarement puis dans les filets. Dans les isles de { Amérique et de l'Inde, où le fond de la mer se voit à travers l'eau, dans les temps calmes, on les harponne avec une longue perche à laquelle est emmanchée une fourche de fer. Dans d'autres endroits, comme à la nouvelle Hollande , on plonge pour les avoir. Toutes les espèces ne sont pas égale- ment bonnes. IL en est une, sur les côtes de France qu’on appelle le crabe enragé, dont la chair est si coriace , 172 HISTOIRE NATURELLE et le test si dur, qu'elle est dédaignée ;: méme des plus pauvres gens. C'est pendant l'été qu'on trouve le plus de crabes sur les côtes de l'Eu- rope, mais Cest au printemps qu'ils sont meilleurs. À cette époque, les femelles sont garnies d'œufs, dont la saveur est de beaucoup supérieure à celle de la chair, et 1ls n’ont pas encore changé de test, opération qui les mai- grit considérablement. | On prend rarement des crabes au moment même de leur muë, parce qu'ils se tiennent cachés au fond de la mer pendant les cinq à six jours qu'elle- dure. Ce moment est pour eux une crise fort dangereuse, soit par la diffi- culté de se débarrasser de leur vieille peau, soit par la prise que sa privation donne sur eux à des ennemis qu'ils ne craignolent pas , quelques heures au- paravant. Cette crise est positivement la même que celle décrite dans les DES CRABES. 173. généralités de la classe pour les écre- visses. On appelle les crabes tourteaux sur les côtes de France. Crabe pagure, Cancer pagurus. Le corcelet peu raboteux , avec neuf plis de chaque côté. Pennant. Brit. Zool. 4. tab. 3. fig. 4. Rumph. Mus. tab. 11. fig. 4. Herbst. tab. 19. fig. 59. Se trouve dans les mers de l'Europe et de l'Inde. Crabe à onze dents, Cancer 11 dentatus. Le corcelet peu raboteux avec onze dents de chaque côté; les dents dentelées ; le rostre à trois dents ; le bout des doigts noirs. Herbst. Canc. tab. 10. fig. 60. Se trouve dans l'Amérique septentrionale. Crabe ménade, Cancer mœænas. Le corcelet peu raboteux, avec cinq dents de cha- que côté; le front à trois lobes; le poignet à une seule dent. Petiver, Amb. tab. 1. fig. 5. Baster, Subs. 2. tab. 2. Rumph. Mus. tab. 6. fig. O. Pennant. Brist. Zool. 4. tab. 2. fig. 5. Herbst. tab. 7. fig. 46. Voyez pl. 3.fig. 1 , qui le représente au quart de sa grandeur naturelle. Se trouve dans les mers d'Europe et d'Asie. Crabe teinturier , Cancer tinctor. Le corcelet peu raboteux, avec cinq dents ds éhaque côté; le front fendu. On ignore son pays natal. 154 HISTOIRE NATURELLE Crabé peintre, Cancer pictor. Le corcelet peu raboteux , avec quatre dents de chaque côté; le front fendu. On ignore son pays natal. Crabe cuivré ; Cancer æneus. Le corcelet très-raboteux, obtus, avec quatre dents de chaque côté. Séba, Mus. 3. tab. 19. fig. 17. Rumph. Mus: tab. 11. fig. 4. Herbst. tab. 16: fig. 56. Se trouve dans l’Indes. Crabe de Rumpbhius, Cancer Rumphii. Le corcelet, presque uni, avec cinq dents dé chaque côté; le front tuberéuleux à quatte dents; les pinces minces. Herbst. Canc. tab. 40. fig. 2. Se trouve dans les Indes. Crabe rude, Cancer scaber. Le corcelet peu raboteux, avec cinq deñts de chaque côté; le front crénelé, fendu ; les pinces granuleuses. Se trouve dans l’Inde. Crabe parvule , Cancer parvulus. Le corcelet, avec des lignes enfoncées et quatre dents de chaque côté; le front avec une petite fente Voyez pl. 3. fig. 2, où il en représenté. Se trouve dans les iles de l'Amérique et en Caro- line, d'où il a été rapporté par Bosc. Les pattes se decolorent en vieillissant. Crabe cendré, Cancer cinereus. Le corcelet uni, rivulerx , à trois dents de chaqwe DES CRABES, 175 côté , très-finement ponctué ; une trés-grosse dent à la base interne du doigt mobile. Se trouve sur les côtes de France, et ne sélève pas plus de deux centimètres de diamètre. Crabe gonagre , Cancer gonagra. Le corcelet inégal, avec six dents aigues de cha- que côté ; les pinces noduleuses. Cancer spinifrons. — Herbst. tab. 11. fig. 65. Voyez pl. 2. fig 3, où il est représenté en des- sous, de moitié de sa grandeur naturelle. Se trouve à la Jamaïque et en Caroline. Crabe noduleux , Cancer nodulosus. Le corcelet latéralement noduleux et crénelé ; une épine aux doigts des pieds. On ignore son pays natal. Crabe ochtodes, Cancer ochtodes. Le corcelet uni, à quatre tubercules de chaque côté ; le front recourbhé, canaliculé ; les pinces tuberculeuses. Herbst. Canc. tab. 8. fig. 54. Se trouve dans les Indes orientales. Crabe prince, Cancer princeps. Le corcelet uni, avec des séries circulaires de points rouges ; le front élevé ; les pates avec des fas- cies rouges. Herbst. Canc. tab. 38. fig. 2. Se trouve dans la mer des Indes. Crabe à deux épines , Cancer 2 spinosus. Le corcelet avec deux épines de chaque côté; ls front avec quatre dents ; le poignet épineux. Herbsi. Canc. tab. 6. fig. 45. Se trouve dans les Indes orientales, 176 HISTOIRE NATURELLE Crabe coralline | Cancer corallinus. Le corcelet uni, à une seule dent; le front à trois lobes. Herbst. Canc. tab. 5.fig. 40. Séba, Mus. 5. tab. 19. fig. 2,3. Rumph. Mus. tab. 8. fig. 5. Se trouve dans l'Inde. Crabe floride | Cancer floridus. Le corcelet uni, inégal, maculé ; le bord obtuse- ment dentelé; les pinces avec des saillies en crête, Séba , Mus. 3. tab. 19. fig. 18. Knorr. Del. tab. 4. fig. 3. Herbst. Canc. tab. 3. fig. 30. Se trouve dans l'Inde. Crabe maculé, Cancer maculatus. Le corcelet uni, avec des taches rondes et rouges ; les côtés à une seule dent; le front à trois lobes. Petip. Amb. tab. 1. fig. 8. Séba. mus. 3. tab. 19. Hg. 12. Rumph. Mus. tab. 10. fig. 1. Herbst. tab. 6. fig. 41. Se trouve dans les mers d'Asie. Crabe chauve-souris, Cancer »espertilio. Le corcelet antérieurement avec trois dents de cha- que côté; le corps hérissé. Voyez pl. 2. fig. 1 , où il est représenté de grandeur saturelle. Se trouve dans les Indes. Crabe varioleux , Cancer variolosus. Le corcelet tuberculeux , crénelé des deux côtés; le front fendu. $e trouve dans l'Océan. Crabe faïence , Cancer faventinus. Le corcelet uni , largement plissé, à cinq dents de chaque côté ; l’exfrémité des doigts coneave en dedans. On ignore son pays natal. 1 TAMIDES CR ABES 177 Cette espèce est très-remarquable par la forme de l'extrémité de ses pinces ; son corcelet est presque rond, et, ainsi que ses pattes, d'un blanc de faïence. = Crabe soyeux , Cancer setosus.. Le corcelet à deux dents de EH côté ; les pattes velues. Se trouve dans l'Inde. Crabe agréable, Cancer amænus. Le corcelet parsemé de points rouges très-rappro- chés, avec onze dents de chaque côté; la front tri- denté. Herbst. Canc. tab. 49. fig. 3. . On ignore sa patrie. Crabe oriental, Cancer ortentalrs. Le corcelet uni; les côtés carennés et dentelés. Herbst. Canc. tab. 20. fig. 117. On ignore sa patrie. Crabe hérissé, Cancer hirtellus. Le corcelet hérissé de poils , à cinq dents de chaque côté; les mains extérieurement épineuses. Pennant. Brit. Zool. tab. 6, fig. 11. Herbst. Canc: tab. 7. fig. 5r. Se trouve dans les mers d'Europe. Crabe fluviatile , Cancer fluviatilis. Le corcelet ovale, antérieurement dentelé, posté- rieurement sinueux ; les pinces dentelées à leur base intérieure. … Sachs. Gammarol. tab. 4. Head. Canc. tab. ro. fig. 61. Se trouve à l'embouchure des fleuves d'Asie et d'A- mérique , et les remonte souvent fort haut. 170 HISTOIRE NATURELLE Crabe armadille , Cancer armadillus. Le corcelet uni, inégal; le bord crénelé ; les mains écailleues. ÿ Herbst. Canc. tab. 6. fig. 42, 43. Se trouve dans la mer des Indes. Crabe vert , Cancer viridis, Le corcelet üni,, avec cinq dents de chaque côté ;: les deux postérieures plus grandes et dorsales. Herbst. Canc. tab. 7. fig. 47. On ignore son pays natal. Il ressemble beaucoup au ménade ; mais il est vert. Crabe sculpté, Cancer sculptus. Le corcelet chargé de gros tubercules rapprochés s. Je bord denté; les doigts des pinces noirs Herbst. Canc. tab. 21. fig. 121. On ignore son pays natal. Crabe perlé, Cancer perlatus. Le corcelet et les mains couvertes de turbercules blancs; les pieds hérissés d’épines. Herbst. Canc. tab. 21. fig. 122. On ignore son pays natal. Crabe tire-bouchon, Cancer cochlearis. Le corcelet uni, latéralement sillenné ; les doigts en tire-bouchon. Herbst. Canc. tab. 21. fig. 123. On ignore sa patrie. Crabe hydrophyle , Cancer hydrophylus. Le corcelet uni, à trois dents de chaque cûté : kes doigts roux. Herbst. Canc. tab. 20. fig. 124. On ignore sa patrie. DES CRABES. 179 Crabe miliaire, Cancer miliaris. Le corcelet ovale, alongé , entier, sillonné , gra- æuleux ; les pinces plissées et granuleuses, leurs doigts striés. Voyez pl. 1. fig. 2, où il est représenté de grandeur naturelle. On ignoresa patrie. 2 CATLAPPE, C4LaPpPA, Fabricius. Quatre antennes comme celles des crabes. Corps court, plus large postérieurement , et ayant ses bords latéraux postérieurs , très - dilatés., tranchans et saillans, em demi-voûte. Dix pattes onguiculées , se retirant, dans le repos, sous les cavités des côtés du corps ; les deux antérieures terminées en pinces , et ayant les mains -comprimées et en crêtes. Les caractères génériques des ca- lappes sont fort peu différens de ceux des crabes, mais la forme de leur corps, et sur -tout celle de leurs pattes an- térieures ou pinces, leur donnent une apparence très-distincte. En effet, le corps des calappes est L w80 HISTOIRE NATURELLE presque ovale, ou mieux , représente un triangle etant A - bombé, à ie ra en dessus , denté en ses bords, et toujours con- cave en dessous, aux noie postérieurs, pour recevoir ls pattes. Les antennes sont presque égales , les intérieures sont cachées dans la fossette des yeüx et les intérieures ont quatre articles dont le dernier est bifide. Les veux sont très-rapprochés, peu saillans, et placés sur la partie antérieure du corcelet. La queue est composé de sept ar- ticulations insérées dans une cavité de Jabdomen ; elle se prolonge jusque ‘près de la bouche. Les PAS antérieures ou pinces sont composées de quatre articulations. La première petite , et de forme très- irréoulière ; la seconde, large, ap- plate, triangulaire , avec un prolonge- nent denté, qui se replie en dessous ; la troisième, très-épaisse, large, trian- gulaire dans le sens contraire à Ja pré- DES CALAPPES. 181 cédente; enfin, la quatrième, la plus large de toutes , applatie , courbée , triangulaire dans le sens de la seconde, denté en crête dans son côté supé- rieur, toujours sranuleuse et tubercu- leuse dans sa surface extérieure qui est plus bombée que l'intérieur. Le pouce mobile, petitet courbe, entouré et chargé à sa base de quelques gros tubercules difficiles à décrire , et placé dans un enfoncement du bord qui est perpendiculaire à l'horizon. ‘ Les pattes postérieures sont toutes onguiculées et presque égales. Une des espèces de calappe est commune dans la méditerranée, et a été mentionnée par Aristote et Athénée : on la connoïît sur les côtes de France sous le nom de migrane et de cancre ours, parce que, comme ce quadru- pède, elle se cache les yeux avec ses larges pinces ; contracte ses pattes sous la sullie excavée de son corcelet , et reste ainsi comme morte tant qu'elle Crustacés. I. 16 182 HISTOIRE NATURELLE a quelque danger à craindre. Elle vit dans la fange. On la mange, mais sa chair est molle et de mauvais goût, et elle est repoussée de toutes les tables délicates. Si on n’est pas instruit des mœurs de cette espèce, qui vit dans nos mers, on l'est par conséquent encore moins des autres espèces qui ne se rencon- trent que dans les mers des Indes ou d'Amérique. On peut présumer qu'elles ne s'éloignent pas beaucoup de celles des crabes, puisqu'il ÿ a tant d’ana- logie entre les caractères de ces deux genres. Latreille a fait du calappe angusté un genre particulier qu'il a appelé hé- pate , dont les principaux caractères sont de n'avoir pas de dilatation aux angles postérieurs du corcelet, et d’a- voir les mandibules extérieures poin- tues. On n’a point fait usage de ce genre, uniquement parce que l'espèce qui le compose n'a pas été figurée, et qu'on DES CALAPPES. 183 ne sait rien de son histoire, On invite les Naturalistes qui auront occasion de l'observer dans les mers d'Amérique, où elle se trouve, de prendre note de ce qu'ils pourront découvrir à son sujet. Calappe en voûte, Calappa fornicata. Le corcelet uni, crénelé; les angles postérieurs plus larges et entiers ; les pinces avec des saillies en cretes. "» Peiiver, Gaz. tab. 75. fig, 11. Séba, Mus. 3. tab. 20. fig. 7, 8. Rumph. Mus. tab. 11. fig. 2, 3. Herbst. tab. 12. fig. 73, 74. Voyez pl. 3. fig. 3, qui le représente réduit du quart. Se trouve dans les mers d'Amérique. Calappe denté , Calapa dentata. Le corcelet inégalement denté sux la totalité de ses bords antérieurs ; le front échancré ; quelques ta- ches blanches. Herbst. Canc. tab. 11. fig. 66, On ignore son pays natal. Calappe blanchâtre, Calappa albicans. Le corcelet finement denté et sinueux sur les côtés, avec une saillie lancéolée ; les piuces avec un rang intérieur, et les mains aVèc un rang supérieur d’épines ; ces dernières extérieurement anguleuses. Cancer fornicatus. — Herbst. Canc. tab. 13. fig. 79. 80. Se trouve dans la mer des Indes. Calappe tuberculé, Calappa tuberculata, Le corcelet noduleux, à beaucoup de dents; les 184 HISTOIRE NATURELLE angles postérieurs plus larges, crénelés, dentés; les pinces dentées. Herbst. Canc. tab. 13. fig. 78. Se trouve dans le mer du Sud. Calappe granuleux , Ca/appa granulata. Le corcelet presque uni, crénelé; le bord posté- rieur dilaté et à cinq dents; les pinces sillonnées de crêtes. Catesby. 2. tab. 36. Séba, Mus. 3. tab. 19. fig. 13. Herb. tab. 12. fig. 75, 76. Se trouve dans la Méditerranée et sur la côte d’Amé- rique. Calappe marbré, Calappa marmorata. Le corcelet presque plissé, à trois dents de cha- que côté; le front crénelé et émarginé; les bras élargis à leur extrémité. Herbst. tab. 20. fig. 114. Se trouve dans l'Océan. Calappe crêté, Calappa cristata. Le corcelet un peu plissé, crénelé des deux côtés; le bord postérieur à sept dents ; l'angle postérieur élargi et denté. Se trouve à la Chine. Calappe lophos, Calappa lophos. Le corcelet un peu plissé, crénelé des deux côtés; fe bord postérieur crénelé à six dents; l’angle postér ïieur dilaié, à quatre den!s* Herbst. tab. 13. fig. 77. Se trouve dans les Indes. Calappe angusté, Calappa angustata. Le corcelet uni, crénelé des deux côtés; la dent postérieure aigue et unie. Se trouve dans les mers d'Amérique. DES CALAPPES. 109 Calappe flamme, Ca/appa flammea. Le corcelet ovale, antérieurement verruqueux, avec des taches et des lignes irrégulières rouges, et six grosses dents de chaque côté à sa pariie postérieuge ; les mains avec une crête en dessus, Herbst. Can. tab. 40. fig. 2. Se trouve dans la mer des Indes. Calappe inconspecte, Ca/appa inconspecta. Le corcelet verruqueux , avec deux taches rouges au front, et de grosses dents sur le bord postérieur; Jes pinces dentées en dessus et tachées de rouge. Herbst. Canc. tab. 40. fig, 3. Se trouve dans Ja mer des Indes. TE EE OCYPODE, OcyPoD4A, Fabricius. Quatre antennes très-courtes et inégales. Pé- dicules des yeux alongés , insérés, chacun, dans l’angle latéral du chaperon, et occu- pant le reste de la longueur du bord anté- rieur. Corps presque carré , à chaperon étroit , rabattu en devant. Dix pattes onguiculées ; les deux antérieures termi- minées en pinces. CE genre a été établi par Fabricius dans son supplément; mais Lamarck 106 HISTOIRE NATURELLE en en modifiant, ou mieux, en en pré- cisant davantage le caractère, ya réuni quelques espèces , qui ny avoient pas été comprises par le naturaliste danois, et qui faisoient partie des crabes de ce dermier. Les ocypodes sont extrêmement voi- sins des crabes, mais s'en distinguent bien par leurs yeux toujours portés sur un long pédicule. Le corcelet, chez eux, est presque carré, et en quelquefois plus large que Etes Tantôt il est uni, tantôt rugueux, rarement velu. Les antennes sont si petites, qu’il est difficile de les découvrir. Les yeux semblent leur en tenir lieu; leurs pattes ont la même organisation que dans les crabes ; mais les pinces ont quelques différences dans leur forme. Quelques espèces les ont courtes, les autres très- alongées , les autres inégales en gros- seur , Ce qui suppose des mœurs dif- férentes ; aussi, les unes vivent-elles dans la mer, et les autres sur la terre. DES OCYPODES. 187 L'ocypode combattant est dans ce dernier cas. Bosc, qui l'a observé en Caroline , rapporte qu’une de ses pin- ces , indifféremment la droite ou la gauche , mais plus souvent la droite, est beaucoup plus grosse que l'autre, et plus longue que tout le corps; que les troisième et quatrième articles sont épais et angulaires ; que la main est large, ovale, plus grande que le cor- celet; que leur serre est longue, com- primée , terminée de chaque côté en pointe courbe, et n'ayant que de très- petites dents, à peine visibles, en de- dans. La pince est moins longue que les pattes. Ces ocypodes se voient par milliers, et même par millions sur le bord de la mer ou des rivières dans lesquelles remonte la marée. Dès qu'un homme ou un animal paroît au milieu d'eux, ils redressent leur grosse pince, la pré- sente en avant, semblent le défier au combat, et se sauvent , en courant de 188 HISTOIRE NATURELLÉ côté, mais conservant toujours la mé- me position. Leurs trous sont si nom breux , dans certains endroits, qu'ils se touchent. Ils sont cylindriques , or- dinairement obliques et tres-profonds. Rarement plusieurs individus entrent dans le même, excepté quand ils sen- tent le danger trop pressant. On ne les mange point. Ils ont un grand nombre d'ennemis parmi les loutres, les ours , les oiseaux, les tortues, les alligators, etc. ; mais leur muluiplhication est si considérable , que la dévastation que ces animaux font parmi eux n'est pas sensible. Ils ne craignent point l'eau qui les couvre quelquefois , mais ils ne cherchent pas à y entrer , et jamais ils n'y restent long-temps de leur gré, si ce n'est, peut-être, pour fre leurs petits. Le. a vu les fe- melles garnies d'œufs dès le mois de ventôse, mais 1l n'a jamais trouvé de petits du premier âge. Il faut qu'ils restent dans d'eau ou dans la terre DES OCYPODES. 169 pendant l’année de leur naissance. Les mâles se distinguent des femelles, parce qu'ils sont plus petits, plus colorés, et que leur queue est triangulaire. Il n'est pas vrai , comme le dit Gronovius, que la grosse patte à gauche déni le mâle; Bosc s’est assuré qu'elle va- rioit de position dans les deux sexes. Les ocypodes appelans ne vivent que de chair , et on conçoit difii- cilement comment leur grand nombre peut leur permettre de trouver assez de nourriture dans les lieux très-cir- conscrits qu'ils habitent. Il est vrai que la marée montante leur apporte des déjections de la mer , qui sont mangées trop rapidement pour pou- voir être apperçus des observateurs. Bosc les a souvent vus couvrir des cha- rognes, eten disputer les lambeaux aux vautours, mais ils n'ont que rarement d'aussi abondantes curées. Pendant les trois ou quatre mois d'hiver ils ne pa- roissent plus , 1ls se tiennent au fond de 190 HISTOIRE NATURELLE leurs trous, qui, presque toujours se bouchent, de manière qu'ils sont obli- gés de le rouvrir au printemps lorsque la chaleur du soleil est assez intense pour les déterminer à sortir. Bosc a inutilement cherché à leur voir faire ces trous. Ils n'ont jamais voulu tra- vailler en sa présence , et 1l est assez difficile de les surprendre , attendu qu'ils sont toujours sur des plages dé- couvertes. I ya plusieurs espèces d'ocypodes qui ont une pince plus grosse que l’au- tre, et elles ont été toutes confondues sous le nom de vocans. Dans Margrave, seulement, il y en a quatre de figurées. C'est du dernier dont il vient d'être question. D'autres ocypodes ont les pinces éga- les, et vivent comme ceux dont :1l vient d'être question, presque toujours hors de l’eau sur les bords de la mer, ou des rivières où remonte la marée. Ils se creusent dans le sable , ou la DES OCYPODES. 191 terre , des trous, presque semblables à ceux ci-devant décrits. Bose, qui a aussi eu occasion d'en voir une espèce, rapporte qu'elle va à l'eau tous les jours, mais qu'elle n'y reste pas long- temps. C'est principalement des corps marins rejetés par le flot sur la plage qu'elle se nourrit , et elle ne manque pas de nourriture. Lorsqu'elle craint quelque danger , elle se sauve, en mar- chant de côté, dans son trou, avec tant de rapidité , que ce Naturaliste a été long-temps à l’observer avant de se faire une idée de l'espèce d'animal qui fuyoit devant lui, qu'enfin il a fallu toute la vitesse de son cheval pour s'en procurer quelques exemplaires, encore après plusieurs courses inutiles. On sent bien qu'un animal si difficile à pren- dre , ne peut pas servir habituellement de nourriture; aussi, dans la Caroline n'en fait-on aucun usage. Ce crabe se trouve aussi aux Antilles, et dans l'A- mérique méridionale , où il porte le 192 HISTOIRE NATURELLE nom de crabe de terre, mais ce nom Jui est commun avec tant d'autres, que ce que les voyageurs en rapportent, nue peut lui être spécialement ap- pliqué. Pline cite des crabes qui se trouvent sur les côtes de Syrie, et marchent avec une si grande vitesse que les hom- mes ne peuvent pas les devancer. Oli- vier en a rapporté de ce pays, qui paroissent être de l'espèce dont parle Pline , et 1ls diffèrent extrêmement peu de celui dont 1l vient d'être ques- ton dans leur forme générale, mais ils ont sur l'extrémité du pédicule des yeux un faisceau de poils qui les rend fort remarquables. Les crabes de terre font toujours leurs œufs dans l'eau. On ignore encore si c'est aussi dans ce fluide qu'ils procè- dent au changement de leur test. Les mœurs des autres espèces d’o- cypodes sont peu connues, mais 1l ya heu de croire qu'elles ne s'éloignent DES OCYPODES. 193 pas beaucoup de celles qui viennent d'être mentionnées. Il en est une, l’o- cypode craniolaire, qu'on trouve très- fréquemment fossile en France, quoi- qu'elle soit originaire de l'Inde. Il paroît que c'est à ce genre qu'il faut rapporter les tourlouroux crabes des Antilles dont tous les auteurs fran- çais ont parlé. On en distingue de trois sortes, mais on ne peut les caractéri- ser, faute de description exacte. Ils se tiennent dans des trous qu'ils font en terre, et n'en sortent guère que la nuit pour aller chercher leur nourri- ture. Chaque année, au printemps, ils descendent des montagnes en grandes troupes, et vont pondre leurs œufs dans la mer. Les habitans en sent alors fort incommodés, parce qu'ils entrent par- tout , coupent ou brisent les jeunes plantes , et font un bruit continuel. A. leur retour, ils changent de peau. Avant, ils bouchent leurs terriers, afin de n’avoir pas à craiudre les ennemis Crustacés. I, 17 104 HISTOIRE NATURELLE contre lesquels ils n’auroient point alors de défense. | Ocypode cératophtalme , Oc. ceratophtalma. Le corcelet carré, crénelé; les yeux épais, ter- minés par une épine. Cancer et cursor. Cancer uca — Linn. Herbst. Canc. tab. 1. fig. 8, 9. PaZas, Spicil. Zool. 9. fab. 5. fig. 71. Se trouve dans 1 mer des Indes. Ocypode carré, Ocypoda quadrata. Le corcelet carré, uni, latéralement crénelé; les pinces tuberculeuses. Se trouve à la Jamaïque. Ocypode chagriné, Ocypoda granulata. Le corcelet carrée , chagriné ; les pinces plates , sca- bres; la droite plus grande; les pattes, velues en dessous. On ignore sa patrie. Ocypode rhombe , Ocypoda rhombea. Le corcelet uni, avec une seule dent de chaque côté. On ignore son pays natal. Ocypode uni, Ocypode lævis. Le corcelet uni, avec une seuie dent de chaque aôté ; les pinces unies; la droite plus grande. Se trouve dans la mer des Indes. Ocypode petit, Occypoda minute. Le corcelet uni, avec une dent de chaque côté 3 Îes pinces très-unies et égales. Se trouve à l'ile de France. DES OCYPODES. 199 Ocypode trident, Ocypoda tridens. Le corcelet uni, applati, avec trois dents de cha- que côté. Rable 21. fig. 125. On ignore sa patrie. Ocypode d’Espagne, Ocypoda hispana. Le corcelet uni, carré ; le front lobé, émarginé, glabre. Herbst. Canc. tab. 37, fig. 1. Se trouve dans les mers d’Espagne. Ocypode bourreau, Ocypoda carnifez. Le corcelet presque carré, avec des points et des stries noires très- rapprochées et mélangées vermicu- lairement; une des pinces plus grande. Herbst. Canc. tab. 4. fig. 1. On ignore sa patrie. Ocypode hydrodrome , Ocyp. hydrodroma. Le corcelet uni; le bord élevé , et une dent der- rière chaque œil; le poignet avec une seule pince. Couleur jaune ponctuée de rouge. Herbst. Canc. tab. 41. fig. 2. Se trouve dans la mer des Indes. Ocypode ponctué de roux , Oc. rufo punctata. Le coreelet applati, glabre , ponctué de roux, bidenté sur les côtes; le front à six dents; les pattes et les pinces ponctuées comme le corcelet. Herbst. Canc. tab. 47, fig. 6. On ignore son pays natal. Er Ocypode orange , Ocypoda aurantra. Le corcelet sans dents sur les côtés; le front tron- qué , émarginé ; les pinces unies; les pattes com- primées, 196 HISTOIRE NATURELLE Herbst. Canc. tab. 48. fig. 5. Se trouve dans la mer des fndes. - Ocypode trident , Ocypoda tridens. Le corcelet uni, antérieurement tridenté de cha- que côté ; le front entier. Se trouve dans les Indes orientales. Ocypode blanc, Ocypoda albicans. Corcelet presque carré, chagriné, échancré sur les côtés du bord antérieur ; les mains ovales, héris- sées de tubercules, dentées en leur bords; les pattes gar- nies de faisceaux de poils. Voyez pl. 4. fig. 1, où il est représenté réduit de moitié. Se trouve sur les côtes de la Caroline, d’où il a été rapporté par Bosc. ‘Yeux louguement pédonculés; instrumens exté- rieurs de la bouche, sans poils et très-blancs. Corcelet ’ blanchätre , presque cubique , chagriné sux-tout en ses bords et antérieurement en dessous; les bords très-entiers, excepté celui de devant qui est sinué sur les côtés, et terminé par une pointe avancée ; queue unie; pattes onguiculées, applaties, blanches, fasciculées de poils en leurs bords ; pinces hérissées de tubercules épineux, dirigés en avant; le premier article triangulaire et épineux sur deux de ses arètes; le second arrondi et armé de deux épines, La main ovale et dentelée latéralement ; les doigts courts et tuberculeux en dedans. Cette espèce est fort voisine , mais distincte du cé- ratophtalme. Ocypode ruricole, Ocypoda ruricola. Les tarses avec des faisceaux de poils; les doigts avec deux rangs de tubercules. DES OCYPODES. 107 Cancer. ruricola. Fab. Sluan. Jam. 1. tab. 2. Séba, Mus. 3. tab. 20. fig. 5 Degeer. Ins.7. tab. 25. fig. 1. Herb. Canc. tab. 3, fig. 36, et tab. 4. fig: 37. Ca- tesby , Carol, 2. tab. 32. Se trouve dans l'Amérique, où il est connu sous le nom de crabe de terre. Ii y a probablement plu- sieurs espèces confondues sous ce nom. Ocypode vieillard, Ocypoda senex. Le corcelet avec un pli antérieur; le poignet avee ne épine ; les doigts dentés, Cancer. Senex. Fab. Se trouve dans les Tndes orientales. Ocypode noir, Ocypoda heterochelos, Les corcelet carré, rugueux, noir, avec une des piuces très-grosse, brune et fortement dentée à l'intérieur. Séba, Mus. 3. tab. 18. fig. 8 Herbst. Canc. tab. 1. fig. 1. Margrave, Bras. pag. 184. fig. 1. Se trouve dans l'Amérique méridionale. Ocypode combattant, Ocypoda pugilator, Le corcelet plus large que long , trapzoïde, épai, uni en dessus; une des pinces plus grosse, presque munie , sans dents intérieures. Margravre, Bras. pag. 185. fig. 4. Se trouve dans | Amérique méridionale et septentrio- nale , et a été observé par Bosc en Caroline. Yeux longuement pédonculés ; corcelet trapezoïde, sinué en avant, plus large que long , trés-uni, irès- entier en ses bords, ponctué gris, avec une tache violette en avant, et des lignes noires paralleles aux côtés et sinuées en arrière. Pinces inégales ; lune, s’est plus souvent la droite, aussi large et deux fois plus longue que le corps ; l’autre extrêmement petite ; 198 HISTOIRE NATURELLE toutes deux légérement chagrinées, Les doigts très- longs, courbés en arcs et unis; les paies applaties, ponctuées , grises, un peu ciliées. Ocypode trident, Ocypoda tridens. Le corcelet uni, applati, avec trois dents latérales: Herbst. Canc. tabs 21. fig. 125. On ignore sa patrie. Ocypode appelant, Ocypoda vocans. Le corcelet uni, avec une seule dent de chaque côté; les yeux rapprochés et unidentés; une des pinces beaucoup plus grosse que l’autre. Cancer vocans. Fab, — Degeer. Ins. 7. tab. 26. fig. 12. Rumph. Mus. tab. 10. fig. 1. Herbst. Canc.\tab:.1: f2,170. Se trouve dans l'Amérique méridionale. Ocypode angulé , Ocypoda angulata. Le corcelet uni, bidenté de chaque côté; les pinces trés-longues. Cancer angulutus, Fab. — Herbst. Canc. tab. 1. fg. 13. Penn. Zool. Brit. tab. 0. fig. 10. Se trouve sur les côtes d'Angleterre. Ocypode tétragone, Ocypoda tetragona. Le corcelet, avec des faisceaux de poils sur sa partie antérieure, et deux dents de chaque côté. Cancer tetragonus. Fab, — Herbst. tab. 47. fig. 5. Se trouve dans les Indes orientales. Ocypode carré, Ocypoda quadrata. Le corcelet ani, antérieurement unidenté de cha qæe côté, postérieurement plissé. Cancer quadratus F'ub. Se trouve dans les fndes orientales, DES OCYPODES. 199 Ocypode rhomboïde, Ocypoda rhomboides. Le corcelet uni; une épine sur la partie anté- rieure des côtés; le front tronqué. Cancer rhomboïdes. Fab. — Herbst. Canc. tab. 1. fig. 12. 9722. Hist. tab. 31. fig. 2. Barez Icon. tab. 1286. fig. 2 , et 1287. fig. 1. Se trouve dans la Méditerranée, Ocypode petites mains, Ocyp. microcheles. Le corcelet rhomboïdal , sinué en devant ; le pe- doncule des yeux très- long ; les pinces très-petites , égales ; leurs doigts carénés. On ignore sa patrie. GRAPSE, GRAPSUS, Lamarck. Quatre antennes courtes , articulées , ca- chées sous le chaperon. Les yeux aux angles du chaperon, et à pédicules courts, Corps déprimé , presque carré , àchaperon transversal, rabattu en devant. Dix pattes onguiculées ; les deux antérieures termi- nées en pinces. LES orapses diffèrent extrêmement peu des crabes avec lesquels ils ont été réunis par tous les auteurs. Lamarck, le premier , les a séparés d'après la 200 HISTOIRE NATURELLE. considération de la position de leurs veux. Ils sont, en général, béaucoup plus applatis, et plus exactement car- rés que les crabes. Leurs pinces sont ordinairement plus courtes que les pat- tes ; ces dernières sont extrémement comprimées, et très - fortement caré- nées sur leur bord antérieur. Bosc, qui a vu beaucoup de grapses dans la baye de Charleston, a observé qu'ils se tenoient presque toujours ca- chés sous les pierres, sous les morceaux de bois; et, comine ces objets sont rares dans ce lieu, tous les jours, à la retraite de la marée, 1l étoit sûr de trouver des grapses sous ceux où :l en avoit pris la veille. TI a remarqué que, quoiqu'ils ne nagent point, ils ont la faculté de se soutenir momen- tanément sur l’eau, à raison de la lar- geur de leur corps et de leurs pattes, et cela par des espèces de sauts répétés. Ils fontce mouvement toujours de côté, jantôt à droite, tantôt à gauche, selon DES GRAPSES. 20T les circonstances. On ne les mange point, mais C'est, sans doute , parce que d’autres espèces de crabes , dont il sera question au genre Aoctane). sont plus abondans et plus gros, car il n’a pas paru à Bosc que leur chair fût mau- vaise. Ils parviennent à une grandeur représentée par près d'un décimètre carré , et sont toujours marbrés d'un rouge de sang fort éclatant. Aussi sont-ils connus sous le nom de crabes peints dans les Antilles françaises. : Un autre , qui ne vit pas positi- vement dans la mer, mais dans les rivières où elle remonte, ou mieux, sur leurs bords, car 1l est plus sou- vent hors que dans l’eau, c'est le grapse cendré , est encore plus abondant. Il ne s'élève pas beaucoup au-delà d’un centimètre carré, mais 1l est propor- tionnellement plus épais que le pre- mier. Lorsqu'il se trouve un arbre ren- -versé dans Îles marais salés , on est certain d'en trouver dessous d'immenses 203 HISTOIRE NATURELLE quantités , quelquefois même dessus lorsque l'écorce est assez peu adhérente pour leur permettre de s'introduire entre elle et le bois. Bosc a vu un arbre, mort sur pied , qui en étoit ainsi garni jusqu’à la hauteur de deux à trois mètres. Lorsqu'ils craignent quelque danger , et qu'ils n’ont pas d’abri, ils se uen dans l’eau en RS sur le côté, et en faisant un grand bruit avec leurs pattes. Les femelles de ces deux espèces de grapses ont des œufs en ventôse , épo- que où elles commencent à reparoître; car pendant l'hiver les premières res- tent au fond de la mer, et les secondes sans doute enfoncées dans la boue. Grapse peint, Grapsus pictus. Le corcelet plissé de chaque côté, antérieurement bidenté ; le front recourbé, quadridenté sur ses côtés ; le corps de diverses couleurs, Cancer Grapsus Fab, — Amoen. Acc. 4. tab. 3. fig. 10: Herbst. Canc. tab. 3. fig. 33, 34. Calesb, Carol. 2. tab. 36. fig. 1. Séba, Mus. 3. tab. 164 Hp 5016: Se trouve dans } Amérique méridionale. DES GRAPSES. 203 Grapse varié, Grapsus variegatus. Le corcelet uni, tridenté de chaque côté; le front à quatre dents du chaque côté. Cancer V'ar'egatus. Fab. Se trouve dans l'Inde. Grapse écailleux, Grapsus squammosus. Le corcelet uni, très-entier , presque carré, avec quatre dents de chaque côté ; le front à trois lobes ; les cuisses avec une seule dent. Herbst. Canc. tab. 22. fig. 113. On ignore son pays natal. Grapse strié , Grapsus strigosus. Le corcelet uni , avec des stries latérales ; le bord mince, bidenté derrière les yeux ; le chaperon recourbé et quadrituberculeux. Herbst. Canc. tab. 47. fig. ”. Se trouve dans la mer des Indes. Grapse tétragone , Grapsus tetragonon. Le corcelet carrè, uni; le front avec une saillie, en pointe; les mains unies. Herbst. Canc. tab. 20. fig. 110. On ignore son pays natal. Grapse littéré, Grapsus litteratus. Le corcelet uni, tridenté de chaque côté, avec la figure d’une H, imprimée dans son milieu; les ongles comprimés , ciliés. Cancer ltteratus Fab. — Herbst. Canc. tab. 48. fig. 4. Se trouve dans les Indes orientales. Grapse applati, Grapsus depressus. Le corcelet tuberculeux , à quatre dents de chaque - côté ; les antérienres frontales. 204 HISTOIRE NATURELLE Cancer depressus Faë.'— Herbst. Canc. tab. 3. fig. 35. Petiver Gaz. tab. 75. fig. 11. Se trouve dans la Méditerranée et sur les côtes d’A- imérique. Grapse cendré, Grapsus cinereus. Le corcelet inégal, très-entier, gris, varie de bran 3 les pinces tres-minces. Voyez pl. 5. fig. 1, où il est représenté de gran- deur naturelle, Se trouve sur le bord et dans les eaux sanmâtres de la Caroline , d'où il a été apporté par Bosc. DORIPE, DoriPzE, Fabricius. Quatre antennes ; les antérieures palpifor- mes , les extérieures sétacées. Corps dé- primé, cordiforme , plus large postérieu- rement , rétréci, mais tronqué dans sa partie antérieure. Dix pattes onguiculées ; les deux antérieures terminées en pinces, et les quatre postérieures dorsales et pre- pantes. à Les doripes faisoient autrefois par- tie du genre crabe de Fabricius, maisils en ont été séparés, par ce Naturaliste, par suite du nouveau travail sur les DES DORIPES. 205 crustacés, dont il a publié les résultats dans son dernier supplément, c'est-à- dire dans celui de 1708. Lamarck et Latreille ont adopté ce genre, qui, en effet , est pourvu de caractères parti- liers , très-saillans. Le corcelet des doripes est géné- ralement tronqué en avant et en ar- rière, élargi postérieurement sur les côtés, et régulièrement sillonné ou ma- melonné en dessus ; sa partie antérieure est presque toujours armée de six épi- nes Courtes, presque égales, les deux latérales toujours cependant un peu plus grandes. Les yeux sont portés sur de courts pédicules placés entre les deux dernières épines. Les antennes sont plus ou moins courtes suivant les espèces, mais Jamais très-longues. Les pinces sont généralement plus courtes que les pattes antérieures, c’est-à- dire très-petites. Ordinairement le mâle en a une plus grosse que l’autre, à ce qu'assure Fabricius. Rarement elles Crustacés. [. 16 306 HISTOIRE NATURELLE sontépineuses ou tuberculeuses. Les pat- tes se divisent en deux sortes. Les deux premières paires très-grandes , ongui- culées , écartées, ressemblent à celles des crabes proprement dits et des gen- res voisins. Les deux dermières sont de plus de moitié plus courtes , plus grêles que les autres, terminées par un ongle aigu, courbé, susceptible de se replier entièrement ; elles sont placées sur la partie postérieure et supérieure du corcelet, et peuvent parcourir une de sa surface. On présume que cette organisation des doripes leur donne des habitudes différentes des autres crustacés, et en effet, le peu que nous savons de leurs mœurs *, Consiate que , comme les dromues, elles portent continuellement sur leur dos des corps étrangers, tels que des valves de bivalves, et peut- être des fucus, des éponges, des coral- lines , etc., au moyen desquelles elles sont cachées aux yeux de leurs enne- DES DORIPES. 207 mis, et à ceux des animaux dont elles font leur pature. Tantôtces boucliersam- bulans sont immédiatement appliqués sur le dos même de l'animal , tantôt ils en sont à une certaine distance, mais toujours 1ls sont fortement soutenus par les pattes postérieures, au moyen des crochets dont elles sont armées. On n’a aucunes notions particulières sur les lieux qu'habitent de préférence, les doripes ; mais la faculté que la na- ture leur a donnée de se cacher sous un toit portatif, indique qu'ils n'ont pas besoim d’habiter les côtes rocailleuses, qu'ils peuvent, sans inconvéniens, par- courir les plages sablonneuses , où 1ls ont moins de concurrens parmi les au- tres crustacés. Doripe quadridente, Doripe quadridens, Le corcelet inégal , en cœur. applati, hérissé ; la base de la queue à six dents. Plancus, Conch. 36. tab. 5. fig. t. Se trouve dans la mer des Indes. 208 HISTOIRE NATURELLE Doripe rusée, Doripe astuta. Le corcelet applati, en cœur, hérissé , avec quatre dents antérieures ; la queue unie. Se trouve dans la mer des Indes. Doripe chaude, Doripe callida. Le corcelet applati, en cœur, nu, avec quatre dents antérieures ; la queue carinnée. Se trouve sur les côtes d'Amérique. Doripe lanugineuse |, Doripe lanata. Le corcelet couvert de poils blanchätres, avec des dents latérales ; les deux premières paires de pattes écartées. Herbst. Can. tab. 11. fig. 67. Se trouve dans la Méditerranée. Doripe noduleuse , Doripe nodulosa. , Le corcelet chargé de tubercules arrondis et régu- lièrement disposés, ceux du milieu plus gros; les doigts des pinces canaliculés et régulièrement dentés en dedans. Cancer nodulosus , Olir. Dict. — Herbst. Canc. tab. 11. fig. 70. Voyez pl. 4. fig. 2, où il est représenté , presque de grandeur naturelle. Se trouve dans la Méditerranée. Doripe facchine , Doripe facchino. Le corcelet jaunâtre, renflé latéralement et posté- rieurement ; deux dents surnuméraires, au-dessous des antennes ; les deux premitres paires de pattes écartées. Pzancus, Coneh. tab. 5. fig. 1. Herb. Canc. tab. 11. fig. 68. Se trouve dans la Méditerranée. é DES DORIPES. 20% Doripe macaron, Doripe mascaroni. Le corcelet alongé , brunätre ; les pattes très-écartées des pinces. Sulzer, Gesch. Der. Ins. tab. 31.fig. 1. Herbst. Canc. tab. 11. fig. 69. Se trouve dans la Méditerranée. SE SE PORTUNE, PoRTUNUS , Fabricius. Quatre antennes inégales, petites , articu- lées ; les extérieures sétacées et plus lon- gues. Corps large, court , déprimé , denté sur les bords, et rétréci postérieurement. Dix pattes , dont les deux postérieures sont terminées par une lame applatie et ovale, Les portunes ont de très-grands rap- ports de forme avec les crabes, mais ils en sont distingués par des caractères très-positifs , et par des mœurs fort différentes. Tous les autres crustacés de la di- vision des queues courtes sont mar- cheurs, et ne nagent point, ou ne na- “ 2IO HISTOIRE NATURELLE gent que par saut; les portunes seules, nagent quand ils le veulent, et quel- ques espèces, la pélasgique en parti- culier , nagent presque continuelle- ment. ue cela, la nature les a con- formées d’une manière parüculère; elle leur a donné un corpslarge etaminci en devant, pour pouvoir fendre plus aisément le liquide, et des pattes pos- térieures disposées en nageoires pour pouvoir s y soutenir et s’y diriger. Mais on va entrer dans la descrin- tion détaillée des parties. Le corcelet des portunes, est, en général, plus large que long, peu épais, aminci sur le on comme on vient de le dire , arrondi sur le derrière , et souvent armé, sur les côtés, d’une saillie plus ou moins longue, et terminée en pointe aiguë. Sa surface est rarement rugueuse, rarement velue, mais tou- jours un peu inégale. Le bord antérieur, qui fait plus ou moins le demi-cercle, est toujours dentelé régulièrement. DES PORTUNES. 211 Les yeux sont très-courts , renfermés dans une fossette, placée exactement sur le bord du corcelet, et leur écarte- ment est juste le tiers de ce bord. Les antennes sont placées entre les yeux ; ce sont des filets sétacés, très-déliés et fort courts. Les pièces extérieures des instrumens de la manducation ferment la bouche. Comme on a donné, dans les généra- lités de la classe et dans ie plus grand détail, la description et la figure de ces parties, d’après Olivier on y renvoie le lecteur, Les pinces sont, tantôt longues, tantôt courtes, mais toujours angu- lures; le troisième de leurs articles est généralement le plus long, et presque toujours 1l est, ainsi que le quatrième, épineux du côté intérieur. Les paites sont ordinairement plus courtes que les pinces , toujours très-applaties et velues sur les côtés ; les dermières ont toujours leur ongle extrêmement large, 212 HISTOIRE NATURELLE extrêmement mince, et garni sur ses bords de longs poils très - serrés. Ce sont là les nageoires, comme on l’a déjà observé. Les espèces qui nagent conti- nuellement, comme la pélasgique, ont même tous les ongles ainsi conformés, mais toujours ceux de la dernière paire sont plus larges que les autres. La queue des portunes est généra- lement plus large que celle des autres crustacés à queue courte. Il paroit qu'ils l'emploient aussi quelquefois dans l'action de nager. Les portunes, sont par-tout, fort esti- més, comme aliment, quand ils sont gros. Le dépurateur , et le pied large de Rondelet , est communément mangé sur les côtes de l'Océan ; et, ainsi que Bosc le rapporte , l’hastate sur celles de l'Amérique septentrionale. Ce der- nier sert de nourriture journalière aux nègres, dont l'habitation est peu éloi- gnée de la mer ou des rivières où l’eau salée remonte. Ils en prennent de gran- DES PORTUNES. T19 des quantités, à la marée montante, avec des filets en cercles attachés à un long bâton; filet sur lequel ils ont fixé un morceau de poisson ou de charogne. Bosc lui-même en a pris plusieurs fois, en moins d'une heure, des centaines, de cette manière. Leur chair est très- savoureuse , et généralement tendre. Cette espèce, dont les pattes antérieures sont onguiculées, marche autant qu'elle nage, mais elle nage très-bien. Ordinai- rement ces crustacés marchent sur les bords de la mer ou des rivières, lorsque la marée monte, pour chercher leur nourriture; mais lorsqu'elle descend, 1ls s'en retournent toujours nageant, parce qu'ils n'ont plus rien à trouver , et qu'ils craignent d'être laissés par le flot. Dans l'état de tranquilité 1ls marchent et 1ls nagent en avant ; mais lorsqu'ils ont quelque chose à redouter , 1ls se sauvent en nageant sur les côtés, même quelquefois en arrière. Pendant l'hiver, 1ls disparoissent de la côte, s'enfoncent 214 HISTOIRE NATURELLE dans la profondeur des mers, et ne reviennent que lorsque le soleil com- mence à échauffer les eaux; alors ils sont garnis d'œufs , et sont plus estimés. Bosc en a pris dans des eaux parfaite- ment douces, mais trop peu éloignées des eaux saumâtres, pour ne pas croire qu'ils avoient été transportés, où qu'ils y étoient allés d'eux-mêmes, car ils sortent quelquefois de l’eau pendant la nuit, à ce qu'ou rapporte, pour aller ECS leur vie sur la grève. Une autre espèce , qui seroit presque aussi bien placée parmi les matutes, le portune pélasgique, a été également ob- servée par Bosc , en très-grande quantité sur les fucus qui flottent dans le grand Océan, entre l'Europe et l Amérique. Cette espèce , qui vit dans une mer sans fond , n'a probablement jamais d’autres DORE de repos que les fucus dont il est question. Elle nage presque continuellement , etce , avec aisance , et on pourroit même de avec grace. 1 DES PORTUNES. 215 Elle peut se soutenir sur l’eau, sans se donner de mouvement apparent, pen- . dant un assez long espace de temps. Les longues épines dont son corcelet est latéralement armé, la rendent un manger dangereux pour beaucoup de poissons , et c'est probablement à l'abri _ de ce moyen de défense qu’elle se con- serve au milieu des ennemis qui l’en- tourent. Les matelots rapportent que ce moyen n'est pas suffisant cependant contre les tortues de mer, qui, avec leurs robustes mächoires brisent leur test , et les avalent sans inconvémient. Ils rapportent encore que cette espèce est une des plus délicates qu'ils con noissent. Les portunes ont été divisés par Fabricius, en quatre sections prises du nombre des dents qu'on compte sur les bords de leur corcelet. 216 HISTOIRE NATURELLE Le corcelet avec deux dents de chaque côté. Portune vigilant, Portunus »igil. Le corcelet uni, avec deux dents de chaque côté 3; les bras épineux. Se trouve dans la mer des Indes. Le corcelet avec quatre dents de chaque côté. Portune de Rondelet, Portunus Rondeletir. Le corcelet alongé, uni, latéralement quadridenté ; le front épineux. Rondelet , Poiss. pag. 405; le large pied. Herëst. Canc. tab. 21. fig. 126. Se trouve dans la Méditerranée, Le corcelet avec cing dents de chaque côté, Portune pubère, Portunus puber. Le corcelet en cœur, velu, avec cinq dents de chaque côté; les pinces à une seule dent , noires à leur pointe. Voyez pl. 5. fig. 2, où il est représenté au tiers de sa grandeur naturelle, Se trouve dans la Méditerranée. Portune dépurateur , Portunus depurator. Le corcelet uni, avec cinq dents de chaque côté; les pinces comprimées à leur extrémité. Rumph. Mus. tab. 6. fig. P. Séba, Mus. 3. tab. 18, fig. 9. Herbst, Canc. tab. 7. fig. 48. Se trouve dans les mers d'Europe. Portune oisif, Portunus feriatus. Le corcelet uni, avec cinq dents de chaque côté: es pinces anguleuses , ovales ; le carpe à une seule dent. Se trouve dans la mer des Indes. DES PORTUNES. 217 Portune porte-lance, Portunus lancifer. Le corcelet un peu tuberculeax, avec une seule épine quadridentée en devant; les pattes antérieures linéaires. Se trouve dans la mer du Sud. Portune holsate , Portunus Ao/satus. Le corcelet uni, avec cinq dents de chaque côté, et autant au front, Se trouve dans les mers d'Europe. Portune velours , Portunus velutinus. Le corcelet à cinq dents de chaque côté, et cou- vert de poils bruns; la main avec plusieurs rangées d’épines. Pennant. Brit. Zool. tab. 4. fig. 8. Herbst, Canc. tab. 7. fig. 40. Se trouve sur les côtes d'Angleterre. Portune ridé, Portunus corrugatus. Le corcelet à cinq dents de chaque côté, et ridé transversalement. Pennant. Brit. Zool. tab. 5. fig. 9. Herbst. Canc. tab, 7. fig. 5o. Se trouve sur les côtes d'Angleterre. Le corcelet avec six dents de chaque côté. Portune bimaculé , Portunus bimaculatus. Ie corcelet ovale, avec six dents et une grande tache rouge de chaque côté: Herbst. Canc. tab, 18. fig. 101. On ignore d’où il vient. Portune six dents, Portunus sex dentatus. Le corcelet avec six dents de chaque côté; le front à huit dents ; les pinces épineuses. Crustecés. I, 19 218 HISTOIRE NATURELLE Cancer sex dentetus. Fab. — Rumph. Mus.tab. 6, fig. P. Petiver. Gaz. Opt. tab. 1. fig. 6. Herbst. Canc.tab. 7. fig. 52, et 8. fg. 55. Se trouve dans l'Inde. Les figures de Herbst an- noncent deux espèces distinctes. Portune sanguinolent, Por, sanguinolentus. Le corcelet à six dents de chaque côté, et granulé de rouge ; le front à huit dents ; les pinces épineuses, granulées de rouge , ainsi que les pattes. Herbst. Canc. tab. 40. fig. 1. Se trouve dans l'Inde. Portune annelé , Portunus annulatus. Le corcelet uni, avec six dents de chaque côté ; le front à huit dents; les pattes annelées de violer. Se trouve dans la mer Ges Indes. Portune varié, Portunus sariegatus. Le corcelet en cœur, velu, avec six dents de chaque côté ; la dent postérieure plus grande ; le front à huit dents ; les pinces épineuses. Se trouve dans la mer des Indes. Portune velouté, Portunus holosericeus. Le corcelet en cœur, velu, avec six dents de chaque côté; le front à huit dents; les pinces épi- neuses. Se trouve dans la mer des Indes. Portune tronqué , Portunus truncatus. Le corcelet en cœur, velu , avec six dents de chaque côté; le front tronqué , à huit dents. Se trouve dans la mer des Indes. Portune porte-croix , Porfunus crucifer. . Le corcelet presque uni, à six dents de chaque DES PORTUNES. 219 eûté; la dernière émarginée ; le front à huit dents. Se trouve dans la mer des Indes. Portune lucifer, Portunus lucifer. Le corcelet presque uni, à six dents; le front à huit dents ; les doigts roux , noirs à leur extrémité. Se trouve dans la mer des Indes. Le corcelet avec neuf dents de chaque côté. Portune tranquebarique, P. tranquebaricus. Le corcelet uni, avec neuf dents égales de chaque côté. Se trouve dans la mer des Indes , où il se mange. Portune hastate, Portunus hastatus. Le corcelet rugueux, avec neuf dents de chaque eôté; la dent postérieure plus grande; le front à quatre dents ; les dents égales. Se trouve dans les iles de l’ Amérique. Portune armiger , Portunus armiger. Le corcelet presque uni, avec neuf dents de ehaque côté; la dernière plus grande ; le front à cinq lobes ; les bras dentés de chaque côté. Se trouve dans la mer du Sud. Portune gladiateur, Portunus gladiator. Le corcelet velu , avec neuf denis de chaque côté ; la dernière plus grande ; les pinces tachées de rouge. Se trouve dans les mers d'Asie. Portune pélasgique , Portunus pelasgicus. Le corcelet uni, avec neuf dents de chaque côté ; la dernière plus grande ; les pinces en prisme à plu- sieurs angles. 220 HISTOIRE NATURELLE Degeer. Mus. 7. tab. 26. fig. 8. Rumph. Mos. tab. 5. fig. R. Herbst. tab. 8: fig. 5. Voyez pl. 5. fig. 3, qui la représente réduite des trois quarts. Se trouve dans la haute mer parmi les fucns. Portune sanguinolent, Por. sanguinolentus. Le corcelet ani, avec neuf dents de chaque côté ; la dernière plus grande, testacée; trois taches rouges sur le bord postérieur. Herbst. Canc. tab 8. fig. 56, 57. Se trouve dans la mer des Indes. Portune défenseur, Portunus defensor. Le corcelet unni, avec neuf dents; la dernière courte ; le front à quatre dents ; les intérmédiaires irès-courtes. Se trouve dans la mer du Sud. Portune hastatoïde , Portunus hastatoides. Le corcelet velu, inégal, avec neuf dents de chaque côté; la dernière plus grande; la partie posté- rieure avec une dent de chaque côté. Se trouve dans les mers de l'Inde. Portune tennaille, Portunus forceps. Le corcelei uni , avec neuf dents de chaque côté; la dent postérieure plus grande ; les doigts très-longs et filiformes, Se trouve dans l'Océan. Portune pontique , Portunus ponticus. Le corcelet inégal, avec neuf dents de chaque côté ; la derniére plus grande; les pinces filiformes ; les doigts très-couris. Se trouve dans la mer des Indes. DES PORTUNES. LES Potune cédonule, Portunus cedonulli, Le corcelet avec neuf dents de chaque côté; le front avec quatre épines ; les pinces très-longues et ängulaires. Herbst. Canc. tab. 39. Se trouve dans la mer des Indes. ED AS A TS PODOPHTALME, PODOPHTALMUS, Lamarck. Quatre antennes articulées , inégales ; les ex- térieures sétacées , plus petites. Pédicule des yeux très-rapproché à leur insertion, et aussi longs que le bord antérieur. Corps large, court, déprimé , anguleux et pointu latéralement, Dix pattes ; les deux anté- rieures terminées en pinces ; les deux pos- térieures terminées par une lame ovale. LamaArcK a établi ce genre sur une seule espèce qui se voit au Muséum national, et il a tiré son nom de la longueur du pédicule de ses yeux qui surpasse quatre centimètres. 1 paroit fort peu distinct des portunes, dont lé 222 HISTOIRE NATURELLE caractère physique, celui qui leur donne des mœurs différentes de tous les au- tres crustacés de leur division , est d'avoir les pattes postérieures en na- geoires, comme le podophtalme. Ce genre paroit faire le passage entre les portunes et les ocypodes. EE ORITHIE, ORITHYA, Fabricius. Quatre antennes inégales ; les intérieures plus longues et palpiformes. Corps ovale. Dix pattes ; dont les postérieures sont applaties , larges et pinnées. FABRICIUS a formé ce genre sur une seule espèce qui vient des mers de la Chine, et qui n'a pas été figurée. fl paroit, par la courte description qu'il en a donnée, que sa forme l'éloigne un peu des portunes, puisqu'elle est globuleuse, et que la leur est applatie. Le corcelet de l’orithie est donc, DES ORITHYES: 223 comme on vient de le dire, globuleux. IL est, de plus, armé de trois épines de chaque côté, et en avant de trois dents et d’une épine à trois dents. La queue a deux épines. Les pinces sont courtes et dentées. Les pattes postérieures sont applaties, découpées en leurs bords, et terminées par un lobe lancéolé. L'es- pèce est appelée mamillaire. ! SR EM MATUTE, MaATuUTA, Fabricius. Quatre antennes ; les deux intérieures qua- driarticulées, à dernier article bifide ; les deux extérieures plus courtes et peu ap- parentes. Corps court, déprimé , plus large antérieurement , ou dans sa partie moyenne. Dix pattes ; les deux antérieures terminées en pinces ; toutes les autres terminées par une lame platte et ovale. Lrs matutes diffèrent si peu des portunes, au'on pourroit se demander si elles méritoient bien réellement de 224 HISTOIRE NATURELLE faire un genre particuher: En effet, elles ont la même forme générale , et plusieurs portunes, tels que la pé- lasvique et la cédonule , ont comme elles les ongles de toutes les pattes en naoseoires. Degeer , qui a donné une descrip- ton fort détaillée d’une espèce de ma- tute, la vainqueur , dit que ses anten- nes sont à peine visibles ; que les yeux ne sont pas fort éloignés, et placés sun des pédicuies enfoncés dans une pro- fonde excavation. Le corcelet est pres- que ovale , applati, avec une longue pointe de chaqne côté; sa parte anté- rieure a huit Aeneies de chaque côté, et trois éntre les yeux. Les pinces sont courtes, angulaires. Les mains ovales , convexes, avec des pointes et des tubercules. Les doigts sont courts et dentés intérieurement. Les pattes sont presque aussi longues que les pinces, très-applaties. Leurs doigts sont tous très-munces, très-larges, DES MATUTES. 225 et velus sur leurs bords; ceux des deux premières paires un peu plus longs et moins larges que ceux des deux autres; tous ont une nervure dans leur milieu. La queue est courte, presque trian- gulaire. 3 La plupart de ces caractères con- viennent aux portunes cités plus haut. Les matutes nagent sans doute per- pétuellement dans l'Océan. On les trouve dans les mers des pays chauds, en Asie ct en Amérique. On ne sait rien de particulier sur leurs mœurs. Matute vainqueur, Matuta victor. Le corcelet ponctué des deux côtés; les pattes simples. Séba, Mus. 3. tab. 20. fig. 10,11. Rumph. Mas. tab. 7. fig. 5. Herbst. Canc. tab. 6. fig. 44. Degeer. Ins. 7. tab. 26. fig. 4, 5. Voyez pl. 4. fig. 3, où il est représenté au tiers de sa grandeur naturelle. Se trouve sur la côte du Malabar. Matute pieds plats, Matuta planipes. Le corcelet postérieurement strié. Se trouve dans la mer des Indes. Matute appendiculée | Mat. appendicu/ata. Le corcelet vermiculé de rouge; les pattes posté- 226 HISTOIRE NATURELLE xieures avec un appendice au côté interne de l'avant- dernière articulation. Herbst. Canc. tab. 48. fig. &7 On ignore son pays natal. A A AA DROMIE, DRroMI4, Fabricrus. Quatre antennes très-courtes ; les intermé- diaires en forme d’antennulles. Le corps presque globuleux , les pinces grosses et courtes ; les deux premières paires de pattes onguiculées ; les deux dernières re- pliées sur le dos , et armées d’une petite : pince. CE genre a été formé par Fabri- cius, aux dépens des crabes , de ses premières éditions ; 1] n'a pas été adopté par Lamarck, mais bien par Latreille. II se rapproche beaucoup des doripes par les mœurs des espèces qui le com- posent; ils’en écarte par la forme et les caractères. Les dromies sont presque rondes, extrêmement bombées en dessus, et DES DROMIES, 227 méme en dessous. Leur corcelet est ordinairement anguleux en devant, toujours couvert de longs poils. Les yeux sont fort rapprochés, portés sur de très - petits tubes. Leurs antennes sont à peine visibles. Les pinces ont leur troisième et quatrième articles très-épais , presque aussi gros et aussi longs que la main. Le tout est couvert de poils, excepté les doiots, qui sont courts, et légèrement dentés. Les deux , premières paires de pattes sont velues, onguiculées, et moins longues que les pinces. Les deux dernières sont de moitié plus courtes , insérées presque sur le dos, et terminées par une très- petite pince à ongles égaux et égale- ment courbes. Le tout toujours très- velu. Une des espèces de ce genre, la dro- mie tête de mort, se trouve dans la méditerranée. On sait qu'elle s'empare d'une espèce d’alcyon , qu'à cause de cet emploi on a appelé alcyon domon- 228 HISTOIRE NATURELLE cule, le fixe sur son dos, et sous cet abri, brave les recherches de ses enne- mis , et surprend les animaux dont elle fait sa nourriture. Elle n’est point rare dans la mer voisine de Montpel- lier, mais elle est d'une difficile ob- servation, parce qu’elle s'approche ra- rement des bords. Draparnaud , l’es- timable professeur d'Histoire Natu- relle à l’école centrale de cette ville, a cependant pris sur elle et sur son singu- her bouclier, des notes qu’il ne tardera pas sans doute à donner au public. Quoique l'alcyon domoncule soit ac- croché à demeure par les pinces des pattes postérieures de la dromie tête de mort, et que son corps soit obligé de prendre ia forme du dos de ce crus- tacé , il n'en conserve pas moins le peu de vitalité dont il est pourvu, 1l n'en croît pas moins dans toutes ses dimen- sions, seulement 1l augmente irrégu- lièrement, à raison des compressions qu'il éprouve. DES DROMIES. 229 Les autres espèces de dromies n’em- ploient sans doute pas la même arme défensive que celle dont il vient d'être question, mais elles se servent très- probablement de moyens analogues. La nature , dans les genres véritablement naturels, passe rarement avec rapidité d’un mode dans un autre. Toutes les dromies ont des pinces aux pattes pos- térieures ; toutes doivent se couvrir le corps d'objets étrangers. C'est aux ob- servateurs à faire connoître ce que les circonstances les mettront à portée de remarquer à cet égard. Dromie de Rumphius, Dromia Rumphii. Le corcelet hérissé, à cinq dents de chaque côté ; les quatre pattes postérieures égales. Rumph. Mus. tab. 11. fig. 1. Séba , Mus. 3. tab. 18. fig. 1, 3. Herbst. Canc. tab. 18. fig. 103. Se trouve aux Indes dans les profondeurs des mers, Elle est très-voisine de la dromie tête de mort. . LA Lèr Se . . Dromie égagropille , Dromia æœgagropilla. Le corcelet globuleux, sans épines, très-velu ; les doigts nus et dentés. Se trouve dans la Méditerranée. Crustacés. I, 20. 230 HISTOIRE NATURELLE Dromie artificieuse, Dromia artificiosa. Le corcelet velu , avec trois dents de chaque côté; les pattes postérieures plus grandes. Se trouve dans la mer des Indes. Dromie tête de mort, Drom.caput mortuum. Le corcelet applati, très-velu, avec sept dents lon- guement ciliées de chaque côté. Cancer caput mortum Linn. — Cancer fabilosus Herbst. Canct tab. 48. fig. 2, 3. Voyez pl. GC. fig. 1, où elle est représentée antiers de sa grandeur naturelle. Se trouve dans la Méditerranée, et se couvre de Falcyon domoncule. SD A PORCELLANE, PORCELLANA, Lamarck. Quatre antennes inégales ; les deux exté- rieures , très-longues , sétacées, maltiarti- culées , et insérées derrière les yeux. Corps suborbiculaire , à queue repliée en des- sous. Dix pattes onguiculées ; les deux antérieures terminées en pinces ; les deux postérieures très-petites. Les espèces de porcellanes , citées par Lamarck, semblent, au premier aspect , appartenir aux leucosies ; mais, quand on examine avec attention la DES PORCELLANES. 93H position de leurs antennes , on voit qu'elles sont insérées au côté extérieur des yeux , ce qui fournit un caractère qui ne se trouve dans aucun des crus- tacés de leur division , et oblige par- conséquent à l'établissement d’un genre nouveau. On ne sait rien de particulier sur les porcellanes connues qui sont rares dans les collections de Paris; mais on va donner la description absolue d'une espèce nouvelle , qui s'éloigne des autres par sa forme applatie et l'or- ganisation de son test, absolument sem- blable à celle de la galathée striée, et qu'on appellera en conséquence por- cellane galathine. Le corcelet est applati , ovale, ironqué en arrière, couvert de stries transverses , irréguhères , d’où sortent des poils extrêmement courts, égaux, et toujours dirigés en avant. Le front est un peu saillant, accompagné de deux épines de chaque côté , entre 232 HISTOIRE NATURELLE et au-dessous desquelles est la cavité des yeux. De la base de la dernière, en dessous, sortent les grandes an- tennes, composées, autant qu'on a pu en juger, de trois articles; les deux premiers très-gros et très-courts, et le dernier très - long, sétacé et subdi- visé en une grande quantité d’articula- tions. Yeux très-gros, portés sur de courts pédicules. Pièces extérieures fer- mant la bouche , très - longues , et se repliant sur elles-mêmes. Queue très- large, velue. Pinces applaties, larges; le troisième article fortement denté du côté intérieur. La main sans épines, et les doigts sans dents. Les deux pre- mières paires de pattes plus courtes que les pinces, et onguiculées. La der- nière encore plus courte, extrêmement grêle , relevée sur le dos ; le dernier article sans ongle. Toutes , ainsi que les pinces, velues , et composées d'é- cailles disposées de la même manière que les stries du corcelet. DES PORCELLANES 2353 Les caractères de cette espèce , et des autres, peuvent être réduits ainsi : Porcellane galathine , PorceZlana galathina. Corcelet applati , strié longitudinalement ; les pinces plates , à cuisses dentées, Voyez pl. 6. fig. 2, qui la représente de grandeur naturelle. On ignore son pays natal. Porcellane longicorne , Porcell. longicornis. Le corcelet orbiculaire , uni ; les pinces petites ; le rosire à trois pointes ; les antennes très-longues. Acta. Help. 5, tab. 5. fig. 447. Bart. Subsc. 2, tab. 4. fig. 3. Pennant: Zidol! Brit, 4. tab. 1. fig. 3. Seéba, Mus. 3. tab. 17. fig. 1, 4. Herbst. Canc. tab. 2. fig. 23. Se trouve dans les mers d'Europe. Porcellane hexape , Porcellana hexapus. Le corceïet orbiculaire ,, uni, entier ; les antennes de la longueur du corps; les paites postérieures très- courtes. Herbst. Canc. tab. 2. fig. 122. Se trouve dans les mers d'Europe. Porcellane larges pinces, Porcel. platycheles. Le corcelet lisse, entier, orbiculaire; pinces plates, larges, ciliées en dessous; antennes très-longues. Pennant. Brit. Zool. 4 tab. 6. fig. 12. Herbst, Canc. tab. 2, fig. 26. Se irouve dans les mers d'Europe. 254 HISTOIRE NATURELLE LEUCOSIE , LEUCOSI14 , Fabricius. Deux ou quatre antennes inégales, plus où moins longues, grêles , insérées derrière ou sous les yeux. Corps suborbiculaire , plus où moins convexe. Queue nue, re- pliée en dessous. Dix pattes onguiculées ; les postérieures souvent très-petites. LA forme des leucosies, et le poli brillant dont la plupart sont pour- vus , peuvent Îles faire reconnotire au milieu de tous les crustacés ; mais leurs caractères génériques , 1l faut l'a- vouer, n'ont pas la précision qu'il se- roit à desirer qu'ils eussent. Ils varient dans presque toutes les espèces. Les leucosies sont des crustacés slo- buleux, dont les antennes sont tantôt longues, tantôt courtes, mais toujours inégales et filiformes. Leurs yeux sont très-rapprochés, et portés sur des pé- dicules courts. Les instrumens de la manducation ferment exactement la DES LEUCOSIES. 233 bouche. Les pinces sont tantôt courtes et épaisses, tantôt longues et grèles , et rarement tuberculeuses ou épineuses. Les pattes sont toutes onguiculées, et les dernières plus petites que les autres. La queue est seulement de deux piè- ces , dont la première est très-lon- gue , repliée en dessous, ordinairement bombée ; et la seconde, très-petite , touche à la base des instrumens de la manducation. Ce caractère très-re- marquable de la queue , s'il est gé- néral, est très-bon pour distinguer les leucosies des autres genres. Les mœurs des leucosies, si on en peut juger par le peu que nous en sa- vons , diffèrent à peine de celles des crabes proprement dits. Ces crustacés , qui ne peuvent pas nager, se tiennent au fond de la mer, et sont souvent je- tés par le flot sur les rivages. Lors- qu'ils craignent quelque danger , 1ls ra- massent leurs pattes entre leur corps, et attendent qu'il soit passé. Ils ont 236 HISTOIRE NATURELLE peu de vivacité dans leurs mouvemens, et il paroit qu'ils comptent beaucoup sur la dureté de leur test, effective- ment plus considérable que dans la plupart des crustacés , et sur leur peu d'importance , car ils sont en général petits , pour échapper aux ennemis qui les recherchent. C'est probablement à la solidité de leur test qu'on doit de les trouver dans l'état fossile , plus fréquemment que les autres genres des crustacés. Leucosies à pinces Jili ormes. Leucosie ponctuée, Leucosie punctata. Le corcelet ovale, postérieurement crénelé et à trois dents ; les doigts sans épines, Brown. Jam. tab. 42. fig. 3. Se trouve dans les iles Antilles. Leucosie fugace , Leucosia fugax. Le corcelet oblong, avec trois dents postérieures la dent du milieu plus iongue et recourbée; les doigts des pinces dentés. Herbst. tab. 2. fig. 15 , 16. Rumph. Amb. tab. re. He. C. Se trouve dans les Indes orientales. DES LEUCOSIES. 237 Leucosie noix, Leucosia nucleus. Le corcelet orbiculaire , avec deux épines posté- rieures ; les bras granuleux. Sulz. Hist. Ins. tab. 31. fig. 3. Herbst, Canc. tab. 2. fig. I4. = Voyez pl. 6. fig. 4, où elle est représentée un peu plus petite que nature. Se trouve dans la Méditerranée. Leucosie à sept épines, Leucosia 7 spinosa. Le corcelet avec une épine alongée et très-aiguë de chaque côté, et avec cinq épines postérieures. Herbst, tab. 20. fig. 112. Se trouve dans la mer des Indes. Leucosie hérisson, Leucosia erinaceus. Le corcelet ovale, trés-épineux ; les épines margi- nales plus longues et dentées; les bras épineux. Herbst. tab. 20. fig. 111. Se trouve dans la mer des Indes. Leucosie cylindrique , Leucosia cylindrus. Le corcelet à deux sillons; les côtés dilatés, eyx- lindriques, avec une épine à leur extrémité. Herbst. tab. \11 Gp 029; 30,121. Se trouve dans la mer des Indes. Leucosie scabriuscule, Leucos. scabriuscula. Le corcelet applati, couvert d’aspérités; le front émarginé. Se trouve dans les Indes orientables. Leucosie balle, Leucosia prla. Le corcelet globulenx, avec une dent élevée dans son milieu , et le bord crénelé et denté. Se trouve dans la mer des Indes. 2306 HISTOIRE NATURELLE Leucosie double épine, Leucosia bispinosa. Le corcelet uni, portant deux épines de chaque côté et quatre dents au front ; les pinces épineuses et dentées. Herbst. Canc. tab. 6. fig. 45. On ignore sa patrie. Leucosie globuleuse, Leucosia globulosa. Le corcelet uni, presque crénelé ; la queue avec deux nodosités à sa base ; les bras couverts d’aspérités. Se trouve sur la côte de Malabar. Leucosie craniolaire , Leucosia crantolaris. Le corcelet uni, très-entier, ovale, uni, antérieu- ment épais, à trois dents ; les pinces unies. Petiver, Gazoph. tab. 9. fig. 3. Rumph. Mus. tab..ro. fig. A, B. Séba, Mus. 3. tab. 19. fig. 4, 10. Herbst. Canc. tab. 2. fig. 17. Se trouve dans l'Inde, et fréquemment fossile en Europe. Leucosie résidu, Leucosia residuus. Le corcelet, presque rond; le front émafginé des deux côtés. Herbst. Canc. tab. 48. fig. 1. On ignore sa patrie. Leucosie porcelaine , Leucosia porcellana. Le corcelet uni, ovale, antérieurement obtus ; les bras granuleux. | Herbst. Canc. tab. 2. fig. .18. Séba, Mus. 3. tab 19 S-TIS 2: Se trouve dans la mer des Indes. Leucosie plane, £eucosia planata. Le corcelet orbiculaire applati; les côtés à deux &ents; le front à trois dents, Se trouve à la terre de feu. DES LEUCOSIES. 239 Leucosie treillis, Leucosia cancellus. Le corcelet uni , denté tout-au-tour ; les mains tranchantes sur leurs bords. Herbst. Canc. tab. 2. fig. 21. On ignore son pays natal. Leucosie canard, Leucosia anas. Le corcelet uni , globuleux , denté tout autour ; les mains unies; les doigts tranchans, Herbst. Canc. tab. 2. fig. 19. On ignore son pays natal. TE SE M PINNOTHÈRE ; PINNOTHERES, Latrerlle. Corcelet orbiculaire ou carré , à angles ar- rondis. Yeux situés entre les angles laté- raux et le milieu du bord antérieur. Qua- tre antennes à peine visibles dans l’entre- deux. Dix pattes onguiculées ; les deux antérieures terminées en pinces, Les pinnothères différent sans doute fort peu des crabes et des grapses ; mais enfin elles en diffèrent, et leurs mœurs 240 HISTOIRE NATURELLE les en éloignent si fort, qu'on est dis- posé à chercher à les en séparer, plutôt qu'à les y réunir. On verra par la suite que les pagures ayant été privés, par la nature, du test qui recouvre la queue des autres crusta- cés, ont obteru d'elle l'industrie de s'emparer descoquillesunivalves vides, et d'y cacher les parties postérieures de leur corps. Les pinnothères ne sont privées d'aucune partie de leur test; mais ce test est si peu solide , que si elles n'avoient pas de moyens pour se mettre à l'abri des attaques de leurs ennemis , elles seroient toutes dévo- rées , et bientôt leur espèce anéantie. C’est dans les coquillages bivalves vivans que les espèces de ce geure trouvent la retraite qui convient à leur foiblesse. Elles s’y logent donc, et y vivent en bonne intelligence avec le propriétaire. Les anciens , et nom- mément Aristote et Pline, qui avoient connoissance de ce fait, croyolent que DES PINNOTHÈRES. 241 ce petit crustacé naissoit avec l'animal de la pinne , car c’est dans cette co- quille qu'on l'a d'abord observé , pour sa conservation , en lui servant de gar- dien. Ils ont imaginé que, pendant que la pinne, qui est sans yeux , et n'est pas douée d'un sentiment fort exquis, a les battans de sa coquille ouverts, 1ly entre des petits poissons , et qu'elle en est avertie par une légère morsure ; enfin que, fermant sa coquille, ils se trouvent pris, et qu'ensuite la pinne et son hôte se partagent le butin. C'est d'après cette opinion qu'ils ont imposé le nom de pinnothère ou de pinnophy- lax, à ce crustacé. Plusieurs Naturalistes modernes , Einnæus même , ont cru à la réalité de cette histoire ; mais actuellement qu'on sait que la pinne ne vit pas de chair, qu'elle ne peut fermer complé- tement sa coquille, qu'on ne trouve pas des pinnothères dans toutes , et qu'on en rencontre également dans les mou- Crustacés. I. 2 242 HISTOIRE NATURELLE les, les huitres, etc. ; on la repousse comme apocryphe. Le fait n’en reste pas moins vrai, n'en prouve pas moins la grande fécon- dité de la nature dans les moyens qu'elle emploie pour conserver les espèces que leur foiblesse met le plus dans le cas d'être détruites. On trouve fréquemment de ces pinnothères dans les moules que l'on mange à Paris, et on peut s'assurer qu'elles sont toujours dans un état analogue à celui où est une écrevisse qui vient de changer de peau. Du reste, on n'a aucune notion sur la manière d'être des espèces de ce genre. Il est probable qu'elle ne diffère pas beaucoup de celle des cra- bes et des grapses. Il y a quelques motifs de croire que ce genre est nombreux en espèces; mais elles sont peu connues, leur petitesse et leur mollesse ne permettent pas de les conserver dans les collections d'une mamière utile, de sorte qu’elles ne peu- DES PINNOTHÈRES. 245 vent être étudiées que sur le: vivant. Il est même douteux que toutés celles que l’on indique 1c1, excepté les deux premières ,- lui appartiennent réelle- ment; mais au moins elles en appro- chou infiniment. Les pinnothères sont , en général, globuleuses et unies; leurs pattes sont courtes , et leur queue fort large. Pinnothère des anciens , Pinnother, veterum. Le corcelet très-uni, applati en avant ; la queue nodulense et carennée en son milieu. Jonst. Exsang. lab. 20. fig. 3. Se trouve dans les coquilles de pinnes , dans la Médi- terranée et dans l'Inde. Pinnothère pinnophyle, Pinn. pinnophylaz. Le corcelet orbiculaire , inégal ; les deux dernières paires de pattes, presque dorsales. Herbst. Canc. tab. 2. fig. 27. Voyez pl. 6. fig. 3, où elle est représentée de gran- deur naturelle. Se trouve sur les côtes d'Amérique dans la Chame Lazare. Pinnothère pois, Pinnotheres pisum. Le corcelet rond, uni, entier , obtus; la queue de la largeur du corps. Cancer pisum F'ab.—Pennant , Zool. Brit. 4. tab. 1. fig: Te Se trouve dans les mers d'Europe. 244 HISTOIRE NATURELLE Pinnothère petite, Pinnotheres minutus. Le corcelet uni, très-entier, presque carré; les bords amincis; les pieds comprimés. Cancer minutus Fab. — Baster, Sub. 2. tab. 4. fig. 12. Pennant, Zool. Brit. 4. tab. 1. fig. 12. Herbst. Canc. tab. 2. fig. 32. Se trouve fréquemment dans la haute mer. Pinnothère pusille, Pinnotheres pusillus. Le corcelet uni, carré, très-entier; le tarse à une seule dent. Cancer pusillus, Fab, Se trouve dans la mer du Nord. Pinnothèretrès-glabre , Pinnot. glaberimus, Le corcelet applati, entier ; le front tronqué, den- telé ; les pieds unis; une grande tache blanche ou bleue, Herbst. Canc. tab. 20. fig. 115. - Se trouve dans la haute mer sur les fucus , cù elle a été observée par Bosc. Elle se rapproche beaucoup du pinnothère pusille. Pinnothère ferrugineuse, Pinn. ferrugineus. Le corcelet globuleux , ferrugineux , à quatse dents ; le front tronqué. Herbst. Canc. tab. 21. fig. 127. On ignore sa patrie. Pinnothère plissée, Pinnotheres plicatus. Le corcelet uni, plissé des deux côtés, avec quatre dents sur le devant. Cancer plicatus. F'ab. Se trouve dans la mer de la Chine. Pinnothère six pieds, Pinnotheres sexpes. Le corcelet uni, très-entier 3 le front émarginé ; six pieds. DES PINNOTHÈRES. 24) Cancer sexpes. Fab. Se trouve dans la mer des Indes. Pinn. demi - cylindrique , P. semicylindrus. Le corcelet uni, très-entier ; le front recourhbé, bifide. Cancer. semicylindricus. Fab. Se trouve dans la mer des Indes, Pinnothère oreillée, Pinnotheres auritus, Le corcelet antérieuremeut a une seule épine; le dos canalicalé ; le test mollasse. Cancer auritus. Fab. Se trouve en Islande. L SE Se MAJA, MAJ4, Lamarck. Quatre antennes ; les intérieures palpifor- mes ; les extérieures sétacées. Corps ovale, conique , plus large postérieurement, ré- tréci en pointe dans sa partie antérieure, Dix pattes onguiculées. LAMARCK a réuni, sous ce nom, deux genres que Fabricius avoit établis, dans son supplément, aux dépens des crabes des premières éditions de son En- tomologie, genresqui, en effet, ne sont 246 HISTOIRE NATURELLE pas pourvus de caractères assez impor- tans, pour être conservés ainsi qu'on peut s'en convaincre par l'analyse des parties essentiellement consacrées à les fournir. Ces genres sont appelés parthenope et znachus. Tous deux sont généralement composés d'espèces à corps globuleux , pointus en avant, outriangulaires, sur- chargé d’aspérités de différentes for- mes; mais celles du premier ont des pinces dont les jambes et les cuisses sont démesurément longues , grosses et tu- berculeuses, tandis que, chez celles du second, ces mêmes parties sont plus courtes que les pattes, et bien moins hérissées. Ce qui fournit à Lamarck deux divisions dans son genre, qui, quoique peu précises soni dans le cas d'étre adoptées. Latreille a encore tiré du genre de Lamarck, ou mieux, des znachus de Fabricius, un autre genre qu'il a appelé macrope, macros, dont le caractère est d’avoir un corcelet triangulaire, DES MAJA. 247 terminé en bec, souvent très-pointu , et en alène. Yeux saillans et décou- verts. Antennes intermédiaires décou- vertes , courtes et bifides. Pièces ex- térieures, fermant la bouche, à tiges alongées ; l'interne ayant le second ar- ticle terminé en pointe. Ce genre est fondé sur de bons ca- ractères, et renferme des espèces fort remarquables par leur pointe antérieure et par leurs pattes excessivement Ion- gues et très-menues ; mais la difficulté de les séparer des maya, dont quelques- uns ont la même apparence n'a pas per- mus de l employer : il, Ce même Naturaliste a remarqué que les yeux du maja vulgaire, cancer maja, Lann. éloient si rapprochés qu'ils se touchoient presque, et que les an- tennes leur étoient, par conséquent, ex- térieures. Il en conclut que cette es- pèce seroit peut-être encore dans le cas de faire un nouveau genre. Les maja ne sont point rares dans 240 HISTOIRE NATURELLE les mers d'Europe; mais cependant leur histoire est fort peu connue. C'est dans les lieux pierreux, et vaseux en même temps, qu'ils se plaisent. Ils sont ga- rantis de la recherche de leurs enne- mis par leur forme semblable à une pierre hérissée d'aspérités , couverte de ange, et de leur attaque par la dureté de leur test. Dès que ces crustacés crai- gnent un danger, 1ls se blottissent contre une pierre , et attendent dans la plus absolue immobilité qu'il soit passé ou qu'il agisse sur eux; dans ce dernier cas , ils cherchent à se défendre avec leurs pinces comme la plupart des autres crustacés. Parmi eux, il en est une connue des Français, sous le nom d’araignée de mer, à raison de ses longues pattes, qu'on dit avoir la pro- priété de faire sortir du dessous de son corps de petites vessies, et de les enfler comme les grenouilles enflent celles des côtés de leur bouche. Ce fait a besoin d'être confirmé par des obser- DES MAJA. 249 vateurs instruits; 1] n’est connu que par des rapports sur lesquels on ne peut. pas absolument compter. C'est de la Méditerranée que vien- nent la plus part des espèces de maja 3 maloré leur nombre, 1l en est encore plusieurs de cette mer, qui ne sont pas connues des Naturalistes , Mais que Bosc se souvient d’avoir vu , et même possédés. Les maja se mangent, mais leur peu de grosseur et la dureté de leur test les font peu rechercher. es anciens ont connu quelques es- pèces de ce genre. Une d'elle, la squi- nado, passoit pour être le modèle de la sagesse, et pour aimer la musique. Elle étoit, en conséquence , pendue, comme emblème, au cou de la Diane d'Ephèse. A pinces longues et épaisses. Maja macrochelos, Maja macrochelos. Le corcelet en cœur , tuberculeux , sillonné, laté- ralement denté; les pinces très-longues, dentées, granuleuses. 250 HISTOIRE NATUREÉLET Séba , Mus. 3. tab. 20. fig. 12. Herb. Canc. tab. 19 fig. 107. Se trouve dans la Méditerranée. Maja hérissonné , Maja echinatus. Le corcelet en cœur, couvert de verrues et de tubercules, épineux en ses bords; les pattes et les pinces épineuses et turberculeuses. Herëst. Canc. tab. 108 et 1009. Se trouve dans le mer des Indes. Maja pérasite, Maja panser. Le corcelet en cœur, un peu épineux ; les côtés dentés, et deux grosses épines à leurs extrémités; les pinces très-longues et très-epineuses. Herbst. Canc. tab. 41. fig. 3. On ignore sa patrie. Maja voûté, Maja fornicata. Corcelet inégal ; l'angle postérieur dilaté et en voûte. Parthenope fornicata. Fab. Se trouve dans les Indes. Maja giraffe, Maja giraffa. Le corcelet épineux ; les épines rameuses; les pinces très-longues, tuberculées en dessous. Parthenope giraffla. Fab. Se trouve dans les Indes orientales, Maja longue main, Maja longimana. Le corcelet épineux ; les épines simples; les pinces très-longues , unies en dessous. Parthenope Zlongimana. — Fab. Rumph. Mus. tab. 2. fig. 2. Petri». Amb. tab. 2. fig. 15. Séba. Mus. 1. tab. 20. fig. 12. Herbst. tab. 19. fig. 105; 106. DES MAJA. 251. Voyez pl. 7. fig. 1, où il est représenté réduit des, . deux tiers. « Se trouve dans les mers d'Asie. Maja horrible , Maja horrida. Le corcelet aigu, noueux ; les pinces ovales; la queue cariée. Parthenope horrida. Fab, — Petir. Amb. tab. 1. fig. 7. Rumph. Mus. tab. 9. fig. 1. Herbst. Canc. tab. 14. fig. 88. Se trouve dans les mers d'Asie. Maja lar, Maja Jar, Le corcelet inégal, à quatre dents; les bords épi- nèux ; les pinces unies. Parthenope Zar. Fab. Se trouve dans l'Inde. Maja vulgaire , Maja vulgaris. Le corcelet épineux ; les pinces ventrues, épi- neuses ; les doigts hérissés par des pinceaux de poils. Parthenope maja. Fab. — Séba, Mus. 3. tab. 18. fig. 10, et tab. 22. fig. 1. Herbst. Canc. tab. 15. fig. 87. Se trouve dans les mers du Nord. Maja douteux, Maja dubia. Le corcelet uni; les pinces comprimées, ciliées ; les pattes postérieures très- courtes et relevées sur le dos. Parthenope dubia. F'ab. Se trouve dans la mer des Indes. Maja héros, Maja heros. Le corcelet en cœur , antérieurement granuleux et denté; le rostre bifide et épineux; les doigts des pinces courts. Herbst. Canc. tab. 42. fig. 2. Se trouve dans la mer des Indes. 252 HISTOIRE NATURELLE Maja barbue , Maja larbata. Le corceiet carré, antérieurement très -épineux 3 les antennes très-longues ; les pattes parsemées de gros faisceaux de poils roux. Herbst. Canc, tab. 42. fig. 3. Se trouve dans la Méditerranée. A pinces longues et, filiformes. Maja scorpion, Maja scorpio. Le corcelet velu, avec quatre épines droites; les pattes antérieures tres-longues. Tnachus scorpio. Fab.— Penn. Brit. Zool. 4.tab. 9. fig. 16. Se trouve dans la mer du Nord. Maja phalange, Maja phalangium. Le corcelet velu, avec trois épines droites antérieures et des tubercules obtus postérieurs ; le rostre bifide. Inachus phalangium. Fab, — Penn. Brit, Zool. 4. tab- 0, fig. 17- . Se trouve dans la mer du Nord. Maja longirostre, HMaja longirostris. Le corcelet épineux, épais, relevé; le rostre pointu bifide. Inachus Longirostris. Fab. —Herbst. Can. tab. 6. fig. 92. Voyez pl. 8. fig. 1, où il est représenté au tiers de sa grandeur naturelle. Se trouve dans la Méditerranée. Maja à longs pieds, Maja longipes. Le corcelet épineux ; les pinces ovales, hérissées de tubercules ; les pattes postérieures très-longues. Inachus longipes. Fab. — Rumph. Mus. tab. 6. fig. 4. Herbst. Canc. tab. 16. fig. 03. Se trouve dans la mer des Indes, DES MAJA. 253 Maja porte-épine, Maja spinifer. Le corceiet inégal , avec une seule épine sur sa partie postérieure ; la seconde paire de pattes très-longue. Inachus spinifer. Fab. Se trouve dans les mers d’ Asie. Maja lar, Maja Jar. Le corcelet hérissé de poils; la ligne dorsale épi- neuse, et une épine latérale de chaque côté. Inachus lar. Fab, Se trouve dans les Indes. Maja hérisson, Maja erinacea. Le corcelet couvert d’épines droites ; six beaucoup plus longues sur les bords ; le rostre très-saillant , avec deux épines fourchues à sa base, en dessous; les pinces muriquées à leur base, à peine aussi grosses et aussi longues que les pattes. Voyez pl. 8. fig. 2, où il est représenté au tiers de sa grandeur naturelle. Se trouve dans la Méditerranée. Maja sagittaire , Maja sagittartis. Le corcelet ovale, uni; le rostre trés-long , dentelé des deux côtés. Inachus sagittarius. Se trouve aux Antilles. Maja macaron, Maja mascaronia. Le corcelet presque uni, ovale, sans épines ; le rostre bifide ; ses lobes bidentés. Inachus mascaronius. Fab. — Sulz. ]ns. tab, 31. fig. 1. Herbst. Canc. tab. 11. fig. 69. Se trouve dans la Méditerranée. Maja nasute , Maja nasuta. Le corcelet épineux des deux côtés; le rostre bi- Crustacés. I. 22 254 HISTOIRE NATURELLE fide, avec deux dents en dessus et une seule em dessous. Inachus nasutus. Fab. Se trouve dans la mer du Nord. Maja angusté, Maja angustata. Le corcelet atténué en avant, uni; le rositre épais, velu , émarginé. Inachus Angustatus. Se trouve aux Indes orientales. Maja faucheur , Maja opilio. Le corcelet épineux ; le bord postérieur à trois dents ; les pinces presque unies. Ineachus opilio. Fab. Se trouve dans la Méditerranée. Maja condyle, Maja condyliata. Le corcelet ovale, épineux, avec trois épines droites au-dessus de la queue ; les pinces épineuses, Inachus condyliatus. F'ab.—Herbst. Canc. tab. 18. Bg. 90. Se trouve dans la Méditerranée. Maja tétraodon , Maya tetraodon. Le corcelet ovale, inégal, très-épineux ; le rostre à quatre épines, les deux intermédiaires réunies par le base ; les pinces courtes, noduleuses. Penn. Zool. Brit. 4. tab. 8. fig. 15. Se trouve dans la Méditerranée. Maja épineux , Maja aculeata. Le corcelet épinenx des deux côtés; le rostre alonge bifide, avec cinq dents en dessus et une en dessous Inachus aculeatus. Fab. Se trouve dans la mer du Nord. DES MAJA. 255 .Maja goutteux , Maja chiragra. Le corcelet noueux , inégal ; le rostre applali , tron- qué ; les pattes noduleuses. Inachus chiragra. — Herbst. Canc. tab. 19. fig. 96, Se trouve dans la Méditerranée. Maja cornu , Haja rostrata. Le corcelet velu, presque en cœur, avec deux longues épines sur le dos ; les mains oblongues et comprimées. Penn. Brist. Zool. tab. o. fig. 17. Jonst. Exsang. tab. 6. fig. 13, 14. Rondelet. pag. 411, l'Araignée de mer. Herbst. Canc. tab. 16. fig. 92. Se trouve dans la mer du Nord et la Méditerranée. Maja séticorne , Maja seticornis. Le corcelet en cœur , inégal ; le rostre très- alongé et terminé par une soie trois fois plus lon- gue que lui; les pinces et les pattes très-longues. Herbst. Canc. tab. 16. fig. 91. Voyez pl. 7, fig. 2, où il est représenté au tiers de sa grandeur naturelle, Se trouve dans la Méditerranée, Maja crapaud, Maja bufo. Le corcelet en cœur, rugueux et noduleax; le ‘ postre bifide, avec une grosse dent derrière les yeux. Herbst. Canc. tab. 17. fig. 95. On ignore son pays natal. Les pinces cylindriques , médiocres, Maja muriqué, Maja muricata. Le corcelet hérissé, inégal ; une ligne dorsale avec deux épines de chaque côté ; quatre épines marginales ; les pattes hérissées, Inachus muricatus. Fab. — Herbst. Canc. tab. 12, fig. 75, 76. Se trouve dans les Indes orientales. 256 HISTOIRE NATURELLE Maja hybride, Maja hybrida. Le corce'et herisse, une ligne dorsale avec deux épines de chaque côte; quatre epines marginales ; les pattes nues à Jeur extrémiié. JInachus hybridus. Fab. Se trouve dans l'Inde. Maja mouton , HMaja ovis. Le corcelet ovale, hérissé, avec quatre épines de chaque côté. Inachus ovis. Fab.— Herbst. Canc. tab. 13. fig. 82. Se trouve dans la mer des Indes. Maja bélier, Maja hircus. Le corcelet lanugineux, tuberculeux ; les bras épineux ; les pinces unies. JInachus hircus. Fab. Se trouve à la Jamaïque. Maja voleur , Maja prædo. Le corcelet en cœur, latéralement épineux ; le rostre à quatre épines, dont les intermédiaires sont divergentes , plus longues et plus hérissées que toutes les autres. Herbst. Canc. tab. 42. fig. 2. Se trouve dans la Méditerranée. Maja ours, Maja ursus. Le corcelet ovale, couvert de paquets de poils; les pinces unies. Tnachus ursus. Fab. Se trouve dans la mer du Sud. Maja cornu , Maja cornuta. Le corcelet épineux ; le rostre avec des épines en forme de cornes barbues; les pinces arrondies. DES MAJA. 297 Inachus cornutus F'ab. Se trouve dans les mers d'Europe. Maja araignée, Maja aranea. Le corcelet inégal; les bords crénelés des deux côtés, antérieurement dilatés et aigus. Inachus erinaceus.— Jonst. Exsang. tab. 5. fig. 13. Penn. Zool. Brist. 4. tab. 9. fig. 16. Herbst, tab. 13. y otre Se trouve dans les mers d Europe. Maja squinado , Maja squinado. Le corcelet ovale, inégal, granuleux , avec sept grandes épines de chaque côté , hérissées de poils ; le front à deux épines ; les pieds velus. Rondezet, Hist. des poissons , fig. 402. Jonst. Exs. tab. 5. fig. 5. Séba, Mus. tab. 18. fig. 2, 3. Petir. Gazoph. 1. tab. 155. fig. 2. Herbst. Canc. tab. 14. fig. 84, 85. Voyez pl. 7. fig. 2, qui le représente à moitié de sa grandeur naturelle, St trouve dans la Méditerranée. Maja ours , Maja ursus. Le corcelet ovale , granuleux avec neuf épines iné- gales de chaque côté; le front avec deux épines obtuses. Le tout couvert de poils , excepté les pinces. Herbst. Canc. tab. 14. fig. 86. Se trouve dans les mers de l’Europe méridionale. Maÿa supercilieuse , Maja superciliosa. Le corcelet pyriforme , avec cinq épines de cha- que côté ; les oculaires trifides ; le front bifide. Séba, Mus. 3. tab. 18. fig. 11. Se trouve dans la mer des Indes. Maja spinipe, Maja sprnipes. Le corcelet en cœur, velu, épineux en ses bords; 258 HISTOIRE NATURELLF. les bras et les cuisses avec de grosses épines; leg mains noduleuses ; les doigts excavés et denticulés. Herbst. Canc. tab. 17. fig. 94. ; Se irouve dans les mers d'Amérique. _Maja pipa, Maja pipa. Le corcelet presque en cœur, inégal , noduleux; le front obtus; les pattes et les pinces couvertes d’é- pines très-fines. Séba, Mus. 3. tab. 58. fig. 7. Herbst. Canc. tab. 17. fig. 97. Se trouve dans la mer des Indes. Il porte ses œufs sur le dos comme le crapaud pipa. Maja bilobé, Maja Eiloba. Le corcelet ovale, épineux en dessus et sur les côtés; le front saillant, bilobé, épineux et tuber- culeux. À Rumph. Mus. tab. 8. fig. 1. Herbst. Canc. tab. 18. Hg. 98. Se trouve dans la mer des Indes, Maja hispide, Maja hispida. Le corcelet en cœur, épineux en ses bords; Ja front bifide ; les pattes et les bras hérissés d’épines; les mains unies. Herbst. tab. 18. fig. 100. On ignore sa patrie. FIN DU TOME PREMIER. tele D L ès En ne Pet va D Lt HAVE VV " +, + Le4 HE AR 4 ARTE Sr v ARE }* < ES <. vg 7 A DOSELRR sms Le QT UE YA Cr ei And. Ve ; PAS VON ie SMITHSONIAN INSTITUTION LIBRARIES D nidaniun 01348 6949